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"Relationsd'objet et organisation de la personnalité : étude comparative

d'un groupe de participants présentant des conduites pédophiliques et d'un groupe de

comparaison."

Mémoire

présenté

à la Faculté des études supérieures

de l'Université Laval

pour l'obtention

du grade de maître en psychologie (M.Ps.)

Écoie de psychologie

FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES

UNIVERSITÉ LAVAL

Décembre 2000

O Sébastien Larochelle, 2000


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permission. autorisation.
Avant-propos

J'aimerais d'abord remercier M. Louis Diguer, directeur de ce travail, pour sa

disponibilité, ses judicieuses suggestions et son support tout au long de l'élaboration de ce

mémoire. Je tiens égaiement à souligner à quel point M. Diguer fut pour moi un exemple tant au

niveau de la recherche qu'au niveau de la clinique. Ses qualités personnelles et professionnelles

ont fait de ma formation de deuxième cycle une expérience très enrichissante.

raimerais également remercier M. Jean-Pierre Rousseau, mon étroit collaborateur, sans

qui ce travail n'aurait pas été possible. Je tiens à lui exprimer comment j'ai apprécié ses conseils,

sa disponibilité et son importante participation à chacune des étapes de ce travail. De plus, je ne

peux que lui être reconnaissant de l'expérience dont il a si bien su me faire profiter, sans oublier

les nombreuses conversations qui m'ont permis de croire davantage en moi et en ce que je fais.

Je me dois d'adresser un remerciement particulier à mes confrères de travail qui ont

participé à la réalisation de ce travail. D'abord, je tiens à remercier Sylvie Pelletier pour sa

disponibiiité, son dévouement et la qualité de son jugement qui m'ont été si précieux lors de ma

formation a l'OR1 et à I'ASD. Aussi, je suis grandement reconnaissant à Jean-Philippe Daoust et

Étienne Hébert pour leurs conseils et leur aide dans la mise en place de ce travail. Je tiens à

exprimer comment j'ai apprécié leur compréhension, leur efficacité, leur rapidité et leur

disponibilité en regard à la cotation du PODF. J'aimerais également remercier mon confrère Jean

Descôteaux sans qui la conception et la réalisation de mes analyses statistiques auraient été une

expérience davantage tortueuse. Je lui suis reconnaissant pour la disponibilité et l'aide qu'il m'a

fournie. l e ne peux passer sous le silence la collaboration de Lyne St-Pierre qui a su être

compréhensive, disponible et efficace dans la transcription verbatim des descriptions servant à la

cotation de l'ON et de I'ASD.


Je désire adresser ma reconnaissance et ma gratitude à mes parents, lesquels ont su croire

en moi, m'encourager à me réaliser et me supporter financièrement dans la poursuite de mes

études. Sans vous, je ne serais pas où je suis et je ne serais pas qui je suis.

Je désire adresser un chaleureux remerciement à mes amis Dominic, Dave, Pieme-Anne,

ainsi qu'à ma sœur Karine, pour avoir cru en moi et en mes capacités. Souvent à votre insu, vous

m'avez encouragé à poursuivre ce que je fais.

Enfin,je tiens à exprimer ma reconnaissance et ma gratitude à Rielle, ma conjointe, avec


gui j'ai pu partager les joies, les fnistrations et les peines qu'a impliqué la réalisation de ce travail.

Je lui suis reconnaissant pour la présence, le support, les nombreux encouragements et les

brillants commentaires qu'elle a su me communiquer.


Résumé

Le premier but de cette étude consiste entre autres à vérifier si, comme le soutiennent

plusieurs auteurs, il existe à l'intérieur d'un groupe d'individus présentant une problématique

pédophilique différentes organisations de la personnalité. Le Personality Organisation Diagnostic

Form @iguer & Normandin, 1996) fut utilisé afin d'établir le diagnostic structural de la

personnalité de 44 sujets masculins présentant des conduites pédophiliques. Les résultats

démontrent que 9 sujets présentent une organisation névrotique de la personnalité alors que 35

sujets présentent une organisation de type limite, dont 16 de haut niveau et 19 de bas niveau. Le

second but de cette étude consiste à vérifier s'il existe une différence entre les relations d'objet

d'un groupe d'individus présentant des comportements pédophiliques et d'un groupe de

comparaison. LYObjectRelation hventory (Blatt et al., 1988) et The Assesment of self-

descriptions (Blatt et al., 1993) firent utilisés afin de mesurer les représentations d'objet et de soi

de 35 sujets présentant une problématique pédophilique et de 30 sujets ne présentant pas cette

pathologie. Pour ce qui est des représentations d'objet, les analyses démontrent l'existence d'une

différence significative entre les groupes en ce qui concerne les dimensions Niveau conceptuel et

Ambivalence. Il apparaît que les individus qui présentent une pédophilie ont un niveau

conceptuel et un degré d'ambivalence moyen significativement plus faible que les individus

composant le groupe de comparaison. En ce qui concerne les représentations de soi, les analyses

indiquent qu'il n'existe aucune différence significative entre les groupes.


Table des matières

Avant.propos .................................................................................................................................... i
...
Résumé.......................................................................................................................................... -111

..
Table des maueres.......................................................................................................................... iv
...
Liste des tableaux......................................................................................................................... viir

CADRE THEORIQUE................................................................................................................... 1

Introduction......................................................................................................................... 1

La pédophilie selon le DSM.N .................................................................................. 2

La pédophilie a travers l'approche psychanalytique..................................................... 5

Le monde interne des relations d'objet ........................................................................ 8

Les représentations d'objet..........................................................-9

Les représentations de soi............................................................ 11

La séparation active des représentations de soi et d'objet

contradictoires.. .................................................................... -12

La différenciation entre les représentations de soi et d'objet dans la

psyché ............................................................................... -14

Les relations d'objet: un modèle d'interactions ultérieures .................... 16

Les relations d'objet et les psychopathologies adultes......................... -17

La pédophilie: une symptomatologie qui renvoie à une dynamique homogène ou

hétérogène?................................................................................................................ -17

Classification de la perversion selon le niveau d'organisation de la

personnalité ...................................................................................... 18

1.5 .1 La perversion et l'organisation névrotique de la personnalité..................... 21


1.5 .1.1 Les relations d'objet de l'organisation névrotique de la

persomaltte...... ...................................................................-24
I

1.5.2 La perversion et l'organisation limite de la personnalité ......................... 24

1.5.2.1 Les relations d'objet de l'organisation limite de la personnalité ...............26

1.5 .2.2 Organisation limite de bas niveau............................................................. 28

1.5.2.3 Organisation limite de haut niveau ..................................................28

1.5.2.4 L'abus sexuel dans l'enfance et la perversion adulte .......................... 29

1.5.2.5 Les similitudes entre la pédophilie et la psychopathie............................. 30

1.5.3 La perversion et l'organisation psychotique de la personnalité........ ...........3 2

1.6 Des modèles non sans faiiles.................................................................................... 33

1.7 Une manque de connaissance concernant les relations d'objet des individus présentant

une pédophilie........................................................................................................ 34

1-8 L'évaluation des relations d'objet ............................................................................. -35


. .
Objectifs et hypothèses.................................................................................................................
-37

Méthode........................................................................................................................................ -38
..
3.I Participants................................................................................................................. 38

3.1.1 Les sujets qui présentent des conduites pédophiliques................................ 38

3.1.2 Les sujets qui composent le groupe de comparaison................................... 40

3 -2 Procédure....................................................................................... -41

3 -3 Instruments...................................................................................... -42

3.3.1 Stnictured Clinical Interview for DSM-III-R............................................. .42

3.3.2 The Object Relations Inventory (ORI) ....................................................... -42

3 -3-3 The Assessrnent of Self-Descriptions (ASD) ............................................. .44


vi

3.3 -4 The Personality Organisation Diagnostic Form (PODF)............................ 46

Analyses et résultats............................................................. ........................................................ -49

. . .
4.1 Fidélite des mesures. ............................................................................................. -49

4.1.1 Le Personality Organisation Diagnostic Form ................ ............................. 49

4.1.2 The Object Relations Inventory................................................................... 49

4.1.3 The Assessrnent of Self.Descriptions .......................................................... 51

4-2 Normalité des données ...................................................................... ...5 1

4.3 Première hypothèse: hétérogénéité du groupe d'individus présentant une


..
problématique pédophdrque....................................................................................... 52

4.4 Deuxième et troisième hypothèses: différences des relations d'objet en fonction du

groupe d'appartenance et des organisation de la personnalité................................... 52

4.4.1 Corrélations entre les dimensions de I'ORI......................................... 52

4.4.2 Corrélations entre Les dimensions de 1'ASD............................................. - 3 3

4.4.3 Analyse de variance sur les variables dépendantes de I'ORI ....................53

4.4.4 Analyse de variance sur les variables dépendantes de I'ASD .................... -54

Discussion...................................................................................................... -56

5.1 Hypothèse d'hétérogénéité de l'échantillon............................................... - 3 6

5.2 Différences en ce qui a trait aux relations d'objet ............................................... 59

5.2.1 Les représentations d'objet........................................................ .59


vii

5.2.2 Les représentations de soi ......................................................... -62

Conclusion générale........................................................................................... 64

Tableaux....................................................................................................................................... -65

Références .................................................................................................... -75

Annexes........................................................................................................................................ -83

Feuille de cotation du SCID 1..................................................................................... -83

Feuille de cotation du SCID II..................................................................................... 85

Manuel de cotation de l'OR1........................................................................................ 88

Feuille de cotation de l'OR1....................................................................................... 102

Manuel de cotation de I'ASD..................................................................................... 104

Feuille de cotation de I'ASD...................................................................................... 121

Feuille de cotation du PODF..................................................................................... 123

Formulaire de consentement "cliniqueLa Macaza".................................................. 125

Formulaire de consentement "CentreHospitalier Robert-Giffard"........................... 127


Liste des tableaux

2- Résultats de l'entente interjuges pour les items du PODF (groupe de

comparaison)................................................................................................................... -66

2. Résultats de l'entente interjuges pour les items du PODF (sujets présentant une
..
pédophilie). ............................................................................................................................. .-67

3. Indices d'entente et de fidélité intejuges pour la cotation des dimensions de 1'ORI.. ...........-68

4. Indices d'entente et de fidélité intejuges pour la cotation des dimensions de I'ASD.. ......... ..69

5. Organisation de la personnalité et proportion. ..................................................................... -70

6- Corrélation entre les variables dépendantes de I'ORI................................................. 71

7. Statistiques du MANOVA sur les variables dépendantes "Niveau conceptuel", "Ambivalence"

et "Facteur bienveillance" de 1'ORI. .............................................................................. 72

8. Résultats des tests univariés (ANOVAs) pour les variables indépendantes "Appartenance aux

groupes" et "Organisation de la personnalité". ............................................................. ..73

9. Statistiques de I'ANOVA sur les variables dépendantes de I'ASD.. ............................. 3 4


Introduction

L'engagement sexuel des adultes auprès des enfants existe depuis fort longtemps

(Carson & Butcher, 1992). Les Grecs anciens étaient reconnus pour avoir valorisé la

pédophilie et pour l'avoir pratiqué avec enthousiasme. Aussi, et ce jusqu'au début des années

80, la pédophilie était perçue comme n'étant que légèrement bizarre au sein de la société

occidentale moderne (Carson & Butcher, 1992). En général, ces activités sexuelles étaient

bien tolérées en raison du mythe largement répandu selon lequel les enfants ne souffraient pas

de conséquences néfastes émanant de celles-ci mais que plutôt, ils en bénéficiaient.

Cependant, on reconnaît maintenant les effets pathologiques à long terme de l'engagement

sexuel des adultes avec des enfants (Carson & Butcher, 1992). En effet, les spicialistes et la

population en général ont pris conscience des importantes blessures psychologiques que ies

pratiques sexuelles peuvent engendrer chez les enfants (Browne & Finfelhor, 1986). A cet

effet, Becker, J.V., Hunter, J.A., Jr., Stein, R-M., et Kaplan, M. S. (1989) et Herman (1990),

comme de nombreux autres observateurs, affirment que l'abus sexuel dans l'enfance est un

important facteur de risque lié au développement ultérieur chez l'adulte de troubles mentaux

et de psychopathologies graves, incluant la pédophilie. Ainsi, la conscientisation toujours

plus grande chez les spécialistes et le public concernant les effets de l'abus sexuel auprès des

enfants semble pour le moins justifiée, mème si elle survient un peu tard dans l'histoire de

l'humanité (Carson & Butcher, 1992).

La littérature scientifique est relativement abondante à propos des séquelles observées

chez les jeunes victimes (Hall, 1996; Knight, R.& Rosenberg, R & Schneider, B., 1985).

Cependant, notre compréhension des personnes qui sont à l'origine de ces conséquences

demeure très limitée. En effet, il est surprenant et parfois incompréhensible pour les

spécialistes et le public en général que certaines personnes trouvent leur principal intérêt et

leur satisfaction sexuelle dans des pratiques qui débordent de celles considérées comme
socialement acceptables dans une culture donnée (Carson & Butcher, 1992). Pourîant, outre

cette première observation très superficielle, on comprend encore très mal les processus

psychologiques, psychosociaux et l'origine des conduites pédophiliques, ce qui a des effets

négatifs sur le développement de modèles théoriques, de modalités de traitement,

d'évaluation diagnostic et de prévention.

Plusieurs auteurs (entre autres Blatt et Lerner, 1983 ;Kernberg, 1992) considèrent le

concept de relation d'objet comme central dans le développement de pathologies telle la

pédophilie. Ainsi, Kernberg (1992) affirme que la pathologie sexuelle adulte est la

conséquence de la pathologie dcs relations d'objet, c'est-à-dire des perturbations précoces

survenues dans la relation mère-enfant. Toutefois, malgré l'importance qu'on accorde

aujourd'hui en clinique à ce concept dans le développement de la pédophilie, aucune

recherche empirique n'a porté sur I'évaluation des relations d'objet de sujets présentant une

telle pathologie. L'objectif de cette recherche est d'améliorer notre compréhension de la

personnalité des adultes engagés dans des comportements pédophiliques à travers le concept

de relation d'objet. Pour ce faire, les relations d'objet d'un groupe de sujets présentant une

pédophilie sont étudiées à l'aide d'un groupe clinique de comparaison afin d'identifier si

celles-ci sont liées, comme le prétendent Blatt et Lemer (1983) et Kemberg (1992), à la

genèse de la pathologie sexuelle.

1.1 La pédo~hilieselon le DSM-N

La quatrième édition du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorder @SM-

IV; American Psychiatric Association, 1994) classifie la pédophilie à l'intérieur des

paraphilies, lesquelles sont définies comme étant des troubles sexuels caractérisés par des

fantaisies, des impulsions sexuelles ou des comportements survenant de façon répétée et

intense pendant au moins six mois, qui impliquent 1) des objets autres que des humains, 2)

une humiliation ou une douleur du partenaire ou du sujet lui-même ou 3) des enfants ou


3

d'autres partenaires non consentant. Chez la majorité des individus présentant une paraphilie,

la présence de ces fantaisies sexuelles déviantes est obligatoire pour déclencher une excitation

érotique. De plus, la présence chez un individu de ces activités sexuelles inhabituelles est à

l'origine d'une soufEance subjective cliniquement significative ou d'une altération du

fonctionnement social, professionnel ou d'autres domaines importants. Cette souffrance ou

cette altération du fonctionnement distingue ainsi les activités sexuelles déviantes, de l'emploi

non pathologique de fantaisies sexuelles, de comportements ou d'objets comme stimuli de

l'excitation sexuelle.

En général, certaines fantaisies et comportements paraphiliques débutent dans

I'enfance ou au début de l'adolescence pour devenir plus fixes à l'adolescence et au début de

l'âge adulte (American Psychiatric Association, 1994). Par conséquent, ces troubles sont

habituellement chroniques bien que la fkéquence des fantaisies et des comportements tend à

décroître avec l'âge. Par contre, il est à noter que les comportements paraphiliques peuvent

augmenter en réaction à des stress psychosociaux, en présence d'autres troubles mentaux ou

en présence d'occasions plus nombreuses de s'engager dans des comportements sexuels

inhabituels (Amex-icanPsychiatric Association, 1994). De plus, afin de s'adonner à leurs

conduites sexuelles préférées, des individus qui présentent une paraphilie peuvent choisir un

loisir, une occupation ou une profession qui les mettent en contact avec les stimuli désirés

(par exemple être pédiatre ou un Grand Frère pour un individu qui présente une pédophilie).

Pour les auteurs du DSM-IV, la pédophilie (qui est une forme de paraphilie) implique

plus précisément une focalisation de l'activité sexuelle avec un enfant prépubère

(généralement âgé de 13 ans et moins) où l'agresseur a au moins 16 ans et est plus vieux que

l'enfant en question d'au moins 5 ans (American Psychiatric Association, 1994). Certains

individus peuvent être attirés exclusivement par des enfants alors que d'autres peuvent être

parfois attirés par des adultes. Aussi, certains individus qui présentent une pédophilie
3

préfèrent les garçons, d'autres les filles et certains sont excités aussi bien par les garçons que

par les filles. Cependant, il semble que la pédophilie impliquant les fillettes est plus souvent

signalée que celle dont sont victime les garçons. De plus, le taux de récidive des sujets ayant

une préférence pour les garçons est environ le double de celui impliquant une préférence pour

les fillettes.

Les activités sexuelles des individus présentant une pédophilie peuvent varier

considérablement selon les individus et prendre différentes formes. Par exemple, un individu

peut déshabiller un enfant et le regarder, s'exhiber et se masturber devant lui ou le caresser

avec douceur. Un individu présentant une pédophilie peut aussi se livrer à la fellat:ion ou au

cunnilingus, pénétrer le vagin, la bouche ou l'anus de l'enfant avec ses doigts, des objets ou

son pénis. Les abuseurs sexuels expliquent souvent leurs comportements déviants par des

excuses ou par des rationalisations. De plus, ils menacent couramment l'enfant afin de les

empêcher de faire des révélations. Pour ce faire, ils peuvent être sensibles aux besoins de

I'enfant dans le but de gagner son affection et sa fidélité en espérant que celui-ci ne révèle pas

l'activité sexuelle.

De plus, les personnes qui présentent une pédophilie peuvent exercer leurs activités

sur des enfants de leur propre famille ou de familles extérieures. Dans ce dernier cas, ils

élaborent habituellement des techniques compliquées afin de susciter le contact avec ces

derniers. En effet, gagner la confiance de la mère de l'enfant, épouser une femme de qui ils

sont attirés par I'enfant, échanger des enfants avec d'autres individus qui présentent une

pédophilie et plus rarement, adopter des enfants de pays en voie de développement ou en

kidnapper peuvent faire partie de ces techniques (Amencan Psychiatric Association, 1994).

La série des DSM (Arnerican Psychiatric Association, 1952, 1968, 1980, 1987 et

1994) a toutefois fait l'objet de plusieurs critiques (Kemberg, 1984, 1989; Million, 1981).

Ces critiques mettent l'accent sur la faiblesse de ces outils diagnostiques, lesquels présentent
5

seulement un portrait descriptif des comportements associée aux différentes pathologies. En

effet, ces instruments omettent de rendre compte de la dynamique interne qui caractérise les

personnes souffrant des troubles y étant décrit, ce qui nous privent d'une quantité importante

d'informations nécessaires à la compréhension de psychopathologies graves. Aussi, de la

même façon que Le DSM, de nombreux modèles comportementaux (entre autre Barlow &

Abel, 1976; Marshali, Earls, Segal & Darke, 1983) et sociaux (Domerstein, 1984 ;

Malamuth, 1984; Malamuth & Brière, 1986; Russell, 1988; Murrin & Laws, 1990) ont tenté

de décrire le phénomène de la pédophilie, ces derniers demeurant toutefois inefficaces à

rendre compte de l'étiologie de ce phénomène. De ce fait, l'exploration psychanalytique, qui

s'intéresse plus particulièrement à l'étude des processus mentaux inconscients, peut s'avérer

utile à l'approfondissement de notre compréhension des troubles sexuels décrits dans le DSM

et dans de tels modèles. Ainsi, une investigation psychologique de la dynamique sous-jacente

des psychopathologies peut améliorer considérablement notre compréhension des gens

engagés dans des conduites pédophiliques. Elle permet entre autre une plus grande

distinction entre les individus présentant des conduites pédophiliques et ce, en fonction de

leur fonctionnement psychologique interne. Par conséquent, 1' observation d'une différence

entre les individus permet de poser un diagnostic psychologique plus précis, les modalités de

traitements devenant davantage adéquates et adaptés à chaque individus.

1.2 La pédophilie à travers I ' a ~ ~ r o c psychanalytique


he

Contrairement à la définition du DSM-IV (American Psychiatric Association, 2994)

de "paraphilies" pour désigner toutes déviations sexuelles, la théorie psychanalytique utilise

pour sa part fe terme général de "perversion" pour faire référence aux mêmes types de

comportements. Comme déjà mentionné, l'utilisation de cette approche théorique permet de

rendre compte de la dynamique sous-jacente des activités sexuelles déviantes, ce qui permet

d'accroître notre compréhension de cette probiématique. Mais, définir la perversion s'avère


6

être une tâche complexe du fait qu'il faut l'envisager en termes mentaux plutôt qu'en termes

comportementaux.

Les premiers développements de la théorie psychanalytique au sujet de la perversion

ont été construits autour du concept de pulsion (Greenberg & Mitchell, 1983). Freud croyait

que les pulsions étaient la source motivationnelle ultime du psychisme humain et que la

personnalité et la psychopathologie étaient comprises essentiellement en fonction de celles-ci

(Greenberg & Mitchell, 1983). Dans sa première théorie pulsionnelle, Freud (1905) explique

qu'il existe une organisation hiérarchique de pulsions partielles à partir de phases

développementales primitives. Il postule que les pulsions évoluent et changent au cours du

développement de l'enfant selon l'excitabilité de zone érogènes, pour enfin être

psychologiquement intégrées sous le primat d'une zone érogène unique (Freud, 1905).

L'enfant passe ainsi normalement par diverses phases de l'organisation pulsionnelle, la

première étant caractérisée par des pulsions partielles orales sous le primat de la zone érogène

orale. Par la suite, une deuxième phase développement est caractérisée par la prédominance

des pulsions partielles anales en rapport avec la zone érogène correspondante. Ce n'est qu'à la

troisième phase du développement sexuel que ces puisions partielles (appelées prégénitales)

sont synthétisées sous le primat de la zone génitale (Freud, 1905). C'est à ce moment que le

développement aboutit à la vie sexuelle normale (que l'on retrouve chez l'adulte) où la pulsion

est au service de la fonction de reproduction (Freud, 1905). De plus, Freud (1905) aff~rme

que l'évolution de la sexualité chez l'enfant peut mener chez l'adulte soit à une sexualité

normale, soit à une névrose ou soit à une perversion. Il & m e qu'au cours du

développement, certaines pulsions partielles subissent le refoulement, une certaine forme de

détournement de leur but par une inhibition psychique, pouvant s'extérioriser alors sous la

forme d'une vie sexuelle normale ou sous la forme d'une névrose comportant des symptômes

morbides. Cependant, si le refoulement peut prédisposer à la névrose, une faillite de celui-ci


peut amener la manifestation d'une perversion chez un individu. C'est ce qui conduit Freud

(1905) à affirmer que la névrose est un substitut de la perversion, le négatif de la perversion.

Dans sa théorie, Freud postde également que les pulsions, antérieures à toute activité

psychique, sollicitent l'association it un objet afin de leur donner satisfaction (Diguer,

Morisseîte et Normandin, 1997). Selon lui, le rôle de l'objet est en relation avec la décharge

des pulsions faisant de celui-ci le but de la pulsion, quelque chose qui lui sert de cible. Bien

que Freud ait fait référence au concept d'objet dans sa théorie des pulsions, il a orienté son

investigation psychanaiytique presque exclusivement sur l'étude des pulsions, considérant la

relation des pulsions avec les objets comme moins importante (Greenberg & Mitchell, 1983).

L'affirmation de Freud (1905) selon laquelle la névrose est le négatif de la perversion

coïncide mal avec les théories contemporaines de la perversion (Kernberg, 1992). En effet,

suite aux travaux effectués auprès des enfants, plusieurs théoriciens (Jacobsen, 1964;

Kernberg, 1966) estiment que le modèle pulsionnel ne parvient pas à rendre compte

adéquatement de la complexité de la nature humaine (Greenberg & Mitchell, 1983). À

l'intérieur de ces travaux, on a observé chez des enfants une tendance innée qui les poussent

vers les objets, permettant ainsi de mettre en lumière la nature profondément objectale, plutôt

que pulsiomelle, du psychisme humain (Diguer et al., 1997). Ces observations ont provoqué

un mouvement allant du modèle pulsionnel vers une conception plus sociale de l'être humain.

Elles ont de ce fait favorisé le développement de nouvelles conceptions théoriques,

différentes de celles de Freud, par des théoriciens appartenant à ce que l'on appelle l'École

des relations d'objet. Ces conceptions théoriques mettent l'accent sur les contributions

préoedipiennes à la dynamique des perversions, sur la psychopathologie dans la relation mère-

enfant (Kernberg, 1992). Pour sa part, Kernberg (1992) adopte une position théorique

intermédiaire laquelle intègre les pulsions et les relations d'objet. En effet, il élargit le

concept de pulsion de Freud à une conception plus relationnelle où les pulsions sont
impliquées dans les interactions de l'enfant avec sa mère, donc dans les relations d'objet.

