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Les Registres Littéraires
Les Registres Littéraires
Un texte produit sur son lecteur des émotions diverses (tristesse, colère, rire…) par son registre. Il
communique un état d’esprit, un sentiment ou un plaisir esthétique. Selon l’effet recherché et les
procédés choisis pour l’atteindre, on distinguera les registres : épique, lyrique, comique, tragique,
dramatique, pathétique, polémique, didactique, réaliste, fantastique, …
A. Le registre lyrique : « … la campagne parée comme un bouquet, sentait le miel. Les oiseaux se
répondaient d’un buisson à une branche. Les femmes couraient pieds nus dans l’herbe, barbotaient
dans le ruisseau, chantaient des cantilènes à ravir le cœur. » page 63
B. Le registre satirique : « grande niaise ! Depuis quand les chats raffolent-ils le miel ? Un chat avec
un turban de soie serait la chose la plus ridicule du monde. Une fille aussi bête que Zineb ne peut rien
trouver d’amusant dans sa pauvre cervelle. » page 71
C. Le registre fantastique : « ma mère avait laissé la clef sur la porte de la chambre. J’entrai. Les
objets ne me reconnaissaient plus, ils m’opposaient un visage hostile. Ils s’amusèrent à m’effrayer, ils
se transformaient en monstres, redevenaient objets familiers, empruntaient de nouveaux masques
de bêtes d’apocalypse » page 79
D. Le registre tragique : « tout à l’heure, après les ablutions rituelles, il sera vêtu pour la dernière
fois de blanc. Des hommes le porteront sur leur tête sur une confortable civière en bois de cèdre et
iront l’enfouir dans la terre humide. La terre se refermera pour l’éternité sur sidi Mohamed ben
Tahar, le coiffeur » page 88
E. Le registre pathétique : «Lalla Aicha, pour toute réponse, enfouit son visage dans ses mains et
éclata en sanglots. Son corps fut secoué de violents spasmes. La douleur l’étranglait par moments.
Ma mère lui entoura les épaules de ses deux bras et se mit à sangloter avec elle. Lalla aicha s’arrêta.
Les joues encore luisantes de pleurs, le nez humide… » page 171
Exercices :
A six ans, j’avais déjà conscience de l’hostilité du monde et de ma fragilité. Je connaissais la peur,
je connaissais la souffrance de la chair au contact de la baguette de cognassier. Mon petit corps
tremblait dans ses vêtements trop minces. J’appréhendais le soir consacré aux révisions
J’avais peut-être six ans. Ma mémoire était une cire fraîche et les moindres événements s’y
gravaient en images ineffaçables. Il me reste cet album pour égayer ma solitude, pour me
prouver à moi-même que je ne suis pas encore mort. A six ans j’étais seul, peut-être malheureux,
mais je n’avais aucun point de repère qui me permît d’appeler mon existence : solitude ou
malheur. Je n’étais ni heureux, ni malheureux. J’étais un enfant seul.
Et je désirais faire un pacte avec les puissances invisibles qui obéissaient aux sorcières afin
qu’elles m’emmènent par-delà les Mers des Ténèbres et par-delà la Grande Muraille, vivre dans
ce pays de lumière, de parfums et de fleurs.
Je crois n’avoir jamais mis les pieds dans un bain maure depuis mon enfance. Une vague
appréhension et un sentiment de malaise m’ont toujours empêché d’en franchir la porte. A bien
réfléchir je n’aime pas les bains maures.
J’ai gardé un vif souvenir de cette femme, plus large que haute, avec une tête qui reposait
directement sur le tronc, des bras courts qui s’agitaient constamment. Son visage lisse et rond
m’inspirait un certain dégoût. Je n’aimais pas qu’elle m’embrassait.
Bien sûr, j’avais des relations dans le monde de la légende avec des princes très vaillants et des
géants au cœur tendre, mais ils habitaient les recoins cachés de mon imagination.
Mes oreilles étaient au supplice, mon cœur dans ma poitrine heurtait avec force les parois de sa
cage. Les sanglots m’étouffèrent et j’écroulai aux pieds de ma mère, sans connaissance.