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Plan du ma1;u;Iala du chapitre II (cf. p. 97-143).

1______
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COLLECTION .JEAN PRZYLUSKI
PUBLlé:E SOUS LA DIRECTION DE
LALOU et COHSTAHTIH REGAMEY
MARCELLE
TOME III

LE MANDALA
DU
,.., ,
MANJUSRIMULAKALPA
FAR

ARIANE
MACDONALD

PARIS - 1962
ADRIEN-MAISONNEUVE
li, RUE SAINT-SULPICE, VI•

Ouvrage publié avec le


concours du Centre National
de la Recherche Scienli{ique
A la mémoire de mon père et de ma mère

A Mademoiselle Marcelle Lalou


AVANT-PROPOS

Les concours ne m'ont pas manqué au long de la rédaction de ce


travail. Mademoiselle Lalou, après m'en avoir fourni le sujet,
m'a prodigué ses conseils et son temps avec une inlassable patience.
M. Renoua bien voulu corriger la traduction. M. Filliozat m'a fait
bénéficier de ses suggestions. Par ses remarques, M. R. A. Stein
m'a ouvert des perspective3 nouvelles. M. Wu Chi-yu a lu avec
moi la version chinoise des chapitres II et III. M. Tucci m'a
permis de consulter, à Rome, le Maftjusrimülakalpa dans l'édition
tibétaine de Lhasa. Enfin le dge-bçes Bskal-ldan, à Kalimpong,
a bien voulu lire et commenter avec moi plusieurs textes sur la
classification en quatre des Tantra. Que tous soient assurés de ma
gratitude. Il est à peine besoin de dire que, si l'on relève des erreurs
dans cette étude, j'en porte seule la responsabilité.
Paris, le 24 mars 1962.

1-1
.1'
t
INTRODUCTION

Lorsque Gal).apati Sastrî publia, de 1920 à 1925, les trois "tomes


du Manjusrïmülakalpa dont il avait découvert le manuscrit dans
un monastère de l'Inde du Sud 1, il ne prétendit pas en faire l'édition
critique. Il voulut au contraire reproduire fidèlement ce texte·
unique, considérant que « the non observance of the rules of
Vyakaral).a in regard to number, gender and case found throughout
this work is becoming its sacred character ». Il ne chercha pas à
établir une chronologie ou à déterminer la composition de ce
volumineux Tantra qui contient cinquante-cinq chapitres en
sanskrit, dans la copie du xv1e siècle ; l'essentiel était évidemment
de rendre accessible au public savant un ouvrage dont la rédaction
originale était restée inconnue jusqu'alors et parfois même
contestée.
Dès la parution du premier tome, J. Przyluski proposa une
chronologie du texte à l'aide des versions chinoise et tibétaine
avant d'aborder l'étude de la notion de Vidyaraja à travers le
premier volume•. En 1930, Mlle Lalou fit paraître l'édition tibétaine
et la traduction commentée des chapitres IV à VII, ainsi que des
fragments des chapitres XIV, XXVI, XXVII, XXVIII et XXIX
relatifs à l'iconographie des étoffes peintes•; un peu plus tard,
le même auteur présenta et traduisit du sanskrit le chapitre XLI-
XXXIX • dans lequel Garu<;la expose une série de rites magiques•.
Puis K. P. Jayaswal publia en 1934 une édition du chapitre LIii-LI,
revue et corrigée sur la version tibétaine•. Ce chapitre a fait la
fortune de l'ouvrage. C'est, selon Obermiller, une des sources de
!'Histoire du Bouddhisme de Bu-ston et il est abondamment cité

(1) Trivandrum Sanskrit Series, part I, n° LXX, 1920 j part II, n° LXXVI, 1922;
part III, no LXXXIV, 1925.
(2) Les Vidyürii.ja, conlribulion à l'histoire de la magie dans les sectes mahiiytinistes,
B.E.F.E.O., t. XXIII, Hanoi, 1923, p. 301-318.
(3) Iconographie des étoffes peintes {pa/a) dans le MaiijuArimiilakalpa, Paris, 1930.
(4) Cf. infra, p. 5-6.
(5) Un traité de Magie bouddhique, paru dans les Éludes d'Orienlalisme publiées
par le Musée Guimet à la mémoire de Raymonde Linossier, Paris, 1932, t. II, p. 303-322.
(6) An Imperia! Hislory of lndia in a Sanskrit le:cl, Lahore, 1934.
. f !

2 MAJ'jQALA DAINS LE MANJU$RJMULAKALPA

par des historiens tibétain comme Gzon-nu-dpal 1 et surtout


Tarana~ha. Il retrace, sous forme prophétique, l'histoire dynastique
de plusieurs royaumes de l'Inde du Centre et du Nord-Est depuis
700 av. J ,:C, j~s':lue vers 770 de notre ère. M. J ayaswal, d'ans son
com~ent.m_re ?rit1que, soutient que l'auteur du chapitre en question
sermt or1gma1re du Gauçla '· Récemment, le Chanoine Lamotte

(1) Cf. G. Roerich, The Blue Annals, vol. I, Calcutta, 1949, p. x-x1, où l'auteur
souligne l'importance de ce chapitre dans sa version tibétaine pour l'établissement
de la chronologie du règne de Sroil-bcan sgam-po, et partant son influence au Tibet
et en Mongolie.
(2) Op. cil., p. 3. Ràhula S8.il.krtyâyana, dans uO. article intitulé Recherches Boud-
dhiques, paru dans le JA, 1934, oct.-déc., p. 195-230, a proposé une autre hypothèse
qui s'~pp.uie. sur de~x vers tirés du ch. XVIII du MMK, p. 175. M. sankrtyàyana les
tradmt ams1 (loc. czt., p. 208) : a:Celui qui connaît le Tantra doit aller à VidiSë, qui est
le lieu de naissance du fruit de l'ambition surnaturelle; on dit que ce lieu est situé au
Nord-Ouest." De ces deux lignes, cet auteur tire des conclusions importantes pour
sa thèse car elles corroborent d'autres données tendant à prouver l'origine méridionale
du Mahâyëna. D'une part, parce que VidiSa est la Bhilsa actuelle, « la stance indique
donc que l'auteur vivait quelque part dans le sud de l'Inde»; d'autre part, u le Maii-
juSrimülakalpa appartient aux Vaipulyasütras de sorte que l'on peut considérer
Sriparvata et Dhànyakataka comme le pays d'origine du Vaipulyavâda ». Le premier
point est le seul qui nous intéresse ici, mais on voit qu'il entraîne loin M. Siilllqtyayana
et qu'il mérite qu'on s'y arrête. Replaçons d'abord ces deux vers dans leur contexte :
le chapitre XVIII, probablement tardif, manque aux versions tibétaine et chinoise ·
versifié, il est rédigé dans une langue altérée et souvent obscure {cf. M. Edgerton:
p. 575, s.v. samodita) i on y énumère les nalc~atra fastes et néfastes, les moments
propices aux cérémonies en fonction de la course du soleil, et les régions propres ou
impropres à la siddhi. Des rites à accomplir à l'Ouest, au Sud et au Sud-Ouest, pour
devenir roi, s'assurer une postérité et obtenir un résultat favorable précédent la citation
de M. sankrtyüyana. Elle se lit ainsi :
gacchad (lire gacchet, d'après l'expression parallèle de la 1. 11 de la même page)
vidiSa,r. tantrajna{i siddhilcâmaphalodbhavâmfpaScimotlarayormadhyaf!l sa deSa{i
pariltirlita!)//
VidiSa n'est pas au féminin dans le texte; on peut le corriger pour obtenir la ville de
Vidisâ, mais cela ne parait pas justifié car le passage ne contient pas d'autres noms
de villes ou de pays et ces deux vers ne tranchent pas sur l'ensemble. Vidifa paraît
avoir ici le sens, bien attesté, de « direction intermédiaire ». Quelques vers plus haut,
on rencontre, à propos du Sud-Ouest, l'expression gacchet diSaf!l et cette variante
répond peut-être à des besoins métriques. Tantrajfl.a désigne apparemment la personne
qui fait le rite : il est peu probable que tantra soit une allusion au MMK qui, la chose
est bien connue, n'est pas classé comme un Tantra en sanskrit.
On peut donc comprendre ces deux vers de la façon suivante, sans certitude quant
à la forme, mais avec des probabilités quant au sens général : « Celui qui est versé
dans les Tantra, qu'il aille au milieu (de la direction intermédiaire) du Nord-Ouest,
c'est la région célébrée comme procurant un résultat à ceux qui désirent la siddhi. •
On ne peut y voir aucune indication sur l'auteur du MMK ni sur son lieu d'origine,
et il faut bien conclure que l'affirmation de Sâlll<rtyü.yana reste encore à prouver.
La citation empruntée par le même auteur (p. 212) à un autre passage du MMK n'est
pas plus heureuse car, toujours pour étayer la même thèse, il isole d'un long passage
1NTR0DUCTI0N 3

a dégagé de façon rationnelle les éléments proprement historiques


de ce chapitre dans sa monumentale Histoire du Bouddhisme
Indien'.
Enfin Mlle Lalou a publié une analyse du Tiiramülakalpa
parallèlement au Manjusrïmülakalpa d'où il ressort que le contenu
des treize premiers chapitres et les trois quarts du quatorzième
sont communs aux deux traités, en dehors du fait que l'un est
dédié à Avalokitesvara et l'autre à Maîijusrï'.
Ces études portent directement sur le MMK, mais de nombreux
auteurs y font allusion ou l'ont utilisé, dans des traités généraux
sur la littérature indienne, comme Winternitz•, ou dans des études
sur le Vajrayana, comme B. Bhattacharyya• et Râhula Sankr-
tyayana •, ou encore pour le situer dans la littérature bouddhique
et dans le domaine des idées indiennes, comme M. J. Filliozat•
et M. G. Tucci'.
Cependant, comme Przyluski s'est appuyé pour établir la
chronologie du texte sur le seul premier tome du MMK et comme
ses hypothèses n'ont pas, à ma connaissance, été reprises et
appliquées à la suite du MMK, je tenterai d'examiner d'abord ses
arguments à la lumière des deux autres volumes parus et des
études consacrées au MMK qui me sont accessibles; par exemple,
je ne sais pas le chinois.
Voici, en résumé, l'argumentation de Przyluski : le MMK est
appelé, en chinois, vaipulyasülra et, en tibétain, rgyud, c'est-à-dire

géographique (ch. X, p. 88) où plusieurs dizaines de régions sont passées en revue,


trois lignes concernant Dhànyakataka où l'on prédit, comme dans les autres lieux
cités, la réussite des mantra. Il n'y a rien dans ce passage qui puisse laisser penser
que le MMK a:exalte particulièrement• une région plutôt qu'une autre.
(1) E. Lamotte: Histoire du Bouddhisme Indien; des origines à l'ère $aka. Louvain,
1958, p. 15, 98, 102~106, 243, 251, 263-264, 389, 430, 769.
(2) MafljuSrimülakalpa et Tiiriimülakalpa, H.J.A.S., vol. I, nov., 1936, p. 327-349.
(3) Hislory of lndian Lileralure, Calcutta, 1933, t. II, p. 397. L'auteur renvoie
pour des détails complémentaires sur le MMK à un article de La Vallée Poussin sur
le tantrisme dans H.E.R.E., vol. XII, p. 194, référence inexacte car il n'y est question
que du MaiijuSrinâmasar'lgiti - et que je n'ai pu rétablir. cr. également Notes on the
Guhya-samâja, I.H.Q., IX, 1933, p. 1 et suiv.
(4) B. Bhattacharyya, après avoir analysé le contenu du MMK de façon parfois
tranchante dans Origin and development of Vajragâna, I.H.Q., t. III, 1927, p. 733-746,
article reproduit partiellement et incorporé dans !'Introduction à l'édition des Sâdha-
namiilâ, t. II, G.O.S., n° XLI, Baroda, 1928, p. xxx1v-xxxv1, est revenu sur la question
de Cnçon plus nuancée dans la préface à l'édition du Guhyasamâja, G.0.S., t. LIII,
1931; c'est donc à cet ouvrage que je me référerai.
(5) Voir plus haut, p. 2, n. 2.
(6) L'Inde classique, t. I, Paris, 1949, § 227 et t. II, Paris, 1953, § 2015.
(7) Tibelan Painted Scrolls, Rome, 1949, p. 215-217 et passim.
4 MAJ'jI;>ALADMΠLE MANJUSRIMULAKALPA

tantra; en sanskrit, à partir du chapitre IV (sous la forme mahiiyiina


sutra) et dès le chapitre V en tous cas, il est classé comme un
vaipulyasutra, recouvrant ainsi la classification chinoise ; cette
divergence entre les trois. premiers chapitres, d'une part, et la
suite du premier tome est accentuée par le fait qu'au début les
trois premiers chapitres sont intitulés parivarta et les suivants
pa/ala visara ainsi que par la prédominance de Maiijusri dans
les trois premiers chapitres, de Sâkyamuni dans les autres ; par
ailleurs, la traduction chinoise de ces trois parivada se situe entre
980 et 1000 de notre ère, alors que certains chapitres, comme le
XIV•, « s'apparente à une série de textes publiés en chinois de
702 à 705 ». Przyluski en a conclu à l'existence de deux couches
de rédaction, la première et la plus ancienne composée des chapitres
décrits comme vaipulyasutra, pa/alavisara, avec Sâkyamuni comme
divinité principale, la seconde composée des trois premiers chapitres,
plus tardifs et caractérisés par le terme parivarta, par la prédomi-
nance de Maiijusri et par un lieu de prédication qui n'est pas,
comme dans les textes anciens, un lieu saint du bouddhisme, mais
le ciel des Suddhavâsa. Cette première hypothèse posée, Przyluski
indique, de façon plus générale, que les colophons du texte sanskrit
à partir du quatrième chapitre rattachent l'ouvrage à la collection
de l'avalarrzsaka et que ce sont les remaniements apportés au
vaipulyasutra primitif qui l'ont fait prendre par les Tibétains
pour un tantra. On peut enfin, selon lui, situer « la rédaction
définitive, sinon l'élaboration de ce traité, entre le début du vm•
et la fin du x• siècle ».
Reprenons les données de cette démonstration, en apportant
d'abord un élément de plus à l'argumentation de Przyluski en ce
qui concerne la classification de l'ouvrage. En effet, les colophons
de la version tibétaine, suivant littéralement ceux de l'original
sanskrit, désignent le quatrième chapitre comme appartenant à
un mahiiyiina sutra (theg-pa chen-po'i mdo)1, tandis que le
chapitre V est rattaché au theg-pa chen-po rgya che-ba'i mdo' et
qu'à partir du sixième chapitre jusqu'à la fin de l'ouvrage on est
en présence de la formule mahiiyiinavaipulyasulra, c'est-à-dire
theg-pa chen-po'i mdo-sde çin-iu rgyas-pa'. Le MMK parait donc
avoir été considéré à partir du quatrième chapitre, en tibétain
comme en sanskrit, comme un vaipulya sülra du Mahâyana,

(1) Cf. Mlle Lalou, Iconographiedes étoffespeintes1 p. 87.


(2) fbid., p. 91.
(3) Ibid., p. 100. La formule alterne dans les colophons avec celle du chapitre V :
elles sont synonymes.
INTRODUCTION 5

recouvrant ainsi la terminologie chinoise, s'il faut, comme Przyluski


le laisse entendre, ne pas voir de différence entre un mahiivaipu-
lyasülra et un mahâyânavaipulyasulra. Certes, notre texte est
appelé au début et à la, fin de la version tibétaine' 'Jam-dpal-gyi
rca-ba'i rgyud et même si ce rgyud n'apparait pas dans les colophons,
le MMK n'en est pas moins classé dans le Kanjur avec les Tantra.
Il n'est cependant pas le seul sütra qui se trouve dans la section
Rgyud, le Suvar,:iaprabhiisottamasutra et d'autres' étant inclus
dans cette section. S'il est probable que, comme Przyluski l'a
indiqué, le sutra de base a subi des remaniements qui l'ont fait
prendre pour un Tantra, on constate cependant que pour les
docteurs tibétains il n'est pas contradictoire de classer un mahâyâ-
nasütra dans le Rgyud.
En ce qui concerne le second élément qui a permis à Przyluski
de déterminer deux couches de rédaction dans le texte, c'est-à-dire
les différences de désignation des chapitres, il m'a semblé utile de
relever ces désignations dans les colophons plutôt qu'en tête de
chapitre, car celles-ci paraissent dues au copiste et non au texte
même, d'après la note au colophon du chapitre XV/XIII. Voici
ce qui ressort de cet examen. Du cinquième chapitre au cinquante-
quatrième, l'avant-dernier, les colophons du texte sanskrit
nomment bien le MMK Mahiiyiina vaipulyasutra, à l'exception
d'un chapitre, le XXXVI/XXXIV bis (je l'appelle «bis» parce
qu'il porte la même numérotation que celui qui précède sans en
être la copie) ; je reviendrai plus loin sur la numérotation des
chapitres qui pose des problèmes. Mais, pour ce qui est des diffé-
rentes façons de désigner les chapitres, parivarta ou pa/alavisara,
on se heurte à des complications : après les trois premiers parivarta
suit un visara tout court, tiré d'un Mahâyânasiitra, comme
Przyluski l'avait noté ; puis au chapitre V on a affaire à des pa/a-
lavisara, cela jusqu'au chapitre XIV qui est aussi un visara tout
court. A partir du chapitre qui suit, le fait a été signalé par
Mlle Lalou dans Mafijusrïmulakalpa el Tiirâmülakalpa, la numéro-

(1) Au colophon des autres chapitres 1 en tibétain, il est appelé 'Jam-dpal-gyi rca-ba'i
ého-ga,· les deux mentions de rgyud pourraient avoir été rajoutées après coup.
(2) Burnour, qui rapprochait déjà dans son Inlroduclion à l'Hisloire du Buddhisme
indien, Paris 1876, p. 477~479, le SuuarQaprabhfisa des Tantra, dit fort bien à ce propos
(p. 479) : « L'existence du titre de Sülra donné à un Tantra prouve seulement que les
sutras passent. aux yeux des Buddhistes du Népal pour la parole même de Çfikya, et
nous ramène à ce résultat, plusieurs fois indiqué dans le cours de ces recherches que
c'est aux Sütras qu'il faut toujours revenir, si l'ont veut retrouver soit la forme la plus
ancienne de son enseignement, soit la forme la plus populaire sous laquelle il subsiste
de nos jours au nord de l'Inde.»
6 M~J;>ALA DANS LE MAJUUSRIMOLAKALPA

tation est décalée en sanskrit ; le chapitre qui porte en tête le


chiffre XV est le treizième dans le colophon, le suivant, numéroté
XVI en tête de chapitre, compte comme quatorzième au colophon
et ainsi de suite'. Le chapitre XV 2 est appelé à nouveau pa/ala-
visara, le chapitre XVI, visara, le chapitre XVII, pa/alavisara,
le chapitre XVIII, parivarlapa/alavisara, réunissant ainsi les deux
désignations relevées par Przyluski ; le suivant reprend l'indication
de pa/alavisara mais le chapitre XX est appelé pa/alaparivarta,
le suivant parivartapa/alavisara ainsi que le chapitre XXII et le
ch. XXIII qui ouvre le second tome de l'édition du MMK. Puis
les désignations s'entremêlent de la même façon jusqu'à la fin
du texte édité et on peut schématiser dans le tableau suivant ces
différentes indications :

parivarlapa-
parivarla pa/alavisara visara
/alavisara

"'
le;
.., 1-3 5-13, 15, 17, 19, 4, 18, 21, 23,
·~
p. 40, 53 24-27, 29, 30, 14, 16. 28, 31 8 , 34.
"'
..c::
<:..')
32, 33, 35-39,
43-52, 54.

pa/alaparivarla aucune indication pa/ala/i visara/i parisara•


--
"'
le;
..,
-~
p. 20, 41 42 55
"'
..c::
<:..')

(1) Le fait est significatif d'autant que le Tdrâmiila!.alpa démarque les quatorze
. premierschapitres du MMK; on peut donc penser avec Mlle Lalou, que ces quatorze
premiers chapitres constituent un ensemble dérivant peut-être d'un original commun
autre que le MMK. Il faut cependant se rappeler que le Tdrümillaltalpa est placé de
telle façon dans le Kanjur qu'il ne peut qu'être très tardif j il est d'ailleurs attribué à
AtiSa.
(2) Je choisis pour plus de simplicité le chiffre donné en tête du chlipitre sanskrit.
(3) Lire, skt. p. 334, pariuarlapafalavisara au lieu de parivarlapa/avisara.
(4) On peut ajouter cette référence {Ml\IK, p. 721, I. 2 infra) à celles de M. Edgerton
s.v. parisara qui a relevé ce terme dans un colophon du Mahtivtislu, t. I, p. 193, 1. 12;
E. Senart traduit parisara par a:introduction » en envisageant la possibilité de corriger
en parivarla, ce qui est peut-être préférable pour un dernier chapitre. L'hypothèse
de E. Senart renforcerait pourtant l'indication donnée à la fin du chapitre LV par
le copiste Ravicandra : parisamtipta,r,. ca yalhtilabdhamanjuSrïyasya kalpamiti.
INTRODUCTION 7

II ressort de ce tableau que l'alternance parivarta)fra/alavisara


ne recouvre pas toutes les variantes du texte et qu'on ne peut
guère s'appuyer sur cet argument pour distinguer deux couches
de rédaction dans le MMK. Il ne semble pas non plus que ce
groupement en sept catégories puisse être utilisé pour l'établisse-
ment de la chronologie du texte. Si l'on examine par exemple le
groupe des parivarta, on remarque que le ch. XL, entièrement
versifié après les huit lignes d'introduction, fait suite au chapitre
précédent, également versifié, qui appartient au groupe des
pa/alavisara. Ce chapitre XL, un pa/alanirdesa/i parivarla, traite
comme le chapitre XXXIX de rites de sâdhana et il est comme
ce dernier prêché par Sâkyamuni à Maîijusri chez les Suddhâvâsa ;
de plus, l'un et l'autre manquent au tibétain et au chinois. On voit
ainsi la parenté de ces deux chapitres qui cependant sont désignés
par deux appellations différentes et les divergences qui séparent
le chapitre XL des trois premiers parivarla, par le cadre général
comme par la rédaction. Quant au célèbre chapitre historique
(Râjavyâkara,;,a, ch. LIII), il est énoncé par Sâkyamuni à l'Assem-
blée des Deva, aux Bodhisattva qui ont VajrapâQi à leur tête,
aux Arhats précédés par Sâriputra, à Vaisrava)Ja, chef du groupe
des quatre Mahârâja, à Sakra, chef des Trente-trois, etc. Or Maîi-
jusri n'est pas mentionné dans cette énumération et le lieu de la
prédication manque ; il semble qu'on soit loin de l'état de croyance
attesté par !'Introduction qui décrit l'Assemblée'. On pourrait
multiplier les exemples : les chapitres IV et V, indéniablement
apparentés, sont appelés l'un visara, l'autre pa/alavisara. Les
désignations des chapitres ne semblent donc pas constituer à
elles seules un élément positif de classification .
Quoi qu'il en soit, les trois versions paraissent d'accord pour
considérer le MMK comme un vaipulya sülra. Sans entamer
ici une discussion sur la place des vaipulya sülra dans la littérature
bouddhique en général 2 , on éclaircira peut-être la notion de
Bodhisallva-pi/aka-avala'7'saka qui est régulièrement appliquée au
MMK dans les colophons des chapitres•, en rappelant la définition
qu'en donne Bu-ston. Pour le Maitre tibétain, le Vaipulya, qu'il
classe à la manière traditionnelle comme le dixième des douze
aizga, « contains Mahayanistic scripture » et Obermiller ajoute en
note : « lit. endowed with the code (Pi/aka) of the Bodhisattvas».
The Vyâkhyâyukti (Tg. MDO, LVIII 97 a, 8) says : çin-lu-rgyas-

(1) Je donne un résumé de ce premier chapitre p. 20-27.


(2) Cf. Burnouf, Introduction, p. 95-101.
{3) Cf. M. Filliozat, L'Inde Classique, t. II, Paris, 1953, § 2015.
8 MAJ:!J;>ALA
Dh'IS LE M'ANJl()$!UMOLAKALPA

palJ,i-sde-m [f,eg-pa-chen-po-yin-te. luli-phog gan-gis bya1i-chub-


sems-dpalJ,-rnams pha-rol-tu phyin-pa bcu-dag-gis sa-bcu-dag-tu
lJ,grub-pa-na slobs-bculJ,i rien salis-rgyas-nid thob-palJ,o. ccThe Vai-
,1 pulya class is (to speak otherwise) the Mahâyâna. It is that part
i: of Scripture, by means of which the Bodhisattvas, having attained
the (ten) stages of Enlightenment (bhümi) through the ten trans-
cendental virtues (piiramilii}, attain the state of a Buddha, the
substratum of the ten forces "'·
Cette classification fait écho à celle de la Bodhisatlvabhiimi,
i; entre autres, où ccon voit que le Bodhisattva étudie : 1. la corbeille
des Bodhisattvas, 2. la corbeille des Srâvakas, 3. les traités exté-
rieurs (biihyaka siislra), logique, grammaire et médecine, 4. les
arts et métiers.
ccPar « corbeille des Bodhisattvas ", il faut entendre ccce qui est
vaipulya dans !'Écriture à douze membres " : dvadafaligiid vacod-
galiid yad vaipulyarr<; le reste de !'Écriture est la cccorbeille des
'i!
': Srâvakas "· Les Bodhisattvas vaipulyasülriinladhara du Lotus, VI, 7,
prêchent le Grand Véhicule,,,,
Vaipulyasülra et Bodhisattvapi/aka seraient donc deux syno-
nymes désignant les textes du Grand Véhicule. Pour ce qui est
du terme avalarr<saka, on sait qu'il ne peut être rapproché de la
grande collection du Buddha Avalarr<saka puisqu'il s'agit ici d'un
Bodhisattva pi/aka avalarr<saka•.
On pourrait aussi, en partant des études de J. Przyluski sur
l'histoire des Canons dans les sectes bouddhiques, envisager une
autre hypothèse pour l'explication du terme Bodhisattva pi/aka.
En effet, d'après la ccrelation sur la durée de la Loi énoncée par le
I' grand Arhat Nandimitra ,,•, l'école des Dharmaguptaka possède
un Canon divisé en quatre cccorbeilles "• composé des trois pifalw
lr traditionnels et d'un Bodhisattva pifaka. Cette école, qui est
attestée selon Przyluski dès le m• siècle de notre ère en pays
1.,
iranien, serait originaire, non de Ceylan, mais de l'Inde de l'Ouest
où le Yonaka Dhammarakkhita, en qui Przyluski propose de voir
Dharmagupta, fondateur de la secte, aurait prêché la Loi.
Depuis, M. P. Demiéville a montré qu'une antre tradition, qui

(1) Hislory of Buddhism (Chos-lJ.byung) by Bu-ston; trad, E. Obermiller, part I,


Heidelberg 1931, p. 33 et 151-152, dont je respecte la transcription.
(2) La Vallée Poussin, VijiiaplimOlrasiddhi, la Siddhi de Hiuan-lsang, t. II, Paris,
1929, p. 613-614.
(3) Cf. L'Inde Classique, § 2015; cette confusion a été faite par M. Sâi:Lkrtyiiyana
op. cil., p. 206. '
(4) J. Przyluski, Le Concile de Riijagrha. Introduction à l'Hisloire des Canons el
des Sectes bouddhiques, Paris, 1926-1928, p. 328-329 et 399.
INTRODUCTION 9

s'appuie sur le commentaire de Paramârtha, accorde à. l'école


Dharmaguptaka un Canon en cinq corbeilles. Selon K1:ts_:1ng,
1
cette secte cctirait son origine d'un disciple de Maudgalya;ya:1a
qui ' devenu arhat ' suivait toujours son maitre lorsque celm-c1 se
rendait dans le monde des formes (rüpadhiilu} »... ,p. aramar
-th a,
dans son commentaire au traité de Vasumitra, dit ceci : « Dhar-
magupta est le nom d'un arhat, disciple de Maudgalyâyâna qui
suivait toujours ce dernier chez les dieux et chez les hommes.
Les Devaputra des six cieux du Désir• lors.qu'ils voy~ient Mau~ga-
lyâyâna ne manquaient pas de s'entretemr avec lm de la Loi du
Buddha "··· De tout ce que Dharmagupta, au cours de ses voyages,
entendit ainsi au fur et à mesure, il n'y eut rien qu'il ne récitât
et ne retint. Après le Nirvàl).a de Maudg~Iyayâ~a, il le rep_assa
dans sa mémoire et en fit les cinq corbeilles smvantes : Sutra,
Vinaya, Abhidharma, Fo;mul.es, magiques et_ ~~dh!sattvas ,,•.
Mais un siècle plus tard, c est a I école des Mahasangh1ka et non
plus à celle des Dharmag:1ptaka qu~ ~iuan-ts~ng rattache la
corbeille des Formules magiques ou Vidyadharapi/aka, école dont
Je Canon se composerait de cette. corbeille, des ;rois co~b~illes
classiques et du Samyukla. Il est vrai que M. Bareau et M. F1lhozat
sont d'avis que la doctrine des Dharmaguptaka présente ~<~~s
affinités particulières avec celles des Mahis_âsaka et M~has~n-
ghika »•.Quoi qu'il en soit, il semble y avoir eu contam1:1at10n
entre l'attribution à la secte Dharmaguptaka d'une corbeille de

(1) Voir cependant, pour les différentes attributions du nom de Dharmagupta,


M. A. Bareau, Les Sectes bouddhiques du Pelil Véhicule, Saigon, 1955, p. 190, où les
références sont réunies.
(2) M. Demiéville, L'origine des Sectes bouddhiques d'après Paramiirlha, paru dans
les Mélanges Chinois et Bouddhiques, I, 1931-1932, Bruxelles, 1932, p. 60. .
(3) M. Demiéville indique en note un peu _plus loi.n (p. ?1, .11. 1) que le Fo pen hmg
tsi fting (Nj, 680), « la plus considérable des biographies chmo1so_s~u Bud~ha ~' débute
par de récit d'une visite de MaudgalyiiyO.na chez les Suddh~vasa, qm lut parlent
aussitôt des pratiques accomplies par le Buddha pendant d mnombrables 1:alpa ».
M. Demiévillc relève cette divergence (p. 61, n. b) et pense que la leçon de Kt-tsang
est meilleure puisqu'il s'agit du ciel des Suddhavasa. Il est curieux de co~stater l~
même alternance dans le chapitre d'introduction du l\lMK. Le Buddha Sakyamun1
installé chez les $uddhiiviisa invite le Bodhisattva MafijuSri, par un rayon émané de
son urna à venir réciter des mantra en sa présence j celui-ci, avant de quitter son
dhiilu ~n~once à tous qu'il va se rendre u auprès du Buddha Sâkyamuni, dans le Saha-
lokadhütu » (cf. infra, p. 22 et n. 1 do la même page).
(4) cr. M. Demiéville, op. cit., p. 60-61.
(5) Op. cil., p. 292. On peut aussi se reporter à l_'inve~taire des données concern~nt
la division du Canon dans les différentes Sectes qm ont Joué un rôle dans la formation
du Grand Véhicule, p. 296-297.
(6) L'Inde Classique, t. II, p. 558, § 2314.
1
i

10 M~QALA DANS LE MANJIUSRJMOLAKALPA

Formules magiques et Je fait qu'à la fin du vn• siècle, un Dharma-


gupta doué d'une étonnante longévité, grand docteur de l'Univer-
sité de Nalanda, se soit vu attribuer l'institution d'un Dhiira,:,ï-
pi/aka1. Or Hiuan-tsang et Yi-tsing notaient déjà la vogue à
Nalanda de cette corbeille des formules magiques; et l'on connait
la controverse qui a fait abandonner, pour la corbeille mentionnée
par Hiuan-tsang, le terme de Dhiira,:,ïpi/alw pour celui de Vidyii-
dharapi/aka2. Il serait alors peut-être légitime d'employer ce
terme également pour la quatrième partie des Écritures de la
secte Dharmaguptaka. ·
En suggérant l'hypothèse d'un rattachement possible du MMK
aux Écritures de la secte Dharmaguptaka - parce qu'il relève
d'un Bodhisattva-pitaka et qu'il est apparenté par le contenu au
Vidyàdhara-pitaka - il faut évidemment souligner que l'infor-
mation de Paramartha qui prête ces deux corbeilles à la secte des
Dharmaguptaka est tardive. Or M. Bareau, à la lumière des
indications fournies dans le Vinaya-pitaka de cette secte a fait
l'analyse de la structure de son Canon, qui s'avère être un Tripitaka
1 normal. Les deux corbeilles supplémentaires, s'il est exact qu'elles
aient été surajoutées au Canon primitif de cette secte, seraient
donc une adjonction tardive et, selon M. Bareau, particulière à
l'école mahâyâniste des Dharmaguptaka. Ces réserves faites, on
peut cependant noter qu'au vr• siècle une tradition classait dans
un même fonds doctrinal deux groupes d'Écritures appelés Bodhi-
sattva-pi/aka et Dhiira,:,ï0 ou Vidyiidhara-pi/aka.
Pour B. Bhattacharyya, le MMK sert surtout de jalon, d'étape
dans le développement des idées du bouddhisme tantrique, et,
dans son introduction à l'édition du Guhyasamiija, il définit
clairement ce qu'il se propose de tirer de son étude : « The chief
problem connected with the composition of the Guhyasamiija is
to ascertain fairly accurate data which will establish the time
when the work was written. But this is dependent on the correct
dating of another work which has been published in original
sanskrit and is known as the Manjusrïmülakalpa »•.Pour cela,
1, B. Bhattacharyya se fonde principalement sur le développement,

i (1) Cf. L'Inde Classique, t. II, § 2091, 2314 et Le Concile de Rüjagrha, p. 356-361.
(2) On peut se reporter, pour une rétrospective de la question, à M11 e Lalou, Le Culte
des Nüga et la thérapeulique 1 J. A., janv.-mars 1938, p. 9-11. Dans un article récent
intitulé A la recherche du VidyUdharapi/aka: le cycle du Subahupariprcchâtanlra,
Kyàto, Hl55, le même auteur, relevant dans ce tantra la mention rig-•jin sde-snod,
fournit une preuve décisive en faveur de la restitution vidyOdharapifaka.
(3) Guhyasamiija, p. xxxII.

INTRODUCTION 11
dans les deux textes, des éléments caractéristiques d'un véritable
Tantra, c'est-à-dire, selon lui, l'existence du système des cinq Jina
et la présence de leurs Sakti ainsi que l'attestation de cérémonies
du type prajniibhi~elw au cours desquelles le disciple est uni, de
façon transcendante mais réelle, à une Sakti. Or la théorie des
cinq Tathagata en tant que Kulesa, et régents des orients, qui se
répartissent à eux cinq toute la création, émanations d'un sixième
Jina qui les domine, apparait pour la première fois, selon cet
auteur, dans le Guhyasamiija. De toutes manières, l'importance et
l'influence de ce texte ont été telles qu'on peut à juste titre le
considérer comme un état représentatif du système. Étant donné
que les noms de certains Dhyâni Buddha et Bodhisattva
apparaissent dans le MMK ainsi que la mention de trois Kula,
M. Bhattacharyya en a conclu que le MMK, présentant un premier
état moins développé de la doctrine exposée dans le Guhyasamiija
lui était donc antérieur. Et même, selon lui, "it appears as if the
Mülakalpa offered materials to the writer of the Guhyasamiija
to develop upon them, and thus the Guhyasamiija on the strength
of the evidence adduced must be preceded by the Mafîjusrïmü-
lakalpa »1 • Cela posé, M. Bhattacharyya propose comme auteur
du Guhyasamiija, Asanga, le célèbre créateur du système Yogacara
et assigne au Guhyasamiija la date du tu• siècle de notre ère et,
partant, au MMK celle du siècle précédent, au moins pour les
vingt-sept premiers chapitres du texte sanskrit. Cette séparation
des vingt-sept premiers chapitres du reste de l'ouvrage est suggérée
à M. Bhattacharyya par la traduction chinoise du MMK qui date
du x• siècle et contient vingt-huit chapitres. Comme on trouve au
chapitre XXVIII du texte sanskrit une mention de dïniira dont la
présence n'est pas attestée dans l'Inde avant Je v• siècle de notre
ère, cet auteur a considéré que les vingt-sept premiers chapitres
du MMK ou peut-être un nombre plus restreint, peuvent dater
du n• siècle, la suite étant postérieure au v• siècle. Nous verrons
tout à l'heure que cette division du texte ne peut se soutenir par
les raisons avancées par M. Bhattacharyya.
Depuis la parution des travaux de M. Bhattacharyya sur l'origine
et le sens de la théorie des cinq Dhyàni Buddha, comme ils sont
appelés dans la tradition népalaise moderne, M. P. Mus a consacré
de longues pages de son Barabwjur à la recherche des éléments
primitifs qui ont contribué à la formation de cette théorie'. Il est

i 1} Guhyasamlija, p. xxxv11.
(2) Barabw;iur, Esquisse d'une Histoire du Bouddhisme fondée sur la critique archéo-
logique des lexies; t. I, Hanoï, 1935, p. 435-474; t. II, p. 577-600.
t
'I

1
12 MA]'.!J;>ALA
DANS LE MAN.IUSRIMOLAJL\LPA

hors de propos de tenter de résumer ici les riches et profonds


aperçus de M. P. Mus sur « un mouvement des croyances qui a
fini par commander tout le bouddhisme du Grand Véhicule, de
Java au Japon »1 • Mais, pour ne le citer que sur le point qui nous
occupe, cet auteur a démontré qu'en dehors des parallèles qu'on
peut établir entre les cinq Jina, les cinq skandha et les cinq indriya,
la structure même du système des cinq Dhyani Buddha est déjà
présente dans le Sa!apalha Brâhmal)a où « les cinq Agni, qui sont
cinq Souffies, en même temps qu'on en fait les régents des orients ...
et par cela même des facultés humaines »2 préfigurent, dans leur
répartition, la théorie des cinq Jina. Un peu plus loin, reprenant
les éléments de son analyse, M. P. Mus ajoute : « Facteurs cosmi-
ques, physiologiques et psychologiques, schéma spatio-temporel,
formules architecturales et types iconographiques, - ce sont à
1 peu de chose près tous les éléments de la conception définitive des
cinq Buddha transcendants qui se retrouveraient déjà préparés,
J!
!
mais encore en pièces et en morceaux, dans les divers ordres de la
réflexion et de l'activité bouddhiques, antérieurement à l'apparition
~ 1 du culte spécial de ce groupe quinaire des Jina. Au niveau d'un
texte comme le Lolus de la Bonne Loi, tout est prêt dans la pensée
religieuse, l'art et même la mythologie pour que se matérialise
une pentarchie transcendante. Il ne manque que la liste des
cinq noms ou plutôt, il en manque encore quelques-uns : Amitabha
et Ak~obhya ont déjà fait leur apparition, précédant Amoghasiddhi,
Ratnasarpbhava et Vairocana »•.On voit bien par là que les
racines des éléments qui ont servi à l'élaboration de ce système
remontent loin avant le Maiijusrïmülakalpa. Par ailleurs, si l'on
voulait, à la suite de M. Bhattacharyya, isoler un moment des
croyances caractérisé par un système trinaire des kula, des karma
et des siddhi, il faudrait se reporter au groupe de Tantra dépouillés
par Mlle Lalou, qui, comme la Subâhupariprcchâ font partie du
Vidyâdharapi/aka• avec qui le MMK a, on le sait, plus d'un point
commun. Il faut surtout se rappeler que le Guhyasamâja appartient
,1 à la classe des Anuttarayoga tantra• tandis que le MMK est
rattaché aux Kriya Tantra, comme l'attestent par exemple le

(1) Ibid., p. 438.


(2) Ibid., p. 465.
(3) Ibid., p. 577.
(4) Cf. supra, p. 10, n. 2.
(5) Cf. Blue Annals, t. I, p. 356.
INTRODUCTION 13

Padma lhafz-yig 1 et Bu-ston dans sa classification du Rgyud '·


Certes, comme le dit très bien M. G. Tucci à propos de la division
en quatre des Tantra, « Such a classification was made later,
when most of Tantric literature was already concluded, and it
was based on likenesses between Tantras, justified by the same-
manner of expressing intuitions and of presenting certain rites.
So that the classification has a value we might call retrospective
and a posteriori, it is the fruit of a reflexion which was, however,
generally accepted »•.
Faut-il donc s'étonner de l'absence d'un système ésotérique et
révélatoire comme celui des cinq Jina dans un texte qui par
nature traite avant tout des pratiques extérieures de la méditation
- mal)gala, mudrâ, manlra - et d'iconographie, d'astrologie,
de géographie ? Il semble qu'avant d'établir une chronologie sur
des faits religieux arbitrairement isolés et rapprochés, que l'on
considère comme formant des repères évolutifs, il serait préférable
de tenir compte de la logique interne du système auquel ils appar-
tiennent. On a par exemple étudié comme des étapes successives
dans le développement du Tantrisme bouddhique, les cérémonies
d'abhifeka décrites dans le MMK, le Tallvasal'{lgraha, le Guhyasa-
mâja et le Hevajralanlra•; mais si les différents échelons de cette
hiérarchie initiatique ne peuvent se gravir que dans cet ordre,
il n'est pas prouvé par là que l'élaboration historique des textes
ait suivi la démarche des abhifeka.
Pour en revenir à la datation du Guhyasamâja, le dernier état
de cette question si controversée semble être fourni par M. G. Tucci
qui écrit dans ses Tibe!an Painled Scrol/s 5 : « the Guhyasamâja
was elaborated in the Swat valley, in or about the epoch of this
personage » - il s'agit d'Indrabhüti - « which seems to be, more
or Jess, the end of the VIIth and the beginning of the VIII th century
A. D. ». Si donc le Guhyasamâja est reporté à cette date, tardive
par rapport à celle qui lui assignait M. Bhattacharyya, la difficulté
causée par la présence de dinâra au chapitre XXVIII du MMK

(1) Padma thari-yig, ch. LXXXVI[!, fol. 331 b du xylographe de Pékin de la B.N. :
de-llar lcriya rca-ba'i sde drug 'gyur f bya-ba spyi rgyud 'fam-dpal rca-ba'i rgyud / bye-
brag ého-ga Zib-mo ston-pa'i rgyud f etc.
(2) cr. T.P.S., I, p. 261-263, n. 276; éhos-'byun. fol. 172 a.
(3) Ibid., p. 220. cr. infra, p. 62--76 de cette introduction.
(4) Dans une communication de M. D. Snellgrove faite au VIIIe Congrès d'Histoire
des Religions, intitulée: The notion of divine l(ingship in Tanlric Buddhism; un résumé
a paru dans les Alti dell'V Ill Congresso internazionale di Sloria delle Religioni, Florence,
1956, p. 183-185.
(5) T.P.S., p. 213.
. '
'

14 MAJIIQALA DANS LE MAN.IUSIHMOLAKALPA

tombe du même coup. Il reste certain que la confrontation des trois


versions (sanskrit, tibétain et chinois) de notre texte, déjà amorcée
par Przyluski, demeure indispensable pour une étude des rema-
niements apportés à l'ouvrage. La remarque de M. Bhattacharyya
reste donc importante : le MMK ne peut avoir été composé posté-
rieurement au x• siècle pour ceux de ses chapitres qui ont été
traduits en chinois ; c'est ce qui ressortait déjà de l'analyse de
Przyluski. Mais si Tibétains et Chinois ont adopté pour leurs
chapitres une numérotation continue, cette numérotation ne
correspond pas toujours à celle de l'édition sanskrite du MMK
et, pour ne prendre que cet exemple, le chapitre XXVIII du
chinois correspond au chapitre XXXIV du sanskrit de l'édition
Gai;tapati Sastr!.
Reprenons l'excellente table des matières du catalogue de
l'Université Otani 1 ; la table de concordances que Mlle Lalou
a établi, pour le tibétain, sur l'édition de Narthang, sera aussi d'un
grand secours. On constate que l'édition chinoise, ou plutôt une
des éditions chinoises, comprend trente-deux chapitres, les deux
éditions tibétaines, Narthang et Pékin, trente-six (qui sont en
réalité trente-sept comme nous le verrons) et la version mongole
trente-six, d'après le catalogue de M. Ligeti 2. On sait que l'édition
sanskrite en contient cinquante-cinq. Les dix-sept premiers
chapitres sont communs aux trois versions ; les chapitres XVIII
à XXIII qui traitent d'astrologie et de présages et, le dernier, de
la connaissance des sabda, manquent au tibétain et au chinois.
Les trois versions possèdent les chapitres XXIV en sanskrit,
XVIII en tibétain et en chinois et ceux qui suivent jusqu'au
chapitre numéroté XXXI en sanskrit, XXV dans les deux tra-
ductions ; ils portent sur les nimitla et l'astrologie. Le
1
chapitre XXXII du sanskrit correspond au chapitre XXVI du
tibétain, mais au vingt-septième du chinois car il y a eu inter-
'il.1 version entre ce chapitre et le suivant, d'après le Catalogue d'Otani;
!
au chapitre XXXIV, les numérotations du chinois et du tibétain
1
)i se rejoignent dans un même chapitre XXVIII. Les chapitres XXXV
à XXXVIII manquent au chinois mais sont traduits en tibétain
à l'exception du chapitre qui suit le trente-sixième de l'édition
sanskrite et porte la même numérotation. Tous deux traitent de
mudréi mais, tandis que le chapitre XXXVI a deux pages, le suivant
en occupe vingt-sept (p. 384-411) avec prédominance de prose.

(1) ôtani l(anfur Catalogue, no 162.


(2) Cataloguedu l(anjur mongolimprimé, Budapest, 1942, Dandr-a XII, n° 164 (26),
( p. 52.
1
INTRODUCTION 15

L'éditeur indique en note que ce chapitre se trouvait à la fin du


texte et qu'il l'a remis à la place qu'il devait occuper d'après
sa numérotation. Les chapitres XXXIX et XL manquent au
tibétain et au chinois ; le chapitre XLI manque au tibétain mais
existe en chinois, en dehors du MMK, dans une traduction de 775
due à Amoghavajra 1 • Les chapitres XLII à XLVI, consacrés, le
premier excepté, aux gestes rituels des mains, comme les
chapitres XXXVI (dans le MMK, mahéimudréi parait avoir unique-
ment ce sens et non celui de « femme associée au rite » comme dans
les textes rattachés aux Tantra supérieurs) et XLVII à XLIX,
qui concernent un groupe de divinités appelées « les qua~re
Kumari,, ou « les quatre Sœurs »2 (présentes dans la descr1pt10n
du mal)q,ala) manquent en chinois comme. en ti~étain ; l~s trois
chapitres suivants sont communs aux tr01s versions et ~,est au
chapitre LII du sanskrit que correspond le trente-deuxieme et
dernier chapitre de la version chinoise. L'important chapitre du
Réijavyéikaral)a qui suit est traduit en tibétain ; mais il lui manque
seize lignes du texte sanskrit' et il est relié au chapitre LIV sans
colophon propre : le chapitre LIII du sanskrit, XXXVI du tibétain,
occupe dans l'édition de Narthang les folios 426 à 474b et le
chapitre LIV du sanskrit est traduit à la suite du précédent, du
folio 474b au folio 483a; le colophon du chapitre XXXVI en
tibétain, phan-yon dan iies dmigs-kyi nus-pa correspond au colophon
du chapitre LIV, anuséir{'savigarhéinaprabhéiva. L'édition tibétaine
s'arrête là, et comprend donc trente-sept chapitres et non trente-
six ; l'édition sanskrite en possède cinquante-six, si l'on tient compte
du chapitre XXXVI bis.
On peut grouper dans un tableau les différentes longueurs des
versions :

(1) cr. Mlle Latou, Un Traité de Magie Bouddhique, p. 303.


(2) Cl. infra p. 119, n. 6.
(3) Cf. K. P. Jayaswal, op. cit., p. 6 et note 2 de la même page.
16 M~\)ALA DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

1 18 35 (tib. 29) i 8kt.


2 19 36 (tib. 30) j Tib.
3 20
4 21 8kt. 36 bis j Skt.
5 22 37 (tib. 31) 18kt.
6 23 38 (tib. 32) j Tib.
7
8 24 (18)
9 Chin.
10 Tib.
11 8kt.
25
26
(19)
(20)
39
40 lSkt.
27 (21)
12 28 (22) / 8kt.
13 29 (23) Chin. 41
!Chin.
14 30 (24) Tib. 42
15 31 (25) 8kt. 43
16 32 (26) 44
17, 33 (27) 45
34 (28) 46 8kt.
47
48
49 ;
(ch. 30) 50 (tib. 33)(Skt.
(ch. 31) 51 (tib. 34) Tib.
(ch. 32) 52 (tib. 35) Chin.
53 (tib. 36)lSkt.
54 (tib. 36) Tib.
55 l 8kt.

. Nous som~es. d_oncen pré~ence de trois versions de longueurs


11;1égales.De ~ or1gm_alsanskri~, nous ne connaissons pas l'auteur,
s,. tant est qu on puisse en assigner un au noyau originel du texte
m 1~ compilateur. Puisqu'il est acquis que la traduction chinois~
se s.1tue dans 1~ seconde moitié du 1x• siècle, les chapitres 1 à 17,
24 tt. 34 et 50 a 52 dont on possède une traduction en chinois et
en t1bétam sont de toute évidence antérieurs au x• siècle.
Par les colophons de notre texte, dans le Kanjur nous savons
que la traduction tibétaine eut lieu sur l'ordre de Dpal Lha-bcan-
po ~ha-bcu~~pa Byaii.-chub-'od et qu'elle fut exécutée par une
équipe trad1tionnellement composée d'un pal)(Jit indien, Kuma-
INTRODUCTION 17

rakalasa et d'un locava tibétain, Sakya blo-'gros1, à Tholiii.,


capitale religieuse du Mii.a-ris, dans la première moitié du x1• siècle.
Le titre royal de Lha-bcan-po donné à Byaii.-chub-'od permet de
situer la traduction du MMK entre 1034 et 1044, dates approxima-
tives du règne du roi-moine du Guge 2 • Il faut cependant tenir
compte des quelques éléments qui tendent à prouver l'existence
d'une traduction du MMK en tibétain au début du 1x• siècle,
vraisemblablement sous le règne de Khri-lde sroii.-bcan. On lit
en effet dans le Padma than-yig: « Danaçïla, Dharmakïrti, Dpal-
brcegs (Srïküta) de Ska-ba, Klu'i rgyal-mchan ('Nagadhvaja) de
Cog-ro, Klu-dban sruii.-ba (Nâgendrarak~a), Ye-çes-sde, etc.,
traduisirent de nombreux (Tantra) parmi lesquels le Ma,ïjusri"mü-
latantra ... "'· On peut, il est vrai, hésiter à se fier aux indications

(1) N. fol. 483 b; P. fol. 299 a. Sakya blo-'gros appartient au clan des 'Khan et
par conséquent à la lignée des Sa-skya-pa. C'est un descendant de Rdo-rJe Rin-po-éhe,
lui-même quatrième fils de 'Khon Dpal-po-Che, ministre de l'Intérieur (nar'i-blon) de
I{hri-sro1) lde-bcan. Sàkya blo-'gros, qui selon les Blue Annals, p. 210, était réputé
pour sa connaissance des Tantra anciens, a collaboré à de nombreuses traductions
dans le Tanjur avec les plus grands Maîtres de son temps, AUSa, Janardana, $raddh8.-
karavarman, DharmaSribhadra, Rin-èhen bzal'l-po i cr. Jndo-Tibetica, II, p. 49 et 51
et Milo Lalou, Réperloire du TanJur, p. 213. Sur les traductions du grand upâdhyaya
KumârakalaSa, voir M. Latou, ibid., p. 141. Son fils TârakalaSa et son petit-fils Mantra-
kalaSa ont également laissé un nom en tant que traducteurs (cf. Cordier, Catalogue du
Fond Tibétain de la Bibliothèque Nalionale, deuxième partie, p. 131).
(2) Je pense reprendre ailleurs quelques-uns des éléments politiques et religieux
qui ont précédé et rendue nécessaire la venue d'AtiSa au Tibet. Cette période est
bien connue en Occident, en particulier grâce aux travaux de M. Tucci.
(3) Ms. de Lithang (B.N. 821), fol. 252 a; Édition de Pékin (B.N. 870), fol. 306 b.
G. Toussaint, Le Dict de Padma, Padma thang yig ms. de Lilhang, PariS, 1933, p. 333;
voir une autre mention du MMK dans ce même texte, relevée plus haut p. 13, n. 1.
L'équipe citée par le Padma than-yig comprend des pa1:u.titset des locavas célèbres
par leurs traductions dans le Canon et à Touen-houang. L'époque à laquelle ils ont
exercé leur activité vient d'être remise en question par M. Tucci dans Minor Buddhist
Texls, II, Rome, 1958, p. 46-51. On sait que Dpal-brcegs et Klu-dbal't sruil.-ba sont,
avec Nam-mkha'i sfi.iil.po, les auteurs du Catalogue de Ldan-kar. D'autre part, Dpal-
brcegs et Klu'i rgyal-mchan sont donnés comme les principaux collaborateurs de la
Mahâvyulpalli. La tradition tibétaine place la rédaction du catalogue de Ldan-kar à
l'époque du roi Khri-sroù lde-bcan, et la compilation de la Mahâvyulpalli au cours
du règne de Ral-pa-èan. Mais M. Tucci a montré (TTK. p. 14 et suivantes) que la
Mahiivyutpalli a été composée sous le règne de Khri-lde sroil.-bcan, qui succéda à son
père Khri-srol'I. lde-bcan aux alentours de 800 et exerça la royauté jusqu'en 817, et
que le catalogue de Ldan-kar, lié logiquement à la ptiblication du dictionnaire, reflète
un état de la littérature bouddhique postérieur au Concile do 792-794 et appartient
à la même période que la Mahduy11lpalli. M. Tucci conclut : • ... considering that the
date of accession of Khri-lde sroll-bcan is still under discussion, 812 (for the catalogue)
and 814 (for MVPJ are the most probable» (Minor Buddhisl Texls, p. 48, note). Il
semble cependant vraisemblable que Dpal-brcegs et Klu'i rgyal-mchan aient joué un
rôle important au temps de Khri-sron. lde-bcan. Tous deux auraient été envoyés par
18 MA!jQALA DANS LE lll'ANJUSRIMOLAKALPA

d'un texte tardif comme le Padma ihan-yig d'autant plus que le


MMK n'est pas porté au catalogue de la bibliothèque de Ldan-
kar' dont les deux bibliographes, Dpal-brcegs et Klu-dbaii. sruii.-ba
sont au nombre des traducteurs présumés du Tantra. Cependant,
la majeure partie de ce catalogue contient des titres de Sütra et
en outre la traduction du MMK a pu être postérieure à la rédaction
du Ldan-kar-ma, qui mentionne d'ailleurs un certain nombre de
travaux en cours. D'autre part, Mlle Lalou me signale, dans le
Fonds Pelliot tibétain (documents de Touen-houang) à Paris,
l'existence d'un fragment de texte apparenté au MMK, dans
lequel, après la description de quelques mudrii, Maiijusri Kuma-
rabhüta prononce une dhiira,;,ï pour la protection du Kalparaja 2 •
En l'absence d'informations plus substantielles sur cette
première traduction il est malheureusement impossible de se faire
la moindre idée de la longueur du texte traduit et de ce qui en a été
Il
1

1
incorporé dans la traduction du x1• siècle'. L'auteur du Grub-

1 ce roi dans l'Inde pour conduire au Tibet le grand pandit Vimalamitra (Dicl de Padma,
~! p. 12). Dpal-brcegs a travaillé avec ce dernier et Padmasambhava à la traduction de
plusieurs Tantra du R1iil'l-ma'i rgyud-'bum (B.A., p. 102). D'après Laufer (Der Roman
einer Tibelischen I0Jnigin, p. 3-4, n. 7), Dpal-brcegs de Ska-ba était spécialiste de
langue et d'écriture chinoises, et Klu'i rgyal-mchan de Cog-ro, spécialiste de langue
et d'écriture d'Udyana. Pour en revenir à la traduction du MMK, il semble qu'il
faudrait la situer au cours du règne de Khri-lde sroil-bcan néanmoins, car c'est à cette
époque que les maitres indiens à qui le Padma thari yig attribue la traduction du Tantra
sont parvenus au Tibet (cf. Minar Buddhist lexts, II, p. 50 et Sba-bied p. 73.)
(1) cr. MHoLalou, Les textes Bouddhiques au temps du roi J(hri-srori lde-bcan, dans
JA, 1953, p. 313-353 et E. Frauwallner, WZKSOA, I, 1957, p. 95-103.
{2) Pelliot tibetain, n° 363 :fi guri mo gis ni gzer bya iiri fi mjub mo gis ni bsdigs
par bya If phyag rgya 'di ni phyag rgya éhe fi kun la bstand bya de biin gçegs If thams
éad kyis ni byind kyis brlabs If phyag rgya 'di ni mlhoil cam gyis If sdig pa kun las
rnam par 'grol If phyag rgya béiris pa cam kyis ni Il las rnams lhams éad 'grub par
'gyur // 'di ni béomldan lhams éad kyis fi byind kyis brlabs par the com myed Il f de nas
,1 'Jam dpal gio nur gyurd pas If rtog pa'i rgyal po 'di yoris su bsruri ba 'i phyird Il gzuris
smras pa Il nâ ma manjuçriyâya lmmârabhütaya I bijti ye I jâ ye çri ju çle svâhâ Il bsgrub
pa'i che sriar 'di Jan bdun rfes su dran bya'o If If de nas gnod sbyind lcyi sde dpon
éhen po Lag na rdo r/es rig pa éhen po 1di bsruri ba'i phyird gsan sriags smras pa Ill
tadyalha ba jra mu çli ha na ha na f pa ca ba jra hüm pha! svëi hâ fi yu,is kar lan bdun
bzlas br/ad byas te f phyogs biir glor na/ mchams éhen po béad par 'gyur ra If de nas
rgyal po éhen po bii dag gis rig,sflags 'di smras so Ill ladyalha hi li mi li I sâ ra prâ sci
ra J bi ri bi ri svâ hâ fi yufls kar lan ni çu rca géig bzlas br/od byas la/ bdag iiid dbafl
bskur na J 'byul'I po dari I gnod sbyin dail J srin po la scogs pa thams éad 'byer par 'gyur
ro Il
Au verso : rjogs sho fi gsar 'gyur glan la phab pa'o JI Ye-çes kyis bris sho Il».
Je n'ai pas retrouvé le passage correspondant dans le MMK.
{3) M. Tucci a signalé un problème analogue à propos du commentaire de Deven-
drnbuddhi sur le Pramëi{lavârllika de Dharmakirti, mentionné parmi les ~ traductions
en cours n du catalogue de Ldan-ka'r, alors que dans le Tanjur, ce texte est traduit
INTRODUCTION 19

miha' çel-kyi me-Ion (1802) a signalé le problème en ces terll;es :


« Je donnerai deux explications; d'abord celle du sens d'« ancien»
et "nouveau» en général puis celle de la secte des Anciens (rnin-
ma-pa) en particulier. Premièrement, comme il n'existe_ pas de
différence entre « anciens » et « nouveaux » dans les Sutra, la
classification comme« anciens» et« nouveaux» s'applique à propos
de la diffusion de la doctrine des Tantra. A ce sujet les explications
sont nombreuses mais, selon la plus célèbre, on désigne sous le
nom de « Tantra anciens» ceux qui ont été traduits jusqu'à la
venue du Pal).çlit Sm,ti. (au Tibet) et« '!'antra nouv_eaux » .~eux qui
ont été traduits à partir du Locava Rm-chen bzan-po. S il en est
ainsi, le •Jam-dpal rca-rgyud (MMK) qui. a aussi .été trad~it à
l'époque de Khri-(lde) sroii.-(bcan) devrait donc etre considéré
comme un « Tantra ancien » et pourtant ce tantra est classé par
de grands (savants) comme un «nouveau»; pourquoi ? Il y a là, 1
i.
semble-t-il matière à investigations »1 . !
!
La rema~que de l'historien tibétain tend à accréditer l'exis~ence
d'une première traduction de ce texte au début du 1x• s1~cle.
On sait que le colophon du MMK, vient à la fin de deux chapitres
qui n'ont pas été traduits en chinois et que les chapitres 35 à 38
et 53-54' (29 à 32 et 36 dans la numérotation tibétaine) dont il
n'existe qu'une traduction tibétaine, ne peuvent être i:ostérieurs
à la seconde moitié du x1• siècle, et ont sans doute été mcorporés
au texte entre le x• et le début du x1• siècle. Quant aux chapitres
conservés en sanskrit uniquement, c'est-à-dire les chapitres 18 à

sur l'ordre de Byail-Chub-'od (Minar Buddhisl Texls, II, p. 50). Dans le Tanjur, plusieurs
traductions ont été remaniées à différentes époques, mais le fait est explicitement
noté au colophon; cf. par exemple le colophon du Bodhisallvëicaryâvalëira ( Catalogue
de Cordier, III, p. 306) et celui du Vinayasarhgraha (id., .P· _401).
{l) Grub-mtha' çel-kyi me·loil {1802), second chapitre intitulé Bod .yuldu b~t?n-p~
sria-phyi dan gsafl-sl'lags rnil'l.-ma'i grub-mtha' byufl-chul, .fol. 5 a-b: spyir gsar-r.~il'l.-gyt
dbye-mchams nos bzufl.-ba dafl. / bye-brag-tu riiiil-ma·pa:z byuil-~?~l bgad-~a gms las.~
dafl-po ni / mdo-phyogs la gsar-riiir'l-gi dbye-ba ma:byun-bas / ~nm-ma .dan.~ gsar-m,a ~
rnam-biag ni gsal'l.-sfl.ags-kyi bslan-pa dar-chul·gyi sgo-nas bzag-pa yin-ém I de la an
bgad-chul mi-dra-'ba yod-lcyari grags-èhe-ba ni/ (6 b) pap~ita sm~ili by?n-pa yan·éhod-
du bsgyur-ba'i rgyud-rnams la gsari-sflags ril1ù-ma dan ! lo-ca-ba rm·éhen bzail-po
phyin-éhad-du bsgyur·ba-rnams la gsali-sfiags gsar·ma'i. tha-siiad byed-do Il de-llar-na
'Jam-dpal rca-rgyud lcyal'I lchri-srol'l.-gi d~s bsgyur-bas r~iiri-rgyu~-d~ khas-len d~?s·p~r
'gyur·yafl / rgyud-de éhen-po-rnams-ky1s gsar-mar m1ad-pa èi-ym dpyad-pa t gf1r
snafl-no //. Cf. S. C. Das, Contributions on Ti bel, paru dans le J.A.S.B., 1882, p. 5-6.
{2) En dehors des chapitres 35 à 38 c~nsac:és aux 1;ludrëi qui, nous le ~errons,
apportent des éléments utiles pour la class1flcat1on doctrinale de no~re texte, l ap~ort
le plus intéressant qui soit venu grossir le T~ntra. entre le x 0 .et le ~1° s1~cleest consht~é
1
par le chapitre des Prophéties. Je relèverai des mterprétahons hbétames dune partie
du Rëijavydkarapa dans un article à part.
20 M~QALA DANS LE M~.fUSRIMOLAKALPA

23, 36 bis, 39, 40, 42 à 49 et 55, on peut penser qu'ils ont été insérés
dans l'ensemble
• •
préexistant• entre le x1• et le xv1• siècle 1 date
approximative de la «copie" de Ravicandra, qui n'est peut-être
pas étranger au dernier remaniement connu du Tantra. Il va sans
d_ireque cette chronolog~e sommaire.ne s'applique qu'à la composi-
/! t10n du MMK et non a sa rédact10n ou à son élaboration. Le
chapitre 41 dont on n'a pas encore retrouvé la traduction tibétaine
,;,.; alors qu'il a été traduit dans le Canon chinois comme un Sütr;
'
1
indépendan_t e_n 775,. montre bien que les chapitres absents des
vers10ns chmo1se et tibétaine n'appartiennent pas de ce fait à une
~, couche de rédaction plus récente. Mais on peut voir dans cette
absence de traduction la preuve d'une incorporation tardive dans
l le texte, et le fait que le chapitre 41 n'ait pas été traduit en tibétain
au x1• siècle indique à mon sens qu'il n'était pas compris dans la
recension ~u texte sanskrit de cette époque et qu'il y a probable-
ment été aJouté entre le x1• et le xv1• siècle.
11
,J,i •*•
!,1
r ;./ Avant de.passer à l'examen du chapitre II, consacré au mar;uf,ala,
et du chapitre III, qui fait l'objet de cette étude il serait sans
[lj doute ut!le de procéder à une analyse systémadque du MMK

1
t1,l afin de situer ces passages par rapport à l'ensemble du Tantra.
Mais le. texte ~st. d'une ampleur décourageante et l'analyse de
la. totahté sortirait du cadre de ce travail, à supposer que l'on
,,:11
'' s01t en état d.e la mener à bien. Cependant, il a paru possible de
relever certams éléments significatifs à partir d'une analyse
1 détaillée de !'Introduction 1• Toutes les données passées en revue

J plus haut concordent en effet sur ce point : les trois premiers


chapitres du MMK se séparent nettement du reste de l'ouvrage
r1 qu'on les considère comme une adjonction tardive ou non. D'autr~
part, des notions importantes pour établir le cycle tantrique
• a?qu~l se rattache le texte, comme les rapports établis entre les
jl d1vm~~és, o_u le~r répartition en kula y apparaissent, pour la
premiere. fois et il semble logique de partir de là pour établir des
comparaisons avec les notions analogues qui se rencontrent dans
la suite du MMK.
Le texte' s'ouvre sur la formule habituelle aux Sütra. Le

. (1) On peut se reporter aux Vidyiirâja, p. 309-312 et à MMI( el TMJ( p 338


où Mlle Lalou a résumé !'Introduction du TMK, calquée sur celle du MMK.' · '
(2) Je suis l'édition sanskrite en comblant les lacunes à l'aide de la version tibétaine
(édition de Narthang).
21
(1
INTRODUCTION

Bhagavat a pris place dans le ciel des Suddhavasa, où il est installé :I


au milieu du cercle de l'Assemblée (sannipalama,;uf,ala). S'adressant
aux Devaputra, il annonce une prédication portant sur les formules
magiques propres à satisfaire les ennemis du mal, sur les transfor-
mations magiques de Bodhisattva, les mar;uf,ala libérateurs, et
d'autres sujets en rapport avec le Bodhisattva Mafijusri Kuma-
rabhüta. « Écoutez cela, gardez-le bien dans l'esprit, je vais parler»,
dit-il. Aussitôt les Devaputra le prient d'énoncer la carrière du
Bodhisattva, les samadhi, le moyen d'atteindre une bhümi élevée',
de parvenir au Vajràsana (c'est-à-dire à l'état de Buddha), de
dompter Mara, de faire tourner la Roue de la Loi, d'obtenir la
délivrance de la Roue de la Transmigration pour les Sravaka et
d'enseigner le moyen de renaître comme homme et comme dieu
ainsi que les manlra qui assurent des jouissances et une bonne
santé'.
Ainsi prié de livrer son enseignement, le Buddha contemple
avec « l'œil de Buddha » cette Demeure Pure, émet de la lumière
dans ce pays pur et entre dans le samadhi nommé « destructeur
du pays" (yu/ rnam-par 'fig-pa). A peine est-il entré en samadhi
que de son üri;ia jaillit un rayon de lumière appelé « exhorteur du
Bodhisattva et de Sailkusumita "' ; ce rayon fait trois pradak~i,;za
autour de Bhagavat avant de se rendre, en passant par le Lokadhatu
de la grande Vacuité des Trois Mondes, au-delà du Lokadhatu
du bord du Gange, loin vers le Nord-Est, jusqu'au Lokadhatu
nommé Kusumavati. Là demeure le Tathagata Sailkusumitara-
jendra ; là demeure également, grâce à la puissance de sa prière,
Mafijusri Kumarabhüta, en compagnie de nombreux Bodhisattva
Mahasattva. A la vue de ce rayon lumineux, Mafijusri sourit et
dit à la foule des Bodhisattva : « 0 Jinaputra ! ce rayon vient dans
le but de me donner un ordre (bskul-ba), soyez attentifs! Et ce-
disant, il fixe le rayon sans cligner des yeux. Alors ce rayon
exhorteur illumine brillamment le Lokadhatu de Kusumavati,
fait trois pradak~i,;za autour de Sailkusumitaraja et s'évanouit
dans le sinciput de Mafijusri. Celui-ci se lève, exécute trois pra-

(1) Lacune en skt, p. 1, 1. li.


(2) Les questions des Devaputra se réfèrent d'une part aux étapes de la carrière
de Bodhisattva - conquête de différentes bhümi, obtention de l'état de Buddha- et
d'autre part à la possession de mantra en vue de satisfactions séculières. Or il semble
que la première partie de ce programme ne soit pas traitée directement dans le MMK .
Ce développement, s'il n'est pas surajouté, paraît de pure forme.
(3) En skt, après lacune, p. 1, l. 3, infra,· « Sal'l.kusumitabodhisatlvasaftcodani ncïma
raSmi » ; tib. : « me-log kun-lu skyes-pa ies-bya-ba dan / byar't-éhub sems-dpa' yal'l.-dag-par
bslwl-ba ies-bya-ba'i 'od (N. 101 b). Cf. E. Lamotte, Mafl.juSri, p. 29.
22 MAJ'iI;lALA DANS LE MANJIUSRIMOLAKALPA

dak$it;1a autour de Saùkusumita, lui rend hommage et se plaçant


à sa droite, il se met à genoux et lui dit : « D'ici, nous allons voir le
Bhagavat Sakyamuni dans le Sahalokadhatu 1 pour l'honorer,
lui rendre hommage, enseigner la pratique des mantra, les siidhana,
les rites de ma,;,tjala et de pa/a, le kalpa secret, le hrdaya de tous
! les Tathagata, les mudrii, les abhi$elW secrets, tout cela pour le
profit des êtres ».
Ainsi interpellé, Saùkusumita répond : « Va toi-même, Maiijusrî !
Grâce à tes paroles, le Bhagavat Sakyamuni rendra la santé
à ceux qui sont épuisés. De plus, des centaines de milliers de
Tathiigata, d' Arhat, de Buddha parfaitement accomplis pro-
nonceront la pratique des mantra, les ma,;,tjala, etc., qui sont tiens,
et cela grâce à moi. » Saùkusumita enseigne alors à Maiijusrî les
mülamanlra de tous les Tathagata pour qu'il les prononce en
présence de Sakyamuni ainsi que d'autres formules qui seront
utiles au Sahalokadhatu. Maiijusrî ainsi autorisé à partir par le
Tathagata, pourvu de toutes les explications, entre en samiidhi.
Toutes les directions de l'espace se remplissent de Buddha qui le
félicitent et Saùkusumita prononce « le meilleur des hrdaya de
Maiijusrî ». Ce dernier entre dans un autre samiidhi et, en un clin
d'œil, parvient au Sahalokadhatu. Une fois arrivé, il s'installe
dans le ciel, sur des pierres précieuses, parmi les Deva Suddhavasa ;
puis il émet des rayons lumineux, entre en samiidhi et se livre à des
démonstrations de magie qui laissent pantelants les Devaputra
qui s'écrient : « Sauve-nous Bhagavat ! sauve-nous Sakyamuni ! »
'I '
1, \ Bhagavat intervient, les rassure, et leur présente Maiijusrî comme
.~I
'j J
i
/,
l'envoyé du Tathagata Saùkusumitarajendra, venu enseigner les
i !
pratiques pour le bénéfice d'autrui. Maiijusrî accomplit trois
pradak$it;1a autour du Buddha, se jette à ses pieds, lui récite une
il : dizaine de vers en hommage et lui raconte qu'il vient de
1
Kusumavatï, qu'il est instruit par Saùkusumita et ainsi de suite,
!/
I·'
'I (1) Il semble qu'il y ait contradiction entre cette indication, répétée quelques
j ,1 lignes plus bas, et le début du texte qui situe la prédication du Buddha dans le ciel
des Suddhavasa. Si le terme de Sahiilokadhâtu peut s'appliquer à tout le Kamadhfitu
!/',,: (le ciel des Tu~ita y est englobé, cf. M. Demiéville, La Yogâccïrabhiimi de Sailgharafc~a,
i !· 1 B.E.F.E.O., 1954; p. 389, n. 4), on ne peut guère admettre qu'il comprenne jusqu'au
'1 quatrième étage du ROpadhfitu. Peut-&tre est-ce un signe du caractère composite de
cette introduction; le gros de l'ouvrage est prêché chez les Suddhüvüsa (cr. le tableau
'~:11 i infra, p. xxxm). Selon M. Masson qui a étudié la tradition palie, « le Buddha les tient
\ 1 (les cieux de la Demeure Pure) en médiocre estime. Il dira qu'il a eu toutes les

n reconnaissances sauf celle-là (l\I. I., 82). Quand un jour il se rendra là-bas en visite
les dieux reconnaîtront à l'envie leur infériorité à son égard (D.I., 50-52) D (La religion
populaire dans le Canon Bouddhique Pali, Louvain, 1942, p. 26-27c. Voir aussi supra,

!1l p. 9 et n. 3 et infra, p. 53. cr. E. Lamotte, 1vian;usrr, p. 28-32.

:'/

1
INTRODUCTION 23
puis il annonce le programme de son enseignement ; cela dit, il
reste assis sur un lotus de pierres précieuses créé par ses facultés
magiques, scrutant le Bhagavat Sakyamuni. Au son des tambours,
Bhagavat lui souhaite la bienvenue et lui demande d'instruire les
êtres dans la Loi prononcée par tous les Buddha, répétant une
fois de plus les sujets à traiter. Maiijusrî entre en samiidhi, les
êtres malheureux éprouvent un soulagement et le rayon incitateur
des Buddha Bhagavat, Sravaka et Pratyekabuddha s'enfonce et
disparaît dans le sinciput de Maiijusri.
C'est alors que, dans les Champs de Buddha situés à l'Est, les
Buddha Bhagavat sont stimulés par la production de lumière qui
entoure le Dhiitu de rayons ; ce sont les Tathagata Jyoti~aumya-
gandhiivabhasasri, Bhai~ajyaguruvaiduryaprabharaja et sept
autres, accompagnés d'une suite de Bodhisattva, qui viennent
s'assembler autour de Sakyamuni. De même, du Sud, de l'Ouest,
du Nord, du Zénith, du Nadir et de toutes les directions, des
Tathagata désireux d'être instruits dans la pratique des mantra
et de voir les transformations magiques de Bodhisattva viennent
se rassembler autour du Buddha. Ce sont Subahu, Suratna, Suvrata,
Sunetra, Sürata, Sudharma, Sarvarthasiddhi et de nombreux
autres qui se manifestent dans le ciel des Suddhavasa sur des
trônes de lotus. Puis des Bodhisattva terrestres comme Ratnapai;,.i,
Vajrapai;,.i, SupaQ.i, Anantapai;,.i, et d'autres encore dont le nom
se termine en -pai;,.i; des séries de Bodhisattva dont les noms se
terminent en -küta, en -hasti, en -gati, en -kïrti; des Bodhisattva
dont le nom se termine en -treya : Atreya, Anantatreya, Saman-
tatreya, Maitreya, Sunetreya, Namantatreya, Tvaddhatreya, etc.,
tous se rassemblent autour du Bhagavat Sakyamuni. On voit
aussi arriver des Bodhisattva-Mahasattva qui prennent des formes
féminines pour le bénéfice de tous les êtres et pour leur établisse-
ment dans le chemin qùi conduit à la Bodhi. Certains empruntent
des formes variées - oiseaux, yak~a, riik$aSa - pour convertir
les créatures et leur permettre d'entrer dans les kula du Tathagata,
du Padma et du Vajra, des Laukika et Lokottara '·
Viennent alors des Vidyarajfü, avec Uri;,.a, Bhrülocana, et
Padma à leur tête qui accompagnent des manifestations émises
par le Tathagata, à savoir : Tathagatapatra, Dharmacakra,
Tathagatasayana, etc., avec une suite de Messagers et de
Messagères, de yak$a et de yak$i.
Les Vidyaraja du kula du Padma les suivent, précédés par des
Bhagavat à douze têtes, à six têtes, à quatre têtes, etc., avec des

(1) cr.Les Vidyaraja, p. 309 et infra, p. 35~36


2
24 MAl)J;)ALA DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

Vidyârâjiiï qui sont des manifestations de la méditation de


' '
Lokesvara (c'est-à-dire Avalokitesvara). Ce sont : Târa, Sutârâ,
;) ' Natî Bhrkuti Lokati... Sitâ ... Pândaravâsini et de nombreuses
aut~~s. A le~; arrivée chez les S~ddhâvâsa, elles reçoivent la

r 1
;I
bénédiction du Bhagavat Sakyamuni.
A son tour, Vajrapâ1.1i,auprès du Buddha, rassemble ses y1dya-
ga1.1a,à commencer par Vidyottama, Suvidya, Subâhu, Suv1ddha,
Susena et de nombreux autres dont les noms commencent par
. _

Va]r~. hs domptent les êtres,. et servent d'exécutants .dans les rites


paisibles, terribles et d'accroissement'. Ils sont tous mstallés dans
l'emplacement réservé à leur kula; les Vidyârâjfii quittan~ leur
~ : Dharmadhâtu particulier, viennent les rejoindre et se réumssent
par milliers en ce lieu ; il y a là Mekhalâ, Sumekhalà, Sinkala,
Vajrâr1.1a et bien d'autres. Elles sont entourées. ~'une foule de
) Messagères et de Dhara1.1i,produites par la force spmtuelle, '.ésultat
du samadhi: elles ont Vajrânalapramohani à leur tête et viennent
1,,fi,, grossir le cercle de la Grande Assemblée.
Après cette série de Vidyârâja et. Vidyârâjfi~, on passe à une
,'/:
., énumération de Pratyekabuddha qm ont parmi leurs no~breuses
' vertus celle d'avoir réalisé en esprit les huit étapes du Bodhisattva :
;,/· 1 Gandhamadana•, Simantâyatana, . Samantaprabha, etc. Les
11,,1
Mahasrâvaka les suivent, en commençant par Mahâkasyapa,
Nadikâsyapa, Gayâkasyapa, ~uravik~okasyapa, ~haradvâja,
,,r ... Sâriputra ... Gavaiµpat1 ... A.nanda ... ; leur hste couvre
Pi1.1çlola
une page entière de l'édition sanskrite. . .
A leur suite viennent enfin les Grandes Auditrices dont les
i
1
premières, Yasodharâ, Yasodâ et Mahaprajâpatî sont bien
connues. Tout le monde s'installe dans le cercle de la Grande
'i Assemblée, prêt à écouter la Loi.
1
li' (1) On connaît surtout la classification des actions magiques en six catégo~ies,
Siinti (apaisement), vaSikara,:za(possession), stambhana (fixation), tilcar~a,;i?(att~acti.on)
J
ou uidvegal)a(hostilité), ucca/iina (renversement,en particulierdestruction d habita ..
tions) et mtirapa (meurtre); cf. B. Bhattacharyya, Stidhanamâlâ, II, p. LX?'xv1 et
Guhyasamllja, XVII. La classification en quatre est aussi très fréquente (ii'. rgya~,
dban et drag). Dans le MMK, c'est la répartition en trois qui semble préval01r, qu'il
s'agisse d'opérations magiques, de siddhi 1 de mal){iala ou de paJa. Mais si elle ~st la
plus fréquente, elle n'est pas la seule, et on peut lire par exemple p. 11, 1. 4 znfra,
à propos des Vidyârâja et des Mahâkrodha du clan du Vajra : « samantüSe§asattva-
damaka, uccütanodhvaf(lsana sphoJana müral)a vinüSayitâral), bhakUinâTfl düUiral),
Siintika pau~lika âbhiccïrakakarme~u prayoklâral) ... li, La subdivision en trois des rites
et des siddlti semble prédominante dans les textes apparentés au Vidyadharapitaka
(cf. Mno Lalou, Le cycle du Subühupariprcchâtanlra ... , p. 71).
(2) Ce Pratyekabuddha, dans la description du mal){iala du. ch. II, forme couple
avec Uparii;;\aqui est ici séparé de lui par huit autres Pratyekabuddha.
INTRODUCTION 25
Sâkyamuni enveloppe alors du regard toute l'Assemblée et
s'adressant à Mafijusri, il lui demande pour le bien de tous d'exposer
le moyen d'obtenir des bénéfices grâce à la pratique des mantra
et de prononcer un discours sur le Dharma, sur le Karma, l'apaise~
ment, !~ sa.lut, l'accumulation des Kalpa, etc. Mafijusri entre alors
en samadhi sur l'ordre de Bhagavat et fait trembler des milliards
de mondes puis il émet des rayons de lumière et prononcé ses
mantra?_ après avo!r rendu _hommage aux Pratyekabuddha,
Aryasravaka, Bodhisattva qm ont atteint les dix bhümi et
Mahâbodhisattva. Voici ce mantra, qui, en fait est une injonction
adressée au krodharaja Yamantaka : « UT[!, khakha khahikhahi,
Dompteur des. mau".ais êtres ! Toi qui as six têtes, toi qui as
quatre _têtes, viens, viens, grand Tueur de Vighna ! fais, fais toutes
les actwns, coupe, coupe tous les mantra... fais, fais tous mes
travaux! Rappelle-toi ta promesse! Hu'!', huT[LI Divise, divise !
Héhé, Bhagavat ! Pourquoi t'attarder? Agis pour moi! svaha ! »
• A l'én.oncé de ce mantra du terrible krodha de Mafijusri,° les
etres qm errent .sur la terre, _qui parcourent l'eau et ceux qui
volent dans les airs sont condmts en un instant dans l'Assemblée.
On voit parmi eux des naga, des grands nêiga, des yak§a et grands
yak§a' des rêik§asa, pisaca, püiana, kafapülana, mêirut, kü§ma1Jrf.a, 1,
VY_êir/.a,vetaq.a, kamboja, bhagini, r/.êikini, cüsaka,... r/.imphaka,
kimp~~a, graha, sle§mika, et de nombreuses autres catégories
au milieu desquelles Brahmâ, Mahâbrahma, les régents des orients
et d'autres dieux ne paraissent pas à leur place et seront d'ailleurs
encore mentionnés plus tard•. Tous ceux-ci et leur suite de myriades
de yak§a s'assemblent chez les Suddhâvasa prêts à entendre la
Loi.
Certaines de ces catégories sont alors détaillées, et tout d'abord
celle des grands rêiksasa, avec en tête Râvana Pravina Vidrâvana
Sankhukar1.1a. Puis· onze grands pisaca le~ ;uiven( ~récédés pa;
Pilu, Upapilu et Supilu. Trente-trois nagaraja commandés par
Na1;da e_t Upananda ; vingt-sept ~~i, Atreya et Vasi~tha en tête,
et six rois des mahoraga conduits par Bheru1.1çlaet Bhiiru1.1çla.
A leur tour les rois des garur/.a viennent s'assembler dans la
Demeure Pure, et après eux les rois des kinnara. Les dieux qui
p~uplent l'un!vers bouddhique• présidés par Brahma (ou par les
dieux Brahma), sont ensuite énumérés. La description se poursuit

(1) Chaque catégorie est ainsi dédoublée.


