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Institut des Sciences de l'Ingénieur

de l'Université Blaise Pascal

Département Génie Civil


3ème Année

Construction Mixte
Planchers Mixtes
Acier-béton

A. BOUCHAIR

Octobre 2002

CUST - BP 206 - 63174 AUBIERE CEDEX


I. Généralités sur les dalles mixtes
Les avantages d’une tôle profilée combinée à une dalle en béton (armé ou non) ont été mis en
évidence depuis longtemps. Ces avantages, en partie induits par le dimensionnement, portent
sur une réduction de coût lors de la construction. La structure mixte est fort bien adaptée pour
les applications intérieures comme les bâtiments administratifs ou commerciaux. Mais
l’exploitation de ces avantages pressentis n'a pas pu avoir lieu pendant longtemps en raison du
comportement complexe de ce genre de construction.

En Europe, par contre, les types de tôles profilées continuent d’augmenter; de nouveaux
bosselages et géométries sont encore développés actuellement. Les fournisseurs de tôles
profilées manifestent un très grand intérêt pour l’emploi de ces éléments en longue portée,
efficaces pour des charges importantes et concentrées statiquement et dynamiquement (par
exemple, les surcharges provoquées par les chariots élévateurs dans des bâtiments
industriels). Cela a d’ailleurs largement contribué à mettre ce type de construction au premier
rang pour la réalisation de bâtiment en Grande-Bretagne ces dernières années. De plus, le
développement actuel des immeubles de grande hauteur à ossature métallique et l’utilisation
des tôles profilées en coffrage perdu ont donné un nouvel essor à ce type de plancher.

La toute première étude de dalles mixtes a été entreprise en 1964 par BRYL. Dans ses
conclusions, il propose une méthode de dimensionnement basée sur la contrainte admissible
au niveau de la liaison tôle profilée-béton et sur la résistance ultime des ancrages. Il n’avait
alors considéré qu’un comportement élastique non fissuré. Cette méthode est décrite dans les
recommandations du Centre suisse de la construction métallique. En 1968, à l’Université de
l’Iowa, PORTER, SCHUSTER et EKBERG ont entamé un grand programme de recherche.
Pour commencer, seules des tôles profilées lisses (sans bosselage) ont été testées, suivies, plus
tard, des tôles profilées bosselées. Dans leur programme de recherche, la rupture due à l’effort
rasant a été examinée en détail. D'abord, ce travail a abouti à la standardisation des
éprouvettes à travée simple, portant dans un seul sens. Depuis lors, cet essai standard est le
fondement servant à déterminer la performance des dalles mixtes. L’analyse des résultats de
cet essai (appelée méthode " m et k " ou méthode de Porter et Schuster) a beaucoup attiré
l’attention partout dans le monde. Elle est maintenant acceptée, au moins comme base de
plusieurs normes. Les raisons de ce succès sont multiples, mais en particulier :
- les essais standards sont faciles à réaliser ;
- très peu de mesures sont nécessaires ;
- les essais peuvent être faits sur n’importe quelle tôle profilée ;
- l’analyse théorique des résultats est très simple ;
- jusqu’à aujourd’hui (1990), aucun accident immuable à cette méthode n’a été signalé.
Malgré tout, il y a des inconvénients liés à cette méthode. En voici les plus importants :
- les essais de base ne représentent guère la façon de construire les dalles mixtes dans le
monde ;
- il n’existe aucun modèle théorique expliquant les phénomènes observés dans les essais ;
- l'adhésion chimique entre tôle profilée et béton, ainsi que la résistance en traction du
béton, sont présents dans les essais standard mais sont exclues dans les normes établies
pour le calcul de la résistance ultime des éléments en béton armé ;
- la méthode nécessite beaucoup d’essais pour tester toutes les combinaisons de
variables liées à chaque type et épaisseur de tôle profilée.

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D’autres programmes de recherche ont été mis sur pied. Schuster, à l’Université de Waterloo,
a proposé une extraction de la méthode " m et k " pour tenir compte de l’épaisseur de la tôle
profilée, ce qui a l’avantage de diminuer le nombre d’essais standards. L’analyse, par contre,
est plus compliquée que celle de la méthode " m et k ". Luttrell, à l’Université de West
Virginia, a proposé une méthode entièrement différente. Plusieurs facteurs, liés aux
géométries des nervures et des bosselages, ont été établis au cours d’un nombre très important
d’essais, et leur emploi est restreint aux dalles mixtes qui ressemblent à un cas déjà étudié. Il
y a peu de temps, la rédaction imminente de la nouvelle norme européenne pour le
dimensionnement des structures mixtes acier-béton (EUROCODE 4) a accéléré la formation
d’un groupe de travail pour les dalles mixtes (ECCS TWG 7.6.). Ce groupe a réexaminé la
méthode " m et k ", et lui a cherché une alternative pour le dimensionnement. A l’Université
de Kaiserslautern, Bode a proposé d’analyser les essais standards à l’aide d’un diagramme de
connexion partielle. Cette méthode est presque identique à celle employée pour les poutres
mixtes dans l’EUROCODE 4.

Une dalle mixte est constituée d’une tôle d’acier nervurée, profilée à froid, galvanisée,
recouverte d’une dalle de béton comportant un treillis d’armature. Des armatures
supplémentaires peuvent être ajoutées ainsi que des connecteurs. Une telle dalle repose en
général sur une structure porteuse de plancher composée de poutrelles métalliques. Elle peut
également être utilisée en liaison avec des structures porteuses constituées d’autres matériaux,
comme le béton armé ou le bois.

Figure 1- Plancher mixte avec tôle profilée en acier

Dans ce mode de construction, la tôle profilée joue plusieurs rôles :

- plate-forme de travail au moment du montage ;


- coffrage pour le béton frais ;
- armature inférieure de la dalle, à terme, après durcissement du béton.

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L’épaisseur hors-tout de la dalle mixte h et l’épaisseur de béton hc au-dessus de la surface
plane principale du sommet des nervures de la tôle doivent vérifier les conditions suivantes
(EC4) :
h ≥ 80 mm et hc ≥ 40 mm
Si la dalle a une action collaborante avec la poutre, ces conditions deviennent :
h ≥ 90 mm et hc ≥ 50 mm

Figure 2 - Dimensions de la dalle utilisées pour les calculs

Avantages et inconvénients des planchers mixtes :


Les planchers mixtes présentent de nombreux avantages parmi lesquels :
- une économie de la peau du coffrage et de l’opération de décoffrage, le bac collaborant
jouant le rôle de coffrage perdu ;
- une économie de l’étaiement pour les portées moyennes, où le bac est autoporteur (2 à 3
m suivant les profils) ;
- un accès presque immédiat sous le plancher. Le bac collaborant, une fois posé, fournit une
plate-forme de travail. Sa forme permet d’attacher des faux-plafonds et ainsi de cacher
l’ensemble des câbles nécessaires lors de la construction d’un bâtiment ;
- une propreté du chantier et une rapidité de la mise en œuvre, les bacs étant formés de fines
feuilles d’acier extrêmement légères ;
- avec une interaction complète entre le bac collaborant et le béton, le bac joue le rôle des
armatures en traction sous moments positifs, ce qui permet de réduire la hauteur de la
dalle ainsi que la quantité de béton mis en œuvre (environ 30%). Le poids de la dalle sera
alors réduit.