Selon la conception de Kemberg (1992)' les pulsions se manifestent par l'activation d'une

relation d'objet. Il affirme, contrairement à la théorie pulsiomelle de Freud, que I'objet ne

constitue pas le but de la pulsion mais plutôt la source même de toute activité fantasmatique

et pulsionnelle (Diguer et al., 1997). Kemberg (1984) postule même que les processus

psychologiques fondamentaux (mécanismes de défenses, les résistances et les fantasmes) se

développent à partir des relations d'objet. Les travaux de Kernberg ont eu une grande

influence et le concept de relation d'objet occupe aujourd'hui une position centrale tant dans

les théories sur le développement normal de la personnalité que dans le développement des

psychopathologies (Blatt et Lerner, 1983). Bergeret (1974) & m e quant à lui que

l'évaluation des relations d'objet permet d'obtenir une vue d'ensemble du fonctionnement

psychique et social du sujet puisque ce type d'évaluation permet d'observer directement les

mécanismes de défenses et le type d'angoisse qui les active. Puisque ce sont les relations

d'objet qui activent ces processus et leur donnent une signification, l'étude de celles-ci est

l'évaluation la plus riche qu'on puisse obtenir sur la personnalité d'un sujet (Diguer et ai.,

1997)' dont celle d'un individu sexuellement engagé avec un enfant.

1.3 Le monde interne des relations d'obiet

Pour la psychanaiyse, les comportements des personnes significatives (des objets) d'un

individu sont considérés comme ayant une importance considérable sur le fonctionnement

psychologique de ce dernier (Compton, 1995). Effectivement, selon Sandler et Sandler

(1986), les relations significatives de l'enfant avec son environnement commencent à

construire et à organiser très tôt la psyché de celui-ci. Le concept d'objet est alors pour la

psychanalyse un moyen d'expliquer la relation entre l'intérieur et l'extérieur de l'appareil

psychique. Mais comment quelque chose qui n'est pas à l'intérieur de la psyché peut-il le

devenir ? Freud (1922, lgS3a) s'est intéressé au processus d'identification afin de mieux
comprendre la façon dont l'appareil psychique se forme et quel rôle jouent les personnes

significatives dans le développement d'une structure mentale durable. Selon hi, Tétape

mentale initiale par laquelle un objet réel devient un concept psychologique (un objet interne)

est une perception de cet objet. Par la suite, une perception qui est retenue devient une trace

mnésique de l'objet et en terme mental, cette trace est investie par des pulsions.

Effectivement, l'enfant qui n'a au commencement que deux types d'expériences subjectives,

celles qui sont plaisantes, gratifiantes, confortables et associées à la sécurité et celles qui sont

déplaisantes, inconfortables ou douloureuses (Sandler et Sandler, 1986), sont liées a un état

affectif primitif représentant un dérivé pulsionnel. Comme l'explique Kernberg (1 986)' les

affects positifs dérivent d'expériences plaisantes et sont en relation avec les pulsions

libidinales, créant ainsi une constellation complètement différente des affects négatifs qui

dérivent d'expériences douloureuses et qui sont sous l'influence des pulsions agressives. Ces

expériences subjectives laissent donc des traces mnésiques dans l'appareil psychique et elles

sont alors organisées en deux ensembles d'impressions sensorielles, selon qu'elles sont

accompagnés d'un sentiment de plaisir ou d'un sentiment désagréable ou de douleur (Arlow,

1986). Ainsi, le rôle que jouent les expériences affectives est primordial dans le

développement des relations d'objet d'un enfant car une expérience n'est significative pour lui

que si elle est liée à un sentiment (Sandler et Sandler, 1986).

1.3.1 Les représentations d'obiet

Comme le fait Kernberg (1986), Moore & Fine (1990) prétendent que le processus

d'introjection, étant une forme primitive d'identification, contribue grandement au

développement psychologique de l'enfant, construisant graduellement les structures de

l'appareil psychique. De manière générale, l'introjection est conçue comme étant un

processus intrapsychique par lequel des aspects de l'objet (en l'occurrence celui qui prend

soin de l'enfant) et de la relation avec lui (Hartmann, Kris & Loewenstein, 1949; Hartmann,
10

1950; A Freud, 1952) sont préservés a l'intérieur du soi de l'enfant comme faisant partie de

lui- C'est pourquoi Kernberg (1986) affirme que les expériences plaisantes ou déplaisantes

vécues par l'enfant dans l'interaction avec l'objet sont un aspect essentiel dans l'organisation

de la psyché. Ces expériences donnent une "couleur affective" à l'introjection, représentant

ainsi la valence active de l'introjection. Par la suite, c'est la valence des introjections qui

détermine la fusion et l'organisation d'introjections de valences similaires dans l'appareil

psychique (Kernberg, 1986). Ainsi, les expériences subjectives agréables sont investies par

des pulsions libidinales et ces expériences prennent alors place dans l'appareil psychique sous

des introjections possédant une valence positive. Elles tendent par la suite à se fiisionner avec

d'autres introjections possédant une valence similaire et à s'organiser ensemble de façon à

former Ies représentations des "bons objets". De plus, les introjections qui prennent place

dans I'appareil psychique sous la valence négative, suite à l'investissement par des pulsions

agressives qui émergent à'expériences désagréables, tendent à se fusionner avec d'autres

introjections à valences similaires et à s'organiser à l'intérieur de mêmes représentations.

formant ainsi les "mauvais objets" (Kernberg, 1986). Ainsi, Les introjections activées sous

l'influence de pulsions libidinales sont construites séparément des introjections activées par

une valence négative sous l'influence de pulsions agressives (Kernberg, 1986). Ces

mécanismes d'introjection, qui sont des processus de développement de l'appareil psychique,

dépendent donc selon Kernberg de l'organisation complexe et spécifique de perceptions et de

traces mnésiques sous l'influence des dérivés pulsionnels. Ainsi, à mesure que d'autres

expériences subjectives s'associent avec des objet primaires, les représentations d'objet

commencent a se former (Sandler et Sandler, 1986). Cependant, ce n'est que plus tard dans le

développement de l'enfant que ses représentations d'objet sont psychologiquement investies

ou sont associées à des souvenirs agréables ou désagréables (Arlow, 1986). À ce moment, les

sensations plaisantes de certains souvenirs de l'enfant sont associées a des "représentations


11

bonnes" de l'objet et de façon similaire, les sensations douloureuses ou désagréables de celui-

ci sont associées à des "représentations mauvaises" de l'objet (Arlow, 1986).

Selon la théorie libidinale, ce qui est investi par L'énergie psychique n'est pas une

chose ou une personne extérieure mais bien la représentation mentale de cette chose ou de

cette personne (Arlow, 1986). Les relations d'objet, qui sont pour Laplanche et Pontalis

(1967) le résultat complexe d'une certaine organisation de la personnalité, sont vues par

Sandler et Sandler (1986) comme étant des relations intrapsychiques dépeintes à travers des

représentations mentales- Donc, un groupe de traces mnésiques, qui est appelé "le monde

interne des représentations d'objet" (Sandler et Rosenblatt, 1962), dérive et représente

intérieurement une variété d'expériences avec le monde extérieur et est organisé de façon

cognitive et par l'investissement pulsionnel envers ceux-ci (Compton, 1995).

Cependant, les traces mnésiques de l'objet ne sont pas une réplique objective de l'objet

réel car la perception, qui est une fonction du moi, est toujours influencée par les expériences

passées et l'état psychique actuel du sujet (Compton, 1995). En effet, ce monde interne des

représentations d'objet ne reproduit jamais de façon exacte le monde des personnes réelles

avec qui un individu a établi des relations dans le passé et dans le présent (Kernberg, 1986).

Ce monde n'est pour Kernberg qu'une approximation toujours grandement influencée par les

representations d'objet primitives des introjections.

1.3-2 Les représentations de soi

11est important de souiigner que ce qui est intemalisé sous forme de trace mnésique

n'est pas seulement une image ou une représentation de I'autre (de l'objet) mais la relation

entre le soi et I'autre sous la forme d'une représentation de soi en interaction avec une

représentation d'objet (Kemberg, 1976, 1980, 1984). En effet, les relations d'objet, qui sont

pour Kemberg (1986) les unités structurelles de l'appareil psychique en général, sont la

reproduction et la fixation dans la psyché d'une interaction avec l'environnement par le moyen
12

d'un rassemblement organisé de traces mnésiques qui impliquent a) une représentation

d'objet, b) une représentation de soi en interaction avec cet objet et c) une valence affective de

la représentation de soi et d'objet sous l'influence de la pulsion présente au moment de

l'interaction. Ainsi, les processus d'intenialisation primitifs ont une caractéristique dyadique,

c'est-a-dire une polarité "soi" et une polarité "objet". En effet, toute intemalisation implique

non seulement une internalisation de l'objet sous forme de représentation d'objet, mais aussi

une internalisation de l'interaction du soi avec cet objet sous forme de représentation de soi

(Kemberg, 1980).

1.3-3 La séparation active des représentations de soi et d'obiet contradictoires

Comme mentionné plutôt, la nature envahissante des états affectifs primitifs est à

l'origine de la valence de même que du type d'organisation des introjections dans l'appareil

psychique (Kemberg, 1986). Aussi, comme l'a constaté Kernberg (1986), les introjections

positives et négatives du jeune enfant sont gardées complètement séparées dans son appareil

psychique. Mais qu'est-ce qui explique que les introjections de valences opposées demeurent

séparées dans la psyché ? Quel processus mental entre en jeu pour effectuer cette séparation ?

Kernberg (1986) explique ceci par l'utilisation d'un mécanisme de défense, appelé le clivage,

qui sépare activement les introjections de valences opposées, soit les représentations de soi et

d'objet contraires. Étant donné les capacités intellectuelles et perceptives limitées de l'enfant,

le clivage est un mécanisme de défense primitif utilisé par celui-ci afin de le protéger contre

l'anxiété émanant de la peur de contamination des introjections positives (des "bons objet

internes") par des introjections négatives (des "mauvais objet internesu)(Kemberg, 1986).

Ainsi, lorsque le clivage est actif, le moi présente seulement des introjections positives car la

nature douloureuse des relations d'objet possédant une valence ~égativeaugmente l'anxiété de

contamination chez l'enfant. Pour assurer le clivage et ainsi éviter cette angoisse, l'enfant

projette sur des objet extérieurs l'agressivité qui se trouve sous forme d'introjections négatives
13

(Kernberg, 1986). Ainsi, les objets sur lesquels cette agressivité est projetée deviennent les

"mauvais objets" et aussi longtemps que le degré de projection des représentations de soi et

d'objet est élevé, un monde dangereux d'objet persécutant est perpétué (Kernberg, 1986).

Le clivage interfëre donc, non seulement avec l'intégration des affects, mais aussi avec

le développement du monde interne des représentations, c'est-à-dire l'intégration des aspects

positifs et négatifs des représentations de soi et des représentations d'objet (Kemberg, 1986).

En effet, étant donné que les affect sont inséparablement liés aux relations d'objet, le clivage

du moi sépare non seulement les affects contradictoires mais aussi les relations d'objet

correspondantes- Une conséquence de ce mécanisme est aiors Ia persistance de relations

d'objet non intégrées à l'intérieur de l'appareil psychique. Ce n'est généralement que plus tard

dans le développement de l'enfant, avec l'utilisation de mécanismes de défenses plus évolués,

que les représentations mentales opposées du soi et des objets sont respectivement intégrées à

I'intérieur d'un concept spécifique et unifié de sa propre personne et à l'intérieur d'un concept

spécifique et unifié d'une personne du monde extérieur (Arlow, 1986). Simultanément, les

affects positifs et négatifs correspondants sont intégrés et une situation particulière du

développement de l'enfant survient, laquel!e correspond probablement a ce que Klein (1957) a

décrite comme étant La "position dépressive". Ces représentations pourront alors être

investies ou associées autant a des souvenirs agréables qu'à des souvenirs désagréables

(Arlow, 1986). Ainsi, l'intégrité du moi est moins altérée par le clivage dans cette étape du

développement et la maturation et le développement des processus primaires donnent donc

origine à ce que deviendra le moi comme structure intégré (Kernberg, 1986). C'est pourquoi

Kernberg affirme que les représentations de soi et d'objet non intégrées sont les vestiges des

processus normaux d'introjection où le clivage est non seulement une opération défensive très

puissante mais traduit également une faiblesse du moi.


14

Bref, au commencement du développement de l'enfant, l'organisation des introjections

prend place dans l'appareil psychique à un niveau de base du fonctionnement du moi dans

lequel le clivage est le mécanisme de défense prédominant (Kernberg, 1986). Ce n'est qu'à un

niveau plus avancé, une fois que d'autres mécanismes de défenses plus matures ont remplacé

le clivage, que les éléments clivés sont intégrés en des relations d'objet dites intégrées.

1.3.4 La différenciation entre les représentations de soi et d'obiet dans la psyché

Bien qu'il y ait, à l'intérieur des introjections primitives, une séparation active entre les

valences positives et négatives des représentations de soi et d'objet' il n'y a pas au tout début

du développement de différenciation entre les représentations de soi et les représentations

d'objet (Jacobson, 1964). Les "objets internes" sont à ce moment constitués d'introjections où

les représentations de soi et d'objet sont fisionnees et non différenciées (Kernberg, 1986).

Effectivement, dans l'étape la plus primitive du développement du moi, I'objet n'est pas

différencié de l'expérience de gratification ou de hstration que vit l'enfant (Blatt et al.,

1988). L'objet fait partie d'une expérience physiologique et affective diffise et est investie

seulement en fonction de la gratification ou de la hstration qu'il procure à l'enfant. Les

représentations primitives de l'enfant ne sont qu'alors des masses relativement chaotiques de

sentiments et de sensations agréables et désagréables (Sandler et Sandler, 1986). Ainsi, le

moi de l'enfant est constitué d'introjections positives et d'introjections négatives où les

représentations de soi et d'objet sont fusionnées (Kemberg, 1986). Par conséquent, il n'y a

aucune différenciation entre les représentations de soi et d'objet et il n'y a aucune frontière

entre les objets externes et leurs représentations mentales (Kemberg, 1986).

Ce n'est qu'a une étape ultérieure du développement de l'enfant qu'il y a une

reconnaissance de la différence entre les objet internes et externes et par conséc~uent,qu'il y a

une reconnaissance à l'intérieur du moi de la différence entre les représentations de soi et les

représentations d'objet. C'est sous l'influence de la maturation de ses perceptions, de son


15

contrôle moteur et de l'organisation de sa mémoire, que l'enfant est en mesure d'effectuer ces

différences (Kernberg, 1986). De plus, la disparition et la réapparition de l'objet dans des

situations particulièrement inconfortables ou fnistrantes pour l'enfant facilite la

reconnaissance de cette différence (Blatt et al., 1988). En effet, la disparition et la

réapparition de L'objet amène !'enfant à percevoir que la gratifications de ses besoins provient

d'une source extérieure. Cette perception marque le changement de l'investissement lequel

passe de l'expérience de gratification ou de hstration à l'investissement de la personne

comme entité distincte de cette expérience (A. Freud, 1946). Les représentations de soi et

d'objet deviennent alors plus définies et l'objet est perçu comme étant séparé de l'expérience

de plaisir ou de douleur, comme une entité distincte @latt et al., 1988). Étant donné que les

représentations d'objet à ce niveau de développement sont concrètes et basées sur des

propriétés internes ou externes manifestes, l'enfant peut vivre une ambivalence et des

contradictions considérables face à I'objet (Blatt et al., 1988). En effet, devant des

expériences affectives contradictoires avec L'objet, l'enfant peut avoir de la difficulté à

intégrer émotivement ces expériences à t'intérieur d'un objet total (Blatt et ai., 1988).

Encore plus tard dans le développement, les représentations d'objet deviennent

davantage articulées car l'enfant est de plus en plus en mesure d'intégrer les contradictions à

l'intérieur d'un objet total (Blatt et al., 1988). Les représentations de l'objet deviennent alors

davantage conceptuelle et abstraite, étant basées sur des caractéristiques non manifestes de

l'objet. Ainsi, Les représentations à ce niveau de développement sont d'une plus grande

stabilité et continuité car même si l'objet est absent du champ perceptuel de l'enfant, celui-ci

est capable de l'évoquer symboliquement à l'intérieur de lui (Blatt et ai., 19883.

En somme, c'est à travers le développement que les représentations de soi et d'objet

devierinent plus différenciées, intégrées et précises (Blatt et al., 1988). Elles passent de

représentations globales, basées sur une séquence d'actions associées avec la satisfaction des
besoins de l'enfant, à des représentations plus différenciées, puis finalement à des

représentations qui sont hautement articulées, intégrées et qui correspondent a la réalité.

1.3.5 Les relations d'obiet: un modèle d'interactions ultérieures

Comme Blatt et al., (1988)' Arlow (2986) postule que les relations d'objet constituent

une expérience interne persistante et structurée, même en l'absence de l'objet dans la réalité

extérieure. C'est pourquoi l'école des relations d'objet conçoit les relations humaines comme

formatrices de l'appareil psychique et tente par le fait même d'expliquer les comportements et

les relations des humains sur la base des processus mentaux, c'est-à-dire à partir du concept

des relations d'objet (Compton, 1995).

Ceci renvoi à une idée introduite par Freud (1915) qu'une trace mnésique d'un objet

sert de modèle pour de futurs investissements auprès d'objets. Ce concept implique un aspect

durable en ce sens que les représentations d'objet formées durant l'enfance servent de modèles

tout au long de la vie (Freud, 1915). Effectivement, tôt dans le développement, les niveaux

initiaux des représentations se développent à l'intérieur de relations dans lesquelles les parents

prennent soin de l'enfant (Blatt et al., 1988). Selon Blatt et al. (1988), ces dernières sont alors

internalisées a l'intérieur de structures cognitives qui dirigent et organisent les interactions

subséquentes de l'enfant avec son environnement. Ces représentations mentales se

développent initialement dans un contexte de gratification des besoins de l'enfant et sont

généralisées par la suite afin de servir de modèle pour toutes interactions ultérieures (Blatt et

al., 1988).

Quoique qu'elles demeurent bien enracinées dans l'appareil psychique, ces

représentations ou images primitives sont élastiques et capables de changer (Freud, 1915).

Effectivement, les changements dans les représentations mentales a travers le temps sont des

expressions du développement cognitif de l'enfant qui apparaît comme une conséquence de

l'interaction entre les capacités internes de l'individu et ses expériences avec les personnes
17

significatives de son environnement (Blatt et al., 1988). De plus, toujours selon Blatt et al.

(1988), de nouvelles représentations d'objet peuvent se former au cours de la vie, non

seulement avec la maturation cognitive de l'enfant, mais aussi avec l'aide de personnes

significatives autres que les parents.

1.3-6 Les relations d'obiet et les psycho~athologiesadultes

C'est donc dire que, si les relations d'objet servent de modèles pour les interactions

ultérieures d'un individu avec des personnes de son environnement, ce dernier répète de façon

déguisée ses relations d'objet primitives enracinées dans son appareil psychique depuis

l'enfance (Sandler et Sanler, 1986). Selon Winnicott (195£9,la plupart des psychopatologies

graves, dont la pédophilie, doivent être considérées en fonction de cette répétition de relations

passées. Ainsi, cette importance des relations d'objet dans l'organisation de l'appareil

psychique permet de mieux comprendre les effets dommageables que peuvent engendrer les

perturbations de la relation mère-enfant dans le développement normal des représentations de

soi et d'objet (Stolorow, 1979). Selon Stolorow (1979), une appréciation du rôle de ces

expériences primitives dans le développement normal des représentations internes offre

également une meilleure compréhension de !a pathologie sexuelle adulte, entre autre celle de

la pédophilie.

1.4 La pédophilie: une svm~tomatoloniequi renvoie à une dynamique homonene ou

hétérogène?

Dans l'étude et leurs tentatives de définir les perversions, les experts ont longtemps

conçu celles-ci comme étant un état symptomatologique homogène (Stoller, 1991).

Toutefois, de plus en plus de recherches psychanalytiques font état que la perversion ne peut

se limiter à une structure unique, mais renvoie plutôt à une variété de structures (Demoulin et

al., 1973; McDougalI, 1980;Schorsch et al., 1990). En effet, I'étude des relations d'objet et

des contributions préardipiennes à la psychopathologie a permis de mieux comprendre les


18

différences qui existent entre les individus présentant des comportements pervers. De ce fait,

a 1' heure actuelle, plusieurs spécialistes (entre autres Kernberg, 1996; McDougall, 1980;

Socarides, 1988) considèrent qu'il existe différentes catégories d'individus présentant une

perversion. De ce fait, Les cliniciens ne doivent pas considérer dans leurs diagnostics les gens

présentant des conduites perverses comme sensiblement identiques et les considérer comme

étant gouvernés par la même dynamique provenant des mêmes expériences de l'enfance

(Stoller, 1991).

1.5 CIassification de la perversion selon le niveau d'organisation de la personnalité

Certains chercheurs (Kemberg, 1975, 1984, 1992 ; Soccarides, 1988) ont entrepris

l'élaboration de modèles de classification permettant de rendre compte de la diversité des

structures et de l'origine des perversions. Pour sa part, Kernberg (1992) conçoit la perversion

à travers son modèle général de la personnalité, qui délimite celle-ci en trois niveaux

d'organisation (névrotique, limite et psychotique), pour catégoriser la nature des différentes

perversions. Cette classification de la perversion est basée sur différentes dimensions

psychologiques (les opérations défensives, le niveau d'intégration de l'identité, l'épreuve de la

réalité et les relations d'objet) lesquelles varient selon la maturation psychologique. Cette

classification procure donc un cadre psychanalytique pour la compréhension des similarités et

des différences a travers les trois organisations de la personnalité et les perversion y étant

associées.

S'inspirant de la théorie des relations d'objet de Kernberg et sa relation avec les phases

de séparationhdividuation de Malher, Socarides (1988) divise également la pemersion

(classification qu'il applique aussi à la pédophilie) en trois types: 1) la perversion œdipienne

qui implique un conflit entre les trois instances de l'appareil psychique (le ça, le moi et le

surmoi), 2) la perversion préœdipienne de type 1 et la perversion préaidipieme de type 11 qui


19

impliquent un conflit au niveau des relations d'objet et 3) la schizoperversion qui implique la

coexistence de la schizophrénie et de la perversion.

Dans sa classification des perversions, Socarides (1988) adhère à une approche

muitidimentiomelle qui inclue des informations provenant 1) du niveau de Ia fixation

libidinale ou régression (théorie instinctuelIe), 2) de l'étape de maturation, de fixation ou de

régression du moi (théorie développementale), 3) du symptôme lui-même, 4) du processus de

formation du symptôme et 5) d'un inventaire des fonctions du moi incluant les relations

d'objet. La classification de Socarides, qui dérive d'une étude clinique sur des patients

présentant une perversion, démontre également qu'une même pathologie sexuelle peut avoir

différentes dynamiques internes selon les individus. En effet, il affirme que les

comportements pervers nécessaires à l'apaisement des confiits inconscients existent à tous les

niveaux du développement du moi, du plus primitif au plus haut degré d'organisation. Selon

Socarides (1988), il existe une grande variété de comportements pervers car les pulsions cpi

motivent une activité perverse sont différentes selon le niveau de développement du moi d'où

elles émergent. Par exemple, une activité perverse œdipienne émerge d'une organisation

développementale phallique et doit être différenciée d'une activité perverse préredipienne,

laquelle émerge d'un niveau organisationnel préœdipien.

Pour sa part, Kernberg (1992) partageant l'avis de Freud, affirme que les différentes

fantaisies et activités perverses constituent une part essentielle de la sexualité humaine et ce, à

tous les niveaux d'organisation de la personnalité, allant de la normalité à la pathologie. Tout

comme Socarides (1 988), Kemberg (1992) prétend qu'il existe de grandes différences entre

une perversion dans le contexte d'une organisation névrotique de la personnalité et une

perversion à un niveau limite de la personnalité. Brec selon Kemberg (1992) et Socarides

(1988), on ne peut intégrer toutes les conduites perverses à l'intérieur d'une seule catégorie

ou d'une seule organisation de la personnalité.


20

De ce fait, Kernberg (1992) conçoit et définit la perversion en fonction de la

classification qu'il suggère, c'est-&dire en fonction des organisations névrotiques, limites et

psychotiques de la personnalité. Par conséquent, la gravité de la pathologie, allant des cas les

plus graves de psychoses jusqu'à la normalité, dépend de l'organisation du moi du sujet, donc

du niveau de maturité de ses défenses, de ses relations d'objet et de son Surmoi (Kemberg,

1992).

Pour ce qui est du surmoi, Kemberg (1992) affirme que plus il est primitif, plus la

pathologie sexuelle sera grave. En effet, le manque de maturité de ce dernier facilite

l'expression égo-syntonique de l'agressivité primitive laquelle, dans des circonstances

pathologiques, utilise la sexualité et l'amour pour des fins sadiques et de destructrices

(Kemberg, 1992). Par contre, dans des circonstances normales où le surmoi est mature,

l'agressivité (qui est une composante essentielle de toute sexualité, même normale) est

e la sexualité et de l'amour afin d'enrichir la vie amoureuse (Kemberg'


utilisée au s e ~ c de

1992). Les fantaisies agressives impliquées dans les relations amoureuses matures

deviennent alors un aspect important des jeux et activités sexuelles comme étant une source

intense d'excitation sexuelle (Kemberg, 19%). Ceci fait donc référence à l'apport de

composantes perverses normales a l'intérieur de la relation sexuelle (comme la fellation, le

cunnilingus, la pénétration anale et les jeux sexuels exhibitionnistes, voyeuristes, sadiques et

masochistes) rendu possible par un surmoi mature lequel tolère l'expression de la sexualité

infantile perverse comme faisant partie de la vie sexuelle (Kemberg, 1992). Enfin,comme le

fait Kemberg, Stoller (1985) reconnaît qu'une touche d'hostilité et qu'un désir d'humilier fait

partie d'une sexualité normaIe dans les cas où le comportement sexuel est au service de

l'établissement d'une relation intime stable. C'est pourquoi Kernberg (1992) affirme que le

pronostic de la perversion est entre autre déterminé par le degré de pathologie du surmoi, un
meilleur pronostic étant prévu plus on se dirige vers des organisations de la personnalité

matures (Kernberg, 1992).

