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Economie politique

Classes de 3D et 3G
de l’enseignement secondaire

Commission Nationale des Programmes de Sciences


économiques et sociales
2009-2010
Table des matières

Chapitre 1 : Les besoins, la rareté et les biens économiques

1. La rareté
1.1. Quelques exemples de rareté
1.2. La rareté et les choix
1.3. La rareté et l’économie
2. Les besoins

2.1. La notion de besoin


2.2. Les désirs et les besoins
2.3. La solution des économistes
3. Les biens économiques et les biens libres
3.1. Définitions
3.2. La classification des biens économiques

Chapitre 2 : Les acteurs économiques et le circuit économique

1. Les acteurs économiques et leurs fonctions


1.1. Les ménages
1.2. Les entreprises
1.3. L’Etat
1.4. Le reste du monde
1.5. Les banques
1.6. La Banque centrale
1.7. Les assurances
2. Les flux économiques
3. Le circuit économique
3.1 Définition
3.2. Le circuit économique simplifié
3.3. Le circuit complet

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Chapitre 3 : L’offre, la demande et le marché

1. La demande
1.1. Définition
La sensibilité de la demande
Le paradoxe de Giffen
2. L’offre
2.1. Définition
2.2. La sensibilité de l’offre
3. L’équilibre sur le marché
4. Les différents marchés
4.1. Le marché des biens et services
4.2. Le marché du travail
4.3. Le marché financier
4.4. Le marché des changes

Chapitre 4 : Le fonctionnement du marché

1. Les déplacements de la courbe de demande


1.1. Augmentation de la demande
1.2. Diminution de la demande
2. Les déplacements de la courbe d’offre
2.1. Augmentation de l’offre
2.2. Diminution de l’offre
3. Les différents degrés de concurrence
3.1. La concurrence parfaite
3.2. La concurrence imparfaite

Chapitre 5 : L’entreprise et son environnement

1. L’environnement microéconomique
Les clients
Le personnel

3
Les fournisseurs
La concurrence
Les banques et les assurances
L’Etat
2. L’environnement macroéconomique
2.1 La technologie
2.2 La conjoncture
2.3 La stabilité des prix
2.4 La démographie
2.5 Le domaine social
2.6 L’écologie

Chapitre 6 : Les rôles et la diversité des entreprises

1. Les différents rôles de l’entreprise


1.1 La production de biens et services, la création de richesse et sa
répartition
Le respect du personnel
L’engagement social
2. La diversité des entreprises
2.1 La classification des entreprises par secteur d’activités
2.2 La classification des entreprises selon leur statut juridique
2.3 Autres considérations

Chapitre 7 : La mesure de la production

1. La production, la valeur ajoutée et le PIB


1.1 La notion de production
1.2 La valeur ajoutée
1.3 Le PIB
1.4 Les limites du PIB
2. La croissance
2.1 La notion de croissance
2.2 Les effets positifs de la croissance

4
2.3 Les effets négatifs de la croissance
2.4 Les grandes théories de la croissance et du développement

Chapitre 8 : Les facteurs de production et la productivité

1. Les facteurs de production


Le travail
Le capital
Les ressources naturelles
La combinaison des facteurs de production
2. La productivité
La notion de productivité
Les déterminants de la productivité
Les conséquences de l’augmentation de la productivité

Chapitre 9 : La répartition de la valeur ajoutée et la redistribution

1. La répartition de la valeur ajoutée


Le partage de la valeur ajoutée
Les inégalités sociales
2. La redistribution
Les principes de la redistribution
L’effet social de la redistribution

Bibliographie
Méthodologie
Textes et applications

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Chapitre 1 : La rareté, les besoins et les biens économiques

Dans ce chapitre vous allez :

- Comprendre que l’économie est la science des choix rationnels


- Découvrir le problème de la rareté
- Faire le lien entre le problème de la rareté et la nécessité de l’économie
- Étudier et différencier les besoins et les désirs des gens
- Analyser les différentes catégories de biens économiques

Mots-clefs :

- Besoins primaires / besoins secondaires


- Biens économiques / biens libres

1. La rareté

1.1 Deux exemples de rareté

- Les réserves de pétrole ne cessent de diminuer. L’explosion démographique


dans certaines régions du monde accentue encore davantage ce problème de
rareté.
- Des millions de personnes n’ont qu’un accès limité à l’eau potable. Pour ces
populations, l’eau potable est un bien rare. L’absence de précipitations peut
aussi provoquer un phénomène de rareté dans nos régions.

1.2 La rareté et les choix

La plupart des ressources disponibles (temps, argent, pétrole etc.) sont rares.
Il est donc inévitable d’effectuer des choix. Il existe un proverbe anglais qui résume
bien la situation : « No free lunch. » Rien n’est gratuit dans la vie. Pour obtenir
quelque chose, il faut renoncer à autre chose. Par exemple, un élève d’une classe de
troisième doit décider comment il utilise son après-midi libre : s’il consacre ce temps
à la lecture, il renonce à faire du sport, à flâner en ville ou encore à réviser ses cours.
6
1.3 La rareté et l’économie

La rareté est l’élément le plus important de l’économie. Comme presque


toutes les ressources sont rares, les gens doivent faire des choix. Les économistes
étudient comment les individus prennent ces décisions. L’économie peut donc se
définir des deux façons suivantes :

- L’économie est l’étude de la manière comment la société gère ses ressources


rares.
- L’économie est la science des choix rationnels.

2. Les besoins

2.1 La notion de besoin

L’homme éprouve un très grand nombre de besoins. Evidemment, ces


besoins ne sont pas identiques d’un individu à l’autre :

- Une personne âgée a d’autres besoins qu’un enfant ou un adolescent.


- Les besoins éprouvés par une personne riche se distinguent de ceux d’une
personne pauvre.
- Les besoins d’une personne en bonne santé sont différents de ceux d’une
personne malade.

De plus, la publicité essaie de créer de nouveaux besoins pour chaque


consommateur. D’ailleurs, il est parfois difficile de distinguer entre les besoins créés
par la publicité et les besoins sans lien apparent avec le marketing.

Néanmoins, tous les besoins ont un point commun : Ils nous poussent à agir !

Définition : Un besoin est un sentiment de manque combiné à l’envie de faire


disparaître ce manque.

7
Le psychologue Abraham Maslow (1908-1970) a distingué entre cinq
grandes catégories de besoins :

Les catégories de besoins Description Exemple


1. Besoins physiologiques Besoins liés à la survie
2. Besoin de sécurité Besoin de se sentir à l’abri de
tout danger
3. Besoin d’appartenance Besoin de faire partie d’un
groupe, d’une famille
4. Besoin d’estime Besoin d’être accepté dans ce
groupe, cette famille
5. Besoin Besoin de réaliser ses propres
d’accomplissement de soi désirs, de s’apprécier soi-même

Selon Maslow, les différentes étapes ne peuvent pas être sautées. Avant de
pouvoir s’apprécier soi-même, une personne doit d’abord être acceptée et estimée
par d’autres personnes, se sentir en sécurité et ne pas éprouver de besoins
physiologiques.

2.2 Les désirs et les besoins

La plupart des gens pensent que tout dont ils ont besoin pour être totalement
heureux est d’avoir un peu plus que ce qu’ils ont déjà maintenant : un peu plus de
temps libre, un peu plus d’argent, etc. Cette opinion est évidemment fausse. Une fois
ces besoins satisfaits, d’autres besoins apparaîtront.

2.3 La solution des économistes

Pour résoudre la problématique évoquée ci-dessus, l’économie distingue entre


besoins primaires et besoins secondaires :

- Les besoins primaires sont les besoins vitaux, nécessaires pour vivre, par
exemple manger, boire, dormir, se vêtir, se loger, etc.

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- Les besoins secondaires correspondent à des désirs. Ils sont créés mais leur
satisfaction n’est pas nécessaire à la survie. Par exemple, il y a vingt ans, peu
de gens éprouvaient le besoin de posséder une voiture climatisée.

Réflexion :

La frontière entre besoins primaires et besoins secondaires reste évidemment


floue et change d’une personne à l’autre :

- Le besoin de posséder une voiture peut être un besoin primaire à la


campagne où les transports publics sont peu nombreux et, en même temps,
un besoin secondaire en ville où les transports publics sont plus développés.
- Une injection de pénicilline, besoin primaire de survie dans des millions de
cas, peut être considérée comme un besoin secondaire lorsqu’il s’agit par
exemple de remettre rapidement sur pied un sportif avant une compétition.

3. Les biens économiques et les biens libres

3.1 Définitions

Les besoins sont satisfaits par des biens. Il existe deux catégories de biens :

- Les biens rares s’appellent des biens économiques. Il faut toujours renoncer à
quelque chose d’autre pour acquérir un bien économique.

- Les biens non rares s’appellent des biens libres. Il ne faut renoncer à rien
d’autre pour avoir un bien libre.

Exemple :
A la plage, un enfant a la possibilité de renverser un ou deux seaux d’eau de
mer sur un château de sable. En choisissant deux seaux au lieu d’un, l’enfant
ne renonce à rien. Dans ce cas, l’eau de mer est un bien libre.

9
Réflexion :

Il n’est pas toujours facile de distinguer entre un bien économique et un bien


libre. A la campagne, un espace de stationnement est un bien libre. Un conducteur
qui gare sa voiture le long d’une route ne doit pas payer. Il ne renonce à rien. Par
contre, en ville, un espace de stationnement de taille identique est payant. Comme
les places y sont plus rares, elles deviennent alors des biens économiques. Le
conducteur en question doit renoncer à de l’argent pour pouvoir stationner sa voiture.

3.2 La classification des biens économiques

On peut distinguer entre plusieurs types de biens économiques :

- Les biens matériels et les biens immatériels


Les biens matériels sont des biens palpables tandis que les biens immatériels
sont des biens impalpables. Ces derniers sont aussi appelés services.

Exemple :
Un coiffeur offre généralement un service : il coupe les cheveux. Par contre, si
le client achète encore un tube de gel chez ce coiffeur, il a acquis un bien
matériel.

- Les biens individuels et les biens collectifs


Les biens individuels sont seulement utilisés par leur propriétaire ou avec
l’autorisation du propriétaire. A côté, il existe des biens collectifs, des biens
utilisés par plusieurs personnes qui ne se connaissent pas nécessairement.

Exemple :
Une voiture privée est un bien individuel tandis que l’utilisation du train est un
service collectif.

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- Les biens de consommation et les biens de production
Un bien de consommation satisfait directement le besoin d’un consommateur.
Un bien de production est utilisé par une entreprise afin de produire d’autres
biens.

Exemple :
Les vêtements sont des biens de consommation. Les équipements industriels
et les machines utilisées pour produire ces vêtements sont des biens de
production.

- Les biens marchands et les biens non marchands


Les biens marchands sont payants tandis que l’État offre les biens non
marchands gratuitement ou à un prix inférieur au coût de production.
Néanmoins, comme les biens non marchands sont aussi des biens
économiques, la production des biens non marchands doit être financée d’une
autre façon.

Exemple :
Une pizza est un bien marchand. La personne qui mange la pizza doit aussi la
payer. Au Luxembourg l’autoroute est un bien non marchand. Elle est financée
par les impôts des contribuables.

- Les biens durables et les biens non durables


Les biens durables peuvent être utilisés de nombreuses fois, tandis que les
biens non durables sont détruits à la première utilisation.

Exemple :
Un vélo est un bien durable tandis qu’un kiwi est un bien non durable puisqu’il
disparaît lors de sa consommation.

Synthèse

Les personnes ont des besoins quasiment illimités tandis que les ressources
sont limitées. Il faut donc faire des choix. L’économie est l’étude de la manière dont
la société gère ses ressources rares. C’est la science des choix. Les biens et

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services servent à satisfaire les besoins. Il existe différentes catégories de
biens/services et de besoins.

Questions de synthèse

1. La notion d’économie

Pourquoi faut-il effectuer des choix dans la vie ?

2. La notion de besoin

Enumérez les cinq grandes catégories de besoins selon Maslow.

3. Les besoins primaires et les besoins secondaires

Définissez les deux termes suivants : Besoin primaire ; besoin secondaire

Donnez un exemple d’un besoin qui peut être classé dans les deux catégories

de besoins. Justifiez votre choix.

4. Les biens économiques et les biens libres

Quelle est la différence entre un bien économique et un bien libre ?

Donnez deux exemples de biens économiques et de biens libres.

5. La classification des biens économiques

Complétez le tableau suivant à l’aide de la classification des biens

économiques :

Bien A Bien B Exemple A Exemple B

Bien Matériel

Bien collectif

Bien de production

Bien marchand

Bien durable

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Chapitre 2 : Les acteurs économiques et le circuit économique

Dans ce chapitre vous allez :

- Découvrir les acteurs économiques


- Comprendre la notion de flux en économie
- Analyser les liens entre les différents acteurs économiques
- Schématiser les liens à l’aide du circuit économique

Mots-clefs :

- Acteurs économiques
- Flux monétaire / flux réel
- Circuit économique

1. Les acteurs économiques et leurs fonctions

Les acteurs d’une économie sont nombreux. De plus, ils sont interdépendants,
c’est-à-dire, chaque acteur est en relation avec beaucoup d’autres. Il est possible de
regrouper les acteurs économiques selon leur fonction principale. Les principaux
acteurs sont les ménages, les entreprises, l’Etat, les banques, la Banque centrale,
les assurances et le reste du monde.

1.1 Les ménages

Un ménage est l’ensemble des personnes vivant dans un même logement. Un


ménage peut donc être constitué d’un célibataire, d’un couple avec ou sans enfants,
d’un groupe d’amis, etc.

Les acteurs d’un ménage peuvent avoir des fonctions diverses. Ils travaillent,
élèvent leurs enfants, vont encore à l’école ou sont déjà retraités. Cependant, tous
les ménages ont une fonction commune : ils consomment. La fonction économique
principale d’un ménage est donc la consommation.

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1.2 Les entreprises

Une entreprise est une unité économique de production. Même si les


entreprises sont très diverses et qu’un géant pharmaceutique peut difficilement être
comparé à l’épicerie du coin, chaque entreprise produit des biens matériels et/ou des
services. Pour produire un bien ou un service, il faut deux inputs : du travail et du
capital. Ces inputs sont aussi appelés facteurs de production.

Comme les entreprises veulent réaliser un profit, elles ne produisent que des
biens marchands et les vendent à un prix supérieur au coût de production. La
fonction économique principale d’une entreprise est donc la production de biens et
de services marchands.

1.3 L’Etat

Le terme « Etat » est utilisé en économie pour désigner l’ensemble des


pouvoirs publics. Il s’agit donc d’un terme très vaste qui comprend aussi bien les
communes que les différents ministères.

Les rôles de l’Etat sont bien sûr nombreux. D’un point de vue économique, les
deux fonctions les plus importantes d’un Etat sont :

- La production de biens et services non marchands. L’Etat offre ces


biens et services gratuitement ou à un prix inférieur au coût de
production. Les services de police, l’éducation nationale et même les
piscines publiques sont des exemples de biens économiques non
marchands.

- La redistribution. L’Etat utilise la fiscalité pour assurer une redistribution


des revenus. Il prélève des impôts auprès des personnes plus aisées et
verse une partie de ces recettes fiscales aux personnes plus pauvres,
par exemple sous forme de bourses d’études ou d’aides au logement.
Les cotisations sociales versées aux organismes de sécurité sociale
constituent un deuxième exemple de redistribution.

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1.4 Le reste du monde

Dans le cas luxembourgeois, le terme « reste du monde » désigne tous les


pays, sauf le Luxembourg. Les biens et services que le Luxembourg vend au reste
du monde constituent des exportations tandis que les biens et services qu’il achète
au reste du monde constituent des importations. Dans nos économies modernes, les
échanges internationaux de biens et de services ont acquis une importance
primordiale. Le Luxembourg, économie de petite taille, est très dépendant du
commerce international.

1.5 Les banques

Les banques sont des institutions qui permettent aux autres acteurs
économiques d’épargner ou d’emprunter de l’argent. Les banques sont donc les
intermédiaires entre les acteurs avec une capacité de financement, les épargnants,
et les acteurs avec un besoin de financement, les emprunteurs. La fonction principale
des banques est donc le financement de l’économie.

