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Proposition de lectures complémentaires

U4, Florence Hinckel - Vincent Villeminot - Carole Trébor - Yves Grevet, Pocket Jeunesse
(7,90 euros)
Ce sont quatre romans qui se lisent tous indépendamment, écrits de quatre points de vues
très différents, tous à la première personne. Tout commence au mois de novembre, en
Europe. Cela fait une dizaine de jours que le virus U4 sévit. Les morts se comptent par
millions… et seuls les adolescents entre 15 et 18 ans semblent y survivre. À priori, les
quatre personnages n’ont rien en commun et pourtant… ils jouent tous à un jeu en ligne
nommé Warriors of Time. Et tous reçoivent un étrange message du jeu-vidéo qui leur
annonce qu’ils peuvent peut-être empêcher la catastrophe biologique d’arriver en allant dans
le passé s’ils se rendent à Paris avant le 24 décembre prochain. C’est ainsi que Koridwen
(de Bretagne), Yannis (de Marseille), Jules (de Paris) et Stéphane (de Lyon) décident d’aller
au point de rencontre… mais pour des raisons extrêmement différentes. Chacun va faire des
rencontres uniques et arrive avec un lourd passé.

La Peste écarlate, Jack London, Folio (2 euros) Un ancien professeur d’université erre en
compagnie de ses petits-enfants, revêtus de peaux de bêtes, dans un pays désolé. Celui de
la baie de San Francisco, ravagée soixante ans auparavant par un terrible fléau. Nous
sommes en 2013. Quelques hordes subsistent, et de rares survivants tentent de raconter le
monde d’avant. Peine perdue : les avancées technologiques restent lettre morte pour des
enfants qui ne savent même pas compter. La seule issue est de reprendre depuis les
commencements la marche vers la civilisation perdue.

Gunnm, Yukihito Kishiro, Glénat (7, 60 euros) manga Une catastrophe écologique a rendu le
monde hostile, l’humanité est au bord de l’extinction. Gally est le prénom d’une charmante
petite cyborg, autrefois conçue à des fins guerrières. Abandonnée par ses créateurs dans
une décharge publique, ce n’est que bien des années plus tard qu’un passionné de
cybernétique la découvre et la remet en état. Amnésique, Gally part en quête de retrouver
son identité dans un monde où l’utopie est de rigueur.

Le garçon qui savait tout, Loïc Leborgne, Syros (5,50 euros) Malo ne connaît pas
grand-chose à Internet, il n’a même pas de téléphone portable. Il va pourtant faire la
rencontre la plus folle de sa vie : en pleine campagne, il tombe sur Jehan, un garçon qui
vient du futur. Son monde est ultra connecté, truffé de nanocapteurs. Chacun y est
submergé à tout instant d’informations sur l’environnement, les gens qu’il connaît et même
ceux qu’il ne connaît pas. Pour impressionner Maï, dont il est amoureux, Malo décide d’aller
faire un tour dans ce monde du futur…

Céleste, ma planète, Timothée de Fombelle, Folio Junior (4 euros) Dans un monde futur, les
hommes vivent dans de grandes tours et sortent très peu dehors, sur une terre polluée. Au
collège, notre jeune narrateur fait la connaissance de Céleste. Atteinte d’une mystérieuse
maladie, elle cesse bientôt de venir en cours. Il va alors tout faire pour découvrir son
problème, et la sauver.

Reborn, Thierry Robberecht, Mijade (7 euros) 2064. Suite à la montée inexorable des eaux,
la Terre devient progressivement inhabitable. Les plus riches qui ont pu survivre en payant le
voyage vers une nouvelle planète, « Reborn », en refusent désormais l’accès aux nouveaux
immigrants. Les parents de Chuong doivent s’exiler et payent les services d’un passeur mais
se font arrêter dès leur arrivée sur Reborn. Que va devenir Chuong sur cette planète où il
est pourchassé car considéré comme un invasif.

Oceania, Hélène Montardre, (5.80E) : Dans un futur proche de nous, alors que la fonte des
glaces a provoqué la montée des eaux et le déplacement des zones habitables, sur la côte
Atlantique française, Flavia et son grand-père guettent les oiseaux, dont les habitudes
changent en fonction de l’évolution du climat.Personne n’a su écouter ces guetteurs et les
scientifiques lanceurs d’alerte sur les dérèglements de la planète. L’Amérique a pris les
devants en se bouclant derrière sa digue, empêchant l’océan de grignoter ses rivages, mais
aussi les hommes des autres continents d’affluer. Dans cet univers cauchemardesque,
l’information est muselée, des villes sont fermées et leurs habitants sous surveillance. La
liberté d’expression n’existe plus aux Etats-Unis.Au coeur de cette histoire, Flavia va
rencontrer des personnages attachants, courageux, tout en perçant les mystères qui
animent à la fois le monde entier et sa vie propre…

Devoir Maison :
En quoi consiste le métier de journaliste ? Dans quelle mesure est-il proche de celui de
l’écrivain ?

