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Précis d’électro-acoustique
Prise de son et reproduction

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Dominique Fellot

Précis d’électro-acoustique
Prise de son et reproduction

17, avenue du Hoggar


Parc d’activités de Courtabœuf, BP 112
91944 Les Ulis Cedex A, France

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“acoustique” — 2007/1/10 — 15:39 — page ii — #4
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Conception graphique de la couverture : Juliette Baily


Photographies de couverture : tête microphonique
Trinnov 
c Sébastien Montoya ; enceinte Elipson 4240.  c Elipson

Figures 3.1, 3.2, 3.3, 3.4, 3.5, 6.2, 6.3, 6.4, 6.6, 6.7, 6.8, 6.9, 6.10 extraites de
l’ouvrage Théorie et pratique de la prise de son stéréophonique de Christian
Hugonnet et Pierre Walder ; avec l’aimable autorisation des éditions Eyrolles.
c Groupe Eyrolles 1998

Composition : e-press
Imprimé en France


c 2007, EDP Sciences, 17, avenue du Hoggar, BP 112, Parc d’activités de Courtabœuf,
91944 Les Ulis Cedex A
Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés
pour tous pays. Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque
procédé que ce soit, des pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans l’autorisation
de l’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les
reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utili-
sation collective, et d’autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique
ou d’information de l’œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5
et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle). Des photocopies payantes peuvent être
réalisées avec l’accord de l’éditeur. S’adresser au : Centre français d’exploitation du droit
de copie, 3, rue Hautefeuille, 75006 Paris. Tél. : 01 43 26 95 35.

ISBN EDP Sciences 978-2-86883-960-2

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Table des matières

Remerciements vii

Préface ix

Avant-propos xi

1 Notions d’acoustique 1
1.1 Propagation des ondes sonores . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.1 Rappels de thermodynamique . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.2 Propagation d’ondes planes dans un tuyau
de section constante S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.1.3 Propagation d’ondes dans l’espace . . . . . . . . . . . . 7
1.1.4 Vitesse du son. Influence de P et de T . . . . . . . . . . 12
1.1.5 Considérations énergétiques. Intensité acoustique
ou niveau sonore . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.1.6 Impédances acoustiques complexes . . . . . . . . . . . . 13
1.1.7 Application aux ondes planes et sphériques . . . . . . . 15
1.1.8 Sources théoriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.1.9 Propagation d’ondes planes dans les pavillons . . . . . 23
1.2 Analyse par schémas équivalents . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
1.2.1 Analogies mécano-électro-acoustiques . . . . . . . . . . 29
1.2.2 Énergies mises en œuvre . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

2 Haut-parleurs 33
2.1 Haut-parleur électrodynamique à cône . . . . . . . . . . . . . . 33
2.1.1 Fonction de transfert en courant xI . . . . . . . . . . . . 34
2.1.2 Fonction de transfert en tension Ux . . . . . . . . . . . . 35
2.1.3 Impédance du haut-parleur . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.1.4 Rendement du haut-parleur . . . . . . . . . . . . . . . . 38
2.1.5 Formule du rendement selon Thiele et Small . . . . . . . 40
2.1.6 Schéma équivalent acoustique . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.2 Enceinte close . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.3 Enceinte à évent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

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iv Précis d’électro-acoustique

2.3.1 Analyse du schéma équivalent . . . . . . . . . . . . . . . 45


2.3.2 Rendement du bass-reflex à évent . . . . . . . . . . . . . 48
2.3.3 Impédance d’entrée du système . . . . . . . . . . . . . . 48
2.4 Haut-parleurs à pavillon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2.4.1 Schéma équivalent acoustique . . . . . . . . . . . . . . . 51
2.4.2 Schéma simplifié . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
2.4.3 Courbe de réponse théorique et rendement . . . . . . . 53
2.4.4 Autres limitations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
2.5 Haut-parleur à coïncidence ou coaxial . . . . . . . . . . . . . . 54
2.6 Filtres répartiteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
2.6.1 Élaboration des schémas électriques . . . . . . . . . . . 57
2.6.2 Filtres de Butterworth . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
2.6.3 Ensemble à trois haut-parleurs . . . . . . . . . . . . . . 64
2.6.4 Exemples numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
2.7 Exemple de caractéristiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66

3 Caractéristiques du son 69
3.1 Étendue spectrale des sons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
3.2 Niveau sonore . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
3.3 Effet de masque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
3.4 Réverbération, champ direct et champ réverbéré . . . . . . . . 70
3.5 Aspect perceptif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
3.6 Rapport champ direct/champ réverbéré SSdr . . . . . . . . . . . 72
3.7 Flutter écho . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
3.8 Réverbération . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
3.9 Temps de réverbération optimal . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
3.10 Distance critique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74

4 Microphones 75
4.1 Le microphone dans le champ sonore . . . . . . . . . . . . . . . 75
4.2 Mode d’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
4.3 Mouvement du diaphragme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
4.4 Conversion en vitesse et en élongation . . . . . . . . . . . . . . 76
4.5 Force développée sur une face de diaphragme . . . . . . . . . . 76
4.6 Mode d’action en pression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
4.6.1 Conversion en vitesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
4.6.2 Conversion en élongation . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
4.7 Mode d’action en gradient de pression . . . . . . . . . . . . . . 79
4.7.1 Comportement en ondes planes progressives . . . . . . . 80
4.7.2 Comportement en ondes sphériques . . . . . . . . . . . . 80
4.7.3 Comportement aux fréquences élevées . . . . . . . . . . 81
4.7.4 Conditions de réalisation d’un microphone à gradient
de pression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.8 Mode d’action mixte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.9 Microphone combiné . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83

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Table des matières v

5 Exemples de microphones 85
5.1 Microphone dynamique omnidirectionnel . . . . . . . . . . . . 85
5.2 Microphone dynamique cardioïde . . . . . . . . . . . . . . . . 86
5.3 Microphone dynamique à deux voies . . . . . . . . . . . . . . . 87
5.4 Microphone dynamique à ruban . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
5.5 Microphones électrostatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
5.5.1 Principe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
5.5.2 Préamplificateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
5.5.3 Alimentation fantôme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
5.5.4 Bruits dans les microphones électrostatiques . . . . . . . 93
5.6 Microphones à électret . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
5.7 Caractéristiques de directivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

6 Prise de son stéréophonique 99


6.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
6.2 Localisation d’une source . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
6.2.1 Localisation par différence d’intensité . . . . . . . . . . 100
6.2.2 Localisation par déphasage ou différence de temps . . . 100
6.2.3 Localisation par les deux effets conjugués . . . . . . . . 101
6.3 Prise de son stéréophonique d’intensité . . . . . . . . . . . . . . 102
6.3.1 Système stéréosonic . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
6.3.2 Système M-S (Middle-Side) . . . . . . . . . . . . . . . . 105
6.4 Prise de son stéréophonique de temps . . . . . . . . . . . . . . 106
6.4.1 Système AB avec deux capsules omnidirectionnelles . . 107
6.5 Prise de son stéréophonique de temps et d’intensité . . . . . . 107
6.5.1 Système en couple, utilisant deux microphones
faiblement espacés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
6.5.2 Système AB avec grand espacement
(de quelques décimètres à plusieurs mètres) . . . . . . . 109
6.5.3 Système avec obstacle entre les deux microphones . . . 110
6.5.4 Tête artificielle (avec les micros dans les oreilles) . . . . 110
6.6 Prise de son en multicanal dite 5.1
(5 canaux discrets + 1 d’extrême-grave) . . . . . . . . . . . 111

7 Quelques enceintes acoustiques célèbres 115

Bibliographie 123

Exercices et corrigés 125

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Remerciements

Cet ouvrage est dédié à la mémoire de Pierre Cochereau, organiste de


Notre-Dame de Paris de 1955 à 1984, qui joignait à son immense talent d’im-
provisateur un très grand intérêt pour l’électro-acoustique (il avait un diplôme
de metteur en ondes ORTF dont il n’était pas peu fier). Il fit rayonner dans
le monde entier son prestigieux instrument qu’il qualifiait souvent de « plus
belle orgue du monde ».
Cet ouvrage n’aurait jamais vu le jour sans l’aide précieuse du professeur
Voichita Bucur, grande spécialiste de l’acoustique des bois et des instruments
de musique, qui a assuré la finalisation du manuscrit, après avoir encouragé
l’auteur à le retravailler en vue d’une édition. Qu’elle en soit ici chaleureuse-
ment remerciée.
Mes remerciements vont aussi au professeur Mario Rossi (EPFL), spé-
cialiste renommé de l’électro-acoustique, à qui cet ouvrage doit beaucoup,
à Bogdan Grabowski, ancien chef du département Électronique à l’ENSTA,
ainsi qu’à Jean-Paul Vabre, du CNAM et de l’INT, Charles Hubert, mathé-
maticien de Thales et professeur à l’EUROSAE, enfin à Christian Hugonnet,
dont les compétences en prise de son ont franchi les frontières.

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Préface

L’électro-acoustique est une science de compromis entre une approche pu-


rement théorique et l’exposé de résultats expérimentaux, ce dans la mesure où,
à l’analyse des phénomènes physiques, se mêle la psycho-acoustique. Il faut, en
effet, tenir compte d’une dimension subjective, voire affective, qui tient au fait
que toute reproduction sonore est facteur d’émotion. Cela commence à la prise
de son, se poursuit dans la chaîne d’amplification électronique, pour aboutir à
une écoute majoritairement affectée par les caractéristiques des haut-parleurs
et des enceintes acoustiques associées. Cette évidence n’a pas échappé à l’au-
teur du présent ouvrage qui rassemble des données techniques essentielles des
maillons extrêmes que sont les microphones et les haut-parleurs avec leurs dis-
positifs d’adaptation à l’environnement acoustique. La pertinence des choix
dans les sujets exposés n’a pu que bénéficier d’une longue expérience de la
prise de son en environnements diversifiés, ainsi que d’une maîtrise tout aussi
grande des installations à haute fidélité.
Il s’agit ici d’un précis qui rassemble des techniques ramenées à l’essentiel,
dans un souci de clarté pédagogique, fruit d’un passé d’enseignant en école
d’ingénieur et en milieu industriel. Il en résulte toujours une progression sa-
vamment dosée dans les explications et, plus particulièrement, des conclusions
au plan pratique dont la compréhension se trouve facilitée par des illustrations
judicieusement choisies.
Même si l’exposé mathématique peut rebuter le lecteur, le recueil d’exer-
cices du dernier chapitre est là pour faciliter la mise en application des
concepts exposés préalablement. Quoique destiné en priorité aux étudiants
en spécialité acoustique, cet ouvrage, rassemblant des bases essentielles pour
la compréhension des phénomènes mis en jeu dans les dispositifs de reproduc-
tion sonore, devrait intéresser tout amateur exigeant soucieux de combattre
l’ésotérisme de bien des publications relevant du domaine audiovisuel.

Pierre Loyez

Ingénieur en chef honoraire des télécommunications,


ancien membre du comité de rédaction de la Revue du son
et de la revue l’Audiophile

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Avant-propos

Ce précis, dérivé d’un cours donné en 2002 à l’Institut Supérieur d’Élec-


tronique de Paris (ISEP), est destiné à l’Enseignement supérieur (facultés
et écoles d’ingénieurs). Il tente de pallier la rareté des ouvrages consacrés à
l’acoustique et à son application la plus courante, l’électro-acoustique, qui a
pratiquement disparu des programmes d’études, alors qu’elle est omniprésente
dans les médias.
Cet ouvrage, volontairement court, expose en termes clairs et concis l’es-
sentiel de ce qu’il faut savoir pour démarrer dans ces techniques avec des
bases solides. Les connaissances nécessaires préalables en mathématiques et
en physique sont celles qui sont enseignées dans les écoles d’ingénieurs et les
facultés des sciences. Sont traités successivement :
– les bases essentielles de l’acoustique (propagation, niveaux d’énergie) ;
– les haut-parleurs (rayonnements, fonctions de transfert, enceintes acous-
tiques, pavillons) ;
– les caractéristiques du son ;
– les principes des microphones (moyens d’obtention d’une tension élec-
trique) ;
– les différents types de microphones (dynamiques, statiques) et leurs direc-
tivités.
Suit en dernier lieu un chapitre traitant rapidement des techniques de prise de
son actuelles. Enfin, pour égayer un peu cet ouvrage souvent aride, quelques
enceintes acoustiques ayant fait date sont décrites, lorsque leurs principes
n’ont pas vieilli. Quelques exercices, pour les courageux, sont donnés avec
leurs corrigés.

L’auteur

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Chapitre 1

Notions d’acoustique

N.B. : Le système d’unités utilisé dans cet ouvrage est évidemment le


système international MKS.

1.1 Propagation des ondes sonores


1.1.1 Rappels de thermodynamique
Lorsqu’un milieu (gaz, liquide ou solide) est soumis à un endroit donné
à des variations de pression, celles-ci se propagent dans le milieu avec une
vitesse c, dépendant principalement de deux facteurs : la densité du milieu et
son élasticité. En acoustique aérienne, objet de ce livre, les variations détec-
tables à l’oreille sont extrêmement faibles. En effet, le seuil de sensibilité de
l’oreille humaine (maximale vers 1 à 3 kHz) est d’environ 20 µPa (ou 0,2 na-
nobar) et se situe (heureusement pour nous) légèrement au-dessus du bruit
thermique de l’air (aux températures habituelles). Et le seuil de douleur, à
environ 120 dB au-dessus, c’est-à-dire 20 Pa (0,2 mBar), reste largement in-
férieur à la pression atmosphérique (105 Pa). La pression sonore p peut donc
être considérée comme un infiniment petit de la pression atmosphérique P,
ce qui légitime l’écriture : p = dP.

1.1.1.1 Lois thermodynamiques applicables à l’air


L’air est considéré comme un gaz parfait répondant à l’expression :

P V = nRT (1.1)

où P et V sont la pression (pascals) et le volume (m3 ) d’une quantité d’air


déterminée par son nombre n de moles ; R est la constante des gaz parfaits
(R = 8,314 joules/mole/degré K) et T la température absolue. Lorsque T est
constante, cette loi s’intitule loi de Mariotte (1620-1684) ou de Boyle (1627-
1691) chez les Anglo-Saxons.

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2 Chapitre 1 : Notions d’acoustique

Autrement, on l’appelle loi de Gay-Lussac si T est variable. Enfin, lors-


qu’il n’y a pas d’échange de chaleur avec le milieu extérieur, les transforma-
tions de P et V des n moles sont dites adiabatiques et répondent alors à la
loi de Laplace (1749-1827) :

P V γ = Constante (1.2)

où γ = C/c = chaleur spécifique à pression constante/chaleur spécifique à vo-


lume constant. Dans l’air γ = 1,4. La combinaison des deux expressions (1.1
et 1.2), dans le cas d’une transformation adiabatique, permet d’écrire, les in-
dices i et f signifiant initial et final :
 γ   γ−1  γ−1
Pf Vi Tf Pf γ
Vi
= = =
Pi Vf Ti Pi Vf

1.1.1.2 Conséquences de ces lois


Les premiers calculs de la vitesse du son, où l’on pensait que T était
constante dans les variations de pression dues à la propagation d’un ébran-
lement, donnèrent une valeur de c = 270 m/s, assez éloignée, au grand dam
des théoriciens, de la réalité (autour de 340 m/s).
Ceci amena Laplace à considérer que les variations de P et de V , dans la
propagation du son, ne répondaient pas à la loi de Mariotte, mais étaient
adiabatiques, c’est-à-dire sans échanges de chaleur au sein du fluide, car ils
n’ont pas le temps de s’établir.
La vitesse du son alors obtenue par le calcul (§ 1.1.4), parfaitement véri-
fiée expérimentalement, montre la perspicacité de Laplace. Actuellement, on
déduit la valeur précise de γ de celle de c.

1.1.2 Propagation d’ondes planes dans un tuyau


de section constante S
1.1.2.1 Comportement d’une tranche d’air d’épaisseur dx
Considérons une tranche d’air d’épaisseur dx, de surface S, de masse m,
de volume V = Sdx (Fig. 1.1), les vitesses de déplacement étant v (en x), et
v + dv (en x + dx). Elle est soumise aux pressions sonores p(x) et p(x + dx),
qui ne sont pas égales.
À l’arrivée d’une onde sonore (surpression p), la force qui s’exerce sur cette
masse est :
F = [p(x) − p(x + dx)]S (1.3)
d’où :
∂p ∂p
F =−dxS = − V
∂x ∂x
La vitesse v n’étant pas la même en x et x + dx, le volume V occupé par
la masse m, au temps t + dt, n’est plus le même qu’en t, et a varié de dV,

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Précis d’électro-acoustique 3

Fig. 1.1 – Tranche d’air d’épaisseur dx soumise à une pression sonore.

les faces se sont déplacées de :


 
∂v
vx dtet vx + dx dt
∂x
 
∂v ∂v
dV = S vx + dx − vx dt = S dxdt
∂x ∂x
∂v
dV = V dt (1.4)
∂x
Puisque Sdx = V . Or la masse m = ρV est constante, il se produit donc
une variation δρ de la densité ρ si V varie de dV :

δρV + ρdV = 0

Finalement :
1 ∂δρ ∂v
+ =0 (1.5)
ρ ∂t ∂x
D’autre part, en appliquant la loi de Newton, avec :
dv
Γ= (accélération)
dt
F = mΓ,
et avec (1.3)
∂v ∂p ∂v ∂p
ρV + V =0 → ρ + =0 (1.6)
∂t ∂x ∂t ∂x
Le système d’équations (1.5) et (1.6) contient 3 inconnues v , p et δρ.
En tenant compte du fait que les variations de volume (donc de den-
sité) et de pression suivent la loi de Laplace (transformation adiabatique)

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4 Chapitre 1 : Notions d’acoustique

P V γ = Constante :
−1
P γ.V γ dV + V γ .dP = 0 ici dP = p (§ 1.1.1)

Ou encore
p dV
+γ =0
P V
où P = pression atmosphérique, et puisque m = ρV , on a finalement :
p δρ
+γ =0 (1.7)
P ρ
ρ p
En portant la valeur δρ = γ P dans (1.5), on obtient :

∂p ∂v
− γP =0 (1.8)
∂t ∂x
On a maintenant un système de 2 équations à 2 inconnues, p et v.
Dérivons (1.6) en ∂v ∂v
∂t et (1.8) en ∂x , pour éliminer p :

∂2v ∂p ∂v
ρ + =0 (1.9)
∂t2 ∂x ∂t
∂p ∂v ∂v
− γP 2 = 0 (1.10)
∂t ∂x ∂x
En soustrayant (1.10) de (1.9), nous avons :

∂ 2 v γP ∂ 2 v
+ =0 (1.11)
∂t2 ρ ∂x2
∂p ∂p
De même, en dérivant (1.6) en ∂x et (1.8) en ∂t , nous avons :

∂v ∂p ∂2p
ρ + 2 =0 (1.12)
∂t ∂x ∂x
∂2p ∂v ∂p
− γp =0 (1.13)
∂t2 ∂x ∂t
On obtient :
∂ 2 p γP ∂ 2 p
+ (1.14)
∂t2 p ∂x2
Le terme γP/ρ a les dimensions du carré d’une vitesse c

c2 = γP/ρ (1.15)

où c = vitesse du son (m/s).


À ces équations peuvent répondre des solutions générales de la forme, par
exemple pour v :
v = F (t − x/c) + f (t + x/c) (1.16)

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Précis d’électro-acoustique 5

F (t − x/c) représente une onde de profil quelconque, se propageant vers les


x > 0, donc une onde progressive, de même :
f (t + x/c) représente une onde rétrograde.
Une fois v choisi, il en résulte pour p une fonction similaire [(1.4) et (1.5)
sont liées].   x  x 
p = ρc F t − +f t+ (1.17)
c c
Notons que, pour F seule, on a :

p = ρcv, ou p/v = ρc = zi (voir ci-après)

et pour f seule
p = −ρcv
dans le cas général où F et f coexistent (cas particulier des « ondes station-
naires »), les relations entre p et v sont plus compliquées.

1.1.2.2 Impédance acoustique


De même qu’avec une ligne électrique, on a une impédance itérative :
v
zi = = tension/courant ←→ pression/débit
i
Dans le cas du tuyau sonore, on a d’une manière analogue, le débit étant Sv :
pression ρc
zi = = (1.18)
débit S
pour une onde progressive (f = 0), pour toute valeur de x.
Si on veut éviter l’apparition de f dans un tuyau, celui-ci doit donc être
terminé par un dispositif d’absorption de l’énergie dont l’impédance est égale
à l’impédance itérative du tuyau zi = ρc S ; tout comme une ligne électrique
doit être fermée sur une résistance pure :

L
R = zi = − (ligne sans perte) (Fig. 1.2)
C

Fig. 1.2 – Ligne sans perte terminée par son impédance itérative.

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6 Chapitre 1 : Notions d’acoustique

Fig. 1.3 – Analogies entre les lignes acoustiques et les lignes électriques.

On retrouve donc avec un tuyau sonore tous les résultats obtenus avec une
ligne électrique, comme le montre la figure 1.3.
En acoustique R = z i peut être obtenu en réalisant une terminaison consti-
tuée d’une paroi percée d’une grande quantité de fins tuyaux où l’énergie se
dissipe par la viscosité de l’air (paroi poreuse, capillaires, etc.).

1.1.2.3 Détermination de f

Si le tuyau se termine par une impédance Z quelconque, on a pour x = l,


p
Z = Sv , donc
 
p ρc F t − cl − f t + cl
=  
Sv S F t − cl + f t + cl

d’où :
   
l 1−
ZS
l ρc
f t+ =F t− ZS
(1.19)
c c 1+ ρc

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Précis d’électro-acoustique 7

On obtient donc pour un tuyau fermé (Z = ∞) :


   
l l
f t+ = −F t −
c c

et pour un tuyau ouvert (Z = 0) (supposé incapable d’engendrer une pres-


sion, ce qui n’est pas tout à fait vrai en réalité) :
   
l l
f t+ =F t−
c c

Toutes ces propriétés sont exploitées dans les instruments de musique à


vent (tuyaux d’orgue ouverts ou bouchés, flûtes, trompettes, etc).

1.1.3 Propagation d’ondes dans l’espace


1.1.3.1 Petit volume soumis à une pression sonore
On considère maintenant un petit volume V = dx.dy.dz de masse m,
soumis à une pression sonore p(x, y, z).
F = mΓ se traduit dans les 3 directions :
∂px
Fx = [p(x) − p(x + dx)]dydz = − dxdydz
∂x

∂px
Fx = − V
∂x
Par symétrie :

∂py
Fy = − V
∂y
∂pz
Fz = − V
∂z
C’est-à-dire :
#» #» # »
F = −V grad p (1.20)
d #»
v
D’autre part, l’accélération est dt :

d #»
v ∂ #»
v x dx ∂ #»
v y dy ∂ #»
v z dz
= + +
dt ∂x dt ∂y dt ∂z dt

donc
d #»
v # »
ρ + grad.p = 0 (1.21)
dt
à rapprocher de (1.6).