Cependant, la construction mixte présente un certain nombre d’inconvénients qui restent


faciles à surmonter :

- la section d’acier mise en œuvre est généralement supérieure au minimum donné par le
calcul, mais on a ainsi une plus grande raideur des planchers et donc une flèche réduite ;
- les bacs collaborants sont sensibles au feu, leur partie inférieure étant non protégée par le
béton. Il est difficile d’assurer un degré coupe-feu au-delà de 30 minutes sans l’ajout
d’une protection avec un matériau adéquat ;
- la corrosion du bac collaborant est un problème essentiel mais peut être facilement résolu
par galvanisation ;

- les vents de forte intensité durant la construction peuvent endommager les bacs
collaborants déjà mis en place.

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II- Les matériaux mis en oeuvre
II.1- Le bac en acier
Il existe un très grand nombre de types de tôles profilées utilisées dans la construction des
dalles mixtes. Ces types varient par la forme, la hauteur, et l’entraxe des nervures, par la
largeur des plaques, par leur mode de recouvrement latéral, par les moyens de raidissage des
éléments plans constituant le profil et enfin par les moyens de connexion mécanique assurant
la liaison avec le béton. L’épaisseur des tôles varie de 0,75 à 1,50 mm et leur hauteur varie de
38 à 80 mm. Les tôles sont en acier doux laminé à froid et sont galvanisées avec un
revêtement de zinc sur les deux 2 faces. L’acier utilisé pour la fabrication des tôles profilées
présente une limite d’élasticité minimale garantie de 220 N/mm². En général, les dalles mixtes
sont construites avec des tôles profilées en acier galvanisé de nuance 280 à 350 N/mm² selon
la norme européenne provisoire pr EN 10 147.

Par la forme, on peut distinguer deux principaux types de profilés : les profilés à nervures
rentrantes et les profilés à nervures ouvertes ou trapézoïdales. Le profilé à nervures rentrantes
permet une bonne résistance à la séparation verticale du béton et du profilé.

Liaison acier-béton :
Pour assurer la liaison acier-béton, la tôle profilée doit être capable de transmettre le
cisaillement longitudinal (l’effort rasant) à l’interface entre la tôle et le béton. La simple
adhérence entre ces deux éléments n’est pas considérée comme offrant une efficacité
suffisante pour une action collaborante. Pour assurer le comportement mixte entre tôle
profilée et béton, on réalise une connexion par frottement, bosselures et indentations, barres
soudées sur la partie supérieure du profilé et les connecteurs de différents types qui se
traduisent par un obstacle mécanique (ancrage d’extrémité) lié au profilé support du bac d’un
coté et noyé dans le béton de la dalle de l’autre côté (voir le document .. pour plus de détail).

Comportement des tôles profilées :


- Les profils à forme rentrante contenant des bosselures sur les nervures ont un
comportement ductile.
- Les profils ouverts contenant des bosselures sur les nervures ont soit un comportement
ductile soit un comportement fragile en fonction des paramètres suivants :
- la géométrie des bosselures ;
- l’emplacement des bosselures ;
- la raideur du profilé près des bosselures (ratio largeur/épaisseur).

La géométrie des bosselures, et en particulier leur hauteur, est un facteur qui a une grande
influence sur le comportement des planchers mixtes à bacs collaborants en tôles constitués de
tôles profilées en acier.

- Pour les profils sans bosselures, seul un comportement fragile est observé.

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Figure 3- Les deux principaux types de profilés

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II.2- Le béton
Le béton utilisé dans les dalles mixtes peut être à granulats normaux ou légers avec une masse
volumique du béton non armé qui ne doit pas être inférieure à 1750 kg/m3. Les classes de
résistance du béton utilisé doivent être conforme à l’Eurocode 2. Les classes les plus souvent
utilisées varient du C20 au C35 où le chiffre représente la résistance caractéristique du béton
à la compression mesurée sur cylindre à 28 jours. Par contre, l’utilisation des classes de
résistance supérieures à C50/60 n’est pas permise à moins qu’elle soit dûment justifiée.
Classes de béton C20/25 C25/30 C30/37 C35/45

fck (MPa) 20 25 30 35
fctm (MPa) 2,2 2,6 2,9 3,2
τRd (MPa) 0,26 0,30 0,34 0,37
Ecm (GPa) 29 30,5 32 33,5

Tableau 1 - Classes et résistances des bétons utilisés dans les dalles mixtes
II.3- L’acier d’armatures
Toutes les armatures mises en œuvre dans les dalles mixtes (barres lisses ou à haute
adhérence et treillis soudés) doivent correspondre aux prescriptions de l’Eurocode 2. Les
aciers les plus couramment utilisés sont les S500 ou les S550, aciers dont les limites
élastiques caractéristiques sont respectivement 500 et 550 MPa. Les aciers supplémentaires
sont des aciers ronds à haute adhérence assemblés sous forme de treillis par soudure.

Il est nécessaire de prévoir un faible treillis soudé sur toute la surface de la dalle pour
reprendre les efforts éventuels dus au retrait du béton. Le treillis soudé est dit ‘anti-retrait’. Il
est disposé à mi-hauteur de section de la dalle, 1 à 2 cm² (par mètre de largeur de dalle).

D’autre part, des armatures en chapeau sur appuis sont nécessaires comme pour les dalles en
béton armé traditionnelles. Ces armatures réalisées le plus souvent en treillis soudé doivent
couvrir au minimum une zone égale à 0,3 fois la portée de part et d’autre de l’appui.

Le treillis soudé dans la dalle doit satisfaire aux conditions minimales suivantes (EC4) :

- armatures perpendiculaires aux ondes (nervures) :


espacement minimal : 20 cm
2160
section (cm²/m) : max. [ 0,1hc ; ]
σe
où hc est l’épaisseur du béton au-dessus des ondes (nervures) (≤ 6 cm)
σe est la limite élastique des aciers (en daN/cm²)

- armatures parallèles aux ondes :


espacement minimal : 33 cm
1080
section : max. [ 0,05 hc ; ]
σe
soit la moitié des valeurs du cas perpendiculaire.

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Notons que des armatures H.A. peuvent être prévues en complément dans le lit inférieur pour
améliorer le comportement du plancher en cas d’incendie.

