Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Tanguy VIEL, Article 353 du code pénal (2017, Minuit) part. II.
p.85 éd. Poche
Texte 3 (notaire)
METHODE apprentissage du commentaire (composé)
INTRODUCTION
PRESENTATION - SITUATION
Roman contemporain, confession devant le juge d’un anti-héros
Qui cherche à se justifier car il est mêlé à un meurtre,
il s’appelle comme souvent chez Tanguy Viel, Kermeur
Kermeur a signé sur plans pour un projet immobilier démesuré qui l’a ruiné
Kermeur vient d’expliquer l’état de délitement de sa cellule familiale
• Les nombres
• La morale, la loi (autojustification)
PROJET DE LECTURE
Tension entre l’image que Kermeur, qui a pris confiance (à la 2e partie du roman), croit
renvoyer
et la réalité que nous entrevoyons : Kermeur ne maitrise pas tant que cela le jeu.
DEVELOPPEMENT
=ANALYSE par axes
• Véhémence dans l’expression (ne fait pas l’inversion S/verbe dans son interrogation
directe) et le ton « Vous me prenez pour un abruti ? » familiarité imprudente
Tentative d’échappée
Kermeur se relâche dans la pensée qui divague
- Projection « j’aurais voulu » (mode conditionnel de la virtualité)
- Tentatives de poétisation : métaphore « jours fossilisés »
- Ombre/lumière pictural (clair-obscur) « demi-pénombre », « lampe », « allumaient »,
« éclaireraient »
Caution de la loi & de morale
• Répétition (pensée magique ?) du mot « notaire » (x7) + périphrase « officier assermenté »
Argument d’autorité => crédibilité
• Champ lexical de la loi très fourni : « loi », « acte », « mentions », « clauses », « alinéas »
effet de zoom
• Importance donnée au notaire, jusqu’à donner des précisions superflues le concernant,
pour le plaisir de répéter son nom « raie de notaire »
Auto-persuasion
« mais bien-sûr que non », « je n’ai pas », « -non » : affirmation de soi dans la contestation
dans l’adv. Négatif et dans la conjonctive adv. « Mais »
Ouverture
Scène littéraire célèbre d’un prévenu au tribunal, le jeune Julien Sorel dans Le Rouge et le noir
(1830), qui jette à la figure des juges et des jurés (appelés à statuer après la tentative
d’assassinat dont Julien s’est rendu coupable). Cf. texte ci-dessous. Le personnage profite de
sa mise en accusation pour se lancer dans une tirade justificative et au lieu de se défendre, il
en profite pour accuser ses juges : la peine capitale prononcée, il finira décapité. Il aura certes
gagné son héroïsme dans cette scène où il défie les puissants qui ont pouvoir de vie et de mort
sur lui, même si son audace et l’issue du roman pourront la faire sembler dérisoire.
« Messieurs les jurés,
L’horreur du mépris, que je croyais pouvoir braver au moment de la mort, me fait prendre
la parole. Messieurs, je n’ai point l’honneur d’appartenir à votre classe, vous voyez en moi un
paysan qui s’est révolté contre la bassesse de sa fortune.
Je ne vous demande aucune grâce, continua Julien en affermissant sa voix. Je ne me fais
point illusion, la mort m’attend : elle sera juste. J’ai pu attenter aux jours de la femme la plus
digne de tous les respects, de tous les hommages. Madame de Rênal avait été pour moi comme
une mère. Mon crime est atroce, et il fut prémédité. J’ai donc mérité la mort, messieurs les jurés.
Quand je serais moins coupable, je vois des hommes qui, sans s’arrêter à ce que ma jeunesse
peut mériter de pitié, voudront punir en moi et décourager à jamais cette classe de jeunes gens
qui, nés dans une classe inférieure, et en quelque sorte opprimés par la pauvreté, ont le bonheur
de se procurer une bonne éducation, et l’audace de se mêler à ce que l’orgueil des gens riches
appelle la société.
Voilà mon crime, messieurs, et il sera puni avec d’autant plus de sévérité, que, dans le fait,
je ne suis point jugé par mes pairs. Je ne vois point sur les bancs des jurés quelque paysan enrichi,
mais uniquement des bourgeois indignés… »
Pendant vingt minutes, Julien parla sur ce ton ; il dit tout ce qu’il avait sur le cœur ; l’avocat
général, qui aspirait aux faveurs de l’aristocratie, bondissait sur son siège ; mais malgré le tour un
peu abstrait que Julien avait donné à la discussion, toutes les femmes fondaient en larmes.
Madame Derville elle-même avait son mouchoir sur ses yeux. Avant de finir, Julien revint à la
préméditation, à son repentir, au respect, à l’adoration filiale et sans bornes que, dans les temps
plus heureux, il avait pour madame de Rênal… Madame Derville jeta un cri et s’évanouit.
Une heure sonnait comme les jurés se retiraient dans leur chambre. Aucune femme n’avait
abandonné sa place ; plusieurs hommes avaient les larmes aux yeux. Les conversations furent
d’abord très vives ; mais peu à peu, la décision du jury se faisant attendre, la fatigue générale
commença à jeter du calme dans l’assemblée. Ce moment était solennel ; les lumières jetaient
moins d’éclat.