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HMONP
2016-2017
MEMOIRE
PROFESSIONNEL
La Polyvalence de l'Architecte
une garantie pour l'Architecture ?
Odile Burnod pour la confiance qu'elle m'accorde depuis le début de notre collaboration, qui m'a
permis de vivre cette formation dans les meilleures conditions,
Yves Mahieu pour sa pédagogie, ses conseils et son soutien à ma réflexion,
Aurélie, Marion et Maïté pour la qualité de nos échanges, je leur souhaite le meilleur,
Bernard Vivet, Pierre Guignard, Yosuke Igarashi et Vincent Saulier pour avoir accepté de
répondre à mes questions,
Ma famille et mes amis pour les relectures assidues.
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La Polyvalence de l'Architecte
Sommaire
Introduction 5
I – L'architecte, un pédagogue 9
a – Se former en permanence 21
b – Assumer l'étendue de son rôle 23
c – Vivre de l'Architecture (projet professionnel) 25
Conclusion 29
Bibliographie 31
Entretiens en annexes 33
Fiche d'évaluation
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4
Introduction
C'est ainsi que Jacques Herzog conclut l'interview donné à Richard Copans en 1999
Mais qui fait l'architecture ? Comment assurer ce lien entre usage et conceptualité, et
qui pour endosser ce rôle ? La question posée par Jacques Herzog reste intemporelle car
l'architecture, indissociable des gens, évolue avec la société.
Face à cette situation inédite, la place de l'architecte a également évolué. Il n'est plus
celui qui portait le projet avec une prétention rarement dissimulée. Aujourd'hui, la fabrication de
la ville est conduite à plusieurs échelles par des équipes composées de plus en plus d'acteurs
aux rôles spécifiques. La loi des marchés, la réglementation, ou encore la normalisation des
outils de travail ont encadré le processus de production de l'architecture.
Les cartes sont peu à peu redistribuées et paradoxalement l'image de l'architecte peine
à suivre le mouvement. L'Architecture est médiatisée mais le travail de l'architecte reste
méconnu. Je suis allé visiter l'exposition « L'architecte, portraits et clichés » à la Cité de
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l'Architecture. Cette exposition destinée au grand public dresse un portrait trop caricatural d'un
personnage important, parfois drôle malgré lui mais toujours attaché à son image pour briller en
société. Je trouve dommage de véhiculer ces vieux clichés au public, qui n'a pas l'occasion de
comprendre l'étendue de la profession et le travail de fond d'un architecte.
Face à ces constats, la place et le rôle de l'architecte dans la société est à questionner.
Ce mémoire ne veut pas faire échos à l'ouvrage de Philippe Trétiack, qui demande '' s'il faut
pendre les architectes''. Au contraire, en tant qu'architecte diplômé en cours de formation
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HMONP, je souhaite affirmer la nécessité de l'architecte pour garantir l'architecture.
Enfin, je développerai mon projet professionnel en posant un regard critique sur le rôle
de la formation HMONP, dernière passerelle qui permet à l'architecte d'être un entrepreneur
dont l'objectif est de garantir l'utilité publique de l'architecture.
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I - L'architecte, un pédagogue
''Les gens ne veulent pas admettre que leurs besoins sont de la responsabilité de
quelqu'un d'autre. C'est presque honteux de penser qu'on fait quelque chose pour les autres si
on ne leur donne que ce dont ils ont besoin. Ce qu'on doit donner aux gens, c'est l'occasion de
sentir leurs propres désirs, ce qui n'est pas encore exprimé, ce qui n'a pas encore été fait. C'est
ainsi qu'on connaît ses nouveaux désirs.'' 1
''A propos des premières colonies grecques en Espagne, je lisais que quelques
hommes, des marins, des aventuriers, attirés par la beauté, la merveille de toutes choses
alentour, voulurent aller plus loin, faire d'autres découvertes. Leur bateau était une école […]
L'un possédait un talent, un autre en possédait un autre ; ils acceptèrent de les échanger.'' 2
Un bon chef d'agence doit être capable d'assumer son rôle de transmetteur qui donnera
envie au jeune diplômé d'acquérir les compétences lui permettant d'exprimer ses capacités de
conception tellement mises à l'épreuve à l'école. Mais un bon employeur doit également être
prêt à embaucher quelqu'un qui saura apporter un renouveau et qui sera à même d'établir des
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échanges réciproques au service du développement de l'agence.
Je pourrais illustrer la différence entre mes deux expériences par l'exemple du rapport à
l'erreur. Dans ses Réflexions sur la pédagogie de l'architecture, Gabriel Bardos explique qu'en
''s'interrogeant moi même sur nos pratiques, je suis arrivé à des « conseils » théoriques de la
pédagogie, comme « l'éloge des erreurs » que je considère comme outil évident de base dans
l'apprentissage et dans la pratique de la conception architecturale. Je crois même que toute
notre structure mentale s'édifie à l'aide de nos erreurs qui nous conduisent à la compréhension
des phénomènes.'' 1
L'erreur fait progresser, l'essentiel est de se relever, certes, mais encore faut-il
comprendre son erreur, savoir pourquoi nous sommes tombés. Au cours de ma première
expérience, le manque de dialogue et de pédagogie ne nous permettait même pas de
comprendre que nous pouvions être dans l'erreur. Les situations s'enlisant, seules les réactions
d'urgence pouvaient les débloquer sans enrichir personne. Je pense que la communication
permet de mettre le doigt sur un problème suffisamment tôt pour le régler intelligemment.
