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ITES, Etude La Sécurité Alimentaire 2035 FN Pour Impression, 22 Janv 2024
ITES, Etude La Sécurité Alimentaire 2035 FN Pour Impression, 22 Janv 2024
LA
Sécurité Alimentaire
DE LA TUNISIE
À L’HORIZON 2035
En partenariat avec
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
LA
Sécurité Alimentaire
DE LA TUNISIE
À L’HORIZON 2035
En partenariat avec
La Sécurité
Alimentaire
de la Tunisie
à l’horizon
2035
Etude à l’attention de
Son Excellence
Monsieur Le Président
de La République
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
La Sécurité
Alimentaire
de la Tunisie
à l’horizon
2035
décembre
2023
Cette étude a été réalisée par :
M. Noureddine Agrebi
M. Magid Chaabane
Mme Raoudha Khaldi
M. Med Jouneidi Abderrazek
Sommaire INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
INTRODUCTION 12
Chapitre 1 : 25
Trajectoire Historique et analyse rétrospective de la Sécurité Alimentaire en Tunisie
Chapitre 2 : 59
Situation présente de la sécurité alimentaire en Tunisie
Chapitre 3 : 83
Benchmarking international : expériences-pays inspirantes et bonnes
pratiques intéressantes pour la Tunisie
7
SECTION 3 : PROSPECTIVE DE LA SECURITE ALIMENTAIRE DE LA TUNISIE 95
A L’HORIZON 2035
Chapitre 1 : 95
Variables motrices, hypothèses et scénarios
I. Variables motrices 95
II. Hypothèses prospectives d’évolution future des variables motrices 103
III. Construction des micro-scénarios et des scénarios exploratoires 104
IV. Cheminement des micro-scénarios aux scénarios globaux 112
de la sécurité alimentaire à l’horizon 2035
V. Description détaillée des micro-scénarios par macro-concept et des scénarios globaux 118
Chapitre 2 : 133
Orientations stratégiques et plan d’actions à l’horizon 2035
8
MOT DES EXPERTS
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
La sécurité alimentaire est aujourd’hui un sujet d’intérêt capital dans cette phase de l’histoire de la Tuni-
sie où le modèle de développement socio-économique suivi depuis les années 1970 pose la nécessité de
considérer des réformes profondes et de nouveaux choix stratégiques. Le défi est double, lorsque nous
examinons la question de la sécurité alimentaire du prisme de la souveraineté et de la sûreté nationales
dans un contexte de changements climatiques et de crises multiples et rapprochées telles que la pandé-
mie de la Covid-19 et la guerre en Ukraine.
Cette étude a démarré en octobre 2022 et devait se terminer en janvier 2023. Dans la réalité, elle a demandé un
travail continu et acharné sur plus de huit mois.
Pourquoi ? Parce que considérer la sécurité alimentaire dans sa perspective à la fois dynamique et
stratégique est une tâche extrêmement complexe. L’étudier en tenant compte des quatre dimensions qui la
définissent et de l’ensemble du système alimentaire rendait la tâche encore plus complexe. Il fallait être spécia-
liste dans une vingtaine de domaines d’expertise pour conduire ce travail ou alors se documenter, s’entretenir
avec d’autres spécialistes et discuter entre experts pour couvrir de la meilleure façon possible tous les aspects
de la sécurité alimentaire de la Tunisie à l’horizon 2035. C’est ce que nous avons essayé de faire tout au long de
cette étude.
En sommes-nous satisfaits ? Oui, humblement, parce que ce travail, malgré la multitude et l’excellente qualité
des autres études réalisées jusque-là sur la sécurité alimentaire, a établi un diagnostic qui, à notre connaissance,
est plus exhaustif et plus complet.
A partir de là, les scénarios que nous avons développés et les actions que nous recommandons ne peuvent être
que plus holistiques.
En outre, la stratégie dégagée en se basant sur « le scénario souhaitable et réalisable » a été innovante
à plus d’un titre. En effet, en plus de considérer les aspects stricts de la sécurité alimentaire, la stratégie
considère intrinsèquement la question de la souveraineté alimentaire, de l’acceptabilité sociétale du
changement, de l’approche nexus dans la réflexion et la mise en œuvre des mesures recommandées
et des aspects liés au renforcement de la résilience systémique face aux risques de crises et effets du
changement climatique et des catastrophes naturelles. Cette innovation a été possible également grâce
au travail de benchmarking des expériences-pays inspirantes pour la Tunisie conduit dans la première
partie de ce document.
Ce travail est-il perfectible ? Evidemment, et nous en sommes conscients. Ceci laissera le champ aux équipes qui
se chargeront de la mise en œuvre de cette stratégie de s’approprier chaque recommandation opérationnelle,
d’approfondir la réflexion sur le meilleur moyen de la réussir et d’en parfaire l’exécution.
Enfin, nous tenons à exprimer de nouveau nos vifs remerciements à l’ITES pour nous avoir donné cette chance de
contribuer à la réflexion sur une question majeure pour le futur des Tunisiennes et des Tunisiens.
9
LISTE DES TABLEAUX
10
LISTE DES FIGURES
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
11
INTRODUCTION
Depuis l’indépendance jusqu’à 2020, la Tunisie est De plus, les évènements survenus récemment, la
passée d’un pays jeune avec un taux d’accroissement COVID-19 et le conflit Russo-Ukrainien, sont venus
démographique élevé et une activité agricole domi- rappeler encore une fois la fragilité du système ali-
nante au cours des années 1960 (30% du PIB), à mentaire mis en place. Plusieurs problèmes sont
celle d’un pays émergent avec des activités écono- remis en exergue, particulièrement les problèmes de
miques diversifiées et un recul significatif de la place disponibilité et de distribution des produits alimen-
de l’agriculture dans l’économie (moins de 10% ac- taires, d’accès aux aliments, d’iniquités sociales et de
tuellement). développement régional inégal, inhérentes, en partie,
au modèle de développement du pays, d’une façon
A l’inverse, l’industrie et la distribution agroalimen- générale, et celui retenu pour le secteur agricole et
taires se sont beaucoup développées, notamment agro-alimentaire en particulier.
depuis la deuxième moitié des années 1990.
Au vu de la progression de cette crise alimentaire
D’un point de vue politique, la sécurité alimen- mondiale, dont un grand nombre d’incertitudes sub-
taire a été très tôt à la tête des priorités natio- sistent, et l’importance ajouté aux effets des chan-
nales. Toutefois, les conditions structurelles du gements climatiques, de nouveaux défis viennent
secteur agricole et les choix politiques retenus mettre en évidence la nécessité de réviser les argu-
n’ont pas réussi, malgré les progrès réalisés sur mentaires sous-jacents à l’élaboration de la politique
plus de 60 ans, à venir à bout des fragilités et alimentaire de la Tunisie à moyen et long termes,
des limites caractérisant les composantes de la notamment dans sa projection en termes de renfor-
sécurité alimentaire en Tunisie. cement de la sécurité alimentaire du pays.
La dépendance accrue aux marchés extérieurs La présente étude s’inscrit dans ce cadre et a
(fluctuants), la forte pression sur les ressources pour objectif d’élaborer, sous un angle prospectif,
naturelles, le morcellement des parcelles et le un exposé global des faits sur la sécurité alimen-
vieillissement des exploitants conjugué au désin- taire en Tunisie, tenant compte des évolutions ré-
térêt de la main d’œuvre jeune et le faible accès centes dans ce domaine afin de fournir des orien-
aux nouvelles technologies agricoles, sont des tations stratégiques à l’horizon 2035. On établira
exemples de facteurs structurels fragilisant la sé- des scénarios d’évolution basés sur une sélection
curité alimentaire des Tunisiens. de facteurs clés sur lesquels il est possible d’agir
pour atteindre la vision stratégique, celle d’une
sécurité alimentaire renforcée et durable.
12
Section 1 :
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
Afin d’approfondir notre compréhension de la sécu- bilité culturelle des aliments. En mettant même
rité alimentaire et d’adopter un cadre d’analyse et au premier plan l’accès (plutôt qu’une formula-
d’action adaptés, une revue des concepts associés à tion parlant de nourriture accessible) » (Bricas et
la question est nécessaire. Il s’agit du concept de la Daviron, 2008)(1).
sécurité alimentaire en rapport avec celui de l’auto-
suffisance et de la souveraineté. La définition retenue en 1996 correspond à « l’ac-
cès physique et économique pour tous les êtres
A un niveau plus détaillé seront présentés les sys- humains, à tout moment, à une nourriture suf-
tèmes alimentaires et leurs relations aux territoires fisante, salubre et nutritive, leur permettant de
et enfin la manière dont sont régis toutes les relations satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs pré-
en rapport avec la question de la gouvernance ali- férences alimentaires pour mener une vie saine
mentaire. et active » (Conférence mondiale de l’alimentation,
1996).
Dans ce cadre, quelques concepts utilisés dans ce
rapport méritent d’être définis. Cette définition met en avant quatre dimen-
sions de la sécurité alimentaire (FAO, 2008) (2):
la disponibilité de la nourriture ; l’accès physique,
I. Concepts clés et économique et social à la nourriture ; la qualité sa-
Définitions nitaire et nutritionnelle des aliments, de l’eau et des
régimes alimentaires, ainsi que le respect des styles
I.1. Sécurité alimentaire de consommation et des préférences alimentaires
(faisant ici référence à l’utilisation des aliments)
La Déclaration universelle des droits de l’homme des ; la régularité ou la stabilité de l’accès, de la dis-
Nations Unies (1948) a inscrit le droit à l’alimentation ponibilité et de la qualité.
des peuples comme priorité (article 25) (Annexe 1). Ce
droit fonde la définition même de la sécurité alimen- Quoique la place de l’agriculture soit centrale
taire adoptée par la FAO en 1974 au Sommet Mondial dans la lutte contre la faim et la précarité ali-
de l’Alimentation à Rome. La sécurité alimentaire, mentaire, l’accès à la nourriture, assuré soit par
c’est « disposer, à chaque instant, d’un niveau des moyens de production ou par le marché, est
adéquat de produits de base pour satisfaire la primordial.
progression de la consommation et atténuer les
fluctuations de la production et des prix ». Dans ce sens, la lutte contre la pauvreté, la préca-
rité économique et les inégalités devient un moyen
Les constats réalisés sur des pays en autosuffi- d’assurer la sécurité alimentaire (FAO, 1996)(3). Vu
sance alimentaire mais qui n’assurent pas pour sous cet angle, la sécurité alimentaire n’est plus
autant leur sécurité alimentaire compte tenu la mission du secteur agricole et agro-alimen-
1. BRICAS N. et DAVIRON B., 2008. De
de la pauvreté endémique, de la faiblesse des taire, mais aussi d’autres secteurs économiques, la hausse des prix au retour du produc-
États et de l’instabilité politique confirment que sociaux et nutritionnels dont la cohérence est tionniste ; les enjeux du sommet sur la
nécessaire. sécurité alimentaire de juin 2008 à Rome.
fournir des aliments en quantité suffisante reste Hérodote, 131 : 31-39
nécessaire, mais non suffisant. Ceci a conduit
• Sécurité alimentaire et durabilité 2. - FAO, 2008. Introduction aux concepts
à compléter la définition de la sécurité alimen- de la sécurité alimentaire. https://www.
taire pour y « ajouter, en plus des disponibilités, foodsec.org/docs/concepts_guide_fr.pdf
d’autres « piliers » : l’accès physique et écono- Avec l’évolution des questions relatives à l’environ-
3. - FAO, 1996. Sommet mondial de l›ali-
mique, la régularité dans le temps et l’espace, la nement telles que les changements climatiques, la mentation : Déclaration et Plan d›action.
qualité biologique et nutritionnelle et l’accepta- gestion des risques et catastrophes, l’épuisement http://www.fao.org/DOCREP/003/
W3613F/W3613F00.htm
13
des ressources (dégradation des terres, raréfaction Au vu de l’interconnexion des systèmes alimentaires
de l’eau) et l’extension des maladies végétales et ani- durables à la sécurité alimentaire, la définition de la
males, la question de la durabilité a été introduite sécurité alimentaire a été élargie en introduisant le
dans les systèmes alimentaires dans la mesure concept de durabilité. Cette notion suppose de créer
où ils sont non seulement fortement dépendants des conditions favorables à l’émergence d’une
de l’environnement, mais exercent également production alimentaire durable où les aliments
des pressions importantes sur celui-ci. La trans- sont produits, transformés, distribués et consom-
formation du système alimentaire actuel vers un més de manière qui ne porte pas préjudice à l’en-
système plus durable est jugée nécessaire pour vironnement en répondant aux besoins des géné-
la durabilité environnementale, sociale et sani- rations présentes sans compromettre la capacité
taire. Cette notion suppose, entre autres, d’éviter des générations futures.
la mauvaise utilisation des sols, le gaspillage, la
production de masse et l’appauvrissement des Ainsi, l’amélioration de la sécurité alimentaire d’un
petits producteurs. pays doit couvrir les quatre dimensions principales,
synthétisées au tableau suivant.
Source : Introduction aux concepts de la sécurité alimentaire, FAO, 2008 et notre synthèse
Source : Introduction aux concepts de la sécurité alimentaire, FAO, 2008 et notre synthèse
Il est important de rappeler ici que le concept de sécurité alimentaire a évolué. Il
tient compte, désormais, de deux autres dimensions d’une grande importance :
Il est important de rappeler ici que le concept de • L’agencéité indique la capacité des personnes,
l’agencéité et de la durabilité. L’ensemble de ces six dimensions viennent renforcer
sécurité alimentaire a évolué. Il tient compte, individuellement ou collectivement, de décider
l’interprétation théorique et juridique du droit à l’alimentation. Elles sont définies
désormais, de deux autres dimensions4 d’une par elles-mêmes des aliments qu’elles consom-
ainsi dans le rapport HLPE (2020) :
grande importance : l’agencéité et de la durabi- ment et produisent ainsi que de la manière dont
lité. L’agencéité
Ø L’ensemble de cesindique
six dimensions
la viennent
capacité des ces aliments sont produits,
personnes, transformés et distri- ou
individuellement
4. HLPE. 2020. Sécurité alimentaire et
nutrition : énoncé d’une vision globale à collectivement,
renforcer de décider
l’interprétation théorique par elles-mêmesbués,
et juridique desetaliments
de participerqu’elles consomment
aux processus qui façonnent et
l’horizon 2030. Rapport du produisent
du ainsi queElles
droit à l’alimentation. desontla manière dont ceslesaliments
définies ainsi politiques etsont produits,
les structures transformés
de gouvernance des et
Groupe d’experts de haut niveau sur la
sécurité alimentaire et la nutrition du Comi- distribués, et de participer
dans le rapport HLPE (2020) : (4) aux processus qui façonnent
systèmes alimentaires ; les politiques et les
té de la sécurité structures de gouvernance des systèmes alimentaires ;
• La durabilité, souvent confondue avec la stabi-
alimentaire mondiale, Rome.
Ø La durabilité, souvent confondue avec la stabilité, renvoie à la capacité des
systèmes alimentaires, sur le long terme, d’assurer la sécurité alimentaire et la
nutrition sans compromettre les bases économique, sociale et environnementale
14 nécessaires à la sécurité alimentaire et à la nutrition des générations futures.
lité, renvoie à la capacité des systèmes alimen- cément une politique de commerce extérieur visant
taires, sur le long terme, d’assurer la sécurité l’autosuffisance.
alimentaire et la nutrition sans compromettre les
bases économique, sociale et environnementale
nécessaires à la sécurité alimentaire et à la nutri-
I.3. Souveraineté alimentaire
tion des générations futures.
La notion de souveraineté alimentaire est apparue
pour la première fois en 1996 lors du Sommet ali-
En pratique, la sécurité alimentaire n’est pas
mentaire de la FAO. Elle est portée par l’organisation
considérée comme une doctrine ou une théorie
« La Via Campesina », créée en 1993, qui a remis en
économique, mais plutôt comme un élément de
question le système agricole mondial, caractérisé par
politique économique pouvant combiner l’auto-
la libéralisation croissante des échanges commer-
suffisance et la souveraineté alimentaire, selon
ciaux. Elle désigne « le droit des peuples à une
une vision adaptée aux particularités des pays.
alimentation saine et culturellement appropriée
produite avec des méthodes durables » (La Via
I.2. Autosuffisance alimentaire Campesina, 1996). (6)
Selon la FAO (1999)(5), l’autosuffisance alimentaire La souveraineté alimentaire est définie comme « le
est un concept qui signifie « la capacité d’un pays à droit international qui laisse la possibilité aux pays
satisfaire les besoins alimentaires de la totalité de sa et aux groupes de pays de mettre en place les poli-
population à partir de sa propre production nationale tiques agricoles les mieux adaptées à leurs popula-
pour satisfaire la demande finale ». Cette définition tions sans qu’elles puissent avoir un impact négatif
est assez large et souvent jugée peu claire. sur la population d’autres pays ». (FAO, 1996). Il
s’agit plutôt d’un concept de nature politique.
En effet, certains voient le concept comme une
assurance permettant aux pays de se mettre Cette notion devient le moteur de plusieurs mouve-
à l’abri des fluctuations des prix et des quanti- ments paysans à travers le monde. On l’associe à la
tés disponibles des produits alimentaires sur le priorité donnée à la production agricole locale pour
marché international, d’autres le voient comme nourrir la population, la consolidation des savoirs
économiquement inefficace et potentiellement et savoir-faires locaux et la valorisation du travail et
coûteux puisqu’il est parfois, selon la théorie des produits locaux (Houtart, 2010)(7). Ils mettent en
des avantages comparatifs, plus avantageux avant le rôle essentiel que joue l’agriculture paysanne
d’importer un produit plutôt que de le produire. en opposition à l’agriculture intensive, puisant les res-
Cette analyse met en opposition autosuffisance sources naturelles, surtout quand il s’agit de produits
alimentaire et commerce international. Ainsi, d’exportation, produits avec les ressources locales. 5. FAO, 1999. Implications of Economic
certains analystes définissent l’autosuffisance ali- Policy for Food Security: A Training Manual
mentaire comme étant la neutralité de la balance Available. Chapter 1: Food Security: The
commerciale agroalimentaire. Cela implique que
I.4. Gouvernance alimentaire Conceptual Framework. http://www.fao.
org/docrep/004/x3936e/x3936e03.htm
l’ensemble des revenus d’exportation obtenus en ven-
L’analyse de la sécurité alimentaire dans le temps et 6. La Via Campesina, 1996. La voix des
dant des denrées alimentaires à d’autres pays doivent paysans et des paysannes qui nourrissent
dans l’espace ne se limite pas seulement à l’analyse
servir à acheter des produits alimentaires sur le mar- le monde.
des quatre dimensions qu’elle recouvre, mais aussi https://viacampesina.org/fr/
ché international. Toutefois, la balance commerciale quest-via-campesina
leurs relations faisant référence à la gouvernance ré-
ne se résume pas seulement à sa partie agroalimen-
gissant les décisions, les règles et les pratiques visant 7. Houtart F., 2010. Souveraineté
taire. Elle inclut tous types de produits ou services
à assurer le fonctionnement des structures chargées alimentaire plutôt que sécurité alimentaire.
échangés sur le marché mondial. Par ailleurs, tous Note d’analyse. Centre tricontinental.
de la question alimentaire et nutritionnelle. https://www.cetri.be/IMG/pdf/Souverai-
les pays et tous les secteurs ne poursuivent pas for- nete_alimentaire
15
Cette approche permet de bien distinguer les moyens positifs (agencement des procédures, des mesures,
d’action que chacun mobilise et les rapports de force des connaissances, des savoir-faires et informations
entre les acteurs économiques dans le système ali- diversifiées) multiples qui reposent sur des apprentis-
mentaire. sages collectifs et contribuent à des reconfigurations/
innovations institutionnelles et organisationnelles au
Par définition, la gouvernance fait référence à « sein des territoires » (Rey-Valette et al. ,2010).
l’Ensemble de processus permettant aux acteurs
(publics, privés, société civile) de formuler leurs Les dispositifs de coordination ou espace de dia-
intérêts, cadrer et de hiérarchiser les problèmes, logue d’acteurs peuvent revêtir des formes diverses
prendre des décisions, les mettre en œuvre, les (Rastoin, 2014) tels que les plates-formes locales, les
suivre et les faire exécuter » (FAO, 2015)(8). projets alimentaires locaux, les conseils locaux de
l’alimentation (Food Policy Councils plus développés
Cette notion a été adaptée au territoire. dans les pays anglo-saxonnes).
16
I.5. Système alimentaire Dans le temps, le diagnostic fait sur les impacts
négatifs de l’extension du modèle agroindustriel,
Un système alimentaire comprend tous les a été à l’origine de l’introduction du concept de
éléments (ressources naturelles, personnes, Système alimentaire territorialisé (SAT), comme
intrants, processus, infrastructures, institu- alternative.
tions, produits, etc.) et activités liées à la pro-
duction, la transformation, la distribution, la • Un système alimentaire territorialisé (SAT)
préparation et la consommation des aliments est défini comme un « ensemble de filières
et aux extrants de ces activités, y compris les agroalimentaires répondant aux critères du
impacts socio-économiques et environnemen- développement durable, localisées dans un
taux (HLPE, 2017)(10). FAO et INRAE (2020)(11) espace géographique de dimension régio-
considèrent également la gestion des déchets nale et coordonnées par une gouvernance
en fin de cycle comme un élément essentiel territoriale » (Rastoin 2016)(13). Cette no-
d’un système alimentaire. tion, par opposition aux filières longues,
met l’accent sur la proximité envisagée à
Une approche des systèmes alimentaires exige de trois niveaux :
tenir compte des différents domaines (agriculture
et pêche, Industrie agro-alimentaire, distribution, - L’écosphère, par diversification des pro-
environnement, santé, nutrition, etc.) et d’adopter ductions agricoles, selon une démarche
une vision plus globale de l’ensemble des objectifs agro écologique ;
en vue d’éviter des politiques incohérentes. Une - Le rapprochement entre agriculture et
approche des systèmes alimentaires plus ho- industries alimentaires par l’approvision-
listique pour l’élaboration des politiques est nement des unités de transformation en
basée sur la prise de conscience qu’il existe matières premières agricoles de la région ;
des synergies et des compromis potentiels - La réorientation de la demande alimen-
entre la sécurité alimentaire et la nutrition, les taire vers une production locale variée et
de qualité. 10. -HLPE. 2017. Nutrition et systèmes
moyens de subsistance et la durabilité envi- alimentaires. Rapport du Groupe d’experts
ronnementale (OCDE, 2021)(12). de haut niveau sur la sécurité alimentaire
« Les SAT sont des facteurs de résilience car ils ont et la nutrition du Comité de la sécurité
alimentaire mondiale, Rome.
• Un système alimentaire durable est, selon un impact sur les ressources naturelles, les per- https://www.fao.org/3/I7846FR/
la même source, « un système qui assure formances et la compétitivité en s’inscrivant dans i7846fr.pdf
la sécurité alimentaire et la nutrition pour cinq dimensions: dimension territoriale et cultu- 11. FAO et INRAE. 2020. Systèmes
tous de manière à ne pas compromettre les relle, dimension sociale et nutritionnelle (agricul- alimentaires durables – Un manuel pour
s’y retrouver. Rome.
bases économiques, sociales et environne- teurs et consommateurs), dimension technolo- https://doi.org/10.4060/ca9917fr
mentales nécessaires pour assurer la sécu- gique (respect de la santé des consommateurs,
12. - OCDE (2021), Making Better Policies
rité alimentaire et la nutrition des généra- bonne gestion des ressources naturelles, impact for Food Systems , Éditions OCDE, Paris,
tions futures ». négatif limité sur l’environnement), dimension en- https://doi.org/10.1787/ddfba4de-en .
trepreneuriale (capacité de partenariat entre ac- 13. Rastoin J.L., 2016. Les systèmes ali-
Il présente les avantages suivants : il est rentable teurs de la chaîne de valeur, gouvernance, partage mentaires territorialisé : enjeux et stratégie
de la valeur crée et circuits alternatifs de commer- de développement. In Journal Resolis N° 7,
tout au long du processus, assure la durabilité Fevrier 2016. https://blogs.grandlyon.com/
économique, présente des avantages à grande cialisation à moindre coûts) et dimension éthique developpementdurable/files/2017/10/
favorisant la réduction des pertes et du gaspillage A4-RESOLIS.pdf
échelle pour la société, assure la durabilité sociale
et a un impact positif ou neutre sur les ressources alimentaire » (Rastoin, 2016). 14. Les Greniers d’Abondance, 2020.
Vers la résilience alimentaire. Faire face aux
naturelles. menaces globales à l’échelle des territoires.
Deuxième édition, 184 pages. https://
resiliencealimentaire.org/
17
L’ancrage territorial de l’alimentation devient Les travaux réalisés sur le sujet (dont Les Greniers
de plus en plus une priorité dans les politiques d’abondance, 2020)(18) ont permis aussi de mettre
publiques de plusieurs pays par la mise en en évidence les points suivants :
place d’initiatives de développement de sys-
tèmes alimentaires locaux (Canada, France, • Le système alimentaire actuel est intrinsèque-
Italie, etc.). ment peu résilient car dépendant de ressources
qui s’épuisent et construit pour la maximisation à
Cette perspective permet d’envisager et d’apporter court terme de la production ;
des changements en vue de créer des systèmes • La résilience est un paramètre dynamique
alimentaires locaux, sains et durables. puisque la question est aussi d’évaluer son niveau
de résilience face à divers types de crises ;
• Un Système alimentaire résilient : la résilience • La résilience n’est pas un critère suffisant
d’un système alimentaire est sa capacité et dans la mesure où il peut être très résilient, mais
celle de ses éléments constitutifs à garantir la socialement défaillant (inégalités, etc.).
sécurité alimentaire au cours du temps, mal-
gré des perturbations variées et non prévues D’une façon générale, en l’absence de rési-
(Les Greniers d’Abondance, 2020)(14). Par op- lience, les systèmes deviennent vulnérables
15. FAO, 2015. Sécurité alimentaire et position, la vulnérabilité alimentaire correspond aux points de vue économique, social, envi-
droit à l’alimentation. https://www.fao.org/
sustainable-development-goals/overview/
à l’existence de facteurs qui exposent l’individu à ronnemental et politique (Organisation Néer-
fao-and-post-2015/food-security-and-the- l’insécurité alimentaire ou à la sous-alimentation landaise de développement- SNV, 2020)(19). La
right-to-food/fr (FAO, 2015)(15). vulnérabilité est un concept appliqué récem-
16. OCDE. La sécurité alimentaire et ment à l’analyse de la sécurité alimentaire, vu
nutrition (document non daté). https:// L’OCDE(16), lie cette vulnérabilité au fait de ne leurs liens étroits. Plus un système alimentaire
www.oecd.org/fr/agriculture/sujets/secu-
rite-alimentaire parvenir que difficilement à se nourrir en temps est vulnérable, sous l’effet de certains facteurs
normal et de se retrouver face à d’importantes de risque (climatique, économique, politique),
17. - FAO. 2021. La Situation mondiale de
l’alimentation et de l’agriculture. Rendre les difficultés quand la conjoncture devient moins fa- plus la sécurité alimentaire est menacée. Il
systèmes agroalimentaires plus résilients vorable. est possible de distinguer deux principaux types
face aux chocs et aux situations de stress.
Rome, FAO. https://doi.org/10.4060/ de risques susceptibles de modifier les niveaux
cb4476fr La FAO (2021)(17) propose la définition suivante de sécurité alimentaire : les chocs (irréguliers et
18. Les Greniers d’Abondance, 2020. de la résilience, soit «la capacité des personnes, imprévisibles tels que la sécheresse, la crise sa-
Vers la résilience alimentaire. Faire face aux des ménages, des communautés, des villes, nitaire, les conflits et guerres) et les tendances ou
menaces globales à l›échelle des territoires.
Première édition, 175 pages. https://www.
des institutions, des systèmes et des sociétés stress qui affaiblissent progressivement le poten-
canopee12.fr exposés à une grande diversité de risques de tiel d’un système donné et accroît la vulnérabilité
19. SNV, 2020. Renforcer la résilience
prévenir, d’anticiper, d’absorber, de s’adapter de ses acteurs (processus de long terme comme
des chaines de valeur et des systèmes et de se transformer, de façon positive, effi- la désertification) (Department for International
alimentaires dans le contexte du COVID-19 ciente et efficace, tout en conservant un niveau Development, 2011)(20).
– Document de travail. https://snv.org/
acceptable de fonctionnement et sans compro-
20. - Department for International mettre les perspectives à long terme de déve- Selon le groupe d’experts de haut niveau du Comité
Development, DFID, 2011 – Defining
Disaster Resilience: A DFID approach loppement durable, la paix et la sécurité, les de la sécurité alimentaire mondiale (HLPE, 2017)(21),
paper, November 2011. https://www. droits humains et le bien-être de tous». Cette « les politiques qui tiennent compte de ces évolu-
fsnnetwork.org
définition reconnaît aussi la nature dyna- tions, c’est-à-dire qui soutiennent les transformations
21. - HLPE. 2017. Nutrition et systèmes mique des chocs et les situations de stress radicales des systèmes alimentaires, intègrent la
alimentaires. Rapport du Groupe d’experts
de haut niveau sur la sécurité alimentaire qui peuvent avoir des effets préjudiciables à complexité des systèmes alimentaires et ses interac-
et la nutrition du Comité de la sécurité court et à long termes. tions avec d’autres secteurs et systèmes et mettent
alimentaire mondiale, Rome.
https://www.fao.org/3/I7846FR/ l’accent sur une connaissance plus approfondie de
i7846fr.pdf
18
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
la faim et de la malnutrition ; ils favorisent l’instau- Les chaînes de valeur modernes sont caractéri-
ration de systèmes alimentaires plus durables » et sées par une coordination verticale, la consolida-
contribuent, par conséquent, à la concrétisation tion de la base d’approvisionnement, la transfor-
du droit à l’alimentation et à l’atteinte des Objec- mation agro-alimentaire et l’utilisation de normes
tifs du Développement Durable(ODD), notamment d’un bout à l’autre de la chaîne.
de l’ODD2 « Éliminer la faim, assurer la sécurité
alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir Notons ici que les concepts de filière agroali-
une agriculture durable ». mentaire et de chaîne de valeur se réfèrent à
des types d’analyse différents : la filière ren-
En Tunisie, comme dans le reste du monde, le voie à une notion d’ensemble, à des analyses
futur de l’agriculture oscille entre deux projets de type systémique, alors que la chaîne de
opposés, l’un s’appuie sur le concept de sé- valeur renvoie plutôt à des analyses séquen-
curité alimentaire, centré sur le profit, l’autre tielles ou éclatées, des différents maillons de
prône le concept de souveraineté alimentaire la chaîne de production (Collectif Stratégies
et part d’un projet agricole populaire et du- Alimentaires, Belgique) et intègre les concepts
rable. multidimensionnels de durabilité et de valeur
ajoutée, selon la définition de la FAO(2015).
1.6. Chaînes de valeurs
Cependant, le terme « filière » n’a pas trouvé de
Ces dernières années, la chaîne de valeur traduction fidèle en anglais et est souvent rem-
s’est imposée comme l’un des principaux pa- placé par « chaîne de valeur » (value chain), ce
radigmes pour la réflexion et la pratique dans qui explique la distinction peu tranchée entre ces
le domaine du développement. deux notions.
Selon la FAO (2005), une « chaîne de valeur » • Chaînes de valeurs durables : le concept de
dans l’agriculture désigne l’ensemble des ac- chaîne de valeur alimentaire durable présente
teurs et des activités qui font passer un pro- et analyse un paradigme du développement
duit agricole de base du stade de la production qui intègre à la fois les concepts multidimen-
dans les champs à sa consommation finale, sionnels de durabilité et de valeur ajoutée.
processus dont chaque stade voit de la valeur
être ajoutée au produit. Ce concept reconnaît que les chaînes de valeur
sont des systèmes dynamiques et animés par le
Une chaîne de valeur peut être un lien vertical ou marché, dans lesquels la dimension centrale est
un réseau entre diverses organisations d’entrepre- la coordination verticale (gouvernance). Deuxiè-
neurs indépendantes et peut concerner la trans- mement, le concept est appliqué largement, ha-
formation, l’emballage, l’entreposage, le transport bituellement de façon à couvrir un sous-secteur
et la distribution. entier pour un produit donné dans un pays donné.
Troisièmement, la valeur ajoutée et la durabilité
sont des mesures de la performance explicites et
multidimensionnelles, évaluées au niveau global.
19
Ø Chaînes de valeurs durables : le concept de chaîne de valeur alimentaire
durable présente et analyse un paradigme du développement qui intègre à
la fois concepts multidimensionnels de durabilité et de valeur ajoutée.
Source : FAO
Source : FAO
Faire du développement de chaînes de valeurs de les rendre plus soutenables.
durable reviendrait donc à ce que « l’ensemble
des exploitations Faire du développement agricoles et des entreprises, et
de chaînes Ende effet, malgré durable
valeurs le développement d’outils donc
reviendrait per- à
leurs ce activités successives
que " l’ensemble des exploitations agricoles et des entreprises, etpo-leurs et coordonnées d’ajout mettant d’analyser de manière systémique les
de valeur, activités qui produisent successives des matières premières
et coordonnées litiques publiques,
d’ajout de les objectifsqui
valeur, de produisent
développement des
d’origine matières agricole etpremières les transforment en produitsagricole
d’origine durable (ODD),
et les les nouveaux indicateursen
transforment de mesure
produits
alimentaires, alimentaires, lesquels sont lesquels vendus àsont vendus àdedes
des consom- consommateurs
la résilience, ces derniers finaux et éliminés
restent insuffisam-
mateurs après finauxutilisation, et éliminés après d’une façond’une
utilisation, qui soitment
rentable
articulésd’un
avec labout
prise àdel’autre, qui ait
décision finale et de
larges
façon qui soit rentable d’un bout à l’autre, qui effets positifs pour la société et qui n’épuise pas
mènent souvent à des actions ne répondant que de façon
22
ait depermanente larges effets positifs les ressources pour la sociéténaturelles." et qui (FAO, 2015)
partiellement aux défis et enjeux présents et futurs.
n’épuise pas de façon permanente les ressources
naturelles.» (FAO, 2015)(22). L’approche par les soutenabilités(23) des réformes
publiques porte ainsi l’ambition de construire un
I.7. Soutenabilité des politiques référentiel d’action publique qui soit à la fois du-
rable, systémique et légitime.
22 publiques de sécurité
Développer
des
chaînes
de
valeur
alimentaires
durables
-‐
Principes
directeurs,
FAO,
2015
alimentaire • Durable en ce qu’elle intègre à la fois le long terme
18
et l’épuisement et la finitude des ressources ;
Face aux défis écologiques et à la récurrence • Systémique parce qu’elle repose sur une vision
22. Développer des chaînes de valeur des crises qui caractérisent le temps présent multidimensionnelle et transversale des enjeux et
alimentaires durables - Principes direc- et de plus en plus les décades à venir, les
teurs, FAO, 2015 arbitre des conflits potentiels entre dimensions ;
Etats sont poussés à repenser les politiques • Légitime car elle se construit sur de nouvelles mo-
23. « SOUTENABILITÉS ! ORCHESTRER publiques en général et celles impactant la sé-
ET PLANIFIER L’ACTION PUBLIQUE », dalités délibératives.
France Stratégie, mai 2022 curité alimentaire en particulier, dans le sens
20
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
A ce titre, la question de l’autorité politique dont teurs et politiques conçus de manière à concilier
procèderait le pilotage des enjeux de soutenabilité l’utilisation des ressources. C’est là toute la valeur
des politiques de renforcement de la sécurité et de ajoutée de l’approche «Nexus».
la résilience alimentaires face aux crises et catas-
trophe devient essentielle. Ainsi, analyser et évaluer le nexus «Eau, Ali-
mentation, Energie et Ecosystèmes agroali-
1.8. Approche « NEXUS » mentaires» se révèle être une nécessité devant
la complexité que le changement climatique
Face aux questions soulevées par les change- pose aux nations et à la planète.
ments globaux, notamment climatiques, les ana-
lystes et scientifiques recommandent de plus en II. Approche
plus le recours à l’approche «Nexus» dans l’éla-
boration des stratégies et des programmes. méthodologique
Approche méthodologique
Le nexus invite en effet à la formulation de stra- II.1. Adoption d’une approche
tégies nationales, voire régionales, de dévelop- systémique pour le renforce-
II.1. Adoption d’une
pement durable autour approche
d’un meilleur usage dessystémique pour le renforcement de la
ment de la sécurité alimen-
sécurité alimentaire
ressources dans ceten État.Tunisie
taire en Tunisie
A ce titre, de plus en plus de pays et d’organi-
complexité
sationsde l’environnement
internationales (Système onusien no- et La l’interdépendance
complexité de l’environnement et des l’inter- enjeux socio-
dépendance des enjeux socio-économiques,
conomiques, tamment
sanitaires
pour le nexuset «Développement-Hu-
nutritionnels sanitaires
appellent une approche systémique et
et nutritionnels appellent une ap-
manitaire-Paix») commencent à analyser leurs
urable de l’alimentation et justifie notre recours
interventions politiques à moyen et long termes
à cette
proche systémique approche
et durable de l’alimenta-pour renforcer la
silience du système alimentaire
en tenant compte des scénarios deen Tunisie.tion et justifie notre recours à cette approche
développe-
ment pour chaque secteur clé mais également en pour renforcer la résilience du système ali-
tenant compte des interconnexions entre les sec- mentaire en Tunisie.
Fig.3 : Sous-systèmes d’un
Fig.3 : Sous-systèmes d’unsystème alimentaire
système alimentaire
Source :: Stratégie
Source Stratégie de renforcement de la résilience du système
de renforcement de alimentaire tunisien à du
la résilience l’horizon 2030
système
alimentaire tunisien à l’horizon 2030 21
Cette approche systémique permettra de scénario souhaitable ou de référence (normatif)
mieux comprendre l’importance des interac- constituant la cible à atteindre à l’horizon 2035.
tions de l’ensemble du système alimentaire et En l’occurrence, il s’agit de la vision souhaitable
d’identifier les contraintes et les leviers pour et réalisable pour le système alimentaire tunisien
amener des changements durables dans les à l’horizon prospectif retenu faisant l’objet d’un
pratiques et les milieux de vie. consensus (contraintes, stratégie des moyens, jeu
des acteurs, etc.)
Selon cette démarche seront analysées les quatre
dimensions de la sécurité alimentaire telle que dé- • Etape N°2 : Construction de la stratégie per-
finis par la FAO. A la dimension stabilité, nous in- mettant de cibler le scénario normatif (sou-
cluons la durabilité faisant référence à la capacité haitable ou de référence et réalisable) retenu
des systèmes alimentaires, sur le long terme, d’as- parmi l’ensemble des scénarios exploratoires
surer la sécurité alimentaire et la nutrition sans identifiés à l’horizon 2035.
compromettre les bases économiques, sociale et
environnementale. A partir du diagnostic de la situation présente et
des nouvelles
Parmi ces scénarios, les experts identifieront priorités face
le scénario à l’avenir, desou
souhaitable inerties,
de
référence (normatif) constituant la cible à atteindre à l’horizon 2035. En
II.2. Etapes et phases de l’étude des incertitudes majeures, des tendances
l’occurrence, il s’agit de la vision souhaitable et réalisable pour le système
lourdes,
desretenu
alimentaire tunisien à l’horizon prospectif signauxfaisant
faibles, l’objet
des entraves
d’unou facteurs de
consensus
blocage
(contraintes, stratégie des moyens, jeu des
II.2.1. Les deux grandes étapes de l’Etude et desetc.)
acteurs, forces motrices ou facteurs de
changement (leviers positifs), les experts iden-
• Etape N°2 : Construction de la stratégie permettant de cibler le scénario
Deux grandes étapes
normatif structurent cette
(souhaitable ou deétude :
référence
tifieront dans cette étape la grande manœuvre
et réalisable) retenu parmi l’ensemble
stratégique2035.
des scénarios exploratoires identifiés à l’horizon (objectifs stratégiques déclinés en
A partir
• Etape du diagnostic
N°1 : Prospective de la retenu
du système situation orientations
à présente stratégiques,
et des nouvelleselles-mêmes déclinées
priorités face à
l’avenir, des inerties, des incertitudes majeures, des tendances lourdes,
en mesures opérationnelles constituant le plan des
l’horizon
signaux2035 « Le système
faibles, alimentaire
des entraves outuni-
facteurs de blocage et des forces motrices ou
sien » : scénarios exploratoires
facteurs de changement (leviers d’actions
positifs), ) permettant
les experts de cibler le scénario
identifieront retenu
dans cette
étape la grande manœuvre stratégique pour (objectifs
le système stratégiques
alimentaire tunisien à l’horizon
déclinés en
orientations stratégiques, elles-mêmes déclinées en mesures opérationnelles
Parmi constituant
ces scénarios,lelesplan
experts identifieront
d’actions le
) permettant
2035.de cibler le scénario retenu pour le
système alimentaire tunisien à l’horizon 2035.