(2) Ces listes démesurément gonflées utilisent tous les dieux possibles pour faire
nombre et les répétitions sont fréquentes.
(3) Cf. infra, p. 115. en note, où je cite ce passage.
1:
11
26 MA!jQALA DANS LE MANJUSRlll!OLAKALPA
!I
"!! avec des listes de symboles astrologiques, planètes, nak?atra,
signes du Zodiaque. Enfin des listes de grandes yak?iTJi,de grandes
pisacï et de grandes Mères clôturent cette description prolixe de
l'Assemblée.
Sakyamuni s'adresse à nouveau à Mafijusrï et le somme de
prononcer la Corbeille des Bodhisattva ( Bodhisaltva-pi/aka), les
1
chapitres portant sur la pratique des mantra, les samadhi. Mafijusrï
1 entre en samadhi et la Demeure Pure se trouve magiquement
1 ' étendue de plusieurs centaines de milliers de yojana et muée en
11· ;.1 vajra. Des centaines de yak?a, rtik?asa, marut, pisaca, etc., y sont
' ' rassemblés. Lorsque Mafijusrï perçoit cette grande réunion, il
!1 ,1
recommande à Y amantaka de monter la garde auprès des êtres
p': et en particulier de l'Assemblée : « Pendant que je prononce un

l 1i!
'.'i'
. ·:

'
'
développement sur la pratique des mantra, la Corbeille des
Bodhisattva, le rituel des ma1J,Jala,la pratique détaillée des mantra,
toi, va dehors et fais bonne garde. »
En réponse à cette injonction, Yamantaka réunit ses innom-
brables krodha des quatre directions pour assurer la protection du
cercle de l'Assemblée. Ils sont prévenus que s'ils transgressent leur
promesse, leur tête éclatera en mille morceaux.
Alors Mafijusrï expose ainsi la suite des qualités' nécessaires
à la pratique des svamantra: « Les mantra d'un Bodhisattva
Mahasattva pourvu d'une seule qualité font obtenir la siddhi;
quelle est cette qualité ? C'est l'examen qui libère de tous les
Dharma. Les mantra d'un Bodhisattva doué de deux qualités font
1 (

obtenir la siddhi; quelles sont ces deux qualités? Ce sont l'attache-


ment à la pensée de Bodhi et le fait d'être égal à tous les êtres.
Avec trois qualités, on réalise les buts de la pratique du svamantra;
i quelles sont ces trois qualités ? Ce sont le non-abandon des êtres,
1 la sauvegarde des règles morales des Bodhisattva et l'attachement
'
/1 1
au mantra personnel. Les mantra du Bodhisattva qui a produit
une première pensée de Bodhi, qui est pouvu de quatre qualités
conduisent à la siddhi; quelles sont ces quatre qualités ? Ce sont
l'attachement au mantra personnel, le fait de ne pas briser le
mantra d'autrui, la bienveillance envers tous les êtres et la com-
préhension formée grâce à la grande compassion». Huit qualités
sont ainsi énumérées par Mafijusrï sur le modèle des quatre
premières. Toute l'assemblée des Buddha, Bodhisattva, Pratyeka-
buddha et Sravaka applaudissent à cet enseignement. Le chapitre
s'achève sur quelques lignes consacrées aux bienfaits qu'il procure :

(1) 8kt. p. 22, I. 21, suamantracaryiirll1adharmapadarri bhëi~alesma.


....

INTRODUCTION 27

si un Maharaja le prononce, l'apprend par cœur ou le garde présent


à l'esprit, il sera assuré de vaincre dans les batailles ; s'il y joint
une püja, il mettra en déroute tous ses ennemis. Que l'on soit fils
ou fille de bonne famille, grand roi ou grande reine, bhik?u, bhik?UTJÏ,
upasaka ou upasika, on s'assure grâce à ce texte une grande pro-
tection, de nombreuses richesses, longue vie et santé.

•* •
Ainsi cette introduction laisse-t-elle apparaitre les étapes
successives de la convocation de l'Assemblée, qui, comme son nom
l'indique, se présente comme un ma1J,Jala.Le centre est occupé par
le Buddha, certes, mais il est clair dès les premières pages que la
révélation du Tantra s'effectue à travers les trois membres princi-
paux d'une famille spirituelle. Car si c'est bien le Buddha qui, au
centre de l'Assemblée, annonce sa prédication aux dieux du ciel
des Suddhavasa, tous les sujets que le Buddha se propose d'exposer
ont trait au Bodhisattva Mafijusrî. Et lorsque les Devaputra le
pressent de donner cet enseignement, les miracles lumineux qui
font suite à cette requête n'annoncent pas directement la prédica-
tion du Buddha : le rayon de lumière qui s'échappe de l'ürTJtide
Sakyamuni parvient au Lokadhatu de Sankusumita et s'enfonce
dans le sinciput de Mafijusrï, apparu aux côtés de ce dernier. Le
sens de ce miracle a été analysé par M. Mus dans son Buddha paré
à propos du Lotus de la Bonne Loi': « Cette conception de la Loi
qui pénètre tout l'univers, présente en chacun de ses points, c'est
le concept même du Dharmakaya. On sait que c'est aussi le sens
profond de la lumière cosmique que répand l'ür1,1ades tathagatas
transcendants et qui, elle aussi, fait apparaitre des buddhas et
bodhisattvas enseignants, c'est-à-dire encore la Loi omniprésente.»
Et dans le MMK, le caractère contraignant de ce miracle est
souligné par l'emploi du terme safîcodanï, tib. bskul-ba régulière-
ment appliqué au rayon et le fait que ce trait de lumière ne conduit
pas seulement Mafijusri auprès du Buddha mais qu'il le substitue
littéralement au Buddha dans ses deux fonctions essentielles : le
rassemblement, de tous les points de l'espace, des auditeurs de la
Loi, et l'énoncé même de cette Loi, dont Mafijusri s'acquitte une
fois l'Assemblée réunie. Mais alors qu'on s'attendrait à trouver
Mafijusri jouant le rôle d'orateur dans l'ensemble du texte, on voit
d'après le tableau suivant qu'il prononce en fait uniquement les
deux chapitres consacrés au ma1J,Jalaqui suivent l'introduction.

{1) P. Mus, Eludes Indiennes el Indochinoises, Il. Le Buddha Paré. Son origine
indienne. Çâkyamuni dans le Mahiiyiinisme moyen. B.E.F.E.O., 1928, t. XXVIII,
1-2, p. 235 (89).
1
1
/ .

'1

MAl'jl;>ALADANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

CHAPITRES

Sâkyamuni s'adresse à Maiijusri 4 P. et V.


chez le(,Suddhâvâsa 5
6
7 P.+15 L. V.
:i 11 +v.
il 12 17 1. P.+V.
13 11 1. P.+V.
14
...'.
2 p. 1/2 P.+14 p. V .
16 4 1. P.+V.
18 12 1. P.+V.
" 19 2 p.1/2 P.+V.
1''. 'lj 20
21
21 1. P.+ V.
18 1. P.+ V.
22 2 p. P.+V.
23 +v.
26 P.
27 V. et P.
28 P.+21 1. V.
,li
29 +P
,·r 30 5 1. P.+V.
31 13 1. P.+V.
i
1
32
33
4 1. P.+V.
6 1. P.+V.
34 9 1. P.+V .
. ·.J·

.
1
35 23 1. P.+V.
36 P.+11 1. V.
ir 36 bis V. et P.
'• 37 +P.
38 V.
39 +v.
40 +v.
42 +v.
43 +v,
.,
44 +v.
45 +v .
46 V. et P.
54 +v.

,
INTRODUCTION 29
CHAPITRES

Sâkyamuni à Maiijusri et Vajra-


pâi;,i 8 P.

Sâkyamuni à Vajrapâi;,i 15 1 p. 1/2 P.+17 p. V.

Sâkyamuni aux constellations et 17 P. et V.


au Devasaiigha chez les Sud- 24 1 p. P.+V.
dhâvâsa 25 V. et P.

Sâkyamuni au Devasangha 9 P.

Sâkyamuni aux Bodhisattva, 53 +V;


Arhats, etc. (cf. supra p. 7)

Sâkyamuni sans interlocuteur 10 P. et V.

Aucune indication 55 P.

Maiijusri s'adresse à Sâkyamuni 1 P.+13 1. V.


et Sankusumita (chez les Sud-
dhâvâsa)

Maiijusri à Vajrapiii;,i (chez les


Suddhâvâsa) 2 +P.

Maiijusri à l'Assemblée (chez les


Suddhâvâsa) 3 P.+5 1. V.

Vajrapâi;,i à Maiijusri {chez les


Suddhâvâsa, en présence de
Sâkyamuni) 47 V. et P.

Vajrapâi;,i à Maiijusri et à
l'Assemblée 50 +v.
•;.:i

30 MAl!ll;>ALA
DANS LE M>\NJUSRIMOLAKALPA

1 CHAPITRES
il
ii Vajrapfü,1i aux bhüla en dehors
de l'Assemblée 51 +v.

r
,1

Vajrapâ1,1i à Sântamati en pré-


sence du Buddha. 52 +P.
1

il Vijayâ à l'Assemblée 48 V. et P.
!
,1,. Tumburu et les 4 Devi parlent à
tour de rôle en présence du
1 Buddha. 49 V. et P.

r
1
Garuçla à Mafijusri en présence du
Buddha (chez les Suddhâvâsa)
41 V. et P.
(traduit par Mil• La-
,,'
~ .
lou, op. cil.).
,1
il P.= Prose.
V.= Vers.
1 +P. = Prédominance de prose.
t' i + V. = Prédominance de vers.

i
C'est bien le Buddha Sakyamuni qui énonce le gros de l'ouvrage,
et lorsqu'il s'adresse à Mafijusri, on retrouve la formule du début
du premier chapitre : « Je vais prononcer ce rite ... qui est le tien».
i/ Si on entre dans le détail, on voit que les chapitres 4 à 40, sans
1
interruption, sont attribués au Buddha ; le chapitre 41 à Garuc;la,
les chapitres 42 à 46 encore au Buddha, ainsi que les chapitres 53
et 54. Les chapitres 47 à 52, consacrés aux quatre Kumâri puis
à Yamântaka sont exposés soit par deux divinités du groupe des
quatre Sœurs, soit par Yamântaka. Sans doute, le fait que Mafijusri
prononce les deux chapitres initiaux sur les ma,pjala, en conformité
avec ce qui est annoncé au chapitre de l'Assemblée, contribue-t-il
à isoler les trois premiers chapitres du MMK du reste de l'ouvrage,
ce qui ne veut évidemment pas dire que la suite du texte forme
un ensemble homogène, pas plus d'ailleurs que ces chapitres
initiaux ne paraissent exempts de remaniements, comme le montre
INTRODUCTION 31

par exemple l'instabilité dans le lieu de la prédication du Tantra.


Mais les rédacteurs ou compilateurs du MMK ont fait preuve,
dans leurs remaniements, d'une volonté de cohérence doctrinale
dont nous verrons le témoignage plus loin. Et pour en revenir
au Buddha tel qu'il apparait en ce début du texte, on ne peut guère
lui appliquer le jugement sévère de M. Tucci lorsqu'il déclare 1 :
« For if many tantras are inspired by the conception I have stated,
many others remain nothing more than formularies of magic,
collection of recipes, tending to promote the devotee's prosperity
and to harm his enemies : digests of the six karmas, viz. six magical
actions having nothing in common with the subtleties of gnosis
or with soteriological practices. Such, for instance, is largely the
MMK, in which the Buddha descends to the level of a witch-doctor,
revealing vidya by which any miracle, and even crime, can be
performed. » Loin de faire ici figure de sorcier, le Buddha parait
former, avec Saùkusumitarâja et Mafijusri, une triade qui pour
n'être pas habituelle, n'en est pas moins conforme, par nature,
à la tradition mahâyânique tardive : Saùkusumita dans ce cycle
représente le Dharma-kâya, Mafijusri le Nirmâ1,1a-kâya et le
Buddha Sâkyamuni le Satpbhoga-kâya. Cette application de la
Doctrine des trikaya au cycle dont fait partie le MMK, suggérée par
!'Introduction, trouve un parallèle significatif dans le Taramüla-
kalpa qui, on le sait, démarque les quatorze premiers chapitres du
MMK où le Buddha est entouré des deux autres divinités principa-
les classiques du Padmakula, Amitâbha et Avalokitesvara. Cepen-
dant, la tradition qui unit ainsi Sankusumita et Mafijusrï' n'est pas,
à ma connaissance tout au moins, attestée fréquemment. C'est ainsi
que M. Filliozat 3 déclare à propos de Mafijusri : « il est souvent

.(1) T.P.S., p. 216.


(2) M11o Lalou a déjà fait état de cette filiation spirituelle dans Iconographie des
Etoffes Peintes, p. 13 et dans MMK et TMI(, p. 333, n. 3. Il faut peut-être se rappeler
que dans le MMK MaiijuSri n'apparait pas sous son aspect habituel d'incarnation
de la Praji'Hi..On a vu qu'une fois en présence du Buddha, MaiijuSri se livre à des
tours de magie si impressionnants et désagréables que les Devaputra du ciel Suddhavasa
supplient le Buddha de bien vouloir intervenir. Il apparait ici en tant que Bodhisallua-
uilcurua!J.a, spécialiste de mantra, comme le montrent l'instruction que lui accorde
Saùkusumita avant son départ pour le Sahâlokadhatu et son discours final sur les
qualités requises d'un Bodhisattva pour la réussite de ses mantra. C'est peut-être
pourquoi il n'est jamais, que je sache, représenté dans le MMK avec pour attri-
buts l'épée et le livre.
(3) L'Inde Classique, II, § 2339.
2-1
32 MA1JDALADANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

représenté avec dans sa tiare une figuration du Buddha Ak~obhya


avec lequel il est dans les mêmes rapports qu'Avalokitesvara
avec Amitiibha "· Mais ce n'est pas la seule relation possible, car
lorsque le même auteur décrit le système des cinq Jina et de
leurs émanations', c'est Vajrapâ.I.Jiqu'il donne comme Bodhisattva
correspondant à Ak~obhya •. Certes, on doit attribuer ces variations
à des différences de cycles, mais il semble, d'après le tableau des
« cinq Dhyiini Buddha du Vajrayiina" donné par M. G. Tucci•,
que, dans cette tradition, on considère Maftjusri comme l'émanation
du Buddha Ak~obhya. Il ferait également partie, selon A. Getty•,
d'un groupe de huit Dhyiini Bodhisattva, mais cet auteur n'indique
pas le Buddha à qui il se rattache en ce cas. Il semble que si le
groupe des cinq Jina est bien fixé, mis à part les changements
dans l'attribution des orients, celui des Bodhisattva correspondants
soit plus flottant, au moins dans le cas de Maftjusri. D'après le
Sütra de la paroi occidentale de l'inscription de Kiu yong Koan
d'E. Chavannes, cité par La Vallée Poussin dans son article intitulé
Manjusri", il est parfois subordonné à Vairocana, tandis qu'ailleurs•
le même auteur, soulignant l'ambiguïté et parfois la confusion
des deux notions de Buddha et Bodhisattva, signale des textes,
'
1 en particulier le N amasarigiti, où Maftjusri est élevé à la dignité
:', d'Adibuddha. Il est alors représenté portant les cinq Dhyiini
Buddha sur la tête, « pour signifier qu'il émane d'eux et les
comprend"'·
Pour en revenir à l'introduction du MMK et au rôle de SaiJ.ku-
sumitariijendra par rapport à Maftjusri, on sait qu'une tradition
qui semble être suivie par le Mahiivairocanasütra• fait de Maftjusri
le Bodhisattva correspondant à Amoghasiddhi. Or, d'après le
Hobogirin•, on identifie parfois, dans la catégorie des cinq

(l) Ibid., § 2360.


(2) Comme le fait M. P. Mus dans Barabu{lur, p. 436, s'appuyant sur les tableaux
de Waddell et de Miss Getty qui concordent entre eux, mais ne correspondent pas
au tableau de M. G. Tucci dans les T.P.S., p. 238,
(3) T.P.S., p. 238 et Miss Getty, p. Ill.
(4) A. Getty, Gods of Norlhern Buddhism, Oxford, 1928, p. 45.
(5) H.E.R.E., vol. VIII, p. 405 b, n. 2.
(6) H.E.R.E., vol. I, Âdibuddha, p. 93 b-100 b.
(7) Ibid., p. 97 a, Parallèlement, Mlle Lalou me signale que Sai:tkusumitaraja est
considéré comme un Bodhisattva dans le Kriyâsarngraha.
(8) R. Tajima, Etude sur le Mahiivairocana-Siitra (Dainichikyil), Paris, 1936,
p. 126 et l\'[me C. Pascalis, Musée Louis Finot, La collection tibétaine, Hanoi, 1935, p. 48.
(9) Fascicule III, Paris, 1937, p. 195,
INTRODUCTION 33

Buddha ésotériques, SaiJ.kusumitariija, qui est au _Sud _dans le


plan de la matrice ( garbhadhiitu), à Amoghasiddh_1, qm _est au
Nord dans le plan du vajra (vajradhiitu). La relatrnn Sankusu-
mitariija-Maftjusri telle qu'elle apparait dans le MMK n'est ?one
peut-être pas particulière à ce texte. Mais, même si l'on cons1~ère
que le vocabulaire des trikaya n'est pas justifié pour caract_é~1se~
les liens qui unissent, dans l'introduction, le Buddha, ManJus~1
et SaiJ.kusumitariija, il n'en reste pas moins certain que tous t_rms
font partie d'un même kula, dans le MMK, et que leur réumo1;,
décrite de façon détaillée dans le chapitre de l'Assemblée, défimt
ou contribue à définir le cycle tantrique auquel se rattache le MMK
tout entier. Leur position respective dans le ma1:uJ,aladu
chapitre 111 et dans les pa/a des chapitres IV et V• suffi_r~ientà
le démontrer s'il n'existait en outre un passage explicite au
chapitre 37/31 de ce Tantra. Ce passage est énoncé par le Buddh_a
Siikyamuni, après l'exposé des différents mudra et rr:antra p~rti-
culiers à certains groupes dont nous verrons le détail plus lom :
« Et de même tous les mantra, tantra et mudra pratiqués dans le
clan (kula) du Ma1;li (rin-po-éhe), dans le clan du Yak~~, dans
les clans Divya et .Arya ont leur source dans ce (texte) où Ils so°:t
fondus en un seul et unique clan, le clan du Tathiigata ; et toi,
Maftjusri ! Kumiira ! tu dois être classé da~s le clan_du Tathiigat~:
On dit que les mantra, les mudra, les rituels (vikalpa, ého-ga 1
rnam-pa) de tous les Buddha, Bodhisattva, .Aryasriivaka, et
Pratyekabuddha sont entrés dans le clan du Tathiigata, de meme
que tous les (mantra, mudra et rituels) purs et impurs, de tous les
dieux Laukika et Lokottara. Il n'en est pas ainsi, Maftjusri,
sache-le! C'est la· quintessence secrète (rahasya, gsari-ba) de tous
les mudra, mantra et tantra qui a pénétré dans le clan du Tathiigata,
dans le vœu du Tathiigata (tathiigalasamaye, de-b!iin gçegs-pa'i
dam-chig). C'est ce qui y a pénétré, Maftjusri, sache-le! C'est parce
que le Tathiigata est appelé le meilleur (agra, méhog) que le clan
du Tathiigata est appelé le meilleur. C'est ainsi, Maftjusri ! Ce roi
des Kalpa (le MMK), ce joyau du meilleur des clans a été révélé,
enseigné, commenté à tour de rôle par les Buddha des origines
(adimadbhirbuddhai!J), par le Bhagavat SaiJ.kusumitariija, par le
Bhagavat Siilariijendra, par le Bhagavat SaiJ.kusumitagandhotta-

(1) Sur l'importance des ma,:i{lala dans ce texte, voir 1L Tucci, T.P.S., p. 238
et Sorne glosses upon the Guhyasamiija, dans les Mélanges chinois el bouddhiques, t. III,
1934-1935, p. 345, où cet auteur indique : « Each tantra, viz. each system of mystic
realization has its own mandala, that is the graphie expression of ils secret lore ».
(2) cr. Iconographiedes étoffes peintes, p. 34 et 43-44.
34 MAl'jQALADANS LE MANJ'USRIMOLAKALPA

maraja, par le Bhagavat Ratnaketu, par le Bhagavat Amitabha, par


·( le Bhagavat Pui;,yabha, par Kusumottama, Sankusuma, Supu~pa,
Amitayurjîianaviniscayarajendra, Kanakamuni, Kasyapa, Krakut-
sanda, Sikhin, Visvabhu, Konakamuni, et maintenant par moi
Sakyamuni. Telle est, depuis les origines, la lignée des Buddha de
ton Kalparaja, qui, ô Maîijusrï ! Kumara ! est devenu le joyau
du meilleur des kula, celui du Tathagata 1 ». Ce passage essentiel
montre clairement que Saiikusumitaraja, Sakyamuni et Maîijusrï,
les trois protagonistes principaux de !'Introduction, font partie
'
" d'un même clan (kula), celui du Tathagata ; que la révélation du

(1) Skt. p. 425-426 : evam mat)ikulayak$akuladivyiiryalmle$Uapi prayoktavyii.niI


sarvalanlramantramudriiSca lryadhviiSritii eka eva Jcula'fl bhavali niinyam yadula lathii.-
galakulam I tuafll ca malljuSri!J/ kumtira / lathàgatafculadra#avyaf:I f sarvabuddhabodhi-
sallvdryaSrfivakapratyekabuddhiil} sarvtiSca laukikalolwllarti{l sOSravdniiSravamantrii
mudrdvikalpiistathiigalalculiinipravi#ii iti dhiïraya / ( 426) na tvad vidyate mafl.juSri{1/
sarvavimudratantramanlrarahasgal/1 yaslalhiigatakule lalhâgatasamaye anupravi§/al) I
pravi§/ameua manjuSril)./kumiira/ dhiiraya / yasmâl talhiigata agramâkhyiiyale lasmât
tathâgatakulaTfl.agramiikhgâgalef evaT(I.tarhi mailjUSril} / aga,,,. lcalparâjâ aga,ri ca
kulâgraralnal} âdimadbhirbuddhail} prakâSitam deSilaTfl.prasthâpila,ri viurnvïkrtarp.
,i,: bhagavâm samkusumitarâjena bhagavalâ Sâlarâjendrer;iabhagavatâ sal'lkusumilagan-
dhottamarâjena bhagavalâ ratnakelunü bhagavatü ümitâbhena bhagavalü puT)yâbhena
kusumoltamena sankusumena supu~peT)aamitiiyurjiliinaviniScaryariijendreT)a lcanalca-
muninii kiiSyapena krakulsandena SikhiniiviSvabhuvcibhagavatii konakümuninci mayci-
pyetarhi Siikyamuninü prakiiSilaviiTfl.prakciSi~yanteca //
evametad buddhaparamparcigcitarp. aya,ri. lava manjuSri f lmmâra f kalparâja lathii-
·,.
,1
galakulâgraralnabhüla,ri... n.
'\.1 Tib, N, 396a, P. 232a: «de-biin-du rin-po-éhe'i rigs dal'I gnod-sbyin gyi rigs dal'I
i lha'i rigs dag la yari sa,is-rgyas dal'I rggud dal'I phyag-rgya lhams-éad rab-tu sbyar-ba
'dir rlen-pa yin-no fi rigs géig kho nar 'gyur-liti glan-du ma-yin-pa ni 'di-lla-sle / de-bzin
1 gçegs-pa'i rigs-te / de yari 'Jam-dpal gion-nu de-biin gçegs-pa'i rigs-su bila-bar bya-sle/
1 safl.s-rggasdan f byafl.-éhubsems-dpa'thams-éad dan/ 'phags-pa nan-thos dari rai'! sans-
rgyas dan/ 'Jig-rten dan/ 'Jig-rlen-las 'das-pa thams-éad dan/ zag-pa da,~-béas-pa
! dan / zag-pa med-pa'i phyag-rgya dari ého-ga da1i ého-ga'i rnam-pa rnams ni de-biin
gçegs-pa'i rigs-kyi nari-du glogs-soies bzuri-bar gyis-çig l 'Jam-dpal rig-pa dan / rgyud

f thams-éad dalz / sl'lags-kyi gsal'l-ba gari de-bzin gçegs-pa'i dam-chig-la ma éhud-pa


de ni gal1-gan med-dofi (N. mede) 'Jam-dpal gion-nu de rab-lu glogs-pa nid-du ::un-çig/
gari-gi-phyir de-biin gçegs-paméhog-tugsulls-te{ de-bas-na de-biin-gçegs-pa'i rigs !cyan
méhog nid-du br/od-do If 'Jam-dpal gion-nu de-llar-na éfio-ga'i rgyal-po de ya,i rigs-kyi
méhog rin-po-éhe dal'l-po da,i-po'i sal'ls-rgyas lcyis rab-tu bslan-pa dali / slon-pa dari/
rab-tu biag-pa dali / rnam-par 'grel-pa mjad-pa ni/ béom-ldan-'das me-log kun-tu
skyes-pa (N. 396b) 'i (P. 23Zb) rgyal-po dail / béom-ldan-'dassa-la'i dbal1-po'i rgyal-po
dan / béom-ldan-'dasme-log kun-nas skyes-pa'i dri-méhog rgyal-po dalt / béom-ldan-'das
rin-éhen log dari/ béom-ldan-'das 'od-dpag-lu med-pa da,i / béom-ldan-'das bsod-nams
kyi 'od dan/ me-log dam-pa dan/ ya,i-dag-pa'i me-log dan/ me-log bza,i-po dan f che
dan ye-çesdpag-lu med-pa'i rnam-par nes-pa'i rgyal-po' i dbah-po dail I gser-thub dan /
'od-srun dan/ 'khor-ba 'Jig-rten dan/ gcug-lor-éandan f lhams-éadskyo-ba dari I da-ltar
çci-kya lhub-pa nas rab-tu bstan-te/ de-biin-du de-ltar sar'ls-rgyas géig-nas géig-lu
brgyud-de 'oi1s-pa 'di ni 'Jam-dpal gion-nu ého-ga'i rgyal-po'o If de-biin-gçegs-pa'i
rigs-kyi méhourin-po-éher gyur-pa f ... ».
INTRODUCTIOS 35
MMK s'est effectuée à travers une lignée de Buddha (buddhapa-
rampara) qui appartiennent à ce kula; enfin, que ce kula du
Tathagata en a lui-même absorbé d'autres parmi lesquels celui
du Mai;,i, du Yak~a, des Divya et Ârya. Il est donc temps, mainte-
nant qne l'appartenance de notre texte à un kula précis est acquise,
de tenter de déterminer le nombre et - ce qui sera plus difficile -
la nature des kula dans le MMK.
Revenons donc à la convocation de l'Assemblée, qui devient
effective après l'arrivée de Maiijusrï. L'originalité de la compo-
sition de cette audience a été mise en lumière par Przyluski : elle
réside dans la présence, entre les catégories bouddhiques propre-
ment dites des Buddha et Bodhisattva d'une part, Pratyekabuddha,
Mahasravaka et Mahasravika d'autre part, de divinités d'origine
brahmanique, les Vidyaraja. En effet, les Buddha des champs
purs situés aux points cardinaux, au zénith et au nadir viennent
en premier, on l'a vu, s'assembler autour du Buddha. Ils sont
suivis par des Bodhisattva dont certains, doués de mimétisme, se
consacrent à la conversion d'êtres variés. Ces Bodhisattva spécia-
lisés se répartissent en quatre - et non pas trois - clans (ku/a)
mentionnés ici pour la première fois dans le texte : ceux du Tatha-
gata, du Padma, du Vajra, de tons les (dieux) Laukika et Lokottara.
A leur suite, des U~i;tî~araja, puis des Vidyaraja rattachés aux
trois premiers clans cités viennent prendre place à côté des autres.
auditeurs. Une dernière zone, composée des Pratyekabuddha,
Grands Auditeurs et Auditrices, ferme le cercle de l'Assemblée
proprement dite, tandis qu'au-delà, les innombrables divinités
gardiennes, empruntées pour la plupart au panthéon de
l'hindouisme, sont massées pour assurer sa protection.
Des quatre kula mentionnés ici, les trois premiers sont placés
respectivement sous la direction du Tathiigata, de Lokesvara et
de Vajrapai;ti. Le chef du kula des Tathagata ne peut être que le
Buddha Sàkyamuni lui-même, dernier des Tathagata à qui est
attribuée la révélation du MMK. Sa situation au centre de
l'Assemblée, comme au centre du mai:uja/a du chapitre II, montre
assez qu'il est la divinité principale du kula. Vajrapai;,i ne pose
pas de problème d'identification; on sait que, dans le MMK,
il possède à la fois le titre de roi des Yak~a et celui de Bodhisattva
(cf. infra, p. 97, n. 2.) Lokesvara n'est autre qu'Avalokitesvara 1, car

(1) Il ne semble cependant pas être souvent nommé LolceSvara tout court. On
connaît en revanche différentes Cormesd'AvalokiteSvara dans lesquelles entre ce nom:
SugatisaqidarSana LokeSvara, ~ac).ak~arILokeSvara, Mm).i.padmaLokeSvara, Siqihii~
sana LokeSvara, etc. CC. Mlle de Mallmann, Introduction à l'étude d'Avalokilegvara,
Paris 1948, p. 168-205.
36 MA!jJ?ALADANS LE MARJUSRIMOLAKALPA

celui-ci est mentionné en qualité de chef du clan du Lotus au


cours de la description du mai:uJaladu chapitre II et ailleurs dans
le textei. Lokesvara est en effet entouré des divinités féminines
généralement associées à Avalokitesvara, com~e Tara, Bhrkut!
et Pa1;u;laravasini que nous retrouverons groupees autour de lm
dans le clan du Lotus au chapitre II, aux côtés des kula du
Tathagata et du Vajra.
Pour comprendre comment les quatre kula mentionnés plus
haut ont pu, chacun au même titre, englo~er. des élé~ents non-
bouddhiques il faut retourner, dans la descript10n de I Assemblée,
au passage difficile dont Przyluski avait si ~ien vu la port~e: :
'
,1 « D'autres Bodhisattva Mahasattva, en vue d exercer leur activité
indéfiniment et d'agir en ce monde pour que la pensée d_etous
les êtres soit fixée sur le chemin (qui mène) à la suppress10n du
retour (dans le samsara anivarlana, phyir mi-ldog-pa), ont endossé
des corps de fem~e. D:autres empruntent (dans ce but) dégui- 1:
sement de vidya innombrables, de mantra, de dhara,:ii et de
drogues, (d'autres) adoptent des apparences ~ombreuses et variées
d'oiseaux, de Yak~a, de Rak~asa, de Mai:n, d_e mantra, e! de
1 Raja•; ils se co?"forment au co~porte_ment, des etres _et non-etres
1' 1' dont ils ont pris le nom, et s mgément a leur plaire pour. les
i'd
convertir. Puis lorsque ceux dont ils ont endossé les formes var1ées
sont instruits des enseignements des Vidyaraja aussi bien que de
i' la Loi bouddhique (dharma) et lorsqu'ils ont à coup sûr p~nétré
\1
1 (dans le chemin), ils les introduisent dans les kula des Tathagata,
du Padma, du Vajra, des Laukika et Lokottara, et leur recom-
1 mandent de ne pas transgresser leur promesse ( samaya) et, une
1

,i j' (!) cr. infra, p. 56. 57. 121. etc, . ,


', (2) Dans les Vidyiiriija, p. 309, Przyluski donne une excelle~te idée d ensemble

if
')"
de ce passage, mais sa dernière phrase : « C'est grâce à ces B0.dh1sattva que le~ êtres
embrassent la doctrine des Vidyaraja et, répartis dans les trois clans des Tathagatn,
du Lotus (abja) et du Foudre (lculiBa), obtiennent d'entrer_dans les.samâdhi terrestres
et transcendants et concourent ainsi au maintien de la L01 bouddhique n, ne rend pas
compte du fait que les êtres convertis, une fois instruits des enseigneme1!"ts des
Vidy8riija et de la Loi bouddhique, sont introduits dans quatre et non p_as tr01s lmla.
Le mot samâdhi auquel Przyluski rattache Laukika et Lokottara n'existe pas dans
le texte sanskrit (samâniipraveSa) ni dans le texte tibétain (rjes-~u i?g~-pa).
M. Snellgrove a récemment résumé, lui aussi, ce paragraphe dans Buddhist Himalaya,
p. 63, mais j'avoue ne pas être d'accord avec son interprétation, loin du tex~e et mê_me
parfois erronée, car si cet auteur ne donne pas non plus son sens ~x~ct à ~ express10~
taukikalokollara, il prend en outre pour sujet les Bodhisattva m1ss1onna1~es,ce qui
masque complètement le sens réel du texte : , They understand. the do_ctrme or the
king of mantras and are perfected in the dharma. They ap~ear m the hneage of the
tathâgatas, of the lotus, of the vajra in any lineage on earth or m heaven », etc.
(3) Il faut peut-être lire gaja, cf. infra, p. 48.
INTRODUCTION 37
f?is fixés (sur l_echemin) par des instructions, de ne pas couper la
hgnée des Trois Joyaux (en cessant de progresser sur le chemin
qui mène à la Bodhi) ,,1.
?'est en somme une théorie de la conversion dans le Mahayana
qm nous est exposée dans ce passage. La méthode de ces Bodhi-
sattva qui ont la terre pour champ d'action consiste donc soit à
s'adapter aux goûts et besoins de ceux qu'ils cherchent à convain-
cre, s?it à s'identifier complètement à eux pour les instruire des
« enseignements des Vidyaraja » aussi bien que de la Loi bouddhique
proprem~nt dite. Comme l'enseignement des Vidyaraja, c'est-à-dire
la maitr1se de formules magiques en vue d'acquérir des siddhi
est un héritage de l'hindouisme, ii n'y a pas de rupture entre le~
deux traditions.
!-'_'esprit du J?remier procédé est bien connu pour avoir été
utilisé - au moms selon la légende - pour diffuser le bouddhisme
au Tibet•. On sait que la version bouddhisée d'une légende locale
sur le peuplement des êtres attribue la création des Tibétains à
l'union
. du Bodhisattva Avalokitesvara et de sa sakti ' Tara ,
mcarnés sur terre sous forme de Singe et de Démone des rochers.
De ':11~mel'implantation, à date historique, du bouddhisme, est
tradit10nnellement, sinon exactement, considérée comme le résultat
de la conversion du roi Sron-bcan sgam-po par ses deux reines
la chinoise et la népalaise, incarnations de Tara. L'idée qu'il faut'
rour convertir les individus ou les peuples, adapter les méthode~
a leur tempérament est aussi présente dans une version de la
classific~tion tibétaine des rois des quatre orients, adaptation de
la théorie célèbre des Quatre Fils du Ciel :
« Les rois élus• sont les rois des quatre orients;

(1) N., da, fol. 112a, L., tha, fol. 65a: gtan yan byan-éhub sems-dpa' sems-dpa'
éhen-po b_ud-medkyi gzugs 'éhan-ba rnams-te / spyod-pa mtha'-yas-pa'i don/ 'Jig-rlen
sgrub-pa'i don J sems-éan thams-éad kyi bsam-pa phyir mi-ldog-pa'i lam la dgod-pas
bsam-gyi mi-khyab-pa'i rig-pa'i chig dan/ (N. 112b) gzuns dan/ aman gyi éha-byad
'Jin-pa da,i f 'dab-éhags klJ.i chogs rnam-pa sna-chogs dan/ gnod-sbgin dan/ srin-po
da~ / nor-bu dan / st'lags dan / rin-po-éhe'i rgyal-po dan J sems-éan thams-éad kyi lus
kyi gratis-su. rfes-su gat'l~dag-~ar 'fug-pa'i spyod-pa thams-éad ltyi rfes-su 'Jug-pa dan
sems-éan gyi bsam-pa Ji-ltar dul-bar byed-pa de-biin-du byed-pa rnams dan Ide dan
rjes-su mthun-pa'i min dan brel -ba rnams dari/ rig-pa'i rgyal-po'i ne-bar bstan-pa
dan/ éhos fi-lta-ba bzin-du rlogs-pa las lies-par 'byufl-ba dan / de-biin gçegs-pa dan I
padma dan J rdo-rje'i rigs dan l 'Jig-rlen dan 'Jig-rlen las 'das-pa' i rigs-kyi rjes-su iugs-pa
dam-chig las mi-'da'-iin chig-gi lam-la 'Jog-par byed-pa / dkon-méhog gsum gyi gdun-
rgyun mi-géod-par byed-pa yin-te 'di-lta-ste f
(2) Cf. R. A. Stein, Recherchessur l'épopée, p. 248.
(3) Les rois élus (bskos-pa) s'opposent aux rois héréditaires ou a lignée (gduli-
rgyud) comme les anciens rois de l'Inde, et aux rois apparus soudain (glo-bur) comme
le premier roi du Tibet. Voir par exemple le Rgyal-po bka'-that'l fol. I7b qui développe
38 MA~QALA DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

pour élire le roi de la Loi de l'Inde,


un éléphant porte par la trompe un vase (d'eau) bénite.
Celui à qui il confère le pouvoir par cette (eau) est élu (roi).
Pour élire le roi de la Science de Chine,
sur une très haute tour (khari-pa) de Chine
on érige un escalier de verre ; qui est capable d'y monter est élu
(roi).
Pour élire le roi des armées de Gesar,
on tire quatre flèches1.(longues) de quatre dpag-chen' dans
les quatre directions ;
celui qui attrape les quatre flèches en même temps est élu (roi).
Pour élire le roi des richesses de Stag-gzigs (Iran),
celui qui peut se procurer des joyaux de l'ile des pierres
précieuses est élu roi des richesses.
j:
k;
',1
\/ Quant aux maitres spirituels des quatre rois élus :
' le roi de l'Inde, grâce aux mérites qu'il s'est acquis dans des
vies d'études antérieures,
est de ce fait un réceptacle propre à recevoir la Loi du Buddha
c'est pourquoi le Jina Sakyamuni lui sert de maitre.
/ 1
,I,; ,! Voyant qu'il fallait convertir la Chine par des démonstrations
scientifiques,
q le saint seigneur Mafijusri, le meilleur des savants,
\
1 \ a agi en maitre (en exposant) 360 chartes astrologiques.
: Voyant qu'il fallait convertir Gesar par les armées
\
\' les cinq cent fils de Paficika et de la déesse 2
1 i

ont servi de maitres en se transformant en armée.


1 i Voyant que l'Iran devait être converti par les richesses,
,J: 1 le saint Kuvera s'y est incarné et a agi en maitre.
Le roi de la Loi de l'Inde dissipe les ténèbres de l'ignorance.
if
'r,
Le roi de Chine prédit le faste et le néfaste (d'après) un miroir
(astrologique).
/1~ 'i Le roi de Gesar dompte et convertit les troupes ennemies par
I'.; ses armées.
1

fl le thème des quatre rois des quatre orients de manière très obscure. J'utilise ici le

:I Rgya-Bod yig-chali fol. 5a. Pour des détails sur ce texte, je renvoie à un article à paraître
Préambule à la lecture d'un Rgya-Bod yig-chan ».
11:

(I) Spag-éhen = dpag-ëhen, cr. Das s. v. Le Rgyal-po bka'-than, fol. 17b, fait de
1
dpags-éhen une épithète aux flèches, mda 1 (cf. R. A. Stein, Recherches sur l'épopée,
1
p. 300).
{2) II s'agit de Hü.riti, cf. p. 117 en note, et E. Lamotte, Histoire du Bouddhisme

Il
1
Indien, p. 763-764.

1
INTRODUCTION 39

Le roi de Stag-gzigs (Iran) fait disparaitre les tourments des


pauvres 1 . »
Pour en revenir aux Bodhisattva missionnaires du MMK, ne
devrait-on pas, après le paragraphe cité plus haut, trouver, comme
pour les groupes précédents, la liste de leurs noms après la défi-
nition de leurs activités? Pourtant c'est une série d'U~l'.li~araja
qui vient prendre place dans la grande Assemblée et les Bodhi-
sattva terrestres, d'ailleurs multiformes par définition, n'ont
évidemment rien de commun avec eux. On pourrait peut-être
envisager une hypothèse à partir de quelques éléments empruntés
au second chapitre, celui du ma1;ufala. En effet, lorsque Mafijusri
expose les vidyâ et mudrâ particulières aux dieux Laukika et
Lokottara qui peuplent la zone de défense du ma,;ufala, il prononce
le mantra nommé Mahabrahma 2 , jadis exposé en résumé dans
l'Atharva Veda•, puis le mantra de Vi~l'.lu,à propos duquel il est
précisé que « les mantra prononcés dans les Tantra vi~J'.louitesont
été révélés par Mafijugho~a pour convertir les êtres susceptibles
d'être convertis par cette méthode" (p. 34). Puis Mafijusri énonce,
dans la même veine, le mantra de Siva qu'il a « jadis enseigné
dans les rituels anciens, dans les Tantra çivaïtes, pour les êtres
humains que l'on appelle Sivaïtes" (p. 34). C'est ensuite le très
violent mantra nommé Garu<;la qui est prononcé, le meilleur pour
la conversion des êtres difficiles à convertir et qui, joint à la grande
mudrâ, servira d'antidote pour tous les venins. Ce mantra aussi
est enseigné par Mafijusri, pour convertir les créatures susceptibles

{I) Rgya-:Bod kyi yig-chali mkhas-pa'i dga'-byed éhen-mo, fol. 5a: bkos (=bslcos)-
pa'i rgyal-po phyogs bii'i rgyal-po yin fi rgyal (= rgya)-gar èhos-kyi rgyal-por bsko-ba
yin fi byin-rlabs bum-pa glari-éhen snas bzun-nas Il de'i su-la dbari-bslmr de la bsko If
rgya-nag gcug-lag rgyal-por bslco-ba ni fi rgya-yi khal'l.-pa çin-tu mllio-ba la JIçel-gyi
skas bcugssus thar de la bsko fi ge-sar dmag-gi rgyal-por bsko-bani fi spag (= dpag)-
èhen bii-yi mda'-bzi phyogs-biir 'phail.s Il mda'-bii dus-gèig sus zin de-la
bslco JI slag-gzigs nor-gyi rgyal-por bsko-ba ni If rin-éhen gliri-nas nor-bu sus loris-
pa'i Il nor-gyi bdag-po de la bsko-ba yin Il bl<od (= bslcos)-pa'i rgyal-po (5b) bii-yi
slon-pa ni Il rgyal (= rgya)-gar rgyal-po sfl.on-sbyafl.s las-'phro-éan If sans-rgyas
éhos-lcyisnod-du rufl.-pas (= bas) na Il rgyal-ba ,akya lhub-pas slon-pa mjad Il rgya-nag
gcug-Iag spyad-kyis 'dul gzigs-nas Il mkhyen-rab bdag-po 'phags-pa '/am-dpal gyis Il
gab-rce sum-brgya drug-éu slon-pa mjad 11ge-sar dmag-gis 'dul-bar gzigs nas su 1/ lha-mo
paricilca -yi bu lfla-brgya Il de-'dra dmag-du sprul-nas ston-pa mjad Il slag-gzigs nor-gyi
'dul-bar gzigs -nas su 11 'phags-pa nor-'jin s/cu-sprul slon-pa mjad JIrgyal (= rgya)-gar
éhos-rgyal ma-rig mun-pa sel Il rgya-nag rgyal-pos legs-iies me-lofl slon Il ge-sar rgyal-po
dmag-gi (= gis) dgra-dpuli 'dul fi slag-gzigs rgyal-pos dbul-pa'i sdug-bsflal sel If.
Ce passage est versifié en vers de neuf pieds.
(2) Skt., p. 33, L 21; P. 74 a.
{3) SU., p. 33, l. 24, lire alharva veda au lieu de athavo ceda (P, 74a: srid-srur't gi ni
rig-byed).
40 MANI;>ALA
DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

de l'être par ce moyen et combattre le venin des serpents. Le Bodhi-


sattva affirme l'avoir enseigné lui-même, dans les Tantra de
Garuçla, sous l'aspect d'un oiseau et la qualité de "Bodhisattva
Garutma » (cf. p. 34, Pékin 74b et infra, p. 77-80).
On ne peut manquer d'être frappé par la parenté qui existe
entre la technique des Bodhisattva terrestres" qui se sont conformés
complètement au mode de vie des êtres dont ils ont assumé sans
i réserve les formes variées » - à commencer par la forme d'un
oiseau - et celle de Maiijusri qui jadis a adopté l'aspect de Brahma,
de Siva, de Vigrn, de Garuçla, "pour convertir les créatures suscep-
tibles de l'être par cette méthode». L'action missionnaire du
bouddhisme mahâyânique n'est donc pas limitée au présent ou au
futur, elle se projette aussi dans le passé ; si bien que, par cette poli-
tique d'identification rétrospective avec les dieux de l'hindouisme,
la conversion de leurs fidèles devient, en principe, un fait déjà
accompli dès l'origine. Car si Siva, Vigrn et Garuçla ne sont, dans
la perspective de notre texte, que des Bodhisattva " déguisés » en
Siva, Vigrn et Garuçla, leurs fidèles sont nécessairement des
bouddhistes qui s'ignorent, et à qui il suffirait, théoriquement, de
révéler leur vraie nature pour les voir pénétrer dans les rangs des
fidèles mahâyânistes. Il ne s'agit donc pas tant de convertir que
de rallier les dévots de l'hindouisme, considéré en quelque sorte
comme une préfiguration du Mahâyâna, du moins dans ses aspects
techniques 1 • Dans ce domaine précis, qui n'est peut-être pas à
proprement parler celui de la Doctrine, mais dont on ne peut
sous-estimer l'importance dans ce qui s'appelle après tout le
Mantrayana, le MMK témoigne d'une volonté non équivoque de
ne pas opérer de solution de continuité entre l'hindouisme et le
bouddhisme. Certes, tous les mantra de ces dieux sont remaniés
en fonction du bouddhisme et non pas insérés tels quels dans le
Tantra. Mais l'on peut observer une progression significative dans
les étapes de l'assimilation; d'une manière générale, la plupart
des dieux ont - par un procédé classique dans la conversion des
divinités non-bouddhiques au bouddhisme - été domptés par une
promesse ancienne (l'expression" rappelle-toi ta promesse» termine

(1) Certes, des moyens de persuasion plus sommaires sont aussi employés, en
particulier pour les divinités secondaires de l'hindouisme. Nous avons vu le krodhartija
Yamantaka parcourir toutes les régions du monde, sur l'ordre de Mafi.juSri,afin de
réunir dans le cercle de l'Assemblée les divinités possédant des pouvoirs magiques.
Lorsqu'il les a liées en leur faisant prêter serment, MafijuSrileur lance cet avertisse~
ment que l'on rencontre souvent dans les textes de même catégorie : « Celui d'entre
vous qui ne tiendra pas sa promesse aura la tête fendue en mille morceaux par le
krodhariija .11
INTRODUCTION 41
la plupart des mantra), mais si Maiijusri prétend seulem~nt. citer
l'Atharva Veda, il déclare avoir lui-même prononcé Jadis les
Tantra vig10uites et les Tantra çivaïtes pour convertir les dévots
de Vigrn et de Siva. Un pas de plus est encore franchi avec les
Tantra de Garuçla car Maiijusri les a certes exposés lui-même
aussi, mais après avoir pris l'apparence du roi des oiseaux et le
titre révélateur de" Bodhisattva Garutma ». A partir de ce moment,
la voie est ouverte à l'introduction des divinités extérieures au
bouddhisme dans la hiérarchie bouddhique, par leur promotion
au grade de Bodhisattva, justifiée par le fait que ces dieux sont
considérés comme des incarnations antérieures des grands Bodhi-
sattva. Le MMK se situe donc à une époque de transition où les
dieux nouvellement introduits n'ont pas perdu leur caractère
premier, comme nous le voyons avec Vajrapfü.ii et Garuçla, et
d'autres encore que nous rencontrerons par la suite.
Revenons à la composition des clans (kula) d'après ce passage.
Les deux derniers clans des Laukika et Lokottara - ceux qui
vivent et agissent en ce monde et ceux qui vivent et agissent ho.rs
de ce monde - se distinguent difficilement dans le MMK où Ils
sont généralement mentionnés ensemble. Les divinités groupées
dans ces clans englobent à la fois les grands dieux brahmaniques
(cf. ch. II, p. 32-34) et le fourmillement des divinités mineures
(cf. ch. 36 bis, p. 385) que le Jaïnisme ancien appelle Vyantara-
devata. Ces groupes, qui paraissent communs à la plupart des
textes indiens anciens sont classés, dans la Mahabhii~ya de Pataii-
jali, en deux catégories, celle des divinités d'origine védique, les
Vaidica, et celle des Laukika 1 • La Mahiivyutpalli (3114-3175)
englobe sous la seule rubrique de Laukika des divinités que le
MMK range dans le clan des Laukika et Lokottara. Le lamaïsme
moderne, cependant, distingue nettement les deux groupes de
'fig-rten-pa (laukika) et 'fig-rien las 'das-pa (lokottara) dans
lesquels sont rangées les divinités protectrices du Tibet•. Si ces
deux kula, qui dans notre texte n'en forment apparemment
qu'un seul, sont en majeure partie constitués par des divinités
d'origine hindouiste, les premiers kula à prédominance d'éléments
bouddhiques ont aussi assimilé des éléments hindouistes dont
nous avons rencontré les noms dans le passage du MMK traduit
plus haut : Yak~a, Rak~asa, Ma1.1i,Raja, Ratna. Or certains de
ces éléments que les "Bodhisattva » se sont donnés pour tâche

i, (1) Cf. J. N. Banerjea, The deuelopmentof Hindu Iconography, p. 335-338. Voir aussi
les tables détaillées d'lndo-Tibetica IV, 1, p. 253-262.
(2) Voir Nebesky-Wojkowitz, Oracles and Demons of Tibel, p. 3-5 et passim.
'I
,f

i!

42 MANQALADANS LE 'MANJUSRIMULAICI.LPA

de convertir figurent en tant que groupes organisés dans plusieurs


autres listes de kula fournies par le MMK. La première liste de
ce type a été relevée au chapitre 30/24. On rencontre tout d'abord
au début de ce chapitre (p. 325-326) une liste de lieux géographiques
particulièrement recommandés pour la réussite des mantra de
divinités Laukika, parmi lesquelles sont mentionnés quelques noms
de clans sur lesquels nous reviendrons plus tard à titre de compa-
raison. C'est à la p. 327 (P. 282b; N. 341b) que le texte fait état
des "mantra des huit clans (kula) localisés aux huit orients»
dont voici le détail ,
1) Les mantra du kula du Jina (rgyal-ba'i rigs) procurent la
siddhi au Nord.
2) Ceux du kula du Padma procurent la siddhi à l'Est.
3) Ceux du kula du Vajra (kulisa, rdo-rfe) procurent la siddhi
au Sud.
1 4) Ceux que l'on prononce dans le kula du Gaja (mjod) réussiront
à l'Ouest.
5) Ceux que l'on dit dans le kula du Ma1.1iréussiront au Nord-
',t,' Ouest.
6) Ceux que l'on dit dans le kula du Yak~a réussiront au Sud-
Ouest.
7) Ceux des Sravaka réussiront au Nord-Est.
8) Ceux qui sont dits chez les Pratyekabuddha réussiront au
Sud-Est.
La liste suivante est extraite du chapitre 37/31, déjà cité. Elle
suit, comme précédemment, des mentions sporadiques (p. 416-417)
des mudrâ du clan du Raja (L. 333b: glali-po) du clan du Ma1.1i
( = ma,;,i, tib. nor-bu), des clans des Divya (L. 334a: /ha), et des
Yak~a. L'énumération de groupes auxquels sont rattachées
certaines mudrâ, peu après (p. 417), bien qu'ils ne soient pas tous
appelés kula, se rapproche pourtant assez de la liste du chapitre 30/
24 pour devoir être mentionnée ici, d'autant plus que cette liste
se termine sur l'affirmation que les huit mudrâ décrites sont celles
que l'on utilise dans les huit clans (kula). Je cite ce passage in
extenso parce qu'il contient des précisions qui nous seront utiles
par la suite.
" Les caractéristiques des mudrâ, à commencer par la mahâ-
mudrâ, etc. s'expliquent' comme suit : 1)2 caractéristiques de la

bhavati f Tib.
(1) Skt., p. 147, 1. 8 : « alhakhalve~âTfl.mahamudriïdlnâlfl. lak~atJ.aTfl.
l P. 335a » : de-nas phyag-rgya éhen-po la-sogs-pa'i mchan-fl.id bt;ad-par bya-ste/
(2) Dans ce passage comme dans ceux qui vont suivre, les chiffres sont ajoutés
1 pour la clarté, mais n'existent pas dans le texte.
1

Il
Ilt
INTRODUCTION 43
mudrâ du hrdaya de tous les Buddha Bhagavat : ayant joints les
uns aux autres les doigts des deux mains, on montre les deux
pouces. Telle est la mudrâ du hrdaya des Tathagata. 2) Cette même
mudrâ, mais en ne montrant que le pouce droit, devient celle de
Padmadhara. 3) Les mains droite et gauche étant serrées ensemble
comme un poing, on libère les deux majeurs que l'on tend devant
soi comme la pointe d'un vajra (rdo-rfe rce-mo, vajrâkâra): c'est
la mudrâ de Vajradhara. 4) La même mudrâ, mais avec les deux
majeurs courbés, devient celle du Bodhisattva Gandhahastin
(byali-éhub sems-dpa' spos-kyi glali-po); ou enc?re, les ~eux
majeurs arrondis comme un bracelet, telle est aussi la _mu~r':'du
(Bodhisattva)' Gajagandha (glan-po'i spos). 5) Les mams Jomtes
et fermées comme un poing, telle est la mudrâ utilisée dans le :I
clan du Ma1.1i; elle est jointe aux mantra de tous ceux qui procure~t
des joyaux, à commencer par Jambhala Jalendra. 6) Après av01r
:l'
'
courbé les articulations des deux annulaires, on joint ces deux 1

doigts, c'est la mudrâ que l'on emploie dans le clan des Yak~a,
celle des Yak~a aux grands pouvoirs magiques ("!_a?arddhjka,
rju-'phrul éhen-po) à commencer par Paficaka ( = Panc1ka, Lnas-
rcen). 7) Les deux mains serrées comme un poing, comme précé-
demment, les deux pouces sont joints et dressés, et les extrémités des
deux majeurs réunies comme la pointe d'un vajra: dans le Divy~kula,
c'est la mudrâ de tous les dieux à commencer par les Akam~tha.
8) Les deux mains jointes de la même manière et serrées comme
un poing, on montre les deux pouces : c'est la. mudrâ ~es ~ratye-
kabuddha et Âryasravaka. Telles sont les hmt mudra reliées au
huit clans (kula) ».• Le même chapitre 37/31 contient (p. 419-420)
une autre liste analogue à celle-ci, dans laquelle d'autres mudrâ
sont mises en rapport avec les huit kula suivants : 1) celui du
Tathagata, 2) celui de Padmadhara, 3) cel~i de Vajradhara, 4) le
Rajakula (L. 337 glali-po'i rigs), 5) le Ma1.11kula,6) le Yak~akula
et le groupe des 7) Divya et 8) Arya. !

Toujours dans le même chapitre (p. 423-425 ), on retrouve, dans '


une suite de mudrâ et de mantra qui précèdent le Buddhaparampara,
la série des huit kula qui nous est maintenant familière :
"1) Mantra et mudrâ de Tathagatalocana (représentant le clan
du Tathagata).
2)'Mantra et mudrâ à employer dans le Padmakula ..
3)lMantra et mudrâ à employer dans le clan du Vaira (skt.,

(1) Tib. seulement.


(2) Skt. p. 417, I. 24: f ~ Tib. P. 334b
« ilyellima~Jau mudriisu kulri cti~JasamiivrUi 1):

'di dag ni 'phags-pa'i gah-zag brgyad-kyi phyag-rgya'o fi


TI:1.·1
' 1
'', I
46 MA!)QALA DANS LE MANJ'USRIMOLAKALPA

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1
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,~ 00
INTRODUCTION 47
terme synonyme de Gaja, éléphant, chef d'un kula nommé au
chapitre 38 Gaja, dont le symbole est un éléphant, gaja. Il parait
donc certain que la bonne forme soit gaja et que raja soit une
erreur due soit au manuscrit, soit à l'éditeur du MMK. Il faut
donc rétablir Gajakula au lieu de Râjakula, p. 416, 1. 28, p. 420,
1. 15 et p. 425, 1. 9, expression que le tibétain a d'ailleurs correcte-
ment traduit dans les trois cas par glali-po'i rigs. Telle est aussi il
l'explication du composé gajomanikula - peut-être dû à des
besoins métriques - que l'on rencontre au chapitre 30/24 dans
une phrase dont voici le sens : « Dans le Madhyadesa, les mantra
du kula du Padma 1 seront assurés de réussir et l'on verra aussi
(ceux du) clan du Gaja et du clan du Ma:r;,iprocurer la siddhi en :;
ce. lieu». Pour M. Edgerton (Diclionary, p. 207), Gajomânikula
serait un nom de pays, sans doute à cause de la mention du Madhya- ,:1
desa au vers précédent, mais cette hypothèse n'est confirmée par !1
aucun précédent, tandis que le MMK fournit plusieurs parallèles
qui montrent qu'il s'agit du clan de !'Éléphant et du clan du Joyau.
Ce passage est cependant soit corrompu soit mal rédigé, ne serait-ce
!l 1

que parce qu'il n'est pas logique d'attribuer la réussite de trois 'i
clans (kula) différents à une seule et unique région alors que, deux
pages plus loin, huit kula, dont ces trois derniers, seront répartis 11
dans les huit directions. Le clan du Joyau est souvent orthographié
mâni dans le MMK, par exemple p. 416, 1. 28 : rajakule manikule \1
cüpi .. .' ». 'li
Il reste une difficulté provoquée par la traduction tibétaine des 1

trois éditions où gaja (p. 325 et 327) est rendu par mjod qui signifie ri
« salle des trésors». Mais c'est peut-être une erreur du Lotsava ,,
1

tibétain qui s'explique par la proximité, dans les deux cas, de ma,;zi, 11
qui veut dire« joyau i,; dans la Mahavyulpalti, n° 700 mjod traduit
le skt. ganja et ganja n'est assurément pas loin de gaja.
On peut à présent proposer de comprendre comme gaja le mot Il
raja qui figure p. 9 parmi les« oiseaux (pak~i gava}, Yak~a, Râk~asa, ii
Ma:r;ti,mantra, ratna » malgré la traduction rgyal-po de la version
tibétaine, car la présence de Yak~a et Ma:r;ticontribue à étayer
cette hypothèse. Il ressort toutefois de ces confusions dans le texte
sanskrit lui-même et dans les traductions tibétaines que la notion ii,
de clan du Gaja n'était pas familière, au moment de la traduction,
aux traducteurs tibétains, ni semble-t-il, aux Pa:r;,qits indiens 1

eux-mêmes. Par ailleurs, les chapitres 30, où gaja est traduit par i
mjod, et 37-38, où gaja est correctement traduit par glali-po,
semblent avoir été l'œuvre de Lotsava différents ; or justement, ,1
(1) Skt., p. 325, l. 17, padmasambhavii, Tib, N. 340 b, pad-ma'i rigs. .'I

\1

11
·j•

li
r
48 M~\)ALA DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

si le chapitre 30 est déjà compris dans la version chinoise, les


chapitres 37 et 38 n'ont été englobés dans notre Tantra qu'au
xr• siècle (cf. tableau, supra, p. 16). Des détails de ce type'
contribuent à accréditer l'existence d'une première traduction
du MMK au vm• siècle et nous en avons relevé l'écho dans la
tradition tibétaine.
Le Bodhisattva Gandhahastin (spos-kyi glan-po), chef du clan
des Éléphants n'est pas inconnu : il fait partie d'une liste de
Bodhisattva énumérés dans la Mahavyulpa!li (no 704) et
M. Edgerton donne dans son dictionnaire plusieurs références à
des textes dans lesquels il est mentionné : A~/asiihasrikâ-Praji'iii-
piiramilii, Sukhiivatïvyüha, Samiidhiriija. D'après un passage de
,1 la N i?pannayogiivali, p. 50, « le Bodhisattva Gandhahasti est de
couleur verte et tient dans la main gauche une trompe d'éléphant
posée sur un lotus ; il fait (la mudrii) varada de la main droite. »
D'après un autre passage du même texte, p. 66. « Gandhahasti
est vert clair, il porte dans la main droite une conque pleine
d'essences odorantes ( gandha) et de la gauche, il fait (la mudrii)
,, du poing (mu?/i). » Autrement dit, comme le fait justement
I'

1
! remarquer B. Bhattacharyya qui cite ces deux passages dans son
Indian Buddhist Iconography, p. 95-96, les emblèmes de ces deux
descriptions illustrent iconographiquement les deux parties du

l
!f
nom de Gandhahastin. L'histoire de ses antécédents, si elle est
relatée dans l'un de ces textes, confirmera peut-être l'hypothèse
que la correction de Raja en Gaja, p. 9, au milieu des Yak~a,
' Rak~asa, Mal).i, etc., permet d'envisager, à savoir qu'avant

~
d'accéder à la dignité de Bodhisattva, Gandhahastin, comme
Garu<;la, était à l'origine, sous ce nom ou sous un autre, un dieu
de l'hindouisme•.

~j (I) De même le terme géographique KiiviSa est traduit une première fois, chapitre 10,
p. 88 :
c KaSmire CinadeSe ca Neptile I(OviSe tathâ If

Mahii.cine tu vai siddhi siddhik$elrii,;iya$BSataQ J ~


par le tib. Maii-yul, et une seconde fois, au chapitre 53/56 (skt. p. 623, 1. 2; tib. N. 454 a),
par la transcription Ka:çi.
Les passages géographico-religieux du MMK, comme ceux du chapitre 10 ou du
chapitre 23, ont leur contre-partie, pour ne pas dire leur modèle, dans des textes
çivaîtes, cr. P. C. Bagchi, Studies in the Tantras, p. 14, 47, 94·95.
(2) On serait naturellement tenté de trouver un rapport entre ce Bodhisattva
Gajagandha et le dieu à la tête d'éléphant GaQ.eSa,mais les éléments dont nous dispo·
sons sont trop maigres pour permettre d'esquisser le moindre parallèle. Une excellente
étude sur Gal)eSa, dans laquelle la plupart des travaux antérieurs ont été repris,
a récemment paru dans ViSva-Bharati Annals, vol. VIII, 1958, sous la plume de
Haridas Mit,a : GaT,1apati(p. 1-120). Cf. E. Lamotte, MatiiuSrl, p. 76-81.
,/
INTRODUCTION 49
Le clan (kula) du Mal).i(souvent orthographié miini) est traduit
en tibétain par rin-chen, rin-po-che, et - une seule fois - par
nor-bu. Les trois termes sont certainement synonymes, mais on
notera que dans la Mahiivyutpatti, rin-chen et rin-po-che, très
souvent cités, traduisent toujours le skt. raina et jamais ma,;,i,
dont la traduction habituelle est nor-bu. Dans les Yoga et Anutta-
rayoga Tantra, ratnakula est traduit soit par rin-chen gi rigs, soit !I
par nor-bu 0 (T.P.S., p. 222). De sorte que sans le texte sanskrit
du MMK, nous aurions certainement eu tendance à rétablir le ,,
1:
nom de ce kula en Ratna et non en Mal).i, et cette restitution
inexacte aurait pu mener à des hypothèses erronées sur les origines "
du clan de Ratnasambhava. Il faut donc, même dans des cas
apparemment simples, comme celui-ci, se méfier du prétendu
automatisme des traductions tibétaines'.
Dans le MMK, le lm/a du Mal).i est placé sous la direction de
Jambhala 2 ou plus précisément de Jambhala Jalendra (jambha-
la chu dban) d'après le passage que nous avons traduit plus haut•.
Ce Yak~a est présent dans le ma,;,,Jala du chapitre II• où il est
figuré au Sud-Est; selon la tendance qui se dégage du paragraphe
maintes fois cité de la p. 9, on lui a octroyé le titre de « Bodhisattva
dont l'apparence est celle d'un Yak~a », J ambhala J alendra est
donc une forme de Jambhala, dieu des richesses, bien connu pour
avoir été associé à Kubera-Vaisraval).a. De nombreuses études
ont été consacrées à ce groupe, celles de M. Tucci dans T.P.S.,
p. 571-577 et celle de Nebesky-Wojkowitz (Oracles and Demons,
p. 68-8'1), parmi les plus récentes. La présence de huit niigariija
dans la suite du« Jambhala rouge, dans le style du moine Mnon-çes »
que Nebesky-Wojkowitz décrit (p. 75-76) d'après un texte icono-
graphique tibétain s'explique sans doute par ce titre de Jalendra
« seigneur des eaux». Le Kanjur et le Tanjur contiennent de courts
traités consacrés à Jambhala Jalendra '·
Les éléments dont nous disposons ne sont pas suffisants pour

(1) Ainsi, Obermiller, après avoir restitué en sanskrit les noms de nombreux rois
et personnages importants cités dans la prophétie du MMK, dont Bu-ston a utilisé
plusieurs passages d'après la traduction du Tantra dans le KanJur, dût en corriger
un grand nombre lorsqu'il eut accès au texte sanskrit lui-même (voir Obermiller,
Buston's hislory of Buddhism and the Mafl.juSri Mülatanlra, J.R.A.S., 1935, p. 299-306).
(2) cr. skt., p. 325, l. 22-23: lauhitylitp. tu taJe ramye vangadese~usarvataf:ilJambha-
lasya bhavel siddhi tathâ maT,1ifmlodite ff.
{3) Skt., p. 417; supra, p. 43
(4) Skt., p. 45 et infra, p. 124 de la traduction.
(5) Cf. KanJur, Rgyud XIV, 44 et XVII, 16 {dans le Catalogue de Feer) et Tanjur1
Rgyud, LXXII, 44. ,1

;1
'I
\!
!
1,

50 MA!!QALA DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

nous permettre de comprendre Je rôle joué par Je kula du Mal_li


dans la formation du Ratnakula des Yoga et Anuttarayoga Tantra.
1 Mais il n'est pas certain que le kula bouddhique du Ratna se soit
superposé au kula hindouiste du Mal_lidirigé par un Yak~a, car les
influences, en cette période de syncrétisme, n'ont pas dû
s'exercer en sens unique. S'il paraît probable que l'idée de groupe-
ment en clans (kula) de divinités hindouistes corresponde à un
stade d'assimilation au bouddhisme de ces divinités, la raison pour
l laquelle on aurait donné au kula de J ambhala le nom de Mal_likula
'I
~
ne serait-elle pas justement le désir de Je distinguer du Ratnakula
de Ratnasambhava, quitte à l'y rattacher par la suite' ? Quoi
qu'il en soit, Ratnaketu et Jambhala Jalendra coexistent, l'un au
,1,
,•1 Sud l'autre au Sud-Est, dans Je ma,pjala du second chapitre du
I' MMK, Ratnaketu dans la seconde enceinte, Jambhala Jalendra
dans la troisième, ce qui suggère déjà une certaine dépendance et
subordination de ce dernier par rapport au premier.
Toujours d'après les précisions apportées par la description des
clans (MMK p. 417), il ressort que celui des Yak~a est dirigé par
Paiicika2, l'un des généraux de Kubera-Vaisravana. Quant aux
deux derniers kula, ils sont en réalité composés chacun de deux
groupes associés : celui des Sravaka et Pratyekabuddha d'une
part et celui des Divya (/ha) et des Àrya d'autre part. Ce dernier
groupe, souvent mis au duel, est dissocié pour former deux clans
distincts dans les trois dernières listes. Au chapitre 30/24, c'est le
premier groupe qui est dissocié pour former les septième et huitième
kula. Dans la seconde liste, Je kula des Divya occupe la septième
place, et celui des Pratyekabuddha et Àrya Sravaka, la huitième
et dernière et comme il est possible qu'Àrya soit une abréviation
d' Àrya Sravaka, les deux groupes, qui ne comporteraient que
trois éléments, seraient réunis dans ce cas. Les Pratyekabuddha et
Sravaka sont sans doute bouddhistes par nature et Je kula des
Divya également puisqu'il est composé des dieux qui peuplent
les différents étages des cieux de la cosmologie bouddhique, à
commencer par les Akani~tl,i.a (skt., p. 417).
Le MMK fait donc état, dans les passages que nous venons
de passer en revue, d'une classification en huit des clans (kula)
et dans Je chapitre d'introduction, d'une classification en quatre.
Dans le premier chapitre, le système des huit kula ne peut être

(1) Il est en effet rattaché au clan du Ratna, dirigé par Ratnasambhava dans la
Sâdhanamâlii; parfois aussi, dans le même texte, à Ak~obhya, divinité principale du
Vajrakula (cf. lndian Buddhisl Iconography, p. 178 et passim).
(2) Cf. infra, p. 117, note et supra, p. 38, n. 2.
1

·I
1
1
'>
,1

1
INTRODUCTION 51 1

considéré comme la charpente sur laquelle s'appuie le cercle de


l'Assemblée, bien que les catégories bouddhiques des Budd,ha et
Bodhisattva d'une part, Pratyekabuddha et Àrya Sravaka d autre
part, encadrent des éléments non bouddhiques : Yak~a, Rak~asa,
Mal.li, Râja ( = Gaja ?), englobés, une fois convertis, da1;1sles
quatre kula du Tathâgata, du Padma, du Vajra, des Lauk1ka et
Lokottara, car ces éléments, loin d'être considérés comme des 'I
groupes autonomes, sont mentionnés pêle-mêle et si brièvement
que sans la connaissance préalable du système élaboré aux
chapitres 30/24, 37 /31 et 38/32, nous aurions peine à reco:nnaitre
parmi eux les représentants des kula du Yak~a, du MaI_11 et _du
Gaja. Et pourtant il semble bien que la politique de conversrnn
par osmose annoncée ~u début du ~MK soit ~~ ~utre asp~ct du
problème de l'assimilation au bouddhisme des d1vm1tés extérieures,
problème qui, dans une perspective syncrétique plus libérale,
aboutit à la formation en huit des kula.
Parallèllement, la description du malJq,a/a du chapitre II, qui
suit l'énumération de mantra des dieux Laukika et Lokottara,
exposée par Maiijusri avec un ~ens si po~ssé ~e la c~~tinuité
hindou-bouddhique, illustre aussi, comme 11 était prév1S1ble, le
système des quatre kula, puisqu'il est l'image réfléchie s1:r !erre de
l'Assemblée réunie autour du Buddha chez les Suddhavasa (cf.
infra p. 80-81). Ce malJq,ala contient, en effet, dans une première 1'
enceinte les trois clans (kula) du Tathâgata, du Padma et du
Vajra g~oupés autour du Buddha Sâkyamuni et,. tandis qu~ les i i
dieux qui résident dans les différents étages du crel bouddhique
'''
se partagent la seconde enceinte, la tr~isième enceinte est réservé~
aux dieux Laukika et Lokottara parmi lesquels on remarque aussi
bien Jambhala Jalendra que Paiicika, sinon Gandhahastin. Et
pourtant il n'est pas question, dans tout ce chapitre II, d'autres
clans que ceux du Tathâgata, du Padma et du VaJra.
Le même mouvement alterné d'ouverture et de rétractation
vis-à-vis des dieux de l'hindouisme est aussi sensible dans le
chapitre 37 /31 oû les mantra des huit kula, après avoir été détai(lés
à deux reprises, sont une troisième fois entrecoupés par la m~nt10_n
de ceux des Buddha et Bodhisattva Samantabhadra, Mahastha-
naprâpta, Vimalagati, Gaganagaiija, avant d'être fondus dans
l'unique kula des Tathâgata '·

(1) La lignée des Buddha responsables de la révélation du texte est d'ailleurs


représentative de la fusion de plusieurs a~tres gro~pes au ~ein du Tathag~t!kula
puisqu'elle englobe, parmi des Buddha antérieurs à Sakyamum, le Buddha Amitabha,
toujours affecté au Padmakula et le Buddha Ratnaketu qui, dans les Yoga et Anuttara
1
1,

(.
1
./
52 MAJ'.IJ;)ALA
DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

Comment rendre compte de ces variations de système dans le


MMK ? Si l'on s'en tient à l'aspect particuli~r de la question,
c'est-à-dire au seul cas de ce texte, comme les trois premiers
chapitres sont généralement considérés comme étant plus tardifs
que le reste du Tantra, il semblerait donc que les quatre kula énumé-
rés dans le fameux paragraphe de la p. 9 impliquent la connaissance
préalable du système des huit kula. En effet, en l'absenc~ de
renseignements sur l'époque de la provenance des matériaux
utilisés dans le MMK, il est peu vraisemblable d'admettre que le
système des huit kula soit un développement du système des
quatre kula. On peut donc, pro".isoirement, interpré~er le ~ombre
décroissant des clans comme un signe de la bouddh1sat10n cr01ssante
du texte et comme un moyen d'oblitérer de façon de plus en plus
définitive l'origine étrangère d'une partie du panthéon.
D'autre part si élargissant la question, on veut tenter d'évaluer
l'originalité du MMK par rapport aux textes tantri9ues apparentés,
il parait utile de se reporter à quelques-unes parmi les nombreuses
études consacrées par les maitres tibétains à l'analyse de la lit_té-
rature tantrique. Ces classifications qui varient, dans une certame
mesure selon les sectes - surtout en ce qui concerne les deux
Tantra 'supérieurs - sont naturellement post~rieures à la rédacti_on
des textes eux-mêmes', mais elles ont le mérite de donner le pomt
de vue de savants profondément imprégnés de la culture boud-
dhique traditionnelle et qui la jugent de l'intérieur.
Nous utiliserons d'abord le court traité• du second grand
disciple de Tsoi:t-kha-pa, Mkhas-grub-rJe (1385-1438), qui traite
la question du point de vue Dge-lugs-pa. Les pages _29-60 sont
consacrées à l'analyse des Kriya Tantra. Or le premier élément
de cette analyse a trait, comme ce parait être généralement le cas,
à la répartition des textes selon les kula (fol. 29a) :
(< La prédication des Tantra est divisée en quatre cycles : celui des Kriyâ
Tantra (bya-rgyud} celui des Caryil Tantra (spyod-rgyud}, des Yoga Tantra
(rnal-'byor rgyud) et celui des Anuttarayoga Tantra (rnal-'byor bla-med
1,yi rgyud). Dans le premier cycle, on distingue: 1) L'analyse de_s~1fférentes
classes ( = l<ula) auxquelles sont rattachés ch2oun des Kr1ya Tantra.
2) L'analyse des abhi$eka et de la prise d'engagement (sdom_-pa) dans _le~
Kriyii Tantra. 3) L'analyse de l'enseignement dans le chemm (des Kr1ra
Tantra), une fois que l'abhi§eka est conféré et que les engagements sont pris.

yoga Tantra, dirige le Ratnakula avec qui le Mal}.ikula entretient des rapports de
dépendance encore mal définis.
(1) Cf. T. P. S., p. 220.
(2) Rgyud sde spyi'i rnam-par biag-pa rgyas-par bçad-pa, vol. na des œuvres
' 1 complètes, fol. 1-94, Tohoku, no 5489.
!'
INTRODUCTION 53
1) On divise (les textes) en deux catégories: les Tantra qui se rattachent
à chacun des kula et les Tantra consacrés aux Kriyâ Tantra en général,
c'est-à-dire les Tantra qui enseignent les méthodes de propitiation (sgrub-
thabs, slidhana) et les rituels (l!ho-ga) de chacun des clans (kula) séparé-
ment, et les Tantra qui enseignent les rites et les méthodes de propitiation
(siidhana) de tous les clans en général. A présent, si vous demandez quel
est le nombre {du yod) des kula, en général, (je vous dirai qu')il y a, dans 1

les Anuttarayoga Tantra, les cinq kula de Rnam-snan (Vairocana) Rin- '

'?yun (Ratn~sambhava), 'Od-dpag-med (Amitiibha), Don-grub (AU:ogha-


s1ddh1)et M1-bskyod-pa (Ak~obhya) avec, en guise de sixième clan celui
de Rdo-rje-chan (Vajradhara). Le meilleur d'entre ceux-ci est le si~ième
ensuite c'est celui d'Ak9obhya qui est le meilleur. Chacun de ces clan~
comprend le kula (rigs) lui-même et les membres qui y sont rattachés
(rigs-éan), si bien que l'on a le clan de Vairocana et les dieux qui ont reçu
son investiture (rgyas-btab)1, appelés c< membres rattachés au kula »
(rigs-l!an); la même chose pour les autres clans. Il y a cinq kula dans les
Yoga Tantra : le clan du De-btin gçegs-pa (Tathiigata), le clan du Rin-
po-èhe (Ratna), le clan du Padma, celui du Las (Karma) et celui du Rdo-rje
(Vajra). Ils ont le même sens que les clans cités plus haut, dans l'ordre
donné, à commencer par Vairocana 2 • Le meilleur d'entre eux est celui du
Tathiigata. Dans les Kriyii et Caryii Tantra, on distingue entre les kula
'Jig-rlen-pa (Laukika) et 'fig-rien las 'das-pa (Lokottara). Ce dernier
groupe en comprend trois: le clan (l<ula) du De-bzin gçegs-pa (Tathagata),
celui du Padma et celui du Rdo-rje (Vajra) qui sont, dans cet ordre : le
meilleur, le moyen et le dernier; (29b) les clans 'Jig-rten-pa (Laukika) des
Kriyâ Tantra comprennent trois /cula: celui de Liias-rcen (Paiicika), celui
de Nor-èan (épithète de Jambhala) et celui des 'Jig-rten-pa (les dieux qui
vivent et o.nt une action en ce monde).
Le kula du Tathiigata est subdivisé en huit groupes: 1) celui de la divinité
principale (gco-bo); 2) celui du chef {bdag-po); 3) celui des Yum; 4) celui
des U9:r;i.r9a
; 5) celui des divinités terribles masculines et féminines {khro-bo,
khro-mo); 6) celui des messagers et messagères (pho-na, pho-mo); 7) celui
des Bodhisattva rattachés au ku/a du Tathiigata; 8) celui des deva, n/iga,
yak§a, etc., également rattachés à ce lm/a.
La divinité principale du kula [du Tathâgata] est le Bhagavat Siikyamuni;
le chef est Maiijusrl. Dans le cycle des Tantra reliés à la divinité principale
(gco-bo) de ce lm/a, le Bhagavat réside au ciel des Suddhiiviisa, assis sur
un trône (supporté par) des lions qui sont des Bodhisattva ayant atteint
la dixième bhümi, incarnés sous forme de lions ... (32b). Le texte principal
des Tantra reliés au chef {bdag-po) de ce kula est le 'jam-dpal rca-rgyud
(Manju§rï-mülatantra = MMK). Il a trente-six chapitres et enseigne de
nombreux rituels de propitiation de MafijuSrï, sous sa forme terrible et sa
forme paisible ( li-khro); il enseigne aussi comment réaliser des images de
divinités {sku-gzugs); il contient également une prophétie relative au
partage en huit des reliques corporelles du Buddha après que celui-ci ait

(1) Cl. p. 69, n. 2.