Expliquer la solution, ou laisser le temps de la trouver par soi-même, les deux méthodes sont
bonnes et dépendent de différents facteurs comme le degré de complexité. L'important est
d'accompagner celui qui est en difficulté.
Ce principe amène à une relation de confiance qui peut paraître évidente dans une
structure minimale comme Burnod Architecte, un employeur un employé, mais peut s'appliquer
partout. Cela entraîne une réaction en chaîne bénéfique pour l'agence et pour la conception
architecturale. En partageant son savoir-faire et ses méthodologies, chacun est motivé à faire
1 - Gabriel Bardos, Réflexions sur la pédagogie de l'architecture, éd. Publibook 1970, p.11
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au mieux et à assumer les responsabilités qui lui sont confiées. L'échange de connaissances
crée une cohésion au sein de laquelle chaque sensibilité peut renforcer la personnalité d'une
agence d'architecture.
'' Pour bâtir, l'architecte est celui vers qui on se tourne spontanément. En effet, son rôle
est de concevoir un bâtiment en s'occupant de toutes les facettes du projet […] En accord avec
ce rôle « multitâche », l'architecte régit également tous les niveaux du projet […] L'architecte
est un référent du chantier, que ce soit pour son client ou les ouvriers. Autant de métiers avec
lesquels il entretient des contacts étroits.'' 1
Au cours de ma MSP chez Burnod Architecte, j'ai été chargé de l'étude et du suivi de la
construction d'un ascenseur pour l'Institut Protestant de Théologie dans le cadre d'une mise en
accessibilité PMR. Ce projet situé dans le 14e arrondissement de Paris au-dessus des
anciennes carrières, nous a conduit à étudier le renforcement des galeries au droit de l'emprise
de notre projet. Partant avec une connaissance très limitée du sujet voire inexistante, je me suis
plongé dans ce domaine particulier qui touche de nombreux projets de la capitale. J'ai eu
l'opportunité de descendre dans les galeries pour en constater l'état. C'est une des joies qui me
fait aimer ce métier, ce côté ''explorateur'' qui nous amène parfois dans des endroits que nous
1 - Vincent Coliatti, Polyvalence et esthétisme : le petit plus des architectes en passif, lamaisonpassive.fr
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n'aurions pas imaginés en commençant un projet. Mais au-delà de ce plaisir personnel, la
phase la plus intéressante a été de comprendre les solutions apportées par les différents
prestataires consultés. Suite à l'avis de permis de construire de l'Institut Général des Carrières,
un appel d'offre a été lancé et quatre devis ont été reçus, tous différents. Après l'analyse de la
notice de l'IGC, j'étais en mesure de dialoguer avec les différentes entreprises pour comprendre
précisément leur devis et les comparer correctement. J'ai donc acquis des connaissances
techniques que je me suis efforcé de restituer au mieux à notre client. Car il ne suffit pas de
comprendre une nouvelle information et de s'en satisfaire, la plus grande satisfaction est de
pouvoir l'expliquer clairement à celui qui va en avoir besoin pour faire avancer le projet. En
l’occurrence ici, le client, qui n'a pas forcément le temps de se plonger dans des analyses
techniques, devait avoir suffisamment d'informations pour choisir tel ou tel devis.
C'est même dès les premiers instants d'un projet que l'architecte doit appliquer la
pédagogie selon Louis Kahn, qui consiste à faire ''connaître les nouveaux désirs'' de celui qui
vous sollicite. Cela me permet d'évoquer une autre carte à jouer de l'architecte pédagogue, la
programmation.
Lorsque l'architecte rencontre son futur client pour la première fois, il l'écoute, intègre
sa demande, et par son expérience le pousse à améliorer ou aller au-delà de ses premières
idées. J'ai pu le vérifier à plusieurs reprises au cours de mon expérience chez Burnod
Architecte dans le cadre des projets de petite échelle avec une maîtrise d'ouvrage privée qui
fournit rarement un programme. Comme un médecin qui écoute les symptômes énoncés par
son patient afin d'établir son diagnostic, l'architecte doit analyser les besoins présents et futurs
du client, pour proposer le projet qui correspond au mieux à ses modes de vie. Concernant les
''grands projets'' partant d'un programme précis et rédigé, l'architecte a toujours un plus à
apporter afin de l'enrichir. Je pense par exemple au concours de la rénovation du Grand Palais
remporté par l'agence LAN et présenté par Umberto Napolitano lors de notre première session
de cours HMONP. Il nous expliquait l'importance de savoir lire entre les lignes de ce qui est
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demandé pour se montrer fort de solutions qui viennent compléter les objectifs initiaux.
c – Diffuser l'Architecture
Jean-Pierre Epron nous explique ici qu'il faut porter l'enseignement au-delà des limites
d'une école. La pensée architecturale doit se répandre le plus largement possible pour que
l'opinion publique comprenne et évalue les enjeux et les combats menés par l'architecture.
C'est sur ce terrain que la pédagogie de l'architecte doit être la plus efficace.