Type d'acier S 500 (barres profilées) S 550 (treillis soudés)


fsk (MPa) 500 550
ftk (MPa) 550-600 580
(ft /fsk) k (minimum)+ 1,1 1,05
Es (GPa) 210 210

Tableau 2 - Types d'acier d'armature et leurs caractéristiques

II.4- L’acier de construction


Les aciers utilisées pour la construction mixte doivent être conformes à l’EC3. Les valeurs de
calcul pour les propriétés mécaniques sont les suivantes :
- module d’élasticité longitudinale : E = 210000 Mpa
- module de cisaillement : G a = E 2(1 + ν a )
- masse volumique : ρ a = 7850kg / m3

III- Comportement mixte


Il existe une liaison mécanique limitant le glissement relatif entre le béton et la tôle d’acier;
nous parlons de plancher mixte collaborant. Le fait de solidariser deux éléments constitutifs
du plancher reste l’idée maîtresse de la construction mixte. La liaison entre les deux parties
améliore la résistance et la raideur du plancher.

III.1- Connexion de cisaillement


Des expériences antérieures ont montré qu’il existait trois types de liaison entre le béton et la
tôle d’acier :

• Liaison chimique : elle résulte de l’adhérence de la pâte de ciment sur la tôle profilée.
Cette liaison peut être forte, mais elle est toujours fragile et peut être facilement rompue
sous l’effet d’un impact ou d’un chargement répété.
• Liaison par frottement : c’est la résistance aux efforts rasants, proportionnelle à l’effort
normal agissant à l’interface entre le bac collaborant et le béton.
• Liaison mécanique : cette interaction survient près des changements importants de
géométrie tels que les bosselures ou les indentations. C’est le lien le plus résistant entre le
béton et l’acier.

La liaison mécanique et la liaison par frottement sont l’expression du même phénomène mais
à des amplitudes et à des échelles différentes. En effet, la liaison par frottement est due à des
variations microscopiques de la surface d’acier, tandis que la liaison mécanique est due aux
variations macroscopiques présentes à la surface du bac collaborant.

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Liaison par frottement

Indentations Connecteurs Nelson

Connecteurs Hilti Déformation des extrémités


des Nervures
Figure 3 – Quelques types de liaisons bac-béton

III.2- Connexion totale ou partielle


Dans le cas d’un élément avec connexion totale, soumis à la flexion, on considère que le
glissement relatif est égal à zéro. Par contre, si la connexion est partielle, il est nécessaire de
connaître le comportement de l'élément mixte en présence de glissement. Ainsi, d'après
l'Eurocode 4, l'interaction est totale quand l'augmentation du nombre de connecteurs
n'augmente pas le moment résistant de calcul de l'élément. Sinon, la connexion de
cisaillement est partielle. Celle-ci n’est vrai que si les connecteurs ont suffisamment de
ductilité pour permettre un glissement relatif sans rupture entre l’acier et le béton.

Pour le dimensionnement des éléments mixtes à connexion partielle, l'Eurocode 4 permet


deux types de calcul pour le moment résistant plastique en fonction du degré de connexion.
Un calcul plastique exact qui consiste à écrire le moment résultant dans une section fonction
de l’effort rasant qui lui même est défini par le degré de connexion. L’autre calcul consiste à
considérer une loi linéaire entre le moment résistant de la section et l’effort rasant. Cette
dernière est donc déterminée à partir des moments résistants du bac seul et de la section mixte

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en connexion totale. On n’a donc pas besoin pour cette deuxième méthode de calculer le
moment plastique réduit d’une section a connexion partielle. Cependant, cette méthode est
conservatrice car elle donne des résistances inférieures à celles que l’on peut avoir avec une
méthode exacte. Elle convient donc comme méthode de dimensionnement rapide. Quels que
soient les connecteurs, le moment résistant plastique de calcul Mpl.Rd assurant une interaction
complète implique les hypothèses suivantes :
- interaction complète entre la structure acier, les armatures et le béton ;
- l'aire efficace de la structure en acier subit une contrainte égale à sa résistance
fy
élastique en traction et en compression ;
γa
- l'aire efficace des armatures longitudinale subit une contrainte égale à sa résistance
fsk
élastique en traction et en compression. En outre, les armatures en compression dans
γs
le béton peuvent être négligées ;
- la partie de la tôle profilée en compression doit être négligée ;
fck
- l'aire efficace du béton en compression résiste à une contrainte égale à 0,85 ;
γc
- l'aire de la tôle profilée en traction incluse dans l'aire efficace subit une contrainte
fy
égale à la résistance élastique .
γap
Ceci correspond à la connexion totale en cisaillement, mais la théorie plastique peut aussi
s'appliquer dans le cas de la connexion partielle. Avec des connecteurs ductiles, les
hypothèses et le mode de calcul sont les mêmes que ceux de la connexion totale, mais en
utilisant une valeur réduite de l'effort de compression Fc égale à l'effort rasant maximum que
la connexion est capable de transmettre.

III.3- Aciers transversaux


Les armatures transversales de la dalle sont dimensionnées à l'E.L.U. de façon à prévenir une
ruine prématurée par cisaillement longitudinal ou une rupture par fendage longitudinal. En
effet, quand le nombre des connecteurs de cisaillement est suffisant, les plans de fissuration
passent autour des connecteurs ou au travers de la dalle. Pour cette raison, des armatures
transversales sont mises en place dans le béton, perpendiculairement à la portée. Elles
permettent à la dalle de béton de résister au cisaillement longitudinal transmis par les
connecteurs et par ailleurs elles participent à la largeur efficace. Le paragraphe 6.6 de
l'Eurocode 4 traite ce problème. De plus, des armatures de renforcement doivent être mises en
œuvre pour éviter le fendage du béton au niveau des appuis.

IV- Dimensionnement des dalles mixtes


La méthode de calcul présentée dans la seconde partie concerne uniquement les dalles de
planchers mixtes dont la portée est disposée dans le sens des nervures. Pour l’étude d’une
dalle, composée d’une tôle profilée et de béton, on doit distinguer deux états structuraux très
distincts : la phase temporaire lors du montage, où seule la tôle résiste aux charges de
construction, et l'état d’utilisation, où le béton est lié à l’acier, le tout constituant alors un
profil mixte. Les états limites et les cas de charges doivent donc être pris en considération
pour ces deux situations:

Phase de montage (tôles profilées utilisées comme coffrage) :

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Il est nécessaire de procéder à une vérification des tôles d’acier profilées pendant qu’elles
agissent en tant que coffrage pour le béton frais. On doit tenir compte des effets des étais
éventuels.

Phase d’utilisation (dalle mixte) :


Il est nécessaire de procéder à une vérification de la dalle de plancher en considérant l’action
collaborante (après durcissement du béton) et après retrait des étais éventuels.