Les banques réalisent un profit en jouant sur la différence entre les taux
d’intérêt qu’elles offrent aux épargnants et qu’elles demandent aux emprunteurs.
Elles offrent encore beaucoup d’autres services comme par exemple la location d’un
coffre-fort, la gestion de titres, l’achat et la vente de métaux précieux, etc.

1.6 La Banque centrale

L’Eurosystème, qui regroupe la Banque centrale européenne (BCE) et les


banques centrales nationales des États membres de l’Union européenne qui ont
adopté l’euro, est l’autorité monétaire de la zone euro. La zone euro comprend les
quinze pays de l’Union européenne qui ont introduit l’euro depuis 1999 et leurs 320
millions d’habitants.

L’Eurosystème est responsable de la définition et de la mise en œuvre de la


politique monétaire de la zone euro. La mission principale de l’Eurosystème consiste
à maintenir la stabilité des prix au sein de la zone euro et, par conséquent, à
préserver le pouvoir d’achat de l’euro. Ainsi, l’Eurosystème vise à maintenir les taux
d’inflation à un niveau inférieur, mais proche de 2%, à moyen terme.

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La Banque centrale du Luxembourg (BCL) participe au fonctionnement de
l’Eurosystème et notamment aux décisions de politique monétaire prises par le
Conseil des gouverneurs de la BCE.

1.7 Les assurances

Les assurances sont des institutions qui permettent aux autres acteurs
économiques de limiter leurs risques en garantissant un paiement lors de la
réalisation de ces risques. Les services des assurances sont évidemment des biens
marchands. La fonction principale des assurances est donc d’offrir de la stabilité et
de la confiance aux autres acteurs économiques.

2. Les flux économiques

Les acteurs économiques sont en relation avec d’autres acteurs économiques.


Ces relations sont appelées flux. Il existe deux sortes de flux :

- Les flux réels sont des versements de biens et services.


- Les flux monétaires sont des versements d’argent.

Un flux monétaire est souvent lié à un flux réel.

Exemple : Un particulier achète un bien dans une entreprise. Deux flux ont
lieu. Le particulier paie le bien. Il s’agit d’un flux monétaire du particulier vers
l’entreprise. En contrepartie, le particulier reçoit le bien. Il s’agit d’un flux réel de
l’entreprise au particulier.

Schéma :

Paiement (flux monétaire)

Particulier Entreprise

Marchandise (flux réel)

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Contre-exemple : Une banque prête de l’argent à un particulier. Au début de la
relation entre la banque et le particulier, un flux monétaire part de la banque pour
arriver au particulier. Ce dernier a alors reçu la somme d’argent en question. Plus
tard, le particulier doit rembourser l’argent à la banque. Un ou plusieurs flux
monétaires partent alors du particulier pour arriver à la banque.

Schéma :

Remboursement
(flux monétaire)

Particulier Banque

Prêt (flux monétaire)

3. Le circuit économique

Définition

Le circuit économique est un schéma qui représente l’ensemble des flux


monétaires et réels entre les différents acteurs économiques.

Le circuit économique simplifié

Le circuit économique simplifié est un schéma qui ne montre que l’ensemble


des flux entre les ménages et les entreprises. Pour pouvoir consommer, les ménages
offrent du travail aux entreprises (flux réel). En contrepartie, les entreprises versent
un salaire aux ménages (flux monétaire). Avec ce salaire, les ménages achètent des
biens et des services.

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Schéma :

Flux réel (travail)

Flux monétaire (salaires)


Entreprises Ménages
Flux monétaire (paiements)

Flux réel (biens et services)

Le circuit complet

Le circuit complet permet de schématiser le fonctionnement de l’ensemble de


l’économie.

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Synthèse

Les acteurs économiques (ménages, entreprises, Etat…) sont liés entre eux
via des flux monétaires et des flux réels. Le circuit économique est un schéma qui
représente l’ensemble des flux dans une économie.

Questions de synthèse

1. Les acteurs économiques et leurs fonctions

Quelle est la fonction principale des acteurs économiques?

2. Le circuit économique complet

- Retracez le circuit économique.

- Colorez les flux monétaires suivants :

i. Un ménage achète des biens et services.

ii. Il rembourse son prêt immobilier.

iii. Il perçoit un salaire.

- Indiquez avec une autre couleur les flux réels suivants :

i. Exportations de biens par les entreprises

ii. Importations de biens par les entreprises

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Chapitre 3 : L’offre, la demande et le marché

Dans ce chapitre vous allez :

- Apprendre les lois de l’offre et de la demande


- Comprendre la notion de sensibilité ou d’élasticité
- Étudier l’équilibre entre l’offre et la demande
- Différencier entre les différents marchés

Mots-clefs :

- Demande
- Offre
- Sensibilité, élasticité
- Équilibre

1. La demande

Définition

La demande est la volonté d’acquérir un bien à un certain prix. Cette demande


dépend de nombreux facteurs : le revenu et les préférences du consommateur ainsi
que le taux d’intérêt et le taux d’inflation ne sont que quelques facteurs parmi
d’autres qui influencent la demande. Certaines de ces variables seront analysées
l’année prochaine en classe de deuxième. Dans le cadre de ce cours, nous allons
nous concentrer uniquement sur les prix.

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Graphique d’une fonction de demande pour un bien ou un service :

10
9
8
7
6
prix

5 demande
4
3
2
1
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9
quantité

La demande dépend donc du niveau du prix :


- Si le prix diminue, la demande augmente.
- Si le prix augmente, la demande diminue.

Définition : La demande est une fonction décroissante du prix.

Si par exemple le prix des carburants diminue, les automobilistes ont


tendance à utiliser davantage leur voiture. Par contre, une hausse des prix des
carburants incite les conducteurs à rouler moins, à acheter des voitures qui
consomment moins et à utiliser davantage les transports publics.

La demande de certains biens n’est pas ou peu sensible à une variation de


prix. Même si le prix varie fortement, les quantités demandées ne changent pas ou
peu. C’est le cas de des biens qui sont difficilement substituables, comme les
médicaments ou l’essence par exemple. On parle alors d’une demande inélastique.

Dans le cas contraire, si la demande d’un bien est très sensible à une
variation de prix, on parle d’une demande élastique. C’est généralement le cas pour
les biens facilement substituables par d’autres.

21
2. L’offre

Définition

L’offre est la volonté de céder un bien à un certain prix. Si le prix pour un


certain bien diminue, les producteurs peu rentables devront cesser leur production et
l’offre diminue. Par contre, si le prix d’un bien augmente sans que n’augmentent les
coûts de production, les producteurs sont incités à produire plus et l’offre augmente
par conséquent..

Graphique d’une fonction d’offre pour un bien ou un service :

10
9
8
7
6
prix

5 offre
4
3
2
1
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9
quantité

L’offre dépend donc du niveau du prix :


- Si le prix diminue, l’offre diminue.
- Si le prix augmente, l’offre augmente.

Définition : L’offre est une fonction croissante du prix.

La baisse du prix du lait par exemple a provoqué la disparition de nombreux petits


producteurs. La hausse du prix du lait inciterait de nombreux producteurs à se
focaliser plus sur la production laitière au détriment de la culture de céréales.

22
L’offre est, tout comme la demande, plus ou moins sensible à une variation du
prix. Les économistes parlent d’une offre inélastique quand le bien en question est
quantitativement limité et ne se laisse pas facilement et rapidement produire. Par
exemple, l’offre de tickets pour un match de foot est inélastique. Même si le prix du
ticket doublait, le nombre de places disponibles dans le stade ne pourrait pas
doubler. Si l’offre réagit rapidement et fortement à une variation de prix alors on dit
que cette offre est très élastique.

3. L’équilibre sur le marché

Le marché est le lieu de rencontre entre l’offre et la demande. Ce lieu peut


être réel (foire au vin, brocante, supermarché, etc.) ou virtuel (plate-forme
électronique pour les ventes aux enchères, les magasins en ligne, certaines bourses,
etc.) En général, tout lieu de rencontre entre offre et demande constitue un marché.

L’objectif du marché est de réunir l’offre et la demande afin de déterminer le


prix. Ce dernier n’est pas uniquement la valeur d’échange d’un bien. Le prix envoie
aussi un signal aux offreurs et demandeurs :

- la baisse du prix incite les consommateurs à demander davantage et


les producteurs à freiner leur production.
- la hausse du prix incite les producteurs à offrir davantage et les
consommateurs à freiner leur demande.

Le prix pour lequel les demandeurs veulent consommer autant que les
offreurs veulent vendre est appelé le prix d’équilibre. A chaque moment donné, ce
prix d’équilibre reflète la situation du marché. Il n’est évidemment pas stable mais
s’adapte aux conditions du marché. Il varie au fur et à mesure que l’offre et/ou la
demande changent. A l’aide du prix d’équilibre, l’offre et la demande déterminent
donc également la quantité échangée sur un marché.

23
Graphique d’une fonction de demande et d’une fonction d’offre pour un bien
ou un service (avec un prix d’équilibre de 5€ et 5 biens ou services échangés) :

10
9
8
7
6
demande
prix

5
offre
4
3
2
1
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9
quantité

Le marché est un outil puissant. Il réunit les offreurs et les demandeurs et


détermine un prix d’équilibre. Ce prix d’équilibre fait en sorte que chaque offreur qui
veut vendre à ce prix trouve aussi un demandeur qui veut acheter à ce prix.

Au 18e siècle déjà, l’économiste Adam Smith (1723-1790) a parlé de la « main


invisible » qui mène à un résultat efficace à cause du comportement égoïste de
chaque acteur.

4. Les différents marchés

Il existe autant de marchés qu’il y a de biens différents. Pour des raisons de


simplification, nous les regroupons en quatre grandes catégories.

24
Le marché des biens et services

Le marché des biens et services est le plus connu et celui que nous avons
analysé jusqu’à présent. Les entreprises produisent et les ménages consomment les
quantités échangées à des prix établis par le marché.

Le marché du travail

Sur le marché du travail, l’offre provient de l’ensemble des particuliers qui ont
la volonté de travailler, qui offrent leur force de travail. La demande de travail est
déterminée par les entreprises qui demandent une certaine quantité de travail. Le
prix du travail est appelé salaire. Sur un marché parfaitement libre, sans intervention
de l’Etat et sans syndicats des travailleurs ni organisations patronales, il résulte de la
rencontre entre offre de travail (les ménages) et demande de travail (les entreprises).

Réflexion :

Si les salaires augmentent, les ménages veulent travailler plus. Les employés
et ouvriers veulent prester des heures supplémentaires. L’offre est donc une fonction
croissante du salaire. Néanmoins, à partir d’un certain salaire, il est possible que
l’offre se comporte de façon inverse. L’offre de travail serait alors une fonction
décroissante du salaire. En effet, une nouvelle hausse du salaire inciterait de
nombreux travailleurs à profiter de leur temps libre sans devoir prester des heures
supplémentaires.

Le marché financier

Le marché financier se laisse diviser en deux grandes sous-catégories :

- Le marché boursier avec les actions et obligations cotées. Le prix d’un titre de
bourse est appelé cours boursier.
- Le marché des capitaux. Les épargnants sont les offreurs de capital tandis
que les acteurs avec un besoin de financement sont les demandeurs de

25
capital. Le prix auquel ces capitaux sont prêtés respectivement empruntés
s’appelle le taux d’intérêt.

Le marché des changes

Il existe une offre et une demande pour l’euro et pour les autres monnaies
importantes, appelées devises, comme le dollar américain ou la livre anglaise. Le
prix d’une monnaie est appelé taux de change, par exemple 1 euro pour 1,40 dollar,
ce qui équivaut à 0,714286 euro pour 1 dollar.

Synthèse

La demande est une fonction décroissante du prix et l’offre est une fonction
croissante du prix. L’équilibre entre l’offre et la demande permet de déterminer le prix
et la quantité échangée sur un marché.

Il existe quatre marchés principaux :

- Le marché des biens et services


- Le marché du travail
- Le marché financier
- Le marché des changes

Questions de synthèse

1. Exercice sur la demande

Après une longue promenade, Julie a très faim. Elle paierait même :
- 10 € pour la 1re crêpe,
- et encore 8 € pour la 2e crêpe,
- et puis 6 € pour la 3e crêpe,
- et puis 4 € pour la 4e crêpe,
- et puis 2 € pour la 5e crêpe.

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a. Une crêpe coûte 5 €. Combien de crêpes achètera-t-elle ?
b. Pendant les grandes vacances, la crêperie baisse ses prix de 20%. Quelle
sera alors la quantité demandée par Julie ?

2. Exercice sur l’offre

Max est un bon cuisinier. Il fait les meilleurs crêpes. Cependant, la cuisine le
fatigue très vite. Ainsi, il demande un peu plus d’argent pour chaque crêpe
supplémentaire :
- la 1re crêpe serait offerte au prix de 2 €,
- la 2e crêpe au prix de 4 €,
- la 3e crêpe au prix de 6 €,
- la 4e crêpe au prix de 8 €,
- la 5e crêpe au prix de 10 €,

a. Si le prix des crêpes s’établit à 5 €, combien de crêpes Max produira-t-il ?


b. Pour la période de Noël, le prix des crêpes augmente de 20%. Quelle sera
alors la quantité offerte par Max ?

3. Exercice sur l’équilibre entre l’offre et la demande

Supposons que tous les acteurs se retirent du marché de crêpes à l’exception


de Julie et de Max. Quels seront la quantité échangée et le prix d’équilibre ?

4. Le marché des kebabs

Dans une ville du Luxembourg, le marché des kebabs est caractérisé par
l’offre et la demande suivantes :

Prix Offre Demande


3€ 2'000 10'000
4€ 4'000 8'000
5€ 6'000 6'000
6€ 8'000 4'000

27
a. Quels sont les prix et les quantités d’équilibre ?

b. Déterminez graphiquement l’équilibre.

5. Le marché des glaces

Avant le lancement d’une nouvelle gamme de glaces, une laiterie a mené une
étude de marché auprès de ses consommateurs. Cette analyse a permis à
l’entreprise d’estimer la demande journalière de la manière suivante :
QD = 2000 – 25p, avec QD = quantité demandée et p = prix.
L’offre se laisse résumer par la fonction suivante :
QO = 1715 + 70p, avec QO = quantité offerte et p = prix.

a. Déterminez mathématiquement l’équilibre du marché.

b. Déterminez graphiquement l’équilibre du marché.

28
Chapitre 4 : Le fonctionnement du marché

Dans ce chapitre vous allez :

- Analyser l’impact de différents événements sur l’équilibre du marché


- Apprendre la notion de concurrence parfaite
- Étudier trois cas de concurrence imparfaite

Mots-clefs :

- Déplacement de la courbe de demande / d’offre


- Concurrence parfaite
- Concurrence imparfaite
- Monopole
- Oligopole
- Concurrence monopolistique

1. Les déplacements de la courbe de demande

Augmentation de la demande

Si, à un prix donné, les demandeurs veulent consommer une plus grande
quantité d’un certain bien, alors la demande augmente. Sur le graphique, la fonction
de demande se déplace vers la droite. Le prix et la quantité échangée augmentent.

29
Graphique d’une augmentation de la demande 1 :

Exemple :

Si la demande mondiale de pétrole augmente, le prix du baril (159 litres) de


pétrole et la quantité produite et vendue augmentent également.

Au courant de l’année 2008, le prix du baril creva le plafond des 100 $ et


atteint même un moment le sommet de 140 $. Cette hausse était due à une très
forte demande mondiale, notamment en provenance des pays émergents (Chine et
Inde) ainsi qu’à une spéculation effrénée (certains spéculateurs misaient sur une
hausse future du prix).

Diminution de la demande

Si, à un prix donné, les demandeurs veulent consommer une quantité plus
faible d’un certain bien, alors la demande diminue. Sur le graphique, la fonction de
demande se déplace vers la gauche. Le prix et la quantité échangée diminuent.

