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DES MODÈLES DE PENSÉE CONSTRUCTIVE : LES LAURÉATS DU PRIX PRITZKER
Après la réalisation de quelques projets avec cette équipe, il fonde en 1967 Technology is not an end in itself »
le cabinet « Foster Associates », à Londres avec sa femme Wendy. Dès
1968, Foster est appelé à assister le célèbre architecte américain Richard Malgré l’avènement technologique de l’architecture, il ne s’agit pas d’une
Buckminster Fuller à la réalisation de travaux théoriques. La philosophie finalité dans l’architecture de Foster. Un autre projet marquera sa carrière
architecturale constructive et géométriquement organisée de M. Fuller in- lorsqu’il décidera de condenser la fonctionnalité du bâtiment dans son
fluencera grandement Foster dans sa pratique. Ils collaboreront ensemble enveloppe créant ainsi une interface entre l’intérieur et l’extérieur, lais-
sur les bases théoriques de projets environnementaux jusqu’en 1983, date sant à l’usager un plan libre à l’intérieur (Fig. 4). C’est donc dans le Sains-
où M. Fuller décéda. En 1972, il ouvre ses cabinets près de Battersea Bridge bury Center for Visual Arts (University of East Anglia, Norwich, 1976-77)
qui sont, aujourd’hui encore, le siège de « Foster + Partners » (Fig. 2). que l’espace sans colonne offre un environnement libre aux occupants et
fonctionne de façon bioclimatique. Le contexte social est encore une fois
1 Wikipédia - L’encyclopédie Libre, Norman Foster, Consulté le 11 no- valorisé par les avancées technologiques, permettant un meilleur confort.
vembre 2011. [http://en.wikipedia.org/wiki/Norman_Foster,_Baron_Foster_of_
Thames_Bank] 2 Philip Jodidio, (1997) Sir Norman Foster, Taschen, Cologne Fig. 6, www.fosterandpartners.com Fig. 7, www.fosterandpartners.com
milieu de sa carrière (Fig. 9) Une permis de créer un immeuble i Les citations proviennent d’une entrevue avec Sir Norman Foster, du livre des
efficace aux espaces intérieurs Fig. 11, www.fosterandpartners.com lauréats du prix Pritzker.
Fig. 9, www.fosterandpartners.com d’une immense qualité (Fig. 11)
Fig. 13, Norman Foster et le 30 St Mary Axe, tirées de 30 St Mary Axe A Tower for London, 2006 Le bâtiment du nom de Baltic Exchange, originairement situé sur le site,
En fait, l’homme derrière cet œuvre, Norman Foster, partage également portait le nom de son organisme. C’était à l’origine une entreprise qui se
cette même philosophie. Considérée comme étant essentielle, elle transpa- chargeait du transport en cargos, de l’achat et de la location de bateaux
rait dans ses projets. Parmi ses préoccupations, un bien particulier domine, ainsi que de la création de contacts avec l’équipe de Londres appelée Lon-
soit celle de la qualité de vie de ses occupants dans leur environnement don Shipping Exchange. Datant de la fin du 18e siècle, cette nouvelle asso-
de travail. À cela, il préconise les environnements lumineux, spacieux, ciation devint rapidement de très haut de gamme et le bâtiment construit le
flexibles, encourageant les interactions, favorisant la synergie et la mixité reflétait parfaitement. En fait, il était d’une valeur inestimable puisqu’il était
des différentes équipes tout en réalisant des espaces divertissants. Le tout devenu, depuis les années 90, un des derniers vestiges du style victorien
dans le quartier. Il a cependant été la proie des flammes du «Grand feu»3
1 Kenneth Powell, 30 St Mary Axe - A Tower for London, (2006),
page 11 : [...] to interact, exchange ideas, become a creative community. de 1666 et démoli en grande partie au début du courant postmoderne, à des Fig. 15: Façade principale du Baltic Exchange (à gauche), le hall du Baltic Exchange (à droite) et la
2 Ibid., page 32 : [...] the principle of sustainability, which, he says, is ‘‘ an fins de reconstruction. destruction du Baltic Exchange (au centre), tirées de 30 St Mary Axe A Tower for London, 2006
Fig. 16, Maquette de site, tirée de 30 St Mary Axe A Tower for London, 2006
Fig. 18, Photo de la ville de Londres, tirée de 30 St Mary Axe A Tower for London, 2006
L’ébauche présente alors une tour de 180 mètres de hauteur et 41 850
m2 d’aire de plancher net, sans compter les étages en sous-sol. Son or- avaient que pour le 30 St Mary Axe, l’histoire tumultueuse du Baltic Ex-
ganisation spatiale intérieure est très simple. Elle comprend en fait, une change était déjà de l’histoire ancienne. Le succès était phénoménal. Le
typologie de base qui se répète sur l’ensemble des étages, sauf peut-être nouveau bâtiment de la Swiss Re devenait alors une icône «de l’identité
sur quelques-uns bien particuliers. La typologie de base présente en plein nationale et du renouveau»4. Ils le surnommaient même «la septième mer-
centre du plan radial de la tour, le noyau de services communs et en péri- veille du monde»5. Qui plus est, le 30 St Mary Axe est non seulement deve-
phérie, un plan ouvert ponctué au pourtour par des atriums triangulaires Fig. 17, Coupe transversale avec en partie haute, le dôme (à gauche) et les plans du rez-de- nu un objet symbolique formel, mais aussi et tout autant une vitrine sur le
découpant les étages en sous-parties ayant comme vocation, l’aménage- chaussée, du 6e étage, 21e étage, 33e étage, 38e étage, 39e étage et 40e étage (à droite, de bas début d’une nouvelle ère de bâtiments écologiques.