IV.1- Etape non mixte


L'étude de l'étape non mixte se fait en considérant que le seul élément structurale est le bac en
acier (étayé ou pas). Le béton frais dans ce cas représente une charge de construction et
n’apporte aucune résistance. Il faut noter qu’il est nécessaire de limiter les flèches durant cette
phase, car toute déformation du coffrage sous l’effet du poids propre restera après
durcissement du béton. Aussi, le béton étant fluide, il aura tendance à avoir une surface
horizontale ce qui accentue l’effet de mare dans les partie ayant les flèches les plus
importantes du bac.

IV.1.1- Actions
Lors du calcul de la tôle profilée au stade de coffrage, on considère les charges suivantes:
- poids propre des plaques nervurées;
- poids propre du béton frais ;
- charges de chantier y compris l’amoncellement local du béton en cours du montage ;
- charge de stockage éventuel ;
- effet de « mare » (surplus du béton dû à la flèche des tôles).

Les charges de chantier représentent les poids des ouvriers et de l’installation de bétonnage,
ainsi que la prise en compte d'éventuels chocs ou vibrations susceptibles de se produire durant
la construction. On peut admettre comme valeur représentative des charges de construction (y
compris tout surplus de béton) une charge de 1,5 kN/m2, répartie sur une surface de 3m*3m,
et de 0,75 kN/m2 sur le reste de la surface de coffrage. Ces charges doivent être positionnées
de sorte à occasionner le moment fléchissant et/ou l’effort tranchant maximal.

Figure 4- Charges supportées par la tôle profilée

Ces valeurs minimales ne sont pas nécessairement suffisantes pour un impact ou un


amoncellement de béton excessif, ou pour des charges de pompage ou d'acheminement par
canalisations. Si nécessaire, le calcul doit tenir compte des charges supplémentaires par des
dispositions appropriées.

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IV.1.2- Analyse et vérification des dalles (étape non mixte)
Les vérifications des tôles profilées en acier doivent être effectuées conformément à la Partie
1.3 de l'Eurocode 3. On doit tenir compte des effets des bossages ou des indentations sur les
résistances admises de la tôle seule soumise à la flexion.

A l'état limite de service :


La flèche δ de la tôle sous son poids propre plus celui du béton frais, à l'exclusion des charges
L
de chantier, est limitée à ( ou 20 mm) où L représente la portée utile entre les appuis. Si δ
180
L
est supérieure à ou 20 mm, il faut inclure l'effet de mare dans le calcul de la tôle d'acier,
250
par exemple en supposant dans le calcul de la charge que l'épaisseur nominale du béton est
augmentée de 0,7δ sur la totalité de la portée. Les flèches peuvent être fortement réduites par
l'utilisation d'étais provisoires.

A l'état limite ultime :


La tôle profilée en acier est un élément mince dont la section transversale est
systématiquement de classe 4 selon l'Eurocode 3. Cela signifie que ses parois sous
sollicitations de compression et/ou d'effort tranchant sont très largement soumises aux
phénomènes d'instabilité par voilement. Deux analyses doivent être faites afin de procéder
aux vérifications :

- L'analyse globale de la structure permet de déterminer les sollicitations dans les portées de
la tôle ;
- L'analyse locale des sections ou plans de ruine détermine les caractéristiques mécaniques
(E.L.S.) et leurs résistances (E.L.U.).

Analyse locale des sections :

On sait que pour les éléments minces, le problème de l'instabilité des parties comprimées de
la section est important. Pour les éléments sujets au voilement, on utilise la notion de largeur
efficace qui est une partie de la largeur physique. Soit un profil de tôle décomposé en
plusieurs éléments de largeur bi :

Figure 5 - Décomposition en éléments plans

La largeur efficace de chaque élément est beff=ρ.bp pour chaque paroi en compression. Les
parois en traction sont complètement efficaces.

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Figure 6 - Largeur efficace

Deux cas de figure sont envisagés :

- Calcul des sections à l'état limite ultime (résistance)


La limite d'élasticité dans les éléments de tôles est fy et la résistance ultime en flexion est
donnée par la formule :
Weff
Md = fy
γm
où : Weff est le module de résistance de la section efficace de la tôle profilée ;
fy est la limite d'élasticité de la tôle profilée ;
γm est le coefficient partiel de sécurité appliqué à l'acier de la tôle profilée.

- Calcul des sections aux états limites de service (caractéristiques mécaniques)


On commence par calculer l'élancement de la paroi considérée sous σc ainsi que l'élancement
limite correspondant à la limite d'élasticité fy.
bp σcom bp fyp
λpd = 1,052 et λpu = 1,052
t EKσ t EKσ
où : σcom est la contrainte de compression effective de calcul sur la section efficace (σcom =
σ.γ) et kσ est le coefficient de flambement.

On calcule ensuite le coefficient d'efficacité de la paroi en fonction de λpd et λpu .


0,22 1 λpu − λpd
ρ=(1- ) + 0,18 si λpd > 0,673
λpd λpd λpu − 0,6
ρ ne peut être supérieur à 1.
ρ = 1 si λpd ≤ 0.673 ( la paroi est totalement efficace ).

On doit tenir compte convenablement des effets de bosselures ou des indentations sur les
résistances ultimes. Ainsi, il convient de négliger les largeurs des bossages et des indentations
de la tôle, sauf s’il est démontré par des essais qu'une section plus grande est efficace (EC4-
7.6.1.2)

IV.2- Etape mixte


IV.2.1- Comportement des dalles mixtes :
Le comportement des dalles mixtes est quelque peu différent de celui des autres constructions
mixtes apparentées que sont les dalles en béton armé et les poutres mixtes acier-béton. Dans
les éléments en béton armé, l'effet mixte est obtenu par la capacité d'adhérence des barres

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tendues dans le béton, due au profilage spécial de ces barres. Contrôlée par des essais, cette
capacité est telle que la résistance ultime des armatures correspond à leur résistance à la
traction et que les dalles peuvent toujours développer leur pleine résistance à la flexion.

Dans les poutres mixtes, la liaison est réalisée par les connecteurs fixés à l'aile supérieure du
profilé métallique. Cette connexion peut être dimensionnée de telle sorte que la poutre
atteigne sa résistance ultime à la flexion (connexion totale). La connexion est partielle si le
nombre de connecteurs est inférieur. Dans ce cas, la résistance ultime à la flexion dépend
essentiellement du nombre de connecteurs, de la forme du diagramme charge-glissement des
connecteurs, de la portée de la poutre et du procédé de construction.

La dalle mixte avec tôle profilée se situe donc à mi-chemin entre ces deux systèmes. D'une
part, les tôles comportent des bossages ou des ancrages permettant de les assimiler à des
barres d'armature, d'autre part la tôle est un élément à rigidité flexionnelle, similaire aux
poutres métalliques. La différence provient du fait que la tôle profilée, de même que ses
bossages, sont déformables. Ainsi, l'effet d'enrobage est moindre que pour une barre
d'armature indéformable. Ces phénomènes de déformation de la tôle sont fonction de
nombreux paramètres, ce qui rend l'analyse du comportement réel des dalles mixtes très
compliquée.

