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ALBUM CHRISTINE DE PIZAN

Texte, Codex & Contexte


XIV

Directrice de collection:
Tania VAN HEMELRYCK

Comité scientifique:
Bernard BOUSMANNE
Jacqueline CERQUIGLINI-TOULET
Giuseppe DI STEFANO
Claude THIRY
Album Christine de Pizan

Gilbert Ouy, Christine Reno & Inès Villela-Petit

Olivier Delsaux & Tania Van Hemelryck


(éditeurs et collaborateurs)

Avec les conseils de


James Laidlaw & Marie-Thérèse Gousset

F
H
Illustration de couverture: Bruxelles, KBR, 10982, f.2r © Bruxelles, KBR

© 2012, BREPOLS PUBLISHERS n.v., TURNHOUT, BELGIUM

All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted,
in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior
permission of the publisher.

D/2012/0095/71
ISBN 978-2-503-54315-4

Printed in the E.U. on acid-free paper


à Krystyna Ouy et Ed Reno
Remerciements

Nos plus vifs remerciements s’adressent aux collègues, conservateurs et


bibliothécaires dont les compétences et la collaboration nous ont été précieuses,
en particulier :
François Avril, BnF
Bernard Bousmanne, KBR
Carla Bozzolo, CNRS
Marco Buonocore, BAV (Vatican)
Cécile Brossard, BnF
Justin Clegg, BL
Pierre Cockshaw (†), KBR
Meghan Constantinou, Grolier Club
Jan Cramer, Universiteitsbibliotheek (Leyde)
Robert Dawson (†), University of Texas (Austin)
Marguerite Debae, KBR
Thierry Delcourt (†), BnF
Charlotte Denoël, BnF
Allen S. Farber, SUNY Oneonta
Thérèse Glorieux de Gand, KBR
Susan Glover, Boston Public Library
Sandra Hindman, Les Enluminures
Frédérique Johan, KBR
Anne Korteweg, KB (La Haye)
Marie-Pierre Laffitte, BnF
Aude Lefèvre, Chantilly
Martine Lefèvre, Arsenal
Claudine Lemaire, KBR
Eve Netchine, Arsenal
Ezio Ornato, CNRS
Florent Picouleau, Chantilly
Richard H. et Mary A. Rouse, UCLA
Kathryn Rudy, KB (La Haye)
Patricia Stirnemann, IRHT
Marie-Hélène Tesnière, BnF
Emmanuelle Toulet, Bibliothèque Historique de la Ville de Paris
Michiel Verweij, KBR
Maria Cristina Vecchi, Biblioteca Estense
Marie-Claire Waille, BM de Besançon
Stuart Walker, Boston Public Library

Nous remercions chaleureusement le possesseur actuel du ms. ex-Phillipps 207


de la Mutacion qui nous a accueillis plus d’une fois et qui nous a fourni des
renseignements sur la provenance du manuscrit.
Cette recherche n’aurait pu voir le jour sans le travail préalable des éditrices et
éditeurs modernes de Christine de Pizan (Maurice Roy, Suzanne Solente,
Charity Cannon Willard, Barbara K. Altmann, Patrizia Caraffi, Maureen
C. Curnow, Liliane Dulac, Thelma Fenster, Eric Hicks, Angus J. Kennedy,
Monika Lange, Gabriella Parussa, E. Jeffrey Richards, Ruth Ringland Rains,
Andrea Tarnowski, Josette Wisman), et de Gianni Mombello, dont l’étude
magistrale des manuscrits de l’Epistre Othea est un modèle d’érudition.
Nous remercions aussi Edward Reno pour son assistance technique.
Cette publication a bénéficié du soutien financier de Vassar College
(Poughkeepsie, New York).
Table des matières

Remerciements

Table des matières

Mode d’emploi 9

Gilbert OUY et Christine RENO


Introduction générale 15

Inès VILLELA-PETIT
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 39
1. Filigranes 43
1.1. Filigraneur aux lys losangés 44
1.2. Filigraneur aux couleurs insolites 46
1.3. Filigraneur aux lys courbes 48
2. Vignetures 49
2.1. Atelier aux échancrures 51
2.2. Ornemaniste aux araignées 58
2.3. Ornemanistes à la vigne d’or 59
2.4. Ornemaniste aux brins de fantaisie 68
2.5. Pierre Gilbert 72
2.6. Assistant aux trois couleurs 81
2.7. Ornemaniste aux trèfles 82
2.8. Ornemaniste aux radicelles 84
2.9. Ornemaniste à la résille 85

Inès VILLELA-PETIT
Introduction sur les peintres enlumineurs 91
1. Maître de la première Épître 104
2. Maître de la Pastoure et Maître de Jeanne Ravenelle 110
3. Maître bleu-jaune-rose de Chantilly 117
4. Maître du Couronnement de la Vierge 122
5. Maître de l’Ovide moralisé 130
6. Maître de l’Épître Othéa 131
7. Maître au safran 142
8. Maître d’Egerton 146
9. Maître de Giac 152
10. Maître de la Cité des dames 154
11. Haincelin de Haguenau (Maître de Bedford) 169
6 Table des matières

Les manuscrits-recueils
Introduction 173
{1} Chantilly, Bibl. du Château, 492 (« Livre de Cristine ») 186
{2} Chantilly, Bibl. du Château, 493 (« Livre de Cristine ») 202
{3} Paris, BnF, fr. 12779 (« Livre de Cristine ») 214
{4} Paris, BnF, fr. 835 (« Manuscrit du Duc ») 228
{5} Paris, BnF, fr. 606 (« Manuscrit du Duc ») 240
{6} Paris, BnF, fr. 836 (« Manuscrit du Duc ») 268
{7} Paris, BnF, fr. 605 (« Manuscrit du Duc ») 280
{8} Paris, BnF, fr. 607 (« Manuscrit du Duc ») 286
{9} Paris, BnF, fr. 603 294
{10} Leyde, UB, Ltk. 1819 308
{11} Paris, BnF, nafr. 14852, ff. 2a-3d 312
{12} Londres, BL, Harley MS 4431, vol. I (« Manuscrit de la 316
Reine »)
{13} Londres, BL, Harley MS 4431, vol. II (« Manuscrit de la 332
Reine »)

Les manuscrits monotextuels


Epistre Othea
Introduction 345
{14} Paris, BnF, fr. 848 348

Debat de deux amans


Introduction 357
{15} Paris, BnF, fr. 1740 360
{16} Bruxelles, KBR, 11034 366

Dit de la pastoure
Introduction 373
{17} Paris, BnF, fr. 2184 374

Chemin de lonc estude


Introduction 379
{18} Bruxelles, KBR, 10983 386
{19} Bruxelles, KBR, 10982 394
{20} Paris, BnF, fr. 1188 402
{21} Paris, BnF, fr. 1643 408

Mutacion de Fortune
Introduction 413
{22} Bruxelles, KBR, 9508 426
{23} La Haye, KB, 78 D 42 438
{24} Chantilly, Bibl. du Château, 494 448
{25} Collection particulière (ex-Phillipps 207) 458
{26} Munich, BSB, Cod. gall. 11 468
Table des matières 7

Fais et bonnes meurs du sage roy Charles V


Introduction 477
{27} Paris, BnF, fr. 10153 488
{28} Modène, BE, α.N.8.7. 496
{29} Paris, BnF, fr. 5025 502
{30} Vatican (Cité du), BAV, reg. lat. 920 510

Cité des dames


Introduction 517
{31} Paris, BnF, fr. 24293 530
{32} Paris, Bibl. de l’Arsenal, 2686 536
{33} Paris, BnF, fr. 1179 544
{34} Bruxelles, KBR, 9393 550
{35} Paris, BnF, fr. 1178 558

Epistre a la reine
Introduction 565
{36} Paris, BnF, fr. 580, ff. 53-54 566

Manuscrits en papier
Introduction 571
{37} Paris, BnF, fr. 24864, ff. 176r-178bis v (Proverbes moraux) 574
{38} Paris, BnF, fr. 24864, ff. 14r-18r (Lamentacion) 578

Advision Cristine
Introduction 583
{39} Paris, BnF, fr. 1176 588
{40} Bruxelles, KBR, 10309 596
{41} Collection particulière (ex-Phillipps 128) 604

Trois Vertus
Introduction 609
{42} Boston, PL, fr. Med. 101 612
{43} Paris, BnF, nafr. 25636 618

Prodommie de l’omme
Introduction 625
{44} Vatican (Cité du), BAV, reg. lat. 1238 626

Corps de policie
Introduction 631
{45} Chantilly, Bibl. du Château, 294 636
{46} Paris, BnF, fr. 1197 642
{47} Paris, Bibl. de l’Arsenal, 2681 650
{48} Besançon, BM, 423 656
8 Table des matières

Sept psaumes allegorisés


Introduction 663
{49} Collection particulière (ex-Ashburnham-Barrois 203) 670
{50} Bruxelles, KBR, 10987 674
{51} Paris, BnF, nafr. 4792 680

Fais d’armes et de chevalerie et Livre de paix


Introduction 687
{52} Bruxelles, KBR, 10476 696
{53} Bruxelles, KBR, 10366 704

Epistre de la prison de vie humaine


Introduction 711
{54} Paris, BnF, fr. 24786, ff. 36r-97r 712

Bibliographie générale 717

Tables et index
Table des incipits de 1er folio 735
Table des incipits de 2e folio 737
Table des copistes 739
Table des enlumineurs ornemanistes 741
Table des peintres enlumineurs 745
Table iconographique 749
Table des possesseurs 753
Index des noms de personnes 759
Index des noms d’artistes et artisans 763
Index des manuscrits cités 765

Album couleurs 769


Mode d’emploi

Cet Album a pour principal objectif de décrire d’un point de vue codicologique,
paléographique, iconographique et historique les manuscrits originaux de
Christine de Pizan (c. 1364- c. 1431). L’ouvrage est constitué de deux parties. La
première offre une vue générale sur les copistes, les ornemanistes et les peintres
des manuscrits originaux de Christine de Pizan. La seconde propose une
description détaillée de chacun des 54 manuscrits originaux recensés à ce jour.
Ces notices descriptives sont rassemblées par texte, exception faite des
manuscrits-recueils traités au début de l’ouvrage. Chaque section consacrée aux
mss d’un texte débute par une Introduction codicologique et philologique ;
suivent les descriptions des manuscrits, classés par ordre chronologique.
Des tables et des index présentent de façon synthétique les informations qui
concernent les copistes, les ornemanistes, les peintres et les possesseurs.

Nous avons adopté les conventions de transcription suivantes :


- les italiques signalent les titres/rubriques ;
- les gras, les éléments à l’encre rouge ;
- les abréviations sont résolues entre parenthèses ;
- l’apostrophe et l’accent aigu ont été introduits pour faciliter la lecture ;
- c et t, i et j, u et v ont été distingués ;
- les majuscules et la ponctuation du ms. original ont été respectées : / (signale
une virgula) ; . (un punctus) ; \ (une barre de scansion) ; // (un passage à la ligne).

Chaque manuscrit est décrit selon le canevas suivant :


10 Mode d’emploi

{référence du ms. dans l’Album} [Cote actuelle du ms.]

[Titre du texte]

CONTENU
Transcription des incipits et des explicits de toutes les parties du texte et/ou de
tous les textes dans le cas d’un recueil.
HISTOIRE
Date : date de confection du ms.
Possesseurs : relevé et identification des possesseurs successifs du manuscrit
(personnes physiques ou morales).
Ajouts plus tardifs : interventions des possesseurs, des bibliothécaires et des
lecteurs, extérieurs au foyer de confection du ms.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Abréviations utilisées : LR (ligne rectrice), LE (ligne écrite), m/t (marge de tête), m/q
(marge de queue), m/g (marge de gouttière/marge extérieure), m/p (marge de pli) ; c/p
(côté chair/côté poil) ; t. c. (titre courant).
Matériaux
Support : matériau (parchemin ou papier) ; dimensions ; description des
folios de garde (en chiffres romains [les folios de garde modernes sont entre
parenthèses]) ; qualité du parchemin (y compris le respect de la règle du vis-à-
vis) ; origine du papier (filigranes).
Encres : couleurs des encres utilisées.
Préparation
Piqûres : présence de piqûres et formes.
Réglure : technique utilisée ; présence de folios vierges, mais réglés.
Mise en page : dimensions du feuillet (mm [longueur] x mm [largeur]) ;
dimensions de la justification d’un folio (les chiffres entre crochets < >
signalent les espaces écrits), pour chacun des types de mise en page du
volume (généralement le fol. 5r, sauf lorsque la réglure n’est pas suffisamment
visible) ; nombre de lignes par page ; la formule de présentation est la suivante :
A x B mm = C + <D> + E + <F> + G x H + <I> + J + <K> + L + <M>
+ N + <O> + P mm (voir schéma ci-contre).
Mode d’emploi 11

C
D Titre courant

S eulette suy

H K L O P
I J M N

B
12 Mode d’emploi

Organisation : collation des cahiers, sous forme d’un tableau qui indique le
nombre de folios, les irrégularités éventuelles et les signatures (les symboles
génériques [♠, ♣, ♥, ♦, □, ◊, €] signalent des appels de note – il ne s’agit donc
pas de signes qui accompagnent la signature dans le ms.).
Signatures : système de signatures, emplacement et, éventuellement, main.
Réclames : emplacement, longueur et modes de traçage.
Foliotation : description et datation des numérotations dans ce volume.
Travail d’écriture
Texte : identification de la main/des mains qui a/ont transcrit le texte, non
compris les éléments rubriqués et les corrections.
Style : type d’écriture utilisée.
Ponctuation : types de signes de ponctuation utilisés.
Corrections : identification de la main qui a préparé et/ou transcrit les
corrections ; exemples de quelques corrections ; la mention « non identifiables »
signale la présence de préparations grattées et illisibles.
Rubriques : identification de la main qui a préparé et/ou transcrit les titres
rubriqués ; mention des erreurs dans le placement et la numérotation des titres.
Décoration : identification du ou des ornemanistes et description des
différents éléments de décoration (bordure, lettrines, cadelures, bouts de ligne
et pieds-de-mouche).
Illustration : identification du ou des peintres et description des différentes
miniatures du manuscrit.
Reliure : description de la reliure actuelle et des traces de reliures anciennes.
COMMENTAIRE : mention d’éléments significatifs, notamment historiques ou
textuels, qui ne trouvent pas place dans les autres rubriques.
BIBLIOGRAPHIE : références abrégées, classées par ordre alphabétique ; voir
Bibliographie générale en fin de volume.
BnF, fr. 580, f. 54v © Paris, BnF
Introduction générale

Christine de Pizan est, à bien des égards, un personnage d’exception. À une


époque où les hommes, et presque seuls parmi eux, les clercs, jouissent d’un
véritable monopole d’accès à la haute culture, cette savante femme de lettres
peut être considérée, pour reprendre la formule de sa biographe, la regrettée
Charity Willard, comme « un phénomène qui ne trouvera pas son équivalent
pendant presque un siècle »1.
Si l’on se borne à envisager les manuscrits de ses œuvres – c’est la raison
d’être du présent ouvrage – elle représente même un cas unique, et ce à double
titre.
En premier lieu, de tous les écrivains (prenons le mot dans son acception
moderne) de la période médiévale, il n’en est aucun dont un si grand nombre de
manuscrits entièrement ou partiellement autographes – une bonne
cinquantaine – soit parvenu jusqu’à nous ; sans compter ceux, pour la plupart,
sans doute, irrémédiablement perdus, dont on a la preuve qu’ils ont existé. Il
n’est d’ailleurs pas impossible qu’on en retrouve encore, car l’enquête,
entreprise il y a quelque trente-cinq ans, n’est pas – et ne sera jamais –
définitivement close.
En second lieu, de tous les escripvains (au sens que ce mot avait à l’époque :
copiste ou chefs d’atelier de copie) qui travaillèrent avant l’invention de
l’imprimerie, il n’en est aucun dont la production conservée atteigne un tel
ordre de grandeur.
Cet ensemble unique en son genre représente un objet d’étude
exceptionnellement riche d’enseignements tant pour les historiens du livre et les
codicologues que pour les historiens de l’art, puisqu’une bonne part de ces
manuscrits sont décorés et illustrés. Il exige des enquêtes approfondies, ainsi
que des descriptions très complètes que certains jugeront peut-être
excessivement minutieuses.
On pourrait, en effet, se demander si une telle minutie est justifiée, étant
donné que la production du scriptorium de Christine présente, comme nous le
verrons, trop de caractéristiques insolites pour que les résultats de l’enquête
puissent être généralisés ou situés de façon précise dans le vaste panorama de

1 Willard 1984, p. 15.


16 Introduction générale

l’industrie médiévale du livre parisienne brossé par Richard et Mary Rouse2.


Nous n’avons pas manqué de nous poser la question, et sommes arrivés à la
conclusion qu’il est cependant nécessaire de pousser l’analyse le plus loin
possible. Ce sera, bien sûr, profitable aux spécialistes de Christine de Pizan.
Pour les médiévistes qui ne s’intéressent pas partiulièrement à notre auteur, ce
le sera aussi, indirectement, en attirant leur attention sur une foule de petits
détails qu’ils ne songeraient pas à noter quand ils examinent un manuscrit isolé
ou un nombre restreint de manuscrits de même origine : en effet, certains de
ces détails, en apparence négligeables, peuvent se révéler hautement
significatifs, par exemple pour la datation d’un volume, si l’on a eu la chance
d’en suivre l’apparition et l’évolution, ce qui n’est possible qu’en confrontant les
éléments d’un vaste ensemble homogène.
À vrai dire, même si l’on n’osait espérer en trouver une si grande quantité,
identifier des manuscrits autographes de notre poétesse ne fut pas une surprise.
On sait en effet, depuis la fin du XIXe siècle, grâce à Maurice Roy3, qu’il existe
bon nombre de manuscrits originaux de plusieurs de ses œuvres. En outre,
divers passages – dont certains avaient depuis longtemps éveillé la curiosité des
érudits – dénotent chez elle une évidente familiarité avec les techniques de
travail des copistes et des enlumineurs :
Depuis l’an mil.iiic.iiiixx. et .xix, que je commençay, jusques a cestui .iiiic. et .v.,
ouquel encore je ne cesse, compillés en ce tendis .xv. volumes principaux, sans
les autres particuliers petis dictiéz, lesquelz tout ensemble contiennent environ
.lxx. quaiers de grant volume4.
Cette évaluation en cahiers paraît bien être un réflexe d’artisan du livre, et fait
songer à cette note – sur laquelle nous aurons à revenir par la suite – qui se lit
au bas du f. 26r du ms. Bruxelles, KBR, 9508 {22} de la Mutacion de Fortune : Ci
commence .j. quaier escript en un jour trestout.
De même, dans la Cité des dames (I, 41), Christine vante le talent d’une
femme peintre parisienne à qui elle a confié la décoration de certains de ses
manuscrits :
Mais a propos de ce que vous dites de femmes expertes en la science de
painterie, je congnois au jour d’uy une femme que on appelle Anastaise, qui tant
est experte et apprise a faire vigneteures d’enlumineure en livres et champaignes
d’istoires qu’il n’est mencion d’ouvrier en la ville de Paris, ou sont les souverains
du monde, qui point l’en passe, ne qui aussi doulcement face fleureture et menu
ouvrage que elle fait, ne de qui on ait plus chier la besongne, tout soit le livre
riche ou chier, que on a d’elle, qui finer en peut. Et ce sçay je par experience, car

2 Rouse et Rouse 2000.


3 C de P, Œuvres poétiques 1886-1896, 1, pp. v-vii.
4 C de P, Advision 2001, p. 111.
Introduction générale 17

pour moy mesmes a ouvré d’aucunes choses qui sont tenues singulieres entre les
vignetes des autres grans ouvriers5.
Le choix des termes ne laisse aucun doute : c’est bien le langage d’une personne
du métier, non d’un simple amateur de belles choses.
C’est d’ailleurs ainsi que la voyaient ses contemporains : adressant à
Christine un manuscrit quelque peu incorrect d’une œuvre de Jean de Meun,
Gontier Col s’en excuse ainsi : bien sauras les fautes de l’escrivain en ceste compilacion
corrigier et entendre6.
Si donc Christine était compétente pour diriger personnellement la copie et
la décoration de ses ouvrages (aussi bien que l’illustration comme on le verra
par la suite), rien n’autorise à supposer que, contrairement à bien des auteurs de
son époque7, elle aurait été incapable de participer à ce travail ou l’aurait jugé
indigne d’elle. Il existait donc une forte présomption pour que, parmi ces
nombreux manuscrits indiscutablement originaux parvenus jusqu’à nous, il y
eût certains exemplaires totalement ou partiellement autographes ou, à tout le
moins, corrigés de sa main. On sait que le travail de copie représentait pour
l’auteur une économie considérable : comme le signalent Carla Bozzolo et
Ezio Ornato, « seules les économies sur les frais de copie pouvaient entraîner
une diminution vraiment considérable du coût de fabrication. […] Cependant,
l’économie n’était radicale que si l’on assurait personnellement le travail de
copie. Aux yeux des lettrés, cette solution avait en outre l’avantage d’éliminer
les fautes dues à l’ignorance des copistes professionnels »8.
C’est la principale raison pour laquelle, vers le début des années 70, pour le
séminaire animé par l’un de nous à la IVe Section de l’École Pratique des Hautes
Études9, les problèmes d’identification des manuscrits autographes médiévaux
ayant été retenus comme thème d’étude et de travaux pratiques en bibliothèque,
le choix se porta tout naturellement sur Christine de Pizan. Les séances étaient
assidûment suivies à la fois par de jeunes étudiants – dont plusieurs, tels nos
amis Eric Hicks, trop tôt disparu, et Nadia Margolis, devaient acquérir par la
suite une solide notoriété – et des médiévistes déjà reconnus, comme Charity
Cannon Willard, qui, très expérimentés par ailleurs, éprouvaient le besoin
d’approfondir leurs connaissances dans la discipline – à l’époque encore toute
nouvelle – que l’on a pris l’habitude d’appeler codicologie, c’est-à-dire dans

5 Londres, BL, Harley MS 4431, ff. 317v-318r {13}. V. Villela-Petit 2008.


6 C de P, Débat sur le Roman de la Rose, p. 11.
7 On pense entre autres à Pierre d’Ailly, Philippe de Mézières, Jean Gerson, Jean de Montreuil,
Nicolas de Clamanges, Charles d’Orléans.
8 Bozzolo et Ornato 1983, p. 45. V. aussi Rouse et Rouse 2000, 1, p. 14 : « He [le libraire] served
[…] as his own scribe or illuminator as often as he could, to save money […] ».
9 École Pratique des Hautes Études, IVe Section, Annuaire, 1972/73, 1973/74, 1974/75, rapports sur
les conférences de G. Ouy (Codicologie latine médiévale).
18 Introduction générale

l’étude, trop longtemps négligée, des manuscrits envisagés comme objets


archéologiques. Les contacts ainsi établis étaient enrichissants pour tous les
participants, en premier lieu pour le chargé de conférences, qui s’instruisait plus
qu’il n’enseignait.
La participation active de Charity Willard au séminaire était une autre raison
de choisir ce thème de travaux pratiques. C’est elle, en effet, qui fut la première
à identifier la main de notre auteur puisque, dès 1965, elle avait publié
dans Studi francesi10 un article intitulé « An Autograph Manuscript of Christine
de Pizan ? ».
Le point d’interrogation, comme nous le verrons, a perdu sa raison d’être,
l’hypothèse ayant depuis lors été vérifiée. Pourtant, à l’époque, cet article ne fit
guère avancer la solution du problème.
L’explication de ce paradoxe réside en premier lieu dans le caractère
« marginal » du document étudié par cette érudite : alors qu’il existe de
nombreux manuscrits d’œuvres de Christine dont l’origine est sans équivoque,
nous avons affaire ici à un texte fort court copié, sur un bifeuillet ajouté, au
beau milieu d’un recueil dont le contenu ne concerne en rien notre auteur, et
dont on ignore pour qui il fut exécuté11.
Il faut reconnaître, en second lieu, que le principal argument sur lequel
reposait cette identification hypothétique était assez fragile. Les ff. 53r-54v du
ms. BnF, fr. 580 {36} contiennent le texte d’une épître adressée le 5 octobre
1405 à Isabeau de Bavière, que Christine adjure de réconcilier les ducs
d’Orléans et de Bourgogne et d’écarter ainsi du royaume la menace d’une
guerre civile. Précédée d’une gracieuse histoire en grisaille sans rapport avec le
texte, l’épître est copiée en cursive calligraphique par une main habile qui
n’apparaît nulle part ailleurs dans ce volume. L’épître est suivie d’un court
poème – un rondel simple12 – qui ne figure que dans ce manuscrit :
Pre(n)nez en gré, s’il vous plaist, cest escript
De ma main fait aprés mie nuit une heure,
Noble seigneur pour qui je l’ay escript,
Pre(n)nez en gré.
Quant vous plaira mieulx vous sera resc(ri)pt ;
Mais n’avoye nul aut(re) clerc a l’eure.
Pre(n)nez en gré.

10 Willard 1965.
11 Toutefois, si l’hypothèse de S. Solente, identifiant la petit epistre que Christine, dans le prologue de la
Prodommie, dit avoir remise à Louis d’Orléans avec l’Epistre a la reine est correcte, le manuscrit aurait
probablement appartenu au duc d’Orléans ; mais il ne se retrouve pas parmi les livres de Charles
d’Orléans et de Jean d’Angoulême. Voir à ce sujet Reno 1995, p. 25 et n. 7, et l’argument plus
récent associant le ms. au duc de Berry (Reno et Villela-Petit 2010).
12 V. Lote 1951, 2, p. 294 (le terme est emprunté à Jacques Legrand et aux Regles de Seconde Rhetorique).
Introduction générale 19

Charity Willard n’avait, certes, pas tort de penser que la formule « fait de ma
main » constitue à tout le moins une forte présomption d’autographie ;
pourtant, en l’occurrence, sa présence au second vers du rondeau n’est guère
probante, puisque n’importe quel copiste transcrivant ce texte, l’aurait
nécessairement reproduite.
Il nous faut revenir un instant sur ces vers. Ils paraissent assez déconcertants
puisque, comme on le verra, Christine n’avait en réalité à sa disposition que
deux copistes qui étaient, d’ailleurs, bien loin de rivaliser d’habileté avec leur
patronne. Nous pensions autrefois que, fière de son talent de calligraphe, quand
elle déclarait, non sans fausse modestie, qu’un autre clerc aurait su faire une plus
belle copie, elle allait, comme on dit familièrement, « à la pêche aux
compliments ».
Toutefois, à la réflexion, on s’étonne que notre poétesse, d’ordinaire si
prodigue de confidences, ne fasse nulle part allusion à cette activité de copie qui
devait pourtant occuper une bonne part de ses journées, voire de ses nuits.
C’est donc une autre explication qui a maintenant notre préférence : si elle veut
paraître se décharger de la tâche sur un autre clerc, c’est sans doute parce qu’aux
yeux de ses contemporains, le travail du copiste n’est qu’un vulgaire « art
mécanique » dont la pratique n’a rien de prestigieux. Pour nous limiter à la
France, parmi tous les auteurs de notre période qui copient leurs œuvres, aucun
ne songe à s’en glorifier. Le seul à évoquer son rôle de copiste, Nicolas de
Clamanges, qui est aussi, dans ce domaine, l’un des plus talentueux, s’en justifie
en développant le thème, cher aux humanistes depuis Pétrarque, de l’ignorance
et de l’incompétence des professionnels de la copie13 : si un auteur veut que son
œuvre soit diffusée sans trop de fautes, il lui faudra établir personnellement,
avec un soin jaloux, le précieux exemplar à partir duquel s’organisera la
publication, car si le mal est à la racine, il ne tarde pas à gagner tous les
rameaux. Cette image du stemma, familière aux philologues, vient tout
naturellement sous la plume du grand humaniste qui couvre de variantes les
marges de ses copies de Cicéron ou de Macrobe.
Le cas de Christine, comme nous le verrons, est différent et plus complexe :
elle se comporte tantôt comme un auteur mettant au net son œuvre, tantôt
comme n’importe quel copiste ; elle est alors sujette aux mêmes défaillances que
tout autre escripvain de métier, les risques d’erreur se trouvant même aggravés du
fait qu’elle travaille souvent dans une extrême précipitation. On ne saurait donc
tirer argument des fautes de copie qu’elle commet pour mettre en doute le
caractère autographe de ses manuscrits, d’autant plus que la hâte provoque
également des erreurs dans le contenu même de l’œuvre14.
13 Voir Ouy 1994, p. 271 et suiv.
14 Voir C de P, Othea 1999, p. 423, Reno et Ouy 2002, pp. 725-726.
20 Introduction générale

En général, il faut signaler – c’est vrai aussi pour notre poétesse – le curieux
contraste entre le silence total observé par ces lettrés sur leur travail de copistes
et le vif intérêt – pour ne pas dire la passion – que, de toute évidence, la plupart
d’entre eux portent à la calligraphie : c’est ainsi que nous voyons le vieux
cardinal Pierre d’Ailly se risquer à employer la « lettre de forme », le style le plus
difficile, normalement réservé aux seuls professionnels15 ; ou encore Philippe de
Mézières, l’ancien chancelier du royaume de Chypre, dans sa retraite du couvent
des Célestins de Paris, s’essayer sans cesse à de nouveaux types d’écriture16.
Quant à Nicolas de Clamanges, qui ne veut rien devoir aux Italiens, il se dote,
pour transcrire les textes de l’Antiquité, d’une splendide humanistique,
purement française, imitée de la minuscule romane du temps de saint Bernard17.

Charity Willard avait donc eu raison, mais ce n’est que plus tard qu’il devint
possible de le confirmer. Quand, quelques années après la publication de son
article, les manuscrits autographes de Christine de Pizan furent, comme nous
l’avons vu, pris pour thème de travaux pratiques par le séminaire auquel
participait cette érudite, c’est dans une toute autre direction que s’orienta
l’enquête.
Tout d’abord, on rechercha systématiquement les manuscrits originaux, qui
se révélèrent bien plus nombreux qu’on n’aurait osé l’espérer.
On entreprit ensuite de distinguer et de caractériser les différentes mains qui
avaient participé à leur transcription. C’était là une excellente occasion de
familiariser les débutants avec l’une des démarches essentielles de la recherche
sur les manuscrits : l’identification des mains ; tâche déjà ardue quand on
travaille sur des documents modernes, mais qui devient encore bien plus
délicate quand on a affaire aux manuscrits des derniers siècles médiévaux.
À cette période, on voit se développer – particulièrement en France – deux
phénomènes : d’une part, l’invasion, déplorée par Nicolas de Clamanges, du
domaine livresque par la cursive, jusqu’alors réservée aux chartes ou aux lettres.
Les premiers responsables en sont sans doute les clercs des chancelleries :
souvent fort cultivés, disposant de bons revenus, ils pouvaient à la fois s’acheter
des livres et, puisqu’ils étaient des professionnels de la plume, en copier eux-
mêmes avec talent. Leur désir de montrer leur habileté doit aussi expliquer en
partie l’autre phénomène auquel on assiste : la diversification grandissante des
styles d’écriture, accompagnée de la tyrannie d’une mode qui fait sans cesse

15 V. Ouy 1994, pp. 294-295 et pl. XI.


16 Ibidem, p. 287 et pl. VII.
17 Ibidem, p. 273 et pl. I.
Introduction générale 21

varier les formes des lettres, mode aussi capricieuse que celle qui régit de nos
jours la haute couture.
Beaucoup de non-professionnels s’adonnent alors à la copie des livres et
s’exercent à la calligraphie. Tout comme un artisan, un calligraphe change de
style un peu comme nous changeons de police sur notre ordinateur. Il lui suffit
pour cela, voyant passer un manuscrit à son goût, de le prendre pour modèle en
reproduisant soigneusement, dans l’ordre alpabétique, le tracé de chaque lettre
sur une ou deux lignes en haut ou en bas d’un document quelconque, par
exemple un feuillet de garde18 ; il ne lui reste ensuite qu’à découper cet alphabet
et à fixer l’étroite bande de parchemin au sommet de son pupitre. Après s’être
familiarisé avec les lettres du modèle en pratiquant quelques essais de plume, il
peut entreprendre sa copie.
Un copiste de métier est capable de respecter imperturbablement le nouveau
style jusqu’à la fin de sa transcription. S’il est vraiment très habile, même les
meilleurs paléographes ne sauront reconnaître sa main. Berthold L. Ullman a
naguère reproduit deux spécimens, tous deux datés de 1414, de la production
d’un remarquable copiste florentin, Giovanni Aretino19, qui signait toujours ses
manuscrits : l’un montre une splendide humanistique aux formes arrondies,
proche de celle de Poggio Bracciolini ; l’autre une cursive gothique anguleuse,
d’un style si purement français que nul ne songerait à lui assigner une origine
italienne. Que peut-on trouver de commun à ces deux écritures, sinon une rare
perfection ?
Lorsqu’on a affaire à un copiste amateur, les problèmes d’identification sont,
normalement, moins désespérants car, bien souvent, il se montre incapable de
« tenir » longtemps le nouveau style et revient bientôt au type d’écriture qui lui
est le plus familier : au premier feuillet, les formes de lettres du modèle
dominent largement, mais on n’en trouve plus aucune trace au feuillet 1520. Il
en résulte, bien sûr, des différences, parfois considérables, dans l’aspect général
de la page, mais elles ne dérouteront pas le paléographe expérimenté : celui-ci
notera la permanence de certains traits peu spectaculaires, qu’il a appris à
reconnaître comme caractéristiques de cette main. En revanche, elles induiront
souvent en erreur le médiéviste moins exercé ou moins observateur, qui risque
de prendre tout changement d’aspect pour un changement de main : c’est ainsi
qu’au milieu du siècle dernier, un érudit par ailleurs fort savant avait cru
distinguer les mains de onze copistes dans un manuscrit intégralement
autographe des épîtres de Jean de Montreuil.

18 Ibidem, p. 287 et pl. VII.


19 Ullman 1960, p. 93 et pl. 46-47.
20 V. Ouy 1994, p. 289 et pl. VIII.
22 Introduction générale

Aux difficultés dues aux changements de style s’ajoutent bien souvent celles
qui résultent de la maladresse du non professionnel à manier le canif : quand il
retaille sa plume, l’artisan sait garder aux deux becs la coupe exacte qui convient
au style d’écriture choisi, alors qu’à chaque nouvelle taille, l’amateur change sans
le vouloir la forme de l’instrument, ce qui l’amène à modifier la position de sa
main pour tenir la plume, avec toutes les conséquences que cela entraîne sur le
module, l’inclinaison, l’épaisseur du trait, donc, sur l’aspect général de la page
écrite.

Ce n’est pas dans le cadre de l’École des Hautes Études que la recherche sur
les manuscrits de Christine de Pizan allait prendre son plein développement.
Les conférences de codicologie ne se poursuivirent pas, en effet, au-delà de
1975, mais à peine venaient-elles de prendre fin que des relations de
collaboration se nouèrent entre nous – d’une part, l’ancien chargé de
conférences, qui dirigeait alors depuis quelques années une équipe de recherche
du CNRS sur l’Humanisme français des XIVe et XVe siècles, d’autre part, la
jeune collègue de Charity Willard qui entreprenait l’édition critique de l’Advision
Cristine. Et c’est, comme on va le voir, ce travail d’édition qui conduisit à la
preuve irrécusable de l’identification de la main de l’auteur21.

En reprenant le travail du séminaire, notre plus grand défi fut de nous


retrouver devant tant de manuscrits originaux à analyser, mais la tâche fut
facilitée par le fait que la liste en était presque entièrement établie, et par
l’assurance que l’on avait affaire à un nombre bien limité de copistes.
En effet, à l’exception du ms. BnF, fr. 1643 {21}, dont l’histoire est fort
compliquée22, seules trois mains bien reconnaissables se partagent le travail de
transcription23. Tantôt une seule des trois a copié la totalité, tantôt deux ou
même trois ont collaboré. Comme on doit toujours le faire en pareil cas, on
avait affecté à ces trois mains des sigles, en l’occurrence P, R et X, sigles qu’il y
aura tout intérêt à conserver, non seulement en raison de leur brieveté, mais
parce qu’ils ont été utilisés depuis par divers érudits24.

21 Il faut signaler que l’identification de la main de Christine de Pizan ne fait pas l’objet d’un
consensus de la part des spécialistes de Christine de Pizan. V. Laidlaw 1987 et 2002, Parussa 1999,
Parussa et Trachsler 2002, Aussems 2008.
22 V. Ouy et Reno 2000.
23 En plus de ces trois copistes, on a surnommé E un artisan qui intervient dans une douzaine de
manuscrits pour tracer au moins une série de signatures. V. Ouy 1985. Aux manuscrits cités dans
cet article, on peut ajouter Bruxelles, KBR, 10476 et La Haye, KB, 78 D 42.
24 V. notamment Hicks 1976 et Laidlaw 1987.
Introduction générale 23

La main P semble s’être spécialisée surtout dans la copie de la Cité des


dames25 ; mais on lui doit aussi le recueil BnF, fr. 603 (qui contient les Fais
d’armes et la Mutacion de Fortune) {9}, un exemplaire du Chemin de lonc estude
(KBR 10983 {18}), un Corps de policie (BnF, fr. 1197 {46}) et un exemplaire des
Trois Vertus (nafr. 25636 {43}). Parfois, la main P n’intervient
qu’épisodiquement (ainsi, elle est responsable du début du ms. BnF, fr. 605 {7},
mais seulement jusqu’en haut du f. 6v ; elle n’a transcrit que les ff. 42r à 44v du
ms. BnF, fr. 835 {4}, où l’on relève en outre quelques petites interventions26 ;
dans le fr. 10153 {27}, P a tracé la rubrique au f. 2a et a ajouté Et premierement
prologue .j. à la fin des rubriques liminaires des IIe et IIIe parties. Cette main est
difficile à caractériser, ne manifestant guère de préférences bien marquées pour
telle ou telle forme, et subissant visiblement l’influence du modèle ; mais les
lettres qu’elle tente parfois d’emprunter à sa patronne, la main X, notamment le
e « cornu » si caractéristique comme nous le verrons, sont maladroitement
imitées.
D’une manière générale, contrairement à celle de X, son écriture est le plus
souvent peu élégante, mal alignée, irrégulière, avec des lettres qui ne suivent pas
un même axe et qui paraissent s’entrechoquer.

Paris, BnF, fr. 1179, f. 21r (Main P) © Paris, BnF


Elle doit le sigle P qui lui a été attribué à l’usage intermittent d’un p à hampe
bizarrement retournée, parfois même bouclée, vers la gauche ; mais elle use le
plus souvent d’un p à hampe de longueur normale, plus ou moins recourbée en
lame de faux ; quand elle s’applique particulièrement, par exemple dans une
rubrique de titre, elle fait une hampe courte et très mince.

Paris, BnF, fr. 1178, f. 63v (ex. 1) et Paris, BnF, fr. 605, f. 3v (ex. 2 et 3) © Paris, BnF

25 V. table.
26 Aux ff. 8v, 11r, 15v, 63v, 74v.
24 Introduction générale

P ne semble pas avoir travaillé exclusivement pour Christine ; on vient de lui


attribuer aussi un manuscrit du premier livre des Chroniques de Froissart, La
Haye, KB, 78 A 2527.
La main R est plus élégante, mais assez raide (ce qui lui a valu le sigle R).

Paris, BnF, fr. 606, f. 4r (Main R) © Paris, BnF


Elle se caractérise notamment par l’emploi fréquent, sinon systématique, d’un g
dont la boucle comporte un assez long trait horizontal et d’un j à large boucle
fermée ressemblant à notre J majuscule cursif moderne, forme empruntée à
l’écriture hâtive et qui détonne quelque peu dans une cursive soignée. On
remarque aussi le a initial dont le trait supérieur de la panse, extrêmement délié
et plus long que le trait inférieur, donne à la lettre l’allure d’un museau ; le q à la
panse pointue en raison d’un trait supérieur particulièrement délié ; le h dont le
second jambage anguleux touche le recourbement de la haste ; le n au second
jambage sans empattement et presque interrompu en cours de tracé ; le p dont
l’intérieur de la panse présente une forme triangulaire et dont le trait horizontal
inférieur forme une courbe ; le P majuscule, en forme de cornemuse, qui
semble particulièrement travaillé par le copiste28 ; le t dont la traverse croise le
jambage selon un angle aigu et non droit ; les tildes abréviatifs très longs et
plats29.

Paris, BnF, fr. 606, passim © Paris, BnF


La main R a transcrit entre autres, en totalité ou en majeure partie, les mss
BnF, fr. 605, 606, 835, 836, 1188, 2184, 10153, Vat., reg. lat. 920 – tous
volumes contenant exclusivement des œuvres de Christine de Pizan – mais

27 V. Delsaux, article à paraître dans Scriptorium, « Profil d’un des copistes des manuscrits originaux de
Christine de Pizan : P. De La Croix, alias la main R ».
28 Le phénomène pourrait s’expliquer par le fait qu’il s’agit de l’initiale de son prénom ;
v. paragraphe suivant.
29 Ils sont parfois traversés de deux traits verticaux. V. Delsaux, à paraître.
Introduction générale 25

aussi le ms. BnF, fr. 24232 (autrefois reconnu par Charity Willard)30 qui est un
exemplaire de l’Archiloge Sophie de Jacques Legrand.
Grâce à Olivier Delsaux, nous savons désormais comment s’appelait celui
qui avait toujours été pour nous « le copiste R » et qu’il était déjà très actif avant
de travailler pour Christine. Il signait tantôt P de Cruce tantôt P de La Croix ;
nous savons, de plus, qu’il était capable de copier de longs textes en latin, ce qui
signifie qu’il était clerc (et permet d’écarter l’hypothèse séduisante qui portait à
imaginer l’atelier de Christine de Pizan comme une petite cité des dames). En
plus du fr. 24232, on lui attribue jusqu’ici la transcription de trois autres
manuscrits : (1) le BnF, fr. 926, recueil préparé sous la direction du franciscain
Simon de Courcy à l’intention de Marie de Berry et contenant la traduction de
l’Aiguillon d’amour divine par Simon de Courcy, celle de l’Horloge de Sapience par
Jean de Neufchâtel, le Vivat rex de Jean Gerson, le Chappel des fleurs de lys de
Philippe de Vitry et la Rieule des preudes femmes ; (2) un exemplaire de l’Histoire des
trois Maries de Jean de Venette (BnF, fr. 12468) ; (3) un Commentaire sur les
Disticha Catonis de Philippe de Bergame et Robert d’Envermeuil, Málaga, BPP,
non coté31.
Quant à la main X – en nous limitant pour l’instant à son aspect
calligraphique – elle est omniprésente, et c’est ce qui lui avait valu ce sigle
volontairement ambigu, évoquant à la fois le nom abrégé de Cristine
(l’hypothèse qu’il doit s’agir de l’auteur vient aussitôt à l’esprit) et un
personnage non identifié (comme l’inconnue en mathématiques).
Sa prédilection pour la cursive de chancellerie pourrait bien s’expliquer par
le fait que le mari de Christine, Étienne Castel, avait été – comme le sera plus
tard leur fils Jean – secrétaire du roi. Ce jeune preudomme trop tôt disparu, dont
elle évoque le souvenir avec émotion, aurait fort bien pu enseigner à son épouse
encore adolescente l’art de la calligraphie, et qui sait si, en échange, il ne lui
demandait pas parfois de l’aider à faire ou à terminer quelque copie urgente
rapportée à la maison ?
Mieux vaut caractériser cette main par des tendances que par des formes : en
effet, bien plus habile que les deux autres, elle est aussi, de ce fait, plus
changeante, capable d’adopter des styles d’écriture assez variés bien que
relevant presque toujours de la cursive livresque. La constante la plus
remarquable de X, c’est une tendance à l’exubérance, un goût pour les grandes
envolées de la plume se déployant en un foisonnement de boucles et de volutes
et jouant de l’alternance des pleins et des déliés.

30 Willard 1965.
31 V. Delsaux, à paraître.
26 Introduction générale

Londres, BL, Harley MS 4431, f. 240r © Londres, BL


Toutefois, nous ne devons jamais oublier qu’une tendance peut fort bien
être assez longtemps refrénée et ne se manifester que par inadvertance ou après
un temps plus ou moins long quand la fatigue se fait sentir. Nous trouverons de
nombreux exemples de ce comportement quand nous verrons des manuscrits
où la main X, après s’être efforcée dans un premier temps à la sobriété,
retourne assez rapidement aux jeux de plume qui lui sont familiers.
Parmi les habitudes caractéristiques de cette main, il faut encore signaler une
tendance à prolonger par une pointe acérée – voire, plus rarement, une boucle –
la panse des d, parfois aussi des a initiaux ; il faut aussi remarquer le tracé habile
et gracieux des x, dont le second élément descend en décrivant un arc très fin ;
chose curieuse, ce x, dont on voit de beaux exemples à l’initiale du mot Xpine
(surmonté d’un long tilde abréviatif), se retrouve sous une forme presque
identique – nous sommes ici obligés d’anticiper sur la suite de l’exposé – dans
des notes hâtives dont l’aspect est fort différent de l’écriture du texte.

BnF, fr. 24864, f. 14r, BnF, fr. 1176, f. 1r et Londres, BL, Harley MS 4431, f. 243r
© Paris, BnF
Enfin – et c’est là, peut-être, le trait le plus remarquable – il faut attirer
l’attention sur le ductus du e « cornu » en position finale (ce e orné d’un petit
appendice recourbé n’a rien d’exceptionnel à l’époque, tout au moins dans la
calligraphie des clercs de chancellerie) : souvent, en effet – sauf, toutefois, dans
les tout premiers manuscrits de notre auteur – le premier élément tracé est
prolongé par un « trait de fuite » qui remonte en tournant vers la gauche,
devient de plus en plus ténu, s’interrompt (parfois de façon presque
imperceptible) pour donner à la plume le temps de se retourner, puis reprend
pour tracer la « corne » du e, le tout en venant à prendre presque l’aspect d’un O
majuscule.
Introduction générale 27

Paris, BnF, fr. 1740, f. 3v (e non cornu : Main X) et Bruxelles, KBR, 9508, f. 2r (e cornu : Main X)
© Bruxelles, KBR et Paris, BnF
Notre main X n’est pas, à vrai dire, un cas unique : quelques rares copistes
de la même époque ont tracé, plus ou moins habilement, un e final de ce type32.
Comme nous l’avions signalé plus haut, le copiste P a parfois tenté, fort
maladroitement, d’imiter cette forme caractéristique, mais son trait de fuite est
gratuit, c’est-à-dire surajouté à la lettre et nullement explicable par son ductus
(v. par exemple ms. Bruxelles, KBR, 10983 {18}, passim).

Bruxelles, KBR, 10983, f. 32v (Main P) © Bruxelles, KBR


La main X est celle des trois qui a copié en totalité ou en majeure partie le
plus grand nombre de manuscrits originaux d’œuvres de Christine. Citons
notamment BnF, fr. 580 (ff. 53-54), 848, 1176, 1740, 12779, 24786, 24864 et
nafr. 4792 ; Bruxelles, KBR, 9508, 10366, 11034 ; Londres, BL, Harley MS 4431
(le fameux « Manuscrit de la Reine ») ; enfin l’ex-Phillipps 128 (aujourd’hui dans
une collection privée) dont il sera question plus loin. X transcrit les manuscrits
les plus anciens d’œuvres de Christine (BnF, fr. 848 et 1740 et les deux premiers
recueils, Chantilly 492-493 et BnF, fr. 12779) ainsi que les derniers exemplaires
originaux de ses ouvrages : le Livre de paix, terminé en 1413 (KBR 10366), le
dernier recueil, Harley 4431, présenté en étrennes en 1414 et le tout dernier
manuscrit à sortir de l’atelier en janvier 1418, BnF, fr. 24786. Le phénomène
n’est sans doute pas le fruit du hasard.
X intervient de façon habituelle pour corriger les manuscrits copiés par P et
R, alors que la réciproque n’est jamais vraie, comme l’atteste la « Table des
copistes » proposée à la fin de l’ouvrage. À l’exception de quelques manuscrits
copiés par P, X est en fait la main correctrice de tous les manuscrits préparés

32 C’est notamment le cas d’un copiste beaucoup moins habile qui travaillait pour Philippe de
Mézières.
28 Introduction générale

dans l’atelier de Christine de Pizan, qu’ils soient transcrits par X, R ou P. La


main X corrige des mots ou des groupes de mots, modifie certaines graphies,
remédie à des oublis et comble des lacunes laissées lors de la transcription33.

Paris, BnF, fr. 1176, f. 63r (X corrige X)

Paris, Ars., 2686, f. 119v (X corrige P en ajoutant deux chapitres oubliés)

Bruxelles, KBR, 10309 f. 61v (X corrige R)


© Paris, BnF et Bruxelles, KBR
X prépare aussi des corrections :

BnF, fr. 5025, f. 74v (prép. de corr. X ; corr. X) © Paris, BnF

33 Sur ce dernier point, v. notamment l’introduction aux mss du Livre des fais et bonnes meurs du
sage roy Charles V.
Introduction générale 29

À comparer avec le commentaire de X sur le texte de la Mutacion de La Haye :

F. 32v (exe(m)ple exp(er)te e(n) albion) © La Haye, KB


D’un intérêt particulier sont les interventions qui introduisent des
modifications textuelles, et qui montrent X à l’œuvre non seulement en
correcteur, mais aussi en auteur. Cette autorité vis-à-vis du texte se voit d’abord
dans le travail de transcription de X, qui n’hésite pas à improviser. Dans
l’exemplaire du Charles V BnF, fr. 5025, copié par X, il est question, au chap. II,
14, de la campagne de Louis de Bourbon en Barbarie. Alors que les manuscrits
précédents, copiés par R (BnF, fr. 10153 et Modène, BE, α.N.8.7), situent cet
événement, respectivement, n’a mie long temps et n’a mie moult de temps, le fr. 5025
témoigne, au f. 38d, de la tentative d’ajouter une précision : n’a mie…ans.

Paris, BnF, fr. 5025, f. 38d © Paris, BnF


Toutefois, la vérification du nombre d’années écoulées ne fut jamais faite, si
bien que la lacune n’a jamais été comblée et que le dernier manuscrit de cet
ouvrage (Vat., reg. lat 920) revient tout naturellement à la leçon antérieure : n’a
mie moult de temps. X improvise aussi en corrigeant : signalons, à titre d’exemple,
un raccord dans un exemplaire du Corps de policie copié par P, BnF, fr. 1197
(f. 94v), qui introduit un changement de texte. Comblant un oubli de P, X
ajoute sur grattage a celle fin que il, leçon unique à ce manuscrit, et barre dans le
texte les mots qui furent si pour faire le raccord34.
On pourrait multiplier les exemples d’interventions qui démontrent
l’autorité de la main X sur les copistes R et P et sur les textes de Christine, et
qui sont signalés dans les introductions et les notices qui suivent ; on pense à
des leçons nouvelles ajoutées sur grattage ou en interligne, à des préparations de

34 C de P, Policie 1998, p. 98 l. 9. Voir photo dans la notice du ms. BnF, fr. 1197 {46}.
30 Introduction générale

corrections textuelles35, à des remarques politiques ajoutées dans les manuscrits


du Charles V et de la Mutacion de La Haye, à d’autres commentaires sibyllins
ajoutés en français et en latin dans les marges de la Mutacion de La Haye (copiée
presque entièrement par X), dont ego scribens, et à certains passages inscrits en
marge qui, ne rectifiant pas un saut du même au même, semblent représenter
des ajouts de texte faits directement sur le manuscrit36.

La Haye, KB, f. 38v (commentaire de X : ego scribens) © La Haye, KB

La Haye, KB, f. 47r (commentaire de X : da negandi) © La Haye, KB


Enfin, la main X agit comme régisseur des opérations de l’atelier : dans les
manuscrits BnF, fr. 835 {4} et 836 {6}, on la voit préparer des titres
courants (v. cliché de la notice du fr. 835) et dans le ms. fr. 848, désigner
l’emplacement de l’enluminure en écrivant en toutes petites lettres le mot ycy
(v. cliché dans la notice {14}).
Dans plusieurs manuscrits, X met une dernière main sur le texte au moment
du bouclage : ainsi, quel que soit le copiste, c’est X qui ajoute sur un feuillet de
garde la rubrique liminaire dans les deux premiers exemplaires de l’Advision
Cristine (BnF, fr. 1176 {39} et KBR 10309 {40}), ainsi que les trois premiers
exemplaires du Corps de policie (Chantilly, Bibl. du Château, 294 {45}, BnF,

35 Par exemple, Besançon, BM, 423, f. 73d, prép. de corr. q(ua)nt en m/p ; BnF, fr. 5025, f. 72r (voir
photo dans la notice du ms.) ; Harley MS 4431, f. 115b, prép. de corr. du dernier vers du texte 43,
Que tart venir au repentir :

© Londres, BL
BnF, fr. 1176, f. 58r, prép. de corr. en m/p et rajout interlinéaire de boece :

© Paris, BnF
36 V. notice correspondante.
Introduction générale 31

fr. 1197 {46} et Arsenal 2681 {47}). X inscrit aussi une rubrique nouvelle au
début de la IVe partie de la Mutacion ex-Phillipps 207 (f. 54a), dans une colonne
qui autrement serait restée vide ; aucun autre exemplaire de la Mutacion ne
présente cette rubrique37.
Toutefois, X nest pas la seule main qui agit avec autorité dans les manuscrits
de Christine de Pizan, comme on le verra plus loin.
Or, notre examen systématique des manuscrits de Christine eut tôt fait
d’attirer notre attention sur différentes inscriptions cursives, de différentes
mains, mais surtout d’une main prédominante, dans la quasi totalité des
manuscrits. Les plus évidentes d’entre elles étaient des préparations de
rubrique que leur présence dans des manuscrits copiés respectivement par R, P
et X permit d’identifier comme l’écriture cursive plus ou moins hâtive de ces
trois copistes ; on leur attribua donc les sigles R’, P’ et X’38. Mais leurs rôles
n’étaient pas symétriques : c’est X’ qui faisait le plus grand nombre
d’interventions et qui exécutait la plus grande variété de tâches.
Le rôle de R’ et P’, par contre, est clairement circonscrit et se limite à des
préparations de rubrique que l’on voit ponctuellement dans des manuscrits
copiés respectivement par les mains R et P. Les préparations de rubrique sont
relativement rares dans les manuscrits, car elles sont destinées à disparaître, soit
par grattage, soit sous le massicot du relieur. Pour cette raison, elles sont
inscrites dans les marges d’une écriture moins soignée et plus petite que celle du
texte, et sont destinées aux seuls yeux du copiste, qui s’en servira pour insérer
les rubriques dans l’espace réservé à cette fin quand il passera à l’encre rouge.
Pour P’, les préparations de rubrique sont peu nombreuses et se limitent à
quelques interventions lisibles dans les mss BnF, fr. 1178 {35}39 et Munich,
BSB, Cod. gall. 11 {26}40. Plus petite et moins soignée que la main P, l’écriture
P’ porte quand même une certaine ressemblance à P dans sa tendance dansante
et son aspect arrondi.

BnF, fr. 1178, f. 31v (prép. de rubrique P’ ; rubrique P) © Paris, BnF

37 V. notice correspondante.
38 On parle déjà de X’ dans Ouy et Reno 1980 ; v. aussi Reno et Ouy 2002.
39 Ff. 31v, 87v et 95v. Le ms. porte des traces de préparations de rubrique à presque chaque feuillet,
mais elles ne sont pas très lisibles.
40 Ff. 49r, 50r, 55r-v, 57v et 68r.
32 Introduction générale

De la main rapide R’, on a plus d’échantillons, notamment dans deux


manuscrits du Charles V copiés par R, Modène, BE, α.N.8.7 {28}41 et BnF,
fr. 10153 {27}, où l’on voit toute une série de préparations de rubrique plus ou
moins intactes qui s’échelonnent du chap. III, 13 jusqu’à la fin du manuscrit.
L’écriture semi-cursive rapide du copiste R a moins de raideur que son écriture
calligraphique, mais on y remarque le même soin, la même tendance à la
régularité.

Modène, BE, α.N.8.7, f. 103v (rubrique de R et prép. de rubr. R’) © Modène, BE


Par contre, la main X’ paraît à première vue très différente de X, mais en
l’examinant de près, on remarque des similitudes dans le r final, dans les lettres
plongeantes (f, p, s long) et l’arc descendant gracieux du x, ainsi que la tendance
à prolonger la barre du t, surtout en fin de ligne.

Ex-Phillipps 128, f. 17r, note marginale (ce qui s’ensuit acorde a / sainte escripture aux p(ro)ph[eties]
/ merlin / de sebille / de jehan [sur] / le temps avenir Main X’) et f. 61r ajout (premieres Main X’)

41 Quelques échantillons seulement, entre les ff. 79 et 103v.


Introduction générale 33

BnF, fr. 1643, f. 51v (dessus Main X’) et KBR 9508, f. 51v (bons Main X’)
© Paris, Bnf et Bruxelles, KBR

Bruxelles, KBR, 9508, f. 148r


Londres, BL, Harley 4431, ff. 286v, 253r (Main X) © Bruxelles, KBR et Londres, BL

Dans certaines situations, surtout en fin de ligne et dans les refrains, on a


l’impression de voir la main X évoluer en X’.

Londres, BL, Harley MS 4431, ff. 11r et 12r (refrains) © Londres, BL


Comme c’était le cas pour P’ et R’, on voit la main X’ à l’œuvre dans une
préparation de rubrique d’un manuscrit copié par X, BnF, fr. 1176 {39}, ainsi
que dans des préparations de rubriques ajoutées par la main X dans le ms. BnF,
nafr. 25636 {43}42. Cependant, les liens entre ces deux mains sont beaucoup
plus nombreux que ceux qu’on peut constater dans le cas de P-P’ et R-R’. Car
dans six manuscrits copiés par X, on relève des réclames de l’écriture rapide
X’ : BnF, fr. 1176 {39} ; BnF, nafr. 4792 {51} ; Londres, BL, Harley
MS 4431 {12-13} ; KBR 9508 {22} ; Chantilly, Bibl. du Château 492 {1}. Ces
réclames, dont l’écriture plus ou moins rapide tranche avec l’écriture soignée du
texte, indiquent le rôle fonctionnel de cet élément, qui aide le copiste à
maintenir les cahiers en ordre.

42 V. notices de ces mss.


34 Introduction générale

BnF, fr. 1176, ff. 8v-9a

BnF, fr. 1176, ff. 32v-33r

BnF, fr. 1176, ff. 40v-41r

BnF, fr. 1176, ff. 72v-73r

KBR 9508, ff. 9v-10r

KBR 9508, ff. 17v-18r


Introduction générale 35

KBR 9508, ff. 41v-42r

KBR 9508, ff. 89v-90r

KBR 9508, ff. 145v-146r © Bruxelles, KBR

Londres, BL, Harley MS 4431, ff. 165v – 166r

Londres, BL, Harley MS 4431, ff. 173v – 174r

Londres, BL, Harley MS 4431, ff. 209v – 210r


© Londres, BL

L’écriture X’ ne se limite pas à des préparations de rubrique et à des


réclames. On voit X’ à l’œuvre aussi, et surtout, dans des corrections et des
préparations de correction dans pratiquement tous les manuscrits originaux de
Christine.
Pour ce qui concerne les préparations de correction, la plupart ont été
effacées, comme il se devait. On en trouve toutefois, de la main X’, dans la
majorité des textes transcrits par X, R et P.
36 Introduction générale

Paris, BnF, fr. 1178, f. 108r (prép. de corr. X’ ; corr. P : avoir) © Paris, BnF

Paris, Ars., 2686, f. 68v (prép. de corr. X’ : assient) © Paris, BnF

BnF, fr. 5025, f. 94r (2 prép. de corr. X’ et 2 corr. X) © Paris, BnF

Boston, PL, fr. Med. 101, f. 71v (prép. de corr. X’) © Boston, PL

Boston, PL, fr. Med. 101, f. 32v (prép. de corr. X’) © Boston, PL
L’écriture X’ se voit aussi dans des modifications et corrections, faites sans
doute rapidement, dans la plupart des manuscrits originaux.
Introduction générale 37

Paris, BnF, fr. 1176, f. 36v (ment aj., Main X’) © Paris, BnF
Et tout comme X, X’ remplit le rôle de régisseur des opérations : dans le
fr. 1197 {46}, c’est X’ qui donne la consigne, visible aux ultraviolets, de laisser
plus de place aux rubriques (f. 54r, v. photo dans la notice du ms.). Dans le
fr. 1643 {21}, un exemplaire du Chemin de lonc estude, X’ inscrit une série de
notes marginales visant une édition de luxe qui aurait comporté seize
enluminures, dépassant de loin les exemplaires les plus richement illustrés qui
nous sont parvenus43. Néanmoins, c’est dans le ms. ex-Phillipps 128 {41}, le
seul exemplaire de l’Advision Cristine, que l’écriture X’ se révèle le plus
indiscutablement comme étant celle de l’auteur. Là, une autre série de notes
marginales qui résument le contenu des premiers chapitres a clairement servi
d’aide-mémoire pour la composition de la préface-glose ajoutée au manuscrit44.

Ex-Phillipps 128, f. 7v

Ex-Phillipps 128, f. 17r

Au vu des exemples présentés, il apparaît que les mains X et X’, qui font
preuve d’autorité dans les manuscrits originaux, ont des rôles interchangeables
sur le plan codicologique et qu’elles présentent des ressemblances sur le plan
paléographique. Dès lors, il faut conclure que X et X’ sont une seule et même
main, celle de Christine de Pizan.
43 V. notice de ce ms., Ouy et Reno 1980 et Ouy et Reno 2000.
44 V. Ouy et Reno 1980 et Reno 1992.
38 Introduction générale

À l’instar de ses contemporains qui se servaient de différents styles


d’écriture selon la circonstance45 et tout comme ses collaborateurs P et R (qui
employaient dans les préparations de rubriques une écriture moins soignée que
celle qu’ils réservaient pour la transcription des textes), Christine de Pizan usait
donc d’une cursive calligraphique modelée sur la cursive de chancellerie pour la
transcription des textes, et d’une cursive rapide acérée pour des éléments
paratextuels : surtout des préparations de correction et des notes marginales
destinées à disparaître, mais aussi certaines réclames et certains ajouts faits
rapidement sans grattage.

45 V. par exemple Gasparri 1994, p. 125, Champion 1910, t. 2, Dupont Ferrier 1897, p. 44.
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

…l’onor di quell’arte ch’alluminar chiamata è in Parisi


Dante, Purgatoire, XI, 80-81

Sous le nom d’enlumineur cohabitent deux métiers1 : celui d’ornemaniste,


comme Anastaise évoquée au livre I de la Cité des dames, dont plusieurs
représentants faisaient aussi profession de copiste, tels Geoffroy Chose ou
Robin des Fontaines, enlumineurs et escrivains2 ; et celui de peintre d’images (dites
histoires) comme Antoine de Compiègne3, également appelé illuminator librorum,
mais qui pouvait à l’occasion se recruter parmi les peintres de chevalet, tel le
fameux Jacques Cœne mentionné dans le Liber colorum de l’humaniste Jean
Lebègue4. L’importance de la commande à Paris et la productivité des ateliers
de la ville tendaient à en faire deux activités distinctes, alors qu’elles se
confondent dans d’autres centres de production comme Bologne. Pour autant,
il arrivait encore que le même maître réalisa à la fois les lettres ornées, les
bordures et les images. C’est le cas en 1382 lorsque Joachim Troislivres peint
les histoires et les lettrines d’or et d’azur d’un missel destiné au collège de
Dormans ; et en 1399, lorsque Jean de Jouy, enlumineur de livres, dote les
nouvelles Heures de la reine de vingt histoires, vingt vignettes et 3000 versets5. La
répartition du travail entre peintre d’histoires et ornemaniste semble d’autant
moins constante que le second pouvait parfois prendre en charge les fonds
décoratifs ou champaignes desdites histoires. Il nous faudra pourtant les considérer
séparément, car l’image figurative et l’ornement codifié sont des domaines trop
dissemblables pour y reconnaître d’emblée une même main à l’œuvre.

