Vous êtes sur la page 1sur 110

La prestidigitation sans bagages

1
PROBLÈMES D'APPARENCE GÉOMÉTRIQUE

I. - Pour faire un carré, il faut 4 all. (1); alors, pour faire 2 carrés, il faut 8 all. Erreur ! 7 suffisent (fig. 1)

II. - Voici 6 carrés (fig. 2) faits avec 17 all. ; il s'agit d'enlever 1 all. et d'en déplacer 3, pour n'avoir
plus que 4 carrés. Solution : fig. 3.

III. - Voici 4 carrés formés avec 12 all. (fig. 4) ; il faut former 3 carrés en déplaçant 4 all. et sans en
supprimer. Solution : fig. 5.

IV. - La fig. 6 montre une espèce de spirale à angles droits faits avec 24 all. Il s'agit de former 3 carrés
en déplaçant 4 all. Solution: fig. 7.

V. - Avec 17 all. on forme 6 carrés (fig. 2). Supprimer la moitié du nombre des carrés en n'enlevant
que 5 all. Solution : fig. 8.

VI. - Dans la fig. 9, on compte 7 all. de A à B comme de A à C ou de A à D. Il faut, après avoir enlevé 2
all. pouvoir toujours compter 7 all. de bas en haut et du bas aux extrémités de la croix. Solution : fig.
10.

VII. - Du même genre, le problème suivant, qui peut s'appliquer à des objets diférents des all. : faire
disparaître l'all. B du milieu des trois (fig. 11) sans la toucher. Il suffit de déplacer C (fig. 12).

VIII. Voici (fig. 13) 4 triangles formés avec 9 all. : Il s'agit d'enlever 3 all. pour qu'il ne reste qu'un
triangle ou bien d'en enlever deux, pour qu'il reste deux triangles. Solution: fig. 14 et 15.

IX. - La fig. 16 montre 4 all. disposées en croix (1). Il faut, en déplaçant une all. former un carré. Pour
cela, tirer l'all. A vers la droite de quelques millimètres représentant l'épaisseur d'une all. Il se forme,
au centre C, le carré en question (fig. 17; l'épaisseur relative des all. a été exagérée pour mieux
montrer le carré formé).
X. - Le passage de la rivière. Celle-ci est représentée, formant un coude, par 10 all. (fig. 18). Il s'agit
de fabriquer un pont avec 2 all. pour passer de A en B en faisant observer que la largeur de la rivière
est juste d'une all. Solution : fig. 19 ; on met d'abord l'all. m n, puis l'all. o p (les all. formant la rivière
doivent se toucher).

XI. - Faites un triangle avec 3 all. mises sur la table ; ce triangle sera équilatéral. Pariez que vous ferez
3 autres triangles identiques à celui-là avec 3 autres all. seulement, ce qui fera, en tout 4 triangles.
Pour résoudre ce problème, il faut penser à la géométrie dans l'espace et non plus à la géométrie
plane; il suffira, en efet, de placer les 3 all. supplémentaires en pyramide ayant pour base le triangle
primitif. Cette base sera le premier triangle, les 3 côtés de la pyramide seront les trois autres
triangles.

(1) dans tout ce chapitre le mot allumette sera remplacé par l'abréviation : all.

2
PROBLÈMES FANTAISISTES

XII. - Disposez 9 all. parallèlement (fig. 20) et prouver en en déplaçant 3, que 9=8, ou encore que 6 et
3 font 8. Solution : fig.21

XIII. - Disposer 36 all. de telle façon qu'il reste, sur la table, une all., et pourtant, on en enlève aucune.
Solution : fig. 22.

3
PROBLÈMES AVEC DES CHIFFRES ROMAINS

XIV. - Avec 2 all. en faire 10. Il n'y a qu'à les mettre en croix de Saint-André qui signifie 10.

XV.- Prouver que 4 et 6 font 11. Solution : fig. 23.

XVI.- Montrer, en déplaçant 1 all. que 7 vaut 1. Solution : fig. 24 (la racine carrée de 1, c'est 1).
4
DEUX PROBLÈMES - DEVINETTES

XVII. - Avec 8 all. faire les titres de deux opérettes qui furent très en vogue. Solution : fig. 25 ; Phi-Phi
et Dédé (1)

XVIII.- Avec 8 all. faire de l'eau chaude. Solution : fig. 26.

(1) Il y a une suite assez drôle, c'est de faire avec les mêmes 8 all. les titres de deux autres opérettes ; mais la solution étant très osée, je ne
puis la donner ici. Je me contenterai de dire que les deux titres en questions sont : "La Veuve Joyeuse" et "La Chaste Suzanne", mais comment
les figurer avec 8 all. ? C'est un petit rébus que je laisse chercher aux lecteurs.

QUELQUES PROBLÈMES D'APPARENCE MECANIQUE

XIX.- Faire reposer, d'une façon relativement solide, chacune sur une seule extrémité, 3 all. qui sont
ensembles : en somme, faire un trépied avec ces 3 all. Solution : fig. 27.

XX. - Fendez une all. à l'extrémité opposé au phosphore, taillez-en une seconde B en biseau (fig. 28)
et emmanchez l'une dans l'autre pour leur faire former un angle aigu. un V que vous posez sur la
table, la pointe en l'air ; vous placez une troisième all. C arc-boutée sur cette pointe, ce qui forme une
pyramide. Il s'agit de soulever le tout avec une quatrième all. D. Pour cela, placez cette dernière sous
l'angle trièdre formé par les 2 all. associées A et B et par la troisième C; appuyez d'abord légèrement
sur A B pour les rapprocher un peu de la verticale : C tombera sur D; baissez un peut D, cela fera
engager C dans l'angle formé par A et B et son extrémité se trouvera passé entre l'intérieur de l'angle
et l'all. D. En élevant cette dernière, C restera coincée et l'ensemble A, B et C pourra être levé en l'air
(fig. 29) sans se dissocier.

XXI. - Les deux all. emboîtées du problème précédent vont nous servir pour montrer nos menus
mouvements involontaires et inconscients, et, avec ce système des deux all., vous pourrez instituer
un amusant concours. Mettez ces deux all. à cheval sur un couteau et faites-les tenir de telle façon
que les bouts phosphorés ne quittent jamais la surface de la table qu'elles doivent toucher
légèrement ; ni le bras, ni la main tenant le couteau, la pointe un peu inclinée, ne doivent s'appuyer
sur la table. Dans ces conditions, malgré tous les eforts de la personne qui tient le couteau, le
système des deux all. s'avancera sur la lame et finira par tomber. Donnez à tenir le même système à
plusieurs personnes; la moins nerveuse; la plus maîtresse de ses mouvements, sera celle dont les all.
quitteront le couteau le moins vite.
XXII.- Enlevez 11 all. avec une seule. Posez à plat sur une table, une all. A et, sur elle,
perpendiculairement à elle, une dizaine d'autres, disposées alternativement. Il s'agit d'enlever le tout
à l'aide d'une seule et dernière all. Pour cela, soulevez A, sur laquelle reposent les 10 autres; celles-ci
vont former, par leur entrecroisement, une espèce d'X (fig. 30). Dans l'angle d'ouverture et
parallèlement à A, placez votre dernière all. B qui empêchera l'angle de se fermer et retiendra les
autres all. dans leur glissement. Continuez à soulever A en appuyant sur B jusqu'à ce que le système
entier soit en l'air; alors, vous pouvez lâcher B avec précaution sans qu'aucune all. ne tombe
(employez de préférence des all. de cuisine).

XXIII. - Voici 2 cercles éloignés (fig. 31). Dans l'un (A) se trouve une pièce et dans l'autre (B) une all. Il
s'agit de soulever la pièce en appuyant sur l'all. de B sans les faire sortir de leur cercle et en ne se
servant comme intermédiaire de la boîte d'all. placée entre les deux cercles.
Pour résoudre ce curieux problème, il faut disposer les all. tirées de la boîte, de la façon indiquée par
la fig. 32. La pièce, placée sur la dernière all. du système, se soulèvera quand on appuiera sur la
première en B.

6
RECRÉATIONS AVEC DES ALLUMETTES BRISÉES

Voici quelques récréations utilisant ce phénomène d'hygrométrie : une all. incomplètement brisée en
la pliant se redresse quand on laisse tomber une goutte d'eau sur le point de cassure (se servir, de
préférence, d'all. de cuisine).

XXIV. - Pliez 2 all. en les cassant incomplètement. Placez, en outre, deux morceaux pris dans une
troisième all. comme l'indique la fig. 33. Cela représente vaguement un bonhomme. En faisant
tomber une goutte d'eau sur les points de cassure, les jambes s'écarteront tandis que les bras
s'abaisseront.

XXV. - Tracez une circonférence et marquez deux ronds pour les yeux (fig. 34). Disposez des
morceaux d'all. pliés en guise de sourcils, nez et bouche. En laissant tomber une goutte d'eau aux
points de cassure, vous obtiendrez une physionomie mobile et curieusement expressive.

XXVI.- Brisez incomplètement comme pour les expériences précédentes, 4 all. et disposez-les comme
l'indique la fig. 35. Le problème consiste à former avec elles une étoile complète. Il vous suffira d'une
goutte d'eau aux 4 points de cassure pour que les all. se redressent et pour que leurs extrémités se
rejoignent, formant ainsi l'étoile en question (fig. 36).

XXVII.- Sur le goulot d'une bouteille, placez une all. brisée à moitié en forme de V et sur l'all. une
pièce de 10 sous. Il faut faire tomber l'allumette dans la bouteille sans toucher à rien. Comme
précédemment, une goutte d'eau au point de cassure fera ouvrir les deux branches du V
soutenant la pièce, et celle-ci tombera dans la bouteille.

7
LES ALLUMETTE SONT COMME LES ENFANTS

Appelez des enfants pour faire leur toilette; il en est plus d'un qui tournera le dos et voudra
échapper à la "corvée". Montrez-leur une sucrerie, ils accourront tous! Les all. sont pareilles :
mettez-en une sur l'eau d'une cuvette et plongez, à quelques millimètre d'une de ses extrémités, un
morceau de savon taillé en pointe : elle fuira ; si c'est un morceau de sucre, elle sera attirée!

8
LE JEU DES 14 ALLUMETTES

Disposez 14 all. de la façon indiquée par la fig. 38 et proposez une partie avec les règles suivantes :
chacun des deux joueurs a le droit d'enlever, à son tour, ce qu'il veut dans une seule ligne à la fois,
mais au minimum une. Celui qui gagne est celui qui arrive à laisser la dernière all. à son adversaire.
Pour cela, il faut viser à obtenir l'égalité des deux rangées (mais par 1 et 1), la troisième rangée ayant
été éliminée. On peut aussi gagner en arrivant à 1 all. à chacune des trois rangées, mais c'est moins
facile à obtenir que l'égalité dans deux rangées; c'est pour cela qu'il y a intérêt à en supprimer une
dès le début.

Du même genre est le jeu des 15 all. Ces 15 all. sont étalées sur la table et chacun des deux joueurs
doit prendre 1, 2 ou 3 all. à son choix; comme dans le jeu précédent, c'est celui qui est forcé de
prendre la dernière qui est le perdant.
Le secret : s'assurer la deuxième, sixième, dixième et enfin, quatorzième all.

LE TIR AUX ALLUMETTES

Placez une all. à deux doigts du bord d'une table parallèlement à ce bord; mettez
perpendiculairement à celle-ci, une autre all. de façon à ce qu'elle dépasse d'un centimètre environ le
bord de la table. Il s'agit de projeter l'all. dans un plateau ou une assiette placée à une certaine
distance, (1 m. 50 par exemple) par une chiquenaude donnée sur l'extrémité dépassante de l'all. ou
par le choc d'une lame assez flexible de couteau maniée comme un ressort ; en ce cas, vous pouvez
mettre le but à plusieurs mètres. Avec un peu d'exercice, et d'adresse, on arrive à une précision
curieuse.

10
L'ALLUMETTE BRISÉE ET RACCOMMODÉE

Efet. - Une all. choisie par un spectateur ou vérifiée par lui et marquée s'il le désire, est placée dans
un mouchoir que vous repliez. Vous faites briser l'all. à travers le mouchoir, et vous faites constater,
par plusieurs personnes qui la palpent, qu'elle a bien été cassée.
Pourtant, quelques passes magiques suffisent à la raccommoder; en efet, vous dépliez votre
mouchoir et l'all. apparaît intacte.
Explication. - Ce que vous donnez à briser n'est pas l'all. du spectateur, c'est un duplicata qui se
trouvait caché dans l'ourlet du mouchoir du côté qui doit être près de vous quand vous l'avez étalé.
L'all. du spectateur étant placé au milieu du mouchoir, vous le pliez en trois dans le sens de la
largeur, en commençant par le côté contenant le duplicata; vous le repliez ensuite, également en
trois, dans l'autre sens.
A ce moment, vous saisissez le mouchoir plié, par le milieu, là justement où se trouve l'all. du
spectateur et vous secouez légèrement; comme pour la faire tomber dans le pli inférieur. En réalité,
vous conservez ladite all. entre vos doigts, et c'est celle qui est dans l'ourlet, au niveau du pli
inférieur du mouchoir, que vous faites palper, puis briser.
Il est donc très simple ensuite, en dépliant le mouchoir et en le secouant sur la table, de faire voir
l'all. intacte, ou plutôt, raccommodée (?).
Ayez bien soin d'exhiber, finalement, les deux côtés, le mouchoir, délicatement tenu par deux coins,
pour bien montrer - sans le faire remarquer toutefois par vos paroles, car il ne faut pas trop insister -
qu'il n'y a rien dans le mouchoir, ni dans vos mains.
Ce tour est charmant et il pourrait, à la rigueur, être recommencé tout de suite (si vous avez eu la
précaution de garnir l'ourlet d'une autre all.) ; il commence, malheureusement, à être trop connu.

Voici une variante qui le modernise ; exécuté de cette nouvelle façon, il étonnera ceux qui
connaissent le truc précédent.
Vous posez l'all. du spectateur sur votre cuisse et vous l'y enfermez dans un pli transversal que vous
faites dans le pantalon. Vous recouvrez le tout d'un mouchoir emprunté et, par conséquent, nullement
truqué. A travers le mouchoir et le pli du pantalon vous faites palper, puis briser l'all. Pourtant, vous
enlevez le mouchoir, vous défaites le pli de l'étofe, et l'all. apparaît intacte.
Pour cette présentation, l'all. duplication est suspendue à l'intérieur du pantalon, par deux fils
d'environ 35 centimètres de longueur (un à chaque extrémité de l'all.) aboutissant à une épingle
anglaise. Celle-ci est fixée à l'intérieur de la ceinture du pantalon, de telle façon que, lorsque vous
vous asseyez, l'all. se place transversalement et à peu près au milieu de la face antérieure de la
cuisse. C'est deux travers de doigts plus bas que vous ferez le pli pour loger l'all du spectateur.

Une autre façon de rajeunir ce tour est de l'exécuter à table avec une serviette que vous a donnée
votre amphitryon : j'ai vu présenter ainsi l'all brisée et raccommodée par un amateur, l'acteur José
Noguero, sans que personne se soit aperçu qu'il avant, tout en causant, pendant le repas, fait sauter
l'extrémité de l'ourlet et introduit dedans l'all. duplicata.

LA CHASSE AUX ALLUMETTES

Elle peut se faire comme la chasse aux cigarette, c'est-à-dire avec une demi-anneau enserrant la
troisième phalange du médius et portant un morceau d'aiguille dans lequel on pique l'extrémité non
phosphorée de l'all. Il est bien préférable de se servir d'un morceau de papier collant ou de cire avec
lequel vous collez l'extrémité de l'all. sur l'ongle du médius, le reste de cette all. longeant le dos de ce
doigt.
Vous étendez la main, paume vers les spectateurs et vide par conséquent; vous faites un mouvement
de bras simulant la prise de quelque chose dans l'espace et, en même temps, vous pliez les doigts,
particulièrement le médius, sur l'ongle duquel vient s'appuyer votre pouce. L'all. cachée derrière le
médius est ainsi apparue. En plaçant la main dans un chapeau ou une boîte, soit-disant pour y
déposer l'all. vous redressez le médius et vous ressortez la main étendue, paume en avant et vide,
mais prête à recommencer le même mouvement que précédemment, pour l'apparition d'un
deuxième all. et ainsi de suite.
Les mouvement et les apparences des prises ne peuvent être variés, comme dans la chasse aux
pièces; il fait donc éviter de prolonger cette chasse aux all. et il est préférable de la limiter à 7 ou 8.
Après la dernière apparition, vous détachez facilement l'all. fixée à l'ongle et elle tombe parmi les
autres que vous aviez introduites dans le chapeau ou dans la boîte, avant l'expérience, cela va sans
dire.

12
L'ALLUMETTE ÉQUILIBRISTE

Vous pouvez faire tenir une all. en position verticale de plusieurs façons:
D'abord sur le pouce, à quelques millimètres plus bas que l'ongle ; il vous suffit de l'y appuyer assez
fortement et elle tiendra très bien debout. Vous la présentez ensuite en équilibre sur le dos d'un des
doigts; vous pouvez la faire tenir ainsi au niveau de presque toutes les articulations qui se trouvent
entre les secondes et les troisièmes phalanges. Pour cela, pliez le doigt, placez l'all. là où il y avait
une ride et redressez le doigt; le pli reformé pincera l'all. à sa base et elle
restera droite quand vous l'abandonnerez... Mais, observez bien qu'il faut
cacher ces mouvements avec la main qui tient l'all., et qui doit former masque
à ce moment là.

On peut encore faire tenir une all. debout à peu près n'importe où : sur sa
boîte, sur une table, sur un marbre. etc... en grattant l'extrémité non
phosphoré de cette all. sur les dents au ras des gencives ; il s'y dépose un peu de substance collante,
qui fait adhérer cette extrémité là où on la pose. Évidement, il ne faut pas laisser voir quand et
comment vous allez recueillir cette colle... spéciale.
Je tiens ce petit procédé de mon ami l'excellent prestidigitateur Renof.

13
LES ALLUMETTES ÉLECTRIQUES

Efet. - Étendez votre main gauche paume en l'air et doigts serrés. Sur chacune des 3 gouttières
formées par les doigts réunis, mettez une all. de façon que sa tête dépasse d'environ un centimètre.
Frictionnez une autre all. sur votre manche et approchez sa tête de la tête de celles qui reposent sur
vos doigts gauches ; vous les verrez sauter en l'air l'une après l'autre.

Explication. - Il faut que l'all. tenue avec la main droite saisie par sa moitié inférieure, entre le pouce
dessus et l'index dessous, qui la serrent bien; l'ongle du médius accroche alors l'extrémité de l'all.
(fig. 39) et quand la tête de cette all. est juste sous la tête de l'une des 3 autres, l'ongle se laisse
échapper brusquement; l'all. tenue de la main droite donne ainsi un coup sec, comme par un ressort
qui se détend, sous l'autre all. et la projette en l'air.
Inutile d'ajouter que la friction sur la manche "pour développer de l'électricité" n'a rien à voir dans la
réussite de l'expérience et n'est faite que pour dérouter le spectateur.

14
L'ALLUMETTE PROJETÉE PAR LE GILET

Efet. - Vous placez l'extrémité d'une all. sur votre gilet, entre deux boutons, et elle bondit à un mètre
- et même plus - de distance.

Explication. - Cette expérience repose sur un principe analogue au précédent. L'all. est tenue bien
serrée entre l'index dessous et l'ongle du pouce sur le milieu de la face supérieure de l'all. Vous
l'appuyez assez fortement sur votre gilet en tendant l'étofe avec l'autre main; alors, faisant
échapper, sur le côté droit de l'all. l'ongle du pouce, vous la projetez beaucoup plus loin qu'on ne
l'imaginerait.
C'est mon ami, le grand prestidigitateur O' Connor, qui m'avait montré ces deux dernières
expériences et j'aurais eu scrupule à les dévoiler si elles n'avaient paru dans des journaux magiques
étrangers et dans une récente publication française.

15
L'ALLUMETTE MAGNÉTISÉE
(J. Hédolt)

Efet. - Prenez une all. de bois, suédoise de préférence, et donnez-la à visiter ; montrez vos mains de
près et faites bien remarquer que vous n'avez, au bout des doigts, ni colle, ni cire. Reprenez l'all. et
placez-la entre le pouce et l'index gauches : faites quelques passes dessus et écartez les doigts : l'all.
restera adhérente à l'extrémité de l'index.

Explication. - Vous reprenez l'all. à la personne qui l'a visitée, de la main droite, de telle façon que le
milieu de cette all. soit entre le pouce d'un côté et l'index et le médius de l'autre côté. Enfoncez le
pouce, l'all. se cassera incomplètement en formant un angle obtus. Appuyez le sommet de cet angle
sur la pulpe de l'index gauche et redressez l'all. ; une minuscule partie d'épiderme sera prise dans la
cassure du bois et retiendra l'all. parfaitement adhérente à cet endroit.
Inutile d'ajouter que les petits mouvements de cassure d'abord et de redressement ensuite ne
doivent pas être aperçus des spectateurs, et cela est très facile à dissimuler, comme vous pourrez
vous en convaincre après quelques essais.
16
LES ALLUMETTES AIMANTÉES

Efet. - Mettez votre main gauche paume en haut; repliez les droits derniers doigts et étendez l'index.
Sur l'extrémité de ce doigt placez transversalement, en équilibre, une all. A tête vers votre droite.
Frottez la tête d'une autre all. B sur votre pantalon "pour y développer une aimantation" et amenez-la
à quelques millimètres de la tête de A ; faites avec B, un mouvement d'un quart de cercle vers vous
et vers votre gauche, exactement comme vous le feriez si les objets étaient respectivement une
aiguille et un barreau aimanté et comme si vous vouliez faire tourner l'aiguille. L'all. A va se
comporter comme se comporterait l'aiguille, c'est-à-dire qu'elle va faire un quart de tour sur
l'extrémité de l'index.

Explication. - L'aimantation n'a évidemment rien à voir ici ; ce qui fait tourner l'all., c'est vous qui
soufflez doucement - et s'en qu'on puisse s'en apercevoir - sur le bout non soufré de l'all. A qui est à
gauche.
Si l'all. n'a pas fait un quart de tour entier, vous pouvez recommencer l'expérience en sens inverse,
en soufflant, cette fois sur la tête de l'all. A, ce qui rétablit la position primitive. Vous pouvez, avant de
souffler, présenter, cette fois, à l'all. A l'autre bout de l'all. B, en invoquant la puissance du pôle
néfatif (?).
J'ajoute que l'expérience peut être faite aussi sur une table, en ce cas, il faut mettre l'all. A en
équilibre sur une autre all. placée perpendiculairement à elle sur la table.

17
L'ALLUMETTE A TRAVERS LA JOUE

Efet. - Vous enfoncez une all. dans votre joue, et elle réapparaît entre vos lèvres.

Explication. - L'all. est saisie par une extrémité, entre le pouce d'un côté, l'index et le médius accolés
de l'autre. Vous faites semblant de l'enfoncer dans la peau de la joue; mais en réalité, vous glissez les
doigts tout le long de l'all. jusqu'au contact avec la peau de la joue; à ce moment, vous pincez l'all.
entre les parties latérales de l'index et du médius qui se resserrent et vous écartez le pouce; puis
vous abaissez la main qui paraît ne plus rien contenir. L'all. a disparu aux yeux des spectateurs et elle
semble avoir été enfoncée dans la joue; mais tout de suite son duplicata placé dans la bouche avant
l'expérience, est poussé par la langue entre les lèvres qui la retiennent quand elle est sortie presque
entièrement.
Un heureux perfectionnement m'a été montré par mon ami Renof : il fait semblant de reprendre
cette all. entre les lèvres avec la main qui a empalmé l'autre ; en réalité, il la renfonce dans la bouche
et exhibe celle qui était pincée entre son index et son médius et qu'il a retournée de bout en bout. Il
est ainsi prêt à recommencer; seulement, cette fois, il fait l'enfoncement par le dessous du menton,
changement qui ne nuit pas dans l'efet de ce petit tour.
Observez de faire sortir l'all. de la bouche par la même extrémité que vous avez fait semblant
d'entrer l'autre dans la joue, et retenez que, malgré leur apparente facilité, il y a là des mouvements
qui demandent à être bien étudiés devant une glace.

18
L'ALLUMETTE QUI CHANGE DE BOUT

Efet. - Vous roulez une carte de visite pour en faire un petit tube que vous maintenez, si c'est
nécessaire, avec un petit bracelet de caoutchouc ou un bout de fil.
Dans ce tube improvisé, tenu en main gauche, et dont vous bouchez l'orifice inférieur avec le petit
doigt, vous introduisez une all. suédoise tête en bas, en le faisant bien remarquer. Cependant, en
retirant par le bas du tube l'all. qui l'a traversé, vous montrez qu'elle sort la tête en haut. Vous donnez
tout de suite le tube et l'all. à visiter.

Explication. - Une tête postiche d'all. en métal peint est nécessaire pour ce tour. Vous l'avez adaptée
à l'extrémité non phosphorée d'un all. et vous avez remis celle-ci parmi les autres dans la boîte; celle
allumette a donc, en somme, deux têtes; vous la saisissez dans sa boîte par sa vraie tête, qui se
trouve ainsi cachée dans vos doigts et vous l'introduisez dans le tube, fausse tête en bas. Quand
vous la reprenez après son passage dans le tube, vous la saisissez par cette fausse tête qui vous
reste entre les doigts, lorsque vous donnez l'allumette à visiter. Le seul temps à ne pas laisser voir,
c'est la prise de la fausse tête à la sortie du tube, question de synchronisme entre l'abaissement du
petit doigt gauche et le rapprochement du médius et de l'index droits qui vont pincer la tête. il faut
retirer l'all. du tube très lentement, pour que l'on voie bien que la tête est en haut, quand elle sort.
J'ai décrit, dans le "Journal de la Prestidigitation", n° 47, page 14, un petit truc pour improviser une
tête postiche : il suffit de couper la tête d'une autre all. et de l'adapter avec un peu de cire de
prestidigitateur.

Avec deux têtes postiches et une all. à laquelle vous aurez supprimé la braie tête, vous pouvez
réaliser le tour suivant, variante du précédent : Vous tenez, cachée entre votre pouce et votre index
gauches, l'une des têtes postiches, et vous présentez aux spectateurs une all. munie de l'autre tête
postiche qui la fait paraître ordinaire. Vous saisissez alors cette all. par sa tête (postiche) et vous la
faites pénétrer entre vos doigts gauches qui tiennent l'autre tête postiche; dans ce geste, vous
adaptez cette tête à l'all., et vous continuez à enfoncer le tout; quand il ne reste plus en haut qu'un
cinquième de l'all. vous la maintenez avec les doigts gauches, tandis que les doigts droits
l'abandonnent, en gardant la tête postiche qu'ils tenaient. Votre all. dont vous laissez voir, à ce
moment, ce qui dépasse par en bas de vos doigts gauches, paraît s'être retournée entre ces doigts.
L'inconvénient de cette présentation, c'est que vous ne pouvez, ni avant, ni après, donner l'all. à
visiter.

19
DES POINTS SUR LES ALLUMETTES

Efet. - Des points faits au crayon sur deux all. disparaissent et reparaissent à volonté.

Explication. - Marquez, au crayon, 3 points (1), à 4 ou 5 millimètres de distance, sur la partie médiane
de la face supérieure de chaque all., tenues l'une près de l'autre (mais à 3 millimètres de distance)
par leurs extrémités, entre le pouce et l'index gauches, et montrez les 6 points. Mettez le pouce sur
les 6 points et l'index sur la face opposée et retournez la main et, par conséquent, les all. comme
pour avoir devant vous cette face qui était inférieure précédemment. Mais, dans ce même
mouvement, vous les faites rouler de deux quarts de tour, ce qui amène en haut la face qui y était
précédemment, c'est-à-dire celle où vous avez fait les points.
Ce retournement avec roulement est la base du truc; appelons le mouvement primordial.
Vous ne laissez pas voir tout de suite cette face qui est supposée ne pas porter de points et vous
dites que vous allez y faire les même six points que vous venez de marquer l'autre face. En réalité,
vous repassez votre crayon sur les même six points, et, en inclinant votre main, vous montrez les 6
points soit disant nouveaux. Faites bien voir ensuite, à plusieurs reprises, les 3 points sur chaque all.
dessus comme dessous, par le mouvement primordial répété.
Vous dites alors : "Par une légère friction de mon index, je fais disparaître les points du dessous", et,
retournant d'un quart de tour, paume en avant, la main gauche, vous montrez qu'en efet il n'y a plus
de points dessous; remontrez, qu'en efet, il n'y a plus de points dessous; remettez la main gauche en
position primitive, vous retournez les all. comme dans le mouvement primordial, mais sans
roulement, ce qui amène dessus la face sans points qui était dessous.
"Je vais, dites-vous alors, effacer aussi les autres points qui sont maintenant dessous". Faites le
mouvement primordial et montrez que les points n'y sont plus, en efet. Recommencez une ou deux
fois ce mouvement pour bien faire voir qu'il n'y a plus de points, ni d'un côté, ni de l'autre.
Il faut, à ce moment, faire revenir les points : donc, friction légère dessous, ensuite retournement de
la main pour les montrer (comme tout à l'heure, pour faire voir qu'ils n'y étaient plus); puis
retournement des all. sans roulement, nouvelles frictions dessous et mouvement primordial à
plusieurs reprises, pour montrer que les points sont revenus aussi bien d'un côté que de l'autre.
In peut, entre les deux phases du tour, c'est-à-dire après la disparition complète des points, et en
faisant faire seulement un roulement d'un quart de tour, amener les points sur la face des all. qui
regarde la fourche du pouce; cela permet de montre la face du dessus, la face du dessous, et la face
latérale droite, vierge de tous points. Faites ensuite un quart de tour de roulement en sens inverse;
vous ramenez ainsi les points en dessous, et vous pouvez faire voir les faces supérieures et les faces
latérales également vierges de points.
Quand vous avez terminé votre tour (tour de table par excellence), vous brisez vos all. en petits
morceaux pour que les indiscrets n'y puissent rien chercher.
M. A. Martin-Bontemps a fait une description complète de cette expérience, avec un procédé
légèrement diférent et un complément permettant de montrer la diminution du nombre e points,
dans le "Journal de la Prestidigitation", n°56, page 13, et n° 66, page 800
Mes lecteurs pourront s'y reporter

(1) Il y a des opérateurs qui tracent des traits à la place des points. Ce n'est pas à recommander, parce que les traits écrasent les angles des
all. et sont visibles sur les faces latérales.
20
LES ALLUMETTES PÉNÉTRABLES

Efet.- Entre le pouce et l'index gauches, vous tenez une all. A par ses extrémités. Entre le pouce et
l'index droits vous tenez une autre all. B également par ses extrémités, mais la tête du côté du pouce.
Vous rapprochez les mains et voici que l'all. B tenue par la main droite, sans avoir bougé de sa
position primitive, se trouve encastrée dans l'espace délimité par les deux doigts gauches et leur all.
Un instant après, l'all. est ressortie, et vous recommencez plusieurs fois les mêmes entrées et sorties
vraiment intrigantes et inexplicables quand on ne connaît pas le truc.

Explication:- La pulpe de l'index de la main droite a été fortement appuyé sur l'extrémité de l'all. : ce
qui la fixe en cet endroit, sans que le pouce ait à faire contre-pression; ce dernier doigt ne doit même
pas appuyer sur l'extrémité soufrée et il ne fait que l'effleurer; dans ces conditions, il peut s'écarter
au moment où les all. sont tout près l'une de l'autre et l'all. B peut, sans tomber, passer au-dessus de
A; puis, le pouce reprend sa position sous la tête de B et vous montrez l'all. encastrée. Étudiez bien la
position de vos mains pour que l'on ne voit pas le mouvement du pouce; ce sont les doigts gauches
qui doivent former masque un très court instant; d'ailleurs, ces mouvements doivent être rapides et
on y arrive vite avec un peu d'exercice. Il en est qui enlèvent un tiers ou un quart de l'all. tenue en
main droite de façon à avoir sur l'index la surface irrégulière de la cassure, ce qui assure une
adhérence beaucoup plus grande. Il est de fait que ce procédé rend le truc plus facile et plus sûr mais
peut être un peu moins élégant.

LES TROIS TÊTES D'ALLUMETTES

Efet.- Vous cassez trois all. pour n'en conserver que les têtes avec un demi-centimètres environ de
tige; vous les mettez sur la table et vous montrez vos mains vides les doigts écartés. Vous prenez la
première tête avec la main droite et vous la mettez dans la main gauche; puis vous y placez la
deuxième tête de la même façon; quant à la troisième, vous la jetez sous la table.
Pourtant, ouvrant la main gauche, vous y montrez les trois têtes, et non pas deux, comme on s'y
attendait.
Vous pouvez recommencer une ou plusieurs fois si on vous le demande.

Explication. - Une quatrième tête a été secrètement pincée transversalement sous l'ongle du médius
droit, de telle sorte qu'en étalant la main et en l'étendant fortement, les spectateurs ne voient pas la
tête en question.
La première tête, prise sur la table entre l'index et le pouce droits (tandis que le médius se replie pour
cacher son extrémité dans le creux de la main) est déposée dans la main gauche. La deuxième tête,
prose de la même façon que la première, est déposée aussi dans la main gauche; mais, à ce moment,
le médius caché par les doigts gauches y laissent la tête qui était coincée dans son ongle; c'est ainsi
que se trouvent les trois têtes dans la main gauche.
La dernière tête prise sur la table, est efectivement jetée dessous, ou remise sous l'ongle du médius,
suivant qu'on désire ou non recommencer.

L'expérience peut être faite aussi avec la quatrième tête fixée sur l'ongle à l'aide d'un peu de cire; il
n'y aurait pas la nécessité de posséder ce petit accessoire, que le préfèrerais cette variante qui
permet de mieux dissimuler la tête supplémentaire.

22
HUIT FAÇONS ORIGINALES D'ENFLAMMER UNE ALLUMETTE.

1. - Vous jetez une boîte d'all. en l'air et, pendant qu'elle retombe, vous lui présentez une all. qui
s'enflamme à son contact.
Ce truc nécessite une boîte d'all. lestée de plomb et extérieurement badigeonnée sur toutes ses
faces avec le liquide employé pour remettre en état les pyrogènes (1).
Il n'est donc guère possible dans un salon où le truquage de la boîte se verrait. Malgré ce subterfuge,
c'est d'ailleurs assez difficile à réaliser à coup sûr. Toutefois, je l'ai vu exécuter sans ratés par mon
ami le maître magicien Henri Maurier : mais il faut ajouter que ce dernier successeur de Robert-
Houdin dans son théâtre est aussi bon jongleur que prestidigitateur.
II. - Tenez une boîte d'all. suédoises de champ entre le médius et le pouce, ce dernier serrant entre lui
et l'index une all. dont vous appuyez la tête juste au-dessus du frottoir; faites basculer la boîte en la
jetant en l'air : l'all. s'enflammera et vous recueillerez la boîte avec la main gauche.

III. - Couchez une all. sur le côté frottoir de la boîte en en laissant dépasser la moitié, non phosphorée;
maintenez-la ainsi avec le pouce, posé sur le bout phosphoré, les autres doigts de la main tenant la
boîte. Demandez à un spectateur de tirer sur le bout de l'all. qui dépasse ; elle s'enflammera sans
danger pour votre pouce.

IV. - L'all. est tenue entre le pouce et le médius; l'index (légèrement mouillé de salive) est fortement
appuyé sur l'extrémité non phosphorée; vous passez la tête de l'all. sur le frottoir : elle s'enflamme et,
retournant la main en écartant le pouce et le médius, vous la présentez debout sur votre index.

V. - Calez, avec un mouchoir dans votre poche de pantalon, une boîte de suédoises. Passez une all.
sur le frottoir (placé en haut) : elle s'y enflammera. Si vous opérez rapidement, en la protégeant avec
la main, vous pourrez sortir de votre poche l'all. toujours enflammée et sans
dommage pour l'étofe de votre vêtement.
Ces quatre derniers petits trucs ont paru avec détail et dessins explicatifs dans
le "Journal de la Prestidigitation", n° 50, page 21 et n°61, page 91. Mes
lecteurs n'ont qu'à s'y reporter.

VI. - Au lieu de passer la tête d'une all. sur le frottoir, vous la frottez sur
l'étiquette ou sur la face opposée : elle s'enflamme tout de même. Il suffit de
repérer les points où le badigeonnage de substance pyrogène dépasse en
bavures sur ces faces et d'y frotter l'all. Notez que ces bavures ne se trouvent
pas sur toutes les boîtes.

VII. - On peut enflammer une all. suédoise en la frottant d'un coup vif sur une glace ou un vitre;
seulement, cela peut laisser une rayure sur le verre.

VIII. - On peut tirer une all. enflammée de sa poche du dessous de son gilet, du bas du pantalon, du
revers de l'habit ou du veston, à l'aide d'un petit appareil formé de deux plaques de bois, réunies par
une charnière de toile et maintenues serrées avec un élastique (fig. 40). Les plaques sont munies, sur
leurs faces qui se regardent, de toile émeri (ou de papier de verre), ou de substance à pyrogène
suivant que vous employez des all. ordinaires ou des suédoises. Vous fixez l'appareil, muni d'un bout
de ficelle, à la doublure de la poche ou du vêtement avec une épingle anglaise.
On trouve, chez les marchands d'objets de prestidigitation, un appareil du même genre, mais en
métal, muni d'une épingle pour le fixer et formant ressort entre les mâchoires duquel on insinue 1 ou
2 all.

Avec l'un ou l'autre de ces appareils, il suffit de tirer sur l'all. pour qu'elle s'enflamme.
Quand vous mettez plusieurs all. dans ces appareils de métal, pour les tirer successivement, ne les
mettez pas au même niveau pour que la première tirée n'enflamme pas l'autre ; c'est la première à
utiliser qui doit être la moins enfoncée.
Je signale, plutôt à titre documentaire, qu'il existe des boîtes construites de telle façon qu'elles
présentent leurs all. une à une et enflammée; mais elles n'ont de magiques que le nom (boîte magic).

(1) On trouve la poudre nécessaire à sa préparation dans les maisons d'appareils de magie; il suffit d'en faire une crème ave de l'eau gommée
et de l'étendre au pinceau, puis de la laisser sécher.

LLUMETTE QUI S'ENFLAMME ENTRE LES DOIGTS

Efet. - Vous prenez une all. dans sa boîte que vous mettez de côté; vous la montrez et, entre vos
doigts, elle prend feu.

Explication. - Il y a deux façons d'opérer, mais le principe est le même. Sur une feuille de papier,
étendez une couche de liquide pyrogène que j'ai mentionné plus haut, et laissez sécher. Découpez
dans ce papier des rectangles de 2 centimètres de largeur et de 3 centimètres de longueur; roulez-les
autour d'une tige (aiguille à tricoter par exemple) un tout petit peu plus large qu'une tête d'all. et de
façon à ce que la face pyrogénée soit à l'intérieur, et fixez ce rouleau avec de la colle. Vous aurez
ainsi un petit tube dans lequel vous passerez votre all. et vous remettrez le tout dans sa boîte.
Pour l'expérience, vous saisissez l'all. et son tube dans la main droite, les doigts dissimulant le tube;
vous montrez la main gauche vide; puis, passant l'all. et son tube à la main gauche, vous montrez la
main droite vide aussi. Cette dernière revient alors prendre l'all. par son bout non phosphoré et tire
vivement, tandis que les doigts gauches serrent le tube; la tête traversant le tube s'enflamme comme
sur un frottoir.
La seconde façon d'opérer est plus élégante, car on fait l'allumage d'une seule main, mais elle est un
peu plus compliquée à préparer.
Cette préparation du tube est, en efet, légèrement diférente ; il faut le rendre un peu rigide et en
aplatir, ou plutôt en ovaliser, une moitié; pour cela, enduisez-le extérieurement de colle qui, en
séchant, maintiendra ce léger aplatissement et saupoudrez de sable l'autre moitié. De cette façon, le
tube ne glissera pas entre les doigts et la tête de l'all. sera forcée de frotter dans la partie ovalisée
sans qu'il y ait besoin de pression extérieure.
Enfin, enduisez extérieurement l'extrémité de la partie du tube avec le liquide à pyrogène pour lui
donner l'aspect d'une tête d'all. car c'est le tube que verra le public en dehors de vos doigts et non
l'all. (c'est là le point faible du tour, qui le rend presque impraticable au salon et en fait surtout un
truc de scène).
L'all. est introduite dans ce tube jusqu'à la partie ovalisée (fig. 41, où la longueur du tube vu en coupe
a été exagérée par rapport à celui de l'all.) et vous la fixez ainsi avec une minuscule boulette de cire
mis à l'entrée du tube; elle est alors prête à servir et vous la remettez dans sa boîte avec les autres.
Quand vous la sortez, vous la placez entre les deux dernières phalanges de l'index et du médius, au
niveau de la partie du tube où vous avez collé le sable. Avec le pouce, vous n'avez qu'à pousser l'all.
à travers le tube pour qu'elle sorte enflammée (1).
On a conseillé, pour pouvoir montrer l'all. de près, de lui mettre une tête postiche (voir tour n° 16) à
l'extrémité opposée au tube (ou, plus simplement, de tremper cette extrémité dans le liquide à
pyrogène) et, ensuite, de retourner tout le système pour exécuter l'expérience.
Quelle que soit la façon d'opérer, il est préférable pour éviter les ratés, de se servir de chaque tube
seulement une fois, deux au maximum.
L'all. ainsi enflammée d'une seule main sert aussi pour remplacer la boîte truquée dans le tour n°
22(1) : il est évident que, montrée de cette façon, elle n'a pas besoin de toucher la boîte jetée en l'air
pour s'enflammer, et que cette boîte ne doit plus être préparée.

(1) Il existe chez les marchands de truc de prestidigitation, de petits appareils métalliques destinés à remplir le même office que les tubes de
papier à pyrogène et qui peuvent resservir longtemps.

24
LA STABILITÉ ASSURÉE

A côté d'un morceau de bois quelconque (fond de tiroir de boîte d'all. par exemple), placez un verre
sans pied, sur lequel vous appuyez, en position oblique, une all. soufrée dont le tête repose sur le
morceau de bois. Pariez que vous enlèverez le verre sans que tombe, sans que bouge même,
l'allumette.
Pour réussir, mettez le feu à la tête d'all. et laissez-la brûler quelques secondes; puis, éteignez-la en
soufflant légèrement, mais d'une façon continue et dans le plan vertical qui passe par l'all. de façon à
ce qu'elle ne tombe pas de ce fait. Le soufre doit se liquéfier sans brûler complètement et il colle au
morceau de bois de l'all. dans position où elle se trouvait. Attendez quelques instants pour que le
soufre soit solidifiée et vous pourrez retirer le verre avec, toutefois, quelques précautions.
On a proposé pour réaliser le même efet, d'employer une all. dans laquelle on a planté un morceau
d'aiguille; en ce cas, c'est la tête que vous mettez en haut et vous n'avez rien à allumer; seulement, il
faut faire, avant ou après, le change de cette all. contre une ordinaire, pour pouvoir la faire visiter; je
préfère l'autre procédé.

25
L'ALLUMETTE ET LES DEUX VERRES

¨Placez une all. entre deux verres (fig. 42) et pariez que vous enlèverez un des deux verres, sans que
tombe l'all.
La solution repose sur le même principe que le problème précédent : mettez
le feu à la tête de cette all. et éteignez-la au bout de quelques secondes, en
soufflant dessus : le soufre fera adhérer la tête de l'all. au verre sur lequel
elle s'appuyait, et vous pouvez enlever l'autre verre sans que l'all. soit
déplacée.
26
LAQUELLE DES DEUX S'ENFLAMMERA LA PREMIER

Coincez deux all. A et B entre le tiroir et l'étui comme l'indique la figure 43. Entre les
têtes de ces all. placez-en une troisième (C) qui tiendra facilement, car les deux
premières forment ressort. Mettez le feu au milieu de C après avoir demandé qu'elle
serait, de A ou de B, la première qui s'enflammerait. La plupart du temps, on désigne B
dont la tête avoisine celle de C. En réalité, ni l'une ni l'autre ne s'enflammeront, car, dès
que C aura été consumée sur une certaine longueur, elle perdra de sa rigidité et elle
tombera, ou plus souvent elle sera projetée à une certaine distance par la tension de A
et de B. Il y a même lieu de faire attention, car C ainsi projetée reste enflammée et
pourrait occasionner des dégâts.

27
LES DEUX ALLUMETTES ET LA PIÈCE DE DIX SOUS

Sortez légèrement le tiroir d'une boîte d'all. et fixez-y, en le repoussant (fig. 44) une all. A que vous
aurez taillée en biseau pour pouvoir l'enfoncer dans la rainure du fond du tiroir, afin que celle all.
tienne bien et droit.
Mettez une pièce de dix sous P sur la boîte et posez une autre all. B la tête
sur la tête d'A et l'autre extrémité sur la pièce. Pariez alors que vous
enlèverez cette pièce sans toucher aux deux all. et sans les séparer.
Il vous suffira de mettre le feu au point X. L'all B brûlera depuis X jusqu'à
sa tête qui, alors, s'enflammera et mettre le feu à la tête de A ; mais les
têtes vont se coller et, de plus, B va se soulever plus ou moins haut
(parfois jusqu'à l'horizontale) et laissera prendre la pièce sans difficulté.
Comme l'expérience ne réussit pas avec tous les genres d'all., il est bon
avant de la présenter, de l'essayer avec des all. de la boîte qui doit servir.

28
L'ALLUMETTE QUI S'ÉTEINT MYSTÉRIEUSEMENT

Efet. - Allumez une suédoise tenue en main droite, et voici qu'elle s'éteint quand vous soufflez dans
la manche gauche, ou si vous la mettez au-dessus de la tête, quand vous soufflez dans une glace,
comme si celle-ci renvoyait le souffle extincteur.

Explication. - C'est une secousse minime, mais sèche, imprimée par un ongle, qui éteint l'all. et non le
souffle. Vous pouvez la tenir de la même façon que l'all. électrique (voir n° 13, fig. 39), et, alors, c'est
l'ongle du médius qui agit, ou entre l'index et le médius, et alors c'est l'ongle du pouce qui est utilisé.
Ayez soin que la flamme soit en haut et n'attendez pas que l'all. ait brûlé plus de trois ou quatre
secondes.
Je me suis souvent amusé à utiliser ce truc pour taquiner un fumeur en lui présentant 6 ou 7 all. qui,
toutes, s'éteignent dès qu'il veut commencer à allumer sa cigarette. "Monsieur, lui dis-je, ne croyez
pas à une plaisanterie ou à un geste malencontreux de ma part, vous devez émettre un fluide
extincteur dont je ne suis pas responsable. La preuve, c'est que mon voisin va essayer, et je suis
persuadé que le même phénomène va se produire." Vous passez votre boîte et une all. à une
personne qui craque l'all. : elle s'allume, pétille, et s'éteint immédiatement . Une deuxième et une
troisième en font autant.
Ici, intervient un autre principe que tout à l'heure : les all. que vous donnez à allumer ont subi la
petite préparation chimique suivante : juste sous la tête de l'all. empiétant même un peu dessous,
vous badigeonnez le bois sur un centimètre environ de hauteur avec une solution de silicate de soude
et vous laissez sécher.

29
DISPARITION D'UNE ALLUMETTE ENFLAMMÉE

Deux procédés : Le premier consiste en un petit tube de métal de 12 à 15 millimètres de longueur


fendu sur la moitié de cette longueur pour faire ressort, et d'un diamètre tel qu'une allumette y entre
en forçant. A l'extrémité fermée de ce tube est fixé un élastique noir, fin, de 40 centimètres de
longueur, dont l'autre bout est attaché par une épingle anglaise, au gilet, au niveau de l'aisselle
droite. Cet appareil étant saisi secrètement entre le pouce et le médius, on y introduit l'all.
enflammée qui était tenue en main gauche (ou, de préférence, avant qu'elle ne soit enflammée).
Votre côté droit étant du côté du public, vous étendez le bras et vous ouvrez les doigts comme si vous
jetiez l'all. en l'air : elle disparaît. Rien à craindre de la partie enflammée, elle s'éteint
instantanément. On peut aussi fixer le tirage dans la manche et n'avoir que 25 centimètres de
longueur de caoutchouc.
Le deuxième procédé est plus simple : Il consiste à avoir sur l'ongle du médius droit un peu de cire de
prestidigitateur (1). L'all. est saisie entre le pouce et l'extrémité du médius à la partie voisine de
l'ongle ; ployant la dernière phalange de ce dernier, vous amenez l'ongle contre le bas de l'all. qui s'y
colle. En ouvrant la main, l'all. est entraînée derrière le doigt où elle devient invisible (elle se trouve
alors, en somme, dans la position de départ de la chasse aux all., n° 9). Comme dans le procédé
précédent, l'all. s'éteint d'elle-même dans le mouvement de la main et ne peut être dangereuse.

(1) La meilleure est peut-être celle que vous pouvez trouver chez un pharmacien sous le nom d'emplâtre simple du Codex.

30
LE VOLCAN HUMAIN

Efet. - Vous enflammez une suédoise, la passez sous votre menton, puis vous ouvrez la bouche et il
en sort de la fumée.

Explication. - Vous enflammez l'all. en tenant la boîte à environ 20 centimètres en avant et à la


hauteur de votre cravate, et, en frottant cette all. dans la direction de votre figure (ceci est très
important). Tandis qu'elle commence à brûler, vous la maintenez à une quinzaine de centimètres sous
vos narines; pendant ce temps, sans le laisser voir, vous faites une inspiration par le nez et la bouche
fermée. Cela vous permet d'emmagasiner dans vos bronches une quantité de fumée beaucoup plus
grande qu'on ne pourrait le croire. Puis, vous suspendez votre inspiration; vous promenez l'all.
quelques secondes sous votre menton et vous ouvrez la bouche en faisant une expiration lente. La
fumée emmagasinée ressortira sans que les assistants puisent se rendre compte de la façon dont elle
a été formée, et vous pourrez leur faire croire que c'est la chaleur de l'all. sous le menton qui a
provoqué le phénomène.
Remarquez que l'aspiration de la fumée des suédoise n'est pas dangereuse et ne fait pas tousser.
Ayez soin de faire ce jolie petit tour avant que personne n'ait fumé.

31
LE MANGEUR D'ALLUMETTES

Efet. - Vous prenez successivement 2 ou 3 all. dans une boîte d'allumettes-bougies; vous les mettez
dans votre bouche et vous les croquez. Déclarant que c'est très bon, mais que chaud, c'est encore
meilleur, vous en prenez encore une, vous l'enflammez et vous la mettez dans votre bouche, après
quoi vous recommencez si on le désire, et vous proclamez que c'est délicieux !

Explication. - Les premières all. sont en sucre (on en trouve chez les confiseurs), mais les autres sont
ordinaires. En dépit des apparences, il n'est aucunement dangereux de mettre une allumette-bougie
enflammée dans votre bouche, si vous avez eu soin de bien humidifier le palais et surtout la langue,
en provoquant un afflux de salive; l'all. s'y éteint tout de suite. Il en est qui attende que l'allumette-
bougie ait assez brûlée pour en éliminer la tête et ne mettre dans la bouche que les 2/3 de l'all.; c'est
absolument inutile (1).
Personnellement, quand j'ai fait cette expérience, je déclare que mes spectateurs ont été le jouet
d'une illusion, que je n'ai nullement mis l'all. dans ma bouche et que je la ressors de ma poche de
gilet. En réalité, je casse avec la langue l'all. avalée, dans un des replis gingivaux, et j'exhibe une all.
(déjà brûlée évidemment), mise en réserve dans ma poche. J'ai ainsi l'air d'avoir réalisé habilement
un escamotage difficile.

(1) Néanmoins, pour faire son apprentissage, il est préférable d'opérer de cette façon.

32
L'ALLUMETTE SAUTEUSE

Efet. - Une all. A est placée sur le bord d'une boîte ou sur le pied d'un verre renversé, la partie
soufrée dépassant de 15 à 20 millimètres. Vous approchez de la tête de cette all. une autre allumette
enflammée B, et A prend feu; mais aussitôt, elle est projetée à plusieurs mètres de distance.
Explication. - Vous avez entourez l'all. A, dans le sens de la longueur, avec un bracelet mince de
caoutchouc gris (ce qui est invisible à un mètre). Dès que ce caoutchouc est sectionné par le feu, il
agit comme une fronde et lance au loin l'allumette qu'il enserrait.
Si la projection n'éteint pas l'all. A, celle-ci peut occasionner des dégâts où elle va tomber; il est donc
préférable de mouiller la tête de l'all. A pour qu'elle ne s'enflamme pas (procédé Rénof), soit, tout
simplement, de mettre cette all. dans l'autre sens, c'est à dire l'extrémité non soufré dépassant le
pied du verre. Dans ces cas, c'est le feu de l'all. B qui brûle le bracelet de caoutchouc et l'efet est un
peu plus long à se produire.

Bagues
Avant d'aborder les tours proprement dots de bagues (1), je vais traiter des principaux moyens de les escamoter, les échanger et les faire
réapparaître, en faisant observer que la plupart de ces moyens sont applicables aux pièces et à de petits objets dont le prestidigitateur est
appelé à se servir dans ses expériences. Ces moyens seront décrits ici une fois pour toute, et je renverrai à ce chapitre lors de leurs
applications ultérieures

bon de noter que, dans le bagues, il y a lieu de considérer surtout les alliances dont, la plupart du temps, il est préférable de se servir.
D'abord leur contour régulier, sans aspérités, se prête mieux aux manipulations ; ensuite leur relative uniformité permet de se servir de
duplicata ; enfin elles n'offrent pas de danger l'incidents comme il s'en est déjà produit, et qui peuvent avoir de désagréables conséquences,
je veux parler de la perte de pierres précieuses qui se détachent au cours des manipulations. Je signalerai, le cas échéant, les expériences où
l'on pourra employer de ces bagues avec ornements ou pierreries ; mais généralement c'est d'alliances qu'il s'agira dans ce chapitre.

70
ESCAMOTAGES DE BAGUES

a) D'abord, je rappellerai d'un mot, les escamotages sans appareils, c'est-à-dire par pure adresse : le
tourniquet, la pincette, l'empalmage à l'italienne, à la coulée, ou même dans le creux de la main ; ils
se pratiquent de la même façon que les escamotages de pièces.

Je m'étendrai plus longuement sur les escamotages à l'aide d'accessoires dont, comme je viens de le
dire, la plupart peuvent servir pour de petits objets autres que les bagues.

b) Avec le mouchoir ou foulard dans le coin duquel est cousue une petite poche renfermant une
alliance duplicata.
Vous prenez l'alliance empruntée avec la main droite, entre le pouce et l'index, et vous tenez le
mouchoir par deux coins, l'un avec la main gauche, l'autre - celui où est le duplicata - entre l'index et
le médius droit. Vous portez alors la main droite, par en dessous, dans le milieu du mouchoir ; mais,
comme cette main n'a pas lâché le coin qu'elle tenait, elle le laisse, avec le duplicata, au centre de ce
mouchoir que vous donnez à tenir à un spectateur.
La main droite se retire avec la véritable alliance, que vous produirez ultérieurement, où vous le
désirez ; mais avant cette réapparition, vous avez tiré brusquement le mouchoir de la main du
spectateur, et montré que la bague a disparu. C'est un procédé d'escamotage assez ancien, mais ce
n'est pas le plus mauvais.

c) Vous pouvez employer la boîte d'allumette "sonnante" décrite dans le chapitre I, page 53.

d) Dans l'Illusionniste, n° 110, page 3, on a décrit un procédé qui consiste à piquer une fine épingle
d'acier dans l'épiderme de la paume de la main, sous le pouce de la main droite, au voisinage de la
ligne que les cartomanciennes appellent ligne de vie ; l'épingle formera une espèce d crocher auquel
vous pouvez suspendre la bague empruntée en faisant semblant de la transférer dans l'autre main.
Ce procédé qui serait surtout applicable aux bagues à ornements ou pierreries,
plus difficiles à empalmer que les alliances, ne m'a pas parue réellement
pratique, et je l'ai mentionné surtout à titre documentaire.

e) Vous pouvez encore utiliser l'un des paquets et papiers à escamoter que je
vais passer en revue:
1° Prenez une simple feuille de papier de 10 centimètres sur 10 (fig. 59).
Mettez au centre la bague P ; pliez suivant EF, puis suivant GH ; la bague va se
trouver enfermée comme dans un étui EFGH (fig. 60). Cet étui reposant sur les
doigts gauches étendus, vous en pincez l'extrémité GEA avec le pouce gauche,
et vous faites, avec la main droite, le pli IJ; mais, en même temps, vous relevez
l'étui par la partie tenue dans la main droite, ce qui le rend presque vertical; de
ce fait, la bague tombe dans la partie GKEL, mais ne peut s'échapper, puisque
le pouce gauche ferme l'étui de ce côté. Vous faites alors le dernier pli KL. Dans ces conditions, il
vous suffira d'incliner légèrement le paquet pour que la bague contenue dans GKEL vous glisse dans
la main par l'ouverture GE. Auparavant, vous avez donné le paquet à palper, pour qu'on y constate la
présence de la bague. Pour que le paquet vide ne se déplie pas, posez dessus un verre ou une petite
boîte, à moins que vous ne préféreriez en pincer un des coins dans une grande agrafe-trombone qui
vous permettra de le tenir ultérieurement, pour y mettre le feu et montrer que la bague a disparu. Si,
dans ce dernier cas, vous avez employé du papier-éclair, la combustion en sera instantanée et de
meilleur efet (1);
2° Une bonne variante de ce truc m'a été indique par André Mayette, qui la tenait de Carmelli :
Prenez un papier rectangulaire d'environ 15 cm. sur 11 cm. ABCD (fig. 61). Mettez la bague en P et
pliez suivant EF; observez que AE est d'un centimètre environ plus petit que EB, de telle sorte que BD
va dépasser AC (fig. 62). Pliez alors en arrière suivant JK, puis suivant GH; finalement, repliez toujours
en arrière, la partie xHyK, suivant xy (fig. 63). Votre bague va se trouver enfermé dans une poche
ouverte en xy et elle vous tombera dans la main en inclinant le paquet.

