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Ces fiches se basent donc sur une étude sur le terrain qui a mis en relief des blocages et erreurs
systématiques ainsi que des facteurs de succès intéressants dans les projets d'assainissement urbain. Cette
étude a eu lieu dans 6 grandes villes de pays en développement : Delhi (Inde), Hanoi (Vietnam), Phnom Penh
(Cambodge), Buenos Aires (Argentine), Santiago de Chile (Chili) et Antananarivo (Madagascar).
Notre approche aborde l’assainissement d’un point de vue sanitaire et hygiénique : notre volonté au
cours de cette étude a été d’appréhender l’assainissement solide et liquide comme un tout visant à la collecte,
l’évacuation, le traitement et la disposition finale des risques sanitaires suivants : excrétas et eaux usées
domestiques, déchets solides ménagers et eaux de pluie. Il s’agit véritablement ici d’éloigner les dangers
sanitaires des populations afin d’améliorer leurs conditions de santé et de vie ainsi que leur
environnement urbain.
De plus, les problématiques de déchets solides et d’eaux usées ou stagnantes sont souvent
corrélées : Quel sera le bénéfice d’un projet de drainage si les canaux sont systématiquement obstrués par
des déchets solides ? Quel est l’intérêt de mettre en place un système de collecte des déchets si les rues
inondées empêchent les camions bennes de passer et de faire leur travail de ramassage ?
L’assainissement est un domaine relativement complexe. En effet, il présente des spécificités par
rapport à d’autres secteurs du développement qu’il faut toujours garder à l’esprit. Par rapport à l’eau,
l’assainissement n’est pas ressenti par les populations comme un besoin immédiat : la demande pour ce
service sera moins grande, de même que la volonté de s’impliquer et la disposition à payer pour ce service. Il
faudra donc susciter la demande chez les habitants et trouver un moyen de les convaincre de s’investir et de
participer pour améliorer leur assainissement. L’assainissement est très souvent lié à des croyances et à des
traditions culturelles. Des particularités telles que la notion d’impureté des sécrétions en Inde ou l’irrespect
envers les ancêtres que représente la défécation sur la terre ferme à Madagascar peuvent constituer des
obstacles qu’il faut prendre en compte pour la réussite des projets.
Le but de ces fiches est de permettre aux monteurs de projet, quels qu'ils soient, de se poser des
questions indispensables à la réalisation d'un projet utile et pérenne, de mettre à leur disposition des
éléments de réflexion et des exemples concrets de projets d'assainissement, de problèmes à surmonter et de
solutions développées dans les six villes étudiées. Elles n’ont pas la prétention d'être exhaustives, ni de
donner toutes les réponses aux questions que se pose un monteur de projet dans le domaine de
l'assainissement urbain.
Cette synthèse correspond au chapitre I. (Réflexions et recherches d’avant projet) pour les fiches
pratiques n°1 à 3 et au chapitre II. (Montage et mise en œuvre d’un projet d’assainissement) pour les fiches 4
à 8. Le format synthétique des fiches en permet une utilisation fréquente et de terrain. Pour plus de précisions,
d’exemples ou de références, on se référera au rapport, disponible en ligne sur www.experians.net.
Choix du lieu et du type
de projet
Mémo
1- Recherche d’informations pour le choix du
quartier : rencontres avec les autorités
publiques/collectivités locales, rencontres avec la
société civile.
2- Situation foncière des quartiers défavorisés :
insécurité, spéculation immobilière.
3- Type de projet : urgence, développement, pilote,
taille du projet.
4- Informations spécifiques concernant le(s)
quartier(s) ciblé(s).