1 V. Durrieu 1910, qu’il faut nuancer.


2 « A Gieffroy Chose, escrivain et enlumineur demourant à Paris, pour avoir fait ès Heures de la
royne pluseurs vingnettes et lettres d’or et d’azur et de pluseurs autres fines couleurs, pour ce à lui
paié ledit 20e jour de décembre 1397, 4 liv. 2 s.p. », cité dans Vallet de Viriville 1858, p. 679.
3 Villela-Petit 2009.
4 Villela-Petit 1995. V. aussi I. Villela-Petit, « Maîtres peintres et enlumineurs : identités incertaines »,
dans Paris 1400, p. 203.
5 Rouse et Rouse 2000, vol. 2, p. 90 et p. 75. Nous reviendrons plus loin sur ces termes.
40 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

À la fin du XIVe siècle, deux modes d’ornementation de la page prévalaient


dans les ateliers parisiens : la lettrine filigranée ou lettre floretée, et la lettrine et les
bordures à vigneture ou enluminées à vignettes. Les tout premiers recueils de
Christine de Pizan (Chantilly, Bibl. du Château, 492-493 {1-2} et Paris, BnF,
fr. 12779 {3}), ainsi que les premiers exemplaires du Debat de deux amans (BnF,
fr. 1740 {15}) et du Chemin de lonc estude (Bruxelles, KBR, 10983 {18}), suivent
encore la tradition des filigranes6. Ses autres manuscrits seront ornés de
vignetures plus ou moins fleuries7. L’acanthe, qui apparaît à Paris dans la
première décennie du XVe siècle8, ne se rencontre que très ponctuellement dans
cette production, au frontispice du Recueil de la Reine9 (Londres, BL, MS
Harley 4431, vol. 1, f. 3r {12}).
On signalera toutefois l’emploi ponctuel de la vigneture dans un manuscrit à
filigranes, pour mettre en valeur l’image de l’Oroison Nostre Dame (BnF,
fr. 12779, f. 154 {3}). Le cadre est en effet orné de brins de vigne à l’encre
noire sur simple fil à crochets et feuilles or, tandis que des ronds d’or à quatre
crochets complètent le décor de vigne. Ceci pose question : le filigrane et la
vigneture étaient-ils pratiqués par des spécialistes distincts dans le contexte
d’une spécialisation très poussée du métier ? – l’enlumineur Robin Quelin porte
ainsi le titre de faiseur de vignettes10. Ou n’étaient-ce pas plutôt deux modes
d’expression employés selon les besoins par un même ornemaniste, comme les
différents styles d’écriture maîtrisés par un copiste ? En d’autres termes, ce
spécialiste du filigrane qu’est l’ornemaniste du fr. 12779 est-il aussi l’auteur des
brins de vigneture du f. 154r ? Parmi les manuscrits de Christine, deux
seulement font intervenir les deux modes (BnF, fr. 12779 et Bruxelles, KBR,
10983), mais leur association est courante dans l’enluminure parisienne de la fin
du XIVe siècle, où elle contribue à la gradation des lettrines11.

6 Stirnemann 1990.
7 Villela-Petit 2008.
8 Hofmann 2007.
9 Paris 1400, n° 55, pp. 125-126.
10 Rouse et Rouse 2000, vol. 2, p. 133. De même, on distingue parfois parmi les copistes, les
escripvains de lettre de fourme et les escripvains de lettre courant.
11 Ainsi dans la Bible historiale du dauphin Charles datée de 1357 (Londres, BL, Royal 17 E VII), où
celles de 6 lignes sont à vignetures tandis que le titre courant et les petites lettrines d’une ligne sont
filigranés ; ou dans l’exemplaire de dédicace du Songe du vergier daté de 1378 (Londres, BL, Royal 19
C IV), où les grandes lettrines de 6 à 10 lignes et plus sont à vigneture, les lettrines de 3 lignes à
filigranes.
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 41

BnF, fr. 12779, f. 154r (brins de vigne autour du cadre) : filigraneur aux lys losangés ?
Notons enfin que les lettres champies, c’est-à-dire d’or bruni sur fond de
couleur, peuvent être associées aux deux modes et complètent la hiérarchie de
lettrines qui structure le texte. Elles sont généralement au bas de l’échelle, juste
au-dessus des pieds-de-mouche. Mais on trouve aussi de grandes lettrines
champies, soit dans des manuscrits plus modestes12, soit comme substituts aux
lettrines à filigranes ou à vigneture (BnF, nafr. 25636 {43}). Pour les initiales
simples, c’est cependant l’alternance de rouge et de bleu qui prévaut,
interrompue de temps à autre par l’or et les ornements des grandes lettrines en
tête de chapitre. Ce choix de couleurs s’était imposé de longue date, ainsi dans
les comptes de Mahaut d’Artois pour la réalisation d’un exemplaire des Grandes
Chroniques de France en 1305 : « pour enluminer ledit livre de vermillon et d’asur,
xx s. ; pour xl lettres d’or à commencemens des istores faire et enluminer,
iii l. x s. »13.
Il est vraisemblable que le système ornemental retenu était en partie fixé à la
commande. Le nombre de chapitres d’un texte donné et les espaces laissés
libres par le copiste déterminent d’emblée le nombre et les dimensions des
lettrines, mais comme on le voit ci-dessus, certains contrats conservés stipulent

12 Un recueil astrologique parisien réalisé entre 1393 et 1395 (Lyon, BM, 328) débute par une lettre
champie de 6 lignes associée à des brins de vigne.
13 Cité dans Rouse et Rouse 2000, vol. 2, p. 172. Voir aussi de nombreuses mentions dans le
« Biographical Register », pp. 11-142.
42 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

en outre leurs couleurs, les pigments à employer, et parfois le type de décor.


Ainsi, en 1398, pour un livre d’heures enluminées d’or et d’azur à vignette et l’année
suivante pour un missel : « et seront les grosses lettres tournées d’azour et de
vermillon, et devront estre les grosses lettres des bonnes fêtes d’or floretées »14,
probablement des lettrines filigranées. Les comptes de la reine Isabeau de
Bavière mentionnent en 1398 des paiements au copiste et enlumineur Robin
des Fontaines pour différents types de lettrines à vigneture, hiérarchisées
comme suit15 : des vingnetes à baston au prix de 2 sous parisis chacune (soit 24
deniers pièce), des vingnetes simples ou carrées à 12 deniers parisis pièce, et des
versets à 6 sous les cent (soit moins d’un denier pièce). Le mot versets paraît se
référer aux initiales bleues et rouges (d’azur et de vermeillon) ou parfois bleues et
or alternativement, et peut-être aux pieds-de-mouche ; vingnetes, aux lettrines
d’où partent des rinceaux de vigne, plutôt qu’aux bordures proprement dites ; et
vingnètes à baston, les plus onéreuses, aux lettrines reliées à une baguette.
Mesurées en interlignes ou lineæ16, les lettrines, payées à la pièce pour les
grandes, par lots pour les petites17, servent de base pour le compte. Mais sans
doute le commanditaire, a fortiori lorsqu’il s’agit de Christine de Pizan, avait-il
également un avis à donner sur l’encadrement du frontispice et la richesse des
bordures, pour peu qu’il en eût les moyens financiers…
Christine manifeste en tout cas une parfaite maîtrise du vocabulaire
afférent :
mais a propos de ce que vous dittes de femmes expertes en la science de
painterie, je congnois aujourd’uy une femme que on appelle Anastaise qui tant
est experte et apprise a faire vigneteurres d’enlumineure en livres et champaignes
d’istoires qu’il n’est mencion d’ouvrier en la ville de Paris ou sont les souverains
du monde qui point l’en passe ne qui aussi doulcettement face fleuretieure et menu
ouvraige que elle fait et ne de qui on ait plus chier la besoingne, tant soit le livre
riche ou chier que on a d’elle qui finer en puet, et ce sçay je par experience car

14 Contrats passés avec Jean Demolin, escripvain de forme à Dijon, cités par Alexander 1992, p. 180.
15 Vallet de Viriville 1858, p. 20.
16 Un contrat pour l’enluminure d’un psautier, passé à York en 1346 avec le scriptor Robert Brekeling,
précise ainsi : « Et idem Robertus luminabit omnes psalmos de grossis literis aureis positis in
coloribus, et omnes grossas literas de ympnario et collectario luminabit de auro et vermilione
praeter grossas literas duplicium festorum, quæ erunt sicut grossæ litteræ aureæ sunt in psalterio. Et
omnes literæ in principiis versuum erunt luminatæ de azuro et vermilione bonis, et omnes literæ in
inceptione nocturnorum erunt grossæ literæ […] continentes v lineas, sed ‘Beatus vir’ et ‘Dixit
Dominus’ continebunt vi vel vii lineas » (cité dans Alexander 1992, p. 179).
17 Un contrat de 1448 entre l’évêque Jean Rolin et le Lyonnais Jean « de Planis », illuminator librorum,
stipule que l’enlumineur et ornemaniste, qui ici ne font qu’un, enluminera un missel « cum historiis
opportunis ac litteris capitularibus [les lettrines] de auro puro et fino in campo diversificato et
pertito de lazulo d’Acre [lapis-lazuli] et rosa… et precio quamlibet historiam quindecim grossorum,
et quodlibet centenarium litterarum capitalium predictarum precio unius scuti auri » (Ibidem,
pp. 180-181).
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 43

pour moy meesmes a ouvré aucunes choses qui sont tenues singulieres entre les
vignettes des autres grans ouvriers18.
Il est donc fait ici mention de la vigneture ou décor de rinceaux de vigne, et
des vignettes, lettrines à vigneture ; de fins décors et de fleureture, au sens de
filigranes ou éventuellement de rinceaux fleuris ; et de champagnes, fonds
décoratifs des histoires ou images.
Au total, Anastaise mise à part, près d’une douzaine de mains d’enlumineurs
ornemanistes sont identifiables, que nous tenterons de caractériser en dégageant
leurs habitus et motifs les plus significatifs. Pour plus de commodité, nous leur
avons donné des noms de convention. La répartition cependant s’est parfois
révélée ardue, parce que leur manière a pu évoluer dans le temps, parce qu’ils
s’adaptaient à la commande et pouvaient suivre des schémas décoratifs
préétablis, parce qu’ils ont pu s’influencer les uns les autres ou puiser aux
mêmes sources, parce que leur répertoire de formes largement partagé constitue
une koinè (le décor parisien « classique » du début du XVe siècle), enfin parce
que, selon les manuscrits ou les feuillets, ils pouvaient ne faire usage que d’une
sélection de leurs motifs habituels. Certains appliquent même deux modes
différents, riche pour le frontispice, sobre pour les autres pages à décor. Les
exemplaires réalisés en série par un même atelier tendent à reproduire un
schéma de composition ornementale, éventuellement déterminé par un
exemplar, de sorte que leur plus ou moins grande similitude fournit aussi des
indices sur la chronologie relative de la production. Les manuscrits originaux de
Christine de Pizan constituent déjà un corpus fourni et difficile à appréhender
en une fois, mais les travaux de « ses » ornemanistes s’étendent bien au-delà et
chacun mériterait une étude à lui seul. Les rapprochements, qui ne seront ici
qu’ébauchés, avec des manuscrits non-christiniens tendraient en effet à prouver
qu’aucun ornemaniste ne fut à son service exclusif et qu’elle passait contrat avec
des ateliers indépendants. La question toutefois reste posée de savoir si l’une ou
l’autre des mains de copistes s’adonnait occasionnellement à l’ornement : des
cadelures aux filigranes, il n’y a pas toujours très loin.

1. Filigranes
L’initiale filigranée consiste en une lettre entourée d’un décor filiforme exécuté
à la plume. Sa typologie a évolué depuis le XIIe siècle, pour aboutir vers 1400 à
un mode codifié, mais peu inventif en comparaison de l’art raffiné du
filigraneur Jacquet Maci quelque cinquante ans plus tôt19. Les filigranes sont
alors souvent limités à deux couleurs d’encre : le rouge vermillon associé aux
initiales bleu vif, et le bleu indigo, qui est un bleu sombre, ou le noir aux
18 Pour une discussion de ce célèbre passage de la Cité des dames, ici d’après BnF, fr. 24293, f. 56, voir
Villela-Petit 2008.
19 Avril 1971.
44 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

initiales rouges. La stricte alternance des lettres bleues et rouges est perçue
comme une nécessité pour faciliter la lecture ; en revanche, leur association
avec des filigranes de la couleur opposée relève plutôt d’une règle esthétique,
encore qu’elle les fasse mieux ressortir par effet de contraste.

KBR 10983, f. 40 (A bleu) et f. 26v (A rouge) :


filigraneur aux lys losangés © Bruxelles, KBR

1.1. Filigraneur aux lys losangés


Dans l’ornement des grandes lettrines du filigraneur aux lys losangés, premier
ornemaniste employé par Christine de Pizan, les deux couleurs de filigrane
s’entremêlent, par exemple dans le Debat de deux amans (BnF, fr. 1740, f. 1r
{15}). Le corps de la lettre proprement dite est systématiquement bicolore,
parti en façon d’une lettre puzzle, en or (souvent effrité) et bleu vif de lapis-
lazuli. La partie or tend à se prolonger vers la marge pour se terminer en trèfles
ou rejoindre une hampe. La panse de la lettre reçoit un remplissage d’« œufs de
grenouille », faits de petits cercles ou lobes pointés dans la couleur alterne,
regroupés en façon de palmettes. Ce même motif d’œufs de grenouille
s’agglutine au pourtour de la lettre. Il est complété par des fioritures plus légères
faites de lignes ondulées, de virgules et de gouttes, et par des antennes lancées
vers la marge, elles-mêmes doublées de fioritures et terminées en vrille.
C’est dans le recueil Paris, BnF, fr. 12779 {3} que le filigraneur aux lys
losangés déploie son répertoire, mais toujours dans un style rapide et bâclé :
frises d’oves remplaçant les œufs par endroit, tige portant trois feuilles-gouttes,
fleurette isolée, vrilles partant d’un tortillon, et les traditionnelles bandes de J
(ff. 1r, 72r, 90r, 149v et 154r) et bandes de demi-lys (ff. 77v, 106v, 107v, 157r et
157v), bleus et or alternés le long d’une hampe dorée. La forme losangée de la
demi-fleur de lys est assez caractéristique. Peut-être alors en fin de carrière, ce
filigraneur semble avoir exercé dans le dernier quart du XIVe siècle : un
exemplaire du Compendium Bonaventurae du franciscain Pierre Oriol portant les
armoiries du chancelier Pierre Lorfèvre (Paris, Bibl. Mazarine, 318) le montre à
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 45

son meilleur. Ce dernier manuscrit est de la main du copiste breton Henri


Bossec, actif à Paris dans la seconde moitié du XIVe siècle20. Il signe également
un exemplaire des Postilla in Bibliam de la bibliothèque du chancelier (Paris,
Bibl. Sainte Geneviève, ms. 34-36), décoré vers 1380-1395 dans le style de
l’atelier « aux échancrures » auquel nous attribuons le frontispice du
ms. Bruxelles, KBR, 10983, ce qui irait dans le sens d’une identité du filigraneur
et du faiseur de vignettes. On ne sait s’il faut l’identifier avec Henri Bossec lui-
même21.

BnF, fr. 1740, f. 1 (lettre P partie) et BnF, fr. 12779, f. 157v (lettre M partie et bande de demi-
lys) : filigraneur aux lys losangés
De fait, le style et le vocabulaire ornemental du filigraneur aux lys losangés
se retrouvent en une version plus soignée dans les lettres filigranées du Chemin
de lonc estude (Bruxelles, KBR, 10983 {8}). Enfin, il apparaît dans le recueil de
Chantilly, du moins dans la première partie de celui-ci (Bibl. du Château, 492,
ff. 2 à 161 {1}). Le manuscrit n’est cependant pas homogène et les ruptures
dans sa décoration suggèrent trois périodes successives.

20 V. « Histoire d’une collection », dans D. Nebbiai, H. Loyau, P. Barasc et C. Gadrat (éd.), Des
armoiries et des livres. Les manuscrits de Pierre Lorfèvre, Paris – Orléans (IRHT), 2010, disponible en
ligne : http://lorfevre.irht.cnrs.fr/histoire_dune_collection.html.
21 Le copiste était natif de Tréfranc au diocèse de Cornouaille, d’après les mentions des Postilles du
ms. Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, 35, f. 337r : « H. Bossec, diocessi Cornubie natus villula vocata
Tresfranc », et 36, en breton, f. 299v : « Henri Bossec alavar mar car doe me ambezo avantur mat
ha quarzr » [H.B. dit, si Dieu veut, j’aurai aventure bonne et belle] et f. 261v : « Henri Bossec
ascruivas aman » [H.B. a écrit ici], v. Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles
Lettres, 66 (1922), pp. 208-209, et n° 5, pp. 409-411.
46 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

BnF, fr. 12779, f. 72 (lettre A partie et bande de J) : filigraneur aux lys losangés

1.2. Filigraneur aux couleurs insolites


Aux « lys losangés » succède d’abord un ornemaniste plus précis qui use de
filigranes d’un noir appuyé et d’un orangé couleur de minium, répartis suivant
les deux moitiés du S (Chantilly, Bibl. du Château, 492, f. 164r {1}), seule
lettrine qu’il réalise. Les antennes et les feuilles-gouttes lui donnent une
chevelure vaporeuse, tandis que les œufs de grenouille qui en constituent le
remplissage sont regroupés pour former comme le plumage de deux ailes
d’oiseau22. L’un des traits d’encadrement de la lettre se termine en petit lancé
bordé de menus cercles. Mais l’intervention de ce filigraneur intermédiaire reste
trop fugace pour le définir plus précisément à partir de ce seul manuscrit.

22 Ce motif en ailes d’oiseau n’est toutefois pas nouveau, ainsi un S bleu filigrané de rouge dans le
Songe du vergier, Londres, BL, Royal 19 C IV, f. 6r.
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 47

Chantilly, 492, f. 164 (lettre S partie) : filigraneur aux couleurs insolites


© Chantilly, Bibl. du Château
Plus significatif est le travail du filigraneur aux couleurs insolites dans un
recueil de romans courtois (Paris, BnF, fr. 340) dont il a réalisé une partie du
décor. On y retrouve des filigranes
d’un dessin équilibré en des
assortiments de couleur originaux,
dont le trait appuyé contraste avec les
fioritures légères sans grands lancés,
sauf ce trait d’encadrement qui se
prolonge lui-même en lancé. Les
lettrines filigranées assez effilées sont
ici plutôt monochromes, et associées à
des brins de vigne ornant
l’encadrement des images (par ex., f.
173v).

Tristan, BnF, fr. 340, f. 173v (lettrine C et


brins) : filigraneur aux couleurs insolites
© Paris, BnF
48 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

1.3. Filigraneur aux lys courbes


Proche du premier filigraneur aux lys mais néanmoins distinct, un « filigraneur
aux lys courbes » complète le manuscrit de Chantilly (Bibl. du Château, 492,
f. 166 et suiv. {1}). On le retrouve à l’œuvre dans la totalité du second volume
(Bibl. du Château, 493 {2}). Ses lettrines parties sont systématiquement
pourvues d’une hampe d’or présentant une solution de continuité avec le corps
de la lettre, voire nettement disjointe et décalée. Cette hampe est bordée de
demi-lys bleus et or alternés. Outre la forme des grands lys, ce style ornemental
se caractérise par le plan carré des lettrines, les vrilles qui les hérissent et les
fleurettes intersticielles, l’absence de lancés, une alternance rigoureuse de
couleurs et des fioritures en façon de brins feuillés de petits ronds qui doublent
les lys. Ce filigraneur n’est pas des moindres, puisque celui à qui est revenu le
soin de réaliser les milliers de lettrines de la Bible moralisée de Philippe le Hardi
enluminée par les Limbourg (Paris, BnF, fr. 166) est apparenté à son style, mais
cette fois sans lys courbes. On les retrouve en revanche, avec toutes les
caractéristiques de l’ornemaniste aux lys courbes, dans les volumes d’un
exemplaire des Grandes Chroniques de France (Londres, BL, Sloane 2433),
enluminés par le Maître de l’Ovide moralisé, et dans le manuscrit éponyme de
celui-ci (Ovide moralisé, BnF, fr. 373).

Chantilly, Bibl. du Château, 493, f. 190r (lettre A partie et bande de demi-lys) :


filigraneur aux lys courbes © Chantilly, Bibl. du Château
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 49

2. Vignetures
La vigneture est un décor de rinceaux à feuilles de vigne (vitis vinifera) ou de
lierre (hedera helix) qui remplit les lettrines et, telle une plante grimpante, envahit
les marges des pages frontispice des manuscrits parisiens, mais toujours sans
grappes de raisin. Lierre et vigne semblent n’être d’ailleurs que deux états de la
croissance du feuillage : feuilles juvéniles triangulaires, ou feuilles à maturité
bien découpées. Les principes de ce décor sont, vers 1400, parfaitement
codifiés : deux types de rinceaux sont employés concurremment ou
simultanément, qui ont chacun leurs caractères propres. Les rinceaux de vigne
sur simple fil rappellent le filigrane par leur dessin à l’encre noire. Ils portent
des vrilles entre les feuilles comme la vigne véritable. Les feuilles sont souvent
d’or en sorte que ce mode, dans sa version la plus simple, est bicolore : noir et
or. La vigne sur fil est employée en prolongement des lettrines, en décor de
marge et parfois, sous forme de brins, pour orner le cadre des peintures. Les
rinceaux sur tige, quant à eux, portent des feuilles rouge-rose, bleues ou or sur
une tige bleue ou rose, en un mode plus coloré, dont le dessin est cerné à
l’encre noire. Entre les feuilles apparaissent non des vrilles mais des écots. La
vigne sur tige sert au décor des marges et à remplir la panse des lettrines.
L’association entre fil et vrilles d’une part, tige et écots de l’autre est
systématique et ne souffre pas d’interversion. Bien que non écrite, cette règle
esthétique paraît donc impérative. Une autre règle, s’appliquant au remplissage
des lettrines, voudrait qu’à une lettre bleue soient associées des tiges roses et
des feuilles bleues et or ; à une lettre rose, des tiges bleues et des feuilles roses et
or, mais elle est d’usage moins strict.
Enfin, deux types de baguettes servent de support et de tuteur à la vigne,
tout en formant l’encadrement de la page : de fines baguettes d’or cernées de
noir et doublées d’une tige et des baguettes larges composées de sections roses
et bleues alternées, séparées par des tampons d’or bruni, et elles aussi cernées et
doublées par une tige bicolore que souligne un filet blanc, semblable aux tiges
de la vigneture proprement dite. Rinceaux et brins de vigne sur fil et sur tige
prennent naissance indifféremment sur l’un ou l’autre type. Les baguettes
larges, de même que le corps des lettrines, sont agrémentées de frises et de
motifs divers dessinés en blanc sur le fond rose ou bleu, ce qui ne se rencontre
pas sur les lettres parties accompagnant le décor à filigranes, où le bleu est
d’azur plain. D’une lettrine à l’autre, les fioritures blanches semblent reproduire
des patrons ou se conformer de façon répétitive à un alphabet prototype, si
bien que les S seront surchargés des mêmes lignes dentelées, les jambes des A
des mêmes motifs en étoile, que ce soit dans un même manuscrit, dans l’œuvre
d’un ornemaniste, voire de plusieurs remontant à une formation commune ou
50 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

aux mêmes sources. Le praticien garde cependant toute latitude pour changer
de modèle ou faire œuvre originale.

BnF, fr. 1188, f. 68v (O, vigneture sur fil) et f. 46v (A, vigneture sur tige) :
atelier aux échancrures
Parmi les praticiens de la vigneture, deux seulement, l’atelier aux échancrures et
l’ornemaniste « aux brins de fantaisie », furent au service de Christine de Pizan
avant la mention d’Anastaise dans la Cité des dames en 1405, qui pour moy meesmes
a ouvré aucunes choses qui sont tenues singulieres entre les vignettes des autres grans ouvriers23.
Déterminer le plus féminin des deux est un exercice de subjectivité, mais après
bien des hésitations, force est de reconnaître que le décor « fleur bleue » du
second peut à plus juste titre être considéré singulier24.

23 Le Chemin de lonc estude Paris, BnF, fr. 1643 {21} est un cas particulier, car il ne semble pas avoir été
directement produit sous la direction de Christine et son décor, plus proche de l’atelier de Pierre
Gilbert et de l’ornemaniste « à la résille », est peut-être légèrement postérieur.
24 Nous avions d’abord penché pour l’ornemaniste de l’Epistre Othea BnF, fr. 848 {14}, qui porte à la
perfection le style « aux échancrures », v. Villela-Petit 2008.
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 51

2.1. Atelier aux échancrures

Psautier de Jean de Berry, BnF, fr. 13091, f. 7v (vigneture) : atelier aux échancrures, Main « A »
© Paris, BnF

Le premier atelier à pratiquer la vigneture au service de Christine de Pizan est


formé de praticiens d’un style sobre et classique, qui trouvera son
prolongement dans le style « à la vigne d’or ». Déjà actif à la fin du XIVe siècle,
cet atelier s’apparente aux ornemanistes du Psautier de Jean de Berry (Paris,
BnF, fr. 13091) étudiés par Susie Nash, qui distingue à juste titre deux mains25.
Les rinceaux de vigne de la main « A », issus d’appendices losangés et dessinés
d’un trait appuyé, portent de larges feuilles ; ceux de la main « B », issus
d’appendices en forme de chenille et dessinés d’un trait léger, portent un
feuillage menu. Un troche de trois ou quatre ronds d’or peut faire figure de
marque de fabrique de cette dernière ; la main « A » a sa propre marque sous la
forme d’un alignement de deux ou trois ronds d’or libres agrémentés d’une
vrille vers la marge, mais elle est moins systématique et ne se rencontre guère en
dehors du Psautier. Le répertoire cependant est largement partagé et les
principes généraux de composition sont les mêmes, ce qui témoigne d’une
formation commune et d’une collaboration étroite, dont le Psautier est

25 Nash 2007, pp. 136-140.


52 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

d’ailleurs la preuve. Les baguettes larges faites de tronçons alternés roses et


bleus à fioritures blanches sont marquées par des échancrures concaves aux
points de jonction avec la lettrine, les fleurons, ou pour épouser une ligne de
texte un peu trop longue. Les articulations entre les baguettes s’ornent d’un
enroulement de vigne sur fond d’or et sont hérissées de piquants, tout comme
les fleurons d’angle et les excroissances en forme de demi-palmette. Au
demeurant, tous les éléments de ces compositions étaient déjà employés par
différents ornemanistes dans l’enluminure parisienne des années 137026.
Quoique dépourvu de baguettes, le premier manuscrit de Christine de Pizan
orné dans ce style, l’Epistre Othea de 1400 (BnF, fr. 848), présente des
caractéristiques plus particulières à la main « A », mais aussi le trio de ronds d’or
de la main « B » dont l’un n’a pas été peint. De la première, S. Nash rapproche
deux autres manuscrits du duc de Berry, les Petites Heures (BnF, lat. 18014) et les
Tres Belles Heures de Notre Dame (BnF, lat. 3093), sans que les ornemanistes en
soient nécessairement identiques. Il faut d’ailleurs noter que, bien qu’il n’ait pas
été réalisé sous la supervision de Christine de Pizan, le recueil BnF, fr. 580 {36}
où s’insère son Epistre à la reine, est décoré vers 1405 par la même main que les
Tres Belles Heures de Notre Dame. Pour en revenir à la main « A » du Psautier, on
peut aussi lui attribuer le décor d’un Livre des echecs moralisés enluminé pour Marie
de Berry avant 1397 (Cologny, Cod. Bodmer 93), qui porte les armes parties
d’Artois et de Berry, et celui du ms. de la traduction des Cas des nobles hommes de
Boccace offert au duc de Berry en 1411 (Genève, BPU, fr. 190), ce qui fait de
l’atelier aux échancrures, et plus particulièrement de sa première main, un
employé privilégié de l’entourage ducal. Chez la main « A », les jeunes feuilles
sur tige prennent souvent une forme tréflée. Les appendices d’où partent ces
tiges sont courts et losangiques. Des crochets terminent aussi bien les feuilles
de vigne que les vrilles, comme des griffes ou des serres. Et l’ornemaniste a
tendance à ramifier sa vigne davantage. S’écartant pourtant de la logique
organique, il n’hésite pas à pourvoir de vrilles le fond d’or bruni qui entoure la
lettrine (BnF, fr. 848, f. 1r) ou celui des baguettes (BnF, fr. 13091, f. 7v). La
vigneture se distingue en outre par l’entrecroisement fréquent des rinceaux
(alors que la main « B » évite consciencieusement les chevauchements). Ainsi
dans le Psautier, le prolongement de ses lettrines traverse les baguettes pour se
poursuivre au-delà, donnant naissance à de nouveaux rinceaux. Absents de
l’Epistre Othea par contre sont les entrelacs – si typiques tant dans le Psautier
que dans les Petites Heures – que forme la vigneture de remplissage des lettrines.

26 Ainsi l’« ornemaniste aux piquants » d’un précieux recueil comportant l’Histoire ancienne et les Faits
des Romains (Houston, collection Ferrell), v. Morrison et Hedeman 2010, n° 23, pp. 169-173.
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 53

BnF, fr. 848, f. 1 (lettrine T) et BnF, fr. 1188, f. 46v (lettrine A à vigneture) :
atelier aux échancrures
En revanche, appendices en losange, feuilles griffues et petites feuilles
tréflées, rinceaux croisés et ramifiés se retrouvent couramment, ainsi dans le
décor secondaire de deux Chemin de lonc estude, fait de petites lettrines à vigneture
d’où partent deux rinceaux sur tiges et un brin sur fil, par ailleurs très
semblables (par exemple les A du BnF fr. 1188, ff. 26v et 46v {20} et du
ms. Bruxelles, KBR, 10982, f. 33v {19}). La lettrine sur fond d’or du Debat de
deux amans (Bruxelles, KBR, 11034 {16}), dont le cerne à l’encre noire encore
frais a imprimé le feuillet en regard, semble pouvoir être attribuée à la même
main. Outre les rinceaux dont les extrémités font retour, la dernière feuille
venant mordre sur la tige, et le remplissage dense de la lettrine, déjà présents
dans le fr. 848, on signalera ici le brin sur fil portant trois ronds d’or, et ses
vrilles qui tendent à un dessin rapide, en « zigouilli ».
54 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

BnF, fr. 1188 (demi-palmette) : atelier aux échancrures

KBR, 10983, f. 1r (baguette échancrée et troche de ronds d’or, enroulement de vigne et fleuron
hérissé) : atelier aux échancrures © Bruxelles, KBR
Proches de la main « B » par d’autres aspects, notamment les feuilles de
lierre triangulaires, trpos exemplaires du Chemin (Bruxelles, KBR, 10983 {18} ;
BnF, fr. 1188 {20} ; Bruxelles, KBR, 10982 {19}) montrent le même type de
baguettes larges échancrées. La comparaison des trois manuscrits laisse
cependant apparaître des disparités significatives. Ainsi, au frontispice du ms.
KBR 10983 de Bruxelles, la vigneture sur fil porte des crochets au lieu de vrilles
et les rares petits brins sur fil n’ont qu’une feuille unique et dressée. Les
fioritures bien nettes des baguettes forment des motifs variés : zigzags, étoiles
de neige, enroulements et grecques qui rappellent aussi les cadres à grecques de
la main « A » du Psautier ; et les fioritures blanches du corps de la lettrine
dessinent des contre-courbes en forme de peltes. Bien que longs, les brins sur
fil qui encadrent l’enluminure du BnF, fr. 12779, f. 154r {3} déjà cité,
s’apparentent d’ailleurs à ce style par la présence de crochets et de feuilles de
lierre géométrisées. Puisqu’il s’agit justement des deux manuscrits mixtes
associant filigranes et vigneture, leur parenté suggère à nouveau que le
« filigraneur aux lys losangés » et une main « aux échancrures » ne faisaient peut-
être qu’un. Dans le ms. 10982, la vigneture sur fil est vrillée, les brins sont
longs, bifides, leur fil souvent barré de deux traits, et associés à des ronds
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 55

rayonnants de vrilles, les fioritures plus fondues des baguettes se poursuivent en


un zigzag ou une ondulation continus du fond bleu au fond rose, et la lettrine
est seulement rehaussée de frises de petits cercles. Le fr. 1188, intermédiaire,
présente quelques particularités propres : la vigneture sur fil est vrillée d’une
plume légère, les brins plutôt courts intègrent des ronds à vrille, quelques fleurs
d’or quadrilobes égaient les vides, les baguettes sont formées de tronçons
courts et les couleurs séparées par des tampons d’or, les fioritures sont fines,
enfin le remplissage complexe de la lettrine la rapproche de la lettrine à
vigneture du ms. 10983.

Vat., reg. lat. 1238, f. 1r (fleuron) et BnF, fr. 1197, f. 1r (brins) : atelier aux échancrures
© Vatican, BAV et Paris, BnF
Les échancrures découvrant les lignes droites du dessin de mise en place se
rencontrent aussi sur des baguettes fines. Il en est ainsi du décor du Livre de
prodommie Vat., reg. lat. 1238 {44} et du Corps de policie BnF, fr. 1197 {46},
auxquels on peut associer deux autres exemplaires de ce dernier texte (Chantilly,
Bibl. du Château, 294 {45} et Paris, Bibl. de l’Arsenal, 2681 {47}). Plus
modeste, le Livre de prodommie se contente d’une baguette reliée à la lettrine, un
parti plutôt adopté pour les têtes de chapitre27. Le décor des trois autres, qui
font figure de manuscrits jumeaux tant sont semblables les principes de
composition de leurs frontispices, est constitué de trois baguettes portant une
alternance de brins sur tige bifides et de deux brins sur fil adossés, ces derniers
avec crochets et vrilles. Les petits brins sur fil cependant sont d’un type
différent de ceux des manuscrits précédents : courts, formant un S de sorte que
leur unique feuille est parallèle à la baguette, ils se dédoublent après deux petits
traits perpendiculaires, le second fil longeant celui qui porte feuille et se
terminant en un filé ou une vrille. Les lettrines du décor secondaire sont
marquées par deux brins croisés (fr. 1197, ff. 54r et 87r, par des « ornemanistes
à la vigne d’or » {46}) ou par un unique brin à fil barré et vrillé (Chantilly, Bibl.
du Château, 294, f. 81r {45}). Dépourvues de remplissage, les lettrines S
adoptent une forme palmée sur un fond d’or bruni (BnF, fr. 1197, f. 54r et
27 On peut citer dans le même style, une partie du décor secondaire d’une Bible en vers (Besançon,
BM, 550, par exemple f. 51v), peinte par le Maître d’Egerton, v. www.enluminures.culture.fr.
56 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

Chantilly, Bibl. du Château, 294, f. 51r, et frontispices). Le S du manuscrit de


l’Arsenal fait toutefois exception avec son remplissage de vigneture, mais les
fioritures du corps de la lettre sont sensiblement identiques, faites de lignes
dentelées, de lignes de pointillés et petits cercles, et d’une demi-étoile de neige.
Les fleurons d’or en fer de lance qui terminent les baguettes sont prolongés par
un fil barré de deux petits traits, dépourvu de feuille.

Paris, Ars., 2681, f. 4r (lettrine S) et BnF, fr. 1197, f. 1r (lettrine S à palmette) :


atelier aux échancrures © Paris, BnF
Des brins sur fil doublé agrémentent la baguette du Livre de prodommie Vat.,
reg. lat. 1238, mais en alternance avec des brins sur tige bifides à deux feuilles
dans une composition où la vigneture sur tige domine. Bien qu’il s’agisse d’une
page frontispice, la baguette unique se calque ici aussi sur le décor secondaire en
usage pour les têtes de chapitre. Quant à la lettrine, elle est très proche de celle
du ms. Bruxelles, KBR 10982 (f. 1r).

Si le Livre des trois vertus de Boston (fr. Med. 101 {42}) rassemble vers 1405-
1406 les éléments usuels de la vigne sur fil et tige dans le style
« aux échancrures », il en propose une version couvrante très
proche du calendrier des Grandes Heures de Jean de Berry,
terminée en 1409 (BnF, lat. 919, ff. 1-6v), que S. Nash
rapprochait de la main « B ». Cependant, il n’est pas sans
rappeler non plus l’Epistre Othea fr. 848 par sa vigne rameuse et
entrecroisée. L’ornemaniste, qu’il s’agisse de la même main ou
d’un brillant émule de l’atelier aux échancrures, donne à la page
frontispice un encadrement de baguettes larges échancrées et
de rinceaux sur tige très démultipliés, qui se chevauchent en un
réseau dense formant des enroulements, ponctué de ronds à
courtes pattes en façon d’araignées dans les interstices, comme
une vigne grimpante infestée d’insectes. La vigne sur fil est
vrillée en zigouillis ou simplement crochetée.

Boston, fr. Med. 101, f. 3r : atelier aux échancrures © Boston, PL


Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 57

Son rinceau principal part d’un fleuron d’or en fer de lance lui-même issant
d’un triangle d’or en saillie sur la baguette, ce qui rappelle les fleurons
superposés des Grandes Heures (par exemple, f. 6r). Les fleurons pris dans la
vigne permettent de reconnaître la même main dans la bordure d’un feuillet
ajouté aux Petites Heures du duc (BnF, lat. 18014, f. 288v). Dans les Trois Vertus
de Boston, les brins sur fil à crochet ne sont pas doublés et ceux sur tige
portent des écots, ce qui est plutôt inhabituel pour des brins. Cette vigneture a
tendance à rapetisser dans les espaces plus étroits, telle l’entrecolonne. La
lettrine est parfois hérissée de longs piquants du côté du raccordement à la
baguette, dont l’attache adopte des formes variées, ainsi le A du f. 52, où un
petit fleuron vient fourcher sur la baguette, délimitant un triangle. Vers 1413,
une tendance à l’amenuisement se confirme dans la dernière page ornée de la
Cité des dames (BnF, fr. 1178, f. 135 {35}), d’une autre main que le reste du
manuscrit. Les rinceaux sur fil à petits crochets y sont d’exécution enlevée et la
lettrine possède deux points de fixation sur la baguette, dont l’un délimite aussi
un triangle.

Boston, fr. Med. 101, f. 52r (lettrine) et Paris, BnF, fr. 1178, f. 135r (lettrine) :
atelier aux échancrures © Boston, PL et Paris, BnF
Les disparités dans l’exécution des manuscrits « aux échancrures » laissent
supposer un atelier où plusieurs mains travaillaient à partir de modèles
communs. On rencontre ainsi des décors plus soignés et plus équilibrés que
d’autres, et des variantes : longs brins, petits brins courts, simples ou doubles, à
vrilles ou à crochets, mais qu’on trouve parfois associés. De même, si l’on peut
regrouper des manuscrits à bordure de vigne d’or sur fil (ou style « à la vigne
d’or »), les tiges n’en sont pas absentes pour autant, réservées alors au
remplissage des lettrines. Certains font davantage usage de motifs interstitiels,
mais les habitudes de l’atelier s’y retrouvent. Quelques personnalités artistiques
paraissent pourtant s’en détacher, par leurs qualités singulières, ou leurs défauts.
58 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

2.2. Ornemaniste aux araignées


Une première main issue de l’atelier aux échancrures peut, en effet, être
dissociée des ornemanistes précédents par le modus operandi. Ainsi, le plus ancien
manuscrit de la Cité des dames (Paris, BnF, fr. 24293 {31}) et un autre exemplaire
de ce texte de 1405 (Bibl. de l’Arsenal, 2686 {32}), tous deux dépourvus
d’illustration, ont été décorés par un même ornemaniste d’une vigneture à
feuilles d’or sur fil, très enroulée et sans symétrie, dont la mise en place est
assez vague. La vigne est plus emberlificotée encore dans le manuscrit de
l’Arsenal. Sa disposition générale montre comme des grumeaux ou des
accumulations à certains endroits, tandis que d’autres sont vides. De même, le
fin bandeau d’or des baguettes couvre par endroit le bout des feuilles de vigne
dessinées trop près, qui donnent l’impression de s’écraser dessus. Ces baguettes
d’encadrement sont reliées par des appendices bifides, en palmettes ou croisés,
et hérissés comme de coutume, de même que les attaches chenillées de la
lettrine intégrée à la baguette du fr. 24293. Celle-ci est ornée de vigneture sur
tige ; celle du manuscrit de l’Arsenal, indépendante de la baguette, ornée de
demi-palmettes. Mais dans l’un et l’autre, l’entrecolonne se termine par un
coude vers la gauche surmonté d’un enroulement de vigne caractéristique.

BnF, fr. 24293, f. 7r (entrecolonne et lettrine) : ornemaniste aux araignées


La lettrine A du f. 135v du fr. 24293, où un rinceau de vigne supplée
l’absence de barre horizontale, comme celle du f. 55r du volume de l’Arsenal,
est reliée à la baguette par sa propre jambe plongeante, disposition qu’on trouve
aussi dans le Livre des Trois Vertus des « ornemanistes à la vigne d’or » (BnF,
nafr. 25636, f. 2v). Le vocabulaire ornemental est par ailleurs limité : outre les
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 59

feuilles de lierre et vigne, le départ des rinceaux est ponctué de quelques ronds
d’or, tandis que des ronds à vrilles et surtout
des ronds d’or cillés en façon d’araignées,
motif de prédilection de cet « ornemaniste aux
araignées » même s’il n’est pas le seul à en faire
usage, ponctuent irrégulièrement les interstices.
Des brins à feuille unique courent le long des
baguettes et remplissent les bordures
intérieures. Chaque feuille est parallèle à la
baguette, portée par un fil simple à deux ou
trois vrilles et parfois des crochets, et se
retourne vers le point de départ du brin et sa
première vrille. De plus, des grands brins
portant deux ou trois feuilles réparties autour
d’un rond d’or forment comme des fleurons le
long des baguettes. Dans la version à deux
feuilles symétriques, le rond central est vrillé. Ces vrilles pendantes souvent
filées dénotent une exécution rapide : elles peuvent être faites de deux ou trois
segments, traits disjoints formant courbe et contre-courbe, avec parfois un petit
tiret au milieu. Dans ces deux manuscrits, l’ornemaniste semble avoir été pressé
par le temps. Le décor secondaire enfin est très similaire aux pages frontispices,
avec le même type de brins, de vrilles et d’enroulements (fr. 24293, ff. 66r et
135v, et Bibl. de l’Arsenal, 2686, f. 55r).

BnF, fr. 24293, f. 135v (lettrine) [le long du texte]


et f. 135v (vigneture) [ci-dessus] : ornemaniste aux araignées

2.3. Ornemanistes à la vigne d’or


Quelques manuscrits plus disparates offrent une version raffinée de la vigneture
sur fil du style « aux échancrures », tel le dernier exemplaire du Corps de policie
(Besançon, BM, 423 {48}), enluminé vers 1406-1407. L’encadrement de fines
baguettes formant cuvette, reliées par des appendices losangés, est orné de
rinceaux et de brins doubles de vigneture à feuilles d’or, dont les interstices sont
agrémentés de ronds d’or vrillés ou rayonnants de croisettes. Sur les fils d’une
encre noire appuyée alternent crochets à vrille et petits crochets simples entre
60 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

les feuilles. Alternent aussi le long des baguettes brins doublés et brins bifides
mais tous sur fil et associés tantôt aux traditionnels ronds vrillés, tantôt à des
ronds rayonnants. La composition séduit surtout par les fleurons de vigne sur
fil disposés en manière de ferronneries dans la marge extérieure. Ils sont formés
de rinceaux à quatre feuilles de vigne avec des crochets enroulés et vrillés qui
doublent la tige à son départ. Celle-ci est ensuite dédoublée et les brins ainsi
créés se répartissent symétriquement, tandis que des ronds d’or rayonnants à
quadruples vrilles et croisettes les cantonnent.

Besançon, BM, 423, f. 1 (ferronneries) et f. 41v (lettrine champie) : ornemaniste à la vigne d’or
© Besançon, BM
Les fioritures de la lettrine détachée sont communes au groupe aux
échancrures (par exemple BnF, fr. 1197 {46} et Arsenal 2681 {47}), mais les S
ornés ont un profil tassé assez reconnaissable par leur extrémité en trompe
d’éléphant attrapant des cacahouètes. Le décor des autres feuillets est d’une
exécution rapide qui tend à l’ellipse, avec la même alternance de crochets et
vrilles qui est une des constantes des « ornemanistes à la vigne d’or ». Ainsi au
f. 41v, où la petite lettrine est également pourvue d’un brin double entrecroisé.
Parmi les manuscrits de Christine, celui de Besançon est pourtant le seul à
disposer sa vigne en ferronneries, encore celles-ci sont-elles réservées au seul
frontispice.
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 61

BnF, nafr. 25636, f. 2v (lettrine A à vigneture) et f. 55v (lettrine A champie) :


ornemaniste à la vigne d’or © Paris, BnF
Dans la production « à la vigne d’or », un autre ensemble homogène est
constitué du dernier feuillet orné de la Cité de l’Arsenal (ms. 2686,
f. 119v {32}), du Livre des trois Vertus de Paris (BnF, nafr. 25636 {43}) et d’un
volume du recueil du duc de Berry (BnF, fr. 605 {7}), qui montrent eux aussi
des baguettes fines à échancrures et des brins en S allant généralement par
paire, adossés de part et d’autre d’un rond vrillé. Ces manuscrits se distinguent
là encore par l’emploi exclusif d’une vigneture sur fil agrémentée de vrilles et de
crochets alternes. Assez lâche dans l’ensemble, cette vigne ne comporte pas ou
peu de motifs de remplissage : les habituels ronds vrillés et, dans les Trois
Vertus, quelques quartefeuilles or, bleus ou roses. Le départ des grands rinceaux
est souvent décoré par un groupe de trois ou quatre ronds d’or qui rappellent
encore la marque de la main « B » du Psautier de Jean de Berry. Les brins sont
précédés de petits poils le long des baguettes où ils prennent naissance. Dans
les Trois Vertus toujours, les lettrines secondaires, agrémentées de deux rinceaux
de vigne sur fil à vrilles et crochets alternés semblables à la vigneture du
frontispice, sont cependant des lettres champies, ce qui est un mode courant
pour les petites lettres mais plus inhabituel pour de grandes lettrines de cinq
lignes. Des lettres champies à rinceaux de vigne sur fil très voisines, quoique
plus petites, constituent aussi le décor secondaire du Corps de policie (Besançon,
BM, 423). Leur remplissage n’est pas de vigne mais de rinceaux de fioritures
blanches sur fond rose ou bleu, ou sur fond parti (nafr. 25636, f. 55v), sans
doute parce que la lettre champie va traditionnellement de pair avec un
remplissage de fioriture. La lettrine du frontispice en revanche est bien du type
à vigneture, avec un remplissage de brins sur tige bifide assez aéré. Son corps
62 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

est décoré de fioritures en façon d’étoiles de neige et de grecque ou S. Les


caractéristiques de cette lettrine, et notamment les étoiles de neige – qui
rappellent une lettrine I de la main « B » du Psautier (BnF, fr. 13091, f. 20) –,
sont aussi celles du décor secondaire de la Cité des dames (Arsenal, 2686, f. 119v).
Enfin, dans ce groupe, les fleurons d’or en fer de lance des baguettes sont
souvent prolongés par une feuille de vigne dont le fil est barré de petits traits
perpendiculaires, ou bien porte vrilles.

BnF, fr. 835, f. 45 (brins sur le cadre et araignée) : ornemaniste à la vigne d’or
© Paris, BnF
Les brins doublés au second fil terminé en vrille, marqués de traits
perpendiculaires avant leur dédoublement, adossés deux par deux à un rond
vrillé, sont le motif récurrent du décor des cadres d’enluminures dans le recueil
du duc de Berry (BnF, fr. 835, 606, 836, 605 et 607 {4-5-6-7-8}), où l’on
retrouve aussi, partant du milieu d’une lettrine et s’écartant devant un rond
vrillé, ces deux brins croisés déjà présents sur le ms. 2686 de l’Arsenal
(f. 119v {32}) et le nafr. 25636 (ff. 3r, 55v et 78v {43}), et toujours ces rinceaux
enrichis de vrilles et de crochets le long du fil, qui distinguent l’atelier des
rinceaux d’or d’autres ornemanistes.

Paris, Ars., ms. 2686, f. 119v (lettrine A) et Paris, BnF, fr. 836, f. 15r (lettrine A à trèfles) :
ornemaniste à la vigne d’or © Paris, BnF
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 63

BnF, fr. 1197, f. 54r (lettrine S à palmette) : ornemaniste à la vigne d’or © Paris, BnF
On ne saurait pour autant opposer trop nettement les manuscrits à
vigneture sur fil du type « à la vigne d’or » et ceux à vigne sur fil et tige du type
« aux échancrures », car les principes de composition sont par ailleurs très
proches. Le décor secondaire du Corps de policie fr. 1197 {46} et certaines parties
du recueil du duc (BnF, fr. 606, en particulier) présentent d’ailleurs des lettrines
à vigneture sur fil ou sur tige indifféremment. Dans ces manuscrits (fr. 836,
fr. 606, fr. 835, frontispice excepté, et aussi fr. 607), les ronds vrillés tendent à
être supplantés par deux nouveaux types de ronds d’or dans le même usage :
araignées et ronds rayonnants de croisettes. Ils sont associés dans l’encadrement
des images à un décor de brins sur fil unifoliés.
La variante « à la vigne d’or » que l’on rencontre dans les Trois Vertus de la
BnF perdure dans les premières pages ornées de la Cité des dames de 1413 (BnF,
fr. 1178, ff. 3r et 64r {35}), mais avec des brins doubles plus longs – comme
déjà dans le fr. 836 –, portant à la fois vrilles et petits traits. Le rinceau principal
naît ici d’un triangle d’or fixé sur la baguette, qui n’est pas sans rappeler aussi le
manuscrit de Boston. Une partie du décor secondaire du Recueil de la Reine, les
feuillets de la Cité des dames notamment, est de la même main (Londres, BL,
Harley MS 4431, mains « C » et « D »)28. Elle s’identifie à la main « F » définie

28 Sur le manuscrit Harley, v. Hindman 1983a. Les mains C et D de sa classification nous semblent
une seule et même main, identifiable à notre ornemaniste à la vigne d’or, qui décore les ff. 51r, 56v,
58v, 71v, 81r, 221r, 290r, 323r et 361r.
64 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

par A. Farber dans les Cleres femmes de Bruxelles29 (KBR 9509). Cette vigneture
sur fil montre malgré tout peu d’évolution par rapport au style aux échancrures.

BnF, fr. 1178, f. 64v (lettrine A) et BL, Harley 4431, f. 51 (lettrine C à vigneture) :
ornemaniste à la vigne d’or © Paris, BnF et Londres, BL

BnF, fr. 1178, f. 64v (départ du rinceau) : ornemaniste à la vigne d’or


© Paris, BnF
Deux manuscrits de la Cité des dames sont apparentés (BnF, fr. 1179 {33} et
Bruxelles, KBR, 9393 {34}) et très proches par leur décor secondaire du f. 119r
de l’Arsenal 2686, qu’on peut considérer comme précurseur (en particulier
KBR, 9393, ff. 35v et 74v). Le frontispice du manuscrit de Bruxelles est le seul
à être encadré de baguettes larges. Les vrilles assez longues sont généralement
formées par quatre petits tirets parallèles au crochet, le dernier filant en pointe.
Les frontispices de ces manuscrits emploient une vigne d’or sur fil, ponctuée de
ronds d’or vrillés ou de ronds à cils en façon de pattes d’araignées (avec au
moins une occurrence de rond rayonnant), mais en une composition ordonnée
où les rinceaux des pages frontispices se déploient en larges accolades. Le

29 Voir les « Marginal matters » sur le site http://employees.oneonta.edu.


Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 65

schéma est repris dans un troisième exemplaire, le BnF, fr. 607, quoiqu’en une
version plus fruste. Ses feuilles de vigne ont, en effet, tendance à se terminer en
un crochet enroulé qu’on ne trouve pas ailleurs. Les trois manuscrits sont en
outre pourvus d’une entre-colonne constituée non d’une baguette mais de brins
superposés. Ces brins doubles s’écartent vers le bas, partant de ronds d’or
(BnF, fr. 1179 et Bruxelles, KBR, 9393), ou sur le côté (BnF, fr. 607). Il
semblerait donc que le schéma de composition initial ait été donné en exemple
à l’ornemaniste du fr. 607.

KBR 9393, f. 3r (rinceau de fleurs) et BnF, fr. 607, f. 2r (rinceau de fleurs) :


ornemaniste à la vigne d’or © Bruxelles, KBR et Paris, BnF
Dans l’ensemble, la vigneture est régulière, assez serrée et chaque petit fil
portant feuille est lui-même pourvu de crochets ou de vrilles. Néanmoins, c’est
le décor floral des frontispices qui fait la spécificité de ces manuscrits au sein de
l’atelier à la vigne d’or. Deux d’entre eux sont, en effet, pourvus de rinceaux de
fleurs quadrilobées, dites quartefeuilles. Ces fleurs bicolores à cœur or se
révèlent, néanmoins, très différentes dans le détail d’un manuscrit à l’autre : à
lobes roses et bleus dans l’un (fr. 607, f. 2r), arrondies et rehaussées de blanc
dans l’autre (KBR 9393, f. 3r). Elles servent aussi isolément de bouche-
trou pour remplir les blancs à la façon de ronds d’or. Le manuscrit de Bruxelles
y ajoute un troisième type de rinceau sous forme de brins de feuilles gouttes, un
motif déjà abondamment employé par l’ornemaniste aux brins de fantaisie, qui
suit.

BnF, fr. 1179, f. 3r (baguettes aux boutons de rose) : ornemaniste à la vigne d’or © Paris, BnF
66 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

Un autre type de quartefeuilles, bleues à rehauts blancs comme la véronique,


se trouve joliment employé en alternance avec des boutons de rose sur les
baguettes d’or du fr. 1179 {33}, tout à fait originales. La fraîcheur juvénile de ce
décor raffiné, qui s’écarte de la routine de l’atelier, est certainement
intentionnelle. Il pourrait avoir été conçu pour un, ou plutôt une destinataire
précise. Sous forme de rosettes, de « fleurettes en manière de rose » ou de
boutons, la rose, attribut de la féminité, était la devise de plusieurs princesses,
dont la reine Isabeau de Bavière30 et sa fille Isabelle de France31, qui s’apprête
alors, seulement âgée de seize ans, à épouser Charles d’Orléans (Compiègne, 29
juin 1406). Comme la rose, la véronique est aussi symbole de fidélité conjugale.
Un manuscrit de la Cité des dames eût fait un présent parfait pour la jeune
promise.
Le décor secondaire des Sept psaumes de Bruxelles (KBR, 10987, ff. 6r, 12v,
25r et 39v {50}) et du recueil BnF, fr. 603 (ff. 91r, 174r, 178r et 206v {9})
rappelle celui des manuscrits de la Cité des dames de Bruxelles et de l’Arsenal par
une vigneture d’or sur fil sobre et élégante. Dans le fr. 603, les rinceaux partent
d’une baguette fine d’entre-colonne, reliée ou non à la lettrine, selon un schéma
en T, et la vigne s’orne à ses extrémités de petites quartefeuilles rouges ou
bleues qui cantonnent le décor. Ces dispositions sont sans doute inspirées par
un émule de l’ornemaniste Pierre Gilbert, l’« assistant aux trois couleurs », qui
collabore au manuscrit et a pour habitude de terminer ses rinceaux par une
grosse fleur ou un fleuron. Au dernier feuillet (f. 206v), les quatre ornements de
bout de rinceaux, respectivement un fruit capsule, un cordiforme vert, un
bleuet et un œillet, semblent d’ailleurs avoir été ajoutés par cet assistant. De
même, dans le ms. 10987, la vigne d’or vient compléter les lettrines de Pierre
Gilbert, signe d’une collaboration étroite vers 1409-1410 entre les deux ateliers.

30 Des boutons de rose figurent sur le casque de parade de Charles VI (Musée du Louvre) qui associe
les devises du roi et de la reine, peut-être à l’occasion de leur mariage en 1385, v. Hablot 2001.
31 Le trousseau d’Isabelle lors de son mariage avec Richard II d’Angleterre en 1396 comporte déjà
des articles à cette devise, ainsi une chambre de cendal vermeil semée de roses et de boutons, avec le
mot Souviegne vous de moy. On les retrouve sur deux manuscrits de la princesse, Paris, BnF,
Clairambault 281, fol. 172r et Paris, BnF, fr. 20144, f. 68r, v. Ibidem.
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 67

BnF, fr. 603, f. 91r (baguette à vigneture), KBR, 10987, f. 12v (vigneture) et Munich, Cod gall. 11,
f. 103v (lettrine C à vigneture) : ornemaniste à la vigne d’or
© Paris, BnF ; Bruxelles, KBR ; Munich, BSB
Dans le décor de la Mutacion de Fortune de Munich (Cod. gall. 11), la présence
d’une fleur bleue quadrangulaire est un autre emprunt à Pierre Gilbert. Le
frontispice (f. 2r) suit un schéma de composition aéré et assez traditionnel par
l’association de la vigneture sur fil et sur tige. Les rinceaux sur fil, avec leur
alternance de feuilles d’or et de vrilles, parfois symétriquement, parfois en
décalé le long du fil, suivent bien l’usage de l’atelier à la vigne d’or, mais sur le
cadre des cinq dernières enluminures (ff. 33r, 53r, 69v, 103v, 108v), pourtant
associées à des lettrines « à la vigne d’or », les brins sont d’un modèle
complètement différent des brins simple-fil à crochets de l’encadrement des
deux premières (ff. 2r et 13r) et rappellent les longs brins du ms. KBR 10982
(f. 1r). Il s’agit ici de brins de vigne s’étirant et se divisant en deux feuilles de
part et d’autre d’une araignée qui en marque l’axe, décalé par rapport au point
d’enracinement du brin sur le cadre, tandis que de petits ronds bleus à quatre
cils meublent les interstices entre les brins. Deux fils partent des extrémités de
la lettrine, l’un tombant, l’autre remontant de part et d’autre d’une araignée ou
d’une fleur bleue quadrilobe. Ce sont là des éléments du décor interstitiel des
rinceaux de Pierre Gilbert. Il faut donc supposer l’intervention d’une main de
son atelier sur cette partie du décor.
68 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

Munich, Cod. gall. 11, f. 13 (brins sur le cadre) : ornemaniste à la vigne d’or

Munich, Cod. gall. 11, f. 33 (brins du cadre) : atelier de Pierre Gilbert


© Munich, BSB

2.4. Ornemaniste aux brins de fantaisie


Les trois premiers exemplaires de la Mutation de Fortune en 1403-1404 (Bruxelles,
KBR, 9508 {22}, La Haye, KB, 78 D 42 {23} et Chantilly, Bibl. du Château,
494 {24}) sont ornés d’un même type de vigneture qui, partant de baguettes
fines, tend à compléter la clôture de la page frontispice en partie haute. Proche
de l’atelier aux échancrures et des ornemanistes à la vigne d’or dont son décor
secondaire ne se distingue guère, leur ornemaniste se caractérise par la
récurrence de certains « brins de fantaisie » qui sans lui être propres sont mis en
valeur dans la composition de ses pages frontispice. À la vigne sur tige et sur fil
s’ajoutent des rinceaux de vigne d’or disposés en façon de fleuron, parfois
pourvus d’une pointe en fer de lance, marquant le centre de la baguette
inférieure ou issant du coin de l’image vers la marge supérieure. En dehors de
ces rinceaux de complément, la vigneture tend à des lignes peu sinueuses.
Comme chez certains ornemanistes aux échancrures, les petits brins de vigne
sur simple fil, pourvus de petits crochets au lieu de vrilles, sont associés par
deux de part et d’autre d’un rond vrillé ; et les brins sur tige bifide s’écartent
devant de semblables ronds. Mais on remarque surtout les brins de feuilles-
gouttes, bleues et roses sur le même fil, qui complètent l’ornement du cadre de
l’image et des baguettes, et naissent même des piquants qui hérissent leurs
raccordements. Quelques ronds d’or rayonnant de croisettes remplissent les
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 69

interstices de la vigneture. Enfin, la lettrine associée au frontispice est


indépendante des baguettes et dépourvue d’ornements extérieurs. Ces lettrines
sont bleues ou roses dans un cadre inverse, tandis que le remplissage est à fond
d’or. Cadre et remplissage ne sont donc pas homogènes, contrairement à
l’usage le plus courant, sauf dans le cas du manuscrit de Chantilly, dont le
remplissage en damier reprend les couleurs du cadre et de la lettre.

Munich, Cod. gall. 11, f. 13r (lettrine I), KBR, 10309, f. 1r (lettrine I)
et ex-Phillipps 207, f. 16r (lettrine D) : ornemaniste aux brins de fantaisie
(à noter les petits v de mise en place des feuilles de vigneture dans l’ex-Phillipps)

Bruxelles, KBR, 9508, f. 2r (fleurons de vigne) : ornemaniste aux brins de fantaisie


© Munich, BSB et Bruxelles, KBR
S’il a perdu sa page frontispice, un autre exemplaire de la Mutation (ex-
Phillipps 207) montre le même type de lettrines à vigneture, de cadres ornés de
brins et de ronds vrillés ou à croisettes.
70 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

Chantilly, 494, f. 1r (lettrine C) et BnF, fr. 10153, f. 2r (lettrine S) :


ornemaniste aux brins de fantaisie © Chantilly, Bibl. du Château et Paris, BnF

Vat., reg. lat. 920, f. 2r (lettrine S) et BnF, fr. 1176, f. 1r (lettrine I) :


ornemaniste aux brins de fantaisie © Vat., BAV et Paris, BnF
Les feuilles-gouttes se retrouvent, en revanche, dans la série des Faits du roi
Charles V (BnF, fr. 10153 {27} ; Modène, α.N.8.7 {28} ; BnF, fr. 5025 {29} et
Vat., reg. lat. 920 {30}), avec les autres éléments du vocabulaire habituel de
l’ornemaniste aux brins de fantaisie, mais cette fois associés à des baguettes plus
larges. Celles-ci sont faites à la manière usuelle de sections roses et bleues
alternées, rehaussées de fioritures blanches et séparées par de petits carrés ou
triangles d’or bruni. Dans ces manuscrits, certaines feuilles d’or de la vigneture
sur fil sont rehaussées de taches de bleu librement posées et non circonscrites
par le dessin d’encre noire qui cerne les feuilles. Dans le quatrième exemplaire
du Charles V (Vat., reg. lat. 920), ces rinceaux ne portent d’ailleurs plus
seulement des feuilles de vigne, mais une alternance de ces feuilles d’or ornées
de petits ronds bleus et de fleurs bleues quadrangulaires à bouton d’or, elles-
mêmes cantonnées de quatre ronds d’or. L’une agrémente d’ailleurs le
remplissage de vigneture de la lettrine.
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 71

BnF, fr. 10153, f. 2r (vigne à rehauts de bleu), Vat., reg. lat. 920, f. 2r (rinceau de fleurs)
et BnF, fr. 2184, f. 1r (lettrine M) : ornemaniste aux brins de fantaisie
© Vat., BAV
Ces fleurs bleues et or, alternées avec la vigne d’or sur les mêmes fils,
décorent déjà le Dit de la pastoure (BnF, fr. 2184 {17}), dont la copie date de
1403 mais dont la vigneture pourrait être un peu postérieure. Le principe est
repris vers 1405-1406 dans deux exemplaires de l’Avision Cristine (BnF,
fr. 1176 {39} et Bruxelles, KBR, 10309 {40}) où les fleurs bleues et or alternent
désormais avec des feuilles ovales à piquants ou « hérissons » d’or. Mais l’effet
est toujours celui d’une clôture de la page, les rinceaux doublant les baguettes,
tandis que les ronds vrillés ou rayonnants de croisettes restent les seuls
éléments interstitiels. Vestiges de la vigneture, des vrilles et crochets
agrémentent encore les rinceaux et les brins, cependant que la référence à la
vigne proprement dite a disparu : on peut parler de « fleureture » sur fil. Même
les feuilles-gouttes ont été remplacées par des brins de fleurs dans le même
usage, y compris au bout des piquants de jointure. L’ensemble du décor est
entièrement bleu et or dans le BnF, fr. 1176, tandis que l’exemplaire de
Bruxelles mêle aux hérissons d’or des fleurs quadrangulaires bleues et roses
alternées, toujours à cinq ronds d’or. Avec leur vigneture traditionnelle, les
lettrines, cependant, restent plutôt étrangères au nouveau vocabulaire
ornemental, malgré quelques fantaisies, ainsi le fin ruban bleu qui s’enroule le
long de la tige du I au f. 1 du fr. 117632.