Comme pour le procédé précédent, vous pouvez marquer d'avance les plis, ce qui permet une
manipulation plus rapide;

3° Le cornet fait avec un morceau de journal. Vous détachez un rectangle


de 18 cm. sur 22 cm. environ d'une page de journal que vous roulez en
cornet, dans lequel vous laissez tomber la bague. Vous fermez le cornet et
le déposez sur la table. Quand vous le défaites ensuite, la bague a
disparu. En réalité, ce que vous détachez, c'est une feuille double ABCD et
les deux parties en sont réunis par quatre traits de colle AB, BC, CD et CA.
Vous en faites un cornet dont la pointe devra se trouver en C (fig. 64). Une
fois le cornet fini et fixé en tortillant la pointe C, vous rabattez X sur Y (fig.
65), ce qui ouvre une poche où vous mettez la bague où elle restera
cachée quand vous déferez le cornet.
Vous pouvez improviser un cornet "escamoteur" analogue au précédent,
en faisant un cornet ordinaire avec une feuille préalablement pliée en
deux et de façon que le pli se trouve verticalement à l'intérieur du cornet.
Vous rabattez alors la partie intérieure de la feuille double sur la face opposée du cornet comme pour
le cornet précédent. C'est donc entre les deux parties de la feuille que vous déposez (ou faites
déposer) la bague, et c'est là qu'elle se trouvera cachée lorsque vous déferrez le cornet.
L'inconvénient de cette variante, c'est qu'il faut commencer la confection du cornet en pliant le
papier; cela peut faire naître des soupçons dans l'esprit de certains spectateurs.

4° Le paquet escamoteur (2) Il est du même genre que la


première version du cornet. C'est un rectangle d'environ 22 cm.
de largeur sur 18 de hauteur. Le papier est double et ses deux
parties sont collées par des traits de colle suivant les parties
hachurées de la figure 66. Vous présentez le papier comme s'il
était simple et vous en faites une espèce de sac en pliant d'abord
suivant AB, puis suivant CD et, enfin, suivant EF (fig. 67). En
réalité, vous avez deux poches accolées et c'est dans celle qui a
été ménagée en préparant le sac, que vous faites mettre la
bague ; quand vous dépliez le sac, la bague a disparu.
f) Il existe un petit appareil fort ingénieux pour escamoter un bague ou tout autre petit objet ; c'est
une boîte cylindrique de métal de 35 mm. environ de diamètre sur 50 de hauteur,
comme un petit gobelet; dans son intérieur, se trouve une autre petite boîte
cylindrique (fake), de quelques millimètres moins large et de 23 millimètres de
hauteur, à laquelle est fixée une tige qui dépasse la boîte extérieure (fig. 68) et se
recourbe en crochet pointu fait avec une aiguille qui y est soudée. Le haut de
l'extérieur du gobelet étant peint en noir sur une largeur d'un centimètre, comme le
crochet, celui-ci est invisible, et la boîte intérieure étant entourée de drap, ne se
révèle à aucun moment par du bruit.
Faites visiter le gobelet sans son fake et faites mettre la bague dedans. Reprenez-les
et, sous le prétexte de la faire vérifier, ressortez-la. Pendant qu'on est occupé à
l'identifier, emparez-vous du fake piqué sur le côté droit du pantalon et introduisez-le
dans le gobelet; l'attention étant, à ce moment, attirée sur la bague, vous pouvez très
bien le faire sans qu'on s'en aperçoive. Vous remettez alors vous-même la bague dans
le gobelet (ou plutôt dans le fake), et vous secouez pour qu'on se rende bien compte
qu'elle est dans le gobelet. Vous prenez une carte à jouer et vous en recouvrez le gobelet ; mais dans
le geste de prendre ou de montrer la carte, le bras passe devant le gobelet, et le crochet, se piquant
dans la manche, y accroche le fake. C'est donc un gobelet vide que vous déposez sur la table. Le
point le plus délicat, c'est de cueillir le fake accroché sur la manche pour s'emparer de la bague; le
geste de croiser les bras, tout en parlant, facilite cette reprise.

g) Un bon procédé aussi pour escamoter une bague, c'est le tirage élastique. Un fil de caoutchouc
mince et noir est fixé à l'intérieur de la manche de chemise, un peu au-dessus du coude, par une
épingle anglaise. La longueur doit être calculée pour que le petit mousqueton dont est munie son
extrémité, descende presque au bord de la manche, de telle façon qu'on puisse s'en emparer
facilement.
Le maniement de ce tirage n'a pas besoin d'explication pour les initiés.

h) Pour être complet, je signalerai encore:

1° Le verre escamoteur, qui est percé d'une ouverture rectangulaire étroite dont le
bord inférieur affleure la face supérieure du fond (fig. 69) ; l'objet mis dedans, bague
ou pièce, vous vient ainsi facilement dans la main. Je ne l'aime pas beaucoup parce
qu'on ne peut le donner à visiter. Il peut toutefois sembler non truqué parce qu'il
conserve l'eau qu'on y verse, l'index et le médius s'appliquant serré sur la fente, en
embrassant la base du verre.

2°) La demi-alliance, complétée par un demi-anneau de fil couleur chair; il suffit de


lui faire faire un demi-tour autour du doigt pour qu'elle disparaisse ou réapparaisse.

Je ne parle pas des nombreux appareils et boîtes à escamotage (cabinet japonais, étui magique,
etc...), qui font partie de cette prestidigitation périmée, ne faisant plus illusion, même aux enfants. Ils
sentaient trop le "truc", et ils ont rejoint, dans l'histoire, les cuivreries de nos aïeux; leur description
remplirait inutilement ces pages et leur présence encombrerait notre valise.

(1) Au lieu d'enflammer directement le paquet à la flamme d'une bougie, vous pouvez le déposer sur un petit plateau de métal percé en son
centre de quelques trous. Sous prétexte de faire fondre la bague soi-disant contenue dans le paquet, vous placez le plateau sur une flamme de
la bougie ou d'une allumette : tout de suite une vive lueur s'élève ; il n'y a plus rien dans le plateau. (Procédé indiqué par mon ami l'excellent
illusionniste Abel Blanche).
(2) Ce paquet, comme le cornet précédent, et comme le tirage élastique dont je parlerai plus loin, est destiné surtout à l'escamotage d'une
alliance duplicata, qui ne doit pas réapparaître.

71
ÉCHANGES DE BAGUES

a) Dans un certain nombre de tours, il faut échanger la bague qu'on vous confie, contre une bague
duplicata. Les procédés de pure adresse (pincette, coulée, etc.) qui servent à l'escamotage, peuvent
servir aussi pour l'échange, si la main qui est supposée recevoir la véritable alliance, contient
secrètement le duplicata.
Sans accessoires, on peut faire un échange d'une simplicité enfantine, mais que ne dédaignent pas
les bons illusionnistes: Vous avez l'alliance duplicata enfilée sur le bout du médius replié dans la main
et, par conséquent, cachée sans difficulté; vous tendez l'index pour que le spectateur y enfile sa
bague; en vous retournant vous repliez l'index t vous étendez le médius; le change est fait.

b) La baguette magique est un excellent accessoire pour changer une bague. Vous avez glissé
secrètement, dans la partie de votre baguette que vous tenez en main, la bague duplicata, et vous
tendez cette baguette au spectateur pour qu'il y enfile la bague. En retournant à votre table, vous
changez votre baguette de main; ce geste permet à la fois de cacher la bague empruntée et de
libérer celle qui était invisible.
Ce procédé permet de changer plusieurs bagues à la fois.

c) Un plateau, genre sébille ou un simple bol, permet aussi l'échange. Vous arrivez pour recueillir la
bague du spectateur, avec le bol tenu par le pouce en dedans et les autres doigts dehors; mais, sous
le pouce, vous avez l'alliance duplicata. En reposant le bol sur la table, vous lâchez cette fausse
bague, et elle va rejoindre l'autre dans le fond du bol; c'est le duplicata que vous reprenez ensuite
ostensiblement, comme s'il n'y avait qu'une seule bague dans le bol. Ce procédé ne peut guète être
utilisé que si vous avez un servant qui emporte la vraie bague avec le bol; de plus, il faut se servir
d'une petite alliance et avoir.... un large pouce.

d) Enfin, un petit sac de papier permet un échange facile. Le sac est double; on fait mettre l'alliance
empruntée dans un des compartiments qui, ayant le fond troué, vous laisse cette alliance dans la
main; le duplicata a été mis dans le second compartiment, de telle sorte que lorsque vous retournez
le sac sur une assiette ou un verre, c'est cette alliance qui y tombe. L'utilisation du sac est justifiée,
aux yeux des spectateurs, par le fait que vous ne voulez pas toucher à l'objet pour écarter tout
soupçon (?)"

Je ne cacherai pas que c'est au moyen d'échange sans accessoire que je donne la préférence, mais je
pense qu'il est bon que le prestidigitateur n'ignore pas les autres moyens, d'autant plus qu'il peut en
faire son profit pour autre chose que pour les bagues.

72
RÉAPPARITIONS DE BAGUES

En dehors des réapparitions formant la finale de tours qui vont être décrits plus loin, je signalerai
deux façons de produire une bague empruntée et
escamotée.
La première - dans un fruit ou un petit pain - est très connue
; elle se fait à l'aide du couteau spécial appelé couteau au
billet. A un couteau ordinaire, mais de lame large, vous avez
fait souder une espèce de petite chambre de métal (fig. 70);
dans laquelle coulisse un poussoir (1). Le couteau doit se
trouver sur votre table, derrière un objet qui le cache
suffisamment, ou mieux, dans une boîte où il est facile de le charger de la bague avant de le saisir. La
façon de s'en servir est trop simple pour que j'insiste; mais j'ajouter que la bague doit être une
alliance, et très petite.
On peut introduire une bague escamotée dans un fruit ou un petit pain sans couteau spécial ; mais,
en ce cas, le fruit ou le petit pain doit être préparé d'avance et avoir une ouverture par laquelle vous
introduisez la bague dans son intérieur. Cela vous empêche de le donner à visiter; néanmoins nous
retrouverons cette façon d'opérer dans le chapitre des montres, avec la classique expérience de la
montre au petit pain.

La seconde façon est beaucoup moins pratiquée; elle est pourtant brillante. C'est la réapparition à la
baguette. Vous donnez un coup de baguette en l'air, et il semble
que la bague (ou les bagues, car on peut l'utiliser pour plusieurs
successivement) est venu s'enfiler dessus. En réalité, la bague
était enfilée dans la baguette et cachée dans la main qui tenait
celle-ci; vous la libérez en donnant le coup en l'air. Elle ne peut
s'échapper de la baguette, parce que celle-ci porte, aux environs
de son extrémité libre, une épingle noire fichée obliquement (fig
71). C'est, du moins, le procédé qui a été préconisé. Personnellement, je me sers d'un fil fixé à l'union
de la virole et du corps de la baguette, fil que retiennent les derniers doigts de la main droite tenant
cette baguette. L'avantage de ce procédé, c'est que la bague ne peut sûrement pas s'échapper de la
baguette, et que pourtant, on l'enlève sans difficulté, quand on va la rendre (il suffit, en efet, que les
doigts droits lâchent le fil); de plus, on peut, à la fin du tour, casser ce fil et donner la baguette à
visiter.

(1) Il existe un bon perfectionnement, c'est de prolonger le poussoir par une tige allant jusqu'au milieu de la manche, de telle sorte qu'on le
commande sans avancer le pouce sur la lame; mais la construction de l'appareil est ainsi beaucoup plus compliquée.

73
LA BAGUE QUI RESTE SUSPENDUE AU FIL BRÛLÉ

C'est une application du principe de physique bien connu. Trempez un très gros fil de coton (ou une
fine ficelle) dans une solution saturée de sel de cuisine et laissez-le sécher.
Quand il est bien sec, attachez-en une extrémité à un objet fixe (cou par exemple, ou mieux, une
petite potence) et nouez l'autre extrémité à une bague.
Si vous mettez le feu au fil, il se consumera; mais le chlorure de sodium qui l'imprégnait, va en rester
comme le squelette et constituer un élément de suspension assez résistant pour soutenir la bague (si
celle-ci n'est pas trop lourde).
Pour transformer cette expérience de physique en tour, il vous suffit de préparer votre fil en
imprégnant de sel seulement la moitié de sa longueur. Devant les spectateurs, vous pliez ce fil en
feux et vous sectionnez au niveau du pli. "Monsieur, dites-vous à un spectateur, désignez l'un de ces
bouts de fil", et par cette phrase vous réalisez un choix forcé. En efet, si on vous désigne le bout non
imprégné de sel, c'est celui-la que vous donnez au spectateur; s'il vous désigne l'autre, vous dite :
"C'est donc celui-ci que vous me laissez". Quoi qu'il en soit, vous lui faites attacher son morceau de fil
au clou et la bague au fil, puis vous y faites mettre le feu : la bague tombe à terre.
Prenant alors l'autre bout qui est imprégné de sel, vous faites la même chose que le spectateur; mais
vous y ajoutez quelques passes magnétiques ou quelques paroles cabalistiques, et la bague reste
suspendu au clou de la potence.

76
LA BAGUE OBÉISSANTE ET SAVANTE

Efet. - Vous donnez votre baguette à examiner, puis vous empruntez une bague (alliance de
préférence) et vous priez son possesseur de l'enfiler lui-même sur votre baguette. Vous tenez votre
bâton magique, et la bague se place évidemment à sa base contre votre main; mais, sous l'influence
de vos passes elle s'élève, descend, remonte et obéit à tous vos ordres. Puis, elle répond par ses
mouvements aux questions posées, devine des chifres, des cartes, etc...

Explication. - Vous employez une baguette ordinaire à bout nickelés; mais vous avez sous votre gilet
un étui également nickelé, fermé à une extrémité et semblable à ces bouts; seulement, il doit être
légèrement plus large qu'eux, pour pouvoir être placé dessus. A son ouverture, est fixé un fil de soie,
noir et mince, de 50 cm. de longueur qui va s'attacher à un bouton de votre gilet.
Pendant qu'on visite votre baguette, vous vous emparez de cet étui et vous l'enfilez inostensiblement
sur un des bouts, quand on vous a rendu votre "talisman". Avec un changement de mains et un
retournement de la baguette qui amène l'étui en haut, tendez le fil le long de la baguette; il devient
invisible; c'est alors que vous priez le spectateur d'enfiler sa bague sur la baguette.
Tenant droite la baguette par l'extrémité où n'est pas l'étui, il vous suffira de l'éloigner ou de la
rapprocher de votre corps pour tendre ou détendre le fil, et, par suite, pour faire monter ou descendre
la bague le long de votre bâton magique. Nous verrons, au cours de certains des chapitres suivants,
les divinations qui peuvent être ainsi réalisées.

Pour terminer, vous approchant du spectateur qui vous a prêté la bague, vous lui demandez de
tendre la main et vous y laissez tomber l'anneau en renversant la baguette. Enfin, vous saisissez
cette baguette par l'extrémité où se trouve l'étui tendez pour la faire visiter; elle paraît - et elle est -
ordinaire, puisque vous gardez dans votre main l'étui et y reste caché.

On peut, si l'on ne possède pas de baguette à bouts nickelés, fixés le fil à la baguette à l'aide d'un
bout d'aiguille de 15 mm. fiché dans un trou pratiqué au centre d'une des extrémités; mais, dans ce
cas, on ne peut faire visiter la baguette au début, et l'efet général en est diminué.

77
BAGUE ET BOULE
Voici une expérience déjà ancienne et qu'on ne voit plus guère exécuter; elle fait pourtant beaucoup
d'effet et ne mérite pas de tomber dans l'oubli; il suffit de la rajeunir quelque peu.

Efet et marche du tour. - Vous empruntez une alliance et la mettez dans une soucoupe qui se trouve
sur votre table.
Saisissant une feuille de papier, vous en faites un petit sac et vous y "versez" l'alliance, puis vous
déposez le sac sur un endroit bien en vue (chaise et guéridon), après y avoir fait constater une
dernière fois la présence de la bague.
Donnez alors à visiter une boule perforée à un spectateur à votre gauche, et une tige de métal ou de
bois (à la rigueur, un simple crayon mince et long) à un autre spectateur à votre droite.
Prenant un foulard sur votre table, vous revenez prendre la boule au spectateur qui l'a visitée (et
même identifié d'un coup de crayon, s'il le désire); vous la présentez à l'autre spectateur en lui
demandant d'enfiler la tige dedans; puis, vous le priez de tenir cette tige horizontalement par les
extrémités.
Vous jetez alors sur la tige et la boule le foulard (autant que possible pas en soie, pour qu'il ne glisse
pas).
Vous allez ensuite chercher sur votre table un verre que vous montrez vide et vous l'obturez avec un
rond de papier fixé par un bracelet de caoutchouc; puis, vous le replacez où vous l'aviez pris.
A ce moment, vous faites remarquer qu'il y a une bague dans le sac de papier, que la boule est
enfilée sur la tige, d'où elle ne peut sortir et, qu'enfin, il y a un verre vide et obturé de telle façon qu'il
est impossible d'y rien faire entrer.
Coup de pistolet ou incantation magique !!!
vous ouvrez le sac de papier : la bague en est disparue ; vous faites quelques frictions sur le foulard
et vous le retirez : la boule a disparu aussi, mais c'est la bague qui est enfilée à sa place sur la tige.
Enfin, vous découvrez le verre : la boule est dedans, et, après avoir enlevé le papier qui l'obturait,
vous la donnez à visiter à la personne qui l'a identifiée.

Préparation. - Les objets nécessaires sont:

1° Deux boules, d'aspect extérieur identique, percées d'un trou qui


peut laisser passer la tige ou le crayon; l'une d'elles est truquée de
la façon suivante : elle s'ouvre en deux à l'aide d'une minuscule
charnière, et une de ces parties porte une cavité en forme de
rainure qui doit recevoir la bague (fig. 76). Quand, masqué par un
des foulards qui vont servir à l'expérience, vous avez glissé la
bague dans la rainure, vous refermez la boule.
Pour que ces mouvements puissent se faire vite et facilement (1) je
conseille de mettre la demi-boule qui porte la rainure sur un
morceau de molleton, ou, encore mieux, dans une espèce de godet
épousant sa forme (fig. 76) (en plâtre, en mie de pain, ou en bois tourné garni de drap). De cette
façon, la boule est suffisamment fixée pour que vous puissiez facilement glisser la bague dans la
rainure et refermer la boule en une demi-seconde;

2° Un papier préparé suivant le modèle décrit au n° 70 (4°)

3° Une alliance duplicata.

4° Un verre sans fond avec une rondelle de papier pouvant obturer son orifice normal et un anneau
de caoutchouc pour la maintenir;

5° Deux foulards ou mouchoirs, le premier de préférence non en soie, comme il a été indiqué plus
haut; il sera déplié et mis "en tas" de telle façon qu'il cache la boule truquée, et un de ses coins sera
placé pour pouvoir être saisi en même temps que cette dernière; le second sera mis en boudin et
placé devant le verre sans fond pour en masquer une hauteur de 5 cm. environ.

Exécution. - Au début, échange à la pincette de l'alliance empruntée, avec le duplicata que vous aviez
en main gauche et que vous mettez dans la soucoupe. C'est donc la bague duplicata que vous mettez
dans la pochette secrète du sac et qui ne reparaîtra plus.
Pendant que vous prenez le papier pour faire le sac, vous mettez la vraie bague dans la boule et vous
la refermez.
En prenant le premier foulard, vous saisissez de la même main la boule truquée que cache le foulard.
Quand vous avez repris de la main droite la boule visitée par le spectateur, vous faites l'échange avec
l'autre boule; pour cela, vous faites semblant de la passer à la main gauche; en réalité, vous
l'empalmez et remettant paume en haut la main gauche et en l'ouvrant, vous montrez la boule
truquée; c'est elle que vous enfilez sur la tige. Ayez soin de repérer - par la vue ou le toucher - la
charnière, pour la placer en bas quand la boule est enfilée; d'abord cela la cachera aux yeux de celui
qui tient la tige; de plus, vous saurez ainsi dans quel sens exact vous devrez écarter les deux demi-
boules, et l'ouverture de l'appareil sous le foulard vous en sera facilitée. Ces boules sont
généralement non pas à surface unie, mais vermiculée, c'est à dire couvertes de moulures parallèles,
ce qui dissimule parfaitement, dans un des sillons, la ligne de sectionnement de la boule. Puis, vous
recouvrez le tout du foulard que vous avez mis sous votre bras gauche pendant l'échange.
En prenant le verre sans fond, vous déposez à côté la boule empalmée, et quand vous le remettez sur
votre table, après sont obturation avec la rondelle de papier, vous en coifez la boule. Ayez soin, en
recouvrant le verre avec le deuxième foulard, de ne pas soulever celui-ci entièrement, puisqu'il cache
la partie inférieure du verre où se trouve la boule.
Le reste de ce tour n'a plus guère besoin d'explications : à travers le foulard vous écartez les deux
demi-boules qui restent dedans quand vous l'enlevez.
Retirant le deuxième foulard, vous laissez voir la boule dans le verre; puis, l'inclinant, vous passez le
petit doigt dessous, pour que la boule reste dans son intérieur quand vous levez le verre de la table.
Ayant retiré l'anneau de caoutchouc et le papier, vous "versez" la boule dans votre main libre et vous
la donner à vérifier.
Pour terminer, faites un escamotage de la boule par un des nombreux moyens de pure adresse, par
exemple par la fausse prise sur le poing fermé.

(1) Les difficultés n'existent pas si vous disposez d'un servant qui fait pour vous toutes ces manœuvres pendant que vous opérez ; dans ces
conditions vous pouvez même faire le tour avec trois bagues ; seulement il faut une boule truquée en conséquence, c'est à dire avec trois
rainures.
D'autre part, si vous employez comme les prestidigitateurs de café, en général, un étalage de caisses avec rideaux, qui vous ménage derrière
lui un espace où vous pouvez manier des objets à l'abri des regards, les difficultés sont également réduites au minimum; il en est de même si
vous opérez sur une estrade qui ne laisse pas voir le dessus de votre table ; mais dans un salon, et surtout pour un amateur, il faut compter
que l'on n'est pas en surélévation et que l'étalage en question n'est guère permis.
D'une façon générale, dans mes descriptions, je supposerai que vous vous trouvez dans les conditions les plus difficiles, c'est à dire, par
d'estrade, et pas d'espace dérobé à la vue des spectateurs.

78
LA BAGUE VOLANTE
(Quatre procédés)

Efet et marche du tour. - Vous empruntez une alliance, vous la placez sous un mouchoir et vous la
donner à tenir à un spectateur qui la pince entre le pouce et l'index gauches à travers le tissu. A ce
même spectateur placé à votre gauche, vous donnez un verre qu'il tient en main droite sous le
mouchoir et au-dessus de la bague.
Vous prenez votre baguette magique et la gardant par son milieu dans votre main droite, vous la
donnez à tenir par ses extrémités à un autre spectateur placé à votre droite.
"Monsieur, dites-vous au premier spectateur, vous allez compter jusqu'à trois. A "trois", vous ouvrirez
la main gauche pour que la bague tombe dans le verre. Ne confondez surtout pas et n'ouvrez pas la
main droite, car le verre tomberait par terre et mon expérience ne pourrait réussir. Attention !
compter. Monsieur : Un..., deux..., trois !!! Vous avez tous entendu la bague tomber dans le verre !
Maintenant, à mon tour de compter : un..., deux ! (A ce moment, vous avez pincé le mouchoir par son
milieu, juste au-dessus du verre et vous l'enlevez d'un geste brusque). Plus rien dans le verre ! ....
Trois ! voici la bague enfilée sur la baguette. Je n'y touche pas ; veuillez, Monsieur, la rendre vous-
même à son propriétaire ".

Explication. - Une alliance duplicata attachée à un fil d'une dizaine de centimètres de longueur, fixé
au milieu du mouchoir, c'est là toute la préparation du tour. Ce mouchoir est placé sur votre table ou
dans votre poche, de telle façon qu'en tirant sur deux coins (non opposés, qui doivent être de prise
facile), il s'étale, de votre côté, la bague duplicata pendue au fil. Vous placez dans les doigts gauches,
avec le coin qu'ils tenaient, celui qui était dans la main droite, et après avoir bien montré la bague
empruntée, vous faites le geste de la mettre dans le centre du mouchoir; en réalité, vous saisissez au
passage l'alliance duplicata, et c'est celle-là que vous mettez au milieu du mouchoir pour la donner à
tenir au spectateur.
La main droite se retire avec la bague empruntée qu'elle garde dans la paume, en la maintenant par
les deux derniers doigts.
Tout en priant le deuxième spectateur de venir tenir les extrémité de votre baguette, vous l'enfilez
dans la bague que vous amenez jusqu'au milieu de votre bâton magique; c'est facile à faire sans
qu'on s'en aperçoive.
La marche du tour, indiquée plus haut, dispense d'autres explications.
Ce tour, si simple et déjà ancien, produit toujours un excellent efet. Il a été l'un des premiers de mon
répertoire, et il y est resté, soit sous cette forme, soit sous celles que je vais décrire maintenant.

Dans la première variante, il ne faut pas que l'alliance duplicata soit attachée par un fil au mouchoir
et le tour ne nécessitant aucune préparation, peut être improvisé; mais l'efet de la bague tombant
dans le verre est supprimé.
Après avoir emprunté l'alliance, vous faites un change, à la pincette par exemple, et ayant mis
l'alliance duplicata dans une soucoupe, vous enfilez secrètement l'alliance empruntée sur votre
baguette, sur une règle ou même sur une canne (veillez à ce que celle-ci ne soit pas trop grosse).
Ayant amené la bague au milieu de l'objet dont vous faites tenir les extrémités, vous jetez dessus un
mouchoir quelconque, pour qu'on ne la voie pas.
Reprenant la bague duplicata de la main droite, vous faites semblant de la mettre dans la main
gauche et, vous approchant de ce que tient le spectateur, vous faites le simulacre d'y projeter le
contenu de votre main qui, en réalité, est vide/ Et, pendant ce temps, la main droite dépose son
alliance duplicata dans la pochette.
Enlevez le mouchoir, la bague enfilée apparaît.

On a proposé de placer l'alliance empruntée dans le verre portant une ouverture à sa base (décrit au
chapitre 70, h).Cela dispense d'une alliance duplicata.

Dans la seconde variante, point n'est besoin d'une alliance duplicata et l'on ne se sert même plus de
mouchoir; mais cette présentation demande un certain exercice pour être bien exécutée ; c'est la
façon d'opérer de Ghili-Ghili, de Ghali-Ghali, de Saadi-Foaddy, etc...
L'alliance est recueillie sur la main droite bien ouverte, paume en haut; elle est amenée par de petites
secousses (ou même placée par les doigts gauches) à l'endroit indiqué par la figure 77, de telle façon
qu'en fermant légèrement la main, la bague se trouve empalmée?
C'est alors que retournant la main droite sur la main gauche, on fait
semblant d'y déposer la bague. Celle-ci reste donc dans la main droite,
tandis que se referme la main gauche.
Votre main droite s'empare, par le bout de ses doigts, d'un crayon au
voisinage d'une de ses extrémités, et en le faisant basculer, vous amenez
cette extrémité dans l'alliance. Il ne reste plus qu'à la faire progresser
vers le milieu du crayon par de petits mouvements des doigts,
particulièrement du pouce et de l'index. Remarquez que tout ceci doit
être fait avec la seule main droite, et que ces mouvements des doigts
sont confondus avec ceux de cette main qui gesticule, et frappe sur la
main gauche fermée, avec l'autre extrémité du crayon, pendant que vous
prononcez les paroles magiques nécessaire (?) à la production du
phénomène.
Le crayon ayant été donné à tenir par ses extrémités, alors que le centre
est toujours en main droite, la main gauche s'en approche, passe sous la
main droite, fait comme si elle enfonçait son contenu dans le crayon, et
après avoir frottée l'une contre l'autre les deux paumes de main, vous les
écartez; la bague apparaît enfilée sur le crayon dont le spectateur n'a pas cessé de tenir les
extrémités.

Une troisième variante très originale a été indiquée par mon ami E. Gardet qui l'a publiée dans le N°
87 du "Journal de la Prestidigitation" (sous le pseudonyme de E. Dagret).
L'alliance emprunté est apparemment enveloppée dans un petit carré de papier-éclair; en réalité, on
lui substitue un anneau de ce même papier-éclair, façonné en tortillant un rubant de 15 cm. sur 3,
pour l'amener à la forme d'un brin de grosse laine à tricoter; les extrémités coupées en biseau sont
collées, et cet anneau donne l'illusion d'une alliance quand il est palpé au travers du papier qui
l'enveloppe.
Le feu étant mis au petit paquet formé par la fausse alliance et le morceau de papier, tout disparaît
dans un éclair, et la vraie bague est retrouvée enfilée sur la baguette (ou le crayon), comme dans
l'une des variantes précédentes.

79
LA BAGUE QUI PASSE D'UN PAQUET DANS UN CORNET

Efet. - Vous présentez un carré de papier d'environ 12 cm. de côté et vous en faites, en le pliant, un
petit paquet dans lequel vous enfermez une alliance empruntée. Vous faites constater que la bague
est toujours dans le papier, et, par surcroît de précaution, vous l'entourez d'un anneau de coton; vous
déposez le tout sur le fond d'un verre renversé.
Vous dépliez alors un journal et, avec des ciseaux, vous découpez, dans la première page, une
rectangle d'environ 20 cm. sur 25. Vous le montrez des deux côtés et vous faites voir vos mains
vides; puis, en pliant ce papier, vous en façonnez un petit sac que vous déposez, ouverture en haut,
dans un deuxième verre, après avoir fait palper le bas de ce sac, pour démontrer que rien n'y a été
glissé.
Prenant alors votre baguette magique, vous prononcez une formule cabalistique et vous touchez le
paquet où est la bague ; une flamme jaillit et tout à disparu : bague et papier.
Achevant la formule, vous faite un geste avec la baguette vers le petit sac ; montrant à nouveau vos
deux mains vides, vous prenez ce sac que vous renversez dans le verre : la bague y tombe et est
rendue à la personne qui l'a prêtée.

Explication. - Le paquet est fait de la façon indiquée au n° 70 (e), mais avec du papier-éclair.
Après avoir fait palper la bague à travers la papier, vous la laissez glisser dans votre main droite pour
la maintenir à la racine des médius et annulaire, et vous entourez le paquet avec un anneau de fulmi-
coton. Ceci n'a pas d'autre but que d'empêcher le dépliage spontané du papier, révélant qu'il est
vide; pour la même raison, placez le paquet sur le verre, parties repliées en haut.
Le journal est truqué de la façon suivante : à 5 cm. du haut de la page 2, vous avez collé, sur la
deuxième colonne une petite poche à soufflets qui est juste de la largeur de cette colonne et qui est,
par la suite, invisible même de près (surtout si vous l'avez découpée dans un même numéro de
journal).
Les détails de la construction de cette poche ont été données dans l'article - avec figures - que j'ai
publié dans le n° 61 du Journal de la prestidigitation, page 97, et où j'ai décrit ce tour.
Le journal, saisi par la main gauche, est déployé, première page en avant, et c'est la main droite
(porteuse de la bague), qui prend les ciseaux pour découper un rectangle de 20 cm. de largeur
(couper à peu près entre la 3ème et la 4ème colonne du journal), sur 25 cm. de hauteur.
En reportant les ciseaux sur le guéridon, le pouce se dégage de l'anneau des ciseaux et pousse la
bague vers le bout des doigts, de sorte que lorsque les ciseaux sont reposés sur la table, la bague
est prise comme à la coulée, entre le haut de l'index et de l'annulaire.
La main gauche alors passe le papier à la main droite, ce qui cache l'alliance empalmée et lui permet
de se montrer vide, pendant que la main droite glisse la bague dans la pochette à soufflets. Il y a là
une petite manœuvre avec laquelle vous serez familiarisé après quelques répétitions, mais qui n'ofre
pas de difficultés réelles.
La main droite repasse ensuite le papier à la main gauche et peut aussi se faire voir vide. Puis, le
papier est montré des deux côtés; si la pochette a été faite soigneusement, et si les doigts de la main
gauche s'appliquent à ce moment sur son ouverture, les spectateurs, même les plus proches,
n'aperçoivent rien d'anormal.
Veillez à ce qu'il n'y ait pas de lumière derrière vous, pour que la pochette ne soit pas visible par
transparence durant vos manipulations.
Formez avec ce papier ainsi découpé dans le journal, un petit sac, en repliant le tiers de gauche, puis
celui de droite sur le tiers du milieu et en repliant trois à quatre fois (sur un centimètre environ
chaque fois) la partie inférieure ; vous avez ainsi un sac ouvert seulement en haut. Vous faites
constater par le palper qu'il n'y a rien en bas de ce sac; la bague étant dans la pochette vers le haut,
à l'endroit où vous tenez le papier, est inaccessible au vérificateur; finalement, vous déposez ce petit
sac dans le deuxième verre.
L'embrasement du paquet où la bague est supposée se trouver, se fait par l'attouchement de la
"baguette infernale" que j'ai imaginée et dont vous trouverez la description au chapitre IV (page 152).

80
LA BAGUE, LE FOULARD ET LE VERRE QUI VOYAGENT

Efet. - Vous empruntez un chapeau et vous le déposez sur votre table. Vous empruntez ensuite une
bague (ici, on peut se servir de n'importe laquelle, et il n'est pas nécessaire que ce soit une alliance,
au contraire) et vous la faites déposer dans un verre de petites dimensions (à liqueur ou à madère) et
sans pied; vous faites enfoncer dans ce cerre, au dessus de la bague, une pochette de soie. Vous
annoncez que vous aller faire passer le verre, le foulard et la bague dans le chapeau.
D'abord la bague ! un geste et cela suffit : vous faites constater que la bague n'est plus dans le verre
sous le foulard. Vous recouvrez le verre (ne contenant plus que la pochette) avec votre mouchoir;
vous prononcez quelques paroles magiques, ou tout simplement vous comptez jusqu'à trois, et vous
secouez le mouchoir : le verre a disparu.
Allant chercher le chapeau, avec les mouvements et l'attitude qui montrent bien que vous n'y mettez
rien (c'est à dire, en évitant, par exemple, de cacher le chapeau même un court instant avec votre
corps), vous le rapportez à la personne qui a prêté la bague : elle la retrouvera dans le chapeau avec
le verre et la pochette.

Explication. - Vous avez, sous le bas de votre gilet, un verre, une pochette pareils au verre et à la
pochette que vous employez devant les spectateurs; en reportant le chapeau sur votre table, votre
corps le masque un instant, et vous en profitez pour y déposer le verre duplicata contenant la
pochette. Pour que ce soit facile et rapide, placez votre verre transversalement sous votre gilet, au
milieu, ou mieux, un peu à droite, de telle façon que l'ouverture regarde à droite; vous n'avez qu' à
engager le pouce dans l'ouverture pour le sortir du gilet et le mettre dans le chapeau en un clin d'œil.
Si, suivant l'excellent principe de l'Homme masqué, vous gardez bien vos coudes au corps, les
spectateurs ne soupçonneront rien.
Il s'agit ensuite de changer ce verre avec celui qui contient la bague; rien n'est pus facile en faisant la
demande classique : "Voulez-vous que l'objet passe invisiblement ou visiblement ?" Généralement
quelqu'un demande :"Visiblement" ; vous portez alors le verre dans le chapeau, le placez à côté de
l'autre et vous dites : "Ce n'est pas bien difficile, mais invisiblement, c'est beaucoup plus méritoire",
et vous reprenez dans le chapeau le verre duplicata, pour efectuer le voyage "magiquement". Si, par
hasard, on ne vous criait pas : "visiblement", vous diriez : "Si vous m'aviez demandé 'visiblement',
voila ce que j'aurais fait", et vous opérez comme précédemment.
La disparition du verre ne contenant plus que le foulard, se fait avec le mouchoir au centre duquel a
été cousu par trois points, un rond de celluloïd de la grandeur de l'orifice du verre. Jetant ce mouchoir
sur le verre et l'arrangeant pour que le rond de celluloïd coïncide avec l'ouverture, vous saisissez ce
rond à travers le tissu, de la main libre, et vous avez l'air de tenir le verre : en réalité, la main qui le
tenait se retire de dessous le mouchoir avec le verre empalmé, s'abaisse et, pendant que les regards
sont attirés sur ce mouchoir, elle s'en débarrasse à la profonde ou à la pochette (cette poche du
pantalon, située entre la vraie poche et la poche revolver, elle est très commode, aussi bien pour les
prises que pour les dépôts, et tous les prestidigitateurs devraient l'avoir à tous leurs pantalons).

Une autre façon d'opérer consiste à employer un verre à pied; dans ce cas, on n'a pas besoin d'un
mouchoir à rond de celluloïd; il suffit d'avoir un tirage formé d'un élastique et terminé par une boucle;
vous engagez le pied du verre dans cette boucle que vous avez chargée dans un de vos pouces. En
laissant agir l'élastique, le verre disparaît dans votre vêtement.

81
LA CHEVALIÈRE ÉVANOUIE.

Efet. - Vous montrez une bague à chaton, ou mieux, une chevalière, passée à votre médius gauche.
Vous envoyez dessus une boufée de fumée, et elle a disparu. Votre main est absolument vide.

Préparation. - Votre bague est coupée pour en supprimer toute la moitié qui passerait sous le médius;
à une des pointes formées par cette suppression, vous adaptez, par l'intermédiaire d'un fil solide de 3
cm., un élastique qui passe dans votre manche gauche, puis derrière le dos et va s'attacher à un
bouton du pantalon à droite. Évidemment, il faut enlever votre manchette gauche.

Exécution. - Tout en montrant votre bague, vous passez l'extrémité de votre pouce gauche (vous
aidant, pour cela, si c'est nécessaire, avec le petit doigt droit) sous le fil; en le soulevant, vous
dégagez la bague. Avec une flexion de la main, cette bague se libère complètement du doigt et
disparaît dans la manche.
La boufée de fumée masque bien les petits mouvements nécessaire à cette disparition.
On peut dégager la bague avec la main droite; c'est plus facile, mais c'est moins brillant.
L'idéal sera de faire visiter une chevalière duplicata, et, pendant ce temps, de s'emparer de la bague
truquée fixée provisoirement au bord de la manche. Après échange, c'est cette dernière qui serait
passée au doigt.

Baguettes
82
Apparition à la manche

Dans son livre "Comment on devient sorcier", page 303 et 305, Robert-Houdin décrit cette apparition
avec sa clarté habituelle; je ne puis mieux faire que de reproduire cette description littéralement:
On place dans sa manche gauche la baguette qui se loge entre l'articulation de l'avant-bras et le
creux de la main que l'on tient à moitié fermée et tournée en dedans. Cette baguette a une
disposition qu'il est bon de décrire ici : à l'une de ses extrémités est une très petite boucle métallique
à laquelle s'attache un fil de coton noir; l'autre bout du fil qui est de la longueur de la baguette, est
attaché dans la manche d'habit de telle sorte que lorsque la baguette en sortira, le fil, en se tendant,
la retiendra dans une position telle que la main puisse en saisir l'extrémité.
On semble chercher de tous côtés "Je m'aperçois, dites-vous, que j'ai oublié ma baguette, et vous
savez, mesdames et messieurs, que je ne puis rien faire sans elle. Il ne me convient pas d'aller la
chercher : elle viendra à mon commandement, c'est beaucoup plus simple. Vous allez la voir venir de
ce côté (on étend le bras droit vers la droite), ou par ici, (on étend alors la main gauche au bout de
laquelle se trouve la baguette); tenez la voici arrivée.".

82 bis
Apparition au revers de l'habit

(Procédé Hédolt)

Prenez un anneau de caoutchouc moyen (environ 2 cm de diamètre), faites un nœud au milieu, ce qui
formera deux petits anneaux.
Passez dans l'un une épingle anglaise que vous fixez sous le haut du revers droit près du col; dans
l'autre, vous passez l'extrémité de votre baguette et vous êtes prêt. Il suffit de tourner le côté gauche
du corps au public pour masquer une demi-seconde la main droite qui va prendre au bas du revers
l'extrémité inférieure de la baguette et la produit en allongeant le bras vers la droite.
Prestement faite, cette prise est invisible, et c'est celle que j'ai imaginée pour la "Ballade" que vous
trouverez plus loin.
Elle a, sur la prise à la manche, l'avantage de laisser les bras parfaitement libres et de ne pas exiger
la petite boucle métallique à l'extrémité de la baguette.

83

LA BAGUETTE TIRÉE DU PORTE-MONNAIE

La baguette est dans la manche gauche; son extrémité inférieure est maintenue par le poignet
légèrement plié. Vous prenez avec la main droite, dans la poche droite du pantalon votre porte-
monnaie (qui doit être du type avec rabat) et, pendant ce temps, vous abaissez le bras gauche de
telle façon que l'extrémité de la baguette vous vienne dans la paume. La main droite dépose alors le
porte-monnaie contre l'extrémité de la baguette, dans la main gauche qui s'est relevée, et elle ouvre
le rabat : puis, elle fait semblant de plonger dans un des compartiments; en réalité, elle va saisir, au
bas du porte-monnaie, l'extrémité de la baguette, et la sort en rasant l'angle droit du rabat.
Cette apparition est très jolie, quand elle est bien exécutée; mais il faut l'étudier devant une glace,
pour n'avoir pas l'air emprunté et raide dans la tenue du bras de la main gauches, comme on l'a trop
souvent. Tout de suite après la sortie, vous frappez la baguette sur la table ou sur une chaise pour
montrer qu'elle est bien en bois massif.

ce système, utilisable avec n'importe quelle baguette et un porte-monnaie non truqué, est peut-être
préférable à d'autres qu'on a préconisés:

1° L'usage d'un porte-monnaie avec un trou en bas, par où on va chercher la baguette; ceci a
l'avantage de laisser sortir la baguette par le milieu du porte-monnaie et non par le côté, mais le
maniement en est moins commode que le précédent;

2° L'emploi d'un bout nickelé, semblable à celui qui est à chacune des deux extrémités de la
baguette, mais coulissant sur eux (nous en trouverons plus loin une meilleure application dans "La
baguette dans la bouche").
L'avantage de cette dernière façon est de pouvoir sortir la baguette du porte-monnaie, avec le
dessous de celui-ci complètement visible.
Dans ce cas, la baguette munie de son bout nickelé est dans la manche droite, et le porte-monnaie
est pris avec la main gauche dans la poche gauche du pantalon; la main droite plonge dans le porte-
monnaie et y introduit l'extrémité nickelée inférieure de la baguette avec le bout ajusté dessus. C'est
ce bout qu'elle tire en le faisant coulisser le long de la baguette (laquelle sort de la manche au fur et
à mesure que la main droite s'éloigne du porte-monnaie), pendant que le pouce gauche, maintient
dans celui-ci l'extrémité inférieure de la baguette.
Malheureusement, ce procédé qui exige un accessoire (bout nickelé coulissant) et une baquette
bouts nickelés, nécessite aussi la pose de 3 ou 4 anneaux dans la manche, pour empêcher que la
baguette ne s'incline à droite ou à gauche. Ce sont des complications qui ne sont pas négligeables.

84
LA BAGUETTE TIRÉE D'UN FOULARD

La baguette porte une petite boucle métallique, comme celle qui est nécessaire dans l'apparition du
n°82, et , à ce minuscule anneau, vous fixez une boucle de crin très fin ou de fil. Cette dernière doit
aller, quand la baguette est dans la manche jusque dans la paume de la main gauche, et l'annulaire
est enfilé dedans.
Pour l'apparition, vous prenez un foulard assez grand et pas trop mince, de 45 à 50 cm de côté; vous
en donnez un coin à la main gauche qui le saisit entre l'index et le médius et vous étales le foulard
dont l'autre coin est resté dans la main droite; vous croisez le bras droit sur le gauche, pour montrer
l'autre face du foulard; puis vous le décroisez et vous portez le coin tenu en main droite, entre le
pouce et l'index gauches, pour montrer la main droite vide.. En reprenant ce coin entre l'index et le
médius, la main droite engage son pouce dans la boucle de crin ou de fil, et tire la baguette en se
portant vers la droite et en haut (obliquement, par conséquent, pour éviter que la baguette, en se
balançant, se laisse voir à droite du foulard); dans ce mouvement, vous étalez le foulard et la
baguette pend derrière celui-ci. Vous montrez la main gauche vide, puis vous faites un rouleau
vertical du foulard, rouleau dans le milieu duquel se trouve la baguette.
C'est de ce rouleau que, finalement, vous la tirez par le bas.

85
LA BAGUETTE QUI S'ÉLANCE DE LA POCHE

Efet. - Vous écartez le côté gauche de votre veston, et votre baguette jaillit de la poche supérieure
gauche de votre gilet; elle est projetée à une certaine hauteur au dessus de votre tête, et vous la
rattrapez en l'air. Vous pouvez la donner ensuite à visiter : elle est absolument ordinaire.

Explication. - J'ai décrit dans le n° 85 du "Journal de la Prestidigitation" page 224,


l'appareil que j'avais imaginé en collaboration avec mon confrère M. Paul Antoine (de
Nîmes) pour réaliser cet efet très gracieux et original.
Il faut un tube de métal (de 5/10e de millimètre de d'épaisseur), d'un diamètre un peu
plus grand que votre baguette, et d'une longueur supérieure de 25 mm à celle de votre
baguette. Vous y adaptez un élastique de 35 cm environ en le fixant par ses extrémités
près du bord supérieur du tube (A et B, fig. 77 bis).
Le milieu de cet élastique, qui plonge dans le tube, passe dans un bouchon de bois
portant deux encoches et un canal central (fig. 77 ter), sur lequel s'appuiera la
baguette, quand vous l'enfoncerez dans le tube.
Cette baguette sera maintenue par une épingle noire passée dans deux trous C et D,
percés dans le haut du tube et avoisinant ceux où se trouvent l'élastique. Comme cette
épingle est rattachée à un fil (de 10 cm. de longueur) à une épingle anglaise fixée à la
doublure de votre veston, vis-à-vis de la poche supérieure gauche du gilet, il suffira
d'écarter le veston pour entraîner l'épingle et libérer la baguette. Celle-ci, sous l'action
du caoutchouc saute en l'air à la hauteur que vous réglez par la longueur et la force de
l'élastique.
Le tube passant par un trou pratiqué dans la doublure du gilet et fixé par un crochet K
au bord gauche de la poche, se place dans l'intérieur du pantalon et sous le gilet. On le
met et on l'enlève très facilement.
La seule chose qui nécessite un peu d'adresse - et, par conséquent; quelques répétitions - c'est de
rattraper la baguette en l'air et de ne pas la laisser choir sur le sol, ce qui serait toujours disgracieux;
mais on remarquera que la projection est toujours pareille à elle-même et que la baguette est lancée
invariablement à la même distance.
Je ferai observer, à ce propos : 1° qu'il faut se pencher légèrement en avant, pour que le tube prenne
un peu cette direction et projette la baguette en avant en même temps qu'en hait; 2° qu'il faut
incliner la tête à droite pour ne pas recevoir dans la figure la baguette bondissante.

86
LA CIGARETTE QUI SE TRANSFORME EN BAGUETTE
Efet. - Vous prenez dans votre porte-cigarettes une cigarette et vous la jetez en l'air; quand elle
retombe, elle s'est transformée en baguette à bouts d'ivoire.

Explication. - C'est une feuille de celluloïd qui, normalement, se roule d'elle-même dans le sens de la
longueur ; elle est noire avec ses extrémités blanches, pareille à une baguette magique d'un modèle
actuellement très courant. Vous la roulez serrée dans l'autre sens, celui de la largeur, et vous obtenez
un petit cylindre de la grosseur et de la teinte d'une cigarette (la partie noire étant ainsi recouverte
par la partie blanche d'une des extrémités); vous la maintenez roulée par un petit anneau de
caoutchouc. Dès que vous l'avez sortie de votre porte-cigarettes, vous retirez - inostensiblement en la
manipulant - l'anneau élastique et vous la jetez en l'air, elle se déroule dans le sens de la longueur,
comme sa forme normale ; et ceci est instantané.
C'est un accessoire que vous pouvez construire vous-même, mais que vous trouverez à un prix
raisonnable chez les marchands d'appareils. Il réalise un efet très curieux quoique l'objet ne puisse
ensuite être remis à l'examen.

Boules, balles, bouchons et muscades


Ainsi que je l'ai écrit dans mon avant-propos, et dans le but de me limiter, je ferai abstraction dans ce chapitre - comme dans ceux des
cartes, des dés à coudre, et des pièces - de toute la théorie de la manipulation. Ceux qui ont la chance de posséder "La Prestidigitation sans
appareils" de C. Gaultier, trouveront cette théorie avec ces moindres détails dans ce livre magnifique. Je n'ignore pas qu'il est très difficile de
se le procurer aujourd'hui et aucun autre livre du même genre n'a vu le jour depuis celui-là ; mais le deuxième tome du livre de Rémi Ceillier
"Manuel pratique d'Illusionnisme et de Prestidigitation" va paraître incessamment et combler cette lacune.
Si je ne donne pas le "modus faciendi" des apparitions, disparitions, changements de couleurs (1) et si je laisse à chacun la faculté de se
composer un numéro de boules en faisant un choix dans un des livres précités, je ne manquerai pas de parler des applications de la
manipulation. En particulier, je décrirai un numéro inédit des 8 boules excelsior dans les deux mains; je donnerai aussi toute une
présentation en vers, que j'ai composée, avec des apparitions, disparitions, pseudo-jongleries et changements de couleurs, et qui a toujours
été mon plus grand succès.

142
LES 8 BOULES EXCELSIOR

Je donne ci-dessous le numéro du prestidigitateur Bessin, aujourd'hui disparu, et qui, sous le


pseudonyme de Calypso, opérait dans la région rouennaise ; cette présentation est d'un excellent
efet, tout en étant moins difficile que celle qui est décrite dans Gaultier, page 470, et dont Bessin
s'est d'ailleurs inspiré.

Préparation. - Placez une boule recouverte de la coquille, sous l'emmanchure gauche de l'habit en la
maintenant à l'aide d'une pince spéciale (fig. 125) et deux autres boules sous le gilet, une sous la
rangée des boutons, et l'autre à droite. Dans la poche droite du pantalon, mettez deux boules dont
une recouverte d'une coquille. Enfin, une dernière boule, celle que l'on produira la première, sera
placée contre la peau, sous la manche gauche de chemise relevée. Après avoir montré les deux
mains vides, vous vous en saisirez en faisant le geste de remettre quelque peu vos manches en place
(1).

Présentation. - Après vous être emparé de la première boule, exécutez le transfert d'une main à
l'autre par retournement du corps, pour montrer les deux mains vides; produisez la boule et, après
quelques passes, faites-la disparaître et retrouvez-là dans l'emmanchure gauche de l'habit; en réalité,
vous la conservez à l'empalmage et vous sortez à sa place la boule recouverte de la coquille (laquelle
y est, vous vous en souvenez, maintenue par une pince spéciale).
Procédez alors comme d'habitude, à l'apparition successive des 4 boules (en réalité, 3 boules et une
coquille), entre les doigts écartés de la main gauche et dont la dernière, à cet efet, sera prise sous le
gilet de droite.

Ceci étant le mode de production généralement adopté pour 4 boules, je n'ai pas cru devoir m'y
étendre davantage. Je passe donc à l'apparition des boules dans la seconde main.
Par un mouvement de bas en haut de la main gauche, faites la disparition de la boule B (fig. 126) (2)
en la logeant dans la coquille A. La main droite (montrée vide sans ostentation) est introduite dans la
poche droite du pantalon soi-disant pour l'y retrouver. En réalité, la boule simple est empalmée, et
l'autre, recouverte de la coquille, est sortie, tenue entre le pouce et l'index de la main droite.
Procédez alors au dédoublement de cette dernière boule. Il y a donc, à ce moment, dans la main
droite, une coquille et une boule visibles pour le public, et une boule empalmée. Par un mouvement
de l'avant-bras, montrez l'intérieur de la main et profitez de ce mouvement pour rentrer la boule F
dans la coquille E.
Pour le public, c'est la boule F qui, changé de position, se trouve maintenant dans la paume de la
main.
Cette boule est alors maintenue visiblement par les trois derniers doigts; elle est ensuite transférée
en B, c'est-à-dire entre l'index et le médius de la main gauche. Il y a, à ce moment, dans la main
gauche, quatre boules, dont une recouverte de la coquille, et dans la main droite, une boule
recouverte de la deuxième coquille. Cinq boules sont donc visibles pour le public.
La main droite procède au dédoublement de la boule EF; ce qui fait 6. Portant la main droite à la
bouche, l'opérateur fait le simulacre d'avaler l'une des boules, ce qui est obtenu par un nouvel
escamotage de la boule F dans la coquille E.
L'intérieur de la main droite est montré sans afectation... Simulacre de digestion difficile, etc...
Finalement, à l'aide des trois derniers doigts de la main droite, vous sortez la boule dissimulée sous
la ceinture du gilet (au milieu)
Cette dernière boule est ajustée entre les doigts médius et annulaire.
Encore une fois, vous montrez l'intérieur de la main; puis, de l'annulaire et de l'auriculaire droits, vous
vous emparez de la boule B qui est à gauche. Vous montrez vos deux mains devant et derrière; il ne
vous reste plus qu'à dédoubler la coquille A (à gauche) et E (à droite), ce qui donnera 8 boules.