Kernberg (1992) considère égaiement que la qualité des relations d'objet est

dépendante du niveau d'organisation du moi des individus (Kernberg, 1980). Dans le cas de

sujets présentant une pédophilie, leurs fantaisies et leurs activités sexuelles perverses

expriment des niveaux primitifs de relations d'objet inconscientes lesquelles émanent de

niveaux primitifs d'organisation du moi. C'est pourquoi Kernberg (1992) est d'avis que la

classification des pathologies sexuelles (dont la pédophilie) devrait considérer les relations

d'objet, cette classification ne pouvant être basée uniquement sur les mécanismes de défenses

et sur la pathologie du surmoi.

1.5.1 La ~erversionet l'or~anisationnévrotique de la personnalité

La dynamique interne des individus présentant une perversion organisee à un niveau

névrotique de la personnalité peut être bien comprise à l'intérieur de la théorie proposée par

Freud (1927, 1940% l94Ob). Ce dernier définit la perversion comme étant une déviation

permanente et obligatoire de la normalité, déviation concernant les buts sexuels et/ou les

objets requis afin de parvenir à l'orgasme. Dans cette théorie, une pulsion partielle (orale ou

anale) sert de défense contre un conflit névrotique sous-jacent (un complexe d'adipe non

résolu) et un accent est particulièrement mis sur l'angoisse de castration et le complexe

d' CEdipe.

Kernberg (1992) prétend que le point de vue traditionnel de Freud au sujet de la

perversion continue d ' o f i r une bonne compréhension de la dynamique des patients engagés

dans des conduites sexuelles déviantes. Toutefois, ce cadre théorique n'est valide que pour

ceux qui présentent une organisation névrotique de la personnalité. Pour de tels individus, ce

sont leurs fonctions inconscientes d'inhibition du surmoi (ce dernier étant intégré bien

qu'extrêmement sévère) contre la sexualité génitale qui, à cause de sa signification


inconsciente d'inceste œdipienne et d'anxiété de castration, maintiennent la structure

perverse- Selon Kernberg, la structure perverse constitue une défense contre les confiits

œdipiens et elle protège le sujet contre l'expression de l'agressivité et contre la détérioration

de ses relations d'objet (Kernberg, 1992). Par exemple, l'agressivité est exprimée a travers

des formations réactionnelles (typiques de l'organisation névrotique) qui par conséquent

empêchent toutes manifestations de comportements violents (Kernberg, 1992).

Contrairement à ce que pr6tendent Freud (1927, 1940% 1940b) et Kernberg (1992),

Socarides (1988) affirme quant à lui que la perversion de type cedipienne ne constitue pas une

déviation permanente de la normalité mais plutôt des comportements légèrement déviants,

transitoires et non structurés. Seion Socarides (1988), ce type de perversion ne constitue pas

une véritable perversion car elle est seulement une forme différente de comportements

sexuels déviants qui apparaît de façon secondaire suite à une régression temporaire à une

phase préœdipienne. La perversion œdipienne ne constitue donc pas un arrêt du

développement (lequel est caractéristique d'une perversion organisée a un niveau limite de la

personnalité) et peut être traitée de la même façon qu'une névrose (Panel, 1970). En fait, la

perversion œdipienne est aussi pour Socarides le résultat d'un échec dans la résolution du

complexe dlCEdipe et de l'angoisse de castration mais qui, à la différence de Freud, conduisent

tous deux à l'adoption d'une position œdipienne négative (soumission sexuelle envers le

parent du même sexe) et à une régression préadipienne partielle à des conflits anaux et oraux.

Effectivement, la perversion de type œdipienne est causée selon Socarides par un mécanisme

primitif et archaïque pouvant apparaître suite à la régression. Les activités perverses

deviennent intermittentes et n'indiquent pas de caractéristiques prégénitales chez un individu.

La perversion de type œdipienne est donc un patron sexuel flexible où l'engagement dans des

conduites perverses n'est pas obligatoire. Toutefois, Socarides (1988) est à même de

reconnaître qu'il y a des cas de perversion œdipienne prononcés où les actes sexuels sont
23

obligatoires et nécessaires afin d'atteindre une satisfaction sexuelle et afin d'éviter l'anxiété

intense que causerait la non pratique de ces comportements.

Une conception intermédiaire entre celles de Kernberg et de Socarides peut éclairer

davantage notre compréhension de la perversion chez les individus présentant une

organisation névrotique de la personnalité. Tout comme Kernberg, nous croyons que les

fantasmes pervers sont obligatoires et nécessaires à l'obtention d'une satisfaction sexuelle

chez ces derniers. Cependant, il en est autrement en ce qui concerne les comportements

sexuels pervers. Le surmoi sévère et tyrannique (bien qu'intégré et relativement mature) de

ces individus n'est pas en mesure de tolérer des passages à l'acte répétés dans le but de

satisfaire des fantasmes sexuels déviants. À l'instar de Socarides, nous croyons que ces

passages à l'acte se produisent seulement lors de périodes d'importants stress pour l'individu

(conflits relationnels, rupture amoureuse, perte d'emploi, etc.), l'amenant a régresser à un

niveau inférieur de son développement (stade prégénital). Lors de cette régression, l'individu

utilise des mécanismes de défenses primitifs (tels le clivage et le déni), propres au stade

prégénital du développement, lui permettant ainsi de "procéder" au passage à l'acte.

Cependant, l'utilisation de ces mécanismes de défense primitifs ne permet pas à l'individu de

"tolérer" le passage à l'acte pendant une longue période de temps, un intense sentiment de

culpabilité faisant rapidement surface. Ce sentiment de culpabilité signale donc la présence

chez ces individus d'un surmoi plus mature et d'une capacité à être empathique avec la

souffrance qu'occasionne chez la victime l'abus sexuel. Contrairement aux individus

présentant une organisation névrotique de la persomalité, cette capacité à vivre de ia

culpabilité et de l'empathie est défaillante chez les individus présentant une organisation

limite de la personnalité, ce qui permet des passages à l'acte plus fréquents. Bref, bien que

les individus pédophiles organisés à un niveau névrotique de la personnalité présentent une


24

vie fantasmatique perverse très active et nécessaire à leur satisfaction sexuelle, leur surmoi

fieine considérablement le passage à l'acte pervers, ceux-ci devenant très peu fréquents.

Les positions différentes de Kemberg et de Socarides dans l'explication de la

perversion a un même niveau d'organisation de la personnalité, c'est-à-dire névrotique, sont

l'expression de la complexité de ce phénomène. Elles montrent aussi que davantage d'études

empiriques devront être menées sur le sujet afin de parvenir à une meilleure conceptualisation

et compréhension de la perversion à ce niveau d'organisation de la personnalité.

1.5.1.1 Les relations d'obiet de l'oraanisation névrotique de la ~ersonnalité

Étant donné que l'agressivité est exprimée par des formations réactionnelles et qu'elle

est bien contrôlée, les relations d'objet des individus présentant une perversion œdipienne ne

sont pas détériorés (Socarides, 1988). La non détérioration des relations d'objet de ces sujets

se manifeste par une compréhension en profondeur d'eux-mêmes et des personnes qui leurs

sont significatives (Kemberg, 1980). Leurs relations d'objet sont totales, c'est-à-dire quelles

reflètent une intégration des aspects "bons" et "mauvais" des autres et d'eux-mêmes

(Kemberg, 1980). De plus, ces individus possèdent un bon contact avec la réalité car leurs

représentations de soi et d'autrui sont bien dinérenciées et parce qu'ils présentent un concept

de soi et des frontières du moi bien établies. Enfin,cette non détérioration des relations

d'objet des individus présentant une pédophilie de type œdipienne est un élément qui favorise

considérablement le retrait des symptômes pervers et ainsi, le pronostic de ceux-ci (Socarides,

1988)-

1-5.2 La ~erversionet l'organisation


- limite de la personnalité

Les individus organisés à un niveau limite de la personnalité présentent des

mécanismes de défense, des relations d'objet et un surmoi plus primitifs et archaïques que les

organisation névrotiques de la personnalité. À ce niveau de psychopathologie grave,

Kemberg (1992) met l'accent sur le rôle centrai de l'agressivité dans I'etiologie et la
25

compréhension de la perversion en lien avec la pathologie de la relation mère-enfant, c'est-à-

dire avec les relations d'objet.

En fait, Kemberg (1975) a décrit dans ses travaux antérieurs que la projection de

l'intense agressivité prégénitale de l'enfant (surtout orale) sur ses figures parentales est

fonction de la fhstration engendrée par celles-ci et du tempérament de l'enfant. Dans le cas

où l'enfant vit d'importantes mistrations, la projection de l'agressivité cause une distorsion de

ses figures parentales, spécialement celle de la mère, qui est alors perçue comme

potentiellement dangereuse (Kemberg, 1992). Étant donné que l'enfant perçoit en fantaisie

ses parents comme une unité, la haine ressentie à l'égard de sa mère s'étend par la suite à son

père. La contamination de l'image du père produit une image père-mère dangereuse. Ceci a

alors pour conséquence le développement chez l'enfant chme perception de toutes relations

sexuelles comme étant dangereuses et infiltrées par l'agressivité (Kemberg, 1992). En effet,

la projection des conflits primitifs conduit à une distorsion des fantaisies de la scène primitive

laquelle devient perçue sous forme de haine et généralisée à toute forme d'amour. Cet excès

d'agressivité conduit à une perception de l'image du rival œdipien comme ayant des

caractéristiques terrifiantes, dangereuses et destructrices et conduit à une anxiété de castration

exagérée (Kemberg, 1992). Toujours pour lutter contre la rage primitive, les individus

organisés à un niveau limite de la personnalité idéalisent l'objet d'amour hétérosexuel dans la

relation œdipienne positive et l'objet d'amour homosexuel dans le cas d'une relation

œdipienne négative. Une chute possible de cette idéalisation peut être observée, une relation

d'objet positive passant à une relation d'objet négative (ou d'une négative à une positive) dans

un changement rapide et total (Kemberg, 1992). Cette idéalisation, accompagnée des

distorsions paranoïdes du rival œdipien, intensifient davantage les inhibitions œdipiennes et

l'anxiété de castration. L'agressivité est alors contrôlée par le clivage du moi et l'alternance

des relations d'objet, lesquels protègent le sujet contre l'invasion de cette intolérable
agressivité (Kemberg, 1992). Ainsi, la dynamique décrite par Kemberg à propos des

individus qui présentent une organisation limite de la personnalité suggère qu'il y a

condensation, dans les relations d'objet, de conflits œdipiens et préœdipiens sous la

dominance de l'agressivité préœdipienne. Cependant, comme il est possible de le constater,

Kernberg ne traite pas principalement de la pédophilie et de la perversion pour ce qui est de

tek individus, mais les intègre plutôt à son modèle général de Ia personnalité.

Pour sa part, Socarides (1991) observe chez les individus qui présentent une

pédophilie préœdipienne la présence d'importants symptômes paranoides où la pratique

perverse devient un moyen pour eux de se libérer de ceux-ci. Socarides (1959) a remarqué

que les comportements pervers apparaissent au moment où un individu veut satisfaire ses

besoins d'amour envers la mère et éliminer ses pulsions agressives qui menacent de la

détruire. Ceci est accompli par l'incorporation d'un bon objet (en l'occurrence l'enfant qui est

un substitut de la mère), ce qui maintient la relation avec les objets et préserve fe soi à travers

une relation fusionnelle. Les hstrations primitives et l'agressivité conséquente jouent donc

un rôle crucial dans la genèse de la pédophilie, L'introjection et la projection étant utilisées

afin de satisfaire des besoins d'amour a de neutraliser I'agressivité (Socarides, 1959).

1.5 -2.1 Les relations d'objet de l'organisation limite de la oersonnalité

De façon générale, les patients organisés à un niveau borderline de la personnalité

présentent le syndrome de la diffision de l'identité caractérisé par un concept de soi et des

personnes significatives pauvrement intégré (Kernberg, 1980). En effet, ces patients sont

incapables de maintenir une perception d'eux-mêmes stable et cohérente dans le temps. Ceci

se manifeste par un sentiment chronique de vide, par une perception de soi et des autres

contradictoires, par des comportements contradictoires que le patient est incapable d'intégrer

émotivement et par une perception des autres distorsionnée, superficielle et appauvrie. La

diffision de l'identité est détectée par l'inhabilité du patient à exprimer au clinicien ses
27

interactions significatives avec les autres et par la faiblesse dans sa capacité de se décrire et de

décrire autrui de façon réaliste (Kernberg, 1980).

Aussi, la qualité des relations interpersonnelles des sujets iimites est gravement affectée

(Kemberg, 1980). En effet, ces patients possèdent généralement des relations superficielles et

chaotiques caractérisées par un manque d'empathie, de stabilité, de profondeur, de chaleur,

d'intérêt, de tact et ont une difficulté à maintenir une relation quand elle est envahie par la

fhstration et les conflits. De plus, ces patients sont incapables d'atteindre la constance de

l'objet qui est la capacité de maintenir une représentation du bon objet sous l'impact de la

hstration occasionné par ce dernier. Ils possèdent des relations d'objet partielles où les

aspects d'une relation d'objet totale sont dissociés (clivés) en composantes opposées

(Kernberg, 1980). En effet, ils perçoivent les autres comme "tout bon" ou "tout mauvais".

Cet échec d'intégration est principalement causé par la prédominance pathologique de

l'agressivité prégénitale et par l'idéalisation défensive. L'intégration des représentations

opposées amène de l'anxiété à cause du danger de contamination des bonnes relations d'objet

par les mauvaises. Le clivage devient alors l'opération défensive majeure contre cette anxiété.

Cependant, contrairement aux individus fonctionnant à un niveau psychotique de la

personnalité, les patients borderline ont la perception d'être distincts des autres car la frontière

entre le soi et autrui est établie, ce qui démontre un bon contact avec la réalité (Kernberg,

1980). Enfin, ces patients font preuve d'un contrôle pulsionnel déficient, d'une alternance

entre un sentiment d'omnipotence et de dépréciation de soi et d'une perturbation des affects.

En somme,contrairement aux relations d'objets des patients névrotiques, les relations

d'objets des patients limite sont détériorées. Par conséquent, le pronostic de ces derniers est

moins favorable que celui des patients présentant une perversion de type œdipienne

(Socaides, 1988).
28

1.5.2-2 Omanisation limite de bas niveau

Kernberg (1996) distingue deux sous-catégories de pathologie de la personnalité a

l'intérieur de l'organisation limite. Une première sous-catégorie, appelée "limite de bas

niveau", comprend des individus qui présente les dimensions psychoIogiques mentionnées à

la section précédente, c'est-à-dire une diffüsion de l'identité, des relations d'objets détériorées

et des défenses primitives. Ces individus présentent généralement une grave pathologie des

fonctions du surmoi, qui se manifeste à des degrés différents à l'intérieur de troubles tels la

personnalité schizoïde, schizotypique, paranoïde, antisociale et narcissique (avec

comportements antisociaux) @SM; APA, 1994). Cette sous-classification correspond

probablement à ce que Socarides (1988) appelle "la perversion préœdipienne de type II".

Selon Socarides, cette sous-catégorie constitue une vraie perversion car elle est due à une

fixation à une phase prkdipieme du développement (entre 6 mois et 3 ans) et non a

l'émergence de conflits œdipiens avec une régression à des phases plus primitives. Dans ce

type de perversion, la fixation préoedipienne est importante et domine la vie psychique de

l'individu dans sa recherche pour une identité et un soi plus cohésif.

1.5.2.3 Organisation limite de haut niveau

Kemberg (1996) distingue un deuxième sous-groupe qu'il appelle "limite de haut

niveau". Les individus de ce groupe présentent essentiellement les mêmes caractt5ristiques

psychologiques que les individus présentant une organisation limite de bas niveau a

l'exception d'être caractérisés par un développement non conflictuel de certaines fonctions du

moi et du surmoi. De ce fait, les individus qui présentent une organisation limite de haut

niveau sont capables d'une adaptation sociale relativement satisfaisante et d'intimité dans leur

relations interpersonnelles. Les individus de ce groupe présentent généralement des

pathologies de la personnalité moins graves telles les troubles narcissique (sans

comportements antisociaux), limite, histnonique, dépendante et evitante @SM; APA 1994).


Cette sous-catégorie fait probablement référence a ce que Socarides (1988) appelle "la

perversion préœdipienne de type 1". Dans celle-ci, Socarides soutient que le tableau clinique

dénote des conflits œdipiens en surface qui masquent des conflits préœdipiens plus profonds

et importants. De plus, la régression dont font preuve ces patients n'implique pas une

détérioration importante des relations d'objet et des fonctions du moi. En effet, bien que

l'anxiété de séparation soit présente, le soi de ces sujets est presque séparé de l'objet, ces

derniers faisant preuve d'un bon contact avec la réalité. Aussi, encore que ces sujet: clivent

les aspects des représentations de soi et d'objet, leurs principdes défenses demeurent le

refoulement, la projection et l'introjection.

1.5.2.4 L'abus sexuel dans l'enfance et la perversion adulte

Socarides (1991) observe que dans la majorité des cas, les patients qui présentent une

pédophilie préœdipienne ont été abusés sexuellement lorsqu'ils étaient enfants.

Effectivement, Mayer (1985) a r m e que les personnes qui présentent une pédophilie

perpétuent l'abus et continuent de nourrir leur haine envers ceux qui les ont initialement

abusés en déplaçant leur propre rage sur des enfants. De la même façon pour Stoller (1975)'

la perversion, incluant la pédophilie, est une forme érotique de la haine, un fantasme mis en

acte nécessaire a la satisfaction sexuelle et dont la principale motivation est L'hostilité. Cette

dernière prend alors la forme d'un fantasme de vengeance masqué dans les actes de

perversion et est destiné à transformer un traumatisme infantile en triomphe adulte. La

pédophilie transforme donc, par déplacement sur des enfants, la haine en victoire sur ceux qui

ont initialement infligé les tourments (Stoller, 1975).

Toutefois, le fait d'avoir été abusé en bas âge ne peut expliquer à lui seul l'origine de

la pédophilie (Aubut, 1993). Effectivement, comment expliquer que les actes d'agressions

sexuelles sont majoritairement commis par des hommes alors que les fillettes sont davantage

victimes de l'abus sexuel que les garçons ?


1-5.2.5 Les similitudes entre la ~édophilieet la ~sychopathie

Influencé entre autre par les contributions de Kernberg (1984), Dorr (1998) affirme

que l'extrapolation de nos comaissances au sujet de la dynamique interne des psychopathes,

présentant une organisation limite de la personnalité, peut améliorer notre compréhension des

sujets présentant une pédophilie et ainsi guider le diagnostic et le traitement de ces patients.

Basé sur la compréhension quYofEeKernberg (1984) de la psychopathie, Dorr (1998) observe

un haut degré de similitude entre la dynamique de celle-ci et celle de la pédophilie. Comme

Kernberg (1984) le suggère, le sentiment de vide interne dont font preuve les psychopathes

les amène à vivre de la rage. Par la suite, cette rage est noume par l'envie, une envie pour ce

que les autres sont, c'est-à-dire des êtres humains avec un concept de soi authentique plutôt

que pathologiquement grandiose (Yochelson et Samenow, 1976). Les psychopathes sont

osensés et convoitent ainsi le côté humain des autres, d'où leurs tentatives de s'approprier

etlou de dévduer autrui. Dans tous les cas, le comportement qui en résulte est la prédation, la

caractéristique principale du psychopathe et aussi de l'individu présentant une pédophilie où il

d y a pas de corsidération pour l'objet et ou il n'y a pas de remords suite à cet acte de

prédation.

Don (1998) observe aussi qu'à l'intérieur de leur dynamique, les psychopathes et les

personnes présentant une pédophilie présentent tous deux des déficits similaires au niveau des

fonctions du moi ou ils emploient les mêmes défenses primitives (entre autre le clivage, Ie

déni, la rationalisation, l'évitement et le passage à l'acte). De plus, l'étude de Dorr et

Woodhall(l986) a démontré que les psychopathes ont un contact avec la réalité déficient, lui

aussi une fonction du moi. Chez les sujets présentant une pédophilie à un niveau limite de la

personnalité, un contact avec la réaiité déficient est également observé où le déni, la

rationalisation et le clivage le compromettent sérieusement.


31

Enfin, le parallèle entre la dynamique du psychopathe et celle du sujet présentant une

pédophilie à un niveau limite de la personnalité peut être compris dans ies buts de dominer,

d'utiliser et de subjuguer quelqu'un au service du soi grandiose. Effectivement, ces buts sont

les mêmes a la seule différence que I'objet de la prédation chez la personne présentant une

pédophilie est un enfant et que le comportement pédophilique est en soi sexuel @on; 1998).

De même que Dorr, d'autres auteurs convergent dans le même sens lesquels &ment que le

sexe n'est pas la motivation première dans les crimes sexuels mais que plutôt, les besoins de

domination, de puissance et de se sentir supérieur font de la pédophilie un acte de prédation

psychopathique avant tout (Prendergast, 1991; Wiederholt, 1992). De plus, Mayer (1985)

affirment que les individus présentant une pédophilie à un niveau limite de la personnalité

voient les enfants comme des objets ou des possessions sans droit. En effet, ces derniers

utilise l'enfant pour des fins de gratifi~cationspersonnelles et sont généralement totalement

ignorant des conséquences de l'abus sur l'enfant (Dorr, 1998). Tout comme les psychopathes,

les personnes qui présentent des comportements pédophiliques à un niveau limite de la

personnalité ont des déficits significatifs au niveau de leur relation d'objet où leur plaisir

dérive du pouvoir et du contrôle qu'ils exercent sur les gens, lesquels sont vus comme des

extensions de leurs propres besoins et de leur narcissisme (Dorr, 1998).

En somme, on constate que les connaissances existantes au sujet de la dynamique des

psychopathes peuvent amener un plus grand éclaircissement sur la compréhension des

conduites sexuelles engagées envers des enfants. Cependant, bien que les caractéristiques

intrapsychiques des psychopathes et des personnes qui présentent des comportements

pédophiliques suggèrent de multiples ressemblances, Dorr (1998) reconnaît que la dynamique

psychopathique ne peut jouer qu'un rôle minime dans l'explication de certain cas de

pédophilie, ce qui fait de cette dernière, comme la majorité des entités psychiatriques, un état

hétérogène (Dorr, 1988). En effet, il est dificile voue impossible d'envisager que la
32

pédophilie soit présente chez tous les individus psychopathes, ce qui suggère donc que des

éléments autres que des aspects psychopatiques peuvent jouer un rôle important dans

l'étiologie de la pédophilie.

Enfin, on peut s'attendre a ce que les individus qui présentant une pédophilie et chez

qui la psychopathie est la dynamique qui les sous-tendent soient plus violents que ceux dont

la psychopathie n'explique pas ou ne joue qu'm rôle minime dans l'explication de leurs

comportements sexuels engagés avec des enfants. En effet, étant donné l'agressivité primitive

et archaïque et la pathologie du surmoi que l'on retrouve chez ies psychopathes, la violence

chez ces individus risque d'être importante du fait de l'expression directe et ego-syntone de

cette agressivité (Kernberg, 1992).

1.5.3 La perversion et l'oreanisation psvchotiaue de la personnalité

Les sujets organisés à un niveau psychotique de la personnalité présentent une

organisation du moi plus primitive et moins évoluée que celle des individus organisés à un

niveau limite de la personnalité. Ces sujets présentent une pseudo-sexualité car ils font

preuve d'un investissement à un niveau oral et anal plutôt qu'à un niveau génital adulte de la

sexualité. Cette pseudo-sexualité peut s'expliquer par l'hypothèse qu'offre Socarides (1988)

des individus qui présentent une schizoperversion (qui est la coexistence de la schizophrénie

et de la perversion). En effet, Socarides affirme que ces derniers font preuve d'une fixation à

la phase symbiotique du développement. Cette fixation se produit ann que l'individu se

protège contre une peur de dissoiution des représentations du soi z i travers un engouffrement

par la mère et par une fùsion somatopsychique. Selon Socarides (1988), ces sujets possèdent

une angoisse de séparation et de fragmentation importantes, une identification primitive

prononcée a la mère et présentent aussi de graves difficultés dans les relations avec le sexe

opposé. Les individus présentant une pédophilie à un niveau psychotique de la personnalité

sont habituellement très dangereux lorsqu'ils pratiquent une activité sexueile avec un enfant
33

conséquemment à la présence de caractéristiques sadiques importantes chez ceux-ci

(Kemberg, 1992). L'expression directe de leur agressivité peut amener ces patients à

commettre des meurtres causés par leurs délires. Cette expression directe de l'agressivité

primitive chez ces patients est engendrée par l'absence de contact avec la réalité et par la non

différenciation mounon-moi. Cette non différenciation est caractérisée par l'absence de

frontière entre les représentations de soi et les représentations d'objet laquelle résulte en une

confusion entre elles. L'identité du soi devient alors commune avec celle de l'objet, d'où le

manque de contact avec la réalité (Kernberg, 1980). L'identification projective, fonctionnant

à un niveau primitif, devient une tentative pour établir une distame par rapport à cette

agressivité intrapsychique intolérable. En effet, I'objet devenu temfiant et dangereux suite à

l'agressivité projetée sur lui, doit par la suite être détruit étant donné qu'une différenciation par

rapport à lui ne peut être maintenue (Kernberg, 1992).