32 On retrouvera ce motif de ruban enroulé sur une tige, en grand, chez Pierre Gilbert (Londres, BL,
Harley MS 4431, f. 4r), qui suit.
72 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

KBR 10309, f. 1r (rinceaux de fleurs) et BnF, fr. 1176, f. 1r (rinceaux de fleurs) :


ornemaniste aux brins de fantaisie
© Bruxelles, KBR et Paris, BnF

2.5. Pierre Gilbert


Œuvre du plus virtuose des ornemanistes des années 1400-1420, le frontispice
du recueil BnF, fr. 835 {4} est encadré par des entrelacs continus formant
baguettes : entrelacs de feuilles de vigne, à droite ; de quartefeuilles bleues, en
bas ; baguette ornée d’un rinceau de vigne et de demi-palmettes d’acanthes
adossées, à gauche. La lettrine à remplissage dense de vigneture sur fond d’or
est doublée d’un cadre rose foncé à fioritures blanches en façon de lierre. Sa
hampe vient brocher par dessus la baguette et se termine par un nœud saillant.
Le mouvement de la vigneture est très maîtrisé. Les faibles interstices des
rinceaux sur tige densément enroulés sont emplis de ronds d’or rayonnants de
croisettes ou de ronds à vrille, tandis que les brins sur fil à simple feuille adossés
par deux de part et d’autre d’un rond vrillé, et les brins sur tige dédoublés
autour du même type de rond, suivent le schéma habituel depuis l’atelier aux
échancrures.
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 73

BnF, fr. 835, f. 1r (lettrine et baguette) : Pierre Gilbert


© Paris, BnF
Ces principes décoratifs : entrelacs tenant lieu de baguettes larges, vigne
dense sur tiges très spiralées et lettrine doublée de rose à fioritures, se
retrouvent sur un autre manuscrit de Christine de Pizan, le Recueil de la Reine
(Londres, BL, Harley MS 4431 {12-13}). Encore cet ornemaniste « B » du
Harley n’est-il intervenu que sur une seule page du recueil, le second
frontispice33, associé au portrait d’auteur (f. 4r). Les entrelacs sont ici formés de
palmettes roses et bleues s’entrecroisant autour d’une pointe de diamant, tandis
que l’entrecolonne est marquée par une baguette large à fond d’or ornée d’un
ruban bleu doublé de rouge qui s’enroule autour d’une tige, un motif qui se
rencontre aussi dans les Belles Heures de Jean de Berry (New York, MET,
Cloisters, MS 54.1.1, f. 57r). Un nœud forme une excroissance sur une des
baguettes, tandis que les embranchements peuvent être constitués de
semblables nœuds d’entrelacs prolongés d’un fleuron d’or en forme de coutelas.
Les rinceaux de vigne sont parfois remplacés par des rinceaux de hérissons d’or
sur fil. Enfin, aux traditionnels ronds d’or des interstices s’ajoutent des
quartefeuilles bleutées dans le même usage de « bouche trou ».
L’appel de Christine de Pizan à ce praticien s’explique certainement par la
faveur qu’il devait avoir à la cour, notamment auprès du duc de Berry. Il faut en
effet reconnaître en lui l’ornemaniste « A » des Belles Heures étudié par Allen
Farber34, qui lui attribue le décor d’une douzaine de manuscrits dont plusieurs
aussi destinés au duc ou à ses proches35. Il dirigeait un atelier très productif,
notamment en livres d’heures, et collaborait avec de nombreux peintres

33 Hindman 1983a.
34 Farber 1980 ; Farber 1993.
35 Un Valère Maxime enluminé par le Maître de Virgile et donné au duc par son trésorier Jacques
Courau avant 1402 (BnF, fr. 282), un exemplaire des Antiquités judaïques éponyme du Maître de
Flavius Josèphe et aussi destiné au duc (BnF, fr. 247), le Pontifical-Missel d’Étienne Loyeau,
évêque de Luçon (Bayeux, Bibl. du Chapitre, 61), et l’exemplaire du fameux Livre de la chasse de
Gaston Phébus commandé par Jean sans Peur vers 1407 et enluminé par le Maître de Bedford, le
Maître d’Egerton et le Maître de l’Épître Othéa (BnF, fr. 616).
74 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

d’histoires36. On retrouve ses vignetures riches, denses et volontiers


tourbillonnantes, dans une Bible historiale signée sur un bout de ligne de même
style que les baguettes : Petrus Gilberti me fecit (Londres, BL, Royal 15 D III,
f. 15v). Plusieurs manuscrits décorés par la même main portent aussi cette
signature, parfois sous la forme me illuminavit qui indique bien sa qualité
d’enlumineur ornemaniste37, ainsi une autre Bible historiale (Bruxelles, KBR,
9001-02 : Petrus Gilberti me fecit) et des livres d’heures (Bruxelles, KBR, 9484,
f. 7r : Petrus Gilberti me illuminavit ; Yale, Beinecke Library, 400, f. 57r : Petrus,
f. 102r : Petrus Gilberti me fecit et f. 102v : Petrus Gilberti ; Ithaca, Cornell
University Library, B.24 : Pet’). Clerc originaire du diocèse d’Evreux, actif dès
1402 si on en croit les manuscrits sortis de son officine, Pierre Gilbert exerça
aussi, jusqu’en 1421 au moins, les fonctions de libraire juré de l’Université de
Paris et de notaire38. Il semble avoir résidé rue Neuve Notre-Dame.

36 Heures de Saint-Maur enluminées par le Maître de la Mazarine (BnF, nalat. 3107), Heures de
Guillaume de Mauléon à l’usage de Nantes enluminées vers 1402 par le Maître du Couronnement
de la Vierge (New York, Pierpont Morgan Library, M.515), d’autres livres d’heures à l’usage de
Nantes (ex-Dyson-Perrins et Oxford, Keble Coll., ms. 11) et à l’usage de Paris (Londres, BL,
Add. 29433 et Oxford, Bodl. Lib., Douce 144). La liste est loin d’être exhaustive.
37 Voir aussi la discussion par Dogaer 1967 et Shailor 1984-1992, cat. 2.279. Par ailleurs, les
personnalités distinguées par Farber comme « A Master of the Belles Heures », « Petrus Gilberti »
et « Sallust Decorator » (d’après le ms. BnF, lat. 9684) n’en font, à notre sens, qu’une seule,
v. http://employees.oneonta.edu/farberas/arth/marginal_matters/decorators.html (Catalog of
Decorators).
38 Rouse et Rouse 2000, 2, p. 112.
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 75

Londres, BL, Harley 4431, f. 4r (Pierre Gilbert)


© Londres, BL
76 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

Belles Heures de Jean de Berry, New York, Cloisters, MS 54.1.1, f. 48v (Pierre Gilbert) © New
York, MET
Pour leur décor secondaire, notamment les bordures des pages de texte –
par exemple les Heures Oxford, Bodleian Library, Douce 144 (datées de
1408) – ou celles d’un feuillet enluminé en pleine page par les frères de
Limbourg (Washington, Nat. Gallery, B-13, 520), Pierre Gilbert faisait appel à
son « A Master Assistant ». Celui-ci adopte une vigneture sur fil simple quoique
souvent couvrante, mêlant feuilles de vigne et hérissons d’or, qui se distingue
par la forme en conque de ses vrilles. C’est ce mode sobre que l’on retrouve sur
l’un des feuillets du Livre de paix de 1414 (Bruxelles, KBR, 10366, f. 51r {53})
qui a curieusement échappé à son décorateur principal, l’« ornemaniste à la
résille », par ailleurs ornemaniste en chef du Harley à la même époque.
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 77

L’intervention ponctuelle et au second rang de l’atelier de Pierre Gilbert dans le


Livre de paix s’explique sans doute par cette concomitance. Le vocabulaire se
limite ici à la vigne, aux hérissons et à quelques ronds interstitiels vrillés ou
rayonnants de vrilles, et son choix de couleurs est restreint à l’or bruni et au
noir de l’encre. Les rinceaux, cependant, plus détendus que dans les bordures
complètes, portent ces tortillons spiralés dont il est seul à faire usage avec
l’ornemaniste ci-après dénommé « aux trèfles ». Ces vrilles pendent comme
celles d’une vraie vigne et parfois, détail qui lui est propre, retombent par-
dessus le fil. Les bordures des Heures Douce et celles du feuillet des Limbourg
ajoutent seulement au répertoire de toutes petites araignées à courtes pattes et
quelques fleurs quadrilobes qu’on retrouve sur certains frontispices.

Bruxelles, KBR, 10366, f. 51r (vigneture vrillée) : assistant de Pierre Gilbert


© Bruxelles, KBR
Les exemplaires des Sept psaumes (ex-Ashburnham-Barrois 203 {49} ;
Bruxelles, KBR, 10987 {50} ; Paris, BnF, nafr. 4792 {51}), sans doute confiés à
Pierre Gilbert vers 1409, montrent une variante ou une évolution progressive
de son style par l’intégration à sa vigne déjà bien fournie de tout un répertoire
de fleurs imaginaires. On les retrouve dans des heures à l’usage de Paris où
parfois, comme dans les Sept psaumes, il est associé au Maître d’Egerton39. Sur
ces pages frontispices, l’ornemaniste emploie toujours ces larges baguettes dont
il varie le remplissage (alternance de fraises et feuilles trilobées dans le
nafr. 4792 et les Heures d’Oxford, vases et hampes d’acanthes, etc.), reliées à la
lettrine par une attache souple et ondulée, voire par un dragon aux ailes maigres
et échancrées (ms. KBR 10987 de Bruxelles), comme on en voit notamment
dans les Belles Heures. Elles donnent à la page un encadrement en cuvette
continue, sans les éléments de raccordement habituels. Les sortes de fleurons
qui les surmontent, formés en fait par le départ souligné d’or bruni de rinceaux

39 Heures enluminées par le Maître des Madones d’humilité (Londres, BL, Harley MS 2952), par le
Maître de Boucicaut (Harley MS 2867 et Add. 16997), par le Maître d’Egerton (Oxford, Canon.
liturg. 75, dont le f. 68v est une des premières occurrences de l’introduction des fleurs imaginaires).
Voir aussi deux pages d’un livre d’heures (la Pentecôte et l’Office funèbre) passées en vente à
l’hôtel des ventes de Chatou le 19 décembre 2010 (lots n° 5050 et 5083), aimablement signalées par
Isabelle Delaunay.
78 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

qui croisent ou se dédoublent, sont disposés de biais par rapport à leur axe. Les
baguettes mêmes sont parfois remplacées par des emboîtements de fleurons
d’acanthes (Londres, BL, Add. 16997). Les lettrines S enfin, remplies de
vigneture et dotées des fioritures traditionnelles, sont terminées par des
enroulements. Toutes ces particularités sont typiques de la production de Pierre
Gilbert.

Bruxelles, KBR, 10987, f. 1 (lettrine à dragon) : Pierre Gilbert


© Bruxelles, KBR
Dans le premier exemplaire subsistant des Sept psaumes
(ex-Ashburnham-Barrois 203), la vigneture sur tige encore
traditionnelle, malgré les brins sur fil qui s’y greffent, alterne
avec des rinceaux sur fil de fleurs quadrilobées cantonnées
de ronds d’or. Dans les deux autres, les mêmes fils de
vigneture bien enroulée portent tous types de feuilles d’or,
hérissons, ronds d’or et fleurs quadrilobées. Le tout est
toujours disposé avec cette grande régularité entre les pleins
et les vides qui révèle la parfaite maîtrise de l’ornemaniste.
Dans ce décor foisonnant et tapissant où l’horror vacui est
manifeste, vigneture et rinceaux sont désormais agrémentés
de larges fleurs d’une autre nature, plus grandes que le
feuillage et les quadrilobes. Souvent à dominante bleue,
celles-ci sont des plus variées, tantôt au naturel, tantôt
imaginaires, mais écloses sur le même fil : fleurs
cordiformes, boutons de rose, bleuets vus de profil,
marguerites, trompettes, corolles bleues, fleurs à cinq
pétales ronds sortant d’un bulbe vert. Quelques gros fruits,
des fraises roses, s’y épanouissent aussi.
Bruxelles, KBR, 10987, f. 1r : Pierre Gilbert
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 79

Paris, BnF, nafr. 4792, f. 1r : Pierre Gilbert


© Bruxelles, KBR et Paris, BnF
Le décor secondaire, nettement plus sobre, mais toujours d’une grande
régularité dans les espacements, ne se distingue guère de celui du « A Master
Assistant », si ce n’est par les vrilles déstructurées de sa vigne, plus proches de
celles de Pierre Gilbert lui-même. Des baguettes fines, formant souvent une
boucle à mi-hauteur de leur hampe, sont terminées par de larges fers de lance
ou par une boucle abritée dans un losange terminal. Elles portent une vigneture
sur fil régulière, parfois complétée par des rinceaux de fleurs quadrilobées et des
hérissons d’or (BnF, nafr. 4792, ff. 6r et 13r). Les interstices sont remplis de
ronds d’or simples et surtout de ronds à pattes, en sorte que la vigneture est
comme envahie par une prolifération de petites araignées. Le frontispice du
premier ms. des Sept psaumes (ex-Ashburnham-Barrois 203) s’apparente à cette
version sobre de son style réservée d’ordinaire aux pages secondaires, mais en
plus dense et enroulé. Partant de baguettes à boucle, les rinceaux de hérissons,
vigne et fleurs quadrilobées dominent, toujours accompagnés de brins de vigne
et de ronds vrillés et petits ronds à pattes. Les fleurs imaginaires et l’adoption
très précoce de l’acanthe (dans les Heures Douce 144 en particulier, datées de
1408) manifestent l’inventivité et la capacité de renouvellement qui permit au
chef d’atelier de séduire les clients les plus exigeants.

Ex-Ashburnham-Barrois 203, f. 7r (vigneture) : Pierre Gilbert


80 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

Baguette à boucle et vigneture, BnF, nafr. 4792, f. 13r (Pierre Gilbert)


© Paris, BnF
Pierre Gilbert est aussi un des rares parmi les ornemanistes employés par
Christine à agrémenter le texte de bouts de ligne, qui, on l’a vu, lui permettaient
à l’occasion de signer discrètement son œuvre. Faits de segments bleus et roses
alternés à fioritures blanches en façon de frise, ces bouts de ligne ont des
séparateurs d’or bruni de formes variées : triangles, carrés, losanges, bâtonnets,
et surtout des ronds flottants qui n’occupent pas la hauteur complète du bout
de ligne40. Caractéristiques aussi sont ses pieds-de-mouche allongés dans leur
partie supérieure jusqu’à surplomber les premières lettres du texte qui les suit
(par exemple, Bruxelles, KBR, 10366, f. 50v)41.

40 Assez comparables, quoiqu’avec une vigneture plus classique, sont les pieds-de-mouche
surplombants, bouts de ligne, baguettes à boucle, vigneture émaillée de quartefeuilles et ronds d’or
à pattes qui constituent le décor secondaire du Livre des merveilles (BnF, fr. 2810), offert par Jean
sans Peur au duc de Berry en janvier 1413.
41 D’autres copistes ou ornemanistes usent aussi de pieds-de-mouche longs surplombants, par
exemple dans l’Epistre Othea BnF, fr. 848 {14}.
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 81

BnF, nafr. 4792, f. 82v (vigneture et bouts de ligne) : Pierre Gilbert et atelier
© Paris, BnF
2.5. Assistant aux trois couleurs
Un assistant de Pierre Gilbert est intervenu vers 1410-1411 sur le décor
secondaire d’un manuscrit (BnF, fr. 603, ff. 87v et 143v {9}) dont le Maître « à
la résille », qui suit, issu du même cercle, est le principal ornemaniste. S’il
emprunte au premier la forme de ses grosses fleurs et ses brins qui se
subdivisent en trois, portant chacun une feuille ou un hérisson (qu’on trouve
par exemple au frontispice des Sept psaumes ex-Ashburnham-Barrois 203 {49}),
le caractère déstructuré des rinceaux et l’alternance stricte des hérissons bleus et
82 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

rouges avec la vigne d’or plaident pour une autre main, celle d’un « assistant aux
trois couleurs », sans le limiter pour autant à cette palette réduite.

BnF, fr. 603, f. 81v (vigneture fleurie) : ornemaniste aux trois couleurs
© Paris, BnF

2.6. Ornemaniste aux trèfles

Si le schéma décoratif du Livre des fais d’armes (Bruxelles, KBR, 10476, f. 3r)
épouse dans ses grandes lignes la structure des pages de l’atelier de Pierre
Gilbert, il s’en écarte par son vocabulaire. Ses baguettes fines font une boucle à
mi-longueur, d’où partent les rinceaux médians. L’entrecolonne s’attache aussi à
la baguette horizontale par une boucle et rejoint le cadre de l’enluminure à
laquelle elle semble servir de tréteau. La vigneture entièrement sur fil est d’une
grande légèreté qu’accentuent les crochets en tortillon vrillés et les terminaisons
des rinceaux ou rejets en fil nu. Elle associe sur le même fil des feuilles de vigne
d’or bien échancrées auxquelles les crochets donnent l’apparence de serres
d’oiseau, des feuilles-gouttes d’or aussi et des fleurs bleues ou rouges, trilobées
ou quadrilobées et cantonnées de ronds d’or. Vrilles et feuilles présentent en
outre un schéma alterné le long du fil. Les petits brins mélangent de même
deux à deux fleurs, feuilles-gouttes ou feuilles de vigne. Le départ des brins plus
longs est serpentiforme et suivi d’un rond d’or. Enfin des rinceaux de feuilles-
gouttes multicolores ornent l’intérieur de l’encadrement. Sur les autres pages,
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 83

les fils portent aussi des troches de ronds d’or, des fleurs tréflées violacées et
d’autres constituées d’un triangle isocèle bleu ou rose et de trois ronds d’or.

Bruxelles, KBR, 10476, ff. 3r et f. 79v (lettrines fleuries)


© Bruxelles, KBR
S’il n’est pas le seul à employer une vigneture mélangée, l’« ornemaniste aux
trèfles » se distingue par le soin apporté à l’harmonie entre bordures, baguettes
et lettrines au long du manuscrit. Ainsi le motif de la fleur tréflée faite d’un
rond d’or et de trois lobes sert de module décoratif tant pour les enroulements
sur fond d’or à la jonction des baguettes que pour le remplissage de toutes les
grandes lettrines42 (ff. 3r, 45r, 79v et 108v), qu’on ne peut donc pas dire à
vigneture mais plutôt à fleureture pour reprendre le vocabulaire de Christine de
Pizan. De telles fleurs à trois lobes orangés ou violacés remplissent
occasionnellement les lettrines du type à vigne d’or (BnF, fr. 836, ff. 15r et 48r,
par exemple {6}), mais elles prennent ici un nouveau relief. De même, les
lettrines du ms. KBR 10476 {52} sont généralement reliées à la baguette par
des demi-palmettes suivant un schéma ancien43, mais réactualisé. Malgré la
présence dans certains manuscrits de ses confrères de vrilles tirebouchonnées
(assistant de Pierre Gilbert, KBR, 10366, f. 51r {53}) et de fleurs triangulaires
(« ornemaniste à la résille », BnF, fr. 24786, f. 36r {54}), le manuscrit des Fais
42 Dans l’enluminure avignonnaise, où se pratique aussi le décor à vigneture, le motif de la feuille
tréflée (par exemple un recueil des œuvres de Bernard Gui vers 1350-1360, Londres, BL, Harley
MS 3687) est l’équivalent des feuilles juvéniles de la vigneture parisienne et est aussi utilisé dans les
enroulements sur fond d’or.
43 Par exemple dans le Songe du Vergier (Londres, BL, Royal 19 C IV, f. 154r), ou dans un Psautier de
la seconde moitié du XIVe siècle à l’usage de la chartreuse parisienne de Vauvert (Orléans, BM, 15,
f. 23r).
84 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

d’armes semble être la seule réalisation pour le compte de Christine de Pizan


dans ce séduisant style « aux trèfles ».

Bruxelles, KBR, 10476, f. 108v (vigneture fleurie) : ornemaniste aux trèfles


© Bruxelles, KBR

2.7. Ornemaniste aux radicelles


Le frontispice du Chemin de lonc estude (BnF, fr. 1643 {21}) s’apparente aussi à
l’atelier de Pierre Gilbert, avec ses baguettes fines à boucle et sa vigneture
uniquement sur fil portant aussi bien des feuilles de vigne et de lierre, des
hérissons, diverses variétés de fleurs quadrilobées et quelques – rares – fleurs au
naturel (telle une sorte de chrysanthème rouge à cœur d’or). Le même petit
motif apparaît dans deux de leurs manuscrits respectifs (BnF, fr. 1643, f. 1r et
ex-Phillipps 128, f. 29v) : un brin de vigne barré de deux petits traits à crochets.
Mais l’« ornemaniste aux radicelles » a un mode de composition très différent –
et suivant une autre orientation aussi que l’« assistant aux trois couleurs ». Sa
vigneture assez lâche est légère comme une chevelure et ses « vrilles » se
présentent plutôt comme un filet ondulé qui évoque les radicelles d’une plante.
Il n’est pas jusqu’aux rais de soleil, ou ronds d’or rayonnants, indépendants ou
intégrés aux rinceaux, qui n’adoptent cet aspect tremblé.
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 85

BnF, fr. 1643, f. 1r (baguettes à boucle, vigneture fleurie et brins barrés) :


ornemaniste aux radicelles © Paris, BnF

2.8. Ornemaniste à la résille


Chez l’« ornemaniste à la résille » également, la parenté du vocabulaire floral
avec celui de Pierre Gilbert laisse supposer une formation dans l’atelier. Un
exemplaire du De regimine principum de Gilles de Rome dans la traduction
d’Henri de Gauchy (Londres, BL, Harley MS 4385), enluminé par le Maître de
l’Apocalypse de Berry, présente d’ailleurs une vigneture à la résille associée aux
baguettes larges et aux grosses fleurs de son maître. De fait, ils partagent un
certain nombre de caractères communs, comme les baguettes à boucles du
« A Master Assistant ». L’ornemaniste à la résille présente cependant une
vigneture moins régulière, beaucoup plus menue et toujours sur fil, et préfère
les baguettes fines que l’atelier de Pierre Gilbert réserve plutôt au décor
secondaire de ses manuscrits. En tant que premier ornemaniste du recueil BnF,
fr. 603, il couvre les marges de la page frontispice d’une très fine vigneture à
menues feuilles, exclusivement d’or. Les « vrilles » ici aussi ne sont pas vrillées,
mais dessinées d’un trait vaguement ondulé terminé en petit crochet. Des ronds
d’or, simples ou à crochets, ponctuent les interstices de cette résille couvrante,
ou marquent les embranchements des fils. Les brins de vigne alternent avec des
brins de feuilles « hérisson », tandis que les rinceaux portent les deux types
simultanément, et même des ronds à crochets en guise de feuilles.
86 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

BnF, fr. 603, f. 2r (vigneture) et Bruxelles, KBR, 10366, f. 1r (vigneture fleurie) :


ornemaniste à la résille
© Paris, BnF et Bruxelles, KBR

Cette résille s’enrichit à nouveau de fleurs dans le Livre de paix (Bruxelles,


KBR, 10366, f. 3r {53}) : elle intègre des brins d’acanthes et une grande variété
de fleurs réelles ou de fantaisie (bleuets, fraises, quartefeuilles dorées, capsules
vertes, corolles cillées, fleurons en trompette…), mais presque aussi menues
que le feuillage, au contraire des grosses fleurs à la Pierre Gilbert. On y trouve
aussi d’autres types de feuilles d’or : feuilles de houx et feuilles cordiformes. La
vigneture des autres pages qu’il réalise ici n’est pas plus sobre (ff. 2r et 29r).
Comme chez les autres représentants du style fleuri, cette vigneture n’a plus de
lien avec une vitis naturaliste, mais mélange allègrement les espèces végétales en
sorte qu’un même rinceau porte vigne, houx, fraise et bleuet selon les seules lois
de l’esthétique.

KBR 10366, f. 1r : ornemaniste à la résille © Bruxelles, KBR


Le travail de cet « ornemaniste à la résille » prouve que Christine de Pizan
était en mesure de faire appel aux plus renommés et sans doute aux plus chers
Introduction sur les enlumineurs ornemanistes 87

d’entre ces artisans. Il est, en effet, l’ornemaniste des remarquables bordures


des Heures du maréchal Boucicaut vers 1408 (Paris, Musée Jacquemart-André,
ms. 2) où des fleurons d’acanthes multicolores aux extrémités de fines baguettes
dorées cantonnent le champ des pages44. Par ailleurs, il restera en activité jusque
sous le gouvernement de Bedford45. Pour Christine, outre le Livre de paix
destiné à Jean sans Peur (Bruxelles, KBR, 10366), il réalise encore à la même
époque la plus grande part du Recueil de la reine Isabeau de Bavière, puisqu’il
n’est autre que l’ornemaniste « A » du Harley 4431 dans la classification de
Sandra Hindman46. Au frontispice de ce
dernier manuscrit, la fine résille fleurie
s’enrichit de branches de mouron blanc,
devise de la reine, et accompagne de larges
baguettes ornées d’un enroulement
d’acanthes multicolores où broche un lys
royal couronné. Les fleurons d’acanthes se
terminent eux-mêmes en fleurs trompettes
ou se poursuivent de fleurs au naturel en
une fabuleuse hybridation des espèces
végétales. Le décor des autres feuillets s’en
tient aux rinceaux d’or seulement fleuris de
quartefeuilles. Enfin, l’ornemaniste a aussi
décoré d’une délicate lettrine prolongée de
rinceaux d’or le dernier autographe de
Christine parvenu jusqu’à nous, sa Prison de
vie humaine datée de 1418 (Paris, BnF,
fr. 24786 {54}), où l’on retrouve ses feuilles
d’or cordiformes. Le départ de la poétesse
de Paris déstructura « l’atelier », mettant fin
à sa collaboration avec « les meilleurs
enlumineurs du monde ».
KBR 10366, f. 2r (ornemaniste à la résille)
© Bruxelles, KBR

44 L’ornemaniste à la résille a suivi un schéma de composition identique à celui des Heures Boucicaut
pour les bordures des pleines pages illustrant le canon d’un Missel offert en 1412 par le conseiller
du roi Jean de la Croix à l’église Saint-Magloire (Paris, Bibl. de l’Arsenal, 623).
45 Un Liber peregrinationis de Jean Galopes dédié au duc de Bedford (Londres, Lambeth Palace, 326) et
les Heures Neville (BnF, lat. 1158) montrent encore vers 1425 des bordures de sa main, d’un style
un peu affadi, v. Fr. Avril, dans Paris 1400, n° 222 et 223.
46 Hindman, 1983a. Le frontispice d’un volume de l’Histoire romaine, éponyme du Maître du Hannibal
de Harvard (Cambridge (Mass.), Harvard College, Houghton Library, ms. Richardson 32, vol. 2,
f. 1r), montre une composition assez comparable, v. Morrison et Hedeman 2010, n° 40, pp. 229-
231.
88 Introduction sur les enlumineurs ornemanistes

BnF, fr. 24786, f. 36r (lettrine) : ornemaniste à la résille


© Paris, BnF
BnF, fr. 603, f. 127v : Maître de la Cité des dames © Paris, BnF
Introduction sur les peintres enlumineurs

Les manuscrits sur parchemin produits sous la supervision de Christine de


Pizan, hors les fragments, sont tous ornés. Le rôle non négligeable dévolu aux
ornemanistes engagés par l’auteur transparaît à travers l’éloge de l’un d’eux, ou
plutôt l’une d’elle, Anastaise, dans la Cité des dames. Si les lettrines étaient perçues
comme une nécessité pour parfaire le livre et en faciliter la lecture, il n’en allait
pas de même de l’illustration. Les manuscrits qui en sont dépourvus, une
quinzaine, constituent près du tiers du corpus subsistant. Pour certains textes,
comme les Fais et bonnes meurs de 1404, le Livre de prodommie, devenu Livre de
prudence ou encore la Prison de vie humaine de 1418, aucun exemplaire illustré n’est
attesté. Et même le cycle d’images qui a rendu célèbre la Cité des dames ne
semble pas avoir été prévu à l’origine, si l’on en croit les premiers exemplaires.
D’autres textes pourtant furent d’emblée conçus avec images : l’Epistre Othea et
les plus anciens recueils, dès les années 1400-1402, en sont déjà largement
pourvus. Aussi, prise dans son ensemble, l’œuvre de Christine compte parmi les
plus richement illustrées de tous les auteurs du Moyen Âge. Certains historiens
de l’art d’aujourd’hui rejettent le terme d’« illustration » comme s’ils rabaissaient
l’image par rapport au texte. Nous n’en ferons rien, considérant qu’au contraire
ce terme dit on ne peut mieux la richesse de la relation texte-images : illustrare,
c’est d’abord, au propre comme au figuré, éclairer. À plus forte raison, lorsque
l’auteur se fait son propre illustrateur, fournissant lui-même ses clefs
d’interprétation.
Comme l’a montré Sandra Hindman1, la distinction opérée par Christine de
Pizan dans le domaine de l’architecture entre artisans et artiste est parfaitement
transposable à l’enluminure : au charpentier et au tailleur de pierres correspond
l’ouvrier d’atelier qui broie les pigments, à l’architecte ou expert l’enlumineur qui
peint les histoires, et au roi Charles V, tres grant artiste et vray architecteur, Christine
elle-même en ce qu’elle aussi cognoist mieulx les raisons pour quoy il convient qu’i soit
ainsi (Livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V, III, 11). Christine se place
donc du côté des disposeurs de l’œuvre, auteurs, translateurs ou commanditaires, qui
scevent les causes des besoignes dès lors qu’ils en définissent le programme. En ce
sens, elle nous invite à la considérer comme une grande artiste et l’illustration
de ses manuscrits comme une part constitutive de son œuvre intellectuel.
Auteur, mais aussi concepteur de ses manuscrits et de leurs histoires, comme on
nomme alors les images, maître d’ouvrage au sens des historiens de
1 Hindman 1986, pp. 73-75.
92 Introduction sur les peintres enlumineurs

l’architecture et commanditaire auprès des artisans du livre, Christine de Pizan


semble bien avoir exercé les fonctions de libraire privé pour la diffusion de ses
propres œuvres. Répartissant entre les différents métiers, du parcheminier au
relieur, les tâches qu’elle ne pouvait accomplir elle-même, elle gardait la haute
main sur l’ensemble du processus. Une inscription sur un Des cas des nobles
hommes et femmes de Boccace enluminé par le Maître de la Cité des dames
(Londres, BL, Royal 20 C IV, feuillet de garde) ne dénombre pas moins de dix
intervenants dans la réalisation du livre et elle est encore loin du compte
puisqu’elle omet les premières étapes jusqu’à la copie :
Tr[a]nsuit [liber iste] / p[er] maninus X, videl[icet] illi[us] / qui min[i]avit in
margine, / qui ill[um]inavit litt[er]as, / qui f[e]ci[t] ystorias, / qui f[e]ci[t]
collaturas mudavit, / qui religavit, / qui deauravit folia, / f[e]ci[t] clavos, / qui
f[e]ci[t] ligaturas, / qui deauravit eas, / qui posuit et affixit eas.
Parce que Christine fut son propre éditeur, ses manuscrits originaux portent
sa marque en bien d’autres aspects que leur contenu textuel, et notamment par
leurs images. Le rôle de Christine dans l’illustration de son œuvre s’apparente à
celui des traducteurs au service de Charles V, tel Raoul de Presles, très
vraisemblable auteur du programme d’illustrations qui accompagne sa version
française de la Cité de Dieu2. Laurent de Premierfait semble avoir fait de même
pour la traduction du De senectute de Cicéron3 remise en 1405 au duc Louis II de
Bourbon (BnF, lat. 7789). Cette fonction d’illustrateur ou iconographe est bien
attestée par les Histoires sur les livres de Salluste de Jean Lebègue (Oxford, Bodl.
Lib., d’Orville 141), mise au propre d’un manuel à destination des enlumineurs
achevée en 1417 qui est le fruit d’une réflexion sur l’image et le texte sur plus
d’une décennie4. Dans le cas des textes d’auteurs antiques pourvus de neuf d’un
cycle d’illustrations aux XIVe et XVe siècles, celui-ci procède généralement des
gloses et commentaires antérieurs. Sa création suppose chez l’iconographe
l’intention d’associer au texte son propre commentaire en images. Deux
lectures se déploient alors parallèlement et s’entrecroisent, celle du paratexte et
celle des histoires. Le cycle d’images peut ainsi apparaître comme commentaire
sui generis ou fixer une certaine lecture du texte. Les images voulues et conçues
par Christine de Pizan complètent, renforcent, explicitent, interprètent à leur
façon le texte illustré, en une communauté de conception qui révèle une pensée
visuelle autant qu’auditive, iconique autant que littéraire.
Qu’elle ait présidé au choix ou à la conception des images ne fait pas de
doute pour nous, mais comment cette Christine iconographe a-t-elle transmis sa
pensée à ses enlumineurs-interprètes, voilà qui est plus difficile à saisir. En effet,
2 Villela-Petit 2006.
3 M.-H. Tesnière, « Cicéron, Pro Marcello et De senectute », dans Paris 1400, p. 240.
4 I. Villela-Petit, « Deux manuscrits de Salluste et un manuel d’illustration », dans Paris 1400,
pp. 204-205.
Introduction sur les peintres enlumineurs 93

les rubriques, auxquelles on prête souvent la fonction de guide pour


l’illustration, sont souvent insuffisantes pour que l’enlumineur, qui n’avait guère
le loisir de lire le texte en son entier, puisse en déduire l’image attendue5. Tout
nouveau texte ou tout nouvel exemplaire d’un texte sans tradition
iconographique établie demandait donc l’élaboration d’un « programme »6, soit
sous forme d’un modèle figuré, soit d’une description. Des modèles dessinés ou
peints pouvaient être associés à l’exemplar, ainsi dans un recueil de bestiaires
parisien du XIIIe siècle (Cambridge (Mass.), Harvard College Lib., ms.
Typ 101), dont les textes, entrecoupés de blancs réservés pour les illustrations,
sont précédés de deux cahiers d’images qui leur correspondent7. Il en allait de
même des instructions écrites, généralement en langue vernaculaire pour être
comprises des artisans laïques. Certaines ont même été conservées avec le
manuscrit enluminé auquel elles étaient destinées, ainsi celles d’un théologien
dominicain placées en tête du Bréviaire de Belleville peint par Jean Pucelle8,
sans doute parce que les prescriptions pour la réalisation des images pouvaient
servir en un second temps de commentaire à celles-ci (BnF, lat. 10483 :
« Exposition des ymages qui sunt ou kalendrier et ou sautier »). Comme le
notait Donal Byrne, elles sont autant « descriptive of existing images as
prescriptive of new ones », car « only through description is prescription
possible »9.
Un autre exemplar assorti d’instructions pour l’enlumineur, mais en latin et
directement insérées en regard des emplacements réservés pour les « histoires »,
est un manuscrit du Somnium super materia Scismatis d’Honoré Bouvet (BnF,
lat. 14643, ff. 269r-283v). Ces instructions sont assez brèves, du type Hic
depingantur rex Scocie ac actor, et de la main du chancelier Jean Gerson10, preuve
que l’illustration des manuscrits n’était pas un sujet indigne des auteurs les plus
sérieux. Des indications elliptiques de ce type ou des pictogrammes équivalents
étaient aussi portés au stylet directement dans les marges du manuscrit à
peindre. Un exemple parmi d’autres est un fragment de Vies de saints du XIVe
siècle (BnF, fr. 964, ff. 150r-163r) où les deux modes alternent. L’esquisse d’une
mitre ou d’une tête mitrée vaut pour n’importe quel saint évêque dont
l’enlumineur n’a même pas besoin de lire le nom dans la rubrique ; le dessin
5 Julia Drobinsky arrive à la même conclusion à propos d’un Ovide moralisé de la fin du XIVe siècle :
« en aucun cas les rubriques ne suffisent à fournir la matière à illustrer », v. J. Drobinsky, « La
narration iconographique dans l’Ovide moralisé de Lyon (BM, ms. 742) », dans L. Harf-Lancner et alii
(éd.), Ovide métamorphosé. Les lecteurs médiévaux d’Ovide, Paris, PU Sorbonne Nouvelle, 2009, p. 223 et
suiv., en part. p. 228-231.
6 Voir Guillouët et Rabel, 2011.
7 Scheller 1995, pp. 188-193.
8 Sandler 1984.
9 Byrne 1986, p. 57.
10 Ouy 1960.
94 Introduction sur les peintres enlumineurs

plus élaboré d’un personnage nimbé tenant un livre à côté d’un arbre
correspond à l’image de saint Étienne de Grandmont retiré dans la forêt de
Muret (f. 159v) et des porteurs de châsse indiquent une scène de translation
(f. 158r). En d’autres feuillets, ce sont quelques mots qui donnent des
indications à peine plus élaborées, malheureusement rognées en marge
inférieure : « la teste d’un s’ roy en .I. […] » pour saint Oswald (f. 161v), ou « II
evesq’ conver[…] » pour l’image groupée des saints Eucher de Lyon et Hilaire
d’Arles (f. 156v). Malgré leur concision, petits dessins et descriptions abrégées
suffisent à indiquer une scène-type. Mais il n’en va pas de même pour des
images plus complexes ou dépourvues de modèle dans le répertoire habituel de
l’enlumineur.
Les manuscrits de Christine de Pizan ne comportent guère d’indications de
ce type qui soient visibles, soit qu’elles n’aient jamais existé, soit qu’elles aient
été recouvertes par les peintures elles-mêmes, ou qu’elles aient été grattées ou
rognées comme c’était l’usage. En marge de certaines enluminures, le
parchemin présente d’ailleurs des traces de grattage qui pourraient correspondre
à l’emplacement d’un dessin ou d’une inscription (par exemple, BnF, fr. 12779,
f. 106v {3} ou BnF, fr. 603, f. 2r {9}). Les esquisses du Chemin de lonc estude
(Bruxelles, KBR, 10982 {19}) semblent cependant d’un autre ordre et de la
main de l’enlumineur lui-même : il s’agit plutôt de dessins de mise en place, ou
de véritables ébauches, ainsi le cheval cabré saillant dans la marge qui définit
précisément la posture de Pégase dans l’image (f. 13v). Mais on pourrait aussi
imaginer qu’elles renvoient à un calepin contenant les dessins des scènes
complètes et assurent la distribution de celles-ci aux emplacements voulus ;
dans ce cas le détail vaudrait aussi comme pars pro toto. Combiné à la nouveauté
de nombre de scènes, le peu de traces d’indications marginales à l’intention des
enlumineurs conforte toutefois l’hypothèse d’un exemplar comportant le
descriptif des scènes, voire d’un manuel indépendant – des Histoires sur les livres
de Christine regroupant ses prescriptions – à l’instar de celui de Jean Lebègue.
Bien que l’équivalent ne soit pas conservé pour Christine de Pizan, plusieurs
autres indices permettent de confirmer l’usage d’un ou plusieurs exemplars
assortis d’instructions. Dans la mesure où elle fut souvent sa propre copiste, il
lui revenait d’abord de fixer le nombre et l’emplacement des lettrines et des
images dans le texte, ainsi que leurs dimensions, qui dépendent directement du
nombre de lignes laissées libres à cet effet lors de la copie. Ses notes ajoutées à
un Livre du chemin de lonc estude (BnF, fr. 1643 {21}) en vue de la réalisation d’un
exemplaire plus luxueux et plus richement illustré montrent son intervention
directe : Soit ci laisié espace pour histoire ou Cy soit laissié espace affaire histoire et une
grant letre. Elle n’en précise pas ici le contenu, mais des instructions
iconographiques ont dû exister au moins sur l’exemplar perdu du Livre de la
Introduction sur les peintres enlumineurs 95

mutacion de Fortune. Preuve en est la mention reprise par erreur sous forme de
rubrique (et partiellement grattée par la suite une fois la méprise révélée) dans le
« Petit recueil » de 1410-1411 (BnF, fr. 603, f. 127v) : histoire doit estre en cest espace
qui la veult faire en livre et doit estre sicomme une gra(n)t salle comme se elle fust painte et
pourtraitte autour d’istoires de batailles et de roys et roynes a deux rencs. Il s’agit ici d’un
aperçu tout à fait exceptionnel sur ce que devait être le manuscrit de base fourni
par Christine à son copiste, mais aussi sur la nature des indications que
recevaient ses enlumineurs.
L’inscription, confondue par le copiste avec un titre ou un ajout de l’auteur,
figurait probablement en marge d’un emplacement laissé en blanc, en prévision
de l’illustration qui devait ouvrir la quatrième partie de la Mutacion. La célèbre
Salle du château de Fortune est déjà présente en 1403-1404 dans les premiers
exemplaires du texte (Bruxelles, KBR, 9508, f. 58r ; La Haye, KB, 78 D 42,
f. 54v ; Chantilly, Bibl. du Château, 494, f. 54r ; ex-Phillipps 207, f. 54r ;
Chantilly, Bibl. du Château, 493, f. 290v). Au demeurant, les instructions leur
correspondent plus exactement qu’à l’illustration du fr. 603 qui représente
Christine en pied in persona au milieu de la grand salle, alors qu’elles ne font
nulle mention d’elle, au contraire d’ailleurs du texte de la Mutacion qui insiste sur
la figure du narrateur regardant : pour ce que pieça comptay // Des histoires, que moult
notay, // En la grant sale ou je les vi11. L’exemplar fourni au Maître de l’Épître
Othéa en 1403 avait donc été conservé. Il fut probablement revu et complété,
peut-être par le biais d’une note inscrite directement dans le fr. 603, en marge
de l’emplacement prévu pour l’enluminure. Cette modification de parti
iconographique est en tout cas intervenue dans le laps de temps qui sépare la
copie du fr. 603 et son enluminure par le Maître de la Cité des dames, d’où la
nouvelle version de la scène – désormais habitée – qu’il contient, et qui fut à
son tour reprise dans le dernier manuscrit de la Mutacion (Munich, Cod. gall. 11,
f. 53r).
Toujours est-il que l’enlumineur n’avait nul besoin de connaître le sujet
précis de l’image, ni les noms des personnages, autrement dit les raisons et les
causes. Une grant salle – et que ce fut celle du château de Fortune lui importait
peu – qu’on peut supposer bien ouverte pour en laisser voir l’intérieur peint à
son pourtour d’histoires dans l’histoire, scènes de batailles et figures de rois et de
reines sur deux registres. C’était à la fois tout lui dire et bien peu dire, comme le
montrent les interprétations successives de la scène.

11 C de P, Mutacion de Fortune, 1959-1966, vv. 18355-18357. Dans toute la description de la salle, la


récurrence des expressions Je y vi ou M’apparu insiste sur la présence de Christine, spectateur et
témoin direct des peintures selon la fiction du récit.
96 Introduction sur les peintres enlumineurs

Salle du château de Fortune, Bruxelles, KBR, 9508, f. 58r ; La Haye, KB, 78 D 42, f. 54v ;
Chantilly, Bibl. du Château, 494, f. 54r ; ex-Phillipps 207, f. 54r : Maître de l’Épître Othéa
© Bruxelles, KBR ; La Haye, KB ; Chantilly, Bibl. du Château
Introduction sur les peintres enlumineurs 97

Salle du château de Fortune, Chantilly, Bibl. du Château, 493, f. 290v :


Maître bleu-jaune-rose de Chantilly © Chantilly, Bibl. du Château

Salle du château de Fortune, Paris, BnF, fr. 603, f. 127v et Munich, Cod. Gall. 11, f. 53r : Maître
de la Cité des dames © Paris, BnF et Munich, BSB
Ni les couleurs, ni l’architecture, ni la disposition des registres peints et la
répartition exacte des « histoires », ni bien d’autres détails encore ne sont
précisés, ainsi le dallage de la salle, motif d’autant plus remarquable chez le
Maître de l’Épître Othéa et le Maître de Chantilly que cette salle est vide de
toute présence humaine. Ils relèvent ici de la seule création picturale et ne
doivent apparemment rien à l’iconographe, même si les roues qui s’inscrivent
dans le dessin du pavement du ms. 494 de Chantilly évoquent subtilement
l’emblème de la Fortune. Enlumineur et iconographe partagent cependant un
certain nombre de conventions, une grammaire des gestes, la division
98 Introduction sur les peintres enlumineurs

symbolique de l’espace entre dextre positivement connotée et senestre


négativement, centre et périphérie, et des modes de représentation, car « the
instructions refer not to a natural world, but to a conventional store of scenes
and figure-types shared by artist, iconographer and potential viewer »12. Ainsi
une allégorie est figurée comme une reine, c’est-à-dire une femme couronnée
assise sur un trône et tenant un sceptre. L’enlumineur prend d’ailleurs quelques
libertés avec les instructions, préférant disposer les peintures sur le mur du fond
plutôt qu’au pourtour de la salle, ce qui au demeurant les rend mieux visibles.
Au lieu des roys et roynes, le Maître de l’Épître Othéa n’a représenté que des
reines, mais peut-être était-ce là une demande explicite de Christine, qui semble
toutefois oubliée par la suite. Quant au Maître de la Cité des dames, il suit plus
exactement les instructions en disposant les scènes peintes de part et d’autre
d’une salle vue en perspective, tout en ajoutant un registre supplémentaire au
mur de gauche et en multipliant les détails adventices (fr. 603, f. 127v). Outre la
figure de Christine, qu’il peint sans doute à sa demande, il diversifie le sujet des
fresques, ajoute une cheminée contre le mur du fond, un banc et une crédence,
deux petits chiens… et des simili-légendes sous les registres peints. Ces
dernières produisent une double mise en abyme de l’image et du texte : de
même que le spectateur regarde l’image de Christine regardant les peintures, le
lecteur lit dans le texte ce qu’elle-même semble lire dans la salle. Le jeu du texte
sur l’alternance du voir et du lire, des histoires pourtraictes et escriptes, invite
d’ailleurs à imaginer des scènes légendées. Cette nouvelle version de la Salle du
château de Fortune fut toutefois simplifiée par la suppression des détails
superflus dans le dernier manuscrit (Munich), qui fait retour aux deux registres,
mais légendés et variés dans leurs scènes, et ne conserve du mobilier de la salle
que le grand banc. Cette simplification, qui s’observe aussi dans les versions
successives du frontispice des œuvres de Salluste peintes selon les instructions
de Jean Lebègue, va dans le sens d’une plus grande clarté de la scène et d’une
meilleure lisibilité du programme de Christine. Il est fort possible qu’elle soit
directement intervenue en ce sens.
Les instructions conservées grâce à la distraction du copiste du fr. 603
contrastent avec la véritable rubrique, qui fait ici figure de légende à l’illustration
au-dessus autant que de titre au chapitre qui suit : Cy dit de la salle du chastel et
quelles pourtraictures il y a. Ce titre était parlant pour le lecteur qui venait de suivre
le récit des chapitres précédents, mais eut été de peu de secours pour le peintre
ou du moins fort imprécis : quel(s) thème(s) pour ces peintures ? quel(s)
emplacement(s) ? Or, les thèmes des peintures et leur emplacement font sens
dans l’image comme dans le récit. Prescriptions aux enlumineurs, titres
rubriqués et commentaires des images ne sont donc pas toujours équivalents.

12 Byrne 1986, p. 57.


Introduction sur les peintres enlumineurs 99

Enfin, si preuve était besoin que l’enlumineur n’était pas non plus supposé lire
le texte de la Mutacion, les indices glanés dans la description de la Salle, sur des
milliers de vers, ne coïncident pas avec l’abrégé qu’en propose l’indication. Le
texte la révèle à la fois plus limitée en couleurs et beaucoup plus riche en
scènes – trop assurément pour une miniature : Si est painte moult richement // D’or
et d’azur trestout autour // Et par les pillers fais a tour // Si sont la escriptes les gestes /
Des grans princes et les conquestes // De tous les regnes qu’ilz acquistrent […] En la sale
dont j’ay parlé, // Qui fut grande en lonc et en lé, // Avoit tout au commencement //
Figuré et paint richement // Comment Dieu forma ciel et terre13.
Si l’exemple de la Salle du château de Fortune montre la marge
d’interprétation laissée aux enlumineurs, il laisse aussi deviner les interventions
répétées de Christine de Pizan auprès d’eux, son regard sur leurs peintures, ses
avis et l’intention réfléchie que portent ces images. Les illustrations des
manuscrits issus de l’atelier christinien sont donc une création conjointe de
l’illustratrice et de chacun de ses peintres successifs. Pour certains d’entre eux,
tels le Maître de la Pastoure ou le Maître de l’Épître Othéa sur lesquels nous
reviendrons, la question peut se poser d’un atelier à demeure, installé dans son
propre hôtel, comme semblent en avoir eu les frères Raponde pour le compte
du duc de Bourgogne14, ou Pierre de Vérone, libraire au service de Jean de
Berry, qui employait chez lui un certain « Johannes de […], normanus », artisan
spécialisé dans l’affinage du bleu de lapis-lazuli15. À tout le moins, les visites de
Christine aux ateliers d’enlumineurs pouvaient être fréquentes.
Autres indices de l’intérêt de Christine de Pizan pour l’iconographie de ses
textes et de son implication dans leur élaboration, les commentaires a posteriori
qui étoffent les rubriques de l’Epistre Othea dans les recueils du duc (BnF,
fr. 606 {5}) et de la reine (BL, Harley MS 4431 {12-13}) montrent qu’elle sait les
causes qui ont motivé les partis pris de la représentation :
Affin que ceulz qui ne sont mie clercs poetes puissent entendre en brief la
significacion des histoires de ce livre, est à savoir que, par tout où les ymages
sont en nues, c’est à entendre que ce sont les figures des dieux ou deesses de
quoy la letre ensuivant ou livre parle, selon la maniere de parler des ancians
poetes. Et pour ce que deyté est chose espirituelle et eslevée de terre, sont les
ymages figurez en nues, et ceste premiere est la deesse de Sapience (Harley 4431,
f. 95v, Hector recevant la lettre d’Othéa).
Il faut comprendre ymages dans le sens de figures humaines, figures dans le
même sens, qui est celui de l’Histoire de l’Art16, et figurer ou pourtraire au sens de

13 C de P, Mutacion de Fortune, vv. 7104-7109 et vv. 8071-8075.


14 Buettner 1996, pp. 7-15.
15 I. Villela-Petit, « Jean le Normand, marchand de couleurs », dans Villela-Petit 1995.
16 Une figure, dans le langage des arts, est la représentation d’un être humain pris en entier (et non un
visage).
100 Introduction sur les peintres enlumineurs

représenter. Christine de Pizan n’était-elle pas la mieux placée pour commenter


les images qu’elle avait conçues, en donner le fin mot à son lecteur et lui
exposer les conventions suivies pour leur représentation ? Il vaut la peine de
relever ce que, forte du savoir astrologique hérité de son père, de ses
nombreuses lectures et de sa propre culture visuelle, elle écrit sur le sens des
histoires qui suivent.
Attrempance estoit aussi appellee deesse ; et pour ce que nostre corps humain
est composé de diverses choses et doit estre attrempé selon raison, peut estre
figuré a l’orloge qui a plusieurs roes et mesures ; et toutefoiz ne vault rien
l’orloge s’il n’est attrempé, semblablement non fait nostre corps humain se
Attrempance ne l’ordonne (Londres, BL, Harley MS 4431, f. 96v, Horloge de
Temperance) ;
Et est a savoir que pour ce que les vij planettes ou ciel sont tournans autour des
cercles que on nomme zodiaques, sont les ymages des vij planettes ycy figurées
assis sur cercles ; et pour ce que elles sont ou firmament assises et au dessus des
nues, sont elles cy pourtraites ou ciel estoilé au dessus des nues ; et estoient jadis
appellez les grans dieux. Et pour ce que Jupiter est planette ou ciel qui donne
influence de doulceur et amistié, tend cest ymage, en signe d’amour, la main aux
hommes de terre. Et pour ce que la rosee du ciel est cause de fertilité et
habondance et le doulx air attrempé vient de celle planette, est il ycy pourtrait
getant rosée contre val (f. 99r, Jupiter) ;
Venus est planette ou ciel que les payens jadis appellerent deesse d’amours, pour
ce que elle donne influence d’estre amoureux. Et pour ce sont cy figurez amans
qui lui presentent leurs cuers (f. 100r, Vénus) ;

Vénus, Londres, BL, Harley MS 4431, f. 100r : atelier du Maître de la Cité des dames
© Londres, BL
Saturnus est planette tardive et pesant et se peut signifier en aucun cas à sagece
et amoderée et rassise condicion. Et pour ce est il pourtrait comme un ancien
homme ; et pour ce que ou firmament il est assis au dessus de toutes les
planettes, est il cy figuré assis sus vij cercles, et à terre dessoubz lui des avocas et
sages hommes qui parlent de sagece ensemble. Il tient une faucille pour ce que
Introduction sur les peintres enlumineurs 101

celle planette fu nommée d’un sage roy qui ot nom Saturnus, qui trouva la
maniere de soyer les blez des faucilles (ff. 100r-100v, Saturne) ;
Le souleil, que anciennement ilz nommerent Phebus ou Appollo, est planette
qui enlumine ou esclere toutes choses troubles et obscures, qui signifie verité,
qui esclere toutes choses troubles et muciées ; et pour ce y a gens dessoubz qui
font signe jurer et faire serment de dire verité. Il tient une harpe qui peut estre
pris pour bel accort et doulx son, qui est en la vertu de Verité ; il a costé soy un
corbel qui signifie le premier aage du siecle qui fu net et puis noirci par les
pechez des creatures (ff. 100v-101r, Phebus) ;
La lune est planette qui donne influence de merencolie et folie, et pour ce que a
cause d’elle, selon la disposicion des corps des hommes, vient a aucuns la
maladie de frenasie et merencolie, est elle ci pourtraite trayant contre val d’un
arc, et gens soubs elle merencolieux et frenatiques (f. 101r, La lune) ;
Mars est planete qui donne influence de guerres et batailles, et pour ce est cy
figuré son ymage tout armé et dessoubz (f. 101v, Mars [le texte est inachevé]) ;
Mercurius est planette qui donne influence de beau lengage, et fu appellé dieu de
lengage. Il tient une fleur pour ce que ainsi comme la fleur naturellement plaist a
veïr, aussi lengage bien aourné plaist a ouir. Il a la bourse pleine, car par bel
lengage souvent vient on a grant richece. Si a dessoubz lui sages hommes qui
parlent ensemble. Cy fine des vij planettes (f. 102r, Mercure).
Ces précisions sur les images des planètes ne sont pas sans faire écho à la
description par Christine d’une précieuse coupe d’orfèvrerie émaillée, offerte
par Charles V à l’empereur en janvier 1378, qui rappelle la passion du roi pour
l’astrologie et suggère entre les lignes l’influence de son médecin-astrologue
Tommaso di Benvenuto da Pizzano, père de la poétesse : une couppe d’or garnie de
pierrerie, en laquelle avoit figuré d’esmail moult richement ouvré l’espere du ciel [la sphère],
où estoit le zodiaque, les signes, les planetes et estoilles fixes et leurs ymages (Livre des fais et
bonnes meurs, III, 46).
L’ajout d’un commentaire des enluminures à l’architecture déjà complexe
des chapitres de l’Epistre Othea, associant image, texte versifié, glose, allégorie et
moralité latine ne fut pas poursuivi au-delà. Les chapitres suivants les réduisent
à de simples rubriques : La deesse Minerve et la deesse Pallas ensemble (f. 102v), La
royne Panthasselee qui ala au secours de Troye (f. 103r), Narcisus qui se mira en la fontaine
(f. 103v), Le roy Athamas qui par yre occist sa femme et ses enfans (f. 104r), Mercurius
qui mua en pierre Aglaros sa serourge pour son envie (f. 104v), puis elles s’interrompent
à leur tour après ce chapitre 18. Ces textes semblent les vestiges d’une
amplification inaboutie de l’Epistre, un commentaire systématique des images
qui serait allé de pair avec le cycle long d’illustration.
Un tel projet n’était pas sans précédent, ainsi dans la première moitié du
XIVe siècle les pleines pages commentées de la Bible moralisée angevine
102 Introduction sur les peintres enlumineurs

achevée pour la jeune Jeanne de Naples17 (BnF, fr. 9561), où l’on peut lire par
exemple, sous l’image de l’Arrivée à Bethléem : « C’est l’ystoire, quant Joseph
monta de Nazareth en Bethléem avec sainte Marie sa moulhier espousée que
estoit grosse de nostre Seignour, ensi que saint Luc le dist en son evangile u
secont capitle » (f. 132v). Contemporaines de Christine sont aussi les Heures
dites de Bedford destinées au dauphin Louis de Guyenne18, dont les images
sont assorties de deux lignes d’explications du type : « Comment l’ange de
Paradis annonça aux pastoureaux la nativité de nostre seigneur Jhesu Crist. /
Comment les pastoureaux en font grant joye et regardent contre mont comme
hesbaïs, menant feste », pour l’Annonce aux bergers (Londres, BL, Add. 18850,
f. 70v), ou « Cy est figuré comment nostre Dame s’esjoïst, primerement quant
l’ange la salua, secundement quant Helisabeth la benist, / tiercement quant elle
vit son filz resuscité, quartement quant il monta es cielx, quintement quant elle
fu coronnée en Paradis », pour les cinq scénettes entourant une Vierge à
l’Enfant (f. 199v). Dans les deux cas, le commentaire, conçu pour de jeunes
lecteurs, est à visée pédagogique. Christine de Pizan semble donc avoir songé à
en étendre l’usage à l’intention de tout lecteur profane, afin que ses images
nouvelles fussent bien comprises, à moins que le destinataire de l’Epistre,
l’adolescent Hector figurant tout jeune prince, ne justifie son didactisme.
Cependant, pour mettre en œuvre et en art les conceptions de l’iconographe,
il fallait des peintres. Entre 1400 et 1414, une dizaine va se succéder ou se
côtoyer au service de Christine, certains plus modestes, d’autres parmi les plus
réputés. À peine moins nombreux que ses ornemanistes, les peintres se
répartissent très inégalement les manuscrits. Cinq d’entres eux dominent : ce
sont à ses débuts le Maître de la Pastoure et le Maître du Couronnement de la
Vierge, puis et surtout le Maître de l’Épître Othéa (avec une dizaine de
manuscrits à son actif) et le Maître de la Cité des dames (une dizaine aussi), tous
deux devenus emblématiques de l’enluminure christinienne, et dans une
moindre mesure le Maître d’Egerton. Les premiers manuscrits sont enluminés
dans la technique plus économique du dessin d’encre19 (BnF, fr. 848 ; BnF,
fr. 1740 {15} ; Bruxelles, KBR, 11034 {16}) ou en lavis de couleurs (BnF,
fr. 12779 {3} ; Chantilly, Bibl. du Château, 492-493 {1-2}), mais dès 1405,
17 Y. Christe et L. Brugger, « Une Bible moralisée méconnue : la Bible napolitaine de Paris, BnF, fr.
9561, fol 1r-112v », dans Arte Cristiana, 91 (2003), pp. 237-251 ; M. Besseyre et Y. Christe, La Bible
moralisée de Naples (commentaire au fac-similé), Barcelone, 2011.
18 P. Stirnemann et C. Rabel, « The Très Riches Heures and the two artists associated with the Bedford
Workshop », dans The Burlington Magazine, 147 (2005), pp. 534-538 ; E. König, The Bedford Hours.
The Making of a Medieval Masterpiece, Londres, BL, 2007 ; I. Villela-Petit, « Les Très Riches Heures de
Jean de Berry et les Heures de Bedford. Floraison d’études sur deux œuvres majeures de
l’enluminure du XVe siècle », dans Perspective. La revue de l’INHA, 1 (2008), pp. 145-150.
19 I. Villela-Petit, « Historié de blanc et de noir : La tradition du ‘portrait d’encre’ dans l’enluminure
parisienne des XIVe et XVe siècles », dans M. Boudon-Machuel, M. Brock et P. Charron (éd.), Les
rapports des arts monochromes à la couleur. Actes du colloque de juin 2009 au Centre d’Études Supérieures de la
Renaissance de Tours, à paraître.
Introduction sur les peintres enlumineurs 103

Christine est en mesure de financer des images en couleurs saturées, d’un faire
plus minutieux et coûteux en temps et en pigment20. Il ne faut pas pour autant
tirer des conclusions trop hâtives de cette évolution, car elle est aussi fonction
du style des maîtres qu’elle emploie et du commanditaire ou destinataire de
chaque ouvrage. Le choix d’un mode d’exécution plus léger, outre ses
séductions intrinsèques, peut se justifier par sa rapidité même. En outre, dès ses
débuts, elle fait appel à des peintres au service des princes, comme le Maître de
la première Epître ou le Maître du Couronnement de la Vierge.
Le coût de fabrication dépend surtout du nombre d’histoires du programme.
Celui-ci semble avoir été davantage déterminé par la nature du texte et le rang
du destinataire que par des considérations économiques. Au reste, plus le livre
avait de valeur (tant soit le livre riche ou chier dit Christine dans la Cité des dames),
plus l’auteur pouvait en espérer en retour. Les contre-dons des princes
dépassent toujours la valeur matérielle des cadeaux que leur font les gens de
moindre rang. C’est le principe même du système de don et contre-don de la
société traditionnelle dans laquelle s’inscrit la production libraire de Christine.
D’où, aussi, l’importance de faire mémoire du don par l’image21. Portrait
d’auteur et remise du livre sont deux scènes-types pour les pages-frontispices
des manuscrits et en constituent souvent l’unique illustration. Ces scènes
appartiennent au répertoire des enlumineurs au même titre que le standard des
livres d’heures, de l’Annonciation pour les matines au Couronnement de la
Vierge à complies. Nonobstant, elles peuvent également faire l’objet d’une
réélaboration par le programme, comme le portrait de Salluste dans les Histoires
de Jean Lebègue. D’autres formules usuelles au frontispice sont la scène
emblématique (par exemple David en prière pour les Sept psaumes) et le résumé
du contenu en une image composite, souvent bipartie ou quadripartie, dont
s’inspirent les images-doubles en tête de la Cité des dames, des Fais d’armes et des
Trois Vertus. Aux manuscrits à frontispice seul s’opposent ceux illustrés tout du
long ou, du moins, en divers lieux. Selon les œuvres, on distinguera donc le cycle
d’illustrations proprement dit du portrait de l’auteur à son étude ou de la scène
de la remise du livre à son destinataire, les unes se rapportant au contenu
textuel, les autres au livre-objet lui-même, si ce n’est que Christine de Pizan a
justement tendance à mettre en scène l’objet-livre au sein même du cycle
narratif…

20 Sur ces différents modes picturaux, v. I. Villela-Petit, « La petite clef d’harmonie », dans
Stirnemann 2004, pp. 64-75.
21 Sur ce thème, I. Villela-Petit, « La France et le gothique international (1360-1430) », dans Plagnieux
2010, p. 393 : « Faire figurer la scène de la remise du don dans le don lui-même est une façon d’en
perpétuer le souvenir et de perpétuer le lien ainsi créé ».
104 Introduction sur les peintres enlumineurs

1. Maître de la première Épître

Remise du livre à Louis d’Orléans, Paris, BnF, fr. 848, f. 1r :


Maître de la première Épître
Le premier manuscrit illustré de Christine de Pizan est un exemplaire de
l’Epistre Othea (BnF, fr. 848 {14}) qui suit immédiatement la rédaction de ce
texte en 1400. Il est pourvu de quatre tableaux, dont deux se subdivisent pour
former un total de six histoires. L’Epistre semble donc avoir été conçue d’emblée
comme un texte historié. Cette première version est entièrement peinte en lavis
de grisaille, historiée de blanc et de noir selon la terminologie de l’époque. Héritier
du Maître du Policratique, le style du Maître de la première Épître est d’un très
grand raffinement. Le traitement des visages modelés d’ombres, proches du
portrait, laisse supposer qu’il pouvait travailler dans d’autres techniques que
l’enluminure : peinture de chevalet ou vitrail. Aucun autre manuscrit ne semble
d’ailleurs pouvoir lui être attribué. Les encadrements en perspective dont sont
pourvues toutes les histoires du fr. 848 évoquent aussi les bordures sobrement
moulurées de certains petits panneaux peints22. De fait, on retrouvera vers 1417
ce style de visages au nez long et fin prolongeant la ligne des arcades
22 Ainsi la Déploration au chartreux (Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts) ou la Mise au
tombeau au cardinal (Paris, Musée du Louvre), jadis tenu pour une commande de Jean de Berry.
L’identification du donateur comme un cardinal revient à Gilbert Ouy, lors d’une visite de
l’exposition Paris 1400 au Louvre (2004).
Introduction sur les peintres enlumineurs 105

sourcilières dans les vitraux de la chapelle de Vendôme en la cathédrale de


Chartres, commandés par un proche de Louis d’Orléans, Louis de Bourbon-
Vendôme23. Il est donc possible que Christine de Pizan, pour illustrer les
premiers exemplaires d’un texte dédié au duc d’Orléans, ait fait appel à l’un des
artistes qui travaillaient au service de ce prince, ou que celui-ci lui ait adressé un
de ses peintres. Parmi eux sont souvent cités Colart de Laon, Jean de Saint-Éloi,
Jean Viterne, et Guillaume Loiseau qui, en 1394, travaille à la chapelle d’Orléans
aux Célestins24.
Dans l’enluminure frontispice du fr. 848, le duc est reconnaissable au dais
armorié qui le surplombe, l’[azur] semé de fleurs de lys [d’or], au lambel à trois pendants
[d’argent] brochant étant simplement transposé en un dessin d’encre. Parmi ses
conseillers et courtisans, témoins de la remise du livre, l’un tient un bâton
tortillé terminé en plateaux comme un huissier d’armes chargé de protéger
l’espace du dais25. Sa présence réitérée dans les versions successives de la scène
semble le désigner sinon comme le même personnage, du moins remplissant le
même office, même si la forme de sa masse évolue. Sa position en retrait
permettrait alors d’insister sur le fait que Christine a accès au prince sans
obstacle. Cependant, le costume élégant de ce personnage pourrait également
faire songer à un officier plus haut placé dans la hiérarchie de l’hôtel princier26.
Les chambellans sont pourvus d’une masse comparable, tandis que le maître
d’hôtel, qui était alors Eustache Deschamps († vers 1406), arbore une vergette
et le connétable et le maréchal de même, tous attributs tendant à se confondre.
Le conseiller au bonnet haut qui lui fait pendant ne serait-il pas alors le
chancelier du duc, Pierre L’Orfèvre († 1412) ? Du moins est-il assuré
qu’Eustache Deschamps et Christine de Pizan se connaissaient, comme en
témoignent l’Epistre à Eustace Mourel du 10 février 1404 et la ballade du poète en
réponse27. Il se serait alors agi d’évoquer des personnages précis de l’entourage
ducal avec lesquels Christine aurait entretenu des liens privilégiés. Devant eux,
elle se présente en robe ajustée dite cotte-hardie, guimpe légère propre aux
femmes mariées ou veuves et petite cornette. Même si le peintre n’a pas donné
23 On peut comparer le visage du duc d’Orléans dans l’enluminure avec celui de saint Louis dans le
vitrail. Nous remercions Françoise Gatouillat pour avoir attiré notre attention sur les parties
authentiques de cette verrière.
24 Il est notamment chargé de peindre « l’escu et le timbre des armes de mondit sieur le duc, qui est
ou front de ladicte chapelle », « le saint Michiel en forme de bannière qui est sur la crouppe d’icelle
chapelle » et « la bannière des armes de mondit sieur, qui est sur la tournelle ou viz de ladicte
chapelle », v. Le Roux de Lincy 1865, p. 263.
25 L. Hablot, « Le bâton du pouvoir dans l’image médiévale », dans Des signes dans l’image. Usages et
fonctions de l’attribut dans l’iconographie médiévale (du Concile de Nicée au Concile de Trente). Actes du colloque
de l’École Pratique des Hautes Études, Paris, 23-24 mars 2007, à paraître. Nous remercions Laurent
Hablot pour nous avoir communiqué le texte de sa communication.
26 Gonzalez 2004.
27 Ribémont 2002.
106 Introduction sur les peintres enlumineurs

d’elle un rendu physionomiste, c’est là son tout premier portrait. Telle est
l’image qu’elle voulait donner d’elle, modeste en sa mise, mais interlocutrice
privilégiée et bien accueillie dans l’entourage du prince.
Le premier cycle d’illustration de l’Othea ou cycle court, constitué d’une
scène de présentation et de cinq compositions allégoriques ou mythologiques
rapportées aux vertus cardinales, sera repris dans les manuscrits suivants
(Chantilly, Bibl. du Château, 492 {1} et Paris, BnF, fr. 12779 {3}), mais selon
une disposition différente. Dans le fr. 848 en effet, les images regroupées au
début du manuscrit (ff. 1 à 3) ne sont pas encore placées en connexion avec les
passages correspondants du texte. Allégories et exempla enseignent le bon
gouvernement au jeune Hector, destinataire fictif de l’Epistre28. Othéa
personnifie la Prudence et Temperance règle l’horloge qui est sa métaphore
(f. 2r), Minos rend la Justice et Hercule fait preuve de Force (f. 2v), enfin Persée
délivrant Andromède conclut le cycle comme image de la Bonne Renommée
qui résulte de la pratique des vertus (f. 3). Des légendes rubriquées insérées au-
dessus des personnages, voire inscrites sur le dessin même, en explicitent le
sujet et le sens allégorique qu’il convient de donner à chacune : Othea /
Prudence devant Hector, Attrempance, Le roy Mynos / Justice, Hercules / Force, Parceus
/ Renommee monté sur Pegasus devant Andromeda. Elles fonctionnent comme un
commentaire intégré à l’image même. Le programme iconographique limité du
fr. 848, qui ne tire que cinq histoires des cent chapitres de l’Epistre, apparaît en
fait cohérent et mûrement réfléchi.

