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SEQUENCE ROMAN.

Tanguy VIEL, Article 353 du Code pénal (2017)


EXTRAIT 1 : INITIATION AU COMMENTAIRE

Table des matières


Introduction ..................................................................................................................................................................................1
Présentation .............................................................................................................................................................................1
Projet de lecture .......................................................................................................................................................................2
Plan d’étude linéaire.................................................................................................................................................................2
Dans un plan analytique ...........................................................................................................................................................2
A – la mise en place d’un récit dissuasif (aveu d’une scène de meurtre) ACCUSATION .....................................................2
B – les arguments en faveur du personnage de Kermeur (DEFENSE) ......................................................................................3
Conclusion ....................................................................................................................................................................................3

Introduction
Présentation
Avec Laurent GAUDE, Jean ECHENOZ, Eric VUILLARD, Tanguy VIEL incarne la nouvelle littérature romanesque française. Edité par les Ed. de Minuit, il
a « le style Minuit » : récits à la 1e personne, personnages de losers (anti-héros), un peu d’ironie, joue avec les codes du polar et les images
cinématographiques.
Après avoir rencontré le succès dans Paris Brest, il présente au public Article 353 du CP et le retentissement est majeur.
Ici, nous sommes dans l’avant-texte, c’est-à-dire le prologue (différent de l’avant-propos ou de la préface) = premier contact avec le titre (un peu
rugueux, peu littéraire a priori) des lecteurs avec l’histoire et les personnages. => incipit.

Projet de lecture
Le lecteur peut-il adhérer à un protagoniste antipathique ?
Dans cette scène d’aveu diluée, le personnage principal : héros ou anti-héros ?

Découpage linéaire
1. Mise en place d’un contexte non pas divertissant mais houleux, désagréable (1-18)
2. L.19-fin, antagonisme jusqu’au meurtre.

Etude avec plan analytique

A – la mise en place d’un récit dissuasif (aveu d’une scène de meurtre) (ACCUSATION)
• Kermeur = être violent, lexique constant du conflit et de la négativité : « empêche », « frapper », « se débattre », « cogner »
• Kermeur être indécis, immature : pensée mal structurée, inconstante (calibres de phrases changeants). Abondance de modalisateurs « peut-être »
= il n’est pas fiable, « je ne saurais pas dire »
• Kermeur lâche : atténuation de la vérité crime => « moment » (périphrase euphémisante)
• Kermeur n’a aucune pitié pour sa victime qu’il déshumanise, qu’il réduit dans la désignation « cet homme-là » (x2), « ce type » niveau de langue
familier, langue dégradante = il supprime dans le discours ce qu’il a supprimé sur le port
• Justifications par « les mouettes » = argument d’autorité ??? argument de type ornithologiques, zoologique
• Mauvaise volonté du personnage : série de trois négations cumulées « Mais/NON/ ne…pas »
• Nonchalance, désinvolture inadaptée et indécence dans la diversion : pour parler du crime, il surcharge son propos d’évocations maritimes (dans
le dernier §) : « marée basse », « eau », « rochers », « mouettes » = géo littorale (hors-sujet)
B – les arguments en faveur du personnage de Kermeur (DEFENSE)
• Tentative du personnage pour se relier à une large humanité => discours qui se voudrait universel « un homme » (article indéfini)
• Posture rhétorique : incertitude répétée dans l’anaphore en « peut-être » => image d’humilité
• Individu malléable, infantile, pas encore bien structuré, incapable de distinguer le principal du secondaire (place surdimensionnée des mouettes
dans son discours), argumentaire désarticulé : « noyade/mouettes, rocher/ noyade/ mouettes – infirmières »
• Argument ad personam : il incrimine sa victime au lieu d’assumer ou expliquer ses actes (indécence à charger sa propre victime dont il donne une
image vulgaire avec les jurons « putain », « bordel », « chier » image très négative de la victime par l’enchaînement. La victime elle-même n’est
pas exempte de fautes : à trois reprises, vulgaire (enchaînement de jurons)
• Peut-on incriminer un personnage manifestement peu lettré, qui n’a pas les moyens d’organiser sa rhétorique : cf. nombreuses marques de
familiarité dans la langue (problème de niveau de langue) « ce type », « se passer » (x2) style répétitif, emploi réitéré de « ça » version contracte
de « cela »
• Kemeur qui s’empêtre dans un discours mal maitrisé, incroyablement long et discontinu, notamment par une mention censément anecdotique
entre tirets mais qui prend quand même une demi-page = mauvais calibrage discours principal/ discours secondaire
• Maladresse ? Bonne foi ? insistance sur le nombre de navigants (« deux »)
• Doute est encore permis : tous les éléments de la non-assistance à personne en danger mais meurtre ? Assassinat N ?! rien n’est établi =>
présomption d’innocence

Conclusion
A ce stade, la situation (l’intrigue) comporte des zones d’ombre ;
Le lecteur ignore s’il peut suivre un tel personnage : Doit-on le condamner ? Avoir pitié ?
Contradictions dans le personnage => impressions contradictoires chez le lecteur. Pour autant, cette ambigüité = garantie de la complexité du
personnage et de son humanité.
Le lecteur est placé dans une position ambivalente, à la fois sensible au destin de Kermeur (avec possibilité d’identification au personnage) et placé
dans la position épineuse car délibérative du juge devant faire le tri.

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