Il faut amener les gens à appréhender l'espace, les volumes qui façonnent les villes et
influent sur leur quotidien. La culture architecturale est également nécessaire. L'architecture a
suivi le cours de l'Histoire en étant étroitement liée aux enjeux sociaux, économiques ou encore
environnementaux. Nous pouvons prendre l'exemple du Bauhaus, mouvement créé par Walter
Gropius en 1919, qui au-delà de considérations esthétiques a émergé en parallèle de
préconisations sanitaires portées par le corps médical. Le leitmotiv ''air, lumière et soleil'' du
Bauhaus a conduit à la création de nouveaux programmes en lien direct avec la médecine
comme les sanatoriums, et a influencé plus largement nos modes de vie.
L'architecture est liée à notre société et il faut accompagner le plus tôt possible les
jeunes esprits à se préoccuper de ce lien fondamental. Il existe aujourd'hui des organismes
comme Archipédagogie qui se chargent de faire découvrir aux enfants les bases de notre
discipline. ''Cette démarche permet d’aider l’enfant à maîtriser la dimension spatiale du monde
qui l’entoure et à comprendre que l’espace est autant social que physique. C’est surtout pour
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1
les enfants l’occasion de développer leur esprit critique.'' Cette association propose des
ateliers maquettes, dessins, jeux et expositions permettant un accès facile aux questions
urbaines. Des exercices semblables sont pratiqués ailleurs comme à l'école d'Architecture de
Nancy qui organise les ''Folles Journées de l'Architecture'' invitant le grand public à imaginer,
créer, explorer, comprendre et bricoler autour de l'architecture. J'ai moi-même participé à cette
pédagogie au cours de mes études en installant un atelier de découverte pour des élèves
volontaires d'une classe de 6e qui venaient deux fois par mois s'ouvrir à l'architecture et
préparer une exposition sur leurs nouvelles connaissances pour les portes ouvertes du collège.
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II - L'architecte, plus qu'un dessinateur
''Le disegno est comme la forme ou idée de tout objet de la nature, toujours originale
dans ses mesures. Qu'il s'agisse d'un corps humain ou de celui d'un animal, d'une plante ou
d'édifices, de sculptures ou de peintures, on saisit la relation du tout aux parties, des parties
entre elles et avec le tout. De cette appréhension se forme un concept, une raison engendrée
par l'objet, dont l'expression manuelle se nomme dessin. Il est l'expression sensible, la
formation explicite d'une notion intérieure à l'esprit ou mentalement imaginée par d'autres et
élaborée en idée.'' 1
Dans son article sur la théorie du dessin, Jacqueline Lichtenstein cite Vasari qui définit
le dessin comme la représentation d'une idée à l'époque où les mots dessein et dessin étaient
réunis sous le même terme italien, ''disegno''. Le dessin est donc déjà un projet en soi dans la
mesure où il traduit l'idée formelle de ce que nous percevons. Nous comprenons alors que le
dessin soit l'outil premier de l'architecte qui l'utilise comme un langage universel pour
communiquer à tous les intervenants d'un projet. Mais l'évolution du métier et des modes de
construction demande la maîtrise d'outils variés, qui doivent enrichir la polyvalence de
l'architecte.
Alvaro Siza insiste ici sur le dessin en tant que témoin de notre mémoire, c'est là selon
moi la fonction première d'un outil de conception, laisser une trace. Quel que soit l'outil utilisé
par un architecte, l'important est que l'information donnée par cet outil soit le marqueur d'une
idée à un instant t. Plus les outils seront variés, plus les informations seront complètes et
chaque idée sera représentée par autant de moyens employés pour l'exprimer.
1 - Les vies des meilleurs peintres sculpteurs et architectes, éd. Berger-Levrault 1981-89, citation de
Giorgio Vasari reprise dans un article de Jacqueline Lichtenstein, Théorie et Pratique du dessin
2 - Alvaro Siza, L'importance du dessin, exposition à l'ENSA Nancy 2000
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Au-delà de l'ensemble des outils de représentation graphique (DAO, CAO,
modélisation, montage photo,...) que les architectes maîtrisent instinctivement de par leur
formation universitaire, je pense qu'une agence d'architecture doit également se munir d'outils
complémentaires lui permettant de s'ouvrir à différents domaines liés à l'élaboration d'un projet.
Je peux évoquer un autre exemple encore une fois en rapport avec la présentation du
concours de la rénovation du Grand Palais par Umberto Napolitano de LAN. Il nous racontait
qu'à un certain stade de la conception, ils ont employé un outil leur permettant de simuler la
circulation aléatoire du flux massif de personnes susceptibles de fréquenter un tel endroit. En
rentrant différents paramètres, ils ont été en mesure d'anticiper le déplacement de dix mille
visiteurs et de hiérarchiser les différentes entités constituant leur projet.