Lettre d’Othea à Hector et Horloge de Sapience, BnF, fr. 848, f. 2r : Maître de la première Épître

28 Hindman 1986, pp. 51-55 : « The Four Cardinal Virtues and Good Government ».
Introduction sur les peintres enlumineurs 107

Les neuf preux – Hector, Alexandre, César, Josué, David, Judas Maccabée, Arthur, Charlemagne,
Godefroy de Bouillon BnF, fr. 12559, f. 125r (Thomas de Saluces, Le Chevalier errant)
© Paris, BnF
La première scène du cycle proprement dit est aussi à sa façon une scène de
dédicace, mais transposée dans une mythologie réinventée. Le jeune Hector
suivi de conseillers plus âgés, dont l’un tient un arc comme un équivalent
antiquisant d’attribut de fonction, reçoit une lettre-épître d’une figure féminine,
comme Louis d’Orléans un livre-Epistre de Christine. Mais la donatrice est cette
fois en surplomb, issant à mi-corps des nuées pour bien nous faire entendre
qu’il s’agit d’une déité. Le parallèle entre les deux scènes est toutefois accentué
par l’emploi de l’héraldique. Comme le dais du duc d’Orléans au frontispice, le
fond de l’image, à la façon d’un mur peint ou tendu d’un tissu, est semé des
armoiries d’Hector. Le héros est l’un des neuf preux selon la liste fixée par
Jacques de Longuyon dans les Vœux du paon (vers 1310-1312). Au cours du
XIVe siècle, ces preux furent dotés d’armoiries29, que l’on retrouve vers 1403-
1404 dans le tableau du Chevalier errant de Thomas de Saluces peint par le Maître
de la Cité des dames (BnF, fr. 12559, f. 125r). Un manuscrit antérieur de ce
texte, dont la première rédaction date de 1394, pourrait avoir influencé
Christine et son peintre. Les armoiries d’Hector, de gueules au lion d’or assis sur un
trône d’argent, tenant de sa dextre une épée d’argent, transposées en monochromie dans
le fr. 848, rattachent la scène à ce contexte courtois. Elles identifient le
protagoniste principal, sans qu’il y ait complète redondance avec l’inscription de

29 Wyss 1972 ; Schroeder 1971.


108 Introduction sur les peintres enlumineurs

son nom puisque leur création était encore récente. Mais les indices héraldiques
restaient insuffisants pour identifier toutes les scènes, les autres héros antiques
n’ayant pas d’armes fixées. Les armoiries d’Hector ne seront d’ailleurs pas
conservées dans les versions ultérieures de la scène, peut-être parce qu’elles
faisaient double-emploi ou pour ne pas surcharger l’image, mais plus encore par
un changement de parti délibéré. Il est significatif que le fr. 606 (f. 1v) et le
Harley 4431 (f. 95v) leur substituent un écu d’or suspendu à un arbre, comme
l’emprise d’un pas d’armes à remporter. Ce seraient alors les nouvelles armes
promises au héros qui suivra le chemin vertueux enseigné par l’Epistre.

Du cycle de l’Othea, seule l’Horloge de Sapience (Chantilly, Bibl. du Château,


492, f. 110v {1}) se situe aussi dans le monde contemporain à travers
l’évocation de cette nouvelle technologie qu’est l’horloge à rouages mécaniques
et tympanon inventée dans le courant du XIVe siècle, sur la base d’un
échappement à roue de rencontre30. Le motif était déjà à la mode dans la
littérature, ainsi comme figure allégorique de l’amant dans l’Orloge amoureus de
Jean Froissart (vers 1368), ou comme horloge-monde chez Nicole Oresme
(Livre du ciel et du monde, 1377). L’idée d’évoquer la Temperance, non par des
instruments de mesure traditionnels comme le compas ou le sablier, mais par
l’horloge, vient directement de l’Horologium Sapientiæ d’Henri Suso (1334, traduit
en français en 1389), écrit sous la forme d’un dialogue de l’auteur avec Sapientia
(la Sagesse divine) et son avatar Temperancia (la vertu de modération qui
gouverne la vie du chrétien) – Attrempance chez Christine de Pizan, qui
emprunte en outre à Froissart la comparaison avec le corps humain. Mais son
illustration semble bien, là encore, une création de Christine elle-même, les
représentations d’horloge dans les manuscrits de Suso étant postérieures, ainsi
l’exemplaire de Marie de Berry (BnF, fr. 926, f. 113r), daté de 1406, qui montre
le cadran sur le devant. La précision du dessin du Maître de la première Épître
ne laisse pas d’étonner31. Il faut supposer que Christine fournit elle-même le
croquis de l’instrument, peut-être hérité de son père, l’astrologue Thomas de
Pizan ou d’un traité en sa possession, à moins qu’elle n’ait rencontré le médecin
« horloger » Jean Fusoris, réputé pour la construction d’instruments
scientifiques32. Des instructions écrites à l’enlumineur eussent en effet été ici
très insuffisantes pour représenter l’orloge ou a plusieurs roes et mesures (BnF,
fr. 606, f. 2v). La nécessité d’un modèle figuré ou, mais c’est moins probable,
d’une observation directe d’une petite horloge sur pied ou sur console telle
qu’en possédaient les princes, différente des grandes horloges publiques, est

30 Dohrn-van Rossum 1992.


31 Meiss 1974, 1, p. 33-35.
32 Poulle 1963.
Introduction sur les peintres enlumineurs 109

d’autant plus flagrante que le Maître de la première Épître présente non pas une
vue de face, mais la complexité du mécanisme visible à son revers.

Persée et Andromède, BnF, fr. 848, f. 3r : Maître de la première Épître


Les autres images empruntent à la matière antique : Hercule aux Enfers, le
jugement de Minos et Persée secourant Andromède. Les épisodes retenus et
leur interprétation picturale sont toutefois originaux et ne se rencontrent guère
dans les Ovides moralisés illustrés de tradition française. L’histoire de Persée
chevauchant Pégase pour délivrer la belle livrée au monstre marin (fr. 848,
f. 3r), ici calquée sur le modèle de saint Georges et la princesse, n’avait semble-
t-il jamais encore été représentée de la sorte33, et pour cause ! Dans la
mythologie classique, le cheval ailé né du sang de la Gorgone n’est pas la
monture du héros, qui chausse pour ses exploits les sandales magiques
d’Hermès, mais celle de son double, Bellérophon, dans son combat contre un
autre monstre, la Chimère, bien que les deux mythes remontent sans doute à un
archétype commun. Leur association au Moyen Âge, tirée des premiers
commentaires de Boèce et d’Ovide, est popularisée par l’Ovide moralisé, qui
emboîte les deux récits. La réduction à un Persée équestre revient à Pierre
Bersuire dans son Reductorium morale (Ovidius moralizatus, après 1345, livre XV)34
et à Boccace (De genealogiis deorum, livre XII, 24), auxquels Pétrarque a pu servir
d’intermédiaire. Mais aucun de ces textes ne l’illustre. Sa première mise en
forme et en image, par le Maître de la première Épître, se rencontre
précisément dans l’Epistre Othea et fut d’abord diffusée par ses copies

33 Meiss 1974, 1, p. 27-28 ; Desmond et Sheingorn 2003, pp. 131-137 et Willard 1962.
34 J. M. Steadman, « Perseus upon Pegasus and Ovid Moralized », dans Review of English Studies, 9
(1958), pp. 407-410. « Perseus cum equo suo ascendit aera […] quoddam in Aethiopia venisset
volando vidit in littore maris Andromeda […] » est à rapprocher du texte de l’Epistre : Pegasus le
cheval appars // chevaucha par l’air en volant // Et Andromeda en alant // delivra il de la bellue.
110 Introduction sur les peintres enlumineurs

successives. On doit donc en conclure que Christine de Pizan est l’initiatrice de


cette tradition iconographique poursuivie jusqu’à nos jours, qui a supplanté
dans l’imaginaire collectif le Persée aux pieds ailés de l’art gréco-romain. Tel fut
le succès de la création christinienne.

2. Maître de la Pastoure et Maître de Jeanne Ravenelle

Pastoureaux, BnF, fr. 12779, f. 157r : Maître de la Pastoure [Album couleurs, n° 1]


Le plus ancien manuscrit de Christine de Pizan, un recueil de ses œuvres dont le
premier état remonte aux années 1399-1402 (Chantilly, Bibl. du Château, 492)
et le recueil suivant dit aussi Livre de Cristine (BnF, fr. 12779) furent confiés à un
même enlumineur, que nous avons dénommé Maître de la Pastoure d’après la
scène élégiaque qui illustre le Dit de la pastoure dans le second manuscrit (f. 157).
Sa manière n’est pas dénuée de charme, malgré le jugement sévère de Millard
Meiss : « There are two other copies of the Epître [Othea], each with a few
mediocre illustrations, that may be dated in the first decade of the century,
probably after 1405-1406 (Chantilly 492 et fr. 12779) »35. En réalité, la date doit
en être anticipée et se situe vers 1402 pour les deux recueils. Par son style, le
Maître de la Pastoure ne dépareille pas dans l’enluminure parisienne de la toute
fin du XIVe siècle, à l’époque d’un Pierre Rémiet (le Maître de la Mort) ou d’un
Antoine de Compiègne (le Maître du Policratique ?) – et il faut mettre à sa
décharge la piètre conservation des peintures. Il se place au voisinage du Maître
du saint Voult (Légende du saint Voult, Vat., BAV, pal. lat 1988) et du Maître de
Jeanne Ravenelle, un enlumineur actif dans les années 1395-1405 nommé
d’après les heures de cette demoiselle Ravenel originaire du Beauvaisis
(Uppsala, UB, Carolina rediviva, ms. C 517e). L’illustration des œuvres de
Christine n’est d’ailleurs pas si limitée, puisque le premier recueil comportait à
35 Meiss 1974, 1, p. 440, note 135.
Introduction sur les peintres enlumineurs 111

l’origine 12 histoires et le second en avait 13, dont 5 ont disparu depuis, et une
quatorzième, l’enluminure éponyme, ajoutée avec le Dit en 1403. Le
parallélisme des deux cycles d’illustration permet d’ailleurs de reconstituer les
images manquantes du fr. 12779. On peut même les considérer comme plutôt
abondantes, surtout s’agissant de textes moins souvent illustrés que la
chronique ou le roman : balades, virelais, complaintes, lais, rondeaux, épîtres et
dits pour l’essentiel. Mais en cette matière, les recueils de Guillaume de
Machaut pouvaient servir de modèles. Christine semble même avoir emprunté à
son Jugement du roi de Bohême, outre l’argument du Debat de deux amans, la
composition de l’image qui l’accompagne36 (Chantilly, Bibl. du Château, 492,
f. 51v).
En outre, le Maître de la Pastoure, en tant que premier illustrateur non
seulement du Dit de la Pastoure, mais aussi des textes qui précèdent (Dit des .iij.
jugements, Livre de Poissy, Enseignemens a son filz, Oroison Nostre Dame), eut le
privilège de mettre au point certaines compositions-types qui perdureront. Il est
aussi un des premiers portraitistes de Christine de Pizan, dont l’image revient
pas moins de sept fois dans le manuscrit de Chantilly, ce qui révèle chez elle la
volonté de se mettre en valeur. Mieux, en dehors du cycle déjà établi de l’Epistre
Othea, la mise en scène de l’auteur, souvent avec son livre, est le principe
directeur de l’illustration de ces manuscrits jumeaux : Christine à son étude,
Christine devant le duc d’Orléans, Christine devant Jean de Werchin, sénéchal
de Hainaut, Christine chevauchant vers Poissy, Christine à nouveau devant le
duc d’Orléans (prologue de l’Epistre Othea), Christine enseignant à son fils et
Christine devant la Vierge à l’Enfant. La répétition d’image en image donne au
cycle une fonction promotionnelle. Elle insiste aussi sur le rapport de familiarité
de l’auteur avec les grands seigneurs.
Dans les deux recueils, le Maître de la Pastoure use d’un mode léger et
rapide, intermédiaire entre les techniques du dessin d’encre et de la pleine
couleur37. Ses personnages au canon assez trapu et aux têtes rondes se
détachent en blanc teinté de lavis colorés alternant bleu et bistre, sur des fonds
ouvrés. Les rehauts légers qui modelaient les visages ont souvent mal résisté à
l’usure, laissant de tristes silhouettes défigurées et désincarnées. Les champagnes
d’histoires sont mieux conservées. Sur une base rouge, orangée, rose foncé ou
bleue, se superposent des rinceaux, des frises ou un quadrillage généralement
dessiné en orangé, rouge ou brun, d’où des effets de ton sur ton le plus
souvent, et quelquefois de vifs contrastes (orange de minium sur bleu de lapis-

36 Le Jugement de Louis d’Orléans à comparer à celui de Jean de Luxembourg dans les recueils de
Machaut et leurs copies successives : BnF, fr. 1586, ff. 17v et 21r ; BnF, fr. 1584, f. 18v ; BnF,
fr. 2166, f. 64r ; BnF, fr. 22545, f. 16v (tous du XIVe siècle).
37 I. Villela-Petit, « La petite clef d’harmonie », dans Stirnemann 2004, pp. 64-75.
112 Introduction sur les peintres enlumineurs

lazuli ?). Ces fonds se distinguent aussi par un tracé à main levée, ce qui tranche
avec la régularité des fonds quadrillés à la règle en usage chez les enlumineurs
contemporains. Il faut sans doute en déduire qu’ils sont de la même main que
les autres éléments de l’image et non d’un ornemaniste professionnel, bien que
leurs rinceaux s’apparentent à ceux de manuscrits d’autres styles38.
Cependant, dans le fr. 12779 {3}, l’homogénéité des fonds ne se retrouve
pas dans le traitement des personnages. Les visages oblongs du f. 77v semblent
avoir été terminés par une autre main, que l’on retrouve sans doute à l’œuvre
aux ff. 106v, 108v et surtout dans l’illustration de l’Horloge de Sapience
(f. 107v). Le fond de cette dernière est d’ailleurs enrichi de carrés blancs et de
petits ronds blancs ou noirs qui lui donnent un aspect gemmé, et les lignes du
quadrillé, comme celles du f. 108v, sont bien droites. Ces caractères inhabituels
chez le Maître de la Pastoure sont de plus associés à des habits en grisaille. Leur
tracé fluide, les contours ombrés des corps et les traits des visages aux sourcils
bien marqués sont en fait ceux du Maître de Ravenelle, autrefois dénommé
« Outline Master » 39. L’orbe de ciel ourlé de nuages du f. 107v, très différent
des ciels brumeux du Maître de la Pastoure (Chantilly, Bibl. du Château, 492,
ff. 109r et 110v {1}), se retrouve à l’identique dans un volume des Pelerinages de
Guillaume de Digulleville (BnF, fr. 377), enluminé notamment par le Maître de
Ravenelle. Celui-ci emploie une grisaille franche dans plusieurs de ses livres
d’heures (Copenhague, KB, Thott 1138 ; Londres, BL, Loan 85/4), mais sur
des fonds traditionnels, mosaïqués ou quadrillés d’or, très éloignés des
« champaignes » du recueil de Christine. L’intervention ponctuelle du Maître de
Ravenelle sur des enluminures en partie commencées par le Maître de la
Pastoure et suivant ses modèles, le fait donc ici apparaître comme un sous-
traitant, peut-être appelé en renfort par l’enlumineur principal pour hâter le
travail. Il est probable que Christine de Pizan ne passa pas directement contrat
avec lui.

38 Par exemple, un Roman de la rose, suivi du Testament de Jean de Meun, enluminé en grisaille vers
1380 (Londres, BL, Yates Thompson 21). Voir aussi Villela-Petit 2008.
39 Sandgren 2002, p. 49 en particulier : « The Ravenelle Painter combined his painting with a distinct
black or dark contour line » et « The eyes are indicated with lines for both the eye sockets as well
as the edge of the upper lid, thus creating three parallel arcs : eyebrow, eye socket, and upper
eyelashes ». On trouve des fonds quadrillés chargés de motifs dans le livre d’heures éponyme.
Introduction sur les peintres enlumineurs 113

L’Horloge, Chantilly, 492, f. 110v : Maître de la Pastoure [Album couleurs, n° 4]


BnF, fr. 12779, f. 107v : Maître de Ravenelle
© Chantilly, Bibl. du Château
Au-delà de ces questions de style, la comparaison des deux recueils révèle
certains changements, qui peuvent être le signe d’une évolution du programme
donné au Maître de la Pastoure. Ainsi le premier portrait d’auteur (492,
f. 2r {1}) montre Christine devant une roue à livres en un intérieur implicite,
encore que le sol soit indistinct, selon l’image traditionnelle du clerc utilisée
notamment pour figurer Boèce40 et les évangélistes. La scène est transposée
dans un clos en plein air, ce qu’un arbre explicite dans le second recueil
(fr. 12779, f. 1r {3}), évoquant davantage le Roman de la Rose41 ou le jardin de la
Vierge. En revanche, la promenade à cheval qui illustre le Dit de Poissy a trouvé
d’emblée sa forme définitive (Chantilly, Bibl. du Château, 492, f. 92r {1} ; BnF,
fr. 12779, f. 90r), même si le nombre des participants s’accroît et le paysage se
précise. La composition du frontispice est reprise pour les Enseignemens moraulx
adressés à son fils (Bibl. du Château, 492, f. 156v {1} et fr. 12779, f. 149r). La
présence du jeune homme modifie à elle seule le sens de la scène-type : de
l’écriture à l’enseignement.

40 En tête d’un manuscrit de la Consolation de Philosophie de la fin du XIVe siècle (Mâcon, BM, 95, f. 1r)
et d’un autre du début du XVe (Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, 1132, f. 1r) ; mais aussi le portrait du
chroniqueur dans un exemplaire des Grandes Chroniques de France ou celui d’Eginhard (Bibl. Sainte-
Geneviève, 783, f. 1r et f. 82r respectivement), et saint Grégoire dans un compendium (Bibl. Sainte-
Geneviève, 1465, f. 5r), sensiblement contemporains.
41 Par exemple, le portrait de Jean de Meun, devant sa roue mais dans l’herbe (BnF, fr. 380, f. 28v).
114 Introduction sur les peintres enlumineurs

Portrait d’auteur, Chantilly, 492, f. 2r et BnF, fr. 12779, f. 1r : Maître de la Pastoure


© Chantilly, Bibl. du Château

Enseignement a son fils, Chantilly, Bibl. du Château, 492, f. 156v


et BnF, fr. 12779, f. 149v : Maître de la Pastoure
© Chantilly, Bibl. du Château
Bien qu’elles montrent Christine en situation, certaines images sont moins
originales, telle la remise du livre princeps à son destinataire, peinte par
anticipation (Chantilly, Bibl. du Château, 492, f. 108v {1} ; BnF, fr. 12779,
f. 106v {3}), qui est une alternative au portrait d’auteur au frontispice des
manuscrits enluminés. Cependant, elle ne vient pas ici en tête des recueils, mais
comme première image de l’Epistre Othéa, insérée ici avec son cycle court, tel
qu’il avait été conçu pour le fr. 848, frontispice compris. Celui-ci est en effet
suivi de cinq autres histoires, les seules d’ailleurs où l’auteur n’apparaisse pas,
puisqu’elles illustrent non des épisodes de sa vie, mais le contenu allégorique du
texte.
Introduction sur les peintres enlumineurs 115

Persée et Andromède, Chantilly, 492, f. 112v : Maître de la Pastoure


© Chantilly, Bibl. du Château
Le Maître de la Pastoure se trouve donc être le second interprète du cycle de
l’Epistre dont il adapte les nouveautés iconographiques dans son style naïf. Il ne
semble pourtant pas avoir connu directement les dessins d’encre du Maître de
la première Épître, tant ses partis de composition sont différents. Sans doute
eut-il à sa disposition les mêmes instructions écrites que son devancier, en sorte
que leurs interprétations sont indépendantes l’une de l’autre. Ces instructions
semblent toutefois avoir été révisées entre temps, notamment pour la
représentation de la deesse d’attrempanse devant l’horloge. Pour mieux marquer
son caractère divin, la figure allégorique n’est plus représentée en pied comme
dans le fr. 848, mais en buste dans une nuée. En outre, quatre jeunes femmes
ont fait leur apparition dans la scène. Assises au sol, elles font désormais
pendant à la déesse et contemplent l’horloge qu’elle met en mouvement comme
des fidèles de la vertu d’Attrempance et des disciples de Sapience. Le dessin de
l’horloge, maintenant posée sur un piédestal, est plus complexe et sans doute
moins réaliste que celui du Maître de la première Épître : vue sur l’angle, elle
intègre la cloche à l’intérieur du boîtier et multiplie les roues dentées, tandis que
sa transposition par le Maître de Ravenelle (BnF, fr. 12779, f. 107v {3}) y place
aussi les poids, indispensables au mécanisme. Aussi n’est-il pas certain que ces
enlumineurs se soient fondés sur le dessin qui avait servi de base à l’horloge du
fr. 848 {14}, même s’ils la représentent également sur l’envers. Au reste, le
Maître de la Pastoure s’est à son tour très dignement acquitté de la tâche de
transformer un dessin technique en œuvre d’enluminure, faisant même de la
roue dentée un véritable motif décoratif.
116 Introduction sur les peintres enlumineurs

Christ de Pitié, Chantilly, 492, f. 163v : Maître de la Pastoure [Album couleurs, n° 3]


© Chantilly, Bibl. du Château
L’illustration de l’Oroison Nostre Dame (Chantilly, Bibl. du Château, 492,
f. 161r {1}) procède de la scène classique de la dévote en prière devant une
Vierge à l’Enfant, telle que Christine pouvait peut-être la contempler dans son
propre livre d’heures, mais elle est subtilement transformée en scène de remise
du livre : il ne s’agit pas en effet de ses heures mais bien du texte de l’Oraison,
autrement dit du recueil lui-même, que Christine apporte et présente à Notre
Dame (le geste est plus explicite dans la seconde version, BnF, fr. 12779, f. 154r
{3}). L’image la plus soignée du recueil de Chantilly fut ajoutée dans un second
temps, vers la fin 1402 ou le début de 1403, pour illustrer l’Oroison Nostre
Seigneur (f. 163v) – son correspondant perdu dans le fr. 12779 {3}, lui aussi
postérieur à l’explicit, devait être contemporain. Le fond ouvré rose foncé à
rinceaux orange, le sol vert à l’herbe drue et le type d’encadrement et d’auréoles
dorés sont identiques à ceux de l’image précédente, mais l’enlumineur a apporté
un soin particulier au modelé du corps du Christ. Il faut préciser que la scène
devait lui être familière dans la peinture des livres d’heures et qu’il devait déjà
disposer d’un modèle éprouvé, peut-être hérité d’un autre maître, puisqu’il s’agit
cette fois d’un thème iconographique « en stock » : le Christ de Pitié sortant à
mi-corps du tombeau, entouré des Arma Christi. Ici nulle adaptation spécifique
par Christine, mais l’emprunt d’une image-force de la dévotion du XIVe siècle,
la Pitié Nostre Seigneur ou Imago Pietatis42. La vénération devant cette image était
assortie d’indulgences, comme le précisent souvent les inscriptions : « beatus
Gregorius papa […] concessit omnibus qui genui flexi ante ipsam figuram
dicerent quinque pater noster et quinque ave maria, omnes indulgencias que sunt
in ecclesiis Rome » (Heures d’un jeune prince, Londres, BL, Add. 29433,
f. 107v), ou : « saint Gregoire pape […] trova, à tous ceulx qui pour la reverance
de Jhesus Crist devant cette figure ce agenoleront en disant devotement v fois

42 I. Villela-Petit, « Nouvelles dévotions », dans Paris 1400…, pp. 245-246 ; et « La France et le


gothique international (1360-1430) », op. cit., aux pp. 430-439.
Introduction sur les peintres enlumineurs 117

la Patenotre et l’Ave Maria, autant de indulgences comme il y a en toutes les


esglises de Roume » (Livre d’heures, Lisbonne, AN, CF.133, ff. 26v-27r). Ce
caractère d’image de dévotion est ici mis en valeur par son isolement dans une
page blanche, l’Oroison en regard tenant lieu de prière devant l’Image dont
Christine et son lecteur pouvaient espérer un bénéfice du même ordre. Enfin, le
Dit de la pastoure, rédigé en mai 1403 et sans doute ajouté d’abord au fr. 12779
(f. 157r, tandis qu’un autre enlumineur complètera le recueil de Chantilly {3}),
est aussi un emprunt aux bergeries qui illustrent aussi bien les textes profanes
que religieux (l’Annonce aux bergers des livres d’heures, en particulier), avec les
mêmes composants : joueurs de cornemuse ou, comme ici, de flûtiau, bergères
tressant une couronne de fleurs, chien et moutons.

3. Maître bleu-jaune-rose de Chantilly

Le château de Fortune, Chantilly, Bibl. du Château, 493, f. 244v :


Maître bleu-jaune-rose de Chantilly © Chantilly, Bibl. du Château
Un changement d’ornemaniste et de peintre signale une césure dans la
réalisation du recueil de Chantilly (Bibl. du Château, 492-493 {1-2}), dont le
travail a pu s’interrompre plusieurs mois. L’illustration du Dit de la pastoure (492,
f. 166r) est postérieure à la reprise. Au contraire de son équivalent dans le
fr. 12779, elle n’est pas l’œuvre du Maître de la Pastoure, mais d’un enlumineur
de la nouvelle génération qui adopte les fonds de ciel en perspective aérienne,
c’est-à-dire décolorés à l’horizon. Les personnages sont réduits à une seule
bergère assise au premier plan auprès d’une fontaine maçonnée, deux houlettes
118 Introduction sur les peintres enlumineurs

à portée de main, tandis que ses petits moutons relégués à l’arrière-plan


donnent davantage de profondeur à l’image par un effet de perspective
intuitive. Les images de ce qui constitue aujourd’hui le second volume du
recueil sont homogènes, à une exception près, et dans le même style. Alors que
les derniers textes semblent avoir été copiés en plusieurs étapes, cette seconde
campagne d’illustration qui commence avec la Pastoure aurait ainsi été faite en
une seule fois, sans doute vers 1405. L’enlumineur ne serait alors le premier
peintre d’aucun texte, puisque le Chemin de lonc estude et la Mutacion de Fortune, qui
constituent l’essentiel du ms. 493 {2}, avaient déjà été mis en œuvre, l’un par le
Maître du Couronnement de la Vierge, l’autre par le Maître de l’Épître Othéa.

Pastourelle, Chantilly, 492, f. 166r : Maître bleu-jaune-rose de Chantilly


© Chantilly, Bibl. du Château
Le second peintre du Livre de Cristine de Chantilly place ses personnages en
grisaille dans un environnement de teintes douces, toujours les mêmes : bleu du
ciel et de l’eau, sol et feuillages jaunes, rose des éléments d’architecture, d’où
notre nom de « Maître bleu-jaune-rose de Chantilly ». D’abord attribué par
Millard Meiss au Maître de la Cité des dames43, le ms. 493 {2} ne figure plus
que comme un des deux « Related Manuscripts » dans son catalogue des
ateliers44, alors même que le Maître de la Cité des dames et son atelier s’y voient
directement attribuer plus de cinquante manuscrits, ce qui revient à dire qu’un
examen plus poussé avait conduit le grand historien de l’art à écarter le recueil
cantilien du corpus. De fait, les peintures légères du Livre de Cristine n’ont pas
grand rapport avec les grisailles appuyées sur fond de ciel parfois employées par
le Maître de la Cité des dames (par exemple dans un exemplaire des Grandes
Chroniques de France, Paris, Bibl. Mazarine, 2028). Le style bleu-jaune-rose

43 Meiss 1967, p. 356. L’attribution est encore mentionnée dans Stirnemann 2004, p. 84.
44 Meiss 1974, 1, p. 382.
Introduction sur les peintres enlumineurs 119

s’apparente davantage à celui du Maître du Couronnement, notamment aux


grisailles teintées du Roman de la Rose de Valencia (Bibl. Historica, ms. 387-
1327). Le Maître de Chantilly pourrait s’être formé dans l’atelier de celui-ci.
Pour l’illustration du Chemin de lonc estude, le programme fourni par Christine
semble identique à celui du premier exemplaire, réalisé justement par le Maître
du Couronnement de la Vierge (Bruxelles, KBR, 10983). La remise du livre au
roi (Chantilly, Bibl. du Château, 493, f. 184r) suit le schéma habituel, déjà
employé pour celle de l’Epistre Othea au duc d’Orléans : Christine agenouillée
présentant son livre au prince assis, tourné vers elle et entouré ici de trois
courtisans debout, placés sous un grand dais. Celui-ci cependant n’est pas
armorié comme on s’y attendrait, l’enlumineur s’étant contenté d’évoquer les
armes royales par l’azur seul. On retrouve ses trois couleurs, avec le rose de la
reliure du livre et les dalles jaunes du sol dont l’effet de profondeur est assez
réussi. Le mouvement du courtisan vu de dos ou la retombée des plis de la
cotte-hardie de Christine sont cependant si semblables à ceux du manuscrit de
Bruxelles qu’on peut supposer la transmission d’un modèle dessiné au sein de
l’atelier du Maître du Couronnement, peut-être en lieu et place des instructions
écrites.

Remise du livre à Charles VI, Bruxelles, KBR, 10983, f. 1r : Maître du Couronnement


et Chantilly, 493, f. 184r : Maître bleu-jaune-rose de Chantilly
© Bruxelles, KBR et Chantilly, Bibl. du Château
La représentation du grand lit de Christine et de la Sibylle à son chevet
(Chantilly, Bibl. du Château, 493, f. 187r) s’apparente davantage à un autre
exemplaire du Chemin peint par le Maître du Couronnement (BnF, fr. 1188,
f. 8v {20}), tandis que la Fontaine de Sapience (f. 190r) suit plutôt le schéma
initial (KBR 10983, f. 13r {18}), mais avec quelques variantes qui pourraient
venir d’une interprétation moins fidèle des instructions. Ainsi, la fontaine est
maçonnée au lieu d’être une piscine naturelle, en sorte que le coup de sabot de
Pégase qui la fait naître est peu compréhensible. Les proportions de Sibylle et
120 Introduction sur les peintres enlumineurs

Christine sont réduites, mais elles le seront encore davantage par la suite
(KBR 10982, f. 13v {19}) et cette réduction pouvait aussi bien résulter d’une
demande de Christine visant à mieux mettre en valeur le sujet de l’image, que
d’une tendance à un plus grand réalisme des proportions de la part du Maître de
Chantilly. Enfin, la dernière image du cycle (f. 199r) est une composition
intermédiaire entre La montée au ciel, qui le concluait dans les deux premiers
manuscrits, et La cour de Raison, qui s’y ajoute dans l’autre exemplaire de
Bruxelles (KBR 10982, f. 33v).
L’interprétation du cycle de la Mutacion de Fortune par le Maître de Chantilly
repose de même sur des modèles antérieurs, empruntés au Maître de l’Épître
Othéa, à l’exception de la première image. L’œuvre s’ouvre en effet par une
enluminure en pleines couleurs en manière de frontispice (493, f. 232r) qui
montre Christine à son étude. La finesse des détails de la chaire de bois
ouvragée ou des ferrures du coffre-table, les carnations modelées de verdâtre, le
fond mosaïqué d’or et l’emploi même de couleurs vives et saturées pourraient
faire douter qu’il s’agisse du même enlumineur, et pourtant la profondeur
donnée au champ de l’image par le pavage ou le dessin aigu de la cornette sont
bien ceux du Maître de Chantilly. On se trouve probablement devant un de ces
cas parfois déroutants de deux modes chez un même maître, mode rapide et
mode riche, grisaille et couleurs, comme chez le Maître du Roman de la Rose de
Valencia / Maître du Couronnement de la Vierge, ou chez le Maître des Textes
romains / Maître de Flavius Josèphe.

Christine à son étude, Chantilly, 493, f. 232r : Maître bleu-jaune-rose de Chantilly


[Album couleurs, n° 5] © Chantilly, Bibl. du Château
Introduction sur les peintres enlumineurs 121

Les autres enluminures de la Mutacion sont toutes dans le mode bleu-jaune-rose


habituel. À défaut de pouvoir la confronter au manuscrit ex-Phillipps 207, qui
est partiellement mutilé, la composition de l’arrivée au château de Fortune
(Bibl. du Château, 493, f. 244v) est fort comparable à celle du premier
exemplaire peint par le Maître de l’Épître Othéa (Bruxelles, KBR, 9508,
f. 14r {22}), mais atténuée en une grisaille sur fond de paysage bleu-jaune-rose.
L’allégorie de la Fortune (f. 248v) suit fidèlement son modèle (ex-Phillipps 207,
f. 16r {25}) jusque dans la disposition des personnages dans une niche à
arcature trilobée, tout en aérant la composition et en réduisant les couleurs, ici
rehaussées par le rouge des flammes et des pennes du dard. Le plus haut siège
(f. 267) est plus proche de la version de la Mutacion de La Haye (KB, 78 D 42,
f. 34v {23}) par sa composition symétrique et son architecture en baldaquin
relativement sobre. La salle du château de Fortune (f. 290v) reprend celle du
manuscrit ex-Phillipps (f. 54r) avec sa porte à ferrures et ses lucarnes sur le toit,
et la scène de siège (Chantilly, Bibl. du Château, 493, f. 308r) suit grosso modo la
disposition des chevaliers, la barrière avancée et le plan de ville de ce manuscrit
(ex-Phillipps 207, f. 70r {25}), tandis qu’une seconde scène de siège, mené par
des soldats de pied, est sans précédent dans les manuscrits du Maître de l’Épître
et complète le cycle de la Mutacion dans le recueil de Chantilly par une
illustration supplémentaire (f. 346v). Une certaine variété dans les emprunts
laisserait supposer que le Maître bleu-jaune-rose a suivi un carnet de modèles
du Maître de l’Épître plutôt qu’un exemplaire particulier, mais ce carnet devait
déjà contenir les variantes du manuscrit ex-Phillipps, si celui-ci n’a pas
directement servi de principal modèle.

Fortune entre Meseur et Heur, ex-Phillipps 207, f. 70r : Maître de l’Épître Othéa
et Chantilly, Bibl. du Château, 493, f. 248v : Maître bleu-jaune-rose de Chantilly
© Chantilly, Bibl. du Château
122 Introduction sur les peintres enlumineurs

Siège d’une ville, ex-Phillipps 207, f. 70r : Maître de l’Épître Othéa


et Chantilly, Bibl. du Château, 493, f. 308r : Maître bleu-jaune-rose de Chantilly
Enfin, le format plutôt carré des images du Maître bleu-jaune-rose de
Chantilly, contrastant avec celles étirées en hauteur de son modèle (15 lignes
contre 19 pour la scène de siège, 13 lignes contre 22 pour l’allégorie de
Fortune), est un parti-pris du copiste-maquettiste, Christine en l’occurrence,
certainement par souci de rester en harmonie avec la première partie du recueil.

4. Maître du Couronnement de la Vierge

Remise du livre à Charles VI, BnF, fr. 1188, f. 1r : Maître du Couronnement de la Vierge
Le Maître du Couronnement de la Vierge, ainsi nommé d’après le
frontispice d’une Légende dorée (Paris, BnF, fr. 242, f. A) et un petit panneau de
même sujet peint sur chêne (Berlin, Staatliche Museen), est un peintre et
Introduction sur les peintres enlumineurs 123

enlumineur actif à Paris vers 1400 à qui l’on prête une origine flamande45.
Associé au Maître de Jeanne Ravenelle dans le manuscrit éponyme et dans une
Bible historiale (BnF, fr. 159) donnée au duc de Berry avant 1402 par Raoulet
d’Anquetonville46, protégé du duc de Bourgogne, il a notamment enluminé une
traduction du De claris mulieribus de Boccace (BnF, fr. 12420) offerte à Philippe
le Hardi par le financier et entrepreneur Jacques Raponde pour les étrennes de
1403 et un exemplaire de la Fleur des histoires d’Orient (BnF, fr. 12201), acquis par
le duc auprès dudit Raponde et donné à Jean de Berry en mai 1403. Une Légende
du saint Voult de Lucques (Vat., BAV, pal. lat. 1988) fut réalisée pour les Raponde
eux-mêmes, qui étaient d’origine lucquoise47. Selon une suggestion récente de
François Avril, les Heures du marchand drapier nantais Guillaume Mauléon
(† 1404), datées par leur colophon de 1402 (New York, Pierpont Morgan
Library, M. 515), doivent avoir été enluminées à Nantes même, à l’occasion du
séjour de Philippe le Hardi dans la ville. Enfin, un exemplaire du Roman d’Athis
et Prophilias d’Alexandre de Bernai, enluminé par le Maître du Couronnement
(Saint-Pétersbourg, BNR, Fr.Q.v.XIV, 4), est signalé dans la librairie de Jean
sans Peur. Ces liens avec les Raponde et le duc de Bourgogne suggèrent une
identification avec le peintre Jacques Cœne de Bruges48, attesté à Paris dès 1388.
Dix ans plus tard, son atelier reçoit la visite du milanais Giovanni Alcherio qui
recueille auprès de lui des recettes de couleurs (Liber colorum de Jean Lebègue,
Paris, BnF, lat. 6741, n° 290-296)49 et le fait embaucher en 1399 par la fabrique
du Dôme de Milan pour dessiner l’élévation de la nouvelle cathédrale. Et
surtout, en 1404, il est payé par Jacques Raponde pour des histoires peintes dans
une Bible que Philippe le Hardi faisait réaliser.
Quoi qu’il en soit, le Maître du Couronnement de la Vierge pratiquait aussi
le dessin rehaussé de lavis, ainsi dans un Roman de la Rose (Valencia, BU, 387)
qui lui a d’abord valu le nom de « Maître du Roman de la Rose de Valencia »,
avant que l’identité de mains soit reconnue50. C’est dans cette technique plus
enlevée que furent enluminés pour Christine de Pizan trois exemplaires de son
Livre du chemin de lonc estude (Bruxelles, KBR, 10983 {18} ; Paris, BnF, fr. 1188
{20} ; Bruxelles, KBR, 10982 {19}). On y retrouve les personnages cambrés à
la taille bien prise, les visages ronds et juvéniles, et les drapés prismatiques
répandus au sol qui caractérisent le Maître du Couronnement. Ce peintre

45 Il a aussi porté les noms de « Maître de 1402 », v. Martens 1929, pp. 192-197 ; et de « Maître des
Cleres femmes de Philippe le Hardi », v. de Winter 1982, pp. 96-104.
46 Mirot 1911.
47 Fr. Avril, « Légende du Saint Voult de Lucques », dans Paris 1400, n° 79, p. 154, avec bibliographie.
48 Châtelet 2000.
49 Édition des Capitula de coloribus ad pingendum de Jacques Cœne dans Villela-Petit 1995.
50 Fr. Avril, dans Paris 1400, n° 137, p. 230-231 et n° 138, p. 232. Voir aussi n° 160, p. 264-265, et
n° 162, p. 266.
124 Introduction sur les peintres enlumineurs

apprécié des princes fut donc le premier illustrateur du texte, d’emblée assorti
d’un cycle court de quatre à cinq histoires dont la composition se renouvelle d’un
manuscrit à l’autre51. Le ms. KBR 10983 de Bruxelles, sans doute l’exemplaire
destiné à Philippe le Hardi, en propose une version encore sobre sur fond de
parchemin nu. Dans la scène de présentation, Christine s’agenouille par la
droite devant le groupe du roi et de ses conseillers placés sous un dais
architecturé, suivant le schéma classique de ce type de scène. Le fr. 1188, offert
à Jean de Berry, intègre les figures dans des intérieurs plus élaborés ou les place
sur fond de ciels en perspective faits de fines touches bleues. Ainsi, la scène de
présentation, où Christine, sous l’arcade d’entrée d’une architecture ouverte, est
introduite à la cour. Le ms. KBR 10982 de Bruxelles est le plus ambitieux des
trois tant par l’intégration dans des architectures complexes que par les rehauts
de couleurs vives. La scène de présentation a ici pris place dans une loggia. Elle
privilégie le dialogue entre Christine et le roi, qui occupent les deux tiers de
l’image et sont séparés par une colonnette des conseillers groupés dans un autre
espace. Il semble donc que Christine soit entre-temps intervenue auprès de
l’enlumineur pour que, par cette subtilité de composition, son rôle soit
davantage mis en valeur.

Remise du livre à Charles VI, Bruxelles, KBR, 10982, f. 1r : Maître du Couronnement de la Vierge
© Bruxelles, KBR
Les autres enluminures du cycle montrent une évolution comparable. Le
grand lit à baldaquin où repose Christine (KBR 10983, f. 7v), placé devant un
paysage comme par une réminiscence du Roman de la Rose, dont l’illustration
traduit souvent le thème du narrateur transporté en songe au jardin par ce
raccourci onirique du lit dans le jardin, est ensuite détaché de cette référence et
51 Aux quatre scènes initiales : Dédicace au roi, Christine et la Sibylle, Fontaine de Sapience, Montée
au ciel, s’ajoute dans les mss BnF, fr. 1188 et KBR 10982 celle de la Cour de Raison.
Introduction sur les peintres enlumineurs 125

replacé dans un contexte domestique, d’abord par le mobilier (un siège au


chevet pour accueillir la Sibylle, un coffre au pied du lit, BnF, fr. 1188, f. 8v),
puis par l’architecture d’une maisonnette à alcôve (KBR 10982, f. 8r).

Christine et la Sibylle, KBR 10983, f. 7v : Maître du Couronnement de la Vierge

Christine et la Sibylle, BnF, fr. 1188, f. 8v : Maître du Couronnement de la Vierge


© Paris, BnF

Christine et la Sibylle, KBR 10982, f. 8r : Maître du Couronnement de la Vierge


© Bruxelles, KBR et Paris, BnF
La séduisante vision de la fontaine des muses, empruntée à l’Ovide moralisé
(par exemple BnF, fr. 871, f. 116v), connaît, comme on a vu, un amenuisement
126 Introduction sur les peintres enlumineurs

progressif des figures de Christine et de la Sibylle, et une amplification inverse


de Pégase (Bruxelles, KBR, 10983, f. 13r ; BnF, fr. 1188, f. 14 ; Bruxelles, KBR,
10982, f. 13v). Malgré les similitudes de composition, la comparaison de ces
trois enluminures laisse apparaître une certaine hétérogénéité de style résultant
soit d’un travail plus rapide du Maître dans le premier manuscrit, soit de
l’intervention d’un assistant. Cette manière elliptique se rencontre déjà dans
deux manuscrits enluminés pour Christine antérieurement. Il s’agit de deux
exemplaires du Debat de deux amans peints d’un frontispice en grisaille sur
parchemin en réserve (BnF, fr. 1740, f. 1r {15} et Bruxelles, KBR, 11034,
f. 2r {16}). L’espace sobrement délimité par un dais suspendu au cadre, la
grisaille tout juste rehaussée de rose dans les carnations et d’un jaune-verdâtre
au sol n’empêchent pas un certain raffinement dans la mise en page des
personnages, qui passent d’une composition en frise à un étagement diagonal
créant une profondeur, de même que dans le rendu des drapés au sol ou les
détails du costume frangé qu’affectionne le Maître du Couronnement. Le
schéma d’ensemble s’apparente à celui de la remise de l’Epistre Othea au duc
d’Orléans (BnF, fr. 848, f. 1r) par le dais, la présence de l’huissier d’armes
tenant sa masse (dans le manuscrit de Bruxelles) et la position de Christine,
mais des détails modifient la scène dans le sens voulu : le rotulus d’une supplique
au lieu du codex, le doigt pointé de Christine et les deux amants qu’elle désigne
sur le côté. Ces derniers s’agenouillent comme elle devant le duc tout en
continuant le débat qui les oppose, exprimé par leur vis-à-vis et la gestuelle des
mains.

La Fontaine de Sagesse, KBR 10983, f. 13r : Maître du Couronnement de la Vierge


© Bruxelles, KBR
Introduction sur les peintres enlumineurs 127

Christine présente les amants au duc d’Orléans, BnF, fr. 1740, f. 1r


et KBR 11034, f. 2r : atelier du Maître du Couronnement de la Vierge
© Bruxelles, KBR et Paris, BnF
La dernière enluminure du cycle du Chemin dans son premier état (Bruxelles,
KBR, 10983, f. 24v) évoque la montée au ciel de Christine et de la Sibylle en
une composition sans doute inspirée de l’iconographie du Songe de Jacob52,
telle qu’elle est reprise dans le Paradis de Dante : « et notre échelle monte
jusqu’à ce sommet, c’est pourquoi dans sa hauteur elle échappe à ta vue […] La
douce dame d’un seul signe me poussa derrière eux sur cette échelle » (Divine
Comédie – Paradis, chant XXII). La Sibylle s’est substituée à Béatrice, Christine à
Dante, et, au ciel, un dieu antique en demi-figure leur tient l’échelle. La
troisième version du Maître du Couronnement ajoute une autre réminiscence
dantesque par le biais du paysage : la crevasse qui s’ouvre au pied des deux
femmes les place pour ainsi dire entre le ciel et l’enfer. De manuscrit en
manuscrit, l’illustration semble ainsi retravaillée, ajustée ou modifiée pour
traduire le plus exactement la pensée de Christine. Ce faisant, cette pensée elle-
même se précise à travers la confrontation des images.
La Montée au ciel constituait le premier terme du cycle, mais celui-ci fut
prolongé d’une image dès les manuscrits suivants : la cour de Raison (BnF,
fr. 1188, f. 46r ; Bruxelles, KBR, 10982, f. 33v), qui se substituera ensuite à
l’image précédente. Si le thème de cette cour allégorique est sensiblement le
même dans ses versions successives, son interprétation est beaucoup plus
sujette à variations que les images précédentes, ce qui témoigne des
cheminements de la réflexion iconographique christinienne.

52 Gen. 28, 12-13 : « Et il rêva qu’il y avait une échelle reposant sur la terre et dont l’autre extrémité
atteignait le ciel. Il aperçut les anges de Dieu qui la montaient et la descendaient ; et il vit Dieu qui
se trouvait en haut et lui disait : ‘Je suis le Seigneur…’ ».
128 Introduction sur les peintres enlumineurs

Christine et la Sibylle montent au ciel, KBR 10983, f. 24v


et KBR 10982, f. 25v : Maître du Couronnement de la Vierge
© Bruxelles, KBR

Christine et la Sibylle à la cour de Raison, BnF, fr. 1188, f. 46r


et KBR 10982, f. 33v : Maître du Couronnement de la Vierge
© Paris, BnF et Bruxelles, KBR
Dans un premier état (fr. 1188, f. 46r), un même trône-banquette céleste
abrite quatre allégories indifférenciées, figurées en reines couronnées d’or, de
part et d’autre de Raison, que distingue une estrade et un dais rose, tandis que
de petits courtisans les entourent. Le recueil de Chantilly suit cette première
version (Bibl. du Château, 493, f. 17r, par le Maître bleu-jaune-rose). Puis,
l’allégorie de Raison est remplacée par l’image chrétienne du trône d’or vide de
l’Apocalypse qui évoque à la fois la mystérieuse présence de Dieu et l’attente
eschatologique du Christ-Juge. Le trône vide constitue un substitut
symbolique ; il assimile plus explicitement Raison à la Raison divine. Tout
autour, les quatre allégories ont désormais leur trône particulier et des attributs
qui les font reconnaître : Noblesse, Chevalerie, Sagesse et Richesse, tandis que
Christine et la Sibylle sont réduites à de menues figures.
Introduction sur les peintres enlumineurs 129

Enfin, le cycle du Chemin de lonc estude s’est étoffé en amont : le prologue est
toujours précédé de la Remise du livre, mais un second portrait de Christine
s’est intercalé pour servir d’illustration introductive au début du texte
proprement dit (KBR 10982, f. 2r). Cette séduisante représentation de l’auteur
la place dans un édicule ajouré posé sur l’herbe verte. Christine paraît exposer
au spectateur le contenu du livre – ou plus précisément du Livre du chemin de lonc
estude – ouvert devant elle. Le peintre et la poétesse s’étaient donc associés assez
étroitement pour composer et parfaire l’illustration du texte.

Christine à son étude, KBR 10982, f. 2r : Maître du Couronnement de la Vierge


© Bruxelles, KBR
130 Introduction sur les peintres enlumineurs

5. Maître de l’Ovide moralisé

L’amant et la dame, BnF, fr. 580, f. 53r : Maître de l’Ovide moralisé


© Paris, BnF
D’abord désigné comme « Netherlandish illuminator in Paris »53, le « Maître
de l’Ovide », d’après un Ovide moralisé inventorié dans la librairie de Jean de
Berry en 1402 (BnF, fr. 373), fut à la fois ornemaniste et enlumineur d’histoires54.
Sans doute était-il lui aussi originaire de Bruges, car son vocabulaire ornemental
de feuilles et baies jaunes n’appartient pas à la tradition parisienne. S’il a réalisé
une illustration pour l’Epistre a la reine de Christine de Pizan, il ne paraît pas
avoir été directement à son service. Car, c’est sans doute pour le noble seigneur à
qui elle destinait la copie de ce texte – peut-être Jean de Berry lui-même – que
le Maître de l’Ovide enlumina vers 1405 le recueil (BnF, fr. 580 {46}) qui
comprend à la fois le Livre des échecs moralisés de Jacques de Cessoles, le Livre de
Mélibée et Prudence d’après Albertano da Brescia, ladite Epistre, le Livre du chevalier
de la Tour Landry et le premier livre du Roman de Fauvel de Gervais de Bus.
L’absence de rapport entre l’image courtoise de l’amant et sa dame et le
contenu du texte de Christine (f. 53r) montre à coup sûr qu’elle ne fut pas
réalisée sous son contrôle55. Il est d’ailleurs probable qu’aucune
histoire particulière ne fut jamais conçue par elle pour cette brève Epistre à la
reine. L’œuvre du Maître de l’Ovide n’était pourtant pas complètement étranger
à Christine de Pizan, puisque les représentations de divinités issant des nuées de
l’Epistre Othéa rappellent étroitement celles de l’enlumineur dans le manuscrit

53 Meiss, 1967, p. 251 et Meiss 1974, 1, pp. 23-33.


54 Avril 1969.
55 Sur toutes ces questions, v. Reno et Villela-Petit, 2010.
Introduction sur les peintres enlumineurs 131

éponyme. Plutôt qu’un lien direct avec lui, il faudrait supposer un accès
privilégié de Christine à la librairie ducale dont certains manuscrits pourraient
avoir inspiré aussi bien sa création littéraire que ses images…

6. Maître de l’Épître Othéa

Christine à son étude, BnF, fr. 1176, f. 1r : Maître de l’Épître Othéa


© Paris, BnF
Souvent rapproché des miniatures lombardes d’un Tacuinum sanitatis du dernier
quart du XIVe siècle (Vienne, ÖNB, 2644)56, le style du Maître de l’Épître
Othéa séduit par sa fantaisie et son alacrité. L’essentiel de son œuvre est
constitué de manuscrits de Christine de Pizan : les quatre premiers exemplaires
de la Mutacion de Fortune en 1403-1404 (Bruxelles, KBR, 9508 {18} ; La Haye,
KB, 78 D 42 {23} ; Chantilly, Bibl. du Château, 494 {24} ; ex-
Phillipps 207 {25}), les deux premiers exemplaires de l’Advision Cristine en 1405-
1406 (BnF, fr. 1176 {39} et Bruxelles, KBR, 10309 {40}) et un Corps de policie
(Bibl. de l’Arsenal, 2681 {47}), avant le recueil du duc qui comprend une
version amplifiée du cycle de l’Epistre Othea auquel il doit son nom. Il convient
pourtant de signaler son intervention dans trois manuscrits étrangers à ce
56 Meiss 1974, 1, pp. 40-41 et I. Villela-Petit, dans Paris 1400…, n° 62, pp. 133-135.
132 Introduction sur les peintres enlumineurs

corpus, qui tendent du moins à prouver qu’il ne fut pas au service exclusif de
Christine, sauf à supposer qu’elle ait pu jouer un rôle dans l’enluminure d’autres
textes que les siens. Le Maître de l’Épître collabore ainsi avec le Maître de la
Cité des dames dans un bel exemplaire des Grandes Chroniques de France
(Bibl. Mazarine, 2028, ff. 52v-115r) et peint un Livre des merveilles, peut-être une
commande bourguignonne, qui appartint ensuite à Jacquette de Luxembourg57
et a en partie brûlé dans le grand incendie de Londres de 1666 (Londres, BL,
Cotton Otho D II). Leurs compositions sont très proches des images des
manuscrits christiniens, dont ils paraissent sensiblement contemporains. Notre
enlumineur participe aussi, aux côtés de Haincelin de Haguenau (le Maître de
Bedford) et du Maître d’Egerton, au Livre de la chasse enluminé vers 1407-1408
pour Jean sans Peur (BnF, fr. 616), s’y conformant à la technique plus léchée de
ses collègues. C’est précisément à cette époque que le Maître d’Egerton fut
convié à l’entreprise du recueil du duc.

Christine à son étude, KBR 9508, f. 2r


et Chantilly, Bibl. du Château, 494, f. 1r : Maître de l’Épître Othéa
© Bruxelles, KBR et Chantilly, Bibl. du Château
L’exemplaire de la Mutacion de Fortune, offert à Philippe le Hardi peut-être à
l’occasion des étrennes de 1404, débute par un portrait de l’auteur écrivant
(Bruxelles, KBR, 9508, f. 2r) : Christine y porte sa cotte-hardie et sa cornette
blanche habituelles, mais l’effet est quelque peu différent du portrait du Chemin
de Bruxelles qui peut l’avoir inspiré (KBR, 10982, f. 2r). Le resserrement de
l’espace, les emboîtements de l’architecture aux nombreuses clefs pendantes, la
propension à sortir du cadre et les fameux pavements impriment à la

57 Avril 1975.
Introduction sur les peintres enlumineurs 133

composition l’esprit particulier du Maître de l’Épître Othéa. Le frontispice de


Chantilly en est très proche, dans une gamme de couleurs différente,
agrémentée de rehauts d’or sur les détails de la modénature, les chapiteaux et les
clefs (Bibl. du Château, 494, f. 1r), tandis que l’exécution de celui de La Haye
(KB, 78 D 42, f. 1r), offert à Jean de Berry, est plus fruste, malgré le dessin plus
complexe de l’architecture. Le coloris de la robe brunette et du napperon rose
sur la table, qui se répète dans les trois manuscrits, faisait peut-être partie des
instructions. Pour le reste, tous les éléments changent dans leur forme comme
dans leur couleur, l’enlumineur n’ayant pas pour habitude de se répéter, mais
semblant au contraire enclin à la varietas, alors même que cette série de
« manuscrits jumeaux » a dû être réalisée en un laps de temps rapproché.

Cette variété d’invention se vérifie plus encore dans le cycle de cinq histoires
qui illustre le récit de la Mutacion : L’arrivée au château de Fortune58, L’allégorie
de Fortune, Les deux pontifes sur le plus haut siege, Les peintures de la salle du
château et Le siège d’une ville.

L’arrivée au château de Fortune, KBR 9508, f. 14r et Chantilly, Bibl. du Château, 494, f. 13r : Maître
de l’Épître Othéa

58 Sur les sources et le sens des images de la roue de Fortune et du château tournoyant, v. O. Vassilieva-

Codognet, « Mais toudis va en tournoyant : Le motif de la Roue de Fortune dans le Livre de la Mutacion de
Fortune et dans les illustrations de quelques manuscrits contemporains (Pétrarque, Gerson, Boccace) »,
dans les Actes du VIIe colloque international Christine de Pizan (Bologne, 2009), à paraître. Nous remercions
Olga Codognet de nous avoir fait lire son texte.
134 Introduction sur les peintres enlumineurs

L’arrivée au château de Fortune, La Haye, KB, 78 D 42, f. 13r : Maître de l’Épître Othéa
© La Haye, KB
Le manuscrit de Bruxelles (KBR 9508, f. 14r), le plus soigné, et celui de
Chantilly (Chantilly, ms. 494, f. 13r) montrent une grande proximité de
composition, mais les proportions des personnages, l’architecture et les détails
sont modifiés. Et les teintes pareillement, même si les instructions de Christine
en cette matière étaient sans doute assez précises : Richesse en robe blanche
semée de besants, Eur vêtu de vert (clair dans le premier manuscrit, vert-brun
dans l’autre) et le visiteur en rouge (changé en rose foncé). Peut-être les
anneaux d’amarrage étaient-ils aussi mentionnés ? D’une enluminure à l’autre,
ils ont été déplacés de l’embrasure de la porte aux murs du château, ce qui est
plus fonctionnel s’il s’agit d’amarrer des bateaux plutôt que d’attacher un
cheval. La Mutacion du duc de Berry (La Haye, 78 D 42, f. 13r) se distingue à
nouveau par une exécution plus rapide et par la modification de la composition,
qui présente Richesse de face et fait intervenir un petit cavalier sur la droite.
Dans l’exemplaire de l’ancienne collection Phillipps, qui a perdu ses premiers
feuillets, la première histoire subsistante est l’allégorie de Fortune entre Eur et
Meseur (ex-Phillipps 207, f. 16r). Sa composition, fidèle à l’exemplaire de
Bruxelles (KBR 9508, f. 17v), place Meseur et le côté sombre à dextre, Eur et le
côté lumineux à senestre, alors qu’elle est inversée dans les deux autres
manuscrits (La Haye, 78 D 42, f. 16v et Chantilly, 494, f. 16r), conformément à
la latéralisation symbolique. Ces derniers s’accordent en outre sur le costume
d’Eur, pourvu de chausses et de manches parties blanc et rouge, signe d’une
certaine frivolité courtoise. On observe aussi une recherche de plus grande
cohérence : le sol pavé sur fond de ciel (Bruxelles) étant remplacé par un terrain
Introduction sur les peintres enlumineurs 135

herbeux (La Haye et Chantilly) ou situé dans un intérieur architecturé


(Phillipps).
En revanche, les instructions ne semblent guère avoir évolué pour l’image
du Plus haut siège où se tiennent deux pontifes (KBR 9508, f. 36v ; La Haye,
78 D 42, f. 34v ; Chantilly, 494, f. 34r ; ex-Phillipps 207, f. 33v), allusion limpide
au Grand Schisme qui paraît avoir trouvé d’emblée sa forme parfaite, bien que
le Maître de l’Épître Othéa en transforme sans cesse les superstructures
gothiques, donnant une image rêvée du Palais des papes d’Avignon dans les
exemplaires de Bruxelles et ex-Phillipps. La salle pourtraitte autour d’istoires de
batailles et de roys et roynes (KBR 9508, f. 58r ; La Haye, 78 D 42, f. 54v ; Chantilly,
494, f. 54r ; ex-Phillipps 207, f. 54r) passe d’une vue frontale à une vue
légèrement biaise, révélant le côté de la porte. La seule autre modification du
programme, si c’en est une volontaire, est l’inversion des registres, les
allégories-reines se retrouvant au registre inférieur dans le manuscrit Phillipps
(suivi par le Maître bleu-jaune-rose dans le recueil Chantilly 493). Enfin, le Siège
d’une ville (KBR 9508, f. 75r ; La Haye, 78 D 42, f. 70r ; Chantilly, 494, f. 70r ;
ex-Phillipps 207, f. 70r), s’il est chaque fois renouvelé dans ses détails formels,
paraît se conformer à un programme iconographique inchangé. Ces quelques
observations révèlent l’interventionnisme de Christine dans l’élaboration de
certaines compositions qui ne l’avaient pas satisfaite complètement ou qui
appelaient de petites retouches et clarifications d’un manuscrit à l’autre, en un
va-et-vient constant entre l’iconographe et son enlumineur.