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8 Chapitre 1 : Notions d’acoustique

Comme précédemment, les vitesses sont différentes sur les faces homo-
logues :
(x et x + dx, y et y + dy, z et z + dz), elles entraînent une variation du vo-
lume V et par conséquent une variation δρ de la densité, la masse m étant
constante.

Fig. 1.4 – Propagation d’ondes dans les trois axes.

On retrouve évidemment l’équation (1.7) :

p δρ
+γ =0
P ρ
d’où  
∂p ∂vx ∂vy ∂vz
− γP + + =0 (1.22)
∂t ∂x ∂y ∂z
à rapprocher de (1.8).
Cette relation est non tourbillonnaire, c’est-à-dire que :

rot. #»
v = 0.

C’est la condition nécessaire et suffisante pour qu’il existe une fonction Φ


scalaire, appelée « potentiel des vitesses » ; ce qui signifie que l’on peut

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Précis d’électro-acoustique 9

écrire (signe – arbitraire) :


∂Φ ∂Φ ∂Φ
vx = − , vy = − , vz = −
∂x ∂y ∂z
ou encore :
#» # »
v = −gradΦ (1.23)
où la vitesse #»
v dérive de Φ.
En dérivant dans le temps l’équation (1.21), avec (1.23), on obtient :
∂dΦ 1
= dρ (1.24)
∂t ρ
ou en intégrant dΦ dans l’espace :

∂Φ dp p
= = (1.25)
∂t ρ ρ
où ρ est considéré comme constante.
De tout ce qui précède on tire :
 
∂2Φ P ∂2Φ ∂2Φ ∂2Φ
= γ + +
∂t2 ρ ∂x2 ∂y 2 ∂z 2
c’est-à-dire
∂Φ2
= c2 .∆Φ (1.26)
∂t2
∂2Φ ∂2Φ ∂2Φ
∆Φ = laplacien = + +
∂x2 ∂y 2 ∂z 2
avec :
c2 = γP/ρ (1.15)

1.1.3.2 Pression et élongation


Des équations précédentes on tire par intégration :
∂Φ
p=ρ + cste (1.27)
∂t
et l’élongation δ x est l’intégrale de v dans le temps. On voit que toutes les
grandeurs acoustiques peuvent s’exprimer en fonction de Φ.

1.1.3.3 Ondes sphériques


Avec les ondes planes, les ondes sphériques sont les ondes le plus souvent
rencontrées. Dans ce type d’onde, la progression est radiale. Considérons une
pellicule d’épaisseur dr sur la sphère de propagation, son volume est donc
dV = 4πr2 dr.

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10 Chapitre 1 : Notions d’acoustique

En raisonnant de la même façon que pour les ondes planes, le principe de


conservation de la masse permet d’écrire :
∂δρ ∂
4πr2 dr + ρ (4πr2 v)dr = 0 (1.28)
∂t ∂r
De même, la loi de Newton s’exprime comme pour les ondes planes :
1 ∂p ∂v
+ =0 (1.29)
ρ ∂r ∂t
à rapprocher de (1.6).
L’équation (1.28) peut s’écrire
 
∂δρ ∂v
r2 + ρ 2rv + r2 =0
∂t ∂r

En éliminant δρ grâce à p = −γP δρ


ρ , on obtient :
 
∂p 2 ∂v
− γP v+ =0 (1.30)
∂t r ∂r
à rapprocher de (1.8).
On peut maintenant éliminer soit p soit v pour aboutir à 2 équations de
propagation. On obtient alors en éliminant p :
 
∂2v 2 ∂ 1 ∂(r2 v)
= c
∂t2 ∂r r2 ∂r
qu’on peut développer :
 
∂2v ∂ 2v 2 ∂v 2v
= c2 + − 2 (1.31)
∂t2 ∂r2 r ∂r r
De même, en éliminant v :
 
∂2p ∂ 2 p 2 ∂p
= c2 + (1.32)
∂t2 ∂r2 r ∂r
équation qui est différente de celle de v. Il est cependant plus intéressant
d’utiliser la notion de potentiel des vitesses Φ (r, t). L’équation (1.26) devient,

∂Φ ∂Φ
le laplacien étant en coordonnées sphériques : r, θ, φ, avec ∂θ = ∂φ =0
(Angot 1952, p. 132)  
∂Φ 2 2 ∂Φ ∂2Φ
=c + 2 (1.33)
∂t2 r ∂r2 ∂
en posant β = rΦ, on aboutit à :
∂2β ∂2β
2
= c2 2 (1.34)
∂t ∂r

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Précis d’électro-acoustique 11

d’où

βF (ct − r) βf (ct + r)
Φ= +
r r
onde centrifuge onde centripète (1.35)

On se soucie rarement de la centripète (sauf peut-être si l’onde passe par


un foyer).
Soit donc la centrifuge Φ = βF (ct−r)
r .
On en déduit comme précédemment :

∂Φ 1 ∂βF βF
v=− = + 2 (1.36)
∂r r ∂(ct − r) r

βF
On observe que pour r assez grand r2 est négligeable. L’onde est assi-
milable à une onde plane

∂Φ ρc ∂βF
p= = (1.37)
∂t r ∂(ct − r)

progressive, décroissant en 1/r. En revanche, pour r petit, le terme βrF2 est


prépondérant. Cela signifie que la forme d’onde de vitesse se déforme en
se propageant. En revanche la pression p ne subit qu’une atténuation sans
déformation. Cette particularité joue un grand rôle dans les micro-
phones : ceux répondant à la pression ne manifestent pas de sensibilité à la
distance de la source en fonction de la fréquence, au contraire des microphones
dits « de vitesse » qui accentuent les fréquences basses à proximité de
la source (Fig. 1.5), ce qui est un inconvénient dont il faut se souvenir en
exploitation (voir § 4.7.2).

Fig. 1.5 – Variation de la vitesse en fonction de r, pour les ondes sphériques.

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12 Chapitre 1 : Notions d’acoustique

1.1.4 Vitesse du son. Influence de P et de T


La loi de Mariotte Gay-Lussac s’écrit P V = nRT où (R ≈ 2 J) est une
constante et T la température absolue. T = t ◦ C + 273 K, n = nombre de
moles. Si T est constante :
dP dV m m
P + V = 0. Comme ρ = V , densité de l’air, on a V = ρ , ce qui donne
Pm
ρ = nRT .

P − ρ = 0 lorsque la pression atmosphérique subit une variation δP .


δρ
D’où δP
Ceci entraîne :  
dc δP δρ
2 =γ − =0 (1.38)
c P ρ
La vitesse du son c est donc pratiquement indépendante de la pres-
sion atmosphérique, en revanche elle dépend de la température :
 
PV nRT
c= γ = γ [m/s] (1.15)
m m
En appelant c0 la vitesse à 0 ◦ C :
  
t ◦C ∼ t ◦C
c = c0 1+ = c0 1 +
273 546

pour les valeurs habituelles de températures ambiantes.


En valeurs numériques, aux conditions de référence habituelles :

– température (t ◦ C = 0◦ ), → T = 273 K, γ = 1,40 ;

– pression atmosphérique P0 à 76 cmHg → P0 = 0,76 × 13,6 à 0 ◦ C


→ P0 = 1 033,6 millibars ou hecto pascals ;

– densité de l’air ρ0 = 1,293 kg.m−3 à t = 0 ◦ C ;

– vitesse de l’air à 0 ◦ C :

c20 = γP0 /ρ0 = 1,4 (1,034/1,293) 105 ;


c0 = 334,53 m/s.

Cherchons la variation de température ∆t◦ pour qu’un orgue à tuyaux monte


d’un√quart de ton (racine 24e de 2)(rappel : 1/2 ton = racine 12e de 2).
24
2 = 1,0293 = 1 + ∆t/2 × 273 → ∆t ≈ 0, 0293 × 2 × 273 = 16 ◦ C

1.1.5 Considérations énergétiques. Intensité acoustique


ou niveau sonore
Le terme intensité est utilisé ici dans un sens très différent de son sens en
électricité. Il eut été préférable de parler de puissance unitaire (par m2 ).

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Précis d’électro-acoustique 13

Soit un élément de surface dS soumis à une pression p. La force exercée


perpendiculairement à dS est donc dF = p.dS, entraînant une vitesse acous-
tique v. Le travail élémentaire accompli est donc dW = pdSdx suivant la
normale à dS, d’où la puissance dW
dt :

dW dx
= pdS
dt dt
3 −1
où : S dx
dt = débit (m s ), d’où par définition de l’intensité acoustique :

I = Ψ = (pv) (valeur moyenne de pv ) en W.m−2 (1.39)

La puissance acoustique à travers une surface S sera donc :


Pd = I.dS
S

Si β désigne un angle constant entre la normale à S et la direction de propa-


gation :
Pd = I.S cos β
Nous verrons plus loin que pour l’oreille humaine I (§ 3.2) s’étend de :
I0 = 10−12 W.m−2 (seuil d’audibilité) à environ I = 1 W.m−2 (seuil de
douleur).
Les définitions précédentes permettent donc aisément de calculer les puis-
sances émises par les sources sonores, connaissant S et leur vitesse v, ou leur
élongation x, dans le cas d’ondes sinusoïdales. Comme en électricité, on em-
ploiera avec succès les nombres complexes ou la transformation de Laplace

(avec s = jω, symbole de ∂t ).

1.1.6 Impédances acoustiques complexes


Jusqu’ici nous avons eu affaire à des ondes aériennes où le rapport zi = pv ,
dans le cas de pression et vitesse sinusoïdales, est réel ; en d’autres termes, il
n’y avait pas de déphasage entre eux. Or, on rencontre en acoustique, comme
en électricité, des impédances réactives (inductance et capacitance), tradui-
sant les phénomènes de stockage d’énergie cinétique :

(inertances←→inductances) ou potentielle
(volumes comprimés←→condensateurs).

Comme on le démontre en automatismes, connaître la fonction de transfert


H(jω) d’un système physique c’est connaître aussi sa fonction de transfert
H(s), avec s = α + jω, variable de Laplace (on utilise s pour ne pas em-
ployer p).
Nous emploierons désormais les notations habituelles aux fonctions d’ex-
citation et des réponses des systèmes.

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“acoustique” — 2007/1/10 — 15:39 — page 14 — #28
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14 Chapitre 1 : Notions d’acoustique

L’excitation x(t) sera généralement de la forme :


 # »
x(t) =  X.est .u(t)

avec u(t) = échelon unité,


 = partie réelle de. . . ; = partie imaginaire. . .

X = |X|ejθ = A + jB, et s = α + jω

Si :

s = α; x(t) = Keαt u(t) régime transitoire


s = jω; x(t) = Xe jωt
= |X| cos(ωt + φ) régime forcé
s = α + jω, → sinusoïdes d’amplitude croissante ou décroissante

suivant le signe de α.
Les fonctions de réponse sont de la forme :

y(t) = y0 (t) + yf (t)

où y0 (t) est la réponse naturelle et yf (t) est la réponse forcée.


Si x(t) est sinusoïdal :

x (t) = X cos ωt la réponse sera #»
y (t) =  [Y cos(ωt + ϕ)]

avec Y /X = H(s) = H(jω) en régime forcé.

Fig. 1.6 – Échelon unité et impulsion de Dirac.

On se rappellera (Fig. 1.6) également que si :

L est la transformée de Laplace,

L [u(t)] = 1/s, échelon unité,

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“acoustique” — 2007/1/10 — 15:39 — page 15 — #29
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Précis d’électro-acoustique 15

L [δ(t)] = 1, impulsion de Dirac,


 
df (t)
L dt = sF (s) → jωF (jω),

1
L [ f (t)dt] = F (s)/s → jw F (jw)

H(s) = sR(s) avec R(s) = réponse à u(t).


Tous les systèmes à constantes localisées (ou considérées comme telles)
peuvent donc être facilement analysés avec cette méthode : microphones, haut-
parleurs, enceintes acoustiques, etc.

1.1.7 Application aux ondes planes et sphériques


1.1.7.1 Ondes planes

Le potentiel des vitesses s’écrit :

ω
Φ(ct − x) = Φ0 sin (ct − x) = Φ0 sin(ωt − kx) (1.40)
c
ω
où k = c = nombre d’ondes. On écrit aussi :
 
t x
Φ(ct − x) = Φ0 sin 2π − (1.41)
T λ

où : λ = cT = c/f = longueur d’onde, Φ0 = constante ; ωT = 2π ;


T = période, f = 1/T = fréquence.
En notation complexe :

Φ(ct − x) = Φ0 ej(ωt−kx) = Φ0 ejωt e−jkx

d’où

∂Φ
p(x) = ρ = Φ0 ρjω.e−kx (1.42)
∂t
∂Φ
v(x) = = Φ0 jke−kx (1.43)
∂x
p ρ.j.ω
zc = = = ρc, exprimée en [Pa.s.m−1 ]
v j.k

zc = impédance caractéristique, ou spécifique, du milieu (air en


général).
(Rappel : zi = ρc
S (1.18), pour le tuyau.)

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16 Chapitre 1 : Notions d’acoustique

1.1.7.2 Ondes sphériques


Le potentiel des vitesses s’écrit :

Φ1 −j.k.r
Φ(ct − r) = e ; Φ1 = valeur de Φ à r = 1 m
r
∂Φ Φ1
p(r) = ρ = jωρe−jkr (1.44)
∂t r
∂Φ 1 jk
v(r) = − = − 2 e−jkr − e−jkr
∂r r r
 
Φ1 1
v(r) = + jk e−jkr (1.45)
r r

d’où
p(r) jωρ ωρ ρc
zc = = 1 = j = (1.46)
v(r) r + jk ω
c −r 1 − kr
j

qui peut s’écrire


zc = Rc + jXc

Partie réelle :
ρc
Rc = 1 → r → ∞; Rc → ρc = zc
1 + (kr) 2

Partie imaginaire :
ρc
Xc = kr
1 → r → ∞; Xc → 0
1+ (kr)2

1.1.8 Sources théoriques


1.1.8.1 Sphère pulsante
Son volume varie dans le temps, le rayon a étant modulé d’une petite
quantité r(t). Le débit acoustique vaut :

qr (t) = Svr (t) [m3 s−1 ]

Écrivons vr (t) pour r = a, de la formule (1.45)


 
q(t) q(t) Φ1 1
vr (t) = = 2
= + jk e−jka
S(a) 4πa a a

d’où on tire :
q ejka
Φ1 =
4π ka − j

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Précis d’électro-acoustique 17

et enfin p(r) et v(r), en portant ce résultat dans (1.44) et (1.45), avec zc = ρc

zc kq
p(r) = e−jk(r−a) (1.47)
4πr(ka − j)
kr − j q
v(r) = .e−jk(r−a) (1.48)
ka − j 4π.r2

On introduit alors deux impédances Z ar et Zmr :


a) Z ar = impédance acoustique de rayonnement, en r = a

p(a) zc k
Zar = = [N.s.m−5 ou Pa.s.m−3 ] (1.49)
q 4πa(ka − j)

(car q = 4πa2 v)
En outre, la force exercée sur la sphère est F = p(a).S, d’où :
b) Zmr = impédance mécanique de rayonnement

F Sp(a) p(a) Sp(a)


Zmr = = or = = SZar
v(a) v(a) v(a) q

d’où :
Z mr = S 2 Z ar [Nsm−1 ] (1.50)

Z mr représente le quotient d’une force par une vitesse, celle que cette
force produit à la surface de la sphère. Nous verrons plus loin le sens de cette
notion à l’étude des pistons (haut-parleurs).

1.1.8.2 Propriétés
Pour généraliser, on introduit l’impédance réduite :

ZS(a) Zar S Zmr


zr = rr + j.xr = = =
zc zc S.zc

ce qui donne :

(ka)2 ka
rr = 2
et xr = (1.51)
1 + (ka) 1 + (ka)2
rr → 1 pour ka → ∞ ; xr → 0 pour ka → ∞

ωa 2πf a 2πa
Pour : ka < 1, c’est-à-dire c = c = λ <1

ka < 1 → r1 ≈ (ka)2 ; xr ≈ ka

La figure 1.7 montre la variation d’impédance réduite en fonction de ka.

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18 Chapitre 1 : Notions d’acoustique

Fig. 1.7 – Variation de l’impédance réduite zr = rz +jxr en fonction de ka (d’après


Rossi 1986).

1.1.8.3 Masse de rayonnement


Pour ka < 1, la réactance Xmr vaut Xmr = xa Zc S ≈ kaZc 4πa2
Avec k = ω/c et Zc = ρc et V = 4/3πa3 , volume de la sphère

Xmr ≈ ω.c−1 a.ρc.4πa2 = 3ωρV (1.52)

La réactance mécanique (inertie) vue par le moteur de force F est donc


environ 3 fois celle de la sphère remplie d’air. Elle ne joue pas de rôle
dans la puissance acoustique rayonnée, mais intervient dans la fonction de
transfert. Nous verrons plus en détail cette propriété, dans l’étude des haut-
parleurs.
La résistance de rayonnement varie pour ka < 1 en (ka)2 , c’est-à-dire en
2 2
ω a
c2 , à raison de + 12 dB /oct, pour ensuite devenir constante pour ka > 1.
On retrouvera cette propriété à peine modifiée dans les haut-parleurs.

1.1.8.4 Piston circulaire sur écran infini


Dans cette configuration, les rayonnements avant et arrière n’interfèrent
pas (Fig. 1.8). L’impédance de ce rayonnement est calculée en supposant que
chaque élément dS de la surface se comporte comme une demi-
sphère pulsante.
Si ka << 1 (sphère petite devant λ), la pression selon (1.47) s’écrit :
zc kq −j.k.r
p(r) = j e
4πr

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Précis d’électro-acoustique 19

Fig. 1.8 – Piston circulaire dans un écran infini.

Comme toute l’énergie est émise vers l’avant, l’expression précédente devient,
à débit q constant, p étant doublée :
zc kdq −jkri
dp = j e
2πri
ri étant la distance de dS au point considéré A. (Fig. 1.9)
La pression en A s’obtient en intégrant dp sur la surface S du piston avec
dq = v0 dS :

−j.k.ri
k.v0 e
p = dp = jzc dS
2π ri
S S
dS s’écrit : dS = ρdρdϕ, et on confond ri et r, si on peut considérer
ri = r + ρ cos φ sin θ ≈ r, en champ lointain
On peut alors écrire :

e−jkr
p(r, θ) = jzc kv0 e−jkρ. cos ϕ. sin θ dS (1.53)
2π.r
S
a 2π
L’intégrale s’écrit : 0
ρdρ 0
e−j.k.ρ. cos ϕ. sin θ dϕ

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20 Chapitre 1 : Notions d’acoustique

Fig. 1.9 – Rayonnement du piston.

L’intégrale en ϕ vaut J0 (kρ sin θ) (elle représente le rayonnement d’une


2
antenne circulaire de rayon ρ). Celle en ρ vaut πa 2J 1 (ka sin θ)
ka sin θ
où J0 et J1 sont des fonctions de Bessel d’ordre 0 et 1 (voir Angot, 1952).
Le diagramme (Fig. 1.10) représente le facteur de directivité du piston
en fonction de ka sin θ. Pour ka < 1 (c’est-à-dire lorsque la circonférence du
piston est < λ), il rayonne comme demi-sphère pulsante. Au contraire pour
ka > 2, la directivité s’accentue et dès ka = 3,83 (1er zéro de J1 ), des lobes
secondaires apparaissent.

1.1.8.5 Impédances de rayonnement


Comme pour la sphère pulsante, on définit les impédances de rayonne-
ment :
SZar Zmr F
zr = = avec zr =
zc Szc zc Sv0
où F est la force de réaction du milieu. zr = impédance réduite ; zc = ρc.
On a :
p(a)
Zar = pression/débit = Sv0 = zr zSc = impédance acoustique de
rayonnement.

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Précis d’électro-acoustique 21

Fig. 1.10 – Facteur de directivité du piston (Rossi 1986).

p(a).S
Zmr = force/vitesse = v0 = zr zc S = impédance mécanique de
rayonnement.
Le calcul de Zar a été effectué par Lord Rayleigh, il aboutit aux expres-
sions suivantes, avec zr = rr + jxr , paramètres réduits (Fig. 1.11) :

π/2
2J1 (2ka) 4
rr = 1 − et xr = − sin(2 ka cos ϕ) sin2 ϕ.dϕ (1.54)
2ka π
0

ϕ = position angulaire de dS sur le piston (Fig. 1.9).


rr peut être écrit sous la forme d’un développement en série, on obtient,
pour ka << 1 (Olson, 1957, p. 92) :
 
(ka)2 (ka)4 (ka)6 8 ka (2 ka)2
rr = − + +. . . et xr = 1− + . . . (1.55)
2 12 144 3π 15
rr est la moitié de (1.51) ; xr est 85 % de (1.51).
Lorsque le piston est petit devant λ, rr est petit devant xr . Ce dernier
terme, si ka est petit, peut s’écrire : xr = 8ka 8ka
3π et Xmr = xr zc S = 3π ρcπa
2

Xmr = ωρhS (1.56)

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22 Chapitre 1 : Notions d’acoustique

2,0

1,0

0,5
0,3
0,2

0,1

0,05
0,03
0,02

0,01

0,005
0,003
0,002 analogue électrique de l’impédance
0,001

0,0005
0,0003
0,0002
0,0001
0,01 0,03 0,1 0,3 1,0 3,0

Fig. 1.11 – Composantes réelle et imaginaire de l’impédance de rayonnement du


piston (Beranek 1954).

8a
avec h = 3π , et k = ωc , hS est le volume d’un cylindre de même diamètre que
8a
le piston et de hauteur h = 3π , d’où :

8a 2 D3
Mr = ρhS = ρ πa = ρ (1.57)
3π 3

où : D est le diamètre du piston, la masse d’air de ce cylindre se rajoute


directement à celle du piston, et de chaque côté si les deux faces
rayonnent dans tout l’espace.
Le piston rayonne comme une demi-sphère pulsante pour ka << 1, c’est-
à-dire pour les fréquences les plus basses, et le terme rr croît alors comme
le carré de la fréquence. Il atteint la valeur 1 pour le 1er zéro de J1 ,
c’est-à-dire : ka = 3,83. Au-delà, le piston rayonne pratiquement droit devant
lui, comme dans un cylindre de même diamètre (en supposant qu’il est
indéformable).