Ces exemples illustrent la nécessité pour l'architecte d'être à l'origine d'un maximum
d'informations techniques qui servent à la conception d'un ouvrage. Aujourd'hui le dessin plan,
coupe, façade n'est plus systématiquement adapté aux nouveaux modes de construction et de
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gestion d'un projet. Le progrès technologique a bouleversé nos moyens de conception et
l'architecte polyvalent doit participer pleinement à ces nouvelles avancées.
b – Participer à l'innovation
Dans cet article, publié dans AMC, Marc Barani appelle les architectes à se positionner
en première ligne de la révolution qui bouleverse actuellement notre société en insistant sur
leur polyvalence pour ''progressivement inventer une nouvelle culture architecturale.'' ²
L'exemple que je souhaite aborder pour appuyer mon propos concerne les usages de
l'économie numérique qui commence à influencer la profession de l'architecte. J'évoquais, dans
l'introduction de ce mémoire, l'apparition du phénomène ''d'ubérisation'' des métiers qui selon
moi est encore mal géré par les architectes. Dans les Cahiers de la Profession n°57, Benoît
Gunslay dresse un premier bilan de ce nouveau phénomène. Il rappelle d'abord les avantages
de ces plates-formes numériques qui ''recherchent une économie de temps sur la transaction,
la collecte immédiate d'informations sur le professionnel, ainsi qu'un accompagnement sur le
juste prix de prestations que les consommateurs achètent rarement'' 3, il questionne ensuite la
1 et 2 – Marc Barani, L'innovation est en partie une désobéissance qui a réussi, AMC n°247 déc 2015
3 - Benoît Gunslay, Nouveaux usages de l'économie numériques et impact sur la profession, Les Cahiers
de la Profession n°57 2016, p. 11-12
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compatibilité de ces plates-formes avec les professions réglementées comme celle de
l'architecte. Il explique en effet que ces plates-formes ne peuvent être tenues responsables des
pratiques illégales de certains utilisateurs. Malgré ''la loi n°2004-575 du 21 juin 2004 pour la
confiance dans l'économie numérique considérées comme éditeurs pour la structure du site et
comme hébergeurs pour les annonceurs, les plates-formes ne peuvent être mises en cause
qu'à condition d'avoir délibérément mis en ligne un contenu illicite ou de l'avoir maintenu après
signalement.'' 1
On comprend alors l'importance, pour les architectes de prendre ce sujet en main afin
de protéger leur profession. A ce titre, Benoît Gunslay rassure en expliquant que l'Ordre des
Architectes a déjà mis en place une démarche préventive afin d'assurer ''la protection du titre
de l'architecte sur l'espace numérique, la mise en place d'un cadre qui favorise le respect des
obligations déontologiques, et la garantie apportée en matière de propriété intellectuelle.'' ²
Cette attitude est un premier pas louable pour mettre les architectes en amont des
changements liés au numérique. Certains ont même déjà pris le train en marche comme la
startup Lacimenterie qui propose la première application de gestion d'agence entièrement
conçue par des architectes (entretien avec Bernard Vivet fondateur de Lacimenterie en annexe
du mémoire). L'intérêt est de découvrir que les architectes s'emparent de la création d'une
multitude d'outils pour ne pas se laisser dépasser par le progrès technologique mais au
contraire de faire évoluer leur profession pour rester au cœur de la production architecturale.
c – Produire l'Architecture
''Je suis un architecte inquiet qui essaye de produire du sens, de considérer le contexte
et qui considère la narration et le récit comme des nourritures utiles. La difficulté d'être de
l'architecte se heurte à la pornographie du global. Mais depuis quelques temps, il convient de
redevenir optimiste […] Les jeunes sont très avertis. Je m'en réjouis. Le défi de l'architecture
de demain est de continuer à être un récit compris par chacun et porteur d'un projet de société
3
[…] Au delà du style, c'est l'attitude qui importe.''
1 et 2 - Benoît Gunslay, Nouveaux usages de l'économie numériques et impact sur la profession, Les
Cahiers de la Profession n°57 2016, p. 11-12
3 - Rudy Riccitotti, L'architecture doit fabriquer du sens, propos recueillis par Nathalie Albar pour
revuetenten.com 2015
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Le discours de Rudy Ricciotti résume ici les principaux objectifs que doit viser la
nouvelle génération d'architectes dont j'aspire à faire partie aujourd'hui. La production
architecturale n'est pas à réduire à l'élaboration de documents techniques, graphiques, ou écrits
permettant le bon déroulement d'un projet. L'architecte a pour rôle majeur de donner du sens à
tous ces processus complexes.
Par sa pédagogie, il doit s'assurer que les projets sont ''compris par chacun'' et par la
diversité de ses compétences sur le terrain, il se doit d'être ''averti'' des changements actuels
pour assurer sa plus-value. Par sa polyvalence, l'architecte peut être présent à tous les
échelons de la création d'un projet, des prémices du concept, à la diffusion de sa réalisation en
passant par le suivi de sa fabrication.
Produire l'architecture étant une affaire de société, il s'agit avant tout d'apporter une
intelligence à chaque étape dans l'intérêt de tous ceux qui participent à cette action sociétale.
Dessiner juste pour être compris, écouter et observer pour apprendre et restituer, optimiser les
outils pour plus d'efficacité, dialoguer pour avancer, innover pour développer la création,
comprendre les détails au profit d'une meilleure synthèse, … Voilà ce que représente le travail
de l'architecte dans la production architecturale.
Chacun de ses sujets peut faire l'objet d'un projet de vie. Il en revient à chacun
d'emprunter la voie qui lui semble la meilleure selon le contexte. L'important est d'adopter une
position de chef d'orchestre, et d'entreprendre tous les moyens nécessaires pour suivre la
partition qu'on s'est donnée. C'est alors à l'architecte d'assumer le rôle qui finalement lui
permettra d'exploiter au mieux sa polyvalence, celui d'entrepreneur.
