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1997/2 Tome 3 | pages 23 à 43
ISSN 1262-2788
ISBN 2711734056
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.inforevue-comptabilite-controle-audit-1997-2-page-23.htm
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Rôsunê Abstrsct: Investment slrutegy owtr poiects:
A sfrûIeûc piwflgFocess
Iæ déploiement de la stratégie dans une
enueprise et la gestion de ses multiples Application of a wategic approaclt in an
prqets d'investissements élémentaires ont mterprise and manzgemmt of ruuhiple basic
rarement été explicitement concili& aussi inuestrnent projeca are gm*ally not reconciled
bien dans la littérature qu en pratique. Lob- either in the literature or in practice. The purpo-
se of the articlr is to al:uance tbeir coordination
jectif de cet arricle est donc de progresser sur
by bringircgngaber snateg andproject analyis
leur articulation en proposant de caler la
at the mterprise opaating larcl. A wahod based
renconÉe stratégie/projets au niveau des on ?rocess analysis is presented whicb is thm
processus de l'entreprise. Une méthode applied to a major banh.
fondée sur l'analyse de processus et un cas de
mise en osuvre de ce type d'idées dans une
grande banque sont développés.
(onespondonce ESSEC
Avenue Bernard Hirsch, BP 105
95021 - Cergy-Pontoise cedex, France
Introduction
Depuis quelques années, la façon de gérer les investissements a fait l'objer de nombreux débats. La
perspective classique, fondée sur le calcul de rentabilité de chaque projet et leur agrégation par
sommation et arbitrage selon la ligne hiérarchique, a été remise en cause. De nouvelles perspectives
ont été ouvertes par différents travaux.
Tout d'abord, l'évaluation des nouvelles technologies de producdon a été au centre de contro-
verses (Hayes et Garvin 1982, Kaplan 1986, etc.) ; certains partisans de ces technologies estimaient
que les analyses de rentabilité, avec leur biais en faveur du court terme, conduisaient tout droit au
sous-investissement et à I'absence de compétitivité industrielle.
Ensuite, la recherche en stratégie avec le développement de cadres d'étude des avantages compé-
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titifs et d'andyse de la chaîne de valeur (Porter t985) a influencé de nouvelles démarches d'évalua-
tion des projets s'appuyant sur des critères stratégiques (Berliner et Brimson 1988, Bromwich et
Bhimani 1989, Shank et Govindaraian 1989, etc.).
Enfin, les analyses faites par des économistes (Henry 1974,Kchard 1982) sur des processus de
décision en situation d'incertitude ont mis l'accent sur les processus d'apprentissage par acquisition
de nouvelles informations et sur l'importance de la flexibilité qui permet d'adapter les choix aux
évolutions externes.
Ces différents travaux ouvrent de nouvelles perspectives en matière de gestion des investisse-
ments; ils mettent particulièrement l'accent sur I'importance des critères stratégiques, mais ils lais-
sent de côté une question fondamentale De quelle façon conuient-il d'organiser la renconne entre les
mubiplzs proj*s dinaestissements des différenx seruices d'une entreprise d'une part, et sa snatégie dfi"i,
par ane uision d'msernble du futur dz I'enneprise et ane liste d'objectif, d'autre part ?
l,a première partie de cet article passera donc en revue cerrains travaux permettant d'esquisser un
lien entre sélection de projets et déploiement de la stratégie, en noranr que la remise en cause des
critères uaditionnels de choix d'investissements replace la question de l'arbitrage au niveau de la
structure du système de pilotage. La deuxième partie s'attachera alors à proposer les grandes lignes
d'une méthode visant à articuler plus efficacement projets et stratégie au travers d'un raisonnement
par processus. Et la uoisième partie, fondée sur un cas de réorganisation de la planification des
pro1ets informatiques dans une grande banque, illustrera une mise en æuvre de ces idées. En conclu-
sion, nous développerons quelques suggestions d'amélioration de l'intégration enûe stratégie er
projets d'investissements au moyen d'un pilotage par processus.
Mais au-delà de ces questions sur les modalités des calculs économiques, le débat récent sur le
choix des investissements a posé des questions plus fondamentales. Certaines sont appârues à propos
du débat sur la rentabilité des Adaanced ManufacturingTèchnologt (AMT).
