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Economie Générale 1

Année académique 2019-2020

Programme Economie générale

Chapitre 1 : Les agents économiques et leurs fonctions

Section 1 : Les entreprises et la production

Section 2: les ménages et la consommation

Section 3 : l’Etat et ses interventions

Chapitre 2: Les mécanismes économiques

Section1: Les marchés et les prix

Section2 : la formation et la répartition des revenus

Section3 : La monnaie et le financement de l’économie

Chapitre 3: Les éléments de la comptabilité nationale

Chapitre 4: Les relations économiques internationales

Section1: La balance de paiements

Sectio2: Les paiements internationaux

Chapitre 5: Les stratégies de développement

Section1: Croissance économique

Section2: Enjeux du développement et du sous-développement

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INTRODUCTION GENERALE
L’économie nait de la recherche de la satisfaction des besoins des individus. Les besoins sont
illimités en nombre et interdépendants. Ils diminuent d’intensité au fur et à mesure qu’ils sont
satisfaits. Un bien économique est un « produit », au sens large, apte à satisfaire un besoin
humain. Fruit d’une activité qui a exigé un effort, ou un travail, le bien économique (bien de
consommation, de production ou intermédiaire, bien matériel ou service) est donc rare.
L’individu cherche à utiliser au mieux les ressources rares dont il dispose pour satisfaire ses
besoins. Cet ajustement rationnel des moyens aux fins qui s’impose à lui relève de choix
économiques et définit le domaine du « calcul économique ».
La Sciences Economique est la science de l’administration des ressources rares dans une
société humaine. Elle analyse et explique les modalités selon lesquelles un individu ou une
société affecte des moyens limités à la satisfaction de besoins nombreux et illimités. Pour
cela, la science économique s’appuie sur trois démarches (méthodes) profondément
différentes, mais complémentaires :
-La microéconomie, c'est-à-dire l’analyse des comportements individuels (du consommateur
ou du producteur par exemple) des agents économiques.
-La macroéconomie, c'est-à-dire l’analyse des comportements collectifs et globaux (comme
la production à l’échelle de la nation)
-La mésoéconomie, échelon intermédiaire entre micro et macroéconomie ; elle analyse les
groupes qui, quelle que soit leur taille, détiennent suffisamment de pouvoir pour peser sur la
destinée de l’économie nationale.
Dans le cadre de ce cours, notre analyse va s’intéresser particulièrement à trois acteurs de la
vie économique : les ménages, les entreprises et l’Etat. Elle en décrira les comportements, les
mobiles, les logiques respectives ainsi que leurs rôles dans l’activité économique.
Autres définitions de l’économie :

« L’Economie est la science qui étudie comment les ressources rares sont employés pour

satisfaire des besoins des hommes vivant en société » Edmond Malinvaud

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Chapitre 0: L’ACTIVITE ECONOMIQUE ET SON FONCTIONNEMENT

L’activité humaine présente un aspect économique dès qu’il y a lutte contre la rareté. Tout
homme a des besoins nombreux et variés qu’il satisfait grâce à des ressources ou biens
économiques qui, par nature, sont limités.
I- LE PROBLEME ECONOMIQUE

A- Les besoins

1-Qu’est-ce qu’un besoin

Un besoin est un état de manque face à ce qui est nécessaire ou ressenti comme tel par
l’homme vivant en société. Autrement dit, c’est une sensation de manque qu’un individu
cherche à satisfaire. Les besoins sont différents d’un individu à l’autre et évoluent dans le
temps et dans l’espace. Les besoins sont caractérisés par :
-la multiplicité (illimités) ; à côté des besoins vitaux, apparaissent sans cesse de nouveaux
besoins liés tant au caractère propre à chaque individu qu’à l’environnement économique,
social et culturel.
-la satiabilité ; l’intensité d’un besoin diminue au fur et à mesure qu’il est satisfait, au-delà
d’une certaine intensité de satisfaction, le besoin se trouve saturé.
-l’interdépendance ; les besoins sont souvent substituables ou complémentaires.
2-la classification des besoins

a). Selon la nature

On distingue :
- Les besoins physiologiques, biologiques ou primaires indispensables au maintien de la vie
(se nourrir, boire, se vêtir, se soigner…)
- Les besoins sociaux de civilisation ou secondaires considérés comme indispensable pour
assurer un niveau et un style de vie correspondant au groupe auquel appartient l’individu (se
cultiver, voyager…) mais sont essentiels à la survie de l’Homme. Certains besoins
physiologiques peuvent se confondre avec les besoins sociaux (exemple : se vêtir)
b). Selon la nature du système économique

On distingue :
- Les besoins individuels, qui seront satisfait par des biens et pourront être utilisé pour la
satisfaction d’un besoin similaire d’un autre individu (exemple : se nourrir)

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- Les besoins collectifs, qui seront satisfaits par des biens disponibles pour l’ensemble d’une
collectivité (exemple : se former, se déplacer…)
c). Selon la « pyramide des besoins » de MASLOW

Le sociologue Abraham MASLOW à hiérarchiser dans une pyramide cinq catégories de


besoins. Selon lui l’intensité d’un besoin augmente avec le degré de satisfaction d’un besoin
de niveau inférieur. Il est à noter qu’il existe des limites à cette théorie. Ainsi l’individu
cherche parfois à satisfaire des besoins d’ordre supérieur même lorsque ceux de la base de la
hiérarchie demeurent insatisfaits (exemple : un travailleur précaire peut être plus motivé que
ceux qui bénéficient de la sécurité de l’emploi). Par ailleurs, le passage à des couches
supérieures peut remettre en question la stabilité des couches de base (exemple : le besoin
d’estime peut amener à négliger le besoin de sécurité au cours d’activités précaires mais
socialement valorisées)

Besoin de réalisation de soi

Besoins secondaires
Besoin d’estime, distinction,
titres, considération

Besoin d’appartenance :
appartenir à un club, une
association

Besoin de sécurité : garantir les revenus,


s’assurer Besoins primaires

Besoins physiologiques : se nourrir, se vêtir, se loger

B - Les biens

La satisfaction des besoins (manques) se fait par la consommation d’un bien ou d’un service.
1- qu’est-ce qu’un bien ?

Un bien est un élément / produit susceptible de satisfaire les besoins d’un individu.

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2- les biens économiques

Pour satisfaire ses besoins, l’homme doit se procurer des biens. Certains lui sont fourni
spontanément et librement par la nature en quantité illimité ce sont les biens libres (exemple :
eau…) mais la plupart exige une transformation avant d’être consommé et ne sont disponible
qu’en quantité limitée, ce sont les biens économiques (exemple : une voiture…). Un bien
économique est rare, disponible et utile. Contrairement à un bien libre qui est utile, disponible
et abondant
3- Les biens économiques et leur classification

a). En fonction de la matérialité

On distingue :
-Les biens matériels qui ont une existence physique (exple : une pomme…)
-Les biens immatériels qui n’ont pas d’existence physique (film…)
b). En fonction de la durabilité

On distingue :
- Les biens durables qui ont une utilisation prolongée dans le temps
- Les biens non durables ou biens fongibles qui se détruisent par l’utilisation (exemple :
l’essence…)
c). En fonction de l’usage
On distingue :
- Les biens individuels qui sont destinés à un usage individuel (brosse à dents…)
- Les biens collectifs qui sont destinés à un groupe d’individus pour un usage collectif
(exemple : un terrain de football, un campus…)
d). En fonction de la destination

On distingue
- Les biens particuliers qui sont destinés à être utilisé pour satisfaire les besoins humains
(exemple : un livre…)
- Les biens d’équipement qui servent à la production mais qui ne sont pas immédiatement
consommés ou transformés au cours du processus de production (exemple : un camion, une
maison…)
- Les biens intermédiaires qui sont consommés au cours du processus de production pour être
transformé en biens d’utilisation finale ou en bien d’équipement (exemple : le pétrole…)

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C- Les choix économiques

1-La rareté

Les besoins de l’homme sont illimités. Toutefois, ils ne pourront tous être satisfaits du fait :
- Des quantités limitées de biens économiques produits
- De la demande solvable, c'est-à-dire du pouvoir d’achat disponible
2-Les choix économiques

Pour réduire l’écart entre les besoins illimités et les biens existants en quantité limité, les
individus doivent faire des choix.
- Les consommateurs vont choisi certains biens car ils n’ont pas le budget nécessaire pour tout
acquérir
- Les producteurs, vont se demander et décider quoi produire, comment produire, combien
produire, pour qui produire et comment répartir les biens entre les individus.
- L’Etat va choisir de soutenir certains secteurs d’activités (exemple : agriculture) et groupes
de personnes (exemple : personnes âgées)

D- Les échanges

1-La spécialisation des agents selon leurs aptitudes

Pour éviter de gaspiller le travail à l’échelle de la société, il est préférable que les agents
économiques se spécialisent dans la production pour laquelle ils sont le plus efficace : il s’agit
d’une division sociale du travail. On peu ainsi produire une plus grande quantité de bien et ce
d’autant plus que le travail est divisé à l’intérieur de l’entreprise dans le cadre de la division
technique du travail.
2-La rencontre des agents sur le marché

La spécialisation des agents rend nécessaire les échanges entre eux pour se procurer auprès
des autres agents tous les biens qu’ils ne produisent pas. Ces échanges se déroulent sur le
marché, qui est le lieu de rencontre réel ou fictif entre les offreurs et les demandeurs des
biens. En d’autres termes, les consommateurs expriment leurs besoins sur les marchés, ce qui
oriente la production des entreprises. Bien entendu compte tenu de la rareté des biens, les
échanges conduisent à une négociation sur le prix, lequel s’ajuste en fonction des différentes
offres et demandes.

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E- Définition d’une problématique économique

Puisque les besoins qu’évoquent les êtres humains sont illimités et que les biens pour les
satisfaire n’existent qu’en nombre limité, il est nécessaire de faire des choix pour savoir quels
biens vont être produits, de quelle manière ils seront produits et pour qui ils seront produits.
Dans les sociétés modernes, les hommes ne consomment pas directement ce qu’ils produisent.
Ils se spécialisent dans un type de production et échangent ensuite leurs biens et services sur
un marché où se fixant le prix. Les prix seront d’autant plus élevés que les biens seront rares.
L’économie est la science qui étudie la manière dont les hommes s’organisent pour faire face
à la rareté des biens en produisant et en échangeant afin de pouvoir consommer.
II- L’activité économique et ses agents

A -Les agents économiques et leurs fonctions

Un agent économique est un individu ou un groupe d’individus autonome qui s’organise et


prend des décisions économiques pour satisfaire ses besoins et lutter contre la rareté. On
distingue six catégories d’agents économiques de part leur fonction économique principale
1-Les ménages

Les ménages regroupent les personnes physiques (exemple : une famille) le groupement
d’individus (exemple : prison, caserne…) vivant sous le même toit et les entreprises
individuelles. La fonction principale des ménages est la consommation des biens et services.
Elle est rendue possible grâce aux revenus (salaire) qu’ils perçoivent, obtenu pour l’essentiel
en échange de leur travail.
2-Les sociétés non financières (sociétés et quasi sociétés non financières)

L’entreprise est une unité économique dont la fonction principale est la production des biens
et services marchands c’est-à-dire vendus à un prix permettant de couvrir les coûts de
production et de dégager un profit. Les entreprises sont également classées en quatre secteurs
d’activité :
- Secteur primaire (agriculture et pêche,…… )
- Secteur secondaire (industrie)
- Secteur tertiaire (service)
- Secteur quaternaire (recherche liée à la haute technologie et aux métiers de l’informatique)

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3-Les institutions financières

On distingue :
- Les banques et les établissements de crédit. Leur fonction principale est la production des
services bancaires (exemple : prêts), le financement de l’économie (collecte, transformation et
répartition des moyens de financement) et la gestion des produits financiers (dépôt des
ménages…). Elles mettent en relation les agents qui détiennent de la monnaie (épargnants) et
ceux qui en cherchent (investisseurs). Leurs activités sont essentiellement financées par les
intérêts et commissions qu’elles perçoivent sur les prêts consentis.
- Les organismes d’assurance qui produisent des services d’assurances visant à couvrir les
risques (maladie, vieillesse, vol…)

4-Les administrations publiques

Les administrations publiques regroupent les administrations publiques centrales (les


ministères et leurs administrations), les administrations publiques locales (région,
départements, communes) les administrations de la sécurité sociale (CNPS) et les hôpitaux
publics. La fonction principale des administrations publiques (et ISBLSM) est de fournir les
services non marchands c'est-à-dire gratuit, aussi a un coût nettement inférieur à leur coût de
production. Elles ont également pour rôle de redistribuer une partie de la richesse produite par
l’économie. Leurs activités sont financées par les prélèvements obligatoires (impôts, taxes,
cotisations sociales) perçus sur les entreprises et les ménages.

5-Les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM)

Ce sont des unités privées dotées de la personnalité juridique produisant des biens et services
non marchands. Leurs ressources proviennent des cotisations volontaires, des subventions
publiques ou des revenus tirés de la propriété. Les ISBLSM sont constitués principalement
d’associations (coopératives, mutuelles, gic..).

6-L’extérieur

L’extérieur regroupe le reste du monde (RDM) c'est-à-dire tous les agents économiques
non-résidents (situé à l’étranger) avec lesquels les agents de l’économie nationale échangent.
Les échanges peuvent porter sur la vente des biens et services marchands (exportation),
l’achat des biens et services marchands (importations) et ou sur des échanges de capitaux.

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L’ensemble des flux de biens et services marchands entre les pays constituent les échanges
internationaux. Leur développement conduit soit à une spécialisation, soit une répartition
géographique de la production mondiale de biens et de services (exemple : le textile en chine)
d’une manière qui n’est malheureusement pas toujours équitable (conditions de travail,
salaire…) ni écologique (pollution lors du transport, procédé de fabrication…)

B- Les relations entre les agents économiques

1-Les marchés

Le marché est le lieu de rencontre réel ou fictif entre l’offre et la demande des agents. Sur le
marché, se fixe un prix qui permet les transactions. On distingue :
- Le marché des biens et services qui met en relation l’offre des marchandises et la demande
des ménages en fixant le prix des biens et services
- Le marché du travail qui met en relation les entreprises qui offrent les emplois et les
ménages demandeurs d’emplois, ce marché va permettre de fixer les salaires
- Le marché des capitaux qui met en relation les offres de financement (exemple banque) et
les demandeurs de financement (exemple : besoin d’investissement des entreprises)
2-Les différents flux

Les opérations effectuées par les agents économiques sur le marché donnent lieu à deux types
de flux :
- Le flux réel ou physique qui concerne toutes les opérations qui portent sur les biens et
services (exemple : l’achat d’une marchandise, le travail d’un salarié)
- Le flux monétaire ou financier qui sont en fait les contre parties des flux physiques et
concernent les mouvements des capitaux (exemple : le paiement d’une marchandise, le salaire
d’un travailleur)

3-Le circuit économique

Le circuit économique est une représentation schématique des flux d’échanges réalisés entre
les agents dans une économie. Ce circuit permet de représenter les agents, le marché et les
flux.

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Une économie renferme trois types d’opérations : opérations sur les biens et services,
opérations de production, opération de répartition.

III - L’Economie camerounaise : une économie de marché régulé ?

A - L’Economie camerounaise : une économie de marché dominante ?

Les économies contemporaine, telles que l’économie camerounaise, sont des économies dans
lesquelles s’effectuent la coordination par le marché
1-la coordination par le marché

a). L’économie de marché

Une économie de marché est un système économique où les prix et les quantités de produits
dépendent pour l’essentiel de la confrontation des offres et des demandes. C’est le marché qui
indique quel bien produire, comment produire et comment rémunérer les agents économiques
b). La régulation par le marché

Dans une économie de marché, la loi de l’offre et de la demande permet de dégager une
position d’équilibre qui correspond à un optimum social.

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Sur un marché concurrentiel, le prix tend à se rapprocher du prix d’équilibre. Tout


déséquilibre doit en principe être corrigé grâce à des variations de prix sans aucune
intervention extérieure.

2-Les domaines et les limites de l’extension du marché

Depuis un siècle, le marché s’est continuellement étendu et imposé au niveau mondial :


- La libération du marché au niveau mondial renforce son efficacité, les économistes les plus
libéraux considèrent qu’il y a peu d’activités qui ne puissent pas être soumises à une logique
marchande
- L’extension du marché : le marché s’étend de plus en plus à des domaines jusqu’à présent
préservés. Tout s’achète et tout se vend il y a une logique d’extension des rapports marchands
(organes humains, culture, éducation…) cette logique se traduit par un recul de l’Etat
interventionniste. Toutefois dans la réalité, la coordination par le marché ne permet pas un
fonctionnement optimal de l’économie.

B - L’économie camerounaise : une économie encore fortement régulée par l’Etat

1-L’Etat corrige les défaillances du marché

a). La notion de régulation

La régulation de l’activité économique par l’Etat concerne toutes les actions de l’Etat
(réglementation et politique économique) qui visent à équilibrer le marché et orienter
l’évolution spontanée de l’économie. La régulation de l’Etat s’appuie sur des objectifs et elle
nécessite la mise en œuvre des moyens adaptés à la réalisation de ces objectifs. La régulation
par l’Etat se combine avec la coordination des activités économiques par le marché.

b). Les objectifs de la régulation

L’intervention de l’Etat a trois objectifs principaux :


- Corriger les dysfonctionnements du marché (exemple : pollution)
- Assurer une protection sociale
- Réguler l’activité économique (exemple : lutte contre le chômage)
Les objectifs de la régulation sont à la fois de nature économique et social, le principal
objectif économique de la régulation est la croissance qui suppose notamment le plein emploi,

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la stabilité des prix et l’équilibre du commerce extérieur. Les principaux objectifs sociaux de
la régulation sont :
- L’amélioration de la prévention (santé publique)
- La lutte contre la violence
- L’élévation du niveau d’éducation
Pour réguler l’activité économique, l’Etat dispose de la politique économique qui s’appuie à
la fois sur des instruments de connaissance (CN) et sur des instruments d’intervention
(prélèvements obligatoires, la privatisation, la réglementation). L’Etat est également
producteur des services marchands ; il intervient donc sur les marchés concurrentiels et
participe de ce fait à la régulation des marchés.

c). Quelques éléments sur le système productif des biens et services

c1). Définition et fonction

La production d’un point de vue économique désigne l’activité socialement organisée, de


création de biens et de services destinés au marché à partir des facteurs de production (K, L,
N,T). Sa fonction est de satisfaire des besoins individuels et collectifs.
c2). Production marchande et non marchande

Il faut distinguer :
- La production domestique ou autoproduction, réalisé par les ménages dans un cadre privé.
Elle ne fait pas l’objet d’un échange marchand et n’est pas mesurée par l’entreprise
- La production marchande des biens et services destinés à être vendus sur un marché. Le prix
de vente de ces biens et services doit au minimum permettre de couvrir leur coût de
production. Cette production est essentiellement réalisée par les entreprises.
- La production non marchande des biens et services qui seront mis gratuitement soit à un prix
inférieur à leur coût de production à disposition des consommateurs, cette production est
essentiellement réalisée par les administrations publiques et les ISBLSM.
c3). La mesure de la production

Au niveau de l’entreprise, la valeur d’une production est estimée à partir de la notion de


valeur ajoutée. La valeur ajoutée représente la richesse réelle créée par une entreprise du fait
de son activité de production.
Valeur Ajoutée = production – Consommation intermédiaire

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Au niveau national, la production d’un pays se mesure à l’aide d’un indicateur appelé produit
intérieur brut (PIB). C’est un agrégat qui mesure la richesse créée par les différents agents
économiques présents sur un territoire national.
PIB = ∑ 𝑽𝑨+ Droits de douanes + TVA
En intégrant la production des agents économiques hors territoire,
PNB = PIB + solde de revenus des facteurs du reste du monde
La mesure de la richesse créée par l’entreprise (niveau micro économique) : la valeur ajoutée
La mise en œuvre de l’intervention de l’Etat

d). La politique économique : définition et objectifs

La politique économique désigne l’ensemble des actions mise en œuvre par les pouvoirs
publics pour atteindre des objectifs économiques
Les objectifs de la politique économique visent à traduire les finalités de l’Etat (justice
sociale, amélioration des conditions de vie, solidarité) dans des grandeurs mesurables telles
que :
-La croissance économique : la croissance est nécessaire à l’emploi et à son développement
économique et social
- Le plein emploi (taux de chômage) : réduire le taux de chômage pour tendre vers un plein
emploi
- La stabilité des prix : réduire l’inflation pour assurer une certaine stabilité des prix
- L’équilibre des comptes extérieurs
Pour atteindre ces objectifs l’Etat dispose de deux politiques économiques
- La politique conjoncturelle agissant à court terme sur les indicateurs économiques. Elle vise
à prendre des mesures ponctuelles pour sortir d’une crise ou modérer une surchauffe
temporaire de l’économie.
- Les politiques structurelles cherchent à modifier la structure de la vie économique sur le
moyen et sur le long terme. Les domaines d’intervention de la politique structurelle sont très
nombreux : politique de recherche de développement, politique sociale, politique de
l’environnement, politique des transports, politique industrielle, politique de protection de la
concurrence…

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e). Les instruments gouvernementaux de redistribution

Un premier aspect de la redistribution est la notion de prélèvements obligatoires ou plus


largement des cotisations sociales qui sont orientés par la politique fiscale. Il s’agit de
prélèvements sous forme : impôts d’Etat direct, prélèvements sociaux. Ces prélèvements sont
ensuite redistribués sous forme :
- De prestations versées par la CNPS : on parle ici de redistribution horizontale
- D’allocation (allocation logement, allocation familiale, allocation transport …) et minima
sociaux (SMIC…) : on parle ici de redistribution verticale
- D’aide au patrimoine : l’Etat encourage par les primes, bonifications, déduction et
exonération la constitution d’un patrimoine financier et immobilier sécurisant la situation des
ménages et leur permettre d’anticiper ou de faire face aux aléas économiques (exemple : plan
épargne logement…).

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Chapitre 1 : La consommation et la production

Section 1: Les entreprises et la production


Les entreprises constituent un univers à la fois diversifié en perpétuel mutation. Leur
fonctionnement optimal suppose un choix rationnel en matière de technique de production
ainsi qu’une bonne compréhension des facteurs de production et des coûts de production.

I- la diversité des entreprises et les modifications de l’appareil productif


Diversité et mutation caractérisent les entreprises. La diversité des entreprises résulte non
seulement de leur activité mais, également de leur taille ainsi que leur forme juridique. Une
composante des mutations est constituée par le processus de concentration et
d’internationalisation de la production.

A- Les critères de classification des entreprises


Très souvent, les entreprises ont plusieurs activités. Comment dès lors classer de telles
entreprises ?
1- Selon la taille
Pour mesurer la taille de l’entreprise, plusieurs facteurs sont pris en compte : l’effectif salarié,
le chiffre d’affaire, la valeur ajoutée, le bénéfice. On distingue :
- TPE ; 01 à 05 salariés
- PE : 05 à 10 salariés
- PME : 10 à 50 salariés
- ME : 50 à 500 salariés
- GE : plus de 500 salariés

2- Selon le domaine d’activité


Colin CLARK et Jean FORASTIER regroupent les secteurs d’activités en trois groupes :
- Secteur primaire : production des matières premières, agricoles, pêches, mines…
- Secteur secondaire : activité industrielle, transformation des matières premières en biens et
services
- Secteur tertiaire : activité de production de services (commerce, banque, assurance,
transport…)

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Le secteur primaire régresse, ainsi que le secteur secondaire qui perdent des emplois au profit
du secteur tertiaire. On parle de tertiairisation de l’économie.
Le secteur d’activité regroupe les entreprises qui ont la même activité principale. La branche
d’activité regroupe quant à elle regroupe les entreprises produisant le même type de biens.
Une entreprise a autant de branches qu’elle exerce une activité (production des biens et
services). Une entreprise a un seul secteur et éventuellement a plusieurs branches.
Exemple : PSA →production automobile : branche industrielle automobile : secteur
automobile ;→Production tracteur : branche fabrication machine agricole : secteur automobile
La filière d’activité, regroupe les entreprises ayant des activités complémentaires de l’amont
vers l’aval ; les matières premières sont transformées en produit final qui concoure à la
satisfaction des besoins (filière coton, cacao, bois…)
Remarque : Dans l’économie contemporaine, les économistes distinguent un quatrième
secteur : le secteur quaternaire, dont l’activité principale est la production et la diffusion des
savoirs technologiques (exemple : Microsoft, facebook, Yahoo, Apple…)

3- Selon le statut juridique


Le tissu économique camerounais est composé d’entreprises, ces entreprises n’ont pas la
même personnalité juridique, elles sont représentées par l’entrepreneur commerçant.
D’autre part les entreprises peuvent adopter le statut de la société (contrat de société entre
plusieurs associés ou actionnaires)
On distingue, les sociétés de personnes (SNC), les sociétés mixtes (SARL, EURL) et les
sociétés de capitaux (SA). Sans oublier les entreprises publiques, à distinguer des
administrations publiques.

B- Processus de concentration des entreprises


Par définition, la concentration est le regroupement deux ou plusieurs entreprises. Elles
leurs permettent d’accroitre leur échelle de production et par conséquent de rester
compétitive. On distingue plusieurs techniques et formes de concentration.

1- Les techniques de concentration


Il en existe préalablement quatre à savoir : la fusion, l’absorption, la prise de contrôle, la
filiale commune (joint-venture)

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- La fusion : on parle de fusion lorsque deux ou plusieurs entreprises se regroupent pour n’en
faire qu’une entreprise nouvelle (A+B = C)
- L’absorption : c’est lorsqu’une entreprise A prend le contrôle d’une autre entreprise B et la
fait disparaitre (A+B = A).
Exemple : SABC et International des brasseries
- Prise de contrôle : on parle de prise de contrôle lorsqu’une entreprise A prend une
participation majoritaire dans le capital d’une entreprise B
Exemple : cas de SABC et de SOCAVER
- La filiale commune : c’est une situation d’accord entre plusieurs entreprises qui partagent
un contrat de partenariat. Le contrat peut les amener par exemple à utiliser les mêmes
marques, les mêmes plates formes d’achats et de vente, les fournisseurs… c’est par exemple
le cas des Hôtels NOVOTELS, HILTON….

2- Les formes de concentrations


On distingue trois principales formes de concentration à savoir : la concentration verticale,
la concentration horizontale et la concentration conglomérale
- La concentration verticale : C’est la fusion de deux ou plusieurs entreprises
complémentaires dont la production de l’une est utilisée par l’autre pour la fabrication de ses
produits. C’est le cas par exemple de la SOCAVER et la SABC, de la SIC CACAO et
CHOCOCAM, de la SOLICAM et de la CICAM
- La concentration horizontale : c’est la fusion de deux ou plusieurs entreprises appartenant
à la même branche d’activité. C’est le cas de CASINO et de SCORE, de TOTAL et
PERENCO…
- La concentration conglomérale : c’est un processus de concentration mixte ; la fusion de
deux ou plusieurs entreprises à la fois concurrentes et complémentaires. L’objectif étant de
diversifier leur activité de production.
Les stratégies sous-jacentes à chaque forme de concentration :
• Concentration horizontale : résulte d’une stratégie de recentrage des entreprises sur
leur métier de base
• Concentration verticale : résulte d’une stratégie d’intégration vers l’amont et l’aval à
partir d’un produit
• Concentration conglomérale : résulte d’une stratégie de diversification, soit sur la base
d’une logique industrielle (TOTAL : pétrole, chimie, pharmacie, parfum), soit sur la base

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d’une logique financière (BOLLORE : transport, assurance, énergie, plastique, tabac,


communication…)
3- Raisons de concentration « fusion »
- Possibilité de réaliser des économies d’échelle : (l’augmentation de la quantité produite
entraine une baisse des coûts moyens, souvent grâce à une répartition des coûts fixes sur une
quantité produite plus importante). Cette baisse de coût (compétitivité coût) peut permettre à
l’entreprise de :
• Baisser les prix pour gagner en compétitivité - prix
• Accroitre ses profits et développer ses investissements dans le marketing ou R&D pour
gagner en compétitive structurelle ou hors prix.
-Réduire l’intensité de la concurrence
-Accroître les parts de marché
Une fusion est susceptible de permettre à l’entreprise de :
- élargir sa gamme de produits proposés aux clients
- dominer un marché
-acquérir une taille « mondiale » pour pouvoir concurrencer les autres entreprises globales.
4- Conséquences des fusions
Les fusions favorisent le développement des oligopoles ; ce qui entrave la concurrence et
entraine des conséquences :
- Sur l’emploi : à court terme, les fusions provoquent des suppressions d’emplois. A long
terme, la hausse de la compétitivité entraine la hausse de la production, donc une hausse des
emplois.
- Sur les PME : le rapport de force entre PME et les très grandes entreprises n’évolue pas en
faveur des PME.
- Sur le consommateur : baisse des possibilités de choix et risque de perte de pouvoir d’achat
- Sur les entreprises, les résultats ne sont pas toujours ceux escomptés, ceci pour deux
raisons :
• Dés-économies d’échelle : l’augmentation des quantités produites provoque une hausse
des coûts moyens, ce qui compromet l’augmentation de la compétitivité
• Problème de management : Le plus souvent, ce qui fait obstacle à la nécessité des
fusions sont les hommes. L’annonce d’une fusion provoque une inquiétude chez les salariés.

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II- La production
La production est l’activité économique socialement organisée qui consiste à créer les biens et
services destinés au marché à partir des facteurs de productions (ressources) tels que le
capital, le travail et le temps. Etudier la production consisterait à identifier et à définir les
facteurs de productions.

A- Les facteurs de production


La notion de facteur de production à évoluer avec le développement économique des nations
pendant des siècles, elle se limitait essentiellement à la terre et au facteur humain car, la
production était nettement agricole. Avec la révolution industrielle, le facteur capital s’est
introduit dans l’analyse économique et a progressivement évincé la terre. A la faveur des
progrès techniques, le progrès technique est désormais considéré comme facteur de
production à part entière.

1- Les ressources naturelles (N)


Leur importance a été particulièrement mise en évidence par les physiocrates de l’époque où
l’agriculture était l’activité dominante. Elles sont restées déterminants dans l’analyse
économique pendant la révolution industrielle, car celle-ci était fondée sur l’utilisation du
charbon comme principale source de l’énergie. Aujourd’hui, elle représente encore un facteur
de production fondamentale (agriculture) même si on a tendance à les inclure dans le facteur
capital pour des besoins de simplification. Mais, il convient de relever que l’exploitation
abusive et anarchique de ces ressources pose des problèmes d’ordre écologique et
environnemental.

2- Facteur de travail (L)


Le travail peut être conçu comme tout effort individuel ou collectif effectué dans le but de
créer des richesses. L’effort peut être physique ou intellectuel. Le facteur travail peut
s’appréhender sous deux aspects : aspect démographique et aspect économique.

a). L’aspect démographique du travail


La population d’une nation est constituée de deux types d’individus ; ceux qui sont en âge de
travailler appelée population active et le reste. Dans la population active, on distingue la
population active inoccupée (chômeurs), la population active occupée.

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La population active est constituée des individus qui exercent une activité rémunérée alors
que les chômeurs sont les personnes à la recherche d’une activité. Le travail est offert par la
population active à ne pas confondre avec l’offre d’emploi qui exprime plutôt la demande de
travail. L’activité de cette tranche de population dans une économie est appréhendée par le
taux d’activité (TA)
PA
TA =PTx 100

b). L’aspect économique du travail


Il peut s’analyser à partir de la répartition sectorielle de la population active ou à partir de la
rationalisation du travail
- La répartition sectorielle de la population active
Selon COLIN CLARK, les activités de production peuvent être classées en trois grandes
catégories suivant la nature des biens offerts : secteur primaire, secteur secondaire, secteur
tertiaire
Selon la théorie de la mobilité de la population active, le poids de ces trois secteurs détermine
le niveau du développement économique du pays. Cette théorie stipule qu’au fur et à mesure
que le développement se poursuit dans un pays, on observe une migration des travailleurs
du secteur primaire vers le secteur secondaire et du secteur secondaire vers le tertiaire.
Cette migration est la conséquence du progrès technique car à mesure que l’agriculture se
mécanise, on a besoin de moins en moins de mains d’œuvre agricole. Les travailleurs ainsi
libérés se retournent vers l’industrie pour offrir leur force de travail mais à mesure que les
machines se perfectionnent et avec la robotisation, on a de moins en moins besoin de
travailleurs dans le secteur industriel. Le surplus de main d’œuvre libérée est obligé de se
retourner vers les activités de service.
Elaborer vers la fin du 18e siècle, cette théorie qui s’inspire du schéma de développement des
pays occidentaux est aujourd’hui critiqué. En effet, on constate que dans les pays en
développement, la migration va du primaire vers le tertiaire. Le sous-développement
s’explique alors par l’inexistence /existence embryonnaire du secteur secondaire.
- La rationalisation du travail
Le concept de rationalisation renvoie à l’ensemble des moyens ou des aménagements mis en
œuvre pour rendre le travail moins pénible et plus productif.
Il se matérialise par la division du travail ou par sa mécanisation, on parle encore de l’OST.
La division du travail consiste à spécialiser les travailleurs dans les tâches élémentaires, ce qui

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permet d’augmenter leur rendement et la productivité. La mécanisation est la conséquence du


progrès technique. Elle consiste à améliorer la productivité et la rentabilité des entreprises par
l’utilisation des machines.

