Vous êtes sur la page 1sur 184

INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

LA
Sécurité Alimentaire
DE LA TUNISIE

À L’HORIZON 2035

En partenariat avec
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

LA
Sécurité Alimentaire
DE LA TUNISIE

À L’HORIZON 2035

En partenariat avec
La Sécurité
Alimentaire
de la Tunisie
à l’horizon
2035

Etude à l’attention de
Son Excellence
Monsieur Le Président
de La République
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

La Sécurité
Alimentaire
de la Tunisie
à l’horizon
2035

décembre
2023
Cette étude a été réalisée par :

M. Noureddine Agrebi
M. Magid Chaabane
Mme Raoudha Khaldi
M. Med Jouneidi Abderrazek
Sommaire INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

INTRODUCTION 12

SECTION 1 : CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE 13

I. Concepts clés et définitions 13


II. Approche méthodologique 21

SECTION 2 : DIAGNOSTIC STRATEGIQUE DU SYSTEME ALIMENTAIRE TUNISIEN 25

Chapitre 1 : 25
Trajectoire Historique et analyse rétrospective de la Sécurité Alimentaire en Tunisie

I. Trajectoire historique de la sécurité alimentaire en Tunisie 25


II. Analyse rétrospective de la sécurité alimentaire 35

Chapitre 2 : 59
Situation présente de la sécurité alimentaire en Tunisie

I. Un impact de plus en plus ressenti des effets du changement 59


climatique sur la sécurité alimentaire
II. Evolutions récentes : une sécurité alimentaire fragilisée par la Covid-19 63
et le conflit Russo-Ukrainien

Chapitre 3 : 83
Benchmarking international : expériences-pays inspirantes et bonnes
pratiques intéressantes pour la Tunisie

I. Expériences inspirantes pour améliorer la Gouvernance alimentaire 83


II. Expériences inspirantes pour réduire l’opportunisme des intermédiaires 83
III. Expériences inspirantes pour renforcer la digitalisation du système alimentaire 84
IV. Expériences inspirantes pour renforcer le nexus énergies renouvelables, 85
irrigation et dessalement de l’eau de mer
V. Expériences inspirantes pour renforcer la lutte contre les effets du changement 86
climatique sur les zones arides
VI. Expériences inspirantes pour renforcer le nexus alimentation-nutrition-santé 88
VII. Expériences inspirantes pour consolider le rôle de la société civile 88
dans le renforcement de la sécurité alimentaire
VIII. Expériences inspirantes pour lutter contre le gaspillage alimentaire 89
IX. Expériences inspirantes dans le renforcement de la sécurité alimentaire 91

7
SECTION 3 : PROSPECTIVE DE LA SECURITE ALIMENTAIRE DE LA TUNISIE 95
A L’HORIZON 2035

Chapitre 1 : 95
Variables motrices, hypothèses et scénarios

I. Variables motrices 95
II. Hypothèses prospectives d’évolution future des variables motrices 103
III. Construction des micro-scénarios et des scénarios exploratoires 104
IV. Cheminement des micro-scénarios aux scénarios globaux 112
de la sécurité alimentaire à l’horizon 2035
V. Description détaillée des micro-scénarios par macro-concept et des scénarios globaux 118

Chapitre 2 : 133
Orientations stratégiques et plan d’actions à l’horizon 2035

I. Vision et objectifs stratégiques de la sécurité alimentaire à l’horizon 2035 133


II. Priorisation des actions 165

8
MOT DES EXPERTS
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

La sécurité alimentaire est aujourd’hui un sujet d’intérêt capital dans cette phase de l’histoire de la Tuni-
sie où le modèle de développement socio-économique suivi depuis les années 1970 pose la nécessité de
considérer des réformes profondes et de nouveaux choix stratégiques. Le défi est double, lorsque nous
examinons la question de la sécurité alimentaire du prisme de la souveraineté et de la sûreté nationales
dans un contexte de changements climatiques et de crises multiples et rapprochées telles que la pandé-
mie de la Covid-19 et la guerre en Ukraine.

Cette étude a démarré en octobre 2022 et devait se terminer en janvier 2023. Dans la réalité, elle a demandé un
travail continu et acharné sur plus de huit mois.

Pourquoi ? Parce que considérer la sécurité alimentaire dans sa perspective à la fois dynamique et
stratégique est une tâche extrêmement complexe. L’étudier en tenant compte des quatre dimensions qui la
définissent et de l’ensemble du système alimentaire rendait la tâche encore plus complexe. Il fallait être spécia-
liste dans une vingtaine de domaines d’expertise pour conduire ce travail ou alors se documenter, s’entretenir
avec d’autres spécialistes et discuter entre experts pour couvrir de la meilleure façon possible tous les aspects
de la sécurité alimentaire de la Tunisie à l’horizon 2035. C’est ce que nous avons essayé de faire tout au long de
cette étude.

En sommes-nous satisfaits ? Oui, humblement, parce que ce travail, malgré la multitude et l’excellente qualité
des autres études réalisées jusque-là sur la sécurité alimentaire, a établi un diagnostic qui, à notre connaissance,
est plus exhaustif et plus complet.

A partir de là, les scénarios que nous avons développés et les actions que nous recommandons ne peuvent être
que plus holistiques.

En outre, la stratégie dégagée en se basant sur « le scénario souhaitable et réalisable » a été innovante
à plus d’un titre. En effet, en plus de considérer les aspects stricts de la sécurité alimentaire, la stratégie
considère intrinsèquement la question de la souveraineté alimentaire, de l’acceptabilité sociétale du
changement, de l’approche nexus dans la réflexion et la mise en œuvre des mesures recommandées
et des aspects liés au renforcement de la résilience systémique face aux risques de crises et effets du
changement climatique et des catastrophes naturelles. Cette innovation a été possible également grâce
au travail de benchmarking des expériences-pays inspirantes pour la Tunisie conduit dans la première
partie de ce document.

Ce travail est-il perfectible ? Evidemment, et nous en sommes conscients. Ceci laissera le champ aux équipes qui
se chargeront de la mise en œuvre de cette stratégie de s’approprier chaque recommandation opérationnelle,
d’approfondir la réflexion sur le meilleur moyen de la réussir et d’en parfaire l’exécution.

Enfin, nous tenons à exprimer de nouveau nos vifs remerciements à l’ITES pour nous avoir donné cette chance de
contribuer à la réflexion sur une question majeure pour le futur des Tunisiennes et des Tunisiens.

Le temps est à l’action maintenant…

9
LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1. Dimensions de la sécurité alimentaire 14


Tableau 2. Production, Exportation et Importations des Produits de la Pêche 39
et de l’Aquaculture
Tableau 3. Récapitulatif des pertes de lait à Bizerte et à Mahdia (2017) 50
Tableau 4. Evolution de la balance commerciale alimentaire 55
Tableau 5. Evolution du montant de la subvention totale accordée à la filière lait 66
Tableau 6. Evolution des principales importations agricoles fin septembre 2021 - 2022 68
Tableau 7. Balance alimentaire à fin septembre 2022 69
Tableau 8. Classement de la Tunisie par rapport au groupe de pays 77
à bas et moyens revenus et dans la région MENA
Tableau 9. Classement de la Tunisie par rapport au groupe des pays arabes 77
Tableau 10. Prévalence de la sous-alimentation, de l’insécurité modérée ou grave 81
Tableau 11. Coût et abordabilité d’une alimentation saine 81
Tableau 12. Variables motrices à l’ordre 1 95
Tableau 13. Poids des variables par l’approche Meta-plan 96
Tableau 14. Variables identifiées par Meta-plan 96
Tableau 15. Variables identifiées par NRS et Meta-plan 97
Tableau 16. Coefficients de pondération des variables par le calcul matriciel 98
Tableau 17. Classement des variables motrices par influence 99
Tableau 18. Classement des variables motrices par influence 100
Tableau 19. Liste des variables motrices retenues par macro-concept 101
Tableau 20. Liste définitive des variables motrices retenues par macro-concepts 103
Tableau 21. Hypothèses d’évolution des variables motrices conditionnant l’avenir de 105
la sécurité alimentaire à l’horizon 2035
Tableau 22. Cheminement vers les micro-scénarios et scénarios globaux 112
de la sécurité alimentaire à l’horizon 2035
Tableau 23. Tableau récapitulatif des micro-scénarios et des scénarios globaux de la sécurité 118
alimentaire à l’horizon 2035

10
LISTE DES FIGURES
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

Figure.1. Schéma de la gouvernance alimentaire territoriale 16


Figure.2. Paradigme du développement des chaînes de valeurs alimentaires durables 20
Figure.3. Sous-systèmes d’un système alimentaire 21
Figure.4. Etapes de la construction de la stratégie de la sécurité alimentaire (2035) 22
Figure.5. Evolution de la superficie cultivée par culture (1000ha) 36
Figure.6. Evolution des importations des principaux produits alimentaires (MD) 37
Figure.7. Evolution de la production de la pêche et de l’aquaculture en Tunisie 38
Figure.8. Evolution de la demande intérieure des produits tunisiens de la pêche 39
Figure.9. Evolution de la Valeur Ajoutée (prix de l’année précédente en %) 40
Figure.10. Evolution de la balance commerciale alimentaire 41
Figure.11. Evolution des Investissements (prix courant en MD) 41
Figure.12. Part de la subvention par produit (%) 42
Figure.13. Evolution des dépenses de la CGC en MD, 2005-2019 42
Figure.14. Part des apports caloriques des aliments 45
Figure.15. Evolution des produits céréaliers (en équivalent grain, Kg/personne/an) 46
Figure.16. Evolution des indicateurs du GHI index 2012-2018 (%) 47
Figure.17. Evolution de la population urbaine et rurale à l’horizon 2050 49
Figure.18. Evolution des importations des principales céréales (1000q) 52
Figure.19. Evolution de la production céréalière (1000T) 52
Figure.20. Evolution de la balance commerciale (MD) 56
Figure. 21. Classement des écarts des températures moyennes des mois 60
de Décembre 2000-2022
Figure.22. Evolution des précipitations 1950-2022 61
Figure.23. Réserves des barrages au 31 décembre 2022 par rapport 61
à la moyenne 2019-2021
Figure.24. Niveau de stress hydrique par année 2000-2019 62
Figure.25. Evolution de la couverture forestière et les pertes de superficies 62
liées aux incendies 2005-2021
Figure.26. Evolution de la valeur des importations des aliments de bétail 2011-2021 64
Figure.27. Evolution des stocks mensuels de lait de boisson UHT par mois 2019-2021 65
Figure.28. Evolution du classement global de la Tunisie selon l’IGSA 71
Figure.29 Classement global et par dimension de la Tunisie selon l’Indice 72
Global de Sécurité Alimentaire (GFSI) de 2022
Figure.30. Score de la Tunisie pour l’indicateur « commerce agricole » 72
Figure.31. Score de la Tunisie pour la dimension disponibilité 73
Figure.32. Score de la Tunisie pour l’indicateur « accès aux intrants » 74
Figure.33. Score de la Tunisie pour l’indicateur « obstacles politiques et sociaux 74
à l’accès aux aliments »
Figure.34. Score de la Tunisie pour l’indicateur « Qualité et sécurité » 75
Figure.35. Score de la Tunisie pour le sous indicateur « disponibilité des micronutriments » 75
Figure.36. Score de la Tunisie pour l’indicateur « Durabilité et adaptation » 76
Figure.37. Score de la Tunisie pour les sous indicateurs de « l’engagement politique 76
en faveur de l’adaptation et « la gestion des risques »

11
INTRODUCTION

Depuis l’indépendance jusqu’à 2020, la Tunisie est De plus, les évènements survenus récemment, la
passée d’un pays jeune avec un taux d’accroissement COVID-19 et le conflit Russo-Ukrainien, sont venus
démographique élevé et une activité agricole domi- rappeler encore une fois la fragilité du système ali-
nante au cours des années 1960 (30% du PIB), à mentaire mis en place. Plusieurs problèmes sont
celle d’un pays émergent avec des activités écono- remis en exergue, particulièrement les problèmes de
miques diversifiées et un recul significatif de la place disponibilité et de distribution des produits alimen-
de l’agriculture dans l’économie (moins de 10% ac- taires, d’accès aux aliments, d’iniquités sociales et de
tuellement). développement régional inégal, inhérentes, en partie,
au modèle de développement du pays, d’une façon
A l’inverse, l’industrie et la distribution agroalimen- générale, et celui retenu pour le secteur agricole et
taires se sont beaucoup développées, notamment agro-alimentaire en particulier.
depuis la deuxième moitié des années 1990.
Au vu de la progression de cette crise alimentaire
D’un point de vue politique, la sécurité alimen- mondiale, dont un grand nombre d’incertitudes sub-
taire a été très tôt à la tête des priorités natio- sistent, et l’importance ajouté aux effets des chan-
nales. Toutefois, les conditions structurelles du gements climatiques, de nouveaux défis viennent
secteur agricole et les choix politiques retenus mettre en évidence la nécessité de réviser les argu-
n’ont pas réussi, malgré les progrès réalisés sur mentaires sous-jacents à l’élaboration de la politique
plus de 60 ans, à venir à bout des fragilités et alimentaire de la Tunisie à moyen et long termes,
des limites caractérisant les composantes de la notamment dans sa projection en termes de renfor-
sécurité alimentaire en Tunisie. cement de la sécurité alimentaire du pays.

La dépendance accrue aux marchés extérieurs La présente étude s’inscrit dans ce cadre et a
(fluctuants), la forte pression sur les ressources pour objectif d’élaborer, sous un angle prospectif,
naturelles, le morcellement des parcelles et le un exposé global des faits sur la sécurité alimen-
vieillissement des exploitants conjugué au désin- taire en Tunisie, tenant compte des évolutions ré-
térêt de la main d’œuvre jeune et le faible accès centes dans ce domaine afin de fournir des orien-
aux nouvelles technologies agricoles, sont des tations stratégiques à l’horizon 2035. On établira
exemples de facteurs structurels fragilisant la sé- des scénarios d’évolution basés sur une sélection
curité alimentaire des Tunisiens. de facteurs clés sur lesquels il est possible d’agir
pour atteindre la vision stratégique, celle d’une
sécurité alimentaire renforcée et durable.

12
Section 1 :
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

Cadre conceptuel et methodologique

Afin d’approfondir notre compréhension de la sécu- bilité culturelle des aliments. En mettant même
rité alimentaire et d’adopter un cadre d’analyse et au premier plan l’accès (plutôt qu’une formula-
d’action adaptés, une revue des concepts associés à tion parlant de nourriture accessible) » (Bricas et
la question est nécessaire. Il s’agit du concept de la Daviron, 2008)(1).
sécurité alimentaire en rapport avec celui de l’auto-
suffisance et de la souveraineté. La définition retenue en 1996 correspond à « l’ac-
cès physique et économique pour tous les êtres
A un niveau plus détaillé seront présentés les sys- humains, à tout moment, à une nourriture suf-
tèmes alimentaires et leurs relations aux territoires fisante, salubre et nutritive, leur permettant de
et enfin la manière dont sont régis toutes les relations satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs pré-
en rapport avec la question de la gouvernance ali- férences alimentaires pour mener une vie saine
mentaire. et active » (Conférence mondiale de l’alimentation,
1996).
Dans ce cadre, quelques concepts utilisés dans ce
rapport méritent d’être définis. Cette définition met en avant quatre dimen-
sions de la sécurité alimentaire (FAO, 2008) (2):
la disponibilité de la nourriture ; l’accès physique,
I. Concepts clés et économique et social à la nourriture ; la qualité sa-
Définitions nitaire et nutritionnelle des aliments, de l’eau et des
régimes alimentaires, ainsi que le respect des styles
I.1. Sécurité alimentaire de consommation et des préférences alimentaires
(faisant ici référence à l’utilisation des aliments)
La Déclaration universelle des droits de l’homme des ; la régularité ou la stabilité de l’accès, de la dis-
Nations Unies (1948) a inscrit le droit à l’alimentation ponibilité et de la qualité.
des peuples comme priorité (article 25) (Annexe 1). Ce
droit fonde la définition même de la sécurité alimen- Quoique la place de l’agriculture soit centrale
taire adoptée par la FAO en 1974 au Sommet Mondial dans la lutte contre la faim et la précarité ali-
de l’Alimentation à Rome. La sécurité alimentaire, mentaire, l’accès à la nourriture, assuré soit par
c’est « disposer, à chaque instant, d’un niveau des moyens de production ou par le marché, est
adéquat de produits de base pour satisfaire la primordial.
progression de la consommation et atténuer les
fluctuations de la production et des prix ». Dans ce sens, la lutte contre la pauvreté, la préca-
rité économique et les inégalités devient un moyen
Les constats réalisés sur des pays en autosuffi- d’assurer la sécurité alimentaire (FAO, 1996)(3). Vu
sance alimentaire mais qui n’assurent pas pour sous cet angle, la sécurité alimentaire n’est plus
autant leur sécurité alimentaire compte tenu la mission du secteur agricole et agro-alimen-
1. BRICAS N. et DAVIRON B., 2008. De
de la pauvreté endémique, de la faiblesse des taire, mais aussi d’autres secteurs économiques, la hausse des prix au retour du produc-
États et de l’instabilité politique confirment que sociaux et nutritionnels dont la cohérence est tionniste ; les enjeux du sommet sur la
nécessaire. sécurité alimentaire de juin 2008 à Rome.
fournir des aliments en quantité suffisante reste Hérodote, 131 : 31-39
nécessaire, mais non suffisant. Ceci a conduit
• Sécurité alimentaire et durabilité 2. - FAO, 2008. Introduction aux concepts
à compléter la définition de la sécurité alimen- de la sécurité alimentaire. https://www.
taire pour y « ajouter, en plus des disponibilités, foodsec.org/docs/concepts_guide_fr.pdf
d’autres « piliers » : l’accès physique et écono- Avec l’évolution des questions relatives à l’environ-
3. - FAO, 1996. Sommet mondial de l›ali-
mique, la régularité dans le temps et l’espace, la nement telles que les changements climatiques, la mentation : Déclaration et Plan d›action.
qualité biologique et nutritionnelle et l’accepta- gestion des risques et catastrophes, l’épuisement http://www.fao.org/DOCREP/003/
W3613F/W3613F00.htm

13
des ressources (dégradation des terres, raréfaction Au vu de l’interconnexion des systèmes alimentaires
de l’eau) et l’extension des maladies végétales et ani- durables à la sécurité alimentaire, la définition de la
males, la question de la durabilité a été introduite sécurité alimentaire a été élargie en introduisant le
dans les systèmes alimentaires dans la mesure concept de durabilité. Cette notion suppose de créer
où ils sont non seulement fortement dépendants des conditions favorables à l’émergence d’une
de l’environnement, mais exercent également production alimentaire durable où les aliments
des pressions importantes sur celui-ci. La trans- sont produits, transformés, distribués et consom-
formation du système alimentaire actuel vers un més de manière qui ne porte pas préjudice à l’en-
système plus durable est jugée nécessaire pour vironnement en répondant aux besoins des géné-
la durabilité environnementale, sociale et sani- rations présentes sans compromettre la capacité
taire. Cette notion suppose, entre autres, d’éviter des générations futures.
la mauvaise utilisation des sols, le gaspillage, la
production de masse et l’appauvrissement des Ainsi, l’amélioration de la sécurité alimentaire d’un
petits producteurs. pays doit couvrir les quatre dimensions principales,
synthétisées au tableau suivant.

Tableau 1 : Dimensions de la sécurité alimentaire


Tableau 1 : Dimensions de la sécurité alimentaire
Dimension Explication
Il s’agit de la disponibilité physique des aliments : elle est déterminée par
La Disponibilité les niveaux de production locale, d’importation et des moyens mis pour
les assurer et les stocker.
L’accès physique et économique pour tous les êtres humains fait
L’Accès référence aux politiques de distribution des denrées alimentaires, incluant
les prix, ainsi que celles relatives aux revenus et dépenses des ménages.
Cette dimension comprend les bonnes pratiques de préparation et de
consommation des aliments ainsi que la façon dont le corps humain
optimise les différents nutriments présents dans la nourriture.
Elle fait aussi référence à la sécurité sanitaire des aliments à court et à
Utilisation long termes, à leur valeur nutritive et à l’utilisation d’une variété suffisante
afin de permettre un régime alimentaire équilibré.

Cette dimension englobe les facteurs de stabilité de l’accès aux aliments


et de sa qualité et la durabilité des approvisionnements sur le long terme.
Un bon niveau de sécurité alimentaire aujourd’hui n’est pas garanti dans
La Stabilité le futur. Plusieurs facteurs limitent la résilience des systèmes alimentaires
tels que les changements climatiques, le mauvais usage des ressources
naturelles, les crises économiques, sanitaires, politiques, etc.

Source : Introduction aux concepts de la sécurité alimentaire, FAO, 2008 et notre synthèse
Source : Introduction aux concepts de la sécurité alimentaire, FAO, 2008 et notre synthèse
Il est important de rappeler ici que le concept de sécurité alimentaire a évolué. Il
tient compte, désormais, de deux autres dimensions d’une grande importance :
Il est important de rappeler ici que le concept de • L’agencéité indique la capacité des personnes,
l’agencéité et de la durabilité. L’ensemble de ces six dimensions viennent renforcer
sécurité alimentaire a évolué. Il tient compte, individuellement ou collectivement, de décider
l’interprétation théorique et juridique du droit à l’alimentation. Elles sont définies
désormais, de deux autres dimensions4 d’une par elles-mêmes des aliments qu’elles consom-
ainsi dans le rapport HLPE (2020) :
grande importance : l’agencéité et de la durabi- ment et produisent ainsi que de la manière dont
lité. L’agencéité
Ø L’ensemble de cesindique
six dimensions
la viennent
capacité des ces aliments sont produits,
personnes, transformés et distri- ou
individuellement
4. HLPE. 2020. Sécurité alimentaire et
nutrition : énoncé d’une vision globale à collectivement,
renforcer de décider
l’interprétation théorique par elles-mêmesbués,
et juridique desetaliments
de participerqu’elles consomment
aux processus qui façonnent et
l’horizon 2030. Rapport du produisent
du ainsi queElles
droit à l’alimentation. desontla manière dont ceslesaliments
définies ainsi politiques etsont produits,
les structures transformés
de gouvernance des et
Groupe d’experts de haut niveau sur la
sécurité alimentaire et la nutrition du Comi- distribués, et de participer
dans le rapport HLPE (2020) : (4) aux processus qui façonnent
systèmes alimentaires ; les politiques et les
té de la sécurité structures de gouvernance des systèmes alimentaires ;
• La durabilité, souvent confondue avec la stabi-
alimentaire mondiale, Rome.
Ø La durabilité, souvent confondue avec la stabilité, renvoie à la capacité des
systèmes alimentaires, sur le long terme, d’assurer la sécurité alimentaire et la
nutrition sans compromettre les bases économique, sociale et environnementale
14 nécessaires à la sécurité alimentaire et à la nutrition des générations futures.

En pratique, la sécurité alimentaire n’est pas considérée comme une doctrine ou


une théorie économique, mais plutôt comme un élément de politique économique
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

lité, renvoie à la capacité des systèmes alimen- cément une politique de commerce extérieur visant
taires, sur le long terme, d’assurer la sécurité l’autosuffisance.
alimentaire et la nutrition sans compromettre les
bases économique, sociale et environnementale
nécessaires à la sécurité alimentaire et à la nutri-
I.3. Souveraineté alimentaire
tion des générations futures.
La notion de souveraineté alimentaire est apparue
pour la première fois en 1996 lors du Sommet ali-
En pratique, la sécurité alimentaire n’est pas
mentaire de la FAO. Elle est portée par l’organisation
considérée comme une doctrine ou une théorie
« La Via Campesina », créée en 1993, qui a remis en
économique, mais plutôt comme un élément de
question le système agricole mondial, caractérisé par
politique économique pouvant combiner l’auto-
la libéralisation croissante des échanges commer-
suffisance et la souveraineté alimentaire, selon
ciaux. Elle désigne « le droit des peuples à une
une vision adaptée aux particularités des pays.
alimentation saine et culturellement appropriée
produite avec des méthodes durables » (La Via
I.2. Autosuffisance alimentaire Campesina, 1996). (6)

Selon la FAO (1999)(5), l’autosuffisance alimentaire La souveraineté alimentaire est définie comme « le
est un concept qui signifie « la capacité d’un pays à droit international qui laisse la possibilité aux pays
satisfaire les besoins alimentaires de la totalité de sa et aux groupes de pays de mettre en place les poli-
population à partir de sa propre production nationale tiques agricoles les mieux adaptées à leurs popula-
pour satisfaire la demande finale ». Cette définition tions sans qu’elles puissent avoir un impact négatif
est assez large et souvent jugée peu claire. sur la population d’autres pays ». (FAO, 1996). Il
s’agit plutôt d’un concept de nature politique.
En effet, certains voient le concept comme une
assurance permettant aux pays de se mettre Cette notion devient le moteur de plusieurs mouve-
à l’abri des fluctuations des prix et des quanti- ments paysans à travers le monde. On l’associe à la
tés disponibles des produits alimentaires sur le priorité donnée à la production agricole locale pour
marché international, d’autres le voient comme nourrir la population, la consolidation des savoirs
économiquement inefficace et potentiellement et savoir-faires locaux et la valorisation du travail et
coûteux puisqu’il est parfois, selon la théorie des produits locaux (Houtart, 2010)(7). Ils mettent en
des avantages comparatifs, plus avantageux avant le rôle essentiel que joue l’agriculture paysanne
d’importer un produit plutôt que de le produire. en opposition à l’agriculture intensive, puisant les res-
Cette analyse met en opposition autosuffisance sources naturelles, surtout quand il s’agit de produits
alimentaire et commerce international. Ainsi, d’exportation, produits avec les ressources locales. 5. FAO, 1999. Implications of Economic
certains analystes définissent l’autosuffisance ali- Policy for Food Security: A Training Manual
mentaire comme étant la neutralité de la balance Available. Chapter 1: Food Security: The
commerciale agroalimentaire. Cela implique que
I.4. Gouvernance alimentaire Conceptual Framework. http://www.fao.
org/docrep/004/x3936e/x3936e03.htm
l’ensemble des revenus d’exportation obtenus en ven-
L’analyse de la sécurité alimentaire dans le temps et 6. La Via Campesina, 1996. La voix des
dant des denrées alimentaires à d’autres pays doivent paysans et des paysannes qui nourrissent
dans l’espace ne se limite pas seulement à l’analyse
servir à acheter des produits alimentaires sur le mar- le monde.
des quatre dimensions qu’elle recouvre, mais aussi https://viacampesina.org/fr/
ché international. Toutefois, la balance commerciale quest-via-campesina
leurs relations faisant référence à la gouvernance ré-
ne se résume pas seulement à sa partie agroalimen-
gissant les décisions, les règles et les pratiques visant 7. Houtart F., 2010. Souveraineté
taire. Elle inclut tous types de produits ou services
à assurer le fonctionnement des structures chargées alimentaire plutôt que sécurité alimentaire.
échangés sur le marché mondial. Par ailleurs, tous Note d’analyse. Centre tricontinental.
de la question alimentaire et nutritionnelle. https://www.cetri.be/IMG/pdf/Souverai-
les pays et tous les secteurs ne poursuivent pas for- nete_alimentaire

15
Cette approche permet de bien distinguer les moyens positifs (agencement des procédures, des mesures,
d’action que chacun mobilise et les rapports de force des connaissances, des savoir-faires et informations
entre les acteurs économiques dans le système ali- diversifiées) multiples qui reposent sur des apprentis-
mentaire. sages collectifs et contribuent à des reconfigurations/
innovations institutionnelles et organisationnelles au
Par définition, la gouvernance fait référence à « sein des territoires » (Rey-Valette et al. ,2010).
l’Ensemble de processus permettant aux acteurs
(publics, privés, société civile) de formuler leurs Les dispositifs de coordination ou espace de dia-
intérêts, cadrer et de hiérarchiser les problèmes, logue d’acteurs peuvent revêtir des formes diverses
prendre des décisions, les mettre en œuvre, les (Rastoin, 2014) tels que les plates-formes locales, les
suivre et les faire exécuter » (FAO, 2015)(8). projets alimentaires locaux, les conseils locaux de
l’alimentation (Food Policy Councils plus développés
Cette notion a été adaptée au territoire. dans les pays anglo-saxonnes).

• Gouvernance alimentaire territoriale : elle est Certains travaux consacrés à la gouvernance


définie comme « l’ensemble des processus de alimentaire territoriale s’appuient sur le cadrage
coordination des acteurs autour de l’alimen- théorique proposé par Wiskerke (2009)(9) (Fig. 1)
tation à l’échelle territoriale, visant à favori- qui présente de nouveaux modes de gouver-
ser leur organisation et limiter l’atomisation nance alimentaire plus intégrés et territoria-
des initiatives touchant aux systèmes alimen- lisés où on identifie trois principaux pôles : le
taires » (Billion, 2017). gouvernement, le marché et la société civile
qui prennent un rôle actif en matière alimen-
Cette coordination vise « l’élaboration collective taire et nouent de nouveaux liens.
d’objectifs et d’actions en mettant en œuvre des dis-

Fig.1 : Schéma Fig.1


de: Schéma
la gouvernance alimentaire
de la gouvernance alimentaire territoriale territoriale

8. - FAO. 2015. Développer des chaînes


de valeur alimentaires durables – Principes
directeurs. Rome.
https://www.fao.org/3/i3953f/i3953f.pdf

9. WISKERKE J.S.C., 2009, On Places


Lost and Places Regained: Reflections on
the Alternative Food Geography and Sustai- Source : Wiskerke (2009)
nable Regional Development, International
Planning Studies, vol.14, n°4, p. 369-387 Source : Wiskerke (2009)

16

I.5. Système alimentaire


INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

I.5. Système alimentaire Dans le temps, le diagnostic fait sur les impacts
négatifs de l’extension du modèle agroindustriel,
Un système alimentaire comprend tous les a été à l’origine de l’introduction du concept de
éléments (ressources naturelles, personnes, Système alimentaire territorialisé (SAT), comme
intrants, processus, infrastructures, institu- alternative.
tions, produits, etc.) et activités liées à la pro-
duction, la transformation, la distribution, la • Un système alimentaire territorialisé (SAT)
préparation et la consommation des aliments est défini comme un « ensemble de filières
et aux extrants de ces activités, y compris les agroalimentaires répondant aux critères du
impacts socio-économiques et environnemen- développement durable, localisées dans un
taux (HLPE, 2017)(10). FAO et INRAE (2020)(11) espace géographique de dimension régio-
considèrent également la gestion des déchets nale et coordonnées par une gouvernance
en fin de cycle comme un élément essentiel territoriale » (Rastoin 2016)(13). Cette no-
d’un système alimentaire. tion, par opposition aux filières longues,
met l’accent sur la proximité envisagée à
Une approche des systèmes alimentaires exige de trois niveaux :
tenir compte des différents domaines (agriculture
et pêche, Industrie agro-alimentaire, distribution, - L’écosphère, par diversification des pro-
environnement, santé, nutrition, etc.) et d’adopter ductions agricoles, selon une démarche
une vision plus globale de l’ensemble des objectifs agro écologique ;
en vue d’éviter des politiques incohérentes. Une - Le rapprochement entre agriculture et
approche des systèmes alimentaires plus ho- industries alimentaires par l’approvision-
listique pour l’élaboration des politiques est nement des unités de transformation en
basée sur la prise de conscience qu’il existe matières premières agricoles de la région ;
des synergies et des compromis potentiels - La réorientation de la demande alimen-
entre la sécurité alimentaire et la nutrition, les taire vers une production locale variée et
de qualité. 10. -HLPE. 2017. Nutrition et systèmes
moyens de subsistance et la durabilité envi- alimentaires. Rapport du Groupe d’experts
ronnementale (OCDE, 2021)(12). de haut niveau sur la sécurité alimentaire
« Les SAT sont des facteurs de résilience car ils ont et la nutrition du Comité de la sécurité
alimentaire mondiale, Rome.
• Un système alimentaire durable est, selon un impact sur les ressources naturelles, les per- https://www.fao.org/3/I7846FR/
la même source, « un système qui assure formances et la compétitivité en s’inscrivant dans i7846fr.pdf

la sécurité alimentaire et la nutrition pour cinq dimensions: dimension territoriale et cultu- 11. FAO et INRAE. 2020. Systèmes
tous de manière à ne pas compromettre les relle, dimension sociale et nutritionnelle (agricul- alimentaires durables – Un manuel pour
s’y retrouver. Rome.
bases économiques, sociales et environne- teurs et consommateurs), dimension technolo- https://doi.org/10.4060/ca9917fr
mentales nécessaires pour assurer la sécu- gique (respect de la santé des consommateurs,
12. - OCDE (2021), Making Better Policies
rité alimentaire et la nutrition des généra- bonne gestion des ressources naturelles, impact for Food Systems , Éditions OCDE, Paris,
tions futures ». négatif limité sur l’environnement), dimension en- https://doi.org/10.1787/ddfba4de-en .
trepreneuriale (capacité de partenariat entre ac- 13. Rastoin J.L., 2016. Les systèmes ali-
Il présente les avantages suivants : il est rentable teurs de la chaîne de valeur, gouvernance, partage mentaires territorialisé : enjeux et stratégie
de la valeur crée et circuits alternatifs de commer- de développement. In Journal Resolis N° 7,
tout au long du processus, assure la durabilité Fevrier 2016. https://blogs.grandlyon.com/
économique, présente des avantages à grande cialisation à moindre coûts) et dimension éthique developpementdurable/files/2017/10/
favorisant la réduction des pertes et du gaspillage A4-RESOLIS.pdf
échelle pour la société, assure la durabilité sociale
et a un impact positif ou neutre sur les ressources alimentaire » (Rastoin, 2016). 14. Les Greniers d’Abondance, 2020.
Vers la résilience alimentaire. Faire face aux
naturelles. menaces globales à l’échelle des territoires.
Deuxième édition, 184 pages. https://
resiliencealimentaire.org/

17
L’ancrage territorial de l’alimentation devient Les travaux réalisés sur le sujet (dont Les Greniers
de plus en plus une priorité dans les politiques d’abondance, 2020)(18) ont permis aussi de mettre
publiques de plusieurs pays par la mise en en évidence les points suivants :
place d’initiatives de développement de sys-
tèmes alimentaires locaux (Canada, France, • Le système alimentaire actuel est intrinsèque-
Italie, etc.). ment peu résilient car dépendant de ressources
qui s’épuisent et construit pour la maximisation à
Cette perspective permet d’envisager et d’apporter court terme de la production ;
des changements en vue de créer des systèmes • La résilience est un paramètre dynamique
alimentaires locaux, sains et durables. puisque la question est aussi d’évaluer son niveau
de résilience face à divers types de crises ;
• Un Système alimentaire résilient : la résilience • La résilience n’est pas un critère suffisant
d’un système alimentaire est sa capacité et dans la mesure où il peut être très résilient, mais
celle de ses éléments constitutifs à garantir la socialement défaillant (inégalités, etc.).
sécurité alimentaire au cours du temps, mal-
gré des perturbations variées et non prévues D’une façon générale, en l’absence de rési-
(Les Greniers d’Abondance, 2020)(14). Par op- lience, les systèmes deviennent vulnérables
15. FAO, 2015. Sécurité alimentaire et position, la vulnérabilité alimentaire correspond aux points de vue économique, social, envi-
droit à l’alimentation. https://www.fao.org/
sustainable-development-goals/overview/
à l’existence de facteurs qui exposent l’individu à ronnemental et politique (Organisation Néer-
fao-and-post-2015/food-security-and-the- l’insécurité alimentaire ou à la sous-alimentation landaise de développement- SNV, 2020)(19). La
right-to-food/fr (FAO, 2015)(15). vulnérabilité est un concept appliqué récem-
16. OCDE. La sécurité alimentaire et ment à l’analyse de la sécurité alimentaire, vu
nutrition (document non daté). https:// L’OCDE(16), lie cette vulnérabilité au fait de ne leurs liens étroits. Plus un système alimentaire
www.oecd.org/fr/agriculture/sujets/secu-
rite-alimentaire parvenir que difficilement à se nourrir en temps est vulnérable, sous l’effet de certains facteurs
normal et de se retrouver face à d’importantes de risque (climatique, économique, politique),
17. - FAO. 2021. La Situation mondiale de
l’alimentation et de l’agriculture. Rendre les difficultés quand la conjoncture devient moins fa- plus la sécurité alimentaire est menacée. Il
systèmes agroalimentaires plus résilients vorable. est possible de distinguer deux principaux types
face aux chocs et aux situations de stress.
Rome, FAO. https://doi.org/10.4060/ de risques susceptibles de modifier les niveaux
cb4476fr La FAO (2021)(17) propose la définition suivante de sécurité alimentaire : les chocs (irréguliers et
18. Les Greniers d’Abondance, 2020. de la résilience, soit «la capacité des personnes, imprévisibles tels que la sécheresse, la crise sa-
Vers la résilience alimentaire. Faire face aux des ménages, des communautés, des villes, nitaire, les conflits et guerres) et les tendances ou
menaces globales à l›échelle des territoires.
Première édition, 175 pages. https://www.
des institutions, des systèmes et des sociétés stress qui affaiblissent progressivement le poten-
canopee12.fr exposés à une grande diversité de risques de tiel d’un système donné et accroît la vulnérabilité
19. SNV, 2020. Renforcer la résilience
prévenir, d’anticiper, d’absorber, de s’adapter de ses acteurs (processus de long terme comme
des chaines de valeur et des systèmes et de se transformer, de façon positive, effi- la désertification) (Department for International
alimentaires dans le contexte du COVID-19 ciente et efficace, tout en conservant un niveau Development, 2011)(20).
– Document de travail. https://snv.org/
acceptable de fonctionnement et sans compro-
20. - Department for International mettre les perspectives à long terme de déve- Selon le groupe d’experts de haut niveau du Comité
Development, DFID, 2011 – Defining
Disaster Resilience: A DFID approach loppement durable, la paix et la sécurité, les de la sécurité alimentaire mondiale (HLPE, 2017)(21),
paper, November 2011. https://www. droits humains et le bien-être de tous». Cette « les politiques qui tiennent compte de ces évolu-
fsnnetwork.org
définition reconnaît aussi la nature dyna- tions, c’est-à-dire qui soutiennent les transformations
21. - HLPE. 2017. Nutrition et systèmes mique des chocs et les situations de stress radicales des systèmes alimentaires, intègrent la
alimentaires. Rapport du Groupe d’experts
de haut niveau sur la sécurité alimentaire qui peuvent avoir des effets préjudiciables à complexité des systèmes alimentaires et ses interac-
et la nutrition du Comité de la sécurité court et à long termes. tions avec d’autres secteurs et systèmes et mettent
alimentaire mondiale, Rome.
https://www.fao.org/3/I7846FR/ l’accent sur une connaissance plus approfondie de
i7846fr.pdf

18
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

la faim et de la malnutrition ; ils favorisent l’instau- Les chaînes de valeur modernes sont caractéri-
ration de systèmes alimentaires plus durables » et sées par une coordination verticale, la consolida-
contribuent, par conséquent, à la concrétisation tion de la base d’approvisionnement, la transfor-
du droit à l’alimentation et à l’atteinte des Objec- mation agro-alimentaire et l’utilisation de normes
tifs du Développement Durable(ODD), notamment d’un bout à l’autre de la chaîne.
de l’ODD2 « Éliminer la faim, assurer la sécurité
alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir Notons ici que les concepts de filière agroali-
une agriculture durable ». mentaire et de chaîne de valeur se réfèrent à
des types d’analyse différents : la filière ren-
En Tunisie, comme dans le reste du monde, le voie à une notion d’ensemble, à des analyses
futur de l’agriculture oscille entre deux projets de type systémique, alors que la chaîne de
opposés, l’un s’appuie sur le concept de sé- valeur renvoie plutôt à des analyses séquen-
curité alimentaire, centré sur le profit, l’autre tielles ou éclatées, des différents maillons de
prône le concept de souveraineté alimentaire la chaîne de production (Collectif Stratégies
et part d’un projet agricole populaire et du- Alimentaires, Belgique) et intègre les concepts
rable. multidimensionnels de durabilité et de valeur
ajoutée, selon la définition de la FAO(2015).
1.6. Chaînes de valeurs
Cependant, le terme « filière » n’a pas trouvé de
Ces dernières années, la chaîne de valeur traduction fidèle en anglais et est souvent rem-
s’est imposée comme l’un des principaux pa- placé par « chaîne de valeur » (value chain), ce
radigmes pour la réflexion et la pratique dans qui explique la distinction peu tranchée entre ces
le domaine du développement. deux notions.

Selon la FAO (2005), une « chaîne de valeur » • Chaînes de valeurs durables : le concept de
dans l’agriculture désigne l’ensemble des ac- chaîne de valeur alimentaire durable présente
teurs et des activités qui font passer un pro- et analyse un paradigme du développement
duit agricole de base du stade de la production qui intègre à la fois les concepts multidimen-
dans les champs à sa consommation finale, sionnels de durabilité et de valeur ajoutée.
processus dont chaque stade voit de la valeur
être ajoutée au produit. Ce concept reconnaît que les chaînes de valeur
sont des systèmes dynamiques et animés par le
Une chaîne de valeur peut être un lien vertical ou marché, dans lesquels la dimension centrale est
un réseau entre diverses organisations d’entrepre- la coordination verticale (gouvernance). Deuxiè-
neurs indépendantes et peut concerner la trans- mement, le concept est appliqué largement, ha-
formation, l’emballage, l’entreposage, le transport bituellement de façon à couvrir un sous-secteur
et la distribution. entier pour un produit donné dans un pays donné.
Troisièmement, la valeur ajoutée et la durabilité
sont des mesures de la performance explicites et
multidimensionnelles, évaluées au niveau global.

19
Ø Chaînes de valeurs durables : le concept de chaîne de valeur alimentaire
durable présente et analyse un paradigme du développement qui intègre à
la fois concepts multidimensionnels de durabilité et de valeur ajoutée.

Ce concept reconnaît que les chaînes de valeur sont des systèmes


dynamiques et animés par le marché, dans lesquels la dimension centrale
est la coordination verticale (gouvernance). Deuxièmement, le concept est
appliqué largement, habituellement de façon à couvrir un sous-secteur
entier pour un produit donné dans un pays donné. Troisièmement, la valeur
ajoutée et la durabilité sont des mesures de la performance explicites et
multidimensionnelles, évaluées au niveau global.

Fig.2 : Paradigme du développement


Fig.2 : Paradigme du développement des chaînes
des chaînes de valeurs
de valeurs alimentaires
alimentaires durables durables

Source : FAO
Source : FAO
Faire du développement de chaînes de valeurs de les rendre plus soutenables.
durable reviendrait donc à ce que « l’ensemble
des exploitations Faire du développement agricoles et des entreprises, et
de chaînes Ende effet, malgré durable
valeurs le développement d’outils donc
reviendrait per- à
leurs ce activités successives
que " l’ensemble des exploitations agricoles et des entreprises, etpo-leurs et coordonnées d’ajout mettant d’analyser de manière systémique les
de valeur, activités qui produisent successives des matières premières
et coordonnées litiques publiques,
d’ajout de les objectifsqui
valeur, de produisent
développement des
d’origine matières agricole etpremières les transforment en produitsagricole
d’origine durable (ODD),
et les les nouveaux indicateursen
transforment de mesure
produits
alimentaires, alimentaires, lesquels sont lesquels vendus àsont vendus àdedes
des consom- consommateurs
la résilience, ces derniers finaux et éliminés
restent insuffisam-
mateurs après finauxutilisation, et éliminés après d’une façond’une
utilisation, qui soitment
rentable
articulésd’un
avec labout
prise àdel’autre, qui ait
décision finale et de
larges
façon qui soit rentable d’un bout à l’autre, qui effets positifs pour la société et qui n’épuise pas
mènent souvent à des actions ne répondant que de façon
22
ait depermanente larges effets positifs les ressources pour la sociéténaturelles." et qui (FAO, 2015)
partiellement aux défis et enjeux présents et futurs.
n’épuise pas de façon permanente les ressources
naturelles.» (FAO, 2015)(22). L’approche par les soutenabilités(23) des réformes
publiques porte ainsi l’ambition de construire un
I.7. Soutenabilité des politiques référentiel d’action publique qui soit à la fois du-
                                                                                                                        rable, systémique et légitime.
22 publiques de sécurité
 Développer  des  chaînes  de  valeur  alimentaires  durables  -­‐  Principes  directeurs,  FAO,  2015  
alimentaire • Durable en ce qu’elle intègre à la fois le long terme
18  
et l’épuisement et la finitude des ressources ;
  Face aux défis écologiques et à la récurrence • Systémique parce qu’elle repose sur une vision
22. Développer des chaînes de valeur des crises qui caractérisent le temps présent multidimensionnelle et transversale des enjeux et
alimentaires durables - Principes direc- et de plus en plus les décades à venir, les
teurs, FAO, 2015 arbitre des conflits potentiels entre dimensions ;
Etats sont poussés à repenser les politiques • Légitime car elle se construit sur de nouvelles mo-
23. « SOUTENABILITÉS ! ORCHESTRER publiques en général et celles impactant la sé-
ET PLANIFIER L’ACTION PUBLIQUE », dalités délibératives.
France Stratégie, mai 2022 curité alimentaire en particulier, dans le sens

20
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

A ce titre, la question de l’autorité politique dont teurs et politiques conçus de manière à concilier
procèderait le pilotage des enjeux de soutenabilité l’utilisation des ressources. C’est là toute la valeur
des politiques de renforcement de la sécurité et de ajoutée de l’approche «Nexus».
la résilience alimentaires face aux crises et catas-
trophe devient essentielle. Ainsi, analyser et évaluer le nexus «Eau, Ali-
mentation, Energie et Ecosystèmes agroali-
1.8. Approche « NEXUS » mentaires» se révèle être une nécessité devant
la complexité que le changement climatique
Face aux questions soulevées par les change- pose aux nations et à la planète.
ments globaux, notamment climatiques, les ana-
lystes et scientifiques recommandent de plus en II. Approche
plus le recours à l’approche «Nexus» dans l’éla-
boration des stratégies et des programmes. méthodologique
Approche méthodologique
Le nexus invite en effet à la formulation de stra- II.1. Adoption d’une approche
tégies nationales, voire régionales, de dévelop- systémique pour le renforce-
II.1. Adoption d’une
pement durable autour approche
d’un meilleur usage dessystémique pour le renforcement de la
ment de la sécurité alimen-
sécurité alimentaire
ressources dans ceten État.Tunisie
taire en Tunisie
A ce titre, de plus en plus de pays et d’organi-
complexité
sationsde l’environnement
internationales (Système onusien no- et La l’interdépendance
complexité de l’environnement et des l’inter- enjeux socio-
dépendance des enjeux socio-économiques,
conomiques, tamment
sanitaires
pour le nexuset «Développement-Hu-
nutritionnels sanitaires
appellent une approche systémique et
et nutritionnels appellent une ap-
manitaire-Paix») commencent à analyser leurs
urable de l’alimentation et justifie notre recours
interventions politiques à moyen et long termes
à cette
proche systémique approche
et durable de l’alimenta-pour renforcer la
silience du système alimentaire
en tenant compte des scénarios deen Tunisie.tion et justifie notre recours à cette approche
développe-
ment pour chaque secteur clé mais également en pour renforcer la résilience du système ali-
tenant compte des interconnexions entre les sec- mentaire en Tunisie.
Fig.3 : Sous-systèmes d’un
Fig.3 : Sous-systèmes d’unsystème alimentaire
système alimentaire

Source :: Stratégie
Source Stratégie de renforcement de la résilience du système
de renforcement de alimentaire tunisien à du
la résilience l’horizon 2030
système
alimentaire tunisien à l’horizon 2030 21
Cette approche systémique permettra de scénario souhaitable ou de référence (normatif)
mieux comprendre l’importance des interac- constituant la cible à atteindre à l’horizon 2035.
tions de l’ensemble du système alimentaire et En l’occurrence, il s’agit de la vision souhaitable
d’identifier les contraintes et les leviers pour et réalisable pour le système alimentaire tunisien
amener des changements durables dans les à l’horizon prospectif retenu faisant l’objet d’un
pratiques et les milieux de vie. consensus (contraintes, stratégie des moyens, jeu
des acteurs, etc.)
Selon cette démarche seront analysées les quatre
dimensions de la sécurité alimentaire telle que dé- • Etape N°2 : Construction de la stratégie per-
finis par la FAO. A la dimension stabilité, nous in- mettant de cibler le scénario normatif (sou-
cluons la durabilité faisant référence à la capacité haitable ou de référence et réalisable) retenu
des systèmes alimentaires, sur le long terme, d’as- parmi l’ensemble des scénarios exploratoires
surer la sécurité alimentaire et la nutrition sans identifiés à l’horizon 2035.
compromettre les bases économiques, sociale et
environnementale. A partir du diagnostic de la situation présente et
des nouvelles
Parmi ces scénarios, les experts identifieront priorités face
le scénario à l’avenir, desou
souhaitable inerties,
de
référence (normatif) constituant la cible à atteindre à l’horizon 2035. En
II.2. Etapes et phases de l’étude des incertitudes majeures, des tendances
l’occurrence, il s’agit de la vision souhaitable et réalisable pour le système
lourdes,
desretenu
alimentaire tunisien à l’horizon prospectif signauxfaisant
faibles, l’objet
des entraves
d’unou facteurs de
consensus
blocage
(contraintes, stratégie des moyens, jeu des
II.2.1. Les deux grandes étapes de l’Etude et desetc.)
acteurs, forces motrices ou facteurs de
changement (leviers positifs), les experts iden-
• Etape N°2 : Construction de la stratégie permettant de cibler le scénario
Deux grandes étapes
normatif structurent cette
(souhaitable ou deétude :
référence
tifieront dans cette étape la grande manœuvre
et réalisable) retenu parmi l’ensemble
stratégique2035.
des scénarios exploratoires identifiés à l’horizon (objectifs stratégiques déclinés en
A partir
• Etape du diagnostic
N°1 : Prospective de la retenu
du système situation orientations
à présente stratégiques,
et des nouvelleselles-mêmes déclinées
priorités face à
l’avenir, des inerties, des incertitudes majeures, des tendances lourdes,
en mesures opérationnelles constituant le plan des
l’horizon
signaux2035 « Le système
faibles, alimentaire
des entraves outuni-
facteurs de blocage et des forces motrices ou
sien » : scénarios exploratoires
facteurs de changement (leviers d’actions
positifs), ) permettant
les experts de cibler le scénario
identifieront retenu
dans cette
étape la grande manœuvre stratégique pour (objectifs
le système stratégiques
alimentaire tunisien à l’horizon
déclinés en
orientations stratégiques, elles-mêmes déclinées en mesures opérationnelles
Parmi constituant
ces scénarios,lelesplan
experts identifieront
d’actions le
) permettant
2035.de cibler le scénario retenu pour le
système alimentaire tunisien à l’horizon 2035.

Fig.4de
Fig 4. Etapes : Etapes de la construction
la construction de ladestratégie
la stratégiededelala sécurité
sécurité alimentaire (2035)
alimentaire (2035)

Scénario  
Diagnostic   normatif  ou  de  
Manœuvre  stratégique  :   référence  retenu  
stratégique  de  la  
objectifs  stratégiques,   pour  le  système  
situation  
présente   orientations  stratégiques   alimentaire  
et  plan  d’actions   tunisien  à  
opérationnelles   l’horizon  2035    

II.2.2. Les principales phases de la 1ère étape


II.2.1. Les principales phases de la 1ère étape :
Cette étape, déterminante car conditionnant l’en-
semble des résultats finaux de l’étude, notamment
Phase 1 : Diagnostic stratégique de la situation présente ou construction
o •Phase 1 : Diagnostic stratégique de la situa- les scénarios obtenus, se subdivise elle-même en
de la « base prospective »
tion présente ou construction de la « base différentes phases :
prospective »
Cette étape, déterminante car conditionnant l’ensemble des résultats finaux
de l’étude, notamment les scénarios obtenus, se subdivise elle-même en
différentes phases :

o Phase 1.1 : L’analyse rétrospective du système étudié


22 Dans le cadre de cette phase, il s’agit d’identifier de manière prioritaire :

• Les inerties et les facteurs de blocage ayant entravé par le passé le


système alimentaire tunisien : qu’est-ce qui a bloqué ? Quelles ont été
les grandes crises traversées par le secteur ? Pourquoi ? Comment ont-
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

o Phase 1.1 : L’analyse rétrospective du système Ainsi, cette phase vise à établir un diagnos-
étudié tic stratégique de la situation présente en dy-
namique et d’identifier la liste des variables
Dans le cadre de cette phase, il s’agit d’identifier conditionnant l’avenir du système alimentaire
de manière prioritaire : tunisien à l’horizon 2035.

• Les inerties et les facteurs de blocage ayant o Phase 1.3 : Les tendances lourdes mondiales
entravé par le passé le système alimentaire reconfigurant le système alimentaire mondial
tunisien : qu’est-ce qui a bloqué ? Quelles ont été
les grandes crises traversées par le secteur ? Pour- Dans le cadre de cette phase, suite à crises liées
quoi ? Comment ont-elles été gérées ? Quelles ont à la Covid-19 et au conflit Russo-Ukrainien, il
été les variables ayant conditionné par le passé s’agit d’identifier les grandes tendances lourdes à
l’évolution du système étudié ? Continuent-elles à l’œuvre et les signaux faibles qui bouleverseront
produire des effets sur le secteur aujourd’hui ? le système alimentaire mondial à l’avenir. Il s’agit
• Les forces motrices ou facteurs de change- de s’interroger sur la manière dont le système ali-
ment ayant engendré une évolution positive car mentaire mondial va évoluer à l’horizon 2035. Sur
valorisés. Quels ont été les succès enregistrés par le plan méthodologique, les variables condition-
le secteur ? Quels sont les facteurs explicatifs jus- nant l’évolution du système alimentaire mondial
tifiant ces succès ? seront identifiées.

Ce travail permettra de répondre à une interro- o Phase 1.4 : Benchmark international


gation : pourquoi et comment en sommes-nous
arrivés à la situation caractérisant le système ali- Dans le cadre de cette phase, il s’agit d’analyser
mentaire tunisien aujourd’hui ? les stratégies de pays semblables à la Tunisie en-
registrant des succès notables en termes de ren-
o Phase 1.2 : La diagnostic stratégique de la si- forcement de la sécurité alimentaire.
tuation présente
o Phase 2 : Construction des scénarios prospec-
Dans le cadre de cette phase, le travail mené per- tifs exploratoires
mettra d’identifier les défis et enjeux auxquels
est confronté le système alimentaire tunisien au En appliquant rigoureusement la méthode des
temps présent. Il conviendra de mettre l’accent, à scénarios (construction de fiches variables détail-
l’instar de l’analyse rétrospective sur : lées posant des hypothèses de variations d’état
quant à chaque variable motrice), dans cette
• Les inerties et les facteurs de blocage entravant phase, les experts construiront 4 scénarios quant
aujourd’hui le secteur : qu’est-ce qui bloque ? à l’évolution de la sécurité alimentaire du pays à
Pourquoi ces facteurs de blocage ne sont-ils pas l’horizon 2035 :
surmontés ?
• Les forces motrices ou facteurs de changement • Le scénario tendanciel ou fil de l’eau :
susceptibles d’initier une évolution positive ou c’est le scénario correspondant à la situa-
vertueuse devant être valorisés. Quels sont les tion où le gouvernement tunisien ne fait
succès enregistrés par le système alimentaire rien et laisse le système alimentaire tuni-
Tunisie ? Quels sont les facteurs expliquant ces sien évoluer de manière tendancielle ;
réussites ? • Le scénario de rupture négative,
dit « Black Swan » : ce dernier est

23
susceptible d’intégrer une ou plusieurs tifs), cette étape sera consacrée à l’identification de
ruptures marquant une cassure dans le la grande manœuvre stratégique permettant de ci-
cours de l’histoire. Afin de se préparer au bler le scénario souhaitable et réalisable retenu pour
pire, il conviendra d’envisager cette rup- le système alimentaire tunisien à l’horizon 2035.
ture sous l’angle d’une inflexion catastro-
phique (scénario noir ou redouté) ; Il s’agit dans ce cadre de définir les orienta-
• Le scénario souhaitable ou normatif et tions stratégiques et les actions à entreprendre
réalisable : ce scénario doit être réaliste à deux horizons : le court terme (2025) et le
et réalisable (pouvant être mis en œuvre): moyen terme (2035).
c’est la vision pour le système alimentaire
à atteindre à l’horizon 2035 ; Au final, la stratégie se décline à trois niveaux :
• Le scénario de rupture optimal ou
idéal : c’est le scénario dit « rose » ou • La vision matérialisée en objectifs stratégiques à
volontariste matérialisé par une rupture atteindre (quantitatifs et qualitatifs) ;
induisant une inflexion vertueuse. En • Les orientations stratégiques à court terme
termes de proactivité, il s’agit d’aspirer à (2025);
peser sur les événements afin de le pro- • Les orientations stratégiques à moyen terme
voquer. (2035) permettant de les cibler et de les matéria-
liser.

II.2.3. Les principales phases de la Ces orientations stratégiques sont déclinées en


2ème étape mesures opérationnelles constituant le plan d’ac-
tions permettant la matérialisation du scénario
Après diagnostic de la situation présente, des iner- souhaitable et réalisable ou de la vision du sys-
ties, entraves ou facteurs de blocage et des forces tème alimentaire tunisien et de la sécurité alimen-
motrices ou facteurs de changement (leviers posi- taire à l’horizon 2035.

24
Section 2 : Diagnostic stratégique du système
alimentaire tunisien INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

Chapitre 1 : Trajectoire Historique et analyse


rétrospective de la Sécurité Alimentaire en Tunisie

I. Trajectoire l’Etat se sont alors concentrés sur l’organisation


foncière du secteur, la modernisation des équi-
historique de la pements et l’amélioration de l’accès des citoyens
sécurité alimentaire aux denrées alimentaires essentielles pour lutter
contre la pauvreté et la faim et améliorer l’état de
en Tunisie santé de la population.

I.1. Revue des politiques Un premier recensement agricole a été réalisé en


impactant la sécurité 1961/1962 pour disposer des données nécessaires
à toute planification et mise en place de politique
alimentaire en de développement agricole et rural.
Tunisie (1960 -2020)
Pour les terres domaniales, confisquées par la loi
Mesurer la sécurité alimentaire à travers des in- de mai 1964, la politique à cette période visait d’en
dicateurs et des statistiques est une tâche néces- faire une sphère de mobilisation du capital. Ainsi,
saire mais insuffisante. Il est important d’abord ces terres et les coopératives autour étaient ap-
d’examiner les principales politiques mises en pelées à jouer un double rôle de modernisation
place impactant la sécurité alimentaire en Tunisie. et d’approvisionnement des villes en produits agri-
coles. Au terme de ce processus de « tunisification
I.1.1. Les politiques alimentaires », le patrimoine foncier du domaine privé de l’État
était estimé à 800 000 hectares, soit environ 10 %
I.1.1.1. Une politique dirigiste de structure et de des terres agricoles. Dès les premières années de
prix (1960-1970) l’Indépendance, afin d’assurer la continuité dans
la gestion des anciennes fermes des colons, les
A l’aube de l’indépendance, la Tunisie a hérité pouvoirs publics ont mis en place, en 1961, l’Office
d’un secteur agricole marqué par une forte dualité des Terres Domaniales (OTD) en tant que structure
entre des grandes exploitations agricoles récupé- capable d’en assurer la gestion et de préserver la
rées aux colons français qui s’adonnait à cette ac- mainmise de l’État.
tivité et de petites exploitations familiales à faibles
ressources et rentabilité. Dès le début des années Cette politique dirigiste de structure a été ensuite
1960, le secteur est devenu prioritaire pour l’éco- menée pour créer d’autres entreprises publiques
nomie nationale. en charge du développement de la production
agricole. Pour le développement de la production
Les chiffres post- indépendance parlaient de 2200 de céréales, un Office des Céréales (OC) a été créé
exploitations s’étalant sur 750 milles Ha contre en 1962 et pour les huiles végétales, notamment
320.000 exploitations familiales sur 4 millions l’huile d’olive, un office national des huiles (ONH).
d’Ha. Les grandes exploitations étaient desti- Pour les vignobles, le secteur a continué à être
nées au blé dur, vignoble, huile d’olive, dattes et sous la tutelle de l’Union des Centrales des Coo-
agrumes dont une grande partie était destinée pératives Viticoles (UCCV) qui a été déjà créé par
au marché français. Aussi, différentes formes de les colons en 1947. Le secteur des dattes a été mis
propriété et d’exploitation/co-exploitation coexis- sous le monopole de la Société Tunisienne des In-
taient. Après l’indépendance, ce stock de terres a dustries Laitières (STIL) et enfin, les importations
constitué une grande partie de ce qui était alors alimentaires dirigées en monopole par l’Office Tu-
appelé Terres Domaniales. nisien du Commerce (OCT) créé lui aussi en 1962.
Sur le Plan de l’Industrie agroalimentaire, la So-
Donnant une priorité à ce secteur, les efforts de

25
ciété Tunisienne des Industries Laitières a été créé vés a co-existé au même moment et parallèlement
en 1961 (entreprise publique) et un premier noyau à ces monopoles permettant une transformation
d’industries de conserves alimentaires a été orga- d’une partie de la production agricole locale ou
nisé par le premier groupement interprofession- importée et la diversification de l’offre des pro-
nel de Tunisie, celui des conserves alimentaires duits transformés.
(GICA), crée en 1962.
I.1.1.3. Une politique d’ajustement structurel
Ces structures ont contribué à l’augmentation agricole « imposée » (1988 – 1996)
de la disponibilité et de l’accès des Tunisiens
aux denrées alimentaires. Au milieu des années 1980, la Tunisie a vécu une
première grande crise socio-économique menant
I.1.1.2. Une politique dirigiste de développement à un changement politique majeur (nouveau pré-
agricole et rural (1971 – 1987) sident). Dès 1988, pour retrouver ses équilibres
budgétaires et financiers, la Tunisie a dû suivre,
Durant les années 1970 et 1980, le développement sous les pressions des donateurs, notamment du
économique du pays s’est basé davantage sur le tou- FMI, un Programme d’Ajustement Structurel (PAS)
risme, les hydrocarbures et industries de transfor- orientant les réformes vers une libéralisation de
mation connexes, la transformation du phosphate et l’économie nationale et une plus grande ouverture
les industries manufacturières orientées vers l’export vers l’extérieur. La déclinaison du PAS pour le sec-
(grâce notamment à la fameuse « loi 72 »). teur agricole national était le Plan d’Ajustement
Structurel Agricole « PASA ».
Dans ce processus de diversification des activités
stratégiques, le développement agricole s’est no- Le PASA s’articulait autour des composantes sui-
tamment élargi au développement rural. Dans ce vantes :
cadre, les terres domaniales, qu’elles soient gé-
rées sous forme de coopératives de production ou • La mise en œuvre d’une politique de libéralisation
directement par l’OTD, ont été appelées à jouer du commerce, des prix et de réduction des sub-
un rôle de régulateur du marché en fournissant ventions ;
des productions pour le marché intérieur (20%) • La rationalisation de l’intervention de l’Etat avec
particulièrement en produits de première nécessi- un transfert progressif des activités de production
té (lait, viande, céréales, fruits et légumes). Néan- et de commercialisation au secteur privé et coo-
moins, à partie de 1982 jusqu’à 1986, le choix a pératif ;
été fait d’accélérer le processus de privatisation • L’amélioration de l’efficacité de la politique des
par la constitution de lots destinés à des techni- dépenses et d’investissements publics ;
ciens ou pour ceux qui acceptent de démissionner • L’amélioration des services d’appui au développe-
de l’administration par la création de sociétés sur ment agricole ;
les terres des anciennes unités coopératives de • La rationalisation de l’utilisation des ressources
production (UCP). naturelles ;
• Le renforcement des capacités d’analyse écono-
Les industries agro-alimentaires, de leurs côtés, mique et financière et de suivi de la performance
étant tributaire d’une agriculture peu intensifiée, du secteur.
sont restées essentiellement sous la main de mo-
nopoles de l’Etat pour certains produits straté- Sur près d’une décennie (1988-1996), l’impact
giques depuis le temps des colons (huile d’olive, le plus important du PASA a été le changement
dattes, agrumes, etc.). Un noyau d’industriels pri- de l’environnement économique. En effet, les

26
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

règles du jeu économique ont été modifiées en I.1.1.4. D’une politique de développement agricole
laissant de plus en plus de champ au secteur et rural à une politique de développement
privé. La politique de privatisation des terres do- de filières agroalimentaires (1997 – 2010)
maniales a connu une réelle accélération à cette
période et s’est renforcée par le développement Les formes de concession par la gestion des terres
de « sociétés de mise en valeur et de développe- domaniales se sont poursuivies conduisant à la
ment agricole » (SMVDA), de grandes exploitations multiplication de SMVDA et de lots techniciens. A
louées pour des périodes de plus de 30 ans et la fin 2001, la Tunisie comptait 145 000 hectares
financées par des capitaux externes. De 1986 à de SMVDA (226 sociétés), 50 000 hectares de lots
1995, 45 SMVDA ont été créés sur une superficie de techniciens et seulement 15 000 hectares de
de 87000 ha, soit 17 % des terres domaniales. En lots attribués à des jeunes agriculteurs. Le reste,
1995, deux mesures ont été retenues, la générali- soit 210 000 hectares, était promis à la restructu-
sation de la location à des privés (SMVDA, lots de ration et, éventuellement, à la location à des ca-
techniciens et jeunes agriculteurs) et la restriction pitaux privés. Il est important de souligner que les
de leur vente (loi de février 1995). 226 SMVDA ont attiré des investissements de 250
millions de dinars tunisiens, soit une moyenne de
Par ailleurs, les opérateurs privés ont pris une 2 700 DT/hectare. (24)
part croissante au stockage et à la collecte des cé-
réales, au commerce des semences et des engrais, Par ailleurs, la deuxième moitié des années
ainsi qu’à l’exportation de l’huile d’olive. quatre-vingt-dix a été marquée par une orien-
tation politique manifeste au niveau de l’Etat
Les productions végétales et de la pêche ont géné- pour changer de paradigme en ramenant la
ralement augmenté avec des fluctuations liées aux réflexion stratégique aux filières agroalimen-
aléas pluviométriques mais la tendance générale a taires à la place de l’approche sectorielle clas-
été à la hausse. Les productions d’élevage ont aug- sique. Le même période a été caractérisée par le
menté de manière soutenue. L’évolution favorable lancement du programme de mise à niveau indus-
s’explique par l’investissement, l’amélioration des triel qui donnera une impulsion majeure au déve-
rendements et l’extension des terres irriguées dont loppement des industries agroalimentaires après
la contribution dans les productions agricoles a une focalisation sur l’intensification et l’investis-
augmenté pour se situer à 35% en 1996. L’inves- sement agricoles durant la décennie précédente.
tissement agricole a été encouragé par des incita-
tions directes, telles que la prime d’investissement A ce titre, les industriels agroalimentaires ont
et le crédit agricole ciblé et subventionné (dans le eu l’accord sur 414 dossiers de mise à niveau
cadre du nouveau code d’incitation aux investisse- totalisant un investissement supérieur à 1 mil-
ments, promulgué en décembre 1993). liards de dinars sur la période 1996-2010.

Entre 1988 et 1996, la production annuelle En parallèle, une première stratégie de développe-
moyenne du secteur agricole a progressé de 35% ment des industries agroalimentaires a été élabo-
et le taux de croissance annuel moyen est monté à rée et exécutée dès 2006.
5,3% par rapport à la décennie 1977-1986.

24. Gharbi M., 2002. L’intégration de


l’aspect foncier dans les stratégies de la ré-
duction de la pauvreté et le développement
durable. Étude de cas : Tunisie », in Actes
de l’atelier régional organisé par la Banque
Mondiale, Tunis, avril 2002.