1
Joëlle Wagner, 1/2008

30
Graphique d’une diminution de la demande 2 :

Exemple :

Si la demande mondiale en pétrole diminue, le prix du baril de pétrole et la


quantité vendue diminuent également. A la fin des années 90, la demande en pétrole
était tellement faible que le prix du baril chuta à 11$. 3 (Cette diminution de la
demande était liée à une crise économique et financière en Asie et en Russie.)

2. Les déplacements de la courbe d’offre

Augmentation de l’offre

Si, à un prix donné, les offreurs veulent vendre une plus grande quantité d’un
certain bien, l’offre augmente. Sur le graphique, la fonction d’offre se déplace vers la
droite. Le prix diminue et la quantité échangée augmente.

2
Joëlle Wagner, 1/2008
3
Greenspan A., 2007, Mein Leben für die Wirtschaft, p. 222, Campus, ISBN 978-3-593-38409-2

31
Graphique d’une augmentation de l’offre 4 :

Exemple :

Lorsque les conditions météorologiques sont favorables, les récoltes sont


abondantes. L’offre de produits agricoles augmente, les prix baissent tandis que les
quantités vendues augmentent.

Suite à une surproduction de lait, le prix du lait baissa tellement au courant de


l’année 2009 que les producteurs laitiers, voyant leurs revenus s’effondrer,
organisèrent des manifestations parfois violentes pour inciter les autorités
européennes de Bruxelles d’intervenir sur le marché du lait afin de soutenir les prix.

Diminution de l’offre

Si, à un prix donné, les offreurs veulent vendre une quantité plus faible d’un
certain bien, l’offre diminue. Sur le graphique, elle se déplace vers la gauche. Le prix
augmente et la quantité échangée diminue.

4
Joëlle Wagner, 1/2008

32
Graphique d’une diminution de l’offre 5 :

Exemple :

Lorsque les conditions météorologiques sont défavorables, les récoltes sont


mauvaises. Les prix des produits agricoles augmentent tandis que les quantités
vendues diminuent.

3. Les différents degrés de concurrence

La concurrence parfaite

Pour que le jeu de l’offre et de la demande puisse correctement fonctionner, il


faut que la concurrence sur le marché soit parfaite. Les prix s’adaptent alors
parfaitement à chaque événement et reflètent exactement la situation sur le marché.
La « main invisible » travaille alors de façon efficiente.

Un marché connaît une concurrence parfaite si cinq conditions sont


respectées :

5
Joëlle Wagner, 1/2008

33
- Homogénéité du bien. Le bien produit ne doit pas diverger d’une entreprise à
l’autre. Par exemple, un litre de gazole est un bien homogène, tandis qu’un
téléphone portable, avec ses nombreuses fonctions différentes d’un modèle à
l’autre, ne l’est pas (on dit que c’est un bien hétérogène).

- Atomicité du marché. De nombreuses entreprises doivent proposer le même


bien en face d’un grand nombre de demandeurs. Une entreprise à elle seule
n’a alors aucun impact sur le prix. Par exemple, la concurrence entre pizzerias
ne permet pas à un restaurateur particulier d’augmenter les prix de ses pizzas
sans devoir craindre une baisse des quantités vendues.

- Mobilité du travail et du capital. Les offreurs de travail et les offreurs de capital


doivent pouvoir librement choisir leur emploi, respectivement leur objet
financé. Par exemple, plus de 130'000 frontaliers travaillent au Luxembourg. 6
De même, de nombreux investisseurs étrangers investissent au Luxembourg.
(Goodyear, Dupont de Nemours, Dexia, Fortis, etc.)

- Libre accès au marché. Toute entreprise a le droit de participer au marché ou


de se retirer. Si une entreprise veut pénétrer un marché parce qu’elle est
capable de produire à un coût inférieur au prix pratiqué sur le marché, elle doit
avoir le droit de le faire.

- Transparence du marché. Tous les acteurs du marché sont parfaitement


informés. Le client doit pouvoir facilement comparer les différentes offres afin
de pouvoir sélectionner la meilleure. Par exemple, un épargnant peut
aisément comparer les différents taux d’intérêts proposés par les banques et
placer son épargne auprès de la banque la plus compétitive.

La concurrence imparfaite

Dans la réalité, la concurrence parfaite n’est pas souvent atteinte. Nombreux


sont les marchés à concurrence imparfaite. Les biens et services produits sont alors

6
www.statistiques.public.lu/stat/tableviewer/document.aspx?FileId=842 , 1/2008

34
hétérogènes, le nombre de concurrents n’est pas assez élevé, des barrières
empêchent l’arrivée de nouveaux concurrents, etc.

Les trois cas de concurrence imparfaite les plus connus sont le monopole,
l’oligopole et la concurrence monopolistique :

- Le monopole se caractérise par la présence d’un seul vendeur en face d’un


grand nombre d’acheteurs. Le jeu entre offre et demande ne peut plus être
considéré comme efficace puisque le monopoleur a la possibilité de dicter son
prix. L’absence de concurrence est néfaste pour le consommateur puisque les
prix restent trop élevés. Microsoft est souvent cité comme exemple d’un
monopole.

- L’oligopole se caractérise par la présence de quelques vendeurs en face d’un


grand nombre d’acheteurs. Les vendeurs coopèrent parfois afin de maintenir
des prix élevés. Cette pratique est bien sûr illicite. Boeing et Airbus agissent
dans un marché oligopolistique. Les deux entreprises partagent le marché des
grands avions. Dans le cas de deux vendeurs, les économistes parlent aussi
de duopole.

- La concurrence monopolistique est caractérisée par l’hétérogénéité des biens


produits. Chaque entreprise essaie de se différencier des autres en
produisant un bien différent de ceux de la concurrence. Les entreprises sont
alors des monopoleurs dans leur niche mais elles doivent quand même se
méfier de leurs concurrents. Le secteur automobile est marqué par cette
concurrence monopolistique. Chaque producteur essaie de créer un produit
particulier, différent de ceux de la concurrence par la qualité ou par l’aspect
extérieur.

Synthèse

Via un déplacement de la courbe de demande ou de la courbe d’offre,


différents événements peuvent affecter l’équilibre sur un marché.

35
La concurrence parfaite exige cinq conditions :
- Homogénéité du bien
- Atomicité du marché
- Mobilité du travail et du capital
- Libre accès au marché
- Transparence du marché

Monopole, oligopole et concurrence monopolistique sont des exemples de


concurrence imparfaite.

Questions de synthèse

1. Les déplacements de la courbe de demande

Indiquez graphiquement, à partir d’un marché à l’équilibre, une augmentation


de la demande et une diminution de la demande. Utilisez des couleurs différentes.

2. Les déplacements de la courbe d’offre

Indiquez graphiquement, à partir d’un marché à l’équilibre, une augmentation


de l’offre et une diminution de l’offre. Utilisez des couleurs différentes.

3. La concurrence parfaite

Énumérez les cinq conditions nécessaires afin que le marché puisse


fonctionner de façon optimale.

Choisissez un bien économique. Lesquelles des cinq conditions de


concurrence parfaite sont remplies ? Justifiez votre réponse.

4. La concurrence imparfaite

Complétez le tableau suivant :

36
Un seul vendeur Quelques vendeurs Deux vendeurs Grand nombre de
vendeurs,
hétérogénéité des
biens
Monopole

5. Exercices

Analysez graphiquement comment chacun des événements suivants affecte


l’équilibre du marché du pétrole.

a. L’isolation des bâtiments devient un standard dans le domaine de la


construction.
b. Les grandes voitures de luxe et les véhicules « tout terrain » reviennent
à la mode.
c. Les géologues découvrent de nouveaux gisements de pétrole.
d. Des tensions politiques ne permettent pas l’exploitation de certains
bassins pétroliers.

37
Chapitre 5 : L’entreprise et son environnement

Dans ce chapitre vous allez :

- Étudier les contextes micro- et macroéconomique dans lesquels se situe


l’entreprise
- Comprendre les liens existants entre l’entreprise et son environnement
- Réaliser l’interdépendance des différents acteurs économiques

Mots-clefs :

- Concurrence
- Technologie
- Conjoncture
- Stabilité des prix
- Démographie
- Syndicats
- Écologie

1. L’environnement microéconomique

Définition : La microéconomie est l’étude de l’économie en partant des


comportements individuels des différents acteurs économiques.

L’environnement microéconomique de l’entreprise est constitué des agents en


relation directe avec l’entreprise : les clients, le personnel, les fournisseurs, les
concurrents, les banques, les assurances et l’Etat.

Les clients

La notion de client est essentielle dans une économie de marché. Les clients
rencontrent les entreprises sur le marché des biens et services. Face à de nombreux
offreurs, les clients exercent une certaine pression, puisqu’ils se tournent en règle

38
générale vers l’offreur le plus compétitif. Par exemple, de nombreuses entreprises
présentes sur le marché de la télécommunication ont baissé leur prix afin de garder
leur clientèle.

Néanmoins, afin d’éviter des guerres de prix, les entreprises ont recours à des
techniques de marketing ingénieuses qui leur permettent d’attirer davantage de
clients et de fidéliser ceux-ci afin de diminuer le jeu de la concurrence. 7

Le personnel

Sur le marché du travail, l’entreprise se situe du côté de la demande. Les


personnes qui cherchent un emploi constituent l’offre de travail. Le personnel
embauché sur le marché du travail exige une rémunération adaptée, un emploi sûr et
une bonne ambiance de travail. En contrepartie, le personnel doit travailler de façon
motivée et efficace.

Les fournisseurs

L’entreprise et ses fournisseurs se rencontrent sur le marché des biens et


services de production (matières premières et services) dont l’entreprise a besoin
pour produire. Par exemple, l’industrie sidérurgique au Luxembourg doit
principalement acheter de la ferraille et du courant électrique pour produire de l’acier.
Elle a donc comme fournisseurs primordiaux des entreprises d’électricité et des
marchands de ferraille. Elle est donc demandeur sur les marchés d’électricité et de
ferraille et offreur sur le marché de l’acier.

La concurrence

D’un point de vue de l’entreprise, la concurrence se définit par l’ensemble des


vendeurs sur un même marché. Par exemple, sur le marché luxembourgeois de la
bière, Bofferding et Diekirch sont les deux principaux concurrents. Néanmoins, les
Luxembourgeois boivent de plus en plus de bières étrangères et des brasseries
comme Heineken et Anheuser-Busch (Budweiser) réalisent des chiffres d’affaires

7
Ces techniques seront étudiées en classe de deuxième.

39
élevés dans notre pays. Face à cette concurrence étrangère, les brasseries
luxembourgeoises s’orientent de plus en plus vers de nouveaux marchés. Bofferding
exporte même jusqu’en Chine et entre en concurrence avec les brasseurs locaux
chinois 8 . Suite à la mondialisation la concurrence devient donc mondiale sur certains
marchés.

Réflexion :

Pourquoi les cinq conditions ne sont-elles pratiquement jamais remplies ?

- L’information parfaite est coûteuse. Sur les marchés réels, les prix, les
différentes caractéristiques des produits et les lieux de vente ne sont connus
que de façon très imparfaite. Le client ne peut s’informer davantage que s’il
est prêt à consacrer plus de temps et d’argent. Très souvent, les décisions
d’achat sont alors prises en situation d’information imparfaite. La concurrence
entre entreprises n’est alors pas optimale.

- Le monopole naturel. Il existe des marchés où la concurrence est très limitée


parce qu’il est impossible d’instaurer de nombreuses petites entreprises. Dans
de nombreux secteurs industriels, de petites entreprises ne pourraient pas
supporter les coûts élevés. Il en est ainsi dans des secteurs tels que les
chemins de fer ou l’aéronautique.

1.5 Les banques

Les banques et les entreprises se rencontrent sur le marché des capitaux.


Souvent celles-ci ont besoin de capitaux supplémentaires afin de financer de
nouveaux investissements. Elles s’adressent alors aux banques qui prêtent de
l’argent en contrepartie du remboursement de la somme augmentée des intérêts.

8
www.bofferding.lu/index2.php , 9/2007

40
1.6 L’Etat

L’Etat exige que l’entreprise paie ses impôts et qu’elle respecte la législation
en vigueur comme par exemple le droit du travail, les prescriptions en matière de
protection de l’environnement, etc. En contrepartie, l’Etat assure des services publics
(enseignement, sécurité) et s’occupe de la construction et de l’entretien des
infrastructures publiques (réseaux de transports et de télécommunications), éléments
indispensables au bon fonctionnement d’une économie. L’Etat fournit également le
cadre juridique et réglementaire qui permet aux entreprises de naître, de se
développer et aussi de disparaître.

2 L’environnement macroéconomique

Définition : La macroéconomie est l’étude de l’économie en partant d’une


approche globale pour analyser les phénomènes économiques majeurs.

L’environnement macroéconomique de l’entreprise est constitué par


l’ensemble des données globales qui ont un impact sur le fonctionnement de
l’entreprise : la technologie, la conjoncture, la stabilité des prix, la démographie, le
domaine social et l’écologie.

2.1 La technologie

Définition : La technologie est l’ensemble de savoirs et de pratiques, fondé sur


des principes scientifiques, dans un domaine technique.

Au fil du temps, de nouvelles techniques apparaissent et changent le monde.


De la batterie de Tudor aux dernières prouesses technologiques d’ingénieurs
luxembourgeois dans des domaines divers tels que l’automobile, la communication
ou la chimie, la richesse de notre pays est sans doute aussi liée à l’ingéniosité de sa
main d’œuvre.

L’évolution du progrès technique peut être observée à deux niveaux :

41
- Au niveau de l’amélioration des méthodes de production. Grâce aux
nouvelles technologies, le coût de fabrication des biens ou services ne
cesse de baisser. Ce gain d’efficience améliore la compétitivité des
entreprises et se traduit souvent par une baisse des prix, ce qui augmente le
pouvoir d’achat des consommateurs. De plus, l’amélioration des méthodes
de production va souvent de pair avec une baisse de la pollution.

- Au niveau de l’innovation et de l’amélioration des produits. Le progrès


technique permet d’innover, c.-à-d. d’inventer de nouveaux produits et
d’améliorer leur qualité, ce qui élève le niveau de vie du consommateur.

L’entreprise qui ne tient pas compte du facteur technologique rencontrera tôt


ou tard de sérieux problèmes. Comme ses méthodes de production ne s’améliorent
pas, les prix de ses produits ne seront plus compétitifs. Les ventes diminuent. De
plus, comme ses produits ne changent guère, la demande diminuera fatalement
puisque peu de clients sont attirés par une technologie démodée. A moyen ou long
terme, l’entreprise sera évincée du marché.

Réflexions :

- La destruction créatrice

Selon l’économiste autrichien Joseph Schumpeter (1883-1950) la technologie


est le moteur de l’économie. Toute innovation technologique importante entraîne un
mouvement de destruction créatrice. Certains domaines économiques disparaissent
et des emplois sont perdus. D’autres secteurs naissent et des emplois sont créés.
Par exemple, l’ordinateur a supprimé une grande partie des postes de secrétaire
mais a créé tout un secteur technologique. La destruction créatrice est donc
douloureuse pour certains, mais inévitable, voire souhaitable pour d’autres.
L’innovation est donc à la fois source de croissance et de crise.

- Les brevets

Un brevet est un titre de propriété qui confère à son titulaire un droit exclusif
d’exploiter l’innovation brevetée. Ainsi, par exemple, une entreprise pharmaceutique
peut breveter une molécule qu’elle a créée. Le brevet garantit à l’entreprise qu’elle

42
sera la seule à produire le médicament en question. L’avantage de ces brevets est
qu’ils incitent les entreprises à investir dans le domaine de la recherche et du
développement. Sans l’existence des brevets, les entreprises copieraient les unes
des autres et aucune recherche dans le domaine technologique ne serait rentable.
Le désavantage des brevets est qu’ils créent des situations de monopole pendant la
durée d’application du brevet. Les conséquences sont des prix trop élevés dû à un
manque de concurrence.

2.2 La conjoncture

Définition : La conjoncture réflète la situation économique actuelle d’un pays


ou d’une région.