Fig.4de
Fig 4. Etapes : Etapes de la construction
la construction de ladestratégie
la stratégiededelala sécurité
sécurité alimentaire (2035)
alimentaire (2035)
Scénario
Diagnostic
normatif
ou
de
Manœuvre
stratégique
:
référence
retenu
stratégique
de
la
objectifs
stratégiques,
pour
le
système
situation
présente
orientations
stratégiques
alimentaire
et
plan
d’actions
tunisien
à
opérationnelles
l’horizon
2035
o Phase 1.1 : L’analyse rétrospective du système Ainsi, cette phase vise à établir un diagnos-
étudié tic stratégique de la situation présente en dy-
namique et d’identifier la liste des variables
Dans le cadre de cette phase, il s’agit d’identifier conditionnant l’avenir du système alimentaire
de manière prioritaire : tunisien à l’horizon 2035.
• Les inerties et les facteurs de blocage ayant o Phase 1.3 : Les tendances lourdes mondiales
entravé par le passé le système alimentaire reconfigurant le système alimentaire mondial
tunisien : qu’est-ce qui a bloqué ? Quelles ont été
les grandes crises traversées par le secteur ? Pour- Dans le cadre de cette phase, suite à crises liées
quoi ? Comment ont-elles été gérées ? Quelles ont à la Covid-19 et au conflit Russo-Ukrainien, il
été les variables ayant conditionné par le passé s’agit d’identifier les grandes tendances lourdes à
l’évolution du système étudié ? Continuent-elles à l’œuvre et les signaux faibles qui bouleverseront
produire des effets sur le secteur aujourd’hui ? le système alimentaire mondial à l’avenir. Il s’agit
• Les forces motrices ou facteurs de change- de s’interroger sur la manière dont le système ali-
ment ayant engendré une évolution positive car mentaire mondial va évoluer à l’horizon 2035. Sur
valorisés. Quels ont été les succès enregistrés par le plan méthodologique, les variables condition-
le secteur ? Quels sont les facteurs explicatifs jus- nant l’évolution du système alimentaire mondial
tifiant ces succès ? seront identifiées.
23
susceptible d’intégrer une ou plusieurs tifs), cette étape sera consacrée à l’identification de
ruptures marquant une cassure dans le la grande manœuvre stratégique permettant de ci-
cours de l’histoire. Afin de se préparer au bler le scénario souhaitable et réalisable retenu pour
pire, il conviendra d’envisager cette rup- le système alimentaire tunisien à l’horizon 2035.
ture sous l’angle d’une inflexion catastro-
phique (scénario noir ou redouté) ; Il s’agit dans ce cadre de définir les orienta-
• Le scénario souhaitable ou normatif et tions stratégiques et les actions à entreprendre
réalisable : ce scénario doit être réaliste à deux horizons : le court terme (2025) et le
et réalisable (pouvant être mis en œuvre): moyen terme (2035).
c’est la vision pour le système alimentaire
à atteindre à l’horizon 2035 ; Au final, la stratégie se décline à trois niveaux :
• Le scénario de rupture optimal ou
idéal : c’est le scénario dit « rose » ou • La vision matérialisée en objectifs stratégiques à
volontariste matérialisé par une rupture atteindre (quantitatifs et qualitatifs) ;
induisant une inflexion vertueuse. En • Les orientations stratégiques à court terme
termes de proactivité, il s’agit d’aspirer à (2025);
peser sur les événements afin de le pro- • Les orientations stratégiques à moyen terme
voquer. (2035) permettant de les cibler et de les matéria-
liser.
24
Section 2 : Diagnostic stratégique du système
alimentaire tunisien INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
25
ciété Tunisienne des Industries Laitières a été créé vés a co-existé au même moment et parallèlement
en 1961 (entreprise publique) et un premier noyau à ces monopoles permettant une transformation
d’industries de conserves alimentaires a été orga- d’une partie de la production agricole locale ou
nisé par le premier groupement interprofession- importée et la diversification de l’offre des pro-
nel de Tunisie, celui des conserves alimentaires duits transformés.
(GICA), crée en 1962.
I.1.1.3. Une politique d’ajustement structurel
Ces structures ont contribué à l’augmentation agricole « imposée » (1988 – 1996)
de la disponibilité et de l’accès des Tunisiens
aux denrées alimentaires. Au milieu des années 1980, la Tunisie a vécu une
première grande crise socio-économique menant
I.1.1.2. Une politique dirigiste de développement à un changement politique majeur (nouveau pré-
agricole et rural (1971 – 1987) sident). Dès 1988, pour retrouver ses équilibres
budgétaires et financiers, la Tunisie a dû suivre,
Durant les années 1970 et 1980, le développement sous les pressions des donateurs, notamment du
économique du pays s’est basé davantage sur le tou- FMI, un Programme d’Ajustement Structurel (PAS)
risme, les hydrocarbures et industries de transfor- orientant les réformes vers une libéralisation de
mation connexes, la transformation du phosphate et l’économie nationale et une plus grande ouverture
les industries manufacturières orientées vers l’export vers l’extérieur. La déclinaison du PAS pour le sec-
(grâce notamment à la fameuse « loi 72 »). teur agricole national était le Plan d’Ajustement
Structurel Agricole « PASA ».
Dans ce processus de diversification des activités
stratégiques, le développement agricole s’est no- Le PASA s’articulait autour des composantes sui-
tamment élargi au développement rural. Dans ce vantes :
cadre, les terres domaniales, qu’elles soient gé-
rées sous forme de coopératives de production ou • La mise en œuvre d’une politique de libéralisation
directement par l’OTD, ont été appelées à jouer du commerce, des prix et de réduction des sub-
un rôle de régulateur du marché en fournissant ventions ;
des productions pour le marché intérieur (20%) • La rationalisation de l’intervention de l’Etat avec
particulièrement en produits de première nécessi- un transfert progressif des activités de production
té (lait, viande, céréales, fruits et légumes). Néan- et de commercialisation au secteur privé et coo-
moins, à partie de 1982 jusqu’à 1986, le choix a pératif ;
été fait d’accélérer le processus de privatisation • L’amélioration de l’efficacité de la politique des
par la constitution de lots destinés à des techni- dépenses et d’investissements publics ;
ciens ou pour ceux qui acceptent de démissionner • L’amélioration des services d’appui au développe-
de l’administration par la création de sociétés sur ment agricole ;
les terres des anciennes unités coopératives de • La rationalisation de l’utilisation des ressources
production (UCP). naturelles ;
• Le renforcement des capacités d’analyse écono-
Les industries agro-alimentaires, de leurs côtés, mique et financière et de suivi de la performance
étant tributaire d’une agriculture peu intensifiée, du secteur.
sont restées essentiellement sous la main de mo-
nopoles de l’Etat pour certains produits straté- Sur près d’une décennie (1988-1996), l’impact
giques depuis le temps des colons (huile d’olive, le plus important du PASA a été le changement
dattes, agrumes, etc.). Un noyau d’industriels pri- de l’environnement économique. En effet, les
26
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
règles du jeu économique ont été modifiées en I.1.1.4. D’une politique de développement agricole
laissant de plus en plus de champ au secteur et rural à une politique de développement
privé. La politique de privatisation des terres do- de filières agroalimentaires (1997 – 2010)
maniales a connu une réelle accélération à cette
période et s’est renforcée par le développement Les formes de concession par la gestion des terres
de « sociétés de mise en valeur et de développe- domaniales se sont poursuivies conduisant à la
ment agricole » (SMVDA), de grandes exploitations multiplication de SMVDA et de lots techniciens. A
louées pour des périodes de plus de 30 ans et la fin 2001, la Tunisie comptait 145 000 hectares
financées par des capitaux externes. De 1986 à de SMVDA (226 sociétés), 50 000 hectares de lots
1995, 45 SMVDA ont été créés sur une superficie de techniciens et seulement 15 000 hectares de
de 87000 ha, soit 17 % des terres domaniales. En lots attribués à des jeunes agriculteurs. Le reste,
1995, deux mesures ont été retenues, la générali- soit 210 000 hectares, était promis à la restructu-
sation de la location à des privés (SMVDA, lots de ration et, éventuellement, à la location à des ca-
techniciens et jeunes agriculteurs) et la restriction pitaux privés. Il est important de souligner que les
de leur vente (loi de février 1995). 226 SMVDA ont attiré des investissements de 250
millions de dinars tunisiens, soit une moyenne de
Par ailleurs, les opérateurs privés ont pris une 2 700 DT/hectare. (24)
part croissante au stockage et à la collecte des cé-
réales, au commerce des semences et des engrais, Par ailleurs, la deuxième moitié des années
ainsi qu’à l’exportation de l’huile d’olive. quatre-vingt-dix a été marquée par une orien-
tation politique manifeste au niveau de l’Etat
Les productions végétales et de la pêche ont géné- pour changer de paradigme en ramenant la
ralement augmenté avec des fluctuations liées aux réflexion stratégique aux filières agroalimen-
aléas pluviométriques mais la tendance générale a taires à la place de l’approche sectorielle clas-
été à la hausse. Les productions d’élevage ont aug- sique. Le même période a été caractérisée par le
menté de manière soutenue. L’évolution favorable lancement du programme de mise à niveau indus-
s’explique par l’investissement, l’amélioration des triel qui donnera une impulsion majeure au déve-
rendements et l’extension des terres irriguées dont loppement des industries agroalimentaires après
la contribution dans les productions agricoles a une focalisation sur l’intensification et l’investis-
augmenté pour se situer à 35% en 1996. L’inves- sement agricoles durant la décennie précédente.
tissement agricole a été encouragé par des incita-
tions directes, telles que la prime d’investissement A ce titre, les industriels agroalimentaires ont
et le crédit agricole ciblé et subventionné (dans le eu l’accord sur 414 dossiers de mise à niveau
cadre du nouveau code d’incitation aux investisse- totalisant un investissement supérieur à 1 mil-
ments, promulgué en décembre 1993). liards de dinars sur la période 1996-2010.
Entre 1988 et 1996, la production annuelle En parallèle, une première stratégie de développe-
moyenne du secteur agricole a progressé de 35% ment des industries agroalimentaires a été élabo-
et le taux de croissance annuel moyen est monté à rée et exécutée dès 2006.
5,3% par rapport à la décennie 1977-1986.
27
Enfin, un programme de mise à niveau des circuits des signes d’essoufflement majeurs en lien
de distribution des produits agricoles et de la mer avec le développement des maillons consom-
a été décidé en 2006, sans réels avancements mation et industrie agroalimentaires dans les
majeurs. filières agroalimentaires.
28
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
lier celle des enfants, était jugée inquiétante aux utilisés par l’Etat en matière de lutte contre le
niveaux nutritionnel et sanitaire. La FAO et l’OMS chômage, l’exode rurale et les déséquilibres régio-
avaient alors recommandé à l’Etat tunisien une naux. Ces transferts ont toujours existé mais ils
planification de la production alimentaire et la prennent une dimension de plus en plus grande.
création d’un service de nutrition à l’échelle natio- Ils ont même été renforcés depuis la mise en
nale. Ces recommandations se sont concrétisées place du Plan d’Ajustement Structurel en 1988. Là
pendant les années 1960 par la création de can- encore, les analyses divergent à propos de l’effi-
tines scolaires et par des actions de formation de cacité de ces programmes. De la même manière
cadres spécialisés dans le domaine. que les subventions, les transferts réalisés par ces
programmes en faveur des classes de revenus les
Pour disposer d’un organe chargé de la mise en plus faibles agissent indirectement sur la sécurité
place et du suivi des politiques nutritionnelles alimentaire (Khaldi et Naili, 1995)(25).
d’une façon séparée de la planification et des poli-
tiques agricoles, l’Etat a créé l’Institut National de • Les programmes d’aide et d’assistance : il
Nutrition (INN) en 1969. Il était chargé de mener s’agit essentiellement d’aide alimentaire servie à
des actions de recherche et de vulgarisation dans diverses populations-cibles : les nourrissons et
les domaines de la nutrition, de la diététique et de les enfants en âge préscolaire dans le cadre de
la technologie alimentaire. l’action des Centres de Protection Maternelle et
infantile (PMI) et les Centres de Santé de Base
Bien que l’Institut ait réussi à mener plusieurs ac- (CSB), les élèves du primaire à travers les can-
tions de formation et de vulgarisation, le fait de tines scolaires, les jeunes filles rurales à travers
vouloir y intégrer toutes les disciplines et fonctions les centres de formation et les travailleurs des
qui concourent à l’alimentation et à la nutrition chantiers régionaux sous forme de complément
avec la complexité des parties prenantes en la de salaire.
matière a rendu la performance de ces travaux
jusqu’à 1975 sujettes à plusieurs critiques. Après Des aides en espèces sont également accor-
1975, il a focalisé ses travaux sur la formation de dées au titre du Programme National d’Aide aux
nutritionnistes, le traitement clinique de certaines Familles Nécessiteuses (PNAFN) mis en place
maladies et la vulgarisation via les médias (notam- comme mesure d’accompagnement au Plan
ment via la fameuse mission de « Dr. Hakim »). d’Ajustement Structurel. Des programmes d’as-
sistance plus orientés vers le soutien sous forme
Le rôle de l’INN est resté concentré autour de ces d’actions productives existent aussi : le Programme
activités jusqu’à maintenant. de la Famille Productive depuis 1981, le Programme
des Potagers Familiaux datant de 1985 et le Pro-
L’éclatement des politiques agricoles et alimen- gramme tuniso-italien de Lutte contre la Pauvreté
taires et des politiques nutritionnelles opéré au lancé en 1986.
milieu des années 1970 a conduit à une forme de
cloisonnement et de coordination faible entre les Leur démarche est différente en ce sens qu’ils
départements chargés de la conception et de la visent à créer une dynamique productive, en ap-
mise en œuvre de ces deux politiques et ce à nos portant un petit capital de départ, des moyens de
25. Khaldi R. Et Naili A, 1995. Analyse
jours. production et un certain encadrement. des politiques de la sécurité alimentaire
en Tunisie. In : Padilla M. (ed.), Le
Bihan G. (ed.). La sécurité alimentaire en
I.1.2.2. Les politiques de lutte contre la pauvreté • Les programmes régionaux de développe- Méditerranée. Montpellier : CIHEAM, 1995.
ment : les plus importants sont le Programme p. 91-109. (Options Méditerranéennes :
Série A. Séminaires Méditerranéens ; n.
Cette composante est l’un des moyens privilégiés Régional de Développement (PRD) et le Pro- 26. http://om.ciheam.org/om/pdf/a26/
CI951143.pdf
29
gramme de Développement Rural Intégré (PDRI). subvention des prix à la consommation et, dans
Le premier existe depuis 1973, le second a été une moindre mesure, du prix de certains intrants
initié en 1984. Leurs actions sont diversifiées et au niveau de la production agricole. Les recettes
touchent à la création d’infrastructures, d’équipe- de la CGC provenaient de taxes spéciales sur
ments collectifs et au lancement ou à la consoli- les produits pétroliers. Les produits subvention-
dation d’actions productives Individuelles. nés sont les céréales, le lait, l’huile, le sucre, la
viande bovine importée, le maïs et les tourteaux
La population pauvre, surtout en milieu ru- de soja (destinés à l’aviculture industrielle), le thé
ral, constitue la population-cible de ces pro- et le café. Les céréales représentent 70% des dé-
grammes. Ils mobilisent des ressources très penses de la CGC.
importantes et leur administration est deve-
nue de plus en plus complexe. Les subventions ont permis de contenir la hausse
des prix des produits alimentaires à 6%, malgré
Le PRD intervenait dans trois directions : l’accroissement des prix internationaux des pro-
duits importés et des prix à la production.
• La formation professionnelle de jeunes ruraux ;
• La création et la consolidation d’emplois par l’oc- Dans le contexte difficile du début des années 1980,
troi de prêts et de subventions ; on assiste en plus à une baisse de la production pé-
• L’amélioration des conditions de vie. trolière en même temps qu’à une diminution des prix
Le PDRI intervenait dans les mêmes domaines à sur les marchés mondiaux. À partir de 1983, on
l’exception de l’axe formation professionnelle. observe une baisse des recettes de la CGC et une
hausse brutale de son déficit.
I.1.2.3. Les politiques de subvention et de maîtrise
de l’inflation En 1984, le gouvernement tente d’introduire des
ajustements dans le sens de la hausse des prix des
La politique des prix des produits alimentaires produits céréaliers subventionnés (pain, semoule,
est un élément permanent de la politique écono- et pâtes alimentaires). Il se heurte à une opposi-
mique tunisienne. Selon les travaux de khaldi et tion violente et de masse.
Naili (1995), on peut distinguer trois périodes dans
l’évolution de la politique des prix. • La quête de l’efficacité (1984-1994) : à partir
de 1984, un débat s’instaure sur la question des
• Le blocage des prix et des salaires (1960- subventions, sur l’équité et sur l’efficacité du sys-
1970) : au cours de cette période, la politique de tème. Des positions contradictoires sont dévelop-
l’Etat en matière de prix à la production consistait pées, allant de la non-remise en cause de la ges-
en la fixation et le maintien des prix des produits tion de la CGC à sa suppression pure et simple.
agricoles à un niveau bas. Cette maîtrise des prix
a été possible grâce à une conjoncture favorable En 1986, la situation économique et financière du
des marchés internationaux qui a permis d’impor- pays se dégrade, le chômage s’aggrave et l’infla-
ter à bas prix certains produits (céréales, huile de tion atteint des niveaux record. L’Etat opte pour un
soja, etc.). D’un autre côté, cette politique a per- Plan d’Ajustement Structurel avec l’appui du FMI
mis de maintenir les salaires à un bas niveau. et des grands bailleurs de fonds internationaux.
• La mise en place des subventions (1970- Parmi les orientations principales de l’ajustement
1984) : en 1971, la Caisse Générale de Compen- structurel figurent la réduction des dépenses pu-
sation (CGC) est créée pour gérer un système de bliques et la compression de la demande. Ce qui
30
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
s’est traduit par des modifications dans la gestion mentaires sur la pauvreté (2013)(26) a démontré
de la CGC. Le principe du maintien de la poli- qu’en 2010, seules 9,2 % des subventions sont
tique des subventions n’a pas été remis en cause. orientées aux ménages les plus démunis, 60,5
Toutefois, plusieurs ajustements à la hausse ont % aux ménages de la classe moyenne, 7,5 %
été opérés au niveau des prix à la consommation à la population aisée, alors que 22,8 % sont
d’une manière moins brutale qu’en 1984. transférés hors ménages, notamment vers les
entreprises de restauration hors foyer. Les ana-
Certains produits ne figurent plus dans la liste lyses ont aussi confirmé que pour la population
des produits subventionnés (comme les viandes). défavorisée, environ 28,6% de la valeur apport
D’autres verront une élimination graduelle de la calorique total et 25,4% de la valeur apport pro-
subvention. Il s’agit, en particulier, des produits téique total proviennent de la subvention des pro-
jugés moins sensibles : sucre, céréales destinées duits de base. On conclut que l’état nutritionnel
à l’alimentation animale et engrais. Les seuls pro- des ménages tunisiens dépend fortement des
duits qui continuent après à être subventionnés subventions alimentaires.
sont les céréales d’alimentation humaine, l’huile
de graine et le lait. Selon la conjoncture internationale et nationale,
le budget de l’Etat continue à subir à des niveaux
Les prix à la production ont connu plusieurs ajus- différents la lourdeur de la subvention accordée
tements, certains prix ayant même été totalement aux produits de base alimentaire. Ce point sera
libérés (prix des viandes ovine et bovine). La ges- traité plus en détail dans la partie indicateurs ré-
tion de la CGC pose toujours des problèmes trospectifs de la sécurité alimentaire.
pour les finances publiques et aussi sur le plan
social et politique, d’autant plus que depuis I.1.3. Les politiques de préservation des
1987 les dépenses de la Caisse sont budgéti- ressources naturelles et de lutte contre
sées. les changements climatiques
31
A côté de ces barrages, d’autres formes de mobi- I.1.3.2. Politiques de lutte contre les effets des
lisation existaient mais sont d’un apport marginal, changements climatiques
à l’instar des lacs collinaires (ou gouvernorat de
Bizerte ou dans la Haute-Medjerdah). Au total, les L’érosion des sols et la désertification sont deux
lacs collinaires mobilisaient 9 hm3 en 1986. phénomènes qui caractérisent le paysage agricole
national et impactent fortement la productivité
Durant la décennie 1990-2000, la Tunisie a da- des terres arables nationales.
vantage intensifié les efforts de mobilisation des
ressources en eau. En effet, une première stratégie A l’indépendance, la carte de l’érosion faisait
nationale de mobilisation des ressources en eau a apparaître que les terres érodées couvraient une
été conçue et mise en œuvre dont l’objectif prin- superficie de 3 millions d’Ha, dont 1,5 millions
cipal est la mobilisation de 85% du potentiel de d’Ha gravement affectés. On estimait à l’époque
ressources en eau, et ce à travers : les pertes annuelles de sols suite au phénomène
de l’érosion à 10000 ha annuellement. Certaines
• La réalisation de forages de reconnaissance et d’ex- estimations allaient même jusqu’à 25000 Ha/an.
ploitation et de piézomètres de contrôle et de suivi ;
• L’amélioration et le développement des réseaux Dans ce contexte, la Tunisie a entamé des ef-
de mesures et de suivi des ressources en eau ; forts d’aménagement des grands versants dès les
• La création de 21 barrages, 203 barrages colli- années 1960 et des projets de conservation des
naires et 580 lacs collinaires. eaux et du sol jusqu’au début des années 1980.
Ces efforts ont permis de mobiliser près de En 1984, une direction de conservation des eaux
4 655 Mm3, soit près de 90% des eaux mobili- et du sol a été créée au sein du Ministère chargé
sables dès 2006. de l’Agriculture avec des ramifications régionales
sous forme d’arrondissement au sein des CRDA.
Durant la décennie 2005-2015, les ressources mo- En 1986, le code de conservation des eaux et du
bilisées ont continué de progresser pour atteindre sol fut promulgué et en 1991, une stratégie natio-
95% du potentiel mobilisable en 2010 et 97% en nale de conservation des sols couvrant la décen-
2015. nie 1991-2000 a été mise en œuvre. Elle visait la
préservation d’un million d’Ha entre 1991 et 2000.
Parallèlement à cette mobilisation des ressources Cette stratégie reposait sur les objectifs straté-
en eau conventionnelles, le développement des giques suivants :
ressources en eau non conventionnelles est deve-
nu une question d’actualité, notamment ces der- • Réduire la perte des terres agricoles ;
nières années avec 3 pistes majeures : • Améliorer la fertilité des sols ;
• Récupérer les terres propres à la culture via l’ins-
• La réutilisation des Eaux Usées Traitées (EUT) ; tallation des jessours ;
• Le dessalement des eaux saumâtres y compris • Prolonger la durée de vie des barrages.
l’eau de mer ;
• La recharge artificielle des nappes.
Toutefois, malgré ces efforts et les investisse-
Des projets ont été déjà initiés dans ces 3 voies et ments entrepris, les terres érodées ont conti-
figurent dans les stratégies de l’eau de la Tunisie. nué à progresser pour dépasser les 5 millions
d’Ha durant les années 2000.
32
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
La fertilité des sols semble en même temps reculer pays tant au niveau socio-économique qu’au ni-
comme l’a montré l’étude des sols réalisé en 1996(27). veau environnemental.
En 2001, une deuxième stratégie a été mise en Consciente de ces enjeux, la Tunisie a été parmi
place couvrant la décennie 2001-2011. Elle a les premiers pays à avoir ratifié la Convention
Cadre des Nations Unies sur le Changement
contribué à réduire les terres agricoles altérés par
les érosions de manière à maintenir le stock de Climatique (CCNUCC) depuis 1993 et le Proto-
cole de Kyoto en 2002. Depuis, de nombreuses
terres cultivées autour de 4,8 millions d’Ha et les
terres de parcours à 4 millions d’Ha. initiatives ont été entreprises par les autorités tu-
La Tunisie, compte tenu de son climat intrinsèquement nisiennes avec l’appuicaractérisé
de la coopérationparinterna-
une
variabilité prononcée et une grande
Toutefois, les menaces continuent de peser lourd tionale.
aridité verra Néanmoins,
les ces
forçages activités
du aussi
changementmultiples
climatique accroîtront la vulnérabilité (28)
sur les sols en Tunisie étant donné que 46 % du pays tant soient-elles,
et variées au niveaunécessitent
socio-économique
aujourd’hui une
qu’au niveau environnemental. mise en cohérence et par voie de conséquence
des cultures sont réalisées sur des terres à fertilité
limitée ou trèsde
faible, la mise en place d’une Stratégie Nationale sur le
Consciente ceset enjeux,
près de 1100
la 000 ha sont
Tunisie a été parmi les premiers pays à avoir ratifié
lacultivés sur des terres
Convention Cadresensibles à l’érosion.
des Nations Unies sur le Changement
Changement Climatique (SNCC, 2012).
Climatique
(29)
(CCNUCC)
depuis 1993 et le Protocole de Kyoto en 2002. Depuis, de nombreuses
initiatives ont été Par ailleurs, la Tunisie vient d’élaborer en
I.1.3.3 Ratification de laentreprises par les autorités
Convention cadre tunisiennes avec l’appui de la
coopération internationale. Néanmoins, ces 2022, une nouvelle
activités aussistratégie
multiplesde neutralité
et variéescar-
des Nations Unies
soient--‐elles, nécessitent aujourd’hui une mise bone et
endecohérence
résilience au et
changement
par voieclima-
de
conséquence la mise en place d’une Stratégie Nationale sur
tique à l’horizon 2050. le Changement
La Tunisie, compte
Climatique (SNCC, tenu de son
2012). 29 climat intrinsè-
quement caractérisé par une variabilité prononcée Cette stratégie se base sur la vision et les axes
Par ailleurs,
et une grandelaaridité
Tunisie vient
verra d'élaborer
les forçages en 2022, une nouvelle stratégie de neutralité
du chan- stratégiques suivants :
carbone
gement climatique accroîtront la vulnérabilité du climatique à l’horizon 2050.
et de résilience au changement
29
GIZ,
Ministère
de
l’Equipement,
de
l’Aménagement
du
Territoire
et
du
Développement
Durable,
2012.
Stratégie
Nationale
sur
le
Changement
Climatique,
Notons à ce niveau, que le secteur de l’Agricultu- tionale pour renforcer la sécurité ali-
re (y compris les forêts) figure dans la deuxième mentaire.
place dans la liste des secteurs émetteurs de gaz
à effet de serres (après le secteur de l’Energie). Les fragilités, insuffisances et blocages :
34
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
Disponibilité alimentaire lée de la Medjerda, le Kairouanais) et les oasis. 31. INS, 2013. Analyse de l’impact
des subventions alimentaires et des
programmes d’assistance sociale sur
La superficie agricole utile est estimée à 5,3 la population pauvre et vulnérable.
http://www.ins.tn/publication/
La contribution du secteur agricole au PIB tunisien millions d’Ha dont 4,9 millions d’Ha (93%) la- analyse-de-limpact-des-subventions-ali-
est à la baisse. Elle est passée de 20, 8% en 1965 bourables (SAU), le reste (387 300 Ha) étant mentaires-et-des-programmes-dassis-
tance-sociale
à 10,2% en 2020 atteignant 13,5 % en comptabili- des terres de parcours et de pâturages.
sant le secteur agro-alimentaire. Depuis 2011, son 32. Khaldi R. Et Naili A, 1995. Analyse
des politiques de la sécurité alimentaire
évolution reste favorable de +2,8% en moyenne L’enquête agricole 2004-2005 montre que les
(33)
en Tunisie. In : Padilla M. (ed.), Le Bihan
contre une évolution moyenne de 1,4% pour le terres labourables sont restées presque stables G. (ed.). La sécurité alimentaire en
Méditerranée. Montpellier : CIHEAM, 1995.
secteur agro-alimentaire (INS). avec quelques changements mineurs dans l’occu- p. 91-109. (Options Méditerranéennes :
pation du sol. Série A. Séminaires Méditerranéens ; n.
26. http://om.ciheam.org/om/pdf/a26/
Les performances du secteur agricole dé- CI951143.pdf
pendent de plusieurs facteurs naturels et Les ressources en eau du pays sont limitées
structurels qui influent directement sur les 33. Enquête sur les Structures des
en raison des faibles pluviométries, mais su- Exploitations Agricoles 2004-2005 Mi-
disponibilités alimentaires. rexploitées par le secteur agricole qui utilise nistère de l’Agriculture et des Ressources
Hydrauliques
35
80 % de ces ressources. Selon des chiffres fecte les rendements des cultures, mais risque
officiels, l’eau souterraine est prélevée à hau- de dégrader sur le long terme et d’une manière
teur de 3,745 milliards de mètres cubes. Dans souvent irréversible la structure des sols irri-
le détail, les nappes phréatiques (914 millions de gués. Ce phénomène est accentué par l’excès
mètres cubes (m3), sont exploitées au fort taux de d’eau ou hydromorphie.
118,7%, la nappe profonde (1 922 m3) à hauteur
de 134,3% et les nappes profondes non renouve- ii) Production agricole
lables (fossiles 909 m3) à hauteur de 130,2%. Ce
qui est considérable. A l’origine les forages anar- La SAU est répartie en moyenne à raison de
chiques ou illicites. 56% d’arboriculture (Fruits et olives), 27% de
céréales, 10% de fourrages, 4% de légumes,
Le volume de l’eau par surexploitation des 2% de légumineuses et 0,4% de cultures in-
aquifères est estimé à 480 Mm3/an, soit 24 % des dustrielles pour lesquelles on enregistre entre
prélèvements totaux d’eaux souterraines. Par ail- 2010 et 2018 seulement un accroissement
leurs, les eaux sont affectées à des degrés divers pour l’arboriculture (6%) contre une réduc-
par la salinité. tion de 6% pour les céréales, 5% pour les lé-
gumes et 3% pour les fourrages.
L’utilisation à grande échelle des eaux moyen-
nement à fortement
accroissement salées en irrigation
pour l’arboriculture (6%)af-contre une réduction de 6% pour les céréales,
5% pour les légumes et 3% pour les fourrages.
Fig.5 : Evolution de la superficie cultivée par culture (1000ha)
Fig.5 : Evolution de la superficie cultivée par culture (1000ha)
10000
9000
8000
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Céréalesا Fourrages Légumineuses Légumes Cultures industrielles et autres Fruits Total
Par ailleurs, si l’ensemble des besoins en produits agricoles est couvert par la
Par ailleurs,nationale
production si l’ensemble
à des besoins
raison pro- la Les
deen70%, céréales
Tunisie (blé dur et tendre,
demeure orge), principal des
très dépendante
duits agricoles est couvert par la production constituant
marchés mondiaux pour répondre à une demande croissante notamment du régime alimentaire des Tuni- de
nationaled’huiles
céréales, à raison végétales
de 70%, la Tunisie
et de demeure
sucre. siens, accaparent la part la plus importante de
très dépendante des marchés mondiaux pour la valeur des importations (65% en moyenne)
Les répondre
céréales à (blé dur et tendre,
une demande orge),
croissante, principal
notam- constituant
suivies des sucres du régime
et des huiles alimentaire
végétales. des
Tunisiens, accaparent la part la plus importante
ment de céréales, d’huiles végétales et de de la valeur des importations (65% en
moyenne)
sucre. suivies des sucres et des huiles végétales.
Fig.6 : Evolution des importations des principaux produits alimentaires (MD)
10
000,0
36
9
000,0
8
000,0
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Céréalesا Fourrages Légumineuses Légumes Cultures industrielles et autres Fruits Total
Par ailleurs, si l’ensemble des besoins en produits agricoles est couvert par la
production nationale à raison de 70%, la Tunisie demeure très dépendante des
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
Les céréales (blé dur et tendre, orge), principal constituant du régime alimentaire des
Tunisiens, accaparent la part la plus importante de la valeur des importations (65% en
moyenne) suivies des sucres et des huiles végétales.
Fig.6 : Evolution des importations des principaux produits alimentaires (MD)
Fig.6 : Evolution des importations des principaux produits alimentaires (MD)
10 000,0
9 000,0
8 000,0
7 000,0
6 000,0
5 000,0
4 000,0
3 000,0
2 000,0
1 000,0
0,0
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
Blé
dur
Blé
tendre
Orge
Mais
Pomme
de
terre
Viande
Laits
et
dérivés
Huiles
végétales
Sucre
Tourteaux
de
Soja
Total
37
l’équilibre de la balance commerciale, grâce aux Les résultats du secteur halieutique sont marqués
soldes positifs tout au long de la période 2008- sur la longue période par :
2018.
• Une augmentation du volume de la production
Confronté à une « raréfaction » des espèces et halieutique, attribuable surtout à la production
surtout à une demande croissante, le secteur aquacole ;
de l’aquaculture a pris de l’ampleur en Tunisie • Les fortes augmentations des valeurs, résultant
puisque la production est passée de 3400 tonnes notamment de la hausse des prix moyens ;
• Les fortes augmentations
en 2007 à 21 768 tonnes des valeurs,
en 2018, résultant
ce qui repré- notamment
• Une tendance de
à la stagnation du ladeshausse
volume ex- des prix
moyens ; sente environ 16% de la production nationale de portations ;
produits de la pêche. • Une tendance à la baisse du volume des importa-
• Une tendance à la stagnation du volume destions exportations
; ;
• Une tendance Au à la41baisse
total, du volume
sites sont installés des importations
et génèrent 2000 ;
• Une balance commerciale excédentaire.
• Une balance emplois (directs & indirects). Il est d’ailleurs pré-
commerciale excédentaire.
vu que la production atteigne 45 000 tonnes en La production, estimée en 2018 à environ 134
2030. Mais, d’ores et déjà, des questions de fond mille tonnes, s’inscrit en progression sur la longue
La production, estimée en 2018 à environ 134 période,
se posent dont la plus prégnante est celle rela- mille grâce
tonnes, s’inscrit
à l’évolution remarquableen des progression
pro- sur
tive à l’interaction de cette activité avec le milieu duits aquacoles dont la part dans la production
a longue période, grâce à l’évolution remarquable
et surtout son intégration dans un plan durable
des produits aquacoles dont la part
halieutique est passée de 3% en 2008 à 17% en
dans la production halieutique
d’aménagement côtier. est passée de 3% en 2018.2008 à 17% en 2018.
En 2018, la pêche et l’aquaculture représen- Les captures ont quant à elles progressé à un
Les captures ont taient
quant à elles progressé à un
un chiffre d’affaires de 1221 millions
rythme faible, mais qui dépasse les
rythme faible, mais qui dépasse les exigences
exigences d’une exploitation rationnelle
de dinars pour une production de des ressources
134 mille ; le dérapage
d’une exploitation ayant commencé
rationnelle des ressources
en 2011, avec l’expansion
tonnes. de la pêche anarchique ; le dans
dérapageun contexte
ayant commencé en post-révolution.
2011, avec
l’expansion de la pêche anarchique dans un
contexte post-révolution.
Fig.7 : Evolution de la production de la pêche et de l'aquaculture en Tunisie
Fig.7 : Evolution de la production de la pêche et de l’aquaculture en Tunisie
38
a production de produits de la mer transformés, constituée principalement des
conserves de thon et de sardine et des semi-conserves d’anchois, est estimée à environ
5 mille tonnes par an, avec une progression pour les conserves de thon et d’anchois et
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
16
14
14
12
10
8
6
4,6
4,9
4,0
4
1,2
1,5
2
1,2
0,6
0
-‐2
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
-‐4
-‐2,7
-‐3,9
-‐6
43
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
• Le commerce extérieur
peut être et lespar
expliqué investisse- tations
l’augmentation desétaient
courssupérieures aux exportations.
des matières premières
importées : blé, sucre, huiles,
ments : le taux de couverture de l’industrieetc. Ceci peut être expliqué par l’augmentation des
agroalimentaire est toujours supérieur à 1 sauf cours des matières premières importées : blé,
pour l’année 2017 durant laquelle les impor- sucre, huiles, etc.
Figbalance
Fig 10. Evolution de la 10. Evolution de la balance alimentaire
commerciale commerciale alimentaire
4500
5,00
3
840
4000
3500
3
068
4,00
3000
2729
2751
2797
2
489
3,00
2500
2
021
1969
2000
2,00
1500
1000
1,00
140%
500
103%
91%
110%
0
-‐
2016
2017
2018
2019
export
(MD)
import
(MD)
taux
de
couverture
en
%
Source : Source
Ministère :de
Ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Energie
l’Industrie, des Mines et de l’Energie
Du coté des investissements, le secteur des IAA treprises. Ce montant des investissements résulte
Du coté des
accaparait investissements,
en 2019 la plus grande le
partsecteur
des in- desd’une
IAA baisse
accaparait en32,1%
annuelle de 2019 deslainvestissements.
plus grande
part des investissements avec 702,3 MDT, soit environ 24% du total de l’investissement
vestissements avec 702,3 MDT, soit environ Malgré ces derniers, une baisse de 52,6% des inves-
industriel dont 47% sont destinés aux projets de créations d’entreprises. Ce montant
24% du total de l’investissement industriel dont tissements dans le cadre des industries totalement
des investissements résulte d’une baisse annuelle de 32,1% des investissements. Malgré
47% sont
ces destinés aux projets
investissements, une de créations
baisse ded’en-
52,6% exportatrices a été constatée.
des investissements dans le cadre des
industries totalement exportatrices a été constatée.
Fig 11. Evolution des Investissements (prix courant en MD)
650
620
Fig 11. Evolution des Investissements (prix courant en MD) 590
600
530
550
475
500
435
440
425
450
375
400
341
350
298
300
250
200
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
prévisions
2019
Source : Source
Ministère :deMinistère de l’Industrie, des mines et de l’Energie
l’Industrie, des mines et de l’Energie
44
v.
Mécanismes de régulation des disponibilités
Fig 11.subvention
Fig.12 : Part de la Evolution des Investissements (prix courant en
par produit (%)MD)
1%
5%
1%
11%
Céréales
Lait
11%
Huiles
végétales
Sucre
Pates
et
couscous
71%
Autres
produits
Fig.13
:
Evolution
des
dépenses
de
la
CGC
en
MD,
2005-‐2019
45
Source : Données de la Banque Centrale de Tunisie
Source : Données de la Banque Centrale de Tunisie
La CGC est devenue aujourd’hui un mécanisme de régulation à double tranchant,
d’un côté, elle maintient les prix dans un niveau acceptable pour les citoyens au prix
42 d’une pression sur le budget de l’Etat et de l’autre, elle maintient une distorsion des
prix accentuant un fonctionnement non optimal dans plusieurs filières alimentaires
(dérivés de céréales, lait, etc.) limitant ainsi leur développement.
La CGC est devenue aujourd’hui un mécanisme tés industrielles de transformation afin de valoriser
de régulation à double tranchant, d’un côté, elle les récoltes et faciliter la conquête de nouveaux
maintient les prix dans un niveau acceptable pour marchés à l’export. Ces filières sont restructurées
les citoyens au prix d’une pression sur le budget au niveau des principaux bassins de production
de l’Etat et de l’autre, elle maintient une distorsion à travers l’implantation de nouvelles unités in-
des prix accentuant un fonctionnement non op- dustrielles de transformation et de plateformes
timal dans plusieurs filières alimentaires (dérivés logistiques au niveau des régions pour valoriser
de céréales, lait, etc.) limitant ainsi leur dévelop- les produits agricoles et optimiser les circuits de
pement. conditionnement et de distribution.
Depuis 2011, dans un contexte post-révolution, A l’origine, ces industries étaient naturelle-
le débat sur la Caisse Générale de Compensa- ment très dépendantes de l’agriculture et se
tion refait surface à l’occasion des discussions limitaient le plus souvent à de simples acti-
de chaque loi de finance. Ce débat est en grande vités de conditionnement et de stockage. Ce
partie impulsé par les difficultés croissantes au ni- schéma est longtemps resté dominant, jusqu’à
veau des finances publiques mais aussi sous l’effet ce que les procédés se perfectionnent et que
des pressions exercées par les organisations inter- des services diversifiés se développent. Les
nationales, notamment la Banque Mondiale et le IAA s’éloignent maintenant d’une simple ges-
Fonds Monétaire International. Ces organisations tion de la production agricole.
préconisent, en effet, l’élimination des subven-
tions alimentaires supposées inefficaces et de les II.2. Macro-concept 2 : Accès aux
remplacer par des « programmes sociaux exclu-
sivement destinés aux pauvres et nécessiteux ».
denrées alimentaires
Éliminer les subventions alimentaires et contrôler
i) L’accès Physique
les salaires dans le secteur public permettraient,
selon le FMI, de libérer des ressources pour plus
Les canaux de distribution aux consommateurs
d’investissement public.
sont multiples :
Vi. Capacités de stockage et besoin de
• Des canaux ultra-courts qui concernent les
transformation
ventes directes du producteur au consomma-
teur ;
D’une façon générale, le pays souffre d’une in-
• Des canaux qui comportent un ou plusieurs in-
suffisance chronique au niveau des capacités de
termédiaires entre le producteur et le consom-
stockage, limitées à 3 mois.
mateur.