3- Facteur capital
a). Différents concepts du capital
Le capital est un concept qui recouvre plusieurs réalités. C’est un bien qui est produit non
pour satisfaire directement les besoins mais pour permettre de produire d’autres biens. On
distingue : captal technique, capital économique et capital financier.
On appelle capital technique l’ensemble des biens de production utilisés par l’entreprise. Le
capital technique est également constitué de :
- Capital fixe non détruit au cours du processus de production (terrain, bâtiment…)
- Capital circulant transformé et incorporé au produit au cours du processus de production
(énergie, matière première…)
On peut cependant noter dans nos sociétés tertiaires une forte dématérialisation du capital
ainsi, le matériel informatique ne peut fonctionner sans logiciel « capital matériel »

b). Du capital à la notion d’investissement


L’acquisition du capital physique à l’aide des moyens de paiement dont dispose l’entreprise
est généralement appelé investissement. On distingue deux types d’investissements
• L’investissement matériel qui se décompose lui-même en :
- Investissement de capacité, qui doit permettre d’accroitre les capacités de production de
l’entreprise
- L’investissement de remplacement, qui est destiné à remplacer les équipements usés et
obsolètes afin de maintenir les capacités de production en état.
- Investissement rationnel, qui est un investissement de productivité destiné à améliorer,
moderniser et rationaliser la production
• L’investissement immatériel : On distingue sous cette appellation toutes les dépenses de
formation, R&D, d’étude de marché et de l’acquisition de logiciels et de brevets effectués par
l’entreprise

c). Déterminant de l’investissement


L’investissement dépendrait de trois variables :

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- Le rendement attendu de l’investissement, c'est-à-dire le bénéfice présent et future actualisé


(efficacité marginale du capital, qui repose exclusivement sur les anticipations du producteur).
- Le coût de l’investissement, en d’autres termes le coût de l’emprunt contracté pour financer
l’acquisition des biens d’équipement. Ce coût est appréhendé par le taux d’intérêt.
- Capacité d’endettement, trésorerie à terme et solvabilité.

4- Progrès technique
C’est l’ensemble des méthodes et procédés qui permettent d’augmenter l’efficacité des autres
facteurs de production. Il est lié à la connaissance scientifique mais également à l’expérience
et la recherche des entreprises. Il résulte soit de :
- d’une amélioration de l’utilisation du facteur travail : meilleure organisation du travail,
acquisition de savoir-faire, innovation dans l’organisation des tâches…
- d’une amélioration du capital technique : acquisition de matériel plus performant….
- d’une amélioration du mode de production : intégration de nouvelles technologies,
modification du processus de production d’un bien

B- Analyse de la production
Elle étudie le comportement de la production de l’entreprise. Traditionnellement, elle
suppose que la rationalité de cette dernière la pousse à maximiser ses gains et à minimiser ses
pertes. Mais avant d’analyser ce comportement, il convient de commencer par présenter la
fonction de production et les notions qui s’y rapportent.

1-La fonction de production


C’est une fonction mathématique qui établit la relation technologique qui existe entre les
quantités produites et les quantités de facteurs de production utilisés.
Soient par exemple les variables : Q ≡ production
K ≡ capital
L ≡ travail
Si on suppose que la production est obtenue en combinant uniquement (hypothèse
simplificatrice) les facteurs K et L. On peut écrire : Q =f(K,L), c’est la fonction de
production.
Un exemple de fonction de production très utilisée en économie est la fonction Cobb-
Douglas ; donc la forme est la suivante :

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Q =f(K,L) = AK α Lβ
avec A ≡ progrès technique (𝛼,𝛽) ≡ paramètres constants.

a).Mesure de la production
La mesure de la richesse produite par un facteur (K,L) est généralement appréhendée par
ce que l’on nomme la productivité du facteur (mesure l’efficacité du processus de production
d’un facteur). La productivité du facteur apparaît en général à travers le rapport production
totale sur facteur de production (K,L). Elle indique comment varie la production totale lorsque
l’on fait varier le facteur (K,L). On recherche en d’autres termes à préciser la contribution du
facteur (K,L) à la croissance de la production. On retient en général deux mesures de la
productivité : la productivité moyenne et la productivité marginale. Ces deux concepts
permettent d’analyser les relations entre la quantité produite d’un bien ou service et la
quantité utilisée d’un facteur de production.

a.1) Productivité moyenne


On appelle productivité moyenne d’un facteur de production, la quantité de bien produit par
unité de facteur de production utilisée.
• La productivité moyenne du capital (PMK) est la quantité de bien produit par unité de
capital utilisé.
𝐐
PMK = 𝐊

• De même la productivité moyenne du capital (PML) est la quantité de bien produit par
unité de travail utilisé.
𝐐
PML = 𝐋

a.2) Productivité marginale


La productivité marginale d’un facteur de production, ‘est la variation de la quantité produite
provoquée par la variation d’une unité de facteur utilisé.
• On appelle productivité marginale du travail (PmL), la variation de la production
engendrée par une variation du facteur travail (L) c'est-à-dire une unité supplémentaire de
facteur travail. En d’autres termes, la productivité marginale du travail (PmL),est la quantité
supplémentaire produite à l’aide d’un salarié nouveau ou d’une heure additionnelle.
La formule est la suivante :
∆𝐐
PmL= (cas d’une fonction à variables discrètes)
∆𝐋

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𝛛𝐐
PmL= = fL’(K,L) (cas d’une fonction à variables continues)
𝛛𝐋

NB : L’entreprise embauchera des salariés jusqu’à ce que PmL= w (w : salaire unitaire) ;


autrement dit, l’entreprise embauchera tant qu’elle réalisera les gains de productivité c'est-à-
dire PmL ≥ w.
• On appelle productivité marginale du capital (PmK), la variation de la production
engendrée par une variation du facteur capital (K) c'est-à-dire une unité supplémentaire de
facteur capital. En d’autres termes, la productivité marginale du capital (PmK), est la quantité
supplémentaire produite à l’aide d’une unité additionnelle de capital.
Soit formellement :
∆𝐐
PmK = ∆𝐊 (casd’unefonction à variables discrètes)
𝛛𝐐
PmK = 𝛛𝐊 = fK’(K,L) (cas d’une fonction à variables continues)

Application :
On donne dans le tableau ci-dessous, l’évolution de la production du maïs en fonction des quantités de
travail utilisé.
Qté de travail (L) 0 1 2 3 4 5 6 7 8
Out put (Y) 0 3 7 12 16 19 21 21 20
TAF :
1- Calculer la productivité moyenne et la productivité marginale.
2- Représenter graphiquement les fonctions de productivité totale, de productivité marginale et de
productivité moyenne. Faites-en une analyse puis énoncé la loi des rendements décroissants ainsi que
les conditions de vérification d’une telle loi.
3- Quel est le niveau de production correspondant respectivement à l’optimum technique et à
l’optimum économique ?
4- Préciser sur la courbe de productivité totale, la phase des rendements croissants et la phase des
rendements décroissants. Faites une analyse.
Résolution : (voir transparent)
NB : Optimum technique (PmL)’ = 0 – optimum économique (PML = PmL) – production
maximale (PmL = 0)

b).L’élasticité de la production par rapport à un facteur


L’élasticité est un coefficient qui permet de mesurer la sensibilité de la production lorsqu’un
facteur de production varie .

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- L’élasticité de la production par rapport au capital (eQ/K) mesure la sensibilité de la


production lorsque le facteur capital varie . Formellement on peut avoir :
∆𝐐
𝐐 𝐏𝐦𝐊
eQ/K = ∆𝐊 ou eQ/K = 𝐏𝐌𝐊
𝐊

-De même l’élasticité de la production par rapport au travail (eQ/L) est égale au rapport de la
∆Q ∆L
variation relative de la production ( Q ) à la variation relative u travail ( L ). Ainsi nous avons :
∆𝐐
𝐐 𝐏𝐦𝐋
eQ/K = ∆𝐋 ou eQ/L = 𝐏𝐌𝐋
𝐋

d) la notion d’élasticité d’échelle, rendement d’échelle et degré d’homogénéité


L’élasticité d’échelle (𝜂 ) mesure la sensibilité de la production lorsqu’on fait varier
simultanément et dans les mêmes proportions les facteurs de production. Elle correspond à la
somme des élasticités factorielles.

𝜂 = eQ/K + eQ/L
Pour calculer l’élasticité d’échelle d’une fonction de production, on peut également procéder
par la détermination du degré d’homogénéité de cette fonction. Pour mesurer le degré
d’homogénéité (k) d’une fonction, on fait varier simultanément et dans les mêmes proportions
ses facteurs de production et on s’interroge ensuite sur la réaction de la production
La fonction de production f(K,L) est dite homogène si elle vérifie l’égalité suivante ;
f(𝜆K, 𝜆𝐿) = 𝜆𝑘 f(K,L) avec 𝜆 un réel
k = degré d’homogénéité de la fonction ou l’élasticité d’échelle
Exemple : vérifier l’homogénéité des fonctions suivantes :
a). f(K,L) = 2K2L b). f(K,L) = K2 + L2 c). f(K,L) = K2 + L2 + 5
Solution
a). k=3 b). k= 2 c). f(𝜆K, 𝜆𝐿) = 𝜆2(K2,L2) + 5 ≠ 𝜆2 (K2,L2 + 5)
donc pas homogène
A partir de l’élasticité d’échelle ou du degré d’homogénéité on peut déterminer le rendement
d’échelle d’une fonction de production.
- Si k = 𝜶 + 𝜷 >1, rendement d’échelle croissant. La production croît plus que
proportionnellement par rapport aux facteurs de production.
- Si k = 𝜶 + 𝜷 = 1, rendement d’échelle constant. La production croît au même rythme que
les facteurs de production.

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-Si k = 𝜶 + 𝜷 <1, rendement d’échelle décroissant. La production croît moins que


proportionnellement par rapport aux facteurs de production.
NB : Pour une fonction de type Cobb – Douglas (Q =f(K,L) = AK α Lβ ) les paramètres (𝛼,𝛽)

représentent les élasticités factorielles : eQ/K = 𝜶 et eQ/L = 𝜷

2- le comportement du producteur
L’analyse micro-économique suppose que l’objectif du producteur est de maximiser son
profit. Pour le faire, ce dernier peut procéder soit par la recherche de la production la plus
élevée possible, soit par la recherche du coût total le plus faible possible, soit directement par
la maximisation du profit. Pour réaliser la production efficace le producteur doit faire le choix
entre plusieurs techniques de production c'est-à-dire plusieurs combinaisons du facteur de
production

a). L’approche par la maximisation de la production


Le producteur peut se trouver dans une situation où il est rationné par la quantité de produit
disponible. En d’autres termes, il dispose d’un budget de dépense préalablement défini. Dans
ce cas, son problème est de savoir comment réaliser la production la plus élevée possible à
partir de ce budget. On dit qu’il cherche à maximiser sa production sous sa contrainte
budgétaire.
Considérons PL = prix du travail (coût du travail)
PK = prix du capital (coût du capital)
CT = coût total de production CT = PK. K + PL. L
Le programme économique du producteur consiste à maximiser la production Q = f(K,L) pour
un coût CT donné. C'est-à-dire pour un budget donné
On peut écrire ce programme de la façon suivante :
max 𝑄 = 𝑓(𝐾, 𝐿)
{ (1)
𝑠𝑐 𝐶𝑇 = PK. K + PL. L

b). L’approche de la minimisation des coûts


Le producteur peut se retrouver dans une situation où il est plutôt limité par la demande sur le
marché. En d’autres termes, la quantité des biens (𝑄̅ ) qu’il doit produire est déterminée à
l’avance par la capacité d’absorption du marché. Dans ce cas le producteur doit donc résoudre

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le programme où il cherche à minimiser ses dépenses sous la contrainte de la quantité


produite. Soit
min 𝐶𝑇 = PK. K + PL. L
{ (2)
𝑠𝑐 𝑄̅ = 𝑓(𝐾, 𝐿)
c). l’approche de la maximisation du profit (𝝅)
Le profit général noté (𝜋) est la différence entre la recette totale (RT) et le coût total (CT).
Soit P=prix du produit Q, RT = P.Q 𝜋 = RT –CT
Si la fonction (𝜋) est concave, le profit (𝜋) maximum est déterminé au point où la dérivée
première de la fonction (𝜋) s’annule. Dans ce cas il suffit de déterminer la quantité maximale
à produire Q* pour laquelle la dérivée de 𝜋 est nulle. C’est à dire
𝜋′ (Q) =0
Le profit total(𝜋) maximum correspond également au point où il ya égalité entre Rm et Cm
𝝏𝝅
=0 =>Rm – Cm = 0 =>Rm = Cm
𝝏𝑸

3- Détermination de l’optimum du producteur


a). Détermination algébrique
La résolution des programmes économiques (1) et (2) au travers de l’opérateur de Lagrange
(le Lagrangien) permet d’obtenir la combinaison optimale du producteur.

b). La résolution graphique du programme de maximisation


b1). Notion d’isoquant ou courbe d’indifférence du producteur
la fonction de production Q = f(K,L) permet de calculer toutes les combinaisons des facteurs
(K,L) susceptibles de réaliser une production donnée Q. L’ensemble de ces combinaisons peut
être représentée par une courbe appelée Isoquant.
Un isoquant ou isoproduit est un ensemble de combinaisons de facteurs de production
permettant de réaliser le même niveau de production. De façon graphique, elle se peut se
présenter par :

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k1
ΔK α Q1
k2 β carte d’indifférence
Q0

L
L1 L2

ΔL
b2). Propriétés
(P1) : l’isoquant est convexe, sa convexité est tournée vers l’origine
(P2) : l’isoquant est décroissant, sa pente est négative
(P3) : dans une carte d’indifférence, les isoquants sont parallèles, elles ne se coupent jamais
(P4) : dans une carte d’indifférence, l’isoquant la plus éloignée de l’origine est celle qui
correspond au niveau de production le plus élevé

c). Notion du taux marginal de substitution technique (TmsT)


On peut constater que la production Q0 peut être indifféremment réalisée par la combinaison
(K1, L1) ou (K2, L2). On peut donc substituer la quantité ∆𝐿 à la quantité ∆𝐾 (∆𝐿 ↗ , ∆𝐾 ↘ )
ondescend le long de l’isoquant sans changer de niveau de production.
Le taux marginal de substitution technique du travail au capital correspond à la quantité de
travail nécessaire pour substituer une unité de capital sans modifier le niveau de production.
En d’autres termes :
∆𝐋 ∆𝐊
tg α = TmsTL/K = - de même tg 𝜷 = TmsTK/L = - ∆𝐋
∆𝐊
Remarque : En comparaison au taux marginal de substitution chez le consommateur, on peut
dire que les concepts sont les mêmes, la technologie est tout simplement inversée.

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d). Notion d’isocoût


La contrainte budgétaire peut prendre la forme d’une droite appelée droite de budgétaire ou
isocoût. On appelle isocoût l’ensemble des combinaisons des facteurs (K,L) permettant
d’épuiser le budget ou de minimiser le budget du producteur. En distinguant par :
PK = r = le prix du capital PL= w = le prix du travail
CT = le coût total
CT = rK + wL ou CT = PK.K+ PL.L
CT
Si L= 0 alors CT =PK.K K =P
K

CT
Si K= 0 alors CT =PL.L L=P
L

K
CT
PK

Isocoût

CT
L
PL
L’équation de la droite d’isocoût (CT) peut encore s’écrire :
CT 𝑃𝐿
CT = PK.K + PL.L => K= - (𝑃𝐾)L forme équation d’une droite affine y = ax+b
PK

L’on notera bien que sa pente en valeur absolue |𝑎| = PL/PK ; rapport des prix (PL/PK )
La différentielle dQ de la fonction f(K,L) peut s’écrire
𝛛𝐐 𝛛𝐐
dQ = dK.𝛛𝐊 + dL. 𝛛𝐋 = 0
𝛛𝐐
𝒅𝑳 𝛛𝐊 𝝏𝑸 𝝏𝑸
− 𝒅𝑲 = 𝛛𝐐 or = PmK = PmL
𝝏𝑲 𝝏𝑳
𝛛𝐋

Il en résulte que le TmsTL/K peut être également défini comme le rapport entre PmK et PmL.
→Graphiquement la solution optimale de notre programme de maximisation correspond au
point de tangence de l’isoquant avec l’isocoût.

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Isocoût

Isoquant
Optimum
*
K

L* L
En ce point, on observe que la pente de la tangente à l’isoquant se confond avec la pente de la
droite d’isocoût. On peut écrire :
𝛛𝐐
𝐝𝐋 𝛛𝐊 𝐝𝐋 𝐏𝐦𝐋 𝒘
− = 𝛛𝐐 or − = TmsTL/K = =
𝐝𝐊
𝛛𝐋
𝐝𝐊 𝐏𝐦𝐊 𝒓

→Ainsi à l’optimum
𝐝𝐋 𝐏𝐦𝐋 𝒘
TmsTL/K = − = =
𝐝𝐊 𝐏𝐦𝐊 𝒓

𝐝𝐊 𝐏𝐦𝐊 𝒓
De même TmsTK/L = − = =
𝐝𝐋 𝐏𝐦𝐋 𝒘

→De même à l’optimum, la pente de l’isoquant est égale à la pente de l’isocoût.


𝐏𝐋
K’ = - ( ) avec K = f(L), fonction de l’isoquant
𝐏𝐊

→Enfin, de façon algébrique, la combinaison optimale est celle qui minimise ou épuise le
budget du producteur.

C- Analyse des coûts de production


Pour produire des biens et services, l’entreprise supporte des charges appelées coût de
production. Pour assurer sa pérennité c'est-à-dire réaliser ses profits, l’entreprise produit ayant
pour contraintes se coûts de production.
1- Typologie des coûts
Certains coûts supportés par l’entreprise varient avec la production et d’autres non
a). Coût fixe
Un coût fixe (CF) est un coût qui ne varie pas avec la quantité produite. Cela peut être par
exemple : le loyer, les frais de création d’entreprise, les taxes fixes, l’amortissement,

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l’éclairage, prime d’assurance…. Certains coûts fixes sont récupérables, cas de cession
d’activité d’autres pas.
b). Les couts variables (CVT)
Les coûts variables (CVT) varient en fonction de la quantité produite Q. En général, ils
augmentent quand la production produite augmente.
Exemple : matières premières, électricité, masse salariale, IRPP, TVA, IS.
On distingue :
- Coût variable proportionnel(CVP) qui se modifie proportionnellement avec les quantités
produites.
CVP = kq = CVu.q avec CVu, coût variable unitaire et q, la quantité
- Coût variable non proportionnel (CVNP) qui se modifie mais non proportionnellement aux
quantités produites.

c). Le coût total (CT(q))


Le coût total (CT(q)) représente l’ensemble des charges supportées par l’entreprise pour
réaliser la production des besoins.
CT(q) = CF+CVT(q) (1)
CT(q) = CF+CVP + CVNP (2)
Le coût total est souvent associé au coût marginal et au coût moyen.

c1) : Les coûts moyens


On distingue :
- Coût total moyen (CM), coût unitaire moyen de production d’un bien et service.
𝐂𝐓(𝐪)
CM = 𝐪

- Coût variable moyen (CVM), coût variable moyen nécessaire pour produire une unité de
biens et services
𝐂𝐕𝐓(𝐪) 𝐂𝐕𝐏 𝐂𝐕𝐍𝐏
CVM = 𝐪
= +
𝐪 𝐪

- Coût fixe moyen (CFM), charge fixe unitaire pour produire une unité de biens et services
𝐂𝐅
CFM = 𝐪

𝐂𝐓(𝐪) 𝐂𝐕(𝐪)+𝐂𝐅
On a donc : CM(q) = 𝐪
+ = 𝐂𝐕𝐌 + 𝐂𝐅𝐌
𝐪

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c2) : Le coût marginal (Cm)


Le coût marginal (Cm) mesure l’accroissement de coût dû à l’augmentation d’une unité de
production
𝛛𝐂𝐓 𝛛𝐂𝐕𝐓
Cm(q) = =
𝝏𝑸 𝝏𝑸

Ainsi, si le coût marginal ne dépend pas du coût fixe, ce n’est pas le cas du coût moyen.

2- Analyse de la variation des Cm, CM, CFM et CVM


Il est question de voir comment varient Cm, CM, CFM et CVM en fonction de q, puis
déterminer les différentes zones de rendement.
𝐂𝐓
𝛛𝐂𝐌(𝐐) 𝛛( ) 𝐐𝐂𝐦−(𝐂𝐕(𝐪)+ 𝐂𝐅) 𝐐.𝐂𝐦−𝐂𝐓
𝐐
CM’ = = = =
𝛛𝐐 𝛛𝐐 𝐐𝟐 𝐐𝟐

in fine CM’ = Cm – CM
Donc si 𝐐.Cm - CT > 0, c'est-à-dire si Cm > CM ; alors CM(q) augmente avec Q. en
revanche, si CM diminue, CM sera minimum quand Cm< CM, car si le rendement d’échelle
est décroissant, le CM croit à partir d’une certaine quantité de production (q1), ce qui donne
une courbe en U et donc l’extremum est un minimum. On peut faire le même raisonnement
pour CVM, qui décroit quand Cm < CVM et croit quand c’est l’inverse. Enfin, il est clair que
CFM tend vers 0 quand CVM augmente et donc CVM et CM se rapprochent

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Cm, CM, CMV

Cm CVM
CM

Pc A D
π
B C

Ps

PF
qté
𝑞2 𝑞1 𝑞∗
Courbe d’offre à court terme (partie de Cm supérieur au min de CM)
➢ Une analyse de marché permet de distinguer :
- Le seuil de fermeture (PF), niveau de prix au-dessous duquel l’entreprise décide de ne rien
produire. Il se trouve au minimum de CVM c'est-à-dire au point où Cm= CVM ou (CVM)’ =
0
𝐂𝐕(𝐐)
𝛛𝐂𝐕𝐌(𝐐) 𝛛( ) 𝐐𝐂𝐦−𝐂𝐕 (𝐐)
𝐐
(CVM)’ = = = = Cm – CVM = 0
𝛛𝐐 𝛛𝐐 𝐐𝟐

- Seuil de rentabilité (Ps), le niveau de prix au-dessus duquel l’entreprise réalise un profit
positif. Il se trouve au minimum de CM. C'est-à-dire au point où Cm = CM. En ce point, le
profit est nul (π = 0). Cette distinction n’est valable qu’à court terme ; à long terme l’absence
de coût fixe rend égaux le CM et le CVM

3- Coût à long terme


Le long terme est une période de temps suffisamment longue pour que la quantité de tous les
facteurs de production puissent être modifiés sans coûts. Par exemple, à court terme, une
entreprise ne peut pas modifier son capital ni son stock de machines. A long terme elle peut
investir dans de nouveaux équipements, corriger ses choix, agrandir ses locaux, etc. Cette
distinction court/long terme étant assez imprécise, il faut plutôt voir cela comme un

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continuum de périodes de production, dans lesquelles les éventuels ajustements deviennent


d’autant plus faciles que ces périodes s’allongement.
Par exemple, si on considère trois périodes de production correspondant à trois configurations
différentes de l’appareil de production, la courbe des coûts moyens à long terme CMLT sera
constituée de l’enveloppe inférieure des courbes de coûts moyens de chaque courte période,
c'est-à-dire de l’ensemble des courbes de coûts les plus avantageux. Il en sera de même pour
la courbe de coût marginal à long terme CmLT.

Coût/prix CmLT CMLT


Cm
CmLT phase 1 phase2 phase3

Cm3

Cm2
Cm1 Pmin

qté qté
Courbe d’offre à long terme 𝑞2 𝑞1 𝑞 ∗

Phase 1 : zone de rendement décroissant, ici Cm , CM


Phase 2 : zone de rendements constants, ici Cm , CM
Phase 3 : zone de rendements croissants, ici Cm ; CM
A long terme l’entreprise produit au prix minimal c'est-à-dire au point où Cm = CM
- Optimum économique : quantité de bien produit permettant à l’entreprise de maximiser son
profit (𝜋), il est déterminé au point où Cm = CM
- Optimum technique, quantité de biens produits traduisant l’utilisation efficace des facteurs
∂Cm
de production ; il est déterminé au minimum du Cm ( = 0)
∂Q

3- Maximisation du profit à court terme


A court terme les prix des facteurs de production et de vente sont imposés à l’entreprise
(exogène, fixé par le marché) et fixes. Le profit π(Q) de l’entreprise s’écrit :

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𝝅(Q) = 𝐑𝐓 – CT(Q)ou 𝝅(q) = P.Q – CT(Q)


Où 𝑅T, recette totale estRT = P.Q
A l’optimum, le profit marginal est nul c'est-à-dire dérivé de la fonction est nulle
𝛛𝛑(𝐐) 𝛛𝑪𝑻(𝑸)
𝝅’ = =P- = P – Cm = 0 => P = Cm
𝛛𝐐 𝝏𝑸

Ainsi le profit sera bien maximum lorsque

P=Cm (1) condition nécessaire


𝛛𝟐 𝛑(𝐐) 𝛛𝟐 𝐂𝐓(𝐐) 𝛛𝐂𝐦(𝐐)
= < 0 => <0 (2) condition suffisante
𝛛𝟐 𝐐 𝛛𝟐 𝐐 𝛛𝐐

CM//Cm/p Cm

CM

P* A D

B C

𝑞∗ qté
Le profit sera donc maximum dans la zone où Cm est croissant avec Q. Ainsi tant que la
production d’une unité supplémentaire (∆𝑄) entraine un accroissement du chiffre d’affaire
(Rm) supérieur au Cm (Rm > Cm), le producteur engrange du profit. Le Cm étant croissant, le
producteur va élever son niveau de production jusqu’à atteindre P*. A ce niveau de
production, le coût de la production supplémentaire est exactement couvert par le gain
supplémentaire (Cm = Rm). Si on augmente la production, le Cm devient supérieur à Rm.
Comme on le voit sur la figure ci-dessus, on obtient bien un profit dans ces conditions.

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Section 2: LES MENAGES ET LA CONSOMMATION

La consommation est la fonction principale des ménages. Par « ménages » on entend un


ensemble de personnes vivant en communauté et organisant ensemble leur vie économique.
On distingue les ménages ordinaires et les ménages collectifs. Par ménages ordinaires on
désigne un ensemble constitué d’une ou de plusieurs personnes vivant ensemble et mettant en
commun une partie ou la totalité de leurs revenus pour subvenir à leur besoin courant. Les
ménages collectifs désignent par contre des ménages particuliers qui satisfont leur besoin
courant à partir d’une dotation autonome (tels que les membres d’une communauté religieuse
vivant ensemble, les travailleurs logés en foyer, les étudiants logés dans un internat, les
militaires stationnés dans un camp). Dans cette section, nous étudierons le comportement des
ménages ordinaires face au phénomène de la consommation.
La consommation désigne l’art de destruction d’un bien par l’usage dans le but de satisfaire
un besoin. On distingue la consommation intermédiaire et la consommation finale. Nous nous
intéresserons à la consommation finale qui est la destruction définitive des biens dans le but
de satisfaire les besoins. Cette destruction peut être rapide comme dans le cas des denrées
alimentaires. Elle peut être aussi lente comme dans le cas des livres ou des voitures, on parle
dans ce second cas de consommation des biens durables.
Dans un premier temps nous étudierons la consommation sous un angle macroéconomique et
dans un deuxième temps nous nous intéresserons au comportement microéconomique des
consommateurs.

I- Approche macroéconomique de la consommation

L’étude de la fonction de consommation permet de montrer comment la demande peut


être le moteur de l’activité économique. La fonction de consommation permet de montrer
comment la demande peut être le moteur de l’activité économique. La fonction de
consommation est une relation de comportement qui établit le lien entre la consommation et
ses facteurs explicatifs.
J.M Keynes est le premier économiste qui s’est intéressé de façon approfondie à la fonction
de consommation en retenant comme facteur essentiel pour l’expliquer : le niveau de revenu
disponible. En effet, l’expérience montre que plus le revenu est élevé plus la consommation
est importante. D’autres auteurs ont remis en cause une telle relation : théorie de revenu
relatif ; théorie de revenu permanent et celle du cycle de vie.

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A- La fonction de consommation Keynésienne

1- Fondements, formes et propriété

a). fondements

La fonction de consommation Keynésienne découle de la loi psychologique fondamentale


selon laquelle « En moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent à accroitre leur
consommation au fur et à mesure que le revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande
que l’accroissement du revenu »
L’analyse de Keynes repose donc sur deux idées (hypothèses):
-La fonction de consommation est une fonction croissante du revenu disponible
𝜕𝐶𝑡
Ct = f(Yt) >0
𝜕𝑦𝑡

-Les accroissements de consommation sont inférieurs aux accroissements du revenu


𝜕𝐶𝑡<𝜕𝑦𝑡.
Concernant la fonction d’épargne, Keynes l’appréhende comme un résidu du revenu, après
que les ménages aient fixé leur niveau de consommation. En conséquence, elle est définie par
la différence entre le revenu (Yt) et la consommation (Ct)
S = Y- C =≫ (S = f(Y))
Pour les néoclassiques, l’épargne est perçue comme une consommation différée et dépend
principalement du niveau du taux d’intérêt (i) : S = f(i)

b). Forme

Il est commode de retenir comme hypothèse de travail la relation :

Ct = cYt + C0

C0= la consommation autonome ou le minimum incompressible

Yt = le revenu disponible de la période (c'est-à-dire le revenu après impôt)Yt = Yb – T

c= propension marginale à consommer

c). Propriétés
𝜕𝐶𝑡
(p1) : la fonction de consommation est une fonction croissante du revenu disponible >0
𝜕𝑦𝑡

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(p2) : la propension marginale à consommer (Pmc) qui représente la part de l’accroissement


du revenu disponible consacré à l’achat des biens et services est positive mais inférieur à 1.
∆𝑐
Pmc = 0<𝑐<1
∆𝑦
(p3) si le revenu augmente, la propension moyenne à consommer (PMC) qui représente la
𝜕PMC
proportion de revenu consacré à la consommation, diminue ( <0)
𝜕Y
C C C0
PMC = Y PMC = Y= c + 0 < 𝑃𝑀C < 1
𝑌

(p4) PMC>Pmc
Remarque : le revenu agrégé est réparti entre la consommation (C)et l’épargne (S)
Y=C+S
On peut ainsi définir :
S
-La propension moyenne à l’épargne PMS =
Y
∆S
-La propension marginale à épargner Pms = ∆Y

(p5) PMC + PMS = 1 et Pmc + Pms = 1


Remarque : Notion sur le seuil de rupture

Ct Ct

St

Y* Yt

Il apparait un niveau de revenu Y*, pour lequel l’intégralité du revenu est consommé et où
l’épargne est nulle (St = 0). Ce revenu correspond à un seuil de rupture car il marque le
passage de la désépargne (épargne négative/endettement) à l’épargne

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Application 1 :

Soit la fonction de consommation suivante : Ct = 0,8Yt + 100


1) a-comment Keynes définit-il l’épargne ?
b- déterminer la fonction d’épargne
c- marquer les différences entre les analyses néoclassiques et Keynésiennes sur ce point
2) a- tracer sur un même graphique les droites de consommation et d’épargne (pour Y variant
de 300 à 2500)
b- définir puis déterminer le seuil de rupture
c- Que signifie 100 ?
3). Déterminer les propensions moyennes et marginales à consommer et à épargner.
Commenter
4). On donne la fonction de consommation suivante : Ct = 0,7 Yt-3
Interpréter la et dire si elle est conforme à la loi psychologique de Keynes
Application 2 :

Soit le tableau des opérations principales de comptes de ménages suivants (en milliards de
francs)

Période Revenu primaire brut Transfert net de redistribution Epargne


Doit Doit brut
Rémunération Excédent brut Revenu net de la Impôts Cotisation Prestation sociale et
des salariés d’exploitation propriété courants sociale autres transfert
versée
2001 775 114 87 136 301 292 153
2002 804,1 119,3 91,3 135,9 313,4 307,5 165,1
Nous savons également qu’en 2000 le revenu disponible, Yd s’élevait à 658 milliards de
FCFA et la consommation à 609 milliards FCFA. On demande de calculer :
1). le montant de la consommation des ménages et la PMC en 2002
2). la PMS en 2000
3). la Pmc entre 2001 et 2002

B – Reformulation de la fonction keynésienne : Dépassement de la théorie keynésienne

1 – L’Effet patrimoine

2 – L’hypothèse des encaisses réelles de A.C PIGOU

3 – La théorie du Revenu relatif (Joseph DUESENBERRY)

4 – La thèse du revenu permanent de (Milton Friedman) (1957)


5 – La théorie du cycle de vie (Franco MODIGLIANI )(1963)

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revenu
et conso Conso. réelle
B C
S+ S-
A revenu

S- patrimoine
0 25 60 âge (année)

1ère 2ème 3ème


Endettement remboursement désépargne

II- Approche microéconomique de la consommation


La microéconomie étudie le comportement individuel des agents. Elle repose sur l’hypothèse
que ces derniers sont rationnels. La rationalité du consommateur le pousse à maximiser la
satisfaction qu’il tire de la consommation des biens ou services. Mais pour acquérir ces biens
ou services, il doit disposer d’un revenu encore appelé budget de consommation. Le revenu
étant limité, on dit qu’il maximise sa satisfaction sous la contrainte de son revenu. En d’autres
termes, il doit choisir dans l’ensemble des biens disponibles ceux qu’il peut acheter et ceux
qui lui permettent de satisfaire au mieux ses besoins.