19
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III – L'architecte, un entrepreneur
''Si on travaille sur une réalité concrète, on participe à des forces de transformation très
complexes et l'on ne doit pas se fixer une image définitive de ce processus de transformation.
Quand on effectue un travail concret, il y a un temps pour ce travail, mais la transformation en
cours ne s'arrête pas, elle va toujours plus loin. Je suis sensible au moment qui va suivre, je
participe à cette transformation.'' 1
Alvaro Siza nous rappelle ce lien fort ente une architecture et son contexte en mutation
permanente. L'architecture nous forme à penser un objet mettant en jeu des données concrètes
qui évoluent au fil du temps. Ce rapport au concret place l'architecte face aux changements
possibles de toute chose. Cette humilité doit lui servir dans la conduite de ses projets en veillant
à suivre le mouvement des choses.
a – Se former en permanence
''Il est aujourd'hui unanimement admis que les activités d'éducation ne sont jamais que
des interventions qui agissent sur les constructions identitaires déjà en cours. La formation tout
au long de la vie participe de ces interventions en poursuivant la préparation de l'individu aux
changements. En effet, le but de toute formation est moins aujourd’hui d'adapter le sujet à
l'évolution de l'environnement que de lui donner les moyens d'assurer son propre changement
face aux mutations du milieu.'' 2
21
La formation de l'architecte en exercice est cadrée par le Code de Déontologie des
architectes qui rappelle dans son Article 4 que ''l'architecte entretient et améliore sa
compétence; il contribue et participe à cet effet à des activités d'information, de formation et de
1
perfectionnement, notamment à celles acceptées par l'ordre des architectes.'' Ce cadre est
même légiféré depuis l'arrêté du 12 janvier 2016, qui quantifie et rend obligatoire la formation
continue de l'architecte dans l'exercice de sa profession.
Pour illustrer ce point , nous pouvons prendre l'exemple de la communication qui fait
parfois défaut aux architectes. La formation donnée dans les écoles d'architecture nous offre
des outils pour réaliser des rendus de qualité, synthétiser des idées à l'aide de procédés
graphiques efficaces. Cela nous laisse parfois penser que cela suffira pour se donner une
bonne visibilité mais ce n'est pas le cas. Le travail de communication est très important pour
une agence et ne se limite pas à la construction d'un ''joli'' site, d'un book soigné, ou encore la
mise à jour d'une page facebook. Une formation sur la communication serait un atout
considérable pour la mise en place de la stratégie d'une jeune agence. Dans son article pour le
courrier de l'architecte, Quoi ma com' qu'est-ce qu'elle a ma com', Emmanuelle Borne nous
donne l'exemple de AHA Consulting qui ''aide les architectes à prendre du recul sur leur
production, pour mettre en exergue une singularité via différents outils de communication et
2
pour savoir sur quoi il vaut mieux communiquer.''
22
1
génératrice de capacités à l'autoformation tout au long de sa vie.'' L'architecte entrepreneur
doit s'assurer d'être à la tête d'une structure en phase avec l'évolution de la société lui
permettant de revendiquer le rôle prépondérant qu'il joue pour l'architecture.
Cela fait trois ans que j'évolue au sein de l'agence Burnod Architecte et la période de
MSP m'a permis de poser un nouveau regard sur l'agence et surtout sur le métier. Un des
sujets qui m'a amené à réfléchir sur l'étendue du rôle que je cherche à atteindre est celui de la
relation au client. Je souhaite développer trois exemples à ce propos auxquels j'ai été
confronté.
Le premier cas concerne l'extension d'un appartement au dernier étage d'un immeuble,
avenue Victor Hugo, par la réhabilitation des combles et la création d'une terrasse en toiture. La
complexité du projet quant à son impact sur la structure de l'immeuble nous a tout de suite
conduit à inviter le client à faire preuve de précaution en insistant plus que jamais sur le respect
23
fondamental des règles de l'art. Malgré tout, en cours de chantier le client nous a imposé une
entreprise sous qualifiée pour le projet et les risques pris ne permettaient plus à l'architecte de
remplir sa mission de maîtrise d’œuvre correctement. O. Burnod a décidé de rompre le contrat
en cours nous liant afin de se décharger de toute responsabilité que pouvait impliquer
l'incompétence de l'entreprise, dont le client ne voulait pas se séparer. Cet épisode, qui nous a
fait perdre brutalement un client, m'a fait prendre conscience que les exigences déraisonnables
du client ne doivent pas mettre son entreprise en danger et qu'il faut veiller à rester lucide sur
chaque situation.
Le second exemple (projet n°07 du JBD) dont je souhaite parler concerne un projet
dans lequel je suis totalement impliqué depuis janvier 2017. Il s'agit de la rénovation de deux
chambres de services au premier et deuxième sous-sol d'un immeuble avenue Raphaël. Nous
nous retrouvons ici face à un client qui est un véritable cas d'école comme je peux l'évoquer
dans le journal de bord. C'est le profil type du client privé chronophage qui appelle pour tout et
n'importe quoi et peut inonder la boîte mail en une matinée. La relation humaine est ici très forte
et l'enjeu est d'user de diplomatie et pédagogie pour ramener le client à la raison mais surtout
faire preuve de fermeté pour le tenir dans les limites de prestations fixées en amont du projet et
de ne pas emporter tout le fonctionnement de l'agence dans son omniprésence.