1.6 Des modèles non sans failles

La littérature scientifique est relativement abondante au sujet du développement

normal et pathologique de la personnalité, et elle l'est également au sujet des caractéristiques

psychologiques associés aux différentes structures de personnalité. Effectivement, on dénote

un effort certain afin de permettre une compréhension des dynamiques et des pathologies des

indiviaus présentant une organisation psychotique, limite et névrotique de la personnalité.

Cependant, on ne peut en dire autant concernant l'effort mis en œuvre afin de mieux expliquer

l'étiologie de la pédophilie. En effet, même si Kernberg (1992) et Soccarides (1988) nous

proposent un cadre théorique de la perversion selon les trois structmes de la personnalité, ils

ne s'avancent pas sur l'origine spécifique d'un comportement pervers dans le développement

d'un sujet. En effet, pourquoi certains individus, qui présentent une même dynamique

développementale, présentent une perversion et d'autres pas ? Par exemple, pourquoi un

sujet fonctionnant à un niveau névrotique de la personnalité présente une conduite perverse et


qu'un autre sujet, fonctionnant a un même niveau de la personnalité, ne présente aucun

comportement pervers ? Qu'est-ce qui, dans la dynamique d'un sujet, fait que ce dernier

développe un type particulier de perversion plutôt qu'un autre ? Pourquoi un individu

fonctionnant à un niveau limite de la personnalité présente une pédophilie et qu'un autre,

fonctionnant aussi à un niveau limite de la personnalité, présente des conduites fétichistes ?

Les raisons pour lesquelies un individu préfere un type de fantaisies perverses plutôt qu'un

autre demeurent encore obscures (Gabbard, 1994).

Les théories de Ia perversion, entre autres celles de Kernberg et de Socarides, sont

muettes à ce propos et laissent donc la question sans réponse. Étant incapables de généraliser

leurs observations à plusieurs sujets, certains auteurs tente de remédier à cette lacune en

faisant des études de cas, c'est-à-dire en dégageant la compréhension qu'ils ont de la

dynamique de chacun de leur patient. Étant danné cette difficulté apparente à généraliser des

observations à plusieurs individus, il ne semble pas y avoir de théorie de la perversion qui

puisse tenir compte de l'étiologie spécifique des comportements pervers et qui puisse en

même temps les distinguer quant à leur nature. De sorte que, les travaux et études de la

majorité des auteurs traitent davantage de la perversion en général plutôt que d'un

comportement pervers en particulier. En effet, comme l'a constaté Socarides (1959)' la

pauvreté des contributions psychanalytiques concernant, par exemple la pédophilie, est

frappante. Une étude psychanalytique complète à ce sujet est rare sinon absente, même si la

pathologie est relativement fréquente.

1.7 Une manque de connaissance concernant les relations d'ob-iet des individus rés entant

Même si l'on reconnaît que les fantaisies et les activités perverses expriment des

niveaux primitifs de relations d'objet (Kemberg, 1992), aucune recherche empirique n'a porté

sur l'évaluation des relations d'objet de sujets présentant des conduites pédophiliques. tant
35

donné le manque de connaissances en ce domaine, cette recherche se veut plus

spécifiquement une étude du phénomène pédophilique à travers le concept des représentations

de soi et d'objet, lesquelles sont considérées comme des dimensions psychologiques

pathologiquement différentes d'une population clinique non pédophile.

1.8 L'évaluation des relations d'obiet

Comme on peut le constater tout au long ce travail, la psychanalyse a toujours accordé

beaucoup d'importance aux composantes affectives et cognitives impliquées dans le

développement des relations d'objet (Blatt et al., 1988). De ce fait, plusieurs procédures

psychanalytiques (par exemple le Rorschach et le Thematic Aperception Test) ont été

élaborées afin d'évaluer entre autre le concept de relation d'objet. Ces procédures d'évaluation

nous procurent d'importantes informations au sujet du développement de la personnalité et de

la psychopathologie (Blatt et al., 1988). Bien que la psychanalyse s'intéresse à fa formulation

des séquences développementales des relations de l'objet et qu'elle a fait d'importantes

contributions a ce sujet (Blatt et al., 1988), la recherche empirique à ce propos demeure

toutefois un phénomène relativement récent (Diguer et al., 1997). En effet, c'est dans un

mouvement américain de recherches psychanalytiques, qui vit le jour à la Fondation

Menninger (Barber et Diguer, 1993), que furent élaborés des instruments dans le but de

mesurer empiriquement les relations d'objet. Parmi ceux-ci, le Bell Object Relations and

Reality Testing hventory (BORRTI)de Morris Bell (1991), Le Ego Function Assesment

@FA) de Bellack et al., (1973), le Core Conflictual Relationship Theme (CCRT) de

Luborsky (1984) et lrObjectRelation Inventory (ORI) de Blatt et al., (1 988) fiirent élaborés

@liguer et al., 1997). Pour sa part, I'Object Relation Inventory offke les avantages de fournir

une bonne fidélité intejuges, de ne pas être une procédure d'évaluation auto-révélée et de

fournir d'importantes informations cliniques à propos des sujets. Il fit développé par Blatt et

al. (1988) afin d'évaluer l'organisation des relations d'objet. Cet instrument permet d'évaluer
36

efficacement celle-ci à travers des descriptions verbales des personnes significatives des

sujets. L'évaluation des relations d'objet à l'aide de 1'Object Relation Inventory ce fait i

partir de L'analyse des pensées et des verbalisations utilisées par les sujets à l'intérieur de leurs

descriptions (Diguer et al., 1997). Il est possible de supposer que ces descriptions mettent en

scène des composantes affectives et cognitives associées aux représentations inconscientes

qu'ont les sujets d'eux-mêmes et des autres (Diguer et al., 1997). De cette mesure empirique

des relations d'objet que présente un individu, une évaluation de la correspondance entre

celles-ci et celles appartenant à une catégorie de reiations d'objet tirée d'une théorie

psychanalytique est effectuée. Dans le cas de cette présente étude, cette correspondance est

réalisée à l'aide du modèle de la personnalité de Kemberg, c'est-à-dire selon que les relations

d'objet appartiennent à un niveau d'organisation psychotique, limite ou névrotique de la

personnalité.
37

Objectifs et hypothèses

L'objectif général de cette étude est d'améliorer notre compréhension de la dynamique

et de la motivation inconsciente des adultes engagés dans des comportements pédophiliques.

Pour ce faire, une comparaison des représentations de soi et d'objet d'un groupe de sujets

présentant une pédophilie et d'un groupe de comparaison est effectuée en tenant compte de

leur organisation de la personnalité. Plus précisément, cette comparaison vise a vérifier

l'hypothèse selon laquelle la pédophilie est liée à des représentations de soi et d'objet plus

primitives et plus détériorées.

La première hypothèse consiste à vérifier si le groupe d'individus présentant une

pédophilie constitue un groupe hétérogène, c'est-à-dire si l'on retrouve à l'intérieur de ce

groupe des individus d'organisations de la personnalité névrotique, limite et psychotique.

Une deuxième hypothèse consiste vérifier si, comme le suggère le modèle de la

personnalité de Kernberg, les représentations de soi et d'objet se différencient selon qu'elles

correspondent à une organisation névrotique, limite ou psychotique de la personnalité. De

façon plus précise, elle vise à confirmer les résultats obtenus par Pelletier (1999) à l'effet que

les représentations de soi et d'objet sont plus primitives dans le cas d'organisations de la

personnalité moins matures.

La troisième hypothèse consiste à vérifier s'il existe une différence significative entre

les représentations de soi et d'objet des individus présentant une pédophilie et celles du

groupe de comparaison et ce, en fonction de leur organisation de la personnalité.


Méthode

3.1 Partici~ants

La recherche a été effectuée avec un échantillon total de 74 sujets masculins constitué

de 44 sujets présentant des compoxtements pédophiliques et de 30 sujets ne présentant pas de

conduites pédophiliques, ces derniers composant le groupe de comparaison. Le groupe de

sujets qui présentent une pédophilie provient du Centre Hospitalier Robert-Giffard (6 1%)

et de la clinique La Macaza (39%). Cette clinique est rattachée au pénitencier Fédéral La

Macaza, un centre spécialisé dans l'évaluation et le traitement d'abuseurs sexuels. Les sujets

constituant le groupe de comparaison proviennent quant à eux du Service de consultation de

l'École de psychologie de iUniversité Laval (60%) et de la clinique Roy-Rousseau (40%).

3.1.1 Les sujets qui résentent des conduites ~édo~hiliques

Pour faire partie de l'étude, les sujets présentant une problématique pédophilique

devaient satisfaire aux critères d'inclusion suivants: a) avoir été reconnu coupable d'abus

sexuel à l'endroit d'un enfant (exhibitionnisme, abus intra ou extra-familial, etc.), b) que l'abus

ne soit pas relié à un retard mental, à un trouble psychotique décompensé ou à un trouble

organique (par exemple des lésions cervicales) et c) consentir librement à l'étude. Ces critères

ont été évalués au cours d'entrevues cliniques réalisées par des professionnels des cliniques

Robert-Giffard et La Macaza Les sujets présentant une pédophilie ont été recrutés dans le

cadre des recherches qui portent sur la personnalité et la psychopathologie, recherches

réalisées à l'intérieur du Laboratoire de recherche sur la personnalité et la psychopathologie.

Lors de visites dans les groupes de thérapie, des psychologues et/ou des étudiants gradués ont

invité ces sujets à participer à la présente recherche (laquelle s'inscrit de façon parallèle au

projet de doctorat de M. Jean-Pierre Rousseau qui se veut d'étudier la relation entre les

organisations de la personnalité, le fonctionnement psychique et le niveau de détérioration des

conduites sexuelles pédophiles). Comme rétribution, les sujets participant a l'étude se voyait
39

obtenir un compte rendu verbal de l'évaluation une fois celle-ci terminée. Parmi les sujets

faisant partie de ce groupe, 14 % appartiennent à la classe d'âge 18-24 ans, 17 % à la classe

25-34 ans, 36 % à la classe 35-44 ans, 22 % à la classe 45-54 ans et 11 % à la classe 55 ans et

pius. Aussi, 11 % de ces participants présente un niveau de scolarité de niveau primaire, 58

% de niveau secondaire, 17 % de niveau collégial, 11 % de niveau universitaire de premier

cycle et 3 % de deuxième cycle. Les diagnostics effectuées a l'aide du DSM-III-R (voir la

section suivante) révèle que 35 % des sujets présentent un trouble sur l'axe 1 dont 21 % des

individus présentent un trouble de l'humeur, 5 % un trouble anxieux, 23 % une dépendance à

l'alcool ou à Ia drogue et 19 % un trouble de l'adaptation. Enfin, 67 % des sujets présentant

une pédophilie présentent un trouble de personnalité dont 5 % présentent un trouble compris

dans le groupe 4 51 % présentent un trouble compris dans le groupe B et 37 % présentent

un trouble compris dans le groupe C.

En ce qui concerne les abuseurs sexuels provenant du Centre Hospitalier Robert-

Giffard, la majorité y ont été référés par le système judiciaire québécois où ils ont été

condamnés pour des peines d'emprisonnement inférieures à deux ans. Certains de ces sujets

ont été condamnés pour une première offense (inceste, appels obscènes, voyeurisme ou plus

rarement des viols) ou pour des délits jugés mineurs, comme des attouchements, des

conduites exhibitionnistes, etc.. Dans presque tous les cas, le programme de traitement qui

est offert par le centre hospitalier fait partie de la sentence qui leur est attribuée.

Pour leur part, les abuseurs sexuels provenant de La Macaza y sont détenus pour une

peine fédérale (c'est-à-dire une peine minimum de deux ans), le plus souvent pour avoir

commis des délits plus lourds ou pour avoir récidivé. Ceux-ci doivent, dans le cadre de leur

sentence, suivre des modalités thérapeutiques dispensées à même le pénitencier.


40

3.1.2 Les suiets qui composent le groupe de comparaison

Pour ce qui est des sujets composant le groupe de comparaison, ils ont été égaiement

recrutés dans le cadre d'un projet plus vaste dirigé par le Dr Louis Diguer Ph-D.. Ces

derniers reçoivent ou ont reçu des services psychologiques en externe dispensés par le Service

de consultation de l'École de psychologie de l'Université Laval et par la clinique Roy-

Rousseau. Ces sujets ont fait la demande de tels services par téléphone ou par la suite, ils ont

été référés à des psychologues ou à des étudiants gradués en psychologie. Lors des premières

entrevues, ces professionnels ont informé les sujets de la possibilité de participer à une étude

portant sur la relation entre la personnalité, les relations interpersonnelles et les difficultés

psychologiques. Approximativement 80% des individus sollicités ont accepté de participer à

l'étude en donnant leur consentement écrit. Tous les sujets présentant un trouble psychotique

désorganisé et un trouble organique étaient exclus de la présente étude. Toutefois, il est

important de noter que pour ces sujets, il est impossible de garantir absolument qu'aucun

deux ne présente une pédophilie. En effet, il est très rare que ces derniers dévoilent leurs

fantasmes et leurs comportements de nature déviante lorsque ceux-ci sont présents, préférant

garder le silence à ce sujet. Parmi les sujets constituant le groupe de comparaison, 21 %

appartiennent à la classe d'âge 18-24 ans, 36 % a la classe 25-34 ans, 39 % à la classe 35-44

ans et 4 % à la classe 45-54 ans. Le niveau de scolarité de 29 % des individus est de niveau

secondaire, celui de 21 % des individus est de niveau collégial, celui de 43 % des individus

est de niveau universitaire de premier cycle et celui de 7 % des individus est de niveau

universitaire de deuxième cycle. De plus, les diagnostics effectuées à l'aide du DSM-III-R

révèle que 97 % des sujets présentent un trouble sur l'axe 1 dont 60 % des sujets présentent un

trouble de l'humeur, 30 % un trouble anxieux et 40 % présentent une dépendance à l'alcool ou

à la drogue. Enfin, 77 % de ces sujets présentent un trouble de personnalité dont 20 %


41

présentent un trouble compris dans le groupe 4 47 % présentent un trouble compris dans le

groupe B et 33 % présentent un trouble compris dans le groupe C.

3.2 Procédure

C'est lors d'une entrevue semi-structurée d'une durée d'environ trois heures que le

matériel servant à la cotation du PODF, de l'OR1 et de L'ASDfùt recueilli. Ces entrevues se

déroulèrent habituellement en deux séances et furent réalisées par des psychologues (ayant

entre 5 et 10 ans d'expérience) ou par des étudiants gradués en psychologie, ces derniers étant

supervisés par des psychologues d'expérience. Dans un premier temps, la présence de

troubles de personnalité chez les sujets Iùt évaluée a l'aide du SCID-II (APA, 1987). Par la

suite, les sujets ont à fournir une description d'eux-mêmes et de trois personnes significatives

aux fins de la cotation de lYObjectRelations Inventory (ORI; Blatt et al., 1988) et de

I'Assesment of Self- Descriptions (ASD; Blatt et al., 1993). Dans un deuxième temps, la

présence de troubles cliniques chez les sujets fut évaluée à I'aide du SCID-1 (APA, 1987).

Enfin, à l'aide du "Relationship Anecdotes Paradigm" (RAP; Luborsky, 1998), dix récits

interpersonnels, dans lesquels les sujets ont été en interaction avec au moins une autre

personne, furent demandés et ce, afin de permettre la cotation du Personality Organisation

Diagnostic Form (PODF;Diguer & Normandin , 1996).

Les descriptions et les récits interpersonnels des sujets furent enregistrés et transcrits

verbatim pour les fins de la cotation. Ceux-ci furent ensuite utilisés et intégrés, comme les

diagnostics des axes 1et II du DSM, à la cotation du PODF. De plus, les entrevues furent

enregistrées pour des fins de supervision où tous les diagnostics furent vérifiés et discutés

avec un autre évaluateur afin de s'assurer de leur justesse. En cas de désaccord, un consensus

clinique fut établi. De plus, des tests statistiques furent utilisés afin de calculer l'entente

interjuges sur les diagnostics posés (voir section analyses et résultuts).


3-3 Instruments de mesure

3 -3- 1 Structured Clinical Interview for DSM-IIi-R (SCID-1 et II)

Le SCID-1 et II (voir annexes A et B) sont des entrevues semi-structurées pour

cliniciens. Ils sont administrés afin de poser un diagnostic sur les axes 1 et II du DSM-III-R

(APA, 1987). Ces instruments sont aussi utilisés aux fins de la cotation du PODF (voir

section 3 -3-4). a s présentent une bonne fidélité (Segai, Hersen & Van-Hasselt, 2994) et

ofEent une meilleure validité que les mesures auto-administrées.

3 -3-2The Object Relations Inventorv (ORQ

L'Object Relation Inventory (Blatt et al., 1988) est une procédure qui vise a évaluer

les représentations des personnes importantes des sujets (voir annexes C et D). Cet

instrument possède de bonnes qualités psychométriques et présente une bonne fidélité

intejuges pour l'ensemble des échelles qu'il comporte (Blatt, S. J., Wieseman, J., Prince-

Gibbon, E. & Gatt, C., 1991; Pelletier, 1999).

Les sujets ont eu à décrire de façon spontané leur mère, leur père et leur conjoint ou

leur meilleur(e) ami(e). Le contenu verbal de ces descriptions fùt ensuite tapé et coté en

fonction de plusieurs échelles. Une première échelle, appelée "Type d'Attributu, évalue en

sept points la personne décrite en fonction 22 attributs, c'est-à-dire selon qu'elle est

affectueuse, ambitieuse, bienveillante/maIveillante,chaleureuse/fioide, intellectuelfe,

punitive, etc.. Une deuxième échelle, de type développemental cette fois, vise à évaluer le

niveau de différenciation cognitif des représentations d'objet atteint par le sujet. Cette

échelle, appelée "Niveau conceptuel", est celle qui semble se rapprocher le plus du concept de

relation d'objet (Marziali, Field, Classen & Oleniuk, 1990). Ii s'agit d'une échelle qui

comprend quatre niveaux de différenciation (du niveau sensorimoteur au niveau conceptuel)

lesquels sont divises en 9 cotes. Au premier niveau, où la cote 1 est attribuée, l'objet est

décrit comme étant un agent actif procurant des gratifications ou des hstrations au sujet. Ce
43

dernier ne perçoit pas l'objet comme étant une personne séparée ou indépendante. Au

deuxième niveau, l'objet est décrit et perçu comme une personne distincte ou les

caractéristiques et les attributs physiques dominent la description- En effet, l'accent est

souvent mise sur l'apparence physique de I'objet. La cote 3 est attribuée à ce type de

description. Puis, au troisième niveau, où une cote 5 est attribuée, l'objet est décrit a partir

d'éléments observables comme ses comportements, ses fonctions ou ses compétences.

Toutefois, contrairement au premier niveau, il n'y a pas de référence à la gratification ou à la

mistration qu'il procure au sujet. La représentation de I'objet a ce niveau est basée sur des

référents concrets plutôt que sur des référents abstraits. De plus, toujours à l'intérieur du

troisième niveau, une cote 7 est accordée lorsque le sujet offre une description tenant compte

des attributs internes de l'objet, c'est-à-dire ses valeurs, ses sentiments ou ses pensées.

Toutefois, il n'y a dans le troisième niveau qu'une reconnaissance limitée de la subtilité du

développement de l'objet à travers le temps. Ces sujets ont une intégration limitée des

contradictions chez l'objet. Finalement, dans le quatrième niveau, la cote 9 est attribuée

lorsque le sujet ofEe une description présentant un niveau de complexité élevé (qui intègre

plusieurs niveaux précédants). La description présente une intégration des contradictions ou

marque une appréciation des changements et des variations dans le temps. Les cotes 2,4,6 et

8, situées entre chaque niveau de développement, peuvent être utilisées pour indiquer qu'un

sujet a atteint un niveau plus élevé que le précédant sans toutefois avoir atteint un niveau de

développement particulier. On dira alors que ce dernier n'est pas complètement intégré.

Enfin,un dernier type d'échelle, appelé "degré d'Ambivalence", indique en cinq


points dans quelle mesure le sujet exprime de l'ambivalence ou des sentiments contradictoires

à l'égard de la personne décrite.

Parmi les échelles de I'ORI, seules les dimensions "Niveau conceptuel", "degré

d'Ambivalence" et "Facteur bienveillance" (étant la moyenne de huit attributs) ont fait l'objet
44

d'analyses. Le choix de ces échelles repose sur des considérations théoriques car leur

caractère développementai fait qu'elles sont celles qui sont le plus près du modèle théorique

proposé dans cette étude.

3 -3-3 The Assessrnent of Seif- Descriptions (ASDI

L'Assesment of self- descriptions (Blatt et al., 1993) est un instrument utilise afin

d'évaluer le sentiment d'identité personnelle des sujets à travers la description qu'ils font

d'eux-mêmes (voir annexes E et F). De même que pour l'ORI, I'ASD présente une bonne

fidélité intejuges et ce, pour l'ensemble des échelles qu'il comporte (Pelletier, 1999).

Comme l'ORI, 1'ASD comporte plusieurs échelles et plusieurs catégories- Tout

d'abord, dans la catégorie "Mode de description", une première échelle mesure le "Mode

prédominant" de représentation selon que l'accent est mis sur a) les caractéristiques physiques

ou démographiques, b) comportementales, c) sur les traits de personnalité ou d) sur les

caractéristiques internes du sujet dans la description. Dans cette même catégorie, une

seconde échelle ("Substantialité") évalue dans quelle mesure le sujet intègre dans sa

description les quatre modes de représentation mentionnés précédemment. Enfin, une

dernière échelle, appelée "Niveau conceptuel", mesure le niveau de développement cognitif

atteint par le sujet dans sa description. Dans ce dernier cas, les mêmes critères de cotation de

l'échelle "Niveau conceptuel" de I'ORI sont utilisés. Cependant, cette échelle vise à évaluer le

sentiment d'identité du sujet plutôt que le niveau de différenciation de ses représentations

d'objet.

Dans un deuxième temps, à l'intérieur de la catégorie "Capacité relationnel", l'échelle

"Articulation de relations" indique (en cinq points) dans quelle mesure le sujet mentionne,

dans la description qu'il fait de lui-même, les relations qu'il entretient avec d'autres personnes.

La seconde échelle de cette catégorie, appelée "Qualité reIatiomelle", mesure la qualité des

sentiment et des perceptions que le sujet ressent à l'égard d'autrui. Cette échelle reflète en
45

huit points dans quelle mesure les gens mentionnes ont un impact positif ou négatif sur le

sujet. Finalement, une dernière échelle, appelée "Relation avec l'examinateur", mesure en

cinq points le niveau de conscience qu'a le sujet de la présence de l'examinateur lors de

l'entretien. Dans une troisième catégorie, appelée "Variables cognitives", l'échelle

"Introspection" évalue (en cinq points) dans quelle mesure la description que le sujet fait de

lui-même est réfléchie et introspective. De plus, une seconde échelle appelée "Tolérance à la

contradiction" mesure en cinq pointe la tolérance, a l'intérieur de la description, des aspects

contradictoires du concept de soi. Enfin, une dernière échelle appelée "Différenciation-

intégration" mesure en sept points le niveau de différenciation et d'intégration du soi à travers

différents domaines comme le travail, l'école, la vie sociale, la vie familiale, etc..

Dans une quatrième catégorie, celle de la "Perception de soi", l'échelle "Auto-

appréciation négative-positive" indique en sept points dans quelle mesure le sujet porte un

regard positif ou négatif sur lui-même. Une seconde échelle, appelée "Auto-critique", évalue

en cinq points dans quelle mesure l'individu est satisfait de lui-même en fonction de standards

qu'il s'est fixés. Dans un dernier temps, échelle "Détermination/arnbition"évalue en six

points le niveau d'ambition du sujet, c'est-à-dire dans quelle mesure il s'investit dans l'atteinte

des objectifs qu'il s'est fixés.

Une cinquième catégorie appelée "Variables développementales" mesure en neuf

points à l'aide de l'échelle "Niveau relationnel" si les relations interpersonnelles dépeintes

dans la description du sujet sont mutuelles, réciproques et empathiques. Dans un second

temps, l'échelle "Degré d'auto-définition" indique en neuf points si le sujet possède une

identité claire et définie avec des but et des valeurs particulières. Une troisième échelle,

appelée "Tendance prédominante: niveau relationnellauto-définition", mesure en deux points

la prédominance des thèmes relationnels avec autrui, en opposition avec les thèmes se
46

référant à la définition du sujet lui-même. Finalement, l'échelle "Intégrité" évalue en neuf

points le degré d'intégrité de la description que fait l'individu de lui-même.

En dernier lieu, la catégorie "Variables affectives" mesure dans son échelle "Anxiété"

le niveau de tension, de peur, d'appréhension et d'anxiété en cinq points. De plus, la tristesse

et les sentiments apathiques manifestés par l'individu au sujet de lui et des autres sont évalués

en cinq points à I'aide de l'échelle "Dépression".

Comme pour l'ON, seules les échelles dites "développementales" ont été retenues

pour les analyses ultérieures, soit le "Niveau conceptuel" et la "Tolérance à la contradiction".

Deux juges (un psychologue et un étudiant gradué en psychologie) ont effectué

indépendamment l'un de l'autre la cotation du I'ORI et de I'ASD et ce, sans connaître à quelle

popuiation et à quelle organisation de la personnalité appartenaient les sujets. Par la suite,

20% des descriptions furent choisies au hasard pour l'établissement de la fidélité intejuges.

3 -3-4 Personalitv Or~anisationDiagnostic Form PODF)

Le Personality Organisation Diagnostic Form (PODF) est un instrument élaboré par

Diguer & Normandin (1996) dans le but d'opératiomaliser le jugement clinique fait à partir

du modèle de la personnalité de Kernberg (1984, 1996). Le PODF peut être coté à partir de

différentes sources, soit des entrevues cliniques ou des mesures d'évaluation psychologiques.

