Theo Disserte

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«La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens».

Il s’agit ici d’une des


caractéristiques que Carl von Clausewitz, un officier prussien qui a combattu les armées
napoléoniennes, donne de la guerre au début du XIXº siècle.

La pensée clausewitzienne fait référence aux idées et aux théories développées par
Clausewitz dans son œuvre Vom Kriege, qui signifie De la guerre, où il cherche à définir et
comprendre la guerre dans sa globalité. L’officier prussien définit ce qu’il entend par le mot
guerre, en indiquant qu’il s’agit d’un instrument politique, un moyen par lequel l’État poursuit
ses objectifs politiques. Il souligne que la guerre est un processus dynamique et chaotique,
où les plans théoriques se heurtent à la réalité du champ de bataille. Il distingue trois
niveaux de la guerre, entre la stratégie qui désigne l’art de gagner une guerre, la tactique qui
signifie l’art de gagner une bataille puis la politique qui représente l’objectif final de la guerre.
Clausewitz insiste sur la nécessité de détruire la volonté et la capacité de l’adversaire de
résister pour pouvoir remporter la guerre et s’imposer sur l’ennemi. Aussi, il introduit le
concept de centre de gravité, qui représente le point crucial où la puissance de l’ennemi est
concentrée. Le fait d’identifier et d’attaquer ce point peut être décisif dans un conflit.

On entend par conflits contemporains la multitude de nouvelles formes de confrontations et


d’affrontements que nous connaissons aujourd’hui. Ce sont des conflits qui ne se limitent
pas aux guerres interétatiques. C’est le cas des guerres asymétrique qui sont caractérisées
par un rapport de force inégal entre deux camps qui oppose souvent l’armée d’un État à un
groupe suivant une idéologie et menant une guerre irrégulière, comme les guérillas ou le
terrorisme. On a donc l’apparition d’acteurs non-étatiques, qui peuvent être des groupes
rebelles, des milices ou des organisations terroristes. Aussi, on peut avoir des guerres
hybrides qui reposent sur l’utilisation simultanée et conjointe de tous les instruments
conventionnels et non conventionnels comme l’information, l’économie, le cyber, par des
forces régulières et irrégulières afin d’élargir les faiblesses de la société adverse pour
obtenir un but politique tout en restant sous le seuil de l’intervention étrangère ou du conflit
nucléaire.

Ainsi, le sujet se concentre sur la période débutant dans les années 1990 jusqu’au
aujourd’hui, une époque marquée par la chute de l’URSS et la fin de la guerre froide, et
donc l’émergence de nouveaux acteurs internationaux comme la Chine, et des évolutions
significatives dans la nature des conflits. Les conflits contemporains dont le sujet nous parle
sont globaux, ce qui implique différentes régions du monde. De cette façon, les exemples
spécifiques de conflits pourront être tirés de diverses zones géographiques.

Face à la diversité et l’arrivée de nouveaux acteurs, aux transformations géopolitiques


majeures et aux avancées technologiques depuis les années 1990, peut-on considérer les
concepts de Clausewitz, tels que la guerre comme continuation de la politique, les niveaux
de la guerre, et la friction, comme des outils analytiques adéquats pour comprendre la
complexité des conflits contemporains ?

Dans une première partie, il s’agira d’étudier les fondements de la pensée clausewitzienne
(I), dans une deuxième partie les transformations des conflits depuis les années 1990 (II),
dans une troisième partie le fait que la pensée clausewitzienne permette de comprendre les
conflits contemporains (III), puis finalement dans une quatrième partie les contre-arguments
qui permettent de dire que la pensée clausewitzienne possède des limites quand à la
compréhension des conflits contemporains (IV).

