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L'Afrique du Nord : terre

d'histoire / Mohamed El
Maadi

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


El Maadi, Mohamed (1902-195.?). Auteur du texte. L'Afrique du
Nord : terre d'histoire / Mohamed El Maadi. 1944.

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MOHAMED EL MAADI

L'AFRIQUE DU NORD

FRANCE EMPIRE
L'AFRIQUE DU NORD
TERRE D'HISTOIRE

DL 03087 -4-5-44
Tous droits réservés pour tous pays.
EN PRÉPARATION :
L'ENFANT DU BLED, roman.
IL A ÉTÉ TIRÉ
DE CET OUVRAGE
500 EXEMPLAIRES
SUR PAPIER
SPÉCIAL NUMÉ-
ROTÉS DE 1 A 500
ET
10 EXEMPLAIRES
HORS COMMERCE
NUMÉROTÉS DE
IA X.
Mohamed EL MAADI

L'AFRIQUE
DU NORD

Terre d'histoire.

ÉDITIONS FRANCE-EMPIRE
110, boulevard Saint-Germain
PARIS - 6e
A mon Père, le Caïd Mahfoud EL MAADI,
Qui m'a appris à aimer et à défendre ma race.

In memoriam.
AVANT-PROPOS

FRAIRE connaître la vérité au plus grand


nombre, telle est l'ambition de ce petit
ouvrage de vulgarisation.
Les Arabo-Berbères qui occupèrent l'Es-
pagne et le midi de la France pendant des
siècles sont, sans contestation possible, à
l'origine de la civilisation européenne mo-
derne. S'ils surent se montrer généreux et
tolérants envers les peuples vaincus, aux-
quels ils enseignaient leur science en leur
laissant les biens, la religion, les lois et la
plupart des droits civiques, comme en témoigne
l'Histoire, leurs descendants, les mauvais
jours venus, ne rencontrèrent que haine,
contrainte et exploitation inhumaine, le tout
camouflé sous des fleurs, des mensonges et
des injures.
Les pages qui suivent provoqueront de
magnifiques homélies sur mon ingratitude
et renforceront dans certains coeurs la haine
nourrie à mon égard. Soldat et révolution-
naire, j'ai prévu le combat; je saurai défendre
le passé et l'avenir de ma race et par la même
occasion me défendre moi-même.
A l'encontre de nos détracteurs, je ne nourris
aucun vil sentiment; je veux simplement
faire connaître la vérité aux hommes de bonne
volonté pour tenter de sortir de l'abîme où
nous ont précipités le mauvais sort et la cupi-
dité.
On n'admet pas que je revendique l'éman-
cipation sociale de notre peuple, je le sais.
Ma volonté gêne considérablement, mais
l'Europe nouvelle exige des hommes et non
des serfs, il lui faut de la bravoure, des talents,
des cerveaux et non des jérémiades et de
brillants articles de journaux. De la bravoure,
nous en avons à revendre; quant aux talents
et aux cerveaux, qu'elle nous y aide : nous
reprendrons la place laissée vide par nos
ancêtres.
A leur exemple, nous saurons produire tous
les trésors de l'intelligence, disparus avec leur
puissance. Nous saurons être les dignes
descendants des sujets des Abderame et des
Almanzor. Un fanatisme aveugle et stupide
a voulu depuis des siècles détruire jusqu'au
souvenir d'un peuple contre lequel s'étaient
élevées les haines politiques et religieuses.
Ce peuple a survécu; cette vitalité seule,
devrait lui valoir le droit à l'envol vers la
dignité humaine aux côtés de l'Europe unie.
DE L'EURAFRIQUE

LORSQUE nous nous penchons sur un pla-


nisphère, l'immense Continent Africain,
que nous savons peu peuplé et quasiment
inexploité, nous apparaît comme le champ
d'expansion fatal de l'Europe.
Aucune loi, aucune force n'arrêteront ce
destin.
L'Histoire, comme les événements actuels
— qui s'achèveront par l'Unité Européenne
ardemment souhaitée par les hommes de
ma génération — le confirment.
Son exploitation rationnelle s'offre comme
un puissant dérivatif aux haines et aux
rivalités provoquées par l'étroitesse des
territoires européens.
Tous les hommes sensés, convaincus de
la nécessité d'une paix très longue, doivent
faire triompher ce principe. Vue dans son
ensemble, cette exploitation peut s'envisager
sous la forme d'une coopération des puis-
sances intéressées. On imagine parfaitement
un organisme européen permanent, décidant
des problèmes économiques, le Gouverne-
ment intérieur étant laissé aux autochtones
en ce qui concerne l'Afrique du Nord. Cette
formule révolutionnaire blessera certains
concepts bourgeois de la propriété, je le sais.
Je rappellerai à ceux que ma proposition
choquerait, qu'il ne s'agit pas de quelques
hectares, ni même de milliers, mais bien
d'un Continent plus grand que l'Europe et
plus riche qu'elle.
Ce Continent, aux richesses incalculables,
il faudra le conquérir mètre par mètre. Les
hommes — les Européens qui se sentent à
l'étroit sur leur vieux sol surpeuplé — auront
à déployer toutes leurs ressources physiques
et morales pour vaincre les savanes et les
forêts tropicales. Ils auront à fouiller les
terres vierges, à construire des routes, des
ports ; à dompter des fleuves géants, tel le
Congo.
Les vies qu'ils sacrifient aujourd'hui sur
les champs de bataille — parce qu'Israël
veut conserver pour son seul usage le bénéfice
des richesses naturelles — leur paraîtront
trop courtes, en comparaison du combat aussi
pacifique que gigantesque qu'ils livreront.
Avant-guerre et ce, parce que le monde
adorait le veau d'or des judéo-démocraties,
certains pays détruisaient des récoltes en-
tières, alors que d'autres souffraient terri-
blement de leur pénurie. Qui ne se rappelle
ces fameuses batailles :
Du caoutchouc, qui finit par la création
du Comité International de la Réglemen-
tation du Caoutchouc, limitant la plantation
de l'hévéa. Du blé, opposant ses producteurs
aux producteurs du riz. Du café du Brésil,
opposant ses planteurs aux planteurs
d'autres contrées. Du sucre de canne, dres-
sant ses planteurs contre ceux produisant le
sucre de betterave.
Quelques hommes — les judéo-anglais de
la City et ceux de Wall-Street — pour que
leur or immonde sue un autre or dégou-
linant de sang et de sueur, privaient le reste
des hommes de tout ce que Dieu, dans sa
bonté, a mis à notre disposition.
L'Afrique est quasi inexploitée, parce
qu'il fallait beaucoup d'argent à nos maîtres.
Ils enrôlèrent des nuées de prétendus éco-
nomistes pour nous convaincre, par la plume
et la parole, que leur malthusianisme était
nécessaire selon les circonstances, et surtout
les cours de la Bourse, soit à la prospérité
de la Métropole, soit à celle de la Colonie.
Le « bourrage de crânes » était savamment
orchestré et, pendant ce temps, des millions
de kilomètres carrés restaient en friche.
Ces temps sont révolus. L'Europe de
demain, cette Europe dont la jeunesse
ardente construit avec sa chair et avec son
sang l'ordre nouveau, organisera et exploi-
tera l'Afrique de telle sorte que chacun de
ses enfants soit bénéficiaire de richesses
immenses.
Tout y pousse. Tout y vit. Tout y gît en
cette Afrique.
Ce Continent offre l'universalité des ri-
chesses connues. Cela provient de ce qu'il
dispose de zones équidistantes de chaque
côté de l'Equateur ayant les mêmes carac-
téristiques végétales, animales et clima-
tiques. C'est ainsi que si nous prenons les
deux extrêmes : l'Afrique du Nord et
l'Afrique du Sud, nous constatons que
climats, produits agricoles et même cer-
taines matières premières : charbon, fer,
cuivre, plomb, manganèse, molybdène, phos-
phate, sel gemme, etc..., sont identiques.
Quand en Afrique du Nord la récolte
mûrit, en Afrique du Sud elle s'achève et
réciproquément. Cette ressemblance se pour-
suit même dans la pauvreté : le désert de Ka-
lahari correspond et ressemble au Sahara.
L'Afrique est une terre d'abondance. Si
l'Europe sait la mettre en valeur, non seule-
ment elle libérera son économie de la tutelle
des autres continents, mais elle trouvera le
terrain d'entente qui procurera aux nations
la composant des siècles de paix. J'invite
les hommes de bonne volonté, désirant
sincèrement la fin des guerres extermina-
trices profitables aux seuls capitalistes juifs,
de venir à nous et, de toutes leurs forces, nous
aider à bâtir cet avenir.
L'Afrique nous apparaît donc comme le
déversoir et le réservoir de l'Europe sur-
peuplée. Mais, hormis les pays côtiers, c'est
une terre redoutable à l'Européen. Dans
l'état où elle se trouve actuellement, il lui
sera difficile, sinon impossible, de s'y ins-
taller définitivement. Il devra l'aménager,
l'assainir.
Il lui faudra livrer un formidable combat
contre son sol au riche humus, exhalant des
émanations mortelles. Toutes les forces
naturelles se ligueront contre lui pour
empêcher la conquête.
Un seul blanc est capable de s'enfoncer
dans l'humide et chaude forêt équatoriale ;
lui seul pourra défricher et préparer cette
terre à la culture et à l'industrie européenne.
Cet homme, c'est le Musulman Nord-Afri-
cain. Cet Arabo-Berbère, dont tant d'écri-
vains, de journalistes et de conférenciers ont
écrit et parlé à tort et à travers, sans jamais
le camper exactement ; cet homme, que cha-
cun de vous connaît tout au moins physi¬
quement pour l'avoir vu sous l'uniforme
du tirailleur ou sous le bleu de l'ouvrier ;
cet homme, méconnu et asservi par les lois
inexorables d'un destin marâtre, formera,
qu'on le veuille ou non, l'avant-garde de la
pénétration européenne en Afrique. Lui
seul est physiologiquement conformé pour
affronter avec succès les sylves équatoriales.
Cet homme, il est temps de le préparer à
sa tâche de pionnier. Il est temps de le sortir
du quasi-asservissement auquel l'a réduit
la colonisation judéo-maçonnique.
Le but de ces lignes est d'appeler l'atten-
tion sur l'Afrique du Nord.
Cette Afrique du Nord douloureuse, qui
a donné et donne chaque jour une magni-
fique preuve de loyalisme, souffre d'erreurs,
de fausses manoeuvres administratives et de
dénis de justice. Elle n'a pas trouvé chez la
plupart des chefs qui lui ont été délégués,
l'affection, le dévouement et le souci de
justice qu'elle est en droit d'attendre.
Nul ne peut soutenir que les PEYROUTON,
NOGUÈS, BOISSON aiment réellement les pays
confiés à leur tutelle. Pas plus que leurs
chefs de file en trahison, les DE GAULLE,
GIRAUD, ils n'aiment l'Europe ni la Berbérie,
puisqu'ils se mettent à la solde des Etats-
Unis d'Amérique dont ils favorisent la
boulimie impérialiste.
Cette mutation, due à la trahison, n'est
que momentanée ; l'Afrique du Nord et
toute l'Afrique rentreront dans le giron
européen. La trahison — non seulement de
certains chefs militaires — mais celle de
fonctionnaires et de la plus grande partie
de la population européenne pose le pro-
blème du châtiment et de leur rempla-
cement. Les populations Nord-Africaines
Musulmanes devront contribuer dans une
très large part à cette relève et obtenir un
statut équitable qui les fasse participer effec-
tivement à l'administration de leur terre
natale.
LE PAYS DE L'ATLAS
TRAITS GÉNÉRAUX