(2) Ce qui revient à dire que dans les Yoga et Anuttara yoga Tantra, le kula du
De-bZin gçegs-pa (Tath8:gata) est dirigé par Vairocana, celui du Rin-po-éhe (Ratna)
par Ratnasambhava, celui du Padma par Amit8:bha, celui du Las (Karma) par Amogha-
siddhi et celui du Vajra par Akeobhya i cf. T.P.S., p. 222-223.
If
i•

{,
.,
54 MA!jQALA DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

/, montré comment on atteint le Nirv3I).R1,ainsi qu'à Cavènement de nombreux


1 êtres utiles à la Doctrine. Le Tantra intitulé :fam-dpal dpa'-bo gcig-tu
'grub-pa (Cf. Siddhi-elcavïra-mahalanlrarli.ja, Otani n° 163) contient
i( quatre chapitres. Il enseigne la méthode de propitiation (s/idhana) et le
rituel de Maiijugho•a [sous forme d'] Arapacana blanc, en tant que divinité
' principale, entouré de quatre [autres divinités], ce qui fait cinq (gco-
'khor lna-pa), et la méthode de propitiation et le rituel d'Arapacana couleur
de safran ( gur-lwm) en tant que divinité principale, entouré de quatre
[autres divinités], ce qui fait cinq. Il enseigne aussi des rites de longévité,
en prenant appui sur Mahâmâyüri (rma-éhen), comment se protéger de la
foudre et le moyen de comprendre la signification des rêves ; il enseigne
aussi toutes sortes de rites, en prenant appui sur Sakyamuni, en prenant
appui sur AvalokiteSvara, en prenant appui sur un Devapy.tra, etc. Le
deuxième chapitre de ce Tantra et le deuxième chapitre du 'Jam-dpal rca-
rgyud (MMK) contiennent tous deux des instructions sur les images de
dieux (sku-gzugs) et sur Jambhala, assis sur le siège de }')tus d'un slüpa,
entouré de huit yak$a, en tout neuf et sur (sa fokli) Nor-rgyun-ma, en divi-
nité principale, entourée de huit yak$i1).ï, ce qui fait neuf, disposés en cercle 1 •
Les préceptes (bka') des deux clans d'Arapacana (33a) n'existent pas au
complet de nos jours. Il ne reste que des fragments incomplets {lchol-phyun),
sans introduction (glen-gifi) ni mise en ordre (? rgyud gtad-pa), etc.•.

(1) myawtian las 'das-pa'i chul bstan-nas. Dans la doctrine du Hinayana, le Buddha
est considéré comme ayant eu une existence historique réelle, et comme ayant exécuté
les douze Actes avec un corps humain. Mais les Mahâ.yànistes considèrent que lorsque
le Buddha est apparu sur terre, il s'y est manifesté en tant que corps de transformations
(nirmtit;akiiya, sprul-slm) tandis que son corps de sambhoga restait chez les Akanietha.
Le Buddha n'a donc pas, dans cette optique, parcouru réellement les étapes caracté-
risées par les douze Actes, ce sont des corps de transformation, qui, envoyés chez
les hommes en nombre considérable, ont seulement « montré comment » on exécute
les douze actes (cf. p. 3a-8b du traité de Mkhas-grub-rJe).
(2) Ce détail est surprenant. En effet, le second chapitre du MMK celui du mal)t;fala,
que je résume et traduis plus loin, ne contient pas de rite consacré à Jambhala et à sa
Sal.ti Nor-rgyun-ma.
(3) Fol. 29a: « giiis-pa sflags-kyi éhos-'khor bsTcorchul-la bii I bya-rgyud lcyi rnam-
biag spyod-rgyud lcyi rnam-biag I rnal-'byor-rgyud kyi rnam-biag / rnal-'byor bla-med
kyi rgyud-lcyi rnam-biag-go / dafl-po la gsum / bya-rgyud kyi dbye-ba so-so'i rnam-biag /
bya-rgyud kyi dbart-bskur-ba dan sdom-pa gzun-ba'i rnam-biag / dbaTi-lhob-éinsdom-pa
bzun-nas lam-la slob-pa'i rnam-biag-go f da/1-po la/ rigs so-so'i rgyud-lcyi dbye-ba
dan/ bya-ba spyi'i rgyud-kyi dbye-ba ste / rim-pa ltar rigs re-re-ba'i sgrub-thabs dan
ého-ga slon-pa'i rgyud dan/ rigs thams-éad-kyi sgrub-thabs dan ého-ga spyir ston-pa'i
rgyud-do fi ... bya-spyod la 'Jig-rten dan 'Jig-rten las 'das-pa'i rigs gftis-las I phyi-ma
la de-bzin gçegs-pa'i rigs J padma'i rigs J rdo-rje'i rigs gsum rim-pa Uar méhog (29b)
dari/ 'brin dari J lha-ma'o fi bya-rgyud kyi 'Jig-rlen-pa'i rigs-la / lrias-rcen gyi rigs J
nor-Can gyi rigs / 'Jig-rten-pa'i rigs-le gsum-mo fi de-biin gçegs-pa'i rigs la sde-chan
brgyad-de / rigs-leyi gco-bo / rigs-kyi bdag-po I rigs-lcyi yum / rigs-lcyi gcug-tor f rigs-kyi
khro-bo lchro-mo/ rigs-lcyi pho-fi.a pho-mo J de-biin gçegs-pa'i rigs-su glogs-pa'i bya1\-
sems I der gtogs-pa'i lha dan lclu dali gnod-sbyin la-sogs-pa'i sde-chan-no If rigs-lcyi
gco-bo ni bcom-ldan-'das çti-kya thub-pa'o 11rigs-kyi bdag-po ni 'Jam-dpal-lo 11rigs-lcyi
gco-bo'i rgyud-kyi skor-la I béom-ldan-'das gnas-gcari-ma'i gnas-su sa béu-pa'i byali-Clmb
sems-dpa' seli-ge'i gzugs-su sprul-pa'i seri-ge'i khri-la biugs-te f ••• (f0I. 32b) rigs-lcyi
·' 1
bdag-po'i rgyud lcyi gco-bo ni 'Jam-dpal rca-rgyud yin-te/ de-la le'u sum-éu rca drug
INTRODUCTION 55
, L~ cl~sstcation de Mkhas-grub-rje correspond en substance
a ce 1e e u-sto~ (1290-1364), qui a été résumée par M. Tucci
(T.P.s.,. P· 161) d après la version développée du Rgyud-sde spyi'i
ta~-bza~ \Tohok~ 5169). Je n'ai pas actuellement accès à ce
ex e, mais a :,rers1on~~régée : Rgyud-sde spyi'i rnam-bza bsdus-
pa '~f~d-sde rin-po-éhe i gler-sgo 'byed-pa'i lde-mig, Tohotu 5167
{u~ J ~ pu tonsulter, apporte des précisions intéressantes sur l;
us10n. es c a_nsLaukika dans les clans Lokottara. Bu-ston divise
en tr?1s par~ies son étude sur les textes du Kriyâ Tantra. La
premiere traite de !eur répartition en six kula; la seconde, du
g_roup~ment de ces six kula en trois, et la troisième, de leur réduc-
tion .a deux _groupes : !habs {upaya) et çes-rab (prajfla). La
prem1èr~ p_arbe est sub_d1viséeen trois sections relatives aux six
clans prmc1.f:laux,au:' différences qui les caractérisent et enfin aux
texte~ tantriqu~s gmne sont pas englobés dans les Kriyâ Tantra.
Les six kula prmc1paux sont définis ainsi (fol. 54a) :
<cD'après le ifho-ga lib-mo 1, ce sont le clan du Padma (litt. le maiu;lala