27
Enfin, un programme de mise à niveau des circuits des signes d’essoufflement majeurs en lien
de distribution des produits agricoles et de la mer avec le développement des maillons consom-
a été décidé en 2006, sans réels avancements mation et industrie agroalimentaires dans les
majeurs. filières agroalimentaires.

o Stratégie de développement et de promotion Aussi, la distribution des produits agricoles


du secteur agroalimentaire 2006 et alimentaires a démontré des dysfonction-
nements de plus en plus pesants. En effet, la
Cette stratégie comporte des mesures spéci- multiplicité et l’opportunisme des intermé-
fiques à certains produits : huile d’olive, sardine, diaires au sein des filières stratégiques pour le
dattes, vin, conserves et semi-conserves et lait pays ont rendu la spéculation importante. Leur
et produits dérivés. Elle comporte également un effet sur la disponibilité et l’accès aux produits
certain nombre de mesures à caractère horizon- alimentaires est devenu considérable et par-
tal qui ont été répartis sur les quatre axes princi- fois inquiétant surtout avec les difficultés de
paux suivants : contrôle de la part des autorités publiques
dans un contexte postrévolutionnaire.
• Une meilleure organisation des campagnes de
transformation ; Enfin, sous l’impulsion des bailleurs de fonds
• Le renforcement de la qualité et de la sécurité ali- étrangers, la réflexion semble s’orienter de plus en
mentaire ; plus en termes d’analyse de chaînes de valeurs,
• La promotion du partenariat, du développement nationales ou territoriales.
technologique et du réseautage ;
• L’appui à la production et à l’exportation. I.1.2. Les politiques nutritionnelles
et sociales
I.1.1.5. Politique de mise à niveau agricole et
de développement de chaînes de valeurs I.1.2.1. Les politiques nutritionnelles
(2011 – 2020)
Il convient de noter de ce qui précède que la po-
En 2016, le nouveau code d’investissement (Art. 5, litique de la sécurité alimentaire adoptée jusque-
octobre 2016) marque le passage de la cessation là en Tunisie, s’est focalisée sur deux piliers de
de gestion vers l’appropriation des terres par les la sécurité alimentaire, à savoir la disponibilité
sociétés qui investissent en Tunisie. Les investis- et l’accès. D’où la faiblesse, sinon l’absence, de
sements étrangers dans les terres domaniales sont stratégie et de politique nutritionnelle, particuliè-
mis en place dans une logique de profit et non de rement durant les dernières décennies.
développement, dans la mesure ou la production
est tournée vers l’exportation et donc profite peu Pourtant, la Tunisie s’est engagée très tôt dans la
à l’économie locale. Ses entreprises jouissent de définition des politiques alimentaires et nutrition-
tous les avantages fiscaux et du transfert des bé- nelles. En effet, dès décembre 1956, à la demande
néfices. du gouvernement tunisien, la FAO fit un bilan de la
situation alimentaire et nutritionnelle de la popu-
Les efforts de l’Etat pour améliorer la productivité lation. En même temps, l’OMS enquêtait sur l’état
et la rentabilité des activités agricoles et agroali- nutritionnel dans le milieu scolaire pour repérer
mentaires, ont produit des résultats assez satisfai- les carences nutritionnelles.
sants durant les années 1990 et 2000. Toutefois,
le modèle de développement suivi a démontré La situation des groupes vulnérables, en particu-

28
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

lier celle des enfants, était jugée inquiétante aux utilisés par l’Etat en matière de lutte contre le
niveaux nutritionnel et sanitaire. La FAO et l’OMS chômage, l’exode rurale et les déséquilibres régio-
avaient alors recommandé à l’Etat tunisien une naux. Ces transferts ont toujours existé mais ils
planification de la production alimentaire et la prennent une dimension de plus en plus grande.
création d’un service de nutrition à l’échelle natio- Ils ont même été renforcés depuis la mise en
nale. Ces recommandations se sont concrétisées place du Plan d’Ajustement Structurel en 1988. Là
pendant les années 1960 par la création de can- encore, les analyses divergent à propos de l’effi-
tines scolaires et par des actions de formation de cacité de ces programmes. De la même manière
cadres spécialisés dans le domaine. que les subventions, les transferts réalisés par ces
programmes en faveur des classes de revenus les
Pour disposer d’un organe chargé de la mise en plus faibles agissent indirectement sur la sécurité
place et du suivi des politiques nutritionnelles alimentaire (Khaldi et Naili, 1995)(25).
d’une façon séparée de la planification et des poli-
tiques agricoles, l’Etat a créé l’Institut National de • Les programmes d’aide et d’assistance : il
Nutrition (INN) en 1969. Il était chargé de mener s’agit essentiellement d’aide alimentaire servie à
des actions de recherche et de vulgarisation dans diverses populations-cibles : les nourrissons et
les domaines de la nutrition, de la diététique et de les enfants en âge préscolaire dans le cadre de
la technologie alimentaire. l’action des Centres de Protection Maternelle et
infantile (PMI) et les Centres de Santé de Base
Bien que l’Institut ait réussi à mener plusieurs ac- (CSB), les élèves du primaire à travers les can-
tions de formation et de vulgarisation, le fait de tines scolaires, les jeunes filles rurales à travers
vouloir y intégrer toutes les disciplines et fonctions les centres de formation et les travailleurs des
qui concourent à l’alimentation et à la nutrition chantiers régionaux sous forme de complément
avec la complexité des parties prenantes en la de salaire.
matière a rendu la performance de ces travaux
jusqu’à 1975 sujettes à plusieurs critiques. Après Des aides en espèces sont également accor-
1975, il a focalisé ses travaux sur la formation de dées au titre du Programme National d’Aide aux
nutritionnistes, le traitement clinique de certaines Familles Nécessiteuses (PNAFN) mis en place
maladies et la vulgarisation via les médias (notam- comme mesure d’accompagnement au Plan
ment via la fameuse mission de « Dr. Hakim »). d’Ajustement Structurel. Des programmes d’as-
sistance plus orientés vers le soutien sous forme
Le rôle de l’INN est resté concentré autour de ces d’actions productives existent aussi : le Programme
activités jusqu’à maintenant. de la Famille Productive depuis 1981, le Programme
des Potagers Familiaux datant de 1985 et le Pro-
L’éclatement des politiques agricoles et alimen- gramme tuniso-italien de Lutte contre la Pauvreté
taires et des politiques nutritionnelles opéré au lancé en 1986.
milieu des années 1970 a conduit à une forme de
cloisonnement et de coordination faible entre les Leur démarche est différente en ce sens qu’ils
départements chargés de la conception et de la visent à créer une dynamique productive, en ap-
mise en œuvre de ces deux politiques et ce à nos portant un petit capital de départ, des moyens de
25. Khaldi R. Et Naili A, 1995. Analyse
jours. production et un certain encadrement. des politiques de la sécurité alimentaire
en Tunisie. In : Padilla M. (ed.), Le
Bihan G. (ed.). La sécurité alimentaire en
I.1.2.2. Les politiques de lutte contre la pauvreté • Les programmes régionaux de développe- Méditerranée. Montpellier : CIHEAM, 1995.
ment : les plus importants sont le Programme p. 91-109. (Options Méditerranéennes :
Série A. Séminaires Méditerranéens ; n.
Cette composante est l’un des moyens privilégiés Régional de Développement (PRD) et le Pro- 26. http://om.ciheam.org/om/pdf/a26/
CI951143.pdf

29
gramme de Développement Rural Intégré (PDRI). subvention des prix à la consommation et, dans
Le premier existe depuis 1973, le second a été une moindre mesure, du prix de certains intrants
initié en 1984. Leurs actions sont diversifiées et au niveau de la production agricole. Les recettes
touchent à la création d’infrastructures, d’équipe- de la CGC provenaient de taxes spéciales sur
ments collectifs et au lancement ou à la consoli- les produits pétroliers. Les produits subvention-
dation d’actions productives Individuelles. nés sont les céréales, le lait, l’huile, le sucre, la
viande bovine importée, le maïs et les tourteaux
La population pauvre, surtout en milieu ru- de soja (destinés à l’aviculture industrielle), le thé
ral, constitue la population-cible de ces pro- et le café. Les céréales représentent 70% des dé-
grammes. Ils mobilisent des ressources très penses de la CGC.
importantes et leur administration est deve-
nue de plus en plus complexe. Les subventions ont permis de contenir la hausse
des prix des produits alimentaires à 6%, malgré
Le PRD intervenait dans trois directions : l’accroissement des prix internationaux des pro-
duits importés et des prix à la production.
• La formation professionnelle de jeunes ruraux ;
• La création et la consolidation d’emplois par l’oc- Dans le contexte difficile du début des années 1980,
troi de prêts et de subventions ; on assiste en plus à une baisse de la production pé-
• L’amélioration des conditions de vie. trolière en même temps qu’à une diminution des prix

Le PDRI intervenait dans les mêmes domaines à sur les marchés mondiaux. À partir de 1983, on
l’exception de l’axe formation professionnelle. observe une baisse des recettes de la CGC et une
hausse brutale de son déficit.
I.1.2.3. Les politiques de subvention et de maîtrise
de l’inflation En 1984, le gouvernement tente d’introduire des
ajustements dans le sens de la hausse des prix des
La politique des prix des produits alimentaires produits céréaliers subventionnés (pain, semoule,
est un élément permanent de la politique écono- et pâtes alimentaires). Il se heurte à une opposi-
mique tunisienne. Selon les travaux de khaldi et tion violente et de masse.
Naili (1995), on peut distinguer trois périodes dans
l’évolution de la politique des prix. • La quête de l’efficacité (1984-1994) : à partir
de 1984, un débat s’instaure sur la question des
• Le blocage des prix et des salaires (1960- subventions, sur l’équité et sur l’efficacité du sys-
1970) : au cours de cette période, la politique de tème. Des positions contradictoires sont dévelop-
l’Etat en matière de prix à la production consistait pées, allant de la non-remise en cause de la ges-
en la fixation et le maintien des prix des produits tion de la CGC à sa suppression pure et simple.
agricoles à un niveau bas. Cette maîtrise des prix
a été possible grâce à une conjoncture favorable En 1986, la situation économique et financière du
des marchés internationaux qui a permis d’impor- pays se dégrade, le chômage s’aggrave et l’infla-
ter à bas prix certains produits (céréales, huile de tion atteint des niveaux record. L’Etat opte pour un
soja, etc.). D’un autre côté, cette politique a per- Plan d’Ajustement Structurel avec l’appui du FMI
mis de maintenir les salaires à un bas niveau. et des grands bailleurs de fonds internationaux.
• La mise en place des subventions (1970- Parmi les orientations principales de l’ajustement
1984) : en 1971, la Caisse Générale de Compen- structurel figurent la réduction des dépenses pu-
sation (CGC) est créée pour gérer un système de bliques et la compression de la demande. Ce qui

30
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

s’est traduit par des modifications dans la gestion mentaires sur la pauvreté (2013)(26) a démontré
de la CGC. Le principe du maintien de la poli- qu’en 2010, seules 9,2 % des subventions sont
tique des subventions n’a pas été remis en cause. orientées aux ménages les plus démunis, 60,5
Toutefois, plusieurs ajustements à la hausse ont % aux ménages de la classe moyenne, 7,5 %
été opérés au niveau des prix à la consommation à la population aisée, alors que 22,8 % sont
d’une manière moins brutale qu’en 1984. transférés hors ménages, notamment vers les
entreprises de restauration hors foyer. Les ana-
Certains produits ne figurent plus dans la liste lyses ont aussi confirmé que pour la population
des produits subventionnés (comme les viandes). défavorisée, environ 28,6% de la valeur apport
D’autres verront une élimination graduelle de la calorique total et 25,4% de la valeur apport pro-
subvention. Il s’agit, en particulier, des produits téique total proviennent de la subvention des pro-
jugés moins sensibles : sucre, céréales destinées duits de base. On conclut que l’état nutritionnel
à l’alimentation animale et engrais. Les seuls pro- des ménages tunisiens dépend fortement des
duits qui continuent après à être subventionnés subventions alimentaires.
sont les céréales d’alimentation humaine, l’huile
de graine et le lait. Selon la conjoncture internationale et nationale,
le budget de l’Etat continue à subir à des niveaux
Les prix à la production ont connu plusieurs ajus- différents la lourdeur de la subvention accordée
tements, certains prix ayant même été totalement aux produits de base alimentaire. Ce point sera
libérés (prix des viandes ovine et bovine). La ges- traité plus en détail dans la partie indicateurs ré-
tion de la CGC pose toujours des problèmes trospectifs de la sécurité alimentaire.
pour les finances publiques et aussi sur le plan
social et politique, d’autant plus que depuis I.1.3. Les politiques de préservation des
1987 les dépenses de la Caisse sont budgéti- ressources naturelles et de lutte contre
sées. les changements climatiques

Les responsables de cette politique s’interro- I.1.3.1. Politique de l’eau


geaient déjà à cette période sur l’efficacité du sys-
tème. Au moins sur trois aspects : La Tunisie a hérité de 4 barrages d’une capacité
globale de 383 hm3 depuis la période coloniale, à
• Globalement, la CGC semblait favoriser la savoir : (Barrage Kébir (1925), Barrage Beni Metir
consommation (voir le gaspillage parfois) des pro- (1954), Barrage Mellegue (1955), Barrage Medjer-
duits riches en calories (glucides et lipides végé- dah (1957).
tales). La répartition de la subvention par produit
montrait qu’elle a davantage profité aux ruraux Après l’indépendance, l’intérêt à la mobilisation
pour les produits caloriques et plutôt aux urbains des eaux via de nouveaux barrages a repris durant
pour les produits riches en protéines animales les années 1960 et a donné naissance au début
(lait, viandes et œufs) ; des années 1970 à quatre plans directeurs pour les
• Les classes de revenu les plus élevées profite- grandes régions hydrauliques du pays.
raient plus de la subvention, étant donné leurs
dépenses en termes absolus. Ces Plans Directeurs ont consacré l’option pour les 26. INS, 2013. Analyse de l’impact
grands barrages et le transfert des eaux du Nord vers des subventions alimentaires et des
programmes d’assistance sociale sur
La même situation perdurait jusqu’à nos jours. les grandes régions utilisatrices. Selon le bilan établi la population pauvre et vulnérable.
Plus récemment, une étude de l’Institut National en 1986, le total mobilisé par les grands barrages en http://www.ins.tn/publication/
analyse-de-limpact-des-subventions-ali-
de la Statistique sur l’impact des subventions ali- eau de surface serait de 1 275 hm3. mentaires-et-des-programmes-dassis-
tance-sociale

31
A côté de ces barrages, d’autres formes de mobi- I.1.3.2. Politiques de lutte contre les effets des
lisation existaient mais sont d’un apport marginal, changements climatiques
à l’instar des lacs collinaires (ou gouvernorat de
Bizerte ou dans la Haute-Medjerdah). Au total, les L’érosion des sols et la désertification sont deux
lacs collinaires mobilisaient 9 hm3 en 1986. phénomènes qui caractérisent le paysage agricole
national et impactent fortement la productivité
Durant la décennie 1990-2000, la Tunisie a da- des terres arables nationales.
vantage intensifié les efforts de mobilisation des
ressources en eau. En effet, une première stratégie A l’indépendance, la carte de l’érosion faisait
nationale de mobilisation des ressources en eau a apparaître que les terres érodées couvraient une
été conçue et mise en œuvre dont l’objectif prin- superficie de 3 millions d’Ha, dont 1,5 millions
cipal est la mobilisation de 85% du potentiel de d’Ha gravement affectés. On estimait à l’époque
ressources en eau, et ce à travers : les pertes annuelles de sols suite au phénomène
de l’érosion à 10000 ha annuellement. Certaines
• La réalisation de forages de reconnaissance et d’ex- estimations allaient même jusqu’à 25000 Ha/an.
ploitation et de piézomètres de contrôle et de suivi ;
• L’amélioration et le développement des réseaux Dans ce contexte, la Tunisie a entamé des ef-
de mesures et de suivi des ressources en eau ; forts d’aménagement des grands versants dès les
• La création de 21 barrages, 203 barrages colli- années 1960 et des projets de conservation des
naires et 580 lacs collinaires. eaux et du sol jusqu’au début des années 1980.

Ces efforts ont permis de mobiliser près de En 1984, une direction de conservation des eaux
4 655 Mm3, soit près de 90% des eaux mobili- et du sol a été créée au sein du Ministère chargé
sables dès 2006. de l’Agriculture avec des ramifications régionales
sous forme d’arrondissement au sein des CRDA.
Durant la décennie 2005-2015, les ressources mo- En 1986, le code de conservation des eaux et du
bilisées ont continué de progresser pour atteindre sol fut promulgué et en 1991, une stratégie natio-
95% du potentiel mobilisable en 2010 et 97% en nale de conservation des sols couvrant la décen-
2015. nie 1991-2000 a été mise en œuvre. Elle visait la
préservation d’un million d’Ha entre 1991 et 2000.
Parallèlement à cette mobilisation des ressources Cette stratégie reposait sur les objectifs straté-
en eau conventionnelles, le développement des giques suivants :
ressources en eau non conventionnelles est deve-
nu une question d’actualité, notamment ces der- • Réduire la perte des terres agricoles ;
nières années avec 3 pistes majeures : • Améliorer la fertilité des sols ;
• Récupérer les terres propres à la culture via l’ins-
• La réutilisation des Eaux Usées Traitées (EUT) ; tallation des jessours ;
• Le dessalement des eaux saumâtres y compris • Prolonger la durée de vie des barrages.
l’eau de mer ;
• La recharge artificielle des nappes.
Toutefois, malgré ces efforts et les investisse-
Des projets ont été déjà initiés dans ces 3 voies et ments entrepris, les terres érodées ont conti-
figurent dans les stratégies de l’eau de la Tunisie. nué à progresser pour dépasser les 5 millions
d’Ha durant les années 2000.

32
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

La fertilité des sols semble en même temps reculer pays tant au niveau socio-économique qu’au ni-
comme l’a montré l’étude des sols réalisé en 1996(27). veau environnemental.

En 2001, une deuxième stratégie a été mise en Consciente de ces enjeux, la Tunisie a été parmi
place couvrant la décennie 2001-2011. Elle a les premiers pays à avoir ratifié la Convention
Cadre des Nations Unies sur le Changement
contribué à réduire les terres agricoles altérés par
les érosions de manière à maintenir le stock de Climatique (CCNUCC) depuis 1993 et le Proto-
cole de Kyoto en 2002. Depuis, de nombreuses
terres cultivées autour de 4,8 millions d’Ha et les
terres de parcours à 4 millions d’Ha. initiatives ont été entreprises par les autorités tu-
La Tunisie, compte tenu de son climat intrinsèquement nisiennes avec l’appuicaractérisé
de la coopérationparinterna-
une
variabilité prononcée et une grande
Toutefois, les menaces continuent de peser lourd tionale.
aridité verra Néanmoins,
les ces
forçages activités
du aussi
changementmultiples
climatique accroîtront la vulnérabilité (28)
sur les sols en Tunisie étant donné que 46 % du pays tant soient-elles,
et variées au niveaunécessitent
socio-économique
aujourd’hui une
qu’au niveau environnemental. mise en cohérence et par voie de conséquence
des cultures sont réalisées sur des terres à fertilité
limitée ou trèsde
faible, la mise en place d’une Stratégie Nationale sur le
Consciente ceset enjeux,
près de 1100
la 000 ha sont
Tunisie a été parmi les premiers pays à avoir ratifié
lacultivés sur des terres
Convention Cadresensibles à l’érosion.
des Nations Unies sur le Changement
Changement Climatique (SNCC, 2012).
Climatique
(29)
(CCNUCC)
depuis 1993 et le Protocole de Kyoto en 2002. Depuis, de nombreuses
initiatives ont été Par ailleurs, la Tunisie vient d’élaborer en
I.1.3.3 Ratification de laentreprises par les autorités
Convention cadre tunisiennes avec l’appui de la
coopération internationale. Néanmoins, ces 2022, une nouvelle
activités aussistratégie
multiplesde neutralité
et variéescar-
des Nations Unies
soient--­‐elles, nécessitent aujourd’hui une mise bone et
endecohérence
résilience au et
changement
par voieclima-
de
conséquence la mise en place d’une Stratégie Nationale sur
tique à l’horizon 2050. le Changement
La Tunisie, compte
Climatique (SNCC, tenu de son
2012). 29 climat intrinsè-

quement caractérisé par une variabilité prononcée Cette stratégie se base sur la vision et les axes
Par ailleurs,
et une grandelaaridité
Tunisie vient
verra d'élaborer
les forçages en 2022, une nouvelle stratégie de neutralité
du chan- stratégiques suivants :
carbone
gement climatique accroîtront la vulnérabilité du climatique à l’horizon 2050.
et de résilience au changement

Cette stratégie se base sur la vision et les axes stratégiques suivants :

27. MARHP - Elaboration de la nouvelle


stratégie d’aménagement et de conserva-
tion des terres agricoles / Rapport final de
la nouvelle stratégie

28. ITES, Revue stratégique de la


sécurité alimentaire et nutritionnelle en
Tunisie, 2017

29. GIZ, Ministère de l’Equipement,


Source : stratégie de neutralité carbone et de résilience au changement climatique à de l’Aménagement du Territoire et du
l’horizon
Source 2050
: stratégie de neutralité carbone et de résilience au changement climatique à l’horizon 2050 Développement Durable, 2012. Stratégie
Nationale sur le Changement Climatique,
Notons à ce niveau, que le secteur de l’Agriculture (y compris les forêts) figure
dans la deuxième place dans la liste des secteurs émetteurs de gaz à effet de
serres (après le secteur de l’Energie). 33

                                                                                                                       
29
 GIZ,  Ministère  de  l’Equipement,  de  l’Aménagement  du  Territoire  et  du  Développement  Durable,  2012.  
Stratégie  Nationale  sur  le  Changement  Climatique,    
Notons à ce niveau, que le secteur de l’Agricultu- tionale pour renforcer la sécurité ali-
re (y compris les forêts) figure dans la deuxième mentaire.
place dans la liste des secteurs émetteurs de gaz
à effet de serres (après le secteur de l’Energie). Les fragilités, insuffisances et blocages :

CONCLUSION PARTIELLE – • La politique alimentaire est restée trop


REVUE DES POLITIQUES centralisée et peu inclusive, à l’image
IMPACTANT LA S.A de l’ensemble des politiques publiques
du pays ayant contribué au creusement
La revue des politiques alimentaires et des des inégalités sociales et inter-régio-
autres politiques impactant directement nales jusqu’à 2011 ;
ou indirectement la sécurité alimentaire, • Le nexus entre les politiques alimen-
montre des réussites et des points forts sur taires, de la santé et nutritionnelle
lesquels, la Tunisie doit et peut continuer est resté négligé ce qui a favorisé des
à compter mais aussi une série d’insuffi- tendances de consommation entravant
sances et de fragilités qui sont liées à des l’amélioration de la sécurité alimen-
évolutions internes et externes qu’il faut taire en Tunisie et une non-utilisation
considérer dans la prospective de la sécu- optimale des ressources de la finance
rité alimentaire du pays à l’horizon 2035. publique (subventions, etc.) ;
• Une sécurité alimentaire basée sur
Les leviers positifs à préserver et à ren- l’amélioration de la disponibilité (via
forcer : une politique d’autosuffisance puis une
politique mixte d’autosuffisance pour
• Un savoir-faire de l’administration et certains produits et de recours à l’im-
des organismes institutionnels dans la portation pour d’autres) et de l’accès
conception de politiques publiques et (via des mécanismes artificiels favori-
la réussite de leur implémentation ; sant la distorsion des prix et l’opportu-
• Un souci d’équilibre permanant entre nisme des intermédiaires) aux dépends
les dimensions économiques et so- parfois des dimensions utilisation et
ciales dans le modèle de développe- durabilité ;
ment global poursuivi jusqu’à 2018 ; • Une agriculture fragilisée par les pro-
• Un savoir-faire et un effort louable en blèmes fonciers, les effets des change-
matière de préservation des ressources ments climatiques et la faible intégra-
en sols et de développement des res- tion des agriculteurs dans des formes
sources hydriques jusqu’à 2010 ; d’organisation viables et rentables
• Un bon développement de la produc- (coopératives, etc.) ;
tion agricole et des industries agroali- • Une faible organisation des filières stra-
mentaires ; tégiques, notamment au niveau de la
• Une préservation du pouvoir d’achat gouvernance et de l’équité de distribu-
et une certaine maîtrise de l’inflation tion des richesses (aux dépends sou-
couplée à des augmentations salariales vent des agriculteurs et des consom-
périodiques jusqu’à 2018 ; mateurs) ;
• Interventionnisme fort de la part de • Une disponibilité et un accès à l’ali-
l’Etat pendant les moments de crises mentation améliorées à travers le
locaux, nationaux ou d’origine interna- temps non pas grâce à un équilibrage

34
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

intelligent de l’offre et de la demande i) Ressources naturelles


mais grâce à un recours fort aux res-
sources financières de l’Etat (subven- Si le stock de terres cultivées et de parcours a
tion à la production, compensation, été maintenu grâce aux investissements lourds de
etc.) ; conservation des eaux et du sol, la fertilité de ces
• Un pouvoir d’achat maintenu par une dernières semble continuer de baisser au cours du
politique contrôlée des prix couplée à temps.
des augmentation salariales et à un fort
investissement dans des mécanismes Par ailleurs, durant les vingt dernières années,
artificiels de régulation des marchés. plusieurs études sur l’impact de la salinisation des
sols, notamment dans les périmètres irrigués, et
sur l’impact de l’érosion ainsi que la désertifica-
tion ont été conduites. Elles indiquent (avec de
II. Analyse légères variations d’une étude à l’autre) que :
rétrospective de la
sécurité alimentaire • L’érosion hydrique qui affecte le Nord et le centre
du pays menace à des degrés différents 2,6 Mil-
La révision des indicateurs a porté sur leur élargisse- lions d’ha dont plus de 1 million d’ha est touché
ment en incluant les quatre dimensions de la sécurité par une érosion forte à moyenne ;
alimentaire : la disponibilité, l’accès, l’utilisation et la • Dans le centre et le Sud l’érosion éolienne, conju-
stabilité. Plusieurs études ont traité ces dimensions guée avec l’érosion hydrique, affecte d’une façon
plus ou moins en détail (SOLIDAR et PAM,2020; forte à moyenne environ 5,5 millions d’ha (source
ITES, 20175(30); etc.). D’autres ont même intégré les : Stratégie de lutte contre la désertification) ;
composantes sociales de lutte contre la pauvreté, • Pour la Tunisie méridionale, 25% des terres pro-
comme élément essentiel de l’évaluation de la sé- ductives subissent une forte désertification et
curité alimentaire (INS,2013(31) ; Khaldi, 1995(32),etc.). 40% une désertification moyenne ;
• La salinisation secondaire affecte à des degrés dif-
férents plus de 30% des terres irriguées, soit au- 30. ITES, 2017.Revue stratégique sur
la sécurité alimentaire et nutritionnelle
tour de 100 000 ha concentrés dans les grandes
II.1. Macro-concept 1 : plaines alluviales (Basse, Moyenne et Haute val-
en Tunisie.

Disponibilité alimentaire lée de la Medjerda, le Kairouanais) et les oasis. 31. INS, 2013. Analyse de l’impact
des subventions alimentaires et des
programmes d’assistance sociale sur
La superficie agricole utile est estimée à 5,3 la population pauvre et vulnérable.
http://www.ins.tn/publication/
La contribution du secteur agricole au PIB tunisien millions d’Ha dont 4,9 millions d’Ha (93%) la- analyse-de-limpact-des-subventions-ali-
est à la baisse. Elle est passée de 20, 8% en 1965 bourables (SAU), le reste (387 300 Ha) étant mentaires-et-des-programmes-dassis-
tance-sociale
à 10,2% en 2020 atteignant 13,5 % en comptabili- des terres de parcours et de pâturages.
sant le secteur agro-alimentaire. Depuis 2011, son 32. Khaldi R. Et Naili A, 1995. Analyse
des politiques de la sécurité alimentaire
évolution reste favorable de +2,8% en moyenne L’enquête agricole 2004-2005 montre que les
(33)
en Tunisie. In : Padilla M. (ed.), Le Bihan
contre une évolution moyenne de 1,4% pour le terres labourables sont restées presque stables G. (ed.). La sécurité alimentaire en
Méditerranée. Montpellier : CIHEAM, 1995.
secteur agro-alimentaire (INS). avec quelques changements mineurs dans l’occu- p. 91-109. (Options Méditerranéennes :
pation du sol. Série A. Séminaires Méditerranéens ; n.
26. http://om.ciheam.org/om/pdf/a26/
Les performances du secteur agricole dé- CI951143.pdf
pendent de plusieurs facteurs naturels et Les ressources en eau du pays sont limitées
structurels qui influent directement sur les 33. Enquête sur les Structures des
en raison des faibles pluviométries, mais su- Exploitations Agricoles 2004-2005 Mi-
disponibilités alimentaires. rexploitées par le secteur agricole qui utilise nistère de l’Agriculture et des Ressources
Hydrauliques

35
80 % de ces ressources. Selon des chiffres fecte les rendements des cultures, mais risque
officiels, l’eau souterraine est prélevée à hau- de dégrader sur le long terme et d’une manière
teur de 3,745 milliards de mètres cubes. Dans souvent irréversible la structure des sols irri-
le détail, les nappes phréatiques (914 millions de gués. Ce phénomène est accentué par l’excès
mètres cubes (m3), sont exploitées au fort taux de d’eau ou hydromorphie.
118,7%, la nappe profonde (1 922 m3) à hauteur
de 134,3% et les nappes profondes non renouve- ii) Production agricole
lables (fossiles 909 m3) à hauteur de 130,2%. Ce
qui est considérable. A l’origine les forages anar- La SAU est répartie en moyenne à raison de
chiques ou illicites. 56% d’arboriculture (Fruits et olives), 27% de
céréales, 10% de fourrages, 4% de légumes,
Le volume de l’eau par surexploitation des 2% de légumineuses et 0,4% de cultures in-
aquifères est estimé à 480 Mm3/an, soit 24 % des dustrielles pour lesquelles on enregistre entre
prélèvements totaux d’eaux souterraines. Par ail- 2010 et 2018 seulement un accroissement
leurs, les eaux sont affectées à des degrés divers pour l’arboriculture (6%) contre une réduc-
par la salinité. tion de 6% pour les céréales, 5% pour les lé-
gumes et 3% pour les fourrages.
L’utilisation à grande échelle des eaux moyen-
nement à fortement
accroissement salées en irrigation
pour l’arboriculture (6%)af-contre une réduction de 6% pour les céréales,
5% pour les légumes et 3% pour les fourrages.
Fig.5 : Evolution de la superficie cultivée par culture (1000ha)
Fig.5 : Evolution de la superficie cultivée par culture (1000ha)

10000  
9000  
8000  
7000  
6000  
5000  
4000  
3000  
2000  
1000  
0  
2004   2005   2006   2007   2008   2009   2010   2011   2012   2013   2014   2015   2016   2017   2018  

   Céréales‫ا‬ Fourrages     Légumineuses   Légumes     Cultures  industrielles  et  autres   Fruits   Total    

Source : Données ONAGRI Source : Données ONAGRI

Par ailleurs, si l’ensemble des besoins en produits agricoles est couvert par la
Par ailleurs,nationale
production si l’ensemble
à des besoins
raison pro- la Les
deen70%, céréales
Tunisie (blé dur et tendre,
demeure orge), principal des
très dépendante
duits agricoles est couvert par la production constituant
marchés mondiaux pour répondre à une demande croissante notamment du régime alimentaire des Tuni- de
nationaled’huiles
céréales, à raison végétales
de 70%, la Tunisie
et de demeure
sucre. siens, accaparent la part la plus importante de
très dépendante des marchés mondiaux pour la valeur des importations (65% en moyenne)
Les répondre
céréales à (blé dur et tendre,
une demande orge),
croissante, principal
notam- constituant
suivies des sucres du régime
et des huiles alimentaire
végétales. des
Tunisiens, accaparent la part la plus importante
ment de céréales, d’huiles végétales et de de la valeur des importations (65% en
moyenne)
sucre. suivies des sucres et des huiles végétales.
Fig.6 : Evolution des importations des principaux produits alimentaires (MD)

10  000,0  
36
9  000,0  

8  000,0  
2004   2005   2006   2007   2008   2009   2010   2011   2012   2013   2014   2015   2016   2017   2018  

   Céréales‫ا‬ Fourrages     Légumineuses   Légumes     Cultures  industrielles  et  autres   Fruits   Total    

Source : Données ONAGRI

Par ailleurs, si l’ensemble des besoins en produits agricoles est couvert par la
production nationale à raison de 70%, la Tunisie demeure très dépendante des
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

marchés mondiaux pour répondre à une demande croissante notamment de


céréales, d’huiles végétales et de sucre.

Les céréales (blé dur et tendre, orge), principal constituant du régime alimentaire des
Tunisiens, accaparent la part la plus importante de la valeur des importations (65% en
moyenne) suivies des sucres et des huiles végétales.
Fig.6 : Evolution des importations des principaux produits alimentaires (MD)
Fig.6 : Evolution des importations des principaux produits alimentaires (MD)

10  000,0  

9  000,0  

8  000,0  

7  000,0  

6  000,0  

5  000,0  

4  000,0  

3  000,0  

2  000,0  

1  000,0  

 0,0  
2005   2006   2007   2008   2009   2010   2011   2012   2013   2014   2015   2016   2017   2018   2019   2020   2021  
 Blé  dur      Blé  tendre    Orge      Mais    
 Pomme  de  terre    Viande      Laits  et  dérivés    Huiles  végétales  
 Sucre      Tourteaux  de  Soja   Total  

Source : Données INS


39  
 
Les importations de ces produits de base croient dans le développement économique et social
à un rythme de 48,7%, 73,2% et 41,5% respec- de la Tunisie étant donné ses contributions
tivement pour les céréales, l’huile végétale et le significatives au PIB, à la création d’emplois,
sucre (Annexe 2), conduisant au déficit chronique à l’équilibre de la balance commerciale, à la
de la balance alimentaire et ce, malgré la hausse sécurité alimentaire et nutritive et à l’investis-
des exportations de l’huile d’olive (+33,2%), dont sement. En effet :
le prix moyen a connu une forte amélioration de
32,1% (ONAGRI). • Le secteur contribue à hauteur de 8% à la pro-
duction agricole et bénéficie de 11% de l’investis-
iii. Le Secteur de la Pèche et de l’Aquaculture sement agricole ;
• Au niveau social, la pêche et l’aquaculture em-
Le potentiel halieutique Tunisien s’étend sur 2290 ploient environ 100 000 personnes (emplois directs
km, entre côtes et rivages, renfermant 40 ports et indirects) dont 54 000 pêcheurs (emploi direct) ;
de pêche, deux étant en cours de construction. • Les exportations représentent 13% des expor-
La Pêche occupe une place prépondérante sur tations agroalimentaires (2018) et en moyenne
le plan socio-économique. Il s’agit d’une activité 43% de la production nationale. Par ailleurs, ce
largement ancrée dans la culture et les traditions groupe occupe le 10e rang dans les exportations
tunisiennes, plus particulièrement auprès des po- agricoles ;
pulations littorales. • Les importations ne portent que sur certains pro-
duits de niche restreinte. Les échanges de pro-
Le secteur halieutique joue un rôle important duits de la pêche contribuent significativement à

37
l’équilibre de la balance commerciale, grâce aux Les résultats du secteur halieutique sont marqués
soldes positifs tout au long de la période 2008- sur la longue période par :
2018.
• Une augmentation du volume de la production
Confronté à une « raréfaction » des espèces et halieutique, attribuable surtout à la production
surtout à une demande croissante, le secteur aquacole ;
de l’aquaculture a pris de l’ampleur en Tunisie • Les fortes augmentations des valeurs, résultant
puisque la production est passée de 3400 tonnes notamment de la hausse des prix moyens ;
• Les fortes augmentations
en 2007 à 21 768 tonnes des valeurs,
en 2018, résultant
ce qui repré- notamment
• Une tendance de
à la stagnation du ladeshausse
volume ex- des prix
moyens ; sente environ 16% de la production nationale de portations ;
produits de la pêche. • Une tendance à la baisse du volume des importa-
• Une tendance à la stagnation du volume destions exportations
; ;
• Une tendance Au à la41baisse
total, du volume
sites sont installés des importations
et génèrent 2000 ;
• Une balance commerciale excédentaire.
• Une balance emplois (directs & indirects). Il est d’ailleurs pré-
commerciale excédentaire.
vu que la production atteigne 45 000 tonnes en La production, estimée en 2018 à environ 134
2030. Mais, d’ores et déjà, des questions de fond mille tonnes, s’inscrit en progression sur la longue
La production, estimée en 2018 à environ 134 période,
se posent dont la plus prégnante est celle rela- mille grâce
tonnes, s’inscrit
à l’évolution remarquableen des progression
pro- sur
tive à l’interaction de cette activité avec le milieu duits aquacoles dont la part dans la production
a longue période, grâce à l’évolution remarquable
et surtout son intégration dans un plan durable
des produits aquacoles dont la part
halieutique est passée de 3% en 2008 à 17% en
dans la production halieutique
d’aménagement côtier. est passée de 3% en 2018.2008 à 17% en 2018.

En 2018, la pêche et l’aquaculture représen- Les captures ont quant à elles progressé à un
Les captures ont taient
quant à elles progressé à un
un chiffre d’affaires de 1221 millions
rythme faible, mais qui dépasse les
rythme faible, mais qui dépasse les exigences
exigences d’une exploitation rationnelle
de dinars pour une production de des ressources
134 mille ; le dérapage
d’une exploitation ayant commencé
rationnelle des ressources
en 2011, avec l’expansion
tonnes. de la pêche anarchique ; le dans
dérapageun contexte
ayant commencé en post-révolution.
2011, avec
l’expansion de la pêche anarchique dans un
contexte post-révolution.
Fig.7 : Evolution de la production de la pêche et de l'aquaculture en Tunisie
Fig.7 : Evolution de la production de la pêche et de l’aquaculture en Tunisie

38
a production de produits de la mer transformés, constituée principalement des
conserves de thon et de sardine et des semi-conserves d’anchois, est estimée à environ
5 mille tonnes par an, avec une progression pour les conserves de thon et d’anchois et
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

La production de produits de la mer transformés, constituée principalement des


conserves de thon et de sardine et des semi-conserves d’anchois, est estimée à environ
15 mille tonnes par an, avec une progression pour les conserves de thon et d’anchois et
La production de produits de la mer transformés, estimée à environ 15.000 tonnes par an, avec une
une régression pour les conserves de sardines.
constituée principalement des conserves de thon progression pour les conserves de thon et d’an-
et de sardine et des semi-conserves d’anchois, est chois et une régression pour les conserves de sar-
Tableau 2 : Production, Exportation et Importations dines. des Produits de la Pêche et de
Tableau
l'Aquaculture2 : Production, Exportation et Importations des Produits de la Pêche et de l’Aquaculture
2 012 2 013 2 014 2 015 2 016 2 017 2 018
Production
- En 1000 T 118 122 127 132 127 130 134
- En MD 466 540 637 736 828 1 015 1 221
Exportation
- En 1000 T 25,3 21,4 21,1 20,8 20,9 20,3 27
- En MD 292,2 285 300,7 326,5 339,9 410,4 527,4
Importation
- En 1000 T 47,1 37,3 39,5Source26,9 31,5 du Commerce
: Statistiques 29,5 44,9
Extérieur
- En MD 128,1 121,6 128,1 110,7 147,0 159,9 248,6
estimation de Balance
la consommation apparente
commerciale (X-M) des Produits de la Pêche et de
et Taux de couverture
(T/X)
aquaculture par -habitant
X-M
en164,1
Tunisie163,4
faite par172,6
la FAO
215,8
est 192,9
de 12kg environ,
250,5 278,8
soit une
moyenne bien en - X/M
deçà de la moyenne
228% 234% mondiale
235% (20.4 kg/habitant)
295% 231% 257% et des
212% niveaux
bservés dans les pays de la rive sud de: la
Source Méditerranée.
Statistiques du Commerce Extérieur 41  
 
es enquêtes consommation réaliséesapparente
L’estimation de la consommation par l’INS des estiment
Les enquêteslaconsommation
consommation par
réalisées par l’INShabitant
t les dépenses Produits
des ménages
de la Pêche et par observation
de l’aquaculture par habi- directe,
estimentet avancentpardes
la consommation taux
habitant et lesinférieurs
dé- à
eux de la FAO tantet surtout
en Tunisie une
faite par la FAObaisse
est de 12kg en 2015,penses
environ, avec une répartition
des ménages régionale
par observation directe, et très
soit une moyenne bien en deçà de la moyenne avancent des
éséquilibrée, puisque la consommation dans les régions intérieures ne dépasse pas 1,5 taux inférieurs à ceux de la FAO et
mondiale (20.4 kg/habitant) et des niveaux obser- surtout une baisse en 2015, avec une répartition
g/habitant/an.
vés dans les pays de la rive sud de la Méditerra- régionale très déséquilibrée, puisque la consom-
née. mation dans les régions intérieures ne dépasse
pas 1,5 Kg/habitant/an.
Fig.8 : Evolution de la demande intérieure des produits tunisiens de
Fig.8 : Evolution de la demande intérieure des produits tunisiens de la pêche
la pêche

Source : ONAGRI - DGPA


Source : ONAGRI - DGPA
Enfin, il y a lieu de souligner qu'une Stratégie Nationale de Développement de la 39
Pêche et de l’Aquaculture a été mise en place afin d’assurer le développement
durable du secteur et d’améliorer ses performances, en relation avec : (i) La lutte
contre la pêche anarchique et la préservation des richesses halieutiques ; (ii)
Enfin, il y a lieu de souligner qu’une Stratégie présentant 20,4% du tissu industriel manufacturier
Nationale de Développement de la Pêche et de en Tunisie. 207 de ces entreprises sont totalement
l’Aquaculture a été mise en place afin d’assurer le exportatrices (19,3% du total secteur) et 864 sont
développement durable du secteur et d’améliorer autres que totalement exportatrices. Ce secteur
ses performances, en relation avec : (i) La lutte emploie 76370 personnes, soit 14,6% du total de
contre la pêche anarchique et la préservation des l’emploi industriel. Etant un maillon fort de l’indus-
richesses halieutiques ; (ii) L’exploitation respon- trie en Tunisie, le secteur des IAA n’a cessé d’attirer
sable et rationnelle
• La qualitédes etpêcheries
la sécurité; (iii) L’améliora-
sanitaires ;les nouvelles créations d’entreprises.
tion• deLela développement
qualité. régional.
• La production et la Valeur Ajoutée : en 2019,
En 2020, les industries agroalimentaires IAA comportent 1071 entreprises de plus de 10
iv. Le secteur des industries alimentaires le secteur des IAA a accusé un recul de 14,8%
emplois représentant 20,4% du tissu industriel manufacturier en Tunisie. 207 de ces
de la production par rapport à 2018. En effet,
entreprises sont totalement exportatrices (19,3% du total secteur) et 864 sont autres
Le secteur des industries agroalimentaires est le ce secteur est fortement dépendant des aléas
que totalement exportatrices. Ce secteur emploie 76370 personnes, soit 14,6% du total
2èmeindustriel.
de l’emploi secteur industriel
Etantsurun lesmaillon
plans de lafort climatiques,en
pro-de l’industrie de Tunisie,
la saisonnalité et de la produc-
le secteur des IAA
n’a cesséduction et de la
d’attirer lesvaleur ajoutée. Ilcréations
nouvelles contribue à envi- tion agricole annuelle.
d’entreprises.
ron 3% du PIB. Ce secteur représente aussi 20%
Ø La production et la Valeur Ajoutée : en 2019, le secteur des IAA a accusé un
du tissu industriel et se trouve en 2ème position La part de la valeur ajoutée des IAA dans les in-
recul de 14,8% de la production par rapport à 2018. En effet, ce secteur est
après le secteur dépendant
fortement textile et habillement. desIl aléas
emploie climatiques,
dustries manufacturières a atteint plus de et
de la saisonnalité 20%de la
plus 14% de la main d’œuvre
production agricole annuelle. industrielle et c’est en 2015 car la valeur ajoutée de l’industrie manu-
le 3ème plus grand employeur industriel en Tuni- facturière a faiblement augmenté par rapport au
La part de la valeur ajoutée des IAA dans les industries manufacturières a
sie. En effet, c’est un secteur stratégique et vital montant de la valeur ajoutée de l’industrie agroa-
atteint plus de 20% en 2015 car la valeur ajoutée de l’industrie
reposant sur 4 critères :
manufacturière a faiblement augmenté par rapport au montant de la
limentaire. Mais durant les 4 années suivantes,
valeur ajoutée de l’industrie agroalimentaire. la croissance deMais la valeur ajoutée de
durant lesl’industrie
4 années
• La valorisation
suivantes, ladecroissance
la production agricole
de la ; valeur ajoutée
manufacturière
de al’industrie
été plus élevéemanufacturière
que celle de l’in- a
• La plus
été sécuritéélevée
alimentaireque ; celle de l’industriedustrie agroalimentaire et et
agroalimentaire parpar
conséquent la part la
conséquent
• La qualité
part de la et la sécurité ajoutée
valeur sanitaires ; dans les industries de la valeur ajoutée dans les industries
manufacturières manufac- pour
a diminué
atteindre uniquement
• Le développement régional. 19% en 2018. Enturières valeur absolue,
a diminué la valeur
pour atteindre ajoutée
uniquement 19% des
IAA a faiblement augmenté avec un taux de moins de 10% les trois
en 2018. En valeur absolue, la valeur ajoutée des dernières
années.
En 2020, les industries agroalimentaires IAA com- IAA a faiblement augmenté avec un taux de moins
portent 1071 entreprises de plus de 10 emplois re- de 10% les trois dernières années.
Fig 9. Evolution de la Valeur Ajoutée (prix de l’année précédente en %)
Fig 9. Evolution de la Valeur Ajoutée (prix de l’année précédente en %)

16  
14  
14  
12  
10  
8  
6   4,6   4,9  
4,0  
4  
1,2   1,5  
2   1,2  
0,6  
0  
-­‐2   2010   2011   2012   2013   2014   2015   2016   2017   2018   2019  

-­‐4   -­‐2,7  
-­‐3,9  
-­‐6  

Source : Ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Energie


Source : Ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Energie

Ø Le commerce extérieur et les investissements : Le taux de couverture de


40 l’industrie agroalimentaire est toujours supérieur à 1 sauf pour l’année 2017
durant laquelle les importations étaient supérieures aux exportations. Ceci

43  
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

• Le commerce extérieur
peut être et lespar
expliqué investisse- tations
l’augmentation desétaient
courssupérieures aux exportations.
des matières premières
importées : blé, sucre, huiles,
ments : le taux de couverture de l’industrieetc. Ceci peut être expliqué par l’augmentation des
agroalimentaire est toujours supérieur à 1 sauf cours des matières premières importées : blé,
pour l’année 2017 durant laquelle les impor- sucre, huiles, etc.

Figbalance
Fig 10. Evolution de la 10. Evolution de la balance alimentaire
commerciale commerciale alimentaire
4500    5,00    
3  840  
4000  
3500   3  068    4,00    
3000   2729   2751   2797  
2  489    3,00    
2500   2  021   1969  
2000  
 2,00    
1500  
1000    1,00    
140%  
500   103%   91%   110%  
0    -­‐        
2016   2017   2018   2019  
export  (MD)   import  (MD)   taux  de  couverture  en  %  

Source : Source
Ministère :de
Ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Energie
l’Industrie, des Mines et de l’Energie

Du coté des investissements, le secteur des IAA treprises. Ce montant des investissements résulte
Du coté des
accaparait investissements,
en 2019 la plus grande le
partsecteur
des in- desd’une
IAA baisse
accaparait en32,1%
annuelle de 2019 deslainvestissements.
plus grande
part des investissements avec 702,3 MDT, soit environ 24% du total de l’investissement
vestissements avec 702,3 MDT, soit environ Malgré ces derniers, une baisse de 52,6% des inves-
industriel dont 47% sont destinés aux projets de créations d’entreprises. Ce montant
24% du total de l’investissement industriel dont tissements dans le cadre des industries totalement
des investissements résulte d’une baisse annuelle de 32,1% des investissements. Malgré
47% sont
ces destinés aux projets
investissements, une de créations
baisse ded’en-
52,6% exportatrices a été constatée.
des investissements dans le cadre des
industries totalement exportatrices a été constatée.
Fig 11. Evolution des Investissements (prix courant en MD)

650   620  
Fig 11. Evolution des Investissements (prix courant en MD) 590  
600  
530  
550  
475  
500  
435   440  
425  
450  
375  
400  
341  
350   298  
300  
250  
200  
2010   2011   2012   2013   2014   2015   2016   2017   2018   prévisions  
2019  

Source : Source
Ministère :deMinistère de l’Industrie, des mines et de l’Energie
l’Industrie, des mines et de l’Energie

44  
v.
  Mécanismes de régulation des disponibilités

Le système actuel des subventions alimentaires repose essentiellement sur différents


mécanismes de compensation des coûts d’importation, de transformation et de
commercialisation des produits par rapport à des prix de cession administrés.
Les produits bénéficiant de la subvention de l’Etat sont les céréales, les huiles 41
végétales, le lait et le sucre.
L’ensemble des subventions des céréales accaparent près de 76% des subventions
alimentaires et les huiles végétales 11%.
2019  

Source : Ministère de l’Industrie, des mines et de l’Energie

canismes de régulation des disponibilités

tème actuel des subventions alimentaires repose essentiellement sur différents


nismes de compensation des coûts d’importation, de transformation et de
ercialisation des produits
v. Mécanismespar rapport
de régulation à des prix
des disponibilités Lesde cession
produits bénéficiantadministrés.
de la subvention de
l’Etat sont les céréales, les huiles végétales, le
oduits bénéficiantLe système
de actuel
la subvention de l’Etat
des subventions alimentaires
sont les céréales, les huiles
lait et le sucre.
ales, le lait et le sucre.
repose essentiellement sur différents méca-
mble des subventions nismes dedes céréales
compensation des coûts accaparent
d’importa- L’ensembleprès de 76%
des subventions des subventions
des céréales acca-
tion, de transformation et de commercialisation parent près de 76% des subventions alimentaires
ntaires et les huiles végétales 11%.
des produits par rapport à des prix de cession et les huiles végétales 11%.
administrés.

Fig 11.subvention
Fig.12 : Part de la Evolution des Investissements (prix courant en
par produit (%)MD)

1%  
5%  
1%  
11%   Céréales  
Lait  
11%   Huiles  végétales  
Sucre  
Pates  et  couscous  
71%  
Autres  produits  

Source : Ministère de l’Industrie, des mines et de l’Energie


Source : Données du Ministère du commerce
L’évolution de l’ensemble des subventions ali- dettement public qui ne cesse de croître. Le poids
mentaires n’a cessé de progresser ces dernières moyen de ces subventions dans le PIB a augmen-
années dans un contexte budgétaire difficile, ca- té de 1.3% entre 2007-2010 à 1.8% du PIB entre
ractérisé par un déficit public important et un en- 2011-2019.
ution de l’ensemble des subventions alimentaires n’a cessé de progresser ces
Fig.13 : Evolution des dépenses de la CGC en MD, 2005-2019
res années dans un contexte budgétaire difficile, caractérisé par un déficit
important et un endettement public qui ne cesse de croître. Le poids moyen
s subventions dans le PIB a augmenté de 1.3% entre 2007-2010 à 1.8% du PIB
2011-2019.

Fig.13  :  Evolution  des  dépenses  de  la  CGC  en  MD,  2005-­‐2019  
45  

 
                                                             Source : Données de la Banque Centrale de Tunisie
Source : Données de la Banque Centrale de Tunisie
La CGC est devenue aujourd’hui un mécanisme de régulation à double tranchant,
d’un côté, elle maintient les prix dans un niveau acceptable pour les citoyens au prix
42 d’une pression sur le budget de l’Etat et de l’autre, elle maintient une distorsion des
prix accentuant un fonctionnement non optimal dans plusieurs filières alimentaires
(dérivés de céréales, lait, etc.) limitant ainsi leur développement.

Depuis 2011, dans un contexte post-révolution, le débat sur la Caisse Générale de


INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

La CGC est devenue aujourd’hui un mécanisme tés industrielles de transformation afin de valoriser
de régulation à double tranchant, d’un côté, elle les récoltes et faciliter la conquête de nouveaux
maintient les prix dans un niveau acceptable pour marchés à l’export. Ces filières sont restructurées
les citoyens au prix d’une pression sur le budget au niveau des principaux bassins de production
de l’Etat et de l’autre, elle maintient une distorsion à travers l’implantation de nouvelles unités in-
des prix accentuant un fonctionnement non op- dustrielles de transformation et de plateformes
timal dans plusieurs filières alimentaires (dérivés logistiques au niveau des régions pour valoriser
de céréales, lait, etc.) limitant ainsi leur dévelop- les produits agricoles et optimiser les circuits de
pement. conditionnement et de distribution.

Depuis 2011, dans un contexte post-révolution, A l’origine, ces industries étaient naturelle-
le débat sur la Caisse Générale de Compensa- ment très dépendantes de l’agriculture et se
tion refait surface à l’occasion des discussions limitaient le plus souvent à de simples acti-
de chaque loi de finance. Ce débat est en grande vités de conditionnement et de stockage. Ce
partie impulsé par les difficultés croissantes au ni- schéma est longtemps resté dominant, jusqu’à
veau des finances publiques mais aussi sous l’effet ce que les procédés se perfectionnent et que
des pressions exercées par les organisations inter- des services diversifiés se développent. Les
nationales, notamment la Banque Mondiale et le IAA s’éloignent maintenant d’une simple ges-
Fonds Monétaire International. Ces organisations tion de la production agricole.
préconisent, en effet, l’élimination des subven-
tions alimentaires supposées inefficaces et de les II.2. Macro-concept 2 : Accès aux
remplacer par des « programmes sociaux exclu-
sivement destinés aux pauvres et nécessiteux ».
denrées alimentaires
Éliminer les subventions alimentaires et contrôler
i) L’accès Physique
les salaires dans le secteur public permettraient,
selon le FMI, de libérer des ressources pour plus
Les canaux de distribution aux consommateurs
d’investissement public.
sont multiples :
Vi. Capacités de stockage et besoin de
• Des canaux ultra-courts qui concernent les
transformation
ventes directes du producteur au consomma-
teur ;
D’une façon générale, le pays souffre d’une in-
• Des canaux qui comportent un ou plusieurs in-
suffisance chronique au niveau des capacités de
termédiaires entre le producteur et le consom-
stockage, limitées à 3 mois.
mateur.
Ce problème de stockage se pose également pour
Les circuits de distribution font intervenir plusieurs
d’autres produits de base à l’instar des pommes
types d’acteurs : des grossistes, des détaillants et
de terre dont les capacités, selon le GIL, restent
la grande distribution.
limitées à 10000T/an assuré par le GIL et 30000T
par les privés.
On compte 100 marchés de production et de gros
des fruits et légumes ; 35 marchés de gros des
Face à une surproduction notable et structurelle
poissons ; 241 marchés de détails dont 16 pour les
dans certaines filières agricoles (dattes, olives, to-
poissons ; 148 marchés aux bestiaux ; 217 abat-
mates, agrumes, etc.), le secteur des IAA mobilise
toirs des viandes rouges. Le secteur privé dispose
davantage de moyens pour créer de nouvelles uni-
du monopole de la totalité des circuits de distri-

43
bution des produits avicoles, du lait, etc. et de la s’établi à 6.7% contre 7.3% en 2018 (INS,
grande et moyenne distribution. 2020). Les prix de l’alimentation ont augmen-
té de 5.8%, ceci étant dû à l’augmentation des
Le réseau tunisien des grandes et moyennes sur- prix des fruits de 9.7%, des viandes de 9.1% et
faces (GMS) est constitué d’hypermarchés (2) de des fromages et des œufs de 7.3%. Alors que
plus de 340 supermarchés répartis sur l’ensemble les prix des huiles alimentaires ont baissé de
du territoire tunisien. Elles offrent une gamme de 6.9% par rapport à l’année précédente. Concer-
produits composée de produits industriels et de nant la baisse des prix des produits alimentaires
produits artisanaux. Les épiceries de quartier repré- (0,1%), elle est due essentiellement à la baisse
sentent un lieu d’achat journalier et de proximité. du prix de l’huile d’olive de 5,4% et celui des
Elles représentent une part importante des ventes volailles de 2,9% contre une hausse de prix des
alimentaires, particulièrement en zone rurale. fruits frais et fruits secs. Rappelons que la part
moyenne du budget des ménages consacrée à
Il est à noter que l’infrastructure constituée de l’alimentation est estimée par l’INS à 35,8 %
marchés de gros et de détail est en dégrada- en 2015.
tion continue depuis 2012, l’indice de perfor-
mance logistique étant de 2.59 en 2016 contre Les produits alimentaires libres ont connu une
respectivement 2.16 et 3.14 en 2014 et 2012. augmentation de leurs prix de 6,5%, contre
L’infrastructure routière comprend 360 Km d’auto- 2,3% pour les produits alimentaires à prix
routes, d’environ 1750 km de routes, dont 65% sont contrôlés (SOLIDAR et PAM, 2020). Ces derniers
revêtues et de 1300 Km de pistes. La densité rou- produits sont les céréales, le lait, le sucre qui
tière est très faible par rapport à la superficie de la bénéficient de subventions à la consommation
Tunisie (12 km/100 km²) et la densité du réseau fer- dont le but est de contenir les augmentations
roviaire représente 1.3 Km/km² en 2017. Les ports des prix et de préserver le pouvoir d’achat des
maritimes sont au nombre de 41 ports de pêches classes les plus défavorisées. Toutefois, plu-
(stockage et distribution) et de 7 ports de com- sieurs études avaient conclu que le système
merce (conteneurs, roulants, produits chimiques, actuel des subventions à la consommation
pétroles, etc.) (SOLIDAR et PAM,2020)(34). entraine des effets redistributifs non négli-
geables au profit des plus démunis de la
Par ailleurs, certains circuits de commercia- société, mais son caractère universel nuit
lisation sont sous l’emprise croissante des beaucoup à l’efficience de cet outil en tant
intermédiaires spéculateurs qui imposent aux que mécanisme de lutte contre les inégalités
producteurs leurs prix, tel le cas des produits et la pauvreté.
avicoles, des fruits et légumes. Les petits
transformateurs locaux qui approvisionnent Plusieurs chiffrent démontrent que :
les crémeries sont aussi intégrés au circuit in-
formel. • Les ménages les plus aisés perçoivent trois
fois plus d’aides pour l’alimentation que les
ii) L’accès économique : Prix et subventions plus démunis (Banque Mondiale, 2021)(35) ;
• La diminution du pouvoir d’achat, l’endette-
34. Revue stratégique de la Tunisie En raison d’un faible niveau de la croissance éco- ment des ménages, l’augmentation du niveau
(CSR) « Sécurité Alimentaire et Nutrition »
SOLIDAR -PAM nomique (1% en 2019), le PIB par habitant (en des prix, a affecté aussi bien la classe pauvre
équivalent du pouvoir d’achat) a connu une légère de la population que la classe moyenne (1 090
35. Banque Mondiale, 2021. Moyen-
Orient et Afrique du Nord : mieux que des
baisse de 10 877 en 2016 à 11 096 en 2018. DT et 6 540 DT respectivement au prix de la
subventions, des transferts monétaires Pour l’année 2019, le taux d’inflation moyen valeur du dinar en 2000). Selon l’INS, cette
uniformes

44
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

classe est en dégradation passant de 67% en ture des marchés, à l’urbanisation (60%) et à
2015 à moins de 50% en 2018 ; l’expansion de la grande distribution. Ces élé-
• L’accès à une alimentation saine et équilibrée, ments ont fortement contribué à la diversi-
surtout pour les populations vulnérables, est fication du modèle alimentaire mais aussi
fortement liée au déséquilibre régional et au à l’apparition de nouveaux comportements
chômage qui a touché, en 2019, 15.1% de la alimentaires. Malgré cette diversification, la
population active (22% femmes, et 12.2% ration calorique demeure à prédominance
hommes). végétale, avec 47% de céréales (174,7kg/
pers/an).
II.3. Macro-concept 3 : Utilisation
Bien que la consommation des céréales soit à
des aliments la baisse (-14,7%), cette tendance montre une
forte baisse de la consommation de blé dur
En Tunisie, la demande alimentaire a subi des
(-45,5%) au détriment du blé tendre (+17,6%)
changements importants liés aux modifications
dont le pain de boulangerie représente 86% de
des conditions économiques et sociales (crois-
la consommation du blé tendre (en moyenne
sance démographique de 1.03%, croissance
73kg/pers./an contre 65,7 kg/pers./an en 1985,
des revenus de 2.8%), au développement de
soit un accroissement de 11%) (INS,2018)(36).
la production (6.2 % en moyenne), à l’ouver-

Fig. 14 : Part des apports caloriques des aliments

 
Source : Données INS (2018) Source : Données INS (2018)
36. INS, 2018.Enquête consommation
Au cours des dernières années, la baisse du pouvoir d’achat des ménages a entrainé des ménages
uneAu cours des des
diminution dernières années,
apports la baisse qui
caloriques du sont
enpassés
termes dedequantités produites de blé en
82kcal/capita/jour tendre,
2011 à
pouvoir d’achat desen
24kcal/capita/jour ménages
2015 a(SOLIDAR
entrainé une
etdi-
PAM).mais plutôt l’effet des politiques de compensa- 37. Khaldi R., Boudiche S., Ameur M., Ra-
ched Z., Sfayhi D. (2016) : Renaissance de
minution des apports caloriques qui sont passés tion suivies par l’Etat. En effet, la subvention de la diète méditerranéenne en Tunisie pour
Unede telle baisse ne reflète
82kcal/capita/jour en 2011pas les améliorations
à 24kcal/capita/ en énergétiques
produits termes de(blé quantités produites
et huiles végétales) a de
une alimentation durable à travers une
blé jour
tendre, mais plutôt l’effet des politiques de compensation suivies par l’Etat. approche territoriale intégrée. Proceedings
En
en 2015 (SOLIDAR et PAM). été souvent soulevée pour expliquer cette tran- 1st AMSR Congress « ‘Sustainability of Ter-
effet, la subvention de produits énergétiques (blé et huiles végétales) (37) a été souvent
sition nutritionnelle (Khaldi, 2016) . ritories in the Context of Global Changes’
soulevée pour expliquer cette transition nutritionnelle (Khaldi, 2016)37. pp 272-281. ISBN 987-989-8780-04- Mar-
Une telle baisse ne reflète pas les améliorations
Par ailleurs, ce modèle dans l’apparence diversifié, cache une consommation plus rakech-Maroc 30-31 Mai 2016.,
pauvre en légumineuses (-18% entre 1985 et 2015) et plus riche en pomme de terre
(dont la part constitue 25% de la consommation totale de légumes frais).

La consommation a fortement augmenté pour le lait et produits laitiers (+193%), les


45
poissons (177%), les œufs (+157%), les viandes et volailles (+153%), les fruits (+134%),
contre une augmentation moindre pour les huiles et corps gras (+45%) et les légumes
(+28%).
Par ailleurs, ce modèle dans l’apparence diver- • Une consommation faible de poissons (9,4
sifié, cache une consommation plus pauvre en kg/p/an en 2005) liée à leurs prix onéreux.
• Une forte consommation de graisses saturées due à la hausse des produits
légumineuses (-18% entre 1985 et 2015) et plus
d’origine animale et des produits industrialisés : graisses végétales et huiles
richevégétales
en pomme (5,4%
de terrede(dont la part consti-
croissance par an) Les
; subventions accordées aux produits dits «
•tue L’huile
25% de lad’olive
consommation totale de légumes
ne représente que le 30% de base
des »,huiles
bien qu’elles ne favorisent
consommées en pas, se- de
raison
frais).
son effet prix ; lon les nutritionnistes, une bonne nutrition, en-
• Une très forte consommation en sucrescourage surtoutplutôt
danslales produits transformés,
consommation de féculents soit
3,4% pour les biscuits
La consommation a fortement augmenté pour et 2,5% pour les boissons gazeuses (40,8 litres et/par
(pomme de terre), de glucides et de lipides,
personne/an).
le lait et produits laitiers (+193%), les poissons non la consommation recommandée de fruits
(177%), les œufs (+157%), les viandes et vo- et de légumes ou d’huile d’olive, autrefois plus
Les subventions accordées aux produits dits « de base », bien qu’elles ne favorisent
pas,lailles
selon(+153%), les fruits (+134%),
les nutritionnistes, unecontre
bonne consommés.
unenutrition, encourage plutôt la consommation
augmentation(pomme
de féculents moindre pourde les huilesde
terre), et corps
glucides et de lipides, et non la consommation
gras (+45%) etde
recommandée les fruits
légumes (+28%).
et de légumes ou d’huile La consommation des céréales
d’olive, autrefois montre une
plus consommés.
baisse de la consommation du blé dur (-45%
La consommation des céréales
Toutefois, si la disponibilité montre
des produits alimen-une baisse de et
entre 1985 la 2015)
consommation
au détriment du d’unebléplus
dur (-
45% entre 1985 et 2015) au détriment d’une plus forte consommation du blé tendre,
taire s’accroît, il n’en est pas de même pour la forte consommation du blé tendre, notamment
notamment le pain de boulangerie (+17%) et une consommation faible de l’huile
qualité de la ration alimentaire dont on relève le pain de boulangerie (+17%) et une consom-
d’olive (passant à la même période de 6 à 7,4 Kg/ personne/an, soit+23%) substituée
par les caractéristiques
l’huile végétalesuivantes
(passant (Khaldi,
de 2011)
14,8 : à 18,3mation faible de l’huile soit
kg/personne/an, d’olive (passant
+67%), à la
renforcée
même période de
aussi par la politique accordant depuis les années 1970 une priorité à l’exportation. 6 à 7,4 Kg/ personne/an,
• Une consommation insuffisante en céréales soit+23%) substituée par l’huile végétale (pas-
raffinées et riches en fibres ; sant de 14,8 à 18,3 kg/personne/an, soit +67%),
• Une part importante de pomme de terre par renforcée aussi par la politique accordant de-
rapport au total des légumes frais (30% en puis les années 1970 une priorité à l’exportation.
2015) et sa substitution aux céréales (Khaldi
et al, 2009) ;
Fig.15 : Evolution des produits céréaliers (en équivalent grain, Kg/personne/an)

Fig.15 : Evolution des produits céréaliers (en équivalent grain, Kg/personne/an)

204,4  
196,4  
187   180,4   182,6   180,7   174,3  

117,2  
110  
102,5  
91,5   84,9  
81,6   82,8  
72,2   71,7   71,7   72,8   75,7  
80,1   63,8  

7,6   10,6   13,3   18,8  


9,9   20   23,7  
7,4   4,2   2,9   2,8   2,2   1,8   2  
1985   1990   1995   2000   2005   2010   2015  

Céréales(eq.g)   Blé  dur(eq.g)   Blé  tendre(eq.g)  

Orge(eq.g)   Autres  céréales(eq.g)  

Source : Données INS, 2018 Source : Données INS, 2018

Cette évolution ne cadre pas toujours avec les objectifs de la sécurité alimentaire
telle que définie.

46 51  
 
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

Cette évolution ne cadre pas toujours avec les La prévalence du diabète avoisine les 19.8% de
objectifs de la sécurité alimentaire telle que dé- la population, celle de l’anémie concerne 31.2%
finie. des femmes en âge de procréer (15-49 ans). Les
Ce déséquilibre nutritionnel a favorisé la maladies transitioncardiovasculaires
épidémiologique représentent plus depar
marquée
Cel’augmentation
déséquilibre nutritionnel a favoriséde
des maladies la surcharge
transi- 30% des décès
(obésité (INTAA). à l’origine de 60% des
et surpoids)
causes
tion de décèsmarquée
épidémiologique et touchant 57% de la population dont 27.3% des adultes et 18.7%
par l’augmenta-
tion des maladies de surcharge (obésité et sur-sont des
enfants. Les 2/3 des personnes obèses femmes
Les scores GHIetétant
50%calculés
des enfants entrede3 4
sur la base et 6
ans (INC 2016).
poids) à l’origine de 60% des causes de décès indicateurs, à savoir, (i) la proportion d’enfants
etLatouchant 57% de du
prévalence la population
diabète dont
avoisine de moins
27.3%les 19.8% de de
la 5population,
ans qui présentent
celle un deretard de
l’anémie
concerne
des 31.2%enfants.
adultes et 18.7% des femmes
Les 2/3 desenper-âge croissance,
de procréer (15-49 ans).
(ii) la proportion Les demaladies
d’enfants moins
cardiovasculaires représentent plus de 30% des décès (INTAA).
sonnes obèses sont des femmes et 50% des en- de 5 ans qui souffrent d’émaciation, (iii) la part
fants
Les entre 3 etGHI
scores 6 ans (INC calculés
étant 2016). de la4 population
sur la base de indicateurs, sous-alimentée
à savoir, (i)etla(iv) le taux
proportion
d'enfants de moins de 5 ans qui présententdeun mortalité
retard des
de enfants de moins
croissance, (ii) de 5 ans.
la proportion
d'enfants de moins de 5 ans qui souffrent d'émaciation, (iii) la part de la population
sous-alimentée et (iv) le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans.
Fig. 16 : Evolution des indicateurs du GHI index 2012-2018 (%) Fig.
16 :
Evol
utio
10,1%  
n
des
8%   indi
cate
urs
du
GHI
3,1%   3%   inde
2,8%  
2,1%   x
1,8%   1,7%  
2012
-
2018
Retard  de  croissance   Emaciawon   Sous-­‐alimentawon   Taux  de  mortalité  infanwle   (%)

2012   2018  

Source : Données INTAA


Source : Données INTAA
La transition alimentaire consiste à un passage d’une alimentation basée sur les
céréales et les légumineuses à une alimentation qui comprend davantage des
produits d’origine animale, de graisse et des sucres et qui tend à devenir excessive
Lapar
transition
rapportalimentaire consiste
aux besoins à un passaged’uneElle
énergétiques vieest associée également à certaines pra-
sédentaire.
d’une alimentation basée sur les céréales et tiques de préparation des aliments (fritures,
Elle est associée également à certaines pratiques de préparation des aliments
les(fritures,
légumineuses à une alimentation qui com-
etc.), à l’accroissement des prises etc.), à l’accroissement
alimentaires et à la des prises alimentaires
restauration hors foyer
prend
(Fastdavantage des produits
Food, etc.) d’origine animale,
qui s’amplifient, et à laaggraver
ce qui pourrait restauration
la hors foyer nutritionnelle
situation (Fast Food, etc.)des
deTunisiens
graisse etetdes sucres etàqui
menacer, tend àleur
terme, devenir
sécurité qui s’amplifient, ce qui pourrait aggraver la si-
alimentaire.
excessive par rapport aux besoins énergétiques tuation nutritionnelle des Tunisiens et menacer,
d’une vie sédentaire. à terme, leur sécurité alimentaire.