Dans une première partie, nous allons aborder les fondements de la pensée
clausewitzienne.
En premier lieu, il s’agira d’étudier le fait que dans sa nature, la guerre est absolue. C’est le
concept pur et le repère théorique pour comprendre ce qu’est la guerre. Clausewitz pose
que cette guerre se caractérise par une intensité extrême et une mobilisation totale des
ressources de l’État. Elle implique donc l’engagement total de la société dans l’effort de la
guerre. Elle dépasse donc le simple affrontement militaire entre forces armées, puisqu’elle
englobe tous les aspects de la société, mobilisant les ressources économiques, industrielles
et humaines. Dans ce type de guerre, la violence atteint un niveau maximal dans le sens où
elle est extrême. Les objectifs militaires pourraient donc viser tous les aspects de la vie
nationale, les infrastructures et l’économie ennemies. Il s’agit donc d’anéantir l’adversaire
par tous les moyens qu’on dispose, pour le rendre politiquement impuissant. Clausewitz
parle de montée aux extrêmes pour atteindre la guerre absolue. Trois actions permettent
cette montée aux extrêmes, dont l’emploi réciproque illimité de la force, car celui qui en fait
le plus complet usage, possède un avantage sur son ennemi, par conséquent, ce dernier se
voit forcé d’en faire autant. Aussi, il y a la recherche du renversement de l’adversaire, où un
camp cherche à soumettre l’autre à sa volonté. Et puis il y a un calcul des efforts
nécessaires et l’escalade, qui correspond au fait que chacun des adversaires calcule les
efforts qui seront nécessaires pour dépasser l’autre, ce qui ne peut qu’entraîner une montée
aux extrêmes. Cependant, cette guerre n’existe pas dans la réalité du fait de la notion de
frictions que Clausewitz introduit dans son œuvre De la Guerre. En effet, elles présentent
des contraintes qui s’opposent à l’action de la guerre. Pour le général prussien, il s’agit des
obstacles, des imprévus et des difficultés qui surgissent lors de la mise en œuvre des plans
militaires sur le champ de bataille. Par exemple, ces obstacles peuvent être des erreurs de
communication, des conditions météorologiques défavorables ou des problèmes de
coordination entre les différentes unités militaires. C’est ce qui entraîne une différence entre
la théorie et la réalité sur le champ de bataille, ce qui peut entraîner des résultats imprévus.
C’est le caractère imprévisible de la guerre: l’incertitude. Clausewitz parle de brouillard de la
guerre, qui désigne cette incertitude qui règne en matière de combats liée aux conditions
matérielles de ceux-ci.

En second lieu, nous allons voir que dans la réalité, nous sommes plutôt dans une guerre
limitée ou réelle, puisqu’elle est proportionnée aux moyens disponibles. Clausewitz affirme
que la guerre est un instrument politique. En effet, selon lui, la guerre revêt une dimension
politique car c’est un moyen d’action pour les États, qui leur permet de promouvoir leurs
intérêts ou de répondre à une agression. La seule manière d’atteindre un but politique serait
de mettre l’ennemi hors d’état de se défendre, donc il ne peut être atteint qu’à travers un
objectif militaire et l’emploi de la force, qui n’est qu’un moyen au service de ce but politique.
Ainsi, la guerre est soumise à la politique. C’est donc le but politique qui détermine le
résultat à atteindre par l’action militaire ainsi que les efforts à y consacrer. Guerre et
politique sont de même nature où la guerre n’est qu’un moyen d’atteindre un but politique :
elle n’est que sa continuation. Les deux sont indissociablement liés dans la poursuite des
intérêts nationaux puisque la guerre est une expression violente et extrême de la politique. Il
s’agit d’un instrument extrême, à utiliser que lorsque les moyens politiques ont échoué à
atteindre les objectifs d’un État. De plus, Clausewitz affirme et reconnaît l’importance du
contrôle politique sur les forces armées, en soulignant le fait que les dirigeants politiques
doivent maintenir une influence sur les décisions militaires pour garantir que la guerre reste
alignée sur les intérêts nationaux et les buts politiques fixés. Aussi, il souligne la possibilité
de composer la guerre, en considérant ses éléments, ses parties et sa totalité. Il différencie
trois niveaux de la guerre qui représentent une dimension spécifique dans la hiérarchie des
opérations militaires et politiques. Ils sont essentiels pour comprendre la complexité des
conflits selon la pensée clausewitzienne. Tout d’abord il y a le niveau politique. La guerre est
envisagée comme un instrument au service d’objectifs politiques, puisque, comme nous
l’avons vu avant, la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. La guerre
est donc conçue comme un moyen de réaliser des buts politiques spécifiques. En effet, les
décisions de déclencher une guerre, de fixer les objectifs militaires et de négocier un
cessez-le-feu sont prises au niveau politique. Ce niveau correspond donc à l’emploi du plan
de guerre en vue de la réalisation de certaines fins. Ensuite, nous avons le niveau
stratégique de la guerre. Ici, Clausewitz explique que ce sont les commandants militaires et
les stratèges qui planifient et mettent en œuvre des opérations militaires en fonction des
buts politiques choisis. Ainsi, les décisions concernant le déploiement des forces, la
concentration des ressources ou la définition des priorités opérationnelles sont prises à ce
niveau. Il s’agit donc du niveau qui se charge de l’emploi des combats dans le plan de
guerre. Puis, il y a le niveau tactique, qui est celui qui concerne les opérations spécifiques
sur le champ de bataille. Il s’agit du niveau le plus concret et le plus opérationnel, ce qui
implique des décisions immédiates concernant les troupes, les armes, les mouvements et
les tactiques utilisées pendant une bataille. Les généraux prennent des décisions tactiques
pour gagner des batailles, qui, à leur tour, devraient contribuer aux objectifs stratégiques et
politiques. Celui-ci correspond donc à l’emploi des forces dans le combat. En somme,
Clausewitz insiste sur le fait que la réussite dans la guerre nécessite une compréhension
profonde de ces niveaux et une adaptation constante des tactiques et des stratégies.