Christine à son étude, BnF, fr. 1176, f. 1r et Ars. 2681, f. 4r : Maître de l’Épître Othéa
136 Introduction sur les peintres enlumineurs

Christine à son étude, BnF, fr. 835, f. 1r : Maître de l’Épître Othéa


[Album couleurs, n° 13] © Paris, BnF
L’Advision Cristine et le Corps de policie ne sont pas assortis d’un cycle complet,
mais d’un simple frontispice, identique pour les deux textes : le traditionnel
portrait d’auteur. Le Maître de l’Épître Othéa reprend le schéma des manuscrits
de la Mutacion en représentant Christine en robe brunette, plume à la main, le
livre posé sur une nappe rose (BnF, fr. 1176, f. 1r {39}), mais le décor a
changé : elle est ici assise sur un siège de bois à haut dossier et son étude est
située dans une belle maison gothique fermée sur le devant par une porte en
bois sculpté que surmontent deux écussons en attente d’armoiries et les
fenêtres d’une petite chapelle. L’Advision de Bruxelles (KBR 10309, f. 1r {40})
revient à une vue rapprochée de la salle et au petit siège hémicirculaire, tout en
changeant la couleur de la nappe et le dessin des remplages. L’architecture de
l’étude est encore différente dans le Corps de policie (Ars. 2681, f. 4r {47}), où
cette fois Christine est en rose et sa grande table en bois découverte. Il ne faut
donc pas chercher à y voir une transcription réaliste de son intérieur, mais une
évocation au gré de l’imagination du peintre, de même qu’aucun des
« portraits » de Christine ne nous restitue véritablement sa physionomie.
Introduction sur les peintres enlumineurs 137

Le dieu Amour recevant une épître, BnF, fr. 835, f. 45r


et L’amant et la dame, BnF, fr. 835, f. 50r [Album couleurs, n° 14] : Maître de l’Épître Othéa
© Paris, BnF
Le recueil du duc s’ouvre par un portrait d’auteur comparable (BnF, fr. 835,
f. 1r {4}), mais en des couleurs différentes et accompagné d’un nouveau venu :
le fidèle chien blanc. Le Maître de l’Épître Othéa donne une version en couleur
et in situ des images précédemment créées pour le Debat de deux amans (f. 52r) et
le Livre des .iij. jugemens (f. 64r). Un détail menu mais combien signifiant a pu
résulter d’un complément apporté par Christine au programme initial des deux
scènes : le duc d’Orléans arbore le collier du camail avec son porc-épic
emblématique en pendant. Conçue de neuf en revanche est l’illustration de
l’Epistre au dieu d’Amours (f. 45r), qui en était jusqu’alors dépourvue. Le dieu aux
ailes éployées est représenté en majesté, recevant de l’amant son Epistre selon
une composition qui transpose la Remise du livre. Adossé à une treille de roses,
il rappelle à la fois le Roman de la Rose et le thème religieux de la Vierge au
buisson de roses. C’est là un exemple de création réussie en fusionnant des
scènes-types préexistantes. Nouvellement illustrée aussi, la Complainte amoureuse
suit cependant le type traditionnel de l’amant devant sa dame (f. 50r), déjà
employé, mais à contretemps, pour l’Epistre à la reine.

Dans la seconde section du recueil du duc (BnF, fr. 606 {5}), le cycle de
l’Epistre Othea, initialement de six histoires, est entièrement remanié et passe à
cent-une, soit une image par chapitre et une pour le prologue, ce qui fait de ce
texte le plus richement illustré de toute l’œuvre de Christine. Dans l’habituelle
Remise du livre qui lui sert d’introduction, le duc et son chancelier de rouge
vêtu arborent désormais le camail au porc-épic (f. 1r). Les histoires du cycle
court, devenues les cinq premières du nouveau cycle (f. 1v : La remise de
l’épître à Hector ; f. 2v : L’Horloge ; f. 3r : Hercule ; f. 4r : La justice de Minos ;
f. 4v : Persée et Andromède), sont conservées mais parfois remaniées, ainsi
l’ajout d’un écu d’or suspendu à un arbre que devra mériter Hector, ou la
138 Introduction sur les peintres enlumineurs

représentation d’Hercule non plus aux Enfers, mais revêtu d’une peau d’âne
(une léonté mal comprise, sans doute par contamination avec un motif du
folklore), debout sur un dragon terrassé (l’hydre) et affrontant deux lions, en
une sorte de résumé de ses travaux. L’histoire d’Hercule est en fait dédoublée
puisque la scène des Enfers reparaît un peu plus loin (f. 14v). L’exemplarité de
ce sous-cycle illustrant les vertus cardinales s’atténue cependant en tant que tel
par son intégration dans un canevas d’illustration systématique. Lui succède un
second sous-cycle qu’on peut qualifier d’astrologique, autour des sept dieux-
planètes et de leur influence : Jupiter (f. 5v), Vénus (f. 6r), Saturne (ff. 6v et, par
le Maître au safran, f. 24v), Soleil et Lune (f. 7r), Mars (f. 7v), Mercure (f. 8r),
auxquels s’ajoutent la déesse Minerve (ff. 8v et 9r), Bacchus (f. 12r), Diane
(f. 13r), Cupidon (ff. 23r, par le Maître au safran, et 39v), Junon (f. 24r). Ces
images sont composées selon le même schéma que Christine a pris la peine
d’expliciter : une figure de divinité sortant des nuées en partie haute, mise en
relation avec les humains placés sous son influence en-dessous. Cérès et Isis
sont aussi figurées dans une nuée mais vaquant à des occupations agricoles (les
semailles et le bouturage, f. 13v) au-dessus d’un paysage, de même que Neptune
sauvant un navire (f. 16v), Atropos dardant ses flèches mortelles dans un nuage
d’orage (f. 17r), Apollon (f. 23v). S’entrecroisent ensuite des emprunts à
l’Histoire ancienne jusqu’à César, qui intègre elle-même la matière du Roman de Troie
de Benoît de Sainte-Maure (Penthésilée, f. 9v, Pyrrhus, f. 16r, Cassandre, f. 16v,
Hector et Memnon, f. 18r…), et à l’Ovide moralisé (Narcisse, Athamas, Aglauros,
Polyphème, Latone, Pygmalion, Midas, Cadmos, Io, Argus, Bellérophon…)59,
dont les textes possédaient déjà une abondante tradition iconographique60.
Christine de Pizan connaissait manifestement un ou plusieurs exemplaires
illustrés de ceux-ci, et notamment l’Ovide avec lequel le cycle de son Epistre
rivalise. Certains manuscrits de l’Ovide comportent d’ailleurs des représentations
des dieux païens par contamination du texte de l’Ovidius moralizatus de Pierre
Bersuire qui puise lui-même à la source de l’Africa de Pétrarque61. Les Cleres
femmes de Boccace dans la traduction de 1401 sont une autre source
d’inspiration, que Christine ait eu accès à l’exemplaire de Philippe le Hardi
(BnF, fr. 12420), à celui de Jean de Berry (fr. 598) ou à un manuscrit équivalent.

59 V. L. Harf-Lancner, L. Mathey-Maille et M. Szkilnik, Ovide métamorphosé : Les lecteurs médiévaux


d’Ovide, Paris, 2009.
60 Hindman 1986, pp. 189-203 (« A Concordance of the Subjetcs of Miniatures in the Epistre Othéa
and their Antecedents »).
61 M. R. Jung, « Ovide, texte, translateur et gloses dans les manuscrits de l’Ovide moralisé », dans
D. Kelly (éd.), The Medieval Opus : Imitation, Rewriting and Transmission in the French Tradition,
Amsterdam, Rodopi, 1996 (Faux titre. Études de langue et littérature françaises, 116), pp. 75-97, en
particulier la liste des manuscrits pp. 96-97 ; Id., « Les éditions manuscrites de l’Ovide moralisé »,
Cahiers d’histoire des littératures romanes, 20 (1996), pp. 251-274.
Introduction sur les peintres enlumineurs 139

L’Epistre démontre ainsi l’activité de l’iconographe s’appropriant les thèmes de


ses devanciers, mais réarrangés dans une configuration nouvelle.

Penthésilée, BnF, fr. 606, f. 9v : Maître de l’Épître Othéa [Album couleurs, n° 7] et Persée tuant la
Gorgone, f. 26v : assistant du Maître de l’Épître Othéa © Paris, BnF
Millard Meiss reconnaissait dans les enluminures cataloguées grosso modo sous
le nom de Maître de l’Épître Othéa l’intervention d’au moins deux assistants62.
Pourtant, compte tenu de la versatilité du maître et du disparate de ses types
humains, il ne faut peut-être pas en voir autant. Certaines enluminures
présentent cependant des teintes atténuées proches de la grisaille, souvent
associées à des paysages arides striés de lignes entrecroisées, où les plantules
sont dessinées mais non peintes (ff. 25r, 26r, 26v, 28r, 38v), qui dénotent peut-
être une autre main au sein de l’atelier. Mais elle partage tant de traits avec le
Maître de l’Épître, tels que les pans de vêtement étirés en pointe ou le type des
feuillages, que cette main différente pourrait n’être intervenue qu’au stade de la
mise en couleurs.
S’il fut l’enlumineur principal de ce cycle imposant, dont lui et son atelier
réalisent au total 80 histoires, le Maître de l’Épître Othéa dut s’adjoindre deux
collègues pour en venir à bout : le Maître au safran, qui semble œuvrer sous son
contrôle, pour 19 d’entre elles, et le Maître d’Egerton, déjà apparu dans le
fr. 835, pour 2 seulement. Ce dernier intervient toutefois presque à part égale
dans la troisième section (BnF, fr. 836), assurant la réalisation des 8 dernières

62 Meiss, 1974, 1, p. 37 : « miniatures by assistants of the Epître Master, two of whom are
identifiable », et p. 440, note 140 : « One painted f. 1, a second, notable for very pale colors and
smooth surfaces, began on f. 27 ».
140 Introduction sur les peintres enlumineurs

enluminures sur 18, peut-être en remplacement de l’enlumineur en chef, qui ne


reparaîtra plus. Dans cette section, celui-ci donnait encore sa propre version du
cycle du Chemin de lonc estude initié par le Maître du Couronnement. La Remise
du livre à Charles VI (f. 1r) suit un schéma de composition assez simple, proche
de celui du Maître bleu-jaune-rose (Chantilly, 493, f. 2r), mais complété dans le
détail par l’emblématique. Les courtisans portent le collier à la cosse de genêt de
l’Ordre du roi et le roi lui-même arbore sur sa manche le loup brodé de Louis
d’Orléans. La Sibylle, assise sur son petit siège en demi-cercle, argumente au
chevet de Christine (f. 3v) comme dans le fr. 1188 (f. 8v) {20}, mais dans
l’espace resserré de la chambre. Au contraire du Maître du Couronnement, le
Maître de l’Épître ne se soucie pas de rendre sensible le volume du corps sous
les draps. La Fontaine de Sapience (f. 5v) combine la source née du coup de
sabot de Pégase avec la fontaine de pierre rose du Maître bleu-jaune-rose
(Chantilly, 493, f. 190r), en sorte que le recueil de Chantilly semble au point de
départ des reprises du Maître de l’Épître. Le cycle initial de quatre histoires a
cependant été doublé pour donner plus d’importance au séjour au ciel de
Christine (ff. 10v, 12r, 15r, 19r, 40v). La composition simple de l’Échelle du ciel
rappelle le premier manuscrit (KBR 10983, f. 24v {18}), mais elle se voit
adjoindre une extraordinaire image, plus abstraite, montrant les deux femmes
cheminant au milieu de la sphère céleste. Enfin, la scène de la Cour de Raison
est démultipliée en trois. Placée sur une orbe de ciel et toujours cantonnée par
les allégories-reines dont les attributs varient, elle est centrée sur le trône vide
porté par un chérubin, puis sur Raison en majesté, enfin sur Christine elle-
même agenouillée devant Raison.

Remise du livre à Charles VI, BnF, fr. 836, f. 1r et La sphère du ciel, f. 12r : Maître de l’Epître Othéa
[Album couleurs, n° 16] © Paris, BnF
Introduction sur les peintres enlumineurs 141

La Fontaine de Sapience, Chantilly, 493, f. 190r : Maître bleu-jaune-rose de Chantilly


et BnF, fr. 836, f. 5v : Maître de l’Épître Othéa

Christine enseignant à son fils, BnF, fr. 836, f. 42r [Album couleurs, n° 7]
et Christine priant Notre Dame, f. 45v : Maître de l’Épître Othéa © Paris, BnF
Les dernières enluminures du Maître de l’Épître illustrent les Enseignemens
moraux (f. 42r) et l’Oroison Nostre Dame (f. 45v). Ce ne sont pas les moins
séduisantes, tant par la délicatesse qu’elles expriment que par les harmonies de
couleurs. Jean Castel n’est plus l’adolescent des premières illustrations du texte
(Chantilly, 492, f. 156v {1} et BnF, fr. 12779, f. 149r {3}), mais un noble jeune
homme à la mode – de fait, il a alors environ 23 ans. L’étude de Christine a pris
la forme d’une ravissante chapelle éclairée de fenêtres à remplages. Un autre
type d’aggiornamento est manifeste dans l’Oroison, sans doute voulu par Christine,
qui rapetisse dans l’image pour laisser toute la place à la Vierge en majesté,
tandis que la prière de la dévote s’est substituée à la remise du livre. Enfin, des
deux sections qui complètent le recueil du duc, l’une est dépourvue
d’enluminure (fr. 605 {7}), et l’autre est revenue au Maître de la Cité des dames
142 Introduction sur les peintres enlumineurs

(fr. 607 {8}), ce qui laisse supposer que pour une raison ou une autre, le Maître
de l’Épître avait été contraint de se retirer de l’entreprise aux alentours de 1407.

7. Maître au safran

Pyrame et Thisbé, BnF, fr. 606, f. 18v : Maître au safran


© Paris, BnF
Le Maître au safran, qui n’intervient que sur un seul volume du recueil du duc
(soit 19 enluminures aux 3e et 6e cahiers du fr. 606), ne fut sans doute pas
recruté directement par Christine de Pizan, car il semble s’appuyer sur des
dessins du Maître de l’Épître Othéa, pour les architectures notamment, et
pourrait être un compagnon d’atelier ou un jeune sous-traitant. En outre, sa
première histoire dans l’ordre du manuscrit est au revers d’une page enluminée
par le Maître de l’Épître (f. 18v), signe d’une collaboration assez étroite
puisqu’elle implique que le travail n’avait pas été distribué entre eux au préalable
par cahiers ou par feuillets. Le Maître au safran réalise le restant de ce troisième
cahier (ff. 17-24), sauf le f. 24 dont il fait seulement le revers (f. 24v), solidaire
du f. 17r peint par l’enlumineur principal ; et intervient à nouveau, aux côtés de
celui-ci et du Maître d’Egerton, dans le sixième cahier (ff. 40-47). Il semble
donc que les cahiers de l’Epistre aient été groupés en deux lots de trois et que le
Introduction sur les peintres enlumineurs 143

Maître de l’Épître à qui ils étaient confiés, pressé par le temps, se soit fait aider
pour les dernières enluminures de chacun des lots sans que la collaboration du
Maître au safran ait été prévue dès l’origine. Cette répartition après coup
plaiderait plutôt en faveur d’un maître déjà indépendant, même si les
particularités de son style n’excluent pas qu’il se soit formé auprès du Maître de
l’Épître.

L’Aurore, BnF, fr. 606, f. 21v : Maître au safran © Paris, BnF


Le Maître au safran doit son nom au jaune foncé de certains de ses sols63 –
le safrané couleur de robe de moine bouddhiste est pourtant assez éloigné de la
teinte jaune pâle obtenue par les enlumineurs à partir du safran. Il est, il est vrai,
un des rares à faire autant usage de jaune. La poésie de son Aurore (fr. 606,
f. 21v {5}) lui a valu un bel éloge de Millard Meiss, mais l’image montre des
traces de repentirs (le dessin du ruisseau) et de reprises dans les couches
picturales, peut-être à l’origine de l’altération du visage de la déesse, qui
suggèrent une intervention du Maître de l’Épître Othéa. Ce pourrait être aussi le
cas en d’autres enluminures (par exemple, fr. 606, f. 23r : Cupidon, ou f. 24v :
Saturne) dont les compositions sont calquées sur celles de l’enlumineur
principal. La manière truculente du Maître au safran laissé à lui-même se
reconnaît mieux ailleurs : villes multicolores aux toits rouges, petits moulins à
vent, sol ou pavement d’un jaune soutenu, feuillages étoilés, fleurettes parties
rouge et blanc disposées en tapisserie, personnages principalement vêtus de
rouge et bleu, ou de son habituel jaune verdâtre, grosses têtes rondes, coupe au
bol pour les hommes, et gros chevaux qui, tel le cheval de Troie (f. 44v), font

63 V. Meiss 1974, 1, p. 36 : « A second illuminator may be called the Saffron Master because of the
abundance of a yellow of this kind in his work ».
144 Introduction sur les peintres enlumineurs

penser à des peluches emplies de son. Il ne manque pas d’expressivité et de


détails pleins de charme, comme le ciel d’aurore rosissant déjà loué, ou le
mûrier blanc en pleine floraison qui surplombe Pyrame et Thisbé (f. 18v, soubz
un morier blanc précise Christine).

Laomédon chassant les Argonautes, BnF, fr. 606, f. 18v ; Adraste chevauchant, BnF, fr. 606, f. 24v ;
Le cheval de Troie, BnF, fr. 606, f. 44v : Maître au safran [Album couleurs, n° 10]
© Paris, BnF
Introduction sur les peintres enlumineurs 145

Le roi Marc à cheval, Vienne, ÖNB, 2537, Tristan en prose, f. 206v : Maître au safran
© Vienne, ÖNB
Malgré l’aspect naïf et juvénile de son style, le Maître au safran n’en a pas
moins rencontré un certain succès. Collaborateur du Maître des Cleres femmes
de Berry dans la Bible historiale de Jean de Berry (Paris, Ars., 5057, où il peint les
ff. 18v, 19v, 20r, 20v, 21r, 21v, 22r, 22v, 23r et 24v) et dans un Tristan en prose
aussi destiné au duc (Vienne, ÖNB, 2537)64, il est l’enlumineur principal d’une
Consolation de Philosophie de Boèce, dans un recueil de textes en vers peut-être
réalisé pour Louis de Bourbon (Toulouse, BM, 822)65. À ce petit corpus qui
s’inscrit dans les années 1400-1410, il convient d’ajouter un manuscrit de la Cité
de Dieu de saint Augustin dans la traduction de Raoul de Presles (La Haye, KB,
72 A 22, ff. 1r, 6r, 33v, 76v, 176r, 234r, 294v et 312r), qui porte les armes du
connétable Louis de Luxembourg et pourrait être un héritage de son père
Pierre Ier de Luxembourg (1390-1433). Principal enlumineur là encore, le Maître
au safran s’y montre particulièrement ambitieux dans le frontispice (f. 6r), tant
dans l’image de Dieu en majesté entouré des quatre pères de l’Église, en lieu et
place des évangélistes, que dans la bordure d’acanthes peuplées inspirée du
Maître d’Egerton (notamment des bordures du manuscrit éponyme de ce
dernier). Et l’on notera le détail pittoresque des feuillets de parchemin
nouvellement écrits mis à sécher sur un fil derrière saint Grégoire. L’enlumineur
64 On peut identifier le Maître au safran avec les mains B et F, auxquelles sont attribuées
respectivement 6 et 59 enluminures, v. M. Cazenave et E. Pognon (éd.), Tristan et Iseut. Le manuscrit
de Vienne, Codex 2537, Paris, Lebaud, 1991, pp. 184-195 (« En quête d’auteurs »). La distinction des
mains revient à H. J. Hermann, Die westeuropäischen Handschriften und Inkunabeln der Gotik und der
Renaissance, Leipzig, Hiersemann, 1938.
65 I. Villela-Petit, « Les travaux d’Hercule mis en images dans les manuscrits de Boèce du temps de
Charles VI », dans C. Blondeau et M. Jacob (éd.), L’Antiquité entre Moyen Âge et Renaissance :
L’Antiquité dans les livres produits au nord des Alpes entre 1350 et 1520 (Actes du colloque de mars 2006),
Paris, PU de Paris-Ouest, 2011, pp. 159-194 et pl. X-XII.
146 Introduction sur les peintres enlumineurs

n’hésite pas non plus à introduire dans l’iconographie de la Cité de Dieu (KB, 72
A 22, f. 176r) une allégorie de Fortune qui, quoique simplifiée, paraît
directement empruntée à l’Epistre Othea (f. 35r). Le Maître au safran semble
donc avoir tiré profit de sa collaboration avec les autres enlumineurs du fr. 606.

Allégorie de Fortune, BnF, fr. 606, f. 35r : Maître de l’Épître Othéa


et Allégorie de Fortune, La Haye, KB, 72 A 22, f. 176r, Cité de Dieu : Maître au safran
© Paris, BnF et La Haye, KB

8. Maître d’Egerton

David en prière, KBR 10987, f. 1r : Maître d’Egerton


© Bruxelles, KBR
Introduction sur les peintres enlumineurs 147

Le Maître d’Egerton est ainsi nommé d’après les Heures dites de René
d’Anjou, son manuscrit éponyme, probablement conçu vers 1410 pour Louis II
ou Louis III d’Anjou (Londres, BL, Egerton 1070). Peut-être venu de Flandre,
il fait son apparition à Paris vers 1404 dans les Heures de Charles III le Noble,
roi de Navarre (Cleveland Museum of Art, Marlatt F. 64.40, pp. 367, 395 et
405). Il y travaille encore dans une position subalterne, aux côtés d’un
enlumineur arrivé d’Italie, le Maître des Initiales de Bruxelles, dont il
empruntera les riches décors d’acanthes. Devenu à son tour enlumineur et
ornemaniste, il se spécialisa surtout dans les livres d’heures66. Dans la plupart
cependant, il est associé soit avec le Maître de la Mazarine, soit avec Haincelin
de Haguenau et l’atelier dit du Maître de Bedford ou avec un ou plusieurs autres
maîtres. Il a notamment participé à un livre d’heures acquis par Jean de Berry
(Paris, Ars., 650), au Bréviaire de Jean sans Peur (Londres, BL, Add. 35311 et
Harley MS 2897), au Livre des merveilles du duc (Paris, BnF, fr. 2810) et à son
exemplaire du Livre de la chasse (BnF, fr. 616). Il est toutefois seul maître dans
une Bible en vers ou Roman de Dieu et de sa mère d’Herman de Valenciennes
(Besançon, BM, 550). C’est en tant qu’artiste d’appoint et sous-traitant du
Maître de l’Épître Othéa qu’il travaille d’abord pour Christine de Pizan,
réalisant plusieurs enluminures dans le recueil destiné à Louis d’Orléans, chaque
fois en fin de volume (Paris, BnF, fr. 835, fr. 606 et fr. 836).

Hector et Andromaque, BnF, fr. 606, f. 41r


et Auguste et la Sybille, f. 46r : Maître d’Egerton © Paris, BnF

66 R. Schilling, « The Master of Egerton 1070 (Hours of René d’Anjou) », Scriptorium, 8 (1954),
pp. 272-282 ; Meiss 1974, 1, pp. 384-388 ; Fr. Avril et al., Marco Polo, Le Livre des Merveilles, extrait
du « Livre des Merveilles du Monde » (ms. fr. 2810) de la Bibliothèque nationale de France, Tournai, La
Renaissance du Livre, 1999, pp. 214-215.
148 Introduction sur les peintres enlumineurs

Le paysage du Dit de Poissy (fr. 835, f. 74r) est agrémenté de flèches


gothiques, allusion possible au bel chastel de Saint-Germain-en-Laye que longe la
route ou à l’église prieurale de Poissy qui moult faite est de gracieuse guise, mais qui
s’accorde surtout aux arrière-plans brumeux hérissés de clochers qu’affectionne
le Maître d’Egerton. Ses ciels pointillistes qui décolorent à l’horizon suivant les
principes de la perspective aérienne, rejoints par la succession des collines en
pente douce et des rochers aigus, se retrouvent dans les touchants Adieux
d’Hector et Andromaque (fr. 606, f. 41r) et dans Auguste et la Sibylle (f. 46r).
C’est donc à lui qu’il fut donné de conclure le cycle par cette enluminure qui en
résume le propos : un enseignement chrétien à travers la matière antique.
Caractéristiques aussi sont les drapés fluides et les harmonies de couleurs
raffinées.
Le Maître d’Egerton intervient beaucoup plus largement dans le fr. 836 qu’il
complète par les illustrations du Dit de la pastoure (f. 48r), de l’Oroison Nostre
Seigneur (f. 63r) et du Duc des vrais amans, nouvellement pourvu d’un programme
iconographique de six histoires, frontispice compris (ff. 65r, 65v, 66v, 71v, 74v et
76r). La bergère en robe grège tressant une couronne de fleurs, sa houlette sur
les genoux, près d’une curieuse fontaine rose en forme de tombeau67, rappelle,
en un paysage riant aux couleurs plus vives, la version à un personnage
proposée par le Maître bleu-jaune-rose de Chantilly (492, f. 166r). Le Christ de
Pitié suit une variante très populaire alors, le Christ soutenu par un ange68,
entouré d’un choix d’Arma Christi dont la liste diffère quelque peu de celle du
Maître de la Pastoure dans le manuscrit de Chantilly (f. 163v), en sorte qu’on
peut penser qu’elles étaient désignées collectivement dans les instructions et
non énumérées. Les traits maussades du visage sont semblables à ceux des
Heures Egerton (ainsi le Christ du Couronnement de la Vierge, Londres, BL,
Egerton 1070, f. 41v). Enfin la scène classique de la remise du livre (f. 65r),
préférée pour les Vrais amans à celle qui illustrait le Debat de deux amans, est
située dans un intérieur, mais sous la forme d’une maisonnette ou « boîte
giottesque » au pignon à redents de pure convention (elle se retrouve presque à
l’identique dans la Nativité de la Vierge du Bréviaire de Jean sans Peur,
Harley MS 2897, f. 385r). Cet artifice donne cependant à la scène une
profondeur accentuée en comparaison de certaines dispositions en frise de
l’atelier du Maître du Couronnement de la Vierge (BnF, fr. 1740, f. 1r {15} et
KBR 11034, f. 2r {16}), sans avoir toutefois le caractère palatial de sa Remise du
livre à Charles VI (Bruxelles, KBR 10982, f. 1r {19}). Le décor interchangeable
s’accorde bien avec l’absence d’armoiries ou de devises, respectant l’anonymat
voulu du « duc », destinataire véritable ou fictif, dont l’argument même du

67 S’agirait-il d’une confusion, née d’instructions écrites, avec par exemple tombele : le monticule ?
68 I. Villela-Petit, « Nouvelles dévotions », dans Paris 1400…, pp. 245-246.
Introduction sur les peintres enlumineurs 149

poème implique de taire l’identité, alors que celle-ci est l’élément déterminant
d’une scène de dédicace.

Pastourelle BnF, fr. 836, f. 48r et Christ de Pitié, f. 63r : Maître d’Egerton

Christine devant le duc, BnF, fr. 836, f. 65r : Maître d’Egerton © Paris, BnF

Quant aux nouvelles histoires que le Maître d’Egerton est le premier à mettre
en peinture, elles procèdent de scènes-types. La Partie de chasse au faucon avec
des seigneurs chevauchant (f. 65v) est telle que l’enlumineur pouvait en voir à la
même époque, sous la main de Haincelin de Haguenau et du Maître de l’Épître
Othéa, dans le Livre de la chasse (dont il a lui-même peint Bouquetins, Chevreuils,
Lièvres, Lapins et Ours, BnF, fr. 616, f. 26v-27v). Les couples d’amants dans un
jardin clos centré sur une fontaine (fr. 836, f. 66v)69 semblent sortir d’un Roman
de la Rose de Guillaume de Lorris et Jean de Meun, du Confort d’ami ou de la
Fontaine amoureuse de Guillaume de Machaut (par exemple, BnF, fr. 1584,
f. 169v). La force de l’archétype a ainsi transformé le pré verdoyant sous l’ombre
d’une saussaie en un verger ceint de murs comme le Verger de Déduit. Le tournoi
devant la tribune des dames (f. 71v) est un vieux thème des romans

69 M.-Th. Gousset, dans Sur la terre comme au ciel. Jardins d’Occident à la fin du Moyen Âge, Paris, Musée de
Cluny, 2002, n° 32.
150 Introduction sur les peintres enlumineurs

arthuriens70. Plus rare sans doute, le motif courtois de la dame dans sa litière
accompagnée de seigneurs à cheval (f. 74v) n’est pas sans précédent. Les Cleres
femmes et les Cas des nobles hommes de Boccace en proposent une adaptation
négative, respectivement pour les figures de Poppée et de Servia Tullia. Rien de
tel chez Christine de Pizan, où il fait figure d’équivalent princier de la
promenade à Poissy. Enfin, l’Ami au chevet de l’amant (f. 76r) semble
directement emprunté à des manuscrits de Guillaume de Machaut et Jean de
Meun. La poésie courtoise s’était déjà dotée d’un répertoire d’illustrations où
Christine pouvait puiser d’autant mieux qu’elle lui empruntait aussi la matière
de ses vers.

David en prière, Londres, BL, Egerton 1070, f. 44v, Heures d’Anjou


et BnF, nafr. 4792, f. 1r : Maître d’Egerton © Londres, BL et Paris, BnF

70 On peut citer le tournoi de Leverzep dans le Tristan (BnF, fr. 760, ff. 75v-82r, daté vers 1300 ; BnF,
fr. 101, f. 129r, du début du XVe siècle), ceux de Pomeglai, du Châtel des dames et maints autres
dans le Lancelot (fr. 16998, ff. 21v, 52v, 59v, aussi daté vers 1300), mais aussi le tournoi allégorique
des vices dans les Livres du roi Modus et de la reine Ratio d’Henri de Ferrières (fr. 12399, f. 114v ;
fr. 1297, f. 112r).
Introduction sur les peintres enlumineurs 151

David en prière, Oxford, Bodl. Lib., Canon liturg. 75, Heures, f. 97r
et ex-Ashburnham 203, f. 1r : Maître d’Egerton © Oxford, Bodleian
C’est cependant dans les thèmes religieux que le Maître d’Egerton allait
s’imposer comme un collaborateur à part entière du scriptorium de Christine.
Bien qu’elle ne l’ait pas employé comme ornemaniste, car il avait aussi ce talent,
la touche pointilliste de ses peintures ne semble pas avoir laissé la poétesse
indifférente : aussitôt après le recueil du duc, elle lui confie le frontispice de ses
Sept psaumes (ex-Ashburnham 203, f. 1r {49}, Bruxelles, KBR, 10987, f. 1r
{50} et Paris, BnF, nafr. 4792, f. 1r {51}). Le choix du Maître d’Egerton pour
illustrer ce texte-ci semble parfaitement réfléchi, puisque la représentation du
roi David en prière, illustration-type des psaumes pénitentiels dans les livres
d’heures71, lui était familière (par exemple dans les Heures d’Oxford, Canon.
liturg. 75, f. 97r…). Il est plus difficile d’établir qui, du Maître de Boucicaut, du
Maître de la Mazarine (Bibl. Mazarine, 469, f. 83r), du Maître d’Egerton ou de
Haincelin de Haguenau (Bréviaire de Louis de Guyenne, Châteauroux, BM, 2,
ff. 19r et 26v), est le premier à mettre l’accent sur le paysage rocailleux dans
lequel s’inscrit la prière à Dieu, mais les quatre enlumineurs usent de
compositions apparentées72. Les Sept psaumes de Christine se placent assez tôt
dans cette série. Le Maître d’Egerton donnera une interprétation plus
majestueuse de la scène dans les Heures Egerton 1070 (f. 44v) quelques années
plus tard. On y retrouve sa composition habituelle : au sortir d’une
anfractuosité, au milieu d’un amoncellement de rocs aux pointes aigües et de
quelques arbres, le roi David agenouillé tourne sa prière vers une épiphanie
divine. Les ciels faits d’un glacis bleu sur une feuille d’argent sont une autre
71 Le thème provient des Bibles illustrées, ainsi Paris, Mazarine, 13, f. 233r ; Paris, Mazarine, 18,
f. 165… du XIIIe siècle.
72 G. Bartz, Der Boucicaut-Meister. Ein unbekanntes Stundenbuch, Rotthalmünster, Tenschert, 1999,
pp. 86-88 (« Das Davidbild zu den Bußpsalmen »).
152 Introduction sur les peintres enlumineurs

marque de fabrique de cet enlumineur (ainsi le livre d’heures, Bibl. de l’Arsenal,


ms. 650). C’est donc là encore une image issue de la tradition, et non une
invention iconographique, qui est associée à cette paraphrase des psaumes.

9. Maître de Giac

Christine à son étude, Collection part. (ex-Phillips 128), f. 7r : Maître de Giac


Le troisième exemplaire du Livre de l’advision Cristine (ex-Phillipps 128) n’est
pas revenu comme les précédents au Maître de l’Épître Othéa, mais à un
enlumineur dont c’est la seule occurrence au service de Christine de Pizan : le
Maître des Heures de Jeanne du Peschin, dame de Giac73. Son intervention
précoce dans l’Advision (1406) permet d’ailleurs de reculer la date des Heures
éponymes, qui semblent son tout premier manuscrit, aux premières années du
XVe siècle. Si la composition de l’unique enluminure de l’Advision ne diffère
guère des représentations de Christine à son étude conçues par le Maître de
l’Épître – la robe bleue, la présence du petit chien blanc à collier et le nécessaire
à écrire l’apparentent d’ailleurs davantage au frontispice du recueil du duc (BnF,
fr. 835, f. 1r) qu’aux manuscrits de l’Advision – le Maître de Giac n’y imprime
pas moins sa marque. Le pavement fait d’un simple quadrillage serré où
alternent triangles noirs et jaunes ou verdâtres est chez lui d’usage quasi
systématique dans les scènes d’intérieur tout au long de sa carrière : dans les
73 I. Villela-Petit, dans Paris 1400…, n° 232 et « Les Heures de Jeanne du Peschin, dame de Giac :
Aux origines du Maître de Rohan », Art de l’enluminure, 34 (2010), pp. 2-63.
Introduction sur les peintres enlumineurs 153

Heures de Giac (Toronto, Royal Ontario Museum), des Heures à l’usage de


Troyes (Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, 1278) et les Grandes Heures de Rohan
(BnF, lat. 9471), pour n’en citer que quelques étapes. Les écoinçons ornés de
palmettes ton sur ton apparaissent aussi dès les Heures de Giac (f. 47 :
Présentation au Temple, et f. 173v : Annonciation). Et l’enlumineur adopte très
tôt un type de visages blancs dépourvus de modelé qu’il associe souvent à des
corps aux jambes démesurées – Christine n’a sans doute jamais eu d’aussi
longues jambes qu’en cette image-ci !
Il faut en outre souligner que le Maître de la Cité des dames a reproduit très
exactement la composition de l’enluminure du manuscrit Phillipps, jusque dans
les couleurs et le détail des écoinçons, pour illustrer le prologue des Cent balades
dans le Recueil de la Reine (Harley 4431, f. 4r). Plutôt qu’un emprunt direct, il
se pourrait que l’un et l’autre reproduisent un modèle du Maître de la Mazarine
ou du Maître de Boucicaut, que le Maître de Giac a souvent pillé allègrement.
L’espace complexe vu en diagonale, les fenêtres aux vitres d’argent et les fines
lucarnes du toit surmontées de gâbles sont typiques de leur production, et ils
utilisent eux aussi le motif de l’acanthe aux écoinçons. Il faut alors supposer que
parmi les enlumineurs au service de Christine se rencontrait aussi l’un de ces
deux maîtres apparentés, parmi les plus réputés de leur temps, et qu’un autre
manuscrit, peut-être un exemplaire de l’Advision, nous est perdu.

Christine à son étude, Londres, BL, Harley 4431, f. 4r :


Maître de la Cité des dames © Londres, BL
Les contacts du Maître de Giac avec le Maître de Boucicaut et le Maître de la
Mazarine, attestés par sa collaboration à deux de leurs livres d’heures
(respectivement Malibu, J. Paul Getty Museum, 22 et Londres, Harley MS
154 Introduction sur les peintres enlumineurs

2940), remonteraient donc aux alentours de 1406. Il poursuit ensuite une


carrière très productive, notamment au service du libraire parisien Pierre de
Liffol pour le compte duquel il enlumine vers 1410 de nombreux exemplaires
des Chroniques de Froissart74, avant de gagner Troyes vers 1420, puis l’Anjou
dans les années 1425-1435.

10. Maître de la Cité des dames

Christine, les Vertus et la construction de la cité, KBR 9393, f. 3r : Maître de la Cité des dames
© Bruxelles, KBR
Enlumineur de tous les exemplaires originaux de la Cité des dames, le Maître qui
lui doit son nom fut un artiste prolifique, comptant plus de 50 manuscrits à son
actif entre 1401 et 1420 environ. Peut-être formé auprès de Jacquemart de
Hesdin75, il collabore à ses débuts avec le Maître du Policratique de Charles V et
le Maître de Jeanne Ravenelle (Pelerinage de vie humaine de Guillaume de
Digulleville, BnF, fr. 1647, daté de 1403). Il sera par la suite régulièrement
associé à Haincelin de Haguenau, ainsi qu’au Maître de Virgile et au Maître des
Cleres femmes, notamment pour la réalisation de volumes de la Bible historiale
(Bruxelles, KBR, 9001-02 ; Bruxelles, KBR, 9024-25, acquis par Jean sans Peur
en 1415 ; Londres, BL, Add. 18856-57 ; ou encore Bibl. de l’Arsenal, ms. 5057-
5058, qui a appartenu à Jean de Berry). Manifestement spécialisé dans
74 G. Croenen, R. Rouse et M. Rouse, « Pierre de Liffol and the Manuscripts of Froissart’s
Chronicles », dans Viator. Medieval and Renaissance Studies, 33 (2002), pp. 261-293 ; G. Croenen, « Les
manuscrits 864-865 de Besançon et la production parisienne », dans P. F. Ainsworth (éd.), Jean
Froissart. Chroniques, livre III. Le manuscrit Saint-Vincent de Besançon, Bibl. mun., ms. 865, vol. 1, Genève,
Droz, 2007, pp. 39-47 et G. Croenen, « Le libraire Pierre de Liffol et la production de manuscrits
illustrés des Chroniques de Jean Froissart à Paris au début du XVe siècle », Art de l’enluminure, 31
(2009-2010) [catalogue de l’exposition Jean Froissart, chroniqueur de la Guerre de Cent Ans au Musée de
l’Armée], pp. 14-23 ; I. Villela-Petit, « Le Maître de Giac et le Maître de Boèce, enlumineurs de la
guerre », op. cit., pp. 24-45.
75 Meiss 1974, 1, pp. 377-382.
Introduction sur les peintres enlumineurs 155

l’illustration des textes d’Histoire, il enlumine les Grandes Chroniques de France


(Berlin, Staatsbibl., Phillipps 1917 ; New York, Pierpont Morgan, M. 536 ;
Paris, Mazarine, 2028), les Chroniques de Burgos (Londres, BL, Royal 19 E VI), les
Chroniques de Normandie (Vienne, ÖNB, 2569), les Dialogues de Pierre Salmon
(BnF, fr. 23279, avec le Maître de la Mazarine), la Cité de Dieu (BnF, fr. 23-24 ;
et BnF, fr. 174, qui a appartenu à Jean de Montaigu), les Antiquités judaïques
(BnF, fr. 6446), Tite Live (Bruxelles, KBR, 9049-50 ; BnF, fr. 260-262)… ; et
participe à pas moins de six manuscrits des Cas des nobles hommes de Boccace
dans la traduction de Laurent de Premierfait (Paris, Ars., 5193 ; Londres, BL,
Royal 20 C IV ; BnF, fr. 131 ; BnF, fr. 226 ; BnF, fr. 16994 ; Vienne, ÖNB,
311-48), un des Cleres femmes (Lisbonne, fondation Gulbenkian, LA 143) et un
Decameron (Vat., BAV, pal. lat. 1989). Il a également contribué au cycle du
Lancelot-Graal acquis par Jean sans Peur de Jacques Raponde en 1406 (Paris,
Ars., 3479-3480) et est l’enlumineur retenu par Thomas de Saluces pour son
Chevalier errant (BnF, fr. 12559 ; Turin, BN, R. 1680). Certains manuscrits le
montrent associé à d’autres enlumineurs de Christine, tels le Maître au safran
dans la Bible historiale de l’Arsenal, et le Maître de l’Épître Othéa dans les Grandes
Chroniques de France de la Mazarine.

Christine et la construction de la cité, BnF, fr. 1179, f. 3r :


Maître de la Cité des dames
156 Introduction sur les peintres enlumineurs

Christine et la construction de la cité, BnF, fr. 607, f. 2r :


Maître de la Cité des dames © Paris, BnF
Le nombre de manuscrits abondamment illustrés du corpus a laissé
supposer la présence d’un atelier, voire une « association of illuminators » sous
ce nom de Maître de la Cité des dames. Sa production présente cependant une
homogénéité certaine, accentuée par la répétition des modèles dont le ou plutôt
les manuscrits éponymes donnent un exemple flagrant. Une fois la composition
arrêtée, le Maître ou le supposé atelier – sans doute pas plus d’un ou deux
assistants – la répète autant que de besoin soit à partir de la première
enluminure peinte, soit à partir d’un carnet de modèles dessinés, en n’ayant plus
recours aux instructions écrites que pour en préciser les couleurs. Ainsi la
Construction de la cité, première illustration conçue par Christine pour enrichir
son texte de la Cité des dames, est-elle reprise exactement, à quelques nuances de
couleur et détails d’architecture près (BnF, fr. 1179, f. 3r {33} ; Bruxelles, KBR,
9393, f. 3r {34} et BnF, fr. 607, f. 2r {8}, datés respectivement vers 1406, 1407
et 1408 environ). L’exemplaire de Bruxelles est le plus soigné des trois et ne
présente pas la petite incertitude concernant le bras gauche de Christine que
l’on trouve dans le fr. 1179 (confondu avec le rose de la nappe) et le fr. 607
(absent). Il est toutefois difficile ici d’établir une chronologie relative des
manuscrits à partir du seul frontispice. La cohérence de l’image-princeps se
perd-elle dans les répliques successives ? Ou ses hésitations y sont-elles
corrigées ? Et, compte tenu des éventuels exemplaires disparus, cette image-
princeps (le fr. 1179 ?) nous est-elle seulement connue ? Comment interpréter
aussi les (légères) différences de qualité dans l’exécution des trois frontispices ?
Progrès de l’enlumineur ? Différences de mains entre maître et assistant(s) ?
Plus ou moins grand soin apporté à l’image selon la qualité du destinataire ? Ou
question de temps ? Ou bien dépendent-elles seulement de l’inspiration du
moment ? Dans le cas de manuscrits-jumeaux d’exécution rapprochée, l’ordre
Introduction sur les peintres enlumineurs 157

de cette exécution n’est pas nécessairement le même que celui de la copie, et on


pourrait même envisager que les trois premiers manuscrits à illustrer aient été
confiés ensemble à l’atelier. Cependant, un stemma des histoires fait dériver
directement le frontispice du fr. 607 de celui du fr. 1179, peut-être conservé
comme exemplar, tandis que les autres enluminures procèdent des images
correspondantes dans la Cité de Bruxelles. On notera d’ailleurs une certaine
modernité dans les fonds de ciel en perspective aérienne de ce manuscrit
fr. 607, qui contrastent avec la mosaïque abstraite des deux exemplaires
précédents.
Alors que le fr. 1179 est seulement pourvu d’un frontispice, l’illustration est
en effet portée à trois enluminures dans la Cité de Bruxelles et le fr. 607, une par
partie, par l’ajout des histoires de l’Entrée des dames dans la cité (respectivement
ff. 35v et 31v) et de l’Accueil de la Vierge et des saintes (ff. 74v et 67v). Ce cycle
court restera inchangé. Les deux scènes sont de composition très proche : les
femmes vêtues de couleurs vives au premier plan, la porte fortifiée d’une ville et
l’aperçu sur les pignons et les toits par-dessus le rempart, si ce n’est que des
instruments de levage et une toiture inachevée révèlent une cité encore en
construction dans la première. Là encore, l’exemplaire de Bruxelles est plus
raffiné dans les détails. Sans doute faut-il y voir la main du maître. Il en allait
sans doute de même pour le frontispice des Trois Vertus, dont le premier
exemplaire n’est pas retrouvé. Il se présente identique dans les deux manuscrits
subsistants (Boston, fr. Med. 101, f. 3r {42} et BnF, nafr. 25636, f. 2v {43}),
comparable à celui de la Cité des dames par sa bipartition qui juxtapose deux
scènes dans un même espace. Les visages blancs à l’ovale prononcé, sans
expression et tous semblables, sont caractéristiques du style, de même que les
plages de couleurs franches bien délimitées où l’on reconnaît le bleu de lapis-
lazuli, le rouge vermillon, un vert de cuivre et du rose de bois brésil. Seuls
diffèrent l’ordre de leur emploi et la répartition des coiffes de l’assistance
féminine qui reçoit l’enseignement de Raison.
158 Introduction sur les peintres enlumineurs

Christine réveillée par les vertus et Raison en chaire, Boston, fr. Med. 101, f. 3r :
Maître de la Cité des dames © Boston, PL

Christine réveillée par les vertus et Raison en chaire, BnF, nafr. 25636, f. 2v :
Maître de la Cité des dames © Paris, BnF

Le même schéma biparti qui renouvelle le portrait d’auteur, montrant à


gauche Christine recevant dans un édicule les déités qui l’inspirent, et à droite
une scène en extérieur qui illustre son propos, se retrouve dans la composition
du frontispice des Fais d’armes et de chevalerie (Bruxelles, KBR, 10476, f. 3r {52}
et BnF, fr. 603, f. 2r {9}) : d’un côté, Christine accueille Minerve dans son
étude, de l’autre une troupe de chevaliers en armes déboule de la droite. On
notera aussi que l’auteur, toujours vêtue d’une cotte-hardie bleue, porte une
coiffe de plus en plus élaborée, faite d’une superposition de voiles blancs
empesés en bannieres76. Cependant les deux images diffèrent davantage, comme

76 Ce sont les quevrechiez a baniere dont se souvient Olivier de la Marche dans le Parement des dames,
XXIII, v. 147, v. A. H. Van Buren, Illuminating Fashion. Dress in the Art of Medieval France and the
Netherlands, 1325-1515, New York, Pierpont Morgan Library, 2011, pp. 130 et 150.
Introduction sur les peintres enlumineurs 159

si pour une fois l’enlumineur n’avait pas conservé son modèle. Dans la
première, l’édicule est surmonté d’un étage à pans de bois, Christine est vue de
profil, sa table de face porte divers livres rappelant le travail du compilateur, et
Minerve, la tête ceinte d’un cercle de besants, fait le lien avec la scène des
cavaliers revêtus d’armures d’argent. Sa lance est ornée d’un penon rouge,
tandis que l’un des chevaliers porte une aigrette de plumes rouges et noires et
tient le bâton rouge du chef d’armée ; un autre porte une bannière de gueules à
deux croissants d’argent, le second renversé, sans doute des armoiries fictives77, en
sorte que cette armée indéterminée peut représenter n’importe quel camp.

Christine, Minerve et l’armée, Bruxelles, KBR 10476, f. 3r : Maître de la Cité des dames
Ces éléments héraldiques ne sont pas repris dans le fr. 603, renforçant
l’anonymat de l’armée menée par le connétable ou un maréchal en chaperon
rouge, bâton en main. La coiffe en bourrelet de Minerve et le surcot qui
recouvre ici son armure font davantage ressortir sa féminité. Elle se tourne
maintenant nettement vers Christine et est comprise dans le même espace, tout
en désignant toujours du doigt les cavaliers. Un livre ouvert et l’écritoire sur la
table vue de biais mettent l’accent sur le travail d’écriture. Les armures ne sont
plus d’argent mais bleutées, le terrain de verdoyant est devenu aride, et un
moulin isolé a remplacé le mur fortifié qui semblait prolonger la demeure de
Christine dans le ms. de Bruxelles.
Dans le second manuscrit, les Fais d’armes sont pourvus d’un cycle complet
de quatre histoires. Au frontispice, fait suite une scène de siège par terre et par
mer (f. 27v) qui rappelle celle de la Mutacion de Chantilly (493, f. 346v), puis une

77 Un Jean de Courcelles, chambellan du roi et du duc de Bourgogne, portait d’argent à trois croissants de
gueules, et les Wassenaer de Hollande, de gueules à trois croissants d’argent, v. Bozzolo et Loyau 1982,
n° 144, pp. 112-113 et 1992, n° 694, pp. 168-169. On trouve aussi des croissants d’argent dans les
armoiries de plusieurs familles bretonnes (ainsi les Goaradur : de gueules à deux croissants adossés
d’argent). Mais la bannière des Fais d’armes renvoie aux armoiries imaginaires dont étaient pourvus
les héros antiques dans certains manuscrits de l’Histoire ancienne (ainsi le BnF, fr. 301).
160 Introduction sur les peintres enlumineurs

évocation particulièrement originale d’une des sources littéraires de Christine,


l’Arbre des batailles d’Honoré Bouvet (f. 49r)78, enfin la représentation d’un roi en
son conseil (f. 66r). Celles-ci sont tantôt conçues de neuf, tantôt empruntées
pour leur adéquation au texte, ainsi le siège d’une citadelle et le conseil royal,
images-types des Chroniques.

Christine, Minerve et l’armée, BnF, fr. 603, f. 2r : Maître de la Cité des dames

Scène de siège, Chantilly, 493, Mutacion, f. 346v : Maître bleu-jaune-rose de Chantilly


et BnF, fr. 603, Fais d’armes, f. 27v : Maître de la Cité des dames
© Chantilly, Bibl. du Château et Paris, BnF
Dans ce « petit recueil », les Fais d’armes sont suivis d’une version de la
Mutacion de Fortune au cycle d’illustrations amplifié. Elle comporte sept
enluminures, une huitième ayant semble-t-il été envisagée mais non réalisée (au
f. 178r où son emplacement est resté vide). L’association des deux textes en un
même recueil n’est d’ailleurs pas sans conséquences sur l’illustration de la
Mutacion. Là où les scènes de siège qui servaient de conclusion au cycle dans les
manuscrits précédents ont disparu. Le motif aura sans doute été jugé plus
approprié pour illustrer les Fais d’armes où il est reporté. L’allégorie de la
78 V. Ch. Reno et I. Villela-Petit, « Christine de Pizan, interprète d’Honoré Bouvet », à paraître dans
les actes du VIIIe colloque international sur Christine de Pizan (Poznan, 2012).
Introduction sur les peintres enlumineurs 161

Fortune entre Eur et Meseur a elle aussi été supprimée, peut-être parce qu’elle
apparaissait précédemment en milieu de chapitre (II, 6) et que le parti
finalement retenu aura été d’une histoire en tête de chaque chapitre, soit sept, le
portrait d’auteur au prologue servant aussi d’entrée en matière au premier.
L’image non réalisée (correspondant au chapitre VI, 4) résulte peut-être d’une
erreur du copiste dans la mise en page. Le cycle remanié comprend donc, outre
le portrait de Christine à son étude (f. 81v), L’arrivée au château de Fortune
(f. 91r), Le plus haut siège (f. 109r), La salle de Fortune (f. 127v), et trois
nouvelles scènes : Les rois de la terre (f. 143v), un Combat d’Amazones
(f. 174r) et la Fondation de Rome (f. 206v).

Christine à son étude, BnF, fr. 603, f. 81v


et Le château de Fortune, f. 91r : Maître de la Cité des dames © Paris, BnF
Le portrait d’auteur est ici révisé par l’introduction d’un accessoire figuré en
bonne place au centre de l’image, posé devant Christine sur sa table de travail :
un miroir d’argent. Celui-ci évoque à la fois l’autoportrait (ainsi devant les
femmes-peintres des Cleres femmes de Boccace, BnF, fr. 598, f. 100v et BnF,
fr. 12420, f. 101v) et l’introspection. Il renvoie surtout à la vertu de Prudence
dont il est l’attribut traditionnel – que Raison lui emprunte dans le frontispice
de la Cité des dames. L’enlumineur ne semble pas avoir eu à sa disposition les
modèles conçus par le Maître de l’Épître Othéa, et la composition des scènes
conservées du cycle initial a été revue. Ainsi, le château de Fortune est-il
désormais isolé sur une plateforme maintenue en l’air par de grosses chaînes,
tandis que le nombre des personnages est réduit à l’essentiel : trois nouveaux
venus dans une barque sont accueillis par Eur, toujours vêtu de sa houppelande
verte et de chausses parties, devant la porte que garde Richesse, en robe jaune
doré et couronne. Le Plus haut siège est aussi réduit à l’essentiel par la
suppression du décor d’architecture et la symétrie rigoureuse : un banc en U où
les deux pontifes sont assis devant un haut dossier tendu de drap rouge et isolés
par des places vides des ecclésiastiques qui occupent les extrémités et se font
162 Introduction sur les peintres enlumineurs

face deux à deux. Enfin, on l’a vu, la salle de Fortune est désormais habitée par
Christine en personne qui contemple les peintures.

Les rois de la terre, La Haye, MMW, 10 A 12, f. 150r, Cité de Dieu : Maître de Virgile
et Les rois de la terre, BnF, fr. 603, f. 143v : Maître de la Cité des dames
© La Haye, MMW et Paris, BnF
Deux des nouvelles histoires qui complètent le cycle de la Mutacion de Fortune
sont directement inspirées de manuscrits de la Cité de Dieu de saint Augustin qui
se conforment à un programme d’illustrations élaboré au début du XVe siècle,
sans doute à l’occasion de la réalisation d’un exemplaire remis au duc de Berry
en 1404 par son trésorier et maître d’hôtel Jacques Courau79. Les rois de la terre
illustrent le livre xviii de la Cité de Dieu qui narre l’histoire des grands empires de
l’Antiquité (par exemple, La Haye, Museum Meermanno-Westreenianum,
10 A 12, f. 150r). Christine et son peintre semblent avoir précisément connu un
manuscrit du Maître de Virgile, peut-être celui de la librairie de Jean de Berry,
tant les volumineux couvre-chefs orientalisants des rois de la Mutacion
ressemblent aux siens. Leur disposition, debout contre un fond tessellé, tenant
des rotuli et dialoguant les uns avec les autres, est aussi comparable. De même,
la Fondation de Rome (Mutacion, f. 206v), qui se conforme par ailleurs au
schéma classique des scènes de fondation de ville ou de château, s’apparente
par sa réduction à une tour unique en ziggurat à celle de la Tour de Babel
choisie dans cette version de la Cité de Dieu pour illustrer le chapitre XVI.
Romulus fait pendant à Nemrod. Au demeurant, l’histoire de Rome sert de
trame au texte de saint Augustin, où Christine pouvait puiser matière à sa
réflexion sur les revirements de la Fortune.

79 I. Villela-Petit, « Deux visions de la Cité de Dieu : le Maître de Virgile et le Maître de Boèce », dans
Art de l’enluminure, 17 (2006), pp. 2-65, aux pp. 8-10.
Introduction sur les peintres enlumineurs 163

La fondation de Rome, BnF, fr. 603, f. 206v


et Combat d’Amazones, f. 174r : Maître de la Cité des dames © Paris, BnF

Pour son sixième chapitre, qui parle des amazonnes et de l’istoire de Troie abregée,
l’auteur s’inspire d’un cycle dont elle avait déjà tiré matière pour son Epistre
Othea, celui de l’Histoire ancienne : certains manuscrits, tel celui acquis par Jean de
Berry en 1402 (BnF, fr. 301), figurent plusieurs combats de Grecs et
d’Amazones. L’originalité de l’image-histoire est ici de représenter les
combattants à pied et, bien sûr, de donner l’avantage aux femmes. À l’occasion
de la réalisation du fr. 603, Christine de Pizan avait donc entièrement repensé le
programme d’illustrations de la Mutacion. Ce programme allait pourtant encore
évoluer dans le dernier exemplaire (Munich, Cod. gall. 11). Bien qu’à une
exception près (Les rois de la terre remplacés par une scène de triomphe) les
thèmes restent inchangés, le Maître de la Cité des dames n’y reproduit pas les
modèles de composition précédents et fait montre d’une ambition croissante.
L’étude de Christine (f. 2r) par sa conception aérée, l’effet de perspective, les
volets de bois de la fenêtre vus en raccourci, la baie laissant voir le ciel et
jusqu’au pot de fleurs sur son rebord témoigne de l’influence du Maître de la
Mazarine sur l’évolution du Maître de la Cité des dames80. Ils venaient
notamment de collaborer en 1409 à l’illustration des Dialogues de Pierre Salmon
(BnF, fr. 23279)81.

80 V. Schaeffer 1937, qui les nommait respectivement Maître de Boucicaut et « Maître de Christine de
Pizan » dans son étude sur le ms. Harley.
81 Paris 1400…, n° 51-52, pp. 120-123.
164 Introduction sur les peintres enlumineurs

Christine à son étude, Munich, Cod. gall. 11, f. 2r


et Le château de Fortune, f. 13r : Maître de la Cité des dames
© Munich, BSB
Le Château de Fortune (f. 13), isolé sur un pic vertigineux qui lui sert d’axe,
est désormais le sujet premier de l’image et non plus l’Accueil des visiteurs. Les
allégories étant réduites en taille, la porte de Richesse est identifiée par des écus
d’or. Les docteurs du Plus haut siège (f. 33) forment maintenant une cour de
dix ecclesiastiques, dont au moins trois cardinaux et un évêque. Les détails
superflus ont été abandonnés dans la représentation de Christine dans la salle
peinte (f. 53). Et le Combat des Amazones, cette fois-ci chevauchant (f. 103v),
est beaucoup plus spectaculaire par la profondeur de champ et la vue
plongeante sur un cheval renversé au premier plan. Bannières et étendards
semblent inventés pour la circonstance, bien que celle de gueules semé de clochettes
d’or rappelle les armoiries imaginaires parfois prêtées à la reine Penthésilée82. La
dernière image du cycle (la Construction de Rome) n’a pas été peinte, mais pour
son cinquième chapitre Christine s’éloigne de la référence augustinienne et lui
préfère un triomphe à la romaine, peut-être inspiré des traductions illustrées de
Tite Live, tel le BnF, fr. 263 (f. 356r : triomphe de Cornelius Lentulus), ou de
Valère Maxime, tel le fr. 282 (f. 71r), qui ont tous deux été peints par le Maître
de Virgile et ont appartenu à Jean de Berry ; ou encore des Cas des nobles hommes
de Boccace (ainsi le BnF, fr. 226, aussi aux armes du duc, f. 143v : triomphe de
Paul Emile, et f. 219r : d’Aurélien). Ces derniers font toutefois modeste figure
en comparaison du triomphe de la Mutacion, amplifié par la foule d’hommes
d’armes qui l’accompagne.
82 Dans l’Histoire ancienne, BnF, fr. 301, ff. 133v-139, elle est reconnaissable à la housse blanche semée
de clochettes d’or de son cheval, qui se conforme au Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure :
« Coverz fu toz d’un drap de seie // Qui plus qui flor de lis blancheie. // Cent eschilletes cler
sonanz, // Petites, d’or, non mie granz, I attachent » (vv. 23445-23449).
Introduction sur les peintres enlumineurs 165

Triomphe, Munich, BSB, Cod. gall. 11, f. 69r


et Combat d’Amazones, f. 103v : Maître de la Cité des dames
© Munich, BSB
Si le frontispice de la Cité des dames des mss KBR 9393 et BnF, fr. 607 est
encore reproduit presque à l’identique dans un exemplaire postérieur d’au
moins cinq ans (BnF, fr. 1178, f. 3r {35}), l’intérêt croissant du Maître de la
Cité des dames pour le rendu de l’espace est perceptible dans les deux autres
enluminures de ce manuscrit (ff. 64v et 135r). La mise à distance du motif
permet désormais d’embrasser la cité du regard et donne une respiration
nouvelle à l’image, d’ailleurs élargie aux dimensions du frontispice, en sorte que
les trois histoires du cycle couvrent désormais la largeur des deux colonnes de
texte. De peu antérieur, le cycle correspondant dans le Recueil de la Reine
(Harley 4431, ff. 290r, 323r et 361r) se conformait encore aux premiers
schémas.

Entrée des dames dans la cité, fr. 607, f. 31r


et fr. 1178, f. 64v : atelier et Maître de la Cité des dames
© Paris, BnF
166 Introduction sur les peintres enlumineurs

C’est pourtant bien dans le Recueil de la Reine que la maîtrise spatiale, les
ébauches de paysage et le souci du détail expressif révèlent le Maître de la Cité
des dames dans la plénitude de son style. La célèbre scène de la chambre des
dames, anticipant sur la remise solennelle du livre à Isabelle de Bavière, fait
écho à la chambre du roi peinte par le Maître de la Mazarine dans le second
exemplaire des Dialogues de Pierre Salmon (Genève, BPU, fr. 165, f. 4r).
L’importance donnée au rendu des textiles (vêtements fourrés, tapis, tentures
armoriées et broderies) et le motif des volets de bois qui creusent l’espace y
sont fort comparables. À l’ascendant que semble avoir alors exercé sur lui son
contemporain, s’ajoutait sans doute l’esprit d’émulation qui permit l’éclosion
des plus belles pages du recueil. Il s’agit, sur les quelque 133 qu’il contient,
d’une vingtaine d’enluminures reconnues comme étant de la main du maître. À
celles distinguées à juste titre par Noriko Kobayashi (ff. 3r, 4r, 51r, 81r, 143r,
144r, 145r, 150r, 153r, 154v et 376r)83 pour leur raffinement et leur finesse
d’exécution, nous proposons d’ajouter quelques autres (ff. 48r, 58v, 71v). Outre
le frontispice (f. 3r) et le portrait d’auteur qui précède les Cent balades (f. 4r), ce
sont les histoires qui illustrent la Complainte amoureuse [II] (f. 48r), l’Epistre au dieu
d’Amours (f. 51r), le Debat de deux amans, le Livre des .iij. jugemens (ff. 58v et 71v),
le Dit de Poissy (f. 81r), le Duc des vrais amans, pour lequel Christine de Pizan
conçoit tout un cycle (ff. 143r, 144r, 145r, 150r, 153r, 154v) et les Cent balades
d’amant et de dame (f. 376r). L’illustration met ainsi en avant les thèmes courtois
que le Maître de la Cité des dames semble s’être réservés en propre.