52  
 

47
II.4. Macro-concept 4 : Stabilité Agro-Combinats appartenant à l’OTD). Elles
participent tant bien que mal à la disponibilité
et Durabilité des dimensions
des denrées alimentaires en Tunisie. Toutefois,
de la Sécurité Alimentaire la gestion de ces terres, pose des questions en
termes d’utilisation optimale des ressources
La stabilité des approvisionnements et de naturelles et de durabilité. Les investissements
la production est l’un des principaux enjeux étrangers dans ces terres profitent plus aux
pour la sécurité alimentaire. étrangers car leur production est destinée tota-
lement à l’exportation. Nous exportons ainsi de
i) Stabilité de la dimension « Disponibilité » l’eau et des engrais subventionnés. Ce modèle
agro exportateur pose aujourd’hui un réel
Bien que la Tunisie dispose d’une superficie culti- problème.
vée par habitant parmi les plus élevée d’Afrique
(environ 478 ha pour 1000 habitants en 2014) Ainsi, l’écosystème dans sa globalité, se trouve
et d’importantes terres arables aménagées pour fragilisé en raison d’une tarissement des res-
l’irrigation (16.4%), la stabilité de la production sources en eau et en sol et de la diminution de
demeure vulnérable en raison des chocs clima- la biodiversité.
tiques, de la saisonnalité de certains produits
agricoles (la variabilité de la production alimen- Le facteur de risque majeur reste celui des
taire est de 36.6 % en 2016), des techniques marchés mondiaux aussi bien pour l’approvi-
et des infrastructures agricoles insuffisantes et sionnement en produits alimentaires (particu-
des structures d’exploitations marquées par le lièrement les céréales) qu’en intrants agricoles
morcellement et la prédominance des petites (semences, pesticides, reproducteurs pour le
exploitations (les exploitations de moins de 10 secteur avicole, bétail de race pure, aliments de
Ha représente 75% du nombre total des exploi- bétail, etc.).
tations et couvrent une superficie équivalente à
25% de la superficie totale), l’âge avancé des • Exode rural et contribution féminine aux
exploitants et leur niveau faible de scolarité, activités agricoles : le secteur souffre aussi
bloquant tout accès aux facteurs de production, de l’exode rural ayant conduit à la réduction
aux investissements et au financement des acti- de la main d’œuvre et à l’abandon des succes-
vités agricoles de ce type d’exploitation, généra- seurs, notamment des jeunes pour l’activité
lement familiale. L’agriculture est pluviale avec agricole.
des niveaux variables d’intensification.
A ce sujet, l’exode rural va s’accélérer d’ici
En termes de très grandes exploitations, la Tu- 2050. Le pourcentage de la population ru-
nisie est dotée d’un grand stock de terres do- rale qui représentait plus de 60% en 1960
maniales (dont 156 mille ha répartis sur 30 ne représentera que 23% à l’horizon 2050
(FAO, 2022)(38).

38. FAO. 2022. Évaluation genre des sec-


teurs de l’agriculture et du développement
rural - Tunisie. Série des évaluations genre
des pays. Rome

48
Le facteur de risque majeur reste celui des marchés mondiaux aussi bien pour
l’approvisionnement en produits alimentaires (particulièrement les céréales) qu’en
intrants agricoles (semences, pesticides, reproducteurs pour le secteur avicole, bétail
de race pure, aliments de bétail, etc.).

Ø Exode rural et contribution féminine aux activités agricoles : le secteur souffre aussi INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

de l’exode rural ayant conduit à la réduction de la main d’œuvre et à l’abandon des


successeurs, notamment des jeunes pour l’activité agricole.

A ce sujet, l’exode rural va s’accélérer d’ici 2050. Le pourcentage de la population


rurale qui représentait plus de 60% en 1960 ne représentera que 23% à l’horizon 2050
(FAO, 2022)38.
Fig.17 : Evolution de la population urbaine et rurale à l’horizon 2050
Fig.17 : Evolution de la population urbaine et rurale à l’horizon 2050

Source : FAO, 2022


Source : FAO, 2022
Cette dynamique,
Cette dynamique, pourrait avoiravoir
pourrait des répercus- Les femmes
des répercussions rurales sur
néfastes sontl’avenir
des acteurs
desde dé- et
régions
sions néfastes sur l’avenir des régions et tous veloppement incontournable.
tous types d’activités qui leurs sont afférentes d’un côté, et sur les zones urbaines de Elles contri-
types d’activités
destination, dequil’autre
leurs sont afférentes
côté. Les d’un buent de manière
conséquences peuvent sensible à la promotion
s’exprimer sous deforme
côté, et sur les
d’insécurité zones urbaines de destination,
alimentaire. l’agriculture durable et jouent un rôle stra-
de l’autre côté. Les conséquences peuvent s’ex- tégique dans la sécurité alimentaire mais
En raison d’un exode rural qui s’est accentué ces dernières années, l’activité agricole
primer sous forme d’insécurité alimentaire. aussi dans la protection des zones rurales
s’est vue de plus en plus délaissée par les hommes au profit des femmes qui ont pris le
contre la désertification environnementale
relais, soit pour maintenir en vie des exploitations familiales de plus en plus exiguës et
subvenir aux besoins vitaux de leur famille,etsoit
En raison d’un exode rural qui s’est accentué humaine.
pour assurer, par leur force de travail
ces dernières années, l’activité agricole s’est
rémunéré et / ou non rémunéré, le développement du secteur agricole malgré un
vue de plus en pluscontraignant.
environnement délaissée par les hommes D’après les
L’aggravation desstatistiques du MARHPinternes
migrations pour la sai-faute
au profit des femmes
d’opportunités qui ont pris
d’emploi et lale relais,
baisse soitdes son agricole 2017-2018,
investissements les femmes
agricoles ontconstituent
contribué à
         pour
                   maintenir
                                   en
7.8% pour cent de l’ensemble des chefs d’exploi-            vie
             des
             exploitations
              fami-
38
liales de plus en plus exiguës et subvenir aux tation
 FAO.  2022.  Évaluation  genre  des  secteurs  de  l’agriculture   (41développement  
et  du   462), 13.8% des salariés
rural   permanents
-­‐  Tunisie.   Série  des  
besoins vitaux de leur famille, soit pour assu-
évaluations   g enre   d es   p ays.   R ome   (6 066) et 42.9 % des salariés temporaires (85 39. INS, 2018.Enquête consommation
rer, par leur force de travail rémunéré et / ou 54  618). Ajouté aux 428 000 aides familiales non des ménages

  non rémunéré, le développement du secteur rémunérées majoritairement actives dans la 40. Khaldi R., Boudiche S., Ameur M., Ra-
agricole malgré un environnement contrai- petite agriculture familiale bien moins lucra- ched Z., Sfayhi D. (2016) : Renaissance de
la diète méditerranéenne en Tunisie pour
gnant. L’aggravation des migrations internes faute tive, l’effectif total des femmes actives dans le une alimentation durable à travers une
d’opportunités d’emploi et la baisse des investis- secteur agricole s’élève à 561.146 femmes (FAO, approche territoriale intégrée. Proceedings
1st AMSR Congress « ‘Sustainability of Ter-
sements agricoles ont contribué à l’accentuation 2022)(40). Elles représentent 70% de la main- ritories in the Context of Global Changes’
des déséquilibres démographiques entre les zones d’œuvre agricole, 80% de la main-d’œuvre fo- pp 272-281. ISBN 987-989-8780-04- Mar-
rakech-Maroc 30-31 Mai 2016.,
rurales et urbaines, et les régions intérieures et restière mais leur statut professionnel reste fra-
littorales du pays ce qui a entravé la progression gile. Elles ne sont que 15% de la main-d’œuvre 41. Renforcement de l’intégration des
d’un modèle de développement régional qui se permanente et seulement 8% du nombre des femmes dans le développement rural et la
sécurité alimentaire. Centre de la femme
veut durable et inclusif (FAO, 2022). (39) exploitants agricoles (CAWTAR 2015)(41). arabe pour la formation et la recherche –
CAWTAR, 2015

49
Malgré la participation massive des femmes La politique d’octroi du microcrédit entraine
dans le secteur agricole, leur accès à la proprié- une pression constante par rapport au rembour-
té foncière reste très faible. En effet, seulement sement des prêts dont les taux sont très éle-
8% des chefs d’exploitation agricole sont des vés. Certaines analyses du microcrédit (ex :
femmes, et la proportion des femmes en milieu Gueddana,2021)(43) parlent de micro-endet-
rural dont le revenu provient d’une propriété est tement massif des pauvres.
dérisoire, ne dépassant pas les 3.3% (MFFES,
AECID, 2014)(42). • Pertes le long des chaînes de valeur : les pertes
ont aussi des incidences sur la durabilité de la sé-
Dans l’ensemble, les petites exploitations curité alimentaire. Des pertes importantes sont
agricoles où la femme rurale joue un rôle notées surtout à la production, à la collecte et au
déterminant font face à de nombreux défis. transport des aliments. Deux études ont été ré-
Lepar
mode de gestion familial se traduit par
la FAO en 2017 pour l’évaluation des pertes aliséesauparniveau
la FAO en
des 2017 pour l’évaluation
chaînes de valeurdes lait
des pratiques « traditionnelles » qui freinent pertes au niveau des chaînes de valeur lait et
et céréales. Elles ont démontré des volumes
la productivité. L’accès au crédit est limi-
importants perdus pour le lait au
céréales. Elles ont démontré des volumes impor-
tégouvernorat de et
par la faiblesse Bizerte et Mahdia
le caractère équivalentstants
aléatoire à la production
perdus annuelle
pour le lait au gouvernoratmoyenne
de Bizerte du
gouvernorat
des revenus et dedesKasserine
niveaux de pour 3000 éleveurs et
production environ
Mahdia (FAO, 2021)
équivalents à la .production annuelle
44

fluctuant en raison d’une inadaptation des moyenne du gouvernorat de Kasserine pour 3000
politiques agricoles avec leurs besoins spé-
Les pertes de céréales au gouvernorat de Bizerte éleveursetenviron (FAO,sont
Siliana 2021)équivalentes
(44)
. à une
cifiques, la complexité des procédures et les
production de 212000 q pouvant nourrir une population de 285.000 personnes (FAO,
exigences élevées en termes de garanties Les pertes de céréales au gouvernorat de Bizerte
MARH,
ainsi que2017)
45.
la présence d’impayés importants et Siliana sont équivalentes à une production de
auprès des exploitants. 212.000 q pouvant nourrir une population de
285.000 personnes (FAO, MARH, 2017)(45).

Tableau 3 : Récapitulatif
Tableau Récapitulatif des
despertes de lait
pertes de àlait
Bizerte et à Mahdia
à Bizerte (2017) (2017)
et à Mahdia

Chaîne de valeur Lait Chaîne de valeur céréales


Taux de perte 9,84 % à Bizerte et 6,88% à 6.5% à Bizerte et 9.1% Seliana
Mahdia
42. MFFES, AECID 2014. Recherche sur Volume total perdu 20,1 millions de litres 212000 q
la situation des femmes en milieu rural
tunisien et leur accès aux services publics.
Manque à gagner 729 Dinars à Bizerte et 700 DT/agriculteur
DT/éleveur/an 1 220 Dinars à Mahdia 7750 DT/centre de collecte
43. Gueddana N., 2021. Etude sur la
femme rurale tunisienne » Forum Ibn Valeur totale 19 millions DT 12 millions DT
Khaldoun pour le développement. https:// Empreinte Eau : 186 millions litres Terre : 11000ha
forumibnkhaldoun.org/wp-content/
uploads/2021/05/etude-femme-rurale-23- Equivalent Production annuelle Une population à nourrir de
mai-2021.pdf moyenne du gouvernorat 285000 personnes
44. FAO. 2021. Analyse des pertes de Kasserine pour 3 000
alimentaires : causes et solutions – Étude éleveurs environ
de cas de la chaîne de valeur du lait
en Tunisie. Tunis. https://doi.org/10.4060/ Source : Données FAO, 2021 et FAO, MARH 2017
ca7334fr
Source : Données FAO, 2021 et FAO, MARH 2017

45. FAO, MARH,2017. Analyse des pertes


alimentaires : causes et solutions. Étude
de cas de la chaîne de valeur céréalière en ii) Stabilité de la dimension « Accès »
Tunisie.136p

La stabilité de l’accès aux aliments reste surtout liée aux prix des aliments pour
50 lesquels on note une volatilité sans précédent. Elle est aussi menacée face au
phénomène du gaspillage alimentaire qui a pris de l’ampleur ces dernières années.
Selon l’INC, le gaspillage du pain par les ménages a atteint les 900.000 pains/j, ce qui
correspond à une valeur moyenne de l’ordre de 100 millions DT/an. Les quantités de
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

ii) Stabilité de la dimension « Accès » croissante. La chaîne alimentaire, depuis sa


production jusqu’à la distribution, contribue à
La stabilité de l’accès aux aliments reste surtout raison de 30% des émissions de gaz à effet de
liée aux prix des aliments pour lesquels on note serre. Les premiers postes d’émission sont situés
une volatilité sans précédent. Elle est aussi me- en amont de l’activité agricole, notamment l’ap-
nacée face au phénomène du gaspillage alimen- plication des intrants comme les engrais (39% du
taire qui a pris de l’ampleur ces dernières années. total), l’utilisation des terres et les facteurs d’émis-
Selon l’INC, le gaspillage du pain par les mé- sion connexes (38%) et la distribution (29%).
nages a atteint les 9 00.000 pains/j, ce qui
correspond à une valeur moyenne de l’ordre L’organisation des systèmes alimentaires agit
de 100 millions DT/an. Les quantités de pains aussi sur la perte en nutriments des produits. La
jetées sont évaluées par l’INC à 42 kg/mé- technologie peut altérer la teneur nutritionnelle.
nage/an, l’équivalent de 0,8Kg/ménage/se- De même, l’utilisation non adaptée du froid pour
maine et un volume total de 113 mille tonnes/ le stockage et la longueur des circuits (multitudes
an (INC, 2017(46) ; FAO et INC, 2017(47). Ce gas- d’intermédiaires) conduisent à une réduction de
pillage correspond à une perte des ressources la qualité nutritionnelle des fruits et des légumes
en terre et en eau, d’autant plus que ce produit frais.
continu à être subventionné à raison de 30%
de son prix réel.

Ce paradoxe entre le niveau élevé du gaspillage du Encadré 1 :


pain et celui des charges de sa subvention conduit
à s’interroger sur la menace qu’il présente sur la Zoom sur la filière céréales
sécurité alimentaire durable de la population. pour une meilleure
compréhension de son
iii) Stabilité de la dimension « Durabilité » impact sur les dimensions de la
sécurité alimentaire en Tunisie
La dimension durabilité recherchée pour la
sécurité alimentaire est fortement liée à la 1- Les importations céréalières :
réduction des impacts sur l’environnement
telle que définie dans les concepts clés et à Le taux de dépendance vis-à-vis des cé-
la qualité des produits mis à disposition des réales importées reste en moyenne de
consommateurs. Dans ce sens, les modes de l’ordre de 60%, soit :
production sont déterminants.
• 40% pour le blé dur ;
Les moyens de production ont fortement évolué • 80% pour le blé tendre ;
et beaucoup de savoir-faire locaux anciens ont • 50% pour l’orge pour lequel on enre-
46. Ben Jazia T., 2017. Principaux
été perdus à la recherche de la productivité (se- gistre un volume moyen des importa- résultats des enquêtes et sondages sur le
mences locales, travail du sol, etc.) à travers l’in- tions d’environ 3 MT au cours des dix gaspillage alimentaire. Atelier de restitution
tensification des cultures dont les conséquences dernières années, avec d’importantes des résultats intermédiaires des travaux
sur l’estimation du gaspillage (lait/cé-
sur les ressources naturelles et sur la qualité des fluctuations selon la pluviométrie locale. réales) et axes stratégiques de réduction.
produits distribués sont largement démontrées. Institut national de la consommation.
www. inc.nat.tn

Par ailleurs, l’énergie consommée pour le 47. FAO, INC, 2017.Le gaspillage
alimentaire en Tunisie: État des lieux et
fonctionnement du système alimentaire est propositions d’actions stratégiques pour sa
réduction. 86p

51
Fig.18 : Evolution des importations des principales céréales (1000q)

Source : Données Office des céréales, ONAGRI

2- La production de céréales : gularité, liée surtout aux aléas climatiques


ne dépassant guère les 26 MT (réalisées en
La production céréalière connait une lé- 2009) contre une production calamiteuse
gère tendance à la baisse, malgré les in- avec 1,2 MT (2008). La moyenne se situe
vestissements et les soutiens de l’Etat. Sa autour de 17 millions de Tonnes durant la
contribution demeure autour de 9% en- période 2010-2018. Les rendements n’ex-
viron de la valeur totale de la production cèdent pas les 25 q/ha pour le blé dur, 21
agricole (hors pêche). Elle est en grande q/ha pour le blé tendre et 16 q/ha pour
partie issue des cultures pluviales (seule- l’orge avec une moyenne de 18q/ha pour la
ment 10% en irrigué) et reste soumise aux même période.
aléas climatiques.
La production de blé dur prédomine et pro-
Malgré les progrès réalisés sur le plan gresse vu son adaptation aux conditions
technique, les superficies n’ont pas évo- locales (+27% entre 2010-2018), contre un
lué significativement. Elles demeurent en recul du blé tendre (-25%). La production
moyenne autour de 1,3 millions d’ha. La de l’orge est en forte progression (+33%).
production est marquée par une forte irré-

Fig.19 : Evolution de la production céréalière (1000T)


3000  

2500  

2000  

1500  

1000  

500  

0  
2004   2005   2006   2007   2008   2009   2010   2011   2012   2013   2014   2015   2016   2017   2018  

Blé  
Sourcedur   blé  tendre  
: Données Orge   Enquête
MARH-DGEDA Triwcal  
céréales Total  

52 Source : Données MARH-DGEDA Enquête céréales

Le nombre de céréaliculteurs, estimé à plus de 248 milles (48% de l’ensemble des


exploitants agricoles sont pour 63% d’entre eux de petits exploitants, dont la taille
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

Le nombre de céréaliculteurs, estimé à plus Ceci a permis la mise en place d’un réseau
de 248 milles (48% de l’ensemble des ex- de centres de collecte répartis sur tout le
ploitants agricoles sont pour 63% d’entre pays, mais n’assurant que la collecte de
eux de petits exploitants, dont la taille de près de 63% de la production.
l’exploitation est inférieure ou égale à 10
hectares avec des niveaux faibles de mé- Ce faible taux de collecte est expliqué
canisation et d’adoption des techniques par l’importance de l’autoconsom-
de production recommandées. Les grands mation en zones rurales, l’utilisation
agriculteurs 11 000 (soit 5%) occupent des semences produites et les pertes
près de 40% des superficies céréalières post-récolte (Rastoin, 2014(49) ; Khaldi,
(MARH, 2006)(48). 2017(50)). Par ailleurs, on note qu’une
partie non négligeable de la production
La faible productivité s’explique par (peu évaluée) échappe à tout contrôle.
plusieurs facteurs dont les facteurs
naturels (sol et climat), techniques (se- 4. Le Stockage des céréales :
mences et pratiques culturales), struc-
turels et organisationnels (structure des La Tunisie souffre d’une capacité limitée de
exploitations, organisation et formation stockage pouvant entrainer des difficultés
des producteurs). considérables pour faire face à moyen et
long termes à une situation de crise (fluc-
Ces caractéristiques sont autant d’élé- tuation des prix mondiaux, augmentation
ments qui fragilisent la sécurité alimentaire de la production nationale, réduction de la
et posent le problème de la prévision à long production mondiale, etc.).
terme, en 2035, sachant que la demande
augmentera de 50% pour les céréales et Le stockage des céréales se base sur un
doublera pour les aliments de bétail (SOLI- dispositif constitué de silos portuaires et
DAR et PAM, 2020) dans un contexte mar- de silos de repli implantés dans les zones
qué par de fortes incertitudes caractérisent de consommation et exploités et gérés par
le marché mondial, notamment la volatilité l’OC.
des prix.
La capacité totale des silos de repli est
3. La collecte des Céréales : d’un peu plus de 570 mille tonnes, repré-
sentant 45% de la capacité de stockage
La collecte a connu une évolution indé- nationale et demeure inférieure à la capa-
48. MARHP- DGEDA, 2006. Enquête
niable grâce à la privatisation de ce secteur cité de stockage de la collecte. Malgré l’im- structure 2004-2005
depuis la loi de désengagement de l’État portance des importations par rapport à la
49. Rastoin J.L, Benabderrazik H., 2014.
des activités à caractère concurrentiel de collecte en termes de quantité (céréales Céréales et oléoprotéagineux au Maghreb
2005. importées cinq fois plus élevées que celles : pour un codéveloppement de filières
territorialisées. Hal-02799980.
collectées), l’importation est répartie sur
La part de l’office des céréales dans la toute l’année ce qui permet de faire plus 50. Khaldi R., Ameur M., Rached
Z., Boudiche S., 2017. Controverse de
collecte physique a fortement diminué des rotations de stocks (les rotations des la sécurité alimentaire en Tunisie face
passant de 32% en 2005 à 2% en 2012, silos portuaires sont parfois quatre fois aux comportements de gaspillage des
céréales. In Prodeeding du 2ème Congrès
au profit d’opérateurs privés désormais plus importantes que celle de silos de re- international de l’AMSR « Ambition of
majoritaires (58%) et des sociétés mu- pli). Sustainability in the Context of Territorial
tuelles de service agricoles (SMSA) (40%). Complexity and the Society of Risks »,
Rabat 11-12 Octobre 2017.

53
La région du Centre-Ouest « Kairouan, II.5.1 Auto-insuffisance et solde de la Balance
Sidi Bouzid et Kasserine » est dépour- Commerciale
vue totalement de capacité de stockage.
La situation alimentaire a souvent été, voire
Les silos portuaires, d’une capacité totale toujours, abordée du côté de la disponibilité
de 73 100 tonnes, sont caractérisés par la alimentaire pour laquelle l’indicateur majeur de
vétusté de leurs bâtiments et leurs capaci- mesure a été, jusqu’à une date récente, le solde
tés à faire face à des quantités importantes de la balance alimentaire commerciale.
de céréales importées, d’où le fraction-
nement des achats de céréales impor- En Tunisie, on constate que l’équilibre com-
tées, sans pour autant bénéficier des prix mercial demeure le pivot de l’approche de
concurrentiels sur le marché international. l’autosuffisance alimentaire dans un pre-
mier temps et aussi de celui de la sécurité
5. La transformation industrielle des alimentaire, dans un second temps (Khaldi,
Céréales : 1995) (51).

Malgré les capacités élevées de trituration En effet, auparavant, les responsables de la


(14 000 tonnes/jour, le taux d’exploitation politique agricole soutenaient davantage l’ob-
est de l’ordre de 48% de la capacité totale jectif de l’autosuffisance alimentaire matérialisé
contre 72% en 1992 (Chambre syndicale par I ’équilibre de la balance commerciale des
des minotiers, 2017). Il en est de même produits alimentaires qui devait être atteint au
pour l’abattage industriel autorisé des pro- terme du Vème (1977-1981).
duits avicoles dont la capacité totale est de
134,5 Millions unités/an contre une utilisa- D’une façon générale, l’agriculture qui repré-
tion de 112, 5 Millions unités /an pour les sente environ 10% du PIB, occupe le premier
19 industries en activité (GIPAC). rôle dans la réalisation de ces objectifs et reste
le premier responsable de la non-réalisation de
Le secteur souffre aussi de la présence ces mêmes objectifs. Toutefois, cette démarche
d’un réseau parallèle d’abattoirs non auto- comporte des confusions et des insuffisances
risés (anarchiques) qui s’est développé en (Khaldi, 1995) :
l’absence d’une réglementation rigoureuse.
• L’assimilation de l’autosuffisance à l’équi-
libre de la balance commerciale. En effet,
II.5. Autres indicateurs nationaux le taux d’autosuffisance (production alimen-
taire en pourcentage de l’offre disponible),
clés liés à la Sécurité ne se limite pas au solde de la balance
alimentaire commerciale. Celui-ci influence le niveau
51. Khaldi R., Naïli A. Analyse des poli- d’autosuffisance, mais ne renseigne pas sur
tiques de la sécurité alimentaire en Tunisie. Dans ce paragraphe, nous ciblerons quelques le niveau de performance de la production
In : Padilla M. (ed.), Le Bihan G. (ed.). La indicateurs clés tenant compte de leur contri-
sécurité alimentaire en Méditerranée. intérieure ;
Montpellier : CIHEAM, 1995. p. 91- bution à la compréhension de l’état actuel de • Une économie peu ouverte sur l’extérieur
109 (Options Méditerranéennes : Série A. la sécurité alimentaire en Tunisie pour mettre
Séminaires Méditerranéens; Méditerra- peut avoir un taux élevé d’autosuffisance
néens ; n. 26) en exergue ses points forts et ses vulnérabilités alimentaire, mais peut ne pas renseigner sur
persistantes. l’état alimentaire et nutritionnel de la popu-
52. M : Importations ; P : Production -
ainsi M+P= Disponibilités par produits de lation.
source nationale ou exportés.

54
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

Etant donné la complexité de l’estimation taux d’exportations alimentaires par rapport aux
de la production nationale, l’autosuffisance exportations totales de 13,2% et 11.9% respec-
est couramment approchée par le taux de tivement liés aux augmentations du niveau de
dépendance (M/P+M) par produit ou par
(52)
production de l’huile d’olive et des dattes (Ta-
groupe de produits ou par le solde commer- bleau 1).
2015
cial et 2018 où on enregistre des taux d’exportations alimentaires par rapport aux
alimentaire.
exportations totales de 13,2% et 11.9% respectivement
Le taux de couvertureliés des
auximportations
augmentations ali- du
Leniveau
solde de de
la balance commerciale
production alimentaire
de l’huile mentaires
d’olive et par les
des dattes exportations
(Tableau 1). alimentaires
de la Tunisie enregistre depuis 2010 un déficit a atteint son maximum en 2015 et 2018,
Le atteint
ayant taux 1648,2
de couverture des
millions de dinars importations
en 2014 soit 98%alimentaires par les Durant
et 91% respectivement. exportations
la
et alimentaires
1946,4 millions ade atteint
dinars en son
2019 maximum
et ce, en 2015
décennie et 2018,
2010-2019, soitoscille
ce taux 98%entreet 91%
malgré les améliorations des exportations, no- 58% et 97%, soit 74,6%
respectivement. Durant la décennie 2010-2019, ce taux oscille entre 58% et 97%, en moyenne contre
tamment en 2015
soit 74,6% en etmoyenne
2018 où oncontre
enregistre
80,2%des durant
80,2% durant la 2000-2009.
la période période 2000-2009.

Tableau
Tableau 44 :: Evolution
Evolution dede
la la balance
balance commerciale
commerciale alimentaire
alimentaire
Exportations Importations Déficit de la Balance Taux de
alimentaires / alimentaires/ Commerciale couverture
exportations importations alimentaire %
totales (%) totales (%) (MD)
Moy (2000-2009) 5,4 7,5 -358,4 80,2
2010 7 6,9 -1034,029 64
2011 8,5 8,4 -1185,635 68
2012 7,8 8,3 -1440,184 64
2013 8,8 9 -1392,941 66
2014 7,2 8,2 -1648,194 58
2015 13,2 9,4 -91,1 97,6
2016 9,4 9,1 -1094,9 71,4
2017 9,5 9,3 -1354,6 70,9
2018 11,9 9 -476,1 97,1
2019 22,1 5,5 -1398,2 75,3
2020 22,2 7,4 -859,4 84,9
2021 9,7 9,7 -1946,4 70,1
                                                                                                               Source
                       :    Données
                             INS,            Source
               Commerce : Données INS, Commerce extérieur    
extérieur
 
Les importations alimentaires sont à la hausse (+22,6% entre 2010 et 2020). Elles
Lesreprésentent
importations alimentaires sont à la hausse
une moyenne de 9% des marché mondial et l’incapacité
importations totales de répondre
contre à en
7,5%
(+22,6% entre 2010 et 2020). Elles représentent la demande ont toujours eu des répercussions
moyenne durant la période 2000-2009. Cette forte dépendance envers le marché
une moyenne de 9% des importations totales importantes sur la facture alimentaire par l’am-
mondial
contre 7,5% enet moyenne
l’incapacité
durant de répondreplification
la période à la du demande
déficit de la ont toujours
balance eu des
commerciale
répercussions
2000-2009. importantes
Cette forte dépendancesur la facture
envers le alimentaire
ayant par l’amplification
atteint -19436,4 Millions de DT en du
2019.déficit
de la balance commerciale ayant atteint -19436,4 Millions de DT en 2019.

55
Fig.20 : Evolution de la balance commerciale (MD)
Fig.20 : Evolution de la balance commerciale (MD)

60000  

50000  

40000  

30000  

20000  

10000  

0  

-­‐10000  

-­‐20000  

Source : Données
Exportawons   (MD)   INS, commerce(MD)  
Importawons   extérieurDéficit    

                 II.5.2                                      Source
                      Indicateurs : Données INS, commerce
nutritionnels extérieur  
nutriments qui  sont à l’origine des maladies non
 
transmissibles tels que le diabète, l’obésité et
Le ratio d’autosuffisance a été aussi mesu- les maladies cardiovasculaires surtout que le
II.5.2 Indicateurs nutritionnels
ré en Calories (kcal) exprimant les dispo- régime alimentaire reste encore basé sur les
nibilités alimentaires par habitant en kcal/ aliments à base de blé, pauvres en nutriments,
Le ratio
jour. Avec d’autosuffisance
les progrès réalisés aenété aussi mesuré
Tunisie, en Calories
qui procurent 49,2% des(kcal)calories,exprimant
50,9% des les
ledisponibilités
problème de alimentaires
la sous-alimentation n’est protéines, 42,5% du fer et 19%
par habitant en kcal/jour. Avec les progrès réalisés du calcium de la en
plus
Tunisie,poséledeproblème
façon aigue, dedans la mesure
la sous-alimentation rationn’est
(INS, plus
2018).posé
On notedeque la consomma-
façon aigue, dans
où la portion calorique moyenne n’est pas
la mesure où la portion calorique moyenne n’est pas très différentepour
tion calorique dépend environ de moitié
la norme
très différente de la norme recommandée de des importations de denrées alimentaires.
recommandée de 3000 kcal/j/personne. D’après la dernière enquête de 2015 de
3000 kcal/j/personne. D’après la dernière en- 53
l’INS,dela2015
quête moyenne
de l’INS, tunisienne est autour de CONCLUSION
la moyenne tunisienne 2600 kcal/j/personne
PARTIELLE – REVUE DES ) .   Le
(INS, 2018
taux
est de de
autour la2600
population sous-alimentée
kcal/j/personne (INS, 2018) est évaluéPOLITIQUESà 4,3IMPACTANT
% en 2018 LA (soit 0,5 million
SECURITE
54
. Le taux de la(SOLIDAR
d’habitants)
(53)
population sous-alimentée
et PAM, 2020est ) .   ALIMENTAIRE
évalué à 4,3 % en 2018 (soit 0,5 million d’habi-
La sous
tants) nutrition,
(SOLIDAR et PAM,définie comme
2020)(54) . une consommation calorique
Les indicateurs inappropriée,
rétrospectifs de la sécu- n’est
rité
pas un problème majeur en Tunisie, dans la mesure où la portion calorique alimentaire montrent dimension par n’est
La
pas soustrèsnutrition,
différentedéfiniedecomme
la norme une consom-
recommandée dimension
de 3000que kg/j/personne
beaucoup d’efforts.  ont été
53. INS, 2018. Enquête Nationale sur le mation calorique inappropriée, n’est pas un pro- réalisés par la Tunisie pour tenter d’amélio-
Budget, la Consommation et le Niveau de
vie des ménages 2015 : Volume B. blème
Toutefois, majeur cet
en Tunisie, dans la mesure
indicateur où la
reste insuffisant rer l’alimentation
vu qu’il cache de ses
la citoyens.
malnutrition et les
portion
carences calorique
en n’est pas très différente
micronutriments quidesont
la à l’origine des maladies non transmissibles
54. SOLIDAR et PAM, 2020. Revue
stratégique de la Tunisie (CSR) « Sécurité norme
tels que recommandée de 3000
le diabète, kg/j/personne.
l’obésité et les maladies Toutefois, ces efforts n’ont passurtout
cardiovasculaires toujoursque le
Alimentaire et Nutrition ». Rapport de Toutefois, cet indicateur reste insuffisant vu qu’il été dictés par l’impératif de la durabi-
mission SOLIDAR Tunisie : Mise à jour et régime alimentaire reste encore basé sur les aliments à base de blé, pauvres en
actualisation des données cache la malnutrition et les carences en micro- lité, manquaient de vision globale en
nutriments, qui procurent 49,2% des calories, 50,9% des protéines, 42,5% du fer et
19% du calcium de la ration (INS, 2018). On note que la consommation calorique
56 dépend environ pour moitié des importations de denrées alimentaires.

                                                                                                                       
53
  INS,   2018.   Enquête   Nationale   sur   le   Budget,   la   Consommation   et   le   Niveau   de   vie   des   ménages   2015   :   Volume  
B.  
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

matière de sécurité alimentaire et n’ont de grands investissements structurés et


surtout pas réussi à endiguer plusieurs d’un accès adéquat au financement ;
problèmes structurels qui ont continué à • L’indisponibilité accrue de la main
fragiliser le système alimentaire tunisien. d’œuvre agricole, la fragilisation de la
situation de la travailleuse agricole et le
Les leviers positifs à préserver et à ren- vieillissement des exploitants ;
forcer : • L’incapacité à réunir les agriculteurs
dans des coopératives ou toute forme de
• Les actions prises pour la mobilisation mutualisation efficiente des ressources
des ressources en eau et en sol ; privant le secteur des leviers de produc-
• Les efforts de soutien du pouvoir d’achat tivité ;
des citoyens et de maîtrise de l’inflation ; • Une gouvernance faible des filières agroa-
• Les efforts d’organisation des filières limentaires avec une domination accrue
agroalimentaires stratégiques ; du positionnement de certains détenteurs
• Les actions de promotion de la qualité de capitaux et d’intermédiaires multiples
sanitaire et globale des denrées alimen- s’accaparant l’essentiel de la marge à la
taires. distribution et à la vente ;
• Un modèle de développement écono-
Les fragilités, insuffisances et blocages : mique basé sur une croissance tirée par
les bas salaires et le maintien artificiel
• Les problème fonciers (morcellement des du pouvoir d’achat ;
terres, urbanisation), privant le secteur • Une faible innovation et valorisation des
résultats de la recherche agronomique.

57
Variables explicatives
de l’évolution
Variables rétrospective
explicatives
de la sécurité
de l’évolution rétrospective alimentaire
de la en Tunisie en
sécurité alimentaire
Tunisie

Macro-­‐Concepts  
Variables  explicatives  rétrospectives  proposées  
/Dimension    
Politique alimentaire axée sur l’intensification agricole et le
V1
développement rural
Circuits informels et contrebande frontalière assez bien
V2
contrôlés
V3 Organisation faible des producteurs agricoles
Disponibilité V4 Production et Productivité agricoles faibles
V5 Disponibilité et prix des intrants contrôlés par l’Etat
V6 Recherche et innovation faiblement valorisées
V7 Concentration des efforts sur les filières stratégiques
V8 Forte Régulation des marchés par l’Etat
Inflation et pouvoir d’achat suivis et contrôlés de près par
V9
l’Etat
Accès V10 Appui social conséquent pour les classes non aisées
V11 Subvention régulière et continue des produits de base

V12 Politiques nutritionnelles et de santé déconnectées


Utilisation/ Sécurité
V13 Gaspillage alimentaire des produits de base
V14 Effets faiblement ressentis des changements climatiques
V15 Politique volontariste de mobilisation des Ressources en eau
Durabilité V16 Efforts de préservation des Ressources foncières
Forte présence de l’Etat dans la gouvernance du système
V17
alimentaire

65  
 

58
Chapitre 2 :
Situation présente de la sécurité
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

alimentaire en Tunisie

I. Un impact de plus en baisser son intensité carbone de 41% à l’ho-


rizon 2030.
plus ressenti des
effets du changement Par ailleurs, depuis 2006, des études prospec-
tives sur les impacts des changements clima-
climatique sur la tiques ont été engagées en Tunisie en vue de
sécurité alimentaire l’élaboration des stratégies d’adaptation telles
que pour les secteurs de l’agriculture, du lit-
Selon les Nations Unis, le terme « changements toral, de la santé et du tourisme. C’est ainsi
climatiques » désigne les variations des tempé- qu’une Stratégie Nationale d’Adaptation de
ratures et des conditions météorologiques sur l’Agriculture Tunisienne et des écosystèmes aux
le long terme. Ces variations peuvent être un Changements Climatiques et une étude sur la
phénomène naturel, mais depuis le début du Protection des Écosystèmes et l’Adaptation aux
XIXème siècle, elles résultent principalement de Changements Climatiques ont été élaborées.(55)
l’activité humaine, notamment de l’utilisation L’enjeu de cette première stratégie consis-
des combustibles fossiles (tels que le charbon, tait à passer d’une gestion de crises (sèche-
le pétrole et le gaz) qui produisent des gaz à resses successives imprévisibles, inonda-
effet de serre. tions) à une gestion de risques en lien avec
le changement global du climat (adaptation
La Tunisie est devenue parmi les pays les anticipée aux changements climatiques).
plus exposés aux effets des changements
climatiques, de part sa position géogra- Cependant, malgré tous ces efforts, « l’en-
phique, son paysage naturel et en partie des vironnement et les ressources naturelles du
pratiques agronomiques peu durables prati- pays subissent des pressions multiples ».
quées dans certaines régions. C’est ce qui a été confirmé dans le dernier
rapport national volontaire de la Tunisie sur
Consciente des défis environnementaux et s’in- l’agenda 2030 et les ODD.
sérant dans une vision de durabilité pour l’uti-
lisation, la conservation et la prévention de ses I.1. Augmentation alarmante de
ressources, la Tunisie a pris des engagements
la température pendant les
internationaux depuis la conférence de Rio de
1992 avec la ratification de i) la Convention mois de l’hiver
sur la diversité biologique, en Mai 1993 ; ii)
la Convention Cadre des Nations Unies sur le Selon le Bulletin météorologique du mois de
Changement Climatique (CCNUCC) en 1993 ; décembre 2022, les températures moyennes
iii) la convention des Nations Unies sur la lutte ont été supérieures aux taux de référence
contre la désertification en juin 1995. Depuis, la (1991-2020) sur toutes les régions du pays.
Tunisie a augmenté ses ambitions tout comme Quant à la température moyenne globale (25
la communauté internationale et a adopté ; iv) stations principales), elle a atteint 15,8 °C,
le cadre de Sendai sur la réduction de risques dépassant la moyenne de référence (12,4°C),
de catastrophe en Mars 2015 ; iv) l’agenda 2030 avec un écart significatif de +3,4°C. Avec cet
et les 17 ODD en Septembre 2015 ; v) l’agenda écart, décembre 2022 est classé le 1er des 55. A. Mokhtar. L’adaptation aux
changements climatiques basés sur les
Habitat III en Octobre 2016 ; et enfin vi) l’Ac- mois de décembre les plus chauds des der- écosystèmes, l’exemple de la Tunisie. Forêt
cord de Paris par sa ratification en Février nières décennies. Méditerranéenne, 2013 & http://www.
giz.de/Themen/de/dokumente/fr-strate-
2017 confirmant ainsi un objectif climat de gie-nationale-adaptation-changements-cli-
matiques-tunisie.pdf

59
pays subissent des pressions multiples ». C’est ce qui a été confirmé dans le dernier
rapport national volontaire de la Tunisie sur l’agenda 2030 et les ODD.

I.1. Augmentation alarmante de la température pendant les mois


de l’hiver :
Selon le Bulletin météorologique du mois de décembre 2022, les températures
moyennes ont été supérieures aux taux de référence (1991-2020) sur toutes les régions
du pays. Quant à la température moyenne globale (25 stations principales), elle a
atteint 15,8 °C, dépassant la moyenne de référence (12,4°C), avec un écart significatif
de +3,4°C. Avec cet écart, décembre 2022 est classé le 1er des mois de décembre les
plus chauds des dernières décennies.
Fig. 21 : Classement des écarts des températures moyennes des mois de Décembre 2000-2022
Fig. 21 : Classement des écarts des températures moyennes des mois de Décembre 2000-2022

Source : ONAGRI
Source : ONAGRI
En plus de priver le pays de réserves en eaux pluviales, une telle modification est
susceptible de transformer les cycles naturels agronomiques de manière à modifier les
En plus de priver le pays de réserves en eaux plu- En décembre 2022, le bilan total des préci-
calendriers agricoles, les caractéristiques des variétés s’adaptant au climat tunisien et
viales, une telle modification est susceptible de pitations pluviométriques (25 stations prin-
d’altérer les rendements d’une manière significative.
transformer les cycles naturels agronomiques de cipales) a atteint 135.7 mm, alors que la nor-
manière à modifier les calendriers agricoles, les male pour les mêmes stations était de 1050.5
I.2. Précipitations pluviométriques
caractéristiques des variétés s’adaptant au climat
réduites et de plus en plus
mm. Le déficit général était de 87%. Ce qui
irrégulière
tunisien et d’altérer :
les rendements d’une manière classe décembre de cette année le mois le plus
significative. sec jamais enregistré depuis 1950.
En décembre 2022, le bilan total des précipitations pluviométriques (25 stations
I.2. Précipitations
principales) Ce phénomène
a atteint 135.7 mm, alors que la normale pour de
lesraréfaction des eauxétait
mêmes stations pluviales
de
1050.5pluviométriques
mm. Le déficit général était de 87%. en
Ce plein
qui hiver
classene semble
décembre pas si
de exceptionnel
cette annéebien
réduites et que d’ampleur non précédée. Les précipitations
le mois le plus sec jamais enregistré depuis 1950.
de plus en plus irrégulières des dernières années ont été souvent en deçà de
la moyenne de (1991-2020), ce qui indique une
tendance.
67  
 

60
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

Ce phénomène de raréfaction des eaux pluviales en plein hiver ne semble pas si


exceptionnel bien que d’ampleur non précédée. Les précipitations des dernières
années ont été souvent en deçà de la moyenne de (1991-2020), ce qui indique une
tendance. Fig.22 : Evolution des précipitations 1950-2022
Fig.22 : Evolution des précipitations 1950-2022

Source : ONAGRI Source : ONAGRI

L’agriculturetunisienne
L’agriculture tunisienneétant
étantà à plus
plus dede90%90% pluviale, elle subit2022,
Au 31 décembre de plein fouet des
la situation cet barrages
effet
de sècheresses à répétition.
pluviale, elle subit de plein fouet cet effet de du pays telle qu’indiquée par le Ministère de
sècheresses à répétition. l’Agriculture, confirmait que les réserves stoc-
I.3. Ressources en eaux mobilisées – Situation des barrages à la m3
kées dans les barrages étaient de 657,5 M ,
fin 2022 : soit moins de 30% de la capacité des barrages
I.3. Ressources en eaux
et
Au 31 décembre 2022, la situation des barrages du pays surtout moinstelle
de 510 Mm3 par rapport
qu’indiquée par leà la
mobilisées – Situation des
Ministère de l’Agriculture, confirmait que lesmoyenne réservesdes années (2019-2021).
stockées dans les barrages
barrages
étaient de à lasoit
657,5 Mm3, fin moins
2022de 30% de la capacité des barrages et surtout moins
de 510 Mm3 par rapport à la moyenne des années (2019-2021).
Fig. 23 : Réserves des barrages au 31 décembre 2022 par rapport à la moyenne 2019-2021
Fig. 23 : Réserves des barrages au 31 décembre 2022 par rapport à la moyenne 2019-2021

68  
 

Source : ONAGRI

Source : ONAGRI
61
Sur la base d’une hypothèse basse de demande en eau moyenne de près de 2,5
Mm3 par jour, les réserves des barrages tunisiens fin décembre 2022 ne pouvait couvrir
que 8 à 9 mois maximum des besoins du pays en eau. Même complétées par les
Source : ONAGRI
Sur la base d’une hypothèse basse de de- Même complétées par les ressources en eau,
Sur la base d’une hypothèse basse de demande en eau moyenne de près de 2,5
mande en eau moyenne de près de 2,5 Mm3 nous arrivons à une année où le déficit du bilan
Mm3 par jour, les réserves des barrages tunisiens fin décembre 2022 ne pouvait couvrir
par jour, les réserves des barrages tunisiens
que 8 à 9 mois maximum des besoins du pays ressources-emploi
en eau. Même en eau dépasserait par
complétées éventuel-
les
fin décembre 2022 ne pouvait couvrir que 8 à
ressources en eau, nous arrivons à une année lement les 120% comme en 2017.
où le déficit du bilan ressources-emploi
9enmois
eaumaximum
dépasserait éventuellement
des besoins du pays enleseau.
120% comme en 2017.

Fig. 24 : Niveau de stress hydrique par année 2000-2019


Fig. 24 : Niveau de stress hydrique par année 2000-2019

I.4. Ressources forestières : Source : ONAGRI Source : ONAGRI


Durant
I.4. les dernières années,
Ressources les efforts de l’Etat
forestières parpour
une améliorer
augmentationla vertigineuse
couverturedes forestière
pertes
dans le pays ont été soutenus. Toutefois, le69   stress thermique et les infractions humaines
de surfaces forestières sous l’effet des incen-
se sont
  soldés par une augmentation vertigineuse des pertes de surfaces forestières
sousDurant lesdes
l’effet dernières années, Selon
incendies. les efforts de l’Etat dedies.
le tableau
Selon le tableau de bord du mois d’avril de
bord du mois d’avril de l’ONAGRI, ces
pouront
pertes améliorer la couverture
approché forestière
les 25000
l’ONAGRI,
dans le en 2021.
hectares
ces pertes ont approché les 25000
Les estimations de 2022 semblent
pays ontcette
conforter été soutenus.
tendance Toutefois, le stress ther-
très négative. hectares en 2021. Les estimations de 2022
mique et les infractions humaines se sont soldés semblent conforter cette tendance très négative.
Fig. 25 : Evolution de la couverture forestière et les pertes de superficies liées aux incendies
2005-2021
Fig. 25 : Evolution de la couverture forestière et les pertes de superficies liées aux incendies 2005-2021

Surface  incendiée Evolution  de  la  couverture  forestières

Source:   Direction  Générale   des  Forêts Source:   Direction  Générale   des  Forêts

II. Evolutions récentes : une sécurité alimentaire fragilisée par la


62 Covid-19 et le conflit Russo-Ukrainien

Ces dernières années avec la crise de la COVID-19, suivie par la guerre Russo-
Ukrainienne, les indicateurs des quatre dimensions démontrent une grande
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

II.
Evolutions récentes : cours de la période 2018-2020, contre 18,2
% en 2014-2016.
une sécurité
alimentaire fragilisée Plusieurs études réalisées à l’échelle nationale
sur l’impact de la crise ont permis d’ores et déjà
par la Covid-19 et le de décortiquer et d’analyser les premiers en-
conflit Russo- seignements à tirer de ce choc (PNUD, 2020(59) 56. - Chatellier V., Chaumet J.M et
Elkadhi, 2020(60) ; ONAGRI, 2020(61) ; FAO, 2020; Pouch T., 2021 La pandémie de Covid-19,
Ukrainien Karray et al., 2020(62), FAO et MARH,2022)(63).
l’économie agricole internationale et les
filières animales : le cas de la Chine, des
Etats-Unis et de l’UE. 15 èmes Journées
Ces dernières années avec la crise de la CO- de Recherches en Sciences Sociales,
L’essentiel des résultats de ces études pointe un Toulouse, 9 et 10 décembre 2021.https://
VID-19, suivie par la guerre Russo-Ukrainienne,
impact majeur sur : www.sfer.asso.fr › articles › E41_Chatellier
les indicateurs des quatre dimensions dé-
57. - Middle East Institute,2021. The Fra-
montrent une grande vulnérabilité pour lesquels
• La situation financière difficile des petits gile State of Food Security in the Maghreb
on présente une synthèse incluant quelques : Implication of the 2021 Cereal Grains
agriculteurs et pêcheurs qui ont dû subir le Crisis in Tunisia, Algeria, and Morocco.
exemples de produits stratégiques.
renchérissement du coût de la vie et des fac- https://www.mei.edu › publications
teurs de production conséquents à la crise 58. - FAO, 2020. Document d’orien-
II.1 Impacts de la crise sanitaire sans forcément bénéficier de l’effet de la tation Impact de la crise covid-19 sur
de la Covid-19 hausse des prix finaux à la vente (souvent l’agriculture et la sécurité alimentaire en
Tunisie : Défis et options de réponses.
contrôlés par des intermédiaires) ; http://www.onagri.nat.tn/uploads/
• La hausse des prix de vente des denrées Etudes/COVID-19
La pandémie de la Covid-19 est un incident
mondial qui a exposé les pays, en peu de temps, alimentaires et de la consommation hors 59. - PNUD, Ministère du Dévelop-
à un choc ayant impacté l’état sanitaire des po- foyers (cafés, restauration) ; pement, de l’Investissement et de la
Coopération internationale, 2020. Impact
pulations, leur situation sociale et l’économie • Les difficultés financières des opérateurs économique du COVID-19 en Tunisie.
nationale, d’une façon générale. Les secteurs du secteur touristique qui ont dû fermer ou Juin 2020

agricole et agro-alimentaire ont été fortement travailler périodiquement, mettant en péril 60. -Elkadhi Z, Elsabbagh D, Frija
concernés par cette crise dont les impacts éco- les revenus de dizaines de milliers d’ouvriers A, Lakoud T, Wiebelt M, Breisinger C.
2020. The impact of Covid-19 on
nomiques enregistrent une baisse de 3,5 % du occasionnels ; Tunisia’s economy, Agri-food System,
produit intérieur brut mondial et de 5,3 % des • La productivité globale ralentie des agents and Households. Middle East and North
Africa: IFPRI, Regional program policy note
échanges internationaux de marchandises entre économiques, freinant la production durant 05 May 2020, 13 p.http://www.itceq.tn/
2019 et 2020 (Chatellier et al., 2021)(56). certaines périodes et, de là, la croissance wp-content/uploads/files/notes2020/
COVID19-Tunis.pdf
économique (notamment en 2020).
En effet, l’épidémie a affecté l’ensemble du 61 - ONAGRI, 2020a. Impact des
Cette partie présente une synthèse des princi- répercussions de la crise Covid-19 sur la
système alimentaire avec un risque accru production, l’approvisionnement, les prix
d’insécurité alimentaire particulièrement pales perturbations ayant impacté le système et les exportations des produits agricoles.
alimentaire tunisien illustrée par des exemples La Lettre de l’ONAGRI 6(2).
pour les populations les plus vulnérables du
monde. de quelques produits alimentaires et en consi- 62 - Karray B, Boudiche S, Ayadi MA,
dérant les 4 dimensions de la sécurité alimen- Agrebi N, Skandrani Y. 2020. Mesures
préservant la filière agricole et le bon fonc-
Le rapport du Middle East Institute sur la taire. tionnement de l’industrie agroalimentaire,
sécurité alimentaire au Maghreb (2021)(57) face à la pandémie du Covid-19. Carthage
(Tunisie): ITES, 76 p.
montre que l’insécurité alimentaire en Tuni- II.1.1.1 Disponibilité http://www.onagri.nat.tn/uploads/
sie a augmenté entre la période pré-Covid et Etudes/ites-covid19.pdf

celle post-Covid. Selon la FAO (2020(58), 25,1 i) Approvisionnement en intrants : les disponi- 63 .FAO et MARH. Rapport d’analyse de
% des Tunisiens se trouvaient dans un état bilités alimentaires ont été impactées en raison l’impact de la crise Covid-19 sur les per-
formances globales des chaines de valeur
d’insécurité alimentaire modérée à grave au des perturbations touchant l’approvisionnement agro-alimentaires. Rapport de consultation
Raoudha Khaldi.

63
Cette partie présente une synthèse des principales perturbations ayant impacté le
système alimentaire tunisien illustrée par des exemples de quelques produits
alimentaires et en considérant les 4 dimensions de la sécurité alimentaire.

II.2.1.1 Disponibilité

i) Approvisionnement en intrants : les disponibilités alimentaires ont été impactées en


raison des perturbations touchant l’approvisionnement en intrants comme par
exemple les aliments de bétail, qui sont en grande partie importés (30% des besoins
en intrants comme par exemple les aliments de sentiellement de l’accroissement des quantités
en graines de maïs, de blé fourrager, de tourteau de Soja et d’orge).
bétail, qui sont en grande partie importés (30% importées, (surtout du tourteau de soja de 85%
des besoins
La valeur en graines de maïs,
des importations ende2021
blé fourra- et de l’orgeun
a enregistré de 64%), mais aussi de lasignificatif
accroissement volatilité par
rapportger,
à de2019 (Fig. 1), soit
tourteau de Soja et d’orge). 75% contre 26%. Ceci résulte essentiellement
de leur prix sur le marché mondial (Fig. 2) et de
l’accroissement des quantités importées, (surtout du tourteau de soja de 85%
de la dévaluation du dinar tunisien. Les aug- et de
l’orge de 64%), mais aussi de la volatilité
La valeur des importations en 2021 a enregistré de leur prix sur le marché mondial
mentations des prix ont atteint en 2021 un (Fig. 2) et
de la dévaluation du dinar tunisien. Les augmentations des prix ont atteint en 2021 un
un accroissement significatif par rapport à 2019 accroissement de 48% pour le maïs, 30%
accroissement de 48% pour le maïs, 30% pour l’orge et 18% pour le soja.
(Fig. 1), soit 75% contre 26%. Ceci résulte es- pour l’orge et 18% pour le soja.
Fig. 26 : Evolution de la valeur des importations des aliments de bétail 2011-2021
Fig. 26 : Evolution de la valeur des importations
(Million dedes dinars)
aliments de bétail 2011-2021 (Million de dinars)

900  
800  
700  
600  
500  
400  
300  
200  
100  
0  
2011   2012   2013   2014   2015   2016   2017   2018   2019   2020   2021  

Maïs   Tourteau  de  soja   Orge   Tridcale  

Source : Données DGPA


Source : Données DGPA
Vu l’augmentation drastique du cours de la ma- L’accroissement des prix des intrants a conduit
tière première, lesdrastique
Vu l’augmentation prix du concentré ont enre-
du cours de la àmatièrela hausse des coûts de production.
première, les prix du Certains
concentré
gistré une hausse de 35% en 2022 par rapport
ont enregistré une hausse de 35% en 2022 par rapport à 2019. agriculteurs ou éleveurs ont été contraints de ré-
Il est prévu à 2019.que la tendance haussière des prix duire du
les quantités
concentréutiliséesvaau se
détriment d’une à un
poursuivre
meilleure
rythme plus rapide, ce qui constituera une menace sérieuse pour le secteur de productivité et d’un meilleur revenu.
l'élevage. Il est prévu que la tendance haussière des prix
du concentré va se poursuivre à un rythme plus D’autres ont abandonné partiellement ou tota-
rapide, ce qui constituera une menace sérieuse lement leurs activités (tel le cas pour l’élevage
pour le secteur de l’élevage. avicole et laitier). Selon la même étude, 65%
des éleveurs interrogés ont eu des besoins de
La conduite de l’élevage a été aussi partielle- financement afin de préserver leurs capacités
72  
ment impactée par l’indisponibilité de la main- de production et 15 % ont rencontré des restric-
 
d’œuvre permanente et/ou occasionnelle. Se- tions de la part des institutions financières pour
lon l’étude IACE et UTAP (2021)(64), 23,5% des l’accès aux crédits.
éleveurs ont déclaré qu’ils ont rencontré des
problèmes de disponibilité de la main d’œuvre D’une façon générale, les plus touchés sont
64. - IACE et UTAP, 2021. Impact de la pendant la période de confinement. les petits agriculteurs dont les revenus ont
Covid-19 sur le secteur de l’agriculture fortement été impactés.
en Tunisie.

64
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

ii) Transformation : Le secteur artisanal a été Les stocks de lait, par exemple, étaient à la
marqué par le ralentissement de ses activités hausse en 2020 et 2021 en comparaison à 2019.
à l’image de la transformation du fromage ar- En 2020 et 2021, la hausse est de respective-
tisanal, recouvrant une grande partie des em- ment 54,8% et 36,8% pour le mois de juillet
plois de l’agroalimentaire et des abattages anar- (GIVLAIT). Ceux de la pomme de terre ont aug-
chiques de poulets. menté de 50% pour le stock du GIL (passant de
10000T à 15000T).
iii) Stockage : La période de la covid-19 a été
marquée par le cumul des stocks non ven- Le stock des œufs a évolué de 20% entre 2019
dus des produits alimentaires lié surtout à la et 2020 et celui des viandes de 25,7% (GI-
contraction de la demande interne en raison PAC). Ce qui a engendré un retard de vente des
de la fermeture des restaurants, cafés, jardins stocks et, par conséquent, des charges supplé-
d’enfants et cantines suite au confinement (gé- mentaires de gestion et des pertes (ex : pertes
néral, puis partiel), au couvre-feu, au déclin du estimées par le GIL à 15%) avec un retard de
tourisme, etc. paiement des primes de stockage accordées par
l’Etat pour le stockage (FAO, MARH, 2022)(65).
Fig. 27 : Evolution des stocks mensuels de lait de boisson UHT par mois 2019-2021
Fig. 27 : Evolution des stocks mensuels de(Millions
lait de boisson UHT par mois 2019-2021 (Millions de litres)
de litres)
70,0  

60,0  

50,0  

40,0  

30,0  

20,0  

10,0  

0,0  
Janv   Fevr   Mars   Avril   Mai   Juin   Juillet   Août   Sept   Oct   Nov   Déc  

2019   2020   2021  


 
Source : Données GIVLAIT
                                                                                      Source : Données GIVLAIT    

  iv) Distribution : La crise sanitaire a renforcé v) Régulation en période de crise sanitaire :


iv) Distribution
la vente en ligne, accusant une hausse de plus Les mesures prises par l’Etat pour la régulation
de 17% du nombre de sites marchands
La crise sanitaire a renforcé la vente en ligne, (tous desaccusant
filières avaient
une pourhausse
objectif d’ajuster
de plusledeprix 17% du
produits confondus) (La presse 2021) (66)
. au niveau
nombre de sites marchands (tous produits confondus) (La presse 2021) . de la production et au niveau
66 de la
consommation. Les révisions de prix effectuées
Il a été
Il aobservé,
été observé,parallèlement, la prolifération
parallèlement, la prolifération ont du circuit
touché le lait,informel, notamment
les produits avicoles et la pour le
secteur avicole (40% du marché du
du circuit informel, notamment pour le secteurpoulet vif) (GIPAC).
pomme de terre. Pour le lait, les montants des 65. - FAO et MARH. Rapport d’analyse
de l’impact de la crise Covid-19 sur les per-
avicole (40% du marché du poulet vif) (GIPAC). subventions en 2020 ont enregistré un accrois- formances globales des chaines de valeur
sement de 12,6% entre 2019, passant de 313,8 agro-alimentaires. Rapport de consultation
v) Régulation en période de crise sanitaire Millions de Dinars à 353,4 Millions de Dinars. Raoudha Khaldi (Sous presse)

66. La presse, 2021. E-Commerce :


Les mesures prises par l’Etat pour la régulation des filières avaient pour objectif
Une croissance en trompe-l›œil.https://
d’ajuster le prix au niveau de la production et au niveau de la consommation. Les
lapresse.tn
révisions de prix effectuées ont touché le lait, les produits avicoles et la pomme de
terre. Pour le lait, les montants des subventions en 2020 ont enregistré un
accroissement de 12,6% entre 2019, passant de 313,8 Millions de Dinars à 353,4 Millions
65
de Dinars.

Tableau 5 : Evolution du montant de la subvention totale accordée à la filière lait


(Millions de dinars)
v) Régulation en période de crise sanitaire

Les mesures prises par l’Etat pour la régulation des filières avaient pour objectif
d’ajuster le prix au niveau de la production et au niveau de la consommation. Les
révisions de prix effectuées ont touché le lait, les produits avicoles et la pomme de
terre. Pour le lait, les montants des subventions en 2020 ont enregistré un
accroissement de 12,6% entre 2019, passant de 313,8 Millions de Dinars à 353,4 Millions
de Dinars.

Tableau 5 : Evolution du montant de la subvention totale accordée à la filière lait


Tableau 5 : Evolution du montant de la subvention totale accordée à la filière lait (Millions de dinars)
(Millions de dinars)
Production* Collecte Transformation** Séchage Stockage Exportation
2019 2070 80 226 0 7,8 0
2020 2307 92 257 0 17,7 0
                 2021
                                         2345
                                               87
            245 0,0055 14,5 1,4
66
 La  presse,  2021.  E-­‐Commerce  :  Une  croissance   en  de
Total trompe-­‐ l'œil.https://lapresse.tn  
la Subvention
2019 313,8
2020 74  
366,7
  2021 353,4
*Transport du fourrage du Nord vers le Sud
*Transport du fourrage du Nord vers le Sud
**Prime d’exploitation
**Prime d’exploitation ou subventionconsommation
ou subvention de de consommationaccordée auxcentrales
accordée aux centrales laitières
laitières
Source : Données GIVLAIT Source : Données
et OEP, FAO GIVLAIT
et MARH et OEP, FAO et MARH (2022)
(2022)

II.2.1.2
II.1.1.2 Accès
Accès souks hebdomadaires, etc. Au contraire, en début
de confinement, la ruée vers l’achat des produits
LaLacrise
crise aa entraîné
entraîné uneune baisse
baisse des revenus
des revenus d’une d’une grande
alimentaires partie
par peur de la apopulation
de manque abouti à une et
grande partie de la population et une hausse des pénurie
une hausse des prix de certains aliments de base. Les données de l’INS (2020) de certains produits alimentaires de base.
67
sur
prix de certains aliments de base. Les données de
l’évolution de l’IPC à la consommation montrent
l’INS (2020)(67) sur l’évolution de l’IPC à la consom-
qu’en mars 2020, les prix des denrées
II.1.1.3 Utilisation et durabilité
alimentaires
mation montrent ont qu’en
augmenté
mars 2020, de les5,1%prix avec
des une grande variabilité entre les produits :
13,8%
denréespour les fruits,
alimentaires ont 9,3%
augmenté pour de les
5,1%poissons,5,7%
avec L’étudepour
de l’INSleset légumes
de la BanqueetMondiale
5,1% pour(2020)les
une
viandes grande variabilité entre les produits : 13,8% met en évidence les changements des habitudes
pour les fruits, 9,3% pour les poissons,5,7% pour alimentaires des ménages tunisiens. Les plus
les légumes et 5,1% pour les viandes pauvres ont réduit leurs rations ou commencé à
Le suivi de l’impact socio-économique de la Covid-19 consommer sur desles ménages
aliments moinstunisiens
appréciés.réalisé
68 ère
parLel’INS
suivi et
de la Banque
l’impact Mondiale (2020)
socio-économique de la Co-concernant la 1 vague (29 avril 2020 – 8 mai
2020) de la Covid-19) révèle que
vid-19 sur les ménages tunisiens réalisé par près
l’INS desL’enquête
deux tiersrévèle desaussi ménages
que plus d’un onttiers
subidesles
et la Banque Mondiale
conséquences de la(2020)
(68)
Covid-19, concernant
sous lal’effet
1ère
personnes
de interrogées ont
l’augmentation desdéclaré
prix avoir eu des
des produits
vague (29 avril 2020 – 8 mai 2020) de la Covid-19) craintes de manquer de nourriture, au cours des
alimentaires
révèle que près et par la perte
des deux tiers desd’emplois.
ménages ont 30 jours précédant l’interview. Ce phénomène
D’ailleurs, en présence de contraintes
subi les conséquences de la Covid-19, sous l’effet financières, plus d’un
est plus marqué tiersrural
en milieu desoùenquêtés
il concerne laont
déclaré craindre des
de l’augmentation de manquer de nourriture.
prix des produits alimen- moitié des répondants et pour le quintile le plus
taires et par la perte d’emplois. pauvre où ce taux s’élève à plus de 60%.
LeD’ailleurs,
confinement et l’interdiction des déplacements
en présence de contraintes financières,
n’ont pas permis à certains
La dimension durabilité/ pérennité n’a pas été
ménages de des
plus d’un tiers s’approvisionner ; un
enquêtés ont déclaré nombreprise
craindre d’entre eux ontdans
en considération même manqué
cette analyse vu quede
67. - INS, 2020.Indice mensuel des prix
à la consommation familiale (IPC), avril quelques
de manquer produits alimentaires. Ceci s’explique
de nourriture. surtout
l’impact de lapar la fermeture
Covid-19 ne peut êtreen début
ressenti qu’àde
2020. http://ins.tn confinement de quelques points de vente (épiceries, plus long terme.
etc.),Néanmoins,
de soukscertaines perturba-
hebdomadaires,
Le confinement et l’interdiction des déplacements tions au niveau des
68. INS-BM (Institut National des etc. Au contraire, en début de confinement, la ruée vers l’achat des produits
liens entre les acteurs des
Statistiques Tunisie - Banque Mondiale), n’ont pas permis à certains ménages de s’approvi- chaines de valeurs ont été enregistrées alors que
2020. Suivi de l’impact socio-économique alimentaires par peur de manque a abouti à une pénurie de certains produits
du COVID-19 sur les ménages tunisiens.
sionner ; un nombre d’entre eux ont même manqué la coordination globale du système alimentaire a
Analyse des données de la première vague alimentaires de base.
de quelques produits alimentaires. Ceci s’explique été dès le départ relativement maitrisée grâce à
(29 avril - 8 mai 2020). http://ins.tn/sites/ surtout par la fermeture en début de confinement l’intervention de l’Etat, la solidarité des citoyens,
default/files/publication/pdf/ note_syn-
th%25C3%25A8se_covid19_final_0.pdf de quelques
II.2.1.3 pointsetdedurabilité
Utilisation vente (épiceries, etc.), de le développement des ventes en ligne, etc. Au-

66 L’étude de l’INS et de la Banque Mondiale (2020) met en évidence les changements


des habitudes alimentaires des ménages tunisiens. Les plus pauvres ont réduit leurs
rations ou commencé à consommer des aliments moins appréciés.
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

jourd’hui, en raison de la guerre en Ukraine, la Selon la dernière édition du rapport Com-


pérennité est remise en question vu les problèmes modity Markets (Banque Mondiale 2022)(69),
émergeants au niveaux des quatre dimensions de la guerre en Ukraine a modifié la physiono-
la sécurité alimentaire. mie des échanges, de la production et de la
consommation des produits de base.
II.2. Implications de la guerre
II.2.1. Disponibilité
en Ukraine sur la sécurité
alimentaire Un effet direct à citer à ce niveau est que cette
guerre a rendu l’accès aux céréales ukrainiens très
La guerre entre la Russie et l’Ukraine continue à difficile. Cette réduction de l’offre a entrainé une
la date de la rédaction de ce rapport. Il est difficile perturbation du commerce mondial des produits
et précoce de pouvoir mesurer, à ce stade, l’im- de base, notamment du blé, de l’orge du maïs, des
pact sur la sécurité alimentaire en Tunisie. Cette huiles comestibles et des engrais. Devant cette
partie tente toutefois, de recueillir quelques effets donne, les autres pays exportateurs, à l’instar de
perceptibles et mesurables de cette guerre sur le l’Inde, ont également freiné ou rationné leurs ex-
système alimentaire tunisien. portations.

Il faut cependant souligner, qu’en début 2022, la La Tunisie dépend à raisons de 80 % des mar-
situation économique au niveau mondial semblait chés russe et ukrainien pour ses importations
commencer à se redresser notamment grâce à la de céréales (60 % de sa consommation en
maîtrise de l’épidémie de la COVID-19. Cependant, blé). En 2021, la Tunisie a importé 984.000
la guerre Russo-Ukrainienne surgit et perturbe for- tonnes de blé ukrainien contre 111.000 tonnes
tement le potentiel de redressement de croissance de blé russe.
au niveau mondial, régional et national.

69. - Banque Mondiale, 2022.Les


tensions sur les prix alimentaires et de
l’énergie dues à la guerre en Ukraine
pourraient durer plusieurs années. https://
www.banquemondiale.org › news ›
2022/04/26

70. Impact du conflit russo-ukrainien


sur la sécurité alimentaire mondiale et
questions connexes relevant du mandat
de l’Organisation des Nations Unies pour
Source : FAO (70) Source : FAO70
l’alimentation et l’agriculture (FAO), 2022
Ainsi, la Tunisie a dû rationner ses importations en céréales et chercher activement
des solutions le temps que le marché international se relaxe et que les flux reviennent
à une forme de fluidité. 67
Concrètement, les chiffres montrent que c'est surtout l'orge qui a subi de fortes baisses
à l'importation d'où l'explication, en partie, de l'indisponibilité temporaire de quantités
suffisantes d'aliments de bétail qui a agi sur la disponibilité du lait et autres sources
Source : FAO70

Ainsi, la Tunisie a dû rationner ses importations en céréales et chercher activement


des solutions le temps que le marché international se relaxe et que les flux reviennent
à une
Ainsi, forme ade
la Tunisie dûfluidité.
rationner ses importations Concrètement, les chiffres montrent que c’est surtout
en céréales et chercher activement des solu- l’orge qui a subi de fortes baisses à l’importation d’où
Concrètement,
tions le temps que les chiffresinternational
le marché montrent que se c'est surtout l'orge
l’explication, quideal’indisponibilité
en partie, subi de fortes baisses
temporaire
à l'importation
relaxe d'oùreviennent
et que les flux l'explication,
à uneenforme
partie, de l'indisponibilité
de quantités suffisantestemporaire
d’aliments dede quantités
bétail qui a agi
desuffisantes
fluidité. d'aliments de bétail qui a agi sursurlaladisponibilité
disponibilité dudulait lait et autres
et autres sourcessources
alimen-
alimentaires de protéines animales. taires de protéines animales.