en haut), tirées de 30 St Mary Axe A Tower for London, 2006
ment d’espaces à bureaux. En somme, la tour ne possède que deux plans 2 Ibid., page 216 : The building’s maximum circumference is only two meters less than its
height.
atypiques, soit le rez-de-chaussée comportant un espace commercial et les
En grisé sur la figure 17, notons le dôme en coupe et ses trois plans, et sur 3 Ibid., page 216 : There is only one piece of curved glass in 30 St Mary Axe - the lens at the
trois derniers étages formant le dôme à la cime de la tour. top of the building. 4
un fond blanc, en-dessous, le 30 St Mary Axe en coupe et quelques plans 4 Ibid., page 211 : [...] a great weight of symbolism about national identity and renewal.
1 Ibid., page 64. 5 Ibid., page 205 : [...] inclusion in a list of ‘‘ the seven next wonders of the world ’’ [...].
ARC-6021 - LA PENSÉE CONSTRUCTIVE EN ARCHITECTURE | Semestre A-11 4
C. INTENTIONS CONCEPTUELLES SOUS-JACENTES AU PROJET
Le 30 St Mary Axe est un bâtiment phare non seulement pour la ville de Une des inspirations principales pour La présence de magasins et d’un café anime la place
Londres mais aussi pour le travail de Norman Foster. Ce projet implique la tour Swiss Re est le Climatroffice publique qui à son tour améliore la vie urbaine du
plus de huit ans de travail et les intentions qui ont guidé la conception repré- sur lequel Foster avait travaillé avec le quartier. Norman Foster dit d’ailleurs que « ‘la ville
sentent les valeurs fondamentales de la firme. Les différentes propositions réputé ingénieur et inventeur Richard dans la ville’ a toujours été pleine de surprises »7 . En
que Foster a émises pour le site de l’ancien Baltic Exchange démontrent un Buckminster Fuller en 1971. En effet, créant une pause dans le tissu urbain serré de l’en-
travail de conception riche. Alors qu’auparavant, avant même que la Swiss Foster explique qu’ « à l’époque, la droit, il partage le site avec le public. Certains voient
Re soit client, une tour de 400 mètres s’élevaient dans les croquis de 1996; technologie n’était pas là pour réali- alors la place comme un cadeau offert à ce dernier
c’est en cornichon1 de 180 mètres de hauteur qu’elle s’est concrétisée en ser les idées »5 , mais qu’avec le 30 Fig. 20, Norman Foster Works 5, p.492 pour compenser le fait de construire aussi haut8 .
2004 (Fig.19). Ces changements dans la conception du bâtiment étaient St Mary Axe une partie de la vision d’alors a pu se concrétiser. Il parle entre
guidés par des intentions conceptuelles et constructives fondamentales autres d’ « espaces flexibles à l’intérieur d’une enveloppe légère »6 qui jadis Atriums
pour Foster+Partners et partagées par son client, la Swiss Re, société de ne s’étaient pas matérialisés. Le Swiss Re a aussi été inspiré du Climatrof- Fig. 21, internet
réassurance. fice en ce qui concerne le rapport entre la nature et l’espace de travail. En D’autre part, à travers les différentes phases de conception, apparaissent
effet, la présence de jardins dans le milieu de travail offrait un microclimat les six atriums en spirales formés par des ouvertures dans les planchers.
