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l’éthique analytique, qui invente sept monologues de patients dans sept salles d’attente
de psychanalystes !
Le roman est construit comme une série où chaque chapitre est un épisode de la vie d’un
sujet lors d’une semaine glaciale de février 2018. L’auteure nous introduit dans ce
moment si particulier, « un temps suspendu où se dévoile un pan de la vie de chacun »(4).
Monologue de pensées pris dans un discours à soi-même où les associations fusent. Cette
attente avant une séance est singulière, elle a peu de point commun avec l’attente
amoureuse de l’être aimé si bien décrite par Roland Barthes dans Fragments d’un
discours amoureux(5). En deçà de l’arrivée de l’analyste, de quoi s’agit-il ? Il est bien
question de l’amour, mais c’est un amour qui s’adresse au savoir, une recherche de vérité.
Le fil rouge du roman tourne autour d’« une histoire de folie ordinaire »(6). Une femme
est morte, peut-être tuée par son mari qui a perdu la mémoire. Chaque analysant
deviendra alors l’inspecteur imaginaire, traquant l’inconscient supposé du meurtrier. A
travers ces fins limiers le récit fait résonner la phrase de Lacan « tout le monde délire
»(7). C’est-à-dire que chaque parlêtre, au un par un, trouve une solution particulière face
au réel auquel il est confronté, quelle que soit son organisation psychique.
Ce nouveau livre est un bijou de psychanalyse, vous y trouverez des trésors de vérité.
L’écriture est toute en douceur, délicate, subtile, extrêmement précise. Certaines phrases
ont valeur de coupure, elles forment un dire(8), deviennent extimes au récit de la petite
histoire que se racontent les analysants. Ça résonne en vous, l’auteure a touché juste, en
plein dans le mille ! On rit, on est ému, interloqué, suspendu aux vérités que recèlent les
mystères de l’inconscient.
Monologues de l’attente est une invention en lien avec la modernité de l’époque. A l’ère
de l’exigence des preuves visibles, cette analyste construit une fiction qui démontre que
« la vérité a structure de fiction »(9). L’auteure est une hérétique au sens Lacanien. C’est
en partant de Jacques Lacan qui a balayé la norme de l’universel œdipien, avec son
dernier enseignement, en prenant appui sur Joyce, qu’Hélène Bonnaud n’hésite pas,
dans ce temps d’outrepasse(10), à en revenir à une construction imaginaire qu’elle utilise
aujourd’hui pour transmettre quelque chose du discours analytique, qui touche au réel.
Comme l’a bien entendu Nathalie Jaudel(11) lors d’une présentation de Monologues de
l’attente à la librairie l’Acacia, la psychanalyse est cause du désir de ce premier roman.
En vente sur ecf-echoppe>
(1) Bonnaud H., L’inconscient de l’enfant, du symptôme au désir de savoir, Paris, Navarin,
2013.
(2) Bonnaud H., le corps pris aux mots, ce qu’il dit, ce qu’il veut, Paris, Navarin, 2015.
(5) Barthes B., Fragments d’un discours amoureux, Paris, Seuil, 1977.
(7) Lacan J., Lacan pour Vincennes !, Onicar !, n°17/18, printemps 1979, p. 278.
(8) Lacan J., « L’étourdit », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 449.
(9) Lacan J., « Lituraterre », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p.11.
(10) Miller J.-A., « l’Un tout seul », enseignement prononcé dans le cadre du département
de psychanalyse de l’université Paris VIII, mai 2011, inédit.
(11) Psychanalyste de l’École de la Cause freudienne.