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La crise que traverse, depuis plus d'un an, l'économie mondiale, et qui a pris depuis
septembre, la forme d'une crise financière aiguë, est la dernière manifestation d'une
crise globale du système capitaliste, dont les premier signes sont apparus au cours
nécessité de créer sans cesse de nouveaux marchés pour vendre une production en
producteurs, qui vont accélérer à leur tour ce besoin de nouveaux marchés: ce besoin
Pour faire face à cette crise, l'une des réactions des gouvernements, et en particulier
dette nationale en lançant de grandes politiques de dépenses (la "guerre des étoiles"):
une double manière de créer un marché artificiel ou, au mieux, anticipé. Une telle
politique peut être efficace lorsque qu'une économie connaît un bref ralentissement,
afin d'éviter que ce ralentissement ne s'aggrave, ou pour relancer une économie, prête
Face à une crise générale continue, ce type de mesures ne peut avoir d'effet que
provisoire. En 1987, une nouvelle crise se produit, l'effet des mesures reaganiennes
s'étant estompée. Cette crise se dissipe cependant relativement vite, car elle coïncide
avec l'ouverture des sociétés bureaucratiques chinoise et est-européeennes, nouveaux
dans les technologies nouvelles, bien au-delà des potentialités réelles de ces
technologies, créant ainsi un nouveau marché artificiel. C'est la bulle "internet", qui
même réaction que le gouvernement Reagan 20 ans plus tôt, mais à un nouveau
rôle est tenu par les désormais fameuses "subprimes", fondées sur le pari, tout aussi
irréaliste que la "bulle internet", d'une croissance infinie, et rapide, des valeurs
immobilières.
Sur le plan militaire, à la factice "guerre des Etoiles" a succédé la vraie guerre d'Irak,
donner un bref répit à son économie. Mais, comme en 1987, cette politique voit ses
Il est probable que cette crise du crédit n'en est qu'à ses débuts: après les particuliers
aux collectivités locales, dont l'endettement fut aussi l'un des facteurs de relance
répandu, les cartes du crédit: l'aggravation de la crise risque en effet de multiplier les
cas de ménages incapables de rembourser à la fin du mois les dépenses faites au cours
de celui-ci. Or l'usage de la carte de crédit est un rouage essentiel des marchés les plus
l'aveugle vers une cible mouvante. Mais la crise économique actuelle laisse tellement
peu de choix aux gouvernements, qu'il est aisé de deviner au moins les axes généraux
La gravité de cette crise ne permet pas à ceux qui veulent sauver le système
économique actuel de choisir entre divers remèdes: il faut les utiliser tous.
part sociale, ce sont les "efforts que nous allons "tous" devoir faire": baisse de salaires
réels, coupure dans les dépenses sociales, etc.; la part idéologique, c'est la propagande
pour convaincre ceux auxquels on demande de faire ces efforts, c'est-à-dire les
travailleurs, d'accepter les mesures sociales; et enfin, la part politique, c'est pour
1 Economie
Rien d'original à attendre: il s'agira, comme en 1929, comme en 1981, comme en
Néanmoins l'administration Obama ne donnera sans doute pas la même forme que
les administrations républicaines, sous Reagan et Bush Junior, à ces deux types de
réponses à la crise.
radicale des dépenses militaires (même si l'économie américaine restera fondée sur
l'économie de guerre), mais par des grands travaux, inspirés du New Deal de
Roosevelt. Oubliant que ce "New Deal" n'a sorti l'économie américaine des années
trente que durant quelques années. Il a fallu la 2e guerre mondiale pour mettre
vraiment fin à la crise de 1929, 2e guerre qui fit entrer les États-Unis dans l'économie
Une partie de l'endettement servira aussi à couvrir les baisses de prélèvement fiscaux
sur les profits des entreprises, baisse des revenus de l'État censée être compensée par
par ces mesures. Dans les faits, il s'agit de rendre aux entreprises une part de leur
Cette mesure ne résoudra rien; au contraire. En aidant les entreprises à rétablir leur
part, les investissements supplémentaires que les sociétés pourront réaliser grâce à ce
financiers, aux industriels et aux particuliers. mais surtout par des garanties, afin de
"garantie" et "crédit", surtout au niveau de l'Etat, n'est en pratique pas très différente:
c'est, toujours, de l'argent virtuel, une anticipation sur les richesses futures, un pari
sur la croissance. Mais ce pari risque fort d'être perdu: aucun nouveau marché réel ne
Mais l'économie américaine, depuis ces vingt dernières années, ne peut plus à elle
politique central, tentera tant que bien que mal de suivre la politique américaine, le
sort de l'économie mondiale repose pour une bonne part sur le dilemme de la
Américaine et chinoise.
devoir développer au plus vite son marché intérieur (Sur la situation économique en
Chine). Contrairement aux sociétés occidentales, elle en a les moyens, grâce au capital
accumulé durant ces vingt dernières années. Là, ce n'est pas de la richesse virtuelle
empruntée à un hypothétique avenir, mais la richesse déjà créée. Une telle politique
sont les capitaux chinois qui ont financé la dette américaine et rendu possible les
plans de relance passés comme ils rendent possibles les futurs plans de la nouvelle
A cette question, les gouvernements répondent que, pour une part, le coût de ces
plans, la part virtuelle, dette et garanties, sera en fait financé ultérieurement par le
retour de la croissance. C'est la part de "pari sur l'avenir" de ces plans, qui en
Mais hors cette part virtuelle, et si le pari s'avère faux, la réponse à la question est
Et cela pour deux raisons: le financement des plans de relance, mais aussi une
dépenses.