qui était protégé par une peau triangulée unique où il n’y avait ni toit ni mur, Ces ouvertures naissent entre autres d’une intention guidée par la préoc-
c’est-à-dire une enveloppe continue légère et efficace. D’ailleurs, lorsqu’on cupation de Foster pour l’humain ainsi que pour l’organisation spatiale des
compare les coupes de ces deux projets, la tour du 30 St Mary Axe semble espaces de travail. Les six puits de lumière, qui se trouvent où les parois
être la réalisation construite du Climatroffice (Fig. 20). de verre sont ouvrantes, représentent pour plusieurs les poumons du bâti-
Fig. 19, Norman Foster Works 5, p.491 ment puisqu’ils permettent à la ventilation naturelle de se faire et de passer
Espace public d’un étage à l’autre. C’est aussi la difficulté d’aménagement que pose un
Dans le cadre du projet du 30 St Mary Axe, les intentions conceptuelles se plancher circulaire qui a été évitée en proposant plutôt six zones quasiment
regroupent sous un objectif principal qui est celui de créer « la première Une des intentions de l’architecte qui profite de l’enveloppe continue ins- rectangulaires séparées par les ouvertures dans le plancher qui forment les
tour à bureau britannique ‘écologiquement progressiste’»2 . Cette préoccu- pirée du Climatroffice en est une qui s’est posée dès le début dans la dé- spirales (Fig. 22).
pation vient entre autres du client puisque la réassurance, qui est l’assu- marche conceptuelle. Il s’agit de l’idée d’une empreinte au sol minimisée
rance des sociétés d’assurance, paye cher les conséquences des change- afin d’engendrer un nouvel espace public sur le site. À l’aide d’une étude Ainsi, les zones deviennent
ments climatiques3. Il semble donc important que le siège social de la Swiss détaillée du trafic piétonnier , le potentiel que le site possédait de devenir plus facilement aménageables
Re à Londres donne l’exemple en matière de critères environnementaux. Il un lieu de passage fortement utilisé a été révélé. Toutefois, en observant le et les espaces en surplomb
s’agit aussi d’une des valeurs fondamentales chez Foster + Partners, ce qui CU Plaza des années 60 construit tout près avec son grand espace public, procurent des avantages pour
explique leur maîtrise du sujet. Foster a tenté de comprendre pourquoi si peu de gens s’y aventuraient. Ce l’ensemble du bâtiment et de
sont en fait les forces des vents, au niveau du sol, engendrées par la forme ses occupants. La configu-
Cet objectif écologique a engendré et guidé la plupart des décisions de rectangulaire du bâtiment, qui incommodaient les passants. ration des zones de travail
conception lors de l’élaboration du projet. Il se joint toutefois à une question empêche aussi de créer l’ef-
importante pour l’architecte, celle de penser une architecture où la dimen- L’inspiration est aussi venue des avions, de leur aérodynamisme et leur fet « fond de salle »9 que la
sion sociale est déterminante. Pour Foster, la tour Swiss Re à Londres est efficacité structurale, et plus particulièrement des planeurs, de leur façon Swiss Re désire éviter à ses
« un acte de foi et de confiance énorme en l’avenir, ainsi qu’une puissante d’utiliser les principes de pression de l’air sans dépenser d’énergie. Ainsi, employés puisque les milieux
déclaration sur le futur du lieu de travail et de la ville moderne »4 . En cher- l’hypothèse d’une forme cylindrique, inspirée des avions, pour éviter des re- irradient du centre vers les
chant à répondre à deux buts principaux, celui de créer une tour écologi- tours de vents au sol a été émise et testée pour enfin être adoptée. Grâce à façades, maximisant l’accès
quement progressiste et celui de repenser l’espace de travail pour l’humain, l’aérodynamisme de l’édifice, il devient donc agréable de s’arrêter au pour- aux vues. Même usagers dont
l’équipe de Foster a enclenché un processus créatif où les maquettes se tour de sa base ou tout simplement d’y passer pour se rendre au travail plus le bureau est le plus près du
succédaient, les rencontres multidisciplinaires s’enchaînaient et les diffé- rapidement. De plus, l’espace public gagne en superficie puisque le bâti-
noyau voient vers l’exté-
rentes intentions guidaient le tout. ment s’affine aux extrémités, permettant non seulement une aire publique rieur puisque les atriums se
plus grande au niveau du sol mais aussi une pénétration de la lumière du Fig. 22, Norman Foster Works 5, p.528 creusent jusqu’à la colonne
1 Gherkin, soit cornichon en français, est le nom populaire donné à l’édifice soleil appréciable pour les passants et les travailleurs.(Fig.21) vertébrale centrale.
