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SOMMAIRE
Economie
Humeur :
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Peut-on encore faire des prévisions ?
Les marchés :
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Dépression ou rebond : c’est l’heure du choix.
Humeur :
Peut-on encore faire des prévisions ?
Optimistes, pessimistes, catastrophistes. Les prévisions économiques et financières font aujourd’hui l’objet de tous les
commentaires et de toutes les critiques. Et cela est tout à fait normal. En effet, il est logique, honnête et surtout
constructif d’accepter les débats et les oppositions de manière à essayer de réaliser les meilleures prévisions possibles.
Sans néanmoins se laisser avaler par le consensus et la pensée unique.
C’est d’ailleurs la raison principale pour laquelle les économistes et les prévisionnistes en tous genres établissent des
prévisions si différentes malgré une réalité de départ identique. Dans un souci de transparence et même si cela risque de
déplaire à certains économistes qui souhaitent garder leur « expertise » pour eux sans la faire partager, nous souhaitons
vous faire savoir qu’en temps normal les prévisions économiques et financières se basent sur trois piliers.
Le premier réside dans l’analyse des statistiques passées et dans leur mise en perspective au travers des mécanismes
qui régissent l’économie et les marchés financiers. Il s’agit par exemple des canaux de transmission de la politique
monétaire qui font que la variation des taux directeurs d’une banque centrale va agir sur l’économie via le canal du crédit,
le canal des taux d’intérêt, le canal du taux de change et celui des effets de richesse. Pour faire simple, lorsque les taux
directeurs baissent, le coût du crédit est moins élevé et incite donc les acteurs économiques à augmenter leur
endettement, d’où une progression plus forte de la consommation et de l’investissement. Parallèlement, la baisse des
taux va rendre moins attractifs les placements monétaires et plus attrayants les investissements productifs dont le taux de
rendement était précédemment inférieur aux taux directeur, les rendant par là même inintéressants. Troisième canal,
celui du change, la baisse des taux directeurs réduit l’appétence internationale pour la devise, d’où une dépréciation de
cette dernière et in fine une augmentation des exportations et une réduction des importations. Enfin, lorsque les taux
d’intérêt reculent, les cours des actions et des obligations ont tendance à augmenter, accroissant par là même la richesse
des détenteurs de ces produits, qui sont alors disposés à consommer et à investir davantage.
A côté de ces facteurs d’analyse économique, le deuxième pilier de la prévision repose sur l’économétrie, c’est-à-dire
l’établissement d’équations qui permettent de faire des projections à partir des données passées et présentes. En
fonction de l’observation empirique des relations entre différentes variables, certaines grandeurs explicatives permettent
d’anticiper d’autres grandeurs (dites « expliquées ») et ce via des coefficients de corrélation. Par exemple, l’observation
actuelle de la corrélation historique entre le PIB américain et le chômage aux Etats-Unis indique qu’actuellement seul
55 % de la hausse de ce dernier s’explique par la baisse du premier. Nous avons donc la preuve vivante que si elle fort
utile, l’économétrie est loin d’être la panacée.
D’où un troisième pilier de la prévision que personne n’ose avouer, mais qui fait pourtant la différence, à savoir le
feeling ou encore l’intuition. Attention, ce pilier n’a rien à voir avec la boule de cristal, la cartomancienne ou encore le
doigt mouillé, si cher à de nombreux économistes. En fait, ce feeling est le produit de l’expérience et surtout du ressenti
du terrain. Voilà pourquoi, plutôt que de rester dans leurs bureaux à refaire le monde au travers d’équations mirobolantes
mais qui ne veulent rien dire, les économistes ont l’obligation d’aller voir les chefs d’entreprise, les opérateurs de
marchés, les investisseurs, les particuliers… C’est d’ailleurs là que réside le moyen principal d’éviter le suivisme du
fameux consensus.
Dans ce cadre, il est possible de dire qu’une bonne prévision (sans jugement de valeur bien entendu) se répartit
équitablement entre ces trois piliers : l’analyse, l’économétrie et le feeling. Et lorsque l’un des trois piliers voit sa part
augmenter démesurément, par exemple pour des motifs de dogmatisme ou de politisation ou encore d’entêtement, la
prévision a de grande chose d’être fausse.
Néanmoins, il faut reconnaître qu’aujourd’hui, ces fondements de base de la prévision économique sont ébranlés. Et
pour cause : nous vivons une crise historique qui n’a donc, comme son nom l’indique, pas de précédent. Dès lors, fonder
ses prévisions sur l’analyse traditionnelle ou encore l’économétrie, c’est-à-dire la mise en équation du passé devient de
plus en plus caduque. Certes, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain et tomber dans l’extrême qui consisterait à
dire que le monde s’est écroulé et que dès lors, tous les outils normaux de l’analyse économique ne servent à rien.
Pour autant, nous devons aussi avouer que, face à l’inconnu, il faut aussi savoir s’adapter et remettre en question ce
que l’on croyait être des connaissances acquises et indubitables.
C’est pourquoi, faire des prévisions sur la base des fondamentaux économiques est presque devenu impossible. Pour
la bonne et simple raison que tous nos repères ont disparu et que tout devient envisageable. C’est en cela que, pour une
fois, il est possible de dire que telle ou telle prévision est optimiste ou pessimiste. Car le troisième pilier de la prévision,
en l’occurrence le feeling ou encore la vision du monde, est devenu prépondérant.
