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Macroéconomie financière 10/2010

Quelles sont les différences entre une économie d’endettement et une économie de marché ?

Introduction :

John Richard Hicks, en 1974, juste après son prix Nobel d’économie en 1972, est le premier à faire référence
de manière précise à une différence entre économie, notamment par leur système de financement. L’économie
d’endettement et l’économie de marché sont des modèles d’économie, c'est-à-dire qu’aucune économie
concrète ne présente l’ensemble des caractéristiques d’un système ou de l’autre. Il s’agit plus d’une
classification conceptuelle. Cependant la France à une époque ressemblait à l’économie d’endettement,
actuellement elle tend plutôt à devenir une économie de marché de capitaux, les Etats Unis, sont un très bon
exemple de ce qu’est l’économie de marché de capitaux.
Pb : Quelles sont les différences entre une économie d’endettement et une économie de marché, en ce qui
concerne leur financement et la politique monétaire ?
Ces modèles économiques ont des modes de fonctionnements propres à chacune, avec des mécanismes macro
économiques différents que nous verrons dans une première partie, et comme tous modèles ces économies
montrent aussi leurs limites, c’est que nous étudierons dans une seconde partie.

I/ Les différences entre économie d’endettement et économie de marché :


1/ d’un point de vue du financement de l’économie :
a) la finance indirecte :
L’économie d’endettement tire ses fonds des intermédiaires bancaires, c’est la finance indirecte. Ce principe
d’intermédiation financière, met en relation les agents économiques à capacité et à besoin de financement, les
ménages et les entreprises. L’emblème de ce modèle est le crédit et son monopole est détenu par les banques,
il faut savoir qu’il représentait 80% des moyens pour se financer en France, dans les années 70.
b) la finance directe :
En revanche, l’économie de marché de capitaux, comme son nom l’indique utilise les marchés, pour se
financer. Ceci est plus avantageux pour les agents à besoins de financement, car l’intermédiation a un prix, on
paye le service rendu par les banques. Donc les agents à besoin de financement vont aller directement sur les
marchés, pour trouver des agents à capacité de financement, ce sont ceux qui souhaitent faire fructifier leur
épargne. Les entreprises ou l’Etat, peuvent donc être amenés à émettre des valeurs mobilières comme des
actions ou des obligations pour augmenter leur capital. La désintermédiation a conduit les banques diversifier
leur activité, et vont-elles aussi chercher leur argent sur les marchés, plutôt que de se fournir exclusivement à
la banque centrale. Toujours dans le cas de la France, dans les années 1980, la dérèglementation s’accélère, et
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a pour conséquence le recours massifs aux marchés de capitaux. La part de crédit représentait 60% en 1988,
et n’est plus que de 20 % aujourd’hui en termes de financement de l’économie.
c) le rôle de la banque centrale :
Dans une économie d’endettement la banque centrale est le dernier prêteur, celui qui permet le financement de
l’économie. En effet, les banques n’ont aucun mal à se financer, elles se servent auprès de l’institut d’émission,
pour un refinancement quasi automatique. La banque centrale est donc un prêteur en dernier ressort contraint.
Par contre dans une économie de marché, la banque centrale poursuit librement ses objectifs et n’intervient que
lorsque la sureté du système est menacée, par différents mécanisme détaillés par la suite. Dans une économie de
marché le prêteur en dernier ressort est discrétionnaire.
2/ du point de vue de la politique monétaire :
a)Dans une économie d’endettement :
La création monétaire se fait par la voie du crédit, et est très surveillée par l’Etat. Les taux d’intérêts sont
globalement fixes et stables. La politique monétaire agit sur la quantité de crédits accordés par différents
mécanismes :
- tout d’abord, elle peut agir sur les réserves obligatoires des banques, c’est à dire que si les réserves
obligatoires des banques, (qu’elles doivent déposer à la banque centrale) augmentent, les crédits accordés
diminueront.
-la politique monétaire peut jouer sur le taux de refinancement des banques auprès de la banque centrale. En
effet, les banques empruntent de l’argent à la banque centrale, et lorsqu’elles le remboursent il y a un taux
d’intérêt, qui est le taux de réescompte. Ainsi, lorsque le taux est élevé les banques n’ont pas intérêt à
emprunter de l’argent, et donc elles limitent les crédits. Dans ce type d’économie, la politique la plus efficace
semble être une politique basée sur l’encadrement du crédit, cet encadrement permet de réguler la masse
monétaire en circulation. Cette politique consiste à réglementer le volume de crédit émis par les banques, et si
les banques dépassent le volume autorisé, elles sont contraintes de déposer des réserves en plus à la banque
centrale, ce qui est un coût pour elles, car l’argent n’est pas rémunéré. Ceci a été supprimé en 1987.
b) Dans une économie de marché de capitaux :
Ici, la création monétaire est un peu différente de celle d’une économie d’endettement, elle se base sur l’achat
de titre publics, comme c’est le cas de la FED aux Etats Unis, la création monétaire se fait par endettement
public. Pour un contrôle efficace de la masse monétaire, c’est une politique portant sur les taux d’intérêts qui
est appropriée. Dans ce type d’économie, l’Etat intervient moins, laissant l’offre et la demande fixer le prix de
l’argent, et dans le cas de la France, c’est la BCE qui intervient pour réguler ce marché à travers son taux
directeur, c’est elle la responsable de la politique monétaire. Dans le cadre d’une politique de réduction de
l’inflation, le taux directeur ou taux de refinancement est assez élevé, et les banques commerciales n’ont pas
intérêts à emprunter, donc peut de prêts sont accordés la masse monétaire n’est donc pas augmentée.
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Inversement, si la BCE baisse son taux directeur, les banques seront stimulées pour accorder des crédits. La
BCE choisit ses taux pour assurer une stabilité financière et des prix. Elle peut aussi injecter des liquidités sur
le marché interbancaire, et les banques se sentant plus liquide favoriseront les accords de prêts. La BCE doit
veiller au contrôle de la masse monétaire.

