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◦La notion de « pratique sociale de référence » a été proposée par J.-L. Martinand au
début des années 1980. Il s’agit de faire référence aux savoirs, aux pratiques existant dans le
champ social.
◦Support page 3
◦Cela consiste à « à mettre en relation les buts et contenus pédagogiques, en particulier les
activités didactiques, avec les situations, les tâches et les qualifications d'une pratique
donnée » (MARTINAND Jean louis (1986), Connaître et transformer la matière, Peter Lang
◦Si nous “traduisons” – plus simplement ? - cette proposition, cela revient à faire subir à
une pratique établie dans le champ sportif un « traitement didactique », afin de la mettre au
service d’autres objectifs que ceux qui peuvent valoir dans le champ d’emprunt.
◦Cela revient, d’une certaine façon, à mettre l’expression fédérale de la pratique à distance
◦Exemple : travailler la citoyenneté à partir d’un sport collectif !" La finalité devient alors
moins le développement de l’expertise dans la discipline que ce que les textes récents
appellent le « vivre ensemble », « l’autonomie », « la responsabilité » etc.
◦Cependant se pose une question : jusqu’à quel point peut-on faire “subir” un tel
traitement à une pratique - en l’occurrence – sportive sans la “dénaturer” ? ...
◦… et peut-on la “dénaturer” ?
◦Débat difficile – philosophique et politique - que nous ne ferons qu’ouvrir mais qui est
au cœur des discussions dans le champ de l’EPS depuis les années 1980-90 !
◦ Situons déjà précisément l’apparition “explicite” de cette notion dans l’histoire
récente des STAPS à l’aide cette contribution récente de Paul Goirand : EPS et
pratiques sociales de référence, la révolution Spirales, Revue Contrepied, HS,
n°20-21, juin 2018 !
◦ Diapositives suivantes
◦ Pour lecture rapide cf. votre support p. 3
◦ Des questions ?
◦ « La revue Spirales initiée et animée par un groupe d'enseignants de Lyon, de 1985 à 1995, a concentré
ses efforts sur la définition des contenus d'enseignement pour le collège et participé à la réflexion devant
mener à la rédaction des programmes pour le collège. Comment l'EPS pratique polyvalente des APS
peut-elle garder son identité en prenant pratiques sociales sportives comme référence ? Comment se
démarquer du technicisme en pédagogie sans retomber dans un formalisme désuet ? Tels étaient
enjeux principaux des débats dont Spirales s'est fait l'écho.
◦ Exemple avec la gymnastique sportive. Dans les années 1985-95, face aux problèmes rencontrés par nos
élèves, nous étions sommés par la pratique de prendre des distances vis à. vis des formes sociales dominantes
des sports que nous connaissions en tant que techniciens. La pratique des très jeunes enfants, le recours à
l'histoire des techniques de chaque sport, la référence à certains auteurs (G. Vigarello, B. Jeu, etc.) nous ont
alertés et inclinés à reconsidérer notre conception mécaniste de la pratique sportive. Il fallait comprendre que
l'activité sportive n'était pas que de l'efficience mais aussi et surtout du sens. Nous avons alors distingué les
formes sociales d'existence du sport et l'essence de ces mêmes activités. Si la forme sociale pouvait se
caractériser par la durée, l'intensité, la technicité, la sociabilité de la pratique, l'essence était à rechercher dans
la signification humaine, la signification anthropologique de l'activité. Programmer en EPS une APS, la
gymnastique par exemple, n'était pas reproduire une forme d'existence de cette APS mais construire une
forme scolaire actualisant sa signification anthropologique. Choisir l'option culturaliste en EPS n'était pas
reproduire mais d'abord déconstruire pour amener les élèves dans la forme qui leur convient, à
construire le sens. »
◦Exemple de la gymnastique
◦« En gymnastique l'objectif des séances n'était pas prioritairement d'exécuter telle ou
telle technique. Etre en activité gymnique c'était « entrer dans un processus de
codification du rapport acrobatique à l'appareil. Ce rapport acrobatique pouvant se
décliner en quelques domaines d'actions, par exemple : voler, se renverser ou encore
tourner.
◦ Approche fonctionnelle contre formalisme ?