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l.l. L'évaluation des norrvelles technologies de production
Pour les avocats des AMT, une préoccupation excessive pour la rentabilité à court terme était à I'origine
du manque de compétitivité de l'industrie occidentale ; ainsi, Hayes et Garvin (1982) en viennent-ils à
préconiser l'acte de foi en I'avenir là oir les critères de rentabilité mettent en cause de tels pro;ets.
Mais beaucoup de réactions furent plus circonspectes, aboutissant à souligner certaines limites
des calculs de rentabilité, et proposant tântôt de les conserver en les adaptant, tantôt de les rempla-
cer par des méthodes multi-critères prenant en compte des aspects stratégiques.
Pour Kaplan (1986), le problème réside plus dans I'application de la méthode que dans la
méthode elle-même. Tiop souvent les tarx d'actualisation retenus sont ffop élevés, l'alternative n ne
pas faire ,, avec son risque de déclin n'est pas réellement évaluée, les systèmes hiérarchiques de seuils
d'autorisation rendent difficile l'autorisation de gros projets, les cotts de démarrage sont sous-évalués,
la durée de vie mal estimée, et les avantages non quantifiables (qualité, flexibilité, etc.) sont négligés.
Un point de vue analogue est repris par Bennett et Hendricks (1987) et par Seed (1988), qui
ajoutent quelques arguments supplémentaires sur les erreurs faites en pratique dans la mise en æuvre
des calculs de rentabilité : trop souvent l'accent est mis sur la justification de projet aux dépens de la
justification d'ensemble de la stratégie, les budgets d'investissement sont arbitrairement limités, les
prévisions de vente rrop optimistes, les valeurs résiduelles sont sous-estimées, les mesures de perfor-
mance trop orientées sur le résultat à court terme conduisent à biaiser les choix, et les systèmes de
suivi des cotts et avantages attendus de la réalisation des investissements demeurent insuffisants.
Par eilleurs, les biais introduits par le recours excessif en comptabilité analytique à des unités
d'æuvre de main-d'æuvre directe sont fréquemment évoqués (Béranger, t987): assimilant réduction
des coûts et baisse des effectifs, ceux-ci ont pu conduire à des automatisations lourdes et cotteuses.
D'aurres questions sont posées par Cochet (1988) qui, à partir de I'exemple d'une série d'inves-
tissements effectués pour moderniser une usine de pâte à papier, souligne la difficulté d'isoler la
rentabilité de chaque investissement là où I'essendel des gains provient de synergies entre améliora-
dons successives. Pour cet auteur, une approche globale de l'ensemble des investissements doit se
substituer à une approche morcelée projet par pro;et.
En somme, plusieurs de ces auteurs soulignent l'importance des critères de performance opéra-
tionnels dans l'évaluation et I'intérêt de considérer les améliorations, non seulement au niveau du
projet, mais aussi au niveau de I'ensemble du processus de production concerné. Par eilleurs, la
question du lien entre les projets individuels et la stratégie d'ensemble de I'entreprise est posée.
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, i}. I^aprise en compte de la stratégie dans
févaluation des proiets
Les méthodes d'analyses stratégiques proposent plusieurs axes de raisonnemenr.
Les travaux de Porter (1985) sur l'avantage concurrentiel conduisent à replacer les investisse-
ments dans le cadre de la recherche d'avantages vis-à-vis des concurrents : leadership en termes de
cotts ou différenciation pour s'adapter aux exigences spécifiques d'un segment de clientèle. De plus,
l'analyse d'un investissement gagne à être conduite en examinant son impact sur l'ensemble de la
chaîne de valeur, activités internes mais aussi externes à I'entreprise (quels avantages en retirent l'en-
treprise mais aussi ses fournisseurs, ses clients, etc. ?). La place de l'entreprise au sein d'une chaîne de
valeur permet d'apprécier l'oppornrnité d'investir dans tel ou tel produit-marché : par exemple
(Shank et Govindarajan 1989), si sur un segment la puissance de la distribution lui permer d'attirer
l'essentiel de la valeur créée, même si ce segmenr est en forte croissance, l'intérêt d'investir pour le
développer s'en trouve singulièrement réduit.