L’amant présentant sa complainte à la dame, Harley 4431, f. 48r et Le duc partant à la chasse, f. 144r :
Maître de la Cité des dames © Londres, BL
Dans cette vaste entreprise que fut la réalisation du ms. Harley,
l’hétérogénéité de facture des autres enluminures révèle la participation de

83 N. Kobayashi, « La dernière étape de l’enluminure des Œuvres de Christine de Pizan », Art de


l’enluminure, 18 (2006), pp. 2-65.
Introduction sur les peintres enlumineurs 167

l’atelier. Deux mains se distinguent dans l’illustration de l’Epistre Othea qui, avec
ses 101 histoires, représente à elle seule les trois-quarts du programme illustré du
recueil84. La première se reconnaît aux carnations vert-bleutées des personnages
(en particulier ff. 95r, 95v, 96v, 101r-102r, 105v, 106r-108r, 111r-111v, 113v-
115r, 116r-118r), la seconde au traitement pointilliste des surfaces colorées
(ff. 97r-100v, 102v-105r, 108v-110v, 112r-112v, 115v, 119r-126r, 127v-141r).
Tous deux calquent leurs compositions sur des modèles antérieurs. Il n’est
cependant pas exclu que le Maître lui-même soit intervenu sur quelques
enluminures de l’Epistre (ff. 125v, 126v). Son collaborateur pointilliste poursuit
son travail dans le Chemin de lonc estude (ff. 178r-218v), assorti de huit histoires soit
le cycle long, et dans la Cité des dames (ff. 290r-361r), dont il a déjà été question
ci-dessus. La fidélité de dessin du Chemin aux enluminures peintes par le Maître
de l’Épître Othéa dans le recueil du duc (fr. 836), jusqu’au loup brodé sur la
manche du roi (f. 178r), suppose la reproduction d’un modèle figuré. Certains
détails signifiants, tels que la naissance de la source Hippocrène, ont d’ailleurs
été mal compris. L’atelier du Maître de la Cité des dames substitue
généralement des fonds mosaïqués aux fonds de ciel du Maître de l’Épître et
modifie certaines couleurs de vêtements, mais la proximité est telle qu’on doit
se demander s’il ne s’est pas fondé directement sur le fr. 836.

Remise du livre à Louis d’Orléans, Harley 4431, f. 95r : assistant aux carnations vertes
et Remise du livre à Charles VI, f. 178r : assistant pointilliste © Londres, BL
De même, la reprise souvent très exacte par l’atelier du Maître de la Cité des
dames des compositions du fr. 606, y compris celles peintes par le Maître au

84 Nous ne donnons ici qu’une ébauche du partage des mains. Pour une étude approfondie, on se
reportera au texte de Marie-Thérèse Gousset, prochainement en ligne dans le cadre du projet The
Making of the Queen’s Manuscript (www.pizan.lib.ed.ac.uk).
168 Introduction sur les peintres enlumineurs

safran, pose question85. Repose-t-elle sur un carnet de modèles ou mieux sur un


exemplar peint resté aux mains de Christine, ou bien sur le recueil-même du duc,
pourtant donné à Jean de Berry en 1408 ? Si exemplar il y eut, ce devait être un
manuscrit jumeau du fr. 606, mais étant donné la propension du Maître de
l’Épître Othéa à varier ses compositions, une telle gémellité serait chez lui
surprenante. Or, le manuscrit Harley paraît refléter certaines disparités
stylistiques du modèle : les histoires de Cassandre et Neptune au f. 110v
rappellent le style du Maître de l’Epître (fr. 606, f. 16v), celle de Pasiphaé au
f. 116r plutôt le style du Maître au safran (fr. 606, f. 22r) ; d’autres sont
agrémentées de ses fleurettes bicolores qu’un simple dessin ne pouvait
transmettre. Leur présence dans certaines enluminures du Harley (f. 117v par
exemple) dont le correspondant dans le fr. 606 est dépourvu de telles fleurs
serait un indice ténu en faveur d’un exemplar distinct, partiellement enluminé par
les mêmes maîtres mais peut-être selon une répartition différente ; il n’en reste
pas moins trop insignifiant pour trancher en ce sens car l’imitateur a fort bien
pu faire sien ce motif d’enjolivure. À défaut d’exemplar aussi ressemblant, il faut
donc supposer que Christine récupéra quelque temps l’exemplaire de Jean de
Berry, ou encore que l’enluminure des cahiers du Chemin de lonc estude et de
l’Epistre Othea dans le manuscrit Harley est antérieure de plusieurs années à leur
mise en recueil.
Le dernier manuscrit enluminé pour Christine de Pizan, le Livre de paix de
1414 (Bruxelles, KBR, 10366, f. 1r {53}), adapte le portrait d’auteur du « petit
recueil » (fr. 603, f. 81v) aux dimensions d’un frontispice large de deux colonnes
de texte. Le charme de la figure portant la coiffe en bannières et l’équilibre de la
composition aérée montrent que l’art du Maître de la Cité des dames pouvait
désormais rivaliser avec celui des meilleurs enlumineurs de son temps.

85 Paris 1400…, n° 62, pp. 133-135.


Introduction sur les peintres enlumineurs 169

11. Haincelin de Haguenau (Maître de Bedford)

Pastourelle, Harley 4431, f. 221r : Haincelin de Haguenau © Londres, BL

Il nous reste à parler d’une dernière main qui apparaît de façon fugace dans le
Recueil de la Reine, celle de Haincelin de Haguenau, longtemps dénommé
Maître de Bedford, d’après les Heures du régent Bedford (Londres, BL, Add.
18850), qu’on sait maintenant avoir été réalisées pour le dauphin Louis de
Guyenne († 1415) ou son épouse Marguerite de Bourgogne86. Enlumineur en
titre du dauphin à partir de 1409, Haincelin dirigeait aussi un des ateliers les
plus productifs de Paris. Millard Meiss87 attribuait au « Bedford trend » cinq
enluminures du ms. Harley 4431, illustrant l’Autre complainte (f. 56v), le Dit de la
pastoure (f. 221r), les Proverbes et les Enseignemens moraux (ff. 259v et 261v) et
l’Oroison Nostre Dame (f. 265r), mais il faut noter une grande proximité entre les
enluminures bedfordiennes et celles du Maître de la Cité des dames dans le
recueil. La seconde et la dernière au moins nous semblent pouvoir être rendues
à Haincelin de Haguenau lui-même plutôt qu’au « trend ». Le gracieux paysage
86 V. ci-dessus note 18, ainsi que : I. Villela-Petit, Le Bréviaire de Châteauroux, Paris, Somogy, 2003 ;
C. Reynolds, « The Workshop of the Master of the Duke of Bedford : Definitions and Identities »,
dans G. Croenen et P. Ainsworth, Patrons, Authors and Workshops : Books and Book Production in Paris
around 1400, Leuven, Peeters, 2006, pp. 437-472, en part. p. 440.
87 Meiss 1974, 1, pp. 292-296.
170 Introduction sur les peintres enlumineurs

montant en collines vers l’horizon, le motif du bouquetin bondissant, le grand


chien au collier de pointes ou le curieux seau à puiser de la Pastoure sont des
motifs obligés de l’Annonce aux bergers dans les livres d’heures du Maître de
Bedford (outre les Heures éponymes, f. 70v ; Lisbonne, Fondation Gulbenkian,
LA 237, f. 66v ; Vienne, ÖNB, 1855, f. 65v ; New Haven, Beinecke Lib., 400,
f. 56r). La Vierge de l’Oraison est assise sur la chaise à pattes de lion et haut
dossier tendu de tissu que le Maître affectionne. Introduite au jardin de Paradis,
Christine, élégamment vêtue d’une houppelande fourrée et de sa coiffe
déployant ses voiles, lui lit sa prière. Haincelin de Haguenau renouvelait ainsi
quelques-unes des toutes premières histoires conçues par la poétesse.

Christine priant Notre Dame, Harley 4431, f. 265r : Haincelin de Haguenau


© Londres, BL
Cette intervention de Haincelin de Haguenau et son atelier dans un
manuscrit par ailleurs entièrement à la charge du Maître de la Cité des dames et
de l’atelier de celui-ci reste assez surprenante. Elle ne peut s’expliquer ici par les
délais de livraison de l’ouvrage car la contribution bedfordienne est trop limitée.
Sans doute faut-il plutôt la rapprocher des échanges d’artistes entre princes
bibliophiles qui conduisent l’enlumineur du dauphin à peindre une histoire dans
les Grandes Heures de Jean de Berry dont Jacquemart de Hesdin, peintre en titre
du duc, dirigeait la réalisation, tandis que les Limbourg, ses autres peintres
attitrés, intervenaient ponctuellement sur des manuscrits du dauphin88.
Christine de Pizan aussi avait trouvé des enlumineurs à sa mesure.

88 I. Villela-Petit, « Les frères de Limbourg », dans Commentaire au fac-similé des « Très Riches Heures » de
Jean de Berry, à paraître.
Les manuscrits-recueils
Introduction

Chantilly, Bibl. du Château, 492-493 {1-2}


Paris, BnF, fr. 12779 {3}
Paris, BnF, fr. 835, 606, 836, 605, 607 {4-5-6-7-8}
Paris, BnF, fr. 603 {9}
Leyde, UB, Ltk. 1819 {10}
Paris, BnF, nafr. 14852, ff. 2a-3d {11}
Londres, BL, Harley MS 4431 {12-13}

Au cours de sa carrière, Christine de Pizan a produit au moins cinq grands


recueils de ses œuvres ; de l’un d’eux ne subsiste qu’un petit fragment, mais les
quatre autres ont presque intégralement survécu : ce sont les mss Chantilly,
Bibl. du Château, 492-493 ; Paris, BnF, fr. 12779 ; le recueil du duc de Berry,
maintenant divisé en cinq volumes (BnF, fr. 835-606-836-605-607) ; enfin, le
Recueil de la Reine Isabeau de Bavière (Londres, BL, Harley MS 4431),
aujourd’hui en deux volumes.
Le fragment (Leyde, UB, Ltk. 1819) se réduit à un feuillet fragmentaire
portant au recto et au verso une colonne et un tiers d’écriture (une portion des
chapitres 28 et 29 de la seconde partie de la Cité des dames). Par chance, le titre
courant a survécu : Le Livre de la ci[té] / des dames .xxvij.1 ; cela permet de savoir
que ce fragment faisait partie d’un recueil sans doute un peu moins important
que celui de la Reine, où la Cité des dames occupe la 29e place, un peu plus riche,
en revanche, que le recueil du duc de Berry, où la Cité des dames arrive en 26e
position. Il est bien probable que, comme l’avait suggéré M. Curnow2, ce

1 La deuxième ligne, la ij. / partie, qui indique la division de l’ouvrage, donne un renseignement que
l’on ne trouve dans aucun autre ms. original de la Cité des dames et semble manifester le désir de
l’auteur de mieux guider le lecteur.
2 C de P, Cité 1975, pp. 536, 546-549.
174 Les manuscrits-recueils

fragment est un vestige du recueil perdu des ducs de Bourgogne3 dont on ne


connaît pas la date de composition et que l’on voit pour la première fois
mentionné dans l’inventaire de 1467. Quoi qu’il en soit, il s’agit bien d’un
produit de l’atelier de Christine, puisqu’il est de la main P, l’un de ses deux
collègues attitrés. Ce fragment servait de couverture à un livre imprimé à
Anvers en 1677, ce qui, d’une part, oriente la recherche vers les Pays-Bas
méridionaux, donc vers la maison de Bourgogne, et suggère, d’autre part, que le
recueil devait être déjà démembré à cette date.
Les quatre recueils complets ou quasi-complets survivants, encore que
relativement homogènes du point de vue de l’écriture et de la décoration,
présentent des caractéristiques qui permettent de les qualifier d’hybrides selon la
typologie établie par Geneviève Hasenohr4. Chacun d’eux devait avoir été
conçu au départ comme un projet organique, mais tous ont subi en cours de
fabrication des modifications plus ou moins nombreuses, plus ou moins
importantes, qui permettent de les qualifier en même temps de cumulatifs. Dans
le cas des deux premiers et du dernier recueils, ces changements en cours de
route semblent s’expliquer surtout par la production de nouvelles œuvres ; dans
le cas du troisième, en revanche, c’est plus probablement un changement de
dédicataire qui entraîne les modifications5.

1. Chantilly, Bibl. du Château, 492-493


Le premier recueil, le seul à porter une date, soulève, comme nous le verrons,
divers problèmes qu’il nest pas toujours facile d’élucider. On comprend mal,
par exemple, à quoi furent employées les trois années dont parle la rubrique
préliminaire du premier volume (ms. 492) : ce present volume […] co(m)mencié l’an de
grace mil .ccc. iiijx xix, eschevé & escript en l’an mil quatre cens et deux la veille de la
nativité saint Jehan Baptiste6. On a tout lieu de penser que certaines ballades de
Christine furent composées avant 13997 ; cette période de trois ans pourrait
donc correspondre à la mise en forme définitive et à la transcription du premier
tome actuel (ff. 1-163) qui contient les vingt-et-un premiers éléments énumérés
dans la table (f. 1v)8 :

3 V. Barrois 1830, n° 940 de l’inventaire de 1467, et nº 1665 de l’inventaire de 1487. On sait par
l’explicit des inventaires que le recueil de Bourgogne contenait le Lay mortel et donc les Cent balades
d’amant et de dame.
4 Hasenohr 1999.
5 Voir Van Hemelryck et Reno 2010.
6 Bibl. du Château, 492, f. 1v. La fête de saint Jean Baptiste est le 24 juin.
7 Laidlaw 1983, p. 542 et Willard 1984, pp. 43-44.
8 Dans l’Advision Cristine (III, 10), l’auteur date ses débuts de 1399, mais il n’est pas dit clairement si
cette date marque le commencement de sa carrière d’écrivain ou celui de sa carrière d’éditeur, ou
les deux à la fois : Adonc me pris a forgier choses jolies, a mon commencement plus legieres, et tout ainsi comme
l’ouvrier qui de plus en plus en son euvre se soubtille comme plus il la frequente, ainsi tousjours estudiant diverses
Introduction 175

Premierement Cent Balades // Item plusieurs virelays // Item une balade


retrograde qui se dit a droit et a Rebours // Item une balade a Rimes reprises //
Item une balade a Responses // Item autres plusieurs balades de divers
propoz // Item une complainte amoureuse // Item un lay de .ijc lxij. vers tous
leonimes // Item un autre lay // Item .lxxv. Rondeaulx de plusieurs
manieres // Item .lxix geux a vendre // Item le debat de deux amans qui
s’adrece a mons(eigneur) d’Orleans // Item l’epiltre au dieu d’amour // Item le
Dit de la Rose // Item le Dit des trois jugemens amoureux qui s’adresce au
Seneschal de Haynau // Item le dit de poissy // Item l’epiltre Othea la deesse
de prudence // Item les epiltres sur le Rommant de la rose // Item les diz
moraulx de (Crist)ine de Pizan a son filz // Item une priere a N(ost)re Dame //
Item les quinze Joyes N(ost)re Dame.
Ce premier grand recueil des ouvrages de Christine ne fut pourtant achevé
qu’au moins trois ans après la transcription de la rubrique qui introduit le
premier volume actuel. En effet, l’œuvre sur laquelle s’achève le deuxième tome
(Chantilly, Bibl. du Château, 493), l’Epistre a la reine, datée du 5 octobre 1405,
présente avec un certain recul les épisodes successifs du conflit que Christine
suppliait la reine d’apaiser. Il faut donc en conclure que le recueil de Chantilly
serait demeuré en chantier pendant cinq ou six ans.
On peut distinguer plusieurs étapes dans la production de ce recueil, dont
seule la première correspond au projet initial. En effet, à en juger par la table
des matières reproduite plus haut (Chantilly, Bibl. du Château, 492, f. 1v), ce
projet, au départ, se limitait aux vingt-et-un premiers éléments contenus dans le
premier volume (achevé le 23 juin 1402). Tous sont copiés avec soin en une
cursive calligraphique bien maîtrisée ; un passage gratté à la fin des .XV. Joies
(f. 163v) correspond sans doute à l’explicit du recueil originel. L’Oroison Nostre
Seigneur, ajoutée en écriture plus hâtive à la fin du cahier 21 (celui qui contient
au début les .XV. Joyes), est absente de la table des matières ; c’est donc un ajout
postérieur. Ensuite, le recueil a été augmenté de deux cahiers9 pour y inclure le
Dit de la pastoure, œuvre datée de mai 1403 ; cet ouvrage est, lui aussi, transcrit
en une cursive assez hâtive : ces additions semblent avoir été faites dans la
précipitation, ce qui pourrait expliquer que les nouveaux titres n’aient pas été
ajoutés à la fin de la table des matières ; il faut noter aussi que, contrairement à
toutes les œuvres qui précèdent, ni l’Oroison Nostre Seigneur ni le Dit de la pastoure
ne sont introduits par une rubrique préliminaire.

matieres, mon sens de plus en plus s’imbuoit de choses estranges, amendant mon stille en plus grant soubtilleté et plus
haulte matiere, depuis l’an mil .IIICIIIIXX. et .XIX. que je commençay jusques a cestui .IIIIC. et .V. ouquel encore
je ne cesse, compillés en ce tendis .XV. volumes principaux sans les autres particuliers petis dictiez, lesquelz tout
ensemble contiennent environ .LXX. quaiers de grant volume […] (C de P, Advision 2001, p. 111).
9 Ces cahiers ont 35 interlignes (et une fois 36), contre une moyenne de 32 dans les cahiers
précédents.
176 Les manuscrits-recueils

Au cours des deux ou trois années suivantes, le recueil s’est enrichi de trois
nouveaux textes10 : tout d’abord, le Chemin de lonc estude et la Mutacion de
Fortune11, cette dernière copiée en deux temps (livres I-V et puis VI-VII) et,
ensuite, dans une cursive hâtive proche de celle utilisée dans le Dit de la pastoure,
l’Epistre a la reine, datée du 5 octobre 1405. La version contenue dans ce recueil
est nécessairement postérieure aux événements puisqu’elle évoque la façon
dont le conflit fut apaisé12. Pour l’Epistre a la reine, qui commence au f. 427c
après une colonne laissée en blanc, on note que le schéma de réglure est
différent de celui des autres textes : seules les lignes maîtresses ont été tracées ;
en outre, le nombre d’interlignes est réduit à 30 contre 32 à 34 dans le reste du
ms.
Plus clairement encore que les autres aspects codicologiques, la décoration
des œuvres ajoutées révèle le caractère hétéroclite du recueil. Les lettrines sont
dues à trois ornemanistes différents ; les pieds-de-mouche ne sont pas
uniformes, et les majuscules du Dit de la pastoure, relevées de jaune, ressemblent
à celles des œuvres qui suivent dans l’actuel ms. 493, mais pas à celles qui
précèdent, lesquelles sont dépourvues de touches de couleur. De même, la
décoration très sommaire de l’Epistre a la reine, limitée à quelques initiales
rubriquées, s’accorde mal avec celle des autres textes. Signalons enfin que,
même s’il a fallu plusieurs années pour composer le recueil de Chantilly, il
n’était pas prévu d’en faire deux volumes distincts (aujourd’hui mss 492 et 493),
comme le prouve la présence de taches identiques sur le parchemin du dernier
feuillet (182) du ms. 492 et celui du premier feuillet (vierge) du ms. 493.

10 Vu le laps de temps relativement important pendant lequel le recueil a été confectionné, on


pourrait se demander s’il a été présenté en deux tomes réunis par la suite ou dans un seul temps.
11 On ne saurait pas dater avec précision la version de la Mutacion incorporée dans ce recueil. D’après
les variantes textuelles, elle est certainement postérieure à celle que présentent les quatre premiers
exemplaires (La Haye, KB, 78 D 42 ; Bruxelles, KBR 9508 ; ex-Phillipps 207 ; Chantilly, Bibl. du
Château, 494), mais on ne pourrait pas dire de combien de temps. On constate une rupture entre la
transcription du Chemin et celle de la Mutacion ; le dernier cahier du Chemin n’a que 7 ff., et la
Mutacion débute sur un nouveau cahier d’où sont pourtant absentes la table préliminaire et la table
de la première partie. Plusieurs indices laissent, d’ailleurs, penser que la césure initiale entre les
deux volumes de ce recueil ne se trouvait pas avant le Chemin de lonc estude, mais après ce texte. On
note en effet que l’enluminure qui débute la Mutacion de Fortune est peinte en pleines couleurs,
contrairement au reste du volume, ce qui est plutôt l’usage pour des pages frontispices de
manuscrits peints par ailleurs en grisaille. Or, cette page se trouve aujourd’hui en milieu de volume.
De plus, la Mutacion, qui commence un nouveau cahier, est écrite d’une encre plus claire, du moins
dans ses cinq premières parties, que celle du texte qui précède. Le f. 231v, le dernier du Chemin, ne
porte pas de réclame. Enfin, les rubriques du Chemin n’ont pas été exécutées ; les emplacements
prévus étant restés vides, ce qu’on s’attend plûtot à trouver à la fin d’un volume qu’au début. Le
second volume était peut-être à l’origine un manuscrit monotextuel de la Mutacion qui aurait été
complété et personnalisé par l’ajout de l’Epistre a la reine pour être offert à Isabeau. Le choix d’un
même ornemaniste et d’un même peintre enlumineur pour la seconde partie du premier volume et
pour ce manuscrit aurait alors permis d’unifier le tout pour constituer un seul recueil. Voir
Delsaux, Ouy, Reno et Villela-Petit, à paraître.
12 Voir C de P, EPVH / Epistre a la reine / Lamentacion 1984, p. 70 et C de P, Epistre a la reine 1988,
p. 259.
Introduction 177

2. Paris, BnF, fr. 12779


Le second recueil de Christine, le manuscrit BnF, fr. 12779, est étroitement
apparenté au premier tome du manuscrit de Chantilly. Il contenait à l’origine
tous les mêmes ouvrages, se suivant exactement dans le même ordre et
présentant, pour beaucoup d’entre eux, une mise en page très proche ou même
identique13. Beaucoup plus homogène que le codex de Chantilly du point de
vue de l’écriture et de la décoration, il témoigne néanmoins d’un élargissement
du projet initial. Comme dans le premier recueil, l’Oroison Nostre Seigneur et le Dit
de la pastoure avaient été ajoutés après l’explicit14 qui suit les .XV. joyes Nostre
Dame au f. 156c ; mais, du premier de ces deux textes, il ne reste que des talons
entre les ff. 156 et 157, et le Dit de la pastoure occupe les trois cahiers suivants
(ff. 157-174). L’enluminure qui accompagne le Dit de la pastoure a été exécutée
par l’artiste principal de ce manuscrit, mais les initiales filigranées qui ornent cet
ouvrage sont moins soignées que dans le reste du codex. D’une manière
générale, d’ailleurs, il semble que ce recueil ait été plus hâtivement exécuté que
celui de Chantilly : l’écriture est plus rapide, les corrections moins nombreuses
et l’enlumineur en charge des histoires a été contraint de sous-traiter15. Beaucoup
de rubriques ne sont représentées que par leurs préparations dans la marge ;
ceci est également vrai pour la numérotation rubriquée en chiffres romains des
diverses collections de poèmes : Cent balades, Virelays (j – xvj), Autres balades (j –
xxix), premier groupe des Rondeaux (j – lx), Jeux a vendre (j – lxx) ; elle a été
parfaitement exécutée dans le ms. de Chantilly, alors que, dans BnF, fr. 12779,
sauf pour les deux premiers groupes, la numérotation en est restée au stade de
la préparation.

3. Le « Manuscrit du Duc » : Paris, BnF, fr. 835, 606, 836, 605, 607
Le troisième recueil, le « Manuscrit du Duc »16, est actuellement divisé en cinq
volumes : BnF, fr. 835-606-836-605-607, reliés ensemble à l’origine17, mais déjà
séparés en 151018. Le recueil, destiné à Louis d’Orléans, fut acquis par Jean de

13 Il manque l’Oroison Nostre Seigneur, ajoutée ici – exactement comme dans le recueil de Chantilly –
après l’explicit au f. 156v, mais enlevée ensuite, sans doute pour son enluminure. La majeure partie
du Lay leonime a également disparu (seuls subsistent les 18 derniers vers) ; de même, le Debat de deux
amans et l’Epistre Othea présentent des lacunes du fait de l’enlèvement de quatre enluminures.
14 Explicit le Livre de Cristine / Deo gracias.
15 On peut constater l’enlèvement de 4 enluminures : 3 de l’Epistre Othea, illustrant le premier texte
(f. enlevé entre les ff. 106-107) et les 4e et 5e (entre les ff. 108-109), et une au début du Debat de deux
amans.
16 Laidlaw 1987, p. 52.
17 Ibidem, pp. 52-60.
18 D’après des inscriptions sur la contregarde supérieure des mss 605 et 606. Voir photo à la notice
BnF, fr. 605.
178 Les manuscrits-recueils

Berry peu après l’assassinat de son neveu en novembre 140719. Ce recueil est
plus important que les deux qui précèdent, incorporant un plus grand nombre
d’œuvres, y compris certaines qui avaient été composées après l’achèvement des
premiers recueils20 : le Livre du duc des vrays amans21, l’Epistre a Eustace Morel22, les
Proverbes moraux23 et la Cité des dames24.
James Laidlaw a déjà signalé des modifications importantes apportées au
projet initial, à commencer par l’insertion de quatorze nouvelles Autres balades
du f. 41d (à partir de la ligne 26) au f. 44d25 ; d’autre part, alors que tous les
autres éléments sont munis de titres courants26 indiquant le titre et le numéro
d’ordre de chacune des œuvres, l’absence de titres courants dans le ms. 607, qui
renferme la Cité des dames, porte à croire que cet ouvrage fut ajouté plus tard au
recueil.
À ces modifications importantes il faut en ajouter deux autres, apparemment
provoquées par la mort de Louis d’Orléans : (1) la suppression du Dit de la Rose
devant le Livre des .iij. jugemens dans le ms. 835 (entraînant au f. 64a la
retranscription des derniers vers du Debat de deux amans, qui précédait) et (2) la
transformation du Livre de prodommie, qui loue la sagesse de Louis d’Orléans, en
un Livre de Prudence. Pour opérer cette transformation, les deux premiers feuillets
(5 et 6 du ms. 605) du Livre de prodommie, qui mettaient en scène le duc
d’Orléans, ont été enlevés et une nouvelle introduction plus générale a été
collée sur les talons subsistants ; puis, le dernier paragraphe où il était encore
question du duc d’Orléans, a été gratté, et quelques autres grattages stratégiques
ont été opérés27. La suppression du Dit de la rose, ouvrage étroitement lié au duc
d’Orléans, fondateur de l’Ordre de la Rose, et la mutacion du Livre de prodommie
en Livre de prudence, qui fait l’éloge de cette vertu sans l’associer à aucun prince

19 Meiss et Off 1971.


20 On constate pourtant que certains ouvrages composés pendant cette période ne vont jamais figurer
dans les recueils : Advision Cristine, Trois Vertus, Corps de policie.
21 Daté de 1403-1405 ; v. C de P, Duc des vrais amans 1995, p. 1.
22 Daté du 10 février 1404 (n. st.).
23 Le ms. 24864 date cet ouvrage du 17 octobre 1405 ; voir notice.
24 S. Solente date la Cité d’entre le 13 décembre 1404 et le mois d’avril 1405 (Solente 1969, p. 47).
D’après M. Curnow, la date de composition de cet ouvrage se situe entre le 13 décembre 1404 et le
23 novembre 1407 (C de P, Cité 1975, pp. 1-13.)
25 Le bifeuillet 43-44 est réglé différemment des ff. qui précèdent : à la mine brunâtre, comme le sont
les ff. 64-103. L’« autre main » qui les copie, dont l’intervention est signalée par J. C. Laidlaw, n’est
autre que P, qui a transcrit tout le cinquième volet du recueil (BnF, fr. 607), le début du 4e volet,
fr. 605, tous les titres courants et la plupart des rubriques.
26 Autre détail souvent jugé anodin ou connexe dans les descriptions de manuscrits ; ainsi, la présence
de réglure pour les titres courants (sans titre) dans 4 cahiers de la Mutacion de Fortune (ff. 394-425)
du ms. Chantilly 493 soulève des questions auxquelles nous ne pouvons répondre à l’heure
actuelle.
27 V. Reno 1995 et Dulac et Reno, à paraître.
Introduction 179

en particulier, a suffisamment dépersonnalisé le recueil pour permettre sa


présentation à l’oncle du défunt, Jean de Berry, qui l’a acquis en 140828.
D’autres changements dans le Recueil du Duc révèlent chez notre poétesse
le désir de présenter ses œuvres dans une perspective nouvelle. Ainsi, dans le
ms. du duc, la Balade a vers a responces est, pour la première fois, séparée des
Autres balades et regroupée avec la Balade retrograde qui se dit a droit et a rebours, la
Balade a rimes reprises et la Balade a responses pour former un ensemble dont le
nouvel intitulé est indiqué dans le titre courant (f. 21r) : Balades d’estrange façon.
De même, le Lay leonime acquiert dans ce recueil un nouveau titre, Lay de cent lxv.
vers leonimes, titre qui, à vrai dire, ne correspond nullement au nombre réel des
vers29. Ce lai et celui qui suit, intitulé tout simplement Lay, ont d’ailleurs fait
l’objet, dans ce recueil, d’un curieux traitement : alors que dans le recueil de
Chantilly, chacun des deux est signalé séparément dans la Table, ils ont reçu un
même numéro d’ordre (4) dans les titres courants du recueil du duc, comme s’il
s’agissait d’un seul élément, même si chacun est suivi de son explicit. On note
aussi que la mise en page des Epistres sur le Roman de la Rose est plus élaborée, la
signature de Gontier Col ayant été ajoutée, ainsi que des rubriques pour
identifier les divers intervenants.
Le dernier changement qu’il faut signaler, et non le moindre, est un
remaniement de l’ordre de présentation des textes : les Lays, qui suivaient la
Complainte amoureuse dans les deux premiers recueils, se retrouvent, comme on
l’a vu, en quatrième position, juste après les Balades d’estrange façon ; les Autres
balades, qui suivaient la Balade a responses (devenue la 3e Balade d’estrange façon),
viennent ici après les Jeux a vendre. Par rapport aux deux recueils précédents,
plusieurs éléments se rapprochent du début du classement : l’Epistre au dieu
d’Amours, le Livre des .iij. jugemens, le Dit de Poissy, les Epistres sur le Roman de la
Rose, les Enseignemens moraux et le Dit de la pastoure ; d’autres, en revanche, se
déplacent vers la fin : la Complainte amoureuse, l’Epistre Othea et l’Oroison Nostre
Dame. Enfin, le Debat de deux amans, qui précédait l’Epistre au dieu d’Amours dans
les deux premiers recueils et, dans la table du premier, s’adressait à monseigneur
d’Orleans, perd ici son rang de premier long poème et prend place derrière
l’Epistre au dieu d’Amours.
Comme on l’a déjà signalé30, le recueil du Duc doit avoir été préparé en
fascicules, comme semblent l’indiquer les signatures (fr. 835 : a-n ; fr. 606 : a-f ;
fr. 836 : g-s ; fr. 605 : a-c ; fr. 607 : a-k) et surtout les inscriptions qui se

28 Meiss et Off, 1971.


29 Seul l’intitulé de la table dans le recueil de Chantilly (f. 1v) donne le chiffre correct : Item un lay de .ijc
lxij. vers tous leonimes.
30 Laidlaw 1987, p. 54.
180 Les manuscrits-recueils

trouvent à la fin des mss BnF, fr. 835 (f. 103r) : F[inis] ; fr. 606 (f. 47v) : Finis ;
fr. 605 (f. 22v) : troy quaers pour cest livre (v. cliché dans la notice).

4. Le « Manuscrit de la Reine » : Londres, BL, Harley MS 4431


Le dernier recueil des Œuvres de Christine, le célèbre manuscrit Harley 4431
complété vers 1414 et actuellement divisé en deux volumes, présente, plus
encore et mieux que les recueils précédents, les caractéristiques du type
cumulatif. Toutefois, nous étudierons d’abord le caractère organique de ce recueil
confectionné à l’intention de la reine.
Quels éléments manifestent le plus clairement la spécificité de sa royale
destinataire ?
En premier lieu le prologue : ce recueil, le dernier de l’Œuvre de Christine,
est le seul qui comporte un prologue adressé à un(e) destinataire. Il est précédé
d’une célèbre et somptueuse enluminure, dont Sandra Hindman a mis en
évidence l’importance iconographique et historique31. La bordure qui
accompagne cette magnifique peinture est parsemée de mourons, la fleur
qu’Isabeau s’était choisie pour devise32. Dans le prologue, Christine souligne la
grande diversité des œuvres réunies dans ce volume et insiste sur la difficulté du
travail tant intellectuel que matériel qu’a exigé sa réalisation.
Ensuite, par rapport au recueil du Duc, dont le contenu est pourtant en
bonne partie identique, celui de la Reine présente d’importantes différences qui
sont liées à l’identité de sa destinataire.
La première différence est une suppression33 : Christine a fait disparaître du
recueil l’Epistre a la reine qu’elle avait rédigée le 5 octobre 1405 pour implorer
Isabeau d’intervenir dans la querelle entre Armagnacs et Bourguignons afin
d’éviter la guerre civile. Cette opération a laissé des traces : le texte qui figurait
sur le f. 255a-c a été gratté, mais on parvient, grâce à la lampe de Wood, à lire
plusieurs fragments de la fin de l’Epistre à Isabeau34. Un feuillet (254) a été
ajouté au manuscrit avant le texte effacé du f. 255 ; il contient les dernières
lignes des Epistres sur le Roman de la Rose35, on voit ainsi comment a disparu le
début de l’Epistre a la reine. Au recto et au verso du f. 255, à l’emplacement du
titre courant, on remarque des traces rouges du titre courant effacé, ce qui
31 S. Hindman 1983a et Hindman 1983b.
32 Villela-Petit, dans Paris 1400, p. 125, nº 55.
33 L’Epistre a la reine se trouve dans le recueil de Chantilly (493) et dans le ms. du Duc (fr. 605, ff. 1a-
2c).
34 Cet examen a été effectué il y a plusieurs années lorsqu’il était encore possible de faire un usage
restreint de cet appareil pour examiner le ms.
35 L’encre de ce feuillet est beaucoup plus claire que celle du reste du texte et ce feuillet est le seul de
l’ouvrage à comporter du texte sans titre courant.
Introduction 181

prouve que le travail était déjà très avancé quand Christine décida d’éliminer
l’épître. L’auteur jugea-t-il que ce texte n’était plus d’actualité ? Faut-il supposer
plutôt que la reine lui laissa entendre que mieux valait ne pas rappeler ces
événements douloureux ? Ou bien s’agit-il simplement d’une décision d’ordre
pratique, puisque la reine possédait déjà un exemplaire de l’Epistre (dont le texte
n’avait pas évolué) dans le recueil présenté une dizaine d’années auparavant
(Chantilly 493).
Quoi qu’il en soit, Christine remplaça le texte supprimé par un poème
spécialement composé à l’intention d’Isabeau, la Complainte amoureuse, dont on
ne connaît aucun autre manuscrit36 et qui commence ainsi : Vueillez oÿr en pitié
ma complainte // Belle plaisant pour que j’ay douleur mainte. On voit dans les recueils
précédents un autre poème portant ce même titre ; il se retrouve ici, intitulé,
cette fois, Autre complainte amoureuse, séparé de la nouvelle Complainte par les
Encore aultres balades et l’Epistre au dieu d’amours37. L’enluminure (f. 48a, bas de la
colonne) qui accompagne le nouveau poème est personnalisée : la dame qui
reçoit la pétition de l’amant porte une robe et une coiffe presque identiques à
celles de la Reine dans la peinture de dédicace.

Londres, BL, Harley MS 4431 ff. 3r et 48r © Londres, BL


L’incorporation de la nouvelle complainte a exigé une importante
modification du huitième cahier dans lequel il a été inséré. Ce cahier est
actuellement composé de 11 feuillets numérotés 44-52 ; mais cette
numérotation ne prend pas en compte les feuillets antérieurement numérotés
51 et 52, que nous appellerons 50bis et 50ter 38. Dans ce cahier, sept feuillets (44-
48 – ce dernier f. collé – et 51-52)39 sont réglés à la mine brunâtre, comme la
majeure partie du recueil, tandis que quatre feuillets, 49-50ter, sont réglés à la
36 V. Margolis 1998.
37 Dans le ms. Harley, la Complainte amoureuse se situe aux ff. 48b-49c ; Une autre complainte amoureuse
aux ff. 56d-58b.
38 V. Laidlaw 1987, p. 63 ; les numéros « 51 » et « 52 » ont été rayés sans être remplacés lors de la
deuxième foliotation. Le schéma proposé par J. Laidlaw pour le cahier doit pourtant être quelque
peu modifié pour tenir compte des deux schémas de réglure et du fait que le f. 48 est collé.
39 À la différence des cinq feuillets qui précèdent, les ff. 51 et 52 ne sont pas réglés pour un titre
courant.
182 Les manuscrits-recueils

mine de plomb, comme seulement quelques rares autres feuillets du recueil40.


Au f. 49r, une Nota, dans la marge, signale l’insertion des nouveaux feuillets. Le
début de la Complainte (f. 48b) est d’une encre nettement plus claire que celle
utilisée au début du cahier, comme aussi les dernières Encore autres balades
(ff. 50a-51a). Les feuillets ajoutés pour recevoir la Complainte, qui occupe les
ff. 48b-49c, et les Encore autres balades (ff. 49c-51a) étaient insuffisants et
cependant, les ff. 50bis et 50ter, réglés à la mine de plomb, qui se trouvent au
milieu des Encore autres balades demeurent inemployés. Christine se proposait-
elle d’insérer là de nouveaux textes41 ?

L’une des plus curieuses caractéristiques du ms. Harley 4431 est la présence
de nombreuses pages inemployées, pour la plupart réglées, au cœur même du
recueil. Pourquoi tant de vides au sein d’une composition en principe organique ?
Ne parlons pas des feuillets de garde (1re garde en parchemin , ff. 1 et 399r-
v)42, ni des trois colonnes effacées de l’Epistre a la reine (ff. 255a-c) dont il vient
d’être question, non plus que des ff. 50bis et 50ter, sur lesquels nous aurons
cependant à revenir. On est surpris de rencontrer au cœur même du Recueil
une dizaine de pages inemployées ; de plus, la plupart sont précédées – et l’une
d’elles est suivie – d’une colonne vierge ; toutes occupent la fin d’un cahier43 ;
en voici la liste : 94v, 142r-v, 220r-v, 254v, 288r, 289v, 373r, 374r44 et 375r. À
l’exception du f. 289v, ces pages blanches se situent toujours à la jonction de
deux œuvres45. Abstraction faite du cas unique de l’Epistre a la reine effacée, nous
pouvons en conclure que l’Othea, le Duc des vrais amans, le Chemin de lonc estude et
la Cité des dames n’ont pas été copiés à la suite du texte qui les précède, mais
40 Voir plus loin, « Réglure ».
41 On remarque, d’autre part, que les signatures du cahier remanié ont été faites en deux temps : les
ff. 44-47 sont signées E .j. à E .iiij. de la main « E », mais les signatures E .v. et E .vi des ff. 48r et
49r paraissent être, sinon d’une autre main, du moins d’une autre date. Le fol. 48 portant au bas du
verso le chiffre romain V, qui contient la fin des Autres balades et le début de la Complainte, a été
ajouté par collage sur un cahier préexistant, comme le prouve la couture visible après le 7e feuillet
(n° 50).
42 Ce f. est réglé mais non numéroté ; le dernier ouvrage du Recueil, le Lay de dame, se termine au
f. 398b.
43 On se reportera aux tableaux d’organisation des notices.
44 La plupart des ff. du Recueil ont reçu une double foliotation moderne, mais les ff. 373 et 374,
réglés mais vierges, n’ont pas été pris en compte lors de la deuxième foliotation, qui rejoint la
première au f. 375.
45 Le f. 94v se situe entre la fin du Dit de Poissy (f. 94a) et l’Epistre Othea, qui commence au f. 95a. Le
f. 142 fait suite à la fin de l’Othea (f. 141c) et précède le Duc des vrais amans, qui commence au
f. 143b. Le f. 220 se situe entre la fin du Chemin de lonc estude (f. 219c) et le début du Dit de la pastoure
(f. 221a). Le f. 254v fait suite aux Epistres du debat sus le Rommant de la Rose, qui se terminent au
f. 254a, et précède le feuillet et demi (255a-c) qui renferme le texte effacé de l’Epistre a la reine. Les
ff. 287v et 288r se situent entre la fin du Livre de prudence et le début de la Cité des dames, et les trois
feuillets numérotés 373, 374 et 375 se trouvent entre la fin de la Cité des dames et le début des Cent
balades d’amant et de dame.
Introduction 183

avaient déjà été transcrits, et ne furent incorporés au Recueil qu’une fois que
Christine eut parfin[é] d’escripre46 les autres œuvres. Ceci est confirmé, s’il en était
besoin, par l’aspect caractéristique de celles des réclames qui précèdent ces
ouvrages : contrairement aux autres, elles n’ont visiblement pas été écrites au
fur et à mesure que progressait la transcription, mais ajoutées au moment où les
textes copiés antérieurement furent incorporés au Recueil.
D’autres anomalies codicologiques viennent compléter ces observations.
C’est Sandra Hindman qui a signalé qu’après la transcription du texte, les
feuillets de l’Epistre Othea furent allongés et élargis aux marges inférieure et de
gouttière en collant un étroit demi-cadre de parchemin47 ; c’est d’ailleurs, sans
doute, à la même époque que de nombreuses réparations furent faites au
parchemin très médiocre de l’Othea. Il est donc certain que l’exemplaire de
l’Othea que Christine incorpora au ms. de la Reine n’avait pas été prévu pour
faire partie d’un recueil de ce format. On remarque également que les titres
courants des feuillets de l’Othea ont été écrits en deux temps : l’encre rouge du
numéro xvij est d’une teinte différente de celle du reste de la rubrique, ce qui
montre bien que l’ordre dans lequel les textes devaient se succéder au sein du
recueil n’avait pas été fixé dès le départ.
Dans les exemplaires du Dit de la pastoure et du Chemin de lonc estude, il
n’existait pas de réglure pour le titre courant, qui a été ajouté librement dans la
marge supérieure : ils n’étaient donc vraisemblablement pas destinés à faire
partie d’un recueil. Signalons, à ce propos, que le Dit est le seul texte dans tout
le volume à être copié sur un cahier de seize feuillets, d’ailleurs fait d’un
parchemin de bien meilleure qualité et écrit d’une encre nettement plus claire.
Au reste, comme Sandra Hindman l’a remarqué, le dernier feuillet du Chemin est
très sali, ce qui indique que l’exemplaire a dû séjourner assez longtemps sur les
rayons dans l’atelier de Christine48.

L’observation de la réglure peut elle aussi aider à comprendre le processus


de composition du recueil Harley. Alors que la plupart des feuillets sont réglés à
la mine brunâtre qui produit un tracé inégal, certains feuillets sont réglés à la
mine de plomb qui donne un tracé gris fin et uniforme ; en voici la liste :
Du premier f. de garde en parchemin au f. 3 (table et prologue) ;
Ff. 49-50ter (Complainte amoureuse et la plupart des Encore autres balades) ;
Ff. 152-155 (4 ff. du Duc des vrais amans) ;
Ff. 186r-v, 193r-v (2 ff. du Chemin de lonc estude) ;
F. 254r-v (dernier f. des Epistres du debat sus le Rommant de la Rose, recopié) ;

46 Prologue, f. 3c.
47 Hindman 1983a, pp. 99-105. Les ff. 130-131 n’ont pourtant pas été agrandis de cette manière.
48 Ibidem, p. 111. Voir Hasenohr 1999, p. 38. L’on remarque que Christine a ajouté à cet ouvrage,
surtout dans les marges, tout un ensemble de nouvelles rubriques ; voir C de P, Chemin 2000.
184 Les manuscrits-recueils

Du f. 376 à la fin (Cent balades d’amant et de dame, Lay mortel).


La réglure à la mine de plomb semble donc caractériser les parties les plus
tardives du recueil, puisqu’elle se rencontre dans les deux dernières pièces (Les
cent balades d’amant et de dames et le Lay mortel)49, dans la Table des matières, dans
le Prologue et dans certaines additions propres à ce seul recueil : la Complainte
amoureuse et les Encore autres balades.

Remarquons enfin que l’ordre des éléments du Recueil de la Reine exprime


de nouveaux choix de la part de l’auteur, qui vante dans le prologue l’utilité
didactique50 de la variété :
(…) et pour ce l’empris,
Quë on en devient plus appris
D’oÿr de diverses matieres,
Unes pesans aultres legieres (f. 3b-c).
Le nouvel ordre décidé par Christine, sans doute après avoir consulté la
dédicataire, privilégie la nouvelle Complainte amoureuse en reléguant l’ancienne
Complainte, qui occupait la 10e place dans le ms. du Duc, en 13e position, avant
le Debat de deux amans. Le Duc des vrays amans avance en place, ainsi que le Dit de
la pastoure, l’Epistre a Eustace Morel et le Livre de prudence ; les Epistres sur le Roman
et les trois poèmes religieux (Oroison Nostre Seigneur, Oroison Nostre Dame, .XV.
joyes Nostre Dame) reculent. Enfin, les Proverbes moraux qui dans le ms. du duc
précédaient le Livre de prudence, trouvent ici une place plus logique avant les
Enseignemens.
La confection du Recueil de la Reine a dû exiger de Christine quelques
années de travail, même si elle y a incorporé certains fascicules préexistants.
Quoi qu’il en soit, malgré les quelques imperfections que nous avons signalées,
la présentation du volume, plus harmonieuse que celle du recueil de Chantilly,
sa splendide illustration, sa décoration délicate attestent de la maîtrise acquise
par Christine en l’espace d’une décennie dans son métier d’éditeur. Le recueil
Harley 4431 est bien le fleuron de sa production.

5. Un « petit recueil » (Bnf, fr. 603)


Lorsqu’on passe en revue les recueils de Christine, il ne faut pas omettre, le
« petit » recueil (BnF, fr. 603), à peu près contemporain du Recueil de la Reine,
mais entièrement de la main P ; il ne contient que deux œuvres composées à
plusieurs d’années de distance : les Fais d’armes et de chevalerie (1410) (ff. 1a -80a)

49 Les réclames de ces cahiers sont plus soignées que les autres du volume et semblent indiquer un
autre temps d’écriture.
50 Dans ce contexte, on se demande si la nouvelle rubrique au Lay leonime composée pour ce recueil
(Ci s’ensuit une assemblee de plusieurs Rimes auques toutes leonimes en façon de lay pour apprendre a Rimer
leonimeme(n)t) traduirait des ambitions d’Isabeau en matière de poésie.
Introduction 185

et la Mutacion de Fortune, achevée en novembre 1403 (ff. 81a-242a). C’est le seul


de ses recueils parvenus jusqu’à nous qui regroupe un si petit nombre
d’éléments. Comme on ignore l’identité du premier possesseur, il n’est guère
possible de comprendre la raison du choix des textes. En l’absence de tout
autre indice, le seul fait qu’il soit muni de signets comme l’exemplaire du Corps
de policie des fils de Louis d’Orléans (BnF, fr. 1197) ne constitue pas une piste
sérieuse. Tout ce que l’on peut dire est que le commanditaire devait être un
Armagnac, car le chap. I, 23 passe sous silence la victoire de Jean sans Peur à
Liège, alors que cet épisode est mis en valeur dans l’exemplaire de Bruxelles
(KBR 10476).

6. Probable fragment d’un autre petit recueil : BnF, nafr. 14852 (ff. 2a-3d)
Les deux feuillets subsistants d’un exemplaire de la Mutacion de Fortune portent
des titres courants identiques à ceux du ms. fr. 603 : ils indiquent le titre de
l’œuvre et le chapitre, mais ne comportent aucun numéro d’ordre. Ce détail
suggère qu’il pourrait s’agir d’un vestige d’un autre recueil qui, lui aussi, aurait
contenu un nombre restreint d’œuvres de Christine, mais nous n’en avons
trouvé aucune mention dans les anciens inventaires.

Parlons en dernier lieu d’ouvrages qui n’ont jamais figuré dans aucun recueil
de Christine. La raison est claire pour l’Epistre de la prison de vie humaine, les Heures
de contemplacion de la passion et le Ditié Jehanne d’Arc, composés tous les trois après
la compilation du dernier recueil de Christine présenté en janvier 1414.
Toutefois, qu’en est-il des Fais et bonnes meurs du sage roy Charles V, de l’Advision
Cristine, des Trois Vertus et du Corps de policie, qui auraient tous pu figurer dans
les deux derniers recueils constitués par Christine, celui du duc de Berry et celui
de la Reine, et des Sept psaumes allegorisés, et de la Lamentacion Cristine de Pizan, qui
auraient pu être inclus dans le Recueil de la Reine ? S’agit-il d’un simple choix
pratique, motivé par la présence de ces ouvrages dans la bibliothèque de ces
mécènes ou existait-il d’autres raisons de ne pas les incorporer dans les
recueils ?
F. 2r © Chantilly, Bibl. du Château
{1} Chantilly, Bibl. du Château, 492
[Œuvres]
[Livre de Cristine1 – Ier volume]

TABLE SOMMAIRE
Ouvrage Feuillets Détail
Cent balades 2a-22d 100 ballades, toutes
numérotées2
Virelays plusieurs 23a-26c 16 virelais, numér. à partir du
3e 3
Balade retrograde 26c-d poème en entier
Balade a rimes reprises 26d-27a poème en entier
Balade a responses 27a-b poème en entier
Autres balades 27b-34d 29 ballades, toutes numér. :
AB 1, 3, 2, 4-7, 9-20, 22,
[balade a vers a responces]4, AB
23, 24, 27-31, 33
Complainte amoureuse 35a-36d ouvrage en entier
Lay de .lxij. [sic] vers leonimes 37a-39a 262 vers
Autre lay 39a-41a ouvrage en entier
Rondeaux 41b-46d 60 rondeaux, tous numér. (1-
58, 60-61)
Rondeaux 47a-b 5 rondeaux, non numér. (65-
69)
Jeux a vendre 47c-51a 70 jeux, non numér. : 1, 3, 2,
4-70
Débat des deux amans 51c-67b ouvrage en entier
Epiltre au dieu d’amours 67c-73d ouvrage en entier
Dit de la rose 74a-79a ouvrage en entier
Dit des trois jugemens 79c-91c ouvrage en entier
Dit de Poissy 92a-108b ouvrage en entier
Epiltre Othea 108c-148b prologue à Louis d’Orléans +
ouvrage en entier
Epiltres Roman de la Rose 148c-156a premier dossier
Notables moraulz 156c-160d 112 enseignements : 1, 2, 4, 3,
5-7, var. 85, 9, 11-14, 16-27,
29, 31, 28, 33, 30, 32, 34-48,
15, 49-53, var. 546, 55-64, var.
1 Le ms. ne portant aucun titre, nous adoptons celui proposé par J. Laidlaw (1987) et largement suivi
depuis par la critique.
2 Le num. xviij a été partiellement gratté.
3 La reliure étant très serrée, il se peut que les numéros des deux premiers virelays soient cachés au
centre.
4 Le poème est sans titre dans ce ms. ; le titre apparaîtra pour la première fois dans le ms. BnF,
fr. 835 {4}, où cette ballade constituera la 4e Balade d’estrange façon.
5 C de P, Œuvres Poétiques 1886-1896, 3, p. 28.
6 Ibidem, p. 35.
188 Œuvres

657, 66-88, 90, 89, 91-7, 111,


98-110, 112, 113.
Oroison Nostre Dame 161a-162d l’ouvrage en entier
.XV. Joyes Nostre Dame 163a-c l’ouvrage en entier
Oroison Nostre Seigneur 164a8-165d l’ouvrage en entier
Dit de la Pastoure 166d-182c prologue + l’ouvrage en entier

CONTENU
F. 1v [Table] « Cy commencent les Rebriches de la table de ce present volume / fait et
compilé par (crist)ine de Pizan / demoiselle. Co(m)mencié. l’an de grace mil .CCC. iiijxx
.xix. Eschevé & escript en l’an mil. Quatre cens et deux. la veille de la nativité Saint
Jehan Baptiste. Premierement Cent Balades …–… Item les quinze Joyes n(ost)re dame rimees9 ».
Ff. 2a-22d « [effacé]encent Cent bonnes balades Aucunes gens me prient que je face //
Aucuns beaulz diz et que je leur envoye …–… Non pour tant derrenierement// En escript y ay
mis mon nom. Explic(it) Cent Balades ».
Ff. 23a-26c « Virelays plusieurs10 Je chante par couverture // mais mieulz pleurassent my
oeil …–… En leurs faulz cuers comb(ie)n qu’on les alose // Pour leurs estas mais a quoy que
l’en tende// On doit etc(etera) ».
F. 26c-d « Balade Retrograde qui se dit a droit et a Rebours11 Doulçour / bonté /
gentilesse // Noblece /beauté grant honnour …–… Vueil dire a vous tres louable // Acqueil bel
& agreable ».
Ff. 26d-27a « Balade a Rimes Reprises12 Fleur de beauté en valeur souverain // Raim de bonté
plaine de toute grace …–… Lire a doulz son Afin que Je le prenge // Renge mon cuer qui fors
vous ne desire ».
F. 27a-b « Balade a Responses13 Mon doulz amy. Ma chiere dame // S’acoute a moy. Tres
voulentiers …–… Peine y mettray. C’est le devoir // Voire aux loyaulx. Tu as dit voir ».
Ff. 27b-34d [Autres plusieurs balades de divers propoz]14 « Assez acquiert tresor & seigneurie //
Tresnoble avoir & grant Richesse amasse …–… A du tout en vo demaine // D’entreprendre
armes & peine ».
Ff. 35a-36d « Complainte amoureuse Doulce dame vueilliez oïr la plainte // De ma clamour
car pensëe destainte …–… A vo beau corps et puis a l’ame apreste // Legiere amende. Explicit
etc(etera) ».
Ff. 37a-39a « Lay de .lxij.15 vers leonimes Amours plaisant nourreture // Tressade & doulce
pasture …–… Pugnist humaine faiture // En l’orde vallee umbreuse ».

7 Ibidem, p. 37.
8 L’enluminure qui accompagne ce texte est au f. 163d.
9 Toutes les balades sauf la première sont numérotées en chiffres romains rouges centrés au-dessus ;
seule la 12e porte un titre : Balade de personnages.
10 Les 14 derniers virelays sont numérotés par un chiffre romain rubriqué tracé à sa gauche ou parfois
à la fin du virelay précédent. Au f. 25c, les vers 26 et 27 du virelay 11 : N’a autre je n’ay favour// Car
soubz les cieulx sont presque entièrement effacés mais lisibles sous ultraviolets ; ce qui semble être
une préparation de correction est effacé en m/t. L’éd. Roy ne signale pas l’absence de ces deux
vers.
11 Ce poème fait l’objet d’une vedette séparée dans la table des matières au f. 1v.
12 Un s est exponctué à la fin de Balade. Le poème fait l’objet d’une vedette séparée dans la table des
matières au f. 1v.
13 Ce poème est identifié par une vedette séparée dans la table des matières au f. 1v.
14 Ce titre est donné dans la table ; aucun titre n’est donné dans le texte. Les 29 Autres balades sont
précédées d’un chiffre romain rubriqué plus ou moins centré au-dessus de chacune.
{1} Chantilly, Bibl. du Château, 492 189

Ff. 39a-41a « Autre lay Se je ne finoye de dire // Ne descrire …–… Et vous serez surhaussez //
Sur tous bons sens contredire Explicit ».
Ff. 41b-46d « Rondeaulx16 .j. Com turtre suis senz per toute seulete // Et com brebis senz
pastour esgaree …–… Puis qu’ainsi va je vous di plainement // Que je feray comme vous a
tout dire// S’il vous souffist Explicit ».
F. 47a-b [Rondeaulx] « S’ainsi me dure //ne puis durer …–… Plaist // Dieux Explicit et(cetera) ».
Ff. 47c-51a « Jeux a vendre17 Je vous vens la passe rose // Belle dire ne vous ose…–… Se
vous y querez proprement // Or regardez mon se je ment Ci fenissent gieux a vendre ».
Ff. 51c-67b « Cy commence le debat des deux amans18 Prince royal reno(m)mé de sagesse //
hault en valeur puissant de grant prouesse …–… S’il le cerche trouver le puet enté // En tous les
lieux ou est (crist)ienté Cy fine le debat des deux Amans ».
Ff. 67c-73d « Ci commence l’epiltre au dieu d’amours Cupido par la grace de lui // Dieu des
amans sens aide de nullui …–… Et d’autres dieux no conseillier // Et deesses plus d’un millier
// Cupido le dieu d’amours // Qui amans font leurs clamours ».
Ff. 74a-79a « Cy commence le dit de la rose A tous les princes amoureux // Et aux nobles
chevalereux …–… Se il disoit avec une yne // Il sauroit le nom bel & digne Cy fine le dit de la
rose ».
Ff. 79c-91c « Ci commence le dit des trois jugemens Bon seneschal de haynaut preux & saige
// Vaillant en faiz & gentil en lignaige …–… Que vous ottroit joye parfaite & fine // Pri
Jh(es)ucrist qui ne fault ne ne fine Cy fine le dit des trois jugemens ».
Ff. 92a-108b « Cy commence le dit de Poissy Bon ch(eva)l(ie)r vaillant plain de savoir // Puis
qu’il vous plaist a de mes diz avoir …–… Vrais fins amans loyauz & non faintis // Que vraie
amour tient subgez & craintis Cy fine le dit de Poissy ».
Ff. 108c-109a [L’Epistre Othea] « Prologue Treshaulte flour par le monde louee // A tous plaisant
Et de dieu advouee …–… De faire a vous personne si tres digne // Entreprens moy / en
saigesse non digne Cy fine le prologue ».
Ff. 109b-148b « Cy commence l’epiltre Othea la deesse q(ue) elle envoya A hector de
Troye quant il estoit en l’aage de quinze ans Texte. .J. Othea deesse de prudence // Qui
adresse les bons cuers en vailla(n)ce …–… Ad ce propoz dit le saige Auris bona audiet cu(m)
omni concupiscencia sapienciam. Ecc(lesiastic)i .iiijo. capitulo. Cy fine l’epiltre Othea ».
Ff. 148c-156a « Cy commencent les Epiltres du debat sur le Rommant de la Rose / entre
notables personnes / maistre Gontier Col General conseillier du Roy. maistre Jehan
Johannes prevost de lisle et (crist)ine de Pizan La p(re)miere epiltre a la Royne de
France. E [sic]19 Tres excellent / treshaulte & treredoubtee princesse …–… [155d] et attendre au
Jugement de tous Justes preudommes Theologiens et vrays catholiques et gens de honneste et
salvable vie la tienne. (crist)ine de Pizan [156a] Cy finent les Epiltres sur le Rommant de la Rose. »20.

