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Université des Sciences

Et Techniques de Masuku Faculté des Sciences

D ÉPARTEMENT DE P HYSIQUE
Laboratoire de Physique Théorique et des Technologies de la Dimension
non-entière(LaPhyTechnoDim).
Master I de Physique Fondamentale
Option : OPTIQUE

M ÉMOIRE :

INTRODUCTION AUX DÉRIVÉES ET


INTÉGRALES D’ORDRE NON-ENTIER :
THÉORIE ET APPLICATIONS

Préparé par : KATOUKOUNOU Jean Baptiste Guerte

Encadreur : Professeur TAOUFIK MEGADEMINI enseignant-chercheur à l’USTM au


GABON

Année Académique : 2017-2018.


Dédicaces

Je dédie ce travail à mes parents M. MBUSA MUKWE Raphael et Mme NATAMBISE Marie, à tous mes
frères et soeurs dans le monde entier et surtout à ma famille chrétienne de l’église adventiste du 7ème jour.

i
Remerciements

Je remercie LE SEIGNEUR TOUT PUISSANT ET MISÉRICORDIEUX pour son souffle de vie sans quoi
je n’aurai pu réaliser ce travail.
Je remercie chaque membre de l’église adventiste du 7ème jour de la chapelle de Sion à Franceville pour
le soutien sans faille sur tous les plans.
Je remercie mon père MBUSA MUKWE Raphael , ma mère NATAMBISE Marie et mes frères et soeurs.
je remercie le professeur Tauofik MEGADEMIN pour m’avoir fait confiance en me confiant un sujet très
orignal qui est une première à l’Université des Sciences et Techniques de Masuku au Gabon
Je remercie chaque membre du département de physique particulièrement le chef de département le
professeur Alain Brice MOUBISSI.
Je remercie de façon très chaleureuse Mme KUMULUNGUI enseignante en sociologie à l’Ecole
Polytechnique de Masuku, pour le temps qu’elle a consacré à la relecture et à la correction de ce document.
L’oeuvre humaine étant infiniment imparfaite alors je vous remercie de me faire parvenir vos éventuelles
remarques et suggestions aux adresses kjbgurth@yahoo.fr et kjbguerte777@gmail.com

ii
Glossaire

Glossaire

GL p
D f (t) : dérivée fractionnaire à l’ordre p de f (x) au sens de Grunwald-Letnikov (1)
GL p GL −p
I f (t) = D f (x) : intégrale fractionnaire à l’ordre α au sens de Grunwald-Letnikov (2)
GL p
Da f (t) : dérivée au sens de Grunwald-Letnikov de f continue sur [a,t] (3)
GL p
D f (t)
1 : dérivée fractionnaire à l’ordre p de f si f est continue sur[0, 1] (4)
0
RL
Iap f (t) : : intégrale fractionnaire à l’odre p au sens de Riemann-Liouvile (5)
RL p
I(0,1) f (x) : intégrale fractinnaire entre [0, 1] au sens de Riemann-Liouville (6)
RL p
Da f (t) : dérivée fractionnaire à l’ordre p au sens de Riemann-Liouville (7)
C p
Db f (t) : dérivée fractionnaires à l’ordre p sens de Caputo (8)

iii
Table des figures

1.1 représentation de la courbe y2 = 8x [1] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4


1.2 tangente à la courbe a en P [2] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3 la courbe b : y = x2 [3] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

5.1 Courbe du toboggan d’ Abel [4] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42


5.2 Courbe d’un rai . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
5.3 Courbe tautochrone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

iv
Table des matières

Dédicaces i

Remerciements ii

Glossaire iii

I Dérivées et intégrales d’ordre entier 2


1 L’historique sur le calcul différentiel 3
1.1 Calcul différentiel selon Newton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.1.1 Tangente d’une courbe : notion primitive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.2 Quadrature d’une courbe selon Newton : notion primitive . . . . . . . . . . . . . 7
1.2 Calcul différentiel selon Leibniz (1646-1716) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.1 Tangente d’une courbe : notion primitive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.2 Quadrature d’une courbe : notion primitive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

II Dérivées et intégrales d’ordre non-entier 14


2 Outils de base 15
2.1 Fonctions spéciales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.1.1 Fonction Gamma . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.1.2 Fonction bêta . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.1.3 Fonction de Mittag-Leffler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.1.4 Fonction Erreur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.1.5 Fonction de Mellin-Ross . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

3 Dérivées et intégrales fractionnaires : théorie 18


3.1 Approche de Grünwald-Letnikov . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
3.1.1 Formulation et expression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
3.1.2 Compositions des dérivées fractionnaires au sens de Grunwald-Letnikov . . . . . . 19
3.1.3 Exemples sur l’approche de Grunwald-Letnikov . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
3.2 Approche de Riemann-Liouville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.2.1 Formulations et expressions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.2.2 Compositions des intégrales/dérivées fractionnaires au sens de R-L . . . . . . . . 23

v
TABLE DES FIGURES vi

3.2.3 Exemples sur l’approche de Riemann-Liouville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24


3.3 Approche de Caputo [5] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.3.1 Formulation et expression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.3.2 Exemple de la dérivée fractionnaire au sens de Caputo . . . . . . . . . . . . . . . 28
3.4 Paradoxe apparent [6] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.4.1 Fonction causale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.4.2 Convolution et dérivée fractionnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.4.3 Concepts unifiés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.5 Dérivée fractionnaire des fonctions à variables dans C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.6 Dérivées partielles fractionnaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.7 Propriétés générales des dérivées fractionnaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.7.1 Linéarité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.7.2 La règle de Leibniz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

4 Équations aux dérivées et intégrales fractionnaires 32


4.1 Outils : transformée de Laplace [7] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
4.1.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
4.1.2 transformée de Laplace des dérivées fractionnaires . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
4.2 Résolution des équations fractionnaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
4.2.1 Équation aux dérivées fractionnaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
4.2.2 Équation intégrale fractionnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

5 Applications 39
5.1 Thermique : équation de la chaleur [6] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
5.1.1 Résolution : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
5.2 Le problème du toboggan d’Abel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
5.3 Inversion de Weichert-Herglotz (1907-1910) : application des équations aux intégrales d’Abel
en sismologie[4] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
5.4 La courbe tautochrone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

Conclusion 46
Table des figures

vii
Introduction générale

Les concepts de la physique ont pour langage d’expression et de description les objets mathématiques. Il
s’agit des objets capables de rendre compte de l’évolution du phénomène étudié. Cette description est faite
grâce aux équations, inéquations mettant en relation : matrices, vecteurs, fonctions...dans différents types
d’opérations selon les objets mathématiques manipulés. Ainsi pour le cas des fonctions, elles peuvent subir
les convolutions, des dérivations, intégrations permettant une modélisation spécifique du phénomène phy-
sique.
Au XVIIe siècle, Isaac Newton et Gottfreid Wilhelm Leibniz vont introduire la notion du calcul différentiel
d’ordre entier presque en étudiant d’une part la tangente et d’autre part la quadrature d’une courbe. Toute-
fois Newton est le premier à définir l’idée du calcul différentiel avec la notation des « ẏ » qu’il nommera «
fluxion » avec pour but la résolution des problèmes de la cinématique du point matériel. Alors que la for-
mulation de Leibniz n’a pas un objectif précis en physique : c’est un chef-d’ ?uvre d’un mathématicien qui
prend du plaisir dans la formulation d’une notion toute nouvelle. Leibniz introduira les nouvelles notations
comme «dx, dy, dz» qu’il appellera respectivement «différentielle» de « x ,y et z».
Ainsi sans avoir connaissance des travaux de Isaac Newton, Leibniz donne une formulation magistrale
du calcul différentiel et publie ses travaux avant ceux de Newton 1 . Aujourd’hui, le calcul différentiel est
devenu très indispensable pour la résolution des problèmes d’ingénieries dans différents domaines de la
n
science. Mais que devient ddxnf si n = 12 ?
n
Au XVIIe siècle, Leibniz introduit également la notation ddxnf (de la dérivée nime de f ) et en 1695 Leibniz
l’annonce à Guillaume de l’Hospital qui lui répond par cette question célèbre dans une lettre : «que signi-
n
fie ddxnf si n = 12 ?» Cette question est admise comme étant la première réflexion sur les dérivées d’ordre
fractionnaires qui est le sujet de notre mémoire de master 1 physique fondamentale. Pour y répondre nous
décomposerons ce travail en deux parties :
La première partie : nous présenterons la genèse des dérivées et intégrales d’ordre entier donc sur les
fondements de la notion du calcul différentiel, comment les premières réflexions sont nées ?
La seconde partie : nous aborderons la notion des dérivées et intégrales d’ordre fractionnaire. Cette partie
se décomposera comme suit. Dans le chapitre 2 : nous introduirons les outils de base des dérivées et inté-
grales fractionnaires. Dans le chapitre 3 : nous exposerons quelques formulations des dérivées et intégrales
fractionnaires. Dans le chapitre 4 nous aborderons la résolution des équations aux dérivées fractionnaires et
nous terminerons par le chapitre 5 sur des applications en mécaniques classiques.

1 cette publication fera naitre une polémique sur la paternité de cette notion

1
Première partie

Dérivées et intégrales d’ordre entier

2
L’historique sur le calcul différentiel
1
Introduction
Les premières réflexions sur la notion des tangentes viennent de Archimède de Syracuse (-287 ;-212)[8], il
énonce notamment les tangentes à la spirale qui portent son nom. Des siècles plus tard, le mathématicien
italien Torricelli (1608-1646) et le français Roberval (1602-1675) prolongent la méthode d’Archimède.
Pierre Fermat ( vers 1620-1665) mathématicien français 1 , décrit ensuite la tangente comme position limite
d’une sécante à une courbe [9] : c’est la définition que nous utilisons encore aujourd’hui. René Descartes
(1596-1650) propose une formulation sur les équations dites cartésiennes.
Les méthodes analytiques de Descartes et Fermat ont beaucoup de succès en Angleterre [10] et sont re-
prises par John Wallis (1616-1707), James Gregory (1638-1675) et Isaac Barrow 2 (1630-1677), ce dernier
titulaire de la chaire de mathématiques à l’université de Cambridge développera une méthode des tangentes
très proche de celle que nous avons aujourd’hui.
Puis les mathématiciens Isaac Newton (1643-1727) et Gottfreid Wilhelm Leibniz (1646-1716) indépen-
damment l’un de l’autre, introduiront des procédés algorithmiques qui feront de l’analyse infinitésimale
une branche autonome des mathématiques.
Ainsi Newton et Leibniz construiront leurs idées autours de deux notions : la tangente à une courbe bien
délimitée (la dérivation) et la quadrature d’une courbe également bien définie (l’intégration). Ainsi Ils vont
réordonner et systématiser chacun de son coté les travaux de leur prédécesseurs sur la notion des tangentes
et calculs d’ aires comprises sous une courbe donnée et bien délimitée en introduisant les notations toutes
nouvelles.
Dans la suite nous parlerons d’abord des travaux de Isaac Newton sur le calcul différentiel ensuite nous
présenterons la formulation de Gottfreid Wilhelm Leibniz.