Disparition. - A l'aide de la servante au filet (3):

De la main droite, rentrez F dans E. Montrez l'intérieur de la main. Aussitôt, votre regard se porte sur
votre main gauche qui procède à la disparition de la boule B dans la coquille A. Pendant cette
disparition, la main droite s'est posée "négligemment" au-dessus de l'ouverture du gilet et a
abandonné la boule F dans la servante.
Vous pivotez sur vos talons et vous présentez maintenant le côté gauche face au public. Par un
mouvement de roulement entre les doigts vous amenez la boule G en F dans la servante.
Vous pivotez sur vos talons et vous présentez maintenant le côté gauche face au public. Par un
mouvement de roulement entre les doigts vous amenez la bouge G en F. La main gauche est venue à
son tour, durant cet instant se poser sur l'ouverture du gilet et y abandonne la boule B.
Aussitôt disparition de la boule G dans la coquille. La boule C est, par roulement amenée en B pour
disparaître dans A. Pendant la disparition de cette dernière, la main gauche abandonne, cette fois, la
coquille E dans le gilet, ne conservant donc que la boule tenue entre le pouce et l'index, et celle
tenue entre l'annulaire et l'auriculaire. Ces deux boules sont ensuite placées dans les intervalles libres
de la main gauche. L'artiste termine maintenant selon son mode habituel, la disparition des quatre
boules "Excelsior".
Pour cette dernière, je ne puis mieux faire que de reproduite à peu près textuellement la description
du livre de Gaultier ("La prestidigitation sans appareils", page 466) : "Commencer par la disparition de
la boule placée entre l'index et le médius. L'entourer de la main droite entre le pouce passé derrière
et les autres doigts réunis devant, et la masquant, l'enlever et la faire disparaître par jet simulé dans
l'espace puis la retrouver derrière le genou droit, la remettre en place et laisser voir incidemment la
main vide. Recommencer en apparence la même opération, mais profiter de la position de la main
droite pour introduire la boule dans la coquille, le pouce et l'index gauches se déplaçant
insensiblement pour la maintenir à cheval sur la séparation. Écarter, comme précédemment, la main
droite gonflée le dos en avant et exécuter un jet simulé dans l'espace, puis en montrer l'intérieur
vide.
S'emparer de la boule tenue entre l'annulaire et l'auriculaire avec la main droite et la cogner contre
les deux autres boules conservées entre les doigts de la main gauche momentanément retournée,
pour démontrer leur solidité et l'absence de tout appareil dans les mains. Remettre la main gauche en
place et y disposer la boule entre les extrémités de l'index et du médius tout en profitant de la
position de la main droite pour s'emparer, à l'empalmage ordinaire, de la boule qui est dans la
coquille. Certains artistes au lieu de saisir ainsi directement cette dernière boule à l'empalmage
ordinaire, la prennent d'abord à l'empalmage du bout des doigts et la transfèrent de là à l'empalmage
ordinaire en écartant la main droite. Opérer alors la disparition de la boule tenue entre l'index et le
médius en la faisant pivoter à l'aide de ce dernier doigt autour de l'index en sens inverse de
l'apparition pour la faire loger dans la coquille où elle reste maintenue en même temps que cette
dernière entre le pouce et l'index; puis ramener à l'aide de l'annulaire et par un mouvement
analogue, la boule supérieure à la place de la précédente, entre le médius et l'index. Pendant que le
déplacement de la main gauche, nécessité par ce double mouvement, attire les regards de ce côté,
se débarrasser au bas du gilet de la boule conservée à l'empalmage dans la main droite.
Saisir la boule supérieure avec la main droite et la cogner contre celle recouverte de la coquille dans
la main gauche momentanément retournée, puis, en la remettant en place, s'emparer en même
temps à l'empalmage, de la boule qui se trouve dans la coquille. Faire disparaître la boule entre
l'index et le médius en la mettant à son tour dans la coquille, puis la faire réapparaître, soi-disant
derrière le coude gauche par exemple, en produisant à cet endroit la boule empalmée dans la main
droite. Déposer cette dernière boule dans la poche intérieure de l'habit, sous prétexte de lui faire
traverser la manche à partir de l'épaule et ramener aussitôt après la boule de la main gauche, hors
de la coquille, dans sa position primitive pour montrer la réussite de ce voyage. Anéantir ensuite
définitivement cette boule en l'entourant à nouveau avec la main droite, ce qui permet de lui faire
réintégrer la coquille, et en éloignant la même main vers la droite en accomplissant les mouvements
habituels de pulvérisation la retourner et la montrer enfin vide.
Pour se débarrasser de la coquille, recouvrir à l'équivoque de la disparition visible ou invisible au gré
des spectateurs. Donner ensuite la boule véritable qui reste seule, à visiter. Pendant ce temps, retirer,
s'il y a lieu les boules qui pourraient gêner l'accomplissement de la dernière disparition. Reprendre la
boule dans la main droite et causer sa disparition, par exemple en la jetant en l'air et en l'introduisant
rapidement sous le gilet à gauche".

L'inconvénient du modus faciendi qui vient d'être décrit pour la disparition des 4 premiers boules,
c'est la nécessité d'une servant au gilet suffisamment large pour recevoir des boules, et, par
conséquent, visible dans un salon. On a donc été amené à créer d'autres présentations qui ne
nécessitent pas l'accessoire en question. Je vais indiquer, à titre d'exemple, celle de mon amie Léon
Monthemolle ; je l'ai vu exécutée par lui plusieurs fois avec un vif succès, et il a bien voulu la décrire
en détail pour mes lecteurs.
Ses disparitions reposent sur le principe que voici : une boule (celle qui se trouve entre l'index et le
médius) étant mise dans une poche, on la retrouve apparemment tout de suite à l'extérieur de la
poche comme si elle n'avait fait que la traverser. En réalité, la boule reste bien où on l'a mise. et ce
qu'on montre à l'extérieur, c'est une autre boule que l'on vient de retirer de la coquille où elle était
cachée, et qui était tenue entre le pouce et l'index. On semble donc avoir en main toujours le même
nombre de boules, et pourtant, il y en a une de moins, celle qui a été réellement disposée dans la
poche.
Voici maintenant la marche de la disposition du contenu des deux main, c'est-à-dire trois boules et
une coquille dans chaque main comme il est montré dans la figure 123.
"Mes boules, dit-on, disparaissent à volonté comme elles apparaissent ; je vais d'abord faire
disparaître celle-ci (G)". On fait rentrer F dans E et tout de suite, pour ainsi dire dans le même
mouvement on amène G à la place de F (4). C'est donc bien la place de G qui est libre et c'est celle-là
qui a disparu. On met alors G (qui a pris la place de F) dans la poche droite du veston ou du smoking ;
c'est le médius et le bord de l'index (le dos de la main étant, à ce moment, tourné vers le public) qui
entrouvrent la poche pour y laisser tomber la boule. Tout de suite, la main se porte sous le coin du
veston et le soulève avec le dos du pouce dans un mouvement de bas en haut pendant lequel on sort
la boule de la coquille, en disant que la boule a traversé le tissu pour sortir de la poche.
On fait exactement la même chose à gauche pour la disparition de C.
Il reste, dans chaque main, une coquille (vide) entre le pouce et l'index (A et E), une boule entre
l'index et le médius (C et G deviennent B et F) et une entre l'annulaire et le petit doigt (D et H).
On se tourne alors côté gauche vers le public, les deux mains proches l'une de l'autre et à droite. On
met à la place de G, entre le médius et l'annulaire droits, la boule D, et à la place de C, entre le
médius et l'annulaire gauches, la boule H. En somme, les mains échangent une à une de leurs boules.
On fait, à ce moment, la disparition de la boule qui est en F, par rentrée dans la coquille E; et, comme
tout à l'heure, on fait rouler en F celle qui était en G; puis, l'on répète avec la poche intérieure
gauche du veston, ce qu'on a fait avec la poche droite du pantalon, c'est-à-dire qu'on y dépose
réellement la boule qui est en F, et qu'on fait semblant de la retrouver sous le revers gauche en
faisant sortir la boule qui est dans la coquille.
On fait disparaître cette dernière boule en la faisant entrer à nouveau dans la coquille. Puis, faisant
rentrer la boule qui est en B et faisant rouler la boule de C en B, on réalise la disparition de l'une des
boules de la main gauche.
A ce moment, il y a une boule recouverte de la coquille en main droite, une boule recouverte de la
coquille et une deuxième boule en main gauche.
On met la boule avec sa coquille tenue en main droite dans la poche droite du pantalon et on dit
qu'on va lui faire traverser non seulement la poche, mais encore toute la cuisse.
Portant la main gauche sous la cuisse, on fait passer en C la boule qui est B et on sort pour la mettre
en B la boule qui est dans la coquille A.
La main droite est alors vide et libre; il reste seulement à gauche une coquille entre le pouce et
l'index, une boule entre l'index et le médius en B, et une boule en C entre le médius et l'annulaire.
Leur disparition successive se fera a gré de chacun, en utilisant quelques-unes des nombreuses
passes qu'indique la théorie de la manipulation, par exemple, celle que décrit Gaultier et que je viens
de rappeler page 212.
J'en donne plus loin un autre exemple avec boniment en vers, qu'on pourra résumer en prose.

Je ferais seulement une recommandation, c'est de varier les passes le plus possible, et de ne pas
imiter un manipulateur que j'ai vue récemment dans un numéro de boules, répéter au moins cinq fois
la même traversée de la cuisse.

(1) Je préfère la prise de la boule suspendue au bord droit de l'habit ou du smoking, à l'aide de la pince à la boule représentée dans la figure
137.
(2) Cette image est schématique; en réalité, la partie droite représente la main droite telle que vous la verriez, si le bras était étendu à droite,
et su la regardiez en penchante la tête. De même la partie gauche de la figure représente la main gauche telle que vous la verriez si le bras
était étendu à gauche et si vous la regardiez en penchant la tête.
(3) il ne faut pas confondre avec celle qui a été décrite sous le nom Topit Vanisher et qui, latérale, transforme l'espace compris entre le
smoking (ou le veston) et le gilet en vaste poche. La véritable servante au gilet est médiane : elle est comprise entre le gilet et le devant de la
chemise, et sa grandeur est variable suivant la destination. Si elle ne doit recevoir que de très petits objets, elle a des dimensions qui lui
permettent d'être utilisée dans un salon; mais si elle doit recevoir des boules, ses parois doivent avoir au moins 42 mm. d'écartement, c'est-à-
dire qu'elle ne peut guère être employée que sur scène; dans un salon le vide ainsi créé entre le gilet et la chemise serait trop visible.
(4) Ce passage de la boule de l'intervalle G à l'intervalle F se fait sans l'intervention de l'autre main et par la seule manœuvre de l'index, du
médius et de l'annulaire. Elle demande de l'étude et on n'y arrive pas du premier coup.

144
LE CHAPEAU TRAVERSE

Faites visiter une boule de billard en laissant bien voir vos mains vides ; en révélant à votre table,
garnissez la boule d'une coquille prise au gilet; puis, à peine arrivé, comme si bous vous en souveniez
tout d'un coup, vous dites: "Ah! mais, c'est vrai ! J'avais besoin d'un chapeau". Vous revenez recevoir
un chapeau dans la main gauche, tenant toujours boule (et coquille) dans la main droite.
Vous expliquez alors que vous allez faire traverser le chapeau par la boule avec la même facilité que
si vous la lanciez par ici (extérieur du chapeau) et la repreniez par là (à l'intérieur). Tout en parlant,
vous mimez les deux mouvements indiqués : lancement de la boule en tenant le chapeau à peu près
horizontalement et en présentant le fond au jet simulé par la main droite, puis simulacre de reprise
dans le chapeau, en retournant rapidement celui-ci l'ouverture vers vous et en y plongeant la main
comme si vous vouliez démontrer jusqu'au bout ce que vous venez d'énoncer. Mais, dans ce dernier
geste à peine ébauché, vous avez laissé glisser la boule de sa coquille et ramené seulement cette
dernière à la vue du public ; il faut, pour l'illusion, que vous sembliez à peine entrer la main dans le
chapeau dont la position horizontale, l'ouverture vers vous, aide justement à cette illusion en même
temps qu'elle permet de recevoir sans bruit la bille à l'intérieur (plus facile mais moins brillant avec
un melon qu'avec un haut-de-forme).
Posez le chapeau debout sur la table, recouvrez-le d'une assiette ou d'un plateau; escamotez la
coquille par un simulacre de versement dans la main gauche et empalmage ordinaire ou à la coulée
et faites semblant de lancer à travers le feutre du chapeau ce qui est supposé contenu dans votre
main gauche. Portez enfin le chapeau aux spectateurs pour leur faire constater que la boule est
passée dedans.

148
LA BOULE QUI CHANGE DE COULEUR SUR LA BAGUETTE
Efet. - Vous mettez en équilibre sur le bout creux d'une baquette tenue en main gauche une boule
rouge. Vous montrez votre main droite vide; avec elle, vous frictionnez légèrement la boule rouge, et
celle-ci est devenue bleue; vous la donnez ensuite à visiter.

Explication. - La boule que vous mettez en équilibre sur votre baquette, est une boule bleue
recouverte d'une coquille rouge. Quand vous faites vos frictions avec la main droite, vous maintenez
la boule avec l'index gauche allongé et vous empalmez la coquille dont vous vous débarassez ensuite
à la profonde ou à la pochette, si vous voulez montrer la main droite vide.
Remarquez que la main gauche doit tenir la baguette très près de son extrémité creuse, pour que
l'index allongé puisse remplir son office. D'autre part, il faut que la coquille tienne suffisamment sur la
boule et un peu de cire placée dans le fond de cette coquille peut l'y aider.
Enfin, cette expérience - comme toutes celles où l'on se sert d'une coquille ayant une couleur
diférente de la boule qu'elle recouvre - n'est possible que vous n'avez pas de spectateurs
franchement sur le côté.

149
LA BOULE QUI TRAVERSE LE MOUCHOIR

Efet. - Vous faites visiter une boule et une foulard (ou vous empruntez un mouchoir fin qui peut servir
à la place de votre foulard); puis, appliquant le foulard sur la boule, vous forcez celle-ci à le traverser;
vous montrez d'abord la boule en train de traverser et, par conséquent, présentant une moitié de
chaque côté du foulard; enfin, vous achevez la traversée en retirant complètement la boule; pourtant,
le foulard reste intact et vous faites visiter le tout après le tour comme avant.

Explication. - Pendant que vous faites visiter le foulard et la boule, vous empalmez en main droite une
coquille placée sous le gilet à droite. La boule est alors prise en main gauche et le foulard saisi en
main droite; vous mettrez celui-ci sur celle-là, puis, dans le geste de comprimer le foulard sur la
boule, vous appliquez le coquille sur le foulard, à l'endroit où est la boule et vous pressez. Cela
solidarise les trois objets et vous pouvez montrer comme s'il y avait une moitié de boule d'un côté du
foulard et une moitié de l'autre côté.
Pour qu'on ne se rende pas compte que vous allez retirer la boule du même côté où vous l'avez mise,
tournez plusieurs fois le foulard d'un côté et de l'autre, pour finalement laisser vers le public le côté
où est la boule.
Il ne vous reste plus qu'à achever la soi-disant traversé et à redonner la boule et le foulard à visiter,
après avoir fait passer la coquille en arrière des doigts de la main gauche; cela est d'autant plus facile
que vous opéré à l'abri du foulard; vous vous débarrassez de la coquille à la pochette, en allant faire
vérifier à nouveau la boule et le mouchoir, et vous pouvez montrer vos mains vides.

161
LES BALLES DE GOLF

Ces balles sont en caoutchouc mousse recouvert d'un vernis spécial qui ne se craquelle pas et réalise
une imitation parfaite de véritables balles de golf. Par son adhérence, le caoutchouc facilite
grandement les manipulations et, surtout, maintient la coquille sur la balle, ce qui permet de lancer
en l'air balle et coquille, sans que cette dernière se détache ; c'est là le principal avantage des boules
de golf sur les boules de billard.

Premier efet : Avec une seule coquille et trois balles -


Je ne m'attarderai pas sur cet efet que tous les manipulateurs connaissent et qui consiste à faire
apparaître successivement trois boules ; le moyen le plus simple est le suivant (pareil à celui des
boules excelsior):
Deux des trois balles sont cachées dans la poche gauche du veston; tenez l'autre balle recouverte de
la coquille dans la main droite enter le pouce en-dessous et l'index (coquille et dos de la main tournés
vers le public), placez le médius sous la balle contre le pouce et par un mouvement en haut de ce
médius, faites-la sortir de sa coquille pour l'amener entre ce doigt et l'index.
Par le mouvement inverse, faites rentrer rapidement la balle dans la coquille qui, pour le public,
semble être celle qui vient de disparaître. Avec la main gauche, placez-la entre le médius et
l'annulaire droits ; puis, avec le médius, dégagez la balle de la coquille, comme précédemment, pour
l'amener entre l'index et le médius; les spectateurs voient maintenant trois balles. Faites entre
disparaître cette balle en la replaçant dans sa coquille et sortez celle qui reste dans votre poche que
vous placez entre l'annulaire et le petit doigt. Faites enfin réapparaître la balle en la sortant de la
coquille, comme il a été décrit ci-dessus. Vous avez ainsi quatre balles en main ou plutôt en
apparence, car, en réalité, il n'y a que trois balles et une coquille.

Deuxième efet : Avec deux coquilles et trois balles -


Placez les deux coquilles sur une balle (celle-ci est ainsi complètement dissimulée aux regards des
spectateurs qui ne voient que les coquilles. Tenez le tout de la main droite dans la position habituelle
entre le pouce et l'index, ces doigts cachant la jonction des deux coquilles. Dans la main gauche, ayez
secrètement deux balles pleines, l'une à la racine des doigts, l'autre à l'empalmage ordinaire.
Assurez-vous que la coquille qui se trouve vers les spectateurs sort facilement et, qu'au contraire,
celle qui est en arrière est bien fixée sur la balle. Amenez le médius droit en bas, derrière la balle et,
avec ce doigt, roulez et remontez la coquille arrière (qui entraîne d'ailleurs la balle avec elle) entre
l'index et le médius. Pour produire la troisième balle, amenez l'annulaire en bas et sous la balle roulez
celle-ci de manière à la sortir de la coquille et à la placer entre le médius et l'annulaire. Afin de
montrer que toutes les balles produites sont pleines, élevez la main gauche (qui, on s'en souvient,
contient deux balles empalmées) à la hauteur de la main droite ; roulez légèrement les balles
dissimulées dans la main gauche de façon à les placer l'une à côté de l'autre. Avec le pouce et l'index
de la main gauche, emparez vous de la balle pleine qui se trouve dans la main droite (entre le médius
et l'annulaire). Les balles empalmées occupent ainsi la position voulue pour que vous puissiez les
glisser dans les deux coquilles. Pressez bien celles-ci sur les balles que vous pourrez lancer d'une
main dans l'autre sans que les coquilles s'en séparent. Il est inutile d'ajouter que ces manipulations
exigent de l'adresse et par conséquent, de l'étude, mais l'efet en vaut la peine.

174
LES BOUCHONS LIBÉRÉS

Ce petit truc de bouchon n'est pas, à proprement parlé, un tour, et il est déjà assez connu ; mais sa
technique n'a pas été décrite jusqu'ici, je crois bien, et il est bon que tout prestidigitateur la
connaisse. Elle a été détaillée spécialement pour mes lecteurs par M. Paul-Antoine un ingénieux
amateur de Nîmes.

Efet. - Présentez deux bouchons de taille moyenne tenus chacun par leurs extrémités entre le pouce
et l'index de chaque main et enclavés; montrez qu'il est impossible de les séparer dans en lâcher un
des deux. "Eh bien, dites-vous, en soufflant dessus, je vais, sous vos yeux, les séparer"; et c'est ce
que vous faites.

Explication. - Donnez les bouchons à visiter ce qui permet, en les reprenant, de les placer à la base
du pouce et de l'index de chaque main en les maintenant serrés à cet endroit par leur milieu.
Rapprochez les deux main, les doigts (pouces et index) prêts à saisir les bouchons par leurs
extrémités. A ce moment, le bouchon tenu par la main gauche doit se trouver dans la position
verticale et celui tenu par la main droite dans la position horizontale. Saisissez de la main droite le
bouchon tenu par la main gauche, le pouce au-dessous et l'index au-dessus (1). C'est ici que se place
la manœuvre pour dégager le bouchon avec la main gauche : tournez vers vous cette main de façon
que la paume soit orientée vers le ciel, dans ce mouvement de torsion assez accentué de la main, le
pouce gauche se trouve engagé dans l'anneau formé par le pouce, l'index de la main droite, et le
bouchon que tient le bout de ces doigts; il s'applique sur l'extrémité du bouchon qui est tourné vers
les spectateurs, pendant que l'index s'applique sur l'autre extrémité tournée vers vous (fig. 141).
Après un mouvement de détorsion, les mains s'éloignent l'une de l'autre montrant les deux bouchons
séparés.
Après quelques essais, on arrive à les désenclaver sous les yeux même des spectateurs, sans que
ceux-ci puissent se rendre compte de la façon dont vous avez opéré.

(1) Les manœuvres sont plus faciles en employant les médius à la place des index, mais c'est peut-être moins intrigant.

175
LA BOITE AUX BOUCHONS VOYAGEURS

Ce petit tour n'est pas nouveau, loin de là, et, malheureusement, il figure dans nombre de boîtes de
physiques pour enfants (il est vrai qu'on y voit aussi des gobelets!); Je pense, néanmoins devoir le
décrire parce qu'on peut en tirer un certain efet avec une présentation "enlevée, et parce que son
principe peut suggérer d'autres combinaisons

La boîte en question (genre boîte à poudre) est truquée de la façon suivante : elle est formée, non pas
d'une boîte et d'un couvercle, mais d'un anneau de carton A (fig. 142) et de deux couvercles pareils B
et C ; ceux ci se rejoignent quand la boîte est fermée (fig. 143à ; il n'y a donc pas de fond réel. Dans
le couvercle B (fig. 144) sont collés trois petits bouchons (1). Si bous enlevez ce couvercle B en
serrant l'autre C (qui est en bas) pour que ce dernier maintienne en lui l'anneau de carton A, vous
montrez la boîte vide. Si au contraire, vous enlevez le couvercle C mis en haut, vous montrez les trois
petits bouchons collés sur le fond apparent (B) de la boîte.
Le principal est de dissimuler le retournement de la boîte lorsqu'elle est fermée, et ceci est facilité par
un changement de main, au cours duquel vous placez la boîte un instant en position verticale, ce qui
fait perdre de vue aux spectateurs ce qui pourrait être le dessus et le dessous.

Présentation et marche du tour. - Ouvrant la boîte en enlevant le couvercle B, vous "versez" dans
votre main droite trois petits bouchons qui y étaient enfermés (ils sont libres, mais pareils à ceux qui
sont collés sur B) et vous montrez la boîte vide. Remettant ensuite le couvercle, vous laissez la boîte
en position verticale dans la main gauche et vous attirez l'attention sur les trois bouchons libres, ce
qui vous permet d'achever le retournement de la boîte sans qu'on s'en aperçoive. Vous dites que vous
mettez les trois bouchons dans votre poche ; en réalité, vous les conservés dans votre main droite au
voisinage de la racine des doigts.
Remettant la boîte sur eux, mais sans qu'elle les touche, vous annoncez que les bouchons y sont
passés, et vous les faites "entendre" dans la boîte ; en réalité, c'est le choc des bouchons extérieurs
sur la boîte, qui réalise cet efet important de l'illusion. Vous rouvrez alors la boîte en enlevant le
couvercle C et vous montrez les trois bouchons (collés).
Vous remettez le couvercle C et vous repassez la boîte à la main gauche comme précédemment; puis,
vous dites que vous renvoyez les bouchons dans votre poche et vous allez les y chercher (en réalité,
vous montrez ceux qui n'ont pas quitté votre main droite). Retirant le couvercle B, vous montrez à
nouveau la boîte vide.
C'est alors que vous mettez les trois bouchons libres dedans et que vous annoncez leur multiplication.
En efet, ayant retourné la boîte, vous l'ouvrez par son couvercle C et vous faites voir qu'il y a six
bouchons au lieu de trois.
On pourrait, en se servant de deux boîtes pareilles, faire passer à volonté les bouchons de l'une à
l'autre ; mais je pense qu'il vaut mieux s'en tenir là.
Retenez le principe de cette boîte qui ne sent pas trop le truc, et qui peut avoir d'autres applications.

(1) Fixez-les en désordre, un debout, les 3 autres couchés pour leur donner l'apparence de la vérité (fig 144)
176
LE JEU DES GOBELETS ET DES MUSCADES (1/5)

(Nouvel arrangement et présentation modernisée (1) de J. Hédolt)

Ainsi que l'indique le sous-titre, je n'ai pas la prétention de soumettre à mes lecteurs une complète
nouveauté, ni une présentation entièrement originale du jeu des gobelets et des muscades; il y a de
trop bonnes passes imaginées par nos nombreux devanciers, pour qu'on puisse en trouver beaucoup
de réellement neuves qui soient en même temps pratiques et de bon efet. J'ai essayé seulement de
regrouper les plus intéressantes de ces passes dans un ordre à la fois logique et progressif, d'élaguer
du boniment toutes les plaisanteries désuètes comme les évocations du shah de Perse, de la reine
d'Angleterre, de la pyramide de Kheops, etc..., qu'on retrouve dans toutes les publications sur ce sujet
et qui, d'ailleurs, ont été plus ou moins recopiées les unes sur les autres.

Pour en tirer les éléments les plus caractéristiques, j'ai compulsé toutes les descriptions de ce jeu
parues en France, quelques-unes publiées à l'étranger et certaines, manuscrites et inédites, comme
celle de Duperrey que présentait notre vieux confrère Loisillier, ou comme celle de Raynaly, qui était
un des plus habiles joueurs de gobelets. J'ai eu la bonne fortune de voir présenter – et avec quelle
perfection – le jeu des gobelets par mon ami, l'éminent prestidigitateur Maurier, qui l'avait appris de
Raynaly lui-même. M. Maurier a bien voulu me décrire minutieusement toutes ses passes et je me
plais à reconnaître que c'est dans son travail que j'ai puisé le meilleur du mien.
J'ai choisi huit passes sur la quarantaine qui est décrite jusqu'ici; mais je pense que c'est peut-être
encore trop, et qu'on peut, à la rigueur, les réduire à six, en laissant de côté les deuxième et
quatrième passes. En efet, la répétition des mêmes gestes pour des efets qui ne sont pas très
diférents, devient vite fastidieuse, et l'attention des spectateurs concentrée sur ces trois gobelets
semblables et sur quelques simples muscades, se fatigue vite. Il vaut mieux, d'ailleurs, en
prestidigitation comme en bien d'autres spectacles, laisser le public sous l'impression du trop court
que du trop long.

Néanmoins, la description de ces deuxième et quatrième passes peut vous permettre de composer
deux versions diférentes et de donner ainsi de la variété dans vos présentations : c'est pour cette
raison que je ne les ai pas supprimées.
J'ai cru devoir remplacer par le moderne chapeau melon (qui, tout en étant préparé, ne "sent pas le
truc"), le vieux vase aux muscades décrit depuis Guyot, parce qu'il y avait, avec cet appareil, comme
finale de la multiplication des muscades, un efet intrigant qui n'était pas négligeable, et que le vase
en question avant entraîné dans l'oubli en même temps que lui.
L'emploi de ce chapeau melon peut, néanmoins, être supprimé, si vous ne voulez pas vous
encombrer de cet accessoire (quoique vous puissiez vous servir de votre propre chapeau), et de la
quinzaine de muscades supplémentaires qu'il nécessite.

Je me rends bien compte que la lecture de ce travail sera aride et n'intéressera que ceux qui
pratiquent ou veulent pratiquer sérieusement les gobelets; mais je ne pouvais, pour être complet, me
dispenser des répétitions de mots et des détails que contient cette description.
Avant de commencer, je dois prévenir mes lecteurs que le jeu des gobelets demande de longues et
patientes études (2), qu'il ne supporte ni la médiocrité, ni même une seule faute dans l'exécution; il
est d'ailleurs bien peu de prestidigitateurs modernes qui le pratiquent, en raison – précisément - de
cette difficulté. Mais quel efet et quel succès on peut en tirer !!

Préparation et objets nécessaires

1°) Trois gobelets grand modèle de 10 à 11 cm de hauteur et de 8 cm de diamètre à la base. Dans


l'explication, j'appellerai A le gobelet situé à droite de l'opérateur, B celui du milieu, et C celui de
gauche

2°) Une vingtaine de muscades de 22 mm de diamètre, c'est-à-dire ni grosses comme les


employaient Conus, Boscos et Raynaly (car celles-là ne permettent pas la jolie passe de la "poste"), ni
petites comme celles de Duperrey, qui sont peu visibles à une certaine distance. Les muscades
moyennes peuvent être empalmées à l'endroit classique : la fourche formée par le bas du médius et
de l'annulaire (comme les petites muscades), ou au petit doigt (comme les grosses); enfin, pour
varier le plus possible, vous utiliserez souvent avec avantage l'excellent empalmage à l'italienne et
de temps en temps, le dépôt réel, sur la table, de la muscade à escamoter, puis la reprise avec le
petit doigt en posant le gobelet dessus. L'empalmage "à la coulée" de la muscade peut être employé
aussi pour varier les précédés d'illusion de vacuité de la main (3).
Chez les débutants ou chez ceux qui ont les mains très sèches, un peu de glycérine à la fourche du
médius et de l'annulaire facilite l'empalmage; mais je préfère tremper des muscades dans la glycérine
quelques heures et les essuyer ensuite. Elles seront ainsi aptes à servir pendant de longues semaines
sinon plusieurs mois, sans que vous sentiez le besoin de renouveler l'opération.
Le nombre de muscades est réduit à 7 (plus une de réserve), si vous ne vous servez pas du chapeau.
Il vous faut, de plus, trois muscades – de préférence un peu plus grosse (26 mm de diamètre) – dont
l'une sera colorée en bleu, la seconde en blanc et la troisième en rouge.

3°) Un tapis épais (ou doublé de molleton) de couleur foncé pour que les muscades ressortent bien,
posé sur une petite table ou un guéridon, autant que possible surélevé. Il est, en efet, préférable
d'opérer sur un plan situé à 85 cm au dessus du sol, plutôt que sur une table qui n'a d'habitude que
75 cm environ de hauteur. D'autre part, il est préférable aussi que ce plan soit incliné légèrement (2
ou 3 cm plus élevé en arrière qu'en avant pour que les
spectateurs puissent mieux voir (4).
Sous le bord arrière de la table à 7, 13, 15 et 25 cm du coin droit
(fig. 145), fixez quatre tiges métalliques soudées chacune à deux
punaises. La première tige (T1) et la deuxième tige (T2)
supporteront la muscade bleue et la rouge ; la troisième (T3) et la
quatrième (T4) supporteront les muscades n°1 et n°2.

Toutes ces muscades devront être percées d'un canal central


pour coulisser sur les tiges. T1 et T2 (fig. 146) seront
horizontales dans leurs parties qui soutiennent les muscades ;
les deux autre T3 et T4 (fig. 147) seront inclinées à 45° parce
que la prise de ces dernières muscades se fait en saisissant la
baguette.
Les muscades doivent être assez loin du bord de la table pour
être de prise facile (environ 20 mm pour les muscades
ordinaires n° 1 et n°2, et 15 mm pour les muscades de couleur), et assez basses pour n'être pas vues
du public.
Enfin, sous la table, à gauche, à 15 cm environ du bord, en E, fixez une punaise à double pointe
(c'est-à-dire deux punaises soudées par leur tête) sur laquelle sera piquée la muscade n°3

4°) Un tube de 5 cm de hauteur et de 23 mm de diamètre, fermé en haut et muni en cet


endroit d'une épingle recourbée (fig. 148); il doit contenir juste deux muscades (les n°4 et
n°5). Vous fixez ce tube en haut du pantalon, à gauche, en face du milieu de la poche
gauche inférieure du gilet et à telle hauteur qu'un objet long (comme un canif) mis dans
cette poche, retienne les muscades dans le tube. En écartant légèrement – au moment
voulu – le bord du gilet, les deux muscades vous tomberont dans la main gauche.

5°) Deux épingles anglaises auxquelles vous aurez fixé deux épingles ordinaires
(fig. 149). Vous placerez chacune de ces épingles anglaises sur le milieu des
côtés, au bas du smoking ou du veston (à l'endroit où, d'ordinaire, la doublure porte une
couture) et de telle sorte que les muscades n°6 et n°7 piquées en A affleurent le bas du
vêtement.

6°) Une baguette magique ordinaire.

7°) Un chapeau melon truqué (5). Un demi-double fond DF noir comme le vrai fond dont
vous avez enlevé la coife, y ménage une cachette C. Vous pouvez montrer rapidement
l'intérieur de ce chapeau sans qu'on en aperçoive le trucage (fig. 150, vue
de coupe).
Vous mettez dans la cachette une quinzaine de muscades qui ne tombent pas tant que
cette cachette est en bas. Ce chapeau truqué n'est pas nécessaire, mais il rend le truc
plus curieux et plus intrigant. Vous verrez plus loin les changements que cette
suppression entraînerait dans la présentation sur vous ne vous serviez pas de ce
chapeau.

8°) Enfin, une balle de drap bourrée de sciure, une orange et une pomme. Tous ces
objets doivent être de diamètre tel qu'ils puissent entrer dans les gobelets presque
jusqu'au fond et s'y laisser coincer par une légère pression. Il est préférable (pour n'être point gêné
par les saisons) d'employer une orange en caoutchouc, comme on en trouve dans les bazars, et une
pomme artificielle comme celles que l'on vend pour garnir les corbeilles de salle à manger; de plus,
on aura ainsi l'avantage de manipuler toujours les mêmes objets.
La pomme sera placé dans la poche gauche du smoking ou du veston avec la muscade blanche. Dans
la poche droite, vous mettez la balle et au-dessus : l'orange.

Présentation

Oui, Mesdames et Messieurs, c'est bien le bien tour des gobelets que je vais avoir l'honneur de vous
présenter maintenant; "Vieux tour qui date des Romains", c'est bien le cas de le dire, puisqu'à cette
époque, les joueurs de gobelets existaient déjà sous le nom d'acétabulaires et se servaient de petits
cailloux (acétabula) en guise de muscade. Oh! je sais bien ce que pensent quelques spectateurs; les
uns se disent : "Mais, c'est un tour de gosses; on trouve des gobelets dans toutes les boîtes de
physique pour enfants". Les autres qui l'ont vu exécuter à quelque coin de rue, proclameraient
volontiers que c'est un truc de camelot.
Au premiers, je répondrai par une simple question : "Avez-vous jamais vu les gobelets présentés par
les enfants ?" Je suis sûr de leur réponse, car, dans ces boîtes de physique, les enfants trouvent bien
des gobelets, mais n'ont jamais pu s'en servir… et pour cause : le jeu des gobelets est, en
prestidigitation, l'un des exercices les plus difficiles et les plus délicats à présenter; et, je connais des
illusionnistes experts en cartes ou en pièces qui, ne les ayant pas travaillés spécialement, seraient
incapables de manipuler ces petites instruments, dont le trucage est absolument nul et dont
l'utilisation repose sur la seule adresse des mains.
A ceux qui pensent que le jeu des gobelets est l'apanage des camelots, je dirai que si ces derniers ne
manquent pas toujours d'adresse, la distinction leur fait généralement défaut et leur vulgarité gâche
trop souvent cette jolie expérience. Je me garderai bien d'emprunter le langage de ces artistes de la
rue qui, bien qu'exerçant autrefois dans le voisinage de la coupole, sur le Pont-Neuf ou sur le Pont
des Arts, était des moins académiques.
Mais trêve de considérations superflues; je vais vous présenter mes accessoires et je commence.
.../...

(1) Dans son ensemble, cette présentation a déjà été publiée dans : Le journal de la Prestidigitation,
de 1928 (en supplément); mais je j'ai notablement modifiée depuis cette époque.
(2) J'ai pourtant laissé de côté intentionnellement les passes les plus compliquées et les plus difficiles
comme celles qui exigent l'empalmage simultané de plusieurs muscades.
(3) Employez aussi le faut dépôt (préconisé par Ponsin) de la muscade escamotée – au petit doigt –
par la main droite qui fait semblant de la déposer sous le gobelet posé au même instant par la main
gauche sur la table.
(4) Pour cette surélévation servez-vous de briques (ce qui manque d'ailleurs d'élégance), ou de
livres ; mais il est bien plus commode d'opérer sur une tablette spéciale, dans le genre de celle que
j'ai indiquée dans le n° 90 du Journal de la prestidigitation. Elle n'est ni lourde, ni encombrante, mais
sa description ne peut entrer dans le cadre que je me suis imposé dans ce livre.
(5) Remarquez que le double-fond taillé dans un vieux chapeau, s'enlève et se pose en quelques
secondes et que, même en place, il ne vous empêche pas mettre le chapeau sur votre tête, si celui-ci
est à votre pointure.

Cartes avec accessoires


250
MATÉRIALISATION D'UNE CARTE
DANS UNE ENVELOPPE

Dans son numéro d’octobre 1928, l’éphémère journal anglais « Le Zodiac » a publié la description
d’un tour de cartes où l’on utilise très heureusement une boulette de cire.
Une carte étant choisie par un spectateur, est remise par lui dans le jeu qui est ensuite mélangé. On
présente à ce même spectateur une enveloppe qu’il constate vide et qu’il clôt, ouis, on lui fait
apposer sa signature dessus. On remet sur la table le jeu et l’enveloppe ; on montre ses deux mains
vides, puis on prend l’enveloppe par un coin ; on l’ouvre et on en tire la carte choisie.

Ceci est l’efet, voici l’explication : un saut de coupe suivi d’un faux mélange place la carte choisie sur
le jeu. Pendant que l’on va chercher l’enveloppe, on ramène entre le pouce et l’index, une petite
boulette de cire grosse comme un grain de millet qu’on avait mise en réserve sur l’ongle du pouce ;
on la colle sous l’enveloppe après qu’on l’a fait clore et, plaçant le jeu sous cette enveloppe (à
l’endroit de la boulette de cire), on lui fait servir de pupitre pour l’apposition de la signature ; ceci fait
adhérer la première carte du jeu à l’enveloppe, ce qui permet ensuite de saisir cette dernière par le
coin pour l’ouvrir et faire semblant de retirer la carte choisie, alors qu’en réalité, on la glisse de
derrière l’enveloppe.

J’ai pensé qu’il y aurait grand intérêt à détourner les soupçons du modus faciendi et de l’usage d’une
boulette de cire, et que, de plus, on augmenterait beaucoup l’efet du tour en montrant jusqu'au
dernier moment que l’enveloppe est vide. La manœuvre suivante le permet. Avant d’ouvrir
l’enveloppe, vous décollez la carte de la boulette (qui doit se trouver à environ 3 cm sous le milieu du
grand bord supérieur de l’enveloppe) et vous placez devant la flamme d’une bougie cette enveloppe
en tenant son grand bord inférieur avec la main gauche et son grand bord supérieur avec la main
droite, pouce en avant, les autres doigts derrière ; ils tiennent en même temps la carte, mais en
faisant basculer le tout pour rendre la carte perpendiculaire à l’enveloppe. Dans ces conditions (voir
les figures qui montre la position des mains vues de face dans la première [186]n de profil – ou
presque – dans la seconde [187], d’arrière dans la troisième [188]), par transparence, l’enveloppe
paraît absolument vide et la carte est invisible.

Il ne reste plus, en éloignant l’enveloppe de la bougie, qu’à y réappliquer la carte, et vous pouvez,
après quelques simulacres, montrer à nouveau l’enveloppe par transparence , faire constater que la
carte y est arrivée mystérieusement, et, enfin, l’extraire comme précédemment.

Cartes truquées
448
RIEN NE SE PERD, RIEN NE SE CREE
OU L'AS DE CARREAU MAGIQUE

Efet - Vous battez un jeu et vous montrez la dernière carte : c'est un 5 de carreau : "Je vais, dites-
vous, enlever un point de cette carte, mais comme rien ne se perd, la substance de ces points va se
joindre à la substance du point du milieu qui va se trouver agrandi!". C'est ce que vous faites
constater.

Fig. 252

Vous montrez ensuite qu'il en est successivement de même pour les autres points latéraux, et,
finalement, vous avez un grand as de carreau. Mais, après avoir jeté le jeu sur la table, vous reprenez
l'as et vous le ramenez à de justes proportions.

Explications - C'est une série de changement de cartes par tiroir (après faux mélange) qui vous
permet de substituer les unes aux autres, 4 cartes truquées dont le dessin sont ceux de la figure
252 : Finalement, vous faites l'échange avec l'as de carreau qui grandit et rapetisse sous les yeux du
public.
Cette carte comporte sur sa face deux morceaux de papier formant comme un diaphragme (partie
droite de la figure 252) : en s'écartant, ou en se rapprochant sur un fond rouge, ils donnent un as de
plus en plus large ou de plus en plus petit.
Le mécanisme d'écartement ou de rapprochement est commandé par deux ergots situés derrière la
carte.
Il faut dissimuler le fonctionnement de ce truquage en imprimant à la carte un mouvement circulaire.
D'ailleurs, elle ne doit pas rester immobile dans votre main pendant que vous la présentez et de
toutes façons ce moment doit être court.

Cigarettes et cigares

512
APPARITIONS ET DISPARITIONS

Je rappellerai d'abord brièvement les plus usitées des manipulations de cigarettes non allumées qui
ont été décrites avec toutes leurs variétés dans le livre de Martin-Bontemps "Les cigarettes", et
recemment d'une façon suffisamment détaillée et très claire dans le livre de Rémi Ceillier, "Manuel
Pratique d'Illusionnisme et de Prestidigitation" (tome 2, pages 335 à 346). Comme l'a écrit ce dernier,
chacune de ces manipulations peut constituer par elle-même un petit tour ; mais depuis l'apparition
sur la scène des numéros de cigarettes allumées, les manipulations de cigarettes non-allumées ont à
peu près complètement disparu en tant qu'élément théâtral.
Par contre, elles conservent toute leur valeur dans la demi-intimité du salon ou au fumoir, ou encore
pour multiplier celle que vous avez en main ; et l'efet qu'elles produisent, ainsi présentées, est
encore très appréciable.

La tenue d'une cigarette dissimulée peut se faire de diférente façons : à la coulée avant par exemple
(c'est-à-dire en la serrant entre l'extrémité de l'index et de l'annulaire, la cigarette longeant le
médius), ou, ce qui est meilleur, par pincement entre les extrémités de l'index et du médius
rapprochés, ou encore par les mêmes positions derrière les doigts. La plus usitées et la plus pratique
des tenues est la tenue à l'italienne, c'est-à-dire à la fourche du pouce, et l'empalmage entre
l'extrémité du médius (ou les extrémités réunies de l'index et du médius) et le milieu de la paume de
la main.

L'apparition se fait évidemment de diférentes façons, suivant la tenue de la cigarette ; par exemple,
quand on a la cigarette à l'empalmage entre le médius et la paume, on la produira en la pinçant à 2
centimètres du médius entre les parties latérales du bout de l'index et de l'annulaire, puis on la fait
basculer en avant, d'abord avec le bout du médius, ensuite le bout du pouce, pour finalement la tenir
entre les extrémités des 4 doigts; si on a la cigarette empalmée à l'italienne, on la produira en la
saisissant entre l'index et le médius qui se replient, puis s'étendent, la tenant ainsi dans la position
normale du fumeur.
L'avantage de la tenue à l'italienne, c'est qu'on peut y avoir plusieurs cigarettes (trois, quatre, et
même plus) et qu'elles peuvent être allumées ; nous en reparlerons plus loin.

La disparition de la cigarette peut se faire par mise à l'italienne, en simulant de la lancer en l'air ou de
la déposer dans l'autre main qui se referme dans le vide (voir R. Ceillier, page 314) (1), ou bien par
fausse prise au tourniquet comme une boule ou une pièce, ou encore par reprise après dépôt réel
(passe au fermoir. R. C. p. 342) (2), ou passe de l'enfoncement dans le poing (R. C. p. 243), ou bascule
Zirka (R. C. p. 344), ou bascule Gaultier (R. C. p. 345). On peut encore mettre la cigarette à l'oreille en
faisant le simulacre de l'enfoncer dans le coude replié; la main qui contient la cigarette par suite du
faux-dépôt, la place sur l'oreille et s'y débarrasse ainsi de son contenu, pendant que l'autre main qui
est sensée contenir la cigarette; paraît l'enfoncer dans le coude.
Je signalerai enfin une autre disparition excellente qui n'a paru ni dans le livre de Martin-Bontemps ni
dans celui de Rémi Ceillier et qui m'a été montrée par mon ami Vaillant. La cigarette étant entre les
lèvres, vous la prenez assez près de la bouche entre le pouce droit dessous, et l'annulaire au -dessus;
dans cette position, il est très facile de l'empalmer entre le médius et le milieu de la paume pendant
que vous faites un faux dépôt dans la main gauche.

Il y a lieu encore de faire croire que les deux mains ne contiennent rien et de montrer alternativement
leur paume et leur dos vides. Cela se fait par des transferts successifs dont R. Ceillier a décrit la
technique à la page 345 de son livre par double empalmage, back-and-front, comme pour les cartes
(voir R. C. p. 346); mais je crois qu'il n'est pas bon d'abuser de ces manipulations qui ne démontrent
pas toujours grand chose et qui nécessitent des mouvements manquant souvent de naturel.

Pour en terminer avec la question des manipulations de cigarettes, je vais donner une disparition
particulièrement curieuse qui m'a été communiquée par un virtuose des cigarettes, mon ami J.
Métayer (alias Jean Corta); voici la description qu'il a bien voulu en faire pour ce livre.

Efet. - L'opérateur, qui se tient face au public, montre sa main gauche vide, puis ferme cette main de
manière à ne laisser qu'un petit intervalle entre les doigts et la paume de la main. Dans cet espace, il
introduit une cigarette et la fait ressortir de l'autre côté (vers le petit doigt). Il recommence cette
passe, mais au lieu de faire ressortir la cigarette, il semble pulvériser celle-ci dans sa main gauche et
lorsqu'il ouvre à nouveau cette main, la cigarette a disparu. Celle-ci réapparaît à l'endroit choisi par
l'artiste.

Explication. - Étant face au public, porter la main gauche à la hauteur de la poitrine, pouce au dessus;
fermer la main en ne laissant entre les doigts et la paume que l'espace nécessaire au passage d'une
cigarette. Introduire celle-ci du côté du pouce, la pousser à l'aide du médius droit, tout en se tournant
vers la gauche. Durant cette évolution renverser la main gauche, pousser la cigarette avec ce pouce
gauche pour la faire sortir du côté du petit doigts. Reprendre la cigarette de la main droite et
recommencer la passe en revenant face en avant. Cette fois, au moment d'introduire la cigarette
dans la main gauche fermée, serrer fortement l'annulaire et le petit doigt de cette main contre la
paume de la main et, par contre, écarter légèrement l'index avec le médius, de façon à ménager un
certain espace entre le médius et l'annulaire. A ce moment, le public ne voit que le dos de la main
gauche. Introduire la cigarette comme précédemment, mais en la poussant faire ressortir son
extrémité inférieure entre le médius et l'annulaire. Tout en continuant de pousser l'extrémité
supérieure de la cigarette à l'aide du médius droit, saisir à l'italienne dans la main droite l'extrémité
opposée qui sort entre le médius et l'annulaire gauches. C'est alors qu'il faut opérer un mouvement
de tout le corps vers la gauche, pendant que l'on retourne la main gauche paume en bas. La main
droite s'éloigne chargée de la cigarette qui s'y trouve à l'italienne, et la main gauche semble
pulvériser la cigarette qui vient d'y être introduit apparemment. Tourner à nouveau la main gauche
doigts vers les spectateurs et ouvrir cette main pour montrer que la cigarette a disparu. L'artiste peut
faire réapparaître celle-ci comme il l'entend.
Nous ignorons l'origine de cette manipulation qui nous a été indiquée par notre excellent ami Satanas
(André Delcassan) qui fût notre maître en magie. J. Corta

(1) Ce faux dépôt peut être fait de la façon suivante, qui est excellente, quoique peu pratiquée jusqu'ici et qui est applicable aux cigarettes
allumées.
Placer la cigarette entre le pouce d'un côté et les autres doigts, sauf le petit doigt, de l'autre côté, dans la position que l'on prend pour faire
tomber la cendre avec le petit doigt.
Faire alors passer le petit doigt devant la cigarette (devant par rapport à l'opérateur), pendant que l'annulaire appuie sur elle à l'opposé, mais
un peu plus haut. Écarter le pouce : la cigarette basculera vers la fourche du pouce pour se placer quasi-automatiquement à l'empalmage à
l'italienne.

(2) Voici deux variantes peu connues de cette passe:


a) Au lieu de saisir la cigarette avec la main droite entre l'extrémité du médius et le pouce, on la saisit à l'italienne, et c'est le pouce gauche
qui la pousse dans la main droite pendant que celle-ci passe sur la main gauche.
b) La cigarette ayant été mise dans la paume de la main gauche en travers de la racine des doigts, on referme ces derniers sur elle et on
retourne la main gauche dos au public, bras étendu à gauche.
On passe alors la main droite devant la gauche et pendant qu'elle fait masque, le pouce gauche pousse la cigarette vers le haut du poing où
elle ressort sur un ou deux centimètres. La main droite la saisit alors entre les extrémités du médius et de l'annulaire et l'enlève (passe
Drioux).

513

LA MULTIPLICATION D'UNE CIGARETTE

Voici trois procédés qui peuvent être utilisés isolément ou être combinés pour donner de la variété.

A. - Mettez une cigarette à l'empalmage de la main droite, entre l'extrémité du médius et le milieu de
la paume. Saisissez par sa moitié inférieure, entre le pouce et l'index de la même main, la cigarette
que tenait verticalement par son bout inférieur la main gauche. Cette main devenue libre s'abaisse
alors légèrement et saisit la cigarette empalmée, puis la sort par en bas comme si elle avait dédoublé
l'autre.
La main droite fait semblant de mettre en poche la cigarette qu'elle tenait et en profite pour
l'empalmer comme antérieurement, puis elle revient saisir la cigarette que tenait la main gauche, et
le même manège recommence ad libitum.
Le tour peut être exécuté aussi avec un empalmage à l'italienne.

B- La cigarette(qui doit être raccourcie d'un centimètre environ) est tenue couchée dans la gouttière
que forment le médius et l'annulaire de la main gauche ; celle-ci doit être dos au public, paume en
haut est plutôt un peu inclinée (fig. 261), les doigts rapprochés un peu en cône et légèrement fléchis,
mais seulement à leur première articulation (celle qui est contre la main) ; la cigarette qui ne doit pas
dépasser les doigts (et c'est pour cela qu'elle doit être plus ou moins raccourcie suivant la longueur
de vos doigts), est alors poussée en haut et à droite par le pouce qui agit sur son extrémité inférieure,
et elle sort du demi-cône formé par les doigts. La main droite vient pour prendre - comme à pleine
main - la cigarette en se mettant verticale et dos au public ; mais, dès que la cigarette est cachée,
vous la laissez retomber à sa position primitive entre le médius et l'annulaire gauches.

La main droite se porte ensuite à la poche (pour y simuler le dépôt de la cigarette) ou dans un
chapeau, puis revient faire une fausse prise de la cigarette restée en main gauche et à nouveau
ressortie ; à moins que, chargée au début à l'italienne d'une autre cigarette, la main droite n'exhibe
cette dernière pour simuler ensuite son dépôt, la remettre à l'empalmage à l'italienne et continuer la
manœuvre ad libitum.

La passe que je viens de décrire est celle qu'employait Willardy, un excellent illusionniste qui
entremêlait l'apparition et les manipulations de cigarettes non allumées et de cigarettes allumées, ce
qui n'était pas une mauvaise idée.
Il terminait cette passe (répétée avec raison seulement 4 ou 5 fois) de la façon suivante. La cigarette
de la main gauche ayant été empalmée finalement à l'italienne à droite, il montrait la main gauche
vide des deux côtés, puis passait la main droite devant la gauche, lui transmettait la cigarette à
l'italienne; la main gauche se retournait alors, dos en avant, se fermait, emprisonnant la cigarette que
l'illusionniste ressortait finalement en haut du poings, du côté du petit doigt, en la poussant avec le
pouce gauche.

C- Voici une troisième façon d'opérer que m'a montre Odin, et qui a mes préférences parce que les
mouvements en paraissent très naturels. Vous tenez empalmée entre le bout du médius droit et la
paume une cigarette A et vous montrez une autre cigarette B tenue en main gauche.
Vous passez la cigarette B à la main droite qui la prend entre le pouce et l'index (ce qui fait supposer
que cette main ne contient rien) et vous montrez sans afectation la main gauche vide; puis, vous
repassez la cigarette B à la main gauche qui en saisit l'extrémité entre le pouce (ongle en haut) au-
dessus, l'index ou le médius (plutôt le médius) en-dessous ; les doigts étant horizontaux, la tiennent
horizontalement. La main droite s'avance devant la cigarette B et dépose sa cigarette A en avant
d'elle et parallèlement à elle, le bout entre l'extrémité du pouce et de l'index gauches (fig. 262, qui
montre ce que voit l'opérateur). Puis, la main droite lâche la cigarette A, pendant que les doigts
gauches serrent les deux cigarettes en même temps. Les doigts droits glissent alors le long des deux
cigarettes et, pinçant vers son milieu entre le pouce et l'annulaire la cigarette B qui est postérieure et
que lâchent les doigts gauches, l'entraînent dehors et à droite. La cigarette B semble ainsi sortir de
l'autre cigarette A. La façon dont B est saisie, favorise son empalmage durant le faux dépôt dans la
poche ou dans le chapeau, et l'on est prêt à recommencer. Dans ce dernier cas, quand on a fait cet
exercice plusieurs fois, on dépose dans la profonde l'une des deux cigarettes employées et on met
ostensiblement la dernière dans le chapeau.
On la reprend en disant : "Je vais, si vous me le permettez, en prendre une pour moi et vous donner
le chapeau pour que vous puissiez prendre les autres." Évidemment, les spectateurs n'y trouvent rien.

Le journal "L'illusionniste" a décrit un dédoublement de cigarette par une pseudo-cassure (dû à M.


Prêtre), qui a été reproduit par R. Cellier (page 350).
Il m'a semblé moins intéressant que les précédents, surtout que le troisième procédé.

Enfin, il y a lieu de signaler le dédoublement préconisé par M. Maurier et qui consiste à avoir une
cigarette soit factice soit réelle mais roulée très serrée et lisse, que vous introduisez dans un tube
(d'aluminium ou de papier fort) recouvert de papier à cigarette et imitant une cigarette. Il suffit, dans
ces conditions, de tirer sur le tube extérieur pour donner l'illusion que la cigarette s'est dédoublée. Il
faut prendre la précaution de laisser dépasser la cigarette intérieure de la quantité nécessaire pour
pouvoir la saisir ou de la munir, dans le même but, d'un anneau un peu rigide de papier blanc.

514
LES CIGARETTES PÉNÉTRABLES

Efet. - C'est - avec des cigarettes - le même efet que j'ai décrit au chapitre des allumettes (N°20
page 33, tome 1), sous le titre de "Allumettes pénétrables" ; mais en raison de la diférence des
objets présentés, la technique n'est pas tout à fait la même.
Une cigarette est tenue par ses extrémités presque horizontalement entre le bout du pouce et celui
de l'index gauche. Une autre cigarette est tenue de la même façon à droite et dans une position à
peu près perpendiculaire à celle de gauche, c'est à dire presque verticale.
Les deux mains sont rapprochées une ou deux fois jusqu'à contact des cigarettes, puis écartées
(feinte) et à la fois suivante les cigarettes se trouvent encastrées, c'est-à-dire que celle de droite
toujours tenue entre le pouce et l'index droit, est incluse dans l'espace formé par les doigts gauches
et la cigarette que tiennent ces derniers.
Un mouvement inverse les désenclave.

Explication. - Les droits derniers doigts droits sont écartés de l'index au début; mais, au dernier
mouvement, le médius se place contre l'index en dépassant un peu à l'intérieur de la main.
L'extrémité de la cigarette appuyée sur la pulpe de l'index, peut alors reposer sur le médius, et l'index
qui s'est légèrement soulevé, pince entre lui et le médius un peu de cette extrémité.
Dans ces conditions, la cigarette est assez fixée pour que le pouce puisse écarter sans qu'elle tombe,
et vous pouvez faire passer au-dessus de l'autre cigarette l'extrémité appuyée antérieurement sur le
pouce.
Le pouce et l'index droits reprennent ensuite leur place antérieure aux extrémités de la cigarette à ce
moment enclavée dans l'espace situé entre les doigts gauches et l'autre cigarette.
Des mouvements inverses permettent le désenclavage.
Avec un peu d'exercice, on arrive à faire l'expérience très rapidement et d'une façon tout à fait
invisible, surtout si la position des main masque le petit écart que fait le pouce droit.