Les études théoriques et expérimentales effectuées récemment ont permis de détecter les
différents paramètres entrant en jeu et de mettre en évidence deux modes de comportement.

Figure 7- Deux comportements typiques sous charge

Ces modes sont basés sur l'analyse des courbes charge-flèche que l'on peut relever par
exemple lors d'un essai de flexion d'une dalle mixte sur deux appuis soumise à deux charges
concentrées.

Mode 1 ( fragile )
Ce mode est caractérisé par une courbe linéaire dans sa phase initiale, correspondant au
comportement d'un matériau homogène solidarisé par effet de surface (adhérence chimique et
frottement) et par effet mécanique (bossages et ancrages). Aucun glissement relatif important
entre l'acier et le béton n'a eu lieu ; au fur et à mesure que la charge augmente, la rigidité
diminue à cause de la formation de fissures dans le béton tendu. Les contraintes de
cisaillement acier-béton augmentent dans la zone située entre l'appui et la charge concentrée.

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A un moment donné, le glissement relatif est tel que la liaison est rompue et la charge décroît
soudainement. Tout l'effort rasant doit être alors repris par frottement et par les bossages
éventuels. L'ampleur de la chute dépend donc de la qualité de cette liaison mécanique. En
continuant de déformer la dalle, la charge augmente un peu à nouveau, sans jamais atteindre
le niveau de la phase initiale. Cela signifie que tous les moyens mécaniques de connexion de
cette dalle ne sont pas capables d'assurer un effet mixte supérieur à celui de la simple
adhérence de surface. Il faut remarquer également que la chute de la charge n'est pas due à
l'ouverture brusque des fissures du béton tendu, car elle est empêchée par la tôle, mais bien au
glissement relatif du béton sur la tôle.

Mode 2 ( ductile )
Ce mode est caractérisé par une phase initiale similaire à celle du mode 1. La deuxième phase
est par contre différente : après la chute de la charge qui correspond à la rupture de
l'adhérence et au glissement acier-béton dans la zone cisaillée, la charge augmente à nouveau
jusqu'à un niveau supérieur, signifiant que la connexion mécanique est alors tout à fait
capable de transférer l'effort rasant jusqu'à des niveaux de flexion élevés. La rupture se
produit soit par flexion, ce qui correspond à une connexion totale, soit par cisaillement
longitudinal, ce qui correspond à une connexion partielle.

IV.2.2- Actions
Les charges à considérer agissant sur la dalle mixte sont les suivantes :
- poids propre de la dalle (tôle profilée et béton) ;
- poids du revêtement et des finitions ;
- charges utiles.

IV.2.3- Analyse des dalles mixtes


L’analyse des dalles mixtes peut être effectuée selon l’une des méthodes suivantes :
- élastique linéaire, avec ou sans redistribution des moments ;
- plastique selon la théorie des mécanismes ;
- analyse élasto-plastique tenant compte du comportement non-linéaire des matériaux
et du glissement relatif entre la tôle et le béton.

à l’E.L.U. :
Dans la plupart des cas, l’analyse d’une dalle mixte continue sur plusieurs travées est
effectuée selon un calcul élastique des efforts, en considérant une dalle de largeur unitaire (1
m) assimilée a une poutre d’inertie constante c.

On considère alors l’inertie de la section non fissurée ou homogène. Ensuite, il est possible de
tenir compte de la fissuration du béton de plusieurs façons :

- en réduisant arbitrairement le moment sur appui (réduction maximale de 30 %) et en


augmentant par conséquent les moments en travée d;
- en négligeant totalement l’armature sur appui et en considérant la dalle comme une série
de poutres simples. Cependant, une armature minimale doit être disposée sur appuis e;
- en considérant que la dalle est une poutre à inertie variable, selon l’armature mise en
place. L’inertie à considérer est alors celle de la section fissurée.

15
Figure 8 - Analyse d'une dalle mixte continue

L’analyse consiste à appliquer à l’un des systèmes statiques ci-dessus les sollicitations dues
aux charges et actions données dans le paragraphe précédent. La valeur de dimensionnement
de la sollicitation s’obtient en multipliant les différentes charges par des coefficients partiels
de sécurité pour les actions appropriées.

à l’E.L.S. :
Pour l’analyse de la dalle mixte, il est possible de calculer les flèches en admettant les
approximations suivantes :

- la dalle est assimilée à une poutre continue d’inertie constante égale à la moyenne des
inerties positives des sections fissurées et non fissurées ;

- il faut tenir compte des effets à long terme du chargement du béton en admettant un
coefficient d'équivalence n = E a E b , différant selon la durée d’application des charges.
On peut admettre : n = 7 pour les charges utiles de courte durée ;
n = 21 pour les charges permanentes.

Il est également possible de considérer un coefficient d'équivalence moyen égal à 15 en cas de


béton de densité normale, valable pour toutes les charges. Pour les travées de rive, il faut tenir
compte des éventuels glissements acier-béton qui peuvent se produire a l’E.L.S. et qui ont une
grande influence sur les flèches. Pour éviter tout risque de glissement, il est possible de
disposer à l'extrémité des travées de rive des ancrages tels que des goujons soudés ou des
équerres clouées. Ces ancrages peuvent alors être pris en compte également dans la résistance
de la connexion.

16
IV.3- Largeur utile pour les charges concentrées
Le plus souvent les charges sont réparties de manière uniforme. Dans ce cas, la largeur utile
est la largeur de la dalle. Lorsque des charges concentrées ponctuelles ou linaires, parallèles à
la portée de la dalle, doivent être supportées par celle-ci, elles peuvent être considérées
comme des charges réparties sur une largeur bm, mesurée juste au-dessus des nervures des
tôles et obtenue par la formule :
bm = bp + 2 ( hc + hf )
où bp représente la largeur de la charge concentrée;
hc représente l'épaisseur de la dalle au-dessus des nervures de la tôle profilée;
hf représente l'épaisseur des finitions éventuelles.

Figure 9 - Répartition de charge concentrée

Pour les charges concentrées linaires, perpendiculaires à la portée de la dalle, on peut utiliser
la formule précédente pour le calcul de bm en prenant la valeur bp égale à la longueur de la
charge concentrée linéaire.

La largeur de la dalle, considérée comme utile pour l'analyse globale et pour le calcul de la
résistance est la suivante :

- pour le cisaillement longitudinal et le fléchissement :


• pour les portées simples et les portées extérieures de dalles continues :
 Lp 
bem = bm + 2 Lp 1 − ≤ largeur de la dalle
 L 
• pour les portées intérieures de dalles continues :
 Lp 
bem = bm + 1,33 Lp 1 − ≤ largeur de la dalle
 L 
- pour le cisaillement vertical :
 Lp 
bev = bm + Lp 1 − ≤ largeur de la dalle
 L 
où : Lp représente la distance mesurée entre le centre de la charge et l'appui le plus proche;
L représente la longueur de portée.