Ce problème de stockage se pose également pour
Les circuits de distribution font intervenir plusieurs
d’autres produits de base à l’instar des pommes
types d’acteurs : des grossistes, des détaillants et
de terre dont les capacités, selon le GIL, restent
la grande distribution.
limitées à 10000T/an assuré par le GIL et 30000T
par les privés.
On compte 100 marchés de production et de gros
des fruits et légumes ; 35 marchés de gros des
Face à une surproduction notable et structurelle
poissons ; 241 marchés de détails dont 16 pour les
dans certaines filières agricoles (dattes, olives, to-
poissons ; 148 marchés aux bestiaux ; 217 abat-
mates, agrumes, etc.), le secteur des IAA mobilise
toirs des viandes rouges. Le secteur privé dispose
davantage de moyens pour créer de nouvelles uni-
du monopole de la totalité des circuits de distri-
43
bution des produits avicoles, du lait, etc. et de la s’établi à 6.7% contre 7.3% en 2018 (INS,
grande et moyenne distribution. 2020). Les prix de l’alimentation ont augmen-
té de 5.8%, ceci étant dû à l’augmentation des
Le réseau tunisien des grandes et moyennes sur- prix des fruits de 9.7%, des viandes de 9.1% et
faces (GMS) est constitué d’hypermarchés (2) de des fromages et des œufs de 7.3%. Alors que
plus de 340 supermarchés répartis sur l’ensemble les prix des huiles alimentaires ont baissé de
du territoire tunisien. Elles offrent une gamme de 6.9% par rapport à l’année précédente. Concer-
produits composée de produits industriels et de nant la baisse des prix des produits alimentaires
produits artisanaux. Les épiceries de quartier repré- (0,1%), elle est due essentiellement à la baisse
sentent un lieu d’achat journalier et de proximité. du prix de l’huile d’olive de 5,4% et celui des
Elles représentent une part importante des ventes volailles de 2,9% contre une hausse de prix des
alimentaires, particulièrement en zone rurale. fruits frais et fruits secs. Rappelons que la part
moyenne du budget des ménages consacrée à
Il est à noter que l’infrastructure constituée de l’alimentation est estimée par l’INS à 35,8 %
marchés de gros et de détail est en dégrada- en 2015.
tion continue depuis 2012, l’indice de perfor-
mance logistique étant de 2.59 en 2016 contre Les produits alimentaires libres ont connu une
respectivement 2.16 et 3.14 en 2014 et 2012. augmentation de leurs prix de 6,5%, contre
L’infrastructure routière comprend 360 Km d’auto- 2,3% pour les produits alimentaires à prix
routes, d’environ 1750 km de routes, dont 65% sont contrôlés (SOLIDAR et PAM, 2020). Ces derniers
revêtues et de 1300 Km de pistes. La densité rou- produits sont les céréales, le lait, le sucre qui
tière est très faible par rapport à la superficie de la bénéficient de subventions à la consommation
Tunisie (12 km/100 km²) et la densité du réseau fer- dont le but est de contenir les augmentations
roviaire représente 1.3 Km/km² en 2017. Les ports des prix et de préserver le pouvoir d’achat des
maritimes sont au nombre de 41 ports de pêches classes les plus défavorisées. Toutefois, plu-
(stockage et distribution) et de 7 ports de com- sieurs études avaient conclu que le système
merce (conteneurs, roulants, produits chimiques, actuel des subventions à la consommation
pétroles, etc.) (SOLIDAR et PAM,2020)(34). entraine des effets redistributifs non négli-
geables au profit des plus démunis de la
Par ailleurs, certains circuits de commercia- société, mais son caractère universel nuit
lisation sont sous l’emprise croissante des beaucoup à l’efficience de cet outil en tant
intermédiaires spéculateurs qui imposent aux que mécanisme de lutte contre les inégalités
producteurs leurs prix, tel le cas des produits et la pauvreté.
avicoles, des fruits et légumes. Les petits
transformateurs locaux qui approvisionnent Plusieurs chiffrent démontrent que :
les crémeries sont aussi intégrés au circuit in-
formel. • Les ménages les plus aisés perçoivent trois
fois plus d’aides pour l’alimentation que les
ii) L’accès économique : Prix et subventions plus démunis (Banque Mondiale, 2021)(35) ;
• La diminution du pouvoir d’achat, l’endette-
34. Revue stratégique de la Tunisie En raison d’un faible niveau de la croissance éco- ment des ménages, l’augmentation du niveau
(CSR) « Sécurité Alimentaire et Nutrition »
SOLIDAR -PAM nomique (1% en 2019), le PIB par habitant (en des prix, a affecté aussi bien la classe pauvre
équivalent du pouvoir d’achat) a connu une légère de la population que la classe moyenne (1 090
35. Banque Mondiale, 2021. Moyen-
Orient et Afrique du Nord : mieux que des
baisse de 10 877 en 2016 à 11 096 en 2018. DT et 6 540 DT respectivement au prix de la
subventions, des transferts monétaires Pour l’année 2019, le taux d’inflation moyen valeur du dinar en 2000). Selon l’INS, cette
uniformes
44
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
classe est en dégradation passant de 67% en ture des marchés, à l’urbanisation (60%) et à
2015 à moins de 50% en 2018 ; l’expansion de la grande distribution. Ces élé-
• L’accès à une alimentation saine et équilibrée, ments ont fortement contribué à la diversi-
surtout pour les populations vulnérables, est fication du modèle alimentaire mais aussi
fortement liée au déséquilibre régional et au à l’apparition de nouveaux comportements
chômage qui a touché, en 2019, 15.1% de la alimentaires. Malgré cette diversification, la
population active (22% femmes, et 12.2% ration calorique demeure à prédominance
hommes). végétale, avec 47% de céréales (174,7kg/
pers/an).
II.3. Macro-concept 3 : Utilisation
Bien que la consommation des céréales soit à
des aliments la baisse (-14,7%), cette tendance montre une
forte baisse de la consommation de blé dur
En Tunisie, la demande alimentaire a subi des
(-45,5%) au détriment du blé tendre (+17,6%)
changements importants liés aux modifications
dont le pain de boulangerie représente 86% de
des conditions économiques et sociales (crois-
la consommation du blé tendre (en moyenne
sance démographique de 1.03%, croissance
73kg/pers./an contre 65,7 kg/pers./an en 1985,
des revenus de 2.8%), au développement de
soit un accroissement de 11%) (INS,2018)(36).
la production (6.2 % en moyenne), à l’ouver-
Source : Données INS (2018) Source : Données INS (2018)
36. INS, 2018.Enquête consommation
Au cours des dernières années, la baisse du pouvoir d’achat des ménages a entrainé des ménages
uneAu cours des des
diminution dernières années,
apports la baisse qui
caloriques du sont
enpassés
termes dedequantités produites de blé en
82kcal/capita/jour tendre,
2011 à
pouvoir d’achat desen
24kcal/capita/jour ménages
2015 a(SOLIDAR
entrainé une
etdi-
PAM).mais plutôt l’effet des politiques de compensa- 37. Khaldi R., Boudiche S., Ameur M., Ra-
ched Z., Sfayhi D. (2016) : Renaissance de
minution des apports caloriques qui sont passés tion suivies par l’Etat. En effet, la subvention de la diète méditerranéenne en Tunisie pour
Unede telle baisse ne reflète
82kcal/capita/jour en 2011pas les améliorations
à 24kcal/capita/ en énergétiques
produits termes de(blé quantités produites
et huiles végétales) a de
une alimentation durable à travers une
blé jour
tendre, mais plutôt l’effet des politiques de compensation suivies par l’Etat. approche territoriale intégrée. Proceedings
En
en 2015 (SOLIDAR et PAM). été souvent soulevée pour expliquer cette tran- 1st AMSR Congress « ‘Sustainability of Ter-
effet, la subvention de produits énergétiques (blé et huiles végétales) (37) a été souvent
sition nutritionnelle (Khaldi, 2016) . ritories in the Context of Global Changes’
soulevée pour expliquer cette transition nutritionnelle (Khaldi, 2016)37. pp 272-281. ISBN 987-989-8780-04- Mar-
Une telle baisse ne reflète pas les améliorations
Par ailleurs, ce modèle dans l’apparence diversifié, cache une consommation plus rakech-Maroc 30-31 Mai 2016.,
pauvre en légumineuses (-18% entre 1985 et 2015) et plus riche en pomme de terre
(dont la part constitue 25% de la consommation totale de légumes frais).
204,4
196,4
187
180,4
182,6
180,7
174,3
117,2
110
102,5
91,5
84,9
81,6
82,8
72,2
71,7
71,7
72,8
75,7
80,1
63,8
Cette évolution ne cadre pas toujours avec les objectifs de la sécurité alimentaire
telle que définie.
46 51
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
Cette évolution ne cadre pas toujours avec les La prévalence du diabète avoisine les 19.8% de
objectifs de la sécurité alimentaire telle que dé- la population, celle de l’anémie concerne 31.2%
finie. des femmes en âge de procréer (15-49 ans). Les
Ce déséquilibre nutritionnel a favorisé la maladies transitioncardiovasculaires
épidémiologique représentent plus depar
marquée
Cel’augmentation
déséquilibre nutritionnel a favoriséde
des maladies la surcharge
transi- 30% des décès
(obésité (INTAA). à l’origine de 60% des
et surpoids)
causes
tion de décèsmarquée
épidémiologique et touchant 57% de la population dont 27.3% des adultes et 18.7%
par l’augmenta-
tion des maladies de surcharge (obésité et sur-sont des
enfants. Les 2/3 des personnes obèses femmes
Les scores GHIetétant
50%calculés
des enfants entrede3 4
sur la base et 6
ans (INC 2016).
poids) à l’origine de 60% des causes de décès indicateurs, à savoir, (i) la proportion d’enfants
etLatouchant 57% de du
prévalence la population
diabète dont
avoisine de moins
27.3%les 19.8% de de
la 5population,
ans qui présentent
celle un deretard de
l’anémie
concerne
des 31.2%enfants.
adultes et 18.7% des femmes
Les 2/3 desenper-âge croissance,
de procréer (15-49 ans).
(ii) la proportion Les demaladies
d’enfants moins
cardiovasculaires représentent plus de 30% des décès (INTAA).
sonnes obèses sont des femmes et 50% des en- de 5 ans qui souffrent d’émaciation, (iii) la part
fants
Les entre 3 etGHI
scores 6 ans (INC calculés
étant 2016). de la4 population
sur la base de indicateurs, sous-alimentée
à savoir, (i)etla(iv) le taux
proportion
d'enfants de moins de 5 ans qui présententdeun mortalité
retard des
de enfants de moins
croissance, (ii) de 5 ans.
la proportion
d'enfants de moins de 5 ans qui souffrent d'émaciation, (iii) la part de la population
sous-alimentée et (iv) le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans.
Fig. 16 : Evolution des indicateurs du GHI index 2012-2018 (%) Fig.
16 :
Evol
utio
10,1%
n
des
8%
indi
cate
urs
du
GHI
3,1%
3%
inde
2,8%
2,1%
x
1,8%
1,7%
2012
-
2018
Retard
de
croissance
Emaciawon
Sous-‐alimentawon
Taux
de
mortalité
infanwle
(%)
2012 2018
52
47
II.4. Macro-concept 4 : Stabilité Agro-Combinats appartenant à l’OTD). Elles
participent tant bien que mal à la disponibilité
et Durabilité des dimensions
des denrées alimentaires en Tunisie. Toutefois,
de la Sécurité Alimentaire la gestion de ces terres, pose des questions en
termes d’utilisation optimale des ressources
La stabilité des approvisionnements et de naturelles et de durabilité. Les investissements
la production est l’un des principaux enjeux étrangers dans ces terres profitent plus aux
pour la sécurité alimentaire. étrangers car leur production est destinée tota-
lement à l’exportation. Nous exportons ainsi de
i) Stabilité de la dimension « Disponibilité » l’eau et des engrais subventionnés. Ce modèle
agro exportateur pose aujourd’hui un réel
Bien que la Tunisie dispose d’une superficie culti- problème.
vée par habitant parmi les plus élevée d’Afrique
(environ 478 ha pour 1000 habitants en 2014) Ainsi, l’écosystème dans sa globalité, se trouve
et d’importantes terres arables aménagées pour fragilisé en raison d’une tarissement des res-
l’irrigation (16.4%), la stabilité de la production sources en eau et en sol et de la diminution de
demeure vulnérable en raison des chocs clima- la biodiversité.
tiques, de la saisonnalité de certains produits
agricoles (la variabilité de la production alimen- Le facteur de risque majeur reste celui des
taire est de 36.6 % en 2016), des techniques marchés mondiaux aussi bien pour l’approvi-
et des infrastructures agricoles insuffisantes et sionnement en produits alimentaires (particu-
des structures d’exploitations marquées par le lièrement les céréales) qu’en intrants agricoles
morcellement et la prédominance des petites (semences, pesticides, reproducteurs pour le
exploitations (les exploitations de moins de 10 secteur avicole, bétail de race pure, aliments de
Ha représente 75% du nombre total des exploi- bétail, etc.).
tations et couvrent une superficie équivalente à
25% de la superficie totale), l’âge avancé des • Exode rural et contribution féminine aux
exploitants et leur niveau faible de scolarité, activités agricoles : le secteur souffre aussi
bloquant tout accès aux facteurs de production, de l’exode rural ayant conduit à la réduction
aux investissements et au financement des acti- de la main d’œuvre et à l’abandon des succes-
vités agricoles de ce type d’exploitation, généra- seurs, notamment des jeunes pour l’activité
lement familiale. L’agriculture est pluviale avec agricole.
des niveaux variables d’intensification.
A ce sujet, l’exode rural va s’accélérer d’ici
En termes de très grandes exploitations, la Tu- 2050. Le pourcentage de la population ru-
nisie est dotée d’un grand stock de terres do- rale qui représentait plus de 60% en 1960
maniales (dont 156 mille ha répartis sur 30 ne représentera que 23% à l’horizon 2050
(FAO, 2022)(38).
48
Le facteur de risque majeur reste celui des marchés mondiaux aussi bien pour
l’approvisionnement en produits alimentaires (particulièrement les céréales) qu’en
intrants agricoles (semences, pesticides, reproducteurs pour le secteur avicole, bétail
de race pure, aliments de bétail, etc.).
Ø Exode rural et contribution féminine aux activités agricoles : le secteur souffre aussi INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
non rémunéré, le développement du secteur rémunérées majoritairement actives dans la 40. Khaldi R., Boudiche S., Ameur M., Ra-
agricole malgré un environnement contrai- petite agriculture familiale bien moins lucra- ched Z., Sfayhi D. (2016) : Renaissance de
la diète méditerranéenne en Tunisie pour
gnant. L’aggravation des migrations internes faute tive, l’effectif total des femmes actives dans le une alimentation durable à travers une
d’opportunités d’emploi et la baisse des investis- secteur agricole s’élève à 561.146 femmes (FAO, approche territoriale intégrée. Proceedings
1st AMSR Congress « ‘Sustainability of Ter-
sements agricoles ont contribué à l’accentuation 2022)(40). Elles représentent 70% de la main- ritories in the Context of Global Changes’
des déséquilibres démographiques entre les zones d’œuvre agricole, 80% de la main-d’œuvre fo- pp 272-281. ISBN 987-989-8780-04- Mar-
rakech-Maroc 30-31 Mai 2016.,
rurales et urbaines, et les régions intérieures et restière mais leur statut professionnel reste fra-
littorales du pays ce qui a entravé la progression gile. Elles ne sont que 15% de la main-d’œuvre 41. Renforcement de l’intégration des
d’un modèle de développement régional qui se permanente et seulement 8% du nombre des femmes dans le développement rural et la
sécurité alimentaire. Centre de la femme
veut durable et inclusif (FAO, 2022). (39) exploitants agricoles (CAWTAR 2015)(41). arabe pour la formation et la recherche –
CAWTAR, 2015
49
Malgré la participation massive des femmes La politique d’octroi du microcrédit entraine
dans le secteur agricole, leur accès à la proprié- une pression constante par rapport au rembour-
té foncière reste très faible. En effet, seulement sement des prêts dont les taux sont très éle-
8% des chefs d’exploitation agricole sont des vés. Certaines analyses du microcrédit (ex :
femmes, et la proportion des femmes en milieu Gueddana,2021)(43) parlent de micro-endet-
rural dont le revenu provient d’une propriété est tement massif des pauvres.
dérisoire, ne dépassant pas les 3.3% (MFFES,
AECID, 2014)(42). • Pertes le long des chaînes de valeur : les pertes
ont aussi des incidences sur la durabilité de la sé-
Dans l’ensemble, les petites exploitations curité alimentaire. Des pertes importantes sont
agricoles où la femme rurale joue un rôle notées surtout à la production, à la collecte et au
déterminant font face à de nombreux défis. transport des aliments. Deux études ont été ré-
Lepar
mode de gestion familial se traduit par
la FAO en 2017 pour l’évaluation des pertes aliséesauparniveau
la FAO en
des 2017 pour l’évaluation
chaînes de valeurdes lait
des pratiques « traditionnelles » qui freinent pertes au niveau des chaînes de valeur lait et
et céréales. Elles ont démontré des volumes
la productivité. L’accès au crédit est limi-
importants perdus pour le lait au
céréales. Elles ont démontré des volumes impor-
tégouvernorat de et
par la faiblesse Bizerte et Mahdia
le caractère équivalentstants
aléatoire à la production
perdus annuelle
pour le lait au gouvernoratmoyenne
de Bizerte du
gouvernorat
des revenus et dedesKasserine
niveaux de pour 3000 éleveurs et
production environ
Mahdia (FAO, 2021)
équivalents à la .production annuelle
44
fluctuant en raison d’une inadaptation des moyenne du gouvernorat de Kasserine pour 3000
politiques agricoles avec leurs besoins spé-
Les pertes de céréales au gouvernorat de Bizerte éleveursetenviron (FAO,sont
Siliana 2021)équivalentes
(44)
. à une
cifiques, la complexité des procédures et les
production de 212000 q pouvant nourrir une population de 285.000 personnes (FAO,
exigences élevées en termes de garanties Les pertes de céréales au gouvernorat de Bizerte
MARH,
ainsi que2017)
45.
la présence d’impayés importants et Siliana sont équivalentes à une production de
auprès des exploitants. 212.000 q pouvant nourrir une population de
285.000 personnes (FAO, MARH, 2017)(45).
Tableau 3 : Récapitulatif
Tableau Récapitulatif des
despertes de lait
pertes de àlait
Bizerte et à Mahdia
à Bizerte (2017) (2017)
et à Mahdia
La stabilité de l’accès aux aliments reste surtout liée aux prix des aliments pour
50 lesquels on note une volatilité sans précédent. Elle est aussi menacée face au
phénomène du gaspillage alimentaire qui a pris de l’ampleur ces dernières années.
Selon l’INC, le gaspillage du pain par les ménages a atteint les 900.000 pains/j, ce qui
correspond à une valeur moyenne de l’ordre de 100 millions DT/an. Les quantités de
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
Par ailleurs, l’énergie consommée pour le 47. FAO, INC, 2017.Le gaspillage
alimentaire en Tunisie: État des lieux et
fonctionnement du système alimentaire est propositions d’actions stratégiques pour sa
réduction. 86p
51
Fig.18 : Evolution des importations des principales céréales (1000q)
2500
2000
1500
1000
500
0
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Blé
Sourcedur
blé
tendre
: Données Orge
Enquête
MARH-DGEDA Triwcal
céréales Total
Le nombre de céréaliculteurs, estimé à plus Ceci a permis la mise en place d’un réseau
de 248 milles (48% de l’ensemble des ex- de centres de collecte répartis sur tout le
ploitants agricoles sont pour 63% d’entre pays, mais n’assurant que la collecte de
eux de petits exploitants, dont la taille de près de 63% de la production.
l’exploitation est inférieure ou égale à 10
hectares avec des niveaux faibles de mé- Ce faible taux de collecte est expliqué
canisation et d’adoption des techniques par l’importance de l’autoconsom-
de production recommandées. Les grands mation en zones rurales, l’utilisation
agriculteurs 11 000 (soit 5%) occupent des semences produites et les pertes
près de 40% des superficies céréalières post-récolte (Rastoin, 2014(49) ; Khaldi,
(MARH, 2006)(48). 2017(50)). Par ailleurs, on note qu’une
partie non négligeable de la production
La faible productivité s’explique par (peu évaluée) échappe à tout contrôle.
plusieurs facteurs dont les facteurs
naturels (sol et climat), techniques (se- 4. Le Stockage des céréales :
mences et pratiques culturales), struc-
turels et organisationnels (structure des La Tunisie souffre d’une capacité limitée de
exploitations, organisation et formation stockage pouvant entrainer des difficultés
des producteurs). considérables pour faire face à moyen et
long termes à une situation de crise (fluc-
Ces caractéristiques sont autant d’élé- tuation des prix mondiaux, augmentation
ments qui fragilisent la sécurité alimentaire de la production nationale, réduction de la
et posent le problème de la prévision à long production mondiale, etc.).
terme, en 2035, sachant que la demande
augmentera de 50% pour les céréales et Le stockage des céréales se base sur un
doublera pour les aliments de bétail (SOLI- dispositif constitué de silos portuaires et
DAR et PAM, 2020) dans un contexte mar- de silos de repli implantés dans les zones
qué par de fortes incertitudes caractérisent de consommation et exploités et gérés par
le marché mondial, notamment la volatilité l’OC.
des prix.
La capacité totale des silos de repli est
3. La collecte des Céréales : d’un peu plus de 570 mille tonnes, repré-
sentant 45% de la capacité de stockage
La collecte a connu une évolution indé- nationale et demeure inférieure à la capa-
48. MARHP- DGEDA, 2006. Enquête
niable grâce à la privatisation de ce secteur cité de stockage de la collecte. Malgré l’im- structure 2004-2005
depuis la loi de désengagement de l’État portance des importations par rapport à la
49. Rastoin J.L, Benabderrazik H., 2014.
des activités à caractère concurrentiel de collecte en termes de quantité (céréales Céréales et oléoprotéagineux au Maghreb
2005. importées cinq fois plus élevées que celles : pour un codéveloppement de filières
territorialisées. Hal-02799980.
collectées), l’importation est répartie sur
La part de l’office des céréales dans la toute l’année ce qui permet de faire plus 50. Khaldi R., Ameur M., Rached
Z., Boudiche S., 2017. Controverse de
collecte physique a fortement diminué des rotations de stocks (les rotations des la sécurité alimentaire en Tunisie face
passant de 32% en 2005 à 2% en 2012, silos portuaires sont parfois quatre fois aux comportements de gaspillage des
céréales. In Prodeeding du 2ème Congrès
au profit d’opérateurs privés désormais plus importantes que celle de silos de re- international de l’AMSR « Ambition of
majoritaires (58%) et des sociétés mu- pli). Sustainability in the Context of Territorial
tuelles de service agricoles (SMSA) (40%). Complexity and the Society of Risks »,
Rabat 11-12 Octobre 2017.
53
La région du Centre-Ouest « Kairouan, II.5.1 Auto-insuffisance et solde de la Balance
Sidi Bouzid et Kasserine » est dépour- Commerciale
vue totalement de capacité de stockage.
La situation alimentaire a souvent été, voire
Les silos portuaires, d’une capacité totale toujours, abordée du côté de la disponibilité
de 73 100 tonnes, sont caractérisés par la alimentaire pour laquelle l’indicateur majeur de
vétusté de leurs bâtiments et leurs capaci- mesure a été, jusqu’à une date récente, le solde
tés à faire face à des quantités importantes de la balance alimentaire commerciale.
de céréales importées, d’où le fraction-
nement des achats de céréales impor- En Tunisie, on constate que l’équilibre com-
tées, sans pour autant bénéficier des prix mercial demeure le pivot de l’approche de
concurrentiels sur le marché international. l’autosuffisance alimentaire dans un pre-
mier temps et aussi de celui de la sécurité
5. La transformation industrielle des alimentaire, dans un second temps (Khaldi,
Céréales : 1995) (51).
54
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
Etant donné la complexité de l’estimation taux d’exportations alimentaires par rapport aux
de la production nationale, l’autosuffisance exportations totales de 13,2% et 11.9% respec-
est couramment approchée par le taux de tivement liés aux augmentations du niveau de
dépendance (M/P+M) par produit ou par
(52)
production de l’huile d’olive et des dattes (Ta-
groupe de produits ou par le solde commer- bleau 1).
2015
cial et 2018 où on enregistre des taux d’exportations alimentaires par rapport aux
alimentaire.
exportations totales de 13,2% et 11.9% respectivement
Le taux de couvertureliés des
auximportations
augmentations ali- du
Leniveau
solde de de
la balance commerciale
production alimentaire
de l’huile mentaires
d’olive et par les
des dattes exportations
(Tableau 1). alimentaires
de la Tunisie enregistre depuis 2010 un déficit a atteint son maximum en 2015 et 2018,
Le atteint
ayant taux 1648,2
de couverture des
millions de dinars importations
en 2014 soit 98%alimentaires par les Durant
et 91% respectivement. exportations
la
et alimentaires
1946,4 millions ade atteint
dinars en son
2019 maximum
et ce, en 2015
décennie et 2018,
2010-2019, soitoscille
ce taux 98%entreet 91%
malgré les améliorations des exportations, no- 58% et 97%, soit 74,6%
respectivement. Durant la décennie 2010-2019, ce taux oscille entre 58% et 97%, en moyenne contre
tamment en 2015
soit 74,6% en etmoyenne
2018 où oncontre
enregistre
80,2%des durant
80,2% durant la 2000-2009.
la période période 2000-2009.
Tableau
Tableau 44 :: Evolution
Evolution dede
la la balance
balance commerciale
commerciale alimentaire
alimentaire
Exportations Importations Déficit de la Balance Taux de
alimentaires / alimentaires/ Commerciale couverture
exportations importations alimentaire %
totales (%) totales (%) (MD)
Moy (2000-2009) 5,4 7,5 -358,4 80,2
2010 7 6,9 -1034,029 64
2011 8,5 8,4 -1185,635 68
2012 7,8 8,3 -1440,184 64
2013 8,8 9 -1392,941 66
2014 7,2 8,2 -1648,194 58
2015 13,2 9,4 -91,1 97,6
2016 9,4 9,1 -1094,9 71,4
2017 9,5 9,3 -1354,6 70,9
2018 11,9 9 -476,1 97,1
2019 22,1 5,5 -1398,2 75,3
2020 22,2 7,4 -859,4 84,9
2021 9,7 9,7 -1946,4 70,1
Source
:
Données
INS,
Source
Commerce : Données INS, Commerce extérieur
extérieur
Les importations alimentaires sont à la hausse (+22,6% entre 2010 et 2020). Elles
Lesreprésentent
importations alimentaires sont à la hausse
une moyenne de 9% des marché mondial et l’incapacité
importations totales de répondre
contre à en
7,5%
(+22,6% entre 2010 et 2020). Elles représentent la demande ont toujours eu des répercussions
moyenne durant la période 2000-2009. Cette forte dépendance envers le marché
une moyenne de 9% des importations totales importantes sur la facture alimentaire par l’am-
mondial
contre 7,5% enet moyenne
l’incapacité
durant de répondreplification
la période à la du demande
déficit de la ont toujours
balance eu des
commerciale
répercussions
2000-2009. importantes
Cette forte dépendancesur la facture
envers le alimentaire
ayant par l’amplification
atteint -19436,4 Millions de DT en du
2019.déficit
de la balance commerciale ayant atteint -19436,4 Millions de DT en 2019.
55
Fig.20 : Evolution de la balance commerciale (MD)
Fig.20 : Evolution de la balance commerciale (MD)
60000
50000
40000
30000
20000
10000
0
-‐10000
-‐20000
Source : Données
Exportawons
(MD)
INS, commerce(MD)
Importawons
extérieurDéficit
II.5.2
Source
Indicateurs : Données INS, commerce
nutritionnels extérieur
nutriments qui
sont à l’origine des maladies non
transmissibles tels que le diabète, l’obésité et
Le ratio d’autosuffisance a été aussi mesu- les maladies cardiovasculaires surtout que le
II.5.2 Indicateurs nutritionnels
ré en Calories (kcal) exprimant les dispo- régime alimentaire reste encore basé sur les
nibilités alimentaires par habitant en kcal/ aliments à base de blé, pauvres en nutriments,
Le ratio
jour. Avec d’autosuffisance
les progrès réalisés aenété aussi mesuré
Tunisie, en Calories
qui procurent 49,2% des(kcal)calories,exprimant
50,9% des les
ledisponibilités
problème de alimentaires
la sous-alimentation n’est protéines, 42,5% du fer et 19%
par habitant en kcal/jour. Avec les progrès réalisés du calcium de la en
plus
Tunisie,poséledeproblème
façon aigue, dedans la mesure
la sous-alimentation rationn’est
(INS, plus
2018).posé
On notedeque la consomma-
façon aigue, dans
où la portion calorique moyenne n’est pas
la mesure où la portion calorique moyenne n’est pas très différentepour
tion calorique dépend environ de moitié
la norme
très différente de la norme recommandée de des importations de denrées alimentaires.
recommandée de 3000 kcal/j/personne. D’après la dernière enquête de 2015 de
3000 kcal/j/personne. D’après la dernière en- 53
l’INS,dela2015
quête moyenne
de l’INS, tunisienne est autour de CONCLUSION
la moyenne tunisienne 2600 kcal/j/personne
PARTIELLE – REVUE DES ) .
Le
(INS, 2018
taux
est de de
autour la2600
population sous-alimentée
kcal/j/personne (INS, 2018) est évaluéPOLITIQUESà 4,3IMPACTANT
% en 2018 LA (soit 0,5 million
SECURITE
54
. Le taux de la(SOLIDAR
d’habitants)
(53)
population sous-alimentée
et PAM, 2020est ) .
ALIMENTAIRE
évalué à 4,3 % en 2018 (soit 0,5 million d’habi-
La sous
tants) nutrition,
(SOLIDAR et PAM,définie comme
2020)(54) . une consommation calorique
Les indicateurs inappropriée,
rétrospectifs de la sécu- n’est
rité
pas un problème majeur en Tunisie, dans la mesure où la portion calorique alimentaire montrent dimension par n’est
La
pas soustrèsnutrition,
différentedéfiniedecomme
la norme une consom-
recommandée dimension
de 3000que kg/j/personne
beaucoup d’efforts.
ont été
53. INS, 2018. Enquête Nationale sur le mation calorique inappropriée, n’est pas un pro- réalisés par la Tunisie pour tenter d’amélio-
Budget, la Consommation et le Niveau de
vie des ménages 2015 : Volume B. blème
Toutefois, majeur cet
en Tunisie, dans la mesure
indicateur où la
reste insuffisant rer l’alimentation
vu qu’il cache de ses
la citoyens.
malnutrition et les
portion
carences calorique
en n’est pas très différente
micronutriments quidesont
la à l’origine des maladies non transmissibles
54. SOLIDAR et PAM, 2020. Revue
stratégique de la Tunisie (CSR) « Sécurité norme
tels que recommandée de 3000
le diabète, kg/j/personne.
l’obésité et les maladies Toutefois, ces efforts n’ont passurtout
cardiovasculaires toujoursque le
Alimentaire et Nutrition ». Rapport de Toutefois, cet indicateur reste insuffisant vu qu’il été dictés par l’impératif de la durabi-
mission SOLIDAR Tunisie : Mise à jour et régime alimentaire reste encore basé sur les aliments à base de blé, pauvres en
actualisation des données cache la malnutrition et les carences en micro- lité, manquaient de vision globale en
nutriments, qui procurent 49,2% des calories, 50,9% des protéines, 42,5% du fer et
19% du calcium de la ration (INS, 2018). On note que la consommation calorique
56 dépend environ pour moitié des importations de denrées alimentaires.
53
INS,
2018.
Enquête
Nationale
sur
le
Budget,
la
Consommation
et
le
Niveau
de
vie
des
ménages
2015
:
Volume
B.
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
57
Variables explicatives
de l’évolution
Variables rétrospective
explicatives
de la sécurité
de l’évolution rétrospective alimentaire
de la en Tunisie en
sécurité alimentaire
Tunisie
Macro-‐Concepts
Variables
explicatives
rétrospectives
proposées
/Dimension
Politique alimentaire axée sur l’intensification agricole et le
V1
développement rural
Circuits informels et contrebande frontalière assez bien
V2
contrôlés
V3 Organisation faible des producteurs agricoles
Disponibilité V4 Production et Productivité agricoles faibles
V5 Disponibilité et prix des intrants contrôlés par l’Etat
V6 Recherche et innovation faiblement valorisées
V7 Concentration des efforts sur les filières stratégiques
V8 Forte Régulation des marchés par l’Etat
Inflation et pouvoir d’achat suivis et contrôlés de près par
V9
l’Etat
Accès V10 Appui social conséquent pour les classes non aisées
V11 Subvention régulière et continue des produits de base
65
58
Chapitre 2 :
Situation présente de la sécurité
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
alimentaire en Tunisie
59
pays subissent des pressions multiples ». C’est ce qui a été confirmé dans le dernier
rapport national volontaire de la Tunisie sur l’agenda 2030 et les ODD.
Source : ONAGRI
Source : ONAGRI
En plus de priver le pays de réserves en eaux pluviales, une telle modification est
susceptible de transformer les cycles naturels agronomiques de manière à modifier les
En plus de priver le pays de réserves en eaux plu- En décembre 2022, le bilan total des préci-
calendriers agricoles, les caractéristiques des variétés s’adaptant au climat tunisien et
viales, une telle modification est susceptible de pitations pluviométriques (25 stations prin-
d’altérer les rendements d’une manière significative.
transformer les cycles naturels agronomiques de cipales) a atteint 135.7 mm, alors que la nor-
manière à modifier les calendriers agricoles, les male pour les mêmes stations était de 1050.5
I.2. Précipitations pluviométriques
caractéristiques des variétés s’adaptant au climat
réduites et de plus en plus
mm. Le déficit général était de 87%. Ce qui
irrégulière
tunisien et d’altérer :
les rendements d’une manière classe décembre de cette année le mois le plus
significative. sec jamais enregistré depuis 1950.
En décembre 2022, le bilan total des précipitations pluviométriques (25 stations
I.2. Précipitations
principales) Ce phénomène
a atteint 135.7 mm, alors que la normale pour de
lesraréfaction des eauxétait
mêmes stations pluviales
de
1050.5pluviométriques
mm. Le déficit général était de 87%. en
Ce plein
qui hiver
classene semble
décembre pas si
de exceptionnel
cette annéebien
réduites et que d’ampleur non précédée. Les précipitations
le mois le plus sec jamais enregistré depuis 1950.
de plus en plus irrégulières des dernières années ont été souvent en deçà de
la moyenne de (1991-2020), ce qui indique une
tendance.
67
60
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
L’agriculturetunisienne
L’agriculture tunisienneétant
étantà à plus
plus dede90%90% pluviale, elle subit2022,
Au 31 décembre de plein fouet des
la situation cet barrages
effet
de sècheresses à répétition.
pluviale, elle subit de plein fouet cet effet de du pays telle qu’indiquée par le Ministère de
sècheresses à répétition. l’Agriculture, confirmait que les réserves stoc-
I.3. Ressources en eaux mobilisées – Situation des barrages à la m3
kées dans les barrages étaient de 657,5 M ,
fin 2022 : soit moins de 30% de la capacité des barrages
I.3. Ressources en eaux
et
Au 31 décembre 2022, la situation des barrages du pays surtout moinstelle
de 510 Mm3 par rapport
qu’indiquée par leà la
mobilisées – Situation des
Ministère de l’Agriculture, confirmait que lesmoyenne réservesdes années (2019-2021).
stockées dans les barrages
barrages
étaient de à lasoit
657,5 Mm3, fin moins
2022de 30% de la capacité des barrages et surtout moins
de 510 Mm3 par rapport à la moyenne des années (2019-2021).
Fig. 23 : Réserves des barrages au 31 décembre 2022 par rapport à la moyenne 2019-2021
Fig. 23 : Réserves des barrages au 31 décembre 2022 par rapport à la moyenne 2019-2021
68
Source : ONAGRI
Source : ONAGRI
61
Sur la base d’une hypothèse basse de demande en eau moyenne de près de 2,5
Mm3 par jour, les réserves des barrages tunisiens fin décembre 2022 ne pouvait couvrir
que 8 à 9 mois maximum des besoins du pays en eau. Même complétées par les
Source : ONAGRI
Sur la base d’une hypothèse basse de de- Même complétées par les ressources en eau,
Sur la base d’une hypothèse basse de demande en eau moyenne de près de 2,5
mande en eau moyenne de près de 2,5 Mm3 nous arrivons à une année où le déficit du bilan
Mm3 par jour, les réserves des barrages tunisiens fin décembre 2022 ne pouvait couvrir
par jour, les réserves des barrages tunisiens
que 8 à 9 mois maximum des besoins du pays ressources-emploi
en eau. Même en eau dépasserait par
complétées éventuel-
les
fin décembre 2022 ne pouvait couvrir que 8 à
ressources en eau, nous arrivons à une année lement les 120% comme en 2017.
où le déficit du bilan ressources-emploi
9enmois
eaumaximum
dépasserait éventuellement
des besoins du pays enleseau.
120% comme en 2017.
Source: Direction Générale des Forêts Source: Direction Générale des Forêts
Ces dernières années avec la crise de la COVID-19, suivie par la guerre Russo-
Ukrainienne, les indicateurs des quatre dimensions démontrent une grande
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
II.
Evolutions récentes : cours de la période 2018-2020, contre 18,2
% en 2014-2016.
une sécurité
alimentaire fragilisée Plusieurs études réalisées à l’échelle nationale
sur l’impact de la crise ont permis d’ores et déjà
par la Covid-19 et le de décortiquer et d’analyser les premiers en-
conflit Russo- seignements à tirer de ce choc (PNUD, 2020(59) 56. - Chatellier V., Chaumet J.M et
Elkadhi, 2020(60) ; ONAGRI, 2020(61) ; FAO, 2020; Pouch T., 2021 La pandémie de Covid-19,
Ukrainien Karray et al., 2020(62), FAO et MARH,2022)(63).
l’économie agricole internationale et les
filières animales : le cas de la Chine, des
Etats-Unis et de l’UE. 15 èmes Journées
Ces dernières années avec la crise de la CO- de Recherches en Sciences Sociales,
L’essentiel des résultats de ces études pointe un Toulouse, 9 et 10 décembre 2021.https://
VID-19, suivie par la guerre Russo-Ukrainienne,
impact majeur sur : www.sfer.asso.fr › articles › E41_Chatellier
les indicateurs des quatre dimensions dé-
57. - Middle East Institute,2021. The Fra-
montrent une grande vulnérabilité pour lesquels
• La situation financière difficile des petits gile State of Food Security in the Maghreb
on présente une synthèse incluant quelques : Implication of the 2021 Cereal Grains
agriculteurs et pêcheurs qui ont dû subir le Crisis in Tunisia, Algeria, and Morocco.
exemples de produits stratégiques.
renchérissement du coût de la vie et des fac- https://www.mei.edu › publications
teurs de production conséquents à la crise 58. - FAO, 2020. Document d’orien-
II.1 Impacts de la crise sanitaire sans forcément bénéficier de l’effet de la tation Impact de la crise covid-19 sur
de la Covid-19 hausse des prix finaux à la vente (souvent l’agriculture et la sécurité alimentaire en
Tunisie : Défis et options de réponses.
contrôlés par des intermédiaires) ; http://www.onagri.nat.tn/uploads/
• La hausse des prix de vente des denrées Etudes/COVID-19
La pandémie de la Covid-19 est un incident
mondial qui a exposé les pays, en peu de temps, alimentaires et de la consommation hors 59. - PNUD, Ministère du Dévelop-
à un choc ayant impacté l’état sanitaire des po- foyers (cafés, restauration) ; pement, de l’Investissement et de la
Coopération internationale, 2020. Impact
pulations, leur situation sociale et l’économie • Les difficultés financières des opérateurs économique du COVID-19 en Tunisie.
nationale, d’une façon générale. Les secteurs du secteur touristique qui ont dû fermer ou Juin 2020
agricole et agro-alimentaire ont été fortement travailler périodiquement, mettant en péril 60. -Elkadhi Z, Elsabbagh D, Frija
concernés par cette crise dont les impacts éco- les revenus de dizaines de milliers d’ouvriers A, Lakoud T, Wiebelt M, Breisinger C.