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Précis d’électro-acoustique 23

1.1.9 Propagation d’ondes planes dans les pavillons


Un piston est capable d’engendrer de fortes pressions, mais son inertie ne
le rend susceptible que de faibles déplacements. En rayonnant directement
dans l’atmosphère, il ne pourra pas développer des pressions élevées : c’est un
dispositif à impédance élevée, et l’air est au contraire à très basse impédance. Il
y a donc désadaptation. Un pavillon, présentant une surface faible à la gorge
et une surface importante en bouche, permet de réaliser une bien meilleure
adaptation : il fonctionne comme un transformateur. Nous étudierons les
pavillons les plus répandus parce que les meilleurs, dont la loi de croissance de
la section (surface S) est de nature exponentielle : les pavillons exponentiels en
ex et leurs dérivés hyperboliques (loi en Ch x et Sh x ) un peu plus sophistiqués.

1.1.9.1 Équations de propagation

Les équations sont différentes de celles obtenues pour le tuyau à section


constante S : ici la section S augmente de dS (Fig. 1.12) lorsque x augmente
de dx.

Fig. 1.12 – Propagation d’ondes planes dans un pavillon.

Pendant le temps dt, il rentre en S la quantité d’air (ρSv)x dt, il sort en


S + dS la même quantité, mais écrite (ρSv)x+dx dt, ce qui donne :

∂ρ ∂
S + (ρSv) = 0
∂t ∂x

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24 Chapitre 1 : Notions d’acoustique

En développant :
∂2v 1 ∂2p
=− ,
∂x∂t ρ ∂x
et enfin,
S∂ρ ∂ρ ∂S ∂v
+ Sv + ρv + ρS =0
∂t ∂x ∂x ∂x
Le deuxième terme, produit de deux infiniment petits, est négligeable. On
néglige aussi les variations de ρ, sauf évidemment pour le terme en ∂ρ
∂t .
En outre, la loi de Newton permet d’écrire (comme pour les ondes planes
§ 1.1.2.1) :
1 ∂p ∂v
+ =0 (1.6)
ρ ∂x ∂t
avec :
1 ∂p 1 ∂S ∂v
+ v =0 (équation de Webster) (1.58)
ρ ∂t S ∂x ∂x
En procédant par élimination comme pour les ondes planes (§ 1.1.2.1.), et
toujours avec l’équation (1.7) Pp + γ δρ
ρ = 0, c’est-à-dire :

1 ∂ρ 1 ∂p
= , on obtient le système :
ρ ∂t γP ∂t
∂v ∂p
ρ + =0
∂t ∂x
1 ∂p 1 ∂S ∂v
+ v+ =0 d’où, en éliminant p
γ.P ∂t S ∂x ∂x
   
∂2v 1 ∂S ∂v ∂ 1 ∂S ρ ∂2v
+ + v = (1.59)
∂x2 S ∂x ∂x ∂x S ∂x γP ∂t2
et aussi  
1 ∂2p 1 ∂S ∂v ∂2v
+ + =0
γP ∂t2 S ∂x ∂t ∂x∂t
L’équation (1.6) donne :
∂v 1 ∂p
=− .
∂t ρ ∂x
C’est-à-dire :
∂2v 1 ∂2p
=− , en dérivant en x
∂x∂t ρ ∂x2
d’où finalement :  
ρ ∂2p 1 ∂S ∂p ∂2p
= + 2 (1.60)
γP ∂t2 S ∂x ∂x ∂x
où on retrouve
γP
c2 = (1.15)
ρ
Les deux équations 1.59 et 1.60 ne sont pas les mêmes, ce qui signifie
que la pression p et la vitesse v évoluent très différemment le long
de l’axe du pavillon.

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Précis d’électro-acoustique 25

1.1.9.2 Cas du pavillon exponentiel


La section S croît suivant la loi : S = S0 emx , S0 étant la section pour
x = 0. On en déduit tout de suite :
 
1 ∂S ∂ 1 ∂S
= m et =0
S ∂x ∂x S ∂x
Les équations 1.59 et 1.60 deviennent alors :
 2 
∂ v ∂v ∂2v
c2 + m = (1.61)
∂x2 ∂x ∂t2
 2 
∂ p ∂p ∂2p
c2 + m = (1.62)
∂x2 ∂x ∂t2
qui sont semblables, et dans ce pavillon seulement.

1.1.9.3 Propagation dans le pavillon exponentiel


Soit la vitesse v(t) = V ejωt , en portant dans (1.61), on obtient :
∂2V ∂V ω2
2
+m + 2V =0
∂x ∂x c
Posons maintenant V = erx , on obtient l’équation caractéristique :

r2 + mr + ω 2 /c2 = 0

c’est-à-dire : 
m m2 w2
r=− ± − 2 (1.63)
2 4 c
Si le pavillon s’ouvre lentement :
m2 ω2
< 2
4 c

Dans ce cas, les racines sont :



m ω2 m2
r =− ±j 2

2 c 4
c’est-à-dire : 
−mx 2
2 +j. − m4
ω
V = V0 e c2 . (1.64)
On obtient bien une onde sinusoïdale amortie avec la distance x, mais avec
2 2 2
une vitesse c qui est telle que cω2 = ωc2 − m4 . Soit :
c
c =  avec c > c (1.65)
2 2
1 − m4ωc2

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26 Chapitre 1 : Notions d’acoustique

Mais il s’agit de la vitesse de phase. La vitesse de propagation d’une onde


de forme quelconque décomposable en série de Fourier, ou encore vitesse de
groupe, est < c. Soit en effet une onde :
n  

v= A cos n ωt − +ϕ ; (n = entier).
1
λ
La phase d’une composante en (x + ∆x) au temps (t + ∆t) sera inchangée si :
δω∆t − δ 2π
λ ∆x = 0. Autrement dit, le groupe de composantes se transpor-
tera comme un tout.
La vitesse de propagation de groupe s’écrit :
∆x dω dω
cg = =  2π =  ω ,
∆t d λ d c
or : ω  
d c c − ω dc
dω 1 − cω dc

= =
dω c12
c
Comme  2 2
  1
2 2 −2  −2 m4ωc3
m c dc 1
c = c 1 − → = − c
4ω 2 dω 2 1 − m2 c2 32
4ω 2
d’où : 2 2 2 2
ω dc m c
4ω 2
m c
4ω 2
· =  3 1 =
c dω m2 2 − 2
1 − 4ω2 1 − m2 c 2
4ω 2

et enfin :
   
dω  m 2 c2 c m 2 c2
cg =  ω = c 1 − =  1 . 1−
d c 4ω 2 2 2 4ω 2
1 − m4ωc2 2

m 2 c2
cg = c 1 − <c (1.66)
4ω 2
(D’après Yves Rocard, Dynamique des vibrations. 1949.)

1.1.9.4 Fréquence de coupure


2 2
Pour qu’il y ait propagation de tranche en tranche, il faut que ωc2 > m4 ,
c’est-à-dire ω > ω0 (voir 1.65). Si ω < ω0 , il n’y a plus de propagation et
l’amplitude dans une tranche en x est de la forme :
A.er1 x + Ber2 x (A et B dépendant des conditions initiales)
Si ω → 0, r1 → 0 et r2 → −m.
Et d’autre part la vitesse varie comme e−x , régime d’écoulement d’un
fluide incompressible, ou hydrodynamique. La fréquence de coupure ω 0
2π se
présente donc comme une frontière entre un régime acoustique proprement
dit pour ω > ω0 , et hydrodynamique pour ω < ω0 . Dans le deuxième cas, il y
a transfert d’énergie, mais assez mauvais.

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Précis d’électro-acoustique 27

1.1.9.5 Transfert d’impédance


L’impédance acoustique de rayonnement Zg = Zar du pavillon, s’il ne
s’ouvre pas trop rapidement (m petit) et s’il est de longueur pratiquement
grande devant la plus grande longueur d’onde à transmettre, s’écrit :
p ρ.c
= Zg = à la gorge (entrée)
q S0

S0 étant la surface de gorge (à x = 0). Cette impédance est beaucoup plus


élevée que celle que voit un piston sur écran (§ 1.1.8.4.) lorsque λ < π D, ce qui
est très favorable pour produire un son avec un piston vibrant, qui est à haute
impédance (§ 1.1.9). Si le pavillon est sans pertes (cas général), l’impédance
d’une tranche en x peut s’écrire, le débit total q étant constant :
ρc ρc S0
q = vX .SX = cste, ce qui donne Zx = et Zg = ou encore Zx = Zg
Sx S0 Sx
L’impédance décroît donc régulièrement avec x et si Dx est le diamètre
en Sx et D0 en S 0 :  2
D0
Zx = Zg (1.67)
Dx
Cette formule est à rapprocher de celle présentée du primaire d’un transfor-
mateur de rapport
 2
n1 n1
: Zs = Zp
n2 n2
On pourrait déjà utiliser le pavillon en le plaçant directement sur un pis-
ton vibrant. On y gagnerait une bien meilleure adaptation du piston à l’air
sur toute la bande de fréquence comprise entre la fréquence de coupure du
pavillon (qui peut être basse) et la fréquence de transition où l’impédance de
rayonnement du piston devient :
ρc
Zx = à l’air libre (§ 1.1.8.4)
S0

1.1.9.6 Pavillon hyperbolique


Ce pavillon, étudié vers 1940 par Vincent Salmon aux États-Unis (Jensen)
est un perfectionnement intéressant du pavillon exponentiel. Son équation est
donnée par l’expression suivante :
√   mx mx 
S = S0 Ch + M Sh (1.68)
2 2
On retrouve S = S0 emx pour M = 1, et pour M = 0, on a le pavillon
caténoïdal (chaînette) :
mx
S = S0 Ch2
2

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28 Chapitre 1 : Notions d’acoustique

La figure 1.13 donne la résistance de rayonnement√pour différentes valeurs


de M : on y voit l’intérêt de choisir M entre 1/2 et 1/ 2 ; valeurs qui donnent
une bien meilleure adaptation aux fréquences basses que pour le classique
pavillon exponentiel.

a)

1,2

1,0
hyperbolique
0,8

0,6
conique
0,4

0,2

fréquence hertz
b)

Fig. 1.13 – Impédance de gorge des pavillons hyperboliques. a) en fonction de M


(Rossi 1986) ; b) comparaison entre les pavillons hyperboliques et coniques (Beranek
1954).

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“acoustique” — 2007/1/10 — 15:39 — page 29 — #43
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Précis d’électro-acoustique 29

1.2 Analyse par schémas équivalents


1.2.1 Analogies mécano-électro-acoustiques
On peut imaginer de nombreuses analogies mécano-électro-acoustiques.
Celle qui vient le plus naturellement à l’esprit est la suivante (Tab. 1.1.) :

Tab. 1.1 – Analogies mécaniques, électriques, acoustiques.

Domaine
Mécanique Électrique Acoustique
Force F Tension U Pression p
Vitesses v Courant I Débit acoustique q

Cette méthode est féconde car elle permet d’optimiser les structures acous-
tiques en partant des circuits électriques bien maîtrisés par les électri-
ciens. Ainsi un haut-parleur est un générateur de pression : on passe du
schéma électrique au schéma acoustique par l’intermédiaire d’un schéma mé-
canique (Tab. 1.2) :

Tab. 1.2 – Équivalences entre les schémas du haut-parleur.

Électrique Mécanique Acoustique


F BlI
I F = BlI p= S = S

Dans un circuit acoustique complexe on trouve, comme dans un circuit


électrique :

a) un (ou des) générateur(s) de pression (haut-parleurs) et/ou un (ou


des) récepteur(s) (microphones) ;
b) des résistances acoustiques (←→ résistances électriques) ;
c) des inertances (←→ inductances électriques) ;
d) des élasticités (←→ capacitances électriques).

On transformera donc le schéma électro-mécano-acoustique en un seul


schéma acoustique en tenant compte évidemment des formules de
conversion (où on suppose toujours les vitesses normales à la surface consi-
dérée).
a) Générateur de pression p
Ainsi la source de pression acoustique est déterminée, dans un haut-parleur
de surface Sd , par :
F BlI BlU
p= = =
Sd Sd Sd Z t

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“acoustique” — 2007/1/10 — 15:39 — page 30 — #44
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30 Chapitre 1 : Notions d’acoustique

où : U est la tension de sortie à vide de l’amplificateur, de résistance interne

Rg → Zt = Rg + jLω + Re

(on néglige la f.c.é.m, Blv au-delà de la résonance principale du haut-parleur),


d’où
BlU
p≈
Sd (Rg + Re + jLω)
(Voir plus loin § 2.1.3.)
b) Les résistances acoustiques (rayonnement et/ou dissipation par frot-
tement d’air) sont déterminées par le rapport pression
débit considéré.
Comme la résistance mécanique est donnée par :
F q p Rmec
Rmec = , que F = pSd et v = = Ra = [Pa.s.m−3 ] (1.69)
v Sd q Sd2

c) Les masses mécaniques M se transforment en inertances acous-


tiques Ja ∗
dv M dq dq
F =M → pSd = → p = Ja
dt Sd dt dt
où M est la masse du fluide (volume Sh considéré indéformable) ou la masse
mécanique d’un diaphragme passif, de surface Sd :
M
Jd = [kg.m−4 ] (1.70)
Sd2

Exemple : l’inertance d’un évent de surface S et de longueur h rempli d’air :


ρSh ρh
Ja = = où ρ = 1,3 kg/m3
S2 S

d) Les élasticités acoustiques Ca (ou souplesses) sont par définition issues


de l’égalité :
dp
q = Ca
dt
ou
dp 1
=
qdt Ca
Or la raideur Kb d’un volume d’air Vb , soumis à l’action d’un piston de surface
S se déplaçant de x s’écrit :

F SdP −S 2 dP −S 2 dP
= Kb = = = avec dVb = −qdt = −Sx
x x dVb −pdt
∗ Pour éviter les confusions, on ne parle pas de « masse acoustique ».

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Précis d’électro-acoustique 31

La loi de Laplace P V γ = Constante donne :


dp dVb dp −γP 1 dp Kb
= −γ d’où : = ou encore : = = 2.
P Vb dVb Vb Ca −qdt S
Or :
S 2 γP S 2 ρc2
Kb = (1.15)
Vb Vb
Vb Vb
Ca = 2 [m3 Pa−1 ] (1.71)
γP ρc
On remarque que dans cette dernière expression la surface S a disparu.

1.2.2 Énergies mises en œuvre


a) Résistance acoustique : Ra

p2
Pw = Ra q 2 = [Watts] (1.72)
Ra
U2
(à rapprocher de P = RI 2 = R en électricité).
b) Inertance acoustique
Il y a, comme dans une inductance, stockage d’énergie cinétique :
1 1M 1
Wc = Ja q 2 = 2
(Sv)2 = M v 2 [joules] (1.73)
2 2S 2
c) Élasticité acoustique
On y emmagasine de l’énergie potentielle (comme dans un condensateur) :

1 1 1 S 2 γP x2 1 γP
Wp = Ca p2 = Kb x2 = = (∆Vb )2 [joules] (1.74)
2 2 2 Vb 2 Vb

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Chapitre 2

Haut-parleurs

2.1 Haut-parleur électrodynamique à cône


Le haut-parleur est supposé monté sur un écran plan infini (2 rayonne-
ments, Fig. 2.1).

Fig. 2.1 – Vue en coupe d’un haut-parleur standard.

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34 Chapitre 2 : Haut-parleurs

Soit :
Mt : la masse totale du cône et des cylindres (voir § 1.1.8.5)
d’air entraînés (kg)
D = 2a, le diamètre du cône effectif rayonnant (m)
ωS : pulsation de résonance principale du cône (rad.sec−1 )
fS : fréquence de résonance = ωS /2π (Hz)
S : surface du cône (assimilable à un piston plan) (m2 )
2
S = πa2 = πD 4
B : induction dans l’entrefer (teslas)
l : longueur du fil de la bobine mobile (m)
x : déplacement du cône (m)
R : résistance de la bobine mobile (Ω)
K : raideur de la suspension du cône (Nm−1 )
1
C= K = souplesse de la suspension (mN−1 )
L : inductance de la bobine mobile (H)
f : coefficient de pertes dues au rayonnement
et frottements divers.

x
2.1.1 Fonction de transfert en courant I
La force motrice exercée sur le cône est F = BlI
On a donc :
d2 x dx
BlI = Mt 2 + f + Kx
dt dt
c’est-à-dire :
BlI = (−ω 2 Mt + jωf + K)x
d’où :
x Bl 1
= (2.1)
I K f Mt ω 2
1 + jω −
K K
en identifiant le dénominateur à la forme canonique d’un système de second
ordre :
jω ω2
1+2m − 2
ωS ωS
où :
K
ωS2 =
Mt
et ωS = la pulsation spécifique :

K
ωS =
Mt
 
f 2m Mt f K 1
= = 2m 2m = ωS =
K ωS K K Mt K

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Précis d’électro-acoustique 35

on pose m = ma = coefficient d’amortissement acoustique :


f
2 ma = √ (2.2)
KMc
x
2.1.2 Fonction de transfert en tension U
La tension de sortie de l’amplificateur U (Fig. 2.2) attaque le circuit :

Fig. 2.2 – Schéma électrique d’un haut-parleur électrodynamique.

U = (R + jLω)I + Bljωx
où Blv est la f.c.é.m de la bobine mobile :
dx
jωx =
dt
x
I= (−M ω 2 + jωf + K)
Bl
U 1
= (R + jLω)(−Mt ω 2 + jωf + K) + jωBl
x Bl
et finalement :
x Bl 1
=    
U RK f L B 2 l2 Mt fL L Mt 3
1+ + + jω − + ω2 − jω
K R RK K KR R K
Cette fonction est du 3e ordre. Si on néglige l’influence de L dans la bande de
fréquences pour ne regarder qu’aux environs de ωS , on peut écrire :
x ∼ Bl 1
= 2 2 (2.3)
U RK B l
f+
1+ R jω − Mt ω 2
K K

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36 Chapitre 2 : Haut-parleurs

qui ressemble beaucoup à la précédente (2.1). En identifiant de nouveau à


ω ω2
1 + 2 mj − 2
ωS ωS
où ωS est inchangé ; le terme d’amortissement est totalement différent et
composite :
f
a) K, identique au précédent et de nature mécanique, dû aux frottements
et au rayonnement ;
B 2 l2 2me
b) RK , d’origine électrique = ωS .

Nous écrirons
B 2 l2
2mt = 2ma + 2me ; 2me = ωS (t = total)
KR
D’où :  
f B 2 l2
2mt = 2(ma + me ) = ωS + (2.4)
K RK
La littérature technique (Thiele et Small, 1971) a préféré écrire toutes
ces relations en assimilant à l’autre forme canonique, avec Q = surtension =
1/2 m
1 ω ω2
1+ j − 2
Q ωS ωS
ce qui est assez maladroit. On obtient, avec leurs notations :
1 f
2ma = = √ →
QMS KMt
√ 
KMt 1 MMS
QMS = = : surtension mécanique
RAS RAS CMS

1 B 2 l2
2me = = √ →
QES R KM

R √ RES MMS
QES = 2 2 KM = 2 2 : surtension électrique
B l B l CMS

1 1 1 MMS 1
= + QT S = . : surtension totale ;
QT S QMS QES CMS B 2 l2
RAS +
RES
(2.5)
avec
1
RAS = f ; CMS = = souplesse ; RES = R ; MMS = Mt ;
K
QES = Qélectrique ; QMS = Qmécanique ; QT S = Qtotal

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Précis d’électro-acoustique 37

Ceci a pour but de permettre le lien avec les termes des catalogues,
appelés paramètres de Thiele et Small.
Ordre de grandeur : QMS est de l’ordre 5 à 10, QES est d’autant plus
faible (c’est en général souhaitable) que le produit Bl est élevé. On voit que
2 2
le terme BRl a la dimension d’une résistance mécanique, c’est la résistance
mécanique ramenée par voie électrique. On verra plus loin que l’ordre de
grandeur de QT S est aux environs de 0,5 (m = 1) en général, ce qui signifie
que le produit Bl doit être suffisant, et le plus élevé possible, la plupart du
temps.

2.1.3 Impédance du haut-parleur

U = (R + jLω)I + jωBlx
Or :
BlI B 2 l2
x=   (2.6)
K K
f + j Mt ω −
ω
à la résonance :
K U B 2 l2
Mt ω = → = R + jLω +
ω I f
on obtient donc une impédance motionnelle complexe qui s’ajoute à l’impé-
dance électrique R + jLω avec :

Zm = Rm + jXm
K
B 2 l2 f B 2 l2 Mt ω −
=− ω
Rm =  2 Xm .  2
K ω K
f 2 + Mt ω − f 2 + Mt ω −
ω ω

En posant :
B 2 l2
Rm + jXm = ρ.ej.ϕ =  
K
f + j Mt ω −
ω
B 2 l2
ρ=   2
K
f 2 + Mt ω −
ω
Or :
f
cos ϕ =   2
K
f 2 + Mt ω −
ω

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38 Chapitre 2 : Haut-parleurs

(l’inverse d’une droite est un cercle), il vient :

ρ B 2 l2
= = cste
cos ϕ f
B 2 l2
ce qui est l’équation d’un cercle de diamètre f = cste, dit cercle de
Kennelly (Fig.2.3).

Fig. 2.3 – Cercle de Kennelly.

2.1.4 Rendement du haut-parleur


Il est le quotient de la puissance acoustique rayonnée par la puissance
électrique fournie.
La puissance rayonnée est donnée par : Pr = Rmr v 2 , v étant la vitesse du
cône de surface S, on a :
v Bl jω
=
U RK B 2 l2
f+
1+ R jω − M ω 2
K K
en négligeant les 2 premiers termes du dénominateur de Ux (équation 2.3) pour

ω
ωS = M K
t
mais avec ka 1, c’est-à-dire la partie montante en ω 2 de
la résistance de rayonnement que l’on peut écrire :

(ka)2 ω.a
Rmr = rr Zt S ∼
= ρ.c.S (équation 1.55), pour ka = ∠1
2 c

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Précis d’électro-acoustique 39

On a v ∼
= Bl
(on y remarque que K a disparu)
U jωRMt

U 2 B 2 l2 U 2 B 2 l 2 ω 2 a2
Pa = Rmr v 2 = 2 2 2
Rmr = 2 2 2 . 2 .ρ.c.S
R Mt ω R Mt ω 2c
2 2 2 2
U B l a cρS
Pa =
2R2 Mt2 c2
2
Or a2 = Sπ , et Pe.f ournie = UR , si le rendement est très petit, ce qui est
toujours vrai en rayonnement direct (<3 %). Finalement

Pa B 2 l2 ρS 2
η0 = = (2.7)
Pl 2πcRMt2
Cette formule est donc valable dans la partie horizontale du diagramme
de Bode (en puissance) (Fig. 2.4).

Fig. 2.4 – Diagramme de Bode en puissance.

On y voit qu’entre ωS (résonance principale) et ωd où, rr → 1, le rayonne-


ment est à puissance constante ; ceci à la condition qu’en fonctionnement

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40 Chapitre 2 : Haut-parleurs

le piston du cône soit effectif, c’est-à-dire qu’il soit indéformable.