L’entreprise n’a pas d’influence sur la conjoncture. Par contre, elle en dépend
en grande partie. Nous pouvons distinguer deux situations :

Une situation de haute conjoncture est synonyme d’une hausse de la


consommation des ménages et de l’investissement des entreprises. L’économie
profite de cette hausse de la demande et se trouve alors dans une phase de
croissance. Les cahiers de commande des entreprises sont bien remplis. En général
les entreprises peuvent alors embaucher de la main d’œuvre supplémentaire ce qui
entraîne une baisse du chômage.

Une situation de basse conjoncture décrit une situation de baisse de la


demande de biens et de services. Les carnets de commande se vident. L’économie
se trouve alors dans une phase de ralentissement économique, voire de stagnation
ou même de récession. Les entreprises n’embauchent plus et dans le pire des cas,
elles doivent même licencier du personnel ce qui fait augmenter le chômage.

2.3 La stabilité des prix

La stabilité des prix est un facteur important pour la réussite de l’entreprise.


Des prix stables créent un climat de confiance chez tous les agents économiques et
permettent à l’entreprise de suivre sa stratégie dans un environnement calme.

43
Le fléau principal qui doit être combattu est l’inflation. Une hausse des prix
trop prononcée diminue le pouvoir d’achat des clients et augmente le prix des
fournisseurs. Elle pose donc une menace à la survie de l’entreprise. De plus,
l’inflation crée des tensions sociales entre nombreux acteurs économiques, par
exemple entre le personnel, qui demande une augmentation des salaires, et les
patrons, qui doivent déjà subir l’augmentation de prix des fournisseurs.

L’outil principal de la Banque centrale européenne pour garantir la stabilité


des prix est la fixation des taux d’intérêt directeurs. Ce sujet sera traité en classe de
première.

2.4 La démographie

La démographie est l’étude quantitative des populations humaines, de leur


évolution et de leurs mouvements. Au Luxembourg la natalité est relativement faible
et sans immigration le pays verrait sa population baisser. Et même avec un solde
migratoire positif, le nombre d’habitants au Luxembourg ne suffit toujours pas à
satisfaire la demande de travail. Plus de 130'000 frontaliers traversent chaque jour
les frontières allemande, belge et française pour venir travailler au Luxembourg.

Le Luxembourg connaît une population vieillissante. L’espérance de vie ne


cesse d’augmenter. Elle dépasse 81 ans chez les femmes et 75 ans chez les
hommes. 9 Pour les entreprises, ce vieillissement de la population crée des dangers
mais aussi des opportunités :

- Le marché des biens et services adaptés aux exigences et besoins des


personnes âgées est en pleine croissance.
- Le système des pensions et/ou l’âge de la retraite doivent être adaptés
à la démographie afin de ne pas imposer trop de coûts supplémentaires
à l’entreprise et au personnel.

9
Le Luxembourg en chiffres 2007, 9/2007, Statec Luxembourg, ISSN 1019-6471, www.statec.lu

44
2.5 Le domaine social

L’environnement social comprend de nombreux aspects. Nous allons en


retenir deux :

- L’environnement syndical. L’évolution et la répartition des salaires sont des


éléments importants pour l’entreprise mais aussi pour les syndicats. De
même, syndicats et entreprise travaillent ensemble pour améliorer le climat et
les conditions de travail. Le taux de syndicalisation donne une idée de la
solidarité entre le personnel de l’entreprise.
- L’environnement culturel. L’évolution des valeurs, des normes, des styles de
vie ont un impact énorme sur l’entreprise. En général, les entreprises qui
s’adaptent plus vite aux changements permanents de notre société présentent
de meilleurs résultats que les autres. Bien évidemment, l’attitude à l’égard du
travail façonne également l’entreprise.

2.6 L’écologie

Les activités économiques ont un impact important sur l’environnement


naturel : d’un côté l’homme prélève des matières premières et des ressources
énergétiques dans la nature, de l’autre côté la production et la consommation
provoquent des émissions polluantes et des montagnes de déchets. Le milieu
naturel subit des changements poignants. Le réchauffement climatique lié à
l’émission de gaz à effet de serre et ses effets sur les êtres vivants n’en est que
l’exemple phare.

Tenant compte de l’explosion démographique dans les pays en voie de


développement et des taux de croissance de leur économie, les problèmes liés à la
pollution semblent même insurmontables. Cependant, la prise de conscience
écologique modifie les comportements des acteurs économiques. Les entreprises
emploient des méthodes de production plus propres. Les consommateurs
demandent des biens et services de moins en moins polluants. De plus, les
prescriptions légales deviennent de plus en plus exigeantes.

45
Synthèse

L’entreprise se situe toujours dans un contexte microéconomique. Les clients,


le personnel, les fournisseurs, la concurrence, les banques et l’Etat influencent la
stratégie et le résultat de l’entreprise.

Le contexte macroéconomique est aussi primordial pour la réussite de


l’entreprise. La technologie, la conjoncture, la stabilité des prix, la démographie, le
domaine social et l’écologie déterminent le cadre dans lequel l’entreprise évolue.

Questions de synthèse

1. L’environnement microéconomique

Les différents acteurs microéconomiques ont des exigences divergentes par


rapport à l’entreprise. Identifiez les acteurs qui revendiquent les propositions
suivantes :

a. Le règlement des factures dans les délais : ______________


b. Le paiement des impôts à l’échéance : ______________
c. Les garanties offertes lors de l’octroi d’un crédit : ______________
d. Le service après-vente : ______________
e. Une rémunération adéquate : ______________
f. Une rivalité loyale à l’intérieur de la branche : ______________

2. L’environnement macroéconomique

Quels sont les facteurs macroéconomiques évoqués dans les déclarations


suivantes ?

a. « Le lancement de notre nouveau portable augmentera notre chiffre


d’affaires. »

46
b. « Malheureusement, il faut souvent des catastrophes dramatiques pour
inciter les agents économiques à limiter leur consommation
d’électricité. »
c. « En Allemagne, en novembre 1922, un kilo de pain coûtait plusieurs
millions de marks. Cette période était marquée par une hyper-
inflation. »
d. « La croissance de l’économie chinoise stimule aussi la sidérurgie
luxembourgeoise. »
e. « La diminution de la taille des ménages a des effets sur le
conditionnement de certains produits alimentaires. »
f. « Les pensions complémentaires sont de plus en plus demandées par
nos clients. »

3. Dans de nombreuses branches, Internet permet une comparaison


gratuite des prix des différents offreurs.

a. Décrivez les conséquences d’Internet sur la concurrence parfaite.


b. Donnez un exemple concret.

4. Nous avons vu que l’innovation technologique peut être divisée en deux


grandes rubriques. Lesquelles ? Donnez pour chaque cas un exemple.

5. Donnez deux exemples de changement de style de vie entre votre


génération et celle de vos parents et décrivez les conséquences sur la
consommation.

6. La conjoncture

Complétez les schémas suivants :

a. Un événement positif, comme par exemple la Coupe du Monde de


football, et ses conséquences économiques.

47
Augmentation de la demande : Réaction des entreprises :
____________________________
____________________________

Effet sur la demande : Effet sur le marché du travail :


________________________ ___________________________
________________________ ___________________________

b. Un événement négatif, comme par exemple un attentat, et ses


conséquences économiques.

Diminution de la demande : Réaction des entreprises :


____________________________
____________________________

Effet sur la demande : Effet sur le marché du travail :


________________________ ___________________________
________________________ ___________________________

48
Chapitre 6 : Les rôles et la diversité des entreprises

Dans ce chapitre vous allez :

- Apprendre les différents rôles des entreprises


- Comprendre que l’économie et le social vont souvent de pair
- Diviser l’ensemble des entreprises en secteurs différents
- Analyser les différents statuts juridiques que le législateur propose
- Étudier différentes classifications d’entreprises

Mots-clefs :

- Production
- Création de richesse
- Objectifs sociaux et économiques
- Secteurs économiques (primaire, secondaire, tertiaire)
- Statut juridique

1. Les différents rôles de l’entreprise

L’objectif économique principal de l’entreprise est de conquérir une position


optimale sur le marché et de réaliser un profit maximal. Cependant, elles connaissent
aussi différents objectifs sociaux, comme par exemple le respect et la motivation du
personnel. Les moyens mis en œuvre pour arriver à ces buts sociaux et
économiques s’imbriquent souvent les uns dans les autres. D’ailleurs, il est parfois
très difficile de distinguer clairement entre rôle social et rôle économique de
l’entreprise. Nous allons traiter trois rôles de l’entreprise qui montrent bien
l'engrenage entre l’économique et le social.

49
La production de biens et services, la création de richesse et sa répartition

Le premier rôle de l’entreprise est la production de biens et de services afin de


satisfaire la demande des consommateurs. Le total des ventes est appelé chiffre
d’affaires. Ce « chida » ne doit pas être confondu avec le résultat de l’entreprise, qui
est la différence entre les produits et les charges de l’entreprise.

En produisant des biens et services, les entreprises créent de la richesse.


Nous allons montrer la création de richesse des entreprises à l’aide d’un exemple :
nous avons vu que nos entreprises sidérurgiques doivent acheter de la ferraille et de
l’électricité pour pouvoir produire de l’acier. Ce produit fini sera vendu à un prix
supérieur aux coûts de la ferraille et de l’électricité. La différence entre la valeur de
l’acier et la valeur des produits intermédiaires (ferraille, gaz, électricité, etc.) s’appelle
la valeur ajoutée ; c’est la richesse créée par l’entreprise.

Valeur du produit fini – Valeur des produits intermédiaires


= Valeur ajoutée
= Richesse créée

Réflexion :

La création de richesse et la profitabilité

Une entreprise qui crée de la richesse, qui produit une valeur ajoutée, ne
réalise pas nécessairement un profit. Les autres coûts de production, par exemple
les salaires, les loyers et autres frais doivent encore être déduits de la valeur ajoutée
afin de déterminer le profit de l’entreprise. Par exemple, un boulanger peut créer de
la richesse tout en étant incapable de payer le salaire de la vendeuse qu’il emploie.
Si une telle situation persiste, la faillite sera inévitable malgré une valeur ajoutée
positive.

50
Comme déjà indiqué dans la réflexion ci-dessus, l’entreprise doit répartir
encore une partie de sa valeur ajoutée. Les salariés, l’Etat, les actionnaires et les
banques veulent leur part du gâteau. Nous voyons déjà maintenant une imbrication
entre les objectifs sociaux et économiques. Par exemple, l’Etat ne peut percevoir des
impôts qu’en cas de profit des entreprises. Sans profit, pas de redistribution.

Le respect et la motivation du personnel

Nous avons vu au deuxième chapitre que les salariés offrent leur travail à
l’entreprise et, en contrepartie, perçoivent un salaire. Néanmoins, le circuit
économique est trop simplificateur. Même si l’argent reste le facteur primordial qui
pousse les ménages à offrir leur travail, il ne faut pas négliger les autres
déterminants qui nous motivent à travailler. Le fait d’être respecté au lieu de travail
joue aussi un rôle majeur et s’exprime à travers les principes suivants :

- Les conditions de travail doivent être correctes. La pénibilité du travail ne doit


pas enfreindre excessivement la qualité de vie du salarié.
- Les mesures de sécurité doivent être rigoureusement respectées.
- Le travailleur doit éprouver un sentiment d’appartenance. Toute forme de
discrimination doit être combattue au lieu du travail.
- Un travailleur méritant doit pouvoir ressentir un sentiment de reconnaissance.
Son supérieur hiérarchique doit lui communiquer que le travail est bien fait.
- L’entreprise doit correctement former son personnel. La formation
professionnelle joue un rôle important dans la carrière de chaque salarié.

De nouveau, il est presque impossible à ce niveau de distinguer entre objectifs


sociaux et économiques. En fait, l’économie et le social vont de pair :

- De bonnes conditions de travail et des mesures de sécurité impératives


protègent le salarié. Un objectif social, le respect du personnel, est donc
atteint. De plus, la diminution d’accidents et la bonne santé des salariés
permettent également à l’entreprise d’augmenter sa productivité.
- Le fait que les salariés apprécient leur travail et éprouvent des sentiments
d’appartenance et de reconnaissance témoigne également de respect envers
le personnel. De plus, des salariés contents sont aussi des salariés motivés et
productifs ce qui permet à l’entreprise de réaliser des résultats positifs.

51
- La formation continue permet aux salariés de garder des niveaux de
compétence élevés. Le salarié profite ainsi de ces formations pour progresser
dans sa carrière. L’entreprise qui investit dans la formation continue reste à la
pointe technologique et ne doit pas craindre la concurrence.

Le profit maximal et le respect du personnel ne sont donc pas nécessairement


des objectifs opposés.

Réflexion :

La formation professionnelle et le « lock-in »

Du point de vue de l’entreprise, il existe aussi un risque par rapport à la


formation continue. Comme la formation est coûteuse et que le salarié ne rapporte
l’argent investi qu’au fur et à mesure qu’il continue à travailler dans l’entreprise, cette
dernière craint évidemment que le salarié formé tourne le dos à l’entreprise et
travaille pour la concurrence. Il peut donc arriver que les dirigeants essaient de
« bloquer » leurs salariés formés. Ce « lock-in » peut se présenter sous les formes
suivantes :
- Les patrons ne proposent que des formations très spécifiques qui ne sont
d’aucune utilité dans une autre entreprise.
- Ils augmentent les coûts de changement d’emploi pour le salarié, par
exemple via un système de primes d’ancienneté.

L’engagement social

La plupart des entreprises essaient d’être des acteurs positifs dans notre
société. Le respect de la société peut s’exprimer à travers les éléments suivants :

- Un engagement écologique. Le respect de l’environnement naturel concerne


évidemment aussi les entreprises. Elles sont nombreuses à non seulement
respecter les lois en vigueur mais à effectuer un effort supplémentaire afin de
limiter la pollution à un niveau acceptable.
- Un engagement moral. Les entreprises doivent présenter une certaine
éthique du travail. Le respect de la société s’exprime via le refus du travail

52
des enfants et le refus de collaborer avec des Etats ou fournisseurs peu
scrupuleux pour ce qui est du respect des droits de l’homme en général.
- Un engagement culturel et sportif. Les entreprises peuvent soutenir des
artistes, athlètes ou organisations par des actions de parrainage (mécénat et
sponsoring).

De nouveau, il faut rappeler que le respect de la société n’est pas uniquement


un objectif social. Une production écologique et des engagements moraux sont des
arguments de vente souvent cités par les entreprises. De même, un sponsoring bien
ciblé peut aider l’entreprise à augmenter sa notoriété et ainsi ses ventes. Le social et
l’économique peuvent donc harmoniser ensemble. D’un autre côté, il est triste de voir
que certaines entreprises ne s’engagent que très superficiellement dans divers
projets écologiques ou éthiques tout en voulant profiter au maximum de cette rampe
publicitaire.

2. La diversité des entreprises

Les entreprises sont très diverses. Néanmoins, elles se laissent regrouper


selon différents critères. Nous allons présenter les regroupements les plus utilisés.

La classification des entreprises par secteur d’activité

La classification par secteur la plus utilisée demeure celle de l’économiste


écossais Colin Clark (1905-1989). Il a eu l’idée de définir trois secteurs
économiques :

- Le secteur primaire regroupe les activités liées directement à l’extraction et à


l’exploitation de ressources naturelles. Ce secteur comprend donc
l’agriculture, la pêche, l’économie forestière, l’exploitation minière et la
production d’énergie.

- Le secteur secondaire comprend toutes les entreprises qui transforment des


matières premières et des biens intermédiaires en d’autres biens, souvent des

53
biens finis vendus au consommateur. Ce secteur comprend donc
principalement l’industrie et la construction.

- Le secteur tertiaire comprend l’ensemble des services offerts par les


entreprises, tels que les services bancaires, les assurances, le commerce, les
transports, les communications, la gastronomie et l’hôtellerie, les services
culturels et de loisir, et, au sens large, tous les services publics.

Le secteur tertiaire est le plus hétérogène. Il renferme les services classiques


telles qu’une coupe de cheveux ou les achats dans la petite épicerie du coin mais
aussi des services très modernes telles que la comptabilité informatisée pour les
entreprises ou encore la gestion de titres via l’ordinateur pour les ménages.