i:f;~'.:i;~a';;~~-~~a~:~:::ys:;.:~::.:b~da~':/;;1•ch~l::1::.~::~-::.;:u:~~~h:,bs :t:"
:r;:;:d::zu;;: ••:a,l i~sltn-'jinb gyi,_skges-bu ma,i-po 'byu,i-bar 'gyur-ba lun-!!tan-t:
'J db li o g zg- u gru -pa z rgyud Ces-bya-ba le'u bii-pa iig yod-de / de-las
am- ya s a-ra-pa-ca-na dkar-po gco-'khor zna-pa dan/ a-ra-pa-ca-na ur-k
~dog-t!a~ Ut·'khor lita ·pa gliis-kyi grub-thabs ého-ga dat't-béas-pa bslan-éiri / ~ma-b:~
,~:n~mih:b rtenras che sgrub-pa dan f thog bsruti-ba da,l I rmi-lam brtag-thabs rgyal-ba
dal/ lha'i
,
tiz° c·a tt~nta dari/ 'phags-P_aspyan-ras-gzigs dbali-phyug la brlen-pa
ig a r en-pa la-sogs-pa't las-chogs mali-po bslan / de'i le'u nis
::~ ~!;~~dpa~rca-;uyud ~fi .ze•u gfiis-pa ste / de gfiis-ka las slcu-gzugs dat't / mcfod-rie:
g an- u O ug:fa t Jamb~a-las gco byas-pa'i gnod-sbyin-pho d u dan J no _
~~~:rm:_::_co b~as-p~ ~ uno~-~~_uin-7?'0 dgu'i 'khor-lo byed-thabs-rnams b!tan-to JI a-:a
. P . na. rzgs gnzs-po dt i bka da-lia yaJi ma-chad-par yod-do fi 'di khol-phy ;,
yin-pas ~~en-giz dan rggud gtad-pa sogs med-do Il u
(Id)lgn.isd-pata I bya-ba dari/ spyod-pa daJi I rnal-'byor dan I rnal-'byor éhen-po'i

::~!:~:
rgyu - cyt on glan-la dbab-pa dan bii' · d ·
:!ye-ba d~n [ de gsum-du _bsdu~b/::; / :e
z /b •·
tf:b:aç:s::::~;u~;::;:·;~~s~::
bya-b '. Ji o;_~mgyi ,dat't-po.~a/ rzgs ~rug dbye-ba drlos / de-dag-gi khyad-par I iar-la
. a t rgyu u ma- dus-pa z gsan-snags bstan-pa dan gsum- i dan O •
itb-mo l~~ f.padma rgya éhen-po'i dkgil-'khor mtha'-dag dan/ rdo!}e•t rig?da~t/d~~~~~a
gçegs-pa L r~gsd~n I nor-bu'i rigs dan/ glan-po-'éhe'i rigs dan/ les-pas I de-bii _n
s!e Ides bym-gyis brlabs-pa'i gsan-sT)ags-kyi lha gcug-tor la-so s a de biin n gçegs P.~
;:u:! s:uaan-ras.-.ozigsdba,i-phyug-gis byin-gyis brlabs-pa'i rig-~n-:gs k;i lhag~e:,:t_;~
1
ky! z~a f11r~n:b: \:!:o~:~!u;:~~;e~d~~:e 1 :~;~g:-~::n~!!n;!~}: ~rl:bs-pa'i. gsa,l-sJiags
8
rt-çes-par byin-ggis brlabs-nas dbul-ba sel-ba'i lha nor-bu'i rfus~ b:%-:~~;or~n ;ad
1~::-s:c:~:a'phel-ba rgy~s-pa'i las grub-par byed-pa bu l,ia-brgya dan- •grogs-:i~
rigs dan/ ;a!:e.d-p~ l~as-rcen la:sogs-pa rgyas-pa'i rigs-te / 'di-la gtan (54b) po-Che'
;,io~/~
lha . n gi rigs ies-kyan zer-ro Il lna-po de-rnams la ma-gtogs-pa'i lha dan
rig;::-iJm la-sogs-pas so-so'i gsat't-Sfiagslcyi ého-ga da1i-béas-lephul-ba ni/ 'fig-rten-pa'i

3
Il

j
r
a,,
J
J 56 l\I~J)ALA DANS LE '1\1ANJU$Rll\IOLAKALPA

complet du vaste Padma), celui du Rdo-rje, celui du Tathagata, le clan du


Nor-bu et celui de !'Éléphant (glan-po-l!he, gaja) ». Par Tathagata-[kula],

tt \
il faut entendre les lha (deva) et gcug-tor (U$(li$a) qui, ayant reçu une
bénédiction du Tathagata, font partie du Tathagata-kula. Les dieux dont
la vidyii (rig-sriags) a reçu une bénédiction d'AvalokiteSvara, comm~
Tara etc. font partie du Padma-kula. Les dieux et les divinités terribles
dont' le ~antra (gsari-sriags) a reçu une bénédiction de Vajrapii.I].i font
partie du Vajra-kula. Les dieux qui dissipent la pauvreté parce qu'ils ont
reçu de Nor-bu bzali-po, etc., une bénédiction qui rend les richesses inépui-
sables font partie du Ma1,1i-kula (nor-bu'i rigs). Ceux qui accroissent la
descendance ceux qui augmentent les biens matériels, ceux qui font
réussir les iravaux d'accroissement (rgyas-pa), comme Lilas-brcen et
ses cinq cents fils qui jouent avec cinq dés, ce sont les membres du
Pauë~ika-kula (rgyas-pa'i rigs), qu'on appelle aussi clan de l'.Él~p~ant
Gaja-kula (glan-po-l!he'i rigs) et clan du Bœuf, ·Go-kula (ba-lan g, rigs).
Outre ces cinq clans (kula}, les Lha et les Lha-ma-yin qui ont offert leurs
mantra personnels et le rite qui les accompagne forment le Laukika-lrnla
('jig-rten-pa'i rigs) ».

Sur les trois derniers clans, Bu-ston ajoute ces quelques indica-
tions dans le second paragraphe de la deuxième section de son
exposé, où il passe en revue les différences qui distinguent les
clans les uns des autres en fonction des dieux à qui est consacré
le Tantra (bslan-bya /ha, fol. 58b) :
« Dans le clan des joyaux (nor-bu'i rigs), on trouve Nor-bu bzaû-po
avec des yakfa, Jambhala accompagné de huit yakfa, Nor-rgyun-ma
entourée de huit yak$i(li et Rnam-thos-sras (Vaisrava1,1a)en compagnie de
huit yak$a, vingt-huit généraux (sde-dpon), etc. Bref, dieux des richesses
et yak~a sont réunis dans le clan des richesses (nor-gyi rigs). Le clan de
l'accroissement (rgyas-pa'i rigs) comprend Lilas-rcen (Pmicika), 1 Phrog-ma
(H8.ritI) et leurs cinq cents fils, ainsi que les quatre grandes srin-mo
(rakfasl}, etc. L'épouse de Lilas-rcen, 'Phrog-ma, c'est Mekhala dont le
nom est traduit en tibétain par 1 0g-pag-Can 1 à qui le seigneur des vidya
(rig-pa'i dbali-phyug, vidyeSvara) a conféré la suzeraineté sur les mantra.
Le clan des 'jig-rlen-pa (Laukika), c'est celui des Lha, des Lha-ma-yin
(asura), etc. 2 n.

La seconde section développe ainsi la fusion des kula (fol. 60a


fin) :

(1) MVP. 6033, Gser-gyi 'og-dpag.


(2) Nor-bu'i rigs la/ nor-bu bzat,-po gnod-sbyin dan-béas-pa dan/ jambha-la gnod-
sbyin brgyad dan-béas-pa dari / nor-rgyun-ma gnod-sbyin-ma brgyad dat,-béas-pa
dan I rnam-thos-sras gnod-sbyin brgyad dan / sde-dpon n.i-çu rca brgyad sogs d1n-
béas-pa sle I mdor-na I nor-lha gnod-sbyin gyi chogs rnams-so 11rgyas-pa'i rigs la I
lnas-rcen dan I 'phrog-ma bu lna-brgya daft-béas-pa dan f srin-mo éhen-mo bii la-sogs-pa
rnams-te / lnas-rcen gyi bcun-mo 'phrog-ma ni / me-kha-la ies-pa bod-skad-du bsgyur-
bas 'og-pag-éan rig-pa'i dbal'l-phyug gis gsan-sllags kyi bdag-mor dban-bs/cur-ro Il
/ 'fig-rlen-pa'i rigs ni l lha dan lha~ma-yin la-sogs-pa'o Il
1 -

INTRODUCTION 57
1(Si l'on réduit les six kula à trois, d'après l'explication de Dpuri-bzali
gi bsdus don-dgrol-pa'i brjed-bya,i (Tjur, Rgyud LXVI, 2, 3 ou 4) ,, les
dispensateurs de richesses (nor-l!an) sont englobés dans le Padma-kula
[le clan de] l'accroissement (rgyas-pa) est englobé dans le Vajra-kul;
(60b); il _faut savoir que [les membres du] Laukika-kula ('jig-rlen-pa)
sont aussi, dans l'ensemble, incorporés dans ces kula. Ceux qui n'y sont
pas ne sont pas issus de la bénédiction du Tathiigata et ne sont pas non
plus, comme d'autres qui (franchissent) les bhümi des Bodhisattva, nés
dans le clan du Sugata, c'est pourquoi il est dit qu'ils « prennent appui n
sur le clan des Tathagata (de-bzin ggegs pa'i rigs-la brlen-pa) ». Si l'on
examine leurs caractères particuliers et leurs mantra, il semble bien que le
clan des joyaux (nor-bu'i rigs) et le clan de l'accroissement (rgyas pai' rigs)
soient englobés dans le clan du Vajra. D'après le Dpun-bzan, il est dit que
« certains appartiennent à mon lmla (celui du Tath8.gata), certains encore
au PadmaMkula; d'autres font partie du clan des joyaux; d'autres encore
n'ont pas de place fixe et vagabondent. Ceux que l'on appelle ,, dispensa-
teurs de richesses n (nor-spyod) sont classés dans le clan des richesses.
11 y a mon clan (celui du Tathiigata), celui du Vajra', celui du Padma
gouverné par AvalokiteSvara 2, et comme quatrième clan, on trouve ici
celui de Liias-rcen (c'est-à-dire rgyas-pa'i rigs) ». Ceci signifie que certains
dieux Laukika ('fig-rlen-pa) qui ont offert leurs mantra n'ont pas de place
fixe et (ne font que) prendre appui sur les quatre clans et comme de ce fait
ils sont très vagabonds, ils constituent un clan à part (rigs log-pa).
Cependant, si vous voulez savoir pourquoi (ces textes) ne sont pas englobés
dans le clan des Tathagata, c'est que ceux qui y sont rattachés sont issus
du ye-çes ( = jJiüna, du Buddha), qu'ils aient émané de son Ufnisa ou
d'ailleurs, tandis que les autres sont le produit de la rétribution des actes
(du dieu qui les prononce). C'est pourquoi ils ne sont pas englobés dans le
clan proprement dit. Mais parce qu'ils (ces dieux) ont eu la foi et qu'ils
ont offert le rite de leur mantra au Buddha, on dit qu'ils ont pris appui
sur le Tathagata ; et comme ils ne sont pas réellement englobés dans les
cinq clans, et sont donc très ':'agabonds, ils constituent le clan des vaga-
bonds (khyams pa'i rigs). Ceci est tiré du Chig-don dgrol-ba'i brjed-bya,i
et d'après le Dpuri-bzali il est dit encore : (< D'autre part, certains qui n'onf
pas de place fixe, prenant appui sur le Tathagata, vagabondent partout
(61a). que ceux qui désirent des richesses se conforment à toutes (les
mstructwns) contenues dans ce sûtra {le Dpuli-bzari) ». Ceci signifie que
pour les cinq clans saints, six avec celui des '}ig-rlen-pa, il faut exécuter
les rites tels qu'ils sont décrits d'après le Dpun-bza,i•,

(I) Cette citation est versifiée; ma traduction de na ni rdo-rfe'i rigs las rab-tu bstan
est loin du texte.
(2) Ou «le Padma-kula d'AvalokiteSvara 11,
(3) Fol. 60a fin : gfl.is-pa ni I de-llar rigs drug kyan gsum-du 'dus-te I dpul'l-bzan gi
bsdus don-dgrol-ba'i brfed-byan las/ nor-éan ni / padma'i rigs-kyis bsdus-so fi rgyas-pa
ni/ rdo-rfe'i rigs-kyis (60b) bsdus-so 1/'/ig~rten-pa'i rigs kyan de-dag-gi 'gab-tu phal-
éher 'dus-par rig~par bya'o If de-dag-gis ma-bsdus•pa rnams ni I de-biin gçegs-pa'i
byin-gyi rlabs-las byul'l-ba yan ma-yin/ yan byan-éhub·pa'i sa-la gian-pa llar bde-bar
u,egs-pa flid-kyi rigs-su skyes-pa yafl ma-yin•pas f de-biin gçegs-pa'i rigs·la brlen-pa
ies~bsdams.fe J ies-bçad-la / mchan-nid dall snags-la bitas-na/ nor~bu'i rigs I rgyas-pa'i
rigs gflis-ka rdo-rfe'i rigs-su 'dus-par 'dra'o fi dpull-bzati las If kha-éig l'la-yi rigs-su
l,

!1 '
)
58 ll!Al'jQALA DANS LE MAJIJ'USR!MOLAKALPA

il;
'1
Les six clans (kula), qui peuvent être réduits aux trois clans
bouddhiques du Tathagata, du Padma et du Vajra, se partagent
! ainsi la majorité des textes des Kriya Tantra. Cependant, selon
Bu-ston (foL 59b-60a), il en existe un petit nombre qui reste en
1 marge des Kriya Tantra et des six clans. De quels textes s'agit-il
' donc ? De ceux qui ont été prononcés par des divinités hindouistes
comme Drag-po (Rudra), Nor-lha'i bu ( = Khyab,'jug, Vigm),
Chaiis-pa (Brahma), ~i-ma (Sürya), Nam-mkha'-ldiii (Garm;la),
Me (Agni), les Nagaraja, les quatre grands rois des orients, etc.
Il s'agit de rituels qui occupent une position inférieure parmi les
Tantra bouddhiques du fait que les dieux qui les ont prononcés
ont été d'abord domptés par le Buddha et liés par une promesse
avant d'« offrir» leurs manlra; c'est parce que le Buddha y a
apposé sa bénédiction qu'ils ont pris place dans le Kanjur.
L'analyse et les arguments de Bu-ston sont en grande partie
repris et plus ou moins directement incorporés dans le Çes-bya
kun-khyab 1 dont l'auteur, Yon-tan rgya-mcho, appartient à la
i
gtogs-pa-sle fi kha-éig kyati. ni padma'i rigs-su glogs-pa yin fi ylan-yar'I. kha-éig gnas-med
rnam-par 'khyams If nor-spyod ées-bya nor-gyi rigs-su gsulis Il na-ni rdo-rfe'i rigs l'as
rab-lu bstan If spyan-ras-gzigs dbari padma'i rigs yin-le If rigs bii-pa ni 'dir ni lrias-rcen
yin fi !es gsuns-la / 'fig-rien-pas phul-ba'i gsa;i-sllags kha-lig fi rigs bii-la brlen-pa'i
gnas-med-pas rnam-par 'khyams-pa-ste rigs log-pa yin-par bslan-no fi 'o-na / de-biin
gçegs-pa'i rigs ltyis ma-bsdus-sam le-na/ de'i rigs-su gtogs-pa ni J gcug-tor la-sogs-pa'i
ye-çes las byull-ba yin-la / 'di-dag rnam-smin las skyes-pa yin-pa'i phyir rigs-dllos-kyis
ma-bsdus / dad-pas sans-rgyas la rig-sftags kgi ého-ga phul-ba yin-pas de-biin gçegs-pa
la brlen-pa les-bya / dt'los-su rigs llla-èhar gyis ma-bsdus-pas goris-su 'khyams pa yin-te f
yolis-su 'lchyams-pa'i rigs-so fi ies chig-don dgrol-ba'i br/ed-byat,. las bçad-èit'l / dpuri-
bzat'l las kyari f gian-yan 'di-na Tcha-éig gnas-med-éiri Il bde-bar gçegs-pa brten-éill
yolls-'khyams-pa If mdo-sde 'dir (61a} ni de-dag lhams-èad kya,i If 'byor-,Pa 'dod-pa'i
mis ni rnam-par sbyar Il ies 'phags-pa rigs-lna / 'Jig-rten-pa'i rigs dari drug-ka la
dpuri-bzari nas 'byull.-ba'i ého-ga biin sbyar-bar bçad-do Il
(1) Vol. II, âh, fol. 296b: 11:de-dag gi mchan-gli de-biin rigs-kyi gco-bo dam-chig
gsum blcod sogs saris-rgyas rnams / padma'i rigs-gco spyan-ras-gzigs / rdo-r/e'i rigs-gco
phyag-rdor-te re-re la rigs-kyi gco-bo / (Z97a) bdag-po /gum/ gcug-lor / lchro-bo f
khro-mo f pho-na f pho-iia-mo J bka'-flan dari bl,a'-nan-ma rnams-su dbyer yod-éiTi /
nor-éan gyi rigs ni gnod-sbyin nor-bu bzall-pos bçad-pa dari f lrias-rcen gyi rigs ni / gnod-
sbyin lrias-rcen / 'phrog-ma / bu dga'-byed la-sogs-pa dari I 'Jig-rlen phal-pa'i rigs
ni / charis dbari khyab-'Jug mTcha'-ldiri fl.i-zla sogs mlha'-yas-pa rnams-so fi de-dag
bsdu-na 'Jig-rlen las 'das-pa'i rigs-gsum-du 'du-sle f dpuri-bzari gi don dgrol-ba'i brfed-
byan las/ nor-éan ni padma'i rigs kyis bsdus-so If rggas-pa ni rdo-r/e'i rigs kyis bsdus-
so fi 'Jig-rlen-pa'i rigs kyari de-dag gi sgab-lu phal èher 'dus-par rigs-par bya'o Il de-dag
gis ma-bsdus-pa-rnams ni de-biin gçegs-pa'i byin-gyis brlabs-pa las 'byut,.-ba'an ma
yin-iit,. I byari-èhub scms-dpa' sa-la gnas-pa ltar de-biin gçegs-pa fl.id-kyi rigs-su skye-
ba'ari ma-yin-pas I de-biin gçegs-pa'i rigs-la brlen-pa ies gdags-te / don de rggud de-fi.id
las !cyan / gian-yari 'di na kha-éig gnas med-par 11bde-bar gçegs-la brten-èiri yolis-
'khyams-pa Il ics gsuns-so If de-ltar de-rnams sans-rgyas lcyis blul-le dam-chig la gnas-
1 1
çill f rigs gsum-po'i nall-du 'dus-par snall-gis Tcyan/ ies 'Jig-rlen-pa'i rigs kgi nari-chan
lNTRODUCTION 59
secte des Karma-pa'. Cependant, comme Mkhas-grub-rje, Yon-tan
rgya-mcho classe les trois clans du Tathagata, du Padma et du
Vajra dans la catégorie des 'fig-rlen:;las 'das-pa (Lokottara) et ceux
du Nor-bu, de Lii.as-rcen et des 'Jig-rten phal-pa dans le groupe
des 'fig-rlen-pa (Laukika).
Les conclusions que nous avions tirées de la lecture directe du
MMK sont donc confirmées par les analyses que nous venons de
citer en ce qui concerne la composition du ku/a du Tathagata dans
les Kriya Tantra en général et dans le MMK en particulier : le
Buddha Sakyamuni en est la divinité principale ( gco-bo) et
Mafijusri le chef (bdag-po). Le troisième élément de la triade,
Saii.kusumitaraja, n'est pas mentionné. Quant au lieu de la prédi-
cation du texte, bien que Mkhas-grub rje ne l'indique pas pour les
Kriya Tantra du cycle de Mafijusri, il semble que ce soit, pour les
Tantra du Tathagata-kula en général, le ciel des Suddhavasa,
comme c'est le cas dans le MMK. C'est là que le Buddha demeure
pour prononcer les Tantra dont il est le gco-bo et là que Mafijusri
expose les dhara,:tï du cycle des divinités terribles du Tathagata-
kula 2.
Le classement du MMK dans le Tathâgata-kula, est identique
chez Bu-ston et Mkhas-grub-rje qui le considèrent comme le texte
principal du cycle des Tantra consacrés au chef (bdag-po) du
Tathagata-kula, c'est-à-dire à Maîijusri. Or les éléments que nous
avons réunis plus haut, à partir, en particulier, du chapitre 37 /31
du MMK, confirment pleinement cette attribution. C'est en effet
à une lignée de Buddha du Tathagata-kula, depuis Saii.kusumitaraja
jusqu'à Sakyamuni, qu'est due la révélation du Tantra et que,
mis à part les trois premiers chapitres, qui sont prononcés par
Mafijusri lui-même, l'essentiel du Tantra énoncé par le Büddha
Sakyamuni a trait à Mafijusri, comme le rappelle la formule
répétée par le Buddha en tête de la plupart des chapitres : « Je
vais à présent exposer ce rite ... qui est le tien. » Pour employer la
terminologie de Bu-ston, dans ces chapitres le Buddha fait figure
de gsuiz-pa-po et Maîijusri, de bslan-bya'i /ha.
Si nous sommes à présent fixés sur la composition du Tathagata-
kula dans le cycle des Kriya Tantra reliés à Mafijusri', il ne

rnam-par 'khyams-pa ies grags-pa'an de-biin gçegs rigs-la brlen-pas der glogs-par
çugs-kgis bslan-pa'i phyir-ro Il,
(1) Sur cet ouvrage et son auteur, voir l'appendice p. 91-95.
(2) Ct. tol. 35 a et le Rgyud-sde spyi-rnam bsdus-pa de Bu-ston, toi. 56b.
(3) En dehors du MMK, il n'existe, dans cette catégorie, qu'un petit texte de
treize pages (Otant, 163) dit Mkhas-grub-rJe, ou deux textes (Otani 163 et 224, trois
lignes) dit Bu-ston.
/,

( I

! 60 M~\)ALA DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

faudrait évidemment pas extrapoler et supposer que, dans les


autres cycles, le clan des Tathagata est composé de la même façon.
Dans le cycle des Yoga Tantra, par exemple, d'après le texte de
base de la catégorie, le De-nid bsdus-pa (Talluasarrigraha, ôtani,
n° 112) : « le mot Tathagata s'applique aux Tathagata des cinq
kula; le mot Tathâgata-kula s'applique aux Bodhisattva etc. du
kula de Vairocana, il ne s'applique pas aux Bodhisatt~a, etc.,
:J des quatre autres feula » {Mkhas-grub-rJe, fol. 62b ).
'J Les trois clans (kula) du Tathâgata, du Vajra et du Padma sont
1
présents dans les deux classifications du MMK ainsi que les trois
1 autres clans relevés par les docteurs tibétains où les éléments
,,~ I hindouistes prédominent. Le nor-bu'i rigs de 'Bu-ston ou nor-
can-gyi rigs de Mkhas-grub-rJe et de Yon-tan rgya-m~l10, dont
'i Jambh~~a .est un des principaux membres, correspond, au Mal),i-
,/ ,'

li, I
kula dmge par J ambhala, dans le classement en huit clans du
MMK. Le clan de Lilas-rcen, chez Mkhas-grub-rJe, ou de l'accroisse-
ment (rgyas-pa) chez Bu-ston, correspond, dans le MMK au
1 Yak~a-kula pl_acé sous la direction de Paîicika {Lilas-rcen). Le
clan des Laulnka correspond au kula du même nom dans la liste
des, _qu~tre kula du premier chapitre du MMK. Quant au y/an-po-
che z rzgs, le kula du (ou des) éléphants (Gajakula) du MMK
il est considéré par' Bu-ston comme un autre nom du feula d~
l'a~cr?iss~ment, ce qui montre que Bu-ston a déjà opéré des
ass1m1lat10ns dans son classement « large » des kula. La liste des
kula d~ ~riyâ Tan~ra dressée par Bu-ston et Mkhas-grub-rJe parait
pouv01r etre considérée comme une réduction à partir des deux
systèmes de classification du MMK, et sans doute aussi d'autres
textes des Kriyâ Tantra.
De la série des huit kula du MMK, celui des Pratyekabuddha
et Srâvaka et celui des Divya ont été exclus. Du classement des
feula. en quatre,. le clan des Lokottara, qui ne se distingue pas de
celm des Laulnka dans le MMK, désigne, dans les classifications
de Mkhas-grub-rJe et de Yon-tan rgya-mcho, l'ensemble des trois
kula bouddhiques. La situation du clan des Laukika devient
paradoxale puisqu'il est utilisé à la fois comme nom générique
des feula.hindouistes et comme l'un des composants de ce groupe.
L'empl01 de ces deux termes n'existe pas chez Bu-ston. De nos
jours, les divinités protectrices du Tibet, habituellement divisées
en deux groupes, celui des 'jig-rlen-pa {Laukika) et des 'fig-rien-
/as 'das-pa (Lokottara) sont parfois réunies sous la désignation de
dkar-phyogs skyon-ba'i srun-ma (Oracles and demons, p. 4). Cepen-
dant, dans le MMK, les termes laukilw et lokollara utilisés
conjointement servent à désigner les divinités mineures du panthéon
/ 1
'
INTRODUCTION 61

hindouiste « à commencer par tous les bhüla, kü?ma,;uja, pü/ana,


krauyada », etc. (MMK, p. 385 ).
Nous avons vu que Bu-ston écarte des six kula et même des
Kriya Tantra les textes formulés par Brahmâ, Vi~l)U, Garuc;la, etc.
Or, dans le MMK, ces textes sont censés avoir été révélés par
Maîijusri dans des incarnations antérieures. Bu-ston, qui ne met
pas en doute l'authenticité du MMK, relègue donc ces textes dans
une position subalterne et marginale de sa propre autorité et fait
preuve de plus de sectarisme que ce Tantra 1 •
La formation en kula des divinités d'origine hindouiste n'est
donc pas particulière au MMK, c'est au contraire un procédé
généralement pratiqué dans les Kriyâ Tantra. D'autre part,
l'analyse de la fusion des trois kula hindouistes dans les trois kula
bouddhiques confirme l'hypothèse selon laquelle la diminution
progressive des kula hindouistes, dans le MMK, correspond à leur
intégration dans les trois clans bouddhiques, intégration qui
culmine, dans le MMK, avec leur absorption au sein du Tathâgata-
kula. On peut donc interpréter les systèmes de classification en
huit, en quatre, en trois, en un des feula dans le MMK comme les
étapes d'un mouvement qui tend progressivement à éliminer les
éléments non-bouddhiques en les assimilant.
On peut envisager l'hypothèse que, dans le MMK, des matériaux
très proches au départ de ceux que l'on trouve dans les textes
hindouistes ont été remaniés à différentes époques, tout d'abord
en fonction du Mahâyânisme tardif. En particulier, il ne paraît pas
invraisemblable de considérer que des remaniements et réajuste-
ments du texte ont pu avoir lieu lors des deux traductions tibétaines
du vm• et du xr• siècle. Mais s'il est impossible de se faire la
moindre idée sur ce qu'ont été ces redressements au vm• siècle,
puisque la traduction de cette époque ne se distingue pas de la
seconde, en revanche, il semble que l'on puisse interpréter dans ce
sens l'interpolation des mantra de Buddha et Bodhisattva parmi
ceux des huit kula, au chapitre 37/31, et l'éloge du Tathâgata-
kula suivi par l'exposé du Buddhapararµpara prononcés par le
Buddha Sâkyamuni. Si le MMK est fait de morceaux de provenance
et d'époques différentes, on voit cependant que le choix des
matériaux et leur élaboration n'ont pas été laissés au hasard, mais
qu'ils ont au contraire été opérés en vue de constituer un ensemble
homogène et cohérent sur le plan doctrinal. L'étude systématique
des chapitres 18/23, 36 bis, 39-40, 47-49 et 55 qui n'ont été traduits

(1) Voir aussi le éhos-'byufl, fol. 209-210.


/,

62 MAi:;l;>ALA
DANS LE MANJ'USRIMOLAKALPA

ni en chinois ni en tibétain et ont donc probablement été incor-


porés au gros de J'ouvrage entre Je x1• et le xv1• siècle, montrerait
si ces chapitres s'inscrivent dans Je même mouvement ou si, au
contraire, ils font preuve d'un retour à l'hindouisme, comme les
circonstances historiques le suggéreraient à première vue.
Le second critère de classification envisagé par Mkhas-grub-rje
a trait aux initiations (dban-bskur, abhi§eka) conférées au disciple
et aux engagements (sdom-pa) qu'il doit tenir, lorsque les abhi§eka
lui ont été accordés. Comme ces deux sujets sont traités, dans le
MMK, à la suite de la description du ma1;uJala du chapitre II,
je me réfère à la traduction, aussi brièvement que possible.
Avant d'admettre les disciples à participer à la cérémonie de
l'abhi§eka, l'iiciirya doit d'abord, dit le MMK, s'assurer qu'ils
remplissent les conditions physiques, morales et sociales voulues
(cf. infra, p. 127-129). Cet examen préalable et ses résultats sont
ainsi exposés par Mkhas-grub-rje :
, D'après le texte de base de la classe des Yoga Tantra, le De-nid bsdus-
pa1, il est dit : c< Pour l'entrée dans le grand Vajradhàtu mm;L(;lala,on ne
cherche pas à savoir si les disciples (litt. les réceptacles, snod) conviennent
ou non. » Certains disent que cette affirmation est erronnée car si l'qn
accorde chaque fois l'abhi~elca à une centaine de disciples convenables et
qui ne conviennent pas, c'est une grande faute. Mais le sens de ce qui est
dit dans le De-nid bsdus-pa (Tattuasal'{lgraha) est expliqué par son commen-
taire {bgad-rgyud) Rdo-rfe rce-mo (Vajrasilchara Mahâguhya Yogatantra,
Otani, n• 113) qui dit: , Des deux catégories de IJ,ostulants, ceux qui
conviennent et ceux qui ne conviennent pas (snod-du rurl mi-rurl), ceux
qui conviennent sont introduits dans le ma!J.l}.ala et les abhi~eka leur sont
accordés; les postulants qui ne conviennent pas sont seulement introduits
dans le ma,;ufala, mais aucun abhi$eka ne leur est accordé >), explique-t-on.
Le maitre Kun-dga' sfiiJi-po a écrit dans son D!cyil-éhog rdo-rje 'byun-ba
qu'à ceux que l'on introduit seulement dans le maf!cf.ala sans leur conférer
les abhi~eka, « il ne faut pas dire les paroles « toi, untel, à partir de main-
tenant» (telles sont tes obligations, etc. den-lchyod ées-bya-ba), ce qui
revient à dire qu'il ne faut pas leur faire tenir une promesse (dam-glag) »,
explique-t-il. Quand à la dilîérence entre les disciples qui conviennent et
qui ne conviennent pas, le maitre Abhaya a expliqué dans son Dkyil-éhog
rdo-rje phreri-ba (Tjur, Rgyud-'grel, LXX, !) qu'elle tient dans leur
capacité ou incapacité à tenir les engagements. Le grand maitre At!sa
a rédigé quatre-cent-cinquante rites de ma1)cf.ala consacrés à Gsaxi-'dus
'jam-rdor (43a). Un commentaire à ce texte a été composé par Santipa,
dans lequel il est dit : , Pour ce qui est de la prise des engagements, on
fait une distinction entre la prise des engagements généraux et particuliers.
Pour les engagements généraux, on prend les refuges {skyabs-'gro) puis
on produit en soi le désir d'atteindre Ja Bodhi (smon-sems), puis on prend

(1) Lire, p. 36 du premier tome du catalogue d'Ôtani, 112 au lieu de 113 j il s'agit
du Sarvatalh<igata TattuasaT(lgraha, De-biin ggegs-pa thams-éad kyi de-kho-na-nid
bsdus-pa.
',
'
INTRODUCTION
63

l'engagement d'entrer (dans la carrière de Bo_d~isat~va, 'fug-sdom). Ensuite,


il faut conférer les quelque cinq(lna-cam) vidaybhiseka'. Les. ei;ga;,emen!s
articuliers, ce sont ceux qui so~t joints a~x cinq kula. Ceci s1gmfie qu ~
~eux qui désirent prendre les abh!Seka des cmq kula, en général et en parti-
culier et qui en sont capables,' on fait prendre les engagerr_ie:1t! de
Vidyâdhara, et on leur confère les a~hih$eka ju.squ'à celu~ d~ VaJracarya,
avec {en plus) les trois abhi$eka supérieurs 1 ; mais ceux q1:1n ont pas reçu
la consécration de Vajriiciirya ne doivent pas ~tre condmts à prendre les
engagements envers les cinq kula, et à ceux qm prenn~nt les eng~g~~ents
envers les cinq Jcula, il faut avoir conféré (d'abo~d) l'abhi$eka de VaJracarya,
est-il expliqué. C'est pourquoi (des na) la prise des engagemeni:s envers
les cinq /cula, etc., est absolument contre-indiquée d3:ns les abht$elta de_s
Kriya et Carya Tantra · dans ces conditions, l'affirmation des deux pa,:uJ,it
Padma lcags-kyu (Padr:.ankusa) et Rdo-rje go-cha (Va_jr_avarma_n•)selo,n
laquelle, dans le rituel du ma,;uf.ala de Gdugs-dkar (Sitatapatra) o,n fait
prendre les engagements des cinq /cula n'est pas conforme à la règle. D_après
le Gsan-ba spyi-rgyud (Saruamaiitf.alasiimiinyavidhi-guhyatantra, Otan! 429),
encore, il ne faut conférer (dans les Kriya et Carya-tantra) qu_ela prise des
refuges, Ja résolution de la Bodhi et les engagements de Bodhisattva (43b);
Le maitre SaJis-rgyas Gsan-ba explique dans son Nam (- Rn~m) snan
mrion-byari-gi 'grel-pa (Tjur, Rgyud-'grel, LXIV, 2); , Ceux q1;1 ne so.nt
pas capables de prendre les engagements, on ne fait que les 1ntrodmre
dans le mandala et ceux qui sont capables de prendre les ~ngagements,
0

on ne leur fâ.it Prendre que les engagements communs ~écrits _Plus haut
et les abhiseka jusqu'à celui du nom.>>En résu~é, ~eux qm sont 1_ncapables
de prendré les engagements communs et particuhers, on n~ fait q,ue les
introduire dans le mar:uJ.ala et on ne leur accorde aucun abhlf~lca, c est ce
qui est expliqué par Je texte d'l_bas,e des Yogatant~a: le De-ni~ b,sdus:pa,
son explication, Rdo-r;e rce-mo (Otam, 113), et Je !)kyil-éhog :do-rie byun-ba
et aussi par le commentaire aux quatre cent cmquante rites de ma,:uf._ala
(composé par Santipa, cl. plus haut) des Anuttarayoga Tantra. La mHhode
(employée dans les deux Tantra supérieurs) est la _même pour !es Kriyil et
carya Tantra, c'est ce qu'a expliqué le maître Sans-rgyas gsan-ba dan~ 1~
Rnam-snafi. mfl.on-byafi.-gi 'grel-ba. Comme on n'accorde (dans les Kr1ya
et caryil Tantra) que les cinq Vidyabhi~eka, et que l'on ne confère pas
l'abhiseka de Vajriiciirya on ne fait pas prendre les engageil1;e~ts_des cmq
/cula. ·Le fait qu'il faut cÎ1 abord avoir reçu l'in_itiation de VaJrarç,..~ya_
pour
prendre Jes engagements des cinq /,ula a été exphqué par ,le ~~ltre Santipa, le
grand Siddha Lii-ba, Ratnarak!}ita, le m~ître .~un-dg~ snm-po et Abhay~
Cependant, pour quelle raison ne faut-Il qu 1ntrod.mre dan~ le maQcf.ala
sans leur accorder aucun abhi$eka (les postulants qm ne co~-y1ennent pas) ?
C'est que quand, pleins de foi, ils ont pris les refuges et qu ils regardent le

(1) Cf. infra, p. 137, n. 9. .


(2) Les vidy<ibhi§eka ou udak<ibhi§el.a (éhu-dbali) comptent pour un; _les tro~s
autres, que l'on décerne dans les Anuttarayoga Tantra sont appelés usati-dban (~uhya~
bhiseTm) cf. !\'lkhas-grub-rJe, fol. 89a; le second est appelé çes-rab ye:ges l,yt dban
{p;ajll<ij~i<in<ibhi§eka), cf. fol. 90a, ot le troisième chig·dbafl, p. 91a du traité de Mkhas-
grub-rJe Voir infra, p. 137, n. 9.
(3) Voir la liste de leurs travaux dans le Tanjur en consultant l'index de Mlle Latou
s.v.
3-1
( ,'

1
64 M~QALA DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

,1 ma,;uj.ala, cela purifie les fautes (sdig-pa) qu'ils ont accumulées pendant
de nombreux kalpa et cela implantera dans leur esprit des dispositions
telles que, dans l'avenir, ils seront transformés en disciples satisfaisants
1 qui entreront dans le chemin profond des Tantra 1 ».
/\
Les conditions nécessaires à l'admissibilité au rite d'abhi$eka
sont donc, pour Mkhas-'grub-rje, étroitement liées à la nécessité

(1) Mkhas-grub-rJe,fol. 42b: «yo-ga'i rca-rgyud de-:iiid bsdus-pa las/ rdo-rfe dbyins
kyi dkyil-'khor éhen-po 'dir 'fug-pa la ni snod dali snod ma-yin-pa brlag mi-'chal-lo JIies
gsuns-pa la 'khrul-nas J snod-du ruft mi-ru,i brgya-phrag du-ma la dus rer dban-bskur
byed-pa snaù-sle nor-ba éhen-po'o JI de-:iiid bsdus-pa las gsuns-pa de'i don ni J bçad-
rgyud rdo-rfe-rce-mo las J snod-du run mi-ruli gnis-las snod-run la dkyil-'khor du
'fug-pa dan dbari-bskur-ba gnis gsuns-te J snod-du mi-ruti la dkyil-'khor du 'Jug-pa-cam
byed-lcyi J dbàr'l-gtan mi-bskur-bar bçad-do JIdkyil-'khor du 'Jug-pa-cam byed-éiri dbari-
glan mi-bskur-ba'i rigs de-la J slob-dpon kun-dga' snin-pos mjad-pa'i dkyil-éhog rdo-rfe
'byuù-ba las I de-la der'l-khyod ées-bya-ba la-sogs-pa brfod-par mi-bya J ies dam-giag
kyan mi-byed-par bçad-éin / snod-du run mi-ruri-gi khyad-par ni slob-dpon a-bha-yas
dkyil-éhog rdo-rfe phrer'l-bar sdom-pa 'Jin-par nus mi-nus la bçad-la J slob-dpon éhen-po
mar-me-mjad bzari-pos mjad-pa'i gsafl-'dus 'Jam-rdor gyi (43a} dkyil-méhog bii-brgya
lna-béu-pa'i 'grel-pa slob-dpon mkhan-pa éhen-po çünli-pas mjad-pa las/ sdom-pa
'jin-pa la yari thun-mor'l dan thun-mOTi ma-yin-pa'i sdom-pa 'jin-pa gnis-su byas-nas f
lhun-mon-ba ni skyabs-su 'gro-ba dari sems-bslcyed-padan byari-éhub sems-dpa'i sdom-pa
'jin-pa'o Il ies bçad-éiri J de la skyabs-'gro phog / de-nas smon-sems phog / de-nos
'fug-sdom phog f de-nas rig-pa'i dban Ina-cam iig bslcur-ba bçad la/ lhun-mon ma-yin-pa
ni rigs-lrias bsdus-pa rnams-so Il ies rigs-lna spyi dali khyad-par gyi sdom-pa 'jin-par
'dod-éi-Anus-pa la bçad-nas / de-la rig-'jin gyi sdom-pa 'jin-du béug-sle J rdo-rfe slob-dpon
gyi dbari yan-éhad gor'l-ma gsum dari-béas-pa rjogs-par bslcur-bar bçad-éir'l f rdo-rfe
slob-dpon gyi dbari mi-bskur-ba la rigs-lr'la'i sdom-bzun mi-byed-pa dari rigs-lr'la'i
sdom-bzun byed-pa la rdo-rfe slob-dpon gyi dbari-bskur-bar bçad-do If des-na bya-spyod
Jcyi dbatt-la rigs-lria'i sdom-bzuri sogs çin-tu mi-ruri-bas / pandila padma léags-kyu dari
rdo-rfe go-éha ies-pa gllis kyis gdugs-dkar gyi dkyil-éhog la rigs-lr'la'i sdom-gzun byas-pa
la yan chad-mar mi gzuù-rio JI gsan-ba spyi-rgyud las kyan skyabs-su 'gro-ba dari/
sems-bskyed-pa daft f byar'l.-éhub sems-dpa'i sdom-pa 'jin-pa-cam Zig bçad-do If gon-du
rgyud-sde gor'l.-ma gnis-la bçad-pa'i chul de/ bya-spyod gllis la yari slob-dpon (43b)
sar'ls-rgyas gsan-bas nam (= rnam) snari mrion-byari gi 'grel-pa daii (= las) J sdom-pa
'jin mi-nus-pa la dkyil-'khor du 'Jug-pa-cam dan/ nus-pa la thun-mon gi sdom-pa
gon-du bçad-pa-cam 'jin-du béug-nas miri-dbar'l man-éhad bskur~bar bçad-do fi mdor~na
lhun-mon-dan thun-mon ma-yin-pa 'i sdom-pa gari-yan 'jin mi-nus-pa la dkyil-'khor
du 'fug-pa-cam byed-kyi / dbari gan-yari mi-bskur-bar go-ga'i rca-rgyud de-Tiid bsdus-pa
datt / bçad-rgyud rdo-rfe rce-mo dan / dkgil-éhog rdo-rfe 'byuri-ba gsum-las bçad-éiii J
'· bla-med kyi skabs kyi dkyil-éhog bii-brgya lria-béu'i 'grel-par bçad la J chul de bya-spyod
la yari 'dra-bar slob-dpon sar'ls-rgyas gsari-bas rnam-snaù mrion-byar'l gi 'grel-par bçad-
do fi rig-pa'i dbari lria-cam bsfcur yarl rdo-rfe slob-dpon ggi dbaft mi-bslcur-ba la rigs-lria'i
sdom-bzun mi-byed-éiù / rigs-lna'i sdom-bzun byed-pa la rdo-rfe slob-dpon gyi dbari-bskur
i dgos-par slob-dpon çiinli-pa dan / grub-éhen lii-ba dari f ralna-ralc$i-ta dari / slob-dpon
kun-dga' sriirl-po dari / slob-dpon a-bha-ya rnams-kyis bçad-do 11'o-na dban gan-yan
mi-bskur-bar dkyil-'khor-du 'fug-pa cam byas-pa la dgos-pa éi-yod ée-na / skyabs-'gro
blaris-nas dad-pas dl,yil-'khor mthon-na f bskal-ba du-mar bsags-pa'i sdig-pa 'dag-éiri /
ma-'or'ls-pa na sr'l.ags-kyi 1am zab-mo la 'Jug-pa 'i snod ruù-du 'gyur-ba'i bag-éhags
rgyud-la bsgo-ba'i dgos-pa yod-do fi

--.
JNTRODUCTJON 65
de prendre et de tenir les engagements. Mais il faut sans doute
comprendre que les conditions préalables exigées de l'initié par
le MMK (cf. p. 127-129) sont sous-entendues par lediscip le de Tson-
kha-pa. Nous verrons cependant en traduisant le chapitre du
marpJala du MMK qu'il n'y est pas question d'engagement (sdom-
pa}, mais de promesse, vœu (dam-chig).
Le MMK mentionne d'abord cinq consécrations (abhi?eka)
(infra, p. 137), mais le détail n'en n'est pas très clair car le texte
aborde deux fois la question et les deux listes, incomplètes, ne
sont pas d'accord : dans la première description, le novice, le visage
voilé et la tête ornée d'un diadème (muku/a}, jette une fleur dans
la seconde enceinte du ma,;u/ala et reçoit pour formule personnelle
le mantra du dieu sur qui la fleur est tombée (infra, p. 136). Il n'est
pas certain, à vrai dire, que ceci constitue un abhi$eka; peut-être
n'est-ce qu'un préambule au vidyabhi$eka, décrit infra, p. 139,
conféré dans la première zone du mmJ!Jala. La consécration
d' acarya est accordée dans la seconde zone du ma,pJala, un troisième
abhi$eka dans la troisième zone. Le quatrième et le cinquième
abhi$eka ne sont pas expressément mentionnés (cf. infra, p. 141-
142). Ces consécrations sont accompagnées d'aspersion d'eau
provenantde certaines des huit jarres placées auparavant en
divers lieux du ma,;uJala.
Les abhi$eka considérés comme typiques des Kriya et Carya
Tantra par les sources utilisées par Mkhas-grub-rje sont les cinq
vidyabhi?eka (cf. infra, p. 137, n. 9) auxquels s'ajoute la consécra-
tion par la guirlande de fleurs (fol. 41a).
, Le maître Abhayakara enseigne dans le Dkyil-éhog rdo-rje phreli-ba
(Tjur, Rgyud-'grel, LXX, 1) que le fait de décerner les six abhi$eka suivants:
1) 1'abhi$eka par la guirlande de fleurs (me-log phrerl-ba'i dbarl, *puspa-
miilübhi~elw), 2) l'abhi§eka par l'eau (éhu, •udakiibhi$eka), 3) l'abhi$eka
par le diadème (éod-pan, •muku/iibhi$eka), 4) l'abhi$eka par le vajra (rdo-
rje, 'uajriibhi$elw), 5) l'abhi$elw par la clochette (dril-bu, •ghanliibhi$elw),
6) l'abhi§eka par le nom (min, •namiibhi$eka) donne à tous la faculté'
d'écouter et d'expliquer, etc., les Tantra de la classe des Kriya et des
Caryâ Tantra, par suite, cela démontre que dans les Kriyâ et Carya Tantra,
il n'existe pas d'autres abhi$eka que ,2es six. >1 D'après le Ye-ges thig-le'i
rgyud (Jiilinalilalta-yoginï-lantrarüja, Otani 14) :
« Les consécrations par Peau et le diadème
sont très répandues dans les Kriya Tantra.
Les consécrations par le vajra, la clochette et le nom,
sont très répandues dans les Caryâ Tantra.
L'abhi$eka ((qui évite le retour 1> (dans le samsüra)
est clairement exposé dans les Yoga Tantra.»

(1) Traduction douteuse.


66 MAl'j'\)ALADANS LE MANJUSRIMOLAK.ALPA

D'après cette citation, il ne faut accorder dans les Kriya Tantra que.
les abhi~eka par la guirlande de fleurs, par l'eau et par le diadème. Dans les
Carya Tantra, il ne faut accorder que les (trois) précédents et les abhiselca
du vajra, de la clochette et du nom. Dans les Yoga Tantra il ne faut
accorder que les (six) précédents et l'abhi?elca de vajracarya (~do-rje slob-
dpon) qui « empêche le retour». Dans les Anuttara Yoga-tantra, on accorde
,! ' les (sept) précédents abhi$elca et les trois abhi?eka supérieurs'».

Pour l'auteur du Çes-bya lmn-khyab (cf. p. 91-95), les abhi§eka


décernés dans le MMK rentrent dans le groupe des abhi§eka par
l'eau, udakiibhi§eka (fol. 297b) :
j ' « En ce qui concerne les abhi?eka, portes d'entrée (dans les Kriya Tantra):
lorsque par les abhiteka de l'eau et du diadème, on a déposé (une semence,
sa-bo:z) qui donnera le pouvoir (d'obtenir dans une vie future) les deux Corps,
on fait prendre le vœu (dam-chig). En particulier, parmi les quatre manières
de conférer I'abhifelca, ceux qui se confèrent dans des mandala faits de
poudre colorée sont, d'après le Ye-ges thig-le: ··
<< Les abhi~eka par l'eau et le diadème 1

(qui) sont très répandus dans les Kriya Tantra.,


Si l'on y réfléchit, on comprend que les abhi$elW qui servent de porte
d'entrée dans les Kriyà Tantra sont bien connus pour être ceux de l'eau et
du diadème 1 et qu'il n'y en a pas d'autres que ces deux-là. Ce (même
Tantra) dit encore que grâce à l'abhi$el<a par l'eau, on dépose (dans l'esprit
du disciple, une semence) qui mûrira dans la possibilité {d'obtenir dans
le futur) le /Jhos-slm (dharmalcaya) et que grâce à l'abhi~elca par le diadème,
on dépose (une semence) qui mlirira dans la possibilité d'obtenir le gzugs-
sku2. En ce qui concerne les abhi$eka par l'eau, il est dit d'après le MMK,
que « l'on accordera à chacun, selon son désir, les cinq abhi§eka n et ceci
est expliqué comme étant la consécration, à cinq reprises, des abhi$elta
i',
par l'eau, une première fois à l'aide de la jarre placée à la porte d'entrée
du ma,;uJ.ala externe, puis avec la jarre de tous les deva placée dans le second

(1) Mkhas-grub rJe, fol. 41a: a gnis-pa bya-ba'i rgyud-kyi dbati-bslwr dait sdom-pa
gzuri-ba'i rnam-glag ni/ slob-dpon a-bha-yà-lca-ras dlcyil-éhog rdo-rfe phrell-bar me-log
phre,i-ba'i dbari dari / éhu éod-pan gyi dbari dari / rdo-rfe dril-bu miri-gi dban-ste drug
bslmr- (41b} bas/ bya-rgyud dari spyod-rgyud kyi rggud fl.an-pa datif 'éhad-pa sogs
thams..tfad dbar'l-bar dftos-su bslan-pa'i çugs-kyis bya-spyod gflis-la dban drug-po de-las
/, lhag-pa med-par bstan-lo If ye-çes lhig-le'i rgyud las f éhu dafl. éod-pan gyi ni dbari fi
bya-ba'i rgyud la rab-lu grags If rdo-rfe dril-bu mi,i-gi dbah fi spyod-pa'i rgyud la
rab-tu grags fi phyir mi-ldog-pa yi ni dbari fi rnal-'byor rgyud-du gsal-bar byas fi ies
sogs gswis-pas / bya-rgyud la me-log phre1i-ba'i dba1} dari f éhu éod-pan gyi dba,i-cam
dan f spyod-rgyud la de'i sler'l-du rdo-rfe dril-bu miri-gi dba,i gsum bslan-pa cam da,i J
rnal-'byor rgyud la de'i slei1-du phyir mi-ldog-pa rdo-rfe slob-dpon gyi dbari bsnan-pa-cam
las med-par bslan-éir't / bla-med kyi rgyud-la de-dag gi sleri-du dbail gon-ma gsum dari•
béas-pa yod-par bstan-to fi n.
Le détail des rites d'abhi§eka dans les quatre Tantra est repris par Mkhas-grub-rJe,
fol. 8lb-94a. Je compte revenir sur ce sujet dans un prochain travail.
,,, Sur les quatre abhi?eka, voir p. 63, n. 2.
( (2) C'est-à-dire le lons-sku, sambhogakiiya.
INTRODUCTION 67
ma,:utala,en troisième lieu, avec la jarre ·des Srëvaka et Pratyekabuddha
(fi.an-rarl), puis avec la jarre des Bodhisattva, enfin avec la jarre du Buddha
considérée comme jarre de victoire (rnam-rgyal, vijaya) »1•

_Cetteinterprétation des abhi§elca du MMK pour plausible qu'elle


s01t, ne smt pas le texte à la lettre puisqu'après le troisième abhi§eka,
un seul autre est mentionné, qui est conféré à l'aide de la jarre
offerte au Buddha, « comme pour la cérémonie d'abhiseka de
victoire» ou « de Jaya et Vijaya », mais de toute manière; Vijaya
ne parait pas être le nom de la jarre offerte au Buddha. Quant au
quatrième abhi§elca, qui serait conféré avec la jarre offerte aux
Bodhisattva, il n'en est pas question dans ce chapitre. Il est
cependant vraisemblable de considérer que les cinq abhiseka
sont associés chacun à une aspersion à l'aide de l'une des huit jarres
offertes et l'analyse de Yon-tan rgya-mcho doit être retenue,
d'autant plus que les vidyiibhi§eka sont souvent appelés « abhi§eka
par l'eau». En effet, les abhi§eka du MMK sont manifestement
apparentés à ceux que décrit Mkhas-grub-rje, à l'exception
toutefois de l'iiciiryiibhi§eka. Cette initiation est-elle aberrante
dans le système des Kriya Tantra ? Et doit-elle être assimilée à
l'initiation de rdo-rfe slob-dpon (Vajracarya) que l'on décerne dans
les Yoga Tantra ? Il n'en est rien, car Mkhas-grub-rje et Yon-tan
rgya-mcho ont prévu cette objection et y répondent, le premier
ainsi (fol. 41 b) :
« Cependant, le maitre Sgra-gèan 'jin dpal bçes-giien et d'autres déclarent
que 1'abhi$eka d'iiciirya existe dans les Kriyà et Cary§. Tantra. Comment
cela ? C'est que, d'après leurs explications (les rites qui consistent) à faire
une prophétie (luri-bstan) concernant le disciple, à le rassurer ( dbugs-
dbyuri.)2 et à lui donner l'autorisation de lire et expliquer les textes des

{l) Çes-bya kun-khyab, vol. II, fol. 297b; agsum-pa 'fug-sgo dban ni J 'fug-sgo
èhu dar'I. lod-pan gyis sku gfl.is nus-pa btag-nas dam-chig bzun / dgos dba1i-chul bii
dkyil-'khor dul chon nid Il ye-çesthig-le las J éhu-yi dba/J-bskur dbu-rgyan dag J bya-ba'i
rgyud la rab-lu grags fi tes gsur'ls-pa'i dgoris-pas bya-rgyud kyi 'fug-sgo'i dban la éhu
dan éod-pan gfl.is-las med-par yolls-su grags-t;iri / de 'an èhu-dban gis èhos-sku dan J
éod-pan dbat, gis gzugs-sku'i nus-pa biag-pa'i smin-byed-de J éhu-dball ni J '/am-dpal
rca-rggud las f re-re la'an fi-ltar 'dod-pa blin-tu dban-bskur-ba lria sbyin-par bya'o JI les
dkyil-'khor-gyi phyi'i 'fug-sgo'i bum-pa dari/ dkyil-'khor gilis-par lha thams-éad-kyi
bum-pa danjgsum-par fl.an-ran gi bum-pa dan/byari-sems-kyi bum-pa dari/saris-rgyas
kyi bum-pa rnam-rgyal-te éhu-dbafl. lan-lriar bskur-bar bçad-pas u, ••
Ce passage du Çes-bya0 résume une partie du second chapitre du MMK, skt., p. 51,
N. 165b.
(2) Littéralement, • faire pousser un soupir u (de soulagement); par ce rite, le
maitre prédit à l'élève qu'il ne renaîtra pas dans. de mauvaises gali, etc., et le rassure
sur son sort dans les naissances à venir.
68 MAfii;>ALADANS LE MAJIJUSRIMtlLAKALPA

Kriya Tantra constituent l'abhifeka d'acarya (dans les. Tantra inférieurs);


mais le rite complet de l'abhifeka d'iicârya n'est pas réahsé 1• »

Or l'acaryabhi§eka se célèbre ainsi dans le MMK: le disciple. est


aspergé avec l'eau de la jarre offerte à :ou~ les Deva. e~ « devient
autorisé (anujfWta, rfes-su gnan-ba}, grace a la bénéd1ct10n de tous
les Buddha et Bodhisattva, à pratiquer tous les vœux, mw;utal~,
mudrti et mantra de tous les (dieux) Laukika et Lokottara, et il
lui est accordé l'abhi§eka en qualité d'acarya » (skt., p. 51; 1:1·165b;,
' infra, p. 141). Ce rite de rfes-gnan, anujn~n~ entre donc bien dans
la composition de l'tictirytibhi§elW des Kr1ya Tantra. Aler~és par
l'analyse de Mkhas-grub-rje, nous nous aperc~vrons ensmte que
les cérémonies qui suivent dans le MMK, et qm ne portent pas. de
nom, peuvent être interprétées comme des allus10ns aux rites
complémentaires cités par Mkhas-gr,ub-rl~, car les parole~ pro-
noncées par le maitre à l'élève, lors de 1 octroi du mantra, c?nst1tuent
une sorte de prophétie (trad. p. 137) et la sta.nce tradmte p. 14~
peut être comprise comme une ébauche du rite de dbugs-dbyun.
D'après le Çes-bya /mn-khyab (fol. 297b) qui cite le spyi-rgyud
(Sarvama,:ujalasamanyavidhi-guhyatanlra'):
« Pour obtenir le titre de rdo-rje slob-dpon (vajriiciirya) selon la méthode
propre aux Kriya Tantra, il faut recevoi: les abhi$eka de l'eau et du diadè~e.
Pour obtenir la siddhi des vidyii. (rig-snags), on accorde le mantra du dieu
sur qui tombe la fleur, que l'on lait répéte~ après le. maitre ~~r l'é)ève
(bzlas-lun), c'est l'abhifeka du disciple de va1ra (rdo-r1e slob-ma, dban) ...
f. 298a). La méthode particulière aux .Kriya Ta,ntra. veut don? que pour
l'abhi§eka de Vajr3.cârya, on ne reçoive que l abhi§eka de 1 eau et du
diadème»•.

• 1 L'acaryabhi§eka du MMK est donc con!orm.e au syst~°!:e_des


Kriya Tantra, et se distingue nettement de 1abh1§eka de Vairacarya
tel qu'il se confère dans les Yoga et Anuttarayoga Tantra.

{l) Mkhas-grub-rJe, fol. 41b: « 'o-na slob-dpon sgra-géan 'jin dpal bças-gnen sogs
kyis bya-spyod-la slob-dpon gyi dbat,. yod-par gsurts-pa Ji-ltar yin ie-na / de ni luti-bslan~
\. dbugs-dbyun r/es-gnaii rnams-la slob-dpon gyi dbati du b(Jad-payin-gyi I slob-dpon gyi
dbati mchan-nid chati-ba min-no /1 •.
{2) ôtani n. 429. C'est un des textes qui traite des Kriyii Tantra de manière générale.
Cf. Bu-ston, cité dans T.P.S., p. 161, et Mkhas-grub-rJe, fol. 40a.
{3) Çes-bya kun-khyab, fol. 297b:· a: de'ati bya-rgyud ran lugs kyi rdo-r/e slob-dpon
gyi go-'phan sgrub-pa éhu éod-pan gyi dbar'l / rig-sr'lags kyi dti.os-grub-pa ':"e:tog gar'l
phog-gi lha'i bzlas luti sbyin-pa rdo-r/e slob-ma'i dbar'l- (298a) bar éha~ it~iin bgegs
giom-pa bya-ba lthrus bsrur'l-ba'i dball / 'byor-pa rgyas-par byed-pa bkra-çis r;as brgya~
kyi dbati.-ste / bya-rgyud rari lugs rdo-r/e slob-dpon gyi dbati.-bskur éhu éod-pan cam-gyis
.! kyan 'grub"'.pa yin mod /
INTRODUCTION 69
« Pour le rite complet de l'abhi$eka de Vajracarya (le disciple) prend
d'abord le vœu (dam-chig), et après avoir reçu, selon la règle, les cinq
uidyubhi$eka, il faut lui conférer les trois vœux (dam-chig gsum). Ces
trois vœux sont : le vœu du vajra, le vœu de la clochette, et le vœu de la
mudr{i.. Pour le vœu du vajra, le disciple doit se méditer en tant que
Vajrasattva, puis après lui avoir expliqué la nature réelle du vajra, on le
lui fait tenir. Pour le vœu de la clochette, on lui explique \(42a) la ,nature
réelle de la clochette et on la lui fait tenir. Pour le vœu de la mudrâ, on lui
donne une Rig-ma (assistante.tantrique) et se tenant embrassés, ils doivent
unir mahâsukha et Ai1nyatâ1 • L'abhi!}eka de Vajràcàrya existe bien au
complet dans les Yoga et Anuttarayoga Tantra, cependant si dans les
Yoga Tantra les vœux de vajra et de la clochette ne sont pas t;ès différents
des _mêmesvœux dans les Anuttarayoga Tantra, pour le vœu de la mudrâ,
la différence est très grande. En effet, pour le vœu de la mudrii de ce (Yoga
Tantra), après avoir créé en soi le corps du dieu (par la première étape
de l'identification avec la divinité, appelée) phyag-rgya i!hen-po (grande
mudriP) le disciple doit se méditer comme Vajrasattva, et c'est tout. Dans

(I) Comme on le sait, mahâsulcha = vajra = liriga 1 tandis que Sünyalâ = gha,:i/â
/dril-bu) = bhaga.
(2) C'est la première des quatre mudrâ qui, dans le rituel des Yoga Tantra, exposé
par Mkhas-grub-rJe sous forme d'analyse du texte de base de cette catégorie, leDe-,iid
bsdus-pa (Taltvasaf{lgraha), marquent les étapes de l'identification avec la divinité.
La première étape, phyag-rgya éhen-po, correspond à l'identification avec le corps du
dieu médité ; la seconde, dam-chig gi phyag-rgya, ou dam-rgya, avec sa pensée (thugs)
la troisième, éhos-kyi phyag-rgya 1 avec sa parole et la quatrième, las-kyi phyag-rgya,
avec les actes du dieu. D'autres correspondances sont indiquées : la mudrâ du corps,
qui contribue à faire disparaître les passions ('dod-éhags) correspond à l'élément
terre (dans le corps humain, la chair) et est associée au Tathagata Vairocana. La mudrâ
de la pensée, dam-rgya, contribue à faire disparaître la haine (ie-sdafl}, correspond à
l'élément eau (le sang) et est associée à Ak~obhya. La mudrâ de la parole (éhos-kyi
phyag-rgya) contribue à faire disparaitre l'ignorance (gli-mug), correspond à l'élément
teu (chaleur animale) et est associée à Amitâbha. La mudrâ des actes, las•kgi phyag-
rgya, contribue à faire disparaitre l'avarice (ser-sna), correspond à l'élément vent
(le souffle) et est associée aux Tathâgata Amoghasiddhi et Ratnasambhava, pour
compléter la série des cinq Jina. Le rôle de ces quatre mudrâ est indiqué par ce qui
suit (fol. 66b) : « Pour faire pénétrer dans le corps du méditant, conçu comme la forme
extérieure du dieu (dam-chig-pa}, le dieu dans le plan du jriâna (ye-çes-pa), il faut le
frapper du sceau des quatre mudra, afin que ce support extérieur (dam-chig-pa} d'une
part et le dieu dans le plan du jllâna (ye-&es-pa) d'autre part ne restent pas séparés.
Que signifie le fait d'imprimer le sceau des quatre mudrâ? C'est que l'on opère ainsi
le mélange du corps, de la parole, de la pensée et des actes du ye-çes-pa (le dieu dans
le plan du jitâna), avec le corps, la parole, la pensée et les actes du support extérieur
(dam-chig-pa), de sorte qu'ils ne se séparent pas; ... on opère de la même façon pour
la création du dieu en soi (bdag-bskyed), ou en face de soi (mdun-bskyed). D'après le
Dpal-méhog (Otani, 119 et 120) « celui quel qu'il soit qui est marqué du sceau {des
quatre mudrâ) du dieu quel qu'il soit devient identique à ce (dieu) 11. Et d'après le
Rce-mo « L'élément supérieur (gor'l-ma) et l'élément inférieur ('og-ma) de tous {les
dieux) ne doivent pas être séparés (mais unis)». Ce qui revient à dire que l'élément
supérieur, ou ye-çes-pa et l'élément inférieur ou dam-chig-pa de tous (les dieux) étant
séparés, il faut, pour les unir, imprimer le sceau des quatre mudrü »,
Voici le texte de ce passage difficile : « dam-chig-pa bskyed-pa la ye-çes~pa béug-nas
70 MAJWALADANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

les Anuttara yoga Tantra bien que l'on crée également en ~oi le corps du
dieu (par l'étape de la méditation appelée) grande mudra (phyag-rgya
Chen-po), dans ce (Tantra}, en outre, on crée la Rig-m~ comme R_do-rJ~
dbyills-kyi dbail-phyug-ma, et la tenant embrassée, mahasukha ~t S11nyata
sont unis, tel_est !_'essentiel du rite de Vajracarya. D'après le Heva,ra Tantra
(Brtag-gnis, Otam 10) :
c(Une Prajftii âgée de seize ans,
est étroitement enlacée des deux bras,
puis vajra et gha!J,{ii.1sont unis,
tel est l'abhi$eka d'üciirya. >)

C'est pourquoi, comme il n'est enseigné nulle part dans les. trois Tantra
inférieurs qu'il faut imaginer que l'on enlace et que l'on s 1umt à la déesse
méditée, à plus forte raison ne faut-il pas employer une Rig-ma réelle (42b).
Quel que soit I1abhi$eka de la classe des Kriya Tantra que l'on confèr~,
il faut d'abord faire le rite de « choix du terrain »i (sa-èhog) et les préli-
minaires (sta-gon), puis on accorde les trois abhi$ek? de la guirlande ~e
,, fleurs, de l'eau et du diadème, auxquels on peut aJouter une prophétie
1
(lwi-bstan), le rite qui rassure le disciple (dbugs-dbywi), et celui de l'auto-
risation (rjes-gnail.)3, mais si on ne les ajoute pas, ce n'est pas une faute.
Il faut savoir que (les livres qui disent) que l'on confère les quatre abhi$eka•
dans les trois Tantra inférieurs~sont des_faux et des hérésies ll 5•

de-la phyag-rgya bli'i rgyas-'debs-pa yin-gyi J dam-chig-pa rkyati-pa dari / ye-çes-pa


rkyal'l.-pa gan-rutl re-re la ma-yin-te/ phyag-rgya bti'i rgyas-btab-pa'i don ni ye-çes-pa'i
sku gsun thugs mjad-pa bii dan dam-chig-pa'i sku gsun thugs mjad-pa bii bsres-nas
dbyer mi-phyed-par byed-pa yin-pa la / ... bdag-bskyed mdun-bskyed gnis-ka la 'dra'o fi
de-ltar yin par dpal-mèhog las/ gan-la gan-gi rgyas-blab-pa Il de ni de yi rati-biin nidfëes
-pa dan / rce-mo las J kun-gyi go,l-ma 'am ' og-ma yi If iii-che-ba de spa/1.-bar bya If
les kun-gyi goti-ma ye-çes-pa dafl. / 'og-ma dam-chig-pa ni-che-ba-sle phyogs re la
rgyas-'debs-(67a) pa spaii-bar gsuns-so JI.
(!) Cf. supra p. 69, n. !.
(2) cr. infra, p. 81, n. 4.
(3) cr. supra, p. 68.
(4) cr. supra,
p. 63, n. 2.
(5) Mkhas-grub-rJe, Col. 41b: « rdo-rfe slob-dpon gyi dbaû mchan-nid chan-ba la
ni sr'l.on-du dam-chig bzun.-ba dan/ rig-pa'i dbafl. lr'la bskur-ba chul-blin byas-nas /
dam-chig gsum sbyin-pa dgos-so If dam-chig gsum ni rdo-rfe'i dam-chig / dril-bu'i
dam-chig / phyag-rgya'i dam-chig-go If rdo-rfe'i dam-chig ni/ rdo-rje sems-dpar sgom-du
bèug-pa la rdo-r/e'i de-kho-na-nid bçad-pa'i sgo-nas lag-tu rdo-rfe byin-le 'jin-du 'fug-
pa'o JI dril-bu'i dam-chig ni J dril-bu'i de (42a) -kho-na-nid bçad-de 'jin-du 'fug-pa'o fi
phyag-rgya'i dam-chig ni f rig-ma byin-le de-dan mkhyud-pa'i bde-ston sbyor-du
'fug-pa'o If yo-ga dan bla-med gnis-ka la rdo-rfe slob-dpon gyi dbati mchan-nid chan-ba
yod-kyan / yo-ga'i rdo-rfe dan dril-bu'i dam-chig la/ bla-med dafl mi-'dra-ba èher med-
mod-kyi / phyag-rgya 'i dam-chig la khyad-par çin-tu èhe-sle / de'i phyag-rgya'i dam-chig
ni lha-sku phyag-rgya èhen-po la byed-pas / slob-ma rdo-rJe sems-dpa'i slmr sgom-du
'fug-pa cam yin la/ bla-med kyi de ni lha'i sku phyag-rgya èhen-po yan. yin-mod-kyi J der
ma-zad rig-ma rdo-rfe dbyins-Ttyi dban-phyug-mar bskyed-nas de-dafl mkhyud-pa'i
bde-sloti sbyor-ba rdo-rfe slob-dpon gyi dban-gi drios-gli yin-te / brlag-gnis las J çes-rab
bèu-drug lon-pa la If lag-pa dag-gis yar'l-dag 'Tchyudfi rdo-rfe dril-bu mnam-sbyor la fi
8lob-dpon gyi ni dbati-du 'dod If èes gsuns-pa ltar-ro Il des-na rgyud-sde 'og-ma gsum-la
dilos-kyi rig-ma lla-smos-kyan ëi-'chal / bsgoms-pa'i lha-mo la yan mkhyud-pa dan
INTRODUCTION 71

A quoi sert exactement le rite d'abhifeka des Kriya Tantra?


D'après Je Çes-bya lmn-khyab, qui cite Je Spyi-rgyud:
, Grâce au fait d'avoir obtenu l'abhi$eka dans un ma(l{iala du clan (kula)
du Tathiigata, on devient li.cii.rya des trois kula. {Si l'on a obtenu l'abhi$eka
dans un ma,:uJ.ala du clan) d'AvalokiteSvara {on devient li.cii.rya} des clans
du Padma et du Vajra. (Si l'on a obtenu l'abhi~eka dans un mav(iala du clan)
de Vajrap3I,li, on devient seulement li.cli.rya du Vajra-kula 1• »

Mkhas-grub-rje dit à peu près la même chose, avec plus de


détails (fol. 44a) :
« Des trois /cula (supérieurs) qui existent dans les Kriya Tantra, si l'on
obtient 1'abhi$eka du kula des Tathagata, même si l'on n'obtient pas
l'abhiseka des deux autres lmla, on a assurément le pouvoir (dbail.) de
méditer les dieux, prononcer les mantra et écouter les Tantra, etc. des
deux autres kula à la condition toutefois d'avoir reçu le luf1/il du dieu précis
(sur qui l'on médite et de qui on récite les mantra) et que l'on ait reçu le
rite d'autorisation (rjes-gnarl). C'est ce qui est enseigné dans le Legs~sgrub
(Legs-par grub-par byed pa'i rgyud, Susiddhikaramahiilantra). En recevant
l'abhi$eka du Padmakula, même si l'on ne reçoit pas ceux des autres /cula,
on acquiert le pouvoir de méditer (les dieux), réciter (les mantra) écouter
les Tantra etc. des deux kula (du Padma et du Vajra), mais on ne reçoit
pas ce pou~oir pour le lmla du Tathiigata. En recevant 1'abhi$eka du Vajra-
kula, si I1on ne reçoit pas les abhi$eka des deux autres /cula, on acquiert le
pouvoir de méditer (les dieux), réciter (les mantra) et écouter les Tantra
du Vajrakula uniquement, on ne reçoit pas ce pouvoir pour les deux autres
kula »•.

siioms-par 'Jug-pa'i dmigs-pa byed-pa yar'I. gafl.-nas kyafl ma bçad-la I . . . bya-rgyud


{42b} kyi dbaû-bsTmr gafl byed kyafl J sflon-du sa-èhog dan sta-gon chul-biin byas la J
de-nas me-log phren-ba'i dban dan Jéhu dan/ éod-pan gyi dbar'l gsum bskur J de'i
mtha'-ma rien-du Iur'l-bstan J dbugs-dbyufl J rJes-gnan btags kyar'I. run J ma-blags-kyan
'gal-ba med J de-dag la dbafl bii rjogs-par byed-pa sogs ni ran-bzo èhos-log lu çes-par
bya'o If.
(1) Çes-bya kun-khyab, fol. 298a: « de'afl gçegs-rigs kyi dkyil-'khor du dbafl. lhob-pas
rigs gsÙm-ga f spyan-ras-gzigs kyis padma dan rdo-rfe'i rigs giiis / phyag-rdor gyis
rdo-rfe'i rigs lrho-na'i slob-dpon lu 'gyur-bar gsuns-çifL J ••• li.
(2) Rite préliminaire à la lecture d'un texte mahàyànique, qui consiste essentielle-
ment à en entendre la récitation par un ro9:ître qui fait partie de la lignée d'audition
de ce texto. Ce rite donne aux disciples la permission de lire le dit texte par la suite;
le luri est parfois suivi du khrid, explication commentée de l'ouvrage.
(3) Mkhas-grub-rJe, fol. 44a: « bya-rgyud la rigs gsum yod-pa'i de biin-gçegs-pa'i
rigs lcyi dbati-bsfmr thob-na rigs gian giiis-kyi dban ma-lhob-kyafl rigs gsum-ga'i lha
sgom-pa dafl / sflags bzla-ba dan f rgyud nan-pa sogs la dbail mod-kyi J on-kyati lha
de-nid kyi lun rfes-gnan thob dgos-par legs-grub las bçad-do If padma'i rigs-kyi dban
.-bslcur thob-èill rigs glan-gyi dbar'l ma-thob-na rigs giiis-kyi sgom bzlas dan rgyud
nan-pa sogs la dbafl-gi / de-biin gçegs-pa'i rigs-la mi-dban-no If rdo-rfe'i rigs-kyi dban-
bskur thob-lin rigs gian gnis kyi dban ma-lhob~na rdo-rfe'i rigs iiid-kyi sgom bzlas dafl I
rgyud iian-pa sogs la dbar'l.-gi rigs glan giiis-la mi-dbafl-tio If
'1
!,'
L 72 MAlj"\)ALA DANS LE MA11JUSRIMOLAKALPA

:1 On remarquera qu'il n'est pas question d'abhifeka dans les


trois kula hindouistes.
1 II nous reste maintenant à examiner en quoi consiste la prise
des engagements (sdom-pa) dans les Kriyii Tantra. Pour Mkhas-
1.(
grub-rje, fol. 44a:
1<Si vous voulez savoir ce que l'on entend par la prise des engagements
communs (thun-m0'11, gi sdom-pa) que l'on fait prendre dans les abhiseka
des Kriya et Carya Tantra, c'est la prise de l'engagement de (devenir)
Bodhisattva (byan-sems kyi sdom-pa) et cet engagement a Je même sens
que le rite par lequel on prend la résolution d'entrer (dans la Carrière de
Bodhisattva, 'fug-pa sems-bsl,yed). Bien que par Je fait de méditer sur la
1' résolution d'entre~ (dans le chemin) on fasse naitre (cette résolution)
dans son esprit, s1 cet (engagement) n'est pas pris au moyen d'un rite
il n'est pas considéré comme un engagement {valable). La raison pou;
laquelle on appelle cet engagement « engagement commun >1, c'est que,
pour entrer par la porte de n'importe quel Sütra ou Tantra, il faut le
prendre; pour entrer dans le chemin de n'importe lequel des Tantra des
quatre catégories, il ~aut aussi le prendre, et même dans les Anuttarayoga
Tantra, que l'on vemlle apprendre les étapes du rite bskyed-rim ou rjogs-
rim, il est obligatoire de prendre cet engagement, c'est pourquoi on l'appelle
« en~??~ment commun>). A quel moment doit-on le prendre ? Il y a trois
poss1b1htés. Selon une méthode, c'est au moment où le disciple accomplit
les rites préparatoires et au moment où il pénètre dans le manrf_ala (44b)
à ces deux moments, qu'il doit prendre les engagements. Seloil une autr;
méthode, c'es.t .au premier de ces moments seulement, et non pas au second;
selon une tr01s1ème méthode, c'est au deuxième de ces moments et non au
premier, que l'on prend les engagements, ces trois méthodes sont conformes
à la règle, d'après les textes »i.

Dans le MMK, c'est après avoir été introduit dans le second


m~IJqala, la tête voilée, et après avoir jeté la fleur que le disciple
doit répéter, après l'iiciirya, la formule d'engagement qui est une
prise de résolution de la Bodhi. Mais bien qu'il ait déjà pénétré
dans une des enceintes du malJi!ala, il déclare cependant : « Je
désire être introduit dans le ma1Jqala... etc., » ce qui correspondrait
au second moment décrit par Mkhas-grub-rje.

(1) Mkhas-grub-rJe, suite : « bya-spyod kyi dba,i-bskur-ba la 'jin-du 'fug-pa'i


thun-mon-gi adom-pa 'jin-pa de gafl ie-na / byafl-aems-kyi sdom-pa 'jin-pa yin-te /
'fug-pa sems-bsl,yedého-gas 'jin-pa dan don géig la / 'fug-sems bsgoms stobs-kyis rgyud-
la skyes kyari / ého-gas ma-bzun sdom-par mi-'gyur-ro fi de-la thun-mM gi sdom-pa
zer-ba'i rgyu-mchan ni pha-rol-tu phyin-pa'i theg-pa éhen-po da1i / gsan-snags giiis
gan-gi sgor 'fug-kyan 'jin dgos-gin / s,iags-kyi yan rgyud-sde bli-po gan-gi / fug-kya,i
'jin dgos-la / bla-med-kyi yan bskyed-rjogs gail-gi lam-la slob-kyan 'jin dgos-pa'i sdom-pa
yin-pas thun-mon gi sdom-pa ies-bya'o Il skabs gar't-du 'jin-na / slob-ma sta-gon gyi
:i
;:','
.. ' skabs dan dkyil-'khor (44b) du 'fug-pa'i skabs giiis-kar 'jin-pa'i chul Zig dan/ skabs
sfla-mar 'jin-la phyi-mar mi-'jin-pa 'i chut iig dan/ phyi-mar 'jin-la sna-mar mi-'jin-
l, pa'i chul iig-ste gsum chad-ldan gyi giun las bgad-do Il
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INTRODUCTION 73
Reprenons à présent l'analyse de ce maitre (fol. 44b, suite) :
Quelle formule lait-on prononcer ? (C'est celle-ci) :
« Je prends refuge dans les Trois Joyaux;
je confesse tous et chacun de mes péchés;
je me réjouis des bonnes actions des êtres.
Je concentre mon esprit sur la Bodhi (grâce à laquelle on devient)
un Buddha.
Jusqu'à ce que j'aie obtenue la Bodhi,
je prends refuge dans le Buddha, la Loi et la Communauté.
Pour agir au mieux de mes intérêts et de ceux d'autrui,
Je vais créer en moi la résolution de la Bodhi.
Lorsque j'aurai produit la résolution de l'excellente Bodhi,
J'inviterai tous les êtres (à la connaitre).
J'accomplirai (les étapes) de l'excellente et attirante carrière de Bodhisattva,
O puissé-je devenir un Buddha pour êti:_eutile aux êtres. )>
Cette citation est tirée du Rdo-rïe gur ( Arya-dakir;ï-uajrapanjara-mahlilan-
lra-rlija-katpa)'.,

La formule prononcée par le disciple dans le MMK (infra,


p. 139) est assez loin de celle du Rdo-rfe gur, en dehors du souhait
final, « puissé-je devenir un Buddha » ; il est vrai que ce vœu
constitue l'essentiel du discours. En revanche, plusieurs éléments
de la prise du vœu se retrouvent dans la description des disciples
pour qui I'iiciirya fait un rite de protection : « Ils ont pris la résolu-
tion de la Bodhi ... , désirent devenir des Buddha omniscients ...
et faire partager à tous les êtres le bonheur de ceux qui ont en vue
la siddhi' » (trad., p. 123-134).
Les éléments de la prise des engagements sont donc présents
dans le MMK, mais dispersés, et le terme sdom-pa, nous l'avons dit,
n'y est pas employé dans ce sens,
L'explication de la formule de prise d'engagement du Rdo-rfe
gur contribuera donc à éclairer le sens des éléments communs
relevés dans notre texte (fol. 44b suite) :
<< Dans cette formule, le premier §loka (les quatre premiers vers, en
tibétain) est considéré dans de nombreux rites de mar;<tala du Guhyasamlija
(gsan-'dus), dans le Dkyil-éhog rdo-rj'e phren-ba du Maitre Abhaya et dans
beaucoup d'autres textes comme constituant à lui seul la façon de prendre

(1) Fol. 44 b : Il chig gan-gis 'jin-na I dkon-méhog gsum-la bdag sl,yabs méhi JI
sdig-pa thams-éad so-sor bgags fi •gro-ba'i dge-la rfes yi-ran If safls-rgyas byan-éhub
yid-kyis gzuns / sans-rgyas éhos dafl chogs méhog-la Il byan-éhub bar-du bdag skyabs-
méhi fi rafl-gian don ni rab bsgrub phyir Il byal'l-éhub sems ni bskyed-par bgyi Il
byafl.-éhub méhog-gi sems ni bsl,yed bgyis-nas If sems-éan thams-éad bdag-gis mgron-du
gfl.er fi byan-éhub spyod-méhog yid-'ofl spyad-par bgyi If 'gro-la phan-phyir sans-
rgyas 'grub-par gog If ées rdo-rfe-gur gyi rgyud-las gsuns-pas-so Il».
(2) C'est-à-dire la siddhi supérieure : l'obtention de la Bodhi.
74 MAf;IQALA DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

l'engagement d'entrer (dans le chemin); mais selon beaucoup d'autres


rituels de ma,;ufala, (c'est la récitation) des (trois) sloka au complet qui
constitue la manière de prendre les engagements. Dans cette (formule),
si l'on ne prononce que le premier Sloka seulement, les trois premiers vers
constituent les préliminaires (sbyor-ba) à la production de la résolution
d'entrer (dans le chemin). Le seul fait de dire : <cJe concentre ma pensée
sur la Bodhi (par laquelle on devient un) Buddha » représente (à la fois)
le rite du vœu d'atteindre, dans l'avenir, la Bodhi (smon-sems), et le rite
de résolution d'entrer {dans le chemin, 'Jug-sems), c'est ainsi qu'il faut
expliquer ces vers. Si l'on récite les (trois) §loka au complet, la formule :
» Je concentre ma pensée sur la Bodhi (grâce à laquelle on devient) Buddha »
est (à considérer comme) un abrégé, et Je fait de dire depuis , (Je prends
refuge dans) le Buddha, la Loi et l'excellente Communauté» jusqu'à
1<J'inviterai tous les êtres» (à la connaître) constitue le rite de prise du
vœu d'atteindre la Bodhi (smon-sems) et le fait de prononcer: « J'accom-
plirai (les étapes de) l'excellente et attirante carrière de Bodhisattva ,
constitue le rite de résolution d'entrer (dans le chemin, 'fug-sems). En ce
cas, au moment du rite du vœu d'atteindre la Bodhi (smon-sems), il ne
suffit pas de promettre en pensée seulement « Puissé-je devenir Buddha
pour le bénéfice de tous les êtres >1; celui qui fait une telle promesse ne
doit pas la rompre tant qu'il n'est pas devenu un Buddha. C'est ainsi qu'il
i 1 faut s'engager par une promesse mentale. Lorsque le vœu d'atteindre la
/, Bodhi (smon-sems) a été pris de cette manière, il faut apprendre les sujets
d'étude (des Kriya Tantra). Les sujets d'étude, ce sont l'utilité de la prise
des refuges et de la résolution de la Bodhi (sems-bskyed), sur laquelle il
1 faut méditer aux trois moments du jour et de la nuit et Je rejet des quatre
actions noires, la pratique des quatre actions blanchesi, etc., pour la raison
que si l'on ne rejette pas les quatre actions noires, on ne sera pas capable
de faire naitre la résolution de la Bodhi dans les vies futures (même si),
dans cette vie, on prend la résolution de la Bodhi et qu'on ne l'abandonne

(1) D'après le So-thar byan-sems gsafHflags gsum-gyi sdom-pa'i bslab-bya nor-bu'i


'od-'phreft ies-bya-ba (xyl. de 35 folios), c'est-à-dire ((Inslruclions sur les engagements
de pralimokfa, de Bodhisallva el sur les engagements tantriques, lumineuse guirlande de
joyaux », composé par le Dge-bçes Che-dbaii bsam-'grub, la première de ces actions
noires, c'est de mentir et de tromper les Lamas. La seconde, c'est d'éprouver du chagrin
en constatant les bonnes actions d'autrui. La troisième, c'est de dire du mal des
Bodhisattva, par pure méchanceté. La quatrième, c'est de se vanter de vertus et de
connaissances que l'on ne possède pas (g-yo) et d'interdire aux autres les vices que
l'on pratique en secret (sgyu). Les actions blanches sont à l'opposé (littéralement :
ennemies, giien-po) des noires.
Voici le texte, fol. 21a: « nag-éhos dari-po bla-ma dan méhod-gnas sogs la dor çes
btin-du rjun-gyis dbu-bskor ba / de'i giien-por dkar-éhos dafl.-po sems-éan kun-la biad-
gad cam-gyi phyir-yafl. çes btin-du rjun mi-smra-ba / nag-éhos giiis-pa gtan-gyi dge-ba
byed-pa la 'gyod-pa bskyed-du gtug-pa / de'i gil.en-por dkar-éhos bti-pa (= g,iis-pa}
rafl-gis smin-par-bya 'os-pa' i sems-éan (21b) lheg-dman gyi theg-pa la mi-'god-par
I rjogs-pa'i byafl.-éhub 'jin-du giug-pa / nag-éhos gsum-pa byati-sems 'khofl-khros mi-
silan-par brfod-pa / de'i gllen-por dkar-éhos gsum-pa sems-éan kun-la ston-pa'i 'du-çes
bskyed-éift dag-snan sbyoti-ba / nag-éhos bti-pa sems-éan gatz-la-yatz lhag-bsam min-
i :'; pa'i g-yo-rgyu ( = sgyu) byed-pa / de'i g1ien-por dkar-éhos gilis-pa ( = bti-pa) sems-
'./~ j
éan kun-la g-yo-rgyu (sgyu) med-par dratz-po'i bsam-pa la gnas-pa sogs bslab-bya
., 1 'di-rnams la nan-tan gyis bslab-par bya'o JI

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INTRODUCTION 75
pas. Cependant : celui, quel qu'il soit, qui abandonne la résolution de la
Bodhi, rejette du même coup la décision d'être utile à tous les êtres; s'il
abandonne le désir de devenir un Buddha, il abandonne aussi la résolution
de la Bodhi. Lorsque la prise de résolution d'entrer (dans le chemin, 'fug-
sems) est accomplie, il faut bien connaître les péchés principaux (rca-llu,i)
et Jes fautes secondaires (yan-lag gi iies-pa)' et tenir la promesse (de ne pas
les commettre), tel est l'engagement de Bodhisattva. Si l'on fait prendre
les engagements de Bodhisattva avant l'abhi$eka, il faut en expliquer le
sens comme il est dit plus haut et lorsque leur signification est bien comprise
(Je disciple) répétera après (Je maitre) la formule, par trois fois ; après
l'énoncé du dernier vers, l'engagement (effectif) naît dans l'esprit. Mais
si l'on fait ainsi sans comprendre le sens (de ce que l'on dit), les fautes ne
seront pas atténuées, et l'engagement de Bodhisattva ne naîtra pas, donc,
il ne sera pas possible de faire naitre (par la suite) les engagements tan-
triques (gsali-s,iags Jcyi sdom-pa). Au moment de conférer les engagements
de Bodhisattva à une grande foule (de disciples), il faut d'abord qu'ils
procèdent aux sept rites accessoires 2, etc., et (que le maître) leur en fasse
bien comprendre le sens et l'utilité; puis, au moment du rite principal
(dfws-gzi) (Je maitre) dit : « pensez : « Puissé-je devenir Buddha pour Je
bénéfice de tous les êtres» et répétez la formule après (moi)"; et lorsque
(le maître) a fait répéter ces paroles après en avoir expliqué le sens, comme
(les disciples) auront fait naitre la résolution de la Bodhi en pensant
« Puissé-je devenir Buddha pour le bénéfice de tous les êtres», un grand
mérite (bsod-nams) leur surviendra de ce fait. Si le rite de smon-sems n'est
pas accompli avec le soin nécessaire, (le disciple) ne pourra pas aborder
les sujets d'étude et ses fautes ne seront pas supprimées. Si l'on n'obtient
que les engagements de l'un des Kriyâ ou Carya Tantra, sans obtenir ceux
des Tantra supérieurs, il ne faudra tenir que les engagements de Bodhisattva
et ne pas tenir les engagements tantriques 3 >1.

Nous n'entreprendrons pas ici l'étude du troisième critère


envisagé par Mkhas-grub-rJe dans son analyse des Kriya Tantra,
qui concerne les caractères principaux des matières étudiées et
pratiquées dans le chemin des Kriya Tantra. Cet enseignement

(1) La liste des dix-huit péchés principaux (rca-lturt) se trouve par exemple dans
le So-thar byan-sems gsati-sftags gsum-gyi sdom-pa'i bslab-bya nor-bu'i 'od-'phren,
titre abrégé: sdom-gsum bslab-bya (op. cil.), fol. 16b-18a. Celle des quarante-six fautes
secondaires est détaillée dans le même texte, à la suite des rca-Uufl., fol. 18a-2la.
(2) Les sept rites accessoires sont: 1) phyag-'chal-ba ,· 2) méhod-pa 'bul-ba ,· 3) sdig-pa
bçags-pa; 4) rfes-su yi-rati.; 5) éhos-'khor skor-bar bslml-ba; 6) gsol-ba 'debs-pa,·
7) bslio-ba.
(3) Fol. 44b suite : « de-la chigs-béad da1i-po rkyari-pas 'fug-sdom 'jin-pa'i chul 1

gsa,i-'dus kyi dkyil-éhog maft-po dafl. / slob-dpon a-bha-ya-lca-ra'i dkyil-éhog rdo-rfe


phrefl.-ba sogs mali-por mjad-éift / chigs-béad rjogs-pas 'jin-pa'i chul yaft dlcyil-éhog 1
maTiMpor mjad-do If de la chigs-béad dafl.-po rkyat,.-pas byed-na rka,i-pa daf1-po gsumM
gyis 'fug-pa sems-bskyed len-pa'i sbyor Mba ston-tir'I / sans-rgyas byari-éhub yid-lcyis !!
gzufl. / tes-pa géig-pus smon-sems ého-gas 'jin-pa dafl. / 'fug-sems ého-gas 'jin-pa giiis-lca
ston-par brda-sprod dgos-so If chigs-béad rjogs-pas byed-na / salis-rgyas byafl.-éhub
yid-lcyis gzuli / tes-pa mdor bslan-pa yin-la / sans-rgyas éhos daft chogs méhog-la /

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11
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. 76 MA,':/\)ALADANS LE MANJUSRIMULAKALPA

groupé sous trois grandes rubriques (fol. 46b) traite de la méditation


(bsam-gtan) accompagnée de récitations de mantra; 2) de la
méditation qui ne s'appuie pas sur la récitation de mantra ;
1l 3) du rituel de propitiation nécessaire à l'obtention de la siddhi.
Comme ces sujets ne sont pas traités dans les chapitres II et III
' du MMK, il n'est pas nécessaire de les étudier ici, quoique le détail,

J intéressant, mériterait une étude à part.

•*•
1 Les chapitres II et III du MMK sont centrés l'un et l'autre sur
(.
l la description de ma,;uJala et l'exposé de rites auxquels ils servent
de cadre, mais leur élaboration, comme leur emploi, diffère sensible-
ment d'un chapitre à l'autre.
(i Le début du chapitre II est consacré à l'exposé des mantra et
mudrâ qui seront employés à chaque étape du rituel et à l'énuméra-
tion des formules magiques particulières aux divinités Laukika
et Lokottara représentées dans le mai:uJa/a.
Bien que ce préambule présente un grand intérêt, du fait qu'il

(45a) ies-pa nas f sems-éan lhams-éad bdag-gis mgron-du gner I ies-pa 'i bar-gyis smon-
sems ého-gas 'jin-pa f byali-Chub spyod-méhog yid-'ori spyad-par-bgyi / les-pas
ston-:lifi
'fug-sems ého-gas 'jin-pa slon-no fi de-la smon-sems ého-gas 'jin-pa'i chef bdag-gis
sems-éan lhams-éad kyi don-du sans-rgyas thob-par bya'o snam-du dam-béas-pa cam
gyis mi-éhog-gi J de-llar dam-béas-pas dam-béa' de sails-rgyas ma-thob kyi bar-du
mi-gtan-no Il snam-du dam-bëas-pa'i chul gyis 'jin dgos-so If de-llar smon-sems ého-gas
'jin-chul de'i sgo-nas bzuri-na bslab-bya la slob-dgos-çiri I bslab-bya ni skyabs-'gro da,i
sems-bskyed kyi phan-yon sems-pa rnams llin-mchan dus drug-lu byed-pa dari f nag-
po'i éhos bii spon-lin dkar-po'i éhos bii sgrub-pa sogs-te Ides-na nag-po'i ëhos bli
ma-spar'ts-na l skye-ba phyi-ma rnams-su sems-bskyed mi-skye-ba'i rgyur 'gyur-ba
yin-{lyi I che 'di-la sems-bskyed blal'ls-ziri glori-ba min-no If 'o-na sems-bskyed gari-gis
glofl-na sems-éan thams-éad kyi don byed-pa'i bsam-pa blar't-ba dan f sans-rgyas thob-
'dod kyi bsam-pa blari-na sems-bskyed gton-no 11'Jug-sems ého-gas bzuri-nas byali-
sems kyi sdom-pa'i rca-lluri dari/ yan-lag gi nes-pa rnams legs-par çes-par byas-la sruri
dgos-so Il dbari-bskur gyi s,'la-rol-lu byan-sems kyi sdom-pa 'jin-pa goÎi-du bçad-pa
ltar gyi don dran-pa'i sgo-nas r/es-zlos lan-gsum byas-pa'i chig lha-ma rjogs•pa-na sdom
(46b) -pa rgyud-la skyes-pa yin-pas f de-llar don dran-pa'i sgo-nas ma-byas-na bya,i-
sems kyi sdom-pa skye-ba dan I nams-pa sos-par mi-'gyur-iiù byari-sems-fcyi sdom-pa
ma-skyes-par gsai1-siiags kyi sdom-pa skye-ba mi-srid-do / I khrom éhen-po chogs-pa la
sems-bskyed 'bogs-na / s,ion-du yan-lag bdun-pa sogs dan/ don da,i phan-yon bçad-
pa'i sgo-nas legs-par fi.es-par byas-te / dfl.os-gii'i skabs-su sems-éan gyi don-du rjogs-
pa'i san.s-rgyas lhob-par bya'o fi snam-du gyis la r/es-zlos gyis-çig / ées brda-sprod la
r/es-zlos byed-du béug-na sems-éan lhams-ëad kyi don-du salis-rgyas thob-par bya'o fi
sflam-pa'i blo-bskyed-pas bsàd-nams éhen-po 'byu11.-iin / smon-sems khyad-par-éan
ëho-gas bzuri-ba ma-byas-pas bslab-bya dari 'gal-ba'i ries-pa mi-'byw'l-ba yin-no fi
rgyud-sde gon-ma gflis-kyi dbaft-bskur ma-thob-par bya-spyod gari-rwi-gi dba,i-cam
lhob-pa-la J byari-sems kyi sdom-pa las logs-su gsa1i-s1iags kyi sdom-pa bsrwi-rgyu
med·do fi

1'

1/1.-
INTRODUCTION 77
constitue en quelque sorte un « magasin des accessoires " auquel
de nombreuses références seront faites lors de l'exposé du rite
central, et que, nous l'avons vu plus haut, le caractère syncrétique
du Tantra y soit particulièrement apparent, il ne parait pas
indispensable à la compréhension de ce travail de traduire tout
au long ces pages où les répétitions et formules stéréotypées
abondent. Nous ne ferons donc que résumer les principales données
du début de ce chapitre'.
Maîijusri' contemple le cercle de la Grande Assemblée et entre li
en un samâdhi appelé : « celui qui contemple l'introduction au
vœu (samaya) de tous les Hres ,,s. A peine y est-il entré que de
son nombril jaillissent d'imnombrables rayons lumineux qui font
apparaitre le monde de tous les êtres puis la demeure des
Suddhavasa. Le Bodhisattva Vajrapai.ii• prie alors Maîijusri de
prononcer le chapitre du ma,;ujala intitulé « Introduction au vœu
(samaya, dam-chig) de tous les êtres" et les formules magiques
de tous les Laukika et Lokottara qui permettront aux êtres, où
qu'ils pénètrent', d'obtenir la siddhi. Maîijusri ainsi interpellé par
le maitre des Guhyaka, le maitre des Yak~a6, prononce le« Tantra
du ma,;u!,ala hautement secret (paramaguhya) "· Il se livre tout
d'abord à une démonstration de pouvoirs magiques qui a pour nom
« exhortation de tous les Vidyaraja" : levant la main droite, il
1
fait surgir du bout de ses doigts une myriade de Vidyaraja qui
1
prennent place dans le palais des Suddhavasa. Maîijusri prononce 1
ensuite le hrdaya en trois syllabes du Krodha Yamantaka, Of/l âlJ,
hiim formule dont l'efficacité est universelle, qui sert à inviter la
.' li
divinité et à la prier de partir, que l'on peut employer dans les li
rites paisibles, terribles, d'accroissement, etc. Ceci dit, Maîijusri ,,
1,

(1) Skt. p. 25-36. 11


(2) On sait que chacun des chapitres du MMK, à quelques rares exceptions près,
est précédé par une courte introduction qui précise généralement le lieu de la prédi-
cation l'orateur et l'interlocuteur. On peut se demander si certaines de ces intro- Il
ductio~s n'ont pas été rajoutées après coup, comme le flottement dans le lieu de la
prédication du chapitre précédent pouvait le suggérer, car dans celui qui nous occupe,
les six premières lignes (MMK p. 25) manquent au tibétain. :1

(3) P. 25, 1. 2, lire sarvasatlvasamayiinupraveSüvalokinirp. mima samâdhirp. d'après


