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Kevin Kühnert: «Le temps de l’union de la
gauche est venu»
PAR THOMAS SCHNEE
ARTICLE PUBLIÉ LE DIMANCHE 5 MAI 2019
Kevin Kühnert lors d'un meeting de campagne européenne
à Saarbrück, le 3 mai 2019. © REUTERS/Ralph Orlowski
Le parti social-démocrate allemand va-t-il sortir de la
grande coalition avec les conservateurs à l’automne
prochain ? Le chef des « Jusos », les jeunes du SPD,
ne l’exclut pas. Dans un entretien à Mediapart, Kevin
Kühnert estime que, pour l’Allemagne comme pour
l’Europe, il est urgent d’enterrer la hache de guerre
entre le SPD, Die Linke et les Verts.
Berlin (Allemagne), de notre correspondant.– « Ce
n’est pas pendant les campagnes électorales que se
créent les alliances solides. » Depuis qu'il a mené
la mobilisation contre la participation du parti social-
démocrate à une nouvelle « grande coalition » en
2017 (lire notre reportage d’alors), Kevin Kühnert
est devenu un incontournable de la scène politique
allemande et un espoir de la social-démocratie.
À 29 ans, celui qui occupe une fonction où œuvrait
naguère Gerhard Schröder appelle de toutes ses forces
à la constitution d’une union de la gauche avec les
écologistes et la gauche radicale. Il est aussi connu
pour ses critiques « anticapitalistes » et pour son désir
de « repolariser » le débat politique.
Cette semaine, il fait une nouvelle fois la une des
médias allemands pour avoir proposé, dans une
interview à Die Zeit, de nationaliser le constructeur
automobile BMW afin de « reprendre en main
l’avenir du pays ». Pour Mediapart, Kevin Kühnert
détaille la situation qui règne au sein de son grand
parti très mal en point. Il explique aussi pourquoi
il est urgent que le SPD se recentre sur la lutte
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contre la répartition inégale des richesses et pourquoi
il est personnellement favorable à l’expropriation des
investisseurs privés pour freiner la hausse des loyers.
Le président des Jusos (jeunesses du SPD) Kevin Kühnert lors de son discours
au congres du SPD à Bonn, le 21 janvier 2018. © REUTERS/Thilo Schmuelgen
Andrea Nahles a été élue présidente du SPD il y
a un an, avec pour mission de rénover le parti.
Qu’est-ce qui a changé ?
Kevin Kühnert : La culture de discussion a changé.
On a recommencé à se parler vraiment. Andrea
Nahles a su laisser la place aux débats et aux
contributions extérieures. Et nous avançons bien sur
le plan programmatique, notamment sur la question de
la rénovation de l’État social. Sans lui, il n’y a pas de
social-démocratie. Nous avons aussi tourné le dos à la
philosophie d’inspiration libérale des réformes Hartz,
réformes du marché du travail lancées par Gerhard
Schröder. Nous espérons livrer un résultat en 2019.
Le SPD opère un virage à gauche tout en
gouvernant avec les conservateurs. C’est le grand
écart…
Il arrive ce que je craignais. Il y a une contradiction
évidente entre ce que nous sommes en train d’élaborer
pour le futur et la politique de compromis négociée
dans l’accord de coalition avec les conservateurs. Cet
écart est à la limite de ce que beaucoup d’électeurs
peuvent supporter. Pas mal de gens sont séduits par
nos nouvelles orientations et me disent : « Faites
donc une loi puisque vous êtes au pouvoir ! »
Mais la politique ne marche pas comme ça. Il y a
des engagements. Dans le même temps, la politique
devrait être compréhensible de manière intuitive. Si je
suis obligé d’expliquer tout notre programme à chaque
fois et en détail, ce n’est pas bon. Actuellement, nous
sommes donc le parti des contradictions. Il n’est pas
étonnant que les intentions de vote en notre faveur
aient nettement baissé l’année passée.