2 Norman Foster Works 5 (2009), p.491 : « The project was driven by a quest to 7 Ibid., p.76 : « The ‘city within a city’ has always been full of suprises », Norman
create Britain’s first ‘environmentally progressive’ office tower. » Foster commented. »
3 Ibid., p.496 5 Ibid., p.23 : « In both instances, Foster admits, « at the time, the technology 8 Ibid. , p.76 : « The plaza was regarded, reasonably enough, as a public benefit
4 Powell, op. cit., page11 : « For Norman Foster […] the Swiss Re tower in the wasn’t there to realize the ideas », but the aspirations remained. There was a that the developer would provide in return for consent to erect a tall building. »
City of London – 30 St Mary Axe, to give it its formal name – is « a tremendous act vision of benign, flexible internal spaces within a lightweight envelope that is cer- 9 Norman Foster Works 5, op. cit., p.496: « As with other Swiss and German
of faith and confidence in the future », a powerful statement about the future of the tainly reflected in 30 St Mary Axe.» compagnies, Swiss Re expects its entire staff to enjoy external views, with nobody
workplace and of the modern city. » 6 Ibid. seated in a ‘back room’ area. »
ARC-6021 - LA PENSÉE CONSTRUCTIVE EN ARCHITECTURE | Semestre A-11 5
Peter Buchanan affirme que les puits de lumière « apportent profondément travail bâtiment s’intéresse vraiment aux gens et à leur milieu de travail »4 Un des endroits qui, pour Foster, se devait de différer par rapport à la
à l’intérieur des vues élevées vers le ciel et basses vers la rue, offrant une . Cette lumière qui vivifie pénètre généreusement grâce à l’enveloppe de tour de bureaux standard est le sommet (Fig.25). Encore une fois, ses
sensation rehaussée de contact avec l’extérieur »1 . (Fig. 23) verre de l’édifice et les six spirales décrites auparavant. Même si Foster valeurs sociales l’emportent et il voit en ce lieu un potentiel immense
avait imaginé ces atriums comme des « jardins dans le ciel »5 , tel ne fut pour le public, ou pour le moins les usagers du bâtiment. Alors que les
pas le cas malheureusement entre autres pour des raisons d’entretien des gratte-ciels standards donnent aux services mécaniques leur cime, le
plantes. L’image reste toutefois dans la tête de ceux qui ont vu les croquis Swiss Re privilégie l’humain en lui offrant ce lieu, qui particulièrement
verdoyants laissant entrevoir un avenir surprenant pour les tours à bureaux dans ce cas-ci, permet une vue panoramique impressionnante allant
du futur (Fig. 24). du ciel à la rue. Habités par un restaurant et un bar, les trois derniers
étages du 30 St Mary Axe sont offerts essentiellement aux travailleurs
de l’édifice, puisque pour Foster « les gens passent en premier »6 .
Selon lui, l’édifice londonien du 30 St Mary Axe « personnifie plusieurs des
valeurs phares que [Foster+Partners] défendent depuis plus de quarante ans,
[puisqu’il] humanise l’espace de travail, conserve l’énergie, démocratise la façon
dont les gens communiquent et répond avec sensibilité au royaume urbain. »7
Zone bureaux
Fig. 32, 30 St Mary Axe A Tower for London, Fig.33, Norman Foster Works 5, page 513
page 91
Revêtement
Dimension humaine
Cet image (Fig. 53) explique parfaitement plusieurs concepts ainsi que les
moyens utilisés afin de parvenir à bien les réaliser. Tout d’abord, la dimen-
sion environnementale est atteinte grâce aux atriums qui permettent l’en-
trée de lumière naturelle et une circulation d’air contrôlée. De plus, par leur
décalage, ils offrent des vues sur les palliers inférieurs participant de ce fait
à la dimension humaine. Le noyau structural et fonctionnel central est éga-
Fig. 48, Photographe Grant Smith Fig. 49, Photographe Grant Smith
lement figuré ici. Il permet cette rotation des atriums de même que l’apport
Grâce à la diagrid, à la double enveloppe vitrée, à la structure centralisée, en lumière naturelle loin dans l’édifice et la possibilité aux usagers d’avoir
aux atriums et à la relocalisation de la mécanique du bâtiment, l’intention de des vues extérieures sans l’encombrement de colonnes.
placer l’humain au centre des préoccupations est devenue réalité. (moins
de dépression, plus d’efficacité des employés) Il est essentiel de se rappeler que dans cet oeuvre de Foster, il existe un
lien étroit entre les intentions conceptuelles et les attributs constructifs qui
Dimension urbaine Fig. 51, Photographe Grant Smith Fig. 52, Photographe Grant Smith résulte à un tout singulier répondant aux valeurs fondamentales du concep-
En effet, pour Foster, le sommet se doit de différer des tours à bureaux teur et de son client.