En réalité, aux alentours de ωd le cône ne vibre plus d’un bloc et la courbe
de puissance s’étend plus que dans ce diagramme théorique, mais on
ne maîtrise pas bien la régularité de la réponse ; le cône étant siège
d’ondes stationnaires.
Le rayonnement du cône est très bien étudié dans l’ouvrage de Pierre
Loyez sur les haut-parleurs (voir la bibliographie).

2.1.5 Formule du rendement selon Thiele et Small


Ces auteurs ont transformé vers 1970 la formule 2.7 et en ont établi une
qui donne le rendement en fonction de fs , de VAS , volume d’air (§ 1.2.1)
de même raideur que le cône suspendu, et du terme d’amortissement
électrique : 
1 B 2 l2 S 2 ρ.c2
2me = = √ ; K=
QES R KM VAS

4π 2 f 3 VAS
η0 = .xs
c3 QES
que l’on peut écrire :
8π 2 fs3 me VAS
η= (2.8)
c3
avec c = 340 m/s, c3 = 39 304 000 = 39,3 × 106 ; 4π 2 = 39,5

39,5 fs3 2me VAS


η0 = ≈ 10−6 fs3 2me VAS (2.9)
(340)3

Exemple : soit VAS = 300 l = 0,3 m3 ; fs = 25 Hz ; me = 2 ; (QES = 0,25)

η0 = 10−6 (25)3 2.2.0,3 = 2.10−6 .15 625.0,6 = 1,88 %


2 2
valeur faible, même pour un haut-parleur de qualité, car me est élevé ( BRl
élevé).
L’expression du rendement en fonction de VAS et de fs3 montre tout de
suite les influences contradictoires des termes d’amortissement et de
la fréquence de résonance principale fs , qui doit cependant être faible
pour étendre la réponse vers les fréquences basses. Le lecteur vérifiera que les
formules 2.7 et 2.8 sont bien équivalentes (voir exercice 3).

2.1.6 Schéma équivalent acoustique


Le haut-parleur sur écran infini peut être représenté par un schéma acous-
tique équivalent. Dans ce schéma (Fig. 2.5) (§ 1.1.8.5) p = FS = S(RBlU
g +Re )

U est tension à vide de l’amplificateur de résistance interne Rg :

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Précis d’électro-acoustique 41

Fig. 2.5 – Schéma équivalent acoustique du haut-parleur.

p débite q dans un circuit RLC où :


f
Ras = (rayonnement) ;
S2
B 2 l2
Rae = 2 (électrique)
S (Rg + Re )
S2
Cas = S 2 Cms =
K
Mt
Ja =
S2
1
Noter que (Ja .Cas = M K = ωs2 ).
t

Ce schéma n’ajoute rien dans le cas présent, mais ses modifications en-
traînées par les enceintes acoustiques mènent à des optimisations (enceintes
closes et ouvertes).

2.2 Enceinte close


L’emploi d’un haut-parleur monté sur écran infini étant rare et peu pra-
tique, on est amené tout naturellement, pour neutraliser l’onde arrière, au
coffret clos, habituellement garni d’absorbant. Considérons d’abord le mon-
tage du haut-parleur dans un coffret sans pertes (Fig. 2.6) (c’est-à-dire sans
absorbant acoustique).
Le seul paramètre du haut-parleur à être changé est la raideur K du cône,
car s’y ajoute la raideur Kb de l’air enfermé de volume Vb . Le schéma acous-
tique se transforme légèrement, car on y ajoute la souplesse Cab de l’enceinte :
en série avec la souplesse du cône Ct ,
1 1 1
= +
Ct Cas Cab
La raideur du haut-parleur, K (Fig. 2.7) est augmentée de celle de la
S2
boîte Kb : Cab = K b
.

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42 Chapitre 2 : Haut-parleurs

Fig. 2.6 – Enceinte acoustique close.

Fig. 2.7 – Schéma équivalent acoustique de l’enceinte close.

Toutes les valeurs de fréquence centrale, d’amortissement et de réponse


sont donc modifiées :
K + Kb f f
ωS2 devient ωc2 = → 2m = ωc = 
Mt K + Kb (K + Kb )Mt
Si on veut une réponse correcte aux fréquences basses, il faut choisir K et ωS
très faibles. En outre, il est important de noter que la présence d’absorbant
acoustique dans la boîte fait diminuer fortement le coefficient γ (de 1,4
à 1,2 environ) ce qui diminue Kb à volume égal ou Vb à Kb égal. En effet, la
transformation thermodynamique a tendance à passer d’adiabatique (γ = 1,4)
à isotherme (γ = 1) à cause des pertes d’énergie dans l’absorbant.
De toute façon, on a intérêt à remplir complètement Vb d’absorbant, ce
qui, en outre, évite les ondes stationnaires. Les meilleurs résultats sont obtenus

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Précis d’électro-acoustique 43

avec 2 mt ≈ 0,9, (Qtc ≈ 1,1). L’influence de la boîte se manifeste également


dans le rendement η, qui est le meilleur pour Qtc ≈ 1,1. Nous n’insisterons
pas longtemps sur cette technique qui fut développée dans les années 1950
et 1960 par Acoustic Research, mais qui à l’heure actuelle est pratiquement
abandonnée pour l’enceinte à évent, qui donne de bien meilleurs résultats à
tous les points de vue (rendement, encombrement, puissance rayonnée).

2.3 Enceinte à évent


Baptisée à l’origine « bass-reflex » par son inventeur (Thuras, des Bell
Laboratories, en 1930), elle a été popularisée dès la fin des années trente par
le fabricant de haut-parleurs américain Jensen. Malheureusement, à l’époque,
les analyses de Thiele et Small n’existaient pas et l’empirisme régnait, ce
qui donna lieu souvent à des réalisations exécrables qui ternirent rapidement
l’image de cette enceinte accusée de donner « toujours la même note », ou
d’avoir un « son de tonneau ». Depuis Thiele et Small (1971), le bass-reflex
enfin maîtrisé a presque relégué au musée l’enceinte close.
Le principe consiste à incorporer le haut-parleur dans un résonateur de
Helmholtz (Fig. 2.8) constitué d’une boîte de volume Vb et d’un évent conte-
nant une masse d’air déterminée.

Fig. 2.8 – Enceinte à évent.

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44 Chapitre 2 : Haut-parleurs

On considère que la fréquence propre du résonateur est donnée par


ωb2 = M
Kb
e
, Kb étant la raideur de l’air contenu dans Vb et Me la masse d’air
dans l’évent. Kb dépend de l’absorbant interne et Me est calculé en tenant
compte des effets d’extrémité (Fig. 2.9).

Fig. 2.9 – Schéma de principe de l’enceinte à évent.

Mais si ωb est bien connu, les résultats des calculs sont bien vérifiés. Le
couplage de deux systèmes du deuxième ordre donne un système de 4e ordre
en ω 4 .
Thiele et Small ont eu la remarquable idée d’essayer d’aligner la
réponse de l’ensemble sur une réponse prédéterminée des filtres
électriques passe-haut dits polynomiaux : Butterworth et Tchebychev,
dont les fonctions de transfert peuvent s’écrire, avec x = ωω0 , où ω0 est la

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Précis d’électro-acoustique 45

pulsation propre :
(jx)4
G(jx) = (2.10)
(jx)4 + a3 (jx)3 + a2 (jx)2 + a1 (jx) + 1
En choisissant les valeurs de a1 , a2 et a3 en fonction des résultats voulus, on
est conduit à dimensionner l’enceinte et l’évent.

2.3.1 Analyse du schéma équivalent


On néglige les résistances acoustiques de la boîte (Rab ) de l’évent (Rae ).
Le schéma équivalent acoustique (Fig. 2.10) se présente alors comme suit :

Fig. 2.10 – Schéma équivalent acoustique de l’enceinte à évent (d’après Rossi 1986).

Où :
S2 Vb f B 2 l2
Cas = K ; Cab = γ.P (voir § 1.2.1) ; Ras = S2 ; Rae = S 2 (Rg +Re ) ;

Jae = MS 2 est l’inertance acoustique de l’évent avec ses corrections d’ex-


t

trémité
(avec πa2 = Se, qui est la surface de l’évent) ;
−qd = qb + qe ; qb = −(qd + qe ) = le débit haut-parleur + évent
qb représente les débits (haut-parleur + évent) extérieurs ;
Mt est la masse du cône avec les masses de rayonnement :
Mt = Mc + 2Mr (Mc = masse du cône) ;

« Masse acoustique » (référence de p = 0).


Les relations entre ces paramètres sont les suivantes :
Mt f S2 B 2 l2
Jac = ; Ras = : Cas = ; Rae = ;
S2 S 2; K S 2 (Rg+ Re )
Me = ρSe (0,61a + l + 0,85a)

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46 Chapitre 2 : Haut-parleurs

bout interne : ∆.l1 = 0,61a (à l’extrémité de l’évent en champ libre, dans


l’enceinte)
bout externe : ∆.l2 = 0,85a (à l’extrémité de l’évent débouchant en face
avant plane)
Me Vb D3
Jae = 2 ; Cab = ; Mr = ρ (1.57)
Se γ.P 3

ωS h ωS h = ω 0 h
ωS ω0 ωb ω

À la pulsation de résonance ω0 du cône s’ajoute maintenant celle du résonateur


de Helmholtz ωb2 = Cab1.Jab , on introduit ainsi le rapport h = ωωSb et le rapport
Kb
de souplesse α = C Cab = K .
as

Les termes d’amortissement restent inchangés : 2mt = 2(ma + me ) =


2 2
f
ωS ( K + BRKl ) où on n’oubliera pas d’inclure la résistance interne de
l’amplificateur et des câbles de liaison dans R.
Dans ces conditions, la puissance rayonnée s’écrit :

Pa
= η0 [G(jx)]2 ,
Pr

où G(jx) est la fonction de transfert du haut-parleur et de l’évent :

Pg −pg
= (haut-parleur + évent)
qb qd + qe

(jx)4 h−2
G(jx) =
(jx)4 h−2
+ 2(jx)3 h−2 m 2
t + (jx) [1 + h
−2 (1 + α)] + 2jxm + 1
t
(2.11)
C’est la fonction de transfert d’un passe-haut du 4e ordre [une pente + 4 à
l’origine, (24 dB/oct) suivie d’une pente 0]. En identifiant à l’équation (2.10),
on a tout de suite :
a1 ωb ω0 √ ωb √
h= = ; α = a2 h − h2 − 1; = h= ; 2mt = a1 a3
a3 ωs ωs ω0

On y voit que la fréquence propre du filtre est la moyenne géo-


métrique des deux fréquences propres : haut-parleur et enceinte. Il faut
maintenant déterminer les coefficients a1 , a2 et a3 qui mènent aux filtres poly-
nomiaux : Butterworth, Tchébyshev, etc. dont les réponses sont connues.
Le polynôme de Butterworth où a1 = a3 = 2,613 et a2 = 3,414 aboutit à
la caractéristique « maximally flat », c’est-à-dire la plus plate, de la courbe
de réponse, mais également
√ à l’une des enceintes les plus encombrantes,
puisque : h = 1 ; α = 2 ;

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Précis d’électro-acoustique 47

2mt = 1/0,383 = 2,613 = 1/Qt et ωb = ωS . À cette valeur, la puissance


rayonnée est tombée de moitié (−3dB). La caractéristique Tchebyshev T4 (k =
0,5) permet d’obtenir un système descendant encore plus bas en fréquence
que B4 , ou en d’autres termes, une fréquence de coupure plus basse que celle du
haut-parleur (alors que l’opinion généralement admise était que la résonance
principale du haut-parleur donnait la limite inférieure). On obtient les valeurs
suivantes, données dans le tableau 2.1 et les courbes de réponse (Fig. 2.11)
correspondantes.

Tab. 2.1 – Valeurs usuelles des paramètres de réponse.


ω3 ωb ω0
N◦ Paramètre h α Q−1
t = 2mt Qt = η/η0
ωS ω0 ωS

1 B4 1 2 2,613 0,383 1 1
2 T4 (k = 0,5) 0,77 0,589 1,98 0,505 0,65 0,877 1,95

3 QB3 , B = 3,25 2 4,46 3,86 0,259 1,77
4 HM 39 0,6 0,3 1,25 0,8 0,46
5 HM 50 1 1 2,23 0,447 0,87

Note : QB3 : Quasi-Butterworth.


HM : Hubert Massin, collaborateur de M. Rossi ; (ω3 = ω à puissance
moitié).

Fig. 2.11 – Courbes de réponse théorique de l’enceinte à évent (Rossi 1986).

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48 Chapitre 2 : Haut-parleurs

2.3.2 Rendement du bass-reflex à évent


En mettant l’expression du rendement η selon Thiele et Small :

η = kn fc3 Vb (2.12)

où fc = fréquence de coupure à −3dB et en comparant à la formule (2.8), on


trouve :
 3
me VAS fs 4π 2
kn = 2mt 3
mt Vb fc c
 3
fs VAS
kn = 10−6 2me
fc Vb

L’alignement T4 (k = 0,5) conduit à la valeur (d’après Rossi 1986) :

ηmax = 3,9.10−6 fc3 Vb (2.13)

C’est presque deux fois le rendement d’une enceinte close qui vaut
2.10−6 .fc3 Vb . Le bass-reflex est donc à l’heure actuelle l’enceinte la plus per-
formante (hormis les enceintes à pavillon). De plus, l’excursion du cône
aux fréquences basses est beaucoup plus réduite qu’avec une enceinte close
(le rayonnement se faisant surtout par l’évent). La puissance admissible sans
distorsion due aux limitations du cône est donc nettement plus élevée.

2.3.3 Impédance d’entrée du système


Le système peut être représenté par un schéma électrique équivalent sim-
plifié (enceinte supposée sans pertes) (Fig. 2.12).

Fig. 2.12 – Schéma électrique équivalent simplifié.

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Précis d’électro-acoustique 49

Nous utiliserons les notations suivantes :


2
Mt Ja SD
C0 = 2
= [correspond aux inertances
(Bl) (Bl)2
(haut-parleur + air + boîte)]

(Bl)2 (Bl)2 1
Ls = = Cas 2 (correspond à la souplesse du cône )
K SD K
(Bl)2 1
Lb = Cab (Bl)2 = (correspond à la souplesse de la boîte )
Kb Kb
Me Jae .Se2
Cp = = (correspond à l’inertance de l’évent Jae )
(Bl)2 (Bl)2
(Bl)2 (Bl)2
Rs = = 2 (correspond aux pertes suspension +
f Ras .SD
rayonnement).
On peut vérifier que ωb2 = M Kb
e
, du résonateur de Helmholtz (raideur volume
boîte et masse évent), est retrouvé dans le produit Lb .Cp :

Kb 1 1 1 (Bl)2 1
ωb2 = = = =
Me Lb Cp Cab (Bl)2 Me Cab Me
de même pour haut-parleur (raideur suspension + masse totale cône) :
 
2 K 1 K (Bl)2 1 1
ωS = = = = Cms =
Mt Ls C0 (Bl)2 Mt Cms Mt K
À partir de ce schéma, on trouve l’impédance d’entrée réduite :
ZHP me 2jxma h−2 (jx)2 + 1
z= =1+ (2.14)
Re ma D (jx)
où D (jx) est le dénominateur de l’équation 2.11 où ma a été substitué à mt .
On montre que le plan R, X, Z parcourt deux fois le cercle cinétique (§ 2.2).
Ceci est dû évidemment au doublement de l’ordre de la fonction de transfert,
qui est du 4e ordre. On y retrouve les propriétés des circuits accordés couplés
(Fig. 2.13) (où l’on se souvient que lorsque le coefficient de couplage √LML
1 2
augmente, les pics de résonance s’écartent).
La figure 2.14 représente le module de z en fonction de la fréquence pour
les deux alignements les plus usités : B4 et T4 (k = 0,5), dans lesquels on a
1 1
Qms = 2m a
= 5 et Qe = 2m e
= 0,42(B4 ) et 0,56 (T4 ) pour que les valeurs de
mt soient conformes (deux moteurs différents). Les courbes présentent 2 bosses
de résonance à ffsb = h, oùz = 1 (pour B4 : h = 1 et pour T4 : h = 0,77).
À cette anti-résonance, le mouvement du diaphragme est presque nul
et le rayonnement est essentiellement dû à l’évent, où la vitesse peut être
grande (au point de souffler une bougie).

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50 Chapitre 2 : Haut-parleurs

Fig. 2.13 – Circuits électriques accordés couplés.

Fig. 2.14 – Courbes d’impédance théoriques (Rossi 1986).

2.4 Haut-parleurs à pavillon


Les haut-parleurs à pavillon sont représentés dans la figure 2.15.
La plupart du temps, le diaphragme de surface Sd est actionné par un
moteur électrodynamique métallique (duralumin, béryllium). Il rayonne dans
une cavité appelée « chambre de compression » débouchant à l’entrée Sg d’un
pavillon (exponentiel ou hyperbolique). Si on suppose la fréquence suffisam-
ment faible pour que l’air soit considéré comme incompressible (écoulement
hydrodynamique), les débits q du diaphragme et de la gorge sont égaux, on
a donc : q = Sd .vd = Sg .vg , ce qui signifie que l’impédance acoustique de
rayonnement est la même pour le diaphragme et la gorge : Zard = pq = Zarg ,
p étant constant.
En revanche, il n’en est pas de même pour les impédances méca-
niques de rayonnement. On a vu que :

Zmrg = Sg2 Zarg et Zmrd = Sd2 Zard (1.50)

ou encore :  2
Zmrd Sd
= (2.15)
Zmrg Sg

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Précis d’électro-acoustique 51

Fig. 2.15 – Schéma de principe du haut-parleur à pavillon.

La chambre de compression agit comme un transformateur de rapport

Sd vg
= (2.16)
Sg vd

Ceci est très intéressant car on sait que le diaphragme est capable de forces
importantes mais à faible vitesse. La chambre de compression permet ainsi
de fournir une vitesse beaucoup plus élevée aux molécules d’air à l’entrée de
la gorge, donc d’améliorer nettement le rendement. Habituellement SSdg est de
l’ordre 4 à 10.

2.4.1 Schéma équivalent acoustique

Le schéma équivalent acoustique est illustré par la figure 2.16.


Le moteur et le boîtier arrière constituent une enceinte close, de pulsation
propre ωd . On forme alors le schéma équivalent acoustique (Fig. 2.16).

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52 Chapitre 2 : Haut-parleurs

Fig. 2.16 – Schéma équivalent acoustique du haut-parleur à pavillon (Rossi 1986).

Le .Sd2
Cae = Souplesse ramenée, due à l’inductance bobine
B 2 l2
B 2 l2
Rae = Résistance acoustique ramenée électriquement
Sd (Rg + Re )
Mt
Jad = Inertance de l’équipage mobile
S
S2
Cas = Sd2 Cms = d Souplesse acoustique du diaphragme
K
Sd2
Cab = Souplesse acoustique boîtier arrière (Vb )
Kb
Cac Souplesse acoustique chambre de compression

Jac Inertance de l’air dans la chambre de compression

Jab Inertance de l’air dans l’enceinte arrière (close)

Jat = Jad + Jab + Jac Inertance totale

Rad Pertes mécaniques


ρc
Zag = Impédance acoustique de gorge du pavillon
Sg

2.4.2 Schéma simplifié


Autour de la pulsation de résonance ωd , les souplesses Cae et Cac ne jouent
pratiquement pas de rôle et peuvent être supprimées du schéma, en outre la
pression p est donnée par :

BlU
p=
Sd (Rg + Rc )

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Précis d’électro-acoustique 53

Le schéma devient alors (Fig. 2.17) :

Fig. 2.17 – Schéma acoustique simplifié du haut-parleur à pavillon.

avec :
1 1 1
= +
Cad Cas Cab
C’est un circuit résonant série où le terme d’amortissement dépend de la
résistance totale :
ρc
Rat = Rae + Rad +
Sg
le pavillon étant considéré comme une résistance pure. Pour obtenir une
grande largeur de bande, il faut évidemment que ce circuit soit très amorti.

2.4.3 Courbe de réponse théorique et rendement


La puissance rayonnée Pap est celle qui est développée dans l’impédance
de gorge : à la résonance :
 2
p Ug2 Rac .Zac
Pap = q 2 Zac = Zac =
Rat Re + Rg (Rat )2

et on peut écrire :

2mjx ω
Pd = Pap [Gp (jx)]2 ; avec Gp (jx) = et x =
1 + 2mjx − x2 ωd

Le module Gp (jx) sera d’autant plus proche de 1 lorsque ω varie que m,


coefficient d’amortissement, sera élevé. Le rendement (Fig. 2.18) est simple-
ment donné par :
Zac ρc
η= et Zac =
Rat Sg

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54 Chapitre 2 : Haut-parleurs

Fig. 2.18 – Adaptation en puissance.

Si on veut extraire de la source le maximum de puissance, il faut que Zac =


Rac +Rad , d’où l’extraction de puissance maximale peut atteindre 50 %. Cette
valeur, incomparablement supérieure à celle du rendement des haut-parleurs
à rayonnement direct, explique son emploi dans les grandes salles de cinéma.
On obtient ce maximum en jouant évidemment sur le rapport SSdg pour réaliser
l’adaptation du diaphragme à la gorge du pavillon, ainsi que sur le produit Bl
permettant d’obtenir la plus grande largeur de bande possible (coûteux).

2.4.4 Autres limitations


Si on ne néglige plus la souplesse de l’air de la chambre de compression,
qui se comporte comme une capacité en parallèle sur l’impédance de gorge
ρc
Sg , on se trouve avec un pôle supplémentaire dans la fonction de transfert. Il
faut évidemment réduire cette souplesse au maximum en réduisant Vc ; mais
on se heurte alors aux dimensions minimum nécessaires à l’élongation du
diaphragme aux fréquences les plus faibles : un compromis est nécessaire.
En outre, pour les fréquences basses, l’impédance de gorge tend à diminuer.
Si le pavillon est exponentiel, il vaut mieux, si on désire descendre très bas,
utiliser un pavillon hyperbolique (Figs. 2.19 et 2.20).

2.5 Haut-parleur à coïncidence ou coaxial


La firme anglaise Tannoy commercialise depuis 1947 environ un haut-
parleur mixte (Fig. 2.21) où on trouve, avec un même circuit magnétique
deux haut-parleurs différents. Le cône du haut-parleur de basses, classique,
est cependant à profil exponentiel pour servir de pavillon au haut-parleur
d’aiguës à chambre de compression. La fréquence de transition entre les deux
haut-parleurs est de 1 kHz, obtenue grâce à un filtre du 2e ordre dont le
schéma de principe est le suivant (Fig. 2.22).

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Précis d’électro-acoustique 55

Fig. 2.19 – Haut-parleur « public address » (Rossi 1986).