Après avoir abordé l’explication de la guerre donnée par Clausewitz, nous allons voir
dans une deuxième partie les transformations des conflits depuis les années 1990.

En premier lieu, nous allons étudier l’évolution géopolitique mondiale à partir des années
1990, ce qui va marquer le début de nouvelles formes de conflits. À partir de cette période,
les dynamiques internationales ont été redéfinies. En effet, après la chute du mur de Berlin
en 1989 et la chute de bloc de l’est et de l’URSS en 1991, la guerre froide entre les
soviétiques et les États-Unis a pris fin. Le monde est donc passé d’un ordre mondial
bipolaire, avec une confrontation entre deux superpuissances, à un ordre mondial unipolaire,
où les américains se placent comme une hyperpuissance qui domine le monde seul.
Cependant, les attentats du 11 septembre 2001 par Al-Qaëda ont marqué la fin de
l’hyperpuissance américaine. À ce moment-là, le monde est passé à un ordre mondial
multipolaire, où aucun État a su imposer sa puissance sur le monde. Ainsi, de nouveaux
acteurs ont gagné en influence, avec l’émergence de pays comme la Chine ou l’Inde. Ces
pays ont connu une croissance économique rapide et importante, ce qui a contribué à un
renforcement de leur pouvoir politique et militaire. Cette croissance économique a été
rendue possible surtout grâce à la mondialisation, elle même rendue possible grâce aux
avancées technologiques, qui ont facilité les échanges internationaux. D’ailleurs, cette
mondialisation a rendu les conflits plus interconnectés, où les tensions dans une région
peuvent désormais avoir des répercussions mondiales, et les conflits peuvent être
influencés par des acteurs extérieurs. Aussi, le nombre d’État n’a cessé d’augmenté à partir
de cette époque, on peut noter la division de l’Union Soviétique en 15 États, ou la division
interne de la Yougoslavie. Ainsi, de nouveaux et nombreux conflits régionaux ont éclaté
partout dans le monde, comme la guerre entre les forces serbes et albanais kosovars en
1999. La désintégration de structures étatiques a conduit à des luttes pour le contrôle des
territoires et à des rivalités ethniques, créant ainsi des conflits souvent difficiles à résoudre.
La montée significative d’acteurs non-étatiques, comme les groupes rebelles ou les
seigneurs de la guerre, a marqué des nouvelles dynamiques dans les conflits, qui ne sont
plus sur le modèle traditionnel entre deux ou plusieurs États. De surcroît, il est important de
noter que suite à la chute de l’URSS, les soldats qui étaient manipulés d’un côté ou de
l’autre, se sont laissés happer par des idéologies faciles, primitives et belliqueuses: le
nationalisme, le fondamentalisme religieux. Tout cela nous mène à des nouvelles formes de
conflits comme les guerres asymétriques ou guerres hybrides.