A – LA NOTION D’UTILITE
1-Définition :
Lorsque le consommateur consomme un panier de biens ou services, il tire de cette
consommation un plaisir, une satisfaction ou une utilité. Cette satisfaction peut être
appréhendée sous forme de fonction d’utilité U.
La fonction d’utilité U associe à chaque panier de biens un « indice d’utilité » ou « degré
d’utilité » Uo qui mesure la satisfaction du consommateur. Cette fonction reflète les
préférences du consommateur et dépend des quantités de biens consommés (x1,x2, … xn) dans
le panier :
Uo = U(x1, x2,…xn)
Cette fonction a deux versions ou interprétations : La version Cardinale de l’utilité (Jevons ;
Menger et Walras) et La version Ordinale de l’utilité (Vilfredo pareto)

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2 – Notion d’utilité marginale (Um)


On appelle utilité marginale (Um), la quantité d’utilité apportée par la consommation d’une
unité de bien supplémentaire. On dit uniquement que l’utilité marginale est l’utilité apportée
par la dernière dose de bien consommée.
Application:
Au terme de sa séance d’entrainement, un athlète est susceptible de prendre six verres d’eau
fraîche. On lui fait une interview donc l’intention est de relever les quantités d’utilité qu’il
retire de la consommation d’eau fraîche après entraînement. On résume dans le tableau
suivant les informations recueillies.
Qtés verres 0 1 2 3 4 5 6
Utilité 0 20 32 42 44 44 42
totale(UT)
Utilité
marginale(Um)
1)-Calculer les utilités marginales (Um). Faire une analyse puis énoncer la loi de l’utilité
marginale décroissante.
2)-Qu’est-ce qui vous permet de savoir que l’athlète est assouvie ? En déduire son niveau
d’utilité totale.
3)- Cet athlète est-il rationnel ?

B – LA DEMANDE D’UN BIEN


1 – Déterminants de la demande d’un bien
a). Déterminants économiques
De façon traditionnelle, les consommateurs sont confrontés quelques contraintes économiques
qui limitent leur capacité à consommer :
-le prix du bien-les prix des autres biens -le revenu du consommateur –le taux d’intérêt – le
patrimoine.
En dehors de ces facteurs, la demande des consommateurs est fonction des facteurs non-
économiques.

b). Déterminants non-économiques


-La classe sociale : la demande d’un individu varie en fonction des habitudes qu’il a acquis de
par son éducation. La reproduction du mode de vie de la classe sociale d’origine, influence
donc la demande.

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-La CSP : dans le même ordre d’idée, la demande peut-être influencée par la catégorie socio-
professionnelle à laquelle appartient l’individu. Ceci s’explique par un besoin de mimétisme
et d’identification.
-L’âge : un consommateur âgé consomme par exemple plus de services de santé qu’un
adolescent…
-Le sexe :
-Le comportement ostentatoire : le fait de consommer correspond ici à un besoin d’être
reconnu par la société comme appartenant à un groupe social particulier (effet de snobisme).
-Le mode de vie : la consommation est en partie influencée par le mode de vie de l’individu.
-L’imitation : la consommation répond parfois au besoin de copier la consommation de la
classe supérieure (effet d’imitation).
-La publicité : l’acte de consommer est en partie influencée par la publicité produite par les
entreprises. La consommation est donc provoquée par le producteur. On parle alors de
« filière inversée ». (Galbraith)
Remarque : Lorsqu’un consommateur parvient à satisfaire ses besoins primaires, son surplus
de consommation sera en grande partie influencée par des facteurs non-économiques. De
nombreux actes de consommation répondent alors à des phénomènes de mode. Les périodes
de ralentissements économiques par contre donnent aux facteurs économiques une place plus
importante dans le processus de consommation.

2 – La loi de la demande
En admettant que l’utilité marginale d’un bien est décroissante et en supposant ceteris paribus
que la seule variable est le prix du bien ; il en résulte que la courbe de la demande du
consommateur décroit en fonction du prix. Une hausse du prix fait diminuer la demande, une
baisse la fait augmenter.

3 – Notion d’élasticité
a). L’élasticité-prix de la demande (ep)

L’élasticité-prix de la demande (ep) est le coefficient (grandeur économique) qui permet de


mesurer la sensibilité de la demande d’un bien lorsque son prix varie.
∆Q
Q ∂Q P
Sa formule : ep = ∆P ou ep = .
∂P Q
P

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Cet outil économique permet d’apporter des précisions supplémentaires sur la forme de la

courbe de la demande.

prix

D4(ep= ∞)

D3(ep> 0) D2(ep= 0) D1(ep< 0)


qté
D1): ep< 0; la demande du bien est faiblement élastique. Une variation du prix engendre une
variation en sens contraire de la demande.
(D2): ep= 𝟎; la demande du bien est inélastique. Quelque soit la variation du prix, la
demande est fixe.
Exemple : tabac ; alcool ; essence
(D3) : ep> 0; la demande du bien est élastique. Cette demande est atypique car elle croît avec
le prix (effet Giffen).
(D4) : ep= ∞; la demande du bien est très élastique. Une variation in fine du prix du bien peut
faire varier la demande dans des proportions considérables.
Exemple : phénomène observable sur les marchés monétaires et financiers.
ep= 𝟏 ; la demande du bien est dite unitaire ; la demande du bien varie proportionnelle au
prix.

b).L’élasticité-prix croisés (eij)


On considère deux biens (Qi,Qj) de prix respectif (Pi ;Pj). L’élasticité-prix croisés du bien i

(Qi) par rapport au prix du bien j (Pj) notée eij ou e i/Pj. , mesure la sensibilité de la demande
Q

du bien i (Qi) lorsque le prix (Pj) du bien j varie. En d’autres termes, elle est définie comme le
rapport de la variation relative de la demande du bien i et de la variation relative du prix du
bien j.

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∆𝐐𝐢
𝐐𝐢 𝝏𝑸𝒊 𝑷𝒋
Sa formule : eij = ∆𝐏𝐣 ou eij = .
𝝏𝑷𝒋 𝑸𝒊
𝐏𝐣

-Si eij > 0, la demande du bien i augmente lorsque le prix u bien j s’élève. On dit que les bien
i et j sont substituables.
Exemple : (café ; thé) ; (bière ; vin) ; (transport en commun ; transport privé)
-Si eij < 0, la demande du bien i diminue lorsque le prix du bien j s’élève. On dit que les
biens i et j sont complémentaires.
Exemple : (essence ; automobile)
-Si eij = 𝟎, la demande du bien i est insensible aux variations du prix du bien j. On dit que les
biens i et j sont indépendants.

c). L’élasticité-revenu (er ou 𝜼r)


La réaction du consommateur aux variations de revenu peut se mesurer par l’élasticité- revenu
(er ou 𝜼r). Elle mesure la sensibilité de la demande d’un bien lorsque le revenu du
consommateur varie.
∆𝐐
𝐐 𝛛𝐐 𝐑 𝐏𝐦𝐜
Sa formule : er = 𝜼r = ∆𝐑 ou er = 𝜼r = . ou er = 𝜼r =
𝛛𝐑 𝐐 𝐏𝐌𝐂
𝐑

Notons que, si tous les biens avaient la même élasticité-revenu, la structure de la


consommation ne serait pas modifiée par la variation de revenu. Or l’expérience montre que
l’élévation du pouvoir
𝑅
d’achat ( ) conduit les individus à privilégier (ceteris paribus) certaines consommations
𝑃
au détriment des autres. Ainsi, (1857, un statisticien Allemand, E. ENGEL, observait que la
part de l’alimentation dans la consommation totale diminuait lorsque le revenu augmentait.
Plus précisément, trois relations appelées lois d’Engel, ont pu être tiré :
-1ère loi : la part du revenu affecté aux dépenses d’alimentation est autant plus grande que le
revenu est faible, et diminue avec l’accroissement du revenu. (er < 0)
-2eme loi : la part du revenu affectée aux dépenses de vêtement, logement, éclairage, est
sensiblement identique, quelque soit l’importance du revenu. (0<er < 1)
-3eme loi : la part du revenu affectée aux besoins d’éducation, santé, voyage, loisir, …
augmente plus vite que le revenu. (er > 𝟎)

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L’analyse d’ENGEL a conduit à distinguer trois types de biens selon la sensibilité de leur
demande aux variations de revenu :
-Si er < 0, on dit que les biens sont inférieurs. Une augmentation du revenu entraine une
diminution de la demande. La part de ces biens dans le budget des ménages recule rapidement
avec l’élévation du niveau de vie.
Exemple : biens alimentaires
-Si 0<er < 1, on dit que les biens sont normaux. La part de ces biens dans le budget des
ménages est sensiblement stable ou régresse avec l’élévation du niveau de vie.
Exemple : transport, logement …
-Si er > 𝟏, on dit que les biens sont supérieurs. La part de ces biens dans le budget des
ménages évolue avec le niveau de vie.
Exemple : produits de luxe, services de santé, loisirs …
-Si er≅ 1, on parle des biens courants c.à.d biens de première nécessité.
TPE : notion de coefficient budgétaire
𝑫é𝒑𝒆𝒏𝒔𝒆 𝒅𝒆 𝑪𝒐𝒏𝒔𝒐𝒎𝒎𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒅𝒖 𝒑𝒐𝒔𝒕𝒆
𝑪𝒃 = 𝒙𝟏𝟎𝟎
𝑫é𝒑𝒆𝒏𝒔𝒆 𝒅𝒆 𝑪𝒐𝒏𝒔𝒐𝒎𝒎𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒕𝒐𝒕𝒂𝒍𝒆

C – COMPORTEMENT DU CONSOMMATEUR
L’analyse micro-économique suppose que l’objectif du consommateur est de maximiser sa
satisfaction. Pour le faire, ce dernier est ceteris paribus, soumis à sa contrainte budgétaire
pour un panier de biens optimal.
On appelle indifférence ( ~ ) d’un individu face à deux paniers de biens, le fait pour cet
individu de ressentir la même satisfaction quelque soit le panier de biens consommé.
On appelle classe d’équivalence ou classe d’indifférence, l’ensemble des combinaisons des
biens procurant à un individu le même niveau de satisfaction.

b). La courbe d’indifférence/ courbe d’iso satisfaction/ isophéline


Une courbe d’indifférence est la représentation géométrique d’une classe d’indifférence ou
classe d’équivalence. Plus simplement, une courbe d’indifférence est le lieu géométrique
représentant les combinaisons des biens qui procurent à un individu le même niveau de
satisfaction.

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En supposant les biens substituables, graphiquement nous avons :


y

CI2
CI1

0 x
→Propriétés:
(P1) : la courbe d’indifférence est convexe ; sa convexité est tournée vers l’origine.
(P2) : la courbe d’indifférence est décroissante ; sa pente est négative.
(P3) : les courbes d’indifférences ne se coupent jamais ; elles sont parallèles.
(P4) : plus une courbe d’indifférence est éloignée de l’origine, plus elle représente un niveau
élevé de satisfaction.

c). Taux marginale de substitution (Tms)


Soit l’équation de la courbe d’indifférence d’un individu y = f(x) et donc la représentation
graphique est la suivante. Les biens (x,y) sont substituables. Supposons la variation des biens
(x,y).
y

y1 A
Δy β
y2 α B

x1 x2 x
Δx

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On appelle taux marginal de substitution (Tms) u bien x au bien y (du bien y par le bien x), la
grandeur qui mesure la quantité de bien x nécessaire pour compenser la perte du bien y et
rester au même niveau de satisfaction. De façon formelle nous avons :
∆𝐲
• Tmsx/y = tgα = - [Δx , Δy ]
∆𝐱
∆𝐱
• Tmsy/x = tgβ = - [ Δx , Δy ]
∆𝐲

A supposer que l’utilité de l’individu s’exprime sous forme fonctionnelle U(x,y) et que sur
une courbe d’indifférence quelconque cette utilité est constant, on a donc:
U = Uo = U(x,y)
En étudiant le passage de la combinaison A à la combinaison B, on analyse la variation de
l’utilité comme suit :
∂U ∂U
ΔUo = .∆x + . ∆y (différentielle totale)
∂x ∂y
∂U ∂U
=> .∆x + . ∆y = 0 car ΔUo = 0 U étant une constante.
∂x ∂y
∂U
∆y ∂x Umx
=> - = ∂U =
∆x Umy
∂y

𝛛𝐔
∆𝐲 𝛛𝐱 𝐔𝐦𝐱
Ainsi Tmsx/y = - = 𝛛𝐔 =
∆𝐱 𝐔𝐦𝐲
𝛛𝐲

2 – L’équilibre du consommateur
a). La contrainte budgétaire
Supposons que l’ensemble de consommation du consommateur se limite à deux biens (x,y) et
de prix respectifs (Px, Py). Le revenu ou le budget R du consommateur s’écrit :
𝐑 𝐏
R = Px.x + Py.y ou encore sous la forme affine y = ax + b on a y = - ( 𝐱 ).x
𝐏𝐲 𝐏𝐲

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Ce budget peut être représenté graphiquement par :


y
R/Py

ens. conso droite de budget


possible

R/Pxx

b). Détermination de l’optimum du consommateur


On appelle situation optimale, la meilleure situation qu’un individu puisse atteindre en
respectant ses contraintes. Un panier de biens optimal est celui qui procure au consommateur
la satisfaction maximale.
Pour déterminer le panier optimal, le consommateur doit résoudre un problème ou programme
économique :
-Soit maximiser sa fonction d’utilité sous la contrainte de son revenu
MaxU(x, y)
s.c R = Px.x + Py.y (1)

-Soit minimiser son revenu sous la contrainte d’un niveau d’utilité désiré.
MinR = Px.x + Py.y
s.cUo = U(x,y) (2)
Ces deux programmes peuvent être résolus à partir de l’opérateur « Lagrangien » L et de sa
constante λ.
Ainsi le programme (1) peut s’écrire :
L(x,y,λ) = U(x,y) + λ(R- Px.x - Py.y ) (1)’
et (2) par L(x,y,λ) = Px.x + Py.y + μ(Uo - U(x,y)) (2)’
La résolution de (1)’ donne à l’optimum, l’égalité suivante :
Umx Px
= (3)
Umy Py

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Remarque :
𝛛𝐔
∆𝐲 𝛛𝐱 𝐔𝐦𝐱 𝐏𝐱
→A l’optimum, Tmsx/y = - = 𝛛𝐔 = =
∆𝐱 𝐔𝐦𝐲 𝐏𝐲
𝛛𝐲
→Graphiquement, l’optimum du consommateur est déterminé au point de la tangence entre la
droite de budget et la courbe d’indifférence. En ce point, les pentes des deux courbes sont
égales soit :
𝐏𝐱
y' = f’(x) = -
𝐏𝐲
y
𝑹⁄
𝑷𝒚

Optimum du cteur
y*
y = f(x)

x* 𝑹⁄ x
𝑷𝒙

→Algébriquement, le panier optimal est celui qui minimise le budget du consommateur.

3 – Effets dû au comportement irrationnel du consommateur

a). Le paradoxe de GIFFEN


L’élasticité- prix (ep) d’une demande classique est normalement négative (ep < 0). Mais il

existe un type de dépense qui entretient une corrélation positive de telle sorte que ep > 0 : un
tel phénomène est un paradoxe dans la théorie économique, qui suppose que tout individu
rationnel reduit la quantité de sa demande lorsque les biens concernés deviennent plus chers.
Ce paradoxe s’appelle le paradoxe de GIFFEN.
Il exprime un comportement atypique consistant pour certains individus d’accroître la quantité
demandée d’un bien lorsque le prix croît.

b). Effet VEBLEN


L’effet Veblen concerne les dépenses ostentatoires. On appelle encore l’effet de
démonstration. C’est le fait pour certains individus « riches » d’acquérir un certain type de
biens malgré le niveau du prix élevé simplement pour faire étalage de leur puissance c'est-à-
dire leur appartenance à une classe supérieure.

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c). Effet d’imitation


C’est le fait pour certains individus d’une classe inférieure, d’acquérir un certain type de bien
malgré le prix élevé simplement pour s’identifier aux individus de la classe supérieure.

d). Effet de mode

Section 3 : L’ETAT ET SES INTERVENTIONS

A- L’évolution de la conception d’Etat

La notion de l’état a évolué au cours de l’histoire et trois conceptions se sont succédé :


✓pour les économismes libéraux, c’est la notion de l’état gendarme
✓ pour les économismes marxistes, c’est la notion de l’état partisan
✓pour les économismes keynésiens, c’est la notion de l’état providence

1) L’Etat gendarme

Un tel Etat a été prôné par les économismes tels que Smith, Ricardo, Malthus, et plus
récemment par Hayek et Friedman. Placé au dessus des individus, l’état prend essentiellement
en charge les intérêts communs. Il facilite le déroulement de l’activité économique privée
(police, justice, défense) et il crée certains équipements collectifs. Il rétablie les conditions de
la concurrence par la lutte contre les monopoles.
L’approche libérale considère que l’intervention de l’état est plus souvent néfaste et ne doit
exister que dans les cas très limités car les mécanismes du marché sont par nature équilibrés et
optimaux

2)- L’Etat partisan

Dans la théorie marxiste l’Etat appartient aux superstructures (une idéologie). Il a un passé, un
présent et il se situe délibérément dans l’avenir tout en orientant et transformant la société.
D’après les marxistes l’état doit remplir deux fonctions :
- Il cherche à conserver les rapports sociaux de production et il veille au maintient de l’ordre
social par une propriété collective des moyens de production.
- L’Etat soutient l’économie par l’intermédiaire de la planification, il fixe les quantités, les
prix, agit sur les salaires et la distribution des revenus.

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3) L’Etat providence

C’est un approfondissement de l’Etat gendarme. L’état n’assure plus simplement la sécurité


interne, la sécurité externe mais aussi la sécurité économique et sociale.
D’après les Keynésiens l’état doit jouer deux fonctions essentielles nouvelles.
- Il assure l’équilibre global de la nation par ses interventions et exerce des effets profitables à
tout le système économique (création d’infrastructures, participation à la conduite
d’entreprises, les subventions….)
- Il remplit une mission de sauvegarde du système économique : par une politique de déficit
budgétaire l’état soutient la consommation et donne les moyens de vivre dignement à toute la
population (allocations, indemnisations, prestations …)

B- Les fonctions de l’Etat dans les économies développées

D’après l’économiste américain Musgrave, l’état doit remplir trois fonctions :


- une fonction d’affectation des ressources
- une fonction de redistribution de revenus
- une fonction de stabilisation de l’économie

1) La fonction d’affectation

Cette fonction traduit l’intervention de l’état en tant que producteur de biens et services à la
place du secteur privé défaillant. L’état produit dans tous les biens collectifs dont les prix
n’ont pas de véritables significations économiques (l’enseignement, les transports, les
infrastructures …)
2) La fonction de redistribution

L’état réduit les inégalités au sein de la société en procédant à une redistribution d’une partie
des richesses dégagées par la nation. Pour le faire l’état agit de deux manières : d’une part, il
capte sous forme d’impôts une partie de la richesse dégagée par la nation, et d’autre part, il
redistribue ce qu’il a prélevé par l’intermédiaire des transferts économiques (les aides aux
entreprises), et les transferts sociaux (allocations, indemnisations aux ménages).
3) La fonction de stabilisation
L’état se donne comme objectif essentiel de stabiliser la conjoncture économique et de
maintenir la demande globale à un niveau élevé. En période de conjoncture dégradée l’état
peut injecter des revenus dans le circuit économique :

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- soit par une politique monétaire en agissant sur les taux d’intérêt, la masse monétaire, et la
valeur externe de la monnaie (le taux de change)
- soit par une politique budgétaire en agissant sur les recettes et les dépenses de l’état.

Note: On distingue deux catégories d’impôts :


-Impôt direct : impôt payé par une personne et ne pouvant pas être répercuté sur le prix d’un
produit ou d’un service.
Exemples : -impôts sur le revenu des ménages (IRPP) (salaires, pensions, rentes)
-impôts sur les sociétés (IS)
-centimes additionnelles communales (CAC)
-redevance audiovisuelle
-impôts sur le patrimoine (taxe foncière, droits de successions, impôts sur la
fortune)
-Impôt indirect : impôt répercuté sur le prix de vente d’un produit ou d’un service (TVA,
Taxe intérieure sur les produits pétroliers, …)

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Chapitre 2 : Les mécanismes économiques

Section1 : Le marché et les prix

Cette section s’insère dans une analyse microéconomique de marché. L’analyse


microéconomique étudie le comportement des agents économiques individuel en s’intéressant
de la minière dont il réalise leur choix. Le consommateur maximise son utilité et le producteur
maximise son profit ou minimise son coût de production.
Afin de maximiser leur gain (satisfaction/profit), les agents économiques cherchent à
effectuer des échanges. Le concept de marché est donc au cœur de l’analyse
microéconomique

I- Généralité sur le marché

1- Définition du marché

Le marché est un mécanisme qui organise la confrontation des offres et de demandes des
agents économiques pour un certains types de biens et qui conduit à la détermination d’un
prix d’échange. Autrement dit, le marché est le lieu de rencontre de l’offre et de la demande
d’un bien en vue de déterminer un prix d’échange.
Sur un marché donné, il y’a échange marchand si l’offre et la demande pour un certain bien
sont égales

2- Les différents types de marché

La littérature économique distingue plusieurs types de marché qui peuvent être distingué
selon le critère géographique, temporel, nature du produit etc …
Sans être exhaustif, nous pouvons retenir :
- Le marché des biens et services qui se subdivise en marché de biens particuliers et en
marché de biens industriels
- Le marché de travail qui met en relation l’offre et la demande de travail
- Le marché de capitaux qui met en relation l’offre et la demande de capitaux en vu de
déterminer un prix d’échange. Il englobe :
✓ le marché financier où s’échangent les valeurs mobilières
✓ Le marché monétaire où s’échangent les capitaux à court terme
✓ Le marché de change, lieu d’échange des différentes devises les unes contre les autre

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3- Les formes de marché

Un marché n’est pas toujours constitué d’une multitude d’offreurs et de demandeurs.


Selon Von STAKELBERG, il existe plusieurs cas de figure ainsi définies dont le tableau ci-
dessous :
Offreurs Un seul Quelques Plusieurs
(un petit nombre)
demandeurs
Un seul Monopole bilatérale Monopsone Monopsone
contrarié
Quelques Monopole contrarié Oligopole bilatérale Oligopsone
(un petit nombre
Plusieurs monopole oligopole Concurrence pure et parfaite
Nous allons étudier l’interaction des comportements individuels des agents économiques dans
différents contextes à travers l’analyse en termes d’équilibre partiel. Deux formes de marché
doivent retenir notre attention : le monopole et la concurrence pure et parfaite. Cependant, les
autres formes intermédiaires entre ces deux marchés ne sauraient être négligées.

4- L’offre et la demande

a) La demande (la fonction de la demande)

La demande est la quantité de biens que le consommateur désire se procurer à un certain prix.
Elle est une fonction décroissante du prix, c’est-à dire plus un bien est cher, moins il est
demandé et inversement. Formellement nous avons :
D(p) = a+ bp , fonction de la demande
Avec (a,b), constante positive avec p : prix du bien considéré
∂D(p)
La loi de demande peut se vérifier par = b<0
∂p

b) L’offre (la fonction de l’offre)

L’offre est la quantité de biens que les entreprises désirent vendre sur le marché à un certain
prix . Cette offre doit être rentable c’est-à-dire permettre au producteur d’obtenir la
rémunération de son activité. L’offre est une fonction croissante par rapport au prix, c’est-à-
dire plus le prix est élevé plus l’offre est importante
Formellement, nous avons :
O(p) = c + dp, fonction de l’offre
Avec (c,d) ; constante positive et p= prix de vente du bien considéré
∂O(p)
La loi de l’offre peut se vérifier par ∂p
= d>0

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II- L’étude des marchés

A- Marché de concurrence pure et parfaite (CPP)

1- Définition

Un marché CPP est une situation de marché sur lequel on rencontre une multitude de
vendeurs et une multitude d’acheteurs. C’est un marché idéal (hypothétique) organisé autour
de cinq hypothèses :
H1 : l’atomicité du marché : il existe un grand nombre d’offreurs et de demandeur sur le
marché du bien considéré de telle sorte qu’aucun acteur ne puisse avoir une influence sur le
prix
H2 : Homogénéité du produit : les produits sont identiques (c’est-à-dire ayant les mêmes
caractéristiques) de telle sorte que les demandeurs s’adressent indifféremment aux entreprises
présentes sur le marché
H3 : Liberté d’entrée et de sortie du marché (l’absence de barrière à l’entrée ou à la sortie du
marché) : les producteurs ou les demandeurs sont libres d’entrer sur le marché ou d’en sortir.
L’absence de barrière veut tout simplement dire qu’il y’a absence de coût c’est-à-dire les
coûts de sortie ou d’entrée sur le marché sont nuls.
H4 : la mobilité des facteurs de production : il y’a libre circulation des facteurs de production
entre tous les marchés
H5 : la transparence du marché : l’information est gratuite et accessible à tous les acteurs du
marché. Autrement dit, tous les acteurs du marché sont parfaitement informés sur les
conditions du marché.
Remarque : lorsque l’une de ces cinq hypothèses n’est pas satisfaite, on parle de concurrence
imparfaite.
En CPP, aucun acteur n’a le pouvoir d’influencer le marché. Le prix et la quantité ne sont pas
fixés par les offreurs qui sont des « price taker » (preneur de prix). L’équilibre ici est
déterminé par la confrontation de l’offre et la demande du bien considéré. La détermination de
l’équilibre du marché en CPP est différente selon l’horizon temporel.

2-L’équilibre du marché CPP à court terme


a-calcul de l’équilibre
L’équilibre du marché CPP (après tâtonnement logique) est atteint lorsque l’offre O(p) est
égale à la demande D(p)

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Soit : 𝑶(𝒑) = 𝐃(𝒑)


L’égalisation de l’offre et de la demande à l’équilibre détermine un prix (Pe) appelé prix

d’équilibre du marché. A ce prix, la quantité échangée (qe) est appelée quantité d’équilibre du
marché
Graphiquement ( Pe ; qe)sont donnés au point d’intersection des courbes d’offre et de la
demande.

prix
P1
O (p)
Pe

P2

D(p)

𝑠 𝑑 𝑑 𝑠
q q qe q q qté
2 1 2 1

Si le prix P est différent du prix d’équilibre (pe), on peut observer les situations suivantes :

- Si P>Pe, alors 𝐎(𝐩) > 𝐷(𝐩)l’offre est excédentaire et pour qu’il y ait échange, il faut que le
𝑠 𝑑
prix (P) diminue. (si P1 alors q >q
1 1
- Si P <Pe, alors𝑫(𝐩) > 𝐎(𝐩), la demande est excédentaire et pour qu’il y ait échange, il faut
𝑑 𝑠
que le prix (P) augmente ( si P2 alors q >q
2 2
Application 1 :( BTS 2015)

Sur un marché de la place, la situation de l’offre et de la demande de pommes (kg) se présente


de la manière suivante à la veille d’une fête.
Prix 170 180 190 200 210 220 230 240
demande 1500 1200 900 700 590 400 120 0
Offre 60 140 290 440 590 770 850 870
Sachant que les pommes sont toutes de même nature et de qualité identique, on vous
demande :

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1- Enoncer la loi de l’offre et de la demande


2- Représenter sur le même graphique les variations de l’offre et de la demande
3- a) Sur quelle forme de marché se trouve-t-on ? Donner ses conditions d’existence.
b) Quelle forme de marché aura-t-on si les pommes ne sont plus toutes de même nature et
de qualité identique ? Quelle condition serait ainsi-t-il remise en cause ?
4- Déduire le prix et la quantité échangée à ce prix (aux conditions de marché de 3-a)
5- Qu’adviendrait-il si le prix était fixé de façon autoritaire par l’Etat à 200 FCFA ?
6- Calculer le coefficient d’élasticité de la demande par rapport au prix lorsque le prix passe
de 200 FCFA à 210 FCFA. Conclure.
Application 2 :

Le marché d’oignons à Douala est décrit par les fonctions suivantes :


Offre : P = 10 + 0,01Q
Demande : P = 100 – 0,01Q où P est le prix unitaire et Q la quantité
1- Calculer les quantités et prix d’équilibre
2- L’Etat décide de fixer le prix d’une unité à 40 FCFA.
a) Quelle sont les quantités offertes et demandées à ce prix ?
b) y a-t-il excès de demande ou d‘offre ?
3- L’Etat décide d’imposer une taxe de 5 FCFA par unité produite. Reprendre (1).

b) Optimum économique de production

Une fois déterminée la fonction de coût total, l’entreprise maximise son profit (π) en
choisissant la quantité produite. Le profit (π) est maximal lorsque la dérivée première du
𝛛𝛑
profit est nulle c'est-à-dire lorsque = 0=>Rm = Cm
𝛛𝐐

- Si Rm> Cm, alors l’entreprise peut augmenter son profit en produisant une unité
supplémentaire qui coûtera moins cher.
- Si Rm<Cm, l’unité supplémentaire produite coûtera plus qu’elle ne rapporte et contribuera à
diminuer le profit.
c) Optimum en situation de concurrence

Le producteur est preneur de prix, et à ce prix il peut vendre n’importe quelle quantité ; alors
sa recette marginale est égale au prix (Rm = P). La production optimale en concurrence
parfaite est celle qui égalise le coût marginal au prix (Cm = P).

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Ainsi à l’optimum, Rm = Cm = P.
La fonction d’offre du producteur est déterminée à l’aide de la réciproque de la fonction du
coût marginal.
Cm(Q) = P => Q = Cm-1(P) fonction d’offre Offre inverse
Remarque :
- Seuil de rentabilité, c’est le niveau de prix au dessus duquel l’entreprise réalise un profit
positif.
Le seuil de rentabilité est le minimum du coût moyen.
- Le seuil de fermeture, c’est le niveau du prix au dessous duquel l’entreprise décide de ne
rien produire. C’est le minimum du coût variable moyen.
Représentation graphique du profit :

Cm, CVM, CM

Cm

CM CVM

Pe

Ps

PF

QF Qs Qe qté

Application 3 :

L’offre et la demande d’un bien dépend de son prix (P) qui s’ajuste librement. La fonction de
1
demande a pour expression D(P) = 100 - 2P. Le coût marginal des entreprises sur ce marché
1
est : Cm(Q) = 2Q + 10. On suppose que 10≤ 𝑃 ≤ 200 et les coûts fixes nuls.

1- Déterminer l’équilibre de ce marché.

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2- a) déterminer le coût total de ce marché.


b) Déterminer le profit de ce marché.
3- Sur ce marché interviennent 144 entreprises. Déterminer le profit de chaque entreprise.

3- L’équilibre du marché CPP à long terme

A long terme, la perspective de réaliser les profits incitera les entreprises à entrer sur le
marché, ou la réalisation des pertes incite certains offreurs à le quitter ; le nombre
d’entreprises s’ajuste. D’autre part, la transparence de l’information sur la technologie de
production incite les offreurs à choisir la technologie la plus efficace, celle qui donne le seuil
de rentabilité le plus bas. On peut alors affirmer que toutes les entreprises adoptent la même
technologie à long terme donc qu’elles sont identiques. Ainsi à long terme :
- Les entreprises maximisent leur profit au point où le coût marginal est égal au prix (Cm = P).
- Le profit est nul, puisque des entreprises entre sur le marché tant qu’il existe une opportunité
de profit ; la production est donc réalisée au point où le coût moyen est égal au prix (CM = P).
Donc à l’équilibre, à long terme,
Cm = CM = Rm = RM = P

4- L’efficacité de la concurrence pure et parfaite

L’équilibre de concurrence parfaite traduit une utilisation efficace des ressources pour deux
raisons :
- Efficacité technique : A long terme, toutes les entreprises produisent à l’échelle efficace
c’est à dire le coût unitaire de production est minimum.
- Efficacité sociale : on peut montrer l’efficacité de la CPP en utilisant le critère du surplus.
On définit le surplus collectif sur un marché comme la somme du surplus des consommateurs
et du surplus des producteurs.
- Surplus des consommateurs : somme des différences entre disposition marginale à payer du
consommateur et le prix de marché.
- Surplus des producteurs : somme des différences entre prix de marché et coût marginal
c’est-à-dire la disposition marginale à vendre des producteurs. (c.à.d profit + coût fixe)

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Prix

O(p)

Pb B surplus cteurs

Pe C A surplus pteurs

Pd D D(p)

𝑄̅ 𝑄𝑒 qté

✓ Le surplus du consommateur (Sc), est le gain que le consommateur engrange en


réalisant l’échange : il est donc la différence entre ce que le consommateur est prêt à payer
(disposition marginale) pour obtenir le panier de ce bien et ce qu’il paye effectivement (prix
du marché). Pour chaque unité consommée, le gain réalisé est la différence entre la
disposition marginale à payer (Pmax) et le prix du bien (Pe).
𝑷𝒎𝒂𝒙 𝟏 𝟏
• Sc(p) = Aire(ABC) = ∫𝑷𝒆 ̅ ) = .base.hauteur
𝑫(𝒑)𝒅𝒑 = (𝑷𝒎𝒂𝒙 - 𝑷𝒆 )(𝐐𝐞 − 𝐐
𝟐 𝟐

✓ Le surplus du producteur est la différence entre la recette de l’entreprise et son coût


variable. Il s’agit donc de la somme du profit comptable et du coût fixe. Pour chaque unité
vendue, l’entreprise dégage un profit marginal égal à la différence entre le prix (Rm en cpp) et
le Cm.
𝑷𝒆 𝟏 𝟏
• Sp(p) = Aire(ACD) = ∫𝑷 ̅ ) = .base.hauteur
𝑶(𝒑)𝒅𝒑 = (𝑷𝒆 - 𝑷𝒎𝒊𝒏 ) (𝐐𝐞 − 𝐐
𝒎𝒊𝒏 𝟐 𝟐

✓ Surplus collectif (SG) SG(p) = Sc(p) + Sc(p)


NB : - A LT, le surplus des producteurs est nul (Sp(p) = 0). Le surplus collectif revient
entièrement aux consommateurs. Le surplus des consommateurs est maximum dans la mesure
où le prix est au plus bas (seuil de fermeture des entreprises).