D'autres auteurs (Grant et al., I99I) complètent ce point de vue en proposant d'analyser la
cohérence entre, d'une part, le processus de production envisagé et, d'autre part, les objectifs straté-
giques (avantages concurrentiels recherchés), les ressources mobilisables (savoir-faire technique et
managérial, finance, localisation, organisation, etc.) et les caractéristiques de I'environnement
produit-marché (volumes élevés ou non, demande cyclique ou non, caractère stable de la clientèle,
etc.) ; cette analyse étant conduite dans une perspective dynamique afin de souligner I'opporrunité
et la faisabilité d'investissements faisant évoluer le processus technologique.
Dans cette perspective, les calculs de rentabilité sont parfois perçus comme l'ultime contrainte
institudonnelle permettant de justifier un projet dans le langage voulu. Leur utilisation réelle dans
I'exercice des choix est alors contestée. Ainsi, dans une étude empirique des choix d'investissement
dans cinq groupes industriels nationalisés, Engel, Fixari et Pallez (1984) illustrent la place des consi-
dérations stratégiques dans les décisions finales. Les calculs de rentabilité sonr effectués mais non
sans difficultés parfois (comment s'assurer, par exemple, que la solution de référence prévoit bien les
évoludons favorables ou défavorables qui se produiraient en I'absence d'investissement ?).
Il est donc clair que les considérations stratégiques pèsent fortement en matière de choix d'inves-
tissement '. Elles conduisent, d'une part, à adopter une perspective globale sur I'ensemble du
programme d'investissement, en examinant son apport vis-à-vis de la position concurrendelle de
i'.nir.prir. (Porter, 1992) et, d'autre part, à apporter des modifications au niveau de l'évaluation des
projets. Diftrentes propositions ont été faites en ce sens.
Certains aureurs (Kaplan, 1986 ; Bennett et Hendricks, 1987 ; Baglin et Malleret, 1990) préco-
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nisent un cdcul de rentabilité modifié; d'autres (Roy, 1985 ; Berliner et Brimson, 1988 ; Bromwich
et Bhimani, 1989 ; Lorino, 1991) le recours à des méthodes multicritères. Les méthodes de rentabi-
lité modifiée s'anachent à expliciter I'ensemble des impacts du projet sur des critères muldples,
certains financiers, d'autres non financiers et effectuent ensuite un calcul de rentabilité. Celui-ci
peur porrer soit uniquemenr sur les éléments financiers, soit sur l'ensemble des élémena en attri-
buant des primes financières aux éléments non financiers. Il peut également être conduit en mettant
en regard des éléments non financiers la valeur qu il faudrait leur attribuer Pour que le projet
atteigne un seuil de renrabilité donné. Quant aux méthodes multicritères, elles ne cherchent pas
forcémenr à se ramener à une notion de rentabilité, même élargie, et proposent des évaluations à
critères multiples ou le recours à une méthode d'agrégation en un critère unique (une note) par
pondération des diftrents critères.
CoMprABIurÉ - CoNTRôLE - Auotr / Tome 3 - Volume 2 - septembre 1997 (PP. 23, 43)
René DeumsrÈnp et Nicolas Morns
STRATÉGIE ET PROJETS D'INVESTSSEMENTS : POUR UN PILOTAGE PAR PROCESSUS
28
geuse du moment à une suatégie d'intégration de la source d'énergie âu processus de production,
permeftant' par une évolution technique, d'approcher I'optimum énerçtique mais en se concen-
trant sur une seule source (électrique).
t 1.4; synrhèse
Plusieurs éléments ressortent de ces différents Eravar.rx.
- Le seul critère de rentabilité ne suffit pas à rendre compre de la diversité des facteurs considé-
rés lors d'un choix d'investissement :
' les critères ophationnels (exemples : gain de productivité, de délai, de qualité) sonr imporranrs ;
ils sont à la source des calculs de rentabilité; ils permettent ensuite d'assurer un suivi des résultats
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effectivement obtenus lors de la mise en æuvre du projet ;
' l'apport d.e linuestissementàle réalisation des objectifs stratégiques de l'entreprise esr essentiel;
c'est Par un raisonnement stratégique que I'entreprise vise à assurer sa pérennité et sa rentabilité à
long terme ; il convient donc de s'assurer de la cohérence des prorers d'investissements vis-à-vis des
objectifs stratégiques ; ceux-ci conduisent à privilégier des critères qui peuvent différer selon les acti-
vités (exemple: sur un domaine d'activité stratégique la maitrise des cotts sera essentielle, sur un
autre ce sera la flexibilité, la réactivité et le respec des délai$.