◦ La référence aux APS pour fonder la discipline était sous le feu d'une double critique :
critiquée par les techniciens qui ne reconnaissaient pas leur sport (ce n'est pas de la gymnastique
que vous enseignez, nous disaient-ils) ... et incomprise des enseignants fidèles à la conception
formaliste (LeBoulch, Delaunay.) qui nous demandaient de croire que le système finalités -
capacités - compétence pouvait fonctionner dans ce sens. Comme s'il nous était impossible
d'envisager un développement capacitaire de l'élève par la pratique intelligente des APS !
Intelligente voulant dire adaptée au public scolaire mais avec le respect scrupuleux de la
signification essentielle de l'activité. Nous étions centrés sur les compétences à acquérir et nous
nous efforcions de les mettre en rapport avec les motifs de l'activité et avec les opérations à
mobiliser pour réussir les actions. Sans cela le technicisme pouvait refaire surface. (Exemple :
faire de la structuration spatio-temporelle sans la finaliser pour l'acquisition d'une action
gymnique).
◦ L'option culturaliste porte une exigence : celle de respecter en un tout dynamique les relations
fonctionnelles entre les trois pôles de la structure : motif de l'activité, buts des actions et
opérations pour les réaliser.
◦Le pilier qui sous-tend le processus d'apprentissage est le projet de performance. Tout
part de la volonté de l'élève de réussir une action du code dans des délais et les conditions
imposés par le maître. Réussir une performance c'est respecter certains critères précisés dans
le code.
◦Avancer dans le processus d'apprentissage c'est non seulement réussir une performance
mais savoir comment la réussite a été obtenue. À cette étape, l'élève entre dans une réflexion
technique. Le maître peut l'aider dans une démarche expérimentale. Le travail se poursuit
avec le projet d'entraînement qui fixe les conditions générales du travail de l'élève,
régularité, intensité, organisation, discipline, etc. » p. 40
◦Paul Goirand (2018), Comment puiser dans le patrimoine culturel sportif. Une démarche
de transposition didactique, Revue Contrepied, HS, n°20-21, juin 2018, pp. 220-223
◦« Qu'est-ce qui justifie que l'EPS entretienne aujourd'hui des rapports étroits avec les
APSA ? »
◦Une option philosophique : qui permet de dépasser l'alternative formalisme-réalisme en
EPS en échappant à l'éclectisme : le sujet se développe (capacités psycho-socio-motrices) en
incorporant les éléments fondamentaux de la culture cristallisés dans les techniques, les
outils, les institutions, les manières d'être et de communiquer.
◦ Diapositives suivantes
◦ Pour lecture rapide cf. votre support p. 4
◦ Extrait non reproduit à lire chez vous !
◦ Concernant cette « essence », cette « identité », voici ce que nous en disent
quelques textes officiels !
◦ I) Préambule : quelques définitions et quelques questions
◦ I-1) Une 1ère distinction entre savoirs à enseigner et savoirs enseignés (la notion de
curriculum) !
◦I-2) « Pratiques sociales de référence ». Définition et questions
◦Pour réflexion
◦Qu’en est-il aujourd’hui avec le 3 fois 500 m, le multi-bonds etc. ?
◦Remarque : mais les limites ne sont pas toujours bien claires … en tout cas cela peut
prêter à interprétation, à discussion.
◦Il existe cependant une seconde “distance » qui peut nous amener à nous questionner
quant à la façon dont l’EPS peut assumer son objectif, concernant cette sensibilisation à ce
que les textes officiels récents appellent le « patrimoine culturel ».
◦ - 2) une transformation plus décisive de ces jeux dans les public schools anglaises du début
du XIX siècle aux années 1850-1860 (ARNOLD…) – précision des règles, identification plus
fine des pratiques…;
◦ - 3) la structuration d’un système sportif anglais, qui s’affranchit pour partie du giron
scolaire et ce dès la fin du XIX° au début du XXe siècles. Cette période voit la diffusion de
ces nouveaux modes de pratiques dans l'Empire britannique bien sûr, mais aussi dans toute
l’Europe ;
◦ Remarque : période de confusion pour la (les) définition(s) du sport
◦ - 4) l’internationalisation progressive du mouvement sportif qui se dote d’instances
représentatives et ce entre les années 1920 et les années 1960 ;
◦ Remarque : période plus claire pour la définition de la pratique sportive, mais nous
pouvons en distinguer au moins deux expressions : le sport amateur (JO) et le sport
professionnel.
◦ - 5) enfin une « mondialisation » de ce sport qui s’est affranchi d’un certain nombre de
principes qui distinguaient notamment la pratique amateur et olympique de la pratique
professionnelle, de même que d’un certain nombre de principes idéologiques et politiques
(à / à l’apolitisme).
