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6 - Les Juifs de Ménémen *

Histoire
A 32 kilomètres d 'Izmir est située la ville de Ménémen qm,
en 1904, avait une communa nté juive de 70 familles.
La fon dation d e la communauté juive de Ménémen date d'en -
viron un siècle. Avant cette époq ue, des Juifs d'Izmir et de ~Iagnésie
y venaient faire le commerce. Le nommé David Sidi, négociant et
possédant q uelques connaissances méd icales, voulant créer en ce tt~
ville une communauté organisée, tranforma une des chambres d e
sa maison, en oratoire et fit venir un rouleau sacré. Ceci fait, la

(21 ) R . E. J . XII, P. 239.


( ") Nous avons visité celte ville en 1904. En 1937. lo rs de not r<' \'O)'t'.IS'<' 1\
lzmlr . Nlsslm Yéd ld ya Can eti , nous fournit de nouvenux détai l s s ur ln vie d es
J ui fs de cette ville.

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autt; reçut un commencement d'organisation qui ll
commun , - , . ' a a e
se perfectionnant. Quelque temps apres, on fit venir encore t ~
rouleaux. Juda Sidi succôdait ti son père. Après 1904, comme~~s
mmtvt'mcnt d'émigration. En 1914, le nombre des famille . . a
un . s Juives
'-t·\it de 40· act11ellemc11l , on en compte 11nc qmnzaine qu·1 ,
c ' ' . ' n est
pas en Nat c.l'enlrct.cmr 111~ !w~~m pour la synagogu~!. Elle se con.
1
tente d'en faire ,·c11n· \Ill cl lzm11 , pour célcbrcr les fetes relig'
ieuses.
J usqu'en 1&~2, il n'y avait. pas un . quartier israélite pr opre.
ment dit. La plus grande partie des Jmfs habitait dans des han ,
(grands établissements divisés en plusieurs demeures) . A la suit:
du .tremblement de terre qui, dans la même année, détruisit ce
hans, on choisit demeure dans un grand quartier, où ils viven:
encore.

Synagogue et Talmud Tora


Nous avons parlé ci-dessus, de la synagogue de Ménémen. En
ce qui concerne le Talmud · Tora, il faut dire que, lorsque la com-
munauté se composait de 70 familles, elle songea à. le transformer
en école. En 1904, au cours d'une tournée du vali Kiamil Pacha,
à Ménémen, un cordonnier nommé Moïse Benghiat," lui remit une
pétition, par laquelle il le priait de faire construire une école pour
la communauté israélite. Rentré à Izmir, le -vali fit souscrire à !a
communauté israélite de cette ville, pour la somme de cent Livres
turques or, fit venir de !'Alliance Israélite Universelle de Paris, la
somme de cent Médjidiés, qui ajoutés à une souscription de qua-
rante Livres turques or, des Juifs de Ménémen, servirent à la con-
struction de l'école. En dehors de ces dons, Hadji Moustafa Effendi,
notable turc de la ville, vendit à la communauté, pour le quart
de sa valeur, un terrain évalué à 300 Livres, sur lequel fut construite
l'école.

Actuellement, la communauté ayant considérablement diminué,


les enfants juifs fréquentent les écoles turques de la ville.

Rabbins et chohétims
A la fin du 19me siècle, la communauté fut divisée en deux
partis, à cause des différends surgis entre ses . membres. Les um
soutenàiènt le chohet Joseph Abouf et les autres le chohet Isaac
Franco~

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Actm•lkment. la comm11na11t{: manque de rabbin et de
. C
holICt.•

c ;meti<}re

Ce fut David Sidi, le fnndatC'ur d'un oratoi re, qni clotn M(:.
m"nwn d'un cit~1etièrc juif, c\ l'occasion de la mort de sa mère, cri
t&'5I. Le d mct1èrc est 1111 champ ouvert. Sur les tombes on lit le,,
noms de : Sidi, Crespin, Benghiat, Salario, Bucno, Dias, Danon,
Hoditi, Benadava. Lorsq11c la communauté de Fotcha (voir «les
Juifs de .Fotcha») manquait de cimetière. elle faisait enterrer ses
morts à Ménémen.

La guerre générale et la guerre ponr l'indépendance turque


causèrent des dégâts et des changements dans la ville. Le cime-
tière qui était un champ ouvert disparut. Actuellement, les morts
.iuifs de Ménémen, sont enterrés dans le cimetière juif d'Izmir .

Etat économique
L'état économique des Juifs de Ménémen est le même que
celui de diverses autres petites communautés : Quelques négociant5,
de petits marchands et colporteurs. Les négociants s'occupaient de
l'exportation de céréales, valonnées, réglisse, coton, laine, raisin,
peaux. L'importation consistait en articles de manufacture, de quin-
caillerie etc.

Parmi les grands négociants citons; Béhor Benadava, Juda Sid1,


qui représentait la communauté auprès des autorités locales, Jacob
Benadava, Yomtov Varon, Salomon Soria.

Comme métiers citons ceux de cordonniers, ferblantiers et sel-


liers.

Une partie des Juifs possède ses propres maisons. Quelques uns
possédent des vignes, qui sont ctùtivées par leurs propriétaires.

Employés du Gouvernement
En 1899. le Dr. Isaac Abouaf était médecin de la municipalité.
En 1904, le Dr. Albert Garti, originaire de Brousse, occupait ce
poste.

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Calamitc!s
;\\':tilt l'oq~nnisalinn dl' la comm111m111 (., 1111c pc•stc ravage,1
, l·t ,·ilk Com111<' ks l11if s (·laie nt clcs mard 1ancls
pn•sq11t' tot Il c • . : , . . .
1 t . 1·Js ciuitt<'·n·11I la ville l'i n c•m e11I a so11ff m de rie n Fii
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.._,\!,J trcmbknwnt de lC'rrc' ddrnisil une part11: de: la ville. Troie;
1,,,1 ~ , Ill 1
Juifs (S<'mlob Bc•nghial. ~l.crC'aclo. Sid.i C'l son . fils) p( rircnl dan 5
cdle calastroplte. En 1890, a la s111tc dune fam111e, la classe pa1ivre
en souffrit. La çommurnrnt t.'~ . la mtmicipalit(: et le grand -rahhiiiat
d'Izmir secomurcnt les malhe11re11x. Cette famin e dma environ, \Hic
année.
En 192-1, h la sui te de la sécheresse qui n'.·gnai t dans une partie
du vilayet, la communauté s'adressa il celle d' Izmir pour lui de-
mander de lui fournir gratuitement le pain azyme nécessaire. La
communauté d'Izmir lui accorda tout cc qu'elle voulait.

Familles
Sidi, Roditi, Banadava, Taranto, Ouri, Guini, Hosanès, Varon,
Rotenberg, Benghiat, Ichbia, Vaïna, Salario.

Les ]uifs pendant la guerre pour l'indépendance turque


Comme tous les Juifs des villes occupées par l'année grecque,
ceux de Ménémen montrèrent leur attachement à leur patrie. Ils ne
suivirent pas l'exemple de leurs concitoyens grecs et arméniens qui
pavoisèrent leurs maisons et magasins aux couleurs grecques. Mé-
némen ne fut pas incendié par l'armée grecque, l'armée nationale
turque ne lui ayant pas laissé le temps.

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