- Un raisonnement effectué projet par projet est insuffisant: de nombreux projets appartien-
nent à des programmes d'investissement. Leur rentabilité, leurs résultars riapparaissent que si l'on
prend en comPte les synergies existant entre ces différents projets, la meilleure coordination qu'ils
Permettent d'établir entre acteurs de I'entreprise et parfois aussi de son environnemenr (fournisseurs,
acheteurs, etc.).
- La dimension temporelle est essentielle pour une bonne gestion des investissemenrs : l'évalua-
tion d'un projet à un moment donné, dans un contexte d'incertitude, doit être complétée par une
appréciation du caractère réversible ou non de la décision prise ainsi que par la prise en compte des
possibilités d'acquisition d'informations complémentaires qui sont offertes (exemple: mise en place
d'une expérimentation locde, stratégie consistant à ( payer pour voir ,).
Mais, au-delà de ces éléments, plusieurs questions demeurent : Comment relier pratiqaement une
stratégie gbbale d'entreprise aux rnubiples prEett étudiés dans ses difhentes entités ? De quelle
façon, à
quel niueau et Aaec quelles étapes temporelles organiser Ia rencontre ?
Telles sont les questions que nous allons aborder en développant une proposition de méthode
puis en examinant un cas de mise en æuvre de ce type d'approche.
IJexpression de la stratégie d'une entreprise est généralement composée de plusieurs éléments: une
segmentation en domaines d'activité stratégiques (DAS), la détermination des avanrages concurren-
t,
2.2. ... s'appuyant sur lanalyse de processus...
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Pour cela, différentes entreprises ont recours à l'analyse de processus. Un processus peut être défini 3
comme un ensemble d'activités, reliées entre elles par des échanges de produits ou d'informations
ayant une même finalité et contribuant à la réalisation d'une même prestation fournie à un client
interne ou externe à l'entreprise (Lorino, 1991).
La représentation d'une entreprise comme ensemble de processus permet alors de déployer de
façon cohérente la stratégie sur les différentes activités : chaque processus est examiné en fonction
des contributions qu il peut âpporter à la réalisation des objectifs sûatégiques. Ce sont ces contribu-
tions qui constituent alors les objectifs de chaque processus.
Processus et stratégie
Objectifs stratégiques
Objectifs du processus
Le découpage préalable de l'entreprise en processus résulte à la fois d'un constat de ce que sont
les principales interrelations entre activités pour réaliser un même produit ou prestation et d'une
volonté de mettre en avant des coordinations nécessaires, compte tenu des enjeux stratégiques de
l'entreprise, en particulier des principales interFaces qu elle entretient avec ses clients (par exemple,
un enjeu fort en terme de respect des délais de livraison amène à identifier un processus de planifica-
tion de la production).
Certains processus peuvent être spécifiques à un domaine d'activité sûatégique, d'auûes
communs aux différents domaines (exemple : un processus de gestion de l'immobilier).
2.3.
Cette représentation de l'entreprise comme ensemble de processus va nous servir pour aborder la
question des liens entre projets individuels d'investissements et stratégie d'ensemble.
Projets et stratégie
0bjectifs stratégiques
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.@,
En effet, l'introduction d'un niveau intermédiaire le processus et le déploiement de la stra-
tégie à ce niveau permettent à la fois : - -
1) d'aidcr à choisir bs processus à améliorn m priorité. Vue de la direction d'une grande entreprise,
la sélection de multiples projets d'investissements est une tâche délicate a (nous le verrons en parti-
culier dans le cas développé par la suite) ; raisonner sur un niveau intermédiaire le processus
-
est utile pour définir des priorités et décentraliser paftiellement les choix : compte- tenu de la straté-
gie, quels processus doivent être améliorés et en quoi doivent-ils l'être ?
