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LES ÉCO ÉPARGNE & INVESTISSEMENT - LUNDI 15 JUILLET 2013

ÉPARGNE &
INVESTISSEMENT

Assurance,
les nouveaux défis
20 LES ÉCO ÉPARGNE & INVESTISSEMENT - LUNDI 15 JUILLET 2013

Spécial Assurance

BILLET Les nouveaux défis


de l’assurance
Salima Marzak
s.marzak@leseco.ma ● Le secteur recèle un potentiel de développement important mais devrait également
faire face à de nombreux défis.

L
Un secteur e secteur des assurances au Maroc
résilient est considéré comme étant le marché
«le plus mature» au Maghreb selon
l'agence de notation internationale

C
ompte tenu des effets de Standard and Poor's. Celui ci compte 17 com-
crise qui continuent de pagnies d’assurance dont 2 sont des mu-
planer sur la sphère éco- tuelles et une compagnie de réassurance. De-
nomique et financière à puis quelques années, le secteur de
l'échelle mondiale, le secteur des as- l’assurance au Maroc ne cesse de croître et
surances au Maroc fait preuve d'une prendre de l’ampleur, tant par le chiffre d’af-
forte résilience avec une améliora- faires qu’il réalise que les sommes qu’il place
tion du chiffre d'affaires du secteur sur les marchés financiers. Ainsi les revenus
de 8,9% en 2012. Toutefois, le taux du secteur se sont situés à 26 MMDH en 2012,
de pénétration (la part des primes en hausse de 8,9% sur un an. Pour en arriver
dans le PIB) de 3,1% reste faible, lais- à ce niveau de maturité, le secteur de l’assu-
sant entrevoir un gros potentiel de rance au Maroc a connu de profondes muta-
développement. À titre d'exemple, le tions, notamment la libéralisation des prix à
taux de pénétration du secteur des partir de 2006, la mise en place de l’assu-
assurances en France est estimé à rance maladie obligatoire, le renforcement
7% du PIB. Dans le contexte de crise des règles prudentielles, un mouvement de
de liquidités actuel, ce secteur peut concentration assez important (le nombre des
jouer un rôle crucial dans la collecte entreprises d’assurance est passé de 23 en l’installation des nouvelles équipes», explique Marchés plus volatiles.
de l'épargne intérieure et de son 1990 à 17 au terme de 2012), mais aussi le à cet effet l’adjoint au directeur des assu- Par ailleurs, les entreprises d’assurances sont l’ins-
acheminement vers le financement contrat-programme, signé en 2011 entre le rances et de la prévoyance sociale. Néan- trument par excellence de collecte de l’épargne
des besoins de l'économie. Il est gouvernement et les principaux acteurs. Avec moins et depuis la signature de ce contrat- nationale. L’épargne collectée irrigue ainsi l’éco-
donc normal que les pouvoirs pu- le projet de rendre certaines assurances obli- programme, plusieurs mesures sont entrées nomie nationale par le biais de l’investissement
blics aient eu la volonté de dévelop- gatoires, ce contrat-programme a l’ambition en vigueur. Les premiers bénéfices du dans différents secteurs d’activité. Les placements
per davantage le secteur à travers la de doubler le chiffre d’affaires du secteur à contrat-programme vont bientôt voir le jour des entreprises d’assurances se sont élevés à 109,1
signature d'un contrat-programme l’horizon 2015. avec l’obligation d’assurance «tous risques MMDH en 2012, apportant à ces dernières un
en 2011. L'entrée en vigueur de chantier» et «responsabilité civile décen- complément de bénéfice. Toutefois, avec environ
l'obligation d'un certain nombre Un contrat-programme qui traîne. nale». D’autres mesures sont prévues et se- 15% de baisse, les marchés boursiers engendrent
d'assurances (RC Habitation et au- Sur les 75 mesures que compte le contrat-pro- ront entamées durant l’année 2013. Elles une volatilité des revenus financiers des compa-
tres, RC, la tous risques chantier, RC gramme, certaines sont en vigueur mais bien concernent d’abord l’instauration de l’obliga- gnies d’assurance. Certes, «L’ensemble des entre-
Décennale, etc.) et la mise en place d'autres attendent. L'implémentation a dû tion d’assurance responsabilité civile pour les prises d’assurance dispose de matelas de plus-va-
d'un certain nombre de mécanismes être légèrement ralentie à cause de l'arrivée établissements recevant du public, l’amélio- lues latentes leur permettant de faire face à des
(assurance santé des indépendants, du nouveau gouvernement qui a préféré ration des procédures d’expertise médicale et baisses conjoncturelles», comme l’a souligné aux
assurance des biens et de la respon- prendre le temps de connaître le dossier. «Eu la normalisation des pratiques relatives à l’in- ÉCO, le directeur de la Fédération marocaine des
sabilité de l'État...) permettront de égard aux changements qu’ont connus les dif- demnisation des victimes, l’encouragement sociétés d'assurances et de réassurance, «mais
doubler le chiffre d'affaires du sec- férents départements avec la nomination du du financement des priorités économiques, le nous ne sommes plus face à un élément conjoncturel
teur à fin 2015. Plus important en- nouveau gouvernement, les discussions ont été chantier de l’assurance maladie et le renfor- car la baisse s’est installée dans la durée». La baisse
core sont les objectifs fixés de créa- momentanément interrompues en attendant cement de la formation du secteur. dure depuis 3 années et la reprise des marchés
tion d'emplois - directs et indirects -
ou le financement de l'économie par
le placement de 200 MMDH. Sur ce Le secteur en chiffres
dernier point, les assurances devront
faire preuve de vigilance et de pru-
dence dans un contexte boursier mo- • Deuxième marché en Afrique après l’Afrique du Sud, le secteur marocain des assurances a réalisé en 2012 un chiffre d’af-
rose depuis près de 2 ans. Compte faires de 26MMDH avec une progression de 8,9% par rapport à 2011.
tenu du peu d'opportunités qu'offre • La répartition des primes émises par catégories et branches montre que la branche non vie continue d'occuper une place
le marché financier marocain, une prépondérante, soit 65,56%.
stratégie défensive basée sur une • Néanmoins, l’assurance vie progresse plus vite. Ainsi, en 2012, la progression des assurances «vie et capitalisation» a été
plus grande exposition sur les pro- de 14,7% (contre +6,1% pour la non vie).
duits de taux, tels que les émissions • Après l’important processus de concentration qu’a connu le secteur depuis le début de cette décennie, le nombre d’ac-
du Trésor, est recommandée. Ces teurs s’est considérablement réduit à 17 entreprises.
derniers se faisant à de meilleurs • Le réseau de distribution compte près de 1.106 agents d’assurances et 366 courtiers.
taux, ils compensent les moins-va- • Aux côtés de ce réseau de distribution classique, les banques et les bureaux de poste affichent une contribution qui ne
lues réalisées sur les actions... en at- cesse de progresser (4.898 agences).
tendant des jours meilleurs. ● • A noter que la plupart des entreprises d’assurances ont des participations croisées avec des banques.
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tarde à venir, ce qui va continuer à peser sur pement important, eu égard à la fai-
le résultat financier des compagnies d’assu- blesse du taux actuel de pénétration du
rance. Ces dernières n’ont aujourd’hui d’au- marché (quand le taux de pénétration
tre choix que de concentrer leurs efforts sur était à 3% celui de la France culminait
la partie haute du compte de résultat, à sa- à 10% et celui de l’Afrique du Sud à
voir leur cœur de métier. Toutefois, dans le 12,9%). Ainsi dans un pays où se confir-
sillage du chiffre d’affaires, les charges des ●●● ment l’amélioration du niveau de vie de
compagnies d’assurance ont également la population et l’émergence d’une nou-
connu une progression significative sur les Les assureurs velle classe moyenne où le changement
dernières années. Les prestations et frais sont contraints des mentalités se traduit par une réti-
de concentrer
payés ont ainsi atteint, au titre de l’année leurs efforts sur cence moindre aux produits d’assu-
2012, 15,2 MMDH contre 13,6 MMDH une la partie haute rance, le secteur est amené à davantage
année auparavant, soit une progression de du compte de croître surtout avec la signature de son
11,3% en une année. Pour la fédération, le résultat. contrat-programme. Pour profiter de
dénouement serait que les compagnies ces opportunités, des défis restent à re-
soient plus regardantes sur la tarification de lever, à savoir maîtriser les taux de si-
leurs produits et sur le contenu des garan- nistralité et la volatilité des marchés fi-
ties car «l’équilibre financier doit être avant nanciers. En parallèle, les compagnies
tout recherché au niveau de leur activité». Nouvelle phase de croissance spécialisation risque de dissuader bon de la place devront poursuivre l’exten-
Dans ce sens, le ratio combiné doit être tou- Un nouveau venu devrait également nombre de compagnies nationales à in- sion de leur réseau d’agents, intensifier
jours inférieur à 100%. La révision de la ta- perturber l’activité du secteur, à savoir vestir ce créneau, qui présente pourtant leurs efforts en termes d’innovation,
rification par les compagnies ne sera pas le projet relatif à la finance islamique un gisement indéniable pour la crois- renforcer leur dispositif de gestion des
chose aisée, eu égard au caractère très qui prévoit la création de compagnies sance du secteur. Nous risquons de voir risques et optimiser leurs synergies
concurrentiel du marché des assurances. d’assurance spécialisées dans le Taka- une concentration sur ce marché. En avec les partenaires financiers, notam-
Dans ce contexte, l’augmentation tarifaire ful. Pour cause : l’importance de l’inves- définitif, le secteur des assurances au ment les banques auxquelles elles sont
doit demeurer un dernier recours. tissement que pourrait générer cette Maroc recèle un potentiel de dévelop- adossées. ●
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La baisse du marché actions die/maternité/assurances-vie et capitali-