Il présente une bonne fidélité intejuges de même qu'une bonne validité interne et de c o n s t d

(Hébert, É., Diguer, L., & Daoust, J.P, en préparation).

Dans la présente étude, le PODF a été coté à partir des résultats des évaluations
psychologiques obtenus à l'aide des SCID I et II (MA,1987). Il a permis l'évaluation de la

diffusion de l'identité, des mécanismes de défense, de la capacité du sujet à maintenir

l'épreuve de la réalité et du type de relations d'objet. Ces quatre caractéristiques représentent

pour Kernberg les dimensions du fonctionnement psychique essentielles au diagnostic

structural de la personnalité. Des critères, selon qu'ils s'appliquent ou non au fonctionnement


47

psychologique du sujet, permettent aux juges d'évaluer la présence ou l'absence de la

dimension (voir annexe G). Parmi ceux-ci, quatre sont énumérés sous la dimension

"diffusion de l'identité" dont a) l'expérience subjective de vide (item 1. l), b) l'existence de

perceptions contradictoires de soi et des autres (item 1.2), c) l'existence de conduites

contradictoires impossibles a intégrer à l'expérience émotionnelle (item 1.3) et d) la nature

superficielle, émoussée ou appauvrie des perceptions d'autrui (item 1.4). La dimension

"mécanismes de défense" est évaluée par la présence de mécanismes primitifs tel le clivage

(item 2. l), l'idéalisation primitive (item 2.2), l'identification projective (item 2.3), le déni

(item 2.4), l'omnipotence (item 2.5), la dévalorisation de l'objet (item 2.6) et le contrôle

omnipotent (item 2.7). La capacité a maintenir l'épreuve de réalité chez un sujet est évaluée à

l'aide de quatre critères, soit le manque de différenciation entre soi et les autres (item 3. l), le

manque de différenciation entre le contenu intrapsychique et les stimuli externes (item 3.2),

l'incapacité à évaluer ses propres émotions, ses conduites et ses pensées de façon réaliste en

fonction des normes sociales courantes (item 3.3) et la présence d'émotions, de pensées ou de

conduites fianchement inappropriées ou bizarres (item 3.4). Finalement, le type de relation

d'objet du sujet est évalué sur une échelle en 5 points où les cotes 1, 2 4 2b, 2c et 3 peuvent

être attribuées. La cote 1 indique la présence de relations d'objet de nature symbiotique,

caractérisées par une angoisse de morcellement, particulières à l'organisation psychotique de

la personnalité. Les cotes 2 4 2b et 2c caractérisent des relations d'objet anaclitiques, typiques

à l'organisation limite de la personnalité. Le niveau 2a est caractérisé par la prédominance de

la peur de l'objet, le niveau 2b est marqué par un désir de contrôle de l'objet alors que la cote

2c est caractérisé par l'angoisse d'abandon. Les cotes 2a et 2b correspondent au

fonctionnement psychique de Porganisation limite de bas niveau et la cote 2c correspond au

fonctionnement psychique de l'organisation limite de haut niveau (Kernberg, 1996). Enfin, la


48

cote 3 indique un type de relation d'objet triangulé marqué par l'angoisse de castration,

caractéristique de l'organisation névrotique de la personnalité.

Des juges (psychologues ou des étudiants gradués en psychologie) ont effectué la

cotation du PODF.Ils ont établi le diagnostic structurai à partir des SCID 1et II, des récits

d'événements interpersonnels et des descriptions de soi et d'objet des aux sujets. Par la suite,

une proportion de 68% des diagnostics fùt sélectionnées au hasard afin d'établir la fidélité

intejuges.
Analyses et résultats

4.1 Fidélité des mesures

4.1 - 1 Personalitv Oreanisation Diagnostic Form PODF)

La totalité des items diagnostics du PODF sont mesurés sur une échelle dichotomique

où les deux valeurs possibles sont l'absence ou la présence de l'item. Ainsi, le kappa de

Cohen est un indice convenant à L'évaluation de l'entente intejuges pour ce type de données.

Des analyses fûrent effectuées sur les items diagnostiques des 30 sujets constituant le groupe

de comparaison et sur 15 sujets présentant une pédophilie. Les résultats de ces analyses

démontrent que L'entente interjuges est jugée excellente (Landis et Koch, 1977) pour la

totalité des items et ce, autant pour le groupe de comparaison que pour le groupe

expérimental (voir tableau 1 et 2). Les analyses indiquent également que l'entente entre les

juges en ce qui à trait aux diagnostics structuraux de la personnalité est excellente pour les

deux groupes (voir tableau 1 et 2).

4.1 -2 The Ob-iect Relations Inventorv (0R.I)

Les différentes dimensions de l'OU et I'ASD sont, pour la grande majorité, mesurées

sur une échelle ordinale de type "Likert". Toutefois, en ce qui concerne I'ASD, la dimension

"Tendance prédominante" est mesurée sur une échelle dichotomique, la dimension "Mode

prédominant" est mesurée sur une échelle polychotomique et les dimensions "Substantialité"

et "Différenciation-intégration" sont mesurées sur une échelle d'intervalle. De plus, il est

important de noter que 12 dimensions de l'OR1 et trois dimensions de I'ASD comportent une

valeur qui ifidique l'absence de la dimension dans la description du sujet. La présence de

cette valeur, indiquée par la cote 9, nécessite donc l'utilisation de deux indices statistiques

pour I'évaluation de la fidélité interjuges. Le premier indice, soit le kappa de Cohen, vise à
évaluer les dimensions mesurées sur une échelle dichotomique, c'est-a-dire celle oir il y a

présence ou absence de la dimension dans la description. Une fois les kappas calculés, Blatt

et al. (1992) suggèrent de modifier les cotes indiquant l'absence de la dimension dans la

descriptiofi par les cotes moyennes 4 (pour les écheiles bipolaires) et O (pour les échelles

graduées). Cette transformation permet de calculer le coefficient de corrélation intraclasse

W C ) . Ce dernier indice statistique s'applique aux données mesurées sur une échelle de type
ordinale et est utilisé afin d'évaluer dans quelle mesure les juges s'entendent sur le degré ou

l'intensité de la dimension, une fois celle-ci jugée présente.

Le choix de ces indices repose sur plusieurs considérations. D'abord, pour ce qui est

du kappa de Cohen, celui-ci présente l'avantage de comporter une correction permettant

d'exclure l'effet du hasard. Pour ce qui est du coefficient de corrélation intraclasse WC),ce

dernier rend compte de l'association entre les deux cotations des juges tout en demeurant

insensible à tout biais systématique entre ces derniers (Streiner, 1995).

L'entente et la fidélité intejuges pour la cotation de l'ON ont été calculées sur une

proportion de 20 % de l'échantillon total utilisé lors de cette étude. Elles ont donc été

évaluées pour 15 sujets, soit 45 descriptions. Bien que les résultats obtenus indiquent que

certains kappas inférieurs à -40, les ICC sont supérieurs à -40 pour la majorité des dimensions

de l'OR1 (voir tableau 3). Ces résultats permettent de conclure que la fidélité intejuges est de

modérée à très bonne pour l'ensemble des dimensions de 1'ORI. Seule la dimension

"Réussite" présente une faible fidélité intejuges. Toutefois, ces résultats ont une moindre

influence car cette dimension n'est pas incluse dans les analyses ultérieures.

Enfin, il est important de souligner que des kappas ont été impossibles à calculer pour

les dimensions "Bienveillance", "Idéal positiOnégatift et "Faiblesse-force". Cette difficulté a


51

été occasionnée par la distribution des cotes des deux juges qui impliquaient une division par

zéro.

4.1.3 The Assessrnent of Self- Descriptions [ASD)

L'évaluation de l'entente et de la fidélité interjuges ont été effectuées sur 15

descriptions, soit une proportion de 20% des sujets de Féchantîllon total. Les résultats de ces

analyses, qui figurent dans le tableau 4, démontrent que la fidélité interjuges est qualifiée de

modérée à très bonne pour l'ensemble des dimensions de I'ASD (ICC variant entre .47 et

-81). Les dimensions "Niveau relationnel", "Introspection" et "Tolérance à la contradiction"

font cependant exception à ces résultats. En effet, la fidélité de ces dimensions est qualifiée

de passable. De plus, bien que le kappa de Ia dimension "Mode prédominant" soit faible

(.14), I'ICC pour cette même dimension indique une fidélité interjuges modérée. Enfin, des

kappas ont été impossible à calcuier pour les dimensions "Qualité relationnelle" et "Niveau

relationnel" car la distribution des cotes des juges implique une division par zéro.

4.2 Normalité des données

Une évaluation de la normalité des données a été effectuée sur les variables

dépendantes de l'ON et I'ASD et ce, pour l'ensemble des descriptions des deux groupes de

sujets. Cette évaluation consiste en l'analyse de la distribution des données sur des courbes de

distribution normale. En ce qui concerne I'ORI, les voussures et les degrés de kurtose des

dimensions "Niveau conceptuel" et le "Facteur bienveillance" indiquent que leur distribution

est normale. Bien que le degré de kurtose soit élevé pour la dimension "Ambivalence", la

distribution des données est acceptable.

Pour ce qui est de lYASD,la vérification de la normalité des données a été effectuée

sur les dimensions "Niveau conceptuel" et "Tolérance à la contradiction". Les résultats


52

indiquent que la distribution de ces dimensions est acceptable malgré un degré de kurtose

quelque peu élevé. Ceci n'a cependant pas justifié la transformation des données en raison de

la nature des analyses ultérieures.

4.3 Première othèse: hétérogénéité du groupe d'individus présentant une problématique

pédophilique.

Suite à la cotation du PODF, las résultats montrent que sur l'ensemble des individus

présentant une pédophilie (N= 44), 9 présentent une organisation de la personnalité de type

névrotique et 35 présentent une organisation de la personnalité de type limite, dont 16 de haut

niveau et 19 de bas niveau. Min de vérifier que la proportion de chaque catégorie de sujets

est statistiquement significative, un test de différence de proportion a été effectué (Glass &

Hopkins, 1984). Les résultats indiquent que les proportions sont significativement différentes

'
d'une proportion de comparaison et ce, pour chaque catégorie de sujets (voir Tableau 5).

4.4 Deuxième et troisième hvpothèses: différences des relations d'ob-jet en fonction du

groupe d'appartenance et des ormnisation de la personnalité.

Des analyses de variances factorielles (Pédophiles vs Non-pédophiles X Organisation

de la personnalité) ont été effectuées sur les variables retenues de l'OR1 et de ltASD.

4.4.1 Corrélations entre les dimensions de L'ON

En premier lieu, des tests ont été effectuées &n de vérifier s'il y avait présence de

relations entre les trois variables dépendantes de I'ORI, soit les dimensions "Niveau

conceptuel", "Ambivalence" et "Facteur bienveillance". Les résultats de ces analyses

1
Il a été impossible de calculer une valeur z avec la proportion de l'hypothèse nulle (0144) car une
comparaison avec celle-ci aurait impliqué une division par zéro. Ann de palier cette difiïcultd, la proportion de
comparaison 1/41 firt utilisée.
démontrent l'existence d'une relation modérée (E = -28,p <.0001) entre les dimensions

"Niveau conceptuel" et "Ambivalence". IIs indiquent également l'absence de relation entre

ces dernières et le facteur bienveillance (voir tableau 6).

4.4.2 Corrélation entre les dimensions de 1'ASD

Pour l'ensemble des sujets faisant partie de l'étude, des analyses ont été effectuées afin

de vérifier l'existence d'associations entre les deux dimensions de ltASD retenues pour cette

étude, soit le "Niveau conceptuel" et la "Tolérance à la contradiction". Les résultats

démontrent qu'il n'existe pas de relation significative entre ces dimensions (_r=.24, p.06).

4.4.3 Analvses de variances sur les variables dépendantes de I'ORI

Le nombre insuffisant d'individus présentant une organisation névrotique de la

personnalité n'a pas permis d'effectuer des analyses de variance multivariées (MANOVA)

(Tabachnick & Fidell, 1989). De ce fait, les analyses ultérieures ont été réalisées seulement

avec les individus présentant une organisation de la personnalité limite de haut et de bas

niveau.

Afin de vérifier s'il existe une différence entre les représentations d'objet des sujets

présentant une pédophilie (n=35) et les sujets ne présentant pas de pédophilie (n=30), une

analyse multivariée (MANOVA) sur les dimensions "Niveau conceptuel", "degré

d'Ambivalencen et "Facteur bienveillance" a été effectuée. La présence de relations entre les

dimensions "Niveau conceptuel" et "degré d'Ambivalence" a entraîné l'utilisation de ce test

multivarié. Ce dernier a permis de vérifier si les variables indépendantes "appartenance aux

groupes" et "organisation de la personnalité (limite de haut et bas niveau)", de même que leur

interaction, avaient un effet sur l'ensemble des dimensions de l'ON. Le test multivarié de

Wilk montre un effet significatif de la variable indépendante "appartenance aux groupes"


54

F(3,182)= 5.32, pc.05 (voir tableau 7) et "organisation de la personnalité" F(3,182)= 6.15,


-
pc.05 (voir tableau 7) sur les variables dépendantes. Cependant, les résultats de ce test ne

révèle aucun effet d'interaction de ces deux variables indépendantes E(3,182)= 2.17, p.05

sur les variables dépendantes (voir tableau 7).

Afin de découvrir la nature de la différence occasionnée par les effets "appartenance

aux groupes" et "organisation de la personnalité", des tests univariés (ANOVAs) ont été

réalisés. En ce qui concerne la variable indépendante "appartenance aux groupes", les

analyses démontrent qu'il y a une différence significative entre les individus présentant une

pédophilie et les individus ne présentant pas de pédophilie seulement pour la dimension

"Niveau conceptuel" F(1,184)= 14.89, p<.05 (voir tableau 8). En effet, les individus qui

présentent une pédophilie ont un niveau conceptuel moyen significativement plus faible m=
5.55, ==.60) que celui des individus ne présentant pas de pédophilie (M= 6.16, ==.67).

Pour ce qui est de Ia variable indépendante "organisation de la personnalité", les résultats

indiquent une différence entre les individus présentant une organisation limite de bas niveau

et les individus présentant une organisation limite de haut niveau et ce, pour les dimensions

"Niveau conceptuel" F(l,l84)= 13.69, gC.05 et "Ambivalence" I!(l,l84)= 7.26, fi.05 (voir

Tableau 8). On peut donc affirmer que, les groupes d'appartenance confondus, les individus

présentant une organisation limite de la personnalité de haut niveau ont un Niveau conceptue1

et une degré d'Ambivalence moyen plus élevés @


& 6.15, EJ=.50 et M= 2.40, ==.47) que

ceux des individus présentant une organisation limite de bas niveau @= 5.56, ==.77 et& l

2.01, EJ'=.72).

4.4.4 Analvses de variance sur les variables dépendantes de I'ASD

Une analyse univariée (ANOVA) a été effectuée sur les dimensions "Niveau

conceptuel" et "Tolérance a la contradiction" afin de vérifier s'il existe une différence entre
les représentations de soi des sujets présentant une pédophilie (n=35) et les sujets ne

présentant pas de pédophilie (n=30). L'absence de relation entre les dimensions de I'ASD a

entraîné l'utilisation de ce test univarié. Ce test a permis de vérifier si les variables

indépenduites "appartenance aux groupes" et "organisation de ia personnalité (limite de haut

et bas niveau)", cie même que leur interaction, avaient un effet sur les deux dimensions de

I'ASD. Le test univarié de Wilk montre qu'il n'y a pas d'effet significatif occasionné par ces

variables, ainsi que par leur interaction, sur les variables dépendantes à l'étude (voir tableau

9)-
Discussion

5.1 Hmothèse d'hétérogénéité de I'échantillon

Le but de cette étude consistait à vérifier une première hypothèse de Kernberg (1992)

et Socarides (1988) selon laquelle les individus présentant une problématique pédophilique

constitue un groupe hétérogène, c'est-à-dire si l'on retrouve à l'intérieur de ce groupe des

individus présentant différentes organisations de la personnalité. Or, l'analyse des résultats de

la présente étude montre que les individus qui présentent m e perversion de type pédophilique

constitue un groupe hétérogène. On y retrouve en effet des sujets présentant une organisation

de la personnalité de type névrotique et de type limite, de haut et de bas niveau. De plus, les

résultats de cette étude appuient empiriquement la thèse de Kernberg (1992) et de Socarides

(1988) voulant que la majorité des individus manifestant des conduites d'abus présente une

organisation limite de la personnalité, particulièrement limite de bas niveau, tout en ne se

limitant pas à cette organisation de la personnalité. Les analyses indiquent également

qu'aucun individu ne présente une organisation psychotique de la personnalité. Il est

toutefois important de noter que les cliniques ou s'est effectuée la collecte des données

excluent de leur programme ce type de clientèle, ce qui a pu évidemment provoquer cette

dernière observation.

Ces résultats sont d'un intérêt théorique et clinique considérable. lusqu'ici, les seules

études ayant porté sur le caractère hétérogène de cette population étaient de nature

descriptive. Elles arrivaient à Ia conciusion que l'on ne pouvait prétendre à une homoghéité,

sans toutefois étayer Ies fondements théoriques des différences observées WcKibben, 1993).

Les présents résultats ont donc un impact théorique majeur car ils fournissent un appui

empirique permettant d'enrichir notre conception et notre compréhension de la diversité des

processus psychologiques sous-jacent à ce trouble. Ils mettent en évidence le fait que, bien
57

que présentant un même symptôme, l'univers psychologique dans lequel s'inscrit celui-ci

peut grandement différer d'un individu à l'autre. Finalement, ces résultats permettent de

comprendre un peu mieux en quoi ces individus différent les uns des autres, ouvrant ainsi la

voie au développement de modalités de traitements mieux adaptées à leur problématique

spécifique.

À l'heure actuelle, les traitements offerts ne tiennent pas compte de cette diversité,

appliquant les mêmes modalités de traitement à l'ensemble de ces individus. Or, Kernberg

mentionne bien la nécessité d'adapter la nature de l'intervention au type d'organisation de la

personnalité qui sous-tend le symptôme. Selon lui, le succès d'un traitement est directement

lié à sa spécificité en regard à l'organisation de personnalité. Ceci revient donc à dire que

l'on devrait traiter d'abord la pathologie de la personnalité et non le symptôme. Il ne faut

donc pas s'étonner que plusieurs individus demeurent imperméables aux traitements uniques

présentement offerts (Aubut et ai., 1993). Considérant ceci, les résultats de la présente étude

montrent bien l'urgence d'adapter les modalités thérapeutiques actuelles.

De plus, il est possible que la proportion plus grande d'individus présentant une

organisation limite de la personnalité s'explique par un biais théorique chez les juges. Bien

que le PODF démontrent une bonne fidélité entre ceux-ci, il n'est pas exclu que leur

conception, selon Laquelle la pédophilie est davantage liée à une organisation limite de la

personnalité, ait pu augmenter artificiellement la proportion de ce diagnostic. En effet, bien

qu'il était diEcile de faire autrement, les juges qui effectuaient la cotation du PODF

pouvaient connaître à quelle population les sujets appartenaient à partir du contenu des récits

et des descriptions. Ceci peut entre autres s'expliquer par le fait que la majorité des sujets

parlaient spontanément et parfois biens volontiers de leur perversion. De ce fait, la cotation

de certains items, dont celui du diagnostic structural de la personnalité, a pu être infiuencée

par le fait que le sujet présente des conduites pédophiliques. Par conséquent, ce biais
58

théorique et le fait de connaître le groupe auquel le sujet appartient constitue une faiblesse de

l'étude,

Il est possible que les proportions ici observées (celles des individus présentant une

organisation de la personnalité névrotique, limite de haut niveau et limite de bas niveau)

soient assez différentes de celles que l'on pourrait observer dans la réalité. En fait, plusieurs

facteurs liés à la procédure ont pu influencer le nombre d'individus retrouvés à l'intérieur de

celles-ci. D'abord, l'échantillon de cette étude comporte seulement des individus judiciarisés.

Ceci a pu augmenter la proportion d'individus présentant une grave pathologie de la

personnalité, limitant le nombre d'individus pouvant présenter une organisation de la

personnalité moins pathologique, c'est-à-dire névrotique, qui eux devraient théoriquement être

en mesure d'échapper à la judiciarisation. De plus, comme mentionné plutôt, il est probable

que le choix des milieux cliniques explique le fait qu'aucun individu présentant une

organisation psychotique de la personnalité se retrouve à l'intérieur de l'échantillon utilisée

l'étude. En effet, le trouble psychotique décompensé est un critère d'exclusion pour ces

institutions, un individu qui présente ce trouble est dirigé vers d'autres ressources mieux

adaptés à la nature de ses difficultés.

Bien qu'il est difficile, sinon impossible, d'obtenir un portrait exact d'individus

présentant une pédophilie (parce qu'iis cachent et nient souvent leur difficultés), il serait tout

de même intéressant, dans le cadre de recherches ultérieures, d'effectuer la cueillette de

domees dans divers milieux (comme des cliniques privées, des centres pour psychotiques,

des départements de psychiatrie, etc.). Par conséquent, ces recherches ne se limiteraient pas

qu'à une population judiciarisée, évitant ainsi une sous estimation de la proportion d'individus

présentant une organisation névrotique et psychotique de la personnalité.


5.2 Différences en ce qui a trait aux relations d'obiet

5-2.1Les re~résentationsd'objet

Le second objectif de cette étude consistait à vérifier s'il existe une différence entre les

relations d'objet de sujets présentant une problématique pédophilique et de sujets ne

présentant cette pathologie. Plus précisément, elle consistait à vérifier l'hypothèse selon

laquelle la pédophilie est liée a des représentations d'objet et représentations de soi plus

primitives et plus détériorées.

Pour ce qui est des représentations d'objet, les analyses démontrent l'existence d'une

différence significative entre les individus présentant une pédophilie et le groupe de

comparaison et ce, pour l'ensemble des dimensions de I'ORI. Les analyses univariées

ultérieures indiquent qu'il existe une différence significative entre les deux groupes seulement

en ce qui concerne la dimension "Niveau conceptuel". II apparaît que les individus qui

présentent une pédophilie ont un Niveau conceptuel moyen significativement plus faible que

celui des individus ne présentant pas de pédophilie. De ces analyses, il est donc possible de

conclure, comme le suggère l'hypothèse de recherche, que les individus présentant une

pédophilie ont des représentations d'objet plus primitives et détériorées que les individus ne

présentant pas de conduites pédophiiiques. Cette étude voulait aussi vérifier si les

représentations d'objet différent chez des individus présentant une organisation de la

personrialité différente. Les résultats nous indiquent I'existence d'une différence significative

entre les représentations d'objet des individus présentant une organisation limite de haut

niveau et celles des individus présentant une organisation limite de bas niveau. Cette

différence s'observe à travers les dimensions "Niveau conceptuel" et "degré d'Ambivalence"

où les individus présentant une organisation limite de haut niveau ont un "Niveau conceptuel"

et "degré d'Ambivalence" moyens plus élevés que ceux des individus présentant une

organisation limite de bas niveau. Ces résultats confirment ainsi l'hypothèse selon laquelle
60

les relations d'objets sont de plus en plus primitives moins les organisations de la personnalité

sont matures (Kemberg, 1996;Pelletier, 1999).

Ces résultats sont également d'un intérêt théorique et clinique considérable. On dénote

un effort certain dans la littérature scientifique afin d'expliquer l'étiologie et l'origine aes

conduites pédophiliques. Cependant, les modèles théoriques actuels (entre autre Barlow &

Abel, 1976;Donnerstein, 1984; Malamuth, 1984; Malamuth & Brière, 1986; Marshall, Earis,

Segai& Darke, 1983; Murrin & Laws, 1990; Russell, 1988) échouent dans l'identification de

processus psychoIogiques spécifiques permettant de différencier.les individus présentant des

conduites d'abus de ceux ne présentant pas de tels comportements. L'observation, pour des

individus présentant une même organisation de la personnalité, d'une différence quant au

niveau des représentations d'objet permet une plus grande compréhension des dimensions

psychologiques impliquées dans les conduites pédophiliques. Effectivement, cette étude

confirme empiriquement l'idée de Kemberg (1992) selon laquelle les relations d'objet est une

dimension de la personnalité qui joue un rôle important dans l'origine de ce trouble. De plus,

les résultats de cette étude ouvre la voie au développement des modalités de traitement plus

efficaces, entre autre en ciblant davantage les relations d'objet comme étant un processus

psychologique impliqué dans les conduites pédophiliques et dans le risque de récidive.

Étant donné la nature exploratoire de cette étude, il serait pertinent lors d'études

futures de réaliser des analyses plus précises permettant de cerner davantage les enjeux

objectaux typiques des individus présentant une pédophilie. Ceci permettra d'améliorer notre

compréhension des processus psychologiques impliqué dans les comportements

pédophiliques et par conséquent, d'améliorer Ies programmes de traitement offerts.

De plus, les résultats voulant qu'une différence existe entre les représentations d'objet

des individus présentant une organisation limite de haut et de bas niveau fournissent un appui

empirique à la thèse de Kemberg (1984) laquelle considère les représentations mentales


61

intériorisées en bas âge comme jouant un rôle primordial dans l'organisation de la

personnalité. Cette observation fournit également un appui empirique à l'idée de Kemberg

voulant que les différentes organisations de la personnalité s'accompagnent de représentations

d'objet variant en maturité. Ainsi, il est possible d'affirmer que les représentations d'objets

sont de bons indices de la gravité de la pathologie de la personnalité (Pelletier, 1993).