2) dc considlrer les synergies ou incompatibilités, les priorités mtre projets ald.nt un irnpact sar un
mê?ne processul Il s'agjt là de dépasser une vision considérant l'impact marginal de chaque projet
(avec éventuellement des hypothèses incompatibles) pour considérer I'impact global d'un ensemble
de projets ;
3) dz disposer de titères d'êualuation colthmts auec k stratégie et permeffant d'identifier I'apporr
d'un projet à I'amélioration d'un processus. (ffschéma ci-contre.)
Le déploiement de la stratégie au niveau de chaque processus et l'identification des contributions
attendues de chaque processus à la réalisation des objectifs stratégiques nous donnent des critères
permettant d'évaluer et de comparer les différents projes d'investissements visant à améliorer les
performances du processus. Ils permettent ainsi de relier de façon cohérente les objectifs stratégiques
globarx et l'évaluation des projets locaux d'investissements.
Exernple: Un investissement dans une base de données clients facilitant le processus de vente à la
clientèle de particuliers peut être évalué au regard de ce qu'il appofte vis-à-vis des objectifs d'un tel
Processus :
Objectifs stratégiques
Objectifs du processus
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Pnorm
Année N
Décembre
Plan directeur
Programme d'action
informatique (projets de l'année N + 1)
PDI
Budget N + 1
N+l/N+5
t
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Reporting mensuel
- Réalisation du plan de projets
- Consommation du budget
(*) Ces Comités Organisation et Informatique (une quarantaine par an) permettent aux informaticiens de
pr&enter formellement leurs projets et solutions techniques aux utilisateurs, qui peuvent alors réagir et (théo-
riquement) prendre la décision finale. De plus, une fois par an, pour la préparation du PDI, chaque division
bancaire doit communiquer à la DI une synthèse de ses besoins et de ses priorités en terme d'informatisation.
En pratique, les interactions entre informaticiens et banquiers sont permanentes : pour les projets significatifs,
un maltre d'ouvrage de la direction utilisatrice demandeuse est en effet désigné et collabore avec un malûe
d'æuvre informatique, qui appanient en général à I'une des divisions applicatives. Dans les faits, le rôle de ce
ma1ûe d'æuvre est souvent prépondérant, notamment parce qu il peut s'appuyer sur des organisateurs
bancaires appartenant à laDI et qu il a souvent lui-même une très bonne connaissance du métier en question.
Cene fone influence est particulièrement perceptible lors des COI : la DI est souvent à I'initiative des projets
et dispose de compétences qui lui permenent de o guider o les choix des utilisateurs.
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mt!ru [!!!![ !!rurl !mrul
1. Recensement, chiffrage et planification des projets
au sein de chaque secteur pour les cinq années du plan
À terme (pour l'année), cette saturation est précisément documentée: chaque projet de
"ourt
plus de 25 mois/homme (etlou impliquant une dépense d'au moins un million de francs) est evalué
par une étude de rentabilité détaillée. Ces dossiers standardisés comprennent une description du
pro;et, des précisions techniques sur ses fonctionnalités et son intégration dans l'ensemble du
rystème de la banque, et un calcul de rentabilité (planning, coûc, bénéfices, payback, TIR, etc.).
Bien que de nombreux projets démarrent âvant que ces études n'aient été réalisées et validées par les
COI, elles apportent tout de même un éclairage assuz précis sur l'encours, ce qui peut être retardé,
annulé ou engagé. Compte tenu de la complexité des données et de la multiplicité des enjeux, deux
critères dominent en fait la prise de décision : premièrement, les cotts induits par le projet directe-
menr au sein de la DI (qui peuvent notablement différer des coûts induim dans I'ensemble de l'en-
ueprise...) et, deuxièmement, la pression exercée par le client interne ou externe. Compte tenu de la
difficulté et du cott de collecte des données, les critères financiers ou techniques objectifs jouent un
rôle mineur.