Dans ce cadre, nous revendiquons que nos prévisions qui sont, selon notre vision du monde, les plus réalistes
possibles, sont de nature optimiste, du moins comparativement à l’état des prévisions consensuelles….
Sachez néanmoins que compte tenu des incertitudes et des fortes révisions des statistiques déjà publiées, établir des
prévisions aujourd’hui relève de la haute voltige. Pour être complètement francs, nous dirons donc qu'en ce moment, il
n'est pas possible de faire des prévisions fiables. Il est vrai que la mode actuelle consiste à noircir le tableau à l’excès,
mais en fait la prévision du pire n'est pas plus fiable que la nôtre. Alors pourquoi suivrions-nous bêtement le troupeau ?
Cela n’a jamais été notre tasse de thé, il n’y a pas de raison pour que cela change...
Marc Touati
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récession depuis l’après-guerre mais qui ne représente production sur les prix de vente n’est toujours pas
plus que 17 % du PIB français. L’augmentation des prix présente.
observée dans les services, qui représentent plus de 70 %
Enfin, il ne faudrait pas s’emballer sur les chiffres de
du PIB, confirme que le salut de l’économie française peut
l’inflation de février, en pensant que cette dernière va
encore passer par les services.
retrouver une progression forte et durable. Ainsi, dès le
Sur le front des biens alimentaires, l’augmentation des mois de mars, compte tenu d’une augmentation des prix
prix est beaucoup moins favorable. En effet, en dépit du de 0,8 % en mars 2008, l’inflation devrait avoisiner les 0,1
plongeon des prix agricoles dans l’Hexagone (- 13 % en % en glissement annuel. La déflation sera alors toute
glissement annuel), les prix alimentaires ne baissent proche.
toujours pas, augmentant de 2,2 % sur un an. La palme
Marc Touati
de l’inflation revient cependant aux prix des produits frais,
qui, en dépit d’une baisse de 0,2 % en février, flambent de
3,6 % sur les trois derniers mois et de 3,8 % sur un an.
Histoire de rappeler que la répercussion des prix à la
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Les Marchés :
Dépression ou rebond : c’est l’heure du choix.
Plus que jamais, les marchés boursiers sont aujourd’hui à la croisée des chemins. En effet, soit ils reprennent leurs
esprits et ils nous surprendront alors par leur reprise, soit ils continuent de broyer du noir et ils continueront de
s’autodétruire. L’extrême volatilité qui a prévalu la semaine dernière constitue d’ailleurs la matérialisation de ce choix
cornélien.
Ainsi, le graphique ci-dessous nous montre que si les plans de relance échouent et que le pessimisme reste
dominateur, alors la baisse boursière peut se prolonger pour rejoindre son homologue des années 30.
En revanche, si, comme nous l’anticipons, les plans de relance fonctionnent, notamment aux Etats-Unis et que le
pessimisme laisse simplement la place à la neutralité, le redémarrage devrait s’inspirer de celui observé lors du rebond
de 2003 après le krach Internet ou a fortiori de 1975, après le premier choc pétrolier.
Le Dow Jones lors de ses quatre dernières grandes crises : l’heure du rebond est proche, sinon…
0,00%
Crise des NTIC
(2000-2002)
-10,00%
-50,00%
-44,42 %
-60,00%
-70,00%
Crise de 29
-80,00% (1929-1932)
-90,00%
-89,2 %
-100,00%
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34
La dégringolade actuelle des marchés boursiers défie effectivement l’entendement tant en ampleur qu’en rapidité. Dès
lors, à partir du moment où les investisseurs vont se rendre compte que nous ne sommes pas dans les années 30, ils
devraient se ruer sur les marchés actions qui sont certainement la classe d’actif présentant actuellement le meilleur
couple « rendement-risque ».
Ce scénario du rebond est d’autant plus crédible que la dégringolade boursière apparaît très excessive par rapport à la
réalité économique des entreprises. Ainsi, aujourd’hui, du moins avant le rebond de mardi dernier, sur les 40 entreprises
du Cac 40, 23 affichent une capitalisation boursière inférieure à leurs fonds propres. Mieux ou pis, la capitalisation de
l’ensemble du Cac 40 est devenue inférieure à l’ensemble des fonds propres des 40 entreprises du Cac !
Bien entendu, il est toujours possible de dire que les fonds propres sont surévalués et que si les pertes des entreprises
se généralisent durablement, les fonds propres risquent d’être amputés. Pour autant, de là à plonger dans les excès
récents, il y a un fossé qu’il nous paraît dangereux de franchir.
D’ailleurs, si ce décalage est historique par son ampleur, la dernière fois que nous nous sommes rapprochés d’une telle
déprime remonte à mars 2003, au début de la deuxième guerre en Irak. Or, de mars à décembre 2003, le Cac 40 a
gagné 50 %. Si nous ne pouvons évidemment pas garantir une telle progression, elle demeure néanmoins un objectif tout
à fait crédible.
Marc Touati
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Source : Factset
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Source : Bloomberg
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Bas Res
Cns&Mat
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Indus Gd Chem
Retail Oil&Gas
Trv&Lsr
5 Pr &Ho Gd
Hea Care
Fd&Bvr Media
Telecom
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Source : Bloomberg
Retail
-5
Tech Oil&Gas Chem
Pr &Ho Gd
-10 Media
Indus Gd
Telecom
Fd&Bvr
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Util
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Banks
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-35 Insur
Source : Bloomberg
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