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- Le surplus collectif est une fonction de bien-être social. Ainsi, un « dictateur bienveillant»
choisit la même allocation des ressources que celle qui résulte de l’équilibre de concurrence
parfaite.

B- Le marché de monopole
Notre étude doit concerner essentiellement le monopole classique.
1- Définition
Un monopole est une situation de marché où l’on rencontre un offreur et plusieurs
demandeurs. L’offreur monopoleur sur un marché peut ignorer l’impact de ses décisions sur
le prix des produits. On suppose donc que le monopole connait la fonction de demande du
marché sur lequel il vend. Ainsi, il ne se comporte pas comme un preneur de prix (price taker)
mais plutôt comme un faiseur de prix (price maker).

2- Les causes d’existence du monopole


Une situation de monopole est due à l’existence de barrières à l’entrée qui empêchent tout
concurrent potentiel d’exercer sur le même marché. On peut distinguer trois types de barrières
à l’entrée :
→ barrières technologiques
→ barrières légales
→ barrières stratégiques
a) Barrière à l’entrée technologique : le monopole naturel
On dit qu’il y a monopole naturel lorsque la production se fait avec des rendements croissants
∂CM
( ∂Q > 0 , lorsque le CM augmente avec les quantités). Dans ce cas, une seule entreprise

produit toujours à moindre coût unitaire donc plus efficacement que deux ou plusieurs car les
coûts fixes étant très importants et le coût marginal faible.
Exemple : Industries de réseaux : gaz, électricité, eau, téléphone, transport ferroviaire.

b) Barrière à l’entrée légale

La loi peut limiter le nombre d’offreurs sur un marché (monopole institutionnel) pour des
raisons stratégiques et de sécurité. C’est aussi le rôle de brevet d’invention, de licence qui
consiste à protéger une invention et garantie à l’inventeur le monopole de cette invention
pendant une période. La situation de monopole est avantageuse pour l’inventeur qui peut
rentabiliser ses frais de recherche et de développement (R&D).

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c) Barrière stratégique

Une situation de monopole (plus généralement un pouvoir de marché) peut résulter de la


décision stratégique d’une ou plusieurs entreprises présentes sur ce marché. Le pouvoir de
marché peut résulter du comportement des concurrents :
- Entente explicite : fusion ou constitution d’un cartel (OPEP « 1970 » ; cartel de Diamant
« Debeer ») ; partage géographique du marché entre multinationale.
Note : Cartel : Accords entre les entreprises d’un même marché qui s’associent et se
répartissent des quotas afin d’éviter toute autre concurrence d’entrer sur ce marché et de
maximiser leurs profits.
- Entente implicite : c’est le cas par exemple d’une entreprise baromètre où les prix servent de
référence aux autres producteurs et qui donnent le signal de changement de tarif en cas de
changement de coût ou de conjoncture.
- Différenciation des produits : ici, les entreprises se distinguent les unes des autres par la
différenciation des produits offerts sur le marché, ce qui confère à chacune d’elle, une
situation de monopole.
- Comportement de prédation : c’est le cas d’une entreprise de taille importante cherchant
soit à éliminer ses concurrents plus petits par une tarification agressive, soit à les racheter.
A côté de ces barrières, différentes autres raisons peuvent être à l’origine de monopole :
- Une réglementation de l’Etat (monopole institutionnel) : l’Etat peut décider que, dans
certains secteurs, seule une entreprise peut exercer l’activité. L’entrée de nouvelles entreprises
sur le marché est alors interdite par les pouvoirs publics.
- Innovation (monopole innovateur) : une innovation soldée par un dépôt de brevet offre à
l’entreprise des droits monopolistiques sut sa découverte. L’entreprise sera alors seule à
produire le bien. Ce type de monopole est temporaire ou provisoire car le dépôt de brevet est
limité dans le temps.
- Le contrôle d’une ressource rare ou d’une matière première : l’entreprise développe une
position monopolistique car elle est la seule propriétaire d’un in put nécessaire au processus
de production (ce monopole peut être provisoire car d’autres entreprises découvrir un nouvel
accès ou l’Etat peut intervenir pour limiter la position du monopole).
- L’existence de rendements d’échelle croissants (monopole naturel) : il s’agit d’entreprises
ont les coûts fixes sont très importants. Pour couvrir ces coûts fixes, il faut produire des
quantités très importantes et donc avoir une taille maximale. Ce qui implique l’existence
d’une seule entreprise qui monopolise le marché.

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- Lourdeurs des infrastructures en réseaux (monopole naturel) : d’autres entreprises sont


incapables de dédoubler ces infrastructures lourdes et coûteuses. Les coûts fixes importants
poussent à produire des quantités très importantes pour les couvrir.
Exemple : électricité, ferroviaire, …
Le pouvoir de marché a des effets économiques néfastes tels que :
- une mauvaise allocation des ressources
- une redistribution des revenus des consommateurs vers les producteurs
- une réduction du bien- être économique agrégé.
Supra : On peut distinguer différentes catégories de monopole :
- monopole pur - monopole à établissements multiples
- monopole public - monopole multiproduits
- monopole discriminant - monopole contestable (marchés contestables)

3- La tarification du monopole : Equilibre du marché de monopole


Le monopole peut choisir le prix ou la quantité, les deux étant liés par la fonction de demande.
L’objectif du monopole est de maximiser son profit. Pour cela, il doit résoudre le programme
suivant :
Maxπ = P.Q - CT(Q) ou Maxπ = P.Q - CT(Q)
s.c P = PD(Q) ← demande s.c Q = D(p) ← demande
Le monopole étant le seul vendeur, sa courbe de demande est tout simplement la demande du
marché qui est décroissante avec l’augmentation du prix. Ainsi, le monopole fait face à un
dilemme : vendre peu à un prix élevé ou vendre beaucoup à un bas prix. Toute stratégie du
monopoleur doit en fait dépendre des coûts de production.
A l’optimum c'est-à-dire le profit du monopoleur est maximal si la dérivée première de la
fonction de profit (π) est nulle :
𝛛𝛑
= π’ = 0
𝛛𝐐

La détermination de la quantité (Qem ) et prix (Pme ) d’équilibre du monopole s’effectue de la


façon suivante :

A l’équilibre : Rm = Cm → qté
P(Q) = RM(Q) → prix

Graphiquement, le profit de monopole se présente de la manière suivante :

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Rm, RM, Cm Cm

P em B

P ec E D

C A RM(dde)

Rm
𝑒
𝑄𝑚 𝑄𝑐𝑒 qté

Si le monopole adopte un comportement concurrentiel, il vendrait au coût marginal (Cm) et

son équilibre s’établirait au point où Cm = P = RM

L’écart entre le profit d’un monopole et le même monopole en comportement concurrentiel


est appelé rente de monopole ou surplus du monopole.
Rente = πm - πc

C’est l’aire de la surface (Pme , Pce , E,B)

𝑷𝒆𝒎
Rente =∫ 𝒆 𝑸(𝒑)𝒅𝒑 = (𝐏𝐦
𝐞
− 𝐏𝐜𝐞 ).𝐐𝐞𝐦
𝑷𝒄

𝐞1
Pert sèche = aire(BED) = 2(𝐏𝐦 − 𝐏𝐜𝐞 ).(𝐐𝐞𝐜 − (𝐐𝐞𝐦 )

𝐞 1
Perte social (charge morte) = aire(ABD) = 2 𝐏𝐦 .C. (𝐐𝐞𝐜 − (𝐐𝐞𝐦)

Remarque : Par rapport à une situation de concurrence


- Le monopole produit moins à un prix plus élevé.
- En CPP, à LT ; le prix baisse jusqu’au minimum du CM. Si l’entreprise veut davantage des
profits, elle doit réduire ses coûts. La concurrence pousse les entreprises à mettre en œuvre

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des technologies plus performantes. Tel n’est pas le cas du monopole puisque aucune
entreprise nouvelle ne veut entrer sur le marché.
- Dans une situation de monopole, le surplus total est plus faible qu’en cpp et la situation n’est
pas optimale pour la société.

4- Les autres stratégies du monopole

La maximisation du profit n’est pas la seule stratégie adoptée par le monopole.


- Le monopole peut décider de maximiser sa recette totale, et par conséquent fixer son volume
de production de telle sorte que la recette marginale soit nulle, avec le risque cette stratégie le
conduise à des pertes.
- Le monopole peut choisir de gérer à l’équilibre de telle façon que le profit global soit nul et
donc vendra au coût moyen. Mais cette gestion est génératrice de gaspillage, en ce sens
qu’elle entraine une mauvaise utilisatrice des ressources.
- Le monopole peut décider de vendre au coût marginal, c’est une modalité fréquemment
retenue lorsque le monopole est géré par la puissance publique. Cette stratégie est souvent
employée lorsque le monopole craint l’arrivée de nouvelles entreprises qui pourraient le
concurrencer.
- Le monopole peut décider de vendre à des prix différents selon les caractéristiques de ses
clients et ainsi pratiquer une discrimination par les prix.

Application 4 :
La fonction de coût total d’une entreprise en position de monopole est de la forme
CT = 12q2 + 5q + 1 000
La fonction de demande de ses produits est p = -q + 173. On demande :
1) De déterminer le niveau de production permettant l’entreprise de réaliser le profit
maximum. Quels sont alors le prix de vente et le montant du profit ?
2) L’entreprise est nationalisée. On demande de déterminer les conséquences de cette décision
sur les quantités produites, le prix de vente et le profit, suivant que le gouvernement adopte :
a- une gestion au coût marginal
b- une gestion au coût moyen
c- une gestion déficitaire pour laquelle l’entreprise ne couvre que les coûts variables,
acceptant un déficit égal à ses coûts fixes.

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C- Les autres concurrences imparfaites


Le cadre de la concurrence pure et parfaite est un modèle que l’on retrouve rarement dans la
réalité. Dès qu’une des conditions de la concurrence pure et parfaite n’est pas respectée, la
concurrence devient imparfaite ; la concurrence est même « inexistante » dans le cas de
monopole.
Les autres cas de concurrence imparfaite que nous allons évoquer sont des situations
intermédiaires entre le monopole et la concurrence pure et parfaite. La situation la plus
fréquente est la présence de quelques entreprises sur le marché. Chacune d’entre elle doit
alors réagir en tenant compte des actions et réactions réelle ou supposées de ses concurrents.
Dans la réalité, l’hypothèse d’homogénéité du produit est rarement respectée et les entreprises
herchent à différencier leurs produits. Le marché se trouve alors dans une situation de
concurrence monopolistique.

1- Le duopole

Dans une situation de duopole, deux entreprises indépendantes offrent les biens et services sur
le marché et cherchent à maximiser leur profit. Par rapport à la situation de concurrence pure
et parfaite, les producteurs peuvent influencer par les quantités offertes le prix du marché.
Mais elles ne sont pas pour autant en situation de monopole puisqu’elles se concurrencent
mutuellement et qu’il leur est difficile de ne pas tenir compte du comportement de l’autre. Il
existe deux formes de duopole :
- Le duopole de COURNOT, où la concurrence se fait par les quantités c'est-à-dire chacune
des entreprises offre une quantité sur le marché en tenant compte de la quantité offerte par
l’autre.

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𝑄𝐵
Fonction de réaction de A 𝑄𝐴 : qté produite par l’entreprise A
𝑄𝐵 : qté produite par l’entreprise B


𝑸𝑩 équilibre
Fonction de réaction de B

𝑸∗𝑨 𝑄𝐴
Fonction de réaction et équilibre de Cournot
Par définition, un point d’équilibre d’une courbe de réaction signifie que le duopoleur
maximise son profit si l’autre produit la quantité anticipée. L’équilibre existe donc si les deux
courbes de réaction se coupent au moins une fois. En ce point d’équilibre, chacun des deux se
comporte comme l’autre l’avait prévu, ce qui leur permet de maximiser leur profit.
- Le duopole de BERTRAND, la concurrence se fait par les prix. Ses mécanismes d’équilibre
sont identiques à celui de Cournot. L’intérêt du modèle de Bertrand et de montrer que deux
duopoleurs sont susceptibles de se faire la « guerre de prix ».
- Le duopole de STAKELBERG, dans ce cas l’un des duopoleur (leader) a une position
dominante à l’autre (suiveur).

2- L’oligopole
Il désigne une situation de marché dans laquelle quelques entreprises font face à une
multitude d’acheteurs. Comme dans le cas du duopole, toute décision d’une entreprise à des
conséquences sur les autres. Elles peuvent se livrer à une guerre des prix pour conquérir le
marché ou s’entendre elle et former un cartel.

3- La concurrence monopolistique
C’est une situation de marché dans laquelle un grand nombre d’entreprises offrent des
produits différenciés, dont les caractéristiques sont légèrement différentes. Ces produits ne
sont donc pas parfaitement substituables les uns aux autres. On suppose aussi qu’il n’y a pas

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des barrières à l’entrée. La seule différence avec la concurrence pure et parfaite est l’absence
d’homogénéité des produits.
Dans la réalité contemporaine, on trouve très fréquemment des situations où quelques
entreprises en situation d’oligopole offrent des produits différenciés.
Exemple : Les entreprises : automobiles, parfums, crèmes de beauté, boissons alcoolisées et
non alcoolisées, ordinateurs, …. Qui cherchent à fidéliser leurs clients en offrant des biens et
services un peu différents et vendus sous leur propre marque.
Il existe deux formes de différenciation :
- La différenciation horizontale : les entreprises proposent des produits de qualité identique
mais aux caractéristiques différentes. La différenciation horizontale a été étudiée pour la
première fois par H. HOTELLING en 1929.
- La différenciation verticale : les entreprises proposent des produits répondant aux mêmes
besoins mais qui sont de qualités différentes. Cette situation a été étudiée en 1933 par E.
CHAMBERLIN.

Section 2: Formation et redistribution des revenus

La production est génératrice de richesse (la valeur ajoutée) qui vont permettre à
l’entreprise de rémunérer l’ensemble des acteurs qui ont contribué à la production. C’est ce
que l’on appelle la répartition primaire des revenus. Cette distribution des richesses est
synonyme d’inégalités puisqu’elle n’est pas répartie équitablement entre les agents
économiques mais au prorata de leur participation au processus de production. L’Etat, en tant
que garant de la justice sociale est donc intervenu progressivement pour mettre en place les
mécanismes favorisant une redistribution sont devenus complexes et l’efficacité de ce type
d’intervention reste difficile à évaluer.

I- Les agents économiques contribuant à la production

L’entreprise ne peut produire que grâce à la contribution de 5 agents économiques :


✓ Les salariés : ils apportent leur force de travail.
✓ Les apporteurs internes de capitaux : les actionnaires investissent dans
l’entreprise des capitaux qui serviront à financer l’activité.
✓ Les apporteurs externes de capitaux : les organismes financiers fournissent
l’appoint en capital nécessaire à l’entreprise
✓ L’Etat : fournit à l’entreprise les services publiques indispensables à son bon
fonctionnement (financement des infrastructures, de la police, de la justice).
✓ L’entreprise elle-même : qui organise la production en combinant les différents
facteurs de production.

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II- La rémunération des partenaires de l’entreprise

✓ Les salariés : reçoivent un salaire en contrepartie du travail qu’ils effectuent pour


l’entreprise.
✓ Les apporteurs internes de capitaux : reçoivent des dividendes en proportion du
nombre d’action qu’ils détiennent dans l’entreprise
✓ Les apporteurs externes de capitaux : perçoivent des intérêts sur les prêts qu’ils ont
accordés à l’entreprise.
✓ L’Etat : finance les services non marchands à l’aide des impôts qu’il prélève (Impôt
sur les bénéfices…)
✓ L’entreprise elle-même : conservera la part des bénéfices non distribués aux
actionnaires. Les impôts sont prélevés en fonction d’un taux qui est fixé et connu à l’avance.
Il en est de même pour la rémunération des apporteurs externes de capitaux. En définitive, les
deux éléments variables de la rémunération des agents économiques sont les salaires, et le
profit (qui sera ensuite redistribué entre les actionnaires et l’entreprise elle-même).
En résumé, si les salariées accaparent une part plus importante de la valeur ajoutée,
cela se fera obligatoirement au détriment des actionnaires (et inversement).

1)- La notion de salaire


Le salaire est la rémunération, en argent ou en nature, du facteur travail. Il prend une
forme différente selon la catégorie de salarié concerné : on parle de traitement pour un
fonctionnaire, de salaire pour un salarié, de solde pour un militaire.
Tous les travailleurs ne perçoivent pas le même salaire car celui-ci est déterminé en
fonction d’un certain nombre de facteurs :
La situation du marché du travail : un chômage fort exerce un effet négatif sur la
rémunération des salariés.
La productivité du travail : qui varie en fonction de la qualification du salarié.
La taille de l’entreprise : plus l’entreprise est grande, plus les salaires sont élévés, et ce, pour
un même niveau de qualification.
Le degré de productivité du secteur d’activité de l’entreprise : plus une entreprise se situe
dans une branche qui connaît de forts gains de productivité, plus les salaires seront élevés
L’ancienneté du salairé : joue un rôle sur le niveau de sa rémunération
Le sexe du salarié : à travail égale, une femme gagne moins qu’un homme
L’influence des syndicats : des salariés très syndiqués pourront mieux négocier les
éventuelles hausses se salaires.
La culture d’entreprise : certaines payent plus généralement leurs salariés
La localisation géographique : les salaires sont plus faibles en région qu’à Yaoundé

2)- La notion de profit

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Le profit correspond à l’Excédent Brut d’Exploitation. Il correspond au bénéfice


réalisé par l’entreprise une fois rémunéré l’ensemble des agents ayant contribué à la
production (fournisseurs de l’entreprise, salariés).
Ce supplément de richesse issu de l’activité productrice de la firme tire son origine de divers
éléments, qui varient selon l’analyse économique que l’on en fait :
✓ Pour les marxistes, le profit provient de l’exploitation des travailleurs.
✓ Pour les libéraux, le profit rémunère le risque pris par l’entrepreneur lorsqu’il crée son
entreprise
✓ Le profit peut aussi représenter la juste rémunération du capital investi dans
l’entreprise
✓ Pour SCHUMPETER, le profit résulte d’une innovation, qu’elle soit une innovation
de produit, de procédé ou organisationnelle
✓ Le profit peut encore être considéré comme étant la contrepartie de l’efficacité de
l’entreprise
✓ L’origine du profit ne fait donc pas l’objet d’un conçus chez les économistes.

III- La répartition primaire de revenus

✓ Les revenus primaires des ménages


La répartition primaire représente les revenus versés aux salariés, c’est-à-dire les ménages
et aux actionnaires.
La rémunération des ménages est constituée de trois éléments :
✓ La rémunération des salariés : (salaires, primes…) ensemble des sommes versées
par les entreprises et qui constitue donc le coût du travail.
✓ Les revenus du patrimoine : ensembles des sommes perçues par les ménages et
représentant la rémunération de leur épargne (dividendes sur action détenues, loyers, intérêts
sur obligations).
✓ Les revenus des entrepreneurs individuels : les dirigeants d’une entreprises
individuelle sont incorporés dans catégories ménages puisque les revenus qu’ils perçoivent de
leurs activité correspond à la fois à la rémunération de leur travail et du capital qu’ils ont
investi dans l’entreprise.
✓ De la valeur Ajoutée à l’Excédent Brut d’Exploitation :
La valeur ajoutée sert en priorité à distribuer des revenus aux salariés. Une fois ceux-ci
payé, il reste de la valeur ajoutée une somme qui permettra de rémunérer les apporteurs
internes de capitaux et l’entreprise elle-même. Cette somme est appelée en économie
Excédent Brut d’Exploitation (EBE) et se détermine donc de la manière suivante :

Excédent brut d’exploitation = Valeur Ajoutée – rémunération des salariés.

IV- Les inégalités de la répartition primaire


Les inégalités de la répartition primaire peuvent se mesurer en terme de flux (inégalité des
salaires versées aux travailleurs) et en terme de stock (inégalité de patrimoine).

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1)- Les inégalités en termes de salaire

Les salaires correspondent à des flux monétaires qui sont versé mensuellement par les
entreprises aux salariés. Les traitements varient d’un salarié à un autre en fonction de
différents critères : la csp, l’ancienneté, la situation géographique ou même le sexe.
Mais le critère relatif à la catégorie socioprofessionnelle est certainement celui qui
entraine les plus grandes inégalités en termes de salaire.
Plus un salarié perçoit un revenu important, plus il est susceptible de pouvoir en épargner
une partie. A cette inégalité dans la distribution des revenus s’ajoute au fil du temps une
inégalité dans la constitution d’un patrimoine.

2)- La notion de patrimoine et les inégalités en termes de patrimoine

Un patrimoine est un ensemble d’actif acquis par un agent économique grâce à la part de
ses revenus qu’il ne consacre pas à sa consommation immédiate. Ce patrimoine peut
comprendre :
Des actifs physiques : terrains, logements, œuvres d’art…
Des actifs financiers : actions, obligations, titres dérivés…
Des actifs monétaires : liquidité bancaire
La notion de patrimoine pour un ménage peut aussi être analysée en fonction de son type :
Patrimoine domestique : patrimoine qui ne rapporte aucun revenu supplémentaire
(logement)
Patrimoine professionnel : pour les entrepreneurs individuels, on assimile leur outils de
travail à du patrimoine.
Patrimoine de rapport : ensemble des placements qui procurent des revenus
complémentaires.
Le patrimoine est donc susceptible de rapporter que les revenus futurs aux ménages
(patrimoine de rapport) ou des plus values qui vont accroître encore les inégalités dans la
répartition primaire.
Les inégalités de patrimoine sont plus importantes que les inégalités de salaire : ceci
est lié en partie au fait qu’une partie du patrimoine est constitué par le patrimoine
professionnel. En conséquence, les salariés ont un patrimoine en général inférieur à celui des
non-salariés (professions libérales, artisans, commerçants, chefs d’entreprise).

V- La notion de redistribution des revenus

La répartition primaire des revenus se traduit par l’apparition d’inégalité, tant en terme de
salaire que de patrimoine. Ces inégalités sont à la l’origine de l’intervention de l’apparition de
l’Etat-Providence dont la fonction principale est d’assurer une plus grande justice sociale en
favorisant une redistribution des revenus au profit des agents économiques les plus pauvres.

1)- Les objectifs de la redistribution

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En dehors du constat de l’existence d’inégalités engendrées par la répartition primaire des


revenus, le principe de la redistribution se justifie par la poursuite de deux types d’objectifs :
un objectif d’ordre économique (une répartition plus égalitaire des revenus favorise l’activité
économique) et un objectif d’ordre sociopolitique (diminuer les inégalités sociales liées aux
différences de revenus).
✓ L’objectif économique :
Les revenus permettent aux individus de satisfaire leurs besoins. Un individu disposant de
faibles revenus devra le dépenser en totalité pour satisfaire ses besoins primaires. A l’inverse,
un manage ayant des revenus importants satisfera l’essentiel de ses besoins sans dépenser la
totalité de son revenu. Il aura alors tendance à en épargner une partie importante. Ces
ressources épargnées n’étant pas consommées, elles sortent donc du circuit économique et
constituent un frein à l’activité économique. Un prélèvement sur les revenus les plus élevés
permet donc, sans diminuer la consommation de ces ménages, d’accroître la consommation
des ménages aux revenus les plus faibles. Au total, le transfert de pouvoir d’achat au profit
des ménages aux revenus faibles est donc favorable à l’activité économique puisqu’il permet
un accroissement de la consommation globale des ménages.
✓ L’objectif sociopolitique :
Dans certains pays développés, les motivations sociopolitiques justifient
l’accroissement des mesures de redistribution des revenus. Ces motivations reposent sur l’idée
que, dans une société relativement prospère, tout individu doit bénéficier d’un revenu
minimum en fonction notamment de sa participation à l’activité de production. Outre ce
besoin de mieux en répartir les revenus entre les membres, ces sociétés cherchent à assurer
une meilleure sécurité à ces concitoyens, en les protégeant entre autre du risque de perte de
revenu lié à une cessation d’activité. Face à ce besoins croissant de sécurité, plusieurs pays
généralement développés ont mis en place des mécanismes de protection sociale permettant
de palier aux conséquences économiques consécutives à certains aléas de la vie (maladies,
chômage, grossesse, vieillesse..).

2)- Le débat sur la redistribution

Le développement continu de l’intervention de l’Etat dans l’économie et le poids de plus


en plus important pris par les organismes de protection sociale depuis notamment la crise
économique déclenchée par le choc pétrolier de 1973 a suscité un mouvement de remise en
causes du principe même de la redistribution, non seulement n’est pas favorable à l’activité
économique, mais constitue plutôt un frein au redémarrage de l’activité. Ce débat, toujours
d’actualité, se nourrit d’arguments tantôt en faveur, tantôt critique à l’égard du principe de
redistribution :

a)- Arguments favorables à la redistribution des revenus :

✓ Les prélèvements opérés sur les revenus incitent les individués à accroître leur activité
pour obtenir des revenus supérieurs, ce qui est positif pour l’activité économique.

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✓ Les prélèvements sociaux sur les salaires poussent les entreprises à réaliser des gains
de productivité importants ce qui les rend plus compétitives
✓ La redistribution est facteur de paix sociale, notamment au sein de l’entreprise
✓ La protection sociale garantissant un certain revenu, joue un effet stabilisateur sur la
consommation des ménages
✓ La redistribution des revenus favorise un accroissement de la consommation globale.

b)- Arguments opposés à la redistribution des revenus

✓ Le niveau élevé des prélèvements sociaux à un effet restrictif sur la consommation des
ménages
✓ La protection sociale n’incite pas les individus à rechercher activement du travail et les
maintient dans un système d’assistanat néfaste à l’activité économique (chômage important)
✓ Les prélèvements sociaux augmentent le coût du travail ce qui est négatif pour la
productivité des entreprises.
✓ Les capitaux sont investis dans des pays ou la protection sociale est moins importante
✓ Les individus eux-mêmes vont travailler dans des pays ou la redistribution des revenus
est moins importante.

c)- Globalement, deux tendances sont apparues

✓ Un groupe de pays s’est engagé dans un mouvement de remise en cause de la


solidarité entre individus et ont cherché à revaloriser l’initiative individuelle. C’est le cas
principalement des pays anglo-saxons (Etats-Unis, Grande-Bretagne..).
✓ Un groupe de pays a au contraire accru ses efforts de redistribution afin de garantir la
solidarité entre les citoyens d’une nation à un moment ou le ralentissement économique s’est
accompagné de l’apparition d’un phénomène de chômage de masse. C’est le cas notamment
des pays d’Europe continentale (France, Allemagne, Italie..).

3)- Les instruments de redistribution

La redistribution des revenus repose sur deux mécanismes :


✓ Une redistribution des richesses opérée par l’Etat selon le principe d’une plus grande
justice sociale.
✓ Une protection contre les risques sociaux assurés par le biais d’organisme sociaux
fonctionnant selon le principe de la mutualisation.
Plusieurs organismes contribuent à la redistribution des revenus au Cameroun.

L’Etat :

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L’Etat assure le rôle de la redistribution des revenus, et ce, dans une optique de correction des
inégalités liées à la répartition primaire des revenus. Pour ce faire, l’Etat prélève une partie
des revenus des ménages grâce à l’impôt.

Les organismes sociaux :


Les organismes sociaux (CNPS et Mutuelle professionnelles) protègent les individus contre
un certain nombre de risques sociaux (vieillesse, maladie, famille, chômage). Ils sont gérés
par les partenaires sociaux (patronat et syndicat de travailleurs) selon le principe de la
mutualisation des risques ; les individus payent des cotisations sociales à ces organismes. Les
sommes ainsi collectés sont alors redistribuées à des bénéficiaires, c’est-à-dire aux individus
qui à un moment donnée ont besoin de faire appel à ces organismes. C’est donc le fait de
payer des cotisations qui procurent des droits à un assuré social. Et seul un assuré social dans
le besoin bénéficie de versements de la part des organismes sociaux. L’ensemble des
prestations sociales versées par les organismes sociaux constituent ce que l’on appelle les
revenus de transfert.

La notion de prélèvements obligatoires :


Les prélèvements obligatoires représentent l’ensemble des prélèvements opérés par les
organismes participant à la redistribution des revenus.

Prélèvement obligatoire = Impôt + cotisations sociales

La notion de revenu disponible brut :


Les revenus primaires des ménages sont fortement altérés par les effets de la redistribution
des revenus.
Un ménage ne doit donc pas estimer son revenu en fonction du revenu primaire, mais en
fonction de son revenu réel, c’est-à-dire, son revenu disponible brut après redistribution.
Le revenu disponible brut se calcule de la manière suivante :
Revenu disponible brut = revenu primaire
-Prélèvement obligatoires
+ Revenus de transfert
Ou :

Revenu disponible brut = Revenu primaire


- Impôt
- cotisations sociales
+ prestations sociales

4)- l’efficacité de la redistribution

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En dehors des arguments opposés au principe même de la redistribution, l’augmentation


constate des revenus de transfert dans le revenu disponible des ménages amène à s’interroger
sur l’efficacité réelle des efforts engagés afin de mieux distribuer les richesses entre les
membres d’une même communauté.
En effet, malgré un accroissement continu des efforts de redistribution des revenus, les
inégalités primaires de revenus ne sont pas totalement compensées par les transferts financiers
au profit des ménages aux revenus les plus faibles. Ceci s’explique par la combinaison de
plusieurs facteurs :
✓ Le mode de détermination des cotisations sociales : une partie importante de la
population active, n’étant pas rémunérée sur la base du salariat, échappe au fonctionnement
des organismes de redistribution, puisque les cotisations sociales sont calculées sur la base du
salaire. De plus, le taux de cotisation social est plafonné, ce qui le prive d’une partie de son
caractère distributifs. Les bénéficiaires de hauts revenus sont ainsi proportionnellement moins
ponctionnés que les titulaires de revenus faibles.
✓ Les inégalités dans le versement des prestations : certaines prestations ne sont pas
dépendantes du niveau de revenu du bénéficiaire (cas des prestations familiales)
✓ La faible efficacité de ce système pose alors la question de l’avenir de l’Etat-
providence, qui s’est développé au cours de ces dernières décennies.
Les sociétés modernes ont en effet assisté à l’émergence d’un Etat de plus en plus présent
dans la sphère économique. Cette présence accrue, fondée sur l’objectif d’une plus grande
justice sociale, se traduit par la mise en place d’un « Etat-providence » plus soucieux du bien-
être de ces citoyens, et attaché au développement économique de la nation.
Cette cohésion sociale, remise en partie aux mains de l’Etat se trouve de plus en plus
contestée. D’une part, parce que les distribution responsable de la redistribution ont pris un
poids de plus en plus important dans l’économie, et que leur action, loin d’avoir obtenu les
résulte escomptés, ensemble avoir aussi des effets néfastes que l’activité économique (perte
de compétitivité, mentalité d’assistanat…) d’autre part, parce que la mise en place d’un
système performant de sécurité sociale s’est traduit par des comportements de types
« passagers clandestins », c’est-à-dire qu’un certain nombre de bénéficiaires de ces
organismes n’y ont pas véritablement apporté leur contribution.

Section 3 : Monnaie et financement de l’économie

L’explosion des échanges, la multiplication des biens économiques et la spécialisation


de la production ne peut se faire qui si modalités d’échanges sont facilitées. A la place du troc
(échange d’un bien contre un autre bien) l’homme crée donc un bien particulier permettant de
faciliter les échanges entre agents économiques : la monnaie. Ce bien particulier accepté par
l’ensemble des agents économiques, n’a pas de valeur en lui-même, mais correspond aux
richesses crées dans une économie. La masse monétaire en circulation dans une économie
dépend donc des besoins de financement des agents économiques. Avec le temps, l’Etat
détenteur du droit d’émettre de la monnaie, a délégué cette fonction aux institutions
financières et se contente de contrôler les quantités de monnaie émises dans l’économie.