1.1 Calcul différentiel selon Newton


Né le jour de Noël l’an 1642, année de la mort de Galilée, d’une famille modeste, orphelin de père, une
enfance peu heureuse. En 1661, Newton entre à l’université de Cambridge. Vers 1664 il prend connaissance
des mathématique de son temps : il lira entre autre Euclide 3 , Descartes 4 , John Wallis 5 .[11]
En 1665 et 1666, l’université ferme ses portes pour cause d’épidémie et c’est pendant cette période qu’il
fera ses principales découvertes en mathématiques(calcul des fluxions et séries) en optique (théorie des
couleurs) travaux très appréciés par Isaac Barrow.[12]
1 surnommé "le prince des amateurs"
2 prédécesseur d’Isaac Newton sur la chaire mathématiques de l’université de Cambridge
3 les Clavis mathematicaz de Oughtred
4 La géométrie de Descartes
5 Arithmetica Infinitorum

3
Calcul différentiel selon Newton 4

1.1.1 Tangente d’une courbe : notion primitive


La notion des fluentes et fluxions
Entre 1664 et 1690, Isaac Newton élabore trois versions de calcul infinitésimal. [13]
En 1665 How to draw tangents to mechanicall lines. Dans son document Isaac Newton perçoit la courbe
comme une trajectoire6 . Il introduit le temps comme une variable universelle. Newton aboutit à un algo-
rithme de calcul inspiré de la cinématique : le mouvement d’un point génère une droite et celui d’une
droite génère une surface et enfin celui d’une surface un volume. Newton désigne par fluentes :quantités
qui augmentent graduellement et indéfiniment générées par le mouvement. Par analogie à notre conception
moderne il s’agit des abscisses et ordonnées susceptibles de varier en fonction du temps [12]. Les fluxions
notées "ẋ" : les vitesses selon les augmentations ou variations des fluentes et enfin Newton introduit égale-
ment la notion de moment de fluentes :l’accroissement infiniment petit de la fluente durant un intervalle de
temps infiniment petit" θ " voir FIGURE :1.1

F IGURE 1.1 : représentation de la courbe y2 = 8x [1]

Considérons la courbe représentative de la fonction

y2 = 8x (1.1)
θ : intervalle de temps dt, les quantités ẏθ et ẋθ sont infinitésimales et non nulle donc cela permet d’écrire :
(
y = y + yθ
(1.2)
x = x + xθ

L’équation (1.2) dans (1.1) donne :

(y + ẏθ )2 = 8(x + ẋθ )


(y + ẏθ )2 − 8(x + ẋθ ) = θ (1.3)

Après développement de l’équation(1.3) nous avons :

y2 − 8x + (ẏθ )2 + 2yẏθ − 8ẋθ = 0 (1.4)


or y2 − 8x = 0 donc
(ẏθ )2 + 2yẏθ − 8ẋθ = 0 (1.5)
(1.6)
6 ensemble des points occupés par un mobile en mouvement
Calcul différentiel selon Newton 5

En divisant (1.4) par θ nous avons :


(ẏθ )2 + 2yẏ − 8ẋ = 0 (1.7)
Nous savons que θ est l’intervalle infinitésimal du temps dt par la suite Newton supposera que : θ = 0 pour
ainsi obtenir :
2yẏ − 8ẋ = 0 ⇐⇒ 2yẏ = 8ẋ (1.8)
Nous avons finalement :
ẏ 4
= (1.9)
ẋ y
L’équation (1.9) permet de calculer la pente(coefficient directeur) de la tangente en déterminant l’ordonnée
d’une point sur la courbe.
La formulation de Newton s’apparente à la dérivation moderne par rapport au temps en effet : soit l’équation
1.1 définie par y2 = 8x on obtient :
dy dx
2y − 8 = 0 ⇐⇒ 2yẏ = 8ẋ
dt dt
dy 8dx 4
− = (1.10)
dt 2dt y
dy 1 4
⇒ × = (1.11)
1 dx y
dy dt 4
⇒ × =
dt dx y
dy
dy dt 4
⇒ = dx
= (1.12)
dx dt
y
Finalement nous pouvons constater qu’en notation moderne actuelle la dérivée de y2 − 8x = 0 par rapport à
x est :
dy
2y − 8 = 0
dx
Tel est la naissance de la notion du calcul différentiel selon Newton.

Généralisation du calcul différentiel selon Newton.


Soit y = xn une fonction polynomiale quelconque d’après le calcul différentiel de Newton nous :

n(n − 1) n−2
y + ẏθ = (x + ẋθ )n y + ẏθ = xn + nxn−1 (ẋθ ) + x (ẋθ )2 + .. (1.13)
2
n(n − 1) n−2
⇒ xn + ẏθ = (x + ẋθ )n xn + ẏθ = xn + nxn−1 (ẋθ ) + x (ẋθ )2 + ... (1.14)
2
n(n − 1) n−2
⇒ ẏθ = nxn−1 (ẋθ ) + x (ẋθ )2 + ... (1.15)
2
En divisant par θ nous avons l’expression suivante :
n(n − 1) n−2
ẏ = nxn−1 ẋ + x (ẋθ ) + ... (1.16)
2
Supposons que θ = 0 ainsi nous obtenons le résultat suivant en notation moderne des dérivées y = xn à
l’ordre 1 selon la formulation de Newton :
ẏ = nxn−1 ẋ (1.17)
En écriture moderne cela donne :
dy
dy dx dy
= nxn−1 ⇒ = dt
dx
= nxn−1 (1.18)
dt dt dx dt
Calcul différentiel selon Newton 6

Remarque :
Dans cette méthode de fluxion7 Newton considère la variation de (x, y) par rapport au temps pour parvenir à
la relation entre dy et dx. Le rapport des fluxions lui donne l’expression décrivant la pente de la tangente soit
la fonction dérivée. Toutefois la méthode de fluxion souffre d’un défaut, en effet Newton dans un premier
temps considère un intervalle de temps très petit θ (dt) qui se comporte comme une grandeur infinitésimale
non nulle (1.2) pour permettre les manipulations algébriques et après avoir complété ses manipulations
cette grandeur θ (dt) est considérée comme nulle. Ce défaut a été vertement critiqué par l’évêque George
Berkeley dans sont cour traité The analyst,1734 [13]. En effet comment comprendre qu’une quantité soit en
même temps non nulle et nulle. Ce défaut de logique ne sera corrigé que par la notion des limités au XIX
siècle.

Les dates importantes


1. Entre 1670-1671, Newton abandonne le calcul des fluxions(analytique) au profit d’une géométrie des
fluxions sans infiniment petit( source d’incohérence dans la formulation analytique des fluxions)

2. Vers 1680 Newton introduit la «geometirca curviline», il formule la méthode « des premières et der-
nières raisons» et grâce à cette méthode il reformule le calcul des fluxions. Les quantités considérées
sont géométriques et non plus infinitésimales.

3. En 1687 publication des «Principia mathematica philosophiae naturalis», il propose un exposé sur le
calcul des fluxions proche de celui du «goemetirca curvilinea»

4. 1691-1692 : rédaction du «De quadratura curvarum» publié en 1704, contenant une version analytique
du calcul exposé dans «geometirca curviline».

Telle est la formulation de Newton sur la notion des dérivées, une formulation ayant une incohérence re-
marquable et orientée dans la cinématique du point matériel mais comment Newton conçoit-il la notion de
primitive ?

7 les vitesses selon les augmentations ou variations des fluentes


Calcul différentiel selon Leibniz (1646-1716) 7

1.1.2 Quadrature d’une courbe selon Newton : notion primitive


En 1669 Newton énonce dans son «Da analysi per aequationes numero terminorum infinitas» trois règles
de calcul sur la notion des primitives (il partage ses travaux avec quelque mathématiciens anglais avant une
publication vers 1711)
1. Règle : Si m
y = an (1.19)
alors l’aire sous y est :
an 1+ m
x n (1.20)
n+m
2. Règle : Si y (1.21) est donné par la somme de plusieurs termes (ou un nombre infini de termes), alors
l’aire sous y est donnée par la somme des aires de tous les termes 1.22.
mi
ni
y = ai (1.21)
∞ m
ai ni 1+ n i
∑ ni + mi x i (1.22)
i=0

3. Pour calculer l’aire sous une courbe f (x, y) = 0 il faut exprimer y comme une somme de termes de la
forme : m
y = an (1.23)
Ensuite appliquer les règles 1 et 2.
La formulation sur le calcul différentiel reste très orienté sur l’application en mécanique du point mais qu’en
est-il de Leibniz, comment formule t-il la notion du calcul différentiel ?

1.2 Calcul différentiel selon Leibniz (1646-1716)


Né à Leipzig en 1646, Leibniz entame dès l’âge de quatorze ans des études de philosophie et droit à l’uni-
versité de Leipzig. En 1667, Leibniz devient docteur en droit de l’université d’Altdorf et commence alors
une carrière de diplomate et de conseiller juridique. En 1672 pendant une mission à Paris, Leibniz fait la
rencontre de Hygens ce dernier lui suggère la lecture des notes de Saint-Vincent et lui propose quelques pro-
blèmes de mathématiques à explorer. En 1673, Leibniz se rend à Londres pour une mission diplomatique,
il rencontre certains mathématiciens anglais et se rend compte de son retard par rapport à leurs progrès. De
retour à Paris, Leibniz se met au travail et lit les traités de Pascal, Descartes et James Gregory il s’intéresse
aux séries et à la géométrie ... En 1674, il informe Oldenburg, le secrétaire de la Royal Society, de son intérêt
pour le sujet qui lui répond : "James Gregory et Newton disposent déjà de méthodes générales..." sans autre
précision. En 1676, Leibniz finit de mettre au point les notations et les règles de son calcul différentiel.
Formulation du calcul différentiel selon Leibniz passe par des constats et analyses des travaux de Des-
cartes et bien d’autres contemporains de son époque. Leibniz fait le constat selon lequel la formulation de
Descartes sur ses équations cartésiennes est limitée, en effet les équations de Descartes ne permettent la
description que des courbes algébriques autrement dit exprimable sous la forme des équations comprenant
un nombre fini de combinaisons des quatre opérations (+ , -, /, x). Cette conception laisse donc de coté une
série de courbe dites « mécanique » ou « transcendantes » comme les courbes cycloïdales 8 , hélicoïdales 9 ...

Soient deux points A et B distant de l, Leibniz imagine toutes les trajectoires possibles entre ces deux
points : la plus courte est bien la ligne droite toutefois il existe encore d’autres trajectoires qui ne sont pas
8 Courbes décrites par l’entière révolution d’un point appartenant à la circonférence d’un cercle qui roule sur une droite
9 Courbes formées de la combinaison d’une translation et d’une rotation autour d’un axe
Calcul différentiel selon Leibniz (1646-1716) 8

droites mais courbes, ainsi la voie est ouverte pour la physique des courbures non nulles. Peut-on addi-
tionner une infinité des termes ? Non selon Descartes, Leibniz affirme : « nous ne pouvons additionner une
infinité de termes mais peut t-on donner un sens rigoureux à une somme contenant une infinité de terme ?
Oui."»
1 1 1
+ + + ......
1=
2 4 8
Telles sont les bases du raisonnement de Leibniz.

1.2.1 Tangente d’une courbe : notion primitive


Nous avons appris à définir une droite par deux points, et nous savons également que par un point nous
pouvons tracer une infinité de droite. Soit la figure ci-après 1.2.1 : la courbe a avec les points P et M tels
que P fixé tant dis que M peut occuper successivement différentes positions mais une seule à la fois.

F IGURE 1.2 : tangente à la courbe a en P [2]

Par deux ponts distincts appartenant à une même courbe M et P, nous ne pouvons tracer qu’une seule
et unique droite passant par ces deux points : c’est une droite sécante à la courbe mais lorsque la distance
entre les deux points est considérablement réduite nous obtenons une droite tangente à la courbe. Dans ce
cas avons-nous toujours deux points distincts qui peuvent nous permettre d’obtenir une seule et une unique
droite ou alors nous avons M = P et donc une infinité de droite sécante ? Quelle est la distance minimale
entre les deux points M 6= Ppour obtenir une tangente à la courbe ? [2]
Il faut construire une droite avec deux points M et P telle que : la distance entre les deux ne soit ni trop
grande 10 ni trop petite 11 .
Comment déterminer cette distance très petite mais non nulle entre M et P quelle est la limite exact ?
Pour répondre à ces questions nous allons découvrir la formulation Leibniz (1646-1716). Il suggéra de
trouver une valeur non nulle par définition et plus petite que toute quantité que l’on peut considérer, cela
nécessita des nouvelles règles algébriques, cette quantité dont la valeur est comprise entre 0 et toute quantité
donnée sera appelée : différentielle12
10 carsi la distance entre les deux points est trop grande alors nous avons une droite sécante et non une tangente à la courbe
11 sielle est trop petite alors nous avons quasiment M = P donc une infinité des droites passant par les deux points car ils sont
confondus
12 quantité infiniment petite, quantité infinitésimale
Calcul différentiel selon Leibniz (1646-1716) 9

Remarque
Ces quantités ne sont pas des véritables : quantités au sens habituel du terme, elles sont extrêmement petites
mais non nulles et elles sont notées : dx13 , dy et dz respectivement pour les variables x, y et z. Elles sont tel
que :

dx = x − (x + dx) (1.24)
dy = y − (y + dy) (1.25)
dz = z − (z + dz) (1.26)
x = x + dx (1.27)
y = y + dy (1.28)
z = z + dz (1.29)
Soit : y = x2 (1.30)

F IGURE 1.3 : la courbe b : y = x2 [3]


13 dx 6= ∆x(qui est une différence)
Calcul différentiel selon Leibniz (1646-1716) 10

D’après 1.27 , 1.28 , 1.29 et 1.30 nous avons :

y = x2
⇒ y + dy = (x + dx)2
⇒ y + dy = x2 + (dx)2 + 2xdx (1.31)
⇒ dy = −y + x2 + (dx)2 + 2xdx (1.32)

or d’après 1.30 y = x2

⇒ dy = (dx)2 + (x + x)dx (1.33)


⇒ dy = dx.dx + (x + x).dx (1.34)
⇒ dy = (x + x + dx)dx (1.35)

or d’après 1.27 nous avons

⇒ dy = (x + dx)dx (1.36)
⇒ dy = (x + x)dx = 2xdx
dy
= 2x (1.37)
dx
L’équation (1.37) est la dérivée bien connue d’une parabole : telle est la formulation de Leibniz sur la le
calcul différentiel.