AVANT d'évoquer l'histoire de l'Afrique du


Nord, et la longue série de guerres et
d'invasions qui ont changé maintes fois
la face du pays, j'esquisserai rapidement
sa physionomie :
Depuis le golfe des Syrtes à l'Est jusqu'au
cap Noun à l'Ouest, court une longue chaîne
de montagnes : l'Atlas.
Atlas était un héros de l'Antiquité, sup-
portant le ciel. Géant d'un autre âge, la
Mythologie nous le représente les épaules
couvertes d'un manteau de neige, la tête
ceinte de nuages éternellement battus par
la tempête ; ses membres s'étendaient au
loin en chaînes de montagnes. De sa barbe
immense, s'échappaient des torrents mugis-
sants ; ses flancs étaient impénétrables ; tout
y était horreur et mystère ; là finissait le
monde.
La région de l'Atlas, entre la Méditer-
ranée, l'Atlantique, le Sahara, le désert de
Barca et l'échancrure des Syrtes, présente
l'aspect d'une île gigantesque. Elle est courue
de l'Ouest à l'Est par une chaîne de mon-
tagnes, dont le point culminant (4.400 m.)
ressemble à une colonne isolée qui paraît
soutenir le ciel. Cela lui valut dans l'an-
tiquité sa personnification mythologique.
Cette vaste chaîne se trouve intimement
liée au système géologique européen. Il est
démontré que le cap Blanc et la Sicile sont
reliés par plusieurs récifs, tandis que des
sondages exécutés dans le détroit de Gibral-
tar ont fait constater que les chaînes de
l'Atlas se rattachaient par toute leur struc-
ture à celles de la péninsule ibérique.
Il est permis d'avancer que dans les âges
anté-historiques, l'Europe et l'Afrique for-
maient un seul continent.
C'est à l'Est de Marrakech et au Sud-Est
de Fez que l'Atlas atteint sa plus grande
hauteur ; puis, à mesure qu'il avance vers
l'Est, il va s'abaissant. En Algérie, il court
parallèlement à la côte, la traversant dans
toute sa longueur, pour s'épanouir à son
point culminant en une vaste chaîne dont
la masse imposante qui sépare l'Algérie
du Sahara, la protège contre les vents du
désert.
Au Nord, au delà des plateaux adossés à
ce rempart, le moyen Atlas s'étend paral-
lèlement à l'autre d'Est en Ouest, en suivant
le littoral. Cette chaîne est elle-même le
point de départ d'une multitude de rami-
fications se rattachant au Sud à la
grande ligne du Sahara ou s'avancant au
Nord abruptement vers la Méditerranée,
quelquefois jusqu'à la côte.
Là où l'écartement des montagnes laisse
de grands intervalles, se développent de
fraîches vallées et de vastes plaines d'une
fécondité et d'une richesse inouïes. Les
peuples anciens représentaient l'Afrique sous
l'emblème d'une femme couronnée d'épis,
ombragée de touffes de palmiers, tenant à
la main une corne d'abondance ceinte de
grappes de raisin.
En parcourant le pays, on comprend que
cet emblème de fertilité n'était pas exagéré.
Sa spontanéité de production étonne... Les
céréales, les plantes fourragères, les farineux,
les plantes industrielles s'y développent pro-
digieusement. Les arbres, les végétaux des
autres parties du monde s'y naturalisent et
s'y propagent presque sans soins spéciaux.
Des végétations distinctes se rencontrent
souvent en contact, frappant par leur oppo-
sition.
Sur le sommet des hautes collines
croissent le noyer, le cerisier, l'orme, le
frêne, le sureau ; au-dessous, poussent spon-
tanément le figuier, le pistachier, le jujubier,
le caroubier dont le vert est relevé par les
fleurs brillantes du laurier-rose.
La vigne vierge lie les lentisques ; à leur
ombre fleurissent l'acanthe, l'angélique, l'as-
phodèle, les iris, le lupin jaune. Les ronces
et le lierre prennent d'assaut les vieux troncs,
mêlés aux cactus, aux grenadiers et aux
rosiers sauvages. Les myrtes, les garons, les
genêts, la lavande imprègnent l'air de leurs
parfums grisants.
Terre d'abondance, la Berbérie peut nour-
rir toutes les plantes : canne à sucre, indigo,
coton, riz, chanvre, lin, mûrier.
Tout y pousse, tout y croît.
La terre entière s'offre à la fécondation de
l'homme pour son plus grand bénéfice.
Chacun connaît les vins d'Afrique du Nord,
quelques crus égalent les meilleurs de
France et sont devenus — à leur instar —
célèbres.
Chacun connaît nos dattes, nos figues,
notre huile d'olives, « liqueur d'or » aux
vertus innombrables. Les marchés métro-
politains se garnissaient et se garniront
encore de nos primeurs et de nos fruits.
Les ressources de l'Afrique du Nord sont
multiples. Les côtes y sont très poisson-
neuses et les Romains, bons connaisseurs,
faisaient le plus grand cas des poissons de
la côte africaine qu'ils préféraient à ceux de
l'Europe.
On nous a rebattu les oreilles avec le
fameux déboisement. Cela probablement
pour justifier les exactions de la chiourme
des Eaux et Forêts. C'est un mensonge. Le
grand comme le moyen Atlas sont couverts
de forêts. Diverses espèces de pins, de cèdres,
de chênes-lièges, de chênes verts et la
plupart des essences européennes y poussent.
La faune est composée de peu d'animaux
malfaisants : on y rencontre l'hyène, la
panthère, le chacal et la sauvagine d'Europe,
et quelquefois encore un lion dans l'anti-
Atlas. Les reptiles sont représentés par
différentes espèces venimeuses, mais toutes
se cantonnent dans le Sahara. Les animaux
domestiques sont les mêmes que ceux de
France. Si certaines espèces sont petites
et assez peu productrices, il est aisé de les
améliorer par des croisements judicieux. A
ces animaux, il faut ajouter le chameau qui
rend les services les plus précieux.
Les Romains avaient décelé les richesses
du sous-sol nord-africain et les exploitaient.
Pline affirmait qu'il existait de l'or et des
diamants ? Aujourd'hui, il est prouvé que le
sous-sol recèle des phosphates, de la houille,
du pétrole, du plomb, du zinc, du cuivre,
de l'antimoine du lignite, du soufre, de la
potasse, de l'arsenic, du mercure, du fer, etc...
CLIMAT

L'AFRIQUE du Nord est comprise dans la


zone méditerranéenne. Mais, elle a une
façade à l'Ouest sur l'Atlantique et une
façade au Sud sur le Sahara ; l'une et l'autre
contribuent à modifier son climat.
D'autre part, les influences méditerra-
néennes sont arrêtées au passage par les
montagnes et ne pénètrent pas convenable-
ment à l'intérieur. Aussi constate-t-on des
variations de température de plus en plus
élevées au fur et à mesure que l'on s'avance
vers l'intérieur.
La pluviosité varie du Nord au Sud
comme d'Est en Ouest ; supérieure à
400 m/m sur la bande littorale, elle descend
au-dessous de 400 m/m sur les hauts pla-
teaux et au Sud de la dorsale tunisienne,
pour descendre dans le Sahara, au-dessous
de 200 m/m. S'il existe de nombreuses
sources et beaucoup de nappes d'eau sou-
terraines, par contre, les fleuves et rivières
du Moghreb sont, pour la plupart, irrégu-
liers et non navigables. Leur caractère
méditerranéen s'atténue cependant quelque
peu dans le Maroc atlantique.
L'Afrique du Nord, quoique très diverse,
par ses paysages et par le degré de déve-
loppement économique auquel ont atteint
ses différentes régions, a néanmoins son
unité. Cette large et courte presqu'île, ayant
la forme d'un rectangle très allongé, appa-
raît par son relief et son climat plus voi-
sine de l'Europe, dont la sépare la Méditer-
ranée, que des autres régions africaines, dont
l'isole le Sahara.
HISTOIRE
LES ORIGINES

TOUT ce qui se rapporte aux peuples


primitifs de l'Afrique ressortit du
domaine de la Fable. Chronologistes et
géographes s'en donnèrent à coeur joie.
La plupart ont recouru aux hypothèses et
aux contes fabuleux. Si Homère, Strabon,
Hérodote, nous ont transmis certains docu-
ments que le temps a justifiés, Pomponius,
Mella, Pline et beaucoup d'autres donnèrent
leurs rêveries pour d'incontestables vérités.
Les peuplés primitifs évoqués par eux ne
sont que des monstres physiques ou mo-
raux. Ainsi, par exemple :
Les Atlantes, qui commençaient leur jour-
née et la finissaient par des blasphèmes
contre le soleil.
Les Lotophages, dont les fruits de lotus
étaient la seule nourriture et la seule boisson.
Les Troglodytes, qui sifflaient au lieu de
parler, et se nourrissaient de reptiles.
Les Psylles.
Les Nasamons.
Les Garamantes, parmi lesquels existait
la communauté des femmes. Un père n'adop-
tait son fils que s'il lui ressemblait.
Ces tribus offraient une incroyable facilité
de moeurs. Les femmes portaient autour
des jambes autant de bandes de cuir qu'elles
avaient eu d'amants ; celles qui en portaient
le plus étaient les plus considérées, comme
ayant été les plus recherchées.
Les Oegypans, moitié hommes et moitié
bêtes.
Les Blemmyers, hommes sans tête et
portant leur visage sur la poitrine.
Les Hymamtopodes, qui rampaient à la
façon des serpents.
Les Augiles, qui renversaient toutes les
lois de la pudeur.
Les Jambuliens, géants dont la charpente
osseuse du corps se pliait et se redressait à
volonté et qui, par une extraordinaire con-
formation de leur langue fendue dans sa
longueur et double jusqu'à la racine, pou-
vaient parler en même temps à deux per-
sonnes différentes de sujets divers, sans les
confondre.
Ces allégations de poètes ne fournissent
pas d'indications utiles ; je les cite à titre
de curiosité pour montrer combien l'Afrique
Septentrionale a excité la curiosité dès les
premiers âges. Abandonnant l'hypothèse
de Berlioux qui veut que les eaux de la
Méditerranée aient pénétré dans le Sahara
et que les Atlantes aient construit sur ces
rivages des ports très actifs dont les flottes
rayonnaient non seulement sur les points
connus de l'Europe, mais même en Amérique,
nous adopterons la thèse de V. Tissot plus
vraisemblable :
Deux groupes humains, à l'époque la plus
reculée, peuplaient le massif atlantique ;
l'un, remontant le Sahara vers le Nord,
l'autre, descendant de l'Europe méridionale
vers le Sud. Tel apparaît le fond primitif
de la race berbère.
Dès ce moment, on retrouve les deux
éléments ethniques de l'anthropologie nord-
africaine : une race brune européenne et
une race brune saharienne, profondément
distincte de la race noire. A ce fond, s'ajou-
tèrent des hommes blonds venus du Nord
de l'Europe, et des Ibères. La date de l'in-
vasion de la Race Blonde doit être antérieure
à la XIXe dynastie égyptienne, car, jusque-
là, les Nord-Africains étaient uniquement
représentés sur les monuments égyptiens
par des hommes bruns. A partir de cette
époque, on voit figurer parmi eux des
hommes blonds,
La race blonde prit dans la Berberie une
importance considérable. Aujourd'hui encore
on rencontre de nombreux types de blonds
en Tunisie, en Algérie et au Maroc...
Dans les hautes régions de l'Atlas, des
tribus entières sont exclusivement blondes.
L'invasion des Ibères se place vers la même
époque. Le fait capital à retenir est que,
seuls, les habitants du versant septentrional
de l'Atlas se mélangèrent aux nouveaux
arrivants qui se modifièrent peu à peu à
leur contact, tandis que ceux du versant
méridional sont restés inchangés jusqu'à
nos jours.
Parmi les peuples du versant septentrio-
nal, on doit ranger de l'Est à l'Ouest : les
Lybiens, les Numides, les Maures. Les
peuples du versant méridional ont reçu
le nom de Getules et donnèrent naissance
aux Berbères-Zénètes et Sanhadja, ainsi
qu'aux diverses peuplades Touareg. L'in-
fluence des Égyptiens sur la population de
la Berbérie paraît avoir été considérable.
Les Lybiens avaient une civilisation, une
industrie et des rois héréditaires. Les Mau-
retaniens, à la même époque, semblaient
aussi avancés. Là sont les seules données
certaines sur les habitants de l'Afrique du
Nord. Il serait imprudent de mettre des
noms ethniques sur les divers types que
l'on croit pouvoir fixer sans tomber dans
la fable mythologique. Quant aux monu-
ments mégalithiques et aux inscriptions
rupestres, il est plus imprudent encore d'en
tirer des conclusions. N'oublions pas que
Rohlfs a trouvé dans le Sahara, parmi
d'autres dessins gravés, un bateau à vapeur.
LES CANANÉENS

Il est vraisemblable que, dès le XIVe siècle


Jésus-Christ, première colonie
avant une
sidonienne s'établit sur les côtes de
l'Afrique du Nord. Selon la légende, Ched-
dad, fils de Saddid, fils de Baal, premier roi
des Géants chez les Himyarites, adoré par
la suite comme un dieu, fut le premier
conquérant de l'Afrique du Nord. D'après
d'autres légendes, le premier conquérant
serait un successeur de Cheddad nommé
Doul Kournein.
D'autres traditions indiquent comme père
de la race, Afrikis, que les uns donnent pour
fils de Kronos et d'autres, d'Hercule. Les
historiens arabes prétendent Afrikis, un
prince de la dynastie des Tobba, rois de
l'Yémen. Celui-ci aurait amené à sa suite
les Kétema et les Sanhadja qui se fondirent
avec les autochtones.
En tout cas, les nouveaux venus, naviga-
teurs hardis, n'eurent, contrairement à la
tradition, aucune influence sérieuse sur la
population nord-africaine ; ils ne firent
aucune tentative de pénétration et se con-
tentèrent de demeurer sur les côtes en face
des Lybiens à qui ils donnèrent leur religion :
Baal détrôna Amon, dieu des Éthiopiens.
Les principaux comptoirs furent long-
temps Leptis, Oea (Tripoli) et Sabrata.
Ce n'est que bien plus tard — vers le
VIIIe siècle
— qu'ils s'établirent sur la côte
magnifique. La ville que les nouveaux venus
fondèrent alors devait devenir la capitale des
possessions puniques et, plus tard, celle du
monde romain d'Afrique. Ce fut Carthage.
La ville s'agrandit rapidement, ses marins
sillonnèrent bientôt la Méditerranée, vers
l'Occident, Djidjelli, Bougie, Tenes, Cher-
chell et au delà de Gibraltar, Tingis (Tanger)
naissent et prospèrent.
Malgré la prospérité commerciale de la
ville pendant les Ve et VIe siècles, malgré la
richesse de la Zeugitane qui produisait
abondamment des céréales, des fruits, des
vins, des bois de construction ou de luxe,
de l'huile, quand Annibal eut propagé la
culture en grand de l'olivier et ses deux
cents cités florissantes, elle n'eut aucune
influence sur les populations indigènes qui
frémissaient sous le joug que prétendait leur
imposer cette race mercantile et sans vertus
guerrières.
Carthage ne fut jamais qu'un comptoir
de marchands étrangers au milieu des indi-
gènes. Les Carthaginois, n'ayant pu les
déposséder, se contentèrent, tout en traitant
avec eux, de leur imposer, grâce à leur armée
de mercenaires, une espèce de vassalité.
Seuls, les habitants de la Zeugitane étaient
réduits à l'état de sujets, strictement sur-
veillés. Le paysan payait de lourds impôts
et cultivait la terre sous la trique, au profit
des grands propriétaires carthaginois qui
prélevaient un quart de la récolte.
Aussi, à chacune des difficultés de Car-
thage, ne manquaient-ils pas de provoquer
des soulèvements. Au IIIe siècle, après la
première guerre punique, les mercenaires
se soulevèrent contre leurs maîtres et s'alliè-
rent aux autochtones. Le général carthaginois
chargé de réduire la sédition ne put le faire
que grâce à l'apport de la cavalerie Ly-
bienne.
Aucune trace n'est restée des établisse-
ments carthaginois. De Carthage, la riche
Carthage elle-même, il ne reste qu'une
épaisse couche de cendres, parmi lesquelles
on retrouve quelques pièces d'architecture,
quelques figurines. On reconnaît encore les
quais et l'emplacement des ports qui connu-
rent la cohue des navires ; mais partout la
ville romaine disparue à son tour a pris la
place de la Carthage phénicienne.
LES GRECS