Fiche Pratique n°1 Choix du lieu et du type de projet
Intervention et coordination de nombreux acteurs locaux Sur le terrain : Le projet de pré-collecte des
ordures ménagères dans le quartier de Faami à
Dans la conception du projet, l’étape d’identification des acteurs du Antananarivo (Madagascar) :
projet est fondamentale. Il s’agit avant tout d’informer tous les
acteurs concernés, de définir les rôles et responsabilités de Ce projet, monté et financé par l’ONG de solidarité
chacun, dans une optique de développement durable. internationale Enda-TM, visait un double objectif :
Les futurs bénéficiaires du projet, les habitants, généralement mettre en place un système de collecte viable et
représentés par un leader, doivent indispensablement participer et sensibiliser les populations à la propreté et aux
s’impliquer dans la mise en œuvre du projet pour se l’approprier, problèmes d’hygiène en lien avec les déchets.
ce qui est une garantie de durabilité. Pour la mise en œuvre sociale du projet, Enda a scellé
Les municipalités, nouveaux acteurs centraux de l’assainissement un partenariat avec une association locale : ADH
suite à la décentralisation accélérée des pays en développement, (Assistance au Développement Humain). ADH a donc
se sont vues attribuer de nouvelles responsabilités qu’elles ne sont mené les enquêtes auprès des habitants pour les
pas toujours en mesure d’assumer étant donné l’état des interroger sur le système de précollecte optimal selon
ressources humaines et financières dont elles disposent. Il s’agit eux et a réalisé la sensibilisation à la propreté. La
donc de les intégrer au projet pour les accompagner dans ce solution retenue à partir des résultats de l’enquête a
nouveau rôle qui est le leur. été mise en place sur le quartier.
De nombreux projets sont réalisés avec le soutien d’une ou La gestion financière (collecte des redevances et
plusieurs ONG. Celles-ci peuvent être monteuses du projet, paiement des collecteurs) est confiée au fokontany, le
sources de financement ou exécutrices de l’expertise sociale pour bureau local de la mairie. Dans un premier temps,
le monteur du projet. ADH assiste à tous les paiements. A long terme, le
Enfin, d’autres acteurs sont susceptibles d’intervenir à l’échelle du fokontany sera seul gestionnaire du projet.
quartier : l’Etat, les entreprises de l’eau et de l’assainissement
(privées ou publiques, concessionnaires ou en régie, etc.) et les La corruption : un frein aux projets de
bailleurs de fonds. En général, leur intervention n’est pas directe, développement
mais il arrive qu’un de ces acteurs s’implique considérablement,
parfois même comme monteur du projet, pour assainir les quartiers
Les projets de développement mobilisent souvent des
pauvres. budgets importants qui peuvent attiser les convoitises de
En ce qui concerne la répartition des acteurs, il n’y a pas de nombreuses personnes impliquées de près ou de loin dans
schéma ou de système d’acteurs type qui garantirait la réussite du un projet. On peut en effet être confronté à la corruption à
projet. Néanmoins, le système choisi doit afficher une répartition tous les niveaux :
claire et précise des rôles et responsabilités de chaque acteur et - autorités locales et services municipaux : la corruption peut
privilégier la mise en place d’une relation forte et de proximité avec avoir lieu soit auprès de l’équipe du projet, soit auprès de la
les habitants. Il doit également envisager le retrait du monteur de population concernée par le projet (services gratuits
projet après la fin du projet dans un souci de pérennité. arbitrairement payants) ;
- partenaires locaux : il s’agit ici de choisir avec soin ses
partenaires : ainsi, de multiples « ONG » locales voient le
jour pour tenter de décrocher une part de ce qu’ils
considèrent comme un « pactole » humanitaire investi dans
leur pays ;
Mémo : les acteurs du projet - leaders de quartier : en tant que relais entre la population et
1- Les habitants, bénéficiaires finaux du projet, et les les autorités ou le monteur de projet, les leaders occupent
une place de choix s’ils décident de faire payer leurs
groupes cibles : leader, femmes, enfants,
services. L’attrait du gain peut les amener à privilégier leurs
récupérateurs d’ordures. intérêts privés par rapport à l’intérêt général.