Afin d'assurer la répartition des charges ponctuelles ou linéaires sur la largeur considérée
comme utile, une armature transversale doit être placée sur ou au-dessus de la tôle. Cette

17
armature transversale est calculée à partir des moments fléchissants transversaux, par les
règles du Béton Armé de l'Eurocode 2.

On peut utiliser une armature transversale nominale sans calcul si les charges d'exploitation
caractéristiques n'excèdent pas les valeurs ci-après :
- charge concentrée : 7,5 kN
- charge répartie : 5,0 kN/m2

Cette armature transversale nominale doit présenter une aire de section transversale d'au
moins 0.2 % de l'aire de béton situé au-dessus des nervures, et doit avoir une largeur d'au
moins bem calculée précédemment. A défaut d'une telle armature, les largeurs utiles pour les
calculs de cisaillement et de moment sont limitées à bm.

IV.4- Résistance des sections


Les sections critiques qu'il est nécessaire de vérifier lors du dimensionnement des dalles
mixtes sont les suivantes :

Figure 10- Illustration de sections critiques possibles

SECTION I :
La rupture est donnée par la résistance en flexion positive : M+p.Rd.
Deux types de rupture peuvent avoir lieu :
1. La dalle est sous-armée : le profilé métallique atteint alors sa limite d'élasticité sur toute
sa hauteur avant que le béton atteigne sa résistance à la compression. Dans la partie
inférieure de la dalle, des fissures dans le béton peuvent alors être observées.
2. Si les armatures sont en nombre suffisant, la rupture a lieu dans la zone en compression
par écrasement du béton.

Cette section peut être critique s'il y a une interaction complète à l'interface entre la tôle et le
béton.

SECTION II :
La rupture est donnée par la résistance en flexion négative sur appui : M-p.Rd.

SECTION III :
La rupture est donnée par la résistance au cisaillement vertical : Vv.Rd.

SECTION IV :
La rupture est donnée par la résistance de la connexion (cisaillement longitudinal). C'est le
premier mode de rupture existant dans une dalle mixte. Il débute par une perte de l'action

18
mixte en raison d'un transfert insuffisant de l’effort de cisaillement à l'interface béton/tôle
profilée. Ceci provoque une réduction de la résistance de la dalle mixte, qui dépend de la
réserve de résistance des connecteurs qui reste disponible. Ainsi, la capacité portante de la
dalle est déterminée par la résistance de la connexion. La résistance plastique totale à la
flexion Mpl.Rd dans la section I ne peut être atteinte. On se retrouve donc dans le cas de la
connexion partielle.

SECTION V :
La rupture est donnée par la résistance au poinçonnement sur l ’effet d’une charge concentrée
appliquée sur une surface réduite.

IV.4.1- Résistance en flexion positive


La résistance en flexion positive d'une section de dalle mixte, M+p.Rd , peut être déterminée en
admettant une répartition plastique des contraintes et en prenant la limite d'élasticité de calcul
fyp
de l'élément structurel en acier (dans notre cas, la tôle) égal à .
γap
Pour une section sous-armée (rapport faible de la résistance de la tôle en traction à celle de la
dalle de béton en compression), la position de l'axe neutre plastique est donnée par :
Ncf fyp
x= où : Ncf = Ap .
fck γap
b . 0,85 .
γc
où : Ap : aire de la section efficace de la tôle profilée en traction ;
fyp : limite d'élasticité de l'acier de la tôle ;
γap : coefficient partiel de sécurité pour la résistance applicable à la tôle profilée ;
b : largeur de la dalle considérée (b = 1 m) ;
fck : résistance caractéristique du béton à la compression ;
γc : coefficient partiel de sécurité pour la résistance applicable au béton.

Pour la section efficace de la tôle en acier, il convient de négliger la largeur des bossages et
des indentations de cette tôle.
fck
Une section est sous-armée si : Ncf ≤ b . 0,85 . .hc
γc
Deux cas peuvent se présenter :

1er cas : si l'axe neutre est situé au-dessus des nervures ( x ≤ hc ) :

19
Figure 11 - Répartition des contraintes pour la flexion positive si l'axe neutre est situé au-
dessus de la tôle

La résistance ultime en flexion positive vaut alors :


x
M+p.Rd = Ncf ( dp -)
2
où dp est la distance entre le haut de la dalle et le centre de gravité de la section efficace de la
tôle en acier.

Pour les tôles profilées couramment utilisées ( hp ≤ 60 mm ), avec un recouvrement minimal


de 50 mm de béton , l'axe neutre plastique est toujours situé au-dessus des nervures.

2ème cas : Pour les tôles profilées de plus grande hauteur ( x ≥ hc ) :

L'axe neutre plastique peut se trouver dans la hauteur de profil de la tôle. Dans ce cas, la
résistance à la flexion positive peut être calculée comme ci-après, en négligeant le béton situé
dans les nervures :

Figure 11- Répartition des contraintes pour la flexion positive si l'axe neutre est situé dans la
tôle

M+p.Rd = Ncf . z+ + Mpr

hc Ncf
avec z+ = h - - ep + ( ep - e )
2 fyp
Ap .
γap
fck
Ncf = hc. b . 0,85 .
γc
Ncf
Mpr = 1,25 Mpa ( 1 - )
fyp
Ap .
γap
où : Mpr est la résistance ultime à la flexion de la section efficace de la tôle ;
e est la distance de l'axe passant par le centre de gravité du profil à la fibre inférieure ;
ep est la distance de l'axe neutre plastique de la section efficace du profil à la fibre
inférieure.

IV.4.2- Résistance à la flexion négative

20
La section sur appui des dalles mixtes continues peut être assimilée à une section de béton
armé. Par simplification, la contribution de la tôle profilée est négligée.

Figure 12 - Répartition des contraintes pour la flexion négative

La résistance en flexion négative, M-p.Rd , est donnée par la plastification de l'armature sur
appui (section sous-armée) :
M-p.Rd = As . fsk . z-

où z- est le bras de levier des forces internes équivalentes aux contraintes Ncf et Ns.

La condition d'équilibre entre ces forces (absence d’effort normal sur la section) permet de
déterminer z- :
fck fsk
Ncf = bc . x . 0,85 . et Ns = As .
γc γs
fsk
As .
γs
→ x=
fck
bc . 0,85 .
γc
x
→ z - = ds -
2
avec As : aire de la section d'armature ;
fsk : limite d'élasticité caractéristique de l’armature ;
γs : coefficient partiel de sécurité pour la résistance applicable à l'armature ;
ds : hauteur utile ;
bc : largeur du béton en compression, admis, par simplification, comme
étant la largeur moyenne des nervures sur 1 m de dalle ( bc = ∑ b0 ).