15 Ce lay contient en fait 262 vers. La Table au f. 1v donne le chiffre correct : Item .un lay de .ijC.lxij. vers
tous leonimes.
16 Malgré l’explicit qui termine ce groupe de 60 rondeaux, la table des matières au f. 1v les regroupe
avec les 5 rondeaux qui suivent sous l’intitulé Item .lxxv. [sic] Rondeaulx de plusieurs manieres.
17 70 en tout, non numérotés. Deux d’entre eux (6 et 54) sont dépourvus de lettrine. On remarque
que la table donne un chiffre inexact : Item .lxix geux a vendre.
18 La table précise : Item le debat de deux amans qui s’adrece a mons(eigneur) d’Orleans.
19 L’ornemaniste a sans doute cru que le premier mot (A) devait être Et.
20 L’explicit n’occupant que deux lignes de la colonne 156a, le reste de la page est inemployé (mais
réglé).
190 Œuvres

Ff. 156c-160d « Cy commencent les notables moraulz de (crist)ine de Pizan / a son filz.
Filz Je n’ay mie gra(n)t tresor / Pour t’en Richir po(ur) ce tres or …–… Car biens mondains vont
a desin // Et l’ame durera senz fin Cy finent les diz moraulx de (crist)ine de Pizan a son filz ».
Ff. 161a-162d « Cy commance une oroison de n(ost)re Dame O vierge pure incomparable //
Plaine de grace inextimable …–… A ceulx qui ont pechié Remis // Nous ottroit & grace pleniere
Amen ».
F. 163a-c « Cy commencent les quinze Joyes de n(ost)re dame Rimees Glorieuse dame Je te
salue // Treshumblement d’icelles .xv. Joyes …–… Que ou ciel montas. De pechié la racine //
Ostes de moy et met devocion Amen ».
Ff. 164a-165d [Oroison Nostre Seigneur] « Sire Jh(es)us mon Oroison entens // Et me donnes grace
q(ue) Je recite …–… Esperit vueillez qui celle doulceur gouste // Qui sentirent que ta vertu
encaint21 ».
F. 166a-b [Dit de la pastoure, Prologue] « Joy [sic]22 de saigesce pour duitte // Ja par maintesfoiz
deduitte …–… Si diray le sentement // En rimant presentement. »
Ff. 166b-182c [Dit de la pastoure] « Entendez mon aventure // Vrais amans par aventure …–…
Entre les bons est clamé // Vaillant et des preux amé. Explicit le Dit de la pastoure. ».
HISTOIRE
Date : pour les ff. 1-163 : 1399-1402, selon la Table des matières au
f. 1v23. L’Oroison Nostre Seigneur, dont la date de composition n’est pas précisée,
est ajoutée au recueil sans rubrique initiale et est absente de la Table des
matières. Le dernier texte, le Dit de la pastoure, lui aussi absent de la Table et
dépourvu de rubrique initiale, a dû être ajouté peu après sa composition en mai
1403.
Possesseurs : peut-être en raison de son libellé verbeux et maladroit, le titre24
ajouté au XVIIe siècle au f. 1r n’avait guère retenu l’attention des érudits. Il
semble pourtant évident qu’il reproduit en partie le titre original (a trespuissante
princesse…) qui figurait sur un feuillet disparu du début. Il nous apprend que le
volume était dédié à Isabeau de Bavière. Il s’agit d’un premier recueil de la
Reine, lointain précurseur du fameux Harley MS 443125. On ne sait rien de
l’histoire du ms. par la suite, jusqu’à son achat chez Morgand par le duc
d’Aumale, sans doute en novembre 188726. Selon Maurice Roy, il aurait été

21 Un grattage à la fin de ce texte représente un explicit effacé, dont le début est visible aux UV.
22 Aucune trace de lettre d’attente ; cette erreur (joy au lieu de moy) de même que celle commise au
début des Epistres sur le débat de la Rose semble indiquer que l’ornemaniste ne lisait pas le texte qu’il
décorait.
23 Ce present volume […] co(m)mencié l’an de grace mil .ccc. iiijx xix Eschevé & escript en l’an mil. Quatre cens et
deux. la veille de la nativité Saint Jehan Baptiste (23 juin 1402).
24 S. Solente fait état de trois dons faits par la reine à Christine en 1402, 1404 et 1405, dont l’un au
moins pourrait correspondre à ce recueil (C de P, Fais et bonnes meurs 1936-1940, 1, p. xxiii).
25 Delsaux, Ouy, Reno et Villela-Petit, à paraître.
26 Cat. Chantilly 2, p. 86. Selon Mme E. Toulet, que nous remercions ici, la vente a dû se passer hors
catalogue, puisque le ms. ne figure pas dans le catalogue correspondant. V. Librairie Damascène
Morgand, Bulletin mensuel, n° 21 (novembre 1887) ; il est pourtant mentionné dans le catalogue de
novembre 1888 (n° 15958). Le duc d’Aumale a acquis le ms. pendant sa deuxième période d’exil
(octobre 1886 – mars 1889) ; v. Picot 1997, pp. 11-12. La correspondance du duc avec le libraire
pendant cette période ne fait pas mention de ce manuscrit (Archives Chantilly NA9/31 et PAC
1587). Les registres de Damascène Morgand (Charles Fatout étant décédé en 1882) indiquent que
{1} Chantilly, Bibl. du Château, 492 191

déposé chez le libraire par le comte de


Toustain27. Puisqu’il avait figuré dans le
Répertoire Morgand et Fatout de 1882, il est
possible que le comte l’ait acquis chez eux à
cette époque.
« RECUEIL DE POESIES EN VERS FRANÇOIS
CONTENANT PLUSIEURS PIECES CURIEUSES
D’AMOURS ET DE TENDRESSES NON ENCORE
CONNUES. DEDIÉ A TRES PUISSANTE PRINCESSE
M\ME/ IZABELLE REINE DE FRANCE, PAR
\christine/ DE PIZAN COMMENCÉ L’AN DE GRACE
ET FINI D’ETRE TRANSCRI\T/ L’AN 1399 »
F. 1r © Chantilly, Bibl. du Château
Ajouts plus tardifs : au f. garde 1 v : « R.2.
1482 ; « 2500 » (francs, prix d’achat) ; 21288 2590 »28 ; au f. de garde 2r : anc.
cote duc d’Aumale « 1667 et XX B1 5 », réf. actuelle de la Bibliothèque du
Château. Au f. 1r, inscription en majuscules d’imprimerie faite au pochoir, le
nom de « Christine » étant ajouté à la main. Au f. 49v : « 1104 » à l’encre brun
clair, et au f. 64r, manicule peut-être de la même encre29. Au f. 182v, au centre
de la m/q et partiellement effacé : « 4055 »30.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (291 x 240 mm) : (IV) + 182 + (IV) ; les première et
dernière gardes sont doublées de taffetas bleu roi. Contregardes en cuir bleu
foncé avec bordure riche en arabesques dorées. Le parchemin est jauni mais ne
présente que peu de défauts : une vingtaine de pièces soigneusement ajoutées31,
quelques petits trous32, des trous de ver33 et taches de cire34, et des coins qui
paraissent rongés35. Le premier folio est particulièrement foncé et plus court
que les autres de 4 mm.
Encres : brun foncé assez uniforme aux ff. 2-165v (partie originelle du ms.
et premier texte ajouté), brun plus clair pour le Dit de la pastoure (ff. 166-fin) et la

le comte de Toustain et le duc d’Aumale étaient de bons clients pendant les années 1880 ; ces
registres se trouvent au Grolier Club à New York.
27 C de P, Œuvres poétiques 1886-1896, 1, p. xix.
28 Répertoire Morgand et Fatout [1882], pp. 190-193, n° 1482. Le numéro 21288 se retrouve dans le ms.
Chantilly 493 {2}.
29 La manicule se trouve dans le Debat des deux amans en regard du vers qui mentionne le bon
Chasteaumorant. Sur Jean de Châteaumorand, v. Bozzolo et Loyau 1982-1992, 1, n° 197. Ce
diplomate et chef militaire actif dans les affaires d’Orient se trouvait à Paris en nov. 1402 ;
v. Lalande 1988, p. 96.
30 Même marque dans le ms. Chantilly 493 {2}.
31 Aux ff. 1 (2), 31, 44 (2), 45, 46, 120, 121, 130-133, 142-145, 151, 155, 156, 162, 166, 167.
32 Aux ff. 28, 95, 117, 118, 120, 136, 161.
33 Premier f. de garde (f. 3).
34 Par ex. aux ff. 52 et 53.
35 Ff. 2 et 3 (par des souris ?).
192 Œuvres

table (f. 1v), ajoutés. Encre des rubriques rouge vif, aux ff. 2-163, rouge orangé
pour la table (f. 1v).
Préparation
Piqûres : ce volume ayant été très fortement rogné lors de la reliure, il n’en
reste que des traces à quelques ff.36.
Réglure37 : à la mine de plomb qui trace des lignes grises assez fines et laisse
parfois des sillons. Le f. 182v, qui ne porte que six lignes d’écriture, paraît
dépourvu de réglure. La table des matières a une réglure spécifique avec double
encadrement38. L’écriture dépasse très souvent la réglure, surtout dans la
colonne de dr.
Mise en page39 (f. 6r) : 289 x 240 mm = 29 + <205> + 55 x 26 + <7>40 +
<74> + 24 + <6,5> + <72,5> + 30. Justification 205 x 184 mm ; 2 cols, 32
interlignes41, l’écriture commençant sous la première LR.
[texte ajouté, Oroison Nostre Seigneur] f. 165r : 291 x 238 mm = 29 x <200> +
62 mm x 25 + <5,5> + <74> + 23 + <5,5> + <73> + 32 mm.
Justification 200 x 181 mm ; 2 cols, 32 interlignes, l’écriture commençant
sous la première LR.
[texte ajouté, Dit de la pastoure] f. 175r : 291 x 241 mm = 23 + <213> + 55
mm x 26 + <6> + <73> + 24 + <6> + <75> + 31 mm. Justification 213
x 184 mm ; 2 cols, 35 interlignes, l’écriture commençant sous la première
LR.
Textuellement, la mise en page est très similaire à celle de BnF, fr.
12779 {3}, la majorité des ff. se terminant au même endroit.

36 Ff. 2-6 en m/g, 51, 52, 56, 57 en m/t 122-129 en m/q.


37 Les ff. 164-182, rajoutés, sont réglés à l’aide du même type d’instrument que le reste du volume,
mais le Dit de la pastoure compte 35 (et une fois 36) lignes d’écriture, soit 3 lignes de plus que le
reste du ms.
38 Elle est réglée pour une seule col. large (115 mm), avec doubles LR de chaque côté, et aucune LR
inf. pour fermer le cadre.
39 Les Epistres sur le Roman de la Rose et l’Epistre Othea sont réglés selon ce modèle, même si seuls les
premiers ff. de la 2e œuvre portent des textes en vers d’une certaine longueur, qui auraient justifié
cette disposition. Cette réglure provoque certaines anomalies : alors que la plupart des chapitres
portent de l’écriture dans la colonnette (destinée à la première majuscule d’un vers) d’autres
chapitres commencent à la deuxième ligne verticale et laissent vierge la colonnette, sauf quand il y a
une lettrine ou un pied-de-mouche (ff. 126v, 127r, 132v, 133r, 146c). À partir du f. 114c, la
colonnette sert à accueillir seulement les deux dernières majuscules des textes (de 4 vers). Quant
aux Epitres sur le Roman de la Rose, tous les ff. utilisent la colonette pour le texte, sauf les ff. 155v et
156r, où seules deux majuscules y ont droit.
40 Contrairement aux habitudes qu’on prendra par la suite, une seule colonne est prévue pour les
majuscules.
♥ Le f. 1 est monté sur un talon.
41 V. note 37.
{1} Chantilly, Bibl. du Château, 492 193

Organisation
Cahier Feuillets Signature Cahier Feuillets Signature
11(2-1)♥ 1 (Table) 148 98-105
28 2-9 (trace ?) 158 106-113
38 10-17 168 114-121
48 18-25 178 122-129
58 26-33 188 130-137
68 34-41 198 138-145
78 42-49 208 146-153
88 50-57 218 154-161
98 58-65 222 162-163
108 66-73 232 164-165
118 74-81 248 166-173
128 82-89 258 174-181
138 90-97 261 182
Signatures : le volume a été si sévèrement rogné qu’il ne subsiste aucune
trace de signatures, sauf peut-être au f. 2r en bas de m/p.
Réclames : de la main du texte, en cursive plus ou moins hâtive ; elles sont
faites d’un à quatre mots écrits dans l’entrecolonne, le plus souvent précédés et
suivis d’un petit double jambage (n) décoratif42. Les deux dernières réclames,
dans la partie ajoutée, sont en cursive rapide, alignées sur la fin de la 2e colonne
et accompagnées de colonnette43. La réclame au f. 73v, qui correspond au texte
plutôt qu’à la rubrique, porte à croire que les réclames ont été écrites avant la
rubrication44. La réclame au f. 145v est partiellement effacée45.
Foliotation : deux foliotations modernes, au crayon, dans le coin sup. dr., et
en milieu de m/q ; aucune divergence entre les deux séries.

42 Le dernier f. de l’Oroison Nostre Seigneur, 165v, ne porte pas de réclame.


43 Celle du f. 173v est précédée d’un trait recourbé qui ressemble à un 2, celle du f. 181 est suivie
d’une courbe qui ressemble à un s long.
44 Réclame f. 73v : A tous p(ri)nces ; le f. 74r débute ainsi : Cy commence le dit de la Rose A tous les princes
amoureux […]. Le mot les est omis dans la réclame.
45 La réclame présente une très légère différence par rapport au texte : réclame f. 145v : et mort et ;
texte f. 146a Et mort &.
194 Œuvres

Travail d’écriture
Texte : Main X.
Style : cursive livresque
devenant plus exubérante vers le f. 80 ;
cursive assez rapide pour l’Oroison
Nostre seigneur (texte ajouté, comme le
suivant), et encore plus rapide pour le
Dit de la pastoure. À noter l’évolution
d’un d arrondi, fait de deux courbes,
vers une forme plus anguleuse, le passage F. 8r (i à tilde arrondi)
d’une forme à l’autre se faisant dans les © Chantilly, Bibl. du Château
Enseignemens moraux46. Les points des i ressemblent à des tildes jusqu’au f. 165,
devenant ensuite plus droits et aussi plus rares.
Ponctuation : usage restreint de la virgule.
Corrections
Préparation : une seul préparation de correction de lettrine au f. 3r47,
Main X.
Exécution : Main X, sur grattage et par ajout48. Elles sont relativement
peu nombreuses.
Rubriques : X ; comme c’est normalement le cas, les rubriques ont été
exécutées avant la décoration et l’enluminure49. Tous les textes sont précédés
d’une rubrique sauf les deux ouvrages ajoutés à la fin, l’Oroison Nostre Seigneur et
le Dit de la pastoure. La 12e des Cent balades est précédée du titre rubriqué Balade
de p(er)sonnages50. Une seule préparation de numéro de poème partiellement
visible au f. 33r, m/g.
Décoration : trois filigraneurs, « aux lys losangés » (1-12), « aux couleurs
insolites » (13) et « aux lys courbes » (14-15).
Grandes lettrines filigranées : quinze grandes lettres en tout, faites par
trois ornemanistes différents51. Pour les 12 premières : lettre partie or bruni /

46 Les d dans l’Oroison Nostre Seigneur sont tous du type anguleux ; dans le Dit de la pastoure, copié en
cursive encore plus hâtive, on trouve les deux formes de d.
47 D à la place de C.
48 Au f. 8a, gayement est biffé dans CB 29, et surmonté de Joyeuseme(n)t écrit en cursive. Au f. 52d, dans
le Debat de deux amans, un vers oublié, qui de mener solaz fure(n)t aisiez, est ajouté en fin de ligne, en
plus petit module, après un pied-de-mouche en rouge. Au f. 230b, au Texte 53 de l’Othea, la fin du
3e vers est corrigée par grattage de Rendi en tendi. Cette correction n’avait sans doute pas été
reportée sur le modèle puisqu’on la trouve également dans le ms. Harley. Au f. 32a, la lettrine
filigranée V (à la place de B) est laissée sans correction au début de CB 19.
49 Voir f. 51c, où la lettre filigranée et le cadre de l’enluminure empiètent sur la rubrique.
50 Même titre dans le ms. BnF, fr. 12779.
51 [1] f. 2a, début des Cent balades : A (6), fleurette à l’angle ; [2] f. 51c, début du Debat de deux amans : P
(6) avec zigouillis en trompette ; [3] f. 74a, début du Dit de la rose : A (6), avec int. en œufs de
grenouille pointés de bleu lapis et repointés de rouge, avec fleurette ; [4] f. 79c, début du Dit des
trois jugemens : B (6) ; [5] f. 92a, début du Dit de Poissy : B (6) ; [6] f. 108c, début du prologue de
l’Epistre Othea : T (7) ; [7] f. 109b, début de l’Epistre Othea : O (4) ; [8] f. 110d, début du 2e texte de
l’Othea : E (4) ; [9] f. 112b, début du 4e texte de l’Othea : E (3) ; [10] f. 156c, début des Enseignemens :
F (5) ; [11] f. 161a, début de l’Oroison Nostre Dame : O (4) ; [12] f. 163a, début des .XV. Joyes Nostre
{1} Chantilly, Bibl. du Château, 492 195

bleu lapis-lazuli à filigranes, int. bleu sombre pointé de rouge, filigranes


relativement peu soignés. La 13e lettre est filigranée de noir et d’orange, et de
brun et noir52. Les deux dernières sont d’un troisième type, comprises dans un
format carré, avec un filigrane menu et serré à petits ronds qui agrémentent des
lignes en simili-rinceaux. Les lettres sont prolongées en bas par des festons à
demi-fleurs de lys bleu et or avec filigranes rouges et noir bleuté53.
Petites lettrines filigranées (2) rouge vif ou bleu foncé sur fond de
fioritures noir bleuté ou rouges, en alternance presque parfaite54.
Pieds-de-mouche : rouges et bleus sans alternance stricte à partir du Debat
de deux amans jusqu’aux .XV. joyes Nostre Dame. Dans l’Oroison Nostre Seigneur,
l’alternance des couleurs (bleu vif et orange) est régulière. Le dernier f. de ce
texte, 165v, alterne les couleurs orange et pourpre. Le Dit de la pastoure n’a aucun
pied-de-mouche.
Majuscules rehaussées : les majuscules du Dit de la pastoure sont relevées
de jaune, comme le sont celles du ms. Chantilly 493 {2}.
Illustration : Maître de la Pastoure (1-13) ; Maître bleu-jaune-rose de Chantilly
pour la 14e.
Les enluminures sont toutes encadrées d’or cerné de traits noirs épais. Le cadre
empiète souvent sur la lettrine en-dessous. Les traits de certains personnages,
surtout les yeux, paraissent retouchés d’une main malhabile dans les nos 1, 4, 12.
Le fond des treize premières enluminures est dans le même style que le BnF,
fr. 12779 {3}.
1. F. 2a (début Cent balades), av. rubr., 76 x 80 mm : Christine et sa roue à livres.
Christine en cornette assise devant une roue à plusieurs pupitres permettant de
consulter simultanément cinq ouvrages. Christine et la roue sont dessinées en
traits gris sans peinture ; le dossier de son siège est peint d’un lavis bleu (indigo
ou lapis délavé) et le sol jaunâtre ; le tout très usé, surtout la robe de Christine.
Le fond rose à rinceaux orangés est mieux conservé.
2. F. 51c (début Debat de deux amans), av. rubr., 80 x 85 mm : Christine remet
son texte à Louis d’Orléans. Derrière Christine à dr., deux hommes agenouillés,
l’un portant une barbe pointue, l’autre imberbe, discutent. Tenant un rotulus, le
duc, en houppelande fourrée de brun et toque-bonnet, siège sous un dais blanc
dont le ciel est maladroitement timbré d’un écu à ses armes. À l’exception du
sol vert jaunâtre et du fond rose foncé orné de frises orangées dont une frise de

Dame : G (3) [13] f. 164a, début de l’Oroison Nostre Seigneur : S (4) ; [14] f. 166a, début du prologue
du Dit de la pastoure : I (4) ; [15] f. 166b, début du texte du Dit de la pastoure : E (3).
52 Elle est d’un tout autre style, plus échevelé et contrasté, sans hampes, mais avec des antennes
lancées.
53 Muzerelle 1985, type fig. 228c. Les douze premières lettrines sont ornées de festons à trois (ou
parfois à deux) demi-fleurs de lys ; la lettrine de l’Oroison Nostre Seigneur est sans feston. Le Dit de la
pastoure a les festons les plus élaborés : ils se prolongent sur toute la colonne, comme le feront tous
ceux du ms. 493 {2}.
54 Elles sont au début de chaque poème des Cent balades (sauf la 30e au f. 8b, où un espace a été
laissé), Virelays (sauf le 3e, où aucune place n’a été prévue), Autres balades, Rondeaux et Jeux a vendre,
au début de la Balade retrograde, Balade a rimes reprises et Balade a responses, de la Complainte amoureuse,
des deux Lays et de l’Epistre au dieu d’Amours, à l’int. du Debat de deux amans, du Dit de la rose, et du
Dit de la pastoure, et au début de chaque texte de l’Epistre Othea.
196 Œuvres

« tournesols », l’image est peinte en grisaille à rehauts de brun ou de gris bleuté


dans les ombres, et de brun dans les chevelures. Les visages sont ronds et peu
expressifs.
3. F. 79c (début Livre des .iij. jugemens), av. rubr., 79 x 81 mm : Christine et le
sénéchal de Hainaut. Le sénéchal de Hainaut en houppelande frangée trône à g.
sur un siège à dossier orange vif ; un conseiller derrière le trône le désigne à
Christine à dr., qui lui présente deux jeunes filles (d’un canon plus petit) et deux
jeunes gens. La disparité dans les proportions des personnages se retrouve dans
d’autres mss de cet enlumineur. Les chevelures sont brunes, le dessin très
rehaussé de blanc et ombré de bleuté, le sol vert-jaunâtre et le fond bleu un peu
délavé à frises orange re-pointé de blanc.
4. F. 92a (début Dit de Poissy), av. rubr., 70 x 83 mm : Voyage à Poissy.
Christine, une dame et trois messieurs vont chevauchant sur des chevaux
harnachés d’orangé ou de bleu. Christine porte une ceinture rose-rouge. La
grisaille à rehauts de bleu ou de brun est d’un dessin plus menu, les chevelures
dessinées en brun et les drapés fouillés ; le sol verdâtre, foncé à l’arrière-plan de
traits verts en cupule et le fond orangé vif à fins rinceaux rose foncé.
5. F. 108c (Epistre Othea, début prologue), av. rubr., 84 x 83 mm (l’image
empiète sur la lettrine) : Christine et Louis d’Orléans. Christine, agenouillée à dr.,
remet son livre à Louis d’Orléans en chapeau-cheminée qui trône, accompagné
de deux courtisans derrière lui. Le dais est peint de bleu en pleine couleur avec
son écu ton sur ton dans le ciel, délimité par un cerne noir. Les visages sont
larges (celui de Christine usé). Le dessin est rehaussé de gris pour le duc, de
brun pour le siège et les autres personnages. Hors un coin de sol vert-jaune, les
rinceaux foncés terminés par des palmettes du fond orange vif adoptent les
mêmes formes de goutte et festons que les filigranes de la lettrine.
6. F. 109b (Othea, début 1er chap.), av. rubr. Texte .j., 91 x 80 mm : Othea remet
son epître à Hector. L’image est peinte dans les mêmes tons que celle en regard.
De l’orbe de ciel bleu dans le coin sup. dr. sort la déesse en buste court (tête et
bras) portant un voile, qui remet une lettre au jeune homme. Ce ciel est nuagé
d’un lavis de blanc passé rapidement. Hector est suivi de trois assistants : son
précepteur avec barbe et chapeau, un adolescent de son âge et un jeune homme
en chapeau. Certains visages, surtout celui du précepteur, sont plus travaillés :
carnations brun-rose et rehauts rouge-rosé sur les lèvres. Cette Othéa sera le
prototype des représentations de divinités dans les copies ultérieures de l’Epistre.
Les personnages en grisaille ne sont pas sur parchemin en réserve, mais peints
de blanc à rehauts de gris bleuté ou de brun. À dr., le dessin sous-jacent, encore
visible, montre un grand écu posé au sol (prévu pour des armoiries ?) non
repris lors de la mise en couleur du fond. Un autre repentir semble visible sur la
jambe du précepteur. Le sol est toujours vert-jaune pâle et le fond orangé à frise
brun-rouge en lignes brisées pointées de blanc.
7. F. 110d (Othea, début 2e chap.), av. rubr. Texte .ij., 72 x 82 mm [Album
couleurs, n° 4] : L’horloge d’Attrempance. La déesse, vue en buste depuis la taille,
tête nue et en cheveux, sort d’une orbe bleue nuagée de blanc et de noir dans le
coin sup. dr. La très belle (et fameuse) horloge qu’elle fait tourner est peinte en
bleu clair ou gris, avec ses roues d’engrenage, cloche et contrepoids, montée sur
{1} Chantilly, Bibl. du Château, 492 197

un piédestal à chapiteau brunâtre. L’horloge est d’un dessin étonnamment


minutieux pour un enlumineur dont la manière est plutôt relâchée, ce qui
suppose un modèle et des instructions précises. Quatre jeunes filles aux
cheveux tressés bruns sont assies à g. sur le sol verdâtre, vêtues de drapés
fouillis. Les rinceaux du fond orangé se terminent en plumes de paon.
8. F. 111b (Othea, début 3e chap.), av. rubr. Texte. iij., 93 x 83 mm : Hercule
aux Enfers. La Porte d’Enfer encadrée de tours rondes se termine en gueule de
Léviathan. Devant, Hercule en armure bleutée et casque, portant la léonté sous
forme d’une tunique brune, tient un diable velu par le cou, et brandit une
massue de la main dr. Un autre diable velu mais doté d’ailes striées de rouge,
l’attaque par en haut. À l’int., accompagné de Thésé, Hercule à nouveau tient
un autre diable velu et brandit sa massue. Le même sol verdâtre ombré de traits
bruns croisés comme des herbes est cette fois sur un fond bleu uni.
9. F. 112b (Othea, début 4e chap.), av. rubr. Texte. iiij., 72 x 83 mm ; le cadre
de l’image empiète sur les festons de la lettrine du dessus : Minos rendant la
justice55. Minos (usé), couronné d’or, est assis à g. sur un trône à dais, le tout en
bleu uni ; deux courtisans se tiennent de part et d’autre. En face, deux
personnages chapeautés amènent un homme tête nue, mains liées devant lui. Le
dessin à rehaut de blanc est ombré de noir ou de brun. Un repentir se devine
sur le vêtement d’un conseiller : la manche empiète sur le fond et le bas du
vêtement sur le sol. Le dessin sous-jacent n’a sans doute pas été respecté lors de
la mise en couleur, d’où la correction par grattage du fond orangé, ensuite
recouvert de céruse, et le cerne noir appuyé pour délimiter le bas du costume.
Le sol est du même vert-jaune clair que d’habitude et le fond orangé à frises en
dessin rougeâtre pointé de rouge, avec de fins rinceaux en manière d’acanthe.
10. F. 112d (Othea, début 5e chap.), 74 x 83 mm : Persée et Andromède. Cette
image assez charmante s’écarte de la tradition iconographique. En bas au
centre, sur un monticule vert-jaune se tient la jeune femme assise au sol, en
cheveux, l’air éploré. La robe d’Andromède est ombrée de bleu. Elle regarde
vers la dr., d’où point la gueule béante à dents carrées du monstre marin, en
façon de baleine ou de cachalot (coupé par le cadre). L’eau ondée de bleu
recouvre le monstre. Persée, en armure grise, brandit une épée grise recourbée
et tient un écu blanc à trois cercles rouges. Il monte un Pégase harnaché de
rouge avec les attaches de la selle jaune-vert, la queue nouée, les ailes teintées de
jaune pâle par dessus le dessin des plumes. Le relief du sol est fait de traits
bruns et le f. rose foncé contre lequel vole Pégase, décoré de rinceaux orangés à
enroulements.
11. F. 156c (début Enseignemens moraux), av. rubr., 87 x 82 mm : Christine
instruit son fils. Christine, assise sur un siège à dossier bleu, lit un livre ouvert sur
une roue à livres, un autre livre fermé est posé à côté, relié en orange pâle. Son
fils se tient à dr., devant un coffre à ferrures noires, et lève son chapeau. Des
rehauts de brun font un effet de bois sur le siège, la roue et le coffre.
L’articulation entre la roue et le couvercle ouvert du coffre est problématique,
mais la précision du dessin dans les détails techniques (dessin de la vis de la
55 Le ms. Paris, BnF, fr. 12779 {3} aurait contenu la même illustration, mais des folios ont été
enlevés à cet endroit.
198 Œuvres

roue et des ferrures du coffre) rappelle l’horloge du f. 110d. On retrouve les


habituelles grisailles à rehauts blancs, sol verdâtre, fond rose foncé à rinceaux
orangés, ici terni de salissures et usures sur un parchemin assez pelucheux. Les
points noirs des yeux du fils semblent une retouche ultérieure, et le visage de
Christine, ruiné, semble aussi avoir été maladroitement repris à la plume.
L’enlumineur semble travailler plutôt à partir d’instructions écrites que d’un
modèle figuré, car la même scène dans le BnF, fr. 12779, qui est aussi de sa
main, est composée différemment, sans roue à livres {3}.
12. F. 161a (début Oroison Nostre Dame), av. rubr., 85 x 82 mm : Christine
présente son livre à la Vierge. Une Vierge à la chevelure jaune-brun, toute de blanc
vêtue, à plissé bleuté ou brun, est assise sur un coussin. Son auréole d’or bruni
est cernée de noir, l’Enfant Jésus porte le nimbe crucifère (les traits rouges de la
croix tracés sur l’or). Il tend la main vers Christine agenouillée à dr., en profil
perdu, qui présente son livre couvert d’un bleu foncé uni. Le sol montueux
verdâtre est ombré de traits noirs à l’arrière-plan et le fond rose foncé décoré de
rinceaux orangés terminés par des palmettes. Ici encore l’enlumineur semble
avoir disposé d’instructions écrites sur lesquelles il adapte ses propres modèles
figurés : la Vierge pyramidale assez ample semble bien assise à terre selon le
type de la Vierge d’Humilité, alors que celle qu’il peint dans le BnF,
fr. 12779 {3} semble avoir pour modèle une Vierge en majesté et un Jésus
attrapant l’offrande d’une Adoration des mages.

Chantilly, Bibl. du Ch., 492, f. 161r et Paris, BnF, fr. 12779, f. 154r [Album couleurs, n° 2]
© Chantilly, Bibl. du Château et Paris, BnF
13. F. 163d, enluminure très soignée ajoutée sur la partie du f. laissée vide ;
elle est seule dans cette col., vers le bas, et précède l’Oroison Nostre Seigneur, qui
commence sans rubr. : Christ de douleur, 78 x 82 mm [Album couleurs, n° 3]. D’un
tombeau marbré à rehauts blancs, le Christ mort aux yeux clos, carnations
brunâtres, mains croisées, tunique blanche, couronne d’épines gris-vert et
auréole d’or bruni, se présente à mi-corps. Le sang s’écoule abondamment des
plaies. Tout autour, contre le fond décoratif sont figurées les Arma Christi, de g.
à dr. : deux fouets à manche de bois brun et trois lanières chacun, un seau gris,
trois énormes clous noirs, la colonne et une corde enroulée autour, la lance au
fer gris, la Croix de bois derrière le Christ, une perche et l’éponge vinaigrée,
trois dés (usure dûe à l’eau sur les dés), la tunique bleu-gris passée sur un
tréteau, et une quinzaine de pièces d’or.
{1} Chantilly, Bibl. du Château, 492 199

14. F. 166b (entre le dernier vers du prologue et le premier vers du Dit de la


pastoure), 64 x 81 mm : Scène champêtre. Par le même enlumineur que celui du
deuxième volume du Recueil de Chantilly, le Maître bleu-jaune-rose. La
composition diffère de celle de l’enluminure correspondante dans le
fr. 12779 {3}. Une bergère seule et agenouillée, un genou relevé, tresse une
couronne de fleurs, sa houlette et une pique posées à terre à côté. La bergère
elle-même est ceinte d’un cercle de roses. Auprès d’elle des petits moutons et
une source en lavis bleu qui sort d’une fontaine maçonnée rose pâle. La robe de
la bergère et les moutons sont modelés en lavis de gris.
Reliure : Belz-Niedrée, en maroquin rouge avec de riches dorures où dominent
des feuilles disposées symétriquement parmi des compartiments de différentes
formes. Dos à 5 nerfs portant l’inscription : « CHRISTIENNE / DE PISAN /
OEUVRES POETIQUES / MANUSCRIT / AVEC / MINIATURES /
TOME I / XIVME SIECLE »56.

Plats supérieur et inférieur © Chantilly, Bibl. du Château


BIBLIOGRAPHIE
Bulletin Morgand nov. 1888, n° 15958. Cat. Chantilly, 2, pp. 84-6. Delsaux, Ouy, Reno et Villela-
Petit, à paraître. Laidlaw 1987. Ouy & Reno 1988. C de P, Epistre Othea 1999, pp. 94-95, 106-107.
Meiss 1974, 2, fig. 128. Mombello 1967a, pp. 106-116. Répertoire Morgnd et Fatout 1882, n° 1482,
pp. 190-193. Vergne 1995, p. 222.
COMMENTAIRE
Comme le montre la table, qui ne fait pas mention des deux derniers éléments57
– l’Oroison Nostre Seigneur et le Dit de Poissy, copiés d’une encre plus claire – ce
56 Les deux mss avaient déjà cette reliure avant l’acquisition par le duc vers 1887 ; v. Répertoire
méthodique (1882), p. 193 : « La reliure de Belz-Niedrée est parfaitement exécutée et digne de
l’ouvrage qu’elle recouvre ». Une lettre du duc d’Aumale datée du 20 oct 1861, donc un quart de
siècle avant l’acquisition du recueil, montre que la reliure actuelle n’aurait pas été son choix : « Le
train de reliure Niedrée, ce n’est pas mal, mais un peu vulgaire, et n’a pas l’aspect d’une œuvre
durable, inférieur à ce que faisait le défunt et très inférieur aux œuvres des trois grands relieurs
suivant Trauz, Capé, Duru. » Voir Vergne 1995, pp. 67 et 340, n. 137.
57 La table (f. 1v) comporte les éléments suivants : Premierement Cent Balades // Item plusieurs virelays //
Item une balade retrograde qui se dit a droit et a Rebours // Item une balade a Rimes reprises // Item une balade
a Responses // Item autres plusieurs balades de divers propoz // Item une complainte amoureuse // Item un lay
de .ijc lxij. vers tous leonimes // Item un autre lay // Item .lxxv. Rondeaulx de plusieurs manieres // Item .lxix
200 Œuvres

recueil a été complété, probablement en deux temps, étant donné que le binion
qui renferme l’Oroison Nostre Seigneur ne porte pas de réclame, et que la
décoration de ce texte et l’enluminure qui l’accompagne diffèrent de celles qui
précèdent et de celles du Dit de la pastoure, qui suit. Au f. 163c, après l’Oroison
Nostre Dame, quelques lignes grattées correspondent sans doute à l’Explicit par
lequel s’achevait le volume dans sa composition d’origine.
Que ce recueil soit le plus ancien est confirmé par l’état du texte. À noter
que, dans celui-ci, le Debat de deux amans paraît être spécialement mis en valeur ;
il est illustré d’une scène où le blason de Louis d’Orléans (dédicataire de
l’œuvre) est très visible, et la décoration est plus élaborée que dans le recueil
suivant, BnF, fr. 12779 {3}.
Ce manuscrit a été de bonne heure relié avec le deuxième tome du recueil,
Chantilly 493 {2}, ou du moins une bonne partie de celui-ci. Les trous de ver
aux quatre premiers folios du 492 et aux trois derniers du 493 suffisent à
montrer que le Chemin et peut-être les textes suivants ont longtemps partagé la
même reliure. De même, le f. de garde sup. actuel (numéroté 183) du 493
présente deux taches brunes identiques à celles qu’on voit au f. 182v du 492. La
numérotation moderne confirmerait, s’il en était besoin, que les deux volumes
n’en faisaient qu’un avant qu’un relieur moderne, sans doute Belz-Niedrée58, qui
a signé la reliure actuelle, ne les sépare. Signalons enfin que le ms. BnF, fr. 604
est une copie du XVe siècle du recueil 492-493 de Chantilly.

geux a vendre // Item le debat de deux amans qui s’adrece a mons(eigneur) D’orleans // Item l’epiltre au dieu
d’amour // Item le Dit de la Rose // Item le Dit des trois jugemens amoureux qui s’adresce au Seneschal de
haynau // Item le dit de poissy // Item l’epiltre Othea la deesse de prudence // Item les epiltres sur le Rommant
de la rose // Item les diz moraulx de (crist)ine de pizan a son filz // Item une priere a n(ost)re dame // Item les
quinze Joyes n(ost)re dame Rimees
58 Philippe Belz, né à Francfort en 1831, reprend l’atelier de son beau-père Niedrée en 1861 sous la
signature Belz-Niedrée ; v. Beraldi 2, p. 102.
F. 184r © Chantilly, Bibl. du Château
{2} Chantilly, Bibliothèque du Château, 493
[Œuvres]
[Livre de Cristine1 – IIe volume]

TABLE SOMMAIRE
Ouvrage Feuillets Détail
Chemin de long estude 184a-231c ouvrage en entier
Mutacion de Fortune 232a-427a ouvrage en entier
Epistre a la reine 427c-429d ouvrage en entier

CONTENU
F. 184a-c [Chemin de lonc estude, prologue] « Tresexcellent magesté redoubtee // Illustre honneur
en dignité mo(n)tee …–… Si vous plaise l’oÿr et l’escouter // Ou / quoy / co(m)ment / que
c’est vueilliez noter ».
Ff. 184c-231c « Comme2 Fortune parverse // M’ait esté long te(m)ps diverse …–… Qui du gesir
tant s’esmerveille // Car tart estoit et je m’esveille. Ci fine le livre du chemin de long estude3 ».
Ff. 232a-c « Ci commence le prologue de la mutacion de fortune4 Comment sera ce possible
// A moy simple et pou sensible …–… Saura a son droit entendre // La droite fin ou vueil
tendre ».
Ff. 232c-243d « Ci dist la personne qui co(m)pila ce dit livre5. co(m)ment elle s(er)vi
fortune si co(mm)e elle devisera cy aprez. ij. Or vueil compter une aventure // Qui semblera
par aventure …–… Ses meurs et ses condicions // Et ses grandes mutacions / Ci fenist le
premier livre appellé la transmutacion de fortune. ».
Ff. 244a-c « Ci commencent les Rubrichez de la table du second livre appellé la mutacion
de fortune/. Le premier chapitre parle de la situacion du dit chastel et ou il siet J. …–… Item les perilz et
mescheances qui sont ou dit chastel xxviij. »6.
Ff. 244c-267a « Ci aprés commence la seconde partie de la mutacion de fortune7 [244d] Ci
parle de la situacion du dit chastel et comment il est fait. .J. Il a ung lieu dessus la mer //

1 Sur ce titre, v. notice du Chantilly 492, n. 1 {1}.


2 Deux interlignes ont été laissés entre la fin du prologue et le début du texte pour une rubrique, qui
n’a pas été exécutée.
3 L’explicit est écrit plus rapidement que le texte.
4 Ce ms. omet la rubrique préliminaire qui présente le contenu des sept parties de l’ouvrage, et la
première table des matières. À la différence des autres mss, le prologue ne porte pas ici de
numéro ; cependant le chapitre qui suit est numéroté 2.
5 Ce point ajouté à l’encre brune.
6 La table est fautive : la IIe partie du texte comporte 26 chapitres : les chapitres vj (ITem de meseur) et
xv (ITem des povres gens qui sont a la iiie. porte) annoncés dans la table n’ont pas de rubrique
correspondante dans le texte. V. notice Chantilly, ms. 494, n. 7. Le pied-de-mouche bleu qui
précédait ITem de meseur dans la table (f. 244a) a été presque entièrement effacé, sans doute dans
une tentative avortée de rectifier l’erreur ; par contre, le pied-de-mouche du chap. XV n’a pas été
touché.
7 Cette rubrique est précédée de cinq et suivie de seize interlignes inemployés, pour laisser de
l’espace à l’enluminure qui ouvre la IIe partie en tête de colonne.
204 Œuvres

Que l’en seult grant p(er)il no(m)mer …–… Et leur manda par le prophette // Que vers lui
avoient paix faite. Ci fenist la seconde partie de ce p(rese)nt livre.8 ».
F. 267b-c « Cy commence la table des Rubrichez de la tierce partie du livre de la mutacio(n) de fortune qui parle
des condicions et sieges de ceulz qui sont logiez ou chastel de fortune. Le premier chapitre parle du plus hault siege
J. …–… Item des fortunes des femmes. xxj. Ci finent les Rubrichez de la table de ce livre. ».
Ff. 267d-289d « Ci co(m)mence la tierce partie du livre de la mutacion de fortu(n)e qui
parle des sieges et co(n)dic(i)ons de ceulz qui sont logiez ou dit chastel. Cy dist du plus
hault siege .J. Tout ainsi comme j’ay devisé // du chastel que bien avisé …–… Ainsi charité
morte treuvent // Ce scevent celles qui l’espreuvent. Ci fenist la tierce partie de la mutacion
de fortune ».
Ff. 289d-290b « Ci commence la table des Rubrichez de la quarte partie du livre de la mutacion de fortune qui
parle de la sale du chastel de fortune / q(ue)lles [290a] pourtraictures / il y a / de philosophie et de ses parties /
et des sciences du commencement du monde / et des histoires des Juifs / Le premier chapitre parle de la sale de
fortune / et de ses pourtraictures /.J. …–… Item des Juifs. xix.9 ».
Ff. 290b-307c « Ci commence la iiije. partie du livre de la mutacion de fortune. [290c] Or ay
devisé grant partie // de ce lieu ou est deppartie …–… en punicion du pechié qu’ilz commirent
en crucifiant n(ost)reseigneur. Ci fenist le quart livre de la mutacion de fortune ».
Ff. 307c-308a « Ci commence la table des Rubrichez de la quinte partie du livre de la mutacion de fortune la
quelle parle des premiers Royaumes qui seigneurient [sic] au monde / et des seignouries de grece. Le premier
chapitre parle comment les uns vouldrent sur les autres seingnourir. .J. …–… Item dist de Crethe et d’athenez
xxvj ».
Ff. 308a-345c « Ci commence la ve. partie du livre de la mutacion de fortune.
Premierement des premiers Royaumes qui seignorient au monde et des seingnories de
grece. J. [308b] Ar [sic]10 est dieu mercy repassee // La grevance qui ma pe(n)see …–… dont des
mors y ot grant foison // Tant que dura celle saison. Ci fenist la ve. partie du livre de la
mutacion de fortune.11 ».
Ff. 345d-346c « Ci aprés s’ensuit la table de la vje. partie du livre de la mutacion de
fortune12. [346a] Cy commence la table des Rebriches de la .vje. partie du livre de la mutacion de fortune / la
quelle parle des amasones et hystoire de troye abregiee. Le premier chapitre du Roy Vezones et comment le
Royaume d’amasone commença .J. …–… Item comment les traicteurs furent chaciez et les pestillences que orent
gregois a leur Retour en grece. xxxv.13 ».
Ff. 346c-383c « Cy commence la .vje. partie du livre de la mutacion de fortune. Cy parle du
Roy Vezones et comment le Royaume d’amasonne commença. .J. EN cellui temps .J. Roy
Regnoit// En egipte qui moult tenoit …–… Et ainsi fut la fin des grieux // N’orent des troyens
gueres mieux. Explicit l’ystoire de troye / Et la vje. partie du livre de la mutacion de
fortune. ».
Ff. 383c-385a « Cy commence la table des Rebriches de la vije. partie du livre de la mutacion de fortune / qui
parle de l’ystoire des Rommains abregiee / Celle de alixandre / et des princes Regnans environ l’aage de la
personne qui a compilé le dit livre. Le premier chapitre parle de Eneas qui se parti de troye / Et de la geneologie
des Rommains. .J. …–… Item la conclusion du livre. lvij. ».

8 Cette partie se termine à la dernière ligne de la colonne.


9 En fait, ce livre comporte 20 chapitres ; la table omet le chapitre sur la théologie, qui figure en 4e
position dans le texte.
10 Aucune préparation de correction en regard de cette belle lettrine A (5 interlignes) mi-parti or /
bleu avec filigranes et festons, qui devrait être un O.
11 Un petit grattage avant et un grand grattage après cette rubrique, illisibles aux UV.
12 Cette rubrique occupe un peu plus de deux interlignes (4e-6e) d’une colonne autrement inemployée,
sauf pour la réclame Ci co(m)mence qui se situe en m/q. Tout en bas de la page, on lit le chiffre 4
(forme médiévale, une boucle) tracée d’une encre plus foncée.
13 Dans cette table, tous les numéros de chapitre entre xij et xxxj (dernier chapitre pris en compte au
f. 346b) ont été majorés d’une unité.
{2} Chantilly, Bibl. du Château, 493 205

Ff. 385a-427a « Ci commence la .vije. & la derrenie(re) partie du livre de la mutacion de


fortune qui parle de l’ystoire des Rommains abregiee et de celle d’alixandre / Et
premierement de Eneas. .J. ENeas se parti de troye// La deserte & par mer sa voie …–…
Paix solitude voluntaire // Et vie astrite [sic] & solitaire Explicit la .vije. & derreniere p(ar)tie du livre de
la mutacion de fortune. ».
Ff. 427c-429d « S’ensuit une epistre q(ue) (crist)ine de pizan qui fist ce livre envoia a la Royne de france a
meleun… E14 [sic] tres excellent redoubtee et puissant princesse madame ysabel par la grace de
dieu Royne de France …–… Escript le ve. jour d’ottobre l’an de grace mil quatre Cens et Cinq
V(ost)re treshumble & obeissant c(re)ature (crist)ine de pizan ».

HISTOIRE
Date : 1403-vers 1405. Le volume contient une des versions les plus anciennes
du Chemin de lonc estude et une version de l’Epistre a la reine (datée du 5 oct. 1405)
où celle-ci est précédée d’un long titre15 fort intéressant rappelant les
circonstances dans lesquelles l’épître avait été composée ; mais ce recul
historique pourrait porter à se demander si un certain temps ne s’était pas
écoulé entre ces dramatiques événements et la copie du recueil.
Possesseurs : un titre maladroitement libellé ajouté au XVIIe siècle aux
inscriptions au début du premier volume (Chantilly 492 {1}) reproduit en partie
le titre d’origine qui figurait sur un feuillet disparu, permettant ainsi de savoir
que le recueil était dédié à la Reine. Toutefois, on perd aussitôt la trace du
manuscrit ; on ne sait rien de son histoire avant la fin du XIXe s. : il aurait été
déposé par le comte de Toustain16 chez le libraire Morgand où il fut acheté par
le duc d’Aumale vers novembre 188717.
Ajouts plus tardifs : au 1er f. de garde verso, le numéro « 21288 »18. Au f. 424v,
« 1266 (?) » en m/g ; au f. 427v m/g, d’une main moderne et au crayon, la date
« 1405 » en m/g de l’Epistre a la reine19 ; réparation f. 277 ; petit dessin20 et
manicule au f. 427r21. Au f. 427v, en milieu de m/q, le numéro « 4055 ».

14 E au lieu de A ; peut-être le t qui suit a-t-il fait penser à Et.


15 S’ensuit une epistre q(ue) (crist)ine de pizan qui fist ce livre envoia a la Royne de france a meleun ou avecques elle
estoit mons(eigneur) d’orlea(n)s qui la faisoit grant assemblee de gens d’armes a l’encontre des ducs de bourg(ogne) et
de lembourth et du conte de nevers freres qui estoient a paris qui pareillement assembloie(n)t gens de toutes pars et
estoient que d’un costé que d’autre bien .x.m combatans pour la quelle cause la bonne ville de paris et tout le
Royaume furent en grant ave(n)ture d’estre destruis a celle fois se dieu n’y eust Remedié aussi fist Il car a l’aide des
Roys de Secile et de navarre et des ducs de berry et de bourbon avecques eulx le conseil du Roy bonne paix y fu
trouvee et se departirent les gens d’armes d’un costé et d’autre sans nul mal faire a leur partement (f. 427c).
16 C de P, Œuvres poétiques 1886-1896, 1, p. xix.
17 Cat. Chantilly, 2, p. 86. V. Notice Chantilly, ms. 492, « Possesseurs » et n. 25.
18 Même numéro au même endroit dans le ms. Chantilly 492. Il s’agit peut-être d’un numéro de
catalogue de vente, mais ce n’est pas une vente Morgand, car le n° 21288 se trouve dans un
catalogue daté de 1892.
19 F. 427v.
20 Petite fleur stylisée en m/p.
21 Le manicule signale les deux derniers vers de la Mutacion.
206 Œuvres

DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (292 x 244 mm) : (IV)22 + I + 246 + (IV). La peau,
relativement épaisse, est de couleur ivoire ; certains ff. sont particulièrement
foncés du côté poil23. On y remarque peu de défauts24. Le dernier bifeuillet, qui
renferme l’Epistre a la reine, est plus jauni, surtout le côté v. du dernier f., et
porte des taches d’humidité. La règle du vis-à-vis est respectée sauf aux ff. 248-
249, disposés c/p et 252-253, p/c.
Encres : brune pour le Chemin ; brune un peu plus claire pour les cinq
premières parties de la Mutacion (jusqu’au f. 346a) ; l’encre des deux dernières
parties de cet ouvrage est nettement plus foncée25. L’encre utilisée pour le
dernier texte, l’Epistre a la reine (ff. 427c-429d), est brun clair. L’encre des
rubriques rouge orangé jusqu’au f. 346a, puis rouge vif.
Préparation
Piqûres : quatre piqûres maîtresses subsistent aux ff. 278-293, 302-317 et
326-333 (cahiers 14-15, 17-18 et 20) et deux piqûres maîtresses marquent le
bord ext. des col. aux ff. 318-325 (19e cahier) en m/q., toutes arrondies.
Réglure : ff. 1-345, à la mine de plomb qui laisse des traces grises fines ;
ff. 346 jusqu’à la fin, à la mine brunâtre qui laisse des traces brunes plus épaisses
mais pas uniformes. Pour l’Epistre a la reine, seules les lignes maîtresses sont
visibles. Aux ff. 395r-427r, traces de réglure pour des titres courants qui n’ont
pas été exécutés26.
Mise en page
[poésie] (f. 188r) : 292 x 244 mm = 25 + <210> + 57 x 32 + <7>27 + <71> +
25 + <7> + <76> + 26 mm. Justification 210 x 186 mm ; 2 cols, 32
interlignes, parfois 31 ou 33, l’écriture commençant sous la première LR. Dans
le texte des deux dernières parties de la Mutacion de Fortune (ff. 346d-427a), la
norme est de 33 interlignes.
[prose] (f. 428r) : 291 x 240 mm= 21 + <193> + 77 x 29 + <76> + 25 +
<78> + 32 mm. Justification 193 x 179 mm ; 2 cols, 30 interlignes, l’écriture
commençant sous la première LR.

22 Première et dernière gardes doublées de taffetas bleu.


23 Par exemple ff. 330v-331v, 342v-343v, 413r.
24 Coutures ff. 348, 363, 369, 374 ; petit trou f. 364 ; petites pièces aux ff. 333, 334, 336, 337, tache de
liquide renversé ff. 310-311 ; tache d’encre ou de peinture noire au f. 378r ; tache d’encre rouge au
f. 328r.
25 En bas du f. 345v, la boucle (= ‘4’) ajoutée est de la même encre brun foncé que celle utilisée dans
les deux dernières parties de la Mutacion (tables et texte) ; v. note 12.
26 Il est possible que les autres cahiers aient été réglés ainsi, mais comme les folios sont sévèrement
rognés en m/t, on ne peut pas en être certain.
27 Contrairement aux habitudes prises par la suite, une seule colonne est prévue pour les initiales, qui
chevauchent la première ligne de la colonne. À partir du f. 326v, deux colonnettes sont parfois
prévues, et dans ce cas, la majuscule est écrite sur la ligne de partage entre les deux.
{2} Chantilly, Bibl. du Château, 493 207

Organisation
Cahier Feuillets Signature Cahier Feuillets Signature
11 183♥ 188 310-317 l
28 184-191 198 318-325
38 192-199 208 326-333
48 200-207 218 334-341
58 208-215 224 342-345
68 216-223 238 346-353
78 224-231 248 354-361
88 232-239 258 362-369
98 240-247 268 370-377
106 248-253 278 378-385
118 254-261 288 386-393
128 262-269 298 394-401
138 270-277 308 402-409
148 278-285 318 410-417
158 286-293 328 418-425
168 294-301 334 426-429
178 302-309
Signatures : la seule, l iiij, tracée à l’encre brun clair, se trouve au f. 313r.
Réclames : Main X, alignées vers la fin de la première colonne. Celle du
f. 217v est encadrée d’une moitié de rectangle. Le f. 231v, le dernier du Chemin
de lonc estude, et le f. 269v ne portent pas de réclame ; dans le deuxième cas, la
réclame semble avoir disparu sous le massicot : seul le haut de la prochaine
réclame est visible à la fin du cahier suivant (f. 277v). Quelques divergences
orthographiques28. Au f. 345v, en dessous et à dr. de la réclame Ci commence, un
chiffre dont la signification n’est pas claire29.
Foliotation : trois foliotations modernes, au crayon. La première, en m/q
au milieu, commence au f. de garde ; la 2e, en m/q à dr., commence au premier
f. du texte (f. 184r) et a un numéro de plus par rapport à la première série. La
troisième, en m/t à dr., – celle que nous suivons – poursuit la foliotation du ms.
492 et commence donc (au 4e f. de garde, inemployé) à 183.
Travail d’écriture
Texte : Main X.
Style : cursive calligraphique assez contrôlée et plutôt droite30, sauf pour
l’Epistre a la reine, qui est dans une cursive plus rapide.


La forme de certaines taches sur le parchemin montre que ce f. avait été solidaire du dernier f. du
ms. Chantilly 492 {1}, avec lequel il formait un bifeuillet.
28 Réclame f. 207v : Qu’on ne / texte f. 208a : Con ne ; réclame f. 251v : En ces palais / texte f. 252a : En
ces palays ; réclame f. 317v : Et ainz qu’il / texte f. 318a : Et ains qu’il.
29 V. notes 12 et 25.
30 L’écriture ressemble à celle du début de Chantilly 492 {1}, de BnF, fr. 1740 {15} et de Bruxelles,
KBR, 10982 {19}.
208 Œuvres

F. 427c (début Epistre a la reine) © Chantilly, Bibl. du Château


Le e « cornu » n’est pas toujours présent dans les deux premiers textes, et la
« corne », quand elle existe, est très discrète ; elle est bien visible, en revanche,
dans la plupart des e de l’Epistre a la reine. Dans le Chemin et les cinq premières
parties de la Mutacion, le g se termine par une petite queue anguleuse retournée
vers la dr. ; dans les deux dernières parties de la Mutacion, visiblement copiées
un peu plus tard que ce qui précède, cette queue devient une petite courbe,
toujours retournée vers la dr. Dans l’Epistre, enfin, elle prend l’aspect d’une
longue boucle gracieuse. Il faut également noter qu’on rencontre dans la
Mutacion plusieurs modules d’écriture, les lettres des premières parties variant
entre 2 mm31 et la norme de 3 mm, celles des deux dernières parties pouvant
presque atteindre 4 mm.
Ponctuation : usage restreint de la virgule et du point, avec une nette
préférence pour la virgule dans la poésie et dans les textes en prose (IV, 19 sur
les Juifs dans la Mutacion, l’Epistre a la reine).
Corrections : le ms. ne semble pas avoir été corrigé après sa transcription.
Les quelques corrections que l’on remarque, de la même main et des mêmes
encres que le texte, paraissent faites en cours de copie32.
Rubriques : X ; ajoutées avant la décoration, elles occupent parfaitement
l’espace prévu. Dans la 6e table de la Mutacion, au f. 346r, les numéros entre xij
et xxxj ont été majorés d’une unité. Les rubriques du Chemin n’ont pas été
exécutées ; huit espaces sont prévus33.
Décoration : filigraneur « aux lys courbes ».
Grandes lettrines filigranées : 20 grandes lettrines en tout34. Lettre partie
or / bleu foncé à filigranes rouges et noir bleuté35. La lettre est prolongée en

31 Aux ff. 232 et 326r le module des lettres est particulièrement petit.
32 Vers aj. en m/g au f. 280r, et quelques mots ajoutés en interligne aux ff. 198d l. 20, 355a l. 21, 405a
l. 8 et 419a l. 19. Au f. 284a, la rubrique III, 14 de la Mutacion a été modifiée sur grattage : Ci dist de
ceulz qui estoient marchans devient …qui sont…
33 Avant les vv. 61, 787, 2603, 2707, 4227, 4585, 4921 et 5477.
34 Pour le Chemin de lonc estude : ff. 184a (début du prologue) : T (5) ; 184c (début du texte) : C (4) ;
187c (v. 451) : A (4) ; 190a (v. 787) : A (4) ; 199b (v. 2049) : A (4).
{2} Chantilly, Bibl. du Château, 493 209

bas par des festons à demi-fleurs de lys en bleu foncé et or, qui continuent
jusqu’à la fin de la colonne. Autres festons à demi-fleurs de lys : en bleu foncé
et or, ff. 267r, 346r, 383v, 1re col. de la table des IIIe, VIe et VIIe parties de la
Mutacion.
Petites lettrines filigranées : rouge vif ou bleu foncé sur fond de fioritures
noir bleuté ou rouges, en alternance irrégulière. Elles sont de 2 interlignes dans
le Chemin et dans la Mutacion à partir du f. 326, et de 3 interlignes aux ff. 232v–
325v de la Mutacion36. Jusqu’au f. 345, mais pas systématiquement, un trait
vertical délimite la place à laisser à la lettrine qui doit être exécutée.
Lettres ornées : grandes majuscules décorées de traits ou de dessins
géométriques et relevées de jaune, en tête de colonne. Le Chemin en comporte
une trentaine, la Mutacion à peu près quatre-vingts, celles des deux dernières
parties étant plus simples et moins nombreuses. Les hastes des lettres hautes (b,
h, l, v et parfois d), surtout dans le Chemin, sont relevées de jaune et souvent
ornées de petits traits.
Majuscules rehaussées de jaune : comme dans le Dit de
la pastoure, ajouté à la fin du premier volet du recueil
(Chantilly 492), toutes les lettres en début de col. du Chemin
et de la Mutacion sont rehaussées d’une touche jaune.

F. 184r © Chantilly, Bibl. du Château


Lettrines nues à l’encre rouge : trois dans l’Epistre a la reine.
Pieds-de-mouche : bleu foncé ou rouges préparés par deux traits obliques ;
le bleu domine.
Illustration
[Chemin de lonc estude] Maître « Bleu-jaune-rose ». Les miniatures qui illustrent cet
ouvrage sont dans un cadre d’or bruni cerné de noir.
1. F. 184a (av. prologue), 94 x 79 mm : Remise du livre au roi. Peinture en
grisaille à dominante de lavis bleu et jaune, avec des plages de parchemin en
réserve. Christine, agenouillée à dr., remet un livre rose au roi en houppelande,
entouré de trois courtisans dont un vu de profil porte ceinture de grelots jaunes
et toque noire. Le roi, les pieds posés sur un coussin rosé, porte une couronne
jaune, sous un grand dais bleu frangé de jaune. Le sol est carrelé de jaune et de
gris. Le dessin des drapés en lignes souples avec des plis en virgules rend bien

Pour la Mutacion de Fortune : ff. 232a (début du texte) : C (4) ; 244d (début IIe partie) : I (5) ; 248c
(début II, 6) : D (5) ; 267b (début IIIe table) : C (3) ; 267d (début IIIe partie) : T (4) ; 290c (début
IVe partie) : O (5) ; 304a (début IV, 20, histoire des Juifs en prose) : D (3) [les mss Bruxelles, KBR,
9508 {22}, Chantilly 494 {24}, La Haye, KB, 78 D 42 {23} et ex-Phillipps 207 {25} n’ont qu’une
lettrine de 2 interlignes à cet endroit ; toutefois celle-ci n’aurait pas pu être plus grande dans
Chantilly 494, puisque le chapitre débute à l’avant-dernière ligne] ; 308b (début Ve partie) : A (5) ;
346a (début VIe table) : C (3) ; 346d (début VIe partie) : E (5) ; 383c (début VIIe table) : C (3) ;
385a (début VIIe partie) : E (5) ; 414d (début VII, 44) : E (3) ; 415a (début VII, 45) : I (5) ; 424b
(début VII, 54) : C (2).
35 Le I au f. 244d est complété à l’encre rouge.
36 Sauf aux ff. 253c et 296b, où elles sont respectivement de deux et d’une seule ligne en bas de
colonne.
210 Œuvres

les volumes. Les traits du visage sont resserrés dans une face plus large, avec de
discrets rehauts sur les joues et les lèvres.
2. F. 187b (v. 450), en fin de col., 81 x 83 mm : Christine et la Sibylle. La
Sibylle de Cumes, portant un voile, s’accoude au chevet de Christine, endormie.
Le lit à baldaquin remplit toute la largeur de l’image et montre des détails
comme la tringle, les attaches du baldaquin et la courtepointe. L’image est toute
en grisaille, sauf le sol dallé de lignes jaune foncé, en dégradé du blanc au jaune,
un petit coin de ciel bleu, et les carnations. Le volume est bien rendu.
3. F. 190a (v. 787), 74 x 78 mm : Pégase et
la Fontaine de Sapience. Christine et la Sibylle
dans le coin inf. g. arrivent devant la fontaine
de Sapience dans un paysage jaune, ponctué
de petits arbres d’un dessin rapide au
feuillage en lavis jaunâtre, avec des chemins
qui se rejoignent à un carrefour en patte
d’oie. Au centre, dans une fontaine rose
quadrangulaire d’où coule une eau ondée de
lavis gris-bleu et de traits noirs, se baignent
sept jeunes femmes nues vues en buste.
F. 190a © Chantilly, Bibl. du Château
Pégase s’élance au-dessus dans un ciel bleu en perspective aérienne. Les
vêtements sont en grisaille et les corps à peine teintés.
4. F. 199b (v. 2049), 76 x 82 mm : La cour de Raison au ciel. La cour de Raison
dans le ciel siège sur un grand trône rose maçonné formant plateforme. Raison
a droit à son propre trône. Quatre allégories sont couronnées de jaune ; quatre
moines et une femme sont aussi présents. Tous les personnages sont peints en
grisaille. Au-dessus, un soleil jaune aux rais ondés, et un croissant de lune blanc.
La bande de sol jaune qui fonce vers le fond est délimitée par un trait noir. Le
ciel descendant bas, en lavis bleu, forme des nuages où montent Christine et la
Sibylle.
[Mutacion de Fortune] Toutes les miniatures sont l’œuvre du Maître « Bleu-jaune-
rose », sauf peut-être la première, qui pourrait être soit de lui travaillant en
pleines couleurs, soit d’un autre enlumineur37. Les trois premières sont dans un
cadre d’or bruni doublé de bleu et rose à l’int. Le cadre des quatre dernières est
d’or bruni cerné de noir38.
5. F. 232a (début du prologue), av. rubr., 86 x 74 mm [Album couleurs, n° 5] :
Christine dans son étude. Christine est assise en chaire sur un coussin rose, devant
une table de bois à pupitre et porte latérale dont les ferrures sont dessinées en
blanc. Sur la table sont posés un cahier blanc en cours d’écriture, un encrier
gris-noir et un livre fermé orange vif. Une étagère fixée au fond porte un livre

37 On y remarque le même type de coiffe échancrée et de plis cassés souplement que dans les autres
enluminures.
38 Sans doute une enluminure supplémentaire était-elle prévue avant le chapitre VII, 54 ; celui-ci
commence par une lettrine filigranée (2 ll.) avec feston ; 12 interlignes avaient eté réservés après la
fin de VII, 53. Cet espace a été partiellement comblé par la rubrique Cy finist hystoire de alixandre de
macedoine qui occupe deux lignes de l’espace inemployé.
{2} Chantilly, Bibl. du Château, 493 211

ouvert et un autre, à couverture verte, fermé. Christine est vêtue de rose-bleu


(un mauve) couvrant, ses manches sont bleu sombre et sa coiffe blanche. Les
carnations sont d’un gris-rose verdâtre foncé. Les yeux et la bouche sont
retouchés de noir d’une main malhabile39. Le sol vert carrelé de noir, avec point
ou quarte-feuille noir, fonce vers le fond. Le mur du fond est mosaïqué de bleu
et or bruni, un carré blanc pointé dans chaque carreau bleu. La matière picturale
est écaillée par endroits. Le cadre à g. est jouxté d’un feston de demi-fleurs de
lys.
6. F. 244d (début IIe partie), av. rubr., 105 x 80 mm : L’accueil d’Eur au château
de Fortune. Sur l’eau ondée de bleu à rouleaux voguent trois nefs gris foncé. Tout
en alimentant les douves, l’eau rejoint le ciel traité en perspective aérienne. Elle
est enjambée par une arche. Le sol est jaune, le château d’architecture rose et
quelques murs gris. Les personnages sont vêtus en grisaille, les carnations
légèrement rosées. Fortune trône au centre, avec sceptre et couronne jaunes. Le
petit Heur, aussi couronné de jaune, accueille l’arrivant depuis un pont.
7. F. 248c (début II, 6), apr. rubr. (qui se trouve en f. 248b), 80 x 82 mm :
Fortune, Heur et Meseur. Fortune entre Heur à dr. et Meseur à g. Au centre,
Fortune est debout sur une roue. Sa moitié g. en gris foncé portant une demi-
couronne grise, tient en main une grande flèche empennée d’orangé, pointée
vers la dr. ; des flammes orangé-rouge à son pied. Sa moitié dr. en blanc portant
une demi-couronne jaune, tient en main une autre couronne jaune ; de l’eau à
son pied. À dr. Heur, vêtu d’une houppelande et d’un élégant couvre-chef
drapé et fourré, un collier à boules jaunes autour du cou, tient à deux mains une
couronne de feuillage jaune. À g., Meseur (rehauts orangés sur les lèvres) en
tunique courte de manant, avec capuchon, bourse au côté et souliers, tient à
deux mains un gourdin et se détourne vers la g. L’architecture en diaphragme
sur des colonnes rosées fait l’effet d’une loggia pour statues. Le fond est bleuté
et la voûte d’un bleu plus clair. Le sol est jaune.
8. F. 267d (début IIIe partie), entre rubr. lim. et rubr. III, 1, 78 x 80 mm :
L’intérieur du chastel : le plus hault siège. Deux moines sont assis au centre et huit
autres sur des sièges ou tabourets tout autour, ceux du premier plan, de plus
petit module, sont vus de dos ou de profil. L’architecture rose et bleue à clefs
pendantes s’ouvre en diaphragme. Le fond est rose, le sol jaune, et des coins de
ciel bleu.
9. F. 290c (début IVe partie), apr. rubr. (la rubr. lim. est en f. 290b ; le 1er
chapitre est dépourvu de rubr.), 92 x 82 mm : Les peintures de la salle de Fortune.
Dans une architecture rose ouverte en loggia, surmontée d’un toit à lucarnes
d’un bleu plus clair que le ciel, s’ouvre une porte sur le côté, peinte en brun à
ferrures noires. Le dallage est vert et brun, un bout de sol jaune au premier
plan. La salle ainsi définie est vide de toute présence humaine. Le mur du fond
est peint de trois registres en frises, en grisaille sur fond blanc et bande de sol
jaune. En bas, trônent six personnages dont un pape (?), avec un autre
personnage agenouillé. Au milieu, des scènes de combat : à g., un piéton devant
une ville est chargé par un cavalier ; à dr. une mêlée de cavaliers. En haut, une

39 Même phénomène dans quelques enluminures de Chantilly 492 ; v. notice {1}.


212 Œuvres

tente est gardée par des hommes en armes entre un édicule et une colline à g.,
une forêt à dr. L’image empiète sur les filigranes de la lettrine40.
10. F. 308b (début Ve partie), apr. rubr. V, 1 (f. 308a), 95 x 79 mm :
Siège. Une muraille rose à tours rectangulaires, toits à croisillons rouges du type
dit « bourguignon » dont dépassent des tours, des pignons de maisons, un
clocher avec un coq en grisaille, et un donjon percé d’une loggia avec une
rampe montant en biais sur trois niveaux, façon tour de Babel. Au premier plan,
des piétons défendent une porte de la ville. Un combat de cavaliers en grisaille
est rendu avec vivacité. Le ciel est en perspective aérienne. Le sol jaune monte
haut vers la dr.
11. F. 346c (début VIe partie), entre rubr. lim. et rubr. VI, 1, 70 x 83 mm :
Débuts du royaume d’Amazonie. Autre siège de ville, cette fois par la mer. Le sol est
toujours jaune, la ville en rose et gris, les casques bleutés, le ciel en perspective
aérienne. La place laissée pour l’image n’ayant pas été entièrement exploitée,
celle-ci paraît trop petite.
BIBLIOGRAPHIE
Bulletin Morgand nov. 1888, nº 15958. C de P, Chemin 2000, p. 61 ; C de P, Mutacion 1959-1966, 1,
pp. cxxvii-cxxix ; Cat. Chantilly, 2, pp. 84-88 ; Laidlaw 1990 ; Meiss 1974, 1, pp. 291-292 ; Meiss
1967, 1, p. 356 ; Mombello 1967, pp. 106 ; Stirnemann et Villela-Petit 2004, pp. 17, 65-66, 84 ;
Vergne 1995, p. 222.