2020. The impact of Covid-19 on
nomiques enregistrent une baisse de 3,5 % du occasionnels ; Tunisia’s economy, Agri-food System,
produit intérieur brut mondial et de 5,3 % des • La productivité globale ralentie des agents and Households. Middle East and North
Africa: IFPRI, Regional program policy note
échanges internationaux de marchandises entre économiques, freinant la production durant 05 May 2020, 13 p.http://www.itceq.tn/
2019 et 2020 (Chatellier et al., 2021)(56). certaines périodes et, de là, la croissance wp-content/uploads/files/notes2020/
COVID19-Tunis.pdf
économique (notamment en 2020).
En effet, l’épidémie a affecté l’ensemble du 61 - ONAGRI, 2020a. Impact des
Cette partie présente une synthèse des princi- répercussions de la crise Covid-19 sur la
système alimentaire avec un risque accru production, l’approvisionnement, les prix
d’insécurité alimentaire particulièrement pales perturbations ayant impacté le système et les exportations des produits agricoles.
alimentaire tunisien illustrée par des exemples La Lettre de l’ONAGRI 6(2).
pour les populations les plus vulnérables du
monde. de quelques produits alimentaires et en consi- 62 - Karray B, Boudiche S, Ayadi MA,
dérant les 4 dimensions de la sécurité alimen- Agrebi N, Skandrani Y. 2020. Mesures
préservant la filière agricole et le bon fonc-
Le rapport du Middle East Institute sur la taire. tionnement de l’industrie agroalimentaire,
sécurité alimentaire au Maghreb (2021)(57) face à la pandémie du Covid-19. Carthage
(Tunisie): ITES, 76 p.
montre que l’insécurité alimentaire en Tuni- II.1.1.1 Disponibilité http://www.onagri.nat.tn/uploads/
sie a augmenté entre la période pré-Covid et Etudes/ites-covid19.pdf
celle post-Covid. Selon la FAO (2020(58), 25,1 i) Approvisionnement en intrants : les disponi- 63 .FAO et MARH. Rapport d’analyse de
% des Tunisiens se trouvaient dans un état bilités alimentaires ont été impactées en raison l’impact de la crise Covid-19 sur les per-
formances globales des chaines de valeur
d’insécurité alimentaire modérée à grave au des perturbations touchant l’approvisionnement agro-alimentaires. Rapport de consultation
Raoudha Khaldi.
63
Cette partie présente une synthèse des principales perturbations ayant impacté le
système alimentaire tunisien illustrée par des exemples de quelques produits
alimentaires et en considérant les 4 dimensions de la sécurité alimentaire.
II.2.1.1 Disponibilité
900
800
700
600
500
400
300
200
100
0
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
64
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
ii) Transformation : Le secteur artisanal a été Les stocks de lait, par exemple, étaient à la
marqué par le ralentissement de ses activités hausse en 2020 et 2021 en comparaison à 2019.
à l’image de la transformation du fromage ar- En 2020 et 2021, la hausse est de respective-
tisanal, recouvrant une grande partie des em- ment 54,8% et 36,8% pour le mois de juillet
plois de l’agroalimentaire et des abattages anar- (GIVLAIT). Ceux de la pomme de terre ont aug-
chiques de poulets. menté de 50% pour le stock du GIL (passant de
10000T à 15000T).
iii) Stockage : La période de la covid-19 a été
marquée par le cumul des stocks non ven- Le stock des œufs a évolué de 20% entre 2019
dus des produits alimentaires lié surtout à la et 2020 et celui des viandes de 25,7% (GI-
contraction de la demande interne en raison PAC). Ce qui a engendré un retard de vente des
de la fermeture des restaurants, cafés, jardins stocks et, par conséquent, des charges supplé-
d’enfants et cantines suite au confinement (gé- mentaires de gestion et des pertes (ex : pertes
néral, puis partiel), au couvre-feu, au déclin du estimées par le GIL à 15%) avec un retard de
tourisme, etc. paiement des primes de stockage accordées par
l’Etat pour le stockage (FAO, MARH, 2022)(65).
Fig. 27 : Evolution des stocks mensuels de lait de boisson UHT par mois 2019-2021
Fig. 27 : Evolution des stocks mensuels de(Millions
lait de boisson UHT par mois 2019-2021 (Millions de litres)
de litres)
70,0
60,0
50,0
40,0
30,0
20,0
10,0
0,0
Janv
Fevr
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Sept
Oct
Nov
Déc
Les mesures prises par l’Etat pour la régulation des filières avaient pour objectif
d’ajuster le prix au niveau de la production et au niveau de la consommation. Les
révisions de prix effectuées ont touché le lait, les produits avicoles et la pomme de
terre. Pour le lait, les montants des subventions en 2020 ont enregistré un
accroissement de 12,6% entre 2019, passant de 313,8 Millions de Dinars à 353,4 Millions
de Dinars.
II.2.1.2
II.1.1.2 Accès
Accès souks hebdomadaires, etc. Au contraire, en début
de confinement, la ruée vers l’achat des produits
LaLacrise
crise aa entraîné
entraîné uneune baisse
baisse des revenus
des revenus d’une d’une grande
alimentaires partie
par peur de la apopulation
de manque abouti à une et
grande partie de la population et une hausse des pénurie
une hausse des prix de certains aliments de base. Les données de l’INS (2020) de certains produits alimentaires de base.
67
sur
prix de certains aliments de base. Les données de
l’évolution de l’IPC à la consommation montrent
l’INS (2020)(67) sur l’évolution de l’IPC à la consom-
qu’en mars 2020, les prix des denrées
II.1.1.3 Utilisation et durabilité
alimentaires
mation montrent ont qu’en
augmenté
mars 2020, de les5,1%prix avec
des une grande variabilité entre les produits :
13,8%
denréespour les fruits,
alimentaires ont 9,3%
augmenté pour de les
5,1%poissons,5,7%
avec L’étudepour
de l’INSleset légumes
de la BanqueetMondiale
5,1% pour(2020)les
une
viandes grande variabilité entre les produits : 13,8% met en évidence les changements des habitudes
pour les fruits, 9,3% pour les poissons,5,7% pour alimentaires des ménages tunisiens. Les plus
les légumes et 5,1% pour les viandes pauvres ont réduit leurs rations ou commencé à
Le suivi de l’impact socio-économique de la Covid-19 consommer sur desles ménages
aliments moinstunisiens
appréciés.réalisé
68 ère
parLel’INS
suivi et
de la Banque
l’impact Mondiale (2020)
socio-économique de la Co-concernant la 1 vague (29 avril 2020 – 8 mai
2020) de la Covid-19) révèle que
vid-19 sur les ménages tunisiens réalisé par près
l’INS desL’enquête
deux tiersrévèle desaussi ménages
que plus d’un onttiers
subidesles
et la Banque Mondiale
conséquences de la(2020)
(68)
Covid-19, concernant
sous lal’effet
1ère
personnes
de interrogées ont
l’augmentation desdéclaré
prix avoir eu des
des produits
vague (29 avril 2020 – 8 mai 2020) de la Covid-19) craintes de manquer de nourriture, au cours des
alimentaires
révèle que près et par la perte
des deux tiers desd’emplois.
ménages ont 30 jours précédant l’interview. Ce phénomène
D’ailleurs, en présence de contraintes
subi les conséquences de la Covid-19, sous l’effet financières, plus d’un
est plus marqué tiersrural
en milieu desoùenquêtés
il concerne laont
déclaré craindre des
de l’augmentation de manquer de nourriture.
prix des produits alimen- moitié des répondants et pour le quintile le plus
taires et par la perte d’emplois. pauvre où ce taux s’élève à plus de 60%.
LeD’ailleurs,
confinement et l’interdiction des déplacements
en présence de contraintes financières,
n’ont pas permis à certains
La dimension durabilité/ pérennité n’a pas été
ménages de des
plus d’un tiers s’approvisionner ; un
enquêtés ont déclaré nombreprise
craindre d’entre eux ontdans
en considération même manqué
cette analyse vu quede
67. - INS, 2020.Indice mensuel des prix
à la consommation familiale (IPC), avril quelques
de manquer produits alimentaires. Ceci s’explique
de nourriture. surtout
l’impact de lapar la fermeture
Covid-19 ne peut êtreen début
ressenti qu’àde
2020. http://ins.tn confinement de quelques points de vente (épiceries, plus long terme.
etc.),Néanmoins,
de soukscertaines perturba-
hebdomadaires,
Le confinement et l’interdiction des déplacements tions au niveau des
68. INS-BM (Institut National des etc. Au contraire, en début de confinement, la ruée vers l’achat des produits
liens entre les acteurs des
Statistiques Tunisie - Banque Mondiale), n’ont pas permis à certains ménages de s’approvi- chaines de valeurs ont été enregistrées alors que
2020. Suivi de l’impact socio-économique alimentaires par peur de manque a abouti à une pénurie de certains produits
du COVID-19 sur les ménages tunisiens.
sionner ; un nombre d’entre eux ont même manqué la coordination globale du système alimentaire a
Analyse des données de la première vague alimentaires de base.
de quelques produits alimentaires. Ceci s’explique été dès le départ relativement maitrisée grâce à
(29 avril - 8 mai 2020). http://ins.tn/sites/ surtout par la fermeture en début de confinement l’intervention de l’Etat, la solidarité des citoyens,
default/files/publication/pdf/ note_syn-
th%25C3%25A8se_covid19_final_0.pdf de quelques
II.2.1.3 pointsetdedurabilité
Utilisation vente (épiceries, etc.), de le développement des ventes en ligne, etc. Au-
Il faut cependant souligner, qu’en début 2022, la La Tunisie dépend à raisons de 80 % des mar-
situation économique au niveau mondial semblait chés russe et ukrainien pour ses importations
commencer à se redresser notamment grâce à la de céréales (60 % de sa consommation en
maîtrise de l’épidémie de la COVID-19. Cependant, blé). En 2021, la Tunisie a importé 984.000
la guerre Russo-Ukrainienne surgit et perturbe for- tonnes de blé ukrainien contre 111.000 tonnes
tement le potentiel de redressement de croissance de blé russe.
au niveau mondial, régional et national.
Tableau 6 : Evolution des principales importations agricoles fin septembre 2021 - 2022
Tableau 6 : Evolution des principales importations agricoles fin septembre 2021 - 2022
2021 20 2022/ 2021 2022 2022/ 2021 2022 2022
22 21 21 /21
Produit Quantités (1000 T) % Valeur (MD) % Prix (DT/Kg) %
Blé dur 452,7 438,1 -3,2 470,6 858,3 82,4 1,04 1,96 88,5
Blé tendre 998,4 943,1 -5,5 802,3 1222,5 52,4 0,80 1,30 61,3
Orge 770,9 558,9 -27,5 581,2 682,4 17,4 0,75 1,22 61,9
Maïs 752,7 708,1 -5,9 592,9 796,3 34,3 0,79 1,12 42,8
prix des produits agricoles était supérieur de 42 % denrées alimentaires, ayant augmenté de 11,9 %
à celui enregistré en janvier 2021, avec des cours en août 2022. Les prix des œufs sont de 28,3 %
du maïs et du blé qui ont grimpé de 55 % et 91 % plus élevés qu›en août 2021, la volaille de 22,1 %,
respectivement à la date du 19 mai 2022. Selon la l›huile comestible en hausse de 21,4 %, les fruits
même source, les niveaux d’inflation restent encore frais en hausse de 18,4 %, les légumes frais en
élevés dans les pays. hausse de 15,8 % et les produits céréaliers en
hausse de 12,7 % (INS).
Entre janvier et avril 2022, ils étaient supérieurs à
5 % dans 92,9 % des pays à faibles revenus, 84,2 Sur le plan de la balance commerciale alimen-
% des pays à revenus intermédiaires de la tranche taire, la guerre a engendré un creusement du
inférieure et 78 % des pays à revenus intermédiaires déficit de 2496,1 MD contre un déficit de 1556,3
de la tranche supérieure. MD durant la même période de 2021. Le taux de
couverture est passé durant la même période
Les prix des engrais ont grimpé, augmentant de près de 67,2% en 2021 à 62,4% en 2022. De janvier
71. -Banque Mondiale, 2022. Le point de 20 % depuis janvier 2022, pour atteindre un ni- 2022 à septembre 2022, le taux est passé de 86,
sur la sécurité alimentaire. https://www.
banquemondiale.org › food-security-update veau presque trois fois supérieur à celui enregistré il 5% à 49,8% (ONAGRI, 2O22).
68
août 2021, la volaille de 22,1 %, l'huile comestible en hausse de 21,4 %, les fruits frais en
hausse de 18,4 %, les légumes frais en hausse de 15,8 % et les produits céréaliers en
hausse de 12,7 % (INS).
Sur le plan de la balance commerciale alimentaire, la guerre a engendré un INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
69
Il fournit un classement, en termes de sécurité ali- pandémie de la covid-19. Près de 924 millions
mentaire, pour 113 pays (à revenus faibles et à reve- de personnes (11,7% de la population mondiale)
nus élevés) (Annexe 3). étaient confrontées à une insécurité alimentaire
grave, soit une augmentation de 207 millions de
L’indice est à caractère quantitatif et dynamique personnes en deux ans.
construit à partir d’un modèle de benchmarking
qualitatif autour de 68 indicateurs uniques qui Les projections estiment que près de 670 millions
mesurent les moteurs de la sécurité alimentaire de personnes souffriront encore de la faim en
dans les pays en développement et pays déve- 2030, soit 8% de la population mondiale (la même
loppés. L’édition 2022 du GFSI sur « l’État de proportion qu’en 2015), date à laquelle le Programme
la sécurité alimentaire et de la nutrition dans de développement durable à l’horizon 2030 a été
le monde » (FAO, FIDA, OMS, PAM et UNICEF. lancé.
2022)(72) intègre 14 nouveaux indicateurs pour
refléter la nature globale et l’interdépendance du II.3.2. Evolution de l’Indice global
système alimentaire par rapport à l’édition pré- de la sécurité alimentaire
cédente (59 indicateurs). pour la Tunisie : une
faible résilience face aux crises
Cette nouvelle édition contient des informations
mises à jour sur la sécurité alimentaire et la nutrition II.3.2.1 Lecture de l’indice
dans le monde entier, y compris les dernières estima- de la sécurité alimentaire de 2022
tions du coût et de l’accessibilité économique d’une
alimentation saine. A sa création, le GFSI servait à classer 105 pays. A
partir de 2021, le nombre est de 113 pays (Economist
II.3.1. Evolution de l’Indice global Impact GFSI,2022)(74). Entre 2012 et 2015, la Tu-
de la sécurité nisie figurait toujours parmi le groupe du milieu
alimentaire dans le monde dans le classement par rapport au GFSI (50ème en
2012 et 51ème en 2015). Par dimension, très peu de
Le monde perd du terrain dans sa lutte pour variations sont à souligner en dehors des années de
éliminer la faim et la malnutrition. Il semble sècheresse où la question de l’eau et du stress ther-
72. FAO, FIDA, OMS, PAM et UNICEF. se diriger vers la non-réalisation des objectifs du mique remontait à la surface conjoncturellement.
2022. Résumé de L’État de la sécurité ali-
mentaire et de la nutrition dans le monde
millénaire. Après être restée relativement stable
2022. Réorienter les politiques alimentaires depuis 2015, la proportion de personnes touchées En 2019 et 2020, la Tunisie est classée 69ème et
et agricoles pour rendre l’alimentation par la faim a bondi en 2020 et a continué de 59ème en raison de la crise liée à la COVID-19, l’aug-
saine plus abordable. Rome, FAO. https://
doi.org/10.4060/cc0640fr croître en 2021 où on enregistre jusqu’à 828 mil- mentation rapide des prix internationaux des denrées
lions de personnes, soit 46 millions de plus qu’en alimentaires importées par la Tunisie, les décisions
73. L’insécurité alimentaire grave est
définie comme correspondant à un niveau 2020 et 150 millions de plus qu’en 2019. Ce qui de confinement de la population pendant un mois et
de gravité de l’insécurité alimentaire se correspond à une proportion de personnes tou- demi avec la mise de millions de personnes en chô-
caractérisant par le fait que, à un moment
dans l’année, les personnes concernées chées en 2021 de 9,8% de la population mondiale mage technique qui en découlait, les difficultés de
ont épuisé leurs réserves alimentaires, contre une part de 9,3% en 2020 et 8% en 2019 circulation, les couvre-feux à répétition impactant la
ont connu la faim et, au degré le plus
avancé, sont restées un ou plusieurs jours ((FAO, FIDA, OMS, PAM et UNICEF. 2022). restauration hors foyers, etc. Tous ces éléments ont
sans manger. Il est déterminé à partir de impacté fortement la sécurité alimentaire du pays
l’échelle de l’insécurité alimentaire vécue,
selon le rapport En 2021, 2,3 milliards de personnes (29,3% de dans un contexte socio-économique global de diffi-
la population mondiale) étaient en situation d’in- cultés majeures au niveau des finances publiques.
74. Economist Impact GFSI, 2022.
Global Food Security Index 2022. https:// sécurité alimentaire modérée ou grave(73), soit Résultat, le classement de la Tunisie a reculé de
Economist_Impact_GFSI_2022_Global_Re- 350 millions de personnes de plus qu’avant la 18 places par rapport à 2015.
port_Sep_2022.pdf
70
En 2021, La situation s’est légèrement améliorée, le pays étant classé 2ème en Afrique,
9ème dans le monde arabe et 55ème au niveau international sur 113 pays avec un score
global de 62,7 (Impact Economist, 2022). Ainsi, on pourrait conclure que l’instabilité
politique en phase post-révolution n’avait pas beaucoup d’impact sur la sécurité INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
alimentaire du pays.
La lecture approfondie des scores des quatre dimensions montre qu’au sein de
chaque dimension il y a des fragilités qui nécessitent qu’on s’y attarde. Le focus sur les
ndicateurs et les sous indicateurs en rouge sont porteurs de risques pour la sécurité
alimentaire en Tunisie. 71
Fig. 29 : Classement
Fig. 29 : global et par
Classement globaldimension de la
et par dimension de Tunisie
la Tunisieselon l’Indice
selon l’Indice Global de Sécurité
Global
Fig. 29 : Classement global de et Sécurité
par dimension
Alimentaire de la
(GFSI) Tunisie
de selon
2022
Alimentaire (GFSI) de 2022 l’Indice Global de Sécurité
Alimentaire (GFSI) de 2022
82
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
Ce pilier est composé de sept indicateurs : l’accès aux intrants et aux ressources avec
II.3.2.2.2 Disponibilité barrières politiques et sociales avec 4 sous indica-
6 sous indicateurs, la recherche et le développement avec 3 sous indicateurs,
teurs et l’engagement politique pour la sécurité avec
l’infrastructure agricole, avec 5 sous indicateurs, la chaîne d’approvisionnement avec
Ce pilier est composé de sept indicateurs : l’accès 2 indicateurs.
3 sous indicateurs, l’offre suffisante avec 2 indicateurs, les barrières politiques et
aux intrants
sociales avec et aux
4 ressources avec 6 sous
sous indicateurs etindica-
l’engagement politique pour la sécurité avec 2
teurs, la
indicateurs. recherche et le développement avec 3 sous La performance globale dans ce pilier de la dis-
La performance globale dans ce pilier de laponibilité
indicateurs, l’infrastructure agricole, avec 5 sous indi- n’est pas
disponibilité satisfaisante.
n’est La Tunisie est
pas satisfaisante. La
cateurs, la chaîne d’approvisionnement avec 3 sous
Tunisie est classée 74ème sur 113 pays avec un score de 54,1. classée 74 ème
sur 113 pays avec un score de 54,1.
indicateurs, l’offre suffisante avec 2 indicateurs, les
Fig 31 : Score de la Tunisie pour la dimension disponibilité
Fig 31 : Score de la Tunisie pour la dimension disponibilité
Source
Source : Impact : Impact Economist,2022
Economist,2022
73
Fig. 32 : Score de la Tunisie pour l’indicateur « accès aux intrants »
83
Fig. 32 : Score de la Tunisie pour l’indicateur « accès aux intrants »
Source : Impact Economist
Les deux derniers indicateurs sont aussi dans le rouge et révèlent les points suivants :
L’Infrastructure Sourced’approvisionnement
: Impact Economist
• Source : Impactde la chaîne
Economist présente un score faible
pour « l’index de la performance logistique » mesurant la performance
Les deuxnationale
Les deux derniers
derniers indicateurs
en matière
indicateurs sont sont
aussi
de aussidans dans
transport le et derisques
le rouge etd’instabilité
logistique
révèlent avecpolitique
un (30/51,6,
les points score la corrup-
de
suivants 39,2
:
rouge etcontre
révèlent49,4
les points suivants
au niveau :
mondial ; tion (25/39,4) et enfin la fluctuation et l’instabi-
Les barrières politiques
• L’Infrastructure de la chaîne et sociales lité de lalaproduction
entravent
d’approvisionnement présente agricole,
disponibilité undes particulièrement
scorealiments,
faible
• L’Infrastructure
pour de la chaîne
particulièrement
« l’index deleslad’approvisionne-
risques d’instabilité
performance la production
logistiquepolitique céréalière
» mesurant(30/51,6,etla celle des légumes
laperformance
corruption
mentnationale
présente unet
(25/39,4) score
en faiblelapour
enfin
matière de« l’index
fluctuation
transportde etetl’instabilité
de(68/78,7) ;de la
logistique avec production
un score agricole,
de 39,2
la performance logistique
particulièrement
contre 49,4 au niveau » mesurant
la production la perfor-
mondial ;céréalière et celle des légumes (68/78,7) ; sécurité
• L’engagement politique en matière de
manceLesnationale
• L’engagement
barrières en matière de transport
politique
politiques et de de
en sociales
et matière alimentaire
sécurité
entravent etdisponibilité
d’accès avec
laalimentaire et un scorealiments,
d’accès
des nulavec
contre
logistique
un avec
score un
nul score de
contre 39,2
47,1 contre
à 49,4
l’échelle au en raison47,1 à l’échelle
d’un
particulièrement les risques d’instabilité politique (30/51,6, la corruption score en raison
nul pourd’unla score nul
stratégie pourdela
niveau mondial
sécurité ;
(25/39,4)alimentaire
et enfin la (47,1 au niveauetmondial)
fluctuation stratégie
l’instabilité de
et d’un sécurité
de la score alimentaire (47,1
nul pour l’agence
production au niveau
agricole,
• Les barrières
de politiques
sécurité
particulièrement etlasociales
mondiale (32,7 entravent
production au niveau la mondial).
céréalière mondial)
et celle etdesd’unlégumes
score nul pour l’agence; de sécu-
(68/78,7)
disponibilité
• L’engagementdes aliments, particulièrement
politique en matière les de sécuritérité mondiale (32,7 au niveau
alimentaire mondial). avec
et d’accès
un score
Fig. 33 : nulScorecontre
de la47,1
Tunisieà l’échelle en raison
pour l’indicateur d’un score
« obstacles nul pour
politiques la stratégie de
et sociaux
Fig. 33 sécurité
: Score dealimentaire
la Tunisie pour l’indicateur
(47,1 au niveau« obstacles
mondial)
à l’accès aux aliments » politiques
et et
d’un sociaux
score à l’accès
nul pour auxl’agence
aliments »
de sécurité mondiale (32,7 au niveau mondial).
Source : Impact Economist Source : Impact Economist
74 Source : Impact Economist 84
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
Fig.Fig.
3434 : ScorededelalaTunisie
: Score Tunisiepour
pourl’indicateur
l’indicateur «« Qualité
Qualitéetetsécurité
sécurité» »
Source : Impact Economist
Source : Impact Economist
Quant
Quantà à la la
« disponibilité des micronutriments
« disponibilité »,
des micronutriments 67,8, expliqué
», on notepar unl’indice
scoredeglobalement
la « disponibilitébas
du
on note un score globalement bas par rapport à la vitamine A » (50/88,5)
par rapport à la moyenne de l’ensemble des 113 pays, soit 48,6 contre 67,8, expliquéet du Zinc (46,2/64,3) qui
moyenne de l’ensemble
par l’indice de la des 113 pays, soit 48,6
« disponibilité ducontre
vitamines’avèrent des facteurs
A » (50/88,5) et critiques
du Zincpour la sécurité nutri-
(46,2/64,3) qui
s’avèrent des facteurs critiques pour la sécurité nutritionnelle
tionnelle des Tunisiens.
des Tunisiens.
85
Source : Impact Economist
Source : Impact Economist
II.3.2.2.4 Durabilité et adaptation
Source : ImpactSource
Economist
: Impact Economist
Les indicateurs qui tirent ce pilier vers le bas (fig.ci dessous) sont :
Les indicateurs qui tirent ce pilier vers le bas (fig.ci • la politique nationale d’adaptation agricole
dessous) sont•: la sècheresse avec un score de 25/42,7 ;
(0/79,6) ;
• la qualité de l’eau d’irrigation et la disponibilité, 25/40,9 ;
• la sècheresse avec un score de 25/42,7 ; • la gestion des risques et catastrophe (0/55,7) ;
la présence
• la qualité •de l’eau d’irrigationduetcarbone 86
• de
organique
la disponibili- l’infestation de ravageurs
la terre 2,8/29,1 ; et atténuation de
• la politique nationale d’adaptation agricole
té, 25/40,9 ; maladies (0/69,9)
(0/79,6) ; :
• la gestion des risques et catastrophe • la(0/55,7) ;
coordination de la gestion des risques
• la présence du carbone organique
• l’infestation de la terre
de ravageurs et atténuation de maladies (0/69,9) :
2,8/29,1 ; (0/39,7).
• la coordination de la gestion des risques (0/39,7).
Fig. 37 : Score de la Tunisie pour les sous indicateurs de « l’engagement politique
Fig. 37 : Score de la Tunisie pour les sous indicateurs de « l’engagement politique en faveur de
en faveur de l’adaptation et « la gestion des risques »
l’adaptation et « la gestion des risques »
Source
Source : Impact Economist : Impact Economist
76
II.3.2.3 Comparaison de la Tunisie avec le reste du monde
II.3.2.3 Comparaison de la Tunisie avec le reste Le classement de la Tunisie comparé à celui des 15
Le classement
du monde de la Tunisie comparé à celui pays dedes 15 pays
la région MENA en defonction
la région
de toutesMENA
les di- en
fonction de toutes les dimensions est peumensions satisfaisant.
est peu Ilsatisfaisant.
indique Illeindique
chemin que le
le chemin
pays estComparaison
II. 3.2.3.1 appelé àavecparcourir
le groupepour
de paysseà repositionner
que le payspar rapport
est appelé à ces pour
à parcourir pays se qui nous
reposi-
ressemblent.bas et moyen revenus et la région MENA tionner par rapport à ces pays qui nous ressemblent.
Tableau 8 : Classement de la Tunisie par rapport au groupe de pays à bas et moyens revenus
Tableau 8 : Classement de la Tunisie par rapport au groupe de pays à bas et moyens
et dans la région MENA
revenus et dans la région MENA
113 pays LMIC* (32 pays) Région MENA 15 pays
Global 62 6 11
Affordability/accès 54 4 10
disponibilité 74 17 10
Qualité et sécurité 70 12 10
Durabilité et adaptation 74 14 11
Source: GFSI,2022 Source:
*; LMICGFSI,2022
: Low Middel Income
*; LMIC Country
: Low Middel Income Country
II. 3.2.3.2 Comparaison avec les pays arabes
LeII. 3.2.3.2
tableau Comparaison
suivantavec les pays arabes
montre le classement meilleurs
desclassements.
différentsLes scores
paysaccès arabes
sont les plusqui
bénéficient, contrairement à la Tunisie, de élevés scoresdansglobaux
ces pays, à plus
l’exception du Maroc
élevés et de la de
et donc
Le tableau classements.
meilleurs suivant montre le Les
classement
scoresdes accès
diffé- Tunisie.les
sont Le score
plusdeélevés
disponibilité est plus
dans cesélevépays,
dans à
l’exception du Maroc
rents pays arabes et decontrairement
qui bénéficient, la Tunisie. à Le87
score
les paysde disponibilité
du Golfe, estdeplus
alors que ceux élevé
la qualité et dedans
la
lesla pays
Tunisie,du Golfe,
de scores alors
globaux plusque
élevésceux
et doncde
de la qualité et de
pérennité sont la faibles
les plus pérennité sont les plus
pour la Tunisie.
faibles pour la Tunisie.
Tableau 9 : Classement de la Tunisie par rapport au groupe des pays arabes
Tableau 9 : Classement de la Tunisie par rapport au groupe des pays arabes
P AYS CLASSEMENT SCORE S CORES D IMENSSIONS
/113 PAYS GLOBAL A CCES DISPONIBILITE Q UALITE P ERENNITE
E MIRAT ARABE 23 75,2 86,7 73,8 81,3 55,6
U NIES
OMAN 35 71,2 88,6 64,6 73,2 53,6
B AHRAIN 38 70,3 91,3 60,1 76,3 47,3
A S AOUDITE 41 69,9 83,2 67,2 71,6 53,7
J ORDANIE 47 66,2 85,3 59,8 55,4 58,9
KOWEIT 50 65,2 80,0 62,9 67,8 45,5
M AROC 57 63,0 74,6 42,9 73,1 60,0
T UNISIE 62 60,3 74,5 54,5 58,8 49,7
Source : GFSI,2022
Source : GFSI,2022
En conclusion, l’ensemble des indicateurs de calcul de l’indice global de la sécurité
En conclusion, l’ensemble des indicateurs de les dimensions durabilité et adaptation, le pays
alimentaire montrent la persistance de faiblesses structurelles en Tunisie bien qu’elle
calcul de l’indice global de la sécurité alimen- dégage un fort déficit en matière d’engagements
se base globalement sur des acquis assez solides, notamment pour les dimensions
taire montrent la persistance de faiblesses struc-
accès et disponibilité. Pour les dimensions durabilité politiqueset
pour la sécurité alimentaire
adaptation, et de ren- un
le pays dégage
turelles en Tunisie bien qu’elle se base globale- forcement des capacités
fort déficit en matière d’engagements politiques pour la sécurité alimentaire de gestion des risques
et de
ment sur des acquis
renforcement assez solides,
des capacités denotamment et catastrophes.
gestion des risques et catastrophes.
pour les dimensions accès et disponibilité. Pour
II.4. Indicateurs liés aux Objectifs de Développement Durable (ODD)
Le dernier rapport national volontaire de la Tunisie sur l’agenda 2030 et les ODD 77
présentés en juillet 2019 a confirmé que l’environnement et les ressources naturelles
du pays subissent de multiples pressions.
II.4. Indicateurs liés aux Objectifs II.4.2 Objectif du Développement Durable
2 « Éliminer la faim, assurer la sécurité
de Développement Durable
alimentaire, améliorer la nutrition et
(ODD) promouvoir une agriculture durable »
Le dernier rapport national volontaire de la Tunisie sur Le 25 septembre 2015, les États membres de l’ONU
l’agenda 2030 et les ODD présentés en juillet 2019 a ont adopté l’Agenda 2030 et un ensemble de 17 ob-
confirmé que l’environnement et les ressources natu- jectifs de développement intitulés Objectifs de Dé-
relles du pays subissent de multiples pressions. veloppement Durable (ODD) qui visent à mettre fin
à la pauvreté, à protéger la planète et à assurer la
II.4.1 Evaluation de la vulnérabilité prospérité pour tous.
du développement durable en Tunisie
Chaque objectif a des cibles spécifiques (soit un total
Le coût de la dégradation de l’environnement en de 169 cibles) et les pays du monde entier se sont
Tunisie est estimé à 2,7 % du Produit Intérieur Brut engagés à atteindre ces objectifs au cours des 15 pro-
(PIB) . Les coûts des dommages liés à la dégradation chaines années. Les ODD prolongent et élargissent
du capital naturel proviennent essentiellement de la l’agenda de développement des Objectifs du Millé-
perte agricole due à la dégradation des sols (0.35- naire pour le développement (OMD) qui ont expiré
0.69% du PIB)(75) et l’envasement des barrages (0.1% en 2015.
du PIB) suivie par la perte de revenus touristiques liée
à la dégradation du littoral (0.23-0.29% du PIB). Les L’ODD 2 « Éliminer la faim, assurer la sécurité
secteurs les plus touchés sont l’agriculture, l’eau, alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir
la pêche, la santé, le tourisme et la biodiversité. une agriculture durable » vise à éradiquer la faim
et la malnutrition en garantissant l’accès à une
Les études d’évaluation de la vulnérabilité de la alimentation sûre, nutritive et suffisante pour
Tunisie au changement climatique et les scéna- tous. Il appelle à la mise en place de systèmes de
rios climatiques ont démontré, sans équivoque(76), production alimentaire et de pratiques agricoles
que les ressources naturelles subissent déjà, et durables et résilients.
subiront pour longtemps, les impacts du change-
ment climatique, en particulier les impacts liés L’ODD2 ne pourra être atteint que si les cibles de
à l’augmentation des températures moyennes. plusieurs autres ODD sont également atteintes,
Cette hausse varierait selon les régions, au meilleur comme par exemple l’ODD12 « une consommation
des cas entre 1°C et 1,8°C à l’horizon 2050 et entre et une production responsable », l’ODD1 « Éliminer
2°C et 3°C à la fin du siècle. Dans le cas le plus pessi- la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le
miste, l’augmentation pourrait atteindre 4,1°C à 5,2°C monde » et l’ODD13 « Prendre d’urgence des mesures
à la fin du siècle. Les projections montrent également pour lutter contre les changements climatiques et
une baisse des précipitations (-10% à 30% en 2050), leurs répercussions » qui confirment leurs liens avec
l’élévation du niveau de la mer (30 cm à 50 cm en l’insécurité alimentaire.
2050) et la hausse des phénomènes climatiques ex-
trêmes (inondations et sécheresses). Ces risques
75. Etude de la Banque Mondiale et
Note d’orientation, Plan Quinquennal de
se traduiraient par une grande vulnérabilité de
Développement 2016-2020 de la Tunisie. l’économie du pays, de sa population et de ses
76. Tunisie- contribution aux éléments
écosystèmes. A titre d’exemple, l’impact du
de la phase préparatoire du processus du changement climatique sur le secteur agricole à
Plan National d’Adaptation : Impacts des l’horizon 2030 représentera entre 5% à 10% de
effets du CC sur la sécurité alimentaire,
AFD, 2020 diminution du PIB agricole.
78
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
80
évalué à l’aide de l’échelle FIES, est utilisé pour suivre les progrès réalisés vers l’objectif
d’assurer
évaluéà àtous l’accès à une alimentation
FIES, est utiliséadéquate.
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
Une centaine de villes (217) dans le monde se sont inscrits dans cette dynamique et
ont signé le Pacte de Politique Alimentaire Urbaine en 2015 à Milan. La Tunisie a 81
apporté sa contribution en identifiant les priorités de développement pour la période
post-2015 via sa participation à l’initiative relative à la réalisation de l’ODD 11 « villes et
communautés durables ».
Une centaine de villes (217) dans le monde se sont politiques et aux programmes alimentaires mis
inscrits dans cette dynamique et ont signé le Pacte en œuvre dans les villes dans divers domaines :
de Politique Alimentaire Urbaine en 2015 à Milan. gouvernance et planification, durabilité des modes
La Tunisie a apporté sa contribution en identifiant d’alimentation et de la nutrition, équité sociale et
les priorités de développement pour la période économique, production alimentaire et gestion des
post-2015 via sa participation à l’initiative relative écosystèmes, approvisionnement et distribution
à la réalisation de l’ODD 11 « villes et communau- alimentaires, pertes et gaspillages de nourriture.
tés durables ».
En conclusion, les principales forces de la
La Tunisie, à travers la municipalité de Tunis, a Tunisie restent jusque-là, la salubrité des ali-
bénéficié de l’apport de la FAO en 2018 pour la ments, la faible proportion de la population
mise en place d’un projet « Vers une stratégie de au-dessous du seuil de pauvreté mondiale, la
gouvernance alimentaire pour la municipalité de suffisance de l’offre des produits alimentaires
Tunis » dont l’objectif est de doter la municipalité et la présence de programmes de filets sociaux
d’une gouvernance alimentaire, d’assurer la sécu- de sécurité alimentaire.
rité alimentaire et de promouvoir une alimentation
saine et le bien être des citadins. L’accès physique et économique aux denrées
alimentaires et leurs valeurs nutritives sera
Le dispositif mis en place dans la municipalité de un des principaux défis des prochaines décen-
Tunis ou d’autres municipalités du pays, ne prévoit nies. Les limites à la croissance économique,
pas la mise en place d’une stratégie alimentaire combinées à la stagnation du PIB par habitant,
locale, ni d’une gouvernance alimentaire locale. peuvent entraver la capacité des pauvres à ré-
Leurs tâches restent liées à la sécurité sanitaire duire leurs dépenses alimentaires.
des aliments et l’hygiène des espaces publics
(marchés, restaurants, cafés, GMS) ainsi que l’en- Le manque de stratégies réalisables et efficaces
vironnement des communautés. visant les petits exploitants constituera un risque
pour le secteur et les communautés rurales. La
Plusieurs villes dans le monde sont avancées dans petite agriculture est considérée comme essen-
ce domaine pour améliorer la sécurité alimentaire tielle pour relever des défis tels que la lutte contre
et la nutrition de leurs habitants: Mécanisme de la pauvreté rurale, la sécurisation des approvi-
gouvernance alimentaire à Nairobi et Lima, l’ ini- sionnements en nourriture et la sauvegarde de la
tiative de développement urbain à Colombo, Plans biodiversité agricole et de l’utilisation durable des
directeurs municipaux et connexion des villes ressources naturelles.
pour échanger les bonnes pratiques, Stratégie
alimentaire locale pour le grand Londres, Conseil Si la transition alimentaire suit les mêmes ten-
consultatif de gouvernance alimentaire durable à dances de consommation et de production (qua-
Bordeaux, la politique alimentaire de la province litatives et quantitatives), les risques épidémio-
de Gueldre (Pays Bas). logiques vont s’accentuer, entre autres, obésité,
surpoids, diabète et maladies cardiovasculaires.
Une Plateforme des actions alimentaires urbaines Ces conséquences pourront laisser de côté davan-
a été mise au point par la FAO en vue de don- tage de pauvres.
ner l’accès à une base de données relatives aux
82
Chapitre 3 :
Benchmarking international : INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
83
loppement pour soutenir les producteurs des alimentaires plus saines en réduisant leur
locaux en leur fournissant des outils et des consommation de sel, de sucre et de graisses
technologies pour améliorer la qualité et la saturées (produits largement importés par la
durabilité de leur production. Cela inclut des Tunisie) ;
programmes pour améliorer les techniques de • Pour renforcer l’impact de la campagne, le
production, les systèmes de gestion des res- gouvernement japonais a travaillé en étroite
sources naturelles et les systèmes de stockage collaboration avec les acteurs de l’industrie
et de transport des produits alimentaires. alimentaire, les producteurs locaux, les asso-
ciations de consommateurs et les médias.
Nous pouvons également citer le cas du Sénégal
qui a mis en place plusieurs mesures pour lutter
contre la spéculation et la contrebande afin de
III.