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Nous consacrerons donc cette partie à l’étude et à l’analyse de ce bien particulier qu’est la
monnaie :

I- La Monnaie

Pour satisfaire ses besoins, un agent économique doit pouvoir se procurer les biens ou
services qu’ils ne produit pas lui-même. Nos sociétés utilisent un bien particulier, la monnaie,
pour faciliter les échanges entre les différents agents économiques.

A- La Monnaie

Les échanges entre individus ne se font pas forcements par l’intermédiaire d’un standard
utilisé comme moyen de paiement. En effet, le troc est aussi un moyen de satisfaire ses
besoins par des échanges de bien à bien. Néanmoins, l’introduction d’un instrument facilitant
les échanges est un élément d’implication et de développement des relations entre les agents
économiques.
La monnaie est un bien économique : il a une utilité et il doit être produit (il n’est pas
disponible naturellement dans la nature) par un agent économique spécifiques (banque
centrale).
La monnaie est un actif qui permet à son détenteur d’acquérir un bien ou un service
La monnaie comprend l’ensemble des moyens de paiement mis à la disposition des agents
économiques leur permettant de réaliser des transactions.

2- Les fonctions de la monnaie

✓ La monnaie est un instrument d’échange : la monnaie est intermédiaire. Ce n’est pas


un bien convoité pour lui-même, mais parce qu’il permet d’acquérir des biens et services
finaux.
✓ La monnaie est un étalon de mesure : la monnaie permet d’évaluer la valeur de tout
bien ou service échangeable sur un marché. La monnaie permet donc de comparer la valeur
des différents biens économiques. Chaque bien et service est donc évalué par un prix
d’échange qui représente la quantité de monnaie qu’un individu doit fournir en contrepartie de
l’acquisition de bien.
✓ La monnaie est une réserve de valeur : la monnaie est une réserve de valeur qui peut
être utilisée n’importe quand dans le temps. Elle permet donc à son détenteur de conserver un
pouvoir d’achat qu’il pourra mobiliser au moment de son choix. L’évolution des prix
(l’inflation) vient diminuer la valeur d’échange de la monnaie puisque la hausse des prix
augmente la quantité de monnaie nécessaire à l’acquisition d’un bien.

3- Les formes de la monnaie

✓ Monnaie divisionnaire : c’est la monnaie métallique, c’est-à-dire l’ensemble des pièces


en circulation dans une économie.

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✓ Monnaie fiduciaire : c’est la monnaie « papier », c’est-à-dire l’ensemble des billets


détenus par les agents économiques.
✓ Monnaie scripturale : ensemble des soldes des comptes à vue dans les banques, des
comptes postaux ou des comptes du trésor public.

4- La circulation de la monnaie

La monnaie divisionnaire ou scripturale est directement échangée entre deux individus par
le biais d’un paiement au comptant à un autre compte par le biais d’instrument spécifiques (le
chèque, la carte bleue, le virement.)
L’augmentation des échanges et l’importance croissante prise pas la monnaie scripturale
entraîne une dématérialisation de la monnaie. Tout d’abord, la monnaie fiduciaire a pris le pas
par rapport à la monnaie divisionnaire. Puis, le développement de la monnaie scripturale s’est
traduit par une diminution du poids de la monnaie électronique et des virements bancaires
devraient accentuer ce phénomène dans les années à venir.

B- La création monétaire

La monnaie est un instrument indispensable à l’activité économique puisqu’elle facilite les


transactions. La masse monétaire en circulation représente le pouvoir d’achat dont dispose les
agents économiques à un moment donné. L’accroissement de la masse monétaire est donc
synonyme de croissance économique puisqu’il permet l’augmentation des échanges.

1- Le processus de création monétaire

Le processus de création repose sur des acteurs spécifiques qui sont les institutions
financières, c’est-à-dire les banques. Le principe est le suivant :
✓ Un agent économique souhaite satisfaire un besoin mais ne dispose pas d’un pouvoir
d’achat suffisant (la quantité de monnaie dont il dispose est insuffisante).
✓ Il va donc chercher à accroître son pouvoir d’achat en se procurant une quantité de
monnaie supplémentaire auprès de l’agent économique autorisé à créer de la monnaie : une
banque.
✓ Ce supplément de monnaie lui est accordé si la banque lui fait crédit. Le crédit est donc
l’instrument de la création monétaire.
✓ Ce crédit se retrouve sur le compte du bénéficiaire sous la forme d’un dépôt (somme qui
apparaît au crédit du compte du bénéficiaire) : on dit alors que « les crédits font les dépôts ».
✓ La banque, ayant accordé un crédit, rémunère ce service en faisant payer à l’emprunteur
un intérêt proportionnel au montant emprunté.
✓ L’agent économique rembourse la suite ce crédit, ce qui entraîne la destruction de la
monnaie ainsi créée.

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2- Les acteurs de la création monétaire

✓ Les institutions financières : créent de la monnaie grâce aux crédits qu’elles accordent
aux différents agents économiques ayant des besoins de financement.
✓ La banque centrale : émet la monnaie fiduciaire et refinance les banques
commerciales.
✓ Le Trésor Public : émet la monnaie divisionnaire.
La banque Centrale à la responsabilité du contrôle de la masse monétaire en circulation dans
l’économique. Comme ce sont les banques commerciales qui créent de la monnaie par le biais
du crédit, la Banque Centrale ne peut agir que par l’intermédiaire du contrôle de l’émission de
la monnaie fiduciaire. Les banques commerciales, même si elles ne créent que de la monnaie
scripturale, doivent en effet disposer d’un certain volume de monnaie fiduciaire pour satisfaire
aux besoins de liquidités de la part des clients. Ce besoins de liquidité permet à la Banque
Centrale de réguler la création monétaire de la part des banques commerciales.

II- La Masse Monétaire et ses Contreparties

La masse monétaire disponible à un moment donné dans un système économique donne


la mesure du pouvoir d’achat des agents économiques. Il est donc nécessaire de pouvoir la
définir le plus précisément possible pour que la Banque Centrale puisse mettre en place une
politique monétaire appropriée.

A- Définition
La masse monétaire représente la quantité de monnaie en circulation dans une économie.
Elle regroupe l’ensemble des avoirs détenus par les agents économiques non financiers.

B- La composition de la masse monétaire

Les avoirs détenus par les agents économiques non financiers sont constitué de divers
éléments. On définit donc différents agrégats monétaires qui vont rendre compte de la
composition des avoirs des agents économiques non financiers.

M1 = monnaie divisionnaire + monnaie fiduciaire + monnaie scripturale.


M1 reprend donc l’ensemble des avoirs liquides agents économiques non financiers. Monnaie
fiduciaire + monnaie scripturale. M1 reprend donc l’ensemble des avoirs liquides des agents
économiques non financiers monnaie divisionnaire + monnaie fiduciaire + monnaie
scripturale. MI reprend donc l’ensemble des avoirs liquide des agents économiques non
financiers.
M2 = M1+ dépôt sur les comptes sur livret.
Les comptes sur livrets contiennent des avoirs qui ne peuvent directement être utilisés
comme moyen de paiement.
M3 = M2 + ensemble des titres de placement émis par les institutions de crédit
(part dans les FCP, titres de créances négociables, dépôts à terme ..)

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M 4 = M3 + ensemble des titres émis par le Trésor Public et les entreprises


(bons de trésorerie, bons du Trésor).
Les agrégats monétaires regroupent donc les avoirs en fonction de leur degré de liquidité,
du plus liquide (les liquidités détenues par les agents économiques) au moins liquides (avoirs
détenus sous la forme de bons du Trésor ou de bons de trésorerie). Cette notion de masse
monétaire ne se limite donc aux formes liquides de la monnaie. La masse monétaire doit aussi
inclure l’ensemble des actifs constituant une réserve de pouvoir d’achat rapidement
mobilisable par les agents économiques pour financer des dépenses de consommation ou
d’investissement.
Voilà pourquoi, en dehors de ces agrégats monétaires, on définit aussi des agrégats de
placement qui reprennent les différents types de placement financiers détenus par les agents
économiques non financiers.
P1= les placements sous la forme d’épargne contractuelle (PEL..) = les placements sous la
forme d’épargne contractuelle (PEL…).
P2 = essentiellement les titres obligataires.
P3 = les actions et part de SICAV actions
La banque centrale suit donc l’évolution de ces agrégats monétaires pour évaluer la masse
monétaire en circulation dans l’économie. Elle utilise l’un de ces agrégats comme référence
pour définir sa politique monétaire : l’indicateur principal retenu est M3.

C- Les contreparties de la masse monétaire

La création monétaire opérée par les banques ne se fait pas sans contreparties. Elle n’est
possible que parce que les émetteurs de monnaie ont acquis un certain nombre d’actifs soit
auprès d’agents économiques nationaux, soit auprès d’agents économiques étrangers.
Il s’agit essentiellement :
Des créances sur l’étranger : ensemble des devises détenues par institution financières.
L’acquisition de ces devises étrangères se traduit par la création de monnaie nationale. Du
crédit interne ensemble des créances détenues par les institutions financières sur l’Etat et
l’économie.
Les établissements de crédits assurent aujourd’hui la majorité du financement de l’activité
économique.

III- Le financement de l’Economie


L’activité économique est fondée sur la mobilisation de capitaux qui permettent entre
autres le développement de nouvelles activités. Mais, les agents souhaitant engager des
capitaux pour financier de nouvelles activités ne disposent pas nécessairement des moyens
suffisant pour le faire. A l’inverse, certains agents économiques ont à leur disposition un
excédent de ressource disponible non employé.

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A- La situation financière des principaux agents Economiques

Globalement, on peut estimer la situation financière des principales catégories d’agents


économiques de la manière suivante :

✓ Les agents économiques en excédent de financement


Certains agents économiques se caractérisent généralement d’un point de vue
macroéconomique par le fait qu’ils disposent de capacités de financement.
Les ménages : certains ménages ont des besoins de financement (acquisition de leur logement
par exemple..) mais d’un point de vue macroéconomique, les ménages disposent de capacités
de financement puisqu’ils n’ont pas de besoins d’investissement. Cette capacité de
financement permet aux ménages d’épargner et de se constituer un patrimoine. Cette capacité
de financement permet donc de financer les agents en situation de déficit de financement.

✓ Les agents économiques en déficit de financement


A l’inverse des ménages, certains agents économiques sont structurellement en situation de
déficit de financement.
Les entreprises : les entreprises sont dans l’obligation d’investir régulièrement pour financer
leur développement économique. Face à ce besoin, elles ne disposent pas nécessairement des
ressources en interne suffisantes. Elles sont donc amenées à rechercher d’autres sources de
financement. Les entreprises, d’un point de vue macroéconomiques, ont donc des besoins de
financement. Les entreprises d’un point de vue macroéconomique, ont donc des besoins de
financement.
L’Etat : le solde budgétaire de l’Etat permet de déterminer sa situation financière. Si les
recettes de l’Etat sont supérieures à ses dépenses, le budget de l’Etat est donc en excédent. Par
contre, comme c’est le cas en ce moment, si les dépenses sont supérieures aux recettes, le
solde budgétaire est déficitaire. L’Etat doit donc trouver des ressources pour financer son
activité.

B-- Les Modalités de financements de l’Economie

1- Les types de financement

✓ Financement direct
On désigne par financement direct le mécanisme par lequel un agent ayant des besoins de
financement obtient des ressources directement auprès d’un autre agent économique sans
passer par un intermédiaire. Pour ce faire, l’agent émet des titres qui sont acquis par l’agent
ayant des excédents de financement (émission d’actions de titre de créations négociables…).
Les institutions financières font payer leur service d’intermédiation financière aux
emprunteurs, ce qui a pour effet de rendre plus onéreux l’obtention de ressources de la part
des agents ayant des déficits de financement. Ceux-ci sont donc amenés à rechercher des
modalités leur permettant de ne pas avoir à faire appel à ces intermédiaires financiers. Pour ce
faire, ils vont s’adresser directement aux agents économiques ayant des capacités de

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financement. Les entreprises, ou l’Etat, vont donc passer par le biais des marchés financiers
en émettant des valeurs mobilières de placement qui seront acquise directement par les agents
économiques souhaitant faire fructifier leur épargne disponible. Si une économie fonctionne
essentiellement grâce aux marchés financiers, on parle alors d’une « économie de marchés
financiers ».

✓ Financement indirect
Dans le cas d’un financement indirect, un agent économique particulier (un intermédiaire
financier) intervient pour mettre en relation le demandeur avec l’offreur de capitaux. Cet
intermédiaire financier collecte les fonds des agents en excédent de financement et les prêtent
aux agents ayant des besoins de financement. Il se fera rémunérer pour ce service par le biais
des intérêts qu’il fait payer au demandeur de capitaux. On parle alors « d’intermédiaire
financière ».
Le financement indirect de l’activité économique implique qu’il y est un agent économique
qui face le lien entre les divers agents économiques. On parle alors d’intermédiation
financière. Cette intermédiation est le fait des institutions financière (les banques) qui d’une
part collectent l’épargne auprès des ménages, et d’autres part, prêtent aux entreprises les
sommes nécessaires au financement de leur activité. Une économie qui fonctionne grâce
essentiellement au rôle d’intermédiation des banques est appelée « économie
d’endettement ».
La libéralisation croissante des marchés financières et les innovations techniques ont
conduit ces dernières années à une désintermédiation financière qui se traduit par un essor des
modes de financement direct au détriment des opérations d’intermédiation (le financement
direct coûte moins cher que le financement indirect). Ceci se traduit par une titrisation
croissante des circuits de financement puisque ce processus de financement direct se fait
obligatoirement via la création de titre de créances.

✓ Financement national (grâce aux ressources nationales)


Les agents économiques en situation de déficits de financement vont faire appel aux
ressources disponibles auprès des autres agents économiques nationaux en situation
d’excédent de financement. Les financements. Les épargnant vont ainsi tirer profit de leur
excédents de financement en se portant acquéreur des valeurs mobilières émises par les agents
en déficit de financement (action émises par les entreprises, obligations…).
D’un point de vue macroéconomique, les ménages fournissent les ressources nécessaires
aux autres agents économiques nationaux. On observe de fait une relation inverse entre
l’épargne disponible des ménages et les besoins de financement des entreprises. En effet, si la
part de la valeur ajoutée distribuée aux salariées augmente, l’entreprise verra diminuer ses
moyens de financement des entreprises évoluent donc à l’inverse des capacités de
financement des ménages.
✓ Financement national (grâce aux ressources étrangères)
Il arrive que les capacités de financement d’une nation ne suffisent pas à satisfaire
l’ensemble des besoins de financement des agents économiques nationaux. Dans ce cas, il est
nécessaire de faire appel a des capitaux provenant d’agent économiques étrangers. La Balance

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des paiements courants permet de voir si un pays est en situation d’emprunteur net ou de
préteur net, vis-à-vis de l’étranger. Si le solde de cette balance est déficitaire, cela signifie
qu’il y a plus de capitaux qui sont venus alimenter l’économie d’une nation que de capitaux
qui ont quitté de territoire national. Dans ce cas, l’économie nationale a donc eu besoins de
capitaux étrangers pour financer les agents économiques nationaux ayant des besoins de
financement.

C- Les différents marchés de capitaux


On distingue deux types de marchés de capitaux :

1- Le marché monétaire

a) Définition :
Le marché monétaire est un marché des capitaux à court terme où s’échange des titres contre
des liquidités

b) Modalités de fonctionnement :
Ce marché est réservé aux investisseurs institutionnels, essentiellement les banques et les
sociétés d’assurance, qui se prêtent des capitaux sur des échéances de courte durée. Il existe
aussi un compartiment ou des entreprises peuvent émettre des billets de trésorerie ou y placer
des excédents de trésorerie.
Ce marché permet aux intervenants de trouver des sources de financement pour des
besoins liés à des décalages de trésorerie à court terme. Dans le cas où le besoins de
financement concerne une échéance plus longue, l’agent en déficit de financement s’adressera
au marché financier.

2- Le marché financier

a) Définition : marché des capitaux à long terme

b) Modalité de fonctionnement : sont échangé sur ce marché les titres de valeur mobilière
On distingue deux compartiments : le marché primaire sur lequel sont cédés les titres
nouvellement émis par les agents ayant des besoins de financement et le marché secondaire
(la Bourse) sur lequel ces titres sont échangés entre agents économiques.
Les agents économiques sui interviennent sur ce marché pour obtenir des capitaux peuvent
soit émettre des actions (marché bousier) soit émettre des obligations (marchés obligataire) :
Une action représente un part du capital d’une société, qui donne droit à un droit de vote et à
une part du bénéfice de l’entreprise (dividende). Le marché obligataire pour sa part est le lieu
où les agents économiques s’échanges des parts des obligations émises par des emprunteurs.
Une obligation est une part d’un emprunt donnant droit à la perception d’un intérêt. Le préteur
récupère son capital lorsque l’obligation arrive à son échéance.

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D- L’évolution du mode de financement de l’Economie

La dérèglementation des marchés financiers (1986 en France) fait une part de plus en plus
importante à la finance directe (phénomène de désintermédiation bancaire). Les entreprises
notamment ont de plus en plus recours au marché financier pour trouver les capitaux dont
elles ont besoin. La France semble progressivement basculer d’une « économie
d’endettement » (intermédiation bancaire dominante) à une « économie de marchés
financiers » (financement direct sur les marchés de capitaux).

1- L’organisation du système bancaire à la fin de la seconde guerre mondiale

La loi du 02 décembre 1945 constitue le texte de référence de l’organisation du système


bancaire après-guerre qui repose sur le principe du cloisonnement des institutions financières.
On distingue alors :
✓ Les banques d’affaire : qui disposent que de leurs ressources propres pour financer les
besoins des sociétés et quasi-sociétés non financières
✓ Les banques de crédit à moyen et long terme : qui collectent et prêtent des fonds sur le
long terme

2- L’émergence des banques généralistes

A la fin des années 60, le gouvernement met progressivement un terme au cloisonnement


de l’activité des institutions financières. Celles-ci deviennent de fait des établissements
généralistes (intervenant sur l’ensemble des compartiments du marché financier). On assiste
alors à l’émergence des ‘’banques universelles’’ telles que nous les connaissons aujourd’hui.
Une telle évolution se traduit entre autres par une première vague de concentration puisque les
établissements financiers, plutôt que de créer de toute pièces de nouvelle activités se
regroupent entre elles de manière à pouvoir proposer à leur clients l’intégralité des moyens de
financement depuis le très court terme jusqu’au long terme.
Dans le même temps, l’Etat accroît la liberté des banques de manière à favoriser la mise en
place d’un système ou la concurrence joue de plus en plus entre les établissements de crédit
(exemple : libéralisation des horaires d’ouverture des guichets).
Néanmoins, la concurrence entre agent s financier n’est pas totalement libre :
✓ D’une part, l’Etat intervient directement dans le processus de création monétaire via un
encadrement du crédit qui fixe pour chaque établissement le taux d’évolution du montant de
ses prêts bancaires.
✓ D’autre part, qu’il subsiste encore différents types d’établissements de crédit qui sont
accusées de fausser les règles de la concurrence (les banques mutualistes et coopératives).

3- Les raisons de l’essor de la finance directe


L’essor de la finance directe repose en grande partie sur les limites d’un système financier
reposant sur une « économie d’endettement’’.

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✓ Existence de barrière de moins en moins justifiées entre le marché monétaire et le


marché financier alors que les demandes de financement d’un agent économique couvrent
l’ensemble des échéances.
✓ Accroissement des besoins de financement des administrations publiques qui recouvrent
de plus en plus aux marchés financiers…
✓ Apparition de nouveaux produits financiers qui facilitent l’accès direct aux marchés
financiers.

4- La transformation du système financier

L’émergence d’une « économie de marchés financiers » repose sur eux éléments


✓ Réforme des marchés financiers qui se traduit entre autre par la création d’un marché
unique des capitaux sur lequel peuvent intervenir l’ensemble des agents économiques et qui
est composé de deux compartiments (le marché interbancaire et marché des créances
négociables).
✓ Une augmentation de la concurrence : la loi bancaire du 24 janvier 1984 permet
l’unification des statuts des établissements des crédits (principe d’universalité),
assouplissement puis suppression de l’encadrement du crédit.
Cette transformation du système financier induit deux évolutions fondamentales :
✓ Une « titrisation de l’économie » : la collecte de moyens financiers se fait de plus en
plus au travers de la création de titres négociables de la part des agents économiques (actions,
obligations, billets de trésorerie).
✓ Une globalisation financière qui traduit l’intégration rapide des marchés financiers tant
au niveau national qu’au niveau international. En effet, les mutations qui touchent le système
financier Français au milieu des années 80 concernent de la même manière les autres pays
développés.
✓ Le financement par les marchés financiers représente maintenant 60% du mode de
financement des agents économiques non financiers.

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Chapitre 3: Les éléments de la comptabilité nationale

La comptabilité nationale est une représentation quantifiée de l’activité économique


nationale sous forme simplifiée. Elle essaie de fournir un cadre cohérent et global décrivant
les opérations et les résultats d’une économie au cours d’une période de l’année.

I- Les agents économiques

Pour décrire l’activité économique on regroupe les flux autours d’un certain nombre de
pôles ou centre de décision : il s’agit des agents économiques.
Un agent économique est un groupement homogène d’unité économique. Pour définir les
agents économiques assez homogènes on doit choisir un critère. Parmi les critères qui sont
utilisés par les économistes on peut citer :
- Le revenu: l’ensemble des individus qui reçoivent la catégorie de revenu constitue un agent.
Trois agents économiques sont alors dégagés : les salariés, les capitalistes et les prolétaires
- La classe sociale: selon Marx il y a deux agents économiques les capitalistes et les
prolétaires
- L’institution: un secteur institutionnel regroupe des unités constituant des centres
autonomes de décision et présentant des comptes analogues. Cinq institutions sont alors
définies : les sociétés financières, l’administration publique, les ménages, les institutions non
financières et le reste du monde.
Pour le reste de cette section, nous nous limiterons à une classification simple et le critère
retenu sera la fonction principale : un agent est un ensemble d’unités se spécialisant dans un
type particulier d’opérations économiques c’est-à-dire exerçant la même fonction principale.
Quatre agents sont ainsi définis : les entreprises, les ménages, l’Etat et l’extérieur.
- Les entreprises ont pour fonction principale la production des biens et services marchands
(c’est-à-dire les biens et services qui s’échangent sur un marché) un prix permettant au moins
de couvrir les frais de production). Nous supposons qu’elles sont les seuls à le faire, elles
investissent mais n’épargnent pas.
- Les ménages ont pour fonction principale la consommation des biens et services. Ils
reçoivent des revenus et les affectent entre les consommations et l’épargne (R=C+E). nous
supposons qu’ils n’investissent pas.
-L’Etat a pour fonction principale la production des services non marchands (les services
offerts à titres gratuits ou quasi gratuits) et pour les financer, ils collectent les impôts. Ils
assument également d’autres rôles de régulation et de protection
-L’extérieur décrit les échanges entre les unités résidentes et le reste du monde : les
importations, les exportations et les transferts de revenus

II- Les comptes nationaux

Ils servent à enregistrer et à résumer les activités économiques effectuées par les agents
économiques. La comptabilité nationale définie pour chaque agent cinq comptes non
financiers et un compte financier. Les comptes non financiers sont : le compte de production,
le compte d’exploitation, le compte de revenu, le compte d’utilisation du revenu et le compte
de capital.

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1) Le compte de production
Ce compte décrit la liaison entre la production et la consommation intermédiaire et fait
apparaitre la valeur ajoutée (VA) comme solde. D’après nos hypothèses simplificatrices les
entreprises et l’Etat sont les seuls agents productifs qui ont des comptes de production, les
soldes de ces comptes sont les PIB marchands pour les entreprises et les PIB non marchands
pour l’Etat.

a- Le compte de production de l’entreprise

En produisant les biens et services, chaque entreprise consomme ou transforme d’autres


produits qui lui sont fournis par d’autres entreprises : c’est la consommation intermédiaire la
valeur ajoutée est la différence entre la valeur de tout ce qui est produit par l’entreprise et les
valeurs de la consommation intermédiaire (CI). Elle est une notion importante car elle saisit
mieux que la production, l’apport des entreprises à l’effort productif. Si pour mesurer la
production à l’échelle nationale on additionnait les productions des entreprises, on compterait
plusieurs fois la même chose.
Le PIB marchand (PIBm) est donc la somme des VA de tous les entreprises

PIBm = ∑ 𝑽𝑨 + TVA + Droit de douane

Exemple
Soit une économie où il n’existe que deux entreprises, la première produisant le blé
(agriculteur) et la deuxième produisant le pain (boulanger). L’agriculteur consomme un
quintal de blé pour produire 11 quintaux à 20F le quintal. Tandis que le boulanger produit une
tonne de pain valant 360 F/tonne à l’aide d’une tonne de blé.
TAF
Etablir les comptes de production de l’agriculteur et du boulanger

Résolution

b- Le compte de production de l’Etat

Compte de production de l’Etat


E R
CI Valeur de service non marchand
VA (éducation, santé…)

Comme les services produits par l’Etat ne sont pas marchands (offerts gratuitement ou
presque), leur évaluation ose un vrai problème. La CN a retenu une règle d’évaluation simple
consistant à mesurer la valeur du service non marchand par leur coût de production. Le coût
de ces services peut être décomposé en deux parties :
- La consommation intermédiaire de biens et services de toute nature nécessaire à la
production de ses services
- Les salaires payés aux fonctionnaires de l’Etat
Le PIB non marchand (PIBnm) = VA de l’Etat
PIBnm= VA de l’Etat = salaire versé aux fonctionnaires

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En résumé pour mesurer la production annuelle d’un pays, il y a lieu d’additionner la


contribution à l’effort productif de toutes les unités économiques, les contributions étant
mesurés essentiellement par leurs VA. Le PIB ainsi calculé est appelé PIB au prix du marché,
par opposition au PIB aux coûts des facteurs. Ce dernier s’obtient en retranchant les impôts
indirects nets de subvention.

PIBCF = PIBm - impôts indirects nets de subvention

PIB = PIB nm + PIBm = ∑ 𝑽𝑨des entreprises + salaire des fonctionnaires

On peut considérer que le passage du PIB au coût des facteurs constitue une correction et
permet d’obtenir une mesure plus exacte de la valeur de la production nationale car les impôts
indirects s’ajoutent au prix et les gonflent donc entrainent une surestimation du PIB selon que
les subventions (subvention liée à la production) réduisent les prix et sont donc à l’origine
d’une sous-estimation de la valeur de production.

2) Le compte d’exploitation

Il a pour objet l’enregistrement des opérations liées à la production. Il sert à apprécier


d’une façon globale la profitabilité et la rentabilité des activités productives.
Le solde qui reste après avoir payé les salaires des employés et les impôts liés à la production
nette de subvention est appelé excédent brut d’exploitation (EBE)

Compte d’exploitation des entreprises


E R
- Salaires des employés VA
- Impôts indirects Subvention d’exploitation
EBE

PIBm = salaire payé par les entreprises + impôts indirects + EBE – subvention d’exploitation

3) Le compte de revenu

Il a pour objet l’enregistrement des opérations de répartition non directement lié à la


production. Il sert à dégager le revenu disponible (RDB) de chaque agent. Les agents pour
lesquels le compte de revenus doit être établit sont les ménages et l’Etat.

Compte de revenu des ménages compte de revenu de l’Etat


E R E R
Impôt EBE Subvention - Impôts directs et indirects
indirect Salaires : Etat, entreprise, d’exploitation - Transferts nets de l’extérieur
transfert net de l’extérieur
RDBm RDBm

RDB = PNB = PIB + transfert nets

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4)- Le compte d’utilisation de revenu


Ce compte indique la répartition du revenu disponible brut (RDB) entre la consommation et
l’épargne. La consommation finale (CF) représente la valeur de biens et services utilisés pour
la satisfaction directe des besoins humains.

Compte d’utilisation revenu/ménages


E R
Consommation finale (CF) RDBm
Epargne brute

5) Le compte capital

Il décrit l’utilisation de l’épargne brute. Ce compte permet de confronter et de comparer


l’investissement et l’épargne de divers agents et de dégager les moyens de financement. Il va
s’avérer que certains dégagent un excédent : capacité de financement alors que d’autres vont
accuser un déficit : besoin de financement.
Si à l’échelle nationale il n’y a pas d’équilibre entre besoin et capacité de financement il y a
alors un mouvement de capitaux (en cas de besoins le pays doit s’endetter et exporter le
capital de ces conteneurs)
Dans le cadre de nos hypothèses, les entreprises ont toujours un besoin de financement, les
ménages ont une capacité de financement et la situation de l’Etat indéterminée.

Note
- Investir : c’est allouer des ressources à des emplois susceptibles d’engendrer des ressources
et des consommations plus utiles dans l’avenir
- La FBCF : représente la valeur des biens durables acquis par les unités de production pour
être utilisés pendant au moins un an dans le processus de production
- La variation de stock (ΔS) : les stocks comprennent tous les biens autres que les biens de
capital fixe détenu à un moment donné par les unités de production.

Compte de capital
E R
- FBCF Epargne brute
- ΔS Besoin de financement
Capacité de financement (épargne <investissement)
(épargne > investissement)

6) Le compte financier

Les comptes financiers des différents agents permettent de récapituler les opérations
financières. Ces opérations permettent à ceux qui disposent de capacité de financement de
financer les activités programmées par ceux qui ont des besoins de financement.
Les opérations financières s’accompagnent d’émission de titre de propriété ou emprunt
reconnaissant les droits de ce qui ont fourni les moyens de financement. Par exemple, lorsque
les entreprises investissent, elles émettent des actions qui représentent des titres de propriétés

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d’une partie du capital et donne droit à une part des bénéfices. Les actions sont achetées par
les ménages car ils ont toujours une capacité de financement, alternativement les entreprises
peuvent recourir à l’emprunt en émettant des obligations rapportant un bénéficie garantit mais
sans entrainer un droit de propriété.
De même l’Etat pour financer son déficit budgétaire peut émettre des titres d’emprunt qu’il
vend aux ménages à travers les banques, alternativement l’Etat peut aussi émettre de la
monnaie (Δm).
Considérons :
ΔBam : titres émis par les entreprises acquis par les ménages
ΔBij : titre émis par l’agent i et acquis par l’agent j
ΔM : monnaie émise par l’Etat
On utilisera toujours la lettre :
- a pour indiquer l’Etat
- e pour indiquer les entreprises
- m pour indiquer les ménages
- x pour indiquer l’extérieur

Compte financier des ménages compte financier des entreprises


E R E R
ΔBem Capacité de Besoin de ΔBem
ΔBam financement financement ΔBex
ΔBxm
ΔM

Si l’Etat a un besoin de financement

Compte financier de l’Etat


E R
Besoin de financement ΔBam
ΔBax
ΔM

III- Les opérations économiques

L’activité économique se manifeste par un certain nombre d’opération que les comptables
nationaux regroupent en fonction de leur nature économique en trois grandes catégories
d’opérations : opération sur les biens et services, opération de répartition et opération
financière.

1) Les opérations sur les biens et services

Cette catégorie regroupe l’ensemble des opérations ayant trait à la création et à l’utilisation
des biens et services. Il s’agit des opérations de :
- production /PIB (Y)
- consommation totale : privée (C) et publique (G)
- FBCF l’investissement (I)
- variation de stock (ΔS)
- Les importations (M) et les exportations (X)

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On vérifie alors l’égalité suivante :


Y+M = C + G+I+X
PIB +M = CF+CI+FBCF+Δ°S+X

2) Les opérations de répartition

Ce sont les opérations de répartition du revenu issu de la production ainsi que les flux de
revenus avec le reste du monde. On peut citer essentiellement :
- Les rémunérations des salariés
- Les impôts (directs et indirects)
- Les subventions d’exploitation
- Les transferts de revenus
- Les dividendes et autres revenus

3) les opérations financières

Les opérations financières décrivent les créances acquises et cédées et les dettes contractées
et remboursées. Elles sont enregistrées en flux et en flux de dettes.

IV- les différents tableaux de la CN

La CN s’appuie sur deux types de représentation : les tableaux (TES et TEE) synthétisant
l’information économique relative aux différents secteurs institutionnels.