II/ Les limites de ces modèles et les mécanismes mis en œuvre :


1) Le modèle d’économie d’endettement :
Présent en France, jusque dans les années 70 80, ce modèle montre une forte inflation, car les entreprises
endettées augmentent leur prix pour recouvrir leur prêt et aussi les prêts distribués aux ménages augmentent,
ce qui conduit à un gonflement de la masse monétaire. Ce gonflement conduit à une hausse de la demande,
donc la demande est supérieure à l’offre et donc il y a une hausse des prix. Les points positifs de l’inflation
sont tout d’abord, que l’inflation allège les charges de remboursement d’un prêt (mes mensualités demeurent
mais mon revenu augmente), c’est une stimulation pour l’investissement, qui dope la consommation et donc
la croissance. En revanche, l’inflation cause un déséquilibre de la balance des paiements (elle devient
déficitaire), les produits nationaux sont moins compétitifs, car plus cher. Par la suite, les agents sont
progressivement désendettés, associons ceci à une série de lois sur la libéralisation des marchés, ainsi que la
mise en place du marché commun lié à l’Europe conduit à faire voler en éclats ce système.
2) Le modèle d’économie de marché :
Ce modèle plus souple, plus concurrentiel permet à la France de devenir un acteur économique plus
compétitif. On peut cependant émettre quelques réserves, notamment pour les PME. En effet, celles-ci ont
peu recours au marché financier, (environ 1%), or le tissu industriel français est essentiellement composé de
PME, le recours au marché est donc réservé aux grosses entreprises. Celles ci grossissent de plus en plus, ce
qui leur permet d’avoir une visibilité internationale, et de réaliser des économies d’échelles. Ce système
conduit à augmenter les inégalités. De plus, le risque était avant assurer par les banques mais ici le rôle n’est
pas clairement définit et elles sont incapables d’absorber à elles seules les chocs économiques. Les fonds
propres des banques françaises sont globalement insuffisants pour atténuer les effets d’un choc économique.
Les marchés étant interconnectés, tous les compartiments communiquent, les effets économiques sont
amplifiés et se propagent très vite. Il y a différentes causes à ceci, les agents non bancaires montrent moins
de prudence sur les risques financiers. Enfin, il est clair qu’ici l’Etat à très peu de pouvoir sur les activités
financières.

Conclusion :
En conclusion, ces économies montrent des différences sur le financement de l’économie, et sur la politique
monétaire, on remarque que ces deux modèles se sont succédé en France.
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Pour finir cet exposé, il semble essentiel de dire que l’étendue de la crise que nous avons traversée et que
nous traversons montre bien les écueils de ce modèle. Une remise en cause est donc nécessaire, et un
troisième modèle en sortira peut être, conjuguant marché financier et régulation des dérives spéculatives
de la part de l’Etat.

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