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La diversité des courants de pensée en économie s'explique par la diversité des méthodes, des sujets d'études,

des questions posées, mais aussi par de forts enjeux idéologiques.

Les classiques analysent les principales fonctions économiques (la production, la consommation, les échanges)
et se montrent confiant dans les mécanismes du marché, pour assurer les grands équilibres et la croissance
économique. Ils sont tous partisans du libre-échange.

Les néoclassiques approfondissent et rénovent la pensée classique d'où son nom. Les questions qui les
intéressent, entre autres :

* Comment se forment les prix des biens et des facteurs de production ?

* Comment la richesse produite est-elle répartie entre les facteurs de production ? (salariés, propriétaires, État).

Nous verrons que si les néoclassiques peuvent s’inscrire dans la continuité de l’économie politique classique, il
n’en demeure pas moins que ces deux visions se différencient sur certains points.

I – POINTS COMMUNS

D’abord, les néoclassiques comme les classiques s’accordent sur les bienfaits du commerce extérieur et de
l’échange marchand entre les nations. Ils s’opposent donc aux mercantilistes qui pensent que les termes de
l’échange sont nécessairement source de désavantages pour l’une au moins des parties en présence. David
Ricardo a démontré que tous les pays, même les moins compétitifs, trouvent un intérêt à entrer dans le jeu du
commerce international.

Ensuite, les deux courants considèrent que l’offre créé sa propre demande. Il s’agit de « la loi des débouchés »
de JB Say. Cette loi constitue l’une des composantes principales de chacune des approches, connue sous le nom
de théorie de l’offre. La manière la plus effective d’obtention d’une croissance économique élevée sur le moyen
et le long terme est d’aider les entreprises à produire davantage de biens et services, de les inciter à entrer sur
de nouveaux marchés, et de lever le plus possible les freins fiscaux et règlementaires qui entravent leur
développement.

De plus, la propriété privée ainsi que l’intervention limitée de l’Etat apparaissent, pour les deux
mouvements, comme des conditions nécessaires au bon fonctionnement du marché. L’état ne doit surtout pas
intervenir dans la vie économique. Son rôle d’état gendarme assure les fonctions régaliennes de l’état à savoir
la police, la justice, la défense nationale (fonction de souveraineté).

Les deux modèles s’inspirent du système physiocratique ; le « laisser faire, laisser passer » de Gournay est prôné
par les néoclassiques et classiques plus ou moins fortement. Les néoclassiques en font l’apologie, lorsque les
classiques, et en particulier Smith, y adhèrent plus modérément.

En ce sens, la métaphore de la main invisible de Smith se retrouve dans les théories néoclassiques.
Cette métaphore repose sur l’idée selon laquelle la recherche de l’intérêt personnel concoure à l’intérêt général.
C’est la supériorité de l’individualisme sur l’holisme. On en revient au principe de concurrence et de libre
marché. Pour illustrer les convergences entre classiques et néoclassiques, il suffit de se référer à Keynes qui ne
fait aucune distinction entre ces deux courants.

I – POINTS DE DIVERGEANCE

D’une part, l’approche classique diffère de celle des néoclassiques car la première présente une vision de la
société en terme de classe dont l’opposition créerait une certaine harmonie. Alors que la seconde place au
centre de sa théorie une vision microéconomique. A l’inverse, le seul fait de considérer la société comme divisée
en classe amènera même certains à rattacher Marx à l’école classique. Ce qui est donc symbole d’une rupture
importante.

Théorie de la valeur : D’autre part, les néoclassiques, s’opposant à Smith et Ricardo reprennent les
théories subjectives de la valeur des physiocrates. En effet, Smith refusait de lier valeur d’échange et valeur
d’utilité, alors que les néoclassiques présentaient ces deux notions comme concomitantes. Reprenons ici le
paradoxe de l’eau et du diamant. Pour Smith « Il n'y a rien de plus utile que l'eau, mais elle ne peut presque rien
acheter; à peine y a-t-il moyen de rien avoir en échange. Un diamant, au contraire, n'a presque aucune valeur
quant à l'usage, mais on trouvera fréquemment à l'échanger contre une très grande quantité d'autres
marchandises.» William Jevons et les néoclassiques résolvent donc ce paradoxe en introduisant la notion
d’utilité marginale : si, chez les classiques, la valeur relative d'un bien résulte de la quantité de travail nécessaire
pour le produire, chez les néoclassiques la valeur d’un bien est déterminée par son utilité marginale. L’utilité
marginale correspond en fait à l'utilité qu'un agent économique tirera de la consommation d'une unité
supplémentaire du bien ou du service. Cette utilité marginale décroît avec la quantité de biens déjà consommé :
un homme assoiffé payera une somme très importante pour un verre d'eau mais une fois le premier, le second
et le troisième verre d'eau consommés, l'utilité marginale, très importante au premier verre, décroît nettement
si bien que le dernier verre n'a presque plus de valeur.

De plus, les classiques et les néoclassiques ont un intérêt divergeant. Les classiques se basent sur une théorie
objective : Les économistes classiques voient tous les phénomènes économiques comme interdépendants et
veulent proposer une théorie générale intégrant tous les phénomènes économiques. Ils croient à l'existence de
lois valables à toutes les époques et dans toutes les régions du monde et cherchent à les identifier. Leur analyse
est dynamique. Ils s’intéressent aux processus de production, d’échange, de formation des prix, de formation
des revenus, et non à d'hypothétiques états d'équilibre. Les néoclassiques quant à eux ont une théorie subjective
: les phénomènes économiques peuvent et doivent être étudiés à l’aide des mêmes méthodes que les
phénomènes physiques ; Les agents sont rationnels, leurs préférences peuvent être identifiées et quantifiées ;
Les agents cherchent à maximiser leur utilité, tandis que les entreprises cherchent à maximiser leur profit ; Les
agents agissent chacun indépendamment, à partir d'une information complète et pertinente.

Contrairement à l’individu chez les classiques, l’individu chez les néoclassiques est parfaitement rationnel. Sa
subjectivité remplace l’existence des besoins naturels chez les classiques. Cette conception de l’individu, ajouté
au rejet de la valeur travail chez les classiques permet également de comprendre pourquoi les néoclassiques
contrairement aux classiques ne raisonne pas en terme de classe sociale.

III – CONCLUSION
Il est vrai « qu'aucun modèle n'est capable d'expliquer à lui seul toutes les données », la multiplicité des théories
est peut-être la condition pour affronter les diverses facettes du réel.

La controverse est source d'enrichissement comme l'a largement montré l'histoire récente de la discipline et que
« d'importants progrès ont été réalisés en raison même de la vivacité des controverses théoriques ». Une
science qui n'aurait pas de débat interne cesserait peut-être de vivre.

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