1) tableau entrée-sortie

Le TES est un tableau destiné à décrire la structure de la production nationale. Il est un


tableau à double entrée présentant les ressources de chaque branche en colonne et les emplois
de chaque produit en ligne. Il traduit également le réseau d’interdépendance qui caractérise
une économie à un moment donné. Les TES se décomposent en trois tableaux : tableau de
consommation intermédiaire, tableau de ressources et tableau d’emplois.

a) Le tableau de consommation intermédiaire

Ce tableau constitue le cœur du TES il présente le système productif comme un ensemble


de branches se livrant mutuellement à des consommations intermédiaires. Ces branches font
apparaitre des relations d’interdépendances, lesquelles sont décrites dans un cadre qui porte en
colonnes les branches j et en lignes les produits i. chaque colonne décrit les achats d’une
branche en produits de diverses branches. Chaque ligne décrit les emplois d’un produit par les
diverses branches à titre de CI.
Considérons une économie simplifiée constituée des branches j (1≤ 𝑗 < 3 : agriculteur (A)
Industrie (I) et service (S)
Produit (i) (1< 𝑖 < 3 : agriculteur (a) industrie (I) et service (s)

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Le TES peut se présenter comme suit :


Branches (j) Agriculteur Industrie Service ∑ 𝐶𝐼
Produits (i)
Agriculteur C11 C12 C13
Industrie C21 C22 C23
Service C31 C32 C33
∑ 𝐶𝐼

La diagonale du TES représente les Cij (avec i=i) : l’intra consommation c’est-à-dire l’auto
consommation d’une branche (C11 ; C22 ; C33)

b) Le tableau des ressources


A la suite du tableau des CI, le compte de production (ressources) décrit la relation entre la
production effective des branches et le CI nécessaire à celle-ci. Il dégage un solde : la valeur
ajoutée brute. Cette ligne est importante puisqu’elle permet de calculer le PIB

∑ 𝐶𝐼
VA
Production P1 P2 P3
TVA
Importation
DD
Total des
ressources

c) le tableau des emplois finals


Ce tableau permet de constater que les produits de l’industrie entrants dans les dépenses des
consommations finales des ménages et des administrations, servent à la FBCF, à la Δ°S et aux
X.

CF FBCF Δ°S X UF TE

Le TES vérifie l’égalité suivante TR = TE

2) la structure du TES (voir TD)

3) Analyse du TES
A la suite de la structure du TES ainsi présentée on peut faire analyse statique ressortit à
travers la matrice des coefficients techniques, puis dégager les agrégats de la comptabilité
nationale.
a) Matrice des coefficients techniques (A)
A partir du tableau (e) il est possible de calculer les coefficients techniques aij qui
indiquent la part d’une production consommée par une autre. En d’autres termes, les
coefficients aij indiquent la part de la production (j) consommée par la production (i). Formule

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𝑪𝒊𝒋
aij = 𝑷𝒋 les coefficients aij sont regroupés dans la matrice A = ∑ 𝐚𝐢𝐣

𝐶11 𝐶12 𝐶13


𝑃1 𝑃2 𝑃3 𝑎11 𝑎12 𝑎13
𝐶21 𝐶22 𝐶23
A= 𝑃1 𝑃2 𝑃3
= (𝑎21 𝑎22 𝑎23 )
𝐶31 𝐶32 𝐶33 𝑎31 𝑎32 𝑎33
( 𝑃1 𝑃2 𝑃3 )

Par définition, la production globale (Q) est égale à la demande intermédiaire (AQ) et à la
demande finale (Df) ;

Production effective = CI + demande finale

Q = A.Q+Df

Afin de pouvoir estimer la production globale à partir de la dette finale, si (I-A) est inversible
alors :
Q = (𝐈 − 𝐀)−𝟏 .Df

Cette estimation de la production globale à partir de la demande finale peut être utilisée à titre
prévisionnel et constitue donc une technique de planification économique

b) Calcul des agrégats de la CN

- Le PIB au prix du marché


Il peut être obtenu de trois manières différentes :

✓ Optique production
PIB = ∑ 𝑉𝐴 + 𝑇𝑉𝐴 + 𝐷𝐷 − 𝑆𝑢𝑏𝑣𝑒𝑛𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 à 𝑙 ′ 𝑒𝑥𝑝𝑙𝑜𝑖𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛

✓ Optique revenu
PIB = rémunération salaire versé + EBE + impôt. Production - subvention d’exploitation

✓ Optique dépense
PIB = CF + FBFF + Δ°S + X – M
Le PNB au prix du marché
PNB = PIB + revenu.prime reçu. RDM–revenu prime versée RDM

✓ Le revenu national au prix du marché


Il s’agit de
RN = PNB – CCF – Impôt. Production
- PIN = PIB – CCF
- PNN = PNB – CCF
- PNBCF = PNB – impôt indirect + subvention d’exploitation
- PIBCF = PIB – impôt indirect + subvention d’exploitation
- DN = CF + FBCF + Δ°S
- DN = PIB + M – X

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Economie Générale 93
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Chapitre 4: Les relations économiques internationales

Section 1: La balance de paiements

Toute étude des relations économiques internationales est centrée sur le problème de
l’équilibre de la balance de paiements. Cet équilibre est lui-même lié à l’équilibre interne. En
effet, l’activité interne d’une nation s’apprécie en fonction de trois équilibres inter
dépendants :
- L’équilibre privé entre l’investissement privé et l’épargne privée
- L’équilibre du secteur public entre investissement public et épargne publique (l’équilibre
budgétaire)
- L’équilibre extérieur entre les exportations et les importations
Ces trois équilibres sont étroitement liés
L’étude de la balance de paiements nous amène à la définir, puis à l’analyser sur des aspects
comptables, économiques et monétaires avant de procéder à son appréciation globale.

I- Définition de la balance de paiements

La balance de paiement est un compte national qui enregistre les transactions et les
règlements (à caractère économique et financier) effectué eu cours d’une période donnée entre
les résidents d’un pays et ceux d’un autre pays
Cette définition soulève quelques questions :
- Comment les opérations sont-elles saisies ?
- Qu’est-ce qu’une transaction ?
- Qu’est-ce qu’un résident ?

A- source des données des opérations

La balance de paiement regroupe des données inégales qui proviennent des sources diverses
plus ou moins fiables. On peut noter :
- Les données douanières (importations et exportations)
- Les données des banques (titres, crédit privé ou public, variation de la réserve de la banque
centrale)
- Les données du trésor (toutes les dépenses faites à l’étranger)
- Les données qui proviennent des enquêtes et sondages (tourisme, les revenus étrangers), ici,
il y a souvent disparité

B- Les transactions

Une transaction est un échange de valeur ou un acte de transfert de titre sur un bien
économique ou un service. La transaction donne lieu à un paiement et une réception de
monnaie en échangeant d’un bien, d’un service ou d’un actif à caractère économique. Les

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Economie Générale 94
Année académique 2019-2020

échanges sont saisis, soit immédiatement au moment où ils sont effectués (ce qui permet
d’établir une balance de paiement en terme de transactions), soit au moment de leur règlement
financier (ce qui permet d’établir une balance de paiement en terme de règlement)

C- Les résidents

On appelle résident un agent économique qui exerce son activité sur le territoire national
pendant au moins un an. Sont donc exclus : les touristes, les diplomates, le personnel militaire
étranger, les travailleurs migrants à titre temporaire.
Remarque : la balance de paiement ne fournit pas un état de stock de biens et services ou
toutes autres données dont dispose un pays. Elle recense plutôt les flux

II- étude comptable de la balance de paiements

Nous allons parler ici du passage des écritures et de la structure de la balance de paiements

A- Le passage des écritures

Le principe fondamental de la balance de paiements comptable est l’enregistrement en partie


double. Toute opération est à la fois un acte d’achat et un acte de vente c’est-à-dire qu’elle
couvre un crédit et un débit.
Le crédit, précédé du signe (+) est placé à gauche et compte positivement. Le débit, précédé
du signe (-) est placé à droite et compte négativement.
L’inscription (+) au crédit traduit une diminution d’actif réel (exportation), financier (sortie
des titres de propriété et de créance donc entrée des capitaux), ou monétaire (sortie des
réserves ou de la monnaie)
Une inscription (-) au débit représente une augmentation des actif réels (importation),
financiers (entrée des titres des propriétés et de créance c’est à dire sortie des capitaux) ou
monétaire (entrée de monnaie nationale ou étrangère)
Selon le principe de la comptabilité en partie double, toute opération donne lieu à deux
inscriptions :
- Celle qui représente sa nature économique (exportation ou importation) ou financière (achat
ou vente des titres)
- Celle qui représente son mode de règlement financier
A cet égard, la balance de paiement comme document comptable est toujours équilibrée

B- La présentation analytique de la balance de paiements

Les échanges entre un pays et l’extérieur sont nombreux et diversifiés. La balance de


paiements n’a vraiment d’intérêt que si on la décompose en un certain nombre de balances
partielles selon le type d’opération
✓ Selon l’approche économique
- Les opérations courantes,

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- les opérations en capital ;


- les opérations financières,
- la variation de la position monétaire extérieure
✓ Selon l’approche comptable
- Balance de transactions courantes
- Balance de base
- Balance globale
- la variation de la position monétaire extérieure
La balance de paiement quelque soit sa présentation doit être lue et appréciée à la lumière
d’autres éléments de la situation économique nationale et internationale qui influencent ses
excédents et ses déficits constatés à partir des composants standards.

1- La balance des opérations courantes

Cette balance se subdivise en quatre (04) balances partielles :


- La balance commerciale ou balance des marchandises
- La balance des services
- La balance des revenus
- La balance des transferts

1-1- La balance commerciale ou balance des marchandises

Elle comprend les importations et les exportations ainsi que les opérations de courtage
internationales c’est-à-dire les achats et les ventes des marchandises ne passant pas par les
frontières (négoce international) nationales.

1-2- La balance des services

Elle recouvre les prestations et les services de nature diverses : transport, assurance, voyage et
autres services tels que : banque et poste

1-3- La balance des revenus

Elle regroupe les revenus des placements (intérêts, dividendes, autres revenus du capital), les
revenus du travail

1-4- La balance des transferts

Elle regroupe les transferts d’économie des travailleurs (secteur privé), les dépenses (les
transferts du secteur public tels que : contribution internationale, dépense budgétaire de
coopération, aide internationale)

2- Le compte de capital

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Il regroupe les transferts des propriétés des actifs réels, les transferts de fonds, liés à la cession
ou à l’acquisition de ces actifs, les remises des dettes des administrations publiques, les
acquisitions et cession d’actifs non financiers, non produit (brevet, contrat de location, actif
incorporant)

4- Le compte financier

Ce compte regroupe toutes les transactions financières et monétaires des secteurs publics et
privés. Il regroupe les investissements de portefeuille, les autres investissements (crédits
commerciaux, prêts, engagements) et les avoirs de réserve

5- Compte des avoirs de réserve

Il en registre séparément l’ensemble des opérations monétaires de l’état

6- Erreurs et omissions
Ce poste recense l’ensemble des données statistiques des opérations omises ou corrige les
données des opérations évaluées par excès (poste d’ajustement)

Tableau récapitulatif des comptes


- Approche économique
Comptes Balances
A.compte Balance de biens/ Balance des Balance Balance Balance
courant biens marchandises / biens et courant/opérations globale de
commerciale services courantes/ transactions
Balance de service courantes
paiement
-revenus Balance de revenus Balance de
revenus
-Transferts Balance de transferts Balance de
transferts
B. compte du Balance des idem Idem
capital opérations en capital
C. compte Balance des Balance des Balance des opérations
financier investissements opérations financières hors réserves
-invest direct étrangers (IDE) financières
-invest de Balance invest de
porte feuille porte feuille
-autres invest Balance autres
investissements
Avoirs des Variation des avoirs des Idem
services réserves
D. Erreurs et Idem Idem idem
omissions

FORMULES
Comptes courants
✓ BTC = BC + BS + BR + BTUL
✓ Balance biens et services = BC + BS
✓ BI = BS + BR + BTUL

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Compte de capital
Compte financier : BOF = balance des IDE + balance des investissements portefeuille +
balance des autres investissements + variation avoirs de réserves
BOF hors réserves = BOF – variation avoirs de réserves
✓ Balance globale (BG)
BG = BTC + compte capital + BOF hors réserves
✓ BP = BG + variation des avoirs de réserves + erreurs et omissions
✓ BP = 0

- Approche comptable
Libellé
I.Balance TC Balance Balance Balance des Balance Balance de
-biens commerciale biens et transactions globale paiement
-services Balance service services courantes
-Revenus Balance revenus Balance des invisibles
-Transferts Balance transfert
II.Balance de Balance des Balance des capitaux Idem
base (BB) capitaux à LT
-balance des
capitaux à LT
III.Balance Balance des
globale (BG) capitaux à CT
-balance des
capitaux à CT
(court terme)
Erreurs et
omissions
IV.position (-BG)
monétaire
extérieure

FORMULES
✓ Compte courant
- BTC = BC + BS + BR + BTUL
- Balance des biens et services = BC + BS
- BI = BS + BR + BTUL
✓ BB = BTC + BKLT
BK = BKLT + BKCT
✓ BG = BTC + BK + erreurs et omissions
✓ Position monétaire extérieure = (-BG)
✓ BP = BG + position monétaire extérieure = 0

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-Approche comptable
Libelle Crédit Débit Solde
Banlance transactions courantes a
Banlance capitaux long terme b
Balance de base c = a+b
Banlance capitaux court terme d
Erreurs et omissions
Balance globale e = c+d
Position monétaire extérieure -e
Balance paiements e + (-c) = 0

-Approche économique
Libellé Crédit Débit solde
1- Transaction courante
2- compte le capital
3- compte financier
4- erreurs et omissions nettes
5- variation des avoirs de réserves

Application1:
La direction nationale de la statistique vous fournit les données ci-après sur la situation du
Cameroun en 2005 (unité monétaire)
- Importation : 10 000
- Exportation :7000
- Prix des exportations en 2000 : 300
- Prix des importations en 2000 : 400
- Prix des exportations en 2005 : 295
- Prix des importations en 2005 : 505
- Obligations souscrits par les non-résidents : 1100
- Prestation assurance aux non-résidents : 600
- Transport de la compagnie aérienne nationale aux non-résidents: 900
- Contribution du Cameroun aux organisations internationales : 1100
- Crédits commerciaux de moins d’un an reçus par les résidents : 600
- Investissements direct de non-résidents : 2000
- Erreurs et omissions : 200
1) Construire la balance de paiement du Cameroun en 2005
2) Calculer les termes de l’échange du Cameroun en 2005 et commenter

Application2:
On considère les données suivantes d’une économie fictive en 1997 évaluée en milliard de
francs CFA
- Exportation des marchandises : 1130
- Importation des marchandises : 1027
- Exportation des services : 355
- Importation des services : 328

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- Solde des revenus : -28


- Solde des transferts courants : -56
- Solde des comptes de capital : 17
- Solde du compte financier hors avoirs des réserves : -18
- Erreurs et omissions nette : -59
1) Calculer et interpréter les soldes suivants
- Solde commercial, solde des échanges de services, solde des échanges des biens et services,
solde des opérations courantes, la variation des avoirs des réserves de cette économie

II- Les mécanismes d’ajustement de la balance de paiements

De par sa construction, la balance de paiements est toujours équilibrée, c’est-à-dire, son solde
est toujours égal à O. cependant s’il y a des mesures d’ajustement à mettre en œuvre cela sera
orienté au rééquilibrage des sous comptes de la balance de paiements. Ces mesures peuvent
être l’ajustement automatique, la manipulation monétaire, l’ajustement par l’optique de
l’absorption et par l’approche monétaire de la balance de paiement.

1- L’ajustement automatique

Cette approche est prônée par les classiques et les néoclassiques qui croient au mécanisme
d’autorégulation de l’économie ou d’une rupture de l’équilibre de la balance de paiements
c’est-à-dire ses sous-comptes, déclencherait spontanément des mécanismes de rééquilibrage.
- En régime de change fixe, le rééquilibrage de la balance de paiement se ferait par les prix.
En effet, ce déficit de la balance de paiement entrainerait des réductions de réserves, qui à son
tour entrainerait la diminution de la masse monétaire donc une baisse de prix, ce qui aura pour
conséquence, une augmentation des exportations et donc une résorption du déficit initial.
- En régime de change flexible, l’ajustement se fait par le taux de change, un déficit de la
balance de paiement entraine une offre excédentaire de la monnaie nationale ce qui conduit à
une dépréciation du coût de change, à une meilleure compétitivité des exportations et donc
une résorption du déficit initial.

2- La manipulation monétaire

Considérant un contexte de change fixe et une situation où l’économie enregistre une perte de
compétitivité, c’est-à-dire la balance de paiement déficitaire (balance commerciale
déficitaire), le rééquilibrage de celle-ci passe par une dévaluation de sa monnaie nationale.
Cela aura pour effet la baisse des prix à l’exportation et un renchérissement des produits à
l’importation. Cela aura pour conséquence l’amélioration des exportations et l’excédent de la
balance commerciale contribuera au rééquilibrage de la balance de paiement.

NB : l’effet d’une dévaluation sur la balance commerciale est double.


- Un effet de variation des prix des produits importés : la dévaluation entraine une
augmentation immédiate du prix des importations d’où une brusque détérioration des termes

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Economie Générale 100
Année académique 2019-2020

des échanges qui se traduit dans un premier temps par un accroissement du déficit de la
balance de paiement et dans un second temps par l’amélioration de la balance de paiement
suite à l’augmentation des importations.
- Effet de substitution des produits étrangers par des produits domestiques
Toutefois, la réaction de la balance commerciale exige des délais et, dans un premier temps, le
solde se dégrade, ce qui explique la « courbe en J ». (Voir supra).

3- Optique de l’absorption

Si la balance de paiement est déficitaire, pour la rendre excédentaire (B>0) il va falloir


diminuer l’absorption A par la politique monétaire et budgétaires restrictives.

4- L’approche monétaire de la balance de paiement


Cette interprétation de la balance de paiement est la version moderne de la théorie quantitative
de la monnaie qui vise à expliquer les déséquilibres extérieurs et les mouvements des
capitaux.
En considérant les variables suivants :
R : réserves extérieures nettes
Md : la demande de monnaie
Ms : offre de monnaie
C : crédit intérieur net
Ainsi Ms = C+R
Ms = Md( à l’équilibre)
Le solde de la balance de paiements est égal à la différence entre la variation de la demande
de monnaie et la variation du crédit intérieur
Soit : BP = Dr – DC
Un excédent de la balance de paiements (DR>0) traduit une demande de monnaie
excédentaire et inversement.
Ainsi pour une balance de paiements excédentaire (DR<0), une politique monétaire
expansionniste sera nécessaire pour résorber l’excédent de la balance de paiement, et
inversement.

Section 2: LES PAIEMENTS INTERNATIONAUX

Lorsque des transactions s’effectuent entre des agents économiques résidant dans des
pays différents, le règlement des opérations nécessite, le plus souvent, la conversion d’une
monnaie en une autre ; les créanciers internationaux désirant, en principe, être payés dans la
monnaie de leur propre pays . Ce sont les opérations de change qui permettent d ‘assurer
l’échange de la monnaie nationale contre des monnaies étrangères.
Par définition, le change est une opération par laquelle on échange une monnaie contre
une autre.

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Economie Générale 101
Année académique 2019-2020

Le taux de change c’est donc le prix d’une monnaie exprimée en une autre.
L’opération de change permet alors de convertir une monnaie nationale en une devise.
L’aptitude d’une monnaie à être transformé en une autre est appelée convertibilité. Les
monnaies n’ont pas le même degré de convertibilité, certaines ont un degré trop élevé (dollars,
euro) alors que celui des autres sont très faible.

I- LE MARCHE DE CHANGE

Les opérations qui se réalisent avec l’extérieur se font par l’intermédiaire des banques
et cela quel que soit leur origine (commerce, placement financier, tourisme). Pour répondre
aux besoins de leurs clients, les banques disposent d’un réseau de correspondants étrangers
avec lesquels elles sont en contact courant.
Le marché de change est donc le lieu (banque) de rencontre de l’offre et de la
demande de devise.
L’offre des devises est la contrepartie financière de toutes les transactions qui rendent
le pays créancier à l’extérieur, et correspond à une demande équivalente de monnaie
nationale.
La demande de devise est la contrepartie financière de toutes les transactions qui
rendent le pays débiteur de l’extérieur et correspond à une offre équivalente de monnaie
nationale.
Les offres et les demandes de devise déterminent le prix auxquels elles vont
s’échanger. Ce prix n’est autre chose que le taux ou le cours de change. Plusieurs taux
peuvent exister sur le marché, mais un seul réalise l’équilibre entre les offres et les demandes :
c’est le taux d’équilibre.
L’écriture du taux de change peut se faire selon deux procédés de cotation :
- Cotation à l’incertain c’est celle qui évalue la quantité d’unité de monnaie
nationale nécessaire pour acquérir une unité de monnaie étrangère.
Exemple : • si à Paris 0,54 € = 1$ cotation à l’incertain
• Si de même au Cameroun le taux de change du FCFA par rapport à l’euro
s’écrit 655,957 FCFA = 1 euro cotation à l’incertain
- La cotation au certain exprime la quantité de devise qui permet d’acquérir une unité de
monnaie nationale.
Exemple : • Au Cameroun si le taux de change entre FCFA et l’euro s’écrit :
1 FCFA = 0, 00152671 €.
Le procédé de cotation à l’incertain est plus utilisé.
Le change peut se faire selon plusieurs modalités :
-Le change scriptural : c’est celui qui se fait au moyen des virements de comptes à comptes.
C’est la modalité la plus utilisée dans les règlements internationaux.
- Le change manuel : c’est celui qui porte sur les billets de banque et les pièces. Il se concrétise
par les échanges de billets, de pièces, de chèques. Cette modalité est surtout pratiquée par les
touristes.
Le change peut se faire au comptant ou à terme.

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Année académique 2019-2020

Paragraphe 1 : Le marché de change au comptant.


C’est la situation où l’acquisition d’une devise se fait au cours du jour pour
permettre d’effectuer un paiement immédiat.
Chaque jour, les banques procèdent à des compensations entre les ordres d’achat et
les ordres de vente qu’elles ont reçue de chaque catégorie de devise, ce qui leur permet de
déterminer un solde débiteur (si les engagements sont supérieurs aux avoirs) ou créditeur
(dans le cas contraire). Ce solde constitue leur position de change.

Paragraphe 2 : Le marché à terme


Les variations des cours provoquent une incertitude qui peut constituer une entrave
au commerce international.
Exemple : Un commerçant français qui achète des marchandises Américaines
facturées par 10.000 $ en obtenant un crédit de trois mois. Au moment de l’achat, le dollar
vaut 0.83€. Il estime son coût à 8 300€ (10.000 X 0,83) et vend la marchandise à 11.300 €
pour obtenir un gain de 3.000 €.
Supposons que trois mois plus tard le cours du dollar soit égal à 1,66 €, si ce
commerçant a attendu l’échéance de sa dette pour acquérir les dollars nécessaires, il paiera
16.600 € (10.000 x 2) soit un gain brut nul de perte nette.
Pour éviter ce genre de mésaventure, les entreprises ont intérêt à procéder à la
couverture de leur risque de change. Sur le marché au comptant, notre importateur pouvait
acquérir les 10.000 $ au prix de 0,83 € au moment de passer la commande. En procédant de
la sorte, il aurait été cependant obligé d’utiliser sa trésorerie et aurait pratiquement annulé
l’avantage procuré par le crédit fournisseur.
La couverture à terme rend le même genre de service sans contraindre le
commerçant à réduire son encaisse avant l’échéance fixée.
Supposons que le cours du dollar à terme de trois mois soit 0,90 € notre commerçant
paierait 9 000 € le jour de l’échéance il aura ainsi éliminé tout risque de change et pourra
établir son prix de vente sur un coût certain.

II- ACTION DES AUTORITES MONETAIRES SU LE MARCHE DECHANGE


La politique de change est un des instruments dont dispose l’Etat pour parvenir à ses objectifs
principaux de stabilité des prix, l’emploi, le solde des échanges extérieurs et la croissance
économique.
Les interventions de la banque centrale sur le marché des changes sont fonction de la
nature du système de taux de change envisagé.

Paragraphe 1 : Le système de taux de change fixe


Dans le système de taux de change fixes, les autorités monétaires déterminent un taux
fixe (ou parité) pour la conversion de la monnaie nationale en une devise étrangère et les
banques centrales interviennent sur le marché des changes afin de maintenir le cours de
changes à une valeur égale ou très voisine de ce taux fixe retenu. Ainsi si par exemple le

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Economie Générale 103
Année académique 2019-2020

dollar a tendance à monter, la banque devrait intervenir sur les marchés de change en vendant
les dollars contre la monnaie nationale.

A) Les objectifs de la politique de change


Les pouvoirs publics peuvent avoir un déficit commercial à juguler, l’utilisation de
la politique de change peut consister à la dévaluation de la monnaie.
Lorsque le déséquilibre devient permanent, la banque centrale est dans l’obligation de
puiser constamment dans ses réserves de devises pour soutenir le cours de sa monnaie.
Si la défense de la parité devient impossible, le gouvernement peut décider de
modifier la parité de la monnaie nationale en procédant à une dévaluation ou à une
réévaluation

a) La dévaluation
Elle consiste à diminuer la valeur de la monnaie par rapport à une monnaie de
référence. Elle a pour conséquence d’augmenter le nombre d’unité de monnaie nationale
nécessaire pour obtenir une monnaie étrangère.
Elle permet aux pouvoirs publics de faire face à un déficit durable et important de la
balance de paiement. Elle a pour effet escompté de favoriser les exportations en provoquant
une baisse du prix des produits nationaux à offrir à l’étranger et de ralentir les importations en
rendant chères les marchandises étrangères pour les nationaux.
Elle peut également freiner les fuites de capitaux et favoriser l’entrée des devises dès
lors que la confiance dans la monnaie du pays concerné se trouve restaurée.

b) La réévaluation
Elle aboutit à une augmentation de la valeur de la monnaie nationale par rapport à
l’étalon choisi. Elle a pour effet de conduire à la réduction de l’excédent de la balance des
paiements par un accroissement du prix des produits exportés, une baisse du prix des produits
importés, une entrée plus onéreuse pour les capitaux étrangers et un placement plus
avantageux pour les capitaux nationaux à l’étranger.

B ) Les moyens de la politique de change


Les autorités monétaires peuvent agir sur les réserves de changes ou sur le taux
d’intérêt.
- L’utilisation des réserves de change.
La banque centrale peut infléchir le niveau du taux de change en achetant (si la monnaie
nationale de déprécie) ou au contraire en vendant (si la monnaie nationale s’apprécie) sa
propre monnaie sur le marché de change. Par cette politique, l’Etat veut assurer la stabilité
monétaire.
- Le contrôle de change
Le recours au contrôle de change vise à limiter la convertibilité de la monnaie
nationale c’est-à-dire la possibilité de l’échanger contre les devise en fonction des situations
économiques. Le contrôle peut avoir comme objectif :
• soit de lutter contre la fuite des capitaux en vue de soutenir le taux de change ;

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Année académique 2019-2020

• soit au contraire d’empêcher une entrée de capitaux spéculatifs qui risqueraient


d’entraîner une hausse de monnaie préjudiciables aux exportations.
La tendance générale de libéralisation des mouvements des capitaux sur le plan
international tend à priver les autorités monétaires de la possibilité de recourir au contrôle de
change.
- Le recours au taux d’intérêt.
Dans l’intérêt de défendre la monnaie nationale, les autorités monétaires Peuvent
décider d’augmenter le taux d’intérêt et de soutenir le taux de change.

Paragraphe 2 : Le système de change flottant


Dans ce système, le cours de la monnaie est déterminé par la seule confrontation entre l’offre
et des demandes spontanées des devises étrangères. Si elle est faible, le cours de la monnaie
domestique baisse.

Conclusion
Les régimes de change fixe permettent d’éviter les désagréments éventuels qui
résulteraient du change flottant. Mais fort est de constater que le monde s’attèle à ce système
de change flottant. Cet attachement peut trouver son explication dans l’étude de l’évolution du
système monétaire international.

Section 3 - L’ANALYSE ET L’EVOLUTION DU SYSTEME MONETAIRE


INTERNATIONAL
Le Système Monétaire International peut se définir comme un ensemble de pratiques,
des règles et d’institutions qui visent à organiser et à contrôler les échanges monétaires
internationaux ; en déterminant notamment les modalités de règlement, de financement et
d’ajustement des soldes des balances des paiements des pays participant aux relations
économiques internationales.

I- L’EVOLUTION DU SYSTEME MONETAIRE INTERNATIONAL JUSQU'AU 15


AOUT 1971

Elle est marquée par l’étalon – or, l’étalon de change or et les accords de Bretton –
Woods.

Paragraphe 1 : Le système de l’étalon – or et de l’étalon de change or.

A) L’ETALON – OR JUSQU'A LA PREMIERE GUERRE MONDIALE

Encore appelé Gold specie standard, il permet de faciliter les règlements des échanges
internationaux jusqu’en 1914.

a) Les caractéristiques du système étalon – or

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- Définition de l’unité monétaire nationale par un certain poids d’or conduisant ainsi
à l’établissement pour chaque monnaie d’une parité.
- Convertibilité de la monnaie en or et inversement assurée par l’institut d’émission.
- Libre circulation de l’or entre différents pays.

b) Les avantages et les inconvénients du système étalon – or


- Ce système offre l’avantage d’assumer lui-même une stabilité des taux de change :
le cours des devises (taux de change) s’établi en effet entre deux limites à partir
desquelles les règlements s’effectuent par envoi d’or ; la limite supérieure
constitue le point de sortie de l’or et la limite inférieure constitue le point d’entrée
de l’or.
- Le système de l’étalon – or présent aussi l’intérêt de favoriser un retour à
l’équilibre de la balance de paiement, le processus d’ajustement s’effectuant par
des variations des prix intérieurs.
Comme inconvénients de ce système, on peut relever :

- Ce régime n’est pas scrupuleusement respecté (Au 19e siècle, les pratiques de
crédit des banques anglaises et la solidité de la livre sterling faisaient déjà
cohabiter l’or et d’autres instruments de paiement).
- Le deuxième inconvénient est que, même en régime d’étalon or pur, le mécanisme
régulateur jouerait mal : bien d’autres facteurs (la création de monnaie bancaire par
exemple) que la politique d’émission gagée sur l’or agissent sur la masse
monétaire d’un pays.

B) L’ETALON DE CHANGE OR (Gold Exchange Standard) JUSQU'A LA


SECONDE GUERRE MONDIALE

L’intervention des autorités monétaires pour éviter des sorties d’or, l’existence
d’autres instruments de règlement (la livre sterling notamment) et l’établissement forcé des
billets de banque à l’issu de la première guerre mondiale conduisent à l’abandon du système
de l’étalon – or et à l’adoption en 1922 à la conférence de Gênes du système de l’étalon de
change – or.

Dans ce nouveau système, la monnaie nationale n’est plus convertible en or mais elle
peut être échangée à un taux fixe en une ou plusieurs devises pouvant être elles-mêmes
convertibles contre de l’or à un taux déterminé. La monnaie étrangère choisie comme étalon
est qualifiée de monnaie ou devise clé (le dollar et la livre sterling). Le pays émetteur de cette
monnaie clé est appelé pays centre (les Etats-Unis d’Amérique et la Grande Bretagne). Les
pays adoptant cette monnaie comme étalon constituent les pays satellites.

La crise de 1929 et l’abandon par la Grande – Bretagne de l’étalon – or compromettent


donc l’application du régime étalon de change or.

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Paragraphe 2 : Des accords de Bretton – Woods (1945) à l’inconvertibilité du dollar

(15 août 1971).

A) LE CONTENU DES ACCORS DE BRETTON – WOODS


Les accords de Bretton – Woods créent une nouvelle institution : le Fonds Monétaire
International (FMI).

Elle a pour but d’assurer la stabilité des taux de change et la convertibilité des
monnaies tout en distribuant des concours en liquidité aux pays dont la balance des paiements
connaît un déficit provisoire.

a) La stabilité des taux de change


Etablissant un système de taux de change fixe, les statuts du FMI posent trois
principes essentiels :

- Chaque Etat membre doit déclarer au fonds une parité unique pour sa monnaie
nationale. Cette parité pouvant être exprimée « en terme d’or, ou en dollar – US du
poids et titre en vigueur au 1er janvier 1944 ».
- La parité choisie ne peut être modifiée par les pays membres que pour corriger un
déséquilibre fondamental de leur balance des paiements.
- Les autorités monétaires de chaque pays s’engagent à maintenir leur monnaie à la
parité définie ou dans les marges de fluctuation autorisée.

b) La convertibilité des monnaies et l’octroi de crédit


Les accords de Bretton – Woods posent le principe de la convertibilité des monnaies.
Ce principe entraîne également l’obligation pour tout pays de racheter les avoirs en sa propre
monnaie qu’un Etat peut détenir. Les statuts du Fonds précisent que : « le membre acheteur
aura la faculté de payer soit en la monnaie du pays demandeur, soit en or.

S’agissant de l’octroi de crédit, le FMI s’engage à fournir aux pays membres des
crédits pour leur permettre de remédier à un déséquilibre temporaire de leur balance des
paiements.

B) DE LA DETERIORATION A L’EFFONDREMENT DU SYSTEME DE


BRETTON-WOODS.
Deux raisons essentielles expliquent la dégradation progressive du système de
Bretton-woods.

- l’abondance des dollar US consécutif notamment au déficit américain et,


- la décote du dollar par rapport à l’or.

a) Le déficit américain et l’abondance des dollars


Une baisse de l’excédent de la balance commerciale des USA et d’importance sorties
de capitaux consécutives à l’achat d’actifs étrangers par les entreprises américaines attirées
par des perspectives de rentabilité élève en Europe provoquent une aggravation du
déséquilibre de la balance des paiements ayant des conséquences directes sur la devise
américaine.

