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5 réglages

indispensables à
faire sur votre reflex
Un guide offert par le site Auxois Nature

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Régler son reflex : 5 choses
à faire absolument

Pendant les festivals de photos, ou sur les forums, ce sont bien souvent les

mêmes questions de la part des débutants : « mais comment as-tu réglé

ton reflex pour réaliser cette image ?« . Régler son reflex … comme si cela

était un secret bien gardé. Les fameux réglages sans lesquels l’image aurait

été impossible …

IMPORTANT – cet article a été rédigé par Fabien


Gréban. Photographe animalier professionnel, c’est lui qui
s’exprime dans cet article.

Avec un peu de pratique, on se rend compte finalement que les réglages

sont certes importants, mais c’est surtout l’art du positionnement par

rapport au sujet qui fera la différence. Tout comme l’œil du photographe,

capable d’imaginer du premier coup certaines compositions audacieuses.

Cependant, les réglages du boîtier sont bien à la base de l’art de la

photographie, on est d’accord. Il est donc nécessaire de les maîtriser

parfaitement pour oublier la technique et se consacrer uniquement à

l’image.

Je vais donc essayer ici de vous expliquer ma façon de régler mon boîtier

reflex pour réaliser mes photos animalières. Mes réglages suivent une suite

logique, définie par le type d’image que je recherche. Il y aura bien sur de

nombreuses autres façons de faire, cependant mes choix ne sont pas issus

du hasard. Je tenterai ici de vous les expliquer.


I/ Choisir le bon Mode

Pour régler votre boîtier, vous aurez le choix entre 4 modes différents :

le mode manuel M

le mode priorité à l’ouverture A ou Av

le mode priorité à la vitesse S ou Tv

le mode programme P

En photo animalière, je conseille vivement l’utilisation du mode priorité à


l’ouverture A. Pourquoi ? Et bien, parce que ce qui m’intéresse dans la
photo, c’est la réalisation d’images esthétiques, c’est à dire le plus souvent

la gestion de la profondeur de champ, et donc la gestion de l’ouverture de

votre objectif.

Mais pourquoi ne pas utiliser alors le mode manuel M ? Le mode manuel

permet aussi la gestion de l’ouverture, mais demandera également de gérer

la vitesse de votre boîtier. Or, en photo animalière, le photographe a besoin

d’une grande réactivité, je préfère donc utiliser un mode semi-automatique,

où je choisis l’ouverture et où je laisse le boîtier gérer la vitesse afin

d’obtenir une bonne exposition.

Imaginez que vous photographiez un oiseau en vol. Dans son parcours,

l’oiseau pourra passer devant un ciel lumineux ou devant une forêt sombre

en moins d’une seconde. Le mode semi-automatique priorité à l’ouverture

permettra un ajustement automatique de la vitesse de déclenchement pour

vous permettre de réussir les images dans les deux situations.

Alors qu’en mode manuel, vous devrez ajuster vous même la vitesse, tout en

suivant l’oiseau en vol, régler le cadrage, sans oublier de déclencher …

Mais attention, je n’ai pas dit de ne jamais utiliser le mode manuel. Je

conseille juste de mettre par défaut sur votre boîtier le mode A, il vous

permettra de réaliser la grande majorité de vos images.

J’utilise parfois le mode manuel, pour régler une exposition qui sortira des

standards (par exemple, une très forte sous-exposition). J’utilise aussi le


mode manuel quand j’attends le passage d’un animal dans un endroit

précis où la lumière sera difficile à gérer. J’anticipe donc la venue de mon

sujet en réglant mon boîtier au préalable. Ainsi, je gagne quelques

précieuses secondes qui parfois font la différence.

Par exemple, sur la photo de bouquetin ci-dessous, j’ai utilisé le mode

manuel. Il était difficile de réaliser une mesure spot sur la zone lumineuse,

celui-ci étant très étroite. J’ai donc réglé mon boîtier en mode manuel (avec

un peu d’expérience, on y arrive sans problème), et j’ai attendu que le

bouquetin prenne une position photogénique (Nikon D300, 300mm F4,

mode M, F/8, 1/400s, 500 iso).


Le mode priorité à la vitesse (mode S ou Tv) est aussi un mode intéressant.

Dans de nombreuses situations, la vitesse est un élément clé : pour figer un

mouvement ou à l’inverse pour réaliser un flou de mouvement qui peut être

très esthétique. Cependant, je n’utilise jamais ce mode, lui préférant le

mode A. J’assure alors le réglage de la vitesse grâce aux ISO, tout en


maîtrisant la précieuse ouverture.

Enfin, le mode P est un mode très particulier. J’avoue ne jamais avoir

vraiment compris son intérêt … Je n’en parlerais donc pas ici.

II / Bien régler son ouverture

L’ouverture conditionne la quantité de lumière qui arrive sur la capteur,

l’ouverture a donc une incidence directe sur le temps de pose. C’est un

paramètre important, qu’il faut toujours garder à l’esprit. Mais surtout,

l’ouverture impacte la profondeur de champ, paramètre extrêmement

important si vous êtes à la recherche de photo esthétique.