Idéalement, cela ne devrait concerner que les dépenses qui ne permettent pas de
Le problème est que l'évolution du rôle de l'État dans l'économie capitaliste, depuis la
seconde guerre mondiale, signifie que toutes les dépenses publiques sont orientées en
consommation, tandis que les travaux publics soutiennent la grande industrie, les
Une autre partie des dépenses sert à faire porter par le public des coûts auparavant
assumés par les entreprises privées: ainsi la formation et, dans une certaine mesure,
le transport.
Il va donc falloir faire des choix, qui varieront d'un État et d'un gouvernement à
Tous les marchés n'ont, aux yeux des économistes bourgeois, pas la même
ou moins: les industries de pointes, parce qu'elles possèdent théoriquement les plus
l'ensemble de l'économie; et enfin les marchés liées aux productions les plus
intégrantes, c'est-à-dire les produits formés de produits venus d'autres secteurs, tel
l'automobile et l'immobilier.
secteur tertiaire. ne sont pas stratégiques. Les dépenses de santé non liées aux
On le voit, les secteurs les moins stratégiques sont ceux qui sont soutenus par les
systèmes d'allocation: pensions et chômage, entre autres. Néanmoins, même là, les
gouvernements ne peuvent aller trop loin, ou trop vite, sans risquer d'ébranler
d'autres raisons.
Outre la culture, qui n'est de toutes façons qu'un très faible maillon des dépenses, les
L'éducation sera naturellement l'un des secteurs non commerciaux frappés par cette
politique de dépense, mais de manière complexe: d'une part, les économies dans ce
secteur ont déjà été faites en partie, et ne sont pas extensibles à l'infini. D'autre part,
les économies qui seront quand même réalisées dans ce secteur serviront pour une
détriment des formations générales, ces formations spécialisées ayant pour fonction,
comme dit plus haut, de faire porter par le secteur public, des dépenses nécessaires
au secteur privé.
Un des axes des réductions de l'État concernera donc son propre fonctionnement,
pour autant que cela ne porte pas sur ce qui concerne l'aide aux secteurs stratégiques
stratégies de relance.
Les dépenses qui permettent de maintenir la paix sociale, ce sont précisément les
allocations, les soins de santé, les services publics, ce sont tout ce que les États ont dû
céder face aux luttes des travailleurs au cours des décennies précédentes, ce que l'on
appelle les "acquis sociaux". Ces acquis constituent en fait une part du salaire réel de
travailleurs, la différence entre salaire brut et salaire après impôts, qui leur était donc
versés sous forme de services, d'assurance, d'allocations. A ceci près que le salaire net
est versé individuellement, alors que le salaire brut est versé globalement.
Les États hésiteront d'autant moins à mettre en œuvre ces mesures qu'elles ont un
autre avantage: fragiliser les travailleurs, les poussant à accepter des conditions de
En temps de crise, l'augmentation du profit est une nécessité plus impérieuse que
- la part de profit non réalisé- les invendus - étant en augmentation, pour maintenir le
- la concurrence accrue due à la surproduction entraîne une baisse des prix. Pour que
celle-ci ne se traduise pas par une baisse du profit, il faut là encore augmenter le
Pour éviter autant que possible un affrontement direct avec les travailleurs, les
entreprises utiliseront au maximum tout l'attirail dont elles disposent pour diminuer
travail qui en résulte; adaptation des horaires aux besoins du "Just in time" et aux
variations du marché.
Mais surtout, il s'agira de baisser le salaire nominal moyen, sans trop toucher aux
salaires établis, en remplaçant les emplois fixes, les CDI, par des emplois instables ,
capitalistes, et non au système, il convient de rappeler que cette exigence de profit n'a
rien à voir avec l'avarice, la soif de l'argent, le goût des richesses et autres pêchés.
Si le capitaliste doit faire du profit, c'est parce que, dans les limites de ce système, il
n'a pas le choix: toute baisse du profit signifie une baisse de la position
rigoureuse encore par temps de crise qu'en période de croissance. C'est l'obligation de
faire du profit qui peut les rendre avides d'argent et obnubilés par le gain, non
l'inverse.
la baisse de la fiscalité des entreprises n'est rien dans l'aide à celles-ci par rapport à
L'essentiel des plans de relance n'est donc pas dans l'aide à la consommation,
solution provisoire, mais dans l'aide au profit, à travers l'aide aux sous-contrats, au
fragilisation du statut des chômeurs, forçant de plus en plus ceux-ci à accepter des
contrats de travail de plus en plus défavorables en terme de salaires, d'horaires et de
stabilité.
En favorisant aussi les licenciements, qui servent autant à adapter l'emploi aux
variations du marché -autrement dit à faire porter par les travailleurs seuls le prix de
contrats arrachés par des décennies de luttes sociales par des contrats adaptés aux
Ne disposant plus comme auparavant des moyens de financer, par des allocations
diverses, la paix sociale, les gouvernements, pour faire accepter leurs plans, doivent
articles.