Règle de différentiation selon Leibniz


Soit (x, y, z), un triplet de variable dont la différentielle est donnée par (x + dx, y + dy, z + dz) et A une
constante. Nous avons :

1. La différentielle d’une constante est nulle : dA = 0

2. La différentielle d’un produit de deux variables est : d(xy) = xdy + ydx.

d(xyz) = xd(yz) + yd(xz) + zd(xy).

3. La différentielle d’une somme est égale à la somme des différentielles en effet :

d(x + y + z) = dx + dy + dz
Calcul différentiel selon Leibniz (1646-1716) 11

1
4. La différentielle de l’inverse de x, soit = y avec x 6= 0
x
1
=y
x
1
xy = x = 1
x
d(xy) = d(1)
or nous savons que :
d1 = 0
xdy + ydx = 0
dy y
xdy = −ydx ⇒ =− (1.38)
dx x
or
1
=y
x
dy 1
=− 2
ainsi (1.39)
dx x
Donc l’équation (1.39 ) est exactement la différentielle de l’inverse de x en langage moderne il s’agit
de la dérivée de l’inverse de x.
5. La différentielle d’un quotient : z = xy . Sachant différentier une multiplication et une inversion alors :
x 1
z= =x
y y
zy = x
zdy + ydz = dx
yzdy + y2 dz = ydx
or
1
z=x
y
donc
1 2
yx dy + y dz = ydx
y
⇒ y2 dz = ydx − xdy
ydx − xdy
⇒ dz = (1.40)
y2
Nous remarquons que l’expression (1.40) est bien la dérivée d’un quotient.
6. Différentielle d’une élévation à la puissance. D’après l’exemple de la parabole nous avons démontré
que la différentielle de y = x2 donne 1.37. Sachant différentier un produit, Leibniz généralisera donc
cette notion. Cela donne :
Si y = x3 = x.x2
dy = x2 dx + xd(x2 ) = x2 dx + 2x2 dx
dy = 3x2 dx
dy
donc nous avons = 3x2 . (1.41)
dx
Ainsi de suite Leibniz obtient une généralisation de la différentielle de y = xn .
Telle est la notion du calcul différentiel formuler par Leibniz, une formulation très honorable qui jusqu’à ce
jour fonctionne parfaitement bien. Comment Leibniz conçois t-il la notion de l’intégrale ?
Calcul différentiel selon Leibniz (1646-1716) 12

1.2.2 Quadrature d’une courbe : notion primitive


En 1686, Leibniz publia : « De geometria recondita et analysi indivisibilium atque infinitorum », Acta Eru-
ditorum.
Le document traite le problème des quadratures, Leibniz y notifie les symboles d’intégrations et les mé-
thodes de calculs [13].
Le problème des quadratures est celui des calculs des surfaces délimités par la courbe. Qu’appelle t-on
surface ? Sous quel critère pouvons nous dire que deux surfaces sont égales ?
Leibniz affirme que deux surfaces sont égales si en modifiant l’arrangement des parties de l’une il devient
congru à l’autre.
Les grecs affirmaient qu’un polygone quelconque peut être décomposé en une somme finie des triangles
donc pour une surface donnée on peut toujours subdiviser cette dernière à des figures plus petites dont le
calcul de l’aire est plus aisé que sur la surface du départ. Soit y = PM et dz = ydx(différentielle de z).
Quadrature : c’est la somme infinie de quantité différentielle de z, obtenue par une somme infinie de toutRle
rectangle dz = ydx tel que : z = ∑ dz = ∑ ydx Pour exprimer cette somme, Leibniz introduira le symbole :
qu’ilR appellera intégration finale nous avons donc :
z = ydx

Règle de calcul
Z
dx = x
Z Z
Aydy = A ydy
Z Z Z
(y + z)dx = ydx + zdx
Z Z
ydx. xdy = xy
Z Z
n
dx = n.xn−1 dx (1.42)
L’équation 1.42 donne
Z Z
dxn = n x(n−1) dx
1
Z Z
(n−1)
⇒ x dx = dxn
nZ
1 1
Z
⇒ dxn = dX
n n
1 X xn
Z
⇒ dX = =
n n n
finalement
xn
Z
(n−1)
x dx = (1.43)
n
Calcul différentiel selon Leibniz (1646-1716) 13

Ainsi au XV II me siècle, nous remarquons l’émergence de deux idées, deux formulations sur le calcul
différentiel et des aires. Leibniz expose donc une formulation orientée sur les mathématiques pures alors
que celle de Newton qui est directement appliquée à la mécanique du point : les deux formulations sont
équivalentes. La généralisation de la notion du calcul différentielle permettra à l’analyse infinitésimale de
devenir une branche autonome et un outil important pour la résolution des problème d’ ingénierie. Telles
sont, les fondements de la notion des dérivées d’ordre entier. En 1695, Leibniz et Guillaume de l’Hospital
ont la toute première réflexion sur la notion de dérivée d’ordre non entier.Comment les idées de cette notion
vont-elles évoluer avec quels outils de base, qui seront les acteurs ? quelles applications en physique ?
Deuxième partie

Dérivées et intégrales d’ordre non-entier

14
Outils de base
2
Nous présentons dans ce chapitre les fonctions fondamentales pour la théorie des dérivées, intégrales frac-
tionnaires comme la fonction Gamma, Beta, Mittag-Leffler, Mellin-Ross

2.1 Fonctions spéciales


2.1.1 Fonction Gamma
Introduite par Leonhard Euler, mathématicien suisse (1707-1783)1 . La fonction gamma permet d’obtenir
une généralisation de la factorielle, ainsi grâce à la fonction gamma, nous pouvons calculer la factorielle des
valeurs non-entières (des nombres complexes, et des réels...). C’est l’une des fonctions de base du calcul
fractionnaire. Elle est notée Γ(z).

Définition :
Elle est définie par l’intégrale suivante pour tout z ∈ C
Z ∞
Γ(z) = t (z−1) .e−t dt, pour tout(z,t) ∈ (C ∗ N∗ ) avec ℜ(z) > 0. (2.1)
0 Z ∞
pour x = 1, Γ(1) = et dt = 1.
Z0 ∞
1 1 1
pour x = , Γ( ) = t ( 2 −1) .e−t dt
2 2 0
1
Z ∞
(− 12 )
Γ( ) = t .e−t dt
2 0
Posons t = y2 ⇒ dt = 2ydy
1
Z ∞
2
Γ( ) = 2 e−y dy
2
Z0∞
1 2
Γ( ) = 2 e−x dx
2 0
h 1 i2 Z ∞Z ∞
2 +y2 )
Γ( ) = 4 e−(x dxdy
2 0 0
(2.2)
1 Euler est considéré comme un éminent mathématicien du XV III me siècle et l’un des plus grands et des plus prolifiques de

tous les temps.Une déclaration de Pierre-Simon de Laplace exprime l’influence d’Euler sur les mathématiques : « Lisez Euler,
Lisez Euler, c’est notre maitre à tous» et il était également fervent chrétien, croyant en l’inérrance de la biblique.

15
Fonctions spéciales 16

h 1 i2 Z πZ ∞
2 2
Γ( ) = 4 e−r drdθ = π.
2 0 0
1 √
Γ( ) = π
2

Quelques propriétés de la fonction gamma :

Pour tout z ∈ C avec Re(z) > 0 alors Γ(z + 1) = zΓ(z). (2.3)


Pour tout n ∈ N alors Γ(n) = (n − 1)! (2.4)
Γ(n + 1) = (n)!
Exemples pour tout n ∈ N
Γ(1) = 1.Γ(1) = 1!
Γ(3) = 2.Γ(1) = 2!
··· = ··· = ···
Γ(n + 1) = n.Γ(n) = n! (2.5)

2.1.2 Fonction bêta


La fonction bêta a été étudiée par Euler et Legendre. Elle est un type d’intégrale d’Euler. Elle permet
une certaine combinaison de la fonction Γ(z) pour des commodités. Elle est définie pour tous nombres
complexes (z1 , z2 ) de parties réelles strictement positives.

Définition
Z 1
B(z1 , z2 ) = t z1 −1 .(1 − t)z2 −1 dt avec ℜ(z1 , z2 ) > 0. (2.6)
0
Relation entre les fonctions Gamma et Beta est :
Pour tout (z1 , z2 ) ∈ C avec Re(z1 , z2 ) > 0
Γ(z1 ).Γ(z2 ) Γ(z2 ).Γ(z1 )
B(z1 , z2 ) = = (2.7)
Γ(z1 + z2 ) Γ(z2 + z1 )
Donc B(z1 , z2 ) = B(z2 , z1 ) (2.8)

2.1.3 Fonction de Mittag-Leffler


En 1903, Mittag-Leffler 2 , mathématicien suédois(1846-1927) , il proposa une généralisation de la fonction
exponentielle appelée la fonction mittag-leffler. C’est une fonction qui joue le même rôle que celle de l’ex-
ponentielle dans la théorie des équations différentielles en intervenant à son tour dans le calcul fractionnaire.
Elle est définie par

zk
Pour tout z ∈ C avec ℜ(α) > 0 nous avons : Eα (z) = ∑ (2.9)
k=0 Γ(αk + 1)

zk
Si α = 1, nous avons : E1 (z) = ∑ (2.10)
k=0 Γ(k + 1)
z0 z1 z2 z3
E1 (z) = + + + + · · · or d’après l’équation 2.5 (2.11)
Γ(1) Γ(2) Γ(3) Γ(4)
(2.12)
2 En 1873, il obtient son doctorat et se rend à Paris pour suivre les cours de Charles Hermite qui lui conseille modestement les
cours de Weiestrass à Berlin. Il crée en 1882 la revue Acta Mathemaica [14]
Fonctions spéciales 17

z2 z3 z4 zn
Nous avons :E1 (z) = 1 + z + + + +···+
2! 3! 4! n!
Donc E1 (z) = ez .

zk
Si α = 2, nous avons : E2 (z) = ∑ (2.13)
k=0 Γ(2k + 1)
z0 z1 z2 z3 √
E2 (z) = + + + + · · · = cosh( z) (2.14)
Γ(1) Γ(3) Γ(4) Γ(5)

Il existe aussi la fonction Mittag-Leffler à deux paramètres qui joue également un rôle primordial dans la
résolutions des équations différentielles d’ordre fractionnaires. Elle est issue de la généralisation de celle
qui a un paramètre. Introduite par Wiman et Agrawal établira les propriétés près de cinquante ans plus tard.
[15]. Elle est définie par :

zk
Pour tout (z, β ) ∈ (C ∗ C) avec ℜ(α) > 0 nous avons : Eα,β (z) = ∑ (2.15)
k=0 Γ(αk + β )

2.1.4 Fonction Erreur


Elle est aussi appelée fonction Erreur de Gauss. Gauss, Mathématicien et physicien extraordinaire(1777-
1855)3 . Elle intervient en statistique mais également dans l’expression des solutions de l’équation de la
chaleur ou de l’équation de diffusion lorsque les conditions initiales sont données par la fonction de Heavi-
side. Elle est définie :
Z x
2 2
er f (x) = √ e−t dt pour tout x ∈ R (2.16)
π 0
2 ∞ (−1)n x2n+1
er f (x) = √ ∑ (2.17)
π k=0 (2n + 1)n!

2.1.5 Fonction de Mellin-Ross


La fonction de Mellin-Ross, Et (ν, a) est étroitement liée à la fonction de Mittag-Leffler et se pose lors de la
recherche de l’intégrale fractionnaire de la fonction exponentielle. Elle est définie par :
1 tZ
Et (ν, a) = t ν eat Γ∗ (ν,t) avec Γ∗ (ν,t) = e−x xν−1 dx (2.18)
Γ(ν)t ν 0

(at)k
Et (ν, a) = t ν ∑ = t ν E1,ν+1 (at) (2.19)
k=0 Γ(k + ν + 1)

3A l’age de 3 ans, il aurait corrigé une erreur de calcul de son père, à 15 et 16ans il formule la méthode des moindres carrées,
une conjecture sur la répartition des nombres premier conjecture qui sera démontrée près d’un siècle plus tard [14]
Dérivées et intégrales fractionnaires : théorie
3
Dans le chapitre précédent nous avons vu quelques outils de bases du calcul fractionnaire. Ces outils
vont nous permettre de réaliser une description rigoureuse de la notion d’intégrale, dérivée fractionnaire.
Bien qu’il puisse exister plusieurs approches de cette théorie, nous verrons trois formulations :Grunwald-
Latnikov, Riemann-Liouville et enfin l’approche de Caputo. Ensuite nous allons donner les exemples et
résoudre par un raisonnement simple le paradoxe apparent qu’il y’aurait entre l’approche de Riemann-
Liouville et l’approche de Caputo. Pour enrichir cette partie nous ajouterons un apport personnel en intro-
duisant les dérivées d’ordres complexes ( 2i ).