l'expression parallèle de la 1. 8.
1
{4( C'est ici, que commence le chapitre dans la version tibétaine (P. 68 a).
(5) C'est-à-dire,« où qu'ils pénètrent dans le ma1:rJ.ala»; il semble que ce soit une
I:
allusion à un détail du rite au cours duquel le disciple, les yeux bandés, jette une fleur
dans le mm;u;J.ala et reçoit pour formule personnelle le mantra du dieu sur qui lo. fleur
est tombée : la famille spirituelle à laquelle il sera relié po.raU être déterminée ainsi 1
{cf. infra. p. 136 et n. 3). • 1
, I'
(6) Sur le double caractère de Vajrap0.r,ti, Bodhisattva et roi des Yak~a Guhyaka,
cf. infra, p. 97, n. 2.

il
1

,
1
1

l'
:i:
r. ,,

r!

78 MAJ:1,;>ALA
DANS LE MANJTISRIMOLAKALPA

pose la main droite sur le haut de la tête du Krodha, et après avoir


rendu hommage aux Buddha et Bodhisattva, il lui donne l'ordre
de rassembler tous les êtres pourvus de facultés magiques dans
les dix directions du monde, afin qu'ils assistent à la prise de vœu
(samaya, dam-chig) des Bodhisattva. Après avoir dessiné de la
main un cercle sur Je roi des Krodha, il l'envoie accomplir cette
mission. En un instant, Je roi des Krodha se rend dans toutes les
régions du monde où il parvient, grâce à son pouvoir magique, à
maitriser les êtres hostiles et à les contraindre de pénétrer dans le
cercle de l'Assemblée. Maîijusri s'adresse alors à eux pour les
menacer des représailles que le Krodha ne manquerait pas d'exercer
au cas où ils transgresseraient leur promesse et pour leur demander
d'écouter attentivement et de retenir Je secret des mantra des
Bodhisattva doués de pouvoirs magiques.
En effet lorsque les Vidyârâja émanés du bout des doigts de
Maîijusri et les démons hostiles soumis par Yamântaka ont com-
plété le cercle de !'Assistance, Maîijusri entreprend l'énoncé d'une
lo~gue série de formules, chacune accompagnée de sa mudra,
qm scanderont chaque étape du rite. Ces formules ne seront géné-
ralement pas répétées tout au long au moment de leur emploi
mais brièvement désignées par leur nom et c'est dans cette
espèce de réserve du début du chapitre qu'il faut en chercher Je
détail.
Maîijusri prononce tout d'abord son mantra personnel, puis un
hrdaya, un upahrdaya, un paramahrdaya et le hrdaya de tous
',· les Buddha. Après ce préambule, il énumère le mantra de l'invita-
tion des divinités, puis Je mantra de l'encens, le mantra de l'offrande
celui du parfum, celui des fleurs, ceux du bali, des lampes et de~
offrandes ignées. Ensuite le grand mantra ultra-secret ( parama-
guhya) de Maîijusri, le hrdaya du Krodharâja, un upahrdaya et
un paramahrdaya. Il énonce enfin le mantra avec lequel on prie
les divinités de partir.
Maîijusri contemple ensuite, une fois encore, Je ciel des Suddhâ-
vâsa et prononce la section (pa/a,lavisara) relative aux mantra
du cercle de l'Assemblée et à ses propres Vidyâgai;ta.
C'est sa vidya personnelle que Maîijusri dit en premier puis il
prononce dix vidya la onzième étant celle d' Ajitâ, une des déesses
du groupe des quatre Sœurs auquel la vidya suivante est adressée.
1 Il poursuit par l'énoncé de deux mantra nommés Kârttikeyamaîi-
' jusri, séparés l'un de l'autre par un mantra et un upahrdaya.
',' Nous avons fait allusion plus haut aux quatre derniers mantra
dits par Maîijusri, qui méritent d'être cités en entier. Le premier
est nommé Mahâbrahmâ : « Ol]l Brahma, Subrahma ! Toi qui es
INTRODUCTION 79

versé dans la science sacrée, pacifie ! svaha » (p. 33, 1. 19-20). Il est
prononcé par le Bodhisattva (c'est-à-dire Maîijusri). Il a été
enseigné dans l'Atharva Veda pour être utilisé dans tous les rites
terribles. »
Il est suivi par Je mantra des Vi~i;tuites : « Ol]ltoi qui as Garuçla
pour monture! Toi qui tiens la roue dentelée (cakra) en main!
Toi qui as quatre visages ! Hul]l hul]l ! Rappelle-toi ta promesse!
C'est le Bodhisattva qui J'enseigne ! svaha » (p. 33 fin) énoncé par
Maîijugho~a. Il pacifie rapidement toutes les actions. Sous l'aspect
de Vi~i;tu, il détruit tous les démons ; si l'on y joint la mudra à
trois pointes (trisikha), il réalisera en un instant toutes les entres
prises. Tout ce qui a été exposé dans les Tantra Vi~i;tuites, dané
le développement des rites, c'est Maîijugho~a qui l'a enseign-
pour convertir les êtres par cette méthode. Vient ensuite Je mantra
des Çivaïtes : « Ol]l Mahâmahesvara, roi des Bhiita, toi qui as le
rat pour symbole ! Toi qui portes une tiare de tresses pendantes,
dont le corps, couvert de cendre blanche, parait grisâtre, hul]l
pha/ pha/ ! C'est le Bodhisattva qui l'enseigne! svaha » (p. 34, 1. 7-8).
Il a été prononcé par moi (Maîijusri) pour être utile aux êtres. Si l'on
y joint la mudra de la pique {süla}, il détruit tous les démons.
Je l'ai enseigné jadis de façon développée dans les Tantra çivaïtes,
dans les rituels anciens, pour les êtres humains que l'on appelle
Çivaïtes ». Enfin, le puissant mantra « Ol]l, aigle, grand aigle !
Toi dont les ailes sont déployées comme un lotus ! Tueur de tous
les serpents ! Kha kha khahi khahi ! Rappelle-toi ta promesse,
hul]l ! Reste ! Le Bodhisattva l'enseigne, svaha » (p. 34, 1. 15-16)
est connu sous Je nom de Garuçla. C'est Je meilleur pour la conver-
sion des êtres difficiles à convertir. Il détruit Je venin des serpents ;
si l'on y joint la Mahâmudrâ, il vaincra les hordes de démons
hostiles et servira d'antidote pour tous les poisons. Il a été enseigné
par moi (Maîijusri) comme moyen de convertir les êtres susceptibles
de l'être par cette méthode. Je suis venu agir sous l'apparence
de Garuçla, le roi des oiseaux éblouissant. Tout Je développement
des rites énoncé dans Je Tantra de Garuçla, c'est moi qui l'ai
enseigné pour le profit des êtres. Venu sur terre pour convertir
les êtres, sous l'aspect d'un oiseau, en tant que Bodhisattva
Garutma, j'ai opéré pour combattre Je venin des serpents».
« De même, les mantra des dieux Laukika qui sont exposés
dans ce Kalpa, je les prononce tous en vue de convertir les êtres.
Quant aux mantra du Tathâgata, comme ceux des kula du Padma
et du Vajra, ils ont été énoncés par moi dans Je texte de ce Kalpa,
comme auparavant. Comme une nourrice prend soin des enfants
et les protège, j'instruis, par les mantra, ceux qui ont une intelli-
80 MAl;!\)ALA DAl'(S LE àlANJUSR!MOLAKALPA

gence d'enfants. Tout ce qui a jadis été enseigné par les Buddha
aux dix pouvoirs, c'est moi Maîijusvara qui l'enseigne à présent. »
'1 Ainsi se termine l'exposé des vidya et mantra. Une fois encore,
Maîijusri contemple le cercle de la grande Assemblée des Suddhà-
(! vasa et entre en samàdhi nommé " qui stimule tous les vœux
(sarvasamayasaiicodanï) ». Le ciel des Suddhàvàsa se transforme.
sur le champ en un ma,;uf.alaserti de pierres précieuses de toutes
sortes, miraculeux et admirable. Même les Buddha, les Bodhisattva,
f
qui ont atteint la dixième bhümi, les Sràvaka, etc., ne pourraient
peindre ou faire peindre ce ma,;u/_ala,
à plus forte raison les hommes
ordinaires. Lorsque Maîijusri aperçoit ce noble et divin ma,;ujala,
ce lieu de la prise du vœu (samaya)1, il fait entrer dans ce ma(uf.ala
né de l'esprit en général, et du samadhi en particulier, grâce à sa
bénédiction (adhi~/hana), tous les Buddha Bhagavat, les Pratye-
kabuddha, tous les Âryasràvaka, les Bodhisattva de la dixième
bhümi, ceux qui ont reçu l'abhi~elw de Yauvarajya (prince héritier,
nom de la neuvième bhümi) et tous les êtres purs et impurs (sasrava
anasravasca). Ce ma,;uf.ala,les hommes ordinaires ne parviendraient
même pas à l'imaginer, à plus forte raison à le peindre ou à le
faire peindre.
Alors Maîijusri s'adressant aux êtres qui ont pénétré dans le
cercle de la grande Assemblée et qui ont prêté serment', leur dit :
"Écoutez-moi, amis; si cette promesse (samaya) ne doit pas être
transgressée par les Tathàgata et les Bodhisattva, à plus forte raison
doit-elle ne pas être transgressée par les êtres, qu'ils soient Ârya
ou non-Ârya. » Puis, s'adressant à Vajrapal'.).i, Maiijusri lui dit :
"j'ai enseigné, ô Jinaputra, le serment né de l'esprit qui transcende
les hommes. J'enseignerai (à présent) celui qui convient aux
hommes• et bien que les Tathàgata soient entrés dans le Nirval'.).a,
où que les êtres pénètrent, ils obtiendront la réussite de tous les
mantra (des dieux) Laukika et Lokottara. »
A ces mots, Vajrapal'.).i répond à Maîijusri : "Si tu sais que le

(1) Traduit par dam-chig en tibétain.


(2) Traduction incertaine. Skt. p. 35, fin : atha manju8ril) kumfirabhülal) lâTfl,
mahiipar§anma,:i{lalasamayamanupravi§/al;l sallviiniimanlrayate sma. Tib. P, 74 b :
de-nas '/am-dpal glon-nur gyur-pas dkyil-'khor éhen-po bza,i-po de la rab-tu lugs-pa'i
sems-éan de-dag la smras-pa. Le traducteur tibétain paraît Cette fois-ci dans l'erreur,
puisqu'il a traduit •mahdbhadra ma,;i{lala et •samiinupravi#al). Nous avons rencontré
des expressions analogues, skt. p. 25, l. 2, 7-8 et p. 35, 1. 12 et 18.
i
(3) Le traducteur de la version tibétaine a remplacé samaya pardlcyil-'lchor et traduit
t ainsi : « j'ai enseigné le matJ.{iala sacré né de l'esprit qui transcende les hommes;
j'enseignerai (à présent} le ma1).çiala des hommes», P. 75b « mi las 'das-pa' i dkyil-
'khor dam-pa yid las 'byuli-ba ni bslan-to Il mi-rnams lcyi dkyil-'lchor bslan-par bya-sle/.

i,
\1
\
\1
INTRODUCTION

moment est venu, parle, parle, ô Jinaputra !. » Et en quelques


vers, Vajrapiil'.).ifait l'éloge du ma,pf.ala: "A présent que le protec-
81
l
teur, lion des Sakya, est entré dans le Nirval'.).a,la réalisation de il
ton ma,;uf.alasur terre est pareille à l'obtention de l'état de Buddha
pour les êtres. Rien que le fait de le voir assurera la réussite des ;j
mantra en ce monde. Mais si, sans le savoir, on déforme le rite,
ou si l'on viole son serment' les mantra ne réussiront pas même si 1
l'on est Cakra lui-même, et à plus forte raison si l'on est seulement
un homme ... » :1
Tel est donc, en abrégé, le préambule à la description du rite du
mw;u/.alaproprement dit. Il nous a montré que l'étude du ma,;uf.ala
ne pouvait être dissociée de celle de l'Assemblée du premier
chapitre, dont nous avons vu le détail plus haut, puisqu'il en est
la projection sur terre et que le panthéon réuni dans sa quadruple
enceinte réfléchit l'auditoire rassemblé autour du Buddha et
organisé, par la force de la concentration mystique de Maîijusrï,
comme un ma,;uf.ala.Le rite qui s'y accomplira est aussi, partielle-
ment, la réplique de celui qui eut lieu chez les Suddhàvàsa, car
pour les Bodhisattva comme pour les initiés, la prise du vœu, le
contrat passé entre les disciples et les Buddha et Bodhisattva, est
le préambule indispensable à l'audition de la Loi, et, pour les
disciples, à la pratique efficace des mantra.
Le rituel du ma,;ujala' destiné aux hommes est exposé par
Maîijusrï, toujours sur la demande de Vajrapal'.).i. L'officiant doit
tout d'abord choisir un moment astrologiquement favorable, puis
un endroit propice à la construction du ma,;uJ.ala.Ces deux points
fixés, il commence par bâtir une hutte de feuillage qu'il doit
habiter seul pendant huit ou quinze jours•.
Sa première tâche est de débarrasser le terrain choisi de ses
impuretés, puis de le purifier en l'aspergeant d'une mixture sacra-
lisée par des récitations du mantra de Yamàntaka et l'imposition
de la mudra de Maîijusrï•. On trace ensuite sur le sol un carré,

( 1) Le sanskrit et le tibétain ont un sens analogue, mais la traduction tibétaine n'est


pas littérale.
(2) Mllo Lalou a donné un aperçu de ce passage dans Trois Aspecls de la Peinlure
bouddhique, p. 254-260.
(3) En dehors de ce temps sans doute nécessaire à la préparation physique et morale
de l'âcârya, la construction et la peinture du matJ.{iala semblent durer trois jours au
moins et le rite d'abhi$elca deux ou trois jours.
(4) Ces opérations n'occupent que quelques lignes dans notre texte, mais elles
prennent ailleurs une extension considérable, comme c'est le cas pour le v(islumatJ.{iala
décrit dans le J(riyâsa'llgraha. Dans ce texte (dépouillé par M11 o Latou à son cours de
l'E.P.H.E. en 1953-1954), on doit raire de la divination à l'aide d'une jeune vierge
82 MAJ'j'\)ALA l)ANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

grand, moyen ou petit selon que l'on désire devenir roi, accroitre
ses biens ou réaliser un vœu. Quel que soit le ma,pjala choisi, il
faudra retourner la terre sur une profondeur de deux coudées ;
si l'on y trouve des éléments indésirables, il faudra recommencer
l'opération ailleurs. On comble la fosse avec une terre pure, et on
nivelle soigneusement la surface de l'enclos 1 • L'âciirya délimite
alors à l'aide de quatre poignards (kïla, phur-bu) de bois reliés
entre eux par du fil de cinq couleurs trois carrés concentriques qui
forment les trois enceintes principales du mw:uJ.ala.Il fait un rite
de protection pour ses assistants et pour lui-même et reste un jour
et une nuit en méditation au dehors du mw:uJ.ala.Le jour suivant,
il procède à des travaux d'architecture et à l'ornementation du
mal)r/-ala: il aménage des portes surmontées d'arches d'où partent
des guirlandes, il plante des oriflammes et des pieux qu'il charge
d'aliments. On fait jouer un orchestre composé de tambours, de
conques et d'instruments à cordes tandis que l'âcârya lit ou fait
lire un sülra du Grand Véhicule dans chacune des quatre directions.
Il jonche le mal)rf,a/a de fleurs et sort. Puis il fait venir deux ou
trois peintres dans les conditions de pureté physique et morale
requises. Il effectue un autre rite de protection et sur de la poudre
de cinq couleurs qu'il a, au préalable, placée lui-même au centre
du mal)gala, l'âcârya imprime une mudrâ.
Dans la direction d' Agni, au dehors du mal)gala, il construit
1' une fosse à feu où il fait des offrandes ignées sur les bûches de
certains bois. Après méditation et hommage à Mafijusri, l' âcârya
prend la poudre colorée et trace dans le mal)gala intérieur une
esquisse des peintures que les peintres termineront. Suivant cette
méthode, il représente en premier le Buddha Sakyamuni chez les
Deva Suddhavasa, peinture immédiatement suivie d'offrandes aux
êtres, de homa et de rites purificatoires. Puis le maitre du mal)r/-ala

(kumârï) afin de détecter les os qui pourraient souiller le terrain sur lequel on veut
tracer le ma,;içtala.L'iicrirya pose une question à la jeune fille et selon que la réponse
commence par telle ou telle syllabe, il peut déterminer la direction et la profondeur
à laquelle des os sont enfouis, ainsi que la caste de celui à qui ils appartenaient. Au
cas où ces os ne seraient pas extraits, on n'échapperait pas aux pires calamités. On
peut aussi se reporter au HôbtJgirin, III, s.v. chakuji, p. 279, sur le o:choix du terrain•
et chakuji 2, p. 280, sur le « choix du moment JI favorable à un rite et en particulier à
l'établissement d'un mal)çiala, qui montrent bien la complexité de ces opérations sur
lesquelles le MMK passe si rapidement.
{l) Les indications précédentes annonçaient une division tripartite du rite et des
siddhi qui en découlent, comme on en trouve si souvent dans le MMK, par exemple aux
chapitres des pafa (cf. Iconographie des Ëlof(es Peintes, p. 6). Mais la suite du chapitre
montre qu'un seul mal)çiala est décrit, qui ne répond à aucun des trois buts énumérés
plus haut puisqu'il sert de cadre à un rite d'abhi~eka.

'i
-

INTRODUCTION 83
s'installe sur une meule d'herbe kusa, prêt à lancer des poignées
de moutarde blanche imprégnées du mantra du Krodha Yamantaka,
pour détruire tout obstacle démoniaque ou naturel qui pourrait
survenir.
La peinture du mal)gala se poursuit alors dans la zone intérieure
où, de chaque côté du Buddha, on peint deux Pratyekabuddha
et deux grands Auditeurs. On place à droite Avalokitesvara à la
tête de divinités féminines du clan (kula) du Lotus, puis un groupe
de seize Bodhisattva conduits par Samantabhadra et au bord
extrême de cette enceinte, des Vidyaraja et Vidyarajfü du clan 1
du Lotus. On peint de l'autre côté Vajrapa1.1i à la tête de Vidyaraja
du clan du Vajra et des Vidyaga1.1a du même groupe à l'extrémité
du mal)gala. Au-dessus de ce Bodhisattva et en face des seize
Bodhisattva, on représente les huit U ~J.li~araja et les six Paramita.
Au-dessous du Buddha, on installe Mafijusri, le regard fixé sur
Yamantaka, son émanation terrible, placé plus bas à sa droite.
De chaque côté de la porte d'entrée', deux Bodhisattva montent
la garde. On trace ensuite un autre carré qui borde ce mal)rf,ala
lui aussi flanqué de quatre portes aux quatre orients. Au-dessus
du Buddha, à l'Est, on peint Sai:tkusumitarajendra 2 ; de même
au-dessus d' Avalokitesvara on représente Amitabha. Le texte est
moins explicite en ce qui concerne la place à donner à Ratnaketu,
qu'on doit peindre à la gauche des mudrâ qui entourent Sai:tkusu-
mitaraja. Et puisque l'on indique ensuite les mudrâ à représenter
au-dessous de Mafijusri, donc à l'Est, il semble qu'on puisse

(1) Le mal}çlala est orienté à la manière indienne, la porte d'entrée faisant face à
l'Est {cf. MMK, p. 40, I. 23-24 : eualp prâtimukhalp mal)çlalam saruata{i praueSadvâralp
kâryam). La porte d'entrée se trouve donc à l'Est. D'ailleurs, comme le dit M. Tucci
dans les T.P.S. p. 320: « The mal).çlalais read following the pradak:,il).a'sorder: as the
latter is entered from the East, so also its symbolism begins from the East, always
remembcring that it is not the astronomical East: the mal).çlala'sorientation is depen-
dant on its relation with the meditating person, according to a general rule of Hindu
ritualistic; hence the East is the side opposite the slidhaka, the person towards whom
the figures are turned. » Le MMK contient cependant une contradiction : dans la
description du mal)çlala qui entoure le mal)f{ala central (et qui est appelé aussi abhyan-
laramal)Çala, cf. p. 112, n. 4), on lit qu'il faut peindre ((à l'Est, au-dessus du Buddha
~âkyamuni, Sankusumitarâja, sous la forme d'un Tathagata de petite taille», etc.
Mais s'il était dessiné à l'Est, il serait alors au-dessous et non au-dessus du Buddha.
Il faut, pour rétablir la bonne position, soit placer la porte d'entrée à l'Ouest - mais
tous les informateurs tibétains consultés sont contre cette hypothèse - soit admettre
qu'il s'agit d'une erreur et placer Sail.kusumita à l'Ouest, ce que j'ai fait.
(2) On se trouve à nouveau devant la triade dont les rapports ont été précisés dans
le chapitre de l'Assemblée : au-dessus de MaiijuSri et du Buddha, le dharmakâya
Sailkusumita « de petite taille n sera représenté, tandis qu'au-dessous de MailjuSri
qui ne le quitte pas des yeux, on placera Yamantaka.
84 l!IA~J;)ALADANS LE l\f.A:NJUSRIMOLAK.ALPA

situer Ratnaketu au Sud et au-dessus de Vajrapâ1,1i.Mais en dehors


du fait que cette localisation précise n'est pas donnée dans le
texte, comme pour Amitabha et Sa:tikusumitarâja, la place de
Ratnaketu se justifie mal au-dessus de Vajrapâ1,1i, bien que le
Sud lui soit traditionnellement dévolu. Cette contradiction mise à
part, le schéma est clair : les trois clans (kula) principaux men-
tionnés au cours du rite d'abhi$eka se répartissent harmonieusement
le ma,;u/.ala interne ; Avalokitesvara et son « Dhyâni Buddha "
1
Amitâbha, sur un plan supérieur, règnent sur le clan du Padma,
~ Vajrapâ1,1isur le clan du Vajra, et Maiijusri, Sakyamuni et Sa:tiku-
sumitaraja sur celui du Tathâgata. On trace ensuite un troisième
carré, muni de quatre portes comme les précédents ; dans ce
mar,u/.ala médian (madhyama), on représente autour de Brahma
SahiiIµpati, qui occupe la place centrale du côté Est, les Devaputra
des différents étages des trois Dhâtu, répartis sur les quatre côtés
~
1
du mw;u/.ala. Le troisième mar,uJ,ala (lrliya) qui enserre les précé-
)
dents contient les Régents des orients avec leur suite habituelle :
1
1
Dhanada avec ses Yak~a et Yak~i1,1i,Varu1,1a avec les Naga et
toutes sortes d'êtres, Yama et les Sept Mères; l'Est, qui n'est pas
\ mentionné dans la description principale, est occupé par Garuç\a,
1 1
1 s'il faut en croire le résumé qui suit. A la porte d'entrée du ma1;uf.ala
on peint Uma et Siva ainsi que Karttikeya. Cette zone est remplie
d'un fourmillement de génies du panthéon hindouiste et de sym-
boles astrologiques au milieu desquels on rencontre le groupe des
Quatre Kumari et Tumburu 1• Puis le texte reprend la description
des trois parties principales de ce ma,;ujala dans un résumé dont les
indications ne corroborent pas toujours les données précédentes.
Un quatrième ma,;uf,ala doit être tracé autour des trois premiers ;
on le décore avec des guirlandes de mudrii et des armes, puis au
' dehors, on représente les quatre océans ; enfin on place aux huit
points cardinaux des figures géométriques, symboles des duïpa.
La peinture du ma,;ujala s'achève avec trois mudrii que l'on peint
autour de la porte d'entrée.
Après avoir établi le cadre du rite, 1'abhi$eka commence. L'iiciirya
doit faire choix de huit novices, tous beaux, en parfaite santé et
chastes, parmi des représentants des quatre castes brahmaniques
et des fidèles laïcs et religieux des deux sexes•. Le jour de l'initia-
tion, les huit disciples choisis dans ces catégories sociales doivent
s'être baignés et parfumés; on les installe sur une jonchée d'herbe
kusa pour effectuer les rites de protection nécessaires et des

(1) Cf. infra, p. 119, n. 6.


(2) Cf. infra, p. 128, n. 9.
INTRODUCTION 85
assistants les placent ensuite à une certaine distance du mandala.
A nouveau,. le texte insiste sur la nécessité, pour les enfa~ts de
caste K~atr1ya surtout, semble-t-il, d'arriver vierges à l'initiation,
cela parce que Maiijusri sous l'égide de qui la cérémonie a lieu,
lui-même un kumiira, "aime à jouer avec les adolescents "·
L'iiciirya fait alors des offrandes, prend un bain d'eau enchantée
par des mantra et des mudrii, et se rend auprès de la fosse à feu où
il fait 1008 oblations ignées. Puis il pénètre dans le mandala où
il dépose huit jarres pleines de joyaux et de graines a;;, pieds
des principales divinités représentées. Il fait une offrande d'ali-
ments, de fleurs et d'encens aux membres des trois clans (lm/a)
bouddhiques puis il lit les mantra particuliers aux dieux. C'est
ensuite au tour d'un assistant de faire le bali avant de décorer le
ma,;uf,ala au son des tambours, des cymbales et des conques.
Après de nouvelles ablutions, l'iiciirya s'approche des novices et
les conduit devant le ma,;uf,ala; il leur voile le visage avec un
linge fin et les introduit un à un dans l'aire sacrée. Arrivé dans le
second ma,;uf,ala', le disciple prononce le mantra fondamental
{mülamanlra) de Maiijusri, puis il lance des deux mains une fleur
devant lui et le mantra de la divinité sur laquelle la fleur tombe
lui est enseigné et devient sa formule personnelle. Puis tout le
monde sort du mw;u/.ala et c'est en un lieu situé au Nord-Est de
l'enclos que l'initié reçoit cinq abhi$elca•. Il est ensuite conduit
en procession autour du ma,;uf,ala, portanG parasol et insignes
royaux comme dans les cérémonies de consécration royale, tandis
que résonnent les tambours et les conques et les louanges au Jina.
L'initié prononce un vœu qui se termine par la formule « puissé-je
devenir Buddha "· Il pénètre dans l'enceinte interne, écrit son
mantra d'élection -sur une feuille d'écorce et l'enferme dans une
coupelle qu'il dépose aux pieds de Maiijusri. Il est ensuite ondoyé,
puis on lui fait prononcer son mantra et d'après la qualité de sa
récitation, on tire des conclusions sur la réussite qui l'attend.
La première consécration, celle de la formule magique (vidya),
se confère à l'aide de l'eau de la jarre offerte à tous les Buddha ;
l'initiation d'iiciirya se confère dans le second ma,;uJ.ala avec la
jarre offerte à tous les Deva. Dans la troisième zone, le disciple

(1) Si cette expression désigne la seconde enceinte traversée en partant de l'extérieur,


c'est qu'il s'agit de la zone appelée trtïyamapt;iala; si l'on néglige la zone des guirlandes
et des armes du quatrième ma,;i.çlala,il s'agirait du madhyama ma,;uJala,le second en
partant du centre, où les Devaputra de la cosmologie bouddhique sont réunis autour de
Brahma.
(2) Cette indication est en contradiction avec tout ce qui précède et ce qui suit,
car ces cinq abhi~eka sont associés chacun avec un niveau du ma,:z{ialaet ne peuvent
être conférés en dehors de celui-ci. Il s'agit peut-être d'un rite préliminaire.
86 MANQALA DANS LE MA!UUSRIMOLAKALPA

reçoit l'initiation qui lui permet d'enseigner mantra, mudrii et


mandala et assure l'obtention de l'état de Buddha, grâce à une
aspe~sion avec l'eau de la jerre offerte aux Pratyekabuddha et
aux Mahâsrâvaka. Enfin, en versant sur le sinciput de l'initié
l'eau de la jarre offerte au Buddha, on lui confère un quatrième
abhi§eka qui le rend invincible et maître de tous les mantra. Après
trois pradak§Î1Ja, les disciples sont renvoyés chez eux. Ils
reviennent et l'iiciirya leur enseigne des mantra un jour durant;
1
puis il fait boire à chacun d'eux trois gorgées d'eau de la jarre
f présentée à Maîijusri, et leur recommande de tenir leur promesse
sous peine de malheurs et de démérites. Il les renvoie alors défini-
tivement.
Une fois seul, il offre un homa, des fleurs et de l'encens en
l'honneur de toutes les divinités, et procède mentalement à leur
renvoi. Il jette ensuite à la rivière tous les ingrédients utilisés au
cours du rite ou les donne. aux pauvres, consomme en compagnie
de ses assistants quelques-unes des offrandes d'aliments et s'en va.

• •
Le court chapitre III qui suit est lui aussi consacré à des ma,;zrjala,
ou peut-être à un seul ma,;zrjalaaux usages multiples, car le schéma
qui est décrit une première fois est mentionné comme C1le petit
ma,;zrjala", alors que, quelques lignes plus loin, on apprend que le
mantra en une syllabe prononcé par Maîijusri doit être utilisé
"dans tous les rites du second ma,;zrjala"· Il n'est donc pas certain
que ce ma,;zrjalas'intègre dans la série des trois ma,;zrjalaannoncée
au chapitre précédent. Cependant, son dessin général et le but
poursuivi en le traçant sont brièvement indiqués. La zone inté-
rieure du ma,;zrjalaest remplie de mudrii dont deux sont réservées
à Maîijusri; les deux zones qui l'encerclent sont délimitées par des
objets variés, des animaux et un kumiira disposés en rang.
Quelques rites sont alors rapidement notés : homa, offrande de
fleurs, bali et "repas divin,, (nivedya), ainsi que l'appel et le
renvoi des divinités qui ne sont pas nommées.
Le lieu où dessiner le ma,;zrjala,selon que l'on souhaite devenir
roi, obtenir une femme, un cheval, de l'eau, etc., est ensuite indiqué.
Par ailleurs, en cas de maladie, le texte fait état des sites les plus
propices au tracé du ma,;zrjalapour obtenir la guérison, selon que
le trouble est attribué à tel ou tel démon.
C'est donc parce qu'il a un aspect et un emploi tout différent de
celui qui nous est proposé au chapitre II que ce ma,;zrjalanous
intéresse. Loin d'être l'image réfléchie de l'assemblée réunie chez
les Suddhâvâsa et le cadre d'un rite d'initiation, il n'est plus ici
qu'un moyen magique de coercition. Cet emploi rappelle l'usage
f
INTRODUCTION 87
des iilipiina qui sont en~or~ de nos jours dessinés au Bengale, par
ou P?Ur des femmes prmc1palement, en vue de la réalisation de
certams. vœux - longue vie, naissance d'un enfant victoire ou
prospérité gén~r~le 1 • De même, on utilise encore le ma;rjala comme
moyen de guenson, cela de deux façons différentes. Ou bien,
comme dans notre texte, le tracé du ma,;zrjalasuppose la connais-
sance du démon responsable de la maladie et la guérison s'opère
au moyen d'offrandes, incantations, etc. - c'est le cas chez les
Santals ~oder~es 2 - ou bien le ma,;zrjalaest considéré comme un
moyen d établir le diagnostic plutôt que la cure proprement dite
toute 1:1-aladieétant due, dans ce cas également, à la prise d~
po~sess10n du malade par une divinité malfaisante qu'on identifie
grace au ma,;zij~la.C'est ainsi que chez les Mikirs de l'Inde du
Nord-Est, 01:dispose en cercle des petits tas de terre représentant
~utan~ de dieux susp~~ts d'être la cause de la maladie ; un œuf
Jeté _vwl~mment au milieu de ce cercle indique comme responsable
~elm qm est ~claboussé par la plus grande quantité du jaune de
3
1 œuf . De meme, le professeur Tucci raconte comment malade
d~ns le ?ésert entre Zanska_r_et Chumurti, il fit appel au :Uagicien
d 1;1netribu d_enomades avo1smants. " Il vint, dit-il, récita quelques
pnè~es, ?essma. un ma,;zgala et tomba en transes ; quand il se
réveilla, il 11:~~1t que ma maladie avait été causée par un sa-bdag,
offensé que J aie planté ma tente au-dessus de lui. ,,•
Le ma'?rjaladu cha[?itre III a donc, par son emploi, un aspect
élém_entaire et populaire, proche de celui du carré ou du cercle
magique ; par s_avaleur ?oercitive, il rappelle aussi certains usages
du ya_ntra.Celu_1du chapitre II, élaboré à des fins cléricales, a pour
fonc~10nessentielle.de déteri:iiner dès l'abord- puisque le premier
chapitre est une mtroductwn - le cycle tantrique auquel se
rattache le MMK ; nous en avons vu le détail plus haut. Ensuite,
en tan~ q~e te_mpletemporaire, ce ma,;zijalasert de cadre et d'instru-
ment a 1 abht§eka et à la prise du vœu (samaya). Mais si dans
les Tantra ces deux fonctions paraissent réservées au mandala ! 1

la valeur générale de ce schéma, ses origines et ses paraiÎèles'


débordent - et contribuent à expliquer - cet emploi particulier' . i
''
Mme S. Kramrisch 6 , M. P. Mus• et M. G. Tucci' ont consacré de~
1

(1) Ajit Mookerjee, Folk Art of Bengal, a study of an art for and 0 r the people
p. 20-27. ' ,, '
(2) C. R. Mukerjhea, The Santals, p. 180-181.
(3) E. Slack et C. J. Lyall, The Mikirs, p. 35.
(4) G. Tucci, Earlh in India and Tibet, dans Ebranos-Jahrbuch XXH p 352
(5) The Hindu Temple. ' ' ' '
(6) Barabu,J.ur, op. cil.
(7) Tibetan Painled Scrolls, et Teoria e pralica del ma,.zçlala.

'1
88 MA]'.1\)ALADAN'S LE MANJUSRIMûLAKALPA

ntielles à cette structure fondamentale qui se retrouve


pages. ess\e dès qu'on aborde l'étude de l'aménagement de l'espace
sous-iacen . . . d · 0 ·t ppelant
sacré dans Je domaine mdien ou hm omsé. n _sai que! ra .
le sens de l'érection de l'autel du sac:ifice védique, qm ui:,it dans
le détail de sa construction matérielle les représentat10ns de
l'espace et du temps, la signification profonde du tr~cé _duma,pf,ala
est la « citation » symbolique d'un panthéon particulier dans u?-
univers orienté que l'officiant anime et rend effi_cacepar la médi-
tation. C'est pourquoi M. G. Tucci _dit très bien _: "Des règles
communes ont été établies qui détermment et le des~ill;du 11:ai;uJ.ala
et Ja forme d'une image peinte ou sculptée et aussi I architect1;1re
d'un stüpa (méhod-rlen}, car ces éléments ont le '?-ême caractere
i symbolique. Le ma,;uf,alaest Je diagramme géométrique du cosmos
l
,'
projeté sur une surface unie ; la statue du Budd~a ou le tableau,
en même temps qu'une représentation d'un dieu, est le re~et
temporaire de l'Éternel surpris en train de se révéler, et le stupa
est Je dharma construit architecturalement' ». , , ,.
La prise de possession du site, de l'espace,. s oper~. par _Iimpo:
sition d'un contour qui l'abstrait et Je sacralise en ! identifiant a
Ja structure symbolique et centrale de l'univers. Que ce contour
ait Ja forme d'un carré ou d'un cercle, c'est-à-dire qu'il représente
Je cercle de l'horizon ou le carré des orients, points de contact de
Ja terre et du ciel' c'est toujours l'univers en extension, fixé p_arles
orients, qui veut' être figuré. Comme le dit Mm•. S. Kra~risch :
" The square is the essential and perfect form ?f Indian ar_chitecture.
, I' It presupposes the circle and results from it. Expa~dmg energy
1 shapes the circle from the centre•; it is establis?ed. m. the shape
of the square. The circle and curve belong to hfe m i~s growth
and movement. The square is the mark of order, of finahty to the
expanding Jife, its form »•.M. Mus a le premier souligné les p~ral-
lèles existant entre les mai;uf,alatracés sur le sol et les c?nstr~ctio~s
de temples réels, " chiffrés » par le ma,:,rf.ala.Les traités d archi-
tecture et des textes comme Je K riyiisaf!lgraha font tous état du
viislumandala préliminaire à la construction du temple ou du
monastè~~ dont chacune des 32, 64 ou 81 cases qui _separtagen~
Je corps du Puru~a cosmique est occupée par ui:, dieu affect~ a
cette région. Et l'on sait que le même schéma architectural préside

'! (1) T. P. S., p. 299. . . d T l


(2) cr. P. Mus, Barabw/.ur, t, I, p. 130-171 et S. Kramrisch, The Hm u emp e,
p. 22-50. . . .
(3) C'est la définition du dkgil-'khor llbétam.
(4) S. Kramrisch, op. cil., p. 22 .
.!
1
1\

:1
!
1
!
INTRODUCTION 89
à l'ordonnance de la ville du roi Cakravartin, comme à la simple
construction d'une maison. Voici comment M. P. Mus analyse ces
parallèles : « En sa totalité et jusqu'à ses limites, le sol de la maison
ou du temple est assimilé à la fois à l'extension de la terre et à sa
structure mystique. La similitude va, magiquement parlant,
i1:1squ'àl'identité de partie à partie. Ces parties se correspondent,
dirons-nous, chacune à chacune, ce qui fait bien voir la répartition
du sol construit entre les divinités régentes des diverses régions de
l'espace et l'identification simultanée des deux totaux, d'une
part au viislu puru?a, d'autre part à Puru~a. La Maison et Je Monde
sont ainsi deux sommes égales : l'une et l'autre sont Purusa.
« Il en résulte que chaque aire à bâtir, magiquement définie de
la sorte, est comme une attestation localisée, mais authentique, du
tout du monde ; elle présente notamment un point précis où la tête
du serpent mythique soutient la terre : c'est là qu'on enfoncera la
cheville et il n'y a aucune difficulté matérielle à admettre que Je
voisin en fasse autant. La tête du Serpent se tient exactement sous
chaque maison, du seul fait ... que chacune n'est pas simplement,
comme on le croirait à première vue, un petit monde à part : ce
sont autant d'hypostases d'un seul et même monde et elles n'ont
toutes ensemble qu'une réalité unique, la sienne»'.
En dehors de ces rapprochements avec Je macrocosme et ceux
que le Y aga établit entre les six cercles du corps humain considéré
comme un microcosme, on a associé la démarche progressive de
l'initiation, dont le ma,;uJ,alaest Je cadre par excellence, à celle de
cert~ins itinéraires de pèlerinage réels ou imaginaires du type de
celm que M. Tucci a traduit dans son article « A propos Avaloki-
teçvara»•. Au Tibet, le type ultime de ces itinéraires peut être
trouvé dans le Bar-do, période de quarante-neuf jours durant
laquelle, par étapes successives, l'être se fraye un chemin, à sa
mort, vers un séjour préalable à une nouvelle naissance : schéma
analogue à celui de l'initiation, qui est une mort rituelle suivie d'une
renaissance en même temps qu'une consécration. Cadre et démarche
peuvent se rapprocher: il s'agit dans les deux cas d'un cheminement
dans une structure fixe qui se déploie en progression géométrique
à p~rtir d'un centre où l'on pénètre au terme du voyage, ayant
assumé une condition nouvelle marquée par l'octroi d'un nouveau
nom dans le rituel de l'abhi$eka, par une incarnation nouvelle
dans celui du Bar-do. C'est aussi d'après ce schéma que le ma1;uf,ala,

(1) Barabwjur, p. 207.


(2) Buddhist Notes, I, A propos Avalokile&vara, Mélanges chinois el bouddhiques,
vol. IX, 1948-1951, p. 173-219.

i !
'1
90 MAJ'/QALA DANS LE MA!UUSRIMOLAKALPA

identifié aux différentes composantes du corps et des sens, peut


être considéré comme un « moyen de réintégration ». On connait
également les kasina ma1;uj.ala',supports de méditation progressive
au nombre de dix (comme les bhümi) qui sont tracés sur une
planchette ou une petite table basse. Leur contemplation mène,
( par la méditation dirigée, à l'obtention de pouvoirs magiques.
)
,r « Le mar;uj.alan'est plus alors un cosmogramme, mais un psycho-
l cosmogramme, le schéma de la désintégration de l'un au multiple
et du multiple dans l'un. »•
Il n'est pas question de s'appesantir ici sur les prolongements et
les parallèles de l'idée de ma,;uj.ala,et si les rapprochements établis
par les auteurs que j'ai cités plus haut ne doivent pas être perdus
1 de vue, même dans le cas d'un mar;uj.alasimplifié comme celui du
l MMK, ils risquent d'accabler sous leurs implications abstraites
et de paraitre démesurés face à un exemple partiel qui ne peut
~ représenter à lui seul toutes les possibilités du système.

(1) R. Spence Hardy, Eastern Monachism, Londres 1850, p. 251-263.


\ (2) Teoria e pratica del map(jala, p. 33.
1
,,
)

,,'
,,''
1)

"
APPENDICE

Le Çes-bya kun-khyab est un ouvrage en trois volumes qui


portent respectivement les sigles om, ah, hüm. A la fin du troisième
volume, un premier colophon indique que c:est sur l'incitation de
•Jam-dbyai:ts Mkhyen-brce'i dbai:t-po, grand omniscient, soleil qui
a parfaitement réalisé la doctrine du Buddha, que le lettré désin-
téressé et modeste Karma i:tag-dbai:t Yon-tan rgya-mcho, aussi
appelé Phrin-las kun-khyab dpal bzai:t-po ou encore, de son nom
de savant en grammaire (brda-sprod), Blo-gter rab-dga' 'chai:ts-
byui:t sîiems-pa'i lai:t-cho'i zla-snai:t, a composé ce livre. Yon-tan
rgya-mcho eut pour maitres principaux, d'après ce premier colo-
phon, deux lama karmapa: 'Jig-rten dbai:t-phyug karma-pa et
Byams-mgon Ta'i si-tu. C'est en effet dans une maison de réclusion
(sgrub-gnas) de Ca-'dra rin-chen-brag, lieu qui sert d'ermitage au
monastère karmapa de Dpal-spui:ts, fondé en 1727 près de Dergué,
. que le texte de base et le commentaire qui composent le Çes-bya
kun-khyab ont été dictés, sans interruption, au secrétaire (yi-ge'i
'du-byed) Karma bkra-çis 'od-zer. Le livre fut achevé au matin
du sixième jour du quatrième mois (sa-ga zla-ba'i dkar-phyogs
dga'-ba gnis-pa) de l'année 1864 (çili-byi).
Ce même colophon précise que l'ermitage de Ca-'dra est situé en
face du troisième Debïkoti. Or le Devïkota originel, l'un des
vingt-quatre lïrlha indiens, est localisé près de Gauhati, en Assam ;
c'est un autre nom du temple Kamakhya consacré à Kali. L'ermi-
tage de Pha-boi:t-kha, qui en serait la réplique, est considéré par les
Tibétains comme Je second Devïkota (cf. Mkhyen-brce, p. 101-102),
et.Je troisième est donc transféré au Khams. C'est également dans
l'ermitage de Dpal-spui:ts que fut rédigé le rnam-lhar de Mkhyen-
brce (cf. ibid., p. x1x), car je lis au folio 117b de mon exemplaire
Ca-'dra rin-chen-brag gi sgrub-gnas et non Rin-chen-brag tout
court.
•Jam-dbyai:ts Mkhyen-brce'i dbai:t-po et Yon-tan rgya-mcho
forment avec un troisième g!er-ston contemporain de Dergué, un
groupe connu, selon certains informateurs, sous Je nom de sprul-sku
rnam-pa gsum. Leur association parait être confirmée par ce
passage de la biographie de Mkhyen-brce, fol. 57 a-b: « Une autre
92 MAJ'.IQALA
DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

fois, ce même saint (Mkhyen-brce) eut une vision en rêve. Il était


roi et vivait dans un château à Bsam-yas. Il décidait d'ériger, dans
la vaste plaine de droite, un escalier par où le maitre Padmasam-
bhava se rendrait sur terre. Au prix de grandes difficultés, un ou
deux hommes bâtirent un escalier à rampes (? sgrom-skas) qui
s'élevait vers le ciel. Tout autour d'eux, une grande foule avait
beau s'agiter à grands bruits, kyi-li-li, les étais se trouvaient soit
trop petits pour atteindre le haut de l'escalier, soit si lourds qu'on
ne pouvait pas les soulever, si bien qu'ils étaient inutilisables.
Sur ces entrefaites, un homme au visage resplendissant qui se
trouvait là s'écria : « tous ces gens ont beau prétendre qu'ils ont
construit un escalier par où viendra Padma, et pousser des clameurs,
ll il n'y a que Mèhog-gyur glin-pa, Kon-sprul (c'est-à-dire Yon-tan
rgya-mcho) et toi-même qui puissiez ériger ce grand escalier».
Ces paroles ont une signification profonde, a dit Mkhyen-brce. »
.( Mes informateurs ajoutent que ces trois lamas sont les réincar-
1 nations des trois rigs-gsum mgon-po et, plus près de nous, celles
des trois grands promoteurs de l'introduction du Bouddhisme au
Tibet, au vm• siècle, Khri-sron lde-bcan (Mkhyen-brce) Vairocana,
ou Sàntirakêita (Yon-tan rgya-mcho) et Padmasambhava (Mchog-
gyur glin-pa). Dans le cas de Mkhyen-brce, il est certain que le
rnam-thar mentionne parmi ses ascendants spirituels, dans l'Inde,
.., Vasubandhu et Vimalamitra et au Tibet Khri-sron lde-bcan
'I (rnam-lhar, fol. 4 a-b); à partir de ce roi, l'auteur de la biographie
1i retrace la lignée de Mkhyen-brce en s'appuyant sur deux pro-
/l phéties : l'une, tirée du Padma lhan-yig prédit que
!
"le roi Khri-sron lde-bcan
transmettra dans cinq incarnations
1 le pouvoir de son corps, de sa parole, de son esprit,
' de ses vertus et de ses œuvres » (fol. 5b).
~
Et l'auteur mentionne les sprul-sku principaux dans chaque caté-
\ gorie : l'lan-ral !'li-ma 'od-zer (sku'i-sprul), Guru chos-kyi dban-
phyug ( gsun-sprul), le grand pandit de Mna'-ris Padma dban-gi
rgyal-po (lhugs-sprul), Bkra-çis stobs-rgyal mkha'-'gro yons-grub
rcal, du Me-fiag (yon-lan sprul-pa) et le cinquième Dalaï-Lama
(phrin-las sprul-pa).
Selon l'autre prophétie (fol. 5b) Khri-sron lde-bcan aura treize
réincarnations qui recevront la bénédiction de Padmasambhava
et deviendront de ce fait des experts en Tantra. La liste de ces
réincarnations qui se termine par Mkhyen-brce lui-même, peut
donc être considérée comme la reconstruction de l'ascendance
spirituelle de ce lama. Elle comprend Sans-rgyas bla-ma, Rgya
APPENDICE 93

lo-cà Rdo-rje bzan-po, !'li-ma sen-ge, Padma skyabs ou Khu-cha


zla-'od, Pakçi Çàkya-'od, Khyun-nag Çakyadar, Orgyan glin-pa,
Las-'phro glin-pa, Mkhyen-brc~'.i dban-phyug d~ <:-;1:1as-gsar, E-sbe
lcogs Gar-dban Las-'phro glm-pa, Padma r1g-Jm ou Padma
che-dban rcal, Orgyan chos-rje glin-pa pour aboutir à Padma
'od-gsal mdo-snags glin-pa, autrement dit Mkhyen-brce dont
c'est le nom de gler-s!on (fol. 6b-7a). Mais comme le remarque le
biographe, certains parmi ces lamas antérieurs sont contemporains
les uns des autres, d'autres apparaissent dans la seconde partie
de la vie de leur prédécesseur : il ne s'agit donc pas d'une lignée
dans laquelle une personne, après avoir transmigré, est comme
projetée par le vent du Karma dans la prochaine matrice, et renait
dans les trois régions du monde, de par la puissance de ses actions
passées (sna-ma 'phos-nas las-rlun-gis phyi-ma'i mnal-du chud-~a
lia-bu las-kyi dban-gis Tchams gsum-du skye-ba brgyud-pa ma-yin
pa). Certes, l'historiographe (Yon-tan rgya-mcho lui-même),
qu'il serait plus juste de considérer comme un hagiographe, répond
que, justement parce que ces lamas antérieurs étaient de grands
saints, ils ont eu le pouvoir de choisir le moment de leur réincar-
nation ; mais il semble cependant légitime de distinguer entre
cette lignée forgée au temps de Mkhyen-brce et la descendance
spirituelle de ce lama apparue après sa mort. C'est dans cette
mesure que l'on peut considérer les trois grands incarnés du
Khams, avec plusieurs informateurs, comme des initiateurs de
lignées. Voici quelques indications sommaires sur celle de Mkhyen-
brce (1820-1892) qui, comme les deux autres lamas, «découvrit»
un grand nombre des textes qui composent le Rin-éhen gler-mjod
(64 vol.). Il s'intéressa aussi à l'é_popée de Gesar puisque c'est sur
son conseil que le roi de Glin 'Chi-med grub-pa'i sde, connu en
tant que roi sous le nom de Dban-èhen bstan-'jin chos-rgyal
(1873-1942), fit rédiger les second et troisième chapitres de l'épopée,
'Khruns-glin et Rla-rgyug (cf. L'épopée de Gesar, p. 8-9), par son
ministre 'Gyur-med thub-bstan 'Jam-dbyans grags-pa (renseigne-
ments oraux de l'actuel roi de Glin, Dge-legs rab-brtan, né en 1915,
fils du précédent, et de sa femme Skal-bzan chos-sgron, née en
1913, fille du roi de Dergué, Che-dban bdud-'dul).
Après la mort de Mkhyen-brce et conformément à la prophétie
du Padma than-yig, on reconnut cinq réincarnations ge ce lama.
Le premier Mkhyen-brce de la seconde génération, 'J am-dbyans
chos-kyi dban-po, du monastère principal de son prédécesseur,
Rjon-gsar dgon-pa, à deux journées à l'est de Dergué, mourut âgé
d'une douzaine d'années aux alentours de 1905.
Le second, 'Jam-dbyans èhos-kyi blo-gros, naquit en 1893
(éhu-sbrul) de 'Gyur-med che-dban rgya-mcho, de la lignée de
94 MA!!QALADANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

Bdud-'dul, et de son épouse Chul-khrims mcho-mo, de famille


Gru-gu (Grug-rigs). C'est Koil-sprul Yon-tan rgya-mcho qui le
reconnut comme l'incarnation des actes ('phrin-las) de '.Ïam-
dbyails mkhyen-brce'i dbai:t-po (cf. p. 3-4 de la courte biographie
de ce lama, parue à Gangtok en 1959, dans le Bod-kyi çes-rig,
p. 1-8). Le neveu (sku-dbon) du précédent Mkhyen-brce, le Situ
pa1_11;iita
du monastère Karmapa de KaJ:i-tog, à l'Est de Dergué,
ayant consulté les sorts (thugs-bdag mjad-nas, honorifique pour
mo 'debs-pa, d'après un informateur), '.Ïam-dbyails chos-kyi blo-
gros devint mkhan-po de KaJ:i-tog, où il demeura jusqu'à l'âge de
treize ans; puis comme le jeune yafz-srid de Rjoil-gsar dgon-pa
était mort, il fut invité à prendre sa place et devint le mkhan-po
de ce monastère. Suivant l'exemple d'Atïsa, et non de 'Brog-mi
qui fut l'élève de quelques maitres seulement, Rjoil-gsar Mkhyen-
brce suivit l'enseignement d'un grand nombre de lamas et devint
\ aussi versé dans la doctrine des Riiiil-ma-pa que dans celle des
Sa-skya-pa, des Dge-lugs-pa et des Bka'-rgyud-pa, sans parler
des dix sciences comme l'astrologie, la médecine, etc., qui sont
communes à toutes les sectes. Il fit construire un collège à Rjoil-
\ gsar, et ériger des statues de Maitreya et du Buddha Sakyamuni
i ' hautes de trois étages.
'I En 1947, la fille ainée du roi de Gliil, èhos-dbyins bde-chen
~
'1
dpal-sgron, âgée de quinze ans, fut envoyée à Rjoil-gsar en qualité
de gsafz-yum de ce lama, mais elle n'y resta que quelques mois et
li ' fut remplacée par sa cousine germaine, Che-riil chos-sgron (de son
/i1 nom de mkha'-' gro-ma), fille de la sœur du roi de Glin, Bde-chen
mcho (1919-1945).
Rjoil-gsar Mkhyen-brce voyagea dans le Tibet central à plusieurs
reprises et donna des instructions religieuses à Rva-sgreil, Sa-skya,
Lhasa, etc. Parti en pèlerinage en 1955 dans le Tibet central, au
Népal et dans l'Inde, il s'établit ensuite à Gangtok en qualité de
chapelain (mchod-gnas) du maharaja du Sikkhim, rôle qu'il avait
rempli auparavant auprès du roi de Dergué Che-dbail bdud-'dul.
Il y mourut en 1959.
La troisième incarnation de la seconde génération, Mkhyen-brce
du monastère de Dpal-spuils, Karma 'Jam-dbyails Mkhyen-brce
'od-zer, naquit en 1896 et mourut en 1945. Li An-che le rencontra
) à Dpal-spuils (cf. The Bkah-brgyud sect of Lamaism, J.A.O.S.
''· 1949-2, p. 59, n. 3).
Le quatrième Mkhyen-brce, incarnation de la parole ( gsufz-
sprul), Phun-pho Mkhyen-brce, était le Sa-skya goil-ma de la
branche Phun-chogs pho-brail (1900-1950).
Rjogs-chen Mkhyen-brce, Guru Che-brtan (1897-1945 environ)
est considéré comme un second gsufz-sprul. 1
1
1

1
fA.\'l\lALA DANS LE MAIIJUSR!MOLAKALPA

i son épouse Chul-khrims mcho-mo, de famille


;s). C'est Kon-sprul Yon-tan rgya-mcho qui le
: l'incarnation des actes ('phrin-las) de '.Ïam-
brce'i dban-po (cf. p. 3-4 de la courte biographie
ue à Gangtok en 1959, dans le Bod-kyi çes-rig,
u (sku-dbon) du précédent Mkhyen-brce, le Situ
astère Karmapa de Kal;t-tog, à l'Est de Dergué,
es sorts (thugs-bdag mj_ad-nas,honorifique pour
Jrès un informateur), 'Jam-dbyans chos-kyi blo-
m-po de Kal;t-tog, où il demeura jusqu'à l'âge de
comme le jeune yan-srid de Rjoii.-gsar dgon-pa
, invité à prendre sa place et devint le mkhan-po
. Suivant l'exemple d'Atisa, et non de 'Brog-mi
, ,quelques maitres seulement, Rjoii.-gsar Mkhyen-
ignement d'un grand nombre de lamas et devint
la doctrine des R:îiiii.-ma-pa que dans celle des
Dge-lugs-pa et des Bka'-rgyud-pa, sans parler
comme l'astrologie, la médecine, etc., qui sont
tes les sectes. Il fit construire un collège à Rjoii.-
:s statues de Maitreya et du Buddha Sakyamuni
tages.
ille aînée du roi de Gliii., Chos-dbyins bde-chen
de quinze ans, fut envoyée à Rjoii.-gsar en qualité
~e lama, mais elle n'y resta que quelques mois et
r sa cousine germaine, Che-riii. chos-sgron (de son
ro-ma), fille de la sœur du roi de Glin, Bde-chen
).
yen-brce voyagea dans le Tibet central à plusieurs
des instructions religieuses à Rva-sgreii., Sa-skya,
. en pèlerinage en 1955 dans le Tibet central, au
Inde, il s'établit ensuite à Gangtok en qualité de
1-gnas) du maharaja du Sikkhim, rôle qu'il avait
ot auprès du roi de Dergué Che-dban bdud-'dul. sku
959. -------1----='---~1-----1~--
,carnation de la seconde génération, Mkhyen-brce 'J am-dbyaii.s chos kyi Phun-p
: Dpal-spuii.s, Karma '.Ïam-dbyaii.s Mkhyen-brce dbaii.-po, c. 1893-c. 1905 1 Mkhyen-b
1 1896 et mourut en 1945. Li An-che le rencontra
1900-19
f. The Bkah-brgyud sect of Lamaism, J .A.O.S. -. 1
'J1g-bral thub-bstan chos 1
3). kyi rgya-mcho Mafijuv
Mkhyen-brce, incarnation de la parole ( gsun- né en 1909 né en 1
J Mkhyen-brce, était le Sa-skya goii.-ma de la
ogs pho-braii. (1900-1950).
,hyen-brce, Guru Che-brtan (1897-1945 environ) II) Je ne sais à quelle catégorie rattacher ces
orne un second gsun-sprul.
Ma_fijusrl

Vasubandhu, etc.

.
Khri-sroii. lde-bcan
1
1 Saii.s-rgyas bla-ma
1
3 Ni-ma sen -ge
1
4 Padma-skyabs ou Khu-cha zla-'od
1
5 Pakçi Çakya-'od
1
6 Khyuii.-nag Çakya dar
1
7 0-gyan gliii.-pa
1
8 Las-'phro gliii.-pa
1
9 Mkhyen-brce'i dbaii.-phyug
1
10 Gar-dban Las-'phro glin-pa
1
11 Padma rig-'jin ou Padma che-dbaù rcal
1
12 0-rgyan chos-rJe gliii.-pa
- 1
13 'Jam-dbyaùs Mkhyen brce'i dbaii.-po, 1820-1892.
1
gsuii. thugs yon-tan 'phrin-las
--~-I---------,
pho Guru che-brtan 'Dis-mgo Mkhyen-brce '.Ïam-dbyaùs chos-
brce, c. 1897-c. 1945 Mkhyen-brce 'od-zer, 1896-1945 1 kyi blo-gros, 1896-
950. né en 1910 1 1959.
yaii.-srid né au Bhutan
vajra c. 1946.
1953

deux lamas.
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APPENDICE 95
Le dernier Mkhyen-brce de la seconde génération est l'incarna-
tion de l'esprit. Rab-gsal zla-ba, abrégé en Gsal-dga', ou Gar-dbai:t
'od-gsal mdo-silags gliil-pa, de son nom de gler-slon, est né à
'Dan-ma, principauté divisée entre Glii:t et Dergué, en 1910. Son
père, Bkra-çis che-riil, de la famille de 'Dis- (ou Dii:t) mgo, était
l'un des quatre intendants principaux, (gner-pa), du roi de
Dergué, qui avaient sous leurs ordres trente mdun-skor (aussi
compris comme gduli-mgo par certains informateurs). Ce lama qui
vit actuellement à Kalimpong, est également connu sous le nom
de Ze-chen Mkhyen-brce, d'après son monastère, Ze-chen rab-
byams, filiale de Smin-grol-glii:t entre Glii:t et Dergué, qui four-
nissait des lamas à ces deux pays.
La troisième génération est représentée par l'incarnation du
premier yali-srid, Rjoil-gsar Mkhyen-brce, 'Jig-bral thub-bstan
chos-kyi rgya-mcho, né en 1909 qui vivait dans le monastère
Sa-skya-pa de Sga-len, sous la dépendance de Dergué ; ensuite,
par la réincarnation de •Jam-byails Mkhyen-brce 'od-zer, né au
Bhoutan il y a quatorze ans environ. Enfin le troisième yali-srid
de la troisième génération, l'incarnation de Sa-skya Phun-pho
Mkhyen-brce, se trouve être son propre petit-fils, Maiijuvajra,
né en 1953, fils de l'actuel représentant de la branche des Phun-
chogs pho-brail qui assure la descendance de la famille (rgyud-
'jin), 'Jig-bral ilag-dbai:t kun-dga' bsod-nams, né en 1929.
A partir d'ici, malheureusement, je n'ai pu recueillir encore que
des renseignements fragmentaires sur les deux autres lignées.
Les voici : Mchog-gyur bde-chen glii:t-pa, dont le monastère
principal, Rcid-ke, est aussi situé dans les environs de Dergué
et sous sa dépendance eut deux réincarnations, Dkon-mchog
'gyur-med bstan-pa'i rgyal-mchan, de Rcid-ke, et l'incarnation du
monastère de Gnas-brtan, Padma 'gyur-med. La troisième généra-
tion est représentée par un lama du même nom, Padma 'gyur-med,
né en 1928.
L'auteur du Çes-bya lcun-khyab, Yon-tan rgya-mcho, aussi
connu sous le nom de 'Jam-mgon Koil-sprul 'od-zer, naquit à
Roi:t-lcags en 1813, de Bsod-nams 'phel et Bkra-çis mcho. Après
sa mort en 1899, il eut trois réincarnations : 'Jam-mgon de Cii-'dra
(ermitage de Dpal-spui:ts), appelé Dpal-ldan Mkhyen-brce 'od-zer,
ou, de son nom de gter-slon, Bstan-riiiil g-yui:t-drui:t glii:t-pa (1904-
1953), dont un yali-srid est né en 1954 dans la famille des riches
marchands Khams-pa installés à Kalimpong, les Sa-'du-chail.
Ce dernier se nomme Sa-'du Koil-sprul Karma blo-gros chos-kyi
sei:t-ge bstan-pa'i go-cha. Sur le second, Rjogs-chen Koil-sprul et le
troisième Ze-chen Koil-sprul, né en 1901, les renseignements me
manquent.
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MANJUSRIMÜLAKALPA
CHAPITRE Il'

Alors Vajrapfü;li, chef des Guhyaka •, dit à ce grand être• :


« Eh bien ! Eh bien! grand Bodhisattva•, veuille, pour le profit
des êtres, énoncer en résumé le rite du mm:ufala(ma7J.q.alavidh6.na) ».
Ainsi interpellé par le chef des Guhyaka, Maîijusri Kumâra-
bhüta prononça le rite du ma7J.,f.alapour le profit de tous les êtres :
« tout d'abord, pendant la quinzaine des miracles• (pratih6.ra-
kapak$a), au mois Caitra (mi-mars-mi-avril) ou Vaisâkha (N. 148 a)

(1) TMK, Pékin, Rgyud XXII, Col. 35a, 1. 4. MMK, Narthang, Rgyud XI, fol.147
b l. 5; Pékin, Rgyud XII, fol. 76a 1. 1 : Lhasa, Rgyud XI, fol. 99a 1. 5. SKT, p. 36
1. 21.
(2) Guhyakiidhipali, épithète de Kubera, est appliqué à Vajrapfil)i dans le MMK
et, entre autres, dans le Mahcibalamahiiyiinasülra, édité et traduit par M. F. Bischoff,
Paris 1956, passim. Cette forme apparait dans le MMK, p. 28, I. 22, 29, l. 7, 36, 1. 2,
l. 24, etc. Przyluski (Les Vidyârâja, p. 312) et M. Edgerton, op. cil., p. 467 ont déjà
attiré l'attention sur la double qualité de Vajrap8.Q.i,dans le MMK, à la fois Bodhisattva
et chef des Yak~a Guhyaka. Si le parallèle établi par Przyluski entre le Kuvera
brahmanique et le Vajrap8.l).i bouddhique n'est pas mis en lumière par ce chapitre,
la tradition tibétaine, probablement d'origine indienne, voit dans Ucchu1;ima,forme
particulière de Jambhala, dont on connait les liens avec Kuvera, une incarnation de
Vajrap8l).i Guhyapati (cf. lndo-Tibetica, vol. III, partie II, Rome, 1936, p. 105-106).
Ce terme apparaît dans le MMK sous la forme guhyâdhipali, p. 36, 1. 6 et guhyadhipati
(erreur évidente) dans ce passage, I. 21 de la même page. Dans les Annales Bleues,
Vajrapür.ii Guhyapali est mentionn6 plusieurs tois, par exemple, p. 124 et 158 et
M. Roerich indique en note p. 124 que« Vajrapfil).i est la divinité principale des Tantra.
Il est appelé Guhyapati parce qu'il est considéré comme le conservateur de tous les
Tantra~. J'opte ici pour la forme guhyaka parce qu'on peut considérer, semble-t-il,
le terme guhya comme une rationalisation à partir de guhyalrn et que cette dernière
forme est plus fréquente dans le MMK. Mais il semble que dans la tradition tibétaine
guhyapali ait supplanté guhyakâdhipati comme épithète de Vajrap8.Q.i, guhya ayant
le seul sens de • secret, ésotérique ,.
(3) Corr. skt., p. 36, l. 21, faQlmahâsallva madhye bhii§ale sma en malu'isallvamalhye,
équivalent de mahiisallviiya.
(4) Tib. : sems-éan éhen-po.
(5) Voir à ce sujet la note de :M. Edgerton, p. 391. M. R. A. Stein m'informe que
1 ' cette période exceptionnelle (ého 'phrul gyi zla ba) a désigne la première lune de
l'année tibétaine, ainsi nommée à cause de la fête du ého 'phrul (du ter au 15) qui
commémore la soumission de Mâra par le Buddha au moyen de magies (ého 'phrul) ,.
98 MANQALADANS LE MANJUSRIMULAKALPA

(mi-avril-mi-mai), au cours d'une quinzaine claire, en un jour


faste régi par une planète favorable et un nak?alra propice, le
premier jour (pralipad) de la quinzaine croissante de la lune ou
un jour de pleine lune, ou à un autre moment (quelconque) excepté
pendant un mois de la saison des pluies', le maître du ma,;uJala
(ma1;uJalâcârya) doit prendre possession du terrain' le matin,
puis il s'installera lui-même (Skt 37) (en ce lieu) ou au voisinage•
d'une grande ville. Le maître du mar;uJalase rendra soit près d'une
l' rivière coulant vers l'océan<, soit près du rivage de l'océan•, ni
trop près, ni trop loin au nord-est d'une grande ville ; après avoir
construit une hutte de feuillage•, il devra l'habiter solitaire,

(1) Tib. : a en évitant la saison des pluies li.


(2) Skt., p. 36, dernière ligne, bhümim adhiftl;uïlauyam, tib. byin gyis brlab par bya
sle: bhümi n'est pas traduit.
(3) Nous rencontrons ici un mot qui revient plusieurs fois dans la suite du chapitre
et dans le suivant, cïsrtya(lire iiSritya) et qui donne lieu à difficultés. Dans ce passage,
p. 36, dernière ligne, mahcinagaram âsrtya est traduit par grofl-khyer éhen-po la brlen-pa ,·
je le comprends comme a au voisinage de n d'après le contexte ; à la ligne suivante,
p. 37, l. l, nadimiiSrilya est traduit par rgya-mcho'i flogs dan iie-ba, ce qui confirme le
sens donn,é à la phrase précédente. C'est ainsi qu'il faut aussi comprendre iiSrila p. 45,
l. 20, dans picuma,;u;lavak~iiSrita", traduit par bi-cu mar-da la gnas-pa, dnstallé auprès
'.\ \ de li, De même, dans une série d'expressions parallèles, comme par exemple p. 43,
1/i I. 23-24 : eua111 paScimiiyii111di.Si coltariiyli1fl di.Site~ii'll adhastiid duipailltti iiSrilii iilekhyii{i f
iiSritii est traduit par brlen-le. P. 44, l. 14, dvipat'lkli iiSriUi est aussi rendu par rim-pa
gftis-pa la brlen-le, de même que p. 44, I. 26, duipaflkty iiSriUisca comme p. 53, I. 13-14,
)i,
, ..
pa,ikli iiSrilii et lrima,:u;laltiSriUi correspondent à brlen-nas. Dans un chapitre portant
sur les ma,:u;lala, on ne peut s'empêcher de penser à la valeur que l'expression double
rlen/brten a prise dans le vocabulaire technique qui s'y réfère. On lit, par exemple,
dans un petit texte sur les règles générales concernant les mal).{iala, TJur, Rgyud-'grel,
vol. nu, fol. 2b: rien dan brlen-pa rnam-pa giiis Il rlen yati gii dati gial yas khan If gii
ni 'byuti-ba'i dkyil-'khor bstan If gial yas dlios dati gdan yin te II et ainsi de suite.
M. Tucci a analysé les deux termes à plusieurs reprises, et il les définit ainsi dans les
Tibetan Painted Scrolls, p. 320 : 11 In the maQ.çlalaare distinguished in theory: a) the
drawing itselC and its diagram which forma its receptacle, rien, and b) the figures it
contains, brlen ... the brten consista of the cycles of the gods, whose body is considered
'' in its parts. » Dans les passages mentionnés plus haut, iiSrila suit une liste de dieux
ou d'objets en rangs {paflltli) et le sens de brlen-pa, analogue à brlen, parait être celui
de II figurer, situer, disposer li, Il semble que le terme iiSritya que nous avons vu en
premier, ait les mêmes sens qu'iiSraya, terme traduit par rten dans le binôme rlen / brlen
. ' et qui selon Sylvain Lévi (Mahiiyânasülriilafllltiira, t. 2, p. 8, n. 6) a en dehors de
la valeur de , fond» celle de , appui, voisinage, attachement, dépendance, rapport,
base, soutien, asile, local, contenant 11, En revanche iiSrila, brlen, répondrait aux divers

., sens voisins de « contenu 11. Cependant le MMK ignore cette opposition, puisqu'il
1 traduit, p. 44, l. 7, duiparilclyiiSrilâ!) par rim-pa gn.is la gnas-pa, ce qui en tout cas
li( confirme le sens de iiSrila comme « situé, figuré, placé».
(4) Slct., p. 37, 1. I, samudragiimin'im, tib. rgya-mcho éhen-por 'fug~pa'i gnas.
(5) En chinois : « qu'il aille vers la mer ou au domicile d'un iiciirya ».
1 (6) Skt., p. 37, I. 3, uçlaya pour classique ufaja,· on retrouve la même forme p. 83,
11
il
TRADUCTION CHAPITRE li 99

) pendant quinze ou sept jours. Mais dans ces endroits 1 (quels


1

qu'ils soient) le terrain pur parfaitement carré, de 16 ou 12 coudées


(de côté) 2 ] devra être s_anspierres, débarrassé de gravier 3, cendre,
charb.on, balle _de grams•, sans crânes• ni os, tout à fait pur,
p_arfa1teme~t mis en ordre•; sur ce terrain, (qu'on verse) soit les
cmq prodmts de la vache et de l'eau sans insectes' soit une mixture
d'eau de safran, camphre et santal (sur laquelle) on a prononcé
1008 8 fois le mantra du krodharâja Yamàntaka, accompagné de
la grande mudrii à cinq pointes (paftcasïkha-mahâmudrii}';

1. 5, p. 106, l. 21, p. 113, l. 18, p. 145, l. 18, et p. 573, 1. 18 j ce membre de phrase manque
au chinois.
(1) Tib. gnas de dag lu, Skt., p. 37, I. 4, tasmin sthiine.
(2) Le passage entre crochets manque au tibétain; un hasla = 24 afigula, c'est-à-
dire 46 centimètres environ. Le premier carré a donc plus de 5 mètres de côté, le second
plus de 7 mètres.
(3) P. 37, l. 5, skt. kafhalJ.IJ.aà lire kat!)alla (tib. gyo mo, MVP 5304).
(4) Le chinois ajoute : , sans excrément 11.
(5) Les crânes sont omis en tibétain.
(6) Skt., p. 37, 1. 6, au lieu de supasuparikarmitam, lire suparikarmitam.
(7) Nighriilmalta, p. 37, I. 6, n'est pas attesté dans les dictionnaires; il faut peut~être
lire niriilmaka ou ni~priil).aka qui, l. 18 de la même page, est également traduit par
srog-éhags med-pa.
(8) Cf. p. 106, n. 2.
(9) Cette a:grande mudra à cinq pointes » paraît réservée dans le MMK, et en tout
cas dans ce chapitre, à Mai'ijuéri (cf. M. Lalou, l'iconographie des Étoffes peintes, p. 19,
n. 6); le début de notre chapitre dit d'ailleurs sans équivoque, p. 26, 1. 15-16: iiryaman-
juSriyaT[l niima mudrii pancaSilchâ mahiimudreli vikhyiilii. On peut lire dans un des
chapitres consacrés à des mudrâ, le chapitre XXXV, p. 358, 1. 3, infra, 359, I. 5, la
façon de l'exécuter :
iidau tiivat kare nyastamubhayiigriiTfl kare sthilau JI
anyonyârigulim iive~t!)ya sanmi8rii111ca punas tata(! /
ubhau karau samiiyuktau paiicacülasucihnilau If
viparyas talas te~iim arigulinii111 tu agrata" /
mudrii paiicaSikhii jn.eyii pan.cacïrakam eua tu If
mahiimudreti vikhyatii ...
On trouve une autre description de cette mudrii particulière à Maii.juéri, p. 406,
I. 22-24. On peut cependant lire cette indication au début du chapitre III : (ton dessine
en premier la grande mudrii à cinq pointes (puis) on devra dessiner la mudrii du lotus
l. bleu (utpala) du Bhagavat Mai'ijuSri. , On pourrait préférer, pour la seconde mention
du mot mudrii, le sens de , signe, sceau » à celui de « geste de la main », la fleur utpala
étant un attribut habituel de Mai\juSrï {cf. Foucher, Iconographie bouddhique de l'Inde,
p. 115 et 119). Mais comme on doit peindre la mudrii ulpala et la mudrii pancaSikhii
11 sur toutes les portes du mal).{iala », on ne peut guère donner deux sens différents au

même mot. On décrit d'ailleurs, p. 388, l. 5-7, cette mudrii en ces termes : a: ubhau
hastau piiruaual lcaramiiue~fayilvii abhyanlarasthitiibhir angulibhi" kanyasaQ tarjanyo
pari~fhii ni~p'içlayet / iya111maiijuSriyaQ kumiirabhütasyotpalamudrii /. La paiicaSikhii
mahiimudrii n'est donc pas la seule qui soit attribuée à Maiijuéri. Ainsi, p. 30, I. 18,
on mentionne une mudrii à trois pointes, triSikhii qui est à joindre à une uidyii prononcée
100 MA1")'J;)ALA
DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

on asperge (de cette eau) en cet endroit, les quatre orients, en haut,
en bas1 en travers, les directions intermédiaires, partout. Ensuite,
' .
on fait là un carré parfait de 16 coudées, 12 coudées, ou 8 coudées :
le grand a 16 coudées, le moyen a 12 coudées, le petit a 8 coudées.
Telles sont les ma1pjala de trois sortes
révélés par les (Buddha) omniscients (sarvadarsin).
Si l'on désire être roi (on fait) le grand.
Le moyen fait accroitre les biens•.
Le petit concerne uniquement les vœux 3 •
Il fait toutes œuvres, il est bénéfique•.
Ensuite, qu'on trace un autre ma1pjala (tel qu'on) le désire en
sa pensée (à savoir), on creuse le terrain à une profondeur de
deux coudées seulement; si l'on y voit des pierres, du charbon,
des cendres, des os, des poils, etc. (ou) des espèces de vers et insectes
variées, on creuse dans un autre emplacement qui ne soit ni néfaste,
ni dangereux. Sinon• qu'on trace (le ma,;,1/,ala) au sommet d'une
montagne, sur la berge d'une rivière, au bord de l'océan, sur la
rive d'un grand fleuve, après avoir examiné de grandes quantités
de sable et les avoir étudiées soigneusement, pour les rendre pures
et sans insectes. De plus, cet emplacement dans lequel (L. 100 b)
on a mélangé (N. 149 a) les cinq produits de la vache sera comblé
avec de la terre sans vers ni insectes6, prise dans une fourmilière
ou au bord pur d'une rivière. Ensuite, on pilonne soigneusement
et on aplanit partout, puis on fait le ma,;,rf,ala qu'on a choisi parmi
les trois sortes. On enfoncera dans les quatre directions
quatre poignards de bois de khadira 7 en les enchantant sept fois

par Mafl.jughoia. D'autre part, on ne s'étonne pas de trouver la mudrâ de Mai'i.juSri


associée à un mantra de Ynmiintaka puisque ce krodha est l'incarnation terrible
du Bodhisattva {cf. par exemplè MMK, ch. I, p. 16, 1. 7 i e,a bhagavato marijuSriyasya
mahtikrodharfijfi yamânlako ni'ima... , M. Lessing Yung-ho-Kung, p. 91 et G. Roerlch,
Tibetan paintings, Paris, 1925, p. 42).
Sur les différentssens du mot mudra,on peut se référerà C. G. Diehl, Instrument
and purpose, Studies on Rites and Rituals in South India, Lund, 1956, p. 69-70, n. 3
et à Indo-Tibelica IV, partie I, p. 117-118 où M. Tucci se réfère à l'article de Przyluski.
Il indique aussi que le mot mudra est parfois synonyme de mchan-ma, « emblème »,
comme c'est le cas vers la fin de ce chapitre, infra, p. 126.
(I) C'est-à-dire au zénith et au nadir.
(2) Skt., p. 37, 1. 12, saqibhogavardhanam, tib., lor'ls-spyod 'phel-ba; bhoga et sam-
bhoga sont traduits par lotis-spyod (MVP 117 et 7367).
(3) Tib. : «parle petit, on prend serment (dam-chig) ».
{4) Le tibétain seul est versifié.
(5) En skt. seulement (p. 37, l. 16).
{6) Skt., p. 37, 1. 19, niQprâpena udakena,· cf. p. 99, n. 7.
(7) Acacia Catechu.
TRADUCTION CHAPITRE II 101
avec le mantra du krodhariija'; avec du fil de cinq couleurs
enchanté sept fois avec le krodhahrdaya, on entoure complètement
t' les quatre côtés du ma,;,rf,ala. Qu'on fasse un carré au centre de
r
'I même que dans l'emplacement médian•. Le maitre du ma,;,1/,ala
qui se tient dans la partie intermédiaire (madhyaslhiina) prononcera
1008 fois le mantra de base qui est sa vidyii personnelle•. Après
avoir lié la grande mudrii à cinq pointes, il fait sa propre sauvegarde
et celle de ses assistants• au moyen du mulamanlra; et tout en
prononçant le mantra il sort• du ma,;,rf,ala6 et après avoir fait la
pradakfi,;,a (pradakfi,;,ïkrtya) autour de ce ma,;,rf,ala, qu'il s'installe,
le visage tourné vers l'Est, sur une botte d'herbe /cuf;a (kusa-
vi,;,rf,aka). 7 (Skt 38.) Avec tous les Buddha et Bodhisattva présents
à l'esprit, il jonchera d'herbe kusa [en tournant]' tout le carré de
ce ma,;,rf,ala•. Après avoir séjourné une journée à l'extérieur de
celui-ci (N. 149 b) et y avoir couché, qu'il s'en aille 10.
Ensuite, après avoir exécuté les actions qui précèdent, le maitre
du ma,;,rf,ala (ma,;,rf,aliiciirya) qui connait" les mantra de sa propre
lignée et qui croit sincèrement que le Grand Véhicule est un moyen

(1) Skt., p. 37, 1. 22-23 : caturdileyu catvârait khadirakïlakâfll nikhanet / krodharâ-


jenaiva saptdbhimantrilam krlvâ ... Kilaka est traduit en tibétain par phur-pa; c'est
ainsi qu'on appelle la divinité dont le corps se termine en phur-bu (kilo). ·
(2) Skt., p. 37, 1. 25 : evam madhyame slhiine evam abhyantare caluraSriikâram
kiirayet; comme nous le verrons plus loin, on appelle abhyantara l'enceinte intérieure
du maQçiala, et madhyama l'enceinte intermédiaire concentrique à celle-ci : nous
avons donc ici l'esquisse des trois enceintes principales du mapçiala.
(3) Skt., p. 37, 1. 27 : vidyci 01}lasahasrarp.mülamantrii; tib. rig-pa rca-ba'i sttags.
(4) Skt., p. 37, 1. 28, sasakhâya est peut-être à lire susakhâya; la même forme
apparaît ailleurs dans le MMK, par exemple, p. 38, 1. 4. Mais on pourrait aussi com-
prendre : 1: ainsi que la protection des compagnons ,.
(5) On peut rétablir au lieu de nil}kasarvahi (p. 37, dernJ,ère ligne), nil}krânya-
sarvamhi; cependant le tibétain phyi-rol-du byuti-sle tait penser à un original nil}kriimya
bahir.
(6) Tib. seulement.
(7) Skt., p. 37, dernièreligne: kuSavir:uj.akapourle classique opi,:ujaka; cette expres-
sion qui revient souvent dans le MMK apparait toujours sous la forme ovipçiaka,·
cr. M. Edgerton, p. 487.
(8) Tib. seulement.
(9) Je suis, pour le passage qui précède, la ponctuation du tibétain.
(10) Les trois éditions tibétaines du MMK (celle de Narthang à vrai dire peu lisible
à cet endroit) emploient cette formule sybilline : de-T1idltyi phyi-rol-du yaù pa rnams
iag géig gnas pas pour traduire le sanslcrit p. 38, I. 2, qui n'offre pas beaucoup plus
de clarté, semble-t-il : bahirnâdhaQ ekarâtrol}itâm krtvâ. J'avoue ne trouver aucun sens
à yan pa rnams ,· on pourrait à la rigueur comprendre bahirnâdhaQ comme« à I1 extérleur,
mais pas en bas». Mais le TMK, Pékin 1 f. 36b 1 1. 4, a de-nid ltyi phyi-rol-tu iag géig
bsiiun bar gnas-pas ... , ce qui est plutôt en faveur d'une équivalence niidhas = bsi'iuù-ba.
(11) Tib. mkhas-pa, skt. lmSala.
:1'.I
\'', 102 MAl'/QALA DANS LE M,INJUSRIMOLAKALPA

''' de réaliser le bien des êtres demeurera une nuit1 (en, ce lieu) en
1'i co.mpagnie de bons assistants (susal,haya); puis, selon les actes
prescrits par les traités sur les rites', après avoir bien préparé de
1 la poudre de cinq couleurs fine et éclatante, il placera au milieu
1 du ma1p/ala cette poudre (préalablement) enchantée au moyen de
) 1 la formule du (hrdaya) en six syllabes•. En outre, au dehors
1 (du ma,p/ala) les quatre 'chemins• qui le délimitent sont ornés,
ti
aux arches (lora7Ja), de bannières et d'étendards dressés, de piliers
·,· de bananiers fichés en terre (kadalïslambharopila), chargés de
fruits et d'aliments suspendus•; qu'on fasse retentir le terrain•
du battement des tambours d'argile, des grands tambours, et du
bruit des conques [et des instruments à corde]' [qui rendent un
son joyeux et favorable]•. Qu'on prononce• dans les quatre direc-
tions, aux quatre côtés 10 du ma7Jefala les livres contenant les
agréables sülra du Grand Véhicule, audition de la Loi aux paroles
auspicieuses 11 •
A savoir : du côté du Sud, on récitera" la Bhagavalï Prajiiàpà-
'I ramilà; du côté de l'Ouest, 1'.Àryacandrapradïpasamàdhi, du côté
du Nord on récitera 1'Âryaga7Jefavyüha, du côté de l'Est,

(1) Tib. : u après avoir jeûné un jour,.


(2) Skt., p. 38, l. 4-5 : vidhiSii.slradf§/enalcarmar,iii,· on retrouve presque la même
formule, p. 39, I. 4 : vidhidr§fena karmar;uï,traduite en tibétain par ého-ga mthoft-ba'i
las kyis; dans ce passage, le tibétain a donc fait erreur en traduisant bslan-béos sna-
chogs comme si l'on avait viuidha 0 au lieu de vidhio et il faut lire à la place ého-ga'i
bslan-béos.
(3) Skt., p. 38, l. 6, pour §a,Jak§arâbhimantritehrdayenâbhimanlyam (lire 0 man-
trya,rz) la!J? cïm;zam... on préférerait §ada/C§ara-h{ldayenâbhimantrilaTfl la'l' cürQ.am
comme p. 39, 1. 8. Mais comme le dit M. Renou, ides membres de ces composés sont
transposables dans ce jargon ».
(4) Calu~palha (skt., p. 38, 1. 7) n'est pas traduit en tibétain.
(5) Le passage qui précède présente quelques différences dans les traductions;
j'ai suivi le sanskrit. Le chinois, traduit par Przyluski (notes de cours communiquées
par M11e Lalon), a compris ainsi : « En outre, en dehors du ma,:z{lala, dans les quatre
directions, on orne (le terrain) en y fixant des oriflammes et des étendards, en y
plantant des troncs de bananiers ainsi que des arbres chargés de toutes sortes de
fruits et on fait ainsi des chemins et des portes.» Le tibétain indique: « Quant à l'exté-
rieur, on l'orne avec des bannières, des étendards plantés et quatre arches (rla-'babs),
avec des bananiers (chargés) de masses de fruits et des aliments.»
(6) En skt. seulement.
(7) En skt. seulement.
(8) En tib. seulement.
(9) Lire p. 38, I. 10, pour vâcayan, vâcayet.
(1) Tibétain : « on expliquera les dharma entendus des quatre côtés». Au lieu de
calu~pa~iinukûla (skt.1 p. 38, I. 9) lire calu§pârSVânuküla (tibétain, zur bii nas).
(Il) Skt. 1 p. 38, I. 9 : praSaslaSabdadharmaSrava,:za.
(12) Vâcayet; en tibétain: u on devra lire» (bklag par bya'o).
TRADUCTION CHAPITRE Il 103

1'Àryasuvar7Japrabhàsollama (N. 150 a) sülra'. Si l'on ne


possède pas ces livres, on fera appel à un récitant de la Loi ( dhar-
mabhiiTJaka) qui a étudié les quatre sülrànla 2 • Pour l'audition
de la Loi 3 , le maître du ma7Jefala,se lève et murmure le mülamanlra
sur des fleurs blanches odorantes mêlées à du camphre, du santal
et du safran, puis il les disperse en parcelles• partout dans le
ma7Jefala; après avoir dispersé (cette offrande), qu'il aille au dehors.
Puis qu'il introduise (dans le ma7J,ta/a) deux ou trois peintres
des plus habiles• qui se soient tenus pendant sept jours à une
nourriture appropriée', qui soient [habitués au jeûne]•, instruits
de l'upo§adha 8 et qui aient pris la résolution (d'obtenir) la Bodhi
(bodhicillolpàdila). Après ;ivoir fait (le rite de) lier ses cheveux
en chignon• (sïkhàbandharrilcrlva) en murmurant un mülamanlra,
qu'il prenne de la poudre fine, belle et éclatante de cinq couleurs,
provenant d'or, d'argent, de cuivre" et de toutes sortes de joyaux;
si ce sont des hommes qui ont de grands biens (mahàbhogailJ
sallvailJ) et de grands rois pieux (mahàràjànai]sca dhàrmikai/J)
qui le font peindre, le but final de la Bodhi, le but essentiel de la
Bodhi est assuré
[[rien que par la vision du ma7Jefala", à plus forte raison la
réussite des mantra (est-elle assurée)
[depuis le Nirval).a du Meilleur des Sakya (N. 150 b), même
aux êtres qui ont peu de mérite ;
et comme ce rite est prescrit pour obtenir de telles satisfactions
(bhoga)
Mafijugho~a le resplendissant, ayant vu la pauvreté des êtres,

(1) Cf. MMK, ch. XI, p. 109, dernières lignes, une autre énumération de six textes
à réciter : l'Ârya- (et non plus BhagavatïoJ prajftiipâramilâ, l'Âryacandrapradïpasa-
miidhi, 1'.AryadaSabhümaka, l'Âryasuvar,:iaprabhâsollama, l'Âryamahlimiiyürl, l'Arya-
ralnakeludhâri,:ii. Plus haut, p. 99, la PrajfLâpâramitü et le DaSabhümaka (textuellement
daSabhümcikhya) sont mentionnés. Cf. M. Edgerton, p. 263.
(2) Tibétain : u si l'on n'a pas ces livres, on mandera, pour l'audition de la Loi
des récitants de la Loi qui connaissent les quatre sülra ». Cf. M. Edgerton p. 604.
(3) Sanskrit seulement, p. 38, I. 14, dharmaSrava,:zâya.
(4) Tibétain seulement.
(5) Skt., p. 38, I. 19, nipu{lalarâqt, tib. qtkhas-pa.
(6) Tib.: 'dod-pa'i kha-zas bslen-pa; dad-pa, «pure, pieuse», serait meilleur mais
ne correspond pas au Skt. 1 p. 38, 1. 17 : saplâhâddhavi§yâhâro§ilâTfl.
{7) En skt. seulement.
(8) Tib. : gso-sbyon ne-bar bslan-pa.
(9) C'est un rite de protection; on peut se reporter, à ce sujet, à l'iconographie
des Étoffes peintes, p. 24, 25 et n. 5.
(10) Tib. et ch. seulement.
{II) Ln ponctuation de ce passage paraît défectueuse en skt. On comprendraitmieux
(p. 38, I. 22), li!tkâpaniya,:z bodhiparayaniyaqt bodhiparâya,:zaqt niyalaqt, la phrase se
104 ~!Aljl;>ALA DANS LE MAIIJUSR!MULAKALPA

énonça une brève exposition du Kalpa 1 et le (rite du) ma,;uJala


en résumé ]2.
On teint de la poudre de grains de riz fine, de cinq belles couleurs :
vert, jaune, rouge, noir et blanc ]] 3 • (Skt. 39).
-\ . Le maître du ma,p/.ala~ prend lui-même la poudre [de couleurs]'
disposée auparavant et be la grande mudra à cinq pointes (maha-
mudro.rr<pancasikham), puis ayant murmuré le mu/aman/ra il
imprimera la mudra sur cette poudre•. [En outre]', le maitre-
officiant•, dans la direction du Sud-Est en dehors du mandala
fera une fosse à feu (agnikwpJam) selon les actes prescrits· pa;
(les traités sur) les rites (vidhidr?ler:,a karmar:,o.'); (la fosse doit
,,' avoir) deux coudées de large sur une coudée de profondeur, tout
1~tour. étant en forme de cœur de lotus (padmapu$kara) ainsi que
l . 1 extérieur. Il devra allumer le feu avec des bûches de bois de

l' pal~sa 10 (puis) sur des bûches de bilva 11 humectées sur un empan
environ (mtho gan cam) de lait caillé, miel et beurre (il prononcera
