Vous êtes sur la page 1sur 4

Séquence roman

Tanguy VIEL, Article 353 du code pénal (2017, Minuit) part. II.
p.85 éd. Poche

Texte 3 (notaire)
METHODE apprentissage du commentaire (composé)

Table des matières


INTRODUCTION .......................................................................................................................... 1
PRESENTATION - SITUATION .................................................................................................. 1
MOUVEMENTS / RESUME / enjeux ........................................................................................ 2
PROJET DE LECTURE................................................................................................................ 2
ANNONCE DU PLAN D’ETUDE ................................................................................................. 2
DEVELOPPEMENT ....................................................................................................................... 2
I / Kermeur qui pense mener le jeu ........................................................................................ 2
La gestion de la parole ........................................................................................................ 2
Tentative d’échappée ......................................................................................................... 3
Caution de la loi & de morale ............................................................................................. 3
Auto-persuasion .................................................................................................................. 3
II / Kermeur qui se fait avoir, qui se laisse trahir .................................................................... 3
Ecrasement sous le poids des nombres .............................................................................. 3
Vulgarité qui le signale ........................................................................................................ 3
Mis en difficulté culturellement et socialement ................................................................. 3
CONCLUSION .............................................................................................................................. 4
Bilan ........................................................................................................................................ 4
Ouverture ............................................................................................................................... 4

INTRODUCTION
PRESENTATION - SITUATION
Roman contemporain, confession devant le juge d’un anti-héros
Qui cherche à se justifier car il est mêlé à un meurtre,
il s’appelle comme souvent chez Tanguy Viel, Kermeur
Kermeur a signé sur plans pour un projet immobilier démesuré qui l’a ruiné
Kermeur vient d’expliquer l’état de délitement de sa cellule familiale

MOUVEMENTS / RESUME / enjeux


(voir la scène ; se mettre à la place des personnages)
Kermeur relate la signature du contrat devant notaire

• Langage administratif / tentative de divagation


• La relation entre les personnages (le juge, Kermeur et les deux absents-présents :
Lazenec et le notaire)

• Les nombres
• La morale, la loi (autojustification)

PROJET DE LECTURE
Tension entre l’image que Kermeur, qui a pris confiance (à la 2e partie du roman), croit
renvoyer
et la réalité que nous entrevoyons : Kermeur ne maitrise pas tant que cela le jeu.

ANNONCE DU PLAN D’ETUDE


1) Kermeur prend confiance (apparence)
2) Kermeur se trahit (réalité)

DEVELOPPEMENT
=ANALYSE par axes

I / Kermeur qui pense mener le jeu


La gestion de la parole
• Prise de confiance, longs segments, phrases complexes :

JE ME SOUVIENS, […] QUE JE FAISAIS SEMBLANT DE […], QUAND LE NOTAIRE […],


QUAND […], QUAND IL A DIT […] COMME AUSSI BIEN ON AURAIT ETE CHEZ LE DENTISTE
OU LE COIFFEUR, A CE MOMENT-LA PRECISEMENT, DEVANT CET HOMME QUI […].

Principale « je me souviens » + complétive « que … », 3 conjonctives temporelles, 1


conjonctive de comparaison introduite par « comme », subordonnée relative. => Phrase de
plus de dix lignes (en format poche) !

• Véhémence dans l’expression (ne fait pas l’inversion S/verbe dans son interrogation
directe) et le ton « Vous me prenez pour un abruti ? » familiarité imprudente
Tentative d’échappée
Kermeur se relâche dans la pensée qui divague
- Projection « j’aurais voulu » (mode conditionnel de la virtualité)
- Tentatives de poétisation : métaphore « jours fossilisés »
- Ombre/lumière pictural (clair-obscur) « demi-pénombre », « lampe », « allumaient »,
« éclaireraient »
Caution de la loi & de morale
• Répétition (pensée magique ?) du mot « notaire » (x7) + périphrase « officier assermenté »
Argument d’autorité => crédibilité

• Champ lexical de la loi très fourni : « loi », « acte », « mentions », « clauses », « alinéas »
effet de zoom
• Importance donnée au notaire, jusqu’à donner des précisions superflues le concernant,
pour le plaisir de répéter son nom « raie de notaire »
Auto-persuasion
« mais bien-sûr que non », « je n’ai pas », « -non » : affirmation de soi dans la contestation
dans l’adv. Négatif et dans la conjonctive adv. « Mais »