L'HISTOIRE de leurs premières colonies


sur les côtes d'Afrique est très impré-
cise jusqu'au VIIe siècle. A partir de
cette époque, les textes nous apprennent
que les Grecs remplacèrent les Phéniciens
dans leurs principaux comptoirs. Cyrène fut
fondée par eux. La Tripolitaine doit receler
des documents du plus haut intérêt sur
cette civilisation particulière.
LES PREMIERS CONQUÉRANTS

A Numidie comprenait alors la Massylie,


région montagneusedu Constantinois et le
centre Tunisien, et la Massésylie, qui s'éten-
dait jusqu'à la Molocath (aujourd'hui Mou-
louya).
Les premiers rois de Massylie à men-
tionner sont :
Navase — 238 — qui se bat dans la guerre
des Mercenaires.
Gula — 225-207 — son fils, qui sera lui-
même le père de Massinissa.
Les premiers rois de Massésylie sont :
Syphax — 225-203.
Vermina, son fils.
Bokka régnait en 206 en Maurétanie.
A la fin du IIIe siècle Gula bat Syphax,
s'empare de la Massésylie et règne sur un
immense territoire qui s'étend des portes de
Carthage à la Moulouya.
En 207, Syphax reconquiert ses Etats.
Gula meurt. Son fils Massinissa ne s'em-
pare du pouvoir que plus tard. Dès lors, il
se trouve face à face avec Syphax. Romains
et Carthaginois se disputeront leur alliance.
Asdrubal gagne Syphax en lui promettant
la main de sa fille Sophonisbe, déjà fiancée
à Massinissa. La rivalité des deux rois s'en
avive. Ce dernier est vaincu et s'enfuit au
pays des Garamantes. Syphax réunit toute la
Numidie sous sa domination et s'installe à
Cirta.
Au cours de la deuxième guerre punique
(203) Massinissa soutient Scipion contre
Annibal. Les Carthaginois sont défaits à
Zama. Massinissa défait Syphax et s'empare
de Cirta. En récompense, les Romains lui
laissent la possession de la Numidie entière,
lui permettant ainsi de devenir le maître de
l'Afrique du Nord.
Massinissa, tout en restant le premier
cavalier de son royaume, s'entoure de tous
les raffinements des civilisations romaine et
grecque et rivalise de luxe avec les puissants
généraux, ses alliés ou ses rivaux. Carthage
l'attire. En 193, il pousse jusqu'à Gabès,
soumet les tribus tripolitaines et, grâce à
ces opérations, devient le maître incontesté
du Sud et du Centre Tunisien. Il s'attache
alors aux oeuvres de paix. De toutes les
tribus, il fera une nation unie qu'il fixe au
sol, en faisant de riches agriculteurs.
Au milieu du IIe siècle, Carthage décide
de le combattre. On vit alors le vieux mo-
narque — il avait quatre-vingt-huit ans —
charger à la tête de ses cavaliers. La guerre
se termina par la victoire de Massinissa ; il
mourut quelque temps après, sans avoir eu
la joie de voir la destruction de Carthage
après la troisième guerre punique.
Tous les regards se tournent uniquement
vers cette Carthage punique. Ce qui y a été
découvert résume, pour la plupart des his-
toriens, tout l'intérêt que présentait l'Afrique
à cette époque.
Cependant, la vie propre du pays n'était
nullement celle représentée par cette ville
isolée, entrepôt de riches marchands, mais
bien par la population de l'intérieur qui était
nombreuse et organisée. Les Carthaginois
disparaîtront sans laisser de traces. Par
contre, les Numides prendront une place de
plus en plus grande dans l'histoire.
LE ROYAUME DE NUMIDIE
ET LA CONQUÊTE ROMAINE

TOUTE une littérature plus ou moins par-


tiale, plus ou moins bien informée, plus
ou moins vénale, a montré les peuples Nord-
Africains sous le jour de tribus pillardes,
pauvres matériellement et moralement, dé-
nuées de tout sens national ; juste dignes
d'être colonisées. Cette littérature se conçoit :
les conquérants, pour justifier leurs con-
quêtes et faire admettre leurs dépenses
matérielles et humaines, ont intérêt, — s'ils
veulent obtenir le consentement de leur
peuple, — à noircir les conquis.
C'est ainsi qu'au cours des siècles, nous
fûmes un peuple de brigands. La réalité est
autre, car même dans les écrits partiaux,
malgré la volonté de leurs auteurs, la vérité
transparaît, faisant convenir que sur
l'Afrique du Nord pèse une terrible fatalité :
sa situation géographique et la richesse de
son sol.
Toutes ces guerres qui finissaient par un
asservissement momentané, elle les doit,
non à l'amour des hommes, non à leur
désintéressement, non à l'amour de la civi-
lisation qu'ils représentaient et pour laquelle
ils sacrifiaient leur vie, mais, plus prosaïque-
ment, à leur esprit de lucre et de rapine.
La colonisation de l'Afrique du Nord par
un peuple étranger ne peut s'expliquer que
par l'appât du gain. A considérer objec-
tivement l'Histoire, les pillards et les bri-
gands ne furent jamais les autochtones ; au
contraire, dans les longues luttes qu'ils
soutinrent au cours de leur histoire pour
conserver l'indépendance, ils se montrent à
nous sous l'image d'authentiques héros.
On nous a fait croire qu'il n'y eut jamais
d'Unité politique. Erreur, profonde erreur.
L'histoire du peuple numide n'est nullement
négligeable et n'est pas du tout celle d'un
conglomérat de tribus arriérées. Il y eut
des princes puissants dont les armées tinrent
en échec Carthage et Rome.
LA CONQUÊTE ROMAINE

APRÈS la disparition de Carthage, la puis-


sance des rois numides va augmentant
pendant toute la fin du IIe siècle. Maures et
Numides seront les redoutables rivaux de
Rome qui les tient dans une vassalité toute
nominale.
Micipsa succède à son père Massinissa et
s'applique à continuer son oeuvre dans
l'immense Empire qui s'étendait des Syrtes
à la Moulouya. A sa mort, le pays est par-
tagé entre ses fils Adherbal, Hiempsal et
Jugurtha. La lutte que soutient ce dernier
contre Rome le fait apparaître comme un
des plus grands princes de cette époque.
Avec son empire, nous nous trouvons devant
le premier des grands Empires Indigènes
qui s'élèveront en Afrique au cours des
siècles.
Il faut souligner que les Carthaginois n'ont
jamais exercé leur domination sur la Numi-
die et si les Romains possédèrent réellement
le pays, ce ne fut qu'à la suite de très longs
et coûteux efforts. A la fin du IIe siècle, ils
s'étaient cantonnés à l'Utique. La Zeugitane,
riche hinterland agricole de ce port, n'était
qu'une enclave dans le Royaume Numide.
Aussi, dès le Ier siècle, sentent-ils la néces-
sité de conquérir la Numidie. C'est l'origine
des fameuses entreprises contre Jugurtha
que Salluste nous conserva. Après des années
de succès et de revers — souvent dus à la
trahison — Jugurtha tombe entre les mains
des Romains en 104 ; ils le laisseront mourir
de faim dans un cachot.
Malgré le morcellement de l'empire de
Jugurtha, le royaume de Numidie ne dispa-
raîtra pas et ses rois tiendront une grande
place dans les discordes qui règneront entre
les généraux romains. Ils prendront parti,
les uns pour César, Sylla, Octave... Les autres
pour Pompée, Marius, Antoine.
En 40 avant J.-C., Bogud II, roi de la
Maurétanie Tingitane, est vaincu par Bok-
kus III, roi de Numidie, qui reçoit le com-
mandement de tous les pays de l'Ouest et
règne désormais sur l'Afrique indigène avec
Cherchell pour capitale. Dès lors, les princes
indigènes élevés à Rome gouverneront ces
pays pour le compte de Rome.
L'APOGÉE ROMAINE

A belle époque de la domination romaine


s'étend sur les trois premiers siècles de
l'ère chrétienne. Il serait superflu d'insister
sur la prospérité qu'atteignit la province
romaine d'Afrique. Les ruines innombrables
et grandioses qui couvrent le pays en témoi-
gnent. Tous les habitants de la Byzacène, de
la Numidie et du Tell des Maurétanies se
plient peu à peu à la vie agricole dans les
plaines, comme dans les montagnes. Le
nomadisme ne. subsiste plus qu'aux confins
du désert.
Les Numides adoptèrent les dieux romains,
dont le culte ne froissait aucune de leurs
croyances. Ils devinrent chrétiens. Puis, au
VIe siècle revinrent à leurs dieux natio-
naux : Siniferne, dieu de la guerre ; Masti¬
man, avide de victimes humaines. En outre,
quelques tribus conservaient la religion juive
importée par les nombreux juifs venus de
la Cyrénaïque à partir du IIe siècle.
Les Numides et les Maures parlaient un
langage qui leur était particulier. Non seule-
ment leur langue était parlée, mais s'écrivait;
leur système d'écriture qui leur appartenait
en propre ne se retrouve dans aucune
autre langue : c'est l'alphabet libyque. Cette
langue est encore parlée de nos jours dans
le désert sous le nom de Tamatchek et, en
Algérie, en Tunisie et au Maroc, sous les
noms de Chelha, Chaouia, Kebaïlya, Tifi-
nagh, etc., etc.
Au cours des IIe et IIIe siècles, les Numides
devinrent de riches agriculteurs, vivant de
la vie romaine, donnant des généraux, des
artistes, des hommes d'Etat et même des
empereurs à Rome.
LA FIN DE L'EMPIRE

VERS la fin du IIIe siècle, à la faveur des


troubles romains, l'agitation gagne de
proche en proche les montagnes de Numidie.
A l'Est, Aradion soulève les tribus les moins
latinisées, et étend la révolte jusqu'aux portes
de Carthage. En 188, la situation fut jugée
si grave que Maximilien en personne vint
se mettre à la tête des forces romaines.
L'Afrique romaine, comme Rome, allait
sombrer dans le désordre.
A partir du IVe siècle, la civilisation
romaine disparaît peu à peu. A l'anarchie
politique s'ajoute la guerre religieuse. Les
Berbères avaient adopté le christianisme,
mais bientôt le signal de l'hérésie est donné.
On voit d'abord celle des donatistes, parti-
sans de l'évêque de l'Aurès, Donat. Ce
mouvement, provoqué par une question de
personne et non par le dogme, s'augmente
bientôt des Circoncellions, bandes d'esclaves
qui prêchaient l'égalité parmi les hommes en
massacrant tous ceux qui leur tombaient
sous la main. Vers la même époque, naquit
en Cyrénaïque le schisme d'Arius, lequel
mettait le dogme en cause. Arius s'était
séparé de l'Eglise Orthodoxe par suite de
divergences de vues relatives à la Trinité.
La révolte des Donatistes prit rapidement
l'allure d'un soulèvement général. Sous les
ordres de Firmus, des légions entières se
joignirent aux rebelles. Pendant ce temps,
les Maures se soulevaient à l'Ouest. Yol-
Césarée fut brûlée et Firmus proclamé roi.
A sa mort, son frère Gildon se mit à la tête
des insoumis. L'insurrection montagnarde
prit les proportions catastrophiques, qui
précipita la fin de la domination romaine.
LES VANDALES

Au début du Ve siècle, l'Afrique Romaine,


comme l'Empire d'Occident, est en
pleine décadence. C'est alors que les Van-
dales, sous les ordres de Genseric, débar-
quent. Bien accueillis par les indigènes, leur
marche sur Carthage est facilitée. Séduits
par la riche métropole qu'était encore Car-
thage, ils se contentent d'en raser les murs
conservant telles quelles toutes les insti-
tutions.
Si Genseric persécute les chrétiens ortho-
doxes, il conserve à la tête des provinces les
gouverneurs africains. Son règne, de près
d'un demi-siècle, fut brillant ; mais ses
successeurs ne surent pas maintenir leur
puissance militaire.
Ils se laissèrent aller de plus en plus
aux charmes de la vie romaine, tandis que
les autochtones recouvraient peu à peu
leurs vertus guerrières. Antalas, chef des
Frexes, lutta longtemps contre eux et,
finalement, les battit. Après une occupation
d'un siècle, les Vandales s'inclinent devant
les Byzantins.
LES BYZANTINS

LES Byzantins s'emparèrent de l'Afrique


sans coup férir. En 581, Bélisaire, leur
général, n'eut qu'à se présenter; les Van-
dales rapidement dispersés se fondirent
dans le pays. La politique suivie vis-à-vis
des Berbères par Byzance fut déplorable.
Les soulèvements succédèrent aux soulève-
ments. L'Afrique ne connut plus ni paix,
ni prospérité.
Le poète Corippe trace un triste tableau
de ces temps troubles : « L'Afrique, dit-il,
menacée d'un grand péril, penchait vers sa
ruine. La haine et la fureur s'étaient allu-
mées au coeur des guerriers barbares. Ren-
dus audacieux par le succès de leurs ruses,
des combats qu'ils livrèrent, de leurs dévas-
tations ; fiers du courage de leurs guerriers,
ils portaient la flamme parmi les maisons
de cette terre livrée à leur pillage et de
toutes parts amenaient des Africains, les
réduisant à la captivité. »
« La troisième partie du monde, l'Afrique
entière, périssait au milieu des flammes et
de la fumée des incendies. »
Au VIIe siècle, les indigènes avaient par-
tout recouvré leur indépendance.
« Les Berbères, dans les campagnes, dit
Ibn-Khaldoun, forts par leur nombre et
leurs ressources, obéissaient à des rois, des
chefs, des princes et des émirs ; ils y vivaient
à l'abri des insultes et loin des atteintes que
la vengeance et la tyrannie des Romains et
des Francs auraient pu leur faire subir. »
LES ARABES