Cependant, les résultats concernant le "Facteur bienveillance" soulèvent des

interrogations. En effet, les résultats de cette étude démontrent qu'il existe aucune différence

quant au niveau de bienveillance des sujets et ce, autant pour les variables indépendantes

"Appartenance aux groupes", "Organisation dr la personnalité" que pour leur interaction. Ces

résultats vont à l'encontre du modèle de Kernberg (1984, 1992) lequel suggère que plus les

relations d'objet sont primitives, plus elles sont teintées d'agressivité et de malveillance. Il

serait donc intéressant de se pencher sur la question lors d'études ultérieures afin d'apporter

davantage de lumière sur ces résultats pour le moins surprenants.

Différents biais pouvant être survenus lors de la réalisation de cette étude pourraient

nous amener à nuancer l'interprétation des résultats obtenus. Parmi ceux-ci, la différence

observée entre les groupes en ce qui concerne les dimensions "Niveau Conceptuel" peut

s'expliquer par les attentes des juges en regard de I'obtention de tels résultats. Bien que ceux-

ci ne connaissaient pas le groupe auquel le sujet dont ils cotaient la description appartenait, le

contenu celle-ci pouvait parfois leur permettre de Pinférer. Par conséquent, bien que la

fidélité intejuges soit jugée très bonne et que le niveau d'inférence soit très bas pour

l'ensemble des dimensions de I'ORI, l'attente des juges aurait pu faire en sorte que, dans

quelque cas, ils cotent à la baisse ou à la hausse les descriptions des sujets selon leur

appartenance aux groupes.

Enfin, cette étude traitait seulement des différences observées au sujet des individus

présentant une organisation limite de la personnalité. Il serait donc intéressant, lors de


recherches futures, d'inclure dans les analyses une comparaison des relations d'objet

d'individus présentant une organisation névrotique de la personnalité. Les résultats ainsi

obtenus permettraient d'étendre ceux observés dans la présente étude à l'ensembles des

organisation de la personnalité.

5.2.2 Les re~résentationsde soi

En ce qui concerne les représentations de soi, les analyses indiquent qu'il

n'existe aucune différence significative entre les deux groupes et aucune dinérence

significative entre les organisations limite de haut et de bas niveau. Ces résultats infirment

donc l'hypothèse voulant qu'il existe une difference entre les représentations de soi des sujets

présentant des conduites pédophiliques et celles des sujets composant le groupe de

comparaison. Ces résultats infirment également Phypothèse selon laquelie une différence

entre les représentations de soi des individus présentant une organisation limite de haut

niveau et celles des individus présentant une organisation limite de bas niveau soit attendue.

Ces résultats soulèvent des interrogations. D'une part, les descriptions de soi des

sujets présentant des conduites pédophiliques portent souvent sur leurs préoccupations, leurs

sentiments, leurs pensées internes et leur anxiété en lien avec leur pathologie. Par

conséquent, ces sujets présentent une cote élevée pour la dimension Niveau conceptuel ne

permettant pas de les distinguer, quant à leur représentation de soi, des sujets ne présentant

pas de conduites pédophiliques. D'autre part, l'absence de différence entre les groupes et les

organisations de la personnalité peut s'expliquer par un manque de puissance statistique. Il

est donc possible de présumer qu'une différence entre les groupes et les organisations de la

personnalité pourrait être observée simplement en augmentant le nombre de sujets a

l'intérieur des groupes a l'étude. C'est pourquoi il serait intéressant, à l'intérieur de

recherches fritures, d'augmenter le nombre de sujets dans les groupes afin de vérifier si une

différence significative quant aux représentations de soi pourrait être observée. De plus, il
63

pourrait être également intéressant d'augmenter la sensibilité des instruments utilisés afui de

s'assurer de la justesse de la mesure des représentations de soi et par conséquent, des

résultats.
64

Conclusion générale

A l'heure actuelle, bien que l'on reconnaît que le concept de relation d'objet est central
dans le développement de pathologie telle la pédophilie, aucune recherche n'a, à notre

connaissance, portée sur le sujet. Cette étude avait pour but général d'examiner la relation qui

existe entre l'organisation de la personnalité, son fonctionnement psychologique et les

comportements de nature pédophilique. Plus précisément, cette étude visait d'abord de

vérifier la thèse de Kernberg (1992) et de Socarides (1 988) selon laquelle les individus

présentant une pédophilie constitue une groupe hétérogène. C o b é e par les résultats de

cette étude, cette assomption ofEe ainsi un appui empirique au modèle théorique proposé par

ces auteurs. D'autre part, cette étude se voulait une confirmation empirique de la proposition

selon laquelle les relations d'objet sont plus primitives et détériorées chez les individus

présentant des conduites pédophiliques. Cetîe proposition fut confirmée partiellement par les

résultats, seules les représentations d'objet étant plus primitives et détériorées telles

qu'indiquées par des différences en regard de la dimension "Niveau conceptuel".

Les résultats de cette étude nous permet donc de conclure en I'existence d'un lien entre

les organisations de la personnalité, les relations d'objet et les comportements pédophiliques.

Toutefois, cette recherche fait office de pionnière en cette matière. Il serait donc intéressant,

lors de recherches uitérieures, d'étudier davantage les Iiens existant entre les différentes

organisations de la personnalité, les relations d'objet y étant associées et la nature des

comportements pédophiliques. Il serait également intéressant d'effectuer des analyses plus

précises afin de mieux comprendre les particularités des relations d'objet des individus

présentant une problématique pédophilique. De telles études seraient non seulement utiles

mais nécessaires à I'arnéiioration des modèles théoriques existants et à l'amélioration des

modalités de traitements déjà offertes.


Tableaux
Tableau I

Résultats de l'entente interiuges pour les items du PODF (n= 30 suiets du eroupe de

Items kappa de Cohen

1. Diffusion de l'identité / Intégration de l'identité


1.1 Expérience subjective de vide
1.2 Perceptions de soi et des autres contradictoires
1-3 Comportements contradictoires
1.4 Perceptions appauvries des autres

2, Niveau des mécanismes de défense


2.1 Clivage
2-2 Idéalisation primitive
2.3 Identification projective
2.4 Déni
2.5 Omnipotence
2.6 Dévalorisation
2.7 Contrôle omnipotent
3. Contact avec la réalité
3.1 Manque de différenciation entre soi et les autres
3 -2Manque de différenciation entre le contenu intra-
psychique et les stimuli externes (hallucinations ou
délires)
3 -3Incapacité à évaluer ses propres émotions, conduites
et pensées de façon réaliste en fonctions des normes
sociales
3.4 Présence d'émotions, de pensées ou de conduites
fianchement inappropriées ou bizarres
4. Qualité des relations d'objet
5. Diagnostic
Résultats de I'entente interiunes pour les items du PODF (n= 15 suiets présentant une

pédo~hilie)

Items kappa de Cohen

1. Diffision de l'identité / Intégration de l'identité


1.1 Expérience subjective de vide
1.2 Perceptions de soi et des autres contradictoires
1-3 Comportements contradictoires
1.4 Perceptions appauvries des autres

2. Niveau des mécanismes de défense


2.1 Clivage
2.2 Idéalisation primitive
2.3 Identification projective
2.4 Déni
2.5 Omnipotence
2.6 Dévaiorisation
2.7 Contrôle omnipotent
3. Contact avec la réalité
3.1 Manque de différenciation entre soi et les autres
3.2 Manque de différenciation entre le contenu intra-
psychique et les stimuli externes (hallucinations ou
délires)
3 - 3 Incapacité à évaluer ses propres émotions, conduites
et pensées de façon réaliste en fonctions des nonnes
sociales
3.4 Présence d'émotions, de pensées ou de conduites
fianchement inappropriées ou bizarres
4. Qualité des relations d'objet
5 . Diagnostic
Indices d'entente et de fidélité interiuges pour fa cotation des dimensions de I'ORI

(n=45 descriptions)

Dimension kappa de Cohen % accord ICC


Affèction (AFF) -72 -92 -50

Ambition (AMB) -33 -79 -40

Bienveillance (BNV)

Chaleur-Froideur (CHA)

Qualité de l'investissement 0

Intérêt intellectuel (INT)

Propension à la critique (CRI)

Idéal positif-négatif @DL)


Capacité matemante (MAT)

Malfaisance (MAL)

Réussite (RST)

Faiblesse-force (FOR)

Ambivalence (AMBI)

Niveau conceptuel (NC) .56


Tableau 4

Indices d'entente et de fidélité intexjuges Dour la cotation des dimensions de 1'ASD (n = 15

descriutions)
- - - - -

Dimension kappa de Cohen % accord ICC

Qualité relationnelle (QR) -- .93 -64

Détermination-ambition (DA) -44 .73 -81

Niveau relationnel (NR) -- -93 .38

Tendance prédominante (TP) -47 -73 -51

Mode prédominant (MP) .14 -40 -47

Substantialité (SUB) .77

Niveau conceptuel (NC) .65

Articulation des relations (AR) -76

Relation à l'examinateur (RE) .77

Introspection (INSP) -32

Tolérance à la contradiction (TC) .29


Différenciation-intégration (DI) -81

Auto-appréciation (APP) -79


Auto-critique (CRI) .5 1

Auto-définition (DEF) -69

Intégrité W G ) -67
Tableau 5

Oreanisation de la oersonnalité et propnion (N=44)

Organisation de la personnalité Proportion -z E

Névrotique

Limite

Haut niveau

Bas niveau 43% 18.21 <.O000 1


Tableau 6

Corrélation entre les variables dépendantes de I'ORI


- - - - - - .

Niveau conceptuel Ambivalence Facteur bienveillance

Niveau conceptuel

Ambivalence

Facteur bienveillance -.36 -.12 -


Tableau 7

Statistiques du MANOVA sur les variables dépendantes "Niveauconceptuel". "Ambivalence"

et "Facteurbienveillance" de I'ORI

Variables indépendantes Lamda de -


F -
dl num dl dén
- B

WiIk

Appartenance aux groupes

Organisation de personnalité

interaction
Tableau 8

Résultats des tests univariés (ANOVAs) oour les variables indépendantes "Appartenanceaux

et "Oreanisationde Ia personnalité"
grou~es"

Variables indépendantes Variables

dépendantes

Appartenance aux groupes Niveau conceptuel

Ambivalence

Facteur bienveillance

Organisation de la personnalité Niveau conceptuel

Arnbivalence

Facteur bienveillance
Tableau 9

Statistiques de L'ANOVA sur Ies variables dépendantes de I'ASD

Variables indépendantes Lamda de -


di nurn -
dl dén P

Wilk

Appartenance aux groupes

Organisation de la personnalité

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Annexe A

Feuille de cotation du SCID I


Laboratoire de recherches sur Ia persornialité et la psychopathologie
École de psychologie. Université Laval (mvembre 1994)

Feuille réponse pour entrevue

Sujet: Date:

Examinateur:

1. Dépression meure 4. Attaques de panique 10. Psychasomatique


1. Oui Non ? 30. Oui Non ? 49. Oui Non ?
~éprime 31. Oui Non ? 50. Oui Non ?
2. Oui Non ? 51. hi Non ?
3. Oui Non ? 32. Oui Non ? 52. Oui Non ?
4. Oui Non ? 33. Oui Non ?
5. Oui Non ? 11. Anorexie
Perte d'intérêt
5. Phobies 53. Chxi Non ?
6. Oui Non 34. Oui Non 54. Oui Non ?
7. Oui Non
35. Oui Non
8- Oui Non
36. Oui Non 12. Boulimie
9. Oui Non
55. Oui Non ?
10. Oui Ncn ?
56. Oui Non ?
11. Oui Non ?
6. Obsession-compulsion
37. Oui Non ? 13. Psychose
2. Dépression chronique ou
38. Oui Non ? 57. Oui Non ?
dysthymie
58. Oui Non ?
12. Oui Non ? 7. Anxiété généralisée 59. Oui Non ?
13- Oui Non ?
39. Oui Non ? 60. Oui Non ?
14- Oui Non ?
40. Oui Non ? 61. Oui Non ?
15. Oui Non ?
41. Oui Non ? 62. Oui Non ?
16- Oui Non ?
42. Oui Non ? 63. Oui Non ?
17. Oui Non ?
64. Oui Non ?
18. Oui Non ?
8. Dépendance à l'alcool 65. Oui Non ?
19. Oui Non ?
43. Oui Non ? 66. Oui Non ?
30. Oui Non ? 43. 07. Oui Non ?
44. Oui Non ? 68. Oui Non ?
3. Épisodes antérieurs de
45. C h i Non ? 69. Oui Non ?
dépression mqjeure, dysthymie et
70. Oui Non ?
cyclothymie
9. Dépendance aux drogues
21. Oui Non
46. Oui Non ? 14. Troubles de l'adaptation
22. Oui Non 47. Ouï Non ?
23. Oui Non
48. Oui Non ?
24. Oui Non
25. Oui Non ?
15. Troubles sexuels
26. Oui Non ?
27. Oui Non ?
28. Oui Non ?
29. Oui Non ?
Annexe B

Feuille de cotation du SCm II


SCID-II
Traduit par le Laboratoire de Recherches sur la Persomalité et la Psychopathologie
&le de psychologie, Université Lavai

FEUILLE DE COTATION

CODE: Recueilli par: Date:

Question 1-
Question 2.
Question 3. Questioos 36,37.
Question 4. Questions 38,39.
Question 5. Question 40.
Question 6. Question 4 1.
Question 7, Questions 42,43.
Personnidité Évitante Question 44.
(au moins 4 critères) Question 45.
Questions 46,47.
Question 8. ?I23 Penonnaiité défiiitiste
Question 9. ?123 (au moins 5 critèms)
Question 10. ? 123
Question 11. ?123 Question 48
Question 12, ?123 Question 49.
Question 13. ?123 Question 50.
Question 14- ?123 Question 51.
Question 15. ?123 Question 52.
Critère no 9 Question 53.
(question no 1) ?123 Questions 54,55.
Personnaiité Dépendsinte Personnalité paranoide
(au moins 5 critéres) 123 (au moins 4 critères)

Question 16. ?I23 Questions 56,57.


Question 17. ?123 Question 58.
Questions 18,19. ?123 Questions 59,60,6 1
Question 20. ? 123 Quedons62,63,64.
Question 2 1. ?123 Critère (5)
Questions 22,23. ?123 Critère (6)
Question 24. ?123 Critère (7)
Question 25. ?123 Critkre (5)
Question 26. ? 123 Critère (9)
Pers. obsessivcxompulsive Pers. schizotypique
(au moins 5 critères) 123 (au moins 5 critères)

Question 27. ?123 Question 65.


Question 28. ?123 Question 66.
Question 29. ? 123 Question 67.
Question 30. ?123 Question 68.
Question 3 1. ?123 Question 69.
Question 32. ? 123 Critère (6)
Question 33. ?123 Critére (7)
Question 34. 1123 Personnaiité schizo'ide
Question 35. ?123 (au moins 5 critins)
Pers. passive-agressive
(au moins 5 critères) 123
87
Code: Page 2

Question 70.
Question 7 1.
Question 72. Avant l'âge de 15 ans:
Question 73. Question 99. ?123
Question 74. Question 100- ?I23
Critère no 6 Question 1O1- ?123
Question 75. Question 102- ?I23
Critère no 8 Question 103. ? 123
Pets.histrionique Question 104. ?223
(au moins 4 critères) Question 105- ?123
Question 106. ?123
Question 76. Question 107. ?123
Questions 77,78 Question 108. ?123
Questions 79,80 Question 109. ?123
Question 8 1. Question 110. ?123
Question 82. Si moins de 3 critères, fm
Question 83 de l'entrevue
Question 84.
Question 85. Depuis l'âge de 15 ans:
Question 86. Cntére 1. ?123
Pers. narcissique Critère 2. ?123
(au moins 5 critères) Critère 3. ?123
Critère 4. ?123
Question 87. Critère S. ?123
Question 88. Critère 6. ?123
Question 89. Critère 7. ?123
Question 90,9 1. Critère 8. ?I23
Question 92. Critère 9. ?123
Q.93,94,95,96 Critère 10- ?123
Question 97.
Question 98.
Pers. état-limite Personnalité anti-sociale (critère A plus 3
(au moins 5 critères) critères avant 15 ans plus 4 critèm depuis 18
ans)
13

Trouble de personnalité non-spécifié 13

Sommaire:
Annexe C

Manuel de cotation de L'OR1


DESCRIPTIONS DES PARENTS ET PERSONNES IMPORTANTES'

B. Cotation des attnbuts quaiitatifs de l'individu

Dans chaque description, on évalue sur une échelle en sept points dans quelle mesure douze
caractéristiques sont attribuées à la personne décrite. L'examinateur se sert de son jugement
pour coter la façon dont le suiet percoit la personne qu'elle décrit en regard de cha~ue
caractéristique. La cote 9 est attribuée lorsqu'un attribut ne s'applique pas, ou lorsqu'il est
impossible de prendre une décision quant à un attribut.

Affection : peu affectueux (1) --> très atfectuewr (7)

Qui démontre ouvertement de l'affection ou de la sollicitude; qui manifeste activement son


affection.
A différencier de l'attribut # 4 (chaleur) : une personne peut être chaleureuse sans
nécessairement donner des preuves manifestes et démonstratives d'affection.

Ambition: relativement peu ambitieux et déterminé


(«driving») (1) --> très ambitieux et déterminé (~{drivingn),
pour soi et/ou pour les autres (7)

Cet attribut reflète les aspirations ou le désir d'accomplissement de la personne décrite dans
des domaines fonctionnels (fùnctionar)ou professionnels. L'ambition est définie comme un

'ce texte représente la traduction des pages 9 a 18 du document intitulé The Assessrnent of Qualitative and Stmctural
Dimensions of Object Representations, de S. J. Blatt et al., édition révisée, mai 1992.
désir impérieux d'atteindre un but particulier - qui souhaite, qui est motivé, qui exerce une
pression sur soi ou sur les autres.

3. Malveillancebienveillance : malveillant (1) -> bienveillant (7)

Une personne «malveillante» éprouve une animosité marquée, du dépit ou de la haine, ou


exprime ces sentiments. Une personne «bienveillante» fait naturellement du bien, manifeste
de la bonne volonté, ou exprime ces dispositions. L'évaluation de cet attribut doit être
envisagée comme reflétant globalement la façon dont te sujet perçoit les intentions de la
personne décnte envers les autres ou de son influence sur autrui. Par exemple, une personne
que l'on considère comme surprotectrice ou trop affectueuse, c'est-à-dire dont le style pourrait
être qualifié d'cétouffanm, ne serait pas nécessairement considérée comme bienveillante.
Cette dimension doit refléter l'évaluation générale de I'influence (négative ou positive)
qu'exerce la personne décnte sur autrui.

Chaleur-froideur : fioid (1) -> chaleureux (7)

Chaleureux : qui a des sentiments chaleureux envers les autres; les autres se sentent
réellemefit aimés par une personne qualifiée de chaleureuse, peu importe la façon dont elle
leur communique ce sentiment. Une personne «foide» ne fait pas preuve de sentiments
chaleureux, elle est impersonnelle, ne laisse pas transparaître d'émotions dans ses contacts
avec autrui.

5. Oualité de l'investissement :
désintérêt ou investissement destructif, envahissant (1) --> investissement positif et
constructif, qui encourage l'autonomie et l'individualité (7j
L'extrémité négative de cette échelle indique un comportement distant, réservé, lointain, ou au
contraire un investissement exagéré se traduisant par une attitude enveloppante, encombrante,
surprotectrice qui fait que les autres se sentent soit ignorés, soit envahis. L'extrémité positive
de l'écheile indique un investissement constructif et un intérêt qui respecte l'expression de
l'individualité d'autrui-

6. Intérêt intellectuel : pas du tout intellectuel (1) -> très intellectuel (7)

Une personne «intellectuelle» aime Ies études, la réflexion et la pensée abstraite; elle est
intéressée au monde des idées et utilise son intelligence de façon créative. Elle est capable de
penser de façon rationnelle et intelligente en démontrant de l'intérêt pour les questions
complexes et les significations.

7. Pro~ensionà la critiaue (judgmental) : pas du tout critique (1) --> très critique (7)

La notion d'esprit critique est opposée à l'acceptation et à la tolérance. Une personne


«critique» fonctionne selon des standards personnels excessivement élevés au sujet desquels
elle est inflexible, ce qui fait que les autres se sentent inférieurs par rapport à elle.

8. Rôle d'idéal né~atif-riositif: idéal négatif (1) -> idéal positif (7)

Pour coter cet attribut, l'examinateur doit évaluer dans quelle mesure le sujet semble
s'identifier avec la personne décrite et/ou dans quelle mesure il désirerait être comme cette
personne; en d'autres termes, il s'agit de coter le degré d'admiration du sujet pour les qualités
personnelles de la personne décrite.
: peu maternant (1) --> très maternant (7)
Ca~acitématemante (m?-iz~rant)

Une personne «matemante» prodigue soins et attention; cette notion s'oppose à une attitude
exigeante envers autrui ou qui ne vise qu'à satisfaire ses propres besoins. Or. peut définir la
«capacité matemante» comme une façon positive de donner, sans rien attendre en retour.

10. D e r é de malfaisance (punitive):pas du tout maifaisant (1) --> très malfaisant (7)

La cote doit indiquer dans quelle mesure la personne décrite fait preuve de comportements qui
constituent des abus physiques émotionnels, et dans quelle mesure elle infiige de la
soufEance ou de la douleur,

1 1. Réussite : échec, (ne réussit pas) (1) --> réussite, (a du succès) (7)

Pour attribuer cette cote, l'examinateur doit évaluer dans quelle mesure le sujet considère que
la personne décrite a du succès par rapport à ses propres aspirations. On ne doit pas se limiter
a une évaluation conventionnelle du succès de la personne, comme par exemple en fonction
de sa richesse, de son pouvoir, de sa réputation ou de sa position. Par exemple, la description
d'une personne qui occupe un poste de direction dans un établissement bancaire mais qui a un
problème de boisson recevrait une cote inférieure à celle d'une personne qui demeure à la
maison mais qui fonctiome bien dans le style de vie qu'elle a choisi et qui en retire beaucoup
de satisfaction. Par ailleurs, une personne qui demeure à la maison et une personne qui
occupe un poste de direction dans un établissement bancaire se verront attribuer des cotes
égales si elles sont également compétentes et efficaces dans leurs rôles respectifs. En d'autres
termes, les cotes doivent refléter davantage que les notions de succès et d'échec professionnels
telles qu'elles sont conventionnellement admises. L'attribution d'une cote indiquant le succès
devrait indiquer que le sujet a l'impression que la personne décrite est satisfaite de ses
réalisations.
12. Force : emêmement faible (1) -> extrêmement fort 7)

L'évaluation de cet attribut ne porte pas nécessairement sur la force physique, elle doit être
basée sur l'efficacité ou le bon fonctionnement (notions opposées à celles de faiblesse, de
mollesse) de la personne décrite, sur sa solidité, sa capacité de résistance ou d'endurance.
Une personne «forte» possède un sentiment d'identité personnelle suEsamment stable pour
être vue comme quelqu'un de ferme, de solide.
C. COTATION D'AUTRES ÉLÉMENTS DE LA DESCRIPTION

1. m é d'ambivalence

Indication de la mesure dans laquelle le sujet exprime de l'ambivalence ou des sentiments


conflictuels à l'égard de la personne décrite; la cote reflète la mesure dans laquelle des
sentiments contradictoires sont exprimés au sujet de la personne décrite (par exemple,
amour/haine, aspects négatifdpositifs, rapprochement/éloignement). L'ambivalence est
caractérisée par I'expression de sentiments confùs, instables à l'égard de la personne; les idées
du sujet sont confùses.
(1) = aucune ambivalence; les descriptions sont uniformément
positives ou négatives
(2) = faible ambivalence; les descriptions, tout en étant principalement
positives ou négatives, laissent transparaître quelques indices de la
tendance opposée. Par exemple, une description peut être
principalement négative mais laisser transparaître I'expression d'un
désir pour des caractéristiques positives de la personne décrite ou
quelques indices en ce sens.
(3) = ambivaience modérée
(4) = ambivalence marquée
(5)= ambivalence extrême

Note : La présence de conjonctions comme «mais» ou «quoique», de même que de


qualificatifs peuvent être des indices d'ambivalence.
Remarque : Toutes les données fournies dans le présent manuel au sujet du degré
d'ambivalence ont été cotées sur une échelle en trois points. Par la
suite, les auteurs ont constaté que Ia fidélité de la cotation de cet
élément pouvait être nettement améliorée par l'utilisation d'une échelle
en cinq points.
Estimation du nombre de mots utilisés dans la description, basée sur le nombre de lignes de
cette dernière.
Remarque : dans les descriptions écrites, les cotes doivent être ajustées en fonction de la taille
de l'écriture du sujet ou de son style si le nombre de mots par ligne de sa description est
inférieur ou supérieur à la norme.
D. COTATION DU NIVEAU CONCEPTUEL

Cinq niveaux de représentation d'objet sont définis selon les concepts de la psychologie du
développement dérivés de Piaget, de Werner et de la théorie psychanalytique du
développement. Ces niveaux conceptuels sont cotés de la façon suivante :

1. Niveau sensorimoteur-préopérationmi : (cote 1)

La personne est décrite principalement en fonction de son activité, par rapport à la


gratification ou à la hstration qu'elle procure (au sujet). La description met l'accent
sur la personne en tant qu'agent occasionnant soit du plaisir, soit de la souffrance au
sujet, le faisant se sentir bien ou mal. La description a un accent personnel, subjectif,
et la personne est décrite principalement en fonction de la satisfaction ou du
désappointement qu'elle procure au sujet. L'existence propre de la personne en tant
qu'entité indépendante, séparée, est peu ressentie ou définie. La description est centrée
sur la valeur directe que représente la personne pour le sujet.