IV.4.3- Résistance en cisaillement vertical


On admet en général que la résistance à l'effort tranchant est donnée par la section de béton, la
participation de la tôle étant négligée.

21
Figure 13- Dimensions de la dalle mixte à considérer lors des calculs

La valeur de calcul de la résistance en cisaillement vertical pour une largeur égale à l'entraxe
des nervures de la tôle vaut donc :
Vv.Rd = bc . dp . τc
où τc est la contrainte limite de calcul en cisaillement propre aux dalles mixtes (γc déjà inclus):
τc = τRd . k1 . k2
avec k1 =1,6 - dp ≥ 1,0 ( dp en m )
k2 = 1,2 + 40 . ρp
Ap
ρp = < 0,02
bc.dp
où : τRd est la résistance de base au cisaillement du béton ( voir tabeau 1) ;
et Ap l'aire de la section efficace de la tôle en traction. Dans les régions de moment négatif, on
remplace Ap par As , aire de l'armature en traction chargée de répartir la fissuration.

IV.4.4- Résistance au poinçonnement


Ce comportement est peu connu que ce soit pour les charges statique ou dynamiques. Dans
une dalle mixte, les charges concentrées les plus importantes sont:

- la pose de murs non-porteurs (statiques) ;


- les appuis des agencements de stockage dans les dépôts industriels (statique), les machines
lourdes (statique ou dynamique) à cause des vibrations ;
- les roues des porte-charges, chariot-élévateurs et autres machines mobiles lourdes
(statique, non-statique et dynamique).

Les principales différences entre une dalle mixte et une dalle pleine en béton vis à vis des
charges concentrées sont :

- la géométrie complexe de la dalle mixte. Dans beaucoup de cas, l'aire de béton résistant
effectivement à l'effort tranchant n'est pas évidente à déterminer ;
- la participation à la résistance aux efforts tranchants de la dalle de béton et de la tôle
profilée Cette dernière peut reprendre les efforts tranchants dus au poids propre du béton,
ceci parce que la tôle profilée soutient le poids du béton avant son durcissement. Pour les
charges variables, il semble très douteux que la tôle profilée soit solidaire du béton, car elle
reste à l'extérieur de la dalle ;
- on doit se poser la question de savoir si la tôle profilée peut être indirectement employée
pour augmenter la résistance à l'effort tranchant du béton. On devra alors déterminer le
pourcentage effectif d'armature.

22
Etant donné l'état actuel des recherches concernant les charges concentrées statiques, il n'est
pas surprenant que la question des charges concentrées non-statiques ou dynamiques n'ait pas
encore été abordée. Cette lacune est d'ailleurs préjudiciable aux fournisseurs de tôles
profilées, car une grande part du marché ne leur est pas accessible. En guise de réflexion, il
faut mentionner que les seuls problèmes de dalles mixtes enregistrés à ce jour ont été
occasionnés par des porte-charges (chariots élévateurs) dans les bâtiments industriels.

La résistance au poinçonnement Vp.Rd d'une dalle mixte sollicitée par une charge ponctuelle
est donnée par : Vp.Rd = Cp . hc . τc
où Cp est le périmètre déterminant.

Figure 14- Périmètre critique pour la résistance au poinçonnement

IV.4.5- Résistance en cisaillement longitudinal


La résistance à l'effort rasant est due à la liaison acier-béton, réalisée à l'interface entre ces
deux matériaux par le frottement, par les bossages ou par le connecteurs placés à l'extrémité
des travées. La résistance de ces connexions est à déterminer par essais pour chaque type de
bac collaborant et pour chaque renforcement supplémentaire de la connexion par des
connecteurs à l’extrémité de la dalle. On détermine à partir de ces essais soit les paramètres m
et k pour la méthode empirique soit la résistance au cisaillement par unité de surface (τu) pour
la méthode de la connexion partielle (voir polycopié connexion).

IV.4.6- Caractéristiques élastiques des sections


Le calcul des flèches des dalles mixtes s'effectue à l'aide des caractéristiques élastiques des
sections.

Section fissurée
Le moment d'inertie Ib,f d'une section mixte fissurée est donné par la relation :

23
b . xf 3
Ib,f = + Ap . ( dp - xf )2 + Ip
3n
où xf est la position de l'axe neutre élastique en section fissurée (distance mesurée à partir de
la fibre supérieure de la dalle mixte):
n . Ap  2b . dp 
xf = . 1 + − 1
b  nAp 
avec b : la largeur de la dalle ( b = 1 m );
Ea
n= ;
Ec
et Ip : le moment d'inertie non réduit de l'aire de la section nette d'acier de la tôle
profilée.

Section homogène ( non fissurée )


Le moment d'inertie Ib,h d'une section mixte non fissurée (ou homogène) est donné par la
relation :
2 2
b.hc 3 b.hc  hc  bc.hp 3 bc.hp  hp 
 + Ap. ( dp − xh ) +Ip
2
Ib,h = + . xh - + + . h - xh -
12n n  2  12n n  2
avec xh : position de l'axe neutre élastique en section homogène :
hc 2
b . + bc.hp.dp + n.Ap.dp
xh = 2
b.hc + bc.hp + n.Ap
et bc : largeur totale moyenne des nervures pour une largeur de dalle de 1 mètre.
( bc = ∑ bo )

IV.5- Vérification des dalles mixtes


On procède aux différentes vérifications nécessaires pour montrer que les exigences relatives
à l'E.L.U. (résistance, stabilité) et à l'E.L.S. (déformations, vibrations) sont respectées.

IV.5.1- Vérification à l'E.L.U.


Flexion positive ( section I ) :
Cette vérification s'effectue dans la section de moment positif maximal, située en général dans
la travée de rive d'une dalle continue. On a la condition suivante : M+Sd ≤ M+p.Rd .
où M+Sd est la valeur de calcul du moment de flexion ;
et M+p.Rd est la résistance de calcul à la flexion.

Flexion négative ( section II ) :

Cette vérification sur appui se fait avec le moment négatif (considéré dans l'analyse). La
condition est : M-Sd ≤ M-p.Rd
où M-Sd est la valeur de calcul du moment négatif;
et M-p.Rd est la résistance de calcul à la flexion négative.

24
Cisaillement vertical ( section III ) :
Cette vérification est rarement déterminante. Elle peut l'être en cas de dalle très compacte et
très sollicitée. Elle intervient dans la section d'appui d'extrémité (le moment de flexion est
alors nul) ou sur un appui intermédiaire. Dans ce dernier cas, on admet qu'il n'y pas
d'interaction entre M et V.
La condition est la suivante : VSd ≤ Vp.Rd
où VSd est la valeur de calcul de l'effort tranchant;
et Vp.Rd est la résistance de calcul au cisaillement de la section mixte.