II / Kermeur qui se fait avoir, qui se laisse trahir


Ecrasement sous le poids des nombres
Derrière l’illusion de l’argument statistique, accumulation de données chiffrées « cinq-cents
douze mille francs » (x2) ; « deux jours », « deux chaises », « trois pièces », « quatrième
étage », « quarante-neuf pages », « trois exemplaires », « 147 fois » = pas de place pour
l’humain et le sentiment
Vulgarité qui le signale
« Comme aussi on aurait été » = comme si nous avions été
« un abruti » (niveau de langue familier) = un imbécile
« ça va faire six ans » = emploi de la forme contracte du démonstratif mais la forme correcte
aurait été : « cela va faire »
Pauvreté lexicale « j’ai dit », « il a dit », « c’est-à-dire » (reprise continuelle du verbe de parole
le plus évident)
Mis en difficulté culturellement et socialement
• Un seul détail (même pas de portrait physique de Lazenec), le stylo de luxe « stylo Mont
Blanc » en insistant (presque un pléonasme puisqu’un Mont Blanc est un stylo.
• « J’ai paraphé … c’est-à-dire MK / Martial Kermeur » double explicitation = marque de ceux
qui n’ont pas les codes
CONCLUSION
Bilan
Un personnage qui pense avoir évolué depuis les premières pages du roman c’est-à-dire
depuis les premiers moments des aveux au juge.
Tentative en racontant, de revivre une scène améliorée, de rejouer l’histoire : tentative
illusoire : au fond, Kermeur se raconte encore des histoires, dans l’image de lui-même qu’il
essaie de lustrer a posteriori = il est pris dans une série de fictions (celle du roman dont il est
le personnage, celle de l’agent immobilier vendeur de rêves, la sienne propre quand il réécrit
l’histoire).

Ouverture
Scène littéraire célèbre d’un prévenu au tribunal, le jeune Julien Sorel dans Le Rouge et le noir
(1830), qui jette à la figure des juges et des jurés (appelés à statuer après la tentative
d’assassinat dont Julien s’est rendu coupable). Cf. texte ci-dessous. Le personnage profite de
sa mise en accusation pour se lancer dans une tirade justificative et au lieu de se défendre, il
en profite pour accuser ses juges : la peine capitale prononcée, il finira décapité. Il aura certes
gagné son héroïsme dans cette scène où il défie les puissants qui ont pouvoir de vie et de mort
sur lui, même si son audace et l’issue du roman pourront la faire sembler dérisoire.
« Messieurs les jurés,
L’horreur du mépris, que je croyais pouvoir braver au moment de la mort, me fait prendre
la parole. Messieurs, je n’ai point l’honneur d’appartenir à votre classe, vous voyez en moi un
paysan qui s’est révolté contre la bassesse de sa fortune.
Je ne vous demande aucune grâce, continua Julien en affermissant sa voix. Je ne me fais
point illusion, la mort m’attend : elle sera juste. J’ai pu attenter aux jours de la femme la plus
digne de tous les respects, de tous les hommages. Madame de Rênal avait été pour moi comme
une mère. Mon crime est atroce, et il fut prémédité. J’ai donc mérité la mort, messieurs les jurés.
Quand je serais moins coupable, je vois des hommes qui, sans s’arrêter à ce que ma jeunesse
peut mériter de pitié, voudront punir en moi et décourager à jamais cette classe de jeunes gens
qui, nés dans une classe inférieure, et en quelque sorte opprimés par la pauvreté, ont le bonheur
de se procurer une bonne éducation, et l’audace de se mêler à ce que l’orgueil des gens riches
appelle la société.
Voilà mon crime, messieurs, et il sera puni avec d’autant plus de sévérité, que, dans le fait,
je ne suis point jugé par mes pairs. Je ne vois point sur les bancs des jurés quelque paysan enrichi,
mais uniquement des bourgeois indignés… »
Pendant vingt minutes, Julien parla sur ce ton ; il dit tout ce qu’il avait sur le cœur ; l’avocat
général, qui aspirait aux faveurs de l’aristocratie, bondissait sur son siège ; mais malgré le tour un
peu abstrait que Julien avait donné à la discussion, toutes les femmes fondaient en larmes.
Madame Derville elle-même avait son mouchoir sur ses yeux. Avant de finir, Julien revint à la
préméditation, à son repentir, au respect, à l’adoration filiale et sans bornes que, dans les temps
plus heureux, il avait pour madame de Rênal… Madame Derville jeta un cri et s’évanouit.
Une heure sonnait comme les jurés se retiraient dans leur chambre. Aucune femme n’avait
abandonné sa place ; plusieurs hommes avaient les larmes aux yeux. Les conversations furent
d’abord très vives ; mais peu à peu, la décision du jury se faisant attendre, la fatigue générale
commença à jeter du calme dans l’assemblée. Ce moment était solennel ; les lumières jetaient
moins d’éclat.

Vous aimerez peut-être aussi