sation) représentent à elles seules 84%
(83% en 2010) des primes émises. Il est

pèse sur le secteur


à noter que les primes cédées en réassu-
rance se sont élevées en 2012 à 2,77
MMDH (10,67% de l’ensemble des émis-
sions), contre 2,6 MDH en 2011 (11% de
l’ensemble des émissions). Par ailleurs, le
● L’analyse des résultats des compagnies d’assurance vient confirmer une certitude, celle que marché des assurances demeure forte-
le secteur pâtit lourdement de la conjoncture financière actuelle. ment concentré -à hauteur de 67%- au-
tour de quatre opérateurs, à savoir Wafa

L
Assurance, RMA Wataniya, Axa Assu-
a baisse du marché actions pèse L’ÉVOLUTION DU MONTANT DES PRIMES ÉMISES (EN MDH) rance et CNIA Saada. Par activité, le mar-
lourdement sur les réalisations ché de l’assurance-vie demeure le plus
des sociétés d'assurance pour ■ Assurance vie et capitalisation concentré. En effet, il est détenu à hau-
■ Assurance Non vie
l'exercice 2012. Telle est la teur de 80% par quatre opérateurs: Wafa
conclusion que l'on pourrait tirer de Assurance avec 34,2%, RMA Watanya
l’analyse des résultats des compagnies avec 26,5%, la Marocaine Vie avec 11,6%
d’assurance au titre de l’année dernière. et MCMA avec 9,3%. La forte concentra-
Avec la hausse de la sinistralité, la renta- tion de la branche vie s’explique par la
16.177 17.189
bilité technique du secteur dépend de la 15.213 nécessité d’adossement à un groupe ban-

SOURCE : FMSAR
performance des placements sur les mar- caire de référence pour la commercialisa-
chés financiers. Même si le chiffre d'af- 7.717
8.839 tion de produits de Bancassurance no-
faires global du secteur a enregistré une 6.660 tamment, et pour tirer profit d’un réseau
croissance de 8,92 %, son résultat net est de distribution plus élargi. En assurance
en repli par rapport à 2011. L'année 2012 non-vie, 60% des parts de marché sont
2010 2011 2012
a également été caractérisée par la concentrées autour des quatre premiers
contraction des liquidités bancaires en opérateurs du marché, notamment CNIA
dépit d'une politique monétaire accom- PIB) s’est établi à 3,1% contre 2,9% en LES PARTS DE MARCHÉ DES COMPAGNIES Saada Assurance (16,1)%, RMA Watanya
modante (baisse du taux directeur et de 2011. Ainsi, compte tenu des effets de D’ASSURANCES EN 2012 (15,9%), Wafa Assurance avec (15,8%) et
la réserve obligatoire) et, dans une moin- crise qui continuent de planer sur la Axa Assurance Maroc (15,7%).
dre mesure, et par la hausse des rende- sphère économique et financière à
ments des bons du Trésor à long terme de l'échelle mondiale, le secteur des assu- Nette hausse de la sinistralité
50 à 60 points de base (10 ans à 4,83% rances au Maroc fait preuve d’une très Dans le sillage du chiffre d’affaires, les
RMA Wataniya
et 15 ans à 5,04%). Ce dernier paramètre forte résilience avec une amélioration du 19,50% charges des compagnies d’assurance ont
a créé chez les épargnants des attentes en chiffre d’affaires du secteur de 8,9% en Wafa assurance également connu une progression signi-
22%
termes de rendement plus importantes. 2012 en comparaison avec l’année précé- ficative. Les prestations et frais payés ont
Par ailleurs, l'exercice a été marqué par dentve. Ainsi, selon les chiffres de la Fé- ainsi atteint, au titre de l’année 2012,
la signature de la Convention inter-com- dération marocaine des assureurs et réas- Axa assurance
15,2 MMDH contre 13,6 MMDH une
pagnies d'indemnisation corporelle auto- sureurs (FMSAR), le marché des Autre
13,40% année auparavant, soit une progression
mobile (CICA). Cette convention s'ap- assurances au Maroc a généré un mon- 13% de 11,3%. La part des réassureurs dans
plique aux accidents de circulation tant de primes émises de 26 MMDH au ces prestations et frais s’est établie à seu-
ie
entraînant des préjudices corporels. La terme de l’exercice 2012, contre 23,9 ev Cnia Saada lement 11,3% de l’ensemble des presta-
ain
0%

0%

c 12,40%
gestion du dossier sinistre s'effectuera MMDH en 2011 (+8,9%). Par branche, ro tions et frais payés, soit 1,7 MMDH. Il est
4,7

Ma ,20%
ta 5,1
MA

désormais par l'assureur direct à condi- l’activité non-vie, qui représente 65,56% 4 nécessaire de signaler que les ratios de
MC

Atlan

Sanad
tion que le préjudice corporel ne dépasse du CA du secteur, a connu en 2012 une 5,50% sinistralité ont connu des tendances dif-
par 10 % d'incapacité physique (entrée croissance de 6,10%, soit 17,1 MMDH SOURCE : FMSAR férentes selon les branches d’assurance.
en vigueur en janvier 2013). contre 16,1 MMDH en 2011, portée essen- En effet, certaines branches connaissent
tiellement par une assurance automobile des ratios plus élevés que d’autres. «C’est
La non-vie toujours prépondérant qui s'est bonifiée de 6,5% à 8 MMDH. l’épargne nationale, pénalisant les pro- le cas notamment de l’assurance «acci-
Le secteur des assurances au Maroc est Pour sa part, la branche vie, qui repré- duits épargne et les contrats à capital va- dents de travail», de l’assurance «acci-
aujourd’hui considéré comme étant le sente 33,97%, a enregistré un ralentisse- riable. En termes de dispersion, le mar- dents corporels» et de certaines sous-ca-
marché «le plus mature» au Maghreb ment de son rythme de croissance en ché marocain continue de connaître la tégories de l’assurance automobile
selon l'agence de notation internationale 2012. Elle a été estimée à 14,5%, contre même concentration des émissions. En (TPV)», nous explique Othman Khalil
Standard and Poor's. Il a continué à ga- une progression de 15,9% en 2011. Ce ra- effet, les assurances automobiles, les ac- Elalamy, adjoint au directeur à la DAPS.
gner du terrain en 2012, puisque le taux lentissement s’explique notamment par cidents du travail et les assurances de D’autres branches en sont encore à des
de pénétration (la part des primes dans le l’assèchement de liquidité et le repli de personnes (accidents corporels/mala- ratios de sinistralité maîtrisables. C’est le
cas de l’assurance incendie et risques
techniques. Toujours sur le volet des
2013, prolongement de la baisse à la Bourse. charges, celles relatives à l’acquisition
des contrats ont également connu une
nette progression en 2012. Elles ont at-
Après un premier trimestre négatif (Masi : -3,4%, Madex:-3,3%), le marché boursier a confirmé sa tendance baissière entamée teint 2,5 MMDH contre 2,3 MMDH en
depuis l’année 2011, enregistrant ainsi des contre-performances trimestrielles de 2,8% pour le Masi et de 3% pour le Madex, re- 2011, soit une augmentation de 10,9%,
flétant l’inquiétude persistante des investisseurs. De ce fait, les indices de la côte ont connu depuis le début de l’année des représentant ainsi 9,8% de l’ensemble
pertes de 6,1% pour le MASI, de 6,2% pour le Madex. Selon les analystes financiers, l’année 2013 est caractérisée par la persis- des émissions. Les autres charges tech-
tance de la baisse de l’activité sur le marché boursier et constitue le prolongement des années précédentes, malgré l’évolution niques d’exploitation se sont situées à
positive sur les premiers mois de l’année. Plusieurs éléments expliquent ceci, d’abord les résultats des sociétés cotées qui ont 3,4 MMDH, en hausse de 10% par rap-
marqué une baisse significative de la capacité bénéficiaire de 10%, on peut également citer les difficultés d’ordre macroéco- port à 2011, représentant ainsi 13,1% de
nomique du Maroc et leur impact sur la courbe des taux, ainsi que le manque de liquidités. l’ensemble des émissions. Autre élément
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Spécial Assurance