Fig. 2.20 – Moteur à chambre de compression (200 Hz à 2 kHz) (Rossi 1986).

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56 Chapitre 2 : Haut-parleurs

TANNOY
à aimant ferrite
φ = 38cm

diaphragme
d’aigus

canaux
de transfert
chambre

gorge

env. 17 cm
= λ à 1kHz
2
renforts
radiaux

cône à profil
exponentiel

Fig. 2.21 – Haut-parleur à coïncidence, Tannoy, fabrication 2000.

Fig. 2.22 – Filtre répartiteur de fréquences, Tannoy (du 2e ordre, voir § 2.6).

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Précis d’électro-acoustique 57

Le réseau de compensation permet de relever la courbe de réponse aux


fréquences élevées, la résistance Ra diminuant le niveau général des aiguës (le
rendement du haut-parleur à compression étant beaucoup plus élevé que celui
de basses). Le commutateur permet de plus d’ajuster l’équilibre en fonction
du rendement de l’enceinte du haut-parleur de basses.

2.6 Filtres répartiteurs


Comme il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de réaliser des
haut-parleurs couvrant entièrement le spectre acoustique audible (16 Hz–
20 kHz), on réalise des haut-parleurs spécialisés dans une zone déterminée
de fréquences. On aboutit ainsi à réaliser des enceintes à deux voies (basses-
aiguës) ou à trois voies (basses-médium-aiguës). Les filtres électriques chargés
d’aiguiller les fréquences correspondant à ces haut-parleurs doivent répondre
à trois critères essentiels :

1) atténuer suffisamment les fréquences hors bande (pour ne pas risquer


de surcharger les haut-parleurs d’aiguës par les fréquences basses qui
amèneraient les équipages mobiles à talonner, en particulier) ;

2) présenter une impédance de charge aussi constante que possible à l’am-


plificateur, de façon à ce que la puissance absorbée par l’ensemble soit
constante et indépendante de la fréquence ;

3) les conditions (1) et (2) étant remplies, le rayonnement global doit


être à intensité acoustique constante, ce qui implique qu’aux fréquences
de transition l’addition vectorielle des rayonnements soit à module
constant (en supposant les haut-parleurs les plus rapprochés possible).

2.6.1 Élaboration des schémas électriques


Pour satisfaire aux conditions ci-dessus, il faut faire appel aux filtres de
Butterworth (dits à résistance constante).

2.6.1.1 Filtre passe-bas

Par définition, il doit avoir :

1) une courbe de réponse la plus plate possible dans sa bande passante, de


0 à f0 (Hz) ;

2) une atténuation la plus forte possible au-dessus de f0 .

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58 Chapitre 2 : Haut-parleurs

Fig. 2.23 – Haut-parleur Tannoy, 2002.


19 : bobine mobile en aluminium. 20 : isolant thermique. 21 : connexion électrique
de la bobine mobile. 22 : chassis ajouré. 23 : anneau de diffraction. 24 : cône traité
pour assurer un bon collage. 25 : cône traité au voisinage de la bobine mobile pour
améliorer la radiation acoustique. 26 : cône séché par air sec. 27 : cône de profil
hyperbolique servant de pavillon au tweeter à guide d’ondes acoustiques.
28 : suspension externe en élastomère nitrile, permettant une grande excursion.

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Précis d’électro-acoustique 59

On est donc conduit à proposer une structure de Butterworth telle que le


2 2
rapport de la puissance transmise BR à la puissance disponible ER soit :
 2
B 1 1
=  2n = (2.17)
R ω 1 + x2n
1+
ω0

B étant la tension transmise au haut-parleur et E la tension d’entrée du filtre


(à la sortie de l’amplificateur), n un entier et x = ωω0 = ff0 .
Le filtre est bien sûr d’autant plus efficace que n est élevé.

2.6.1.2 Filtre passe-haut


Si on veut que la puissance délivrée par l’amplificateur soit constante quel
que soit f , il faut que :
 2  2
H   
  = 1 − B 
E E

H étant la tension de sortie du filtre passe-haut (E est commun aux deux


filtres).
Or :  2
B  1 x2n
1 −   = 1 − 2n
=
E 1+x 1 + x2n
Ce résultat est également obtenu en changeant x en x1 dans la formule 1+x
1
2n .

Or, c’est ce que l’on fait quand on cherche à définir le filtre passe-haut
idéal :  2
H  1 x2n
  =  2n = (2.18)
E  1 + x2n
1
1+
x
En conséquence, seuls les filtres passe-bas et passe-haut répondant à ces for-
mules satisfont à la condition de puissance constante.

2.6.2 Filtres de Butterworth


2 1
En partant de ( B
E) = 1+x2n , on est conduit à chercher à réaliser un filtre
de fonction de transfert :
1
b(jx) = (2.19)
1 + a1 jx + a2 (jx)2 + .... + an (jx)n

tel que
 2
B  1
b(jx).b∗ (jx) =   = (2.20)
E 1 + x2n

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60 Chapitre 2 : Haut-parleurs

Tab. 2.2 – Coefficients du polynôme, dit de Butterworth.

n a1 a2 a3 a4 a5
1 1

2 2
3 2 2 1
4 2,613 3,414 2,613 1
5 3,236 5,236 5,236 3,236 1

On devrait donc avoir :


1 1
b(jx).b∗ (jx) =
1 + a1 jx + ... + an (jx) 1 + a1 (−jx) + ... + an (−jx)n
n

1
=
1 + x2n
On en déduit aussitôt que : an = 1. Les autres coefficients du polynôme, dit
de Butterworth, sont donnés dans le tableau 2.2.
Ces coefficients sont obtenus en cherchant les racines complexes de l’équa-
tion 1 + x2n = 0 que l’on peut écrire :
x2n = −1 = ej(π+2kπ) avec k = 0, 1, 2, . . ., 2n + 1 ou encore x = ej 2n .ej
π kπ
n

2.6.2.1 Choix de n
Il reste à déterminer l’ordre n des filtres pour satisfaire à la condition
d’addition des rayonnements. Pour cela, il faut calculer le module de b(jx) +
h(jx), h(jx) étant la fonction de transfert du filtre passe-haut, soit donc :
(jx)n
h(jx) =
1 + a1 jx + . . . + an (jx)n
Nous devons calculer (b + h)(b + h)∗ , c’est-à-dire
[b(jx) + h(jx)] . [b(−jx) + h(−jx)], car nous sommes alertés par le fait,
par exemple, que pour n = 2 :
1 − x2
s = b(jx) + h(jx) = √
1 + j 2x − x2
où nous voyons que s = 0 pour x = 1, c’est-à-dire pour f = f0 , ce qui est
fâcheux.
Nous avons donc :
[1 + j n xn ] [1 + (−j)n xn ]
[b(jx) + h(jx)] . [b(−jx) + h(−jx)] =
1 + x2n
1 + [j n + (−j)n ] xn + x2n
=
1 + x2n

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Précis d’électro-acoustique 61

Si n est pair : n = 2k, et :

j 2k+1 + (−j)2k+1 = j(−1)k + j(−1)k = 2(−1)k = 0

Si n est impair : n = 2k + 1, et :

j 2k + (−j)2k = (−1)k − (−1)k = 0

Le coefficient de xn = 0 et
1 + x2n
(b + h)(b + h)∗ = =1
1 + x2n
Nous en tirons aussitôt la deuxième conclusion, aussi importante que la pre-
mière, à savoir que le polynôme de Butterworth doit être d’ordre im-
pair. Les filtres d’ordre pair doivent être éliminés. Pratiquement, nous avons
donc le choix entre les filtres du 1er ordre et du 3e ordre.
Les filtres du 1er ordre sont évidemment d’une extrême simplicité, comme
1
le montre la figure 2.24, avec Lω0 = Cω 0
= R, résistance nominale de chacun
des haut-parleurs.

Fig. 2.24 – Filtre élémentaire du premier ordre.

Ils conviennent rarement (protection insuffisante du HP d’aiguës). Les


filtres du 2e ordre sont, malgré l’inconvénient signalé plus haut, assez em-
ployés, car on tente de pallier le défaut de principe par deux procédés
(assez discutables) : par inversion de polarité sur le HP d’aiguës (Fig. 2.25),
ou par recul de λ20 (ce qui paraît être le cas du coaxial Tannoy, Fig. 2.21).

La figure 2.25 illustre ce cas, avec L = ω2R0
1
et C = √2Rω . Ceci donne :
0

1 −x2
b(jx) = √ et h(jx) = √
1 + j 2x − x2 1 + j 2x − x2

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62 Chapitre 2 : Haut-parleurs

Fig. 2.25 – Filtre du second ordre avec inversion.

Le lecteur pourra vérifier que :

1
b(jx).b∗ (jx) =
1 + x4

Il s’agit bien du polynôme de Butterworth d’ordre 2.


Les filtres du 3e ordre (Fig. 2.26) ont la structure suivante :

Fig. 2.26 – Filtre du 3e ordre à 3 voies.

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“acoustique” — 2007/1/10 — 15:39 — page 63 — #77
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Précis d’électro-acoustique 63

La fonction de transfert du passe-bas est :


B 1
(jω) = (2.21)
E L1+ + C2 L1 L2 C3
1 + jω + (jω)2 L1 C3 + (jω)3
R R
en identifiant à
B 1
=
E 1 + 2jx + 2(jx)2 + (jx)3
on obtient :
R R 2R
ω03 = ; ω02 = ; ω0 =
L1 L2 L3 L1 C3 L1 + L2
d’où l’on tire :
R 3R 4
L2 = ; L1 = 3L2 = ; C3 = (2.22)
2ω0 2ω0 3Rω0
D’autre part, pour le filtre passe-haut, nous avons :
H RL3 C1 C2 (jω)3
= (2.23)
E 1 + jωRC2 + (jω)2 (C1 + C2 )L3 + (jω)3 RL3 C1 C2
et en identifiant de même à :
H (jx)3
=
E 1 + 2jx + 2(jx)2 + (jx)3
1 2 2
ω03 = ; ω02 = ; ω0 = (2.24)
RC1 C2 L3 L3 (C1 + C2 ) RC2
d’où l’on tire également :
2 2 3R
C1 = ; C2 = 3C1 = ; L3 =
3Rω0 Rω0 4ω0
Le lecteur pourra vérifier que l’impédance d’entrée est bien égale à R.

2.6.2.2 Phase du signal additif rayonné


L’expérience a montré que l’oreille n’est pas sensible au déphasage du
contenu harmonique d’un signal complexe. Mais il est tout de même bon
de connaître l’évolution du déphasage ϕT du signal additif. Celui-ci est
donné par :
1 − jx3
ϕT = arg
1 − 2x + j (2x − x3 )
2

c’est-à-dire :
 2x − x3
ϕT = ϕN − ϕD = arctg −x3 − arctg
1 − 2x2

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64 Chapitre 2 : Haut-parleurs

Fig. 2.27 – Phase de b(jx) + h(jx) pour n = 3.

Le diagramme de la figure 2.27 montre que le vecteur b(jx) + h(jx) décrit


le cercle complet, en particulier à f = f0 ; ϕT = −π, b(jx) et h(jx) ayant
chacun un module de √12 (−3dB) et des déphasages respectifs de −3 π/4 et
de −5 π/4.
Remarque : certains auteurs ont développé des filtres très complexes, à mo-
dule constant et à déphasage nul, en écrivant b(jx) + h(jx) = 1.
Mais ces filtres ne remplissent pas les conditions énergétiques. Il est pro-
bable que la réponse totale en ambiance réverbérante est moins favorable que
celle des ensembles à résistance constante décrits ci-dessus.

2.6.3 Ensemble à trois haut-parleurs


L’impédance d’entrée d’un couple passe-bas et passe-haut étant égale à une
résistance pure R, on peut donc remplacer l’une quelconque des résistances
par un couple de même nature mais à une fréquence de transition différente.

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Précis d’électro-acoustique 65

Fig. 2.28 – Filtre du 3e ordre à 3 voies.

Ceci permet immédiatement de bâtir un ensemble à trois haut-parleurs à deux


fréquences de transition f1 et f2 , selon le schéma présenté figure 2.28.
L’impédance de l’ensemble est encore égale à R. Il convient de noter que
le HP d’aiguës est bien mieux protégé que dans les schémas tradi-
tionnels utilisant un filtre passe-bande (maladresse assez répandue).

2.6.4 Exemples numériques

a) Ensemble à deux haut-parleurs, 8 Ω

ω0 = 6.103 (≈ 955 Hz)


8 2
L2 = 3
= mH
12.10 3
L1 = 3L2 = 2 mH
4
C3 = = 27,7 µF
3.8.6.103
2
C1 = = 13,9 µF
3.8.6.103
C2 = 3C1 = 41,7 µF
3.8
L3 = = 1 mH
4.6.103

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66 Chapitre 2 : Haut-parleurs

b) Ensemble à trois haut-parleurs, 8 Ω

ω1 = 3.103 (f1 ≈ 477 Hz) ; ω2 = 30.103 (f2 ≈ 4 770 Hz)

L2 = 1,3 mH ; L1 = 4 mH ; C3 = 55, 5 µF ; L2 = 0,13 mH ; L1 = 0,4 mH ;


C3 = 5,5 µF ; C1 = 27,7 µF ; C2 = 83,3 µF ; L3 = 2 mH ; C1 = 2,7 µF ;
C2 = 8,3 µF ; L3 = 0,2 mH

Il n’est pas indispensable, pour le séparateur médium-aiguës, d’utiliser un


couple du 3e ordre, un de 2e ordre (ici λ/2 est très petit ≈ 3,6 cm à 4 700 Hz)
ou même un 1er ordre peut parfaitement convenir si le haut-parleur d’aiguës
n’est pas trop fragile.

2.7 Exemple de caractéristiques


Haut-parleur Tannoy type K 3838 (1990)
Puissance d’entrée maximum :
70 à 1 000 Hz : 120 watts permanents (31 Veff )
500 watts crête (63 V crête)
1 à 20 kHz : 60 watts permanents (22 Veff )
250 watts crête (44,7 V crête)

Puissance de l’amplificateur 150–200 Watts par canal


recommandée : sur 8 ohms

Sensibilité :
sur la largeur de bande de définition
(en chambre sourde) : 92 dB/1 Watt/1 mètre

Largeur de bande reproduite : 30 Hz à 20 kHz ± 4 dB


(dépend de l’enceinte aux fréquences basses)
Dispersion : 90◦ vertical et horizontal
incluant les angles à −6 dB à 10 kHz
Fréquence de raccordement : 1 kHz
Fréquence de coupure du pavillon : 500 Hz
Diamètre nominal du châssis : 381 mm
Diamètre maximum du châssis : 420 mm
Profondeur hors tout : 195 mm
Trous de fixation :
sur un cercle de diamètre 395 mm
Diamètre du trou en fixation frontale : 340 mm
Masse : 7,3 kg

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Précis d’électro-acoustique 67

Paramètres de Thiele et Small

(mesurés avec une source de résistance interne 0,1 Ohm, le HP à l’air libre,
suspendu par des ressorts)
Fréquence de résonance : fs 22 Hz
Surtension mécano-acoustique : Qm 2,4
Surtension électrique : Qe 0,19
Masse dynamique (charge d’air exclue) : Mmd 68.10−3 kg
Souplesse de la suspension : Cms 5,8.10−4 m.N−1
Charge d’air : Mma 22.10−3 kg
Volume d’air équivalent à la souplesse : Vas 483 litres
Surface effective de rayonnement : Sd 0,077 m2
Induction dans l’entrefer : B 0,78 tesla
Longueur effective du fil de la bobine
mobile : l 24 m
Résistance de la bobine mobile : Re 5,5 ohms
Résistance apparente à la résonance : Re + Res 38 ohms
Surtension totale : Qt 0,18
Rendement sur le demi-espace : η 3,5 %
Perte d’insertion : E −14,5 dB
Volume balayé en déplacement linéaire : VD 0,31 litre
Puissance thermique nominale : Pth 120 watts
Rayon du piston effectif : a 0,156 m

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Chapitre 3

Caractéristiques du son

3.1 Étendue spectrale des sons


L’échelle fréquentielle des instruments de musique et des voix est illustrée
figure 3.1. On y remarque l’étendue record de l’orgue : de 16 Hz à 12 kHz (ou
même >16 kHz), en fondamentale (mixtures suraiguës). À 16 Hz, on entend
autant avec l’estomac qu’avec les oreilles !

3.2 Niveau sonore


C’est à 1 000 Hz environ que l’oreille humaine est la plus sensible, le
seuil d’audibilité étant de l’ordre de 10−12 W.m−2 . Le seuil de la douleur
est de l’ordre de 1 W.m−2 . On voit que la dynamique de l’oreille est d’environ
120 dB, ce qui est énorme ; la sensation double environ tous les 10 dB.
En revanche, la sensibilité décroît beaucoup (60 dB/décade) au-dessous de
200 Hz, pour le seuil de perception. Les courbes (Fig. 3.2) d’égale sensation
sonore sont très connues et n’ont guère été remaniées depuis les premières
mesures.
Les appareils de mesure des niveaux sonores sont obligés de tenir compte de
ce qui précède pour donner des évaluations des nuisances des bruits (Fig. 3.3).

3.3 Effet de masque


Un bruit ou un son peuvent masquer un son plus faible (Fig. 3.4). Ceci est
dû à l’auto-adaptation de l’oreille, ce phénomène est maintenant très utilisé
dans les techniques de compression numérique. On arrive, paraît-il, à réduire le
débit numérique d’une retransmission stéréo (2 fois 15 kHz) sur 12 à 14 bits de
niveau, à 32 kHz d’échantillonnage, à 64 kbit.s−1 seulement. Des algorithmes
de compression sont normalisés (pour le cinéma : le DTS, Digital Theater

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70 Chapitre 3 : Caractéristiques du son

Fig. 3.1 – Échelle fréquentielle des instruments de musique et des voix.

Sound en 5.1, peu compressé et d’excellente qualité, mais numériquement


encombrant ; le Dolby Digital, nettement plus compressé mais d’une qualité
inférieure ; pour la musique, le musicam de Philips et le MP3 de Thomson se
sont imposés mais ne peuvent prétendre à une haute qualité).

3.4 Réverbération, champ direct et champ


réverbéré
Dans une salle, le son parvenant aux oreilles de l’auditeur est dû :

a) à l’onde directe, ligne droite entre la source et l’auditeur ;

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Précis d’électro-acoustique 71

Seuil de douleur

Fig. 3.2 – Courbes d’égale sensation sonore (Robinson et Dadson, norme ISO-226).

Fig. 3.3 – Filtres de pondération normalisés.

b) aux ondes dues à la première réflexion (sur le sol) et quelques suivantes ;

c) aux ondes innombrables dues aux multiples réflexions suivantes.

Les ondes a) et b) forment le champ direct, les ondes c) forment le champ


diffus.

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72 Chapitre 3 : Caractéristiques du son

Fig. 3.4 – Effet de masque.

3.5 Aspect perceptif

La première réflexion renseigne l’auditeur sur les dimensions de la salle.


Si les premières réflexions suivent l’onde directe avec ∆t < 50 ms, la source
semble enrichie, le champ diffus apportant la sensation de volume sonore. À
ceci s’ajoute l’effet d’antériorité : si on éloigne progressivement le haut-parleur
amplifiant la voie d’un orateur, celui-ci paraît parfaitement localisé tant que
l’écart ∆t entre les deux sources est <50 ms, même si le haut-parleur est à
10 dB de mieux que l’orateur. Dans une salle, toutes les réflexions arrivant
avec ∆t < 50 ms ne sont pas prises en compte dans la localisation et fusionnent
avec l’onde directe. Si ∆t > 50 ms, la fusion ne se fait plus et on perçoit un
écho.

Sd
3.6 Rapport champ direct/champ réverbéré Sr

Le rapport SSdr permet d’apprécier l’éloignement d’une source. En prise de


son, l’application est immédiate, c’est lorsque le rapport SSdr est voisin de 1 que
la présence semble naturelle. Ceci montre que la prise de son est très différente,
dans une église par exemple, lorsque celle-ci est vide ou pleine d’auditeurs.

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Précis d’électro-acoustique 73

3.7 Flutter écho


Celui-ci apparaît facilement entre deux parois parallèles d’un local, suffi-
samment éloignées : la fusion ne peut se faire (∆t > 50 ms, pour les allers-
retours). Il peut être très net en présence de sons très brefs (claquements des
mains).

3.8 Réverbération
La persistance du son après extinction de la source est due aux réflexions
multiples. On définit le temps de réverbération par la durée d’une baisse de
niveau de 60 dB (convention universellement admise). Le temps se calcule
(approximativement) par la formule de Sabine, valable pour les salles peu
absorbantes :
0,161 V
T = 
S.α

V = volume de la salle ; S.α = somme de toutes les surfaces pondérées par
leur coefficient d’absorption α.

3.9 Temps de réverbération optimal


Les zones de temps de réverbération optimales en fonction du volume de
la salle sont illustrées figure 3.5.

Fig. 3.5 – Réverbération optimale.

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“acoustique” — 2007/1/10 — 15:39 — page 74 — #88
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74 Chapitre 3 : Caractéristiques du son

3.10 Distance critique


C’est la distance source-auditeur où SSdr = 1, elle dépend du volume du
local et du temps de réverbération. Elle est d’importance pour la clarté
et le naturel d’une prise de son, elle diminue avec le temps de réverbéra-
tion, d’où les problèmes en cas de sources multiples (orchestre) dans un local
très réverbérant : les distances critiques ne sont pas les mêmes pour chaque
instrument et les problèmes peuvent être insolubles. L’emploi de microphones
directifs permet de résoudre les problèmes plus facilement.

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Chapitre 4

Microphones

4.1 Le microphone dans le champ sonore


Les dimensions d’un microphone n’étant pas nulles, il a obligatoirement
une influence sur le champ sonore, qui serait différent en son absence. Cette
influence dépend surtout de la longueur d’ondes des sons dans le milieu. Les
calculs ne sont pas très compliqués dans le cas des deux formes principales
des microphones : une sphère et un cylindre semi-infini (Fig. 4.1), où l’on
considère deux paramètres principaux : l’angle θ et le rapport λr .

Fig. 4.1 – Incidence des sons sur les microphones.

4.2 Mode d’action


On distingue les modes d’action suivants :

a) en pression, lorsque celle-ci ne s’exerce que sur une seule face du dia-
phragme sensible ;

b) en gradient de pression lorsqu’elle s’exerce sur les deux faces (on dit
aussi « en vitesse ») ;

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76 Chapitre 4 : Microphones

c) mixte, lorsqu’elle s’exerce directement en face avant, et après un trajet


acoustique en face arrière.

4.3 Mouvement du diaphragme


Le système le plus simple est un diaphragme circulaire suspendu sur son
pourtour, ceci constituant un résonateur mécanique. On a de manière géné-
rale :
F
vd =
Zm
où F = résultante des forces appliquées, Zm = impédance mécanique, vd =
vitesse du diaphragme.