Passé la première année, l'expression de cette sanrration est beaucoup plus floue. Iiapproche
consistant à empiler les projets conduit inévitablement à des questions du rype u læ projet X
consommera-t-il 160 ou 200 mois/h en 1998 ? > Pratiquement, ces questions sont non seulement
techniquement insolubles (technologies instables, spécifications inconnues, interdépendances
complexes, etc.), mais aussi économiquement impossibles à traiter (durée de I'analyse, cott prohi-
bitif de l'information obtenue). Le chiftage des projets à moyen terme n'a donc que peu ou pas de
valeur pour la planification. Finalement, celle-ci dest alors qu'un long inventaire (500 projets en
moyenne), précis à court terme et très flou à moyen terme. Ayant certes I'avantage de laisser d'im-
portanres marges de manæuvre au directeur informatique, cela reste très frusuant à la fois pour lui
(l'énergie dépensée semble asssz peu producdve) et pour les utilisateurs (quelles que soient leurs
demandes, la réponse est < Nous ne pouvons pas le faire cette année, nous sommes déjà débordés n).
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sont particulièrement liés dans le domaine informatique du fait de la longueur des cycles de déve-
loppement et du poids de I'héritage technique.
- la première a consisté à < resserrer la vis o en utilisant avec plus de rigueur les systèmes exis-
tants. Habirués à ne consommer en moyenne que 80 %o de leur budget annuel, les responsables
d'unité furent privés du mécanisme classique de provision et de report d'une année sur I'aurre des
moyens non dépensés. Chaque nouvelle demande de ressources devait être soigneusement argumen-
tée. I.a compression des budgets à coun terme et les restrictions d'engagemens, parfois bruales
pour le moyen terme 5, ont considérablement amélioré la visibilité de la direction sur les possibilités
d'arbiuages des projets, de négociation avec les fournisseurs et de réduction des frais généraux ;
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investissements ou des frais généraux de + 20 7o d'une année sur I'autre est inimaginable.
Fondamentalement, la réforme visait à intégrer les spécificités de I'activité informatique et à
structurer le système de planification afin de couvrir deux besoins : premièrement, garantir la cohé-
rence entre la stratégie de l'entreprise et la stratégie informatique (exprimée au travers du PDI) et,
deuxièmement, s'assurer du fait que les allocations de ressources correspondent réellement aux
orientations définies. Uidée fut donc d'inverser la procédure de planification, iest-à-dire de partir
du haut et d'organiser la procédure de déploiement de la stratégie autour des principau( processus
de la banque. læ but est de sortir du cercle vicieux recensement/évaluation/négociation et de se
concentrer sur le contour des principales u boltes noires, les processus çqn1snan1 ds
nombreux prorets, déjà partiellement identifiés, qui seront affinés- et discutés -au cours d'autres
phases de la procédure plan/contrôle (notamment au moment des COI et du plan de projets
annuel). Avant de faire de u I'empilage, de plans d'action locaux, mieux vaut tracer quelques
grandes lignes, définir une cible par rapport à des enjeux stratégiques.
'|
. Définition des principaux processus
et allocation d'enveloppes de ressources
en fonction des priorités stratégiques
de la banque
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IJorganisation de la direction informatique, notamment toute sa partie applications, était juste-
ment découpée en fonction des services offerts aux clients finaux. Structurellement, chaque division
applicative fiffss, Moyens de paiement, Activités de marché, etc. est à la fois responsable du
- -
service technique au client find et des traitements permettant de le produire et liant souyent un
grand nombre d'unités internes : par exemple pour les Titres, la saisie en agences ou par Minitel des
ordres de bourse, les éditions au centre de uaitement national, les rransmissions sur les réseaux de
télécommunication externes nationaux, la relation avec le système de place boursière, etc. Il parut
donc évident de retenir comme processus clés les regroupements de chaines de traitements informa-
tiques tranwersales, correspondant ici, sur le plan organisationnel, aux divisions applicatives de la
DI. Lensemble des aspects strictement techniques (sites centraux, télécoms, systèmes d'exploitation,
etc.) fut simplement regroupé dans un processus u Infrasuucture , destiné à apporter ses services aux
clients internes précédena.