Le redressement par le tarif


Malgré les contre-performances qu’affiche
le marché financier, ce sont les rende-
ments financiers qui permettent aux com-
pagnies d’assurance d’optimiser leur ren-
tabilité. Toutefois, la fédération tire la
sonnette d’alarme. «Nous ne sommes plus
face à un élément conjoncturel car la
baisse s’est installée dans la durée, enta-
mant de mois en mois les marges de ma-
nœuvre des opérateurs». Si cette tendance
baissière se poursuit sur plusieurs mois,
nous pourrons effectivement avoir des
craintes sur la rentabilité de certains ac-
teurs», prévoit Bachir Baddou, directeur
général de la FMSAR. Les compagnies de-
vront ainsi être, à l'avenir, plus regar-
dantes à l’avenir sur la tarification de leurs
produits et sur le contenu des garanties
car «l’équilibre financier doit être avant tout
recherché au niveau de leur activité tech-
● Les assureurs sont contraints d’adapter leurs offres commerciales et leurs tarifs aux besoins du marché. nique cœur de métier», souligne Baddou.
L’activité financière ne doit apporter qu’un
d'assurance ont ainsi progressé de 4,6% complément de rentabilité et renforcer
ÉVOLUTION DU RÉSULTAT NET DS COMPAGNIES en 2012, s’établissant à 107 MMDH ●●● l’assise financière. Dans le métier de l’as-
D'ASSURANCES DEPUIS 2010 contre 102,3 MMDH l’année précédente. surance, la rentabilité technique est mesu-
3,90 17,26% Au niveau des résultats, les produits fi- Les compa- rée par le ratio combiné. C’est le rapport
15,41% ■ Résultat net (en MMDH) nanciers, y compris les plus-values réa- gnies devront entre les sinistres, plus les frais généraux
3,70 ■ Marge nette (en %) ainsi être, à
lisées, sont en régression de 20,6% par et les primes nettes de réassurance. Un
l’avenir, plus
SOURCE : FMSAR

3,50 rapport à l'exercice 2011, subissant l’im- regardantes sur ratio combiné inférieur à 100% témoigne
pact de la baisse du marché action. Ils se la tarification de d’une bonne gestion technique de la com-
3,30 sont ainsi élevés à 4 MMDH l’année der- leurs produits pagnie. Pour y arriver, les assureurs doi-
3,10 nière. Au final, les entreprises d’assu- et sur le vent donc souscrire à des niveaux de
11,96% rance ont dégagé un résultat net de 3,1 contenu des prime raisonnables, gérer rigoureusement
2,90 MMDH contre 3,6 MMDH en 2011, soit garanties. leurs sinistres et maîtriser leurs frais géné-
2,70
une baisse de 15% en un an! Rapporté raux. Ainsi, sur le plan des perspectives,
2010 2011 2012 aux fonds propres qui s’élèvent à 29,8 l’année 2013 s’annonce contraignante
MMDH, ce résultat donne un taux de ren- pour le secteur. En effet, la dégradation de
important à signaler: la plupart des en- pour dépréciation d’actif à des niveaux dement avoisinant 10,4%, contre 12,3% l’économie nationale, l’assèchement de li-
treprises d’assurance ont dû constituer, plus ou moins importants. Les provi- en 2011. Le rendement des fonds pro- quidité ainsi que les retombées négatives
au terme de l’année 2012, des provisions sions techniques brutes des entreprises pres est ainsi en baisse de 2 points. de l’atonie du marché financier devraient
davantage freiner le secteur de l’assurance
dans sa recherche de la rentabilité. Toute-
Les actions représentent 47,8% des placements des assureurs. fois, l’activité du secteur est amenée à
poursuivre son développement en tirant
profit du contrat-programme 2010-2015
Les placements affectés aux opérations d’assurance ont augmenté de 3,23% en 2012 et se sont élevés à 109,1 MMDH (102% qui prévoit de couvrir 90% de la popula-
des provisions techniques), contre 105,7 MMDH une année auparavant. Avec un encours de 51,5 MMDH, les actifs actions re- tion marocaine à horizon 2014. Certains
présentent 47,8% des placements des compagnies d’assurance, contre 47,3% pour les actifs des taux et 4,5% pour les actifs assureurs ont déclaré que l’année 2013 a
immobiliers. L’encours des actions cotées reste toujours le plus important parmi les actifs actions avec 23,9 MMDH soit 22,2% démarré très timidement sur la majorité
des placements, contre 16,5% pour les Organismes de placements collectifs en valeurs mobilières (OPCVM) actions, diver- des marchés. Ils ont ainsi été contraints à
sifiés et contractuelles, 4,7% pour les actions non cotées et 2,8% pour les titres de participation. Au niveau des actifs de taux, adapter leurs offres commerciales et leurs
la plus grande part (22,4%) revient aux obligations avec 24,2 MMDH. Les OPCVM obligataires arrivent en deuxième position tarifications. Ces adaptations concernent
avec un encours de 20,5 MMDH et une part de 19% dans l’encours des placements. Il est suivi par les dépôts et OPCVM mo- l’assurance automobile et les offres profes-
nétaires avec 3,4 MMDH, soit 3,1% des placements. sionnelles. ●
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Spécial Assurance

Bachir
BADDOU
Directeur général de la Fédération
marocaine des sociétés d'assurance
et de réassurance (FMSAR).

