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Perceval Ou Le Conte Du Graal
Perceval Ou Le Conte Du Graal
À partir du XIIIe siècle, il est assimilé au Saint Calice (la coupe utilisée par Jésus-Christ et ses douze disciples au cours de
la Cène, et qui a recueilli le sang du Christ) et prend le nom de Saint Graal. La nature du Graal et le thème de la quête qui lui est
associé ont donné lieu à de nombreuses interprétations symboliques ou ésotériques, ainsi qu'à de multiples illustrations artistiques.
Après la mort de son mari et de ses deux fils, une femme se cache dans une forêt du Pays de Galles avec
son dernier enfant, « Percevaus » (Perceval), et essaie, pour le préserver, de l'élever loin de la civilisation dans
l'ignorance complète du monde et de la chevalerie meurtrière. Malgré toutes les précautions de la mère, Perceval
rencontre un jour un groupe de chevaliers portant des armures brillantes. Il en est si enthousiasmé qu'il décide de
quitter aussitôt le refuge et sa mère, malgré les supplications de celle-ci, qui est persuadée que Perceval se fera tuer
au cours de ses aventures. Sa mère lui prodigue tout de même des conseils essentiels : rendre service aux dames et
aux damoiselles, ne pas aller plus loin que le baiser avec ces dernières, demander le nom des chevaliers dont il
croisera le chemin et, finalement, aller dans les églises prier Dieu. Le jeune homme se rend ensuite à la cour
du Roi Arthur à Carduel, où une jeune fille lui prédit un grand avenir, malgré les railleries de Keu le sénéchal.
Perceval s'est fait remparquer par la rusticité de ses manières ; cependant, il sort vainqueur de son premier
combat et s'empare de l'armure de son adversaire, le Chevalier Vermeil.
« Gurnemanz de Goorz » (Gornemant de Goort), un vieux chevalier expérimenté, prend Perceval sous sa
protection et lui enseigne les manières courtoises. Il lui apprend aussi les vertus chevaleresques : épargner un
adversaire vaincu, montrer de la retenue dans le discours, protéger les dames et fréquenter les églises. Grâce à sa
noble origine et à son ardeur, Perceval fait de rapides progrès et il peut bientôt voler de ses propres ailes. Très tôt
dans le récit, deux personnages à la figure de mentor instaurent donc déjà l'importance du thème de la piété.
Il s'en va donc à l'aventure et conquiert par sa beauté et son courage « Blancheflor » (Blanchefleur) qui
devient son amie. Perceval insiste pour partir parce qu'il veut voir si sa mère est toujours en bonne santé, mais il
promet de revenir et d'épouser Blanchefleur après.
Après maintes péripéties, un soir qu'il cherchait un gîte, Perceval est reçu par le « Roi Pescheor » (Roi
Pêcheur). Des valets l'habillent d'écarlate et l'introduisent dans une vaste salle carrée au milieu de laquelle gît, à
demi couché sur un lit, un homme vêtu de zibeline.
Pendant que Perceval s'entretient avec lui, il est témoin d’un spectacle étrange : un valet qui tient
une lance resplendissante de blancheur s'avance. « À la pointe du fer de la lance perlait une goutte de sang et
jusqu'à la main du valet coulait cette goutte vermeille ». Deux autres valets suivent avec des chandeliers en or.
Puis vient une belle jeune fille richement parée. Elle porte un Graal d'or pur orné de pierres précieuses. Chrétien de
Troyes souligne : « Il vint alors une si grande clarté que les chandelles perdirent la leur, comme les étoiles quand
le soleil ou la lune se lève ». Une autre jeune fille porte un tailloir ou plateau en argent. L'étrange cortège va d'une
pièce à l'autre tandis qu'on prépare un splendide souper. À chaque plat, le cortège réapparaît avec le Graal, sans
que les assistants semblent y faire attention. Bouleversé et intrigué, Perceval se demande à qui s'adresse le service
du Graal. Cependant, il n'ose pas poser la question, car il se souvient des conseils de Gornemant qui lui a
recommandé de réfléchir avant de parler et de ne pas poser de questions indiscrètes. Après le repas, le châtelain,
qu'un mal mystérieux semble ronger, se fait porter dans sa chambre par quatre serviteurs. Perceval s'endort à son
tour. À l'aube, en se réveillant, il trouve le château vide. Actionné par des mains invisibles, le pont-levis s'abaisse
devant lui. Perceval reprend la route, mais il est bien décidé à élucider le mystère et surtout à retrouver un jour le
Graal. Perceval erre pendant un certain temps avant de rejoindre le campement du roi Arthur, où il reste pensif
devant trois gouttes de sang dans la neige qui lui rappellent le doux visage de son amie, Blanchefleur.