EN 644, Adballah ben Saad, Gouverneur


de l'Égypte, obtint du Khalife Oth-
mane de marcher sur l'Ifrikya, gouvernée par
le patrice Grégoire. Ce ne fut qu'une ran-
donnée fructueuse après laquelle les Arabes
rentrèrent en Égypte. Pendant une ving-
taine d'années les événements orientaux
détournent leur attention de la Berberie.
En 665, Maawia ben Hodeidj marche
contre l'Ifrikya et anéantit les Byzantins.
Le célèbre Okba, nommé gouverneur du
pays, fonde Kairouan (669). Son successeur
s'avance jusqu'à Tlemcen.
Redevenu gouverneur de la province
d'Afrique en 682, Okba répand l'Islamisme
jusqu'au Maroc. C'est au retour de cette
expédition qu'il est surpris et tué.
Les Berbères réagirent sous les ordres de
Koceïla et de l'intrépide Kahena ; cette
dernière, après quelques années de guerre
heureuse, perdit la vie dans une rencontre
avec l'armée de Hassan ben Noman (693),
nouveau gouverneur d'Égypte qui s'empare
de Carthage et constitue le gouvernement
du Moghreb.
Ce gouvernement devint indépendant en
passant aux mains de Moussa ben Nocéir.
Aidé par les indigènes, ce général prit
Sidjilmassa aux confins du désert et attei-
gnit Ceuta, dont il confia le commandement
au Berbère Tarik, lui laissant 27 Arabes
pour catéchiser les autochtones. Tarik pé-
nètre en Espagne en 711, anéantit les Goths
dans la bataille de Guadalète, puis s'empare
de Cordoue, Grenade, etc., etc.
A son tour, Moussa passe en Espagne
avec une armée comprenant 10.000 Arabes
et 8.000 Berbères. Désormais, Arabes et
Berbères, intimement alliés, étendent la
conquête musulmane jusqu'au nord des
Pyrénées et envahissent la Gaule. Arrêtés
à Poitiers (732), ils se cantonnent dans la
Septimanie. Obeidallah, gouverneur d'A-
frique, envoya de son côté vers l'intérieur
des expéditions qui répandirent l'Islam chez
les Touareg et laissèrent un gouverneur
arabe dans le Souss.
Le jeune prince Ommiade Abderahmane
ben Merouane, échappé par miracle au
massacre de sa famille par les Abassides,
réussit à passer en Espagne à la tête d'une
armée de Berbères zénètes, s'empare du
pouvoir et fonde le Kalifat de Cordoue.
En 756, les Ommiades d'Espagne se sépa-
rent des Abassides. Le Moghreb à son tour
se soustrait à la suzeraineté de l'Orient
d'abord et de l'Espagne ensuite.
LES DYNASTIES
ARABO-BERBÈRES

EN 807, Edris ben Edris, descendant d'Ali,


fonde la ville de Fez, étend son influence
jusqu'à l'Est de Tlemcen et conclut une
alliance avec el Hakem, Kalife de Cordoue.
Vers la même époque, Ibrahim ben Aghlab,
gouverneur de Kairouan, devient indépen-
dant, et fonde la dynastie des Aghlabites (909).
Ses successeurs s'emparent de la Sicile et
de Malte (837), pénètrent en Italie et même
en France où ils installent comme base
d'opérations, pour le Dauphiné, la Savoie,
la Suisse et le Piémont, la forteresse de
Fraxinet (La Garde-Freinet, dans le Var).
La mort d'Edris laissa le pouvoir divisé
entre ses fils qui se combattirent les uns les
autres.
Vers 902, le Chef des Chiites, Obeidallah,
prenant le titre de Mahdi, passe en Afrique.
Son lieutenant Abou-Abdallah réunit de
nombreuses troupes berbères, enlève Kai-
rouan, renverse les Aghlabites et fonde la
dynastie des Fatimites (909). Il s'empare
ensuite de Sidjilmassa, délivre son maître
prisonnier et le ramène triomphalement
dans sa capitale.
Le Mahdi étendit son Empire jusqu'à
Tahert et Oran et jusqu'à l'Océan et au
Sahara. Le Kalife Abderrame III, venu
au secours des Idrissites, chassa les Fatimites
du Moghreb el Akça et en profita pour se
faire proclamer Émir des Croyants dans
Fez (954). Le Kalife el Mouazz Maad enlève
aux Abassides l'Égypte et la Syrie, et
transporte la capitale des Fatimites de
Méhdia (Tunisie) au Caire.
A la fin du Xe siècle et au début du XIe,
les ambitions déchaînées de certains princes
rendent là situation très confuse en Afrique
du Nord. Ces dissentiments provoquent
l'invasion Hilalienne, évaluée à environ
45.000 guerriers et 200.000 âmes. Pendant
que les Hilaliens s'avancent vers l'Ouest, les
Berbères Lemtouma ou Almoravides, vou-
lant rénover l'Islam, remontent des soli-
tudes sahariennes et atteignent le Tafilalet et
le Souss.
En 1002, sous les ordres de Youcef ben
Tachefine, les Almoravides occupent Alger
et Tlemcen et fondent Marrakech. Appelé
en Espagne, Youcef ben Tachefine remporte
avec ses armées la célèbre victoire de
Zallaka (1086) et en profite pour mettre
l'Espagne sous ses ordres.
Vers 1120, Mohammed ben Toumert Ojas-
monda fonde la secte des Almohades. Il
remporte quelques succès sur les Almo-
ravides et s'empare d'Oran, Tlemcen, Fez
et Marrakech (1147). Son successeur Abd el
Moumen soumet à sa loi, vers 1052, l'Es-
pagne, Alger et Bougie.
Après de nombreux succès remportés par
Abou-Yacoub, Abou-Youcef, el Mançour
Annacer, qui les menèrent jusqu'à Tunis,
la puissance des Almohades décrut à partir
de 1212.
La décadence politique des Almohades
permit à d'autres dynasties berbères de
s'élever, telles celle des Hafcides, fondée
par Abou-Zakaria, celle des Abdelouadites
de Tlemcen et des Mérinides. L'Empire
fondé par les Mérinides se scinda sous l'ins-
tigation du roi de Grenade, à partir de 1377,
en deux royaumes : celui de Fez et celui du
Maroc. Le Moghreb central, lui, est divisé
entre les Ziannites de Tlemcen, les Magh-
raoua Oulad Mendil et les Zénètes Toudjine.
L'Ifrikya seule jouit d'une paix relative
sous le Kalifat du prince Hafcide Aboul-
Abbas.
Vers 1425, les Hafcides acquièrent la
prépondérance dans le gouvernement du
Moghreb. A la même époque, Alger est une
sorte de république administrée par des
notables Sanhadja, tandis que les tribus
arabes de l'intérieur restent indépendantes.
La décadence des dynasties moghrébines
s'accentue de plus en plus. Les rivalités
grandissantes la précipitent. Cette anarchie
encourage les entreprises européennes et,
en 1471, Tanger et Arzila tombent aux
mains des Portugais ; dès lors naît l'industrie
de la course sur mer à laquelle aucun port
de l'Europe et du Moghreb ne reste étran-
ger.
Les Espagnols, à leur tour, investissent
Melilla (1496), Mers-el-Kébir (1505), Oran
(1509), Bougie (1510). Quant aux Portugais,
ils se rendent maîtres de tous les ports de
l'Atlantique.
En 1550, les Chérifs Saadiens prennent
le pouvoir et chassent les Portugais, pendant
que les Turcs expulsent les Espagnols de
la Tunisie et du Moghreb central. La dynas-
tie Hafcide s'éteint à Tunis (1573); ce qui
permet aux Turcs d'étendre leur puissance
sur la plus grande partie de l'Afrique du
Nord.
LA CIVILISATION MUSULMANE
LA CIVILISATION MUSULMANE

Tous ces princes, tous ces empereurs con-


quérants ne sont donc pas de simples
chefs de bandes, ainsi qu'une histoire sophis-
tiquée s'est complue et se complaît à le
répéter. Leurs actes, leurs oeuvres, sont
ceux de grands politiques et de grands
monarques et ces grands monarques ne
pouvaient que commander à des sujets
évolués.
L'Afrique du Nord eut toujours une vie
nationale basée sur l'unité politique qui lui
permit de franchir les siècles de son histoire
douloureuse en conservant ses vertus primi-
tives.
Les Spahis, les Tirailleurs, que beaucoup
ont connus sur maints champs de bataille
modernes ne ressemblent-ils pas à ces magni¬
fiques cavaliers et à ces valeureux fantassins
de Massinissa, de Jugurtha et tant d'autres
grands chefs nord-africains? Depuis le
VIIe siècle, l'Afrique du Nord est devenue
Arabo-Berbère par la foi, par les moeurs,
par la civilisation.
Cette nouvelle race, fusion de deux grands
peuples, n'a-t-elle pas conservé, malgré les
vicissitudes passagères, ce qui fit sa gran-
deur? Non, l'Islam n'est pas une religion
de haine, de brigands et d'arriérés, comme
l'écrivent nos contempteurs. C'est la foi des
braves, c'est la foi des hommes purs. Pour
la conserver en nos coeurs, pour la pratiquer
chaque jour, pour adorer notre dieu, qui
n'est pas à nous seuls, mais celui de l'uni-
vers, nous n'avons besoin de nulle police,
de nul clergé, de nul intercesseur.
C'est ce qui explique le dynamisme de
l'Islam et sa progression constante. Cela
explique aussi les attaques forcenées qu'il
eut à subir depuis sa naissance ; elles ne
l'empêchent d'ailleurs pas de porter chaque
jour l'espérance dans les coeurs. On a écrit,
on a jeté à tous les échos :
« L'Islam est la religion de l'immobilité...
Les Nord-Africains sont de quasi-sauvages. »
Nos adversaires ne surent jamais, à notre
instar, s'élever au-dessus de leur victoire ;
dans leur fanatisme inquisitorial, ils commi-
rent les pires crimes. Il est une chose qu'on
ne peut trop redire, dont il faut se pénétrer :
c'est que cette nation conquérante et civili-
satrice, dont les travaux furent immenses
a subi la pire des destructions. Toutes ses
oeuvres, toutes ses archives furent anéanties
en d'horribles autodafés, par les hommes
fanatisés de Torquemada.
Malgré ces destructions haineuses, de
grands savants sont parvenus — après de
longs travaux — à nous faire connaître ce
que l'Europe doit à ces prétendues hordes
pillardes. Que nos adversaires le veuillent
ou non, les Arabo-Berbères ont été les grands
professeurs de l'Europe moderne. Je me
bornerai à faire la nomenclature de leurs
connaissances et de leurs travaux, qui por-
tèrent si loin les diverses branches de la
civilisation.
LES ARTS

Par horreur de l'idolâtrie, le Prophète


proscrivit les images. Cette prohibition
fit que les Arabes ne pratiquèrent parmi les
Beaux-Arts que l'Architecture, l'art le plus
fait pour conserver dans les âges la mémoire
d'un peuple.
J'aimerais montrer l'Aljama de Cordoue
et Medinet-al-Zohra, palais de plaisance
des Califes. J'aimerais vous guider à travers
les centaines de gracieuses colonnes faites
de marbres rares de l'Al-Jama, les fraîches
galeries, les nefs où flottaient les parfums
de l'aloès et de l'ambre qui se consumaient
dans des milliers de cassolettes. J. Condé
nous les décrit avec amour et nous dit
même le poids de l'huile que l'on brûlait
tous les ans dans les quatre mille six cents
lampes : 24.000 livres.
De Medinet-al-Zohra, véritable ville qu'Ab-
derramane III Le Magnanime fit bâtir à
quatre lieues de Cordoue, il ne reste plus,
hélas! aucun vestige. Marbre, bois de cèdre,
jaspe, albâtre, jardins délicieux arrosés de
sources vives et jusqu'à ce jet de vif-argent
jaillissant dans le patio du pavillon du
Calife furent la proie de la haine religieuse.
Les Arabes ne furent pas qu'architectes,
ils acquirent chez toutes les nations une
réputation inégalée de tanneurs, fondeurs,
ciseleurs, fourbisseurs d'armes et fabricants
d'étoffes. Les cimeterres d'une trempe iné-
galée, les cotes de mailles si légères et si
impénétrables, les tapis moelleux, les fins
et brillants tissus de laine, de soie ou de lin,
attestaient cette supériorité incontestable.
LES SCIENCES