2) Dfinir lzs priorités par ?rocessas ?our I'borimn du pkn mfonction dc k stratégie dz I'mneprise
Ceci fut facilité par l'existence d'un plan stratégique triennal réalisé par la direction générale et
décrivant les orientations stratégiques de la banque par grands types de services (banque de gros,
actiyité de marché, clientèle particuliers, etc.). Tbois critères furent utilisés: un critère financier
(degré de rentabilité), un critère commercial (importance du processus du point de vue du client) et
un critère technique (investissements nécessaires pour améliorer applications et infrastructure). Bien
que très simplistes, ces critères permirent réellement d'enrichir et de structurer les échanges entre
responsables informatiques. læ groupe de travail sur le PDI comprenait le directeur informatique,
ses deux adjoints, le secrétaire général et le chef de la division chargée de la mise en æuvre des
systèmes (installation des matériels en agence, formations, définition des procédures, etc.). Concrè-
tement, le ravail se fit en deux étapes. l.a première, réalisée individuellement et sans aucune discus-
sion avec ses collègues, a consisté à noter chaque processus selon les trois critères. Thois niveaux de
notes étaient possibles pour chacun : fort, moyen, faible (exemple : le processus Activités de marché
présente une faible rentabilité, est moyennement important du point de vue commercial et suppose
de très fons investissements sur l'horizon du plan). La deuxième étape a consisté à partager les
appréciations personnelles de chacun avec le groupe et à argumenter de façon à aboutir à un
compromis représentant la vision de la DI. On comprend bien ici que la valeur ajoutée de la
démarche vient davantage de l'explicitation et de la négociation de connaissances et de jugements
implicites que du chiffrage précis d'un critère.
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les enuehppes de ressources par processus pour I'horizon du plan directeur informatique
Cette étape repose sur l'utilisation pendant la réunion d'un modèle de simulation sur tableur afin
d'élaborer et de tester différents scénarios. Ces calculs ont pour fonction de révéler les incohérences
entre scénarios et de sffucturer leur résolution. Sans reprendre en détail le schéma logique
(y' graphique page suivante), un point imponant à noter est le type d'ajustements entre allocations
prévisionnelles par processus et cadrage des moyens que le modèle structure : les u premières
boucles o (en bas à droite du graphique) supposent une recombinaison des moyens dans le temps,
par exemple par un travail sur différents scénarios techniques, mais sans remise en cause de l'enve-
loppe de chaque processus; les u deuxièmes boucles > portent sur la remise en cause des priorités
stratégiques que le cadrage central ne permet pas de respecter. Pratiquement, cette déconnexion
répartition de I'effordpriorités stratégiques fut très stimulante.
6) Rendre cohérents les arbitrages court terme (budget et ?rograrnme d'action annuel) et long terrne
(mueloppes PDI et dlcisions dÊs COI)
C'est une valeur ajoutée importante de la démarche. Il s'agit de s'assurer du fait que les orienta-
tions définies dans le PDI se traduisent par les bonnes allocations de ressources et les développe-
ments escomPtés.
",
3.5'; r Une réforme profitable mais difficile
l,a première année, les principes décrits plus haut se traduisirent par la construction d'un prototype
de plan pour les divisions applicatives, qui fut proposé aux dirigeants de la DI mi-mai, c'est-à-dire
au beau milieu de la procédure d'élaboration du nouveau PDL IIs acceptèrent immédiatement
I'idée. Le modèle ci-dessus servit à imaginer et à tester différents scénarios d'investissements, qui
furent présentés au président de la banque fin juin. Une réaction significative émergea de cette
réunion : ( pour la première fois, les membres du Comité de Direction eurent le sentiment de se
voir proposer de réelles alternatives et de retrouver dans les scénarios diftrentes expressions des
orientations stratégiques ,. Lors de la deuxième et de la troisième année, cette procédure fut affinée
et élargie aux activités d'infrastructure. Depuis, certains responsables ont changé de ônction, I'orga-
nisation a été remodelée à plusieurs reprises, les outils et modèles proposés initialement ont été
abandonnés ou sophistiqués, mais un élément structure toujours profondément la procédure de
planification: la gestion du portefeuille de projets et l'allocation des ressources selon (à peu de
choses près) les mêmes processus.
Cadrage Décisions
du contrôle des responsables
de gestion central informatiques
Saisie du ooids
de chaque processus
au cours de l'année N
(en % du total moislh)
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de référence de planification :
de chaque processus
- définition des priorités
pour la période évolution par groupe
'N+'lllrl+5 -
de priorités
(o/o du total)
I
Hypothèse de moyens :
enveloppe totale ^I
I
de mois /ir Calcul de l'enveloppe
(évolution de l'effectif de chaque processus Deuxièmes boucles
de la direction pour la période
(sil'annulation
informatique N+1/N+5 des écarts
et du budget (moislh) est impossible
d'assistance extérieure avec les premières)
deN+1àN+5)
Calcul de la répartition Répartition théorique
de l'enveloppe de l'effort
de chaque processus (o/o du total par année)
Scénario réaliste
d'affectation des moyens
du plan en enveloppes
pluriannuelles
par processus
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le chiffre d'affaires supplémentaire généré, les améliorations de services doivent autant que possible
être chiftés.