Réflexion :

La situation luxembourgeoise et le défi de l’éducation

Au Luxembourg, le secteur tertiaire est encore plus étendu que dans les
autres pays développés. En effet, plus de 80% des richesses sont créées dans ce
secteur, ne laissant qu’une part beaucoup moins importante au secteur secondaire et
une part marginale au secteur primaire. 10 D’ailleurs, le Luxembourg se développe de
plus en plus comme plate-forme bancaire et commerciale et est souvent décrit
comme société post-industrielle. Néanmoins, la grande majorité des autres pays
riches présente aussi un secteur tertiaire très développé.

L’accroissement spectaculaire du secteur tertiaire de l’économie


luxembourgeoise implique un décalage progressif des emplois vers ce secteur.
L’objectif éducatif est donc d’accroître les qualifications et les capacités créatives,
puisque le secteur tertiaire n’offre que peu d’emplois sans qualification, par exemple
caissière de supermarché ou gardien d’immeuble. Un des défis luxembourgeois est
donc d’adapter l’éducation aux exigences de son secteur tertiaire.

10
Theves T., Wagner P., Luxembourg competing with other locations, Presentation ISU, Strasbourg, 8/2006

54
La classification des entreprises selon leur statut juridique

Nous distinguons entre les entreprises individuelles et les sociétés


commerciales.

Les entreprises individuelles présentent les caractéristiques suivantes :

- Comme le nom l’indique déjà, l’entrepreneur est seul propriétaire, ce qui ne


veut pas dire qu’il travaille seul.
- Il n’existe pas de différence entre le patrimoine privé de l’entrepreneur et le
patrimoine de l’entreprise. La responsabilité est donc illimitée.
- Comme la responsabilité est illimitée, il n’y a pas de capital minimum requis.

Les sociétés commerciales présentent les caractéristiques suivantes :

- À l’exception de la société à responsabilité limitée unipersonnelle (SARLU) et


de la société anonyme unipersonnelle (SAU), les sociétés sont formées de
deux ou de plusieurs associés.
- La responsabilité peut être limitée à l’apport personnel. Dans ce cas, un
capital minimum est requis.
- La société est une personne morale. D’un point de vue juridique, elle possède
donc une identité propre, différente de celle des associés, et un patrimoine
propre.

55
Le tableau comparatif suivant nous informe sur les particularités des différents
statuts juridiques des sociétés 11 :

Nombre Montant Responsabilité Cessibilité des


minimum minimum de des associés parts
d’associés capital
Société en
nom collectif 2 / Illimitée Interdite
(SENC)
Société en
Illimitée resp.
commandite 2 / Interdite
limitée
simple (SECS)
Société
2 (1 pour SAU) 31'000 € Limitée Libre
anonyme (SA)
Société en
commandite Illimitée resp. Interdite resp.
2 31'000 €
par actions limitée libre
(SECA)
Société à
2 (1 pour
responsabilité 12'400 € Limitée Réglementée
SARLU)
limitée (SARL)
Société
Selon les
coopérative 7 / Interdite
statuts
(SC)
Société
européenne 2 120'000 € Limitée Libre
(SE)

11
www.businessplan.lu/Guide/entreprise/structure_juridique/diagramme/image_fr.html , 10/2007

56
Autres classifications

Les entreprises peuvent encore être classifiées selon d’autres critères. Nous
n’en traiterons que deux :

La classification selon la nature des capitaux apportés :

Nous pouvons distinguer entre entreprises privées, comme par exemple


ArcelorMittal, et entreprises publiques, comme par exemple l’Entreprise des P&T.
Les entreprises privées doivent réaliser un profit pour éviter la faillite. Les entreprises
publiques sont financées par l’Etat qui en est le seul et unique propriétaire. Il se peut
que leur seul objectif soit la production de biens et services non marchands mais
parfois indispensables pour la société. Dans ce cas, l’Etat accepte de couvrir les
pertes de ces entreprises. De plus, il existe encore des entreprises semi-publiques,
avec une participation plus ou moins importante de l’Etat (ou d’une ou plusieurs
communes).

La classification selon l’aspect géographique :

Une multinationale est une entreprise qui a des établissements dans de


nombreux pays. Les entreprises nationales n’opèrent généralement que sur le
territoire national. Les entreprises régionales ou locales opèrent sur un territoire
encore plus réduit.

Synthèse

Les entreprises ont comme objectif économique le profit maximal et comme


objectifs sociaux le respect du personnel et de la société. Les différents objectifs ne
sont pas toujours opposés l’un à l’autre mais se laissent souvent combiner.

Les entreprises peuvent être classées selon leur secteur d’appartenance, leur
statut juridique, leur taille, l’origine de leur capital et leur degré d’ouverture. Nous
distinguons entre trois secteurs économiques (primaire, secondaire, tertiaire).

57
Questions de synthèse

1. Le respect de la société

Certaines entreprises prennent des engagements écologiques, moraux,


culturels ou sportifs. Trouvez des entreprises luxembourgeoises qui s’engagent dans
les domaines cités.

Entreprise Exemple
luxembourgeoise
Engagement écologique

Engagement moral

Engagement culturel

Engagement sportif

2. Les secteurs d’activité

Complétez le tableau suivant :

Secteur Définition Exemples

58
3. Les entreprises individuelles et les sociétés

Vrai ou faux ? Justifiez votre réponse en cas de désaccord.

Affirmation Vrai ou faux Justification


« Les sociétés sont
constituées de deux ou
de plusieurs associés. »
« L’entrepreneur
individuel agit avec une
responsabilité illimitée. »
« Les associés d’une
société agissent avec une
responsabilité limitée. »
« L’entreprise individuelle
est une personne
morale. »

4. Les différents statuts juridiques des sociétés

Complétez le tableau suivant.

Statut juridique Montant minimum de capital Responsabilité


SECS
SA
Sàrl

5. Les différentes classifications d’entreprises

Classez une entreprise de votre choix selon les critères de capitaux apportés
et d’aspect géographique.

59
Chapitre 7 : La mesure de la production

Dans ce chapitre vous allez :

- Étudier les notions de valeur ajoutée et de PIB


- Distinguer le PIB des autres notions de richesse
- Réaliser que le PIB est un outil puissant mais imparfait pour mesurer le niveau
de vie
- Apprendre la notion de croissance économique
- Différencier entre les bienfaits et les points négatifs de la croissance
- Étudier deux théories sur le développement économique

Mots-clefs :

- Valeur ajoutée
- Produit intérieur brut (PIB)
- PIB réel / PIB nominal
- Indice de développement humain (IDH)
- Croissance économique
- Développement durable

1. La production, la valeur ajoutée et le PIB

La notion de production

- Pourquoi produire ? Dans notre société, il est devenu banal de disposer de


certains biens. Nous oublions parfois que tous ces biens et services ont dû
être produits. Pourtant, le maintien de notre niveau de vie dépend
principalement de notre capacité et de notre volonté de garder un niveau de
production élevé. De plus, compte tenu d’une population croissante, la société
doit même augmenter la production totale pour permettre à chaque citoyen de
profiter d’un niveau de vie constant. Pour pouvoir consommer, il faut donc

60
produire. A long terme, la consommation des Luxembourgeois ne peut
augmenter que si le niveau de production s’élève également.

Réflexion :

La production et les inégalités

Il ne suffit pas que la production au Luxembourg augmente pour que chaque


habitant du Luxembourg puisse consommer plus. A défaut de vouloir une société très
inégalitaire, il faut encore que la richesse créée soit bien répartie entre les citoyens.
Les économistes se retrouvent alors face à un dilemme :

Si l’Etat taxe davantage les plus productifs pour donner aux moins productifs,
la société ne devient pas excessivement inégalitaire. Néanmoins, les agents
productifs sont alors moins incités à produire puisqu’ils ne peuvent pas garder le fruit
de leur travail. Par contre, si l’Etat ne taxe pas les plus productifs, les moins
productifs n’en profitent pas et la société devient de plus en plus inégalitaire.

Définition : Au niveau macroéconomique, la production est l’activité


économique socialement organisée et rémunérée qui consiste à créer des biens et
services. Les activités domestiques et le bénévolat n’appartiennent donc pas à
l’activité productive.

- La production marchande et non marchande. La production marchande est


vendue sur le marché des biens et services à un prix en principe supérieur
aux coûts de production. La production non marchande comprend les biens et
services offerts par l’Etat. Ces biens et services sont soit gratuits, soit vendus
à un prix inférieur aux coûts de production. Par exemple, l’utilisation des
autoroutes est gratuite au Luxembourg tandis que les utilisateurs de la piscine
olympique sont obligés de payer l’entrée.

61
La valeur ajoutée

Nous avons vu au sixième chapitre que la notion du chiffre d’affaires ne nous


indique pas la richesse créée par l’entreprise. Il faut revenir sur le concept de la
valeur ajoutée, définie au chapitre précédent :

Valeur du produit fini – Valeur des produits intermédiaires


= Valeur ajoutée
= Richesse créée

Le PIB

Définition : Le produit intérieur brut (PIB) mesure le total des richesses créées
au cours d’une période, généralement un an, dans un pays ou un sur un territoire
défini. Le PIB représente un bon instrument de mesure du niveau de vie des
habitants d’un pays ou d’un territoire défini.

Pour calculer le PIB, il faut donc additionner l’ensemble des valeurs ajoutées
de toutes les entreprises qui se situent dans un pays ou sur un territoire défini.

PIB = Somme des valeurs ajoutées

La notion de PIB est souvent utilisée pour comparer les niveaux de vie dans
différents pays. En effet, l’espérance de vie des habitants de pays à PIB faible, tels
que le Bénin, le Cameroun ou le Nigeria, n’est pas comparable à celle des habitants
des pays développés. Les taux d’analphabétisme et de mortalité infantile sont plus
élevés. Dans ces pays, peu de personnes profitent de bons soins médicaux et de
bonnes infrastructures. L’accès à l’eau potable est souvent limité. La qualité de vie
dépend donc certainement du niveau du PIB.

62
Réflexion :

Les économistes distinguent clairement entre le PIB réel et le PIB nominal.


D’une manière simplifiée, nous pouvons dire que la différence s’appelle l’inflation.
Avec une hausse des prix, le PIB nominal augmenterait même sans augmentation
réelle des richesses créées. Le PIB réel tient compte de l’inflation et ne l’inclut pas
dans son calcul. Méfions-nous donc des chiffres lancés par les médias qui
distinguent rarement entre le nominal et le réel !

Exemple : Imaginons une île avec seulement un cocotier et calculons le PIB


de cette île. Comme il n’y a pas de consommations intermédiaires, le chiffre
d’affaires est égal à la richesse créée.

Année Prix d’une noix de Quantité de noix PIB nominal PIB réel (base
coco de coco 2007)
2007 3€ 15 3 * 15 = 45 € 3 * 15 = 45 €
2008 4€ 16 4 * 16 = 64 € 3 * 16 = 48 €

Nous voyons que le PIB réel n’augmente que très légèrement (de trois euros)
tandis que le PIB nominal augmente de 19 euros. Même si le concept de croissance
n’est expliqué que dans la deuxième partie de ce chapitre, nous pouvons affirmer
que le PIB nominal croît plus rapidement que le PIB réel. Comment expliquer cette
différence ? Le prix de la noix de coco a augmenté de 33.33% !

L’évolution du PIB dans le temps

Les théories sur la croissance et le développement essaient d’expliquer


l’enrichissement de notre société à long terme. L’une des plus connues est celle de
l’économiste Colin Clark sur l’évolution des secteurs d’activité. Selon lui, chaque
pays doit parcourir quatre phases avant d’arriver à un stade développé :

o Les pays sous-développés sont marqués par un secteur primaire très


développé. L’agriculture est le facteur dominant de l’économie.

63
o Les pays en voie de développement ou en décollage connaissent une
industrie naissante. Le secteur secondaire se développe mais
l’agriculture reste encore dominante.
o Les pays industrialisés présentent un secteur secondaire très
développé. Le secteur primaire est alors en régression.
o Les pays les plus développés, comme le Luxembourg, sont définis par
une industrie en déclin mais par un secteur tertiaire en plein essor.

Synthèse

La valeur ajoutée correspond à la richesse créée et se calcule en soustrayant


de la production les valeurs des produits intermédiaires. Le PIB est la somme des
valeurs ajoutées sur une période donnée à l’intérieur d’un pays. Le PIB reste une
bonne mesure pour mesurer le niveau de vie. Cependant, la notion de PIB présente
aussi quelques lacunes.

La croissance économique est l’accroissement des richesses produites dans


un pays au cours d’une période. L’augmentation du niveau de vie, la diminution du
chômage et le financement des politiques sociales dépendent de la croissance
économique d’un pays. Néanmoins, la croissance économique est souvent
synonyme d’une augmentation des inégalités et d’une dégradation de
l’environnement.

L’évolution des secteurs d’activité et la croissance liée au « décollage


économique » sont deux théories de développement présentées dans le cadre de ce
cours.

64
Questions de synthèse

1. La production marchande et non marchande

Cochez la case correcte.


Exemple Production Production non
marchande marchande
Un cours d’économie au lycée
Un cours d’économie privé et payant

2. Les quatre phases de l’évolution des secteurs d’activité

Décrivez les quatre étapes de l’évolution des secteurs d’activité en vous


référant au développement du Luxembourg.

65
Chapitre 8 : Les facteurs de production et la productivité

Dans ce chapitre vous allez :

- Apprendre que la production nécessite deux facteurs de production : le travail


et le capital
- Réaliser la nécessité d’une bonne gestion des ressources naturelles
- Différencier entre les types d’investissement
- Distinguer entre production et productivité
- Comprendre le lien entre les facteurs de production et leurs déterminants

Mots-clefs :

- Facteurs de production
- Capital humain
- Capital fixe / capital circulant
- Investissement matériel / investissement immatériel
- Ressources naturelles renouvelables / non renouvelables
- Productivité du travail / productivité du capital

1. Les facteurs de production

Pour transformer les ressources naturelles en produits semi-finis et finis,


l’entreprise a besoin de deux facteurs de production : le travail et le capital. Ces
facteurs, encore appelés inputs, sont les vrais créateurs de richesse. Le travail
humain et le capital technique doivent être combinés entre eux, dans des
proportions variables selon l’époque et le lieu. La main n’est pas capable de produire
sans outil et l’outil ne sert à rien sans intervention humaine.

Le travail

Définition : Le travail est une activité rémunérée. Il correspond à l’ensemble


des activités physiques et intellectuelles en vue de produire des biens et services.

66
La dimension quantitative du travail :

La quantité offerte de travail dépend de deux facteurs :


- La population active. La population active est l’ensemble des résidents qui
travaillent ou qui cherchent un travail. Il s’agit donc de la population active
occupée et des chômeurs. Rappelons que les frontaliers ne sont pas
considérés dans ces calculs. De façon schématique :

Population totale

Population active Population inactive :


enfants, élèves, personnes aux
foyers, retraités, etc.

Population active occupée Chômeurs

- La durée de travail. Au Luxembourg, le législateur prévoit une durée moyenne


hebdomadaire de 40 heures. Cependant, de nombreuses dérogations
existent. D’autre part, le travail à temps partiel devient plus fréquent.

La dimension qualitative du travail :

La démocratisation de l’enseignement (au sens d’accessibilité à tous) ainsi


que la prolongation de la scolarité se traduisent par une amélioration des
compétences humaines et donc de la qualité du travail. Ainsi, le nombre de diplômés
sur le marché du travail est un bon indicateur de la qualité du travail. De plus, les

67
formations professionnelles permettent aux salariés d’améliorer et de perfectionner
leur savoir-faire.

Réflexion :

La théorie du capital humain

L’économiste Gary Becker (né en 1930) est un des premiers à souligner


l’importance de la qualité du travail pour expliquer le niveau de vie à l’intérieur d’un
pays. Pour Becker, une personne est constituée de l’ensemble des ressources
humaines dont elle dispose. Le savoir, l’expérience et le talent jouent un rôle aussi
important que l’état physique de la personne. Le concept de capital humain désigne
tous ces aspects. Le capital humain s’acquiert par l’éducation, le sport, une bonne
hygiène de vie, etc. et se préserve notamment par la formation professionnelle et la
médecine préventive. Quel rôle devrait jouer l’école dans la théorie du capital
humain ?