4.4 Conversion en vitesse et en élongation


Le mouvement du diaphragme est converti en :
a) vitesse, si la tension de sortie est proportionnelle à la vitesse v du dia-
phragme : E = Kv .v ;
b) élongation, si E est proportionnelle au déplacement δx du diaphragme :
E = Kx .δx.
Il pourrait également exister des conversions en accélération (comme les ac-
céléromètres, utilisés en particulier pour asservir des membranes de haut-
parleur) (voir exercice n◦ 6, « Haut-parleur asservi »).

4.5 Force développée sur une face


de diaphragme
La force développée sur une surface (πa2 ) dépend de l’incidence θ (Fig. 4.2)
et du rapport λa = 2π
ak
. Le graphique ci-après (Fig. 4.3) représente la force
en fonction de ka pour θ = 90◦ et ceci sans tenir compte de la diffraction,
qui complique le phénomène. C’est pourquoi on s’efforce de réaliser des
diaphragmes plus petits que λ (à la limite des fréquences audibles).

4.6 Mode d’action en pression


Si ka est faible (petit microphone) F = Fd = Sd .p où Sd = surface du
diaphragme. Cette force s’exerce sur un système mécanique (Fig. 4.4) du
2e ordre constitué d’une masse M , d’une résistance acoustique R et d’une
élasticité C. (Rappel du diaphragme par la suspension et le volume d’air
derrière celui-ci.)

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Précis d’électro-acoustique 77

Fig. 4.2 – Force développée par une onde sonore sur un diaphragme.

Fig. 4.3 – Force en fonction de ka (Rossi 1986).

4.6.1 Conversion en vitesse


La tension de sortie est alors de la forme :

K v Sd
E= p
Zm

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78 Chapitre 4 : Microphones

Fig. 4.4 – Mode d’action en pression.

Pour que E soit indépendant de la fréquence, il faut que Zm soit le plus


possible purement résistif : on l’obtient en écrasant la surtension méca-
nique, par amortissement par frottement d’air (trous fins). La résonance f0
étant placée à la moyenne géométrique de la bande passante (Fig. 4.5). Les
micros les plus courants de ce type sont les micros « dynamiques » avec dia-
phragme et bobine mobile (comme pour un haut-parleur ou un écouteur).

Fig. 4.5 – Courbe de réponse avec ou sans amortissement.

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Précis d’électro-acoustique 79

4.6.2 Conversion en élongation


Dans ce cas, le système mécanique doit être contrôlé dans la bande pas-
sante surtout par la raideur du diaphragme (ou sa souplesse), la fréquence de
résonance f0 du système mécanique doit être rejetée à la limite supérieure
de la bande passante : d’où l’emploi d’un diaphragme le plus léger possible
et d’un rappel élastique important : la cavité C doit être minimale.

4.7 Mode d’action en gradient de pression


La pression acoustique s’exerce sur les deux parois du diaphragme, et
F = F1 − F2 = Sd (p1 − p2 ). On trouve finalement (Fig. 4.6) :

F = jωρv1 Sd e cos θ

où v1 est la vitesse en 1, e l’épaisseur du diaphragme, l = e cos θ. On voit qu’un


microphone à gradient de pression peut s’intituler « microphone à vitesse ».

Fig. 4.6 – Mode d’action en gradient de pression.

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80 Chapitre 4 : Microphones

4.7.1 Comportement en ondes planes progressives


Comme p et v sont proportionnels,

Sd e cos θ
F = jω p1
c

F est proportionnelle à Sd e (volume du diaphragme), dépend de cos θ (par


principe on a des microphones bidirectionnels) et est proportionnelle à la
fréquence (pente + 6 dB/oct).

4.7.2 Comportement en ondes sphériques


Pour kr > 1 (Fig. 4.7), on retrouve la sensibilité en ondes planes (égalité
précédente). En revanche, pour kr < 1, on a :

Sd
Fs ≈ p1 .
r

Fig. 4.7 – Effet de proximité (Rossi 1986).

La force est inversement proportionnelle à la distance r de la source : les


fréquences basses sont relevées par rapport aux fréquences élevées : c’est
l’effet de proximité et dans ce cas il est fréquent de placer un filtre
coupe-basses du 1er ordre (réseau CR) dans le microphone, mis en service
à volonté (§ 1.1.3.3).

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Précis d’électro-acoustique 81

4.7.3 Comportement aux fréquences élevées


Lorsque λ diminue et devient de l’ordre de grandeur de l, on obtient p12 =
p1 − p2 = p1 (1 − ej.k.l) . Si kl = 2nπ ; n entier > 0, p12 = 0. Si kl = nπ ; n
impair, p12 passe par un maximum 2p1 (6 dB, Fig. 4.8).

Fig. 4.8 – Comportement aux fréquences élevées (Rossi 1986).

4.7.4 Conditions de réalisation d’un microphone


à gradient de pression
Pour obtenir une courbe de réponse plate dans un microphone « à vitesse »
cos θ
et à conversion en vitesse en ayant : E = Kv Sd jωcZm p, il faut donc que Zm
soit de la forme : Zm ≈ jωmm . Il faut donc que la fréquence de résonance soit
cette fois-ci située à l’extrémité inférieure du spectre audible.
D’autre part, la sensibilité est contrôlée par cos θ (Fig. 4.9) : on obtient
ainsi un capteur bidirectionnel d’ordre 1 (microphone type : à ruban).

4.8 Mode d’action mixte


On peut combiner les deux modes précédents et obtenir ainsi des directi-
vités variées. Le schéma équivalent (Fig. 4.10) est constitué de deux sources

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82 Chapitre 4 : Microphones

Fig. 4.9 – Diagramme polaire d’un microphone à ruban.

p1 et p2 débitant sur une impédance commune Zab à travers Zas et Zap res-
pectivement. On a : p2 = p1 (1 − jkd cos θ), où d est la distance entre points
homologues avant et arrière, selon la direction de propagation.

Fig. 4.10 – Mode d’action mixte.

On obtient :  
Zab
1+ jkd cos θ
Z N
qd =  ap  p1 =
Zab D
Zas 1 + + Zab
Zap
En multipliant N et D par 1 − β, (0 < β < 1), N devient :
Zab
(1 − β) + (1 − β). jkd cos θ.
Zap
Si on réalise
Zab
j.kd .(1 − β). =β
Zap

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Précis d’électro-acoustique 83

N devient (1 − β) + β cos θ : unidirectionnel d’ordre 1. Pour une directivité


cardioïde, il faut β = 0,5 et on a :
Zap
Zab =
d

c
On peut réaliser cette condition de deux façons, comme le montre la fi-
gure 4.11.

Fig. 4.11 – Obtention d’un diagramme cardioïde (Rossi 1986).

Conditions de réalisation : si N est indépendant de la fréquence, il faut


aussi que D le soit :
β
D = Zab = Zas + Zas + Zab
d
(1 − β)jω
c
Si on veut un microphone à mode mixte et conversion en vitesse, il faut que
|Zat | soit aussi constant que possible dans la bande de fréquence prévue. Si on
veut un microphone à conversion en élongation, il faut que Zat soit inversement
proportionnel à la fréquence.

4.9 Microphone combiné


Il est constitué de deux microphones, le premier omnidirectionnel (pres-
sion), le deuxième bidirectionnel (gradient de pression), montés en coïncidence

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84 Chapitre 4 : Microphones

(aussi près que possible l’un de l’autre) et dont les tensions de sortie E1 et E2
sont pondérées :

E = α.E1 + β.E2 = (αM1 + βM2 cos θ).p ;

où M1 et M2 sont les sensibilités [V.Pa−1 ].


Si on réalise α M1
M2 = 1−β, on obtient une caractéristique unidirectionnelle :

E = [(1 − β) + β. cos θ]M2 .p

La sommation pondérée est souvent effectuée par des transformateurs à prises


multiples. On peut donc obtenir, par simple commutation, plusieurs
types de directivité, allant de l’omnidirectionnel (β = 0) au bidirectionnel
(β = 1), en passant par le cardioïde (β = 0,5), le super-cardioïde (β = 0,67)
et l’hypercardioïde (β = 0,75) (Fig. 4.12).

Fig. 4.12 – Diagramme de directivité (Rossi 1986).

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Chapitre 5

Exemples de microphones

5.1 Microphone dynamique omnidirectionnel

Le microphone dynamique omnidirectionnel est illusté par la figure 5.1.


La conversion étant en vitesse, le contrôle se fait par résistance : Ra1 et
Ra3 surtout. On améliore la réponse aux fréquences basses par la résonance
ma2 Ca2 (trou d’égalisation de pression), aux fréquences élevées par la réso-
nance ma1 Ca1 (grille avant).

Fig. 5.1 – Schéma d’un microphone dynamique omnidirectionnel (Rossi 1986).

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86 Chapitre 5 : Exemples de microphones

Fig. 5.2 – Schéma électrique équivalent (Rossi 1986).

5.2 Microphone dynamique cardioïde

En partant de la structure précédente, on remplace le trou d’égalisation


par une résistance acoustique (Fig. 5.3). On augmente aussi la souplesse Ca 3
en réalisant l’aimant central creux. La résonance de l’équipage mobile doit
être aussi basse que nécessaire, car le contrôle doit être fait par la masse
(conversion en vitesse) contrairement au précédent.

Fig. 5.3 – Schéma d’un microphone dynamique cardioïde (Rossi 1986).

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Précis d’électro-acoustique 87

5.3 Microphone dynamique à deux voies


Les microphones précédents n’atteignant que rarement une grande bande
passante, on a réalisé des microphones à deux voies : graves et aiguës, avec
sommation à travers un filtre répartiteur. On peut ainsi obtenir une bande
passante globale 20 à 20 000 Hz (AKG D202).

5.4 Microphone dynamique à ruban


Le ruban métallique gaufré est suspendu dans l’entrefer d’un aimant
(Fig. 5.4). La conversion en vitesse requiert un contrôle par la masse : la
fréquence de résonance du ruban doit donc être placée à l’extrémité inférieure
de la bande passante. Le mode d’action est en gradient de pression et le mi-
crophone est bidirectionnel. Si on place un tube rempli d’absorbant sur une
face du ruban, on obtient un microphone omnidirectionnel (à pression). En
mettant le tube sur la moitié seulement de la hauteur du ruban, on réalise

Fig. 5.4 – Microphone à ruban (Rossi 1986).

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88 Chapitre 5 : Exemples de microphones

aimants
écran
de soie
section
à vitesse
section
à pression

ruban

aimants

tube
enroulé

emplacement
du transformateur

Fig. 5.5 – Microphone à ruban cardioïde (Olson 1957).

un microphone cardioïde. Ces microphones (Fig. 5.5) sont d’excellente qua-


lité mais sensibles au vent, ce qui interdit leur utilisation en extérieur. On
y trouve souvent un commutateur parole-musique permettant de couper les
graves pour compenser l’effet de proximité (§ 4.7.2).

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Précis d’électro-acoustique 89

5.5 Microphones électrostatiques


Ces microphones sont à l’heure actuelle les plus utilisés, parce que les plus
fidèles. On y trouve par conséquent les microphones étalon et les microphones
destinés à la prise de son professionnelle de haute qualité. Ce sont des mi-
crophones à mode d’action en pression et à conversion en élongation : ceci
implique que la fréquence de résonance des diaphragmes soit à la limite su-
périeure de la bande passante, ceci conduit à réaliser un diaphragme sous
forme de membrane tendue.

5.5.1 Principe
On utilise un condensateur plan, constitué d’une membrane et d’une élec-
trode fixe. En supposant que la membrane se déplace (Fig. 5.6) d’un bloc de la
quantité δd en face de l’électrode fixe (à la distance d0 ) on a : d(t) = d0 −δd (t).
La capacité vaut :
εS d0 C0
C= =
d0 d(t) 1 − δd(t)d0

La tension aux bornes de C vaut, en partant d’une charge Q pour δd = 0,


δd(t)
1− d0
u(t) = Q(t)
C0
Pour que u(t) soit linéaire en fonction de l’élongation δx, il faut que Q(t)
soit une constante ne dépendant pas de δd, ce que l’on obtient en chargeant
le condensateur vibrant à travers une très forte résistance R.
On a donc, en supposant la charge Q = C0 E

1− δx
d0
u(t) = C0 E
C0
On voit que u(t) est indépendant de C0 (en première approximation).
En réalité, les paramètres intervenants sont beaucoup plus nombreux : la
membrane ne reste plus plane, elle se déforme, même si la pression acoustique
est nulle, par effet d’attraction électrostatique ; d’autre part, la tension u(t) est
à très haute impédance et nécessite un préamplificateur placé immédiatement
à côté du condensateur.
Ordre de grandeur : soit une membrane de Φ = 20 mm, d’épaisseur
10 µm.
Avec d0 = 30 µm. La membrane, tendue, résonne vers 20 kHz. On a C0 =
−6
d0 ≈ 92 pF . La masse du diaphragme vaut environ 8,5.10
ε0 S
kg, la souplesse
du diaphragme, compte-tenu de celle de l’air entre les deux électrodes, vaut
environ : γm = 7,5.10−6 m.N−1
Pour une pression de 1 Pa, la force motrice vaut F = 3,14.10−4 N. L’im-
pédance mécanique valant Zm = γm1 ω , le module de la vitesse vibratoire sera

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90 Chapitre 5 : Exemples de microphones

Fig. 5.6 – Schéma électrique d’un microphone à condensateur.

3,14.10−14 γm .ω, et l’amplitude du mouvement 23,5.10−10 m, à 1 000 Hz, donc


−5
δd
d0 = 7,85.10 . Avec E = 300 V, le module de E(t) sera de : 23,5 mV.Pa−1 .
En pratique, on travaille avec des valeurs de E de l’ordre de 50 à 150 V,
les sensibilités habituelles sont de l’ordre de 10 mV.Pa−1 . On utilise des dia-
phragmes soit métalliques (Al, Ni, Ti, etc.) soit en plastique métallisé (à l’or
en général).

5.5.2 Préamplificateurs
Les premiers microphones électrostatiques (dès les années 1920) utilisaient
évidemment des tubes électroniques, le plus souvent montés en cathodyne, à
haute impédance d’entrée, comme le préamplificateur Bruël et Kjaer (Fig. 5.7)
suivant :

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Précis d’électro-acoustique 91

Fig. 5.7 – Obtention d’une impédance élevée par « bootstrap ».

Les impédances sont augmentées dynamiquement en effet « bootstrap »,


pour R2 ’ et R1 ’ où R2 atteint 150 MΩ et R1 400 MΩ environ. À l’heure
actuelle, les schémas à tube sont pratiquement abandonnés (sauf par quelques
« puristes ») au profit des transistors à effet de champ (TEC) qui ont permis
de simplifier considérablement les schémas. Les TEC conviennent idéalement
pour ce faire. On n’hésite pas à placer des résistances de 0,5 à 1 GΩ entre
gate et masse.
On place habituellement deux résistances égales dans la source et le drain,
d’où obtention de deux signaux de polarité opposés (symétrisation). Suit en
général un étage adaptateur d’impédance destiné à attaquer le câble de liaison
à l’équipement.

5.5.3 Alimentation fantôme


Il est possible d’alimenter le préamplificateur microphonique par la mé-
thode dite du « circuit fantôme ». Le premier schéma a été établi du temps
où l’emploi de transformateurs dans les liaisons était monnaie courante. Le
principe consiste à faire passer un courant continu par les points milieu des
transformateurs, annulant ainsi l’induction continue dans les circuits magné-
tiques.
Le schéma (Fig. 5.8) permet une consommation en courant continu va-
riant dans de grandes proportions. Cependant il nécessite deux transforma-
teurs, onéreux, car ils doivent être à large bande passante et faible distorsion.
(En revanche, l’emploi de transformateur apporte la meilleure réjection du
mode commun parasitaire sur la ligne.)

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92 Chapitre 5 : Exemples de microphones

Fig. 5.8 – Microphone alimenté par circuit fantôme.

Fig. 5.9 – Norme DIN 45.596 pour circuit fantôme.

Lorsqu’on ne dispose pas de transformateur à point milieu, on utilise un Y


formé de deux résistances R appairées (à mieux de 0,4 % de préférence)
pour réaliser un point milieu artificiel.
Cette façon de procéder a été normalisée (norme DIN 45.596) et les valeurs
retenues sont les suivantes (Tab. 5.1) :

Tab. 5.1 – Tension et résistance – valeurs normalisées selon DIN 45.596.


Tension U [Volts] 12 24 48
Résistance R [Ω] 680 1 200 6 800

Le choix le plus répandu est U = 48 V, R = 6 800 Ω. L’emploi de cette


norme permet, et l’usage s’en répand de plus en plus, de réaliser des liaisons

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Précis d’électro-acoustique 93

sans aucun transformateur : voici le schéma d’un préamplificateur de micro-


phone (Fig. 5.10) et d’un ampli de pupitre (Fig. 5.11). On y trouve :

1. un convertisseur continu-continu (T4) délivrant une tension de 120 V


pour polariser la capsule microphonique à travers R1(500 MΩ) ;

2. le TEC, délivrant deux tensions de signe contraire (T1) (R4 et R5 + R6) ;

3. un étage de sortie à deux transistors PNP montés en émetteurs suiveurs


(T2 ET T3).

Fig. 5.10 – Préamplificateur Schoeps CMT30.

Dans le pupitre de mélange on utilise maintenant des circuits √ inté-


grés spécialisés comme le SSM 2017, à très faible bruit (1 nV/ Hz →
≈ 0,14 µV/20 kHz, bruit d’une résistance de 60 Ω).
Le gain est simplement réglable par Rv (Fig. 5.11) et l’amplificateur
de transfert délivre un signal Vs référencé à la masse utilisateur
(élimination des bruits entre masses). La réjection des parasites en mode
commun sur la ligne est au minimum de 80 dB, elle atteint normalement plus
de 110dB. On rejoint donc les chiffres obtenus avec les transformateurs, sans
avoir leurs limitations (bande passante et distorsion).

5.5.4 Bruits dans les microphones électrostatiques


Le bruit d’origine électrique est aisé à évaluer avec les microphones dyna-
miques, mais beaucoup moins avec les microphones à condensateur. Lorsque la

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94 Chapitre 5 : Exemples de microphones

Fig. 5.11 – Amplificateur de microphone à circuit intégré.

capsule est reliée à un TEC, on a habituellement le schéma suivant (Fig. 5.12)


où l’on trouve le bruit de la résistance équivalente du circuit (R amenant la
polarisation + résistance entrée du TEC), les bruits en courant (IBA ) et en
tension (EBA ) du TEC.

Fig. 5.12 – Sources de bruit dans un microphone électrostatique.

La tension de bruit due à R est filtrée par la capacité C de la capsule,


ainsi que le courant de bruit (IBA ). La densité de bruit eBρ vaut :
 √
eBρ = 4kT ρ par Hz
où : ρ = 1 GΩ ; k = Constante de Boltzmann = 1,38.10−23 ; T = 300 K
 1
eBρ = 4.1,38.10−23.3.102 .109 2

eBρ = 4,07 µV par Hz
La capacité C shuntant le circuit, il faut évaluer la densité à ses bornes :

4kT ρ √
eBC = 2
par Hz
1 + (2πF ρC)

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Précis d’électro-acoustique 95

et intégrer sur 20 à 20 kHz :




F2

 4kT ρ
EBC = dF
(2πF ρC)2 + 1
F1

en posant x = 2πρCF on trouve :


2kT x2 dx 2kT
2
= . (arctg x2 − arctg x1 )
πC x1 1 + x πC

Exemple : C = 100 pF ; ρ = 1 G Ω ; F1 = 20 Hz ; F2 = 20 kHz

2kT 2.1,38.300.10−23
= = 2,63.10−11
πC π.100.10−12

 π
arctg x2 ≈ 1,57 ≈
2
arctg x1 ≈ arctg 6,3.109 .100.10−12.20 = arctg (12,5) = 1,49 radian

F2

dF = 2,63.10−11.(1,57 − 1,49) = 2,63.10−11(0,08) = 2,1.10−12
F1

EBC = 1,45 µV

Évidemment le bruit est concentré aux basses fréquences, ce qui est moins
gênant qu’aux fréquences moyennes ou élevées, où l’oreille est beaucoup plus
sensible. Il faut maintenait évaluer le bruit dû au TEC : le courant de bruit
IBA passe dans l’ensemble ρ et C, déterminant une densité spectrale :

IBA ρ
eIBA (F ) = 
1 + (2πF ρC)2

Un calcul similaire au précédent permet d’obtenir :



ρ
E IBA = I IBA . (arctg x2 − arctg x1 )
2πC

Avec les valeurs précédentes et IBA = 3,1 × 10−15 A/ Hz :

109
E IBA = 3,1.10−15. (1,57 − 1,49) c’est-à-dire E IBA = 1,1 µV
6,3.10−10

La contribution de IBA n’est donc pas négligeable. Le bruit total, les bruits
partiels étant de nature aléatoire, s’obtient en calculant la moyenne

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96 Chapitre 5 : Exemples de microphones

quadratique. Avec les valeurs ci-dessus :

EBC = 1,45µV ; EIBA = 1,1 µV et enfin la valeur de


√ √
EBA = eBA . 2.104 = 12.10−9. 2.102 = 1,7 µV d’où :
 
2
EBT otal = EBC 2
+ EIBA 2
+ EBA = 2,1.10−12 + 1,2.10−12 + 2,9.10−12
c’est-à-dire : 2,5 µV

Ce bruit, rapporté à 1 Volt, est de l’ordre de :

106
NdB /V = −20 log ≈ −112 dB
2,5

5.5.4.1 Bruit pondéré

L’oreille humaine est moins sensible au-dessus et au-dessous de 3 000 Hz.


Pour en tenir compte, la CEI a normalisé les courbes de pondération des
sonomètres (voir § 3.2 Fig. 3.3).
La courbe A s’applique évidemment aux microphones, elle a dans les basses
fréquences une pente d’ordre de 7 dB par octave. Pour F > 1 500 Hz, il
est fréquent d’être obligé de tenir compte des bruits d’origine acoustique
des microphones amortis par résistance acoustique, comme le montrent les
tableaux 5.2 et 5.3

Tab. 5.2 – Tension efficace de bruits bruts non pondérés.

Origine des bruits 20 à 1 500 Hz 1500 à 20 000 Hz


Acoustique 4.10−7V 1,4.10−6 V
Résistance ρ 300 MΩ 3,08.10−6 V 0,35.10−6V
I BA 1,3.10−6 V 0,15.10−6V
E BA 4,23.10−7V 1,5.10−6V
NB : Somme quadratique : 4.10−6 V = 4 µV, soit –108dB/1V.