Le dernier projet évoqué (projet n°09 du JBD) concerne également une affaire en cours
dont le chantier a commencé en mars 2017 pour la réalisation d'un ascenseur extérieur dans le
cadre d'une mise en accessibilité PMR. Sans m'étendre sur la situation, mieux détaillée dans le
journal de bord, nous sommes confrontés à une entreprise qui sabote complètement le projet,
mettant en péril le chantier et l'ensemble des entreprises qui gravitent autour. Face à cela et au
delà des responsabilités fortes de l'architecte dans un tel cas, je découvre l'importance de
l'empathie dont l'architecte doit parfois faire preuve pour son client, qui se retrouve vite
désemparé devant les conséquences d'un tel comportement. A nous de l'accompagner au
mieux et de garder sa confiance pour lui garantir la maîtrise de son projet.
Ces différents cas de figure mettent l'accent sur l'ensemble des qualités humaines dont
l'architecte doit faire preuve afin de prendre pleinement conscience de l'étendue de son rôle.
Cette prise de conscience nous fixe un cadre précis nous permettant de gérer au mieux notre
projet de vie pour l'architecture.
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c – Vivre de l'Architecture (projet professionnel)
J'ai voulu construire ce mémoire comme un pont entre mon diplôme reçu il y a bientôt
cinq ans et la vie d'architecte qui m'attend aujourd'hui. Ma vie étudiante, mon expérience en
agence, et mon projet professionnel m'ont permis d'articuler le sujet de la polyvalence de
l'architecte autour des thèmes de la pédagogie, de la production, et du rôle d'entrepreneur. Je
suis attaché à la continuité des choses. C'est une caractéristique propre d'une part à
l'architecture, qui a toujours participé à l'évolution de notre société, et d'autre part à l'architecte,
qui trace le chemin entre l'idée et sa réalisation.
Puis, petit à petit, cette formation nous a ouvert les yeux sur toutes les manières de
faire l'architecture et a permis de redonner un sens à notre parcours universitaire aboutissant
sur un diplôme beaucoup trop dévalorisé aujourd'hui lorsqu'on sort de l'école. Si les écoles
d'architecture ne forment plus des architectes aux yeux des employeurs, la formation HMONP a
pour mission de combler un manque certain et de donner des pistes d'action propices à la mise
en valeur des compétences acquises en cinq ans d'étude.
C'est sur ce point que l'on peut questionner la formation HMONP, ne serait-ce que sur
son intitulé. En effet, il est apparu clairement que l'architecture peut s'exprimer de bien des
manières souvent en retrait de la maîtrise d’œuvre, et que le rôle de l'architecte pouvait très
bien se jouer au-delà de celle-ci. Parfois même, et c'est ce que j'ai voulu faire ressortir dans ce
mémoire, il était évident que l'architecte devait reprendre du terrain sur de nombreux domaines.
Je crois que cette formation nous offre avant tout la possibilité de porter le titre d'architecte, ce
qui doit nous permettre d'appuyer notre projet quelle que soit la voie entreprise pour garantir
l'intérêt général de l'architecture.
25
Aujourd'hui, j'ai la chance d'évoluer au sein d'une structure qui a su me faire
appréhender la réalité de la profession en tant que maîtrise d’œuvre. Suite à cette formation
HMONP, ma relation avec O. Burnod sera susceptible d'évoluer vers une association pour une
plus forte implication dans le fonctionnement de l'entreprise. La diversité des projets et des
problématiques abordés sont en accord avec la vision polyvalente que je me fais de la pratique.
Cela dit, même associé, je pense conserver dans un premier temps mon statut de salarié en
participant au renouvellement nécessaire de certains modes de fonctionnement de l'agence.
Aussi, lors de la seconde session de cours, Sophie Szpirglas nous questionnait sur la place que
l'on souhaitait donner à notre activité professionnelle dans notre projet de vie personnelle.
Actuellement, mes envies professionnelles sont à accorder avec celles de ma compagne qui
pourront potentiellement nous conduire à quitter Paris.
Par ailleurs, je souhaiterais développer une activité extérieure à mon travail en agence
en lien direct avec ce désir de transmission que je ressens depuis un certain temps. Quelle
qu'en soit la critique que nous pouvons en faire, la formation HMONP met en lumière ce besoin
d'une formation continue qui accompagne le jeune diplômé dans la poursuite de sa
professionnalisation et le pousse à penser un nouveau projet, celui de sa carrière.
Enfin, je pense que la situation actuelle peut nous permettre d'être optimiste pour notre
future vie d'architecte. A l'image de l'industrie du cinéma, où ce sont les petits films d'auteurs qui
parviennent de plus en plus à émouvoir et faire réagir les spectateurs alors que les grosses
productions s'enlisent dans des enjeux financiers qui ont de moins en moins de sens,
l'architecture peut trouver un souffle nouveau par les projets à petites échelles.
26
L'expérimentation de nouveaux matériaux, de nouveaux modes de vie, la sensibilisation par
des démarches participatives, la fidélisation par l'accompagnement de l'usager au-delà de la
réalisation du projet… ces nouveaux enjeux offrent de belles perspectives d'avenir pour notre
génération qui se doit de participer à l'évolution de notre profession.
27
28
Conclusion
On nous présente souvent l'architecture comme une discipline à exercer avec passion.
