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Analyse et Politique Economiques

CPGE ENS Paris-Saclay D2


septembre 2023

Pascal Gautier

1
Remarques préalables
• Microéconomie

• Macroéconomie

• Analyse économique Quelle


articulation ?

• Politique économique

• Histoire des faits économiques

2
Plan du cours (1)
Politique économique
⦁ Chapitre 1 : Introduction à l’économie politique
De l’économie comme objet à l’économie comme discipline (Drobinski Chap. 1)

Première Partie : Les acteurs et le système

• Chapitre 2 : Les agents économiques (Drobinski Chap. 2 -sauf section II-, 3 -sauf section III- et 4)
• Chapitre 3 : L’économie de marché : portée et limites de la « main invisible » (Drobinski Chap. 5 -passages-)
• Chapitre 4 : Légitimité et logiques de l’intervention de l’Etat dans l’économie (Drobinski Chap 9 section I))
• Chapitre 5 : Monnaie et financement de l’économie (Drobinski Chap. 6 et 7)
• Chapitre 6 : L’ouverture internationale des économies (Drobinski Chap. 13)

Seconde Partie : Politiques économiques


Les instruments
• Chapitre 7 : Politique budgétaire et politique fiscale (Drobinski Chap. 9, 10, 11 et 14)
• Chapitre 8 : Politique monétaire et politique de change (Drobinski Chap. 9, 10 et 11)

Les objectifs
• Chapitre 9 : La croissance économique (Drobinski Chap. 12)

• Chapitre 10 : Marché du travail et chômage (Drobinski Chap. 8)

• Chapitre 11 : L’inflation

Rq. Les chapitres 1 à 4 constituent une introduction générale, valable aussi pour le cours de microéconomie
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Plan du cours (2)

Microéconomie
⦁ Chapitre 1 : La théorie du consommateur (Hachon et Laurent, chapitres 1, 2 et 3)

⦁ Chapitre 2 : La théorie du producteur (Hachon et Laurent, chapitres 4 et 5)

• Chapitre 3 : L’équilibre partiel d’un marché de concurrence pure et parfaite (Hachon et Laurent, chapitre 6)

• Chapitre 4 : La concurrence imparfaite (Hachon et Laurent, chapitres 9 et 10)

• Chapitre 5 : L’équilibre général d’un marché de CPP (Hachon et Laurent, chapitre 7)

• Chapitre 6 : Les défaillances de marché (Hachon et Laurent, chapitre 11)

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Bibliographie (1)
Introduction à l’économie et politique économique

•Manuel support du cours de politique économique :


– Introduction à l’économie, V. Drobinski, Ellipses

•Pour aller plus loin (en 2D2):


– Politique économique, A. Benassy-Quéré et alii, De Boeck, 2021

•Pour compléter un point particulier :


– Voir biblio au fil de l’eau…

•Veille sur les questions économiques :


– Le monde

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Bibliographie (2)
Microéconomie

•Microéconomie, cours et applications


– Éditeur : Nathan Sup,
– Auteurs : C. Hachon et R.A. Laurent. → Manuel support du cours

Exercices corrigés

•Microéconomie, exercices corrigés, C. Hachon et R.A. Laurent, Nathan


•Microéconomie, exercices corrigés, B. Ménard, Ellipses
•Microéconomie, exercices corrigés, F. Etner et S. Méritet, Ellipses
•Microéconomie, exercices corrigés et commentés, Licence 1, F. Bien et S. Méritet, Ellipses
•Microéconomie, exercices corrigés et commentés, Licence 2, F. Bien et S. Méritet, Ellipses
•Éléments de microéconomie, Tome 2 : exercices corrigés, B. Julien et P. Picard, Montchrestien

Autres manuels :

•Éléments de microéconomie, Tome 1 : cours et applications


– Éditeur : Montchrestien,
– Auteurs : P. Picard.
•Microéconomie, Comportement des agents et concurrence parfaite
– Éditeur : Pearson
– Auteurs : F. Bien et S. Méritet
•Microéconomie, Les défaillances de marché
– Éditeur : Pearson
– Auteurs : F. Bien et S. Méritet