527
LA CIGARETTE PLIÉE NE SE DÉCHIRE PAS

Pour réaliser cet efet, il vous suffit d'enrouler d'une façon assez serrée autour de la cigarette un
morceau de cellophane que vous tortillez aux deux bouts.
Vous pouvez employer un morceau de cellophane trois fois plus long qu'une cigarette et vous en
tortillez ce qui dépasse de la cigarette de chaque côté (7 centimètres environ). Dans ces conditions,
vous pouvez faire une nœud à la cigarette sans qu'elle se casse.
Si vous voulez donner à cette petite récréation un côté intrigant, substituez finalement à la cigarette
ordinaire, une cigarette en caoutchouc mousse et déclarez que vous pouvez plier et froisser la
cigarette sans la détériorer et cela sans le secours de la feuille de cellophane.
528
LES CIGARETTES MAGNÉTISÉES

Sous ce tire a été décrit, en 1913, dans "L'illusionniste" (N° 142, page 292), un efet curieux.
Mon amie M. Léon Mouté, qui avait exécuté cette expérience pour la première fois en 1906, a bien
voulu la décrire pour ce livre, telle qu'il la conçue à cette époque.
On enfile à l'aide d'une aiguille plus longue qu'une cigarette, un fil fin et noir (d'environ 1 m, 50)
successivement dans une dizaine de cigarettes que l'on dispose en accordéon et que l'on maintient
ainsi avec une bande de papier de soie. Le fil dépasse à peine la première cigarette enfilée, mais
dépasse largement la dernière et à son extrémité on nous une boucle de crin très fin passée sous la
bandelette de papier de soie. On fait la prise de ce paquet derrière une chaise avec un chapeau, puis
on fait la chasse aux cigarettes.
Sortant quelques cigarettes non préparées et libres, on les laisse retomber dans le chapeau, puis,
sous le prétexte de magnétisme, on fait quelques passes sur lui avec la main droite.
Enfin, plongeant cette main dans le chapeau, on passe le pouce dans la boucle de crin; en la tirant, la
bandelette de papier de soie se déchire et libère les cigarettes. Avec cette même main, on prend la
dernière cigarette et à la suite de laquelle pendent toutes les autres. Le chapeau, à ce moment en
main gauche, est déposé sur une chaise. La main droite passe alors la cigarette qu'elle tenait et suite
tout le chapelet à la main gauche; mais elle conserve la boucle de crin et elle s'abaisse comme pour
aller se mettre le long du corps. Soufflant alors sur la cigarette la plus basse du chapelet, on écarte
doucement la main droite en continuant à l'abaisser, de telle sorte que le fil glissant à l'intérieur des
cigarettes, quitte complètement la première, et celle-ci tombe comme si elle obéissait au souffle.
On continue de la même façon jusqu'à la dernière cigarette.

529
LES CIGARETTES QUI SORTENT TOUTES SEULES DE LEUR PAQUET

Il existe, pour réaliser cet efet, divers procédés sur lesquels je ne m'étendrai pas longtemps, les
gravures ci-contre étant suffisamment explicites quant à la construction et aux fonctionnement de
ces trucs.
Le premier a paru dans "The Sphinx" et traduit ensuite dans "Magie", sous la signature de M. le Dr.
Ladislaus Batta de Vatta. Dans le haut du dos du paquet sont percés (à l'emporte-pièce) trois trous
(voir fig. 274). Un fil de grosseur moyenne passé dans chaque trou aboutit à une petite tige
métallique recourbée qui entre dans le bout inférieur des cigarettes ; à l'autre extrémité du fil
pendant à l'extrémité du paquet, est nouée une petite perle. En tenant le paquet face au public entre
le pouce d'un côté et le médius avec l'annulaire de l'autre, on abaisse la perle à l'aide de l'ongle de
l'index et la cigarette monte. Comme il y a trois trous et trois fils, trois cigarettes peuvent ainsi
monter toutes seules du paquet.

Il est bon, lorsque l'on a percé les trous dans la paroi postérieure du paquet, de ne pas remettre
toutes les cigarettes dedans : il est nécessaire en efet, d'en laisser au moins deux de côté pour que
celles qui sont attachées au fil puissent sortir facilement.

Si au lieu d'aboutir à une perle comme plus, haut, votre fil est beaucoup
plus long et si vous en fixez l'extrémité à un bouton de gilet avec de la cire, vous pouvez tenir le
paquet de telle façon que, de tout évidence, aucun de vos doigts ne peut agir pendant la sortie de la
cigarette, sortie qui se fait en éloignant le paquet du corps.
Une cigarette étant attachée à un fil (ou un cheveu) par son bout supérieur, et l'autre extrémité du fil
étant fixé par une boulette de cire au bord du paquet, il vous suffit de passer un doigt dans l'anse
ainsi formée et d'élever la main pour que la cigarette attachée se soulève et sorte du paquet (fig.
275) comme attirée par le doigt.

Un autre procédé consiste à pratiquer une ouverture de 55 millimètres de hauteur sur un centimètre
de largeur, dans la paroi postérieure du paquet (voir fig. 276) : on fait monter la cigarette à l'aide du
bout du doigt légèrement mouillé de salive et passé à travers cette ouverture. La première cigarette
étant sortie, quelques secousses données au paquet en feront placer une autre vis-à-vis de la fenêtre
et permettront la sortie d'une seconde et même d'une troisième.

Enfin un dernier système est celui qui m'a été montré par mon ami Larson.
La paroi postérieure du paquet est fendue horizontalement sur une largeur de 18 à 20 millimètres, de
A à B (fig.277) ; une cigarette en émerge depuis la fente jusqu'au bas et seul son cinquième supérieur
est dans l'intérieur du paquet.
Vous tenez le paquet comme dans le système précédent et l'index, très recourbé fait sortir la
cigarette en la poussant par son bout inférieur (il est bon d'incliner le paquet au début pour qu'on ne
voie pas l'index quand il est en Z). L'avantage de ce dernier système est de s'improviser très
facilement et ne ne pas laisser de traces notables une fois la cigarette sortie (ce qui permet
finalement de faire voir le paquet de tous les côtés), à moins que l'on ne fasse deux fentes, une à
droite et une à gauche (au lieu d'une seule au milieu) pour pratiquer la sortie successive de deux
cigarettes.

Dans toutes ces expériences, il est préférable :

1° De présenter le paquet avec la bande de la régie intacte et de la déchirer devant les spectateurs,
comme on on se servait d'un paquet neuf ; il faut donc décoller avec précaution quand on prépare le
paquet et la recoller ensuite.
2° De faire si possible un change avec un paquet ordinaire semblable pour le faire visiter après
l'expérience.

530
LA CIGARETTE COUPÉE ET INTACTE

Efet. - Vous faites visiter un petit tube de cuivre de dimensions légèrement plus grandes qu'une
cigarette. Vous enfoncez lentement dans ce tube une cigarette et dès qu'il n'en dépasse plus que la
moitié, vous coupez cette moitié avec des ciseaux. Vous montrez à nouveau la coupe de la cigarette
et vous remettez le couvercle qui s'adapte au tube.
Vous confiez alors le tube à un spectateur et, prenant la moitié de la cigarette qui a été coupée, vous
l'escamotez en disant que vous la renvoyez dans le tube.
En efet, le spectateur qui retire le couvercle, trouve dans le tube la cigarette intacte et entière et il
peut visiter ce tube.

Explication - Le tube est double et il y en a un intérieur qui coulisse à frottement doux dans
l'extérieur, lequel n'a pas de fond; mais l'appareil étant construit avec précision, le tube paraît simple.
Quand l'appareil a été visité, vous y introduisez secrètement une cigarette tenue à l'empalmage et
lorsque vous y mettez une autre cigarette, celle-ci pousse la cigarette cachée qui pousse elle-même
le tube intérieur et le fait sortir à l'autre bout, mais il est invisible parce qu'il est caché à l'intérieur de
la main gauche qui tient l'appareil. Vous suspendez l'introduction quand la cigarette visible est à
moitié entrée et vous coupez avec des ciseaux la moitié qui dépasse.
En remettant le couvercle et caché par la main droite tournée dos vers les spectateurs, vous
repoussez avec le petit doigt gauche le tube intérieur et la seconde moitié de la cigarette coupée
vous tombe dans la main droite qui s'en débarrasse ensuite dans la pochette.

Un autre système consiste à avoir un tube au milieu duquel il y a une fente transversale où peu
passer une lame de rasoir. La façon d'opérer est alors exactement la même que le truc suivant.

531
LA CIGARETTE PERCÉE ET INTACTE

Efet. - Une cigarette étant introduite dans un tube que ferme un couvercle, vous passez des épingles
dans des trous aménagés au milieu du tube ; pourtant, les épingles ayant été retirées, vous donnez
l'appareil pour qu'on enlève le couvercle et la cigarette apparaît intacte.

Explication. - C'est un tube du même genre que celui décrit au tour précédent; mais ici, le tube
intérieur coulissant à frottement mi-dur (ce qui défie toutes les inspections) est à moitié poussé
dehors par l'emploi d'un crayon (destiné, soi-disant à mesurer l'intérieur du tube par rapport à une
cigarette).
La cigarette empruntée est alors introduite dans le tube et le couvercle est mis en place. Comme une
moitié de la cigarette est dans le tube intérieur repoussé dehors, elle n'arrive pas au niveau des trous
et, par conséquent, n'est pas atteinte par les épingles (ou par la lame de rasoir, dans la deuxième
manière du tour précédent). Une fois le tube intérieur refoulé et remis en place par le pouce sur son
fond tandis que le médius maintient le couvercle, vous donnez l'appareil au spectateur qui ne peut en
découvrir le trucage.

57

APPAREILS, CIGARETTES FACTICES


ET PROCÉDÉS DIVERS
Les réservoirs de cigarettes allumées ne peuvent évidemment être les mêmes que ceux des
cigarettes non allumées. Il doivent être, en efet, disposés pour que les cigarettes maintenues dans
un espace à claire-voie, à trous ou à grillage, ne s'éteignent pas et ne détériorent pas les vêtements.
Le dispositif qui maintient les cigarettes est constitué par des ressorts ou bien par des tiges pointues
sur lesquelles elles sont enfilées.
Les dessins ci-dessous montrent comment ces réservoirs sont constitués.
Avec les uns (fig. 282 et 283) ce dernier et le modèle (1) construit par le Dr Oltramare, un amateur
genevois), on prend les cigarettes une à une ; d'autres permettent d'en prendre plusieurs (3, 4 ou 5) à
la fois (par exemple celui qui est représenté dans la figure 284 qui est une coupe schématique d'un
appareil permettant de saisir à la fois 5 cigarettes à l'italienne; l'épaisseur intérieure de la boîte doit
être à peu près égale au diamètre d'une cigarette).
Avec les premiers la cigarette est saisie à la pincée entre l'extrémité de l'index et du médius, pour
être produite ensuite en le médius et l'annulaire, après l'avoir fait basculer.
Avec les seconds, les cigarettes sont saisies toutes à la fois

à l'italienne et on les produit une à une entre l'index et le médius ou entre le médius et l'annulaire.
Fig 285
Fig 256

Ces appareils s'attachent à l'aide de pattes rentrant dans deux compartiments (fig. 285) contenant
chacun un produit chimique diférent, compartiments déterminés par 3 bouchons de cire ou de
paraffine isolante, un au milieu et un à chaque extrémité. En traversant la simili-cigarette d'un bout à
l'autre avec un tige on mettait les compartiments en communication entre eux et avec l'extérieur. Il
suffisait de souffler dans le tube pour déterminer la production d'une abondante fumée blanche.
J'ai pensé qu'on pourrait remplacer ce truc par un tube de verre présentant 3 étranglements (fig. 286)
et déterminant ainsi deux compartiments dans l'intérieur desquels on met de l'ouate. Quelques
gouttes d'acide chlorhydrique dans l'un et d'une solution d'ammoniaque fraîche dans l'autre donne en
soufflant dans une extrémité une belle fumée de chlorhydrate d'ammoniaque. Le tube est
évidemment recouvert de papier pour lui donner l'aspect d'une cigarette.
Malheureusement, il y manque les étincelles et il ne faut pas aspirer trop de cette fumée artificielle.

Quand on se sert des unes ou des autres de ces cigarettes factices, on n'a besoin que d'une cigarette
allumée, et voici la manœuvre à faire pour en tirer un bon efet.
La vraie cigarette étant à la bouche, la main droite se charge d'une cigarette factice, l'empalme à
l'italienne, se porte vers les lèvres et saisit la vraie cigarette entre l'index et le médius. Avant qu'elle
quitte la bouche, on aspire une grosse boufée de fumée dont on ne rend ensuite qu'une partie,
pendant que la main droite s'abaisse, se referme à demi et réalise une espèce de filage qui substitue
une cigarette à l'autre : la fausse cigarette passe entre le médius et l'annulaire et la vraie passe à
l'italienne.
La fausse cigarette étant reportée aux lèvres, on projette à travers elle le reste de la fumée
emmagasinée dans la bouche ; puis on jette dans un cendrier la fausse cigarette;
La vraie cigarette est ensuite produite, puis mise à la bouche et les mêmes manœuvres répétées
avec d'autres cigarettes factices ou ordinaires non allumées, prise alternativement dans le réservoir
de gauche et celui de droite, continuent la production autant qu'on le désire.
Cette façon d'opérer a été décrite dans le "Journal de la Prestidigitation" par Kimar (N° 94) et, avec
quelques modifications, par Grégoire (N° 99). Ce dernier a conseillé de mettre dans le fond du
cendrier une feuille d'amadou saupoudré de tabac fin pour donner de la fumée (à la place du papier
d'Arménie préconisé par Kimar). Il ajoute l'efet suivant pour l'allumage de la cigarette au début.
L'opérateur, s'apercevant qu'il n'y a plus d'allumettes dans sa boîte, frotte contre celle-ci l'extrémité
de sa cigarette qui s'enflamme et il continue à la fumer ; ceci se produit grâce à un morceau
d'allumette enfoncé dans le tabac de façon à ce que le bout de phosphore affleure l'extrémité de la
cigarette. L'auteur indique qu'il faut employer une allumette "tison"; je crois préférable une
"suédoise", ou bien il faut racler les 3/4 de la partie chimique du tison pour qu'il ne se produise pas
une flamme trop prolongée.

Et maintenant je vais donner quelques procédés qui auront leur utilité dans l'emploi des cigarettes
allumées.
Parlons d'abord du choix des cigarettes et du tabac.
Le tabac doit être moyennement serré, et pas humide; néanmoins, trop sèches, les fibres de tabac
tombent en poussière et la partie allumée peut se détacher en bloc.
Mr Ducatillons-Delassus préconise un tabac plutôt gros et fort, genre Johnson, les Baltos ou les
Celtiques ordinaires gros modèle. Le même manipulateur faire remarquer que si l'on coupe avec des
ciseaux une cigarette pour l'amener à dimension voulue, celle-ci s'éteindra beaucoup plus vote que si
on la raccourcit par simple cassure entre les doigts.
Pour assurer la combustion des cigarettes dans les réservoirs, il est bon d'enlever le tabac du bout
des cigarettes qui doit être allumé et de la replacer après l'avoir mélangé avec des brindilles
d'amadou de mèche à briquet (ne se servir que de la partie centrale de la mèche).
Keith Clark décrit le truc suivant (2) qui lui est personnel pour allumer plusieurs cigarettes à la fois
sans que les spectateurs s'en aperçoivent. Il fait apparaître une cigarette, la met à sa bouche et, pour
l'allumer, prend dans sa poche de gilet une boîte d'allumettes en forme de carnet ; en même temps il
prend 5 cigarettes à l'italienne dans une espèce de réservoir situé à côté de la boîte.
En allumant la cigarette qu'il a aux lèvres, il allume aussi celles qui sont à l'italienne ; la main droite
placée comme pour éviter un courant d'air sur la flamme, masque parfaitement la manœuvre. Les
cigarettes empalmées s'enflamment d'autant plus vite qu'on les a préalablement allumées et ensuite
laissées s'éteindre en vase clos.
Cet auteur fait même de façon analogue l'allumage des cigarettes dans un réservoir qu'il remet
ensuite dans sa poche en même temps que la boîte d'allumettes, "La poche de gilet dit-il, étant la
meilleure place pour un réservoir, quand on a du public autour de soi."
Il a d'ailleurs finalement réuni la boîte d'allumettes et le réservoir pour n'avoir qu'un objet à sortir et à
remettre en place.
Ce spécialiste des cigarettes conseille de se gargariser et de se rincer soigneusement la bouche avec
de l'eau chaude après son numéro et de mâcher entre les représentations des petits morceaux de
racine de gentiane qui tonifie les muqueuses.

Voici pour terminer cette partie de chapitre, un excellent procédé pour s'emparer de deux cigarettes
allumées sans que le public s'en doute le moins du monde ; c'est celui de mon ami le grand
illusionniste Fran-Klint "l'homme au cent cigarettes" qui le premier a introduit le numéro des
cigarettes allumées en France (en 1916).
Sur une table ou un guéridon, on dispose deux cigarettes allumées et une non allumée. Cette
dernière est la plus à droite et peut être visible puisqu'on la prend ostensiblement au début du
numéro. Au milieu la première cigarette allumée est placée sur une boîte d'allumettes dont une
allumette est au 3/4 sortie et coincée par le tiroir presque entièrement repoussé à sa place : la partie
allumée de la cigarette est à l'opposé du côté où sort cette allumette et est dirigée vers l'arrière.
Un peu à gauche est placée sur un petit objet quelconque (à la rigueur une simple carte pliée en
forme de pont) pour être en prise facie et ne pas brûler le dessus de la table ou du guéridon.
Ces deux cigarettes allumées sont dissimulés par un foulard bouchonné en boudin et placé devant
elles.
On prend donc la cigarette non allumée, on la met à ses lèvres et, pour y mettre le feu, on prend
ensuite la boîte d'allumettes entre le pouce gauche d'un côté et l'annulaire de l'autre, mais en même
temps on s'empare de la cigarette allumée en la maintenant avec l'index et le médius sur le dessus
de la boîte ; la partie allumée se trouve alors dans le creux de la main mais sans contact et ne peut
pas brûler.
La cigarette visible ayant été allumée, on prend la boîte avec la main droite et on la jette ; mais on
garde la cigarette entre le bout des doigts gauches qui se portent ensuite à la bouche comme pour y
prendre la cigarette qui s'y trouve. On "avale" alors cette dernière, pendant que la main fait masque ;
c'est donc la cigarette prise avec la boîte qu'on simule de retirer des lèvres et quand on l'a jetée par
terre, on a encore une cigarette en bouche.
La prise de la cigarette allumée qui reste sur la table, se fait en finale quand on a exécuté le tour de
la cigarette dans le foulard (sans faux-pouce et par fausse prise à la bouche qui l' "avale"). Le foulard
montré ensuite vide est remis sur la table en face de la cigarette dont on s'empare dans le même
geste qui dépose le foulard. Il reste donc à ce moment une cigarette allumée en bouche et une à la
main, donc encore deux productions à faire avant de quitter la scène.

(1) La figure 283 représente le réservoir pour 3 cigarettes allumées, il est construit avec du cuivre de 15/16e d'épaisseur.
Les 3 aiguilles sur lesquelles se piquent les cigarettes peur leur bout allumé sont montées à force sur un petit tube, puis soudées. Le petit tube
est fixé sur le corps de la boîte au moyen de 2 vis à tête fraisée. La fermeture n'est figurée que sur le dessin du bas ; cette petite porte est
articuléen sur deux charnières soudées et son blocage dans la position fermée est assurée par le ressort qu'on voit à la partie inférieure du
dessin sous la forme d'une ligne ondulée.

(2) Ces procédés sont tirés du livre récent de Keith Clark : "Encyclopedy of cigarette tricks" qui décrit admirablement toutes les manipulations
de cigarettes, sans en omettre aucune, mais qui ne comprend pour ainsi dire pas de tours à proprement parler (5 ou 6 en dehors des chasses
aux cigarettes) ; c'est plutôt "Encyclopédie des manipulations de cigarettes" que devrait s'intituler cet ouvrage, d'ailleurs d'un grand mérite.

547
L'ÉCLAIR JAILLISSANT DE LA MAIN

J'ai vu exécuter cet efet impressionnant par Cardini; je dois ajouter qu'il le faisait, au moins la
première fois, avec les mains gantées.
Ce truc, se fait au cours d'un numéro de cigarettes où l'on voit tout à coup un éclair jaillir du creux de
la main. C'est une boulette de papier éclair, empalmée à l'italienne et abaissée avec le pouce vient
mettre le feu. J'avoue que je n'oserais pas faire cette expérience sans gants.
On peut aussi mettre à une cigarette une bague en papier éclair et pousser la bague vers la partie
incandescente qui y met le feu.

LA FICELLE QUI S'ALLONGE TOUTE SEULE

Je place en tête de ce chapitre ce petit tour, parce qu'il peut servir comme plaisante entrée en
matière, quand vous faites un "numéro" de ficelles.
En efet, vous déclarez, en commençant, que vous allez faire quelques tours avec des ficelles, mais
que, malheureusement, vous n'en avez qu'un trop petit morceau (20 cm. environ) dans votre poche,
et vous le montrez. Mais, ajoutez-vous, un magicien n'est jamais embarrassé, et pour avoir les
quelques mètres dont vous avez besoin, il suffit, après avoir pelotonné le petit morceau dans vos
mains, de tirer sur l'une des extrémités; il en vient les 6 à 8 mètres qui sont plus que suffisant pour
vos démonstrations.

Explication. - Avant de commencer votre séance, mettez dans la poche intérieure gauche de votre
veston une ficelle de 6 à 8 mètres (pliée en accordéon et sans la rouler); faites-en passer le bout dans
la paume gauche puis le long de la paume gauche et enfin dans une alliance (placée normalement à
l'annulaire gauche) qu'il dépassera de quelques centimètres.
Devant les spectateurs vous pelotonnez entre vos mains le morceau de 20 cm. de ficelle montré au
début et vous le réduisez en une boulette que vous passez à l'empalmage du petit doigt droit.
Vous saisissez alors le bout de la grande ficelle qui dépasse votre alliance et vous la tirez. Comme elle
est guidée par la bague, il n'y a pas de danger qu'elle quitte la paume de la main en venant de la
manche, et vous semblez la sortir du bout de vos doigts gauches jusqu'a la terminaison. Quant au
morceau de ficelle réduit en boulette, vous vous en débarrassez dans une poche ou dans la pochette.

560
LA FICELLE IMPALPABLE

Dans le dessin A (fig. 300, qui montre ce que vous verriez en penchant à
gauche de la corde), la main figurée à gauche est celle d'un spectateur; la
main figurée à droite est la main gauche de l'opérateur. Entre ces deux
main est tendue une ficelle d'une longueur d'un mètre environ, dont les
deux bouts sont noués ensemble. La main figurée au milieu avec la manche
est la main droite de l'opérateur; elle seule doit bouger et faire le tour.
Il s'agit de dégager la ficelle du doigt du spectateur qui la tient, sans la faire
passer au-dessus de ce doigt (ce qui serait évidemment trop facile).
1° Avec le médius, attirez à droite le brin gauche g de la corde et le faire
passer au-delà du brin droit d ; cela engage le médius dans la boucle
médiane ainsi formée (B).
2° Retournez la main paume en l'air et engagez l'index dans la boucle qui
est en avant de lui (C).
3° Remettre la main paume en bas et mettre le bout du médius sur le bout
de l'annulaire du spectateur (D).
4° A ce moment, il suffit à l'opérateur de dégager son index de la boucle qui
l'entoure, pour que la ficelle soit libérée du doigt du spectateur.

561
LE JEU DES CISEAUX

Vous vous servez, pour ce tour, de la ficelle aux bouts noués du tour précédent, le nœud N étant mis
à l'opposé de la partie F avec laquelle on opère et qui forme boucle. Ayez bien soin que les brins de
ficelle ne se croisent pas au cours des manœuvres; ceci est capital.
Les ciseaux étant placés pointes en bas, vous passez de l'extérieur à
l'intérieur la boucle F à travers l'anneau A. Vous passez ensuite le
reste de la ficelle double dans la boucle F (1), puis (toujours de
l'extérieur à l'intérieur) dans l'anneau B; vous obtenez alors ce que
montre la figure 301. Vous fixez l'extrémité qui porte le nœud N à un
clou ou à un objet quelconque qui le retient.
Il s'agit de dégager les ciseaux sans toucher au nœud, ni à ce qui le
fixe. Pour cela, prenez la boucle F ; tirez dessus pour l'agrandir; faites
la passer (toujours de l'extérieur à l'intérieur) à travers B, mais dans la
partie C, c'est-à-dire sous les brins de ficelles déjà passés (et non au-dessus); puis, faites passer les
ciseaux dans la boucle (fig. 301 bis), le brin x entre vous et le ciseaux, le brin y derrière les ciseaux. Il
ne vous reste plus qu'à tirer sur la double corde et les ciseaux seront libérés.

(1) Théoriquement une corde coudée en deux (A) forme ce qu'on devrait appeler une anse, et si les brins de cette anse se
croisent (B), on devrait l'appeler une boucle. Mais dans les descriptions de tours de prestidigitation, on nomme habituellement
boucle ce qu'on devrait appeler anse et je conserverai cette dénomination courante aujourd'hui.

562
LA CLEF DÉGAGÉE ET ENGAGÉE

Dans l'anneau d'une clef, engagez l'une des boucles formée par votre ficelle nouée aux deux bouts et
placez une des boucles dans un des pouces d'un spectateur et l'autre dans l'autre pouce. Il s'agit de
dégager la clef sans enlever ni l'une ni l'autre des boucles passant sur ces pouces.

Premier temps. - Sur une partie de la double corde voisine du pouce droit de votre spectateur, placez
en travers votre index gauche tendu (fig. 301 ter). Saisissez le brin B qui est de votre côté (entre la
clef et votre index), et faites-le passer au-dessus de cet index, puis autour du pouce du spectateur
dans le sens des aiguilles d'une montre.

Deuxième temps. - Amenez la clef près de votre index et saisissant le brin qui est de votre côté, cette
fois entre la clef et le pouce gauche du spectateur, faites une boucle comme précédemment pour la
passer autour du pouce droit du spectateur, de la même façon que vous venez d'opérer.

Troisième temps.- Retirez votre index et tirez sur la clef; elle sera dégagée de la ficelle, pourtant
restée entre les pouces du spectateur.
Si vous voulez opérez avec le pouce gauche de votre spectateur comme pivot, faites les mêmes
mouvements qui viennent décrits, mais dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.

Si vous voulez, après avoir dégager la clef, la remettre dans la ficelle double, comme elle l'était au
début, vous pouvez le faire et voici comment : Après avoir posé votre index et avoir passé la première
boucle autour du pouce droit du spectateur exactement comme au premier temps tour précédent,
vous engagez la clef dans une boucle que vous faites avec l'un des brins pris dans la partie droite de
la ficelle; puis vous passez cette boucle autour du pouce droit du spectateur (toujours dans le sens
des aiguilles d'une montre).
En retirant votre index, vous tirez la clef et celle-ci se trouve engagée comme elle l'était au début.

Remarquez que vous pouvez faire encore mieux et substituer une clef B (ou un anneau quelconque, le
tour se faisant aussi bien avec des anneaux de bois, de galalithe ou

563
LA CLEF LIBÉRÉE D'UN SEUL COUP

La clef étant engagée dans la ficelle double comme dans le tour précédent, vous tenez vous-même la
ficelle tendue entre vos deux pouces, paumes des mains se faisant vis-à-vis.
L'index droit pose son extrémité contre celle du pouce en se recourbant en crochet. La main droite se
fléchit et se met paume en bas; ce mouvement fait glisser la boucle du pouce sur l'index qui le
recueille; le pouce droit libéré se rapproche du pouce gauche et va s'engager de dedans en dehors
dans la boucle que forme la ficelle sur le pouce gauche. Les deux mains s'écartent et l'index se
redresse, lâchant ce qu'il tenait; alors, la clef tombe et la ficelle se retrouve, comme primitivement,
tendue entre les deux pouces.
Si les mouvements sont rapides, le dégagement de la clef est incompréhensible pour les spectateurs.

564
LA FICELLE EN HUIT

Posez sur une table une ficelle d'un mètre dont les deux bouts ont été noués en N (fig. 302) : il est
nécessaire qu'elle ne se tortille pas (et à cause de cela il vaut mieux qu'elle soit en coton plutôt qu'en
chanvre). Disposez-la en un ovale aussi régulier que possible (A). Repoussez à l'intérieur le point x.
pour réaliser le dessin B. Prenez le point y et portez -le à l'extrémité de la flèche en demeurant près
de la surface de la table; vous réalise ainsi le dessin C. Faites poser un doigt en Z et montrez que ce
doigt reste pris dans la ficelle quand vous tirez sur N. Recommencez et montrez que le doigt mis en Z'
reste libre.
Refaites la même chose, ou plutôt à peu près la même chose, et, cette fois, en tirant sur N, le doigt
du spectateur ne restera pas pris dans la ficelle, qu'il soit en Z ou en Z'.

Pour cela, vous prenez la ficelle un peu plus haut en y' et vous rabattez d'abord pour obtenir un
croisement et ce qui est montré en D; puis, vous portez y' à l'intérieur en suivant la flèche , vous
obtiendrez la disposition E. Qu'on mette alors un doigt en Z ou Z', il ne sera pas pris dans la ficelle
quand on la tirera par N.
La diférence entre les deux dispositions n'est jamais remarquée si vous opérez avec une ficelle assez
longue et si le croisement a été fait rapidement d'un geste souple. Cela vous permet de parier que le
doigt sera toujours libéré quelle que soit la boucle dans laquelle le spectateur le mettra, et si l'on
soupçonne le petit truc la première fois, on sera déconcerté la seconde.

Dans ce tour, comme en général dans tous les tours de ficelles, méfiez-vous des tortillements qui
peuvent créer des croisements néfastes pour la réussite de l'expérience.

565
LE PIÈGE

Ce tour est basé sur le même principe que le précédent, c'est-à-dire sur la torsion d'une boucle.
La même ficelle double est placée sur la table de telle façon que la boucle B formant l'extrémité
opposée à N, ait ses deux brins distants de 7 à 8 cm. a 10 cm. environ de B, posez votre main gauche
transversalement pour maintenir l'écartement et la position des deux brins; puis, sortez N tenu dans
la main droite paume en haut vers la droite en laissant les deux brins de la ficelle traîner sur la table;
après avoir enlevé la main gauche, portez la main droite du côté gauche en la retournant paume en
bas pour déposer N sur la table, ce qui réalise la figure 303. Si vous faites mettre le doigt d'un
spectateur en O et si vous tirez sur N, ce doigt ne sera pas pris au piège.
Mais en tenant au début la partie N de la ficelle dans la main droite, paume en bas, et en portant
comme antérieurement cette main à droite en la retournant paume en haut puis à gauche en la
retournant une seconde fois paume en bas, pour déposer N sur la table, vous réalisez la figure 304. Si
vous faites alors mettre le doigt du spectateur en O et si vous tirez sur N, le doigt sera pris dans le
piège, parce que vous avez réalisé un double croisement des brins.

Vous pouvez donc, à votre gré, emprisonner ou non le doigt du spectateur et gagner à coup sûr un
pari engagé à ce sujet.
566
L'ESCARGOT
(OU LE BONNETEAU A LA COURROIE)

Ce tour peut se faire avec une grosse ficelle, mais comme celle-ci se tortille
facilement, il est parfois difficile à réaliser avec elle. On doit plutôt employer une
mince lanière de cuir (1) ou une ganse plate un peu raide, comme de la
"talonnette" (un mètre environ).
Vous la pliez en deux parties inégales (celle qui est à votre droite doit avoir une vingtaine de
centimètres de plus que celle qui est à gauche) et dans la boucle formée et posée sur la table, vous
faites mettre le doigt d'un spectateur. Pinçant avec la main gauche les deux parties de la ganse au
voisinage du doigt pour l'enfermer et pour immobiliser la boucle, vous enroulez avec la main droite
très lâchement dans le sens inverse de celui des aiguilles d'une montre les deux parties de la ganse
autour du doigt, en formant une spirale.
A un certain moment, l'une des parties de la courroie, celle qui, primitivement, était à gauche, est
arrivée à son extrémité.
Si, alors, vous tires sur les deux parties à la fois, le doigt du spectateur sera pris dans la boucle. Mais,
si vous faites faire à l'autre partie de la ganse un tour supplémentaire et si vous tirez ensuite sur les
deux extrémités à la fois, le doigt sera libéré.
C'est à vous de faire ou de ne pas faire ce tour supplémentaire, suivant ce que vous voulez obtenir.

(1) C'est ce dont se servent les "bonneteurs" qui présentent ce tour comme un pari et qui gagnent à coup sûr; ils s'arrange en efet pour que
le doigt soit libéré ou non à leur gré, et non comme le parie le spectateur.

567
SUR LE POUCE

Tenez votre main gauche devant vous, paume vers vous, pouce en haut. Engagez une ficelle
d'environ 80 cm. de longueur dans la fourche de votre pouce pour que pendent environ 20 à 25 cm.
(A) de la ficelle dont vous enroulez le reste autour du pouce 4 ou 5 fois. Cet enroulement doit se faire
dans le sens inverses des aiguilles d'une montre et il n'est possible que si vous maintenez la partie
pendante avec le petit doigt, en l'appliquant sur le bas de la paume.
Une fois la dernière spire faite, appuyez le pouce contre la racine de l'index
pour que rien ne bouge (vous pouvez à ce moment, écarter le petit doigt) et
engagez une dernière fois la ficelle derrière le pouce; puis, faites une boucle
B d'un centimètre de diamètre en rabattant vers le bas le brin C de la ficelle.
Vous obtenez ce que montre la figure 305.
Il faut vous arranger pour que les bouts de A et de C soient à peu près à la
même hauteur.
Prenant le bout C, vous l'introduisez dans la boucle; puis vous le tirez en
avant et vous montrez le brin engagé dans cette boucle; pour cette
introduction, il faut évidemment "viser" et ne pas aller top vite.

Vous retirez alors la ficelle de la boucle et vous la laissez pendre; puis, vous dites que vous allez
recommencer, mais cette fois si vite qu'on n'aura pas le temps de vous voir viser. Efectivement, vous
faites un geste rapide sans paraître viser et vous montrez la ficelle engagée dans la boucle.
Seulement, ce dont personne ne s'est aperçu, c'est que, la seconde fois, vous avez pris le bout A (non
le bout C) et que, en portant ce bout A en avant, vous l'avez glissé entre l'extrémité du pouce et la
racine de l'index gauches. Faites attention de passer le bout A en avant du brin C (et non en arrière)
c'est-à-dire entre vous et le brin C.

568
LA FICELLE VOYAGEUSE

Placez une ficelle longue de 80 cm environ sur la main gauche comme l'indique la figure 306. Prenez
le brin A entre l'index et le médius droits et le brin B entre le pouce et l'index de la même main et
enroulez-les ensemble une fois au tour des deux premiers doigts, index et médius gauches, puis une
deuxième, une troisième fois et une quatrième fois; déroulez ensuite et montrez que l'index gauche
est toujours passé dans la ficelle.
Recommencez la même chose; mais, quand vous aurez déroulé vos quatre doubles spires, la ficelle
sera passée, non pas autour de l'index, mais autour du médius gauche.
Pour ceci, après avoir fait le premier tour avec les deux brins, vous laissez, en faisant le tour suivant,
le brin A (qui doit toujours être conservé à droite sans avoir chevauché l'autre) glisser au-delà de
l'extrémité des deux doigts et vous ne l'enroulez pas autour d'eux; vous annulez ainsi une spire de ce
brin; après quoi, vous pouvez faire autant de doubles spires régulières que vous voulez, le médius
seul sera pris dans la boucle quand vous aurez tout déroulé.
Le glissement du brin A hors des deux doigts gauches est efectué par l'action de l'index droit
toujours placé entre les deux brins.

570
LA FICELLE AUTOUR DES DEUX BÂTONS

Faites tenir un bâton horizontalement et enroulez 4 fois autour de lui une ficelle dans le sens des
aiguilles d'une montre ; sur les spires ainsi formées, placez un second bâton parallèlement au
premier. Enroulez le bout de droite autour des deux bâtons à la fois, mais dans le sens inverse du
précédent et faites ainsi 4 spires (fig. 308). Nouez les deux bouts de la ficelle ; les deux bâtons sont
ainsi fixés l'un à l'autre. Maintenant, si vous retirez le second bâton en le tirant le long de l'autre, la
ficelle sera complètement dégagée. Par contre, la ficelle sera enroulée sur le bâton restant, si vous
retirez le premier bâton. Vous pouvez donc, à votre gré, montrer la ficelle engagée ou dégagée.

Cette expérience peut être reproduite en remplaçant le premier bâton par une règle et le deuxième
par le doigt d'un spectateur allongé sur la règle au-dessus des spires ; à cette occasion, je vais
indiquer une petite variante Au lieu de faire 4 spires, n'en faites que 3, rassemblez-les au milieu de la
règle avant de faire poser le doigt du spectateur dessus. Prenez alors le brin de gauche, remontez-le
pour le faire passer sur le doigt dans le sens des aiguilles d'une montre; faites-en autant avec le brin
de droite, mais dans l'autre sens. Faites faire à chacun un demi-tour supplémentaire pour les nouer
sur le dessus du doigt ; une fois le doigt retiré, la corde sera libérée de la règle.

571
LES PRISONNIERS DÉLIVRÉS

Attachez une personne X par les poignets aux extrémités d'une corde A de 2 mètres de longueur.
Dans la boucle formée par le milieu de A, passez de haut en bas le milieu d'une autre corde pliée en
deux et formant ainsi une boucle B ; dans cette boucle, passez le reste de la corde et fixez-en ensuite
les deux extrémités aux poignets d'une personne Y.
Vous aurez ainsi réalisé le schéma 1 (fig. 309) ou celui à
peu près semblable 2.

Pour séparer les prisonniers, il suffira de faire passer la


boucle B sur laquelle vous tirez pour l'agrandir, au-dessus
de la tête, puis du corps de Y. Ne faites pas l'inverse,
c'est-à-dire passer la boucle A autour de X, comme je l'ai
vu préconiser, vous vous embrouillerez : en efet, il
faudrait dans ce cas, avoir introduit au début la boucle B
dans la boucle A de bas en haut au lieu de haut en bas.

Si vous avez simplement passé la corde de Y dans la


boucle A formée par la corde de X, comme l'indique le
schéma 3, il faut opérer autrement. Prenez la boucle B,
amenez-la près d'un poignet de X, passez-la d'arrière en
avant, c'est-à-dire du bras vers la main, sous la partie de corde qui enserre ce poignet de X à la face
palmaire; faites ensuite passer cette boucle autour de la main et enfin d'avant en arrière dans la
partie de la corde qui est à la face dorsale du poignet. Refaites passer la main dans la boucle B et les
cordes seront séparées; les personnes aussi évidemment.

572
LA CORDE QUI TRAVERSE LE COU

Prenez une ficelle aux bouts noués qui vous a déjà servi et placez le milieu de cette double ficelle sur
l'arrière de votre cou de manière que deux boucles pendent sur le devant.
Passez le pouce droit dans la boucle de droite et le pouce gauche dans la boucle de gauche, les deux
paumes se faisant face ; rapprochez les mains et avec l'index droit recourbé agrippez l'un des brins
de gauche; écartez les mains en lâchant le pouce droit : la ficelle double semblera avoir passé au
travers du cou qui est dégagé. Pour que l'illusion soit complète, il faut, tout en faisant le dernier
mouvement, substituer le pouce droit à l'index droit dans la boucle qui coulisse sur lui, pour se
retrouver dans la position primitive, c'est-à-dire la ficelle se présentant étendue entre les deux
pouces. Elle semble avoir traversé le cou, si vous opérez vivement.

La même chose peut se faire en passant le milieu de la double ficelle dans une boutonnière de l'habit.

573
LE PENDU LIBÉRÉ

Efet. - Vous mettez deux ficelles assez grosses autour de votre cou et vous faites un nœud en avant
de ce cou, ce qui réalise le dispositif d'une pendaison.
Pourtant, les cordes tombent de votre cou quand vous le désirez.

Explication. - Mettez à cheval sur votre index gauche le milieu d'une des deux
cordes, faites repassez les deux brins A et A' derrière l'annulaire comme le
montre la figure 310. La deuxième corde ayant été mise à cheval sur la main
droite, vous la placez sur la main gauche comme l'indique la même figure,
c'est-à-dire que le brin B croise l'autre corde en avant et que le brin B' la croise
en arrière.
Saisissez alors derrière les deux derniers doigts
gauches les 2 brins A et A' avec les 3 derniers
doigts de la main droite; le pouce de cette même
main se plaçant alors sur l'index gauche et à gauche de la corde a, la
rabat à droite et au-dessus de b, et aidé de l'index droit, les entraîne tous
deux hors de l'index gauche, réalisant un système de boucle montré
schématiquement dans la fig. 311; pendant ce temps, les derniers doigts
de la main gauche se sont refermés pour tenir B B' et les tirer à gauche,
tandis que la main droite tient A A' et cache l'assemblage ab entre le
bout de l'index en avant et le pouce en arrière.
Vous portez alors en les retournant les deux mains en arrière de votre cou pour y appliquer
l'assemblage ab de telle sorte que la boucle formée par a se trouve contre la peau. Elle est maintenue
là par la partie des brins AA' proche d'elle et appliquée sur elle; plus vous tirez sur AA' et sur BB' plus
cette application sera serrée et par conséquent, solide. Au contraire, ayant fait un nœud devant votre
cou avec AA' et BB', si vous relâchez le système de cordes et si vous donnez de petites secousses, la
boucle se déplacera, puis se dégagera de b et les cordes tomberont : le pendu est libéré. Si la ficelle
est trop raide, le déploiement de la boucle peut ne pas se faire facilement ; il n'y a, en ce cas, qu'à
passer la main derrière le cou pour aider à ce dégagement.

Voici une variante de ce procédé parant dans le "Sphinx" de septembre 1964 et traduite dans "Le
Journal de la Prestidigitation" par mon ami Jean Corta.
Elle repose sur le principe de la boucle repliée; mais la confection de cette boucle est assez
dissimulée pour intriguer ceux qui connaissent le truc précédent.
Vous présentez un ruban de 2 mètres environ (en ce cas, un ruban vaut mieux qu'une ficelle) et vous
le placez à cheval sur votre cou en laissant pendre également un chef de chaque côté.
Vous prenez le chef de gauche avec la main droite entre le médius dessus et l'index avec l'annulaire
dessous. Puis, passant votre main gauche au-dessus du chef de gauche, vous allez saisir avec elle
(entre l'index et le médius) le chef de droite 20 cm. environ plus bas que le niveau de la main droite
(qui doit être à la hauteur du sein).

Le médius droit se recourbe alors pour faire crochet et entraîne le chef de gauche vers la droite. Cela
détermine ce que montre la fig. 312; c'est-à-dire une boucle formant avec l'autre chef une espèce de
triangle T.
Vous portez alors à la fois les deux mains à droite et en hait puis derrière le cou; là, vous arrêtez la
main droite tandis que la gauche continuant son mouvement autour du cou revient en avant avec le
bout de ruban qu'elle tenait; elle s'empare du chef de gauche (passé à droite) pour tirer les deux à la
fois et serrer ce qui est autour du cou.
C'est à ce moment que la main droite ayant retourné la partie repliée de la boucle ainsi formée
(schéma 311, ab) l'applique sur la peau du cou où elle est ainsi maintenue; cette main peut alors
lâcher le ruban.
En tirant sur les deux chefs avec quelques petites secousses, le ruban se dégage et le cou est libéré.

574
LA STRANGULATION INOFFENSIVE

Nouez les extrémités d'une ficelle de 2 mètres de longueur et passez-la autour du cou comme un
collier qui pend devant le corps.
Avec la main droite, saisissez le brin gauche; tirez-le vers la droite; passez-le autour du cou et
ramenez-le vers la gauche; vous avez donc à ce moment un tour complet de ficelle autour du cou et
une grande boucle pendant devant le corps. A 20 cm. au dessus du bas de la boucle, prenez avec la
main droite le brin de droite et avec la main gauche le brin de gauche. Croisez le brin de droite sur le
brin de gauche et maintenez le point de croisement entre le pouce et l'index gauches. Mettez l'index
et le médius droits qui ont lâché ce qu'ils tenaient dans la petite boucle du bas de dehors en dedans
au voisinage du croisement et le pouce droit dans la boucle du haut également de dehors en dedans
et rapprochez les extrémités de ces doigts jusqu'au contact. La main gauche lâche alors ce qu'elle
tient pour faire la même chose que vient de faire la main droite.
Ecartez les mains en les élevant au-dessus de la tête et passez celle-ci dans la petite boucle qui, par
la suite de l'écartement des mains, s'est élargie; lâchez tout et tirez sur le bas de la petite boucle qui
pend en avant : le cou est libéré.

575
ENTRE LES DENTS

Placez la ficelle double (aux bouts noués) autour de la tête comme un collier ; croisez alors les deux
brins de la boucle qui pend en avant et tenez le croisement entre les dents; faites ensuite un
mouvement de décroisement en passant la boucle au-dessus de la tête. Lâchez ce que vous avez
entre les dents ; le devant du cou sera dégagé de la ficelle qui pend double de chaque côté

A ce moment, vous pouvez exécuter le tour de la corde qui traverse le cou (n°572), puis vous
enchaînez avec le tour suivant du même genre que le précédent.
Faites une double boucle à cette ficelle, comme il est montré dans la fig. 313.
Prenez le croisement B entre les dents ; saisissez la boucle A avec la main
gauche; passez la main droite de haut en bas (autrement dit : de dehors en
dedans) dans la petite boucle; puis, passez cette ainsi enfilée, dans la grande
boucle, mais de bas en haut. Allez prendre votre nez entre le pouce et l'index
droits, puis écartez les dents; en tirant avec la main gauche la partie A, la ficelle
sera dégagée de la main droite ou engagée dans cette main à votre volonté. Pour
qu'elle soit dégagée, il faut que vous ayez fait le croisement que vous tenez avec
les dents, dans le sens des aiguilles d'une montre; le brin pris en main droite
passe alors devant (par rapport à vous) le brin tenu de la main gauche. Pour que
la main droite reste engagée dans la boucle, il faut que vous fassiez le croisement
dans le sens inverse et que le brin pris en main droite passe derrière l'autre.

576
LA CHAÎNE DE CORDE

Prenez une corde de 2 mètres de longueur et tenez-la dans la main


gauche comme l'indique la fig. 314, pour que le brin A pende de 30 à 40
cm.
Prenez avec la main droite le reste de la ficelle à 50 cm. environ de la
main gauche ; amenez-la derrière le bout A pour la croiser avec lui (fig.
314); puis, avec ce qu'elle tient, cette main droite forme une boucle E
qu'elle donne à tenir à la main gauche entre l'index et le médius (en
suivant le mouvement indiqué par la flèche dans la figure 314). La main gauche se renverse alors
légèrement pour être à peu près paume en bas et se fléchit, puis le pouce s'écarte de l'index ; cela
fait glisser la boucle D hors de la main et introduit la boucle E dans la boucle formant cercle DO.

La main gauche prend alors de la même façon qu'elle tenait D, entre le pouce et
l'index, ce qu'elle tenait entre l'index et le médius, ce qui libère ces deux derniers
doigts et leur permet de saisir une nouvelle boucle formée avec la partie B et que
vient leur tendre la main droite comme précédemment.
Les mêmes mouvements se répètent jusqu'à ce que la corde soit arrivé à peu près
au bout et que vous passez une dernière boucle dans le dernier cercle (fig. 315). A
ce moment, si vous faites passer entièrement le bout de la corde dans ce cercle en
déployant la dernière boucle (comme l'indique la ligne pointillée CB' de la figure
315), et si vous tirez sur les deux bouts, la forme formera comme une chaîne
solide; les nœuds formés se seront resserrés. Si, au contraire, vous ne déployez pas
la boucle et si vous ne la faites pas passer en entier dans le cercle (comme l'indique
la partie CXB de la figure 315), vous conservez le bout de la corde B dans la main
droite qui tenait le croisement X.
Lâchez ce croisement et vous n'avez qu'à tirer l'autre bout avec la main gauche
(qui a quitté ce qu'elle tenait) : la chaîne s'évanouit ; il n'y a lus sur la corde ni
boucle ni nœuds.

Pour donner à ce tour une intrigante présentation, faites d'abord la chaîne


réellement, puis recommencez le montage et montrez que "sous votre souffle", la
chaîne s'évanouit. Recommencez le montage et donnez à choisir ; voir se resserrer
la chaîne ou la voir s'évanouir ; puis exécutez ce qui est demandé.

Cela étonne d'autant plus qu'on ne voit pas la diférence dans les mouvements et que la préparation
de la corde est fait avant d'avoir demandé ce qui doit être exécuté.
Le tour peut être recommencé plusieurs fois sans inconvénient.

577
LA CORDELIÈRE SE DÉGAGE TOUTE SEULE DU BÂTON

Efet.- Vous montrez un bâton d'apparence tout à fait normale; puis, vous faites visiter une cordelière
d'environ 1 m. 50 de longueur.
Vous enroulez cette cordelière autour du bâton et vous faites constater en faisant tirer sur les deux
bouts libres que la cordelière est solidement attachée au bâton. Pourtant, le bâton étant tenu par une
extrémité et sans que vous ayez touché ni à la cordelière, ni à la partie du bâton où elle se trouve,
celle-ci se déroule et tombe par terre.

Explication. - Cet efet très curieux se produit grâce à une petite tige d'un millimètre de diamètre qui
affleure la surface au milieu du bâton lorsque vous le montrez (et y est invisible à cause de sa
petitesse et de la couleur de ce bâton). Cette tige peut sortir de 5 à 6 mm. par une traction faite sur
l'une des extrémités du bâton et y rentrer quand on repousse cette extrémité.
Pendant qu'on vérifie la cordelière (qui doit être, si possible, en soie, pour mieux glisser), vous tirez
sur l'extrémité du bâton pour faire sortir la petite tige qui forme ergot et qui devra être du côté
opposé aux spectateurs.
Tenant alors le bâton par son extrémité truquée dans la main gauche, vous vous tournez côté droit
vers le public, bras gauche étendu vers la gauche; vous appliquez le milieu de la cordelière sur la
partie du bâton qui vous fait face et dans la partie comprise entre votre main gauche et l'ergot; puis,
ayant fixé le début de la partie enroulée avec le pouce, vous faites avec la cordelière 4 tours fans le
sens des aiguilles d'une montre; ayez soin, à la fin de chaque tour, de lâcher la cordelière et de la
reprendre ensuite en bas où elle pend, pour que le lâchage et la reprise nécessaire après le quatrième
tour ne paraissent pas anormaux. En efet, à ce moment vous reprenez la partie qui pend et la faisant
contourner l'ergot vous la ramenez en haut et en avant; vous l'enroulez ensuite autour du bâton dans
le sens inverse du précédent et vus faites ainsi 4 spires comme de l'autre côté de l'ergot. Vous
pouvez alors faire tirer sur les extrémités de la corde, elle paraît solidement attachée sur le bâton;
mais quand, appuyant sur l'extrémité mobile avec la main gauche, vous faites rentrer la petite tige, la
cordelière se déroule et tombe à terre.
Le changement dans le sens de l'enroulement n'est pas remarqué par les spectateurs, d'autant plus
que vous pouvez après la quatrième spire marquer un temps d'arrêt pour ramener les unes contre les
autres et contre l'ergot les 4 spires que vous venez de faire; vous en profitez pour faire passer la
cordelière autour de cet ergot.

Le bâton truqué peut être "façon bambou", ce qui n'est pas mal; cependant, un bâton de la forme
extérieure d'une baguette magique vaut encore mieux; mais je préfère de beaucoup une canne
bambou, dont la couleur et la forme permettent de dissimuler parfaitement l'ergot et qui ne paraît
pas suspecte le moins du monde. Le mécanisme est alors commandé par le bout de la canne et
quand ce bout est repoussé, vous pouvez mettre l'objet en main, personne ne s'apercevra du
truquage; j'en parle en connaissance de cause, ayant construit cette canne et l'ayant utilisée maintes
fois.
Cette expérience peut d'ailleurs être intercalée dans un numéro de tours faits avec la même canne et
cet ensemble est très plaisant, je puis l'affirmer.

578
FAIRE UN NŒUD A UNE CORDE SANS EN LÂCHER LES BOUTS
(4 procédés)

Le procédé le plus connu - et le moins décrit jusqu'ici - à l'inconvénient de manquer totalement de


mystère; il peut être reproduit immédiatement par ceux devant qui on l'exécute. Il consiste en ceci :
Vous faites tendre une corde entre les mains écartées d'un spectateur; vous vous croisez les bras
aussi complètement que possible, ce qui amène votre main gauche sur le biceps droit et votre main
droite derrière votre coude gauche. Vous saisissez alors le bout de la corde qui est à votre droite avec
la main gauche et le bout qui à votre gauche avec la main droite et vous décroisez les bras. Le nœud
est formé ipso facto.

Voici qui est bien meilleur quoique partant du même principe. Vous tenez la corde par ses bouts, les
main séparées d'environ 20 cm. et vous défiez un spectateur de former un
nœud sur la corde, en observant les conditions suivantes : les extrémités A et
B seront saisies et ne seront plus lâchées jusqu'à ce que le nœud soit formé;
enfin, la corde ne doit être touchée en aucun autre point, avant que les mains
s'emparent des extrémités. Le spectateur essaie en vain de réussir. A ce
moment, il tient la ficelle comme vous la teniez au début. Vous la lui prenez
alors de la façon indiquée par le schéma 316, c'est-à-dire que la main gauche
passant sous la boucle va saisir le bout B (flèche DD') ; décroisez les mains et
écartez-les : le nœud sera fait. Il y a dans ce procédé un tour de main qui
n'est généralement pas saisi du premier coup et ne pourra être reproduit par
les spectateurs que si vous voulez bien le répéter et l'expliquer.

Voici une autre façon d'opérer, le problème étant posé d'une manière légèrement diférente.
Étendez la corde (1) sur une table perpendiculairement au bord qui est devant vous. Prenez en main
gauche l'extrémité la plus proche de vous; puis posez transversalement sur le milieu de la corde le
poignet de votre main droite paume vers la table. Avec ce que vous avez en main gauche, faites un
tour complet autour de la main droite presque au niveau du poignet. Allez prendre alors avec la main
droite ainsi entourée par la corde l'extrémité qui repose sur la table opposé de vous. Ramenez cette
main vers vous et à droite en la faisant passer de gauche à droite dans la boucle qui l'entourait; cela
la libère, mais entraîne à sa place dans la boucle la corde qu'elle tient et comme la main gauche n'a
pas lâché son bout, le nœud est réalisé.

Voici un procédé difficile à comprendre et aussi à expliquer ; mais il est excellent et comporte une
véritable illusion.
Il réalise bien un nœud au milieu de la corde, mais, à un certain moment, vous lâchez un des bouts;
seulement, on ne peut pas s'en apercevoir, quand la manœuvre est exécutée avec prestesse.
La corde (d'1 m. 50 de longueur) est tenue une extrémité dans chaque main. La main droite avec le
bout B va passer au dessus, puis en arrière du poignet gauche pour former la figure 317; elle repasse
ensuite dans la boucle C de dedans en dehors, puis dans la boucle D de dehors en dedans (2), comme
l'indique les deux flèches. Les mains s'écartant réalisent à ce moment ce que montre la figure 318. Le
pouce et l'index droits lâchent alors le bout B pour saisir la partie XY, tout à fait voisine, que les
autres doigts viennent momentanément soutenir, en fléchissant la main. Cette flexion accentuée de
la main droite fait passer au-dessus d'elle la boucle qui enserrait son poignet; une flexion analogue de
la main gauche fait passer également au-dessus de celle-ci la boucle qui enserrait son poignet.
Tendez la corde en écartant les bras ; un nœud sera formé en son milieu.

(1) Ce tour, comme plusieurs tours de cordes, peuvent être exécutés avec un foulard (ou, comme c'est le cas ici, avec une serviette de table)
roulé en corde autour d'une de ses diagonales.
(2) Il y a intérêt à ce que les boucles C et D soient au moins deux fois plus grandes que l'indique la figure 317.

579
LE NŒUD INSTANTANÉ

La corde est tenue à gauche entre l'index et le médius, mais passe sur le dos des trois derniers
doigts; à droite, elle est aussi tenue entre l'index et le médius, mais elle passe ensuite dans la fourche
du pouce et le dos de celui-ci : les deux paumes des mains se font à peu près vis-à-vis (fig. 319).
Rapprochez les mains assez vivement, en les renversant paumes en bas; ce mouvement projettera en
dedans les deux extrémités de la corde qui pendaient derrière les mains et les amènera pour ainsi
dire toutes seules le bout de la gauche dans les derniers doigts droits qui se referment dessus, le bout
de la droite dans les derniers doigts de la gauche. Il suffira alors d'allonger les index et d'écarter les
main, tout en appuyant les pouces sur les parties de cordes qui sont près d'eux, pour qu'un nœud se
forme au milieu de la corde Avec un peu d'habitude, on arrive à le faire si vite qu'il parait instantané.

