Vous êtes sur la page 1sur 1

Offres d'emploi Appels d'offres Boutique Recevoir nos newsletters TheAfricaReport AfricaBusiness+ Africa CEO Forum AFIS

. Menu / Magazine - Mon compte

POLITIQUE CONFIDENTIELS
CÔTE D’IVOIRE

Entre Ibrahim Traoré et Alassane Ouattara, le


« cas Soro » et la crainte du complot
Depuis l’arrestation, en janvier, à Abidjan, d’un ex-rebelle des Forces nouvelles, les services de renseignement
Benjamin Roger
ivoiriens affirment avoir découvert un réseau d’une cinquantaine de jeunes recrutés par des proches de
Publié le 3 mai 2024 Guillaume Soro pour mener des opérations de déstabilisation de la Côte d’Ivoire depuis le Burkina Faso.
Lecture : 4 minutes. Révélations.

Le président de la transition burkinabè Ibrahim Traoré, l’ancien président de l’Assemblée nationale

ivoirienne Guillaume Soro et le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara. © MONTAGE JA :

PRESIDENCE DU FASO ; LIONEL BONAVENTURE/AFP ; SIA KAMBOU/AFP

C’est une nouvelle histoire de barbouzerie, dont l’histoire étroitement


Velký výprodej na Temu
liée du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire est jalonnée. Elle mêle la Temu

junte d’Ibrahim Traoré, les services de renseignement ivoiriens,


l’entourage le plus proche d’Alassane Ouattara et celui qui, malgré les
récentes tentatives de décrispation, demeure l’ennemi le plus redouté
des autorités ivoiriennes : Guillaume Soro.

Tout commence fin janvier, à Abidjan. A. Cissé, un ex-rebelle des


Forces nouvelles (FN) qui a servi sous les ordres du célèbre comzone
Issiaka Ouattara, alias Wattao, est arrêté par les services ivoiriens
qui le suspectent de participer à une opération de déstabilisation
pilotée par des proches de Soro. Pendant plusieurs jours, ce
quarantenaire reconverti dans le commerce de bétail qui réside à
Abobo, une commune populaire d’Abidjan, est interrogé sans
ménagement.

Contenu sponsorisé

Proposé par PEOPLE CN CO

Les modèles d’e-commerce à la chinoise à l’épreuve de


l’Afrique

Cissé finit par parler. Lors de son interrogatoire, il affirme avoir été
contacté début janvier par un numéro de téléphone malien. Au bout
du fil, une de ses vieilles connaissances, L. Coulibaly, la cinquantaine,
qui lui demande de recruter des jeunes pour être formés au
maniement des armes au Mali ou au Burkina Faso. Lui-même agit
pour le compte d’un homme : L. Fofana, autre ex-rebelle et ancien
gendarme pisté par les renseignements ivoiriens. Décrit par un haut
responsable sécuritaire comme un « homme de Soro », il aurait
d’abord envisagé de « former » ces jeunes au Mali avant de finalement
se rabattre – pour une raison méconnue des enquêteurs – sur le
Burkina Faso.

Tous les services mobilisés

En tout, dix groupes de cinq personnes sont constitués. Le premier,


dirigé par un certain A. Traoré, quitte la Côte d’Ivoire le 16 janvier.
Plusieurs autres suivront. Le trajet est le même : en bus jusqu’à la
frontière, puis direction Bobo-Dioulasso, où les petits groupes de
jeunes sont accueillis avant de poursuivre vers Ouagadougou. Celui de
Cissé, le dernier, devait partir le 27 janvier. Il est finalement arrêté
juste avant. Ses aveux permettent d’établir une liste de 50 personnes,
consultée par Jeune Afrique, et dont une bonne partie a déjà rallié le
Burkina Faso.

LES PLUS LUS


A lire :
+Entre Ibrahim Traoré et Alassane Ouattara, l’inquiétante

1
montée de tensions + En Côte d’Ivoire, le « scandale
KDS » et la désillusion de milliers
d’investisseurs

À Abidjan, l’affaire est prise très au sérieux. « Tous les services de


renseignement sont mobilisés sur Soro. Ils sont convaincus qu’il 2 + Au Rwanda, le miracle
économique est-il pérenne ?
prépare quelque chose, encore plus depuis qu’il a trouvé refuge auprès
des putschistes sahéliens qui sont ouvertement hostiles à la Côte
d’Ivoire », affirme une source sécuritaire. Le cas de l’ancien rebelle 3 + Société générale Côte d’Ivoire :
pourquoi Abidjan refroidit la piste
nourrit aussi une guerre des officines, chacune essayant d’être celle qui d’une vente
livrera le bon tuyau, voire qui déjouera un éventuel complot. Trois le
surveillent particulièrement : la Direction des renseignements
généraux (DRG), la Direction de la surveillance du territoire (DST), et
4 Côte d’Ivoire-Maroc : la mosquée
Mohammed VI d’Abidjan, symbole
le Centre de renseignement opérationnel anti-terroriste (Croat). d’une amitié solide

Selon un sécurocrate ivoirien, l’objectif de ce réseau est de mener des 5 + Après le retrait du Niger,
le Pentagone se presse en Côte d’Ivoire
opérations de déstabilisation en Côte d’Ivoire, où l’élection
présidentielle doit se tenir l’année prochaine. Certains de ses membres
ont aussi tenté de prendre contact avec des militaires en fonction, y
compris à la présidence. Du côté des renseignement ivoiriens,
d’aucuns suspectent que les jeunes recrues soient formées sur la base
de Loumbila, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de
Ouagadougou – où sont notamment présents certains des militaires
russes déployés dans le pays.