Le plus souvent, en photo animalière, on cherche à mettre le sujet en


valeur. Une faible profondeur de champ permet cela : un sujet net dans un
décor flou.

Par exemple sur la photo de blaireau, j’ai ouvert mon diaph au maximum

pour flouter l’arrière plan qui pouvait être trop présent à mon goût. Ainsi,

seule la tête du blaireau est nette sur l’image, le mettant parfaitement en

valeur (D810, 500mm F4, mode A, F/4, 1/2500s, 500 iso).


Mais attention, la profondeur de champ dépend en effet de votre réglage,

mais aussi de la longueur focale de votre objectif et de la distance de mise

au point. Vous pouvez utiliser différents petits logiciels en ligne qui

calculent la profondeur de champ selon ces paramètres :

www.35mm-compact.com

Ainsi, vous pourrez voir qu’à pleine ouverture, à la distance minimale de

mise au point de votre télé-objectif, la profondeur de champ sera très

faible, souvent même trop faible.

Prenons un exemple : avec mon matériel (Nikon D810 + 500mm


F4), si je photographie une hermine à 5 mètres de moi avec une
ouverture à F4, la profondeur de champ sera de 2 cm !!!!

Dans ce cas, la moindre erreur de mise au point (m.a.p) ne pardonnera pas,

et même avec une m.a.p parfaite sur l’oeil, la tête de l’hermine ne sera pas

entièrement nette. Ainsi, le plus souvent, lorsque la belle hermine est proche
de moi, je ferme le diaphragme à f/8, ce qui augmente ma profondeur de

champ à 4,3 cm. Cela reste faible mais me permet d’obtenir une zone de

netteté suffisante comme sur l’image ci-dessous (Nikon D800, 500mm F4,

mode A, F/8, 1/2000s, 500 iso).

Vous remarquerez que malgré l’ouverture à F/8, le premier plan et l’arrière

plan sont ici très flous, mettant bien en évidence l’hermine. En effet, la

distance de mise au point étant ici très faible, la profondeur de champ l’est

donc également.

En résumé, par défaut je règle mon boîtier en pleine ouverture. Mais il y a


toujours de nombreuses exceptions, notamment quand j’ai besoin d’une

profondeur de champ un peu plus importante, comme dans l’exemple de

l’hermine, ou quand je souhaite mettre aussi le paysage en valeur, en plus

du sujet, comme sur la photo de chamois suivante (D800, 70-200mm F2,8 à

86mm, mode A, F/8, 1/800s, 800 iso).


Sur cette dernière image, le paysage apparaît net, en plus des chamois,

car :

la focale utilisée est assez courte (86mm), dans ce cas, j’ai naturellement

une grande profondeur de champ

la distance de mise au point (sur les chamois) est très grande, ce qui

augmente aussi considérablement la profondeur de champ

enfin, l’ouverture à F/8 augmente encore d’avantage l’étendue de la zone

de netteté.

III / Bien gérer son exposition

Avec le mode A, j’utilise deux types de mesure de lumière :

la mesure matricielle

la mesure spot

La mesure matricielle réalise une mesure moyenne de luminosité de votre

image. Cette mesure convient parfaitement pour les endroits peu


contrastés, là où la lumière est homogène, comme en prairie par exemple.

La mesure spot réalise une mesure de lumière ponctuelle, ainsi l’exposition

de votre image (et donc le temps de pose) sera ajusté par votre boîtier en

fonction de cet unique point de mesure.

Je vous laisserais prendre connaissance des spécificités de la mesure spot

selon la marque de votre boîtier (Canon et Nikon ont des différences

notables dans l’utilisation de la mesure spot).

Il est également possible de travailler tout le temps en mesure matricielle et

d’ajuster la luminosité de votre image avec la balance des IL. Mais

personnellement, je préfère utiliser la mesure spot dans les zones très

contrastées (en forêt par une journée ensoleillée, par exemple).

Pour réaliser cette photo d’écureuil, j’ai utilisé la mesure spot. En effet,

étant à contre-jour, il y a ici un fort contraste de luminosité. J’ai donc réalisé

la mesure de lumière sur la partie la plus lumineuse de l’image, le fond flou

de forêt au soleil (D800, 500mm, mode A, F/5,6, mesure spot, 1/500s, 1600
iso).

J’utilise tout de même parfois la balance des IL pour apporter une

correction à la mesure de lumière réalisée par le boîtier, dans deux cas

précis :

dans les paysages enneigés, je sur expose (+0,7 IL en moyenne) pour

obtenir une neige bien blanche.

dans les ambiances crépusculaires, je sous expose (- 1 à -3 IL) pour donner

à mon image cette ambiance de fin de journée. Sans cette correction,

l’image aurait une luminosité comme si la scène était en plein jour.