◦ Au-delà de cette diffusion qui se caractérise par une certaine harmonisation quant aux modes
de gestion et de pratique, il demeure des singularités propres à chaque pays et bien sûr des
différences quant à la relation EP-Sport (pratique sociale de référence).
◦ En effet la diffusion d’un modèle britannique doit composer avec les traditions et les
histoires des différents pays.
◦ La France possède donc également à ce titre une histoire originale.
◦ CALLEDE Jean-Paul (2007), La sociologie française et la pratique sportive
(1875-2005), Pessac, Maison des sciences de l’Homme.cf. votre support p. 6
◦ Extrait non reproduit à lire chez vous !
◦ I) Préambule : quelques définitions et quelques questions
◦ I-1) Une 1ère distinction entre savoirs à enseigner et savoirs enseignés!
◦I-2) « Pratiques sociales de référence ». Définition et questions
◦I-3) Quelques références aux textes et aux pratiques
◦ II) Années 1880-années 60 : défiance à l’endroit du sport de compétition
◦ II-1) La diffusion et l’affirmation du sport à travers deux propositions
◦ … la fin des années 1880 avec la création de l’USFSA (1889 voit le nombre de pratiquants
augmenter (dans cette période les différentes associations et Unions affiliées à l’USFSA
recrutent la plupart de leurs adhérents parmi les étudiants).
◦ L’USFSA (Union des sociétés françaises de sports athlétiques). Pour Pierre Arnaud, c’est la
première tentative d’organisation du …cf. p. 6
◦ « en 1872, sur 325 000 appelés 18 106 mesuraient moins de 1,45 m, 30 524 étaient
considérés comme étant de « faible constitution », c'est-à-dire qu'ils souffraient de
rachitisme et de chétivité. 15 988 étaient infirmes, mutilés ou atteints d'hernie, de
rhumatisme, etc. 9 100 étaient bossus, boiteux ou avaient les pieds plats, 6 934 étaient
atteints de défaillance de l'ouïe, de la vision ou de la respiration, [etc.] [...]. En tout donc
109 000 —c'est-à-dire un tiers — étaient infirmes ou mal constitués et cela à l'âge de vingt
ans ». (Ehrenberg, 1983)
◦ Autre donnée d’importance : la démographie !
◦ La situation démographique – associée à l’idée d’hérédité morbide - restera critique sur
l’ensemble de la période (1870-1950). A tel point que le Dr Jacques Bertillon (Statisticien et
démographe), spécialiste de la dépopulation, crée, en 1896, l’Alliance nationale pour
l’accroissement de la population française (stagnation de la population, 38 340 000 en 1891
et 38 960 000 au début du XXe).
◦ Les modalités (exercices gradués, s’inscrivant dans des cycles progressifs… et dans une
leçon en 4 tps (2 tps principaux) traduisent ce souci de mettre en correspondance l’effort
fourni à une catégorie d’âge …
◦ … quant à la nature des exercices, les courses, marches et autres sauts servent de base
(foncier) à cette nouvelle éducation physique scolaire. (cf. Le Manuel de 1907)
◦ Remarque / aux sports
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◦ L’idée relativement consensuelle que nous pouvons emprunter à Tissié (1919) par exemple,
consiste à ne confronter que progressivement les enfants au sport.
◦ Pour les enfants de treize à dix-huit ans il évoque la pratique de « Sports atténués » puis
de « sports ou jeux supérieurs » de « dix-neuf ans et au-dessus » Tissié Philippe (1919),
L’éducation physique et la race – santé, travail, longévité, Paris, Flammarion p. 134.
◦ … une conception verticale que nous retrouvons du projet de règlement général (1919)
aux différents tomes de la Méthode française publiés entre 1925 et 1930.
◦ Cf. M. Monier
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◦ … des différents tomes de la Méthode française à l’Instruction du 20 juin 1959 :
◦ « L'initiation sportive sous forme collective trouve donc sa place dans les deux heures
hebdomadaires. Par contre la place faite au sport proprement dit (compétitions et
performances codifiées) se situe sauf exception non pas au coin de ces deux heures, mais
dans le cadre des séances de plein air où la plus large part lui sera réservée par tout
professeur ou maître et, il va de soi, dans le cadre de l'association sportive scolaire.