Il est bien sûr important d'aimer ce que l'on fait mais ce terme m'a toujours paru trop fort et
dangereux. Architecte, c'est avant tout un métier comme les autres exigeant un travail sérieux
et rigoureux. Mais il ne faut pas se limiter à la passion qui risque de nous perdre dans une
pratique désordonnée. Ce métier doit s'exercer avec des convictions fortes qui seront mises à
l'épreuve tous les jours. Les préserver demandera du courage, de la détermination et surtout du
temps. Il faut se battre pour valoriser le travail réfléchi, qui ne pourra que servir à tout le monde.
L'intérêt porté par l'architecte à tout ce qui l'entoure doit l'amener à respecter ceux qui lui
donnent accès à ces savoirs. A lui de faire communiquer ce respect pour l'autre afin que
l'architecture évolue au rythme d'une dynamique collective.
Dans son ouvrage, Le Regard des Sens, l'architecte finlandais Juhani Pallasma cite
Frank Lloyd Wright qui déclarait à l'âge de quatre-vingt cinq ans en 1954 :
''Ce dont on a le plus besoin aujourd'hui dans l'architecture est la chose même la plus
nécessaire dans la vie, l'intégrité. Exactement comme dans l'être humain, l'intégrité est la
qualité la plus importante pour un bâtiment... Si nous l'atteignons, nous aurons rendu un grand
service à la nature morale – la psyché – de notre société démocratique... Luttez pour l'intégrité
quand vous construisez, ainsi vous luttez pour l'intégrité non seulement de la vie de ceux qui
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réalisèrent le bâtiment mais socialement une relation réciproque sera inévitable.''
Cette pensée résonne en moi depuis que j'ai quitté l’École d'Architecture de Nancy, et
ces conseils me semblent encore plus urgents à appliquer aujourd'hui. L'architecte est avant
tout un homme de savoir et cette responsabilité, parfois lourde à porter, doit être le moteur de
ses actions.
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liberté doit être une source de motivation et d'inspiration pour tous les acteurs du projet.
Le monde évolue, les villes doivent se transformer, s'adapter, et l'effort de chacun pour
tout le monde est honorable. Dix-huit ans après la question posée par Jacques Herzog,
l'Architecture continue de se redéfinir chaque jour et l'architecte continue à être l'ambassadeur
le plus légitime pour porter les enjeux sociaux, politiques, et écologiques de cette discipline.
Frank Lloyd Wright nous somme de lutter, pour moi le combat ne fait que commencer...
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Bibliographie
Marc Barani, L'innovation est en partie une désobéissance qui a réussi, AMC n°247 déc 2015
Benoît Gunslay, Nouveaux usages de l'économie numériques et impact sur la profession, Les
Cahiers de la Profession n°57 2016
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Annexes
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comme un bâtiment mettant en jeu des ''vrais gens''.
MW – Lacimenterie donne accès à un tas de conseils, d'outils, met en avant les nouveaux
acteurs de l'architecture. Cette envie de transmettre est-elle propre à l'architecte ?
BV – Je n'ai pas vraiment d'avis tranché là dessus. L'important c'est qu'il y a un réel travail à
faire, pour certains, sur la communication. Il faut aller vers les gens pas seulement pour leur
expliquer des choses mais parfois avoir simplement l'humilité d'écouter leur avis sur ce qui a
été fait. On comprend mieux la demande en faisant ça, et on adapte notre offre en
conséquence.
Je crois aussi que c'est bien de ne pas faire que de l'architecture, cela permet de multiplier les
points de vue et d'apporter le petit plus inattendu pour celui qui te sollicite.
MW – Avec les changements actuels considérables de notre société, quels sont les clés pour
être un bon entrepreneur ?
BV – Sans être forcément lié aux changements actuels, l'important est avant tout de savoir
s'entourer. Le réseau c'est la clé. D'une manière générale, il y aura toujours une tâche sur cinq
qui te bloquera. L'architecture c'est ce qui est sensé être le plus facile quand tu crées ton
agence, pour tout le reste il ne faut pas avoir peur d'aller chercher l'information, de demander
conseil chez les autres. Bien sûr il faut veiller à sauvegarder chaque nouvelle connaissance ou
compétence pour éviter de faire deux fois exactement la même chose.
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MW – Selon toi, qu'est-ce qui manque à notre formation pour prendre pleinement conscience
de ce rôle d'entrepreneur ?
BV – Le problème majeur est qu'on est une génération face à un monde du travail qui change
et les codes de l'entrepreneuriat avec. Par contre, notre formation a été donnée par des
professeurs qui à nos âges n'ont pas connu les mêmes enjeux et les modèles qu'ils nous
donnaient était encore plus déconnectés de nos réalités actuelles. Toutes ces questions de
gestion de projet et de responsabilités ne sont pas évoquées avant la HMONP. Les stages
prévus dans le cursus ne sont pas suffisants, je pense qu'il faut se pencher à nouveau sur la
formation professionnelle avec des insertions plus longues mais aussi intégrer ces notions dans
les programmes enseignés dans les écoles d'architecture.
Cela dit, on peut être optimiste le changement générationnel va opérer, dans le bon sens
j'espère.
MW – Ta pratique t'a-t-elle amené à t'inscrire à l'ordre ? Que peux-tu me dire sur la formation
HMONP ?