I. Séverine

Séverine (1855-1929), Caroline Rémy de son vrai nom, est certainement la plus grande
journaliste de la IIIe République. Elle est célèbre pour ses reportages sur la grève des
mineurs de Decazeville et de Saint-Étienne, qui provoque chez les lecteurs et les lectrices
une réelle compassion envers la misère ouvrière. Elle publie aussi pour des chroniques
indépendantes des journaux renommés comme Le Figaro, L’humanité, Le Petit Journal ou
La Libre Parole, lui permettent de vivre confortablement de sa plume. Séverine collabore
également au quotidien féministe de Marguerite Durand, la Fronde – le premier journal
entièrement conçu et réalisé par des femmes –, et a ainsi plus de 4000 articles à son actif !
Combattante infatigable, elle s'engage au côté des suffragettes, des femmes qui luttent pour
obtenir le droit de vote, et participe à la création de la Ligue des Droits de l'Homme. En
1914, elle condamne la guerre et, dès 1925, la montée du fascisme en Europe.

1. Comparez cette une à celle des journaux d’aujourd’hui. Quelles différences


constatez-vous ?
2. A votre avis, pourquoi les fondatrices ont-elles décidé d’appeler leur journal “La
Fronde” ? Cherchez le mot dans le dictionnaire.
3. Réaliser la Une de votre propre journal.
Memento

Les femmes journalistes : Tout au long du XIXe siècle, alors que se construit peu à peu la
liberté de la presse, les colonnes des journaux s'ouvrent aux femmes qui conquièrent ainsi
une nouvelle possibilité d'expression. Certaines écrivent des articles et n'hésitent pas à
aborder tous les sujets politiques, d'autres fondent de nouveaux journaux, par exemple
Hubertine Auclert (1848-1914), qui milite pour les droits des femmes dans La Citoyenne.
L'entrée des femmes dans le journalisme devient un tel phénomène que les conservateurs
s’insurgent contre celles qu'ils nomment des “Bas-bleu”, un terme qui désigne au XIXe
siècle les femmes de lettres, et devient alors péjoratif. Pourtant, elles seront nombreuses
à s'illustrer jusqu'à nos jours dans ce métier, en tant que journalistes de presse à la plume
talentueuse, chroniqueuses à la radio ou à la télévision, grandes reporter.

La préface (ou avant-propos) d’un ouvrage, qu’il s’agisse d’une œuvre de ction, d’un
essai ou d’un récit de faits réels, permet d’expliquer les raisons pour lesquelles on écrit,
de dé nir l’objectif de l’ouvrage, et d’en exposer le contenu, les thèmes et le plan. Elle est
le plus souvent rédigée par l’auteur ou l’auteure mais peut également être le fait d’une
autre personne, qui manifeste ainsi son soutien politique ou intellectuel à l’œuvre. La
préface peut prendre la forme d’un manifeste lorsqu’elle expose les principes fondateurs
d’un mouvement littéraire ou artistique.

« Polémique » vient du grec polemos, qui signi e « la guerre ». Ainsi, le registre


polémique, utilisé dans des textes ou des discours, renvoie à l’affrontement et se
caractérise par un discours véhément qui attaque clairement une personne ou une idée,
rend compte de l’indignation de son auteur ou auteure, et utilise l’ironie ou la provocation

II. Immersion
Par quels moyens le ou la journaliste peut-il ou peut-elle mener l’enquête ?

Avant-propos

C’était la crise. Vous vous souvenez ? Cela se passait jadis, il y a une éternité, l’année
dernière.
La crise. On ne parlait que de ça, mais sans savoir réellement qu’en dire, ni comment en
prendre la mesure. On ne savait même pas où porter les yeux. Tout donnait l’impression d’un monde
en train de s’écrouler. Et pourtant, autour de nous, les choses semblaient toujours à leur place,
apparemment intouchées.
Je suis journaliste : j’ai eu l’impression de me retrouver face à une réalité dont je ne pouvais
pas rendre compte parce que je n’arrivais plus à la saisir. Les mots mêmes m’échappaient. Rien que
celui-là, la crise, me semblait tout à coup aussi dévalué1 que les valeurs en Bourse.
J’ai décidé de partir dans une ville française où je n’ai aucune attache pour chercher
anonymement du travail. L’idée est simple. Bien d’autres journalistes l’ont mise en œuvre avant moi,
avec talent : un Américain blanc est devenu noir, un Allemand blond est devenu turc, un jeune
Français s’est transformé en SDF, une femme des classes moyennes en pauvre, et je dois en oublier.
Moi, j’ai décidé de me laisser porter par la situation. Je ne savais pas ce que je deviendrais et c’est ce
qui m’intéressait.