Agriculture. — Les Arabo-berbères consi-


dérèrent l'Agriculture comme une véritable
science, alors que partout ailleurs elle n'était
qu'un labeur. Ils introduisirent en Espagne le
riz, le mûrier et, de ce fait, la soie, la canne à
sucre, le coton. Ils construisirent des « silos »,
des canaux d'irrigation, des norias. Les
provinces de Valence et de Grenade con-
servent encore la tradition de la culture
arabe. Le Traité d'Agriculture de Abou-
Zakarya-al-Awam de Séville, conservé à la
bibliothèque de l'Escurial, prouve à quelle
hauteur de vue et à quelle perfection s'était
élevée cette science dans l'Espagne Musul-
mane.
Médecine. — La Médecine, remplacée par
la magie, les évocations et les exorcismes
depuis Galien, trouva parmi les Arabes les
plus savants rénovateurs :
Abou-Ali-al-Hosayn-ebn-Syna(Avicenne),
Abou-Berkr-ebn-Zakarya-al-Razy (Razy),
Abou - al - Oualyd - Mohamed - ebn-Roschd
(Averroës), Abou-al-Quasem-Khallaf-ebn-
Abas (Albucasis), méritent d'être honorés
autant qu'Hippocrate.
Chirurgie. — On peut considérer les
Arabes comme les inventeurs de cette
science. Il n'y a pas bien longtemps, au
cours du siècle dernier, on empruntait la
lithotritie à la « Méthode de Guérir » d'Albu-
casis.
Botanique. — S'ils portèrent si loin la
médecine, c'est parce que la Botanique était
très populaire parmi eux.
Chimie. — Les premiers éléments de la
Chimie, inconnue de l'Antiquité, leur sont
dus. « Alambic », « Alcali », « Alcool », « Al-
kerme », etc., etc., font assez connaître leur
origine par leur nom même.
Pharmacie. — De l'application de la Bota-
nique et de la Chimie à la Médecine est née
la Pharmacie, science dont Ebn-Zohar,
auteur de divers traités sur la matière,
passe pour l'un des premiers fondateurs.
Toutes les branches de l'Histoire Naturelle
furent également cultivées par les Arabes,
qui ont laissé de nombreux traités sur les
animaux, les plantes, les métaux, les pierres
précieuses, les fossiles, etc., etc.
Mathématiques. — Le monde doit aux
Arabes l'Arithmétique et l'Algèbre qui a
conservé son nom d'origine.
Astronomie. — L'Astronomie, née chez
les Chaldéens, leur doit des progrès très
importants. Ebn-Yonnes (Ibn-Jonis), Al-
hacen (al-Ahasan) et surtout Albategius
(al-Batany), surnommé le Ptolémée des
Arabes, s'illustrèrent dans cette science par
leurs travaux.
Le Calife al-Mamoun fit mesurer géomé-
triquement un degré du Méridien pour déter-
miner la grandeur de la terre. Louis XIV
ordonna la même opération neuf siècles
après. Mahamed-ibn-Mouza semblé avoir
aperçu la loi de l'harmonie générale, peut-
être même a-t-il ouvert la voie à Newton.
Enfin, l'Almanach est dû aux Arabes.
Musique. — La Musique a été cultivée
avec succès. L'Escurial renferme plusieurs
traités qui prouvent incontestablement que
les Arabes employaient les mathématiques
dans la composition musicale et qu'ils con-
naissaient la science des accords.
LES INVENTIONS

TOUT le monde convient que les Arabes


ont transmis des Indes à l'Europe les
chiffres qui portent leur nom. Mais ce que
l'on semble ignorer, c'est que, selon toute
apparence, le monde leur doit les trois
découvertes qui ont changé l'état littéraire,
militaire et politique ; à savoir : le papier,
la boussole, la poudre à canon.
Le papier. — De temps immémorial, la
Chine connaissait le papier, qu'elle fabri-
quait avec la soie. En l'an 30 de l'Hégire,
une fabrique semblable fut établie à Samar-
cande ; cinquante-huit ans plus tard — en
706 — le Mecquois Youcef Amrou découvrit
le moyen de fabriquer le papier avec du
coton. L'invention postérieure du papier de
lin ou de chanvre a fait naître pas mal de
controverses, mais personne ne fournit la
preuve de son existence en Europe avant le
XIVe siècle,alors que l'on trouve dans les Ar-
chives de Barcelone un traité de paix entre
Alphonse II d'Aragon et Alphonse IX de
Castille, daté de 1178, et les « fueros »
accordés à Valence en 1251 par Jacques le
Conquérant, écrits sur du papier fourni par
les Arabes qui, arrivés en Espagne où la
soie et le coton étaient également rares, le
fabriquèrent avec du chanvre et du lin.
Boussole. — Même en admettant que la
boussole soit d'origine chinoise, il est incon-
testable que les Arabes la perfectionnèrent
et en étudièrent l'usage. Je troublerai beau-
coup d'esprits en disant que l'emploi du
pendule que se disputent Huygens et Galilée
est probablement une invention arabe. Plu-
sieurs arabisants avouent avoir trouvé dans
les manuscrits arabes mention de l' « horloge
automate », très « ingénieuse horloge » etc...
Poudre à canon. — La poudre ne fait son
apparition en Europe que vers le milieu du
XIVe siècle. Par contre, on trouve trace de
son emploi par les Arabes dès 690 et depuis,
jusqu'à l'occupation de l'Espagne, plusieurs
auteurs en font mention.
LES BELLES-LETTRES

LES Arabes brillèrent autant dans les


Belles-Lettres que dans les Sciences.
Nul, d'ailleurs, ne le conteste. Ils touchèrent
plus ou moins heureusement à tous les
genres : philosophie, jurisprudence, histoire,
roman, langues étrangères, poésie, etc., etc.
Les douze Preux, les Soupirs d'un Amant,
le Jardin des Désirs, Calila et Dimna sont
célèbres dans la littérature mondiale. Leibe-
nitz tenait en très haute estime le roman
philosophique de Djafar-Ibn-Tofayl Hay ben
Djocadhan.
Comme le roman, la poésie brilla d'un très
vif éclat. Les collections des Diwans, des
Fleurs, des Jardins, l'attestent hautement.
ÉTABLISSEMENTS
SCIENTIFIQUES

UNE foule d'établissements publics con-


couraient à l'entretien et au développe-
ment du goût de la Nation : mosquées,
écoles, collèges, observatoires, académies,
bibliothèques, etc., etc., étaient nombreux
et bien dirigés.
Le premier soin des Arabes, lorsqu'ils
avaient conquis une ville, était d'y élever
une mosquée et une école. Ce sont eux qui
donnèrent à l'Europe le modèle des Collèges.
Ils élevèrent les premiers observatoires astro-
nomiques et donnèrent naissance aux aca-
démies modernes. On les attribue à Allegreti
de Forli. Mais bien avant lui les Arabes
avaient, outre les écoles ou facultés, une
quantité de ces corps savants dont les
membres se renouvelaient par élection et se
livraient à des travaux communs.
L'Espagne seule renfermait soixante-dix
bibliothèques publiques. Celle de Cordoue,
dirigée par le propre frère du Calife Alha-
kem II et dont le poste était considéré comme
le premier de l'Empire, était si importante
que le seul catalogue formait quarante-quatre
volumes de cinquante feuilles chacun. Quatre
siècles plus tard, après tous les efforts de
Charles le Sage, la bibliothèque royale de
France se composait d'environ neuf cents
volumes dont les deux tiers étaient des
livres de théologie.
Tous ces trésors de l'intelligence ont en
grande partie disparu en d'horribles auto-
dafés.
FEMMES CÉLÈBRES

E goût des sciences et des études de tous


genres était si répandu chez les Arabo-
Berbères que les femmes elles-mêmes parta-
geaient leurs travaux et leurs succès. Je
citerai :
Marya al Fayzouly, surnommée la Sapho
de Séville;
Ayscha, la Savante;
Valadat, poétesse;
Maryem, professeur public de rhétorique
et de poésie à Séville, et tant d'autres...
Telle Lobnah, secrétaire particulière du
Calife.
Cela détruit la légende qui montre
les Arabo-Berbères sous le jour de Barbe-
Bleue, tenantabsolument à l'obscurantisme
de leurs compagnes.
Le fait de confier à des femmes une chaire
publique ou les secrets de l'Etat, malgré la
sévérité des moeurs, prouve qu'ils étaient
loin d'être ces monstres condamnant la
moitié de l'espèce humaine à l'ignorance
et à la servitude, ainsi que se sont complus
et se complaisent à l'écrire de graves
hurluberlus ignares ou malhonnêtes.
PÉRIODE
BARBARESQUE

A PARTIR du XVIe siècle, s'ouvre la période


que l'on peut appeler; période barba-
resque. C'est le nom donné aux pirates qui,
établis sur toutes les côtes d'Afrique, depuis
Salé jusqu'à Tripoli, font la course en Médi-
terranée et des raids sur les côtes euro-
péennes.
A plusieurs reprises, l'Europe réagit. En
1508, en 1509, en 1735, Louis XIV fait
bombarder Alger. Mais les corsaires algé-
riens, protégés par les Turcs, sévirent jus-
qu'au milieu du XIXe siècle.
Dès le XVIe siècle, l'Afrique du Nord se
scinde. A l'Ouest, le Maroc maintient son
indépendance ; les Chérifs Saadiens, sou¬
verains temporels, administrent sagement
leur empire qui s'agrandit et vit dans la
prospérité.
Au XVIIe siècle, les Saadiens sont détrô-
nés par les Chérifs Hassaniens, qui règnent
encore de nos jours. Cette dynastie fournit
de grands monarques, tels Moulay-Ismael,
fondateur de Meknès, Moulay-Mohamed,
grand mécène ami des Arts et de la Science.
Grâce à eux, le Maroc prend figure de grand
Etat Musulman.
Tandis que ce pays s'organisait en Etat
puissant, susceptible d'entretenir des rela-
tions régulières avec l'Europe, l'Algérie était
dominée par la Turquie.
Au milieu du XVIe siècle, un renégat
chrétien : Khaïr-ed-Din Barberousse, s'ins-
talle à Alger dont il fait le plus grand repaire
de corsaires. Afin d'opérer dans une sécurité
relative, il se place sous la suzeraineté du
Sultan de Constantinople.
Sous cette souveraineté nominale et le
gouvernement plus proche du Dey d'Alger,
l'Algérie était loin de former un pays uni.
Ni le Sultan, ni le Dey, n'exerçaient réelle-
ment le pouvoir en dehors des villes et de
leurs banlieues.
Les tribus ne payaient les impôts que lors-
que l'on venait les chercher « manu militari ».
Sur l'Odjak même, l'autorité du Dey était
précaire. Les Janissaires se chargeaient de
le renverser lorsqu'il n'avait pas l'heur de
leur plaire et, même s'il ne l'avait pas voulu,
ils lui imposaient le maintien de la course
dont ils percevaient une partie des profits.
C'était l'anarchie.
La Tunisie, à l'Est, forme un Etat quasi
indépendant, gouverné par un Bey, plus ou
moins suzerain du Sultan turc.
De cette période, il faut retenir qu'à
l'Ouest de l'Afrique s'est formé un Etat
indépendant assez puissant pour maintenir
son indépendance jusque ces derniers temps.
A l'Est, un Etat autonome qui résista à
l'emprise étrangère jusqu'à la fin du
XIXe siècle, alors qu'au Centre régnait la
confusion.
CONQUÊTE FRANÇAISE

LES prétextes officiels de la première


installation de la France sont trop
connus et trop récents pour que j'y revienne.
Une fois l'Algérie pacifiée en 1872 — car la
résistance dura de 1830 à 1872 — les yeux
de la France se tournèrent vers la Tunisie
et, sous prétexte de conflits frontaliers, deux
colonnes pénétrèrent dans ce pays. L'une
réduisit les Kroumirs en avril 1881 : l'autre
débarqua à Bizerte. Cette rapide expédi-
tion se termina par le Protectorat (traité
du Bardo — 12 mai 1881 — et traité
du 8 juin 1883).
tigation des Juifs, s'employèrent-elles à pro-
voquer les incidents qui justifieraient une
occupation.
Après la Conférence d'Algésiras en 1905,
qui reconnaissait l'emprise française sur le
Maroc, c'est l'occupation d'Oudjda et de
Casablanca, puis la pénétration complète
achevée ces dernières années.
1830-1942

Je n'ai nullement l'intention de faire le


réquisitoire de la conquête ; il serait,
terrible. Nos griefs sont nombreux et de
poids. Je n'évoquerai pas les périodes guer-
rières qui, souventes fois, furent d'une
cruauté folle. Je n'insisterai ni sur les
persécutions, ni sur les expropriations incon-
sidérées.
Les militaires sont gens d'armes et en se
lançant à la conquête de nos terres ances-
trales, n'étaient nullement tenus d'emporter
dans leurs musettes un manuel d'Histoire
qui leur apprît qu'ils s'attaquaient à des
peuples d'antique civilisation.
Elevons le débat, tentons loyalement de
combler le fossé sans cesse s'élargissant
qui nous sépare. Attachons-nous à la colo-
nisation elle-même.
Est-elle un échec? Est-elle une réussite?
S'il étudie loyalement la situation sociale et
économique de l'Arabo-Berbère, nul Fran-
çais ne peut affirmer le succès. L'autoch-
tone, de Tunis à Marrakech, en est resté
à 1830 s'il n'a régressé. Il suffit de se pro-
mener quelque peu dans le bled pour s'en
rendre compte. Malgré les fleurs, les fari-
boles, les vantardises et les déclarations pom-
peuses de certaines créatures autochtones,
le moins initié et le moins clairvoyant des
Européens peut le constater, jusque sur les
anodines cartes postales qui représentent
des scènes et des types nord-africains.
Doit-on attribuer notre malheur à la
France Métropolitaine ? Non. On peut tout
juste l'accuser de légèreté ; d'ailleurs, la
même accusation pourrait être portée contre
elle en ce qui concerne ses propres affaires
intérieures. Il y aurait tant à dire sur la
IIIe République juive !
Donc, la majorité des Français est inno-
cente de notre long malheur. On pourrait
seulement lui reprocher son inconscience qui
dure. On n'occupe pas des territoires im-
menses, on ne prive pas de leur souveraineté
des millions d'hommes pour le plus grand
bénéfice de tout ce que l'Europe compte,
d'hommes tarés et sans aveu.
Des dizaines d'écrivains, de journalistes,
d'hommes politiques, ont dénoncé ce système
de colonisation qui permettait aux Français
de rester douillettement chez eux, alors que
des bandits de grands chemins ou pour le
moins des fripons, asservissaient des hommes
en leur nom.
Les dés sont jetés. Le malheur étreint dans
son étau un peuple qui nous reste sympa-
thique ; ne faisons pas comme ses alliés et
certains de ses enfants. Ne profitons pas des
circonstances, donnons des leçons de bien-
séance à nos contempteurs. Battons-nous
contre nos ennemis, épargnons l'innocent.
Eclairons-le, incitons-le à la justice et au:
combat qui le grandit.
Je m'attacherai donc à décrire le malaise
nord-africain, hier et aujourd'hui, sans ran-
coeur ni haine.
La question sociale, qui est de toutes,
en Afrique du Nord, la question primordiale,
n'est pas encore résolue. Un fossé très large
s'est creusé entre Français et Musulmans.
Les derniers événements, la prise de posses-
sion judéo-anglo-américaine, l'ont accentué.
Il est temps que les préjugés tombent.
Que l'esprit de domination cesse devant
le malheur commun.
Que le rapprochement véritable se fasse.
Il faut, sans tenir compte de la situation
actuelle, promulguer d'urgence un statut
nouveau de l'Afrique du Nord, dépouillé de
tout impérialisme hors saison et de tout
esprit d'exploitation.
Sans cela, prétendre à l'amour des Musul-
mans est une contre-vérité officielle destinée
à abuser l'opinion publique.
Les faux discours, le souvenir des banquets
donnés à l'occasion du centenaire de l'Algé-
rie, celui des danses du ventre de l'Expo-
sition Coloniale, n'empêcheront pas la vérité
de se faire jour, car nulle force au monde
ne peut, ni par la prison, ni par le fer,
empêcher le développement de l'esprit, et,
dans ce développement, la haine contre le
pays qui ne veut réaliser aucune oeuvre de
solidarité.