Tableau 6 : Evolution des principales importations agricoles fin septembre 2021 - 2022
Tableau 6 : Evolution des principales importations agricoles fin septembre 2021 - 2022
2021 20 2022/ 2021 2022 2022/ 2021 2022 2022
22 21 21 /21
Produit Quantités (1000 T) % Valeur (MD) % Prix (DT/Kg) %

Blé dur 452,7 438,1 -3,2 470,6 858,3 82,4 1,04 1,96 88,5

Blé tendre 998,4 943,1 -5,5 802,3 1222,5 52,4 0,80 1,30 61,3

Orge 770,9 558,9 -27,5 581,2 682,4 17,4 0,75 1,22 61,9

Maïs 752,7 708,1 -5,9 592,9 796,3 34,3 0,79 1,12 42,8

Source : ONAGRI (2022) à partir


Source des données
: ONAGRI de l’INS
(2022) à partir des données de l’INS
Au niveau du citoyen, ceci s'est ressenti sous forme de légères pénuries durant
Au niveau du citoyen, ceci s’est ressenti sous y a un an. La Russie et le Bélarus sont deux gros ex-
quelques semaines. L'opportunisme des
forme de légères pénuries durant quelques se-
intermédiaires et la spéculation de certains
portateurs mondiaux d›engrais, assurant à eux seuls
commerçants
maines. semblent
L’opportunisme avoir accentué
des intermédiaires et la cette
38%crise
destemporaire.
exportations d’engrais potassiques, 17 %
spéculation de certains commerçants semblent des engrais composés et 15 % des engrais azotés
avoir accentué cette crise temporaire. (Banque Mondiale,2022).
                                                                                                                       
70
 Impact  du  conflit  russo-­‐ukrainien  sur  la  sécurité  alimentaire  mondiale  et  questions  connexes  relevant  du  
II.2.2. Accès En Tunisie, ceci a été ressenti sur l›inflation glo-
mandat  de  l’Organisation  des  Nations  Unies  pour  l’alimentation  et  l’agriculture  (FAO),  2022  
bale qui a grimpé à 8,6 % en août 2022. Elle
Selon l’étude de la Banque Mondiale l’indice des
77  est principalement due à la hausse des prix des
(71)

prix des produits agricoles était supérieur de 42 % denrées alimentaires, ayant augmenté de 11,9 %
 
à celui enregistré en janvier 2021, avec des cours en août 2022. Les prix des œufs sont de 28,3 %
du maïs et du blé qui ont grimpé de 55 % et 91 % plus élevés qu›en août 2021, la volaille de 22,1 %,
respectivement à la date du 19 mai 2022. Selon la l›huile comestible en hausse de 21,4 %, les fruits
même source, les niveaux d’inflation restent encore frais en hausse de 18,4 %, les légumes frais en
élevés dans les pays. hausse de 15,8 % et les produits céréaliers en
hausse de 12,7 % (INS).
Entre janvier et avril 2022, ils étaient supérieurs à
5 % dans 92,9 % des pays à faibles revenus, 84,2 Sur le plan de la balance commerciale alimen-
% des pays à revenus intermédiaires de la tranche taire, la guerre a engendré un creusement du
inférieure et 78 % des pays à revenus intermédiaires déficit de 2496,1 MD contre un déficit de 1556,3
de la tranche supérieure. MD durant la même période de 2021. Le taux de
couverture est passé durant la même période
Les prix des engrais ont grimpé, augmentant de près de 67,2% en 2021 à 62,4% en 2022. De janvier
71. -Banque Mondiale, 2022. Le point de 20 % depuis janvier 2022, pour atteindre un ni- 2022 à septembre 2022, le taux est passé de 86,
sur la sécurité alimentaire. https://www.
banquemondiale.org › food-security-update veau presque trois fois supérieur à celui enregistré il 5% à 49,8% (ONAGRI, 2O22).

68
août 2021, la volaille de 22,1 %, l'huile comestible en hausse de 21,4 %, les fruits frais en
hausse de 18,4 %, les légumes frais en hausse de 15,8 % et les produits céréaliers en
hausse de 12,7 % (INS).

Sur le plan de la balance commerciale alimentaire, la guerre a engendré un INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

creusement du déficit de 2496,1 MD contre un déficit de 1556,3 MD durant la même


période de 2021. Le taux de couverture est passé durant la même période de 67,2%
en 2021 à 62,4% en 2022. De janvier 2022 à septembre 2022, le taux est passé de 86,
5% à 49,8% (ONAGRI, 2O22).
Tableau 7 : Balance alimentaire fin septembre 2022
Tableau 7 : Balance alimentaire fin septembre 2022  
En MD Variation (%)
09 mois-21 09 mois-22 2021/2020 2022/2021

Exportations 3189,5 4141,2 -13,3 29,8

Importations 4745,8 6637,3 12,3 39,9


Solde -1556,3 -2496,1 *** ***
Tx de couverture (%) 67,2 62,4 *** ***
Source : ONAGRI (2022)
Source :àONAGRI
partir des données
(2022) à partir de
desl’INS
données de l’INS

II.2.3. Utilisation et Durabilité disponibilité en produits de base étant for-


tement affectée par les perturbations du
II.2.3. Comme Utilisation mentionnéetci-haut, Durabilité il est difficile, : à ce stade, marché mondial des produits de bases au
d’avoir le recul nécessaire pour détecter des impacts niveau du dysfonctionnement de l’approvision-
Comme importants mentionné et mesurablesci-haut, liés aux effets il estdedifficile,
la guerre à ce stade, d'avoir
nement. La le recul
dimension «accès»nécessaire
a égalementpour
détecter des impacts importants et mesurables liés aux effets de la guerre
Russo-Ukrainienne sur les dimensions «utilisation» et été impactée eu égard à la hausse des prix Russo-
«durabilité»
Ukrainienne sur les dimensions "utilisation" et "durabilité" de la sécurité alimentaire en de la sécurité alimentaire en Tunisie. des denrées alimentaires qui se poursui-
vra jusqu’à la fin de l’année 2024, d’après la
Tunisie. En conclusion, la synthèse des divers impacts Banque Mondiale (2022).
de la Covid-19 révèle le disfonctionnement à
tous les niveaux : disponibilités alimentaires, La forte dépendance de la Tunisie à l’égard
                       accès
                     aux
               aliments
                             et          leur
                 utilisation ayant du marché mondial pour les intrants et les
71
 Banque   affecté Mondiale,   provisoirement 2022.  Le  l’ensemble point  sur  la  dusécurité   systèmealimentaire.  hproduits
ttps://www.banquemondiale.org  
alimentaires de base pose ›  food-­‐
avec
security-­‐alimentaire. update   acuité la question de la «durabilité» de
notre système alimentaire.
D’une façon générale, les dimensions «Dis- 78  
  ponibilité» et «Utilisation» des produits
alimentaires ne semblent que relative- II.3. Indice Global de Sécurité
ment et temporairement impactées par la
crise grâce à une bonne gestion de la part de
Alimentaire (GFSI) : position
l’Etat (notamment la régulation des prix et l’in- de la Tunisie
tervention au niveau des stocks stratégiques).
Toutefois, la dimension «accès» a été plus Le GFSI (Global Food Security Index, Indice global
impactée étant donné que le pouvoir d’achat de sécurité alimentaire), développé par Economist
moyen du citoyen en est sorti fortement di- Impact et parrainé par Corteva Agriscience, est un
minué, les PME agricoles et non agricoles en indice fondé sur un cadre cohérent et évalue la sécu-
difficultés financières et les budgets de l’Etat rité alimentaire à travers une série d’indicateurs dans
avec des déficits de plus en plus alarmants. 4 dimensions similaires à celles considérées par le
système des Nations Unis, à savoir : la disponibili-
La guerre en Ukraine est venue renforcer la té, l’accès, la qualité et sécurité (faisant référence à
situation de la crise sanitaire, la dimension l’Utilisation) et enfin la dimension durabilité et adap-
tation (faisant référence à la stabilité et la durabilité) .

69
Il fournit un classement, en termes de sécurité ali- pandémie de la covid-19. Près de 924 millions
mentaire, pour 113 pays (à revenus faibles et à reve- de personnes (11,7% de la population mondiale)
nus élevés) (Annexe 3). étaient confrontées à une insécurité alimentaire
grave, soit une augmentation de 207 millions de
L’indice est à caractère quantitatif et dynamique personnes en deux ans.
construit à partir d’un modèle de benchmarking
qualitatif autour de 68 indicateurs uniques qui Les projections estiment que près de 670 millions
mesurent les moteurs de la sécurité alimentaire de personnes souffriront encore de la faim en
dans les pays en développement et pays déve- 2030, soit 8% de la population mondiale (la même
loppés. L’édition 2022 du GFSI sur « l’État de proportion qu’en 2015), date à laquelle le Programme
la sécurité alimentaire et de la nutrition dans de développement durable à l’horizon 2030 a été
le monde » (FAO, FIDA, OMS, PAM et UNICEF. lancé.
2022)(72) intègre 14 nouveaux indicateurs pour
refléter la nature globale et l’interdépendance du II.3.2. Evolution de l’Indice global
système alimentaire par rapport à l’édition pré- de la sécurité alimentaire
cédente (59 indicateurs). pour la Tunisie : une
faible résilience face aux crises
Cette nouvelle édition contient des informations
mises à jour sur la sécurité alimentaire et la nutrition II.3.2.1 Lecture de l’indice
dans le monde entier, y compris les dernières estima- de la sécurité alimentaire de 2022
tions du coût et de l’accessibilité économique d’une
alimentation saine. A sa création, le GFSI servait à classer 105 pays. A
partir de 2021, le nombre est de 113 pays (Economist
II.3.1. Evolution de l’Indice global Impact GFSI,2022)(74). Entre 2012 et 2015, la Tu-
de la sécurité nisie figurait toujours parmi le groupe du milieu
alimentaire dans le monde dans le classement par rapport au GFSI (50ème en
2012 et 51ème en 2015). Par dimension, très peu de
Le monde perd du terrain dans sa lutte pour variations sont à souligner en dehors des années de
éliminer la faim et la malnutrition. Il semble sècheresse où la question de l’eau et du stress ther-
72. FAO, FIDA, OMS, PAM et UNICEF. se diriger vers la non-réalisation des objectifs du mique remontait à la surface conjoncturellement.
2022. Résumé de L’État de la sécurité ali-
mentaire et de la nutrition dans le monde
millénaire. Après être restée relativement stable
2022. Réorienter les politiques alimentaires depuis 2015, la proportion de personnes touchées En 2019 et 2020, la Tunisie est classée 69ème et
et agricoles pour rendre l’alimentation par la faim a bondi en 2020 et a continué de 59ème en raison de la crise liée à la COVID-19, l’aug-
saine plus abordable. Rome, FAO. https://
doi.org/10.4060/cc0640fr croître en 2021 où on enregistre jusqu’à 828 mil- mentation rapide des prix internationaux des denrées
lions de personnes, soit 46 millions de plus qu’en alimentaires importées par la Tunisie, les décisions
73. L’insécurité alimentaire grave est
définie comme correspondant à un niveau 2020 et 150 millions de plus qu’en 2019. Ce qui de confinement de la population pendant un mois et
de gravité de l’insécurité alimentaire se correspond à une proportion de personnes tou- demi avec la mise de millions de personnes en chô-
caractérisant par le fait que, à un moment
dans l’année, les personnes concernées chées en 2021 de 9,8% de la population mondiale mage technique qui en découlait, les difficultés de
ont épuisé leurs réserves alimentaires, contre une part de 9,3% en 2020 et 8% en 2019 circulation, les couvre-feux à répétition impactant la
ont connu la faim et, au degré le plus
avancé, sont restées un ou plusieurs jours ((FAO, FIDA, OMS, PAM et UNICEF. 2022). restauration hors foyers, etc. Tous ces éléments ont
sans manger. Il est déterminé à partir de impacté fortement la sécurité alimentaire du pays
l’échelle de l’insécurité alimentaire vécue,
selon le rapport En 2021, 2,3 milliards de personnes (29,3% de dans un contexte socio-économique global de diffi-
la population mondiale) étaient en situation d’in- cultés majeures au niveau des finances publiques.
74. Economist Impact GFSI, 2022.
Global Food Security Index 2022. https:// sécurité alimentaire modérée ou grave(73), soit Résultat, le classement de la Tunisie a reculé de
Economist_Impact_GFSI_2022_Global_Re- 350 millions de personnes de plus qu’avant la 18 places par rapport à 2015.
port_Sep_2022.pdf

70
En 2021, La situation s’est légèrement améliorée, le pays étant classé 2ème en Afrique,
9ème dans le monde arabe et 55ème au niveau international sur 113 pays avec un score
global de 62,7 (Impact Economist, 2022). Ainsi, on pourrait conclure que l’instabilité
politique en phase post-révolution n’avait pas beaucoup d’impact sur la sécurité INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

alimentaire du pays.

En 2022, avec l’impact du conflit russo-ukrainien sur l’économie mondiale en général


et sur la TunisieEn en
2021, particulier, étant améliorée,
La situation s’est légèrement donné laEndifficulté dedu s’approvisionner
2022, avec l’impact conflit russo-ukrainien sur en certains
produits et la monde
dégradation continue de la situation
le pays étant classé 2 en Afrique, 9ème dans le
des finances publiques,  la Tunisie
l’économie mondiale en général et sur la Tunisie en
ème

arabe et 55 au niveau international sur 113


ème
particulier, étant donné la difficulté de s’approvision-
occupe la 62ème place.
pays avec un score global de 62,7 (Impact Economist, ner en certains produits et la dégradation continue
2022). Ainsi, on pourrait conclure que l’instabilité po- de la situation des finances publiques, la Tunisie oc-
litique en phase post-révolution n’avait pas beaucoup cupe la 62ème place.
Fig.28
d’impact sur la: sécurité
Evolution duduclassement
alimentaire pays. global de la Tunisie selon l’IGSA
Fig.28 : Evolution du classement global de la Tunisie selon l’IGSA

Source : Impact Source : Impact Economist (2022)


Economist (2022)

I.3.2.2 Analyse desAnalyse


II.3.2.2 indicateurs etsoussous indicateurs
des indicateurs et de calcul
La lecture approfondie dedesl’Indice
des scores quatre di- global de la
sécurité alimentaireindicateurs
pour delacalcul
Tunisie en 2022 mensions
de l’Indice global de
la sécurité alimentaire pour la Tunisie
montre qu’au sein de chaque dimen-
sion il y a des fragilités qui nécessitent qu’on s’y
en 2022 attarde. Le focus sur les indicateurs et les sous
indicateurs en rouge sont porteurs de risques
Dans ce paragraphe, seront
Dans ce paragraphe, examinés
seront examinés les
les écarts par écarts par alimentaire
pour la sécurité dimension entre la
en Tunisie. situation en
Tunisie et la moyenne
dimension entremondiale pour
la situation en Tunisie chaque dimension.
et la moyenne
mondiale pour chaque dimension.

La lecture approfondie des scores des quatre dimensions montre qu’au sein de
chaque dimension il y a des fragilités qui nécessitent qu’on s’y attarde. Le focus sur les
ndicateurs et les sous indicateurs en rouge sont porteurs de risques pour la sécurité
alimentaire en Tunisie. 71
Fig. 29 : Classement
Fig. 29 : global et par
Classement globaldimension de la
et par dimension de Tunisie
la Tunisieselon l’Indice
selon l’Indice Global de Sécurité
Global
Fig. 29 : Classement global de et Sécurité
par dimension
Alimentaire de la
(GFSI) Tunisie
de selon
2022
Alimentaire (GFSI) de 2022 l’Indice Global de Sécurité
Alimentaire (GFSI) de 2022

Source : Impact Economist, 2022


Source : Impact Economist, 2022
II.3.2.2.1 Accès Source : Impact Economist, 2022
II.3.2.2.1 Accès
 
Ce Accès
II.3.2.2.1 pilier est composé de deux indicateurs, à savoir le commerce agricole et la
Ce pilier est composé de deux indicateurs, à savoir le Le détail de cet indicateur (Fig. ci-dessous) montre
  présence et la nature des filets de sécurité alimentaire et de 10 sous indicateurs. La
commerce agricole et la présence et la nature des fi-
meilleure
Ce pilier performance
estsécurité
composé de la Tunisie est dans que
le àle sous-indicateur
Pilier de l’accès « qui
tarifsladeclasse
l’importation
54èmedessur
lets de alimentairede et de deux indicateurs,
10 sous indicateurs. savoir
produits » ascorele commerce
enregistré un score 22,6 sur une« et la
agricole
del’indicateur
présence113 pays avec
et la nature un score de 74,5. On note que le global de
La meilleure performancedes de lafilets
Tunisiedeest sécurité
dans le alimentaire
moyenne de 63,3,et
ce de
qui 10 sous
explique que ce indicateurs.
sous indi- La
commerce agricole » est ème de 46,3 sur une moyenne globale de 67,3.
meilleure performance de la Tunisie est dans cateur
  Pilier de l’accès qui la classe 54 sur 113 pays avec
le Pilier delel’accès
tire vers bas le scorequigloballadeclasse 54
la dimension ème sur
113 pays un
Le détail avec
score dede uncet score
74,5. On note que
indicateur de (Fig.
le score74,5.ci-dessous)
global On notemontre
de l’in- que le
accès. quescore global de «l’indicateur
le sous-indicateur tarifs de «
commerce dicateur « commerce
agricole » agricole
est de » est
46,3de 46,3
sur sur
une une moyenne globale
l’importation des produits » a enregistré un score de 22,6 sur une moyenne de 63,3, ce de 67,3.
  qui moyenne
expliqueglobaleque
de 67,3.
ce sous indicateur tire vers le bas le score global de la dimension
accès.
Le détail de cet indicateur Fig. 30 : Score (Fig.
de laci-dessous) montre« commerce
Tunisie pour l’indicateur que le agricole
sous-indicateur
» « tarifs de
l’importation desFig. 30 : Score de la Tunisie pour l’indicateur « commerce agricole »
produits » a enregistré un score de 22,6 sur une moyenne de 63,3, ce
qui explique que ce sous indicateur tire vers le bas le score global de la dimension
accès.
Fig. 30 : Score de la Tunisie pour l’indicateur « commerce agricole »

Source : Impact Economist, 2022


Source : Impact Economist,2022
II.3.2.2.2 Disponibilité
72
 

82  
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

Ce pilier est composé de sept indicateurs : l’accès aux intrants et aux ressources avec
II.3.2.2.2 Disponibilité barrières politiques et sociales avec 4 sous indica-
6 sous indicateurs, la recherche et le développement avec 3 sous indicateurs,
teurs et l’engagement politique pour la sécurité avec
l’infrastructure agricole, avec 5 sous indicateurs, la chaîne d’approvisionnement avec
Ce pilier est composé de sept indicateurs : l’accès 2 indicateurs.
3 sous indicateurs, l’offre suffisante avec 2 indicateurs, les barrières politiques et
aux intrants
sociales avec et aux
4 ressources avec 6 sous
sous indicateurs etindica-
l’engagement politique pour la sécurité avec 2
teurs, la
indicateurs. recherche et le développement avec 3 sous La performance globale dans ce pilier de la dis-
La performance globale dans ce pilier de laponibilité
indicateurs, l’infrastructure agricole, avec 5 sous indi- n’est pas
disponibilité satisfaisante.
n’est La Tunisie est
pas satisfaisante. La
cateurs, la chaîne d’approvisionnement avec 3 sous
Tunisie est classée 74ème sur 113 pays avec un score de 54,1. classée 74 ème
sur 113 pays avec un score de 54,1.
indicateurs, l’offre suffisante avec 2 indicateurs, les
Fig 31 : Score de la Tunisie pour la dimension disponibilité
Fig 31 : Score de la Tunisie pour la dimension disponibilité

 
Source
Source : Impact : Impact Economist,2022
Economist,2022

En examinant le détail de cette dimension, plusieurs indicateurs et sous indicateurs


présentent des scores assez faibles justifiant ce classement. Les plus significatifs sont
En examinant le détail de cette dimension, plusieurs • l’accès au financement et aux différents services
mentionnés en rouge (Fig. ci-dessous).
indicateurs et sous indicateurs présentent des scores bancaires pour les agriculteurs avec un score de
assez faibles justifiant ce classement. Les plus signi- 50 sur une moyenne mondiale de 74,3 ;
En effet, dans l’indicateur accès aux inputs, trois sous indicateurs au moins sont au
ficatifs sont mentionnés en rouge (Fig. ci-dessous). • la participation communautaire (dans groupe-
rouge. Il s’agit de :
ments, associations de producteurs ou coopéra-
• l’accès au financement et aux différents services bancaires pour les
Enagriculteurs
effet, dans l’indicateur accès aux inputs, trois sous tives, etc.) dont le score est de 50 contre 83,6 à
avec un score de 50 sur une moyenne mondiale de 74,3 ;
indicateurs
• la auparticipation
moins sont au rouge. Il s’agit de :
communautaire l’échelle
(dans mondiale ;
groupements, associations de
producteurs ou coopératives, etc.) dont le score est de 50 • autonomisation descontre
agricultrices
83,6avec un score
à l’échelle
mondiale ; nul contre un score mondial moyen de 28,3.
• autonomisation des agricultrices avec un score nul contre un score mondial
moyen de 28,3.

73
Fig. 32 : Score de la Tunisie pour l’indicateur « accès aux intrants »

83  
Fig. 32 : Score de la Tunisie pour l’indicateur « accès aux intrants »

 
 
Source : Impact Economist

Les deux derniers indicateurs sont aussi dans le rouge et révèlent les points suivants :
 
 
L’Infrastructure Sourced’approvisionnement
: Impact Economist
• Source : Impactde la chaîne
Economist présente un score faible
pour « l’index de la performance logistique » mesurant la performance
Les deuxnationale
Les deux derniers
derniers indicateurs
en matière
indicateurs sont sont
aussi
de aussidans dans
transport le et derisques
le rouge etd’instabilité
logistique
révèlent avecpolitique
un (30/51,6,
les points score la corrup-
de
suivants 39,2
:
rouge etcontre
révèlent49,4
les points suivants
au niveau :
mondial ; tion (25/39,4) et enfin la fluctuation et l’instabi-
Les barrières politiques
• L’Infrastructure de la chaîne et sociales lité de lalaproduction
entravent
d’approvisionnement présente agricole,
disponibilité undes particulièrement
scorealiments,
faible
• L’Infrastructure
pour de la chaîne
particulièrement
« l’index deleslad’approvisionne-
risques d’instabilité
performance la production
logistiquepolitique céréalière
» mesurant(30/51,6,etla celle des légumes
laperformance
corruption
mentnationale
présente unet
(25/39,4) score
en faiblelapour
enfin
matière de« l’index
fluctuation
transportde etetl’instabilité
de(68/78,7) ;de la
logistique avec production
un score agricole,
de 39,2
la performance logistique
particulièrement
contre 49,4 au niveau » mesurant
la production la perfor-
mondial ;céréalière et celle des légumes (68/78,7) ; sécurité
• L’engagement politique en matière de
manceLesnationale
• L’engagement
barrières en matière de transport
politique
politiques et de de
en sociales
et matière alimentaire
sécurité
entravent etdisponibilité
d’accès avec
laalimentaire et un scorealiments,
d’accès
des nulavec
contre
logistique
un avec
score un
nul score de
contre 39,2
47,1 contre
à 49,4
l’échelle au en raison47,1 à l’échelle
d’un
particulièrement les risques d’instabilité politique (30/51,6, la corruption score en raison
nul pourd’unla score nul
stratégie pourdela
niveau mondial
sécurité ;
(25/39,4)alimentaire
et enfin la (47,1 au niveauetmondial)
fluctuation stratégie
l’instabilité de
et d’un sécurité
de la score alimentaire (47,1
nul pour l’agence
production au niveau
agricole,
• Les barrières
de politiques
sécurité
particulièrement etlasociales
mondiale (32,7 entravent
production au niveau la mondial).
céréalière mondial)
et celle etdesd’unlégumes
score nul pour l’agence; de sécu-
(68/78,7)
disponibilité
• L’engagementdes aliments, particulièrement
politique en matière les de sécuritérité mondiale (32,7 au niveau
alimentaire mondial). avec
et d’accès
un score
Fig. 33 : nulScorecontre
de la47,1
Tunisieà l’échelle en raison
pour l’indicateur d’un score
« obstacles nul pour
politiques la stratégie de
et sociaux
Fig. 33 sécurité
: Score dealimentaire
la Tunisie pour l’indicateur
(47,1 au niveau« obstacles
mondial)
à l’accès aux aliments » politiques
et et
d’un sociaux
score à l’accès
nul pour auxl’agence
aliments »
de sécurité mondiale (32,7 au niveau mondial).

Fig. 33 : Score de la Tunisie pour l’indicateur « obstacles politiques et sociaux


à l’accès aux aliments »

 
 
Source : Impact Economist Source : Impact Economist
 
 
 
74 Source : Impact Economist 84  
 
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

II.3.2.2.3 Qualité et sécurité

Ce pilier est composé de 4 indicateurs : La diversité de la diète, avec 2 sous


II.3.2.2.3
indicateurs, Qualité
les etnormes
sécurité nutritionnelles avec A3l’exception des indicateursla« disponibilité
sous indicateurs, sécurité des aliments
des
micronutriments avec 3 sous indicateurs et» la et «sécurité
diversité dedes
diètealiments
», « les normes
avecde4la sous
nutri-
Ce pilier est composé
indicateurs. Pour ce de 4pilier,
indicateurs : La diversité
la Tunisie tion70
est classée » posent
ème sur un113
sérieux problème
pays avecavecun un scorede
score de
58, 8.
de la diète, avec 2 sous indicateurs, les normes nu- (27,4/63,7) (voir Fig. ci-dessous) en raison de scores
tritionnelles avec 3 sous indicateurs, la disponibilité nuls pour « les directives alimentaires nutritionnelles,
A l’exception des indicateurs « sécurité des aliments » et « diversité de diète », « les
des micronutriments avec 3 sous indicateurs et la sé- « l’étiquetage nutritionnel » et « le suivi de la sur-
normes de la nutrition » posent un sérieux problème avec un score de (27,4/63,7) (voir
curité
Fig. ci-dessous) en raison de scores nuls pour «veillance
des aliments avec 4 sous indicateurs. Pour ce nutritionnelle
les directives » dont les nutritionnelles,
alimentaires scores à l’échelle
pilier, la Tunisie estnutritionnel
« l’étiquetage classée 70ème» etsur «113lepays
suiviavec mondiale sontnutritionnelle
de la surveillance respectivement de 42,5, les
» dont 59,3scores
et 77,9.
un score de 58,mondiale
à l’échelle 8. sont respectivement de 42,5, 59,3 et 77,9.

Fig.Fig.
3434 : ScorededelalaTunisie
: Score Tunisiepour
pourl’indicateur
l’indicateur «« Qualité
Qualitéetetsécurité
sécurité» »

 
Source : Impact Economist
Source : Impact Economist

Quant
Quantà à la la
« disponibilité des micronutriments
« disponibilité »,
des micronutriments 67,8, expliqué
», on notepar unl’indice
scoredeglobalement
la « disponibilitébas
du
on note un score globalement bas par rapport à la vitamine A » (50/88,5)
par rapport à la moyenne de l’ensemble des 113 pays, soit 48,6 contre 67,8, expliquéet du Zinc (46,2/64,3) qui
moyenne de l’ensemble
par l’indice de la des 113 pays, soit 48,6
« disponibilité ducontre
vitamines’avèrent des facteurs
A » (50/88,5) et critiques
du Zincpour la sécurité nutri-
(46,2/64,3) qui
s’avèrent des facteurs critiques pour la sécurité nutritionnelle
tionnelle des Tunisiens.
des Tunisiens.

Fig.35 : Score de la Tunisie pour le sous indicateur « disponibilité des micronutriments »


Fig.35 : Score de la Tunisie pour le sous indicateur « disponibilité des micronutriments »

85  
 
 
Source : Impact Economist
Source : Impact Economist
II.3.2.2.4 Durabilité et adaptation

Cette dimension est composée de 6 indicateurs et 20 sous indicateurs, à savoir


« l’exposition » avec 4 sous indicateurs, « l’eau » avec 2 sous indicateurs, « la terre » 75
avec 4 sous indicateurs, « les océans, rivières et les lacs » avec 2 sous indicateurs,
« l’engagement politique pour la durabilité » avec 6 sous indicateurs, et « la gestion
des risques et catastrophes » avec 2 sous indicateurs.
 
Source : Impact Economist

II.3.2.2.4 Durabilité et adaptation


II.3.2.2.4 Durabilité et adaptation et « la gestion des risques et catastrophes » avec 2
Cette dimension est composée de 6 indicateurs et 20 sous indicateurs, à savoir
sous indicateurs.
« l’exposition » avec 4 sous indicateurs, « l’eau » avec 2 sous indicateurs, « la terre »
Cette dimension est composée de 6 indicateurs et 20
avec 4 sous indicateurs, « les océans, rivières et les lacs » avec 2 sous indicateurs,
sous indicateurs, à savoir
« l’engagement « l’exposition
politique pour» la
avec 4 sous » avec
durabilité En rapport avec
6 sous ce pilier, laetTunisie
indicateurs, est classée
« la gestion
indicateurs,
des risques « l’eau » avec 2 sous »indicateurs,
et catastrophes avec 2 sous« laindicateurs.
74ème sur 113 pays avec un score de 49,7 qui re-
terre » avec 4 sous indicateurs, « les océans, rivières présente la performance la plus faible de l’en-
etEn
les rapport avec
lacs » avec ceindicateurs,
2 sous pilier, la Tunisie est classée
« l’engagement 74ème des
semble sur quatre
113 pays avec un score de
piliers.
49,7 qui représente la performance la plus faible de l’ensemble des quatre piliers.
politique pour la durabilité » avec 6 sous indicateurs,
Fig. 36 : Score de la Tunisie pour l’indicateur « Durabilité et adaptation »
Fig. 36 : Score de la Tunisie pour l’indicateur « Durabilité et adaptation »

 
Source : ImpactSource
Economist
: Impact Economist
Les indicateurs qui tirent ce pilier vers le bas (fig.ci dessous) sont :
Les indicateurs qui tirent ce pilier vers le bas (fig.ci • la politique nationale d’adaptation agricole
dessous) sont•: la sècheresse avec un score de 25/42,7 ;
(0/79,6) ;
• la qualité de l’eau d’irrigation et la disponibilité, 25/40,9 ;
• la sècheresse avec un score de 25/42,7 ; • la gestion des risques et catastrophe (0/55,7) ;
la présence
• la qualité •de l’eau d’irrigationduetcarbone 86   • de
organique
la disponibili- l’infestation de ravageurs
la terre 2,8/29,1 ; et atténuation de
• la politique nationale d’adaptation agricole
  té, 25/40,9 ; maladies (0/69,9)
(0/79,6) ; :
• la gestion des risques et catastrophe • la(0/55,7) ;
coordination de la gestion des risques
• la présence du carbone organique
• l’infestation de la terre
de ravageurs et atténuation de maladies (0/69,9) :
2,8/29,1 ; (0/39,7).
• la coordination de la gestion des risques (0/39,7).  
 
Fig. 37 : Score de la Tunisie pour les sous indicateurs de « l’engagement politique
Fig. 37 : Score de la Tunisie pour les sous indicateurs de « l’engagement politique en faveur de
en faveur de l’adaptation et « la gestion des risques »
l’adaptation et « la gestion des risques »

Source
Source : Impact Economist : Impact Economist
76
II.3.2.3 Comparaison de la Tunisie avec le reste du monde

II.   3.2.3.1 Comparaison avec le groupe de pays à bas et moyen revenus et la


Source : Impact Economist

INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

II.3.2.3 Comparaison de la Tunisie avec le reste du monde

II.   3.2.3.1 Comparaison avec le groupe de pays à bas et moyen revenus et la


région MENA

II.3.2.3 Comparaison de la Tunisie avec le reste Le classement de la Tunisie comparé à celui des 15
Le classement
du monde de la Tunisie comparé à celui pays dedes 15 pays
la région MENA en defonction
la région
de toutesMENA
les di- en
fonction de toutes les dimensions est peumensions satisfaisant.
est peu Ilsatisfaisant.
indique Illeindique
chemin que le
le chemin
pays estComparaison
II. 3.2.3.1 appelé àavecparcourir
le groupepour
de paysseà repositionner
que le payspar rapport
est appelé à ces pour
à parcourir pays se qui nous
reposi-
ressemblent.bas et moyen revenus et la région MENA tionner par rapport à ces pays qui nous ressemblent.
 
Tableau 8 : Classement de la Tunisie par rapport au groupe de pays à bas et moyens revenus
Tableau 8 : Classement de la Tunisie par rapport au groupe de pays à bas et moyens
et dans la région MENA
revenus et dans la région MENA
113 pays LMIC* (32 pays) Région MENA 15 pays
Global 62 6 11
Affordability/accès 54 4 10
disponibilité 74 17 10
Qualité et sécurité 70 12 10
Durabilité et adaptation 74 14 11
Source: GFSI,2022 Source:
*; LMICGFSI,2022
: Low Middel Income
*; LMIC Country
: Low Middel Income Country
II. 3.2.3.2 Comparaison avec les pays arabes
 
LeII. 3.2.3.2
tableau Comparaison
suivantavec les pays arabes
montre le classement meilleurs
desclassements.
différentsLes scores
paysaccès arabes
sont les plusqui
bénéficient, contrairement à la Tunisie, de élevés scoresdansglobaux
ces pays, à plus
l’exception du Maroc
élevés et de la de
et donc
Le tableau classements.
meilleurs suivant montre le Les
classement
scoresdes accès
diffé- Tunisie.les
sont Le score
plusdeélevés
disponibilité est plus
dans cesélevépays,
dans à
l’exception du Maroc
rents pays arabes et decontrairement
qui bénéficient, la Tunisie. à Le87  score
les paysde disponibilité
du Golfe, estdeplus
alors que ceux élevé
la qualité et dedans
la
lesla pays
Tunisie,du Golfe,
de scores alors
globaux plusque
élevésceux
et doncde
de la qualité et de
pérennité sont la faibles
les plus pérennité sont les plus
pour la Tunisie.
  faibles pour la Tunisie.
 
Tableau 9 : Classement de la Tunisie par rapport au groupe des pays arabes
Tableau 9 : Classement de la Tunisie par rapport au groupe des pays arabes  
P AYS CLASSEMENT SCORE S CORES D IMENSSIONS
/113 PAYS GLOBAL A CCES DISPONIBILITE Q UALITE P ERENNITE
E MIRAT ARABE 23 75,2 86,7 73,8 81,3 55,6
U NIES
OMAN 35 71,2 88,6 64,6 73,2 53,6
B AHRAIN 38 70,3 91,3 60,1 76,3 47,3
A S AOUDITE 41 69,9 83,2 67,2 71,6 53,7
J ORDANIE 47 66,2 85,3 59,8 55,4 58,9
KOWEIT 50 65,2 80,0 62,9 67,8 45,5
M AROC 57 63,0 74,6 42,9 73,1 60,0
T UNISIE 62 60,3 74,5 54,5 58,8 49,7
Source : GFSI,2022
Source : GFSI,2022
En conclusion, l’ensemble des indicateurs de calcul de l’indice global de la sécurité
En conclusion, l’ensemble des indicateurs de les dimensions durabilité et adaptation, le pays
alimentaire montrent la persistance de faiblesses structurelles en Tunisie bien qu’elle
calcul de l’indice global de la sécurité alimen- dégage un fort déficit en matière d’engagements
se base globalement sur des acquis assez solides, notamment pour les dimensions
taire montrent la persistance de faiblesses struc-
accès et disponibilité. Pour les dimensions durabilité politiqueset
pour la sécurité alimentaire
adaptation, et de ren- un
le pays dégage
turelles en Tunisie bien qu’elle se base globale- forcement des capacités
fort déficit en matière d’engagements politiques pour la sécurité alimentaire de gestion des risques
et de
ment sur des acquis
renforcement assez solides,
des capacités denotamment et catastrophes.
gestion des risques et catastrophes.
pour les dimensions accès et disponibilité. Pour
II.4. Indicateurs liés aux Objectifs de Développement Durable (ODD)

Le dernier rapport national volontaire de la Tunisie sur l’agenda 2030 et les ODD 77
présentés en juillet 2019 a confirmé que l’environnement et les ressources naturelles
du pays subissent de multiples pressions.
II.4. Indicateurs liés aux Objectifs II.4.2 Objectif du Développement Durable
2 « Éliminer la faim, assurer la sécurité
de Développement Durable
alimentaire, améliorer la nutrition et
(ODD) promouvoir une agriculture durable »

Le dernier rapport national volontaire de la Tunisie sur Le 25 septembre 2015, les États membres de l’ONU
l’agenda 2030 et les ODD présentés en juillet 2019 a ont adopté l’Agenda 2030 et un ensemble de 17 ob-
confirmé que l’environnement et les ressources natu- jectifs de développement intitulés Objectifs de Dé-
relles du pays subissent de multiples pressions. veloppement Durable (ODD) qui visent à mettre fin
à la pauvreté, à protéger la planète et à assurer la
II.4.1 Evaluation de la vulnérabilité prospérité pour tous.
du développement durable en Tunisie
Chaque objectif a des cibles spécifiques (soit un total
Le coût de la dégradation de l’environnement en de 169 cibles) et les pays du monde entier se sont
Tunisie est estimé à 2,7 % du Produit Intérieur Brut engagés à atteindre ces objectifs au cours des 15 pro-
(PIB) . Les coûts des dommages liés à la dégradation chaines années. Les ODD prolongent et élargissent
du capital naturel proviennent essentiellement de la l’agenda de développement des Objectifs du Millé-
perte agricole due à la dégradation des sols (0.35- naire pour le développement (OMD) qui ont expiré
0.69% du PIB)(75) et l’envasement des barrages (0.1% en 2015.
du PIB) suivie par la perte de revenus touristiques liée
à la dégradation du littoral (0.23-0.29% du PIB). Les L’ODD 2 « Éliminer la faim, assurer la sécurité
secteurs les plus touchés sont l’agriculture, l’eau, alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir
la pêche, la santé, le tourisme et la biodiversité. une agriculture durable » vise à éradiquer la faim
et la malnutrition en garantissant l’accès à une
Les études d’évaluation de la vulnérabilité de la alimentation sûre, nutritive et suffisante pour
Tunisie au changement climatique et les scéna- tous. Il appelle à la mise en place de systèmes de
rios climatiques ont démontré, sans équivoque(76), production alimentaire et de pratiques agricoles
que les ressources naturelles subissent déjà, et durables et résilients.
subiront pour longtemps, les impacts du change-
ment climatique, en particulier les impacts liés L’ODD2 ne pourra être atteint que si les cibles de
à l’augmentation des températures moyennes. plusieurs autres ODD sont également atteintes,
Cette hausse varierait selon les régions, au meilleur comme par exemple l’ODD12 « une consommation
des cas entre 1°C et 1,8°C à l’horizon 2050 et entre et une production responsable », l’ODD1 « Éliminer
2°C et 3°C à la fin du siècle. Dans le cas le plus pessi- la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le
miste, l’augmentation pourrait atteindre 4,1°C à 5,2°C monde » et l’ODD13 « Prendre d’urgence des mesures
à la fin du siècle. Les projections montrent également pour lutter contre les changements climatiques et
une baisse des précipitations (-10% à 30% en 2050), leurs répercussions » qui confirment leurs liens avec
l’élévation du niveau de la mer (30 cm à 50 cm en l’insécurité alimentaire.
2050) et la hausse des phénomènes climatiques ex-
trêmes (inondations et sécheresses). Ces risques
75. Etude de la Banque Mondiale et
Note d’orientation, Plan Quinquennal de
se traduiraient par une grande vulnérabilité de
Développement 2016-2020 de la Tunisie. l’économie du pays, de sa population et de ses
76. Tunisie- contribution aux éléments
écosystèmes. A titre d’exemple, l’impact du
de la phase préparatoire du processus du changement climatique sur le secteur agricole à
Plan National d’Adaptation : Impacts des l’horizon 2030 représentera entre 5% à 10% de
effets du CC sur la sécurité alimentaire,
AFD, 2020 diminution du PIB agricole.

78
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

Encadré 2 : Cibles de l’ODD2


Titre de la cible Description de la cible
Faim 2.1 : D’ici à 2030, éliminer la faim et faire en sorte que chacun, en particulier les
pauvres et les personnes en situation vulnérable, y compris les nourrissons, ait
accès tout au long de l’année à une alimentation saine, nutritive et suffisante
Malnutrition 2.2 : D’ici à 2030, mettre fin à toutes les formes de malnutrition, y compris en
réalisant, d’ici à 2025, les objectifs arrêtés à l’échelle internationale relatifs aux
retards de croissance et à l’émaciation parmi les enfants de moins de 5 ans, et
répondre aux besoins nutritionnels des adolescentes, des femmes enceintes ou
allaitantes et des personnes âgées
Productivité et 2.3 : D’ici à 2030, doubler la productivité agricole et les revenus des petits
petits producteurs alimentaires, en particulier les femmes, les autochtones, les exploitants
exploitants familiaux, les éleveurs et les pêcheurs, y compris en assurant l’égalité d’accès aux
terres, aux autres ressources productives et intrants, au savoir, aux services
financiers, aux marchés et aux possibilités d’ajout de valeur et d’emploi autres
qu’agricoles
Agriculture 2.4 : D’ici à 2030, assurer la viabilité des systèmes de production alimentaire et
performante et mettre en œuvre des pratiques agricoles résilientes qui permettent d’accroître la
résiliente productivité et la production, contribuent à la préservation des écosystèmes,
renforcent les capacités d’adaptation aux changements climatiques, aux
phénomènes météorologiques extrêmes, à la sécheresse, aux inondations et à
d’autres catastrophes et améliorent progressivement la qualité des terres et des
sols
Diversité et 2.5 : D’ici à 2020, préserver la diversité génétique des semences, des cultures et
partage des des animaux d’élevage ou domestiqués et des espèces sauvages apparentées, y
ressources compris au moyen de banques de semences et de plantes bien gérées et
génétiques diversifiées aux niveaux national, régional et international, et favoriser l’accès aux
avantages que présentent l’utilisation des ressources génétiques et du savoir
traditionnel associé et le partage juste et équitable de ces avantages, ainsi que
cela a été décidé à l’échelle internationale
Recherche 2.a : Accroître, notamment dans le cadre du renforcement de la coopération
agronomique internationale, l’investissement en faveur de l’infrastructure rurale, des services de
recherche et de vulgarisation agricoles et de la mise au point de technologies et
de banques de gènes de plantes et d’animaux d’élevage, afin de renforcer les
capacités productives agricoles des pays en développement, en particulier des
pays les moins avancés
Exportation et 2.b : Corriger et prévenir les restrictions et distorsions commerciales sur les marchés
commerce agricoles mondiaux, y compris par l’élimination parallèle de toutes les formes de
subventions aux exportations agricoles et de toutes les mesures relatives aux
exportations aux effets similaires, conformément au mandat du Cycle de
développement de Doha
Fonctionnement 2.c : Adopter des mesures visant à assurer le bon fonctionnement des marchés de
des marchés denrées alimentaires et des produits dérivés et faciliter l’accès rapide aux
alimentaires informations relatives aux marchés, y compris les réserves alimentaires, afin de
contribuer à limiter l’extrême volatilité du prix des denrées alimentaires
Source : https://unric.org/fr/odd-2;http://www.comite21.org;
Source : https://unric.org/fr/odd-2;http://www.comite21.org;
https://www.agenda-2030.fr/17-objectifs-de-developpement-durable/article/odd2-
https://www.agenda-2030.fr/17-objectifs-de-developpement-durable/article/odd2-elimi-
eliminer-la-faim-assurer-la-securite-alimentaire-ameliorer-la-nutrition-
ner-la-faim-assurer-la-securite-alimentaire-ameliorer-la-nutrition-

Il convient de rappeler que la Tunisie ne dispose pas d’une stratégie nationale


multisectorielle pour une alimentation saine et suffisante pour tous. Les composantes 79
de la sécurité alimentaire et la promotion d’une agriculture durable et inclusive,
résiliente aux changements climatiques, figurent parmi les priorités du Plan
Quinquennal du développement 2016-2020 (Economie verte et développement
Il convient de rappeler que la Tunisie ne dispose du nombre de personnes touchées et de la
pas d’une stratégie nationale multisectorielle baisse du produit intérieur brut ;
pour une alimentation saine et suffisante pour • l’augmentation des prix des denrées alimen-
tous. Les composantes de la sécurité alimentaire taires ;
et la promotion d’une agriculture durable et in- • le chômage et le bas niveau des salaires ;
clusive, résiliente aux changements climatiques, • la situation économique du pays entraînant la
figurent parmi les priorités du Plan Quinquennal stagnation du PIB par habitant peut réduire le
du développement 2016-2020 (Economie verte et pouvoir d’achat des ménages pauvres et, par
développement durable). conséquent, leurs dépenses alimentaires ;
• les programmes de subventions universelles
L’intégration des ODD dans PDQ 2016-2020 et les qui ne ciblent que les aliments de base à forte
stratégies nationales montre que 80% des cibles valeur énergétique, mais nutritionnellement
sont couvertes (84 cibles couvertes sur 105 rete- insuffisantes dont l’impact sur la malnutrition
nues) par les objectifs/actions du PQD 2016-2020 est aujourd’hui significatif (dénutrition infan-
dont 49 cibles sont parfaitement alignées (Répu- tile, excès pondéral et obésité).
blique tunisienne, 2019)(77).
II.4.2.1 Estimation de l’insécurité alimentaire
En rapport avec l’ODD2, la Tunisie s’est fixé les en Tunisie
objectifs suivants :
La Tunisie est confrontée à des défis impor-
• Assurer une alimentation saine et en quanti- tants pour atteindre à la fois la cible 2.1 des
té suffisante pour tous et lutter contre toute ODD, assurer un accès régulier à une alimen-
forme de malnutrition ; tation suffisante, sûre et nutritive pour tous, et
• Renforcer les pratiques agricoles productives la cible 2.2, mettre fin à toutes les formes de
préservant les écosystèmes et renforçant les malnutrition.
capacités d’adaptation aux changements cli-
matiques ; II.4.2.2 Prévalence de l’insécurité alimentaire
• Renforcer l’agriculture familiale dans ses dimen-
sions environnementales et économiques, en L’indicateur 2.1.1de l’ODD2 « Prévalence de la
tant que vecteur de lutte contre la malnutrition ; sous-alimentation (PoU) » de la FAO est élaboré
• Maintenir une diversité génétique des espèces et as- pour capter un état de privation énergétique du-
surer le partage des bénéfices de leur exploitation. rant plus d’un an. L’indicateur 2.1.2 « prévalence
d’une insécurité alimentaire modérée ou grave »,
Quoique la Tunisie ait réussi à réaliser des progrès évalué à l’aide de l’échelle FIES, est utilisé pour
notables en matière de la lutte contre la faim et la suivre les progrès réalisés vers l’objectif d’assurer
malnutrition, plusieurs facteurs peuvent entraver à tous l’accès à une alimentation adéquate.
77. République tunisienne =, 2019. les efforts pour atteindre l’ODD2 :
Rapport National Volontaire Sur la mise Selon le rapport de la FAO (2022)(78), la préva-
en œuvre des Objectifs du développement
durable. http ://Rapport_National_Volon- • le taux de pauvreté national de 15,2% de la lence de la sous-alimentation en Tunisie est à la
taire_ODD_2019_Tunisie.pdf population (soit 1,7 millions de personnes), baisse passant de 4,3% en 2004-2006 à 3,1%
pouvant atteindre 26 % à 30 % dans les en 2019-2021.
78. FAO, FIDA, OMS, PAM et UNICEF.
2022. L’État de la sécurité alimentaire
zones rurales et les régions intérieures) (INS) ;
et de la nutrition dans le monde 2022. • les disparités régionales en termes de santé et La prévalence de l’insécurité alimentaire
Réorienter les politiques alimentaires et
agricoles pour rendre l’alimentation saine
de nutrition ; grave est à la hausse (9,1% en 2004-2006
plus abordable. Rome, FAO.https://doi. • les effets du changement climatique au regard contre 12,6% en 2019-2021).
org/10.4060/cc0639fr

80
évalué à l’aide de l’échelle FIES, est utilisé pour suivre les progrès réalisés vers l’objectif
d’assurer
évaluéà àtous l’accès à une alimentation
FIES, est utiliséadéquate.
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

l’aide de l’échelle pour suivre les progrès réalisés vers l’objectif


d’assurer à tous l’accès à une alimentation adéquate.
Selon le rapport de la FAO (2022)78, la prévalence de la sous-alimentation en Tunisie
est àSelon
la baisse passant
le rapport de de 4,3%(2022)
la FAO en 2004-2006 à 3,1% en
78, la prévalence de2019-2021.
la sous-alimentation en Tunisie
est à la baisse passant de 4,3% en 2004-2006 à 3,1% en 2019-2021.
La prévalence de l’insécurité alimentaire grave est à la hausse (9,1% en 2004-2006
La prévalence
contre de l’insécurité alimentaire grave est à la hausse (9,1% en 2004-2006
12,6% en 2019-2021.
contre 12,6% en 2019-2021.
Tableau 10 : Prévalence de la sous-alimentation, de l’insécurité modérée ou grave
Tableau 10 : Prévalence de la sous-alimentation, de l’insécurité modérée ou grave
deet de
Tableau 10 :etPrévalence certaines formes
de formes
certaines la de
demalnutrition
sous-alimentation,
malnutrition en en
de Tunisie
l’insécurité
Tunisie(%).(%).
modérée ou grave
  et de certaines formes de malnutrition en Tunisie (%).
2004-­‐06   2019-­‐21  
  2004-­‐06   2019-­‐21  
PREALENCE  DE  LA  SOUSALIMENTATION  –  POPULATION  TOTALE   4,3   3,1  
PREALENCE  DE  LA  SOUSALIMENTATION  –  POPULATION  TOTALE   4,3   3,1  
PRÉVALENCE  DE  L’INSÉCURITÉ  ALIMENTAIRE  GRAVE   9,1   12,6  
PRÉVALENCE  DE  L’INSÉCURITÉ  ALIMENTAIRE  GRAVE   9,1   12,6  
PRÉVALENCE   DE  L’INSÉCURITÉ  ALIMENTAIRE  MODÉRÉE  OU  GRAVE  –  
PRÉVALENCE  DE  L’INSÉCURITÉ  ALIMENTAIRE  MODÉRÉE  OU  GRAVE  –  
18,2  
18,2  
28,0  
28,0  
POPULATION   TOTALE1  
POPULATION   TOTALE1  
Source : FAO,
Source 2022
: FAO, 2022 Source : FAO, 2022
II.4.2.2 Coût
II.4.2.2 et abordabilité
Coût et abordabilité
II.4.2.2 Coût et abordabilité d’une alimentation saine dans toutes les régions.
Selon le même
Selon le même rapport
rapport (FAO,
(FAO,2022), lesles
2022), prix mondiaux
prix Tunisie, àleàla
mondiaux
En laconsommation
coût de l’alimentation des
consommation des produits
produits
a augmen-
alimentaires,
alimentaires, sous sous l’effet
l’effet de dela la Covid-19,
Covid-19,
Selon le même rapport (FAO, 2022), les prix mon- ontont atteint leurs niveaux les plus hauts
té de 4,7% et le nombre de personnes qui ne en
atteint leurs niveaux les plus hauts
2020.2020.
CetteCette hausse
hausse s’ests’est traduitepar
traduite paruneuneaugmentation
augmentation du du coût
coût moyen
moyen d’une
d’une
diaux à la consommation des produits alimen- peuvent pas se permettre une alimentation saine
alimentation
alimentation sainesaine
dansdans toutes
toutes lesles régions.
régions.
taires, sous l’effet de la Covid-19, ont atteint leurs est presque constant. Le tableau ci-dessous ré-
En Tunisie,
En niveaux
Tunisie, lehauts
lesleplus
coûtcoût
deende l’alimentation
2020. a augmenté
Cette hausseas’est
l’alimentation sume la
augmenté de de 4,7%et
situation
4,7% :etlelenombre
nombre de
de personnes
personnes
qui ne peuvent pas se permettre une alimentation saine est presque constant. Le
quitraduite
ne peuvent pas se permettre
par une augmentation une alimentation saine est presque constant. Le
du coût moyen
tableau ci-dessous résume la situation :
tableau ci-dessous résume la situation :
Tableau 11
Tableau 11 : :Coût
Coûtetetabordabilité
abordabilitéd’une alimentation
d’une saine saine
alimentation
Tableau 11 : Coût et abordabilité d’une alimentation saine
Unité 2017 2018 2019 2020
Coût d’une Unité
USD 2017
3,476 2018
3,559 2019
3,628 2020
3,639
Coûtalimentation
d’une saine USD 3,476 3,559 3,628 3,639
alimentation
Personnessaine
ne pouvant Nombre 21,8 21,2 20,8 20,3
Personnes ne pouvant
se permettre une Nombre
total en 21,8 21,2 20,8 20,3
alimentation
se permettre unesaine million
total en
alimentation saine %
million 2,5 2,5 2,4 2,4
Source : FAO, 2022% 2,5 : FAO, 2022
Source 2,5 2,4 2,4
Source : FAO, 2022
II.4.3 Agenda alimentaire urbain 2030 résilients, intégrés, durables et inclusifs, qui per-
mettent à chacun, partout dans le monde, d’être
II.4.3 Agenda alimentaire urbain 2030
La Vision 2030 de la FAO pour l’Agenda alimen- à l’abri de la faim et de toutes les formes de mal-
II.4.3
LaAgenda
taire urbain alimentaire
Visions’inscrit
2030 de FAO urbain
danslal’objectif pour 2030 nutrition.
global l’Agenda
ODD2 alimentaire urbain s’inscrit dans l’objectif
global ODD2 de mettre en place des systèmes alimentaires résilients, intégrés,
La deVision
mettre2030
en place
de la desFAO
systèmes
pouralimentaires
l’Agenda alimentaire urbain s’inscrit dans l’objectif
durables et inclusifs, qui permettent à chacun, partout dans le monde, d’être à l’abri
global ODD2 de mettre en place des systèmes alimentaires résilients, intégrés,
de la faim et de toutes les formes de malnutrition.
Encadré 3
durables et inclusifs, qui permettent
AgendaàAlimentaire
chacun,Urbain
partout
2030 dans le monde, d’être à l’abri
de la faim et de toutes les formes de malnutrition.
L’Agenda Alimentaire Urbain est une initiative phare de la FAO dont l’objectif est d’améliorer le
développement durable, la sécurité alimentaire et la nutrition dans les zones urbaines et périurbaines
ainsi que les espaces ruraux qui leur sont proches. Il s’agit d’élaborer et de mettre en œuvre un large
éventail de politiques, programmes et initiatives en partenariat avec différentes parties prenantes : la
 société
                           civile,
                       le        monde
                           universitaire,
                              des organisations internationales, notamment du système des
Nations
78
 FAO,  FIDA,   Unies, OMS,   des Préseaux AM  et  Ude NICEF.   villes2022.   et des organes
L’État   de  la  set entités
écurité   publics ouet  privés.
alimentaire   de  la  nutrition  dans  le  monde  2022.  
Réorienter  les  politiques  alimentaires  et  agricoles  pour  rendre  l’alimentation  saine  plus  abordable.  Rome,  
                 Plus
             de
           55
         %        de
         la
       population
                                       mondiale vit déjà dans des zones urbaines et 80 pour cent des aliments
78 FAO.https://doi.org/10.4060/cc0639fr  
 FAO,   FIDA,  Odans
produits MS,  PleAM  
monde et  UNICEF.  
sont 2destinés
022.  L’État  
à lade  consommation
la  sécurité  alimentaire   et  de  
en espace la  nutrition  
urbain. dans  le  msociale,
La durabilité onde  2022.  
Réorienter   l es   p olitiques   a limentaires   e t   a gricoles   p our   r endre  
92  
économique et environnementale des systèmes alimentaires et l’évolution de l’alimentation urbaine l ’alimentation   s aine   p lus   a bordable.   R ome,  
FAO.https://doi.org/10.4060/cc0639fr  
 dépendent dans une large mesure de la gestion des systèmes alimentaires dans les zones urbaines et
périurbaines. On aurait donc dû depuis longtemps mettre davantage l’accent sur l’Agenda 79. FAO, 2019 Urban Food Agenda.
92   https://www.fao.org/urban-food-
alimentaire urbain. agenda/fr
 
FAO. 2019. FAO framework for the
Source : FAO, 2019 79 Urban Food Agenda. Rome. https://doi.
Source : FAO, 2019 (79) org/10.4060/ca3151en

Une centaine de villes (217) dans le monde se sont inscrits dans cette dynamique et
ont signé le Pacte de Politique Alimentaire Urbaine en 2015 à Milan. La Tunisie a 81
apporté sa contribution en identifiant les priorités de développement pour la période
post-2015 via sa participation à l’initiative relative à la réalisation de l’ODD 11 « villes et
communautés durables ».
Une centaine de villes (217) dans le monde se sont politiques et aux programmes alimentaires mis
inscrits dans cette dynamique et ont signé le Pacte en œuvre dans les villes dans divers domaines :
de Politique Alimentaire Urbaine en 2015 à Milan. gouvernance et planification, durabilité des modes
La Tunisie a apporté sa contribution en identifiant d’alimentation et de la nutrition, équité sociale et
les priorités de développement pour la période économique, production alimentaire et gestion des
post-2015 via sa participation à l’initiative relative écosystèmes, approvisionnement et distribution
à la réalisation de l’ODD 11 « villes et communau- alimentaires, pertes et gaspillages de nourriture.
tés durables ».
En conclusion, les principales forces de la
La Tunisie, à travers la municipalité de Tunis, a Tunisie restent jusque-là, la salubrité des ali-
bénéficié de l’apport de la FAO en 2018 pour la ments, la faible proportion de la population
mise en place d’un projet « Vers une stratégie de au-dessous du seuil de pauvreté mondiale, la
gouvernance alimentaire pour la municipalité de suffisance de l’offre des produits alimentaires
Tunis » dont l’objectif est de doter la municipalité et la présence de programmes de filets sociaux
d’une gouvernance alimentaire, d’assurer la sécu- de sécurité alimentaire.
rité alimentaire et de promouvoir une alimentation
saine et le bien être des citadins. L’accès physique et économique aux denrées
alimentaires et leurs valeurs nutritives sera
Le dispositif mis en place dans la municipalité de un des principaux défis des prochaines décen-
Tunis ou d’autres municipalités du pays, ne prévoit nies. Les limites à la croissance économique,
pas la mise en place d’une stratégie alimentaire combinées à la stagnation du PIB par habitant,
locale, ni d’une gouvernance alimentaire locale. peuvent entraver la capacité des pauvres à ré-
Leurs tâches restent liées à la sécurité sanitaire duire leurs dépenses alimentaires.
des aliments et l’hygiène des espaces publics
(marchés, restaurants, cafés, GMS) ainsi que l’en- Le manque de stratégies réalisables et efficaces
vironnement des communautés. visant les petits exploitants constituera un risque
pour le secteur et les communautés rurales. La
Plusieurs villes dans le monde sont avancées dans petite agriculture est considérée comme essen-
ce domaine pour améliorer la sécurité alimentaire tielle pour relever des défis tels que la lutte contre
et la nutrition de leurs habitants: Mécanisme de la pauvreté rurale, la sécurisation des approvi-
gouvernance alimentaire à Nairobi et Lima, l’ ini- sionnements en nourriture et la sauvegarde de la
tiative de développement urbain à Colombo, Plans biodiversité agricole et de l’utilisation durable des
directeurs municipaux et connexion des villes ressources naturelles.
pour échanger les bonnes pratiques, Stratégie
alimentaire locale pour le grand Londres, Conseil Si la transition alimentaire suit les mêmes ten-
consultatif de gouvernance alimentaire durable à dances de consommation et de production (qua-
Bordeaux, la politique alimentaire de la province litatives et quantitatives), les risques épidémio-
de Gueldre (Pays Bas). logiques vont s’accentuer, entre autres, obésité,
surpoids, diabète et maladies cardiovasculaires.
Une Plateforme des actions alimentaires urbaines Ces conséquences pourront laisser de côté davan-
a été mise au point par la FAO en vue de don- tage de pauvres.
ner l’accès à une base de données relatives aux

82
Chapitre 3 :
Benchmarking international : INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

expériences-pays inspirantes et bonnes


pratiques intéressantes pour la Tunisie

I. Expériences a été implémentée en ce sens. Dans le cadre de cette


stratégie, la Corée du Sud a mis en place des régle-
inspirantes pour mentations strictes en matière de production et de
améliorer la distribution alimentaires pour garantir la sécurité et
la qualité des aliments. Ces réglementations sont ap-
Gouvernance pliquées par l’Agence coréenne de sécurité alimen-
alimentaire taire et des médicaments (KFDA) qui est chargée de
surveiller la sécurité alimentaire dans le pays.
En France, le gouvernement a mis en place des
politiques pour réduire l’opportunisme des inter- II. Expériences
médiaires et la spéculation dans le secteur ali-
mentaire en mettant en place des mécanismes de inspirantes pour
transparence et de responsabilité : réduire
• La loi de modernisation de l’agriculture de l’opportunisme des
2010 a instauré un système de traçabilité pour intermédiaires
les produits agricoles qui oblige les intermé-
diaires à déclarer les prix qu’ils paient aux La Nouvelle-Zélande a développé une ap-
agriculteurs pour les produits agricoles. Cela proche de coordination globale pour renforcer
a permis de réduire les opportunités pour les la sécurité alimentaire en s’appuyant sur une
intermédiaires de spéculer sur les prix des collaboration étroite entre les différents ac-
produits agricoles ; teurs de la chaîne alimentaire, notamment les
• La loi de modernisation de l’agriculture de producteurs, les transformateurs, les distri-
2010 a également créé une commission de buteurs et les consommateurs. Cette approche
régulation des marchés agricoles qui a pour s’articule autour des éléments suivants :
mission de surveiller les marchés agricoles et
de lutter contre les pratiques d’entente et de • Une politique de « soutien à l’agriculture du-
manipulation des prix ; rable » qui vise à renforcer la résilience des
• Enfin, la France a mis en place un système de producteurs locaux en leur fournissant des ou-
stockage public pour les produits agricoles qui tils et des ressources pour améliorer la qualité
permet au gouvernement de stocker des pro- et la durabilité de leur production ;
duits agricoles pour stabiliser les prix et éviter • Un système de certification qui permet aux
la spéculation. consommateurs de reconnaître les produits
alimentaires qui répondent à des critères de
D’autres pays ont également renforcé leur sécu- qualité et de durabilité élevés ;
rité alimentaire grâce à une bonne gouvernance • Des politiques visant à renforcer les liens entre
du système alimentaire à l’instar de la Corée du les producteurs, les transformateurs et les dis-
Sud dont la gouvernance repose sur une planifi- tributeurs pour garantir que les produits ali-
cation stratégique efficace, des réglementations mentaires de qualité sont disponibles pour les
strictes en matière de production et de distribu- consommateurs. Cela inclut des programmes
tion alimentaires, la promotion de l’agriculture pour améliorer les relations commerciales
durable et l’investissement dans la recherche et entre les producteurs et les transformateurs et
l’innovation. des programmes pour renforcer les liens entre
les producteurs et les distributeurs locaux ;
En effet, en Corée du sud, une stratégie bien définie • Des programmes de recherche et de déve-

83
loppement pour soutenir les producteurs des alimentaires plus saines en réduisant leur
locaux en leur fournissant des outils et des consommation de sel, de sucre et de graisses
technologies pour améliorer la qualité et la saturées (produits largement importés par la
durabilité de leur production. Cela inclut des Tunisie) ;
programmes pour améliorer les techniques de • Pour renforcer l’impact de la campagne, le
production, les systèmes de gestion des res- gouvernement japonais a travaillé en étroite
sources naturelles et les systèmes de stockage collaboration avec les acteurs de l’industrie
et de transport des produits alimentaires. alimentaire, les producteurs locaux, les asso-
ciations de consommateurs et les médias.
Nous pouvons également citer le cas du Sénégal
qui a mis en place plusieurs mesures pour lutter
contre la spéculation et la contrebande afin de
III.
Expériences
renforcer sa sécurité alimentaire, notamment : inspirantes pour
renforcer la
• La création de l’Agence de régulation des mar-
chés (ARM) : l’ARM a pour mission de réguler digitalisation du
les marchés pour éviter les hausses excessives système alimentaire
des prix des produits alimentaires. Elle sur-
veille les prix et les pratiques commerciales • L’Afrique du Sud a mis en place un système
des acteurs du marché et impose des sanc- de suivi des aliments basé sur la blockchain
tions aux contrevenants ; qui permet de tracer les aliments à travers
• Le renforcement des contrôles aux frontières: toute la chaîne d’approvisionnement, de-
le Sénégal a renforcé les contrôles aux fron- puis les fermes jusqu’aux points de vente.
tières pour lutter contre la contrebande de Cela permet de s’assurer que les aliments sont
produits alimentaires en provenance des pays sûrs à manger et d’identifier rapidement tout
voisins. Des patrouilles sont organisées le long problème éventuel ;
des frontières et des peines lourdes sont appli- • L’Espagne utilise des drones et des capteurs
quées aux contrebandiers. pour surveiller les cultures et détecter les ma-
ladies et les ravageurs. Cela permet aux agri-
Enfin, nous citons une initiative prise par le gou- culteurs de produire des cultures plus saines
vernement japonais quand il a lancé une cam- et plus productives, améliorant ainsi la sécuri-
pagne de communication appelée «Shokuiku» té alimentaire ;
pour promouvoir une alimentation saine et équi- • Les États-Unis utilisent des systèmes de pré-
librée en mettant l’accent sur les produits locaux vision de la production basés sur l’IA pour
et traditionnels. «Shokuiku» est un terme japo- anticiper les besoins alimentaires à venir et
nais qui signifie «éducation alimentaire». planifier la production en conséquence ;
• Le Brésil utilise des systèmes de gestion de
• La campagne «Shokuiku» a mis en avant les la chaîne d’approvisionnement pour optimiser
avantages des produits locaux et traditionnels la production alimentaire en utilisant des don-
et a orienté la consommation vers les produits nées sur les conditions météorologiques, les
disponibles à circuits de distribution courts prix des aliments, la demande des consomma-
afin de réduire l’opportunisme des intermé- teurs, etc.
diaires ; • L’Indonésie a mis en place un système de sui-
• Cette campagne de communication a permis vi des aliments basé sur la blockchain pour
également aux japonais d’adopter des habitu- assurer la traçabilité des produits de la ferme

84
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

à l’assiette, renforcer la qualité des produits pays en augmentant la disponibilité de l’eau


et garantir la sécurité alimentaire pour les potable et en permettant l’irrigation des terres
consommateurs. Les bénéfices concrets de arides.
cette approche indonésienne comprennent :
o L’amélioration de la qualité des aliments: En effet, les technologies de dessalement per-
le système de suivi permet de s’assurer que mettent de produire de l’eau potable à partir de
les aliments sont produits selon des normes l’eau de mer, augmentant ainsi la disponibilité de
élevées et que les consommateurs reçoivent l’eau pour les populations côtières et les zones
des aliments frais et sûrs ; arides. Cela permet aux agriculteurs de produire
o La réduction des pertes alimentaires : en des cultures plus productives et de s’assurer que
suivant les aliments à travers la chaîne d’ap- les populations ont accès à de l’eau potable saine.
provisionnement, les problèmes peuvent Les Émirats Arabes Unis ont mis en place un
être identifiés et résolus rapidement, rédui- projet pilote de dessalement solaire à Abu
sant ainsi les pertes alimentaires ; Dhabi qui utilise des panneaux solaires pour
o La transparence de la chaîne d’ap- produire de l’énergie pour alimenter une usine
provisionnement : les informations sur de dessalement par osmose inverse. Le projet
la blockchain sont transparentes et ac- a été un succès et il est en train d’être élargi
cessibles à tous les acteurs de la chaîne pour produire plus d’eau potable.
d’approvisionnement, ce qui permet de
s’assurer que tout le monde joue un rôle • La technologie utilisée pour le projet est une
responsable dans la production et la dis- combinaison de panneaux solaires photovol-
tribution des aliments ; taïques pour produire de l’énergie électrique
o Une meilleure gestion des risques : et de l’osmose inverse pour convertir l’eau de
en ayant une meilleure visibilité sur les mer en eau potable. Les panneaux solaires
différentes étapes de la chaîne d’appro- sont utilisés pour alimenter les pompes qui
visionnement, il est possible de gérer les poussent l’eau de mer à travers les membranes
risques de manière plus efficace, en anti- d’osmose inverse pour séparer les sels et les
cipant les problèmes potentiels et en pre- impuretés de l’eau ;
nant des mesures pour les prévenir. • L’avantage de cette technologie est qu’elle est
plus respectueuse de l’environnement que
les méthodes traditionnelles de dessalement
IV. Expériences qui dépendent des combustibles fossiles. Elle
inspirantes pour permet également de réduire les coûts d’ex-
renforcer le nexus ploitation, car l’énergie solaire est gratuite et
renouvelable ;
énergies • Le projet pilote de dessalement solaire à Abu
renouvelables, Dhabi a été un succès et les autorités des Émi-
rats Arabes Unis ont décidé de poursuivre le
irrigation et développement de cette technologie en élar-
dessalement de gissant l’usine pour produire davantage d’eau
potable. Le gouvernement a également annon-
l’eau de mer cé des plans pour construire d’autres usines de
dessalement solaires dans d’autres Emirats.
Le dessalement des eaux de mer est en train
de jouer un rôle important dans le renforce- Les Émirats Arabes Unis ont également mis
ment de la sécurité alimentaire pour certains

85
en place des programmes pour encourager Cela a permis de réduire les coûts d’exploita-
l’utilisation de l’énergie solaire dans d’autres sec- tion pour les agriculteurs et de réduire la dé-
teurs, tels que la production d’électricité, pour pendance aux énergies non renouvelables ;
renforcer leur sécurité énergétique et réduire leur • Dans la région de Séville, l’énergie solaire est
dépendance aux combustibles fossiles. utilisée pour alimenter les systèmes d’irriga-
tion dans les fermes agricoles. Cela a permis
En Espagne également, les efforts en matière de réduire les coûts d’exploitation pour les
de développement des énergies renouvelables agriculteurs et la dépendance aux énergies
ont été concentrés sur la production d’éner- non renouvelables.
gie éolienne et solaire pour alimenter les sys-
tèmes d’irrigation. Cela a permis de renforcer
la sécurité alimentaire en augmentant la pro-
V. Expériences
duction agricole et en réduisant les coûts d’ex- inspirantes pour
ploitation. renforcer la lutte
L’Espagne a également mis en place des pro- contre les effets
grammes pour promouvoir l’utilisation de pra- du changement
tiques agricoles économes en eau, comme l’ir-
rigation par goutte à goutte et l’utilisation de climatique sur les
systèmes de gestion de l’eau. Cela a permis de zones arides
réduire la consommation d’eau et de protéger les
ressources en eau pour les générations futures. L’Egypte a réalisé de grands avancements en
matière de renforcement de l’agriculture dans
En outre, l’Espagne a également mis en place les milieux arides de manière à lutter contre
des programmes pour promouvoir la production les effets du changement climatique et amélio-
d’énergie renouvelable en utilisant des technolo- rer la sécurité alimentaire de l’Egypte.
gies telles que les panneaux solaires et éoliennes
pour alimenter les foyers ruraux, les écoles et les Parmi les initiatives mise en place par ce pays, on cite :
centres de recherches, ce qui a contribué à amé-
liorer l’accès à l’énergie pour les communautés • Une politique volontariste de promotion des
rurales et à réduire les coûts d’exploitation : systèmes d’irrigation goutte à goutte pour éco-
nomiser l’eau et augmenter les rendements en
En Espagne, il existe plusieurs exemples d’utilisa- milieux arides ;
tion des énergies renouvelables pour alimenter les • La mise en place de systèmes de stockage de
systèmes d’irrigation : l’eau : il s’agit de réservoirs de stockage de
l’eau et des systèmes de stockage souterrains
• Dans la région de Murcie, l’énergie solaire est pour augmenter les ressources en eau pour
utilisée pour alimenter les pompes d’irrigation l’agriculture dans les milieux arides ;
dans les fermes agricoles. Cela a permis de ré- • La diversification des cultures pour réduire
duire les coûts d’exploitation pour les agricul- les risques liés aux conditions climatiques ex-
teurs et de réduire la dépendance aux énergies trêmes et augmenter la sécurité alimentaire ;
non renouvelables ; • La mise en place de systèmes de surveillance
• Dans la région de Valence, l’énergie solaire et climatique pour permettre aux agriculteurs de
éolienne sont utilisées pour alimenter les sys- mieux anticiper les risques climatiques et de
tèmes d’irrigation dans les fermes agricoles. mieux gérer les risques ;

86
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

• La mise en place de programmes de formation ment climatique en réduisant la pression afin


pour les agriculteurs pour les sensibiliser aux de cultiver davantage de terres.
enjeux du changement climatique et les inciter
à adopter des pratiques de résilience alimen- Enfin, nous pouvons souligner que plusieurs pays
taire au niveau local. arides ou semi-arides ont excellé dans l’utilisation
des eaux usées dans l’irrigation pour faire face
Sur un autre registre, il est opportun de citer aux défis liés à la pénurie d’eau. Voici quelques
l’exemple de l’Inde qui a capitalisé sur le succès exemples de pays qui peuvent servir de source
de son système d’assurance agricole (durant les d’inspiration à la Tunisie afin de mettre en place
années 1980 et 1990) qui vise à appuyer financiè- des systèmes avancés de réutilisation des eaux
rement les producteurs agricoles en zones arides usées pour l’irrigation :
face aux effets des changements climatiques et
des chocs et catastrophes naturelles chaque fois 1. Espagne : en raison de sa géographie diver-
que les rendements sont en deçà des rendements sifiée, l’Espagne compte de nombreuses ré-
minimums couvrants par ce système d’assurance. gions arides ou semi-arides. Le pays a adopté
une approche proactive dans l’utilisation des
En effet, en 2007, le gouvernement indien eaux usées pour l’irrigation, notamment dans
a adopté un nouveau système d’assurance les régions du sud-est. Des réglementations
culturale climatique comme alternative à l’as- strictes ont été mises en place pour garantir la
surance sur l’indice de rendement existante. qualité de l’eau traitée et son utilisation sûre
dans l’agriculture ;
L’indice climatique inclut les précipitations 2. Australie : l’Australie, en particulier les ré-
(élevées ou faibles, longueur des périodes hu- gions arides comme l’Australie occidentale et
mides ou sèches, etc.), les températures, l’hu- le sud de l’Australie, a mis en place des poli-
midité, la vitesse du vent et une alliance de tiques et des technologies innovantes pour la
ces éléments afin de déterminer le risque de réutilisation des eaux usées dans l’irrigation.
maladies. Il est basé sur des mesures relevées Des systèmes de traitement avancés sont uti-
dans des stations météorologiques officielles lisés pour purifier les eaux usées, qui sont en-
aux quatre coins du pays. Les paiements sont suite utilisées dans l’agriculture, contribuant
automatiques. Les agriculteurs n’ont pas à ainsi à la durabilité de l’approvisionnement en
remplir de demande formelle. Cela réduit les eau dans ces régions ;
coûts de transaction et permet des paiements 3. Singapour : bien que Singapour ne soit pas
rapides. un pays aride, il a réussi à surmonter ses défis
en manque d’eau en adoptant une approche
Le système a également l’avantage d’éviter les ré- globale de gestion des ressources en eau, y
clamations frauduleuses de personnes assurées. compris la réutilisation des eaux usées. Sin-
Tous les agriculteurs qui empruntent de l’argent gapour recycle et purifie les eaux usées pour
auprès d’institutions financières doivent contrac- obtenir de l’eau de haute qualité appelée
ter une assurance alors que ceux qui n’empruntent «NEWater», qui est utilisée dans l’industrie et
pas peuvent toujours assurer leurs récoltes s’ils le l’irrigation agricole.
désirent. Cette assurance s’est avérée près de
15 ans après être un outil précieux qui protège Ces pays ont mis en place des politiques, des
la sécurité alimentaire des familles d’agricul- réglementations et des technologies avancées
teurs tout en aidant à renforcer la productivité pour maximiser l’utilisation des eaux usées
des terres cultivées et à atténuer le change- traitées dans l’agriculture, permettant ainsi de

87
répondre aux besoins en eau dans des envi- place des programmes pour réduire les mala-
ronnements arides ou semi-arides tout en pré- dies liées à l’alimentation, comme l’obésité et
servant les ressources en eau douce limitées. le diabète.