IB sur ses gardes

Fin avril, les autorités ivoiriennes ont informé leurs homologues


burkinabè qu’elles avaient connaissance de ce réseau et leur ont
demandé des comptes. Les intéressées ont tout nié en bloc. Malgré les
tentatives de conciliation, notamment à travers la récente rencontre
entre Téné Birahima Ouattara et Kassoum Coulibaly, les ministres
de la Défense des deux pays, la relation entre Abidjan et Ouagadougou
demeure très tendue.

Le 26 avril, lors d’une interview à la télévision nationale, le capitaine


Ibrahim Traoré n’a pas hésité à publiquement indexer ses voisins
ivoiriens. « Il faut qu’ils reviennent à de meilleurs sentiments. Tous les
déstabilisateurs du Burkina sont là-bas, ne se cachent pas […]. À un Velký výprodej na Temu
moment, il faut arrêter l’hypocrisie, il faut dire la vérité, il y a un Temu

problème avec les autorités de ce pays », lâche-t-il. Une charge


frontale en bonne et due forme, qui a été largement commentée et n’a
pas manqué d’agacer, encore un peu plus, Alassane Ouattara et ses
proches.

A lire :
+ Au Burkina Faso, Ibrahim Traoré, sauveur ou dictateur ?

S’il ne dit évidemment pas qu’il fait de même, « IB » (le surnom de


Traoré) est aussi sur ses gardes. Depuis qu’il a mis son pays sous
cloche et éteint toute voix dissonante, Abidjan est devenue la terre
d’exil de nombre de ses opposants. Politiciens, militants, hommes
d’affaires… Certains ne cachent pas leur hostilité au capitaine et leur
volonté de le renverser. Durant le premier semestre 2023, c’est par
exemple en partie en Côte d’Ivoire que s’était noué un projet,
finalement avorté, de coup d’État contre son régime autour du troll
« Gauthier Pasquet ».

La junte burkinabè se montre donc extrêmement méfiante à l’égard


des autorités ivoiriennes, par ailleurs perçues comme les alliées de la
France. Sur fond de paranoïa ambiante à Ouagadougou, Ibrahim
Traoré et le capitaine Oumarou Yabre, le patron de l’Agence
nationale de renseignement (ANR), ont désormais l’intime conviction
que les services ivoiriens cherchent à les neutraliser.

Contactés par Jeune Afrique, des proches de Guillaume Soro et du


capitaine Ibrahim Traoré n’ont pas souhaité réagir à cette affaire.

La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de
l’actualité africaine.

Votre e-mail S’inscrire

Jeune Afrique utilise votre adresse e-mail afin de vous adresser des newsletters.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles

Ibrahim Traoré Alassane Ouattara

Accueil / Politique

La rédaction vous recommande

Après le retrait du Niger, le Pentagone se presse en Côte


d’Ivoire
À Abidjan les 28 et 29 avril, le patron de l’Africom, Michael Langley, a profité
de sa visite pour plaider en faveur de l’ouverture d’une base militaire
américaine dans le pays auprès d’Alassane Ouattara.
30 avr. 2024

Un éventuel retour de Guillaume Soro agite la Côte


d’Ivoire
Les soutiens de l’ancien président de l’Assemblée nationale croient plus que
jamais à son retour depuis qu’il a repris contact avec Alassane Ouattara. Au
sein de la majorité présidentielle, cette perspective pose des questions.
25 avr. 2024

Entre Ouattara et Soro, deux appels et bientôt le dégel ?


Les deux hommes ne s’étaient pas parlé depuis près de cinq ans. C’est
l’opposant en exil, condamné à la prison à perpétuité pour « atteinte à la
sûreté de l’État » en Côte d’Ivoire, qui est à l’origine de ce rapprochement.
4 avr. 2024

Contenus partenaires !

Sur le même sujet

+ Aya Nakamura : la queen et + Quand l’Ukraine fait les Des dirigeants africains L’exposition « Arabofuturs » Maroc-Algérie : la CAF attribue
les racistes, par François yeux doux à l’Afrique appellent à plus de coopération conjugue le futur au présent la qualification aux Marocains
Soudan contre le terrorisme de Berkane

SERVICES SITES DU GROUPE LA RÉDACTION ABONNEMENT NEWSLETTER

Offres d'emploi TheAfricaReport Qui sommes-nous ? S'abonner " Recevoir nos newsletters
Appels d'offres AfricaBusiness+ Nous rejoindre Activer votre carte d’abonnement.
APPLICATION MOBILE
Boutique Africa CEO Forum Nous contacter Consulter le magazine
# Sur iPhone
Espace partenaire AFIS
$ Sur Android

% & ' ( ) *

© Jeune Afrique 2024, tous droits réservés Conditions générales d’utilisation Gestion des cookies Aide (FAQ)

Vous aimerez peut-être aussi