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Bibliographie (3)
Histoire des faits économiques

•Manuel support du cours d’histoire des faits économiques (1D2) :


– Histoire des faits économiques, F. Mazerolle, Deboeck

•Si vous aimez les fiches :


– 100 Fiches pour comprendre l’histoire économique contemporaine, S.
D’agostino, A. Figliuzzi et M. Montpissé, Bréal

•Prérequis :
– Histoire du XIXè siècle, Bernstein et Milza, Hatier
– Histoire du XXè siècle T1, Bernstein et Milza, Hatier

7
Du bon usage des ouvrages…

8
Chapitre 1 : Introduction à l’économie politique

De l’économie comme objet


à l’économie comme discipline

9
Section 1 : L’économie comme objet
1. Définitions

Très grande variété des comportements/phénomènes économiques



Nécessité de définir les contours de l’activité économique

Deux définitions complémentaires :

► Déf. : L’économie (objet) = ensemble des comportements humains liés à :


- la production,
- la consommation
- et la distribution de richesses.

► Déf. : L’économie (objet) = l’ensemble des comportements humains visant à


allouer des ressources rares à des emplois concurrents.

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• De manière schématique :

Besoins humains

Nature + Travail humain

Production

Répartition

Consommation/satisfaction des besoins

11
Seconde définition renvoie à la justification (collective) de l’activité économique

Besoins (individuels et collectifs) quasi-illimités


vs
ressources (individuelles et collectives) limitées.

► place de l’activité économique dans les activités humaines :


satisfaction des besoins des individus/groupes d’individus

Rq. Certains besoins échappent un peu au périmètre strict de l’économie (besoin de sécurité…)

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• Besoins humains…nécessité d’identifier les « agents économiques* » :
– Ménages : individu, ou groupe d’individus vivant sous le même toit
– Entreprises
– Administrations publiques (Etat, collectivités territoriales, administrations de
SS, BC…)

• Chaque catégorie participe à l’activité économique en :


– Consommant
– Offrant des ressources ou produisant des B&S
– Occupant un rôle (plus ou moins actif/passif) dans la répartition des
ressources

* Voir chapitre consacré aux agents économiques pour un approfondissement

13
Section 1 : L’économie comme objet
2. Rareté des ressources et besoins illimités
a. Les ressources

● déf. : une ressource est un élément qui peut être utilisé pour mener une
action
- ressources naturelles,
- ressources manufacturées,
- ressources financières,
- ressources humaines,
- temps
-…

● déf. : l’économie s’intéresse aux ressources « rares » :


- utiles (aptes à satisfaire un besoin)
- en quantités limitées (non disponibles gratuitement).

● déf. : économie laisse (en général) de côté les « biens libres », càd disponibles sans contrainte (air)
…même si répondent également à certains besoins
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b. les besoins

● déf. : Un besoin est un manque, un sentiment de privation, qui entraîne le


désir de le faire disparaître.
- besoins primaires/physiologiques
- besoins secondaires

● Différentes origines des besoins :


- individuelle : goûts/préférences
- collective : imposés par société
(normes de consommation)

► Deux forces contradictoires en jeu dans la satisfaction des besoins :


- volonté de différenciation individuelle
- volonté d’intégration dans un groupe social

● Besoins illimités : progrès technique…


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c. Besoins illimités vs ressources rares

► Retour à la problématique générale de l’économie :

Quels besoins satisfaire


lorsque les ressources sont limitées ?

…nécessité de faire des choix/arbitrages


au niveau individuel
Et
au niveau collectif

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Section 1 : L’économie comme objet
3. Consommation, Production, Distribution
a. La consommation

● Déf. : La consommation est l’utilisation d’une ressource, pour satisfaire


(directement ou indirectement) un besoin, utilisation qui entraîne la
disparition/destruction de celle-ci
- disparition immédiate
- disparition progressive (obsolescence)

• Rq. Consommation et Demande


- Consommation : concept ex post, observé.
- Demande : concept ex ante, anticipé.

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Classer les formes de consommation ?