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Avez-vous défini une ligne rouge au-delà de
laquelle vous quitterez le gouvernement ?
Dans le contrat de coalition, nous avons inclus des
données précises, des objectifs à atteindre et des dates
de rendu pour de nombreux projets. Il est, par exemple,
inscrit qu’une retraite minimale pour les gens qui
ont travaillé toute leur vie, et restent dépendants de
l’aide sociale, doit être créée d’ici à la fin de l’année.
Un autre projet prévu pour 2019 est la loi sur la
protection du climat. Nous avons prévu la tenue d’un
bilan global à mi-parcours, c’est-à-dire à la fin 2019.
Nous verrons alors si nous quittons le gouvernement
ou pas. En tout cas, le parti et les militants sont
tellement mobilisés derrière ces objectifs, que cela
m’étonnerait beaucoup qu’ils acceptent de poursuivre
dans une grande coalition si la retraite minimale ou la
loi sur le climat ne sont pas au rendez-vous.
Les résultats électoraux à Brême et aux élections
européennes peuvent-ils vous faire changer d’avis
et précipiter votre départ du gouvernement ?
Cela ne servirait à rien et ne profiterait à personne de
déclencher le chaos avant les trois élections régionales
qui auront lieu à l’automne dans l’ex-Allemagne de
l’Est. Ici, les élections européennes ne devraient pas
apporter de grands changements. De notre point de
vue, ce qui compte surtout ce sera les alliances au
Parlement européen, l’élection du président de la
commission de l’UE, et les postes que l’Allemagne
peut obtenir à Bruxelles.
Vous avez récemment expliqué que le financement
des retraites était un sujet qui doit aussi intéresser
les jeunes. Est-ce ainsi que vous comptez attirer un
électorat jeune vers un parti où la moyenne d’âge
est de 60 ans ?
Le sujet n’est pas évident. Pour moi aussi la
question de la retraite, c’est encore quelque chose
de lointain. Ce qui me paraît néanmoins intéressant,
c’est d’expliquer aux jeunes que ce que l’on vend
comme un sujet prétendument générationnel qui ne
les concernerait pas directement, est en réalité un
problème d’inégalité qui les concerne directement.
C’est comme pour la pollution et le climat. À la base
des inégalités, on trouve le problème de qui a le droit
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de disposer de la terre et des terrains, qui a le droit de
construire tel ou tel bâtiment, ou encore qui a le droit
de cultiver et selon quel type d’agriculture biologique
ou industrielle.
Les conflits qui traversent la société ne sont pas des
conflits qui opposent ma génération à la génération de
mes grands-parents, mais qui opposent ceux qui ont
des privilèges et des biens, qui occupent des postes
de pouvoir, à ceux qui sont faibles. C’est avec ces
derniers qu’il faut se solidariser, avec les gens qui
n’ont qu’une petite retraite, avec les étudiants sans
moyens, les travailleurs à des bas salaires, etc. Tous
ces gens vivent dans une société riche, mais ils n’en
profitent quasiment pas.
La social-démocratie doit-elle revenir à une
critique plus radicale du capitalisme ?
Absolument. La gauche s’est trop préoccupée de la
défense des identités ces dernières années, et pas assez
du travail, de la répartition des richesses ou de la
justice fiscale. Nous avons négligé la thématique de
la redistribution des ressources. La social-démocratie
dans les années 1990 et 2000, en Allemagne, en France
et dans presque tous les pays de l’Union européenne,
a succombé à l’obsession de déréguler et de privatiser.
Ce fut une erreur. La société n’est de ce fait pas
devenue plus égalitaire, mais plus inégalitaire. Nous
devons lancer une sorte de revival en faveur d’un État
social et d’une redistribution plus juste.
La question est de savoir si les choses dont nous
avons besoin pour vivre au quotidien, c’est-à-dire des
logements abordables, une assurance santé, l’école ou
les transports en commun, peuvent être contrôlées par
des acteurs privés avec pour objectif de dégager des
bénéfices ? Ou si, au contraire, on estime que cela
doit rester sous contrôle public parce que ce sont des
besoins vitaux pour la communauté.