Beaucoup ont écrit sur notre race. Les uns


l'exaltent, les autres sont ses détracteurs
haineux. Les uns veulent nous assimiler, les
autres nous associer ; d'autres encore nous
faire évoluer dans notre propre civilisation.
Mais, fait curieux, dès qu'il s'agit de mettre
la théorie en pratique, tous se rétractent
et lâchent, pour finir, le grand mot : Que
deviendra notre souveraineté? Et cela, au-
jourd'hui même que les judéo-anglo-amé-
ricains se sont installés sur nos terres.
En vérité, nous ne sommes pas ceux que
des rats de bibliothèque ou des publicistes
en mal de copie veulent bien camper dans
de gros ou de petits ouvrages. Nous sommes,
beaucoup plus simplement, de l'Est à
l'Ouest, de Tunis à Marrakech, un peuple
méditerranéen de tout temps civilisé.
Cet atavisme explique notre volonté
d'émancipation sociale ; personne ne voulut
et ne veut l'admettre.
Au lieu de s'employer à panser nos plaies,
l'Administration maladroite et partiale se
complaît à les aviver. Sinon, comment expli-
quer les lois d'exception? Comment expli-
quer l'interdit jeté sur tous ceux qui, ayant
évolué dans le cadre de la civilisation occi-
dentale, aspirent à des horizons nouveaux?
Comment expliquer l'inégalité?
Aucun de nous n'échappe à la malveil-
lance et à la haine de la meute repue de nos
dépouilles. Nous avons beau revendiquer
des réformes sensées, humaines, en harmonie
avec les lois naturelles ; nous avons beau
affirmer sincèrement notre volonté eura-
fricaine, nous soulevons toujours un tollé
général.
Demandons-nous que les expropriations
cessent ? Que les fonctionnaires soient moins
tracassiers et moins brutaux ! Que les traite-
ments et salaires soient égaux. Que la justice
soit égale. Que des routes, des hôpitaux, des
écoles soient construits en plus grand
nombre et en fonction de la population.
Qu'enfin, on nous élève à la dignité hu-
maine?
Immédiatement se déchaînent des cam-
pagnes féroces. Ah! ce que les malheureux
intellectuels nord-africains ont pu « en-
caisser » d'injures et de camouflets pour
avoir prétendu à des conditions de vie
égales à celles des fils de colons, pour avoir
demandé l'amélioration de la situation so-
ciale de leurs frères...
Elle est pourtant effrayante. La masse
populaire, composée d'énormes troupes dé
fellahs dépossédés et d'artisans paupérisés,
erre, famélique, aux abords des villes.
Tout un peuple est, non seulement sous-
alimenté, mais « crève » littéralement de
faim.
Quel est l'homme de ma génération qui
n'a vu, soit au Maroc, soit en Algérie, soit
en Tunisie, ces théories de squelettes animés
se nourrissant de plantes sauvages, de graines
avariées, de sorghos carboneux, de gesses?...
Quel est le Musulman qui ne se souvient
de ces disettes périodiques ? Elles continuent
encore aujourd'hui.
Sans remonter à la famine de 1867 qui
causa 106.000 victimes, qui ne se souvient
des camps de Meskines des printemps de
1915, 1920, 1921, 1927, 1931, 1933, 1937 ?
Et ceux qui ont suivi l'Armistice?
Sous le beau ciel de l'Afrique, la misère
est un crime. On la parque dans des camps
de concentration où chacun peut mourir du
typhus, du choléra, loin du luxe citadin —
sous la surveillance des gardes-chiourme.
On ne crève pas de faim? Allons donc...
Comment se fait-il qu'en Algérie, par
exemple, les résultats des conseils de révi-
sion fassent ressortir 33 à 34 % d'exemptés
ou ajournés pour insuffisance physique,
misère physiologique et rachitisme même?
Je sais, il ne faut pas trop parler de misère
physiologique ; on risque de blesser une
administration et une colonisation chatouil-
leuse, imbues de leur omnipotence et vivant
dans les hautes sphères du tableau d'avance-
ment et des volumineux comptes en banque.
Qu'importent les millions de guenillards
sillonnant un territoire devenu marâtre, si
le feuillet du personnel de M. X... le sacre
grand administrateur. Si MM. L.-L. Dreyfus
et Finaly, de la race élue, et leurs créatures
archimillionnaires, Duroux, Solal, etc..., etc..,
encaissent des dizaines de millions de béné-
fices par an. Si le Juif Douieb, censeur de
la Banque d'Algérie, se cuirasse de millions.
Si MM. Giraud, Noguès et les autres, satis-
font leurs ambitions et leur vénalité en nous
livrant à la Juiverie et aux hordes anglo-
américaines...
Cette misère éternelle est bel et bien le
fait de l'incompétence, de la mauvaise foi
et de l'égoïsme des hommes.
Ses causes :
L'usure éhontée que pratiquent les Juifs
et nombre de colons à des taux allant jusqu'à
600 %, qui permet l'expropriation massive
des petits paysans.
Les impôts sont tellement lourds à une
population sans ressources que, pour s'en
acquitter, elle se dépouille littéralement.
Pour la contraindre à payer, on pratique la
prise de corps et, lorsque l'on ne la pratique
pas, la saisie s'opère sans ménagements.
Dans un Journal officiel de septembre
1933, on peut lire la réponse suivante faite
par le Ministre de l'Intérieur à un parle-
mentaire : « Pour un indigène, un lit dans
un gourbi est un objet de luxe et, dès lors,
on peut le saisir. » On saisit n'importe quoi,
même le burnous. Sous prétexte de recou-
vrements, les agents du fisc se livrent à de
véritables violations de domicile et à des
violences indignes d'hommes civilisés.
Les salaires ? En parler fait rougir. Cepen-
dant, ils sont là, terribles accusateurs de
l'égoïsme des hommes et de la carence des
pouvoirs publics. Aujourd'hui encore, des
hommes, après s'être échinés 12 ou 14 heures
sur une terre qui ne demande qu'à nourrir
largement, reçoivent 8 à 18 francs pour
leur longue journée de travail ; il y a des
femmes à qui l'on donne 5 ou 6 francs ; il
y a des adolescents qui gagnent à peine
4 francs.
Pour justifier pareille iniquité, on ré-
torque : « L'indigène n'a pas de besoins. »
Comment peut-il meubler un intérieur, se
chausser, s'habiller, habiller les siens, avoir
des besoins, le pauvre indigène, quand il n'a
même pas de quoi apaiser son éternelle
« fringale »?
Primes de chômage, assurances sociales,
retraite des vieux, crédit agricole, tout cela
est ignoré, tout cela n'existe pas. A ces maux,
s'ajoute le manque :
d'Hôpitaux,
d'Ecoles primaires,
d'Ecoles professionnelles,
d'Enseignement agricole,
de Voies de pénétration,
de politique de l'Habitat,
de politique de l'Eau.
En un mot, aucune mesure sociale ou écono-
mique n'est prise en faveur de l'autochtone.
Nous sommes 20 millions d'individus à
qui l'on impose l'impôt du sang et l'impôt
tout court, mais à qui l'on n'accorde aucun
droit, aucune-faveur en contre-partie.
Les revendications que je formule, les
plaintes que j'exhale, d'autres les ont for-
mulées, d'autres les ont exhalées avant ou
en même temps que moi et tous avons eu à
subir les rigueurs d'une meute de privi-
légiés aux abois.
Beaucoup d'entre nous se jetèrent incon-
sidérément dans les bras de partis politiques
ayant des visées antinationales, comme les
communistes ; ou des visées de domination
juive, comme les S. F. I. O.
Mais comment, lorsqu'on souffre, ne pas
se jeter dans des bras que l'on vous ouvre
avec compassion? Comment ne pas croire
aux promesses d'un Front Populaire tout-
puissant? Hélas! lui aussi, parti du peuple,
du peuple qui souffre, pour complaire aux
privilégiés, nous trompa, comme il trompa
le peuple de France. Si les gouvernements
précédents serrèrent seulement la vis et
envoyèrent quelques-uns des leaders poli-
tiques dans le Sud, le Front Populaire, lui,
fit mieux, il fusilla les pauvres bougres qui
s'enrôlèrent joyeusement sous sa bannière.
Ce fut la boucherie...
14 juin 1936 ; Sidi-bel-Abbès : 40 blessés.
25 et 30 juin 1936 ; Oran : 1 mort, nom-
breux blessés.
14 juillet 1936; Aïn-Temouchent : 20 blessés.
26 février 1937 ; Sidi-bel-Abbès : 1 mort,
10 blessés.
1er mars 1937; Mercier-Lacombe: 20 blessés.
2 mars 1937 ; Médilla : 4 morts.
4 mars 1937 ; Metlaoui : 19 tués, 27 blessés
et j'en passe.
10 mars 1937 ; Meknès : 13 tués, 19 blessés.
Grèves, revendications, personne n'admet-
tait que seuls des besoins et un malheur réels
les provoquaient. Tous et chacun crièrent à
la xénophobie. Tous et chacun exigèrent des
représailles terribles. Pour les besoins de la
cause, les leaders politiques devinrent des
aigris, des ratés, de vils agitateurs désireux
de jeter les Français à la mer.
Cependant, personne ne contestait la sou-
veraineté française; par contre, tous les
mouvements réclamaient des réformes et
demandaient que l'Afrique du Nord cessât
d'être la proie des chacals. Réclamer un
niveau de vie égal à celui du peuple colo-
nisateur n'est pas souhaiter son éviction,
que je sache. Ce n'est pas non plus faire
montre d'hostilité. C'est seulement trans-
poser dans la pratique ce qu'il nous apprend
dans ses écoles, ses lycées et ses universités.
Que les privilégiés aux abois et les béné-
ficiaires d'un régime désuet le veuillent ou
non, l'élite qui dirige l'opinion pense natu-
rellement à la française, parle et agit en
français. Comment, alors, ne se mouverait-
elle pas dans le cadre de la France ? Et dans
ce cas, ne réclamerait-elle pas les réformes
qu'elle estime nécessaires aux besoins du
peuple?
Il est certain qu'en Afrique du Nord, il
se produit ce qui s'est passé dans tous les
pays où, sous la poussée de quelques ani-
mateurs, des temps nouveaux s'établissent.
Les bénéficiaires des situations et des
privilèges sont surpris et étonnés de voir
se dresser devant eux des hommes disposant
des mêmes armes intellectuelles. Humiliés
de sentir qu'ils sont de moins en moins les
maîtres qui peuvent disposer de tout, vexés
de voir chanceler leurs prérogatives, au lieu
de jeter du lest, d'abandonner les inégalités,
de restituer à la communauté ce qui était
leur avantage exclusif, ils s'accrochent déses-
pérément à leurs privilèges, pensant faire
reculer l'échéance du règlement de comptes
par la mauvaise foi et la puissance des
moyens matériels et moraux dont ils dis-
posent.
Pour cela, ils agitent le spectre du pan-
islamisme, du pan-arabisme, du bolchevisme
ou appellent à la rescousse des armées étran-
gères. Et de là à nous déclarer des agitateurs
dangereux et des anti-Européens haineux,
il n'y a qu'un pas. Ce pas, sous la poussée
des intérêts qui se sentent menacés, ils le
franchissent. Pour eux, tout est prétexte.
Les événements de Constantine — 5 août
1934 — ceux de Sétif — 1er février 1935 —
provoqués par les exactions et l'insolence
des Juifs, seront déformés et présentés à
l'opinion publique comme portant atteinte
à la souveraineté française, alors que ces
pogroms eurent lieu aux cris de « Vive la
France » !
Des ouvriers faméliques demandent-ils
des salaires plus équitables? On les fusille
et le public est informé par d'énormes man-
chettes que ces malheureux « crève la faim »
sont de terribles anti-Français.
Nous élevons-nous contre l'occupation
judéo-anglo-américaine et la trahison des
officiers, des fonctionnaires et des colons
parjures, on nous menace dans nos libertés
et nos vies. Et d'emprisonner, persécuter,
et d'envoyer au bagne des centaines
d'hommes dont le seul crime est de
demander la justice.
Aujourd'hui moins qu'hier ne règne cette
justice. La guerre est là, endeuillant nos
familles et meurtrissant dans leur chair nos
frères. Mais rien n'est fait. Des hommes
continuent à mourir de faim, d'autres sont
condamnés au bagne et, comble d'ingrati-
tude, nul en France ne s'émeut de leur sort ;
on souhaite la victoire russo-anglo-améri-
caine, plutôt que de penser aux héros des
fameuses « Dina » dont la bravoure a fait
l'admiration de tous.
Ce sombre tableau est l'image véridique
de la situation sociale et économique de
l'Islam Nord-Africain. Il est terriblement
accusateur et détruira certaines illusions
qu'une meute d'esclavagistes et de mauvais
Français — ils viennent de le prouver en
reniant leur Patrie meurtrie — ont entre-
tenues dans l'opinion publique pour main-
tenir intacte la source sanglante de leurs
profits.
Nul Musulman n'oublie l'oeuvre accom-
plie. Mais, hélas ! il reste tout à faire. L'indi-
gène n'a tiré profit de ces bienfaits que par
accroc. Tout a été fait au seul bénéfice de
la colonisation, aux frais de la Communauté
entière.
Des réformes profondes s'imposent ; elles
seront aussi profitables à l'autochtone qu'à
l'Europe, qui bénéficiera des richesses d'un
immense territoire.
Ces réformes sont révolutionnaires, elles
sont dignes de notre effort, elles sont dignes
de l'Europe que nous voulons reconstruire.
L'Afrique du Nord, par sa position géogra-
phique, par sa formation géologique, est
européenne. Sachons en faire la tête de
pont eurafricaine.
Effaçons des esprits le souvenir de la
conquête, abolissons les mesures survivantes
des temps de combat : elles sont devenues
anachroniques.
Du fait même que la France a été en
Afrique du Nord, c'est à la France de faire
la conquête des coeurs, après la conquête par
les armes. C'est à elle de faire les premiers
pas. C'est à elle de faire cesser préjugés,
égoïsme, état d'esprit impérialiste.
Il faut prouver aux Musulmans nord-
africains, que la France est un pays
d'hommes généreux et non d'exploiteurs
dont la richesse est faite des privations
d'autrui.
Jusque maintenant, dans aucun ordre,
dans aucun domaine, le rapprochement
indispensable n'a été fait. Il est cependant
une loi historique absolue qui veut que
toute race qui n'est pas unie à une autre
race s'en éloigne.
LA GRANDE TRAHISON