Tab. 5.3 – Tensions efficaces des bruits, avec la pondération approximative adoptée.

Origine des bruits 20 à 1 500 Hz 1 500 à 20 000 Hz


Acoustique 2,7.10−7V 1,4.10−6 V
Résistance ρ 300 MΩ 6,4.10−7 V 0,35.10−6V
I BA 9.10−16 V 0,15.10−6V
E BA 2,9.10−7V 1,5.10−6V

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Précis d’électro-acoustique 97

5.6 Microphones à électret


La possibilité de réaliser des électrets dont la charge ne diminue pas trop
dans le temps permet de construire des microphones électrostatiques de faible
prix, cependant de haute qualité. On utilise des films électrets comme arma-
ture mobile, ou comme dépôt sur l’armature fixe. Les meilleurs matériaux
sont les téflons FEP (fluoro-éthylène propylène) et PTFE (poly-tétra-fluoro
éthylène). Un film de téflon FEP de 10 à 25 µm a une polarisation de l’ordre
de 100 à 200 µC/m2 , et la perte de charge est de 2,5 % en 10 ans environ,
après vieillissement artificiel initial. Les charges électriques sont injectées par
bombardement, à chaud, de la surface par des électrons ou des ions : comme il
n’y a pas de charges complémentaires susceptibles de se recombiner, la durée
de vie peut être longue.
L’absence de tension de polarisation simplifie notablement le schéma élec-
trique du préamplificateur, car il n’y a plus besoin de fabriquer sur place
une tension continue élevée. Certains préamplificateurs sont particulièrement
simples : 1 TEC et un transformateur de ligne (≈ 200 Ω) comme le Primo
EMU 420. On trouve comme pour les micros statiques à polarisation des cel-
lules omnidirectionnelles et cardioïdes.

5.7 Caractéristiques de directivité


Les dimensions des microphones statiques résultent d’un compromis né-
cessaire entre le rapport signal/bruit désiré et la petitesse souhaitable pour ne
pas avoir trop d’effets de diffraction aux fréquences élevées (rapport d/λ) où
les courbes polaires de directivité ne sont pas aussi idéales qu’aux fréquences
basses et moyennes (d/λ petit).

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Chapitre 6

Prise de son stéréophonique

6.1 Introduction
L’usage généralisé de la stéréophonie à deux canaux, gauche, droite,
a conduit à de nombreuses méthodes pour essayer de donner la
meilleure « image » d’une scène sonore, l’écoute se faisant soit sur haut-
parleurs, soit sur casque. Tout le monde s’est à peu près mis d’accord pour se
baser, pour l’écoute sur haut-parleurs, sur le triangle équilatéral, où les deux
haut-parleurs occupent deux sommets, et l’auditeur le troisième (Fig. 6.1).

Fig. 6.1 – Écoute stéréophonique.

Une bonne prise de son permet, avec deux sources sonores seulement, de
reconstituer assez correctement le champ acoustique d’un ensemble orchestral

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100 Chapitre 6 : Prise de son stéréophonique

où l’auditeur localise sans trop de difficultés les instruments, aussi bien au


centre que sur les côtés. En effet les oreilles de l’auditeur localisent la position
d’une source sonore par deux effets complémentaires : l’intensité, diffé-
rente sur les haut-parleurs, si la source n’est pas centrale, et la phase relative
des deux signaux perçus par les oreilles, ce dernier effet étant évidemment plus
accusé aux fréquences moyennes.

6.2 Localisation d’une source


6.2.1 Localisation par différence d’intensité
La localisation de la source réelle et virtuelle est indiqué dans la figure 6.2.
La figure 6.3 montre la direction angulaire de la source virtuelle en fonction
de la différence d’intensité des signaux sonores. Dans le système ci-dessus,
l’auditoire localise la source à droite si l’atténuation à gauche a atteint environ
15 à 17 dB.

Fig. 6.2 – Localisation d’une source par différence d’intensité.

6.2.2 Localisation par déphasage ou différence de temps


À la place de l’atténuateur du § 6.2.1, on a introduit un retard va-
riable (Fig. 6.4). Pour localiser la source à droite, il faut un retard de 0,9
à 1,1 ms environ. Si le retard est accentué jusqu’à 2 ms, l’espace entre les
haut-parleurs peut s’accroître. Au-delà de 40 à 50 ms, on distingue deux
signaux au lieu d’un.

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Précis d’électro-acoustique 101

Fig. 6.3 – Relevés expérimentaux.

Fig. 6.4 – Localisation par différence de temps.

6.2.3 Localisation par les deux effets conjugués

Si les effets s’ajoutent, le déplacement latéral paraît plus important ; si en


revanche les effets se retranchent, le déplacement paraît plus faible, voire nul
(compensation).

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102 Chapitre 6 : Prise de son stéréophonique

6.2.3.1 Système Dolby « surround »


Utilisé au cinéma dès les années 1970, le système (Fig. 6.5) utilise quatre
canaux matricés sur deux pistes stéréo normales (il peut donc fonctionner
avec le son stéréo TV à deux canaux). Le haut-parleur central (pas obligatoire
en écoute domestique) focalise surtout les dialogues. Les signaux d’ambiance
sont déphasés de 90◦ sur une voie et de –90◦ sur l’autre, ce qui permet de
les extraire, puis avec dématriçage ils sont retardés (∆t réglable) et envoyés
conjointement (1 seul signal) sur les haut-parleurs arrière. Ce système est en
voie d’abandon pour le système « 5.1 » (cinq voies + une voie extrême grave
– voir § 6.5.4).

Fig. 6.5 – Écoute en « Dolby surround ».

6.3 Prise de son stéréophonique d’intensité


On utilise dans ce cas deux microphones cardioïdes coïncidant (pas de ∆t)
(Fig. 6.6) orientés vers la source, formant entre deux un angle θ. Lorsque la
source se déplace à droite ( α2 ), l’image dans les haut-parleurs paraît à droite
lorsque la différence d’intensité ∆I atteint 15 dB.
Au-delà, la position apparente ne bouge plus. Si on réduit θ, ∆I = 15 dB
sera atteint pour un angle ( α2 ) plus grand que le précédent, ceci signifie que
l’angle de prise de son α a augmenté. Inversement si θ augmente, α diminue.
La fourchette de θ s’établit de 80 à 130◦, au-delà l’homogénéité de l’espace
est altérée.

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Précis d’électro-acoustique 103

Fig. 6.6 – Ajustement de l’angle des microphones.

Ce système est appelé usuellement XY (attention au branchement pour ne


pas intervertir gauche et droite). Ce système souffre d’un manque d’espace et
de profondeur de par l’absence de ∆t, mais sa compatibilité monophonique
est excellente, l’angle de prise de son pouvant atteindre 180◦. La correspon-
dance entre les angles α et θ est indiquée dans le tableau 6.1.

Tab. 6.1 – Correspondance entre les angles α et θ, pour la prise de son stéréopho-
nique.

Angle α 80 90 100 110 120 130


Angle θ 180 170 160 150 140 130

Pour la prise de son avec la variante à microphones omnidirection-


nels, on place les deux microphones avec leurs axes perpendiculaires ; on ne
joue donc que sur la directivité des diagrammes polaires, qui ne se manifeste
qu’aux fréquences élevées. Un seul avantage : pas d’effet de proximité
aux fréquences basses.

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104 Chapitre 6 : Prise de son stéréophonique

6.3.1 Système stéréosonic

On utilise deux microphones bidirectionnels orientés à 45◦ de la source et


à 90◦ entre eux (Fig. 6.7).
La source est reproduite au niveau constant de 315◦ à 45◦ , de 45◦ à 135◦ ,
la somme est théoriquement nulle d’où zone d’ombre, de 135◦ à 225◦ , la source
paraît de déplacer en sens contraire, et enfin, de 225◦ à 315◦ , il y de nouveau
une zone d’ombre. Ce système demande à être utilisé avec précaution, de plus
il y a une chute (due aux directionnels) dans les fréquences basses.

Fig. 6.7 – Système stéréosonic.

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Précis d’électro-acoustique 105

6.3.2 Système M-S (Middle-Side)


On utilise deux microphones superposés (Fig. 6.8), comme pour le procédé
XY. Le premier, cardioïde, apporte les informations centrales et délivre le
signal M (Middle = milieu) correspondant à l’information monophonique.

Fig. 6.8 – Système M-S.

Le second, obligatoirement bi-directionnel, est orienté perpendiculairement


au premier (et à la source sonore) et délivre le signal S (Side = latéral). On
extrait les signaux gauche, droite, en réalisant la somme et la différence :

G=M+S
D=M−S

Comme dans le procédé XY, c’est une stéréophonie d’intensité. Son prin-
cipal avantage est de pouvoir modifier l’angle utile de prise de son sans inter-
vention sur les microphones, par le jeu de la pondération du signal S ; en effet,
S
plus on augmente le niveau M , plus on diminue l’angle utile de prise de
son (Tab. 6.2).
Le procédé MS est très apprécié en prise de son cinématographique et
télévisuelle, par sa parfaite compatibilité monophonique et la possibilité, en
post-production, de pouvoir ajuster la largeur de l’image stéréophonique
aux différents plans-image (S/M variable).

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106 Chapitre 6 : Prise de son stéréophonique

Tab. 6.2 – Correspondance entre les angles α et S/M pour la prise de son sys-
tème MS.

Microphone cardioïde Microphone omnidirectionnel


S/M [dB] Angle α utile [◦ ] S/M [dB] Angle α utile [◦ ]
–6 150 –6 180
–3 120 –3 150
0 90 0 110
+3 60 +3 70

6.4 Prise de son stéréophonique de temps


Elle consiste (Fig. 6.9) à n’utiliser que l’un de deux paramètres nécessaires
à la localisation, à savoir la différence de temps.

Fig. 6.9 – Ajustage de la distance entre les capsules.

Lorsque celle-ci atteint environ 1 ms, la source paraît venir uniquement du


haut-parleur de droite. Si la source reste en S1 , et que l’écartement diminue,
l’image se rétrécit apparemment. Pour que l’image soit de nouveau à droite, il
faut déplacer la source vers la droite. L’angle utile de prise de son a augmenté.
Donc, lorsqu’on diminue l’espacement entre deux microphones, on
augmente l’angle utile de prise de son, et inversement (Tab. 6.3).
En deçà de 25 cm et au-delà de 50 cm, on ne latéralise plus la source ou
on tasse les sources virtuelles sur les haut-parleurs.

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Précis d’électro-acoustique 107

Tab. 6.3 – Correspondance entre la distance et l’angle pour la prise de son stéréo-
phonique de temps.

Distance (cm) 50 45 40 35 30 25
Angle (α◦ ) 130 140 150 160 170 180

6.4.1 Système AB avec deux capsules


omnidirectionnelles
Conformément à ce qui précède, on utilise deux omnidirectionnels appai-
rés, avec un espacement de plusieurs dizaines de centimètres. Le système res-
titue avec beaucoup d’ampleur les grandes masses sonores. La précision de la
localisation dépend de la durée des notes. La compatibilité monophonique est
parfois défectueuse, à cause de l’effet de filtrage en peigne (longueur
d’onde de même valeur que l’espacement des microphones d’où annulation de
niveau pour certaines fréquences).

6.5 Prise de son stéréophonique de temps


et d’intensité
On utilise les deux paramètres de localisation simultanément : les diffé-
rences de temps et d’intensité. Deux microphones cardioïdes sont placés face
à la source, les capsules à une distance e et les axes formant un angle phy-
sique θ. Pour une certaine valeur, les différences de temps et d’intensité, la
source S1 , paraît être complètement à droite, par exemple en S1 . Si S1 est
fixe mais que l’on réduit e ou θ, les différences diminuent et S1 paraît revenir
vers le centre. Il faut alors que la source soit en S2 , au-delà de S1 , pour que
S2 soit perçu à droite.
En résumé, on augmente l’angle α de prise de son si l’on réduit la distance
e ou si l’on réduit l’angle θ des microphones.

6.5.1 Système en couple, utilisant deux microphones


faiblement espacés
On utilise donc deux microphones infra-cardioïdes, cardioïdes ou hyper-
cardioïdes. Un même angle α peut être obtenu pour des valeurs couplées de
e et de θ.
De nombreuses études et expérimentations ont abouti à des normes de
disposition (e et θ) dans différents pays (Fig. 6.10).
Le « couple ORTF » (e = 17 cm et θ = 110◦ ) est d’un usage très
répandu, le fabricant allemand Schoeps en commercialise une version très
renommée et très pratique d’utilisation (un seul câble à deux paires torsadées
dans un blindage commun) (Fig. 6.11).

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108 Chapitre 6 : Prise de son stéréophonique

Fig. 6.10 – Normes de disposition du système en couple.

Fig. 6.11 – Couple ORTF de Schoeps.

La compatibilité monophonique n’est pas aussi bonne qu’avec le système


XY ou MS. Si on ajoute G + D, on constate une perte de brillance qui diffère
selon la valeur de e. Cependant, ce système représente un bon compromis entre
spatialisation et précision de localisation. Les grandes masses sonores sont
rendues avec ampleur même en milieu réverbérant. De légers mouvements
latéraux d’une voix, d’un instrument soliste peuvent produire des sauts entre
les haut-parleurs (effet de loupe introduit par la différence de temps).

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Précis d’électro-acoustique 109

6.5.2 Système AB avec grand espacement (de quelques


décimètres à plusieurs mètres)
On ne peut plus parler, dans ce cas, d’angle de prise de son, mais plutôt
de zone de prise de son, où la différence de temps ne dépasse pas 1,4 ms
environ : cette zone est très étroite et s’élargit légèrement avec l’éloignement
des sources (pour e = 1 m). Toutes les autres sources sonores situées hors de
cette zone semblent tassées sur les haut-parleurs : d’où l’utilisation pour des
sources éloignées.
Une variante consiste à utiliser deux omnidirectionnels avec un espacement
à peu près égal à celui des haut-parleurs.

Fig. 6.12 – Tête stéréophonique d’André Charlin (vers 1956).

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110 Chapitre 6 : Prise de son stéréophonique

6.5.3 Système avec obstacle entre les deux microphones

La différence d’intensité entre les microphones dépend, dans ce cas, de la


fréquence. On peut citer surtout :

a) La tête stéréophonique d’André Charlin (vers 1956) (Fig. 6.12) : deux


microphones sont placés de part et d’autre d’une sphère aplatie, d’environ
Φ = 20 cm, absorbante.

b) La sphère Schoeps (Fig. 6.13) : ce dispositif est assez récent : deux capsules
omni-directionnelles sont placées sur un diamètre (180◦ ) d’une sphère de
Φ = 20 cm. Les résultats sont paraît-il excellents.

c) Le disque Jecklin (environ 30 cm) absorbant, placé entre deux micros à


environ 16 cm.

Fig. 6.13 – Sphère Schoeps.

6.5.4 Tête artificielle (avec les micros dans les oreilles)

Les résultats sont excellents, évidemment, pour l’écoute au casque ; sur


haut-parleurs, les résultats sont moins convaincants.

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Précis d’électro-acoustique 111

6.6 Prise de son en multicanal dite 5.1


(5 canaux discrets + 1 d’extrême-grave)
La recommandation ITU-R-BS775 pour l’écoute en 5.1 est indiquée sur la
figure 6.14.
À cette disposition correspondent une multitude d’agencements de mi-
crophones et la littérature technique actuelle (2005) est foisonnante. Nous
suggérons la suivante, en cours d’expérimentation, et qui semble donner des
résultats prometteurs en écoute 5.1 ou réduite à la stéréo traditionnelle (par
mixage).

Fig. 6.14 – Disposition normalisée des haut-parleurs en système 5.1.

Une disposition traditionnelle utilise trois sortes de microphones : un


couple « ORTF », un hypercardioïde pour la voie centrale, et enfin deux
omnis pour les voies arrière, selon le schéma ci-après (Fig. 6.15). L’incon-
vénient d’un tel système est de multiplier le nombre des sources apparentes
à l’écoute, comme le montre bien la figure où les vecteurs représentent les
intensités sonores émises par les cinq haut-parleurs. C’est pourquoi une jeune
société française, Trinnov, a repensé complètement le problème. Une plate-
forme de huit microphones omnidirectionnels, disposés en fer à cheval, est
reliée à une centrale de traitement numérique après passage à travers des

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112 Chapitre 6 : Prise de son stéréophonique

Fig. 6.15 – Disposition traditionnelle en 5.0 (Trinnov 2004).

Fig. 6.16 – Microphone multicanal 5.0 idéal (Trinnov 2004).

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Précis d’électro-acoustique 113

convertisseurs AD (Fs = 44,1-48-96 kHz). Le traitement tient compte de la


direction de la source et des intervalles de temps entre les signaux délivrés par
les micros pour élaborer seulement deux signaux d’intensité adéquate, afin de
créer une source fantôme entre deux des cinq haut-parleurs. On peut ainsi
récréer, en partant d’une source à intensité constante tournant autour de la
plate-forme (sur un rayon constant et dans son plan), une source image ho-
mothétique avec les cinq haut-parleurs. Les concepteurs réalisent par calcul
des diagrammes de directivité asymétriques, fonction de leur emplacement
sur la plate-forme, ce que pour le moment aucun microphone ne possède par
construction (Fig. 6.16). Ce système est en cours d’expérimentation à l’ORTF
et a fait l’objet de publications à l’AES (Audio Engineering Society).

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Chapitre 7

Quelques enceintes acoustiques


célèbres

Les enceintes acoustiques représentées dans les pages suivantes ont marqué
leur époque. L’enceinte à pavillon exponentiel « Klipschorn » (Fig. 7.1a et b)
date de 1945 environ. Elle doit être placée dans une encoignure, les murs
terminant le pavillon. Son rendement est très élevé (environ 30 %), et ses
dimensions ne sont pas si rédhibitoires (h ∼ = 1 m). Le pavillon des graves (30
à 400 Hz environ) est complété d’un haut-parleur à chambre de compression
(400 à 15 000 Hz). Cette enceinte est encore fabriquée en 2003 presque
sans modifications.
L’enceinte montrée sur la figure 7.2a et b a été conçue dans les années
1950 pour le fameux haut-parleur Jensen « Triaxial » (38 cm), de conception
très analogue au coaxial Tannoy (Fig. 2.23). C’est un pavillon hyperbolique
assez encombrant (1,5 sur 0,9 m en face avant) mais plus facile à construire
par un amateur que la « Klipschorn ». On peut y monter un Tannoy récent
de même diamètre.
L’enceinte Tannoy à pavillon exponentiel replié « Autograph » (Fig. 7.3)
des années 1950 était équipée du haut-parleur de diamètre 38 cm « Dual
Concentrics » (qui est décliné depuis plus de 50 ans, voir § 2.5 et Fig. 2.21).
Elle était d’une construction très compliquée, son prix était bien supérieur à
celui des deux précédentes. Son rendement était aussi de l’ordre de 30 %. Son
prix actuel (2005) est très élevé, car elle est très recherchée.
L’enceinte d’André Charlin (Fig. 7.4) des années 1950 a servi pendant une
quinzaine d’années de référence à l’Académie du Disque français. Elle com-
portait, au centre du diffuseur (dont la conception remonterait à 1932), un
dispositif « anti-tourbillonnaire » et un large et court pavillon en fonte d’alumi-
nium (50 cm). La suspension du cône (remplaçable en quelques minutes) était
en peau (solution coûteuse mais très durable). L’« anti-tourbillonnaire », ré-
gularisant la réponse aux fréquences élevées, est encore très répandu dans les
haut-parleurs modernes. Son rendement (environ 10 %, c’est-à-dire près de

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116 Chapitre 7 : Quelques enceintes acoustiques célèbres

Fig. 7.1a – L’enceinte à pavillon « Klipschorn » (États-Unis), vue en perspective


(Electronics 1946).

100 dB/w/m) pour le modèle à excitation (2 teslas environ dans l’entrefer ;


version pour salles de cinéma) était très élevé pour un HP à rayonnement
direct. Ce haut-parleur était complété d’un tweeter électrostatique push-pull
(derrière la grille). L’enceinte elle-même (haute de 1,5 m environ) était de
forme pyramidale (pour éviter les ondes stationnaires internes), la face avant
formant la base. Un large et étroit évent près du sol, surmonté intérieurement
d’une épaisse cloison en laine de verre, complétait cette enceinte, remarquable
pour l’époque.

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Précis d’électro-acoustique 117

mur

jointure des
deux murs

porte d’accès

mur
section A-A
de (D) section B-B
de (C)

vue horizontale
du pavillon d’aigus

section C-C
de (C)

vue latérale
du pavillon d’aigus

Fig. 7.1b – Plans de l’enceinte à pavillon « Klipschorn » (États-Unis) (98 cm de


hauteur).

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118 Chapitre 7 : Quelques enceintes acoustiques célèbres

Fig. 7.2a – Plans de l’enceinte à pavillon « Triaxial » de Jensen (États-Unis) (Re-


production sonore à haute fidélité, G.A. Briggs 1951).

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Précis d’électro-acoustique 119

Fig. 7.2b – Vue en perspective de l’enceinte à pavillon « Triaxial » de Jensen


(États-Unis).

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120 Chapitre 7 : Quelques enceintes acoustiques célèbres

Fig. 7.3 – Vue de l’enceinte Tannoy « Autograph » à pavillon replié (Royaume-Uni,


années 1950). (HP Dual Concentrics 38 cm, hauteur 1,4 m, plans dans l’Audiophile
n◦ 28, mai 1983.)

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Précis d’électro-acoustique 121

Fig. 7.4 – Enceinte d’André Charlin (années 1950).

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Bibliographie

Angot A. (1952) Compléments de mathématiques. Éditions de la Revue d’Op-


tique.
Audio Engineering Society (AES) Loudspeakers, an Anthology.
Briggs G.A. (1951) Reproduction sonore à Haute Fidélité. Éditions Radio,
Paris.
Beranek L. (1954) Acoustics. MIT, USA, réédité en 1986, American Institute
of Physics.

Bruneau M. (1998) Manuel d’acoustique fondamentale. Hermès.


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“acoustique” — 2007/1/10 — 15:39 — page 124 — #138
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124 Bibliographie

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“acoustique” — 2007/1/10 — 15:39 — page 125 — #139
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Exercices et corrigés

Exercice 1
a) Niveau sonore d’un haut-parleur
Soit un haut-parleur rayonnant une puissance acoustique de 0,1 Watt,
monté sur un baffle plan infini. Calculer la puissance sur 1cm−2 à 2 m du
haut-parleur, assimilable à une 1/2 sphère pulsante, et de niveau sonore
correspondant (0 dB = 10−16 W.cm−2 ).
b) On demande la vitesse et l’amplitude vibratoire, à 1 kHz, au seuil d’au-
dition, la référence 0 dB étant de 20 µPa. On donne ρ = 1,3 kg.m−3 et
c = 340 m.s−1 .
c) Une sphère pulsante rayonne dans tout l’espace une puissance de 1 Watt
acoustique à 1 kHz.
Calculer la pression p et la vitesse v, ainsi que leur déphasage relatif, à
une distance de 30 cm du centre de la sphère (ρ et c identiques à b).