Le capital

En tant que facteur de production, le terme capital désigne les biens de nature
technique qui, associés au travail, permettent la production à l’intérieur d’une
entreprise. Le capital peut être décomposé en capital fixe et en capital circulant :

- Le capital fixe est constitué de biens durables dont la durée d’utilisation


s’étend sur plusieurs cycles de production. Il s’agit des bâtiments, machines,
équipements, outils, matériels de bureau et informatiques etc.
- Le capital circulant est constitué des biens transformés au cours d’un seul
cycle de production. Il s’agit de matières premières, de produits semi-finis, de
l’énergie etc.

Pour disposer d’un outil de production adéquat, l’entreprise doit investir, c’est-
à-dire acquérir de nouveaux biens de production pour maintenir en état ou pour
développer son appareil de production. Nous étudions deux formes d’investissement,
matériel et immatériel, et négligeons pour l’instant les investissements financiers.

68
- L’investissement matériel. Cet investissement se divise en investissement de
renouvellement, afin de remplacer le matériel usé et déclassé, et
l’investissement de capacité, afin d’augmenter les capacités de production.
- L’investissement immatériel. Cet investissement impalpable comprend les
dépenses liées à l’innovation technique (brevets, logiciels, etc.), celles liées à
l’image publique (publicité, sponsoring, etc.) ainsi que celles liées à la
formation du personnel.

Les ressources naturelles

Définition : Au sens large, les ressources naturelles font partie du capital. Il


s’agit de matières premières nécessaires à la production.

Certaines ressources sont renouvelables, comme l’eau potable, le bois ou la


biomasse, à condition que l’on assure une gestion rationnelle et prudente. D’autres
ressources comme l’énergie solaire et éolienne sont en principe illimitées. D’autres
ressources encore, comme le pétrole et les métaux précieux, ne sont pas
renouvelables et leur exploitation pose un défi fondamental pour le futur. La
diminution du stock de ressources naturelles est un des grands enjeux de notre
siècle.

La combinaison des facteurs de production

Pour pouvoir produire, l’entreprise doit combiner les deux facteurs de


production, le travail et le capital. L’entreprise cherche évidemment la combinaison
productive la plus rentable et la moins chère, compte tenu des techniques
disponibles et des prix sur le marché.

Les facteurs de production sont complémentaires si l’entreprise ne peut


augmenter la quantité de capital qu’en augmentant aussi la quantité de travail et vice
versa. Par exemple, une entreprise de taxis doit nécessairement combiner l’achat de
nouveaux taxis, investissement de capacité et non de renouvellement, avec
l’embauche de nouveaux chauffeurs.

69
Les facteurs de production sont substituables si l’entreprise peut remplacer un
facteur de production par un autre. Dans le secteur industriel, comme celui de
l’automobile ou de la sidérurgie, le travail humain est de plus en plus remplacé par
l’automatisation et la robotisation. On parle de la substitution du facteur travail par le
facteur capital.

2. La productivité

La productivité et la production sont deux notions liées. Cependant, ce ne sont


pas des termes synonymes.

La notion de productivité

La productivité mesure l’efficacité avec laquelle le travail et le capital sont


utilisés. Elle est égale au rapport entre la production totale (output), mesurée en
quantités physiques, et la quantité de facteurs utilisés (input), elle aussi mesurée en
quantités physiques.

- La productivité du travail est la notion la plus souvent utilisée. Elle mesure le


rapport entre la production et le travail utilisé. On peut distinguer :
-

Productivité par tête = Quantité produite / Effectif salarié

Productivité par heure = Valeur ajoutée / Nombre d’heures travaillées

- La productivité du capital mesure le rapport entre la production et le capital


fixe utilisé.

Productivité du capital = Quantité produite / Nombre de machines utilisées

70
Réflexion :

Pour beaucoup de personnes, la compétitivité est synonyme de productivité.


Les pays les plus compétitifs seraient aussi ceux avec les productivités les plus
élevées. Pourtant, cette affirmation est fausse. En effet, tout dépend de la
rémunération des facteurs de production. Prenons l’exemple de la Chine, sans doute
un des pays les plus compétitifs dans le secteur secondaire : La Chine domine
actuellement le marché des jouets, des textiles, des chaussures, etc. Pourtant, les
salariés chinois ne sont pas plus productifs que les salariés européens. 12 Les
Chinois sont pour l’instant très compétitifs parce que la rémunération moyenne du
travail, le salaire moyen, n’est qu’une fraction du salaire européen moyen. Avec des
salaires peu élevés, l’économie chinoise reste dans certains domaines la plus
compétitive malgré une productivité moins élevée.

Les déterminants de la productivité

La notion de productivité explique en partie les différences de niveaux de vie à


travers le monde. En général, les sociétés avec une productivité élevée profitent
aussi d’un niveau de vie élevé. Mais quels sont les déterminants de la productivité ?

- L’investissement. L’appareil de production dont dispose une économie


aujourd’hui est la somme des investissements pratiqués par le passé. Pour
augmenter leur capital technique, les entreprises doivent investir. Les
investissements d’aujourd’hui garantissent donc la production de demain. La
stabilité des prix et des taux d’intérêt sont des facteurs qui influencent
positivement l’investissement et ainsi le niveau de vie de demain.

- L’éducation. L’éducation et la formation professionnelle permettent aux salariés


un accroissement de leur productivité. La recherche permet le progrès technique.
L’investissement en capital humain est donc un deuxième facteur déterminant
pour augmenter la productivité et ainsi le niveau de vie.

12
www.senat.fr/rap/r06-189/r06-1899.html , 1/2008

71
Les conséquences de l’augmentation de la productivité

Les gains de productivité dus au progrès technique sont partagés par


l’ensemble de la société, mais dans des proportions variables :

- Une hausse de la productivité permet d’augmenter les salaires. Cet


accroissement de la rémunération stimule la demande des ménages et profite
ainsi à l’ensemble de l’économie.

- Les gains de productivité permettent une hausse des profits. Une partie de ces
profits ne sera pas distribuée aux propriétaires mais réinvestie dans l’entreprise
qui pratique alors ce qu’on appelle l’autofinancement.

- L’augmentation de la compétitivité permet une baisse des prix. Cette baisse des
prix a le même effet que l’augmentation des salaires, à savoir une élévation du
niveau de vie. En outre, les entreprises améliorent ainsi leur compétitivité.

- La croissance économique liée à l’augmentation des salaires et à la hausse de la


consommation entraîne une augmentation des recettes de l’Etat. Comme les
prélèvements étatiques permettent le financement du secteur public, la société en
général profite des gains de productivité.

Cependant, pour que l’ensemble de la société puisse profiter des gains de


productivité, il faut que ces gains soient partagés de manière équitable entre tous les
acteurs économiques impliqués. Ce partage est souvent difficile à réaliser. La
question à se poser est la suivante : « Quelle est la juste part qui revient aux salariés,
à l’entreprise, à l’Etat ? »

72
Synthèse

Il existe deux facteurs de production :


a. le travail
Le travail présente :
- une dimension quantitative
- une dimension qualitative
b. le capital
Le capital se divise :
- en capital fixe
- en capital circulant

La combinaison du travail et du capital et l’utilisation de ressources naturelles


permet la production de biens et de services.

La productivité mesure l’efficacité avec laquelle les facteurs de production sont


utilisés. L’investissement et l’éducation sont les facteurs déterminants de la
productivité. Les gains de productivité profitent en général à tout le monde, mais
dans des proportions variables.

Questions de synthèse

1. Les facteurs de production

Complétez le texte suivant.

« Il existe deux facteurs de production, le _________ et le _________. Ces


facteurs sont encore appelés _________. Le premier facteur de production connaît
une dimension _________ qui dépend de la _________ _________ et de la
_________ ____ _________ et une dimension _________. Le deuxième facteur de
production se divise en _________ _________ et en _________ _________. Pour
disposer de ce facteur de production, l’entreprise doit _________. Nous distinguons
entre _________ _________ et _________ _________. »

73
2. La population active

Vrai ou faux ? Justifiez votre réponse en cas de désaccord avec l’affirmation.

Affirmation Vrai ou faux Justification


« La population active est
définie comme l’ensemble des
personnes qui travaillent. »
« Les étudiants appartiennent à
la population active. »
« Les retraités appartiennent à
la population inactive parce
qu’ils ne sont plus présents sur
le marché du travail. »

3. Le capital

Cochez la case correcte.


Capital fixe Capital circulant
Véhicules
Matières premières
Terrains
Brevets ou licences
Fournitures

4. La combinaison des facteurs de production

Expliquez la différence entre facteurs de production complémentaires et


substituables. Donnez des exemples.

74
5. La mesure de la productivité

Une entreprise compte 100 ouvriers et 20 machines. La durée de travail est


de 40 heures par semaine. La production mensuelle est de 10 000 pièces. Calculez
la productivité du travail et la productivité du capital.

6. Les déterminants de la productivité

Énumérez les trois déterminants de la productivité.

7. Les conséquences de l’augmentation de la productivité

a. Expliquez les quatre conséquences d’une hausse de


productivité.
b. Reprenez les données de la question 5 ci-dessus et imaginez
que la production augmente de 10 % à facteurs de production
constants, grâce à une meilleure organisation du travail.
Supposons en outre que le salaire horaire initial soit de 20 € et
le prix de vente initial de 12 €/pièce. On fait abstraction du
capital technique.

- Calculez l’augmentation du profit qui résulte de cette hausse


de la productivité (à salaires et prix constants).
- Si on augmente les salaires de 5%, de combien de % peut-
on baisser le prix de vente (à profit constant) ?
- Si on partageait équitablement les gains de productivité entre
entreprise, salariés et consommateurs, quelle serait la part
de chacun ?

75
Chapitre 9 : La répartition de la valeur ajoutée et la redistribution

Dans ce chapitre vous allez :

- Étudier comment la valeur ajoutée est répartie entre les différents agents
économiques
- Prendre conscience des principaux facteurs d’inégalités
- Apprendre les notions de redistribution verticale et horizontale
- Différencier entre impôt direct et indirect
- Réaliser que les effets sociaux de la redistribution sont multiples et comprendre
que les effets économiques restent controversés

Mots-clefs :

- Inégalités
- Redistribution verticale / redistribution horizontale
- Impôts directs / impôts indirects
- Revenu Minimal Garanti (RMG)
- Égalité des chances

1. La répartition de la valeur ajoutée

Rappel : La valeur ajoutée représente la richesse créée par l’entreprise. Pour


connaître la valeur ajoutée d’une entreprise, il suffit de calculer la différence entre le
chiffre d’affaires et les consommations intermédiaires. Le PIB est la somme des
valeurs ajoutées de toutes les entreprises sur un territoire.

Le partage de la valeur ajoutée

La richesse créée est répartie entre les agents économiques :

76
- Les salariés ont droit au salaire en contrepartie de leur travail fourni. Le salaire
brut se compose du salaire net, des impôts et des charges sociales salariales.
Ces charges sociales comprennent les cotisations pour la caisse de maladie, la
caisse de pension et l’assurance dépendance.

- L’entreprise garde une partie des profits réalisés pour permettre son
autofinancement et distribue l’autre partie à ses propriétaires ou associés. Dans
une société anonyme, les associés sont appelés actionnaires et les profits
distribués sont les dividendes. Il s’agit d’une rémunération du capital financier
apporté par les actionnaires. Les revenus du capital sont également imposables.

- Les banques ont droit aux intérêts dus sur les sommes qu’elles ont prêté aux
entreprises et qui n’ont pas encore été remboursées. Les banques doivent
évidemment aussi payer des impôts sur leur profit.

- L’Etat réclame une partie de la valeur ajoutée sous forme d’impôt sur le profit de
l’entreprise. De plus, les entreprises doivent payer certaines taxes et elles se
partagent le coût des charges sociales avec les salariés. (Les charges sociales
patronales sont payées par l’entreprise et les charges sociales salariales par les
salariés). Les recettes de l’imposition des banques et des ménages, qui sont liées
à la valeur ajoutée créée par les entreprises, reviennent évidemment aussi à
l’Etat.

Le partage de la valeur ajoutée est schématisé de la manière suivante :

Répartition de la valeur ajoutée

Salaires versés Profits non Profits Intérêts versés Recettes


aux salariés distribués pour distribués aux aux banques fiscales versées
l’entreprise associés à l’Etat

77
Les inégalités sociales

Malgré l’engagement des syndicats, les inégalités dans le monde du travail


persistent. Elles s’expliquent par de nombreux facteurs :

- Le sexe. Les femmes gagnent en moyenne moins que les hommes. Le principe
« à travail égal, salaire égal » n’est pas toujours appliqué.

- L’âge. Malgré des niveaux de productivité souvent identiques, les salariés plus
jeunes gagnent en moyenne moins que leurs homologues plus âgés. Cette
différence de salaire peut être justifiée par les différences entre niveaux
d’expérience professionnelle et de savoir-faire.

- La politique salariale des entreprises. Certaines entreprises versent des


rémunérations très voire trop élevées à leurs dirigeants, même quand les
résultats de l’entreprise ne sont pas satisfaisants. Le terme de parachute doré est
utilisé lorsque l’entreprise paie une indemnité de départ importante à ses
dirigeants. Ces indemnités s’élèvent parfois à quelques années de salaire et
semblent inappropriées.

- Le risque de chômage. Certains salariés sont exposés à un risque de chômage


plus élevé que d’autres. C’est le cas pour les femmes et pour les jeunes et tout
particulièrement pour tous les salariés avec peu de qualifications
professionnelles.

A côté du monde du travail, d’autres inégalités creusent encore le fossé entre


le niveau de vie des ménages riches et pauvres :

- Le niveau du patrimoine. Certains ménages disposent, souvent par héritage, d’un


patrimoine plus important que d’autres. Généralement ce patrimoine, qu’il soit
immobilier ou financier, produit des revenus supplémentaires sous forme de
loyers et d’intérêts ou dividendes. Ainsi, le fossé entre riches et pauvres se
creuse davantage.

- Le niveau d’éducation. Même si l’éducation est gratuite et accessible à tous, les


élèves provenant d’un milieu social moins favorisé rencontrent plus de difficultés

78
à l’école que les élèves provenant d’un milieu social plus aisé. Le taux de réussite
scolaire et le niveau de formation sont donc fonction entre autres de l’origine
sociale des élèves. Or le niveau du diplôme détermine très souvent le type
d’emploi et donc le niveau de salaire.

2. La redistribution

Compte tenu de toutes les inégalités existantes, l’intervention de l’Etat est


nécessaire afin d’aider les plus démunis pour éviter une société trop inégalitaire et
maintenir la cohésion sociale. L’Etat organise donc des transferts d’argent entre les
différents ménages. Les économistes parlent alors de la fonction de redistribution
des revenus de l’Etat.

Les principes de la redistribution

La redistribution se base sur deux piliers :

- La redistribution verticale. Il s’agit de la redistribution entre les différentes couches


sociales. Selon les idéaux de justice sociale et de solidarité, cette redistribution se
fait du haut vers le bas, des couches sociales plus favorisées vers les couches
sociales moins favorisées, grâce au système fiscal. Le but de la redistribution
verticale est de réduire les inégalités de revenu.

Comme les ménages riches gagnent et consomment plus que les ménages
pauvres, leur capacité contributive, c.-à-d. leur capacité é contribuer aux recettes
de l’Etat, est aussi plus importante. L’impôt progressif, à taux d’impôt croissant
par tranche de revenu, accentue encore davantage le système de redistribution
verticale.

Réflexion :

Impôts directs ou indirects ?

Comme le nom l’indique déjà, les impôts directs frappent directement le


revenu. Exemple : L’impôt sur les personnes physiques. Cet impôt est progressif.
L’impôt indirect n’est pas directement perçu sur le revenu. Exemple : L’impôt sur la

79
consommation, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Cet impôt est à taux fixe, en règle
générale 15%.

Malgré le fait que le premier est un impôt progressif et le deuxième un impôt à


taux fixe, les deux constituent de bons outils pour permettre la redistribution. Comme
les riches consomment en général plus que les pauvres, même un taux fixe permet
de collecter plus d’argent des ménages aisés que des ménages moins aisés.
Cependant, les économistes restent divisés sur le point suivant : Faut-il imposer
davantage le revenu ou davantage la consommation ?

