Vous êtes sur la page 1sur 8

L’objet et la nature de la science économique

Les fondements de la connaissance économique de base sont à rechercher, de


notre point de vue, dans deux directions principales ; l’analyse de l’activité
économique humaine et l’objet de la science économique.

I La nature de l’activité économique.

L’activité humaine présente un aspect économique dès qu’il ya lutte contre la


rareté. En effet, tout homme a des besoins nombreux et variés qu’il satisfait grâce à
des ressources ou biens économiques qui, par nature, sont limités. Faute de pouvoir
tout avoir à la fois, l’homme doit effectuer des choix à l’occasion des grands actes
de la vie économique.

I.1 les besoins économiques.

Le besoin est une manifestation humaine qui exprime un désir non satisfait.
Un individu éprouvant un besoin cherche à le satisfaire, or la satisfaction d’un
besoin économique nécessite une activité humaine1. C’est, aussi, une manifestation
tant sur le plan individuel (faim, soif, habillement) que sur le plan collectif
(éducation, culture, santé, services sociaux et administratifs, aménagements urbains
et sociaux). Il existe donc des besoins qu’il est possible de satisfaire2 :

• Sur le plan individuel, où la responsabilité et les calculs de chacun sont seuls


engagés, le sujet économique étant l’individu ou l’entreprise ;
• Sur le plan collectif, où la société prend en charge ce qui n’est plus à l’échelle
de l’individu isolé, le sujet économique étant l’Etat ou les collectivités
publiques ;
• Sur le plan transcendantal, eu égard à des principes universels (besoin de
liberté, de justice…).

Face à la diversité des besoins qui sont illimités, on peut distinguer deux
représentations celle des besoins provenant d’une exigence née de la nature ou
d’une contrainte de la vie sociale (besoins innés ou acquis) et celle des besoins
classés par Maslow sous forme pyramidale.

I.1.1 Les besoins innés. (Fondamentaux, primaires ou vitaux)


1
Anne-Marie Bouvier et Dominique Lafleur, « Economie », édition Nathan, Paris mars 2002, p 10.
2
G. Dufort et A. Gouault, « Economie générale », édition Foucher, Paris 1984, p 10.
Ils sont inhérents à la nature ou à l’organisme humain c’est-à-dire liés à la survie
de l’individu ; exemple: boire, manger, se vêtir, se loger…

I.1.2 Les besoins acquis. (Secondaires, sociaux ou de civilisation)

Ils sont fonction de l’évolution sociale et des conditions de vie, ils ne sont pas
indispensables à la survie de l’individu; exemple: aller au cinéma, visiter une
exposition, faire du sport…

I.1.3 La pyramide de Maslow.

Pour Abraham Maslow les besoins de l’homme se présentent sous forme


hiérarchique classés en cinq catégories.

La pyramide de MASLOW

Source : http://www.aimerlavenir.org/IMG/gif/Maslow.gif consulté le 19/04/2014.

La pyramide des besoins schématise une théorie élaborée à partir des observations
réalisées dans les années 1940 sur la motivation. L'article où Maslow expose sa
théorie de la motivation, A Theory of Human Motivation, est paru en 1943. Il ne
représente pas cette hiérarchie sous la forme d'une pyramide, mais cette
représentation s'est imposée dans le domaine de la psychologie du travail, pour sa
commodité. Maslow parle, quant à lui, de hiérarchie, et il en a une vision
dynamique.

I.1.3.1 les hypothèses fondatrices.


La théorie de Maslow est fondée sur les hypothèses suivantes3 :

1. Un individu éprouve de nombreux besoins ;


2. Ces besoins n'ont pas tous la même importance et peuvent être hiérarchisés ;
3. Un individu cherche d'abord à satisfaire le besoin qui lui semble le plus
important ;
4. Un besoin cesse d'exister, au moins pendant quelque temps, lorsqu'il a été
satisfait ;
5. L'individu cherche dans ce cas à satisfaire le second besoin le plus important.

Autrement dit Il y a une hiérarchie des besoins. Cela veut dire que nous
recherchons d'abord, selon Maslow, à satisfaire chaque besoin d'un niveau donné
avant de penser aux besoins situés au niveau immédiatement supérieur de la
pyramide.

La principale critique du modèle de Maslow4 repose sur le postulat discutable où


l'individu passerait d'un niveau à l'autre une fois seulement les besoins du niveau
inférieur satisfaits ; or tout être humain n'a pas nécessairement ce mode de
hiérarchisation de ses besoins, tant dans sa vie personnelle que professionnelle. A un
moment donné, ces besoins peuvent être simultanés voire contradictoires...

C'est sur cette distinction que s'appuie le modèle de McClelland, psychologue qui
étudie dans les années 60 le lien entre le développement économique d'un pays et sa
culture entrepreneuriale (comprenons développement de projets dans un objectif de
création d'entreprise). Mc Clelland catégorise les besoins davantage en lien avec le
milieu professionnel que le modèle de Maslow.