Nous étions quelques jeunes Musulmans


à avoir décelé les intentions de dissi-
dence de l'Afrique du Nord. D'aucuns en
ont parlé ; d'autres, comme moi, l'ont écrit.
Mais nos cris d'alarme furent étouffés.
Nous étions cependant sincèrement ral-
liés à la Révolution Nationale dont nous
espérions beaucoup et nous n'étions pas
les derniers à la soutenir et la propager
parmi nos coreligionnaires. Mais... Vichy,
au lieu de faire appel à nous et nous confier
des postes qui eussent permis d'enrayer
toute velléité de dissidence, préféra faire
appel aux services de ses ennemis, ennemis
du socialisme, ennemis de l'Europe nou-
velle, créatures de la juiverie. Il se con-
tentait de recevoir des délégations de
marabouts inoffensifs, ou certains chefs
honnis par le peuple. Le même procédé
que la IIIe Pourrie, quoi !
La catastrophe est là. La France est
dépouillée par la faute de ceux dont elle a
exalté l'oeuvre, belle sur le plan matériel,
mais néfaste sur le plan moral. Continue-
ra-t-elle à lancer aux échos le los du passé ?
Veut-elle des amis ? Veut-elle des ennemis ?
La guerre voulue sur notre sol par tous
ceux qui se disent Français en Afrique du
Nord — je dis bien tous, car les révolu-
tionnaires partisans de l'Europe et du
National-Socialisme sont si peu nombreux
qu'il vaut mieux ne pas en parler — est
là avec ses désastres. Nos familles et nos
biens en souffrent. Qui doit-on accuser de
ce malheur ? Pas l'Axe, je suppose, qui
nous apparaît comme libérateur et ami.
Les propagandes anglaise, américaine et
dissidente ont beau s'agiter et lancer à
travers l'espace des bulletins de victoire,
les Alliés ont reçu de magnifiques raclées.
Je reviens de Tunisie et l'on m'a raconté
des exploits uniques.
Le 13 novembre 1942, ils étaient à peine
deux mille, les soldats allemands qui tra-
versèrent Tunis pour marcher à la ren-
contre des puissantes formations améri-
caines dont les avant-gardes arrivaient à
Djedeïda. Les musulmans les applaudis-
saient et priaient pour leur victoire. Les
péronnelles, les imbéciles, les fonctionnaires
indignes et les Juifs réunis par petits
groupes souriaient, ironiques. Ils étaient
convaincus que le soir même les Anglo-
Américano-Dissidents » seraient là. Et de
mettre au frais leurs meilleures bouteilles
pour rafraîchir les gosiers des libérateurs.
Mais, un jour, deux jours, des jours
passèrent ; la rumeur de la bataille décrut
vers l'Ouest, les libérateurs reculaient pour,
paraît-il, mieux avancer. Cela dura six
mois.

En contenant les divisions anglo-améri-


caines abondamment pourvues d'un excel-
lent matériel, les maigres effectifs de l'Axe,
ont remporté, à Mateur, Tebourba, Pont-
du-Fahs, des succès que l'on peut com-
parer aux plus grandes victoires.
Aussi bien que sur les plaines glacées de
l'Est européen, la guerre en Tunisie vient
de prouver la bravoure, la grandeur mo-
rale et la volonté de vaincre des soldats
allemands.
Pendant qu'eux se battaient durement
pour accomplir leur mission européenne,
Gaullistes, Giraldistes, Anglophiles, Amé-
ricanophiles et Juifs appelaient sainte
Odile à l'action, se confiant dans le creux de
l'oreille : « Ils rentreront à Tunis tel jour ».
En dernier lieu, l'entrée triomphale des
sammies et des tommies devait avoir lieu
le 28 février.
A cette époque, ils défilaient à Tebessa
sous l'Arc de triomphe de Caracalla. Vers
le 10 février, il y eut des remous dans le
clan des traîtres. Le retrait des troupes
dissidentes du front était attribué au désir
des Anglo-américains d'entrer les premiers
à Tunis. Après cela, tirons l'échelle. Ces
fous sont incurables. Laissons-les à leur
psychose et observons impartialement la
vie nord-africaine.

La Tunisie occupée par l'Axe continua


à être administrée par les Français. Si la
vie économique fut bouleversée, elle le dût
aux méfaits des traîtres qui, en se retirant
vers l'Ouest, avaient, soit détruit, soit em-
porté les stocks d'ailleurs insignifiants.
Avant le 8 novembre la vie était si facile
que nul fonctionnaire grand ou petit ne se
souciait de l'avenir.
La population subissait des restrictions
équivalentes, sinon plus graves que celles de
la Métropole, non parce qu' « ils prenaient
tout », selon le slogan de la propagande
juive, mais bien parce que les chefs pré-
posés à l'administration n'avaient su être
ni prévoyants pour amasser en vue des
mauvais jours, ni énergiques pour s'op-
poser à la destruction et au pillage du peu
qu'il y avait.
Nul n'était molesté, les familles des
officiers et des sous-officiers partis en dis-
sidence continuaient à percevoir les délé-
gations de solde de leurs « chefs héroïques ».
Ce qui ne les empêchait pas de déblatérer
l'Axe à longueur de journée.
Les Juifs faisaient leur « bedide gom-
merce » et s'enrichissaient ; nul soldat de
l'Axe ne se souciait, comme on le raconte,
de séparer la mère de l'enfant et autres
insanités du même genre. Cela n'empêche
pas leur propagande de faire appel à la
« conscience universelle ».
Seule, la population musulmane restait
digne. Seule, elle savait que l'Axe n'était
pour rien dans son malheur ; seule, malgré
sa simplicité de raisonnement, elle consi-
dérait ses soldats comme des amis et des
libérateurs et les aidait le plus qu'elle pou-
vait. J'ai circulé partout ; j'ai interrogé des
hommes, des femmes et des enfants ; tous
étaient unanimes à reconnaître la justice
et la bonté des troupes allemandes.
Je me rappellerai toujours ce vieux tra-
vailleur me disant : « Tu vois, mon fils,
voici près de cinquante ans que je travaille
de douze à quatorze heures. Jusqu'au
8 novembre, mon plus haut salaire quoti-
dien atteignait vingt-cinq francs ; cepen-
dant j'avais la prétendue confiance de mon
employeur au service duquel j'étais depuis de
longues années. Maintenant, je travaille sur
les chantiers de l'armée allemande ; je n'ai
ni augmenté, ni diminué mon rendement
et pour un travail horaire beaucoup moin-
dre, on m'alloue cent dix francs par jour. »
Le brave vieux, les larmes aux yeux, de
continuer : « Mon fils, heureux les justes !
Ils sont protégés par Dieu et toujours vain-
queurs parce que de coeur pur ».
Je citerais des centaines de conversations
identiques. La justice et la bonté font plus
que promesses, menaces, persécutions, in-
jures, fanfaronnades et discours.