•Différentes approches possibles :


– Satisfaction directe ou pas des besoins :
• Déf. : consommation finale (ménages)
• Déf. : consommations intermédiaires (entreprises)
→ entrent dans processus de production
(incorporé au produit fini ou détruit lors du processus de production)
– Consommation marchande/non marchande :
• Déf. : marchande = acquisition de B&S sur un marché, donne lieu au paiement
d’un prix (qui normalement couvre au minimum les coûts de production)
• Déf. : non marchande = B&S fournis gratuitement où en échange de moins 50%
du coût de revient, afin que l’accès n’en soit pas entravé par la faiblesse des
ressources : associations, clubs, églises, services publics… (financés par PO,
cotisations, dons…)

•Rq. INSEE classe selon :


• Produits (295 postes, répartis entre marchand et non marchand)
• Fonctions (alimentation, habillement, logement, ameublement, santé, transport-
communication, loisirs-culture, hôtels-cafés-restaurants, autres services)
• Durabilité (durable, semi-durable, fongibles)
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Mesurer la consommation ?

•Agréger des objets différents → recours à la valeur monétaire (« dépenses de consommation »)

•SECN* :
– Déf. : Approche étroite : Dépenses de consommation finale des ménages
– Dépenses effectivement supportées par ménage
– Consommations Marchandes :
» Dépense totale hors PO et investissement (immobilier, foncier)
» Valeur de l’autoconsommation
» Prestations en nature fournies par employeur (repas, logement…)
» Loyers fictifs
– + Non marchandes
» Paiements partiels : part restant à charge pour accéder aux services collectifs
(santé, éducation…)
– Déf. : Approche large : Consommation finale effective des ménages
→ ajoute part financée par la collectivité dans services collectifs (remboursements de sécurité
sociale, allocations logement, dépenses publiques d’éducation…)
…agrège donc l’ensemble des biens et services utilisés par ménages, quelle que soit la manière
dont ils sont financés

* Voir page suivante…

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*Encadré : qu’est-ce que la comptabilité nationale ?

• Déf. : Comptabilité nationale = représentation quantifiée du fonctionnement et des résultats économiques


d'une économie nationale. Cette quantification s'effectue en unités monétaires, en partant du système des
prix qui réalise, dans une économie de marché, une certaine objectivation des valeurs. Elle est présentée
dans un cadre comptable articulé rigoureux, défini à la fois par des relations comptables et par des
relations économiques.

• La CN permet ainsi de calculer un certain nombre d’agrégats pertinents pour saisir l’activité économique
nationale (PIB, consommation des ménages, etc.)

• Déf. : Agrégat=: Au sens premier, un agrégat est un assemblage de parties qui forment un tout. Dans le
vocabulaire économique moderne, le mot désigne une grandeur caractéristique de l'économie nationale et,
plus généralement, une grandeur globale synthétique représentative d'un ensemble de grandeurs
particulières. Le passage d'un sens à l'autre a été favorisé par le fait qu'en anglais, langue à laquelle la
notion a été empruntée par les économistes, le terme aggregate, utilisé d'abord comme adjectif dans le
sens de « cumulé », « total » (aggregate amount, aggregate income : « montant total », « revenu total »)
s'est substantivé et a fini par désigner une somme, un total.
• L’utilisation du terme agrégat en économie est liée à l'essor de la statistique économique et de la
quantification macroéconomique, dans la première moitié du XX e siècle, ainsi qu'à la mise en place des
comptabilités nationales, dans sa seconde moitié.

(D’après Universalis) 20
• Quid si on veut mesurer les évolutions de la consommation dans le temps ? …
Evaluation via Prix de marché peu aisée
– En particulier, valeur de la monnaie pas stable dans le temps (inflation/déflation)
– …comment faire ?
déflater les séries statistiques, çad éliminer l’impact des variations de prix

• RQ. Déf. : Valeurs en monnaie courante vs en monnaie constante

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• Déf. : Outils habituels pour mesurer évolution des prix = Indices des prix :
constructions statistiques qui visent à appréhender l’évolution
générale/globale des prix
– Plus célèbre IPC (INSEE)
– Construit après avoir défini un « panier représentatif », l’évolution des
prix de chaque bien le composant, et la pondération de chacun de ces
bien dans ce panier (coefficient budgétaire)
– Enjeu social majeur (négociations salariales, évolutions des
minimas sociaux…)
– Difficultés techniques : choix de la population/des articles/des points de
vente/prise en compte des nouveautés…

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• Rq. Déf. : Prix nominaux vs relatifs
– Prix nominal = prix affiché (nombre d’unités monétaires)
– Prix relatif = rapport entre deux prix

RQ. Déf. : Prix réel parfois calculé en faisant rapport prix nominal/salaire de base
(temps de travail nécessaire pour gagner de quoi acheter)

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b. La Production

● Double sens du mot : processus et résultat de ce processus.