IV/ Et les ISO (la sensibilité) ?

Plus les ISO sont bas, plus la qualité de l’image est au top. Mais plus les ISO

sont bas, plus le capteur à besoin de lumière pour réaliser son image, et

donc le temps de pose est plus important.

Ainsi, par défaut on règle les ISO au minimum (100 ou 200 iso selon les

boitiers), on vérifie le temps de pose calculé par le boîtier et on ajuste

les ISO pour augmenter la vitesse si nécessaire.

En animalier, j’essaie d’avoir une vitesse minimum de 1/500s pour la photo

de mammifère et une vitesse de 1/2000s pour un oiseau en vol. Mais les

conditions sont rarement optimales …

V/ Choisir le bon mode Auto-Focus

Le choix du mode auto-focus est assez simple.

Si le sujet est statique, on peut utiliser l’auto-focus statique (AFS / one

shot). Ce qui permet d’utiliser le collimateur central, plus précis, sans oublier

de décentrer le sujet pour soigner votre composition. En mode AFS, j’utilise

un unique collimateur, ce qui me permet de choisir précisément où faire la

m.a.p (sur l’oeil du sujet par exemple).

Si le sujet est en mouvement, il faut utiliser l’auto-focus continu (AFC / AI

servo). Dans ce cas, il faut utiliser les collimateurs latéraux pour réaliser une
composition optimale. Suivre un sujet en déplacement n’est pas facile. Pour

faciliter le suivi, j’utilise le plus souvent 9 collimateurs.

VI/ Régler son reflex : Bilan

1- choisir le bon mode : mode A ou mode M selon les situations

2- choisir l’ouverture selon la profondeur de champ voulue (grande


ouverture pour un décor flou par exemple F/4, ou petite ouverture du

diaphragme pour mettre en valeur le paysage, par exemple F/8 ou F/11).

3- choisir le mode de calcul de l’exposition : pour une lumière homogène,


utiliser la mesure matricielle. Pour une lumière très contrastée, utiliser la

mesure spot.

4- ajuster les ISO pour avoir la bonne vitesse : vérifier la vitesse, et l’ajuster


avec les ISO selon les besoins de votre sujet (1/2000s pour un oiseau en vol,

1/500s pour un renard en maraude, …)

5- choisir le bon mode autofocus : AF-C / AI-SERVO pour un sujet en


mouvement et AF-S / ONE SHOT pour un sujet statique

VII/ Exemples de réglages de reflex

Je vous propose ici quelques exemples d’images, en expliquant les réglages

utilisés.

Exemple 1 :
Boitier : Nikon D800

Objectif : Nikon 70-200mm f2,8 réglé à 75mm

Mode : A pour gérer la profondeur de champ


Ouverture : F/8 car je souhaite obtenir le bouquetin et les arbres en arrière

plan nets

Mode d’expo : mesure spot car scène en fort contre-jour, avec mesure spot
sur le ciel. Correction d’expo de -0,7IL pour rentre l’atmosphère plus

sombre.

ISO : réglé à 500 ISO me permettant d’obtenir une vitesse de 1/5000s


(j’aurais sans doute pu ici diminuer les ISO, je n’avais pas besoin d’autant

de vitesse).

Auto-focus : mode AFC car le bouquetin est en mouvement.

Exemple 2 :
Boitier : Nikon D810

Objectif : Nikon 500mm F4

Mode : A pour gérer la profondeur de champ


Ouverture : F5,6 pour flouter l’arrière plan (je n’ai pas mis F4 car les flocons

font diminuer le piqué de l’image, à F5,6 j’obtiens l’optimal en piqué).


Mode d’expo : mesure matricielle car scène avec une lumière homogène.
Correction d’expo de +0,7 IL pour rendre l’image plus lumineuse et la neige

bien blanche.

ISO : réglé à 500 ISO me permettant d’obtenir une vitesse de 1/800s


(vitesse suffisante ici car l’oiseau est posé sur la branche).

Auto-focus : mode AFS avec collimateur central car la mise au point est
difficile avec les flocons qui tombent entre le sujet et l’objectif.

Exemple 3 :

Boitier : Nikon D810

Objectif : Nikon 500mm F/4

Mode : M pour gérer la profondeur de champ et figer l’exposition avant le


passage très rapide de l’écureuil.

Ouverture : F/4 pour flouter au maximum l’arrière plan.


Mode d’expo : avant de passer en mode M, j’ai mesuré l’exposition sur le

fond lumineux de l’image avec la mesure spot en mode A.

ISO : réglé à 500 ISO me permettant d’obtenir une vitesse de 1/3200s


(l’écureuil court généralement à pleine vitesse sur cette branche).

Auto-focus : mode manuel, la mise au point est réalisée sur la branche


avant le passage de l’écureuil.
Pour voir d’autres photos que j’ai prises avec les réglages, rendez-vous dans

ma galerie des mammifères ou des oiseaux.


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