La libération pure et simple des prison-


niers dissidents ordonnée par le chancelier
Hitler est le geste d'un très grand chef
d'État que l'Histoire saura exalter; mais les
intoxiqués de la judéocratie l'interprétèrent,
à leur habitude, tendancieusement, évitant
ainsi tout sentiment de reconnaissance. Les
Musulmans, moins gogos, donc plus justes,
manifestèrent leur joie de retrouver leurs
frères embarqués sur la galère « Barré »,
et rendirent grâce à Dieu de cette mesure
de clémence inespérée.
Les autorités allemandes ont même auto-
risé la création de Phalanges françaises qui
affirmeraient la pérennité de la France en
Afrique du Nord.
Jusque mon départ, elles restèrent sque-
lettiques. Pendant ce temps, les « futurs
libérateurs », volant à 6 ou 7.000 mètres
d'altitude, arrosaient de leurs bombes, villes
et bourgades, massacrant la population
civile, surtout musulmane.
Du côté de chez le « grand Giraud »,
c'est autre chose. Fusillades, réquisitions
abusives, violations de domicile, contrainte,
travail forcé, rafles baptisées mobilisation,
dictateurs juifs, rien n'y manque.
Naturellement, ces sévices sont surtout
supportés par les « sales bicots ». On se
venge sur eux des raclées infligées par les
Allemands, on chasse les gens de leurs
villages ; on fait travailler des femmes mu-
sulmanes sur les chantiers militaires sous
la surveillance de matrones juives.
Sous prétexte de l'état de siège, on fusille
pour le moindre délit. Les pandores sont
déchaînés ; on m'a rapporté de différents
points de l'Algérie le récit d'exécutions
sommaires faites par des brigadiers de gen-
darmerie, des gardes champêtres, des admi-
nistrateurs de communes mixtes ou de
simples particuliers.
Malheur à qui se plaint de ces abus !
malheur à qui réclame son salaire ! malheur
à qui veut la justice! La balle de revolver
l'attend et pour le moins le camp de con-
centration. Américains et Anglais font faire
cette sale besogne par leurs larbins français
et ceux-ci, affolés par la crainte de perdre
leurs privilèges inhumains, commettent les
crimes les plus odieux.
Les textiles et les denrées de première
nécessité, promis par les généreux Américains
à ondes que veux-tu il y a quelques mois,
ne sont toujours pas là. Néanmoins, soyons
justes : soldats américains et anglais tien-
nent parole en lieu et place de leurs chefs
en troquant vareuses, culottes, manteaux,
linge, chaussures, couvertures, contre des
poulets, des oeufs ou du pain. Ces soldats
sont de drôles de soldats ; dans toutes les
armées du monde, cela s'appelle dissipation
d'effets militaires.
Mais les mercenaires de la juiverie ont
d'autres principes, ceux de leurs maîtres.
Les sammies, qui avaient appris la guerre
d'après les films de la Goldwyn-Mayer, dé-
chantent. Corned-beef, biscuits, confitures
et whisky se raréfient sur la terre africaine.
Vraiment, les Allemands ne sont pas « sport »
d'employer contre de si joyeux garçons les
sous-marins impitoyables aux transports
bourrés de si bonnes choses et les stukas,
hurlants, terrifiants, qui laissent tomber leurs
bombes destructrices avec trop de préci-
sion.
La guerre n'est ni fraîche, ni joyeuse,
la propagande judéo-rooseveltienne se révèle
menteuse. Ces satanés stukas, ces « Tigres »
indestructibles et cette infanterie infati¬
tigable sont toujours là. Les sammies, déçus
par tant d'acharnement, se lassent, rê-
vant au retour.
Je regrette de doucher les espoirs des
bonnes gens qui croyaient gambiller le
14 juillet sur les Champs-Elysées en fu-
mant Camels et Lucky-Strike. Hélas ! elles
n'auront pas leur beau défilé. Pour de fa-
meux lapins, les Américains sont de fameux
lapins, ce qui d'ailleurs n'empêche pas leur
morgue congénitale.
L'Algérie, le Maroc et la Tunisie, hier
si prospères, sont plongés dans la plus noire
misère. Leur économie est bouleversée, leurs
richesses passent peu à peu aux mains des
Yankees et dans celles de leurs complices
juifs plus arrogants que jamais.
En mai dernier, à la suite d'une enquête
en Afrique du Nord, j'avais constaté chez
la presque totalité de la population euro-
péenne le désir de dissidence et la haine
irraisonnée de l'Axe. Maintenant, ceux qui,
aux côtés des Juifs, reçurent Anglais et
Américains, fleurs à la main, déchantent et
pleurent amèrement le paradis perdu. Com¬
bien la vie était belle en Alger, lorsque, en
fait de troupes d'occupation, il n'y avait
qu'une très modeste et très discrète com-
mission d'armistice...
Les « libérateurs », dont ils ont facilité
l'installation, ne tiennent aucun compte de
cette complicité et se conduisent en sou-
dards. Les malheureux colons espéraient
mieux des « croisés-judéo-démocrates » qui
leur promettaient d'apporter à la semelle
de leurs souliers la terre promise.
Aux difficultés administratives et écono-
miques provoquées par les « Alliés », s'ajou-
tent les dissensions de la dissidence. Les
Gaullistes minent l'autorité des Giraldistes
et ceux-ci les emprisonnent et les fusillent.
Les plaintes des désenchantés sans cesse
plus nombreux ne sont pas faites pour
éclairicir l'atmosphère. Chatel, Bergeret,
Rigaud, se désolidarisent ; d'autres vont
partir, tous d'ailleurs partiront : Murphy,
candidat au proconsulat de l'Afrique du
Nord, l'aura.
Les Juifs sont les véritables maîtres. La
première des mesures qu'ils firent prendre
fut la réouverture de leurs bistrots où
coule maintenant à flots la toxique anisette.
La « rue de France » à Constantine revit les
beaux jours du Front Populaire et hollé !
Évidemment, la colonisation a équipé le
pays. Il y eut de grands chefs loyaux et
honnêtes. Il y a eu Lyautey. Mais pense-
t-on que cette constatation et ces souvenirs
suffisent à nourrir et à protéger un peuple
qui souffre et dont les souffrances sont
décuplées? Croit-on honnêtement que ce
peuple malheureux qui subit la guerre dans
ses biens et sa chair, parce qu'il a pris fan-
taisie à ses administrateurs de trahir, accepte
cette alternative avec joie et reconnaissance,
en hurlant : « Vive la France giraldiste! »
Non, n'est-ce pas? De plus, il ne nuance
pas sa rancoeur et fait retomber la faute sur
la France entière. D'autant que rien n'a été
fait pour le libérer de ce joug nouveau,
hormis de brillants articles.
Je regrette infiniment que les Français,
aux côtés desquels nous avons versé notre
meilleur sang pendant des lustres, ne s'émeu-
vent pas de notre horrible malheur. Je
regrette infiniment qu'ils ne prennent pas
position contre une minorité de frères
déloyaux et félons en faveur de vingt mil-
lions d'hommes, qu'ils appelaient leurs
frères loyaux pendant les heures critiques.
Je regrette cette attitude équivoque,
mais nous sommes obligés de lutter pour
éviter la colonisation par les Juifs et les
nègres de Harlem; nos efforts ne seront pas
ménagés pour bouter dehors l'envahisseur.
Des milliers d'entre nous l'ont compris et
se battent déjà dans les rangs allemands,
j'espère que bientôt des centaines de
milliers d'autres les imiteront et lutteront
en véritables alliés aux côtés des véritables
libérateurs pour décrasser leur pays de la
dictature judéo-anglo-américaine.
Je ne profite nullement de la situation
désespérée de la France pour revendiquer
l'émancipation sociale de notre peuple. Ceux
qui me connaissent, ceux en compagnie de
qui j'ai milité dangereusement avant guerre,
savent parfaitement que je n'ai pas modifié
d'un iota mon programme ni ma doctrine.
Je ne sache pas que Allai Fassi, Bend-
Jelloul, Messali, Bourguiba, aient attendu
l'issue de cette guerre pour poser la question
des réformes naturelles. Ceux qui parlent,
s'agitent et nous couvrent d'opprobre feraient
bien de comparer l'attitude de Giraud à
celle du néo-Destour.
D'un côté, la vile ambition personnelle,
la lâcheté et la trahison. De l'autre, la
dignité de ton et d'attitude. Nous reven-
diquons des réformes humaines et normales
qui ne lèseront ni la France européenne, ni
l'Europe.
Tout Français se disant Européen et
Révolutionnaire doit nous comprendre et
nous aider dans nos efforts, lesquels, je le
répète, ne sont pas dirigés contre l'Europe,
avec laquelle nous sommes fermement déci-
dés à coopérer, sur les champs de bataille
et dans la paix, contre les gangsters
«
judéo-anglo-américano-dissidents »
qui
veulent notre asservissement éternel.
Il nous déplaît de continuer à gagner des
salaires de famine ; il nous répugne d'être
toujours cantonniers, gardes-barrière ou
même caïds ; il nous répugne de vivre dans
taudis et gourbis ; il nous répugne de voir
errer des centaines de milliers d'enfants en
âge scolaire à travers nos rues et nos bleds.
Les guenilles, la faim, le typhus doivent
cesser et ils ne cesseront que si nous par-
ticipons effectivement à la direction de nos
pays dans tous les postes que nous mérite-
ront nos talents.
Est-ce faire preuve d'animosité à l'égard
de la France trahie par ses enfants que
désirer le bonheur et la dignité de ma vieille
race, qui rendra de bien plus grands ser-
vices à l'Europe en ne subissant plus la
contraite imposée par les Juifs, les mauvais
colons, les mauvais fonctionnaires et les
mauvais militaires ?
Nous sommes partisans de l'Eurafrique,
mais cette unité ne peut se faire sans nous.
C'est non seulement notre avis, mais celui
de beaucoup de personnalités françaises et
européennes. Entre autres, c'est celui du
général Azan, qui nous déteste franche-
ment.
Au cours d'une conférence faite le 29 jan-
vier 1929, il disait : « Nos indigènes nord-afri¬
cains peuvent fournir des pionniers qui
précéderont ou accompagneront le Trans-
saharien vers l'Afrique occidentale et équa-
toriale. »
« Dans ces colonies où la main-d'oeuvre
noire est peu abondante, où le Français
métropolitain s'acclimate difficilement, les
indigènes français de l'Afrique du Nord
peuvent jouer un rôle de direction et d'éduca-
tion, et, s'ils s'y fixent, contribuer à la
colonisation des régions fertiles. De même
que 800.000 Européens sont aujourd'hui
établis en Algérie, où il n'y en avait pas il
y a cent ans, des milliers de Nord-Africains
formés par la France peuvent bientôt
participer à la mise en valeur et au peuple-
ment de notre domaine colonial africain. »
Je ne terminerai pas ce travail sans
rappeler les passages du discours prononcé
le 19-9-1860, à Alger, par Napoléon III.
« La Providence nous a appelés à
répandre
sur cette terre les bienfaits de la civilisation.
Or, qu'est-ce que la civilisation? C'est de
compter le bien-être pour quelque chose,
la vie de l'homme pour beaucoup, son per¬
fectionnement moral pour le plus grand
bien. Ainsi, élever les Arabes à la dignité
d'hommes libres, répandre sur eux l'instruc-
tion, tout en respectant leur religion, amé-
liorer leur existence en faisant sortir de
cette terre tous les trésors que la Providence
y a enfouis et qu'un mauvais gouvernement
laisserait stériles, telle est notre mission :
nous n'y faillirons pas. »
Je sais qu'il est difficile de renier cer-
taines idées, mais nous sommes révolution-
naires et la vie du révolutionnaire est un
sacrifice constant.
QUE VOULONS-NOUS ?

L'INCONSCIENCE est si grande que per-


sonne, depuis le 8 novembre, n'a pensé
au renversement de la situation et à ses
répercussions possibles.
Dans certaines sphères gouvernementales,
quelques médiocres ambitieux se sont em-
pressés de faire édicter les textes qui leur
permettent de faire subir aux Musulmans
nord-africains résidant en France les lois
ineptes de l'indigénat, espérant ainsi sauve-
garder les situations acquises par les petits
copains amateurs de trahison.
Dans la Presse, on s'est frappé la poitrine
en s'émouvant sur l'Empire, maintenant
perdu, employant à cet effet le possessif
absolu.
La masse, elle, y compris son élite, fête
la dépossession coupe en main.
Personne, ou presque, ne s'inquiète de
nos vues sur la question ; ce qui prouve mes
assertions. Il faut que l'on nous tienne pour
quantité bien négligeable et bien méprisable
pour faire fi de notre opinion sur les données
du problème. Disons-le tout net, tout et un
chacun se trompent sérieusement s'ils
espèrent que nous nous laisserons piper
avec des sourires. des caresses ou des
menaces.
Nous voulons un avenir d'hommes et
nous l'aurons. A l'encontre de beaucoup de
Français, obnubilés par la « Pipici » nous
réprouvons la trahison de feu Darlan et
consorts parce qu'elle livre nos familles et
nos biens au déluge de la guerre.
Nous sommes décidés à exploiter à fond
cet état de. fait, qui nous grandit et ra-
vale nos ennemis. Nous n'envisageons pas
notre avenir en dehors de l'Europe ; au
contraire, nous désirons ardemment le
sceller de notre sang aux côtés de ses ar-
mées.
Notre suprême ambition est de bouter
hors du pays natal, les armes à la main, les
Anglo-Américains, les Juifs et tous les
traîtres, quels qu'ils soient et quelle que
puisse être leur situation. Aucune pitié
n'adoucira le châtiment ; ils nous punissent
pour des crimes imaginaires, ils seront
châtiés pour des crimes réels, prémédités et
consommés.
Et si nous sommes décidés à la lutte à
outrance pour chasser l'ennemi du pays
natal, nous sommes aussi décidés à occuper
les places, toutes les places que nous méri-
tons.
Nous sommes fermement décidés à nous
opposer à la petite opération, qui consiste
à nous taper sur l'épaule en nous disant :
« On efface tout et on recommence ».
Nous n'ambitionnons en aucune façon
nous mêler des questions européennes.
Par contre, chez nous, sur la terre de nos
aïeux, sous notre soleil, nous voulons tous
les droits civiques et civils. Nous voulons
avoir la possibilité d'atteindre toutes les
charges administratives, y compris la plus
haute.
En un mot, nous désirons participer à
l'élaboration de notre destin. Cette affir-
mation renverse, je le sais, tous les concepts
de la propriété impériale. Qu'y puis-je? Il
faut en accuser les galonnards et les fonc-
tionnaires parjures. Ceci dit, notre statut
futur devra comporter :
1° La fédération de l'Afrique du Nord et
son autonomie administrative.
2° L'égalité civique et civile de tous lès
habitants, sauf pour les Juifs.
3° La participation des Musulmans à
l'administration du pays avec possibilité
d'accès à toutes les charges, y compris la
plus haute, sans autres conditions que celles
de la capacité.
4° La création d'une armée autonome
dans laquelle les Musulmans obtiendraient
tous les grades de la hiérarchie.
5° Création d'une marine marchande et
militaire autonomes.
6° Création des Corporations de Métiers
avec égalité absolue entre les corporants, tant
en ce qui concerne les droits que les devoirs.
7° Industrialisation et équipement du
pays (habitations rurales, voies de com-
munication, électrification, construction
d'écoles, d'hôpitaux, captation de sources,
forage de puits, etc., etc.
8° Droit de propriété limité à 500 hectares
au maximum.
9° Expulsion des Juifs et des traîtres
sans aucune considération de personne.
Confiscation de leurs biens ainsi que ceux
des trusts, qui seront mis à la disposition
des corporations pour la constitution de
patrimoines corporatifs et de biens familiaux.
CONCLUSION

DES Français chargés de nous administrer


— hélas! trop nombreux — ont trahi
leur patrie et du même coup nous ont trahis.
D'autres, parmi ceux restés dans la Métro-
pole — ils sont encore plus nombreux — se
sont félicités de cette trahison qui, paraît-il,
doit contribuer à la défaite des armées
de l'Axe.
Face à cette majorité écrasante, quelques
hommes se sont dressés, mais tout cela est
verbal, les Anglo-Américains sont installés
au Maroc, en Algérie et en Tunisie.
Qu'on le veuille ou non, nous Musulmans,
nous nous battrons aux côtés de l'Europe ;
notre sort dépend de sa victoire qui purgera
le monde de la Juiverie sanglante.
Nous faisons appel aux hommes de bonne
volonté qui comprennent l'intérêt majeur
qu'il y a à nous aider dans la voie de l'éman-
cipation naturelle. Elle ne les lésera ni dans
leurs intérêts, ni dans leur honneur, ni dans
leurs droits.
Eu égard à nos malheurs insoupçonnés, nos
revendications sont modestes. Elles le sont
à dessein, afin de prouver à l'opinion
publique la vilenie de nos exploiteurs et
notre dignité.
Cette opinion publique indifférente ou
trompée, nous lui demandons aide et pro-
tection pour libérer des négriers qui se disent
Français une race belle entre toutes et dont
l'amitié et le loyalisme seront réels ce jour-là.
L'Europe sera après guerre nationale-
socialiste. Nous, Arabo-Berbères, descen-
dants de l'antique race Lybique, demandons
à bénéficier du même sort. Est-ce trop
demander? Est-ce être ennemis de l'Europe
que de vouloir des tuteurs et non des
maîtres?
Est-ce trop d'ambition que de vouloir la
collaboration amicale et équitable, plutôt
que l'asservissement ? N'est-il pas naturel
de préférer la lumière à la nuit? Personnel-
lement, je le crois et je le revendique comme
je revendique l'Eurafrique, comme je me
battrai pour elle jusqu'à mon dernier souffle.
Français, des hommes de ta chair et de
ton sang, tes frères, t'ont dépouillé de tes
biens et de ton honneur au profit de nations
étrangères. Des hommes que l'on a exploités
et fait souffrir en ton nom te disent : « Viens
avec nous, donne-nous ta main, suis-nous ;
tu ne perdras pas tout ! » Ces hommes, sont-ils
tes ennemis ?
Non, n'est-ce pas? Eh bien ! ces hommes
sont les Arabo-Berbères de l'Afrique du
Nord. Que les traîtres et leurs alliés se
voilent la face ! La leçon est rude...

— 143 — 10
TABLE DES MATIÈRES

Pages.
AVANT-PROPOS
De l'Eurafrique
l'Atlas
Le pays de
9
13
23
Histoire :. 33
Les Cananéens 39
Les Grecs 43
Les premiers conquérants 44
Le royaume de Numidie 48
Conquête romaine 51
L'apogé romaine 55
La fin de l'empire 57
Les Vandales 59
Les Byzantins 61
Les Arabes 63
Les dynasties Arabo-Berbères 67
La civilisation Musulmane 75
Période barbaresque 93
Conquête française 97
1830-1942 99
La grande trahison 117
Que voulons-nous ? 135
Conclusion 141
IMPRIMERIE DE SCEAUX
(Seine)
Autorisation 20.219
8
N° 18.61020.219
Dépôt légal 44-2e.
4-44
10° MILLE

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