«La baisse de la Bourse


de Casablanca ne peut
que nous inquiéter»
Les ÉCO : Comment se présen- mais sans pour autant pouvoir rémuné- sur plusieurs mois, nous pourrons effec- finances en présence de l’ensemble des
tent les indicateurs 2012 du sec- rer les fonds propres à des niveaux satis- tivement avoir des craintes sur la renta- ministères signataires et nous avons
teur de l’assurance par rapport faisants. Ce sont les rendements finan- bilité de certains acteurs. Les compa- évalué les réalisations et mis en évi-
aux années précédentes ? ciers de leurs actifs qui leur permettent gnies devront à l’avenir être plus dence ce qui reste à faire. Nous estimons
Bachir Baddou : Avec un taux de d’optimiser leur rentabilité. Toutefois, regardantes sur la tarification de leurs que les mois qui viennent connaîtront
croissance de 8,9%, l’année 2012 a lorsque les actifs se déprécient au-delà produits et sur le contenu des garanties une accélération dans le rythme de dé-
connu une évolution satisfaisante au re- d’un certain niveau, les règles pruden- car l’équilibre financier doit être avant ploiement de l’ensemble des mesures.
gard du contexte économique actuel. tielles de provisionnement peuvent tout recherché au niveau de leur activité Le plus important n’est pas de doubler
Cette évolution confirme la tendance mettre l’entreprise en situation de dés- technique «cœur de métier». L’activité notre chiffre d’affaires sur cinq ans, tel
déjà enregistrée en 2011, année au équilibre. financière ne devant apporter qu’un que cela figure sur notre feuille de route,
terme de laquelle le secteur avait enre- complément de rentabilité et renforcer mais de créer les conditions nécessaires
gistré une progression des primes Maintenant que la Bourse de l’assise financière. pour une croissance saine et durable qui
émises de l’ordre de 9,2%. L’assurance Casablanca est en baisse, une puisse bénéficier au-delà de notre sec-
vie et capitalisation a connu une crois- situation qui n’est pas prête de Le contrat-programme relatif au teur, à l’ensemble de la collectivité.
sance particulièrement soutenue profi- changer ? Doit-on s’inquiéter de secteur des assurances a pris du
tant d’une excellente synergie entre la situation financière du sec- retard. Où en sommes-nous au- ●●● À votre avis, quels sont au-
banquiers et assureurs. Le taux de crois- teur de l'assurance ? jourd’hui ? jourd’hui les relais de crois-
sance de cette branche a été de l’ordre Les contre-performances qu’affichent le Certains sujets ont été adressés et même L’assurance-vie sance du secteur et quelles sont
de 15,9%. L’assurance automobile conti- marché financier et plus précisément la terminés alors que d’autres sont encore et capitalisation les perspectives ?
a connu une
nue de croître à un taux moyen de l’or- Bourse de Casablanca ne peuvent que au stade de l’étude. Citons à titre d’exem- croissance sou- Cette question rejoint directement celle
dre de 6 à 7% par an profitant de l’amé- nous inquiéter. Il est entendu que l’en- ple, le projet de texte de loi généralisant tenue grâce à la liée à notre contrat-programme puisque
lioration du taux la «tous risques chantiers» et la «RC dé- synergie har- l’ensemble des relais de croissance est
d’équipement des ménages. cennale» qui suivra bientôt le circuit lé- monieuse entre abordé dans notre feuille de route. Elle
banquiers et as-
Aujourd’hui la rentabi- «Le plus important gislatif jusqu'à son adoption. D’autres
mesures ont également pu être concré- sureurs.
consiste à protéger un maximum de per-
sonnes à travers des couvertures de res-
lité technique du sec- n’est pas de doubler tisées. Je peux citer à titre d’exemple, la ponsabilité contre les risques qu’ils en-
teur dépend surtout de
l’évolution des mar-
notre chiffre suppression de la taxe sur les contrats
de capitalisation, la simplification des
courent par le fait d’autrui. Je fais
notamment référence aux responsabili-
chés financiers. Qu’est d’affaires sur procédures pour investir dans certains tés professionnelles, à la responsabilité
ce qui explique cette
situation ?
cinq ans». secteurs, l’introduction de nouvelles
méthodes d’évaluation pour les actifs
des propriétaires des lieux recevant du
public, à la responsabilité de ceux qui
Dans certaines branches, le non cotés ou encore la mise en place de interviennent dans l’acte de bâtir, à celle
taux de sinistralité s’est quelque peu dé- semble des entreprises d’assurance dis- l’indemnisation directe en assurance des propriétaires ou des locataires de
térioré mais sans pour autant atteindre posaient de matelas de plus-values la- automobile pour les sinistres corporels biens immeubles…Tout comme il s’agit
des niveaux inquiétants. L’assurance tentes leur permettant de faire face à des permettant l’accélération de la liquida- de mieux adresser les problématiques
maladie et l’accident du travail demeu- baisses conjoncturelles. Toutefois, nous tion des dossiers. Cette dernière mesure liées à la grande, à la petite et à la
rent tout de même des branches à forte ne sommes plus face à un élément représente une véritable avancée pour moyenne entreprises. Les relais de
sinistralité avec des équilibres parfois conjoncturel car la baisse s’est installée les victimes des accidents de la circula- croissance résident également dans
difficiles à atteindre. En assurance auto- dans la durée entamant de mois en mois tion. Toutefois, plusieurs sujets n’ont l’amélioration de la pénétration de l’as-
mobile les choses vont beaucoup mieux nos marges de manœuvre. La plupart pas avancé car ils ne permettent pas surance et dans le tissu socio-écono-
qu’il y a une dizaine d’années. Il faut des entreprises d’assurances ont dû d’atteindre les ambitions que nous nous mique de notre pays par la démocratisa-
toutefois demeurer vigilant. Pour le constituer au terme de l’année 2012 des sommes fixés dans le contrat-pro- tion de nos produits, notamment en ce
reste, les compagnies d’assurances arri- provisions pour dépréciation d’actifs à gramme. Nous avons d’ailleurs tenu qui concerne l’assurance santé,
vent à équilibrer leurs résultats sans des niveaux plus ou moins importants. courant avril un comité de pilotage pré- l’épargne ou encore la multirisque habi-
avoir recours à leur activité financière Si cette tendance baissière se poursuit sidé par le ministre de l'Économie et des tation. ●
26 LES ÉCO ÉPARGNE & INVESTISSEMENT - LUNDI 15 JUILLET 2013

Spécial Assurance

Othman
KHALIL ELALAMY
Directeur adjoint à la DAPS.

«L’augmentation tarifaire
dans l’état actuel des
choses n’est pas chose
aisée»
Les ÉCO : Avec un taux de sinis- placements des entreprises d’assu- dalités de la mise en œuvre de ce prin- rances et sur la révision des méthodes
tralité élevé sur les assurances rance, celles-ci continuent à réaliser des cipe seront fixées par voie réglemen- d’évaluation des actions non cotées ad-
«non vie», la rentabilité tech- résultats nets satisfaisants. Au titre de taire en concertation avec le secteur des mises en représentation des provisions
nique du secteur est souvent l’exercice 2012, le résultat net réalisé assurances. Sur ce plan et même si la techniques, l’entrée en vigueur à partir
dépendante de la performance par le secteur des assurances est de 3,11 directive européenne «Solvency2» sera de janvier 2013 de la convention d’in-
des placements sur les marchés MMDH. Rapporté aux fonds propres qui une référence pour nous, eu égard à demnisation corporelle automobile di-
financiers. Quel est votre ap- s’élèvent à 29,78 MMDH, ce résultat l’étroitesse des relations de notre pays recte des accidents corporels et la mise
préciation de la situation ? donne un taux de rendement avoisi- avec l’UE (poids dans les échanges, sta- en place d’un médiateur en assurance à
Othman Khalil Elalamy : Tout nant 10,4%. Ce taux reste encore impor- tut avancé…). Il faut préciser que le dis- l’instar de ce qui est actuellement appli-
d’abord, il importe de signaler que les tant, ce qui signifie que le secteur des positif de la solvabilité basé sur les qué dans le secteur bancaire. À cet
ratios de sinistralité ont des tendances assurances dispose encore d’une marge risques à mettre en place doit tenir égard, les discussions sont très avan-
différentes selon les branches d’assu- de manœuvre avant de recourir à l’aug- compte des spécificités du marché ma- cées sur un projet de convention qui
rances. Certaines branches connaissent mentation tarifaire. De plus, et eu égard rocain d’assurance et sa mise en appli- sera signé très prochainement entre les
des ratios plus élevés que d’autres. C’est au caractère très concurrentiel du mar- cation devra se faire de manière pro- entreprises d’assurances, l’instauration
le cas notamment de l’assurance «acci- ché de l'assurance, l’augmentation tari- gressive et concertée. de l’obligation de certaines assurances
dents de travail», de l’assurance «acci- de construction (Tous risques chantier
dents corporels» et de certaines sous ca- Quelle est la situation et responsabilité civile décennale),
du contrat-pro-
le dispositif de la sol-
tégories de l’assurance automobile l’élaboration d’un projet de dispositif
(TPV). D’autres branches sont encore à gramme relatif au sec- relatif à l’assurance Takaful et d’un pro-
des ratios de sinistralité maîtrisables. vabilité basé sur les teur des assurances ? jet d’amendement du Code des assu-
C’est le cas de l’assurance incendie,
risques techniques etc. Pour les assu- risques, à mettre en Les différentes mesures en-
visagées par le contrat-pro-
rances dont les principales nouveautés
portent sur l’instauration du principe
rances qui connaissent des ratios de si- place, doit tenir gramme sont identifiées par ●●● de la marge de solvabilité basée sur les
nistralité très importants, le redresse- compte des spécifi- le département ministériel risques, l’amélioration de la gouver-
ment devrait se faire principalement
par le tarif. Dans ce cadre, il est à rappe- cités du marché ma- et leur mise en œuvre a été
entamée au lendemain de la
Le secteur de
l’assurance est
nance des entreprises d’assurance et de
leur transparence. Ces projets ont éga-
ler que la tarification en matière d’assu- rocain d’assurance. signature de ce contrat. Tou- appelé à ac-
compagner le
lement été mis dans le circuit de l'ap-
rance est devenue libre pour l’ensemble tefois, et eu égard aux chan- probation, etc...
des catégories d’assurances à partir de gements qu’ont connus les développe-
2006 et donc l’application de tarifs suf- faire dans l’état actuel des choses n’est différents départements avec la nomi- ment du conti- Quelles sont les mesures qui
nent. Cela re-
fisants est de la responsabilité des en- pas chose aisée et reste donc un dernier nation du nouveau gouvernement, les présente de sont prévues pour l’année
treprises d’assurance. Il reste néan- recours. discussions ont été momentanément belles opportu- 2013 ?
moins à préciser que, pour les interrompues en attendant l’installa- nités pour les Les principales mesures prévues par le
assurances obligatoires, les critères de Les banques sont en train de tion de nouvelles équipes. Néanmoins compagnies contrat-programme et qui seront enta-
tarification sont fixés par voie régle- converger vers le référentiel et depuis la signature de ce contrat-pro- marocaines. mées durant l’année 2013 concernent
mentaire et les entreprises d’assurance Bâle III. Qu’en est-il pour gramme, plusieurs mesures sont en- d’abord l’instauration de l’obligation
sont tenues de communiquer à l’Admi- le secteur des assurances? trées en vigueur. Elles concernent es- d’assurance responsabilité civile pour
nistration les tarifs qu’elles appliquent. Il est à signaler à cet égard qu’un projet sentiellement la révision de l’arrêté du les établissements recevant du public,
de loi portant amendement du code des ministre de l'Économie et des finances l’amélioration des procédures d’exper-
Quels impacts aura la baisse du assurances a été mis dans le circuit et de la privatisation n° 1548-05 du 6 tise médicale et la normalisation des
marché action sur la rentabilité d’approbation le mois dernier. Ce projet ramadan 1426 (10 octobre 2005) relatif pratiques relatives à l’indemnisation
et par ricochet sur la tarification de loi prévoit, entre autres, l’instaura- aux entreprises d’assurances et de réas- des victimes. Les discussions sur cette
des compagnies d’assurance ? tion du principe de solvabilité basée sur surance pour introduire des modifica- mesure ont coïncidé avec l’ouverture du
Dans le contexte actuel et malgré la les risques encourus par l’entreprise tions, portant notamment sur les règles débat sur la réforme globale de la jus-
baisse des rendements financiers des d’assurances et de réassurance. Les mo- prudentielles applicables aux assu- tice. Ces éléments seront étudiés dans
LES ÉCO ÉPARGNE & INVESTISSEMENT - LUNDI 15 JUILLET 2013 27