BV – Oui je me suis inscrit à l'ordre en 2015, c'était nécessaire dans le cadre de mes projets
professionnels. La HMONP m'apparaît comme un pansement d'urgence à la suppression du
format des études d'architecte sur six années. C'est la solution qui semblait convenir le mieux
mais je crois que c'est loin d'être le cas sans vouloir m'étendre là-dessus. Je crois que le vrai
problème est la dévalorisation du diplôme d'état. Après cinq ans d'études, les écoles
d'architecture délivrent un diplôme d'architecte d'état, il faut que la valeur de ce diplôme soit en
accord avec son intitulé. Aujourd'hui, aux yeux de trop de monde, les écoles d'architecture ne
forment plus des architectes mais des dessinateurs/projeteurs. Il faut vite rectifier le tir avant
qu'il ne soit trop tard.
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Entretien réalisé le 12 Juillet 2017 avec Pierre Guignard et Yosuke Igarashi, co-
fondateurs et associés de l'agence Autenta créée en 2014. Cette agence est située dans
le même bâtiment que Burnod Architecte
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que si on devait inclure une troisième voix décisionnelle, on est d'accord pour que ce soit
quelqu'un de détaché de l'architecture, qui pourra trancher de la façon la plus impartiale
possible, comme un rapporteur d'affaire par exemple.
MW – Vous avez accueilli une ADE en formation HMONP cette année, comment ça s'est passé
et comment pensez vous que cette formation peut ou doit évoluer ?
Autenta – Ça s'est très mal passé, mais c'est en partie une erreur de notre part, notre agence
n'est pas encore adaptée à l'accueil d'étudiant HMONP. Elle sortait de l'école donc la différence
de compétences avec un stagiaire de fin d'études est minime alors que ça nous coûtait cinq fois
plus cher. Concernant la HMONP, on a tous les deux le même avis, il faut qu'elle se fasse
uniquement par validation d'acquis, avec une solide expérience professionnelle et un réel
besoin de la valider.
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Entretien réalisé le 21 Juillet 2017 avec Vincent Saulier, architecte indépendant,
récent lauréat du concours Réinventer Paris pour l'ilôt de la rue Piat. Il partage
également le plateau avec Burnod Architecte.
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faire atteindre un certain résultat.
C'est la même chose avec tous les acteurs de la maîtrise d’œuvre. Tout se joue autour d'un
langage raisonné qui se soucie de l'intégrité entre ce qui est fait et ce qui a été dit. C'est comme
ça que l'autorité de l'architecte est garantie, pas par la force ou le pouvoir, mais par des
démonstrations irréfutables et des idées qui s'organisent de façon raisonnée.
MW – Je t'entendais parler parfois de cours donnés à des enfants, comment éveiller les jeunes
esprit à l'architecture ?
VS – Oui, c'était avec le CAUE, qui organisait des interventions dans des classes de primaire et
collège.
Il s'agit toujours de mettre l'accent sur les liens de causes à effets qui amènent à un résultat.
L'architecture traite de tout dans son art d'organiser les idées, et les enfants sont très réactifs là
dessus. L'approche des échelles est un bon exemple, si je leur dessine un cercle puis un
bonhomme debout à côté, ils voient un ballon, si je place le bonhomme dans le cercle, ils voient
une cabane, l'abstraction intellectuelle opère immédiatement. J'essaie aussi de leur ouvrir les
yeux, d'exercer leur œil, leur faire prendre conscience que notre culture géométrique nous
permet de percevoir des choses allant à l'encontre de la nature, on reconnaît un angle droit, un
carré parfait et petit à petit des proportions telles que le rectangle d'or... l’œil nous permet
d'appréhender l'espace et l'architecture se définit aussi par la capacité à pré/voir.
MW – Pour Réinventer Paris et le site de la rue Piat, j'ai cru comprendre que c'était en
partenariat avec les étudiants de Belleville, comment cela s'est-il passé ?
VS – Ce n'est pas tout à fait ça. En fait, j'organisais un workshop associant les étudiants de
Belleville à des étudiants japonais et coréens. On les a fait travailler sur ce site sans rapport
avec le concours et le projet je produisais.
Par contre, suite au gain de ce concours, je me suis entendu avec l'école de Belleville pour que
le projet devienne un outil à disposition des étudiants, un matériau observable, avec accès aux
plans et pièces écrites des différentes phases, des visites de chantier... Le studio de design
mobilier sera même amené à dessiner les meubles du projet.
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en le faisant, et ça, ça ne s'enseigne pas dans un amphithéâtre, seule la pratique compte. On
s'attardait aussi à chercher ce qui faisait la qualité exclusive de la discipline architecturale, en
déroulant un mode opératoire organisé autour d'enjeux spatiaux.
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HMONP
2016-17
AVIS DU DIRECTEUR D’ETUDES
Avis :
VALIDÉ
Morgan a très bien compris les enjeux de l’Hmonp. Outre la qualité de son travail, il a démontré
une capacité d’écoute et d’analyse lui permettant d’aider ses camarades.
fait à ...........................................................................
Paris
le ................................................................................
6 septembre 2017
Signature :
école nationale supérieure de paris-la villette - 144 avenue de Flandre - 75019 Paris - 01 44 65 23 15 - hmonp-ensaplv@paris-lavillette.archi.fr - www.paris-lavillette.archi.fr