3.1 Approche de Grünwald-Letnikov


Introduction
La dérivée fractionnaire au sens de Grünwald-Letnikov est introduite par Anton Karl Grünwald 1 en 1867
et par Aleksey Vasilievich Letnikov 2 en 1868. L’idée, est la généralisation de la définition des dérivées
normales à des ordres arbitraires et par cette méthode nous obtenons une extension de la factorielle à travers
la fonction Gamma d’Euler voir (2.1) . La dérivée fractionnaire au sens de Grünwald-Letnikov est très utile
dans la programmation informatique pour la résolution numérique des systèmes fractionnaires complexes.

3.1.1 Formulation et expression


Nous savons que la dérivée normale d’une fonction est définie par :

f (x + h1 ) − f (x)
f 0 (x) = lim = D1 f (x) avec D1 opérateur dérivée première. (3.1)
h1 →0 h1
si n = 2 :
00 f 0 (x + h1 ) − f 0 (x)
f (x) = lim (3.2)
h1 →0 h1
f (y + h2 ) − f (y)
avec f 0 (y) = lim avec y = x + h1 (3.3)
h2 →0 h2
f (x + h1 + h2 ) − f (x + h1 )
f 0 (x + h1 ) = lim (3.4)
h2 →0 h2
(3.5)
1 Mathématicien tchèque (1838-1920)
2 Mathématicien russe(1837-1888)

18
Approche de Grünwald-Letnikov 19

Ainsi nous pouvons reécrire 3.2 avec les équations 3.1 et 3.4

f (x + h1 + h2 ) − f (x + h1 ) f (x + h1 ) − f (x)
limh2 →0 − (limh1 →0 )
00 h2 h1
f (x) = lim (3.6)
h2 →0 h2

Avec h1 comme une variable muette3 que nous pouvons remplacer pour les besoins de la cause. Nous avons
donc :
f (x + h2 + h2 ) − f (x + h2 ) f (x + h2 ) − f (x)
limh2 →0 − (limh2 →0 )
00 h2 h2
f (x) = limh2 →0 (3.7)
h2

f (x + h2 + h2 ) − 2 f (x + h2 ) + f (x)
limh2 →0
00 h2
f (x) = limh2 →0 (3.8)
h2
00 f (x + 2h) − 2 f (x + h) + f (x)
f (x) = limh→0 (3.9)
h2
n 
(n) 1 n k
f (x) = limh→0 hn ∑k=0 (−1) f (x − kh) (3.10)
k
n  n! n(n − 1) · · · (n − k + 1)
avec = =
k k!(n − k)! k!

L’équation (3.10) donne la dérivée nime de f . Nous pouvons donc généraliser cette formulation pour tout α
non entier : 0 < n − 1 < p < n
GL p 1 ∞ Γ(k − p)
D f (t) = f (p) (t) = lim p ∑ (−1)k f (x − kh) (3.11)
h→0 h k=0 Γ(k + 1)Γ(−p)

GL −p GL p 1 Γ(k + p)
D f (t) = I f (t) = lim
h→0 h−p
∑ (−1)k Γ(k + 1)Γ(p) f (x − kh) (3.12)
k=0

Ainsi avec la technicité nécessaire nous pouvons réécrire les équations (3.11) et (3.12) grâce aux suivantes :
(2.1) , (2.3), (2.4) et (2.5) nous obtenons donc :
GL p 1 x Z
D(a,x) f (x) = (x − t)(−p−1) f (t)dt (3.13)
Γ(−p) a
Z x
GL −p GL p 1
D(a,x) f (x) = I f (x) = (x − t)(p−1) f (t)dt (3.14)
Γ(p) a
Les équations 3.13 et 3.14 sont respectivement la dérivée et l’intégrale fractionnaire à l’ordre p au sens de
Grunwald-Letnikov de f lorsque cette dernière est continue sur [a, x].

3.1.2 Compositions des dérivées fractionnaires au sens de Grunwald-Letnikov


1. Avec les dérivées d’ordre entier.
Soient n ∈ N∗ et p ∈
/ Z. Nous avons :
d n GL p  GL n+p
Da f (t) = Da f (t)
dt n
3 L’équation 3.1 est définie comme la dérivée première d’une fonction et cette dérivée peut donc s’écrire pour toutes variables
y compris celles autres que h1
Approche de Grünwald-Letnikov 20

2. Avec les dérivées d’ordre non-entier.


Soient (p, q) ∈
/ Z nous avons donc :

GL q GL p
 GL q+p
Da Da f (t) = Da f (t)
(3.15)

3.1.3 Exemples sur l’approche de Grunwald-Letnikov


Exemple :
1. Calculons la dérivée fractionnaire au sens de Grunwald-Letnikov à l’ordre p de la fonction polyno-
miale f (t) = (t − b)α Par définition d’après 3.13 nous avons :
GL p 1 Rt (−p−1) f (τ)dτ
Da f (t) = Γ(−p) a (t − τ) (3.16)

GL p 1 Rt (−p−1) (t − b)(α) dτ
Db (t − b)α = Γ(−p) a (t − τ) (3.17)
Posons :τ = b + s(t − b) → dτ = (t − b)ds (3.18)
de plus nous avons b < τ < t
⇒ b < b + s(t − b) < t
⇒ 0 < s(t − b) < t − b
t −b
⇒0<s<
t −b
⇒ 0 < s < 1 ⇒ s ∈ [0, 1] (3.19)

GL p GL p
Nous avons donc Da (t − b)α = D(0,1) (t − b)α
GL p 1 1 Z
D(0,1) (t − b) α
= (t − τ)(−p−1) (t − b)(α) dτ (3.20)
Γ(−p) 0
Z 1
GL p 1
D(0,1) (t − b)α = (t − b − s(t − b))(−p−1) (b − b + s(t − b))(α) (t − b)ds
Γ(−p) 0
Z 1
GL p 1
D(0,1) (t − b)α = ((1 − s)(t − b))(−p−1) (s(t − b))(α) (t − b)ds (3.21)
Γ(−p) 0
Z 1
GL p 1
D(0,1) (t − b)α = sα (1 − s)(−p−1) (t − b)(−p+1−1+α) ds (3.22)
Γ(−p) 0
(t − a)(−p+α)
Z 1
GL p
D(0,1) (t − a) α
= sα (1 − s)(−p−1) ds (3.23)
Γ(−p) 0

Or d’après l’équation 2.5 nous avons :


Z 1
B(z, x) = t z−1 .(1 − t)x−1 dt avec Re(z1 , z2 ) > 0. donc
0
Si nous posons z = α + 1; (x − 1) = −p − 1ets = t alors (3.24)
Z 1
Γ(α + 1)Γ(−p)
B(α + 1, −p) = sα .(1 − s)−p−1 ds = avec ℜ(α + 1, −p) > 0.
0 Γ(−p + α + 1)
GL p Γ(α + 1)Γ(−p) 1
Donc nous avons : D(0,1) (t − b)α = (t − b)(−p+α) (3.25)
Γ(−p + α + 1) Γ(−p)
GL p Γ(α + 1)
D(0,1) (t − b)α = (t − b)(−p+α) (3.26)
Γ(−p + α + 1)
Approche de Riemann-Liouville 21

L’équation 3.26 est la dérivée fractionnaire à l’ordre p au sens de Grunwald-Letnikov d’une fonction
polynomiale f (t) = (t − b)α .
i
2. Calculons la dérivée fractionnaire au sens de Grunwald-Letnikov à l’ordre 2 de la fonction polyno-
miale f (t) = (t)2 D’après 3.26 nous avons :
i
GL Γ(2 + 1) (− 2i +2)
2
D(0,1) (t)2 = (t) (3.27)
Γ(− 2i + 2 + 1)
i
GL Γ(3) i
2
D(0,1) (t)2 = i
(t)(2− 2 ) (3.28)
Γ(− 2 + 3)

π
3. Calculons la dérivée fractionnaire au sens de Grunwald-Letnikov à l’ordre 2 de la fonction polyno-
miale f (t) = (t)3 D’après 3.26 nous avons :
GL
π
Γ(3 + 1) π
2
D(0,1) (t)3 = π (t)(− 2 ) (3.29)
Γ(− 2 + 3 + 1)
π
GL Γ(4) 6−π
2
D(0,1) (t)3 = π (t)( 2 ) (3.30)
Γ(− 2 + 4)

4. Calculons la dérivée fractionnaire au sens de Grunwald-Letnikov à l’ordre p de la fonction constante


f (t) = C = t 0 D’après 3.26 nous avons :
GL p Γ(0 + 1)
D(0,1)t 0 = (t)(−p+0) (3.31)
Γ(−p + 0 + 1)
GL p Γ(1)
D(0,1)t 0 = (t)(−p) (3.32)
Γ(−p + 1)
GL p 1
D(0,1)t 0 = (t)(−p) (3.33)
Γ(−p + 1)
Nous pouvons remarquer que la dérivée fractionnaire à l’ordre p au sens de Grunwald-Letnikov d’une
constante n’est pas une constante mais c’est un monôme de puissance p.

3.2 Approche de Riemann-Liouville


Proposé par Georg Friedrich Bernhard Riemann (1826-1866)4 et Joseph Liouville (1809-1882) 5 , la dérivée
fractionnaire au sens de Riemann-Liouville est très connue. Elle a pour base la notion de l’intégrale nime
d’une fonction continue sur un intervalle.

3.2.1 Formulations et expressions


1. Intégrale fractionnaire au sens de Riemann-Liouville
Soit f continue sur [a,b] :
Z x
I 1 f (x) = f (t)dt
a
Z x Z x
2 1
I f (x) = I ( f (t)dt) = g(t)dt
a a
(3.34)
4 Mathématicien allemand Il effectue sa thèse en 1851 sous la direction de Gauss
5 Mathématicien français,il obtient le doctorat ès mathématique en 1836 sous la direction de Siméon Denis Poisson et Louis
Jacques Thenard
Approche de Riemann-Liouville 22

Z x Z u
2
I f (x) = ( f (t)dt)du
a a
Z x Z u Z x h ix
I 2 f (x) = ( du) f (t)dt = u f (t)dt
a a a t
Z x
2
I f (x) = (x − t) f (t)dt (3.35)
a

Plus généralement la nime intégration de l’opérateur I s’écrira :

Z x1 Z x2 Z xn−1
n
I f (x) = dx1 dx2 · · · f (xn )dxn (3.36)
a a a
Z x
n 1
I f (x) = (x − t) f (t)dt (3.37)
(n − 1)! a

L’équation 3.37 est la formule de Cauchy avec (n − 1)! = Γ(n). L’intégrale fractionnaire d’ ordre α ∈
C, ℜ(α) > 0 au sens de Riemann-Liouville est une généralisation de la célèbre formule de Cauchy
de l’intégrale répété n-fois ou n = α, Γ(n) = Γ(α).

Définition

(a) Intégrale fractionnaire (d’ordre p) de Riemann-Liouville à gauche :

Soit p ∈ R+ , f continue sur [a, x]. On appelle intégrale fractionnaire de Riemann-Liouville à


gauche :
Z x
RL p RL −p 1
I(a,x) f (x) = D(a,x) f (x) = (x − t)(p−1) f (t)dt (3.38)
Γ(p) a

(b) Intégrale fractionnaire (d’ordre p) de Riemann-Liouville à droite :

soit p ∈ R+ , f continue sur [x, a]. On appelle intégrale fractionnaire de Riemann-Liouville à


droite :
Z a
RL p RL −p 1
I(x,a) f (x) = D(x,a) f (x) = (t − x)(p−1) f (t)dt
Γ(p) x
Cas particulier : intégrateur d’ordre un-demi
Soit u une fonction causale telle que :
(
0 pour t < 0
u : t → u(t) = (3.39)
1 pour t > 0
1
On appelle intégrateur d’ordre 2 de la fonction causale définie par :

1
RL 2 1 x 1
Z
( I0 u)(x) = 1
(x − t)( 2 −1) u(t)dt
Γ( 2 ) 0
1 Z x
RL 2 1 u(t)dt
( I0 u)(x) = √ p
π 0 (x − t)
 RL 1   RL 1   RL 1 
( I02 u)(x) ⇒ ( I02 u)(x) ◦ ( I02 u)(x) (3.40)
 RL 1   RL 1  Z x
RL 1
( I02 u)(x) ◦ ( I02 u)(x) = ( I0 u)(x) = u(t)dt
0
Approche de Riemann-Liouville 23

2. Dérivée fractionnaire au sens de Riemann-Liouville


Elle découle de la notion précédente de l’intégrale fractionnaire au sens de Riemann-Liouville.