Dans ce modèle, tout le monde ressent trois besoins particulièrement importants non
hiérarchisés, et non exclusifs, que l'on en soit conscient ou non :

• Le besoin d'accomplissement (fixer des objectifs, développer des actions,


éviter l'échec, relever des défis...) ;
• Le besoin d'appartenance (se sentir appartenir à un groupe, se sentir apprécié
tant dans la sphère privée que professionnelle) ;
• Le besoin de pouvoir (proposer aux autres, influencer et contrôler).

3
http://semioscope.free.fr/article.php3?id_article=8 consulté le 05/05/2014.
4
http://www.psychologuedutravail.com/tag/pyramide-des-besoins-de-maslow/ consulté le 05/05/2014
La base de sa théorie de la motivation par l'accomplissement considère que
l’essentiel de la motivation est enraciné dans la culture d'appartenance d'un individu.

Cette théorie questionne et décale l'origine du type de motivation d'un


existentialisme individuel (les actions résultent de choix personnels) à un
"déterminisme social" (les actions sont prédéterminées par les conditions
sociologiques des individus).

Ι.2 Les biens.

Le bien est le moyen qui permet de satisfaire un besoin individuel ou collectif. Il


se divise en deux catégories :

I.2.1 Les biens libres (ou naturels).

Le bien libre existe en quantités illimitée. Il ne nécessite pas un travail


humain, car il existe à l’état naturel, en abondance. Il s’agit5 des biens que nous
fournit la nature sans coût de production et en quantité supérieure aux besoins;
exemple: soleil, l’air, la mer,…

I.2.2 Les biens économiques.

Le bien économique6 résulte d’une activité économique, qu’il s’agisse d’un bien
matériel (exemple: automobile) ou immatériel (exemple: un service bancaire), il
est produit en quantité limitée, nécessite un travail humain, a une valeur
économique et fait l’objet d’un échange sur le marché. Trois conditions
caractérisent par conséquent un bien économique :

• L’existence d’un besoin humain : Un besoin doit être éprouvé à un moment


donné ou prévu par l’agent économique ;
• La disponibilité du bien : Le sujet économique doit pouvoir se procurer le
bien au moment souhaité. Les richesses minérales ou les sources d’énergie
existant dans une région donnée ne constituent un bien que si les possibilités
techniques et économiques d’exploitation sont présentent ;
• Rareté relative des biens disponibles : La science économique n’aurait plus
d’objet si toutes les choses propres à satisfaire les besoins étaient en quantité
illimitée sur notre planète. Les ressources dont dispose l’humanité, soit
quantitativement, soit qualitativement, présenteront toujours un aspect de
rareté relative.

Ι.2.2.1 Classification des biens économiques .

5
C. Bialès, M. Bialès, R. Leurion, J.-L. Rivaud, « Dictionnaire d’économie et des faits économiques et siciaux
contemporains. », édition Foucher1999, p57.
6
Anne-Marie Bouvier et Dominique Lafleur, op.cit, p10.
Les biens économiques sont très divers, il est par conséquent intéressant d’en
dresser des classifications à partir de plusieurs critères :

I.2.2.1.1 Selon le mode d’utilisation.

On en distingue :

• Les biens de consommation finale : Ils sont utilisés par les personnes
(ménages) pour satisfaire directement leurs besoins (exemple : achat d’un
vêtement, de produits alimentaires, un repas pris dans un restaurant,….) ;
• Les biens de consommation intermédiaire (ou biens de Production) : Ils
sont intégrés au processus de Production mis en œuvre par les entreprises
(exemple : les matières premières qui sont transformées au cours du cycle de
Production).

I.2.2.1.2 Selon le (ou les) utilisateur(s).

On en distingue :

• Les biens individuels : Ils satisfont une personne ou un petit nombre de


personnes (exemple : automobile, TV…) ;
• Les biens collectifs : Ils satisfont un grand nombre de personnes (exemple :
bus, hôpital, école,…)

I.2.2.1.3 Selon le lien avec d’autres biens.

On en distingue

• Les biens complémentaires : Les biens sont complémentaires s’ils ne


peuvent être utilisés séparément (exemple : voiture + essence, ordinateurs +
clavier, magnétoscope + cassette vidéo,…) ;
• Les biens substituables : Les biens sont substituables s’ils sont
interchangeables (exemple : beure/margarine, café/thé,
avion/train/automobile,…)

I.2.2.1.4 Selon leur durabilité.