En second lieu, il s’agira d’étudier les guerres asymétriques et le fait qu’elles soient
devenues le nouveau modèle de conflit de l’époque contemporaine. Il s’agit d’une guerre qui
oppose deux acteurs inégaux en termes de moyens financiers, militaires et technologiques.
Les deux camps ayant des forces incomparables, tous les moyens sont bons pour emporter
la victoire, «les règles volent en éclats», comme le souligne Philippe Moreau-Desfarges.
Cette notion de guerre symétrique est apparue au milieu des années 1990 aux États Unis,
après que le National Defense Panel américain résume dans une étude que «les ennemis
présents et futurs ont tiré les leçons de la guerre du Golfe de 1991. Ils ne vont pas se
confronter à nous conventionnellement. Ils alignent leurs points forts face à nos points
faibles. Leurs forces ne seront pas le miroir des nôtres». Cependant, ce type de guerre n’est
pas apparu dans les années 1990 puisqu’elles existent depuis longtemps, comme le
témoignent les guerres de colonisation, la guerre d’Algérie ou celle d’Indochine, elle a
simplement été conceptualisée et s’est multipliée à partir de cette période. De plus, la cause
majeure des guerres asymétriques actuelles seraient la mondialisation, puisqu’elle facilite
les échanges d’armes, de matériaux dangereux et les flux de capitaux. Ainsi, des petits
groupes sont capables de s’armer facilement et de frapper fort. L’exemple classique est
celui des attentats de 2001, où les «faibles» (Al-Qaëda) ont pris l’initiative et ont frappé en
premier pour pouvoir prendre l’avantage sur les États-Unis. Aujourd’hui la quasi totalité des
guerres qu’il y a dans le monde sont des guerres asymétriques. On peut citer des exemples
récents, le conflit en Colombie, la guerre civile au Népal, la guerre d’Afghanistan au début
des années 2000, les deux guerres de Tchétchénie, l’Intifada palestinienne ou le confit armé
de l’été 2006 entre Israël et le Hezbollah.

En troisième lieu, nous verrons les guerres hybrides, un modèle de guerre


contemporain. Cette notion, encore abstrait comme concept, désigne des guerres en partie
conventionnelles mais qui empruntent également d’autres formes comme la guérilla, la
cyber guerre, ou le terrorisme. La formule a été utilisée pour décrire l’action du groupe
islamiste chiite Hezbollah au Liban en 2006. La stratégie militaire intègre désormais
systématiquement ce concept, en particulier parce que les adversaires des Occidentaux ont
intégré le fait qu’ils ne pouvaient rivaliser sur le terrain des armements classiques. Aussi, les
guerres hybrides permettent de rester sous le seuil par rapport à l’emploi nucléaire et à
l’intervention étrangère. Nous pouvons donner l’exemple de Wagner pour la Russie, un
groupe armé qui intervient à l’étranger pour servir les intérêts internationaux de la Russie
sans qu’il y ait un véritable lien officiel entre les deux parties. De plus, les acteurs des
guerres hybrides identifient les fissures de la société de l’ennemi pour finir par l’exploser, en
amplifiant ces fissures. Pour prendre un exemple concret, il s’agit de la fragmenter en
utilisant les réseaux sociaux par exemple, en faisant de la propagande du côté de la société
de l’ennemi. Les médias russes comme Sputnik ou Russia Today (RT) en sont des
exemples, où on peut constater qu’il y a une véritable tentative de manipulation et de
désinformation. Donc, d’après le général Guérassimov, les règles de la guerre auraient
changé. Ce changement est lié à la finalité de la guerre : priver l’adversaire de sa source de
pouvoir. Ainsi, ces dernières années, cette source ne réside plus dans les forces armées
d’un État, mais dans le potentiel contestataire de sa population. De ce fait, le rôle des
méthodes non-militaires utilisées pour atteindre des objectifs politiques et stratégiques a
gagné en importance, qui a dépassé celle de la force armée en termes d’efficacité. En autre
mots, l’importance relative entre l’action militaire et l’action non-militaire s’est inversée. C’est
ainsi que les guerres hybrides prennent de plus en plus d’importance et se multiplient au fur
et à mesure, à l’image de la guerre en Ukraine déclenchée le 24 février 2022 par la Russie.
Après avoir vu les transformations des conflits depuis les années 1990, nous allons
voir dans une troisième partie le fait que la pensée clausewitzienne permet de comprendre
ces conflits contemporains.