Dans ce cas précis, ces données quantitatives furent organisées selon trois axes : commercial,
financier et technique. Pour l'articulation entre stratégie et processus, la maille d'andyse peut être
assez grosse (d'oir l'utilisation de seulement trois niveaux de note sur chaque dimension). En
pratique, la tentation de complexifier ces critères est dangereuse: compte tenu des caractéristiques
techniques des phénomènes en jeu, beaucoup de temps et d'énergie peuvent être perdus inutilement
sur certains aspects du problème (typiquement les frais généraux, les dépenses de personnel), alors
que des incertitudes fondamentales demeurent sur d'autres (technologie, marché). Lattention des
responsables risque d'être détournée des vrais enjeux et d'une indispensable vision d'ensemble. En
rwanche, au niveau de chaque processus, la réalisation d'érudes de rentabilité des projets significatifs
et la définition de critères plus précis permettent d'affiner considérablement l'analyse sur des bases
crédibles et en rapport avec les critères stratégiques globaux. Cette recherche d'équilibre entre objec-
tivité, simplicité et réalisme aux différents niveaux du système de pilotage s'avère extrêmement diffi-
cile aussi bien au niveau des projets que des processus.
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niveau: les contraintes techniques cofiununes permettent des ajustements locaux efficaces, qui ont
I'avantage de ne pas remettre en cause l'ensemble du plan. De plus, les processus étant beaucoup
plus stables dans le temps que les projets élémentaires, raisonner à ce niveau consolide I'effort de
planification. Ainsi, une façon de retrouver des marges de manæuvre dans l'allocation des ressources
consiste à décliner les priorités stratégiques sur les processus et à leur allouer les enveloppes de
ressources correspondantes. La nature de ces procédures et enveloppes est déaillée ci-dessous,
l'accent étant mis sur le rôle de la modélisation.
Pour gérer ces priorités stratégiques et ces enveloppes de moyens, un modèle esr essenriel.
Comme cela a été expliqué, son aspect mécaniste est très limité. Sa fonction esr avanr rout de révéler
les incohérences dans l'emploi prévisionnel des ressources. Simples et transparents pour les acteurs
concernés, les calculs ne servent qu à guider et enrichir les discussions dans une perspective de
compromis. Par exemple, les boucles de traitement des écarts entre besoins et ressources permettent
de reconcevoir I'articulation des développements dans le temps sans remettre en question les priori-
tés définies. Loin d'être artificielle, cette déconnexion intègre les irrégularités des rycles d'investisse-
3) Fauoriser I'intégration dzs dffirentes cornposantes du systèrne d.e pilotage a.utour dzs objectif
stratégiques
Cette intégration est facilitée par la couverture exhaustive de I'organisation que l'approche
procure. Dans les systèmes d'empilage, il apparalt que, même lorsque des centaines de projets sont
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identifiés et plus ou moins analysés, l'effort de prospective est très inégalement réparti. Certains
domaines sont régulièrement décortiqués, tandis que d'autres sont presque ignorés. Décliner la stra-
tégie sur les processus permet d'appliquer de façon homogène les mêmes critères de performance à
l'ensemble de l'organisation. Passé ce stade, le bouclage entre les composantes du pilotage peut
prendre plusieurs formes : I'allocation des ressources pendant les COI peut être vue comme la
consommarion des enveloppes définies dans le plan, le chiffrage du budget peut être vu comme I'ap-
profondissemenr de la première année du plan, etc. Âutre élément important, traiter les nombreuses
interdépendances techniques locales à un niveau pertinent le proces
réduit la n pollution ,
de I'ensemble du système de pilotage par des contraintes marginales. Le
-
pilotage central doit en effet
principalement se concentrer sur les interdépendances majeures, c'est-à-dire celles concernant simul-
tanément plusieurs processus.
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