Caen m’a semblé la cité idéale : ni trop au nord, ni trop au sud, ni trop petite, ni trop grande.
Elle n’est pas non plus très éloignée de Paris, ce qui semblait pouvoir m’être utile. Je ne suis revenue
chez moi que deux fois, en coup de vent : j’avais trop à faire là-bas. J’ai loué une chambre meublée.
J’ai conservé mon identité, mon nom, mes papiers, mais je me suis inscrite au chômage avec
un baccalauréat pour seul bagage. J’affirmais m’être tout juste séparée d’un homme avec lequel
j’avais vécu une vingtaine d’années, et qui subvenait à mes besoins, ce qui expliquait pourquoi je ne
pouvais justifier d’aucune activité professionnelle durant tout ce temps-là.
Je suis devenue blonde. Je n’ai plus quitté mes lunettes. Je n’ai touché aucune allocation.
Avec plus ou moins de certitude et d’insistance, de rares personnes se sont arrêtées sur mon
nom – une conseillère d’insertion, une recruteuse dans un centre d’appel, le patron d’une entreprise de
nettoyage. J’ai nié être journaliste et plaidé l’homonymie. Les choses en sont restées là. Une seule
fois, une jeune femme dans une agence d’intérim m’a démasquée, dans les règles de l’art. Je lui ai
demandé de garder le secret, ce qu’elle a fait. L’immense majorité de ceux et celles que j’ai croisés ne
m’ont pas posé de question.
J’avais décidé d’arrêter le jour où ma recherche aboutirait, c’est-à-dire celui où je
décrocherais un CDI2 . Ce livre raconte cette quête, qui a duré presque six mois, de février à juillet
2009. Les noms des personnes et des entreprises ont été volontairement modifiés.
À Caen, j’ai gardé ma chambre meublée. J’y suis retournée cet hiver écrire ce livre.

Paris, janvier 2010

Florence Aubenas, Le Quai de Ouistreham, Éditions de l’Olivier, 2010.

1. À qui s’adresse ce texte ? Quels indices montrent qu’il s’agit d’une préface ?
2. Comment la journaliste organise-t-elle son texte ? Résumez chaque paragraphe en

1
qui a perdu sa valeur
2
contrat à durée interminée.
indiquant le but visé à chaque fois.
3. Quels sont les objectifs de la journaliste au début du projet ?
4. Comment compte-t-elle mener son enquête ? Décrivez les différents choix qu’elle
effectue.
5. En quoi le projet de Florence Aubenas peut-il être défini comme une enquête
d’investigation ? Conseils : lors d’une enquête d’investigation, le ou la journaliste
plonge au cœur de la réalité : ses recherches le ou la conduisent alors au plus
proche de la vie, voire de l’intimité, des personnes côtoyées.
6. Langue. Dites à quel temps sont conjugués les verbes soulignés puis donnez leur
valeur. « Ce livre raconte cette quête, qui a duré presque six mois, de février à juillet
2009. »

III. Censure

Par quels moyens la journaliste détourne-t-elle la censure ?

Il s’agit de la dernière chronique3 parisienne. La censure qui mutile le texte − la France vit
alors sous le régime autoritaire du roi Louis-Philippe − est ici signalée avec audace et
permet à l’autrice de revendiquer sa place de journaliste et son désir de s’exprimer
librement.

Voulez-vous vous amuser ? Allez dans chaque maison et demandez avec intérêt des nouvelles
du mauvais sujet de la famille, de celui qui depuis dix ans cause tous les chagrins, toutes les
inquiétudes des petits et grands ; on vous répondra : ……. [Censuré]

La mode dans les magasins de nouveautés, c’est de faire faillite ; les plus célèbres sont
obligés de fermer, ceux-là mêmes où jadis on faisait fortune en quelques jours. La mode dans le
monde élégant, c’est de mourir de faim, cela commence à devenir assez commun. La mode en
littérature, c’est un livre rempli d’esprit : Souvenirs de France et d’Italie, par M. d’Estournel. La mode
en politique, c’est…… [Censuré]

Pardonnez-vous, ou plutôt pardonnez-leur cette littérature d’état de siège. Après quinze jours
d’hésitations, on nous renvoie ce feuilleton4, vieilli, mutilé, n’ayant plus ni sens ni à propos. Le
publier ainsi, certes, c’est de la modestie, c’est de la méchanceté peut-être, car il n’est pas une de nos
épigrammes5 qui vaille ces singulières réticences. On a effacé tous les traits un peu piquants, on a
supprimé toutes les idées un peu généreuses… Est-ce donc bien la France, ce pays où il n’est même
plus permis d’essayer d’avoir de l’esprit et du courage !