le mii/amanfra en six syllabes ou le hrdaya)" et tout en faisant
la mudro. du poing (mudro.mu$/i) 13 , il invitera [Agni (me /ha)]14
(N. 151 a). L'invitation faite, il offre à nouveau 108 oblations15 ignées

terminant avec le début du verset: maQ{iala,rt darSanâdeva; pour une autre interpré~
tation du même passage, voir M. Edgerton, p. 320, s.v. parâya,:,.iya.
(1) Skt., p. 38, avant-dernière ligne, kalpasaqik~eparfl est traduit en tibétain par
nun iifl. mdor bsdus,comme si l'on avait alpasa7(1k~epalfl..
',1 (2) Le passage entre crochets est versifié en tibétain.
(3) Le passage entre double crochets est versifié en sanskrit ; ces divergences dans
la longueur des versets témoignent, semble-t-il 1 d'un certain écart entre le texte copié
par Ravicandra et celui que les Tibétains ont traduit au xxe siècle. Pour la valeur que
"
'l
\i l'on peut attribuer à ces couleurs, voir Lin Li-kouang, l'Aide Mémoire de la Vraie Loi,
p. 66-71 et p. 67, n. I.
'[,. (4). Map{ialdccirya, slob-dpon,
(5) Tibétain seulement.
1[ (6) Tib. : phye-ma de la phyag-rgya béi1io If skt. : (p. 39, l. 3) ta111cürpa111mudrayel.
.,( (7) Skt. seulement.
'1 (8) P. 39, 1. 3 : scidhakcicdrya, traduit en tibétain par sgrub-pa'i grogs m~hog gi
/, slob-dpon. Sgrub-pa'i grogs m,hog (MVP 4274) traduit ullarasiidhaka. Siidhakiiciirya,
p. 39, l. 17, est également rendu en tibétain par l'équivalent de uttarascidhakciccirya.
,,
./ Cependant, Mlle Lalou me signale que, dans le I<riyâsa111graha, TJur, Rgyud- 'grel LVII,
1 f, 260-420, ullarasâdhaka est régulièrement traduit par sgrub-pa-po phyi-ma.
(9) Cf. supra 1 p. 102, n. 2.
!!
li
(10) Bulea frondosa.
( 11) Aegle marmelos.
11
(12) Skt., p. 39, l. 8: mülamanlra111 §a{lak§arahrdayena vâ; tib.: rca-ba'i sr'tags 'bru
rr drug-pa 'am siHr't-pos.
' (13) Cette mudrâ. est représentée dans le livre de Tyra de Kleen, Mudrcis, the rilual
'1'
1.
hand-poses of the Buddha priesls and the Shiva priesls of Bali, Londres, 1924, p. 24 et 36.
li (14) En tib. seulement.
(15) A1/atalam.
'1·1
1,
1

i
,1
!
1
,1\_
TRADUCTION CHAPITRE Il 105

avec le hrdaya de la formule en une syllabe, mantra de base énoncé'


1 plus haut.
Puis le maître du mar:,ifala (mar:,ijalaco.rya), après avoir fait le
rite de lier son turban 2 achève les préparatifs puis il fera faire
(le travail) à des peintres très habiles•. Alors, que le maître du
mar:,ijala, évoque en esprit (manasikurvala) les Buddha et les
Bodhisattva, et ayant brûlé de l'encens avec la formule de l'encens
énoncée précédemment, joigne les mains (anjalirr< krtvo.), s'incline
devant tous les Buddha 4 et Bodhisattva, et ayant rendu hommage
à Mafijusrî Kumarabhüta, prenne de la poudre de couleur' et
esquisse la forme des corps (slcu'i gzugs kyi bcad-pa, akarayel')
qui sera complétée par les peintres'· D'après cette méthode•,
qu'on peigne en premier le Buddha Bhagavat Sakyamuni, pourvu
de toutes les formes excellentes, assis sur le [précieux]' trône du
lion (ralnasirr<hasana), installé dans le palais (des dieux) Suddha-
vasa ", enseignant la Loi. Quand il est peint, l'aide-officiant du
maître du mar:,ifala fait le rite de sa propre sauvegarde au moyen
du miilamanfrall et répand à l'extérieur du mar:,ifala, dans les
quatre directions, en haut et en bas, le bali à offrir à tous les
mauvais êtres (sarvabhiitilw; N. 151 b).
Alors, après s'être baigné, il va auprès de la fosse à feu (agni-

(l) Skt. uklena, tib. bslan-pa.


(2) BaddhO§Qϧa, skt., p. 39, 1.10, ne correspond pas au tibétain éod-pan qui traduit
habituellement mukuJa (MVP 3384), U§Q.i§a étant traduit par gcug-tor (MVP 6346) ;
cette expression est synonyme de Sikhabandham (cf. p. 103, n.9).
(3) Le tibétain s'écarte ici du sanskrit : a:lui-même (l'iiciiryu) et le peintre aussi
s'étant concentrés, ils commenceront le rite du homa •. La version tibétaine qui donne
des indications sur les rites préparatoires à la peinture me paraît meilleure.
(4) Skt. seulement.
(6) Tib. seulement.
(6) Skt. p. 39, 1. 14, supprimer la coupure entre iikcirayet et rüpam.
(7) Tib. : a:qui sera achevée par le peintre , .
(8) Skt., p. 39, I. 14-15, elena vidhina; tib. : ého-ga 'di dag gis.
(9) En skt, seulement.
(10) Skt, 1 p. 39, 1. 16, Suddhâvdsavabhanastha111 est traduit par gnas-gcan-ma'i gial-
med-khan,· la métathèse paraît due à une erreur typographique et il faut lire bhavana
au lieu de vabhana; on pourrait évidemment penser à une erreur pour vimâna ai, au
Î chapitre II du MMK, p. 25, l. 6, au chapitre III, p. 53, l. 11 etc., l'expression Suddhd-
vasabhavana n'était rendue chaque fois par gnas gcan-ma'i gfal-med-khat'l. Les cieux
1

$uddhavasa font partie du Rüpadhfitu et, selon les traditions, sont au nombre de six
1
ou de huit. cr. à ce sujet Lin Li-kouang, !'Aide-mémoire de la vraie Loi, p. 66-68, n. 2,
! et infra, p. 112, n. 1.
(11) Le tibétain ne suit pas tout à fait le sanskrit (p. 39, l. 17-18) : likhitaSca map<!a-
liiciiryasyanusâdhaltena atmarak~âvidhâna111 mülamantrel)a krtvii; dkyil-'khor gyi slob:-
dpon ri-mo 'bri-ba na 'dir sgrub-pa'i grogs mchog-gis slob-dpon bdag-iiid srut'l-ba'i
phyir /.
106 MAljJ;,ALADANS LE M.ANJUSRIMOLAKALPA

kw;uf,a), vêtu de vêtements propres et fait le rite de purification


avec pureté', (puis) qu'il brûle 10082 fois, avec le mülamantra,
un mélange de safran et de beurre fondu, Ensuite, installé sur une
botte d'herbe kusa• qu'il reste ainsi en prononçant (des mantra);
il placera à l'intérieur d'une coupelle à couvercle (sariivasa,r,pu/e)
de la moutarde blanche parfaitement enchantée par 1084 mantra
du Krodharàja Yamàntaka, S'il voit l'un quelconque (parmi ces
phénomènes) : formes terribles et multiples, vent, pluie, tempête,
(s'il entend) des bruits effrayants, ou s'il survient tel ou tel autre
vighna•, [qu'il sorte avec fureur de la moutarde blanche de la
coupe (et) en en prenant par poignées• qu'il fasse sept offrandes
ignées]', grâce à cela (des) les vighna seront complètement
!/ détruits, Contre des vighna humains (manu$yavighna), si l'on
fait cinq fois le homa avec des poignées• (de moutarde blanche),
ces hommes (puru$a) deviendront paralysés ou sans forces, ou
bien ils mourront, ou (encore, ils seront) saisis par des (démons)
non-humains en un instant, sans aucun doute, Si même Sakra
(brgya-byin) meurt instantanément', à plus forte raison les
hommes à l'âme pervertie ou les démons (vighna, bgegs) ordinaires
mourront-ils ; [les bgegs ]1°, par peur du Krodha Yamàntaka
(N, 152 a), s'enfuieront et n'apparaitront plus,
Alors, l'aide-officiant (anusiidhaka) s'étant installé là même
(talraiva) sur une botte d'herbe /msa 11 devra y demeurer en

(1) Skt. Sucincï, tib. gcan spra dari.


(2) Sur la valeur de la série de nombres exprimant la totalité comme 8, 18, 108,
1008 et ainsi de suite, on trouvera une discussion détaillée dans l'article de M. J. Fillio-
zat, Le symbolisme du monument du Phnom Balchen, B.E.F.E.O., LIV, 1954, fasc. 2,
p. 538-546. Voir aussi O. Stein, The numeral 18, The Poona Orientalist, 1936, vol. I,
n° 3, p. 1-37.
(3) Skt., p. 39, l. 21, lmBavi,;uJaka;et. p. 101, n. 7.
(4) Skt., p. 39, l. 22 1 a:enchantée par huit mantra».
(5) Skt., p. 39, 1. 23-24 : anekiïkâravikrtarûpaghorasuaravâla var§adurdinayanya-
layânyalama1[1 (pour 0 anyalamânyatama1J1) vâ vighnamâgala1J1 dNJuâ.
(6) Tib. éhan bar béaris te pour 'éhatis par béatis te qui n'est donné par aucune
• 11 édition.
' :, ' (7) Le passage entre crochets est traduit du tibétain. Le sanskrit indique, p.39,
1. 24 : hutena sar§apâhulayal) sapta holavyâl) /.
(8) Tib. 'éhan pa pour 'éhafls pa. Comme plus haut, il ne s'agit pas de poignées de
moutarde en skt. mais de moutarde enchantée : pancâhulayo holavyâl) /.
(9) Skt. seulement.
(10) Tib. seulement. Aux vighna, «obstacles» désordonnés et multiformes qui
risquent de faire obstruction au bon déroulement du rite, sont traditionnellement
opposés les Krodha, émanations terribles de grandes divinités du bouddhisme i ici

li comme le chapitre est énoncé par Mai'i.juSrI,c'est le Krodharaja Yamantaka qui a le


premier rôle (cf. supra, p. 100, n. 9).
i
'
(li) Cf, p, 101, n, 7,
,;
t:
['
IJ
1
TRADUCTION CHAPITRE II 107

prononçant les récitations du Krodharàja Yamàntaka, [[Ensuite,


le maitre du ma,;uJala place à la droite de l'image ( pratimii, slm-
gzugs) du Bhagavat Sakyamuni deux' Pratyekabuddha installés
sur un siège de lotus {padmiisana) [et assis les jambes croisées]';
au-dessous de ceux-ci, on représentera deux Mahàsràvaka écoutant
la Loi'. Encore à droite de ceux-ci, (on peindra) le Bhagavat
Arya Avalokitesvara, orné de toutes les parures, de couleur blanche
comme celle des roseaux en automne<, installé sur un siège de ii
lotus (padmiisana); dans la main gauche il tient un lotus, la main
droite répand les faveurs {dak$i,;zahastena varada!i), •A sa droite, \'
la Bhagavatï «Vêtue-de-blanc» {pii,;zq,araviisinï)' tient un lotus
dans la main gauche et de la main droite rend hommage au i,
Bhagavat Sakyamuni ; installée sur le siège de lotus (padmiisana),
les tresses de ses cheveux disposées en tiare', vêtue de soie blanche,

(1) Lire au lieu du tibétain rari sans rgyas nid, ran saris rgyas gnis, d'après le
sanskrit dvau pratyekabuddhau, p. 40, l. 3.
(2) Sans cette indication du skt., qui manque au tibétain, on pourrait aussi bien
comprendre « assis dans la posture du padma » chaque fois que le texte mentionne le
padmâsana. C'est selon Foucher (Iconographie bouddhique de l'Inde, p. 67) « la posture
assise a:en tailleur», la plante des pieds retournée en dessus, le pied droit en avant ~.
(3) Voici, entre bien d'autres, un exemple de l'indifférence de ce texte (ou de son
éditeur) envers l'accord du nombre (p. 40, l. 4): dvau mahâSriivakau dharmalJ1 SrtJ.vanlal)
(lire Sr,:wantau) kâryau.
(4) Skt., p. 40, 1. 5-6: Saratkii,;,.(iagaurat1,·tib. slon Jca'i 'dam bu'i mdog llar dkar ba.
La même comparaison se retrouve, toujours à propos d'AvalokiteSvara, dans les
chapitres concernant les paJa, p. 62, 1. 24 et p. 68, I. 17. Cette dernière fois elle a été
traduite par slon ka'i mda' rgyu'i mdog ltar dkar ba, Or kii,;,.(iaqui a entre autres sens
ceux de « section de bambou» et de « flèche II est traduit par mda' tout court dans
MVP 5092; mda' rgyu « matière de flèche » est donc meilleur dans ce contexte bien
que le composé ne soit attesté ni dans la MVP ni dans les trois dictionnaires tibétains
usuels. Quant à 'dam bu, il traduit na(ia (MVP 3311) ou nala {S.C. Das) tous deux
désignant une sorte de bambou. Par ailleurs, le chinois a traduit dans tous les cas
par« pareil à la pleine lune automnale» (cf. Les Vidyiirdja, p. 313, n. 3 et Iconographie
des Étoffes peintes, p. 33, n. 1 et p. 43, n. 2) ce qui ramène à l'hypothèse d'un original
Saraccandragaura, hypothèse renforcéee par une variante de l'édition de Pékin {fol. 98a,
correspondant au ch. V, p. 68, 1. 17 du MMK skt.) qui traduit ston-ka'i zla-ba'i mdog
llar dkar-ba. Cependant, on ne peut proposer cette correction car kii,;i(iaest suffisamment
étayé par les deux traductions tibétaines synonymes.
(5) Cette mudrii vara ou varada qui revient si souvent dans cette description est
décrite ainsi par Foucher dans l'iconographie bouddhique de l'Inde, p. 69: u Mais la
mudrii la plus fréquente après celle de l'enseignement est, dans nos miniatures, celle de
la charité, où la main droite pendante, la paume en dehors, au bout du bras allongé,
semble épandre les faveurs divines (vara-mudrâ) n. \,,
{6) Lire, skt., p. 40, I. 7, pa,;,.{laravâsini comme pd,;i(iaravâsini, d'après le tibétain "
dar dkar po'i na bza' mnabs pa. 'i
1,
(7) Skt., p. 40, 1. 8, jaJiimalcuJa, tib. phyag gser gyi éod pan. Le même mot est rendu
ailleurs (p. 41, 1. 15, 1. 17 ; p. 43, l. 7, I. 11 ; p. 44, l. 12) par ral pa' i éod pan. Dans MVP
4343, jafii est traduit par ral pa. Dans le Brahmanisme, cette coiffure se range dans les
\,\
'
1

1
li
108 MAl'jJ;lALADANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

[portant un vêtement supérieur de soie]', on lui fait au front


trois taches de cendre' (N. 152 b) bleu-noir (kr~,:,a, nag-po); de
même il placera ( gnas par bya'o, suslhilà kiiryà) Tara et Bhrukutï
à leur place respective, et avec leur. attitude (propre). Au-dessus
de celles-ci, on tracera la Bhagavati Prajiiaparamita, Tathâgata-
Jocana et Ug1i~araja. On représentera ainsi (les) seize Bodhisattva:
à savoir, Samantabhadra, K~itigarbha, Gaganagaiija, Sarvani-
vara1,1avi~kambhin, Apayajaha, Maitreya tenant en main le
chasse-mouche (camara) et regardant dans la direction du Buddha,
Vimalagati, Vimalaketu, Sudhana, Candraprabha, Vimalakïrti,
Sarvavyadhicikitsaka, Sarvadharmesvararaja, Lokagati, Maha-
/1 mati, Patidhara •. [Ces seize J Mahabodhisattva sont peints dans
i·I
• ornements de tête, (mauli) avec le kirifa-maku/a, 1,ara,;u,ia-maku/a,Sirastraka, kuntala,
! k6Sabandha, dhammilla et l'alaka-ciujaka. ». Le jafcïmalcufa, qu'on enjoint de peindre
' particulièrement sur la tête de Brahmü, Rudra et Manormiini consiste en mèches de
cheveux nattés réunies pour former une grande couronne au milieu de la tête; on
l'orne parfois de joyaux, d'un croissant et d'un crâne, ces deux derniers dans le cas de
1' « Rudra-Siva » (J. N. Banerjea 1 The developmenl of Hindu lconography, p. 286).
(1) En tibétain et dans l'édition de Narthang seulement.
(2) Corrigerskt., p. 40, l. 9-10, trmur:u)ikrta entripuQ.rjikrta. Ct. p.117, n. 5.
(3) On rencontre également seize Bodhi.sattva, représentés sur un pa/a, au
chapitre IV du MMK (cf. Iconographie des Étoffes peintes, p. 8 et 32-33). Neuf Bodhi-
sattva sont communs aux deux listes : Samantabhadra, K~itigorbha, Gaganagaftja,
Sarvanivaral)avi~khambhin 1 Apiiyajaha, Maitreya, Sudhana, Candraprabha et
Mahâmati, les sept autres étant Mafi.juSri,qui vient en tête, Anagha, Sulocana, Avalo-
kiteSvara, Vajrapâl)i, Santamati et Vairocanagarbha. Parmi les documents de Touen-
houang, se trouve une amulette représentant un ma,;i{iala carré ; seize Bodhisattva
occupent, quatre par quatre, chacun des côtés (cf. Ml1° Latou, Notes à propos d'une
amulette de Touen-houang, p. 137) ; six d'entre eux se retrouvent dans les deux listes
du MMK: Samantabhadra, K~itigarbha, Gaganagaùja, Sarvanivaral)a, Candraprabha
et Maitreya, les autres 6tant Mahiisthamaprapta, Ratnagarbha, AvalokiteSvara,
Mafi.juSri, Amitabha, VajrapàQ.i, Amoghasiddhi, Bhadrapala, Candrakumüra et
\! Ak~ayamati. D'autre part, aucun des seize Bodhisattva formant le groupe des sodaSa
ij salpuru§a énuméré dans le Mahâ-prajiUi.pâramitâSâslra en tête des vingt-deux princi-
paux Bodhisattva (Lamotte, p. 428) n'est inclu parmi les sodasa mahâbodhisattva du
MMK. Mais M. Bhattacharyya qui a fait l'étude détaillée des trois séries de seize
Bodhisattva fournies par la Ni§pannayogâvali (p. 32-33) les considère comme formant
If.• un groupe autonome, bien que sept Bodhisattva seulement soient communs aux
l('. trois séries. Parmi ces sept Bodhisattva, deux se retrouvent parmi ceux qui sont
1
communs aux deux listes du MMK et à celle de Touen-houang : Candraprabha et
Gaganagafija, tandis que dans chacune des trois listes de la Ni§pannayogâvali, quatre
Bodhisattva, variables, colncident avec ceux du passage étudié ici.
En dehors du chitTre seize et de la qualité de Bodhisattva, on peut retenir le fait
que dans quatre cas sur cinq ils sont représentés dans un ma,:i{lala, dans le cinquième cas
sur un pa/a, ce qui peut expliquer les variations à l'intérieur du groupe. M. Tucci
a identifié les seize Bodhisattva du MMK sur les parois d'un temple dédié à Mar-me-
mjad, au Kumbum de Gyantse (Indo-Tibelica, IV, I, p. 193 et ibid. IV, III, fig. 182),
à côté d'un groupe de douze Bodhisattva tiré du Rnam-par snafl-mjad mflon-byan.
TRADUCTION CHAPITRE Il 109

leur aspect paisible (prasannamürli) ornés de tous les ornements.


Qu'on peigne également au complet les chefs des Vidyaraja et des
Vidyarajfü dans le clan du Lotus (abjalcule, padma'i rigs) avec
l'apparence et les mudrà [qu'on se rappelle]' d'après les Agama
(lu,\) et les coutumes locales'. On (les) placera à la limite, dans
des emplacements carrés' (N. 153 a). Et dans des fleurs de lotus
bien faites on placera les Vidyadevata qu'on a oubliées (na
smarilaj•.
De même, on dessinera à la droite• du Bhagavat Sakyamuni
deux Pratyekabuddha, Gandhamadana et Upari~ta•. Ainsi, dans
tous les ma,:,,Jala, on fera la porte d'entrée face à l'Est. Qu'on
peigne à gauche du Bhagavat Sakyamuni deux autres Pratyeka-
buddha : Candana et Siddha. Au-dessous de ceux-ci, on peint
deux [Maha ]'sravaka : Mahakasyapa et Mahakatyayana. A leur
gauche, Arya Vajrapfü,1i, de la couleur du lotus bleu, dans son
aspect paisible (prasannamürli)8, portant un chasse-mouche
(camara) dans la main droite, maintenant avec la gauche Je corps
d'u.n Krodha ; on représente aussi Vajramu~ti, Vajrankusi,
Vairasrnkhala, Subahu, Vajrasena•, avec une suite de Vidyaraja
et de Vidyarajfü vêtus de la même façon, avec attributs, emplace-
ments et sièges 10 • Qu'on les peigne comme on se les rappelle" pour
ce qu) est de la forme et des mudrà. A leur gauche (N. 153 b),
on pemdra dans un carré (zur bzir, calurasràkàra) la mudrà de

On ne peut malheureusement, en l'absence des noms, savoir de quel chapitre du MMR


la série du Kumbum est extraite, mais la fresque ne paraît pas organisée comme un
mar:i{iala. Enfin le dernier Bodhisattva de notre liste 1 Patidhara, est appelé en tibétain
Bio bzaI'l-po, ce qui correspondrait plutôt à un original Matibhadra, l'un et l'autre étant
d'ailleurs inconnus en tant que Bodhisattva.
(1) En skt. seulement.
(2) Yathâslhiine~u, gnas fi lla ba.
(3) D'après le tibétain : mtha'i gru bfi'i gnas dag tu ni gnas rnams bfag par bya'o Il,
reporter dans le skt., p. 40, 1. 201 le da1;u;laaprès slhâpayet et lire : ante ca slhâne CQlU-
raSrâkâraT(l sthânaT(l slhâpayet / padmapu~pa ...
(4) P. 40, l. 20-21, lire ye na smaritâ vidyiidevatâ et rétablir la négation en tibétain
(lha gan ma dran pa yafl} d'après le passage parallèle qui suit quelques lignes plus bas.
(5) Tib.: « au Sud,.
(6) Skt., p. 40, l. 6-7. infra: Gandhamadanal), Upü.ri~taSceti; tib. : ri-spos kyi
dan ttad ldatt-ba la. Le skt. est plus clair.
(7) En skt. seulement.
(8) En tibétain : « de très belle forme ,.
(9) Les cinq divinités sont toutes féminines en tibétain.
(10) Skt., p. 41, l. 1 : yalhâve§acihnasthiinâsana ... ; tib.: éha byed Ji-lla-ba bfin-du
bgegs kyi gdan la gnas-pa, ce qui supposerait un original ovighnaslhânâsana.
(11) Skt. p. 41, l. 2: yalhâsmaraQâ; tib.: Ji llar çes-pa bfin bri bar bya'o.
110 M~J;)ALA DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

1'ubhayavajra 1 • Après l'avoir dessinée, qu'on dise à ceux des


Vidyagai;,a qui n'ont pas été évoqués en ce lieu :• « Installez-vous
en ce lieu »3 •
Au-dessus de ceux-ci, on devra peindre les six Paramita• et la
Bhagavati Mamaki, celles-ci étant ornées de tous les ornements
et dans leur aspect paisible• (prasannamürli).
Au-dessus• de celles-ci, les huit U 9i;,i9araja sont représentés,
tout enguirlandés de flammes, liant chacun la mudra qui lui est
propre, sous forme de grands rois Cakravartin, couleur d'or, les
sens apaisés (suprasannendriya), ornés de tous les ornements,
les yeux tournés vers le Tathagata, à savoir : U 9i;,i9acakravartin 7,

{ Abhyudgato 9i;,ïsa, Sitatapatro 9i;,i9a, Jayo 9i;,i9a, Kamalo 9i;,i9a


(padma'i gcug-lor), Vijayo 9i;,i9a, Tejorasi, Unnato 9i;,i9a '·
Tels sont les huit• U 9i;,ï9araja, peints à la gauche des Pratyeka-
buddha]J10. A la porte d'entrée (dvare, 'Jug pa'i phyogs kyi sgor)

l
'
,
on fait deux Bodhisattvan à droite [de l'entrée] 12 Lokatikranta-
gamin, portant une couronne de tresses (ja/amaku/adharin), dans
sa manifestation bénigne (saumyamürli, lus zi-ba), tenant un

(1) Sna-chogs rdo-rfe, en tibétain, correspond généralement à viSvauajraet non à


ubhayavajra (MVP 4310).
(2) Skt., p. 41, 1. 4, lire te 'Ira sthânena smaritâl) comme le 'tra sthtine na smarilâl);
cf. n. 4, p. 109.
{3) Tib, : gnas de dag kyat'l 'dir,· il faut donc peut-atre comprendre, plus .haut,
zur b:lir comme • dans les quatre coins ».
(4) Ceci est restitué du tibétain pha-rol-tu phgin-pa drug ,' en sanskrit, p. 41, I. 6
vedyiiramilii, est à lire §Dfpéiramitàl)ce qui explique le -t qui précède. Aux six Pliramitii.,
dâna, Sila, k~ânti, virya, dhyiina, prajllti, on ajoute généralement quatre autres, uptiga,
pra,.zidhtina, bala et flltina (MVP 913-923). Elles sont ici personnifiées.
(5) En tibétain : « de très belle forme,.
(6) Lire p. 41, 1. 7, l~Omapyupari$/d comme t~Omapyupari$!0d.
(7) Je suis ici le tibétain; le sanskrit a dédoublé ce nom pour obtenir les huit divi-
nités annoncées; Vijayo1;1IJ.I1;1a qui est restitué à partir du tibétain manque à la liste
du sanskrit.
(8) Sur les différentes listes de ce groupe, on peut se reporter au Hobogirin, s.v.
Buccho,p. 148-150. On trouve dans les Notesd proposd'uneamulettede Touen-houang
(op. cit.J, huit divinités inscrites dans les rayons du cercle intérieur de la figure - un
ma,.zçlala - et d'après les formules qui bordent ces rayons, on peut penser qu'il s'agit
d'un groupe de cinq U$,.ZÏ$artija: JayOl,iIJ.il,ia, Ui,;l).il,iacakravartin,Vijaya, TejoriiSi et
Sitatapatra, à qui sont joints Vajrap8.l).i,Vicakra et Viçliiral).a.
(9) Lire, skt., p. 41, l. 13, ele alal,l comme ete a$/a, d'après le tib. brgyad-po 'di dag ni.
(10) Skt., p. 41, 1. 13, pratyekabuddhtÏntÏTfl. uiimala(1 dlel,hya, tib. g-yon du bri-ba ni
rall-sans-rgyas rnams-so. Le passage entre crochets a été traduit par Przyluski dans
Les VidyOrOja, p. 313-314.
(11) Skt., p. 41, 1. 14, buddho bodhisalluo kOrya; faut-il comprendre mahObodhisaltua,
comme à la ligne 16 de la même page ? Le tibétain traduit par byaû-éhub-sems-dpa'
gllis.
(12) En skt. seulement, p. 41, l. 14, lire praueSataQ dak#r.zalo.

\
1
l
TRADUCTION CHAPITRE II 111
rosaire dans la main droite [qui répand les faveurs] 1, une jarre
à eau (kama,pJalu) dans la main gauche, tourné vers la porte, le
visage un peu courroucé. A gauche de la porte d'entrée, on peint
le Mahabodhisattva Ajitanjaya dans sa manifestation paisible
(prasannamurli), portant une couronne de tresses (N. 154 a),
tenant dans la main gauche un bâton (da,;uJ.a)et une jarre à eau,
et dans la main droite qui répand les faveurs ( varapradanakara)
un rosaire ; l'air un peu courroucé, il est tourné vers la porte.
Au-dessous du trône du lion (sirrihasana), on représente une
Roue de la Loi ( dharmacakra) toute enguirlandée de flammes ;
au-dessous de celle-ci, le Palais précieux (ratnavimana) (et)
installé là, le grand Bodhisattva Bhagavat Manjusri Kumarabhüta,
sous les traits d'un jeune prince (kumararüpin), le corps de couleur
jaune safran clair', dans son aspect paisible (prasannamürli),
l'allure gracieuse, le visage souriant, tenant dans la main gauche
un lotus bleu, dans la main droite un fruit de Myrobolan ( srïphala,
bil-ba) et [répandant les faveurs (varada)]3 orné de toutes les
parures d'un enfant<, embelli par la coiffure divisée en cinq mèches
(pancasïrakopasobhila)•, portant en guise de cordon sacré (yajiio-
pavila) un collier de perles, revêtu d'un vêtement de dessus en
soie (pa//amsukhollarïya)' et d'un vêtement de dessous en soie
(pa!/avaslra) (N. 154 b), tout à fait lumineux, entièrement enguir-
landé de flammes, assis sur un siège de lotus (padmasana) le regard
dirigé sur le Krodharaja Yamantaka, le visage tourné vers la
porte d'entrée du ma,pjala 1 , l'air aimable.
A droite de celui-ci, au-dessous du lotus (Skt. 42), on peindra
le Krodharaja Yamantaka sous une forme horrible, complètement
enguirlandé de flammes, prêt à recevoir un ordre et regardant
dans la direction du grand Bodhisattva 8 •
A gauche, au-dessous du lotus, on peindra cinq Bodhisattva

(!) En tib. seulement.


(2) Tib.: «le corps de couleur rose» (dmar skya).
(3) En skt. seulement.
(4) Skt. p. 41, 1. 24 saruabâlrilailkârabhû$ila; une expression synonyme se retrouve
dans une autre description de MafljuSri dans le MMK, ch. XXVII, p. 305, 1. 6 : bdla-
dârakâlal'lkârdlankrtam, traduite dans l'iconographie des Étoffes peintes, p. 62.
(5) On peut voir à ce propos l'iconographie des Étoffes peintes, p. 66-70 et
M. Edgerton, p. 231 et 316.
{6) D'après Foucher, Iconographie bouddhique de l'Inde, p. 71, l'ultariya est une
« sorte de chàle ou plutôt <l'écharpe légère» jeté sur les épaules et les bras (cf. fig. 12
à 19).
(7) Tib. : dkyil-'khor du 'fug-pa'i sgo la ml'lon-du phyogs-pa.
(8) 8kt. p. 42, 1. 3, supprimer sarvatal,l qui n'est pas traduit en tibétain.
112 MANQALADANS LE MAJIJUSRIMOLAKALPA

appartenant (à la classe des dieux) Suddhavasa ', sous forme de


devapulra: Sunirmala, Sudanta, Saip.suddha, Tamodghatana,
Samantavaloka 2 ; ils sont tous installés dans le palais (bhavana,
gial-med-khafz} des Suddhavasa, tout brillant comme la surface
d'une roche aux multiples joyaux flamboyants ; qu'on les repré-
sente tout à fait lumineux, couverts de fleurs variées, très beaux.
A l'extérieur, tout autour (du premier ma,;uJala) on fait un
carré pourvu de quatre iora,:ia, les quatre directions reliées par
des raies bien droites•, brillant grâce aux cinq couleurs (N. 155 a)
différentes (du tracé des lignes) : (c'est le) ma,:iq.ala intérieur
1·'' (abhyantarama,:iq.ala)4. A l'Est (purvayaT(I. disi) au-dessus du
Bhagavat Sakyamuni, on trace comme peinture centrale• Sanku-
sumitarajendra installé sur un siège de lotus (padmasana}, sous
la forme d'un Tathagata, de petite taille, complètement enguir-
landé de flammes, une main répandant les faveurs•, assis les
jambes croisées. A sa droite, on dessinera la mudra d'U ~I).i~aca-
kravartin ; on dessinera à gauche la mudra de Tejorasi. Au-dessus
de Tathagatalocana, on peindra la mudra de Prajîiaparamita; et
au-dessus de Bhagavat Arya Avalokitesvara, à droite de la mudra
de Prajîiaparamita, on fera le Bhagavat Amitabha sous la forme
d'un Tathagata, une main répandant les faveurs (varaprada-
nahasta, phyag-rgya méhog-sbyin-pa}, installé sur un siège de lotus
(padmasana}, complètement enguirlandé de flammes.
A sa droite, on fera les deux mudra du bol à aumône (patra) et
du vêtement de moine (cïvara). A la gauche' du Tathagata Bha-
gavat Sankusumitarajendra on peindra la mudra d'U g1i~atejorasi
complètement enguirlandée de flammes.
A sa gauche, qu'on représente le Tathagata Ratnaketu, assis

(1) Skt., p. 42, 1. 4, Suddhüviisaktiyikii!); dans la cosmologie bouddhique ce terme


générique s'applique aux cinq cieux, Avrha, Atapas, Sudréa, Sudaréana et Akani1?tha
qui font partie du quatrième Dhyana dans le Ropadh8.tu. Cf. infra, p. 116, n. 2.
(2) En skt., p. 42, l. 5, on a six Bodhisattva au lieu des cinq annoncés; il faut donc
supprimer $u4iinta qui est en trop.
(3) Skt., p. 42, l. 9, supraguparekhâvanaddham, tib. ri-mo gin-lu drat'l-ba dalt-ldan-pa.
(4) Ceci parait être en contradiction avec le résumé de tout le ma,;u/.alaqui commence
p. 45 et qui, à la ligne 51 nous apprend que l'abhyantaramaTJ.rfalaest celui où l'on a
peint le Buddha, AvalokiteSvara, Vajrap0.Q.iet autres divinités qui appartiennent à la
première enceinte i cependant peut-être s'agit-il là d'une zone moins importante que
la premi~re (comme en témoigne le petit nombre de divinités qui y sont représentées)
et assimilée à celle-ci.
(5) Ou encore : « au milieu de la ligne "; skt. p. 42, 1. 10, relchtibhil;madhye, tib.
ri-mo dbus-su.
(6) Skt., p. 42, l. 12, uaradapradiïnahastal;, tib. méhog-sbyingyi phyag-rgya dan-
ldan-pa.
(7) Skt., p. 42, l. 19-20, au lieu de uiï mata, lire viïmalo.
i:
1,

TRADUCTION CHAPITRE II 113


sur une montagne de joyaux, en train d'enseigner la Loi; on le
peindra répandant une lumière flamboyante émanée des rayons
brillants de toutes sortes (N. 155 b) de saphirs (nïlavaiq.ürya},
émeraudes et rubis.
Qu'on peigne à sa gauche la mudra de Jayog1i~a complètement
enguirlandée de flammes ; encore à gauche de celle-ci, on peindra
la mudra de la Roue de la Loi, entièrement illuminée ; à gauche
de celle-ci, on peint un bâton de mendiant (kakhara}', un vase à
eau (kama,:iq.alu}, un rosaire' (et) la mudra du beau siège (bhadra-
pï/ha). Qu'on peigne également, dans l'ordre, à l'entrée de la
porte, un _double vajra à trois pointes' tout à fait rayonnant;
et• on pemdra au-dessous du Bhagavat Maîijusri (skt. 43) la
!
grande mudra nommée Paîicasikha et la mudra Utpala : ces ,1
deux mudra brillantes seront combinées ; on les dessinera à la porte
,1
principale du ma,:iq.ala•; et les portes, on en fera l'entrée par '
derrière comme devant•. Tout autour, on crée un ma,:iq.ala (à)
l'extérieur (du précédent), brillant grâce aux cinq couleurs diffé-
rentes• (avec lesquelles il est dessiné), agréable à voir (N. 156 a),
embelli par quatre coins, ayant le dessin de quatre iora,:zadans les
quatre directions; on le dessine à l'extérieur du mandala interne
(abhyantara-ma,:zq.ala) à deux coudées seulement cié(celui-ci)'.
Dans la direction de l'Est, (on peint) le grand Brahma avec quatre
têtes, vêtu d'une robe blanche (suklavastra), 1'uttarasafzgha de
soie blanclie•, investi du cordon brahmanique blanc, de couleur
dorée, portant la tiare de tresses (ja/amaku/adharin}, tenant en
main le bâton et la jarre à eau.
A sa droite, on représentera un devapulra Âbhasvara •, couleur
d'or, sous la forme de (ceux qui sont) situés à l'intérieur de ce :1
\!
1

:1
(1) Skt., p. 42, 1. 26, lire lchalû1arakacomme kakhara d'après le tibétain 'khar gsil.
(2) Skt., p. 42, l. 26, supprimer le dernier lmmaTJ.rfalu du composé khakharakaka- j
ma1J.{ialumak~asülrakama1J.{ialul(L.
(3) Skt., p. 42i dernière ligne, vajrasUcyobhayalal); tib. rdo-r/erce gsum-pagftis.
(4) Je suis ici la traduction tibétaine dkyil-'lchor lcun nas sgo. Skt. (p. 43, l. 2-3)
samantamaT){ialtikiïramiilekhyam.
(5) Skt., p. 43, 1. 3 : dviïralal; paSctinmukhapraveSata{1 prdrimukhaScakt'iryal,Jf.
(6) Skt., p. 43, l. 4, il faut, semble-t-il, au lieu de paftcavarT)arar'LgojjualaT(L
uicilra-
ciïrudarSanaTflrétablir: uicitrapaftcauarT)arallgojjualaT(L ciirudarSanaT(Ld'après le passage
parallèle, p. 42, l. 8-9.
(7) Je suis ici le texte et la ponctuation du sanskrit. En tibétain, l'équivalent de
iilelchyamest reporté après la mention de l'image de Brahma, ce qui rend la traduction
difficile.
(8) Le chinois ajoute : « l'épaule droite découverte~.
(9) Cette classe de dieux est la troisième de celles qui composent le second Dhyana
du Ropadhiitu.
! 1

i.
1

. '
114 MAJ:!DALA DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

Dhyâna (dhyiiniintaragalamiirtli), vêtu d'une robe de soie, avec


un manteau (utlarïya) de soie, le visage serein (suprasannava-
dana)', portant une couronne de tresses, investi du cordon brahma-
nique blanc, assis les jambes croisées (paryanka) répandant les
faveurs (varada) avec la main droite.
Qu'on fasse à sa droite un devapulra Akani~tl,a 2 , orné de toutes
les parures, l'aspect paisible, l'esprit concentré sur le Dhyâna 3 ,
revêtu d'un vêtement de soie et d'un manteau de soie (pa//iim-
fmkhotlarïya), assis les jambes croisées, la main droite répandant
les faveurs (varada); on le représente avec un cordon brahmanique
blanc•.
A la suite (anupiirvafa/i) · on devra représenter des devapulra
dans l'ordre, en commençant par Santu~ita, Sunirmita, Paranir-
mita (N. 156 b), Suyâma et Sakra 5 , avec les mêmes vêtements
soigneusement faits•.
Au-dessous de Sakra, qu'on peigne parmi les Caturmaharâja-
kâyika, les Sadâmatta, les Mâladharin, les Karotapâl).i et les
Vil).âdvitïyaka 7 ; et les devapulra terrestres 8 (bhauma/i) doivent

(I) Tib.: «le visage brillant».


(2) Dernière classe des dieux qui, au nombre de cinq ou de six forment le Suddhii \
vasaküyika dans le quatrième Dhyfina du ROpadhatu.
(3) Skt., p. 43, l. 13 : dhgiinagalacelas ,· tib. : a avec les ornements (propres) à la
forme du Dhyâna » (bsam-glan gyi rnam-pa'i èha-byad éan).
(4) Skt., p. 43, 1. 13-15, dans la phrase : pafliiT(LSUkolltiriyaQ I tasya dak§i1J.ala{1
paryal'lkopavi§fa!) daTt§i,;zahastena varadati Svetayajftopavita{1 Il , supprimer tasga
dalqii-r;ialal) d'après le tibétain.
(5) Le tibétain donne la liste suivante: dga'-ldan (Tueita), 'phrul-dga' (NirmO.r.i.arati),
gian 'phrul dban-byed (ParanirmitavaSavartin), 'lhab-bral (YB.ma),brgya-byin (Salera).
Or on sait que Santu$ita est le chef des dieux Tueita, Sunirmita celui des Nirm3.Q.arati,
i
Paranirmita celui des ParanirmitavaSavartin et Suyâma, le chef des Yama ; sanskrit
et tibétain se superposent donc exactement, l'un donnant les noms des- chefs des
dieux, l'autre énumérant les classes de dieux à la tête de qui ils sont placés. Salera,
commun aux deux listes, est, en tant qu'Indra, le roi des Trayastrirp.6a; et comme à la
ligne suivante on se trouve en présence des Maharajakayika, on a donc ici une énumé-
ration des six cieux qui composent le Kü.madhütu. A ces six classes de dieux tradition-
:1 nelles, la MVP en ajoute deux autres : les Bhaumâ et les Antarikeavasin. Sur les dieux
•.1 du Kâmadhütu on peut lire le passage du Saddharmasmrlyupaslhüna qui les concerne,
passage analysé par Lin-Li-kouang dans !'Aide-Mémoire de la Vraie Loi, p. 29-37,
où les références ont été réunies; voir aussi l'article deva de M. Edgerton.
(6) Skt., p. 43, l. 17: yathave~asaTflskrtiiti If
(7) Dans son analyse du sixième chapitre du Saddharmasmrtyupaslhilna consacré
! (8)
(Suile de la n.ole 7, poge suivante).
On pourrait comprendre ici bhaum0Sca devapulrü(l comme une épithète générale
1
appliquée aux dieux du K8.madh8.tu ; cependant nous avons vu que la MVP ajoute,
1
aux six catégories de dieux qui peuplent ce domaine, deux autres séries, celle des
1 Bhauma et des Antarik$8Vâsin (MVP 3076 et 3077); on pourrait donc aussi penser
' que notre texte ajoute les Bhauma aux quatre groupes de divinités qu'il vient d'énu-
mérer.

le
1
1
\
\

,.
1

f
' TRADUCTION CHAPITRE II 115
1
: 1

i
!

être peints dans l'ordre avec les mêmes vêtements. [Aussi bien à
(Suite de la note 7 de la page précJdente), 11'
aux quatre Maharaja, Lin Li-kouang écrit (Aide-mémoire de la vraie Loi 1 p. 29) : « Le 1

début du vie chapitre, consacré aux Catur-mahîirâja, dénote, lui aussi, la tendance
à créer un système original. Les Quatre Rois célestes (Catur-mah8.r8.ja) n'y sont point
définis comme les gardiens des quatr"e points cardinaux, tels qu'on les connaît par les
Âgama chinois et les Nilciiya palis, les textes sanskrits, les traductions chinoises
d'Abhidharma, etc., à savoir: l} VaiSraval)a (ou Dhanada) au Nord; 2) Dhrtaraetra
à l'Est i 3) VirO.çlhaleaau Sud et 4) Virl1pâk$a à l'Ouest. Ce que le SUS appelle Catur-
mahârüja (Sseu-ta-wang ), ce sont trois catégories de divinités qui, dans la littérature
bouddhique en général, sont subordonnées aux Catur-maharaja proprement dits,
à savoir: 1. M3.lâ-dhâra, 2. Karotapada et 3. Sada-matta, plus une quatrième dénommée
San-k'ong-heou, « Trois luths», qui n'est attestée, que je sache, dans aucune autre
source». n s'agit certainement là des divinités dont M. Edgerton dit, p. 505 : «Vil)aka,
MMK, 232. 10 (vs); Vil)atrtiyalrn, MMK, 19. 23 (prose); Vi1,1.advitiyaka,MMI<,43. 19
(prose); all. nom. pl. m.; names or epithets of a class of minor godlings; presumably
the same class, since the accompanying items in the lists where these are found are
very similar (See s.v. karofa-pU1,1i); presumably all mean something like lule-bearers '
1
(cf. gandharvas ?) but I have no further information; especially ~trtiyaka is puzzling. , i
Sous le mot !tarofa-pii1,1i (variante fréquente de karota-pada) M. Edgerton ne semble
!
pas non plus faire le lien avec les Catur-maharaja, bien que dans chacun des passages
qu'il cite les ViQ.advitiyaka ou otrtiyalea soient associés ou inclus dans les Caturmaharâ-
jak§.yika. Il en est question pour la première fois dans le MMK dans le premier chapitre,
au milieu d'une description détaillée des dieux qui composent la Grande Assemblée de
Sakyamuni, véritable catalogue de la mythologie et de la cosmologie bouddhique,
p. 19, 1. 9-13 : u evam Brahmii Sahampali Mahiibrahmü. Âbhiisvara!J. PrabhOsvaralJ.
Suddhiibha!J. Pu1,1yiibha{1AJJaha Alapii/J. ATcani~!hii Sukani$/hii LoTcani{!fha ATdflcanya.
Naivakincanyii ÀküSOnantya NaivulcUSiinantya SudrSü SudarSanü Sunirmitü Paranir-
mila Suddhiiviisa TU$itii Yiima trdaSa Cii{urmaharajilcü Sadümalla Miiladhiirü I(arofa~
püQayalJ. Vi,;zatrtîyakü!J.... Dans le passage qui nous occupe, la liste est la même à
l'exception des Vi1,1iiqui sont dvitiyaka; le tibétain l'a traduite ainsi: rgyal-po éhen-po
i bii'i ris la rlag-tu myos dan / phren thogs dari f lag na glon lhogs dari f pi-van gnis-pa
dari /. Les trois premières catégories se trouvent à la suite des quatre gardiens des
i
orients dans la MVP 3150-3152. Dans le chapitre 22/20 qui termine le premier volume
du MMK, Sakyamuni demande à MafijuSri de lui exposer l'ensemble des noms et
caractéristiques de tous les êtres i au milieu d'un passage versifié, p. 232, on lit :
devayonisamavigfü. bahusaltvaganiis lathii /
karoJapU1,1ayodevii sadiimatliiSca vî,;zaküfJ.//
calvaro 'pi mahiirrl.ja caturyonisamrl.Sritrl. /
Les u Porteurs de guirlandes » ne figurent plus dans la liste, mais les trois autres
catégories sont associées, là encore, aux quatre Mahârâja. Dans la description géo- i.

graphique du Saddharmasmrtyupaslhüna, le nom des dieux Sadamatta ou Sadamada 1

est traduit par rlag-lu rgyags-pa, équivalent du rtag-lu myos-pa de la MVP et du MMK
(cf. Sylvain Lévi, Pour l'Hisloire du Râmiiya1,1a,p. 55, n. 4). Le nom des Karota-pâl)i
est rendu par yol-go thogs-pa, u porteur de coupe», dans le même texte (p. 23 et 91-92);
ils demeurent sur un des pics du Sumeru en compagnie des bi-ban (lire pi-van) gsum
pa éan que Sylvain Lévi verrait plutôt comme un terme se rapportant aux Sadamatta
(p. 25, 44 et 93). Mais on a vu plus haut qu'ils forment une quatrième classe de dieux
rattachés aux quatre Mahârüja dans le SaddharmasmrtyupastMna, comme dans le
MMK. Peut-être s'agit-il d'une catégorie de divinités, les ViQ.âou ViQ.aka,subdivisés
en vï,:zii dvitïyaka 1 vî1,1âtrlîyaka.
116 M~QALA DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

l'Ouest qu'au Nord, on les peindra sur deux rangées, l'une derrière
l'autre] 1.
[Qu'on peigne ainsi au Sud les devaputra à commencer par
Avrha, Anaya, Sudrsa, Sudarsana, Parïttâbha et Pm:,yaprasava,
avec mêmes emplacements et vêtements ]2.
A l'extérieur du second ma,;uJ.alaapparait un troisième. On (y)
peindra dans les quatre directions les quatre Mahârâja 3 successi-
vement : au Nord, à droite de l'entrée', (on représente) Dhanada 5
installé près d'un trésor, orné de tous les ornements, portant un
diadème (kirï/a, gcug-phud), un peu incliné, ayant la forme d'un
Yak~a ; à sa droite, on peindra les deux chefs de Yak~a Mai;,i-
bhadra et Pür:r;tabhadra•.
On peint ainsi successivement Hârïtï, la grande Yak~i:r;tï(skt. 44) ;
[le lmmara Priyailka se tenant sur le côté, scrutant attentivement
le ma,;uJala; (puis) on peindra Paficika, Pin gala et Bhï~a:r;,a.
Et à côté d'eux, on peindra les mudra de ces Yak~a]'.
Ensuite, qu'on peigne, dans l'ordre, à l'Ouest, Varu:r;ta(N. 157a),

(1) En tib. seulement.


(2) En skt. seulement. Cette liste est peu cohérente : les dieux Avrha font partie
du quatrième Dhyëna du Rüpadhiitu ainsi que les Atapa (et non Anaya), les SudrSa
et les SudarSana; cependant les Parittiibha occupent le second _Dhyàna du Rüpadhatu
et les Pm;i.yaprasava, dans la tradition des Sarvastivâdin, viennent en tête avec les
Anabhraka dans le quatrième étage du même domaine. Cf. L'Inde classique, t. 2,
parag. 2261 et G. Tucci, Il Buddhismo, Foligno, 1926, tableau I.
(3) Les quatre Lokapala comprennent, dans le brahmanisme, Yama au Sud, Indra
à l'Est, Varui;i.a à l'Ouest et Kubera au Nord; à partir des Purai;i.a, ils sont huit,
quatre gardiens des directions intermédiaires s'étant joints aux quatre précédents :
Soma au Nord-Est, Vâyu au Nord-Ouest, Agni au Sud-Est, Sorya au Sud-Ouest.
Nous avons vu plus haut les quatre gardiens des orients bouddhiques; ici, nous avons
la liste brahmanique, mais l'Est n'est pas représenté et c'est Agni, au Sud-Est, qui
parait le remplacer dans ce passage probablement tronqué; ·voir L'Inde classique,
t. I, parag. 1012 et t. 2, parag. 2269 ; Yung-ho-/cung; p. 38-50, et pour les changements
dans l'attribution des orients, Hopkins, Epic Mythology, p. 152 et n. I.
(4) Chin. : « la porte du ma,:,{lala est au Nord ,,
{5) Un des noms de Kubera.
(6) Au duel en skt., p. 43, dernière ligne. Ils font partie tous deux des huit Maitres
de Chevaux (rta-bdag) qui entourent certaines représentations de Vaiéraval)a et dÔnt
la liste est donnée par M. Tucci dans les Tibetan Painted Scrolls, p. 576 i on y trouve
Jambhala à l'Est, Pür.1;mbhadra au Sud, Mal)ibhadra à l'Ouest, Kubera au Nord,
Safi.Jaya au Sud-Est, Atavaka au Sud-Ouest, Pai'icika au Nord-Est, -Mrdukui;i.(,lalin
1 ' au Nord-Ouest. Cette liste ne recouvre pas celle des huit frères de VaiSraval).a donnée
dans Taisho 17961, par exemple, ouvrage cité dans le Hobogirin s. v. bishamon, p. 80 (b),
mais Mai;iibhadra et Pürl).abhadra y sont inclus, en tête de liste. Certes, il ne s'agit pas
1. ici d'une représentation du même type, et c'est Kubera et non Vaiéraval).a qui apparait
J.
'.-'
dans ce passage. Mais oµ connaît l'identité de Kubera et de VaiSraval).a: le choix des
deux yaltga n'est donc pas fortuit.
(7) Le passage entre crochets manque au tibétain. La suite de Kubera forme ici
TRADUCTION CHAPITRE II 117
tenant le lacet en main, et les huit grands Nâgariija, à commencer
par Nanda et Upananda, Tak~aka, Viisuki 1 •
_Puis qu'o~ peigne l'un après l'autre, sur deux rangs, des Yak~a,
Rak~asa, Kmnara, Mahoraga, 1;1,~i, Siddha, Preta, Pisiica, Garuçla •,
Manu~ya et Amanu~ya 3 , et ainsi de suite, et toutes sortes de
plantes médici~ales (ofadhi), des pierres précieuses, des montagnes,
fleuves et contments ; tous ces éléments importants doivent être
représentés dans l'ordre.
Dans la .direction du Sud, on peindra Yama, avec les Sept Mères
com~e smte•. Au Sud-Est, (on représentera) Agni complètement
engmrlandé de flammes, tenant en main le bâton, la jarre à eau
et le rosaire, portant la tiare de tresses, vêtu de blanc, avec l'ulla-
rasanga de soie, investi du cordon sacré blanc (svelayajiiopavïla),
couleur d'or, (portant au front) la triple marque faite avec de la
cendre•.

un ensemble homogène. Chacun des quatre Lokapala règne traditionnellement sur une
pente du Mont Meru, à la tête de vingt•huit ou trente-deux généraux, d'éléments
astrologiques et de démons (cf. Lessing, Yung-ho-kung, p. 50-51). Kubera règne sur
les Yaki;;a, et Pai'icika, un de ses vingt-huit généraux, est le père des cinq cents ms
de Hàriti dont le plus jeune se nomme Priyal'l.kara. Pin.gala et Bhif;!aJJ.asont deux
Yaki;;a. Sur Hâriti, on peut consulter le l(umtiratantra de RüvatJ.a de M. Filliozat,
p. 148-153 et la note de la page 148 où toutes les références ont été réunies, ainsi que
les Notes de mythologie bouddhique, J, de J. Przyluski et M. Lalon, dans HJAS, vol. 4 1
1939, p. 72 et suiv.
(1) Les listes des huit Nâgaraja varient entre elles. L'introduction du MMK, p. 18,
I. 9-13, fournit une liste de trente-trois grands rois des Nâga, en tête desquels se trouvent
Na!ida, Upananda, Kambala, Upakambala, Vâsuki, Ananta, Takf;laka et Padma ;
en tête de quntre-vingt•deux Nügar8.ja, la MVP donne les huit suivants (3226·3306) :
Sal'Jkhapüla, Karlcotaka, Kulika, Padma, Mahâpadma, Vasuki, Ananta, Taki;mka.
Les autres listes sont indi.quées par M110 Lalou dans Le culte des Niiga et la thérapeutique,
p. 6-7, et p. 6, n. 3. Mentionnons également le Smasü.navidhi, texte édité et traduit par
L. Finot dans ses Manuscrits sanskrits de Sâdhana's, p. 62-66, dans lequel à chacun
des huit cimetières situés aux points cardinaux et dans les directions intermédiaires
sont associés un nâgaraja, un arbre et un dieu. On a ainsi Vasuki à l'Est, Takf?aka au
Nord, Karkota à l'Ouest, Padma au Sud; Mah5.padma au Nord-Est, Ananta au Sud-
Est, Ghorfindhakâra au Sud-Ouest, et Sal'llcha au Nord-Ouest. D'ailleurs l'attribution
des orients n'est pas fixe, car dans le texte traduit par Mlle Lalou dans Le culte des
Nâga ... , Taki;;aka est au Sud, Ananta à l'Est, San.khapfila au Sud-Ouest, etc. Dans le
Gcati-ma klu-'bum dlcar-po, cité par Nebesky-Wojkowitz (Oracles and Demons of Tibet,
p. 7 et 100), huit Nagarâja semblent être nommés : EkaSikha, DviSikha, TrîSikha etc.
jusqu'à A~taSikha; mais il n'est peut-être pas légitime de restituer en sanskrit les 'nom~
de ces klu tibétains.
(2) Skt., p. 44, l. 8, supprimer kinnara qui tait double emploi avec la mention de la
ligne précédente et qui n'est pas traduit en tibétain.
(3) Skt., p. 44, l. 8, lire 0 manu{lyiimanu{lyiïdyii au lieu de 0 manu{lyii manu§yiïdyâ.
(4) P. 44, 1. 10-11, déplacer le dal).(,laet ponctuer ainsi : daksil)iiyii,ri disi yama
iilekhyal; sapariviiral; miitariil; sapta / pûrvadalt{li,:,asyiï,ri diSi agni!J. Sur le groupe des
Sept Mères, voir infra, p. 118 n. 6.
(5) Skt., p. 44, 1. 13 : bhasmalripu,:,{lar'ikrta, comme le otripuQ{iikrta que nous avons
118 MA!jl)ALA DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

Ainsi on devra peindre, disposés sur deux rangs ( dvipankli


asrilêi ;im-pa gnis la brlen te}, toutes sortes d'ornements, d'armes,
de vêtements et de figures colorées'; au dehors de la porte d'entrée
dans Je mm;uJala', (on représente) Umapati (N. 157 b) monté sur
un taureau, le trident à la main, et la déesse Uma, couleur d'or,
ornée de toutes les parures, ainsi que Kartikeya assis sur un paon,
brandissant une lance à la main 3, sous la forme d'un kumêira,
ayant six têtes, le corps répandant une lueur rouge i il est vêt~
de jaune, l'ullarasanga jaune (également).' de la mam gauche il
tient une clochette (gha1J./êi}et (de la droite) un étendard rouge;
puis dans l'ordre, on représentera Bhpigiriti, très maigre4, Maha-
gaI);pati, Nandikesvara, Mahakala •, les Sept Mères• (matarêi/i

rencontré, p. 40, 1. 9, sous la forme lrimur;i.{li 0 , est une forme moyen-indienne du skt.
lripw:uJ.ra (cr. M. Edgerton, p. 258).
(1) Tib. : «multicolore». .
(2) Skt., p. 44, 1. 16 : sarvala{1 praviSato (pour praveSalo) bahirma,;1.t;iale,t1b. : thams-
éad kyi dkyil-'khor-du 'jug-pa'i sgo'i phyi-rol-du; je ne sais s'il faut comprendre u à la
porte d'entrée de tous les ma,:içlala •, u partout dans le ma,;ujala • ou « de part et d'autre
de l'entrée»; en tous cas, il s'agit de l'extérieur de cette enceinte.
(31 Tib. : mdun thogs-pa.
(4) Skt. p. 44 1. 19, atyantakrSâkQraQ; tib.: gin-lu rin-ba 'dra-ba.
(5) En ;kt. ce; trois noms sont au duel, p. 44, 1. 19, comme si MahâgaQ.apati n'était
qu'un adjectif se rapportant à NandikeSvara ; cependant, en tibétain, ?hacun des
noms est suivi de dan il s'agit donc bien de trois personnes. MahâgaQ.apati est un des
noms de GaneSa. Na~dikeSvara, traduit en tibétain par dga'-byed, qui rend Nandaka
(MVP 1042) ·et non dga'-yod qui correspond à Nandika (MVP 1043) apparait comme
un « attendant of Siva» dans le Harivarn$a (Monier-Williams). NandalteSvara, nom
de Krii;;,Q.a,serait peut-être meilleur. Mahâküla serait, dans l'Inde, une forme de
Jambhala-Kuvera (cf. Foucher, Iconographie bouddhique de l'Inde, p. 126-127 et
A. Getty, Gods of Norlhern Buddhism, p. 160-162). Il semble plut~t qu'on doive ~~
considérer comme une forme terrible du Siva brahmanique i on sait la fortune qu Il
a eue en tant que mgon-po dans le bouddhisme du Nord et en particulier au Tibet;
voir à ce propos, par exemple, Nebesky-Wojkowitz, Oracles and Demo?s, P: 38-67.
(6) Le groupe des Sept Mères (miilr}, divinités ambivalentes, b10nfa1s:i;t.~esou
ogresses, se distingue semble-t-il de celui des miitrlcii, ou grahi (cf: Le I{umaratantra
de Riivacza, p. 68-73) qui n'est pas bien fixé. Il comprend habituellement, selon
T. A. Gopinatha Rao, Elemenls of Flindu lconography, vol. I, part II~ p. 380 :
« Brahmàl).i, MâheSvari, Kaumfiri, Vail,11).avi, Vârâhï, IndrüQ.i et Camm;u;la». Cette
liste correspond, à quelques interversions près, à celle du MMK, p. 21, l. 13-14, où
Brahm8.Q.i,M3.heSvari, Vaii;;,Q.avi,Kaumari, Camul).çlâ,vara.hi et EndrI ~ont en tête
de 21 "mères, grandes mères qui parcourent le monde•. Elles sont, ~1t Rao, ~ les
contre-parties féminines des dieux Brahmë, MaheSvara, Kumâra, V1f;1I).U, Varaha,
Indra et Yama et sont armées des mêmes armes, portent les mêmes ornements, montent
les mêmes viihana et tiennent les mêmes bannières que leurs correspondants divins
mâles,. M. Renou 1 moins affirmatif, indique, dans L'Inde classique, parag. 1068,
1, que u le~ noms, très flottants, varient sel.onle rôle et l'âge, comme varie aussi _l'appa:-
tenance de telle Sakti à telle divinité mâle». Au Tibet, les Ma-mo (terme qm traduit
aussi bien miitr que miitrkii) qui font partie de la suite de Yama sont au nombre de

1:
TRADUCTION CHAPITRE II 119
sapl_a}, ayant ornements, armes, couleurs et emplacement
h~b1tuels. On représentera aussi les huit Vasu 1, les sept ~~i •,
V1gm tenant dans ses quatre mains la roue (cakra}, la conque
la massue et l'épée, avec Garuç!a pour siège•, orné de tous Je~
o_rnements; (puis) les huit planètes ( graha) les vingt-sept constella-
tions ( nak~alra) et les [dieux des]' huit planètes mineures ( upa-
graha) s~ me?vent (caranli) sur Je sol du malJ.efala,les quinze jours
de la qumzame claire et de la quinzaine sombre les douze man-
sions! les six saisons•, les douze mois, l'année; qu'on représente
(aussi) les quatre Sœurs (calurbhaginya/i) montées sur un bateau
avec leur frère ce qui fait cinq, habitant sur l'eau (sali/a)•. E~

douze, sans parler d'autres groupes comme celui des huit Ma-mo affectées aux huit
direction_s.de l'esp_ace (cf. Nebesky-Wojkowitz, Oracles and Demons, p. 269-273).
Yama a 1c1p~u~ smte le groupe des sept et non des douze mères et il semble bien que
le passage soit mcomplet ou corrompu, car cette deuxième mention des Sept Mères,
si. elle .re~rend _la court? description de la suite de Yama, serait à replacer avant celle
d Agm. Smon 11faudrait peut-être corriger la première mention qui en est faite, en les
c~mptant ~om_medouze et non comme sept. Elles suivent, la seconde fois, une descrip-
tion de Karttikeyn. Il n'est peut-être pas sans intérêt de remarquer que Karttikeya
et. les Sept Mères ont fait :ortune chez les Calukya de Vâtâpi comme divinités protec-
!rices. (cf. La Vallée Poussm, Dynasties et Histoire de l'Inde depuis Kanishka jusqu'aux
muasions musulmanes, p. 196). M. A. Wayman a récemment publié un article consacré
à Yama, Sludies in Yama and Miira, dans Indo-Iranian Journal 1 vol. III I 1959
p. 44-73. ' ' '

{l) Les Vasu sont, on le sait, des divinités d'origine védique qui dans les Brâhmana
avec onze Rudra, douze A.ditya et deux divinités indécises consiituent les « Trenie:
trois.» qui ont Indra pour chef. Ils personnifient des phénomènes naturels; cf. L'Inde
classique, parag. 676 et Monier-Williams, s.v.
(2) Cf. Monier-Williams, s.v. et L'Inde classique, t. I, parag. 1091-1094.
(3) Skt., p; 44, I. 21, garmj.iisanal).; tib. : gdan namkha'-ldiri.
(4) En skt. seulement.
(5) Le système des six saisons comprend cisira, le dégel, uasanta, le printemps,
gri$ma, l'été, var$a, la saison des pluies, Sarad, la moisson, hemanta, l'hiver. Ce n'est
pas le ~eul s~s.tème de division de l'année. Voir, par exemple, I-tsing, A record of the
Buddhzsl relLgzon, trad. J. Takakusu, p. 219 et L'Inde classique, t. I, parag. 767 et
t. 2, Appendice 3 b, p. 722-724.
(6) Skt., p. 44, I. 25: caturbhaginya(L niiviibhirü<jhiil). bhratrpaflcamii~z salilaviisinaSca
iti; les traducteurs tibétains ont compris srin-mo bii gru la ion-pa dan f mir't-po lr'ta
gru la ion iili é~1u~a gnas-pa sle, comme s'il y avait quatre sœurs et cinq frères, suivis
en cela par le chmo1s: u quatre sœurs se trouvent dans un bateau et cinq frères naviguent
sur l'eau». C'est pourtant une erreur, qui n'est d'ailleurs pas sans intérêt, car on
connait au Tibet les groupes de divinités dits drères et sœurs » (min-srin). Les trois
miri-po et les quatre srin-mo à qui sont consacrés des ma,:i<jala dans le Sriparamadya-
lanlra (T. 487, fol.15a, 15b, et 18b, cité par M. Tucci dans Indo-Tibelica, IV, 11 parag. 34)
e~ so~t un exemplei comme aussi le cycle des Mon-bu pulra ou Pulra min srin (lndo-
Ttbellca, t. III, Ili p. 68, n. 1 et t. IV, I, p. 122-132). Mais il ne s'agit pas ici d'un
groupe de cette sorte, on peut en être d'autant plus certain qu'au début du chapitre II
même, les quatre sœurs et leur frère sont nommés, avec leurs mantra, et que dans le
5
1/
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MA!1\)ALA DANS LE MA!UUSRIMOLAKALPA


120
1 (N 158 a) après avoir placé ces divinités dans des mudrii',
résum é ' l'une après I,autre sur d eux rangs, [! e ma tt r e
t I air · disposées
fui-:ê'::e ira au dehors faire la pradak$Î,:Zaautour du n;ia?~ala]';
en résumé, pour Je troisième ma,:z<Jala (ma,:z<Jalalrayepi) _mclu
d Je mandala triple on tracera un carré; [et ces (encemtes)
s::O~t clisti~~tes (l'une'de l'autre) clans le ma,:z<Jala triple]•. Bref,

t 2 du MMK trois chapitres leur sont consacrési tes chapitre~ 47/45, 48/46 et 49/!7,
·ui ne sont pas traduits en tibétain. Leur groupe est ai;:melécelm des_De':'~'d~s K~~arI,
des Kanyalcfi ou des Bhiiginl. Elles sont nommées (o. 31-32) Jaya, V1Jaya, AJ1ta et
Aparâjitâ. « Celles qu'on connait comme les quatre sœurs ,, dit le texte, p. 32, 1. 6-10,
• suivantes du Bodhisattva, voyagent sur le grand océan; leur frère, appelé Tumb~ru,
navigue avec elles, monté sur un bateau». Au chapitre 47, p, 516, elles son~ déc:1tes
nt de l'eau de la lumière, de la terre, le cmqmème
commeayan t l an ature du Ve , ' . . d z
(c'est-à-dire Tumburu) étant de la nature de l'air. A~ cha?1t~e smvant, les ma,;i. a a
de chacune des déesses et celui de Tumburu sont décrits, ainsi que. les mantra propres
à chacun. Je me propose de traduire les chapitres 47 à 49 pour mieux com_?rendre le
sens de ce groupe de divinités, peu fréquent puisque M. Edgerton ~s.v.kumarl, p. 187)
ne l'a pas rencontré ailleurs que dans le MMK. Mue Lalou me s1~n.alecependant le
assage suivant du Vajrapii1,1i-abhi{leka-mahâtantra, KanJu:,, é~1hon rouge,. XII,
~7b l. 8 : mnon phyogs ni rdo-rfe'i phyag-rgya dan béas-pa brz o Il og logs su m r?ya-
mcho dari rgya-mcho'i •gram na sriti-mo bti rari gi phyag-rgy~ dari béas-pa. bri-bar
bya ste Ide la tum-buru'i phyag-rgya ni dbyug-to'o Il rgyal-"}-a m ph~ag-rg~a m mdu~:
thufl rce gsum'-pa'o If rnam-par-rgyal-ma'i phyag-rgya m pad-~a o Il m:-pha~-.ma L
1
phyag-rgya ni 'khor-lo ,0 If gtan-gyis mi thub ma'i phyag rgya m rdo rje o fi srin mo
bti-'i lho phyogs su ni smin-drug bu 'khor dari béas pa ... « Devant (le ma1,1(,iala)on
peindra le sceau du vajra; en dessous, on peindra l'océan et ~es quatre Sœurs, sur la
!age de l'océan chacune avec sa mudrli; à savoir : la mudra de Tumburu, c est u~
~àton · la mudra'de Jayâ est un trident; la mudrâ de Vijaya est un lotus rose; la mudra
d'AjitÜ est un cakra; la mudrâ d'Aparii.jitâ est un vajra. Au Sud des quatre Sœurs,
K8.rttikeyn et sa suite ... n On remarquera que dans ce passage le gro~pe des quatr~
sriti-mo inclut Tumburu, puisqu'il est nommé en t~te .de .l'énumération des mudra
mais sans être mentionné dans le nom du groupe. Ils agit bien, en tous cas, du même
oupe de divinités, associé ici aussi avec l'océan. Les noms des quatre sœur~ s~nt
fonnés en tibétain, ce qui est précieux puisque leurs nom~ paraît en transcr1pt10.n
dans le chapitre Il, en dehors de celui de Rgyal-byed-ma q?1, selon Das, ~- v. t~admt
Ajitii., alors que le VajrapâQi-abhi$eka traduit ce nom par Mi-pham-ma. Voir aussi dans
. T. IV, I, p. 261, une liste de quatre sriti-mo. Une. étude de ce ~ou~e,. pou~ être
1
complète, gagnerait à tenir'compte de Kriya Tantra qm, comme le Va;rapm;u-abht§eka,
sont apparentés au Vidyii.dharapitaka. ,. .
(1) Les quelques lignes qui suivent sont assez difficiles car, comme 1~texte l md1que
à deux reprises, c'est un résumé de toute la description du ma~(iala qm ;a être donné,
résumé qui ajoute parfois des détails et parfois omet des parties ~ssenbelles.
(2) L'expression mudriisu vyavaslhlipyli (skt., p. 44, l. 26) revient p. 45, !· 4, 10,
16, 22 et p. 46, l. 2. Elle correspond ici au tibétain phyag-rgyar g~as-par-bya o. Dans
ce passage, le mot mudrti n'a pas le sens de u geste rituel de la main n que nous avons
rencontré plus haut, mais celui de u marque, sceau'·
(3) En tibétain seulement. . _ _
i
,, ( ) Skt., p. 44, avant-dernière ligne, lire ma,;içtalalraye'pi tr(ltya)ma,;i(lalaSraya{i au
4
lieu de mandalatraye pilrmandaltiSrayal). .
(5) En ~;nskrit seuleme~i. n faut sans doute comprendre, sous la phraséologie

I'
.:
TRADUCTION CHAPITRE II 121
il est indispensable de peindre (avasyamabhilekhyal},) (skt. 45)
Je Buddha Bhagavat, maltre 1 de tous les êtres ; dans le clan du
Lotus (abjakula, padma'i rigs) il est indispensable de peindre,
à droite, l'Àrya Avalokitesvara; à gauche, dans le clan du Vajra
(vajralcula), il est aussi indispensable de peindre Vajrapâi;,i;
il -est encore indispensable de peindre Je chef' des Bodhisattva ,
l'Arya Samantabhadra ; il est essentiel de peindre Mafijusri Kumâ-
rabhüta. Ceux qui ·,-estent• seront peints, selon les conditions
respectives dans des mudra•; ceci, c'est le ma,:z<Jala
interne ( abhyan-
lara, nan); dans le ma,:z<Jala médian (madhyama,:z<Jala dl,yil-'khor
bar-ma), on .Peindra ?blig~toirement Brahmâ Sahâmpati•; ainsi,
on devra pemdre obhgato1rement les devaputra Àbhâsvara et les
cleva Akani~tl.ia du côté Sud; on représentera l'assemblée des dieux
Arüpin ; on ne fera pas les deva peu visibles que sont les Naiva-
samjfiânâsaip.jfiâyatana•; du côté Nord, (on peindra) le devaraja

inutilement compliquée, que le map{iala triple dont il est question se compose de trois
carrés concentriques. Les représentations de ce type de maQçiala abondent et je ne
crois pas que le rédacteur ait voulu dire autre chose ici.
(1) Skt., p. 45, l. 2, agra; tib., mgon-po.
{2) Skt., p. 45, I. l, agra; tib., gco-bo.
(3) Tib. : lhag-ma rnams; skt. : sai§ti (p. 45, l. 4) ; lire Se§ti~partout où la formule
revient.
(4) Skt., p. 45, 1. 4 : sai§ti mudrtisu yalhtivyavaslhiiytimabhilekhytil), tib. lhag-ma
rnams ni Ji-Uar rnam-par btag-pa btin phyag-rgya bri•bar-bya'o //.
(5) Przyluski explique ce mot, dans Brahma Sahampali, J. A., juillet-sept. 1924,
p. 155-163, par le sanskrit sabhâpali « maître de l'assemblée (des dieux) li; et c'est en
effet bien sous ce nom et en tête d'une énumération des dieux des trois dhâtu qu'il
apparaît dans le premier chapitre du MMK, p. 19, I. 9; néanmoins M. Edgerton qui,
p. 588, donne les variantes du mot et de nombreuses références, considère sabhtipali
(par ex. Mahâparinirviir,zasülra, 31, 76) comme une rationalisation de sahtipali, « Lord
of the sah8. (or saha) lokadhii.tu n,
(6) Le skt., p. 45, I. 6 est corrompu : evamtibhtisvaro dak§iQtiytim diSi, akani§/ha
arüpinaSca devâ ma,;i(ialtikiirâ avyakltil) naivasarp.j;'ilinâsa111jllâyalanâ devli~; la version
du TMK (fol. 40, l. 8) semble la plus satisfaisante : de-bzin-du 'od-gsal-ba ni phyogs-
su'o Il 'og-min gyi gzugs éan rnams lha'i dkyil-'khor gyi rnam-par ro // 'du-,es med 'du-,es
med min gyi skyed mched mi gsal-ba'i lha-rnams ni ma-yin•no /1. Les trois versions
tibétaines du MMK donnent oskye méhed kyi bar ni brJod par mi bya'o, ce qui n'est
pas clair; avyalda du skt. ne correspond qu'au TMK mi-gsal-ba. Au cours de la descrip-
tion principale du map{iala, les devapulra .Abhiisvâra, appartenant au second Dhyii.na
du ROpadhfitu, et les Akanii;;tha, dernière série des dieux du quatrième Dhyâna du
même Rüpadhfitu, ont été mentionnés. En revanche, les Arnpin, ou dieux de l'Arüpa·
dhâtu qui comprend quatre classes de deva dont les u dieux qui ont atteint l'état
qui n'est ni conscience ni inconscience li ou, d'après la traduction de M. Mus (Barabuçtur,
p. 528, n. 2), les dieux du • monde où il n'y a ni intelligibles .. ni absence d'intelligibles».
(naivasarp.jflâniisa'f{ljllâyatana), n'ont pas été cités dans le texte. Il semble que le
«résumé», en tibétain et dans le TMK, ajoute les Arnpin à la description principale,.
en exceptant les naivasa'f{ljfltiniisa'f{ljfltiyalana. Avyakla, mi~gsal-ba, u peu visible ll 1 doit
122 MAijl,)ALA DANS LE '111.ANJUSRIM'OLAKALPA

Sakra, et les devapulra à commencer par Suyama (écrit Sayama),


Santu~ita, Sunirmita, Paranirmita, Parittabha 1 ; ceux qui
restent (lhag-ma rnams, sai$ii} seront disposés dans des mudrii.
2

De même, dans le troisième ma1pjala, il est nécessaire de repré-


senter au Nord, !sana, le maitre des créatures (bhilladhipali} avec
la grande Uma (mahomii}. Auprès de la seconde porte, Karttikeya ',

peut-être être compris comme un synonyme de arüpin ou comme une épithète désignant
les dieux de l'Arüpadhâtu.
(1) Cf. supra, p. 114, n. 5. Parittabha, à l'encontre des noms qui précèdent, est celui
d'une classe de dieux et non d'un dieu.
(2) Cf. supra p. 121, n 3.
(3) On se rappelle la description de Kârttikeya qui précède, dans le corps même
de la narration, skt., p. 44, l. 16-18; elle suit, comme ici, la mention d'Umapati et
d'Umü : « Karttikeya, assis sur un paon, brandissant une lance à la main, sous la
forme d'un lmmâra, avec six têtes, le corps rouge; vêtu de jaune, l'ullarasatiga jaune
également, de la main gauche il tient une clochette (ghaQfii} (de la droite) une bannière
rouge (raktapatiika) n. Cf. Vi§t;iUdharmotlara, cité par Banerjea, Hindu lconography,
p. 364, qui donne une description de Kiirttikeya très proche de celle-ci. Comme on
le voit, si cette rédaction n'est pas exactement la même qu'ici du moins tous les éléments
des deux descriptions sont-ils communs. Or nous avons affaire, la seconde fois, dans
le« résumé•, non plus à Kiirttikeya tout court mais, en sanskrit p. 45, 1. 12, à« Kiirtti-
keyamailjuSrI ,. Étant donné que les deux divinités sont décrites d'une façon identique
dans les deux passages, il parait possible d'admettre qu'il s'agit du même dieu et que
l'un des deux passages fait erreur sur le nom à lui attribuer. Reportons-nous au
tibétain : pour la première mention de Kiirttikeya, il donne bien l'équivalent smin-
drug-gi-bu. Quant à la seconde, que nous avons au complet grâce à l'édition de Lhasa :
'fam-dpal gyi sgo gnis-pa'i sgo'i druti-du ni smin-drug-gi-bu rma-bya'i glan yod-pa .•. ,
jelacomprendsainsi: «près de la porte du second (maQ{iala), porte de Maii.juSri,il y a
Karttikeya, assis sur un paon», etc. Le TMK rend d'ailleurs les choses encore plus claires
en indiquant, f. 43, I. 2 : o:au voisinage de la seconde porte (sgo giiis-pa'i ile-logs-su),
il y a le Kumiira Kiirttikeya (glon-nu smin-drug-gi-bu), etc.•. On serait donc tenté de
substituer pour ce passage et grâce au tibétain le seul nom de Kiirttikeya au sanskrit
K8rttikeyamaii.juSrI. Cependant, ce n'est pas ln seule mention de Kiirttikeyamaii.juSri
qu'on trouve dans le MMK en sanskrit: au début du même chapitre II, où les vidyii
utilisées au cours de la cérémonie proprement dite sont données en entier et où certaines
divinités qui y ont part sont décrites, on mentionne en effet deux fois Kiirttikeya-
mailjuSri. La première fois, p. 33, l. 2, kiirttikey(lmanju$ri~ manlro'yam samudiihrta~ fi
est rendu en tibétain par : smin-drug-bu dati 'fam-dpal gyis fi snags su 'di ni gall-dag
bslan If comme s'il y avait deux personnes et non une seule. L'autre passage, p. 33,
1. 15, se lit en sanskrit : e$a maiijuSrigasya kumtirabhütasya kiirllikeyamat1ju8rirniima
kumiirah anucara~ karmakaraQ ... et en tibétain : 'fam-dpal gion-nur•'gyur-pa 'di'i
gdoll-drug-gi-bu (= §a{itinana, épithète de Kiirttikeya, Das, p. 662) les-bya.ba'i
'fam-dpal glon-nu ni rfes-su brall•ba sle /. C'est-à-dire : o:le (mantra du) Kumiira
MaftjuSrI, sous le nom de Kârttikeya, est l'assistant de MafijuSrikumiirabhüta 11;ici
enfin peut-on parler sinon d'une identification - en ce qui concerne le tibétain - du
moins d'une association certaine de Mai'l.juSrIen tant que Kumiira avec Kiirttikeya -
1, qui est, on le sait, un des noms de Skanda Kumara. Il semble bien que cette épithète
de Kumiira serve ici de lien entre les deux dieux, ceci entre autres éléments comparatifs
analysés par Mlle Lalon dans l'lconographie des Étoffes peintes, p. 66-70, où elle montre

i
lj

]'
TRADUCTIONCHAPITRE Il 123
monté sur un paon, une lance en main, le corps de couleur rouge,
vêtu d'un ullarasanga et d'un vêtement jaune, portant dans la
main droite (N. 158 b) clochette et bannière (ghan/iipalaka), sous
la forme d'un /mm/ira, scrutant le marpjala. Il est nécessaire de
peindre, à l'Est, Garu<;la sous la forme d'un oiseau et, parmi les
r~i, Marka1,1<;1a1 . Ceux qui restent devront être disposés dans des

mudrii suivant leur place'.


Au Sud-Est, on peindra obligatoirement les quatre Kumari, en
compagnie de leur frère, installées sur un bateau, naviguant sur le
grand océan' (mahodadhi} ainsi qu'Agni, le roi des dieux. De même
il est nécessaire de peindre au Sud la ville de Lanka et Vibhi~a1,1a,
maitre des Rak~asa' et le Bodhisattva à forme de Yak~a nommé

à quel point l\Iai'l.juSrïa été influencé et par Brahma (comme Foucher l'avait déjà
indiqué) et, d'après les passages que nous venons de voir, par Kiirttikeya. Toujours
est-il que la divinité appelée en sanskrit Karttikeya-mafijuSrI, dans cette reprise de
la description du maQ.{iala, possède bien les attributs et le véhicule de Kârttikeya,
mais aucun des traits caractéristiques de MafijuSri tel qu'il est décrit au bas de la
page 41, page lll de la traduction. Or il se trouve que M. Tucci a identifié une
divinité représentée sur un tsa-tsa (Indo-Tibetica, I, p. 97-98 et pl. XXXIII c) avec
Kiirttikeyamai'l.juSrI, grâce à la description du MMK (T.P.S., p. 216). Le dieu que
l'on voit sur le tsa-tsa tient une épée d'une main, un livre de l'autre et il est assis sur
un paon. Cependant, dans le MMK, MafijuSri ne porte pas l'épée et le livre.
Il réunit donc au contraire les attributs d'un MafijuSri «classique• avec un véhic"ule
inhabituel, attribué entre autres à Kiirttikeya. L'identification proposée par M. Tucci
est séduisante, mais il faudrait alors considérer le passage du MMK qui étaye cette
hypothèse comme le point de départ, centré sur Karttikeya, de la fusion des deux
divinités; etle lsa-lsa, où Maii.juSrine conserve plus de son assimilation avec Kiirttikeya
que le véhicule de celui.ci, comme l'aboutissment d'un syncrétisme hindou-bouddhi-
que. Il semble que le Maii.juSridécrit dans ce chapitre appartienne au cycle particulier
au MMK. Bref, se servir de la description donnée, p. 45, l. 12·15, pour identifier
un tsa-lsa avec KârttikeyamafijµSrl peut paraitre encore prématuré en l'absence
d'autres indications textuelles, l'examen de ce passage confronté avec le tibétain
ne permettant pas, nous semble·t·il d'y voir autre chose qu'une description de Kart·
tikeya : car, si le livre que le personnage du tsa-tsa de M. Tucci tient à la main est
bien un ·attribut caractéristique de MailjuSri, il faut remarquer qu'il n'est mentionné
nulle part dans le texte dont M, Tucci fait état pour étayer cette identification avec
un type iconographique inconnu par ailleurs.
(I) En sanskrit, p. 45, l. 15: « le rf?i Mërka1;u;ta• i il fait partie, dans le Mahiibharata,
d'une liste de sept ni. Comme plusieurs autres personnages qui vont suivre 1 il n'était
pas mentionné dans la description principale du maa,:i{ila.
(2) Skt., p. 45, I. 17, sai§ii (lire Se§iih) mudriisu ca vyavasthiipgiiQ; tib. lhag-ma ni
fi-ltar gnas-pa blin phyag-rgyar bri-bar-bya'o Il; cf. supra, p. 122 et 121, n. 3.
(3) Sur les quatre sœurs (ou Kumâri, ou Devi) et leur frère, voir supra, p. 119, n. 6.
Dans le passage précédent, on n'avait pas indiqué dans quelle direction les peindre.
(4) Tibétain, srin-po'i bdag-po las ni grofl-khyer lati-ka'i bdag-po bi-bhi-ça na ... :
• parmi les maitres des R0.kijasa, VibhîijaQ.a, maître de Lailkii ». VibhiijnQ.a,frère de
RiivaQ.a,monta sur le trône de Lailkii après la défaite et la mort de son frère. Lanka,
on le sait, est généralement identifié à Ceylan; cf. cependant B. Bhattacharyya,
124 M~I;lALA DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

Jambhalajalendra, se tenant auprès d'un arbre à coton'.

!'
Il faudra peindre de.même, dans l'ordre, le roi Yama (roi des)
Preta Maharddhika 2 • Qu'on peigne obligatoirement le roi des
Pisaca Vikarala 3 • Ceux qui restent, on les peindra dans des mudra
1 selon leur place•.
De même, il est nécessaire de peindre au Sud-Ouest les deux
chefs ( gco-bo, mukhyau) des Naga, Nanda et Upananda•; qu'on
peigne (encore) le soleil, chef des planètes (graha)•; à l'Ouest, on
peindra l'un après l'autre le [muni Kapila, le meilleur des l;t~i]',
(et) le Jain Tïrthakara l;t~abha sous forme d'un Nirgrantha •.
On peindra ceux qui restent dans des mudra, selon leur place•.

Siidhanamâla, II, p. xxxvm. L'expression « maitre des Riik9asa » se rapporterait


plutôt à RiivaJ).a.
(1) En tibétain, c'est Vibhie:al).aqui demeure près de (la} cet arbre à coton (picu-
maQ{iaurk~a: Azadirachta indica).
(2) Sanskrit et tibétain font de preta mahârddhika une épithète de Yama. Cette
classe de Preta n'apparait pas dans la liste des trente-six catégories de Preta classées
par le Saddharmasmrtyupaslhiina (Aide-Mémoire de la Vraie Loi, p. 16-18), à moins
que la dix-huitième catégorie, restituée ~ddhi-preta, ne soit la même que celle-ci i
M. Edgerton, p. 421, indique que II leur position en tant que telle a été adoucie sinon
complètement allégée, soit par leurs propres actions, soit par mérite transféré sur eux
par d'autres».
(3) Le nom de ce roi des PiSiica ne semble pas être connu ailleurs que dans ce
passage (cf. M. Edgerton, s.v.). Monier-Williams le donne au féminin comme un des
noms de Ourga et au masculin comme le nom d'un Makara.
(4) Même formule que supra, p. 123, n. 2.
{6) Au duel en sansl<rlt; sur ces deux Niigariija associés, on peut consulter l'intéres-
sante note de M. Hoflnger dans Le Congrès du Lac Anavatapta, p. 180, n. 5.
(6) Ajouter un dal)<ja après grahamukhga8cfidityal) (p. 451 l. 26).
(7) Ce membre de phrase est traduit du sanskrit (p. 45, I. 26-27); en tibétain,
c'est le Nirgrantha qui est le meilleur des sages Muni, ( dral'l.-srot'Ithub-pa' i méhog géer-
bu-pa), et si Kapila n'était mentionné en sanskrit, il faudrait ne voir qu'un seul person-
nage ici, car il n'y a pas de ca pour relier les deux noms; cependant anupürvata{I, qui
n'est pas traduit,en tibétain, et les noms de Kapila et l;t$abha en sanskrit empêchent
de traduire en suivant le tibétain. "
(8) Lire, p. 45, 1. 27, nirgrandha co~me nirgranlha. Sur ces Tirthakara, M. Renou
dans L'Inde classique, t. 2, parag. 2434, dit: 11 Contrairement à ce qui se passe pour
le bouddhisme, il y a toute une préhistoire de l'Église Jaina. Le Maître dont le Canon
prétend reproduire l'enseignement, Mah§.vira (ou VIra tout court) est donné comme
le dernier d'une série de prophètes ou patriarches, dont les origines plongent dans un
passé insondable. Ce sont les Tirthakara ou Tirtha1'llrnra... proprement les II faiseurs
de gué n, c'est-à-dire II frayeurs de voie, annonciateurs de salut », suite de 24 personna-
lités qui, parvenues à !'Omniscience, s'emploient à guider les hommes vers le vrai
chemin en venant à tour de rôle s'incarner sur terre à la manière des avatar vi~Q.uites.~
La légende du premier d''entre eux, l;t$abha, que nous avons ici, est racontée dans le
I; l{alpasülra. Pour une liste des 24 Tirthakara, voir L'Inde classique, t. 2, parag. 2435
et H. Jacobi, Jainism, dans H.E.R.E., vol. 7, p. 466.
(9) Voir supra, n. 4.

'''
1
TRADUCTION CHAPITRE II 125
1

\
1
Au Nord-Ouest, il est obligatoire de peind_re le roi des Yak~a
(Skt. 46 N. 159 a) Dhanada', Paîicasikha, roi des ?andharva' et
Druma, roi des Kinnara ; ceux-ci devront être pemts selon leur
place et disposés dans des mudra, l'un après l'aut~e•. .
A l'extérieur du quatrième ma,;uj.ala, après l'av01r tracé (cila"!,
bkod-de) avec cinq raies (de couleurs différentes), on l'embellit
avec des guirlandes de mudra; (il a) aux qua!r~. c~tés q~atre
arches (lorar;ia) et il est orné avec les quatre MaharaJa ; on d1sp_o-
sera ainsi, dans l'ordre (les objets) suivants : en tant que ':'udr~•,
à la porte d'entrée, on peindra un lotus ble_u (nilolpala); a. dr01te
et à gauche, on disposera lotus (padma}, va1ra,_hac~ette, po1gn~rd,
lance, trident, massue, disque (calrra!, svastika, J_~rre (kalasa),
poisson, conque, bague•, étendard, banmère, lacet (pasa}, clochette,
poignard', arc, flèches•, et maillet; avec ces (obje~s) et av~; les
signes (mudrail.i) d'armes de formes comparables ~ relles-c1 , on
compose une masse de guirlandes (formant) un carré 0 et au dehors,
dans les quatre directions, (on représentera) les quatre océans
( catvaro mahasamudral.i).
Au Nord, après avoir fait un petit mar;ilj.ala11 carré, on y placera

(1) En tibétain, méhog-sbyin pour nor-sbyin (MVP 3166). Dans la description


principale, p. 17, Dhanada est au Nord, à droite de l'entrée. . _
(2) On peut se reporter, pour les rapports qui existent entre PaftcaS1kha, Brahma
Sanatkum8.ra et Maftjuéri à l'iconographie des Étoffes peintes de M110 Lalou, p. 66-70.
Ses arguments sont repris par M. Filliozat dans L1Inde classique, t. 2, parag. 2339.
Voir cependant M. P. Mus dans B.E.F.E.O., t. XXXI, p. 541. .
(3) Ici prend fin le « résumé n des trois enceintes du_map(jala. Pour ~e tr~1sième
map(jala, au lieu d'indiquer les catégories d'êtres à dessmer, comme on l a fait da_ns
le corps de la description, le rédacteur a décrit un des personnages de chaque catégorie,
apportant ainsi des précisions supplémentaires à l'exposé principal.
(4) Probablement un à chaque porte.
(5) Skt., p. 46, I. 6: mudrfi bhavanli; tib.: phyag-rgyar 'gyur-pa.
(6) Le tibétain ajoute : 11 un vase pour oindre n (spyi'u blugs).
(7) En sanskrit : une porte (dviira).
(8) En sanskrit seulement. . . , .
(9) Skt., p. 46, I. 8 : etair vividhfikfiraprahara1,1amudrai{I; tib. : rnam-pa di-dag
mchon-éha'i méhog gi phgag-rgyas. _
(10) Traduction douteuse du skt., p. 46, I. 9: samanWccaluraSramiilàkularp. fcuryad;
tib. dkyil-'khor gyi phyogs-su kun-nas khyab-par-bya'o /f. .
{Il) Ma1,1<Jalaka a, d'après M. Edgerton, p. 416, entre autres sens le même que celm
de mandala « cercle terrain préparé pour un rite ». Il faut cependant, en tous cas dans
notre i~xte, établir' une distinction entre maQ.(jala et mal)(jalal,a,· rappelons à ce sujet
quelques lignes pénétrantes de L. Finot dans les Manuscrits sanskrits de sadhana:s,
p. 13 : m le map(jala peut être défini, en termes très généraux, comme le cadre du rite
et des divinités ... dans ce cadre s'inscrivent, au gré du sfi.dhaka, des mal){jala's secon-
daires contenant l'image ou le syillbole d'un ou plusieurs dieux. Ils sont désignés par
le terme de mal)(jalaka. 11 C'est exactement dans ce sens que le terme est employé ici.
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i,,
' '
: \ 11

. , Ir

11

J 126 MAJ'.l\)ALADANS LE MANJUSRIMOLAKALPA


1

un double vajra à trois pointes tout à fait brillant. A l'Est', on fait


un ma,;u/.alakatriangulaire' et on y trace le signe (phyag-rgyas
mchan-pa'o) du lotus (padma) entièrement (N. 1596) lumineux•.
Au Sud, on fait un petit ma,;uf.alaen forme d'arc• et on le marque
(mchan-pa'o, slhapayet) d'un bol à aumône tout à fait lumineux.
A l'Ouest, on fait un petit ma,p!,alad'une forme tout à fait brillante
(samanlaprabha, kun-tu-'od)' et on le marque d'un lotus bleu avec
une tige et des pétales entièrement flamboyants ; et dans les direc-
tions intermédiaires aussi, on peindra• quatre mudra: au Nord-
Ouest, on fait un petit ma,;u!,alacirculaire et on le marque' d'un
lacet (pasa) complètement rayonnant•. Au Sud-Ouest, on fait
un petit ma,;u/,alaen forme d'arc' et on le marque d'un bâton
.(da,;u/.a)complètement rayonnant. Au Sud-Estio, on fait un petit
marpf.alatriangulaire [que l'on marque]" d'une hachette entière-.
ment lumineuse. Au Nord-Est1 2 , on placera (bzag-par-bya'o,
slhapayet) une épée entièrement rayonnantel3.

Remarquons toutefois que le tibétain ne distingue pas entre les deux mots, traduits
tous deux par dkyil-'khor, cf. supra, n. 13.