VI. Expériences VII. Expériences


inspirantes pour inspirantes pour
renforcer le nexus consolider le rôle
alimentation- de la société civile
nutrition-santé dans le renforcement
De nombreux pays ont mis en place des politiques
de la sécurité
efficaces pour gérer le nexus alimentation, nutri- alimentaire
tion et santé. A titre illustratif :
Divers pays ont mis en place des initiatives ren-
• Les Pays-Bas ont une longue histoire de po- forçant le soutien de la société civile à l’accès à
litiques efficaces pour gérer le nexus alimen- l’alimentation, nous citons :
taire, nutritionnel et de santé. Le pays a un
système de production de légumes de haute • Le Bangladesh : le Bangladesh est connu pour
qualité et une forte culture de l’agriculture son système de microcrédit qui a permis de
durable. Il a également mis en place des pro- soutenir les producteurs locaux et de favoriser
grammes pour promouvoir une alimentation l’accès à l’alimentation pour les populations les
saine et réduire les maladies liées à l’alimen- plus pauvres. Les organisations de la société ci-
tation, comme l’obésité et le diabète ; vile jouent un rôle clé dans la mise en place et
• Singapour a également mis en place des po- la gestion de ce système de microcrédit ;
litiques efficaces pour gérer le nexus alimen- • L’Inde : l’Inde a mis en place des programmes
taire, nutritionnel et de santé. Le pays a un de distribution de nourriture pour les popu-
système de production de légumes de haute lations les plus défavorisées qui sont gérés
qualité et promeut une alimentation saine à par les organisations de la société civile. Ces
travers des campagnes de sensibilisation et programmes ont permis d’améliorer l’accès à
des programmes scolaires. Il a également mis l’alimentation pour les populations les plus
en place des programmes pour réduire les ma- pauvres ;
ladies liées à l’alimentation, comme l’obésité • Le Brésil : les organisations de la société civile
et le diabète ; au Brésil ont joué un rôle clé dans la mise en
• La Suisse a également mis en place des po- place de programmes de distribution de nour-
litiques efficaces pour gérer le nexus alimen- riture pour les populations les plus défavori-
taire, nutritionnel et de santé ; sées. Ces programmes ont permis d’améliorer
• Le Japon a une longue histoire de politiques l’accès à l’alimentation pour les populations
efficaces pour gérer le nexus alimentaire, nu- les plus pauvres.
tritionnel et de santé. Le pays a un système
de production de légumes de haute qualité Le Brésil a mis en place des programmes am-
et promeut une alimentation saine à travers bitieux pour améliorer l’accès à l’alimentation
des campagnes de sensibilisation et des pro- pour les populations les plus défavorisées et la
grammes scolaires. Il a également mis en société civile y joue un rôle clé :

88
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

o Le programme Faim Zéro (Zéro faim) sont très inspirantes et peuvent servir de référence
lancé en 2003 qui a pour but d’éliminer pour la Tunisie.
la faim et la malnutrition au Brésil, en
utilisant une approche globale qui intègre Au niveau régional, nous pouvons citer le Plan
la sécurité alimentaire, la nutrition, l’em- d’action intégré pour lutter contre le gaspillage ali-
ploi, l’éducation et les soins de santé. Il mentaire adopté par l’UE.
a été mis en place pour garantir l’accès à
l’alimentation à tous les Brésiliens, en par- Le 19 janvier 2012, les eurodéputés ont voté une
ticulier les plus pauvres, en utilisant des résolution visant à réduire de moitié le gaspil-
stratégies de transferts monétaires, de dis- lage alimentaire dans toute l’Europe d’ici 2025.
tribution de nourriture, de développement Ainsi, la Commission européenne s’est engagée
rural, de création d’emplois et de soutien face à l’ampleur de ce phénomène à l’identifica-
à l’agriculture familiale ; tion de ses causes sur la base desquels un Plan
o Le Bolsa Familia, lancé en 2003, est d’actions intégré a été mis en place, invitant les
un programme de transferts monétaires États membres à réduire la production de déchets
conditionnels qui cible les familles les plus alimentaires conformément aux objectifs de déve-
pauvres du Brésil. Il a pour but d’améliorer loppement durable.
l’accès à l’alimentation pour les popula-
tions les plus défavorisées en leur four- Au niveau national, certains États membres de
nissant des ressources financières pour l’UE ont élaboré des programmes nationaux de
acheter de la nourriture ; prévention du gaspillage alimentaire qui ont d’ores
o Le «Plateau de l’Emploi et de la Pro- et déjà donné des résultats concrets :
duction Agricole» (Plano de Emprego e
Produção Agricola), lancé en 2004, est un En France, par exemple, les initiatives suivantes
programme qui vise à améliorer l’accès ont été prises pour réduire le gaspillage alimen-
à l’alimentation pour les populations les taire :
plus défavorisées en créant des emplois
et en soutenant l’agriculture familiale et • La Loi anti-gaspillage est promulguée en 2016
l’agriculture paysanne ; (Journal Officiel du 12 Février 2016) afin de ré-
o Le Brésil a également mis en place des glementer la réduction du GA. Les nouvelles
programmes pour favoriser l’accès à l’ali- dispositions législatives inscrivent dans la loi
mentation en milieu scolaire en distribuant les actions à mettre en place pour récupérer
des repas gratuits à des millions d’enfants et valoriser les denrées alimentaires et pour
dans les écoles. éviter leur gaspillage. Elles sont dans l’ordre
de priorité : (1) prévention du gaspillage, (2)
utilisation des invendus par le don ou la trans-
VIII. Expériences formation, (3) valorisation destinée à l’ali-
inspirantes pour mentation animale, (4) utilisation à des fins
lutter contre le de compost pour l’agriculture ou valorisation
énergétique par méthanisation ;
gaspillage • Le Pacte national de lutte contre le gaspillage
alimentaire alimentaire est présenté en réponse à l’objec-
tif de diminuer par deux le gaspillage alimen-
En matière de lutte contre le gaspillage alimen- taire d’ici 2025, à travers onze mesures, dont :
taire, les initiatives prises par l’Union Européenne o Un signe de ralliement manifestant la mo-

89
bilisation de chacun pour lutter contre le jour, les prix cassés sur les produits
gaspillage ; proches de leur date limite de consom-
o Une journée nationale de lutte contre le mation, dans 70 magasins partenaires en
gaspillage, d’un prix « Anti-g aspi » des France. Zéro-Gâchis affirme avoir évité la
bonnes pratiques ; poubelle à 342 tonnes d’aliments en 2014.
o Des formations dans les lycées agricoles et ‘’Zéro Gaspil dans les cantines scolaires’’
les écoles hôtelières ; est aujourd’hui mis en place dans 50 res-
o Des clauses dans les marchés publics de taurants scolaires. Il est devenu aussi un
la restauration collective ; projet éducatif.
o Une meilleure connaissance du cadre légis-
latif et réglementaire sur la propriété et la Face aux enjeux de la crise alimentaire mon-
responsabilité lors d’un don alimentaire ; diale, les premières banques alimentaires se
o La mesure de la lutte contre le gaspillage sont développées aux Etats Unis depuis 1967,
alimentaire dans la Responsabilité Sociale puis en Europe (en France depuis 1984). Le
des Entreprises ; réseau Global Food Banking Network (GFN)
o Le remplacement systématique de la men- comprend aujourd’hui plus de 250 banques
tion DLUO par « À consommer de préfé- alimentaires opérationnelles dans plus de 30
rence avant, etc. » ; pays (Mediterra, 2016)(80).
o Une campagne de communication sur la
lutte contre le gaspillage ; En Egypte, la Banque alimentaire (Egyptian Food
o L’expérimentation du don alimentaire par Bank-EFB) a été fondée en 2006 par un groupe
les citoyens via une plate-forme numé- d’entrepreneurs en vue d’aider les personnes vul-
rique. nérables à accéder à une alimentation saine. Elle
est progressivement devenue un projet national
• Des initiatives privées : plusieurs initiatives qui dessert tous les gouvernorats d’Égypte. L’EFB
méritent d’être mentionnées dont : est enregistrée au Ministère de la Solidarité So-
o L’introduction de « Gueules cassées » au ciale et régie selon une législation spécifique mise
niveau de la distribution est la première en place. Il s’agit d’une organisation à but non lu-
marque mondiale « anti-gaspi ». Les den- cratif spécialisée dans la lutte contre la faim par
rées alimentaires qui présentent ce logo la diversité et l’innovation. Parmi ses programmes,
concernent les produits qui ne sont pas la lutte contre le gaspillage alimentaire pour le-
conformes aux standards de la grande quel des partenariats ont été créés avec les res-
distribution et aux standards de goût des taurateurs, les distributeurs et les entreprises de
consommateurs. Ils sont commercialisés à l’agro-alimentaires pour la collecte des produits et
prix réduits ; plats non vendus ou en excédents qui seront par
o Les Applications numériques sont essen- la suite conditionnés par des entreprises spéciali-
tiellement lancées par des startups telles sées et orientés vers les orphelinats et les maisons
que ‘’Eqosphère’’, la start-up d’une plate- de retraite, afin d’être utilisés immédiatement. Ces
forme collaborative en ligne qui met en initiatives s’accompagnent de campagnes de sen-
relation les émetteurs d’un côté (grande sibilisation à la lutte contre le gaspillage auprès
80. Mediterra 2016. Zéro gaspillage distribution, entreprises de la restaura- des gestionnaires d’hôtels et de professionnels
en Méditerranée. Ressources naturelles, tion, industriels, etc.) et les récepteurs de l’industrie alimentaire. La création de l’EFB et
alimentations et connaissances / Centre in-
ternational de hautes études agronomiques de l’autre (associations, recycleurs, ses actions ont donné lieu à l’émergence d’autres
méditerranéennes (CIHEAM) et Organisa- déstockeurs, traiteurs, secteur événemen- banques alimentaires dans la région (Jordanie, Li-
tion des Nations Unies pour l’Alimentation
et l’Agriculture (FAO) –Paris : Presses de tiel, etc.). ‘’Zéro-Gâchis’’ recense, chaque ban, Syrie, Mauritanie, Irak, Arabie Saoudite, Émi-
Sciences Po, 2016

90
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

rats Arabes Unis et Tunisie(81)), constituant ainsi un La mise en œuvre du 1er Plan Maroc Vert a pla-
réseau de banques alimentaires régionales fonc- cé la mobilisation de l’investissement au profit du
tionnant selon le même modèle (Food Banking secteur agricole au cœur de cette stratégie.
Regional Network, FBNR).
Parmi les réalisations de ce plan, on peut relever
Le Maroc a abordé, en 2015, cette problématique les points suivants :
au niveau national avec un appui politique im-
portant, à travers le programme « Appui à l’éla- - Les investissements agricoles ont connu une
boration d’une stratégie nationale et d’un plan nette amélioration (104 milliards de DHS dont
d’action de réduction des pertes alimentaires au 40% d’investissement public et 60% d’inves-
Maroc » soutenu par la FAO. Dans le cadre de tissement privé), L’agriculture à haute valeur
ce programme, des consultations nationales ont ajoutée a connu une évolution significative
été menées avec la participation des parties pre- moyennant deux leviers : l’Agrégation Agricole
nantes impliquées. Des missions de diagnostic et le Partenariat Public-Privé autour des ter-
et d’évaluation de l’ampleur du phénomène ont rains agricoles ;
également été menées sur six filières : céréales, - Le partenariat Public-Privé autour des terres
pomme, dattes, agrumes, figues et figues de bar- agricoles de l’Etat a permis la mise en place
baries, selon une démarche chaîne de valeur. Ces de 1 575 projets sur une superficie de près de
investigations ont permis d’élaborer « la stratégie 112 000 hectares ;
nationale de réduction des pertes et gaspillage ali- - En matière d’économie d’eau, la superficie
mentaires au Maroc à l’horizon de 2030 »(82) dont équipée en goutte à goutte a connu une exten-
l’objectif est de réduire le gaspillage de moitié sion spectaculaire pour atteindre 542 000 hec-
moyennant les actions suivantes : le renforcement tares contre uniquement 128 000 en 2008 ;
des capacités des parties prenantes et la gestion - le Plan Maroc Vert a permis la création de 342
des connaissances, le renforcement de la gestion 000 emplois supplémentaires et l’augmenta-
des filières et la minimisation des pertes et gaspil- tion du nombre de jours de travail par an et
lage et la promotion de l’investissement dans des par ouvrier de 110 jours/an à 140 jours/an.
systèmes alimentaires efficients.
Ainsi, le nouveau Plan Maroc vert mis en place
vient consolider l’ensemble des acquis du 1er Plan
IX. Expériences Maroc Vert « Génération Green 2020-2030 » :
inspirantes dans le
renforcement de la Cette nouvelle stratégie repose sur deux fonde-
ments :
sécurité alimentaire
1- la priorité à l’élément humain : elle vise à
La Tunisie semble avoir accusé durant les 20 améliorer les conditions de vie et d’établissement
dernières années du retard sur ses voisins en en milieu rural, à favoriser la création d’emplois,
matière de renforcement de la sécurité ali- en particulier pour la catégorie des jeunes. Ce fon-
mentaire. Nous citerons ci-après à titre illustratif dement a pour objectifs de :
les deux plans marocain et algérien dans ce do-
maine ainsi que l’exemple portugais. - Contribuer à l’émergence d’une nouvelle géné-
ration de classe moyenne agricole ;
• Le Plan Maroc Vert : priorité à - Créer une nouvelle génération de jeunes entre-
l’humain et à la durabilité preneurs, notamment à travers la mobilisation

91
et la valorisation de 1 million d’hectares de • Un programme de relance et de renouveau
terres collectives et la formation de 150 000 pour le secteur agricole : le secteur agricole
jeunes aux services agricoles et para-agricoles ; a bénéficié de 130 milliards de DA pour 2021-
- Créer des organisations agricoles innovantes 2022 sous forme de subventions en faveur du
de nouvelle génération ainsi qu’une nouvelle développement de l’investissement agricole,
génération de mécanismes d’accompagne- de la régulation de la production et des projets
ment, en connectant au moins 2 millions structurels, alors que les subventions des en-
d’agriculteurs à des plateformes de services grais sont passées de 20% à 50%.
digitaux et en faisant émerger 5000 conseil- En parallèle, les pouvoirs publics ont œuvré
lers agricoles privés pour l’encadrement des pour la création de la Banque Nationale de
agriculteurs. Semences avec la perspective de «réaliser un
taux de 80% de couverture en termes de se-
2- la pérennisation du développement agri- mences à l’horizon 2023’’.
cole à travers des actions spécifiques dans Des actions ciblant les secteurs source de pro-
les filières de production, les circuits de dis- téine animale ont également été considérées.
tribution et la préservation des ressources Ces actions ont permis de rehausser de 31%
naturelles dans le contexte des changements la production de la viande blanche comparée
climatiques. La mise en œuvre de cette orien- à 2021 et de 8% les viandes rouges. Le secteur
tation repose sur les axes suivants : de la pêche et des ressources halieutiques a
également enregistré une croissance globale,
- La consolidation des filières agricoles, avec entre l’année 2020 et l’année 2021, de 11 % ;
l’objectif de doubler le PIB agricole et les ex- • La revue des textes juridiques et règlemen-
portations et d’atteindre un taux de 70% de taires au service de la sécurité alimentaire ;
valorisation de la production ; • Le contrôle des prix des produits de large
- L’amélioration et la modernisation des circuits consommation (Huile et Sucre Blanc, Se-
de distribution des produits agricoles, notam- moules de blé dur, Lait pasteurisé, Farine
ment les marchés de gros ; de panification et pains, Eau potable d’as-
- L’amélioration de la qualité et de la capacité sainissement, Eau à Usage Agricole, etc.) ;
d’innovation ; • La lutte contre la fraude en sanctionnant
- L’instauration d’une agriculture plus résiliente sévèrement les infractions commises sur le
et éco-efficiente à travers le doublement de territoire algérien concernant les produits
l’efficacité hydrique, la conservation des sols alimentaires.
agricoles et l’accompagnement des agricul-
teurs dans la transition vers des énergies re-
nouvelables.
• Les piliers de renforcement de la
sécurité alimentaire du Portugal
• Les réformes Algériennes
Le Portugal a mené des efforts louables en matière
pour assurer la sécurité de renforcement de la sécurité alimentaire pour
alimentaire garantir l’accès à une alimentation saine et adé-
quate pour sa population.
Consciente du défi majeur que constitue la sécu-
rité alimentaire, l’Algérie a mis en place un plan Les principaux efforts semblent se concentrer au-
d’actions exemplaire pour améliorer son autosuffi- tour des points suivants :
sance alimentaire. Ce plan de réforme se base sur
les piliers suivants : • Production alimentaire durable : encoura-

92
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

ger la production alimentaire locale et durable • Éducation et sensibilisation : promouvoir


en soutenant les agriculteurs et les pêcheurs, l’éducation nutritionnelle et la sensibilisation
en promouvant des pratiques agricoles res- à une alimentation saine, notamment auprès
pectueuses de l’environnement et en favori- des enfants et des jeunes, pour favoriser de
sant la diversification des cultures ; bonnes habitudes alimentaires et une meil-
leure compréhension de l’importance d’une
• Systèmes alimentaires résilients : renforcer sécurité alimentaire durable ;
les systèmes alimentaires locaux en favorisant
la collaboration entre les différents acteurs de • Gestion des risques et des crises : renforcer
la chaîne alimentaire, en améliorant la logis- les capacités de gestion des risques alimen-
tique et les infrastructures de stockage, et en taires, y compris la surveillance de la sécu-
réduisant les pertes et le gaspillage alimen- rité alimentaire, la prévention des maladies
taire ; d’origine alimentaire et la mise en place de
mécanismes de réponse en cas de crises ali-
• Accès équitable à l’alimentation : garan- mentaires.
tir un accès équitable à une alimentation de
qualité pour tous, en particulier pour les po- Ces piliers visent à promouvoir une sécurité
pulations vulnérables. Cela peut inclure des alimentaire globale et durable au Portugal en
mesures telles que des programmes d’aide garantissant à la population l’accès à une ali-
alimentaire, des subventions pour les denrées mentation adéquate, sûre, et respectueuse de
alimentaires de base, et des initiatives visant l’environnement.
à améliorer la disponibilité des aliments sains
dans les zones défavorisées ;

93
Variables explicatives
de l’évolution présente
deVariables explicatives
la sécurité alimentaire en Tunisie
de l’évolution présente de la sécurité alimentaire en Tunisie

Macro-
N Liste des variables
Concept/Dimension
V1 Politique alimentaire

V2 Circuits informels et contrebande frontalière


V3 Organisation des producteurs

V4 Production et productivité agricoles


V5 Disponibilité et prix des intrants
V6 Recherche et innovation

Disponibilité V7 Climat d'affaires et financement


V8 Filières stratégiques
V9 Logistique et Infrastructure de stockage et de distribution

V10 Main d’œuvre rurale


V11 Régulation des marchés
V12 Système alimentaire face aux chocs
V13 Dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs
V14 Inflation
V15 Pouvoir d'achat et appui social
V16 Intermédiaires dans les circuits de distribution
Accès V17 Politique de subvention à la consommation
V18 Pénurie et disponibilité des produits alimentaires en temps de crise

V19 Politique nutritionnelle et de santé


Utilisation/ Sécurité
V20 Gaspillage alimentaire

V21 Changements climatiques


Durabilité
V22 Ressources en eau
V23 Ressources foncières
108  
V24 Instabilité politique et économique
 
V25 Gouvernance du Système alimentaire
V26 Souveraineté alimentaire
V27 Collectivités locales et société civile
V28 Pertes agricoles

94
SECTION 3
Prospective de la sécurité alimentaire de la
Section 3 : Prospective de la sécurité
alimentaire de la Tunisie à l’horizon
Chapitre 1 : 2035 INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

Chapitre 1:
Variables motrices, hypothèses et scénarios
Variables motrices, hypothèses et scénarios

I-VARIABLES MOTRICES
I. VARIABLES MOTRICES sens est supérieur ou égal à la moyenne des
relations de sens pour l’ensemble des 28 va-
1- Matrice d’impacts croisés à l’ordre 1
Nous1- retiendrons
Matrice d’impacts à l’ordre 1 motricesriables,
croisésvariables
comme
soit 7,78. Ces variables sont au nombre
à l’ordre 1 celles dont le nombre de
de 12, présentées par ordre décroissant au ta-
relations de sens est supérieur ou égal à la moyenne des relations de sens pour
Nous retiendrons comme variables motrices à bleau ci-dessous.
l’ensemble des 28 variables, soit 7,78. Ces variables sont au nombre de 12, présentées
l’ordre décroissant
par ordre 1 celles dont leau
nombre de relations
tableau de
ci-dessous.

Tableau
Tableau 12 12 : Variables motrices
: Variables motrices à l’ordre 1 1
à l’ordre
Variables motrices à l’ordre 1 Nombre de
relations
de sens
V1 Politique alimentaire 23
V25 Gouvernance du Système alimentaire 19
V3 Organisation des producteurs 15
V24 Instabilité politique et économique 15
V21 Changements climatiques 13
V7 Climat d'affaires et financement 11
V4 Production et productivité agricoles 10
V9 Logistique et Infrastructure de stockage et de distribution 10
109  
V11 Régulation des marchés 9
  V16 Intermédiaires dans les circuits de distribution 9
V17 Politique de subvention à la consommation 8
V22 Ressources en eau 8
V5 Disponibilité et prix des intrants 7
V6 Recherche et innovation 7
V8 Filières stratégiques 7
V13 Dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs 7
V27 Collectivités locales et société civile 7
V2 Circuits informels et contrebande frontalière 6
V12 Système alimentaire face aux chocs 6
V14 Inflation 6
V23 Ressources foncières 6
V26 Souveraineté alimentaire 6
V10 Main d’œuvre rurale 5
V18 Pénurie et disponibilité des produits alimentaires en temps 5
de crise
V15 Pouvoir d'achat et appui social 3
V19 Politique nutritionnelle et de santé 3
V28 Pertes agricoles 3
V20 Gaspillage alimentaire 1

2- Approche Meta-Plan
2- Approche Meta-Plan que la somme des notes affectées soit égale au
L’approche Meta-plan consiste à accorder une note de 0 à 4 à chaque variable de
maximum à 20. La moyenne des notes attribuée
façon à ce que la somme des notes affectées soit égale au maximum à 20. La
L’approche Meta-plan consiste à accorder une représente le poids de la variable.
moyenne des notes attribuée représente le poids de la variable.
note de 0 à 4 à chaque variable de façon à ce
Tableau 13 : Poids des variables par l’approche Meta-plan
Variable motrice Poids
V1 Politique alimentaire 2,5
V2 Circuits informels et de la contrebande frontalière 2,75
V3 Organisation des producteurs 1,25
V4 Production et productivité agricoles 2,5
V5 Disponibilité et prix des intrants 1,5
V6 Recherche et innovation 1
V7 Climat d'affaires et financement 0,5
V8 Filières stratégiques 1,25 95
V9 Logistique et infrastructure de stockage et de distribution 1
V10 Main d’œuvre rurale 1,25
V11 Régulation des marchés 1,5
V12 Système alimentaire face aux chocs 1,5
V23 Ressources foncières 6
V26 Souveraineté alimentaire 6
V10 Main d’œuvre rurale 5
V18 Pénurie et disponibilité des produits alimentaires en temps 5
de crise
V15 Pouvoir d'achat et appui social 3
V19 Politique nutritionnelle et de santé 3
V28 Pertes agricoles 3
V20 Gaspillage alimentaire 1

2- Approche Meta-Plan
L’approche Meta-plan consiste à accorder une note de 0 à 4 à chaque variable de
façon à ce que la somme des notes affectées soit égale au maximum à 20. La
moyenne des notes attribuée représente le poids de la variable.
Tableau
Tableau 13 : Poids
13 : Poids desdes variables par
variables parl’approche Meta-plan
l’approche Meta-plan
Variable motrice Poids
V1
Politique alimentaire 2,5
V2
Circuits informels et de la contrebande frontalière 2,75
V3
Organisation des producteurs 1,25
V4
Production et productivité agricoles 2,5
V5
Disponibilité et prix des intrants 1,5
V6
Recherche et innovation 1
V7
Climat d'affaires et financement 0,5
V8
Filières stratégiques 1,25
V9
Logistique et infrastructure de stockage et de distribution 1
V10
Main d’œuvre rurale 1,25
V11
Régulation des marchés 1,5
V12
Système alimentaire face aux chocs 1,5
V13
Dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs 1,5
V14
Inflation 3,75
V15
Pouvoir d'achat et appui social 3,25
V16
Intermédiaires dans les circuits de distribution 3
V17
Politique de subvention à la consommation 3
V18
Pénurie et disponibilité des produits alimentaires en temps 3
de crise
V19 Politique nutritionnelle et de santé 3,75
V20 Gaspillage alimentaire 3
La moyenne V21 des variables par
Changements l’approche Meta-plan est de 2,07.
climatiques Nous
3,75 retenons 15
V22 Ressources en eau
variables dont les notes sont supérieures à la moyenne. 3
V23 Ressources foncières 2,5
V24 Instabilité politique et économique 2,75
V25 Gouvernance du Système alimentaire 2,75
V26 Souveraineté alimentaire 1,5
V27 Collectivités locales et société civile 1,25
V28 Pertes agricoles 1,25

La moyenne des variables par l’approche 110   riables dont les notes sont supérieures à la
  Meta-plan est de 2,07. Nous retenons 15 va- moyenne.

Tableau
Tableau 14 :14Variables
: Variables identifiées
identifiées parpar
Meta-plan
Meta-plan
- Variables motrices à l’ordre 1 Poids
V14 Inflation 3,75
V19 Politique nutritionnelle et de santé 3,75
V21 Changement climatique 3,75
V15 Pouvoir d'achat et appui social 3,25
V16 Intermédiaires dans les circuits de distribution 3
V17 Politique de subvention à la consommation 3
Pénurie et disponibilité des produits alimentaires en temps
V18 de crise 3
V20 Gaspillage alimentaire 3
V22 Ressources en eaux 3
V2 Circuits informels et contrebande frontalière 2,75
V24 Instabilité politique et Difficultés économiques 2,75
V25 Gouvernance du système alimentaire 2,75
V1 Politique alimentaire 2,5
V4 Production et productivité agricoles 2,5
V23 Ressources foncières 2,5

3- Combinaison des deux méthodes :


96 La combinaison des deux méthodes, en retenant les variables qui ont un nombre de
relations supérieures à la moyenne de 7,78 et une note Meta-plan supérieure à 2,07,
permet d’identifier à l’ordre 1 les 19 variables suivantes :
V16 Intermédiaires dans les circuits de distribution 3
V17 Politique de subvention à la consommation 3
Pénurie et disponibilité des produits alimentaires en temps
V18 de crise 3
V20 Gaspillage alimentaire 3
V22 Ressources en eaux 3
V2 Circuits informels et contrebande frontalière 2,75
V24 Instabilité politique et Difficultés économiques 2,75
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

V25 Gouvernance du système alimentaire 2,75


V1 Politique alimentaire 2,5
V4 Production et productivité agricoles 2,5
V23 Ressources foncières 2,5

3- Combinaison des deux méthodes :

3-La
Combinaison
combinaison desdes
deuxdeux
méthodes périeureslesà lavariables
méthodes, en retenant moyenne qui
de 7,78
ontetunune note Me-de
nombre
ta-plan supérieure à 2,07, permet
relations supérieures à la moyenne de 7,78 et une note Meta-plan supérieure à 2,07, d’identifier à
Lapermet
combinaison des deux méthodes, en retenant l’ordre 1 les
d’identifier à l’ordre 1 les 19 variables suivantes : 19 variables suivantes :
les variables qui ont un nombre de relations su-

Tableau 15
Tableau 15:: Variables
Variablesidentifiées parpar
identifiées NRSNRS
et Meta-plan
et Meta-plan
Variables motrices à l’ordre 1 NRS Meta-plan
V1 Politique alimentaire 23 2,5
V25 Gouvernance du Système alimentaire 19 2,75
V3 Organisation des producteurs 15 1,25
V24 Instabilité politique et économique 15 2,75
V21 Changement climatique 13 3,75
V7 Climat d'affaires et financement 11 0,5
V4 Production et productivité agricoles 10 2,5
V9 Logistique et infrastructure de stockage et de 10 1
distribution
V11 Régulation des marchés 9 1,5
V16 Intermédiaires dans les circuits de distribution 9 3
V17 Politique de subvention à la consommation 8 3
V22 Ressources en eau 8 3
V14 Inflation 3,75
V19 Politique nutritionnelle et de santé 3,75
V15 Pouvoir d'achat et appui social 3,25
Pénurie et disponibilité des produits alimentaires en
V18 temps de crise 111   3
 
V20 Gaspillage alimentaire 3
V2 Circuits informels et contrebande frontalière 2,75
V23 Ressources foncières 2,5

4-4-Matrice
Matrice élevée
élevée à l’ordre
à l’ordre n-1 n-1 lons les coefficients de pondération pour
En élevant la matrice à l’ordre n-1, moyennant le logicielChaque
chaque variable. de calcul matriciel,
coefficient repré-en
incluant les relations indirectes qui
En élevant la matrice à l’ordre n-1, moyen- existent
sente le poids de la variable en question.nous
entre les différentes variables, Le
calculons les coefficients de pondération
nant le logiciel de calcul matriciel, en in- pour chaque
tableau suivant variable.
représenteChaque
la liste descoefficient
variables
représente le poids de la variable en question. Le tableau suivant représente la liste
cluant les relations indirectes qui existent affectées de le leurs coefficients de pondération.
des variables affectées de le leurs coefficients de pondération.
entre les différentes variables, nous calcu-
Tableau 16 : Coefficients de pondération des variables par le calcul matriciel
Variables motrices Nombre de Coefficient
relations de de
sens NRS pondération
(Ordre n-1)
V1 Politique alimentaire 23 6,49
V2 Circuits informels et contrebande frontalière 6 2,73
V3 Organisation des producteurs 15 4,64
V4 Production et productivité agricoles 10 3,77
V5 Disponibilité et prix des intrants 7 2,99
V6 Recherche et innovation 7 3,33
V7 Climat d'affaires et financement 11 4,20
V8 Filières stratégiques 7 3,11
V9 Logistique et infrastructure de stockage et de distribution 10 3,54
V10 Main d’œuvre rurale 5 2,66
V11 Régulation des marchés 9 4,07
V12 Système alimentaire face aux chocs 6 3,46
V13 Dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs 7 2,99
V14 Inflation 6 2,86
V15 Pouvoir d'achat et appui social 3 2,65
V16 Intermédiaires dans les circuits de distribution 9 3,32
V17 Politique de subvention à la consommation 8 3,27 97
V18 Pénurie et faible disponibilité des produits alimentaires en 5 2,93
temps de crise
V19 Politique nutritionnelle et de santé 3 3,02
V20 Gaspillage alimentaire 1 1,93
Pénurie
Pénurie etet disponibilité
disponibilité des
des produits
produits alimentaires
alimentaires en
en
V18
V18 temps
temps de
de crise
crise 3
3
V20
V20 Gaspillage
Gaspillage alimentaire
alimentaire 3
3
V2
V2 Circuits
Circuits informels
informels et
et contrebande
contrebande frontalière
frontalière 2,75
2,75
V23
V23 Ressources
Ressources foncières
foncières 2,5
2,5

4- Matrice élevée à l’ordre n-1


En élevant la matrice à l’ordre n-1, moyennant le logiciel de calcul matriciel, en
incluant les relations indirectes qui existent entre les différentes variables, nous
calculons les coefficients de pondération pour chaque variable. Chaque coefficient
représente le poids de la variable en question. Le tableau suivant représente la liste
des variables affectées de le leurs coefficients de pondération.

Tableau16
Tableau 16 :: Coefficients
Coefficients dede
pondération des variables
pondération par le calcul
des variables par lematriciel
calcul matriciel
Variables
Variables motrices
motrices Nombre
Nombre de de Coefficient
Coefficient
relations
relations de
de de
de
sens
sens NRS
NRS pondération
pondération
(Ordre
(Ordre n-1)
n-1)
V1
V1 Politique
Politique alimentaire
alimentaire 23
23 6,49
6,49
V2
V2 Circuits informels
Circuits informels et et contrebande
contrebande frontalière
frontalière 6
6 2,73
2,73
V3
V3 Organisation des
Organisation des producteurs
producteurs 15
15 4,64
4,64
V4
V4 Production et
Production et productivité
productivité agricoles
agricoles 10
10 3,77
3,77
V5
V5 Disponibilité
Disponibilité etet prix
prix des
des intrants
intrants 7
7 2,99
2,99
V6
V6 Recherche
Recherche et et innovation
innovation 7
7 3,33
3,33
V7
V7 Climat d'affaires
Climat d'affaires etet financement
financement 11
11 4,20
4,20
V8
V8 Filières stratégiques
Filières stratégiques 7
7 3,11
3,11
V9
V9 Logistique
Logistique et et infrastructure
infrastructure de de stockage
stockage etet de
de distribution
distribution 10
10 3,54
3,54
V10
V10 Main d’œuvre
Main d’œuvre rurale rurale 5
5 2,66
2,66
V11
V11 Régulation des
Régulation des marchés
marchés 9
9 4,07
4,07
V12
V12 Système alimentaire
Système alimentaire faceface aux
aux chocs
chocs 6
6 3,46
3,46
V13
V13 Dépendance vis-à-vis
Dépendance vis-à-vis des
des marchés
marchés extérieurs
extérieurs 7
7 2,99
2,99
V14
V14 Inflation
Inflation 6
6 2,86
2,86
V15
V15 Pouvoir
Pouvoir d'achat
d'achat et et appui
appui social
social 3
3 2,65
2,65
V16
V16 Intermédiaires dans
Intermédiaires dans les
les circuits
circuits de
de distribution
distribution 9
9 3,32
3,32
V17
V17 Politique de
Politique de subvention
subvention à à la
la consommation
consommation 8
8 3,27
3,27
V18
V18 Pénurie
Pénurie et et faible
faible disponibilité
disponibilité desdes produits
produits alimentaires
alimentaires en
en 5
5 2,93
2,93
temps de crise
temps de crise
V19
V19 Politique
Politique nutritionnelle
nutritionnelle et et de
de santé
santé 3
3 3,02
3,02
V20
V20 Gaspillage
Gaspillage alimentaire
alimentaire 1
1 1,93
1,93
V21
V21 Changements
Changements climatiques
climatiques 13
13 4,88
4,88
V22
V22 Ressources
Ressources en en eau
eau 8
8 4,03
4,03
V23
V23 Ressources
Ressources foncières
foncières 6
6 3,61
3,61
V24
V24 Instabilité
Instabilité politique
politique et et économique
économique 15
15 5,01
5,01
V25
V25 Gouvernance
Gouvernance du du système
système alimentaire
alimentaire 19
19 6,23
6,23
V26
V26 Souveraineté
Souveraineté alimentaire
alimentaire 6
6 2,97
2,97
V27
V27 Collectivités
Collectivités locales
locales et et société
société civile
civile 7
7 2,84
2,84
V28
V28 Pertes agricoles
Pertes agricoles 3
3 2,39
2,39

Pluscece coefficient
Plus coefficient dedepondération
pondération est éle- Le classement
est élevé, plus la des variables
variable estmotrices montre et
explicative
vé, plus la variable est explicative et motrice. que les 12 variables retenues
motrice. Les variables motrices sont les variables ayant un coefficient de pondérationpar l’approche
Les variables
supérieur à la motrices
moyenne, sontsoit
les variables
3, 51 ou ayant des NRS présentent des coefficients supé-
très proche.
un coefficient de pondération supérieur à la rieurs à la moyenne auxquelles s’ajoutent
moyenne, soit 3, 51 ou très proche.
Le classement des variables motrices montre 3 autres
que variables aux coefficients
les 12 variables retenuesaussi
par
l’approche des NRS présentent des coefficients élevés ou très proches
supérieurs issues de auxquelles
à la moyenne l’analyse
s’ajoutent 3 autres variables aux coefficientsmatricielle.
aussi élevésAu total, 15 variables
ou très prochessurissues
28 sontde
l’analyse matricielle. Au total, 15 variables sur identifiées.
28 sont identifiées.

112  
 

98
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

Tableau 1717: Classement


Tableau : Classement des variablesmotrices
des variables motricesparpar influence
influence
Variables motrices à l’ordre 1 Nombre de Metaplan Coefficient de
relations pondération
de sens (Ordre n-1)
V1 Politique alimentaire 23 2,5 6,49
V25 Gouvernance du système alimentaire 19 2,75 6,23
V24 Instabilité politique et économique 15 2,75 5,01
V21 Changements climatiques 13 3,75 4,88
V3 Organisation des producteurs 15 1,25 4,64
V7 Climat d'affaires et financement 11 0,5 4,20
V11 Régulation des marchés 9 1,5 4,07
V22 Ressources en eau 8 3 4,03
V4 Production et productivité agricoles 10 2,5 3,77
V23 Ressources foncières 6 2,5 3,61
V9 Logistique et infrastructure de stockage et de 10 1 3,54
distribution
V12 Système alimentaire face aux chocs 6 1,5 3,46
V6 Recherche et innovation 7 1 3,33
V16 Intermédiaires dans les circuits de distribution 9 3 3,32
V17 Politique de subvention à la consommation 8 3 3,27

5- Combinaison des trois approches


5- Combinaison des trois approches rétrospective précédente pour les variables :
La combinaison des trois approches permet d’identifier des variables communes (les
La combinaison des trois approches permet - V2 : Circuits informels et contrebande fron-
15 précédentes
d’identifier variables
des variables dont (les
communes 9 identifiés
15 pré- aussi par Meta-plan). D’autres, ne sont pas
talière.
importantes
cédentes du point
variables dont de vue du aussi
9 identifiés coefficient
par de - pondération,
V14 : Inflation. mais ressortent de Meta-
Meta-plan). D’autres,V14,
plan (6 variables ne sont
V19,pasV15,
importantes
V18, V20, V2) - (Tableau
V15 : Pouvoir18d’achat et appui
ci-dessus) avecsocial.
un poids
du point de vue du coefficient de pondération, - V18 : Pénurie et disponibilité des produits
supérieur ou égal à la moyenne de 2,07. On alimentaires
mais ressortent de Meta-plan (6 variables V14,
les retiendra en tant que variables
en temps de crise.
motrices
V19, en raison
V15, V18, V20, V2)de(Tableau
leur importance
18 ci-dessus)dans -l’approche de la alimentaire.
V20 : Gaspillage sécurité alimentaire et
surtout
avec l’ampleur
un poids supérieur deouleurs
égal àeffets négatifs - auLa cours
la moyenne variabledes
V19 «dix dernières
Politique années,
nutritionnelle et
de 2,07. On les retiendra en tant que variables de santé
démontrée dans l’analyse rétrospective précédente pour les variables : » est justifiée du fait que toutes les
motrices en raison de leur importance dans stratégies de SA mises en œuvre sont sec-
l’approche de la sécurité alimentaire et surtout torielles et celles relatives à la santé et à
- V2 : Circuits
l’ampleur informels
de leurs et contrebande
effets négatifs au cours desfrontalièrela nutrition sont peu considérées selon une
- V14
dix : Inflation
dernières années, démontrée dans l’analyse démarche holistique.
- V15 : Pouvoir d'achat et appui social
- V18 : Pénurie et disponibilité des produits alimentaires en temps de crise
- V20 : Gaspillage alimentaire
-La variable V19 « Politique nutritionnelle et de santé » est justifiée du fait que toutes les
stratégies de SA mises en œuvre sont sectorielles et celles relatives à la santé et à la
nutrition sont peu considérées selon une démarche holistique.
99

113  
Tableau 18 : Classement des variables motrices par influence

Tableau 18 : Classement des variables motrices par influence


Variables motrices à l’ordre 1 Nombre de Metaplan Coefficient de
relations pondération
de sens (Ordre n-1)
V1 Politique alimentaire 23 2,5 6,49
V25 Gouvernance du système alimentaire 19 2,75 6,23
V24 Instabilité politique et économique 15 2,75 5,01
V21 Changements climatiques 13 3,75 4,88
V3 Organisation des producteurs 15 1,25 4,64
V7 Climat d'affaires et financement 11 0,5 4,20
V11 Régulation des marchés 9 1,5 4,07
V22 Ressources en eau 8 3 4,03
V4 Production et productivité agricoles 10 2,5 3,77
V23 Ressources foncières 6 2,5 3,61
V9 Logistique et infrastructure de stockage et de 10 1 3,54
distribution
V12 Système alimentaire face aux chocs 6 1,5 3,46
V6 Recherche et innovation 7 1 3,33
V16 Intermédiaires dans les circuits de distribution 9 3 3,32
V17 Politique de subvention à la consommation 8 3 3,27
V8 Filières stratégiques 7 1,25 3,11
V19 Politique nutritionnelle et de santé 3 3,75 3,02
V5 Disponibilité et prix des intrants 7 1,5 2,99
V13 Dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs 7 1,5 2,99
V26 Souveraineté alimentaire 6 1,5 2,97
V18 Pénurie et disponibilité des produits 5 3 2,93
alimentaires en temps de crise
V14 Inflation 6 3,75 2,86
V27 Collectivités locales et société civile 7 1,25 2,84
V2 Circuits informels et contrebande frontalière 6 2,75 2,73
V10 Main d’œuvre rurale 5 1,25 2,66
V15 Pouvoir d'achat et appui social inadéquat 3 3,25 2,65
V28 Pertes agricoles 3 1,25 2,39
V20 Gaspillage alimentaire 1 3 1,93

6-6-Variables
Variables motrices
motrices retenues
retenues pourpour l’analyse prospective
finitive par macro-concepts
des variables motrices comporte un
l’analyse prospective par macro-concepts total de 21 variables conditionnant l’avenir
La liste des variables motrices par macro-concepts de la sécurité alimentaire
est issue à l’horizon 2035.
de la confrontation entre
La liste des variables motrices par macro-
les résultats du nombre de relations de sens, du calcul matriciel à l’ordre n-1 (15
concepts est issue de la confrontation entre En considérant les 4 macro-concepts, les 21 va-
lesvariables)
résultats duet nombre
ceux de de l’approche Méta-plan
relations de sens, où motrices
riables 6 variables additionnelles
se répartissent de la ayant
manièreun
dupoids
calcul supérieur
matriciel à ou égaln-1à(152,07
l’ordre ont été retenues
variables) tableauLaci-dessous
en leplus.
suivante dans liste définitive
: des
et ceux de l’approche Méta-plan où 6 variables
additionnelles ayant un poids supérieur ou égal
à 2,07 ont été retenues en plus. La liste dé- 114  
 

100
variables motrices comporte un total de 21 variables conditionnant l’avenir de la
sécurité alimentaire à l’horizon 2035.

INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

En considérant les 4 macro-concepts, les 21 variables motrices se répartissent de la


manière suivante dans le tableau ci-dessous :
En considérant les 4 macro-concepts, les 21 variables motrices se répartissent de la
Tableau 19 : Liste des variables motrices retenues par macro-concepts
manière suivante
Tableaudans le tableau
19 : Liste ci-dessous
des variables motrices: retenues par macro-concepts
En considérant les 419macro-concepts,
Tableau : Liste des variablesles 21 variables
motrices motrices
retenues se répartissent de la
par macro-concepts
Macro
manière suivante dans le Variables
tableau motrices
ci-dessous : Nombre de Coefficient Poids
Concept Tableau 19 : Liste des variables relations de (Metaplan)
Macro Variables motrices motrices retenuesNombrepar de macro-concepts
Coefficient Poids
de sens pondération
Concept relations de (Metaplan)
Macro Variables motrices NRS
Nombre (Ordre n-1)
de sensde pondération
Coefficient Poids
Concept V1 Politique alimentaire 23relations
NRS 6,49 de
(Ordre n-1) 2,5 (Metaplan)
V2
V1 Circuits informels et contrebande 623de sens
Politique alimentaire
pondération 2,75
2,73
6,49 2,5
V2 frontalière informels et contrebande 6 NRS
Circuits
(Ordre n-1)
2,73 2,75
V1
V3 Politique alimentaire
Organisation des producteurs 23
15 6,49
4,64 2,5
1,25
frontalière
Disponibilité

V2 Circuits informels et contrebande 6 2,73 2,75


V4
V3 Production etdes
Organisation productivité
producteurs agricoles 10
15 3,77
4,64 2,5
1,25
Disponibilité

frontalière
V6
V4
V3 Recherche
Production et innovation
productivité
Organisation des producteurs agricoles 7
10
15 3,33
3,77
4,64 11,25
2,5
Disponibilité

V7
V6
V4 Climat d'affaires
Recherche
Production et et financement
et productivité
innovation agricoles 711
10 4,20
3,33
3,77 10,5
2,5
V7
V9
V6 Climat d'affaires
Logistique
Recherche et et financement
et infrastructure
innovation de stockage 71110 4,20
3,54
3,33 10,5
1
V9
V7 Logistique et infrastructure
et de distribution
Climat d'affaires et financementde stockage 10 11 3,54
4,20 10,5
V9 et de distribution
V11 Logistique
Régulation et desinfrastructure
marchés de stockage 10 9 4,07
3,54 11,5
V11 Régulation
V12 et des marchés
de distribution
Système alimentaire face aux chocs 96 4,07
3,46 1,5
1,5
V12
V11 Système
Régulation
V14 Inflation alimentaire
des face
marchés aux chocs 6
9
6 3,46
4,07
2,86 1,5
3,75
V14
V12 Inflation
Système alimentaire face
V15 Pouvoir d'achat et appui social aux chocs 6
3 2,86
3,46
3,25 3,75
1,5
2,65
V14
V15 Inflation
Pouvoir d'achat et appui social 63 2,86
3,25 3,75
2,65
V16 Intermédiaires dans les circuits de 9 3,32 3
V15
V16 Pouvoir d'achat
Intermédiaires et appui
dans les socialde
circuits 39 3,25
3,32 2,65
3
Accès

distribution
Accès

V16 Intermédiaires
distribution dans les circuits de 9 3,32 3
V17 Politique de subvention à la 8 3,27 3
Accès

V17 distribution
Politique de subvention à la 8 3,27 3
consommation
V17 Politique de subvention à la 8 3,27 3
consommation
V18 Pénurie et disponibilité des produits 5
consommation 2,93 3
V18 Pénurie et disponibilité des produits 5 2,93 3
alimentaires
V18 Pénurie et en temps de
disponibilité
alimentaires en temps de crise crise
des produits 5 2,93 3
V19 alimentaires
Politique en temps et
nutritionnelle dedecrise
santé 3 3,02 3,75
V19 Politique nutritionnelle et de santé 3 3,02 3,75
Utilisation/
Utilisation/

V19 Politique nutritionnelle et de santé 3 3,02 3,75


Qualité/
Sécurité
Qualité/
Sécurité
Utilisation/
Qualité/
Sécurité

V20
V20 Gaspillage
Gaspillage alimentaire
alimentaire 11 1,93
1,93 33
V20 Gaspillage alimentaire 1 1,93 3

V21
V21 Changements climatiques
Changements climatiques 13
13 4,88
4,88 3,75
3,75
V22 Ressources
Ressources enen eau 88 4,03 33
Durabilité
Durabilité
Stabilité//

V22 eau 4,03


Durabilité
Stabilité

V23 Ressources
Ressources foncières
Stabilité

V23 foncières 66 3,61


3,61 2,5
2,5
V24 Instabilité politique
Instabilité politique et
et économique
économique 15 5,01 2,75
V25
V25 Mauvaise gouvernance du Système 19
19 6,23
6,23 2,75
2,75
alimentaire
alimentaire

Liste
Liste des
Listedes variables
desvariables motrices
variablesmotrices finales
motrices finales
finales V1 : Politique alimentaire.
V3 : Organisation des producteurs.
a- a-
a- MACRO-CONCEPT
MACRO-CONCEPT
MACRO-CONCEPT ‘’Disponibilité
‘’Disponibilité alimentaire’’
‘’Disponibilité alimentaire’’
a- MACRO-CONCEPT ‘’Disponibilité alimentaire’’ V4 : Production et productivité agricoles.
alimentaire’’ V6 : Recherche et innovation.
V7 : Climat d’affaires et financement.
Sur les 9 variables du macro-concept ‘’Disponi- 115  
V9 : Logistique et infrastructure de stockage et
115  
  alimentaire’’, nous avons décidé de retenir 115   de distribution.
bilité
 
8 variables
  motrices car nous avons combiné la V11 : Régulation des marchés.
variable V2 avec la variable V16 de la dimension V12 : Système alimentaire face aux chocs.
« Accès », vu leur rapprochement :

101
b- MACRO-CONCEPT ‘’Accès’’ c- MACRO-CONCEPT ‘’Utilisation/qualité/
Sécurité’’
Sur les 5 variables du Macro-concept « Accès Pour ce macro-concept, 2 sont retenues comme
», 4 ont été retenues comme variables motrices variables motrices
puisque nous avons fusionné les variables V14
« Inflation » et V15 « Pouvoir d’achat et appui V19 : Politique nutritionnelle et de santé
social », vu les liens étroits entre elles : V20 : Gaspillage alimentaire

V14 : Inflation et pouvoir d’achat justifiée par le d- MACRO-CONCEPT ‘’Stabilité/Durabilité’’


fait que l’inflation conduit à une perte de
pouvoir d’achat de la monnaie et implique Les 5 variables motrices retenues sont :
une modification des prix relatifs car cer-
tains prix augmentent plus vite que d’autres. V21 : Changements climatiques.
V2 : « Circuits informels et contrebande fron- V22 : Ressources en eau et des sols.
talière » et V16 « Intermédiaires dans V23 : Ressources foncières.
les circuits de distribution » sont aussi V24 : Instabilité politique et difficultés écono-
fusionnées dans la mesure où elles re- miques.
couvrent les mêmes réalités et leurs ef- V25 : Gouvernance du Système alimentaire.
fets ont été démontrés sur la hausse des
prix et sur la perturbation des circuits de Au final, 19 variables motrices sont maintenues
distribution engendrant les pénuries en- pour le reste de l’analyse.
registrées ces dernières années.
V16 : Intermédiaires et circuits informels - 8 variables relevant du macro-concept « Dis-
V17 : Politique de subvention à la consommation ponibilité ».
V18 : Pénurie et disponibilité des produits ali- - 4 variables relevant du macro-concept « Ac-
mentaires en temps de crise cès ».
- 2 variables relevant du macro-concept « Uti-
lisation, qualité et sécurité ».
- 5 variables relevant du macro-concept « Sta-
bilité et durabilité » .

102
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

Tableau 20 : Liste définitive des variables motrices retenues par macro-concept

Macro
Tableau 20 : Liste définitive des variables Variables
motrices motrices
retenues par macro-concept
Tableau 20 : Liste définitive des variables motrices retenues par macro-concept
Concept
Macro V1 Politique alimentaire Variables motrices
Concept V3 Organisation des producteurs
Disponibilité

V4 Politique
V1 Production et productivité agricoles
alimentaire
V3
V6 Organisation
Recherche etdes producteurs
innovation
Disponibilité

V4 Production et productivité
V7 Climat d'affaires et financement agricoles
V6 Recherche et innovation
V9 Logistique et infrastructure de stockage et de distribution
V7 Climat d'affaires et financement
V11 Régulation des marchés
V9 Logistique et infrastructure de stockage et de distribution
V12 Système alimentaire face aux chocs
V11 Régulation des marchés
V14 Inflation et pouvoir d'achat
V12 Système alimentaire face aux chocs
Accès

V16 Inflation
V14 Intermédiaires et circuits
et pouvoir d'achatinformels
V17 Politique de subvention à la consommation
Utilisation/ Accès

V16 Intermédiaires et circuits informels


V18
V17 Politique de subvention à laproduits
Pénurie et disponibilité des alimentaires en temps de crise
consommation
V19 Politique nutritionnelle et de santé alimentaires en temps de crise
V18 Pénurie et disponibilité des produits
V19 Politique nutritionnelle et de santé
Qualité/
Sécurité
Utilisation/
Qualité/
Sécurité

V20 Gaspillage alimentaire


V20 Gaspillage alimentaire

V21 Changements climatiques


V21 Changements climatiques
Durabilité
Stabilité/ /

V22 Ressources
Ressources enen eau
Durabilité

V22 eau
Stabilité

V23
V23 Ressources
Ressources foncières
foncières
V24
V24 Instabilité
Instabilité politique
politique et
et économique
économique
V25 Gouvernance du Système alimentaire

Le macro-concept « Disponibilité » présente une • Hypothèse souhaitable et réalisable (cor-


Le influence
Le
forte macro-concept
macro-concept «« Disponibilité
sur la sécurité Disponibilité
alimentaire en com- »» présente une
une forte
présenterespondant forteauinfluence
influence sur
sur la
scénario normatif la sécurité
sécurité
souhai-
alimentaire
alimentaire
paraison en comparaison
en comparaison
aux autres macro-concepts, aux autres
auxsuivi
autres macro-concepts,
du macro-concepts,
table à l’horizon suivi du
suivi 2035) macro-concept
: c’est la vision««
du macro-concept
Stabilité et durabilité
macro-concept « Stabilité et»» durabilité
puis « Accès» puis «»» Ac-
et enfin « Utilisation/qualité/Sécurité
pour la sécurité alimentaire de ». Ils sont les
Stabilité et durabilité puis « Accès et enfin « Utilisation/qualité/Sécurité ». Ilsla sont
Tunisie
les
plus
cès » déterminants
et enfin « pour l’avenir
Utilisation/qualité/Sécurité de la». sécurité
Ils alimentaire
à l’horizon à l’horizon
2035 ; 2035.
plus déterminants pour l’avenir de la sécurité alimentaire à l’horizon 2035.
sont les plus déterminants pour l’avenir de la • Hypothèse rose correspondant au scénario
II -HYPOTHESES
sécurité alimentairePROSPECTIVES
à l’horizon 2035.D’EVOLUTION idéal FUTURE ou DES VARIBLES
volontariste MOTRICES
et audacieux ;
II -HYPOTHESES PROSPECTIVES D’EVOLUTION FUTURE DES VARIBLES MOTRICES
• Hypothèse de rupture ou scénario catastrophique.
Il a été convenu
II - HYPOTHESES de travailler sur quatre hypothèses de variation :
Il a •étéEvolution
convenutendancielle
de travailler sur La formulation
; quatre hypothèses de variation des hypothèses
: est importante
PROSPECTIVES
• Hypothèse souhaitable; et réalisablepour
Evolution tendancielle la construction desauscénarios
(correspondant d’évolution
scénario fu-
normatif
D’EVOLUTION FUTURE ture de la SA en Tunisie. Les éléments prospec-
• souhaitable à l’horizon
Hypothèse souhaitable 2035) : c’est la vision
et réalisable pour la sécurité
(correspondant alimentaire
au scénario de la
normatif
Tunisie à l’horizon 2035 ; tifs émanent de la réponse à la question : quels
DES VARIBLES
souhaitable à l’horizon 2035) : c’est lasont visionles pour
futurs lapossibles
sécuritépour
alimentaire
cette variable de la
à
Tunisie
MOTRICES à l’horizon 2035 ; l’horizon 2035. Il s’agit donc de formuler des
117  
hypothèses d’évolution future de la variable
 
Il a été convenu de travailler sur quatre hypo- 117  à l’horizon 2035 en identifiant les invariants,
 
thèses de variation : les tendances lourdes et les signaux faibles ou
germes de changement de la variable à l’hori-
• Evolution tendancielle ; zon 2035.

103
Afin de construire les scénarios d’évolution au scénario idéal et l’hypothèse de rupture
de la sécurité alimentaire à l’horizon 2035, ou scénario catastrophique.
il convient d’établir les évolutions possibles
susceptibles d’affecter les variables mo-
trices retenues puisque toute modification
III- CONSTRUCTION DES
de ces variables influentes entraînera une MICRO-SCENARIOS ET
évolution du système étudié par effet d’en- DES SCENARIOS
traînement à l’horizon 2035. Ainsi, les hypo-
thèses d’évolution future ont été construites, EXPLORATOIRES
rédigées et argumentées pour chaque variable
motrice relevant des 4 macro-concepts de la La construction des micro-scénarios et des scéna-
sécurité alimentaire. Au total, 19 fiches va- rios exploratoires repose sur les hypothèses d’évo-
riables ont été élaborées (Annexe Fiches va- lution future pour lesquelles ont été retenues les
riables motrices) Elles comprennent les infor- quatre scénarios suivants :
mations suivantes :
• Un scénario tendanciel ou ‘’au fil de
• La définition précise de la variable ; l’eau’’ (bleu) : les hypothèses retenues ré-
• Les indicateurs pertinents liés à la variable ; sultent des réalisations des dernières décen-
• Une rétrospective retraçant l’évolution de la nies et s’inscrivent dans l’extrapolation et la
variable par le passé jusqu’au présent ; continuité ;
• L’observation de cette évolution doit per- • Un scénario ‘’souhaitable et réalisable’’
mettre de retracer les dynamiques opérées (vert) : les hypothèses retenues sont techni-
: tendances lourdes, les facteurs d’inflexions quement et économiquement réalisables et
ou de rupture des tendances qui ont marqué supposent que le pouvoir exécutif dispose de
l’évolution passée de la variable ; la volonté et des moyens pour la réalisation
• Les acteurs pesant sur l’évolution de la va- de cet objectif ;
riable ; • Un scénario idéal ou « rose » : les hypo-
• Les hypothèses prospectives d’évolution fu- thèses retenues sont celles du scénario pré-
ture de la variable : déclinés en quatre hypo- cédent (souhaitable) avec, de plus, un envi-
thèses de variation : l’évolution tendancielle, ronnement plus favorable et des politiques
l’hypothèse souhaitable et réalisable (cor- volontaristes ;
respondant au scénario normatif souhaitable • Un scénario catastrophique ou ‘’noir’’ :
à l’horizon 2035) l’hypothèse correspondant les hypothèses retenues supposent une dé-
gradation du scénario tendanciel.