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Le déficit américain provoque un gonflement excessif des balances – dollars, c’est-à-


dire des avoirs en dollar des banques centrales. En demandant la conversion en or de leur
dollar auprès des Etats-Unis, les banques centrales se heurtent à la réticence de plus en plus
forte des autorités américaines en raison de la baisse de leur propre stock d’or.

b) La décote du dollar par rapport à l’or


Des mouvements spéculatifs sur les marchés libres de l’or font progresser les cours du
métal jaune jusqu’à près de 40 dollars l’once d’or.

Craignant que le cours du marché libre ne s’éloigne trop de la parité officielle (35
dollars l’once d’or), reflétant ainsi une décote du dollar par rapport à l’or, les autorités
monétaires des grands pays industriels constituent en Octobre 1961 à l’initiative des
américains le pool de l’or qui a pour objet de régulariser l’évolution du cours du métal jaune
sur le marché libre de l’or.

En Mars 1968, devant l’ampleur de la spéculation, les autorités monétaires doivent


supprimer le pool de l’or et instaurer un double marché de l’or avec d’une part le marché de
l’or monétaire et d’autre part le marché de l’or industriel.

- Le marché de l’or monétaire


Ce marché ne concerne que l’or détenu par les banques centrales et son prix reste
garanti à 35 dollar l’once.

- Le marché de l’or industriel


Les banques centrales n’interviennent pas sur ce marché. Le prix de l’or s’établit donc
en fonction des offres.

La décision américaine du 15 Août 1971 de suspendre la convertibilité du dollar en or


supprime de façon officielle le système d’étalon de change – or.

II- APRES 1971 : LES TAUX DE CHANGE FLOTTANTS

Après une tentative de retour à un système de change fixe, le régime de change flottant
a été adopté.

Paragraphe 1 : Les tentatives de retour à un système de taux de change fixe

Compte tenu des inconvénients présentés par le flottement généralisé des monnaies,
les autorités monétaires signent le 18 Décembre 1971 les accords de Smithsonian institut qui
comportent deux points essentiels :

- L’établissement d’une nouvelle grille de parité ; de nombreuses parités sont


modifiées et notamment celle du dollar qui se trouve dévalué de 7,89% par rapport
à l’or. Le prix de l’once passant de 35 à 38 dollars.
- Le retour à un taux de change fixe avec l’élargissement des marges de fluctuation
qui sont portés de 1% à 2,25% autour de la parité par rapport au dollar.

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Paragraphe 2 : Les différents système qui étaient envisageables et marchés


financiers

A) LES DIFFERENTS SYSTEMES QUI ETAIENT ENVISAGEABLES


Extrêmement nombreuses et diverses, les solutions proposées au problème des
liquidités internationales s’articulent en trois groupes fondamentaux selon la place qu’elle
accorde à l’or :

- Le taux de change flexibles


Les tenants des changes flottants considèrent donc qu’en laissant librement fluctuer les
taux de change selon l’offre et la demande, les échanges s’équilibreront tout naturellement.

- L’étalon – or et l’étalon – marchandises


Pour certains auteurs, le retour à des mécanismes propres au système de l’étalon – or
devrait permettre de remédier au déséquilibre permanent des balances et notamment à celle
des Etats – Unis. Pour d’autres auteurs, l’adjonction à l’or d’un lot d’une trentaine de produits
de base, homogènes, non périssables et stockables.

- Le projet de création d’une monnaie scripturale internationale.

B) LES MARCHES FINANCIERS


Le marché financier désigne le marché où s’achètent et se vendent les titres (actions
et obligations).

Une action est un titre représentatif d’un apport soit en argent, soit en nature (fond de
commerce, brevet, matériels, etc…) destinée à constituer le capital d’une société.

Le détenteur d’une action encore appelé actionnaire est co-propriétaire de l’entreprise,


et à ce titre perçoit également une part du bénéfice (dividende) et participe à la gestion lors
des assemblées générales.

Une obligation est un titre représentatif d’un prêt à long terme consenti à une
collectivité publique ou privée (Etat, Entreprise, Commune).

Le détenteur d’une obligation encore appelé obligataire est un créancier de la


collectivité, qui s’engage à lui rembourser à une date prévue et à lui verser annuellement des
intérêts.

Actions et obligations sont en principe des titres négociables, c’est-à-dire que leurs
détenteurs peuvent librement les vendre soit par un accord avec l’éventuel acheteur (accord de
gré à gré) soit en recourant à un marché financier qu’on appelle la bourse des valeurs
mobilières.

Dans ces bourses se négocient deux catégories de titre dans deux marchés différents :

- Le marché primaire : c’est celui sur lequel s’écoulent les titres neufs par émission
des actions ou des obligations, où une entreprise qui veut émettre ses titres

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s’adressera aux banques ou à des sociétés de bourses spécialisées pour les écouler
dans le public.
- Le marché secondaire : c’est la bourse des valeurs proprement dite. On y vend des
titres à un cours (prix) qui est à la confrontation de l’offre et de la demande.

III - LA ZONE FRANC

Après avoir présenté la zone, seront exposés les avantages et les inconvénients de cette
dernière.

Paragraphe 1 : Présentation de la zone franc

Une zone monétaire est un ensemble constitué par un groupe d’Etats ou de territoires
observant de règles particulières dans leurs relations monétaires et confiant à la monnaie du
principal d’entre eux un rôle essentiel dans les règlements internes à la zone et avec le reste du
monde. Au total, la zone franc en Afrique regroupe quinze Etats dont quatorze sont regroupés
dans deux unions monétaires : BEAC et BCEAO et la République Islamique du Comore.

BEAC : Banque des Etats de l’Afrique centrale

BCEAO : Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest

La banque centrale a quatre fonctions essentielles :

- l’institut d’émission : la banque centrale est la seule habileté à émettre des billets
de banque.
- la banque des banques : chaque banque possède un compte auprès de la banque
centrale, ce qui facilite les opérations de compensation entre les banques
- la banque de l’Etat : la banque centrale tient le compte du trésor public, qui est la
banque de l’Etat.
- La gestion des réserves de devises et à ce titre, elle intervient sur les marchés de
change pour le compte des banques et assure la stabilité du cours de la monnaie
nationale.
Il est important de noter que quatre principes régissent le fonctionnement de la zone
franc :

- la parité fixe avec l’euro


- la garantie de la convertibilité du franc CFA :
En effet, les banques centrales ont le droit de tirage sur le compte d’opération en cas
de déficit des balances de paiement des pays membres. En contre partie, les banques centrales
doivent déposer sur ce compte d’opérations au moins 65% de leur réserve en devises. Le
compte d’opérations est ouvert auprès du trésor public français.

-Le libre transfert à l’intérieur de la zone

- La BEAC et BCEAO ont le pouvoir d’émettre des billets de banque et de conduire


la politique monétaire en centralisant les devises des Etats membres.
Ce mécanisme de la zone franc présente des avantages et des inconvénients.

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Paragraphe 2 : Les avantages et les inconvénients de la zone franc (TPE)

Les avantages de la zone sont les suivants :

- La fixité de la parité favorise la stabilité des prix


- L’intégration sous régionale est favorisée par l’absence totale de risque de change
pour les échanges à l’intérieur de la zone.
S’agissant des inconvénients, on peut relever :

- Chaque Etat membre perd sa souveraineté monétaire au profit de autres nations


membres.
- Le compte d’opérations ouvert auprès du trésor public français offre des intérêts
importants à ce trésor au détriment des pays membres.

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Chapitre 5: LES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT

Toutes les analyses économiques, se fixent généralement comme objectif fondamental


l’amélioration du niveau de vie des individus. La croissance économique peut y contribuer.
En fait le niveau de l’activité économique d’une nation se modifie par la variation des
quantités de facteurs de production, mais aussi d’autres variables qui en sont des moteurs.
L’activité économique varie aussi en cours d’année en fonction des saisons, des conditions
climatiques, comme elle peut parfois, atteindre des niveaux considérables, sans pour autant
que ça soit accompagné par un changement dans les conditions de vie de la population.
Comment, donc peut-on appréhender la croissance économique, sa mesure et ses facteurs ? En
quoi la croissance est-elle différente du développement ? Et comment peut-on expliquer les
différences et les inégalités entre les différents pays du monde ?

Section 1 : Croissance économique

I-Analyse du concept de la croissance économique

1/ Définition et mesure

1-1/ Définition
La croissance économique se définit comme l’accroissement quantitatif de la production
nationale selon un rythme soutenu, régulier et en longue période.
La croissance est un objectif recherché par la plupart des économies. Le taux de croissance
apparaît chaque année comme un indicateur de réussite ou d’échec pour un pays donné.

1-2/ Mesure
✓ La croissance économique est mesurée quantitativement par l’augmentation du PIB
(Produit intérieur brut) ou du PNB (Produit national brut).
✓ Le PIB comprend l’ensemble des valeurs ajoutées des agents économiques résidents
sur le territoire national d’un pays.
La valeur ajoutée étant définie, quant à elle par la différence entre la production et les
consommations intermédiaires.

Exemple1:
Soit par exemple une économie où n’existent que deux entreprises, la première produisant du
blé (l’agriculteur), et la deuxième produisant du pain (le boulanger). L’agriculteur consomme
un quintal de blé (semence...) pour en produire onze quintaux, à 20 FCFA le quintal, tandis
que le boulanger produit une tonne de pain valant 360 FCFA, à l’aide d’une tonne de blé.
Calculer le PIB de cette économie.

Agrégats Production Consommation Intermédiaire Valeur Ajoutée


Entreprises
Agriculteur 220 20 200
Boulanger 360 200 160

Le PIB = ∑ 𝑉𝐴 = 200 + 160 = 360

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✓ Le PNB comprend l’ensemble des valeurs ajoutées des agents économiques de même
nationalité, résidants sur le territoire national ou à l’étranger.
D’où PNB = PIB + Transferts extérieurs nets
Exemple: VA des Camerounais non résidents – VA des étrangers résidents au Cameroun
Etant l’agrégat le plus aisément estimable, le PIB servira de base pour déterminer le taux de
croissance d’une économie.
✓ Le taux de croissance ( 𝑡𝑐 ) correspond au pourcentage d’augmentation de la grandeur
économique de référence au cours d’une année.
PIBn −PIBn−1
tc = PIBn−1
x100
Exemple2: Si le PIB d’un pays est passé au cours d’une année de 4000 u.m à 4200 u.m, quel
sera le taux de croissance ?
Réponse: t c = 5%

Dans le calcul du taux de croissance, le produit intérieur brut peut être exprimé aux prix
courants (de l’année considérée) ou aux prix constants (d’une année de base).

Exemple3: Le PIB aux prix courants du Cameroun en 1991 a été de 12,131 um contre 10,990
um : en 1990. Calculons le taux d’accroissement du PIB en 1991 aux prix courants.
Réponse: t c = 10,4%

✓ Ce taux n’est pas significatif car il comporte des effets de la hausse des prix entre 1990
et 1991. En effet, la croissance économique peut être faussée par l’augmentation des prix. Il
nous faut donc le PIB de 1991 aux prix constants de 1990. Les statistiques nous donnent ce
PIB 1991 (prix constants de 1990) = 11,375 um
D’où le taux de croissance, aux prix constants de 1990, devient :
Réponse: t c = 3,5%

La différence : 10,4 – 3,5 = 6,9 % représente l’effet de l’inflation

✓ Le calcul des taux de croissance sert à :


- Comparer les performances d’une nation durant une période donnée : comparaison
temporelle.
- Comparer les performances des pays les uns par rapport aux autres : Comparaison spatiale.

✓ Plusieurs critiques ont été adressées à l’égard du PIB :

• néglige l’économie souterraine:


Les activités non déclarées formant le « marché informel», les productions des femmes au
foyer et des domestiques, par exemple, ne sont pas prises en considération dans l’évaluation
du PIB.

• ne comptabilise pas les effets pervers de la croissance:


Les externalités négatives liées à la production devraient être comptabilisées en moins pour
l’évaluation du PIB. Il en sera de même pour les rejets nocifs de l’industrie, etc...

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• n’indique pas la nature de la production:


L’évaluation du PIB global ne permet pas de réaliser la nature des biens essentiellement
produits : a-t-on favorisé les biens de consommation ou les biens de production ? les biens
alimentaires ou les armes ?
• ne permet pas une comparaison réelle entre les pays:
Comparer le PIB par habitant de deux pays différents suppose qu’avec une unité de deux
monnaies de deux différents pays, on peut acquérir la même quantité de biens dans chacun de
ces pays, ce qui est absurde. Pour faciliter les comparaisons internationales, l’OCDE
(Organisation de la Coopération et du Développement Economique) calcule des PIB exprimés
en équivalents de pouvoir d’achat.

• ne permet pas une comparaison réelle dans le temps:


Entre deux années différentes, les prix des biens peuvent subir un phénomène inflationniste
(hausse des prix) qui pourrait déformer la variation réelle du PIB. Pour pallier à cela, des
évaluations sont faites l’une à prix courants, l’autre à prix constants.

2 /les facteurs de la croissance


Par définition, la croissance économique suppose une augmentation quantitative de la
production, laquelle production dépend des facteurs traditionnels : Ressources naturelles,
capital et travail (force humaine).
Outre ces facteurs, la croissance économique nécessite, aujourd’hui, d’autres facteurs
d’efficacité.

2-1-Les facteurs traditionnels

a- Les ressources naturelles


Ces dernières englobent essentiellement
✓ La terre: les surfaces cultivables (sols), le sous-sol avec ses richesses minérales, les
forêts... etc.
✓ Les eaux: eau potable, l’eau pour l’irrigation des plantations... etc.
✓ Les métaux: Fer, Or, argent,…
✓ Le pétrole, le phosphate, le gaz naturel, …etc.

b- La population
Deux thèses s’opposent quant à la contribution de la population à la croissance
économique :

✓ Une première thèse considère qu’un grand effectif de la population constitue des
bouches supplémentaires à nourrir. Ce problème prend davantage d’ampleur dans les pays où
les disponibilités alimentaires sont faibles. Dans ces pays, la sécurité alimentaire n’est pas
assurée : Ils dépendent de l’étranger dans leur approvisionnement en produits alimentaires.
Donc, tant qu’une société ne s’est pas libérée de la contrainte alimentaire, l’expansion
démographique y retarde la possibilité de décollage économique.

✓ Une deuxième thèse considère, au contraire, qu’une population en expansion


représente une source de création de richesses car la population active constitue un facteur de
production d’autant plus productif qu’il est formé et qualifié. De plus, cette population
représente une demande supplémentaire pour les productions qui trouvent ainsi des
débouchés. Ceci assure au marché national des biens et services une plus grande taille et

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Année académique 2019-2020

favorise ainsi la croissance de l’offre des entreprises. Cette thèse s’applique surtout à partir
d’un certain niveau de développement économique et social.

c- Le capital
De tous les facteurs de la croissance, le capital est celui dont l’accroissement est le plus
rapidement réalisable. Ceci dépend des possibilités de l’économie de dégager, dans le revenu
national, un financement suffisant pour les investissements : Encore faut-il que les
circonstances soient favorables à l’investissement : épargne abondante, progrès technique ?

2-2- Les facteurs d’efficacité


Dans un état donné de la technologie, il arrive un moment où le rythme de la croissance
économique s’essouffle. Le plafonnement de la production ne peut être relevé qu’en
améliorant l’efficacité des combinaisons productives. Plusieurs facteurs entrent dans ce cadre
: il s’agit essentiellement des facteurs suivants :

a- Le progrès technique
ce dernier concerne
✓ La façon de produire: Il permet un accroissement de la productivité ou des rendements
des facteurs
✓ La nature des produits: il permet essentiellement la production de biens nouveaux
assurant une meilleure ou une plus large satisfaction des besoins.

b- le développement de la connaissance scientifique


Il est clair que c’est là la source de tout progrès. En particulier, le développement de la
fonction Recherche et Développement dans les entreprises et les universités est un moyen très
efficace pour la découverte de nouvelles technologies.

c- l’éducation et la formation
✓ L’éducation intervient pour assurer au facteur humain un niveau d’instruction
nécessaire à l’adaptation aux techniques modernes.
✓ La formation assure une qualification minimale aux travailleurs et permet d’entretenir
leurs aptitudes professionnelles.

d - Les échanges extérieurs


L’ouverture sur l’extérieur permet, par le biais des échanges, de bénéficier des progrès
réalisés ailleurs (transfert technologique).
La libéralisation des échanges extérieurs, permet d’ouvrir de nouveaux débouchés à la
production nationale.
A ce titre, la croissance des exportations d’un pays devient une condition nécessaire à la
croissance.

e- Un contexte favorable à la croissance


Un ensemble de facteurs ont en commun de créer une ambiance favorable à la croissance.
Ce sont notamment :
✓ L’innovation et l’esprit d’entreprise: l’innovation est un facteur incontournable de
progrès. Elle implique une imagination fertile et des recherches continues. L’esprit
d’entreprise est l’aptitude à créer et à gérer des entreprises : l’entrepreneur type ne craint pas
le risque de perte inhérent à tout projet. Il est fonceur, dynamique et courageux.
✓ L’épargne : condition nécessaire à la réalisation de l’accumulation du capital.

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✓ La souplesse (flexibilité): elle facilite l’adaptation aux changements qui accompagnent


la croissance.

3- Les étapes de la croissance


C’est dans les travaux de Rostow que l’on trouve de façon très significative l’idée selon
laquelle chaque économie passe par cinq étapes successives de croissance économique. Ces
cinq étapes peuvent être schématisées comme suit :
• Organisation de type féodale et autarcique
La société traditionnelle • Economie basée sur l’agriculture
• Peu de progrès technique
• Essor agricole
• Augmentation des profits agricoles
Les conditions préalables au décollage • Développement de l’épargne et du développement
• Amélioration des connaissances
• Diffusion de nouvelles techniques
• Industries nouvelles ayant un rôle moteur
Le décollage • Essor agricole libérant la main d’œuvre vers l’industrie
• Taux d’investissement supérieur à 10%
• Progrès technologiques continus
• Industrialisation généralisée à tous les secteurs
La marche vers la maturité • Urbanisation et exode rural
• Taux d’investissement supérieur à 20%
• Besoins fondamentaux satisfaits
L’ère de la consommation de masse • Développement du rôle de l’Etat
• Apogée du secteur tertiaire (de services)

II - LES FLUCTUATIONS ECONOMIQUES

Après avoir présentés les cycles économiques, leurs phases seront exposées.
Le cycle économique désigne les fluctuations de l’activité économique. L’activité
économique n’étant pas régulière, les périodes d’expansion sont suivies des périodes de
ralentissement.
Les phases du cycle sont :
- La phase d’expansion : elle se caractérise par l’augmentation de la production, des
prix, des revenus et un développement excessif des crédits.
- La phase de crise : elle s’accompagne d’une baisse de prix, d’une réduction des
crédits et d’un recul de la production.
- La phase de dépression : elle s’accompagne d’une réduction des prix, de la
production et des revenus.
- La phase de reprise : elle se caractérise par un arrêt de la baisse des prix et des
revenus. On observe dans cette phase une amorce de reprise de la production.
-
Phase de
crise
Phase
Phase de
d’expansion
dépression

Phase de
reprise
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Section 2: Les caractéristiques du sous-développement

I- Définir le développement et le sous-developpement

1-Définir le développement
Pour définir le développement, on se réfère souvent à la définition devenue classique
proposée par l’économiste français François Perroux en 1961 : c’est « la combinaison des
changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître
cumulativement et durablement son produit réel et global ». Cette définition implique deux
faits principaux : si la croissance peut se réaliser sans forcément entraîner le développement
(partage très inégalitaire des richesses, captation des fruits de la croissance par une élite au
détriment du reste de la population), il y a tout de même une forte interdépendance entre
croissance et développement (le développement est source de croissance et nécessite une
accumulation initiale). Enfin, le développement est un processus de long terme, qui a des
effets durables. Une période brève de croissance économique ne peut ainsi être assimilée au
développement.
Le développement englobe des bouleversements plus grands (valeurs et normes sociales,
structure sociale, etc.) que le simple processus de croissance économique : le développement
est par nature un phénomène qualitatif de transformation sociétale (éducation, santé, libertés
civiles et politiques…) alors que la croissance économique est seulement un phénomène
quantitatif d’accumulation de richesses.
Ainsi le programme des Nations unies pour le développement (PNUD) définit le
développement comme le fait d’« élargir l’éventail des possibilités offertes aux hommes ».
Cette définition est inspirée de la théorie des « besoins essentiels (ou élémentaires) » créée
dans les années 1970 au sein du Bureau international du travail (BIT). Le développement y est
caractérisé par la disponibilité d’un minimum de biens pour assurer la survie (alimentation,
habillement, etc.) et de services de base comme la santé ou l’éducation. Les besoins essentiels
sont définis par le fait qu’ils sont quantifiables, universels et facteurs de croissance
économique.
Le PNUD propose ainsi quatre critères pour mesurer le niveau de développement d’un pays :
• la productivité qui permet d’enclencher un processus d’accumulation ;
• la justice sociale : les richesses doivent être partagées au profit de tous ;
• la durabilité : les générations futures doivent être prises en compte (dimension à long terme
du développement) ;
• le développement doit être engendré par la population elle-même et non par une aide
extérieure

2-Définir le sous-développement
Le sous-développement est un phénomène très récent. La notion de « sous-développement»
a d’abord été définie en creux, comme une situation de non-développement. Le sous-
développement peut aussi se définir comme l’ensemble des blocages qui empêchent le
processus d’industrialisation et d’amélioration du niveau de vie de se réaliser dans un pays.
Un pays « sous-développé » connaîtrait donc des blocages qui empêchent le processus de

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développement de se mettre en place, en particulier l’industrialisation. Lever ces blocages par


des stratégies de développement basées sur l’industrialisation et la sortie de la spécialisation
agricole permettrait donc de sortir du sous-développement.
Mais le sous-développement ne peut se réduire au seul critère de la sous-industrialisation. La
théorie des « besoins essentiels » met l’accent sur la notion de « manque » : un pays sous-
développé est un pays où les besoins fondamentaux de l’homme ne sont pas couverts
(alimentation, sécurité, santé, éducation…). Mais il faut aussi insister sur les fortes inégalités
internes dans les PED. De ce fait, selon Sylvie Brunel, le sous-développement se manifeste
par quatre critères :
• une pauvreté de masse ;
• de fortes inégalités par rapport aux pays développés mais aussi à l’intérieur du pays lui-
même (hommes/femmes, urbains/ruraux…) ;
• l’exclusion du pays du commerce international, des connaissances scientifiques mondiales…
mais aussi d’une partie de la population au sein même du pays (femmes, populations
rurales…) ;
• l’insécurité, qu’elle soit environnementale, sanitaire ou encore politique, dans laquelle vit la
majorité de la population.

3-Les caractéristiques des PED


- Des structures économiques et sociales désarticulées
Les PED se caractérisent par une structure économique et sociale qui constitue un obstacle à
leur développement (économie agraire, État faible, structure sociale très inégalitaire…). Le
courant tiers-mondiste met en accusation la colonisation pour expliquer l’extraversion des
économies des PED. De même ils ont une structure économique déséquilibrée reposant sur
un très fort secteur primaire peu productif et une très faible industrialisation. Leur production
est peu diversifiée et, du fait de la faiblesse du marché intérieur, leurs exportations sont fort
dépendantes de l’évolution des cours mondiaux. De plus, la colonisation a aussi provoqué la
déstructuration de l’organisation sociale.

- Une forte croissance démographique


Les PED se caractérisent par une forte croissance démographique du fait que leur transition
démographique (passage d’un régime démographique à forte natalité et mortalité à un régime
démographique à faible natalité et mortalité par l’intermédiaire d’un régime d’expansion
élevée de la population) n’est pas achevée.
Réflexion : la démographie est-elle un obstacle au développement ? Jean Bodin « Il n’y a ni
richesse ni force que d’hommes ».
- Une faible insertion dans le commerce international
Les PED occupent une place minoritaire dans les échanges internationaux. Ils sont à l’origine
de 37 % des exportations de marchandises mondiales en 2005, une part identique à celle de
1948 même si elle est en progression depuis les années 1970. Cette part est d’autant plus
faible que ces pays regroupent 80 % de la population mondiale.
De plus, le commerce intra-zone des PED est très faible. En effet, une très grande part de
leurs exportations est à destination des pays riches : seulement 17,4 % des échanges totaux

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pour l’Amérique latine, 10,6 % pour le Moyen-Orient et 9,4 % pour l’Afrique sont des
échanges intra-zone (données 2005). Les relations commerciales Sud-Sud sont donc
marginales.
Cette faible place dans le commerce international est due à plusieurs facteurs :
-une spécialisation dans les produits primaires défavorable,
-des prix internationaux peu avantageux depuis les années 1980,
-des obstacles au commerce international mis en place par les pays du Nord (barrières non
tarifaires, quotas comme pour le textile et l’habillement…)
- des facteurs structurels internes aux PED (distance géographique, culturelle – langue,
religion… – par rapport aux grands foyers géographiques d’échange).
Néanmoins, la nature des exportations des PED s’est profondément modifiée : les produits
manufacturés, qui n’en représentaient que 20 % en 1970, en constituent aujourd’hui les trois
quarts au détriment des produits primaires. C’est à une véritable remise en cause de la
division internationale du travail traditionnelle que nous assistons (pays industrialisés
spécialisés dans les produits manufacturés, PED spécialisés dans les produits primaires).

II- MESURER LE SOUS-DEVELOPPEMENT

1-La mesure par le PNB/habitant

La Banque mondiale mesure le niveau de développement par un indicateur de richesse, le


revenu moyen de la population assimilé au PNB/habitant. Cela lui permet de classer les pays
en trois catégories selon leur niveau de richesse (les données sont de 2006) :
• pays à revenu faible (moins de 905 $/habitant) : on y retrouve en majorité des pays pauvres
africains et asiatiques comme le Mali, le Kenya, le Libéria, la Mauritanie, le Bangladesh, le
Cambodge, le Népal… mais aussi l’Inde ;
• pays à revenu intermédiaire (entre 906 et 11 115 $/habitant) : devant la trop grande
hétérogénéité de cette catégorie, la Banque mondiale la structure en deux sous-catégories
depuis 1989 :
– pays à revenu intermédiaire tranche inférieure (entre 906 et 3 595 $/habitant) : on y
retrouve d’autres PED d’Afrique et d’Asie comme l’Algérie, le Cameroun, le Sri Lanka ..,
mais aussi des PED d’Amérique latine comme Cuba ou la Colombie et des pays d’Europe
centrale et orientale (PECO) en transition comme l’Albanie, la Moldavie ou l’Ukraine ;
– pays à revenu intermédiaire tranche supérieure (entre 3 596 et 11 115 $/habitant) : on y
retrouve encore des PED comme les grands pays comme la Hongrie ou la Pologne ..
• pays à revenu élevé (plus de 11 116 $/habitant) : ce sont les PDEM mais aussi certains pays
du Moyen-Orient comme le Qatar, les Émirats arabes unis ou le Koweït, et des pays asiatiques
comme la Corée du Sud, Hong Kong ,Singapou, le Brésil, le Chili, le Mexique
l’Argentine, Russie , la Chine et l’Inde.
Cette classification rencontre des limites comme l’illustre le fait que les PED sont représentés
dans toutes les catégories. En effet, cette classification ne tient pas compte par exemple de la
répartition et de l’utilisation des revenus, et n’est donc pas affectée par les inégalités internes
des pays. De plus, elle réduit le développement à la seule variable du niveau de vie.

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Année académique 2019-2020

2- La mesure par les indicateurs de développement

Le niveau de développement d’un pays ne se limite pas à son niveau de richesse économique,
le développement ne se réduisant pas à la croissance économique. C’est pourquoi d’autres
indicateurs sont souvent utilisés. Le PNUD a donc créé en 1990 un indicateur synthétique,
l’indicateur de développement humain (IDH ). Considérant que le développement traduit
l’extension des possibilités humaines, celle-ci nécessite trois conditions : la possibilité de
vivre longtemps et en bonne santé, la possibilité de s’instruire, et enfin les possibilités d’accès
aux ressources permettant de vivre convenablement.
Pour représenter ces trois dimensions du développement (santé, éducation, niveau de vie),
l’IDH synthétise trois indicateurs mesurés de 0 à 1 (plus il est élevé, plus le pays est
développé):
• un indicateur de longévité et de santé mesuré par l’espérance de vie à la naissance ;
• un indicateur d’instruction mesuré pour deux tiers par le taux d’alphabétisation des adultes
et pour un tiers par le taux de scolarisation ;
• un indicateur de niveau de vie mesuré par le PNB/habitant en PPA (parité de pouvoir
d’achat).
L’IDH synthétise ces trois indices en un seul traduisant le niveau de développement du pays,
noté de 0 à 1. Ainsi, les pays à développement humain élevé ont un IDH supérieur à 0,800 ;
les pays à développement humain moyen ont un IDH compris entre 0,500 et 0,799 ; les pays à
développement humain faible ont un IDH inférieur à 0,500

3- la diversité des PED

La grande diversité des PED a poussé à définir de nouvelles catégories de pays (ONU en
1971) :
- les PMA (pays les moins avancés, surtout localisés en Afrique subsaharienne et en Asie) : ce
sont les PED les plus pauvres qui sont structurellement handicapés dans leur développement
et qui doivent bénéficier d’un traitement de faveur de la part des institutions internationales.
Ils se caractérisent par une grande vulnérabilité économique liée à l’instabilité de la croissance
économique, un secteur primaire majoritaire dans la structure économique et donc une
production peu diversifiée.
À l’opposé des PMA s’est constitué un groupe de PED très avancés dans leur industrialisation
et dans leur rattrapage avec les pays développés :
-les nouveaux pays industrialisés (NPI). Ils regroupent les NPI asiatiques (NPIA : Corée du
Sud, Singapour, Taiwan, Hong Kong) et les pays émergents comme le Brésil, le Mexique, la
Chine, l’inde, l’Afrique du Sud, la Malaisie et la Thaïlande.
- les pays exportateurs de produits primaires qui connaissent une forte demande internationale
: ce sont surtout les pays exportateurs de pétrole dont le développement dépend en particulier
du cours de l’« or noir »

III- LES CAUSES DU SOUS-DEVELOPPEMENT


L’origine du sous-développement a fait l’objet de controverses théoriques importantes

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1-Le sous-développement comme retard : les théories libérales


L’analyse libérale du sous-développement considère ce dernier comme l’expression du
simple retard des pays pauvres qui n’ont donc qu’à copier le modèle de développement des
pays riches. Cette analyse est représentée par les travaux de l’économiste américain Walt
Rostow qui, en 1961, dans Les Étapes de la croissance : Un manifeste non communiste,
définit cinq étapes de croissance que les pays doivent connaître pour se développer :
• la « société traditionnelle » : économie de subsistance, sans accumulation, spécialisée dans
les activités agricoles. L’économie connaît donc un taux de croissance très faible ;
• les « préalables au développement », ils consistent en un changement des mentalités vers
l’accumulation et l’accroisse ment du taux d’épargne. Une structure économique et sociale
tournée vers la croissance économique se met en place (début de l’industrialisation et
émergence d’une bourgeoisie commerçante) ;
• le « take-off » (décollage) : apparition du progrès technique, le taux d’investissement
augmente fortement, ce qui lance la croissance économique. Cette période est assimilée à la
révolution industrielle des pays développés des XVIIIe et XIXe siècles ;
• la « marche vers la maturité » : diversification des secteurs de production par la diffusion
du progrès technique, accroissement des gains de productivité ;
• la « consommation de masse » : accroissement des revenus de la population qui lui permet
d’atteindre un niveau de vie élevé basé sur la consommation de masse : biens d’équipement,
loisirs, etc.
Cette thèse a fait l’objet de nombreuses critiques. L’économiste américain Simon Kuznets, en
-remise en cause de l’existence de données empiriques heuristiques qui aurait permis de
valider les différentes étapes du développement, ainsi que l’absence de précision sur les
modalités de passage d’une étape à une autre (Simon Kuznets).
-Alexander Gerschenkron montre qu’il est possible de suivre d’autres voies de
développement que les seules étapes de Rostow. Il indique aussi que des étapes peuvent être
sautées du fait que l’emploi de nouvelles technologies dans le développement actuel permet
de venir concurrencer bien plus rapidement les pays développés.
-De plus, le caractère universel de cette théorie est remis en cause. Elle ne serait que
l’interprétation du processus historique de développement des pays occidentaux au cours de
leur industrialisation et ne saurait être appliquée aux PED actuels du fait du changement de
contexte (modalités du commerce international, existence de pays développés aujourd’hui…).
Cette théorie serait donc trop linéaire.
Par ailleurs, une autre analyse libérale en critique des politiques de protectionnisme pratiquées
par les PED vers la fin des années 1960 et s’appuyant sur la théorie néoclassique du
commerce international, considère que le sous-developpement est causé par une trop faible
insertion de ces pays dans le commerce international et que la voie du développement passe
par la spécialisation des exportations. Les PED doivent se spécialiser dans la ou les
productions où ils disposent d’un avantage comparatif par rapport aux autres pays

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2- Les structures des PED comme obstacles à leur développement

Arthur Lewis (économiste britannique, prix nobel, 1979) considère que le sous-
développement est causé par le dualisme* de l’économie des pays pauvres. Deux secteurs
coexistent au sein de ces économies :
• un secteur moderne, capitaliste, qui est la source d’une accumulation et de gains de
productivité;
• un secteur traditionnel, de subsistance, qui pèse sur le secteur moderne à cause de faibles
gains de productivité. En effet, ce secteur monopolise la main-d’œuvre disponible et empêche
le secteur moderne de se développer du fait du surplus de main-d’œuvre agricole.
La thèse du dualisme peut aussi être étendue à l’existence d’un secteur informel à côté de
l’économie officielle, qui permet la survie d’une partie de la population par la distribution de
revenus grâce à des activités dissimulées ou illégales.
Myrdal (économiste Suédois, prix nobel, 1974), constate que le libre jeu du marché dans les
PED éloigne l’économie de l’équilibre du fait que les « effets de remous », effets qui
amplifient les déséquilibres (la croissance appelle la croissance et la pauvreté la pauvreté),
dominent les « effets de propagation », qui eux permettent de diffuser la croissance des
secteurs riches vers les plus pauvres. Les inégalités se polarisent donc à l’intérieur du pays.
De plus, ces « effets de remous » sont entretenus par les institutions traditionnelles féodales
des PED. Myrdal, pionnier des analyses institutionnalistes du sous-développement, prône
dans une perspective sociale-démocrate, l’intervention de l’État dans les PED pour encadrer le
libre jeu du marché et la nécessité de l’avènement d’un État-providence dans ces pays pour y
réduire les inégalités, en favorisant les « effets de propagation » par une redistribution
volontariste.