Pourquoi le mouvement des gilets jaunes n’a-t-il
pas pris en Allemagne ?
Nous avons une autre culture de la protestation. En
France, il peut arriver qu’un manager se retrouve
coincé 24 heures dans son bureau et se fasse arracher
la chemise. C’est impensable ici. Notre culture de
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la protestation est policée et plutôt « brave ». On le
voit lors des manifestations d’écoliers pour le climat
« Friday for Future ».
Le débat qui s’est développé en Allemagne autour de
ce phénomène ne s’occupe pas de savoir pourquoi ils
descendent dans la rue, mais de savoir s’il est grave
qu’ils sèchent l’école le vendredi après-midi. Pourtant,
il ne faut pas se leurrer. La poudre qui se trouvait
derrière les gilets jaunes et a explosé existe ici aussi.
Cela prendra peut-être un peu plus de temps avant que
cela n’explose. Mais, il y a un moment où, dans toute
société, le rejet social est tellement fort que les gens
ont le sentiment qu’ils n’ont plus rien à perdre.
Je pense que la gauche doit se battre aux côtés de
ces gens-là. Dans le même temps, la politique ne doit
pas jouer avec le feu et spéculer avec cette explosion
qui ne libère en réalité aucune force productive.
C’est justement le rôle de la politique de reconnaître
une tendance, de sentir un malaise, et d’intervenir
avant que les gens ne descendent en masse dans la
rue. En Allemagne, où il n’y a pas une alternative
solide à gauche, la réaction n’est pour l’instant pas la
protestation mais le retrait de la sphère politique.
Il y a une perte d’espoir. Les statistiques montrent ainsi
le reflux de la participation électorale. Les gens ne
croient même plus que les partis de gauche puissent
améliorer leur situation. Le risque, c’est qu’à terme,
les gens qui se renferment cessent de croire en la
démocratie.
À quand une nouvelle union de la gauche en
Allemagne ?
Je suis berlinois et je vis depuis trois ans sous un
gouvernement régional d’union de la gauche, avec le
SPD, les écologistes et Die Linke. Ce gouvernement
est soutenu par une majorité bien supérieure à 50 % et
nous avons toujours à manger dans nos supermarchés.
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C’est la preuve qu’il existe des alternatives à la grande
coalition, que l’on nous vend pourtant comme étant
sans alternative.
Mais ces alternatives, il faut les construire pour que
les élections législatives redeviennent des élections
qui opposent des camps politiques avec des positions
précises et identifiables. Pour cela, il faut que les partis
politiques qui composent ces camps se conçoivent
comme des équipes qui travaillent ensemble. Cela
n’a pas été le cas ces dernières années. Cela déprime
beaucoup les gens, car à la fin peu importe ce qu’ils
votent, il en sort toujours une grande coalition.
Vous avez récemment rencontré Katja Kipping,
coprésidente de Die Linke. Son adversaire dans
le parti Sahra Wagenknecht, qui constituait aussi
un gros problème pour un rapprochement avec le
SPD, a annoncé qu’elle allait démissionner de ses
fonctions dirigeantes au sein de Die Linke. Une voie
serait-elle en train de s’ouvrir ?
Construire une union politique, c’est un processus qui
s’appuie d’abord sur des personnes. Je ne peux pas
décréter une union de la gauche par motion dans un
congrès. Or Die Linke est un parti jeune, où l’on
retrouve beaucoup de gens qui sont venus du SPD.
Dans les deux partis, les gens se connaissent d’avant.
Ils ont souvent travaillé ensemble et ne sont pas
d’accord avec leurs choix réciproques. Il existe donc
pas mal de petits conflits et de vieilles rancœurs qui
entravent le rapprochement.