Ce tour peut aussi bien se faire avec un grand foulard ou un mouchoir, d'ailleurs comme le précédent
(tout au moins, les 3 premiers procédés).

580
FAIRE UN NŒUD AU MILIEU D'UNE CORDE ENSERRANT LES DEUX POIGNETS

Faites-vous lier l'un de vos poignets avec un des bouts d'une corde d'
1m.50 environ de longueur et l'autre poignet avec l'autre bout, les
nœuds étant sur le bord du poignet qui est du côté du petit doigt.
Vous pouvez par surcroît, faire poser des cachets de cire sur les
nœuds formés pour bien montrer que vous n'y touchez pas. Vous vous
retournez ou vous allez derrière un paravent et, quelques secondes
après, vous montrez les cachets intacts et pourtant un nœud est
formé sur la corde, en son milieu, ce qui semble impossible à
efectuer.
C'est pourtant très simple; la manœuvre est du même genre que celle
que j'ai décrite à propos des prisonniers libérés (N°571, deuxième
procédé); vous prenez le milieu de la corde avec la main droite et
formant une boucle vous la passez exactement comme l'indique la
figure 319 bis (1) sous la corde enserrant comme un bracelet le
poignet gauche, à la partie qui est à la face palmaire et en allant du
bras vers la main (fig. 319 bis). Vous faites ensuite passer la boucle autour de la main, puis dans la
partie de corde qui est à la face dorsale du poignet, en allant de la main vers le bras et enfin vous
faites repasser la main dans la boucle. Le nœud est formé et vous pouvez en faire plusieurs autres si
vous le désirez.

(1) Attention à ne pas tourner l'anse pour aboutir à la position montrée par la figure 319 ter qui ne déterminerait aucun nœud.

581
LE NŒUD FAIT D'UNE SEULE MAIN

Prenez votre corde en main droite, comme l'indique la figure 320 ; le bout A pend de 25 cm. environ
derrière la main, le reste de la corde passe sur la paume de la main à la racine des doigts, puis
derrière le petit doigt et va pendre jusqu'à terre.
Faites faire un bon demi-tour à la main pour qu'elle se présente à vous tout à fait de dos et saisissez
entre les extrémités de l'index et du médius la partie de la corde qui est à une douzaine de
centimètres environ de l'extrémité A, partie qui se présente d'ailleurs à eux (fig. 321). Retournez à
moitié la main et projetez-la en avant d'un coup sec, puis ramenez-la ; la boucle qui entourait la main
la quittera et la partie de la corde que tenaient l'index et le médius traversera cette boucle, réalisant
un nœud à environ 25 cm. de l'extrémité

582
DEUX NŒUDS SIMULTANÉS

Posez la corde (d'au moins 1 m. 70) sur les deux poignets les bras semi-pliés, les coudes au corps, les
mains paume en haut.
Engagez rapidement et simultanément chaque main autour de la corde, en faisant faire aux poignets
un souple et rapide mouvement de rotation en dedans : par suite, les deux bouts de la corde sont
lancés autour des poignets et viennent retomber au devant de la corde dans la position de la figure
322

La main droite D saisit alors le bout A, tandis que la main gauche C saisit
le bout B; les mains se dégagent des boucles qui les enserraient,
entraînant chacune leur bout de corde à travers ces boucles et deux
nœuds semblables sont formés, un à droite, et un à gauche.

583
LE NŒUD A VOLONTÉ

Placez une ficelle très souple de 50 cm. environ, dans la main gauche, comme le montre la fig. 323,
c'est-à-dire que l'extrémité A pend de 7 à 8 cm. (en pointillé dans le dessin) derrière la main; puis, la
ficelle passe sur l'index, ensuite derrière le médius, l'annulaire et le petit doigt et pend en bas de la
main gauche vers B. Faites faire alors à la ficelle le tour complet de la main gauche suivant la flèche
de la figure 323, en la passant sur l'index à gauche du bout A. Prenez ensuite le bout B et passez-le
de gauche à droite dans le cercle de ficelle qui entoure la main, soit derrière la main, soit dans la
paume et tirez vers le bas. Amenez ensuite en bloc dans l'intérieur de la main gauche, toutes les
portions de ficelle qui étaient à l'extérieur de cette main en les faisant passer au-dessus des doigts.
Toute la ficelle sauf ses deux bouts qui dépassent, se trouvent ainsi dans l'intérieur de la main gauche
que vous refermez sur elle. Tirez alternativement sur le bout qui sort du côté de l'index et sur celui
qui sort du côté du petit doigt ; peu à peu, vous étendez la ficelle et vous finissez par ouvrir la main
pour montrer que cette ficelle ne porte aucun nœud, quoique les spectateurs aient été persuadés que
vos manœuvres en avaient formé un.
D'ailleurs, vous pouvez former un véritable nœud si vous le voulez, soit en passant au début la ficelle
qui doit faire le tour de la main a droite du brin A (au lieu d'à gauche), soit en passant
de droite à gauche le brin B sous le cercle formé autour de la main, au lieu de la
passer de gauche à droite.

584
LE NŒUD IMPOSSIBLE
(Deux procédés)

A 10 cm. de son extrémité, passez le bout A de la corde entre le petit doigt et


l'annulaire droits, de dehors en dedans; le bout pend donc du côté du dos de la main ;
la corde passe ensuite sur le milieu de l'annulaire, puis sur le bout palmaire du
médius en X. La main gauche vient alors poser le bout B qu'elle tenait sur la main droite en la
mettant à cheval sur le médius. Tout ceci est montré dans la figure 324. A ce moment, le pouce et
l'index droit pincent le brin droit en X, à l'endroit où il passe sur l'extrémité du médius.
La main gauche passe alors de dedans en dehors dans la boucle O formée sans la main droite et va
chercher le brin B, puis se retirant, le fait passer à travers la boucle ; enfin elle tire le brin B vers la
gauche. Il se forme un nœud; mais le petit doigt et l'annulaire droits, se desserrant, lâchent le bout A
qu'ils tenaient, tandis que la main droite qui serre toujours le point X entre le pouce et l'index, tire
vers la droite; le nœud qui se formait, s'évanouit.

Voici un second procédé qui permet de varier la présentation du même efet.


Le bout A passant entre l'index gauche et le médius, descend dans la paume de la main gauche où il
est retenu par les deux derniers doigts pliés (voir fig. 325). La main droite vient alors croiser sont bout
B son bout B avec le bout A, comme il est indiqué dans la même figure. La main droite qui a lâché son
bout B passe de dedans en dehors dans la boucle O pour prendre le bout A, le faire passer en sens
inverse dans la boucle O et le tirer vers la droite. Mais le médius gauche qui s'est replié fixe le point X
du brin B contre l'annulaire. Il se forme une apparence de nœud qui glisse vers la main gauche; mais,
quand il y est arrivé, les trois derniers doigts gauches s'étendent, lâchant ce qu'ils tenaient, et le
nœud s'évanouit.

631
Les diférents dés qu'on emploie

On utilise des dés en métal : cuivre, aluminium ou argent, sans ornements, donc aussi simples que
possible ; ce sont les seuls qui peuvent être employés si l'on veut qu'ils rentrent les uns dans les
autres. Ils doivent être proportionnés aux doigts auxquels il doivent s'adapter. On utilise également
des dés en galalithe ou en celluloïd blanc ou de couleur voyante (parfois incrustés de simili brillants).
Enfin certains prestidigitateurs emploient des dés en bois présentant un rebord assez accentué qui
favorise leur tenue et leur pincement en arrière des doigts.
Loyd Enochs conseille pour ces derniers les dimensions suivantes : 15 mm. pour le diamètre au
sommet, 31 mm. de hauteur et 22 mm. de diamètre à la base ; leur trou est fait à la grosseur des
doigts.
Beaucoup de tenues et de prises sont facilitées avec ces dés en bois, mais ceux-ci ont des
désavantages : d'abord ils paraissent ce qu'ils sont, c'est-à-dire des accessoires fabriqués
spécialement pour la manipulation et par conséquent diférents de ceux qu'on utilise habituellement,
ce qui peut sembler un peu suspect ; de plus, ils ne permettent pas quelques passes et, enfin, il est
impossible avec eux de réaliser les efets qu'on produit avec les dés rentrant les uns dans les autres.

632
MANIPULATIONS EN GÉNÉRAL

Conformément au plan que je me suis tracé au début de ce livre, je ne détaillerai pas la technique de
la manipulation des dés. Elle est décrite de façon parfaite par C. Gaultier comme pour les boules, les
cartes et les pièces. Ainsi que je l'ai déjà écrit, cet ouvrage est malheureusement devenu introuvable;
mais M. Rémi Ceillier, dans le tome II de son "Manuel de l'Illusionnisme" en a noté, de la page 356 à la
page 366, ce qu'il y a d'essentiel et de plus pratiqué. Je renvoie donc à ce dernier ouvrage pour
l'étude des mouvements à faire pour les diférentes tenues, les transferts, les apparitions et les
disparitions des dés à coudre.
Comme je l'ai fait pour les boules et les cartes, je me contenterai de les rappeler en quelques mots et
je m'étendrai seulement un peu plus sur quelques passes ou quelques détails qui ne se trouvent pas
dans ce dernier livre (1).
Un dé peut être tenu inostensiblement de diférentes manières. La tenue la plus pratique, c'est
l'empalmage à l'italienne ou plus exactement à la fourche du pouce; comme est de beaucoup la plus
utilisée et comme sont emploi reviendra souvent dans ce chapitre, je la résumerai par ces lettres
E.F.P, auxquelles s'adjoindra la lettre D s'il s'agit de la main droite, et de la lettre G s'il s'agit de la
man gauche.
Je ne parle pas de l'empalmage dans la paume quasi impossible à cause de la petite dimension du
fond d'un dé.
Je mentionne également pour mémoire la tenue par le fond du dé entre la racine du médius et de
l'annulaire comme une muscade. La tenue à la racine des doigts appelée par Gaultier, empalmage
des doigts, est peu pratiquée parce qu'il est difficile pour les doigts d'y aller chercher le dé, sauf peut
être, pour le pouce et encore faut-il que ce dé soit serré entre l'auriculaire et l'annulaire d'une part et
la paume d'autre part.
Mais il y a lieu de signaler ce dont il n'y a pas de trace dans les livres précités, c'est ce qu'Enochs
appelle (improprement d'ailleurs) l'empalmage des doigts ; ce n'est pas autre chose que le dé placé
sur le médius, lequel est replié dans la paume, tandis que les autres doigts restent, non pas étendus,
mais un peu moins courbés que le médius; on leur conserve un fléchissement modéré, donc naturel ;
seul est étendu l'index pour attirer l'attention sur l'autre main. Cette tenue est aussi sûre que
pratique, et comme le dit Enochs, elle peut être un soulagement à la fatigue du pouce qui doit se
crisper quelquefois dans l'empalmage à la fourche.
Je fais remarquer, en passant, que les Anglais et les Américains se servent beaucoup plus du médius
que de l'index dans les manipulations de dés et qu'ils font apparaître le dé plus souvent sur le médius
que sur les autres doigts, prétendant que c'est la tenue naturelle des couturières et qu'il y est plus
visible.
Il est certain que la mise de l'E.F.P. et la prise en cet endroit sont moins faciles avec le médius qu'avec
l'index; mais c'est une afaire d'habitude.
Je note succinctement, pour en finir avec les tenues, le pincement arrière entre l'index et l'annulaire ;
le pincement avant entre les mêmes doigts, le dé étant allongé le long du médius ouvertement vers
la paume (en somme à la coulée) ou le dé étant perpendiculaire au médius et son ouverture sur lui;
enfin les pincements du bord de l'ouverture du dé entre deux doigts voisins.
Les transferts d'une position à une autre sont nombreux : par exemple passer d'un pincement
perpendiculaire avant au même pincement arrière, de la coulée au pincement arrière, de l'extrémité
d'un doigt à un pincement perpendiculaire ou à celle d'un autre doigt, etc... toutes manœuvres qui
peuvent être utilisées dans le double empalmage et avec les transferts d'une main à l'autre, dans le
but de montrer les mains vides d'un côté comme de l'autre.

Les apparitions se font au bout des doigts par prise dans un des nombreuses cachettes qui peuvent
receler un dé : intervalles entres les boutons du gilet, poches, ceinture sous le gilet, chargeurs, bords
ou revers du veston, pour ne parler que des appareils portatifs, en négligeant les tables, chaises,
etc...
La prise peut être faite surtout dans la main elle-même, aux multiples endroits où peut être
secrètement un dé et dont j'ai parlé plus haut. Évidemment la façon de faire la prise est variable
suivant le doigt qui la fait et l'endroit où elle est faite.
La prise avec l'index ou le médius à l'E.F.P. est la plus usuelle; l'apparition est facile et rapide,
puisqu'on n'a qu'à étendre le doigt, après qu'il a été chargé; notez qu'avec le médius on peut mettre
un intervalle de temps plus long entre la prise et l'apparition

Les disparitions, beaucoup plus variées que les apparitions, peuvent se faire d'abord par les moyens
employés pour les petits objets comme les bagues, les pièces, etc... et dont les plus utilisables sont :
le tourniquet et la pincette (2); mais il y a surtout lieu d'envisager les disparitions dans les mains
elles-mêmes, par faux dépôts, prises simulées, dépôts réels suivis de reprises, etc... (voir Rémi
Ceillier, pages 356 à 366). Voici les principales:
1° Le dé placé sur l'index droit est soi-disant pris dans la paume gauche et est en réalité transféré à
l'E.F.P.D.
2° Le dé placé sur l'index droit est soi-disant déposé dans la paume gauche et est en réalité à
l'E.F.P.D avant que le doigt ait atteint la paume ou pendant qu'elle se referme (Même passe pour
l'avalement du dé).
3° Le dé recouvrant l'index est placé ainsi que ce doigt contre la paume de la main gauche refermée
aussitôt. L'index droit est ensuite retiré emportant le dé qui est transféré immédiatement après à
l'E.F.P.D. (c'est la fameuse passe de Nate Leipsig), ou que vous dissimulez en croisant légèrement
l'index derrière le médius.
4° Le dé placé sur l'un des doigts droits est transféré à un pincement arrière.
5° On simule le jet du dé en l'air ou dans un récipient et pendant le mouvement on le fait passer à
l'empalmage (E.F.P.D., si le dé était sur l'index ou le médius).
Il existe encore dans les livres précités d'autres façons de faire disparaître le dé; il me parait inutile de
les mentionner ici, mais je vais donner dans les numéros suivants quelques disparitions qui n'y sont
pas indiqués

A propos de toutes ces manipulations, Loyd Enochs fait remarquer que beaucoup d'opérateurs ont
tendance, pendant qu'ils les exécutent, à cacher leurs mains avec le corps ou avec la tête de telle
sorte que la partie du public qui est sur un côté ne les voit pas et il met en garde ses lecteurs contre
ce défaut. Il a grandement raison et sa critique est de mise ici comme à l'étranger; c'est, en efet, un
travers fréquent chez nos prestidigitateurs, que les objets manipulés soient des dés, des cartes ou
des boules.

(1) Dans les papiers de mon regretté ami M. Doisy (Addy) j'ai trouvé de nombreux feuillets sur les tours de dés qu'il avait particulièrement
étudiés, comme il l'avait fait pour les tours de cordes; j'ai tout lieu de penser qu'un certain nombre de ces feuillets sont des traductions ou, le
plus souvent, des adaptations de tours pris dans des livres anglais ou américains dont la langue lui était familière et en particulier dans
"Master manipulation of Thimbles" de Loyd Enochs; c'est d'ailleurs le livre de chevet des manipulateurs de dés en Amérique et en Angleterre.
J'ai puisé dans ces feuillets plusieurs éléments de ce chapitre et je publie plus loin (N° 643) une passe inédite et curieuse que mon ami Doisy
avait imaginée; c'est un juste hommage que je tiens à rendre à sa mémoire
(2) Une jolie manœuvre de ce genre a été imaginée par mon ami W. Clément, aussi subtil prestidigitateur qu'adroit jongleur. Le dé est tenu
entre le pouce et l'index droits, ouverture vers la paume, l'annulaire en face de cette ouverture. La main gauche vient pour le saisir et place
pour cela son index et son médius du côté du fond du dé et son pouce à l'opposé. Sous le masque des doigts gauches (index et médius) et
aidé par eux, le dé est alors placé sur l'annulaire doit. La main gauche qui a feint de prendre le dé, s'éloigne sans rien emporter; car le dé reste
sur l'annuaire qui se cache dans la paume en attendant de le transférer autre part, par exemple à l'E.F.P.D.
Je pense que dans cette manipulation on pourrait faire faire au médius droit ce que fait l'annulaire, et cela faciliterait le transfert ultérieur du
dé à l'E.F.P.D.

633
DISPARITION AU MÉDIUS

C'est une variante de la passe R. Ceillier décrite dans son livre à la page 365 et de la passe de M. de
Cussé indiquée à la page 366 de ce même livre.
La main gauche est présentée fermée dos en avant. L'index droit coifé du dé est introduit dans le
rond formé par le pouce et l'index gauches. Cet index droit est poussé à fond, puis il se replie et le
pouce avec l'annulaire droits vont lui enlever le dé dont se coife immédiatement le médius droit.
L'index droit nu sort ensuite du poing gauche qui s'ouvre finalement pour se montrer vide, pendant
que le médius reste plié, donc caché dans la paume.

634
DISPARITION D'UN DÉ John L. Bays)

Dans "The Magician" de mars 1935, MR John L. Bays a publié une manipulation intéressante qui a été
traduite (librement) par Jean Corta dans le "Journal de la Prestidigitation" (n° 88, page 286), de la
façon suivante:

Efet. - Placez le dé à coudre, qui se trouve sur l'index droit, dans la main gauche fermée. Montrez-le
dans cette position, puis à l'aide du pouce, introduisez-le plus avant dans le poing gauche. La main
gauche est alors montrée vide et le dé à coudre à complètement disparu. La main droite est
également montrée vide.

Explication. - Sous prétexte de pousser le dé plus avant à l'aide du pouce, on le retient en réalité sur
ce doigt, et on le retire de la main gauche sous le couvert des doigts de la main droite. La main
gauche peut alors être montrée vide après les habituels mouvements de pulvérisation. Quant au dé
qui se trouve à présent sur le pouce droit, on verra qu'il est dans une excellente position pour être
transféré à l'empalmage arrière ce qui permet de montrer aussi la main droite vide. Pour amener le
dé à l'empalmage arrière, utiliser simplement l'index et l'annulaire de la main droite pour dégager le
dé du pouce; le doigt du milieu vient alors le couvrir complètement.

635
DEUX PASSES FAVORITES DE MAHATMA

Cet illustre prestidigitateur fut un des premiers à présenter en France les dés à coudre sur un théâtre
et il obtient toujours avec eux un vif et mérité succès. Voici deux de ses passes favorites qui sont de
légères variantes de manipulations classiques.
1° Le dé étant sur l'index droit, la main droite se présente dos au public, les doigts étendus joints
pointant vers le sol, passe de droit à gauche le long du dos de la main droite. Caché par elle, l'index
met le dé à l'E.F.P.D. et la main gauche se ferme et s'éloigne vers la gauche, comme si elle contenait
le dé.
2° Le dé est sur l'index droit, la main gauche ouverte, paume en haut, l'extrémité des doigts vers les
spectateurs. L'index droit vient poser le dé dans la paume gauche; la main gauche pivote alors autour
de la pointe de l'index droit de manière à arriver, dos en haut, puis se ferme. C'est à cet instant précis
que le dé est porté par l'index à l'E.F.P.D

636
DISPARITION AU GILET

Les mains sont placées devant le gilet au niveau des poches inférieures, les paumes en avant, les
pouces à l'extérieur (fig. A); puis elles se retournent dos en avant, les pouces en haut. La main
gauche se ferme aux 3/4 et se tient contre le gilet en dépassant légèrement le milieu vers la droite;

l'index droit qui est coifé du dé vient s'enfiler dans le rond formé par le pouce et l'index gauches
repliés (dig. B), mais il se fléchit quelque peu pour introduire le dé entre les deux boutons du gilet. La
partie unguéale des deux derniers doigts gauches vient alors s'appuyer sur le dé à travers l'étofe et
le maintient, tandis que l'index sort du gilet. Les deux mains s'éloignent ensemble du gilet, puis se
séparent; la main gauche va vers la gauche comme si elle contenait le dé et la droite va vers la
droite, l'index nu tendu.
Finalement, les mains s'ouvrent et se montrent des deux côtés : le dé a disparu.

637
A TRAVERS LA POCHE

Étant face au public avec un dé sur l'index droit, faites un dépôt simulé dans la main gauche et un
E.F.P.D. Cette main gauche fermée est alors introduite dans la poche gauche du
pantalon. La main droite tournée de telle façon que le public ne le voit pas, reprend
le dé sur le médius et l'enfonce dans l'étofe du pantalon devant la poche; la main
gauche de l'intérieur pousse en sens inverse et vous formez ainsi un repli dans
lequel vous laissez le dé (voir la figure ci-contre); le public ne doit évidemment pas
soupçonner ce dépôt et doit croire que vous avez fait simplement un pli à l'étofe.
La main droite qui s'est éloignée, se montre vide, puis revient fouiller avec son
index dans le pli formé d'où elle ressort le dé, comme s'il avait traversé l'étofe.
Remarquez que cette passe peut vous servir pour charger la main gauche d'un ou
plusieurs dés mis au préalable dans la poche du pantalon.

638
UNE ÉBLOUISSANTE JONGLERIE

Efet. - Vous jetez en l'air un dé et vous le rattrapez sur le bout de l'index.

Explication. - Il vous faut deux dés pareils : l'un invisible à l'eE.F.P.D; l'autre est tenu ostensiblement
dans la main droite; c'est celui que vous lancez en l'air.
Pendant son trajet dans l'espace, vous coifez votre index avec l'autre dé qui était empalmé et vous
recevez dans la main celui que vous avez lancé en l'air; en même temps, vous étendez l'index.
Si vous opérez bien, l'illusion est complète; évidemment, ce n'est pas très facile, mais cet efet fort
brillant mérite qu'on en étudie la technique.
On peut employer deux dés rentrant l'un dans l'autre pour pouvoir, au début, n'en présenter qu'un
seul et montrer les deux mains des deux côtés.
639
TRAVERSÉE DU COUDE AU DOIGT

Vous vous placez l'avant-bras droit vertical, la main dos vers les spectateurs, l'index tendu et pointant
vers le plafond ; un dé coife cet index.
La main gauche tient le coude droit où vos regards se portent; d'ailleurs, ils ne doivent plus, pour
ainsi dire, le quitter.
Élevez la main gauche pour prendre le dé; placez-le ensuite au coude comme si vous y cherchiez un
orifice pour l'y glisser (feinte). remettez le dé sur l'index droit, les yeux toujours fixés sur le coude, et
ramenant la main gauche sur le coude, faites-y avec les doigts des mouvements comme pour y forer
un trou. Conservant obstinément les yeux sur ce point, allez reprendre le dé sur l'index droit; mais
sous le couvert de la main gauche, transférez-le à l'E.F.P.D.
Ramenez encore une fois au coude la main gauche fermée comme si elle contenait le dé; et faites le
geste de l'enfoncer dans le coude; tout de suite après, étendez l'index droit pour exhiber le dé.
Ce n'es qu'à ce moment que vous y portez les regards.

640
UN DÉ PASSE D'UN INDEX SUR L'AUTRE

Un dé est mis sur l'index gauche tandis qu'un autre dé est à l'E.F.P.D. Les deux mains sont placées dos
en avant, les doigts pointant vers le haut (ou au contraire vers le sol, l'expérience pouvant aussi bien
se faire ainsi; mais, si l'on n'est pas sur une estrade, il vaut mieux adopter la première position qui
permet aux mains d'être plus en vue).
Vous portez les deux mains assez rapidement vers la droite et pendant ce mouvement, vous
fléchissez les deux index; l'un, le gauche, dépose sont dé à l'E.F.P.G.; l'autre, le droit, va se coifer du
dé empalmé; vous donnez ainsi l'illusion que le dé a sauté d'un index sur l'autre. Faites les
mouvements en sens inverses; le dé paraîtra avoir sauté sur l'index où il était primitivement. Vous
pouvez recommencer encore une ou deux fois.

Au lieu de porter les deux mains en même temps du même côté on peut leur faire exécuter un
mouvement de croisement.

641
LA TRAVERSÉE DES GENOUX ET D'AUTRES
ENDROITS DU CORPS

Dans "La Prestidigitation sans appareil" (page 510 et 511), C. Gaultier a fait une excellente
description de ces passes basées sur le même principe que la précédente. Je la transcris littéralement
car elle ne pourrait être que déformée en la reproduisant autrement et ce serait dommage (Il s'agit
seulement des traversées avec le dos des mains tourné en avant).

TRAVERSÉE DU GENOU OU DES DEUX GENOUX - Se placer face au public, tenir secrètement un dé à
coudre à l'empalmage usuel dans la main gauche toujours conservée le dos en avant. Présentez le dé
à coudre, placé sur l'index de la main droite et annoncer que l'on va lui faire traverser le genou droit.
Fermer un peu la main, comme pour avoir plus de force, puis la baisser le dos en avant, pour frapper
le dessus du genou avec l'index étendu recouvert du dé à coudre : c'est une feinte. Recommencer la
même action, mais avant d'étendre l'index, loger le dé à coudre à l'empalmage usuel et ne frapper le
genou qu'avec l'extrémité du doigt seule. Passer la main droite derrière le genou pour recueillir le dé
à coudre de l'autre côté, c'est-à-dire profiter de ce que la main est alors cachée pour transférer le dé
à coudre de l'empalmage usuel à l'extrémité de l'index et le montrer dans cette position.
Placez ensuite les mains, le dos en avant, de chaque côté du genou droit et, après avoir écarté
latéralement la main droite, l'index recouvert du dé à coudre, la ramener assez vivement vers la
couture externe du pantalon. Tout en accomplissant ce dernier mouvement, transférer vivement le dé
à coudre à l'empalmage usuel et étendre à nouveau l'index. Transférer aussitôt après le dé à coudre
de la main de l'empalmage usuel à l'index étendu ensuite contre la couture interne du pantalon. Il
semble bien, quand la coordination des deux actions est réussie, que le dé à coudre a passé d'un
index à l'autre à travers le genou. Après avoir exécuté la traversée du genou en sens inverse pour
rétablir les choses en l'état primitif, joindre les deux genoux et, pour varier, exécuter la passe
précédente dans cette nouvelle position.
TRAVERSÉE DE LA TÊTE OU DU CORPS - Commencer comme précédemment, en n'employant qu'une
seule main. Par exemple, frapper le haut du crâne avec l'index droit et retirer le dé à coudre de
l'intérieur de la bouche. Se mettre l'index recouvert du dé à coudre dans l'œil et extraire ensuite le
dé, au bout du même doigt, de l'orifice buccal. C'est toujours le même procédé : Le transfert du dé à
coudre de l'extrémité de l'index à l'empalmage usuel avec retour à la première position qui est mis à
contribution. On se servira ensuite concurremment des deux mains et de deux dés à coudre, pour la
soi-disant traversée de la tête d'une oreille à l'autre par le même dé à coudre ou pour le passage du
même objet à travers le corps. Ce sont là des applications du principe de la traversée à travers le
genou.

642
LE DÉ AVALÉ

Ayant un dé au bout de l'index, vous le portez à la bouche, mais dans le trajet, vous mettez le dé à
l'E.F.P.D.; vous introduisez donc l'index nu dans la bouche et vous le retirez tel quel.
Ayant feint d'avaler le dé, vous portez votre index sous le gilet, comme pour en retirer le dé : en
réalité, l'index le reprend où il était, c'est-à-dire à l'E.F.P.D.
Vous pouvez compléter ce tour de la façon suivante, en ayant au gilet un autre dé pareil. Vous
semblez recommencer l'expérience, mais cette fois, vous mettez réellement le dé dans la bouche;
puis vous allez retirer le duplicata du gilet. Les spectateurs croient que vous avez fait le même geste
que la première fois. Vous faites alors le simulacre d'enfoncer le dé duplicata dans le crâne ou dans
l'oreille; en réalité, vous le mettez à l'E.F.P.D et vous montrez l'index nu. Mais, au même instant, vous
entrouvrez les lèvres et vous y montrez le dé que la langue pousse entre elles.

643
LA BALANÇOIRE

(Addy)

Vous avez un dé visible sur l'index droit et un autre invisible sur le médius droit replié dans la paume.
La main gauche montrée vide se ferme et l'index droit pénètre dans le poing gauche; celui-ci serré ne
doit encercler que la dernière phalange de l'index. Le reste de ce doigt bien en vue du public semble
isoler complètement la main droite de la gauche. D'ailleurs, pour le prouver, vous ouvrez un instant la
main gauche pour montrer à nouveau la position de l'index droit avec son dé et vous la refermez.
Faites faire à la main droite un mouvement de rotation de manière à en amener le dos vers le
plancher, et dans cette position, redressez le médius : il apparaîtra coifé du dé.
Rapprochez les mains du corps et par des manœuvres inverses des précédentes, revenez à la
première position ; mais au passage, le médius droit fait disparaître le dé entre deux boutons du gilet.

Ouvrez lentement la main gauche et montrez que le dé pas plus que l'index n'a bougé. Finalement,
montrez les deux mains vides des deux côtés.

644
SUR LE BORD DE LA TABLE

C'est un tour un peu enfantin; mais il est bon que vous le connaissiez et je reproduis la description
qui en a été faite par Van Lamèche (Caroly I) dans "L'illusionniste" n° 1, page 6.

Mettez un dé sur l'index de la main droite et secrètement un autre sur le médius gauche.
Vous vous asseyez près d'une table et vous étendez sur le bord les deux index; les spectateurs voient
donc le dé à droite. Vous frappez trois fois sur la table avec les deux mains à la fois et toujours en
comptant : un, deux, trois; à la troisième fois, vous repliez les index et vous allongez sur le bord de la
table les médius, de sorte que l'o voit maintenant à gauche le dé qui était à droite. Vous
recommencez aussitôt à frapper trois fois pour faire revenir le dé à droite en mettant à la troisième
fois les index index, cela se devine, à la place des médius.
Il est nécessaire de faire ce tour très vite et de le finir dans la position du début, parce que, comme
c'est au commencement et à la fin qu'il y a un temps d'arrêt suffisant pour que les spectateurs
remarquent les doigts, ils auraient vite fait de découvrir le truc si on terminait autrement.

Dés à jouer
La plupart du temps, les dés ne remplissent en prestidigitation que le rôle d'accessoires, soit pour donner un nombre quelconque - ou alors
ils sont ordinaires - soit, le plus souvent, pour fournir un nombre forcé - et alors ils sont plus ou moins truqués.
Ils peuvent aussi faire l'objets de combinaisons mathématiques ou de divinations, mais les tours dans lesquels ils jouent le rôle principal ne
sont pas nombreux. Cela ne veut pas dire qu'ils soient négligeables et quelques-uns d'entre eux sont parmi les plus intrigants des tours de
société, formant ce que mon ami Mylius, de Berlin, a désigné sous le nom très heureux de "Micromagie".

667
LE JEU DU DÉ

Sous ce titre, l'illusionniste dont j'ai déjà parlé à plusieurs reprises, M. Robelly, a publié dans le
"Journal de la Prestidigitation", puis dans son livre "Trucs et Grands Trucs", sous le titre de "Un pari
gagné à coup sûr", un tour de dé simplement mathématique, mais qu'il a su transformer en une
intrigante expérience.¨

Procurez-vous un dé à jouer ordinaire et annoncez à votre partenaire qu'avec les points choisis par
vous deux, le premier arrivant à 80 sera déclaré gagnant.
Vous posez, chacun à votre tour, le dés sur la table avec, sur le dessus, les points que vous désirez et
que vous additionnerez avec ceux amenés précédemment. Invariablement vous arriverez le premier à
80, malgré les eforts de votre partenaire pour vous en empêcher.
Voilà une façon d'envisager un pari avec certitude de gagner.

Secret.- Pour arriver à 80, il vous faut annoncer 10 ou 17,24,31,38,45,52,59,66,73, c'est-à-dire de 7


en 7 jusqu'à 80. Pour cela, il y a deux manières :

1° Vous pouvez jouer le premier. Vous posez 3 ; il sera donc impossible à votre partenaire de faire 10 ;
le plus qu'il amènera sera 9 en posant 6. Vous posez 1, ce qui fait 10. S'il pose ensuite 3, ce qui fera
13, vous posez 4 pour faire 17 et, en continuant ainsi, vous posez à chaque fois le complément du
chiffre de votre adversaire à 7.
Vous serez le premier à faire 80.

2° Votre adversaire joue en premier. S'il met 2, vous mettez 1 pour faire 3. Mais s'il met lui-même 3,
ou un autre point, mettez n'importe quel chifre et, dès que vous le pourrez, assurez-vous 10 ou 17.
La personne avec qui vous jouez ignorant votre secret, vous facilitera rapidement votre tâche sans le
savoir.

Voici maintenant la manière d'obtenir le même résultat, le dos tourné et les yeux bandés, sans voir
les points et sans se livrer à aucun calcul.
Voilà, direz-vous, quelque chose de fantastique ! Eh bien, essayez ce procédé et vous m'en donnerez
des nouvelles!
D'abord, pour éviter que l'on devine votre secret, vous n'exécuterez ce tour qu'une seule fois,
donnant comme prétexte que cette façon d'opéré est des plus fatigantes et demande une tension de
l'esprit et une force de volonté des plus déprimantes.
Avez-vous remarqué que les deux faces opposées d'un dé formaient un total de 7 points ? C'est là
tout le secret, et c'est ce principe qui vous permettra de réussir.
Avant de vous faire bander les yeux, prenez le dé , dans le montrer, chercher le 3 et cachez cette face
contre votre pouce, ce qui vous permettra, une fois aveuglé, de déposer le dé sur la table, le 3 en
dessus. Le principal est fait.
Faites remarquer à votre partenaire que vous ignorez les points amenés et demandez-lui de
continuer, comme dans le tour à découvert, mais en comptant lui-même et mentalement ses points
et les vôtres : lorsqu'il atteindra 80, il devra l'annoncer tout haut. Bien entendu, vous arriverez
premier à ce total. Voici comment:
Votre 3 étant posé, au début, quel que soit le nombre amené par l'autre joueur, vous saisissez le dé
en tâtonnant, et, ayant l'air de vous livrer à un travail compliqué, retournez-le sens dessus-dessous.
Inévitablement, vous aurez complété à 7 le point de votre partenaire, c'est-à-dire que vous aurez
atteint 10 (7+3).
Continuez ainsi, et vous arriverez le premier à 80.

Dans le même "Journal de la Prestidigitation", M. Destruel, un illusionniste de talent dont j'ai déjà cité
le nom dans ce livre, a publié un intéressant addendum à l'expérience qui vient d'être décrite.

Il est impossible d'arriver au même résultat en laissant à son adversaire le choix du nombre et celui
de jouer ou non le premier. L'intérêt du jeu ne peut, en ce cas, qu'y gagner.
Le nombre étant choisi, soit 47, on divise ce nombre mentalement par 7, ce qui donne alors 47 / 7 =
6, soit 5 au reste. En additionnant ce reste avec le diviseur, qui est immuablement 7, on obtient 12
comme total. C'est ce nombre 12 qui, comme celui 10 donné dans l'exemple précédent, servira de
point de départ. Si vous commencez, posez 5 (valeur du reste),et , quels que soient alors les points
misés par votre adversaire, vous serez sûr, au deuxième tour, de faire 12. En efet, s'il mise 1, ce qui
fera 6, vous misez la deuxième fois 6 et vous obtenez 12, ce qui vous rend maître de la situation. Si
votre adversaire commence, ne vous troublez pas, l'occasion ne tardera pas à se présenter, qui vous
permettra de faire 12, 19, 26, 33, 40 ou 47 (c'est-à-dire un multiple de 7 plus 5). Peu importe donc le
nombre choisi par votre adversaire, vous ne tarderez pas, si vous n'y arrivez la première fois, à
atteindre le nombre désirable, clé de la réussite.

Si le nombre choisi par votre adversaire est un multiple de 7, sans reste, tels : 14, 21, 28, 35, etc... il
y a alors intérêt à le faire commencer, et quel que soit encore le chifre qu'il posera, vous le
complèterez pour faire 7, demeurant aussi maître de la situation. Mais il serait imprudent de
continuer à obtenir toujours un multiple de 7, tels que 14, 21, 28, etc. ce qui pourrait donner l'éveil.
Le plus sage serait de dérailler quelquefois et de se repêcher ensuite, manœuvre qui doit être
d'ailleurs toujours prudente.

668
LE TOTAL DES POINTS DE TROIS DÉS

Efet. - Pendant que vous tournez le dos, faites jeter trois dés et additionner les points amenés; faites
ensuite prendre un quelconque des dés jetés et faites ajouter à la somme précédente les points de ce
dé qui se trouvait du côté opposé à celui qu'il avait amené; enfin, priez qu'on jette à nouveau ce dé et
qu'on ajoute au total précédemment obtenu les points qui viennent d'être amenés par ce dé.
A ce moment, vous vous retournez et vous donnez le total définitif.

Explication. - Il vous suffit d'additionner le nombre de points qui se trouvent visibles sur la table et d'y
ajouter 7. Exemple : Les trois points amenés la première fois sont 3, 2 et 5 : au total 10. On a pris,
supposons, le dé qui a pour point 3 et on a ajouté ce qu'il avait sur la face opposée, c'est à dire 4.
Donc 10+4 = 14; on jette à nouveau le dé et il amène cette fois le point 1. Le total définitif sera
donc : 15. Or, à ce moment, il y a sur la table 2, 5 et 1. C'est à dire un total de 8, et vous ajoutez 7, ce
qui donne bien les 15 que le spectateuyr a totalisés.

Avec un peu de réflexion

669
LES POINTS DES FACES CACHÉES DE TROIS DÉS

Pendant que vous vous tournez de dos, vous faites empiler trois dés et vous faites faire l'addition des
pont des 5 faces cachées, c'est-à-dire de celle qui repose sur la table, de celle qui est à l'opposé, de
celle du dé médian qui touche cette dernière et enfin les deux autres qui se font vis-à-vis : une du dé
qui est au milieu et une du dé qui est en haut de la pile. Vous vous retournez et vous donnez le total
qui a été obtenu, quoique la pile ait été cachée dans une carte de visite roulée en tube et maintenue
par un élastique.

Explication. - Le tour repose sur le principe énoncé dans l'expérience précédente, à savoir que le total
des points de deux faces opposées d'un dé fait toujours 7.
Dans le cas présent, vous n'avez qu'à jeter un coup d'œil sur la face qui est en haut de la pile et que
le tube formé par la carte de visite, ne vous empêche pas de voir. Vous déduisez le point de cette face
du nombre 21 et le résultat est celui de l'addition en question. Cela se comprend très bien car les 6
faces superposées forment au total 21; or, le nombre de point en question est composé du total de 5
faces, et le point de la sixième - celle visible -complèterait ce total à 21.

Remarquez que si vous opériez avec 4 dés au lieu de 3, le nombre de base serait 28, et il serait de 35
si vous employiez 5 dés.

670
UNE CURIEUSE OPÉRATION MATHÉMATIQUE

Pendant que vous êtes retourné, faites jeter 3 dés et, sur les points qu'ils amènent, faites faire les
opérations successives suivantes (appelons x le premier dé, y le second et z le troisième).
Faites doubler x et ajouter 5 ; multiplier par 5; ajouter 10; ajouter y ; multiplier par 10 et, finalement,
ajouter z.
On aboutira à un nombre de trois chifres qu'on vous dira et dont vous retrancherez 350. La diférence
vous donnera un nombre de trois chifres dont le premier sera x, le second y, et le troisième z.
En résumé : x * 2 + 5 * 5 + 10 + y * 10 + z - 350 = x y z
Exemple: 3, 2 et 4:
3 * 2 = 6 ; 6 + 5 = 11 ; 11 * 5 = 55 ; 55 + 10 = 65;
65 + 2 = 67 ; 67 * 10 = 670 ; 670 + 4 = 674;
674 - 350 = 324.

671
LES DÉS PLOMBÉS ET LES PLATEAUX AUX DÉS

Ce sont des dés lestés avec du plomb au niveau d'une de leurs faces et dont les angles et les coins
sont fortement arrondis. Dans ces conditions, ils roulent facilement quand on les jette, et s'arrêtent
dans une position, toujours la même, et par conséquent avec le même point sur le dessus. Quand ils
sont bien faits - ce qui est rare - ils imitent bien un dé ordinaire et ne sont pas suspects ; sinon,
comme ils sont destinés à être vus de près, ils ne valent rien.
Quand on n'a besoin que d'un chifre, un seul dé suffit; mais, si on a besoin de plusieurs chifres, il
faut autant de dés diférents et il est nécessaire par conséquent de les changer. J'ai imaginer dans ce
but un plateau qui permet de s'emparer successivement des dés qu'on désire, en les changeant l'un
avec l'autre avec facilité et sans qu'on s'en aperçoive.

Voici la description de cet appareil qui n'est nullement encombrant et n'éveille aucun soupçon, car il
est extérieurement tout à fait ordinaire.
C'est un plateau rectangulaire (fig. 399) aux bords assez élevés, dont le
fond est remonté, de telle façon que sous un de ses petits bords se
trouvent six logettes dans lesquelles se placent six dés plombés
donnant chacun un point diférent, c'est-à-dire tous les points de 1 à 6.
Chaque logette est fermée en bas par
une plaquette qui se prolonge en lamelle
sur le bord opposé du dessous du plateau
et forme tirette (fig. 400). C'est la main
gauche tenant c bord qui commande les
tirettes et, par conséquent, provoque la chute du dé nécessaire dans la
main droite qui tient l'autre bord, ceci d'une façon absolument invisible.
On peut remettre secrètement dans la logette le dé qui a servie, pour
en prendre ensuite un autre.

Lorsqu'on a besoin seulement d'un seul dé, voici la façon de faire


l'échange contre un dé ordinaire. Vous tenez le dé plombé à l'empalmage comme une muscade.
C'est-à-dire entre la racine du médius et celle de l'annulaire. Vous faites jeter le vrai dé pour montrer
qu'il amène n'importe quel point et vous le ramassez; puis , renversant la main comme pour le lancer
sur le plateau ou dans un cornet, vous y lâchez le dé empalmé et vous mettez le dé ordinaire à
l'empalmage où était l'autre.

Lorsque vous avez à échanger plusieurs (2 ou 3 au maximum) dés ordinaires à la fois avec le même
nombre de dés plombés, vous pouvez vous servir d'un cornet truqué. Ce cornet a dans son intérieur
un volet mobile déterminant deux compartiments et commandé par un petit levier dépassant
légèrement le fond du cornet; un ressort force le volet à garder la même position tant qu'on n'agit pas
sur le levier.
Vous pouvez donc jeter les dés ordinaires ou les dés plombés à volonté et certains prestidigitateurs
ne craignent pas de faire lancer finalement les dés plombés par un spectateur; il ne faudrait tout de
même pas s'adresser à une personne très méfiante.

672
LE DÉ DE CONRADI

Conradi a imaginé un dé spécial qui n'est pas plombé (et ne remplit pas d'ailleurs tous les offices de
ce dé); mais il permet un choix forcé et ne "sent pas le truc". C'est un dé qui n 'a pas de point 1 ni de
point 4; mais par contre, il a 2 face à 5 points et 2 faces à 3 points. Les points sont disposés comme
ceci : 2 en haut, 6 en dessous, 5 sur le côté avant, 5 sur le côté arrière, 3 sur le côté gauche et 3 sur
le côté droit
Les 4 objets soumis au choix sont placés sur un rang : admettons que vous vouliez forcer le choix du
deuxième. Le dé étant jeté, vous comptez en partant de la gauche, si le dé amène 2; en partant de la
droite si le dé amène 3; de même pour le point 5, vous comptez à partir de la droite jusqu'à 4 et vous
revenez sur votre trajet, désignant l'objet au chifre 5; pour 6 vous partez de la gauche.
Je ne conseille pas de transformer un dé ordinaire en ce dé truqué, en ajoutant 2 points latéraux à la
face du point 1 pour en faire un 3, et 1 point central à la face du point 4 pour en faire un 5. Les faces
en double n'étant plus opposées comme dans le "vrai" dé Conradi, pourraient être remarquées.

673
LES TROIS DÉS ET LA BOITE A CARTE

Ici, les dés ne sont pas truqués ; mais c'est la boîte les contenant qui l'est très légèrement, en
s'ouvrant indiféremment d'un côté ou de l'autre. C'est une utilisation de la boîte à cartes (voir N°
186) sans son double fond (qui, dans cette expérience, ne sert pas) et que, par conséquent, vous
pouvez faire visiter.
Vous faites jeter les 3 dés ordinaires (mais à arêtes vives) sur la table plusieurs fois pour bien montrer
qu'ils ne sont pas truqués; puis, vous les faites jeter dans un des compartiments de la boîte que vous
fermez ; vous agitez en tous sens et vous ouvrez la boîte.
Vous faites compter les points apparus ; puis, en refermant la boîte, vous l'agitez à nouveau et,
secrètement, vous la retournez ; vous l'ouvrez et apparaissent de nouveaux points que vous faites
compter ; vous faites l'addition des deux nombres et le total donne toujours 21. En voici la raison : les
dés doivent être assez grands pour bouger, mais sans pouvoir se retourner dans la boîte fermée. Ce
sont donc les points opposés qui apparaissent à la seconde ouverture ; et, comme il y a trois dés, cela
fait toujours un total de 3 fois 7, c'est à dire 21. Ce total peut donc être introduit dans n'importe quel
tour de prévision : atomes crochus, ardoises spirites, etc...
D'autre part, en plaçant les trois dés dans la boîte de telle sorte que leur total fasse le complément à
21 du nombre que vous voulez forcer, vous n'avez qu'à retourner la boîte pour l'obtenir. Vous pouvez
ainsi forcer un nombre de 3 à 18.

Mon ami Ruegg (Harry Bertall) a imaginé une boîte truquée qui utilise des dés ordinaires et qui,
cependant, amène les points désirés. Le système (butée dans le fond de la boîte) est simple et
ingénieux; mais je lui ferai le même petit reproche qu'à la boîte précédente : les spectateurs peuvent
se demander pourquoi vous utilisez une boîte à la place d'un vulgaire cornet, ce qui paraît un peu
anormal.

674
DIVINATION DES POINTS D'UN DÉ CACHÉ

Dans le "Passez-Muscade" (N°6), le regretté A. Blind, sous son psudonyme de "Professeur Magicus", a
décrit un truc de son invention, permettant la divination des points d'un dé par un procédé subtil qui
ne peut pas être facilement décelé. Voici sa description.

Efet . - Un gros dé et son étui sont remis à l'examen; puis, à l'insu de l'opérateur, un spectateur pose
le dé sur la table et après en avoir noté les points de dessus et de dessous, le recouvre de son étui.
Sans toucher ni au dé, ni à l'étui, l'opérateur indique de suite quels sont les points notés. Il place
ensuite dans sa poche un jeu de 6 cartes numérotés de 1 à 6, préalablement vérifié et mélangé par
les spectateurs. Un spectateur déplace ensuite le dé, en note les points comme précédemment, et le
recouvre de l'étui, l'opérateur ayant le dos tourné. Ceci fait, l'opérateur sort de sa poche deux des 6
cartes qui portent les points de dessus et de dessous du dé.

Explication. - Le dé en bois dur, qui peut avoir de 6 à 10 centimètre carrés, doit être un cube parfait;
on collera sur l'une des faces un carré de carton de un millimètre d'épaisseur, recouvrant entièrement
ladite face. Sur la face la plus rapprochée, on collera un carré de carton de 2 millimètres d'épaisseur,
puis on recouvrira le cube avec du papier noir et on y collera des points en papier blanc faits à
l'emporte-pièce.
L'étui qui sert à recouvrir le dé est en fer blanc peint, ou en carton mince. Intérieurement, cet étui a la
hauteur exacte du dé; par contre, il devra être suffisamment large pour recouvrir le dé sans
frottement aucun.
Le total des dés de deux faces opposées d'un dé à jouer est invariablement 7; donc, en admettant
que la face renforcée par le carton de 1 millimètre porte 5 points, la face opposée, devra en porter
deux, et si la face renforcée de 2 millimètres porte 4 points, celle qui lui est opposée en portera 3.
Sitôt le dé recouvert de son étui, il suffira d'un rapide coup d'œil jeté sur l'étui pour deviner quels sont
les points du dessus et du dessous du dé. En efet, si la base de l'étui repose sur la tablette de la
table (1), ce seront les points 1 et 6 que l'opérateur indiquera. Si, par contre, la base de l'étui est
éloigné d'un millimètre du dessus de la table, on prédira les points 2 et 5; enfin, si cette base est
distante de 2 millimètres, ce seront le 3 et 4 qui auront étés notés. Il va sans dire que l'opérateur ne
pourra pas indiquer quels sont les points de "dessus" et quels sont ceux de "dessous", mais il dira :
les points de dessus et de dessous forment un total de 7, par 1 et 6, ou par 2 et 5, ou par 3 et 4.
Pour les cartes, avoir dans la poche un petit classeur à trois compartiments dans chacun desquels se
trouvent deux cartes dont le total est 7 et ceci dans un ordre connu.

(1) Cette expérience peut être présentée isolément. Je l'ai incorporée dans une série de divination, faites par un sujet et nous la retrouverons
au chapitre 32; mais, dès à présent, je signale qu'au lieu de mettre le dé recouvert de son étui sur la table, on peut le mettre sur un plateau ou
sur une assiette, ce qui est plus pratique.

675
LA SYMPATHIE DES DÉS

Sous ce titre, le Professeur Magicus, inventeur du tour précédent, en a publié un autre, également
très ingénieux, dans le "Passez-Muscade" (N°9). Je transcris à peu près textuellement ce tour tel qu'il
l'a décrit.
J'ajoute que je l'ai incorporé dans la même série de divination qui vient d'être exposée et qui est
représenter par un sujet.

Efet. - Un gros dé, ainsi qu'un étui servant à le recouvrir, sont remis à l'examen; puis, le dé est isolé
sous un verre à pied renversé. Un petit dé à jouer, reconnu non pipé, est jeté à plusieurs reprises par
les spectateurs et, chaque fois, bien que le gros dé ait été recouvert de son enveloppe, il transforme
celle de ses faces qui est tournée vers les spectateurs, et cela de façon à mettre les points de cette
face en harmonie avec les points indiqués par le petit dé.
A la fin de l'expérience, le gros dé et son enveloppe sont soumis à un nouveau contrôle.

Explication. - Vous vous servez du dé du genre du dé au chapeau (voir n° 684), d'une grandeur
adéquate, au milieu duquel vous opérez. 5 cm. de côté suffisent si vous opérez habituellement dans
un salon ou dans une petite salle ; 10 cm sont nécessaires si vous êtes sur scène. Ce dé est en bois
recouvert de papier noir avec des points en papier blanc collés en bonne place.
Le faux dé, qui n'a que cinq faces, est en fer blanc mince, ou en bristol, peint en noir mat
intérieurement et recouvert extérieurement comme le gros dé, sur lequel il devra s'emboîter sans
aucun frottement. Sur ses faces latérales, il portera les points 2, 3, 4 et 5 ; sur le dessus le point 1.
L'étui à 5 faces est en carton, recouvert extérieurement de papier fantaisie clair et intérieurement de
papier noir. De petits points placés sur le dessus, vers le bords, faciliteront l'exécution du tour, ainsi
qu'on va le voir.
Le petit dé à jouer n'est pas aussi innocent qu'il en a l'air. Ainsi que l'opérateur l'annonce, il n'est pas
pipé, mais, par contre, le point 6 est remplacé par le point 2 et le point 1 par un 3; on a donc un dé
portant sur ses 4 faces latérales les points 2, 3, 4 et 5, en dessus le point 2, et en dessous le point 3,
fait dont les spectateurs qui jettent le dé ne pourront pas s'apercevoir.

Présentation. - Au début du tour, le faux-dé est placé sur le dé plein. Donner à examiner l'enveloppe,
puis expliquer son utilité. Joignant le geste à la parole, recouvrir le gros dé, puis retirer de suite
l'enveloppe avec le faux dé qui reste dans cette enveloppe, ce qui permet de remettre le dé plein à
l'examen ; après quoi, il est posé sur le verre à pied renversé, le point 6 étant placé en dessus ou en
dessous. Les 4 faces latérales sont donc celles portant les points 2, 3, 4 et 5.
Faites jeter à plusieurs reprises le petit dé pour convaincre les spectateurs de son innocence, puis
prier un spectateur de le jeter définitivement. Jeter un rapide coup d'œil permettant de voir le nombre
de points qu'il a amené ; saisir l'enveloppe et en recouvrir le gros dé, et cela de manière que celle de
ses faces qui se trouvera tournée vers le public soit celle portant le nombre de points qu'indique le
petit dé.
Admettons que ce point soit le 5. Tournez au préalable le gros dé de façon que celle de ses faces, qui
est tournée vers le public, montre un autre point que le dit 5, puis recouvrir avec l'enveloppe comme
il est dit ci-haut. Les points inscrits sur le dessus de l'enveloppe permettent de voir de quel côté est
ce point 5. Prier le spectateur d'énoncer le nombre de points amené par le petit dé, retirer l'enveloppe
et montrer que par sympathie le gros dé est venu se placer avec ce même nombre de points en
avant.
On répétera l'opération trois à quatre fois, puis laissant choir le faux dé dans la servante capitonnée,
on remettre le gros dé et son enveloppe à l'examen.
XXX
DIVINATION DES POINTS D'UN DÉ MIS DANS UNE BOÎTE

On emploie un dé d'environ 2 cm. de côté et une boîte de celluloïd pouvant le contenir avec un peu
de jeu. Les faces latérales de la boîte sont légèrement gondolées; mais le fond et le couvercle sont
plats et le celluloïd du couvercle est aminci. De ce fait, il laisse voir les points du dé, quand
celui-ci est en contact avec lui.
Un manœuvre simple vous permet de voir le point du dessus. Le dé ayant été mis dans la
boîte, sans que vous puissiez le voir, vous prenez cette boîte avec la main droite et vous la
mettez dans la main gauche en la renversant pour faire remarquer qu'elle a aucune
possibilité de déceler l'un des points du dé. Vous reprenez alors la boîte avec les doigts
droits; mais en serrant la boîte, vous immobilisez le dé contre le couvercle et cela vous
permet de voir le point qui s'y trouve, quand vous venez de remettre la boîte couvercle en
haut. Dès que vous relâchez votre pression, le dé perd le contact avec le couvercle et le point
redevient invisible.

Cette expérience est un peu trop maigre pour être présentée toute seule; plus encore que la
précédente, elle doit faire l'objet d'une série de divinations.

677
LE POINT DEMANDÉ AMENÉ SOUS LE CORNET

Efet. - Vous demandez quel point on désire que vous ameniez sous le cornet.
Vous placez alors le dé (ordinaire) dans le cornet (non truqué) et vous renversez ce dernier sous la
table; vous remuez une ou plusieurs fois le cornet sans le soulever, c'est-à-dire en rasant la table et,
tout à coup, vous dites : "Le point désiré est amené". En efet, vous enlevez le cornet et le dé porte le
point demandé.

Explication. -Avant de mettre le dé dans le cornet, vous imbibez secrètement de salive la face
opposée au point demandé. Le dé étant sur la table, sous le cornet renversé, vous donnez 2 ou 3
secousses au cornet et vous le traînez ensuite légèrement sur la table. Vous recommencez jusqu'à ce
qu'il vienne sur cette table la trace humide de la salive. Quand vous l'apercevez, c'est que le dé est
dans la position désirée.

Dominos
es tours que l'on peut faire avec des dominos sont encore moins nombreux que ceux que l'on peu faire avec des dés à jouer ; d'ailleurs, les
truquages de dominos qui ont été envisagés : dominos à double face, coquille de dominos, par exemple, ne semble pas avoir été utilisés avec
succès et paraissent même être restés dans le domaine de la théorie.
Néanmoins, la formule mathématique de ce petit objet permet quelques effets de calculs et de divinations basés sur elle et un illusionniste ne
doit pas les ignorer ; je laisserai de côté les patiences et même les carrés magiques qui, malgré leur nom, sont vraiment en dehors de la
prestidigitation et n'ont aucun intérêt pour nous.