3- L’analyse structuraliste

Raul Prebischet Hans Singer considèrent que le sous-développement est la conséquence de


la division internationale du travail qui engendre la polarisation du monde entre un centre (les
pays riches) et une périphérie (les pays pauvres) : l’analyse « centre-périphérie ». L’avancée
technologique et la position du centre lui permettent d’organiser à son profit les relations avec
la périphérie. En conséquence, les pays de la périphérie se voient cantonnés à l’exportation
des produits primaires pour le centre. De plus, le progrès technique a des effets différents sur
les prix selon la structure de marché. Dans le centre, les marchés étant peu concurrentiels, la
baisse des prix est limitée alors que dans la périphérie, les prix des produits primaires
diminuent. En conséquence, les prix de leurs importations augmentant par rapport à ceux de
leurs exportations, les pays de la périphérie s’appauvrissent en participant au commerce
international. La spécialisation dans les produits primaires des PED et la dégradation des
termes de l’échange sont la cause de leur sous-développement. Ce mouvement de pensée
sera à l’origine de la revendication du nouvel ordre économique international.

Note : La notion de « termes de l’échange » désigne le rapport de l’indice des prix des exportations à l’indice
des prix des importations d’un pays :

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Indice des prix des exportations


Termes de l’échange = ----------------------------------------- x 100
Indice des prix des importations

Son accroissement (amélioration des termes de l’échange) peut être interprété comme le fait que le pays voit le
pouvoir d’achat de ses exportations augmenter : avec une unité de produit exporté, il pourra acheter une
quantité plus importante de produits étrangers. La diminution du rapport s’appelle la détérioration des termes
de l’échange. L’évolution des termes de l’échange dépend donc de l’évolution des prix des produits exportés et
importés

4- Le sous-développement comme conséquence de l’impérialisme : les analyses


néomarxistes

Les économistes néomarxistes (1960-1970) dans l’analyse centre-périphérie , développent la


notion de dépendance dans le cadre d’une théorie de l’impérialisme des pays développés sur
les pays du Sud, déjà proposée par Lénine. Pour l’économiste égyptien Samir Amin (Le
Développement inégal, 1973), le modèle économique capitaliste est à l’origine du sous-
développement. Les PED sont dominés dans le rapport économique mondial et c’est cette
domination qui organise leur sous développement.
En effet, la relation de dépendance de la périphérie vis-à-vis du centre est un héritage du
développement du capitalisme mondial basé sur une structure coloniale, dont les firmes
multinationales implantées dans les pays du Sud seraient les héritières (exploitation des
ressources naturelles et de la main-d’œuvre locale au profit des consommateurs du Nord).
Cette relation de dépendance assure le transfert des richesses du Sud vers les pays du Nord,
permettant le processus d’accumulation capitaliste des pays développés. Le capitalisme
interdit donc par sa nature l’intégration économique de la périphérie. C’est le développement
des pays riches qui nécessite le sous-développement des pays pauvres. Le rapport de
domination n’oppose plus des classes sociales, mais des pays à l’échelle mondiale.
Les économistes néomarxistes considèrent donc que le sous-développement est le produit du
capitalisme et donc du développement. C’est pourquoi le développement de la périphérie ne
peut se faire selon eux dans le cadre du capitalisme. Elle doit trouver d’autres voies de
développement.
Ainsi, pour assurer le développement de la périphérie, Samir Amin va prôner la déconnexion,
c’est-à-dire la rupture du lien de dépendance avec le centre par le protectionnisme, et faire la
promotion d’un développement autocentré (basé sur le marché intérieur). Mais cette
déconnexion est aussi à l’origine de divergences au sein de l’école néomarxiste.

Section 2 : Réussite et échec des stratégies de développement

Plusieurs stratégies de développement se sont succédé à partir de la seconde moitié du XXe


siècle. Leurs fondements sont intimement liés au contexte diplomatique, commercial et
idéologique de leurs époques respectives : choix du libre-échange ou du protectionnisme, de
l’État ou du marché, inspirations libérales ou keynésiennes…

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I- Les stratégies d’industrialisation

L’accomplissement de ces stratégies va se dérouler des années 1950 jusqu’au début des
années 1980. Elles sont le fait de pays souvent nouvellement indépendants suite au processus
de décolonisation. La plupart de ces pays vont faire jouer un rôle primordial à l’État du fait du
contexte mondial (keynésien et socialiste) : c’est l’idéologie triomphante du volontarisme
politique qui permettra d’amorcer une industrialisation tardive.

1- Les fondements des stratégies d’industrialisation

a)-Le choix de l’industrie


La plupart des pays du tiers-monde vont choisir de privilégier l’industrie au détriment de
l’agriculture. Un consensus se met en place pour lier de manière forte développement et
industrialisation. En effet, beaucoup de pays ont en mémoire les dégâts provoqués par leur
spécialisation dans les produits primaires.
De plus, le secteur industriel est supposé être facteur d’externalités positives par des effets
d’entraînement sur les autres secteurs de l’économie – par l’intermédiaire de gains de
productivité, d’un accroissement de la qualification de la main-d’œuvre et en suscitant du
progrès technique. De l’autre côté, l’agriculture est considérée comme un secteur archaïque, à
faible potentiel de productivité, qui se développera grâce aux effets d’entraînement de
l’industrie.
Note : L’effet d’entraînement est un mécanisme par lequel la croissance d’un secteur est censée entraîner
l’expansion d’autres secteurs de l’économie du fait du poids ou de l’avancée technologique du secteur leader.
Cet effet passe par l’apparition d’externalités positives (innovations technologiques qui vont profiter aux
techniques de production de l’ensemble de l’économie par exemple). Se met alors en place un cercle vertueux de
croissance où chaque secteur de l’économie entraîne l’expansion des autres par des effets de liaison.

b)- Croissance équilibrée ou déséquilibrée


Il faut cependant choisir dans quelles branches de l’industrie investir. Deux thèses s’opposent
sur le sujet.
-RagnarNurske et Paul Rosenstein-Rodan considèrent qu’il faut développer une croissance
équilibrée , c’est-à-dire répartir les investissements dans toutes les branches industrielles afin
d’assurer simultanément une offre et une demande pour éviter tout déséquilibre. Ils s’appuient
sur la loi des débouchés de Say, clé de voûte des théories néoclassiques de la croissance.
-À l’inverse, Albert Hirschman et François Perroux font pour leur part la promotion de la
croissance déséquilibrée : il faut concentrer les investissements dans les secteurs moteurs de
l’économie (les « pôles de croissance » de François Perroux) afin de susciter une croissance
généralisée par la suite à travers des effets d’entraînement et de liaison. Il ne faut donc pas
gaspiller le capital dans des branches qui n’auront pas de retombées positives sur toute
l’économie. Ces travaux susciteront les stratégies basées sur le développement de l’industrie
lourde.
Si les stratégies de développement de cette époque convergent sur le rôle de l’industrie et de
l’État, elles divergent sur celui du commerce international.

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2- Le développement autocentré

Le premier type de stratégies de développement regroupe des industrialisations basées sur le


développement du marché intérieur : c’est le développement autocentré. Elles reflètent un «
pessimisme pour les exportations » vécu par ces pays à la suite de spécialisations défaillantes
(souvent dues à un passé de colonie) et d’une dégradation des termes de l’échange.

a)-L’industrialisation par substitution aux importations (ISI)

Cette stratégie d’industrialisation par substitution aux importations (le « desarrollisme », de


l’espagnol desarrollo= développement), Inspirée de la théorie du « protectionnisme éducateur
» de Friedrich List, est mise en œuvre dans les années 1950 dans la majorité des PED.
Il s’agit de se libérer de la dépendance au commerce international en substituant
progressivement la production nationale aux importations. L’accroissement de la production
nationale présuppose une demande interne suffisante pour l’absorber et éviter une crise de
surproduction. Cette stratégie nécessite :
- la mise en place d’une réforme agraire pour redistribuer les revenus
- la constitution de marchés intégrés régionaux (instauration de zone de libre-échange,..).
- la mise en place des politiques protectionnistes et le financement des investissements
massifs, provenant souvent de l’extérieur (financement par endettement international par
exemple).
Le développement doit être assuré par une stratégie de remontée de filière qui permet de
diversifier la production. Le pays produit d’abord des biens de consommation basiques (biens
alimentaires, textile), puis il produit des biens plus élaborés (chimie puis biens industriels,
d’équipement…). À terme, cette stratégie d’industrialisation par l’aval doit donc aboutir à une
production industrielle diversifiée assise sur un marché intérieur stable.

Note : la remontée de filière


Il s’agit d’un processus permettant de réaliser la production située en amont. En produisant un bien, on acquiert
progressivement des techniques de production permettant de réaliser les facteurs de production nécessaires à sa
fabrication. On peut alors ensuite produire en amont les biens intervenant dans la production du premier et
ainsi de suite. À terme, il est possible de maîtriser l’ensemble d’une filière depuis l’aval jusqu’en amont. C’est
une stratégie permettant la concentration verticale au niveau des entreprises que les pays peuvent aussi réaliser.

b)-Les industries industrialisantes


Cette autre voie, suivie en particulier par l’Inde, Mexique, Brésil (1950) et l’Algérie ( 1967),
vise à construire une industrie par l’amont et non par l’aval (comme l’ont réalisé les pays
précédents), par une politique volontariste de l’État à travers une planification publique (plans
quinquennaux) : c’est la stratégie des industries industrialisantes . Inspirées de l’expérience de
l’URSS et de la thèse de la croissance déséquilibrée de François Perroux, cette stratégie
amène l’État à orienter les investissements à la place du marché (la faible rentabilité initiale
de ces investissements découragerait des acteurs privés) dans les secteurs stratégiques pour
constituer des pôles industriels de croissance qui, par les effets d’entraînement (industries «
industrialisantes »), propageront le développement dans tous les autres secteurs industriels en

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aval. Ces secteurs privilégiés sont ceux de l’industrie lourde en amont du processus productif
qui, en dégageant des gains de productivité, favoriseront la croissance de l’économie tout
entière (mécanisation de l’agriculture par exemple…). Le secteur primaire, lui, doit fournir les
biens de consommation intermédiaires à l’industrie et des débouchés aux biens d’équipement
qui y sont produits.
Ainsi l’Algérie oriente, par la planification de ses investissements, ses capitaux vers
l’industrie de biens d’équipement. L’État réunit plusieurs industries en « pôles de croissance »
censés générer des synergies et des externalités positives : la sidérurgie, la chimie, la
mécanique… Pour accélérer l’industrialisation sont importées des technologies modernes des
pays développés.

c)-Les raisons d’un échec


À court terme, ces stratégies semblent atteindre leurs buts : la production industrielle se
diversifie à travers la constitution d’un appareil productif modernisé et la richesse produite par
habitant augmente. Mais, à la fi n des années 1970, un constat s’impose : ces stratégies n’ont
pas permis d’entretenir un processus durable de croissance et de développement ; la pauvreté
et les inégalités sont toujours fortement présentes.
Les raisons de cet échec sont :
- l’insuffisance (étroitesse) du marché intérieur ne permet pas d’assurer des débouchés aux
produits industriels
- les biens d’équipement ne sont pas compétitifs sur le marché international.
- ces stratégies nécessitent un accroissement des importations, en particulier des technologies
et des biens d’équipement pour assurer l’industrialisation, mais aussi parfois de produits
agricoles du fait de l’abandon du secteur primaire.
Les pays se retrouvent dans une situation de dépendance technologique vis-à-vis de
l’extérieur, ce qui va générer un déficit important de leur balance des paiements. Cette
dépendance va prendre la forme de la « crise de la dette » dans laquelle vont s’enfoncer par
exemple plusieurs pays d’Amérique latine à partir de 1982.
Les libéraux, eux, vont pointer trois responsabilités dans cet échec :
-un État trop présent qui se substitue au marché,
-une spécialisation industrielle trop précoce
- un développement qui s’est coupé du commerce international.

3- Le développement extraverti
Une partie des pays du tiers-monde va suivre une autre stratégie d’industrialisation, passant
par une participation croissante au commerce international (développement extraverti),
suivant en cela les principes de la théorie néoclassique des avantages comparatifs, avec plus
ou moins de succès.

a)-L’exportation de produits primaires

Des PED dotés de ressources naturelles, produits agricoles etc abondantes, comme par
exemple le pétrole, cacao, café… vont suivre une stratégie classique de spécialisation dans

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l’exportation de ces produits primaires. Les ressources financières tirées de ces exportations
doivent permettre d’importer des biens d’équipement pour favoriser l’industrialisation du
pays. Cette stratégie s’est avérée ruineuse pour nombre de pays spécialisés dans une
monoculture, du fait de la dégradation des termes de l’échange, dégradation qui touche
aussi les pays exportateurs de pétrole dans les années 1980 à la suite des deux chocs pétroliers
des années 1970. De plus, la forte volatilité des cours des produits primaires ainsi que la
concurrence et les pratiques protectionnistes des pays du Nord rendent ce processus de
développement instable.
Beaucoup de ces pays, hormis les pays de l’OPEP, font partie des PMA aujourd’hui du fait de
leur spécialisation internationale défaillante.

b)-La promotion des exportations (PE)

Cette stratégie de promotion des exportations, appelée aussi « substitution aux exportations »,
a été initiée dès les années 1950 par deux pays asiatiques, Hong Kong et Singapour, rejoints
dans les années 1960-1970 par la Corée du Sud et Taiwan (ces quatre pays devenant les NPIA
: nouveaux pays industrialisés asiatiques ou les « Dragons asiatiques ») et certains pays
d’Amérique latine comme le Brésil, le Chili ou le Mexique. Dans les années 1980, d’autres
pays asiatiques leur emboîtent le pas : Chine, Malaisie, Thaïlande. Il s’agit de substituer
progressivement aux exportations de produits primaires des produits de plus en plus élaborés
par la remontée de filières : remplacer les exportations traditionnelles par de nouvelles, plus
intensives en capital et à plus forte valeur ajoutée ; passer de l’industrie légère à l’industrie
lourde, en intégrant progressivement du progrès technique et en assurant la formation de la
main-d’œuvre.
Ce développement extraverti n’a donc été un succès que pour les pays qui ont su faire évoluer
leur spécialisation en remontant la filière de leurs exportations.
Note :La réussite des NPIA dans leur développement extraverti ou de certains
développements autocentrés (au moins à court terme) provient finalement de la
complémentarité de ces deux stratégies :
-chercher, à la fois, à développer ses exportations en fonction de ses avantages comparatifs
et de ses objectifs de spécialisation, et à réguler ses importations en fonction des besoins de
l’industrialisation et des exportations ;
- ouverture au commerce international couplée avec des pratiques de protectionnisme
éducateur pour assurer le développement des industries exportatrices naissantes hors de toute
compétition internationale ;
-attirer les IDE des firmes transnationales (le développement autocentré des pays
d’Amérique latine est passé par l’implantation de firmes étrangères sur le territoire) pour
bénéficier de transferts de technologie.
En bref, la promotion des exportations nécessite de se protéger de certaines importations qui
pourraient concurrencer l’émergence des nouvelles industries exportatrices encore fragiles.
La substitution aux importations nécessite, elle, un accroissement des exportations pour
assurer des débouchés à la production industrielle nationale.

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II- LE TOURNANT LIBÉRAL DES MODÈLES DE DÉVELOPPEMENT

Les années 1980 vont être le cadre du « tournant libéral », qui concerne aussi les stratégies
de développement. Ces dernières vont être uniformisées selon des normes de développement
théorisées par les institutions internationales, FMI et Banque mondiale en tête.

1- Les origines : la « crise de la dette »

La fin des années 1970 fait apparaître le problème de la dette du tiers-monde. Entre 1968 et
1980, elle est multipliée par 12 ; le service de la dette (ensemble des dépenses de l’État
consacrées au remboursement de la dette, souvent exprimé en % du PIB), pour sa part,
double. Cela est dû tout d’abord à la forte demande des PED pour financer leur
industrialisation au cours des années 1960 et 1970. L’endettement extérieur est contracté par
des agents privés ou publics du pays auprès d’États (Club de Paris, créé en 1956),
d’institutions internationales (FMI, Banque mondiale) ou d’organismes de prêts privés (
réunis au sein du Club de Londres, créé en 1976).
C’est une ressource légitime pour financer un investissement en l’absence d’épargne interne.
Cette dette est utile, en particulier si le rendement de l’investissement excède le montant de
l’endettement et si elle finance des projets industriels à forte externalité positive
(infrastructures…).
Cette dette est souvent contractée pour pallier les coûts dû à l’échec de stratégies de
développement peu efficaces, , ou encore la dégradation du cours des produits primaires.
Du côté de l’offre, le recours à l’endettement avait été facilité dans les années 1960-1970 par :
- l’abondance de dollars au niveau mondial, avec des taux d’intérêts réels très bas, voire
parfois négatifs, et une abondance de prêteurs
-La remonté de taux d’intérêt directeur décidée par la Federal Reserve pour lutter contre
l’inflation, renchérit les remboursements de prêts des PED, la plupart étant contractés à taux
variables.
- La dégradation du cours des produits primaires aménuit les ressources disponibles pour le
remboursement.

2- Les politiques d’ajustement structurel des institutions internationales

Face aux défaillances des PED dans leurs stratégies autonomes de développement révélées
par la crise de la dette des années 1980, et pour les aider à surmonter leurs blocages
structurels et rembourser leurs dettes, les institutions financières internationales, vont se
substituer à la CNUCED dans la politique de développement en soumettant leurs prêts à des «
conditionnalités » : ce sont les « politiques d’ajustement structurel » (PAS).
À l’origine, ces plans sont des mesures conjoncturelles édictées par le FMI pour garantir le
remboursement des prêts : c’est la stabilisation. Mais par la suite ils vont devenir des mesures
structurelles visant à modifier en profondeur l’organisation économique des PED
(« ajustement ») donnant ainsi au FMI de facto un autre objectif, celui d’assurer la sortie du
sous-développement des PED. Le corpus théorique du FMI est basé sur deux hypothèses

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fortes : le sous-développement et l’échec des stratégies de développement autocentrées sont


causées par :
-une place trop importante de l’État dans l’économie (affectation sous-optimale des ressources
du fait de l’absence des mécanismes de marché)
- une trop faible ouverture au commerce international.
Ces mesures réunies au sein du « consensus de Washington » (ensemble des mesures
structurelles accompagnant les prêts du FMI et de la Banque mondiale aux pays en
développement)visent trois objectifs : libéralisation, privatisation et dérégulation de
l’économie. Ces objectifs sont structurés au tour de dix mesures à savoir :
• déficit budgétaire inférieur à 1 ou 2 % du PIB ;
• dépenses publiques orientées vers des activités sources d’externalités positives (santé,
éducation, infrastructures) ;
• allègement de la fiscalité ;
• taux d’intérêts fixés par le marché ;
• régime de changes flexible ;
• suppression des mesures protectionnistes ;
• ouverture aux investissements directs à l’étranger (IDE) ;
• privatisations (réduction du déficit budgétaire et confiance dans les mécanismes marchands);
• dérégulation des marchés ;
• instauration et garantie de droits de propriété.

3- La crise du modèle de l’ajustement structurel

Malgré quelques réussites dans plusieurs pays (en particulier le « modèle asiatique »), les PAS
vont subir de nombreux échecs qui vont provoquer leur remise en cause au cours des années
1990. Dans plusieurs pays, les politiques d’ajustement sont à l’origine d’une hyperinflation
qui pénalise les classes les plus défavorisées. Elles ne suscitent pas non plus la croissance
économique espérée et, au contraire, provoquent parfois la pauvreté et enfoncent un peu plus
le pays dans le sous-développement. En effet, le démantèlement forcé du service public, la
réduction des dépenses publiques de santé ou d’éducation imposées par les critères d’équilibre
budgétaire provoquent des reculs importants en termes d’alphabétisation ou de mortalité
infantile dans les pays d’Afrique. La charge de la dette s’accroît et diminue d’autant les
ressources destinées au développement humain de la population.
D’une manière générale, les PAS ont eu des effets bénéfiques dans les pays déjà avancés dans
leur développement et qui disposaient d’institutions sociales et politiques stables. À l’inverse,
dans les PMA, ces politiques ont été désastreuses : affaiblissement du peu d’État-providence
qui existait et donc appauvrissement de la population, développement des mafias se
substituant à l’État, mécanismes de marché inopérants. Ce sont les pays qui ont appliqué avec
la plus grande orthodoxie les PAS qui ont vu leur situation économique et sociale se dégrader
le plus.

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III- Vers un nouveau paradigme du développement

La remise en cause du paradigme libéral qui fait suite aux échecs des stratégies autocentrées
amène à traiter des nouvelles pistes pour les stratégies de développement à venir.

1- Le rôle des institutions


La grande critique faite à l’ajustement structurel est de ne pas tenir compte des structures
internes des PED. Un développement imposé « par le haut » ne serait pas viable. Le nouveau
paradigme du développement doit donc être institutionnaliste. Mais deux institutionnalismes
sont proposés.
-Le premier, d’origine néoclassique, est développé au sein même des institutions
internationales. Pour ce courant, Le sous-développement serait dû à l’absence d’institutions
pour supporter les PAS. Celles-ci doivent donc s’accompagner de réformes supplémentaires
devant faire émerger des institutions sociales facilitant les réformes. Ainsi le « consensus de
Washington » serait complété par de nouvelles mesures telles que:
- instauration d’une gouvernance dans les entreprises,
- lutte contre la corruption
- création d’un « filet de sécurité » sous forme d’une sécurité sociale,
- lutte contre la pauvreté (voir le « document stratégique de réduction de la pauvreté » (DSRP)
de chaque pays).
-Flexibilisation du marché du travail
- respect des principes du commerce international définis par l’OMC (voir chapitre sur le
commerce international).
De ce qui précède il y a remise en cause de la forme des PAS, mais sans remise en question
du fond c’est-à-dire le socle libéral.
Joseph Stiglitz (prix nobel 2001) critique cet état de fait et préconise une redéfinition de la
notion de développement qui doit intégrer des dimensions non économiques comme l’accès à
la culture, la démocratie, l’éducation, la santé et la réduction des inégalités, critères non
retenus dans le consensus de Washington. Joseph Stiglitz plaide surtout pour un nouveau
modèle de développement qui prenne en compte les spécificités locales et qui n’applique pas
les mêmes mesures à tous les pays : le développement doit se faire « par le bas » et non être
imposé « par le haut ». Il plaide ainsi pour un processus participatif à l’origine de la définition
des stratégies de développement.

2- Un développement des libertés


L’économiste indien Amartya Sen (prix Nobel d’économie en 1998) introduit une dimension
philosophique dans la théorie du sous-développement. L’agent économique est aussi une
personne morale. Il estime que même si les stratégies de développement assurent la
distribution des biens primaires nécessaires aux besoins essentiels (nourriture, logement…),
les capacités des individus à utiliser librement ces ressources sont inégales et non assurées
ceci à cause de l’absence ou l’insuffisance des libertés publiques (la démocratie).
Dans cette perspective, les stratégies de développement doivent non seulement viser la
production des revenus et des ressources pour assurer le développement, mais également des

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« capabilités » (de l’anglais capabilities), c’est-à-dire que toute personne doit disposer des
capacités à pouvoir mener une vie digne et sensée. Cette vie accomplie nécessite l’assurance
de certaines « capabilités» fonctionnelles comme pouvoir éviter de mourir de manière
précoce, avoir accès à l’éducation secondaire, mais aussi avoir accès à l’étendue des
sentiments humains (rire, pleurer…), pouvoir se distraire, etc.
Le développement est donc redéfini (par lui) comme un processus augmentant la capacité des
individus à jouir de libertés : la disponibilité des ressources ne suffi t donc pas, il faut aussi
assurer la capacité de jouir de ces ressources.
Les stratégies de développement doivent donc avoir comme socle commun la
démocratisation. Amartya Sen justifie le lien de causalité démocratie-développement pour
trois raisons :
• le débat démocratique permet le règlement pacifique des conflits sociaux et d’éviter qu’ils
entretiennent le sous-développement (guerres civiles à l’origine de famines…) ;
• les démocraties gèrent mieux les catastrophes (circulation de l’information par la presse
libre, par exemple) ;
• la démocratie favorise l’éducation et la santé (le débat public permet la circulation de
l’information sur les maladies, l’hygiène…).

3- Un développement durable / soutenable


Les stratégies de développement vont devoir s’inscrire dans une démarche plus générale de
développement durable.
Le développement durable est « un développement qui répond aux besoins du présent [à
commencer par ceux des plus démunis] sans compromettre la capacité des générations
futuresà répondre aux leurs ». Ce concept nie l’incompatibilité qu’il y aurait entre
préservation de l’environnement et développement, et surtout exige la réalisation d’une
double équité :
• équité intragénérationnelle: les ressources doivent être équitablement distribuées entre les
générations présentes en accordant une priorité aux plus démunis (individus, pays) pour
assurer un développement généralisé (prise en compte de la légitimité du développement des
pays du Sud) ;
• équité intergénérationnelle : le développement présent doit tenir compte du
développement potentiel des générations futures (sauvegarde de ressources pour l’avenir…).
Le développement durable possède deux dimensions :
- une dimension écologique de préservation vis-à-vis des ressources naturelles et de
l’environnement,
- une dimension humaine et sociale de développement humain partagé à l’échelle mondiale.
Il impose une évidence qui doit être rappelée : tout développement futur des PED ne pourra
être possible qu’à condition qu’il soit soutenable humainement et écologiquement.
Le développement durable engage des enjeux spécifiques pour les PED, pour trois raisons :
• leur développement constitue la principale menace sur l’environnement et les ressources
naturelles à l’avenir (accroissement des besoins à satisfaire du fait de leur développement
économique et démographique) ;

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• leur développement est en partie empêché par les atteintes des pays du Nord à
l’environnement mondial, en particulier le processus de changement climatique (cyclones,
montée des eaux, vagues de sécheresses…) ;
• ce sont eux qui ont le plus à gagner au renouvellement de la réflexion sur l’équité
intergénérationnelle concernant la distribution des ressources, qu’elles soient économiques ou
écologiques.
L’adhésion des PED au développement durable ne devrait se faire que dans le cadre d’un
nouveau partenariat international qui rompe avec la tradition de l’ajustement structurel
d’imposer un modèle de développement par le haut. Le développement durable est d’ailleurs
perçu par certains économistes, (Serge Latouche ou Sylvie Brunel), comme un moyen
déguisé d’imposer encore une fois un modèle de développement occidental aux pays du Sud
et ainsi de perpétuer la domination des pays développés sur les PED.

4- Un nouveau partenariat international


. Un nouveau partenariat international consisterait à accroître la participation des PED à la
définition des stratégies de développement au sein des grandes institutions et conférences
internationales, notamment des Nations unies, dans le cadre du développement durable. Pour
ce faire, deux instruments peuvent favoriser l’émergence de ce partenariat : l’émergence de la
notion de bien public mondial et la redéfinition des modalités de l’aide au développement.
- La première condition à ce nouveau partenariat global est la définition de biens publics
mondiaux, c’est-à-dire des biens ou des droits collectifs dont les humains ne peuvent être
privés du fait qu’ils couvrent des besoins essentiels. Leur accès doit alors être garanti à tous
les habitants de la Terre par les États ou bien les institutions supranationales, dans le cadre
d’une régulation internationale de ces droits : santé, éducation, environnement sain,
alimentation…
- L’aide (publique) au développement (APD) correspond à l’ensemble des moyens financiers
mis à la disposition des PED par les pays développés (y compris les allègements de dette), par
l’intermédiaire des États, des institutions internationales ou d’organismes publics.
Ils doivent avoir pour but le développement des PED et être en grande partie constitués de
dons (en 2000, 83 % de l’APD) : les prêts et l’aide technique sont les deux autres moyens de
l’APD.
L’on devrait distinguer trois types d’aides :
- L’aide liée : en échange de l’aide, les pays bénéficiaires doivent acheter des produits au
pays donataire.
- Aide au développement accordée au PED, permettant de financer l’acquisition des
B&S exclusivement auprès des fournisseurs appartenant au pays donateur.
- L’aide projet : Aide au développement accordée au PED, consistant pour le donateur à
réaliser un projet spécifique s’insérant dans la stratégie de développement du pays
partenaire (bénéficiaire).
- L’aide programme : Aide au développement accordée au PED, destiné à financer un
ensemble de projets, d’opérations structurées pour atteindre des objectifs de
développement spécifiques à l’échelle d’un secteur, d’une région ou d’un pays.
Types d’aides :

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- Aide liée
- Aide projet
- Aide programme
Formes d’aides :
- Aide financière (dons en espèces, prêts, financement de certains programmes….)
- Assistance technique
- Aide en nature
- Aide commerciale (avantages tarifaires et douaniers, accords d’échanges …)

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Glossaire
• Aide au développement : ensemble des moyens mis à disposition par les pays développés via les
États, les institutions internationales et les organisations internationales pour financer les projets de
développement des PED. Chaque pays industrialisé doit consacrer en théorie 0,7 % de son revenu
national brut à l’aide publique au développement (APD) : la moyenne dans les faits est de 0,22 %.
• Capabilité(s) (de l’anglais capabilities) : concept inventé par Amartya Sen pour définir la capacité
des individus à utiliser les ressources mises à leur disposition pour accroître leurs libertés. C’est, selon
lui, la principale dimension du développement humain.
• Centre-périphérie : théorie selon laquelle le monde s’organise entre un petit nombre de pays avancés
(le centre) qui entretient le reste des pays (la périphérie) dans une relation de dépendance à son
avantage.
• Développement : transformation durable des conditions de vie qui améliore le bien-être.
• Développement autocentré : stratégie de développement reposant sur l’accroissement du marché
intérieur pour assurer des débouchés à l’industrialisation, dans une autonomie relative vis-à-vis du
commerce international.
• Développement extraverti : stratégie de développement reposant sur la promotion des exportations
pour assurer des débouchés à l’industrialisation.
• Développement durable (ou soutenable) : c’est un développement qui répond aux besoins du
présent, en accordant la plus grande priorité à ceux des plus démunis, sans compromettre la capacité
des générations futures à répondre aux leurs, selon la définition célèbre donnée par le rapport
Brundtland en 1987.
• Dualisme : structure d’une économie en développement où coexistent au moins deux secteurs, l’un
moderne et l’autre traditionnel.
• Échange inégal : théorie néomarxiste du commerce international montrant que l’échange entre le
centre et la périphérie n’engage pas les mêmes valeurs du fait d’une valeur du travail incorporée aux
produits différente selon les pays.
• Économie du développement : ensemble des théories économiques cherchant les causes du sous-
développement et les voies pour en sortir.
• Indicateur de développement humain (IDH) : indicateur synthétique de développement créé par le
PNUD avec la contribution de l’économiste indien Amartya Sen (prix Nobel d’économie 1998). Il
tient compte de trois dimensions du développement : la longévité et la santé (espérance de vie),
l’éducation (taux d’alphabétisation des adultes et taux de scolarisation), le niveau de vie
(PNB/habitant).
• Politique ou plan d’ajustement structurel (PAS) : ensemble des politiques de développement
menées par le FMI pour amener les PED (principalement) à atteindre les grands équilibres
macroéconomiques par des mesures structurelles d’inspiration libérale. Cette politique consiste en un
ensemble de mesures accompagnant les prêts contractés par les pays auprès des institutions
internationales (la « conditionnalité ») et réunies dans le « consensus de Washington ».
• Sous-développement : situation où des blocages structurels, culturels, économiques… empêchent
l’émergence d’un processus de développement dans un pays.
• Termes de l’échange : rapport de l’indice des prix des exportations et de l’indice des prix des
importations. Il exprime le degré d’enrichissement ou d’appauvrissement d’un pays par la
participation au commerce international.
• Tiers-monde : notion créée en 1952 par Alfred Sauvy pour nommer les pays en développement qui
cherchent une voie autonome de développement (le « non-alignement »).

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