Spécial Assurance

ce cadre avec pour objectif de créer un nouveau dispo- cains sont actuellement installés dans une vingtaine de développement de ce continent sont extrêmement
sitif légal plus juste et transparent pour l’ensemble des de pays africains, soit à travers l’achat d’entreprises prometteuses et indubitablement, le secteur des assu-
citoyens. Les mesures également prévues pour 2013 d’assurance déjà existantes, soit par la création de nou- rances accompagnera ce développement, d’où l’intérêt
comportent l’encouragement du financement des prio- velles entreprises, suite aux agréments obtenus. pour les entreprises marocaines d’être présentes sur le
rités économiques. À cet effet, les discussions ont été Même si l’Afrique reste en retrait par rapport aux autres continent africain pour l’accompagner dans son déve-
entamées avec la direction générale des impôts (DGI) continents en matière d’assurance et notamment en ce loppement en partageant leur savoir-faire et leur expé-
et ont porté sur les mesures proposées par le secteur qui concerne le taux de pénétration, les perspectives rience. ●
des assurances pour l’encouragement de l’épargne à
long terme. Le chantier de l’assurance maladie obliga-
toire est également à l’ordre du jour. L’objectif est de
faire participer le secteur des assurances dans la
conception et le déploiement du système de couver-
ture de santé du royaume. Dans ce cadre, une commis-
sion sera constituée et aura en charge l’optimisation du
déploiement de ce système. La dernière mesure qui
sera entamée en 2013 est le renforcement de la forma-
tion du secteur. À ce titre une commission a été consti-
tuée pour l’élaboration d’un plan de formation du sec-
teur à l’horizon 2015.

Quelles sont les perspectives du secteur de


l’assurance au Maroc ?
Il importe de signaler qu’avec la crise enregistrée au ni-
veau de plusieurs pays avec lesquels le Maroc entre-
tient des relations économiques étroites, certains sec-
teurs ont connu un fléchissement dans leur niveau de
performance. C’est le cas notamment du secteur des as-
surances, qui a vu son taux d’évolution de chiffre d’af-
faires régresser pendant les années 2009 et 2010 en
passant d’un taux à deux chiffres à un taux avoisinant
5% (4,5% et 5,7% respectivement). Cette évolution a
connu une légère reprise en 2011 et 2012 puisque le
taux d’évolution du chiffre d’affaires avoisine 9%
(9,24% et 8,92% respectivement). Néanmoins, nous
envisageons qu’avec la promulgation du projet de loi
portant amendement du code des assurances qui ins-
taurera l’obligation d’assurance tous risques chantier
«TRC» et la responsabilité civile décennale «RCD», ainsi
qu’avec la mise en place d’un cadre légal pour l’assu-
rance Takaful, le secteur des assurances va enregistrer
une progression remarquable en matière de chiffre d’af-
faires. Sur le plan prudentiel, la mise en place de la sol-
fvabilité basée sur les risques permettra aux opérateurs
de ce secteur de bien maîtriser les risques qu’ils encou-
rent et de disposer d’une solidité financière leur per-
mettant de faire face à ces différents risques et de déve-
lopper leur activité avec plus de sérénité.

Le directeur des assurances a été nommé


président du conseil d’administration
d’Africa Re. Le continent africain présente
une bonne opportunité pour les assureurs.
Quelle valeur peut apporter cette nomina-
tion aux assureurs marocains?
Tout d’abord, nous avons appris avec une grande satis-
faction la nomination de notre directeur Hassan Bou-
brik en tant que président de l’Africa Ré, 1re société afri-
caine de réassurance. Cette nomination montre la
confiance dont jouit le Maroc, qui est très respecté sur
la scène africaine. Rappelons que le marché marocain
de l’assurance se classe 2e en Afrique en termes de
primes émises derrière l’Afrique du Sud. Par ailleurs, il
y a lieu de préciser que les opérateurs marocains de
l’assurance ont commencé à s’intéresser aux opportu-
nités offertes par le continent africain en matière de
couverture des différents risques, même si l’Afrique est
de plus en plus difficile à pénétrer du fait qu’elle de-
vient un centre d’intérêt pour plusieurs hubs finan-
ciers tels que les places financières de la Turquie, de
Dubaï et de Singapour. Au moins deux groupes maro-
28 LES ÉCO ÉPARGNE & INVESTISSEMENT - LUNDI 15 JUILLET 2013

Spécial Assurance

Jalil
SEBTI
directeur de la banque des particuliers
et des professionnels à la BCP.

«Upline courtage
permet au groupe de
consolider sa position»
Les ÉCO : Comment se com- permettant d’enrichir et de valoriser da- pour vulgariser les produits d’assurance étroite collaboration avec la Banque des
porte selon-vous l’activité de vantage leur offre de produits et services. et montrer leur utilité. particuliers et des professionnels (B2P)
l’assurance au Maroc ? Les deux intervenants dans cette acti- relevant de la BCP. Les actions conju-
Jalil Sebti : Selon les chiffres commu- vité, l’assurance en tant que producteur Quel est le rôle d’Upline cour- guées entre la B2P et Upline courtage
niqués au titre de l’exercice 2012 par la et la banque en tant que distributeur, tage dans l’activité bancassu- permettent au groupe BCP de consolider
FMSAR (Fédération marocaine des so- partagent un objectif commun, celui rance de la BCP ? et de développer sa position sur le mar-
ciétés d’assurance et de réassurance), d’accélérer le recrutement de nouveaux Dans le cadre de sa stratégie commer- ché de la bancassurance et de profiter
les indicateurs de marché sont en assurés en ciblant en priorité le porte- ciale de Cross Selling, le Groupe BCP a ainsi des perspectives offertes par cette
constante évolution par rapport aux feuille clients acquis de la banque. Eu créé en avril 2007 Upline courtage, fi- activité.
exercices précédents. Ainsi, le chiffre égard à sa capillarité, le réseau bancaire liale d'Upline Group, en tant que société
d’affaires global de l’assurance vie et a contribué fortement au développe- captive spécialisée en matière de conseil Comment voyez-vous l’avenir de
non vie a continué sa progression, en- ment de l’assurance des personnes au et de courtage en assurance. Depuis sa la bancassurance et l'assurance
couragé par l’enrichissement des offres Maroc, notamment sur les produits de création, Upline courtage, assumant sa au Maroc, et quelles sont les
en place et la conception de nouvelles vie et de capitalisation. En effet, l’essen- mission de centre d’excellence du ambitions du groupe BCP ?
assurances. De même, l’assurance vie et tiel de la collecte utilisée dans cette groupe BCP en matière d’assurance, s’est ●●● Le secteur de l’assurance et son réseau
capitalisation affiche une évolution de branche, l’est à travers le réseau ban- vu chargée de l’élaboration et de la négo- de distribution contribuent positive-
14,5% pour un chiffre d’affaires avoisi- caire. Selon une étude de la DAPS, la pro- ciation de nouveaux produits de bancas- Le secteur de ment à la création de l’emploi au niveau
nant les 9 MMDH en 2012 contre près de gression des émissions de bancassu- surance et d’assurance dommages desti- l’assurance est national et irriguent de manière indi-
appelé à ac-
8 MMDH en 2011. De son côté, l’assu- rance est attribuable à l’encaissement nés aux segments des particuliers (Mass compagner le recte plusieurs filières importantes de
rance non vie maintient une croissance des primes émises en «assistance» et au Market, Low Income Banking et Private développe- l’économie nationale. Ainsi ce secteur
de 6,3% pour un chiffre d’affaires de titre de la branche «vie et capitalisation». Banking) : décès emprunteurs, décès lié ment du conti- ambitionne de réaliser, à moyen terme,
plus de 17 MMDH en 2012 contre plus au compte, décès prévoyance, décès ac- nent. Cela re- des performances commerciales en sai-
de 16 MMDH en 2011. Qu’est ce qui explique cette pré- cidentel, épargne, hospitalisation, incen- présente de sissant l’opportunité qu’offre la promul-
dominance ? die, explosion en couverture des crédits, belles opportu- gation de la loi visant la généralisation
Quel a été le rôle de la bancassu- Cette progression est due premièrement multirisque habitation, indemnités nités pour les de l’assistance et du multirisque. Le
compagnies
rance dans le développement de à une certaine maturité. Les Marocains contractuelles pour les étudiants…Le marocaines. groupe, quant à lui, se prépare pour être
l’activité de l’assurance au sont de plus en plus conscients de la né- rôle stratégique de l’activité bancassu- au rendez-vous avec le lancement immi-
Maroc ? cessité de se prémunir contre les aléas de rance, pour la collecte de l’épargne et la nent de nouvelles offres pour satisfaire
Pour les banques qualifiées d’intermé- la vie. Elle s’explique, également, par les fidélisation des clients, amène Upline et équiper sa clientèle, et améliorer, par
diaires en matière d’assurance, généra- efforts d’information et de communica- courtage à assumer une autre mission, à conséquent, son positionnement sur ce
lement la bancassurance est un moyen tion réalisés par les réseaux bancaires savoir la veille concurrentielle et ceci en volet. ●