● Processus : transformation de la nature par le travail humain

● déf. :
- la production est l’action de combiner un certain nombre de ressources
afin d’obtenir un bien ou un service
- (déf. 21 bis) INSEE : « activité économique socialement organisée consistant à
créer des biens et des services s’échangeant habituellement sur le marché
ou obtenus à partir de facteurs de production s’échangeant sur le marché »

● Finalité de l’activité productive/création de richesse (au niveau de la collectivité)


=
satisfaction des besoins humains
directe ou indirecte (en contribuant à produire d’autres B&S)

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Classer les formes de production ?

● Déf. : Bien = produit matériel vs service = produit immatériel

…prise en compte des services dans l’activité productive ne va pas de soi :


- Physiocrates français (Quesnay, XVIII) : seule l’agriculture est capable de créer
un produit net/une richesse (grain → épis) alors que l’activité manufacturière
ne fait que transformer les produits sans réelle création de richesse
- Smith élargit la production à l’activité manufacturière
- Say élargit aux services (puisque ceux-ci peuvent être échangés contre des
biens, ils doivent également être considérés comme des richesses)

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● Rq. Déf. : les « détours de production » (Böhm-Bawerk, Théorie positive du capital, 1888)
…consistent à repousser la satisfaction des besoins en produisant des biens de
production…qui in fine permettront d’être plus efficaces dans la production de biens de
consommation, et donc de mieux satisfaire les besoins

● Différentes formes de production :


- Déf. marchande : achetée directement par son utilisateur, qui paye un prix couvrant
les coûts de production et la marge du producteur
- Déf. non marchande : principalement financée par collectivité (via PO) et donc offerte
à un prix < 50% du coût de production

● Rq. Production (résultat de l’activité productive) et Offre


- Production : concept ex post, observé.
- Offre : concept ex ante, anticipé.

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Produits

B&S de consommation B&S de production

Biens Services B&S intermédiaires B&S d’investissement

Durables Non durables Marchands Non marchands

B intermédiaires S intermédiaires

B d’équipement Investissement immatériel


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Mesurer la production/création de richesse ?
•Déf. Difficulté : lorsqu’une entité (entreprise par ex.) produit un bien ou un service, sa
valeur/prix de vente est en général supérieure à sa contribution réelle à la production
de richesse (car processus de production consomme des B&S achetés à d’autres
acteurs).
→ Valeur ajoutée d’une entité productive
=
valeur de sa production
-
montant des achat de B&S consommés lors du processus de production
(consommations intermédiaires)

•Déf. : Au niveau agrégé d’un pays, la richesse nationale produite au cours d’une
période (le flux, et pas le stock de richesses !) est donc obtenue en sommant les VA et
pas les productions (sinon on comptabiliserait plusieurs fois la même chose) : Produit
Intérieur Brut

Rq. PIB : acteurs présents sur le territoire national, quelle que soit leur nationalité
Déf. PNB : acteurs nationaux, quelle que soit leur localisation 28
Les facteurs de production

•Déf. : Ressources utilisées dans le processus de production = facteurs de production

•2 grandes familles :
- Déf : Travail : apports d’origine humaine qui entrent dans un processus de
production
- Dimension quantitative : nombre d’heures, nombre d’individus…
- Dimension qualitative : expérience, qualification…(« KH »)
- Capital
• Déf : Fixe : utilisé pendant plusieurs cycles productifs (machines…)
→ donne lieu à « l’accumulation du capital »
(son achat → investissement/FBCF)
• Déf : Circulant : détruit/transformé au cours du cycle de production
(matières premières, produits semi-finis…)
(souvent =« consommations intermédiaires »)