688
UN DOMINO DEVINÉ

Vous étalez un jeu de dominos face en haut et vous vous faites bander les yeux ; vous demandez
alors à un spectateur de pense un des domino qu'il voit. Admettons qu'il ait pensé 6 et 3 ; vous le
priez de faire les opérations suivantes, sans rien vous dire. D'abord de doubler le point le plus fort (6 x
2= 12); ensuite d'ajouter à ce produit un chifre quelconque, que vous lui donnez, 4 par exemple (12
+ 4 = 16); puis de multiplier cette somme (16) par 5 ; cela fera 80. A ce nombre vous lui faites
ajouter le second point 3. Le total final sera donc 83. Quand il vous donne ce total, vous lui dites que
les deux points de son numéros sont 6 et 3. En efet, du total qu'il vous aura communiqué (83à, vous
retranchez 5 fois le chifre quelconque que vous lui avez donné (4 x 5 = 20); vous comptez donc 83 -
20 = 63 ; nombre dont les chifres sont respectivement le premier et le second de son domino.

689
DIVINATION DU TOTAL DES POINTS DE 3 DOMINOS

Pendant que vous tournez le dos, vous faites choisir 3 dominos parmi le tas des 28 qui constituent un
jeu et vous faites prendre dans les 25 qui restent, autant de dominos qu'il en faut pour compléter à
12 les points de chacun des 3 dominos choisis. En vous retournant vous voyez ce qui reste des 25
dominos; or le total des 3 dominos choisis est égal à ce qui reste de ces 25, plus 11.
On doit vous dire s'il n'y a pas assez de dominos pour parfaire le 3 ème domino à 12 ; en ce cas, le total
des 3 dominos choisis est 11 moins ce qui manque pour parfaire le 3ème domino à 12.

Premier exemple. - Les 3 dominos choisis sont 6 et 4, 3 et 3, 5 et 4; on devra donc prendre au jeu :
2+6+3, c'est-à-dire 11 dominos; il en restera 14. Ajoutez 11; le total 25 sera le total des points des 3
dominos choisis.

Deuxième exemple. - On a choisi 1 et 0, 2 et 1, 1 et 3; il faudra prendre au jeu 11+9+8, c'est-à-dire


28 dominos; comme il n'y en a plus que 25, il en manque donc 3. Retranchez 3 de 11 et vous aurez
8 : le total des 3 dominos choisis.

690
UN RESTE DEVINÉ

Le jeu de dominos est étalé face en dessous au milieu de la table. Faites tirer au hasard un domino
par un spectateur qui le regardera, le mettra à sa gauche et prendra au jeu, pour les mettre à sa
droite, autant de dominos qu'il en faut pour compléter le total de ses points à 9 (s'il tirait en premier
un domino plus grand que 9, il le remettrait au jeu). Exemple : s'il a pris 4 et 2, il met à sa droite 3
dominos (6+3=9). Il répète ensuite l'opération; s'il tire un nouveau domino plus fort que 9, il prend au
tas de droite pour le remettre au jeu, autant de dominos que représente la diférence entre le domino
et 9. Si c'est impossible faute d'un nombre suffisant de dominos au tas de droite, il remet au jeu le
domino tiré et il en prend un autre. S'il tire un domino de valeur 9 il le met à gauche simplement;
mais s'il tire le double blanc, il le remet toujours au jeu. Il renouvelle l'opération jusqu'à ce qu'elle
devienne tout à fait impossible, faute de dominos suffisants au jeu et il y remet alors le domino tiré en
dernier lieu. Il reste finalement 3 tas; celui des dominos tirés à gauche (A), celui des dominos de
complément à droite (C) et celui du milieu (ce qui reste du jeu, c'est-à-dire le talon B). Il s'agit pour le
prestidigitateur qui a le dos tourné tout le temps des opérations, de calculer le total des points du tas
A. Voici comment y arriver.
Vous comptez d'abord le nombre de dominos qu'il y a en A; vous en retirez mentalement 3 et cela
vous donne le chifre des dizaines. Vous ajoutez 2 au nombre des dominos du talon B; cela vous
donne le chifre des unités du nombre cherché. Si B était égal à 8, cela ferait 10 avec les 2 points que
vous devriez ajouter; dans ce cas, vous augmenteriez le chifre des dizaines de 1 et vous compteriez
0 aux unités.
Exemple : A=5, B=7, (C ne sert pas); de 5 ôtez 3, il reste 2; c'est le chifre des dizaines. A 7 ajoutez
2, cela fera 9, c'est le chifre des unités. Le nombre cherché est 29.

691
LES DOMINOS DÉPLACÉS

Efet. - Dans une boîte de dominos prenez un à un les dominos de la gauche vers la droite pour les
mettre face en dessous sur la table, l'un à côté de l'autre, en ligne de gauche à droite au moins
jusqu'au treizième.
A ce moment, "pour aller plus vite", vous renversez le reste sur la table et vous continuez la ligne
toujours de gauche à droite avec les dominos (peu importe si, en renversant la boîte, ils se sont
mélangés).
Vous faites une marque sur la table où commence la ligne et vous demandez que, pendant que vous
tournez le dos, on fasse passer un à un de la droite vers la gauche autant de dominos qu'on voudra,
mais une dizaine au maximum ; puis on repousse la ligne de dominos vers la droite jusqu'à ce que le
premier se trouve à la marque que vous avez faite précédemment sur la table, ceci pour que
l'ensemble des dominos occupe la même place qu'avant l'opération, et que vous n'ayez aucun point
de repère.
Vous vous retournez et (après vous être aidé d'un pendule véritable ou improvisé avec une montre et
une chaîne, par exemple; ceci est afaire de présentation) vous désignez un domino de la ligne, vous
le retournez, et le nombre de ses points indique le nombre de dominos déplacés.

Explication. - Les dominos on été rangés dans la boîte face en dessous, de telle façon que, en prenant
un à un les dominos du premier et du second rang de la gauche à la droite, ils se présentent dans
l'ordre suivant : 12 (double six), 11, 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, 0 (double zéro) ; le dernier domino du
deuxième rang, mis à droite des précédent, est quelconque et les 14 autres sont sans aucun ordre
particulier; c'est là le premier secret du tour.
Le second secret est de retourner le treizième domino (13ème à partir de la gauche); car c'est toujours
lui qui indiquera le nombre de dominos déplacés. Si l'on vous faisait la farce de ne rien déplacer, c'est
le double blanc du 0 (13ème domino) que vous retourneriez.
Vous pouvez recommencer sans remettre les dominos en leur ordre primitif, mais il faudra ajouter au
nombre 13 celui des dominos qui viennent d'être déplacés, pour savoir quel est le dominos que vous
devez retourner.
Par exemple, si la première fois, on déplace 8 dominos, c'est le 21ème (13+8) qui, la deuxième fois,
vous indiquera le nombre de dominos déplacés.
Pour la troisième fois, vous ajoutez encore au précédent nombre celui des dominos déplacés la
deuxième fois. Ainsi, si la deuxième fois on avait déplacé 10 dominos, c'est le 31ème qui vous
indiquerait le nombre de dominos déplacés la troisième fois. Comme il n'y en a que 28, le domino en
question serait à partir de la gauche le troisième (31-28).

On peut faire le tour avec moins de dominos rangés préalablement ; 7 par exemple; c'est le 7ème qui
devient alors la clef du truc; mais c'est plus brillant avec 13. Il ne faut descendre en dessous de ce
dernier nombre que lorsque vous n'avez pu faire le rangement préalable dans la boîte et que vous
avez dû le faire sur la table même. Dans ces conditions, ranger 7 dominos spéciaux peut ne pas être
remarqué; mais le rangement de 13 est plus difficile à dissimuler.

On peut aussi présenter le tour en recouvrant les dominos d'une serviette à travers laquelle on peut
sentir le treizième : on le déplace légèrement et de cette façon on le sort immédiatement en
soulevant la serviette.

Mais voici une variante qui est bien plus curieuse et moins connue; je ne l'ai jamais vu présenter que
par un amateur, le commandant Gibert, de qui je la tiens. Je n'aurais d'ailleurs pas décrit le tour
précédent, du même genre mais beaucoup moins intrigant, s'il n'avait été nécessaire pour vous de le
connaître, et aussi parce que vous pouvez les exécuter l'un après l'autre en donnait le premier
comme un tour mathématique sans importance sur lequel vous passez rapidement et le second
comme une expérience de radiesthésie très singulière.

Ici la préparation est minime; il vous suffira en efet de ranger les dominos, en allant de gauche à
droite, dans l'ordre suivant : double blanc, puis le 1 et le blanc, et ensuite le double 1 (ou le 2 et
blanc); à partir de là jusqu'au douzième dominos, vous placez n'importe lequel pourvu qu'il soit d'au
moins un point inférieur à son rang; remarquez que les trois premiers remplissent cette condition. Il
vous est facile de justifier votre rangement en disant : "Ne croyez pas qu'il existe un arrangement
quelconque, une progression comme celle-ci (et vous placez les trois premiers). Non ! Je place
maintenant n'importe quel domino" et vous continuez jusqu'au douzième, en vous conformant à la
condition que j'ai spécifié, à prendre apparemment au hasard. "Et, s'il vous plait, M... de changer
celui-ci contre celui-là, qui n'est pas du même point, cela m'est tout à fait indifférent; d'ailleurs,
veuillez achever de les ranger à votre gré." A partir du 13ème cela n'a plus aucune importance. Quand
les 28 dominos sont ainsi placés sur une seule ligne, vous les retournez un à un, face en dessous,
sans les déranger, et vous dites : "Pendant que je vais m'absenter vous allez prendre autant de
dominos que vous voudrez à gauche et vous les transporterez à droite en bloc et sans en changer
l'ordre comme ceci". Et vous joignez le geste à la parole, en prenant un certain nombre de dominos (6
par exemple) à gauche de la rangée, pour les placer de l'autre côté : puis vous repoussez toute la
rangée pour qu'elle parte du même endroit de la table que précédemment.
Quand on a efectué l'opération, vous revenez et vous prenez un pendule (ou simplement une montre
avec la chaîne, formant pendule), puis vous le promenez de droite à gauche sur la rangée de
dominos. Vous vous arrêtez sur quelques-uns et vous les retournez face en haut : leur total
représente le nombre de dominos déplacés.
Voici la clé de l'explication de cette curieuse expérience, mais je ne vous donnerait pas l'explication
mathématique qui nous entraînerait trop loin.
Le premier domino que vous retournez est celui qui correspond au nombre de dominos que vous aviez
fait passer de gauche à droite, à titre d'exemple. Ainsi j'ai supposé que vous aviez pris 6 dominos;
c'est donc le sixième à partir de la droite que vous retournez d'abord ; il marque, admettons : 5 et 2,
soit 7. Vous comptez alors à partir de celui-là, toujours de droite à gauche : 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7, et
vous retournez le 7ème (ou 13ème si vous comptiez à partir de l'extrême droite). Il marque, par exemple,
2 et blanc, soit 2; vous comptez (toujours de droite à gauche à partir de celui-ci) : 1, 2 et vous
retournez le 2ème ; il marque : 1. Inutile d'aller plus loin, vous savez qu'à côté du 1, c'est le double
blanc et vous vous arrêtez à ce dernier domino auquel vous aboutissez toujours, mais que vous vous
eforcez de ne pas laisser voir quand vous l'avez regardé. Additionnez les points des dominos
retournés, cela fera 7+2+1 = 10. Vous pouvez annoncer avec certitude qu'il y a eu 10 dominos
transportés de la gauche à la droite.
Vous pouvez recommencer l'expérience autant de fois que vous le voulez, après avoir remis face en
dessous les dominos retournés et les avoir replacés où ils étaient. Seulement, le premier domino sur
lequel vous arrêterez votre pendule la fois suivante, sera le 16ème; car il vous faudra additionner le
nombre de dominos que vous aviez déplaces au début (6) avec celui que le premier spectateur a
déplacés ensuite (10).
Pour la troisième fois, il faudra additionner votre nombre 6 avec les deux nombres des spectateurs
précédents et ainsi de suite.
Si à un moment vous arrivez au dernier domino à gauche et si l'expérience n'est pas terminée, vous
reprenez à l'extrême droite, en continuant à compter comme si rien n'était, c'est-à-dire comme si la
rangée était un cercle sans interruption; de même si le nombre de départ devenait plus grand que 28
(total des dominos) à cause du nombre des dominos déplacés antérieurement, vous compteriez 29
sur le premier à droite, 30 sur le suivant et ainsi de suite.
Évidemment, tous ces comptages doivent être mentaux et ils sont facilités grandement par la
présentation avec le pendule qui vous permet de compter tout à votre aise sans en avoir l'air.
Remarquez que si on vous fait la farce de ne rien déplacer, vous tombez sur le double blanc qui
correspond à 0.
N.B - Pour bien faire croire aux spectateurs qu'il n'y a pas d'arrangement spécial des dominos (et par
conséquent de combinaison) vous pouvez vous faire désigner, pour commencer, quelques dominos
quelconques, mettons 3, avant de poser le double blanc, puis le 1 et blanc, etc... Seulement au lieu
de transposer 6 dominos de gauche à droite, à titre d'exemple, vous en transportez 9, ce qui d'ailleurs
ne change pas votre nombre de base que j'ai supposé être : 6.

692
LES POINTS EXTRÊMES DEVINÉS OU PRÉVUS

Efet. - Vous faites aligner les dominos suivant la règle du jeu, pendant que vous tournez le dos.
Quand on a fini, vous demandez qu'on en prenne un au hasard et qu'on vous le donne. Vous désignez
alors les points extrêmes de la chaîne de dominos ou bien vous sortez de votre poche un papier sur
lequel sont inscrits les deux chifres en question.

Explication. - Il vous suffit, pendant que vous brouillez les dominos, d'en prendre un secrètement et
de le conserver. Les deux points qu'il porte sont précisément les points des extrémités de la chaîne.
Quand au domino que l'on vous donne au hasard, il n'entre pour rien dans le truc et il intervient
uniquement pour dérouter les spectateurs. Si vous avez pu vous emparer du domino dont les points
sont inscrits à l'avance sur votre papier, cela vous permet d'utiliser ce papier et de présenter le tour
comme une curieuse prévision.
Remarque importante : Il est nécessaire que le domino enlevé ne soit pas un double.
Vous pouvez recommencer, mais, évidemment, en changeant de domino.

693
DIVINATION DE PLUSIEURS DOMINOS SANS CALCUL

Ce tour repose sur le même principe que celui fait avec des cartes que j'ai décrit au N° 380 (page 335
du Tome II) sous le titre de :"Le libre arbitre".

Efet. - Vous renversez le contenu d'une boîte de dominos sur un plateau et après les avoir mélangés,
faces dessous, vous les présentez à 5ou 6 spectateurs pour qu'ils en choisissent chacun un. Vous
mettez de côté ceux qui restent, et, recueillant les dominos choisis, vous les mélangez encore une
fois.
Posant alors l'index sur l'un d'eux, vous dites : "Ceci est (par exemple) le 4 et 5". Vous le relevez et
vous le gardez debout, face vers vous, en constatant tout haut que "C'est bien cela!" Vous touchez
ensuite le dos d'un autre dominos, vous en dites les points et, le relevant, vous le mettez debout à
côté de l'autre, toujours dos vers les spectateurs; et ainsi de suite. Quand tous les dominos ont été
devinés, vous les abaissez et vous montrez que vous n'avez fait aucune erreur.

Explication.- Avant de mélanger les dominos, vous en repérez un ou deux en les mettant face en
dessous; vous ne les perdez pas de vue pendant le mélange et vous vous arrangez pour mettre un
peu en avant celui (ou ceux) que vous avez repéré. Celui-là ou à plus forte raison l'un des deux, s'il y
en a deux, sera pris à peu près forcément pris par un des spectateurs parce qu'il s'ofre à la main qui
choisit (1). Vous pouvez d'ailleurs le forcer un peu comme une carte, en avançant le plateau de telle
façon que le domino en question se trouve sous la main qui se tend pour en prendre un.
Admettons que le domino en question soit 4 et 5; ce sont ces points que vous annoncez en touchant
un des autres dominos. En relevant celui-ci, vous voyez ses points; ce sont, admettons, le 6 et 2. Vous
dites : "C'est bien cela!" et, touchant un autre domino, vous déclarez : "Celui-ci..., c'est le 6 et 2".
Vous le relevez en proclamant : "Je ne me suis pas trompé"; et vous prenez connaissance de ce
domino; vous continuez ainsi jusqu'au dernier, lequel doit être le 4 et 5 que vous avez repéré au
début et pour lequel vous indiquez les points du domino qui le précédait.
En abaissant tous les dominos, vous vous arrangez pour faire passer le dernier avant le premier ou
bien vous les disposez en cercle de telle sorte qu'il n'y a ni premier, ni dernier et vous montrez que
vous avez bien deviné tous les dominos choisis.

(1) Si par hasard, il ne l'était pas, vous diriez finalement : "Je vais aussi en prendre un au petit bonheur" et c'est celui-là que vous choisirez.

694
LES DOMINOS ÉPELÉS

Disposez sur la table, face en dessous, 12 dominos formant les points de 1 à 12, si possible en les
prenant dans la boîte où ils sont préalablement rangés. Annoncez qu'en épelant les nombres
successifs, chaque domino va répondre à l'appel de son nom.
Pour cela, épelez : u, n, un; d, e, u, x, deux; etc... En disant u, prenez le 1er domino à gauche (double
5) et portez-le à droite à la suite du dernier; en disant : n, mettez le 2ème domino (as et 2) à droite, à
la suite du premier, et en disant : un, retournez le 3ème domino qui est, en efet, as et blanc. Vous le
mettez de côté et vous continuez de la même façon jusqu'à 12.

Voici dans quel ordre il faut placer les dominos pour exécuter cette expérience (en allant de gauche à
droite):

1. double 5;
2. 1 et 2 (ou 3 et blanc);

3. 1 et blanc;

4. 4 et 6;

5. double 6;

6. 3 et 2 (ou 5 et blanc);

7. 5 et 3;

8. double as (ou 2 et blanc);

9. 3 et 4;

10. 4 et 5;

11. 3 et 1 (ou 4 et blanc);

12. 4 et 2 (ou 6 et blanc);

695
LES DOMINOS AIMANTÉS ET ÉQUILIBRISTES

Vous pouvez présenter avec les dominos une expérience de soi-disant aimantation du même genre
que celle que j'ai décrite avec les dés à jouer (N° 679) dans le chapitre précédent. Un peu de salive
subrepticement déposée sur la face d'un domino, la fera adhérer à un autre mis face contre face ;
choisissez de préférence des dominos avec un blanc par exemple : double blanc, blanc et un, blanc et
deux, blanc et trois.
Évidemment, les dominos avec une saillie au milieu de leur face ne peuvent convenir; on pourrait
faire l'expérience avec le dos de ces dominos, mais la salive y est trop visible.
Pour les dominos équilibristes, il s'agit soulever un certain nombre placés côte à côte entre le pouce
d'un côté de la rangée et les autres doigts (particulièrement le médius) de l'autre côté. Deux ou trois
dominos, c'est très facile; cela devient moins commode avec plus, et, pourtant, on arrive à mettre
ainsi 7 dominos.
Pour cela on a préconisé une barrette de métal noirci d'un centimètre de largeur, sur laquelle on met
les dominos et qui, soulevée avec eux, les soutient; ce truc ne vaut rien; la barrette en question est
impossible à dissimuler, d'autant plus que l'on opère généralement dans l'intimité, les spectateurs
étant, par conséquent, très proches.
Voici deux simples tours de main qui suppriment le truc précité et le remplacent avantageusement.
D'abord, au lieu de mettre vos dominos directement sur la table, disposez-les sur une plaque de
carton épais ou de bois très mince un peu moins longue que la ligne des dominos qui se trouve ainsi
un peu surélevée; cela vous permettra de les saisir avec la partie non terminale des doigts et vous
aidera d'une façon notable.
Ensuite, ne mettez pas les dominos en ligne droite au même niveau, mais en dents de scie, c'est-à-
dire décalés l'un par rapport à l'autre d'un centimètre environ (observation faite par mon ami Marcel
Clément). Cette petite expérience ne peut se faire qu'avec des dominos d'une certaine épaisseur.

696
LA PARTIE FANTASTIQUE

Deux joueurs s'asseyent de chaque côté d'une table et font une partie, mais avec cette particularité
que les dominos joués sont placés sur la table renversés (face en-dessous).
A la fin de la partie, on retourne les dominos et ceux-ci se trouvent dans l'ordre normal d'une partie
ordinaire. Cette fantaisie repose sur le fait que les deux joueurs sont compères : ils se communiquent
le point final de chaque domino joué, par des pressions du pied droit de l'un sur le pied gauche de
l'autre, ou encore par la position des doigts des mains (petit doigt étendu = 1, annulaire étendu = 2,
etc...; la main complètement fermée = 0).
Pour les spectateurs non prévenus, dans un café par exemple, la chose paraît extraordinaire. On peut
d'ailleurs la faire passer pour une transmission de pensée.

697
ÉQUILIBRE DE TOUS LES DOMINOS DU JEU.

Il s'agit de faire tenir toutes les pièces d'un jeu de dominos sur un seul angle, sans le secours d'aucun
objet étranger.
Vous placez d'abord un domino couché qui servira de point d'appui à
celui qui vient après et qui commencera la rangée; un des angles de ce
dernier repose sur la table et l'un de ses grands bords est appuyé sur
celui qui fait cale (fig. 409). Chacune des autres pièces est placée
successivement en oblique sur la précédente, le bord supérieur
prolongeant à peu près la ligne médiane du domino qui le précède,
mais en biaisant un peu pour arriver à former un cercle fermé ; le
cercle doit avoir environ 24 cm. de diamètre pour des dominos de
modèle courant. Vous fermez le cercle en retirant le domino couché formant cale au premier et en le
plaçant incliné entre celui-ci et le dernier placé; c'est la partie la plus délicate de l'opération. Cet
équilibre n'est pas facile à réaliser ; il faut opérer sur une table munie d'un tapis et avec des dominos
pas usés; il est bon aussi de tracer d'avant le cercle que doivent suivre les dominos.
C'est sur le même principe que repose cette espèce de récréation qui consiste à faire s'asseoir 26
personnes en définitive sans aucun siège ; seule la première est vraiment assise au début sur une
chaise, mais provisoirement; la seconde est assise sur la première, la troisième sur la seconde et ainsi
de suite en formant cercle. La dernière personne retire la chaise et se substitue à ce siège pour
soutenir la première personne, en s'asseyant sur l'avant-dernière. Tout le monde alors resserre le
cercle, en s'enfonçant solidement sur celui qui se trouve derrière.

Voici une variante de l'expérience précédente où vous ne formez pas un cercle mais un S très allongé.
Vous appuyez le premier domino sur le côté de la boîte et en lui donnant une inclinaison peu
prononcée. Vous juxtaposez de la même façon que précédemment, tous les autres dominos de
gauche à droite, et suivant une ligne courbe en S au lieu d'un cercle. Une fois le dernier placé, il s'agit
d'enlever le point d'appui initial.
Pour cela, vous placez l'index gauche sur l'angle gauche du bord supérieur du premier domino et vous
le redressez avec beaucoup de légèreté; l'index droit est placé sur l'autre angle de ce même bord et
résiste, pour que le domino n'entraîne pas trop loin les autres et ne les redresse pas complètement.
Après quelques tâtonnements l'équilibre est établi : le premier domino est presque droit; mais tout de
même, il ne repose que sur un angle.
Malgré les apparences cet équilibre est plus facile à réaliser que le premier.

698
BOITE TRUQUÉE

Pour obtenir la rangée que vous voulez dans les tours de prévision ou de divination (penses
soumises, etc...) il faut truquer la composition des dominos de la boîte ou la boîte elle-même.
Ce truquage est bien simple; vous avez dans votre boîte 4 rangées pareilles, ou dont le total des
points est semblable entre lesquelles, par conséquent, vous pouvez choisir (1).
Voici un arrangement des dominos en 4 rangées, donnant pour chacun un total de 42 points:

6 et 6 = 12
6 et 5 = 11
5 et 5 = 10
6 et 3 = 9

6 et 4 = 10
5 et 4 = 9
6 et 2 = 8
4 et 2 = 7

5 et 3 = 8
4 et 3 = 7
4 et 0 = 4
4 et 1 = 5

3 et 3 = 6
3 et 2 = 5
1 et 1 = 2
3 et 0 = 3

3 et 1 = 4
2 et 1 = 3
4 et 2 = 6
2 et 2 = 4

2 et 0 =2
1 et 0 =1
5 et 0 =5
1 et 5 =6

0 et 0 =0
6 et 0 =6
1 et 6 =7
4 et 4 =8
Total:
42
42
42
42
Un perfectionnement permet de montrer que la rangée précédente ou la suivante est diférente de
celle qui a été choisie ; c'est la boîte qui s'ouvre des deux côtés, le dessus et le dessous, et dans
laquelle les dominos sont disposés de la façon suivante. Au fond une ragée ordinaire, au-dessus la
rangée voulue, puis une rangée ordinaire et enfin une dernière rangée voulue. Suivant ce qu'on vous
désignera la première ou la troisième, la deuxième ou la quatrième rangée, vous ouvrirez la boîte
d'un côté (le dessus) ou de l'autre (le dessous) et vous pouvez donner à vérifier la rangée qui précède
et celle qui suit.

(1) J'ai utilisé surtout dans ce but, des dominos imprimés sur du carton très mince, ou plutôt de la carte; le change d'un jeu de composition
truquée contre un jeu ordinaire est alors très facile, car le jeu entier - entouré d'un élastique - n'étant guère plus volumineux qu'un morceau de
sucre, s'empalme avec la plus grande facilité. La place qu'il prend dans les bagages est, comme son prix de revient, très minime; En somme, il
ne présente que des avantages.

69
LES DOMINOS GÉOGRAPHIQUES

Voici pour terminer ce chapitre, un curieux casse-tête avec des dominos qui est très difficile à réaliser
en suivant rigoureusement les conditions posés.
Il s'agit d'écrire avec les 28 dominos le nom d'un département français en observant que:
1°) Chaque lettre comprendra le même nombre de dominos que leurs points sera pareille.
2°) Les dominos seront placés les uns à la suite des autres dans chaque lettre suivant la règle du jeu.

La figure 410 montre trois solutions de ce singulier problème

quilibres réels et truqués


e chapitre ne comprendra que quelques équilibres réels, ceux qui sont énigmatiques par quelque côté, tout en étant faciles; d'ailleurs
l'équilibrisme ne rentre pas plus dans la prestidigitation que la jonglerie.
D'autre part, il y a de nombreux équilibres curieux ou cocasses, comme ceux que Tom Tit, ce grand amuseur de la jeunesse, a indiqué dans
ses livres; je n'en ai décrit que quelques-uns qui peuvent être facilement improvisés par exemple après dîner, avec des objets pris sur la
table.
Par contre les équilibres truqués rentrent pour une part dans l'illusionnisme et le prestidigitateur peut les intercaler dans une séance, surtout
ceux qui se font avec des objets utilisés utilisés en prestidigitation (allumettes, baguettes, cartes, pièces, etc.) Déjà, un certain nombre de
ces équilibres ont été décrits dans les chapitres consacrés à ces objets et d'autres seront mentionnés dans les chapitres suivants. Je ne crois
pas nécessaire de rappeler les premiers ni d'annoncer les seconds.

700
ÉQUILIBRE DE LA FEUILLE DE PAPIER A CIGARETTE SUR UN CHAPEAU OU SUR LA MANCHE

C'est un équilibre qui ne demande pas grand apprentissage, mais qu'on ne réussit pas du premier
coup sans truquage.
Le chapeau est tenu par son bord à l'extrémité du plus grand diamètre, ouverture en bas ; vous posez
la feuille de papier à cigarettes sur le fond, en avant, à l'opposé de votre main et de telle façon qu'elle
dépasse d'un bon tiers (fig. 411). Vous la faites d'abord lever par un petit mouvement de haut en bas
et d'arrière en avant, et vous la maintenez ainsi verticale en manœuvrant le chapeau.
Sur la manche vous posez la feuille directement dans la position verticale : elle s'y maintiendra plus
facilement si vous avez cintré ou plié légèrement le côté de la feuille qui est en contact avec le
vêtement.

Si vous n'êtes pas assez adroit, vous pouvez truquer cet équilibre en piquant une épingle debout
derrière la feuille.
Vous placez l'épingle en même temps que la feuille en tenant la première entre le pouce et l'index et
la seconde entre l'index et le médius. Veillez à ne pas avoir derrière vous une lumière qui révèlerait la
présence de l'épingle par transparence.
Vous pouvez aussi truquer l'équilibre de la feuille sur le chapeau en y piquant une épingle, comme sur
la manche, ou encore à l'aide d'un crin de brosse planté avec une aiguille (comme on placerait un
bout de fil).

Vous pouvez présenter simultanément l'équilibre de la feuille sur la manche et celui de l'allumette sur
le doigt (N°12, tome I, page, 26); cette combinaison donne aux spectateurs l'impression que vous
réalisez quelque chose de très difficile.
Je rappelle à ce propos le faux équilibre de la feuille de papier à cigarette sur le nez auquel j'ai fait
allusion dans la note 2 de la page 15 (tome III)

701
LE CORNET DE PAPIER ENFLAMMÉ SUR LE NEZ

Vous faites un cornet avec un morceau de papier de soie (et non de papier de riz) blanc de 34 cm. sur
26 environ. Aux 2 coins qui seront aux extrémités du bord de la feuille formant le côté extérieur du
cornet, vous avez eu soin de mettre grand comme une lentille de gomme arabique, de telle sorte qu'il
vous suffit de les mouiller légèrement pour que le cornet ne se défasse pas.
Vous mettez le feu à la partie qui forme le coin émergeant de son ouverture et vous placez la pointe
du cornet sur votre nez. Le courant d'air chaud formé par la combustion ayant tendance à monter,
facilitera la tenue verticale du cornet. Quand il est brûlé au trois quarts, vous donnez une secousse
vers le haut et le reste du cornet s'élève dans l'air pour retomber quelques instants après; vous le
rattrapez alors avec la main.
Cet équilibre n'est pas extrêmement difficile, mais il demande des répétitions.

702
LA BOUGIE ALLUMÉE SUR LE FRONT

Vous allumez une bougie et vous la placez sur votre front ou sur votre menton et elle s'y
tient debout.
Cet équilibre s'obtient facilement avec une bougie factice formée d'un tube en aluminium
ou même du papier, tube muni en haut d'un bout de bougie neuve et en bas d'un
morceau de plomb ogivale de 3 cm. environ de hauteur (fig. 412 vue en coupe).

703
LA CARAFE SUR TROIS COUTEAUX ET TROIS VERRES

Entrecroisez les lames de 3 couteaux comme l'indique la figure 413 et placez un


verre sous chaque manche; les 4 verres se retrouveront ainsi placés en triangles
comme les couteaux.
Vous pourrez, sans crainte, poser la carafe au centre du système formé par les 3
lames entrecroisées.

704
DEUX ÉQUILIBRES SUR TABLE

a) L'œuf debout sur la bouteille. - Évidez l'une des extrémités d'un bouchon en forme de cupule, pour
qu'il épouse la forme du gros bout d'un oeuf. Dans le bouchon, enfoncez, vers son milieu et à l'opposé
l'une de l'autre, deux fourchettes de poids égal et formant un angle de 40° avec la partie inférieure
du bouchon. Posez le bouchon avec ses fourchettes sur le gros bout de l'œuf posé verticalement et
mettez le petit bout de l'œuf sur votre index. Après quelques tâtonnements, le système tiendra en
équilibre et quand vous aurez déterminé de façon précise l'endroit favorable, vous pourrez mettre le
petit bout de l'œuf sur le bord du goulot d'une bouteille, il s'y tiendra (fig. 414).

b) L'assiette en équilibre sur la pointe d'aiguille. - Une autre application de l'abaissement du centre de
gravité, c'est l'assiette tournant sur une aiguille.
Coupez deux bouchons dans le sens de la longueur et à l'extrémité de chacun des 4 morceaux,
enfoncez du côté plat de la fourchette de telle façon qu'elle forme un angle un peu plus petit que
l'angle droit. Posez les 4 demi-bouchons ainsi chargés de leur fourchette sur le pourtour de l'assiette à
égale distance les uns des autres et en ayant soin que les dents des fourchettes appuient contre le
bord, pour éviter le balancement.
Après quelques tâtonnements, le système ainsi disposé (fig. 415) tiendra en équilibre sur la pointe de
votre index et même sur la pointe d'une aiguille enfoncée dans le bouchon d'une bouteille. Il faut
chercher avec soin le centre précis de l'assiette où doit s'appliquer la pointe en question.

705
ÉQUILIBRE DES PIÈCES D'UN JEU DE JACQUET

Il s'agit de faire tenir les pions d'un jeu de jacquet, le cornet et les 2 dés sur 4 pions mis debout (fig.
416).
La solution de ce problème indiquée par Tom Tit est fort curieuse ; malgré son apparente complexité,
elle n'est pas difficile à réussir pourvu qu'on suivre les indications qui vont être données et qu'on ait
quelques légèreté de main. Si la table sur laquelle vous opérez est munie d'un tapis, cela facilite
beaucoup les choses.

Vous posez à plat le pion central A et verticalement contre lui quatre


pions aux extrémités de deux diamètres perpendiculaires du pions A.
C'est sur ces 4 pions verticaux que reposera finalement tout le reste.
Calez provisoirement ces 4 pions avec 4 autres mis à plat, 1, 2, 3 et 4
(fig. 417).
Placez alors un pion K (fig. 418) au centre des pions verticaux; il
reposera sur le haut de ces pions et sa face supérieure affleurera leur
partie la plus élevée.
Mettez ensuite 4 pions de telle sorte que, reposant à la fois sur le pion
K et sur le haut des poins verticaux, leur centre soit au-dessus des
centre de ces derniers.
Posez une seconde rangée de 4 pions sur les précédents, mais de
façon que leur centre soit au-dessus des vides existant entre les pions
de la première rangée.

Continuez ainsi (fig. 418) en alternant la position des centres jusqu'à ce que vous ayez placé 5
rangées horizontales de 4 pions.
Faites enfin une 6ème rangée avec les 4 pions qui formaient cales. Il reste à enlever le pion A et le
pion K, et c'est la partie délicate de l'opération. Pour cela, faites pivoter avec délicatesse deux des
pions verticaux (voisins l'un de l'autre et non pas opposés) pour les amener parallèles alors qu'ils
étaient perpendiculaires l'un de l'autre. Le pion K n'étant plus soutenu tombe sur le pion A et vous les
sortez ensemble en leur faisant suivre le canal formé par les deux pions parallèles.

Une fois qu'ils sont sortis, vous les posez délicatement au centre du haut de votre édifice, après avoir
replacé comme ils l'étaient primitivement (c'est à dire perpendiculairement l'un à l'autre) les deux
pions verticaux que vous aviez rendus parallèles.
Il ne vous reste plus qu'à poser sur les pions A et K les cornets avec les dés et tous les accessoires de
votre jeu de jacquet reposeront sur les 4 pions verticaux (fig. 416).

706
LA CANNE QUI TIENT DEBOUT

Le procédé classique consiste à fixer les extrémités d'un fil noir à l'étofe du pantalon, une au niveau
de chaque genou à l'aide d'une petite épingle noire recourbée en crochet.
La longueur de ce fil doit être telle qu'il soit à peu près tendu quand, étant assis, vous écartez les
jambes (environ 50 cm.)
Vous pouvez le fixer d'avance, car il est pratiquement invisible et ne vous empêche pas de marcher.
Vous faites tenir la canne debout en la plaçant contre le fil que tend peu à peu l'écartement de vos
jambes ; au début, vous tenez la canne par le pommeau, son autre bout étant à terre, pour chercher
la position d'équilibre ; vous enlevez la main du pommeau quand l'équilibre est trouvé. Avant ou
après l'équilibre, vous pouvez en plaçant le bout de la canne sur le fil lui-même et en mettant le doigt
sur le pommeau donner l'illusion que la canne est suspendue à votre doigt?
Comme vous pouvez remuer les jambes légèrement, il vous est possible de faire incliner la canne en
avant ou sur le côté et, en lui faisant ainsi dire :"oui" ou "non", de répondre aux questions posées;
mais pour cette présentation, je crois préférable de ne fixer le fil qu'à la jambe gauche, par exemple
et de commander ce fil par la main du côté opposé, après qu'il a été passé sous la jambe droite.

Un bonne variante consiste à fixer les extrémités du fil (en ce cas beaucoup plus long que
précédemment) à quelques doigts sous les emmanchures du gilet, l'anse ainsi formée descendant en
dessous des genoux. Cette disposition a l'avantage de vous permettre de faire aussi l'expérience
étant debout.

707
ENCORE QUELQUES ÉQUILIBRES TRUQUÉS

Pour faire tenir une boule ou une balle sur une baguette ou une canne on a préconisé une petit
appareil dont la forme rappelle celle d'une punaise ; mais la pointe est formée d'un morceau d'aiguille
de 2 mm. de longueur (et non pas de 6 à 7 mm. comme on le fait d'habitude) et la tête forme une
cupule; le tout est peint en noir mat. L'appareil étant piqué sur la canne ou sur la baguette, vous
n'avez qu'à poser la balle sur la cupule et elle ne risque pas (ou guère) de tomber. On peut utiliser
pour l'équilibre d'un œuf le même appareil, mais la cupule doit alors être peinte en blanc. J'avoue
que l'emploi de ce système ne pas paru donner parfaitement l'illusion de l'équilibre normal avec ses
oscillations habituelles.
Je porterai la même appréciation sur l'équilibre d'un chapeau obtenu par un fil accroché au bord de
derrière du chapeau (melon) dont le bord de devant est posé sur la main gauche ou sur l'un de ses
doigts. Le fil étant fixé par son extrémité au gilet, c'est la main droite qui, passant sous ce fil et se
tenant au-dessus du chapeau, le maintient debout; mais le prétexte de passes fates sur le chapeau
est bien médiocre, car les équilibristes ne font pas de passes de ce genre.
On a préconisé à ce sujet un fil horizontale avec deux contre-poids traversant toute la scène et auquel
on accroche le chapeau par un petit crochet fixé à son bord. Je conçois difficilement qu'un artiste
prépare toute cette installation pour ce bref et minime efet de tenir quelques secondes un chapeau
en équilibre sur son nez.

Enfin, je signalerai brièvement le truc de la balle courant sur l'ombrelle japonaise : La balle est reliée
par un fil au bout du manche de l'ombrelle ; du côté de la balle, ce fil est fixé par une épingle et du
côté du bout de l'ombrelle par une boucle ou un petit anneau. Comme dans le même équilibre sans
truquage, c'est l'ombrelle qui doit tourner sous la balle laquelle reste toujours à peu près à la même
place.

708
APPARITION D'UNE FLEUR A LA BOUTONNIÈRE

Robert-Houdin, dans son livre "Comment on devient sorcier", a décrit cette gracieuse apparition qui
doit se faire dès l'entrée en scène. La fleur dont la queue doit être coupée au ras, est attachée
solidement à un long fil noir qui passe à travers la boutonnière, puis par un oeillet, à travers la partie
sous-jacente du vêtement et est ensuite noué à un élastique. Celui-ci, assez fort, va se fixer à un
bouton du pantalon. Avant d'entrer en scène, on tire sur le fil et la fleur est placée derrière l'aisselle
gauche (la longueur du fil est calculée de telle sorte qu'il se réunit à l'élastique tendu quelques
centimètres au-dessous du point où il traverse le vêtement). Il suffira d'écarter le bras, pour que la
fleur, attirée par le fil et l'élastique vienne se plaquer sur la boutonnière, si vite qu'on n'a pas le
temps de voir d'où elle vient. Robert-Houdin (qui se servait d'une fleur artificielle) écartait le bras
dans le geste qu'il faisait avec la baguette magique tenue en main gauche et désignant les points
cardinaux (ceci justifié par son boniment).
On peut remplacer la fleur naturelle par une fleur à ressort comme celle dont nous allons voir plus loin
les utilisations. Cette fleur est mise dans la poche extérieure gauche du vêtement, sous une pochette
de soie. Le fil est commandé par un anneau que vous tirez avec la main au moment où vous voulez
faire l'apparition; celle-ci peut donc être efectuée au cours du numéro et non pas seulement en
arrivant en scène.
On prétend que pour donner de la souplesse dans le tirage, il est bon de remplacer par un caoutchouc
la partie du fil qui est sous le vêtement.

Il existe une jolie expérience de la rose à la boutonnière changée en foulard ; elle sera décrite dans le
chapitre 18.

709
LA ROSE DANS LE VERRE

Il existant dans la prestidigitation de nos pères un appareil compliqué et volumineux pour faire
apparaître brusquement une rose dans un bocal. Celui-ci, posé sur une boîte formant socle, était
percé en son arrière d'une ouverture par où entrait la rose; celle-ci était fixée à une tige actionnée par
un ressort que commandait un tirage et elle était cachée dans la boîte-socle jusqu'à sa brusque
apparition.
On peu présenter encore cette gracieuse expérience sans appareil compliqué et en la modernisant de
la façon suivante.
Il vous faut, pour cela, un verre sans fond et une boîte en bois de la hauteur du verre en guise de
socle. Vous fates faire dans le couvercle de la boîte une ouverture un peu plus petite que celle qui
existe sous le verre à la place du fond. Dans cette ouverture, vous introduisez un cylindre de carton
mince de la hauteur de la boîte et du diamètre de l'ouverture; ce cylindre sera collé à son pourtour.
Vous placez, queue en bas, une rose dans le cylindre, en faisant attention à ce qu'elle ne dépasse pas
la surface du couvercle. La fleur et sa queue doivent donc avoir une grandeur totale un peu inférieure
à celle du cylindre.
L'extrémité de la queue est prise, dans une douille minuscule de 5 à 6 mm. de longueur taillée dans
du tube de tringle à rideau. Au bas de la douille est fixé un fil assez fort; ce fil sort par l'ouverture de
la boîte en passant sous un bout de fine épingle en forme d'U renversé et piqué dans la partie
postérieure de l'ouverture; le fil est ensuite fixé par une punaise dans la partie postérieure du
guéridon (1) sur lequel est placé la boîte. Un petit foulard est placé sur l'ouverture de la boîte et la
dissimule.
Après avoir montré le verre, sans le mettre en main (2) vous le placez sur l'ouverture de la boîte, et,
pour cela, vous enlevez le foulard qui vous sert ensuite à le recouvrir.
A ce moment, en déplaçant la boîte en avant, vous faites monter la rose dans le verre.
Vous n'avez qu'à retirer le foulard pour qu'on aperçoive la fleur et vous la prenez pour l'ofrir à une
spectatrice.

(1) Il est facile d'imaginer un truc plus automatique pour faire monter la rose dans le verre (petit plateau avec ressort par exemple), mais c'est
plus compliqué. D'autre part, si vous pouvez dissimuler la boîte formant socle dans une trappe anglaise, et de telle sorte que sa paroi
supérieure affleure le dessus du guéridon, ce sera préférable; mais, comme vous ne pourriez pas déplacer la boîte, il vous faudrait tirer sur le
fil et, en ce cas, l'attacher, par exemple, à votre baguette magique.
(2) Pour rendre le tour plus attrayant, vous pouvez obturer l'entrée du verre avec un papier fixé là par un anneau de caoutchouc.

710
LE CADRE AUX FLEURS

Efet. - Vous présentez un simple cadre que, d'ailleurs, vous pouvez faire visiter et avec des punaises,
vous tendez sur lui un morceau de papier blanc (1).
Avec du fusain, vous dessinez sur le papier, une rose, un oeillet, un dahlia, etc... "Mais, dites-vous, le
dessin ne rend pas la réalité et un magicien peut faire mieux que de figurer vaguement des fleurs."
En efet; crevant le papier, vous en retirez les fleurs en question.

Objets nécessaires. - Un cadre tout à fait ordinaire (vous en trouverez souvent dans les chambres de
débarras où ils sont généralement abandonnés).
De la grandeur dépend seulement la quantité et l'importance des fleurs à faire apparaître. Un petit
cadre peut suffire à la rigueur pour une ou deux fleurs, mais ce serait maigre : les bonnes dimensions
sont 20 cm. de largeur et 25 à 30 de hauteur pour l'apparition de 4 ou 5 fleurs.
Les fleurs sont sur la servante derrière la table, réunies par un fil facile à casser, dans lequel est
engagé un anneau de fil de fer fin : fil carcasse, qui dépasse le dessus de la table. Une fois le cadre
muni de son papier, vous le déposez sur la table ; le bord supérieur (devenant le bord postérieur) au
voisinage de l'anneau de fil carcasse.
Ayant montré vos mains vides, vous reprenez le cadre par le bord postérieur et vous en profitez pour
prendre en même temps l'anneau de fil carcasse. En relevant le cadre pour le mettre à la verticale,
vous emportez les fleurs qui se trouvent ainsi derrière le papier.
On a conseillé d'attacher les fleurs à un fil allant se fixer au porte-fusain qui va être nécessaire pour le
dessin; en prenant cet objet et en le portant en avant, les fleurs montent derrière le cadre; en ce cas,
on peut fixer les fleurs en éventail dans une ponce de bureau à mors plats.

(1) L'idéal est d'avoir un autre cadre très légèrement plus petit rentrant dans le premier, pour fixer les papier entre les deux, sans punaises.

711
LES FLEURS TIRÉES D'UN CHAPEAU

De la même façon que vous chargez des cigarettes dans un chapeau (1), vous pouvez le remplir de
fleurs ou de petits bouquets de violettes, après une expérience dans laquelle vous vous êtes servi de
ce chapeau. Vous distribuez ensuite les fleurs aux spectatrices et c'est toujours très apprécié par
celles-ci.
Vous pouvez aussi faire la charge comme l'indique Robert-Houdin ("Comment on devient sorcier, page
368); il faisait paraître un bouquet de fleurs dans une coupe de verre en la recouvrant d'un chapeau,
après l'avoir fait par un simulacre d'y jeter quelques graines. A l'instant où l'on met les graines dans
la coupe de verre (en se servant pour cela de la main droite), la main gauche tenant à l'aide
seulement du pouce et des deux derniers doigts le chapeau retourné ouverture en bas, l'index et le
médius prennent dans leur fourche la queue du bouquet placé de façon adéquate sur la servante, et
l'introduisent dans le chapeau. Lorsqu'on recouvre la coupe avec le chapeau, le bouquet vient se
placer dedans.
Robert-Houdin, pour aller plus vite dans sa charge, se servit plus tard d'un bouquet de fleurs
artificielles dont la partie postérieure portait un tube de carton dans lequel il mettait le doigt pour
l'enlever, comme le boulet au chapeau; mais le système ayant l'inconvénient de ne pas permettre la
distribution des fleurs.

Le numéro suivant n'est pas autre chose qu'une charge de roses dans un chapeau; mais il forme une
expérience à part, qui, à cause de sa présentation, est complète par elle-même.

(1) Voir N° 519, tome III, page 55; particulièrement en vous servant des crochets montrés dans la figure 265, ou du piton à tête horizontale
fixé à un dossier de chaise.

712
PHOTO-CHAPEAU

Voici l'une de mes expériences favorites, qui, dans un salon, porte beaucoup; sa présentation m'a été
inspirée par un article paru jadis dans "Le prestidigitateur", N° 14, page 108, sous la signature de M.
Agosta-Meynier.

Accessoires. - 1° Un chapeau melon ou un haut de forme ou mieux encore,


un chapeau-claque que vous pouvez fixer sur un pied quelconque d'appareil
photographique par l'intermédiaire d'une tige en haut de laquelle est vissée
une large bande d'acier fin en forme de lyre et formant ressort doux (fig.
419).
2° Un pseudo-objectif en carton, fabriqué avec une petite boîte cylindrique
en carton doré à l'intérieur et noirci à l'extérieur, avec un obturateur formé
d'un couvercle (fig. 419 bis) peint en noir sur ses deux faces. En arrière, au
milieu, une forte aiguille qui permettra de le piquer sur le fond du chapeau
tourné vers le public.
3° Un voile carré en lustrine noire de 75 cm. de côté.
4° Un bouquet de roses en boutons (une fleur pour chaque dame présente). Ces fleurs sont
maintenues ensemble par un fil noir assez fin et sont suspendues, queues en haut, au dossier d'une
chaise par une punaise à crochet. Le voile est étendu sur le dossier et pend en avant sur sa plus
grande surface; en arrière, il recouvre seulement le haut des queues. Sur le siège de la chaise qui doit
être à votre droite, vous mettez le chapeau et à côté le simili-objectif. Ceci fait, vous êtes prêt.

Présentation et marche du tour. - "Mesdames et Messieurs (emphatiquement) afin de fixer à jamais


pour l'histoire et la postérité l'image de cette réunion mémorable, j'avais pensé à faire venir un
photographe. Mais, vous le savez, dans les épreuves ainsi faites, il se trouve des personnes au
premier plan qui ont des têtes énormes et au fond d'autres personnes qui ont des têtes
microscopiques ; à part deux ou trois figures assez réussies, la plupart des gens ne se trouvent ni
flattés, ni ressemblants. Et puis, il faut compter une huitaine de jours pour avoir ces épreuves.
Alors, j'ai résolu d'employer un moyen magique à livraison ultra-rapide, instantanée même, et
réalisant une parfaite et flatteuse ressemblance. Voici d'abord l'appareil... Un gibus... parfaitement,
qui, vous pouvez le constater, ne renferme rien et dont le bruit imite à s'y méprendre l'explosion du
magnésium, avec cet avantage qu'il n'y a aucune odeur. Je place donc mon appareil sur son pied
(ouverture en arrière) et j'adapte l'objectif... Oh ! Un objectif très spécial en qui réside tout le secret !
C'est pour cela que je ne vous le donne pas à visiter.
Maintenant, comme c'est la règle, faisons une mise au point soignée. (A ce moment, vous prenez
entre le pouce droit en avant et l'index en arrière, le milieu du bord supérieur du voile et avec les
autres doigts vous pincez les queues du paquet de roses qui sont juste au-dessous. Avec la main
gauche vous prenez le côté gauche du voile presque en haut et vous amenez le tout en avant et au-
dessus du chapeau; puis vous ramenez la partie supérieure du voile en arrière et en la rabattant sur
l'ouverture du chapeau, vous y enfoncez le paquet de fleurs. Bien faite, cette charge est invisible).
Ah ! J'oubliais un détail qui a son importance ! Cet appareil magique qui donne en un clin d'œil des
portraits très ressemblants, n'est pas encore parfait en ce sens qu'il ne reproduit pas les visages
masculins. Seules, les figures féminines impressionnent ces plaques - je sais plus d'un monsieur qui
ressemble à ces plaques - donc, Messieurs, mille regrets! vous ne serez pas photographiés!...
Mesdames, souriez ! je commence! ... Monsieur, inutile de rajuster votre gilet et de prendre une pose
avantageuse ; votre portrait ne viendra pas dans l'épreuve ! Attention, Mesdames, ne bougez pas !
Une, deux, trois (vous ouvrez et refermez l'objectif).. C'est fait !!! (Vous regardez sous le voile et vous
en profitez pour casser le fil et libérer les roses). Oh ! Extraordinaire ! Mirobolant!... Les
photographies sont admirablement réussies... Voyez si portraits de ces dames peuvent être en même
temps plus ressemblants et plus flatteurs. (Vous retirez le voile, puis l'objectif que vous mettez sur la
chaise, et, enlevant le chapeau de son support, vous le montrez plein de roses que vous distribuez).

713
LES FLEURS A RESSORT

Les fleurs artificielles qu'on emploie en prestidigitation sont,


la plupart du temps (1), des fleurs en papier inventées par
Buatier de Kolta; elles ont, dans leur intérieur, un ressort qui
les fait s'ouvrir quand elles ne sont pas comprimées de telle
sorte que, repliées, elles tiennent très peu de place et font au
contraire un très grand volume quand elles s'épanouissent;
de là, la surprise causée par leur apparition aux non initiés
qui se demande comment le prestidigitateur a pu les placer
invisiblement à l'endroit d'où elles surgissent.
Mais il s'agir de les maintenir repliées de façon suffisante
pour qu'elles puissent être maniées sans qu'elles s'échappent
et pourtant il faut qu'elles puissent être libérées facilement et
instantanément. On a imaginé pour cela un certain nombre
de systèmes qui se divisent en deux groupes : les pinces et
les bandes de papier.
Quelques appareils à pinces sont montrés dans la figure 420;
il suffit généralement de presser sur elles pour dégager les
deux pièces l'une de l'autre et libérer les fleurs.

Dans les dessins A et B, les deux pièces sont indépendantes; dans les autres, elles sont réunies par
une charnière, comme dans celui (C) de Max Cadet ou le système simple E de mon ami Allovon,
d'Alger, en fil d'acier mince qui est peut-être le meilleur du genre.
Personnellement, je me suis servi d'un appareil D composé de deux plaques de zinc dont l'une porte
extérieurement une aiguille recourbée permettant de le suspendre au pantalon. Ces plaques ont la
forme ovalaire des fleurs et sont réunies d'un côté par une languette de drap vert faisant partie de
l'étofe collée intérieurement et extérieurement sur les 2 plaques (de façon que tombant avec les
fleurs, elles se confondent avec elles). De l'autre côté, ces plaques sont réunies par une bandelette
de métal en forme de crochet qui s'articule par une charnière formée d'un morceau d'épingle.

Des prestidigitateurs préfèrent le système primitif composé d'une simple bande de papier entourant
transversalement les fleurs.
On trouvera plus loin les détails de celui qu'emploie Mahatma et qu'il indique en décrivant tout son
numéro: une bande de papier (d'architecte) et un bout de fil de fer carcasse qui sert à la fois de prise
du paquet et à la rupture du papier.
On peut aussi, avant de mettre la bande de papier, recouvrir le paquet d'une plaque un peu concave,
de la dimension des fleurs, en métal, avec bords légèrement coupants; une pression sur la bande à
l'endroit de la concavité déchire la bande.
Certains illusionnistes se contentent de mettre au-dessus et au-dessous du paquet une plaque de
carton tuilé ayant le contour d'une fleur, avant de mettre la bande de papier (de soie) suivant la plus
grande dimension du paquet; en pressant d'un côté, le papier se déchire de l'autre.

En passant un fort fil noir dans le bas de chaque fleur au niveau de la queue du ressort et en
réunissant les fils de 25 à 30 fleurs, après leur avoir laissé 8 à 10 cm. de longueur, on obtient un beau
bouquet.
Ce bouquet peut apparaître fans la main montrée vide, grâce à une pince spéciale, très ingénieuse et
très pratique : elle est formé d'une lame incurvée munie de deux ailettes qui permettent de la tenir
entre le médius et l'annulaire (au dos de la main). Les fleurs sont maintenues sur la lame par un
élastique pris dans un crochet à chaque extrémité; l'un des crochets est mobile et il suffit d'en
abaisser la tête avec la première phalange de l'index pour libérer l'élastique et, par conséquent, les
fleurs (Fig. 4520F)

(1) On emploie aussi des fleurs en plumes, formant bouquets, plus ou moins importants; à cause de leur volume, je n'en parlerai pas ici.

714
QUELQUES UTILISATIONS DES FLEURS A RESSORT

En dehors du tour classique du cornet aux fleurs dont je parlerai plus loin, on utilise des fleurs à
ressort ou des bouquets qu'on forme avec elles, dans de multiples circonstances.
On peut en constituer, par exemple, une partie de la charge du petit ou du grand tambourin, de la
table Dalvini ou de la boîte à apparition des foulards.
Mon ami William Clément en fait l'amusante application suivante : il emprunte une montre et en fait
l'échange contre une petite boîte à cirage qu'il avait empalmée. Ouvrant la boîte, il libère un petit
bouquet d'une dizaine de fleurs qui y était enfermé et la montre est ainsi finalement changée en
fleurs.