Une nouvelle assurance-vie chez la BP

Le groupe Banque populaire enrichit son offre avec un nouveau produit d’assurance-vie par capitalisation dénommé «Épargne évolution». Conçu en partenariat avec la Mu-
tuelle centrale marocaine d’assurances (MCMA) et Upline courtage, «cette formule de placement souple et performante, répond aux besoins d’une clientèle exigeante et
soucieuse de valoriser son épargne», souligne la banque. Épargne évolution propose, en effet, des avantages importants, à savoir un rendement minimum garanti, une ré-
gularité des performances, une tarification attractive, la disponibilité à tout moment de l’épargne revalorisée à travers la possibilité d’effectuer un rachat total ou partiel, ou
encore de procéder à une avance sur police. De plus, elle permet un versement revalorisé sous forme de capital et la désignation d’un ou de plusieurs bénéficiaires de ce
capital en cas de décès de l’assuré. Ce produit bénéficie aussi des avantages fiscaux inhérents aux contrats d’assurance-vie capitalisation actuellement en vigueur. Il s’agit
notamment d’une exonération totale de l’impôt sur les revenus des prestations servies, si la durée de détention du contrat est supérieure à 8 ans. Il est à noter que la souscription
à ce produit nécessite un apport initial minimum de 50.000 DH. Celui-ci peut être complété par des versements libres, d’un montant minimum de 10.000 DH, effectués au
rythme du client.
LES ÉCO ÉPARGNE & INVESTISSEMENT - LUNDI 15 JUILLET 2013 29

Spécial Assurance

Les commissions des banques


se sont rétractées
d’assurances ont, pour leur part, perçu des commis- (contre 1,7 MMDH, en 2010 ou 79,4%), ce qui corres-
● Même si les primes émises par sions d’un montant total de 1,8% MMDH, soit 78,14% pond à une hausse de 7,9% (contre une hausse de 7,3%
l’activité de la «bancassurance» des commissions totales versées par les assureurs en entre 2009 et 2010). ●
sont en hausse (+8,2%),les
commissions reçues par
les établissements bancaires sont
en retrait de -3,48%.

S
elon les derniers chiffres disponibles, l’acti-
vité de la «bancassurance» se porte bien au
Maroc. En effet, les émissions de primes rele-
vant des opérations de «bancassurance» en-
registrées en 2011 ont progressé de 8,2%, leur montant
total s’établissant à 4,9 MMDH contre 4,5MMDH en
2010. Notons qu’une baisse de 0,49% a été enregistrée
entre 2009 et 2010. L’activité de la «bancassurance» a
donc renoué avec la croissance en 2011.
L’analyse des résultats faire ressortir que la hausse des
émissions globales «bancassurance» peut être attri-
buée à l’accroissement des primes émises en «assis-
tance» et au titre de la branche «vie et capitalisation».
Dans le détail, les primes émises «bancassurance» de la
«vie et capitalisation», ont enregistré un accroissement
de 8,74%, s’établissant à 4,5 MMDH contre 4,1 MMDH,
en 2010. Une baisse de 0,82% était enregistrée un an au-
paravant. Il est à noter qu’au niveau de l'ensemble du
marché, ces opérations ont enregistré une progression
de 16,1% (soit 7,6 MMDH contre 6,6 MMDH, une baisse
de 0,79% entre 2009 et 2010. Ainsi, le rapport des
primes «bancassurance» sur émissions totales du mar-
ché, au titre de la branche «vie et capitalisation», s’établit
à 58,47% contre 62,42% l’exercice précédent. La baisse
constatée à ce niveau s’explique en partie par un accrois-
sement plus important des ventes directes de produits
«vie et capitalisation», et des ventes passant par les au-
tres canaux de distribution. Les émissions qui concer-
nent les autres opérations de «bancassurance» considé-
rées dans leur ensemble (assistance, maladie, accidents
corporels et assurance crédit) ont enregistré un accrois-
sement (+2,92%) par rapport à l’exercice précédent.

La commission des courtiers en hausse


Au total, les primes d’assurances collectées par les
banques (au titre des opérations d’assurances de per-
sonnes, assistance, assurance crédit) interviennent à
hauteur de 43,6% du montant global des émissions du
marché (pour ces mêmes opérations), contre 44,8% en
2010. Ce montant, qui comprend également les émis-
sions des assureurs ne collaborant pas avec les
banques s’établit, pour le marché, à 11,2 MMDH contre
10 MMDH l’exercice précédent ( +11,2%, contre +8,2%
pour la «bancassurance»).
Par ailleurs, Les établissements bancaires ont perçu des
commissions d’un montant global de 236,85 MDH
contre 245,4 MDH en 2010, soit un repli de -3,48%
contre une progression de +5,86% une année aupara-
vant (+17,2% entre 2008 et 2009). Ces commissions in-
terviennent à hauteur de 28,9% des commissions to-
tales allouées au niveau du marché (d’un montant de
818,43 MDH) au titre des opérations d’assurances de
personnes, d’assurance crédit et d’assistance, contre
33,6% en 2010.
Rapportées aux commissions du marché «toutes caté-
gories confondues», ce taux est de 10,26% (11,65%, en
2010). À titre de comparaison, les agents et courtiers
30 LES ÉCO ÉPARGNE & INVESTISSEMENT - LUNDI 15 JUILLET 2013

Spécial Assurance

L’assurance épargne, çoit 12.000 DH brut par mois. Si sa co-


tisation est de 1.000 DH, il ne paie en
réalité en net que 620 DH et réalise un

des avantages multiples


gain fiscal de 380 DH. Par ailleurs, les
cotisations patronales (cotisations re-
traite offertes par l’employeur à ses col-
laborateurs) sont entièrement affectées
● L’assurance épargne permet de se constituer un capital supplémentaire aux frais généraux et par conséquent
déductibles de l'assiette fiscale de l'en-
pour ses vieux jours, dans un cadre fiscal très avantageux treprise. Il est à préciser que la loi en vi-
gueur permet aux épargnants disposant
de revenus non salariaux (professions
libérales et autres), la déductibilité des
cotisations dans la limite de 6% de leur
revenu imposable. S’agissant de l’avan-
tage fiscal à la sortie, il est opéré selon
l’option choisie par l’adhérent pour la
liquidation de ses droits au terme du
contrat. Si l'épargnant choisit l'option
«rente», l'IR dû au titre de la rente à ser-
vir est calculé par la compagnie d'assu-
rance après un abattement de 40% sur
le montant de la rente annuelle. Si a
contrario, il opte pour le «capital» ou ra-
chète totalement ou partiellement son
épargne revalorisée, l’IR dû au titre du
capital à servir est calculé par la Compa-
gnie d'assurances après abattement de
40% sur le capital et étalement des
60% du capital sur 4 années au maxi-
mum pour application du barème de