On en distingue

• Les biens durables : Les biens durables s’usent au fur et à mesure de leur
utilisation, ils peuvent être utilisés sur une longue période (exemple : voiture,
électroménager, télévision, les meubles,…) ;
• Les biens semi-durables : Ils bénéficient d’une durée de vie inférieure sans
pour autant aller jusqu’au court terme. Les biens tels que les vêtements, la
vaisselle, la verrerie et les jouets sont souvent rangés dans une catégorie
intermédiaire, celle des biens dits semi-durables ;
• Les biens non durables : Les biens non durables sont détruits dès la
première utilisation, les services sont non durables par nature car fondés sur la
simultanéité de la production et de la consommation (exemple : une allumette,
le tabac, l’énergie, un café, une nuit d’hôtel, un transport en autobus, une
assurance vie).

I.2.2.1.5 Selon leur disposition.

On en distingue

• Un bien marchand : c’est un bien qui s’échange sur un marché où se fixe un


prix par confrontation de son offre et de sa demande ;
• Un bien non marchand : c’est un bien qui n’est pas vendu sur un marché et
qui donc n’a pas de prix ; sa production et son affectation dépendent
nécessairement de décisions et de financements publics.

I.2.2.1.6 Selon leur aspect matériel.

Dans le langage économique courant et dans la terminologie de la


comptabilité nationale, on appel « bien » ce qui est matériel et « service » ce qui est
immatériel.

II L’objet de la science économique.

La confrontation entre des besoins économiques illimités et des biens


économiques disponibles en quantité limitée est source de rareté. Les producteurs et
les consommateurs, dans un contexte de rareté, sont conduits à faire des choix
économiques.

La science économique étudie la manière dont les agents économiques gèrent leurs
ressources rares et opèrent des choix. La nécessité de faire des choix vaut autant
pour l’économie dans son ensemble que pour chaque individu considéré isolément.
Les individus, les ménages, les entreprises, les pouvoirs publics prennent tous des
décisions qui, ensemble, déterminent l’allocation des ressources limitées de
l’économie à l’aide de quatre questions de base relatives au fonctionnement de
l’économie7 :

1. Que produit-on et en quelle quantité ?


2. Comment les biens sont-ils produits ?

7
Joseph E. Stiglitz, « Principes d’économie moderne », éditions De Boeck Université, Bruxelles 2000, p10.
3. Pourquoi les biens sont-ils produits ?
4. Qui prend les décisions économiques et selon quel processus ?

A partir de cela on distinguera, au regard des différentes écoles de pensée


économique, plusieurs approches dans la définition de la science économique.

Pour les classiques et les marxistes, la science économique est la science des règles
qui gèrent la production et l’échange des biens matériels nécessaires à la vie
humaine.

Pour les néo-classiques, ils définissent la science économique8 comme la science de


l’administration des ressources rares dans une société humaine. Ainsi étudie-t-elle
les actes de la vie qui sont susceptibles de réduire les tensions qui apparaissent entre
les besoins illimités et les moyens limités des agents économiques.

Pour la conception moderne, elle définit la science économique9 comme la science


de l’administration des ressources rares. Elle étudie les formes que prend le
comportement humain dans l’aménagement de ces ressources, elle analyse et
explique les modalités selon lesquelles un individu ou une société affecte des
moyens limités à la satisfaction de besoins nombreux et illimités.

En ce sens, la science économique utilise dans son analyse et son explication du


processus de gestion de la rareté trois méthodes différentes :

• La micro-économie, c’est-à-dire l’analyse des comportements individuels


comme le consommateur et le producteur par exemple ;
• La macro-économie, c’est-à-dire l’analyse des comportements collectifs et
globaux comme la production à l’échelle du pays ou l’exportation ;
• La méso-économie, échelon intermédiaire entre la micro et la macro-
économie ; elle analyse les groupes qui, quelle que soit leur taille, détiennent
suffisamment de pouvoir pour peser sur la destinée de l’économie nationale.

Nous venons d‘apercevoir le cadre dans lequel les individus vont être contraint à
avoir une activité économique susceptible de leur offrir les moyens de satisfaire
leurs besoins.

L’économie, au fil du temps, a tendance à se complexifier. Ainsi, les individus ne


vivent pas seuls en autarcie sur une ile coupée du monde ; ils entrent en
communication les uns les autres, échanges des biens, se rendent des services
mutuels, en fait ils deviennent interdépendants. A cette échelle, il nous est apparu un
certain besoin d’harmonisation, d’efficacité, qui dépasse le plan individuel pour

8
Jean louis Rivaud, Rémi Leurion, Michel Bialès, « L’essentiel sur l’économie », éditions Berti, Alger 2007, p14.
9
Thierry De Montbrial, Emmanuelle Fauchart, « Introduction à l’économie. Microéconomie-macroéconomie »,
éditions Dunod, Paris 2007,
atteindre une analyse économique d’ensemble qui s’intéresse particulièrement aux
différents agents économiques qui feront l’objet de la leçon suivante.

Vous aimerez peut-être aussi