Corrigé de l’exercice 1
a) La puissance est uniformément répartie sur une surface.

S = 2π.r2 = 8π [m2 ]
2
sur 1 cm2 → p = p Ss = 0,1x(0,01)
8π = 0,4 µW
L’intensité sonore est donc, à 2 m :

4.10−7
I = 10 log = 4.109 → 96 db.
10−16
C’est un niveau assourdissant à 1000 Hz.
b) On a p = ρcv = 1,3 × 340v = 442v
donc
p 20.10−6
v= = = 0,048 µm.s−1 ,
ρc 442
ou encore 48 nanomètres.s−1

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126 Exercices et corrigés

L’amplitude correspondante est, comme v = jωx :

v 49.10−9
|x| = = = 7,6.10−12 = 0,076 A◦
ω 6,3.103

(Rappel : 1 A◦ = 10−10 m.)


C’est à peu près 1/10 du rayon d’un atome de chlore.
(G. Ney, voir la bibliographie.)

c) L’intensité sonore est, à 30 cm :

W 1
I= = = 0,885 W.m−2
4π.r2 4π.(0,3)2

La pression correspondante est tirée de :

p2 
I= → p = Iρc
ρc

p = 0,885.442 = 19,8 N.m−2

La vitesse est tirée de l’expression :


 
pr j ω ω 2π.103
vr = 1− ; k= avec kr = r = .0,3 = 5,54
ρ.c kr c c 340

donc, on aura
√ 
p2 1 + k 2 r2 19,8 1 + (5,54)2
|vr| = . = . = 0,0455 m.s−1
ρ.c kr 442 5,54

Le déphasage entre p et v est donné par :

ϕ = 90◦ − arctg kr = 90◦ −80◦ = 10◦

Niveau (SPL = Sound Pressure Level)

19,8
SP L = 20 log = 20 log 0,99.106 ≈ 120 dB.
20.10−6

Ce niveau est très élevé. Un grand orchestre à quelques mètres donne une
centaine de dB, le grand-orgue de Notre-Dame de Paris délivre environ
114 dB à une dizaine de mètres (d’après Pierre Cochereau, 1924-1984,
titulaire de l’instrument et metteur en ondes ORTF).

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Précis d’électro-acoustique 127

Exercice 2
a) Montrer l’équivalence entre la référence d’intensité acoustique I0 =
10−12 W.m−2 et le niveau SP L0 en dB : SP L0 = 20 µPa
On donne ρ.c = 400 [MKS Rayls].
On rappelle les définitions :

I1 p
I(dB) = 10. log10 (1) et SP L = 20. log10 (2)
I0 p0

b) Calculer la vitesse et l’amplitude (crête) d’un cône de haut-parleur de


Φ = 30 cm rayonnant 1 W acoustique à 40 Hz dans les deux conditions
suivantes, avec ρ.c = 400 (en sinusoïdal) :

1) le cône rayonne à la gorge d’un pavillon exponentiel de fréquence


de coupure f 40 Hz (surface de gorge = surface du cône) ;
(Zg = ρ.c
S );
2) le cône rayonne à travers un plan de très grandes dimensions (consi-
déré infini). On se limitera au premier terme du développement en
2
série (formule 1.55 : rr = (ka)
2 ).

Corrigé de l’exercice 2
a) L’intensité sonore s’écrit

p2
I= W.m−2 [dB] (3)
ρ.c

En portant (3) dans (2), et en écrivant que le niveau 0 dB SP L0 est le même


que I0 dB :

p p2
par définition : SP L = 20 log10 = 10 log10 . 2
p0 p0

Or, p20 = I0 .ρ.c.


Le niveau SP L pour I0 = 10−12 s’écrit :

I0 ρc 10−12
SP L0 = 10 log10 = 10 log ρc
(20.10−6)2 400.10−12

donc SP L0 = I0 → 20 µPa → 10−12 W.m−2 , si ρc = 400.


Cette valeur est suffisamment proche de la réalité pour ne pas remettre en
question l’équivalence entre I and SP L.

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128 Exercices et corrigés

b) La vitesse et l’amplitude d’un cône de haut-parleur :


1) Le cône a une surface S = πa2 = 3.14(0,15)2 = 0,0707 m2 , à l’entrée du
ρ.c
pavillon il est chargé d’une impédance acoustique Zar = .
S
2 2 2 2
La puissance rayonnée s’écrit P = Zar qeff = Zar .S veff = ρcSveff , d’où

1 W = 440.0,0707.v 2
Donc :  1/2
1 1
v= = = 5,67 cm.s−1
440.0,0707 17,6

La vitesse de crête = 5,67 × 2 = 8,02 cm.s−1
vcrête 8,02
À 40 Hz, on a donc v = j.ω.x et xcrête = = = 0,32 mm
ω 2π.40
C’est très faible, pas de problème d’amplitude.
2) Le cône rayonne uniformément dans le 1/2 espace (2πr2 ) (a = 0,15 = D/2).
La puissance s’écrit cette fois :
ρc
P = Rar q 2 = rr q 2
S
où rr est la partie réelle de l’impédance réduite :
(ka)2
rr = .
2
On a
ω 2π.40 8π
k= = =
c 340 34

ka = .0,15 = 0,111
34
(0,111)2
rr = = 6,16.10−3
2
ρ.c
1= .rr .S 2 .v 2 = ρ.c.S.rr .v 2
S
donc
1 = 440.0,0707.6,16.10−3.v 2
  12
103
v= = 2,28 m.s−1
191,6

vcrête = 2,28 2 = 3,22 m.s−1
3,22 3,22
xcrête = = = 12,8 mm
ω 2π.40

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Précis d’électro-acoustique 129

12,8
Cette valeur est ≈ 40 fois plus élevée qu’avec le pavillon, c’est une valeur
0,32
difficile à tenir avec un haut-parleur de 30 cm, d’où l’obligation d’un pavillon
ou d’un bass-reflex à évent.

Exercice 3
Démonstration de la formule de Thiele et Small. Montrer que :

B 2 l2 ρS 4π 2 3 VAS 1
η= = f où QES =
2πcRM 2 c3 s QES 2me

Corrigé de l’exercice 3
On a :

ωS2 ωS
ωS2 = 4π 2 fs2 ; η = .
c3 2π
K K VAS S 2 ρc2
ωS2 = →η= ωS , or : VAS =
M M 2πc3 QES K
1 B 2 l2
= √ = 2me
QES R KM

K K ρc2 S 2 B 2 l2 B 2 l2 ρS
η= √ √ ; η= C.Q.F.D.
M M 2πc3 K R. M K 2πcRM 2

Exercice 4
Montrer que l’on doit avoir h = 1 pour obtenir une fonction de transfert
de Butterworth en partant de la formule (2.11).

Corrigé de l’exercice 4
Le polynôme s’écrit

(jx)4 + a3 (jx)3 + a2 (jx)2 + a1 (jx) + 1

où :
a1 = a3 = 2,613 et a2 = 3,414

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130 Exercices et corrigés

Identification avec (2.11) :


 4  4
ω ω 1 1
j = j .h−2 ; = 4 .h−2 (A)
ω0 ωS ω04 ωS
 3  3
ω ω 2,613 2mt
a3 j = 2mt j .h−2 ; = 3 .h−2 (B)
ω0 ω0 ω03 ωS
 2  2
ω   ω
a2 j = 1 + h−2 (1 + α) j ; (C)
ω0 ωS
ω ω 2,613 2mt
a1 j = 2mt j ; = (D)
ω0 ωS ω0 ωS
On déduit :
ω02 √ ω0 ωs4
– de A : h= ; h= ; h−2 =
ωs2 ωs ω04

2,613 2mt ωs4 2mt .ωs


– de B : 3 = . 4 = ; 2,613ω0 = 2mt ωs ;
ω0 3
ωs ω0 ω04
√ √ 2mt
2,613 h = 2mt ; h=
2,613
√  √
– de C : 3,414 = h[1 + h−2 (1 + α)] = 2 + 2 ; 2 + 2 h = h2 + (1 + α) ;
 √
α = 2 + 2 .h − h2 − 1 ;

2,613 2mt 2mt 1


– de D : = ; =√
ω0 ωs 2,613 h
√ 1
h = √ ; c’est-à-dire
Pour que B et D soient compatibles, il faut que
h
h = 1, donc le haut-parleur et l’enceinte doivent avoir la même
fréquence propre. Le polynôme de Butterworth exige h = 1, et 2mt =
1
2,613 ; Qt = = 0,383. On y vérifie que :
2,613
 √  √
α = 2 + 2 h − h−2 − 1 = 2

Exercice 5. Calcul d’une enceinte acoustique


Calculer le volume et les dimensions de l’évent cylindrique interne (dé-
bouchant en affleurement en face avant (Fig. 2.9 et § 1.2.2.1) sachant que
sa longueur l vaut deux fois son diamètre ; pour le haut-parleur suivant de
diamètre nominal 38 cm (Focal), fs = 21 Hz, Qts = 0,22, Vas = 0,75 m3 .
√ de la courbe « quasi-Butterworth » QB3 dont
On essaiera de se rapprocher
on choisira les valeurs h = 2 ; α = 4,46 ; f3 /fs = 1,77 (bien que le Qts du

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Précis d’électro-acoustique 131

haut-parleur (0,22) soit plus petit que Qts = 0,259 de QB3 ). On calculera les
valeurs du module de G(x), x = f /f0 ; pour x = 1 et x = 2.
Commenter les valeurs obtenues par comparaison à QB3 (Tab. 2.1). On
donne :
3
ρ = 1,293 kg/m ; c = 340 ms−1 .

Solution de l’exercice 5 proposée


a) Calcul du volume de l’enceinte
On commence par déterminer le volume de l’enceinte en partant des rela-
tions :
Cas Élasticité − H.P. 1
α= = et ωb2 = ,
Cab Élasticité − Enceinte Cab .Jae
Jae étant l’inertance de la masse d’air Me de l’évent.
On a : Cas = Vas /ρ.c2 et Cas = Vb /ρ.c2
d’où α = Cas /Cab = Vas /Vb = 4,46 ; on en tire tout de suite
0,75
Vb = = 0,168 m3 , c’est-à-dire V b = 168 litres.
4,46
b) Calcul de l’évent
Le résonateur de Helmholtz formé par Vb et son évent a pour fréquence
propre :

fb = ωb /2π avec ωb2 = 1/Cab .Jae ,


où Jae est l’inertance de l’évent.
Jae = Me /Se2 avec Me = ρSe (0,61a + l + 0,85a) [kg], avec la section de l’évent
Se = πa2 [m2 ] ou encore, dans le cas présent : Me = ρSe (1,46a + 4a), puisque
l = 4a
Cab est obtenu par : Cab = Vas /aρc2 . C’est-à-dire :

Cab = 0,75/4,46 × 1,293 × 3402 = 1,125.10−6



Les valeurs de ωb et de ω3 sont tirées de h = ωb /ωs = fb /fs = 2 et ω3 /ωs =
1,77. √ √
La fréquence propre de l’enceinte fb = 2fs = 2 × 21 = 29,7 Hz et la
coupure à – 3dB (ω3 ) sera donnée par f3 = 1,77 × 21 = 37,2 Hz.
On a maintenant : Jae = 1/Cab ωb2 = Me /Se2
Avec Me = 5,46aρSe , d’où :
5,46ρ.Se .a 5,46ρ.a
Jae = =
Se2 π.a2

avec ωb = 2π.29,7 = 186,6 [rad.s−1 ].

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132 Exercices et corrigés

1 106 5,46 × 1,293


Jae = 2 = 2
= 25,53 d’où 25,53 = ,
Cab .ωb 1,125 × 186,6 π.a
d’où a = 8,8.10 −2 [m].
C’est-à-dire d = 2a = 17,6 cm, et, l = 2d = 35 cm.

c) Fonction de transfert

À partir des valeurs fs = 21 Hz, fb = 29,7 Hz, il faut d’abord connaître



la fréquence propre f0 du filtre passe-haut ainsi formé : f0 = fb / h =
29,7/1,19 = 25 Hz.
La fonction de transfert de l’ensemble est tirée de la formule générale, avec
x = f /f0

G(jx) = h−2 (jx)4 {1+2jxmt +(jx)2 [1+h−2 (1+α)]+2(jx)3 h−2 mt +h−2 (jx)4 }−1

soit avec les valeurs h−2 = 1/2 et 2mt = 1/Qts = 1/0,22 :


    −1
1+α x − 0,5x3
G(x) = 0,5x4 . 1 − x2 1 + + 0,5x4 + j
2 0,22

Pour x = 1 nous obtenons :


    −1
5,46 1 − 0,5
G(1) = 0,5. 1 − 1 + + 0,5 + j
2 0,22

dont le module vaut 0,157.


D’où G (dB) = –16 dB.
Ce chiffre est très peu éloigné de la courbe de la figure 2.11.
Pour x = 2 (une octave plus haut → 50 Hz)
 
 
 8 
| G(2) | =   = 0,74
 1 − 4(3,73) + 8 + j (2−4) 
0,22

G(2) [dB] = 20. log 0,74 → −2,6 dB


On voit que l’écart par rapport à la courbe idéale avec Qt = 0,259 est très
faible, car on obtient pour cette dernière valeur :
 
 
 8 
G(2) = 2  = 0,82
 −5,92 − j 0,259

G(2) [dB] = 20. log 0,82 = −1,7 dB (ce qui diffère de 0,9 dB seulement).
La diminution du niveau n’est due qu’au terme Qts = 0,22 < 0,259.

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Précis d’électro-acoustique 133

NB : Il serait judicieux de scinder l’évent en deux évents plus petits, en


calculant les dimensions d’un évent ayant une inertance moitié de la valeur

théorique, ce qui donne Jae = 25,53
2 , d’où

25,53 5,46.1,293  14,16


= ;a = = 4,4.10−2 m ;
2 πa 80,2
d’où pour chacun de deux évents :

d = 2a = 8,8 cm et l = 2d = 17,6 cm.

Pour augmenter le rendu des fréquences basses, il serait sans doute heureux
de prévoir une fb plus faible en augmentant légèrement la valeur de Jae , par
exemple fb = 27 Hz ou même 25 Hz. Les valeurs de α et h seront légèrement
changées. Il suffit alors de calculer G(1) et G(2) avec les nouvelles valeurs.

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“acoustique” — 2007/1/10 — 15:39 — page 134 — #148
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134 Exercices et corrigés

Problème : asservissement d’un haut-parleur


(Institut national des Télécommunications, contrôle des connaissances,
Systèmes Asservis, 1984)

Fig. 1 – Schéma du système.

On considère un haut-parleur (Fig. 1) (HP Focal) dont les paramètres sont


les suivants :

– raideur du cône : k = 1180 Nm−1 ;

– masse du cône : M = 65,6 g ;

– coefficient de frottement visqueux, dû au rayonnement: f = 1,3 N.m−1 .s ;

– induction dans l’entrefer : B = 1,2 tesla ;

– longueur du fil de la bobine mobile plongé dans l’entrefer l = 12,58 m ;

– résistance du fil de la bobine mobile : R = 6 Ω ;

– inductance de la bobine mobile : L = 0,94 mH ;

– déplacement du cône : x (m).

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“acoustique” — 2007/1/10 — 15:39 — page 135 — #149
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Précis d’électro-acoustique 135

Pour mesurer l’accélération du cône, on y fixe un accéléromètre délivrant la


tension :
d2 x
Va = D 2
dt

Questions à résoudre
1) Déterminer les fonctions de transfert VIa et VVa , l’amplificateur ayant
A
pour fonction de transfert 1+τ As
, où A = constante ; s = jω.
Peut-on négliger l’influence d’une constante de temps, si oui laquelle ?
Montrer que dans ce cas les fonctions sont simplifiées.
2) On désire asservir le cône pour travailler dans la bande de fréquences
basses (20 Hz . . . 200 Hz) à accélération constante (afin d’obtenir un rayon-
nement d’amplitude constante dans l’axe du haut-parleur et de gommer la
résonance principale. Des deux fonctions de transfert précédentes, laquelle
est la mieux adaptée, en d’autres termes faut-il réaliser un amplificateur de
puissance source de tension ou source de courant ?
On veut avoir un gain de boucle de 30 dB entre 21 Hz et 100 Hz. Tracer le
diagramme de Bode de la fonction retenue. Le système peut-il être bouclé ? Si
non, donner le schéma de principe des réseaux correcteurs à placer, ainsi que
leur fonction de transfert, justifier les constantes de temps choisies, sachant
que les fréquences de coupure basse et haute (où le gain est de 0 dB) sont
respectivement de 2,2 Hz et 1 kHz et les fréquences de cassure (changement
de pente) à une ordonnée commune de 10 dB, et enfin que l’un des réseaux
correcteurs a le même pôle simple que l’ampli. Quelle doit être la valeur de
ce pôle ? On emploiera la transformation de Laplace (avec s = jω).

Projet proposé au problème


La force exercée sur la bobine mobile est :
F = BlI
d’où :
d2 x dx
BlI = M 2
+f + Kx
dt dt
M s2 + f s + K
I= x
Bl

La tension V aux bornes de la bobine est :


dI dx
V = RI + L + Bl ,
dt dt
d’où :
M s2 + f s + K
V = (R + sL) + Bls x
Bl

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136 Exercices et corrigés

Finalement
x Bl 1
= .
I K 1+ K f
s+ M 2
Ks
x Bl 1
= .    
V KR 1 + L + f + B 2 l2
s+ M L f
s2 + LM 3
R K KR K + RK R Ks

Application numérique

L 0,94 −3
= 10 = 0,156.10−3
R 6
f 1,3
= = 1,1.10−3
K 1180
B 2 l2 15,12
= = 32,2.10−3
KR 6.1180
M 65,6
= .10−3 = 55,6.10−6
K 1180
L
On voit que l’on peut négliger le terme R devant les autres valeurs, l’expression
se simplifie :
x Bl 1
≈ .  
V KR 1 + f + B 2 l2 s + M s2
K KR K

que l’on peut écrire sous la forme canonique :


x Bl 1
≈ . ω2
V KR 1 + (2mm + 2mc )j ωω − ω02
0

ou encore, avec x = ωω0


mm étant d’origine mécanique et me d’origine électrique ; mT étant le
coefficient d’amortissement total (mT = mm + me )
x Bl 1
≈ .
V KR 1 + 2mT jx − x2
On obtient :
x Bl 1
≈ .
V KR 1 + 33,3.10−3 s + 55,6.10−6 s2
Ce système du deuxième ordre amorti avec pulsation propre
106
ω02 = M K
= 55,6 = 134,1
C’est-à-dire une fréquence propre (fréquence de résonance principale) :
f0 = ω 0
2π = 21,34 Hz.
Il est évident que le système doit être attaqué par une source de tension
(ampli à résistance interne nulle) car sinon le coefficient d’amortissement total

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“acoustique” — 2007/1/10 — 15:39 — page 137 — #151
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Précis d’électro-acoustique 137

2 2
mT est privé du terme électrique me = BKRl qui est de loin le plus impor-
f
tant. Dans ce cas, en effet, la parenthèse du terme en s devient K s = 2mωm
0
s
.

2mm = ω0 .1,25.103 = 134.1,25.10−3 = 0,167

En termes habituels, la surtension mécanique devient QM = 2m1m = 0,167


1
= 6.
Ceci donne une très forte remontée du gain (≈16dB) à la résonance
(21,34 Hz).
2 2
En revanche, le terme BKRl donne le coefficient d’amortissement électrique
2 2
me et la surtension électrique : 2me = ω0 BKRl = 134.32,2.10−3 = 4,32 et
Qe = 0,23.
Le coefficient d’amortissement total mT est la somme de deux coefficients
précédents :
2mT = 2mm + 2me = 0,167 + 4,315 = 4,48
1
QT = = 0,223
4,48
L’attaque par une source de tension entraîne donc une réponse beaucoup plus
régulière et surtout beaucoup mieux amortie.

Diagramme de Bode
La fonction de transfert complétée avec l’amplificateur et l’accéléromètre
L
s’écrit, en négligeant le terme R : G(s) = VIa = Vxa Vx VI

Bl 1 A
G(s) = Ds2  
KR 1 + f + B 2 l2 s + M 2 1 + τA s
K KR Ks

DBlA s2
G(s) =  
KR (1 + τA s) 1 + 2mT s
+ s2
ω0 ω02

Le diagramme de Bode comporte ainsi (Fig. 2) :

1) une asymptote de pente +2 à l’origine ;

2) une asymptote de pente 0 de ω = ω 0 jusqu’à ω2 = 1/τA ;

3) une asymptote de pente –1 au-delà de ω2 = 1/τA .

Le système ne correspond pas au cahier des charges (coupure à 1 kHz)


et n’est pas bouclable (pente +2 à l’origine). On rappelle que les pentes,
aux fréquences de coupure, basse et haute, doivent être inférieures à 2 en
valeur absolue, et donc proches de 1. Il faut donc introduire des réseaux
correcteurs.

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“acoustique” — 2007/1/10 — 15:39 — page 138 — #152
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138 Exercices et corrigés

Fig. 2 – Diagramme de Bode.

a) Côté des fréquences basses : il faut placer en série dans la boucle un


1 + ωs1
intégrateur « cassé » de transmittance , avec ω1 = 2π ×6,5. De la sorte,
s
la stabilité sera assurée aux fréquences basses (l’ordonnée de la cassure est à
+10 dB) (Fig. 3)

Fig. 3 – Traçé de Bode d’un Intégrateur « cassé ».

b) Côté des fréquences élevées : si on veut couper (0 dB) à 1 kHz, il faut


avoir une pente −1 au-delà de 300 Hz et une pente de –2 entre 100 Hz et
300 Hz. Ceci peut être assuré par un réseau correcteur de la forme :
1 + ωs3 A
, l’amplificateur lui-même ayant une transmittance 1+τ , avec
1 + ωs2 As

ω2 = τ1A = 2π.100, et ω3 = 2π.300.

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“acoustique” — 2007/1/10 — 15:39 — page 139 — #153
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Précis d’électro-acoustique 139

En effet, il n’est pas prudent d’essayer de monter plus haut en fréquence,


compte tenu des problèmes de propagation qui risquent de se poser dans
le cône, qui ne travaille probablement plus en piston. Le réseau correcteur
(Fig. 4) pourra se présenter sous la forme :

Fig. 4 – Réseau correcteur aux fréquences élevées.

1
Vs R2 + Cs 1 + R2 Cs
= 1 =
Ve R1 + R2 + Cs 1 + (R1 + R2 )Cs
avec :
1 1
ω3 = , et : ω2 = .
R2 C (R1 + R2 )C

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