Il y a aussi des gens chez Die Linke qui ont la haine
du SPD à cause de ses positions sur la défense et
les questions militaires. Pour les conservateurs, cette
situation est un peu comme une assurance vie, une
garantie de rester au pouvoir. Pour moi, c’est une
raison suffisante pour laisser de côté les reproches, les
inimitiés et les critiques. Le temps de l’union de la
gauche est venu.
Mais concrètement… où en êtes-vous ?
Il y a des dizaines de groupes de discussion plus ou
moins privés entre les trois partis. C’est bien, mais
c’est aussi un problème. Chacun organise son groupe,
rencontre les gens qu’il apprécie chez les Verts et Die
Linke. J’y suis favorable, c’est important, mais au bout
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du compte, les discussions doivent aussi se développer
au sommet des partis. C’est-à-dire au niveau où, plus
tard, on se retrouvera autour de la table pour discuter
d’accords de coalition.
Mais cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu de
discussion au plus haut niveau sur un projet d’union de
la gauche. Au SPD, on a toujours peur d’une réédition
de la « campagne des chaussettes rouges » de la
CDU en 1994, où les conservateurs expliquent aux
électeurs que si le SPD parle avec Die Linke, c’est
pour préparer une nouvelle RDA. Au sein du SPD,
nombreux sont ceux qui savent qu’en dépit de telles
campagnes de calomnie, il n’y a plus d’alternative à
un rapprochement avec Die Linke. Mais il faut qu’il y
ait un signal venant de la direction, et nettement avant
les élections. C’est maintenant qu’il faut commencer à
préparer l’union de la gauche.
Quels sont les rapports actuels de votre parti avec
les écologistes ?
Actuellement, les écologistes allemands ont la position
la plus luxueuse de tous les partis. Ils sont le pendule
du centre qui oscille entre les blocs. Hormis dans le cas
d’une grande coalition, aucune majorité n’est possible
sans les Verts. Tout le monde a besoin d’eux et ils
goûtent cette situation, même si elle les divise un peu.
Il y a ceux qui rêvent d’une alliance avec les
conservateurs, ceux pour qui un bloc de gauche est une
évidence et ceux qui veulent décider au cas par cas. Si
les sondages montrent que la base du parti écologiste
est toujours en faveur d’une alliance avec le SPD à
75 %, les députés verts et la direction du parti sont très
tentés par une alliance avec la CDU.
Il est vrai aussi que le SPD n’a pas toujours bien
traité les écologistes quand nous étions ensemble au
pouvoir. Aujourd’hui, il n’est donc pas étonnant que
les Verts fassent un peu monter les enchères. Je peux
le comprendre. Mais nous avons besoin d’eux et nous
devons nous répartir les tâches. Dans une grande
coalition de gauche, il faut que les Verts amènent leur
électorat bourgeois qui n’est pas représenté au SPD et
chez Die Linke.
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L’Allemagne est actuellement en position de repli
en ce qui concerne l’intégration européenne. Quelle
est votre position ?
Dire que nous avons vécu soixante-dix ans de paix
grâce à l’Europe, c’est formidable. Mais aujourd’hui,
c’est une évidence et cela n’est plus suffisant.
Il faut relancer l’intégration. C’est une question
existentielle. Qu’avons-nous vu en Grande-Bretagne ?
Les sondages montrent que les Britanniques sont
largement favorables à l’idée européenne, et pourtant
52 % d’entre eux ont voté pour le Brexit. Cela veut dire
qu’il y a un écart important entre l’adhésion à l’idée
européenne et la réalité européenne qui est finalement
très « élitiste ».
La liberté de déplacement, la suppression des
taxes pour l’itinérance des données, les échanges
universitaires Erasmus, tout cela, ce sont des mesures
pour privilégiés. Les gens qui gagnent peu, ceux qui
sont au chômage ou n’ont pas eu d’accès à l’éducation,
ont du mal à trouver un moment où ils peuvent dire «
ça, je l’ai obtenu grâce à l’Union européenne ».