104
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

Tableau 21 : Hypothèses d’évolution des variables motrices conditionnant l’avenir de


Tableau 21 : Hypothèses d’évolution des variables motrices conditionnant
la sécurité alimentaire à l’horizon 2035
l’avenir de la sécurité alimentaire à l’horizon 2035
Macro Variables H1 H2 H3 H4
Concept
V1 Politique - Poursuite des -Elaboration des - Mise en œuvre - Forte
alimentaire stratégies sectorielles priorités de la coordonnée de la incohérence des
non systémiques et sécurité alimentaire politique stratégies
peu cohérentes dans une politique alimentaire sectorielles et
- Faible participation alimentaire nationale persistance de la
des parties prenantes intersectorielle non-participation
à l’échelle régionale -Participation des des acteurs
à l’élaboration des parties prenantes du régionaux et
politiques SA dans l’élaboration locaux
des politiques
alimentaires
V3 Organisation -Petits agriculteurs -Une plus grande -Evolution vers de - Aucune adhésion
Disponibilité

des producteurs réticents pour le adhésion des petits nouvelles formes de des petits
regroupement formel agriculteurs aux groupements agriculteurs au
-Lourdeur groupements performants et regroupement
administrative dans -Allégement des innovants -Procédures
la création des procédures - Suivi continu et entravant
structures de administratives accompagnement l’organisation des
rassemblement -Des GDA plus technique et petits agriculteurs
- Mobilité des GDA à nombreux, organisés financier des
la recherche d’un et reconnus groupements 83. Selon cette hypothèse, la situation
positionnement sur le - Organisations reste la même que celle de 2022.
marché professionnelles et Source : Ministère de l’Agriculture, les Res-
interprofessionnelles
ayant un rôle sources Hydrauliques et la Pêche, 2023.
d’accompagnement Rapport de la commission sectorielle pour
et d’incitation aux l’agriculture, la pêche et les ressources
groupements naturelles.
V4 Production - Production et -Amélioration de la -Accroissement -Production et
et productivité productivité en production surtout continu et régulier productivité en
agricoles dessous des pour les produits de la production chute 84. Données GIVLAIT.
potentialités, surtout stratégiques surtout des produits -Déficit accentué
pour les produits (Céréales 4,1% par de base (céréales, et grave des 85. FAO, 2019. Rapports évaluation des
stratégiques an ; pomme de terre pomme de terre, produits
(Céréales : 1,795 1,6% ; lait 2,96%)86 lait, viandes) stratégiques
pertes et gaspillages alimentaires : Lait
MT/an, -Objectif de assurant (céréales, lait et et céréales.
Pomme de terre : 0,4 l’autosuffisance l’autosuffisance, viandes).
MT/an, lait 1,380 M atteint pour le blé avec un stock -Un taux de perte 86. Les taux de croissance sont calculés
litres/an83, viande dur 12Mq87, le lait 600 stratégique agricole à la
de sorte que des mesures d’accompagne-
rouge : 125000T/an84) M litres88 )et maintien contribuant à une hausse
-Modes de de l’autosuffisance souveraineté ment soient réalisées (politique des prix,
production peu 119  
en viande rouge alimentaire disponibilité des intrants, lutte contre les
 
innovants et peu 125.000 T89 -Des systèmes de changements climatiques, etc.).
adaptés aux - Introduction des production Source : Ministère de l’Agriculture, les Res-
contextes socio- nouvelles adaptés aux
économiques des technologies différents types sources Hydrauliques et la Pêche, 2023.
petites exploitations particulièrement d’exploitations Rapport de la commission sectorielle pour
-Maintien des taux chez les petits selon les l’agriculture, la pêche et les ressources
de perte aux mêmes agriculteurs informations naturelles.
niveaux pour les - Une bonne fournies par la carte
produits stratégiques évaluation des agricole
(lait et céréales de pertes dans les - Une généralisation 87. Source : Ministère de l’Agriculture,
8% 85) chaînes de valeurs et des expériences les Ressources Hydrauliques et la
sensibilisation des innovantes Pêche. 2023. Balance économique de
acteurs -Une réduction
conséquente des
l’agriculture 2023.
pertes et acteurs
engagés 88. Calculé en fonction de l’évolution
V6 Recherche et -Recherches - Des thèmes de - Une recherche -Programme et (2015-2022) pour le lait de boisson
innovation sectorielles, peu recherche en efficiente basée sur activité de
(Données GIVLAIT)
systémiques relation avec les la haute recherche
-Résultats de la objectifs de la SA technologie et incohérents avec
recherche peu -Accroissement du facilement les objectifs de la 90. L’importation en viande rouge est
valorisés et à faibles budget alloué à la valorisable SA minime, destinée surtout au secteur du
impacts sur les recherche 1,5% du - Un budget - Réduction tourisme et à une régulation ponctuelle du
acteurs du SA, PIB répondant aux drastique du
- Budget limité -Synergie et besoins matériels budget de la marché local (soit 2%).
consacré à la coordination entre la d’une recherche recherche
recherche 0.7% du recherche, performante (2% du - Institutions de 91. Atlas Mondial de Données, 2019.
PIB90 l’interprofession et la PIB91 ) recherche et https://knoema.fr/atlas/Tunisie/
-Manque profession résultats non
d’innovation et - Mise place d’une crédible
D%C3%A9pense-de-recherche-et-de-
stagnation recherche à haute d%C3%A9veloppement-percent-du-PIB
technologique valeurs
technologique 92. Le budget de l’UE (27 pays) est de
V7 Climat d'affaires -Accès difficile aux -Accès plus facile -Contraintes levées -Procédures
2,12% du PIB en 2020.
                                                                                                                       
83
 Selon  cette  hypothèse,  la  situation  reste  la  même  que  celle  de  2022.    
Source  :  Ministère  de  l’Agriculture,  les  Ressources  Hydrauliques  et  la  Pêche,  2023.  Rapport  de  la  commission  sectorielle  pour  
l’agriculture,  la  pêche  et  les  ressources  naturelles.    
84
105
 Données  GIVLAIT.  
85
 FAO,  2019.  Rapports  évaluation  des  pertes  et  gaspillages  alimentaires  :  Lait  et  céréales.  
86
 Les  taux  de  croissance  sont  calculés  de  sorte  que  des  mesures  d’accompagnement  soient  réalisées  (politique  
des  prix,  disponibilité  des  intrants,  lutte  contre  les  changements  climatiques,  etc.).  
Source  :  Ministère  de  l’Agriculture,  les  Ressources  Hydrauliques  et  la  Pêche,  2023.  Rapport  de  la  commission  
et financement financements aux financements et pour l’accès au obsolètes et peu
-Procédures lourdes procédures allégées financement à adaptées
-Peu de facilités et - Conditions d’octroi toutes les -Aucun
davantage pour les des crédits plus catégories y encouragement
jeunes promoteurs et souples pour les compris d’investissement
les femmes en jeunes promoteurs - les jeunes pour les jeunes et
particulier surtout les femmes promoteurs et les une plus grande
-Investissement total - Davantage femmes réticence
agricole faible 1400 d’investissements -Un plus grand -Forte diminution
MD (croissance orientés vers investissement dans des investissements
8,5%/an)92 l’agriculture 13%93 l’agriculture et une agricoles
équité entre les
régions
V9 Logistique et - Capacité logistique -Capacité logistique -Capacité - Capacité
infrastructure de des marchés et des des marchés et des logistique des logistique des
stockage et de abattoirs insuffisante abattoirs améliorée marchés et des marches et
distribution et inégale entre les et bien répartie entre abattoirs et abattoirs en état
régions les régions suffisante et bien de dégradation.
-Infrastructure de - Infrastructure de répartie entre les - Infrastructure de
stockage défaillante stockage efficiente régions stockage
-Logistique des et bien gérée - Infrastructures de détériorées
transports - Logistique des stockage de -Logistique de
inappropriée transports qualité et en transport
développée capacité suffisante détériorée
-Circuits de - Logistique -Circuits de
distribution connus et transport distribution, flux et
réglementés appropriée intervenants
- Transparence le inconnus
long des chaines -Aucune
alimentaires information sur les
circuits, les flux et
les intervenants
V11 Régulation des -Maintien d’une -Réajustement - Libéralisation - Alourdissement
marchés politique périodique des prix totale des prix de du poids de
d’ajustement des prix des produits de base tous les produits l’intervention de
pour les produits de en cas de nécessité -Interventions de l’Etat sur les prix
base -Libéralisation l’Etat en cas -Un
- Mécanismes rigides progressive de d’anticipation des désengagement
de stockage sous certains produits crises fort du secteur
l’autorité de l’Etat -Mécanisme de privé
stockage plus agile
92. Source : Ministère de l’Agriculture, et encourageant
les Ressources Hydrauliques et la Pêche, pour les privés
2023. Rapport de la commission V12 Système -Gestion des risques - Gestion des risques -Gestion des risques -Vulnérabilité
sectorielle pour l’agriculture, la pêche et les alimentaire faiblement prise en prise en compte est assurée croissante du SA
ressources naturelles face aux chocs considération dans dans la mise en -Dépendance -Forte
les politiques place d’actions de alimentaire limitée dépendance vis-à-
93. Le meilleur taux réalisé sur une alimentaires transformation du SA pour les céréales et vis des marchés
période de vingt ans (2000-2020) est de -Mesures des impacts et de lutte contre la les intrants (taux de extérieurs pour les
12,7% comme part de l’agriculture. des crises vulnérabilité dépendance des produits de base et
Source : ONAGRI. 2022. Evolution des
embryonnaire -Mesures des impacts céréales 30%95) les intrants
indicateurs de performance du secteur
agricole. -Dépendance réalisées -Souveraineté
continue au marché périodiquement alimentaire assurée
94. Maintien de la moyenne des dix international pour les -Réduction
dernières années. Source : Observatoire céréales et les progressive de la
Tunisien de l’Economie, 2023. Dépendance intrants (Taux de dépendance en
aux importations de blé. dépendance des produits de base et
céréales 57% dont les intrants
95. Ce taux est déjà atteint en 2009 et Blé tendre 84%, blé (Autosuffisance en
pourra être réalisable en 2035. dur 41% et orge blé dur) vers la voie
ONAGRI, 2022. Evolution des indicateurs 51%)94 de la souveraineté
de performance du secteur agricole.
                                                                                                                       
92
 Source  :  Ministère  de  l’Agriculture,  les  Ressources  Hydrauliques  et  la  Pêche,  2023.  Rapport  de  la  commission  
sectorielle  pour  l’agriculture,  la  pêche  et  les  ressources  naturelles  
106 93
 Le  meilleur  taux  réalisé  sur  une  période  de  vingt  ans  (2000-­‐2020)  est  de  12,7%  comme  part  de  l’agriculture.  
Source  :  ONAGRI.  2022.  Evolution  des  indicateurs  de  performance  du  secteur  agricole.    
94
 Maintien  de  la  moyenne  des  dix  dernières  années.  
Source  :  Observatoire  Tunisien  de  l’Economie,  2023.  Dépendance  aux  importations  de  blé.    
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

- Agenda des alimentaire


politiques n’incluant
pas la souveraineté
alimentaire

V14 Inflation et -Stagflation de - Maîtrise partielle de - Croissance - une inflation non


pouvoir d'achat 10,4%96 et maintien l’inflation de 5%99 et maîtrisée autour de maiîrisée et une
d’un faible niveau de retour de la 4,3%101 croissance
croissance 2.3%)97 croissance autour de -L’IPC est maitrisé. économique en
-Persistance de la 4,3%100 . -Système de chute 102
hausse des prix des -IPC est réduit protection -Réforme de la
produits alimentaires -Groupes vulnérables opérationnel, protection sociale
(IPC alim 14,8%)98 bénéficiant du flexible et sensible non réalisée
-Réforme du système système de aux chocs
de protection sociale protection sociale
en cours réformé

V16 Intermédiaires - Multiplication des -Intégration -Bonne intégration -Dominance du


et circuits intermédiaires progressive de de l’informel dans circuit informel et 96. Donnée de l’INS pour le mois
informels -Extension des circuits l’informel dans le le secteur prolifération des de février 2023. http://www.ins.tn/
informels (53% du secteur réglementé réglementé et intermédiaires. publication/indice-des-prix-la-consomma-
PIB103 ) et formel formel -Refus des acteurs tion-fevrier-2023
Accès

-Accroissement des -Réduction des informels de


ventes illégales intermédiaires s’aligner 97. Donnée INS pour 2022.
surtout des produits -Application
subventionnés et du rigoureuse de la loi 98. Données INS pour 2023, sachant
que l’indice global est de 10,3%.
bétail dans les pays
limitrophes.
99. En dépit des prévisions pessimistes
-Application lente de sur l’évolution des taux d’inflation, nous
la loi sur le avons adopté le taux moyen de 5% par
commerce illicite an au cours de la période 1984 à 2022
V17 Politique de -Maintien de la -Elaboration et mise -Réforme de la - CGC, un fardeau (Données Mondiales .com)
subvention à la politique des en place d’une politique de sur le budget de
consommation subventions à la nouvelle politique de subvention ciblée l’Etat 100. Ce taux est réalisable en 2035,
consommation non de compensation réussie -Inertie politique dans la mesure où il a été atteint en 2021.
ciblée pour les des ménages et non - Acteurs adhérents pour prendre des
produits de base des produits à la nouvelle décisions 101. Ces perspectives sont menacées
-Mise en place des politique courageuses pour par les conséquences des changements
transferts directs vers le ciblage de la climatiques et la conjoncture économique
et leurs effets sur le secteur agricole.
les ménages les plus subvention
102. La croissance à long terme de
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                        l’économie mondiale devrait s’établir en
ONAGRI,  2022.  Evolution  des  indicateurs  de  performance  du  secteur  agricole.   moyenne à 2,2% entre 2020 et 2030,
96 décrivant la décennie « perdue » (Banque
 Donnée  de  l’INS  pour  le  mois  de  février  2023.     Mondiale) https://www.banquemondiale.
http://www.ins.tn/publication/indice-­‐des-­‐prix-­‐la-­‐consommation-­‐fevrier-­‐2023   org/ .
97
 Donnée  INS  pour  2022.    
98 103. FTDES,2021. Le secteur informel
 Données  INS  pour  2023,  sachant  que  l’indice  global  est  de  10,3%.   en Tunisie : Autorité de l’Etat ou autorité
99
 En  dépit  des  prévisions  pessimistes  sur  l’évolution  des  taux  d’inflation,  nous  avons  adopté  le  taux  moyen  de  5%   informelle. https://ftdes.net/rapports/
par  an  au  cours  de  la  période  1984  à  2022  (Données  Mondiales  .com)   secteur.informel.pdf
100
 Ce  taux  est  réalisable  en  2035,  dans  la  mesure  où  il  a  été  atteint  en  2021.  
101
 Ces  perspectives  sont  menacées  par  les  conséquences  des  changements  climatiques  et  la  conjoncture  
économique  et  leurs  effets  sur  le  secteur  agricole.     107
102
   La  croissance  à  long  terme  de  l’économie  mondiale  devrait  s’établir  en  moyenne  à  2,2%  entre  2020  et  2030,  
décrivant  la  décennie  «  perdue  »  (Banque  Mondiale)  https://www.banquemondiale.org/  .  
103
 FTDES,2021.  Le  secteur  informel  en  Tunisie  :  Autorité  de  l’Etat  ou  autorité  informelle.    
https://ftdes.net/rapports/secteur.informel.pdf  
pauvres -Résistance sociale
-Accompagnement à la mise en œuvre
de tous les acteurs des réformes
nécessaires
V18 Pénurie et -Persistance de la -Politique et des -Politique de -Politique non
disponibilité politique et des stratégies incluant les mitigation des réactive aux chocs
des produits stratégies risques de chocs risques -Pénuries et
alimentaires en d‘approvisionnement dans la planification fonctionnelle ruptures des
temps de crise faiblement sensible et des actions -Absence de produits
aux chocs clairement définies pénurie alimentaires
- Situation de pénurie sont mises en place -Consommateurs répétitives
des produits -Pénurie maitrisée rationnels -Comportements
alimentaires, en -Comportements impulsifs d’achat
particulier de base d’achat plus réfléchis des
-Maintien du de la part des consommateurs
comportement des consommateurs
consommateurs vers
les achats excessifs
V19 Politique - Sécurité alimentaire -Politique de sécurité -Politique de -Absence de
nutritionnelle dissociée des aspects alimentaire intégrant sécurité alimentaire volonté des
et de santé de la santé et de la les aspects de la et nutritionnelle pouvoirs publics
nutrition nutrition et la santé. mise en place. pour une sécurité
--Maintien à la -Baisse des taux de -Forte baisse des alimentaire
hausse des taux de prévalence des taux de prévalence intégrant les
prévalence des maladies non des maladies non aspects
maladies non transmissibles (40% en transmissibles. nutritionnels et de
transmissibles liées à moyenne)106 -Consommateurs santé.
l’alimentation -Consommateurs aux -Population
Utilisation/ Qualité/ Sécurité

(obésité chez les plus conscients et comportements fortement touchée


adultes de 27% et engagés dans la responsables vis-à- par la malnutrition.
chez les enfants est lutte contre la vis d’une -Absence
de 17%, retard de malnutrition alimentation saine, d’adhésion de tous
croissance chez les équilibrée et les acteurs pour
enfants de 8,6%)104 -Acteurs de la diversifiée offrir des produits
- Large couche de profession plus -Acteurs de la de qualité
consommateurs peu impliqués dans la profession offrant nutritionnelle
conscients des production de des produits qui
méfaits de la produits plus sains répondent aux
malnutrition et des normes
mauvaises habitudes nutritionnelles et de
alimentaires (taux de qualité
malnutrition 28%)105
-Faible engagement
des acteurs de la
104. On maintient les mêmes taux profession pour
que 2020. UNICEF, 2020. Analyse de la fournir des produits
situation des enfants en Tunisie 2020 plus sains

105. On maintient les mêmes taux


que 2020. UNICEF, 2020. Analyse de la
situation des enfants en Tunisie 2020

106. Il s’agit de la projection de l’OMS


pour 2025 et pour laquelle elle déclare
que ces objectifs ne seront pas atteints en
2025 suite à la pandémie et à la guerre
en Ukraine. Il est possible de les réaliser
en 2035, si le pays adopte une stratégie
nutritionnelle comme recommandé par
l’OMS.
OMS, 2014. Plan d’application exhaustif
concernant la nutrition chez la mère, le
nourrisson et le jeune enfant.

                                                                                                                       
104
 On  maintient  les  mêmes  taux  que  2020.  UNICEF,  2020.  Analyse  de  la  situation  des  enfants  en  Tunisie  2020  
108 105
 On  maintient  les  mêmes  taux  que  2020.  UNICEF,  2020.  Analyse  de  la  situation  des  enfants  en  Tunisie  2020  
106
 Il  s’agit  de  la  projection  de  l’OMS  pour  2025  et  pour  laquelle  elle  déclare  que  ces  objectifs  ne  seront  pas  
atteints  en  2025  suite  à  la  pandémie  et  à  la  guerre  en  Ukraine.  Il  est  possible  de  les  réaliser  en  2035,  si  le  pays  
adopte  une  stratégie  nutritionnelle  comme  recommandé  par  l’OMS.  
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

V20 Gaspillage -Persistance du - Engagement de -Système de -Aucun


alimentaire désengagement de l’Etat pour inclure et récupération des engagement de
l’Etat traiter la question du restes performants l’Etat
-Absence de gaspillage -Gaspillage minime -Ampleur du
mécanismes alimentaire dans les des produits gaspillage
approprié de stratégies alimentaires alimentaire
récupération des -Réduction du -Acteurs -Acteurs insensibles
restes alimentaires gaspillage responsables et et insoucieux
-Maintien du alimentaire, engagés
gaspillage élevé des notamment des
produits alimentaires produits céréaliers (-
(du pain : 900 000 50% pour le pain)108
unités de pain jetées - Mécanismes
par jour en 2017, 16% opérationnels de
des dépenses des récupération des
ménages en pain)107 restes alimentaires
- Faibles mis en place
sensibilisation et -Forte sensibilisation
information sur les des acteurs sur les
bonnes pratiques bonnes pratiques
V21 Changements - Stratégies -  Stratégies -Pratiques - Aucune vision
climatiques élaborées faisant élaborées sous réglementées et claire sur la
peu l’objet formes d’actions respectées pour politique des
d’actions mises en d’adaptation et de préserver les changements
place transformation. ressources climatiques et les
- Baisse de la -Maitrise des effets naturelles et engagements de
production et de la négatifs sur la l’équilibre de la Tunisie
productivité des production l’écosystème déshonorés
Stabilité / Durabilité

produits de base -Acteurs, intégrés -Généralisation des -Aucune action sur


(Rendement du blé dans le dispositif actions et des le terrain
dur de 14%, blé de lutte contre les pratiques -Des acteurs
tendre 18% et orge effets climatiques d’adaptation et de inconscients
14%,)109 transformation -Dégradation forte
- Baisse de la fertilité -Participation de l’écosystème
des sols, des terres assurée de tous les
cultivées et de la acteurs dans la
biodiversité préservation des
-Comportements ressources
d’inattention des naturelles et de la
acteurs du SA vis-à- biodiversité
vis des changements
climatiques

107. Maintien des taux de gaspillage


estimé par l’INC.

108. Prévision de l’INC.

109. Les prévisions de l’étude de l’AFD


en supposant le mêmes conditions
actuelles (technique, technologique et
économiques) à l’horizon 2035. AFD
et Ministère agriculture, 2021. Tunisie :
Contribution aux éléments de la phase
préparatoire du processus du plan national
d’adaptation (Axe2) Rapport de synthèse.

                                                                                                                       
107
 Maintien  des  taux  de  gaspillage  estimé  par  l’INC.  
109
108
 Prévision  de  l’INC.    
109
 Les  prévisions  de  l’étude  de  l’AFD  en  supposant  le  mêmes  conditions  actuelles  (technique,  technologique  et  
économiques)  à  l’horizon  2035.  AFD  et  Ministère  agriculture,  2021.  Tunisie  :  Contribution  aux  éléments  de  la  
V22 Ressources -Gouvernance -Meilleure -Bonne -Gestion
en eau institutionnelle gouvernance de gouvernance chaotique de
complexe l’eau de l’eau l’eau
- Maintien du taux -Taux de remplissage -Capacité optimale -Taux de
actuel de des barrages de rétention de remplissage
remplissage des s’améliore l’eau pluviale des barrages
barrages en eau à - Capacité -Utilisation efficiente atteint
30.2% 110 améliorée de de l’utilisation de son minimum
-Stagnation de l’offre rétention des eaux l’eau d’irrigation -Collecte
en eau pluviale pluviales par les agriculteurs. catastrophique de
mobilisée (4, 8 -Utilisation plus - Un comportement l’eau pluviale
millions m3 /an, soit rationnelle de Responsable de -Aucun
14% de mobilisation l’utilisation de l’eau tous les usagers financement
des eaux pluviales)111 d’irrigation par les - Impacts positifs mobilisé pour la
- Utilisation peu agriculteurs des projets réalisation de
rationnelle de l’eau -Utilisation innovants mis en projets
d’irrigation par les maitrisée de l’eau œuvre -Aucune avancée
agriculteurs par les ménages - Généralisation de dans le traitement
-Une demande 350 m3/an/hab)114 l’utilisation des et l’utilisation des
excessive de l’eau -Mise en œuvre et eaux usées par eaux usées
par habitant poursuite des projets l’agriculture
(430 m3/an/hab)112 innovants
-Difficultés de -  Doubler les
Financement des capacités de
projets traitement des eaux
Hydrauliques usées et l’usage de
-Maintien des cette ressource par
capacités de l’agriculture (24%)
traitement des eaux
usées (12%)113
V23 Ressources -Statut foncier - Un statut foncier -Statut foncier -Aggravation du
foncières encore complexe. revu vers plus clairement établi et morcellement et
-Persistance du d’allégement et réglementé loi non appliquée
morcellement (75% clairement -Carte agricole -Aucune avancée
des exploitations réglementé fonctionnelle et dans le statut
moins de 10 Ha115) -Incitations à la des données du foncier
-Continuité de réduction du recensement -Jeunes
l’empiètement sur morcellement disponibles et désengagés des
les terres agricoles et -Application actualisées projets
péri-urbaines rigoureuse -Des jeunes agro- agricoles
-Aucun progrès de la loi pour entrepreneurs
110. ONAGRI, Tableau de bord 2022 réalisé pour le préserver réussis
recensement et la les terres agricoles
111. Poursuite de la situation actuelle. carte agricole de l’empiètement
ITES, Stratégie eau 2050. http://www.ona- -Un secteur peu -Finalisation du
gri.tn/uploads/Etudes/ITES-eau2050.pdf attractif pour les recensement et de
jeunes la carte agricole
112. Poursuite de l’état actuel selon les
chiffres officiels de la SONEDE (cité par -Meilleure inclusion
l’Economiste Maghrébin 21-3-2023). et adhésion des
jeunes entrepreneurs
113. Poursuite de la situation actuelle, dans l’agriculture
estimée par le Ministère de l’Agriculture. V24 Instabilité -Persistance de - Stabilité politique - Stabilité politique. -Instabilité
MARHP, 2023. Plan de développement politique l’instabilité politique -Economie politique.
-Reprise économique
agricole 2023-2025. Et économique -Déficit budgétaire développée avec -Fort endettement
et création de
en croissance (9% du richesses plus de ressources du pays
114. Nous avons maintenu les mêmes PIB)116 nationales -Absence de
prévisions de la SONEDE pour 2030, en te-
nant compte de l’impact des changements
climatiques.
                                                                                                                       
115. CNEA, 2005. Enquête des 110
structures.
 ONAGRI,  Tableau  de  bord  2022  
111
 Poursuite  de  la  situation  actuelle.    ITES,  Stratégie  eau  2050.  http://www.onagri.tn/uploads/Etudes/ITES-­‐
eau2050.pdf  
112
Poursuite  de  l’état  actuel  selon  les  chiffres  officiels  de  la  SONEDE  (cité  par  l’Economiste  Maghrébin  21-­‐3-­‐2023).  
110 113
 Poursuite  de  la  situation  actuelle,  estimée  par  le  Ministère  de  l’Agriculture.  MARHP,  2023.  Plan  de  
développement  agricole  2023-­‐2025.    
114
 Nous  avons  maintenu  les  mêmes  prévisions  de  la  SONEDE  pour  2030,  en  tenant  compte  de  l’impact  des  
changements  climatiques.    
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

-Déficit
-Déficit commercial
commercial -Balance
-Balance -Balance
-Balance ressources
ressources
alimentaire
alimentaire continu
continu commerciale
commerciale commerciale
commerciale -Déficit
-Déficit grave
grave de
de la
la
alimentaire
alimentaire alimentaire
alimentaire balance
balance
équilibrée
équilibrée excédentaire
excédentaire commerciale
commerciale
alimentaire
alimentaire
V25
V25 Mauvaise
Mauvaise -- Pouvoir
Pouvoir de
de décision
décision -Modèle
-Modèle -- Un
Un partenariat
partenariat -Aggravation du
-Aggravation du
gouvernance
gouvernance des
des structures
structures Organisationnel
Organisationnel et et public-privé
public-privé management
management des des
du
du système
système publiques
publiques Institutionnel de
Institutionnel de organisé avec
organisé avec des
des structures
structures
alimentaire
alimentaire chargées de
chargées de la
la SA
SA gouvernance
gouvernance objectifs et
objectifs et des
des publiques
publiques
centralisé
centralisé innovant
innovant etet missions
missions claires
claires chargées
chargées de de la
la SA
SA
-Une contribution
-Une contribution opérationnel
opérationnel -Collectivités
-Collectivités et résignation
et résignation et
et
limitée
limitée des
des -Passage
-Passage progressif
progressif Locales,
Locales, secteur
secteur démission
démission des
des
collectivités
collectivités vers plus
vers plus de
de privé, société
privé, société civile
civile acteurs publics
acteurs publics
locales,
locales, participation
participation des
des fortement
fortement -Collectivités
-Collectivités
du secteur
du secteur privé
privé et
et collectivités locales
collectivités locales impliquées dans
impliquées dans la
la locales, secteurs
locales, secteurs
de
de la
la société
société civile
civile des
des acteurs
acteurs privés
privés et
et SA
SA privés,
privés, société
société
dans
dans la
la sécurité
sécurité de
de la
la société
société civile
civile -Un
-Un secteur
secteur public
public civile
civile
alimentaire
alimentaire jouant plus
jouant plus un
un rôle
rôle désengagés
désengagés
de
de pilotage,
pilotage, de
de
suivi et
suivi et
d’évaluation
d’évaluation

La structure d’un scénario est la « combinaison maitrisable et inexploitable de scénarios, il est


des hypothèses
La structureretenues pour toutes
d’un scénario est la «les va-
combinaisonpertinent de se référer
des hypothèses aux principes
retenues suivants :
pour toutes
riableslesmotrices ». Tout scénario construit est
variables motrices ». Tout scénario construit est une représentation de l’avenir de la
une représentation
sécurité alimentairede l’avenir de la sécurité
à l’horizon 2035. Cette- La cohérence
approche et la pertinence
permet desles
de visualiser scéna-
alimentaire à l’horizon
cheminements 2035.
allant Cette approche
du présent rios : Il est recommandé
aux scénarios exploratoires futurs. Sur la de ne pas
base des associer
19
permet de visualiser les cheminements allant des hypothèses de variation incompatibles
variables motrices retenues, réparties entre les quatre macro-concepts de la SA, il
du présent
s’agit aux scénarios exploratoires
de construire futurs. constitués
des micro-scénarios et irréalisables
par autant; d’hypothèses pour
Sur la base des 19 variables motrices retenues, - La vraisemblance : Il est recommandé
chaque macro-concept qui, ensembles, aboutissent au final aux scénarios globaux.
réparties entre les quatre macro-concepts de la de combiner les hypothèses de variations
SA, il Afin
s’agitdedelimiter
construire
le nombre de micro-Scénarios parcrédibles
des micro-scénarios et vraisemblables
macro-concept, puis des afin de faciliter
scénarios
constitués par autant d’hypothèses pour chaque l’aide à la décision stratégique.
globaux et d’éviter de se retrouver avec un nombre non maitrisable et inexploitable
macro-concept
de scénarios,qui, ilensembles, aboutissent
est pertinent de se référerau aux principes suivants :
final aux -­‐ scénarios globaux.
La cohérence et la pertinence des scénarios En suivant la démarche
: Il est recommandé proposée,
de neunpas
tableau
récapitulatif des différents cheminements des
associer des hypothèses de variation incompatibles et irréalisables ;
Afin de limiter le nombre de micro-Scénarios micro-scénarios et scénarios globaux à l’horizon
-­‐ La vraisemblance : Il est recommandé de combiner les hypothèses de
par macro-concept, puis des scénarios globaux 2035 est tracé.
variations crédibles et vraisemblables afin de faciliter l’aide à la décision
et d’éviter de se retrouver avec un nombre non
stratégique.

En suivant la démarche proposée, un tableau récapitulatif des différents


cheminements des micro-scénarios et scénarios globaux à l’horizon 2035 est tracé.

116. Maintien du même taux que celui


de 2022 sous le poids de la hausse des
subventions énergétiques et alimentaires.
Banque mondiale, 2022. Tunisie : des
réformes urgentes pour stabiliser les
finances publiques.
https://www.banquemondiale.org/

111
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       
116
116  Maintien  du  même  taux  que  celui  de  2022  sous  le  poids  de  la  hausse  des  subventions  énergétiques  et  
 Maintien  du  même  taux  que  celui  de  2022  sous  le  poids  de  la  hausse  des  subventions  énergétiques  et  
alimentaires.  
alimentaires.  BBanque  
anque  m
mondiale,  
ondiale,  22022.  
022.  TTunisie
unisie :  :  ddes  
es  rréformes  
éformes  uurgentes  
rgentes  ppour  
our  sstabiliser  
tabiliser  lles  
es  ffinances  
inances  ppubliques.  
ubliques.  
IV -CHEMINEMENT DES MICRO-SCENARIOS AUX SCENARIOS GLOBAUX DE LA
IV - CHEMINEMENT
SECURITE ALIMENTAIRE ADES MICRO-SCENARIOS
L’HORIZON 2035 AUX SCENARIOS
GLOBAUX DE LA SECURITE ALIMENTAIRE A L’HORIZON 2035
Tableau 22 : Cheminement vers les micro-scénarios et scénarios globaux de la sécurité
alimentaire à l’horizon 2035
Tableau 22 : Cheminement vers les micro-scénarios et scénarios globaux de la sécurité
alimentaire à l’horizon 2035
Macro Variables H1 H2 H3 H4
Concept
V1 Politique alimentaire - Poursuite des -Elaboration des - Mise en œuvre - Forte
stratégies sectorielles priorités de la coordonnée de la incohérence des
non systémiques et sécurité alimentaire politique stratégies
peu cohérentes dans une politique alimentaire sectorielles et
- Faible participation alimentaire nationale persistance de la
des parties prenantes intersectorielle non-
à l’échelle régionale -Participation des participation des
à l’élaboration des parties prenantes du acteurs
politiques SA dans l’élaboration régionaux et
des politiques locaux
alimentaires
V3 Organisation des -Petits agriculteurs -Une plus grande -Evolution vers de - Aucune
producteurs réticents pour le adhésion des petits nouvelles formes de adhésion des
regroupement formel agriculteurs aux groupements petits
-Lourdeur groupements performants et agriculteurs au
administrative dans -Allégement des innovants regroupement
la création des procédures - Suivi continu et -Procédures
structures de administratives accompagnement entravant
rassemblement -Des GDA plus technique et l’organisation
- Mobilité des GDA à nombreux, organisés financier des des petits
la recherche d’un et reconnus groupements agriculteurs
positionnement sur le - Organisations
marché professionnelles et
interprofessionnelles
ayant un rôle
d’accompagnement
et d’incitation aux
Disponibilité

groupements
V4 Production et - Production et -Amélioration de la -Accroissement -Production et
productivité productivité en production surtout continu et régulier productivité en
agricoles dessous des pour les produits de la production chute
potentialités surtout stratégiques surtout des produits -Déficit
pour les produits (Céréales 4,1% par de base (céréales, accentué et
stratégiques an ; pomme de terre pomme de terre, grave des
(Céréales : 1,795 1,6% ; lait 2,96%) lait, viandes) produits
MT/an, pomme de -Objectif de assurant stratégiques
terre : 0,4 MT/an, lait l’autosuffisance l’autosuffisance, (céréales, lait et
1,380 M litres/an, atteint pour le blé avec un stock viandes)
viande rouge : dur 12Mq, le lait 600 stratégique -Un taux de
125000T/an) M litres) et maintien contribuant à une perte agricole à
-Modes de de l’autosuffisance souveraineté la hausse
production peu en viande rouge alimentaire
innovants et peu (125.000 T) -Des systèmes de
adaptés aux - Introduction des production
contextes socio- nouvelles adaptés aux
économiques des technologies différents types
petites exploitations. particulièrement d’exploitations
-Maintien des taux chez les petits selon les
de perte aux mêmes agriculteurs informations
niveaux pour les - Une bonne fournies par la
produits stratégiques évaluation des carte agricole
(lait et céréales de pertes dans les - Une généralisation
8%) chaines de valeurs et des expériences
sensibilisation des innovantes
acteurs -Une réduction
conséquente des
pertes et acteurs
engagés

127  
112  
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

V6 Recherche et -Recherches - Des thèmes de - Une recherche -Programme et


innovation sectorielles, peu recherche en efficiente basée sur activité de
systémiques relation avec les la haute recherche
-Résultats de la objectifs de la SA technologie et incohérents
recherche peu -Accroissement du facilement avec les
valorisés et à faibles budget alloué à la valorisable objectifs de la
impacts sur les recherche (1,5% du - Un budget SA
acteurs du SA, PIB) répondant aux - Réduction
- Budget limité -Synergie et besoins matériels drastique du
consacré à la coordination entre la d’une recherche budget de la
recherche (0.7% du recherche, performante (2% recherche
PIB) l’interprofession et la du PIB) - Institutions de
-Manque profession recherche et
d’innovation et - Mise place d’une résultats non
stagnation recherche à haute crédibles
technologique valeurs
technologique
V7 Climat d'affaires et -Accès difficile aux -Accès plus facile -Contraintes levées -Procédures
financement financements aux financements et pour l’accès au obsolètes et peu
-Procédures lourdes procédures allégées financement à adaptées
-Peu de facilités et - Conditions d’octroi toutes les -Aucun
davantage pour les des crédits plus catégories y encouragement
jeunes promoteurs et souples pour les compris d’investissement
les femmes en jeunes promoteurs et - les jeunes pour les jeunes
particulier surtout les femmes promoteurs et les et une plus
-Investissement total - Davantage femmes grande
agricole faible 1400 d’investissements avantageuses réticence
MD (croissance orientés vers -Un plus grand -Forte diminution
8,5%/an) l’agriculture 13% investissement dans des
l’agriculture et une investissements
équité entre les agricoles
régions
V9 Logistique et - Capacité logistique -Capacité logistique -Capacité - Capacité
infrastructure de des marchés et des des marchés et des logistique des logistique des
stockage et de abattoirs insuffisante abattoirs améliorée marchés et des marches et
distribution et inégale entre les et bien répartie entre abattoirs et abattoirs en état
régions les régions suffisante et bien de dégradation
-Infrastructure de - Infrastructure de répartie entre les - Infrastructure
stockage défaillante stockage efficiente régions de stockage
-Logistique des et bien gérée - Infrastructures de détériorées
transports - Logistique des stockage de -Logistique de
inappropriée transports qualité et en transport
développée capacité suffisante détériorée
-Circuits de - Logistique -Circuits de
distribution connus et transport distribution, flux
réglementés appropriée et intervenants
- Transparence le inconnus
long des chaines -Aucune
alimentaires information sur
les circuits, les
flux et les
intervenants
V11 Régulation des -Maintien d’une -Réajustement - Libéralisation - Alourdissement
marchés politique périodique des prix totale des prix de du poids de
d’ajustement des prix des produits de base tous les produits l’intervention de
pour les produits de en cas de nécessité -Interventions de l’Etat sur les prix
base -Libéralisation l’Etat en cas -Un
- Mécanismes rigides progressive de d’anticipation des désengagement
de stockage sous certains produits crises fort du secteur
l’autorité de l’Etat -Mécanisme de privé
stockage plus agile
et encourageant
pour les privés

128  
 
113
V12 Système alimentaire -Gestion des risques - Gestion des risques -Gestion des risques -Vulnérabilité
face aux chocs faiblement prise en prise en compte est assurée. croissante du SA
considération dans dans la mise en -Dépendance -Forte
les politiques place d’actions de alimentaire limitée dépendance vis-
alimentaires transformation du SA pour les céréales et à-vis des
-Mesures des impacts et de lutte contre la les intrants (taux de marchés
des crises vulnérabilité dépendance des extérieurs pour
embryonnaire -Mesures des impacts céréales 30%) les produits de
-Dépendance réalisées -Souveraineté base et les
continue au marché périodiquement alimentaire assurée intrants
international pour les -Réduction
céréales et les progressive de la
intrants (Taux de dépendance en
dépendance des produits de base et
céréales 57% dont les intrants
Blé tendre 84%, blé (Autosuffisance en
dur 41% et orge 51%) blé dur) vers la voie
- Agenda des de la souveraineté
politiques n’incluant alimentaire
pas la souveraineté
alimentaire
Micro-scénario « Une Disponibilité Une disponibilité Une disponibilité Une
Disponibilité » alimentaire alimentaire alimentaire disponibilité
menacée soutenable assurée alimentaire
non assurée
V14 Inflation et pouvoir -Stagflation de 10,4% - Maitrise partielle de - Croissance - une inflation
d'achat et maintien d’un l’inflation de 5% et maitrisée autour de non maitrisée et
faible niveau de retour de la 4,3% une croissance
croissance 2.3%) croissance autour de -L’IPC est maitrisé économique en
-Persistance de la 4,3% -Système de chute 117
hausse des prix des -IPC est réduit protection -Réforme de la
produits alimentaires -Groupes vulnérables opérationnel, protection
(IPC alim 14,8%) bénéficiant du flexible et sensible sociale non
-Réforme du système système de aux chocs réalisée
de protection sociale protection sociale
en cours réformé

V16 Intermédiaires et - Multiplication des -Intégration -Bonne intégration -Dominance du


circuits informels intermédiaires progressive de de l’informel dans circuit informel et
-Extension des circuits l’informel dans le le secteur prolifération des
informels (53% du PIB) secteur réglementé réglementé et intermédiaires
-Accroissement des et formel formel -Refus des
ventes illégales -Réduction des acteurs informels
surtout des produits intermédiaires à s’aligner
Accès

subventionnés et du -Application
bétail dans les pays rigoureuse de la loi
limitrophes
-Application lente de
la loi sur le
commerce illicite

V17 Politique de -Maintien de la -Elaboration et mise -Réforme de la - CGC, un


subvention à la politique des en place d’une politique fardeau sur le
consommation subventions à la nouvelle politique de subvention ciblée budget de l’Etat
consommation non de compensation réussie -Inertie politique
ciblée pour les des ménages et non - Acteurs adhérents pour prendre
produits de base des produits à la nouvelle des décisions
-Mise en place des politique courageuses
transferts directs vers pour le ciblage
les ménages les plus de la subvention
pauvres -Résistance
-Accompagnement sociale à la mise
de tous les acteurs en œuvre des
117. La croissance de long terme de réformes
l’économie mondiale devrait s’établir en nécessaires
moyenne à 2,2% entre 2020 et 2030,
décrivant la décennie de « perdue »
(Banque Mondiale) https://www.banque-                                                                                                                        
mondiale.org/ 117
   La  croissance  de  long  terme  de  l’économie  mondiale  devrait  s’établir  en  moyenne  à  2,2%  entre  2020  et  2030,  
décrivant  la  décennie  de  «  perdue  »  (Banque  Mondiale)  https://www.banquemondiale.org/    

129  
114  
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

V18 Pénurie et -Persistance de la -Politique et des -Politique de -Politique non


disponibilité des politique et des stratégies incluant les mitigation des réactive aux
produits alimentaires stratégies risques de chocs risques chocs
en temps de crise d‘approvisionnement dans la planification fonctionnelle -Pénuries et
faiblement sensible et des actions -Absence de ruptures des
aux chocs clairement définies pénurie produits
- Situation de pénurie et mises en place -Consommateurs alimentaires
des produits -Pénurie maitrisée. rationnels répétitives
alimentaires, en -Comportements -Comportements
particulier de base d’achat plus réfléchis impulsifs d’achat
-Maintien du de la part des des
comportement des consommateurs consommateurs
consommateurs vers
les achats excessifs
Micro-scénario Un accès aléatoire Un accès maîtrisé Un accès sûr Un accès sous
« Accès » tension
V19 Politiques - Sécurité alimentaire -Politique de sécurité -Politique de -Absence de
nutritionnelle, et de dissociée des alimentaire intégrant sécurité alimentaire volonté des
santé aspects de la santé les aspects de la et nutritionnelle pouvoirs publics
et de la nutrition nutrition et la santé mise en place pour une
-Maintien à la hausse -Baisse des taux de -Forte baisse des sécurité
des taux de prévalence des taux de prévalence alimentaire
prévalence des maladies non des maladies non intégrant les
maladies non transmissibles (40% en transmissibles aspects
transmissibles liées à moyenne) -Consommateurs nutritionnels et
l’alimentation -Consommateurs aux de santé
(obésité chez les plus conscients et comportements -Population
adultes de 27% et engagés dans la responsables vis-à- fortement
chez les enfants est lutte contre la vis d’une touchée par la
de 17%, retard de malnutrition alimentation saine, malnutrition
croissance chez les -Acteurs de la équilibrée et -Absence
enfants de 8,6%) profession plus diversifiée d’adhésion de
- Large couche de impliqués dans la -Acteurs de la tous les acteurs
consommateurs peu production de profession offrant pour offrir des
conscients des produits plus sains des produits qui produits de
méfaits de la répondent aux qualité
Utilisation/ Qualité/ Sécurité

malnutrition et des normes nutritionnelle


mauvaises habitudes nutritionnelles et de
alimentaires (taux de qualité
malnutrition 28%)
-Faible engagement
des acteurs de la
profession pour
fournir des produits
plus sains
V20 Gaspillage -Persistance du - Engagement de -Système de -Aucun
alimentaire désengagement de l’Etat pour inclure et récupération des engagement de
l’Etat traiter la question du restes performants l’Etat
-Absence de gaspillage -Gaspillage minime -Ampleur du
mécanismes alimentaire dans les des produits gaspillage
approprié de stratégies alimentaires alimentaire
récupération des -Réduction du -Acteurs -Acteurs
restes alimentaires gaspillage responsables et insensibles et
-Maintien du alimentaire, engagés insoucieux
gaspillage élevé des notamment des
produits alimentaires produits céréaliers
(du pain : 900 000 (moins 50% pour le
unités de pain jetées pain)
par jour en 2017, 16% - Mécanismes
des dépenses des opérationnels de
ménages en pain) récupération des
- Faibles restes alimentaires
sensibilisation et mis en place
’information sur les -Forte sensibilisation
bonnes pratiques des acteurs sur les
bonnes pratiques
Mico-Scénario Alimentation et Alimentation et Alimentation et Alimentation et
Utilisation/Qualité/Sécurité nutrition nutrition en nutrition nutrition
incohérentes mutation positive cohérentes incontrôlables

130  
 
115
V21 Changements - Stratégies -  Stratégies -Pratiques - Aucune vision
climatiques élaborées faisant élaborées sous réglementées et claire sur la
peu l’objet d’actions formes d’actions respectées pour politique des
mises en place d’adaptation et de préserver les changements
- Baisse de la transformation ressources climatiques et les
production et de la -Maitrise des effets naturelles et engagements
productivité des négatifs sur la l’équilibre de de la Tunisie
produits de base production l’écosystème déshonorés
(Rendement du blé -Acteurs, intégrés -Généralisation des -Aucune action
dur de 14%, blé dans le dispositif de actions et des sur le terrain
tendre 18% et orge lutte contre les effets pratiques -Des acteurs
14%,) climatiques d’adaptation et de inconscients
- Baisse de la fertilité transformation -Dégradation
des sols, des terres -Participation forte de
cultivées et de la assurée de tous les l’écosystème
biodiversité acteurs dans la
-Comportements préservation des
d’inattention des ressources
acteurs du SA vis-à- naturelles et de la
vis des changements biodiversité
climatiques
V22 Ressources en eau -Gouvernance -Meilleure -Bonne -Gestion
institutionnelle gouvernance de gouvernance chaotique de
complexe l’eau de l’eau l’eau
- Maintien du taux -Taux de remplissage -Capacité optimale -Taux de
actuel de des barrages de rétention de remplissage
remplissage des s’améliore l’eau pluviale des barrages
barrages en eau à - Capacité -Utilisation efficiente atteint son
30.2% améliorée de de l’utilisation de minimum
-Stagnation de l’offre rétention des eaux l’eau d’irrigation -Collecte
en eau pluviale pluviales par les agriculteurs catastrophique
mobilisée (4, 8 -Utilisation plus - Un comportement de l’eau pluviale
Stabilité / Durabilité

millions m3 /an, soit rationnelle de Responsable de -Aucun


14% de mobilisation l’utilisation de l’eau tous les usagers financement
des eaux pluviales) d’irrigation par les - Impacts positifs mobilisé pour la
- Utilisation peu agriculteurs des projets réalisation de
rationnelle de l’eau -Utilisation innovants mis en projets
d’irrigation par les maitrisée de l’eau œuvre -Aucune
agriculteurs par les ménages - Généralisation de avancée dans le
-Une demande 350 m3/an/hab) l’utilisation des traitement et
excessive de l’eau -Mise en œuvre et eaux usées par l’utilisation des
par habitant poursuite des projets l’agriculture eaux usées
(430 m3/an/hab) innovants
-Difficultés de -  Doubler les
Financement des capacités de
projets traitement des eaux
Hydrauliques usées et l’usage de
-Maintien des cette ressource par
capacités de l’agriculture (24%)
traitement des eaux
usées (12%)
V23 Ressources -Statut foncier - Un statut foncier -Statut foncier -Aggravation du
foncières encore complexe revu vers plus clairement établi et morcellement et
-Persistance du d’allégement et réglementé loi non
Morcellement (75% clairement -Carte agricole appliquée
des exploitations réglementé fonctionnelle et -Aucune
moins de 10 Ha) -Incitations à la des données du avancée
-Continuité de réduction du recensement dans le statut
l’empiètement sur morcellement disponibles et foncier
les terres agricoles et -Application actualisées -Jeunes
péri-urbaines rigoureuse -Des jeunes agro- désengagés des
-Aucun progrès de la loi pour entrepreneurs projets
réalisé pour le préserver réussis agricoles
recensement et la les terres agricoles
carte agricole de l’empiètement
-Un secteur peu -Finalisation du
attractif pour les recensement et de
jeunes la carte agricole
-Meilleure inclusion
et adhésion des

131  
 
116
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

jeunes entrepreneurs
dans l’agriculture
V24 Instabilité -Persistance de - Stabilité politique - Stabilité politique. -Instabilité
politique l’instabilité politique -Reprise économique -Economie politique
-Déficit budgétaire et création de développée avec -Fort
en croissance (9% du richesses plus de ressources endettement du
PIB) -Balance nationales pays
-Déficit commercial commerciale -Balance -Absence de
alimentaire continu alimentaire commerciale ressources.
équilibrée alimentaire -Déficit grave de
excédentaire la balance
commerciale
alimentaire
V25 Mauvaise - Pouvoir de décision -Modèle - Un partenariat -Aggravation du
gouvernance des structures Organisationnel et public-privé management
du système publiques Institutionnel de organisé avec des des
alimentaire chargées de la SA gouvernance objectifs et des structures
centralisé innovant et missions claires publiques
-Contribution opérationnel -Collectivités chargées de la
limitée des -Passage progressif Locales, secteur SA et résignation
collectivités vers plus de privé, société civile et
locales, participation des fortement démission des
du secteur privé et collectivités locales impliquées dans la acteurs publics
de la société civile des acteurs privés et SA -Collectivités
dans la sécurité de la société civile -Un secteur public locales, secteurs
alimentaire jouant plus un rôle privés, société
de pilotage, de civile
suivi et désengagés
d’évaluation

Micro-scénario Système alimentaire Système alimentaire Système Système


« Stabilité/ Durabilité » vulnérable en transition alimentaire résilient alimentaire non
durable

Enfin, à travers les différentes étapes • Scénario global rose ou idéal : Une
Enfin, à travers les différentes étapes précédentes de l’analyse, on aboutit aux 4
précédentes de l’analyse, on aboutit sécurité alimentaire élevée ;
scénarios globaux de la sécurité alimentaire à l’horizon 2035 :
aux 4 scénarios globaux de la sécurité • Scénario global noir ou catastro-
alimentaire
• à l’horizon
Scénario global2035 :
tendanciel phique aléatoire
: Une sécurité alimentaire : Une insécurité
; alimen-
• Scénario global souhaitable et réalisable : Unetaire élevée.
sécurité alimentaire maitrisée ;
• Scénario
• globalglobal
Scénario tendanciel
rose ou :idéal
Une: Une sécurité alimentaire élevée ;

sécuritéScénario global noir
alimentaire ou catastrophique
aléatoire ; : Une
Lesinsécurité alimentaire
4 scénarios globauxélevée.
sont repré-
• Scénario global souhaitable et ré- sentés au tableau récapitulatif sui-
alisable : Une sécurité alimentaire vant :
maîtrisée ;

132  
 
117
Les 4 scénarios globaux sont représentés au tableau récapitulatif suivant :
Tableau 23 : Tableau récapitulatif des micro-scénarios et des scénarios globaux
Tableau 23 : Tableau récapitulatif des micro-scénarios et des scénarios globaux de la sécurité
de la sécurité alimentaire à l’horizon 2035
alimentaire à l’horizon 2035
Macro-concept Micro-scénario Micro-scénario Micro- Micro-scénario
tendanciel souhaitable et scénario • noir ou catastrophique
réalisable rose ou idéal
Disponibilité Une Disponibilité Une disponibilité Une Une disponibilité alimentaire
alimentaire alimentaire disponibilité chaotique
menacée soutenable alimentaire
assurée
Accès Un accès Un accès Un accès Un accès alimentaire sous tension
alimentaire alimentaire alimentaire sûr
aléatoire maîtrisé
Utilisation/qualité/sécurité Alimentation et Alimentation et Alimentation et Alimentation et nutrition
nutrition nutrition en nutrition incontrôlables
incohérentes mutation positive cohérentes
Durabilité / Stabilité Système Système Système Système alimentaire non durable
alimentaire alimentaire en alimentaire
vulnérable transition résilient
Scénarios globaux quant Sécurité Sécurité Sécurité Insécurité alimentaire élevée
à la sécurité alimentaire alimentaire alimentaire alimentaire
à l’horizon 2035 aléatoire maîtrisée élevée

V- DESCRIPTION DETAILLEE (H1) Micro-scénario tendanciel ou au fil de


l’eau : « Une disponibilité alimentaire mena-
DES MICRO-SCENARIOS
V- DESCRIPTION cée » PAR MACRO-CONCEPTS ET
DETAILLEE DES MICRO-SCENARIOS
PAR MACRO-CONCEPT
DES SCENARIOS GLOBAUX
V1 -H1 : Politique alimentaire
ET DES SCENARIOS V3-H1macro-concept
1-Description détaillée des micro-scénarios par : Organisation des producteurs
GLOBAUX V4-H1 : Production et productivité de l’agricul-
Dans cette section, nous présentons une description détaillée ture des 16 micro-scénarios
(4 pour chacundétaillée
1- Description des 4 macro-concepts)
des qui, combinés,
V6- H1 : Recherche
aboutissentet deaux
l’innovation
4 scénarios
globaux identifiés
micro-scénarios par précédemment. V7-H1 : Climat d’affaires et financement
macro-concept V9-H1 : Logistique et infrastructures de stockage
On rappelle que les hypothèses retenues ont été formulées dans une conjoncture
et de distribution
d’incertitude nationale et internationale
Dans cette section, nous présentons une des- (économique, technologique,
V11-H1 : Régulation des marchés sociale et
des produits de
environnementale).
cription détaillée des 16 micro-scénarios (4 pour base
chacun des 4 macro-concepts) qui, combinés, V12-H1 : Système alimentaire vulnérable
a) Macro-concept
aboutissent « Disponibilité
aux 4 scénarios globaux identifiésalimentaire  »
précédemment. Dans le cadre de ce micro-scénario, la disponibi-
Le cheminement du micro-scénario tendanciel se litéprésente
alimentairecomme suitde
continue : se dégrader, aucune
On rappelle que les hypothèses retenues ont été mesure corrective spécifique n’est engagée. Ainsi,
(H1) Micro-scénario tendanciel ou au
formulées dans une conjoncture d’incertitude na- fil de l’eau : « Une disponibilité
alimentaire menacée »
tionale et internationale (économique, technolo- - L’objectif de sécurité alimentaire est introduit
gique, sociale et environnementale). explicitement dans des stratégies sectorielles
V1 -H1 : Politique alimentaire et fragmentées qui se poursuivent de façon
V3-H1 : Organisation des producteurs
a) Macro-concept « Disponibilité peu cohérente avec une faible participation
V4-H1 : Production
alimentaire » et productivité de l’agriculture des parties prenantes et l’implication des ré-
V6- H1 : Recherche et de l’innovation gions ainsi que le manque de capitalisation ;
V7-H1 : Climat d'affaires et financement - L’organisation des agriculteurs est faible, par-
Le cheminement du micro-scénario tendanciel se
V9-H1 : Logistique et infrastructures de stockage et de distribution
présente comme suit : ticulièrement les petits, vu leur réticence au
V11-H1 : Régulation des marchés des produits de base
V12-H1 : Système alimentaire vulnérable

118
133  
 
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

regroupement formel, mais aussi la lourdeur de poches de vulnérabilité. La dépendance


administrative pour la création de structures au marché international se poursuit pour les
de rassemblement en dépit d’une mobilité des produits de base et les intrants (Taux de dé-
GDA féminins à la recherche d’une visibilité pendance moyen des céréales 57% dont le
sur le marché ; Blé tendre avec 84%, le blé dur 41% et l’orge
- La production et la productivité sont en des- 51%) vu l’absence d’une orientation qui ne
sous des potentialités, surtout pour les pro- prend pas en compte la souveraineté alimen-
duits stratégiques et continuent à enregistrer taire dans son agenda politique.
les mêmes performances qu’en 2022 (1,795 M
T de céréales, 0,4 MT de pommes de terre et (H2) Scénario « souhaitable et réalisable » : «
1,380 M litres/an de lait) liées aux modes de une disponibilité alimentaire soutenable »
production peu innovants et peu adaptés aux
contextes socio-économiques des exploita- Le cheminement du micro-scénario souhaitable se
tions agricoles, mais aussi aux pertes enregis- résume comme suit :
trées particulièrement dans les exploitations
(lait et céréales d’un taux d’environ 8% en V1-H2 : Politique alimentaire
moyenne pour chaque produit) ; V3-H2 : Organisation des producteurs
- La recherche est sectorielle et peu systémique V4-H2 : Production et productivité agricoles
dont les résultats sont peu valorisés et le bud- V6-H2 : Recherche et innovation
get alloué est inadéquat, soit 0.7% du PIB ; V7-H2 : Climat d’affaires et financement
- Le climat d’affaire est peu attractif, caracté- V9-H2 : Logistique et infrastructure de stockage
risé par la difficulté d’accès au financement, et de distribution
la lourdeur des procédures administratives, le V11-H2 : Régulation des marchés des produits de
manque de facilités et d’avantages pour les base
jeunes entrepreneurs et les femmes en parti- V12-H2 : Système alimentaire vulnérable
culier, la croissance lente des investissements
agricoles (8,5% par an) avec une répartition Dans le cadre de ce micro-scénario, les insuffi-
inégale entre les régions ; sances relevées au niveau du scénario tendanciel
- La capacité des marchés (y compris les mar- sont en grande partie corrigées à l’horizon 2035.
chés de gros) et des abattoirs est insuffisante Ainsi,
et leur répartition est inégale entre les ré-
gions. Les infrastructures de stockage sont - Une politique alimentaire nationale intersec-
défaillantes puisque les opérateurs sont en torielle est élaborée avec la participation des
nombre limité et rencontrent des problèmes parties prenantes et l’implication des régions ;
de management. La logistique des transports, - Les petits agriculteurs adhérent aux regrou-
malgré les efforts fournis, reste inappropriée pements avec un rôle plus actif d’accompa-
parallèlement à un manque d’information sur gnement des organisations professionnelles
les circuits de distribution ; et interprofessionnelles et des procédures
- La politique d’ajustement des prix pour les flexibles. Les GDA sont plus nombreux, orga-
produits de base se poursuit et les méca- nisés et reconnus comme acteurs de dévelop-
nismes de stockage sont sous l’autorité de pement ;
l’Etat ; - La production et la productivité agricoles sont
- La gestion des risques et leur mesure sont améliorées, notamment pour les produits de
faiblement prises en compte dans les poli- base (Céréales 4,1% par an, pomme de terre
tiques alimentaires, conduisant à la présence 1,6%, Lait 2,96%) et l’objectif de l’autosuffi-

119
sance est atteint pour le blé dur, le lait et la (H3) Micro-scénario idéal ou « rose » : « Une
viande (le blé dur 12Mq/an, le lait M litres/an) disponibilité alimentaire assurée »
et l’autosuffisance en viande rouge est main-
tenue à 125.000 T) à travers l’introduction des Le cheminement du micro-scénario idéal est illus-
nouvelles technologies, particulièrement chez tré ci-dessous :
les petits agriculteurs. La baisse des pertes
est significative pour les produits de base à V1 -H3 : Politique alimentaire
travers une bonne évaluation dans les chaînes V3-H3 : Organisation des producteurs
de valeurs et la sensibilisation des acteurs ; V4-H3 : Productivité et rentabilité de l’agriculture
- La recherche est performante, coordonnée, en V6-H3 : Recherche et innovation
relation avec les objectifs de la SA, à haute V7-H3 : Climat d’affaires et financement
valeur technologique, bien valorisée vue la V9-H3 : Logistique et infrastructure de stockage
synergie établie avec l’interprofession et la et de distribution
profession et dotée d’un budget approprié de V1-H3 : Régulation des marchés des produits de
1,5% du PIB ; base
- Le climat d’affaires est plus attractif, avec V12-H3 : Système alimentaire vulnérable
des procédures administratives allégées et un
accès plus facile aux financements, particu- Dans le cadre de ce micro-scénario, toutes les
lièrement pour les jeunes promoteurs et les barrières, internes et externes, à la réalisation de
femmes et des investissements qui augmen- la sécurité alimentaire à travers les disponibilités
tent de 13%/an et sont davantage orientés sont levées à l’horizon 2035 grâce aux mesures
vers l’agriculture ; suivantes :
- Les capacités des marchés (y compris les
marchés de gros) et des abattoirs sont amé- - La politique alimentaire est mise en œuvre de
liorées et leur répartition entre les régions est façon coordonnée avec des liens assurés entre
assurée. Les infrastructures de stockage sont les structures et les acteurs aux niveaux natio-
efficientes et bien gérées selon les normes et nal et régional ;
les procédures reconnues. La logistique des - Les groupements d’agriculteurs évoluent vers
transports est appropriée. Les circuits de dis- de nouvelles formes performantes et inno-
tribution sont plus transparents ; vantes bénéficiant d’un suivi et accompagne-
- Le réajustement périodique des prix est assuré ment continus ;
pour les produits de base (céréales), la libéra- - La production croît de façon régulière sur-
lisation est progressive (pour le thé, le café, le tout pour les produits de base (céréales,
sucre, l’huile) et le mécanisme de stockage est pomme de terre, lait, viandes) assurant ainsi
plus agile et encourageant pour les privés ; l’autosuffisance, un stock stratégique et, par
- La gestion des risques est prise en considéra- conséquent, la souveraineté alimentaire et ce,
tion dans les stratégies alimentaires avec des grâce à des systèmes de production adaptés
mesures d’impact appropriées pour réduire aux différents types d’exploitations selon les
les poches de vulnérabilité. La dépendance informations fournies par la carte agricole, la
au marché international est progressivement généralisation des expériences innovantes et
réduite, surtout en ciblant l’autosuffisance en la réduction conséquente des pertes ;
blé dur en tant qu’étape sur la voie de la sou- - La recherche est efficiente, en mesure d’ap-
veraineté alimentaire. porter des réponses aux problèmes urgents
d’amélioration de la productivité et de la ré-
silience des systèmes de production, avec un

120
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

budget répondant aux besoins matériels d’une ponibilités alimentaires et, par conséquent, la sé-
recherche performante (2% du PIB) basée sur curité alimentaire à l’horizon 2035, comme décrit
la haute technologie et facilement « vulgari- ci-dessous :
sable » ;
- L’accès est facile au financement pour toutes - Les stratégies sectorielles sont fortement in-
les catégories, y compris pour les jeunes pro- cohérentes et la non-participation des acteurs
moteurs et les femmes, grâce à des investisse- régionaux persiste ;
ments importants et leur répartition équitable - La participation des petits agriculteurs au re-
entre les régions ; groupement est négligeable avec des procé-
- La capacité des marchés et des abattoirs est dures très contraignantes ;
suffisante et bien répartie entre les régions. - La production et la productivité sont à la
Les infrastructures de stockage sont de quali- baisse, engendrant un déficit accentué des
té et répondent aux normes exigées. La logis- produits de base (céréales, lait et viandes) et
tique des transports est développée. La trans- des taux de perte le long des chaînes alimen-
parence est de rigueur à tous les niveaux des taire s’accumulent ;
chaînes de valeur ; - Les programmes et les activités de recherche
- Les prix de tous les produits alimentaires sont sont incohérents et inadaptés aux objectifs et
libéralisés et le rôle de l’Etat est limité à des aux priorités de la SA et leur budget est consi-
interventions ponctuelles en cas de crise ; dérablement réduit ;
- Une gestion optimale des risques est assurée - Les investissements agricoles sont fortement
à travers un système de veille, d’anticipation réduits avec des procédures obsolètes et peu
et de suivi, conduisant à une dépendance adaptées. Les jeunes entrepreneurs et les
limitée, particulièrement pour les céréales femmes ne disposent d’aucun avantage et les
(30%) et les intrants et une tendance vers la régions défavorisées sont dépourvues de pro-
voie de la souveraineté alimentaire assurée. jets d’investissement ;
- La capacité logistique des marchés et des
H4) Micro-scénario catastrophique ou ‘’noir’’ abattoirs et les infrastructures de stockage
: « Une disponibilité alimentaire chaotique » sont en état de dégradation. La logistique
de transport est détériorée et les circuits de
Le cheminement du micro-scénario catastro- distribution, les flux et les intervenants sont
phique se présente comme suit : inconnus ;
- L’Etat intervient fortement sur les prix, sans
V1 -H4 : Politique alimentaire anticipation des crises, conduisant au désen-
V3-H4 : Organisation des producteurs gagement du secteur privé et à des dépenses
V4-H4 : Productivité et rentabilité de l’agriculture publiques excessives ;
V6-H4 : Recherche et innovation - Le système alimentaire est fortement vulné-
V7-H4 : Climat d’affaires et financement rable face aux chocs, n’ayant pas la capacité
V9-H4 : Logistique et infrastructure de stockage de réduire les poches de vulnérabilité et la
et de distribution dépendance envers les marchés extérieurs est
V11-H4 : Régulation des marchés des produits de accrue.
base
V12-H4 : Système alimentaire vulnérable

Dans le cadre de ce micro-scénario, des pro-


blèmes s’accumulent et mettent en péril les dis-

121
b) Macro-concept « Accès » Le cheminement du micro-scénario « souhaitable
et réalisable » se présente comme suit :
(H1) Micro-scénario tendanciel ou au fil de
l’eau : « Un accès aléatoire » V14-H2 : Inflation et pouvoir d’achat
V16-H2 : Intermédiaires et circuits informels
Le cheminement du micro-scénario tendanciel est V17-H2 : Politique de subvention à la consomma-
illustré comme suit : tion
V18-H2 : Pénurie des produits alimentaires en
V14-H1 : Inflation et pouvoir d’achat temps de crise
V16-H1 : Intermédiaires et circuits informels
V17-H1 : Politique de subvention à la consomma- Dans le cadre de ce micro-scénario l’accès aux
tion aliments est maîtrisé, rendant les risques de rup-
V18-H1 : Pénurie des produits alimentaires en tures très faibles. Ainsi,
temps de crise
- La croissance reprend son niveau autour de
Dans le cadre de ce micro-scénario, la situation 4,3%, l’inflation est partiellement maitrisable
actuelle persiste. Ainsi, (5%, soit le taux moyen enregistré sur les 35
dernières années)(120), l’IPC est réduit, paral-
- La stagflation est affirmée, l’inflation est à son lèlement à un système de protection sociale
maximum (10,4%) et les niveaux de croissance inclusif mis en place ;
sont faibles 2.3%(118) avec une persistance de - Le secteur informel est intégré progressive-
la hausse des prix des produits alimentaires ment dans le secteur réglementé et formel se-
(IPC 14,8% du mois de mars 2023(119). Le sys- lon un plan préétabli. Les circuits de commer-
tème de protection sociale reste encore ina- cialisation sont allégés avec un nombre réduit
dapté et sa réforme est en cours ; d’intermédiaires et la loi est rigoureusement
- Malgré les efforts de contrôle de l’Etat et dans appliquée grâce à des efforts de contrôle sup-
un contexte d’application lente de la loi dans plémentaires de la part de l’Etat ;
la lutte contre le commerce illicite, le secteur - Maintenir le système actuel de subvention
informel persiste (53% du PIB, maintenu de- aux ménages tout en instaurant une nouvelle
puis 2011) et les intermédiaires se multiplient politique de subvention à la consommation à
rendant les circuits de commercialisation plus travers l’instauration d’un mécanisme fiscal
longs et les prix plus élevés ; ou parafiscal appliqué sur les agents écono-
- La politique des subventions à la consomma- miques (restauration- salon du thé, etc.) dont
tion est non ciblée pour les produits de base, les recettes serviront à alimenter la CGC ;
entrainant des charges élevées pour la CGC ; - Une politique alimentaire et des stratégies
- La politique et les stratégies continuent à ne sont élaborées incluant les risques et les
pas prendre en considération les risques de chocs dans la planification et des actions sont
crises, d’où des pénuries alimentaires fré- clairement définies et mises en place per-
quentes, en particulier des produits de base. mettant une meilleure maîtrise des pénuries.
Les consommateurs contribuent fortement à Les consommateurs ont des comportements
cette situation de pénurie par des achats ex- d’achat plus réfléchis.
118. Ben Hamouda H., 2023. Sommes-
nous rentrés dans l’aire de la fragmentation
cessifs.
de globalisation. Global Institut 4 transtion (H3) Micro-scénario idéal ou « rose » : « Un
(H2) Scénario ‘’souhaitable et réalisable’’ : « accès alimentaire sûr »
119. INS
Un accès alimentaire maîtrisé »
120. Données Mondiales.com

122
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

Le cheminement du micro-scénario idéal se pré- flation est non maitrisée. Le système de pro-
sente comme suit : tection sociale n’est pas réformé et ne joue
pas le rôle prévu, conduisant ainsi à un soulè-
V14-H3 : Inflation et pouvoir d’achat vement social ;
V16-H3 : Intermédiaires et circuits informels - Le circuit informel et les intermédiaires do-
V17-H3 : Politique de subvention à la consomma- minent face à un refus d’alignement et ont un
tion fort pouvoir sur le marché ;
V18-H3 : Pénurie des produits alimentaires en - une inertie politique est enregistrée pour la
temps de crise mise en place de la nouvelle politique de sub-
vention. Le refus des acteurs économiques
Dans le cadre de ce micro-scénario, l’accès aux empêche la mise en œuvre des réformes
aliments est assuré et toutes les contraintes sont nécessaires et les dépenses de la CGC conti-
levées, comme décrit ci-dessous : nuent à représenter un fardeau pour le budget
de l’Etat ;
- Une maîtrise de la croissance (4,3%), de l’in- - Le politique est non réactif aux chocs, en-
flation et des prix à la consommation est en- trainant des pénuries et des ruptures répé-
registrée. Le système de protection sociale est titives des produits alimentaires et des com-
opérationnel, flexible et sensible aux chocs ; portements impulsifs d’achat de la part des
- Le secteur informel est intégré dans le secteur consommateurs.
réglementé et formel et les circuits de com-
mercialisation sont transparents et maîtrisés ; c) Macro-concept « Utilisation/qualité/
- La nouvelle politique de subvention est réus- sécurité »
sie et se traduit par l’adhésion de tous les ac-
teurs économiques ; (H1) Micro-scénario tendanciel ou au fil de
- La politique de mitigation des risques est fonction- l’eau: « Alimentation et nutrition incohérentes »
nelle avec une absence de pénurie et des comporte-
ments plus rationnels des consommateurs. Le cheminement du micro-scénario tendanciel est
représenté ci-dessous :
H4) Micro-scénario catastrophique ou ‘’noir’’ :
« Un accès alimentaire sous tension » V19-H1 : Politique nutritionnelle et de santé
V20-H1 : Gaspillage alimentaire
Le cheminement du micro-scénario catastro-
phique est synthétisé ci-dessous : Selon ce scénario tendanciel, la situation présente
de l’utilisation, la qualité et la sécurité des ali-
V14-H4 : Inflation et pouvoir d’achat ments persiste, selon le schéma suivant :
V16-H4 : Intermédiaires et circuits informels
V17-H4 : Politique de subvention à la consomma- - Sécurité alimentaire dissociée des aspects de
tion la santé et de la nutrition ;
V18-H4 : Pénurie des produits alimentaires en - Maintien à la hausse des taux de prévalence
temps de crise des maladies non transmissibles liées à l’ali-
mentation (obésité chez les adultes de 27% et
Dans le cadre de ce micro-scénario, l’accès aux chez les enfants de 17%, retard de croissance
aliments est devenu irréalisable. Ainsi, chez les enfants de 8,6%) ;
- L’approche et les politiques adoptées de la
- La croissance économique est négative et l’in- SA restent dissociées des aspects de la san-

123
té et de la nutrition et ce, malgré la hausse sains et nutritionnel ;
des taux de prévalence des maladies non - Le phénomène du gaspillage des produits
transmissibles, particulièrement l’obésité (en alimentaires, notamment des produits céréa-
2035 , l’obésité chez les adultes se maintient liers, tend à la baisse (pour le pain de 50%
à 27% et chez les enfants à 17%) et le retard en 2035). Des mécanismes opérationnels de
de croissance chez les enfants est de 8,6%, récupération des restes alimentaires sont mis
liés , entre autres, à des consommateurs peu en place, accompagnés d’une sensibilisation
conscients des méfaits de la malnutrition ( sur les bonnes pratiques auprès des acteurs
taux de malnutrition 28%) et des mauvaises (ménages, restauration et autres prestataires
habitudes alimentaires et à un faible engage- de service).
ment des acteurs de la profession pour fournir
des produits plus sains ; (H3) Micro-scénario idéal ou « rose » : « Ali-
- L’ampleur du phénomène du gaspillage des mentation et nutrition cohérentes »
produits alimentaires, notamment des pro-
duits céréaliers (pain : 900 000 unités de Le cheminement du micro- scénario « Idéal » se
pain jetées par jour, 16% des dépenses des présente comme suit :
ménages en pain, soit les mêmes taux qu’en
2018)(121) se poursuit face à la persistance V19-H3 : Politique nutritionnelle et de santé
du désengagement de l’Etat et la faiblesse V20-H3 : Gaspillage alimentaire
des mécanismes de récupération des restes
alimentaires ainsi que du comportement ir- Dans le cadre de ce micro-scénario, toutes les in-
rationnel des consommateurs et de l’insuffi- suffisances sont corrigées. Ainsi,
sance de la sensibilisation de tous les acteurs
sur les bonnes pratiques de l’anti-gaspillage. - La politique de sécurité alimentaire et nutri-
tionnelle est fonctionnelle et opérationnelle.
(H2) Scénario ‘’souhaitable et réalisable’’ : « Ali- Les consommateurs ont des comportements
mentation et nutrition en mutation positive » responsables vis-à-vis d’une alimentation
saine, équilibrée et diversifiée et les acteurs
Le cheminement du scénario ‘’souhaitable et réa- de la profession offrent des produits qui ré-
lisable’’ est le suivant : pondent aux normes nutritionnelles et de
qualité. De ce fait, les taux de prévalence des
V19-H2 : Politique nutritionnelle et de santé maladies non transmissibles sont significati-
V20-H2 : Gaspillage alimentaire vement réduits ;
- Le gaspillage des produits alimentaires, par-
Dans le cadre de ce micro-scénario, les obstacles ticulièrement le pain est négligeable. Un sys-
sont partiellement levés. Ainsi, tème de récupération des restes alimentaires
est fonctionnel et performant et tous les ac-
- La politique de sécurité alimentaire est mise teurs sont plus responsables et engagés.
en place intégrant les aspects de la nutrition
et de la santé. Les consommateurs sont plus H4) Micro-scénario catastrophique ou ‘’noir’’ :
conscients et engagés dans une alimentation « Alimentation et nutrition incontrôlables »
saine, équilibrée et diversifiée réduisant le
taux de malnutrition à 40 % en moyenne, pa- Le cheminement du micro-scénario catastro-
rallèlement à des acteurs de la profession plus phique est synthétisé ci-dessous :
impliqués dans la production de produits plus V19-H4 : Politique nutritionnelle et de santé
121. Données INC

124
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

V20-H4 : Gaspillage alimentaire tion de la production (estimée par exemple à


14% pour le blé dur, 18% pour le blé tendre
Dans ce contexte, la situation de l’utilisation, de et 14% pour l’orge), si aucune mesure n’est
la qualité et de la sécurité des aliments est grave, prise à temps ;
étant donné les éléments suivants : - La gestion de l’eau est régie par une gou-
vernance institutionnelle complexe liée aux
- Les pouvoir publics n’ont aucune volonté pour chevauchements des compétences et à la
intégrer les aspects nutritionnels et de santé confusion des rôles ainsi qu’aux difficultés de
dans le traitement de la question de la SA. Tous financement des projets hydrauliques. L’offre
les acteurs sont désengagés et la population en eau en lien avec l’effet des changements
est fortement touchée par la malnutrition ; climatiques est à la baisse (déficit en eau à
- Le gaspillage alimentaire s’amplifie et tous les moins de 32% des capacités globales des bar-
acteurs sont insensibles et insoucieux. rages, l’offre en eau pluviale mobilisée stagne
(4, 8 millions m3 /an, soit 14% de mobilisa-
d) Macro-concept « Stabilité /Durabilité » tion des eaux pluviales), parallèlement à une
utilisation peu rationnelle de l’eau d’irrigation.
(H1) Micro-scénario tendanciel ou au fil de La demande des ménages en eau est encore
l’eau : « Système alimentaire vulnérable » excessive (430 m3/an/hab.). Les capacités de
traitement des eaux usées stagnent au niveau
Le cheminement du micro-scénario tendanciel est de 12% ;
représenté comme suit : - Le statut foncier est complexe et ne permet
pas d’agir sur le morcellement (75% de petites
V21-H1 : Changements climatiques exploitations ont moins de 10ha) et l’empiète-
V22-H1 : Ressources en eau ment sur les terres agricoles et péri-urbaines
V23-H1 : Ressources foncières persiste, d’autant plus que les opérations de
V24-H1 : Instabilité politique et économique recensement et l’élaboration de la carte agri-
V25-H1 : Gouvernance du Système alimentaire cole n’enregistrent aucun avancement pour
fournir des données fiables pour le secteur
Dans ce cadre, la situation d’instabilité et de agricole ;
non-durabilité se poursuit : - L’adhésion des jeunes est lente et le volume
des investissements est faible ;
- Bien que la Tunisie ait ratifié plusieurs - L’instabilité politique persiste et la situation
conventions internationales en matière de économique de la Tunisie est hautement in-
protection de l’environnement et ait intégré certaine. La viabilité du pays se pose en rai-
les changements climatiques dans diverses son de l’augmentation des déficits budgétaires
politiques nationales, les stratégies élabo- (9% du PIB) et des besoins de financement.
rées font peu l’objet de mesures et d’actions La Tunisie est de plus en plus vulnérable aux
mises en place pour la préservation des res- flambées des prix mondiaux affectant négati-
sources naturelles et de la biodiversité. Les vement le déficit de la balance commerciale
acteurs du système alimentaire continuent à alimentaire (67,4%) ;
ne pas prêter suffisamment d’attention aux - Le système alimentaire est régi par une mul-
changements climatiques et à leurs effets titude de structures publiques centralisées et
futurs. Sous l’effet des stress climatiques, la dépendantes des pouvoirs politiques, indui-
fertilité des sols est réduite et les terres culti- sant un chevauchement des missions, une
vées sont à la baisse, entrainant une diminu- confusion des rôles qui entravent l’efficience

125
des interventions. La contribution des collec- mande d’eau croît de façon modérée pour les
tivités locales, du secteur privé et de la so- ménages (350 m3/an/hab.). Les capacités
ciété civile dans l’amélioration de la sécurité de traitement des eaux usées sont doublées
alimentaire est encore limitée. (24%) et l’usage de cette ressource par l’agri-
culture augmente ;
(H2) Micro-scénario souhaitable et réalisable : - Le statut foncier est revu vers plus d’allége-
« Système alimentaire en transition » ment et est clairement réglementé pour stabi-
liser et préserver les terres agricoles du mor-
Le cheminement du Micro-scénario « souhaitable cellement et de l’empiètement. Parallèlement,
et réalisable » se présente comme suit : le recensement et la carte agricoles sont fi-
nalisés. Une meilleure inclusion et adhésion
V21-H2 : Changements climatiques des jeunes entrepreneurs dans l’agriculture
V22-H2 : Ressources en eau est enregistrée avec des investissements adé-
V23-H2 : Ressources foncières quats pour les soutenir ;
V24-H2 : Instabilité politique et économique - La stabilité politique est établie, favorisant un
V25-H2 : Gouvernance du Système alimentaire redressement de l’économie tunisienne et la
création de richesses. La balance commer-
Dans le cadre de ce micro-scénario, les insuffi- ciale alimentaire est équilibrée ;
sances relevées au niveau du scénario tendanciel - Un modèle organisationnel et institutionnel de
sont corrigées à l’horizon 2035 : gouvernance des structures publiques inno-
vant est élaboré et opérationnel, s’appuyant
- Pour assurer le développement durable de sur les principes de décentralisation, d’auto-
l’agriculture à l’échelle des régions, des straté- nomie de financement, de gestion, de décision
gies sont élaborées sous forme d’actions et un et de transparence. Les collectivités locales,
cadre institutionnel et réglementaire est établi, les acteurs privés et la société civile s’orga-
encourageant la réponse aux changements cli- nisent et participent progressivement à la pro-
matiques. Des actions d’adaptation et de trans- motion de la SA.
formation sont menées pour la préservation
des ressources naturelles et de la biodiversité, H3) Micro-scénario idéal ou « rose » : « Sys-
conduisant à réduire les effets négatifs sur les tème alimentaire résilient »
productions. Les acteurs, particulièrement les
petits agriculteurs, sont intégrés dans le dispo- Le cheminement du micro-scénario « idéal » est
sitif de lutte contre les effets du changement le suivant :
climatique ;
- Une bonne gouvernance institutionnelle de V21-H3 : Changements climatiques
l’eau est assurée et des financements sont V22-H3 : Ressources en eau
mis à disposition pour des projets innovants V23-H3 : Ressources foncières
favorisant l’économie, le traitement et la ra- V24-H3 : Instabilité politique et économique
tionalisation de l’eau. Le taux de remplissage V25-H3 : Gouvernance du Système alimentaire
des barrages s’améliore et les capacités de
rétention des eaux pluviales augmentent et Au niveau de ce scénario, toutes les contraintes
sa gestion est intégrée (Eaux de surface/eaux sont levées pour garantir la stabilité et la durabilité
souterraines) avec une bonne répartition géo- de la SA :
graphique, une utilisation rationnelle dans le - Des pratiques réglementées sont respectées
secteur agricole et agro-alimentaire. La de- pour préserver les ressources naturelles et

126
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

l’équilibre de l’écosystème. Les actions et les H4) Micro-scénario catastrophique ou ‘’noir’’ :


pratiques d’adaptation et de transformation « Système alimentaire non durable »
sont généralisées. La participation de tous les
acteurs et de la société civile dans la préser- Le cheminement du micro-scénario catastro-
vation des ressources naturelles et de la bio- phique se décline comme suit :
diversité est assurée ;
- Les actions menées sont adaptées aux spécifi- V21-H4 : Changements climatiques
cités des régions, d’où une maîtrise des effets V22-H4 : Ressources en eau
négatifs du changement climatique sur la pro- V23-H4 : Ressources foncières
duction ; V24-H4 : Instabilité politique et économique
- La gouvernance de l’eau est optimale et sa V25-H4 : Gouvernance du Système alimentaire
gestion est durable grâce à la décentralisation
et le partage des rôles avec le secteur privé et Au niveau de ce micro-scénario, les contraintes se
la société civile. Le taux de remplissage des posent fortement empêchant la stabilité et la du-
barrages est satisfaisant et la capacité de ré- rabilité de la SA comme décrit ci-dessous :
tention de l’eau pluviale est optimale accom-
pagnée d’une utilisation efficiente de l’eau - La vision est confuse sur la politique d’action
d’irrigation et une généralisation des modes climatique et les engagements de la Tunisie
de production durables. Tous les usagers ont n’ont pas été honorés. Aucune action n’est
un comportement responsable. La demande mise en place et les impacts des changements
des ménages en eau est stable. On enregistre climatiques sont significativement négatif sur
des impacts positifs des projets innovants mis l’écosystème ;
en œuvre dans le domaine de l’irrigation ; - La gestion de l’eau est chaotique et sa répar-
- Le Statut foncier est clairement établi et ré- tition est inégale. Le taux de remplissage des
glementé et le morcellement et l’empiètement barrages et la mobilisation de l’eau pluviale
sont rigoureusement contrôlés. La carte agri- atteignent leur minimum. Aucun financement
cole est fonctionnelle et les données du re- n’est mobilisé pour la réalisation de projets in-
censement disponibles et actualisées. Des novants dans ce domaine ;
jeunes agro-entrepreneurs confirmés réus- - Aucune avancée n’est enregistrée dans le sta-
sissent dans le domaine de l’agriculture et les tut foncier. Le morcellement prend de l’am-
investissements accordés sont durables ; pleur et la loi n’est pas appliquée, augmentant
- La stabilité politique persiste. L’économie est le nombre d’exploitations de petites tailles et
en expansion conduisant à une balance com- l’empiètement sur les terres agricoles, rédui-
merciale alimentaire excédentaire ; sant de ce fait les superficies cultivées. Les
- Le partenariat public-privé est bien organisé jeunes sont désengagés des projets agricoles
avec des objectifs et des missions claires. en l’absence d’investissements ;
Les collectivités locales, le secteur privé et la - L’instabilité politique persiste et affecte d’une
société civile sont fortement impliqués dans façon générale l’économie du pays, accroit
les initiatives de la SA. Le secteur public se son endettement et aggrave le déficit commer-
focalise seulement sur le pilotage, le suivi et cial alimentaire ;
l’évaluation. - Le management des structures publiques est
confus et les acteurs publics sont démission-
naires. Les collectivités locales, le secteur pri-
vé et la société civile sont désengagés de la
question de la SA.