En premier lieu, nous analyserons

En second lieu, nous verrons que les conflits contemporains correspondent bien à ce que
Clausewitz pensait par rapport au fait que la guerre est la continuation de la politique par
d’autres moyens, et est donc un instrument politique. Tout d’abord, Clausewitz met l’accent
sur le fait que la guerre est liée à des buts politiques, ce qui est le cas des conflits
contemporains. En effet, les parties impliquées poursuivent généralement des objectifs
politiques spécifiques, comme l’obtention d’une indépendance, à l’image de la guerre au
Kosovo à la fin des années 1990 après que les albanais kosovars aient demandé
l’indépendance à la Serbie, ou la défense d’un intérêt géopolitique, comme l’annexion de la
Crimée par la Russie en 2014 où les russes ont agi pour contrôler la péninsule ukrainienne,
stratégique, avec une importante base navale à Sébastopol. De plus, Clausewitz considérait
la guerre comme un instrument de coercition visant à influencer les décisions politiques de
l’adversaire, ce qui est le cas des conflits contemporains, où la violence armée est souvent
utilisée comme un moyen de contraindre les adversaires à changer leur politique, à négocier
ou à céder du terrain. Par exemple, le conflit en Syrie qui a éclaté en 2011, où plusieurs
groupes rebelles, comme l’Armée Syrienne Libre (ASL) ou Daesh, se sont battus face au
gouvernement syrien de Bachar Al-Assad pour exiger des changements politiques. Aussi,
Clausewitz insistait sur le fait que la guerre et la diplomatie sont deux aspects mis en
commun. Les conflits contemporains nous montrent comme la diplomatie et les négociations
sont souvent menées en parallèle avec les opérations militaires. À ce titre, nous pouvons
donner l’exemple de la guerre en Afghanistan et les négociations de paix avec les États-
Unis, engagés depuis 2001. Les américains ont cherché à mettre fin à cette présence
militaire en territoire afghan en essayant de parvenir à un accord entre les talibans et le
gouvernement afghan. Ainsi, en février 2020, les États-Unis et les talibans ont signé un
accord à Doha, capitale du Qatar, qui prévoyait le retrait progressif des troupes américaines
en échange de garanties des talibans concernant la sécurité en Afghanistan. Également, les
conflits contemporains peuvent avoir des répercussions significatives sur la structure
politique des États impliqués. Nous pouvons noter les changements de régimes, les
séparations territoriales et les redéfinitions des frontières, qui sont souvent dues aux conflits.
Par exemple, la guerre entre l’Arménie et Azerbaïdjan en 2020 autour de la région du Haut-
Karabakh où Azerbaïdjan a réussi à regagner le contrôle de plusieurs zones de ce territoire.
Après un accord de cessez-le-feu négocié avec la médiation de la Russie, les frontières
entre les deux pays se sont redéfinies, ce qui porte un impact sur la politique des deux pays.
De surcroît, les moyens non conventionnels qui sont utilisés aujourd’hui lors des conflits
contemporains, comme le terrorisme ou la cyberguerre, sont révélateurs de cet usage de la
force comme moyen de réaliser des buts politiques, ce qui confirme la pensée de
Clausewitz. Par exemple, en septembre 2010, l’Iran a été attaqué par un logiciel
informatique appelé «Stuxnet», dont le but était d’infecter les systèmes de la centrale
nucléaire de Natanz et de la centrale nucléaire de Bouchehr, ce qui a fait qu’au moins un
cinquième des centrifugeuses iraniennes ont été détruites ralentissant d’un an la mise au
point de la centrale nucléaire civile énergétique iranienne. En pleine période de tensions
entre l’Iran et Israël, cette attaque aurait été menée par les israéliens et américains, d’après
les services de renseignement russes. Donc ce moyen non conventionnel de faire la guerre
a permis l’État d’Israël de servir ses propres intérêts.
Après avoir analysé le fait que la pensée clausewitzienne permette de comprendre
les conflits contemporains, nous examinerons dans une quatrième partie en quoi la pensée
clausewitzienne possède des limites et critiques quand à cette compréhension.

En premier lieu, nous nous interrogerons par rapport au fait que la pensée
clausewitzienne ne puisse pas saisir la complexité des conflits impliquant des acteurs non-
étatiques.

En second lieu, nous aborderons l’incertitude et frictions dans un monde de plus en


plus interconnecté.

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