Expériences
renforcer sa sécurité alimentaire, notamment : inspirantes pour
renforcer la
• La création de l’Agence de régulation des mar-
chés (ARM) : l’ARM a pour mission de réguler digitalisation du
les marchés pour éviter les hausses excessives système alimentaire
des prix des produits alimentaires. Elle sur-
veille les prix et les pratiques commerciales • L’Afrique du Sud a mis en place un système
des acteurs du marché et impose des sanc- de suivi des aliments basé sur la blockchain
tions aux contrevenants ; qui permet de tracer les aliments à travers
• Le renforcement des contrôles aux frontières: toute la chaîne d’approvisionnement, de-
le Sénégal a renforcé les contrôles aux fron- puis les fermes jusqu’aux points de vente.
tières pour lutter contre la contrebande de Cela permet de s’assurer que les aliments sont
produits alimentaires en provenance des pays sûrs à manger et d’identifier rapidement tout
voisins. Des patrouilles sont organisées le long problème éventuel ;
des frontières et des peines lourdes sont appli- • L’Espagne utilise des drones et des capteurs
quées aux contrebandiers. pour surveiller les cultures et détecter les ma-
ladies et les ravageurs. Cela permet aux agri-
Enfin, nous citons une initiative prise par le gou- culteurs de produire des cultures plus saines
vernement japonais quand il a lancé une cam- et plus productives, améliorant ainsi la sécuri-
pagne de communication appelée «Shokuiku» té alimentaire ;
pour promouvoir une alimentation saine et équi- • Les États-Unis utilisent des systèmes de pré-
librée en mettant l’accent sur les produits locaux vision de la production basés sur l’IA pour
et traditionnels. «Shokuiku» est un terme japo- anticiper les besoins alimentaires à venir et
nais qui signifie «éducation alimentaire». planifier la production en conséquence ;
• Le Brésil utilise des systèmes de gestion de
• La campagne «Shokuiku» a mis en avant les la chaîne d’approvisionnement pour optimiser
avantages des produits locaux et traditionnels la production alimentaire en utilisant des don-
et a orienté la consommation vers les produits nées sur les conditions météorologiques, les
disponibles à circuits de distribution courts prix des aliments, la demande des consomma-
afin de réduire l’opportunisme des intermé- teurs, etc.
diaires ; • L’Indonésie a mis en place un système de sui-
• Cette campagne de communication a permis vi des aliments basé sur la blockchain pour
également aux japonais d’adopter des habitu- assurer la traçabilité des produits de la ferme
84
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
85
en place des programmes pour encourager Cela a permis de réduire les coûts d’exploita-
l’utilisation de l’énergie solaire dans d’autres sec- tion pour les agriculteurs et de réduire la dé-
teurs, tels que la production d’électricité, pour pendance aux énergies non renouvelables ;
renforcer leur sécurité énergétique et réduire leur • Dans la région de Séville, l’énergie solaire est
dépendance aux combustibles fossiles. utilisée pour alimenter les systèmes d’irriga-
tion dans les fermes agricoles. Cela a permis
En Espagne également, les efforts en matière de réduire les coûts d’exploitation pour les
de développement des énergies renouvelables agriculteurs et la dépendance aux énergies
ont été concentrés sur la production d’éner- non renouvelables.
gie éolienne et solaire pour alimenter les sys-
tèmes d’irrigation. Cela a permis de renforcer
la sécurité alimentaire en augmentant la pro-
V. Expériences
duction agricole et en réduisant les coûts d’ex- inspirantes pour
ploitation. renforcer la lutte
L’Espagne a également mis en place des pro- contre les effets
grammes pour promouvoir l’utilisation de pra- du changement
tiques agricoles économes en eau, comme l’ir-
rigation par goutte à goutte et l’utilisation de climatique sur les
systèmes de gestion de l’eau. Cela a permis de zones arides
réduire la consommation d’eau et de protéger les
ressources en eau pour les générations futures. L’Egypte a réalisé de grands avancements en
matière de renforcement de l’agriculture dans
En outre, l’Espagne a également mis en place les milieux arides de manière à lutter contre
des programmes pour promouvoir la production les effets du changement climatique et amélio-
d’énergie renouvelable en utilisant des technolo- rer la sécurité alimentaire de l’Egypte.
gies telles que les panneaux solaires et éoliennes
pour alimenter les foyers ruraux, les écoles et les Parmi les initiatives mise en place par ce pays, on cite :
centres de recherches, ce qui a contribué à amé-
liorer l’accès à l’énergie pour les communautés • Une politique volontariste de promotion des
rurales et à réduire les coûts d’exploitation : systèmes d’irrigation goutte à goutte pour éco-
nomiser l’eau et augmenter les rendements en
En Espagne, il existe plusieurs exemples d’utilisa- milieux arides ;
tion des énergies renouvelables pour alimenter les • La mise en place de systèmes de stockage de
systèmes d’irrigation : l’eau : il s’agit de réservoirs de stockage de
l’eau et des systèmes de stockage souterrains
• Dans la région de Murcie, l’énergie solaire est pour augmenter les ressources en eau pour
utilisée pour alimenter les pompes d’irrigation l’agriculture dans les milieux arides ;
dans les fermes agricoles. Cela a permis de ré- • La diversification des cultures pour réduire
duire les coûts d’exploitation pour les agricul- les risques liés aux conditions climatiques ex-
teurs et de réduire la dépendance aux énergies trêmes et augmenter la sécurité alimentaire ;
non renouvelables ; • La mise en place de systèmes de surveillance
• Dans la région de Valence, l’énergie solaire et climatique pour permettre aux agriculteurs de
éolienne sont utilisées pour alimenter les sys- mieux anticiper les risques climatiques et de
tèmes d’irrigation dans les fermes agricoles. mieux gérer les risques ;
86
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
87
répondre aux besoins en eau dans des envi- place des programmes pour réduire les mala-
ronnements arides ou semi-arides tout en pré- dies liées à l’alimentation, comme l’obésité et
servant les ressources en eau douce limitées. le diabète.
88
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
o Le programme Faim Zéro (Zéro faim) sont très inspirantes et peuvent servir de référence
lancé en 2003 qui a pour but d’éliminer pour la Tunisie.
la faim et la malnutrition au Brésil, en
utilisant une approche globale qui intègre Au niveau régional, nous pouvons citer le Plan
la sécurité alimentaire, la nutrition, l’em- d’action intégré pour lutter contre le gaspillage ali-
ploi, l’éducation et les soins de santé. Il mentaire adopté par l’UE.
a été mis en place pour garantir l’accès à
l’alimentation à tous les Brésiliens, en par- Le 19 janvier 2012, les eurodéputés ont voté une
ticulier les plus pauvres, en utilisant des résolution visant à réduire de moitié le gaspil-
stratégies de transferts monétaires, de dis- lage alimentaire dans toute l’Europe d’ici 2025.
tribution de nourriture, de développement Ainsi, la Commission européenne s’est engagée
rural, de création d’emplois et de soutien face à l’ampleur de ce phénomène à l’identifica-
à l’agriculture familiale ; tion de ses causes sur la base desquels un Plan
o Le Bolsa Familia, lancé en 2003, est d’actions intégré a été mis en place, invitant les
un programme de transferts monétaires États membres à réduire la production de déchets
conditionnels qui cible les familles les plus alimentaires conformément aux objectifs de déve-
pauvres du Brésil. Il a pour but d’améliorer loppement durable.
l’accès à l’alimentation pour les popula-
tions les plus défavorisées en leur four- Au niveau national, certains États membres de
nissant des ressources financières pour l’UE ont élaboré des programmes nationaux de
acheter de la nourriture ; prévention du gaspillage alimentaire qui ont d’ores
o Le «Plateau de l’Emploi et de la Pro- et déjà donné des résultats concrets :
duction Agricole» (Plano de Emprego e
Produção Agricola), lancé en 2004, est un En France, par exemple, les initiatives suivantes
programme qui vise à améliorer l’accès ont été prises pour réduire le gaspillage alimen-
à l’alimentation pour les populations les taire :
plus défavorisées en créant des emplois
et en soutenant l’agriculture familiale et • La Loi anti-gaspillage est promulguée en 2016
l’agriculture paysanne ; (Journal Officiel du 12 Février 2016) afin de ré-
o Le Brésil a également mis en place des glementer la réduction du GA. Les nouvelles
programmes pour favoriser l’accès à l’ali- dispositions législatives inscrivent dans la loi
mentation en milieu scolaire en distribuant les actions à mettre en place pour récupérer
des repas gratuits à des millions d’enfants et valoriser les denrées alimentaires et pour
dans les écoles. éviter leur gaspillage. Elles sont dans l’ordre
de priorité : (1) prévention du gaspillage, (2)
utilisation des invendus par le don ou la trans-
VIII. Expériences formation, (3) valorisation destinée à l’ali-
inspirantes pour mentation animale, (4) utilisation à des fins
lutter contre le de compost pour l’agriculture ou valorisation
énergétique par méthanisation ;
gaspillage • Le Pacte national de lutte contre le gaspillage
alimentaire alimentaire est présenté en réponse à l’objec-
tif de diminuer par deux le gaspillage alimen-
En matière de lutte contre le gaspillage alimen- taire d’ici 2025, à travers onze mesures, dont :
taire, les initiatives prises par l’Union Européenne o Un signe de ralliement manifestant la mo-
89
bilisation de chacun pour lutter contre le jour, les prix cassés sur les produits
gaspillage ; proches de leur date limite de consom-
o Une journée nationale de lutte contre le mation, dans 70 magasins partenaires en
gaspillage, d’un prix « Anti-g aspi » des France. Zéro-Gâchis affirme avoir évité la
bonnes pratiques ; poubelle à 342 tonnes d’aliments en 2014.
o Des formations dans les lycées agricoles et ‘’Zéro Gaspil dans les cantines scolaires’’
les écoles hôtelières ; est aujourd’hui mis en place dans 50 res-
o Des clauses dans les marchés publics de taurants scolaires. Il est devenu aussi un
la restauration collective ; projet éducatif.
o Une meilleure connaissance du cadre légis-
latif et réglementaire sur la propriété et la Face aux enjeux de la crise alimentaire mon-
responsabilité lors d’un don alimentaire ; diale, les premières banques alimentaires se
o La mesure de la lutte contre le gaspillage sont développées aux Etats Unis depuis 1967,
alimentaire dans la Responsabilité Sociale puis en Europe (en France depuis 1984). Le
des Entreprises ; réseau Global Food Banking Network (GFN)
o Le remplacement systématique de la men- comprend aujourd’hui plus de 250 banques
tion DLUO par « À consommer de préfé- alimentaires opérationnelles dans plus de 30
rence avant, etc. » ; pays (Mediterra, 2016)(80).
o Une campagne de communication sur la
lutte contre le gaspillage ; En Egypte, la Banque alimentaire (Egyptian Food
o L’expérimentation du don alimentaire par Bank-EFB) a été fondée en 2006 par un groupe
les citoyens via une plate-forme numé- d’entrepreneurs en vue d’aider les personnes vul-
rique. nérables à accéder à une alimentation saine. Elle
est progressivement devenue un projet national
• Des initiatives privées : plusieurs initiatives qui dessert tous les gouvernorats d’Égypte. L’EFB
méritent d’être mentionnées dont : est enregistrée au Ministère de la Solidarité So-
o L’introduction de « Gueules cassées » au ciale et régie selon une législation spécifique mise
niveau de la distribution est la première en place. Il s’agit d’une organisation à but non lu-
marque mondiale « anti-gaspi ». Les den- cratif spécialisée dans la lutte contre la faim par
rées alimentaires qui présentent ce logo la diversité et l’innovation. Parmi ses programmes,
concernent les produits qui ne sont pas la lutte contre le gaspillage alimentaire pour le-
conformes aux standards de la grande quel des partenariats ont été créés avec les res-
distribution et aux standards de goût des taurateurs, les distributeurs et les entreprises de
consommateurs. Ils sont commercialisés à l’agro-alimentaires pour la collecte des produits et
prix réduits ; plats non vendus ou en excédents qui seront par
o Les Applications numériques sont essen- la suite conditionnés par des entreprises spéciali-
tiellement lancées par des startups telles sées et orientés vers les orphelinats et les maisons
que ‘’Eqosphère’’, la start-up d’une plate- de retraite, afin d’être utilisés immédiatement. Ces
forme collaborative en ligne qui met en initiatives s’accompagnent de campagnes de sen-
relation les émetteurs d’un côté (grande sibilisation à la lutte contre le gaspillage auprès
80. Mediterra 2016. Zéro gaspillage distribution, entreprises de la restaura- des gestionnaires d’hôtels et de professionnels
en Méditerranée. Ressources naturelles, tion, industriels, etc.) et les récepteurs de l’industrie alimentaire. La création de l’EFB et
alimentations et connaissances / Centre in-
ternational de hautes études agronomiques de l’autre (associations, recycleurs, ses actions ont donné lieu à l’émergence d’autres
méditerranéennes (CIHEAM) et Organisa- déstockeurs, traiteurs, secteur événemen- banques alimentaires dans la région (Jordanie, Li-
tion des Nations Unies pour l’Alimentation
et l’Agriculture (FAO) –Paris : Presses de tiel, etc.). ‘’Zéro-Gâchis’’ recense, chaque ban, Syrie, Mauritanie, Irak, Arabie Saoudite, Émi-
Sciences Po, 2016
90
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
rats Arabes Unis et Tunisie(81)), constituant ainsi un La mise en œuvre du 1er Plan Maroc Vert a pla-
réseau de banques alimentaires régionales fonc- cé la mobilisation de l’investissement au profit du
tionnant selon le même modèle (Food Banking secteur agricole au cœur de cette stratégie.
Regional Network, FBNR).
Parmi les réalisations de ce plan, on peut relever
Le Maroc a abordé, en 2015, cette problématique les points suivants :
au niveau national avec un appui politique im-
portant, à travers le programme « Appui à l’éla- - Les investissements agricoles ont connu une
boration d’une stratégie nationale et d’un plan nette amélioration (104 milliards de DHS dont
d’action de réduction des pertes alimentaires au 40% d’investissement public et 60% d’inves-
Maroc » soutenu par la FAO. Dans le cadre de tissement privé), L’agriculture à haute valeur
ce programme, des consultations nationales ont ajoutée a connu une évolution significative
été menées avec la participation des parties pre- moyennant deux leviers : l’Agrégation Agricole
nantes impliquées. Des missions de diagnostic et le Partenariat Public-Privé autour des ter-
et d’évaluation de l’ampleur du phénomène ont rains agricoles ;
également été menées sur six filières : céréales, - Le partenariat Public-Privé autour des terres
pomme, dattes, agrumes, figues et figues de bar- agricoles de l’Etat a permis la mise en place
baries, selon une démarche chaîne de valeur. Ces de 1 575 projets sur une superficie de près de
investigations ont permis d’élaborer « la stratégie 112 000 hectares ;
nationale de réduction des pertes et gaspillage ali- - En matière d’économie d’eau, la superficie
mentaires au Maroc à l’horizon de 2030 »(82) dont équipée en goutte à goutte a connu une exten-
l’objectif est de réduire le gaspillage de moitié sion spectaculaire pour atteindre 542 000 hec-
moyennant les actions suivantes : le renforcement tares contre uniquement 128 000 en 2008 ;
des capacités des parties prenantes et la gestion - le Plan Maroc Vert a permis la création de 342
des connaissances, le renforcement de la gestion 000 emplois supplémentaires et l’augmenta-
des filières et la minimisation des pertes et gaspil- tion du nombre de jours de travail par an et
lage et la promotion de l’investissement dans des par ouvrier de 110 jours/an à 140 jours/an.
systèmes alimentaires efficients.
Ainsi, le nouveau Plan Maroc vert mis en place
vient consolider l’ensemble des acquis du 1er Plan
IX. Expériences Maroc Vert « Génération Green 2020-2030 » :
inspirantes dans le
renforcement de la Cette nouvelle stratégie repose sur deux fonde-
ments :
sécurité alimentaire
1- la priorité à l’élément humain : elle vise à
La Tunisie semble avoir accusé durant les 20 améliorer les conditions de vie et d’établissement
dernières années du retard sur ses voisins en en milieu rural, à favoriser la création d’emplois,
matière de renforcement de la sécurité ali- en particulier pour la catégorie des jeunes. Ce fon-
mentaire. Nous citerons ci-après à titre illustratif dement a pour objectifs de :
les deux plans marocain et algérien dans ce do-
maine ainsi que l’exemple portugais. - Contribuer à l’émergence d’une nouvelle géné-
ration de classe moyenne agricole ;
• Le Plan Maroc Vert : priorité à - Créer une nouvelle génération de jeunes entre-
l’humain et à la durabilité preneurs, notamment à travers la mobilisation
91
et la valorisation de 1 million d’hectares de • Un programme de relance et de renouveau
terres collectives et la formation de 150 000 pour le secteur agricole : le secteur agricole
jeunes aux services agricoles et para-agricoles ; a bénéficié de 130 milliards de DA pour 2021-
- Créer des organisations agricoles innovantes 2022 sous forme de subventions en faveur du
de nouvelle génération ainsi qu’une nouvelle développement de l’investissement agricole,
génération de mécanismes d’accompagne- de la régulation de la production et des projets
ment, en connectant au moins 2 millions structurels, alors que les subventions des en-
d’agriculteurs à des plateformes de services grais sont passées de 20% à 50%.
digitaux et en faisant émerger 5000 conseil- En parallèle, les pouvoirs publics ont œuvré
lers agricoles privés pour l’encadrement des pour la création de la Banque Nationale de
agriculteurs. Semences avec la perspective de «réaliser un
taux de 80% de couverture en termes de se-
2- la pérennisation du développement agri- mences à l’horizon 2023’’.
cole à travers des actions spécifiques dans Des actions ciblant les secteurs source de pro-
les filières de production, les circuits de dis- téine animale ont également été considérées.
tribution et la préservation des ressources Ces actions ont permis de rehausser de 31%
naturelles dans le contexte des changements la production de la viande blanche comparée
climatiques. La mise en œuvre de cette orien- à 2021 et de 8% les viandes rouges. Le secteur
tation repose sur les axes suivants : de la pêche et des ressources halieutiques a
également enregistré une croissance globale,
- La consolidation des filières agricoles, avec entre l’année 2020 et l’année 2021, de 11 % ;
l’objectif de doubler le PIB agricole et les ex- • La revue des textes juridiques et règlemen-
portations et d’atteindre un taux de 70% de taires au service de la sécurité alimentaire ;
valorisation de la production ; • Le contrôle des prix des produits de large
- L’amélioration et la modernisation des circuits consommation (Huile et Sucre Blanc, Se-
de distribution des produits agricoles, notam- moules de blé dur, Lait pasteurisé, Farine
ment les marchés de gros ; de panification et pains, Eau potable d’as-
- L’amélioration de la qualité et de la capacité sainissement, Eau à Usage Agricole, etc.) ;
d’innovation ; • La lutte contre la fraude en sanctionnant
- L’instauration d’une agriculture plus résiliente sévèrement les infractions commises sur le
et éco-efficiente à travers le doublement de territoire algérien concernant les produits
l’efficacité hydrique, la conservation des sols alimentaires.
agricoles et l’accompagnement des agricul-
teurs dans la transition vers des énergies re-
nouvelables.
• Les piliers de renforcement de la
sécurité alimentaire du Portugal
• Les réformes Algériennes
Le Portugal a mené des efforts louables en matière
pour assurer la sécurité de renforcement de la sécurité alimentaire pour
alimentaire garantir l’accès à une alimentation saine et adé-
quate pour sa population.
Consciente du défi majeur que constitue la sécu-
rité alimentaire, l’Algérie a mis en place un plan Les principaux efforts semblent se concentrer au-
d’actions exemplaire pour améliorer son autosuffi- tour des points suivants :
sance alimentaire. Ce plan de réforme se base sur
les piliers suivants : • Production alimentaire durable : encoura-
92
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
93
Variables explicatives
de l’évolution présente
deVariables explicatives
la sécurité alimentaire en Tunisie
de l’évolution présente de la sécurité alimentaire en Tunisie
Macro-
N Liste des variables
Concept/Dimension
V1 Politique alimentaire
94
SECTION 3
Prospective de la sécurité alimentaire de la
Section 3 : Prospective de la sécurité
alimentaire de la Tunisie à l’horizon
Chapitre 1 : 2035 INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
Chapitre 1:
Variables motrices, hypothèses et scénarios
Variables motrices, hypothèses et scénarios
I-VARIABLES MOTRICES
I. VARIABLES MOTRICES sens est supérieur ou égal à la moyenne des
relations de sens pour l’ensemble des 28 va-
1- Matrice d’impacts croisés à l’ordre 1
Nous1- retiendrons
Matrice d’impacts à l’ordre 1 motricesriables,
croisésvariables
comme
soit 7,78. Ces variables sont au nombre
à l’ordre 1 celles dont le nombre de
de 12, présentées par ordre décroissant au ta-
relations de sens est supérieur ou égal à la moyenne des relations de sens pour
Nous retiendrons comme variables motrices à bleau ci-dessous.
l’ensemble des 28 variables, soit 7,78. Ces variables sont au nombre de 12, présentées
l’ordre décroissant
par ordre 1 celles dont leau
nombre de relations
tableau de
ci-dessous.
Tableau
Tableau 12 12 : Variables motrices
: Variables motrices à l’ordre 1 1
à l’ordre
Variables motrices à l’ordre 1 Nombre de
relations
de sens
V1 Politique alimentaire 23
V25 Gouvernance du Système alimentaire 19
V3 Organisation des producteurs 15
V24 Instabilité politique et économique 15
V21 Changements climatiques 13
V7 Climat d'affaires et financement 11
V4 Production et productivité agricoles 10
V9 Logistique et Infrastructure de stockage et de distribution 10
109
V11 Régulation des marchés 9
V16 Intermédiaires dans les circuits de distribution 9
V17 Politique de subvention à la consommation 8
V22 Ressources en eau 8
V5 Disponibilité et prix des intrants 7
V6 Recherche et innovation 7
V8 Filières stratégiques 7
V13 Dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs 7
V27 Collectivités locales et société civile 7
V2 Circuits informels et contrebande frontalière 6
V12 Système alimentaire face aux chocs 6
V14 Inflation 6
V23 Ressources foncières 6
V26 Souveraineté alimentaire 6
V10 Main d’œuvre rurale 5
V18 Pénurie et disponibilité des produits alimentaires en temps 5
de crise
V15 Pouvoir d'achat et appui social 3
V19 Politique nutritionnelle et de santé 3
V28 Pertes agricoles 3
V20 Gaspillage alimentaire 1
2- Approche Meta-Plan
2- Approche Meta-Plan que la somme des notes affectées soit égale au
L’approche Meta-plan consiste à accorder une note de 0 à 4 à chaque variable de
maximum à 20. La moyenne des notes attribuée
façon à ce que la somme des notes affectées soit égale au maximum à 20. La
L’approche Meta-plan consiste à accorder une représente le poids de la variable.
moyenne des notes attribuée représente le poids de la variable.
note de 0 à 4 à chaque variable de façon à ce
Tableau 13 : Poids des variables par l’approche Meta-plan
Variable motrice Poids
V1 Politique alimentaire 2,5
V2 Circuits informels et de la contrebande frontalière 2,75
V3 Organisation des producteurs 1,25
V4 Production et productivité agricoles 2,5
V5 Disponibilité et prix des intrants 1,5
V6 Recherche et innovation 1
V7 Climat d'affaires et financement 0,5
V8 Filières stratégiques 1,25 95
V9 Logistique et infrastructure de stockage et de distribution 1
V10 Main d’œuvre rurale 1,25
V11 Régulation des marchés 1,5
V12 Système alimentaire face aux chocs 1,5
V23 Ressources foncières 6
V26 Souveraineté alimentaire 6
V10 Main d’œuvre rurale 5
V18 Pénurie et disponibilité des produits alimentaires en temps 5
de crise
V15 Pouvoir d'achat et appui social 3
V19 Politique nutritionnelle et de santé 3
V28 Pertes agricoles 3
V20 Gaspillage alimentaire 1
2- Approche Meta-Plan
L’approche Meta-plan consiste à accorder une note de 0 à 4 à chaque variable de
façon à ce que la somme des notes affectées soit égale au maximum à 20. La
moyenne des notes attribuée représente le poids de la variable.
Tableau
Tableau 13 : Poids
13 : Poids desdes variables par
variables parl’approche Meta-plan
l’approche Meta-plan
Variable motrice Poids
V1
Politique alimentaire 2,5
V2
Circuits informels et de la contrebande frontalière 2,75
V3
Organisation des producteurs 1,25
V4
Production et productivité agricoles 2,5
V5
Disponibilité et prix des intrants 1,5
V6
Recherche et innovation 1
V7
Climat d'affaires et financement 0,5
V8
Filières stratégiques 1,25
V9
Logistique et infrastructure de stockage et de distribution 1
V10
Main d’œuvre rurale 1,25
V11
Régulation des marchés 1,5
V12
Système alimentaire face aux chocs 1,5
V13
Dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs 1,5
V14
Inflation 3,75
V15
Pouvoir d'achat et appui social 3,25
V16
Intermédiaires dans les circuits de distribution 3
V17
Politique de subvention à la consommation 3
V18
Pénurie et disponibilité des produits alimentaires en temps 3
de crise
V19 Politique nutritionnelle et de santé 3,75
V20 Gaspillage alimentaire 3
La moyenne V21 des variables par
Changements l’approche Meta-plan est de 2,07.
climatiques Nous
3,75 retenons 15
V22 Ressources en eau
variables dont les notes sont supérieures à la moyenne. 3
V23 Ressources foncières 2,5
V24 Instabilité politique et économique 2,75
V25 Gouvernance du Système alimentaire 2,75
V26 Souveraineté alimentaire 1,5
V27 Collectivités locales et société civile 1,25
V28 Pertes agricoles 1,25
La moyenne des variables par l’approche 110
riables dont les notes sont supérieures à la
Meta-plan est de 2,07. Nous retenons 15 va- moyenne.
Tableau
Tableau 14 :14Variables
: Variables identifiées
identifiées parpar
Meta-plan
Meta-plan
- Variables motrices à l’ordre 1 Poids
V14 Inflation 3,75
V19 Politique nutritionnelle et de santé 3,75
V21 Changement climatique 3,75
V15 Pouvoir d'achat et appui social 3,25
V16 Intermédiaires dans les circuits de distribution 3
V17 Politique de subvention à la consommation 3
Pénurie et disponibilité des produits alimentaires en temps
V18 de crise 3
V20 Gaspillage alimentaire 3
V22 Ressources en eaux 3
V2 Circuits informels et contrebande frontalière 2,75
V24 Instabilité politique et Difficultés économiques 2,75
V25 Gouvernance du système alimentaire 2,75
V1 Politique alimentaire 2,5
V4 Production et productivité agricoles 2,5
V23 Ressources foncières 2,5
3-La
Combinaison
combinaison desdes
deuxdeux
méthodes périeureslesà lavariables
méthodes, en retenant moyenne qui
de 7,78
ontetunune note Me-de
nombre
ta-plan supérieure à 2,07, permet
relations supérieures à la moyenne de 7,78 et une note Meta-plan supérieure à 2,07, d’identifier à
Lapermet
combinaison des deux méthodes, en retenant l’ordre 1 les
d’identifier à l’ordre 1 les 19 variables suivantes : 19 variables suivantes :
les variables qui ont un nombre de relations su-
Tableau 15
Tableau 15:: Variables
Variablesidentifiées parpar
identifiées NRSNRS
et Meta-plan
et Meta-plan
Variables motrices à l’ordre 1 NRS Meta-plan
V1 Politique alimentaire 23 2,5
V25 Gouvernance du Système alimentaire 19 2,75
V3 Organisation des producteurs 15 1,25
V24 Instabilité politique et économique 15 2,75
V21 Changement climatique 13 3,75
V7 Climat d'affaires et financement 11 0,5
V4 Production et productivité agricoles 10 2,5
V9 Logistique et infrastructure de stockage et de 10 1
distribution
V11 Régulation des marchés 9 1,5
V16 Intermédiaires dans les circuits de distribution 9 3
V17 Politique de subvention à la consommation 8 3
V22 Ressources en eau 8 3
V14 Inflation 3,75
V19 Politique nutritionnelle et de santé 3,75
V15 Pouvoir d'achat et appui social 3,25
Pénurie et disponibilité des produits alimentaires en
V18 temps de crise 111
3
V20 Gaspillage alimentaire 3
V2 Circuits informels et contrebande frontalière 2,75
V23 Ressources foncières 2,5
4-4-Matrice
Matrice élevée
élevée à l’ordre
à l’ordre n-1 n-1 lons les coefficients de pondération pour
En élevant la matrice à l’ordre n-1, moyennant le logicielChaque
chaque variable. de calcul matriciel,
coefficient repré-en
incluant les relations indirectes qui
En élevant la matrice à l’ordre n-1, moyen- existent
sente le poids de la variable en question.nous
entre les différentes variables, Le
calculons les coefficients de pondération
nant le logiciel de calcul matriciel, en in- pour chaque
tableau suivant variable.
représenteChaque
la liste descoefficient
variables
représente le poids de la variable en question. Le tableau suivant représente la liste
cluant les relations indirectes qui existent affectées de le leurs coefficients de pondération.
des variables affectées de le leurs coefficients de pondération.
entre les différentes variables, nous calcu-
Tableau 16 : Coefficients de pondération des variables par le calcul matriciel
Variables motrices Nombre de Coefficient
relations de de
sens NRS pondération
(Ordre n-1)
V1 Politique alimentaire 23 6,49
V2 Circuits informels et contrebande frontalière 6 2,73
V3 Organisation des producteurs 15 4,64
V4 Production et productivité agricoles 10 3,77
V5 Disponibilité et prix des intrants 7 2,99
V6 Recherche et innovation 7 3,33
V7 Climat d'affaires et financement 11 4,20
V8 Filières stratégiques 7 3,11
V9 Logistique et infrastructure de stockage et de distribution 10 3,54
V10 Main d’œuvre rurale 5 2,66
V11 Régulation des marchés 9 4,07
V12 Système alimentaire face aux chocs 6 3,46
V13 Dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs 7 2,99
V14 Inflation 6 2,86
V15 Pouvoir d'achat et appui social 3 2,65
V16 Intermédiaires dans les circuits de distribution 9 3,32
V17 Politique de subvention à la consommation 8 3,27 97
V18 Pénurie et faible disponibilité des produits alimentaires en 5 2,93
temps de crise
V19 Politique nutritionnelle et de santé 3 3,02
V20 Gaspillage alimentaire 1 1,93
Pénurie
Pénurie etet disponibilité
disponibilité des
des produits
produits alimentaires
alimentaires en
en
V18
V18 temps
temps de
de crise
crise 3
3
V20
V20 Gaspillage
Gaspillage alimentaire
alimentaire 3
3
V2
V2 Circuits
Circuits informels
informels et
et contrebande
contrebande frontalière
frontalière 2,75
2,75
V23
V23 Ressources
Ressources foncières
foncières 2,5
2,5
Tableau16
Tableau 16 :: Coefficients
Coefficients dede
pondération des variables
pondération par le calcul
des variables par lematriciel
calcul matriciel
Variables
Variables motrices
motrices Nombre
Nombre de de Coefficient
Coefficient
relations
relations de
de de
de
sens
sens NRS
NRS pondération
pondération
(Ordre
(Ordre n-1)
n-1)
V1
V1 Politique
Politique alimentaire
alimentaire 23
23 6,49
6,49
V2
V2 Circuits informels
Circuits informels et et contrebande
contrebande frontalière
frontalière 6
6 2,73
2,73
V3
V3 Organisation des
Organisation des producteurs
producteurs 15
15 4,64
4,64
V4
V4 Production et
Production et productivité
productivité agricoles
agricoles 10
10 3,77
3,77
V5
V5 Disponibilité
Disponibilité etet prix
prix des
des intrants
intrants 7
7 2,99
2,99
V6
V6 Recherche
Recherche et et innovation
innovation 7
7 3,33
3,33
V7
V7 Climat d'affaires
Climat d'affaires etet financement
financement 11
11 4,20
4,20
V8
V8 Filières stratégiques
Filières stratégiques 7
7 3,11
3,11
V9
V9 Logistique
Logistique et et infrastructure
infrastructure de de stockage
stockage etet de
de distribution
distribution 10
10 3,54
3,54
V10
V10 Main d’œuvre
Main d’œuvre rurale rurale 5
5 2,66
2,66
V11
V11 Régulation des
Régulation des marchés
marchés 9
9 4,07
4,07
V12
V12 Système alimentaire
Système alimentaire faceface aux
aux chocs
chocs 6
6 3,46
3,46
V13
V13 Dépendance vis-à-vis
Dépendance vis-à-vis des
des marchés
marchés extérieurs
extérieurs 7
7 2,99
2,99
V14
V14 Inflation
Inflation 6
6 2,86
2,86
V15
V15 Pouvoir
Pouvoir d'achat
d'achat et et appui
appui social
social 3
3 2,65
2,65
V16
V16 Intermédiaires dans
Intermédiaires dans les
les circuits
circuits de
de distribution
distribution 9
9 3,32
3,32
V17
V17 Politique de
Politique de subvention
subvention à à la
la consommation
consommation 8
8 3,27
3,27
V18
V18 Pénurie
Pénurie et et faible
faible disponibilité
disponibilité desdes produits
produits alimentaires
alimentaires en
en 5
5 2,93
2,93
temps de crise
temps de crise
V19
V19 Politique
Politique nutritionnelle
nutritionnelle et et de
de santé
santé 3
3 3,02
3,02
V20
V20 Gaspillage
Gaspillage alimentaire
alimentaire 1
1 1,93
1,93
V21
V21 Changements
Changements climatiques
climatiques 13
13 4,88
4,88
V22
V22 Ressources
Ressources en en eau
eau 8
8 4,03
4,03
V23
V23 Ressources
Ressources foncières
foncières 6
6 3,61
3,61
V24
V24 Instabilité
Instabilité politique
politique et et économique
économique 15
15 5,01
5,01
V25
V25 Gouvernance
Gouvernance du du système
système alimentaire
alimentaire 19
19 6,23
6,23
V26
V26 Souveraineté
Souveraineté alimentaire
alimentaire 6
6 2,97
2,97
V27
V27 Collectivités
Collectivités locales
locales et et société
société civile
civile 7
7 2,84
2,84
V28
V28 Pertes agricoles
Pertes agricoles 3
3 2,39
2,39
Pluscece coefficient
Plus coefficient dedepondération
pondération est éle- Le classement
est élevé, plus la des variables
variable estmotrices montre et
explicative
vé, plus la variable est explicative et motrice. que les 12 variables retenues
motrice. Les variables motrices sont les variables ayant un coefficient de pondérationpar l’approche
Les variables
supérieur à la motrices
moyenne, sontsoit
les variables
3, 51 ou ayant des NRS présentent des coefficients supé-
très proche.
un coefficient de pondération supérieur à la rieurs à la moyenne auxquelles s’ajoutent
moyenne, soit 3, 51 ou très proche.
Le classement des variables motrices montre 3 autres
que variables aux coefficients
les 12 variables retenuesaussi
par
l’approche des NRS présentent des coefficients élevés ou très proches
supérieurs issues de auxquelles
à la moyenne l’analyse
s’ajoutent 3 autres variables aux coefficientsmatricielle.
aussi élevésAu total, 15 variables
ou très prochessurissues
28 sontde
l’analyse matricielle. Au total, 15 variables sur identifiées.
28 sont identifiées.
112
98
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
113
Tableau 18 : Classement des variables motrices par influence
6-6-Variables
Variables motrices
motrices retenues
retenues pourpour l’analyse prospective
finitive par macro-concepts
des variables motrices comporte un
l’analyse prospective par macro-concepts total de 21 variables conditionnant l’avenir
La liste des variables motrices par macro-concepts de la sécurité alimentaire
est issue à l’horizon 2035.
de la confrontation entre
La liste des variables motrices par macro-
les résultats du nombre de relations de sens, du calcul matriciel à l’ordre n-1 (15
concepts est issue de la confrontation entre En considérant les 4 macro-concepts, les 21 va-
lesvariables)
résultats duet nombre
ceux de de l’approche Méta-plan
relations de sens, où motrices
riables 6 variables additionnelles
se répartissent de la ayant
manièreun
dupoids
calcul supérieur
matriciel à ou égaln-1à(152,07
l’ordre ont été retenues
variables) tableauLaci-dessous
en leplus.
suivante dans liste définitive
: des
et ceux de l’approche Méta-plan où 6 variables
additionnelles ayant un poids supérieur ou égal
à 2,07 ont été retenues en plus. La liste dé- 114
100
variables motrices comporte un total de 21 variables conditionnant l’avenir de la
sécurité alimentaire à l’horizon 2035.
frontalière
V6
V4
V3 Recherche
Production et innovation
productivité
Organisation des producteurs agricoles 7
10
15 3,33
3,77
4,64 11,25
2,5
Disponibilité
V7
V6
V4 Climat d'affaires
Recherche
Production et et financement
et productivité
innovation agricoles 711
10 4,20
3,33
3,77 10,5
2,5
V7
V9
V6 Climat d'affaires
Logistique
Recherche et et financement
et infrastructure
innovation de stockage 71110 4,20
3,54
3,33 10,5
1
V9
V7 Logistique et infrastructure
et de distribution
Climat d'affaires et financementde stockage 10 11 3,54
4,20 10,5
V9 et de distribution
V11 Logistique
Régulation et desinfrastructure
marchés de stockage 10 9 4,07
3,54 11,5
V11 Régulation
V12 et des marchés
de distribution
Système alimentaire face aux chocs 96 4,07
3,46 1,5
1,5
V12
V11 Système
Régulation
V14 Inflation alimentaire
des face
marchés aux chocs 6
9
6 3,46
4,07
2,86 1,5
3,75
V14
V12 Inflation
Système alimentaire face
V15 Pouvoir d'achat et appui social aux chocs 6
3 2,86
3,46
3,25 3,75
1,5
2,65
V14
V15 Inflation
Pouvoir d'achat et appui social 63 2,86
3,25 3,75
2,65
V16 Intermédiaires dans les circuits de 9 3,32 3
V15
V16 Pouvoir d'achat
Intermédiaires et appui
dans les socialde
circuits 39 3,25
3,32 2,65
3
Accès
distribution
Accès
V16 Intermédiaires
distribution dans les circuits de 9 3,32 3
V17 Politique de subvention à la 8 3,27 3
Accès
V17 distribution
Politique de subvention à la 8 3,27 3
consommation
V17 Politique de subvention à la 8 3,27 3
consommation
V18 Pénurie et disponibilité des produits 5
consommation 2,93 3
V18 Pénurie et disponibilité des produits 5 2,93 3
alimentaires
V18 Pénurie et en temps de
disponibilité
alimentaires en temps de crise crise
des produits 5 2,93 3
V19 alimentaires
Politique en temps et
nutritionnelle dedecrise
santé 3 3,02 3,75
V19 Politique nutritionnelle et de santé 3 3,02 3,75
Utilisation/
Utilisation/
V20
V20 Gaspillage
Gaspillage alimentaire
alimentaire 11 1,93
1,93 33
V20 Gaspillage alimentaire 1 1,93 3
V21
V21 Changements climatiques
Changements climatiques 13
13 4,88
4,88 3,75
3,75
V22 Ressources
Ressources enen eau 88 4,03 33
Durabilité
Durabilité
Stabilité//
V23 Ressources
Ressources foncières
Stabilité
Liste
Liste des
Listedes variables
desvariables motrices
variablesmotrices finales
motrices finales
finales V1 : Politique alimentaire.
V3 : Organisation des producteurs.
a- a-
a- MACRO-CONCEPT
MACRO-CONCEPT
MACRO-CONCEPT ‘’Disponibilité
‘’Disponibilité alimentaire’’
‘’Disponibilité alimentaire’’
a- MACRO-CONCEPT ‘’Disponibilité alimentaire’’ V4 : Production et productivité agricoles.
alimentaire’’ V6 : Recherche et innovation.
V7 : Climat d’affaires et financement.
Sur les 9 variables du macro-concept ‘’Disponi- 115
V9 : Logistique et infrastructure de stockage et
115
alimentaire’’, nous avons décidé de retenir 115
de distribution.
bilité
8 variables
motrices car nous avons combiné la V11 : Régulation des marchés.
variable V2 avec la variable V16 de la dimension V12 : Système alimentaire face aux chocs.