127
2- Description des scénarios globaux L’accès aux financements est difficile pour les pe-
à l’horizon 2035 tits agriculteurs, les jeunes agro-entrepreneurs,
particulièrement les femmes. En l’absence d’une
À l’horizon 2035, nous aboutissons en définitive politique alimentaire, les stratégies sont secto-
aux quatre scénarios globaux décrits ci-dessous. rielles et peu participatives et ne prennent pas en
Dans la mesure où l’on retient le micro-scénario considération la dimension risque.
souhaitable et réalisable, un focus a été réalisé à
ce niveau pour une description plus détaillée des • L’accès aux aliments est aléatoire en Tuni-
projections. sie en 2035

a) Scénario global tendanciel ou au fil de l’eau: La stagflation est réelle et la croissance est faible ;
« Une sécurité alimentaire aléatoire » au point que le système de protection sociale est
incapable d’atténuer la vulnérabilité. De plus, le
Dans le cadre de ce scénario, la sécurité alimen- commerce illicite et le secteur informel persistent
taire de la Tunisie à l’horizon 2035 est aléatoire du et les intermédiaires se multiplient. La politique
fait d’une disponibilité alimentaire menacée, d’un des subventions à la consommation non ciblée
accès aléatoire aux aliments, d’une alimentation pour les produits de base est maintenue et l’état
et d’une nutrition incohérentes par rapport aux des finances de la CGC continue à se dégrader.
normes nutritionnelles et d’un système alimen-
taire vulnérable. • L’alimentation et la nutrition sont incohé-
rentes en 2035
• La disponibilité alimentaire de la Tunisie
est menacée en 2035 L’approche et les politiques adoptées de la SA sont
dissociées des aspects de la santé et de la nutri-
Au niveau de ce scénario tendanciel, les disponi- tion et ce, malgré la hausse des taux de prévalence
bilités alimentaires sont insuffisantes. Ainsi, les des maladies non transmissibles, particulièrement
rendements et la productivité nationale des pro- l’obésité et les maladies Cardio-vasculaires dues
duits, particulièrement les produits stratégiques à une consommation déséquilibrée (riche en pro-
(céréales, lait viandes), sont en dessous des po- téines) et peu saine. Le phénomène du gaspil-
tentialités(122), d’autant plus que les pertes sont lage des produits alimentaires, notamment des
significatives dans les chaînes alimentaires et la produits céréaliers, s’amplifie en l’absence d’une
recherche est peu innovante et ses résultats sont politique et de mécanismes de récupération des
faiblement valorisés et peu adaptés aux contextes restes alimentaires.
socio-économiques des exploitations agricoles.
La régulation des prix à l’amont des chaînes de • Le système alimentaire est vulnérable en
production, est peu encourageante. Ainsi, la pro- 2035
duction ne permet pas de répondre aux besoins
de la population et la dépendance au marché La vulnérabilité du système alimentaire provient
international se poursuit dans un environnement du fait que les changements climatiques ne sont
international incertain. La capacité de stockage pris en considération que de façon systémique
reste insuffisante pour faire face à une éventuelle dans les stratégies alimentaires et sont peu consi-
crise de la production ou du marché international dérés par les acteurs, notamment les agriculteurs.
et les opérateurs rencontrent des problèmes de La gestion de l’eau et le statut foncier sont régis
management. par une gouvernance institutionnelle complexe.
L’instabilité politique persiste et la situation éco-
122. Banque Mondiale, 2020

128
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

nomique de la Tunisie est hautement incertaine. relation avec les objectifs de la SA, est introduite
Les stratégies alimentaires, d’une façon générale, dans les chaînes alimentaires à travers un budget
ne privilégient pas les synergies entre les diffé- adéquat (1,5% du PIB).
rents intervenants. Les structures publiques sont
centralisées avec une confusion des missions et Des investissements sont davantage orientés vers
des rôles et un faible partenariat public-privé. l’agriculture (13%/ an). L’accès est plus facile aux
financements et les procédures sont allégées au
b) Scénario global souhaitable et réalisable : profit des agriculteurs, particulièrement les pe-
« Sécurité alimentaire maîtrisée » tits et moyens et les jeunes promoteurs, dont les
femmes.
Au niveau de ce scénario, la sécurité alimentaire
de la Tunisie à l’horizon 2035 est maitrisée du fait Les capacités logistiques des marchés et des abat-
d’une disponibilité alimentaire soutenable, d’un toirs sont améliorées et bien réparties entre les
accès maîtrisé, d’une alimentation et nutrition en régions ainsi que les infrastructures de stockage,
mutation positive et d’un système alimentaire en répondant aux normes. Les circuits de distribu-
transition. tion sont connus et réglementés.

• La disponibilité alimentaire est soutenable La nouvelle politique de subvention a pour objectif


en 2035 de continuer à subvenir aux besoins des ménages
dans les meilleures conditions économiques.
En 2035, les priorités de la sécurité alimentaire L’Etat se désengage de l’importation de certains
sont élaborées dans le cadre d’une politique ali- produits non prioritaires (thé, café, riz, etc.). Les
mentaire nationale intersectorielle et participative, professionnels sont autorisés à importer leurs be-
tenant compte des risques et des divers chocs, en soins en certains produits (Exemple : le sucre).
vue de réduire l’insécurité des populations vulné- L’Etat intervient uniquement en cas de crise et de
rables. Des actions de transformation du système chocs imprévus pour le réajustement des prix.
alimentaire sont bien identifiées et entamées.
• L’accès aux aliments est maîtrisé en 2035
La production et la productivité sont améliorées,
notamment pour les produits de base (avec une En 2035, l’accès aux aliments est maîtrisé, ren-
croissance de 4,1% par an pour les céréales, 1,6% dant les risques de ruptures très faibles. Ainsi, la
pour la pomme de terre, 2, 96% pour le lait) et croissance reprend son niveau autour de 4,3%,
l’objectif de l’autosuffisance est atteint pour le l’IPC est réduit en présence d’un système de pro-
blé dur(12Mq) , le lait (600 M litres) et la viande tection sociale inclusive mis en place. Le secteur
rouge ( 125.000 T) sur la voie de la souveraine- informel est intégré progressivement dans le sec-
té alimentaire. La dépendance vis-à-vis des mar- teur réglementé et formel grâce à un plan annuel
chés extérieurs est réduite pour les aliments de mis en place et des mécanismes d’incitation et
bétail et certains intrants par le développement, les circuits de commercialisation sont allégés et
par exemple, de produits alternatifs. Les pertes transparents.
alimentaires, particulièrement post-récolte, sont
significativement réduites. La dépendance au La politique de subvention peut ne plus être
marché international est ainsi progressivement centrée sur les produits seulement mais éga-
atténuée. lement sur les lieux de consommation. Ainsi
toute consommation des produits subvention-
Une recherche à haute valeur technologique, en nés hors ménage et à partir d’un seuil devrait

129
obéir à la vérité des prix. L’Etat peut collecter la balance commerciale alimentaire. Un modèle
la partie de la subvention récupérée par les organisationnel et institutionnel de gouvernance
agents économiques par le biais d’un méca- des structures publiques innovant est élaboré et
nisme fiscal ou parafiscal qui servira à alimen- opérationnel, s’appuyant sur les principes de dé-
ter la CGC. centralisation, d’autonomie de financement, de
gestion et de transparence.
• L’alimentation et la nutrition sont en muta-
tion positive en 2035 c) Scénario global idéal ou rose : « Sécurité
alimentaire élevée »
Les dimensions de la nutrition et de la santé sont
intégrées dans la politique de sécurité alimentaire. Avec ce scénario, la sécurité alimentaire à l’hori-
Les taux de prévalence des maladies non trans- zon 2035 est élevée et toutes les contraintes sont
missibles sont réduits de façon significative en rai- levées du fait d’une disponibilité alimentaire assu-
son d’une transition alimentaire et nutritionnelle rée, d’un accès sûr aux aliments, d’une alimenta-
(40% en moyenne) vers un régime sain et équili- tion et d’une nutrition cohérentes ainsi que d’un
bré grâce aux comportements réfléchis de la part système alimentaire résilient.
des consommateurs et à l’implication des acteurs
de la profession (agriculture, Industrie agro-ali- • La disponibilité alimentaire est assurée en
mentaire, etc.). Le gaspillage des produits alimen- 2035
taires, notamment des produits céréaliers, tend à
la baisse (50% pour le pain) et des mécanismes Les systèmes de production mis en place sont
de récupération des restes alimentaires sont mis bien adaptés aux différents types d’exploitations,
en place. aboutissant à l’autosuffisance en certains pro-
duits stratégiques (BD, orge, lait, viandes) et une
• Le système alimentaire est en transition en réduction conséquente des pertes. Les résultats
2035 de la recherche sont efficients, permettant la gé-
néralisation des innovations. Toutes les catégories
Au niveau de ce scénario, des actions sont menées d’acteurs des chaînes alimentaires bénéficient de
pour limiter les insuffisances relevées afin d’abou- financements, y compris les jeunes promoteurs et
tir à un système alimentaire plus durable et plus les femmes. Les investissements sont équitable-
résilient. Des stratégies sont élaborées et des ac- ment répartis entre les régions. Le rôle de l’Etat
tions menées pour la préservation des ressources est limité à des interventions ponctuelles en cas
naturelles et de la biodiversité. Les effets négatifs de crise au profit du secteur privé, plus actif le
des changements climatiques sur les productions long de la chaîne (prix, stockage et transport). La
sont, d’une façon générale, atténués. Une bonne politique alimentaire est mise en œuvre de façon
gouvernance de l’eau est assurée (eau d’irriga- coordonnée avec des liens assurés entre les struc-
tion et eau potable). Les capacités de rétention tures et les acteurs à différents niveaux national,
des eaux pluviales sont améliorées et l’utilisation régional et local avec une gestion optimale des
de l’eau d’irrigation est plus rationnelle à travers risques ayant abouti à l’éradication des poches de
les nouvelles technologies. Les capacités de trai- vulnérabilité et à la réduction conséquente de la
tement des eaux usées sont doublées et l’usage dépendance envers les marchés extérieurs.
de cette ressource dans l’agriculture est de 24%.
• L’accès aux aliments est sûr en 2035
La stabilité politique est établie et l’économie est
en croissance relative conduisant à un équilibre de Ce scénario prévoit un accès garanti pour toute la

130
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

population. Ainsi, l’inflation est maîtrisée et les sa- Ce scénario global catastrophique est basé sur
laires sont en adéquation avec les prix. La popula- une disponibilité alimentaire non assurée, un ac-
tion vulnérable bénéficie des mécanismes d’appui cès sous tension, une alimentation et une nutri-
social pour les produits alimentaires de base. Le tion incontrôlables et un système alimentaire non
secteur formel est dominant et les circuits de com- durable.
mercialisation sont transparents et maîtrisés. La
mitigation des risques est inscrite dans la politique • La disponibilité alimentaire est chaotique
et mise en application. en 2035

• L’alimentation et la nutrition sont cohé- La production est à la baisse provoquant un grave


rentes en 2035 déficit des produits stratégiques. Les pertes le
long des chaînes alimentaires s’accumulent. Les
Dans ce cadre, les insuffisances alimentaires et programmes de recherche sont incohérents et
nutritionnelles de la population sont corrigées à inadaptés aux priorités de la SA et leurs budgets
travers une politique de sécurité alimentaire multi- sont réduits considérablement. Les investisse-
dimensionnelle, des comportements responsables ments agricoles sont aussi fortement réduits et les
vis à vis d’une alimentation saine, équilibrée et zones défavorisées, les jeunes entrepreneurs et
diversifiée et des acteurs de la profession offrant les femmes ne disposent d’aucun avantage.
des produits qui répondent aux normes nutrition- Les prix sont administrés par l’Etat conduisant
nelles et de qualité. Le gaspillage des produits ali- au désengagement du secteur privé et à des dé-
mentaires, notamment du pain, est négligeable. Le penses publiques excessives. La logistique et les
système de récupération des restes alimentaires infrastructures de distribution sont en dégrada-
est opérationnel et performant avec des acteurs tion. Les stratégies alimentaires sont incohérentes
impliqués. Le gaspillage des produits alimentaires et non inclusives.
est négligeable, particulièrement le pain (5%).
• L’accès aux aliments est sous tension en
• Le Système alimentaire est résilient en 2035
2 035
En 2035, la croissance économique est négative
A ce niveau, le système alimentaire est durable et et l’inflation est galopante et non maîtrisée. Les
résilient. La stabilité politique persiste et l’éco- salaires sont bloqués, conduisant à des mouve-
nomie est en expansion engendrant une balance ments sociaux et grèves intempestives entrainant
alimentaire excédentaire. Les effets des change- de longs et fréquents arrêts de la production et de
ments climatiques sont maîtrisés grâce à des pra- la distribution des produits alimentaires. Dans le
tiques réglementées qui respectent la durabilité cadre de ce scénario, le système de protection so-
des ressources naturelles et l’équilibre de l’éco- ciale ne joue plus le rôle prévu en tant que filet de
système avec en plus des acteurs engagés. La gou- protection sociale. Vu la prédominance du circuit
vernance du système alimentaire est optimale en informel et de la politique non sensible aux chocs,
raison d’une bonne gestion de l’eau et du foncier des pénuries et des ruptures des produits alimen-
et d’un partage équilibré des rôles entre privé, pu- taires sont répétitives. Aucune décision quant au
blic et société civile. ciblage de la subvention des produits de base
n’est prise pour limiter les dépenses de la CGC.
d) Scénario global noir ou catastrophique :
« Insécurité alimentaire élevée »

131
• L’alimentation et la nutrition sont incon- • Le système alimentaire est non durable en
trôlables en 2035 2035

La situation alimentaire et nutritionnelle de la po- La remise en cause des accords passés impacte
pulation est grave du fait que les aspects nutri- de différentes manières les politiques et les ac-
tionnels et de santé ne sont pas intégrés dans les tions sur les changements climatiques. La gestion
stratégies de la SA. La population est fortement de l’eau est chaotique et sa répartition est inégale.
touchée par la malnutrition et tous les acteurs La mobilisation de l’eau pluviale atteint son mini-
sont désengagés. Le gaspillage alimentaire se gé- mum et aucun financement n’est mobilisé pour la
néralise. réalisation de projets hydrauliques. Le morcelle-
ment prend de l’ampleur et l’empiètement sur les
terres agricoles s’accentue, réduisant les superfi-
cies cultivées. L’instabilité politique affecte, d’une
façon générale, l’économie du pays et réduit les
opportunités d’investissements dans les régions
défavorisées et chez les jeunes et les femmes,
d’une façon particulière.

132
Chapitre 2 : INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

Orientations stratégiques et plan


d’actions à l’horizon 2035

I. VISION ET OBJECTIFS permettant d’anticiper les chocs et les


crises et de faire face aux changements cli-
STRATEGIQUES DE LA matiques.
SECURITE ALIMENTAIRE A
L’HORIZON 2035 I.2. Préalables pour une mise en
œuvre réussie
Le scénario souhaitable, évoqué ci-dessus,
constitue notre vision quant à la sécurité ali- En vue de relever les défis menaçant la sécu-
mentaire de la Tunisie à l’horizon 2035 dont les rité alimentaire et de renforcer la résilience
objectifs stratégiques sont présentés ci-dessous. du système alimentaire du pays, les objectifs
ci-dessus mentionnés à l’horizon 2035 né-
I.1. Vision et objectif suprême cessitent d’assurer les préalables suivants :

La vision globale de la sécurité alimentaire de la • Une stabilité politique et économique et la ca-


Tunisie à l’horizon 2035 s’énonce comme suit : pacité à mobiliser des ressources de finance-
ment pérennes ;
Pour un système alimentaire inclu- • Un degré optimal d’autorité de l’Etat et d’enga-
sif, durable et innovant ; résilient aux gement et de soutien politique ;
chocs et aux changements climatiques • Une amélioration de la gouvernance globale et
et à dépendance réduite envers l’ex- sectorielle ;
térieur. • Une adhésion de tous les intervenants pour en-
treprendre les changements planifiés ;
Afin d’assurer la sécurité alimentaire du pays en • Un leadership de qualité capable de réussir
2035, l’objectif suprême est : les transformations technologiques, sociales et
institutionnelles.
« Assurer une sécurité alimentaire
durable, moyennant une disponibili- I.3. Plan d’Actions à l’horizon 2035
té alimentaire soutenable, moins dé-
pendante des importations, un accès Les objectifs stratégiques ci-dessus présen-
équitable aux aliments, une alimenta- tés quant à la sécurité alimentaire à l’hori-
tion et nutrition en mutation positive zon 2035, sont déclinés en orientations stra-
et un système alimentaire résilient ». tégiques qui sont-elles mêmes subdivisées
en actions opérationnelles.
Cet objectif global se décline en quatre ob-
jectifs stratégiques : Soulignons que le plan d’actions proposé
dépasse la stricte notion de la sécurité ali-
• Assurer une disponibilité alimentaire sou- mentaire pour considérer la question de la
tenable et moins dépendante des importa- souveraineté alimentaire, de l’acceptabili-
tions ; té sociétale du changement, de l’approche
• Garantir un accès équitable aux produits nexus dans la réflexion et la mise en œuvre
alimentaires ; des mesures recommandées et des aspects
• Favoriser un mode de consommation ali- liés au renforcement de la résilience systé-
mentaire plus sain et à faible taux de gas- mique face aux risques de crises et aux ef-
pillage ; fets du changement climatique et des catas-
• Adopter un système alimentaire résilient trophes naturelles.

133
La réflexion autour des actions recommandées sa charge l’élaboration de la nouvelle politique
a été enrichie sur la base du benchmarking des alimentaire et nutritionnelle, sa mise œuvre ba-
expériences-pays inspirantes pour la Tunisie sée sur une coordination horizontale et verticale
conduit dans la première partie de ce document. effective avec les parties prenantes, son éva-
luation et son ajustement périodique, en adé-
I.3.1. Plan d’actions pour l’objectif stratégique quation avec la vision stratégique de l’Etat et
1 « Assurer une disponibilité alimentaire les aléas circonstanciels.
soutenable et moins dépendante des
importations » Cette structure doit mettre en place un sys-
tème de collaboration de manière à optimi-
Afin d’assurer une disponibilité alimentaire sou- ser les synergies entre les parties prenantes
tenable à l’horizon 2035, il convient d’agir à la (publiques ou non) de la sécurité alimen-
fois sur les composantes de la politique alimen- taire.
taire répondant à des priorités communes et
intégrées et à une vision claire et sur l’offre en Elle doit être dotée d’un système de suivi,
produits alimentaires. d’évaluation (moyennant des indicateurs
clairs) et de redevabilité. Elle comportera
Orientation 1.1 : Elaboration et mise en des groupes d’action incluant décideurs et
œuvre d’une politique alimentaire et experts techniques.
nutritionnelle intersectorielle en adé-
quation avec les nouveaux défis de la La stratégie de la sécurité alimentaire constitue
sécurité alimentaire le plan pour mettre en œuvre des mesures et
décrit les buts et les objectifs et les priorités na-
Il est admis que la sécurité alimentaire est tionales ainsi que les mesures nécessaires pour
un défi à multiples facettes. Or, en Tunisie, lancer les actions transformatives de l’ensemble
l’absence d’une réelle politique alimentaire du système alimentaire.
intersectorielle et la présence de multiples
stratégies dissociées, nécessite l’adoption Proposition indicative pour la struc-
d’une nouvelle approche nexus pour briser ture transversale supra-ministérielle
les silos qui maintiennent ces politiques sé- chargée de la sécurité alimentaire
parées et parfois incongrus.
Une structure institutionnelle peut être
La mise en œuvre d’une nouvelle approche créée et rattachée à la Présidence du Gou-
constitue un processus important et un préa- vernement ou à la Présidence de la Répu-
lable qui contribuera à établir une vision claire blique, chargée de la sécurité alimentaire
et partagée de la sécurité alimentaire. ayant pour missions, notamment :

Les mesures opérationnelles prioritaires rete- • Evaluer d’une manière périodique la


nues sont présentées ci-dessous : situation de la sécurité alimentaire en
Tunisie et les enjeux futurs ;
Mesure opérationnelle N°1 • Assurer une veille active des machés
des matières premières et des pro-
Créer une structure institutionnelle trans- duits de base ainsi que des techno-
versale et supra-ministérielle chargée de la logies et avancées scientifiques en
sécurité alimentaire. Cette structure aura à matière de gestion des ressources

134
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

naturelles et de lutte contre le chan- Le président de la commission ministé-


gement climatique ; rielle de la sécurité alimentaire peut éga-
• Elaborer les politiques en matière lement faire appel à toute personne dont
de sécurité alimentaire en tenant la présence est jugée utile pour la par-
compte de l’approche nexus ; ticipation aux travaux des commissions
• Coordonner l’action entre les diffé- internes en raison de sa compétence.
rents ministères et structures interve-
nant dans la sécurité alimentaire ; Mesure opérationnelle N°2
• Etudier le plan d’actions à mettre
en œuvre par les ministères dans le Elaborer et implémenter une politique ali-
cadre de la stratégie nationale, les mentaire intersectorielle basée sur une
suivre et évaluer leurs impacts ; approche nexus de mise en œuvre (nexus
• Anticiper et proposer les mesures énergie/eau, agriculture et santé), avec des
adéquates en cas de chocs et de priorités communes et impliquant des syner-
crises en vue de renforcer la rési- gies et des compromis potentiels entre :
lience du système alimentaire ;
• Coordonner et rendre compte de • La sécurité alimentaire ;
l’état de la sécurité alimentaire au • La qualité nutritionnelle et la santé du citoyen ;
conseil de sécurité Nationale. • L’optimisation de l’usage des ressources natu-
relles (eau, sols, énergie, etc.) ;
Cette structure peut être renforcée par • Les chaînes de valeurs territoriales favorisant
une commission ministérielle de la sé- la résilience des systèmes alimentaires au ni-
curité alimentaire composée d’experts veau local. Il s’agit d’orienter les politiques ali-
administratifs et indépendants de haut mentaires vers une approche territorialisée à
niveau appartenant aux ministères/do- travers l’initialisation à l’approche (textes règle-
maines suivants : mentaires, outils d’implémentation tel un guide
de procédure), la communication et le dévelop-
• Commerce ; pement des capacités des acteurs régionaux lo-
• Environnement et changement clima- caux. Soutenir et renforcer l’économie agricole
tique ; régionale et locale permettra de se concentrer
• Eau ; sur la production locale, ce qui réduira les im-
• Agriculture ; portations, accroîtra l’emploi, les revenus et les
• Industrie ; investissements.
• Santé ;
• Recherche scientifique ; Orientation 1.2 : Amélioration de la
• Tourisme ; production et de la productivité agri-
• Energie ; coles
• Intérieur ;
• Affaires sociales ;
• Justice ; La disponibilité alimentaire ne peut être as-
• Défense nationale ; surée qu’à travers une production agricole
• Affaires étrangères ; suffisante et une productivité en adéquation
• Finances ; avec les potentialités réelles du secteur. Les
• Géostratégie (Institut Tunisien des mesures recommandées sont les suivantes :
Etudes Stratégiques).

135
Mesure opérationnelle N°1 de boisson) et pour laquelle il est néces-
saire de :
Revoir les objectifs et le fonctionnement des
chaînes de valeurs stratégiques (Grandes - Réviser la politique des prix du lait en
cultures, viande rouge, lait, pomme de terre) vue de couvrir les coûts de production
sous l’angle des nouveaux défis de la sécuri- et d’assurer une marge bénéficiaire ac-
té alimentaire. ceptable pour les producteurs et libérer
progressivement les prix au niveau de la
consommation ;
Proposition indicative pour la mise en - Accroître le cheptel de race pure à ren-
œuvre de cette mesure opérationnelle dement élevé dans les zones à fort po-
tentiel de production ;
Parmi ces objectifs, nous pouvons citer : - Développer progressivement le taux de
a) Accroître la production agricole, d’une transformation du lait pour atteindre
façon générale, et particulièrement pour les 97% en limitant les circuits de collecte
produits de base (Céréales 4,1% par an ; parallèle et en procédant à la mise à ni-
pomme de terre 1,6% ; lait 2,96%) ; veau des unités de transformation arti-
b) Atteindre l’autosuffisance pour le blé dur, sanale.
le lait et la viande rouge et soutenir leur pro-
duction. Pour la viande rouge, l’autosuffisance
est assurée, soit 125.000T à un rythme de
Pour le blé dur, dans la mesure où les production de 1,6% par an. A ce rythme,
importations ne représentent que 20% en la production sera de 160.000T en 2035,
moyenne des besoins, ce qui est fortement moyennant :
réalisable d’ici 2025 avec une production de
12 Mq, si le rendement par ha passe de 18Q/ - Un accroissement de l’effectif femelle du
ha à 28Q/ha et ce, à travers notamment : cheptel de 1% annuellement ;

- Un accroissement des superficies en Pour les deux secteurs, il est également pro-
blé dur sachant qu’il est possible d’aug- posé de :
menter la superficie céréalière totale de
560000ha à 800000 ha (1,5millions - Développer et intensifier la production
ha dont seulement 800000 ha exploi- fourragère en assurant des semences
tables) ; fourragères de qualité à des prix abor-
- Une utilisation de semences de qualité dables et accessibles à tous les agri-
et résistantes au stress hydrique et aux culteurs, en augmentant progressive-
maladies ; ment les superficies de 310000ha à
380000ha en 2035 (dont 10000 ha
Pour le lait et la viande, la production a tou- en irrigué en eaux usées traitées) et la
jours couvert la quasi-totalité des besoins production à 5,5 millions de tonnes et le
locaux. Toutefois, suite aux perturbations du développement plus spécifiquement des
marché international, liées aux aliments de cultures de légumineuses fourragères
bétail, elle ne peut répondre à la demande. (fèverole, vesce, etc.) et des plantes
Pour le lait, l’autosuffisance est atteinte en fourragères (luzerne) ;
2025 avec un volume 600 M de litres (lait - Développer des ressources fourragères

136
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

alternatives aux produits importés, ré- Mesure opérationnelle N°6


sistantes aux changements climatiques
et au stress hydrique en favorisant la va- Etudier et mettre en œuvre un plan de contribu-
lorisation des résidus de cultures (dattes tion du Sahara tunisien au plan de renforcement
et olives) et des résidus industriels dans de la production agricole durable.
l’alimentation du bétail ;
- Réduire le monopole de l’importation Mesure opérationnelle N°7
des aliments de bétail en favorisant la
concurrence. Encourager la production, la commercialisation
et l’utilisation de semences mieux adaptées aux
contextes locaux afin de réduire la dépendance
Mesure opérationnelle N°2 envers l’extérieur. Il s’agit des semences locales et
des semences à hauts rendements en sec et résis-
Améliorer la préparation et la conduite des cam- tantes aux maladies et à la sécheresse. Les terres
pagnes agricoles à travers la facilitation de l’accès domaniales pourraient contribuer à l’effort natio-
de tous les agriculteurs aux intrants nécessaires nal pour assurer la production de ces semences.
(DAP, ammonitre, semences, etc.) et un accompa-
gnement renforcé sur le terrain. Mesure opérationnelle N°8

Mesure opérationnelle N°3 Améliorer la productivité de la pêche et augmen-


ter la production aquacole à travers la révision du
Adopter des techniques agronomiques mieux cadre législatif et réglementaire national en l’har-
adaptées aux changements climatiques (rota- monisant avec les dispositions internationales, le
tion des cultures, techniques culturales, etc.) renforcement du contrôle de la pêche illicite et de
aux diverses structures de productions (petites, la planification, l’encouragement de l’investisse-
moyennes et grandes exploitations) et aux sys- ment dans l’élevage aquacole responsable et le
tèmes de production (céréaliers, arboricoles, etc.) recours aux techniques d’adaptation aux change-
et introduire les nouvelles technologies en renfor- ments climatiques et l’appui à la pêche artisanale.
çant leur utilisation par les exploitants.
Mesure opérationnelle N°9
Mesure opérationnelle N°4
Renforcer la vulgarisation agricole en intégrant da-
Finaliser la carte agricole de production en vue de re- vantage les structures régionales et locales dans
définir les territoires agricoles, tirer un meilleur profit le conseil, le transfert des innovations et le suivi et
de leurs potentialités, renforcer les chaînes de valeur assurer le lien avec les conseillers agricoles privés
territoriales et valoriser les savoir-faire locaux. dans le cadre d’un contrat-programme.

Mesure opérationnelle N°5 Mesure opérationnelle N°10

Mieux exploiter les terres domaniales en exami- Mettre en place une stratégie spécifique à la pro-
nant leur disponibilité et en mobilisant une partie motion, l’organisation et l’amélioration des condi-
pour des cultures prioritaires (grandes cultures et tions de la main d’œuvre agricole, particulière-
autres cultures de base) en fonction de leur voca- ment celles des femmes rurales.
tion, moyennant des incitations spécifiques pour
leur valorisation durable.

137
Orientation 1.3 : Renforcement de la re- Mesure opérationnelle N°5
cherche et de l’innovation au profit de la
sécurité alimentaire Elaborer et mettre en place un plan de suivi et de
capitalisation sur les expériences innovantes pour
le développement et le soutien à la transformation
Une valorisation des acquis de la recherche et intelligente du système alimentaire.
un renforcement de l’innovation permettront de
contribuer efficacement au développement de la Orientation 1.4 : Repositionnement de
sécurité alimentaire à travers les mesures opéra- l’intervention de l’Etat dans le système
tionnelles suivantes : alimentaire

Mesure opérationnelle N°1


L’Etat a joué un rôle important dans le dévelop-
Identifier clairement les thématiques prioritaires pement et la promotion du système alimentaire
de la R&D/Innovation liées directement aux priori- national en vue d’assurer la sécurité alimentaire
tés de la sécurité alimentaire du pays en favorisant de la population. Toutefois, le nouveau contexte
essentiellement la recherche appliquée, pluridisci- politico-économique et la récurrence des crises
plinaire, en collaboration avec toutes les parties exogènes appellent à un repositionnement de
prenantes pour répondre au mieux aux besoins l›intervention de l›Etat pour chaque filière agroa-
spécifiques des acteurs du système alimentaire. limentaire.

Mesure opérationnelle N°2 Les mesures opérationnelles proposées à ce ni-


veau sont présentées ci-dessous :
Augmenter le budget alloué à la recherche et à l’inno-
vation (1,5% du PIB), développer des start-ups dans Mesure opérationnelle N°1
les activités innovantes liées à la sécurité alimentaire
et renforcer la diversification des sources de finan- Repositionner le rôle de l’Etat en tant que média-
cement (coopération multilatérale, partenariat pu- teur et régulateur stratégique dans le système ali-
blic-privé et avec la société civile). mentaire par :

Mesure opérationnelle N°3 - l’élaboration d’un plan de libéralisation pro-


gressif par produit agricole et agro-alimen-
Renforcer la coordination entre les structures de taire avec un échéancier et des mesures
la recherche en vue de mieux utiliser les budgets, d’accompagnement et d’actions d’information
d’éviter les chevauchements des programmes et et de communication. A ce niveau, il s’agit
de consolider la collaboration avec les structures, d’abord de réduire l’empreinte de l’Etat
les acteurs de vulgarisation, la profession et la so- dans des produits agro-alimentaires non
ciété civile pour la dissémination des résultats et stratégiques à l’instar du thé, café, sucre,
le retour de l’information à la recherche. etc.
- l’exercice d’un rôle de veille pour empêcher le
Mesure opérationnelle N°4 dérèglement des marchés.

Mettre en place un dispositif de suivi et d’évalua- Mesure opérationnelle N°2


tion des programmes de recherche en s’appuyant
sur des indicateurs d’impact sur la sécurité ali- Renforcer le rôle contrôleur de l’Etat aux niveaux
mentaire.

138
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

des maillons de stockage et de distribution des fi- Mesure opérationnelle N°2


lières agroalimentaires en recourant notamment à
la digitalisation, à la lutte contre la spéculation et Réduire la facture d’importation grâce à une plani-
à la réduction de l’informel et de l’opportunisme fication pluriannuelle et maîtrisée des achats sur
des intermédiaires. le marché international et anticiper de façon per-
manente les fluctuations des prix et procéder à la
Mesure opérationnelle N°3 révision des accords de commerce bilatéral avec
certains pays avec lesquels un grand déséquilibre
Mieux définir l’intervention de l’Etat dans les existe aux dépends des intérêts tunisiens.
échanges extérieurs alimentaires (anticipation,
veille, contrôles, achats ponctuels, etc.). Mesure opérationnelle N°3

Mesure opérationnelle N°4 Réduire la dispersion des importations alimen-


taires des produits stratégiques (au niveau des 3
Intervenir pour réajuster les prix de certains pro- offices : céréales, huile et commerce) en créant
duits de base en cas de crise et soutenir le pouvoir une centrale d’achat regroupée sous le leadership
d’achat des classes défavorisées chaque fois qu’il du Ministère du Commerce. Ceci est censé amé-
y a une inflation durable et incontrôlable. liorer la planification, le pouvoir de négociation, la
gestion financière et les paiements.
Orientation 1.5 : Réduction de la dépen-
dance alimentaire vis-à-vis des marchés Mesure opérationnelle N°4
extérieurs
S’orienter vers un désengagement progressif et
planifié de l’Etat de l’importation des produits
Suite aux récents chocs et crises, le système ali- alimentaires non stratégiques (thé, café, sucre,
mentaire est fragilisé et de plus en plus dépen- huiles végétales, riz, etc.).
dant des marchés internationaux. La réduction
de cette dépendance nécessite les mesures opé- Mesure opérationnelle N°5
rationnelles suivantes :
Diversifier les fournisseurs des aliments straté-
Mesure opérationnelle N°1 giques importés en actualisant et en assouplissant
les conditions des cahiers des charges d’importa-
Mieux anticiper les futurs chocs et se préparer tion sans contraindre les exigences techniques et
aux évolutions des marchés internationaux au- sanitaires des produits.
près desquels la Tunisie s’approvisionne à tra-
vers un système de veille avancé (veille data Mesure opérationnelle N°6
et de terrain via les ambassades) et des ap-
proches prospectives de réduction des risques Créer une procédure simplifiée d’importation des
et d’inflation importée. Ceci nécessite de mettre produits de base (en allégeant drastiquement les
au point des outils de gestion des risques et de procédures actuelles du marché public) à déclen-
diffuser la culture de l’anticipation des risques cher en cas de crises graves menaçant la sécurité
pour atténuer les effets des flambées des prix sur alimentaire des Tunisiens.
les populations les plus vulnérables et intégrer les
informations recueillies de façon systématique aux
stratégies nationales.

139
Orientation 1.6 : Amélioration des cir- Mesure opérationnelle N°3
cuits de stockage et de distribution et
des conditions logistiques Mettre en place des plateformes digitales et
numériser les circuits de stockage et de dis-
tribution pour renforcer la transparence des
Les années de la crise de la Covid-19 et celle transactions commerciales, assurer la qualité
liée à la guerre Russo-Ukrainienne ont permis des produits et limiter l’activité des spécula-
de mesurer l’importance cruciale d’améliorer teurs. Les acteurs responsables du stockage et
le fonctionnement des circuits de stockage et de la distribution doivent être formés et se plier
de distribution pour assurer une disponibilité par la loi à l’utilisation des plateformes dans leurs
continue des aliments au profit des citoyens et transactions.
dans de bonnes conditions.
Mesure opérationnelle N°4
Dans ce cadre, les mesures préconisées sont :
Améliorer la répartition territoriale des silos de
Mesure opérationnelle N°1 stockage de céréales (surtout à proximité des
zones de production) et encourager la mise à ni-
Doter chaque région de marchés (de gros et veau et la création, par le secteur privé, d’une in-
municipaux) et d’abattoirs adaptés (capacité, frastructure plus efficace et transparente pour le
salubrité, hygiène, fonctionnement) et mettre stockage des autres produits (fruits et légumes).
à niveaux ceux existants. Il convient également
d’améliorer les infrastructures de transport par la Mesure opérationnelle N°5
réhabilitation du patrimoine existant et le déve-
loppement du réseau routier pour désenclaver les Multiplier les points de vente directe du pro-
régions afin de retrouver le niveau de l’indice de ducteur au consommateur dont l’objectif est
performance de la logistique de 2012 (3,17 contre d’améliorer le revenu des agriculteurs, d’assu-
2, 57 en 2018 ayant conduit au classement de la rer des prix raisonnables aux consommateurs
Tunisie 105 sur 160 pays) et accroître l’indice de de proximité et de développer les circuits
connectivité du transport maritime , en baisse courts de commercialisation.
continue (10,06 en 2011 à 5,5 en 2022 où le port
de Rades est classé à la dernière position 232ème Orientation 1.7 : Amélioration des condi-
sur 370 ports)(123). tions d’accès au financement, d’assurance
et d’encouragement à l’investissement
Mesure opérationnelle N°2 dans l’agriculture et l’agro-alimentaire

Renforcer le contrôle des conditions d’hygiène


lors du transport et des stockages des produits En la matière, les mesures recommandées sont :
alimentaires, répondant aux normes interna-
tionales. Ceci implique de revoir le cadre juri- Mesure opérationnelle N°1
dique des opérations de stockage et des circuits
de distribution d’une façon générale (collecte et Faciliter l’accès des jeunes agro-entrepre-
transport), d’harmoniser tous les textes fragmen- neurs au financement pour créer une nouvelle
tés et d’interdire les pratiques monopolistiques. génération de producteurs ou de groupements
de producteurs (par la révision des conditions
d’octroi des crédits, financement de fonds de
123. WWW//Données mondiales.com

140
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

roulement les premières années, protection Mesure opérationnelle N°1


sociale, micro-crédits, accès aux plateformes
numériques de marchés, etc.). La politique de Mettre en place un mécanisme de collecte de don-
micro-crédit doit avoir un but non lucratif, ce qui nées, d’évaluation et de suivi des pertes le long des
nécessite la révision des taux d’intérêt à la baisse chaînes, notamment au niveau de l’agriculture (sur-
afin de couvrir les charges de fonctionnement des tout en phase de post récolte) et des IAA et le doter
bénéficiaires et d’augmenter les chances d’accès d’un investissement adéquat et adopter des indica-
au refinancement. teurs de mesures clairs et complets pour la prise de
décision quant aux solutions de réduction à mettre
Mesure opérationnelle N°2 en œuvre. Ceci nécessite également le développe-
ment d’une plateforme digitale pour accéder à une
Encourager et orienter les investissements privés information fiable, complète et actualisée.
vers l’agriculture et la pêche (accroître leur part
dans le secteur agricole de 13%) et concevoir un Mesure opérationnelle N°2
financement spécifique et un système de garantie
des crédits adaptés à l’agriculture familiale de pe- Elaborer et signer un pacte national pour la ré-
tite taille en s’inspirant d’expériences étrangères(124). duction des pertes alimentaires engageant les
différents acteurs impliqués dans la sécurité ali-
Mesure opérationnelle N°3 mentaire et aboutissant à un plan opérationnel
(renforcement des capacités, sensibilisation, com-
Réviser, assouplir, élargir et rendre obligatoire l’ad- munication, incitations à l’investissement et à l’in-
hésion au système d’assurance contre les crises et novation, etc.).
catastrophes.
Mesure opérationnelle N°3
Orientation 1.8 : Réduction des pertes et
valorisation des déchets alimentaires Mettre en place un système de capitalisation
(Knowledge Management) des savoirs, savoir-faire
Les pertes de produits alimentaires sont une et bonnes pratiques en matière de réduction des
manifestation de l’inefficacité et de la non-du- pertes alimentaires et de valorisation des déchets
rabilité du système alimentaire qu’il est impor- et des sous-produits.
tant de réduire à l’horizon 2035 à travers les
mesures suivantes : Le tableau qui suit récapitule les orientations stra-
tégiques et les mesures recommandées relatives à
l’objectif stratégique n°1.

124. République du Tadjikistan.


Programme « promotion de la croissance
économique inclusive par des subventions
de contrepartie » à travers des transferts
de fonds des émigrés à l’étranger dans les
propriétés familiales avec en contrepartie
des subventions plus ou moins égales de
la part de l’Etat.

141
142
Tableau récapitulatif de l’objectif stratégique n°1 « Assurer une disponibilité alimentaire soutenable »

Priorité Priorité
Orientation stratégique
Orientation stratégique Action opérationnelle recommandée
Action opérationnelle recommandée fil proposé
Chef deChef Partenaires
de fil proposé proposés
Partenaires proposés
P1 P2P1 P3 P2 P3
2025 2030 2025 2035 2030 2035

Orientation 1.1 : Elaboration


Orientation 1.1 : Elaboration
et mise en œuvre Créer une structure
Créer institutionnelle
une structure transversale
institutionnelle transversale
et supra-et supra-Présidence
Présidence
de la de la
et mise end’une
œuvre d’une x x
alimentaire
politiquepolitique et ministérielle chargée
ministérielle de la
chargée sécurité
de la alimentaire
sécurité alimentaire République
République Gouvernement +
alimentaire et Gouvernement +
nutritionnelle intersectorielle
nutritionnelle intersectorielle organisations
organisations
en adéquation et implémenter
ElaborerElaborer une politique
et implémenter alimentaire
une politique
en adéquation
avec lesavec les alimentaire La nouvelle structure professionnelles
La nouvelle structure professionnelles
nouveaux défis de la sécurité intersectorielle basée sur
intersectorielle une approche
basée sur une approche
nexus denexus
misede mise x x
nouveaux défis de la sécurité supra-ministérielle
supra-ministérielle
alimentaire en œuvreen œuvre
alimentaire
Revoir les objectifs
Revoir et le fonctionnement
les objectifs des chaînes
et le fonctionnement de
des chaînes de
valeurs stratégiques sous l'angle
valeurs stratégiques sousdes nouveaux
l'angle des nouveaux
défis dedéfisMinistère
de de l’Agriculture
Ministère de l’Agriculture x x
Autres Ministères
Autres Ministères
la sécurité alimentaire
la sécurité alimentaire concernés +
concernés +
Améliorer la préparation et la conduite des organisations
organisations
Améliorer la préparation et la conduite des
campagnes agricoles facilitation de l’accès La nouvelle professionnelles et
professionnelles et
campagnes agricoles
à traversàlatravers la facilitation de l’accès La nouvelle
structurestructure
x
les agriculteurs
de tous de aux intrants interprofessionelles
interprofessionelles x
tous les agriculteurs aux nécessaires
intrants nécessaires
et un et un supra-ministérielle
supra-ministérielle
accompagnement
accompagnement sur le terrain
renforcérenforcé sur le terrain
des techniques
AdopterAdopter agronomiques
des techniques agronomiques
mieux mieux
adaptées aux changements
adaptées aux changementsclimatiques climatiques
et aux et aux
de production
systèmessystèmes et introduire
de production les nouvelles
et introduire de l’Agriculture
les nouvelles MinistèreMinistère de l’Agriculture x x
technologies en renforçant
technologies leur utilisation
en renforçant leur utilisation
par les par les Autres Ministères
Autres Ministères
Orientation 1.2 : Amélioration
Orientation exploitants
1.2 : Amélioration exploitants concernés +
concernés +
de la production et de la la
de la production et deMettre organisations
organisations
àMettre
jour laàcarte agricole de production en vue
jour la carte agricole de production en vue de de
productivités agricoles
productivités agricoles professionnelles
professionnelles
les territoires
redéfinirredéfinir agricoles,
les territoires tirer un meilleur
agricoles, tirer un meilleur
profit deprofit de
de l’Agriculture
MinistèreMinistère de l’Agriculture x x
leurs potentialités, renforcer
leurs potentialités, les chaînes
renforcer de valeur
les chaînes de valeur
territoriales et valoriser
territoriales les savoirs-faires
et valoriser les savoirs-faires
locaux locaux

Autres Ministères
Autres Ministères
Mieux exploiter
Mieux exploiter domaniales
les terresles et le domaine
terres domaniales et le domaine concernés +
concernés +
en fonction
forestierforestier de leur vocation, moyennant des
en fonction de leur vocation, moyennant des Ministère de l’Agriculture
Ministère de l’Agriculture x x
organisations
organisations
incitations spécifiques pour leur valorisation durable
incitations spécifiques pour leur valorisation durable professionnelles
professionnelles

Autres Ministères
Autres Ministères
Etudier et Mettre
Etudier eten œuvre
Mettre enun
œuvre
plan un contribution
deplan du
de contribution Ministère
du de la Défense
Ministère de la Défense
Concernés,
Concernés,
désert tunisien
désert tunisien
au plan au renforcement
deplan de renforcement
de la de la + la nouvelle
+ la nouvelle
structurestructure x x
notamment
notamment
production agricole durable
production agricole durable supra-Ministérielle
supra-Ministérielle
Agriculture et Energie
Agriculture et Energie

163   163  
   
Encourager la production, la commercialisation et
l’utilisation de semences mieux adaptées aux contextes
locaux en Tunisie et moins dépendantes de l'extérieur. Il Autres Ministères
s'agit des semences locales et des semences à hauts concernés +
Ministère de l’Agriculture x
rendements en sec et résistantes aux maladies et à la organisations
sécheresse. Les terres domaniales pourraient contribuer professionnelles
à l’effort national pour assurer la production de ces
semences
Améliorer la productivité de la pêche et augmenter la
production aquacole à travers la révision du cadre
législatif et réglementaire national en l'harmonisant
Autres Ministères
avec les dispositions internationales, le renforcement du
concernés +
contrôle de la pêche illicite et de la planification, Ministère de l’Agriculture x
organisations
l'encouragement de l'investissement dans l'élevage
professionnelles
aquacole responsable et le recours aux techniques
d'adaptation aux changements climatiques et l’appui
à la pêche artisanale

Renforcer la vulgarisation agricole en intégrant


davantage les structures régionales et locales dans le
Organisations
conseil, le transfert des innovations et le suivi et assurer Ministère de l’Agriculture x
professionnelles
le lien avec les conseillers agricoles privés dans le cadre
d'un contrat-programmes
Autres Ministères
Mettre en place une stratégie spécifique à la
Ministère de l’Agriculture concernés +
promotion, l'organisation et l'amélioration des
+ Ministère de la FP et de organisations x
conditions de la main d'œuvre agricole, notamment de
l'Emploi professionnelles +
la femme rurale
Société civile
Identifier clairement les thématiques prioritaires de la
Orientation 1.3 : R&D/Innovation permettant de renforcer la Sécurité Autres Ministères
Renforcement de la Alimentaire du pays en favorisant essentiellement la concernés +
La nouvelle structure
recherche et de l’innovation recherche appliquée, pluridisciplinaire en collaboration organisations x
supra-ministérielle
au profit de la sécurité avec toutes les parties prenantes pour répondre au professionnelles +
alimentaire mieux aux besoins spécifiques des acteurs du système Société civile
alimentaire
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

143
164  
 
144
Augmenter le budget alloué à la recherche,
l'innovation et le lancement de start-ups dans les Ministère des finances +
activités liées à la sécurité alimentaire et renforcer la Ministère de Autres Ministères
x
diversification des sources de financement l’Enseignement Supérieur concernés
(coopération multilatérale, partenariat public-privé et et de la Recherche
avec la société civile)

Renforcer la coordination entre les structures de la


recherche en vue de mieux utiliser les budgets, d’éviter
les chevauchements des programmes de recherche et Ministère de
Autres Ministères
de consolider la collaboration avec les structures et l’Enseignement Supérieur x
concernés
acteurs de vulgarisation, la profession et la société civile et de la Recherche
pour la dissémination des résultats et le retour de
l’information à la recherche

Autres Ministères
Mettre en place un dispositif de suivi et d’évaluation Ministère de concernés +
des programmes de recherches en s’appuyant sur des l’Enseignement Supérieur organisations x
indicateurs d’impact sur la sécurité alimentaire et de la Recherche professionnelles +
Société civile

Autres Ministères
Elaborer et mettre en place un plan de suivi et de
Ministère de concernés +
capitalisation sur les expériences innovantes pour le
l’Enseignement Supérieur organisations x
développement et le soutien de la transformation
et de la Recherche professionnelles +
intelligente du système alimentaire.
Société civile

Repositionner le rôle facilitateur de l'Etat comme


médiateur/régulateur dans le système alimentaire avec La nouvelle structure Autres Ministères
x
un plan de libéralisation progressive par produits supra-ministérielle concernés
agricole et agroalimentaires
Renforcer le rôle contrôleur de l'Etat au niveau des
Orientation 1.4 : maillons de stockage et de distribution des filières
Repositionnement de agroalimentaires en recourant, notamment, à la Autres Ministères
Ministère du Commerce x
l’intervention de l’Etat dans le digitalisation, à la lutte contre la spéculation et à la concernés
système alimentaire réduction de l'informel et de l'opportunisme des
intermédiaires
Mieux définir l'intervention de l'Etat dans les échanges Ministère de l’Agriculture
Autres Ministères
extérieurs alimentaires (anticipation, veille, contrôles, + Ministère de la FP et de x
concernés
achats ponctuels, etc.) l'Emploi

165  
 
Intervenir pour réajuster les prix de certains produits de
Autres Ministères
base en cas de crise et soutenir le pouvoir d'achat des La nouvelle structure
concernés + banque x
groupes vulnérables chaque fois qu'il y a une inflation supra-ministérielle
centrale
durable et incontrôlable

Mieux anticiper les futurs chocs et se préparer aux Autres Ministères


évolutions des marchés internationaux auprès desquels concernés +
la Tunisie s'approvisionne à travers un système de veille organisations
Ministère du commerce x
avancé (veille data et de terrain via les ambassades) et professionnelles +
des approches prospectives et de réduction des risques Banque Centrale +
d'inflation importée Société Civile

Autres Ministères
Réduire la facture d'importation grâce à une
concernés +
planification pluriannuelle maitrisée des achats et la
organisations
révision des accords de commerce bilatéral avec Ministère du commerce x
professionnelles +
certains pays avec lesquels un grand déséquilibre existe
Banque Centrale +
aux dépends des intérêts tunisiens
Société Civile

Réduire la dispersion des importations alimentaires des


Orientation 1.5 : Réduction de produits stratégiques (au niveau des 3 offices : céréales,
la dépendance alimentaire huile et commerce) en créant une centrale d'achat Autres Ministères
Présidence du
vis-à-vis des marchés regroupée sous le leadership du Ministère du concernés + Banque x
Gouvernement
extérieurs Commerce. Ceci est sensé améliorer la planification, le Centrale
pouvoir de négociation, la gestion financière et des
paiements
S'orienter vers un désengagement planifié de l'Etat de
Présidence du Autres Ministères
l'importation des produits alimentaires non stratégiques x
Gouvernement concernés
(thé, café, sucre, huiles végétales, riz, etc.)

Diversifier les fournisseurs des produits et aliments


Ministère du commerce Autres Ministères
stratégiques importés en actualisant et en assouplissant
+ Ministère de concernés + Banque x
les conditions des cahiers de charges d'importation
l'Agriculture Centrale
sans contraindre les exigences techniques et sanitaires
Créer une procédure simplifiée d’importation des
Conseil de Sécurité
produits de base (en allégeant drastiquement les Autres Ministères
Nationale + la nouvelle
procédures actuelles du marché public) à déclencher concernés + Banque x
structure
dans le cas de crises graves menaçant la sécurité Centrale
supraministérielle
alimentaire du Tunisien
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

166  

145
 
146
Doter chaque région de marchés (de gros et
municipaux) et abattoirs adaptés (capacité, salubrité, Autres Ministères
Ministère du Commerce
hygiène, fonctionnement) et mettre à niveaux ceux concernés
existants x

Autres Ministères
Renforcer le contrôle des conditions d’hygiène lors du
concernés +
transport et du stockage des produits alimentaires, Ministère de la santé +
organisations x
revoir le cadre juridique et améliorer les infrastructures Ministère de l'Intérieur
professionnelles +
de transport
Société civile

Mettre en place des plateformes digitales et numériser


les circuits de stockage et de distribution pour renforcer Autres Ministères
la transparence des transactions commerciales, assurer Ministère du Commerce concernés +
Orientation 1.6 : Amélioration
la qualité des produits et limiter l’activité des +Ministère de la organisations
des circuits de stockage et
spéculateurs. Les acteurs responsables du stockage et technologie professionnelles +
de distribution et des
de la distribution doivent être formés et se plier par la loi Société civile
conditions logistiques
à l’utilisation des plateformes dans leurs transactions
x
Améliorer la répartition territoriale des silos de stockage
Autres Ministères
de céréales (surtout à proximité des zones de
concernés +
production) et encourager la mise à niveau et la
Ministère de l'Agriculture organisations x
création, par le secteur privé, d’une infrastructure plus
professionnelles et
efficace et transparente pour le stockage des autres
interprofessionelles
produits

Multiplier les points de vente direct du producteur au Autres Ministères


consommateur dont l’objectif est d’améliorer le revenu concernés +
des agriculteurs, d’assurer des prix raisonnables aux Ministère du Commerce organisations
consommateurs de proximité et de développer les professionnelles et
circuits courts de commercialisation interprofessionelles
x
Orientation 1.7 : Amélioration
Faciliter l'accès des jeunes agro-entrepreneurs au Autres Ministères
des conditions d’accès au
financement pour créer une nouvelle génération de concernés
financement, d'assurance et
producteurs ou de groupements de producteurs (par la Ministère des Finances + +Organismes de
d'encouragement à
révision des conditions d'octroi des crédits, le Ministère de l'Agriculture financement
l’investissement dans
financement de fonds de roulement les premières alternatif + Société
l’agriculture et l’agro-
années, la protection sociale et les micro-crédits, etc.) civile
alimentaire x

167  
Autres Ministères
Encourager et orienter les investissements privés vers
concernés +
l'agriculture et la pêche et concevoir un financement
Organismes de
spécifique et un système de garantie des crédits x
financement
adapté à l'agriculture familiale de petite taille en
alternatif + Banques +
s’inspirant d’expériences étrangères
Assurances

Autres Ministères
Réviser, assouplir, élargir et rendre obligatoire l'adhésion concernés +
au système d'assurance contre les crises et Assurances + x
catastrophes organisations
professionnelles

Mettre en place un mécanisme de collecte de


données, d’évaluation et de suivi des pertes le long des Autres Ministères
chaînes, notamment au niveau de l’agriculture (surtout concernés +
Ministère de l'Agriculture
en phase de post récolte) et des IAA et adopter des organisations x
+ Ministère de l'industrie
indicateurs de mesures clairs et complets pour la prise professionnelles et
de décision quant aux solutions de réduction à mettre interprofessionnelles
en œuvre

Elaborer et signer un pacte national pour la réduction Autres Ministères


des pertes alimentaires engageant les différents acteurs concernés +
Orientation 1.8 : Réduction
impliqués dans la sécurité alimentaire aboutissant à un La nouvelle structure organisations
des pertes et valorisation des x
plan opérationnel (renforcement de capacité, supra-ministérielle professionnelles et
déchets alimentaires
sensibilisation, communication, incitations à interprofessionnelles +
l’investissement et à l’innovation, etc.) Société Civile

Autres Ministères
Mettre en place un système de capitalisation
concernés +
(Knowledge Management) des savoirs, savoir-faire et
Ministère de l'Agriculture organisations
bonnes pratiques en matière de réduction des pertes x
+ Ministère de l'industrie professionnelles et
alimentaires et de valorisation des déchets et des sous-
interprofessionnelles +
produits
Société Civile
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

147
168  
 
I.3.2 Plan d’actions pour l’objectif stratégique Le constat établi après 2011 montre que le
n°2 « Garantir un accès équitable aux secteur informel est passé de 30% à 53% du
produits alimentaires » PIB(125). L’Etat a adopté une complicité laxiste
à l’égard de toutes les activités informelles, au
Des insuffisances au niveau de l’accès aux pro- niveau des zones frontalières (Libye et Algérie),
duits alimentaires compromettent sérieusement à l’intérieur du pays et dans les grandes villes.
la sécurité alimentaire de la population. Afin Il est proposé d’adopter les mesures suivantes :
d’atteindre cet objectif stratégique, trois orien-
tations stratégiques sont retenues : Mesure opérationnelle N°1

Orientation 2.1 : Accès économique aux Mieux connaitre et évaluer le système informel
produits alimentaires (acteurs, chaînes, réseaux, pratiques, forces,
faiblesses, etc.) et son impact sur la sécurité
En vue d’atteindre cette orientation stratégique, alimentaire afin de mettre en place une straté-
trois mesures opérationnelles sont proposées : gie de lutte contre ce secteur qui se base sur
l›encouragement de l›inclusion des acteurs in-
Mesure opérationnelle N°1 formels dans le système formel à travers des
mesures fiscales et financières adaptées.
Mesurer l’accès des personnes à la nourriture à
travers des outils innovants de mesure et d’éva- Il s’agit d’abord de mettre en place un plan
luation (échelle d’accès à la SA des ménages, d’actions et son exécution comportant un
score de diversité alimentaire des ménages, in- statut d’autoentrepreneur avec une sim-
dice de stratégie d’adaptation ; etc.) et assurer plification administrative des procédures
la dissémination des résultats de ces mesures de création et de cessation d’activité, une
auprès des décideurs et des structures concer- dispense de la tenue d’une comptabilité, pas
nées. d’obligation d’inscription au registre du com-
merce, la possibilité de factures aux clients
Mesure opérationnelle N°2 (hors TVA) ; ensuite établir un programme pour
les encourager en mettant à leur disposition des
Adapter le pouvoir d’achat en rapport avec les informations, une formation sur la pratique des
changements des prix des produits alimentaires affaires, de l’accompagnement, un suivi et enfin
de façon équitable, basée sur une méthodologie procéder à une évaluation de l’exercice afin de
transparente et concertée. rectifier les éventuelles lacunes .

Mesure opérationnelle N°3 Mesure opérationnelle N°2

Revoir les mécanismes actuels de protection so- Renforcer le contrôle des circuits formels et des
ciale vers plus de flexibilité, un meilleur ciblage transactions avec les circuits informels par l’ap-
et davantage de pérennité afin d’aider les caté- plication rigoureuse de la réglementation.
gories vulnérables de la population à surmonter
l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Mesure opérationnelle N°3

Orientation 2.2 : Réduction du nombre Evaluer les marges bénéficiaires des acteurs
d’intermédiaires et des circuits informels des circuits de distribution et mettre en place
125 . Ben zakour, 2021. L’état des lieux
du secteur informel en Tunisie, Forum un plan de correction des distorsions pour assu-
tunisien des droits économiques et sociaux

148
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

rer une meilleure équité et réduire les prix à la de test, de suivi et d’évaluation de l’im-
consommation. pact de cette politique est mis en place.

Mesure opérationnelle N°4 A l’occasion de la prochaine loi de fi-


nances, un nouveau mécanisme fiscal
Adopter un mode de gestion des opérateurs ou parafiscal est instauré et est appliqué
des marchés de gros qui les responsabilise et sur les consommations des produits sub-
les incite à fournir des services de qualité en ventionnés hors ménages. Ce mécanisme
mettant en place des contrats de concession permettra de financer la CGC.
pluriannuels, révisant le mode de rémunération
des intervenants basé actuellement sur les pré- Pour alléger l’intervention de l’Etat au
lèvements sur le volume vendu. niveau de l’importation des produits sub-
ventionnés, certains produits (café. thé,
Orientation 2.3 : Optimisation du système riz, etc.) sont libéralisés à l’importation.
de subvention à la consommation Les industriels se chargeront également
d’importer leurs besoins en sucre.
Les multiples études menées sur la CGC ont
abouti à plusieurs recommandations qui dans
l’ensemble prônent la réforme du système de Mesure opérationnelle N°2
compensation en vue de maîtriser l’évolution
de la charge de compensation et d’alléger son Compenser une partie de la subvention des pro-
impact sur le Budget de l’Etat tout en générant duits de base captée par les cafés, restaurants
des ressources financières supplémentaires et hôtels en introduisant temporairement une
pour les familles nécessiteuses. Pour la stra- taxe solidaire forfaitaire qui alimentera la caisse
tégie 2035, plusieurs mesures opérationnelles nationale de compensation et la caisse de la
sont proposées : protection sociale à court terme, le temps que
la réforme de la CGC soit achevée.
Mesure opérationnelle N°1
Mesure opérationnelle N°3
Tout en maintenant le système actuel de
subvention aux ménages, adopter une Concevoir et mettre en place un plan de com-
nouvelle vision de la subvention basée munication sur les mesures préconisées pour
sur une répartition équitable de la ri- anticiper et gérer les résistances au changement
chesse. La philosophie de la subvention de la part du grand public et inciter à la rationa-
est d’aider les ménages à subvenir à leurs lisation de la consommation.
besoins avec des prix abordables. La sub-
vention ne prend pas en compte unique- Le tableau suivant récapitule les orientations
ment les produits mais aussi les lieux de stratégiques et les mesures recommandées re-
consommation. Un système dynamique latives à l’objectif stratégique n°2.