L’impôt sur le revenu a comme avantage que le taux progressif permet de


taxer plus lourdement les ménages à revenu élevé.

Comme l’impôt sur la consommation est à taux fixe, les ménages moins
favorisés sont taxés au même taux que les ménages plus favorisés. Néanmoins, la
différenciation des biens et services selon leur nécessité permet de diminuer la TVA
sur les biens et services de première nécessité. Ainsi, le taux de TVA sur les
aliments est moins élevé (3%) que sur les vêtements (15%).

- La redistribution horizontale. Il s’agit de la redistribution à l’intérieur d’une même


catégorie sociale, par exemple les salariés. Elle n’a donc pas comme objectif de
diminuer les inégalités sociales, mais veut simplement assurer la solidarité des
membres d’une catégorie sociale en couvrant certains risques. L’assurance
maladie et l’assurance vieillesse sont les deux exemples les plus connus de ce
type de redistribution. Ces assurances sociales protègent les salariés contre les
aléas et les risques de la vie (maladie, accident) et contre l’absence de revenu en
cas de mise à la retraite.

L’effet social de la redistribution

Le système de la redistribution vise plusieurs objectifs :

- La réduction des inégalités. La redistribution verticale permet de limiter le fossé


entre riches et pauvres. Les inégalités diminuent ou sont maintenues à un niveau

80
politiquement acceptable pour la société. L’Etat évite ainsi une « société à deux
vitesses » et des conflits politiques et sociaux éventuels.

- Le renforcement de la solidarité. La redistribution horizontale garantit aux salariés


un système de protection mutualiste. Les assurances sociales réunissent un
grand nombre de membres et renforcent la solidarité.

- La garantie d’un revenu. Le Revenu Minimum Garanti (RMG) permet aux moins
favorisés d’éviter l’exclusion de la société. En effet, des problèmes tels que la
maladie ou l’éclatement de la cellule familiale peuvent suffire à pousser des
individus dans la pauvreté. Le RMG devrait alors fonctionner comme filet de
sécurité afin de pouvoir éviter les situations de précarité.

- La promotion de l’égalité des chances. La réussite professionnelle et sociale


dépend de nombreux facteurs individuels tels que la motivation et la
détermination. Cependant, la redistribution devrait permettre à tous les citoyens
de disposer, au départ, des mêmes chances de réussite.

Synthèse

La valeur ajoutée est partagée entre différents acteurs économiques. Les


salariés, les associés, les banques et l’Etat profitent de la distribution de la richesse
créée. L’entreprise garde une partie pour son autofinancement.

Les facteurs principaux d’inégalités dans le monde du travail sont le sexe et


l’âge du salarié ainsi que son niveau de formation scolaire et professionnelle.
D’autres facteurs d’inégalités sont le patrimoine et l’origine sociale des individus.

La redistribution vise à limiter ces inégalités. Nous distinguons la


redistribution verticale de la redistribution horizontale. Leurs objectifs ne sont pas les
mêmes.

81
Questions de synthèse

1. La répartition de la valeur ajoutée

Complétez le tableau suivant.


Agent économique Valeur ajoutée reçue
Salaires
Entreprise
Profits distribués
Banque
Taxes et impôts

2. Les redistributions verticale et horizontale

Vrai ou faux ? Justifiez votre réponse en cas de désaccord avec l’affirmation.

Affirmation Vrai ou faux Justification


« La redistribution
horizontale est synonyme de
partage entre les différentes
catégories sociales. »
« La TVA est un impôt
progressif. »

« La redistribution
horizontale veut promouvoir
la solidarité à l’intérieur d’une
même catégorie sociale. »

82
Bibliographie

Livres

- Beitone A., Dollo C., Guidoni J.-P., Legardez A., 1995, Dictionnaire des
sciences économiques, Cursus, ISBN 2-200-21633-5
- Bouvier A., Gabillet M., Lafleur D., 2002, Economie Première STT, page 38,
Nathan Technique, ISBN 2-09-179227-6
- Brémond J., Couet J.-F., Salort M.-M., 1998, Dictionnaire de l’essentiel en
économie, Éditions Liris, 2-909420-30-2
- Cahuc P., Zylberberg A., 2001, Le marché du travail, De Boeck Université,
ISBN 2-8041-3710-4
- Greenspan A., 2007, Mein Leben für die Wirtschaft, Campus, ISBN 9-783-
593-38409-2
- Hastert A., Hauer F., Hauffels C., Havé J.-C., Kails P., de Toffoli C., Trausch
G., 2001, Economie, l’essentiel, MENFP, ISBN 2-495-054072
- Krugman P., Obstfeld M., 2003, International Economics : Theory and Policy,
Addison Wesley, ISBN 0-321-11639-9
- Latapie M., Planté J., Schneider P., 2005, Économie Première STG,
Delagrave, ISBN 2-206-08768-5
- Lémot E., Pavaux N., 2003, Économie Droit, Hachette Technique, ISBN 2-01-
16-8770-5
- Mankiw G., 1998, Principes de l’Économie, Economica, ISBN 2-7178-3535-0
- Mayeur A., Saraf J., Vanhove P., Voirin G., 2005, Économie 1re STG, Nathan
Technique, ISBN 2-09-179588-7
- Musolino M., 2007, L’Économie pour les Nuls, Éditions First, ISBN 978-2-
7540-0321-6
- Stiglitz J., 2003, Principes d’économie moderne, De Boeck, ISBN 2-8041-
1791-X
- Varian H., 2001, Introduction à la microéconomie, De Boeck Université, ISBN
2-7445-0101-8

83
Sites Internet

- www.bofferding.lu
- www.businessplan.lu
- www.fidomes.com
- www.impotsdirects.public.lu
- www.lexpress.fr
- www.oecd.org
- www.senat.fr
- www.spiegel.de
- www.statec.lu
- www.statistiques.public.lu
- www.undp.org
- www.votreargent.fr
- www.wikipedia.fr

Cours, brochures, présentations et graphiques

- Schmit F., Initiation à l’Économie, Classe de 4e, Enseignement Secondaire


Classique
- Le Luxembourg en chiffres 2007, 9/2007, Statec Luxembourg, ISSN 1019-
6471, www.statec.lu
- Theves T., Wagner P., Luxembourg competing with other locations,
Presentation ISU Strasbourg, 8/2006
- Graphiques du 4e chapitre réalisés par Joëlle Wagner

84
Méthodologie

Comment lire un texte ?13

Pendant les prochaines années scolaires, vous serez amenés à lire un grand nombre
de textes économiques. Il est essentiel d’en tirer les bonnes informations. De même,
vous devez aussi souvent répondre à des questions liées à ces textes. Pour exploiter
correctement un texte (un article de presse, une loi, un manuel scolaire, etc.), il est
important de respecter trois étapes :

1re étape : examiner l’environnement du texte

- Lire le titre.
- Chercher la date de parution et l’auteur.

Cette étape semble banale, mais elle est essentielle. La date permet de vous situer
chronologiquement tandis que le nom et la fonction de l’auteur suffisent parfois pour
anticiper le message du texte. Pour ce qui est des articles de presse, il se peut que
l’auteur ne soit pas mentionné, mais que le journal est connu pour exprimer certaines
vues politiques.

2e étape : lire correctement le texte

- Lire le texte de façon attentive.


- Rechercher le sens des mots ou des expressions inconnues.
- Dégager le message principal.

La deuxième étape consiste dans la lecture du texte et l’emploi d’un


dictionnaire. Il ne sert à rien de sauter les termes inconnus tout en voulant quand
même comprendre et analyser le texte. Prenez votre temps et utilisez un dictionnaire.
Après une lecture attentive et une recherche des termes inconnus, vous pouvez
dans la plupart des cas dégager le message principal du texte.

13
Saraf J., Mayeur A., Vanhove P., Voirin G., 2005, Économie 1re STG, page 179, Nathan Technique, ISBN 2-
09-179588-7.

85
3e étape : analyser le texte

- Relire le texte tout en ayant en tête les questions posées.


- Souligner les passages importants et les mots-clefs.
- Regrouper les idées de l’auteur.

Après avoir examiné les questions liées au texte, vous relisez ce-dernier tout en
soulignant les passages importants pour vos réponses. Il peut être utile de travailler
avec des couleurs, par exemple pour regrouper les avantages/désavantages,
causes/conséquences, etc. mentionnés par l’auteur.

Une fois ces trois étapes terminées, vous pouvez répondre aux questions.

Comment calculer des pourcentages ? 14

Un pourcentage est une grandeur relative : il permet de mesurer l’importance d’une


partie dans un ensemble. Les pourcentages ne sont que des fractions :

1
- 1% = = 0,01 ;
100
2
- 2% = = 0,02 ; etc.
100

Pour calculer la valeur relative d’une partie dans un ensemble, il suffit d’effectuer
l’opération suivante :

valeur d'une partie


valeur de l'ensemble

Exemple : Une famille comporte cinq enfants, dont deux filles. Calculez le
pourcentage de filles dans cette famille.

2 40
Solution : = 0,4 = = 40%
5 100

14
Bouvier A., Gabillet M., Lafleur D., 2002, Économie Première STT, page 233, Nathan Technique, ISBN 2-09-
179227-6

86
Les pièges à éviter 15 :

- Ne vous laissez pas perturber par des termes synonymes. Les pourcentages
sont parfois aussi appelés taux (taux de chômage, taux de croissance, taux de
participation, etc.), parts (part de marché) ou coefficients (coefficient
budgétaire).

- Ne confondez pas ralentissement de l’augmentation et diminution. Par


exemple, si le taux de croissance de la population est de 6% en 2007 et de
3% en 2008, il s’agit d’un ralentissement de l’augmentation et non pas d’une
diminution de la population.

- Les variations en pourcentages ne sont pas symétriques. Par exemple, une


baisse des prix d’un pourcentage donné ne peut pas être compensée par une
hausse des prix de ce même pourcentage.
Application : un commerçant vend un produit à 100€. Après une baisse du prix
de 50%, le produit ne vaut plus que 50€. Ensuite, après une hausse du prix de
50%, le produit vaut 75€ et non pas 100€.

- Dans la même logique, les variations en pourcentages ne se laissent pas


additionner. Par exemple, une baisse des prix de 30% suivie d’une nouvelle
baisse de 30% ne correspond pas à une baisse de 60%.

Comment analyser un tableau ? 16

Les informations chiffrées jouent un rôle important en économie. Elles sont souvent
exposées sous forme de tableaux. Cette méthode de présentation permet à la fois
une bonne compréhension du phénomène analysé et des comparaisons faciles.
Deux étapes sont nécessaires pour extraire les informations essentielles d’un
tableau :

15
Brémond J., Couet J., Salort M., 2004, Sciences économiques et sociales 2e, page 179, Belin, ISBN 2-7011-
3758-6.
16
Vinard P., Latapie M., Planté J., Schneider P., 2005, Économie Première STG, page 187, Delagrave, ISBN 2-
206-08768-5

87
1re étape : examiner l’environnement du tableau

Le titre et la date cadrent le phénomène étudié en précisant le champ représenté. La


source indique le journal, le livre, l’institut, etc. à l’origine du document. Comme tout
autre document utilisé, le tableau doit présenter une source.

2e étape : analyser correctement le tableau

- Identifier les lignes et les colonnes.


- Déterminer le nombre de critères d’analyse.
- Travailler avec l’intersection des lignes et des colonnes.

Application 17 :

17
Le Luxembourg en chiffres 2007, 9/2007, Statec Luxembourg, ISSN 1019-6471, www.statec.lu

88
La 1re étape permet de nous situer. Le titre nous renseigne sur le phénomène étudié.
Il s’agit d’une comparaison internationale dans la société de l’information. Le tableau
date de 2007. Il a été élaboré par le Statec.

La 2e étape permet d’entrer dans les détails. Les différents pays de l’Union
européenne constituent les lignes du tableau. La première ligne montre la moyenne
de l’U.E. des 25. Le tableau comporte 4 critères d’analyse, donc dans ce cas 4
colonnes. Travaillant avec l’intersection des lignes et des colonnes, nous pouvons
affirmer qu’en 2006, 70% des ménages luxembourgeois étaient connectés à Internet.
Une comparaison avec les autres pays nous positionne parmi les premiers (4e place)
pour ce qui est de ce critère.

Comment exploiter un graphique ?

Un graphique reprend des données chiffrées pour les présenter de manière visuelle.
A l’aide d’un graphique, l’utilisateur peut déduire des fortes tendances sans devoir
lire, ni retenir toutes les données chiffrées. Les graphiques peuvent tromper l’œil. Ils
doivent donc être interprétés avec prudence. Deux étapes s’imposent :

1re étape : examiner l’environnement du graphique

Le titre et la date permettent de bien situer les données analysées. La source indique
le journal, le livre, l’institut, etc. à l’origine du document. Comme tout autre document
utilisé, le graphique doit présenter une source.

2e étape : exploiter correctement le graphique

- Repérer le type de graphique.


- Trouver les unités utilisées.

Nous distinguons une multitude de graphiques. Parmi les plus utilisés figurent les
diagrammes en bâtons, les diagrammes circulaires encore appelés « camemberts »
(souvent en %) et les courbes.

89
Il faut que les unités soient rigoureusement précisées. Le titre et les axes renseignent
sur les unités.

Application : un professeur a corrigé 20 devoirs. Le tableau suivant récapitule les


résultats obtenus :
60-50 points 5 élèves
40-49 points 4 élèves
30-39 points 7 élèves
20-29 points 4 élèves

Le professeur peut maintenant présenter ces résultats de manière visuelle :

Diagramme en bâtons

Répartition des notes (en chiffres absolus)

8
7
Nombre d'élèves

6
5
4
3
2
1
0
50-60 points 40-49 points 30-39 points 20-29 points
Points

Diagramme circulaire

Répartition des notes (en chiffres relatifs)

20%
25%

50-60 points
40-49 points
30-39 points
20-29 points

20%
35%

90
Textes et applications

Première partie : Un premier aperçu

Chapitre 1: La rareté, les besoins et les biens économiques

1. Euro : des consommateurs méfiants 18

Euro : des consommateurs méfiants

Le grand marché couronné par l'euro devait profiter au consommateur ; la


ménagère européenne ne semble pas s'en être aperçu. En intensifiant la
concurrence entre producteurs européens, la monnaie unique promettait en
effet des baisses de prix et donc des gains de pouvoir d'achat.
Malheureusement, depuis que l'euro est dans nos poches (1er janvier 2002),
les consommateurs perçoivent une nette accélération des prix, qui n'est
étrangement pas enregistrée par les indices calculés par les offices
statistiques. C'est que " les prix qui augmentent le plus sont ceux des biens et
des services de consommation courante, dont l'achat est le plus fréquent. On
achète plus rarement des biens durables ", explique Agnès Benassy-Quéré.
Or, c'est cette seconde catégorie de biens dont les prix baissent sous la
pression de la concurrence internationale. La perception déformée des prix
résulte sans doute aussi de la stagnation des salaires réels en Europe depuis
l'arrivée de l'euro dans nos porte-monnaie.

a. Commentez l’évolution des prix pour les biens durables et pour les biens non
durables.
b. Donnez deux exemples de biens durables qui ont connu des baisses de prix.

18
Alternatives économiques, numéro 239, 09/2005

91
2. La valeur de l’art 19

[…] L'oeuvre d'art, unique et originale, se distingue des biens


marchands reproductibles. La rareté fonde à la fois sa valeur artistique
et sa valeur économique. Le degré de rareté des oeuvres segmente
différents marchés de l'art.[…]

" Un jour viendra, écrivait Vincent Van Gogh à son frère Théo, où
l'on verra que cela vaut plus que le prix de la couleur. " Un siècle plus
tard, en 1990, son Portrait du docteur Gachet partait en vente
publique à 82,5 millions de dollars. […]

Aujourd'hui encore, bien des tableaux se vendent sur la base de


leur coût de production. C'est le cas des oeuvres destinées à
répondre à la demande décorative d'un large public, généralement
peu versé en histoire de l'art. Ici, le prix dépend au premier chef de la
taille de la toile et de la durée de travail requise. La signature ne
compte guère. L'artiste se rapproche de l'artisan, dans la valorisation
économique du travail, comme dans les qualités attendues du produit
(un tableau " bien peint " comme on dit). […] L'offre y est abondante
et les tableaux sont considérés comme relativement
interchangeables. Ce marché se rapproche donc des conditions
concurrentielles " normales ". […]

a. Expliquez la phrase suivante :


« Le degré de rareté des oeuvres segmente différents marchés de l'art. »
b. Décrivez le marché des tableaux qui se vendent à leur prix de production.