Q
l'IR. Autre avantage non négligeable, la
uoiqu’elle continue à occu- marocain, menacé par le vieillissement pour chaque adhérent résulte de ses souplesse du contrat. Le souscripteur a
per une place étroite sur le de la population, est alarmante. Le rap- propres cotisations et des placements la possibilité de modifier le taux de co-
marché des assurances port actifs/retraités ne cesse de se dété- effectués par la compagnie d’assurance. tisation (à la hausse ou à la baisse), de
(34%), l’assurance vie et riorer et risque de poser, à terme, le pro- Elle ne dépend jamais de celle des au- suspendre provisoirement le paiement
capitalisation progresse plus rapide- tres membres du groupe. De des cotisations sans subir de pénalités
ment. Ainsi, en 2012, la progression des plus, les souscripteurs à et de résilier le contrat quand les perfor-
assurances «vie et capitalisation» a été l'assurance retraite bénéfi- mances financières de la compagnie ne
de 14,7% (contre +6,1% pour la non cient d’un double avantage sont pas satisfaisantes. Il est enfin im-
vie). L’assurance vie prend donc un peu l'assurance-vie fiscal (à l’entrée et à la sor- portant de noter qu’en cas de décès ou
d’élan, mais globalement l’épargne au a évolué en moyenne tie). Il est à noter que ces d’invalidité absolue et définitive d’un
Maroc reste marginale. Les produits
d’assurance vie ont besoin d’un appui annuelle à un taux deux avantages sont subor-
donnés à deux conditions.
adhérent à l’assurance épargne-retraite
avant le terme du contrat, le montant de
fiscal de la part de l’État. Néanmoins, il de 16%. Le contrat épargne retraite l’épargne retraite est intégralement
est une catégorie de produits qui com- doit être souscrit pour une versé aux bénéficiaires !
mence à percer aux niveaux des clients durée minimum de 8 an-
soucieux de se constituer un capital nées. Le service de la rente Bien choisir son contrat
pour leurs vieux jours, c'est l’assurance blème du financement des pensions. ou du capital par la Compagnie d’assu- Il faut être vigilant sur le choix du
épargne-retraite. La retraite constitue, Que savons-nous réellement de l’assu- rances ne doit, lui, s’effectuer qu’à par- contrat de l’assurance épargne-retraite.
en effet, une véritable préoccupation rance épargne-retraite ? Contrairement tir de l’âge de 50 ans. En fait, de nombreuses formules sont
pour les actifs désireux de maintenir, à la CIMR, qui est un régime de retraite proposées par les compagnies d'assu-
voire même d’améliorer leur niveau de mixte reposant sur les deux systèmes Un contrat souple rances. Avant d’opter pour un contrat
vie au terme de leur carrière. Néan- de la répartition pour les cotisations pa- Concernant l’avantage fiscal à l’entrée, qui permet de bénéficier d’un rende-
moins, si l’on se limite au régime de tronales et de la capitalisation pour les la loi en vigueur permet la déductibilité ment élevé, d’autres critères doivent
base, la retraite future ne pourra jamais cotisations salariales, l'assurance sans limite des cotisations déduites à la être examinés. D’abord, il faut veiller à
égaler le dernier salaire. D’autant que la épargne-retraite est un contrat par capi- source du revenu salarial imposable. ce que le contrat puisse garantir le paie-
situation du régime général de retraite talisation pure. L’épargne constituée Prenons l’exemple d’un salarié qui per- ment d'un capital ou d'une rente à l'âge
de la retraite et contenir des garanties
complémentaires décès. Le souscrip-
Un rôle prépondérant teur doit également être attentif aux
frais de chargement (frais commer-
ciaux, de distribution et frais de ges-
L’assurance non-vie a connu en 2012 une évolution de 6,3% pour un chiffre d’affaires de 17,20 MMDH. La branche «assurance vie» a en- tion). Un des éléments les plus décisifs
registré au terme de l’exercice 2012 une progression de 15,9%, s’établissant à 8,84 MMDH. Cette dernière a évolué en moyenne annuelle dans le choix d'un produit d'épargne re-
à un taux de 16% entre 2004 et 2010. Elle est ainsi passée de 2,9 MMDH à 6,7 MMDH. La croissance de l’assurance vie a été plus pro- traite est la transparence. Cette dernière
noncée entre 2004 et 2008, avec un taux moyen de +23,5%. En revanche, cette croissance est en quasi-stagnation en 2008 et 2010. se mesure à l'information fournie par la
À partir de 2011, l’assurance vie a connu une reprise de 15,9% par rapport à 2010. En termes de volume additionnel généré, l’assurance compagnie à ses assurés. Elle se maté-
vie a contribué à hauteur de 42,2% au cours de la période 2004-2010 dans le total des primes émises par le secteur. La branche joue rialise par l'envoi aux assurés d'un re-
un rôle prépondérant dans la croissance du secteur des assurances. levé de situation ●
32 LES ÉCO ÉPARGNE & INVESTISSEMENT - LUNDI 15 JUILLET 2013

Spécial Assurance

«L’enjeu est de sensibiliser


prise, ensuite vis-à-vis des salariés,
puisque le code du travail pose le prin-
cipe d’une obligation générale de sécurité

le segment des PME»


à la charge de l’entreprise. Enfin, elle joue
vis-à-vis des tiers, par exemple en cas
d’atteinte à l’environnement. Les pro-
duits des compagnies d’assurance à des-
tination des entreprises permettent éga-
INTERVIEW lement de protéger le transport via un
produit tel que l’Assurance transport de
marchandise, les salariés de l’entreprise
à travers des produits tels que la Retraite,
prévoyance, qui intègre le décès, l’invali-
Mustapha Khriss, dité et la santé et enfin, les projets de
directeur général adjoint construction via des produits tels que les
Assurances Dommages ●●● tous risques chantiers et tous risques
chez Axa Assurance. montage.
Les PME et TPE,
qui représen- Quelle a été l’évolution du
tent 90 % du
Les ÉCO : Comment se com- tissu écono- segment assurance pour les
porte aujourd’hui l’assurance mique, sont entreprises ces dernières
destinée aux entreprises au peu ou assu- années ?
Maroc ? rées. Le marché des assurances ne dispose pas
Mustapha Khriss : Le marché des as- de chiffres par segment entreprises et
surances entreprises reste limité aux particuliers. Cependant, on peut estimer
moyennes et grandes entreprises. Les PME celui des entreprises à 11 MMDH, soit
et TPE, qui représentent 90% du tissu éco- 42% du chiffre d’affaires global, avec une
nomique marocain, sont peu ou pas assu- progression moyenne de 5% depuis
rés. L’enjeu pour l’ensemble des compagnies 2009, contre 12% en 2007 et 2008.
d’assurance et également des pouvoirs pu-
blics est de sensibiliser ce segment d’entre- Comment voyez-vous l’avenir
prise à l’importance du rôle de l’assurance L’assurance est également un élément im- auxquels s’exposent les entreprises. À cet dans ce marché ?
dans la protection de leur patrimoine et portant dans l’accompagnement des projets effet, les compagnies d’assurance offrent Dans plusieurs pays, le développement du
donc de leur développement. d’investissement. À cet effet, l’assurance des produits pour d’abord protéger les lo- marché des assurances, notamment celui
offre une garantie aux investissements caux et les matériels via des garanties qui relatif aux entreprises, est dû essentielle-
Quel est l’enjeu pour une contre les risques accidentels. couvrent les événements incendie, dégât ment à l’instauration des couvertures d’as-
entreprise de contracter une des eaux, événements naturels, vol ou surance obligatoires. À cet effet, le contrat-
assurance? Quels sont les types de produits tentative de vol… D’autres produits d’as- programme signé entre le secteur et les
Dans le cadre de la gestion des risques pro- qui sont proposés aujourd’hui surance permettent de protéger la res- pouvoirs publics prévoit l’élargissement des
pres à chaque entreprise, celle-ci décide de par les compagnies d’assurances ponsabilité des entreprises, tout d’abord couvertures obligatoires : la responsabilité
transférer une partie du risque aux assu- aux entreprises marocaines ? vis-à-vis des clients. À titre d’exemple des établissements relevant du public, l’as-
reurs pour que l’entreprise se consacre en- Le secteur des assurances au Maroc offre exemple, l'assurance joue en cas de dé- surance tous risques chantier et la respon-
tièrement à ses activités en toute sérénité. des couvertures à la majorité des risques faut de sécurité des produits de l’entre- sabilité civile décennale. ●

Deux nouvelles assurances obligatoires, où les personnes civilement responsables


d’un dommage ultérieur comme l’entrepre-

pour bientôt
neur, l’architecte ou le bureau d’études peu-
vent ne pas être solvables pour faire face à
une demande d’indemnisation et parfois
même ils peuvent ne plus exister des an-
● Les projets de loi concernant la «Tous risques chantier» et la «Responsabilité civile décennale» nées plus tard. Il est utile de signaler que
ont été transmis au Secrétariat général du gouvernement deux catégories de construction seraient éli-
gibles aux obligations d’assurance TRC et RC