149
150
Priorité
Priorité
Orientation Chef de fil
Orientation stratégique Action opérationnelle
Action opérationnelle recommandée
recommandée Chef de fil proposé Partenaires
Partenaires proposés
proposés
stratégique proposé P1 P1P2 P2P3 P3
2025 2025 2030 20302035 2035

Orientation 1.1 : Elaboration


Mesurer l’accès des personnes
Créer à la nourriture
une structure à travers
institutionnelle transversale innovants
des outils et supra- de Présidence de la
et mise en œuvre d’une Ministère de x
mesure et d’évaluation (échelle
ministérielle d’accès
chargée de la la SA des
à sécurité ménages, score de
alimentaire République Autres Ministères
politique alimentaire et l'Economie+ Gouvernement +
diversité alimentaire des ménages, indice de stratégie d’adaptation, etc.) et concernés + Société x
nutritionnelle intersectorielle Institut National organisations
assurer la dissémination
Elaborer desetrésultats
implémenter
de cesune mesures auprès
politique des décideurs et
alimentaire Civile
en adéquation avec les de la Statistique
La nouvelle structure professionnelles
Orientation 2.1 : des structures concernées x
nouveaux défis de la sécurité intersectorielle basée sur une approche nexus de mise supra-ministérielle
Accès en œuvre
alimentaire Ministère des
économique Adapter le pouvoir d’achat en rapport avec les changements des prix des Autres Ministères
aux produits Revoir les objectifs et le fonctionnement des chaînes de Finances +
produits alimentaires de façon équitable, basée sur une méthodologie concernés + Société x
alimentaires valeurs stratégiques sous l'angle des nouveaux défis de Ministère Ministère de
de l’Agriculture x
transparente et concertée Civile
Autres Ministères
la sécurité alimentaire l'Economie
concernés +
Revoir les mécanismes actuels de protection sociale vers plus de flexibilité, un Autres Ministères
organisations
Améliorer la préparation et la conduite des Ministère des
meilleur ciblage et davantage de pérennité afin d’aider les catégories concernés
professionnelles
+ Sociétéet x
campagnes agricoles à travers la facilitation de l’accès Affaires Sociales
La nouvelle structure
vulnérables de la population à surmonter l'insécurité alimentaire et nutritionnelle Civile
interprofessionelles x
de tous les agriculteurs aux intrants nécessaires et un supra-ministérielle
évaluer le système
Mieux connaitre etaccompagnement informel (acteurs,
renforcé sur le terrain chaînes, réseaux, Autres Ministères
Ministère de
pratiques, forces, faiblesses, etc.) et son impact sur la sécurité alimentaire afin concernés +
Adopter des techniques agronomiques mieux l'Economie +
de mettre en place une stratégie de lutte contre ce secteur et organisations x
adaptées changements climatiques aux Ministère du
d'encouragement de l'inclusion
auxdes acteurs informels dans leetsystème formel à professionnelles +
production et introduire les nouvelles Ministère Commerce
de l’Agriculture x
travers des mesuressystèmes
fiscales etdefinancières adaptées Société Civile
technologies en renforçant leur utilisation par les Autres Ministères
Autres Ministères
Orientation 1.2 : Amélioration exploitants Ministère de concernés +
concernés +
Orientation
de la2.2 : Renforcer
production et delelacontrôle des circuits formels et des transactions avec les circuits l'Intérieur + organisations
Mettre à jour la carte agricole de production en vue de organisations x
Réduction du informels
productivités par l’application rigoureuse de la réglementation
agricoles Ministère du professionnelles
redéfinir les territoires agricoles, tirer un meilleur profit de professionnelles +
nombre Ministère de l’Agriculture
Commerce x
leurs potentialités, renforcer les chaînes de valeur Société Civile
d'intermédiaires
territoriales et valoriser les savoirs-faires locaux Autres Ministères
et des circuits Evaluer les marges bénéficiaires des acteurs des circuits de distribution et mettre
informels Ministère du concernés +
en place un plan de correction des distorsions pour assurer une meilleure équité Autres Ministères x
exploiter les terres domaniales et le domaine Commerce organisations
et réduire les prix à Mieux
la consommation concernés +
forestier en fonction de leur vocation, moyennant des Ministère de l’Agriculture professionnelles x
organisations
incitations spécifiques pour leur valorisation
Adopter un mode de gestion des opérateurs des marchés de gros qui les durable Autres Ministères
professionnelles
responsabilise et les incite à fournir des services de qualité en mettant en place Ministère du concernés +
x
des contrats de concession pluriannuelle, révisant le mode de rémunération des Commerce organisations
Autres Ministères
Etudier et Mettre
intervenants basé actuellement sur les œuvre un plan
enprélèvements surde contribution
le volume vendudu Ministère de la Défense professionnelles
Concernés,
désert tunisien au plan de renforcement de la + la nouvelle structure x
notamment
production agricole durable supra-Ministérielle
Agriculture et Energie

172  163  
Tout en maintenant le système actuel de subvention aux ménages, adopter
une nouvelle vision de la subvention basée sur une répartition équitable de la Autres Ministères
Ministère des
richesse. La philosophie de la subvention est d’aider les ménages à subvenir à concernés +
Finances +
leurs besoins avec des prix abordables. La subvention ne prend pas en compte organisations x
Ministère du
uniquement les produits mais aussi les lieux de consommation. Un système professionnelles +
Commerce
dynamique de test, de suivi et d’évaluation de l’impact de cette politique est Société Civile
Orientation 2.3 : mis en place
Optimisation du Compenser une partie de la subvention des produits de base captée par les Autres Ministères
Ministère des
système de cafés, restaurants et hôtels en introduisant temporairement une taxe solidaire concernés +
Finances +
subvention à la forfaitaire qui alimentera la caisse nationale de compensation et la caisse de la organisations x
Ministère des
consommation protection sociale à court terme, le temps que la réforme de la CGC soit professionnelles +
Affaires Sociales
achevée Société Civile
Autres Ministères
Ministère de
Concevoir et mettre en place un plan de communication sur les mesures concernés +
l'Economie +
préconisées pour anticiper et gérer les résistances au changement de la part organisations x
Ministère du
du grand public et inciter à la rationalisation de la consommation professionnelles +
Commerce
Société Civile
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

151
173  
 
I.3.3. Plan d’actions pour l’objectif stratégique terroirs, diète méditerranéenne, etc. et encou-
n°3 « Favoriser un mode de consommation rager les acteurs à son adoption (IAA et restau-
alimentaire plus sain et à faible taux de rateurs).
gaspillage »
Mesure opérationnelle N°4
Une alimentation nutritionnelle et de qualité est
un pilier essentiel de la sécurité alimentaire. Promouvoir des modes de consommation ali-
mentaires favorisant une alimentation diversi-
Orientation 3.1 : Réduction des taux de fiée et saine basée sur les bienfaits des produits
prévalence des maladies non transmis- et spécificités régionales et locales à travers un
sibles liées à l’alimentation dispositif de communication et de sensibilisa-
tion innovants au profit des consommateurs.
L’objectif de 2035 pour la réduction de la préva-
lence des maladies non transmissibles nécessite Orientation 3.2 : Réduction du gaspillage
plusieurs mesures opérationnelles : alimentaire au niveau des ménages, res-
taurants, cafés et hôtels
Mesure opérationnelle N°1
Le gaspillage alimentaire nuit à la durabili-
Mettre en place un plan de surveillance ali- té des systèmes alimentaires. En Tunisie, le
mentaire et nutritionnelle ainsi qu’un mode phénomène s’amplifie particulièrement pour
de recueil des données pour informer sur les produits subventionnés, à l’instar du
les changements alimentaires nécessaires à pain et dérivés de céréales, dont la majorité
la planification des besoins et au réajuste- est importée. La rationalisation de la consom-
ments adéquats (prix, santé, etc.), compre- mation doit être placée au cœur des préoccu-
nant le suivi de l’évolution de la consommation pations pour réduire la facture d’importation et
ainsi que son impact sur les prévalences des de compensation des produits de large consom-
maladies non transmissibles, particulièrement mation.
le surpoids, l’obésité, l’anémie et le retard de
croissance. Pour réduire le gaspillage alimentaire, les me-
sures opérationnelles recommandées sont les
Mesure opérationnelle N°2 suivantes :

Adopter les bonnes pratiques internationales Mesure opérationnelle N°1


(taux de sel et de sucre, étiquetage, certifica-
tions, etc.) ; réviser les législations pour s’ap- Générer des données probantes sur le gaspil-
procher des normes internationales ; mettre lage alimentaire (ampleur, causes, etc.) et les
en place un dispositif d’accompagnement aux mettre à jour.
profits des acteurs engagés et des incitations fi-
nancières ciblées ainsi qu’un contrôle sur site, Mesure opérationnelle N°2
particulièrement sur les étiquetages.
Lancer un programme d’éducation, de renfor-
Mesure opérationnelle N°3 cement des capacités sur l’anti-gaspillage et de
sensibilisation des acteurs concernés.
Renforcer la qualité des produits par l’adoption
des labels de qualité à l’instar des produits de

152
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

Mesure opérationnelle N°3 Mesure opérationnelle N°4

Elaborer un cadre règlementaire et de col- Valoriser les déchets alimentaires dans le cadre
laboration entre la grande distribution, les d’une économie circulaire.
IAA, les composantes de la société civile et
les restaurateurs et hôtels pour la récupéra- Mesure opérationnelle N°5
tion systématique des produits alimentaires
non consommés au profit d’une Banque ali- Encourager les formats et le calibrage des pro-
mentaire tunisienne et du tissu associatif duits alimentaires favorisant la réduction du
engagé dans la distribution des denrées ali- gaspillage.
mentaires au profit des groupes vulnérables.
Les startups joueraient un rôle important par Le tableau qui suit récapitule les orientations
la mise en place de plateformes adaptées à la stratégiques et les mesures recommandées re-
collecte et à la distribution des produits de ré- latives à l’objectif stratégique n°3.
cupération (ex : aliments non consommés de la
restauration collective pouvant servir à nourrir
une population vulnérable).

153
154
Priorité Priorité
Orientation Chef de fil Partenaires
Orientation stratégique Action opérationnelle recommandée
Action opérationnelle recommandée Chef de fil proposé Partenaires
P1 proposés
P2 P3
stratégique proposé proposés P1 P2 P3
2025 2030 2025
2035 2030 2035

: Elaboration
Orientation 1.1Mettre en place un plan de surveillance alimentaire et nutritionnelle ainsi
et mise en œuvre
qu'un d’une
mode de Créerrecueil structure
unedes institutionnelle
données transversale
pour informer sur les et supra-
transitions Présidence de la
x
politique alimentaire
alimentaires ministérielle chargée
et et nutritionnelles de la
nécessaires sécurité
à la alimentaire
planification des besoins et Gouvernement +
RépubliqueAutres Ministères
Ministère de
nutritionnelle intersectorielle
au réajustement adéquats (prix, santé, etc.), comprenant le suivi de concernés + organisationsx
et implémenter alimentaire la Santé
en adéquation l’évolution consommation
avec lesde la Elaborer ainsi queunesonpolitique
impact sur les prévalences Société Civile
La nouvelle structure professionnelles
nouveaux défisdes de lamaladies intersectorielle
sécurité non basée
transmissibles, sur une approche
particulièrement le surpoids, mise
nexus del’obésité, x
supra-ministérielle
en œuvre
l’anémie et retard de croissance
alimentaire
Revoir les objectifs et le fonctionnement chaînes de Autres Ministères
Adopter les bonnes pratiques internationales (taux de des sel et de sucre, Ministère de
Orientation 3.1 : valeurs stratégiques sous l'angle des nouveaux défis de Ministère de concernés +
l’Agriculture x
étiquetage, certifications, etc.) et la mise en place d’un dispositif l'Industrie + Autres Ministères
Réduction des taux la sécurité alimentaire organisations x
d’accompagnement de profit des acteurs engagés et des incitations Ministère de
de prévalence des professionnellesconcernés +
financières ciblées la Santé
maladies non Améliorer la préparation et la conduite des + Société Civileorganisations
transmissibles liées à campagnes agricoles à travers la facilitation de l’accès La nouvelle structure professionnelles et
Autres Ministères
Ministère de interprofessionelles x
l’alimentation de tous les agriculteurs aux intrants nécessaires et un supra-ministérielle
concernés +
Renforcer la qualité des produits par l'adoption des labels de qualité (à l'Industrie +
accompagnement renforcé sur le terrain organisations x
l'instar des produits de terroirs et de la diète méditerranéenne) Ministère de
Adopter des techniques agronomiques mieux professionnelles
la Santé
adaptées aux changements climatiques et aux + Société Civile
systèmes de production et introduire les nouvelles Ministère Autres Ministères
Ministèrededel’Agriculture x
modes de consommation
Promouvoir des technologies en renforçant leur alimentaire favorisant
utilisation par les une la Santé + +
concernés Autres Ministères
alimentation diversifiée
Orientation 1.2 : Amélioration exploitants et saine   basée sur les bienfaits des produits et Ministère de organisations concernés + x
spécificités
de la production et de larégionales et locales la Femme et professionnellesorganisations
Mettre à jour la carte agricole de production en vue de de la Famille + Société Civile
productivités agricoles professionnelles
redéfinir les territoires agricoles, tirer un meilleur profit de Autres Ministères
Ministère de l’Agriculture x
leurs potentialités, renforcer les chaînes de valeur Ministère de concernés +
Orientation 3.2 : Générer des données probantes
territoriales et valoriser
sur lelesgaspillage alimentaire
savoirs-faires locaux (ampleur, l'Environnem organisations x
Réduction du causes, etc.) et les mettre à jour
ent professionnelles
gaspillage Autres Ministères
Mieux exploiter les terres domaniales et le domaine + Société Civile
alimentaire au concernés +
forestier en fonction de leur vocation, moyennant des Ministère
Ministèrededul’Agriculture
Autres Ministères x
niveau des ménages, organisations
incitations spécifiques pour leur valorisation durable Commerce + concernés +
restaurants, cafés et Lancer un programme d’éducation et de renforcement des capacités sur professionnelles
Ministère de organisations x
hôtels l’anti-gaspillage et de sensibilisation des acteurs concernés
l'Environnem professionnelles
Autres Ministères
Etudier et Mettre en œuvre un plan de contribution du Ministèreent de la Défense Civile
+ Société Concernés,
désert tunisien au plan de renforcement de la + la nouvelle structure x
notamment
production agricole durable supra-Ministérielle
Agriculture et Energie

176   163  
Elaborer un cadre règlementaire et de collaboration entre la grande
Autres Ministères
distribution, les IAA, les composantes de la société civile et les restaurateurs
Ministère des concernés +
et hôtels pour la récupération systématique des produits alimentaires non
Affaires organisations x
consommés au profit d’une banque alimentaire tunisienne et du tissu
Sociales professionnelles
associatif engagé dans la distribution des denrées alimentaires aux
+ Société Civile
groupes vulnérables
Autres Ministères
Ministère de concernés +
Valoriser les déchets alimentaires dans le cadre d’une économie circulaire l'Environnem organisations x
ent professionnelles
+ Société Civile
Ministère du Autres Ministères
Commerce + concernés +
Encourager les formats et le calibrage des produits alimentaires favorisant
Ministère de organisations x
la réduction du gaspillage
l'Environnem professionnelles
ent + Société Civile
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

155
177  
 
I.3.4 Plan d’actions pour l’objectif stratégique Mesure opérationnelle N°3
n°4 « Adopter un système alimentaire
résilient permettant d’anticiper les Appliquer rigoureusement la loi pour préserver
changements et les crises et de faire face les terres agricoles de l’empiètement urbain
aux changements climatiques » et renforcer les systèmes alimentaires urbains
(agriculture péri-urbaine).
Le système alimentaire tunisien est fragilisé
par l’effet des changements climatiques et Orientation 4.2 : Conservation de la bio-
des crises exogènes à l’instar de la guerre diversité
en Ukraine. Pour renforcer la résilience globale
du système alimentaire, cinq orientations stra- La Tunisie présente une multitude de pay-
tégiques sont proposées : sages diversifiés riches en termes de biodi-
versité faunistique et floristique. Elle ren-
Orientation 4.1 : Préservation des terres ferme de nombreux types d’écosystèmes
agricoles : côtiers, insulaires, montagneux, déser-
tiques, oasiens et de zones humides. Ces
Les terres constituent le support de la pro- écosystèmes sont particulièrement mena-
duction agricole et de l’emploi rural. Une cés. Il est donc impératif, à l’horizon 2035,
bonne gestion du patrimoine foncier déter- de mettre en place des mesures d’adaptation
mine sa productivité, d’où les mesures sui- à cette dégradation.
vantes recommandées :
Mesure opérationnelle N°1
Mesure opérationnelle N°1
Intégrer les valeurs de la conservation de la biodi-
Revoir et adapter les textes du statut foncier versité dans l’ensemble des politiques nationales
pour les alléger et digitaliser les procédures re- et dans la planification socio-économique intégrée
latives au transfert des terres et accorder des à différents niveaux et secteurs et mettre en place
incitations fiscales adaptées. Dans ce sens, le les programmes de mise en œuvre adaptés.
morcellement n’est plus considéré en tant que
problème mais plutôt comme une opportunité Mesure opérationnelle N°2
pour fixer la population rurale et introduire des
innovations adaptées. Renforcer le savoir et savoir-faire traditionnels et
les capacités nationales pour la conservation et
Mesure opérationnelle N°2 la gestion durable de la biodiversité et sensibili-
ser toutes les parties prenantes (institutionnelles
Instituer un système de suivi et de contrôle des et non institutionnelles) à l’action de la biodiver-
terres non exploitées (notamment appropriées sité, l’érosion génétique et les fonctions écosysté-
par des privés) qui constituent un manque à miques et partager les bonnes pratiques.
gagner pour le pays et concevoir de nouveaux
modes d’incitation à l’utilisation de ces terres, Mesure opérationnelle N°3
comme l’écotourisme, l’agritourisme, les gites
ruraux favorisant le développement écono- Renforcer le système de suivi et d’évaluation
mique, la conservation des ressources natu- déjà mis en place via le recours à de nouveaux
relles et l’ajustement des propriétés aux exi- indicateurs partagés par les différents secteurs
gences de la rentabilité et de l’emploi. concernés par la biodiversité.

156
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

Mesure opérationnelle N°4 Mesure opérationnelle N°3

Favoriser l’intégration de la biodiversité et des Soutenir une agriculture climato-résiliente en


services écosystémiques dans les chaînes ali- commençant par la révision des systèmes de pro-
mentaires territoriales, à travers l’encourage- duction dans leur ensemble ; identifier les cultures
ment à l’émergence de nouveaux marchés de fortement consommatrices d’eau et opérer des
produits écologiques de terroirs. choix stratégiques quant à leur substitution.

Mesure opérationnelle N°5 Encourager l’agro-écologie et la diversification des


cultures qui protègent les sols et la biodiversité.
Accroître les investissements dans la gestion
durable de la biodiversité, notamment dans Mesure opérationnelle N°4
l’aquaculture qui est explicitement liée aux pra-
tiques terrestres, ayant un impact sur les éco- Renforcer la recherche dans le domaine des chan-
systèmes d’eau douce et marins côtiers. gements climatiques pour une transformation
intelligente des systèmes alimentaires (logistique
Orientation 4.3 : Adaptation transfor- intelligente face au climat).
mative aux chocs et aux changements
climatiques Mesure opérationnelle N°5

Les changements climatiques ont des interac- Améliorer les compétences des acteurs du sys-
tions complexes avec les systèmes alimen- tème alimentaire à l’échelle nationale, régionale
taires et, par conséquent, une incidence sur et locale (structures publiques, privés et ONG).
la sécurité alimentaire. Dans la mesure où ils
vont en s’amplifiant (sécheresse, inondations, Mesure opérationnelle N°6
incendies, etc.), les mesures préconisées à ce
niveau peuvent être présentées comme suit : Valoriser le savoir-faire local des agriculteurs
quant à l’adaptation aux changements climatiques
Mesure opérationnelle N°1 (techniques culturales, variétés, etc.) et partager
les connaissances.
Mettre en œuvre une politique intégrée et cohé-
rente d’adaptation aux changements climatiques Mesure opérationnelle N°7
(basée sur une approche nexus) à l’échelle natio-
nale et locale, associée à une planification, un Développer et planifier les capacités de stockage
suivi et une évaluation rigoureuse, notamment des récoltes et le recours aux techniques adaptées
pour la gestion des ressources partagées. de séchage ou du froid au niveau régional et local
afin d’anticiper les pénuries liées aux impacts des
changements climatiques.
Mesure opérationnelle N°2
Mesure opérationnelle N°8
Mettre en place un système de veille perfor-
mant impliquant tous les acteurs en vue d’an- Développer la résilience des populations en
ticiper les stress climatiques, les crises et les milieu rural via des filets de protection sociale
pandémies et renforcer leur gestion (alerte pour les agriculteurs et les ouvriers agricoles,
précoce, météo, assurance agricole). notamment les femmes ouvrières.

157
Orientation 4.4 : Gestion intégrée et effi- Mesure opérationnelle N°5
cace des ressources en eau
Promouvoir, encourager et sensibiliser les agricul-
La Tunisie dispose d’un potentiel mobilisable teurs aux pratiques agronomiques basées sur les
de 4,8 milliards de m³ alloué à plus de 80% variétés améliorées peu consommatrices d’eau et
au secteur agricole. Les changements clima- des techniques améliorant le stockage de l’eau
tiques vont se traduire par une diminution dans les sols (semis direct, augmentation de la
des précipitations et l’augmentation des taux couverture végétale du sol, etc.).
d’évapotranspiration, menaçant le volume
mobilisable. A l’horizon 2035, il est néces- Mesure opérationnelle N°6
saire de prendre des mesures fortes pour lut-
ter contre le stress hydrique. Autoriser par texte légal la commercialisation des
semences des variétés locales plus adaptées aux
Parmi les mesures opérationnelles et non exhaus- conditions du changement climatique et au stress
tives que nous pouvons proposer et qui ne sont hydrique.
pas extensives, nous citons :
Mesure opérationnelle N°7
Mesure opérationnelle N°1
Renforcer les capacités des GDA en matière de
Sur la base des études et stratégies disponibles, gestion locale de l’eau, de promotion des tech-
commencer à exécuter les actions prioritaires niques d’économie de l’eau et de maintenance des
liées à la réhabilitation de l’infrastructure vétuste ouvrages (guide de gestion, guide de procédures,
existante (barrages, conduites, etc.) et le recours formation, etc.) et élaboration de contrats pro-
aux ressources non conventionnelles (dont le des- grammes tri-annuels avec le Ministère de l’Agri-
salement de l’eau de mer avec énergie solaire) et culture permettant le suivi des réalisations en la
le traitement des eaux usées (24%). matière.

Mesure opérationnelle N°2 Mesure opérationnelle N°8

Elaborer et mettre en œuvre un plan d’actions de Améliorer les compétences des agriculteurs quant
mobilisation du financement international à des à l’utilisation optimale des ressources en eau et
taux avantageux et des dons autour de la nouvelle l’irrigation complémentaire et généraliser l’em-
politique de l’eau suite à la promulgation du nou- ploi des technologies modernes d’irrigation pour
veau code de l’eau. réduire les pertes d’eau et améliorer le pilotage
de l’irrigation par les TIC. Ceci sera renforcé par
Mesure opérationnelle N°3 l’utilisation des équipements d’économie de l’eau,
accompagnée des incitations nécessaires et un
Encourager et promouvoir les techniques et mé- contrôle rigoureux et récurrent (de la part de l’Etat
thodes d’utilisation par l’agriculture des eaux usées. avec la participation de la société civile) pour limi-
ter l’usage illicite de l’eau d’irrigation et l’usurpa-
Mesure opérationnelle N°4 tion des équipements.

Valoriser le savoir-faire local des agriculteurs sur Il est aussi recommandé de sensibiliser les mé-
l’agriculture pluviale et les systèmes d’irrigation et nages pour réduire leur consommation en eau
échanger leurs expériences. domestique qui devrait passer à 350 m3/an/hab.

158
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

Mesure opérationnelle N°9 Les mesures envisagées à l’horizon 2035 sont :

Améliorer la planification des cultures irriguées Mesure opérationnelle N°1


à travers l’identification des priorités, le ciblage
et la planification des productions, en fonction Réformer le mode de gouvernance des entreprises
de l’analyse coûts-avantages (environnementaux, publiques (Offices) vers plus de responsabilisation
sociaux et économiques ; information et contrôle, dans leur management (gestion basée sur les ré-
etc.). sultats) en substituant le monopôle par un rôle de
pilotage et de gestion des crises.
Mesure opérationnelle N°10
Renforcer le rôle du Comité de la Concurrence
Revoir la politique de l’exportation des produits et le doter des moyens (autorité) pour exercer sa
agricoles et alimentaires en tenant compte de la mission et l’élargir à l’arbitrage entre les acteurs et
consommation de l’eau virtuelle à la production. la lutte contre le monopole.

Orientation 4.5 : Mise en place d’un mo- Mesure opérationnelle N°2


dèle de gouvernance innovant pour les
structures publiques Assurer une meilleure gouvernance des terres
domaniales et des choix stratégiques cohé-
En rapport avec la sécurité alimentaire, la gou- rents répondant aux objectifs de la sécurité
vernance apparait comme un gage d’efficacité alimentaire et de la souveraineté à travers une
de gestion des enjeux liés à la sécurité ali- gestion efficiente à tous les niveaux. Il est im-
mentaire du pays. Il est reconnu, aujourd’hui, portant, dans les conditions actuelles, de repenser
que les institutions, les règles et les processus la logique des terres domaniales et de l’orienter
politiques jouent un rôle important dans la vers le développement local territorialisé, tout en
croissance de la production agricole durable servant d’assise foncière favorable à une agricul-
et l’augmentation de la sécurité alimentaire et ture qui contribue à la réduction de la dépendance
nutritionnelle. alimentaire mais aussi tournée vers les produits
haut-de-gamme destinés au marché intérieur,
Nous avons proposé plus haut, de mettre en place voire à l’exportation. Ceci nécessite :
un dispositif de gouvernance de la SA (structure
de la SA) avec une vision claire, intégrée et du- - Evaluer les résultats et les performances de
rable, basée sur l’approche Nexus pour une meil- ce secteur en comparaison avec les secteurs
leure efficience, intégration et cohérence entre les des exploitations privées et capitaliser sur
structures, publiques et privées pouvant consti- des expériences réussies d’appropriation et
tuer l’enceinte de discussion et d’arbitrage des de gestion des terres domaniales et l’amé-
orientations politiques et des lignes directrices liorer, telle que l’expérience de Jemna ;
aux acteurs pour améliorer la sécurité alimentaire, - Renforcer le rôle de l’Etat dans l’appui, le sou-
qu’il s’agisse de questions commerciales, environ- tien et le pilotage, dans le cadre de la politique
nementales, énergétiques, etc. L’accent doit être de la sécurité alimentaire ;
mis, en particulier, sur les aspects interdépen- - Faire des choix prioritaires (continuer à expor-
dants des questions traitées dans les straté- ter l’eau virtuelle ou produire pour assurer la
gies sectorielles pour faciliter la mise en place souveraineté alimentaire du pays) ;
d’une politique de SA intégrée. - Céder les terres des jeunes techniciens et des
cadres du Ministère de l’Agriculture, ou autres

159
ministères qui acceptent de partir moyennant Mesure opérationnelle N°4
des mesures d’accompagnement et dans le
cadre d’un contrat objectif (basé sur des indi- Améliorer la gouvernance des chaînes de valeurs
cateurs précis) ; stratégiques (organisation, financement, collabo-
- Mettre des barrières pour faire en sorte que ration, transparence des flux et transactions) à
les acquéreurs tunisiens ou étrangers puissent travers l’analyse des mécanismes, processus et
agir dans le cadre de la politique nationale de règles par lesquels les producteurs et les entre-
sécurité alimentaire. prises sont économiquement liés entre eux, avec
le gouvernement et d’autres acteurs (liens, règles,
Mesure opérationnelle N°3 etc.) dans le but d’identifier les goulots d’étran-
glement et les défis rencontrés pour la sécurité
Mettre en place une gouvernance alimentaire alimentaire.
territoriale répondant aux objectifs spéci-
fiques de la sécurité alimentaire des territoires L’amélioration de la durabilité du système ali-
et aux critères de leur développement durable, mentaire telle que développée à travers les
mettant l’accent sur le réseautage et la colla- mesures proposées reste tributaire de la stabi-
boration à des projets régionaux et locaux. lité politique et économique du pays.

Le tableau suivant résume les orientations straté-


giques et les mesures relatives à l’objectif straté-
gique n°4.

160
Priorité Priorité
Chef de fil Partenaires
Orientation stratégique
Orientation stratégique Action opérationnelle
Action opérationnelle recommandée
recommandée Chef de fil proposé Partenaires proposés
proposé proposés P1 P2 P3 P1 P2 P3
2025 2030 2025
2035 2030 2035

Orientation 1.1 : Elaboration


et mise enRevoir
œuvreetd’une Créer une structure institutionnelle transversale et supra- Présidence de la
adapter les textes du statut foncier pour les alléger et digitaliser les x
alimentaire et
politique procédures ministérielle chargée de la sécurité alimentaire Ministère
République de Autres Ministères
relatives au transfert des terres et accorder des incitations fiscales Gouvernement +x
nutritionnelle intersectorielle l'Agriculture concernés
organisations
adaptées
en adéquation avec les Elaborer et implémenter une politique alimentaire professionnelles
La nouvelle structure
nouveaux défis de la sécurité intersectorielle basée sur une approche nexus de mise x
supra-ministérielle
Ministère de Autres Ministères
Instituer un système
Orientation 4.1 : alimentaire œuvre
en de suivi et de contrôle des terres non exploitées
Préservation des terres (notamment appropriées par des privés) qui constituent un manque à gagner l'Agriculture + concernés +
agricoles Revoir les objectifs et le fonctionnement des chaînes de Ministère des organisations x
pour le pays et concevoir de nouveaux modes d'incitation à l'utilisation de ces
valeurs stratégiques sous l'angle des nouveaux défis de Domaines
Ministère de
de l’Agricultureprofessionnelles x
terres Autres Ministères
la sécurité alimentaire l'Etat + Société Civile
concernés +
Ministère de organisations
Appliquer rigoureusement la loi pour préserver
Améliorer la préparation et la conduite des les terres agricoles de Autres Ministères
l'Intérieur + professionnelles
l’empiètement urbain et renforcer
campagnes les systèmes
agricoles alimentaires
à travers urbains
la facilitation de(agriculture
l’accès LaMinistère
nouvellede structure concernés + x et
la interprofessionelles x
péri-urbaine) de tous les agriculteurs aux intrants nécessaires et un supra-ministérielle Société Civile
Défense
accompagnement renforcé sur le terrain Autres Ministères
Intégrer les valeurs de la conservation de la biodiversité dans l’ensemble des
Adopter des techniques agronomiques mieux La nouvelle concernés +
politiques nationales et dans la planification socio-économique intégrée à
adaptées aux changements climatiques et aux structure supra- organisations x
différents niveaux et secteurs et mettre en place les programmes de mise en
systèmes de production et introduire les nouvelles ministérielle
Ministère de l’Agricultureprofessionnelles x
œuvre adaptés
technologies en renforçant leur utilisation par les Autres
+ Société Ministères
Civile
Orientation 1.2 : Amélioration exploitants concernés +
Renforcer le savoir et savoir-faire traditionnels et les capacités nationales pour la Autres Ministères
de la production et de la organisations
conservation et la gestion jour la carte
Mettre àdurable de laagricole de production
biodiversité en vue
et sensibiliser toutes
de les Ministère de concernés +
productivités agricoles professionnelles x
redéfinir les territoires
parties prenantes (institutionnelles et nonagricoles, tirer un meilleur
institutionnelles) profit de
à l’action de la l'Environnement organisations
Orientation 4.2 : Ministère de l’Agriculture x
biodiversité, l’érosionleurs potentialités,
génétique et les fonctions les chaînes de valeur
renforcerécosystémiques professionnelles
Conservation de la
territoriales et valoriser les savoirs-faires locaux
biodiversité Autres Ministères
Renforcer le système de suivi et d’évaluation déjà mis en place par le Ministère
Ministère de concernés +
Autres Ministères
de l’Environnement Mieuxvia le exploiter
recours àles nouveaux
deterres indicateurs
domaniales partagés par les
et le domaine x
l'Environnement organisations
concernés +
différents secteurs concernés par la biodiversité
forestier en fonction de leur vocation, moyennant des Ministère de l’Agriculture x
professionnelles
organisations
incitations spécifiques pour leur valorisation durable Autres Ministères
professionnelles
Favoriser l’intégration de la biodiversité et des services écosystémiques dans les concernés +
Ministère de
chaînes alimentaires territoriales à travers l’encouragement à l’émergence de organisations
Autres Ministères x
Etudier et Mettre en œuvre un plan de contribution du l'Environnement
Ministère
nouveaux marchés de produits écologiques de terroirs de la Défenseprofessionnelles
Concernés,
désert tunisien au plan de renforcement de la + la nouvelle structure+ Société Civile x
notamment
production agricole durable supra-Ministérielle
Agriculture et Energie
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

161
185   163  
   
162
Autres Ministères
Accroître les investissements dans la gestion durable de la biodiversité, concernés +
Ministère de
notamment dans l'aquaculture qui est explicitement liée aux pratiques organisations x
l'Agriculture
terrestres, ayant un impact sur les écosystèmes d'eau douce et marins côtiers professionnelles
+ Société Civile
Autres Ministères
Mettre en œuvre une politique intégrée et cohérente d’adaptation aux
concernés +
changements climatiques à l’échelle nationale, régionale et locale, associée à Ministère de
organisations x
une planification, un suivi et une évaluation rigoureuse, notamment pour la l'Environnement
professionnelles
gestion des ressources partagées
+ Société Civile
Autres Ministères
Ministère de
Mettre en place un système de veille performant impliquant tous les acteurs en concernés +
l'Environnement
vue d’anticiper les chocs climatiques, les crises et les pandémies et renforcer organisations x
+ Ministère de
leur gestion (alerte précoce, météo, assurance agricole) professionnelles
l'Agriculture
+ Société Civile
Soutenir une agriculture climato- résiliente en commençant par la révision des Autres Ministères
Ministère de
systèmes de production dans leur ensemble, identifier les cultures fortement concernés +
l'Environnement
consommatrices d’eau et opérer des choix stratégiques quant à leur substitution organisations x
+ Ministère de
ainsi que l'encouragement de l’agro-écologie et la diversification des cultures professionnelles
Orientation 4.3 : l'Agriculture
qui protègent les sols et la biodiversité + Société Civile
Adaptation
transformative aux Autres Ministères
Ministère de
chocs et aux Renforcer la recherche dans le domaine des changements climatiques pour concernés +
l'Enseignement
changements une transformation intelligente des systèmes alimentaires (logistique intelligente organisations x
Supérieur et de
climatiques face au climat) professionnelles
la Recherche
+ Société Civile
Autres Ministères
Mettre en œuvre un plan d'amélioration des compétences transformatrices des La nouvelle concernés +
acteurs du système alimentaire à l’échelle nationale, régionale et locale structure supra- organisations x
(structures publiques, privés et ONG) ministérielle professionnelles
+ Société Civile
Valoriser le savoir-faire local des agriculteurs quant à l’adaptation aux Organisations
Ministère de
changements climatiques (techniques culturales, variétés, etc.) et partager les professionnelles x
l'Agriculture
connaissances + Société Civile
Autres Ministères
Développer et planifier les capacités de stockage des récoltes et le recours aux concernés +
Ministère de
techniques adaptées de séchage ou du froid au niveau régional et local afin organisations x
l'Agriculture
d’anticiper les pénuries liées aux impacts des changements climatiques professionnelles
+ Société Civile

186  
 
Ministère des Autres Ministères
Développer la résilience des populations en milieu rural via des filets de Affaires Sociales concernés +
protection sociale pour les agriculteurs et les ouvriers agricoles, notamment les + Ministère de la organisations x
femmes ouvrières Femme et de la professionnelles
Famille + Société Civile
Commencer à exécuter les actions prioritaires liées à la réhabilitation de
l'infrastructure vétuste existante (barrages, conduites, etc.) ainsi que le recours Ministère de Autres Ministères
x
aux ressources non conventionnelles dont le dessalement de l'eau de mer avec l'Agriculture concernés
l'énergie solaire et le traitement des eaux usées
Ministère de
Elaborer et mettre en œuvre un plan d'actions de mobilisation du financement l'Economie + Autres Ministères
international à des taux avantageux et des dons autour de la nouvelle politique Ministère des concernés + x
de l'eau suite à la promulgation du nouveau code de l'eau Affaires Société Civile
Etrangères
Encourager et promouvoir les techniques et méthodes d’utilisation par Ministère de Autres Ministères
x
l’agriculture des eaux usées l'Agriculture concernés
Organisations
Valoriser le savoir-faire local des agriculteurs sur l’agriculture pluviale et les Ministère de
professionnelles x
systèmes d’irrigation et échanger leurs expériences l'Agriculture
+ Société Civile

Orientation 4.4 : Promouvoir, encourager et sensibiliser les agriculteurs aux pratiques Organisations
Ministère de
Gestion intégrée et agronomiques basées sur les variétés améliorées peu consommatrices d'eau et professionnelles x
l'Agriculture
efficace des des techniques améliorant le stockage de l’eau dans les sols + Société Civile
ressources en eau Ministère de
Autoriser par texte légal la commercialisation des semences des variétés locales l'Agriculture + Organisations
x
plus adaptées aux conditions du changement climatique et au stress hydrique Ministère du professionnelles
Commerce
Renforcer les capacités des GDA en matière de gestion locale de l’eau, de Ministère de
Organisations
promotion des techniques d'économie de l'eau et de maintenance des l'Agriculture +
professionnelles x
ouvrages et élaboration de contrats programmes tri-annuels avec le Ministère Ministère de
+ Société Civile
de l'Agriculture permettant le suivi des réalisations en la matière l'Intérieur
Autres Ministères
Améliorer les compétences des agriculteurs sur l’utilisation optimale des
concernés +
ressources en eau et l’irrigation complémentaire et généraliser l’emploi des Ministère de
organisations x
technologies modernes d’irrigation pour réduire les pertes d’eau et améliorer le l'Agriculture
professionnelles
pilotage de l’irrigation par les TIC
+ Société Civile
Organisations
Améliorer la planification des périmètres irrigués (priorisation et analyse coût Ministère de
professionnelles x
avantages, etc.) l'Agriculture
+ Société Civile
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

163
187  
 
164
Ministère du Autres Ministères
Revoir la politique de l'exportation des produits agricoles et alimentaires en Commerce + concernés +
x
tenant compte de la consommation de l’eau virtuelle à la production Ministère de organisations
l'Agriculture professionnelles
Réformer le mode de gouvernance des entreprises publiques (Offices) tendant Autres Ministères
La nouvelle
vers plus de responsabilisation dans leur management (gestion basée sur les concernés +
structure supra- x
résultats) en substituant le monopole par un rôle de pilotage et de gestion des organisations
ministérielle
crises professionnelles
Ministère de
Assurer une meilleure gouvernance des terres domaniales et des choix l'Agriculture +
Autres Ministères
stratégiques cohérents répondant aux objectifs de la sécurité alimentaire et de Ministère des x
concernés
Orientation 4.5 : Mise la souveraineté à travers une gestion efficiente à tous les niveaux Terres
en place d’un modèle Domaniales
de gouvernance Autres Ministères
Mettre en place une gouvernance alimentaire territoriale répondant aux
innovant pour les La nouvelle concernés +
objectifs spécifiques de la sécurité alimentaire des territoires et aux critères de
structures publiques structure supra- organisations x
leur développement durable, mettant l’accent sur le réseautage et la
ministérielle professionnelles
collaboration à des projets régionaux et locaux
+ Société Civile
Autres Ministères
concernés +
Améliorer la gouvernance des chaînes de valeur stratégiques (organisation, Organisations
organisations x
financement, collaboration, transparence des flux et transactions) professionnelles
professionnelles
+ Société Civile
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

II. PRIORISATION DES d’une décision politique concertée avec les


partenaires clés pour la mettre en œuvre ;
ACTIONS
- De Niveau 2 (P2) si elle nécessite un
La proposition des acteurs à engager les ac- temps plus long (2024- 2030) et une
tions au niveau du tableau suivant se base démarche d’adaptation des acteurs sys-
sur une approche participative où le chef témiques concernés par la mesure opé-
de fil suggéré est un acteur institutionnel rationnelle. Souvent, la mise en œuvre de
fort et techniquement expert sur la question cette mesure nécessite une réflexion appro-
qui devra travailler de manière concertée avec fondie, un plan de conduite du changement
d’autres acteurs institutionnels, professionnels et de réduction des résistances et un inves-
et de la société civile, au cas par cas, pour at- tissement d’ajustement ;
teindre une réflexion large et une mise en œuvre
optimale de chaque mesure opérationnelle - De niveau 3 (P3) si elle nécessite un tra-
proposée. Cette proposition reste indicative et vail de long terme (2024- 2035) car la
peut être élargie à d’autres acteurs importants mesure concernée cible une dimension
au besoin. profonde et «transformative» du système
alimentaire, un investissement plus lourd
Pour la priorisation des mesures opération- et/ou un travail progressif sur l’amélioration
nelles recommandées, 3 horizons ont été de l’acceptabilité des mesures proposées
considérés : l’horizon 2025 correspondant à pour atteindre un niveau durable de sécurité
une priorité P1 et les horizons 2030 et 2035 alimentaire.
correspondants respectivement à P2 et P3.
Enfin, un seul niveau de priorité est retenu
Dans ce tableau, une mesure opérationnelle re- pour chaque mesure opérationnelle et in-
commandée est considérée prioritaire : dique l’horizon pour lequel plus de 70% de
l’impact de la mesure est atteint.
- De niveau 1 (P1) si elle peut avoir un
impact significatif sur l’amélioration de Il va sans dire que la situation de la sécurité ali-
la sécurité alimentaire et que deux an- mentaire étant dynamique, les niveaux de prio-
nées semblent suffisantes (2024-2025) rité proposés peuvent être modifiés et ajustés
à structurer la réflexion, définir clairement par les décideurs politiques et les acteurs clés
les actions à prendre (action à entreprendre) en charge de la mise en œuvre.
ou bien (décision à prendre) et qu’il suffirait

165
166
Priorité
4.1 4.1 1 en 2025
Priorité 1 en 2025
Priorité
Orientation stratégique Orientation stratégique Action opérationnelle
Action recommandée
opérationnelle recommandée Chef de fil proposé Partenaires proposés
P1 P2 P3
2025 2030 2035

Orientation 1.1 : Orientation 1.1 : Elaboration


Elaboration et mise en Créer une structure institutionnelle Créer une structure institutionnelle
et supra-ministérielle transversale
chargée de la sécurité et supra-
alimentaire Présidence de la
et mise en œuvre d’une transversale x
œuvre d’une politique ministérielle chargée de la sécurité alimentaire République
politique alimentaire et Gouvernement +
alimentaire et
nutritionnelle
nutritionnelle intersectorielle organisations
en adéquation avec les Elaborer et implémenter une politique alimentaire professionnelles
intersectorielle en La nouvelle structure
Elaborer et implémenter
nouveaux défis de une
la sécurité intersectorielle
politique alimentaire intersectorielle une approche
basée surbasée sur une approche de mise
nexus nexus œuvre
de mise en supra-ministérielle x
adéquation avec les
alimentaire en œuvre
nouveaux défis de la
sécurité alimentaire Revoir les objectifs et le fonctionnement des chaînes de
des chaînes
Revoir les objectifs et le fonctionnementvaleurs stratégiques stratégiques
de valeursous l'angle des
sousnouveaux nouveaux
l'angle desdéfis de défis de la sécurité
Ministère de l’Agriculture x
alimentaire
Autres Ministères
la sécurité alimentaire
concernés +
des campagnes
Améliorer la préparation et la conduite Améliorer la préparation
agricoles àettravers la facilitation
la conduite des de l’accès de tous les agriculteurs organisations
aux intrants nécessaires et un accompagnement
campagnesrenforcé
agricoles terrain
sur le à travers la facilitation de l’accès La nouvelle structure professionnelles et
interprofessionelles x
de tous les agriculteurs aux intrants nécessaires et un supra-ministérielle
accompagnement renforcé sur le terrain
Adopter des techniques agronomiques mieux adaptées aux changements climatiques et systèmes de production et introduire
leur utilisation
les nouvelles technologies en renforçantAdopter par les exploitants
des techniques agronomiques mieux
Orientation 1.2 :
Amélioration de la adaptées aux changements climatiques et aux
production et de la systèmes
Mettre à jour la carte agricole de production en vue
de deproduction
redéfinir les introduire
etterritoires les nouvelles
agricoles, Ministère
de tirer un meilleur profit dede l’Agriculture
leurs x
productivité agricoles technologies
potentialités, de renforcer les chaînes de en renforçant
valeur territoriales et de valoriser
leurlesutilisation par les
savoirs-faires locaux Autres Ministères
Orientation 1.2 : Amélioration exploitants concernés +
Mieux de la production
exploiter les terres domaniales le domaine
et de la et Mettre forestier en fonction vocation moyennant organisations
à jour la carte agricolede deleur
production en vue de des incitations
productivités
spécifiques pour leur valorisation
agricoles durable professionnelles
redéfinir les territoires agricoles, tirer un meilleur profit de
Ministère de l’Agriculture x
leurs potentialités, renforcer les chaînes de valeur
territoriales
Renforcer la vulgarisation agricole, en intégrant et valoriser
davantage les savoirs-faires
les structures régionales locaux
et locales dans le conseil, le transfert des
innovations et le suivi et assurer le lien avec les conseillers agricoles privés dans le cadre d'un contrat-programmes
Autres Ministères
Mieux exploiter les terres domaniales et le domaine
concernés +
forestier en fonction de leur vocation, moyennant des Ministère de l’Agriculture x
organisations
incitations spécifiques pour leur valorisation durable
professionnelles

Autres Ministères
Etudier et Mettre en œuvre un plan de contribution du Ministère de la Défense
Concernés,
désert tunisien au plan de renforcement de la
190   + la nouvelle structure x
notamment
  production agricole durable supra-Ministérielle
Agriculture et Energie
Identifier clairement les thématiques prioritaires de la R&D/Innovation permettant de renforcer la sécurité alimentaire du pays
en favorisant essentiellement la recherche appliquée et pluridisciplinaire en collaboration avec toutes les parties prenantes
pour répondre au mieux aux besoins spécifiques des acteurs du système alimentaire

Orientation 1.3 :
Renforcement de la
Renforcer la coordination entre les structures de la recherche en vue de mieux utiliser les budgets, d’éviter les
recherche et de
l’innovation au profit de chevauchements des programmes de recherche et de consolider la collaboration avec les structures et acteurs de
la sécurité alimentaire vulgarisation, la profession et la société civile pour la dissémination des résultats et le retour de l’information à la recherche

Mettre en place un dispositif de suivi et d’évaluation des programmes de recherche en s’appuyant sur des indicateurs
d’impact sur la sécurité alimentaire

Orientation 1.4 :
Repositionnement de Renforcer le rôle contrôleur de l'Etat au niveau des maillons de stockage et de distribution des filières agroalimentaires en
l’intervention de l’Etat recourant, notamment, à la digitalisation, à la lutte contre la spéculation et à la réduction de l'informel et de l'opportunisme
dans le système des intermédiaires
alimentaire

Mieux définir l'intervention de l'Etat dans les échanges extérieurs alimentaires (anticipation, veille, contrôles, achats ponctuels,
etc.)

Intervenir pour réajuster les prix de certains produits de base en cas de crise et soutenir le pouvoir d'achat des groupes
vulnérables chaque fois qu'il y a une inflation durable et incontrôlable

Orientation 1.5 : Mieux anticiper les futurs chocs et se préparer aux évolutions des marchés internationaux auprès desquels la Tunisie
Réduction de la s'approvisionne à travers un système de veille avancé (veille data et de terrain via les ambassades) et des approches
dépendance alimentaire prospectives et de réduction des risques d'inflation importée.
vis-à-vis des marchés
extérieurs S'orienter vers un désengagement planifié de l'Etat de l'importation des produits alimentaires non stratégiques (thé, café,
sucre, huiles végétales, riz, etc.)

191  
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

167
168
Diversifier les fournisseurs des produits alimentaires stratégiques importés en actualisant et en assouplissant les conditions des
cahiers des charges d'importation sans contraindre les exigences techniques et sanitaires

Créer une procédure simplifiée d’importation des produits de base (en allégeant drastiquement les procédures actuelles du
marché public) à déclencher dans le cas de crises graves menaçant la sécurité alimentaire du Tunisien

Orientation 1.6 :
Amélioration des circuits
Renforcer le contrôle des conditions d’hygiène lors du transport et de stockage des produits alimentaires ; revoir le cadre
de stockage et de
juridique et améliorer les infrastructures de transport
distribution et des
conditions logistiques
Orientation 1.8 :
Elaborer et signer un pacte national pour la réduction des pertes alimentaires engageant les différents acteurs impliqués dans
Réduction des pertes et
la sécurité alimentaire aboutissant à un plan opérationnel (renforcement de capacité, sensibilisation, communication,
valorisation des déchets
incitations à l’investissement et à l’innovation, etc.)
alimentaires

Orientation 2.2 : Renforcer le contrôle des circuits formels et des transactions avec des circuits informels
Réduction du nombre
d'intermédiaires et des
circuits informels Evaluer les marges bénéficiaires des acteurs des circuits de distribution et mettre en place un plan de correction des distorsions
pour assurer une meilleure équité et réduire les prix à la consommation

Compenser une partie de la subvention des produits de base captée par les cafés, restaurants et hôtels en introduisant
Orientation 2.3 : temporairement une taxe solidaire forfaitaire qui alimentera la caisse nationale de compensation et la caisse de la protection
Optimisation du système sociale à court terme le temps que la réforme de la CGC soit achevée
de subvention à la
consommation
Concevoir et mettre en place un plan de communication sur les mesures préconisées pour anticiper et gérer les résistances au
changement de la part du grand public

Orientation 3.2 :
Réduction du gaspillage Générer des données probantes sur le gaspillage alimentaire (ampleur, causes, etc.) et les mettre à jour
alimentaire au niveau

192  
 
des ménages,
restaurants, cafés et Lancer un programme d’éducation et de renforcement des capacités sur l’anti-gaspillage et de sensibilisation des acteurs
hôtels concernés

Orientation 4.2 :
Renforcer le système de suivi et d’évaluation déjà mis en place par le Ministère de l’Environnement via le recours à de
Conservation de la
nouveaux indicateurs partagés par les différents secteurs concernés par la biodiversité
biodiversité

Orientation 4.3 :
Adaptation
Mettre en place un système de veille performant impliquant tous les acteurs en vue d’anticiper les chocs climatiques, les crises
transformative aux chocs
et les pandémies et de renforcer leur gestion (alerte précoce, météo, assurance agricole)
et changements
climatiques

Elaborer et mettre en œuvre un plan d'actions de mobilisation du financement international à des taux avantageux et des
dons autour de la nouvelle politique de l'eau suite à la promulgation du nouveau code de l’eau

Autoriser, par texte légal, la commercialisation des semences des variétés locales plus adaptées aux conditions du
Orientation 4.4 : Gestion changement climatique et au stress hydrique
intégrée et efficace des
ressources en eau
Améliorer la planification des périmètres irrigués (priorisation et analyse coût avantages, etc.)

Revoir la politique de l'exportation des produits agricoles et alimentaires en tenant compte de la consommation de l’eau
virtuelle à la production

 
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

169
193  
 
170
Priorité
4.2 4.2 2 en 2030
Priorité 2 en 2030
Priorité
Orientation stratégique Orientation stratégique ActionAction opérationnelle
opérationnelle recommandée
recommandée Chef de fil proposé Partenaires proposés
P1 P2 P3
2025 2030 2035

Orientation 1.1 : Elaboration


Etudier et mettre en œuvre un plan de contribution
Créer unedu désert tunisien
structure au plan de
institutionnelle renforcement
transversale de la production
et supra- Présidence
agricole de la
durable et mise en œuvre d’une x
politique alimentaire et ministérielle chargée de la sécurité alimentaire République Gouvernement +
nutritionnelle intersectorielle organisations
Encourager
en adéquation
la production,avec les Elaborer
la commercialisation et et implémenter
l’utilisation une politique
de semences alimentaire
mieux adaptées aux contextes locaux en Tunisie professionnelles
La nouvelle structure
et moins dépendantes de l'extérieur.
nouveaux défis de la sécurité Il intersectorielle
s'agit des semences basée sur
locales etune
des approche
semences ànexus
hauts de mise
rendements en sec et résistantes x
supra-ministérielle
à la sécheresse. Les terres
aux maladies etalimentaire endomaniales
œuvre pourraient contribuer à l’effort national pour assurer la production de
Orientation 1.2 : ces semences
Amélioration de la Revoir les objectifs et le fonctionnement des chaînes de
production et de la valeurs stratégiques sous l'angle des nouveaux défis de Ministère de l’Agriculture x
productivité agricoles Autres Ministères
augmenter
Améliorer la productivité de la pêche et la sécurité la production aquacole à travers la révision du cadre législatif et
alimentaire
réglementaire national en l'harmonisant avec les dispositions internationales, le renforcement du contrôle de la pêche illicite concernés +
et de la planification, l'encouragement de l'investissement
Améliorer dans l'élevage
la préparation et la conduite responsable et le recours aux techniques
aquacole des organisations
d'adaptation aux changements climatiques et l’appui à
campagnes agricoles
la pêcheàartisanale
travers la facilitation de l’accès La nouvelle structure professionnelles et
interprofessionelles x
de tous les agriculteurs aux intrants nécessaires et un supra-ministérielle
accompagnement renforcé sur le terrain
Mettre en place une stratégie spécifique à la promotion, l'organisation et l'amélioration des conditions de la main d'œuvre
agricole, notamment de la femme ruraleAdopter des techniques agronomiques mieux
adaptées aux changements climatiques et aux
systèmes de production et introduire les nouvelles Ministère de l’Agriculture x
Augmenter le budget alloué à la recherche, l'innovation
technologies et le lancement
en renforçant de start-ups
leur utilisation pardans
les les activités liées à la sécurité Autres Ministères
Orientation 1.3 : des sources de financement (coopération multilatérale, partenariat public-privé et
alimentaire et renforcer la diversificationexploitants concernés +
Orientation 1.2 : Amélioration
Renforcement de la avec la société civile) organisations
de la production et de la Mettre à jour la carte agricole de production en vue de
recherche et de
productivités agricoles professionnelles
l’innovation au profit de redéfinir les territoires agricoles, tirer un meilleur profit de
Ministère de l’Agriculture x
la sécurité alimentaire leurs potentialités, renforcer les chaînes de valeur
Elaborer et mettre en place un plan de suivi et de capitalisation sur les expériences innovantes pour le développement et le
territoriales
soutien de la transformation intelligente du et valoriser les savoirs-faires locaux
système alimentaire.

Autres Ministères
Orientation 1.4 : Mieux exploiter les terres domaniales et le domaine
Repositionnement de concernés +
forestier
Repositionner le rôle facilitateur de l'Etat comme en fonction de leur vocation,
médiateur/régulateur dans moyennant des Ministère
le système alimentaire l’Agriculture
avec undeplan de x
l’intervention de l’Etat organisations
incitations
libéralisation progressive par produits agricoles spécifiques pour leur valorisation durable
et agroalimentaires
dans le système professionnelles
alimentaire
Autres Ministères
Etudier et Mettre en œuvre un plan de contribution du Ministère de la Défense
Concernés,
désert tunisien au plan de renforcement de la + la nouvelle structure x
194   notamment
production agricole durable supra-Ministérielle
  Agriculture et Energie

163  
Réduire la facture d'importation grâce à une planification pluriannuelle maîtrisée des achats et la révision des accords de
commerce bilatéral avec certains pays avec lesquels un grand déséquilibre existe au dépend des intérêts tunisiens
Orientation 1.5 :
Réduction de la
dépendance alimentaire
vis-à-vis des marchés Réduire la dispersion des importations alimentaires des produits stratégiques (au niveau des 3 Offices : céréales, huile et
extérieurs commerce) en créant une centrale d'achat regroupée sous le leadership du Ministère du Commerce. Ceci est sensé
améliorer la planification, le pouvoir de négociation, la gestion financière et des paiements

Améliorer la répartition territoriale des silos de stockage des céréales (surtout à proximité des zones de production) et
encourager la mise à niveau et la création, par le secteur privé, d’une infrastructure plus efficace et transparente pour le
Orientation 1.6 :
stockage des autres produits
Amélioration des circuits
de stockage et de
distribution et des
conditions logistiques Multiplier les points de vente directs du producteur au consommateur dont l’objectif est d’améliorer le revenu des agriculteurs,
assurer des prix raisonnables aux consommateurs de proximité et développer les circuits courts de commercialisation

Faciliter l'accès des jeunes agro-entrepreneurs au financement pour créer une nouvelle génération de producteurs ou de
Orientation 1.7 : groupements de producteurs (par la révision des conditions d'octroi des crédits, le financement de fonds de roulement les
Amélioration des premières années, la protection sociale et les micro-crédits, etc.)
conditions d’accès au
financement,
d'assurance et Encourager et orienter les investissements privés vers l'agriculture et la pèche et concevoir un financement spécifique et un
d'encouragement à système de garantie des crédits adaptés à l'agriculture familiale de petite taille en s’inspirant d’expériences étrangères
l’investissement dans
l’agriculture et l’agro-
alimentaire
Réviser, assouplir, élargir et rendre obligatoire l'adhésion au système d'assurance contre les crises et catastrophes

Orientation 1.8 :
Mettre en place un mécanisme de collecte de données, d’évaluation et de suivi des pertes le long des chaînes, notamment
Réduction des pertes et
au niveau de l’agriculture (surtout en phase de post récolte) et des IAA, et adopter des indicateurs de mesures clairs et
valorisation des déchets
complets pour la prise de décision quant aux solutions de réduction à adopter
alimentaires

195  
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

171
172
Mettre en place un système de capitalisation (Knowledge Management) des savoirs, savoir-faire et bonnes pratiques en
matière de réduction des pertes alimentaires et de valorisation des déchets et des sous-produits

Mesurer l’accès des personnes à la nourriture à travers des outils innovants de mesure et d’évaluation (échelle d’accès à la SA
des ménages, score de diversité alimentaire des ménages, indice de stratégie d’adaptation, etc.) et assurer la dissémination
Orientation 2.1 : Accès des résultats de ces mesures auprès des décideurs et structures concernées
économique aux produits
alimentaires
Adapter le pouvoir d’achat en rapport avec les changements des prix des produits alimentaires de façon équitable et basée
sur une méthodologie transparente et concertée

Orientation 2.2 :
Mieux connaître et évaluer le système informel et son impact sur la sécurité alimentaire afin de mettre en place une stratégie
Réduction du nombre
de lutte contre ce secteur et d'encouragement de l'inclusion des acteurs informels dans le système formel à travers des
d'intermédiaires et des
mesures fiscales et financières adaptées
circuits informels

Orientation 2.3 : Tout en maintenant le système actuel de subvention aux ménages, adopter une nouvelle vision de la subvention basée sur
Optimisation du système une répartition équitable de la richesse. La philosophie de la subvention est d’aider les ménages à subvenir à leurs besoins
de subvention à la avec des prix abordables. La subvention ne prend pas en compte uniquement les produits mais aussi les lieux de
consommation consommation. Un système dynamique de test, de suivi et d’évaluation de l’impact de cette politique est mis en place

Mettre en place un plan de surveillance alimentaire et nutritionnelle ainsi qu'un mode de recueil des données pour informer sur
les transitions alimentaires et nutritionnelles nécessaires à la planification des besoins et au réajustement adéquats (prix, santé,
etc.), comprenant le suivi de l’évolution de la consommation ainsi que son impact sur les prévalences des maladies non
transmissibles, particulièrement le surpoids, l’obésité, l’anémie et retard de croissance

Orientation 3.1 :
Réduction des taux de Adopter les bonnes pratiques internationales (taux de sel et de sucre, étiquetage, certifications, etc.) et la mise en place d’un
prévalence des maladies dispositif d’accompagnement au profit des acteurs engagés et des incitations financières ciblées
non transmissibles liées à
l’alimentation
Renforcer la qualité des produits par l'adoption des labels de qualité (à l'instar des produits de terroirs et de la diète
méditerranéenne)

Promouvoir des modes de consommation alimentaire favorisant une alimentation diversifiée et saine  basée sur les bienfaits des
produits et spécificités régionales et locales

196  
 
Elaborer un cadre règlementaire et de collaboration entre la grande distribution, les IAA, les composantes de la société civile
et les restaurateurs et hôtels pour la récupération systématique des produits alimentaires non consommés au profit d’une
banque alimentaire tunisienne et du tissu associatif engagé dans la distribution des denrées alimentaires aux groupes
Orientation 3.2 : vulnérables
Réduction du gaspillage
alimentaire au niveau
des ménages,
restaurants, cafés et Valoriser les déchets alimentaires dans le cadre d’une économie circulaire
hôtels

Encourager les formats et le calibrage des produits alimentaires favorisant la réduction du gaspillage

Instituer un système de suivi et de contrôle des terres non exploitées (notamment appropriées par des privés) qui constituent
Orientation 4.1 : un manque à gagner pour le pays et concevoir de nouveaux modes d'incitation à l'utilisation de ces terres
Préservation des terres
agricoles Appliquer rigoureusement la loi pour préserver les terres agricoles de l’empiètement urbain et renforcer les systèmes
alimentaires urbains (agriculture péri-urbaine)

Intégrer les valeurs de la conservation de la biodiversité dans l’ensemble des politiques nationales et dans la planification
socio-économique à différents niveaux et secteurs et mettre en place les programmes de mise en œuvre adaptés

Orientation 4.2 :
Renforcer le savoir et savoir-faire traditionnels et les capacités nationales pour la conservation et la gestion durable de la
Conservation de la
biodiversité et sensibiliser toutes les parties prenantes (institutionnelles et non institutionnelles) à l’action de la biodiversité,
biodiversité
l’érosion génétique et les fonctions écosystémiques

Favoriser l’intégration de la biodiversité et des services écosystémiques dans les chaînes alimentaires territoriales à travers
l’encouragement à l’émergence de nouveaux marchés de produits écologiques de terroirs

Orientation 4.3 :
Mettre en œuvre une politique intégrée et cohérente d’adaptation aux changements climatiques à l’échelle nationale,
Adaptation
régionale et locale, associée à une planification, un suivi et une évaluation rigoureuse, notamment pour la gestion des
transformative aux chocs
ressources partagées
et changements

197  
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

173
174
climatiques
Soutenir une agriculture climato- résiliente en commençant par la révision des systèmes de production dans son ensemble,
identifier les cultures fortement consommatrices d’eau et opérer des choix stratégiques quant à leur substitution ainsi que
l'encouragement de l’agro-écologie et la diversification des cultures qui protègent les sols et la biodiversité

Renforcer la recherche dans le domaine des changements climatiques pour une transformation intelligente des systèmes
alimentaires (logistique intelligente face au climat)

Valoriser le savoir-faire local des agriculteurs sur l’adaptation aux changements climatiques (techniques culturales, variétés,
etc.) et partager les connaissances

Développer la résilience des populations en milieu rural via des filets de protection sociale pour les agriculteurs et les ouvriers
agricoles, notamment les femmes ouvrières

Commencer à exécuter les actions prioritaires liés à la réhabilitation de l'infrastructure vétuste existante (barrages, conduites,
etc.) ainsi que le recours aux ressources non conventionnelles, dont le dessalement de l'eau de mer avec l'énergie solaire et le
traitement des eaux usées

Encourager et promouvoir les techniques et méthodes d’utilisation par l’agriculture des eaux usées

Valoriser le savoir-faire local des agriculteurs sur l’agriculture pluviale et les systèmes d’irrigation et échanger leurs expériences

Orientation 4.4 : Gestion


Promouvoir, encourager et sensibiliser les agriculteurs aux pratiques agronomiques basées sur les variétés améliorées peu
intégrée et efficace des
consommatrices d'eau et des techniques optimisant le stockage de l’eau dans les sols
ressources en eau

Renforcer les capacités des GDA en matière de gestion locale de l’eau, de promotion des techniques d'économie de l'eau et
de maintenance des ouvrages et élaboration de contrats programmes tri annuels avec le Ministère de l'Agriculture
permettant le suivi des réalisations en la matière

Améliorer les compétences des agriculteurs sur l’utilisation optimale des ressources en eau et l’irrigation complémentaire et
généraliser l’emploi des technologies modernes d’irrigation pour réduire les pertes d’eau et améliorer le pilotage de l’irrigation
par les TIC

198  
 
Réformer le mode de gouvernance des entreprises publiques (Offices) vers plus de responsabilisation dans leur management
(gestion basée sur les résultats) en substituant le monopole par un rôle de pilotage et de gestion des crises
Orientation 4.5 : Mise en
place d’un modèle de
Assurer une meilleure gouvernance des terres domaniales et des choix stratégiques cohérents répondant aux objectifs de la
gouvernance innovant
sécurité alimentaire et de la souveraineté à travers une gestion efficiente à tous les niveaux
pour les structures
publiques
Améliorer la gouvernance des chaînes de valeur stratégiques (organisation, financement, collaboration, transparence des flux
et transactions)
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

199  

175
 
176
Priorité
4.34.3 3 en 2035
Priorité 3 en 2035
Priorité
Orientation stratégique Orientation stratégique Action opérationnelle recommandée
Action opérationnelle recommandée Chef de fil proposé Partenaires proposés
P1 P2 P3
2025 2030 2035

Orientation 1.1 : Elaboration


Doter chaque région de marchés (de Créer
grosune municipaux)
etstructure et abattoirs
institutionnelle adaptés (capacité,
transversale et supra- salubrité,
Présidence
hygiène,de la
et mise en œuvre d’une x
fonctionnement) et mettre à niveaux ceux
ministérielle
existants. chargée de la sécurité alimentaire République
Orientation 1.6 : Amélioration
politique alimentaire et Gouvernement +
des circuits de stockage et nutritionnelle intersectorielle organisations
adéquation Elaborer et implémenter une politique alimentaire professionnelles
de distribution et des Mettre en
en place des plateformes
avec les digitales et numériser les circuits de stockage et de distribution pour La nouvelle la
renforcer structure
nouveaux
transparence desdéfis de la sécurité
transactions intersectorielle
commerciales, assurer la qualité
baséedes une approche
surproduits et limiter nexus
l’activité
dedesmisespéculateurs. Les acteurs x
conditions logistiques supra-ministérielle
responsables du en œuvre
stockage et de la distribution
alimentaire doivent être formés et se plier, par la loi, à l’utilisation des plateformes dans
leurs transactions
Revoir les objectifs et le fonctionnement des chaînes de
valeurs stratégiques sous l'angle des nouveaux défis de Ministère de l’Agriculture x
Orientation 2.1 : Accès Autres Ministères
la sécurité alimentaire
Revoir les mécanismes actuels de protection sociale vers plus de flexibilité, un meilleur ciblage et davantage de pérennité
économique aux produits concernés +
afin d’aider les catégories vulnérables de la population à surmonter l'insécurité alimentaire et nutritionnelle organisations
alimentaires Améliorer la préparation et la conduite des
campagnes agricoles à travers la facilitation de l’accès La nouvelle structure professionnelles et
interprofessionelles x
Orientation 2.2 : Réduction Adopter un mode de gestion des opérateurs
de tous marchés
desles de gros
agriculteurs aux les responsabilise
quiintrants nécessaireset et incite à fournir
lesun des services
supra-ministérielle
du nombre d'intermédiaires contrats de concession
de qualité en mettant en place des accompagnement pluriannuels,
renforcé révisant le mode de rémunération des
sur le terrain
et des circuits informels intervenants basé actuellement sur les prélèvements sur le volume vendu
Adopter des techniques agronomiques mieux
adaptées aux changements climatiques et aux
Orientation 4.1 : Préservation systèmes
Revoir et adapter les textes du statut foncier pour de production
les alléger et introduire
et digitaliser les nouvelles
les procédures Ministère
relatives au transfert de l’Agriculture
des terres et x
des terres agricoles accorder des incitations fiscales adaptées technologies en renforçant leur utilisation par les Autres Ministères
Orientation 1.2 : Amélioration exploitants concernés +
Orientation 4.2 : de la production et de la organisations
les investissements Mettre
dans la gestion à jour
durable delalacarte agricole
biodiversité, de production
notamment dans l'aquaculture
en vue de qui est explicitement
Conservation de la
Accroîtreproductivités agricoles professionnelles
redéfinir les territoires agricoles, tirer un meilleur
liée aux pratiques terrestres ayant un impact sur les écosystèmes d'eau douce et marins côtiers profit de
biodiversité Ministère de l’Agriculture x
leurs potentialités, renforcer les chaînes de valeur
territoriales et valoriser les savoirs-faires locaux
Mettre en œuvre un plan d'amélioration des compétences transformatrices des acteurs du système alimentaire à l’échelle
Orientation 4.3 : Adaptation nationale, régionale et locale (structures publiques, privés et ONG) Autres Ministères
transformative aux chocs et Mieux exploiter les terres domaniales et le domaine
concernés +
aux changements forestier en fonction de leur vocation, moyennant des Ministère de l’Agriculture x
climatiques stockage des
Développer et planifier les capacités deincitations récoltes et le recours aux techniques adaptées de séchage ou du organisations
spécifiques pour leur valorisation durable
froid au niveau régional et local afin d’anticiper les pénuries liées aux impacts des changements climatiques professionnelles

Autres Ministères
Etudier et Mettre en œuvre un plan de contribution du Ministère de la Défense
Concernés,
désert
200   tunisien au plan de renforcement de la + la nouvelle structure x
notamment
  production agricole durable supra-Ministérielle
Agriculture et Energie
Réformer le mode de gouvernance des entreprises publiques (Offices) vers plus de responsabilisation dans leur
management (gestion basée sur les résultats) en substituant le monopole par un rôle de pilotage et de gestion des crises
Orientation 4.5 : Mise en
place d’un modèle de
gouvernance innovant pour Mettre en place une gouvernance alimentaire territoriale répondant aux objectifs spécifiques de la sécurité alimentaire
les structures publiques des territoires et aux critères de leur développement durable, mettant l’accent sur le réseautage et la collaboration à des
projets régionaux et locaux.
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

201  

177
 
INSTITUT Tunisien DES ETUDES STRATEGIQUES

Think tank Tunisien d’envergure par ses aires de recherches diversifiées,


l’ITES traite les questions stratégiques sur le devenir du pays dans leurs mul-
tiples dimensions. Instrument d’aide à la décision publique, il se positionne
de manière singulière au niveau national au cœur des enjeux politiques, éco-
nomiques et sociaux du pays.

Les travaux de l’Institut visent à mettre l’accent sur les politiques publiques
de demain afin de faciliter la prise de décisions en matière de réforme de fond
qu’appelle le processus démocratique dans lequel notre pays s’est engagé.

Espace de réflexion pluridisciplinaire, forum d’échange et de débat, l’ITES


tend vers une influence globale dédiée au développement, à la coopération
ainsi qu’à la promotion d’un engagement actif de la Tunisie sur la scène na-
tionale et internationale.
Le contenu de la publication n’engage pas la Fondation Konrad Adenauer
INSTITUT TUNISIEN DES ÉTUDES STRATÉGIQUES

Vous aimerez peut-être aussi