2- La municipalité et la responsabilité de Un monteur de projet doit donc être conscient que ces
l’assainissement urbain au sens large. phénomènes existent, en particulier afin d’éviter que les
3- Les ONG : diversité et méthodes de habitants de quartiers défavorisés soient au final les victimes
questionnement. de l’aide qu’on veut leur apporter (récupération du projet au
4- L’Etat, les entreprises d’eau et d’assainissement profit de personnes mal intentionnées). Enfin, un climat de
et les bailleurs de fonds. corruption généralisée peut rendre les habitants plus
méfiants et moins enclins à s’investir dans une communauté.
Fiche Pratique n°2 Les acteurs du projet
1- Les habitants Quelle est la fréquence des élections et quand doit
avoir lieu la prochaine ?
Apprendre à connaître les habitants : - Dans le cas d’une décentralisation, des ressources sont-
- S’interroger sur le foyer : taille ? Chef de famille ? elles assignées aux municipalités afin de remplir leurs
Situation d’emploi des membres de la famille ? nouvelles fonctions ? Si oui, lesquelles ?
Revenu ? Ancienneté dans le quartier ? Volonté de
La volonté de s’impliquer
s’impliquer dans un projet communautaire ? Temps
- Les bureaux locaux ont-ils la volonté de s’impliquer dans
disponible pour ce type de projet ?
un projet d’assainissement ? Si non, existe-t-il des
- S’interroger sur l’habitat : Taille ? Infrastructures ?
moyens de les motiver (formation du personnel, pression
Raison d’installation dans le quartier ? Modes de
par le haut, etc.) ?
vie ?
- Les mairies sont-elles prêtes à assumer leurs
- S’interroger sur les usages de l’assainissement :
responsabilités en matière d’assainissement ?
maintenance des dispositifs d’assainissement
lorsqu’il y en a (fréquence, qualité du nettoyage) ? 3- L’ONG
Utilisation de savon ? Mode d’évacuation des
déchets solides ? S’interroger sur l’ONG consiste à s’intéresser à :
- Sa nature : quel est le but propre de l’ONG (vocation
S’interroger sur leur leader : sociale, construction d’infrastructure, défense des droits,
- Quelle est la légitimité du leader ? Est-il élu ? base religieuse, etc.) ?
Désigné ? Religieux ? Reconnu ? Vit-il dans le - Son origine : locale ou internationale ?
quartier et dans quelles conditions ? - Sa présence dans le pays voire sur le quartier :
- Quelle est son ancienneté ? Quel est son ancienneté et stabilité.
attachement à la communauté ? A-t-il des ambitions - Sa stabilité financière (mode de financement, volume
ou des visées (par exemple politiques) ? financier).
- Quels sont ses intérêts personnels ? Le pouvoir ? - Sa fiabilité (notamment repérer les ONG fondées dans
Un meilleur niveau de vie ? L’argent ? Inspire-t-il le but de profiter de financements internationaux dans un
confiance ? intérêt d’ordre privé).
- Quelles sont les capacités du leader ? Quel est son - Ses ressources humaines (connaissance des dialectes
niveau d’éducation ? Quelle(s) langue(s) parle-t-il ? locaux, équipe locale au sein d’une ONG si internationale,
outils disponibles, etc.).
Les publics cibles de l’assainissement :
- Les femmes sont responsables de l’hygiène du Le contexte local de la société civile
foyer et de l’éducation des jeunes enfants : elles sont - Le contexte local est-il hostile aux ONG, notamment
des actrices essentielles de l’assainissement. internationales ? Existe-t-il un droit d’association
- Les enfants peuvent être sensibilisés via l’école clairement défini ?
pour une éducation à l’hygiène personnelle ou - Le nombre d’ONG présentes sur place est-il significatif ?
collective. Comment varie-t-il ? Pourquoi ?