B
ientôt seront instaurés deux types transmis au Secrétariat général du gouver- Des coûts entre 0,1 et 1%. décennale. Il s’agit d’une part des construc-
d’assurance et de manière obliga- nement», précise Elalamy. Ainsi, l’assu- Pour sa part, l’assurance «Responsabilité ci- tions destinées à l’habitation, qui compor-
toire dans le secteur de l’assu- rance «Tous risques chantier», aura pour vile décennale» devrait assurer les interve- ●●● tent 4 étages et plus ou dont la superficie
rance. Il s’agit de l’assurance dite «Tous objet de couvrir les dommages causés à un nants pour la «Responsabilité décennale» couverte totale dépasse les 800 mètres car-
risques chantier» (TRC) et de l’assurance ouvrage en cours de construction, ceux qu’ils encourent. Ainsi, l'architecte ou ingé- Très souvent, rés et, d’autre part, de toute construction à
«Responsabilité civile décennale» (RC). causés aux matériaux et matériels de nieur et l'entrepreneur chargés directement les employés de usage industriel, commercial ou de services
chantiers ne
En effet selon Othman Khalil Elalamy ad- construction ainsi que les dommages ma- par le maître d’ouvrage sont responsables sont pas cou- dont la superficie couverte totale dépasse les
joint du directeur à la DAPS, un projet de tériels et corporels causés aux tiers du fait lorsque, dans les dix années à partir de verts par une 400 mètres carrés. Au volet du coût de ces
loi a été élaboré en concertation avec le dé- du maître d’ouvrage ou du fait d’un des in- l'achèvement de l'édifice ou autre ouvrage assurances. assurances, le projet de texte a retenu pour
partement de l’Habitat pour l’instauration tervenants sur le chantier, notamment les dont ils ont dirigé ou exécuté les travaux, la «Tous risques chantier» un taux de prime
de l’obligation des assurances TRC et RCD entreprises qui y travaillent. Il est à noter l'ouvrage s'écroule, en tout ou en partie, ou compris entre 0,1 et 0,2% et pour la «Res-
prévues par l'article 769 du dahir du 12 que les salariés et employés du chantier ne présente un danger évident de s'écrouler, ponsabilité civile décennale» un taux entre
août 1913 formant code des obligations et sont pas couverts par cette assurance en par défaut des matériaux, par le vice de la 0,5 et 1%, selon des sources dans le secteur.
des contrats. «Ledit projet qui a été pré- cas d’accident et pour cause, ces derniers construction ou par le vice du sol. En d’au- Il est à préciser enfin que ces taux seront
senté aux opérateurs dans les domaines sont censés être couverts par une assu- tres termes, il s’agit de garantir aux futurs dans les deux cas appliqués au montant glo-
concernés par ces deux assurances a été rance accident du travail obligatoire. propriétaires une protection dans la mesure bal des travaux de construction. ●
LES ÉCO ÉPARGNE & INVESTISSEMENT - LUNDI 15 JUILLET 2013 33

Spécial Assurance

Mehdi
TAZI
Directeur général de CNIA Saada.

«Il est important


de développer une
stratégie multi-canal»
Les ÉCO : Quelle est aujourd’hui gique produit à une logique client, inté- pect de finaliser sa démarche sur le web sinistres, une optimisation de la réassu-
le positionnement de CNIA grant la pro-activité face à ses diffé- par une concrétisation chez l’un de nos rance et une maîtrise des frais généraux
Saada ? rentes attentes, en valorisant toutefois agents. Sur ce canal à distance, nous dé- et des frais d’acquisitions. CNIA Saada
Mehdi Tazi : CNIA Saada Assurance la proximité géographique et relation- ployons aussi une stratégie de commu- Assurance, s’inscrit parfaitement dans
est aujourd’hui le 4e acteur du marché nelle qu’apporte notre réseau d’agents. nication «digitale», qui nous permet de cette stratégie.
de l’assurance et le 1er assureur non-vie Aujourd’hui, CNIA Saada dispose du 1er nous différencier sur le marché. En fait Le résultat technique net s’est amélioré,
en étant leader sur l’auto, le transport et réseau d’agents exclusifs sur le territoire le site e-commerce, marchand par na- pour la deuxième année consécutive, en
la santé. L’expertise que CNIA Saada a marocain. Avec près de 400 agences, ture, est aussi déployé comme un site de enregistrant une augmentation de 57%
développée et les compétences de nos CNIA Saada veille ainsi à apporter des communication et d’échanges avec nos en 2012, passant de -121 MDH en 2011 à
équipes nous permettent aujourd’hui solutions concrètes et adaptées aux exi- clients et prospects. -52 MDH.
d’offrir des produits adaptés aux besoins gences de ses clients, dans plus de 100 Avec en supplément, l’application CNIA Cette progression résulte des réformes
des particuliers et des professionnels et villes. Notre compagnie dispose égale- Saada Mobile, disponible sur Apple menées par le management en termes
de répondre aux exigences de nos ment d’un réseau de plus de 150 cour- store et Android market, CNIA Saada de gestion des opérations d’assurance
clients entreprises et industriels. Chez tiers partenaires avec lesquels nous tra- confirme sa volonté de proximité avec ainsi que d’une bonne maîtrise des frais
CNIA Saada Assurance, nous nous enga-
geons à trouver une solution aux diffé-
vaillons aussi pour la satisfaction de
notre clientèle commune. En complé-
sa clientèle et assoit ainsi son position-
nement d’acteur innovant sur le marché
●●● généraux.

rentes situations exposées par nos ment à ces canaux historiques et dans le marocain. Notre priorité Comment s’annonce votre acti-
clients et prospects. Pour atteindre ce ni- est de dévelop- vité au premier semestre de
veau d’exigence, l’innovation fait partie Quels sont les pers- per plus de l’année et quelles sont vos pers-
intégrante de notre quotidien : cette in- pectives du secteur de proximité avec pectives pour 2013 ?
novation concerne les produits et ser- CNIA Saada l’assurance, dans un nos clients et de
leur apporter
Malgré un contexte économique diffi-
vices, mais aussi toute activité qui nous
permettra de renforcer la satisfaction de
Assurance est, contexte de baisse du
marché boursier ?
des services à
cile, nous réalisons un bon début d’an-
née, conforme à nos objectifs. Nous
notre clientèle. aujourd’hui, le 1er Avec la baisse des revenus fi-
forte valeur
ajoutée. sommes confiants pour les mois à venir,
assureur non-vie et nanciers, les compagnies pour plusieurs raisons.
La concurrence est de plus en
plus dure, avec la multiplication le 4e acteur du mar- d’assurance n’ont pas d'au-
tre choix que de se concen-
Tout d’abord, le marché est structurelle-
ment porteur de potentialités en matière
des canaux utilisés aujourd'hui ché de l’assurance. trer sur la partie haute du d’assurance IARD. De plus le secteur
par les assureurs. Quelle est, en compte de résultats, à savoir sera porté par le contrat programme,
détail, la stratégie de CNIA le résultat technique. dont les premières assurances obliga-
Saada pour gagner la clientèle ? cadre de sa stratégie multi-canal, CNIA Avec des baisses du marché boursier de toires TRC et RC Décennale verront le
Dans un marché fortement concurren- Saada, a été la première compagnie à plus de 13% durant deux années consé- jour dans les prochains mois. D’autre
tiel, il est important de développer et lancer un site web marchand dans le cutives, les compagnies d’assurance ne part, nous maintenons notre leadership
d’asseoir une stratégie multi-canal pour secteur des assurances au Maroc. peuvent plus axer leur rentabilité uni- en matière de prestations de service, no-
plus de proximité avec nos clients et Ce service permet la souscription en quement sur le résultat financier. Nous tamment en termes de délais de règle-
pour leur apporter des services à forte ligne notamment de l’assurance auto- sommes loin des périodes où la Bourse ment en auto et en santé et en termes
valeur ajoutée. mobile pour l’ensemble des clients faisait du 30% de rendement ! Au- d’indemnisation rapide. Enfin, nous
L’objectif est de permettre aux prospects connectés via le WEB. Il est certes utilisé jourd’hui, il faut absolument tendre vers comptons mettre en place dans les pro-
et aux clients d'entrer en contact avec comme canal de vente, mais intervient l’équilibre du résultat technique et avoir chaines semaines des évolutions struc-
notre compagnie par le biais du canal également dans notre approche cross- un ratio combiné bien inférieur à 100. turantes qui devraient encore mieux
qui les agrée. Nous passons d’une lo- canal, donnant la possibilité à un pros- Ceci implique une meilleure gestion des nous positionner sur le marché. ●

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