Voici une autre application indiquée dans le livre du Dr. Faust : "Comment on devient prestidigitateur",
page 16 et suivantes.
Après avoir rappelé que les dames dans leurs moment de loisirs confectionnent parfois des fleurs
artificielles avec beaucoup de temps et de patience, le prestidigitateur dit qu'il va leur enseigner le
moyen de les fabriquer instantanément sans aucun efort. Il fait visiter une cuvette de porcelaine,
puis il montre des feuilles de papier de soie de diférentes couleurs et, en prenant une, il la jette dans
le public pour montrer qu'elles ne sont pas préparées. Il en prend une seconde, la plie, la déchire et
en jette les morceaux dans la cuvette : la voici remplie de fleurs. Il la vide sur la table et recommence
deux fois la même manœuvre (je crois préférable une seule fois).
Finalement, il donne une feuille à une dame, la prie de la déchirer en morceau et lui fait mettre ces
morceaux dans la cuvette préalablement montrée vide et tenue ensuite un peu plus haut. Il abaisse
la cuvette; celle-ci est remplie de fleurs.
Les fleurs sont incluses dans une poche aménagée dans un coin de chaque feuille. Cette poche est
confectionnée de la façon suivante : on colle avec de la colle d'amidon sur 3 côtés un carré de 10 cm.
d'un morceau de papier de soie de la même couleur, laissant libre le 4e côté (correspondant à un
bord). Quand les parties collées sont bien séchées, on met les fleurs (une vingtaine) dans la poche
ainsi formée et on colle le 4e côté en s'arrangeant pour que les fleurs soient bien comprimées. En
déchirant la feuille, on ouvre la poche et on libère les fleurs. Sur la table, toutes les parties de feuilles
où sont les poches sont tournées vers l'arrière. On a dissimulé le dernier paquet de fleurs (celui-ci
entouré d'une bande de papier de soie) derrière un objet quelconque sur la même table; on s'en
empare secrètement avec la main qui saisit ensuite la cuvette avec le pouce à l'extérieur et les
quatre derniers doigts à l'intérieur du bord de la cuvette contre lequel la charge se trouve ainsi
appliquée.
Avec l'ongle du médius, on rompt la bande de papier de soie qui maintient les fleurs et lorsque la
dame jette dans la cuvette les morceaux de la feuille qu'elle a déchirée, on enlève la main qui tenait
les fleurs : celles-ci, libérées, remplissent la cuvette.
Je ne conseille pas de finir, comme l'indique l'auteur, par la production d'une douzaine de cigarettes
incluses, comme les fleurs, dans une poche de papier; ce nombre de cigarettes paraît trop maigre par
rapport aux fleurs et on ne peut guère en faire paraître plus avec ce système. Il vaut mieux en rester
sur l'apparition des fleurs avec la feuille déchirée par la spectatrice.

Voici un dernier exemple de l'utilisation des fleurs à ressort ; c'est leur apparition entre deux assiettes
à potage. Sur votre table ou sur une chaise, vous avez placé deux assiettes l'une dans l'autre ;
derrière elles, sous le bord de l'assiette inférieure, vous avez mis un paquet de fleurs maintenues par
une bande de papier de soie; sous la bande, vous avez passé un fil de fer fin (fil carcasse) dont les
extrémités réunies forment boucle et dans laquelle vous pouvez passer au moins deux doigts.
Vous étant placé à gauche des assiettes et ayant montré vos mains vides, vous prenez avec la main
droite, pouce au-dessus, les deux assiettes ; en même temps, vous passez le médius dans la boucle
et vous vous emparez ainsi du paquet de fleurs qui se trouve alors entre le bord de l'assiette
inférieure et vos doigts. Vous prenez l'assiette du dessus avec la main gauche et vous montrez les
deux assiettes vides; puis, vous placez en la renversant, celle que vous tenez en main gauche sur
celle que vous avez gardée en main droite (feinte). Vous les séparez à nouveau pour montrer qu'il n'y
a rien dans la cavité que forment les deux assiettes; mais, pour cette séparation, vous saisissez
l'inférieure avec votre main gauche et cous laissez la supérieure, toujours renversée, dans votre main
droite qui a conservé le paquet de fleurs; de cette façon, celui-ci passe invisiblement sous le bord de
l'assiette supérieure. Vous les mettez à nouveau l'une sur l'autre, la supérieure restant renversée, et
ainsi vous enfermez le paquet de fleurs entre les deux assiettes; il ne vous reste plus qu'à tirer avec
le médius sur la boucle de fil de fer pour couper la bande de papier de soie et libérer les fleurs qui
viennent garnir l'espace compris entre les deux assiettes.
C'est une façon un peu analogue que se fait l'apparition des foulards entre les assiettes, apparition
que vous retrouverons au chapitre suivant.

715
LES CHARGES DE FLEURS DANS LE CORNET

Le cornet aux fleurs est la principale utilisation des fleurs à ressort et le mérite du tour consiste à le
charger sans que les spectateurs s'en doutent.
Ces charges sont très variées et presque chaque prestidigitateur qui a cette expérience dans son
répertoire, à sa façon personnelle de s'emparer du paquet en question.
Je vais en citer quelques-unes parmi les plus simples et celles-ci sont suffisamment nombreuses pour
négliger les plus compliquées.
La plus classique, l'une des meilleures, est celles qui consiste à prendre sur ou derrière une table le
paquet en même temps que la feuille de bristol avec laquelle on confectionne le cornet. Une petite
modification permet de montrer la main vide : on fait la prise avec le dos des doigts par
l'intermédiaire d'un morceau de carte de visite plié en équerre d'un ou deux centimètres de largeur
dont une partie est verticale et l'autre glissée sous la pince ou la bande de papier qui retient les
fleurs. C'est entre le médius et l'annulaire, du côté dos de la main, que vous pincez la languette,
tandis que la feuille de bristol est saisie entre le pouce et l'index.
Un truc qu'on ne peut malheureusement pas employer partout, consiste à se servir d'une chaise à
large dossier; on donne un coup de canif au milieu du bord de ce dossier et on fait passer dans la
fente ainsi pratiquée le file auquel est suspendu le paquet de fleurs. La prise de ce paquet en même
temps que le bristol est très facile à condition que celui-ci, afectant la forme d'un demi-cylindre,
puisse tenir sur le dossier de la chaise.

Buatier de Kolta faisait une de ses charges au revers de son habit; le paquet y était fixé par un fil de 3
cm. de longueur attaché à une épingle ; le pouce passant entre l'habit et les fleurs, rencontrait le fil et
enlevait le tout avec facilité; le papier de 40/34 tenu avec les deux mains masquait l'enlevage.
Weyer faisait jusqu'à 7 charges successives en prenant ses paquets de fleurs aux finettes, au gilet,
sur le guéridon, etc... Le papier dont il se servait avait 40/31. Chaque charge était entourée d'une
bande de papier et munie d'un fil de 25 cm. qui portait à son extrémité un plomb de pêcheur à la
ligne; la bande de papier était entamée d'un coup de ciseaux de quelques millimètres à l'endroit où
passait le fil. Pour les prises au gilet, la bande était renforcée sur une des faces du paquet par un bout
de bande avec un tunnel dans lequel s'engageait le crochet qui soutenait le paquet; le crochet était
fixé à la poche du gilet.
Un prestidigitateur avait dans son boniment le prétexte d'un profond salut, il en profitait pour prendre
avec la main droite qui s'abaissait à ce moment, une force charge dans la profonde.
Le regretté Professeur Magicus ("Illustionniste", n° 30, page 25) a préconisé plusieurs systèmes dont
l'un des plus ingénieux est la boîte aux graines qu'on empoigne de la même main qui tient le cornet;
la boîte n'ayant pas de fond contient le paquet qui tombe dans le cornet quand s'écarte le doigt placé
dessous pour le maintenir. Le prétexte de l'usage de cette boîte est d'y prendre quelques graines pour
faire naître des fleurs.
Une pelote d'épingles peut constituer aussi un réceptacle pour un paquet de fleurs, d'autant plus que
la prise d'une épingle pour fixer le cornet est très plausible.
Des charges additionnelles peuvent être faites pendant qu'on vide le cornet des premières fleurs
apparues. Miss Walter, qui les versait dans son ombrelle, en prenait une charge derrière le nœud de
ruban qui garnissait le manche de l'ombrelle.
Quand on se sert d'une corbeille pour recueillir les fleurs apparues, on peut y prendre une charge en
saisissant cet objet (comme nous le verrons dans le numéro de Mahatma).
Une jolie prise est celle que m'a communiquée jadis le regretté Drioux. Un (ou même deux) paquet
est dissimulé derrière le rebord postérieur du panier et il est muni d'une boucle de fil de fer (ou de
crin) permettant une prise par le pouce. Se mettant à droite de la corbeille et côté droit vers le public,
on avance la main gauche dos en avant, et dans un geste très naturel, on tapote le cornet sur le dos
de cette main gauche, comme pour faciliter la chute des fleurs dans le panier; mais comme cette
main est à la hauteur du bord, le pouce gauche fait tranquillement la prise d'un paquet en s'enfilant
dans la boucle qui dépasse. La main gauche se retourne alors face en avant, mais sont contenu est
caché par le cornet.

716
LE CORNET AUX FLEURS

(Présentation Mahatma)
Le tour du cornet aux fleurs est, avec le chapeau inépuisable et les dés à coudre, l'expérience
favorite et le triomphe de mon ami le grand illusionniste Mahatma.
Avec un complet désintéressement, il a bien voulu en décrire lui-même pour ce livre sa présentation
personnelle dans tous les détails dont sa longue expérience lui a montré la nécessité. Bien que
certains accessoires employés ne puissent entrer dans une poche et que, par conséquent, le sujet
sorte du cadre que je me suis assigné, j'ai voulu faire profiter mes lecteurs de la rare aubaine que
constitue cette description dont je remercie vivement son éminent auteur.

Depuis plus de trente ans que j'exerce la prestidigitation, je n'ai jamais retiré de mon programme ce
joli tour et je crois l'avoir présenté plus de 5000 fois.
Il porte toujours et fait de l'efet sur n'importe quels spectateurs, petits ou grands, et surtout auprès
des dames; mais, il est bien entendu que la présentation a son importance.
Voici cette présentation.
Je montre au public des deux côtés une feuille de papier à dessin et, après avoir confectionné un
cornet en le fixant avec une épingle, je le dépose sur le guéridon qui est à ma droite (en regardant la
salle) en sens oblique la pointe (ou plutôt la partie un peu au-dessus) à côté d'un paquet de fleurs qui
se trouve contra une boîte verte - sans importance - mais dont la couleur se confond avec le paquet
de fleurs ; le cornet masque à ce moment le paquet.
Je m'approche ensuite d'une autre table ou chaise, où se trouve une assiette aux fleurs que je
présente vide et que je couvre avec un foulard; on peut aussi se servir d'un plateau aux fleurs,
comme on en trouve chez les fabricants d'appareils et comme celui dont je me suis servi moi-même,
depuis des années. On pourrait également adjoindre un autre tour, peu importe; ce qui est
nécessaire, c'est de présenter l'accessoire de quelque expérience en rapport avec les fleurs, pour
avoir un motif de se débarrasser un moment du cornet.
Je reviens ensuite à mon cornet et, en le saisissant et, en le saisissant de ma main droite, je
m'empare en même temps du paquet de fleurs : je le lève ouverture en haut et je me tourne vers le
milieu de la scène, en le tenant verticalement; mon côté droit étant alors tourné vers le public, le
paquet se trouve caché entre ma main et le cornet.
Je fais quelques gestes de ma main gauche, soi-disant pour attraper dans l'espace des fleurs et les
jeter dans le cornet.
Je saisis le cornet avec ma main gauche et j'en profite pour glisser de bas en haut le paquet et pour
l'amener dans l'intérieur du cornet en tenant par le médius droit l'anneau de fil de fer auquel le
paquet est suspendu; je prend alors le cornet avec ma main gauche juste à l'endroit où se trouve
l'anneau de fil de fer. Ma main droite étant ainsi libérée, je fais avec celle-ci les mêmes gestes
d'attraper des fleurs dans l'espace. Je tourne le cornet l'ouverture en bas (tout en tenant le paquet à
l'intérieur du cornet) pour montrer au public que rien ne peut être caché dedans; je le ramène ensuite
ouverture en haut et j'appuie avec mes autres doigts sur le paquet; le fil coupe l'anneau de papier et
les fleurs remplissent le cornet.
Après avoir montré le cornet rempli, je prends avec ma main droite une corbeille à papier qui se
trouve derrière une chaise à dossier plein et, du même coupe je m'empare d'un autre paquet de
fleurs qui est tenu dans une pince placée sur le bord du panier. Je dépose le panier sur la chaise, tout
en maintenant le paquet sur le bord.
En masque avec le cornet ma main droite, je l'amène en bas du cornet, c'est-à-dire un peu au-dessus
de la pointe ainsi que le paquet, puis je verse le contenu du cornet dans le paner. Après l'avoir vidé, je
reviens à la même position que la première fois, je renouvelle les mêmes mouvements que j'ai faits
pour ma première apparition. Le cornet est ainsi rempli pour la deuxième fois.
Je verse les fleurs dans le panier, je reviens au milieu de la scène et je retire l'épingle ; je déroule la
feuille, je la montre des deux côtés et je la jette près de ma table, en ayant l'air de ne lui donner
aucune importance.
Je m'approche ensuite de mon plateau ou de l'assiette ou de l'objet nécessaire à un autre tour de
fleurs pour finir.

On peut faire une troisième apparition de fleurs dans ce même cornet ; mais cette fois ce sont des
fleurs naturelles et on les distribue aux dames; voici comment.
Après avoir versé les fleurs la deuxième fois dans le panier, vous le saisissez avec la main gauche
pour le déposer sur le paquet, l'attention du public étant attirée par ce mouvement, vous en profitez
pour enfiler le cornet vide dans un autre cornet plus petit qui est rempli de fleurs naturelles et qui se
trouve suspendu en biais derrière le dossier de la chaise. Il est bien entendu que vous ne pouvez plus
défaire le cornet pour montrer au public qu'il a subit aucune préparation, mais vous le jetez tel quel, à
côté de votre table ; le public étant occupé à recevoir les fleurs, n'y pense plus.

Détails pratiques à connaître pour la bonne exécution du cornet à fleurs.

1° Feuille de papier ni trop souple ni trop fort : le papier à dessin Bristol présente tous les avantages,
grandeur nécessaire, bien blanc, brillant et glissant.
2° Épingles à grosse tête de 5 à 6 cm. que l'on a toujours derrière le revers droit de son smoking; on
l'enfile à 10 ou 12 cm. de la pointe du cornet.
3° L'ouverture du cornet doit être assez large, mais non excessive.
4° Fleurs : environ 75 à 80 pliées et entourées d'une bande de papier de 3 cm. de largeur.

5° Attention à cette bande ; le papier ne doit être ni trop rigide, ni trop souple, ni trop mince. Mon
expérience m'a permis de connaître le meilleur, c'est le papier dont les architectes se servent pour
leurs plans. Il est blanc d'un côté et bleu de l'autre côté; vous en confectionnez un tube d'environ 20
à 30 cm. de hauteur de manière qu'en l'aplatissant, il ne dépasse pas 8cm 1/2 de largeur; vous le
coupez en plusieurs morceaux de 3 cm. de largeur et vous avez ainsi une dizaine d'anneaux qui vous
serviront pour plusieurs représentations.
6° Fil de fer, galvanisé, mince ; il présente l'avantage d'être souple et de se plier comme on le désire
et vous le coupez en morceau de 8 à 9 cm. de longueur. Vous en passez un morceau sous la bande
qui entoure le paquet de fleurs; vous ramenez les deux extrémités ensemble et vous les entortillez
pour former une boucle.
Ayez soin de le plier à angle droit de chaque côté de la bande, ainsi que le montre la fig. 421.
7° Corbeille à papier. Elle doit être carrée et on y adapte sur un bord une espèce de pince formée d'un
anneau de métal d'environ 12 cm. de longueur sur 3 de largeur formant ressort (1). C'est là que se
trouve le deuxième paquet (fig. 341 bis).
La beauté de ce tour réside dans les deux prises qui sont si naturelles qu'elles peuvent tromper
même les plus habiles prestidigitateurs, la première étant faite sur le guéridon où l'on prend le cornet;
évidemment, le public ne se rend pas compte que vous prenez en même temps le paquet de fleurs.
Pour la deuxième, vous prenez très naturellement votre panier, vous le déposez sur la chaise afin de
vous débarrasser de vos fleurs déjà apparues et vous avez votre deuxième charge en main sans un
geste suspect. ahatma.

717
LE CORNET FAIT D'UNE SEULE MAIN

C'est un efet supplémentaire au cours de la présentation du cornet aux fleurs et c'est une des plus
ingénieuses trouvailles de mon ami G. Poulleau (Diavol).
Le secret de ce tour réside dans l'emploi d'un fil noir, fin mais solide, ayant au moins 75 cm. de
longueur. Une extrémité de ce fil est fixée par une punaise à une tige ronde (et non triangulaire, car
elle couperait le fil) à la paroi droite de la scène à une hauteur d'environ un mètre (On peut aussi le
fixer au plancher, mais le fil doit avoir alors 1 m. 25 de longueur).
L'autre extrémité est fixée à un coin de feuille carrée de papier fort (genre papier à chemise de
dossier)de 35 centimètres de côté. Cette fixation se fait de la façon suivante : on entortille le fil ou on
le noue autour d'une barre de papier de 5 mm de largeur et d'un centimètre de longueur, et on la
colle dans un recoin de la feuille de papier ; puis on colle dessus un triangle du même papier qui
dissimule parfaitement le trucage (surtout si on emploie du papier de couleur).
Assouplir la feuille, en formant plusieurs fois, avant l'expérience, le cornet, dont la pointe doit se
trouver au point A (fig. 421 ter, c)

Exécution. - On prend la feuille par le coin B, entre le pouce d'un côté et les autres doigts droits de
l'autre côté; et on se place pour que le coin C, où est fixé le fil, se trouve sur la même ligne (presque
horizontale) que B et la punaise, c'est-à-dire que B C et le fil tendu doivent être le prolongement l'un
de l'autre; les autres coins D et E sont en bas; on aura soin que la partie légèrement concave du
papier soit face au public (Après avoir assoupli le papier dans les essais précédents, il se trouve que
le papier est légèrement roulé comme le montre la figure a). Le côté gauche de l'opérateur doit être,
à ce moment, tourné vers le public.
Sous le prétexte de faire voir la feuille des deux côtés, on la retourne, de façon que les spectateurs
voient l'autre face; pour cela, on tourne le poignet droit de droite à gauche, dans le sens des aiguilles
d'une montre, le fil toujours tendu horizontalement et le côté CB formant l'axe de rotation (fig. a et b).
On continue ce mouvement de rotation dans le sens de la flèche, jusqu'à ce que le côté D E tombe de
son propre poids en arrière. Ceci a pour résultat d'enrouler la feuille autour des doigts de la main
droite (fig. b).
Maintenant le fil tendu, on tourne le poignet de gauche à droite, c'est-à-dire dans le sens inverse des
aiguilles d'une montre, ce qui provoque l'enroulement. Le fil étant toujours tendu, il se dessine au
point A un commencement de pointe de cornet (fig. c). On élève ensuite le bras droit et on lui fait
décrire dans l'espace une large circonférence dans le sens des aiguilles d'une montre, tout en
conservant la tension du fil (fig. d). Ce mouvement a pour efet d'enrouler le coin C autour de la
pointe ébauchée A et le cornet est fait (fig. e).
On le saisit alors de la main gauche par sa pointe A ; on tire et le fil se casse il ne reste plus qu'à fixer
le cornet à l'aide d'une épingle, comme s'il avait été fait ordinairement.

718
LA POMME COUPÉE EN QUATRE EN TOMBANT

Cette expérience, qui a paru dans tous les livres de physique amusante, doit être rappelée ici
succinctement.
Suspendez une pomme ou une poire à bonne hauteur (au moins 1 m 50) par un fil nouée à sa queue.
Si elle n'a pas de queue, passez ce fil à l'aide d'une aiguille au voisinage de l'endroit où se trouvait la
queue. Prenez un verre d'eau et faites tremper dans ce verre le fruit suspendu; quelques gouttes
tomberont par terre, une fois le verre enlevé. C'est juste au-dessus de cet endroit que vous placez
deux couteaux en croix.
Demandez alors qu'avec une allumette on brûle le fil, ce qui le coupe sans faire bouger la pomme (à
cause de cela c'est préférable que de le sectionner avec des ciseaux). Le fruit tombe et vient se
couper en quatre sur vos deux couteaux.

719
LA POMME COUPÉE EN QUATRE AVANT D'ÊTRE PELÉE

Comme le précédent, ce tour a été souvent décrit; néanmoins, il vaut la peine d'être mentionné.
Prenez une aiguille courte et enfilez-y un fil fort de 50 cm. de longueur environ; piquez cette aiguille
dans la région de la queue et passez-la sous la peau pour la faire ressortir environ 15 mm plus loin;
rentrez l'aiguille par le trou d'où elle vient de sortir et faites-la ressortir à nouveau 15 mm plus loin;
continuez de la même façon pour faire tout le tour de la pomme sous le pelure, et finalement,
ressortez l'aiguille par le trou primitif. Tirez sur les deux bouts du fil; il coupera le fruit en deux dans
son intérieur. Recommencez suivant un plan perpendiculaire au premier.
Dès que l'on pèlera le fruit, il tombera dans la main en quatre morceaux.
Préparez de cette façon 2 ou 3 pommes que vous mettez bien en évidence sur un compotier; l'un
d'eux sera pris dès le début et annoncez que, grâce à votre pouvoir magique, un simple signe de
croix sur le fruit avec votre couteau sera suffisant pour qu'il soit coupé en 4 morceaux, sans que vous
y touchiez.
L'efet produit sur les personnes qui sont à table avec vous, sera toujours très grand.

Une bonne application de ce principe est le tour suivant que vous faites faire en séance et non sur la
table.
Vous jetez une pomme en l'air et quand elle retombe, vous la recevez sur un sabre ou sur un grand
couteau de cuisine; elle se trouvera découpée juste au milieu, ce qui donne une haute idée de votre
adresse.
En réalité, vous recevez la pomme non sur le tranchant mais sur le plat du sabre ou du couteau et le
choc la fait se diviser exactement en deux parties égales; car vous l'avez préparée avec l'aiguille et le
fil comme précédemment, mais sur un plan eulement.

720
LES COUPES DE FRUITS

Voici une très belle expérience qui était exécutée par le "Great Raymond" et que je n'ai jamais vu
faire ensuite que par mon ami William Clément avec qui je l'avais étudié; c'est lui qui a eu l'idée de la
présenter avec une chaise ordinaire et, dans ces conditions, elle peut se faire avec des accessoires
empruntés sur place, sauf l'un deux qui tient d'ailleurs dans un poche. Voila pourquoi elle rentre dans
ce livre. Néanmoins, je la décrirai, pour commencer, dans toute son ampleur de tour de scène, parce
que je ne l'ai jamais publiée et qu'elle constitue l'une des expériences les plus impressionnantes
qu'on puisse faire; en efet, même si les spectateurs sont assez proches, il ne soupçonnent pas la
prise des fruits, si elle est bien faite. Je l'ai exécuté un jour dans une salle à manger, à 1. m 50 des
convives, et je ne crois pas que, ce jour-là, même les magiciens qui assistaient à ce dîner, en aient
saisi le modus faciendi; j'avoue avoir très longtemps cherché, sinon le principe du tour, du moins le
moyen de l'appliquer et sa reconstitution m'a contraint à bien des tâtonnements.

Accessoires et préparatifs:

Il faut deux guéridons (1) carrés, légers et à plateaux minces, mais de bonne assise

Ces guéridons sont recouverts d'un tapis posé de telle façon que les coins en tombent au milieu en
avant, en arrière et sur les côtés (et non aux angles du guéridon comme d'habitude), de façon à
cacher le maximum en arrière avec des dimensions minima.
Le coin du devant et celui des côtés doivent être garnis de grenaille de plomb (une cuillère à dessert
environ), pour que le tapis ne soit pas "aspiré" à un certain moment par la serviette étalée au dessus
et qu'on retire ensuite vers le haut en en pinçant le milieu. Un trou percé dans le tapis laisse passer
une tige noircie terminée par une fourche (2) et garnie de caoutchouc, pour éviter tout bruit (fig. 425)
; cette tige est enfoncée dans la tranche postérieure du guéridon et elle est destinée à soutenir le sac
que je vais décrire.
Ce sac n'est pas autre chose que le sac aux bonbons de Robert-Houdin, mais beaucoup plus grand; il
est muni d'un système d'accrochage et de suspension qui est montré par la figure 423. La forme
spéciale du sac est indiquée avec ses dimensions à la figure 422; il peut contenir une douzaine de
pommes ou d'oranges de moyenne taille, et, une fois rempli, il afecte la forme indiquée par la figure
424. Il en faut deux pareils, un pour chaque guéridon.
Il vous faut encore deux coupes de cristal de 25 cm. d'ouverture ou deux vulgaires saladiers de verre
de cette taille. Enfin, vous avez besoin de deux serviettes de table, assez grandes (au moins 75 cm.
de côté) et, pour terminer cette énumération, deux chaises quelconques, une à un bon mettre
derrière chaque guéridon.
Avant le tour, les crochets des sacs de fruits (d'un côté les pommes, de l'autre les oranges) sont placé
sur les tiges, à 1 cm. de leur extrémité; les coupes sont sur les guéridons, cachant ainsi ce qui
dépasse des crochets des sacs au bord arrière. Dans les coupes sont les serviettes non pliées, mais
au contraire mises en tas et formant dôme au milieu des coupes, comme elles le feront
ultérieurement quand les coupes seront remplis des fruits qui sont dans les sacs.

Marche du tour. - Vous tenant à gauche d'un des guéridons, vous prenez la serviette dans la coupe,
vous la déployez pour la montrer ordinaire et vide des deux côtés et vous la jetez ainsi déployée sur
le guéridon pour que son milieu arrive 10 à 15 cm. en avant du crochet du sac.
Avant qu'elle soit retombée, d'un geste rapide, vous retirez avec la main droite la coupe que vous
montrez en tous sens (3), puis vous la placez sur la paume de la main gauche tendue.
Saisissant alors avec la main droite le crochet du sac à travers la serviette, vous soulevez le tout en
l'air assez haut et vous le mettez sur la coupe assez vite pour que l'air écarte les pans de la serviette
et que seul le sac soit dans la coupe; vous serrez très fortement la serviette et le crochet pour que
vous puissiez, quelques instants après, en retrouver la place sans tâtonner.
De la main droite, vous saisissez le tapis par l'avant; vous le retirez par un mouvement d'avant en
arrière, pour le jeter sur la chaise qui est derrière le guéridon. Vous déposez alors sur le guéridon nu
la coupe chargée et recouverte de la serviette, qu'avait conservée la main gauche.
Vous faites exactement la même chose pour la seconde coupe à l'autre guéridon.
Revenant au premier guéridon, vous saisissez à travers la serviette le crochet du sac, vous le faites
basculer pour que l'anneau se décroche et vous levez le tout en l'air avec quelques secousses. Les
fruits libérés se trouvent dans la coupe et il vous reste en main la serviette ayant le sac dans son
intérieur; vous roulez les deux ensembles pour les lancer négligemment sur le tapis jeté sur la chaise.
Allant à l'autre guéridon, vous faites les mêmes manœuvres et vous faites distribuer les fruits
apparus, pour qu'on ne puisse penser - comme cela arrive toujours - que ce sont des fruits artificiels à
ressort ou en caoutchouc. Le "Great Raymond" les lançait dans le public; c'est un peu audacieux, car
un spectateur pourrait en recevoir un sur la figure.

Voici le boniment que j'avais composé pour cette expérience, une de mes favorites, je l'avoue.

"Mesdames et Messieurs, voici une serviette manifestement vide et nullement préparée; elle était
contenue dans une coupe de cristal dont je puis dire exactement la même chose. Je recouvre la
coupe avec la serviette et je les replace sur le guéridon où rien n'est machiné non plus. Ce tapis...
n'est qu'un ornement et comme je pourrait vous laisser quelques doutes sur sa destination, je le
supprime...
De l'autre côté, c'est identique : une serviette ordinaire... une coupe vide... un tapis... inutile que
j'enlève comme précédemment.
Et maintenant, pas d'appel aux puissances infernales ! Laissons même la baguette magique !
Invoquons plutôt une gracieuse et féconde déesse en prenant la lyre des poètes:

Pomonne aux seins puissants qui veilles sur nos vergers,


Qui suspends aux rameaux la récolte annuelle;
Fais naître en ce cristal ce dont Pâris berger,
Fit offrande, en hommage, à Vénus la plus belle!

.... Voici des pommes!

Et fais apparaître ici, les fruits de l'oranger


Qui fit à l'Hespéride une gloire immortelle!

... Et voici des oranges!...

Remarquez, Mesdames et Messieurs, que si j'ai mis des vers à côté des fruits, je m'en suis bien gardé
d'en mettre dedans. D'ailleurs, si les vers sont mauvais, les fruits ne le sont pas, je vous prie de le
croire. Tout en étant d'origine magique, ils sont excellents à déguster et je vais vous le prouver en
vous priant de les accepter."

Comme je l'ai dit plus haut, on peut réduire l'expérience à des proportions plus modestes; elle fait
tout de même encore de l'efet, mais évidemment, moins qu'avec la présentation précédente.
Vous vous servez alors d'une simple chaise sur le dossier de laquelle vous avez jeté un grand foulard
fixé par des punaises, si le dossier n'est pas plein. A la barre supérieure du dossier, vous fixez la tige,
en ce cas rivée sur une plaque de métal de 4 cm. de hauteur sur 8 de longueur. Cette fixation peut se
faire par deux petites vis ou avec de la ficelle ou encore par des crochets faisant ressort soudés à la
plaque .Si ce mode de fixation était visible, on le cacherait par le grand foulard fixé avec des punaises
dont j'ai parlé plus haut.
Enfin, si la chaise n'avait pas la stabilité nécessaire pour soutenir la charge, fixez chaque pied de
devant au plancher avec une punaise à double pointe que vous aurez confectionnée avec deux
punaises dont les têtes sont soudées.
La coupe est placée sur la chaise avec la serviette, et le sac aux fruits suspendu à la tige derrière le
dossier.
Après avoir montré la serviette, vous la jetez, en l'étalant sur le dossier; ensuite, vous opérez
exactement de la même façon que précédemment.

William Clément préfère remettre la coupe sur la chaise, faire la prise du sac et le déposer dans la
coupe en écartant la partie antérieure de la serviette avec la main gauche

(1) On peut faire le tour avec un seul guéridon et un seul sac, mais l'efet produit en est notablement diminué.
(2) Cette disposition en fourche est préférable à la tige simple parce que cette partie A B du crochet du sac ne risque pas de s'incliner d'un
côté ou de l'autre.
(3) Le "Great Raymond" la lançait en l'air et jonglait avec elle; mais je ne vous conseille pas de le faire si vous n'êtes pas expert en jonglerie.

721
COMBIEN DE COTES DANS UNE ORANGE ?
Ce n'est pas un tour, mais un petit problème que vous pouvez résoudre sans peler le fruit ; cela
étonnera ce qui n'en connaissent pas le secret.
Enlevez la queue d'une orange ou ce qu'il en reste; vous trouverez au fond de la cupule, une rangée
circulaire de petits points blancs qui sont les extrémités de ligaments rattachant chaque côte à la
queue et vous n'avez qu'à les compter.
Si vous faites votre examen sans qu'on le voie, on se demandera comment vous avez pu annoncer
que telle orange avait tant de côtes et telle autre un autre nombre, ce celui-ci est variable.

722
LA MANDARINE, LANTERNE JAPONAISE

Voici encore une petite récréation avec un fruit ; mais pour un illusionniste (qui, même à table, ne doit
pas être à court d'originalité) la produira avec succès.
Prenez une mandarine dont la peau ne soit pas très adhérente (les fruits du début de saison ne sont
pas favorables à l'expérience, précisément parce que la peau de se détache pas facilement de la
chair), et faites sur cette peau une incision suivant l'équateur; avec un couteau à dessert non pointu,
passé avec précaution de chaque côté de l'incision, séparez la chair de la peau, sans abîmer cette
dernière; quelques torsions prudentes libéreront la peau en deux coupes, dont l'une portera en son
centre une espèce de petite tige d'un ou deux centimètres. Sur cette tige (1) qui formera mèche,
versez un demi-dé à coudre d'huile à manger et mettez le feu à cette mèche; plusieurs allumettes
sont nécessaire pour en obtenir l'inflammation, surtout s'il est tombé dessus un peu de jus de fruits
pendant les opérations qui ont précédé.
Une fois cette espèce de veilleuse allumée, recouvrez la coupe qui la forme avec l'autre moitié de la
peau dans le sommet de laquelle vous aurez pratiqué un trou grand, au plus, comme une pièce de
cinquante centimes.
La peau de mandarine étant translucide, et d'une jolie couleur, vous aurez transformé le fruit en une
minuscule lanterne japonaise d'un efet très plaisant, surtout si, pour quelques instants, on éteint
toutes les autres lumières.

(1) Si elle se brisait à sa base quand sous séparez la peau, vous pourriez la remplacer par un bout d'allumette-bougie, plantée à sa place.

723
ZANZIBAR

Comme les deux numéros précédents, celui-ci n'est pas un tour mais une simple récréation avec une
orange.
Faites à l'un de ces fruit deux incisions courbes un peu au-dessus du quart supérieur, une semi-
circulaire au milieu et une large fente au quart inférieur (fig. 426). Dans celle du haut, mettez une
demi amande ou un morceau de bouchon pour former les yeux de la figurine, d'autres morceaux
soulèveront la fente du milieu pour faire un nez proéminent; la fente longitudinale du bas constituera
la bouche
Une serviette étant mise dans un verre (une flûte à champagne est ce qui vaut le mieux), vous placez
dessus, la tête que forme l'orange. En tirant la serviette de droite à gauche ou d'avant en arrière et
vice-versa, vous donnez à la tête des inclinaisons diverses qui sont très comiques surtout avec un
boniment approprié et humoristique.
Après avoir présenté votre ami "Zanzibar", vous racontez, par exemple, qu'il a fait un voyage en
bateau (tangage et roulis), contemple les étoiles, etc... ; vous lui mettez ensuite une cigarette dans la
bouche: quelques hoquets.... et, finalement, vous pressez l'orange au dessous du verre et le jus en
sort par la bouche; cela imite à merveille l'efet du mal de mer....
J'ai vu tirer de cette petite fantaisie des efets très amusants, particulièrement par mon ami Henry Le
Roy.

724
ESCAMOTAGE D'UNE MANDARINE "A LA PASTILLE"

Cet escamotage est basé sur le même principe que l'escamotage de la boule dit : à la pastille (qui
est; je crois, de Clément de Lion).

Préparation. - Découpez dans une peau de mandarine un cercle, "une pastille" (de 35 mm. environ de
diamètre) et mettez-la dans le creux de votre main gauche (où elle doit être ignorée).
Exécution. - Étant à table, prenez une mandarine à peu près de la même couleur, et mettez-la dans
votre main gauche sur la "pastille" et par conséquent la masquant.
Reprenez les deux à la fois pour les placer de telle façon que la pastille soit dans la circonférence que
forme le pouce et l'index réunis par leur extrémité. La main ainsi à moitié refermée sur la mandarine,
vous faites voir le fruit d'abord paume de la main en haut, puis du côté pastille. En ramenant la main
paume en bas, vous laissez tomber la mandarine sur votre serviette (étalée sur vos genoux), ne
gardant que la pastille. Vous montrez celle-ci encore une fois en faisant croire que c'est le fruit; puis
couvrant la pastille et la main gauche avec la main droite, vous aplatissez les mains l'une contre
l'autre en empalmant la pastille à l'italienne : la mandarine a disparu. Vous laissez tomber la pastille
sur votre serviette et vous montrez les mains vides.

725
L'ORANGE, LE CITRON ET L'OEUF
DANS LES SACS DE PAPIER
(Présentation Hédolt)

C'est un tour de passe-passe apparemment compliqué à la lecture, pourtant


simple à la présentation et très scénique. Il m'a été inspiré par un tour
présenté jadis par Carmo et qui nécessitait un grand matériel, mais celui que
je vais décrire en exige très peu et la plupart des accessoires peuvent être
trouvés sur place; par conséquent, il n'encombreront pas notre valise.
J'utilisais aussi jadis une véritable boîte à tiroir (modèle moyen), ce qui
d'ailleurs ne me plaisait pas beaucoup; mais j'ai récemment trouvé le moyen
de la remplacer par une boîte extrêmement plus simple qui tient très peu de
place; elle peut servir à ranger quelques objets et peut être construite
rapidement avec des matériaux que vous fourniront quelques boîtes à cirage
(genre voltigeurs); de plus, elle ne sent pas le truc et peut être montrée de
très près aux spectateurs, avantages appréciables pour ceux qui ne prisent
pas les appareils.

Dimensions extérieures de cette boîte : 94 mm. de largeur, 20 cm. de longueur et 9 cm. de hauteur;
épaisseur des parois : 4 mm. Le seul truquage consiste en ceci : la paroi qui forme le fond est mobile
autour d'une charnière intérieure en toile collée tout le long du bas de la paroi postérieure (1) de telle
sorte que ce fond peut se rabatte (fig. 427) sur la paroi postérieure et se confondre alors avec elle; il
reste dans cette position par simple frottement. Deux petits clous enfoncés dans être serrés dans le
bas des parois latérales, entrent de quelques millimètres dans l'épaisseur de la paroi du fond et
l'immobilisent quand on la présente (et qui fait qu'on peu même la donner à visiter). D'un coup
d'ongle, on fait sauter les clous et tandis qu'une main soutient la boîte en avant, l'autre main
appliquant à l'extérieur le pouce sur la paroi postérieure et les doigts sur le fond, le rabat contre cette
paroi postérieure. Il suffit d'incliner un peu la boîte pour que le mouvement passe tout à fait inaperçu.
La boîte, devenue sans fond est posée sur les objets et y faire apparaître ultérieurement des objets
étant jusque là cachés par un foulard ou un livre ou une autre boîte quelconque.

Accessoires nécessaires et préparation. - Pour ce tour, d'ailleurs fort étofé, il vous faut de nombreux
accessoires :

1° La boîte A que je viens de décrire.

2° La boîte B sans truquage un peu moins haute, moins large, mais plus longue que la boîte A ; elle
contient un couteau dit couteau au billet comme celui que j'a décrit dans le N° 72, tome 1, page 92. ;
une brochette à rognons ; un porte-fusain avec, dans l'une de ses pinces, un carré de papier blanc, de
6 cm. de côté, plié 3 fois; un carré de papier pareil au précédent mais non plié.

3° Deux oranges moyennes aussi pareilles que possible, et deux citrons remplissant les mêmes
conditions ; une des deux oranges et un citron sont mis sur la table dissimulés par une serviette
dépliée et bouchonnée qui vous servira à la fin pour essuyer la
bague que vous emprunterez; les deux autres fruits sont dans la
boîte A.

4° Un paquet d'une dizaine de sacs d'épicier, de 20 cm. au


moins de largeur, dont les deux du dessous sont truqués de la
façon suivante : derrière la partie rabattue et dans la paroi postérieure, vous découpez une ouverture
suffisante pour qu'un des fruits précités y passe facilement (fig. 429). Il est nécessaire qu'une plaque
de plomb soit collée à l'intérieur de la partie qui se rabat pour que le sac déployé reste debout sans
difficulté. Chaque sac est percé en haut d'un trou destiné au crochet (fig. 430) qui doit servir à le
suspendre au dossier d'une chaise.

5° Une alliance vraie ou fausse qui servira de duplicata.

6° Un œuf plutôt petit, avec un coquetier en forme de sablier et son fake que j'ai décrit au N° 74,
tome I, page 95 et le crochet à bottine nécessaire en même temps. L'œuf est placé dans la boîte A.

7° Une boîte d'allumettes sonnante (voir n°40 tome 1, page 53) avec quelques allumettes.

8° Une bougie sur son bougeoir.

9° Un cornet ou un paquet escamoteur, comme il a été décrit au n°70, tome 1, page 88 et 89).

10° Une table ordinaire dont le tapis est relevé en arrière pour former servante à moins que vous
n'ayez une table avec une véritable servante ou une trappe anglaise.

11° Deux chaises mises en avant de la table.

Marche du tour. - Vous montrez l'œuf, la deuxième orange et le deuxième citron que vous tirez de la
boîte A; vous les remettez sur votre table où vous prenez le paquet de sacs et vous en faites visiter 4
ou 5 sur le dessus. En revenant à votre table vous retournez le paquet et vous le remettez sur la
table; les deux sacs truqués sont donc à ce moment sur le dessus.
Vous empruntez alors une alliance que vous faites semblant de mettre dans la soucoupe : mais vous
avez dans une main l'alliance duplicata et vous faites un change à la pincette qui vous laisse dans la
main l'alliance empruntée ; vous mettez cette dernière dans le fake du coquetier dissimulé derrière
un foulard ou un objet quelconque, en prenant le coquetier avec l'oeuf que vous faites marquer. Vous
les reportez à votre table et vous coifez avec le coquetier, le fake où est l'alliance empruntée. Vous
prenez alors la boîte d'allumettes; vous allumez la bougie; puis vous videz la boîte de ses allumettes
et vous allez emprunter une pièce de 50 centimes que vous faites marquer avant qu'on la mette dans
la boîte. Cette boîte, dont vous faites entendre le bruit spécial est déposée sur une des chaises bien
en vue et vous revenez encore à votre table pour y prendre le porte-fusain qui se trouve dans la
même boîte B que le couteau; vous en profitez pour mettre la pièce dans la logette du couteau.
Tenant le porte-fusain dans une main par le côté où est fixé le papier (qui est donc invisible), vous
prenez de l'autre main le carré de papier semblable sur lequel vous faites écrire un mot ou un nombre
ou une signature et après l'avoir plier trois fois comme celui qui est caché, vous le faites placer dans
la pince libre de votre porte-fusain. En revenant à votre table, vous faites l'échange des bouts entre
vos mains et vous mettez le feu au papier duplicata, gardant en main le papier identifié que vous
déposez derrière la boîte B où est le couteau.
Vous mettez ensuite la bague duplicata dans le paquet à escamoter et vous placez ce paquet sur la
première chaise à côté de la boîte.
Vous spécifiez bien à ce moment que vous avez emprunté une bague qui est dans le paquet, une
pièce de 50 centimes marquée qui est dans la boîte d'allumettes et qu'il y a eu un papier écrit mais
qui a déjà disparu puisqu'il a été brûlé
Prenant le premier sac d'épicier, vous le mettez ouvert sur la main gauche et vous y laissez tomber
l'orange; puis, saisissant le sac par le bord qui est de votre côté, vous le placez sur votre table, juste
devant la servante, vous y adaptez un des crochets à sa partie supérieure ; mais en inclinant
légèrement le sac vers l'arrière, l'orange roule et tombe dans la servante (ou la trappe anglaise si
vous en avez une). Si vous craignez qu'on aperçoive le fruit tombant du sac, vous pouvez en masquer
un côté avec la boîte n°2 et l'autre côté avec votre corps en opérant sur le côté de la table.
Vous accrochez le sac au dossier de la deuxième chaise. Vous faites de même avec le citron. Prenant
un troisième sac, celui-là non truqué, vous faites comme si vous alliez y jeter un oeuf; mais vous vous
ravisez et "Pour ne pas faire d'omelette" vous le déposez doucement au fond du sac. Sous le couvert
de ce sac vous empalmez l'œuf (2) que vous déposez ensuite provisoirement derrière la boîte A ou
sur la servante; finalement, le troisième sac est accroché au dossier de la deuxième chaise à côté des
deux autres. Coup de pistolet (voir n° 138) on de baguette détonante (voir n° 09) ou éclatement d'un
des sacs restants, gonflés à la bouche.
Vous montrez alors que la bague n'est plus dans le paquet, de même que la pièce n'est plus dans la
boîte d'allumettes.
Prenant les sacs un à un, vous les aplatissez pour faire voir qu'ils sont vides. Ouvrant la boîte A, vous
piquez dedans avec la brochette "Pour ne pas y mettre la main" et vous retirez successivement
l'orange et le citron; mais en mettant la main dans la boîte B où se trouvait la broche, vous vous
emparez du billet que vous aviez abandonné derrière elle et vous le chargez dans la logette du
couteau au-dessus de la pièce de 50 centimes.
Tout ceci demande à être vite fait, mais ce n'est pas difficile puisque vous êtes masqué par la boîte B
et son couvercle qui doit s'ouvrir dos aux spectateurs.
Vous déposez la brochette comme pour prendre l'œuf dans la boîte A; en réalité, vous le reprenez
derrière la boîte A ou sur la servante, vous l'empalmez et vous faites semblant de le retirer de la
boîte A (où il n'était pas); puis vous faites vérifier la marque et vous le déposez sur la table à côté du
coquetier.
Vous prenez le couteau dans la boîte B; vous ouvrez l'orange et vous y retrouvez le billet soit disant
brûlé; avec le même couteau vous ouvrez le citron pour en sortir la pièce de 50 centimes.
Enfin, vous retrouvez la bague dans l'œuf comme je l'ai expliqué au n°74, tome 1, page 95. Il ne vous
reste plus qu'à rendre les objets empruntés.

(1) Cette charnière de toile et dissimulé par un papier de couleur foncée minutieusement à l'intérieur
et à l'extérieur de la boîte.

(2) Cet empalmage est très facile en opérant de la façon suivante : l'œuf est saisi entre le pouce en haut, le médius et l'annulaire en bas sur
l'autre bout; sans le sac, vous n'avez qu'à lever le pouce et fermer les doigts, l'œuf viendra se placer entre eux et la paume. Vous retournez la
main et en allongeant le petit doigt et surtout l'index, votre main semblera ne rien contenir.

726
LES CITRONS FANTÔMES

Ce tour est pour deux prestidigitateurs opérant ensemble; il a besoin d'être bien étudié.

Efet. - L'opérateur A tire un citron d'un chapeau, et le passe à l'opérateur B qui le met dans un autre
chapeau; une huitaine de citrons sont ainsi passés du chapeau de A dans celui de B. Finalement les
deux chapeaux sont montrés vides, comme les mains des opérateurs.

Explication. - En réalité, au début, en retroussant leurs manches, les deux prestidigitateurs


empalment chacun un citron (1) placé sous le bras. L'opérateur A semble sortir le citron de son
chapeau et exhibe celui qu'il avait empalmé. Il fait semblant de le passer à sont collègue B, mais
empalme son citron et c'est celui que l'opérateur B avait empalmé que celui-ci montre et réampalme,
en faisant semblant de le mettre dans le chapeau.
Les manœuvres se dont avec les deux mains : l'opérateur A qui est à droite, tient le citron soi-disant
sorti du chapeau avec la main droite, il fait un faux dépôt dans la main gauche qui se tend dos en
avant gonflée (mais vide) à gauche vers l'opérateur B. Celui-ci présente, paume en l'air, sa main
droite contenant secrètement son citron, le fruit est caché par les doigts placés perpendiculairement
à la paume et présentent leur dos au public. Quand la main gauche de son partenaire est contre la
sienne, comme si elle y déposait son contenu, l'opérateur B étend les doigts et laisse voir son citron.
Celui-ci est apparemment déposé dans le chapeau B, soit directement et empalmé, soit par
l'intermédiaire d'un faux dépôt dans la main gauche.
Ces manœuvres qui demandent à être bien étudiées, se répètent une huitaine de fois et, finalement,
les deux opérateurs se débarrassent de leur citron dans la profonde, pour montrer les chapeaux et les
mains vides.

(1) Les citrons, qui peuvent être d'ailleurs, remplacés par des oeufs ou d'autres fruits, doivent être de petite taille.

727
LE CITRON OBÉISSANT

On obtient avec un citron ordinaire le même efet qu'avec une boule obéissante et savante que j'ai
décrite au N° 160, tome I, page 243, ou avec un petit dé sur un cordon (N° 682).
Avant l'expérience, vous introduisez dans le citron, suivant sa plus grande dimension, un petit tube
noirci, un peu moins long que le citron et légèrement cintré; c'est la seule préparation à faire.
Vous présentez aux spectateur un cordon formé d'une ganse noire de 1 m. 75 de longueur : à l'une de
ses extrémité se trouve un gros nœud et à l'autre une espèce d'aiguille formée d'un fil de fer pointu,
de 12 à 15 cm. de longueur. Cette aiguille est destinée à introduire le cordon dans le citron, mais elle
doit être un peu souple pour se courber durant son passage dans le tube cintré; car, en réalité, c'est
dans le tube que vous l'introduisez. Le cordon ne peut quitter le tube à cause du nœud qui le termine;
mais il doit pouvoir y coulisser facilement. Il suffit donc de faire aller et venir ce cordon pour faire
croire qu'il est libre ; mais, en fixant le nœud sur le sol avec le pied, le citron s'arrêtera dès que vous
opérerez une traction sur l'extrémité supérieure tenue en main gauche et descendra dès que cette
traction aura cessé.
Quand l'expérience est terminé, vous sortez le cordon du citron, et en tirant dessus un peu vivement,
vous extirpez en même temps le tube qui est entraîné par le nœud; à cause de la courbure noire, il se
confondra avec la ganse.
Vous pouvez ensuite faire visiter le citron et le couper en deux pour le montrer sans préparation.

728
LA NOIX ÉLECTRISÉE ET BRISÉE AU PLI DU COUDE

Vous frottez la pointe de la noix sur la manche de votre habit, soi-disant pour l'électriser, et vous la
présentez ensuite au bout de votre index : la noix y reste suspendue.
En réalité, vous avez serré fortement la noix en pressant sur les bords de la coquille, ce qui les fait
s'entrouvrir légèrement au niveau de la pointe et vous permet de pincer une parcelle de l'épiderme
de votre doigt; cela suffit à ce que la noix adhère à cet endroit.
Il est préférable que la noix soit sèche; avec les noix fraîches on n'y arrive pas toujours; d'autre part,
l'expérience est impossible avec des noix à coquille épaisse. Il est donc bon, avant de faire le tour, de
vérifier si les noix présentées s'y prêtent.

Un autre petit tour à faire avec des noix est le suivant, qu'on pourrait intituler : "Casser une noix dans
le pli du coude".
Mettez ostensiblement une noix dans le pli du coude gauche où elle se trouve coincée, l'avant-bras
étant plié sur le bras et prenez une autre noix dans la main droite que vous fermez. Avec cette main
donnez un coup en avant du coude; un craquement se produit et vous retirez du pli du coude la noix
qui est brisée.
En réalité, vous avez empalmez secrètement une noix dans la main droite avant l'expérience. De
cette façon, vous avez dans cette main deux noix que vous accolez l'une contre l'autre. En donnant le
coup sur le coude, le choc brise l'une des noix qui se trouvent dans la main droite. Mettant tout de
suite cette main au pli du coude que vous portez en haut et à gauche, vous laissez tomber la noix en
morceaux comme si elle venait de cet emplacement; en même temps, vous prenez la noix qui est
intacte, pour la jeter sur la table; mais pour les spectateurs, c'est celle que la main droite avait prise
au début.

729
LA BANANE COUPÉE AVANT D'ÊTRE PELÉE

Ce tour repose sur le même principe que celui de la pomme coupée avant d'être pelée; mais la
préparation est ici beaucoup plus simple. En efet, il ne faut pas se servir d'une aiguille et d'un fil, il
suffit d'une longue épingle qu'on pique (de préférence à l'endroit d'une tâche noire), cette épingle est
enfoncée tout droit jusqu'à sa rencontre avec la partie intérieure de la peau qui est à l'opposé; on la
sort ensuite en l'inclinant pour suivre toute la partie intérieure de la peau d'un côté. On opère de
même pour l'autre côté, après que l'on a repiqué l'épingle dans le même trou. La chair du fruit est
alors divisée comme si on l'avait coupée au couteau et on peut, après avoir pelé le fruit, montrer les
traces de la pointe d'épingle sur l'intérieur de la peau, sans dire, évidemment, comment elle a été
produite.
On répète la piqûre 2 ou 3 fois à intervalles réguliers pour diviser la banane en 3 ou 4 parties.

L'acteur de cinéma José Noguéro, qui m'a montré ce truc, se piquait l'épingle dans l'épiderme du
doigt et se faisait ensuite remettre n'importe quelle banane; tout en causant, il faisant sa petite
préparation sans que personne ne s'en aperçoive.

730
LE SAC AUX BANANES

Efet. - Vous montrez un petit sac noir qui paraît ne rien contenir; pourtant, vous en tirez dix bananes
et vous en donnez deux aux spectateur pour bien leur montrer qu'elles sont ordinaires.
Explication. - Le sac en tissu noir (nubienne) est truqué comme le
petit sac à l'œuf. Seulement, la cloison médiane ne descend pas
jusqu'en bas : il s'en faut de 6 à 7 cm. Sur la partie intérieure (cachée)
de la cloison sont cousus, un à droite et un à gauche, à 4 doigts du
haut et de chaque côté par une de leurs extrémités deux élastiques
plats d'une dizaine de centimètres de longueur et d'un centimètre de
largeur. A cette extrémité, est fixée aussi une pince de cravate à
ressort et à l'autre extrémité est cousue une barrette (1) qui, ramenée
dans les mors de la pince, transforme l'élastique en anneau. Dans cet
anneau, vous mettez deux bananes en caoutchouc roulées dans le
sens de la longueur.
A 4 doigts sous les deux systèmes précédents, il y en a encore deux
autres identiques (fig. 431); cela vous permet donc de cacher dans le
sac 8 bananes factices et qui ne tiennent pas plus de place que deux ordinaires.
Pour montrer que le sac ne contient rien, vous le retournez et vous faites ainsi voir son intérieur vide;
mais vous avez soin de garder de votre côté la face de la cloison médiane qui porte les bananes
factices; puis vous remettez le sac à l'endroit.
En pressant à travers le tissu sur l'une des pinces, vous dégagez à la fois deux bananes qui tombent
dans le fond du sac.
Après chaque apparition, vous montrez toujours le sac vide.
Au moment où la huitième banane est sortie, vous retournez encore une fois le sac; puis vous plongez
la main droite dedans pour aller chercher le fond et le remettre à l'endroit; C'est dans ce mouvement
que vous agrippez à travers l'étofe une vraie banane mise au gilet sur un côté et qui est ainsi
entraînée dans le retournement du sac.
Vous recommencez avec une autre banane réelle comme la précédente, et placée de l'autre côté du
gilet.
Vous distribuez les deux dernières bananes apparues, et vous pouvez aussi distribuer les autres,
mais, évidemment, après un change (dans une corbeille truquée à deux compartiments, ou dans un
chapeau-gibus à cloison).

(1) Cette barrette peut être remplacée par un anneau, comme le montre la figure '431.

Fulards, mouchoirs, drapeaux


Dans les chapitres sur les cartes et particulièrement pour la théorie de la manipulation, j'ai souvent renvoyé aux ouvrages récent que l'on
peut se procurer facilement, dans le but de ne publier aucune page qui ne soit inutile.
Dans le même but, je m'abstiendrai pour le chapitre des foulards de la description détaillée des trucs et des appareils qui ferait double emploi
avec celle du livre de M. Rémi Ceillier : "Manuel d'Illusionnisme et de Prestidigitation" (tome II) dont j'ai conseillé la lecture au début de cet
ouvrage ; en effet la question des foulards, mouchoirs et drapeaux y a été longuement et excellemment traitée de la page 209 à la page 282.
Je conseillerai aussi de consulter le livre de Roger Barbaud : "Foulards et Drapeaux" (Collection Roret, réédité par Malfère) auquel je ferai
quelques emprunts; d'ailleurs, mes lecteurs y trouveront des expériences de foulards exigeant des accessoires un peu volumineux qui ne
peuvent entre dans mon livre en raison des limites que je me suis assignées et complèteront ainsi leur connaissances sur ce sujet particulier -
mais assez vaste - de la prestidigitation.