Exemple de descri~tionde ce niveau : Elle m'en veut pour ce que j'd fait. Elle dit
qu'elle m 'aime. maisje ne la croispas. Elle rn 'a menti parce queje lui ai menti.

2. Niveau concret-percephiel : (cote 3)

La personne est décrite en tant qu'entité séparée, mais ia description est faite de façon
littérale, utilise des termes concrets. Elle porte souvent sur des attributs physiques de
la personne. La description est littérale, globale et concrète. L'accent est souvent mis
sur l'apparence externe de la personne ou sur ses attributs physiques, qui sont décrits
de façon littérale, concrète.
Exern~lesde description de ce niveau : Elle mesure 5 pieds 8 pouces et a les cheveux
bruns, fBïés; elle commence à grisonner et à avoir des rides- Ses lunettes lui tombent
continueIIement sur le bout du nez. Elle porte habituellement des robes et a des pie&
bizarres. Je ne sais pas, ses piedr ont quelque chose de bizarre.

Elle est très attrayante; elle porte des vêtements chics- Ses cheveux sont châtains,
mais ont sut-smment de reflets plus pâles pour que sa chevelure ressemble à de
l'écaille de torr~e.

3. Niveau iconique
a. iconique externe r (5)

La description met l'accent sur des caractéristiques partielles de la personne qui ont
trait a ses activités, mais, contrairement au niveau sensonmoteur-préopérationnel, les
activités et les fonctions sont décrites uniquement par rapport à la personne décrite et
ne font que peu ou pas référence explicitement a la gratification ou à la frustration
qu'en retire le sujet. L'accent est plut& mis sur la personne en tant qu'entité séparée et
porte sur ses activités et ses qualités personnelles.

Exemdes de description de ce niveau : Elle est jeune, attirante; elle est du genre
chaleureux, quiparle beaucoup. Eiie compte beaucoup sur mon père, mais sanr y être
accrochée. Ma mère essaie de régler les chicanes; elle a un comportement trés
enjoué. Elle aime bien prendre un I f é avec ses amis.

II travaille, va voir des qectacles & ballet, lit lejournal, écoute de la musique.

b. iconique interne : (7)

La description met l'accent sur des caractéristiques partielles de Ia personne qui ont
trait à ses pensées, ses sentiments, ses valeurs, etc., plutôt que sur ses activités. La
description porte sur des dimensions internes. Il est important de noter que plusieurs
des adjectifs utilisés dans les descriptions se rapportent à des comportements et
doivent donc recevoir une cote de 5 et non de 7. Une personne décrite comme étant
joyeuse, espiègle et sociale a été perçue au niveau de ses comportements par le sujet;
une telle description e n donc de niveau iconique externe (cote 5). La cote 7 (niveau
iconique interne) est réservée aux descriptions qui traduisent l'état interne de la
personne de façon à susciter chez le coteur une compréhension empathique de son
expérience de la réalité, comme cela a été le cas chez le sujet.

Exemples de descripion de ce niveau : Elle est professeur, a une bonne éducation.


Elle a beaucoup de bon sens et se préoccupe beaucoup des autres, mais elle s'égare
souvent purce qu'elle est facziement blessée. Elle parse son temps ù aider les autres à
s'aider eux-mêmes et en retire beaucoup alefierlé.
Il commence tout juste à réaliser qu'il n'est pas une personne désagréable. II a de la
dzfimZté à accepter que l'on ne soit pas du même avis que lui Malgré cela, il essaie
trésfort de nous comprendre parce p'il croit en h i t e familiale.

Les descriptions de nivezu iconique externe et interne (cotes 5 et 7) ne portent pas sur des
activités, des sentiments ou des valeurs cornpiexes. Elles font peu de place aux nuances, au
dérouiement dans le temps ou à l'intégration de contradications apparentes. Ii est égaiement
important de noter qu'il est fréquent que les sujets, particulièrement les enfants et les
adolescents, décrivent les traits iconiques d'une personne en les situant par rapport à eux-
mêmes. Cependant, ces traits peuvent être considérés comme de niveau iconique en autant
que la description laisse au lecteur l'impression que la personne a été décrite par le sujet
comme étant séparée et distincte de lui-même.

Voici une façon toute simple, mais néanmoins fort utile de départager les descriptions
de niveaux 3, 5 et 7 :
Niveau 3 : ce que la personne a l'air
Niveau 5 : ce que la personne fait
Niveau 7 :ce que la personne ressent
4. Représentation conceptuelle : (9)

La personne est décrite d'une façon qui intègre plusieurs des niveaux précédents.
L'ensemble de la description montre que le sujet est capable de comprendre et de
percevoir la personne décrite de plusieurs façons, et de la décrire à plusieurs niveaux.
Ses dimensions internes sont reconnues en tant que telles, de même qu'en comparaison
avec ses dimensions externes. La description peut également avoir une dimension
temporelle qui laisse voir une évolution chez la personne. Les différentes dimensions
présentes dans la description sont intégrées et les contradictions apparentes résolues.
La description peut par conséquent paraitre incohérente, comportant des aspects
manifestes et concrets qui peuvent sembler venir en contradiction avec des dimensions
plus internes- Cette apparente contradiction est toutefois résolue dans une synthèse
intégrée, complexe. Les descriptions de ce niveau peuvent comprendre des éléments
portant sur les qualités de la personne qui sont gratifiantes pour le sujet ou sur des
caractéristiques physiques ou fonctionnelles de la personne, mais ces éléments sont
intégrés de façon cohérente dans la description.

Exemples de description de ce niveau : Elle est brillante, u on esprit vif et


indépendant; elle n'hésite pas à exprimer son opinion. Eiie représente une étrange
combinaison :à la fois très émotive et très intellectuelle. Elle est déçue de n'avoir
jamazs fait can-ière, mais elle en est rendue à un point où elle l'a accepté.

Jusqu'à l'année akrnière, c'était un homme sans émotions. C'est un athlète doué qui
est consulfant comrnerciaZ. II s'est réconcilié mec l'univers, car il a fini par déciakr
qu'étant donné qu'il ne pouvait pas changer le monde, il était aussi bien de s'en
contenter. II est très conservateur lorsqu'il s'ogit d'argent, mais cela a t e n h c e a
diminuer à mesure qu'il vieillit. Son esprit conservateur frôle l'exagération, mais il
s'en défend sous le couvert de la rationnalité. II a eu une enfance d@cile et il a du
mal à croire qu'il a acquis une certaine sécurité et qu'il ne risque pas de la voir
disparaiire.

Remarques :
Quand une description comprend des éléments importants appartenant à plusieurs niveaux
différents, attribuer la cote correspondant au niveau de développement le plus élevé. Par
exemple, si une description porte principalement sur les sentiments de la personne et est de
niveau iconique interne (cote 7), cette cote ne doit pas être rabaissée parce que la description
comprend aussi des éléments de niveau infërieur comme par exemple des détails sur
l'apparence de la personne.

Des cotes ayant une valeur paire (2, 4, 6 et 8) se situent entre chacun des niveaux de
développement et devraient être utilisées quand une description ne peut être cotée à un niveau
de développement d o ~ tout
é en se situant au-dessus du niveau de développement précédent.
Il peut arriver qu'une description correspondant majoritairement à un niveau donné renferme
quelques indices d'éléments appartenant à un niveau conceptuel plus élevé. Par exemple, une
description peut majoritairement porter sur l'apparence de la personne, et donc se situer au
niveau concret-perceptuel (cote 3), mais comprendre une remarque, un adjectif ou une phrase
qui fait très brièvement état d'un sentiment éprouvé par la personne (par exemple (<triste»),ce
qui se situe au niveau iconique interne. Dans un tel cas, on attribuera la cote paire située au-
dessus du niveau prédominant dans la description, c'est-à-dire, dans cet exemple, la cote 4.

II peut arriver également qu'une description semble correspondre à un niveau donné sans
toutefois que cette position soit tout à fait assurée. Dans ce cas, on attribuera la cote paire
située au-dessous du niveau prédominant de la description.

Les descriptions de parents fournies par les adolescents contiennent souvent un mélange
d'énoncés de niveau 1 (sensorimoteur) et de niveau 5 (iconique externe) sans comporter
d'éléments de niveau 3 (concret-perceptuel). Il est souvent dificile d'évaluer, panni les
activités du parent, celles que l'adolescent décnt comme étant des caractéristiques propres au
parent en tant que personne séparée, et celles qui relèvent du contexte gratifiant de la relation
parent-enfant. De l'avis des auteurs, ce type de description reflète un conflit développementai
fondamental propre à l'adolescence et qui caractérise particulièrement les descnptions faites
par des sujets de ce groupe d'âge, bien que des gens de tout âge aient produit des descnptions
de ce genre. Pour coter une telle description, déterminer si i'accent est davantage mis sur des
éléments sensonmoteurs (niveau 1) ou iconiques externes (niveau 5 ) . Dans le premier cas,
attribuer la cote de 2 et dans le second, donner la cote 4.
Par exemple, la cote 2 serait donnée à la description suivante :
Ma mère est gentille et attentionnée. Elle me reconduit Ià ou je veux aller et me prête
de l'argent. C'est une bonne mère. Elle fait beaucoup de ménage ù la maison. EIIe
est gentille avec moi et mec monfrére.

Dans l'exemple suivant, la cote 4 serait attribuée :


Amicale, gentille, elle me laissefaire des choses, on a du plaisir ensemble. elle adore
avoir du plaisir, elle est super.
Annexe D

Feuille de cotation de l'ON


FEUILLE DE COTATION
Object Relations lnventoty watt et al., 1992)
Traduit par le Laboratoire de recherche sur la personnalit4 et la psychopathologia
École de psychofogie d e I'Universite Laval. juin 1996

DESCRIPTION DES PERSONNES IMPORTANTES


Sujet no Sexe Mère Père Conjoint(e)

Qualités de la personne (encercler)


Peu beaucoup pas du tout beaucoup
1. Affection 1911 2 3 4 5 6 7 1 7. Propension à
la critique
Peu beaucoup
8. Idéal positif-
2. Ambition 1911 2 3 4 5 6 7 1 négatif
malveillant bienveillant prend donne
9. Capacité
3. Malveillance-
bienveillance
1 9 1 2 3 4 5 6 7 1 maternante 1911 2 3 4 5 6 7 1
froid chaud pas du tout beauoaup
4. Chaleur- 10. Degré de
froideur 1911 2 3 4 5 6 7 1
maifaisance
5. Qualité de
11. Réussite
l'investissement
pas du tout beaucoup faible fort
6.Intérêt
intellectuel
12. Faiblesse-
force
1 9 1 2 3 4 5 6 7 1

Qualités de la description (encercler)


Aucun Modéré Marqué
13. Degré d'ambivalence 1 2 3 4 5

14. Longueur de la description 11 2 3 4 5 6 7 1

15. Niveau conceptuel de la description Scores factoriels et sommaire


(encercler)
items1,3.4.5.8.9.11.12
8 (bienveillance)

Facteur II :
C 1 2 items 7. 10, 13
3 (malfaisance)

1 Iconique externe

Iconique interne
- --
1 5

--

7
C 2-1
Facteur l Il :

Longueur [item 14)


items 2,6
(ambition)

8 Niveau conceptuel [item 151


1 Conceptuel 9
Cote par Date
Annexe E

Manuel de cotation de I'ASD


SUGGESTiONS POUR LA COTATION DES OESCRIPTIONS DE SOI

La feuille de cotation propose i'ordre de cotation des dix-neuf variables qui semble le plus efficace et le plus
logique. Les lignes tracées dans la marge de gauche distinguent des ensembles de variables qui peuvent
ëtre cotées ensemble une fois déterminée la longueur de la description-

1. Trois variables qui réfèrent aux quatre modes de descripb'on :caractéristiques physiques, aspects
comportementaux, traits de personnalité et qualités internes (expliquées sous la variable « Mode
de représentation prédominant»). IIest recommandé de faire d'abord une lecture complète de la
description et d'attribuer une ou plusieurs modalités pour chaque phrase. Par la suite, on cote
chacune des trois variables en fonction des modaiités attribuées.

2. Trois variables qui concernent la mention d'autres personnes dans la description de soi.

3. Trois variables cognitives (attribution basée sur le jugement du coteur).

4. Trois variables basées sur la façon dont le sujet se voit (dérivées du contenu réel de la description;
il ne s'agit pas d'inférences ou d'interprétations de la part du coteur).

5. Quatre variables basées sur les concepts développementaux.

6. Deux variables affectives.

Toutefois, la cotation des variables peut s'effectuer selon tout autre ordonnancement jugé à-propos par le
coteur.

Le coteur doit comprendre les ressemblances et les différences entre les trois variables qui s'appliquent
à l'utilisation des modes de représentation. Le «mode pr6dominantn est le mode le plus fréquent; la
variable «substantialité» réfère au nombre de modes utilisés et le aniveau conceptuel)), qui présuppose une
hiérarchie développementale des dimensions, concerne l'expression du mode de niveau le plus élevé dans
la description.

Le concept de niveau développementalsert dans la cotation de 5 variables : aniveau conceptuel», (miveau


relationnel)), «degré d'auto-définition)) et «intégrité». Ces quatre variables, de même que «la tendance
prédominante : niveau relationnel/auto-définition», sont formulées A partir de conceptions théoriques. Ces
variables sont donc plus complexes conceptuellement que les autres; il est donc important que le coteur
comprenne les théories qui les sous-tendent Cela peut prendre un certain temps pour se familiariser avec
les assomptions et les hypothèses qui sous-tendent ces cinq sous-échelles; on renvoie donc le coteur à
plusieurs articles (Blatt, 1974; Watt et Shichman, 1983; Blatt et Blass, 1990 et Guntnp, 1Ç71) qui font état
des facteurs théoriques qui sont d l'origine de ces sous-échelles.

Pour trois variables («qualité relationnelle)), «rnotivation/ambion» et (miveau relationnel))), fattribution de


la cote de 9 indique l'absence de la dimension dans la description. Aux fins de l'analyse des données, la
cote 9 peut dtre remplacée dans ces cas par la cote moyenne obtenue par le groupe pour chacune des
variables.

Les descriptions de soi peuvent 6tre obtenues des sujets soit par écrit soit oralement, mais ces deux formes
peuvent ne pas &re équivalentes.
DESCRIPTIONS DE SOI'

1. MODES DE DESCRIPTION

A. Mode de remésentation prédominant (~hvsiaue.com~ortement.~ersonnaliité,aualités


internes)

Cette sous-Bchelle indique sur quel mode de représentation l'accent est mis dans la description
de soi. Les modes de représentation sont au nombre de quatre : (1) caractéristiques physiques
ou démographiques (par exemple taille, sexe, lieu de résidence) ; (2) caractéristiques
comporternentafes(activités amquelles s'adonne le sujet, par exemple skier, regarder la téiévision,
parler beaucoup) ;(3) traits de personnalité (par exempie tc Je suis amical n, «Je suis impatient)),
d'ai beaucoup d'amis)), «Jeaiune famille super») et descriptions d'intérêts ou de préférences qui
semblent assez centraux (voir la remarque ci-dessous); et (4) qualités internes (par exemple
valeurs, attitudes, sentiments).

(1) = Caractéristiques physiques


(2) = Traits comportementaux
(3) = Traits de personnalité
(4) = Qualités internes

Remarques : Tous les honcés portant sur des caractéristiques physiques et


démographiques, que ce soit directement (par exemple «Je
pése 140 livres)), «Je suis originaire de New York») ou
indirectement (par exemple <d'aimeraisperdre 5 livres», «Je me

'ce texte représente la traduction des pages 6 à 20 du document intitulé The Assesment of Self Descriptions, de S.J.Rlatt
et al., 1993.
préoccupe de mon apparence)), «Je suis un vrai New-Yorkais)))
appartiennent à la catégorie (1)- Des énoncés indirects portant
sur des caract6ristiques physiques ou démographiques peuvent
également inclure d'autres dimensions (par exemple «Je suis un
vrai New-Yorkais)) ou «J'ai un esprit irlandais»), et relévent alors
des catégories (1) et (3). Les références à des expériences
physiologiques (par exemple ((Parfois mon coeur bat fort et j'ai
les mains moites») sont considérées comme des descriptions
physiques et sont cotées (1). Les descriptions faisant référence
à des maladies physiques (par exemple «Je soufie du diabète»,
«Je fais beaucoup de migraines))) entrent également dans cette
catégorie.

Les aspects comportementaux (cote 2) se réfèrent d ce qu'une personne


fait, alors que les traits de personnalité concernent la façon dont elle se
comporte. Par exemple, les énoncés «Je parle beaucoup avec mes
amis», «Je fais beaucoup de sport» ou «Je vais recevoir mon diplôme en
a&» recevraient fa cote 2, alors qu'on donnerait la cote 3 à ceux-ci :«Je
suis une personne arnicale)) ou «Je suis sportif)). Par ailleurs, l'énoncé
«Je suis un artiste diplamé engagé» serait coté à la fois 2 et 3.
La disünction entre les traits de personnalité (cote 3) et les qualités
internes (cote 4) est basée sur le fait que l'on puisse discerner chez la
personne un sens défini de ses expériences subjectives. Une ((qualité
interne» (cote 4) réfère au monde intérieur de la personne, même si
parfois on peut également déceler des aspects comportementaux ou de
personnaiit& alors que les traits de personnalité (cote 3) ne fournissent
pas d'indices permettant de comprendre l'état interne de la personne.
Souvent, ce sera le contexte ou la façon dont une qualité est décrite qui
permettra de determiner s'il s'agit d'un trait de personnalité ou d'une
qualité interne.

Les énoncés portant sur les intérêts et préférences peuvent être aussi
bien des descriptions concrètes de comportements ou d'activités (cote 2),
comme par exemple (d'aime nager)), «Je suis intéressé par la lecture»,
«J'aime peindre», que des descriptions d'intérêts qui revêtent un aspect
plus global et qui ne sont pas nécessairement exprirn6s par des
agissements (cote 3), par exemple : «J1aimela littérature», «J1aimeles
animaux», «Le Jour de l'An est la f&e que je préfère». 11 peut également
s'agir d'énoncés qui explicitent les valeurs personnellesimportantes pour
le sujet, comme par exemple «Mon sens esthétique est important pour
moi» ou «La littérature est essentielle pour moi en ce qu'elle m'aide à
élargir mes horizons». Les objectifS professionnelsdevront &re cotés (3)
ou (4) selon leur degré d'élaboration ou l'importance que leur accorde
leur sujet.

Chaque phrase de la description, mgme s'il s'agit d'explications ou de


répétitions, doit être cotée. II arrive qu'une description de soi renferme
des énoncés décrivant d'autres personnes; un tel énoncé ne devra être
coté sur la présente échelle que si l'autre personne est ddcrite en relation
avec le sujet lui-même. Lorsque la description est recueillie par un
examinateur, les questions du sujet visant à mieux comprendre la tâche,
de nature impersonnelle, comme «Que voulez-vous dire, des traits
physiques ou ae personnalité ?D ne doivent pas être vues comme se
rapportant à l'une des dimensions à coter. Cependant, les questions qui
se rapportent de façon plus personnelte à une dimension, comme «Ce
que je fais à l'école, ou au travail ?», «Voulez-vous que je vous parle de
ma famiiie ?», ou «Vous voulez savoir combien je mesure ?» doivent 6tre
cotés selon le mode de repr6sentation approprié.

B. Substantialité

Les descriptions personnelles fournies par certains sujets tres perturbés semblent souvent relever
d'un haut niveau conceptuel en raison de la préoccupation qu'a ce type de personne d'exprimer
ses sentiments et ses pensees internes; cependant, ces descrÎptions sont souvent dépourvues
d1616mentsse rapportant aux autres modes de représentation (qüaiités physiques, comportements
et traits de personnalité apparents). Une description ne comportant qu'un seul mode de
représentation donne souvent l'impression d'6tre monotone ou partielle (one-sidedness) (Geller,
Cooley et Hartiey, 1982). La sous-échelle «substantialité» évalue dans quelle mesure les quatre
modes de représentation (tels que décrits sous la variable «mode de représentation
prédominant~j: (1) caractéristiques physiques et démographiques, (2) traits comportementaux
apparents, (3) traits de personnalité et (4) pensées, sentiments et valeurs internes) sont inclus et
intégrés dans la description. Une cote peu 4levée indique un sentiment de soi peu élaboré, ne
faisant appel qu'à un ou deux modes de représentation. Une cote élevée (4) indique que le sujet
se décrit de façon muitidimensionnelle, intégrant des aspecb physiques (ou démographiques) et
comportementaux et des traits de personnalité de même que des sentiments, des attitudes et des
valeurs internes.

(1) = Présence d'un mode de représentation


(2) = Présence de deux modes de représentation
(3) = Présence de trois modes de représentation
(4) = Présence de quatre modes de représentation

Niveau concentuel

Cette sous-6chelIe &Aue le niveau de développement cognitif maimal de la description, dont la


conceptualisation est cotée selon cinq niveaux développementaux.

(1) = NNeau sensonmoteur-~réo~érationnet


: le soi est instable, fragmenté, sans définition ou
frontières. Le soi peut être décrit en termes de désirs et de besoins en mettant Saccent sur la
gratification des besoins et sur les éléments qui sont des sources de plaisir ou de souffrance pour
le soi.

(3) = Niveau concret-~erce~tuel


: le soi est principalementdécrit de façon concréte, globale et
littérale. L'accent est souvent mis sur des caractéristiques externes ou sur des attributs physiques.
IIy a un début de différenciation de soi et de l'autre.

(5) = Niveau iconiuue externe : le soi est decrit en termes d'activitb et de traits externes. La
description peut encore être littérale et concrète, mais l'accent est mis sur les actMtbs, les intérets
et les qualités externes, c'est-à-dire sur ce que le sujet fait et comment il se comporte. La
description fait peu de place à la complexité.

O = Niveau iconiaue interne :le soi est décrit en termes de pençées, de sentiments et de valeurs.
La description inclut des dimensions internes, mais ne comporte pas tellement de nuances, ne fait
pas état de contradictions apparentes ou ne semble pas avoir de d6roulernent temporel.

(9) = Repr6sentation conceptuelle :le soi est décrit et vécu selon une grande diversité de niveaux.
L'intégrati~ndes dimensions, Ia reconnaissance des contradictions apparentes et le déroulement
temporel sont caractéristiques des descriptions de ce niveau.

Rernaraues : Quand une description comprend des éléments importants appartenant à


plusieurs niveaux différents, attn'buer la cote correspondant au niveau de
developpement le plus élevé. Par exemple, si une description porte
principalement sur les sentiments de la personne et est donc de niveau
iconique interne (cote 7), cette cote ne doit pas être rabaissée parce que
la description comprend aussi des éléments de niveau inférieur comme
par exemple des details sur I'apparence de la personne.
Voici une façon toute simple, mais néanmoins fort utile de départager les
descriptions de niveaux 3,s et 7 :
Niveau 3 :ce que la personne a l'air
Niveau 5 :ce que la personne fait
Niveau 7 :ce que la personne ressent

Des cotes ayant une valeur paire (2,4,6 et 8) se situent entre chacun des niveaux
de développement et devraient être utilisés quand une réponse ne peut dtre cot6e
à un niveau de développement donné tout en se situant audessus du niveau de
développement precédent. II peut arriver qu'une description correspondant
majoritairement & un niveau donné renferme quelques indices d'éléments
appartenant à un niveau conceptuel plus élevé. Par exemple, une description
peut majoritairement porter sur I'apparence de la personne, et donc se situer au
niveau concret-perceptuel (cote 3), mais comprendre une remarque, un adjectif
ou une phrase qui fait trés briévement état d'un sentiment éprouvé par la
personne (par exemple «triste»), ce qui se situe au niveau iconique interne. Dans
un tel cas, on attribuera la ccte paire située au-dessus du niveau prédominant
dans la description, c'est-Adire, dans cet exemple, la cote 4.

II peut arriver également qu'une description semble correspondre à un niveau


donné sans toutefois que cette position soit tout à fait assurée. Dans ce cas, on
attribuera la cote paire située au-dessous du niveau prédominant de la
description.
Ili

A. Articulation des relations

Cette sous-échelle indique dans quelle mesure d'autres personnes sont mentionnées en tant que relations
dans la description- De façon plus précise, celte échelle mesure l'articulation et la spécificité de l'aspect
relationnel interpersonnelde la description plutôt que la qualité de l'engagement du sujet dans des relations
(cette variable est évaluée par la sous-échelle «qualit6 relationnelle»). Meme si une relation avec d'autres
personnes peuvent être sous-entendues dans un énoncé (par exemple (d'aime parler et flirten)), ce dernier
ne fait pas référence de façon explicite à des personnes; un tel énoncé doit receevoir la cote 1.