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- Toute production (ou presque) combine ces deux familles de facteurs, en
proportions variables (combinaisons plus ou moins capitalistiques),
en fonction :
- De leur prix relatif
- De leur disponibilité
- De la nature de l’activité
- De leur degré de complémentarité/substituabilité…

- Déf. : L’efficacité de la combinaison productive approchée par la productivité =


manière dont les facteurs de production contribuent à la quantité produite
- De chaque facteur
- Déf. Physique : volume de production/qtté du facteur
- En valeur : VA/coût du facteur (par ex.)
- Déf. Globale des facteurs : VA/coût des facteurs (i.e. d’une combinaison)

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• Activités de production impliquent plusieurs problématiques (individuelles et
collectives) :
– Que produire :
• Biens ou services de consommation finale…et lesquels?
• Biens ou services intermédiaires…et lesquels ?
– Qui doit produire :
• Acteurs privés (entreprises…) ?
• Acteurs publics (administrations…) ?
– Comment produire :
• Avec quelle combinaison de facteurs ?
• Avec quelle technique de production ?
– …

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• Rappel :

Besoins

Travail humain + Nature

Production

Répartition

Consommation/satisfaction des besoins

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c. La Distribution/répartition des revenus/richesses
• Remarque préalable : Toute création de richesse/production donne lieu à distribution
de revenus (rémunération des facteurs de production)

• Déf (Hicks) : revenu = gain (monétaire ou en nature) dont on peut disposer


sans diminuer son patrimoine*
► Flux, observable sur une période entre deux dates
• On distingue :
–Déf. Revenus primaires : issus de la contribution à l’activité productive
• Rémunération des salariés
– Salaires
– Charges/cotisations sociales (constituent un revenu différé et aléatoire)
• Bénéfices des entreprises individuelles (« revenus mixtes »)
• Revenus du capital (intérêts, dividendes, loyers, plus-values…)
–Déf. Revenus de transfert : issus d’une forme de redistribution (Minima sociaux,
remboursement des dépenses de santé, Pensions de retraites, Indemnités
chômage…)
* Déf. Patrimoine : ensemble des avoirs d’un agent économique, minoré de ses dettes (rq. On en néglige souvent certains aspects : KH, patrimoine
naturel…)

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• Déf. Répartition primaire → Problématique du « partage de la valeur ajoutée »*
– Part du capital (taux de marge)
– Part du travail (salaires pour l’essentiel)

• Rapport assez stable dans le temps 30%/70%


– Part des salaires atteint un sommet début 80th (73,7% selon INSEE),
puis recule jusqu’en 1995 (contre-révolution libérale, désinflation
compétitive), puis stabilisation

• Débats sur la « bonne » répartition de la VA selon qu’on raisonne en termes :


– D’offre : salaires croissent plus vite que VA, perte de rentabilité des entreprises,
moindre investissement…
– De demande : Si salaires croissent trop lentement, insuffisance de débouchés

(*cf écoflash 288, mai 2014)