(1) La direction manque au sanskrit, ainsi que toute la fin de la phrase précédente,
Ce passage est très mal conservé ou d'une typographie très négligée.
(2) Tibétain : « en forme d'arc» (giu'i dbyibs),
(3) Manque au tibétain.
(4) Tibétain : «triangulaire».
(5) La forme propre n'est pas indiquée; comme samanlaprabhâkara, p. 46, 1. 14,
désigne le soleil, la forme du maQ(/.alaka serait donc ronde ; cependant plus loin, au
Nord-Ouest, on indique bien varlula pour désigner un cercle.
(6) bri-bar bya-ba yin-te,• skr., p. 46, 1. 15 : bhavanti.
{7) Comme chaque fois que cette formule revient, on a pour slhiipayet en sanskrit
mchan-pa'o en tibétain.
(8) Le passage qui suit est fautif en sanskrit (p. 46, L 16). Il faut déplacer piiSa
et le reporter après krtvâ ce qui donne : uttarapaScimiiyâqi disi varltulâkiira,rz mal)çialam
(pour mal){ialakam) krlvâ piiSam samantajvâlam.
(9) Skt., p. 46, l. 17 : dïrghâktira, de forme oblongue.
,, (10) Lire, p. 46, l. 18, au lieu de dak~il)apaScimiiytim diSi, dak~i,;iapürviiyâffl diSi
(tib, çar-lho).
(11) Tibétain seulement.
(12) Il y a ici une lacune qui n'est pas comblée par le tibétain (p. 46, 1. 19). En efTet,
ni le mal){ialalca, ni la forme (probablement carrée) qu'il faut lui donner, ne sont
indiqués.
{13) Les map{lalaka placés aux quatre orients et aux directions intermédiaires
représentent, semble-t-il, les quatre continents principaux (dvipa) et quatre des
huit continents secondaires {upadvipa) qui entourent le Sumeru; le Jambudvipa,
le Camara et l'Aparacâmara, au Sud, sont carrés (ou triangulaires}, l'Aparago<).ëniya,
i: le gatha, l'Uttaramantrii:ia à l'Ouest, sont ronds, le POrvavideha, le Deha et le Videha
1, à l'Est, sont en forme de demi-lune, l'Uttarakuru, le Kurâvn et le Kaurava au Nord
sont carrés d'après le Formulaire Sanskrit-Tibétain, p. 33, qui ne mentionne que le
continent principal, triangulaire d'après le tableau du Yung-ho-kung, p. 103 et oblong

.,'

'f
11
,1
ï'

1
TRADUCTION CHAPITRE II 127
'
/. Après avoir représenté tous (les éléments précédents) on peindra
avec des poudres (cür,;,ai!i) à l'extérieur du ma,;,rjala,près de la
porte (dvarasamaye), trois mudra, en haut, en bas et de côté,
à savoir: un vêtement', une queue de yak (vyajana, rna-yab), et
des sandales' parfaitement rayonnantes.
[Les rites qui concernent (ce) ma,;,rja/aont été exposés ici en
résumé
Par le sage (dhïmanl) Maiijugho~a pour le profit des êtres•.]
Alors, le Maitre du ma,;,rjaladoit accepter des disciples qui aient
en premier• les sens au complet (N. 160 a) et les membres bien
faits ; s'ils sont brahmanes, k§alriya, vaisya ou südra, ils auront
pris la résolution de la Bodhi (bodhicitta), ils seront fidèles mahâyâ-
nistes, opposés au Hinayâna•, de nature disciplinée', (ce seront)
des Mahasattva, ils auront la foi, ils auront une conduite vertueuse',
seront désireux d'accéder à la grande royauté (maharajya),
mépriseront les satisfactions médiocres (alpabhoga) mais possé-
deront le désir d'obtenir de grandes jouissances (mahabhoga);
ils auront reçu une bonne éducation et auront de bonnes dispo-
sitions morales (sïlavanla!i); (s'ils sont) bhilr§u, bhik§u,;,ï,upasaka,
ou upasika', (il faudra qu'ils) observent les rites, qu'ils suivent

selon La Vallée Poussin, Cosmography and Cosmology (Buddhisl), dans H.E.R.E.,


vol. 4, p. 133 a. En dehors de quelques flottements dans les formes des map{lalaka
aussi, et du fait que là où sanskrit et tibétain disent « en forme d'arc,, le chinois dit
« en forme de demi-lune », ce qui est meilleur, le schéma général est respecté dans
notre texte : le Nord est carré (c'est la forme traditionnelle de l'Uttarakuru, cf.
W. Kirfel,Die Kosmographie der lnder, p. 189), le Nord-Est aussi(?), l'Est et le Sud-Est
sont en demi-lune ou triangulaires, le Nord-Ouest est circulaire, l'Ouest aussi (?),
le Sud-Ouest et le Sud sont en forme d'arc, de triangle ou de demi-lune.
(1) P. 46, I. 22, lire vajra comme vastra (tib. : na-bza').
(2) Lire le tib. l/1a-mo comme lham (skt. upiinaha) ; le vêtement et la chaussure
font partie des sept joyaux secondaires {uparalna, fie-ba'i rin-éhen) du Cakravartin,
avec l'épée, la peau de bête, le lit, le jardin, le palais. Dans la liste du Saddhar-
masmrtyupasthiina (l'Aide-Mémoire de la Vraie Loi, p. 256-257) vêtement et chaussures
viennent en sixième et septième, mais en premier et troisième dans la liste donnée
par Das, p. 485.
(3) Versifié en tibétain et en sanskrit.
(4) Skt., p. 46, 1. 25 : talo mal){ialâciiryepa Si§yâl,l pürvameviinugrhïtavyii~i.
(5) Skt., p. 46, l. 27 : itarayâniisprha,:iaSila, tib. : lheg-pa dman#po mi 'dod-pa,·
dans la MVP, 1253, hinayâna correspond à dman-pa'i theg-pa.
(6) Tib. Tiari-chul-éan, skt. Sïlii{ti).
(7) En tibétain : dge-ba'i éhos-éan qui correspond à kalyânadharmin (p. 46, avant-
dernière ligne), kalyânamitra étant rendu par dge-ba'i b,es-gfl.en (l\lVP, 2389).
(8) Sur la situation comparée de l'upiisal,a et du bhilc§u quant aux avantages que
l'un et l'autre peuvent tirer de la vie religieuse, M. Lamotte dans le Traité de la grande
verlu ... , t. 2, p. 839-842 et n. 1 a réuni les références et exposé la question ; la thèse
des bouddhistes peut se résumer en deux mots, dit-il:« Théoriquement, l'upasaka peut
5-1
128 MA.!!J;,ALADANS LE MAJUUSRIMOLAKALPA

les règles de l'upofadha' et du jeûne (upavasa) qu'ils n'aient pas


de haine envers les Mahàhodhisattva, qu'ils appartiennent à une
famille ayant beaucoup d'adhérents' (au bouddhisme), qu'ils
observent la Loi naturellement•, qu'ils observent des jeûnes de
,· vingt-quatre heures, qu'ils portent des vêtements propres, qu'ils
•' aient les cheveux parfumés, prennent trois bains par jour [et qu'ils
aient fait vœu de silence ]4 ; ce jour-là 5 (jour de l'initiation) après
s'être fait parfumer de camphre, santal et giroflier et s'être bien
essuyés (après leurs ablutions)', (qu'ils soient) installés sur une
botte d'herbe kusa (N. 160 b) (lcusapi1;uJ,aka),et les rites de protec-
tion ayant été effectués, ceux qui' sont chastes {brahmacarin) et
sincères seront placés ni trop près ni trop loin en dehors du ma,pJ,ala
ccvictorieux de l'obscurit黕. (Parmi ces postulants à l'initiation
on en prend) de un à huit•, très vertueux et très purs, pas davan-

accéder à toutes les perfections du bhik~u1 mais, pratiquement, son progrès spirituel
sera plus lent et moins assuré. » On voit en outre par le passage sur le choix des disciples,
à quel point le rédacteur du MMK est peu sectaire : les quatre castes brahmaniques,
Südra y compris, placées sur le même plan que les fidèles laies et les religieux bouddhi~
ques, peuvent, côte à côte, accéder à l'initiation qui fera d'eux - et d'elles - des
âciirya. Son seul préjugé, si l'on peut dire, concerne les adeptes du Petit Véhicule,
contre l'admission desquels il met en garde avec insistance.
{l) Corriger, skt., p. 47,·l. 2, upo$ava en upo$adha ou upo$alha (cf. pour les variantes
du mot M. Edgerton, p. 147), correspondant au tib. gso-sbyori {MVP, 8677). Sur le
déroulement de cette cérémonie, voir L'Inde classique, t. 2, parag. 2375 et Przyluski,
Upogalha, dans IH!J, vol. XII, no 3, 1936, p. 383-390.
(2) Peut-être faut-il comprendre a: qu'ils fassent partie d'une famille comptant
beaucoup de membres ni mais il faut lire sans doute, quelle que soit l'interprétation
du composé {p. 47, I. 2) au lieu de mahtiyaltga!)kulïn<i(1, mahtipakga kullnii!), correction.
que le tibétain phyogs lhen-po (MVP, 1382, 4437, etc.) rend très probable.
(3) Skt., p. 47, I. 3, prakrtyaiva a le sens de pralilqlyaiva; cf. M. Edgerton, s.v.;
le tibétain rall-biin-flid kyis n'est pas très clair mais c'est la traduction mot à mot
de prakrtyaiva (cf. MVP, 945 et 5406).
(4) En skt. seulement.
(5) Les exigences précédentes étaient d'ordre général : les candidats à l'initiation
devaient être choisis dans les huit catégories sociales énumérées et, à l'intérieur de
;} celles-ci, parmi des sujets ayant toutes les qualités énoncées plus haut i lad aho, de'i
I r
ftin-iag, indiquent que l'on passe maintenant aux obligations concernant le jour
précis de l'initiation.
(6) Skt., p. 47, I. 5, upasprSilavanta!),· tib. : fie-reg dali-ldan-pa.
(7) Au singulier en skt.; quelques lacunes p. 47 1 I. 6.
(8) Traduction douteuse. Le tibétain dus-mchams las rgyal-ba dkyil-'khor permet
de combler la lacune du sanskrit; dus-mchams, MVP, 8323, traduit sarridhydkiila,·
cf. M. Edgerton, p. 558.
(9) Le texte n'est paS très explicite, mais il semble que l'on puisse comprendre que
l chacune des huit classes énumérées (Brahmanes, KFJatriya, Vaiçya, Sadra, BhikFJu,
j'. BhilqmQ.i,Upüsaka, Upüsikü) est représentée par un enfant. II est vrai qu'il y aurait
'' alors deux Kumüri parmi les initiés et que, dans la suite de la cérémonie, on ne men-
tionne pas de jeune fille. Cependant la correspondance des deux chifl'res n'est proba-
!j
blement pas fortuite. Cette hypothèse m'a été signalée par M. Renou.
TRADUCTION CHAPITRE Il 129

tage. Les kfalriya et les grands rois qui ont reçu l'initiation (par
aspersion) sur le sinciput {mürdhabhifikla!J,), qui ont entre eux des
liens de parenté ou d'amitié (parasparasaT[lsaklin), leurs enfants,
jeunes gens et jeunes filles, doivent ne pas avoir d'expérience
sexuelle ; la raison en est que le grand Bodhisattva Bhagavat à
forme de Kumàra Maîijusrî réjouit les petits enfants et se plait
fort à jouer avec les adolescents; c'est pourquoi {afa!J,,des-na) on
introduit à l'intérieur (du mar_u;lala)des lmmara' en premier. Si l'on
désire augmenter la prospérité du royaume', si l'on veut vivre
longtemps, (être) en bonne santé, et en particulier si l'on recherche
une augmentation des satisfactions matérielles, (du fait de) la
réussite du manlra (manlrasiddhi) des enfants, (la réalisation de
ce qu'on désire) est assurée certainement.
Après les avoir fait installer devant• (le mw;u;lala), le maitre du
marp;lala, en compagnie d'assistants (susakhaya) vigilants, brûle
de l'encens de camphre puis il devra aller à l'extérieur du mw:,,Ja/a
sans se retourner en arrière. Une fois sorti (N. 161 a), il prononce
108 manira• sur de l'eau rendue pure, favorable à cette fin' et
dépourvue de vers et insectes ; et après avoir pris un bain avec de
l'eau sur laquelle a été imprimée la grande mudra à cinq pointes
(mahamudra paficasikha), il s'essuie' et revêtu de vêtements purs
il se rend auprès de la fosse à feu ( agnikw;uJam) ; installé sur une
botte d'herbe kusa (lm:îavirp;laka), le visage tourné vers le Nord-

(1) Le mot kumüra, plutôt que le sens de u jeune homme n et de «prince», a ici le
sens précis de« vierge n. On pourrait croire, d'après ce passage, que les initiés ont tous
seize ans puisque, comme le dit l\L Tucci dans A propos Avalokiteçvara, M.C.B., vol. IX,
juillet 1951, p. 177: u the perfect age, viz. that of a kumdra or ld~ora as the Vaishnava
will say » est de u sixteen years of age, because sixteen is the perfect number just as
the kumOri, used in the tantric worship, should be of sixteen years or as the Sakli is
sodaSakiil<i as the sixteen tithi of the moon ». Il n'en est pourtant pas ainsi car le
f.e~te indi~ue, p. 49, I. 12, que l'enfant à introduire dans le ma{l.(fala doit avoir a: de trois
à seize ans» i cf. infra, p. 135, n. 1.
(2) Skt., p. 47, I. 12 : mahdrdjlliibhivardhana; tib. : rgyal-po lhen-po mflOn-par
'phel-ba,· il faudrait lire soit 0 mah<iriijii 0 , en suivant le tibétain, soit 0 mahiiriijyâ 0 •
(3) Le rédacteur de ce passage peut sembler ne pas suivre un ordre logique dans
l'exposé de la cérémonie: il parlait un peu plus haut de Mafi.juSriintroduisant u dans n
' le mandala les candidats à l'initiation et mentionne à présent l'installation des disciples
' 1 dev~~t » le map{iala; mais la première indication est sans doute un énoncé d'ordre
général qui ne porte pas sur le détail du rite mais sur son principe, à savoir que dans
le ma{l.(fala, MaiijuBri est l'initiateur qui guide les kumiira. Ceci posé, le rédacteur du
texte reprend sa narration au point où il l'avait laissée, précisément au moment de
placer les enfants devant le map{iala.
(4) Cf. supra, p. 106, n. 2.
(5) Tib.: dus dari Ji-llar mthun-pa'i éhu; skt., p. 47, l. 16, yalhâmukharllukodalœna,
dont le sens m'échappe. Lire yalhiisukha 0 ?
(6) Skt., p. 47, I. 17, upasprSya; tib. : fie-reg byas-nas.

L
1:
130 MANQALA DANS LE MA!UUSRIMOLAKALPA

1: Est, il murmure 10081 (fois le mantra) sur un mélange de camphre,


safran et santal mêlés à du beurre, en guise d'oblation ignée.
Après avoir fait l'invitation et le renvoi•, par le rite enseigné
auparavant, il pénètre à nouveau dans le ma,;u!ala; lorsqu'il y est
entré, il offre huit jarres pleines (piir,;takalasa) munies d'étoffe de
coton pur•, parées des fruits et feuilles de manguier et (remplies)
d'or, d'argent, de joyaux, de riz et de graines déposés dedans.
/,
,<
Qu'il offre la première à Sakyamuni Bhagavat, la seconde à tous
les Buddha, la troisième à tous les Pratyekabuddha, aux Auditeurs
(âryasrâvaka) [et à la communauté (saligha)]•, la quatrième à
tous les grands Bodhisattva, la cinquième au grand Bodhisattva
Ârya Maiijusri, la sixième à tous les Deva ; les septième et huitième
(N. 161 b) à la porte d'entrée (dvarako~fhake, sgo khan) du second
ma,;t,fala; elles sont munies d'étoffe de coton pur•; on déposera
' 1 la première pour tous les Bhilta ( sarvabhiilâniim), la seconde est
dédiée à l'ensemble de tous les êtres•.
Ensuite, après avoir brûlé de l'encens selon le rite enseigné plus
haut, il lie la grande mudrâ à cinq pointes (mahiimudrâpaiicasi-
khii}, il fait à nouveau (Skt. 48) l'invitation (âvâhana): (c'est
ainsi qu')il invitera par le rite enseigné auparavant tous les Buddha,
tous les Pratyekabuddha, les Auditeurs (iiryasriivaka) et les grands
Bodhisattva, tbus les Bhilta (sarvabhiila) et tous les êtres (sarva-
sallva)1.
Ainsi il offrira le nivedya (lha-bços) par le rite enseigné plus haut,
tour à tour à tous et partout ; en prenant une lampe, qu'il offre

1
i
{I) cr. supra, p. 106, n. 2.
(2) Skt., 47, l. 20 : tihüya, visrjya ca.
(3) Skt., 47, I. 20 : Sucivastropetà!,z.
(4) En sanskrit seulement,
(5) En sansl{rit seulement; cette répétition est probablement fautive.
(6) Skt., p. 47, l. 27 : pürvasaltuapari,;ziimila(i siidhtirar;iabhütam slhâpayitavyeli,
tib. sems-éanthams-éadkyi lhun-moti-dugyur-pa bsriosnas biag-par-bya'o fi il faudrait
donc plutôt lire le sanskrit comme sarvasallva, etc., d'autant que p. 48, I. 2, reprenant
cette énumération, le texte mentionne des sarvasallva après les sarvabhüta.
(7) Ce paragraphe manque au tibétain, ou plutôt il est résumé par cette courte
phrase: « ensuite il fera l'invitation selon le rite enseigné plus haut n. Or il semble que
le sanskrit énumère dans cette phrase les huit destinataires des jarres (les Deva et
Sâkyamuni exceptés) qui sont invités afin d'y prendre place. On sait que la jarrs
représente à elle seule un concentré du monde, une matrice dont l'eau fait naître le
novice à la vie d'initié; on pourrait certainement aussi penser que par l'invitation oil
fait occuper les peintures par les divinités représentées; cependant, ni les sarvasattva
ni les sarvabhüta ne sont mentionnés comme tels dans le mal){iala, à moins qu'il
faille les considérer comme les noms génériques des groupes hindouistes énumérés :
ldnnara, mahoraga, pisüca et ainsi de suite.
TRADUCTION CHAPITRE II 131
une_lampe à beurre; ce qu'on appelle le nivedya (lha-bços)' pour
les Arya et ceux qui ne sont pas Arya, c'est toutes sortes d'aliments
cuits dans le lait et le miel, des beignets frits• dans le beurre fondu
de façons différentes ; des gâteaux asokavarlli, des mets khadyaka,
des sucreries et ainsi de suite, qu'il offre tout cela aux Tathagata.
Qu'il donne en offrande pour les Pratyekabuddha, les Auditeurs,
pour les grands Bodhisattva et les dieux des Ârya et des non-Ârya •,
une oblation complète\ du srïve~/a•, du gâteau au miel (madhu-
sira)•, des aliments cuits dans du lait et ainsi de suite. De même,
qu'il offre à tous les êtres (sarvasallva) el à tous les Bhilta' [des
beignets la,J,juka]•, du garbhokta•, de l'araka 10 varié et des gâteaux
cuits dans la graisse de bœuf (piipa, snum-khur) (N. 162 a). Qu'il
offre de même des fleurs odorantes, à commencer par du jasmin,
du lagara 11 , des« fleurs de serpent» (nâgapu~pa) 12 , du punniiga"
à tous les Buddha, Pratyekabuddha, Âryasriivaka, Mahiibodhi-
sattva, aux Ârya et aux non-Ârya ; en particulier qu'il coupe
(sasyale )1 4 des fleurs de jasmin pour le clan des Tathiigata, des
fleurs de lotus rose (padma) pour le clan du Lotus (padmakule),
des fleurs de lotus bleu (kuvalayam, me-log ul-pa-la) pour le clan
du Vajra 1 • et n'importe quelles autres fleurs appropriées pour les

(1) Tib.: Iha-bços ies_smos-pa ni; en skt., p. 48, l. 6, nivedyagrahal)ena aen prenant
le nivedya ».
(2) Püpa est ici traduit par 'breri-bu (variante 'brari-bu) qui a le sens de «lanière».
(3) Skt., p. 48, 1. 9 : 0 anâryadevalünâm; tib. : 'phags-pa dan 'phags-pa ma-yin-
pa'i lha-rnams; cf. I. 13:
(4) Skt., p. 48, I. 8 : havi pürlJ.a (pour havi{i pür,;iarp.?), oblation rituelle composée
de beurre, soma, lait et grains ; en tibétain : mar gyis ga,i-ba.
{5) Le sens de ce mot, p. 48, l. 8 1 est d'après les lexicographes (et. M. Edgerton,
s.v.) « résine d'une sorte de pin n; on a en tibétain can-dan gyi thari-éhu: « résine de
santal», qui est ici plus précis, mais ne correspond pas littéralement au sanskrit.
(6) Tibétain: a de l'essence de miel~.
(7) Skt., p. 48, l. 10-11 : sarvadevabhütagaQ.ân,• tib.: 'byuri-po thams-éad.
(8) En sanskrit seulement.
{9) En tibétain.ce mot est transcrit garbhod, mais ni garbhod ni garbhokla ne sont
attestés dans les dictionnairesi et si, d'après le contexte, il s'agit certainement d'une
substance comestible, on ne peut guère préciser laquelle.
1 (10) En tibétain, u lo bi ka ri ka, à moins que la précédente transcription ne doive
être lue garbhod u lo; de toutes manières, ce mot n'est pas attesté dans les dictionnaires;
il y a bien un garbholika dans l'A§fasahâsrikü-praJ11âpüramilii (cf. M. Edgerton, p. 210),
mais son sens n'est pas fixé.
(11) Tabernaemontana coronaria.
(12) Nom de plusieurs plantes : Roltlera linctoria, Mesua Roœburghii et Michelia
Champaka.
( 13) Rotlleria linctoria ou Calophyllum inophyllum.
(14) Le tibétain a mal compris et rend Sasyate par ,es-par-bya'o.
(15) Tib. : rdo-rJe'i rigs, skt. : kuliSapâ,:,.i (p. 48, I. 15). Dans un passage que nous
1i
I' 132 M~J;>ALA DANS LE MARJUSRIMOLAKALPA

autres dieux· (qu'il offre) de l'encens de camphre au clan des


Tathiigata, d~ santal au clan du Lotus et de l'encens _guggulu'
pour Vajrapâi;,.i, maitre des Guhyaka 2 ; aux autres dieux, (on
offrira) de l'encens ordinaire•.
[A tous les Àrya on offrira des lampes à beurre.
A tous ceux qui ne sont pas Àrya,
., On offrira de l'huile de sésame odorante• .
/ ( [[L'un après l'autre, d'après le rite vu précédemment, (on fait
·' '
le rite de) l'encens (etc.),
(et) comme il a été dit, on lit (N. 162 b) constamment des mantra
pour tous•
ainsi que les mantra (skt. tantra) particuliers à chacun,
et ce qui a été prononcé par Avalokitesvara,
et ce qui a été prononcé par Vajrapâi;,.i
dans les tantra propres à chacun, dans un südhana qui a pour but
la pratique des mantra.
Les (enseignements) doivent être observés dans ce kalpa et être
toujours conformes à la règle] 6.
Alors, lorsque le maitre du ma,;uf.ala (ma,pf.alacarya) a effectué,
1 1
selon le rite qu'on a vu plus haut, les actions d'hommage ( anu-
varlana), à commencer' par l'invitation, la présentation des

avons vu plus haut, skt., p. 45, 1. 2, le clan du Vajra s'appelait en sanskrit vajrakula;
ici kuliSaptitJ.iest une épithète de VajrapiiQ.i. ·
(1) Le guggula ou guggulu est, d'après Laufer (Sino-lranica, p. 467) o:the gum-
resin obtained trom Boswellia Serrala and the produce of Balsamodendron mukul,
or Commiphoria Roxburghii, the bdellion of the Greeks ,,
(2) Skt., p. 48, 1. 16: guhyakendrasya vajri,:iasya, tib.: gsan-ba-pa'i bdag-po phyag-na
rdo-r/e,· cf. supra, p. 197, n. 2.
(3) En skt. : « on offre à tous de l'encens avec d'autres mantra,.
(4) Le skt. ajoute, p. 48, 1. 18: , avec (récitation de) mantra n.
(5) Le passage versifié ne concorde pas exactement dans les trois versions; les
deux premiers vers, en skt., p. 48, 1. 19.
·:,) anupûrvel)a vidhinii pürvadr§Jena helunti /
1 '!
gandha ++ (lacune) tathaivoktam sarvamantrebhyo nilyasca ( = nilyasal)) fi
sont traduits en tib. par :
ého-ga Ji-biin rim-pas ni If bdug-pa mthoti-ba'i rgyu yis so fi
de-ltar gsuns-pa de-biin dri fi snags rnams kun la rlag-tu bya Il;
Le chinois a compris ou plutôt résumé : , on lira la dhtiraQi de ce sûtra d'après les rites,
l'un après l'autre».
(6) En tibétain : spyan-ras-gzigs la gan gsuns dafi If yan gsuns phyag-na rdo-r/e
la IJrati-rati gi ni sr'tags dag gis Il stiags spyod don du bsgrub-pa'o li ého-ga géig bu
blla bya ste JI rlag tu r/es su mthun par bya //, En skt. 1 p. 48, 1. 23, lire te 'pyeha (='piha)
kalpe au lieu de tepyeha... Les vers commencent en tibétain au crochet simplei en
sanskrit aux doubles crochets et se terminent au même endroit dans les deux versions.
(7) Lire, skt. 1 p. 48, 1. 26, d'après le tibétain: gcor mlhun-pa'i ého-ga, pradhtintinu-
varlanakriyti (MVP 2523).
,,"
i;
TRADUCTION CHAPITRE II 133
offrandes (püjana}, de l'encens, et ainsi de suite ainsi que (le don
de) nivedya, à ce moment, l'aide-assistant (anusadhaka, sgrub-pa'i
grogs-ml!hog) compétent (fait) une offrande (bali) sans viande
pour tous les démons (sarva bhautika) rapidement; et partout,
au son réjouissant des tambours, des cymbales et des conques et
ainsi de suite, il ornera de guirlandes de fleurs, d'encens et de
parfum les quatre orients, les directions intermédiaires, ce qui fait
huit (Skt., p. 49), en haut, en bas et tout autour, (enfin) partout;
et tout en faisant la pra,jakfi1;,a à l'extérieur du ma,;,,jala, il lancera
largement une offrande (glor-ma) à.tous les démons'. Puis il prend
un bain, et fait un homa composé de riz (salita,;,,jula)' mouillé de
lait caillé, miel et beurre fondu, avec 1008 (récitàtions) du hrdaya
du mantra de base (mülamantra) qu'est la formule en six syllabes.
Après avoir fait l'offrande ignée, (le maitre du ma,;,,jala) rentre
dans le ma,;,,jala' fait un rite de protection pour les Mahâsattva•
placés devant (le ma,;,,jala) ; (puis) ceux qui ont été acceptés
(abhyupagata, khas blans-pa) en qualité d'élèves du maitre du
ma,;,,jala, qui ont pris la résolution de la Bodhi (bodhicilla)
(N. 163 a), qui ont observé 1'upofadha 6 , ont offert leurs propres
corps à tous les Buddha et Bodhisattva, désirent devenir des
Buddha omniscients (saroajnajiiana) et (veulent accomplir) des
actes vertueux (kusala) pour (entreprendre) la marche vers le
trône de !'Illumination suprême•, (et) faire partager à tous les

(1) Skt. 1 p. 49, 1. 1 et 2, quelques lacunes.


(2) Lire, skt. 1 p. 49, l. 3; Siililandula comme Stilita,;ujula.
(3) En sanskrit, ce sont les Mahâsattva qui sont entrés dans le maQçlala et le chinois
confirmerait cette interprétation; cependant, ce n'est guère plausible car on nous parle,
quelques lignes plus bas, de l'tictirya _introduisant dans le ma,;tçlalales kumiira un à un;
certes le maQç/ala est composé de plusieurs enceintes etil peut s'agir de la plus extérieure,
mais rien ne permet de l'affirmer aussi je suis, pour ce passage, la version tibétaine.
(4) Il s'agit des disciples considérés comme des Bodhisattva qui, en gravissant les
degrés du bodhimaQçla, c'est-à-dire en pénétrant dans les enceintes successives du
mal)çlala, parviendront à l'état de Buddha.
(5) Ils sont ainsi dans l'attitude physique et mentale requise de ceux qui aspirent
à l'état de Bodhisattva ou de Buddha.
(6) Ces éléments : production de la pensée de Bodhi, observance des règles, pratique
de la « perfection du don• (en offrant ici son propre corps aux Buddha et aux
Bodhisattva), accumulations de « racines de mérite n,caractérisent, selon M. Har Dayal,
qui a fait la synthèse des sources (The Bodhisattva doctrine, p. 284), la première étape
de la carrière de Bodhisattva, l'entrée dans la première bhümi. Ce rapprochement n'a
pas échappé à M. Tucci qui le développe ainsi : tt But when theoretical knowledge is
perfected, praxis begins ... indeed with baptisme for they are multiple, generally eleven.
Buddhism always remains a !trama mukli like ail Indian theosophical systems : a
progressive liberation which gradually eliminates more and more subtle atains,
ascending to higher and higher visions 1 purifled by truth. This ascent rcllects the same
ideas already implicit in the various degrees or dhyâna and samdpalti in Yoga and
-
134 MANQALADANS LE MANJ1JSRIMOLAKALPA

êtres en commun Je bonheur (upabhoga) de ceux qui ont en vue


la siddhi', à ceux-là qu'on montre le mai;uJala. Rien que la vue•
du mavefala délivre de toute faute, (à plus forte raison) seront
délivrés instantanément (kfalJà/) même les êtres qui ont commis
les cinq péchés inexpiables'.
Alors le maitre du mavefala, après avoir marmonné sept fois•
le mülamantra sur une étoffe neuve, rase, dont la trame a été
,_ choisie (soigneusement)•, avec cette étoffe (pa/eva) parfumée de
' camphre et de santal odorants, il couvrira le visage de ceux qui
désirent être introduits dans le mavefala 6 ; en premier, qu'il
1'

ancient Buddhism, as well as in the ten stages (bhümi) which the Bodhisattva must
pass through. » Dans ce passage, le parallèle entre étapes d'initiation et progression
dans les b/iümi se justifie, mais seulement en partie; la donnée n'est pas systématisée,
et l'on trouve par exemple, parmi les vertus exigées du novice avant de pouvoir
l'accepter comme tel, certaines qui sont cataloguées comme appartenant à d'autres
bhümi, comme le fait de mépriser les doctrines hinayànistes qui est l'apanage de la
seconde bhümi. Et pourtant il est bien certain qu'en pénétrant dans le ma,:uJala, le
novice, devenu une sorte de Sakyamuni le temps de son initiation, est considéré,
à l'image de celui-ci, comme un Bodhisattva et un roi Cakravartin i des traits de ces
,, ' deux destinées - allusions aux bhümi, à la marche vers l'illumination, procession
autour du mal){lala « comme pour la consécration royale li - sont présents tout au
long du rite. Mais on ne peut poursuivre les parallèles avec rigueur, sans forcer un texte
trop peu précis. Le bénéfice le plus clair, ou tout au moins le plus tangible, conféré
par l'initiation, à savoir le grade d'ücârya, n'est pas, nous le verrons plus loin, beaucoup
plus détaillé. On ne peut donc, à propos du MMK, qu'indiquer les grandes lignes d'un
schéma dont le détail est à chercher ailleurs, dans les descriptions de cérémonies du
même type. D'ailleurs, d'une manière générale, le MMK ne semble pas se livrer à des
développements philosophiques ou doctrinaux systématiques. Cf. supra, p. 13.
(l) En tibétain seulement; le sanskrit ne correspond pas mot pour mot au tibétain,
mais le sens est le même : skt., p. 49, 1. 6-7, siddhyarthasaltvopabhogasüdhüral)abhütâ-
niimanuttarabodhimal){lükramal)akufolüniim,· dlios-grub kyi phyir sems-éan thams-lad
kyi lie-bar loris-spyod-pa dari f yoris-su lofts-spyod-pa lhun-moli du gyur-pa dari f dge-ba'i
rca-ba'i bla-na med-pa'i byati-éhub kyi sliiri-po gnon-par bya-ba dan/.
(2) Tib.: a ri~n que le fait de montrer {le mal)<)ala) li (bslan-pa cam-Tiid kyis).
{3) En sanslcrit, p. 49, 1. 8 : ânantaryahâril)O 'pi, « même ceux qui ont commis des
péchés inexpiables li; le tibétain précise qu'il s'agit des mchams med-pa ln.a, les paiiciinan-
1/ larfyiil)i de la MVP 2323-2329 ; le matricide, le meurtre d'un arhat, le parricide, le fait
1 '
de semer la discorde au sein du Sarpgha et de faire couler le sang d'un Tathâgata.
(4) Trois fois, en tibétain.
(5) Skt., p. 49, 1. 10 : tantroddhrtenâpagalakeSena, tib. : ras ma-Tiams-pa thag-mas
)( btags ma-thag-pa skra med-pa la; thags-pa, donné par l'édition de Lhasa, correspond
,,' en efTet à tantra (MVP 5323), mais il semble qu'on doive comprendre ma-lhag-pa skra
" med-pa la « sur (une étoffe) sans poils et sans gros fil li' autrement dit rase et d'un
i tissage régulier.
) (6) On retrouve dans d'autres cérémonies d'initiation ce thème du voilage de la
tête de l'initié; dans la Hevajrasekaprakriyii., par exemple, l'un des textes édités et
!' J traduits par Finot dans ses Manuscrits sanskrits de sâdhana's, on lit, p. 36, au début
J;
,,
,,
d'une cérémonie d'abhi~eka: « Le disciple ... paré de tous les ornements, vêtu d'une robe
rouge et d'un grand turban, la main droite offerte, le visage couvert d'un voile
,,
'
''I
_:;
r1 :

JI i
; 1
---
TRADUCTION CHAPITRE Il 135

y introduise (pravesayel) des enfants de trois à seize ans',


les cheveux ornés par la coiffure à cinq pointes (pancacirako-
pasobhitam), à une pointe ou à trois pointes•, qu'ils soient

rouge», etc. M. Tucci décrit le fait et l'explique ainsi (Tibelan Painted Scrolls, p. 247) :
"the neophyte is successively led by his master into di:lîerent portions of the mai;iQ.ala,
to the South, North, East and West. Like the disciple in the Eleusine mysteries, he is
led there blindfolded, the bandage (pa!Ja) is taken off at the end of the ceremony when,
consecrating having taken place and inborn stains being therefore erased, the candidate
is in the state of purity required to understand the mystical meaning of rites and
symbols. While he is blindfolded, the mythical family to which he is attached is
defined by throwing a flower into the mal}.Q.alali (comme dans le MMK) « when the
consecration is intended to confer magical or earthly powers (laukilcasiddhi) in the
magical rite particularly fitted to bis mysterious participation in a given mystical
family li, Cependant il semble possible de ne pas insister seulement sur le fait que les
yeux sont cachés (paf!a veut aussi dire a étoffe » et pas seulement« bandeau li; d'ailleurs
dans ce sens c'est « serre-tête » qu'il faut comprendre, semble-t-il, plutôt que bandeau
pour les yeux) bien que l'intention soit certainement en effet, comme le dit M. Tucci,
de mener le novice à la révélation de son dieu par le chemin secret, qui rappelle le
labyrinthe, constitué par les multiples enceintes du mal].çlala. On sait, en effet, les
rapports étroits qui existent entre la dik~ü. brahmanique et l'abhi~eka bouddhique,
et avec quelle insistance les auteurs des textes brahmaniques assimilent l'initié qui
pénètre dans l'aire sacrificielle à un embryon qui se meut dans la matrice; on dit, par
exemple, dans le Sat. br. III, 2, I, 16 : a He (l'initié) then wraps up (his head). For he
who is consecrated becomes an embryo ; and embryos are enveloped both by the
amnion and the outer membrane : therefore be covers (bis head) ».
(1) Le premier chiffre, trois ans, semble exagérément bas pour l'initiation. Dans le
Gobhila grhya sûtra, II, 9, 1, on indique l'âge de trois ans comme étant celui de la
tonsure (churjâkaralJ.a). Pour l'initiation (upanayana), l'âge varie avec la caste, et
c'est peut-être une indication analogue qui nous est donnée ici aussi brièvement, car
on se le rappelle, l'initiation est conférée à huit représentants des K!;atriya, Brahmanes,
VaiSya, Sodra, Upasaka, Upâsika, Bhilqm et Bhik~uni; du moins c'est ce que nous
avons cru comprendre, le texte n'étant pas très explicite. Dans le Siinkhüyana grhya
sûtra, II, 1, 1-9, on indique que c'est dans la huitième année après la conception ou
dans la dixième qu'on initie un Brahmane; dans la onzième un K!,!atriya, dans la
douzième un VaiSya, (en tout cas) avant la seizième année pour un Brahmane, avant
la vingt-deuxième année pour un K!,!atriya, avant la vingt-quatrième pour un VaiSya.
Après, c'est trop tard. Les mêmes indications, abrégées, se retrouvent dans le Gobhila
grhya sütra, II, 10, 1-6. De nos jours, la cérémonie se tait toujours aux mêmes âges
pour les trois différentes castes; mais Mme Stevenson, dans les Rites of the twice-born,
P• 27, précise que l'âge de l'investiture du cordon sacré« ne coincide pas nécessairement
l avec la puberté physique, car si un père espère que son fils devienne un grand maître
(a religious teacher li) il peut obtenir que la cérémonie ait lieu dans la cinquième année
qui suit la conception du petit garçon (ce qui a été fait, croit-on, dans le cas du premier
Sankharacarya) ». Remarquons que les textes brahmaniques, moins libéraux que le
MMK, comme il fallait s'y attendre, ne parlent pas d'initiation pour les Südra.
(2) Skt., p. 49, l. 13 : palicaSirakopaSObhitam ekacfrakopaSobhita111SikhopaSObhitam
aSiraska111vü; ce membre de phrase, d'après le tibétain zur-phud ln.as ne-bar mjes-pa
'am / gcug-phud géig gis lie-bar mjes-pa 'am / gcug-phud gsum gis fie-bar mjes-pa skra
dai1-ldan-pa f doit être lu, semble-t-il, comme paficacirakopaSobhitam ekacïrakopa-
S0bhita111triSikhopaSobhitaSiraskaT[l vii,· skra rend généralement keSa (MVP 2938),
136 MAl'/(>ALADANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

fils de roi consacré par aspersion sur la tête (mürdhiibhi§ildarri) ou


encore désireux de grande royauté et de (N. 563 b) grands pouvoirs.
En parvenant au second ma,;uja/a', le visage voilé, en liant la
mudrii du lotus bleu (utpalamudrii}, qu'ils y pénètrent• en pronon-
çant simultanément le mülamantra de Maiijusrï Kumarabhüta ;
(puis) on leur fait jeter (k§ipiipayitauyii!i} des deux mains une
fleur• purifiée avec un mélange de santal et de camphre. Là où
/.
cette fleur tombe, qu'on lui confère (dadyiit) le mantra (de la
' divinité sur qui la fleur est tombée)•; ce mantra, appelé « mantra

mais aussi Siroruha (MVP 2939). Cependant même si sira(1 n'est pas traduit très exacte~
ment par skra, la correction paraît assez probable.
Les différentes coiffures portées par les initiés semblent avoir, elles aussi, comme
les différences d'âge que nous venons de voir, un rôle hiérarchisant; cependant il faut
se rappeler, pour la coiffure à cinq pointes, qu'elle est portée souvent par MafijuSri
sous l'égide de qui cette cérémonie a lieu. On peut se reporter, à ce propos, à l'icono-
graphie des étoffes peintes de M11e Lalou, p. 67, n. 4. Toutefois on ne peut manquer
d'être frappé, pour notre passage, par un rapprochement avec la Brhat Saqihiliï,
déjà signalé par M. P. Mus dans le BEFEO, 1931, p. 541-542 (où il faut lire B. S.,
XLIX, 5, au lieu de XLVIII, 5) : « Une couronne royale a cinq pointes; celle du
Yuvariija et de la Reine, trois; celle du Commandant en Chef, une et celle du favori
du roi n'a pas de pointe,; cette dernière indication laisse penser qu'il n'est pas
impossible que la bonne correction du sanskrit soit plutôt : otriSikhopaSobhitam acira-
kaqi viï. Peut-être pourrait-on s'en tenir à la leçon du skt. et garder aSiraskam: « la
tête non [ornée],. M. Edgerton, qui cite ce passage, p. 231, associe l'initié à Mafiju~ri.
.f Il donne aussi les références à la coiffure et à la mudrü particulières à Maàjuéri que
nous avons rencontrées plus haut. Il ne faut pas, en tous cas, voir dans ce texte un
rapport entre la cotrrure « à cinq pointes li et ces c rigs-lr\a • des Tibétains, composés
de cinq pétales représentant chacun un des cinq Jina; cr., par exemple, Indo-Tibetica,
!
1:r
III, 1, pl. XXXIII et Oracles and Demons, pl. II, p. 12.
(1) Tib. : dkyil-'lthor gfl.is-pa la phyin-pa na,· skt., p. 49, l. 16 : dvitiyamap(jala·
sthitam.
(2) Skt., p. 49, 1. 17, supprimer la virgule entre sakrjjaptvü et küriïpayitvâ.
(3} La famille spirituelle à laquelle le disciple appartient est déterminée ams1
dans la cérémonie d'abhigeka de la Hevajrasekaprakriyâ traduite par Finot (op. cil.),
.., toutefois, l'âcârya fait d'abord lancer une guirlande de fleurs (pugpamüla) par l'initié
dans le ma,:,.{lala,« et il tire de là un pronostic sur le pouvoir magique (du disciple) n;
'11
1 ·, mais le sens habituel de ce geste est celui qu'indique M. Takakusu dans H.E.R.E.,
( vol. 7, p. 321 b: « on fait jeter une fleur par le candidat sur le ma\lQala sacré placé
devant lui. Si la fleur tombe sur un Buddha ou un Bodhisattva, il est considéré comme
jl digne du Buddha-gotra ; mais si elle tombe sur le cercle extérieur du vajra-lcula, par
.,/ exemple sur VlQ.0.yaka(Gal}.apati),il ne lui est pas permis d'étudier la doctrine mystique
j, .·. quoique, de nos jours, il n'y ait pas d'observance stricte de cette règle. li Voir aussi
1d ,: supra, p. 65-66. La fleur est parfois remplacée par une flèche (cf. R. Bleichsteiner,
\r, 1 ,
1 L'Ê(llisejaune, p. 192) ou par un cure-dent (cf. M. Tucci, Teoria e pratica del mandala,
1 p. 93-94). Cependant Mme David-Neel signale une autre explication du jet de la fleur
li1
l
dans des cérémonies d'initiations lamaiques contemporaines (Initiations Lamalques,
p. 72) : c'est. d'après la place où la fleur tombe dans le map(jala que l'initié reçoit le
nom qui lui est accordé à chaque nouvelle initiation.
li (4) Le chinois confirme cette traduction.

1i'.
Pj :1

j;

1 1

,
1
TRADUCTION CHAPITRE Il 137

personnel» (suamantra) lui est récité; c'est à lui qu'il a été lié
au cours de huitl naissances successives', c'est le kalyiir:,amitra
grâce à qui il réalisera 3 le but parfait des Mahi'ibodhisattva
omniscients, à savoir la marche vers le trône de !'Illumination
( bodhimar:,q.akramar:,a); et il• obtiendra assurément de grandes
jouissances, une grande royauté, (ou) une grande renommée.
Pour la vie présente (ihaiua janmani) il réussira sans aucun doute
tout ce qu'il aura à réaliser et (cela) dans tous les domaines (sarua-
karme§u); il (l'acarya) fait ainsi successivement pour ceux qui
désirent la siddhi, de un• jusqu'à huit, pas davantage. Pour les
autres6, ceux qui veulent éviter les péchés, ils n'ont qu'à faire
une promesse (samaya) et rien que cela 7 • Pour conférer l'abhi§eka,
le maitre du mar:,ef.ala (mar:,ef.aliiciirya) se rend ni trop près ni
trop loin en dehors (N. 164 a) du mar:,ef.ala; et après avoir .pris
possession (adhi§/hiiya) du terrain au Nord-Est et l'avoir purifié
par un mülamantra•; alors, comme pour la consécration royale
(riijyiibhi§elwmiua), on conférera l'abhi§eka à (un disciple) dont
la foi en le Buddha, la Loi et la Communauté est totale, qui est
pieux, plein d'énergie et n'est pas sans avoir pris la résolution de
la Bodhi (auirahitabodhicilta}, qui est un fidèle mahâyâniste,
(Skt. 50) dévoué aux Trois Joyaux, dont les sens sont au complet,
qui est sans reproche, désire la réussite des mantra en cette vie,
qui a de bonnes pensées, est curieux par nature et qui, même s'il
s'agit de chercher à savoir (par lui-même), n'a pas l'esprit porté
à inventer le sens des mantra; (à un tel disciple) on accordera les
abhifeka de un à cinq• en évitant les autres 10 • Il faudra initier des

(1) Tib. seulement.


(2) Skt. seulement.
(3) Skt., p. 49, I. 21, abhinirharati,· le tibétain sgrub~pa yin-no confirme le sens de
c réaliser, accomplir li indiqué par M. Edgerton pour ce verbe.
(4) Le singulier a un sens collectif: il s'agit des huit disciples.
{5) Skt. seulement.
{6) Tib. : 11.ceux qui restent, ...
(7) Skt., p. 49, 4e ligne avant la fin, couper après iti.
(8) Skt., p. 49, 1. 27: mantrapülaTJ1krtva mülamantrepa,· le tib. est plus clair : rca-
ba'i-sriags kyis dag-par byas-pas.
(9) D'après le tib. : géig la-sogs-pa lfla'i bar du, corriger le skt., p. 50, 1. 3, ef,aTJ1
prabhrli yaviiyalhe en oyaual panca; cf. p. 49, l. 24, une expression analogue : el,aqi
prati tiivad yüvadagJünâqi. La série de cinq consécrations porte le nom de « consécration
par la science li (vidyâbhi~eka) dans les Manuscrits sanskrits de sadhana's traduits
(Suile de la note 9, page suiuanle).
(10) D'après le tib. : lhag-ma ni sparl-bar-bya'o, corriger, skt., p. 50, I. 4, sevyiivarjyü
en Se{Jii(MVP 1726) varjyü.
11 est clair, d'après ce passage, qu'au moment de la rédaction dn MMK, d'autres
abhi~eka étaient connus, qui sont ici délibérément évités. Cf. supra, p. 13.
138 MANQALADANS LE M.ANJUSRIMOLAKALPA

(disciples) intelligents et savants (prajfîa) et qui, en particulier,


ne soient pas complètement ignorants de la pratique religieuse ;
les autres devront être écartés.
Ensuite, lorsqu'il a fait préparer 1 tous les accessoires comme
pour la consécration royale (sarvarajyabhife/camiua), le maitre
officiant (slob-dpon mkhan-po) 2 se réjouit. Puis après avoir déployé
un grand baldaquin (N. 164 b) (on) brandit une bannière et un
étendard et on porte au-dessus de la tête (du disciple) un parasol
blanc; [on l'évente]' avec un chasse-mouche (camara) blanc;
·.r'' très respectueusement, on fait résonner les tambours et les grands
til
tambours d'argile et les conques au bruit favorable, et on fait la
'1
pradakfi,:ia autour du ma,:iqa/a en prononçant les louanges dites
par les Jina, telles que Marigalagatha et Svastikagatha; puis ayant
rendu hommage à tous les Buddha et Bodhisattva, et ayant rendu
hommage avec la tête [sur les pieds de]• i'acarya, (l'initié) pronon-
cera ces mots : « 0 maitre' (slob-dpon), je désire être introduit
dans le ma,:iqala pour réaliser la pratique des mantra de tous les
Buddha et Bodhisattva, je désire être introduit dans le ma,:iqa/a

(Suite de la note 9 de la page précédente).


par Finot (op. cil.). En voici la liste (p. 39-40) : 1) udalcâbhi§eka, consécration par
l'eau; 2} muku/tibhi§eka, consécration par le diadème; 3) vajrâbhi§eka, consécration
par le vajra; 4) ghatJ/ribhi§eka, consécration par la clochette i 5) niimUbhi§eka, consé-
cration par le nom. Dans le Mémoire sur la Communauté au Népal, MinayefT, citant le
Car.u;tamahiiro§aIJ.alantra,ch. III p. 299, n. I, donne une liste où on trouve pour
troisième consécration khadgiibhi{leka, consécration par le glaive, et pour quatrième
piiSiibhi§eka, consécration par la corde, les autres étant les mêmes. M. Tucci dans ses
Tibelan Painled Scrolls, p. 247, donne une liste non plus de cinq, mais de sept premières
consécrations dans laquelle sont englobées celles que nous venons de citer. Les deux
premières sont les mêmes, la troisième, pa!/âbhi§eka, est une consécration par le cordon
sacré, les quatrième et cinquième sont les consécrations par le vajra et la clochette,
puis lorsque le disciple a prononcé ses vœux, suivent le niimiibhi§eka et l'anujniibhi§eka.
Après ce premier groupe de consécrations, que le nombre en soit cinq ou sept, vient
celui qu'on appelle guhyiibhi§eka et qui comprend, dans la liste donnée par M. Tucci:
1) kumbha abhi§eka, 2) guhya abhi{leka, 3) prajnii abhi{leka, au cours de laquelle on
obtient la science ou gnose par l'intermédiaire de la mudrii.. Ces trois dernières initia-
tions ont un caractère sexuel. Il n'en est pas question dans le MMK. cr.supra, p. 63.
( 1) Skt., p. 50, l. 5, sa1]1bhrtya,· tib.,: bsgos-te.
(2) Le skt. iiciiryo vii yena lu§yeta, p. 50, I. 6, est corrompu. mkhan-po traduit habi-
tuellement upiidhyiiya (MVP 3473). Il ne semble pas que ce soit un troisième
personnage, outre l'utlarasiidhaka et I'iiciirya, car le chinois traduit simplement par
n iicàrya ». La même expression se retrouve ailleurs dans le MMK, par exemple au
chapitre XI, p. 94, I. 8-9.
(3) Tib. : rna-yab dkar-pos g-yob-pa.
(4) Chinois seulement.
(5) Cette apostrophe, qui manque au chinois, correspond à une courte lacune en
skt., p. 50, I. li, qui commence paru (piidhyiiya? ), ou peut-être pour ulli{lfha, comme
p. 123, 1. 6.

1,
1
1

TRADUCTION CHAPITRE II 139

de libération qui transcende le secret de tous les (dieux) Laukika,


je désire parvenir à l'état de Buddha par l'entrée dans le royaume
de tous les Dharma »1 . En résumé, qu'il dise : « Puissè-je devenir
Buddha. » Il s'assied ensuite sur une botte d'herbe /rusa, tourné
vers l'Est, regardant le ma,:iqala, et y reste un moment. Puis on
lui confère la consécration de la vidya (*vidyabhifeka, rig-pa'i
dbari-bskur) ', et on l'introduit (dans le ma,:iqa/a) • en lui faisant
lier la grande mudra à cinq pointes. Il devra alors tracer avec du
bézoard• son mantra d'élection 5 , celui qui lui plait, quel qu'il soit,
sur une feuille d'écorce (N. 165 a). Après l'avoir écrit, il lave ses

(I) Traduction douteuse; il faut, me semble-t-il, traduire l'expression: sarvalaulâ-


kiilikriinlarahasyavimok{lama,pf.alarri samanuprave{lfU1J1(p. 50, l. 12) en tenant compte
de la déclaration de MaüjuSri concernant son exposé sur le rituel du mal)çiala, p. 36,
I. 3-6 : nirdi#a1J1 bho jinaputrâlikrântamiinu{lyaka1]1 samayaf[1.miinasodbhavam mtinu-
{lyakam ( = mal)çialam) tu vak{lye parinirvrttintim yalra sattvti samanupraviSya
sarvamahtilaulcilcalokollarâ siddhirp. gaccheyu!J//.
(2) Sl<t., p. 50, I. 15-16, lacune.
(3) Il ne peut s'agir ici de la série des cinq abhi{J.ekagroupés sous ce nom (cf. note
de la page précédente), puisqu'il est spécifié quelques lignes plus loin que le vidyti-
bhi{leka est accordé dans le premier mal)çiala.
(4) Tib. gi-van, skt. gorocanti. Voir les variantes du mot gi-van dérivé de giu-wafl,
niu-hwafl dans la note que lui consacre Lauter dans ses Loan-words (p. 528, n° 223).
On peut ajouter à ces variantes celle de gri-dball donnée par le P. Hyacinthe Bitchourine
dans la Description du Tibet, éditée par Klaproth, p. 159. D'après le Dictionnaire
Tibétain-Sanskrit, p. 22 b, l. 4-6, les équivalents sanskrits de gi-varp. sont gorocana,
tucakam, rocana et pour gi-vam mdog (couleur de gi-van), sidgal;; et. aussi golocan dans
R. L. Turner, Nepali Dictionary, Londres, 1931, p. 150b. Les traductions en langues
occidentales oscillent entre bézoard et orpiment. La valeur mystique et magique du
bézoard semble venir en partie de son aspect durable qu'il doit à sa qualité de minéral.
Le fait que l'on extrait ce minéral d'un animal et que sa couleur varie du brun au rouge
en passant par le jaune ajoutent encore à son intérêt; cf. cependant, pour sa couleur,
Kowalevski, Dictionnaire mongol-russe-fram;ais, Kazan, 1849, p. 2275a, n. Pour quelques
rétérences littéraires au bézoard, voir 1-1.Yule et H. C. Burnell, Hobson-Jobson, Londres,
1903, éd. revue par W. Crooke, p. 90-91. L'orpiment en Chine a récemment été étudié
dans un article bien documenté de E. H. Schafer, Orpiment and Realgar in Chinese
Teclmology and Tradition, J.A.O.S., 75,21 avr.-juin 19551 p. 73-89. L'utilisation du
bézoard pour tracer des mantra sur feuille d'écorce se retrouve, par exemple, dans le
l(umtiratantra de Rtival)a, étudié par M. Filliozat, dans son Êtude de Démonologie,
p. 146 et n. I. Là, un vidyâmantra n est écrit avec du bézoard sur des écorces de bouleau
qu'on attache au cou » et M. Filliozat précise, en note, que « le bézoard étant jaunâtre,
l'eau dans laquelle, réduit en poudre, il a été délayé peut servir d'encre». Ce même
usage se retrouve dans le MMK, p. 569, l. 5 ; dans un autre passage du MMK, p. 671,
1. 3-4, le gorocanii est utilisé pour tracer le tilalca. Dans un passage du Vidyollama
concernant les moyens de découvrir et de s'emparer de trésors, le 'gi-'u-var'l (t. 164b)
ou 'ge-'u-van (f. 165a), mélangé à d'autres ingrédients, sert à « briser les portes de
trésors ».
(5) D'après le tib. rar'l 'dod-pa'i sl'lags, il faudrait corriger le skt., p. 50, l. 17, svesthi-
tam en sve{J.fitarp..
----~--..•

140 MAJ':!l;lALA
DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

mains et une coupelle munie d'un couvercle (saràvasampu/a) avec


de l'eau de santal et de safran et après avoir déposé cette feuille
d'écorce à l'intérieur de cette coupelle à couvercle il va la placer
à l'intérieur du ma,;ziJ,ala1 aux pieds du Bodhisattva Mai\jusrï.
Alors, installé sur (la botte) d'herbe /msa 2 , il devra prononcer•
108 fois le même vidyàmülamantra qu'auparavant, puis assis sur
la botte d'herbe kusa il recevra la consécration ; l'àcàrya saisit
la jarre pleine (pür,;zaka/asa) valable en commun pour tous les
êtres<, qui a été déposée auparavant près de la porte, dans le
ma,;zq,ala extérieur, l'àcàrya, en prononçant un mülamantra, lui
confère l'abhifelw (en versant l'eau) sur le haut de sa tête (mür-
dhani). Ceux qui restent, [seront consacrés], comme il le désire,
avec l'eau 5 •
Puis on donnera à celui-ci (l'initié) cette coupelle à couvercle,
et on lui fera réciter• (le mantra déposé à l'intérieur) avec une
lampe. Si c'est le même mantra', la réussite viendra grâce à un
effort gradue!•; (même si c'est) un autre, il réussira, par le seul
fait qu'il récitera le mantra. Si encore des syllabes du mantra
manquent ou sont en excès ou rajoutées (Skt. 51), ce sera la réussite
sans aucun doute pour le premier sàdhana. Ainsi, avec les (N. 165 b)
trois sàdhana écrits auparavant par l'àcàrya•, on aura la réussite.
Ainsi, on accordera dans le premier ( ma,;zq,ala) la consécration
de la formule magique (vidyabhifeka). Quant à l'abhifeka du

(1) Lacune d'une demi-ligne en skt., p. 50, l. 19.


(2) En tibétain seulement j skt. : « alors, installé là ».
(3) bzla-bar-bya'o Il ; skt. : anuccàrayitavya{l / p. 50, 1. 21.
(4) Skt., p. 50, l. 23 : sarvasatlvasüdhàra,;wbhülam; même expression au moment
de placer les huit jarres dans le ma,;uJala, au début de la cérémonie (p. 47, 2c 1. avant
la fin).
(5) C'est l'âciirya qui décide de l'onction à accorder aux autres postulants.
(6) Sld., p. 50, 3 lignes avant la fin, piithayitavya{i,· en tibétain:« on lui fera lire»;
on peut noter ici l'emploi de giug-par bya-ba avec le sens de verbal d'obligation, dans
l'expression correspondante : lclog-tu giug-par-bya'o.
(7) En skt. seulement.
(8) Skt., p: 50, av.-dernière ligne, yadi sti eva bhavali mantra lcramat sidhyali yatna-
lal): une réussite progressivement assurée.
j, :
{9) Ce passage n'est ni très clair, ni très bien rédigé; ces trois südhana apparaissent
il. .· ici pour la première fois. Or c'était le mantra personnel de l'initié, et écrit par lui,
l:
I'
1:
·' i
''. J
,.
qui était enfermé dans la coupelle. C_equ'on peut retenir, c'est que de la récitation
plus ou moins exacte de mantra, on tire des pronostics sur les degrés de réussite du
néophyte. Sans la mention de ces trois sâdhana, on aurait pu penser à une sorte de
loterie, chacun des huit initiés déposant son mantra dans une coupelle fermée et en

li} tirant une nu hasard, puisqu'il a le visage voilé; des pronostics auraient alors été
déduits du fait que l'initié serait tombé sur son mantra ou sur celui d'un autre. Un

i'' ;
procédé analogue est employé de nos jours au Tibet pour vérifier l'authenticité des
médiums ( Lha-pa).

(;:
li
1
.. -------------------·--=--
TRADUCTION CHAPITRE II 141

second ma,;ziJ,ala,il se confère dans le second ma,;ziJ,alaau moyen


de la jarre pleine offerte auparavant à tous les dieux. De même
qu'auparavant (en versant de l'eau) sur la tête (de l'initié), si on
fait ce rite-ci, on sera délivré de tout péché ; de plus (l'initié)
devient accepté (anujfiala} par tous les Buddha Bhagavat1 et
il reçoit le pouvoir• de (pratiquer) les vœux, les ma,;ziJ,ala,les mantra,
les mudrà et les sàdhana terrestres et supra-terrestres. Que l'initia-
tion d' àcàrya lui soit accordée par tous les Bodhisattva 3 •
Dans le troisième ma,;zij,ala(trlfyama,;ziJ,ale) on confèrera l'abhi~eka
(en versant de l'eau) de la jarre pleine offerte à tous les Sravaka
et les Pratyekabuddha sur le sinciput (mürdhanyabhi?ecayel)
selon le même rite. (L'iicàrya) devra dire• : "Tu es autorisé
(anujfiàlaslvam) (N. 166 a) par tous les Buddha et Bodhisattva
aux grands pouvoirs magiques (mahàrddhika) à pratiquer ou
à enseigner toi-même• la pratique et l'enseignement de l'écriture,
de la récitation, des ma,;ziJ,ala,des mantra, tantra et mudrà et des
mantra terrestres et supraterrestres » ; pour cette vie même, dans
les renaissances successives jusqu'à la dernière incarnation',
toujours (l'initié) atteindra l'état de Buddha.
Ainsi, de même que dans la cérémonie d'initiation de Jaya et
Vijaya 7 selon le rite enseigné plus haut, on présente au Bodhisattva
(c'est-à-dire au disciple) la jarre offerte au Buddha Bhagavat et
on lui confère l'abhifelw avec celle-ci ; et on doit dire encore :

(l) Tibétain seulement.


(2) Je traduis ainsi le tibétain byin-gyis-brlab-par qui traduit habituellement
adhi$/hâna (MVP 4264) ; avya~/o qui correspond ici à byin-ggis-brlab-pa n'est pas
attesté dans les dictionnaires usuels et M. Edgerton, citant ce passage (p. 51, 1. 7)
propose, p. 79, <i:read abhya$!D, practised, exercised », hypothèse plausible dans ce
contexte mais qui ne correspond pas à la traduction tibétaine.
(3) Le tibétain est différent: « étant accepté par tous les Buddha Bhagavat, ayant
reçu le pouvoir, grâce à {lcyis) tous les Buddha et Bodhisattva (de pratiquer) tous
les vœux, mantra, mudrâ, ma1J.{lalaet sâdhana, terrestres et supra-terrestres, on lui
confère l'initiation d'âctirya ».
(4) Skt., p. 51, 1. 10, valtlavyam,
(5). Slct., p. 51, 1. 12: svayal!l carilu111nird~fu,rt vâ; tib. : rar'l.-fl.idspyod éiri slon-par
khuod la.
(6) Skt., p. 51, 1. 13, yiivat paScimalca,rt; et. M. Edgerton, p. 338. Le tibétain diffère:
11pour cette vie·ci et ensuite pour les huit renaissances (qui suivront) il obtiendra
l'état de Buddha ». Il semble qu'il ne faille pas suivre le chinois qui traduit : 11 dans
le présent, le passé et le futur », quoique cette allusion aux trois jiili se justifie elle
aussi, mais ce sens ne peut être tiré ni du skt. ni du tib.
(7) C'est, comine on l'a vu p. 110, n. 8, le nom de deux des huit Ui.;:r;t.ii.;arâja et, au
féminin, celui de deux divinités du groupe des quatre Kumiiri cf.; p. 119, n. 6. Cependant
ce sont peut-être de simples adjectifs rappelant le caractère royal de la consécration.
142 MAJ!IJ;)ALA
DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

« Tu es accepté 1 (anujiiiitaslvam) par tous les Buddha Bhagavat,


les grands Bodhisattva et les Auditeurs,
'
'1' ,,; (Invincible par tous les Bhuta•, invaincu par tous les hommes,
;.~' 1 ~. sois vainqueur de tous les mantra, réalise ce que tu désires. »
Alors le maitre du ma,;uf.ala,à chacun, comme il le désire,
accordera les cinq abhi§eka, les mêmes cinq à tous].•
' '
' < Puis, après les (lâm) avoir introduits dans le ma,;uj.ala, l'un
/ après l'autre, ils s'offrent eux-mêmes à tous les Buddha et Bodhi-
"1 1 sattva, et après avoir fait trois fois la pradak§ir;.a autour du
' ( mar;.(j.ala,on les renverra. En outre, après les avoir instruits l'un
après l'autre, un jour durant, dans la pratique (N. 166 b) des
i
mantra, on devra les admettre parmi les disciples•. Au même
~ ,: '
'• ,1.' moment, saisissant la jarre pleine offerte plus tôt au grand
.,, Bodhisattva Bhagavat Mafijusri (l'iiciirya) fait boire trois gorgées•
~ !; 1

de cette eau à ceux qui ont pénétré dans le mar;.,f.ala,après leur


,·.r avoir fait tourner la tête du côté de l'Est. Puis ils doivent être
/Ji
'I,.
', interpellés ainsi : « Hola ! ne transgressez pas la promesse secrète
1 ' faite au grand Bodhisattva Mafijusri Kumarabhuta ! Ne produisez
,:
!i ,,
) pas une grande infortune! Ne méprisez aucun mantra! Ne trompez
pas• les Buddha et Bodhisattva! Rendez heureux votre Guru!
!'
Sinon, si vous ne tenez pas votre promesse, les mantra ne réussiront
pas et de nombreuses infortunes surviendront». Qu'il parle ainsi
puis, qu'il les renvoie.
,/' Ensuite, le maitre du mar;.,f.alafera encore une fois (bhüyo) un
homa composé de riz cuit mélangé à du lait caillé, du miel et du
beurre (en prononçant) le hrdaya en huit syllabes. Puis il se lève,
''.1' 'i' pénètre au centre du mar;.,f.alaet selon le rite qui a été expliqué
plus haut, il évoquera les dieux' mentalement et leur présentera
une offrande (arghyam) avec les fleurs décrites auparavant.
Après avoir brûlé de l'encens [selon le rite enseigné plus haut]'
(N. 167 a), pour tous les Buddha, Bodhisattva,,Pratyekabuddha,
tous les Arya Sravaka, les Deva, Naga, Yak~a, Garuçla, Gandharva,
Kinnara, Mahoraga, Rak~asa, Pisaca, Bhüta, Yogin, Siddha, l;l,~i

(1) Anujiiâ, de même que rJes-su gnari-ba qui le traduit a plusieurs sens dont
«·instruire, autoriser, accepter» cf. p. 68-71.
(2) Tib. : u difficile à vaincre par tous les Bhùta ,.
(3) Versifié en skt.
{4) Skt., p. 51, 1. 24, niyoktauyri (lire -uyâQ); tib. : sbyar-bar-bya'o {{.
{5) Littéralement : « trois poignées d'eau )1 (udakaculuka).
(6) Skt., p. 52 1 I. 2: na visaqwâdaniyri{l, tib, : slu-bar ma-byed éig.
(7) Tib. : lha thams-éad yid la byas le.
(8) Tib. : « après avoir brûlé de l'encens»; ceci est un rappel de la description du
début du chapitre II, supra, p. 78.
TRADUCTION CHAPITRE Il 143
et tous les êtres, il répand des fleurs par terre et arrose {le mar;.,f.ala)
d'eau de safran et de santal 1. Puis, selon le rite expliqué plus haut,
il les prie de s'en aller et les renvoie tous mentalement•.
Puis le maitre du mar;.,f.aladevra, soit jeter à la rivière toutes
les couleurs, le nivedya, et le bali, soit les donner aux êtres vivants
souffrants. Après avoir rendu cet endroit agréable en le balayant
bien, qu'il le nettoie soigneusement et l'aplanisse, puis il y répandra
de la bouse de vache ou bien il l'enduira d'eau ou encore de terre
parfaitement pure ou de sable et il s'en ira à son gré'. Lui-même
et ceux qui ont pénétré dans le mar;.,f.aladevront manger les
offrandes de riz et de lait ou celles qui ont été utilisées pour les
oblations•.

{l) Tib. : « il purifie avec du safran et du santal».


(2) Lire skt., p. 52, l. 12, münasamok?afJ au lieu de mânasa mok§aQ,
(3) Le nettoyage du terrain, une fois le rite accompli, est classique dans le rituel
du ma,:ujala. Parfois, comme dans la Ilevajrasekaprakriyü, traduite par Finot, op. cil.,
p. 48, l'O.cârya(t balaie la poussière du mal)çiala, la met dans une boîte parfumée et la
jette au fleuve ».
(4) Les indications données par cette phrase ne sont pas à leur place et devraient
être reportées plus haut.
,(
li
,'·1 !.1


'

i ·1·
,:i
,.~
-------~,~

CHAPITRE 1111

Ensuite, Maiijusri Kumarabhüta ayant encore une fois abaissé


le regard sur la demeure (bhavana) des Suddhavasa (Skt. 53),
ayant rendu hommage à tous· les Buddha et Bodhisattva réunis
dans le cercle de la Grande Assemblée ( mahâparfanma,:uf.ala )2,
prononça le mantra en une syllabe ( ekâkfara) • très secret, qui
détruit tous les poisons, qui accomplit toutes les actions<, mantra
qui fait obtenir la réalisation (sâdhanopayika)6 du petit ma,:ujala';
et quel est ce mantra? Le voici, ô amis', écoutez-Je• : namafi
samanta buddhânârr, ladyathâ orr, ja'. En résumé 10 , on utilisera ce ':I
mantra en une syllabe dans tous les rituels (vidhâna) du second
ma,:uJala.
Après avoir déblayé (samsodhya) un terrain de huit coudées
ou de quatre coudées, on devra dessiner soi-même avec de la poudre

(!) Skt. p. 53.


(2) Le tibétain est différent : « Alors MaiijuSri Kumarabho.ta, ayant considéré la if
réunion du cercle de l'Assemblée du Palais des Suddhâvâsa ... ,. Rappelons qu'ici,
comme au début du chapitre II et de bien d'autres (cf. supra, p. 105, n. 10) gial-med- :1
kha,i rend bhauana et non vimiina. ,!
(3) Comme Przyluski l'a déjà signalé dans Les Vidyiiriija, p. 305, le chapitre IX 1
du MMK mentionne un autre ekiik~ara mantra aux vertus nombreuses et « très secret,:
kllhiqi; au chapitre XIV, p. 140, il est question de l'ekfilc§ara mantra: bhrüqi. Par
ailleurs, trois chapitres du second tome du MMK, les chapitres 25 à 27, sont consacrés
à la formule en une syllabe. Ces chapitres sont intitulés : ekâlt$aracakrauarltyudbhava,
ekiik$aracakravarlikarmavidhi, et ekâk~aramülamantra üryamafljuSrïhrdayafcalpa paJa
vidhtina, et sont traduits en tibétain et en chinois; cf. infra 1 n. 9.
(4) Skt., p. 53, 1. 3, sarvakarmika; et. M. Edgerton 1 s. v., auquel on peut ajouter
cette référence ainsi que celles de la p. 81, l. 14 (prose), de la p. 515, dernière ligne
(vers) et de la p. 517, I. 9 (prose), passages concernant tous des mantra.
(5) On peut ajouter aux références de M. Edgerton, s. v. upayilca, celle de MMK1 53, 3.
(6) En skt. : suama,;uJala,<1ma,;z{lalapersonnel»; en tib. : éhun-nu 1 traduit kanyasa i
!
(cf. chapitre II, p. 37, l. 11).
(7) Le tib. grogs-po dag traduit le skt. samâr$a qui n'est pas attesté; mais mâr§a,
MVP 6391, est traduit grogs-po et il faut lire samür§a comme sa mür§tÏ{l.
(8) En tib. seulement.
(9) ÜTfl.manque au skt. ; c'estja la formule en une syllabe aux propriétés énumérées
plus haut.
(10) En skt. seulement.

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i'!
1,
/.

1
rul
'1
146 MAJ'.ll;>ALA
DANS LE MMIJUSRIMOLAKALPA

de cinq couleurs et ri~n d'autre ; qu'il. soit situé ici ou là, c'es_t
sans importance. Sur I ensemble de trois ma,pJ.a/a', carré, aplam,
embelli, on dessine en premier la grande mudrâ à cinq pointes
(paftcasikhii1]1 mahâmudrâm). On devra dessiner (aussi) la mudrâ
du lotus bleu (ulpa/a) du Bhagavat (N. 168 a) Mafijusri [Kumâ-
rabhuta]2, la mudrâ du croc, la mudrâ du visage, la mudrâ de la
canne; qu'on dessine les mudrâ dans le mar;ujala interne•, au côté
Est. On peindra ensuite au pied de la porte extérieure• un lotus
rose, un vajra, un lotus bleu, des attributs qu'on tient en main',
un étendard, un parasol, une arche (lora,;,a), un char, un éléphant,
un cheval, un taureau, un buffle, un svastika, un paon, une chèvre,
un mouton 6, et un homme (purufa) à l'aspect de kumâra; suivant
cet ordre on les peindra figurés en rang ( pan/di âsritâ) '. Ainsi
faits, qu'ils composent les figures du ma,;,rjala triple'.
Ensuite, ayant fait les opérations ignées (agnilcâryal]1) du côté
du Sud-Est au moyen de ce même mantra en une syllabe, on
brûlera 10089 bûches d'arbre apâmârga" ointes de lait caillé,
miel et beurre ; puis on fera une offrande de fleurs (pufpairarghyo
dey al;). Avec le même mantra en une syllabe on offrira à son gré
le bali ( glor-ma}, la nourriture pour les dieux (nivedya}, des lampes
et de l'encens"(puis) qu'on fasse l'invitation et le congé (âhvânana-
visarjanal]1).
Alors, celui _qui désire la royauté devra dessiner (le ma,;,rjala)
au milieu d'une ville"; celui qui désire des jouissances (N. 168b)

'
1. (1) Skt., p. 53, I. 8, lrimal).çlala; dkyil-'khor.
(2) En tib. seulement. Cf. p. 99, n. 9.
(3) Skt,: abhyanlarama,:zçlala; on l'a vu dans le chapitre précédent, c'est ainsi qu'on
appelle l'enceinte interne d'un ma,:zçlala tripartite. Le tibétain, logique avec lui-même
puisqu'il n'a mentionné qu'une enceinte, traduit: « à l'intérieur du matJ.çlala li : dkyil-
'khor gyi nail-du; abliyantarama,;uJala est traduit par nari gi dkyil-'khor. Cependant,
voir infra, n. 8.
(4) En chinois: « à l'extérieur de la porte~.
(5) Tib.: phyag-mchan; en skt., dhvaja, «bannière», que rend généralement rgyal-
mchan (MVP 510, 515, etc.).
(6) Skt. : « un bélier "·
! (7) cr. p. 98, n. a.
(8) Tib. : dkyil-'khor gsum la brlen nas de-llar bri-bar-bya'o fi i en chinois : « on les
dispose dans un ordre successif sur les trois étages du marp;lala ».
(9) En akt. : 108.
(10) Achyrantes Aspera.
(11) D'après le tibétain, dhüparJ1vâ est à placer à laligneprécédente, ce qui donne:
ekâk~arer;iaiva mantre,;ia balinivedya pradipa (= 0 dipal(l) dhiipa,rt ca {et non vâ)
yathepsilal(l dâlavyam /.
(12) Je suis ici le tibétainj le skt. p. 53, l. 19, se lit ainsi: latal,l praveSayedrüjyakâmaT[l
nagaramadhye âlikhet / ; praveSayed n'est pas traduit en tibétain. Il y a parallélisme

.J
J

l
I',
\,
,,1
·,\
,, '

TRADUCTION CHAPITRE III 147

d'ordre matériel (bhoga) (le dessinera) auprès de l'arbre âmra';


si l'on désire un fils, (on dessine le ma,;,rjala)auprès de l'arbre ccqui
donne vie aux enfants »2 ; si on désire une femmes. .. ; si on désire
un éléphant ou un cheval, on dessine le ma,;,rja/a) auprès d'une
écurie ou d'une étable à éléphant; si l'on désire de l'eau• (on le
dessine) dans la demeure d'un serpent (klu, nâga) ou près d'un
grand lac. En cas de fièvre quarte, ou de fièvre récurrente, ou
s'il y a un symptôme (elwlinga) d'une fièvre quelconque (on le
dessine) à droite d'un bourg (grâma, gron); si l'on est saisi•
( grhita, zin-pa) par un Râk~asa (il faut le faire) dans une maison
vide ou dans un cimetière ; ou encore, si l'on est saisi par un
Pisâca (srin-po) (qu'on construise le ma,;,rjala) près d'un arbre
barura• ou près d'un arbre era,;,rja'; si l'on est saisi par toutes les
Mères (mâtara, ma-mo)' (on fait le ma,;,rja/a}, soit à un carre-

entre la chose désirée et le lieu où tracer le mar;i(jala pour l'obtenir i ce parallélisme est
parfois facile à saisir, comme dans le cas du désir d'obtenir un éléphant ou un cheval
ou de l'eau - parfois difficile à comprendre, surtout lorsqu'il s'agit de dessiner le
ma,;i(jala près d'un arbre. Ici, le fait de dessiner le marp;fala au centre d'une ville rappelle
que la ville du roi est souvent en forme de matu,lala ; lieu de convergence des quatre
directions, la ville-mar;i(jala est considérée non seulement comme une capitale, mais
aussi comme un centre du monde.
(1) Le tibétain donne amra, transcription d'âmra, Mangifera Indica.
(2) En skt., p. 53, l. 20: pulranjïvaka (Putranjiva Roxburghii), appelé ainsi« parce
qu'on fait des colliers avec ses racines qui, suppose-t-on, gardent les enfants en bonne
santé» (cf. Monier-Williams, s. v.). En tibétain, l'arbre est appelé bo de ce.
'I
(3) En skt. ,p. 53, l. 20 : ((quelqu'un qui n'a pas de femme» (anapalnïkam) ... ;
il manque un mot pour indiquer où.construire le mar;i(jala en ce cas-là i cf. M. Edgerton,
sous le mot an a, p. 19. Le tibétain associe femme, cheval et éléphant en traduisant:
((Si l'on désire une femme, un cheval, et un éléphant», etc. Le chinois a compris ainsi:
« Si l'on désire un fils, une femme ou des concubines, il faut construire le mar;uJ.alasous
1
l'arbre bo de ce.»
(4) En skt. : u si quelqu'un a été piqué (par un serpent) ». Le chinois dit: u si l'on
désire asservir un dragon, il faut le construire près de l'étang du grand dragon.» :1
(5) Cette expression, qui revient plusieurs fois dans ce passage, toujours à propos
de démons, est la même qui, dans le Kumâralantra de RâvaJJ.a(op. cil.) est appliquée
aux douze mâtrkii qui ((saisissent » les enfants et les rendent malades. La possession ,[
dont il est question ici se manifeste probablement par une maladie dont les symptômes
ne sont pas indiqués. 1
(6) En skt. : ((près d'un arbre vibhïtaka » (Terminalia lalifolia).
(7) Ricinus commu.nis. _
(8) Les Mères (mâtr, ma-mo ), qui semblaient devoir être distinguées des mâtrka
(ma-mo également) paraissent ici occuper l'emploi de ces dernières; cf. supra, p. 1~8,
n. 6. Les mâtrkâ, dont les noms sont donnés dans le l(umiiralanlra de Râva,;ia (op. cil., 1,
\'
p. 4), ogresses responsables des maladies infantiles, sont des démones malfaisantes et !
c'est elles qu'on attendrait ici plutôt que les contreparties féminines des grands dieux 1'
1
de l'hindouisme. 1

ri i

t1

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1
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111
1 1
148 MAJ;IJ?ALADANS,LE MANJUSRIMOLAKALPA

four'; soit près d'une maison où ont eu lieu une mort ou une nais-
sance'; si on est saisi par un Brahmarak~asa, (on dessine le mai,qa/a)
près d'un arbre tala 3 , Si on a été empoisonné•, on prononce
sept fois' sur de l'eau le mantra en une syllabe et l'ayant jetée
dans le mai,qala (Skt. 54) même, on est guéri. Homme ou femme,
si l'on désire la gloire (yasas) on devra tracer (le mai,(iala) dans
une demeure de brahmane• ou à un carrefour. Quand un enfant
est mort (on dessine le mai,qala) près d'un arbre à latex ou d'un
arbre à fruits; si l'on est sans enfants (anapatyâyâlJ,), il faut le
dessiner au milieu d'un champ de riz mûr. Si l'on est atteint par
une des maladies causées par les femmes ou autres, il faudra tracer
le mantra destructeur (rak~oghna,r,) au bord d'une rivière, sur
une berge ou au sommet d'une montagne ; dans des endroits,
comme la rive d'un fleuve 7, qui sont en contact avec une grande
maladie, si l'on est atteint par toutes les maladies, on le tracera
partout•. Si les maladies sont causées par des I;>akinï, (on le fera)

(1) Le carrefour, considéré ici en tant que lieu d'expulsion, semble-t-il, revient un
peu plus bas comme un des endroits où dessiner le ma,;ujala II si l'on désire la gloire».
Le carrefour étant un centre d'où partent les influences, bonnes ou mauvaises, et où
elles convergent, il n'y a pas de contradiction mais ambivalence dans les deux emplois
du même lieu.
(2) En tib. : çi-ba'i khyim dan/ bu béas-pa'i khyim du iï.e-bar-bya'o fi. Les maisons
sont rendues impures par ces deux événements. ·
{3) Le skt. ajoute : u ou près d'un arbre Sle~miitaka ».
(4) Skt., p. 53, I. 25, haradallaltam, cf. M. Edgerton, s, v.; en tib.: sbyar-ba'i dug
byin-pa la, pour extirper un poison».
(t

(5) Tib. : trois fois,.


(t

{6) Skt., p. 54, l. 1, brahmaslhale, tib., bram-ze gnas-par; sous le mot brahmasthala,
M. Edgerton cite ce passage et écrit : the precise meaning is quite obscure»; le
(t

tibétain pris dans le sens que nous lui donnons parait plausible puisque nous avons,
un peu plus bas, un mar:i{lalaà dessiner dans le jardin potager d'un brahmane. Le chinois
correspondant, a: dans une maison propre , est trop loin de cette expression pour être
d'aucune aide. On pourrait aussi se rappeler que gnas rend souvent slhâna (MVP 120,
1664, etc.) et que brahmasthâna est le terme technique qui désigne le carré central
d'un vâstuma,;i{lala(et. S. Kramrisch, The Hindu Temple, t. I, p. 61 321 48, 58, etc.).
Mais il ne s'agit pas ici du tracé d'un vâstu-mat;i{lala,et il est impossible de comprendre
qu'on puisse tracer un mat;i{laladans le brahmaslhâna pris dans ce sens.
(7) Tib. : fug tiogs; skt., p. 64, 1, 4 : pratara, que M. Edgerton, citant ce passage,
traduit par hole, crevice ,, tout en ajoutant : u the interpretation is far from certain,.
(t

Or Das, dans son Dictionnaire, sous le mot nogs, indique le correspondant skt. trra,
u berge, gué », qui est aussi attesté sous la fol'me pratira ,· c'est donc ainsi qu'il faut
corriger le pralara de notre passage .
. {8) Le tibétain est un peu différent : Si l'on est atteint par les trois sortes de
(t

maladies causées par soi-même, ou si l'on a été contaminé par d'autres (on tracera le
mat;i{lala)sur la berge d'une rivière, etc. Si l'on est frappé par une grande maladie,
on dessinera le maT).r.jala sur la berge ou la rive d'un fleuve. Si l'on est atteint par toutes
les maladies, on le dessinera au sommet d'une montagne.•
TRADUCTION CHAPITRE III 149

dans le jardin potager d'un brahmane, clans une maison vide,


clans un endroit isolé, ou dans un creux de terrain ; de même,
pour toutes .ces sortes d'actions (sarvakarme$u), on dessinera (le
mai,(iala) [soit à midi]', soit à minuit, soit à n'importe quel moment.
Après avoir fait une offrande de fleurs accompagnée du même
mantra en une syllabe, après avoir fait le renvoi (visarjya), on
aspergera le mai,qala avec de l'eau ; la grande protection (mahati
rak$â) de toutes les maladies est effectuée (bhavali).
[(Elle protège de toutes les maladies (et l'objet souhaité est
acquis]' :
qui n'a pas d'enfant obtiendra un enfant; le malchanceux aura
de la chance ;
le pauvre recevra des biens, (tout cela) rien que par le fait de
regarder le mai,(iala.
Qu'on soit homme ou femme, si l'on a une foi bien solide'
toutes les choses diverses que l'on désire seront réalisées par-
faitement et complètement]]• '

(1) Skt. seulement.


(2) Skt. seulement.
(3) Tib. : thos nas the-chom-med byas na IJ.
(4) Passage versifié en tib. et en skt.
TEXTE TIBÉTAIN

Skt. 36.21, de nas gsan ba pa'i bdag po lag na rdo rJes sems dpa'
chen po de la gsol ba btab pa / kye sems can chen po sems can
gyi don gyi phyir mdor bsdus pa 'i dkyil 'khor gyi [cho ga]'
gsuns çig ceso // gsan ba pa 'i 2 bdag pos de skad ces smras pa
dan/ 'Jam dpal gzon nur gyur pas sems can gyi don gyi phyir
dkyil 'khor gyi cho ga smras pa / re çig 3 dan po cho 'phrul (L. 99b)
gyi zla phyed dam/ dpyid zla 'brin po'am / dpyid zla (N. 148 a)
tha chuns sam / zla ba yar no'am / iiin zag dge ba dan / gza'
bzan po bitas te / rgyu skar bzan po dan !dan pa / yar no'i ches
gcig dan / zla ba fia ba dan•/ dus gzan la dbyar gyi dus spans
la // sna dros byin gyis brlab par bya ste / gan du gron khyer
chen po la brten 5 pa 'am/ dkyil 'khor gyi slob dpon ran iiid 'dug
par bya'o (37) // rgya mcho chen por 'Jug pa'i gnas sam / rgya
mcho'i nogs dan fie ba'i O gron khyer chen po'i byan çar gyi phyogsu
ha can yan mi rin / ha can yan mi fie bar dkyil 'khor gyi slob
dpon son ste / lo ma'i spyil bu byas pa la zag bdun nam / zla ba
phyed kyi bar du gcig pu rab tu gnas par bya ste / gan gnas de
dag tu yan gcan ma 'i sa phyogs rdo ba med pa / gyo mo dan / thal
ba dan / sol ba dan / phub ma dan / rus pa spans pa / çin tu gcan
ba / çin tu yonsu sbyans pa'i sa phyogsu srog chags med pa'i
chu la ba'i rnam !na 'am/ can dan dan/ ga bur dan/ gur gum
gyi chus bsres pa / khro bo gçin rje gçed kyi snags ston rca brgyad
bzlas te / gcug phud 7 lna'i phyag rgya • chen po dan !dan pas sa
phyogs der phyogs bzi dan sten dan/ 'og dan/ (N. 148 b) thad
ka dan / phyogs mchams • thams cad du bsan (L. 100 a) gtor 1 •
bya'o // de nas phyogs der kun nas gru bzir khru bcu drug gam /
khru bcu gfiis sam / khru brgyad pa bya ste 11 / de la chen po ni 12
khru bcu drug pa'o // 'brin ni khru bcu giiis pa'o // chun nu ni
khru brgyad (P. 76 b) pa'o // dkyil 'khor 'di ni rnam pa gsum /
thams cad gzigs pas gsuns pa yin // rgyal po 'dod pas chen po

(!) N. : omet i!ho ga. (7) P. : bud.


(2) P. : ba 1i. (8) P. : brgya.
(3) L.: zig. (9) P. : 'chams.
(4) P. L. : 1am. (10) P. : tor.
(5) N. : rten. (11) L. N. : byas te.
(6) N.: ba. (12) L. omet ((ni M,
6
••

152 LE ·MANJUSRIMOLAKALPA
~IMjf,)ALA DAL"'iS

ste // 'brin ni Ions spyod 'phel bye~. pa // .chun nus' dam _chig
yan dag srun // las rnams kun byed z1 ha ym // de dag las y1d la
gan 'dod pa 'i dkyil 'khor bri ha ni de la 2 sa phyogs der khru do
cam brkos la I der rdo ha dan I sol ha dan I thal ha dan I rus pa
dan I skra la sogs pa • dan I srog chags kyi rigs rnam pa sna chogs
gal te mthon na sa'i phyog~ gzan du brko ha byas na• gnod pa
med pa dan/ 'che ha med par 'gyuro Il ri bo'i rce mo dan I chu
bo'i nogs dan I rgya mcho'i 'gram dan chu ho chen po'i nogsu
bye ma'i phun po chen po rnams 'bad pas çin tu so sor brtags
te / çin tu gcan ha dan I srog chags med par byas la bri bar bya' o I/ sa
phyogs de yan srog chags med pa'i chu la ba'i rnam pa 6 lna bsres
te (N. 149 a) I chu bo'i klun gi sa• gcan ma 'am I grog mkhar
gyi sa gan du (L. 100 b) srog chags med pa'i sa des ?gan bar
bya'o /1dgan' nas kyan legs par brduns te I kun nas mnam par•
byas la dkyil 'khor rnam pa gsum gan 'dod par' bya'o Il sen
!den gi phur pa 10 bzi la khro bo'i rgy.~l po'i snags !an bdu~ b~!~
zin phyogs bzir gdabo 11chon sna !na 1 skud pa la khro ho 1 snm
po !an bdun bzlas pa byas te I dkyil 'khor phyogs bzi kun nas
bskor bar bya'o /1de bzin du dbus kyi 11 gnasu nan du yan zur
. ' bzir bya'o Il dbus na gnas pa'i dkyil 'khor gyi slob dpon gyis ran
gi rig pa rca ba'i snags ston rca brgyad bzla bar bya'o /1gcu_g
phud 12 Jna'i phyag rgya chen po bcins nas rca ba'i snags_ ky1s
grogs po dan I bdag iiid srun 13 bar byas la I snags zlo bzm du
dkyil 'khor gyi phyi roi du byun ste I dkyil 'khor de la g-yasu

f
bskor ha byas nas kha çar phyogsu bllas 14 te lm ça'i (P. 77 a)
stan la 'dug par bya'o (38) Il sans rgyas dan byan chub sems dpa'
thams cad yid la byas te I dkyil 'khor de'i gru bzi 16 kun tu lm ças
bskor zin dgram par bya'o 11de iiid kyi phyi roi du yan pa 16 rnams
(N. 149 b) zag gcig gnas pas bsiial zin dbyun bar bya'o // de 1~
dkyil 'khor gyi slob dpon gyis snon du bya ha rnam~ byas ~as ran
( . gi rgyud kyi snags la mkhas pa 17 dan / sems can gy1 don gy1thabs
kyi phyir theg pa chen po la mos pa dan/ zag gcig 18 bsiiun bar"
byas pa dan/ grogs bzan po 20 dan !dan pa dan/ bstan bcos sna

(1) P. N. : ùu. (Il) N. : kyis.


(2) P. : de las. (12) P.: bud; N. : pud.
(3) P. omet « pa ». (13) P. : bsruù.
(4) Lire I nas JI qui n'est donné par (14) P.: btas.
aucune édition. (15) P. : bzi'i.
(5} P. omet « pa ,. (16) Cf. p. 101, n. 10.
(6) P. N. : gi, gcan. (17) N.: omet« pa ».
(7) L. : bkan. (18) P. : èig.
(8) N. : por. (19) P. L.: smyuù ba.
(9) P.: pa. (20) N. : pa.
(10) P. L. : bu.
TEXTE TIBÉTAIN 153
chogs kyi' las mthon bas I chon sna lna'i phye ma zib mo çin tu
gsal zin legs par sbyar bar 2 byas la I/ yi ge drug pa'i siiin po mnon
par _hzlas pa'i _phye ma dkyil 'khor gyi dbusu bzag' par bya'o Il