Poinçonnement ( section IV ) :
Si une charge concentrée P est appliquée sur une dalle mixte, la vérification de l'état limite
ultime correspondant est : PSd ≤ Vp.Rd
où PSd est la valeur de calcul de la charge concentrée;
et Vp.Rd est la résistance de calcul au poinçonnement de la section mixte.

Cisaillement longitudinal ( section IV ) :


Cette vérification est souvent déterminante pour les dalles mixtes avec tôle profilée sans
ancrage. Cela signifie que la rupture de la dalle a lieu par épuisement de la résistance de la
liaison. La résistance ultime en flexion dans la section I ne peut être atteinte. C'est la
définition même de la connexion partielle.

Si on utilise la méthode semi-empirique, la condition est la suivante :


VSd ≤ Vl.Rd
où VSd est la valeur de calcul de l'effort tranchant;
et Vl.Rd est la résistance de calcul à l'effort tranchant, à utiliser pour cette vérification.

Pour la méthode de la connexion partielle, elle est basée sur la connaissance de la contrainte
de cisaillement ultime τu.Rd , et du diagramme d'interaction partielle limite de la dalle liant
MRd au diagramme moment sollicitant dans la dalle MSd , fonction de la portée de la dalle.
Cette méthode n'est applicable que pour les dalles se comportant de manière ductile.On
détermine le diagramme de calcul en connexion partielle.
Dans ce diagramme, la résistance à la flexion MRd d'une section transversale située à une
distance Lx de l'appui le plus porche est tracée en fonction de Lx . La longueur Lsf minimum
nécessaire pour obtenir une connexion complète est donnée par la formule suivante :
N cf
Lsf =
b . τu . Rd
où τu.Rd est la force de résistance ultime
b la largeur de la dalle de béton
et Ncf l'effort dans le béton ou l'acier en considérant une connexion complète.
La valeur de Ncf vaut suivant le cas :
0,85fck
Ncf = . b . hc pour une rupture par insuffisance du béton
γc
fyp
où Ncf = . Ap pour une rupture par insuffisance de l'acier.
γap
Si la dalle contient des ancrages d'extrémité, ils peuvent être pris en compte dans ce
diagramme en modifiant Ncf de la façon suivante :
Nc = b . Lx . τu.Rd + Vld

25
Pour Lx ≥ Lsf , la connexion est totale, donc la grandeur déterminante est la résistance à la
flexion (ruine suivant le mode 1).

Pour Lx < Lsf , la connexion est partielle, donc la grandeur démettante est la résistance au
cisaillement longitudinal (ruine suivant le mode 2).

Au niveau d'une section transversale quelconque, la valeur de moment fléchissant de calcul


Msd ne doit pas être supérieure à la résistance de calcul MRd .

Si la dalle contient des aciers supplémentaires :

Les aciers supplémentaires reposant dans les nervures de la tôles peuvent être pris en compte
en modifiant le diagramme d'interaction partielle en remplaçant MRd par :
MRd = Np . z1 + Mpr + Nas . z2
où Np = b . Lx . τu.Rd
fsk
Nas = As .
γs
et Mpr est le moment plastique réduit de la résistance de la tôle.

Figure 15- Contribution des aciers longitudinaux supplémentaires

IV.5.2- Vérification à l'E.L.S.


Vérification des déformations
Les flèches verticales ne doivent pas dépasser les valeurs limites données dans le paragraphe
concernant le plancher durant son étape non mixte :
 L 
δser ≤ δadm = min  ; 20 mm
 180 
L
Si l'élancement de la dalle (portée/hauteur utile) ne dépasse pas les valeurs limites données
dp
dans l'Eurocode 2, la vérification des flèches n'est pas indispensable. Pour les dalles continues
portant une seule direction, faiblement sollicitées, la limite est :
L
≤ 32
dp
Si cette condition n'est pas vérifiée, l'Eurocode 3 recommande les valeurs suivantes pour les
planchers de bâtiment :
L
δmax = δ1 + δ2 - δ0 ≤
250
L
avec δ2 ≤
300
où L est la portée de la dalle;

26
δmax la flèche totale du plancher, incluant:
δ0 une contre flèche éventuelle,
δ1 la flèche instantanée due au poids propre,
et δ2 la variation de la flèche due à la charge variable agissant sur la
dalle, y compris les effets de longue durée éventuels.

Si la dalle mixte supporte des éléments fragiles (revêtements de sol, parois, etc.), δ2 doit être
L
limitée à : δ2 ≤
350
On tiendra compte des exigences relatives au fonctionnement, à la construction et à l'aspect
architectural.

IV.6- Vérification de l'ouverture des fissures du béton


Etant donné la présence de la tôle profilée à la face inférieure de la dalle, seule l'ouverture des
fissures du béton sur appui doit être vérifiée. Cette vérification s'effectue selon les règles
propres aux constructions en béton armé, celles énoncées dans l'Eurocode 2 par exemple. En
cas d'exigences normales (faibles agressivités physiques et chimiques, pas de dommages lors
de l'apparition des fissures, pas d'exigences relatives à l'étanchéité de la dalle, fissuration
tolérée), une armature minimale disposée sur appui est suffisante. Elle est nécessaire lorsque
la dalle mixte est dimensionnée comme une série de poutres simples. Cette armatures
minimale est la suivante :
- pour les dalles étayées lors du bétonnage :
As
ρmin = = 0,4 %
b . hc
- pour les dalles non étayées lors du bétonnage :
ρmin = 0,2 %

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V- Bibliographie
(1) DURAIN Valérie, « Comportement et étude des planchers mixtes soumis à une charge
ponctuelle », Mémoire d’ingénieur CUST, juin 1996.
(2) Eurocode 4 : Conception et dimensionnement des structures mixtes acier-béton - Partie
1.1 : Règles générales et règles pour le bâtiment. Document d’application nationale.
Editions Eyrolles 1997.
(3) ESDEP Leçon n0. 7 du groupe de travail 10
(4) Eurocode 2 : Conception et dimensionnement des structures en béton - Partie 1.1 : Règles
générales et règles pour le bâtiment. ENV 1992-1-1 : 1991. Comité Européen de
Normalisation (CEN), Bruxelles, 1991.
(5) Eurocode 3 : Conception et dimensionnement des structures en acier - Partie 1.1 : Règles
générales et règles pour le bâtiment. ENV 1993-1-1 : 1992. Comité Européen de
Normalisation (CEN), Bruxelles, 1992.
(6) Johnson R. P. and D. Anderson. « Designer’s handbook to Eurocode 4. Part 1.1. Design
of composite steel and concrete structures. Thomas Telford House. 1993.
(7) Crisinel M., « Planchers mixtes à dalles collaborantes – Etat de l’art – réglementation
européenne EC4 ». Cours CUST 1994.

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