19
Alternatives économiques, numéro 220, 12/2003

92
3. Consommation : une distinction bien dissimulée 20

[…] Le développement économique qu'a connu la France depuis


près d'un demi-siècle a entraîné une hausse considérable de la
consommation des ménages. Entre 1959 et 1994, le pouvoir d'achat a
été multiplié par 3,3. Les Français consomment donc plus, mais aussi
autrement. Certaines dépenses ont pris une place importante (la
santé, le logement), tandis que d'autres ont vu leur part reculer dans le
budget des ménages (l'alimentation).

En théorie, les ménages satisfont d'abord leurs besoins primaires,


puis les besoins moins essentiels, et ainsi de suite, jusqu'au superflu.
C'est dans cet esprit que le statisticien Ernst Engel a formulé au
siècle dernier des lois statistiques censées mettre en évidence la
hiérarchie des besoins des consommateurs. La plus célèbre de ces
lois énonce que la part des dépenses d'alimentation recule lorsque le
revenu s'accroît. […]

La justification de l'énoncé d'Engel est intuitive : chaque individu ne


possède qu'un estomac et il ne peut donc accroître indéfiniment les
quantités qu'il ingère. C'est pourquoi, quand ses ressources
augmentent, il consacre de préférence son surplus de revenu à
d'autres postes. Ce phénomène de saturation ne s'observe pas
seulement pour l'alimentation, mais aussi dans d'autres domaines
comme l'habillement ou l'électroménager. […]

a. Comment s’appellent les besoins que les ménages satisfont d’abord ?


b. Donnez des exemples de besoins primaires et de besoins secondaires dans le
domaine de l’électroménager.

20
Alternatives économiques, numéro 164, 11/198

93
Chapitre 2 : Les acteurs économiques et le circuit économique

1. Les services financiers 21

a. Analysez l’évolution du résultat net après impôts. Que remarquez-vous ?


b. Comparez ces augmentations du résultat avec le nombre de personnes
occupées. Que constatez-vous ?

21
Le Luxembourg en chiffres 2007, STATEC

94
2. La stabilité des prix : Pourquoi est-elle importante pour vous ? 22

22
www.ecb.int

95
a. Expliquez les deux avantages économiques principaux de la stabilité des prix.
b. Les aspects sociaux de la stabilité des prix :
Pourquoi est-ce que ce sont généralement « les groupes les plus vulnérables
de la société » qui souffrent le plus de l’inflation ?

96
Chapitre 3 : L’offre et la demande

1. Gute Verkäufer müssen wie gute Liebhaber sein 23

"Gute Verkäufer müssen wie gute Liebhaber sein"

Warum geht bei Beratung und Service so viel schief? Vielleicht, weil Verkäufer ihre Kunden nicht

richtig lieb haben, meint der Schweizer Vertriebstrainer Daniel Zanetti. Im Interview erklärt er,

warum Nähzeug, Handyaufladegeräte und zwei Kilo Orangen den Unterschied machen. [...]

Sie bringen Dienstleistern bei, ihre Kunden nicht einfach nur nett zu behandeln, sondern zu

"verblüffen". Was meinen Sie damit?

Im Wesentlichen geht es darum, mit wenig Aufwand eine große, nachhaltige Wirkung zu erzielen. Dafür

muss ich mir überlegen: Wie kann ich die Erwartungshaltung meines Kunden übertreffen? Das ist nicht

schwer, denn Kunden erwarten aus Erfahrung erst mal nichts Außergewöhnliches.

Und wie funktioniert diese Verblüffung konkret?

Ich gebe Ihnen mal ein Beispiel: Wenn Dienstleister einem Kunden absagen müssen, dann sollten sie das

mit einer besonderen Aktion wieder wettmachen. Ich empfehle ein handgeschriebenes Kärtchen, dazu ein
schöner Kompass in einer Schachtel. Auf dem Kärtchen steht: "Liebe Frau Müller, vielen Dank, dass Sie bei

uns angefragt haben. Leider hat es dieses Mal nicht geklappt. Damit Sie immer den Weg zu uns

zurückfinden, schenken wir Ihnen diesen Kompass." Da merken Sie als Kunde: Es war diesem

Unternehmen nicht egal, ob Sie Kunde werden oder nicht. [...]

Erwartet ernsthaft jemand Glücksgefühle beim Einkaufen?

Wir sind heute in den Unternehmen auch dazu da, Streicheleinheiten an die Kunden zu verteilen,
Zärtlichkeiten zu geben. Viele Menschen werden zu Hause nicht mehr in den Arm genommen. Die sehnen

sich nach einem tollen, warmen, emotionalen Erlebnis. Das kann ihnen auch eine Verkäuferin geben, die

sich so liebevoll um sie kümmert wie um den wichtigsten Kunden der Welt.
Solche Erlebnisse kosten Geld - Sie erwähnten vorhin den Kompass. Können sich kleinere

Unternehmen solche Aktionen überhaupt leisten?

Ich könnte Ihnen Dutzende von Beispielen geben, die nichts kosten, die rein mit dem Verhalten zu tun

haben. Ich habe früher als Kellner gearbeitet, und wenn ich zwischendurch ein bisschen Zeit hatte, habe ich

geschaut, bei welchen Mänteln an der Garderobe der Aufhänger abgerissen war. Den habe ich dann schnell

angenäht. Sie glauben ja nicht, was die Leute an Trinkgeld geben, wenn sie das entdecken. Sechs Monate

später erinnern sie sich nicht mehr an das 420-Euro-Essen zu zweit, sondern nur noch an den Kellner, der

ihnen den Mantel genäht hat. Was sagt Ihnen das? Als Dienstleister sind Sie in erster Linie

Wohlfühlmanager. [...]

Mit Daniel Zanetti sprach Britta Domke, Redakteurin des Harvard Businessmanagers.

23
www.spiegel.de , 28/12/2007

97
a. Monsieur Zanetti conseille aux vendeurs de se différencier de la concurrence
en offrant un service de qualité parfaite. Quelles sont les petites astuces
citées ?
b. Si vous étiez serveur dans un restaurant, quels seraient vos atouts pour
stimuler la demande ?

2. Le pétrole en Afrique 24

Le pétrole en Afrique

Les pays africains deviennent de plus en plus des pays producteurs de pétrole.
Le constat est surtout avéré pour plusieurs pays du Golfe de Guinée, grâce aux
avancées technologiques qui permettent l'exploitation de gisements dans
l’offshore profond. Bien qu'elle ne représente que 4,8 % des réserves mondiales
de pétrole et 6,2 % de la production, la région apporte les barils " marginaux "
qui contribuent d'autant plus à influencer les cours mondiaux que l'offre est
tendue.[…]

a. Expliquez le terme « offshore ».


b. Décrivez l’effet de la production africaine sur les cours mondiaux du pétrole ?

24
Alternatives économiques, numéro 249, 07/2006

98
3. Les prix : ni plus ni moins 25

a. Léon Walras a décrit le prix du blé comme un fait qui a « le caractère d’un fait
naturel. ». Expliquez.
b. Pourquoi l’acheteur rêve-t-il du prix du pétrole d’hier et le vendeur du prix du
pétrole de demain ?

25
Musolino M., 2007, L’économie pour les nuls, page 113, Editions First, ISBN 978-2-7540-0321-6

99
Chapitre 4 : Le fonctionnement du marché

1. Matières premières : l’échec de la stabilisation des cours 26

Matières premières : l’échec de la stabilisation des cours

[…]Les énormes fluctuations des cours des matières premières s'expliquent


par la structure de ces marchés, mais elles nuisent au développement des
pays producteurs. D'où les tentatives pour stabiliser les prix.

Avec une cotation oscillant entre 0,05 et 0,11 dollars, la livre de sucre n'a guère
cessé de jouer au Yo-yo entre 1999 et 2005. Cas aberrant ? Pas du tout.
Ferrailles, cuivre, platine, jute, coton, caoutchouc, pétrole…, sont logés à la
même enseigne, celle de l'instabilité des cours. Conséquence pour les pays
producteurs : les revenus s'envolent les années de vaches grasses, mais ils
s'effondrent les années de vaches maigres. Ainsi, en Algérie, les logements
poussent partout quand le prix du baril de pétrole monte, ils s'arrêtent quand il
baisse. Aussi, les efforts ont-ils été nombreux pour tenter de stabiliser ces
énormes fluctuations. Sans succès au bout du compte.

Pourquoi une telle instabilité ? […] La plupart des produits de base sont peu
" élastiques " aux prix : lorsque les cours augmentent, suite à une demande
accrue ou du fait d'une offre insuffisante, il faut du temps pour que la
production s'ajuste à la hausse : le temps d'une nouvelle récolte ou de mettre
en oeuvre de nouveaux investissements. A l'inverse, lorsque les prix baissent,
les producteurs ont du mal à freiner leur production, parfois même ils
l'augmentent pour tenter de maintenir leurs recettes. Un puits de pétrole, par
exemple, a nécessité d'importants investissements qu'il faut amortir. Si les prix
baissent, le producteur n'aura pas intérêt à réduire sa production : mieux vaut
continuer de pomper, même s'il vend moins cher, car moins il produit, plus il
doit amortir ses investissements passés sur un petit tonnage, donc plus cela lui
coûte cher par tonne extraite. Quant à la demande, elle est également peu
élastique. Ainsi, le doublement du prix du pétrole depuis deux ans n'a entraîné
qu'un léger ralentissement de la demande.

26
Alternatives économiques, numéro 236, 05/2006

100
a. Expliquez le lien entre l’offre inélastique des matières premières et l’instabilité
des prix.
b. Pourquoi le producteur de pétrole ne réduit-il pas sa production lorsque les
prix diminuent ?

2. Offre et demande d’électricité en Californie : le grand écart 27

27
Alternatives économiques, numéro 191, 04/2001

101
a. Expliquez l’augmentation du prix de l’énergie en Californie.
b. Proposez des solutions pour diminuer le prix de l’énergie.

3. Monopole : Microsoft et le pouvoir de convaincre 28

Monopole : Microsoft et le pouvoir de convaincre

A l'aide de son énorme trésor de guerre, Microsoft continue son travail de sape pour éviter
une condamnation par la justice européenne. Après un compromis " historique " avec Sun
Microsystems, qui réglait le vieux litige entre les deux ennemis jurés, moyennant 1,9 milliard
de dollars, et un autre accord avec Time Warner pour 750 millions, c'est le CCIA, un groupe
d'industriels, et surtout Novell (536 millions) qui ont enterré la hache de guerre avec le
numéro un des logiciels. Avec ces compromis amiables, Microsoft espère éviter toute
jurisprudence néfaste et l'amende de 497 millions d'euros que lui a infligée la Commission
pour abus de position dominante. Dans cette affaire, bientôt jugée en appel, la Commission
reproche en effet à Microsoft d'avoir profité de la livraison de son système d'exploitation
Windows pour imposer son lecteur multimédia sur tous les ordinateurs PC qui en sont
équipés. Des cinq concurrents ayant participé à l'instruction du dossier, seul Real Networks
n'a pas fait la paix avec Microsoft et continue de soutenir la Commission.

a. Qu’est-ce que la Commission européenne reproche à Microsoft ?


b. Décrivez la stratégie de Microsoft pour éviter une condamnation par la justice
européenne.

28
Alternatives économiques, numéro 231, 12/2004

102
Chapitre 5 : L’entreprise et son environnement

1. Skype à propos de son choix de s’implanter au Luxembourg 29

a. Quelles sont les raisons qui ont poussé Skype à s’installer au Luxembourg ?
b. Citez d’autres entreprises multinationales qui se sont implantées dans notre
pays.

29
The American Chamber of Commerce in Luxembourg, www.amcham.lu , The Grand Duchy of Luxembourg,
2005, Presentation sponsored by PriceWaterhouseCoopers

103
Deuxième partie : La production

Chapitre 6 : Les rôles et la diversité des entreprises

1. L’emploi total par branche au Luxembourg 30

a. Analysez l’importance des différentes branches pour l’économie


luxembourgeoise. Que remarquez-vous ?

30
Le Luxembourg en chiffres 2007, www.statec.lu

104
b. De 2000 à 2006, quelle est la branche avec le taux de croissance le plus
important ?

2. Mattel fait ses excuses à la Chine 31

a. Quelles sont les deux raisons pour lesquelles Mattel a retiré du marché près
de 20 millions de jouets ?
b. Pourquoi l’entreprise Mattel a-t-elle présenté ses excuses à la Chine ?

31
Le Quotidien, 22/09/2007

105
Chapitre 7 : La mesure de la production

1. Monde : croissance du PIB 32

a. D’après le tableau, quels sont les trois pays avec les taux de croissance les
plus spectaculaires ?
b. Est-ce qu’un taux de croissance élevé garantit un niveau de vie élevé ?
Justifiez votre réponse.

32
Alternatives économiques, numéro 248, 06/2006

106
Chapitre 8 : Les facteurs de production et la productivité

1. La Lorraine encaisse son deuxième choc industriel 33

a. Pourquoi l’auteur parle-t-il d’un choc industriel en Lorraine?


b. Expliquez les conséquences pour les sous-traitants et pour la Lorraine en
général.

33
Luxemburger Wort, 3/04/2008

107
Chapitre 9 : La répartition de la valeur ajoutée et la redistribution

1. Des étrangers dans les administrations publiques 34

a. Définissez le terme « discrimination positive ».


b. Décrivez la mesure prise par la Norvège pour diminuer les inégalités.
Qu’en pensez-vous ?

34
Le Quotidien, 21/09/2007

108
2. Les hommes sont plus égaux que les femmes

Les hommes sont plus égaux que les femmes. (par Camille Dorival)

Bien que plus diplômées que les hommes, les femmes sont plus en difficulté qu'eux sur
le marché du travail : métiers peu qualifiés, temps partiel, salaires moindres, etc.

[…] Les femmes gagnent toujours, en moyenne, 20 % de moins que les hommes, parmi
les salariés français à temps complet. Et si cet écart s'est réduit depuis les années 50 (à
temps plein, les femmes ne touchaient alors que deux tiers des salaires masculins), il a
cessé de diminuer depuis le milieu des années 90. Or, ces différences de salaire ne
s'expliquent pas seulement par des différences entre les métiers exercées et/ou les
postes occupés. Avec exactement le même emploi, la même expérience et le même
niveau de diplôme, dans des entreprises de taille équivalente, pour le même temps de
travail hebdomadaire, les hommes gagnent 5 % de plus que les femmes. […]

Depuis quelques décennies, les femmes ont de plus en plus accès à des métiers très
qualifiés : médecin, juriste, professeur d'université, etc. Mais la majorité de la population
active féminine se concentre dans un nombre limité de métiers, qui correspondent
souvent à des emplois de services peu qualifiés. Ainsi, elles sont majoritaires dans les
professions qui incarnent, dans l'imaginaire collectif, les " vertus féminines " (métiers
d'accueil et de contact) et qui reproduisent les tâches de service ou d'organisation
qu'elles assurent au sein de la famille : services aux particuliers, secrétaire, professions
intermédiaires de la santé et du social, employé, etc. Au contraire, elles sont peu
présentes dans les métiers associés à la virilité, requérant de la force ou de la technique,
ainsi que dans les postes les plus élevés hiérarchiquement : ouvrier qualifié, chauffeur,
ingénieur, cadre technique ou chef d'entreprise. […]

Alternatives économiques, n° 069 (07/2006)


Page 30
Auteur : Camille Dorival.

a. Expliquez le titre.
b. A votre avis, quelles seraient les meilleures mesures politiques afin de
favoriser l’égalité entre femmes et hommes ?

109

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