Tout en désirant offrir un projet conventionnelles afin de devenir un élément signalétique de la ville de
écologique et humain, Foster Londres. Seules la flexibilité et la singularité de chacun des éléments de
veut également construire un pro- la diagrid ont permis au bâtiment de changer aussi aisément de diamètre.
jet qui participe à la ville. Pour ce La structure en A, les nœuds et le vitrage s’adaptent au diamètre qui se
faire, une étude du site est es- réduit de plus en plus vers le sommet. Ce sont des éléments uniques qui
sentielle afin d’intégrer adéquate- s’agencent ensemble afin de former un tout élégant et singulier dans la
ment l’édifice au milieu urbain et métropole londonienne.
au bâti environnant. Grâce à cette
étude, il est notable qu’un flux de De plus, dans le but d’accentuer cette singularité tout en mettant en valeur
circulation important est présent à la structure, certaines couleurs sont appliquées. Tout d’abord, la structure
proximité du site (Fig. X). De ce Fig. 50, Normand Foster: works 5, page 501 est peinturée en noir ou en blanc. La section de la trame peinte en blanc
fait, pour empêcher de nuire à la circulation, la construction des fondations rend visibles de grands losanges dans la structure. Les vitrages changent
a été faite la fin de semaine. Donc, même durant la mise en place du projet, également de teinte. Les sections où se retrouvent les atriums ont une vitre
Fig. 54, Normand Foster: works 5, pages 516-517
il considère les contraintes du quartier. plus foncée ce qui permet bien de voir le mouvement rotatif de ces derniers.
Enfin, suite à une longue carrière durant laquelle il préconise la technologie, Bibliographie
le respect de l’environnement, les échanges humains et la prise en compte
de l’histoire du site, Foster a su évoluer pour arriver à un projet répondant
à tous ses critères. COMPAGNO, Andrea , 2003, “Innovatice Hochhausfassaden: Swiss
Re Konzernzentrale und Westhafen- Tower; Façades de tours inno-
Le bâtiment de la Swiss Re représente, en effet, l’ensemble des valeurs et vantes: Siège de la Swiss Re et Westafen- Tower”, DETAIL v. 43 no.
des idées travaillées et réfléchies au cours de sa carrière. Il s’agit d’une tour 7-8 (July-Aug. 2003), Traduction française
à bureaux écologique qui offre des espaces humains et qui a conscience
de son impact urbain. Elle est devenue un modèle autant du côté formel JENKINS, David, & Al, Norman Foster Works 5, London, Prestel,
qu’environnemental. De plus, le bâtiment est un emblème pour la Swiss Re,
2009, 584 pages.
dans la même lignée que l’ont été les sièges sociaux de Commerzbank et
HSBC conçus par Foster. Il est également un icône de Londres et appré-
PELTASON, Ruth A & Al, Architect - The work of the pritzker prize
cié par sa population qui le surnomme « the gherkin » (le cornichon) pour
laureates in their own words, New York, Black Dog & Leventhal Pub,
sa forme singulière. Il est très vite adopté par les gens qui l’utilisent, entre
2010, 376 pages.
autres, dans de nombreuses publicités (Fig. 55). Pour l’instant, la Swiss
Re peut être considérée comme un projet réussi dans son ensemble, mais
POWELL, Kenneth, 30 St Mary Axe - A Tower for London. London,
surtout apprécié par la population.
Merrel, 2006, 224 pages.
Finalement, Norman Foster n’est pas le
Sir Norman Foster and Patners, Catalogue Foster and Partners,
lauréat du prix Pritzker 1999 pour rien. Il
a su, tout au long de sa carrière, respec-
Muniche, Prestel, 2005, 316 pages.
ter ses valeurs et celles de ces clients à
travers une architecture réfléchie. Caté-
gorisé comme faisant partie intégrale du
mouvement High-tech, il pousse cette
idée de la technologie plus loin. Il l’uti-
lise afin de répondre à ses besoins. En
d’autres termes, elle est la base de sa
Fig. 55, Normand Foster: works 5
conception. Grâce à elle, il peut conce-
voir et construire des projets durables, qui respectent l’environnement et le
contexte dans lequel il s’intègre. Son goût pour la technologie, qui répond
à ses idées innovatrices, fait donc de Foster un candidat excellent pour
démontrer ce qu’est la pensée constructive en architecture.