- Les récupérateurs informels d’ordures (chiffonniers)
peuvent être associés au projet (gain social). 4- L’Etat, les entreprises d’eau et d’assainissement
et les bailleurs de fonds
2- La municipalité
L’Etat
L’organisation locale du ou des bureaux locaux A-t-il réalisé un programme national d’assainissement ?
en charge de l’assainissement Quel en est le contenu ? Est-ce compatible avec le projet
- L’assainissement (au sens large) est-il la envisagé sur le quartier ?
responsabilité d’un bureau local ou cette
responsabilité est-elle répartie entre plusieurs Les entreprises d’eau et d’assainissement
bureaux ? Interviennent-elles purement dans le cadre de leur
- Ces bureaux disposent-ils de ressources humaines concession avec souci de rentabilité ou développent-elles
et financières adéquates pour remplir leur mission ? des programmes sociaux ?
Mémo
1- Enquête sur les habitants, sur leurs usages
concernant l’assainissement et sur la
demande en assainissement.
2- Prise en compte des aspects culturels
locaux : blocages et leviers pour le projet.
3- Marketing social.
Fiche Pratique n°3 La demande en assainissement : identification et
marketing social
1- Enquête sur les habitants, leurs usages propreté peut constituer un moyen efficace de
concernant l’assainissement et la sensibiliser les habitants et de les faire participer au
demande en assainissement projet.
1- Choisir une solution adaptée aux besoins 2- Choisir une solution adaptée aux besoins des
des habitants et aux contraintes du générations futures
quartier
Le choix de la solution technique doit tenir compte
La solution doit être adaptée à la configuration de la robustesse du matériel :
physique du quartier et doit donc tenir compte : - Les matériaux de construction et d’entretien futur
- de la configuration physique et topographique du doivent exister localement et faire appel à un savoir-
quartier : profondeur de la nappe phréatique, pente faire existant localement.
et inclinaison locale, gradient, inondabilité de la - L’utilisation d’une solution à bas coût ne signifie pas
zone, accès à l’eau potable, etc. ; pour autant qu’elle aura une durabilité moindre. Cette
- des infrastructures sanitaires existantes : solution technique doit être conçue pour durer.
dimensions et vétusté des infrastructures
d’assainissement, entretien actuel des installations, Le choix de la solution technique doit prendre en
nature du réseau (séparatif ou unitaire), possibilité compte le coût des réparations futures qui doit être
de s’y raccorder, matériel utilisé ; accessible aux habitants.
- des conséquences de la pression urbaine :
manque d’espace pour construire et étroitesse des Le choix de la solution technique doit prendre en
ruelles, diminution de l’efficacité des moyens compte la croissance urbaine :
existants (lacs de lagunage naturels comblés par Les estimations concernant le choix, le
exemple). dimensionnement et la mise en place de la solution
technique doit tenir compte des projections de
La solution technique dépend de la situation population urbaine. Oublier la croissance urbaine
foncière du quartier : risque de rendre les installations sous-dimensionnées,
- La construction d’une infrastructure demande la inefficaces voire inutiles.
sécurisation foncière de l’emplacement où elle sera
construite.
- L’insécurité foncière de certaines zones met en
danger la durabilité de la solution adoptée : risque
d’éviction ou de destruction.
Date → Nov. Déc. Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept.
Action ↓ 2000 2000 2001 2001 2001 2001 2001 2001 2001 2001 2001
Acquisition du terrain ▬
Rédaction de l’appel ▬▬▬▬
d’offre pour le bloc
Analyse des réponses et ▬
choix de la solution la
mieux adaptée
Construction du bloc ▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬
sanitaire
Vérification les normes ▬▬▬
sanitaires du bloc
Mémo
1- Contrôle.
2- Suivi en cours de projet : changements internes,
changements externes, évaluation à mi-parcours.
3- Suivi à long terme : durabilité du projet, mobilité des
habitants.
4- Après-projet : aide à l’accès à d’autres services de base,
réflexion globale sur l’assainissement local.
Fiche Pratique n°8 Contrôle et suivi lors du projet ; Après-projet