736
PLIAGE DE FOULARDS

Pour faire apparaître un foulard (1), surtout sans appareil, il faut d’abord savoir le plier ou le rouler
d’une certaine façon : il est nécessaire, en efet, que le foulard occupe une place minimum quand on
s’en empare, et que, pourtant, il se déploie d’une manière complète et quasi-instantanée, quand il
sort de la main

Il y a des pliages classiques comme ceux qui sont indiqués par M. Rémi Ceillier, page 219 et 211 : on
rabat sur le centre les coins du foulard, puis les coins du nouveau carré obtenu et ainsi de suite
jusqu’à ce que l’on ait une masse qu’on fixera par une épingle (premier procédé) ; ou bien on ne
rabat sur le centre que trois angles, laissant le quatrième étendu et on plie pour obtenir une bande
dont l’extrémité sera ce quatrième angle ; puis on roule cette bande en commençant par l’extrémité
opposée à cet angle et on fixe aussi par une épingle (deuxième procédé). Ce ne sont pas à mon avis
les meilleurs pliages parce que l’épingle (ou l’aiguille) qui maintient le foulard roulé finit par l’abîmer
et surtout celui-ci n’est plus maintenu lorsque l’épingle le quitte ; ce sont alors les doigts qui doivent
l’empêcher de se développer jusqu’au moment où il doit apparaître et cela force la main à une
attitude fermée qui peut être suspecte. C’est pour obvier à cet inconvénient qu’on a préconisé de
maintenir le foulard avec un élastique.
Je préfère les pliages qui se maintiennent seuls – sans épingle ni élastique – comme celui qui consiste
à plier le foulard suivant la diagonale, puis à faire des plis parallèles à cette diagonale, jusqu’à
formation d’une bande de 2 cm de largeur ; on relève à angle droit un bout de 3 à 4 cm et on enroule
autour de lui le reste de la bande ; on en arrête le bout terminal en le faisant passer avec un objet fin,
mais émoussé, comme une allumette, sous l’avant-dernier tour. Le bout initial qui dépasse, au centre,
peut servir à prendre le foulard au pincement avant ou arrière de deux doigts si on ne veut pas
l’empalmer, et il suffit de le saisir et de donner une secousse pour faire déployer le foulard (troisième
méthode).

Voici une variante qui permet d’aller plus vite ; vous faites avec un coin une petite boule serrée ;
quand elle est grosse comme un pois, vous continuez par un pliage en oblique en changeant à
chaque fois le sens de l’obliquité. Lorsqu’il n’y a plus qu’un tiers de foulard qui n’est pas dans
l’espèce de boule formée, on s’en sert pour l’enrouler autour d’elle et on termine comme dans le
procédé précédent ; mais il doit dépasser une partie de cette extrémité maintenue sous la spire qui la
précède, car c’est par elle qu’on peut tenir la boule formée par le foulard et c’est en tirant sur elle
qu’on la fait dérouler (quatrième procédé).
Il y a encore le pliage en accordéon d’abord dans un sens, pour faire une bande de 2 à 3 cm de
largeur, puis dans l’autre sens pour réduire la bande à un paquet cubique. Il faut qu’il soit maintenu
par un élastique ou une bande de papier de soie de même couleur que le tissu (cinquième procédé).
On a préconisé le truc suivant : mettre dans l’ourlet d’un des angles, un bout de 7cm environ de
fusible de circuit électrique ; c’est par l’angle opposé que l’on commence l’enroulement du foulard et
on achève par un enroulement (perpendiculaire au premier) de la partie où est le fil métallique : celui-
ci formant alors un anneau, maintient le foulard en boule ; l’extrémité qu’on relève permet de le saisir
et de le dérouler (sixième procédé).
Un pliage ou plutôt un enroulement qui n’a pas été décrit et qui pourtant a mes préférences parce
qu’il est à la fois très simple, expéditif et se déplie instantanément, est le suivant que je désignerai
sous le nom d’enroulement à l’index.
Tenez un coin du foulard entre le pouce et l’index gauches et enroulez le foulard autour du bout de
l’index gauche en serrant assez fortement ; vous le tordez comme une corde tout en l’enroulant
jusqu’à ce que vous ayez formé une espèce de turban à votre index : faites la dernière spire du côté
opposé à la pointe du doigt et ramenez ensuite le bout en oblique jusqu’à cette pointe. A ce moment,
vous retirez votre doigt et, à sa place, vous enfoncez d’un côté le coin que vous teniez au début entre
le pouce et l’index et de l’autre côté, l’autre coin, partie terminale du turban.. Vous laissez sortir
l’extrême pointe de chaque coin replié et en tirant sur l’une ou l’autre, le foulard se déroulera
(septième procédé).

Voici encore un pliage ingénieux du regretté Drioux qui donne une boule solide et pourtant se déplie
instantanément par une bonne secousse. Croisez deux épingles à cheveux : dans le milieu O (fig.
436) passez l’un des coins du foulard sur 5 cm de longueur, puis entortillez le foulard autour des
épingles en allant de A à B et vice-versa (2 tours), puis de c à 2 (2 tours) et ainsi de suite. Passez le
coin terminal sous une des spires précédentes et retirez les épingles. En tirant sur la pointe de départ
le foulard se déroulera (huitième procédé).

Je terminerai par un pliage applicable surtout aux grands foulards. Pliez le foulard suivant sa
diagonale (fig. 437,A) et placez le milieu de cette diagonale sur le médius et l’annulaire de la main
gauche, paume en l’air, l’index et l’auriculaire encadrant cette partie (B). Avec la main droite,
saisissez toutes les parties du foulard pendantes (C) pour le tortiller (D). Introduisez la partie tordue
dans la poche qui s’est formée autour du médius et de l’annulaire gauches, tout en dégageant le
foulard des doigts précités et laissez-en un coin z dépasser (E). Vous obtenez ainsi une sorte de petit
facile à manipuler (F). Pour la réapparition il suffit d’attraper le coin z qui dépasse et de le secouer en
coup de fouet (neuvième procédé).

(1) Rappelons que les foulards habituellement utilisés sont carrés, de 30 à 40 cm de côtés, en tissu de soie léger, appelé pongée. Rappelons
aussi que lorsqu’ils sont neufs, il est bon de leur enlever l’apprêt en les trempant dans l’eau et en les laissant sécher après les avoir essorés.

737
ENROULEMENT DE PLUSIEURS FOULARDS
POUR LEUR APPARITION SUCCESSIVE

Enroulez à l’extrémité d’un gros crayon (ou même de votre baguette magique) le premier foulard à
faire apparaître et de façon à ce qu’un des coins dépasse d’environ un centimètre le bout de l’objet.
Entortillez ensuite le coin opposé (fig. 438) avec un coin du deuxième foulard à faire apparaître et
enroulez ce deuxième foulard autour du premier. Vous exécuterez la même opération avec un
troisième et un quatrième foulard et finalement, vous ferez passer le dernier coin sous la spire
précédente pour en empêcher le déroulement.

Quand vous les aurez extraits de leur support, les 4 foulards feront une boule solide, surtout si vous
les avez bien serrés en les enroulant.
Vous vous en emparerez d’une façon quelconque, par exemple en déposant sur cette boule cachée
par un objet quelconque, le coin d’un foulard déjà apparu et que vous reprenez après avoir montré
vos mains vides. Il vous suffit de tirer sur le coin dépassant pour obtenir le premier foulard qui
entraîne le coin du second et ainsi de suite.
Ce procédé que j’ai employé à plusieurs reprises n’est pas mauvais, mais je le considère comme un
moyen de fortune qu’il est bon de connaître, quand on ne peut employer la boule Stillwell. Celle-ci ,
que nous verrons plus loin, est d’un maniement plus commode et plus sûr et elle a l’avantage de
permettre de montrer les mains vides après l’apparition de chacun des foulards.

738
QUELQUES APPARITIONS SIMPLES

Ces apparitions se font sans appareils ou avec l'aide d'un minuscule accessoire (fil, épingle, etc...) ;
elles consistent donc à s'emparer secrètement d'un foulard et à le produire.
La prise se fera en divers endroits où les spectateurs ne soupçonnent pas que le foulard peut se
trouver, par exemple au bas du smoking ou du veston à droite et à gauche, aux revers de l'habits, au
gilet comme une boule (1), voire même sous le col de l'habit ou dans le col (2), en arrière au faux col,
ou encore derrière l'oreille (voir Rémi Ceillier pages 218 et 219) ; mais j'avoue que ces dernières
prises ne m'enthousiasment pas.
Le foulard roulé d'une des façons indiquées plus haut sera suspendu à l'endroit choisi par une épingle
piquée dedans ou par un bracelet de caoutchouc ou un anneau de métal comme un petit anneau de
rideau (système Paul Antoine) ou une pince (genre pince de bureau ou pince à linge), ou encore la
pince qui sert à suspendre une boule (voir tome I, page 208, fig. 125), accessoires fixés eux-mêmes à
la doublure du vêtement par l'intermédiaire d'une épingle anglaise. On peut aussi maintenir le foulard
roulé aux endroits précités par un élastique plat (de mercière) large de 5 mm. et cousu par ses
extrémités à la doublure.

Dès qu'on s'est emparé du foulard, on peut encore montrer les mains vides, puisqu'on peut le
manipuler comme une boule; les manipulations de boule qu'on fait en pareil cas pourraient être
appliquées ici. Néanmoins il en est une qui est spéciale aux foulard parce qu'on peut les prendre à
l'italienne, soit directement, soit par l'intermédiaire des pointes qui en émergent quand on les a
roulés (surtout dans le procédé que j'ai indiqué sous le nom d'enroulement à l'index). On prend donc
le foulard à l'italienne à droite, ce qui permet, en se tenant côté droit en avant, de montrer la main
gauche vide des deux côtés, puis se tournant côté gauche en avant, on passe le foulard à l'italienne à
gauche et on montre la main droite vide ; réunissant les deux mains on en fait surgir le foulard
(procédé Philis).

Voici un autre moyen de montrer les mains vides avant l'apparition du foulard. Celui-ci roulé en boule
comme précédemment, étant en main droite, vous retroussez vos manches pour montrer qu'elles ne
recèlent rient et ne vous aident pas dans l'expérience. Pour cela vous tirez sur le milieu de la manche
gauche et vous en profitez pour placer le foulard au creux du coude dans un pli que vous faites dans
l'étofe. La main gauche vient alors tirer de la même façon la manche droite ce qui vous permet de
montrer incidemment les mains vides; vous recommencez le même geste comme pour compléter le
retroussement des manches et cous en profitez pour reprendre le foulard en main droite (3).
Si vous commencez votre numéro par l'apparition d'un foulard et si vous pouvez, par conséquent,
arriver de la coulisse avec le foulard empalmé au creux de la main, vous pouvez le maintenir à cet
empalmage par un morceau d'allumette noirci. Il suffira d'un petit mouvement de la main pour libérer
l'allumette (qui tombe par terre et y est invisible parce qu'elle est noire) et le foulard libéré jaillit de la
main ; ce jaillissement est d'autant plus instantané que dans ce procédé ingénieux (dû à M. Goy) le
foulard peut être simplement roulé ou plié et n'a besoin d'être maintenu ainsi par rien ; c'est
l'allumette qui est chargée d'empêcher son déploiement prématuré.
Pour éviter que ce foulard s'échappe de la main dans la projection, M. Goy conseille de fixer à un des
coins une boucle de fil fort et d'attacher cette boucle à une bague placée à l'annulaire droit, par
l'intermédiaire d'un fil fin de coton, très facile à casser pour libérer le foulard quand il est apparu.

J'indiquerai encore un moyen original de produire un foulard après avoir montré les mains vides ;
cette production se fait à l'aide d'un simple anneau de caoutchouc passé autour du médius et de
l'annulaire. Voici la petite préparation nécessaire : une fois l'anneau placé autour des deux doigts
précités au niveau des plis articulaires moyens, vous écartez les doigts en plaçant le foulard (roulé de
façon un peu oblongue) sur la partie de caoutchouc qui est à l'intérieur des doigts, vous poussez le
foulard pour le forcer à se mettre au dos des même doigts après avoir repoussé devant lui les deux
portions de caoutchouc qui se trouvaient dans l'intervalle des doigts ; puis vous ramenez les doigts
l'un contre l'autre. Les parties de caoutchouc qui passe sur l'intérieur des doigts sont invisibles parce
qu'elles se confondent avec les plus articulaires et cela vous permet de montrer les paumes vides.
Vous n'avez qu'à écarter les deux doigts en question pour que l'anneau en caoutchouc ramène à leur
intérieur le foulard qui était de dos. Ce mouvement se confond avec celui du retournement de la main
pour montrer le dos de cette main.
Comme le précédent, ce système a l'inconvénient de devoir être préparé avant l'entrée en scène et
vous oblige par conséquent à débuter par ce tour.
Ce procédé se rapproche sensiblement de celui qui utilise un fil au extrémités nouées et formant ainsi
une boucle dans laquelle on prend l'index et le petit doigt ; le foulard est alors caché derrière le
médius et l'annulaire. Je ne crois pas que ce système décrit par M. Bardaud (page 76), vaille le
précédent.

(1) N'oublions pas que les prises en dehors de soi, c'est-à-dire au dossier d'une chaise, derrière une table ou sur la table elle-même où le
foulard roulé est caché par un objet quelconque.

(2) Il y a lieu dans cette énumération de mentionner le réceptacle bien connu des initiés, constitué par le haut de la poche du pantalon qui put
receler une boule, un foulard ou un petit objet, tout en permettant de retourner la poche et de la faire croire complètement vide.

(3) Le même système est employé pour faire le papier déchiré et raccommodé et dissimule la boule de papier duplicata. Remarquez - en
passant - qu'on peut arriver avec le foulard (ou la boule de papier) déjà placé dans le pli de la manche.

739
A L'AIDE D'UN FIL

Le procédé classique a été décrit dans "L'illusionniste" d'avril 1903. A un fil de 30 cm, vous faites une
boucle à chaque extrémité ; l'une des boucles est fixée à un bouton du gilet et avec l'autre boucle,
vous faites un nœud coulant dans lequel vous passez le foulard roulé en boule avec un coin
dépassant en son centre.
Le foulard est alors placé dans la poche droite du gilet. Sous le prétexte de prouver que vous ne
cachez rien sur vous, vous passez vos deux mains, montrées vides, du haut en bas le long de votre
gilet et cela vous permet d'engager le pouce dans le fil. Dès que vous sentez le fil dans la fourche du
pouce droit, vous relevez les mains pour montrer qu'elles sont toujours vides et, vous tournant un peu
vers la gauche, vous allongez les bras. Le fil se tend, fait sortir le foulard de la poche et vous le met
dans la main droite. "Vous montrez encore, ajoute l'auteur, les deux côtés de la main gauche,
l'intérieur d'abord, le dos ensuite;" au moment où vous la tournez pour en montrer le dos, vous
passez le pouce sous le fil et le foulard est transporté dans cette main que vous fermez à demi ; vous
montrez ensuite que vous n'avez rien dans la main droite et, passant le pouce et l'index droits dans
les doigts gauches à demi-fermés, vous saisissez le coin qui dépasse et vous le tirez, ce qui déploie le
foulard.

M. Antoine a modifié ce système de la façon suivante qui a été publiée dans le Journal de la
Prestidigitation.
Le fil de 20 cm seulement est attaché à la boutonnière du revers gauche (1) et le foulard fixé à l'autre
bout du fil est placé dans la poche supérieure gauche du vêtement. "Montrez la main droite des deux
côtés en relevant la manche avec la main gauche. Faites de même sur le bras gauche mais en portant
la main droite sur le pli du bras, vous passez le pouce droit sous le fil et ce mouvement amène le
foulard dans la main".

Une boucle formée en nouant les extrémités du fil qui entoure et fixe le foulard, permet de placer le
foulard au dos de la main droite (comme le petit sac de riz du chapitre précédent), la boucle étant
enfilée dans le pouce ou l'index. Les mains se rejoignent et vous les frottez l'une contre l'autre ; dans
ces mouvements la main gauche ramène le foulard entre les paumes en le faisant passer au dessus
de la fourche du pouce. La production se fait tout de suite en brisant le fil.

Vous fixez le bout d'un fil de 4 à 5 cm. de longueur à un coin du foulard et vous mettez à l'autre
extrémité de ce fil une petite perle noire; vous passez alors le foulard dans une ouverture que vous
avez pratiquée dans la couture extérieure de votre pantalon à la partie médiane de la cuisse. (2).
Il vous suffira de laisser tomber la main à ce niveau pour saisir la perle qui dépasse de l'ouverture et
vous emparer ainsi du foulard.
Je crois que ce procédé est surtout bon quand il sert au dédoublement d'un foulard déjà apparu et
voici un exemple de cet utilisation.
Vous montrez le foulard que vous avez entre les mains à une spectatrice en la priant de le vérifier ;
puis vous lui demandez ce qu'elle en pense; pendant qu'elle répond, vous laissez tomber la main
droite tenant le foulard le long de la jambe droite et vous en profitez pour y saisir la perle. En relevant
la main, vous extrayez le deuxième foulard qui se confond avec le premier et qui, évidemment, doit
être pareil; votre prise est passée inaperçue et il ne vous reste qu'à faire le dédoublement.
Le même procédé peut être employé avec le foulard placé entre deux boutons du gilet ; mais il est
inutile d'ajouter que les gestes ne sont pas tout à fait semblable.

On peut aussi mettre le foulard à faire apparaître dans la manche gauche au bord de laquelle pendra
la perle. Vous placez le premier foulard apparu en travers de votre main gauche placée paume en l'air
et un peu inclinée, le pouce en haut. De cette façon, la partie du foulard qui pend de la main du côté
du petit doigt se rapproche de la manche; il vous est alors très facile en reprenant avec la main droite
cette partie pendante, de saisir en même temps la perle et en tirant de gauche à droite un peut
vivement, vous faites sortir de la manche le foulard caché qui se confond avec l'autre.

Voici un autre dédoublement de foulard obtenu par une disposition de fil diférente de la précédente.
Dans un coin du foulard vous passez un fil de soie de couleur char de 30 cm de longueur et vous en
nouez les extrémités pour former une boucle que vous passez dans le médius de la main gauche ;
puis vous enfoncez le foulard dans la manche du même côté. Voilà pour la préparation.
Vous prenez un foulard de la même couleur et vous le tenez par un coin entre le pouce et l'index
droits; vous le faites passer lentement d'un bout à l'autre dans l'intérieur de la main gauche en le
tirant de bas en haut.
Vous recommencez mais cette fois en glissant le médius droit dans la boucle de fil; vous entraînez
ainsi le foulard qui était caché dans la manche et qui vient se confondre avec l'autre. Il ne vous reste
qu'à les séparer et à briser le fil qui, n'étant que passé dans l'étofe, quitte facilement le foulard.
Si vous avez fait à droite la même préparation qu'à gauche, vous pouvez faire le dédoublement une
seconde fois.
Ce système est un peu plus compliqué que celui - très simple - qui consiste à avoir dans sa manche le
foulard à faire apparaître et à le tirer par le coin que maintenait le petit doigt ; mais il donne une
liberté de manœuvre et une sûreté autrement grandes.

Une disposition un peu analogue du fil couleur chair et du foulard, permet l'apparition d'un seul
foulard qui peut être de grande taille. L'anse du fil doit avoir une longueur totale de 50 cm et elle est
passée dans la rainure de l'ongle du médius gauche ; puis les deux chefs du fil longent la paume et
vont se fixer à un coin du foulard qui est dans la manche, pas ramassé, mais allongé et mis en place
l'aide d'une baguette.
Vous montrez les mains vides; puis vous rapprochez les doigts; vous introduisez le médius droit dans
la boucle et dégageant le fil du médius gauche, vous le chargez et le tirez. Vous évoluez alors vers la
droite et vous montrez la main droite vide (comme dans la passe de la boule pour montrer
successivement les mains vides). A ce moment, le fil tiré a amené le foulard contre la paume de la
main gauche et le coin où est fixé le fil, est pincé entre l'annulaire et le médius gauches recourbés,
l'index gauche étendu montrant la paume droite. Les bouts des doigts se rapprochent à nouveau et la
main droite s'empare du coin du foulard avec le pouce et l'index et le tire vivement vers la droite;
mais pendant ce temps le pouce gauche entoure le foulard et la main gauche s'étant tournée paume
en bas, le foulard passe dans la fourche du pouce (orientée vers la droite) jusqu'à son coin terminai
que ne lâche pas la main gauche au moins momentanément.
Au lieu d'un fil de soie vous pouvez employer un fil de fer fin (dit "fil de fleuriste") pour fixer le foulard
(3) par un entortillement des deux brins du fil qui l'entoure; vous formez une boucle avec ce qui reste
de ces brins; la rigidité relative de celle-ci permet de la placer de telle sorte qu'elle émerge de
l'endroit où est caché le foulard en faisant saillie. La prise du foulard en passant le doigt (index ou
pouce) dans cette boucle, est facile, même si le foulard est placé dans le gilet entre deux boutons ou
ans une poche du gilet ou dans l'échancrure de ce gilet ou encore dans un des multiples endroits qui
peuvent lui servir de cachette.

(1) Des prestidigitateurs emploient un fil long de 45 cm. et l'attachent au pli du coude.
(2) Il vaut mieux que l'ouverture en question corresponde à une petite poche secrète où le foulard est tassé. J'ajoute que plusieurs pochettes
peuvent être ainsi créées le long des coutures, mais c'est tout de même un procédé dont il ne faut pas abuser.
(3) Sans le serrer trop, car le dégagement n'en serait pas facile.

740
A L'AIDE D'APPAREILS SECRETS

Bien que l'on n'ait que l'embarras du choix pour faire apparaître sans accessoire un foulard, ainsi
qu'on vient de le voir dans les pages précédentes, il a été imaginé un certain nombres d'appareils
destinés à cet efet.
La raison en est que les procédés employés doivent être aussi variés que possible dans ce genre de
tours et les prestidigitateurs qui voudraient se créer un numéro de foulard s'apercevront que cette
multitude de moyen n'est pas superflue. C'est, d'ailleurs, en les combinant les uns avec les autres
qu'on peut donner l'impression de quelqu'originalité.

Il existe d'abord des étuis métalliques de formes diverses (voir R. Cellier, p. 211 et suivantes)
généralement ovoïdes et munis de 2 paires d'ailettes fixées en deux endroits opposés '(fig. 439) au
milieu es faces les moins courbes, pour que, saisies entre deux doigts (médius et annulaire), elles
maintiennent l'appareil, soit au dos, soit dans l'intérieur des doigts (1); elles permettent en outre des
transferts d'une main à l'autre, pour montrer successivement les deux mains vides des deux côtés;
c'est ainsi qu'est construit l'appareil d'Okito (fig. 439).
Pour montrer les mains vides sans transfert, on emploie aussi un appareil de la forme d'une plaque de
carton souple ou de celluloïd un peu moins haute qu'une carte à jouer; le foulard y est fixé par deux
élastiques en crois ou se trouve dans un tunnel de même matière que la plaque et collé sur elle.
Cet appareil se manipule comme une carte et par les manœuvres de double empalmage il permet de
montrer successivement vides les deux côtés de la main.

Un autre appareil facilite ces manœuvres ; il consiste en un tube aplati d'un côté; deux crochets en
demi-lune (fig. 440) se trouent de chaque côté de la partie plane et en son milieu. Ces crochets
enserrant la moitié de l'index et du petit doigt (2) au niveau de la dernière articulation peuvent
pivoter et permettre le passage facile du médius et de l'annulaire en avant et en arrière de l'appareil.
Le pouce s'engageant dans l'orifice à encoche, chasse le foulard qui "jaillit" au bout des doigts; une
fois le foulard sorti, on engage le pouce à fond dans l'appareil que lâchent les autres doigts et l'on
s'en débarrasse ainsi facilement.
C'est un perfectionnement du fake décrit sous le nom d'araignée.
Un simple tube gros comme le pouce et long de 4 à 5 cm. (fig. 441), ou un petit sac de tissu (ou en
peau de gant) analogue à celui qui est employé pour l'escamotage du riz (fig. 442) suspendu par un
fil de couleur chair (ou mieux par un crin fin qui ne s'afaisse pas) au dos de la main, peuvent servir à
receler un foulard; en faisant tourner le fake autour du doigt qui es enserré par le crin (médius, index
et pouce), on l'amène dans l'intérieur de la main d'où l'on sort facilement le foulard. La prise du fake
peut se faire dans la poche du gilet que dépasse le crin, ou à la ceinture. Ces deux derniers genres
d'appareils permettent aussi la disparition des foulards en opérant en sens inverse. IL en est de
même pour les récipients en forme de boîte ronde comme un bonbonnière avec un orifice au centre
d'une des faces ou sur le pourtour (fig. 443 et 444) par lequel on entre ou on sort le foulard. Ce genre
de boîte est facile à empalmer à cause des pointes mousses qui en garnissent la périphérie et de plus
un crochet soudé sur l'une des faces permet de s'en emparer, après l'avoir piquer au vêtement ou de
s'en débarrasser en la jetant entre le veston et le gilet : elle s'y accroche toujours d'un côté ou de
l'autre.

Mr Goy se sert volontiers d'une petite boîte ayant la forme d'un cylindre un peu aplati, de dimensions
telles que le médius et l'annulaire puisse s'en coifer et le dissimuler dans la paume de la main en se
repliant ; elle peut être aussi employée pour une disparition et j'y reviendrai au n° 761.
Le même prestidigitateur utilise également la boîte ronde à ouverture centrale montrée dans la figure
443, pour la multiplication des foulards. Il en met trois, par exemple, dans cette boîte (de dimensions
adéquates), mais en laisse sortir un coin de chaque. Tenant dans la paume gauche, par un coin, un
foulard précédemment apparu ou pris sur la table, il lisse plusieurs fois ce foulard par des
mouvements de haut en bas avec la main droite qui tient l'appareil empalmé. A un moment donné les
doigts de la main gauche saisissent les trois coins qui émergent du centre de la boîte et les foulards
en sortent, restant tenus par la main gauche où ils semblent s'être multipliés.
Dans ce genre d'apparition, comme dans les deux suivants, il faut abaisser la main droite qui tient le
fake sans que bouge la main gauche où semble se créer le ou les foulards.

Il existe aussi un appareil consistant en un cylindre de métal (3) dans lequel coulisse un piston
commandée par une queue facile à saisir à la base des doigts particulièrement à l'italienne; il sert
aussi bien pour l'apparition qui se fait en poussant le piston que pour la disparition.

Une simple boule creuse de celluloïd avec un trou de 18 mm. de diamètre, se manipulant comme une
boule ordinaire, peut également être utilisée pour l'apparition comme pour la disparition d'un foulard.
Nous allons retrouver ce système un peu plus loin pour l'apparition de plusieurs foulards; mais pour
un seul foulard un petite boule de 35 mm. de diamètre suffira.

Je dois encore parler d'un accessoire : le faux doigt, dont l'emploi est si commode pour la production
d'un foulard. Il constitue certainement un des meilleurs appareils construits dans ce but.
C'est un artifice qui parait grossier à première vue, mais qui se montre excellent dans la pratique,
parce que si ces faux doigt est bien fait et bien peint, il est invisible à condition de ne pas tenir la
main immobile et de la présenter de profil ou les pointes des doigts en avant et non franchement de
face ou de dos.
Son maniement est trop bien expliqué dans le livre de M. R. Ceillier (pages 226 et 227) pour que
j'insiste sur ce point d'autant plus qu'il est bien connu des initiés.

Il y a, dans le même genre que le précédent, le faux pouce; mais celui-ci doit être assez grand et le
foulard assez petit et mince pour qu'il puisse être utilisé; néanmoins, une bonne application de ce truc
est celui que je décris au numéro suivant et nous verrons qu'il est bon surtout pour la disparition d'un
foulard.

Ne quittons pas ce sujet sans signaler un petit appareil très commode pour que la main puisse
s'emparer dans la poche d'un foulard, sans que celui-ci soit fixé en boule; le déploiement du foulard
se fait instantanément quand on ouvre les doigts. Ce fake a été imaginé par l'excellent manipulateur
de foulards, M. Goy (Hepsonn) et a été décrit par lui dans le "Journal de la Prestidigitation". Il consiste
simplement en un tube de métal de 2 cm. de hauteur et de 23 cm. de diamètre, pourvu à l'une de ses
ouvertures d'un bord de 13 mm. de largeur, ce qui lui donne l'aspect d'une bobèche métallique de
chandelier (fig. 445). Le foulard plié suivant le premier procédé de pliage que j'ai indiqué, est introduit
dans le fake de telle sorte qu'il ne dépasse ni en (P24)

(1) L'étui métallique peut être remplacé par un cylindre de carton et les ailettes par une languette de 15 mm. de longueur et de largeur ; c'est
moins solide, mais l'appareil peut être ainsi vite construit.
(2) Cet appareil, comme celui d'Okito, et les suivants, doit être peint couleur chair pour n'être pas aperçu au cours des manipulations.
(3) On trouve cet appareil ingénieux chez l'éditeur du présent ouvrage sous le nom de "Eclair" (voir la figure 462 bis dans les disparitions).
741
APPARITION D'UN FOULARD DANS LA BOUCHE

Efet.- Ce truc a été indiqué par Kimar dans le "Journal de la Prestidigitation" ; il consiste, après avoir
montré ses mains et sa bouche vides, à introduire dans cette dernière le pouce et l'index droit et à en
sortir un foulard.

Explication. - Le foulard est contenu dans un faux pouce, la pointe placée sous la partie charnue du
pouce et affleurant le bord du fake.
Le pouce et l'index étant introduits dans la bouche, les dents retiennent le faux pouce pendant que
les doigts en retirent le foulard. Sous le prétexte de montrer la bouche vide après la production, le
pouce se recoife du faux pouce.
Kimar conseille d'utiliser un foulard en pongée pour doublure de chapeau, qui est extrêmement mince
et peut, par conséquent, être plus grand qu'un autre tissu plus épais. Il a rappelé que M; Maurier
présentait jadis cette expérience en se servant d'un bout de faux index.
La disparition d'un foulard par le même procédé utilisé en sens inverse m'a paru moins pratique.

742
LA BOULE STILLWELL POUR PLUSIEURS FOULARDS

Cette boule était primitivement en caoutchouc ou en cuivre ; il est préférable de l'avoir en celluloïd de
50 à 55 mm. de diamètre, et pour qu'on puisse l'empalmer solidement, il est bon de la préparer
suivant la méthode imaginée par M. Goy (Hepsonn).
On l'enduit de colle de celluloïd (faite avec une solution de rognure de film dans un mélange à parties
égales d'acétone et d'acétate d'amyle), et on la roule dans de la pouce d'émeri ou de la pierre ponce
grossièrement pulvérisée ; quand c'est sec, on repasse une couche de colle précitée (1).

Supposons que l'on veuille faire apparaître 4 foulards ; un jaune, un rouge, un bleu et un vert.
On les tasse dans la boule en commençant par celui qui doit apparaître le dernier (le vert). On a
conseillé d'entortiller une extrémité de chacun des foulards avec une extrémité du suivant, comme
dans l'enroulement décrit au N° 737 ; je pense que ceci peut avoir plus d'inconvénients que
d'avantages, en risquant la sortie prématurée d'un foulard; personnellement, je l'ai toujours négligé.
La boule est placée comme je l'ai décrit pour le N° 737 ou bien derrière
le dossier d'une chaise sur une petite servante en forme de fer à cheval,
découpée dans un morceau de zinc ou de fer blanc et fixée avec deux
punaises (voir fig. 448). La prise de la boule est faite en reprenant un
premier foulard apparu et déposé au voisinage de la boule, comme il est
indiqué au N° 737.
Cette prise est efectuée avec la main gauche qui passe le tout : foulard
et boule à la main droite, pour se montrer vide et se présenter
finalement dos en avant (le côté droit du corps étant tourné vers le
public). On fait alors passer le foulard entre l'index et le médius de cette
main gauche, d'arrière en avant; quand presque tout le foulard est
passé, la main droite l'abandonne, et il pend en avant, un coin seulement reste entre les doigts
gauches. On retourne la main gauche (paume en avant) et on va chercher avec les doigts droits ce
coin pour faire repasser le foulard en sens inverse du passage précédent; dans cette position les
paumes des deux mains se trouvent vis-à-vis l'une de l'autre, et la main droite en profite pour passer
la boule à la main gauche, qui, tout de suite, se retourne pour masquer la boule qu'elle emporte. Une
fois qu'il a été tiré complètement, le foulard est déposé par la main droite sur le dossier de la chaise.
Les doigts de cette main vont ensuite tirer de la boule, tenue dans la main gauche, à demi-fermée, le
foulard jaune qu'on dépose sur le dossier, de la chaise avec le précédent.
La main gauche s'ouvre, comme si elle ne contenait plus rien, quoiqu'elle recèle la boule dans sa
paume tournée en arrière. Par la passe de boule bien connue, on fait croire que les deux mains ne
contiennent rien : on frôle de la main droite (préalablement montrée vide) le dos de la main gauche,
depuis le poignet jusqu'au-delà des doigts; puis on ramène la main droite sur le dos de la main
gauche qui se retourne et passe son contenu dans la main droite; celle-ci chargée repasse le long de
la paume gauche devenue face au public; les deux paumes se rejoignent ensuite et les doigts repliés
à l'intérieur, extraient de la boule le deuxième foulard (rouge).
La boule est conservée à l'empalmage de la main droite et la main gauche dépose le foulard apparu,
sur le dossier de la chaise, puis revient se montrer, paume en avant, près de la main droite.
Par une autre passe de boule, connue comme la précédente, on montre encore les mains vides, en
faisant demi-tour à droite : on présente alors le côté gauche du corps au public et dans ce
mouvement les deux mains passent à droite; la main gauche, dont les spectateurs n'aperçoivent plus
que le dos, empalme la boule, ce qui permet de montrer la main droite vide. On approche à nouveau
les deux paumes et, comme précédemment, on extrait le troisième foulard (bleu).
Après un nouveau demi-tour (à gauche cette fois), les deux paumes enserrant la boule, la main
gauche se retourne, dos en avant, emportant la boule et, au bout des doigts, le foulard bleu qu'on
dépose sur le dossier de la chaise. Enfin, on se trouve dans la position tout à fait primitive, c'est à dire
main droite vide et main gauche dos en avant, ayant à l'empalmage la boule. La main droite va
extraire le dernier foulard (vert) qu'elle tire vers le bas. La main gauche s'étant alors (toujours paume
en arrière), pour faire croire qu'elle est vide, puis s'abaisse pour se débarrasser de la boule dans la
profonde, la pochette, ou plus simplement encore dans la poche gauche du smoking, tandis que la
main droite dépose le dernier foulard sur le dossier de la chaise.
On peut alors se servir successivement de plusieurs boules chargées de foulards; mais, pour celles-ci,
la sortie de leur contenu doit être rapide et faite, pour ainsi dire, sans interruption. Il est donc
préférable, en ce cas, d'entortiller les pointes des foulards, pour que l'un entraîne l'autre.

(1) Cela dispense de munir la boule d'un mince fil de fer pour la suspendre au pouce, comme on l'a
préconisé.

743
APPARITIONS MULTIPLES DE FOULARDS AU FAUX POUCE

Efet. - Les manches retroussées, vous montrez vos deux mains vides des deux côtés,
particulièrement la droite; vous la fermez et il y apparaît un foulard; vous réunissez les deux mains et
il en sort d'autres qui peuvent être nombreux.

Explication. - Vous vous présentez d'abord de face; puis, ayant montré les deux mains vides, vous
vous tournez le côté droit et le dos de la main droite vers les spectateurs; fermant cette main vous y
plongez le faux pouce qu'elle portait et un bout de foulard en surgit, c'est un demi-foulard qui y était
enfermé et qui en jaillit parce qu'il y était comprimé. Pendant que l'attention est attirée dessus et
profitant de ce que vous avez le côté gauche caché, vous saisissez au côté gauche du gilet une boule
formée de 4 ou 5 foulards dont le plus superficiel qui entoure tous les autres, est de même couleur
que le demi-foulard du faux pouce, et est maintenu par un fil.
Vous faites un demi-tour à droite et vous réunissez les mains; de ce fait, la boule empalmée est
cachée entre elles et après avoir sorti complètement le demi-foulard vous réenfilez votre faux pouce
vide. Vous n'avez plus qu'à casser le fil et à dérouler le foulard qui enveloppait les autres ; ceux-ci
sont libérés.

Sous le couvert de ces foulards apparus, vous pouvez en prendre plusieurs paquets d'autres au gilet;
vous pouvez même, en en laissant tomber quelques-uns et en vous baissant pour les ramasser, vous
emparez d'un gros paquet de foulards suspendu sous les basques de l'habit par un simple fil que vous
cassez. Comme vous tournez un côté en avant, votre prise faite de l'autre côté est invisible et le
paquet est tout de suite dissimulé par les foulards déjà apparus. En agitant ceux-ci vous brisez le fil
qui fixe le paquet et vous produisez peut à peu votre réserve. Par surcroît de précaution, le foulard qui
sert d'enveloppe aux autres doit être noir de préférence.
Vous pouvez aussi, pour le début, prendre un paquet d'une douzaine de foulards enfermés dans un
petit sac noir sur le bord duquel un coin de chaque foulard est cousu; vous cachez ce paquet sous une
aisselle et vous allez le chercher dans le geste de retrousser votre manche.

744
APPARITION ET DÉDOUBLEMENT D'UN GRAND FOULARD A BORDURES NOIRES

En prenant sur votre table une feuille de papier de soie noire d'environ 20 cm. sur 20, vous chaussez
sur le pouce droit un faux pouce autour duquel est enroulé le foulard caché par la feuille.
Vous tenant le côté droit en avant, vous montrez votre main gauche vide; vous la fermez et vous vous
tenez le bras gauche étendu, dos de la main à demi-fermée en avant.
Vous introduisez par en bas le faux pouce et le foulard cachés par la feuille de papier de soie, dans le
creux de la main fermée, puis la feuille elle-même qui rendre dans le faux pouce; vous en déchirez un
ou deux morceaux que vous laissez tomber par terre, pour en rentrer le reste plus facilement dans le
faux pouce; vous le rechaussez et vous le sortez de la main, ce qui entraîne l'extrémité du foulard
hors de la main; vous sortez ce foulard peut à peu et vous montrez ensuite vos deux mains vides.
Le deuxième foulard, plié en un accordéon allongé, est placé sous le gilet à gauche; le coin noir
dépasse en bas, mais il est invisible puisqu'il est de la même couleur que le pantalon (1).
Le premier foulard apparu est tenu par un coin dans la main gauche qui se place au voisinage de
l'autre foulard dépassant le bas du gilet.
La main droite prend alors le premier foulard près de la main gauche (qui ne le lâche pas) et le tire
vers la droite, en le faisant glisser dans son intérieur comme pour le lisser et montrer qu'il ne contient
rien. Le même mouvement est répété encore deux fois; mais à la dernière fois la main gauche
s'empare du coin dépassant du deuxième foulard et le pouce droit se plaçant en crochet au-delà de
ce coin, entraîne le foulard hors de sa cachette pendant que la main droite se porte vers la droite.
A ce moment, les deux foulards, parallèles l'un à l'autre, se confondent et le public ne se rend pas
compte qu'il y en a deux. En les séparant, vous paraissez avoir dédoublé le premier et cela produit un
bel efet, d'autant plus que les foulards peuvent avoir une grande dimension, 80 cm. de côté par
exemple.

(1) Néanmoins, si vous opérez avec un habit et un gilet blanc, cette invisibilité n'est pas complète dans ce cas. Il y a intérêt à mettre le foulard
dans la poche du pantalon.

745
AVEC UNE BOITE D'ALLUMETTES

C'est une des meilleurs façons de faire apparaître un foulard; malheureusement c'est une des plus
connues et, par surcroît, a été souvent débinée.
Tendez d'abord un foulard et pliez-le dans le sens de la longueur pour le réduire à un cordon, puis
roulez-le autour d'un crayon, ou mieux pliez-le en accordéon et placez-le dans une des extrémités de
l'étui d'une boîte d'allumettes de telle sorte que l'accordéon, ou le rouleau, soit coincé entre la paroi
supérieure et l'inférieure et ne puisse se dérouler. Ainsi fixé il ne s'étendra pas et par conséquent ne
se montrera pas intempestivement hors de la boîte; il n'occupera de la place réservée au tiroir que ce
qui est nécessaire et ne sortira que quand ce tiroir le poussera dehors.
La boîte, ainsi munie du foulard avec le tiroir à moitié sorti, est placé sur la table, côté foulard en
arrière évidemment.
Vous présentez une feuille de papier de soie que vous tenez au bout des doigts gauches, entre le
médius et l'index; prenant la boîte d'allumettes avec la main droite, vous la posez sur la main gauche
de façon qu'elle soit sur les doigts, tandis que le pouce se place dessus pour la maintenir. La main
droite retire alors une allumette, l'enflamme et met le feu au papier; puis elle jette cette allumette,
repousse le tiroir qui chasse le foulard dans le creux de la main gauche et les derniers doigts gauches
se replient pour maintenir le foulard contre la paume.
Le papier étant presque complètement consumé, vous réunissez les deux mains sur les cendres et
vous en sortez le foulard (1).

Parce que ce truc a été souvent débiné, on a cherché à le modifier ; par exemple, le foulard a été
maintenu par un fil et muni d'une boucle de crin qui dépasse et dans laquelle on enfile le pouce
gauche. Cela permet de le faire passer ensuite au dos de la main et de montrer les deux mains vides.
Cette manœuvre peut dérouter certains spectateurs initiés, mais elle retire au tour une partie de son
agréable simplicité.
On peut aussi utiliser une des boîtes d'allumettes truquées que j'ai décrites dans ce livres, pages 54
et 55 du tome I, ce qui permet de présenter, au début, la boîte avec le tiroir entièrement dans l'étui.

au lieu de prendre une boîte d'allumettes, on a préconisé de se servir du porte-allumettes en faïence


nommé pyrogène, en cachant dans le creux de sa base le foulard à faire apparaître; mais s'il est
naturel de prendre en main une boîte d'allumettes, il l'est moins de soulever le pyrogène destiné
précisément à s'en servir sans qu'il bouge de la table.
Il est préférable, je crois, de l'utiliser de la façon suivante. L'une des quelques allumettes contenues
dans le pyrogène est fendue à l'opposé de sa tête (qui doit se trouver en haut); dans la fente est pris
un fil court auquel est attaché un foulard roulé en boule. En prenant l'allumette on présente le dos de
la main aux spectateurs et le foulard logé dans le pyrogène vient se placer naturellement dans
l'intérieur de cette main sans que cela soit aperçu.

M. P. Antoine ("Journal de la Prestidigitation", n° 82, page 161), ne se sert pas de l'allumette qu'il
extrait de la boîte; il la jette en déclarant qu'il se ravise, car ce n'est pas assez mystérieux, pour un
magicien, de faire naître du feu avec une allumette ; il froisse le papier qui s'enflamme tout seul
(expérience que nous retrouverons plus tard) ; mais la boîte d'allumettes lui a tout de même permis
de s'emparer du foulard.
Enfin, voici une dernière utilisation du foulard inclus dans la boîte d'allumettes. Au lieu d'enflammer
du papier de soie, vous allumez une bougie; votre main gauche ayant empalmé le foulard sorti de la
boîte d'allumettes, vous enlevez de son chandelier la bougie (allumée) avec la main droite et vous la
passez à la main gauche qui la reçoit en l'appliquant sur le foulard. Vous faites alors avec la main
droite le geste de retirer quelque chose de la flamme en glissant vos doigts de bas en haut sur la
bougie; c'est la feinte. Après avoir repassé la bougie à la main droite, vous faites le même geste que
précédemment, mais avec la main gauche.
Quand la main est en haut, près de la flamme, vous la fermez complètement comme si vous veniez
d'y saisir un objet; vous l'ouvrez tout de suite après pour montrer le foulard.

(1) Notez qu'à la place d'un foulard vous pouvez mettre un autre objet quelconque : papier, billet de banque, cartouche de confettis, etc... à
faire apparaître; il suffit que ses dimensions lui permettent de se loger dans la moitié de l'étui.

746
AVEC UNE BAGUETTE

D'abord la baguette peut servir simplement à justifier la fermeture de la main qui la tient et renferme
en même temps le foulard à faire apparaître. Mais vous pouvez, avec cet accessoire, montrer
successivement les deux mains vides et, en ce cas, voici comment vous devez opérer.
Prenant le foulard par deux de ses pointes opposées, vous l'entortillez pour en faire une espèce de
cordon que vous enroulez autour de votre baguette qui doit dépasser seulement de quelques
centimètres ; la pointe terminale du foulard enroulée est fixée dans une des spires précédentes.
Vous tenez votre baguette en main droite par l'extrémité où se trouve le foulard et la main gauche est
montrée vide, les doigts écartés; vous les comptez en les touchant avec l'extrémité libre de la
baguette. Vous passez alors la baguette à la main gauche qui la prend de telle sorte qu'elle s'empara
en même temps du foulard et vous montrez la main vide de la même manière que vous avez montré
la main gauche, c'est-à-dire en touchant les doigts pour les compter.
Saisissant avec la main droite l'extrémité restée libre de la baguette, vous tirez sur elle et le foulard
maintenu par la main gauche y reste seul.
Vous donnez un coupe de baguette sur cette main, vous l'ouvrez et le foulard y apparaît.

La baguette peut aussi servir à attirer hors de sa cachette un foulard maintenu roulé par un fil de fer
fin (fil fleuriste) avec une boucle dépassant de l'endroit où il est caché (ouverture du gilet ou
intervalle de deux boutons); ainsi que M. Rémi Ceillier l'a préconisé dans "Passez Muscade".

On peut encore cacher un foulard dans une baguette creuse et l'en sortir au moment voulu à l'aide
d'une boucle de crin fixée à ce foulard et dépassant l'orifice de la baguette (1). Nous verrons plus loin
(n° 800) des apparitions de foulards à l'aide de la baguette creuse passée dans une feuille de papier
roulée en tube ou en cornet.
Enfin, en remplaçant la boucle de crin dans je viens de parler par un bout d'aiguille recourbée en
crochet, il est facile de le piquer dans le haut du dos d'un spectateur; vous tirez alors la baguette vers
le bas et le foulard libéré pend derrière le spectateur. Quand vous faites retourner ce dernier, le public
aperçoit le foulard; efet comique à utiliser de préférence avec un enfant.

Pour en terminer provisoirement avec la baguette creuse, je signale le petit tube fermé à un bout,
rentrant à frottement doux dans une extrémité de la baguette et contenant un foulard; on s'en
empare grâce au dépassant léger de son rebord. On peut avoir un tube de ce genre à chaque
extrémité, ce qui permet l'apparition successive de deux foulards (voir R. Ceillier, page 231). Le
même appareil peut servir pour une disparition ou même un changement de couleur; mais cette
dernière utilisation ne me paraît pas très pratique.

(1) Une baguette creuse munie d'un piston, comme celle que j'ai décrite page 146 du tome I, permet aussi de s'emparer d'un foulard.

747
DANS UNE CARAFE

Une carafe ordinaire ne constitue pas un accessoire pouvant entrer dans une poche; mais il en
existe de petits modèles (celui qu'on nomme dans les restaurants : quart de carafe) qui peuvent être
employés, d'autant qu'ils ont un goulot relativement large. J'en parlerai donc dans ce chapitre et c'eût
été dommage de ne pas le faire, étant donné que leur utilisation est intéressante.
La présentation classique avec la carafe non truquée consiste à mettre le foulard à faire apparaître
dans le goulot et d'arriver en tenant la carafe par le goulot, ce qui cache le foulard. On entoure
ensuite la carafe avec un mouchoir et on profite de ce masque pour faire descendre le foulard dans la
carafe avec l'index ; on achève de le faire déployer par une petite secousse et il devient visible dès
qu'on a enlevé le mouchoir.
On peut aussi introduire inostensiblement le foulard dans la carafe à l'aide de la baguette creuse à
poussoir dont j'ai parlé plus haut. Après avoir été visitée, la carafe est placée renversée sur la
baguette, soit-disant pour donner la garantie qu'on n'y touchera pas avec les mains. Dès que le
mouchoir a recouvert la carafe, on fait agir le poussoir et on retire la baguette; la carafe est ainsi
chargée du foulard.

Un minime truquage de la carafe - un simple trou d'un millimètre de diamètre, percé au milieu du
fond - permet d'y faire apparaître un foulard sans la couvrir, et c'est, évidemment, un notable
avantage sur les procédés que je viens de décrire.
Un fil attaché à un coin (ou mieux au milieu) du foulard, passe par le goulot dans la carafe, puis dans
le trou du fond et de là dans la coulisse où le tient un aide ; le foulard est mis sur la servante ou sur la
table derrière un objet qui le dissimule ou encore dans une trappe anglaise ; la carafe est placée en
avant de lui. On prend la carafe ; on l'élève assez pour que le fil soit presque tendu; le servant tire
alors brusquement sur le fil et le foulard saute de sa cachette dans la carafe. Si le geste a été rapide,
les spectateurs n'ont pas le temps de voir le foulard dans son trajet et cette apparition est
mystérieuse. La plupart du temps le fil se casse au ras du trou du fond de la carafe et on n'a même
pas à le briser avant de retirer le foulard pour le donner à examiner ou on peut s'en servir pour une
autre expérience. On peut supprimer le servant en fixant l'extrémité libre du fil à sa baguette et en
titrant sur ce fil au bon moment par un écart brusque de la baguette. On peut aussi fixer le fil à la
table et il suffit dans ce cas, de soulever vivement la carafe pour y faire entrer le foulard.
Mon ami Goy (Hepsonn) a rendu ce tour encore plus pratique et plus brillant, parce qu'on peut se
passer de la servante et de guéridon, et que, de plus, l'apparition peut se faire au milieu des
spectateurs.
Dans ce procédé vraiment original, publié dans le "Journal de la Prestidigitation" (N° 60, page 78), le
journal dont les quatre pointes réunies sont fixées au fil, est d'abord placé sur une table quelconque à
côté de la carafe (1) à travers laquelle passe le fil comme précédemment, et non loin de la baguette à
laquelle est fixée l'autre extrémité du fil qui doit avoir 1 m. 40 environ; la partir du fil allant du fond de
la carafe à la baguette doit être aussi courte que possible.
Vous présentez le foulard attaché qui est sur la table, et, en le mettant entièrement dans la poche
supérieure gauche de votre habit, vous dites: "Il est évident que si je place ce foulard dans la poche
extérieure pour le faire passer dans la poche intérieure, vous n'éprouverez aucune surprise". Vous
sortez alors de la poche intérieur un foulard duplicata qui s'y trouvait et vous le mettez sur la table,
"Mais, ajoutez-vous, vous éprouverez de l'étonnement, si je vous avais fait constater avant
l'expérience que cette poche était vide... Si maintenant, au lieu de faire apparaître un foulard dans
une poche, c'est à dire dans un endroit caché à vos regards, je le fais apparaître dans cette carafe,
par exemple, dont la vacuité ne fait de doute pour personne, il vous sera impossible de trouver une
explication". En disant : "Dans cette carafe", vous vous emparez de l'objet avec la main gauche,
tandis que la main droite prend la

(1) La carafe à fond troué peut être remplacé par un verre truqué de la même façon.

748
AVEC LE FLACON SANS FOND

C'est une intrigante apparition dont je me suis servi dans "Un Rêve".
Le flacon en question est une petite bouteille (genre flacon de parfum ou de pharmacie), dont on a
fait enlever la fond par un verrier, et dont une large étiquette masque le contenu. On peut aussi
employer un flacon de verre bleu foncé dont l'opacité dissimule le foulard; mais il est plus suspect aux
yeux des spectateurs que le précédent.
Le foulard est roulé, serré, de préférence par le troisième ou quatrième procédé indiqués au N° 736;
on l'entoure deux fois avec un fil fin dont on fait passer les extrémités dans le goulot après les avoir
introduits par l'ouverture qui est à la place du fond. On tire les deux chefs du fil, jusqu'à ce que le
foulard entré dans le flacon soit caché entièrement par l'étiquette, et on les fixe dans cette position
avec le bouchon; l'appareil est ainsi prêt à servir.
Pour l'apparition du foulard, on prend le flacon de la main droite, ce qui permet de montrer
incidemment la main gauche vide; puis on le passe à cette main placée paume en l'air; la main droite
enlève alors le bouchon, ce qui libère le fil et laisse tomber le foulard dans le creux de la main
gauche. On reprend le flacon avec la main droite; on fait semblant de verser une goutte dans l'autre
main et on dépose le flacon sur la table. Il ne reste plus qu'à tirer sur la pointe dépassante du foulard
pour le déployer (1).

(1) On a conseillé l'emploi du même flacon pour la disparition d'un foulard,; il est, dans ce cas, je crois, moins pratique que pour l'apparition.

766
DISPARITION DANS UN SAC D'ÉPICIER

Il y a deux façons de truquer un sac d'épicier pour une disparition. La première, qui est applicable
surtout aux objets de faible volume, un seul foulard par exemple, ou à la rigueur un petit oiseau,
consiste à faire un sac à deux compartiments séparés par une paroi verticale. Pour cela vous taillez
dans un autre sac pareil une portion comme celle qui est montré dans la figure 465; vous enduisez de
colle toutes les parties hachurées dans le dessin et vous l'introduisez dans le sac. Ayez soin de laisser
dépasser de 2mm cette portion médiane, de façon à pouvoir la saisir et la repousser d'un côté ou de
l'autre, sans tâtonner. L'avantage de ce système, c'est que vous pouvez présenter votre sac à plat
pendant l'expérience.
Vous commencez donc par mettre la main droite dans l'intérieur du sac, en passant à côté de la
poche secrète pour développer le sac; ceci fait, vous passez le sac à la main gauche et vous profitez
de ce mouvement pour rabattre la cloison contre l'autre paroi du sac et entrouvrir ainsi la poche.
C'est là que vous mettez le foulard à faire disparaître; puis vous fermez le haut du sac en le repliant.
Pour montrer ensuite qu'il n'y a rien dans le sac, vous l'ouvrez comme au début et vous en faites voir
l'intérieur vide; mais il est préférable de le déchirer en commençant par le bas de la ligne A B (fig.
464) et vous achevez d'étaler le sac en déchirant la paroi non truquée.

Quand on veut escamoter un objet d'un certain volume comme une poignée de foulards ou une
tourterelle, il faut préparer le sac d'une autre façon.
Vous commencez par déployer un sac et dans le cylindre ainsi formé, vous enfoncez aux deux tiers
un autre sac également déployé (dans une série vous en trouvez toujours quelques-uns légèrement
plus étroits que les autres, qui sont préférables pour en faire des sacs intérieurs et les adapter plus
facilement). Un coup de ciseaux pour enlever ce qui dépasse du sac intérieur et un coup de colle tout
le long du bord et votre sac truqué est terminé; il a ainsi dans sa partie supérieure une large poche
où vous mettez les objets à faire disparaître.
A la fin de l'expérience, vous crevez le compartiment inférieur, en le déchirant à la main ou par un
coup de pistolet à blanc tiré de près : ce qui fait croire que les objets mis dans le sac ont disparu. Le
petit inconvénient de ce sac, c'est qu'il ne peut guère être montré à plat au début; néanmoins, on
peut le déployer en soufflant dedans, si on a pratiqué des tours dans la partie formant cloison
horizontale. Le compartiment inférieur arrive à se gonfler comme le supérieur, mais il faut que le
papier soit assez mince.
Le sac ainsi truqué peut servir également à des échanges : par exemple, on met dans le
compartiment supérieur des foulards libres et on tire du compartiment inférieur les mêmes (ou plutôt
leurs duplicata) noués en chaîne ou bien formant un drapeau et placés là en confectionnant le sac.

767
DISPARITION DANS UN TUBE DE PAPIER ET AVEC UNE BAGUETTE

Ce truc ingénieux, dû à Mr Goy, a été publié dans "L'illusionniste", n°93, page 21.
Efet. - Vous confectionnez avec une feuille de papier visitée un tube que vous fermez d'un côté et
dans lequel vous mettez un foulard; vou vous servez de votre baguette pour en achever
l'enfoncement et vous fermez le tube. Quand vous le déployez ou le déchirez, le foulard a disparu.

Explication. - C'est encore une utilisation de la baguette creuse; seulement, celle-ci doit être assez
large (15 mm. de diamètre intérieur) et être fermée à une extrémité par un bouchon; mais cette
fermeture ne doit pas être complète et comporte un trou qui laisse passage à un fil. Celui-ci traverse
toute la baguette et va se fixer d'un côté (celui qui sort du bouchon) à la table (ou au plancher); de
l'autre côté il est cousu au centre du foulard (fig. 466).
Au début de l'expérience le foulard et la baguette sont sur la table; le fil, assez long (1 m 50) permet
de prendre le foulard, de le manipuler et finalement de le mettre - coins en avant - dans le tube de
papier. Pour soi-disant achever l'enfoncement, vous prenez la baguette et vous l'amenez à l'orifice du
tube de papier. A ce moment, vous vous éloignez peu à peu de la table ; cela tend le fil et le foulard
entre dans la baguette pour y disparaître.

Vous aimerez peut-être aussi