◦ Les deux catégories d'exercices, exercices construits et exercices fonctionnels, concourent
à des titres divers aux effets généraux recherchés par l'enseignement de l'éducation
physique: éducation et correction de l'attitude : éducation respiratoire, acquisition et
développement de l’adresse, de la vitesse, de la force, de la résistance ; entretien ou
amélioration de la santé et de la vitalité. » Instruction du 20 juin 1959.
◦ Cependant si nous considérons cet autre temps de l’EP qu’est le sport scolaire, nous
pouvons relativiser quelque peu cette orientation globale.
◦ Tout en nous empressant de préciser que le développement de l’AS, ne concerne
essentiellement que les garçons du secondaire … et encore un petit nombre.
◦ Cf. Mme Baron.
◦ I) Préambule : quelques définitions et quelques questions
◦ II) Années 1880-années 60 : défiance à l’endroit du sport de compétition
◦ II-1) La diffusion et l’affirmation du sport à travers deux propositions
◦ II-2) La diffusion du modèle sportif en France et la question de l’EP
◦ II-3) Le contexte en quelques mots
◦ II-4) (Re)définition de la gymnastique scolaire (EP)
◦ Les exercices gradués progressifs, les repos opportuns de quelques instants et les exercices
spéciaux dits respiratoires pourront atténuer ces inconvénients et éviteront ainsi les
accidents.
◦ La marche, la course, les jeux et les récréations de plein air sont les plus favorables pour
produire l'effet hygiénique et donner la santé et la résistance à la fatigue, parce qu'ils
ont un retentissement général sur l'organisme.
◦ Quand, au contraire, on se borne à faire travailler un nombre restreint de muscles, même
en faisant des efforts énergiques, cet effet général ne se produit pas; aussi un exercice
localisé ne saurait-il en aucun cas être substitué à un exercice généralisé pour obtenir l'effet
hygiénique.
◦ MINISTÈRE DE LA SANTÉ PUBLIQUE
◦ Création d'un brevet sportif populaire.
◦ RAPPORT AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE _ Paris le 9 mars
1937
◦ Remarque: Le Front populaire et la 1ère tentative de synthèse entre le sport et l’EP (BSP)
◦ « Sans méconnaître le grand intérêt des compétitions sportives réservées à une élite, nous estimons
indispensable d'amener la masse des Françaises et des Français à prendre souci de leur santé et de
leur développement physique en préparant, puis en subissant des épreuves dont les conditions,
pour éloignées qu’elles soient des records, sont suffisantes pour témoigner d'un bon état
physique.
◦ (…)
◦ Sans prétendre apporter un remède complet à un mal multiple, nous donner à la jeunesse française
par le « brevet sportif populaire » un moyen de conquérir et d'entretenir sans efforts excessifs ou
prématurés sa santé et sa vigueur. »
◦ REGLEMENT GENERAL d’EDUCATION PHYSIQUE METHODE FRANCAISE
◦ Les sports collectifs peuvent être considérés comme le couronnement de l’éducation physique. En
procurant au jeune homme l’occasion fréquente de faire appel dans le même temps à toute sa
puissance physique, à toutes les ressources de son esprit et de sa volonté pour s’assurer une victoire
de laquelle il ne retirera comme profit que santé et plaisir, ils constituent pour lui la meilleure école
de la virilité.
◦ Mais ici encore, un écueil reste à éviter : la somme d'énergie susceptible d'être dépensée au cours
d'une séance de sport collectif est considérable. Cette dépense ne peut être supportée sans danger que
par un organisme particulièrement robuste.
◦ Or le plaisir violent qui accompagne cette forme supérieure de jeu pousse l’adolescent à s’y
adonner de bonne heure. Mal préparé, n'ayant pas encore amassé un capital santé et vigueur
suffisant pour le sacrifier en dépenses de luxe, il s'usera prématurément et empêchera son
développement normal.
◦ » LAFARGE A., NAYRAC J. P. (1948), Traité de pédagogie de l’éducation physique,
Paris, Hachette (1934).
◦ Lafarge et Nayrac, nous rappellent que dans cette période de l’entre-deux-guerres, l’EP est
une activité de compensation.
◦ « L'éducation physique, heureuse compensatrice, constitue un dérivatif vivifiant. Elle
favorise la circulation de l'influx nerveux, aménage de nouvelles voies pour l'habitude,
décongestionne les centres cérébraux et prolonge cette jeunesse du corps, condition
indispensable de la verdeur de l'esprit. »