C’est pour cela que si l’on introduit un salaire
minimum européen ou si l’on peut améliorer les
infrastructures parce que l’UE a réussi à créer un impôt
sur les grands groupes internet, les gens peuvent voir
ce qui se fait grâce à l’Europe.
Kevin Kühnert lors d'un meeting de campagne européenne
à Saarbrück, le 3 mai 2019. © REUTERS/Ralph Orlowski
Pour construire une Europe plus juste et plus
démocratique, nombreux sont ceux qui estiment
qu’une réécriture des traités européens est
incontournable. Quelle est votre position ?
Si l’on veut atteindre une amélioration pour le plus
grand nombre, il faudra le faire. D’abord, les pays
de l’Union travaillent sur trop de projets en petits
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groupes, à plusieurs vitesses, comme pour la taxe sur
les transactions financières ou sur le numérique. Cela
ne va pas.
Par ailleurs, nous avons un espace économique et un
marché de l’emploi européens, mais pas de droit du
travail européen. Ainsi, les entreprises peuvent agir
partout en Europe. En revanche, les représentants des
salariés et les syndicats sont entravés et ne peuvent
vraiment fonctionner que sur un plan national.
Nous l’avons vu récemment chez Ryanair. Cette
compagnie aérienne est pour ainsi dire une invention
européenne. La compagnie gagne en effet des
montagnes d’argent pour transporter des gens en
Europe. Elle emploie elle-même des gens de toute
l’Europe. Pourtant, ces derniers sont gérés en fonction
du seul droit du travail irlandais qui n’est pas
spécialement protecteur. Nous n’arrivons même pas
à faire un droit du travail européen qui fasse que ces
gens-là puissent être à peu près justement rémunérés
pour leur travail. Cela ne donne pas envie d’Europe.
En Allemagne et à Berlin, les gens manifestent
contre la cherté des loyers. Soutenez-vous l’idée
d’un référendum pour exproprier de grandes
sociétés privées d’immobilier dans la capitale ?
La question de l’expropriation réelle est encore
lointaine. Exproprier ne se fait pas aussi facilement.
Mais oui, je vais signer en faveur de la tenue d’un
tel référendum. Pour moi, cette initiative est un apport
bienvenu au débat politique actuel. Cette initiative
est l’expression d’un ras-le-bol des gens face à
l’incapacité des pouvoirs publics et des élus à contrôler
l’évolution des loyers.
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Société des Amis de Mediapart.
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Dans une ville où 85 % des habitants sont
des locataires et où la majorité des logements
appartiennent au privé, la mairie n’a plus aucune
marge de manœuvre et invente une mesure après
l’autre sans régler le problème de la montée des
prix. Et c’est là que l’on retombe sur la question des
besoins de la communauté et de la propriété privée. Ce
référendum est un signal d’alarme qui doit pousser à
ouvrir la discussion et à trouver des compromis avec
ces sociétés qui, je le rappelle, il y a dix ou quinze ans,
ont acheté à bon prix ces bâtiments construits avec de
l’argent public.
Quels sont vos contacts avec la gauche française et
les socialistes ?
En tant qu’organisation de jeunesse du parti social-
démocrate, nous sommes membres de l’Union
internationale de la jeunesse socialiste et des Jeunes
Socialistes européens. En France, nous avons cette
situation née des dernières élections où notre parti frère
s’est brisé en deux, et on ne sait plus trop qui est notre
interlocuteur.
Une grande partie de ceux que nous connaissons
depuis longtemps et avec qui nous avons travaillé ont
suivi Benoît Hamon chez Génération·s. Nous restons
proches. Sur le plan diplomatique, il y a bien sûr une
forte pression du Parti socialiste, qui nous explique
que nous ne pouvons pas travailler avec la dissidence
et que le PS reste l’original. Il est très difficile de
décider qui sont les vrais sociaux-démocrates français.
Donc nous maintenons les contacts avec les deux en
attendant que la situation interne se clarifie.
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