(1) = Aucune mention explicite d'autres personnes


(2) = Allusion à d'autres personnes d'une façon globale, non spécifique
Exemples : «Les autres m'intéressent beaucoup»
«Les autres pensent que je suis trbs brillant))
(3) = Allusion à une classe de gens ou une catégorie de personnes en particulier, mais sans
mentionner une personne en particulier ou la nature particuliére d'une relation
Exemptes : «Mes camarades de classe semblent étudier moins que moi»
«J1aimeraisaider des femmes à s'engager dans des actMtks sportives
traditionnellement réservées aux hommes))
«Mes amis aiment danser»
«Ma famille se rassemble pour les vacances))
(4) = Mention de relations spécifiques, ou élaboration sur la nature d'une relation; la description
demeure générale
Exemples : «J'ai un frère et une soeur))
«Je partage un appartement avec deux autres gars»
d e suis trés loyale envers mes ami(e)s»
«Je suis trés proche de ma famille (ou de mes parents)))
(5) = Description d'une relation particuli&rede façon plus spécifique et élaborée
Exemples : «Mon coloc Jean et moi, on se dispute beaucoup))
«Je sors avec quelqu'un depuis trois ans et on prévoit se marier))
«Je suis très proche de ma soeur (ou de ma mère)»
d'aime aller au cinéma avec ma meilleure amie»

B. Qualité relationnelle

Cette sous-échelle indique la qualit6 des sentiments éprouvés envers autrui de même que la façon
dont les autres sont perçus. Les autres (qu'il s'agisse de personnes en particulier ou des gens en
général) peuvent être perçus en fonction de l'impact (positif ou négatif) qu'ils produisent,
intentionneilement ou non, sur le sujet ou sur autrui. Un score peu élevé indique un détachement
émotionnel, une distance interpersonnelle ou une attitude demandante; le sujet peut également
se sentir jugé ou rejeté par les autres. Un score élevé reflète l'amitié et une préoccupation à
l'égard d'autrui. L'engagement avec d'autres personnes et les relations peuvent être considérés
comme des aspects importants, satisfaisants ou positifs dans la vie du sujet (1 = froid, nbgatif; 7
= chaleureux, positif). La cote 9 est attribuée si la description ne renferme aucune réference
explicite à la qualité relationnelle.

C. Relation avec I'examinateurlle lecteur

Cette sousecheIle traduit la mesure dans laquelle le sujet reconnaît la présence de I'examinateur
ou l'existence du lecteur.

Aucune indication de cette reconnaissance.


Indication subtile ou esquissée par le fait de poser des questions impersonnelles ou
neutres dans le but d'obtenir des précisions sur les instructions (exemple :
«Comme ce dont j'ai l'air ?»
Indication claire ou ouverte d'une reconnaissance, manifestée par le fait de demander des
précisions sur la nature de la tache (exemples : «Que voulez-vous dire ?» ou «Oh
! Vous écrivez cela !»)
Indicationqui reflète la reconnaissance de la présence d'une autre personne ou d'autres
personnes (c'est-à-dire l'examinateur ou le lecteur), sans mentionner clairement
une personnne en particulier (exemples : ~J'espère que cela est
compréhensible» ou «Je vais essayer de rendre cela plus clair»)
(5) = Référence exdicite ou ouverte à l'examinateur ou au lecteur, indiquant une
reconnaissance du rôle de ce dernier, des ses sentiments ou des ses réadons
(exemples : «Vous devez commencer à avoir mal a la main» ou «Jeespèreque
vous comprenez ce que je diss)

III. VARLABLES COGNmVES

Cette sous-échelle mesure le degré d'introspection et d'autcsréfieM6 de la description. Une cote


élevée (5) indique un fort degré d'introspection; Ie sujet réfiéchitsur ses expériences subjectives,
ce qui peut comprendre une appréciation de la façon dont il est perçu et compris (experienced)
par les autres.

(1) = Aucune introspection


(2) = Peu d'introspection
(3) = Un certain degré d'introspection
(4) = Introspection modérée
(5) = Beaucoup d'introspection

B. Tolérance aux aspects contradictoires

Cette sous-échelle réfère à la présence et A la tolérance d'aspects contradictoires du soi dans la


description (par exemple, force vs faiblesse, auto-acceptation vs auto-critique, assurance vs
timidité). Une cote faible (1) indique une description uni-dirnensionnelle, une cote moyenne (3) est
donnée lorsqu'il y a présence et tolérance d'un seul aspect contradictoire, ou lorsque plusieurs
aspects contradictoires sont menlionn4s mais qu'ils ne sont pas bien tolérés; une cote élevée (5)
indique la présence et la tolérance de plusieurs éléments différents, apparaissant parfois
contradictoires, et qui sont bien acceptés par le sujet comme faisant partie de sa personnaiiié.

C. Différenciation et intéaration

Cette souç-échelle indique dans quelle mesure le soi est perçu et compris en foncb'on de plusieurs
dimensions ou sphères de vie (par exemple vie sociale, actMt6s de loisir, intérêts, vie
professionnelle ou scolaire, relations familiales, qualités personnelles), et dans quelle mesure ces
différentes dimensions sont interreliées et intégrées dans la description (les dimensions peuvent
varier quelque peu selon l'échantillon des sujets, par exemple si la recherche porte sur des
étudiants, des personnes en thérapie, etc.). II s'agit de dimensions qui caractérisent
fondamentalement des secteurs de la vie du sujet plutdt que des modes de représentation
(caractéristiques physiques ou démographiques, traits de comportement ou de personnalité,
qualités internes) comme ceux évalu6s par la sous-échelle «Mode de représentation
prédominants. Un point est donné p u r chaque dimension, jusqu'i3 un total maximum de 6 points.
Selon le degré d'intégration de ces dimensions par le sujet, ce total peut être augmenté d'un point
(très bonne intégration) ou diminué d'un point (peu d'intégration); une intégration moyenne ne
donne lieu a aucun ajustement Une cote de 7 est donnée lorsque le sujet mentionne 6 dimensions
ou plus, et qu'elles sont bien intégrées.

PERCEPlïON DE SOI

Les variables évaluées sur cette échelle se rapportent à la façon dont le sujet se voit lui-même et non à la
façon dont le sujet est perçu par L'examinateur.

A. Auto-a~préciationnéaative ou positive

Le qualificatif «négatif» indique que le sujet se voit d'une façon principalement négative et critique,
qu'il exprime de la haine envers lui-même, qu'il se juge de façon très dure ou qu'il se néglige lui-
même. Le qualificatif «positif)) indique une stabilité de l'identité, accompagnée de sentiments de
confiance, de force ou de réussite. Le soi est décrit d'une façon bienveillante et acceptante, où
s'expriment l'appréciation positive et l'estime de soi.

(1) = négatif
(7) = positif
Cette sous-échelle indique dans quelle mesure le sujet est évaluatif et porte des jugements
sévères, signes d'une insatisfactionde soi. Une cote élevée indique que le sujet se sent gouverné
par des normes qu'il est incapable d'atteindre. L'intençité et l'ampleur avec laquelle la vie du sujet
est influencée par cette dimension doivent etre évalubes.

(1) = Non critique


(3) = Moderément critique
(5) = Très critique

Nd-T : En anglais, le qualificatif «critical» a un sens plus péjoratif qu'en français; il faut, dans Ie
présent contexte, comprendre cet attribut comme signifiant «ayant tendance à être sevére envers
soi-merne, a s'en demander beaucoup tout en n'étant jamais satisfait».

C. Détermination (strivina)/ambition

Cette sous-échelle indique la détermination du sujet à s'accomplir, son ambition ou son


investissement en vue de réussir dans les domaines de son choix. Ce domaine peut être
professionnel, scolaire, ou un secteur d'intérêt dont la signification est primordiale pour le sujet.
La source de la motivation peut etre interne ou externe.

(1) = peu motivé


(3) = modMment motivé
(5) = très motivé

Remarque : La cote (9) est donnée torsque la description ne contient aucune réfbrence B la
motivation ou B l'ambition. IIfaut prendre soin de bien différencier cette
cote des cotes peu 6levées sur cette sous-Bchelle. Une cote de (1) est
donnée lorsqu'il est clairement fait mention d'un manque de motivation
ou d'ambition. Une cote de (2) peut indiquer une incertitude ou une
imprécision quant à la motivation du sujet, ou encore quant au secteur
qui pourraitsusciter cette motivation. La mention d'un objectif (exemples
«JUaimeraisQtreprofesseuo, ou «Je veux me marier et avoir un enfanb)
pourrait recevoir la cote (3)' alors qu'une indication de satisfaction
personnelle («Je suis un bon étudiant») ou la mention de l'occupation
actuelle du sujet («J1ai un dipI8me en mathématiques» ou «Je suis
jardinien>) ne traduisent pas nécessairement de la motivation; en
conséquence, ces Bnoncés recevraient la cote (9).

VARIABLES D~VELOPPEMENTALES

Les variables de cette échelle sont cotées en fonction du degré général de préoccupation exprimé, alors
que la variable «Niveau conceptuel» est cotée en fontion du degré le plus élevé exprimé dans la
description.

A. Niveau relationnel

Cette sous-échelle indique dans quelle mesure les relations avec les autres (qu'elles soient ou non
clairement mentionnées), telles qu'elles sont décrites, sont mutuelles, réciproques et empathiques.

Au niveau inférieur (cote = I),


le sujet se décrit comme étant fusionne, inséparable d'autrui, ou
incapable de s'en distinguer.
Au niveau suivant (cote = 2)' le sujet se sent séparé et distinct d'autrui.
Au niveau suivant (cote = 4). les relations sont unilatérales. Le sujet peut gtre préoccupé par des
aspects comme i'obtention (ou la perte) de support, de soins, d'attention ou d'affection des autres.
La description laisse transparaître de la dépendance ou une préoccupation autour d'une perte ou
d'un abandon éventuels. Cette dernidre inquiétude peut se traduire par un souci exagéré du bien-
être d'autrui. En général, les interactions sont davantage à sens unique que mutuelles.
Au niveau suivant (cote = 6)' on décéle une aptitude à coopérer ou h être en relation dans le cadre
d'une actMté commune, mais sans aller jusqu'8 l'engagement dans une relation intime et durable.
Au niveau supérieur (cote = 8). il y a préoccupation réciproque et mutuelle du bien-être de l'autre
dans le cadre d'une relation intime et durable, comme par exemple une grande amilié, une relation
familiale ou amoureuse.
Certaines descriptions ne renferment aucune mention d'une relation ou d'une qualit6 relationnelle;
dans de tels cas, la cote (9) sera attribuée. Une brève indication de la façon dont la personne est
en relation avec autrui, comme par exemple «Je suis une personne amicale» n'est pas suffisante
pour être cotée-

8. Dearé d'auto-définition

Cette sous-échelle indique dans quelle mesure la description laisse voir que le sujet possède une
identité clairement définie avec des valeurs et des buts particuliers, qui traduisent chez lui un
sentiment d'autonomie (agency).

Au niveau inférieur (cote = l),


la description est caractérisée par un manque d'articulation du
sentiment de soi, et/ou par l'expression d'une annihilation ou d'une fragmentation.
Au niveau suivant (cote = 3), la description dénote un désir, de la part du sujet, d'affirmer ou de
définir (voire de protéger) ses droits, ses prérogatives et son individualité. Le sentiment de soi
émerge, vraisemblablement en réaction B autrui ou à des circonstances extérieures.
Au niveau intermédiaire (cote = S), le sentiment de soi commence à etre vécu de façon interne.
Par exemple, il peut y avoir le désir de développer un sens de stabilit6, d'ordre, de réguianté, de
continuité. Ce niveau représente une étape de transition entre le sentiment de soi en émergence,
réactif, de niveau 3, et le sentiment de soi proactif, intentionnel, basé sur une défintion plus interne
du niveau 7.
Au niveau suivant (cote 7), l'accent est mis sur les réalisations, les activités ou les objectifs qui font
partie de l'identité personnelle et du sentiment de bien-être.
Au niveau supérieur (cote = 9), le sujet a intégré bon nombre de ses expériences actuelles et
passées dans une identité qui lui permet de définir ses valeurs et d'établir des plans et des objetifs
pour l'avenir envers lesquels il se sent engagé.

Ces niveaux ne sont pas des points fixes, mais des repères situés le long d'un processus
développemental. Les cotes doivent indiquer t'endroit où la personne se situe dans cette w u e n c e
développementale.
C. 1endance prédominante :niveau relationnel 1 auto-définition

Cette sous-échelle permet d'estimer quels sont les thèmes prédominants dans la description :
relation et affiliation ou auto4éfinition et autonomie (agency). Chez quelques personnes,
l'autonomie (agency) peut s'exprimer sous forme de sentiments de compétence et de satisfaction
dans leur rôle à l'intérieur d'une relation, comme par exemple «être un bon parenb). Pour d'autres
personnes, le sens relationnel (relatedness) fait partie de leurs objectifs et de leurs actMtés
comme par exemple chez une personne qui s'emploie à créer des occasions (opportunities) pour
les autres.

L'une des deux cotes doit gtre attribuée :


(1) = affiliation
(2) = autodéfintion

Cette sous-échelie indique dans quelle mesure la description est caractérisée par un sens
d'intégrité.

La cote la plus basse (1) caractérise des descriptions qui sont marquées par un vide intérieur, un
sentiment de mort psychique, et par des sentiments de dépersonnalisation qui laissent penser que
le sujet n'existe pas en tant que personne.
Au niveau suivant (3), la description est caractérisée par du désespoir, un crainte du sujet de ne
jamais parvenir à devenir la personne qu'il voudrait étre. La vie semble s'écouler trop vite pour le
sujet, qui la considére comme gâchée et/ou vide de sens pour lui.
Une cote de (4) indique une transition entre Ie sentiment de désespoir du niveau (3) et l'espoir du
niveau (5). Le sujet lutte pour se définir ou devenir ce qu'il veut être ou ce qu'il est en essence,
mais il demeure incertain d'y parvenir.
Une cote de (5) indique l'émergence d'une aptitude à ressentir un sentiment de continuité et
d'identité internes chez le sujet. II commence à pouvoir envisager des choix et des avenues en
termes de relations et/ou d'objeetifç qui lui permettront d'exprimer son sentiment de soi.
La cote (7) caractérise une description maquée par un sentiment de soi plus définitifI qui s'exprime
par la confiance en sa propre capacité d'autonomie ou d'être en relation.
Une cote de (9) indique un sentiment d'intégration émotionnelle, de cohésion et de satisfaction par
rapport aux aspects «autonomieu et «relation» de sa vie- On sent que la personne est vraiment
devenue ce qu'elle étal fondamentalent ou ce qu'elle désirait ébe. Toute croissance ult6rieure est
vue comme une occasion d'enrichissement ou d'amélioration personnelle plutôt que comme un
combat où la personne cherche à être ou à devenir, qui caractérise les niveaux inféfleurs. Le sens
et la satisfaction proviennent d'éléments qui transcendent l'existence ind'~duelle,immediate.
Dans une population normale, les distinctions entre les niveaux les plus élev6s (5 à 9) de cette
échelle sont importantes et basées sur des différences subtites.

A Anxiété

Cette sous-échelte réfiète la mesure dans laquelle l'individu fait référence à la tension, à
l'appréhension, aux peurs, aux préoccupations et à 18anM6tépar rapport lui-même, aux autres et
à la vie en général. Dans la cotation, il faut évaluer la mesure dans laquelle ces affects sont
explicites, intenses et caractérisent l'ensemble de la description.

(1) = aucune mention d'anxiét4


(2) = mention d'une anxiété légère, ou mention indirecte d'anxiéte
(3) = mention d'une anxiété modérée
(4) = mention d'une anxiété substantielle
(5) = mention d'une anxiété prononcée, de nature incapacitante

B. Démession

Cette sous4chelle indique dans quelle mesure le sujet fait référence à des sentiments de tristesse,
d'apathie par rapport à luimi%ne, aux autres ou A la vie en génbral. Ces rbférences peuvent btre
des thèmes dépressifs généraux ou la description d'expériences dépressives personnelles. Dans
la cotation, il faut évaluer la mesure dans laquelle ces affects sont explicites, intenses et
caractérisent l'ensemble de la description.

(1) = aucune mention de dépression


(2) = mention d'une dépression légère, ou mention indirecte de dépression
(3)= mention d'une dépression modérée
(4) = mention d'une dépression substantielle
(5) = mention d'une dépression grave, pouvant inclure des pensées ou des impuisions
suicidaires

VII. LONGUEUR DE LA DESCRIPTION

La longueur de la description devrait être déterminée avant de coter les descriptions sur les 6
dimensions précédentes- La longueur est cotée selon le barérne suivant, qui correspond au
nombre réel ou estime de mots dans la description :

(1)= jusqulA 20 mots


(2)= de 21 a 40 mots
(3)= de 41 à 60 mots
(4)= de 61 à 100 mots
(S)= de 101 à 150 mots
(6)= de 151 à 200 mots
O= plus de 200 mots
Annexe F

Feuille de cotation de I'ASD


FEUILLE DE COTATION 122
ASSESSMENT OFSELFDESCRIPTlONS (BLATT-AL., 1993)
Traduit par le Laboratoire de recherche sur la personnalit6 et la psychopathologie
École de psychologie de l'Université taval. juin 1996

DESCRIPTION DE SOI
Sujet no Sexe Coté par Date

Longueur 1 2 3 4 5 6 7

I. MODE DE DESCRIPTION
Mode prédominant 1 2 3 4 (phys. 1cornp. / pers. 1psych. )
Substantialité 1 2 3 4
Niveau conceptuel 1 2 3 4 5 6 7 8 9

II. CAPACITÉRELATIONNELLE
Articulation des relations
Qualité relationnelle
Relation avec l'examinateur

111. VARIABLES COGNlTlVES


Introspection
Tolérance aux aspects contradictoires
Différenciation-intégration

IV. PERCEPTION DE SOI


Auto-appréciation négative-positive
Auto-critique
Détemination/arnbition

V. VARIABLES DÉVELOPPEMENTALES
Niveau relationnel
Degré d'auto-définition
Tendance prédominante :
niveau relationnel / autodéfinition
Intégrité

VI. VARIABLES AFFECTIVES


Anxiété
Dépression
Annexe G

Feuille de cotation du PODF


PERSONALITY ORGANIZATION DIAGNOSTIC FORM.
Diguer & Normandin
Groupe de Recherche et de Formation en Intervention Clinique, Université Laval. O 1996

Subject: Evaluator: Date:


Material used for evaluation:
- - -

Instructions: Mark O F ( ail


~ )items which are characteristic of the subject's pgdtoiogicai functioning.
4.ldentity Diffusion
0: 1.1. Subjective e.uperience of emptiness
O 1.2, Contradictory self-perceptions or object-perceptions
O 1.3, Contradictory behaviors that cannot be integraîed with emotional e.xperiences
O 1.4- Shaliow, flat, impoverished perceptions of others

2. Primitive Defense Mechanisms


17 2.1. Splitting: O division of others into "ail good" and "ali bad" or
1. sudden and complete reversal of feelings and conceptualizations about others or self.
fl 2.2. Primitive idealization: unrealistic, artiticid and powerfiil images of others in tenns of thek ail-good
qualities.
0: 2.3. Primitive projection and projective identincation: 0 experimce of the projected impulse. and G fear
of the other. and Ci need to control this other.
2.4. Denial (borderline type): O memory of perceptions, thoughts or feelings about splitted parts
of self or others without emotionai relevance or
0 lack of concem, anxïety of emotional reaction about serious or
pressing nad, con£lict or danger.
O 2.5. Omnipotence: highiy inflareû, grandiose seE=representations
0 2.6. Devalorisation: depreciated, emotionaiiy degrading representations of others.
2.7. Omnipotent control
3. Lack of Reality Testing
O 3.1. Lack of Merentiation between self and others.
17 3.2. Failure to difTerentiate intrapsychic from extemai origins of perceptions and stimuli(hallucinations or
delusions),
[7 3.3. Lack of the capacity to evaluate realistically one's own affect, behavior and thought content in tenns
of ordinary social n o m in the session.
0 3 -4. Presena: of grossly inappropriate or bizarre affects, thought contents or behaviors.

4. Quality of Object Reiations


0. 1. Symbiotic ~4thfear of disintegration and annihilation
O 2a. Low Borderline Organhtion with fear of the object (schizoid, schizotypal, paranoid, h y p o d ) .
17 2b. Low Borderline ûrgankation with control of the object (maiignant narcissism, antisocial)
O 2c High Borderline Organization with fear of abandonment (borderline sado-masochistic, cyclothymie,
histrionic, narcissism, dependant).
0 3- CEdî@ with fear of castration - depression (hysteria, depressive masochistic, obsessivecompdsive).

Guidelines for Diagnosis

Personality Structurai
Organizations Characteristics
Identity Diffusion Primitive Defenses Lack of Reality Type of Object
Testùig Relations
Neurotic 3
Borderline J d 2a,2b, 2c
Psvchotic
Diagnosis
Annexe H

Formulaire de consentement "cliniqueLa Macaza"


Abus sexuel et fonctionnement psychique
Formulaire de consentement

La présente recherche vise l'étude de la relation entre les différentes dimensions du


fonctionnement psychologique et de la personnalité et les comportements sexuels. En fait,
cette étude vise à mieux comprendre le lien pouvant exister entre certaines caractéristiques de
Ia personnalité et la nature des conduites sexuelles-
En consentant à participer à cette étude, ma tâche consistera à participer a une entrevue
individuelle d'une durée approximative de deux heures trente minutes (2h30). Cette entrevue
est réalisée par un psychologue et vise à évaluer différentes dimensions de la personnalité.
Ma tâche consistera également à répondre à des questionnaires portant sur ma personnalité et
mes habitudes sexuelles. La passation de ces questionnaires se fera en groupe et sera d'une
durée approximative d'une heure (lh). Finalement, j'autorïse les auteurs de la présente étude à
avoir accès au contenu de mon dossier personnel à la clinique La Macaza, lui permettant ainsi
d'avoir accès au contenu de mon évaluation psychologique effectuée par les intervenants de la
clinique.
Comme avantages, ma participation à cette recherche me permettra d'obtenir, si je le
désire, un compte rendu verbal de mon évaluation psychologique, en plus de contribuer à
l'avancement des connaissances en matière d'abus sexuel. Je mis également conscient que la
participation à cette recherche n'affectera ni positivement ni négativement l'évaluation de mon
dossier de la clinique La Macaza. Ainsi, le personnel de la clinique n'aura pas accès au
contenu des entrevues ou des questionnaires, à moins que j'en fasse la demande par écrit au
chercheur responsable de l'étude.
Ma participation à cette recherche est volontaire et je comprends que toutes les
données recueillies seront traitées avec la plus stricte confidentialité. Ainsi, mon nom ne sera
jamais divulgué à qui que ce soit et on ne pourra jamais m'identifier à partir de mes résultats.
Un code aléatoire de quatre chifies assure l'anonymat des fichiers de données informatique et
des documents écrits relatifs à l'étude. Par ailleurs, les résultats sont toujours traités et
communiqués globalement (Le. 1' ensemble des participants à l'étude). Les documents écrits
sont gardés sous clé, dans des classeurs. De plus, le chercheur responsable de cette recherche
s'engage à détruire tous les documents et les fichiers informatiques concernant mes résultats
une fois toutes les étapes de la recherche complétées. Je comprends également que je pourrai
mettre un terme à ma participation à tout moment, sans condition ni préjudice, et obtenir que
les données recueilfies a mon sujet ne soient pas utilisées.
Je sais également que je pourrai obtenir toute information additionnelle au sujet de la
recherche en m'adressant au chercheur responsable, soit Jean-Pierre Rousseau, M.Ps.

Par la présente, je consens à participer à l'éîude.


Votre signature

Date Votre nom (en lettre moulées)

Date Jean-Pierre Rousseau, M.Ps.


Annexe 1

Formulaire de consentement "Centre Hospitalier Robert-Giffard"


Abus sexuel et fonctionnement psychique
Formulaire de consentement

La présente recherche vise l'étude de la relation entre les différentes dimensions du


fonctionnement psychologique et de la personnalité et les comportements sexuels. En fait,
cette étude vise à mieux comprendre le lien pouvant exister entre certaines caractéristiques de
la personnalité et la nature des conduites sexuelles.
En consentant à participer à cette étude, ma tâche consistera à participer à une entrevue
individuelle d'une durée approximative de deux heures trente minutes (2h30). Cette entrevue
est réalisée par un psychologue et vise à évaluer différentes dimensions de la personnalité.
Ma tâche consistera également à répondre a des questionnaires portant sur ma personnalité et
mes habitudes sexuelles. La passation de ces questionnaires se fera en groupe et sera d'une
durée approximative d'une heure (lh). Finalement, j'autonse les auteurs de la présente étude à
avoir accès au contenu de mon dossier personnel au CHRG, lui permettant ainsi d'avoir acces
au contenu de mon évaluation psychologique effectuée par les intervenants de la Clinique de
Sexologie.
Comme avantages, ma participation à cette recherche me permettra d'obtenir, si je le
désire, un compte rendu verbal de mon évaluation psychologique, en plus de contribuer à
l'avancement des connaissances en matière d'abus sexuel. Je suis également conscient que la
ptrticipation à cette recherche n'affectera ni positivement ni négativement l'évaluation de mon
dossier de la Clinique d'évaluation et de traitement des troubles du comportement sexuel du
CHRG. Ainsi, le personnel de la clinique n'aura pas acces au contenu des entrevues ou des
questionnaires, à moins que j7en fasse la demande par écrit au chercheur responsable de
l'étude.
Ma participation à cette recherche est volontaire et je comprends que toutes les
données recueillies seront traitées avec la plus stricte confidentialité. Ainsi, mon nom ne sera
jamais divulgué à qui que ce soit et on ne pourra jamais m'identifier à partir de mes résultats.
Un code aléatoire de quatre chiffres assure l'anonymat des fichiers de données informatique et
des documents écrits relatifs à l'étude. Par ailleurs, les résultats sont toujours traités et
communiqués globalement (Le. l'ensemble des participants à l'étude). Les documents écrits
sont gardés sous CE, dans des classeurs. De plus, le chercheur responsable de cette recherche
s'engage à détruire tous les documents et les fichiers informatiques concernant mes résultats
une fois toutes les étapes de la recherche complétées. Je comprends également que je pourrai
mettre UE terme à ma participation à tout moment, sans condition ni préjudice, et obtenir que
les données recueillies à mon sujet ne soient pas utilisées.
Je sais également que je pourrai obtenir toute information additionnelle au sujet de la
recherche en m'adressant au chercheur responsable, soit Jean-Pierre Rousseau, M.Ps.

Par la présente, je consens à participer à l'étude.


Votre signature

Date Votre nom (en lettre moulées)

Date Jean-Pierre Rousseau, M.Ps.

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