« Accès », vu leur rapprochement :
101
b- MACRO-CONCEPT ‘’Accès’’ c- MACRO-CONCEPT ‘’Utilisation/qualité/
Sécurité’’
Sur les 5 variables du Macro-concept « Accès Pour ce macro-concept, 2 sont retenues comme
», 4 ont été retenues comme variables motrices variables motrices
puisque nous avons fusionné les variables V14
« Inflation » et V15 « Pouvoir d’achat et appui V19 : Politique nutritionnelle et de santé
social », vu les liens étroits entre elles : V20 : Gaspillage alimentaire
102
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
Macro
Tableau 20 : Liste définitive des variables Variables
motrices motrices
retenues par macro-concept
Tableau 20 : Liste définitive des variables motrices retenues par macro-concept
Concept
Macro V1 Politique alimentaire Variables motrices
Concept V3 Organisation des producteurs
Disponibilité
V4 Politique
V1 Production et productivité agricoles
alimentaire
V3
V6 Organisation
Recherche etdes producteurs
innovation
Disponibilité
V4 Production et productivité
V7 Climat d'affaires et financement agricoles
V6 Recherche et innovation
V9 Logistique et infrastructure de stockage et de distribution
V7 Climat d'affaires et financement
V11 Régulation des marchés
V9 Logistique et infrastructure de stockage et de distribution
V12 Système alimentaire face aux chocs
V11 Régulation des marchés
V14 Inflation et pouvoir d'achat
V12 Système alimentaire face aux chocs
Accès
V16 Inflation
V14 Intermédiaires et circuits
et pouvoir d'achatinformels
V17 Politique de subvention à la consommation
Utilisation/ Accès
V22 Ressources
Ressources enen eau
Durabilité
V22 eau
Stabilité
V23
V23 Ressources
Ressources foncières
foncières
V24
V24 Instabilité
Instabilité politique
politique et
et économique
économique
V25 Gouvernance du Système alimentaire
103
Afin de construire les scénarios d’évolution au scénario idéal et l’hypothèse de rupture
de la sécurité alimentaire à l’horizon 2035, ou scénario catastrophique.
il convient d’établir les évolutions possibles
susceptibles d’affecter les variables mo-
trices retenues puisque toute modification
III- CONSTRUCTION DES
de ces variables influentes entraînera une MICRO-SCENARIOS ET
évolution du système étudié par effet d’en- DES SCENARIOS
traînement à l’horizon 2035. Ainsi, les hypo-
thèses d’évolution future ont été construites, EXPLORATOIRES
rédigées et argumentées pour chaque variable
motrice relevant des 4 macro-concepts de la La construction des micro-scénarios et des scéna-
sécurité alimentaire. Au total, 19 fiches va- rios exploratoires repose sur les hypothèses d’évo-
riables ont été élaborées (Annexe Fiches va- lution future pour lesquelles ont été retenues les
riables motrices) Elles comprennent les infor- quatre scénarios suivants :
mations suivantes :
• Un scénario tendanciel ou ‘’au fil de
• La définition précise de la variable ; l’eau’’ (bleu) : les hypothèses retenues ré-
• Les indicateurs pertinents liés à la variable ; sultent des réalisations des dernières décen-
• Une rétrospective retraçant l’évolution de la nies et s’inscrivent dans l’extrapolation et la
variable par le passé jusqu’au présent ; continuité ;
• L’observation de cette évolution doit per- • Un scénario ‘’souhaitable et réalisable’’
mettre de retracer les dynamiques opérées (vert) : les hypothèses retenues sont techni-
: tendances lourdes, les facteurs d’inflexions quement et économiquement réalisables et
ou de rupture des tendances qui ont marqué supposent que le pouvoir exécutif dispose de
l’évolution passée de la variable ; la volonté et des moyens pour la réalisation
• Les acteurs pesant sur l’évolution de la va- de cet objectif ;
riable ; • Un scénario idéal ou « rose » : les hypo-
• Les hypothèses prospectives d’évolution fu- thèses retenues sont celles du scénario pré-
ture de la variable : déclinés en quatre hypo- cédent (souhaitable) avec, de plus, un envi-
thèses de variation : l’évolution tendancielle, ronnement plus favorable et des politiques
l’hypothèse souhaitable et réalisable (cor- volontaristes ;
respondant au scénario normatif souhaitable • Un scénario catastrophique ou ‘’noir’’ :
à l’horizon 2035) l’hypothèse correspondant les hypothèses retenues supposent une dé-
gradation du scénario tendanciel.
104
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
des producteurs réticents pour le adhésion des petits nouvelles formes de des petits
regroupement formel agriculteurs aux groupements agriculteurs au
-Lourdeur groupements performants et regroupement
administrative dans -Allégement des innovants -Procédures
la création des procédures - Suivi continu et entravant
structures de administratives accompagnement l’organisation des
rassemblement -Des GDA plus technique et petits agriculteurs
- Mobilité des GDA à nombreux, organisés financier des
la recherche d’un et reconnus groupements 83. Selon cette hypothèse, la situation
positionnement sur le - Organisations reste la même que celle de 2022.
marché professionnelles et Source : Ministère de l’Agriculture, les Res-
interprofessionnelles
ayant un rôle sources Hydrauliques et la Pêche, 2023.
d’accompagnement Rapport de la commission sectorielle pour
et d’incitation aux l’agriculture, la pêche et les ressources
groupements naturelles.
V4 Production - Production et -Amélioration de la -Accroissement -Production et
et productivité productivité en production surtout continu et régulier productivité en
agricoles dessous des pour les produits de la production chute 84. Données GIVLAIT.
potentialités, surtout stratégiques surtout des produits -Déficit accentué
pour les produits (Céréales 4,1% par de base (céréales, et grave des 85. FAO, 2019. Rapports évaluation des
stratégiques an ; pomme de terre pomme de terre, produits
(Céréales : 1,795 1,6% ; lait 2,96%)86 lait, viandes) stratégiques
pertes et gaspillages alimentaires : Lait
MT/an, -Objectif de assurant (céréales, lait et et céréales.
Pomme de terre : 0,4 l’autosuffisance l’autosuffisance, viandes).
MT/an, lait 1,380 M atteint pour le blé avec un stock -Un taux de perte 86. Les taux de croissance sont calculés
litres/an83, viande dur 12Mq87, le lait 600 stratégique agricole à la
de sorte que des mesures d’accompagne-
rouge : 125000T/an84) M litres88 )et maintien contribuant à une hausse
-Modes de de l’autosuffisance souveraineté ment soient réalisées (politique des prix,
production peu 119
en viande rouge alimentaire disponibilité des intrants, lutte contre les
innovants et peu 125.000 T89 -Des systèmes de changements climatiques, etc.).
adaptés aux - Introduction des production Source : Ministère de l’Agriculture, les Res-
contextes socio- nouvelles adaptés aux
économiques des technologies différents types sources Hydrauliques et la Pêche, 2023.
petites exploitations particulièrement d’exploitations Rapport de la commission sectorielle pour
-Maintien des taux chez les petits selon les l’agriculture, la pêche et les ressources
de perte aux mêmes agriculteurs informations naturelles.
niveaux pour les - Une bonne fournies par la carte
produits stratégiques évaluation des agricole
(lait et céréales de pertes dans les - Une généralisation 87. Source : Ministère de l’Agriculture,
8% 85) chaînes de valeurs et des expériences les Ressources Hydrauliques et la
sensibilisation des innovantes Pêche. 2023. Balance économique de
acteurs -Une réduction
conséquente des
l’agriculture 2023.
pertes et acteurs
engagés 88. Calculé en fonction de l’évolution
V6 Recherche et -Recherches - Des thèmes de - Une recherche -Programme et (2015-2022) pour le lait de boisson
innovation sectorielles, peu recherche en efficiente basée sur activité de
(Données GIVLAIT)
systémiques relation avec les la haute recherche
-Résultats de la objectifs de la SA technologie et incohérents avec
recherche peu -Accroissement du facilement les objectifs de la 90. L’importation en viande rouge est
valorisés et à faibles budget alloué à la valorisable SA minime, destinée surtout au secteur du
impacts sur les recherche 1,5% du - Un budget - Réduction tourisme et à une régulation ponctuelle du
acteurs du SA, PIB répondant aux drastique du
- Budget limité -Synergie et besoins matériels budget de la marché local (soit 2%).
consacré à la coordination entre la d’une recherche recherche
recherche 0.7% du recherche, performante (2% du - Institutions de 91. Atlas Mondial de Données, 2019.
PIB90 l’interprofession et la PIB91 ) recherche et https://knoema.fr/atlas/Tunisie/
-Manque profession résultats non
d’innovation et - Mise place d’une crédible
D%C3%A9pense-de-recherche-et-de-
stagnation recherche à haute d%C3%A9veloppement-percent-du-PIB
technologique valeurs
technologique 92. Le budget de l’UE (27 pays) est de
V7 Climat d'affaires -Accès difficile aux -Accès plus facile -Contraintes levées -Procédures
2,12% du PIB en 2020.
83
Selon
cette
hypothèse,
la
situation
reste
la
même
que
celle
de
2022.
Source
:
Ministère
de
l’Agriculture,
les
Ressources
Hydrauliques
et
la
Pêche,
2023.
Rapport
de
la
commission
sectorielle
pour
l’agriculture,
la
pêche
et
les
ressources
naturelles.
84
105
Données
GIVLAIT.
85
FAO,
2019.
Rapports
évaluation
des
pertes
et
gaspillages
alimentaires
:
Lait
et
céréales.
86
Les
taux
de
croissance
sont
calculés
de
sorte
que
des
mesures
d’accompagnement
soient
réalisées
(politique
des
prix,
disponibilité
des
intrants,
lutte
contre
les
changements
climatiques,
etc.).
Source
:
Ministère
de
l’Agriculture,
les
Ressources
Hydrauliques
et
la
Pêche,
2023.
Rapport
de
la
commission
et financement financements aux financements et pour l’accès au obsolètes et peu
-Procédures lourdes procédures allégées financement à adaptées
-Peu de facilités et - Conditions d’octroi toutes les -Aucun
davantage pour les des crédits plus catégories y encouragement
jeunes promoteurs et souples pour les compris d’investissement
les femmes en jeunes promoteurs - les jeunes pour les jeunes et
particulier surtout les femmes promoteurs et les une plus grande
-Investissement total - Davantage femmes réticence
agricole faible 1400 d’investissements -Un plus grand -Forte diminution
MD (croissance orientés vers investissement dans des investissements
8,5%/an)92 l’agriculture 13%93 l’agriculture et une agricoles
équité entre les
régions
V9 Logistique et - Capacité logistique -Capacité logistique -Capacité - Capacité
infrastructure de des marchés et des des marchés et des logistique des logistique des
stockage et de abattoirs insuffisante abattoirs améliorée marchés et des marches et
distribution et inégale entre les et bien répartie entre abattoirs et abattoirs en état
régions les régions suffisante et bien de dégradation.
-Infrastructure de - Infrastructure de répartie entre les - Infrastructure de
stockage défaillante stockage efficiente régions stockage
-Logistique des et bien gérée - Infrastructures de détériorées
transports - Logistique des stockage de -Logistique de
inappropriée transports qualité et en transport
développée capacité suffisante détériorée
-Circuits de - Logistique -Circuits de
distribution connus et transport distribution, flux et
réglementés appropriée intervenants
- Transparence le inconnus
long des chaines -Aucune
alimentaires information sur les
circuits, les flux et
les intervenants
V11 Régulation des -Maintien d’une -Réajustement - Libéralisation - Alourdissement
marchés politique périodique des prix totale des prix de du poids de
d’ajustement des prix des produits de base tous les produits l’intervention de
pour les produits de en cas de nécessité -Interventions de l’Etat sur les prix
base -Libéralisation l’Etat en cas -Un
- Mécanismes rigides progressive de d’anticipation des désengagement
de stockage sous certains produits crises fort du secteur
l’autorité de l’Etat -Mécanisme de privé
stockage plus agile
92. Source : Ministère de l’Agriculture, et encourageant
les Ressources Hydrauliques et la Pêche, pour les privés
2023. Rapport de la commission V12 Système -Gestion des risques - Gestion des risques -Gestion des risques -Vulnérabilité
sectorielle pour l’agriculture, la pêche et les alimentaire faiblement prise en prise en compte est assurée croissante du SA
ressources naturelles face aux chocs considération dans dans la mise en -Dépendance -Forte
les politiques place d’actions de alimentaire limitée dépendance vis-à-
93. Le meilleur taux réalisé sur une alimentaires transformation du SA pour les céréales et vis des marchés
période de vingt ans (2000-2020) est de -Mesures des impacts et de lutte contre la les intrants (taux de extérieurs pour les
12,7% comme part de l’agriculture. des crises vulnérabilité dépendance des produits de base et
Source : ONAGRI. 2022. Evolution des
embryonnaire -Mesures des impacts céréales 30%95) les intrants
indicateurs de performance du secteur
agricole. -Dépendance réalisées -Souveraineté
continue au marché périodiquement alimentaire assurée
94. Maintien de la moyenne des dix international pour les -Réduction
dernières années. Source : Observatoire céréales et les progressive de la
Tunisien de l’Economie, 2023. Dépendance intrants (Taux de dépendance en
aux importations de blé. dépendance des produits de base et
céréales 57% dont les intrants
95. Ce taux est déjà atteint en 2009 et Blé tendre 84%, blé (Autosuffisance en
pourra être réalisable en 2035. dur 41% et orge blé dur) vers la voie
ONAGRI, 2022. Evolution des indicateurs 51%)94 de la souveraineté
de performance du secteur agricole.
92
Source
:
Ministère
de
l’Agriculture,
les
Ressources
Hydrauliques
et
la
Pêche,
2023.
Rapport
de
la
commission
sectorielle
pour
l’agriculture,
la
pêche
et
les
ressources
naturelles
106 93
Le
meilleur
taux
réalisé
sur
une
période
de
vingt
ans
(2000-‐2020)
est
de
12,7%
comme
part
de
l’agriculture.
Source
:
ONAGRI.
2022.
Evolution
des
indicateurs
de
performance
du
secteur
agricole.
94
Maintien
de
la
moyenne
des
dix
dernières
années.
Source
:
Observatoire
Tunisien
de
l’Economie,
2023.
Dépendance
aux
importations
de
blé.
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
104
On
maintient
les
mêmes
taux
que
2020.
UNICEF,
2020.
Analyse
de
la
situation
des
enfants
en
Tunisie
2020
108 105
On
maintient
les
mêmes
taux
que
2020.
UNICEF,
2020.
Analyse
de
la
situation
des
enfants
en
Tunisie
2020
106
Il
s’agit
de
la
projection
de
l’OMS
pour
2025
et
pour
laquelle
elle
déclare
que
ces
objectifs
ne
seront
pas
atteints
en
2025
suite
à
la
pandémie
et
à
la
guerre
en
Ukraine.
Il
est
possible
de
les
réaliser
en
2035,
si
le
pays
adopte
une
stratégie
nutritionnelle
comme
recommandé
par
l’OMS.
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
107
Maintien
des
taux
de
gaspillage
estimé
par
l’INC.
109
108
Prévision
de
l’INC.
109
Les
prévisions
de
l’étude
de
l’AFD
en
supposant
le
mêmes
conditions
actuelles
(technique,
technologique
et
économiques)
à
l’horizon
2035.
AFD
et
Ministère
agriculture,
2021.
Tunisie
:
Contribution
aux
éléments
de
la
V22 Ressources -Gouvernance -Meilleure -Bonne -Gestion
en eau institutionnelle gouvernance de gouvernance chaotique de
complexe l’eau de l’eau l’eau
- Maintien du taux -Taux de remplissage -Capacité optimale -Taux de
actuel de des barrages de rétention de remplissage
remplissage des s’améliore l’eau pluviale des barrages
barrages en eau à - Capacité -Utilisation efficiente atteint
30.2% 110 améliorée de de l’utilisation de son minimum
-Stagnation de l’offre rétention des eaux l’eau d’irrigation -Collecte
en eau pluviale pluviales par les agriculteurs. catastrophique de
mobilisée (4, 8 -Utilisation plus - Un comportement l’eau pluviale
millions m3 /an, soit rationnelle de Responsable de -Aucun
14% de mobilisation l’utilisation de l’eau tous les usagers financement
des eaux pluviales)111 d’irrigation par les - Impacts positifs mobilisé pour la
- Utilisation peu agriculteurs des projets réalisation de
rationnelle de l’eau -Utilisation innovants mis en projets
d’irrigation par les maitrisée de l’eau œuvre -Aucune avancée
agriculteurs par les ménages - Généralisation de dans le traitement
-Une demande 350 m3/an/hab)114 l’utilisation des et l’utilisation des
excessive de l’eau -Mise en œuvre et eaux usées par eaux usées
par habitant poursuite des projets l’agriculture
(430 m3/an/hab)112 innovants
-Difficultés de -
Doubler les
Financement des capacités de
projets traitement des eaux
Hydrauliques usées et l’usage de
-Maintien des cette ressource par
capacités de l’agriculture (24%)
traitement des eaux
usées (12%)113
V23 Ressources -Statut foncier - Un statut foncier -Statut foncier -Aggravation du
foncières encore complexe. revu vers plus clairement établi et morcellement et
-Persistance du d’allégement et réglementé loi non appliquée
morcellement (75% clairement -Carte agricole -Aucune avancée
des exploitations réglementé fonctionnelle et dans le statut
moins de 10 Ha115) -Incitations à la des données du foncier
-Continuité de réduction du recensement -Jeunes
l’empiètement sur morcellement disponibles et désengagés des
les terres agricoles et -Application actualisées projets
péri-urbaines rigoureuse -Des jeunes agro- agricoles
-Aucun progrès de la loi pour entrepreneurs
110. ONAGRI, Tableau de bord 2022 réalisé pour le préserver réussis
recensement et la les terres agricoles
111. Poursuite de la situation actuelle. carte agricole de l’empiètement
ITES, Stratégie eau 2050. http://www.ona- -Un secteur peu -Finalisation du
gri.tn/uploads/Etudes/ITES-eau2050.pdf attractif pour les recensement et de
jeunes la carte agricole
112. Poursuite de l’état actuel selon les
chiffres officiels de la SONEDE (cité par -Meilleure inclusion
l’Economiste Maghrébin 21-3-2023). et adhésion des
jeunes entrepreneurs
113. Poursuite de la situation actuelle, dans l’agriculture
estimée par le Ministère de l’Agriculture. V24 Instabilité -Persistance de - Stabilité politique - Stabilité politique. -Instabilité
MARHP, 2023. Plan de développement politique l’instabilité politique -Economie politique.
-Reprise économique
agricole 2023-2025. Et économique -Déficit budgétaire développée avec -Fort endettement
et création de
en croissance (9% du richesses plus de ressources du pays
114. Nous avons maintenu les mêmes PIB)116 nationales -Absence de
prévisions de la SONEDE pour 2030, en te-
nant compte de l’impact des changements
climatiques.
115. CNEA, 2005. Enquête des 110
structures.
ONAGRI,
Tableau
de
bord
2022
111
Poursuite
de
la
situation
actuelle.
ITES,
Stratégie
eau
2050.
http://www.onagri.tn/uploads/Etudes/ITES-‐
eau2050.pdf
112
Poursuite
de
l’état
actuel
selon
les
chiffres
officiels
de
la
SONEDE
(cité
par
l’Economiste
Maghrébin
21-‐3-‐2023).
110 113
Poursuite
de
la
situation
actuelle,
estimée
par
le
Ministère
de
l’Agriculture.
MARHP,
2023.
Plan
de
développement
agricole
2023-‐2025.
114
Nous
avons
maintenu
les
mêmes
prévisions
de
la
SONEDE
pour
2030,
en
tenant
compte
de
l’impact
des
changements
climatiques.
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
-Déficit
-Déficit commercial
commercial -Balance
-Balance -Balance
-Balance ressources
ressources
alimentaire
alimentaire continu
continu commerciale
commerciale commerciale
commerciale -Déficit
-Déficit grave
grave de
de la
la
alimentaire
alimentaire alimentaire
alimentaire balance
balance
équilibrée
équilibrée excédentaire
excédentaire commerciale
commerciale
alimentaire
alimentaire
V25
V25 Mauvaise
Mauvaise -- Pouvoir
Pouvoir de
de décision
décision -Modèle
-Modèle -- Un
Un partenariat
partenariat -Aggravation du
-Aggravation du
gouvernance
gouvernance des
des structures
structures Organisationnel
Organisationnel et et public-privé
public-privé management
management des des
du
du système
système publiques
publiques Institutionnel de
Institutionnel de organisé avec
organisé avec des
des structures
structures
alimentaire
alimentaire chargées de
chargées de la
la SA
SA gouvernance
gouvernance objectifs et
objectifs et des
des publiques
publiques
centralisé
centralisé innovant
innovant etet missions
missions claires
claires chargées
chargées de de la
la SA
SA
-Une contribution
-Une contribution opérationnel
opérationnel -Collectivités
-Collectivités et résignation
et résignation et
et
limitée
limitée des
des -Passage
-Passage progressif
progressif Locales,
Locales, secteur
secteur démission
démission des
des
collectivités
collectivités vers plus
vers plus de
de privé, société
privé, société civile
civile acteurs publics
acteurs publics
locales,
locales, participation
participation des
des fortement
fortement -Collectivités
-Collectivités
du secteur
du secteur privé
privé et
et collectivités locales
collectivités locales impliquées dans
impliquées dans la
la locales, secteurs
locales, secteurs
de
de la
la société
société civile
civile des
des acteurs
acteurs privés
privés et
et SA
SA privés,
privés, société
société
dans
dans la
la sécurité
sécurité de
de la
la société
société civile
civile -Un
-Un secteur
secteur public
public civile
civile
alimentaire
alimentaire jouant plus
jouant plus un
un rôle
rôle désengagés
désengagés
de
de pilotage,
pilotage, de
de
suivi et
suivi et
d’évaluation
d’évaluation
111
116
116
Maintien
du
même
taux
que
celui
de
2022
sous
le
poids
de
la
hausse
des
subventions
énergétiques
et
Maintien
du
même
taux
que
celui
de
2022
sous
le
poids
de
la
hausse
des
subventions
énergétiques
et
alimentaires.
alimentaires.
BBanque
anque
m
mondiale,
ondiale,
22022.
022.
TTunisie
unisie :
:
ddes
es
rréformes
éformes
uurgentes
rgentes
ppour
our
sstabiliser
tabiliser
lles
es
ffinances
inances
ppubliques.
ubliques.
IV -CHEMINEMENT DES MICRO-SCENARIOS AUX SCENARIOS GLOBAUX DE LA
IV - CHEMINEMENT
SECURITE ALIMENTAIRE ADES MICRO-SCENARIOS
L’HORIZON 2035 AUX SCENARIOS
GLOBAUX DE LA SECURITE ALIMENTAIRE A L’HORIZON 2035
Tableau 22 : Cheminement vers les micro-scénarios et scénarios globaux de la sécurité
alimentaire à l’horizon 2035
Tableau 22 : Cheminement vers les micro-scénarios et scénarios globaux de la sécurité
alimentaire à l’horizon 2035
Macro Variables H1 H2 H3 H4
Concept
V1 Politique alimentaire - Poursuite des -Elaboration des - Mise en œuvre - Forte
stratégies sectorielles priorités de la coordonnée de la incohérence des
non systémiques et sécurité alimentaire politique stratégies
peu cohérentes dans une politique alimentaire sectorielles et
- Faible participation alimentaire nationale persistance de la
des parties prenantes intersectorielle non-
à l’échelle régionale -Participation des participation des
à l’élaboration des parties prenantes du acteurs
politiques SA dans l’élaboration régionaux et
des politiques locaux
alimentaires
V3 Organisation des -Petits agriculteurs -Une plus grande -Evolution vers de - Aucune
producteurs réticents pour le adhésion des petits nouvelles formes de adhésion des
regroupement formel agriculteurs aux groupements petits
-Lourdeur groupements performants et agriculteurs au
administrative dans -Allégement des innovants regroupement
la création des procédures - Suivi continu et -Procédures
structures de administratives accompagnement entravant
rassemblement -Des GDA plus technique et l’organisation
- Mobilité des GDA à nombreux, organisés financier des des petits
la recherche d’un et reconnus groupements agriculteurs
positionnement sur le - Organisations
marché professionnelles et
interprofessionnelles
ayant un rôle
d’accompagnement
et d’incitation aux
Disponibilité
groupements
V4 Production et - Production et -Amélioration de la -Accroissement -Production et
productivité productivité en production surtout continu et régulier productivité en
agricoles dessous des pour les produits de la production chute
potentialités surtout stratégiques surtout des produits -Déficit
pour les produits (Céréales 4,1% par de base (céréales, accentué et
stratégiques an ; pomme de terre pomme de terre, grave des
(Céréales : 1,795 1,6% ; lait 2,96%) lait, viandes) produits
MT/an, pomme de -Objectif de assurant stratégiques
terre : 0,4 MT/an, lait l’autosuffisance l’autosuffisance, (céréales, lait et
1,380 M litres/an, atteint pour le blé avec un stock viandes)
viande rouge : dur 12Mq, le lait 600 stratégique -Un taux de
125000T/an) M litres) et maintien contribuant à une perte agricole à
-Modes de de l’autosuffisance souveraineté la hausse
production peu en viande rouge alimentaire
innovants et peu (125.000 T) -Des systèmes de
adaptés aux - Introduction des production
contextes socio- nouvelles adaptés aux
économiques des technologies différents types
petites exploitations. particulièrement d’exploitations
-Maintien des taux chez les petits selon les
de perte aux mêmes agriculteurs informations
niveaux pour les - Une bonne fournies par la
produits stratégiques évaluation des carte agricole
(lait et céréales de pertes dans les - Une généralisation
8%) chaines de valeurs et des expériences
sensibilisation des innovantes
acteurs -Une réduction
conséquente des
pertes et acteurs
engagés
127
112
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
128
113
V12 Système alimentaire -Gestion des risques - Gestion des risques -Gestion des risques -Vulnérabilité
face aux chocs faiblement prise en prise en compte est assurée. croissante du SA
considération dans dans la mise en -Dépendance -Forte
les politiques place d’actions de alimentaire limitée dépendance vis-
alimentaires transformation du SA pour les céréales et à-vis des
-Mesures des impacts et de lutte contre la les intrants (taux de marchés
des crises vulnérabilité dépendance des extérieurs pour
embryonnaire -Mesures des impacts céréales 30%) les produits de
-Dépendance réalisées -Souveraineté base et les
continue au marché périodiquement alimentaire assurée intrants
international pour les -Réduction
céréales et les progressive de la
intrants (Taux de dépendance en
dépendance des produits de base et
céréales 57% dont les intrants
Blé tendre 84%, blé (Autosuffisance en
dur 41% et orge 51%) blé dur) vers la voie
- Agenda des de la souveraineté
politiques n’incluant alimentaire
pas la souveraineté
alimentaire
Micro-scénario « Une Disponibilité Une disponibilité Une disponibilité Une
Disponibilité » alimentaire alimentaire alimentaire disponibilité
menacée soutenable assurée alimentaire
non assurée
V14 Inflation et pouvoir -Stagflation de 10,4% - Maitrise partielle de - Croissance - une inflation
d'achat et maintien d’un l’inflation de 5% et maitrisée autour de non maitrisée et
faible niveau de retour de la 4,3% une croissance
croissance 2.3%) croissance autour de -L’IPC est maitrisé économique en
-Persistance de la 4,3% -Système de chute 117
hausse des prix des -IPC est réduit protection -Réforme de la
produits alimentaires -Groupes vulnérables opérationnel, protection
(IPC alim 14,8%) bénéficiant du flexible et sensible sociale non
-Réforme du système système de aux chocs réalisée
de protection sociale protection sociale
en cours réformé
subventionnés et du -Application
bétail dans les pays rigoureuse de la loi
limitrophes
-Application lente de
la loi sur le
commerce illicite
129
114
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
130
115
V21 Changements - Stratégies -
Stratégies -Pratiques - Aucune vision
climatiques élaborées faisant élaborées sous réglementées et claire sur la
peu l’objet d’actions formes d’actions respectées pour politique des
mises en place d’adaptation et de préserver les changements
- Baisse de la transformation ressources climatiques et les
production et de la -Maitrise des effets naturelles et engagements
productivité des négatifs sur la l’équilibre de de la Tunisie
produits de base production l’écosystème déshonorés
(Rendement du blé -Acteurs, intégrés -Généralisation des -Aucune action
dur de 14%, blé dans le dispositif de actions et des sur le terrain
tendre 18% et orge lutte contre les effets pratiques -Des acteurs
14%,) climatiques d’adaptation et de inconscients
- Baisse de la fertilité transformation -Dégradation
des sols, des terres -Participation forte de
cultivées et de la assurée de tous les l’écosystème
biodiversité acteurs dans la
-Comportements préservation des
d’inattention des ressources
acteurs du SA vis-à- naturelles et de la
vis des changements biodiversité
climatiques
V22 Ressources en eau -Gouvernance -Meilleure -Bonne -Gestion
institutionnelle gouvernance de gouvernance chaotique de
complexe l’eau de l’eau l’eau
- Maintien du taux -Taux de remplissage -Capacité optimale -Taux de
actuel de des barrages de rétention de remplissage
remplissage des s’améliore l’eau pluviale des barrages
barrages en eau à - Capacité -Utilisation efficiente atteint son
30.2% améliorée de de l’utilisation de minimum
-Stagnation de l’offre rétention des eaux l’eau d’irrigation -Collecte
en eau pluviale pluviales par les agriculteurs catastrophique
mobilisée (4, 8 -Utilisation plus - Un comportement de l’eau pluviale
Stabilité / Durabilité
131
116
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
jeunes entrepreneurs
dans l’agriculture
V24 Instabilité -Persistance de - Stabilité politique - Stabilité politique. -Instabilité
politique l’instabilité politique -Reprise économique -Economie politique
-Déficit budgétaire et création de développée avec -Fort
en croissance (9% du richesses plus de ressources endettement du
PIB) -Balance nationales pays
-Déficit commercial commerciale -Balance -Absence de
alimentaire continu alimentaire commerciale ressources.
équilibrée alimentaire -Déficit grave de
excédentaire la balance
commerciale
alimentaire
V25 Mauvaise - Pouvoir de décision -Modèle - Un partenariat -Aggravation du
gouvernance des structures Organisationnel et public-privé management
du système publiques Institutionnel de organisé avec des des
alimentaire chargées de la SA gouvernance objectifs et des structures
centralisé innovant et missions claires publiques
-Contribution opérationnel -Collectivités chargées de la
limitée des -Passage progressif Locales, secteur SA et résignation
collectivités vers plus de privé, société civile et
locales, participation des fortement démission des
du secteur privé et collectivités locales impliquées dans la acteurs publics
de la société civile des acteurs privés et SA -Collectivités
dans la sécurité de la société civile -Un secteur public locales, secteurs
alimentaire jouant plus un rôle privés, société
de pilotage, de civile
suivi et désengagés
d’évaluation
Enfin, à travers les différentes étapes • Scénario global rose ou idéal : Une
Enfin, à travers les différentes étapes précédentes de l’analyse, on aboutit aux 4
précédentes de l’analyse, on aboutit sécurité alimentaire élevée ;
scénarios globaux de la sécurité alimentaire à l’horizon 2035 :
aux 4 scénarios globaux de la sécurité • Scénario global noir ou catastro-
alimentaire
• à l’horizon
Scénario global2035 :
tendanciel phique aléatoire
: Une sécurité alimentaire : Une insécurité
; alimen-
• Scénario global souhaitable et réalisable : Unetaire élevée.
sécurité alimentaire maitrisée ;
• Scénario
• globalglobal
Scénario tendanciel
rose ou :idéal
Une: Une sécurité alimentaire élevée ;
•
sécuritéScénario global noir
alimentaire ou catastrophique
aléatoire ; : Une
Lesinsécurité alimentaire
4 scénarios globauxélevée.
sont repré-
• Scénario global souhaitable et ré- sentés au tableau récapitulatif sui-
alisable : Une sécurité alimentaire vant :
maîtrisée ;
132
117
Les 4 scénarios globaux sont représentés au tableau récapitulatif suivant :
Tableau 23 : Tableau récapitulatif des micro-scénarios et des scénarios globaux
Tableau 23 : Tableau récapitulatif des micro-scénarios et des scénarios globaux de la sécurité
de la sécurité alimentaire à l’horizon 2035
alimentaire à l’horizon 2035
Macro-concept Micro-scénario Micro-scénario Micro- Micro-scénario
tendanciel souhaitable et scénario • noir ou catastrophique
réalisable rose ou idéal
Disponibilité Une Disponibilité Une disponibilité Une Une disponibilité alimentaire
alimentaire alimentaire disponibilité chaotique
menacée soutenable alimentaire
assurée
Accès Un accès Un accès Un accès Un accès alimentaire sous tension
alimentaire alimentaire alimentaire sûr
aléatoire maîtrisé
Utilisation/qualité/sécurité Alimentation et Alimentation et Alimentation et Alimentation et nutrition
nutrition nutrition en nutrition incontrôlables
incohérentes mutation positive cohérentes
Durabilité / Stabilité Système Système Système Système alimentaire non durable
alimentaire alimentaire en alimentaire
vulnérable transition résilient
Scénarios globaux quant Sécurité Sécurité Sécurité Insécurité alimentaire élevée
à la sécurité alimentaire alimentaire alimentaire alimentaire
à l’horizon 2035 aléatoire maîtrisée élevée
118
133
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
119
sance est atteint pour le blé dur, le lait et la (H3) Micro-scénario idéal ou « rose » : « Une
viande (le blé dur 12Mq/an, le lait M litres/an) disponibilité alimentaire assurée »
et l’autosuffisance en viande rouge est main-
tenue à 125.000 T) à travers l’introduction des Le cheminement du micro-scénario idéal est illus-
nouvelles technologies, particulièrement chez tré ci-dessous :
les petits agriculteurs. La baisse des pertes
est significative pour les produits de base à V1 -H3 : Politique alimentaire
travers une bonne évaluation dans les chaînes V3-H3 : Organisation des producteurs
de valeurs et la sensibilisation des acteurs ; V4-H3 : Productivité et rentabilité de l’agriculture
- La recherche est performante, coordonnée, en V6-H3 : Recherche et innovation
relation avec les objectifs de la SA, à haute V7-H3 : Climat d’affaires et financement
valeur technologique, bien valorisée vue la V9-H3 : Logistique et infrastructure de stockage
synergie établie avec l’interprofession et la et de distribution
profession et dotée d’un budget approprié de V1-H3 : Régulation des marchés des produits de
1,5% du PIB ; base
- Le climat d’affaires est plus attractif, avec V12-H3 : Système alimentaire vulnérable
des procédures administratives allégées et un
accès plus facile aux financements, particu- Dans le cadre de ce micro-scénario, toutes les
lièrement pour les jeunes promoteurs et les barrières, internes et externes, à la réalisation de
femmes et des investissements qui augmen- la sécurité alimentaire à travers les disponibilités
tent de 13%/an et sont davantage orientés sont levées à l’horizon 2035 grâce aux mesures
vers l’agriculture ; suivantes :
- Les capacités des marchés (y compris les
marchés de gros) et des abattoirs sont amé- - La politique alimentaire est mise en œuvre de
liorées et leur répartition entre les régions est façon coordonnée avec des liens assurés entre
assurée. Les infrastructures de stockage sont les structures et les acteurs aux niveaux natio-
efficientes et bien gérées selon les normes et nal et régional ;
les procédures reconnues. La logistique des - Les groupements d’agriculteurs évoluent vers
transports est appropriée. Les circuits de dis- de nouvelles formes performantes et inno-
tribution sont plus transparents ; vantes bénéficiant d’un suivi et accompagne-
- Le réajustement périodique des prix est assuré ment continus ;
pour les produits de base (céréales), la libéra- - La production croît de façon régulière sur-
lisation est progressive (pour le thé, le café, le tout pour les produits de base (céréales,
sucre, l’huile) et le mécanisme de stockage est pomme de terre, lait, viandes) assurant ainsi
plus agile et encourageant pour les privés ; l’autosuffisance, un stock stratégique et, par
- La gestion des risques est prise en considéra- conséquent, la souveraineté alimentaire et ce,
tion dans les stratégies alimentaires avec des grâce à des systèmes de production adaptés
mesures d’impact appropriées pour réduire aux différents types d’exploitations selon les
les poches de vulnérabilité. La dépendance informations fournies par la carte agricole, la
au marché international est progressivement généralisation des expériences innovantes et
réduite, surtout en ciblant l’autosuffisance en la réduction conséquente des pertes ;
blé dur en tant qu’étape sur la voie de la sou- - La recherche est efficiente, en mesure d’ap-
veraineté alimentaire. porter des réponses aux problèmes urgents
d’amélioration de la productivité et de la ré-
silience des systèmes de production, avec un
120
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
budget répondant aux besoins matériels d’une ponibilités alimentaires et, par conséquent, la sé-
recherche performante (2% du PIB) basée sur curité alimentaire à l’horizon 2035, comme décrit
la haute technologie et facilement « vulgari- ci-dessous :
sable » ;
- L’accès est facile au financement pour toutes - Les stratégies sectorielles sont fortement in-
les catégories, y compris pour les jeunes pro- cohérentes et la non-participation des acteurs
moteurs et les femmes, grâce à des investisse- régionaux persiste ;
ments importants et leur répartition équitable - La participation des petits agriculteurs au re-
entre les régions ; groupement est négligeable avec des procé-
- La capacité des marchés et des abattoirs est dures très contraignantes ;
suffisante et bien répartie entre les régions. - La production et la productivité sont à la
Les infrastructures de stockage sont de quali- baisse, engendrant un déficit accentué des
té et répondent aux normes exigées. La logis- produits de base (céréales, lait et viandes) et
tique des transports est développée. La trans- des taux de perte le long des chaînes alimen-
parence est de rigueur à tous les niveaux des taire s’accumulent ;
chaînes de valeur ; - Les programmes et les activités de recherche
- Les prix de tous les produits alimentaires sont sont incohérents et inadaptés aux objectifs et
libéralisés et le rôle de l’Etat est limité à des aux priorités de la SA et leur budget est consi-
interventions ponctuelles en cas de crise ; dérablement réduit ;
- Une gestion optimale des risques est assurée - Les investissements agricoles sont fortement
à travers un système de veille, d’anticipation réduits avec des procédures obsolètes et peu
et de suivi, conduisant à une dépendance adaptées. Les jeunes entrepreneurs et les
limitée, particulièrement pour les céréales femmes ne disposent d’aucun avantage et les
(30%) et les intrants et une tendance vers la régions défavorisées sont dépourvues de pro-
voie de la souveraineté alimentaire assurée. jets d’investissement ;
- La capacité logistique des marchés et des
H4) Micro-scénario catastrophique ou ‘’noir’’ abattoirs et les infrastructures de stockage
: « Une disponibilité alimentaire chaotique » sont en état de dégradation. La logistique
de transport est détériorée et les circuits de
Le cheminement du micro-scénario catastro- distribution, les flux et les intervenants sont
phique se présente comme suit : inconnus ;
- L’Etat intervient fortement sur les prix, sans
V1 -H4 : Politique alimentaire anticipation des crises, conduisant au désen-
V3-H4 : Organisation des producteurs gagement du secteur privé et à des dépenses
V4-H4 : Productivité et rentabilité de l’agriculture publiques excessives ;
V6-H4 : Recherche et innovation - Le système alimentaire est fortement vulné-
V7-H4 : Climat d’affaires et financement rable face aux chocs, n’ayant pas la capacité
V9-H4 : Logistique et infrastructure de stockage de réduire les poches de vulnérabilité et la
et de distribution dépendance envers les marchés extérieurs est
V11-H4 : Régulation des marchés des produits de accrue.
base
V12-H4 : Système alimentaire vulnérable
121
b) Macro-concept « Accès » Le cheminement du micro-scénario « souhaitable
et réalisable » se présente comme suit :
(H1) Micro-scénario tendanciel ou au fil de
l’eau : « Un accès aléatoire » V14-H2 : Inflation et pouvoir d’achat
V16-H2 : Intermédiaires et circuits informels
Le cheminement du micro-scénario tendanciel est V17-H2 : Politique de subvention à la consomma-
illustré comme suit : tion
V18-H2 : Pénurie des produits alimentaires en
V14-H1 : Inflation et pouvoir d’achat temps de crise
V16-H1 : Intermédiaires et circuits informels
V17-H1 : Politique de subvention à la consomma- Dans le cadre de ce micro-scénario l’accès aux
tion aliments est maîtrisé, rendant les risques de rup-
V18-H1 : Pénurie des produits alimentaires en tures très faibles. Ainsi,
temps de crise
- La croissance reprend son niveau autour de
Dans le cadre de ce micro-scénario, la situation 4,3%, l’inflation est partiellement maitrisable
actuelle persiste. Ainsi, (5%, soit le taux moyen enregistré sur les 35
dernières années)(120), l’IPC est réduit, paral-
- La stagflation est affirmée, l’inflation est à son lèlement à un système de protection sociale
maximum (10,4%) et les niveaux de croissance inclusif mis en place ;
sont faibles 2.3%(118) avec une persistance de - Le secteur informel est intégré progressive-
la hausse des prix des produits alimentaires ment dans le secteur réglementé et formel se-
(IPC 14,8% du mois de mars 2023(119). Le sys- lon un plan préétabli. Les circuits de commer-
tème de protection sociale reste encore ina- cialisation sont allégés avec un nombre réduit
dapté et sa réforme est en cours ; d’intermédiaires et la loi est rigoureusement
- Malgré les efforts de contrôle de l’Etat et dans appliquée grâce à des efforts de contrôle sup-
un contexte d’application lente de la loi dans plémentaires de la part de l’Etat ;
la lutte contre le commerce illicite, le secteur - Maintenir le système actuel de subvention
informel persiste (53% du PIB, maintenu de- aux ménages tout en instaurant une nouvelle
puis 2011) et les intermédiaires se multiplient politique de subvention à la consommation à
rendant les circuits de commercialisation plus travers l’instauration d’un mécanisme fiscal
longs et les prix plus élevés ; ou parafiscal appliqué sur les agents écono-
- La politique des subventions à la consomma- miques (restauration- salon du thé, etc.) dont
tion est non ciblée pour les produits de base, les recettes serviront à alimenter la CGC ;
entrainant des charges élevées pour la CGC ; - Une politique alimentaire et des stratégies
- La politique et les stratégies continuent à ne sont élaborées incluant les risques et les
pas prendre en considération les risques de chocs dans la planification et des actions sont
crises, d’où des pénuries alimentaires fré- clairement définies et mises en place per-
quentes, en particulier des produits de base. mettant une meilleure maîtrise des pénuries.