Définition :

(a) Dérivée fractionnaire (d’ordre p) de Riemann-Liouville à gauche :

Soit l’équation (3.38 )et p ∈ [n − 1, n], n ∈ N∗ , on appelle dérivée d’ordre p au sens de Riemann-
Liouville à gauche la fonction définie par :

RL p
 d (n) h (−p+n) i
Da f (x) = . (Ia f )(t) (3.41)
dt
RL p 1  d (n) Z x
D(a,x) f (x) = (x − t)(−p+n−1) f (t)dt (3.42)
Γ(−p + n) dt a

avec p ∈ [n − 1, n], n ∈ [p, p + 1] et n ∈ N∗

(b) Dérivée fractionnaire (d’ordre p) de Riemann-Liouville à droite :


On appelle dérivée d’ordre p au sens de Riemann-Liouville à droite la fonction définie par :

RL p 1  d (n) Z x
D(x,a) f (x) = − (t − x)(−p+n−1) f (t)dt
Γ(−p + n) dt a
avec p ∈ [n − 1, n], n ∈ [p, p + 1] et n ∈ N∗

Cas particulier : dérivée d’ordre un-demi selon Riemann-Liouville :


On appelle la dérivée d’ordre un-demi au sens de Riemann-Liouville, la fonction définie par une
dérivée normale de l’intégrale d’ordre un-demi. On note :
1
RL d h RL 12
2
i
( D0 u)(x) = ( I0 u)(x)
dt Z x
1
RL 2 d h 1 ( 12 −1)
i
( D0 u)(x) = (x − t) u(t)dt
dt Γ( 12 ) 0
1 Z x
RL dh 1 u(t)dt i
( D02 u)(x) = √ p
dt π 0 (x − t)

3.2.2 Compositions des intégrales/dérivées fractionnaires au sens de R-L


(a) Compositions des intégrales fractionnaires : Avec toutes les conditions réunies on a :
RL p q RL (p+q)
i. I (I ) f (t) = I f (t)

d RL p RL (p−1)
ii. dt ( I f )(t) = I f (t)
RL (p) RL
iii. lim p→0+ I f (t) = D0 f (t)
(b) Compositions des dérivées fractionnaires :
RL p RL −p RL p RL p
i. D ( D ) f (x) = D ( I ) f (x) = f (t)
d n RL p  RL n+p
ii. n D f (t) = D f (t)
dt
Approche de Riemann-Liouville 24

RL p RL q RL p+q
n
h RL p−i i (x − a)−q−i
iii. D ( D f (t)) = ( D(a,x) f (t)) − ∑ ( D(a,x) f (t))
x=a Γ(1 − q − i)
|i=1 {z }
Di

(b.i) Illustre que la dérivée fractionnaire d’ ordre −p est égale à l’intégrale fractionnaire à l’ordre
RL p RL −p
p : I(a,x) f (x) = D(a,x) f (x).
(b.iii) Montre que la composition des opérateurs dérivées fractionnaires d’ordre d’ordre p et q
n’est commutative que si p = q ou alors si Di = 0.

Remarque :

Nous pouvons dire que dériver une fonction f (t), au sens de Riemann-Liouville à l’ordre p est équi-
valente à celle de Grunwald-Letnikov. Pour réaliser une telle opération il faut effectuer d’abord une
intégrale fractionnaire au sens de Riemann-Liouville à l’ordre (−p + n) suivie d’une dérivation nor-
male du résultat obtenu à l’ordre n.

3.2.3 Exemples sur l’approche de Riemann-Liouville


1. L’intégrale fractionnaire au sens de Riemann-Liouville : exemple
Soit f (x) = xβ
RL p 1 xZ
I0 f (x) = (x − t)(p−1) f (t)dt
Γ(p) 0
Z x
RL p 1
I0 f (x) = (x − t)(p−1)t β dt (3.43)
Γ(p) 0
t
Posons t = ux ⇒ 0 < t < x ⇒ 0 < <1⇒0<u<1
x
RL p 1 xZ
I(0,1) f (x) = (x − ux)(p−1) (ux)β dt
Γ(p) 0
Z 1
RL p 1
I(0,1) f (x) = (1 − u)(p−1) x(p−1) (ux)β xdu
Γ(p) 0
Z 1
RL p 1
I(0,1) f (x) = (1 − u)(p−1) x(p+β ) (u)β du
Γ(p) 0
1 (p+β ) 1 β
Z
RL p
I(0,1) f (x) = x (u) (1 − u)(p−1) du (3.44)
Γ(p) 0
Z 1
Or B(p, β + 1) = u p−1 .(1 − u)β dt avec ℜ(p, β + 1) > 0
0
Z 1
B(β + 1, p) = uβ .(1 − u) p−1 du
0
Γ(β + 1)Γ(p)
B(β + 1, p) = avec ℜ(β + 1, p) > 0
Γ(p + β + 1)
Donc l’équation (3.44) devient
RL p 1 (p+β )
I(0,1) f (x) = x B(β + 1, p)
Γ(p)
RL p 1 (p+β ) Γ(β + 1)Γ(p)
I(0,1) f (x) = x
Γ(p) Γ(p + β + 1)
Approche de Riemann-Liouville 25

RL p Γ(β + 1)
I(0,1) f (x) = x(p+β ) (3.45)
Γ(p + β + 1)

L’équation (3.45) est l’intégrale fractionnaire d’une fonction puissance , f (x) = xβ entre [0, x] au sens
de Riemann-Liouville.

Cas particuliers
i
Si p = 2 et β = 1 d’après l’équation (3.45) nous avons :
i
RL 2 Γ(1 + 1)
i
I(0,1) f (x) = x( 2 +1)
Γ( 2i + 1 + 1)
i
RL 2 i Γ(2)
I(0,1) f (x) = x( 2 +1) i
Γ( 2 + 2)
1
Si p = 2 et β = 0 d’après l’équation (3.45) nous aurons :
1
RL 2 1 Γ(0 + 1)
I(0,1) x0 = x(0+ 2 )
Γ( 12 + 0 + 1)
1
RL 2 1 Γ(1)
I(0,1) x0 = x( 2 ) 3
Γ( 2 )

Soit f (t) = eat avec a une constante : d’après l’équation 3.42 nous avons :
RL p 1
Zx
I0 f (x) = (x − t) p−1 f (t)dt
Γ(p) 0
Z x
RL p 1
I0 eat = (x − t) p−1 eat dt
Γ(p) 0
Posons y = x−t ⇒ t = x−y
⇒ 0≤t ≤x
⇒ x ≤ −t ≤ 0
⇒ 0≤y≤x
dy = −dt

Z x
RL p at 1
I0 e = y p−1 eat dy
Γ(p) 0

Or la fonction de Mellin-Ross de l’équation 2.18 est définie comme suite :


Z t
ν at ∗ ∗ 1
Ex (ν, a) = t e Γ (ν,t) avec Γ (ν,t) = e−x xν−1 dx
Γ(ν)t ν 0
Z t
1
Ex (p, a) = t p eat p
e−x x p−1 dx
Γ(p)t 0
Z t
1
Ex (p, a) = eat e−x x p−1 dx
Γ(p) 0
RL p
I0 eat = −Ex (p, a) fontion de Mellin-Ross
RL p
I0 eat = −E(1,p+1) (ax) fonction de Mettag-Lefler
Approche de Riemann-Liouville 26

2. Dérivée fractionnaire au sens de Riemann-Liouville : exemple


Soit f (x) = (x)β Nous savons que d’après l’équation (3.41) la dérivée à l’ordre p de f (x) au sens de
Riemann-Liouville donne :
RL p
 d (n) h (−p+n) i
Da f (x) = . (Ia ) f (t)
dx
RL p Γ(β + 1)
or I(0,1) f (t) = x(p+β )
Γ(p + β + 1)
RL (−p+n) Γ(β + 1)
donc I(0,1) (t)β = x(−p+n+β )
Γ(−p + n + β + 1)
RL (−p+n) 1 Γ(β + 1)Γ(−p + n) (−p+n+β )
I(0,1) (t)β = . x
Γ(−p + n) Γ(−p + n + β + 1)
RL (−p+n) 1
I(0,1) (t)β = B(−p + n, β + 1)x(−p+n+β ) (3.46)
Γ(−p + n)
RL p
 d (n) h (−p+n) i
Donc nous avons : Da f (x) = . (Ia ) f (t)
dx
RL p
 d (n) h 1 i
Da f (x) = . B(−p + n, β + 1)x(−p+n+β )
dx Γ(−p + n)
RL p B(−p + n, β + 1)  d (n) h (−p+n+β ) i
Da f (x) = (x)
Γ(−p + n) dx
RL p Γ(β + 1)
Da f (x) = x(−p+β ) (3.47)
Γ(−p + β + 1)

L’équation 3.47 est la dérivée de la fonction f (t) = t β à l’ordre p au sens de Riemann-Liouville

Remarque :

(a) Si p = 1, l’équation (3.47) devient :


RL Γ(β + 1)
1
Da f (x) = x(−1+β )
Γ(−1 + β + 1)
RL 1 Γ(β + 1) (−1+β )
Da f (x) = x
Γ(β )
D’après l’équation (2.5) nous avons : (3.48)
Γ(β + 1) = β Γ(β )
RL 1
Da xβ = β x(β −1) (3.49)

D’après l’équation (3.49) nous remarquons que la dérivée fractionnaire au sens de Riemann-
Liouville à l’ordre 1 est bien la dérivée normale à l’ordre 1.

(b) Si p = 0 l’équation (3.46) devient :


RL 0 Γ(β + 1) (0+β )
Da x β = x (3.50)
Γ(0 + β + 1)
RL 0 Γ(β + 1) β
Da x β = x = xβ (3.51)
Γ(β + 1)
D’après l’équation (3.51) nous remarquons que la dérivée fractionnaire au sens de Riemann-
Liouville à l’ordre 0 est effectivement égale à la fonction d’origine f = xβ
Approche de Caputo [5] 27

(c) Si β = 0 (pour une constante donnée) l’équation (3.47) devient :

RL p Γ(β + 1)
Da f (x) = x(−p+β )
Γ(−p + β + 1)
RL p Γ(0 + 1)
Da f (x) = x(−p+0)
Γ(−p + 0 + 1)
RL p 0 Γ(1) 1
Da x = x(−p) = x(−p) (3.52)
Γ(−p + 1) Γ(−p + 1)
D’après l’équation (3.52) nous remarquons que la dérivée fractionnaire au sens de Riemann-
Liouville à l’ordre p d’une fonction constante est par contre non nulle et cela donne une
autre fonction contrairement à la théorie des dérivées normales.

La formulation de Riemann-Liouville a permis le développement de la théorie des dérivées fractionnaires.


C’est une formulation purement mathématique qui ne permet pas la résolution des problèmes spécifiques
en physique pour l’instant d’où la nécessitée d’une réformulation de cette dernière ainsi nous parlerons de
l’approche de Caputo sur les dérivées fractionnaires.

3.3 Approche de Caputo [5]


En général les problèmes de physique requièrent au préalable une définition claire sur les conditions initiales
que l’on peut analyser et interpréter physiquement. La formulation de Caputo incorpore les conditions
initiales de la fonction à traiter... Grâce à la formulation de Caputo6 , nous pouvons avoir une valeur nulle
pour la dérivée d’ordre fractionnaire d’une constante. [16]

3.3.1 Formulation et expression


Définition
dn
Soit p ∈ [n − 1, n], n ∈ [p, p + 1] et n ∈ N∗ et f n = dt n existe. la dérivée fractionnaire au sens de Caputo est
définie par :
C p 1 x Z
Da f (x) = (x − t)(−p+n−1) f (n) (t)dt (3.53)
Γ(−p + n) a
C p
 d n f (t) 
Da f (x) = I (−p+n) (3.54)
dt n

Autres définitions
1. Dérivée fractionnaire de Caputo à gauche :
Z x
C p 1
(x − t)(−p+n−1) f (n) (t)dt
_
t > a; Da f (x) = (3.55)
Γ(−p + n) a

2. Dérivée fractionnaire de Caputo à droite :


Z b
C p 1
(x − t)(−p+n−1) f (n) (t)dt
_
t < b; Db f (x) = (3.56)
Γ(−p + n) x

Les opérateurs (3.55) et (3.56) dont les intégrales portent sur [a, x]([x, b]) sont respectivement définis
comme les opérateurs du passé( et du futur)
6 Idées proposées par Caputo et Mainardi dans leur travaux en viscoélasticité
Approche de Caputo [5] 28

Cas particulier : dérivée d’ordre un-demi selon Caputo :


1 Z x
C 1 1
2
D0 u(x) = (x − t)(− 2 +1−1) f 0 (t)dt
Γ(− 12 + 1) 0
1 Z x
C 1 1
D02 u(x) = 1
(x − t)(− 2 ) f 0 (t)dt
Γ( 2 ) 0
1 Z x
C 1 du(t) 1
D02 u(x) = √ p dt
π 0 dt (x − t)

3.3.2 Exemple de la dérivée fractionnaire au sens de Caputo


Exemples
1. Dérivée fractionnaire à l’ordre p au sens de Caputo : exemple
Soit f (t) = t β
C p 1
Zx
Da f (x) = (x − t)(−p+n−1) f (n) (t)dt
Γ(−p + n) a
 n
(−p+n) d f (t)
C p

Da f (x) = I
dt n
 d n f (t)   d nt β 
=
dt n dt n
 d nt β  Γ(β + 1)
= t (−n+β ) (3.57)
dt n Γ(−n + β + 1)
C p 1 x Z
Γ(β + 1)
Da f (x) = (x − t)(−p+n−1) t (−n+β ) dt
Γ(−p + n) a Γ(−n + β + 1)
Z x
C p 1 Γ(β + 1)
Da f (x) = (x − t)(−p+n−1)t (−n+β ) dt
Γ(−p + n) Γ(−n + β + 1) a

Posons u = xt ⇒ t = ux ⇒ dt = xdu

C p 1 Γ(β + 1) x Z
Da f (x) = [x(1 − u)](−p+n−1) (xu)(−n+β ) xdu
Γ(−p + n) Γ(−n + β + 1) a
Z x
C p 1 Γ(β + 1)
Da f (x) = [x(1 − u)](−p+n−1) (xu)(−n+β ) xdu
Γ(−p + n) Γ(−n + β + 1) a
Z x
C p 1 Γ(β + 1) (−p+β )
Da f (x) = x (1 − u)(−p+n−1) (u)(−n+β ) du
Γ(−p + n) Γ(−n + β + 1) a
C p 1 Γ(β + 1)
Da f (x) = x(−p+β ) B(−p + n, β − n + 1)
Γ(−p + n) Γ(−n + β + 1)
C p 1 Γ(β + 1) Γ(−p + n)Γ(β − n + 1) (−p+β )
Da f (x) = x (3.58)
Γ(−p + n) Γ(−n + β + 1) Γ(−p + β + 1)
C p Γ(β + 1) (−p+β )
Da f (x) = x (3.59)
Γ(β − p + 1)

L’équation (3.59) est la dérivée fractionnaire à l’ordre p de f (t) = t β au sens de Caputo.