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• Inégalités de revenus et de patrimoines
– Définition : inégalités XXX
– On peut distinguer
• Déf. : l’inégalité des chances lorsque (Tawney, Equality, 1931) lorsque tous les individus n’ont pas
« une possibilité égale d’user aux mieux des facultés qu’il[s] possède[nt] »
Ainsi, Roemer (Equality of Opportunity, 1998) distingue parmi les déterminants de la situation éco
- ceux qui sont dus aux « circonstances » indépendantes de la volonté des individus
- « l’effort »
(Rq. Cf. Atkinson, pour une discussion)
• Déf. : l’inégalité des résultats = des situations économiques finales (après participation
– Caractère multidimensionnel
– Quelle approche des inégalités ?
• Démarche normative : quel jugement porter sur répartition des richesses ?
• Démarche positive…nombreuses difficultés
– Ménages de tailles différentes : recours aux échelles d’équivalence
ex. OCDE 1er adulte = 1, autres personnes > 14 ans = 0,5, enfants = 0,3
– Qui comparer ?
…Par âge ? Par CSP ? Par zone géographique ? Par tranche de revenus ? …
– Quel critère et quel indicateur ?
» Disparité → écarts entre groupes ?
indicateur = écart interquantile ou rapport interquantile
» Dispersion autour de la moyenne ?
indicateur = écart type
» Concentration au profit de certaines catégories ?
indicateur = coefficient de Gini 35
cf. Combe chapitre 1 pour courbe de Lorenz et coefficient de Gini)
• Explication des écarts des salaires ?
– Genre
– fonction
– Secteur d’activité
– Taille de l’entreprise
– Âge
– Formation/diplôme…
• Explications des écarts de patrimoine ?
– Revenus (et donc épargne qui favorise l’accumulation)
– Déf. : Dotations initiales (héritage)…
• Ainsi, les inégalités relèvent :
– Pour partie de décisions individuelles
– Pour partie de facteurs exogènes/subis
→ débat sur la légitimité de la correction des inégalités
(cf - T. Piketty, L’économie des inégalités, la découverte
- M. Navarro, Les inégalités de revenus, Armand Colin
- CF 359
- T. Atkinson, Inégalités, Seuil
- F. Bourguignon, La mondialisation de l’inégalité, Seuil)

36
Encadré : Quelques approches théoriques de la répartition des richesses
• Ricardo (classiques) :
– 3 classes sociales : Travailleurs/Propriétaires terriens/Entrepreneurs
– Chaque classe joue un rôle particulier dans processus productif → détermine la nature de ses revenus
• Travailleurs : salaire gravite autour du minimum de subsistance par la concurrence entre individus
(« loi d’airain des salaires » suggérée par F. Lassalle)
Rq. Approche en termes de « taux de salaire naturel », qui relie salaire et démographie (cf
Malthus)
Rq. Salaire dépend du prix des denrées alimentaires, donc du prix du grain, déterminé par coût de
production dans exploitations les moins productives/fertiles
• Propriétaires terriens : rente foncière versée par le fermier/capitaliste pour exploiter leur terre
rente = prix de vente du blé produit – coûts de production (dont salaires) – profit du fermier
Rq. rente différentielle, puisque diminue au fur et à mesure que sont exploitées des terres moins
fertiles pour répondre à la croissance démographique
loi des rendements décroissants de la terre → hausse du prix du pain
→ hausse du salaire naturel → baisse du profit et de l’investissement → état stationnaire
• Entrepreneurs : apportent le capital nécessaire à l’activité et perçoivent un profit, élément résiduel
puisque déterminé une fois payé coûts de production (en particulier salaires) + rente

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• Marxistes :
– logique de rapport de force/d’exploitation entre classes sociales
– Capitaliste s’approprie la valeur du travail fourni par travailleur
– Il le rémunère et s’approprie la différence (plus-value), qui une fois
vendue devient le profit
– Taux d’exploitation = plus value/salaire…dépend du rapport de force (et
pas d’une loi naturelle comme chez les classiques)
– Travail seule ressource capable de produire plus qu’il ne coûte (i.e. de
créer de la valeur)
– Profit partagé entre classes exploiteuses (entrepreneur, propriétaire
foncier…)

38
• Néoclassiques
– Approche en termes individualistes et pas en termes de rapports de classes
– Chaque individu dispose d’une dotation en facteurs de production,
(dotation initiale ou fruit d’un investissement qu’il peut offrir sur le marché)
– Facteurs achetés à un prix égal à leur productivité marginale
– Chacun est donc rémunéré à hauteur de sa contribution à la production
– Les revenus dépendent en partie de décisions individuelles
– Rq. Reste à envisager le caractère acceptable des inégalités en fonction
de leur caractère subi ou choisi

39
• Keynésiens
– Pas de théorie de la répartition des richesses au sens strict
– Redécouverte des rapports de force : salaires fixés en fonction du
pouvoir de négociation relatif des travailleurs et employeurs
– Rq. Relation entre conflit pour la répartition des richesse et inflation via
la « spirale salaire-prix »

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3 Questions soulevées par la répartition des richesses

► Répartition des ressources/richesses produites entre individus.