Delphine Gay de Girardin, Lettres parisiennes du vicomte de Launay, 1856.

1. Quels sont les thèmes abordés par la chroniqueuse ?


2. Cherchez le terme « censure » dans un dictionnaire et expliquez précisément ce
dont il s’agit.
3. Que pense l’autrice de ces coupes dues à la censure ?
4. Sur quel ton s’adresse-t-elle aux lecteurs et lectrices ? Trouvez-vous cela efficace ?
5. Imaginez les parties manquantes du texte.

IV. La construction de l’article

3
article de journal ou de revue publié régulièrement sous une même rubrique.
4
cet article
5
: ici, mots d’esprit, traits satiriques
Janet Flanner donne à sa compagne Natalia Danesi Murray des précisions sur son nouveau
projet d’article, un portrait d’Anna Magnani (1908-1973). Il s’agit de la première Italienne à
recevoir, en 1956, l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans La Rose tatouée, réalisé
par Daniel Mann d’après une pièce de Tennessee Williams.

31 juillet 1959 […]

Il6 est enthousiasmé par la façon dont j’envisage les choses : un « Portrait » de caractère qui
mettrait en relief l’essence de son génie, de sa personnalité (ses qualités, ses défauts), sa
façon de travailler, ses habitudes, ses tics, ses humeurs et ses appétits, ce qu’elle aime et
n’aime pas ; l’Anna physique, psychique et artistique, un concentré d’essence naturelle dont
émanerait son parfum propre, la liqueur Magnani. En toile de fond, quelques événements
qui ont marqué sa vie – un aperçu de ses années au couvent, son site, l’éducation qu’elle y
a reçue – c’est là qu’elle a appris le français – par exemple ; et puis des références à sa vie
d’adulte, à ses premières années de femme mûre ; celles qu’elle choisira de me donner ; là
encore, ce ne sera qu’un cadre autour du portrait. Son mariage (puisque fils il y a), ses
premières expériences au théâtre, quel théâtre, où, quand et comment, ce qu’elle a chanté.
Tous ces faits seront éparpillés autour d’elle comme des croûtons à la surface d’un bouillon,
un consommé à l’italienne. Tu m’as parlé de deux portraits ou articles explicites parus dans
la presse italienne ; l’un de Barzini, si je me souviens bien. En as-tu des copies en italien ?
Audrey en a-t-elle ? Ces documents me seraient précieux. Et puis, il faudrait un bref
commentaire de Tennessee sur elle ; extrêmement important, bien sûr. Comment il conçoit
le talent d’un acteur ; en quoi son talent à elle diffère de celui des autres actrices, pourquoi
elle le satisfait, ce qu’elle évoque pour lui qui l’amène à en revenir à elle, sans cesse,
jusqu’à son dernier film, l’apogée. Quels sont, selon lui, ses meilleurs films et pourquoi ?
L’avis de Franck, ses commentaires, il est astucieux comme tout, mine de rien. Toute
information que pourrait apporter Audrey – sur le personnage en tant que femme d’affaires –
serait également bienvenue.

Janet Flanner, Darlinghissima, Lettres à une amie : 1944-1975, trad. de l’anglais (États-Unis)
par C. Pigeaire, Éditions des femmes-Antoinette Fouque, 1988 (posthume).

1. Pourquoi l’autrice demande-t-elle autant d’informations ?


2. Que souhaite-t-elle montrer avec son portrait ? Cherchez dans un dictionnaire le
terme « essence » et expliquez son utilisation par l’autrice.
3. Quels thèmes seront abordés dans son portrait ? Essayez d’établir la structure de
l’article à venir.

V. Réécriture

6
. Il s’agit du rédacteur en chef du journal, à qui Janet Flanner a proposé le portrait
1. Observez les différentes variantes raturées. Que révèlent-elles du travail de
journaliste ?
2. Vérifiez que l’article final réponde bien aux questions : qui ? quoi ? quand ? où ?
pourquoi ?
3. Résumez avec vos propres mots le contenu de la journée d’Anastasia.

Compétence MF MI MS MTS Total


s évaluées

Comprendre
des textes

Justifier ses
réponses

Propreté,
présentation,
orthographe,
etc.

Total

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