2. Dérivée fractionnaire d’une constante k à l’ordre p au sens de Caputo : exemple


D’après l’équation 3.53 nous avons :
Paradoxe apparent [6] 29

C p 1 x Z
Da f (x) = (x − t)(−p+n−1) f (n) (t)dt
Γ(−p + n) a
Z x
C p 1
Da K = (x − t)(p+n−1) K (n) (t)dt (3.60)
Γ(−p + n) a
dn
Or K (n) = K=0
dt n
C p
Donc Da K = 0 (3.61)

La dérivée fractionnaire d’une constance au sens de Caputo est bien nulle.

Remarque
1. Sur le plan graphique, nous constatons que le chemin suivi par la dérivée fractionnaire au sens de
Riemann-Liouville est l’inverse de celui de Caputo. En effet pour déterminer la dérivée fractionnaire
au sens de Riemann-Liouville : il faut commencer d’abord par l’intégration fractionnaire d’ordre
(−p + n) de la fonction f ensuite exécuter la dérivée d’ordre n tandis que l’approche de Caputo
commence par la dérivée d’ordre n de la fonction et suivi de l’intégrale à l’ordre (−p + n) du résultat.

2. Dans la formulation de Riemann-Liouville, la dérivée fractionnaire d’une constante est non nulle
comme l’illustre l’équation (3.52) alors que dans la formulation de Caputo, la dérivée d’une constante
est nulle (voir 3.61). Pourquoi une telle différence, comment comprendre que d’une part la dérivée
d’une constante soit non nulle et d’autre part qu’elle soit nulle ? Pourquoi les deux formulations
semblent si paradoxales ?

3.4 Paradoxe apparent [6]


D’après le constat fait au paragraphe précédent, nous remarquons de façon flagrante qu’il y a contradiction
entre les deux formulations d’un même concept . Comment expliquer une telle contradiction ?

3.4.1 Fonction causale


Une fonction f est dite causale si : :
_ _
( f (t) = 0, t < 0) ⇐⇒ (()), t > 0, u(t) (3.62)
(
0 pour t < 0
u : t → u(t) = (3.63)
1 pour t > 0

l’échelon de Heaviside. Avec u(t) La fonction échelon de Heaviside. C’est une fonction importante dans le
domaine de traitement du signal.

3.4.2 Convolution et dérivée fractionnaire


D’après l’approche de Riemann-Liouville avec l’équation (3.38) nous avons :
RL p 1 x Z
Pour p ∈ R+ , IO f (x) = (x − t)(p−1) f (t)dt
Γ(p) 0
Z x
RL n 1
Pour n ∈ N, I0 f (x) = (x − t)(n−1) f (t)dt
(n − 1)! 0
Paradoxe apparent [6] 30

Soient f et g deux fonctions quelconques, on appelle produit de convolution :


Z +∞
f ∗ g : t → ( f ∗ g)(t) = f (t − x)g(x)dx
−∞
Z x
RL n 1
I0 f (t) = (x − t)(n−1) f (x)dt (3.64)
0 (n − 1)!
x(n−1)
L’équation (3.64) peut être considéré comme le produit de convolution entre f (x) et Yn = telle que
(n − 1)!
f (x) et Yn soient deux fonctions causales.
Grâce à la généralisation de la fonction Gamma nous avons : pour p ∈ (R\Z− ) l’équation (3.65).

n
I f (x) = Yn ∗ f
p
 x p−1 
I f (x) = ∗ f (t),t > 0; (3.65)
Γ(p)
1. D’après l’approche de Riemann-Liouville nous avons :

RL p
 d (n) h (−p+n) i
D0 f (t) = . (I0 f )(t)
dt
RL p
 d (n) Z x 1  d (n) h i
D0 f (t) = . (x − t)(−p+n−1) f (t)dt = . (Y(−p+n) ∗ f )(t)
dt a Γ(−p + n) dt

avec p ∈ [n − 1, n], n ∈ [p, p + 1] et n ∈ N
RL p
 d (n) h i
D0 f (t) = . (Y(−p+n) ∗ f )(t)
dt
2. Avec l’approche de Caputo nous avons :

C p 1 x Z
D0 f (x) = (x − t)(−p+n−1) f (n) (t)dt
Γ(−p + n) 0
Z x
C p 1  
D0 f (x) = (x − t)(−p+n−1) f (n) (t)dt = Y(−p+n) ∗ f (n) (t)
0 Γ(−p + n)
C p
 
D0 f (x) = Y(−p+n) ∗ f (n) (t)

3.4.3 Concepts unifiés


Soit Y−α une distribution dite singulière dans ce cas nous pouvons définir la dérivation à l’ordre α par une
convolution au sens de distribution et pour α = n > 0 on a Y−n = δ (n)

k=n−1
RL p C p
D(a,t) g = D(a,t) g + ∑ g(k) (0+ )Y−p+k+1 pour tout 0 ≤ n − 1 < α < n (3.66)
k=0
C p C n dng
D(a,t) g → D(a,t) g = g(n) = si p → n La derivée nième de g au sens de fonction
dt n
k=n−1
∑ g(k) (0+ )Y−p+k+1 → g(k) (0+ )δ (n−k) (3.67)
k=0
Finalement (3.68)
k=n−1
RL p dng
D(a,t) g = + ∑ g(k) (0+ ).δ (n−k) (3.69)
dt n k=0
Dérivée fractionnaire des fonctions à variables dans C 31

L’équation 3.69 est la formule de dérivation au sens des distribution d’une fonction causale, n − f ois déri-
vable pour 0 < x < ∞

n RL p d n g k=n−1 (k) + (n−k)


D g = D(a,t) g = n + ∑ g (0 ).δ (3.70)
dt k=0

Le développement précédent signifie que pour les fonctions causales régulières, lorsque 0 < x < ∞ , la
dérivation fractionnaire au sens de Riemann-Liouville est donc une généralisation de la dérivation au sens
de distribution tant dis que la dérivation de Caputo est par contre une généralisation de la notion des dérivées
ordinaire. En somme il n’existe pas de paradoxe entre les deux formulations (celle de Riemann-Liouville et
celle de Caputo).

3.5 Dérivée fractionnaire des fonctions à variables dans C


3.6 Dérivées partielles fractionnaires
3.7 Propriétés générales des dérivées fractionnaires
3.7.1 Linéarité
L’opérateur dérivée fractionnaire est linéaire car :

D p (α f (t) + λ g(t)) = αD p f (t) + λ D p g(t) (3.71)

3.7.2 La règle de Leibniz


Pour n ∈ N nous avons :
n
dn n 
= ∑ f (k) (t)g(n−k) (t)
dt n ( f (t)g(t) k=0 k
Avec les dérivées fractionnaires nous avons :
k=n  p 
p
D ( f (t)g(t)) = ∑ f (k) (t)D(p−k) g(t) + Rnp (t), avec n ≥ p + 1
k=0 k
lim R p (t) = 0
n→∞ n
k=n  p 
p
D ( f (t)g(t)) = ∑ f (k) (t)D(p−k) g(t) (3.72)
k=0 k

Finalement l’équation ( 3.72 ) donne l’expression de la règle de Leibniz pour les dérivées fractionnaires.
4
Équations aux dérivées et intégrales fractionnaires

4.1 Outils : transformée de Laplace [7]


La transformée de Laplace est un outils très efficace pour la résolution des équations différentielles d’ordre
entier. Qu’en est-il des équations aux dérivées fractionnaires ? Dans cette section nous présenterons la trans-
formée de Laplace des dérivées d’ordre non entier ensuite nous utiliserons les résultats obtenus pour la
résolution des équations aux dérivées fractionnaires pour ainsi mesurer son efficacité.

4.1.1 Définition
On appelle transformée de Laplace d’une fonction f :

f :R → C
Z ∞
F : C → C la fonction F(s) définie par : F(s) = f (t).e−st = L { f (t)} soit convergente et
0
f (t) = L −1 {F(s)} (4.1)

L’équation( 4.1) est la transformée inverse de F(s).

1. La transformée de Laplace est un opérateur linéaire en effet :

L {(α f (t) + λ g(t)) = αL { f (t)} + λ L {g(t)}}

2. Soient f et g deux fonctions, on appelle produit de convolution :


Z +∞
f ∗ g : t → ( f ∗ g)(t) = f (t − x)g(x)dx
−∞
L { f (t) ∗ g(t)} = F(s)G(s). (4.2)

L’équation (4.2) est la transformée de Laplace du produit de convolution des fonctions ( f , g)

3. La transformée de Laplace de la dérivée d’ordre entier n de la fonction f (t) peut s’écrire :


n−1 n−1
L { f (n) (t)} = sn F(s) − ∑ s(n−k−1) f (k) = sn F(s) − ∑ sk f (n−k−1) (4.3)
k=0 k=0

32
Outils : transformée de Laplace [7] 33

4.1.2 transformée de Laplace des dérivées fractionnaires


Nous savons d’après les paragraphes précédents que l’intégrale fractionnaire de Riemann-Liouville peut
s’écrire comme le produit de la convolution de la fonction g(t)t p−1 et f (t) et pour tout n − 1 < p < n on a :

1 x x p−1
Z
RL p
Ia f (x) = (x − t)(p−1) f (t)dt = ∗ f (x)
Γ(p) a Γ(p)
G(s) = L {x p−1 } = Γ(p)s−p (4.4)

1. La transformée de Laplace pour l’intégrale fractionnaire au sens de Riemann-Liouville donne :

RL −p GL −p
L { Da } = L { Da } = s−p F(s) (4.5)

2. La transformée de Laplace de la dérivée fractionnaire au sens de Riemann-Liouville : posons D p =


g(n) (t) et d’après l’ équation ( 4.3) cela nous permet d’écrire

n−1
L {g (t)} = L {D f (t)} = s F(s) − ∑ sk f (n−k−1)
(n) p n
k=0
n−1
RL p (p−k−1)
L { Da } = s p F(s) − ∑ sk Dt f (t) (4.6)
k=0 t=0+

3. La transformée de Laplace de la dérivée fractionnaire au sens de Caputo s’écrit :


n−1
C p d k f (t)
L { Da } = s p F(s) − ∑ s p−k−1 (4.7)
k=0 dt k t=0+

*Tableau récapitulatif des transformées inverses utiles

Y (t) y(t) = L −1 {Y (t)}


1 t p−1
sp Γ(p)
1 t p−1 (−pt)
e
(s + a) p Γ(p)
1
p
t p−1 E p,p (at p ) (4.8)
(s − a)
sp
E p (−at p )
s(s p + a)
a
p
1 − E p (−at p )
s(s + a)
1
p
t pE
s (s − a)
Résolution des équations fractionnaires 34

4.2 Résolution des équations fractionnaires


4.2.1 Équation aux dérivées fractionnaires
Équations différentielles fractionnaires à un seul terme
Soit l’équation différentielle fractionnaire linéaire à coefficients constants suivante :
p
aD(0,t) y(t) = f (t) (4.9)
La transformée de l’équation (4.9) donne :
p
L {aD(0,t) y(t)} = L { f (t)}
as pY (s) = F(s)
1
Y (s) = F(s)
as p
1
L −1 {Y (s)} = L −1 { p F(s)} (4.10)
as
y(t) = G1 (t) ∗ f (t) (4.11)
or d’apres le tableau (4.8) nous avons donc
1 1 t p−1
G1 (t) = L −1 { p } =
as a Γ(p)
(4.12)