Les consommateurs contribuent fortement à Les consommateurs ont des comportements
cette situation de pénurie par des achats ex- d’achat plus réfléchis.
118. Ben Hamouda H., 2023. Sommes-
nous rentrés dans l’aire de la fragmentation
cessifs.
de globalisation. Global Institut 4 transtion (H3) Micro-scénario idéal ou « rose » : « Un
(H2) Scénario ‘’souhaitable et réalisable’’ : « accès alimentaire sûr »
119. INS
Un accès alimentaire maîtrisé »
120. Données Mondiales.com
122
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
Le cheminement du micro-scénario idéal se pré- flation est non maitrisée. Le système de pro-
sente comme suit : tection sociale n’est pas réformé et ne joue
pas le rôle prévu, conduisant ainsi à un soulè-
V14-H3 : Inflation et pouvoir d’achat vement social ;
V16-H3 : Intermédiaires et circuits informels - Le circuit informel et les intermédiaires do-
V17-H3 : Politique de subvention à la consomma- minent face à un refus d’alignement et ont un
tion fort pouvoir sur le marché ;
V18-H3 : Pénurie des produits alimentaires en - une inertie politique est enregistrée pour la
temps de crise mise en place de la nouvelle politique de sub-
vention. Le refus des acteurs économiques
Dans le cadre de ce micro-scénario, l’accès aux empêche la mise en œuvre des réformes
aliments est assuré et toutes les contraintes sont nécessaires et les dépenses de la CGC conti-
levées, comme décrit ci-dessous : nuent à représenter un fardeau pour le budget
de l’Etat ;
- Une maîtrise de la croissance (4,3%), de l’in- - Le politique est non réactif aux chocs, en-
flation et des prix à la consommation est en- trainant des pénuries et des ruptures répé-
registrée. Le système de protection sociale est titives des produits alimentaires et des com-
opérationnel, flexible et sensible aux chocs ; portements impulsifs d’achat de la part des
- Le secteur informel est intégré dans le secteur consommateurs.
réglementé et formel et les circuits de com-
mercialisation sont transparents et maîtrisés ; c) Macro-concept « Utilisation/qualité/
- La nouvelle politique de subvention est réus- sécurité »
sie et se traduit par l’adhésion de tous les ac-
teurs économiques ; (H1) Micro-scénario tendanciel ou au fil de
- La politique de mitigation des risques est fonction- l’eau: « Alimentation et nutrition incohérentes »
nelle avec une absence de pénurie et des comporte-
ments plus rationnels des consommateurs. Le cheminement du micro-scénario tendanciel est
représenté ci-dessous :
H4) Micro-scénario catastrophique ou ‘’noir’’ :
« Un accès alimentaire sous tension » V19-H1 : Politique nutritionnelle et de santé
V20-H1 : Gaspillage alimentaire
Le cheminement du micro-scénario catastro-
phique est synthétisé ci-dessous : Selon ce scénario tendanciel, la situation présente
de l’utilisation, la qualité et la sécurité des ali-
V14-H4 : Inflation et pouvoir d’achat ments persiste, selon le schéma suivant :
V16-H4 : Intermédiaires et circuits informels
V17-H4 : Politique de subvention à la consomma- - Sécurité alimentaire dissociée des aspects de
tion la santé et de la nutrition ;
V18-H4 : Pénurie des produits alimentaires en - Maintien à la hausse des taux de prévalence
temps de crise des maladies non transmissibles liées à l’ali-
mentation (obésité chez les adultes de 27% et
Dans le cadre de ce micro-scénario, l’accès aux chez les enfants de 17%, retard de croissance
aliments est devenu irréalisable. Ainsi, chez les enfants de 8,6%) ;
- L’approche et les politiques adoptées de la
- La croissance économique est négative et l’in- SA restent dissociées des aspects de la san-
123
té et de la nutrition et ce, malgré la hausse sains et nutritionnel ;
des taux de prévalence des maladies non - Le phénomène du gaspillage des produits
transmissibles, particulièrement l’obésité (en alimentaires, notamment des produits céréa-
2035 , l’obésité chez les adultes se maintient liers, tend à la baisse (pour le pain de 50%
à 27% et chez les enfants à 17%) et le retard en 2035). Des mécanismes opérationnels de
de croissance chez les enfants est de 8,6%, récupération des restes alimentaires sont mis
liés , entre autres, à des consommateurs peu en place, accompagnés d’une sensibilisation
conscients des méfaits de la malnutrition ( sur les bonnes pratiques auprès des acteurs
taux de malnutrition 28%) et des mauvaises (ménages, restauration et autres prestataires
habitudes alimentaires et à un faible engage- de service).
ment des acteurs de la profession pour fournir
des produits plus sains ; (H3) Micro-scénario idéal ou « rose » : « Ali-
- L’ampleur du phénomène du gaspillage des mentation et nutrition cohérentes »
produits alimentaires, notamment des pro-
duits céréaliers (pain : 900 000 unités de Le cheminement du micro- scénario « Idéal » se
pain jetées par jour, 16% des dépenses des présente comme suit :
ménages en pain, soit les mêmes taux qu’en
2018)(121) se poursuit face à la persistance V19-H3 : Politique nutritionnelle et de santé
du désengagement de l’Etat et la faiblesse V20-H3 : Gaspillage alimentaire
des mécanismes de récupération des restes
alimentaires ainsi que du comportement ir- Dans le cadre de ce micro-scénario, toutes les in-
rationnel des consommateurs et de l’insuffi- suffisances sont corrigées. Ainsi,
sance de la sensibilisation de tous les acteurs
sur les bonnes pratiques de l’anti-gaspillage. - La politique de sécurité alimentaire et nutri-
tionnelle est fonctionnelle et opérationnelle.
(H2) Scénario ‘’souhaitable et réalisable’’ : « Ali- Les consommateurs ont des comportements
mentation et nutrition en mutation positive » responsables vis-à-vis d’une alimentation
saine, équilibrée et diversifiée et les acteurs
Le cheminement du scénario ‘’souhaitable et réa- de la profession offrent des produits qui ré-
lisable’’ est le suivant : pondent aux normes nutritionnelles et de
qualité. De ce fait, les taux de prévalence des
V19-H2 : Politique nutritionnelle et de santé maladies non transmissibles sont significati-
V20-H2 : Gaspillage alimentaire vement réduits ;
- Le gaspillage des produits alimentaires, par-
Dans le cadre de ce micro-scénario, les obstacles ticulièrement le pain est négligeable. Un sys-
sont partiellement levés. Ainsi, tème de récupération des restes alimentaires
est fonctionnel et performant et tous les ac-
- La politique de sécurité alimentaire est mise teurs sont plus responsables et engagés.
en place intégrant les aspects de la nutrition
et de la santé. Les consommateurs sont plus H4) Micro-scénario catastrophique ou ‘’noir’’ :
conscients et engagés dans une alimentation « Alimentation et nutrition incontrôlables »
saine, équilibrée et diversifiée réduisant le
taux de malnutrition à 40 % en moyenne, pa- Le cheminement du micro-scénario catastro-
rallèlement à des acteurs de la profession plus phique est synthétisé ci-dessous :
impliqués dans la production de produits plus V19-H4 : Politique nutritionnelle et de santé
121. Données INC
124
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
125
des interventions. La contribution des collec- mande d’eau croît de façon modérée pour les
tivités locales, du secteur privé et de la so- ménages (350 m3/an/hab.). Les capacités
ciété civile dans l’amélioration de la sécurité de traitement des eaux usées sont doublées
alimentaire est encore limitée. (24%) et l’usage de cette ressource par l’agri-
culture augmente ;
(H2) Micro-scénario souhaitable et réalisable : - Le statut foncier est revu vers plus d’allége-
« Système alimentaire en transition » ment et est clairement réglementé pour stabi-
liser et préserver les terres agricoles du mor-
Le cheminement du Micro-scénario « souhaitable cellement et de l’empiètement. Parallèlement,
et réalisable » se présente comme suit : le recensement et la carte agricoles sont fi-
nalisés. Une meilleure inclusion et adhésion
V21-H2 : Changements climatiques des jeunes entrepreneurs dans l’agriculture
V22-H2 : Ressources en eau est enregistrée avec des investissements adé-
V23-H2 : Ressources foncières quats pour les soutenir ;
V24-H2 : Instabilité politique et économique - La stabilité politique est établie, favorisant un
V25-H2 : Gouvernance du Système alimentaire redressement de l’économie tunisienne et la
création de richesses. La balance commer-
Dans le cadre de ce micro-scénario, les insuffi- ciale alimentaire est équilibrée ;
sances relevées au niveau du scénario tendanciel - Un modèle organisationnel et institutionnel de
sont corrigées à l’horizon 2035 : gouvernance des structures publiques inno-
vant est élaboré et opérationnel, s’appuyant
- Pour assurer le développement durable de sur les principes de décentralisation, d’auto-
l’agriculture à l’échelle des régions, des straté- nomie de financement, de gestion, de décision
gies sont élaborées sous forme d’actions et un et de transparence. Les collectivités locales,
cadre institutionnel et réglementaire est établi, les acteurs privés et la société civile s’orga-
encourageant la réponse aux changements cli- nisent et participent progressivement à la pro-
matiques. Des actions d’adaptation et de trans- motion de la SA.
formation sont menées pour la préservation
des ressources naturelles et de la biodiversité, H3) Micro-scénario idéal ou « rose » : « Sys-
conduisant à réduire les effets négatifs sur les tème alimentaire résilient »
productions. Les acteurs, particulièrement les
petits agriculteurs, sont intégrés dans le dispo- Le cheminement du micro-scénario « idéal » est
sitif de lutte contre les effets du changement le suivant :
climatique ;
- Une bonne gouvernance institutionnelle de V21-H3 : Changements climatiques
l’eau est assurée et des financements sont V22-H3 : Ressources en eau
mis à disposition pour des projets innovants V23-H3 : Ressources foncières
favorisant l’économie, le traitement et la ra- V24-H3 : Instabilité politique et économique
tionalisation de l’eau. Le taux de remplissage V25-H3 : Gouvernance du Système alimentaire
des barrages s’améliore et les capacités de
rétention des eaux pluviales augmentent et Au niveau de ce scénario, toutes les contraintes
sa gestion est intégrée (Eaux de surface/eaux sont levées pour garantir la stabilité et la durabilité
souterraines) avec une bonne répartition géo- de la SA :
graphique, une utilisation rationnelle dans le - Des pratiques réglementées sont respectées
secteur agricole et agro-alimentaire. La de- pour préserver les ressources naturelles et
126
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
127
2- Description des scénarios globaux L’accès aux financements est difficile pour les pe-
à l’horizon 2035 tits agriculteurs, les jeunes agro-entrepreneurs,
particulièrement les femmes. En l’absence d’une
À l’horizon 2035, nous aboutissons en définitive politique alimentaire, les stratégies sont secto-
aux quatre scénarios globaux décrits ci-dessous. rielles et peu participatives et ne prennent pas en
Dans la mesure où l’on retient le micro-scénario considération la dimension risque.
souhaitable et réalisable, un focus a été réalisé à
ce niveau pour une description plus détaillée des • L’accès aux aliments est aléatoire en Tuni-
projections. sie en 2035
a) Scénario global tendanciel ou au fil de l’eau: La stagflation est réelle et la croissance est faible ;
« Une sécurité alimentaire aléatoire » au point que le système de protection sociale est
incapable d’atténuer la vulnérabilité. De plus, le
Dans le cadre de ce scénario, la sécurité alimen- commerce illicite et le secteur informel persistent
taire de la Tunisie à l’horizon 2035 est aléatoire du et les intermédiaires se multiplient. La politique
fait d’une disponibilité alimentaire menacée, d’un des subventions à la consommation non ciblée
accès aléatoire aux aliments, d’une alimentation pour les produits de base est maintenue et l’état
et d’une nutrition incohérentes par rapport aux des finances de la CGC continue à se dégrader.
normes nutritionnelles et d’un système alimen-
taire vulnérable. • L’alimentation et la nutrition sont incohé-
rentes en 2035
• La disponibilité alimentaire de la Tunisie
est menacée en 2035 L’approche et les politiques adoptées de la SA sont
dissociées des aspects de la santé et de la nutri-
Au niveau de ce scénario tendanciel, les disponi- tion et ce, malgré la hausse des taux de prévalence
bilités alimentaires sont insuffisantes. Ainsi, les des maladies non transmissibles, particulièrement
rendements et la productivité nationale des pro- l’obésité et les maladies Cardio-vasculaires dues
duits, particulièrement les produits stratégiques à une consommation déséquilibrée (riche en pro-
(céréales, lait viandes), sont en dessous des po- téines) et peu saine. Le phénomène du gaspil-
tentialités(122), d’autant plus que les pertes sont lage des produits alimentaires, notamment des
significatives dans les chaînes alimentaires et la produits céréaliers, s’amplifie en l’absence d’une
recherche est peu innovante et ses résultats sont politique et de mécanismes de récupération des
faiblement valorisés et peu adaptés aux contextes restes alimentaires.
socio-économiques des exploitations agricoles.
La régulation des prix à l’amont des chaînes de • Le système alimentaire est vulnérable en
production, est peu encourageante. Ainsi, la pro- 2035
duction ne permet pas de répondre aux besoins
de la population et la dépendance au marché La vulnérabilité du système alimentaire provient
international se poursuit dans un environnement du fait que les changements climatiques ne sont
international incertain. La capacité de stockage pris en considération que de façon systémique
reste insuffisante pour faire face à une éventuelle dans les stratégies alimentaires et sont peu consi-
crise de la production ou du marché international dérés par les acteurs, notamment les agriculteurs.
et les opérateurs rencontrent des problèmes de La gestion de l’eau et le statut foncier sont régis
management. par une gouvernance institutionnelle complexe.
L’instabilité politique persiste et la situation éco-
122. Banque Mondiale, 2020
128
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
nomique de la Tunisie est hautement incertaine. relation avec les objectifs de la SA, est introduite
Les stratégies alimentaires, d’une façon générale, dans les chaînes alimentaires à travers un budget
ne privilégient pas les synergies entre les diffé- adéquat (1,5% du PIB).
rents intervenants. Les structures publiques sont
centralisées avec une confusion des missions et Des investissements sont davantage orientés vers
des rôles et un faible partenariat public-privé. l’agriculture (13%/ an). L’accès est plus facile aux
financements et les procédures sont allégées au
b) Scénario global souhaitable et réalisable : profit des agriculteurs, particulièrement les pe-
« Sécurité alimentaire maîtrisée » tits et moyens et les jeunes promoteurs, dont les
femmes.
Au niveau de ce scénario, la sécurité alimentaire
de la Tunisie à l’horizon 2035 est maitrisée du fait Les capacités logistiques des marchés et des abat-
d’une disponibilité alimentaire soutenable, d’un toirs sont améliorées et bien réparties entre les
accès maîtrisé, d’une alimentation et nutrition en régions ainsi que les infrastructures de stockage,
mutation positive et d’un système alimentaire en répondant aux normes. Les circuits de distribu-
transition. tion sont connus et réglementés.
129
obéir à la vérité des prix. L’Etat peut collecter la balance commerciale alimentaire. Un modèle
la partie de la subvention récupérée par les organisationnel et institutionnel de gouvernance
agents économiques par le biais d’un méca- des structures publiques innovant est élaboré et
nisme fiscal ou parafiscal qui servira à alimen- opérationnel, s’appuyant sur les principes de dé-
ter la CGC. centralisation, d’autonomie de financement, de
gestion et de transparence.
• L’alimentation et la nutrition sont en muta-
tion positive en 2035 c) Scénario global idéal ou rose : « Sécurité
alimentaire élevée »
Les dimensions de la nutrition et de la santé sont
intégrées dans la politique de sécurité alimentaire. Avec ce scénario, la sécurité alimentaire à l’hori-
Les taux de prévalence des maladies non trans- zon 2035 est élevée et toutes les contraintes sont
missibles sont réduits de façon significative en rai- levées du fait d’une disponibilité alimentaire assu-
son d’une transition alimentaire et nutritionnelle rée, d’un accès sûr aux aliments, d’une alimenta-
(40% en moyenne) vers un régime sain et équili- tion et d’une nutrition cohérentes ainsi que d’un
bré grâce aux comportements réfléchis de la part système alimentaire résilient.
des consommateurs et à l’implication des acteurs
de la profession (agriculture, Industrie agro-ali- • La disponibilité alimentaire est assurée en
mentaire, etc.). Le gaspillage des produits alimen- 2035
taires, notamment des produits céréaliers, tend à
la baisse (50% pour le pain) et des mécanismes Les systèmes de production mis en place sont
de récupération des restes alimentaires sont mis bien adaptés aux différents types d’exploitations,
en place. aboutissant à l’autosuffisance en certains pro-
duits stratégiques (BD, orge, lait, viandes) et une
• Le système alimentaire est en transition en réduction conséquente des pertes. Les résultats
2035 de la recherche sont efficients, permettant la gé-
néralisation des innovations. Toutes les catégories
Au niveau de ce scénario, des actions sont menées d’acteurs des chaînes alimentaires bénéficient de
pour limiter les insuffisances relevées afin d’abou- financements, y compris les jeunes promoteurs et
tir à un système alimentaire plus durable et plus les femmes. Les investissements sont équitable-
résilient. Des stratégies sont élaborées et des ac- ment répartis entre les régions. Le rôle de l’Etat
tions menées pour la préservation des ressources est limité à des interventions ponctuelles en cas
naturelles et de la biodiversité. Les effets négatifs de crise au profit du secteur privé, plus actif le
des changements climatiques sur les productions long de la chaîne (prix, stockage et transport). La
sont, d’une façon générale, atténués. Une bonne politique alimentaire est mise en œuvre de façon
gouvernance de l’eau est assurée (eau d’irriga- coordonnée avec des liens assurés entre les struc-
tion et eau potable). Les capacités de rétention tures et les acteurs à différents niveaux national,
des eaux pluviales sont améliorées et l’utilisation régional et local avec une gestion optimale des
de l’eau d’irrigation est plus rationnelle à travers risques ayant abouti à l’éradication des poches de
les nouvelles technologies. Les capacités de trai- vulnérabilité et à la réduction conséquente de la
tement des eaux usées sont doublées et l’usage dépendance envers les marchés extérieurs.
de cette ressource dans l’agriculture est de 24%.
• L’accès aux aliments est sûr en 2035
La stabilité politique est établie et l’économie est
en croissance relative conduisant à un équilibre de Ce scénario prévoit un accès garanti pour toute la
130
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
population. Ainsi, l’inflation est maîtrisée et les sa- Ce scénario global catastrophique est basé sur
laires sont en adéquation avec les prix. La popula- une disponibilité alimentaire non assurée, un ac-
tion vulnérable bénéficie des mécanismes d’appui cès sous tension, une alimentation et une nutri-
social pour les produits alimentaires de base. Le tion incontrôlables et un système alimentaire non
secteur formel est dominant et les circuits de com- durable.
mercialisation sont transparents et maîtrisés. La
mitigation des risques est inscrite dans la politique • La disponibilité alimentaire est chaotique
et mise en application. en 2035
131
• L’alimentation et la nutrition sont incon- • Le système alimentaire est non durable en
trôlables en 2035 2035
La situation alimentaire et nutritionnelle de la po- La remise en cause des accords passés impacte
pulation est grave du fait que les aspects nutri- de différentes manières les politiques et les ac-
tionnels et de santé ne sont pas intégrés dans les tions sur les changements climatiques. La gestion
stratégies de la SA. La population est fortement de l’eau est chaotique et sa répartition est inégale.
touchée par la malnutrition et tous les acteurs La mobilisation de l’eau pluviale atteint son mini-
sont désengagés. Le gaspillage alimentaire se gé- mum et aucun financement n’est mobilisé pour la
néralise. réalisation de projets hydrauliques. Le morcelle-
ment prend de l’ampleur et l’empiètement sur les
terres agricoles s’accentue, réduisant les superfi-
cies cultivées. L’instabilité politique affecte, d’une
façon générale, l’économie du pays et réduit les
opportunités d’investissements dans les régions
défavorisées et chez les jeunes et les femmes,
d’une façon particulière.
132
Chapitre 2 : INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
133
La réflexion autour des actions recommandées sa charge l’élaboration de la nouvelle politique
a été enrichie sur la base du benchmarking des alimentaire et nutritionnelle, sa mise œuvre ba-
expériences-pays inspirantes pour la Tunisie sée sur une coordination horizontale et verticale
conduit dans la première partie de ce document. effective avec les parties prenantes, son éva-
luation et son ajustement périodique, en adé-
I.3.1. Plan d’actions pour l’objectif stratégique quation avec la vision stratégique de l’Etat et
1 « Assurer une disponibilité alimentaire les aléas circonstanciels.
soutenable et moins dépendante des
importations » Cette structure doit mettre en place un sys-
tème de collaboration de manière à optimi-
Afin d’assurer une disponibilité alimentaire sou- ser les synergies entre les parties prenantes
tenable à l’horizon 2035, il convient d’agir à la (publiques ou non) de la sécurité alimen-
fois sur les composantes de la politique alimen- taire.
taire répondant à des priorités communes et
intégrées et à une vision claire et sur l’offre en Elle doit être dotée d’un système de suivi,
produits alimentaires. d’évaluation (moyennant des indicateurs
clairs) et de redevabilité. Elle comportera
Orientation 1.1 : Elaboration et mise en des groupes d’action incluant décideurs et
œuvre d’une politique alimentaire et experts techniques.
nutritionnelle intersectorielle en adé-
quation avec les nouveaux défis de la La stratégie de la sécurité alimentaire constitue
sécurité alimentaire le plan pour mettre en œuvre des mesures et
décrit les buts et les objectifs et les priorités na-
Il est admis que la sécurité alimentaire est tionales ainsi que les mesures nécessaires pour
un défi à multiples facettes. Or, en Tunisie, lancer les actions transformatives de l’ensemble
l’absence d’une réelle politique alimentaire du système alimentaire.
intersectorielle et la présence de multiples
stratégies dissociées, nécessite l’adoption Proposition indicative pour la struc-
d’une nouvelle approche nexus pour briser ture transversale supra-ministérielle
les silos qui maintiennent ces politiques sé- chargée de la sécurité alimentaire
parées et parfois incongrus.
Une structure institutionnelle peut être
La mise en œuvre d’une nouvelle approche créée et rattachée à la Présidence du Gou-
constitue un processus important et un préa- vernement ou à la Présidence de la Répu-
lable qui contribuera à établir une vision claire blique, chargée de la sécurité alimentaire
et partagée de la sécurité alimentaire. ayant pour missions, notamment :
134
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
135
Mesure opérationnelle N°1 de boisson) et pour laquelle il est néces-
saire de :
Revoir les objectifs et le fonctionnement des
chaînes de valeurs stratégiques (Grandes - Réviser la politique des prix du lait en
cultures, viande rouge, lait, pomme de terre) vue de couvrir les coûts de production
sous l’angle des nouveaux défis de la sécuri- et d’assurer une marge bénéficiaire ac-
té alimentaire. ceptable pour les producteurs et libérer
progressivement les prix au niveau de la
consommation ;
Proposition indicative pour la mise en - Accroître le cheptel de race pure à ren-
œuvre de cette mesure opérationnelle dement élevé dans les zones à fort po-
tentiel de production ;
Parmi ces objectifs, nous pouvons citer : - Développer progressivement le taux de
a) Accroître la production agricole, d’une transformation du lait pour atteindre
façon générale, et particulièrement pour les 97% en limitant les circuits de collecte
produits de base (Céréales 4,1% par an ; parallèle et en procédant à la mise à ni-
pomme de terre 1,6% ; lait 2,96%) ; veau des unités de transformation arti-
b) Atteindre l’autosuffisance pour le blé dur, sanale.
le lait et la viande rouge et soutenir leur pro-
duction. Pour la viande rouge, l’autosuffisance
est assurée, soit 125.000T à un rythme de
Pour le blé dur, dans la mesure où les production de 1,6% par an. A ce rythme,
importations ne représentent que 20% en la production sera de 160.000T en 2035,
moyenne des besoins, ce qui est fortement moyennant :
réalisable d’ici 2025 avec une production de
12 Mq, si le rendement par ha passe de 18Q/ - Un accroissement de l’effectif femelle du
ha à 28Q/ha et ce, à travers notamment : cheptel de 1% annuellement ;
- Un accroissement des superficies en Pour les deux secteurs, il est également pro-
blé dur sachant qu’il est possible d’aug- posé de :
menter la superficie céréalière totale de
560000ha à 800000 ha (1,5millions - Développer et intensifier la production
ha dont seulement 800000 ha exploi- fourragère en assurant des semences
tables) ; fourragères de qualité à des prix abor-
- Une utilisation de semences de qualité dables et accessibles à tous les agri-
et résistantes au stress hydrique et aux culteurs, en augmentant progressive-
maladies ; ment les superficies de 310000ha à
380000ha en 2035 (dont 10000 ha
Pour le lait et la viande, la production a tou- en irrigué en eaux usées traitées) et la
jours couvert la quasi-totalité des besoins production à 5,5 millions de tonnes et le
locaux. Toutefois, suite aux perturbations du développement plus spécifiquement des
marché international, liées aux aliments de cultures de légumineuses fourragères
bétail, elle ne peut répondre à la demande. (fèverole, vesce, etc.) et des plantes
Pour le lait, l’autosuffisance est atteinte en fourragères (luzerne) ;
2025 avec un volume 600 M de litres (lait - Développer des ressources fourragères
136
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
Mieux exploiter les terres domaniales en exami- Mettre en place une stratégie spécifique à la pro-
nant leur disponibilité et en mobilisant une partie motion, l’organisation et l’amélioration des condi-
pour des cultures prioritaires (grandes cultures et tions de la main d’œuvre agricole, particulière-
autres cultures de base) en fonction de leur voca- ment celles des femmes rurales.
tion, moyennant des incitations spécifiques pour
leur valorisation durable.
137
Orientation 1.3 : Renforcement de la re- Mesure opérationnelle N°5
cherche et de l’innovation au profit de la
sécurité alimentaire Elaborer et mettre en place un plan de suivi et de
capitalisation sur les expériences innovantes pour
le développement et le soutien à la transformation
Une valorisation des acquis de la recherche et intelligente du système alimentaire.
un renforcement de l’innovation permettront de
contribuer efficacement au développement de la Orientation 1.4 : Repositionnement de
sécurité alimentaire à travers les mesures opéra- l’intervention de l’Etat dans le système
tionnelles suivantes : alimentaire
138
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
139
Orientation 1.6 : Amélioration des cir- Mesure opérationnelle N°3
cuits de stockage et de distribution et
des conditions logistiques Mettre en place des plateformes digitales et
numériser les circuits de stockage et de dis-
tribution pour renforcer la transparence des
Les années de la crise de la Covid-19 et celle transactions commerciales, assurer la qualité
liée à la guerre Russo-Ukrainienne ont permis des produits et limiter l’activité des spécula-
de mesurer l’importance cruciale d’améliorer teurs. Les acteurs responsables du stockage et
le fonctionnement des circuits de stockage et de la distribution doivent être formés et se plier
de distribution pour assurer une disponibilité par la loi à l’utilisation des plateformes dans leurs
continue des aliments au profit des citoyens et transactions.
dans de bonnes conditions.
Mesure opérationnelle N°4
Dans ce cadre, les mesures préconisées sont :
Améliorer la répartition territoriale des silos de
Mesure opérationnelle N°1 stockage de céréales (surtout à proximité des
zones de production) et encourager la mise à ni-
Doter chaque région de marchés (de gros et veau et la création, par le secteur privé, d’une in-
municipaux) et d’abattoirs adaptés (capacité, frastructure plus efficace et transparente pour le
salubrité, hygiène, fonctionnement) et mettre stockage des autres produits (fruits et légumes).
à niveaux ceux existants. Il convient également
d’améliorer les infrastructures de transport par la Mesure opérationnelle N°5
réhabilitation du patrimoine existant et le déve-
loppement du réseau routier pour désenclaver les Multiplier les points de vente directe du pro-
régions afin de retrouver le niveau de l’indice de ducteur au consommateur dont l’objectif est
performance de la logistique de 2012 (3,17 contre d’améliorer le revenu des agriculteurs, d’assu-
2, 57 en 2018 ayant conduit au classement de la rer des prix raisonnables aux consommateurs
Tunisie 105 sur 160 pays) et accroître l’indice de de proximité et de développer les circuits
connectivité du transport maritime , en baisse courts de commercialisation.
continue (10,06 en 2011 à 5,5 en 2022 où le port
de Rades est classé à la dernière position 232ème Orientation 1.7 : Amélioration des condi-
sur 370 ports)(123). tions d’accès au financement, d’assurance
et d’encouragement à l’investissement
Mesure opérationnelle N°2 dans l’agriculture et l’agro-alimentaire
140
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
141
142
Tableau récapitulatif de l’objectif stratégique n°1 « Assurer une disponibilité alimentaire soutenable »
Priorité Priorité
Orientation stratégique
Orientation stratégique Action opérationnelle recommandée
Action opérationnelle recommandée fil proposé
Chef deChef Partenaires
de fil proposé proposés
Partenaires proposés
P1 P2P1 P3 P2 P3
2025 2030 2025 2035 2030 2035
Autres Ministères
Autres Ministères
Mieux exploiter
Mieux exploiter domaniales
les terresles et le domaine
terres domaniales et le domaine concernés +
concernés +
en fonction
forestierforestier de leur vocation, moyennant des
en fonction de leur vocation, moyennant des Ministère de l’Agriculture
Ministère de l’Agriculture x x
organisations
organisations
incitations spécifiques pour leur valorisation durable
incitations spécifiques pour leur valorisation durable professionnelles
professionnelles
Autres Ministères
Autres Ministères
Etudier et Mettre
Etudier eten œuvre
Mettre enun
œuvre
plan un contribution
deplan du
de contribution Ministère
du de la Défense
Ministère de la Défense
Concernés,
Concernés,
désert tunisien
désert tunisien
au plan au renforcement
deplan de renforcement
de la de la + la nouvelle
+ la nouvelle
structurestructure x x
notamment
notamment
production agricole durable
production agricole durable supra-Ministérielle
supra-Ministérielle
Agriculture et Energie
Agriculture et Energie
163
163
Encourager la production, la commercialisation et
l’utilisation de semences mieux adaptées aux contextes
locaux en Tunisie et moins dépendantes de l'extérieur. Il Autres Ministères
s'agit des semences locales et des semences à hauts concernés +
Ministère de l’Agriculture x
rendements en sec et résistantes aux maladies et à la organisations
sécheresse. Les terres domaniales pourraient contribuer professionnelles
à l’effort national pour assurer la production de ces
semences
Améliorer la productivité de la pêche et augmenter la
production aquacole à travers la révision du cadre
législatif et réglementaire national en l'harmonisant
Autres Ministères
avec les dispositions internationales, le renforcement du
concernés +
contrôle de la pêche illicite et de la planification, Ministère de l’Agriculture x
organisations
l'encouragement de l'investissement dans l'élevage
professionnelles
aquacole responsable et le recours aux techniques
d'adaptation aux changements climatiques et l’appui
à la pêche artisanale
143
164
144
Augmenter le budget alloué à la recherche,
l'innovation et le lancement de start-ups dans les Ministère des finances +
activités liées à la sécurité alimentaire et renforcer la Ministère de Autres Ministères
x
diversification des sources de financement l’Enseignement Supérieur concernés
(coopération multilatérale, partenariat public-privé et et de la Recherche
avec la société civile)
Autres Ministères
Mettre en place un dispositif de suivi et d’évaluation Ministère de concernés +
des programmes de recherches en s’appuyant sur des l’Enseignement Supérieur organisations x
indicateurs d’impact sur la sécurité alimentaire et de la Recherche professionnelles +
Société civile
Autres Ministères
Elaborer et mettre en place un plan de suivi et de
Ministère de concernés +
capitalisation sur les expériences innovantes pour le
l’Enseignement Supérieur organisations x
développement et le soutien de la transformation
et de la Recherche professionnelles +
intelligente du système alimentaire.
Société civile
165
Intervenir pour réajuster les prix de certains produits de
Autres Ministères
base en cas de crise et soutenir le pouvoir d'achat des La nouvelle structure
concernés + banque x
groupes vulnérables chaque fois qu'il y a une inflation supra-ministérielle
centrale
durable et incontrôlable
Autres Ministères
Réduire la facture d'importation grâce à une
concernés +
planification pluriannuelle maitrisée des achats et la
organisations
révision des accords de commerce bilatéral avec Ministère du commerce x
professionnelles +
certains pays avec lesquels un grand déséquilibre existe
Banque Centrale +
aux dépends des intérêts tunisiens
Société Civile
166
145
146
Doter chaque région de marchés (de gros et
municipaux) et abattoirs adaptés (capacité, salubrité, Autres Ministères
Ministère du Commerce
hygiène, fonctionnement) et mettre à niveaux ceux concernés
existants x
Autres Ministères
Renforcer le contrôle des conditions d’hygiène lors du
concernés +
transport et du stockage des produits alimentaires, Ministère de la santé +
organisations x
revoir le cadre juridique et améliorer les infrastructures Ministère de l'Intérieur
professionnelles +
de transport
Société civile
167
Autres Ministères
Encourager et orienter les investissements privés vers
concernés +
l'agriculture et la pêche et concevoir un financement
Organismes de
spécifique et un système de garantie des crédits x
financement
adapté à l'agriculture familiale de petite taille en
alternatif + Banques +
s’inspirant d’expériences étrangères
Assurances
Autres Ministères
Réviser, assouplir, élargir et rendre obligatoire l'adhésion concernés +
au système d'assurance contre les crises et Assurances + x
catastrophes organisations
professionnelles
Autres Ministères
Mettre en place un système de capitalisation
concernés +
(Knowledge Management) des savoirs, savoir-faire et
Ministère de l'Agriculture organisations
bonnes pratiques en matière de réduction des pertes x
+ Ministère de l'industrie professionnelles et
alimentaires et de valorisation des déchets et des sous-
interprofessionnelles +
produits
Société Civile
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
147
168
I.3.2 Plan d’actions pour l’objectif stratégique Le constat établi après 2011 montre que le
n°2 « Garantir un accès équitable aux secteur informel est passé de 30% à 53% du
produits alimentaires » PIB(125). L’Etat a adopté une complicité laxiste
à l’égard de toutes les activités informelles, au
Des insuffisances au niveau de l’accès aux pro- niveau des zones frontalières (Libye et Algérie),
duits alimentaires compromettent sérieusement à l’intérieur du pays et dans les grandes villes.
la sécurité alimentaire de la population. Afin Il est proposé d’adopter les mesures suivantes :
d’atteindre cet objectif stratégique, trois orien-
tations stratégiques sont retenues : Mesure opérationnelle N°1
Orientation 2.1 : Accès économique aux Mieux connaitre et évaluer le système informel
produits alimentaires (acteurs, chaînes, réseaux, pratiques, forces,
faiblesses, etc.) et son impact sur la sécurité
En vue d’atteindre cette orientation stratégique, alimentaire afin de mettre en place une straté-
trois mesures opérationnelles sont proposées : gie de lutte contre ce secteur qui se base sur
l›encouragement de l›inclusion des acteurs in-
Mesure opérationnelle N°1 formels dans le système formel à travers des
mesures fiscales et financières adaptées.
Mesurer l’accès des personnes à la nourriture à
travers des outils innovants de mesure et d’éva- Il s’agit d’abord de mettre en place un plan
luation (échelle d’accès à la SA des ménages, d’actions et son exécution comportant un
score de diversité alimentaire des ménages, in- statut d’autoentrepreneur avec une sim-
dice de stratégie d’adaptation ; etc.) et assurer plification administrative des procédures
la dissémination des résultats de ces mesures de création et de cessation d’activité, une
auprès des décideurs et des structures concer- dispense de la tenue d’une comptabilité, pas
nées. d’obligation d’inscription au registre du com-
merce, la possibilité de factures aux clients
Mesure opérationnelle N°2 (hors TVA) ; ensuite établir un programme pour
les encourager en mettant à leur disposition des
Adapter le pouvoir d’achat en rapport avec les informations, une formation sur la pratique des
changements des prix des produits alimentaires affaires, de l’accompagnement, un suivi et enfin
de façon équitable, basée sur une méthodologie procéder à une évaluation de l’exercice afin de
transparente et concertée. rectifier les éventuelles lacunes .
Revoir les mécanismes actuels de protection so- Renforcer le contrôle des circuits formels et des
ciale vers plus de flexibilité, un meilleur ciblage transactions avec les circuits informels par l’ap-
et davantage de pérennité afin d’aider les caté- plication rigoureuse de la réglementation.
gories vulnérables de la population à surmonter
l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Mesure opérationnelle N°3
Orientation 2.2 : Réduction du nombre Evaluer les marges bénéficiaires des acteurs
d’intermédiaires et des circuits informels des circuits de distribution et mettre en place
125 . Ben zakour, 2021. L’état des lieux
du secteur informel en Tunisie, Forum un plan de correction des distorsions pour assu-
tunisien des droits économiques et sociaux
148
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
rer une meilleure équité et réduire les prix à la de test, de suivi et d’évaluation de l’im-
consommation. pact de cette politique est mis en place.
149
150
Priorité
Priorité
Orientation Chef de fil
Orientation stratégique Action opérationnelle
Action opérationnelle recommandée
recommandée Chef de fil proposé Partenaires
Partenaires proposés
proposés
stratégique proposé P1 P1P2 P2P3 P3
2025 2025 2030 20302035 2035
172
163
Tout en maintenant le système actuel de subvention aux ménages, adopter
une nouvelle vision de la subvention basée sur une répartition équitable de la Autres Ministères
Ministère des
richesse. La philosophie de la subvention est d’aider les ménages à subvenir à concernés +
Finances +
leurs besoins avec des prix abordables. La subvention ne prend pas en compte organisations x
Ministère du
uniquement les produits mais aussi les lieux de consommation. Un système professionnelles +
Commerce
dynamique de test, de suivi et d’évaluation de l’impact de cette politique est Société Civile
Orientation 2.3 : mis en place
Optimisation du Compenser une partie de la subvention des produits de base captée par les Autres Ministères
Ministère des
système de cafés, restaurants et hôtels en introduisant temporairement une taxe solidaire concernés +
Finances +
subvention à la forfaitaire qui alimentera la caisse nationale de compensation et la caisse de la organisations x
Ministère des
consommation protection sociale à court terme, le temps que la réforme de la CGC soit professionnelles +
Affaires Sociales
achevée Société Civile
Autres Ministères
Ministère de
Concevoir et mettre en place un plan de communication sur les mesures concernés +
l'Economie +
préconisées pour anticiper et gérer les résistances au changement de la part organisations x
Ministère du
du grand public et inciter à la rationalisation de la consommation professionnelles +
Commerce
Société Civile
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
151
173
I.3.3. Plan d’actions pour l’objectif stratégique terroirs, diète méditerranéenne, etc. et encou-
n°3 « Favoriser un mode de consommation rager les acteurs à son adoption (IAA et restau-
alimentaire plus sain et à faible taux de rateurs).
gaspillage »
Mesure opérationnelle N°4
Une alimentation nutritionnelle et de qualité est
un pilier essentiel de la sécurité alimentaire. Promouvoir des modes de consommation ali-
mentaires favorisant une alimentation diversi-
Orientation 3.1 : Réduction des taux de fiée et saine basée sur les bienfaits des produits
prévalence des maladies non transmis- et spécificités régionales et locales à travers un
sibles liées à l’alimentation dispositif de communication et de sensibilisa-
tion innovants au profit des consommateurs.