- Quelle est la répartition des ressources entre individus ?
- Comment devraient-elles être réparties ?
- Quelles institutions/instruments pour influencer leur distribution (primaire)
ou mettre en œuvre leur redistribution ?
- Déf. Redistribution directe (allocations…)
- Déf. Redistribution indirecte (services publics, école, santé…)

41
Section 2 : L’économie comme discipline
1. Terminologie et définitions

• Évolution de la terminologie au cours du temps :


– Économie : art d’accumuler des richesses (pour un foyer = grandes exploitations
agricoles de l’antiquité)
– Économie Politique : élargissement du spectre à la cité ou au pays
…ce faisant est mis en avant le rôle de l’État
• D’abord à travers son enrichissement (mercantilisme)
• Puis progressivement à travers son rôle de garant du bon fonctionnement de
l’économie nationale.
– Science Économique : aspiration de la discipline à devenir une science,
notamment via le recours aux méthodes mathématiques

42
• déf. : (P.A. Samuelson) l’économie est l’étude de la manière dont
l’homme et la société choisissent, avec ou sans recours à la
monnaie, d’employer des ressources productives rares,
susceptibles d’être utilisées dans des emplois alternatifs, pour
produire divers biens et les distribuer en vue de la consommation
présente ou future des différents individus et groupes d’individus qui
constituent la société.

• déf. : (E. Malinvaud) l’économie est la science qui étudie comment


des ressources rares sont employées pour la satisfaction des
besoins des hommes vivant en société. Elle s’intéresse d’une part
aux opérations essentielles que sont la production, la distribution et
la consommation des biens, et d’autre part aux institutions et aux
activités ayant pour objet de faciliter ces opérations.

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• Pour résumer, l’économie serait :
- Une science des interactions entre les hommes : science sociale
- Une science qui étudie les opérations de production, distribution et
consommation
- Une science centrée sur la problématique de l’allocation de ressources
limitées afin de satisfaire des besoins illimités.

…pour autant, le caractère scientifique de la discipline peut faire débat…

44
Section 2 : L’économie comme discipline
2. De l’Économie comme Science

a. Qu’est ce qu’une science ?

● Définitions (Dic.) :
- connaissance relative à des phénomènes obéissant à des lois et
vérifiés par des méthodes expérimentales.
- connaissance exacte, universelle et vérifiable exprimée par des
lois

● K. Popper : proposition scientifique est réfutable


(par opposition à l’idéologie)

● Démarche scientifique :
- observation de la réalité
- tentative de compréhension : théorie explicative
- validation/invalidation de la théorie en la confrontant aux faits

45
b. L’Économie est-elle une science ?

● Démarche a priori scientifique :


- observation + jeu d’hypothèses.
- construction d’un théorie explicative (souvent sous forme de modèle*).
- confrontation à la réalité
► Démarche hypothético-déductive

● Performances modestes :
- si théorie valide, on doit pouvoir prévoir…rarement le cas avec précision !
- Mais : Complexité du réel
- théories/modèles se concentrent sur une partie des mécanismes en jeu
(simplification du réel)
- Clause Ceteris Paribus
- Expérimentation difficile (reproduction à l’identique impossible)

● Remise en cause du caractère scientifique à relativiser…mais nécessaire


modestie dans les conclusions tirées des modèles !

Modèle : représentation simplifiée de la réalité, reposant sur des hypothèses, et visant à décrire les relations entre éléments.
46
• Exemple (très simple !) :
– Observation d’un groupe d’individus
– Hypothèse : la consommation de tabac est de nature addictive
– Modèle : relations entre prix du tabac et consommation de tabac…
prévoit que si le prix augmente, la consommation reste stable.
– Confrontation avec réalité lorsque le prix augmente effectivement.

47
d. Micro et macroéconomie

• Déf. : Microéconomie = branche de la science économique qui analyse les


comportements des agents économiques et leurs interactions
(consommateurs, producteurs, marchés)

• Déf. : Macroéconomie = branche de la science économique qui étudie les


quantités globales/agrégats au niveau d’un espace géographique (PIB,
Investissement, chômage, niveau général des prix…), et les relations
qu’elles entretiennent.