La solution y(t) de l’équation (4.9) est obtenue par convolution donc :

1 t p−1
Z t Z t
1
y(t) = G1 (t − τ) f (τ)dτ = (t − τ) p−1 f (τ)dτ = D−p f (t) (4.13)
0 a Γ(p) 0 a (0,t)

Équations différentielles fractionnaires à deux termes


Soit l’équation différentielle fractionnaire suivante :
p
aD(0,t) y(t) + by(t) = f (t) (4.14)
p
L {aD(0,t) y(t) + by(t)} = L { f (t)}
p
as Y (s) + bY (s) = F(s)
1 1
Y (s) = F(s). (4.15)
a s p + ab
1 1
L −1 {Y (s)} = L −1 { F(s)}
a s p + ba
y(t) = G2 (t) ∗ f (t) or d’apres le tableau (4.8) nous avons
−1 1 1 1 p−1  b 
G2 (t) = L { b
F(s)} = t E p,p − t p (4.16)
p
as +a a a
La solution de l’équation (4.14) est donc
Z t
y(t) = G2 (t − τ) f (τ)dτ (4.17)
0

Exemple : équation de Bagley-Torvik

( 3
D2 y(t) + 2D 2 y(t) + 2y(t) = 8t 5
(E)
y(0) = 0; y0 (0) = 0
Résolution des équations fractionnaires 35

3
L {D2 y(t) + 2D 2 y(t) + 2y(t)} = L {8t 5 }
h s2Y (s) − sy(0) − y0 (0) 5!
⇒ s2Y (s) − sy(0) − y0 (0) + 2 1 ] + 2Y (s) = 8 6
s2 s
2
s Y (s) 5!
⇒ s2Y (s) + 2 1 + 2Y (s) = 8 6
s2 s
n 8 ∗ 5! o
y(t) = L −1 {Y (s)} = L −1 3
s6 (s2 + 2s 2 + 2)

4.2.2 Équation intégrale fractionnaire


Dans cette sous-section, nous allons résoudre les équations intégrales. Il s’agit des équations aux intégrales
fractionnaires dont la plus connue est : l’équation intégrale d’Abel. Cette dernière a de nombreuses applica-
tions dans plusieurs domaines. Il existe également beaucoup d’autres équations aux intégrales fractionnaires
que l’on peut exprimer comme équation intégrale d’Abel après un changement de variable adéquat pour une
résolution plus simple et efficace.

Équation intégrale d’Abel


Définition
L.’équation intégrale d’Abel est définie comme suite :

1 t Z
φ (τ)dτ
= f (t), (t > 0) (4.18)
Γ(p) 0 (t − τ)−p+1
La solution de l’équation (4.18) est donnnée par :
1 d t f (τ)dτ
Z
φ (τ) = , (t > 0) (4.19)
Γ(−p + 1) dt 0 (t − τ) p
1 d t f (τ)dτ
Z
= φ (τ), (t > 0) (4.20)
Γ(−p + 1) dt 0 (t − τ) p
(4.21)

Nous pouvons remarquer que les équations (4.18) et (4.20) peuvent être réécrites respectivement comme
suite :

RL −p
D(0,t) φ (t) = f (t) (4.22)
RL −p
D(0,t) f (t) = φ (t) (4.23)

Quelques équations réductibles à l’équation d’Abel


La résolution de certains problèmes appliqués en calcul fractionnaire conduit à des équations intégrales,
qui de prime abord n’ont rien avoir avec l’équation intégrale d’Abel raison pour laquelle d’autres méthodes
de résolution parfois laborieuses (analytique, numérique...) sont explorées. Cependant, il existe certaines
équations intégrales qui peuvent se mettre sous la forme d’une équation intégrale d’Abel dont la résolution
est relativement aisée. Voici trois exemples d’ équations et leur transformation en équation intégrale d’Abel.
Résolution des équations fractionnaires 36

Exemple 1 Soit l’équation suivante :


Z ∞ p 2
φ ( (s + y2 ) f (y)
p ds = (4.24)
0 s2 + y2 2y
φ (r)
Posons : = F(r2 )
r
Nous pouvons écrire l’équation (4.24) sous la forme
f (y)
Z ∞
F(s2 + y2 )ds = (4.25)
0 2y
2 2
Posons : x = y , ξ = s alors on a
ξ = s2 ⇒ dξ = 2sds
1
⇒ dξ = 2ξ 2 ds
1 (− 1 )
⇒ ds = ξ 2 dξ
2
En substituant dans 4.25 nous obtenons √
f ( x)
Z ∞
(− 12 )
ξ F(ξ + x)dξ = √ (4.26)
0 x
1
Posons encore : τ = on aura d’une part :
(ξ + x)

1 1
τ= ⇒ (ξ + x) =
(ξ + x) τ
1
⇒ dξ = − 2 dτ
τ
(4.27)

D’autre part : (4.28)


1 1
τ= ⇒ ξ = −x
(ξ + x) τ
1 (− 1 )
(− 21 ) 2
⇒ ξ = −x
τ
1 1 1 (− 1 )
2
ξ (− 2 ) dξ = − 2 −x dτ
τ τ
1 1 1
ξ (− 2 ) dξ = − 3 (1 − xτ)(− 2 ) dτ
τ2
1 3 1 1 1
ξ (− 2 ) dξ = −τ − 2 x− 2 ( − τ)(− 2 ) dτ
x
1
ξ =0 ⇒ τ =
x
ξ → ∞ ⇒ τ → 0+
nous avons donc
Z 1 1
x 1 (− 2 ) 3
1 √
−τ τ−2 F dτ = f ( x) (4.29)
0 x τ
Résolution des équations fractionnaires 37

3
 
Posons t = 1
x et φ (τ) = τ − 2 F 1
τ
1
nous arrivons à une équation d’Abel de type 4.18 avec p = 2
Z t
1 1
(t − τ)− 2 φ (τ)dτ = f ( √ )
0 t
Dont la solution s’écrit :
1 RL 12 1 t RL 12 1
φ (t) = 1
D (0,t) f ( √ ) = √ D(0,t) f ( √ ) (4.30)
Γ( 2 ) t π t

Exemple 2 : équation intégrale de Poisson


Soit l’équation intégrale de Poisson suivante :
Z π
2
ψ(rcosω)sin(2µ+1) ωdω = f (r)
0
Posons x = rcosω ⇒ dx = −rsonωdω
−1
⇒ dω = dx
rsinω
D’autre part : x = rcosω ⇒ x2 = r2 (1 − sin2 ω)
2 r 2 − x2 x2
⇒ sin ω = = 1− 2
r2 r
quand ω = 0 ⇒ x = r
π
ω= ⇒ x=0
2
(4.31)

Nous avons donc :


x2
Z r
(1 − 2 )µ ψ(x)dx = r f (r)
0 r
1
Z √
y (1 − yx2 )µ ψ(x)dx = 1 f ( 1 )
√ √
0 y y
1
Posons : τ = x2 ,t =
y
Z t
√ 1 1
(t − τ)µ ψ( τ) √ dτ = 2t µ g( )
0 τ t
Z t
(t − τ)µ φ (τ)dτ = h(t)dont la solution est :
0
1 RL µ
φ (t) = D(0,t) h(t) (4.32)
Γ(µ + 1)
Résolution des équations fractionnaires 38

Exemple 3 : il apparait dans des nombreux problèmes appliqués

Z y
1
ψ(x)dx = f (y) (4.33)
0 (y2 − x2 )β
posons : τ = x2 ,t = y2
1
⇒ dx = √ dτ, (τ = 0 ⇐⇒ x = 0)et(τ = t ⇐⇒ x = y)
2 τ

Z t
ψ( τ) √
(t − τ)(−β ) √ dτ = 2 f ( t) (4.34)
0 τ
Z t √
⇒ (t − τ)(−β ) φ (τ)dτ = 2 f ( t) (4.35)
0
(4.36)

Nous avons donc une équation d’intégrale d’Abel avec p = 1 − β dont la solution est de la forme :

2 RL (1−β )

φ (t) = D(0,t) f ( t) (4.37)
Γ(1 − β )
1
si β = (4.38)
2
2 RL ( 12 ) √
φ (t) = D(0,x) f ( t) (4.39)
Γ( 12 )
1 Z x
RL 2 dh 1 u(t)dt i
( D0 u)(x) = √ p
dt π 0 (x − t)

Dans ce chapitre, nous avons présenté la résolution des certaines équations aux dérivées fractionnaires
et aussi les équations aux intégrales fractionnaires et la liste reste longue. Quelles sont les applications de
cette théorie des dérivées d’ordre non-entier ?
Applications
5
Le développement de la théorie sur les dérivées et intégrales d’ordre non-entier est récent et donc les ap-
plications sont encore plus récentes. Toutefois, l’intérêt de cette théorie et ses applications sont progressifs
notamment dans l’ingénierie en biologie, viscoélasticité, la dynamique de dimension élevée ou non-linéaire,
mécanique quantique... Dans ce chapitre, nous aborderons certaines applications de la théorie des dérivées
d’ordre non-entier.

5.1 Thermique : équation de la chaleur [6]


Nous montrons dans cette sous-section que la dérivée d’ordre un-demi s’introduit naturellement quand on
cherche à calculer le flux de chaleur à l’aide de la loi de Fourier. Soit y une variable d’espace, tel que
y ∈ [0, ∞] avec une direction orthogonale à celle de x (direction de l’écoulement du fluide). µ une constante
de diffusivité strictement positive et une fonction f (•) qui ne dépend que du temps. Nous devons trouver la
fonction u(y,t) solution de l’équation de la chaleur :

∂u 2

 ∂t − µ ∂∂ yu2 = f (t),t > 0, y 6= 0





(E) = ∂ u(y,t)
∂ y → 0 si y → ∞
(5.1)






u(0,t) = 0

5.1.1 Résolution :
Nous utiliserons la transformation de Fourier en temps pour résoudre l’équation (5.1). La transformée de
Fourier ub(y, ω) de la fonction u(y, ω) a pour définition :

Z ∞
ub(y, ω) = u(y,t)exp(−iωt)dt (5.2)
−∞
la fonction u a pour expression :
1
Z ∞
u(y,t) = ub(y, ω)exp(iωt)dω (5.3)
2π −∞

l’équation (5.3) est la forme réciproque de la transformée de Fourier que nous pouvons dériver par rapport
au temps :
∂u 1
Z ∞
= iω ub(y, ω)exp(iωt)dω (5.4)
∂t 2π −∞

39
Thermique : équation de la chaleur [6] 40

Nous savons que la transformée de Fourier de la dérivée en temps s’obtient par une multiplication de ub(y, ω)
par l’expression iω. Nous avons donc :

∂cu
= iω ub(y, ω) (5.5)
∂t

De plus la transformée de Fourier du second membre de l’équation (5.1) donne : fb . L’équation (5.1) peut
s’écrire plus simplement comme :

∂ 2 ub
iω ub − µ = fb (5.6)
∂ y2
L’equation 5.6 admet comme solution :
s s
1 b  iω   iω 
ub(y, ω) = f + αexp y + β exp − y
iω µ µ

En tenant compte des conditions aux limites de l’équation (5.1) en +∞ et en y = 0 nous avons :

s
1 bh  iω i
ub(y, ω) = f 1 − exp − y (5.7)
iω µ

Le flux de chaleur Φ à la paroi est donné par l’expression : Φ = −µ ∂ u(0,t)


∂ y ,t > 0
Nous pouvons dériver l’équation (5.7) par rapport à y :
s
∂ ∂  1 bh  iω i
ub(y, ω) = f 1 − exp − y (5.8)
∂y ∂ y iω µ
s
∂ ∂  1 b ∂  1 b  iω 
ub(y, ω) = f − f exp − y (5.9)
∂y ∂ y iω ∂ y iω µ
s
∂ 1 b  iω 
ub(y, ω) = √ f exp − y (5.10)
∂y iµω µ
si y = 0, l’équation (5.10) devient :
r
µ b
Φ(ω) = −
b f (5.11)

 µ ( 1 )
2
Φ(ω) = − . fb

Nous savons que la transformée de Fourier d’une fonction dérivée de f est obtenue en multipliant fb par iω
 ( 1 )
1 2
( voir 5.5). La quantité iω .[
f (ω) peut s’interpréter comme la transformée de Fourier d’une intégrale
d’ordre un-demi de la fonction f . En effet si :

1
ρ(t) = √ Y (t) (5.12)
t
r
π
ρb = (5.13)

Avec Y (t) la fonction causale(fonction de Heaviside) définie par l’expression (3.39)