Peu de temps après, une « demoiselle hideuse », telle qu’on en voit dans les légendes celtiques, arrive à la
cour et reproche à Perceval de ne pas avoir interrogé son hôte à propos du Graal, car la question aurait eu le
pouvoir de guérir le roi blessé et en même temps de lever la malédiction qui pesait sur ses terres.
La partie suivante du roman est consacrée au meilleur chevalier d'Arthur, Gauvain, défié en duel par un
chevalier qui prétend que Gauvain a tué son seigneur et qui lui demande de lui rapporter la Lance qui saigne avant
la fin de la prochaine année pour que leur duel puisse avoir lieu. Gauvain sert en même temps de contraste et de
complément à la naïveté de Perceval et ses aventures nous présentent un chevalier courtois qui doit agir dans des
situations contraires à la courtoisie.
Les aventures de Gauvain le conduisent à un château gouverné par trois femmes : une reine, sa fille et sa
petite-fille. Après avoir réussi l'épreuve du « Lit de la Merveille », Gauvain apprend qu'il s'agit en fait d'Ygerne, la
mère d'Arthur, de l'épouse du roi Loth, sa propre mère, et de Clarissant, qui est donc sa sœur. Une demoiselle
demande à Gauvain de franchir le Gué périlleux pour elle pour prouver sa valeur. Gauvain réussit à le franchir, au
grand dam de la demoiselle, qui voulait qu'il s'y noie. Gauvain y fait la rencontre d'un chevalier nommé le
Guiromelant, qui est amoureux de Clarissant et qui demande à Gauvain de lui donner un anneau en gage de son
amour pour elle. C'est lui qui apprend à Gauvain l'identité des trois dames du château. Cependant, quand Gauvain
révèle son identité au Guiromelant, celui-ci le provoque en duel parce que le père de Gauvain a tué le père du
Guiromelant et il demande vengeance. Le Guiromelant, néanmoins, ne porte aucune arme à ce moment et
demande à Gauvain que le duel ait lieu sept jours plus tard, et qu'entre temps il fasse mander le roi Arthur et sa
suite pour qu'ils puissent assister au déshonneur de sa défaite.
Il n'est plus fait mention de Perceval que brièvement avant la fin de la partie achevée par Chrétien de
Troyes : Après cinq années d'errance où Perceval terrasse tous les chevaliers qu'il trouve sur son passage, celui-ci
croise une procession de pèlerins qui lui demandent pourquoi il est en armes dans la forêt le jour du Vendredi
saint. Perceval réalise alors avec horreur qu'il a oublié de prier Dieu durant ces cinq années, où il n'a jamais mis le
pied dans une église. Les pèlerins l'envoient voir un ermite, qui est un oncle de Perceval et qui lui prescrit une
pénitence pour ses péchés, le premier de ceux-ci ayant été le fait qu'il ait fait mourir sa mère de chagrin en partant
pour la cour du roi Arthur au début de ses aventures. L'ermite lui apprend que c'est à cause de ce premier péché
qu'il a échoué à l'épreuve du Graal. L'ermite apprend également à Perceval que l'homme à qui l'on faisait le service
du Graal chez le Roi Pêcheur est son oncle aussi et qu'il est maintenu en vie par les hosties issues du Graal depuis
quinze années.
Après les sages conseils de l'oncle ermite adressés à Perceval, l'intrigue revient à Gauvain. Le texte
inachevé se termine alors sans être revenu à Perceval et il s'interrompt au moment où un messager arrive à la cour
du roi Arthur pour requérir sa présence au combat que Gauvain devait mener contre le Guiromelant.
Analyse
Dans le roman apparaît une critique de la chevalerie, non pas dans son idéal, mais dans ce
qu'elle devient dans la réalité. Chrétien oppose une chevalerie rêvée et une activité réelle qui devient un
moyen d'obtenir la gloire. Alors que le chevalier doit faire le bien sans espérer d'honneur — et celui-ci
s'imposera de lui-même par la suite — les personnages des romans de Chrétien cherchent la gloire, et
la défense de l'opprimé n'est plus une fin mais un moyen. Cette adhésion à la superficialité de la
chevalerie réelle amène Perceval, lorsqu'il est en présence du roi Pêcheur et du Graal, à ne pas suivre
son désir de poser la question sur ce qu'est le Graal et à ne pouvoir amener la guérison du roi 6