48
• Quels liens entre micro et macro ? Deux visions :
– Phénomènes macro résultent des comportements individuels
→ Déf. individualisme méthodologique : démarche selon laquelle
« un phénomène social quel qu’il soit doit, pour être expliqué, être
conçu comme le produit de l’agrégation d’actions individuelles » (R.
Boudon)
→ fondements microéconomiques de la macroéconomie
– Phénomènes macro influencent les comportements individuels plus
qu’ils n’en sont le produit, et peuvent/doivent être étudiés isolément.
→ Déf. holisme méthodologique
→ « no bridge »

49
e. Pourquoi les économistes ne sont-ils (presque) jamais d’accord ?

► D’après J.N. Keynes (« The scope and méthods of political economy »,


1890), 3 dimensions de l’économie :
- Positive : décrit le monde tel qu’il est
- Normative : décrit le monde tel qu’il devrait être
- Art : offre les outils pour passer de l’état réel de l’économie à l’état
souhaité

« On peut définir une science positive comme un ensemble de connaissances systématiques portant
sur ce qui est ; une science normative ou régulative, comme un ensemble de connaissances
systématiques relatif aux critères de ce qui doit être, et traitant donc de l’idéal par opposition au réel
; un art, comme un ensemble de règles pour atteindre une fin donnée. L’objet d’une science positive
est d’établir des lois générales, celui de la science normative est la définition de l’idéal, et celui d’un
art est la formulation de préceptes ».

► Sur quoi les économistes peuvent-ils s’opposer ? Sur tout !


- Les hypothèses et l’explication des mécanismes (démarche positive)
- Les objectifs à atteindre (démarche normative)
- Les politiques à mener (art)
50
Désaccords

différentes "Ecoles de pensées"

Différentes lectures du monde

Préconisations de politique économique différentes

51
Deux grandes familles
(en caricaturant un peu…)
↓ ↓
Économistes Économistes
d’inspiration « Interventionnistes »
Classique (« Libéraux »)

Et de nombreuses sous-familles…
…sans parler des « inclassables/hétérodoxes »

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Economistes « libéraux »

► Auteurs classiques : Smith (1723-90), Ricardo (1772-1823)…


► Néoclassiques : Walras (1834-1910), Jevons (1835-82),
Marshall (1842-1924)…
► Nouveaux Classiques : Lucas (PN 95), Becker (PN 92) , Barro…
► Monétaristes : Friedman (PN 76)

Point commun :

l’intervention de l’Etat est le plus souvent inutile


(voire néfaste) au bon fonctionnement de l’économie (de marché)

Les marchés sont largement (voire complètement) capables de


s’autoréguler.

53
► «Main invisible des marchés» (Smith 1776) :
→ la poursuite par chaque agent économique, dans une
économie de marché, de son intérêt personnel, conduit à une
situation conforme à l’intérêt général.

► « loi des débouchés » (Say 1803) : toute offre crée sa propre


demande.
→ toute production donne lieu à la rémunération de facteurs de
production.
→ ces rémunérations constituent un revenu pour les détenteurs
de facteurs.
→ revenus qui vont être dépensés pour acheter la production
initiale.
→ sur/sous productions corrigées automatiquement par
ajustement/flexibilité des prix

Rôle prépondérant de l’offre
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Economistes « interventionnistes »

Lignée keynésienne (Keynes 1936)

Point commun : l’intervention de l’Etat est régulièrement
indispensable pour faire face aux limites des
mécanismes de marché.

Limites de la loi des débouchés et de la « main invisible »
Incapacité des marchés à s’autoréguler

Rôle central de la demande

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• Attention au contre-sens :
– les économistes "libéraux" conviennent parfois de la nécessité de
certaines interventions de l’Etat.
– les économistes "interventionnistes" conviennent en général de
certaines vertus de l’économie de marché.

• Ce qui les distingue :


– ce n’est pas qu’ils sont systématiquement pour/contre l’intervention
de l’Etat dans l’économie…mais les circonstances, et les
modalités, de cette intervention.
– Les mécanismes fondamentaux à l’origine du bon fonctionnement
de l’économie (rôle central de l’offre/de la demande)

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