ph_Y1roi tu yan rgyal mchan dan I ha dan sgren • ha clan / rta babs
bz1s rgyan 6 pa I chu çin 'bras bu'i chogs kyis g-yur za ha dan / rna
ho. che dan _Irja ,:na rdun • ha dan I clun gi sgra dan / clga' ha
d!n I bkra ç1s pa I sgra sgrogs pa clag7 bya'o fi zur bzi nas chos
snan• pa dag' bçad par bya'o Il phyogs bzir theg pa chen po'i
mclo scie bklag par bya ha la 'di !ta ste / bcom 'clan 'clas yum çes
rab kyi pha roi tu phyin pa !ho phyogsu bklag 13 par bya'o 1/'phags
pa zla ha sgron ma'i tin ne 'jin 11 nub phyogsu bklag par
bya'o Il 'phags pa sdon po rgyan 12 pa byan phyogsu bklag par
bya'o // 'phags pa (150 a) gser 'oc! dam pa'i mdo scie çar phyogsu
bklag par bya'o Il glegs bam clag18 med na mdo scie bzi po çes
pa'i gan zag chos 'chad pa po 14 la chos miian pa'i phyir bskul
(L. 101 b) bar bya'o fi de nas dkyil 'khor gyi slob dpon Jans nas
??n dan dan/ ga bur dan I gur gum dan 16 bsres pa'i me tog dri
z1m pa dkar po la rca ba'i snags bzlas te I dkyil 'khor du" thams
cad':1 chai" bar dgram par bya'o // mnon par bkram pa byas nas
phy1 roi du byun ste I zag bdun gyi bar du 18 (P. 77 b) 'clod pa'i
kha zas bsten pa'i ri mo mkhan giiis sam I gsum byan chub tu
sems bskyed pa gso sbyon iie bar bstan 19 pa mkhas pa dag bcug
ste I rca ba'i snags kyis gcug phud 23 hein ha byas la I de nas gser
dan I clnul dan / zans dan I rin po che rnam pa sna chogs Jas chon
sna !na" çin tu mjes pa yid du 'on ba'i phye ma zib mo rab tu
bl~ns te I Jons spro~ chen po dan !dan pa dan / chos dan !clan
pa I rgyal po dag bnr 22 gzug pa byas na dkyil 'khor mthon ha cam
gyis nes par byan 'chub 'thob pa yin na I snags sgrub" par byecl
pa !ta smos kyan ci dgos / çâ kya'i skyes mchog 'das (N. 150 b)
gyur nas // sems can bsod nams chun ha la// 'di 'clra'i Jons spyocl
gan" la yod// de nas•• cho ga 'di bstan bya // 'jam dbyans 'od

(1) N.: kyis. (13) N. omet, dag ,.


(2) N. L.: ba. (14) N. omet « po ».
(3) L. : gzag. (15) P. L. omettent 1( dan,.
(4) P. : bsgren. (16) N. L. : de.
(6) P. : brgynn. (17) N. : èhal.
(6) P. : brduù. (18) N. omet« du».
(7) P. : sgrogs bdag; TMK : sgrogs ( 19) L. : bsten.
par bya'o //. (20).N. L.: pud.
(8) N. L. : milan. {21) N. omet aln.q JI,
(9) N. L. : ajoutent « la ,. (22) N. L. : 'drir.
(10) P. : glag. (23) N. L. : sgrubs.
(Il) N. : sgrol ma'i thi 'jin. (24) L. N. : ga.
(12) P. L. : brgyan i TMK: bkod pa. (25) L. N. : de bas.
'

154 MAJ1QALADANS LE MANJUSR!MOLAKALPA

,, chen !dan pa yis // skye ho phons par gzigs nas ni // fiun foi mdor'
bsdus dkyil 'khor ni // mdor bsdus nas ni bstan pa yin // 'bras
·I
r sa• lu dan thug po che'i (L. 102 a) phye ma çin tu zib pa'i chon
sna lna bzan po (39) // dkar ba danser ha dan dmar• dan nag po•
dan !jan lm 5 dag gis bsgyur te/ snar bzag pa'i chon gyi phye ma
slob dpon ran gis blans nas gcug phud lna'i phyag rgya chen po
b cins te / rca ha 'i snags kyi bzlas pa byas nas phye • ma de la
phyag rgya bcino // sgrub pa'i grogs' mchog gi slob dpon gyis•
/
(
dkyil 'khor gyi phyi rol çar lho mchams• kyi phyogsu cho ga
mthon ba'i las kyis thab khun bya ste / rgyar khru do la zabsu
khru gan ha kun nas 'khor bar pad ma'i ze ha 'dra ha / phyi rol
yan pad ma'i ze ha 'dra ha çin ha la ça'i yam çin gis me sbar 10 bar
bya / çin bil ba'i yam çin gis" mtho gan cam don pa la zo dan
sbran rci dan/ mar la btags pa 12 la rca ba'i snags 'bru drug pa'am /
sîiin pos khu chur gyi phyag rgya bcins te me lha spyan (N. 151 a)
dran bar bya'o // spyan drans nas snar bstan pa îiid kyi rca ba'i
snags" yi ge gcig pa'i sîiin pos phyir yan brgya (P. 78 a) rca brgyad
sbyin bsreg" bya'o // de nas dkyil 'khor gyi slob dpon gyis cod
pan dan / 'chog chas byas nas bdag îiid dan ri mo mkhan yan rce
gcig par byas nas sbyin bsreg" byed du bzug 1 5 go / de nas dkyil
, 'khor gyi slob dpon (L. 102 b) sans rgyas dan byan chub sems
dpa' rnams yid la bya ste / snar bstan pa'i bdug pas bdugs nas
thal mo sbyar nas" byan chub sems dpa 1 thams cad la rab tu
I,
1
btud nas / 'jam dpal gzon nur gyur pa la yan phyag byas te /
chon gyi" phye ma blans nas sku'i gzugs kyi 18 bcad pa la ri mo
mkhan gyis yonsu rjogs par bya'o // cho ga 'di dag gis dan por
sans rgyas bcom !dan 'das ça kya thub pa îiid rnam pa thams
cad kyi mchog dan ldan pa / sen ge'i khri la bzugs pa gnas gcan
ma'i gzal med khan na chos ston cin bzugs pa bri bar bya'o / dkyil
'khor gyi slob dpon ri mo 'bri ha na" 'dir sgrub pa'i grogs mchog
gis slob dpon bdag îiid srun 20 ba'i phyir / rca ba'i snags kyis 'byun
po thams cad pa'i gtor ma btan 21 bar bya ste / (N. 151 b) phyi

(1) L. N. : ziil dkyil bsdus. (12) P. omet« pa •.


(2) L.: sii. ( 13) L. : snags kyi.
( 3) L. : dmar ba. (14) L. : sreg.
(4) P. : nag pa. (15) L. : gzug.
(6) L.: gu. (16) P. : te.
(6) N. L. : phyi. (17) P.: gyis.
(7) N. P.: grog. (18) P. L.: kyis.
(8) N. : gyi. (19) N. : 'dri ha na; L. : 'dri ba la.
(9) P. : 'chams. (20) P. : baruil.
(10) N. : spar. (21) L. : gtan.
(li) P. L. : gis omis.
TEXTE TIBÉTAIN 155

rol gyi phyogs bzi dan sten dan/ 'og dag tu gtor bar bya'o // de
nas khrus byas te thab khun du fie bar son nas gos gcan ma bgos
te / gcan sbra dan srun 1 ba 'i cho ga • byas nas gur gum dan bsres
pa'i mar gyi sbyin sreg• ston rca brgyad bya'o // de nas lm ça'i
khres la 'dug nas bzlas pa bya ste / de îiid du gnas par bya'o / yuns
dkar• la khro bo'i rgyal po gçin rje gçed kyi snags brgya rca
brgyad kyis mnon par bsnags• (L. 103 a) la kham por kha sbyar
gyi• nan du bzag' par bya'o // bgegs kyi rnam pa 'jigsu run ba'i
gzugs can mi bzad pa'i sgra rnam pa du ma rlun dan / char dan / yul
nan gzan dan / gzan gan • yan run ha mthon na / khros pas yuns
dkar kham por nas phyun la chan bar bcans te• lan bdun sbyin
(P. 78 b) sreg 10 byas pa des ni bgegs rab tu 'joms par 'gyur ro // mi'i
bgegs la ni !an !na 'chan 11 pa nas sbyin bsreg 12 byas na skyes bu de
rens par 'gyur ba'am / nus pa med par 'gyur ba'am / 'chi bar
'gyur ba'am / skad cig de îiid la mi ma yin pas zin par 'gyur ha
la nam 13 kyan the chom mede / brgya byin yan 'chi bar byed na
ma runs pa'i sems,. dan !dan pa'i mi'am / bgegs tha mal pa lta
smos kyan ci dgos/ khro ho gçin (N. 152a) rje gçed kyis 15 'jigs pas
bgegs rnams phan chun du br'os çin mi snaJi. bar 'gyuro (40) // de
nas sgrub pa'i grog mchog gis" de îiid du ku ça'i khres la gnas
nas / khro bo'i rgyal po gçin rje gçed kyi bzlas pa byed cin gnas
par bya'o // de nas dkyil 'khor gyi slob dpon gyis bcom !dan 'das
ça kya thub pa'i sku gzugs kyi g-yas nosu / ran sans rgyas îiid
kyi" pad ma'i gdan la bzugs par bya'o // de gîiis kyi 'og tu fian
thos (L. 103 b) chen po gîiis chos fian par bya' o // de dag gi yan
g-yasu bcom !dan 'das 'phags pa spyan ras gzigs dban phyug
rgyan thams cad kyis brgyan pa / ston ka'i 'dam bu'i mdog ltar
dkar ha / pad ma'i gdan la bzugs 18 pa phyag g-yon pa na pad ma
bsnams pa / phyag g-yas pa na 10 mchog sbyin pa / de'i yan g-yas
na•• bcom !dan 'das ma" yum gos dkar mo phyag g-yon pana
pad ma bsnams pa / phyag g-yas pa bèom !dan 'das ça kya thub

(1) P. : bsrun. (12) L. : sreg.


(2) L. : èhog. (15} Écrit « nams ».
(3) P. : bsreg. (13) N. ajoute« èan ».
(4) N. : :i\uiJ.dkar; L. : yuùs kar. (14) P. : kyi.
(5) L. : silags. (16) P. : gi.
(6) P. : gyis. (17) P. L. : omettent « kyi » ; lire
(7) L. : gzag. « gnis » et non « :i\id» (cf. p. 107, n. 1).
(8) P. : gang. (18) P. : zugs.
(9) N. : i'i.uI'l. kar Chail bar (pour (19) P. : ajoute «na».
'èhati.s pa) bëas te. (20) P.: pa.
(10) P. bsreg. {21) N. L.: omettent« mali.
(Il) L. : èhan.
156 MAl;IJ;lALA DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

pa la phyag 'chai ba / padma 'i gdan la bzugs pa / phyag gser gyi


cod pan 'èhaii ba / dar 1 dkar po'i na bza' mnabs 2 pa / rdar la'i
bla gos mnabs pa ]' / thal ba nag pos thig le gsum (N. 152 b) byas
pa / de bzin du sgrol ma dan / khro giier can yaii raft raft gi gnasu
spyod Jam dag gis gnas par• bya'o // de dag gi steii du ni bcom
!dan 'das yum çes rab kyi pha roi tu ph yin ma dan / de bzin gçegs
pa'i• spyan dan/ gcug tor gyi rgyal mo rnams bya'o // de (P. 79 a)
bzin du byaii chub sems dpa' heu drug bya ba la 'di !ta ste / kun
tu bzaii po dan / sa'i siiiii po dan / namkha'i • mjod dan / sgrib
pa thams cad rnam par s~I ba dan / Iian son rnam par sbyoii ba 7
dan / byams pa riia yab Iag na thogs çiii sans rgyas bcom !dan
'das la !ta• ba dan/ dri ma med par 'gro ba dan/ dri ma med
(L. 104 a) pa'i tog dan/ nor bzaii dan/ zla ba'i 'od dan/ dri ma
med par grags pa dan / nad thams cad gso bar byed pa dan / chos
thams cad kyi dbaii phyug gi rgyal po dan / 'jig rten 'gro ba dan /
blo chen po dan/ blo bzaii po ste / sems dpa' chen po 'di dag ni•
lus çin tu zi ba dan / rgyan thams cad kyis brgyan pa bri bar
bya'o // rig pa'i rgyal po gco bo dan rig pa'i rgyal moi• dan pad
ma'i rigs gzugs dan phyag rgya Iuii ji 11 !ta ba bzin du 12 gnas ji u
!ta ba ma lus pa dag tu bri bar bya'o // mtha'i gru bzi'i gnas dag
tu ni gnas rnams bzagu par bya'o // (N. 153 a) pad ma'i me tog
legs par byas pa dan rig pa'i !ha gaii ma 1 5 dran pa yaii de dag tu
bzag 16 par bya'o // de bzin du !ho phyogsu bcom !dan 'das çâ kya
thub pa dan / raft sans rgyas giiis ni / ri spos kyi dan 17 Iiad !dan
ba la 18 bzugs pa bri bar bya'o // de bzin du dkyil 'khor gyi çar du
bdag iiid lta 19 ba dan/ thams cad la yaii 'j'ug pa'i sgo rnams bya'o //
bcom !dan 'das çâ kya thub pa'i g-yon gyi 20 phyogsu raft sans
rgyas gzan giiis te / can dan dan grub pa zes bya ba giiis bri bar
bya'o // de giiis kyi 'og tu iian thos giiis ni 'od sruii chen po dan/
ka 21 tyâ ya na chen po 22 bri bar bya'o // de dag gi yaii 23 (L. 104 b)
g-yon du 'phags pa phyag na rdo rje ut pa la ltar mdog siio bsaiis

(!) N. L. : dar la. (14) L. : gzog.


(2) N. L. : bnabs. (15) La négation est à rajouter d'après
(3) Dans N. seulement. le skt. (p. 40, l. 20) ye na smarilti, cr. p.
(4) N. : gnos po. 109, n. 4.
(5) N. ajoute : sbyin dail. / gcug tor. ( 16) L. : gzag.
(6) P. L. : nam mkha' mjod. (17) N. omet « dali ».
(7) P. : spyod po. (18) P. : spos kyi dail. ldm) ba la.
(8) P. L. : bita. (19) P. L. : bita.
(9) P. omet ft ni». (20) N. omet Cl gyi ».
(10) P. : po. (21) L.: kii.
(li) P. : èi. (22) N. L. omettent a po •.
(12) L. omet «du». (23) P. : 'an.
(13) P. : èi.
TEXTE TIBÉTAIN 157
gzugs çin tu mjes pa rgyan thams cad kyis brgyan pa / Iag pa
g-yas pa na riia yab thogs pa / g-yon pa khro bo'i lus kyis gnas
pa / rdo rje khu chur ma / rdo rje lcags kyu ma / rdo rje lu gu
rgyud ma/ dpuii bzaii ma/ rdo rje sde ma/ (41) cha byad jil !ta
ba bzin du (P. 79 b) bgegs kyi gdan la gnas pa / rig pa'i rgyal po
thams cad dan / rig pa 'i rgyal mo 'khor dan bcas pa bzlas pa dan /
phyag rgya dan !dan pa ji 1 ltar çes pa bzin bri bar bya'o // de dag
gi yaii (N. 153 b) g-yon du zur bzir sna chogs rdo rje'i phyag rgya
bri bar bya'o 2 // bris nas kyaii gnas gaii du rig pa'i chogs ma dran
pa'i gnas de dag kyaii 'dir 3 bzugs çig ces brjod par bya'o // de
'i steii du pha roi tu phyin pa drug dan/ bcom !dan 'das yum mâ
ma ki bri bar bya ste / rgyan thams cad kyis brgyan pa / gzugs
çin tu mjes par bya'o // de dag gi steii du gcug tor gyi rgyal po
brgyad kun nas 'bar ba'i phreii ba'i phyag rgya bciiis nas raft raft
dag gis• 'khor Ios bsgyur• ba'i rgyal po chen po'i gzugsu bri bar
bya ste / gser gyi mdog can dbaii po çin tu du! ba 6 rgyan thams
cad kyis brgyan pa / de bzin gçegs pa la zur gyis !ta 7 ba dag la
'di !ta ste / gcug tor 'khor los bsgyur 8 ba dan / (L. 105 a) gcug tor
miion par 'phags pa dan / gcug tor gdugs dkar po dan / rgyal
ba'i gcug tor dan/ pad ma'i gcug tor dan/ rnam par rgyal ba'i
gcug tor dan / gzi brjid phuii po'i gcug tor dan / gcug tor mthon
poste/ brgyad po 'di dag ni gcug tor gyi rgyal po rnamso // g-yon
du bri ba ni raft sans rgyas rnamso // 'jug pa'i phyogs kyi sgor
ni byaii chub sems dpa' giiis bya ste / g-yas phyogsu ni 'jig rten
las 'das par 'gro ba zes bya ba rai pa'i (N. 154 a) cod pan 'chan
ba [lus zi ba / Iag pa g-yas pa mchog sbyin pas phreii ba 'jin
pa / lag pa 9 g-yon pas spyi'u blugs Jio 'jin ciii sgo la miion du phyogs
pa / bzin cuii zad khro giier daii 11 bcas pa bri bar bya'o // 'jug
pa'i sgo 'i g-yon phyogsu ni byaii chub sems dpa' chen po ma
rgyal ba las rgyal ba zes .bya ba bri bar bya ste / lus rab tu zi
ha/ rai pa'i cod pan 'chan ba / Iag pa g-yon pa na dbyig pa dan
spyi'u 12 blugs 'jin pa / lag pa g-yas pa (P. 80 a) na 13 mchog sbyin
pa 14 phreii ba 'jin pa / bzin cuii zad khro giier dan !dan pa sgo la
miion par 16 phyogs pa bri'o // sen ge'i khri 'i 'og tu chos kyi 'khor

(!) P. : èi. ainsi dans Narthang : lag pa g-yon pa


(2) P. : bya ste /. mèhog sbyin pas phrel'l ba 'jin pa / lag
{3} N. L. : omettent r: 'dir 1>, pa g-yas pa spyi'u blugs ...
(4) P. : gi. (II) P. omet «dan,.
(6) L. : du! la.
N. (12) L. : spyi blugs.
(7) P. : bita. (13) L. : ni.
(8) P. : sgyur. (14) L. : pas.
(9) P. omet dag pa ». (15) P. : du.
(10) Le passage entre crochets se lit
158 MANJ)ALADANS LE MANJUSRIMtlLAKALPA

lo kun tu 'bar bas khyab pa I de'i 'og tu rin po che'i gzal med
khan de la gnas pa (L. 105 b) bcom !dan 'das byan èhub sems
dpa' èhen po 'jam dpal gzon nur gyur pa gzon nu'i gzugs èan sku
mdog dmar skya I zi ba'i gzugs dan mjes pa'i gzugs èan I èun
zad zal 'jum pa I phyag g-yon pa na ut pa la snon po bsnams
pa lphyag g-yas pana' bil ba bsnams palbyis• pa'irgyan thams
èad kyis brgyan pa I gcug phud 3 lnas• îie bar mjes par gyur ba I mu
tig gi' phren bas mèhod phyir thogs pa dar la'i (N. 154 b) stod
g-yogs mnabs 6 pa I dar gyi na bzas smad g-yogs mjad pa I 'od kun
nas 'phro ba I 'bar ba'i phren bas kun nas khyab pa I padma'i
gdan la îie bar bzugs pa I khro bo rgyal po gçin rj e' gçed • la gzigs
pa I dkyil 'khor du 'jug pa'i sgo la mnon du phyogs pa I bita na
sdug pa bri bar bya'o (42) Il de'i g-yas phyogs kyi nos kyi pad
ma'i 'og tu khro bo'i rgyal po gçin rje• gçed bri bar bya stelmi
sdug pa èhen po'i gzugs can I kun nas 'bar ba'i phren bas khyab
pa I bka' !en cin 'jin pa I byan èhub sems dpa' chen po'i phyogsu
lta'o 10 Il g-yon phyogs kyi padma'i 'og tu gnas gcan ma'i ris kyi
lha'i bu'i" gzugs can byan chub sems dpa' !na bri bar bya ba la
'di !taste Il çin tu dri med dan I çin tu du! ba dan I dag pa dan I
(L. 106 a) mun sel dan I kun tu snan ba'o Il de dag thams èad
kyan gnas gcan ma'i gzal med khan na 'dug pa I rin po che du
ma 'bar ba'i rdo'i sten dan 'dra ba kun nas 'bar ba I me tog sna
chogs kyis 12 geai bkram pa I çin tu mjes pa bri bar byalo Il phyi
roi khor yug tu zur bzi'i rnam par byas te I rta babs bzi dan
!dan pa I phyogs bzi nas rnam pa sna (80 b) chogs pa'i chan sna
lnas 13 gsal (N. 155 a) bas ri mo" çin tu dran ba dan !dan pa man
gi dkyil 'khor bri bar bya' o Il çar gyi bcom !dan 'das çà kya
thub pa'i sten du ri mo dbusu me tog kun nas skyes pa'i rgyal
po'i dban pos 16 pad ma'i gdan la bzugs pa de bzin gçegs pa'i gzugs
cun zad chun bar bya'o Il' od kun nas 'bar ba'i phren bas
khyab pa I mchog sbyin gyi phyag rgya dan !dan pa I skyil mo
krun 16 gis bzugs pa I de'i g-yasu gcug tor 'khor los bsgyur 17 ba'i
phyag rgya bri bar bya'o Il g-yon du ni gzi brjid phun po'i
phyag rgya bri bar bya'o Il de bzin gçegs pa'i spyan gyi sten

(1) L. : ni. (10) : !ta ba. L. : !ta ba'o.


P.
(2) N. P. : pyis. (Il) N.: kyi.
(3) P. : tor. (12) N.L. : Jha'i bu gzugs.
(4) P.:lfia'i. (13) : !fia.
P.
(5) omet « gi:t.
P, (14) N. : rin mo.
P.
(6) : bnabs.
N. (15) P. : po.
(7) L. : rje'i.
N. (16) P. : dkyil mo dkrufi.
(8) : gçad.
N. (17) P. : sgyur.
(9) N. L. : rje'i.
TEXTE TIBÉTAIN 159

du ni çes rab kyi pha roi tu phyin pa'i phyag rgya bri bar bya'o Il
boom !dan 'das 'phags pa spyan ras gzigs dban phyug gi sten
du' çes rab kyi pha roi tu phyin pa'i phyag rgya'i g-yas (L. 106 b) su
boom !dan 'das 'od dpag tu med pa 2 de bzin gçegs pa'i gzugs can
bya• ste I phyag rgya• mchog sbyin pa I pad ma'i gdan la bzugs•
pa I kun nas · 'od 'bar ba'i phren bas khyab pa I de'i yan g-yas
phyogs su ni• lhun bzed 7 dan chos gos kyi phyag rgya bya 'o • 11de
bzin du mthar gyis 'jug pa'i gnas la ni pad ma'i phyag rgya bya'o•
Il bèom !dan 'das me tog yan dag par (N. 155 b) skyes pa'i rgyal
po'i 10 dban po de bzin gçegs pa 'i g-yon phyogsu gcug tor gzi
brjid phun po'i phyag rgya bri ste I kun nas 'od 'bar ba'i phren bas
khyab pa I de'i g-yon phyogs su de bzin gçegs pa rin èhen tog
bya ste I rin po che'i ri bo'i sten du èhos ston cin bzugs pa I bai
dü rya snon po dan I margad dan I padma rà ga rnam pa sna
chogs 'bar ba'i 'od" 'phro ba'i kun nas 'od dan !dan pa bri bar
bya'o Il de'i yan g-yon phyogsu rgyal ba'i gcug tor gyi phyag
rgya kun nas 'bar ba'i phren bas khyab pa bri'o Il de'i yan g-yon
phyogsu chas kyi 'khor lo'i phyag rgya kun nas (P. 81 a) 'bar ba
dan !dan pa bri'o Il de'i yan g-yon phyogsu 'khar sil 12 dan I spyi'u
blugs dan I phren ba dan bzan po'i gdan gyi phyag rgya bri'o Il
mthar gyis sgo'i gnasu rdo rje rce gsum pa gîiis 13 ka la yan kun
nas (43) 'bar ba bri'o Il bcom !dan (L. 107 a) 'das 'jam dpal gzon
nur gyur pa'i 'og tu phyag rgya chen po gcug phud" !nazes bya
ba dan I ut" pa la'i phyag rgya kun nas 18 sgo dag ni rgyab kyis
!ta ba dan I 'jug pa na ni mdun gyis lta 17 bar bya'o Il phyi roi
gyi dkyil 'khor thams èad 18 du 'gyur ba yan kha <loglna'i chon
çin tu gsal ba I sna chogs bita na (N. 156 a) sdug pa I zur bzis
rnam par mjes" pa I rta babs bzi'i rnam pa phyogs bzir khru gîiis
cam I nan gi dkyil 'khor gyi phyi roi gyi çar phyogsu chans pa
èhen po bri bar bya ste I gdon bzi pa I gos dkar po bgos pa la
stod g-yogs gos 20 dkar po dan I chans skud dkar po thogs pa I kha
dog gser 'dra ba Irai ba'i cod pan 'jin pa I lag na dbyug pa dan I

(1) P. L. : sten dan. (12) P. : bsil; N. : sil.


(2) P. : med pa'i de ... (13) L. : gai ga la.
(3) N. omet « bya ». (14) N. : pud.
(4) N. L. omettent « rgya ». (15) N. : ud.
(5) P. : gzugs. {16) N. L. P. : 'bar ba 'di giiis ohan
(6) L. N. omet «ni». chun 'brel pa bya'o // dkyil 'khor kun
(7) N. L. omettent« bya ». nas sgo bri bar bya'o Il ago dag ni ...
(8) N. L. omettent « bya ». ( 17) L. : blta.
(9) N. : bzed. (18) L. : omet« cad ».
(10) P.: omet «rgyal po'i». (19) P.: 'byes pa.
(Il) N. : omet« 'od ». (20) N. : omet« gos ».
6-1

~ -----------------------------·-· ---
160 MAJ:lQALADANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

spyi'u blugs 'jin pa I de'i g-yas phyogsu 'od gsal gyi lha'i bu bya
ste I mdog gser 'dra ha I bsam gtan khyad par èan gyi gzugs
èan I dar la'i gos bgos pa I dar la'i' stod g-yogs byas pa I bzin
çin tu gsal ha Irai ba'i cod pan 'jin pa I mèhod phyir thogs dkar
po èan I skyil mo kruil gis 'dug pa / lag pa 2 g-yas pas mchog sbyin
pa I de'i g-yas phyogs (L. 107 b) su 'og min gyi lha'i bu bya ste I
rgyan thams cad kyis brgyan 3 pa I lus rab tu zi ha I bsam gtan
gyi rnam pa'i èha byad èan I dar la'i gos bgos pa I dar la'i gos
kyis• stod g-yogs byas pa I skyil mo kruil gis 'dug pa I lag pa
g-yas pas mchog sbyin pa / mchod phyir thogs dkar pos byas
pa I de'i rim gyis dga' !dan dan I phrul dga' dan I gzan 'phrul
(N. 156 b) dbail byed dan I 'thab (P. 81 b) brai dan I brgya byin
la sogs pa'i lha'i bu bri bar bya ste I go rims ji' !ta ha dan I cha
byad dan I dbyibs ji• !ta ha bzin du'o // brgya byin gyi 'og tu
rgyal po chen po bzi'i ris la rtag tu myos dan I phreil thogs dan /
lag na gzon 7 thogs dan I pi bail 8 gîiis pa dan I sa bla'i lha'i bu dag
go rim• ji• ita ha dan I cha byad ji !ta ha bzin du bri bar bya'o Il de
bzin du !ho phyogsu mi che ha dan I mi gduil ha dan I çin tu
mthoil ha 10 dan I gya nom snail ha" dan / dge èhuil dan I bsod
nams skyes la sogs pa'i lha'i bu cha byad dan I dbyibs ji • !ta ha
bzin bri bar bya'o Il nub phyogs dan I byail phyogsu yail de
bzin te I de dag ni rim pa 'og ma gîiis la brten te bri bar bya,o 11
dkyil 'khor gîiis kyi phyi roi du dkyil 'khor gsum par 'gyur ha la
mthar gyis phyogs bzi'i 12 rgyal po chen po bzis te I byail phyogs
nas (L. 108 a) 'fug pa'i g-yas ilosu gter fie bar gnas pa la nor
sbyin 13 rgyan thams cad kyis brgyan pa I gcug phud cuil zad 'dud
pa I gnod sbyin gyi gzugs èan I de'i g-yasu nor bu bzail pou dan I
gail ha bzail po gnod sbyin gyi bdag po gîiis bri'o (44) fi de bzin
du mthar gyis gnod sbyin mo 15 èhen mo 'phrog mayail bri'o If de
1.
bzin du mthar gyis nub phyogsu chu (N. 157 a) !ha lag na zags
; 1
.'' pa thogs pa dan/ !du dga' ho dan/ fie dga' ho dan/ 'jog po dan/
nor rgyas la sogs pa klu'i rgyal po chen po brgyad po 16 bri'o Il de
bzin du rim pa gîiis la gnas pa'i mthar gyis gnod sbyin dail / srin
po dan I mi 'am èi dan I lto phye èhen po dail / drail sroil dan I grub

(1) : dar lha'i.


P. (9) N. L. : rimo.
(2) P.
omet upa "· (10) P. omet c ba ,.
(3) : rgyan.
P. (11) P. omet « ba 11.

(4) L.
N. : kyi. (12) P. : bzir.
(5) P.
: éi. (13) N. L. : gnod sbyin.
(6) P.
: éi. (14) N. P. omettent • po ,.
(7) L. : gzon.
N, (15) P. : sbyin ma.
(8) P. : hi van. (16) P. omet • po ,,
TEXTE TIBÉTAIN 161
i
; pa dan I yi dvags' dan I ça za dan / namkha' ldiil dan I mi dan
1

I mi ma yin pa la sogs pa dan I sman dan / nor bu rin po che'i


1

bye brag dan I ri dail I chu ho dan I gliil dan I mthar gyis gco ho
thams cad bri bar bya'o Il !ho phyogsu ni gçin rje ma mo bdun
gyi 'khor dan bèas pa bri bar bya'o If çar !ho mchamsu' me kun
nas 'bar ba'i phreil bas khyab pa I dbyug pa dan I spyi'u 3 blugs
dan I phreil ha lag na thogs pa / rai pa'i cod pan 'jin (P. 82 a)
pa / gos dkar po bgos pa I dar (L. 108 b) la'i stod g-yogs byas
pa I mèhod phyir• dkar po thogs pa I mdog gser 'dra ha / thal
ba'i thig le gsum byas pa Ide bzin du rgyan dan I mchon cha dan I
cha byad 5 dan dbyibs dan kha dog rnam pa sna chogs pa rim pa
gîiis pa• la brten' te bri bar bya'o Il thams èad kyi dkyil 'khor
du 'jug pa'i sgo'i phyi roi du dka' bzlog• gi (N. 157 b) bdag po
khyu mèhog la zon pa lag na mduil rce gsum thogs pa / !ha mo
dka' zlog ma kha dog sna chogs pa la• rgyail thams cad kyis brgyan
pa I smin drug gi bu rma bya'i gdan 10 la 'dug pa I mduil thogs
pa I g:!on nu 'i gzugs èan / gdoil drug pa / lus dmar por snail
ha I gos ser po bgos pa I gos ser po'i" stod g-yogs can / lag pa
g-yon pa na dril bu dan I ha dan dmar po thogs pa / mthar gyis
bhriil gi ri ti çin tu riil ha 'dra ha dan I chogs kyi bdag po èhen po
dan I dga' byed dbail phyug dan I nag po chen po dan I ma mo
bdun po rgyan dan I mchon cha dan I kha dog dan I dbyibs ji 12
!ta ha bzin bri bar bya'o fi nor !ha brgyad dan/ drail sroil bdun
dan I khyab 'jug lag pa bzi na 'khor lo dan / duil dan I ga dâ
dan I rai gri thogs pa / gdan namkha' ldiil rgyan thams cad kyis
brgyan pa I gza' brgyad dan / rgyu skar îii çu rca bdun dan I gail
yail fie ba'i (L. 109 a) gza' brgyad sa steil gi dkyil 'khor na rab tu
rgyu ha yail bri bar bya'o Il mthar gyis ches grails bèo 13 lila dan I
yar ilo'i dan mar ilo'i phyogs dan I khyim heu gîiis dan I dus drug
dan / zla ha heu gîiis dan I lo chigs dan I sriil mo bzi gru la zon
pa dail / miil po lila gru la zon ziil 14 èhu la gnas pa ste / mdor
(N. 158 a) na phyag rgyar bzag 15 par bya ha yail yino // !ha mo
de dag mthar gyis rim pa gîiis pa la brten 16 te bya ha yino // slob
dpon bdag îiid phyi roi du byuil" nas dkyil 'khor de la g-yas

(1) P. N.: dags. (10) N, L. : slan.


(2) P. : 'chams. (li) P. L. : ser po ba'i,
(3) L. : opyi blugs. (12) P. : éi.
(4) N. L. : ajoutent « thogs ». (13) P. : béva,
(5) N. : kha dog, (14) N. L. : éill.
(6) N. L. : ajoute ~ pa ». ( 15) L. : gzag.
(7) P. : rien. (16) N. : sien.
(8) P. L. : zlog, (17) N.: si\am.
(9) N. L. : omettent •ln,.

- - - - ----- -------- - -
162 l\.IAl'fl)ALADANS LE l\LANJU$Rii\IûLAKALPA

phyogs 1 su bskor ha byas te I mdor na dkyil 'khor gsum yail dkyil


'khor gsum la rten 2 ciil bri bar bya ste I dkyil 'khor (P. 82 b)
gsum char 3 yail gru bzir rnam par gnas par bya ha yino 11mdor
na 'di ltar sans rgyas bcom !dan 'das (45) sems can rnams kyi mgon
po ni iles par bri bar bya'o Il pad ma'i rigs 'phags pa spyan ras
gzigs dbail phyug kyail fies par bri bar bya'o Il rdo rje'i rigs
'phags pa phyag na rdo rje yail 4 iles par bri bar bya'o Il byail
chub sems dpa' rnams kyi gco ho 'phags pa kun tu bzail po yail'
iles par bri bar bya'o Il 'jam dpal gzon nur gyur pa yail iles par
bri bar bya'o Il lhag ma rnams ni 5 ji• ltar rnam par bzag' (L. 109b)
pa bzin phyag rgya bri bar bya'o Il 'di ni nail gi dkyil 'khor roll
dkyil 'khor bar ma la• yail çar phyogsu ni• mi mjed kyi bdag po
chails pa bri bar bya'o Il [de bzin du 'od gsal ha ni !ho phyogs
su'o Il 'og min gyi gzugs can rnams lha'i dkyil 'khor gyi rnam
par ro Il 'du cos med 'du çes med min gyi skye mched kyi bar ni
brjod par mi bya'o Il byail phyogs su brgya byin lha'i rgyal po
dan I rab 'thab brai dan I yoils su dga' !dan dan I rab 'phrul dga'
dan I gzan 'phrul dbail byed dan I 'od chuil la sogs pa'i lha'i bu
rnams iles par lha'i rgyal pore re bya'o Il lhag ma rnams ni phyag
rgyar gnas par bya'o Il de bzin du dkyil 'khor gsum par yail byail
phyogs su 'byuil po'i bdag po dbail !dan dka' thub zlog ma dan
r,' bcas pa iles par bya'o Il 'jam dpal gyi sgo giiis pa'i] 10sgo'i druil
du ni smin drug gi bu rma bya'i stan yod pa I lag na mduil thogs
pa I lus kyi kha dog dmar po" I gos ser pos stod g-yogs dan/ gos
byas pa / lag pa (N. 158 b) g-yas pa na dril bu dan I ha dan thogs
pa / gzon nu'i gzugs can dkyil 12 'khor la !ta ba'o Il çar phyogs su
ni namkha' ldiil 'dab chags kyi gzugs can dan / drail sroil gi nail
nas mar kaQ. çla13iles par bri bar bya'o I/ lhag ma ni ji ltar gnas pa
(L. 110 a) bzin phyag rgyar bri bar bya'o Il çar lhor ni gzonu ma
: 1
bzi dan / min po gzon nu dan bcas pa I gru la 14 bzon pa la gnas pa
rgya mcho chen po la rnam par rgyu ha dan I me lha'i rgyal po
yail iles par bri bar bya'o // de bzin du !ho phyogsu ni srin po'i
bdag po las ni groil khyer !ail ka'i bdag po hi 1, bhi ça na çiil pi"

(1) P. omet u phyogs ». omis dans N. et P. Le TMK situe ainsi


(2) L. : brten. Kürttikeya : fi sgo giiis pali fte logs su
(3) N. P. : èar. gZOnnu smin drug gi bu ... ; cf. p. 20, n. 8.
(4) L.: 'an. (11) L. N. : ba.
(5) N. : kyi. (12) N. L. P. écrivent: èan gyi 'khor ...
(6) P. : éi. (13) N. P. : mar kan da.
(7) L. : gzag. ( 14) N. L. : gru'i.
1 (8) P. omet « la ».
{9) P. : omet «ni».
(15) N. : écrit !na.
(16) N. : bhi.

[ {10) Le passage entre crochets est (17) P.: bi.

t'
TEXTE TIBÉTAlN 163
cu i_nar~a la gnas pa dan / jam bha la chu dbail zes bya ha gnod
shrm gy1 gzugs can byail chub sems dpa' iles par bri bar bya'o Il de
?zm du mt?ar gyis gçin rje'i rgyal po yi dags1 rju 'phrul èhen po
nes :par bn bar bya'o Il de bzin du ça za'i rgyal po rnam par
g-yens byed ces bya ha iles par bri bar bya'o /1lhag ma ni ji Jtar
(P. 83 a) gnas pa bzin phyag rgyar bri bar bya'o Il de bzin du !ho
nub kfi mchamsu' ni klu'i gco ho dga' ho dan I fie dga' ho nes
p~r bn bar bya'o Il gza'i gco ho iii ma bri bar bya'o Il nub phyogsu
n~ dran }ron thub. pa'i mch,og gèer 3 bu pa mu stegs kyi mèhog
gcer bu I gzugs. bn bar bya o 11lhag ma ni ji • ltar gnas pa bzin
ph:yag rgyar br1 bar bya'o Il nub byan mchamsu 5 ni gnod sbyin
gy1 (N. 1~9. a) rgy~l po.,nor ~~:ym• (46) dan I dri za'i rgyal po
gcug phud !na pa dan I m1 am c1 1 rgyal po ljon pa iles par bri bar
bya'ojl (L. 110 b) lhag ma. ni gnas ji !ta ha dan I dbyibs ji• !ta
ha hZII1:du p_hyag rgyar br1 bar bya'o Il dkyil 'khor bzi pa phyi
roi tu ri mo lnar}kod de/ phyag rfya'i phren bas fie bar mjes par
byas pa I zur bz1 nas rta babs bz1 dan I rgyal po èhen po bzis
rgyan~ pa I ji• ltar gnas pa la 'di !ta ste I phyag rgyar gyur pa ni
sgor 'iug :pa la ud 10 pa la snon po bri'o Il g-yas dan g-yon gyi"
phyogsu m pad _maI rd~ rjeJ d,gra sta Irai gri I mdun dan I mdun
rce gs~m pa da': I ga _<;ladan I khor lo dan I sva sti ka dan I bum
pa dan I na da': I dun dan l_gdub kor dan I spyi'u" Iugs dan I
rg;i:al mchan dan / ha dan dan I zags pa dan I dril bu dan I chu gri
dan I gz~ d~.n I !ho ha_ dan I 'di dag rnam pa 'di dag 'dra ba'i
mchon cha I mchog gi phyag rgyas dkyil 'khor gyi phyogsu kun
khyab .Par bya'o Il de nas phyi roi gyi phyogs bzir rgya mcho
1.,1as
chen po bzag par bya ste I byail phyogsu ni dkyil 'khor gru bzir
bya ste I sna chogs rdo rje 13 rce gsum yod pa kun nas 'bar ha
bra'o Il çar phy?gsu n~'.• dkyil 'khor gzu'i dbyibs èan byas te
bzag la kun nas bar ha 1 (N. 159 b) pad ma'i phyag rgyan mchan
pa'o Il \ho p~yogsu ni _dkyil 'khor ,zur gsum pa" byas te I kun nas
bar ha I lhun bzed ky1s mchan pa o 11nub phyogsu ni dkyil 'khor
(L. llla, P. 83 b) kun nas zlum po" byas te I ud pa la snon po sdon
bu dan I 'dab 17 ma dan bcas pa kun nas 'bar bas mchan pa'o Il

(!) L. : dvags. (10) P. L. : ut.


(2) P. : 'chams su. {11) N. omet« gyi ».
(3) P. : géar. (12) L. : spyi blugs.
(4) P. : éi. (13) L. : rce.
(5) P. : 'chams su. {14) N. omet« ni».
(6) N. L. P. : méhog sbyin. (15) P. omet « ba ».
(7) N. : pud. (16) P. L. : 2lum por.
(8) P. : ci. (17) N. : mdnb.
(9) P. L. : brgyan.

- -------~
164 M~QALA DANS LE MANJUSR!MOLAKALPA

phyogs mchams' bzir yan phyag rgya bri bar bya ha yin te• //nub
byan gi phyogsu ni dkyil 'khor zlum po bya ste / zags pa kun nas
'bar bas mchan pa'o // !ho nub kyi 3 mchamsu• ni dkyil 'khor gzu
'dra ha bya ste / dbyug pas• kun nas 'bar bas mchan pa'o // çar
Jho'i mchamsu 6 ni 7 dkyil 'khor gru gsum pa byas te / dgra sta
'od zer kun nas 'bar bas• mchan pa'o // byan çar gyi mchamsu• ni
rai gri 'od kun nas 'bar ha bzag 10 par bya'o // de ltar thams cad
bris nas sten dan / 'og dan / thad kar phyag rgya gsum dkyil
'khor gyi phyi roi sgo dan fie bar phye ma dan bri bar bya la / 'di
!ta ste / na bza' dan/ rna yab dan/ !ha mo 'od zer kun nas 'bar
ha bri bar bya'o // 'jam pa'i dbyans ni blo can gyis / sems can
rnams la phan bzes 11 nas / dkyil 'khor gyi ni cho ga rnams // 'dir
ni mdor bsdus 12 bstan pa yin// de nas dkyil 'khor gyi slob dpon
gyis dan po fiid du slob ma gzun bar bya ha la dban po ma (N. 160 a)
chan ha 13 med pa dan / yan lag thams cad mjes pa dan / bram
ze dan / rgyal rigs dan / rje'u rigs dan / (L. 111 b) dman rigs
dan / byan chub tu sems bskyed pa dan / theg pa chen por zugs
pa'i ran bzin èan dan/ theg pa dman po mi" 'dod pa'i nan chu!
can dan / sems dpa' chen po dan / dad pa dan !dan pa dan / dgJ
ba'i chos can dan/ rgyal po 15 chen po mnon par 'dod pa dan/ Ions
spyod èhuû ha la smod pa dan / Ions spyod èhen po mùon par
'dod pa daù !dan pa dan (47) / bzan ha 16 dag dan du! ha daù !dan pa
dan / chu! khrims dan 17 !dan pa'i dge sloù daù / dge sloù ma daù /
dge bsfien dan / dge bsfien ma rnams yan dag par sdom pa la lies
par gnas pa daù / gso sbyoù la fie bar gnas çiù sdom pa la gnas pa
dan / byan èhub sems dpa' èhen po la ze mi sdan ha dan / phyogs
chen po daù / rigs mthon po dan / ran bzin fiid kyis èhos spyod
pa dan/ (P. 84 a) zag gcig bsfiuù ha" byas pa daù / gos gcaù ma
i bgos pa daù / skra dri zim pa dan / dus gsum du khrus byed pa
J
dan / de'i fiin zag la ga bur dan / gur gum dan / li çi'i dri zim pos
1

dri zim par byas pa / rtag tu fie reg dan !dan pa dan/ ku ça'i
(N. 160 b) khres la 'dug pa dan/ sruû" ba'i cho ga byas padan/
chails par spyod pa dan/ bden pa daù !dan pa dan/ dus mchams••

(!) P.: 'chams. ( 12) L. : bstus.


(2) P. : bri bnr bya ste. (13) P. : dbaû po mèhan.
(3) P. omet a:kyi •. (14) P. L. : dman pa ma'i 'dod. N. :
(4) P. 'chams su. dman pa.
(5) P. L. : pa. (15) N. : pho.
(6) P. : çar lho 'chams su. (16) P. : bzed pa; N. : bza' ba.
(7) P. N. omettent « ni n, {17) P. omet a:dal'l •.
(8) P. : 'bar ba. (18) P. L. : smyuil ba.

'
, {9) P. : byail çar 'chams su. (19) P.: bsruil.
(10) P. L. : gzng. (20) P. : 'chams.
(11) P. L.: bzed.
TEXTE TIBÉTAIN 165
las rgyal ha dkyil 'khor gyi phyi roi de fiid du ha cail yail mi fie / ha
èail yail (L. 112 a) mi riil bar bzag par bya'o // çin tu gcail ha
dan / çin tu gcan sbra dan !dan pa gcig nas brgyad kyi bar te de
las gzan ma yin pa de dag kyail phan chun gfien du 'brel ha / rgyal
po rgyal rigs spyi ho nas dbail bskur ba'i rgyal po chen po' dag gi
bu ~zon nu ma 'am/ gzon nu• groû gi chos mi çes pa'o // de 3 èi'i
phy1r ze na / bcom !dan 'das gzon nu 'i gzugs can byail chub sems
dpa' 'jam dpal ni byis pa'i skye ho dga' bar byed pa / gzon nu'i
roi pa la dgyes pa des na / dan po fiid du gzon nu nail du gzug par
bya 'o // rgyal po èhen po mil on par 'phel ha dan / che dan / nad
med pa dan / dbail phyug dan / skal ha chen po milon par 'phel
ha yin te / khyad par du byis pa rnams la nes par sûags grub
pas grub pa • gnas pa yin te / de dag silar bzag' pa byas nas / grogs
po. bag yod pa _hzail po dan !dan pas / dkyil 'khor gyi slob dpon
gy1s• ga_bur gy1 bdug pa bdugs te/ rgyab gyi 7 phyogs pa ma yin
pas phy1 roi tu byuû bar bya ste / byuil nas dus dan ji • ltar mthun •
pa'i chu legs (N. 161 a) par gcail sbra byas pa dan/ srog chags
med pa la rca ba'i silags brgya rca brgyad milon par bzlas te / gcug
phud 10 lila'i phyag rgya chen pos (L. 112 b) phyag rgyar byas pa'i
chus khrus byas la fie reg byas nas gos gcan ma bgos pa 'i gcail
pas m~ 11 thab kyi druil du son ste / ku ça'i khres la 'dug nas byail
çar gy1 phyogs su mûon par bitas te / mar gyi sbyin sreg12 ga bur' s
dan/ gur. gum dan/ can dan bsres pas 14 stoil rca brgyad bya'o // silar
bçad pa'1 cho gas 16 spyan drail (P. 84 b) ha dan/ gçegsu gsol ha
by~ ste / yaù dkyil 'khor du 'jug par bya'o // iles par yaû hum pa
gan ha brgyad" ras gcail ma'i gos dan ldanpa / çiû a mra'i Jo ma
dan / 'bras bu dan !dan pa / gser dan / dilul dan / rin po che dan /
'bras dan/ 'bru -~ail du ~cug pa gcig bcom !dan 'das ça kya thub
pa la dbulo // gms pa m sans rgyas thanis cad la'o // gsum pa ni
rail sans rgyas thams cad daù 'phags pa fian thos la'o // bzi pa
ni byail èhub sems dpa' chen po thams èad la'o // lila pa ni byail
chub sems dpa' chen po 'phags pa 'jam dpal la'o // drug pa ni !ha
~hams ?~d la~' 'o // bd~n pa dan/ brgyad pa (N. 161 b) ni dkyil
khor gms pa I sgo khan 18 la bzag'' par bya ste / gcig ni 'byuil po

(1) L. omet r then po "· (11) P.: mn.


(2) P. : gZOn nu 'am/ gZOn nu ma. (12) P. : bsreg.
(3) P. : omet ude•. (13) N. L. : pur.
(4) P. : silags grub pa gnas pa, (14) P.: pa.
(5) L. : gzag. (15) P. L. : chogs.
(6) N. : gyi. (16) P. : rgyad.
(7) P. L. : kyis. (17) N. P. : paJo //,
(8) P. : èi. (18) N. : gail.
(9) P. N. : mthun. (19) P. : gzag.
(10) P. : bud; N. : pud.
166 MA~J?ALA DANS LE MANJUSRIMûLAKALPA

thams èad la'o // giiis 1 ni sems èan thams èad kyi thun mon du
gyur pa bsdos nas bfag par bya'o // de bas na snar bçad pa'i cho
(L. 113 a) gas 2 (48) spyan dran bar bya'o//de bzin dumetogdan/
bdug pa dan / dri dan / mar me dan / !ha bços kyan snar bstan pa
iiid kyi las kyis dbul bar bya ste / thams èad kyi thams èad du
go rims' bzin du bya'o // mar me bzun bas• mar gyi mar me gzun
bar bya'o // 'phags pa dan/ 'phags pa ma yin pa t.hams èad la
!ha bços zes smos pa ni / 'bras sa lu'i chan zo dan bèas pa dan /
sbran rci dan !dan pa'i 'o thug khyad par èan gyis fie bar sbyar
ba'i mar la bcos pa'i snum khur gyis• 'bren• bu la sogs padan/ khai;t
çla la sogs pa'i bza' ba thams èad ni de bzin gçegs pa rnams la
dbul bar bya'o // mar gyis gan ba dan/ can dan gyi than chu
sbran rci'i siiin po dan / 'o mar bcos pa'i bza' ba ni ran sans rgyas
thams èad dan / 'phags pa flan thos dan / byan èhub sems dpa'
èhen po dan/ 'phags pa'i !ha thams cad la dbul bar bya'o // de
bzin du garbhod u lo bi ka ri ka dan'/ khyad par du snum khur
gyi yo (N. 162 a) byad 'byun po' thams cad dan/ sems can thams
èad la snags dan !dan pa'i èho (P. 85 a) gas sbyin par bya'o // de
bzin du me tog dri zim pa • sna ma'i me tog dan / rgya spos dan /
klu'i me tog dan / me tog pun (L. 113 b) na 10 ga la sogs pa snar
bstan pa sans rgyas dan / ran sans rgyas thams cad dan / 'phags
pa flan thos dan / byan chub sems dpa' èhen po dan / 'phags pa
dan 'phags pa ma yin pa'i !ha rnams la dbul 11 bar bya'o // khyad
par du ni de bzin gçegs pa'i rigs la ni 12 sna ma'i me tog dan/ pad
ma'i rigs la ni me tog pad ma dan / de bzin du rdo rje'i rigs la ni
me tog ud pa la dan / !ha gfan dag la ni gzan gan yan bas dbul
bar bya'o // ga bur 13 gyi bdug pa ni de bzin gçegs pa'i rigs la'o // can
dan ni pad ma'i rigs la'o // de bzindu gu gulnigsan bapa'i 14 bdag
po phyag na rdo rje la çes par bya'o // !ha gfan thams èad ni bdug
pa tha mal pas bya'o // mar gyi mar me 'phags pa rnams // thams
èad la ni dbul bar bya 16 // 'phags min 16 lha ni thams cad la// dri
zim 'bru :rnar dbul bar bya // èho ga ji bzin rim pas ni // bdug pa
mthon ba'i rgyu yiso // de ltar gsuns pa de bzin dri // (N. 162 b)
snags rnams kun la rtag tu bya // spyan ras gzigs la gan gsuns
dan / gan gsuns phyag na rdo rje la // ran ran gi ni snags dag

(1) N. L. : gcig ni. (9) P.: la.


(2) P. : chogs. (10) P. N. : na.
(3) P.: rim. (il) P.: 'bu!.
(4) L. : mar me 'jin pas. (12) N. : rigs pa'i.
(5) P. : gyi. (13) N. : pur.
(6) P. : 'bran. (14) P. L. : gsan ba'i.
(7) L. N. : pi lrn ri ka dail. (15) N. : bya'o.
(8) P. L.: pa. (16) P. : 'phags ma'i !ha.
TEXTE TIBÉTAIN 167

l gis// snags spyod don du bsgrub pa'o 1 // cho ga gcig bu bita bya
ste // rtag tu rjesu mthun 2 par bya // de nas dkyil 'khor gyi 3 slob
dpon gyis snar mthon ba'i cho (L. 114 a) gas• spyan dran ba dan//
1

mèhod pa dan bdug pa la sogs pa byas nas / gcor mthun 2 pa'i bya
ba byas te/ de'i 'og tu sgrub• pa'i grogs mèhog gis mkhas pa
dan/ myur bas 'byun po thams cad pa'i gtor ma ça med pa / kun
nas rna pa ta ha• dan dun gi sgra dga' ba'i sgra sgrogs pa la sogs
pa des bdug pa dan / spos dan / me tog dan / phren bas brgyan
pa'i phyogs bzi (49) (P. 85 b) /mchams' brgyad sten dan 'og dan/
thad ka thams cad du dkyil 'khor gyi phyi roi du bskor bar• bya
zin // 'byun po thams èad pa'i gtor ma rgya cher gtor bar bya'o // de
nas khrus byas te yan zo dan / sbran • rci dan / mar gyis bsgos
pa'i sa 10 lu dan / 'bras thug po èhe'i sbyin sreg 11 rca ba 'i snags yi
ge drug pa dan/ siiin pas ston rca brgyad bya'o // sbyin sreg 11
byas nas dkyil 'khor la rjesu bèug cin snar bzag 12 pa'i sems dpa'
èhen po la srun 13 ba 14 byas nas / dkyil 'khor gyi slob dpon gyis 16
slob ma iiid du khas blans pa / byan èhub tu (N. 163 a) sems
bskyed pa / gso sbyon byas pa sans rgyas dan byan èhub sems
dpa' la bdag iiid kyi lus phul ba dnos grub kyi phyir sems can
thams cad kyi fie bar Ions spyod pa dan / yonsu Ions spyod pa
thun mon du gyur pa dan / dge ba'i rca ba'i bla na med pa'i byan
(L. 114 b) èhub kyi siiin po gnon par bya ba dan / thams èad
mkhyen pa'i ye çes kyi sans rgyas thob par bya ba la dkyil 'khor
bstan par bya' o // bstan pa cam iiid kyis sdig pa 'i rfiog pa thams
èad las grol bar 'gyur te/ mchams med pa !na byed pa'i skye bo
yan de ma thag tu grol bar 'gyuro / de nas dkyil 'khor gyi slob
dpon gyis ras ma fiams pa thag mas btags ma thag 10 pa skra med
pa la / rca ba'i snags kyis Jan gsum bzlas te/ dri zim po'i can dan
dan gur gum gyis bgos" pa'i ras kyis 18 gdon g-yog 19 par bya'o // dan
par byis pa lo gsum nas lo bcu drug pa'i bar zur phud lnas fie
bar mjes pa'am / gcug phud gcig 20 gis fie bar mjes pa 'am/ gcug
phud 21 gsum 22 gis 23 fie bar mjes pa skra dan !dan pa/rgyal po'i

(1) P. L. : sgrub pa'o. (13) P.: borull.


(2) N. P. : 'thun, {14) L. omet u ba ,.
(3) P. : gyis. (15) N. L. : gyio.
(4) P. N. : chogs. (16) L. : thags.
(5) P. : bsgrub. (17) L. P.: bsgos.
(6) N.: patata; P.: ba ta ha. (18) L. : kyi.
(7) P. : 'chams. (19) L. : g-yogs.
(8) L.: ba. (20) N. P. : pud.
(9) P. : spran. (21) P. : bud N. : pud.
(10) L. : SÜ, (22) W. L. omettent , gsum ».
(Il) P. : bsreg. (23) L. : kyio.
(12) P. : gzag.

- - -- - --------------~--------
168 MAJ11.)ALA
DANS LE MANJUSRIMOLAKALPA

bu spyi bo nas dban bskur ba'am I rgyal rigs kyi bu'am gzan
bdag iiid èhen po rgyal po èhen po 'dod pa dkyil 'khor du gzug
(N. 163 b) par bya'o Il dkyil 'khor giiis pa la phyin pa na gdon
g-yog (P. 86 a) par bya ste I ud pa la'i phyag rgya bèins nas I 'jam
dpal gzon nur gyur pa'i' rca ba'i snags Jan gèig brjod du gzug
ste I me tog dan• dri zim po can dan dan I gur gum 3 dan bsres
pa 4 çin du gcan bar• byas pa I lag pa giiisu byin la me tog 'dor
du gzugo 11gan du de'i me tog babs pa der de'i snags sbyin par
bya• (L. 115 a) ste I snags 'di ni de'i yin par bstan te I skye-ba
brgyad-pa nas de dan rjesu 'brel ba yin te I de iiid dge ba'i bçes
gfien byan èhub kyi siiin po la gnon pa I byan èhub sems dpa'
èhen po thams èad mkhyen pa'i ye çes yonsu rjogs pa'i don du
mnon par sgrub par byed pa 11Ions spyod èhen po dan I rgyal
po èhen po dan I grags pa èhen po dan I gan zag rce gèig par
mnon par sgrub pa yino 11che 'di iiid la yan 7 èhos thams èad la
yan 8 the chom med par bsgrub par bya ba 'grub par 'gyuro 11de
bzin du mthar gyis dnos grub 'dod pas brgyad' kyi bar du bya
ste I gzan la ni ma yino 11gzan dag la ji ltar sdig pa span pa'i
phyir dam chig cam sbyin par bya'o Il dkyil 'khor gyi slob dpon
gyis dban bskur na dan por re çig' 0 dkyil 'khor gyi phyi roi (N. 164 a)
ha èan yan mi fie ha èan yan mi rin bar byan çar gyi sa" phyogsu
rca ba'i snags kyis dag par byas pas byin gyis brlab par bya'o Il
rgyal po dban bskur ba bzin du bdag iiid sems pa dan gèig tu sans
rgyas dan I èhos dan I dge 'dun la <lad cin dan ba dan I spro ba
èhen po dan !dan pa dan I byan èhub kyi sems dan ma 12 'brai ba
dan I theg pa èhen po la zugs pa (50) (L. 115 b) dan I dkon mèhog
gsum la phan bar byed pa dan I dban po ma chan" ba med pa
dan I ma smad pa dan I che 'di iiid la snags 'grub par 'dod pa
dan I bsam pa bzan ba dan I snags kyi spyod pa la spro ba dan I
bita bar 'dod pa'i ran bzin èan dan I sad paru 'dod pa'i phyir
yan (P. 86 b) snags kyi don la rnam par rtog pa med pa dan I der
gtod 16 ba'i yid dan I gèig la sogs pa nas lna'i bar du dban bskur
bar bya'o li lhag ma ni span" bar bya'o Il çes rab èan dan I spyod
pa la rmons pa med pa'i khyad par dan !dan pa la dban bskur

(1) P. : gyur pao. (9) L. : brgya snit'l.kyi bar du,


(2) N. omet dan. 110) L. : zig.
(3) P.: kum. (11) L. : çar gyis phyogs.
(4) L. : bores dan. (12) N. L. : mi.
(6) L. : gcan ba. (13) P. L. : mchail ba.
(6) P. N. : byao ste. (14) P. : san bar.
(7) L. : 'ail. (15) P. : gtail.
(8) N. omet a yan ». (16) P. N. : spyan.
TEXTE TIBÉTAIN 169

l bar bya'o' Il gzan dag ni ma yino Il de nas rgyal po thams èad


dban• bskur ba bzin du yo byad thams cad bsgos• te I slob dpon
mkhan po mfies na I de nas bla re èhen po bres (N. 164 b) te I rgyal
mchan dan ba dan mthon po sgren 4 :!in I gdugs dkar po dbu la
'jin pa dan I rna yab dkar pos g-yob pa dan I bkur 5 sti èhen pos
dun dan I rna bo èhe 'i dga' ba'i sgra sgrogs çin rgyal ba'i sgra
dan I bkra çis kyi chigsu bèad pa dan I bde legs dan I rab tu
bsnags pa'i chigsu bèad pa 6 rgyal bas gsuns pas mnon par bstod
pa dan I dkyil 'khor de la bskor ba bya ste I sans rgyas dan I byan
èhub sems dpa' thams cad la phyag byas nas 'di skad du slob dpon
bdag ni sans rgyas (L. 116 a) dan byan èhub sems dpa'i snags
kyi spyod pa sgrub pa la yan dag par 'jug pa dan I 'jig rten pa
thams èad las yan dag par '<las pa'i gsan ba'i rnam par thar pa'i
dkyil 'khor la yan dag par 'jug pa dan I èhos kyi rgyal srid thams
èad kyi sans rgyas iiid rtogs par 'dod pa dan I mdor na sans rgyas
iiid du 'gyur pa bya ba 7 'i phyiro' :!es brjod par bya'o Il de nas lm
ça'i khres la 'dug ste I çar gyi O phyogsu phyogs te dkyil 'khor la
bita ,o :!in I dan por re çig rig pa'i dban bskur ba" byin te I phyag
rgya èhen po gcug phud 12 !na èhin du gzug par bya'o Il de nas
ran 'dod pa'i snags gan dan ganla"dga' ba groga'i 14 'dab' 5 mala
gi van gis bri bar bya'o'• II (N. 165 a) bris nas kyan can dan dan I gur
gum gyi chus lag padan I kham phor 17 kha sbyar 18 ba'i" nan du
bzag" par byas pa (P. 87 a) dkyil 'khor gyi nan du byan èhub sems
dpa' 'jam dpal gyi zabs drun du bzag 20 par bya'o Il de nasku ça
de la gnas nas rig pa'i rca ba'i snags brgya rca brgyad sna ma iiid
du bzla bar" bya'o Il de nas lm ça'i khres la 'dug pa la dban bskur
bar bya ste I phyi roi gyi dkyil 'khor la gan sems èan thams èad
(L. 116 b) dan thun mon du gyur pa'i hum pa gan ba sgo dan
fie bar snar bfag" pa blans te I slob dpon gyis rca ba'i snags brjod
pas spyi bo nas dban bskur bar bya'o Il gzan dag la ni ji ltar
r dod pa 'i èhuso II de nas kham phor 23 kha sbyar de de la sbyin par

(1) P.: bya'i; L. : bya yi. (13) N.: gail ba.


(2) N. et L. omettent , dbaiL». (14) P. : gro ba'i.
(3) P. : bsogs. (15) N. : mdab.
(4) P. L. : bsgroù. (16) P. L. : bya ste.
(5) P. N. : bskur. (17) P.: por.
(6) P. : pa6. (18) bkrus la/ de nas gro ga'i mdab
(7) P. omet Œ ba ». ma de kham por kha sbyar ...
(8) P, L. : phyir re Zes. (19) N. L. : sbyar gyi.
(9) P. L. omettent , gyi ,. (20) L. : gzag.
(10) N. : !ta. (21) N. : bzlas par.
(li) P. : bar. (22) N. : gzag.
(12) P. N. : bud. (23) P. : par.
170 MA.l'fl/ALADANS LE i\!ANJUSRIMOLAKALPA

bya ste I mar me la klog tu gzug par bya'o Il gal te de nid yin
na ni' rim gyis 'bad pas 'grub par 'gyuro Il yan na ci 1 ste gzan na
ni snags bzlas pa kho nas 'grub par 'gyuro 11yan na yi ge'i yan
lag îiams pa'am (51) l/lhag pa byin na ni dan po sgrub pa kho na
la 'grub par the chom medo 11de ltar slob dpon gyis snar' bris
pa'i 3 sgrub pa gsum gyis nes par 'grub par the (N. 165 b) chom
medo Il de bzin du dan pos ni rig pa'i dban bskur ha sbyin par
bya'o Il dkyil 'khor gîiis pa la dban bskur ha ni gîiis pa'i dkyil
'khor du !ha thams èad la• bstabs pa'i snar gyi hum pa des dban
bskur bar bya'o Il spyi bo la snar gyi èho ga ji ltar ba de îiid kyis
byas na sdig pa 'i rîiog pa thams èad las grol bar 'gyur te I sans
rgyas bèom !dan 'das thams èad kyis gnan zin I sans rgyas dan
byan èhub sems dpa' thams èad kyis 'jig rten dan 'jig rten las
'das pa thams èad kyi dam chig dan I dkyil 'khor dan I snags
dan I phyag rgya thams (L. 117 a) èad sgrub pa la byin gyis
brlabs par 'gyur zin I slob dpon du dban bskur ba sbyino Il dkyil
'khor gsum pa la ni ran sans rgyas thams èad dan 11îian thos
thams èad la phul ba'i hum pa gan ha de nid kyi èho gas' spyi
ho nas dban bskur bar bya'o Il sans rgyas dan byan (P. 87 b)
èhub sems dpa' rju 'phrul èhen po dan ldan pa thams èad kyis
'jig rten dan 'jig rten las 'das pa thams èad kyi snags rgyud dag
'don pa dan I dkyil 'khor bri ha dan I ston pa dan I phyag rgya
dan I spyod pa ston pa dan I ran îiid spyod cin ston par khyod
la rjes su gnan zin brjod (N. 166 a) par bya ha yan I che 'di îiid
la yin la I phyi nas skye ha brgyad pa dag la ni• sans rgyas îiid
'•'
1
thob par 'gyur ha yino Il de bzin du rgyal ba dan rnam par rgyal
ba'i dban bskur ha yan snar bstan pa'i èho gas I sans rgyas bèom
!dan 'das la snar phul ba'i hum pa dan I byan èhub sems dpa'
la phul ba'i hum pa gan bas kyan de bzin du dban bskuro 11sans
rgyas bèom !dan 'das thams èad dan I byan èhub sems dpa' èhen
po dan I îian thos rnams kyis kyan de bzin du brjod par bya
zin khyod la rjesu gnan ba yino Il 'byun po thams èad kyis rab
tu thub par dka' zin (L. 117 b) lus èan thams èad kyis mi pham
pa dan I snags' thams èad las khyod rgyal ha dan I ji ltar 'dod
pa bsgrubs' çig pa'o Il de nas dkyil 'khor gyi slob dpon gyis re re
la yan ji ltar 'dod pa bzin du dban bskur ha !na sbyin par bya'o Il
sems èan rnams la yan lna po îiid kyis byaio 11de dag mthar
gyis dkyil 'khor la bèug ste I sans rgyas dan byan èhub sems dpa'

(!) N. L. : Ji. (5) P. : chogs.


i (2) W. : slar. (6) P. : brgyad dan dag pa ni.
, .' (3) P. : bris pa ni. (7) P. : sitags pa.
r:1
. '
(4) P. : pa. (8) L. : sgrubs.
'1
;j
î'
1.

1
l
')
TEXTE TIBÉTAIN 171
thams èad la bdag îiid phul nas dkyil 'khor la bskor ba !an 1 gsum
byas te slar btan' bar bya'o 3 Il de las gzan pa'i îiin zag la mthar
gyis snags kyi spyod pa la (N. 166 b) bslab par bya zin sbyar bar
bya'o // skad èig de îiid la bèom !dan 'das byan èhub sems dpa'
èhen po 'jam dpal gzon nur gyur pa la snar phul ba'i hum pa gan
ba blans nas dkyil 'khor du zugs pa de dag la chu khyor ha gsum
çar du mnon (P. 88 a) par blta• bar bya ba 5 la glud• par bya'o // 'di
slad du brjod par bya ste' / kye byan èhub sems dpa' 'jam dpal
gzon nur gyur pa'i (52) gsan ba'i dam chig las 'das par gyur nas•
bsod nams' ma yin pa man po skye bar ma byed çig 10// snags
thams èad kyan 11 'dor bar 12 ma byed çig / sans rgyas dan byan
èhub sems dpa' dag kyan slu bar ma byed çig 10/ bla ma mîies par
gyis çig / gzan (L. 118 a) du dam chig las 'das par gyur na snags
'grub par mi 'gyur zin / bsod nams ma yin pa man por 13'gyuro 14
zes de ltar smras la btan 15bar bya'o // de nas dkyil 'khor gyi slob
dpon gyis kyan1• zo dan/ sbran rci dan /mar gyis btags pa'i sa 1'.
lu dan/ 'bras thug pois èhe'i sregsi• blugs kyis yi ge brgyad pa'1
sîiin po dan sbyin sreg" bya'o // de nas !ans nas dkyil 'khor gyi 21
dbusu zugs te / snar bstan pa'i me tog gis snar bstan pa'i èho
gas 22 !ha thams èad yid la bya ste 23mèhod yon dbulo 24 // bdug pas
sans rgyas dan byan èhub sems dpa' (N. 167 a) thams cad dan / ran
sans rgyas dan 'phags pa îian thos thams èad dan / !ha dan !du
dan gnod sbyin dan/ namkha' ldin dan / dri za dan/ mi 'am èi
dan lto phye èhen po dan / srin po dan / ça za dan / 'byun po dan /
rnal 'byor pa dan / grub pa dan / dran sron rnams dan / sems èan
thams èad yan dag par bdugs 25 nas me tog gtor te/ can dan dan/ gur
gum gyis bsans la snar bstan pa'i èho gas 26 slar gçegs su gsol bar
bya ste / sems kyis thams èad btan 15 ba yino // de nas dkyil 'khor
gyi slob dpon gyis bços dan / gtor ma (L. 118 b) dan / sa chon
thams cad chu bor dor bar bya ba'am 27 / srog èhags sdug" bsnal

(l} P. omet <clan». (15) L. : gtnù.


(2) L. : gtait. (16) N.: gyi ynit.
{3) P.: blar gtaù bar bya'o. (17) L. : sà.
(4) N. : Ita. (18) L. : thugs.
' (5) P.: byas la. (19) L. : sreg.
(6) L. : blud. (20) P. : bsreg.
(7) P. : bya'o fi. (21) P. : gyis.
(8) P. : gyur na. (22) P. L. : chogs.
(9) P. : nams pa. (23) P. : byas te.
(10) L. N. : cig. (24) P. : 'bu! Io.
(11) P. omet «kyaù». (25) L. : bdug.
(12) P. N. : 'dod par. (26) P. L. : chogs.
(13) L. : po. (27) N. L. : bya 'am.
(14) P. : 'gyur :füi . (28) P. : dug.
172 MANQALA DANS LE MANJUSRJMOLAKALPA

ha rnams la sbyin par bya'o // sa phyogs de legs par (P. 88 b)


dbyugs 1 çiil 'Jam par byas te I legs par phyag' byas nas I ba !ail
gi lei bas 'byug tu gzug pa'am I chus byug par bya ba'am I çin
tu gcail ba'i 3 sas byug pa'am I bye mas gtor bar byas la Ide nas
Ji ltar 'dod par 'gro bar bya'o Il dkyil 'khor la zugs pa des bdag
iiid 'o ma dan I 'bras zan gyis • zas sam I !ha la dbul ba'i kha zas
bza' bar bya'o Il byail chub sems dpa'i sde snod (N. 167 b) cho
ga zib mo'i rgyal po'i dbail po las/ 'Jam dpal gzon nur gyur pa'i•
rnam par 'phrul pa byail chub sems dpa'i Ie'u rab 'byams las I dkyil
'khor gyi èho ga bstan pa• ste I Ie'u giiis pa rjogso' Il If

(53) de nas gzan yail 'Jam dpal gzon nur gyur pas I gnas gcail
ma'i gzal med khan gi 'khor gyi dkyil 'khor èihen po 'dus pa la
gzigs nas I sans rgyas dan byail chub sems dpa' thams èad la
phyag 'chai• te I yi ge gcig pa mchog tu gsail ba I dug thams
cad 'joms par byed pa I las thams èad byed pa I silags dan dkyil
'khor chuil nu• sgrub 10 pa'i thabs dan I las phran chegs thams
èad la fie bar sbyar bar bya ha smraso Il (L. 119 a) de yail gail ze
na I na mah sa man ta bud dha nâm I ta dya thâ I om ja grogs
po dag 'di ni 'byuil po thams cad fion cig I silags 'di iiid ni yi ge
gcig gi dkyil 'khor giiis pa'i cho ga 11 thams èad du dgos pa I khru
brgyad dam / khru bzi sa'i phyogs yail dag par byas la / chon
sna lila'i phye mas rail iiid kyis bri bar bya ste / gzan gyis ni ma
yin te I gail de dan de dag tu yail 12 'dir ni des pa1• medo Il dkyil
'khor gru bzi mfiam pos fie bar mjes pa / gcug phud u lila'i phyag
rgya chen po dail por 16 re çig 16 bri'o 1/bcom(N. 168 a) !dan 'das
'Jam dpal gzon nur gyur pa'i ud pa la'i phyag rgya dan I mche"
ha'! (P. 89 a) phyag rgya dan I zal gyi phyag rgya dan I dbyig
pa'1 phyag rgya ste I phyag rgya 'di dag dkyil 'khor gyi nail du
:1
1
çar gyi char bri bar bya'o Il de nas padma dan I rdo rJe dan I ud
pa la dan / phyag mchan dan I ba dan dan I gdugs dan I rta babs
dan I çiil rta dan I glail po èhe dan I rta dan I glail dan I ma he
dan I sva sti ka dan I rma bya dan / ra dan / Iug dan I skyes bu
gzon nu'i gzugs èian I phyi roi gyi sgo'i rca bar bri bar byas ste I

(1) L. : byugs. (9) P. : chu da du.


(2) P. : phyag pa. (10) P. : bsgrub.
(3) P. : gcan ma"i. (li) P. : chogs.
(4) P. : 'bras Chen gyi zas (pour (12) L. : 'an.
'bras èhan ?). (13) P. : nas pa.
(5) N. L. : gton nur pa 'i. (14) N. : pud.
(6) P. : bstan pa'i ste. (15) N.: po.
(7) P. : rjogs sho.
i i (8) L. : bcal.
(16)
(17)
L. fig.
P. : mcha.
1

1
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-°'--~~--._.:__ -
TEXTE TIBÉTAIN 173
mthar gyis rim pa la brten nas bris te I dkyil 'khor gsum la brten
nas de Itar bri bar bya'o Il de nas yi ge gcig pa'i silags iiid kyis
çar lho'i (L. 119 b) phyogs kyi char me'i las bya ste I çiil a pa mar
ga 'i yam çiil zo dan I sbrail rci dail I mar la btags pas stoil rca
brgyad sbyin bsreg bya'o If de nas me tog gi mchod yon dbulo Il yi
ge gcig pa'i silags iiid 1 kyis Ji ltar 'dod par gtor ma dan I !ha bços
dan I mar me dan I bdug pa dan I spyan drail ha dan I gçegsu
gsol ha rnams bya' o 11de nas rgyal srid 'dod pas ni groil khyer
gyi dbusu bri bar bya'o Il !oils (N. 168 b) spyod 'dod pas ni çiil
a mra'i druil du'o 2 Il bu 'dod pas ni ho de' ce'i çiil gi druil du'o Il
chuil ma dan I glail po che dan I rta 'dod pas ni glail po èhe'i
bres skyu 'am I rta'i bres skyuro• Il chu 'dod pas ni mcho èhen
po 'am I klu'i gnas su'o Il îiin bzi pa'i rims sam I rtag pa'i rims
sam I rims thams cad la rtags gcig• pa 'am I groil gi' g-yas phyogs
su'o If srin pos zin pa la ni dur khrod dam I khan pa stoil par
bya'o If yail srin pos zin pa la ni ha ru ra'i çiil gi druil ilam' I e
rai). q.a'i çiil gi druil du bya 'o Il ma mo thams èad kyis zin pa la
ni bzi mdo 'am I çi ba'i khyim dan I bu bcas pa'i khyim du fie
bar bya'o Il chails pa'am srin pos zin pa la ni• ta la'i çiil druil
du'o• If sbyar ba'i dug byin pa la ni yi ge 10 gcig pa'i silags kyisll
chu la !an gsum bsilags 12 pa bya ste I dkyil 'khor de (L. 120 a)
(P. 89 b) îiid du blud pa byas na grol bar 'gyuro(54)lldebzinbud
med dam 13 I skyes pa grags pa 'dod pa la ni bzi mdo 'am bram ze
gnas par bri bar bya'o Il bu çi ha la ni çiil 'bras bu can nam l'o
ma can gyi" çiil druil du'o 15Il 'bras sà lu smin pa'i sa dan ziil gi
dbusu ni bu med labri bar bya'o Il nad rnam pa gsum bdag gir"
byas pa dan I gzan gyis fiams pa la ni 'Jug ilogs la (N. 169 a)
sogs pa la'o Il nad èihen pos btab pa la ni dkyil 'khor chu bo'i
ilogs dan 'gram du bya'o If nad thams cad kyis thams cad du
btab pa la ni ri'i rce mor bri bar bya'o Il mkha' 'gro mas byas pa
la yail bram ze'i Idum ra 'am 17 If khan pa stoil pa 'am" I gnas
dben pa gzol ba'i sa 19 phyogsu bya'o Il de bzin du las thams èad
la nam phyed dam I dus thams cad du milon par bri bar bya'o Il yi

(1) P. omet •nid», (11) D. : kyi i P. omet • kyis ,.


(2) P. : nu'o. (12) : snags.
(3) N. : da. (13) P. : bud med dan.
(4) P. : sgyur ro; L. : skyur ro. (14) L. : gyis.
(5) P. : cig. (15) N. : çin du'o.
(6) P. : gis. (16) P. : gi ra.
(7) P. : 'am. (17) P. : ldum pa •am.
(8) N. L. : omet •ni,. (18) P. omet c 'am,.
(9) N. L. : çin du'o. (19) N. L. : omettent •sa,.
(10) N. : ga.
174 MAl)'\)ALA DANS LE MANJUSRIMULAKALPA

ge gcig pa de iiid kyi silags kyis me tog gi mchod yon phul te


gçegsu gsol la 1 / dkyil 'khor la chus gtor ba byas na nad thams
cad sruil 2 ba chen pos byas par• 'gyur te/ nad thams cad las grol
bar yail 'gyuro // bu med pas ni bu rfied ciil // skal med rnams
kyail skal !dan 'gyur // dbul po rnams kyis nor 'thob pa // dkyil
'khor mthoil ba cam (L. 120 b) gyiso // skyes pa 'am yail na bud
med kyail // thos nas the chom med byas na // ci 'dod rnam pa
sna chogs ni // thob 'gyur rtag tu phun sum chogs // byail chub
sems dpa'i sde snod kyi cho ga rab byam• las 'jam dpal gzon nur
gyur pa'i rca ba las• dkyil 'khor gsum pa'i cho ga'i le'u ste gsum
pa rjogs so • // //

(1) P. : gsol lo. (5) P. : las kyi.


(2) L. : bsrun. (6) P. : èho ga le'u ste gsum pa rjogs
(3) P. N. : pa. sho. N. : èho ga rjogso.
(4) L. : 'byams.

N. B. - Les bisyllabismes de l'édition de Narthang ont été respectés.

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1
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--".---~~ -
ABRÉVIATIONS

MMK =[Mafijusrimülakalpa édité par G. SastrI (v. p. 1, n. 1).


TMK _ Tiiriimülakalpa, Kanjur Rgyud XVIII (Narthang).
N. _ édition de Narthang.
P. - édition de Pékin.
L. - édition de Lhasa.
Skt - MMK.
tib. - en tibétain.
B. N. = Bibliothèque Nationale.
i
LISTE DES PRINCIPAUX OUVRAGES CITÉS

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'dod-chul slon-pa legs-bçad çel-kyi me-loti; 1802 = Grub-mtha'
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r:
LISTE DES PRINCIPAUX OUVRAGES CITÉS 179

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_ Trois aspects de la peinture bouddhique, Annuaire de I Institut
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t. II, 1944 ; t. II, 1949. · .
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L'n Li-kouang L'Aide-Mémoire de la Vraie Lo, (Saddharma-
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Petit Véhicule, Paris 1949. .
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Mkhas-grub-r3e, Rgyud-sde spyz', rnam-par bzag-pa rgyas-par bçad
pa, Tohoku 5489.
Mkhyen-brce (rnam-thar) = Rfe-bcun ,~la-m~ thams-cad ";khyen-
cin gzigs-pa 'jam-dbyans mkhyen-brce , dban-po kun-dg~ bstan-
pa'i rgyal-mchan dpal bzan-po'i rnam-thar mdor bsdus-pa no-mchar
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r
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1956 ,
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- Noies on the Guhya-samiija, I.H.Q. IX, 1933, p. 1-10.
1,


INDEX
(dans l'ordre de l'alphabet français)

Les mots tibétains et sanskrits sont classés sous la première lettre, sans tenir
compte des signes diacritiques.

.Abhasvara (devaputra), 113, 121. arbre


Abhayakaragupta, 62, 63, 65, 73. - à coton, 124.
abhigeka, 12, 22, 52, 62-72, 75, 84-86, 87, - âmra, 147.
129, 133-143. - apiimârga, 146.
abhyantara ma,;zçlala, 101 n. 2, 112-113, - barura, 147.
121, 146. - era1:uJa,147.
AbhyudgatO$JJ.î$a, 110. - paliiSa et bilua, 104.
Abja-kula {padma'i rigs), 109, 121. Cf. - putrafljivalca, 147 n. 2.
Padmakula. - tala, 148.
iiciirya, 82, 84-86, 98, 101, 104-106, 127, arghya, 142.
129, 132, 140, 141-143. àroliku, 44-45.
iicâryiibhi~eka, 67-71, 85, 141. Arüpin (deuaputra), 121.
actions, blanches et noires, 74 n. 1. Ârya et non-A.rya, 131-132.
Agama (/un), 109. Ârya-{l.àkini-vajrapalljara-mahiitantra- rù-
Agni (me-lha), 104, 117, 123. ja-kalpa (Rdo-rfe gur ), 73.
agnikul){ia (thab-khur'l), 104, 105-106 ; aSol.avarlti, 131.
(me-thab), 129. QSrita/iiSraya, 98 n. 3,
aide-officiant (anuslldhaka), 105, 106, Assemblée - description de l'i 23-26,
133. 35-36.
Aji ta, 78, 120 ; v. Kumârï. - cercle del', 77, 78, 80, 145.
Ajitafijaya, 111. Atharva Veda, 39, 41, 79.
Akani$tha (devaputra), 114, 121. ATISA, 62.
Akf;;obhya {Mi-bskyod-pa), 32, 53. AvalokiteSvnra, 31-32, 35, 37, 57, 83-84,
tilipâna, 87. 107, 112, 121, 132. Cf. Padma-kula.
Amitâbha (Od-dpag-med), 31, 32, 34, 53, Avrha (deuaputra), 116.
83-84, 112.
Amoghasiddhi (Don-grub), 32, 53. 105 n. 2.
baddhO$TJ.i$a,
Amoghavajra, 15. BANERJEA (J. N,) 1 122 Il, 3.
Anaya (deuapulra), llJ. Bar-do, 89.
anujftâna (rfes-su gnart-ba), 68, 70-71, BAREAU (A.), 9-10.
141, 142. bézoard, 139 n. 4.
aniuarlana (phyir mi-ldog-pa), 36. bhagini, 25.
Anuttarayoga Tantra (rnal-'byor bla- BnATTACHARYYA (B.), p. 3, 10-14, 108 n. 3.
med kyi rgyud), 12-13, 52-53, 62-63, bhauana (gial-med-lchati), ll2, 145.
68-71. bhi!C$U,27, 1271 135 Il. 1.
Apar5.jita, 120; v. Kumfiri. bhik$UTJ.i,27, 127, 135 Il, 1.
Apàyajaha, 108. Bhif}aQ.a, 116.
Arapacana, 54. Bhfligiritt, 118.
7
'''
,,:,

/, 184 INDEX

V, BhrukutI, 108. conque, 102, 138.


\ bhiimi, 21, 80, 133-134, note. consécration, v. abhise!ca
Bhüta, 130, 142. consécration royale, i34 ~ote 137, 138.
BISCHOFF (F.), 97 n. 2. constellations, 119. '
Bkra-çis stobs -rgyal mkha'- 'gro yoiis- continents, 126 n. 13.
grub rcal, 92. coupelle à couvercle (Sariiva sampuJa),
Blue Annals, p. 2 n. 1, 17 n. 1, 97 n. 2. 106, 140.
Bodhi 23, 74-75. cüsaka, 25.
bodhicitla, 103, 127, 1331 137.
bodhimaQr)alcrama{W, 137.
rj.ii!dnï, 25.
Bodhisattva - carrière de, 133 n. 6 ;
,,
''
, - seize, 83, 108.
Dalai-Lama (cinquième), 92.
dam-chig (samaga), 65, 66, 69, 100 n. 3.
Bodhisallua-pifaka, 7-10; 26.
dam-chig-pa, 69 n. 2.
Brahma, 58, 61, 78 84 113
- Sahampati, l i5, i21 n: 5.
Dânaçila, 17.
DAvm-NEEL (A.), 136 n. 3.
brahmacêirin, 128.
DAYAL (Har), 133 n. 6.
brahmane, 127, 135, 148.
Dball-èhen bstan-'jin Chos-rgyal, 93.
Bsam-yas, 92.
dbugs-dbyun, 67, 70-71.
bslcyed-rim, 72.
Buddhaguhya (Saûs-rgyas gsail.-ba), 63. DEMIÉVILLE (P.), 8-9.
Buddha-kula, cf. Tathiigata-kula. Dergué, 91, 93, 94, 95.
Buddha (cinq}, cf. Jina. Devi {les quatre), 30; cf. Kumàri.
BuddhaparaTflpara, 33-35, 61. Devikota (Debikoti), 91.
buffie, 147. Dhanada, 84, 116, 125,
BU-STON1 1, 7-8, 13, 55-60. DhiiraTJ.ï-piJaka, 9-10 i cf. Vidyiidhara-
Byall-Chub-'od, 16, 17, 19. pifaka.
Dharmagupta, Dharmaguptaka, 8-10.
Cii-'dra (ermitage de), 91, 95. Dharmakâya, 27, 31, 66.
Cakravartin, 110, 134 note. Dharmakirti, 17, 18.
Candana, 109. Dhyâna, 114.
Candrapradipasamiidhi, 102. rj.imphaka, 25.
Candraprabha, 108. dïniira, 11, 13.
carrefour, 148. disciples, 62-76 84-86 ·
Caryii. Tantra {spyod-rgyud), 52-76. - âge des, !35 n. i;
caste, 84-85. - choix des, 127-129 ;
Caturmahii.ràjakâyika, 114. - nombre des, 128-129.
chapi~res (dénomination des), 4-7, cr. Divya et Ârya-kula, 33, 42-52.
parwarla. Dkyil-éhog rdo-rfe 'byuri-ba, 62, 63.
chasse-mouche (camara), 108. Dkgil-éhog rdo-rfe phren-ba, 62, 65, 73.
CHAVANNES (E.), 32. Dpal-brcegs {Sriküta), 17-18.
cheval, 146-14 7. Dpal-spul'ts, 91.
chèvre, 147. Dpuli-bzan gi bsdus don dgrol-pa'i brfed-
Chig-don dgrol-ba'i brfed-byan, 57.
bya,i, 57.
chignon (nouer les cheveux en), 103,
Drag-po (Rudra), 58.
105 n. 2.
Druma (roi des Kinnara), 125.
'Chi-med grub-pa'i sde, 93.
Cho-ga fib-mo, 55.
cinq couleurs, 101-102 104 112, 113, EDGERTON (F.), 47-48, 97, 136 note.
125, 145; cf. poudre.' ' éléphant, 44, 56, 60, 146, 147; cf. Gaja.
clan = lmla, rigs ,· voir s. v. engagement (sdom-pa), 62-65, 72-76.
coiffure - divisée en cinq mèches, 111 ; - de Bodhisattva (byat'l-sems kyi
- à cinq pointes, trois pointes une sdom-pa), 75
pointe, 135 n. 2. ' - tantrique, 75
INDEX 185

FILLIOZAT (J.), 9-10,31, 106 n. 2, 117 note, Jambhala-jalendra, 43-51, 124.


139 n. 4. •Jam-dpal rca-rgyud (= MMK), 53; cf.
FINOT {L.), 136 n. 3, 143 n. 3. ManjuSrimülakalpa.
formule de prise d'engagement, 72-75. jarre 44, 65-67, 85, 86, 111, 130, 140-142.
formules magiques, 78-80, 99. Jaya et Vijaya, 141.
fosse à feu (agnikuQ.(/.a), 104, 105-106, Jayii, 120; v. Kumiiri.
129. JAYASWAL(K. P.), 1, 2.
FOUCHER (A.), 107 n. 2 et 5. Jayo~11:iI1t1a,
110, 113.
frères et sœurs, !Hl n. 6. jet de la fleur (par l'initié), 77, 135 note
et 136 n. 3.
Jina - cinq, 11-14, 32-33;
Gaganagaùja, 51, 108. .,.- lmla des, cf. Tathii.gata-kula.
Gajagandha, 43-51. 'Jig-rten-pa et •jig-rten-las 'das-pa; cf.
Gaja-kula, 42-52, 56, 60. Laukika et Lokottara.
GarJ.rj.avyüha,102. jinaji!t, 44-45.
Gandhahastin, 43-51. J fl.iinalilaka-yoginï-tanlra-riija ( Ye-çes
Gandhamiidana, 24. Jhig-le'i rgyud), 65, 66.
garbhokta, 131. 'Jug-sems, 74.
GaruQa, 1, 25, 30, 39-41, 58, 61, 84, 117, jafiimaTmta {phgag-gser gyi éod-pan, et
119, 123, 142; ral-pa'i éod-pan), 107 n. 7, 110, 113
- en tant que Bodhisattva, 40, 79.
Gavürppati, 24.
KaQAog, 94.
Gayiikfi.Syapa, 24.
Kâmûkhya, 91.
Gesar, 38, 93.
GETTY (A.), 32.
Kiimadhiitu, 114.
KamalOfi1J.I1t1a, 110.
glaii-po-éhe'i rigs, 56, 60; cf. Gaja-kula.
lcamboja, 25.
Glill, 93, 95.
gorocanli (gi-vafi), 139 n. 4.
Kapila (muni), 124.
Karotapii1,1i, 114-115 n. 7.
grahli, 25.
Kart tikeya, 84 ;
Grub-mtha' çel-kyi me-loii, 19.
- description de, 118, 122-123, note.
Gsal't-'dus 'Jam-rdor, 62.
Gsaii-ba spyi-rgyud, cf. Spyi-rgyud.
KârttikeyamaftjuSri, 122-123, note.
kasina maQ(/.ala, 90.
guggulu, 132.
kafapütana, 25.
Guhyakiidhipali, 97 n. 2.
kafhaQ.Q.a( = kafhalla), 99 n. 3.
Guhyasamiija (Gsaii-'dus), 10-14 1 73.
KO.visa (Maù-yul et Ka-çi), 48 n. 1.
Guru Chos-kyi dball-phyug, 92.
Khri-lde sroù-bcan, 17, 18, 19.
GZon-nu-dpal, p. 2 n. 1 ; cf. Blue Annals.
Khri-sron lde-bcan, 92.
Khyull-nag Çiikya dar, 93.
HACKIN (J .), 126 n. 13. kUa {phur-bu), 82, 100.
Hâriti ('Phrog-ma), 38, 56, 116. TdmpaTm,25.
Hevajra-Tanlra (Brlag-gnis), 70. ldnnara, 25.
Hinayàna, 127. kirifa (gcug-phud), 116.
Hiuan-tsang, 9~10. Klu-dball srull-ba {Niigendrarak~a), 17.
HlJbagirin, 32. Klu'i rgyal-mchan (Naga-dhvaja), 17.
homa, 133, 142. Koil-sprul, cf. Yon-tan rgya-mcho.
KRAMRISCH(S.), 87-88.
lndrabhüti, 13 ; cf. Guhyasamiija. Kriyiisal[l.graha, 88.
initiation, v. abhi~eka. Kriya Tantra (bya-rgyud), 12-13, 52-76.
instruments à corde, 102. l(rodha, 25.
Isa.na, 122; cf. Umâpati. k~alriya, 127, 129, 135 n. 1.
Jambhala, 53, 54, 56, 60, 97 n. 2, 118 n. 5. K~itigarbha, 108.
7-1
\
/
'
/

.
186 INDEX
t.
kula (rigs), 12, 24, 33, 35-36, 42-76, mahàyàniste, 127.
i

!f
84-85. Mahâsâ:1'1.ghika,9.
'' J kuliSapa,:zi (rdo-r/e'i rigs), 131 n. 15. Mahüvairocanasülra, 32.
. Cf. Vajra-kula • Mahüvyulpalli, p. 17 n. 3.
KumarakalaSa, 17. MahiSësaka, 9.
kumara, 129 n. l et passim. Maitreya, 108.
I'
Jcumârabhüla, cf. Mai'i.juSri. Miiladhfi.rin, ll4-115 n. 7.
11 Kumâri (les quatre), 15, 30, 78, 84, 119- maladie, 147, 149.
'Î' 120, note, 123 j cf. Sœurs, Devi, mal){iala, 20, 27, 30, 33, 35, 39, 62-65,
Tumburu. 66-67, 72, 76-90, 97-98, 100, 107, 111-
1
'I / Kun-dga' si1il'l-po, 62, 63. 113, 116, 118, 120-123, 125-130, 132-
I',° kw;aviT)(/.alca,101 n. 7 et passim. 134, 136-143;
Kusumavati, 21-22. - orientation du, 83 n. 1, 109.
kü$ma,;i.{la, 25. maQ{ialaka, 125-126.
Kuvera, 38, 49, 97 n. 2. mal){ialatraya (dkyil-'khor gsum-pa}, 120.
MaJ').i,41, 48, 51.
La-ba, 63. MaQi-kula, 33, 42-52, 56-60,
LALOU (M.), 1, 3, 14, 17 n. 1, 18, 30, 31, MaQ.ibhadra, 116.
81, 108 n. 3, 117, 122 n. 3, 125 n. 2, MaiijuSri, 4, 7, 21-35, 39-41, 59, 77-86,
136 note. 97, 105, 111, ll3, 130, 136, 140, 142,
LAMOTTE(E.), p. 2-3, 108 n. 3, 127 n. 8. 145, 146 i
Lail.kâ, 123.
- mudrâ de, 81, 99 n. 9 ;
1, Las-'phro glitt-pa, 93. - description de, lll.
LAUFER (B.), 139 n. 4.
ManjuSrimülakalpa - date du, p. 4, 14,
Laukika et Lokottara
16-20;
- dieux, 33-35, 39-42, 60-61, 76-77,
éditions du, 14-20;
80;
- traductions du, 16-20, 62;
- !cula des, 25, 35-36, 53, 55-60.
- traducteurs du, 16-17 j
LA VALLÉE POUSSIN(L. de), 32, 127 note.
- résumé du chapitre d'introduction,
LESSING (F.), 126 n, 13.
20-27;
LÉVI (Sylvain), 98 n. 3, 115 note.
· - lignée de transmission du, 27-35 ;
L1 An-che, 94.
- interlocuteurs du, 28-29 ;
LIN Li-kouang, 114-ll5, note, 127 n. 2.
classification du, 13, 59-60 ;
L:1'1.as-rcen,56-57, 59, 60; cf. Paiicika.
- citation du, 17, 66-67;
Lokagati, 108.
- textes mentionnés dans le, 102-103
Lokü.tikrüntagü.min, 110.
et 103 n. 1.
LokeSvara, 35; cf. AvalokiteSvara.
mantra 33, 39-40, 78-81 et passim.
luri-bstan, 67, 70-71.
MârkaJ').Q.a,123.
madhyamamal)(lala (dkyil- 'khor bar-ma, mârut, 25, 26.
121. Mâtrkâ (Ma-mo), 147; cf. Sept Mères.
MahâkMyapa, 24, 109. Maudgalyü.yana, 9-10.
Mahakatyayana, 109. MChog-gyur gli:1'1.-pa,92, 95.
Mahâbrahma, 39-41. Mekhalii, 56.
MahagaQ.apati, ll8. MKHAS·GRUB·RJE, 52-55, 59, 60, 62-76.
Mahakala, 118. MKHYEN·BRCE 1 91-95.
Mahâmati, 108. moment (choix du), 81, 97-98.
Mahamayori (Rma-Chen), 54. moutarde blanche, 106.
Mahü.prajâpati, 24. mouton, 147.
Mahiisthânaprü.pta, 51. mudrii, 22, 33, 39-40, 44-45, 79, 99 n. 9,
mahüsukha, 69-70. 104, 112-113, 116, 124-127, 146 i
Mahiiyâna (origine médidionale du), p. 2 quatre, 69-70.
n. 2; cf. R. SANK~TYAYANA. Mus (P.), 11-14, 27, 87-89, 136 note.

i,'
1
INDEX 187
niiga (klu), 25, 79, 89, 147. Pinâdhrk, 45.
Nâgarâja - huit, 117 n. 1 ; Pil'l.gala, 116.
- trente-trois, 25. piSâca, 25, 26.
Naivasarpjfüiyatana (deva), 121. planètes, 26, 119.
Nô.masamglti, 32. poudre (d'or, d'argent, de cuivre), 103;
Nanda, 25, 117. - de cinq couleurs, 103, 146-146;
NandikeSvara, 118. - de grains de riz, 104.
Nandimitra, 8. pradak§il;ta, 21, 22, 86, 101, 120, 133,
nighrâtmaka, 99 n. 7, 100 n. 6. 138, 142.
Ni-ma sen-ge, 93. Praji\ii, 70.
Nirgrantha, 124. prajnâ (çes-rab), 55.
NirmâJ').akâya, 31. Prajfiô.pô.ramitü. (texte), 102.
NirvâJ').a, 54, 103. - (déesse), 1081 112.
nivedya (lha-bços), 130-131, 133, 143, pratihâralcapalc§a (quizaine des miracles),
146. 97 n. 5.
Nor-bu bza:1'1.-po,56. pratimâ (sku-gzugs), 107.
nor-bu'i rigs, 56-57, 60, cf. MaJ').i-kula. Pratyekabuddha, 23, 26, 35, 42, 107
Nor-rgyun-ma, 54, 56. 130, 131.
Pratyekabuddha-kula, 42-52.
ÛBERMILLER 1 l, PraviJ').a, 25.
'Og-pag-Can, 56. Preta Mahârddhika, 124.
oiseaux, 23, 47, 79. Priya:1'1.ka,116.
Orgyan Chos-rje gli:1'1.-pa,93. prophéties (chapitres des), 1-3, 19 n. 2;
Orgyan gli:1'1.-pa,93. cf. Rô.javyakaral)a.
orpiment, 139 n. 4. PRZYLUSKI (J.), 1, 3-7, 8, 14, 35, 97, 107
n. 4.
Padma dball-gi rgyal-po, 92. Pul)yaprasava (devaputra), 116.
Padma-kula, 23, 31, 35, 36, 42-53, 55-60, POrJ').abhadra, 116.
79, 83-84, 131-132. pülana, 25.
Padmü.l'l.kuSa (Padma ICags-kyu), 63.
Padma 'od-gsal mdo-snags gli:1'1.-pa,cf. Quatre-Fils du Ciel (théorie des), 37-39;
MKHYEN·BRCE. - océans, 125 ;
Padma rig-'jin, 93. - rois, 115 note, 116, 125;
Padmasarp.bhava, 92. - Sœurs, 15, 119 n. 6; cf. Kum8.ri;
padmâsana, 107, 112. - orients, 100, 126 n. 13, 133.
Padma skyabs, 93.
Padma thali-yig, 13, 17-18, 92, 93. Rü.ja-kula, 42, 44, cf. Gaja-kula.
Pakçi Çiikya-'od, 93. Rô.javyô.kara,;,.a,7, 15, 19 n. 2.
PancaSikhâ (mudrâ), 99 n. 91 113, 130, rô.kgasa, 23, 25, 26, 47.
139, 145. Ratnaketu, 34, 50, 83-84, 112.
Pai\caSikha (roi des Gandharva), 125. Ratna-kula, 49-50, 53, cf. MaJ').i-kula.
Pafi.cika, 38, 51, 53, 56, 116. Ratnarakf,lita, 63.
PâJ').daravësinî, 24, 107. Ratnasambhava (Rin-'byul'I.), 60, 53.
Paranirmita (devaputra), 114, 122. RâvaJ').a, 25.
Parittë.bha (devaputra) 116, 122. Rdo-rje bza:1'1.-po,93.
pariuarla, cf. chapitres. Rdo-rJe dbyins-kyi dban-phyug-ma, 70.
pafa, 22, 33, 134. Rdo-rfe gur, cr. Arya-dô.ki,;,.i-vajra-pafijara-
pafalavisara, cf. parivarla. mahô.tantra-râja-kalpa.
Patidhara, 108. réincarnation, 93.
peintres, 103, 105. Rgya-Bod yig-chan, 37-39.
Pha-bo:1'1.-kha,91. rgyas-pa'i rigs, 56-57, 60.
'Phrog-ma, 56; cr. Hiiriti. Rgyud-sde spyi'i rnam-biag, cf. Bu-STON
PJlu, 25. et MKHAS-GRUn-RJE,
188 INDEX

rjogs-rim, 72. sdom-pa 52, 62, 72-76; cf. engagement.


Rig-ma, 69-70. sems-bskyed, 74.
rigs, v. kula. Sept Mères, 117, 118 n. 6.
Rin-Chen bzan-po, 19. Çes-bya lcun-khyab, 58, 66, 68, 71, 91,
rin-po-éhe'i rigs, et. MaQ.i-kulaet Ratna- 95; cf. Yon-tan rgya-mcho.
kula. Sgra-g~an 'jin dpal bçes-gfi.en, 67.
RjoiJ.-gsar, 93-95. Siddha, 109.
Rnam-snari mnon-byar'I gi 'grel-ba, 63. siddhi, 26, 77, 137.
ROERICH (G.), 97, Siddhi-ekavira-mahâtantra ('Jam-dpal dpa,
rois élus, 37-39. -bo géig-tu 'grub-pa), 54.
roue de la Loi, 44, 111, 113. Sikhabandha, cf. chignon.
);tl;labha (Jain Tirthakara), 124. simhâsana, 111.
J;tii (sept), 119. Sitiitapatra (Gdugs-dkar), 63.
rlen/brlen, 98 n. 3. SiUitapatr0:g1il;la, 110.
Siva, 39-41, 84.
Sivaites, 39-41, 79.
Sadamatta, p. 114-115, n. 7. smon-sems, 62, 74.
südhakdciirya, 104 n. 8. Smrti, 19.
sâdhana (sgrub- thabs), 53, 54.
SNELLGROVE (D.), p. 13 n. 4.
Sah8.lokadhatu, 22, 31 n. 2. So-thar byan-sems gsan-snags gsum-gyi
saisons, 119. sdom-pa'i bslab-bya nor-bu'i 'od-phre1l,
Sakra (Brgya-byin), 106, 114, 122. 74 n. 1 et 75 n. 1.
$8.kya blo-gros, 17. Spyi-rgyud, cf. Sarvamal)<jalasâméinya-
Sëkyamuni, 4, 7, 21-36, 38, 45, 53-54, vidhi-guhyatanlra.
59, 61, 81, 82, 83, 84, 103, 105, 107, Sravaka, 23, 24, 26, 42, 107, 109, 130,
108, 109, 112, 121, 130, 134 note, 141. 131.
Sülar8.jendra, 33. Srive$Ja (can-dan gyi tha1l-éhu), 131.
samâdhi, 21, 22, 23, 24, 26, 80. Sron-bcan sgam-po, 37.
Samantabhadra, 51, 83, 108, 121. Stag-gzigs, 38-39.
Samantavaloka, 112. STEIN (R. A.), 37, 38, 93, 97 n. 5.
samaya (dam-chig), 33, 36, 77, 78, 80, 87, $lho171,45.
137. slüpa, 88.
Sambhogakaya, 31 1 66. Sarvavyâdhicildtsaka, 108.
Sarp.Suddha, 112. Subahu, 109.
SankhukarQa, 25. Sudarâana (devapulra), 116.
SANK~T!YANA(Rahula), p. 2 n. 2; cf. Sudânta, 112.
Mahayana. Suddhâvâsa, 4, 21-22, 25, 27i30, 31 n. 2,
Sankusumitagandhottamariija, 33-34. 51, 53, 59, 77, 78, 80, 81, 82, 86, 112,
Sallkusumitarâjendra, 21, 22 1 27-35, 59, 146.
83-84, 112. Sudhana, 108.
Sans-rgyas bln-ma, 92. Sûdra, 127.
Sântamati, 30. Sudréa {devaputra), 116.
Sântipa, 62, 63. Sunirmala 1 112.
Sântirakl;lita, 92. Sunirmita, 114, 122.
Santui;iita (devaputra), 114, 122. Sûnyatéi, 69-70.
SaratkiiQ<)agaura, 107 n. 4. Suptlu, 25.
Sariputra, 24. suréiralt, 45.
Sarvamm:u;lalasiimiinyavidhi-guhyatanlra, SOrya, 58, 116.
63, 68, 71. Susiddhikaramahatanlra (Legs-par grub-
Sarvanivaral)aVi$kambhin, 108. par byed-pa'i rgyud), 71.
sasakhâya, 101 n. 4. Sûtra de la paroi occidentale... , 32.
SASTRÎ(G.), 1, 14. sülrânta, 103.
INDEX 189

., SuvarQaprabhiisollamasütra, 5, 103. U~l).i~a,53.


Suyë.ma (devaputra), 114, 122. U~l).ii;iacakravartin, 110, 112.
svamantra, 26, 137. U~l).i~araja (huit), 35, 110.
svastika, 146. Ul;ll).i$arfijâ,108.
Utpala (mudrii), 99 n. 9, 113.
Takf;mka, 117. vaipulyasülra, 3·5, 7-8.
tambours, 102, 138 ; Vairocana, 53, 92.
- , d'argile, 102, 138; vaiSya, 127.
- grands, 102, 138. Vajrë.cfirya (abhi§elca de), 63, 67-71.
Tamodghfitana, 112. vajradhrk, 45.
Tantra (division en quatre des), 13, Vajra-kula, 23, 35-36, 42-53, 56-60, 79,
52-76. 83-84, 121.
Tara, 108. VajramuSti, 109.
Tiirâmülakalpa, p. 3, 5, 6, 31. Vajrànalapramohani, 24.
Tathügata-kula, 23, 31-35, 42-53, 56-60, Vajr0.Ilkuéi, 109.
61, 791 84, 132. Vajrapiil).I, 7, 24, 29-30, 32, 35, 77, 80·
Tathâgatalocana, 43, 108, 112. 81, 83-84, 97, 109, 121, 132.
Tallvasamgraha (De4iid bsdus-pa), 62, Vajrasattva, 69.
63. Vajrasena, 109.
taureau, 147. VajraSikhdra (Rdo-rfe rce•mo), 62, 63.
Tejorâsi, 110, 112. VajraSrilkhala, 109.
terrain (choix du), 70, 81-82, 98-100, Vajravarman (Rdo-r}e go-ëha), 63.
145-146.
Varul).a, 84 1 116.
Tholiù, 17. Vasu, 119.
loral)a, 102, 112, 113, 125, 146.
vastuma,:tçiala, SB.
TOUSSAINT(G.), 17 Il, 3. vasuki, 117.
traductions (st'la-dar et phyi-dar ), 19.
veliida, 25.
triade (Sai:lkusumitaraja, Sükyamuni et Vibhi$Ol).8,123.
Mafl.juéri), 27·35. Vidréiva,:ta, 25.
trikéiya, 31, 33. vidyiibhi!)eka, 65, 67, 137 n. 9, 139,
tripuQ(lari {lhig-le gsum), 117. 140.
trmu,:t(li (thig-le gSum), 108. Vidyéidhara-piJaka, 9-10; 12.
TsoN-IrnA-PA1 62. vidyiiréija, 1, 23, 35-37, 77-78, 83,
Tucct (G.), 13, 17-18, 31, 55, 87~89, 98 109·
n. 3,108 n. 3, 123 note, 133 note 6, Vidyiirfijni, 23-24, 83, 109.
136 n. 3. Vidyottama, 24.
Tumburu, 30, 84, 119 ; cf. Kumë.ri. vighna (bgegs), 106.
Vijayâ, 120; v. Kumfiri.
ubhay<J,vajra (sna-chogs rdo-rJe), 110, VijayOl;ll).il;la,
110.
n. 1. Vikarala, 124.
ur)alcéibhi!)elca,66. Vimalagati, 51.
Uma, 84, 118, 122. Vimalaketu, 108.
'/ Umiipati, 118. Vimalakirti, 108.
UnnatO$JJ.i$a,110. Vil).8.dvitiyaka, 114-115 n. 7.
Upananda, 25, 117. Vi$JJ.U,39-41, 58, 79, 119;
Upapilu, 25. - attributs de, 119.
upâsaka, 27, 127, 135 n. 1. voilage de la tête de l'initié, 134, 135
upiisilcü, 27, 127, 135 n. 1. note.
upéiya (thabs), 55. vyâda, 25.
upo§adha (gso-sbyot'I), 103, 128 n. 1.
1 66-57.
U!)QÎ!)D Yakf}a, 23, 25, 26, 47.
190 INDEX

Yak!;ia-kula, 33, 42-52. ye-ges-pa, 69 n. 2.


Yama, 84, 117, 124. Ye-çes-sde, 17.
Yamü.ntaka, 25, 26, 30, 40 n. I, 77, 78, Yoga Tantra (rnal- 'byor rgyud), 52-53,
81, 83, 99, 106-107, lll. 60, 62-63, 65-71.
YaSodâ, 24. YON•TAN RGYA·MCH0 1 58, 60, 67, 91-95 j

YaSodhara, 24. cf. Çes-bya lmn-lchyab.


TABLE DES MATIÈRES
'(

PLAN DU mar;ujala ... ......................... . Frontispice


AVANT-PROPOS ............................. ,, .. ,,,, IX

INTRODUCTION..................................... 1-90
APPENDICE.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91-97
TRADUCTION DU CHAPITRE Il........ . . . . . . . . . . . . . . . . 97-143
TRADUCTION DU CHAPITRE Ill ...........•••.. ,...... 145-149
TEXTE TIBÉTAIN .................•................ , 151-174
ABRÉVIATIONS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
LISTE DES PRINCIPAUX OUVRAGES CITÉS... . . . . . . . . . . . 177-181
INDEX. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183-190

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IMPRIMERIE A. BONTEMPS, LIMOGES (FRANCE)

DllPOT LllGAL : 2' TRIMESTRE 1962

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