L’objectif de 2035 pour la réduction de la préva-
lence des maladies non transmissibles nécessite Orientation 3.2 : Réduction du gaspillage
plusieurs mesures opérationnelles : alimentaire au niveau des ménages, res-
taurants, cafés et hôtels
Mesure opérationnelle N°1
Le gaspillage alimentaire nuit à la durabili-
Mettre en place un plan de surveillance ali- té des systèmes alimentaires. En Tunisie, le
mentaire et nutritionnelle ainsi qu’un mode phénomène s’amplifie particulièrement pour
de recueil des données pour informer sur les produits subventionnés, à l’instar du
les changements alimentaires nécessaires à pain et dérivés de céréales, dont la majorité
la planification des besoins et au réajuste- est importée. La rationalisation de la consom-
ments adéquats (prix, santé, etc.), compre- mation doit être placée au cœur des préoccu-
nant le suivi de l’évolution de la consommation pations pour réduire la facture d’importation et
ainsi que son impact sur les prévalences des de compensation des produits de large consom-
maladies non transmissibles, particulièrement mation.
le surpoids, l’obésité, l’anémie et le retard de
croissance. Pour réduire le gaspillage alimentaire, les me-
sures opérationnelles recommandées sont les
Mesure opérationnelle N°2 suivantes :
152
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
Elaborer un cadre règlementaire et de col- Valoriser les déchets alimentaires dans le cadre
laboration entre la grande distribution, les d’une économie circulaire.
IAA, les composantes de la société civile et
les restaurateurs et hôtels pour la récupéra- Mesure opérationnelle N°5
tion systématique des produits alimentaires
non consommés au profit d’une Banque ali- Encourager les formats et le calibrage des pro-
mentaire tunisienne et du tissu associatif duits alimentaires favorisant la réduction du
engagé dans la distribution des denrées ali- gaspillage.
mentaires au profit des groupes vulnérables.
Les startups joueraient un rôle important par Le tableau qui suit récapitule les orientations
la mise en place de plateformes adaptées à la stratégiques et les mesures recommandées re-
collecte et à la distribution des produits de ré- latives à l’objectif stratégique n°3.
cupération (ex : aliments non consommés de la
restauration collective pouvant servir à nourrir
une population vulnérable).
153
154
Priorité Priorité
Orientation Chef de fil Partenaires
Orientation stratégique Action opérationnelle recommandée
Action opérationnelle recommandée Chef de fil proposé Partenaires
P1 proposés
P2 P3
stratégique proposé proposés P1 P2 P3
2025 2030 2025
2035 2030 2035
: Elaboration
Orientation 1.1Mettre en place un plan de surveillance alimentaire et nutritionnelle ainsi
et mise en œuvre
qu'un d’une
mode de Créerrecueil structure
unedes institutionnelle
données transversale
pour informer sur les et supra-
transitions Présidence de la
x
politique alimentaire
alimentaires ministérielle chargée
et et nutritionnelles de la
nécessaires sécurité
à la alimentaire
planification des besoins et Gouvernement +
RépubliqueAutres Ministères
Ministère de
nutritionnelle intersectorielle
au réajustement adéquats (prix, santé, etc.), comprenant le suivi de concernés + organisationsx
et implémenter alimentaire la Santé
en adéquation l’évolution consommation
avec lesde la Elaborer ainsi queunesonpolitique
impact sur les prévalences Société Civile
La nouvelle structure professionnelles
nouveaux défisdes de lamaladies intersectorielle
sécurité non basée
transmissibles, sur une approche
particulièrement le surpoids, mise
nexus del’obésité, x
supra-ministérielle
en œuvre
l’anémie et retard de croissance
alimentaire
Revoir les objectifs et le fonctionnement chaînes de Autres Ministères
Adopter les bonnes pratiques internationales (taux de des sel et de sucre, Ministère de
Orientation 3.1 : valeurs stratégiques sous l'angle des nouveaux défis de Ministère de concernés +
l’Agriculture x
étiquetage, certifications, etc.) et la mise en place d’un dispositif l'Industrie + Autres Ministères
Réduction des taux la sécurité alimentaire organisations x
d’accompagnement de profit des acteurs engagés et des incitations Ministère de
de prévalence des professionnellesconcernés +
financières ciblées la Santé
maladies non Améliorer la préparation et la conduite des + Société Civileorganisations
transmissibles liées à campagnes agricoles à travers la facilitation de l’accès La nouvelle structure professionnelles et
Autres Ministères
Ministère de interprofessionelles x
l’alimentation de tous les agriculteurs aux intrants nécessaires et un supra-ministérielle
concernés +
Renforcer la qualité des produits par l'adoption des labels de qualité (à l'Industrie +
accompagnement renforcé sur le terrain organisations x
l'instar des produits de terroirs et de la diète méditerranéenne) Ministère de
Adopter des techniques agronomiques mieux professionnelles
la Santé
adaptées aux changements climatiques et aux + Société Civile
systèmes de production et introduire les nouvelles Ministère Autres Ministères
Ministèrededel’Agriculture x
modes de consommation
Promouvoir des technologies en renforçant leur alimentaire favorisant
utilisation par les une la Santé + +
concernés Autres Ministères
alimentation diversifiée
Orientation 1.2 : Amélioration exploitants et saine
basée sur les bienfaits des produits et Ministère de organisations concernés + x
spécificités
de la production et de larégionales et locales la Femme et professionnellesorganisations
Mettre à jour la carte agricole de production en vue de de la Famille + Société Civile
productivités agricoles professionnelles
redéfinir les territoires agricoles, tirer un meilleur profit de Autres Ministères
Ministère de l’Agriculture x
leurs potentialités, renforcer les chaînes de valeur Ministère de concernés +
Orientation 3.2 : Générer des données probantes
territoriales et valoriser
sur lelesgaspillage alimentaire
savoirs-faires locaux (ampleur, l'Environnem organisations x
Réduction du causes, etc.) et les mettre à jour
ent professionnelles
gaspillage Autres Ministères
Mieux exploiter les terres domaniales et le domaine + Société Civile
alimentaire au concernés +
forestier en fonction de leur vocation, moyennant des Ministère
Ministèrededul’Agriculture
Autres Ministères x
niveau des ménages, organisations
incitations spécifiques pour leur valorisation durable Commerce + concernés +
restaurants, cafés et Lancer un programme d’éducation et de renforcement des capacités sur professionnelles
Ministère de organisations x
hôtels l’anti-gaspillage et de sensibilisation des acteurs concernés
l'Environnem professionnelles
Autres Ministères
Etudier et Mettre en œuvre un plan de contribution du Ministèreent de la Défense Civile
+ Société Concernés,
désert tunisien au plan de renforcement de la + la nouvelle structure x
notamment
production agricole durable supra-Ministérielle
Agriculture et Energie
176
163
Elaborer un cadre règlementaire et de collaboration entre la grande
Autres Ministères
distribution, les IAA, les composantes de la société civile et les restaurateurs
Ministère des concernés +
et hôtels pour la récupération systématique des produits alimentaires non
Affaires organisations x
consommés au profit d’une banque alimentaire tunisienne et du tissu
Sociales professionnelles
associatif engagé dans la distribution des denrées alimentaires aux
+ Société Civile
groupes vulnérables
Autres Ministères
Ministère de concernés +
Valoriser les déchets alimentaires dans le cadre d’une économie circulaire l'Environnem organisations x
ent professionnelles
+ Société Civile
Ministère du Autres Ministères
Commerce + concernés +
Encourager les formats et le calibrage des produits alimentaires favorisant
Ministère de organisations x
la réduction du gaspillage
l'Environnem professionnelles
ent + Société Civile
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
155
177
I.3.4 Plan d’actions pour l’objectif stratégique Mesure opérationnelle N°3
n°4 « Adopter un système alimentaire
résilient permettant d’anticiper les Appliquer rigoureusement la loi pour préserver
changements et les crises et de faire face les terres agricoles de l’empiètement urbain
aux changements climatiques » et renforcer les systèmes alimentaires urbains
(agriculture péri-urbaine).
Le système alimentaire tunisien est fragilisé
par l’effet des changements climatiques et Orientation 4.2 : Conservation de la bio-
des crises exogènes à l’instar de la guerre diversité
en Ukraine. Pour renforcer la résilience globale
du système alimentaire, cinq orientations stra- La Tunisie présente une multitude de pay-
tégiques sont proposées : sages diversifiés riches en termes de biodi-
versité faunistique et floristique. Elle ren-
Orientation 4.1 : Préservation des terres ferme de nombreux types d’écosystèmes
agricoles : côtiers, insulaires, montagneux, déser-
tiques, oasiens et de zones humides. Ces
Les terres constituent le support de la pro- écosystèmes sont particulièrement mena-
duction agricole et de l’emploi rural. Une cés. Il est donc impératif, à l’horizon 2035,
bonne gestion du patrimoine foncier déter- de mettre en place des mesures d’adaptation
mine sa productivité, d’où les mesures sui- à cette dégradation.
vantes recommandées :
Mesure opérationnelle N°1
Mesure opérationnelle N°1
Intégrer les valeurs de la conservation de la biodi-
Revoir et adapter les textes du statut foncier versité dans l’ensemble des politiques nationales
pour les alléger et digitaliser les procédures re- et dans la planification socio-économique intégrée
latives au transfert des terres et accorder des à différents niveaux et secteurs et mettre en place
incitations fiscales adaptées. Dans ce sens, le les programmes de mise en œuvre adaptés.
morcellement n’est plus considéré en tant que
problème mais plutôt comme une opportunité Mesure opérationnelle N°2
pour fixer la population rurale et introduire des
innovations adaptées. Renforcer le savoir et savoir-faire traditionnels et
les capacités nationales pour la conservation et
Mesure opérationnelle N°2 la gestion durable de la biodiversité et sensibili-
ser toutes les parties prenantes (institutionnelles
Instituer un système de suivi et de contrôle des et non institutionnelles) à l’action de la biodiver-
terres non exploitées (notamment appropriées sité, l’érosion génétique et les fonctions écosysté-
par des privés) qui constituent un manque à miques et partager les bonnes pratiques.
gagner pour le pays et concevoir de nouveaux
modes d’incitation à l’utilisation de ces terres, Mesure opérationnelle N°3
comme l’écotourisme, l’agritourisme, les gites
ruraux favorisant le développement écono- Renforcer le système de suivi et d’évaluation
mique, la conservation des ressources natu- déjà mis en place via le recours à de nouveaux
relles et l’ajustement des propriétés aux exi- indicateurs partagés par les différents secteurs
gences de la rentabilité et de l’emploi. concernés par la biodiversité.
156
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
Les changements climatiques ont des interac- Améliorer les compétences des acteurs du sys-
tions complexes avec les systèmes alimen- tème alimentaire à l’échelle nationale, régionale
taires et, par conséquent, une incidence sur et locale (structures publiques, privés et ONG).
la sécurité alimentaire. Dans la mesure où ils
vont en s’amplifiant (sécheresse, inondations, Mesure opérationnelle N°6
incendies, etc.), les mesures préconisées à ce
niveau peuvent être présentées comme suit : Valoriser le savoir-faire local des agriculteurs
quant à l’adaptation aux changements climatiques
Mesure opérationnelle N°1 (techniques culturales, variétés, etc.) et partager
les connaissances.
Mettre en œuvre une politique intégrée et cohé-
rente d’adaptation aux changements climatiques Mesure opérationnelle N°7
(basée sur une approche nexus) à l’échelle natio-
nale et locale, associée à une planification, un Développer et planifier les capacités de stockage
suivi et une évaluation rigoureuse, notamment des récoltes et le recours aux techniques adaptées
pour la gestion des ressources partagées. de séchage ou du froid au niveau régional et local
afin d’anticiper les pénuries liées aux impacts des
changements climatiques.
Mesure opérationnelle N°2
Mesure opérationnelle N°8
Mettre en place un système de veille perfor-
mant impliquant tous les acteurs en vue d’an- Développer la résilience des populations en
ticiper les stress climatiques, les crises et les milieu rural via des filets de protection sociale
pandémies et renforcer leur gestion (alerte pour les agriculteurs et les ouvriers agricoles,
précoce, météo, assurance agricole). notamment les femmes ouvrières.
157
Orientation 4.4 : Gestion intégrée et effi- Mesure opérationnelle N°5
cace des ressources en eau
Promouvoir, encourager et sensibiliser les agricul-
La Tunisie dispose d’un potentiel mobilisable teurs aux pratiques agronomiques basées sur les
de 4,8 milliards de m³ alloué à plus de 80% variétés améliorées peu consommatrices d’eau et
au secteur agricole. Les changements clima- des techniques améliorant le stockage de l’eau
tiques vont se traduire par une diminution dans les sols (semis direct, augmentation de la
des précipitations et l’augmentation des taux couverture végétale du sol, etc.).
d’évapotranspiration, menaçant le volume
mobilisable. A l’horizon 2035, il est néces- Mesure opérationnelle N°6
saire de prendre des mesures fortes pour lut-
ter contre le stress hydrique. Autoriser par texte légal la commercialisation des
semences des variétés locales plus adaptées aux
Parmi les mesures opérationnelles et non exhaus- conditions du changement climatique et au stress
tives que nous pouvons proposer et qui ne sont hydrique.
pas extensives, nous citons :
Mesure opérationnelle N°7
Mesure opérationnelle N°1
Renforcer les capacités des GDA en matière de
Sur la base des études et stratégies disponibles, gestion locale de l’eau, de promotion des tech-
commencer à exécuter les actions prioritaires niques d’économie de l’eau et de maintenance des
liées à la réhabilitation de l’infrastructure vétuste ouvrages (guide de gestion, guide de procédures,
existante (barrages, conduites, etc.) et le recours formation, etc.) et élaboration de contrats pro-
aux ressources non conventionnelles (dont le des- grammes tri-annuels avec le Ministère de l’Agri-
salement de l’eau de mer avec énergie solaire) et culture permettant le suivi des réalisations en la
le traitement des eaux usées (24%). matière.
Elaborer et mettre en œuvre un plan d’actions de Améliorer les compétences des agriculteurs quant
mobilisation du financement international à des à l’utilisation optimale des ressources en eau et
taux avantageux et des dons autour de la nouvelle l’irrigation complémentaire et généraliser l’em-
politique de l’eau suite à la promulgation du nou- ploi des technologies modernes d’irrigation pour
veau code de l’eau. réduire les pertes d’eau et améliorer le pilotage
de l’irrigation par les TIC. Ceci sera renforcé par
Mesure opérationnelle N°3 l’utilisation des équipements d’économie de l’eau,
accompagnée des incitations nécessaires et un
Encourager et promouvoir les techniques et mé- contrôle rigoureux et récurrent (de la part de l’Etat
thodes d’utilisation par l’agriculture des eaux usées. avec la participation de la société civile) pour limi-
ter l’usage illicite de l’eau d’irrigation et l’usurpa-
Mesure opérationnelle N°4 tion des équipements.
Valoriser le savoir-faire local des agriculteurs sur Il est aussi recommandé de sensibiliser les mé-
l’agriculture pluviale et les systèmes d’irrigation et nages pour réduire leur consommation en eau
échanger leurs expériences. domestique qui devrait passer à 350 m3/an/hab.
158
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
159
ministères qui acceptent de partir moyennant Mesure opérationnelle N°4
des mesures d’accompagnement et dans le
cadre d’un contrat objectif (basé sur des indi- Améliorer la gouvernance des chaînes de valeurs
cateurs précis) ; stratégiques (organisation, financement, collabo-
- Mettre des barrières pour faire en sorte que ration, transparence des flux et transactions) à
les acquéreurs tunisiens ou étrangers puissent travers l’analyse des mécanismes, processus et
agir dans le cadre de la politique nationale de règles par lesquels les producteurs et les entre-
sécurité alimentaire. prises sont économiquement liés entre eux, avec
le gouvernement et d’autres acteurs (liens, règles,
Mesure opérationnelle N°3 etc.) dans le but d’identifier les goulots d’étran-
glement et les défis rencontrés pour la sécurité
Mettre en place une gouvernance alimentaire alimentaire.
territoriale répondant aux objectifs spéci-
fiques de la sécurité alimentaire des territoires L’amélioration de la durabilité du système ali-
et aux critères de leur développement durable, mentaire telle que développée à travers les
mettant l’accent sur le réseautage et la colla- mesures proposées reste tributaire de la stabi-
boration à des projets régionaux et locaux. lité politique et économique du pays.
160
Priorité Priorité
Chef de fil Partenaires
Orientation stratégique
Orientation stratégique Action opérationnelle
Action opérationnelle recommandée
recommandée Chef de fil proposé Partenaires proposés
proposé proposés P1 P2 P3 P1 P2 P3
2025 2030 2025
2035 2030 2035
161
185
163
162
Autres Ministères
Accroître les investissements dans la gestion durable de la biodiversité, concernés +
Ministère de
notamment dans l'aquaculture qui est explicitement liée aux pratiques organisations x
l'Agriculture
terrestres, ayant un impact sur les écosystèmes d'eau douce et marins côtiers professionnelles
+ Société Civile
Autres Ministères
Mettre en œuvre une politique intégrée et cohérente d’adaptation aux
concernés +
changements climatiques à l’échelle nationale, régionale et locale, associée à Ministère de
organisations x
une planification, un suivi et une évaluation rigoureuse, notamment pour la l'Environnement
professionnelles
gestion des ressources partagées
+ Société Civile
Autres Ministères
Ministère de
Mettre en place un système de veille performant impliquant tous les acteurs en concernés +
l'Environnement
vue d’anticiper les chocs climatiques, les crises et les pandémies et renforcer organisations x
+ Ministère de
leur gestion (alerte précoce, météo, assurance agricole) professionnelles
l'Agriculture
+ Société Civile
Soutenir une agriculture climato- résiliente en commençant par la révision des Autres Ministères
Ministère de
systèmes de production dans leur ensemble, identifier les cultures fortement concernés +
l'Environnement
consommatrices d’eau et opérer des choix stratégiques quant à leur substitution organisations x
+ Ministère de
ainsi que l'encouragement de l’agro-écologie et la diversification des cultures professionnelles
Orientation 4.3 : l'Agriculture
qui protègent les sols et la biodiversité + Société Civile
Adaptation
transformative aux Autres Ministères
Ministère de
chocs et aux Renforcer la recherche dans le domaine des changements climatiques pour concernés +
l'Enseignement
changements une transformation intelligente des systèmes alimentaires (logistique intelligente organisations x
Supérieur et de
climatiques face au climat) professionnelles
la Recherche
+ Société Civile
Autres Ministères
Mettre en œuvre un plan d'amélioration des compétences transformatrices des La nouvelle concernés +
acteurs du système alimentaire à l’échelle nationale, régionale et locale structure supra- organisations x
(structures publiques, privés et ONG) ministérielle professionnelles
+ Société Civile
Valoriser le savoir-faire local des agriculteurs quant à l’adaptation aux Organisations
Ministère de
changements climatiques (techniques culturales, variétés, etc.) et partager les professionnelles x
l'Agriculture
connaissances + Société Civile
Autres Ministères
Développer et planifier les capacités de stockage des récoltes et le recours aux concernés +
Ministère de
techniques adaptées de séchage ou du froid au niveau régional et local afin organisations x
l'Agriculture
d’anticiper les pénuries liées aux impacts des changements climatiques professionnelles
+ Société Civile
186
Ministère des Autres Ministères
Développer la résilience des populations en milieu rural via des filets de Affaires Sociales concernés +
protection sociale pour les agriculteurs et les ouvriers agricoles, notamment les + Ministère de la organisations x
femmes ouvrières Femme et de la professionnelles
Famille + Société Civile
Commencer à exécuter les actions prioritaires liées à la réhabilitation de
l'infrastructure vétuste existante (barrages, conduites, etc.) ainsi que le recours Ministère de Autres Ministères
x
aux ressources non conventionnelles dont le dessalement de l'eau de mer avec l'Agriculture concernés
l'énergie solaire et le traitement des eaux usées
Ministère de
Elaborer et mettre en œuvre un plan d'actions de mobilisation du financement l'Economie + Autres Ministères
international à des taux avantageux et des dons autour de la nouvelle politique Ministère des concernés + x
de l'eau suite à la promulgation du nouveau code de l'eau Affaires Société Civile
Etrangères
Encourager et promouvoir les techniques et méthodes d’utilisation par Ministère de Autres Ministères
x
l’agriculture des eaux usées l'Agriculture concernés
Organisations
Valoriser le savoir-faire local des agriculteurs sur l’agriculture pluviale et les Ministère de
professionnelles x
systèmes d’irrigation et échanger leurs expériences l'Agriculture
+ Société Civile
Orientation 4.4 : Promouvoir, encourager et sensibiliser les agriculteurs aux pratiques Organisations
Ministère de
Gestion intégrée et agronomiques basées sur les variétés améliorées peu consommatrices d'eau et professionnelles x
l'Agriculture
efficace des des techniques améliorant le stockage de l’eau dans les sols + Société Civile
ressources en eau Ministère de
Autoriser par texte légal la commercialisation des semences des variétés locales l'Agriculture + Organisations
x
plus adaptées aux conditions du changement climatique et au stress hydrique Ministère du professionnelles
Commerce
Renforcer les capacités des GDA en matière de gestion locale de l’eau, de Ministère de
Organisations
promotion des techniques d'économie de l'eau et de maintenance des l'Agriculture +
professionnelles x
ouvrages et élaboration de contrats programmes tri-annuels avec le Ministère Ministère de
+ Société Civile
de l'Agriculture permettant le suivi des réalisations en la matière l'Intérieur
Autres Ministères
Améliorer les compétences des agriculteurs sur l’utilisation optimale des
concernés +
ressources en eau et l’irrigation complémentaire et généraliser l’emploi des Ministère de
organisations x
technologies modernes d’irrigation pour réduire les pertes d’eau et améliorer le l'Agriculture
professionnelles
pilotage de l’irrigation par les TIC
+ Société Civile
Organisations
Améliorer la planification des périmètres irrigués (priorisation et analyse coût Ministère de
professionnelles x
avantages, etc.) l'Agriculture
+ Société Civile
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
163
187
164
Ministère du Autres Ministères
Revoir la politique de l'exportation des produits agricoles et alimentaires en Commerce + concernés +
x
tenant compte de la consommation de l’eau virtuelle à la production Ministère de organisations
l'Agriculture professionnelles
Réformer le mode de gouvernance des entreprises publiques (Offices) tendant Autres Ministères
La nouvelle
vers plus de responsabilisation dans leur management (gestion basée sur les concernés +
structure supra- x
résultats) en substituant le monopole par un rôle de pilotage et de gestion des organisations
ministérielle
crises professionnelles
Ministère de
Assurer une meilleure gouvernance des terres domaniales et des choix l'Agriculture +
Autres Ministères
stratégiques cohérents répondant aux objectifs de la sécurité alimentaire et de Ministère des x
concernés
Orientation 4.5 : Mise la souveraineté à travers une gestion efficiente à tous les niveaux Terres
en place d’un modèle Domaniales
de gouvernance Autres Ministères
Mettre en place une gouvernance alimentaire territoriale répondant aux
innovant pour les La nouvelle concernés +
objectifs spécifiques de la sécurité alimentaire des territoires et aux critères de
structures publiques structure supra- organisations x
leur développement durable, mettant l’accent sur le réseautage et la
ministérielle professionnelles
collaboration à des projets régionaux et locaux
+ Société Civile
Autres Ministères
concernés +
Améliorer la gouvernance des chaînes de valeur stratégiques (organisation, Organisations
organisations x
financement, collaboration, transparence des flux et transactions) professionnelles
professionnelles
+ Société Civile
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
165
166
Priorité
4.1 4.1 1 en 2025
Priorité 1 en 2025
Priorité
Orientation stratégique Orientation stratégique Action opérationnelle
Action recommandée
opérationnelle recommandée Chef de fil proposé Partenaires proposés
P1 P2 P3
2025 2030 2035
Autres Ministères
Etudier et Mettre en œuvre un plan de contribution du Ministère de la Défense
Concernés,
désert tunisien au plan de renforcement de la
190
+ la nouvelle structure x
notamment
production agricole durable supra-Ministérielle
Agriculture et Energie
Identifier clairement les thématiques prioritaires de la R&D/Innovation permettant de renforcer la sécurité alimentaire du pays
en favorisant essentiellement la recherche appliquée et pluridisciplinaire en collaboration avec toutes les parties prenantes
pour répondre au mieux aux besoins spécifiques des acteurs du système alimentaire
Orientation 1.3 :
Renforcement de la
Renforcer la coordination entre les structures de la recherche en vue de mieux utiliser les budgets, d’éviter les
recherche et de
l’innovation au profit de chevauchements des programmes de recherche et de consolider la collaboration avec les structures et acteurs de
la sécurité alimentaire vulgarisation, la profession et la société civile pour la dissémination des résultats et le retour de l’information à la recherche
Mettre en place un dispositif de suivi et d’évaluation des programmes de recherche en s’appuyant sur des indicateurs
d’impact sur la sécurité alimentaire
Orientation 1.4 :
Repositionnement de Renforcer le rôle contrôleur de l'Etat au niveau des maillons de stockage et de distribution des filières agroalimentaires en
l’intervention de l’Etat recourant, notamment, à la digitalisation, à la lutte contre la spéculation et à la réduction de l'informel et de l'opportunisme
dans le système des intermédiaires
alimentaire
Mieux définir l'intervention de l'Etat dans les échanges extérieurs alimentaires (anticipation, veille, contrôles, achats ponctuels,
etc.)
Intervenir pour réajuster les prix de certains produits de base en cas de crise et soutenir le pouvoir d'achat des groupes
vulnérables chaque fois qu'il y a une inflation durable et incontrôlable
Orientation 1.5 : Mieux anticiper les futurs chocs et se préparer aux évolutions des marchés internationaux auprès desquels la Tunisie
Réduction de la s'approvisionne à travers un système de veille avancé (veille data et de terrain via les ambassades) et des approches
dépendance alimentaire prospectives et de réduction des risques d'inflation importée.
vis-à-vis des marchés
extérieurs S'orienter vers un désengagement planifié de l'Etat de l'importation des produits alimentaires non stratégiques (thé, café,
sucre, huiles végétales, riz, etc.)
191
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
167
168
Diversifier les fournisseurs des produits alimentaires stratégiques importés en actualisant et en assouplissant les conditions des
cahiers des charges d'importation sans contraindre les exigences techniques et sanitaires
Créer une procédure simplifiée d’importation des produits de base (en allégeant drastiquement les procédures actuelles du
marché public) à déclencher dans le cas de crises graves menaçant la sécurité alimentaire du Tunisien
Orientation 1.6 :
Amélioration des circuits
Renforcer le contrôle des conditions d’hygiène lors du transport et de stockage des produits alimentaires ; revoir le cadre
de stockage et de
juridique et améliorer les infrastructures de transport
distribution et des
conditions logistiques
Orientation 1.8 :
Elaborer et signer un pacte national pour la réduction des pertes alimentaires engageant les différents acteurs impliqués dans
Réduction des pertes et
la sécurité alimentaire aboutissant à un plan opérationnel (renforcement de capacité, sensibilisation, communication,
valorisation des déchets
incitations à l’investissement et à l’innovation, etc.)
alimentaires
Orientation 2.2 : Renforcer le contrôle des circuits formels et des transactions avec des circuits informels
Réduction du nombre
d'intermédiaires et des
circuits informels Evaluer les marges bénéficiaires des acteurs des circuits de distribution et mettre en place un plan de correction des distorsions
pour assurer une meilleure équité et réduire les prix à la consommation
Compenser une partie de la subvention des produits de base captée par les cafés, restaurants et hôtels en introduisant
Orientation 2.3 : temporairement une taxe solidaire forfaitaire qui alimentera la caisse nationale de compensation et la caisse de la protection
Optimisation du système sociale à court terme le temps que la réforme de la CGC soit achevée
de subvention à la
consommation
Concevoir et mettre en place un plan de communication sur les mesures préconisées pour anticiper et gérer les résistances au
changement de la part du grand public
Orientation 3.2 :
Réduction du gaspillage Générer des données probantes sur le gaspillage alimentaire (ampleur, causes, etc.) et les mettre à jour
alimentaire au niveau
192
des ménages,
restaurants, cafés et Lancer un programme d’éducation et de renforcement des capacités sur l’anti-gaspillage et de sensibilisation des acteurs
hôtels concernés
Orientation 4.2 :
Renforcer le système de suivi et d’évaluation déjà mis en place par le Ministère de l’Environnement via le recours à de
Conservation de la
nouveaux indicateurs partagés par les différents secteurs concernés par la biodiversité
biodiversité
Orientation 4.3 :
Adaptation
Mettre en place un système de veille performant impliquant tous les acteurs en vue d’anticiper les chocs climatiques, les crises
transformative aux chocs
et les pandémies et de renforcer leur gestion (alerte précoce, météo, assurance agricole)
et changements
climatiques
Elaborer et mettre en œuvre un plan d'actions de mobilisation du financement international à des taux avantageux et des
dons autour de la nouvelle politique de l'eau suite à la promulgation du nouveau code de l’eau
Autoriser, par texte légal, la commercialisation des semences des variétés locales plus adaptées aux conditions du
Orientation 4.4 : Gestion changement climatique et au stress hydrique
intégrée et efficace des
ressources en eau
Améliorer la planification des périmètres irrigués (priorisation et analyse coût avantages, etc.)
Revoir la politique de l'exportation des produits agricoles et alimentaires en tenant compte de la consommation de l’eau
virtuelle à la production
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
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193
170
Priorité
4.2 4.2 2 en 2030
Priorité 2 en 2030
Priorité
Orientation stratégique Orientation stratégique ActionAction opérationnelle
opérationnelle recommandée
recommandée Chef de fil proposé Partenaires proposés
P1 P2 P3
2025 2030 2035
Autres Ministères
Orientation 1.4 : Mieux exploiter les terres domaniales et le domaine
Repositionnement de concernés +
forestier
Repositionner le rôle facilitateur de l'Etat comme en fonction de leur vocation,
médiateur/régulateur dans moyennant des Ministère
le système alimentaire l’Agriculture
avec undeplan de x
l’intervention de l’Etat organisations
incitations
libéralisation progressive par produits agricoles spécifiques pour leur valorisation durable
et agroalimentaires
dans le système professionnelles
alimentaire
Autres Ministères
Etudier et Mettre en œuvre un plan de contribution du Ministère de la Défense
Concernés,
désert tunisien au plan de renforcement de la + la nouvelle structure x
194
notamment
production agricole durable supra-Ministérielle
Agriculture et Energie
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Réduire la facture d'importation grâce à une planification pluriannuelle maîtrisée des achats et la révision des accords de
commerce bilatéral avec certains pays avec lesquels un grand déséquilibre existe au dépend des intérêts tunisiens
Orientation 1.5 :
Réduction de la
dépendance alimentaire
vis-à-vis des marchés Réduire la dispersion des importations alimentaires des produits stratégiques (au niveau des 3 Offices : céréales, huile et
extérieurs commerce) en créant une centrale d'achat regroupée sous le leadership du Ministère du Commerce. Ceci est sensé
améliorer la planification, le pouvoir de négociation, la gestion financière et des paiements
Améliorer la répartition territoriale des silos de stockage des céréales (surtout à proximité des zones de production) et
encourager la mise à niveau et la création, par le secteur privé, d’une infrastructure plus efficace et transparente pour le
Orientation 1.6 :
stockage des autres produits
Amélioration des circuits
de stockage et de
distribution et des
conditions logistiques Multiplier les points de vente directs du producteur au consommateur dont l’objectif est d’améliorer le revenu des agriculteurs,
assurer des prix raisonnables aux consommateurs de proximité et développer les circuits courts de commercialisation
Faciliter l'accès des jeunes agro-entrepreneurs au financement pour créer une nouvelle génération de producteurs ou de
Orientation 1.7 : groupements de producteurs (par la révision des conditions d'octroi des crédits, le financement de fonds de roulement les
Amélioration des premières années, la protection sociale et les micro-crédits, etc.)
conditions d’accès au
financement,
d'assurance et Encourager et orienter les investissements privés vers l'agriculture et la pèche et concevoir un financement spécifique et un
d'encouragement à système de garantie des crédits adaptés à l'agriculture familiale de petite taille en s’inspirant d’expériences étrangères
l’investissement dans
l’agriculture et l’agro-
alimentaire
Réviser, assouplir, élargir et rendre obligatoire l'adhésion au système d'assurance contre les crises et catastrophes
Orientation 1.8 :
Mettre en place un mécanisme de collecte de données, d’évaluation et de suivi des pertes le long des chaînes, notamment
Réduction des pertes et
au niveau de l’agriculture (surtout en phase de post récolte) et des IAA, et adopter des indicateurs de mesures clairs et
valorisation des déchets
complets pour la prise de décision quant aux solutions de réduction à adopter
alimentaires
195
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
171
172
Mettre en place un système de capitalisation (Knowledge Management) des savoirs, savoir-faire et bonnes pratiques en
matière de réduction des pertes alimentaires et de valorisation des déchets et des sous-produits
Mesurer l’accès des personnes à la nourriture à travers des outils innovants de mesure et d’évaluation (échelle d’accès à la SA
des ménages, score de diversité alimentaire des ménages, indice de stratégie d’adaptation, etc.) et assurer la dissémination
Orientation 2.1 : Accès des résultats de ces mesures auprès des décideurs et structures concernées
économique aux produits
alimentaires
Adapter le pouvoir d’achat en rapport avec les changements des prix des produits alimentaires de façon équitable et basée
sur une méthodologie transparente et concertée
Orientation 2.2 :
Mieux connaître et évaluer le système informel et son impact sur la sécurité alimentaire afin de mettre en place une stratégie
Réduction du nombre
de lutte contre ce secteur et d'encouragement de l'inclusion des acteurs informels dans le système formel à travers des
d'intermédiaires et des
mesures fiscales et financières adaptées
circuits informels
Orientation 2.3 : Tout en maintenant le système actuel de subvention aux ménages, adopter une nouvelle vision de la subvention basée sur
Optimisation du système une répartition équitable de la richesse. La philosophie de la subvention est d’aider les ménages à subvenir à leurs besoins
de subvention à la avec des prix abordables. La subvention ne prend pas en compte uniquement les produits mais aussi les lieux de
consommation consommation. Un système dynamique de test, de suivi et d’évaluation de l’impact de cette politique est mis en place
Mettre en place un plan de surveillance alimentaire et nutritionnelle ainsi qu'un mode de recueil des données pour informer sur
les transitions alimentaires et nutritionnelles nécessaires à la planification des besoins et au réajustement adéquats (prix, santé,
etc.), comprenant le suivi de l’évolution de la consommation ainsi que son impact sur les prévalences des maladies non
transmissibles, particulièrement le surpoids, l’obésité, l’anémie et retard de croissance
Orientation 3.1 :
Réduction des taux de Adopter les bonnes pratiques internationales (taux de sel et de sucre, étiquetage, certifications, etc.) et la mise en place d’un
prévalence des maladies dispositif d’accompagnement au profit des acteurs engagés et des incitations financières ciblées
non transmissibles liées à
l’alimentation
Renforcer la qualité des produits par l'adoption des labels de qualité (à l'instar des produits de terroirs et de la diète
méditerranéenne)
Promouvoir des modes de consommation alimentaire favorisant une alimentation diversifiée et saine
basée sur les bienfaits des
produits et spécificités régionales et locales
196
Elaborer un cadre règlementaire et de collaboration entre la grande distribution, les IAA, les composantes de la société civile
et les restaurateurs et hôtels pour la récupération systématique des produits alimentaires non consommés au profit d’une
banque alimentaire tunisienne et du tissu associatif engagé dans la distribution des denrées alimentaires aux groupes
Orientation 3.2 : vulnérables
Réduction du gaspillage
alimentaire au niveau
des ménages,
restaurants, cafés et Valoriser les déchets alimentaires dans le cadre d’une économie circulaire
hôtels
Encourager les formats et le calibrage des produits alimentaires favorisant la réduction du gaspillage
Instituer un système de suivi et de contrôle des terres non exploitées (notamment appropriées par des privés) qui constituent
Orientation 4.1 : un manque à gagner pour le pays et concevoir de nouveaux modes d'incitation à l'utilisation de ces terres
Préservation des terres
agricoles Appliquer rigoureusement la loi pour préserver les terres agricoles de l’empiètement urbain et renforcer les systèmes
alimentaires urbains (agriculture péri-urbaine)
Intégrer les valeurs de la conservation de la biodiversité dans l’ensemble des politiques nationales et dans la planification
socio-économique à différents niveaux et secteurs et mettre en place les programmes de mise en œuvre adaptés
Orientation 4.2 :
Renforcer le savoir et savoir-faire traditionnels et les capacités nationales pour la conservation et la gestion durable de la
Conservation de la
biodiversité et sensibiliser toutes les parties prenantes (institutionnelles et non institutionnelles) à l’action de la biodiversité,
biodiversité
l’érosion génétique et les fonctions écosystémiques
Favoriser l’intégration de la biodiversité et des services écosystémiques dans les chaînes alimentaires territoriales à travers
l’encouragement à l’émergence de nouveaux marchés de produits écologiques de terroirs
Orientation 4.3 :
Mettre en œuvre une politique intégrée et cohérente d’adaptation aux changements climatiques à l’échelle nationale,
Adaptation
régionale et locale, associée à une planification, un suivi et une évaluation rigoureuse, notamment pour la gestion des
transformative aux chocs
ressources partagées
et changements
197
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
173
174
climatiques
Soutenir une agriculture climato- résiliente en commençant par la révision des systèmes de production dans son ensemble,
identifier les cultures fortement consommatrices d’eau et opérer des choix stratégiques quant à leur substitution ainsi que
l'encouragement de l’agro-écologie et la diversification des cultures qui protègent les sols et la biodiversité
Renforcer la recherche dans le domaine des changements climatiques pour une transformation intelligente des systèmes
alimentaires (logistique intelligente face au climat)
Valoriser le savoir-faire local des agriculteurs sur l’adaptation aux changements climatiques (techniques culturales, variétés,
etc.) et partager les connaissances
Développer la résilience des populations en milieu rural via des filets de protection sociale pour les agriculteurs et les ouvriers
agricoles, notamment les femmes ouvrières
Commencer à exécuter les actions prioritaires liés à la réhabilitation de l'infrastructure vétuste existante (barrages, conduites,
etc.) ainsi que le recours aux ressources non conventionnelles, dont le dessalement de l'eau de mer avec l'énergie solaire et le
traitement des eaux usées
Encourager et promouvoir les techniques et méthodes d’utilisation par l’agriculture des eaux usées
Valoriser le savoir-faire local des agriculteurs sur l’agriculture pluviale et les systèmes d’irrigation et échanger leurs expériences
Renforcer les capacités des GDA en matière de gestion locale de l’eau, de promotion des techniques d'économie de l'eau et
de maintenance des ouvrages et élaboration de contrats programmes tri annuels avec le Ministère de l'Agriculture
permettant le suivi des réalisations en la matière
Améliorer les compétences des agriculteurs sur l’utilisation optimale des ressources en eau et l’irrigation complémentaire et
généraliser l’emploi des technologies modernes d’irrigation pour réduire les pertes d’eau et améliorer le pilotage de l’irrigation
par les TIC
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Réformer le mode de gouvernance des entreprises publiques (Offices) vers plus de responsabilisation dans leur management
(gestion basée sur les résultats) en substituant le monopole par un rôle de pilotage et de gestion des crises
Orientation 4.5 : Mise en
place d’un modèle de
Assurer une meilleure gouvernance des terres domaniales et des choix stratégiques cohérents répondant aux objectifs de la
gouvernance innovant
sécurité alimentaire et de la souveraineté à travers une gestion efficiente à tous les niveaux
pour les structures
publiques
Améliorer la gouvernance des chaînes de valeur stratégiques (organisation, financement, collaboration, transparence des flux
et transactions)
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
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Priorité
4.34.3 3 en 2035
Priorité 3 en 2035
Priorité
Orientation stratégique Orientation stratégique Action opérationnelle recommandée
Action opérationnelle recommandée Chef de fil proposé Partenaires proposés
P1 P2 P3
2025 2030 2035
Autres Ministères
Etudier et Mettre en œuvre un plan de contribution du Ministère de la Défense
Concernés,
désert
200
tunisien au plan de renforcement de la + la nouvelle structure x
notamment
production agricole durable supra-Ministérielle
Agriculture et Energie
Réformer le mode de gouvernance des entreprises publiques (Offices) vers plus de responsabilisation dans leur
management (gestion basée sur les résultats) en substituant le monopole par un rôle de pilotage et de gestion des crises
Orientation 4.5 : Mise en
place d’un modèle de
gouvernance innovant pour Mettre en place une gouvernance alimentaire territoriale répondant aux objectifs spécifiques de la sécurité alimentaire
les structures publiques des territoires et aux critères de leur développement durable, mettant l’accent sur le réseautage et la collaboration à des
projets régionaux et locaux.
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES
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INSTITUT Tunisien DES ETUDES STRATEGIQUES
Les travaux de l’Institut visent à mettre l’accent sur les politiques publiques
de demain afin de faciliter la prise de décisions en matière de réforme de fond
qu’appelle le processus démocratique dans lequel notre pays s’est engagé.