L’expression du flux de la chaleur (5.11) peut se mettre sous la forme :
Le problème du toboggan d’Abel 41

r
µ b
Φ(ω) = −
b ρb f (5.13)
π
Grâce à la convolution ρ ∗ f qui est définie par :
Z ∞
(ρ ∗ f )(x) = ρ(y) f (x − y)dy et ρb fb = ρd
∗f (5.14)
−∞
r r r Z
µ µ µ t dθ
Φ(t)
b = − (ρb fb) = − ρd∗ f =− f (θ ) (5.15)
π π π 0 (t − θ )
r Z
µ t dθ
Φ(t)
b = − f (θ ) p (5.16)
π 0 (t − θ )

L’équation (5.16) est à un facteur prêt l’expression d’une intégrale d’ordre ( 12 ) de f (t) : c’est le flux de la
chaleur à la paroi pendant la diffusion. En effet l’intégrale d’ordre ( 21 ) de u est définie comme suite :
1
1 xZ
RL 2 ( 12 −1)
( I0 u)(x) = (x − t) u(t)dt (5.17)
Γ( 12 ) 0
1 Z x
RL 2 1 u(t)dt
( I0 u)(x) = √ p (5.18)
π 0 (x − t)

L’exemple précédent peut être interprété comme le mouvement d’un fluide visqueux sur une surface trans-
versale d’une plaque rigide dont le rapport entre la viscosité µ et la masse volumique ρ est égal à c = µρ .
[7]

5.2 Le problème du toboggan d’Abel


Le problème du toboggan d’Abel est un exercice de mécanique du point démontré par Abel. Il est question
de la reconstruction de la forme d’un toboggan à partir de la fonction donnant le temps d’arrivée en fonction
de la hauteur du lâcher initial. Le résultat fut publié pour la première fois en allemand dans le Journal de
Crelle [17], puis traduit en français en 1881 [18].
Nous montrerons que la résolution de ce problème passe par l’intégrale fractionnaire d’ordre 21 qui est à un
facteur près la transformée d’Abel. Soit la figure suivante : la courbe du toboggan d’Abel.
Description de la courbe du toboggan d’Abel.
Soient f : [−a, 0]x → Rz une fonction de classe C1 telle que :


 f (−a) = E0 > 0

f (0) = 0 (5.19)
 0

f (x) < 0 pour − a ≤ x ≤ 0

Et M un point de masse m susceptible de se mouvoir sans frottement sur le graphe de f dans un champ de
pesanteur vertical vers le bas g = 1. pour chaque valeur z0 ∈ [0, E0 ] de z nous avons les conditions initiales
suivantes :
(
z(t = 0) = z0
ż(t = 0) = 0,

Donc le point M est placé à l’instant t = 0 sur le toboggan à la hauteur z0 et lâché sans vitesse initiale de
plus on note par τ(z0 ) la valeur de t ≥ 0 telle que :
x(τ(z0 )) = 0 et z(τ(z0 )) = 0
Le problème du toboggan d’Abel 42

F IGURE 5.1 : Courbe du toboggan d’ Abel [4]

τ(z0 ) est donc le temps de descente du point M de sa position initiale jusqu’au bas du toboggan donc à
la position (0, 0). La question fondamentale est la suivante : " est ce que la seule connaissance de la fonction
temps d’arrivée z → τ(z) permet de reconstituer le toboggan, c’est à dire la fonction f (x) ?" La réponse est
OUI. de plus nous disposons de formules explicite pour effectuer cette reconstruction.
La position du point M sur la courbe est obtenue par son abscisse curviligne s calculée à partir du point

− →−
de départ (la fonction f est supposée C2 ). Les projections serons faite dans la base de Frenet ( T , N ) ,


\ →
− →
− −π
α = ( i , T ) l’angle entre le vecteur T et l’axe l’horizontal ( < α < 0 et sin α < 0).
2
La relation fondamentale de la dynamique donne :


mγT = ms̈ = −mg sin α

− →−
∑ F = m γ ⇒ 2
mγ = m (ṡ) = −mg cos α
N
R


En absence des frottements, la réaction du support est normale : c’est la réaction unilatérale Re N . La
projection sur la normale donne :
ṡ2
Re = m + mg cos α (5.17)
R
La conservation de l’énergie donne :
1 2
mṡ = mg(z0 − z) (5.17)
2
En annulant Re , on voit apparaitre une condition nécessaire pour que le point matériel quitte le toboggan au
point d’altitude z s’il n’ y a pas de frottement :

ṡ2
m + mg cos α = 0
R
ṡ2
= −g cos α
R
ṡ2 = −Rg cos α
Le problème du toboggan d’Abel 43

D’après l’équation nous avons (??)


2
cos α = (z − z0 ) (5.15)
R
Avec R le rayon de courbure du toboggan. Cette condition porte essentiellement sur la géométrie du tobog-
gan. Posant m = 2 : masse du point M(x(s), z(s)), g = 1. D’après la relation (??) nous avons :

1 2
ṡ = g(z0 − z) (5.16)
2
ṡ2 = 2(z0 − z) (5.17)
1
−ż = 2 s̈ = s̈ (5.18)
2
Or d’après la relation fondamentale de la dynamique nous avons :

mγT = ms̈ = −mg sin α (5.19)


s̈ = − sin α
ż = sin α
Soit V (s) le potentiel
V (s) = mgz = 2z(s)
−V 0 (s) = 2s̈ = 2ẍ

La conservation de l’énergie donne :


1 2
mv + mg(z0 − z) = E
2
 dx 2
+V (x) = E avec m = 2, g = 1 et s = x
dt
 dx 2
= E −V (x)
dt
 dx  p
= (E −V (x))
dt
 dt  1
=p
dx (E −V (x))

  dx
dt = p (5.10)
(E −V (x))
Z 0   Z 0
dx
dt = p
x(0) x(0) (E −V (x))
Posons : u = V (x) et V une fonction inverse de W.
Z E du
V 0 (x)
τ(E) = − p
0 (E −V (x))
W 0 (u)du
Z E
τ(E) = − p (5.8)
0 (E −U)

L’équation (?? )est l’expression de l’intégrale d’ordre un-demi à un facteur près. Cette équation donne le
Inversion de Weichert-Herglotz (1907-1910) : application des équations aux intégrales d’Abel en sismologie[4] 44

temps d’arrivé à la fin du toboggan.

W 0 (u)du √ (1) 0
Z E
τ(E) = − p = π.I 2 W (u)
0 (E −U)
√ 1
τ(E) = − π.I ( 2 )W 0 (u)
( 21 )
√ 1 1
I τ(E) = − π.I ( 2 )W 0 (u)I ( 2 ) par compostion de deux intégrales d’ordre un-demi
( 21 )
√ 1 1
I τ(E) = − π(I ( 2 ) ◦ I ( 2 ) )W 0 (u)
( 21 )

I τ(E) = − π(IW 0 (u))
1 √ ZE 0 √
I ( 2 ) τ(E) = − π W (u)du = πW (E)
0

1 √
I ( 2 ) τ(E) = − πW (E)
1 1
W (E) = − √ I ( 2 ) τ(E)
π

Nous pouvons donc reconstituer la trajectoire du toboggan sachant le temps d’arrivée grâce à W (E) qui
s’exprime en fonction de l’intégrale d’ordre un-demi.

5.3 Inversion de Weichert-Herglotz (1907-1910) : application des équa-


tions aux intégrales d’Abel en sismologie[4]
On suppose que la surface de la terre est le plan z = 0 et que la vitesse de propagation des ondes sismiques
ne dépend que z et est notée c(z). Dans l’approximation de l’optique géométrique, la détermination des
trajectoires des ondes sismiques(raies) peut se ramener à des quadratures ; on peut interpréter les raies
ds
comme les géodésiques 1 de la métrique dont le temps de parcours correspond à la longueur de la
c(z)
géodésique.
Supposons qu’un tremblement de terre ou une explosion a lieu à la surface au point x = 0, z = 0. On peut
alors mesurer, en chaque point (x, z = 0), le temps T (x) d’arrivée de l’onde. Il s’agit de retrouver le
profil de c(z) à partir de la connaissance de la fonction T (x) = τ(r) avec r = |r|.

F IGURE 5.2 : Courbe d’un rai


1 Géodésie : étude de la forme du globe terrestre déduite des mesures d’arcs de méridien et des mesures de la pesanteur.
La courbe tautochrone 45

Cette fonction est déterminée par une expression de la forme :


r
dx
Z 1 + ( )2
dz
τ(r) = dz (5.1)
(γ) c(z)
Z p
1 + (x0 )2
τ(r) = dz (5.2)
(γ) c(z)
d cos α
( )=0 (5.3)
dz c(z)
avec cos α = c(z) cos α0 (5.4)

= cos α0 = p (5.5)
dr
Z 0
dz
r = 2p 1 (5.6)
z(p) (c−2 (z) − p2 ) 2

1
L’équation (5.6) est une équation intégrale d’Abel voir la relation (4.33) avec β = 2 page 38

5.4 La courbe tautochrone


Une courbe tautochrone est une courbe telle que le temps mis par un point matériel se déplaçant sur la
courbe pour atteindre le point le plus bas de la courbe est indépendant de sont point de départ. Soit la
figure ci-après : la représentation de la courbe tautochrone. Soit un potentiel mV (y). Le paramétrage de la

F IGURE 5.3 : Courbe tautochrone

courbe tautochrone est donnée par (x(y), y) et le point de départ P = (x0 , y0 ). et s l’abscisse curviligne. La
conservation de l’énergie, donne :
1  ds 2
= V (y0 ) −V (y)
2 dt
ds √
= − 2dt (5.6)
V (y0 ) −V (y)
0 ds
1 V (y) dV (y)
r
2
dy = − dt (5.7)
Γ( 21 ) V (y0 ) −V (y) π
Conclusion

En sommes nous pouvons dire : la notion des dérivées et intégrales d’ordre non-entier est un vieux concepts
presque autant que celle des dérivées et intégrales d’ordre entier. Cette notion remonte aux XV II me siècle,
elle s’est très peu développée au cours des siècles d’oû sa méconnaissance. Nous pensons qu’elle a été
victime du succès de la notion des dérivées, intégrales d’ordre entier qui est beaucoup plus connue et
répondue et qui reste toujours efficace dans plusieurs domaines . Toutefois, les contributions à la formula-
tion sur la théorie des dérivées et intégrales d’ordre non-entier sont très nombreuses nous pouvons citer :
Laplace (1812), J.B.J.Fourier (1822), N.H.Abel (1823-1826), J.Liouville (1832-1873), B.Riemann(1847),
A.K.Grunwald (1867-1872), Letnikov (1868-1872), O.Heaviside(1892-1912), H.Weyl(1917), A.Marchaud
(1927), H.Kober(1940), D.V.Widder (1941), M.Riesz (1949) [19]... Et dans ce mémoire de master I Phy-
sique Fondamentale, nous avons également apporté une pierre de plus à l’édifice des dérivées et intégrales
fractionnaires afin que cette notion soit mieux connue.

L’intérêt de cette notion est majeur pour l’avenir avec des multiples applications en traitement du signal,
physique des particules, mécanique quantique, viscosité, élasticité, dynamique complexe des système non-
linéaire,...
Plusieurs problèmes restent ouvert : comment interpréter géométriquement l’intégrale fractionnaire si l’in-
tégrale normale permet la détermination de la surface délimité par la courbe et deux demi-droite ? Quelle
interprétation pour la dérivée fractionnaire ? Qu’en est-il des dérivées fractionnaires d’ordre imaginaire et
de leurs applications en physique ?

46
Bibliographie

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[2] Pierre BONNEFOY. Le calcul différentiel de leibniz : le langage de la découverte, figure 3. tangente
à la courbe en p, Décembre 2016.

[3] Pierre BONNEFOY. Le calcul différentiel de leibniz : le langage de la découverte, figure 15. tangente
à la parabole, Décembre 2016.

[4] Jean-Paul TRUC Yves Colin de VERDIERE. Du problème du toboggan d àbel au problème inverse
semi-classique, 30 Juin 2009.

[5] M.Caputo. Linear model of dissipation whose q is amost frequency independent, 1967.

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toire National des Arts et Métier,Mathématique, Paris, France. francois.dubois@math.u-psud.fr, ana-
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[11] Université Louis Pasteur https ://irma.math.unistra.fr. Une histoire des mathématique, calcul différen-
tiel et intégral, Novembre 2004-2005.

[12] Université Louis Pasteur https ://irma.math.unistra.fr. Une histoire des mathématique,le calcul des
fluxions, Novembre 2004-2005.

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succès polémiques. Université Pierre et Marie Curie, Paris Sorbonne, david.aubin@upmc.fr, Dé-
cembre 2016. Internet.

[14] www.wikipedia.org.

47
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[17] Niels ABEL. Auflosung einer mechanichen aufgabe, 1826.

[18] Niels ABEL. Solution d’un problème de mécanique. Oeuvres complètes de Niels Henrik ABEL I.
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[19] ZAIDOUR Fatiha. Transformé de laplace et applications aux equations différentielles fractionnaires.
Master’s thesis, Université Dr Tahar Moulay - Saida.

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