COMMENTAIRE
Les trois ouvrages qui forment ce recueil ont été copiés en quatre temps. La
Mutacion de Fortune commence un nouveau cahier après le Chemin de lonc estude,
dont le dernier f. est dépourvu de réclame. L’écriture au début de la Mutacion
(f. 232) est d’un module plus petit, qui est abandonné dès la quatrième colonne
du premier f. Les VIe et VIIe parties de cet ouvrage sont réglées à la mine
brunâtre (et non à la mine de plomb utilisée jusqu’alors) et comportent en
moyenne une ligne de plus d’écriture. L’encre utilisée pour ces deux parties est
beaucoup plus foncée, et l’encre rouge employée pour les rubriques plus vive.
Dans le Chemin et la Mutacion, toutes les majuscules initiales sont relevées de
jaune et plusieurs autres lettres en tête de colonne sont ornées de dessins et
rehaussées de jaune ou parfois de brun dans la Mutacion. La décoration des
lettres est relativement plus fréquente dans le Chemin. L’Epistre a la reine est
écrite en cursive assez hâtive41, et comporte deux interlignes de moins que les
textes qui précédent. La décoration de l’Epistre est, d’ailleurs, différente de celle
des deux œuvres qui précèdent : trois grandes initiales rouges, sans doute de la
main du texte.

40 L’image est partiellement endommagée par des frottements.


41 La même utilisée à la fin du premier tome (Chntilly 492) pour le Dit de la pastoure.
F. 1r © Paris, BnF
{3} Paris, BnF, fr. 12779
[Œuvres]
Le livre de Cristine1

TABLE SOMMAIRE
Ouvrage Feuillets Détail
[Cent balades] 1a-21d 100 ballades, toutes num.
Virelays plusieurs 21[bis]a-24c 16 virelais, dont 1-13 num.
[Balade retrograde] 24c-d poème en entier
[Balade a rimes reprises] 24d-25a poème en entier
[Balade a responses] 25a-b poème en entier
[Autres balades] 25b-32d 29 ballades : AB 1, 3, 2, 4-7,
9-20, 22,
[Balade a vers a responces]2, AB
23, 24, 27-31, 33
[Complainte amoureuse] 33a-34d ouvrage en entier
[Lay leonime] 37a 18 derniers vers
[Lay] 37a-39a ouvrage en entier
[Rondiaulx] 39b-44d 60 rondeaux (1-58, 60-61)
[Rondiaulx] 45a-b 5 rondeaux (65-69)
[Gieux a vendre] 45c-48d 67 jeux : 1, 3, 2, 4-67 (4
premiers v.3 )
Debat des deux amans 50a-65b v. 51-fin
[Epistre au dieu d’Amours] 65c-71d ouvrage en entier
Dit de la rose 72a-77a ouvrage en entier
Dit des iij. jugemens 77c-89c ouvrage en entier
Dit de Poyssy 90a-106b ouvrage en entier
Epistre Othea 106c-141b Prologue à Louis d’Orléans
(amputé) ; texte
incomplet (manquent le 1er
texte et le début de la 1re glose,
fin 3e glose-rubr. allég. 13)
Epistres Rom. de la Rose 141c-149a premier dossier4
Diz moraulx 149c-153d 112 enseignemens : (éd. Roy) 1,
2, 4, 3, 5-7, var. 85, 9, 11-14,
16-27, 29, 31, 28, 33, 30, 32,
34-48, 15, 49-53, var. 546, 55-

1 Titre donné dans l’explicit au f. 166c. V. Laidlaw 1987.


2 Le poème est sans titre dans ce ms. ; le titre paraîtra pour la première fois dans le ms. BnF, fr. 835,
où cette ballade changera de place pour constituer la 4e Balade d’estrange façon.
3 La fin du Jeu 67 et les trois derniers Jeux étaient sans doute sur les ff. enlevés, comme le ms.
Chantilly 492 {1} présente 70 Jeux a vendre.
4 C de P, Débat sur le Roman de la Rose 1977, pp. lxx-lxxvi.
5 C de P, Œuvres poétiques 1886-1896, 3, p. 28.
6 Ibidem, p. 35.
216 Œuvres

64, var. 657, 66-88, 90, 89, 91-


7, 111, 98-110, 112, 113.
Oroison de Nostre Dame 154a-155d ouvrage en entier
.XV. Joyes de Nostre Dame 156a-c ouvrage en entier
[Oroison Nostre Seigneur] (deux ff. enlevés entre 156 et
157, dont il subsiste des
talons)
Dit de la pastoure 157d-174d ouvrage en entier

CONTENU
Ff. 1a-21d [Cent balades] « Aucunes gens me prient que Je face // Aucuns beaulx diz et que Je leur
envoye .j. …–… Non pour tant derrenie(re)me(n)t // En escrit y ay mis mon nom. Explic(it) .C.
Balades ».
Ff. 21[bis]a-24c « Virelays .J. Je chante par couverture // Mais mieulx pleurassent my oeil …–…
Pour leurs estas/ mais a quoy que l’en tende // On doit &c(etera) ».
F. 24c-d [Balade retrograde]8 « Doulçour bonté gentillesce // Noblesce beauté grant honnour …–
… Vueil dire a vous treslouable // Acqueil bel et agreable ».
Ff. 24d-25a [Balade a rimes reprises]9 « Flour de beauté en valour souv(er)ain // Raim de bonté
plante de toute grace …−… Lire a doulz son afin que je le prenge // Renge mon cuer qui fors
vous ne desire ».
F. 25a-b [Balade a responses]10 « Mon doulz amy. ma chiere dame // S’acoute a moy.
tresvoulant(ier)s …−… Paine y mettray. C’est le devoir // Voire aux loyaux. Tu as dit voir ».
Ff. 25b-32d [Autres balades] « Assez acquiert tresor & sengnourie // Tresnoble avoir & gra(n)t
richesce amasse …–… A du tout en vo demaine // D’entrep(re)ndre armes & paine ».
Ff. 33a-34d [Complainte amoureuse] « Doulce dame veuillez oïr la plainte // de ma clamour/ car
pensee destr(ai)nte …–… A vo beau corps / et puis a l’ame app(re)ste // Legiere amende
Explicit &c(etera) ».
[Ff. 35 et 36 enlevés, aucun talon ne subsiste]
F. 37a [18 derniers vers du Lay leonime] « y a qui charge // d’avoir fausse et fainte cointise …–…
Pugnist humaine faiture / En l’orde valee umbreuse ».
Ff. 37a-39a [Lay]11 « Si je ne finoye de dire / ne d’escrire …–… Et vous serez surhaussez // Sur
tous bons sans contredire. Explicit ».
Ff. 39b-44d [Rondeaux]12 « Com turtre suis sans per13 toute seulete // Et com brebis sans pastour
esgaree …–… Que je seray comme vous a tout dire // S’il vous souffist Explicit ».
f. 45a-b [Rondeaux] « S’ainsi me dure // Ne puis durer …–… Plaist // dieux Explicit. &c(etera) ».
7 Ibidem, p. 37.
8 Titre de cette ballade dans Chantilly 492 {1} ; ici, l’espace réservé pour la rubrique est demeuré
blanc.
9 Ibidem.
10 Ibidem.
11 L’espace réservé à la rubrique a été laissé en blanc. La préparation de rubrique lay, de la main du
texte, est visible en m/p.
12 Il reste 8 interlignes à la fin de la première col., et un interligne au début de la 2e, pour mettre une
rubrique, mais aucune n’a été mise. Une préparation de rubrique cursive rognée (Ro) est visible en
m/g.
13 Jeanne de Laval, 2e épouse de René d’Anjou, s’est peut-être inspirée de ce rondeau pour le choix de
sa devise : un couple de tourterelles et le mot « per non per ». V. sa médaille de 1461 par Francesco
Laurana, ms. Saint-Pétersbourg, BNR, Fr. F V III 2, f. 10v.
{3} Paris, BnF, fr. 12779 217

Ff. 45c-48d [Jeux a vendre, incomplet] « Je vous vens la passe Rose // Belle dire ne vous ose …–
… Quant vous me faictes bonne chiere // Ma gracieuse dame chiere ».
[f. 49 enlevé, aucun talon n’en reste]
Ff. 50a-65b [Debat de deux amans, incomplet]14 « Un grant debat dont J’oÿ fort tencier // A deux
amans …–… S’il le cerche trouver le puet enté // En tous les lieux ou est (crest)ienté Explicit le
debat des deux amans ».
Ff. 65c-71d [Epistre au dieu d’Amours] « Cupido par la grace de lui // dieu des amans sans aide de
nullui …–… Et d’autres dieux no conseilllier // Et deesses plus d’un millier // Cupido le dieu
d’amours // Cui amans font leurs clamours Explicit. ».
Ff. 72a-77a [Le dit de la rose] « A Tous les princes amoureux // Et aux nobles chevalereux …–…
Se il disoit avec un yne // Il sauroit le nom bel & digne Explicit le dit de la Rose/ ».
Ff. 77c-89c [Le livre des .iij. jugemens] « Bon seneschal de hainaut preux et saige.15 // Vaillant en fais
et gentil en lignaige. …–… Que vous ottroit Joye p(ar)faitte & fine // Pry Jhesucrist qui ne fault
ne ne fine Explicit le dit des iij. Jugemens. ».
Ff. 90a-106b [Dit de Poissy] « Bon chevalier vaillant plain de savoir.16 // puis qu’il vous plaist a de
mes diz avoir. …–… Vrays fins amans loyaux & non faintis // Que vraye amour tient subgiez &
creintis .Explicit le Dit de Poyssy. ».
F. 106c-d [Epistre Othea] « Prologue [incomplet] Treshaulte flour par le monde louee /17 // A tous
plaisant Et de dieu advouee …–… Mon redoubté seigneur humain & saige // Pour le despris de
m’ignorant p(er)sonne18 ».
[un f. enlevé entre les ff. 106 et 107, talon visible ; 5 ff. enlevés entre les ff. 108 et 109, aucun
talon visible.]
Ff. 107a-141b [Epistre Othea, incomplet] « eussent prerogative d’aucune grace pluseurs dames
saiges qui furent en leur temps appellerent deesses …19–… Ad ce propos dit le saige. Auris bona
audiet cum omni concupiscencia sapienciam. Ecclesiastici. .iij.o C(apitulo). Explicit20
l’Epistre Othea. ».
Ff. 141c-149a « Cy commencent les epistres du debat sus le Ro(m)mant de la Rose entre
notables personnes maistre gontier col, general conseillier du roy. Maistre Jehan
Johannez p(re)vost de lisle. et (crist)ine de pizan la premiere epistre A la Royne de france.
A Tresexcellent / treshaulte & tresredoubtee princesse …–… & gens de honneste & salvable vie.
La tienne (crist)ine de pizan Explic(it) les epistres sus le Rommant de la Rose ».
Ff. 149c-153d « Cy commencent les notables moraulx de (crist)ine de pizan / a son filz /.
Filz je n’ay mie gra(n)t tresor // pour t’enrichir pour ce tres or …–… Car biens mondains vont a
deffin // Et l’ame durera sans fin. Explic(it) les diz moraulx /. ».

14 Les cinquante premiers vers manquent à la suite du découpage de l’enluminure.


15 Ce point et le suivant s’expliquent par le fait que chaque vers est écrit sur 2 lignes, en raison de la
largeur de la lettrine.
16 Voir note précédente.
17 Comme ce vers occupe deux lignes du fait de l’espace pris par la lettrine, la virgule est peut-être
utilisée pour marquer la fin du vers.
18 Il manque les 21 derniers vers.
19 Il manque le premier texte et le début de la première glose en raison du f. enlevé entre les ff. 106 et
107, qui contenait sans doute l’enluminure d’Othea présentant son épître à Hector, et la fin de la 3e
glose-rubrique 13e allégorie entre les ff. 108 et 109, en raison de l’enlèvement de 5 ff., qui ont dû
contenir deux enluminures : Minos juge et Persée et Andromède.
20 Le E de l’explicit, une grande lettre cadelée, est décorée de rouge, v. image dans « Décoration ».
218 Œuvres

Ff. 154a-155d « Cy commence une oroison de n(ost)re dame O vierge pure Incomparable //
plaine de grace inextimable/…–… A ceulx qui ont pechié remis // Nous ottroit & grace pleniere
Amen. »21.
Ff. 156a-c « Cy commencent les xv. Joyes de nostre dame Rimees. Glorieuse dame Je te
salue // Treshumbleme(n)t d’icelles .xv. Joyes …–… Que ou ciel montas. de pechié la Racine //
Ostes de moy et met devocion Amen. Explicit le Livre de (crist)ine. Deo gracias »22.
[Deux talons entre les ff. 156 et 157 témoignent du découpage de l’Oroison Nostre Seigneur.]
Ff. 157a-174d [Dit de la pastoure]23 « Moy de saigesse pou duite // Ja par mainteffoiz deduite …–
… De vivre / c’est la pasture // Sans qui de vivre n’ay cure/ ».

HISTOIRE
Date : sans doute 1402 pour la majeure partie du manuscrit, 1403 pour le Dit de
la pastoure, daté de mai 1403, qui est ajouté au codex. Le dossier du débat de la
Rose est identique dans ce ms. à celui contenu dans Chantilly 492 {1}, achevé le
23 juin 1402, qui, bien entendu, ne comporte pas la lettre adressée par Christine
à Pierre Col le 2 octobre 140224. De même, comme dans Chantilly 492, on ne
trouve pas dans les Autres balades les textes postérieurs à 1402 : l’éloge de la cour
de Bourgogne rédigé en 1403 (n° 38) et la lamentation sur la mort de Philippe le
Hardi, survenue le 27 avril 1404 (n° 42)25.
Possesseurs : Hagar (?) dont signature et devise (?) (XVe) Y doth myer (?), écrites
à la sanguine en grandes lettres brisées, remplissent toute la colonne du f. 77b.
Lacurne de Sainte-Palaye26 ; le Cabinet des Chartes (vers 1763)27 ; le marquis de
Paulmy (?)28 ; G.-J. Mouchet, qui collabora avec Lacurne de Sainte-Palaye au
21 Chaque strophe, sauf la dernière, se termine par Ave Maria en rouge.
22 Ibidem.
23 Deux interlignes ont été laissés pour la rubrique, qui n’a pas été exécutée.
24 La lettre est incluse pour la première fois dans le ms. Paris, BnF, fr. 835.
25 Il faudrait signaler que, dans le cas des Cent balades (CB) et du Dit de la pastoure (DP) au moins, les
variantes (dont l’édition Roy des Œuvres poétiques [OP] ne donne pas la totalité) indiquent que ce
manuscrit est un peu plus proche des recueils plus tardifs, BnF, fr. 835 et Londres, BL, Harley
MS 4431 que n’est le ms. de Chantilly. Citons à titre d’exemple : CB 5, v. 10 : Chantilly 492 trop
dure / BnF, fr. 12779 molt dure (OP 1, p. 6 molt dure) ; CB 15, v. 9 : Chantilly 492 faible / BnF,
fr. 12779 foiblet (OP 1, p. 16 foiblet) ; CB 24, v. 10 : Chantilly 492 Est longuement / BnF, fr. 12779 S’est
longuement (OP 1, p. 25 S’est longuement) ; CB 29, v. 3 : Chantilly 492 joyeusement (corr. de gayement) /
BnF, fr. 12779 gayement (OP 1, p. 30 gaiement) ; CB 40, v. 6 : Chantilly 492 Que tu ne scez nullui si
cherement avoir / BnF, fr. 12779 Que tu ne sces nulli si chier avoir (OP 1, p. 41 Que tu ne sces nullui si chier
avoir) ; CB 63, v. 20 : Chantilly 492 Qui tu esprans de tel brandon / BnF, fr. 12779 Qui tu esprans de ton
brandon (OP 1, p. 65 Qui tu esprens de ton brandon) ; DP, v. 2131 : Chantilly 492 O plour / BnF,
fr. 12779 En plour (OP 2, p. 289 En plour) ; DP, v. 2142 : Chantilly 492 Est de moy / BnF, fr. 12779
Yert de moy (OP 2, p. 290 Ert de moy) ; DP, v. 2224 : Chantilly 492 mon cuer passé / BnF, fr. 12779 mon
cuer lassé (OP 2, p. 292 mon cuer lassé).
26 Au f. 1 du ms. Arsenal 3295, qui est une copie que Lacurne de Sainte-Palaye fit faire de celui-ci, on
lit la note suivante : « Copie d’un MS. qui m’appartient, contenant les Poësies de Christine de
Pisan. Ce MS. est sur velin a 2 col. d’une écriture du 14e siecle ». V. Omont et Couderc, 2, p. 590.
27 Ce dépôt de documents portant sur la législation et l’histoire de France, fondé en 1759, fut dirigé
par l’historiographe J.-N. Moreau. Omont et Couderc, 2, p. 590 donnent comme provenance du
ms. BnF, fr. 12779 la « Bibliothèque de la Chancellerie » à laquelle le « Cabinet des Chartes » fut
rattaché en 1788 ; cette bibliothèque fut à son tour incorporée à celle du roi en 1790. V. aussi
Delisle, Cab., 1, pp. 557-575 et Omont, Inv. Moreau, pp. v-xiii et 153-226.
28 V. BnF, Moreau 1436, f. 22 : Christine de Pisan manuscrit sur velin. Pour la date de l’échange que Sainte
Palaye aurait fait avec Paulmy (1780-1781), v. Delisle, Cab., 1, p. 571 et Omont, Inv. Moreau,
{3} Paris, BnF, fr. 12779 219

Glossaire de l’ancien langage françois29. Le manuscrit fut acquis


par la Bibliothèque impériale ou royale après la mort de
Mouchet, survenue en 1807 ; au f. 1r, cote « Mouchet n° 6 »
et aux ff. 1r et 174v, estampille type 21 bis, datée d’entre
1815 et 183030. Il fut ultérieurement extrait de la collection
Mouchet et réuni au fonds Supplément français ; cote S-F
6259 au f. 1r31.

F. 77b © Paris, BnF


Ajouts plus tardifs : il y en a de diverses époques32.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (326 x 251 mm) : (III, papier) + 172 + (III, papier)33.
Parchemin épais, pelucheux et jauni partout, avec trous de ver au début (ff. 1-
6), quelques autres petits trous34 et quelques réparations d’origine35 ; de
nombreux feuillets ont été réparés ultérieurement à l’aide de mouches de
parchemin mal assorties, en général plus claires36, et les ff. 104-106, qui avaient
été endommagés sans doute lors de l’enlèvement d’un f. entre les ff. 106 et 107,
ont été partiellement recollés. La règle du vis-à-vis est respectée37.
pp. 216-218. On peut toutefois se demander si le manuscrit échangé, plutôt que le BnF, fr. 12779,
n’aurait pas été Paris, Arsenal, ms. 3295, une copie exécutée pour Lacurne de Sainte-Palaye. C’est
ce manuscrit-ci qui, selon Henri Omont, correspondrait à la description de l’inventaire citée plus
haut. Signalons toutefois que le ms. Arsenal, 3295 est sur papier. Voir Omont, Inv. Moreau, p. 219.
29 Sur l’histoire de la bibliothèque de Lacurne de Sainte-Palaye, v. Delisle, Cab., 1, pp. 558, 571-573 et
2, p. 282. En 1763, Lacurne de Sainte-Palaye vendit sa collection au « Cabinet des Chartes » du roi
en échange d’une rente viagère pour lui et son frère jumeau, les frais d’impression du Glossaire et
200 exemplaires de ce même ouvrage ; v. BnF, Moreau 1436, ff. 12-5 et Omont, Inv. Moreau,
p. 207.
30 Cat. gén. mss lat. 8823-8921, p. XXI.
31 BnF, nafr. 5521, f. 296 n° 6529 ; v. Mombello 1967, pp. 66-68.
32 Au f. 1r : .xii.c .iiij. xx x., mais peut-être de la même main qui a fait la première foliotation. Ce
numéro étant trop élevé pour correspondre à un numéro d’inventaire, sa présence nous reste
inexplicable. Au f. 1b, dernière ligne barrée d’une ligne ondulée : Dompterent ceulx d’auffrique en leur
regné (CB II, v. 14). Essais de plume au f. 89v. Aux ff. 120v-121r, quelques inscriptions fantaisistes
et des essais de plume d’un lecteur du XVIe s. : initiales NLNZ, puis « Le plus grant de mes dezirs
// C’est d’acomplir mes plezirs » et « Celle seule ou gist mon esperance // En elle a jamay sera ma
fyansse ». Au f. 130r, un lecteur a essayé d’imiter l’écriture du texte en traçant le mot benefices. Essais
de plume aux ff. 48v et 91v et, au f. 2r, m/q, 762, au crayon. Au f. 152v, en marge de l’Enseignement
moral 76, inscription cursive nocta en marge, sans doute d’un lecteur de la fin du XVe. Enfin, le
parchemin a été réparé plus tard, sans doute lors de la reliure.
33 Contregardes en papier moderne.
34 Ff. 13, 17, 20, 43, 61, 82.
35 F. 43 : pièce et couture (fil disparu).
36 Ff. 1-14, qui accusent 2-3 petites lisières chacun, ff. 43, 81, 82, 85, 88, 90, 101, 104, 106, 132, 171,
174.
37 À l’exception des ff. 48 et 50 qui se suivent (et qui ont la même disposition c/p) en raison de la
disparition du f. 49.
220 Œuvres

Encres : brune, ff. 1a-25d et 157a-174d ; brun foncé, ff. 26a-156d, encre des
rubriques rouge vif partout38.
Préparation
Piqûres : de 4 à 8 piqûres subsistent à chaque page. Faites à l’aide de divers
instruments, elles sont souvent rondes et plus ou moins fines, plus rarement
triangulaires. La réglure s’écarte fréquemment de la piqûre d’un ou deux mm.
Réglure : à la mine de plomb qui laisse de fines traces grises.
Mise en page
Pour les textes en vers39 (f. 5r) : 326 x 253 mm = 37 + <215> + 74 x
25 + <6,5> + <73> + 25 + <5,5> + <74> + 44 mm. Justification 215 x 184
mm ; 2 cols, 32 interlignes, écriture commence sous la première LR.
Pour le Dit de la pastoure (texte en vers ajouté) (f. 161r) : 327 x 254 mm =
41 + <211,5> + 74,5 x 22 + <6,5> + <71,5> + 24 + <7>+ <75> + 48 mm.
Justification 211,5 x 184 mm ; 2 cols, 32 interlignes, l’écriture commence sous 1
première LR.
Pour les textes en prose (f. 110r) : 326 x 263 mm = 36 + <215> + 75 x
29 + <80> + 21 + <83> + 50 mm. Justification 215 x 184 mm ; 2 cols, 32
interlignes, l’écriture commençant sous la première LR.
Textuellement, la mise en page est très similaire à celle de Chantilly 492
{1}, la majorité des folios se terminant au même endroit.
Organisation
Ce volume est amputé de onze folios : 35-36, 49, 1 f. entre les ff. 106 et 107
(talon visible), 5 ff. entre les ff. 108 et 109, et 2 ff. entre les ff. 156-157 (talons
visibles). Les ff. 105 et 106 ont été fortement entaillés et recollés.

38 Au f. 132b, la rubrique Texte a été écrite à l’encre brune, puis repassée en rouge.
39 Seuls les ff. 106v-108v de l’Epistre Othea sont réglés selon ce modèle ; 4 des 5 ff. ainsi réglés
contiennent de longs textes en vers. Les autres folios de cet ouvrage, qui contiennent tous de
courts textes (4 vers), sont réglés selon le modèle « prose ».
{3} Paris, BnF, fr. 12779 221

Cahier Feuillets Signature Cahier Feuillets Signature


12 1-2 ij.♥ 148 96-103
26 3-8 A♠ 155(8-3) 104-108♣
38 9-16 166(8-2) 109-114
48 17-21, 178 115-122
21[bis], 22-
23
58 24-31 v (?) 188 123-130
66(8-2) 32-34, 37- 198 131-138
39
78 40-47 208 139-146
87(8-1) 48, 50-55 218 147-154
98 56-63 222(4-2) 155-156
108 64-71 J♦ 238 157-164
118 72-79 248 165-172
128 80-87 252 173-174
138 88-95
Signatures : traces de trois séries de signatures : (1) chiffre romain tracé à
l’encre rouge (f. 2r) ; (2) lettre à l’encre rouge (ff. 3r, 4r) ; (3) lettre + chiffre
arabe à l’encre brune (ff. 64r-67r).
Réclames : de la main du texte, commençant vers la fin de la 2e colonne et
continuant souvent jusqu’en m/p. Plusieurs sont soulignées et ornées de petits
jeux de plume ; la première lettre de la réclame du f. 154v est rehaussée de
rouge. Les ff. 108v et 156v sont dépourvus de réclame. Aucune divergence de
graphie à signaler entre réclames et texte.
Foliotation : deux foliotations en chiffres romains40. Le premier feuillet de
chaque cahier, à partir du deuxième, a été numéroté en chiffres arabes au
XIXe s. lors de la reliure41.

Cette signature, tracée à l’encre rouge, se trouve au seul f. 2r.

A.j. à l’encre rouge au f. 3r et trace d’une signature en rouge au f. 4.

Il reste un talon entre les ff. 106 et 107, vestige d’un f. qui a dû contenir une enluminure illustrant
le premier texte de l’Epistre.
Les ff. 155 et 156 sont indépendants.

Les signatures subsistantes, écrites aux ff. 64-67 à l’encre brun clair, sans doute de la main du texte,
sont la majuscule J suivie d’un chiffre arabe de 1 à 4 (le 4 prenant la forme médiévale d’une
boucle).
40 La première, sans doute du XVe s. et en place avant la perte des ff. 35-36 et 49, va jusqu’au f. 106 ;
le n° 21 est répété, le f. 67 est numéroté lvij, le f. 74 est numéroté deux fois de deux mains
différentes. Datable, semble-t-il, du XVIIIe s., mais antérieure à la disparition de cinq folios des
cahiers 15 et 16, la deuxième foliotation va du f. 107 au f. 174. Elle complète aussi la foliotation
précédente pour certains folios non numérotés ou dont le numéro était peut-être effacé (ff. 4-5, 17,
48, 50, 78 et 80). La foliotation se présente donc comme suit : 1-21, 21[bis], 22-34, 37-48, 50-66, 57,
68-174. Au f. 89v, la main responsable de la première foliotation aurait inscrit « xvi » à côté de
l’explicit du Livre des .iij. jugemens ; cet ouvrage est le 16e dans le recueil.
41 Le numéro 13 est utilisé deux fois aux ff. 96r et 104r, et le numéro 15 est omis.
222 Œuvres

Travail d’écriture
Texte : Main X, donnant libre cours à son exubérance42.
Style : cursive livresque assez rapide43. Le e cornu est partout présent, et
le point sur les i ressemble à un tilde ; le s final en forme de 6 apparaît souvent
en fin de ligne. Travail visiblement hâtif : beaucoup de rubriques non exécutées,
nombreuses fautes d’inattention44.
Ponctuation : virgule et, assez rarement, point45.
Corrections : peu nombreuses, faites par X sur grattage.
Rubriques
Préparation : de la main du texte (X) et de la même encre, tantôt en
minuscule assez soignée, tantôt en cursive plus ou moins hâtive46.
Exécution : rubriques : X ; seuls sont précédés d’une rubrique de titre
les Virelays47, les Epistres sur le Roman de la Rose, les Enseignemens moraux, l’Oroison
Nostre Dame et les .XV. joyes Nostre Dame48.
Décoration : filigraneur « aux lys losangés ».
42 Plusieurs lettres occupent presque toute la marge sup. ou deux interlignes en bas de page ;
certaines sont cadelées (ff. 5c, 65b, 66c, 97a…). Dans les textes en vers, la majuscule initiale est
toujours appuyée sur la première ligne verticale de la réglure de chaque colonne et la lettre suivante
sur la seconde ligne verticale suivante. De la même encre brune que le texte, donc très
probablement à la même époque et de la même main, une croix, dont on voit mal la signification, a
été tracée dans l’entrecolonne des ff. 24v, 26r, 27r, 29r, 30v, 31r, 130r, en m/g ff. 30v, 52r, 118r, et
entre deux Jeux a vendre au f. 45c. Au f. 107r, m/t, croix à l’encre noire.
43 L’écriture des derniers ff. (172c-174d) est plus droite, plus contrôlée, et de plus petit module.
44 Par exemple, au f. 12a, Balade 29 v. 11: retnir ; f. 9b, Bal. 49, v. 5 : avoir au lieu de voir ; f. 10c, Bal. 46,
v. 3, je au lieu de j’ay ; f. 45b, rondeau 69 : Di pour Dieux. Au f. 14d, un L filigrané mis par erreur
au lieu d’un S au début de la balade 64 a été laissé en place sans même une préparation de
correction ; même phénomène, mais cette fois avec préparation de correction, au f. 43b.
45 L’usage le plus important du point se trouve dans la Balade a responses (f. 25a-b), où il signale, mais
pas systématiquement, les changements d’interlocuteur. Le point est aussi utilisé pour marquer la
fin d’un vers qui est écrit sur deux lignes à cause de la place occupée par la lettrine ; voir f. 77c, 90a.
46 F. 37r, m/p : lay ; f. 39r, m/g : Ron ; f. 73r, m/p : balade (2 ex.) ; f. 73v, m/p : Rondel (rubr. non
exécutée) ; f. 107r, m/g : Prologue [a] allegor[ie] ; f. 162r, m/g : b(er)g(er)e[te] ; f. 170v, fin de la 2e
colonne : bal[ade] ; f. 172r, m/p : balade. Tout au long de l’Epistre Othea, les lettres t, g et a ou A (et
au f. 108r en m/p aleg(orie) signalent les rubriques texte, glose et allegorie). Des signes d’attente en
chiffres arabes, de petit module, sont visibles surtout en m/p, mais aussi en m/g, pour les Cent
balades, Virelays, Autres balades, Rondeaux (premier groupe de 60), Jeux a vendre (quelques numéros
visibles seulement) et Epistre Othea. Les éléments des Cent balades, Virelays (1-13) et Othea sont
numérotés en rubrique, mais les Autres balades, Rondeaux et Jeux a vendre ne le sont pas.
47 Les treize premiers sont précédés d’un chiffre romain en rouge inscrit au-dessus, le plus souvent à
côté du refrain précédent ; les trois derniers ne présentent pas de chiffre ; petit chiffre d’attente 16
visible en m/g f. 24r.
48 Un emplacement était prévu pour une rubrique au début de chacune des trois premières Balades de
plusieurs façons (ff. 24c, d, 25a, trois lignes), des Autres balades (f. 26b, deux lignes), de la Complainte
amoureuse [I] (f. 33a, une ligne), du premier et plus grand groupe de Rondeaux (f. 39b, une ligne), des
Jeux a vendre (f. 45c, une ligne) et de l’Epistre au dieu d’Amours (f. 65c, une ligne). Chacune des Cent
balades est introduite par un chiffre romain ; au f. 3c, la ballade XII est précédée de la rubrique
Balades de personnages .xij. Les Virelays portent une rubrique numérique de .j. à .xiij. ; les trois derniers
virelays ne sont pas numérotés, mais un numéro d’attente (16) est inscrit en marge pour le dernier
(f. 24r). Les Autres balades, auxquelles sont incorporés la 4e Balade d’estrange façon et le premier
groupe de Rondeaux (ff. 39b-44d), ne portent pas de rubrique numérique, mais plusieurs chiffres
arabes d’attente se voient dans les marges : les derniers poèmes de chaque ensemble devaient être
numérotés, respectivement, 29 et 60.
{3} Paris, BnF, fr. 12779 223

Grandes lettrines filigranées : lettre partie or / bleu foncé à filigranes


rouges et noir bleuté. La lettre est prolongée en bas par des festons en J bleu
foncé et or (3 premières, 5e 7e, 8e, 9e lettres) ou des festons à demi-fleurs de lys
des mêmes couleurs (4e, 6e, 10e, 11e lettres)49. Onze grandes lettres en tout50.
Dans deux cas, le décor de la lettre se prolonge en haut pour former une
bordure à l’enluminure51.

F. 10r et 72r © Paris, BnF


Petites lettrines filigranées (2) rouge vif ou bleu foncé sur fond de
fioritures noir bleuté ou rouges, en alternance presque toujours régulière52.
L’emplacement de la majorité d’entre elles est indiqué par un trait à l’encre
brune.
Lettres cadelées : ff. 5c, 15d, 20a, 37d, 65b, 66c, 97a, 109c, 141b53.

F. 141b © Paris, BnF

49 Muzerelle, Vocab. Cod., type fig. 228c.


50 [1] f. 1a (début des Cent balades) : A (6) ; [2] f. 65c (début de l’Epistre au dieu d’Amours) : C (4) ; [3]
f. 72a (début du Dit de la rose) : A (6) ; [4] f. 77c (début du Livre des .iij. jugemens) : B (6) ; [5] f. 90a,
début du Dit de Poissy : B (6) ; [6] f. 106c (début de l’Epistre Othea) : T (6) ; [7] f. 149c (début des Diz
moraulx) : F (4) ; [8] f. 154a (début de l’Oroison Nostre Dame) : O (4) ; [9] f. 156a (début des .XV. joyes
Nostre Dame) : G (4) ; [10] f. 157a (début du prologue du Dit de la pastoure) : M (5) ; [11] f. 157b
(début du texte du Dit de la pastoure) : E (4).
51 Au f. 1a, les filigranes forment une bordure partielle (sur un tiers) au portrait liminaire de
Christine ; au f. 140c, un feston à fleur de lys agrémente la représentation de Christine et de son fils
au début des Diz moraulx.
52 Elles sont au début de chaque poème des Cent balades, Virelays, Balades de plusieurs façons, Autres
balades, Rondeaux et Jeux a vendre, au début de la Complainte amoureuse [I] et du Lay, à l’int. du Debat de
deux amans, de l’Epistre au dieu d’Amours, du Dit de la rose, et du Dit de la pastoure, et au début de
chaque texte de l’Epistre Othea, où celle qui précède le 3e texte est de 3 lignes. Celles du Dit de la
pastoure (texte rajouté au manuscrit), sont moins élaborées et d’une exécution moins soignée.
53 Celle-ci occupe 9 lignes et est rehaussée de rouge.
224 Œuvres

Pieds-de-mouche : bleu foncé ou rouges en alternance régulière, préparés


par deux traits obliques54.
Illustration : Maître de la Pastoure, avec intervention ponctuelle du Maître de
Jeanne Ravenelle sur les enluminures des ff. 77v et 106v-108v55. Toutes les
enluminures ont un cadre d’or cerné de noir56. Cinq enluminures d’origine ont
disparu : trois de l’Epistre Othea (entre les ff. 106-107 et 108-109), une du Debat
de deux amans (f. 49) et une de l’Oroison Nostre Seigneur (entre les ff. 156-157).
1. F. 1a (début Cent balades), 75 x 81 mm : Christine au travail. Christine en
train d’écrire (?) devant un pupitre posé dans un jardin. L’enluminure est à
moitié effacée, la partie dr. mieux conservée : fond orange vif orné
d’enroulements de rinceaux rouge foncé à la plume ; sol vert-jaune au 1er plan,
foncé de traits verts vers le fond ; un arbre semble peint par-dessus sol et fond.
2. F. 77c (début Livre des .iij. jugemens), 81 x 84 mm : Christine et le sénéchal de
Hainaut. Christine présente au sénéchal les trois couples dont il est question
dans le Debat. L’image est en grisaille sur fond de couleur avec des habits blancs
(surface très usée) ; seuls les ornements de tête sont vivement colorés. Le sol est
vert-jaune uni, le fond rouge orangé à fins rinceaux orangé vif, le dais bleu au-
dessus du siège du sénéchal.
3. F. 90a (début Dit de Poissy), 83 x 83 mm :
Voyage à Poissy. Christine, à cheval, traverse la
forêt en compagnie de sept hommes et de deux
femmes. Les personnages sont peints en grisaille,
sauf les carnations rosées et le harnachement
coloré des chevaux ; la surface des blancs est
usée. Le sol bistre est d’un traitement rapide ; le
fond rose foncé à rinceaux rouges ; deux arbres
ombrés de mouchetures noires.

F. 90r © Paris, BnF


4. F. 106c (début l’Epistre Othea), 89 x 87 mm : Christine remet son livre à Louis
d’Orléans. Christine, à genoux devant Louis d’Orléans assis sous un dais bleu à
ciel armorié57, lui offre son livre en présence de trois conseillers, debout derrière
le duc. Enluminure très usée : le duc est presque effacé (volontairement ?) mis à
part son couvre-chef orangé ; on note des repentirs ou repeints (?) : les trois
conseillers aux visages peu fins, la reliure jaune (peut-être rouge au départ) ; un
objet devant Christine (prie-dieu ?) semble avoir été effacé. Le sol vert clair est
foncé à l’arrière-plan par des traits croisés vert sombre ; le fond rouge sombre à
doubles rinceaux orangés dont les enroulements se terminent par des palmettes
ou des trèfles.

54 Un crochet au f. 67c, v. 267 est à moitié effacé.


55 La palette assez claire est associée à divers types de grisailles ; les fonds à rinceaux semblent d’un
traitement plus homogène. La plupart des enluminures sont assez abîmées.
56 Au f. 154a, pour l’enluminure qui accompagne l’Oroison Nostre Dame, le cadre d’or est orné sur le
haut et sur les deux côtés de brins de vignetures à feuilles lisses or, et d’un rond d’or rayonnant.
57 D’azur à trois fleurs de lis d’or, au lambel d’argent brochant.
{3} Paris, BnF, fr. 12779 225

5. F. 107d (Othea, début chap. 2), av. rubr. Texte .ij.58, 76 x 82 mm : L’horloge
d’Attrempance. Attrempance touche une horloge à côté de laquelle sont assises
quatre jeunes femmes aux chevelures brunes et vêtues de robes grises (usées).
L’horloge au centre sur un piédestal ocre est dotée de vitres bleues ; en haut à
dr., la déesse en buste apparaît dans une nuée bleue. Le sol est vert terne foncé ;
le fond rouge orangé quadrillé double à remplissage de quartefeuilles de même
dessinés au trait et de carrés à remplissage de points et carré blanc au trait, avec
des points noirs aux croisements du quadrillage.
6. F. 108b (Othea, début chap. 3), av. rubr. Texte .iij., 76 x 82 mm : Hercule
aux Enfers. Hercule, Pirithoüs et Thésée combattent des démons. Les
personnages sont en grisaille, le reste en couleur. Le grand Hercule casqué vêtu
de sa tunique à tête de lion, brandit une massue. La porte des Enfers est
représentée par une tour grise d’où sortent des flammes orangées et un diable
marron velu ; trois autres diables de même aspect sont, l’un perché sur la tour,
les autres aux Enfers, combattus par deux guerriers. Le sol est verdâtre
moucheté de brun ; à dr., paysage rocheux dépouillé ; le fond quadrillé double
orangé à remplissage de carrés sur la pointe.
7. F. 149c (début Enseignemens moraux), av. rubr., 86,5 x 82,5 mm : Christine
instruit son fils. L’image est peinte en grisaille teintée. Jean Castel à dr., chapeau à
la main, se tient debout en face de sa mère qui, assise devant des livres, lui tend
les bras. Christine est séparée de son fils par une table à plateaux superposés
vue de biais sur laquelle sont posés des livres, dont un relié de blanc et rose. Les
blancs des vêtements et carnations sont altérés ; le visage de Christine est
dépourvu de traits (inachevé ?). Le sol gris est foncé d’indigo à l’arrière-plan ;
les rinceaux orangés du fond bleu uni plus aérés que précédemment.
8. F. 154a (début Oroison Nostre Dame), av. rubr., 82 x 81 mm [Album couleurs,
n° 2] : Christine présente son livre à la Vierge. À g., la Vierge tenant l’Enfant, tous
deux auréolés d’or bruni, est assise par terre sur un coussin rose, son visage est
un peu usé. À dr., Christine lui présente son livre relié de rose violacé. Le sol en
lavis vert est inégal ; le fond bleu uni à fins rinceaux orangés avec enroulements
terminés par des trèfles. Les figures sont vêtues en grisaille modelée de fins
traits gris, les chairs sont légèrement teintées.
9. F. 157b (entre la fin du prologue et le début du texte du Dit de la pastoure),
65 x 82 mm [Album couleurs, n° 1] : Scène champêtre. En une scène pleine de
fraîcheur, deux bergères et un berger sont assis au milieu de leur troupeau,
gardé par un petit chien ; les bergères tressent une couronne de fleurs, le berger
joue du chalumeau. Les vêtements blancs sont modelés de bistre léger ou de
bleu, de même que les moutons, plus petits que le chien ; le sol vert-jaune
forme des collines semées de fleurettes faites de quatre points rouges ; le fond
rose est orné de doubles rinceaux rouges.
Reliure : XIXe s., veau raciné encadré d’un feston d’or, aux initiales de Louis
Philippe sur le dos, avec sept groupes de cinq filets d’or horizontaux. Les
ff. n’ont pas été égalisés. Au dos, deux étiquettes de peau noire :

58 V. note 19.
226 Œuvres

« COLLECTION MOUCHET ET POÉSIES DE CHRISTINE DE


PISAN »59.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Débat sur le Roman de la Rose 1977, pp. lxxi-lxxii. Farquhar et Hicks 1976, pp. 196, 198.
http://gallica.bnf.fr (images numérisées de tout le ms.). Laidlaw 1987, pp. 42-52. Mombello 1967,
pp. 63-70. C de P, Œuvres poétiques 1886-1896, 1, pp. xviii-xix, xx n. 1. Schaefer 1937, pp. 181-183
et fig. 113. Villela-Petit 2004, p. 108. Willard 1962.

COMMENTAIRE
Lacurne de Sainte-Palaye fit faire deux copies en papier de ce ms. ; la première,
passée au marquis de Paulmy (« Belles Lettres, 1731 ») est conservée à la
Bibliothèque de l’Arsenal sous la cote 3295 ; elle présente les mêmes lacunes et
le même vers barré que notre recueil60. La 2e, qui porte la cote BnF, Moreau
1686, présente les Enseignemens moraux avant les Epistres sur le Roman de la Rose, et
omet l’Oroison Nostre Dame, les .XV. joyes Nostre Dame et le Dit de la pastoure.

59 Le dos a été restauré en 2003.


60 V. note 26.
F. 1r © Paris, BnF
{4} Paris, BnF, fr. 835
[Œuvres]
[« Manuscrit du Duc » – Ier volume1]

TABLE SOMMAIRE
Ouvrage Feuillets Détail
Cent balades 1a-16d, 18a-d 100 ballades, non
numérotées
Virelays 17a-d, 19a-20d 16 virelays, non numérotés
Balades d’estrange façon 21a-d 4 ballades
Lay de cent .lxv. vers leonimes 21d-22d, 24a-c lai de 264 vers
Lay 24c-d, 23a-d, 25a-b poème en entier
Rondelx 25b-31a 66 rondeaux, non numér. : 1-
39, 41-53, 55-68
Jeux a vendre 31b-34a 70 jeux, 1-70
Pluseurs balades de divers propos 34b-44d 52 Autres balades, dont un
rondeau (1-15, 17-27, 29-36,
Rondel, 37-53)
Epistre au dieu d’Amours 45a-50a poème en entier
Complainte amoureuse 50b-51d poème en entier
Debat de deux amans 52a-64a poème en entier
Livre des trois jugemens 64b-73c ouvrage en entier
Livre du dit de Poissy 74a-86d ouvrage en entier
Epistres du debat sur le Romant 87a-103d 2e dossier du débat, avec les
de la Rose dédicaces à la reine et à G. de
Tignonville et la réponse de
Christine à P. Col2

CONTENU
[Le ms. devait comporter au début une table, dont il est fait mention dans l’inventaire de Jean de
Berry3.]
Ff. 1a-16d, 18a-d «Ci commencent. Cent. Balades .J. Aucunes gens me prie [sic] que je face. //
Aucuns beaulz diz / Et que je leur envoye …–… Non pourtant desrenieremt [sic] // En escrit4 y
ai mis mon nom Explicit Cent Balades ».

F. 18v © Paris, BnF

1 Laidlaw 1987, pp. 52-59 et 70-72.


2 C de P, Débat sur le Roman de la Rose 1977.
3 V. notes 20 et 23. Le recueil de Chantilly {1-2} et celui de la Reine {12-13} ont toujours leur table.
4 Le i et le t de ce mot sont séparés par un espace où un p a été gratté. Le mot escrit est corrigé dans
les deux autres occurrences du refrain, où le t est récrit à côté du i. En escript devient donc en escrit,
anagramme de Cristine. Dans le dernier refrain, les lettres n escri t y sont entourées d’un long crochet
fait d’une encre plus foncée, la même avec laquelle un trèfle a été dessiné en marge à côté de
l’explicit. V. cliché ci-dessus.
230 Œuvres

Ff. 17a-d, 19a-20d « Cy commencent virelays Je chante par couverture // mais mieulx
plourassent mi oeil //…–… Po(ur) leur estas mais a quoy q(ue) l’en tende // On doit croire
&c(etera). ».
Ff. 21a-d [Balades d’estrange façon]5 « Balade retrograde qui se dit a droit et a rebours Balade a rimes
reprises. Balade a responses. [Balade a vers a responces]6 Doulceur bonté gentillece // Noblece beaulté
gra(n)t ho(n)nour …–… Un bel ami mon cuer retient // Aime ley si feras &c(etera). ».
Ff. 21d-22d, 24a-c « Lay de cent .lxv. vers leonimes7. .iiij. Amours plaisant nourriture // Tressade et
doulce pasture8 …–… Punist humaine faitture // En l’orde valee ombreuse Explicit lay leonime ».
Ff. 24c-d, 23a-d, 25a-b « .Lay. Se je ne finoye de dire // Et de descripre …–… Et vous serez
surhaulcez // Sur tous bons sanz (con)tredire Explicit lay. ».
Ff. 25b-31a « .Rondelx.9 Com turtre suis sanz per toute seulete // Et com brebis sanz pastour
esgaree …–… trouver // Je. ».
Ff. 31b-34a « Jeux a vendre Je vous vens la passe rose // Belle dire ne vous ose …–… Se vous y
querez proprement // Or regardez mon se je ment Explicit Jeux a vendre ».
Ff. 34b-44d « Cy co(m)mencent pluseurs Balades de divers propos10 Assez acquiert tresor et seigneurie //
tresnoble avoir & g(ra)nt richece amasse …–… Est ce bien droit meschief q(ui) me cuert
seure // Quant bien &c(etera). ».
Ff. 45a-50a « L’epistre au dieu d’amours Cupido dieu / par la grace de lui // Roy des ama(n)s
sanz aide de nullui …–… Et d’aultres dieux no [sic] (con)seillier // Et deesses plus d’un millier //
Cupido le dieu d’amours // Cui amans font leurs clamours Creintis11 Explicit l’epistre au dieu
d’amours. ».
Ff. 50b-51d « Complainte amoureuse Doulce dame vueillez oïr la plainte // de ma clamo(ur) /
car pensee destrai(n)tte …–… A vo beau corps / & puis a l’ame apreste // Legiere amende.
Explicit complainte amoureuse ».
Ff. 52a-64a « Le debat de deux amans x.12 Prince royal reno(m)mé de sagece // hault en
valeur / poissa(n)t de g(ra)nt noblece …–… Si le serche trouve le peut enté // En tous les lieux
ou est cristienté13 Explicit le Debat de deux amans ».
Ff. 64b-73c « Cy commence le Livre des trois jugemens14 « Mon15 seneschal de Haynault
preux & sage // vaillant en fais & gentil de lignage …–… Qui vous ottroit joy p(ar)faitte &
fine // Par Jh(esu)crist qui ne fault ne ne fine Explicit ».

5 Ce titre paraît uniquement dans le titre courant au f. 21d. Ce recueil est le premier à ajouter la 4e
ballade aux trois premières, et à les grouper sous un titre commun.
6 Les trois premiers poèmes sont précédés du titre indiqué ici et écrit à l’encre brune ; le quatrième
est sans titre, et aucun espace n’avait été réservé pour en ajouter un.
7 On y dénombre 264 vers, plus l’explicit (l’éd. Roy, qui utilise ce ms. comme texte de base, introduit
quelques changements orthographiques et quelques corrections silencieuses).
8 Ce mot corrigé sur grattage.
9 Rondeaux 1-39, 41-53, 55-68 : soixante-six en tout, aucun n’étant numéroté.
10 Cinquante Autres balades dont un rondeau, Mon chier seigneur soiez de ma partie, introduit par la
rubrique Rondel à l’encre brune. Il manque les Autres balades 16, 28 et 44, les deux premières ayant
été remplacées par les Autres balades 21 et 25.
11 Anagramme de Cristine ; le e est corrigé sur grattage.
12 Seuls cet ouvrage et le Dit de Poissy portent le numéro d’ordre dans la rubrique initiale.
13 Le premier i de cristienté est une correction ; R avait d’abord écrit crestienté.
14 Cette rubrique occupe la place du titre courant au f. 64a ; les autres titres courants de cet ouvrage
sont le livre des trois (côté verso) et Jugemens .xj. (côté recto).
15 Une préparation de correction de lettrine b est écrite dans la marge en regard du M fautif de Mon.
{4} Paris, BnF, fr. 835 231

F. 64b (lettrine fautive M avec préparation de correction b) © Paris, BnF


Ff. 74a-86d « Cy comence le Livre du dit de Poissy .xij.16 Mon chevalier / vaillant plein de
savoir // Puis q(u’i)l vous plaist a de mes diz avoir …–… Vrais fins amans loiaulz & no(n)
fai(n)tis // q(ue) vraye amour tient subgiéz & crei(n)tis Explicit le dit de poissy. ».
Ff. 87a-103d « Cy co(m)mencent les epistres du debat. sur le Romant de la rose entre
notabl(es) personnes maistre gontier col general conseillier du Roy n(os)tre s(ire) &
maistre Jeh(an) Johannes prevost de lille maistre pierre col et (crist)ine de pizan. La
premiere epistre A la royne de france A tresexcellent treshaulte et tres redoubtee damece [sic]
mada(m)e ysabel de baviere p(ar) la grace de dieu Royne de france. …–… Escript et complet par
moy (crist)ine de pizan le .ije. Jour d’octobre l’an mil .CCCC. et deux. Ta bien vueilllant amie de
scie(n)ce (crist)ine ».

HISTOIRE
Date : vers 1406-1408. Le ms. constitue le premier volume des Œuvres de
Christine acheté par Jean de Berry en 140817. Vraisemblablement destiné à
Louis d’Orléans, il était en chantier lors de la mort de celui-ci le 23 nov. 140718.
Le Debat de deux amans devait être suivi du Dit de la rose, ouvrage étroitement lié à
la personne de Louis d’Orléans, qui a visiblement été enlevé du volume19.
Possesseurs : Jean de Berry, qui l’acheta en 140820 ; Marie de Berry, duchesse
de Bourbon21, sa fille ; famille de Bourbon. François Ier saisit les biens du
16 Cette rubrique occupe la place du titre courant au f. 74a ; les autres titres courants de cet ouvrage
sont le livre du dit (côté verso) de Poissy .xij. (côté recto).
17 D’après Guiffrey, ce fut le seul manuscrit de Christine que Jean de Berry acquit de cette manière ;
tous les autres étant des « dons » de l’auteur ; v. Guiffrey 1894-1896, 1, p. 375. V. à ce sujet la mise
en garde de Millard Meiss (1967, 1, p. 290 et p. 404, n. 41).
18 Meiss et Off 1971 ; Meiss 1974, 1, pp. 37, 292 ; Hindman 1986 ; Laidlaw 1987, pp. 5-59. Comme le
signala Lecoy, ce ms. ne contient pas les trois dernières Encore autres balades (en fait deux rondeaux
et une ballade) adressées à Jean Ier, duc de Bourbon, qui succéda à son père Louis II de Bourbon le
19 août 1410. V. Lecoy 1961, p. 108 et C de P, Œuvres poétiques 1886-1896, 1, pp. 277-279.
19 La fin du Debat de deux amans a été récrite au f. 64a d’une encre plus claire (comme tous les textes
qui suivent). La réclame au f. 63v a été effacée (sans être modifiée) et un nouvel instrument est
utilisé pour la réglure à partir du f. 64r (v. « Réglure »). Le Dit a été supprimé avant la transcription
des titres courants, puisqu’aucune modification de la numérotation n’est intervenue.
20 « Item, un livre compilé de pluseurs balades et dictiez, fait et composé par damoiselle Cristine de
Pizan, escript de lettre de court, bien historié ; et au commancement du second fueillet, aprés la
table dudit livre, a escript : tous mes bons jours ; couvert de drap de soye noir ouvré, à deux fermouers
de cuivre dorez, à v boullons de mesmes sur chascune aiz ; lequel livre Monseigneur a achaté de
ladicte damoiselle IIc escus » (Guiffrey, 1, p. 252, n° 959). Le ms. figure aussi dans l’inventaire de
1416, où sa valeur est estimée à 50 livres tournois. Il fut légué à Marie de Berry, duchesse de
Bourbonnais ; v. Delisle, Cab., 3, p. 193, n° 291 et Guiffrey 1894-1896, 2, p. 238. La notice de
l’inventaire du duc de Berry se rapporte à ce ms. et aussi aux mss actuels BnF, fr. 606, 836, 605 et
607, qui, à l’époque, ne formaient qu’un seul recueil, comme l’a démontré J. Laidlaw (1987, p. 53).
232 Œuvres

connétable Charles de Bourbon en 1523 ; sa cote 191


est inscrite sur la contregarde supérieure22. Autres
cotes anciennes : cinq cents nonante trois (Rigault),
466 (Dupuy), 7217 (Regius).
F. 28r (signature d’Antoine de Bourbon) © Paris, BnF
Ajouts plus tardifs : sur la contregarde supérieure,
d’une main du milieu du XVe s., liste des œuvres contenues dans le volume23.
Signes de renvoi pour rétablir l’ordre correct des folios24 déplacés lors de la
reliure25. Marque de lecteur (fleur stylisée) au f. 47b.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (348 x 260 mm) : (II, papier) + I26 (parchemin) +
103 + (I, parchemin) + (I, papier)27 + 10328 + III ff. Parchemin ivoire portant
de nombreuses taches d’humidité, de grandes pièces29, de nombreux trous non
réparés30, coutures31 et mouches32, et deux entailles33 ; quelques gouttes de cire
aux ff. 56v et 65v. La règle du vis-vis est respectée dans l’ensemble34.

21 V. note précédente. Au f. 28r, en m/q, on lit la signature bourbon surmontée des lettres a et i (sans
doute Antoine).
22 Delisle, Cab., 1, p. 166. Dans l’inventaire du château de Moulins dressé lors de la saisie, le ms. est
ainsi décrit : « Ung volume ou a cent ballades, pluseurs laiz et virelaiz, Rondeaux, Jeux a vendre,
l’Espitre au dieu d’amours, le Debat des deux amans, les troys Jugemens, le dit de Poissy, les
Espitres sur le Rommant de la Roze, en parchemin a la main » (BnF, Dupuy 488, f. 219r). Sur les
cotes de François Ier, v. Baurmeister et Laffitte 1998, p. 50 et Laffite et Lebars 1999, pp. 11-12, 20-
21.
23 « En ce livre sont / Cent balades // lays // virelays // Rondeaux // Jeux a vendre autrem(en)t
ventes damours // Item aprés lesd(its) Jeux autres balades // Plus l’espitre au Dieu d’amours //
Item le debat des deux amans // Le Livre des troys Jugeme(n)s // Le livre du dit de poissy // les
espitres sur le Ronmant de la Roze ». Nous ne pensons pas que cette liste d’œuvres corresponde à
la table mentionnée dans l’inventaire du duc de Berry : il semble bien plutôt s’agir d’une rubrique
d’inventaire – d’ailleurs visiblement ajoutée plus tard – que d’une table des matières.
24 Croix aux ff. 1v et 7r ; deux C entrelacés aux ff. 3r et 7v ; croix de Lorraine aux ff. 16v et 18r ;
trèfle aux ff. 17r et 18v ; T aux ff. 23v et 25r. Inscriptions cursives : en bas du f. 16d : « fol. 18 » et
au f. 17d : « De ma joye le droit port. fol. 19 ». Aucun signe ne tient compte du déplacement du
f. 24.
25 Ce bouleversement est postérieur à la description du ms. dans l’inventaire du duc de Berry : les
mots cités pour le début du 2e f. (Touz mes bons jours) se retrouvent au début de l’actuel 7e f.
26 La contregarde sup. et la garde en parchemin forment un binion dans lequel a été inséré un
bifeuillet de papier. Celui-ci porte les filigranes (première garde sup. ; même filigrane à la garde inf.)
« R FARGEAUD/ LIMOSIN/ FIN » et (à la deuxième garde sup.) une grappe de raisin et la date
1778. Les gardes en parchemin portent de nombreux trous de ver.
27 Cette garde en papier est solidaire de la contregarde inf.
28 La foliotation, à l’encre, a été faite en deux temps. Les ff. 1-20 portent des petits chiffres que la
notice de Lacurne de Sainte-Palaye attribue à « une main moderne ». La numérotation des ff. 21-
103, en chiffres plus gros, est postérieure à sa notice, qui n’en tient pas compte ; v. BnF, Moreau
1655, f. 204r. Les ff. 7 et 3 portent, en plus, les chiffres 2 et 3 au crayon.
29 Ff. 44, 64, 67, 68.
30 Aux ff. 22, 23, 39, 44, 73, 81.
31 Aux ff. 12, 14, 29, 37 (2), 44, 49, 53, 57, 68 (2) ; le fil est intact dans la majorité des cas.
{4} Paris, BnF, fr. 835 233

Encres : texte, encre brun foncé aux ff. 1a-63d, brun clair aux ff. 64a-
103d35. Encre des rubriques rouge vif, encre des titres courants rouge orangé.
Préparation
Piqûres : 4 piqûres maîtresses en m/q, de forme ovale, à la plupart des
ff. des deux premiers et des 10e-12e cahiers ; quelques piqûres maîtresses de
forme triangulaire en m/q au 4e cahier.
Réglure : ff. 1r-42v, 45r-63v, réglure à la mine de plomb assez dure36 qui
laisse des traces grises fines et souvent des sillons. Aux ff. 43r-44v et 64r-103v,
une mine différente a été utilisée, laissant des traces brunes plus épaisses et
moins uniformes.
Mise en page
[vers] (f. 5r) : 348 x 260 mm = 17,5 + <5,5> + 15 + <233> + 77 x 27 +
<3,5> + 4 + <73> + 20 + <3,5> + 4,5 + <73> + 51,5 mm. Justification
233 x 181,5 mm ; 2 cols, 39 interlignes, l’écriture commençant sous la première
LR.
[prose] (f. 88r) : 351 x 258 mm = 11 + <5,5> +19,5 + <234> + 81 x
27 + <76> +25 + <77> +53 mm. Justification 234 x 178 mm ; 2 cols, 39
interlignes, l’écriture commençant sous la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
18 1-8 a 88 56-63 h/
28 9-16 b/f 98 64-71 J/
38 17-24 c/g 108 72-79 k/
48 25-32 d/ 118 80-87 l/
58 33-40 e/J 128 88-95 m/
67♥ 41-47 f/k 136 96-101 n/
78 48-55 g / l (?) 142 102-103
Signatures : deux séries ; la première, en m/p37, à l’encre brun pâle, consiste
en une lettre suivie d’un chiffre arabe ; la seconde, à l’encre noire, est très
incomplète.
32 Aux ff. 2, 3, 9, 13, 14, 19, 28, 29, 34, 36, 48, 53, 54, 60, 64, 67, 68, 70, 94, 98, 100.
33 Aux ff. 23 et 84.
34 Mais les ff. 1-4 sont disposés c/p et les ff. 5-8 p/c en raison de l’interversion des ff. 2 et 7, qui
forment un bifeuillet plié dans le mauvais sens ; les ff. 16-17 et 22-23 ont la disposition p/c et les
ff. 18-19 et 24-25 c/p parce que les premier et deuxième bifeuillets de ce cahier (17/24 et 18/23)
sont intervertis (la réclame se trouvant au f. 23v). Les ff. 41-42 et 44-45 sont disposés c/p et les
ff. 46-47 p/c ; on note que P a copié le texte depuis les derniers vers du f. 41 jusqu’à la fin du f.
44d.
35 En bas de la col. 63d, quatre vers (Debat de deux amans, vv. 2005-2008) sont ajoutés par P à l’encre
brun clair : Ainsi tres hault prince de noble gest // Mon redoubté seigneur a qui dieux preste // longue vie et puis
a l’ame apreste // Sa vraye gloire. La réclame effacée en bas de ce folio, Ainsi tres hault, indique que ces
vers devaient figurer en haut du f. 64r. Le f. 64r témoigne d’un changement d’encre et d’instrument
de réglure.
36 La dernière LR est souvent dédoublée.

Dans ce cahier, la couture se trouve entre les ff. 43 et 44 ; les ff. 41-44 portent en m/p la signature
f1 à f4, et les ff. 41 et 41 portent dans le coin dr. inf., les signatures à l’encre lj (rongé) et l ij.
234 Œuvres

Au dernier f. du manuscrit, (f. 103r, en m/q au milieu), grand F et paraphe


partant de la barre de la lettre.
Réclames : écrites par R à des emplacements variables38.
Titres courants39 : Main P ; exécutés le plus souvent après la décoration40,
ils sont répartis entre les pages paires et impaires, la partie droite étant suivie
d’un numéro de .j. à .xiiij.41. La couleur de l’encre indique que titres et numéros
ont été écrits ensemble. Au f. 75r, une préparation de titre courant de la
main X.

F. 75r (titre courant de P, au centre ; préparation de X, de part et d’autre)


© Paris, BnF
Foliotation : moderne, à l’encre, de deux mains (ff. 1-20 et 21-103). Plusieurs
ff. ont été déplacés lors de la reliure, et une troisième main a partiellement
rectifié l’erreur en numérotant au crayon les ff. 3 « 3 » et 7 « 2 ». L’ordre correct
des ff. est : 1, 7, 3-6, 2, 8-16, 18, 17, 19-22, 24, 23, 25-103.
Travail d’écriture
Texte : Main R, à l’exception des ff. 41d l. 26 à 44d (14 dernières Autres
Balades42), de vers ajoutés dans les marges aux ff. 8v, 11r, 15v, 63v, 74v, qui sont
de la main P (qui fait aussi les rubriques et les titres courants).
Style : minuscule semi-cursive.
Ponctuation : signes de ponctuation relativement rares. Pour Cent
balades, Balades d’estrange façon, Autres balades, virgule et point (celui-ci surtout

37 À une exception près : la première signature de la 1re série, a.j., se situe au milieu de m/q du f. 1r,
indication qu’elle a été tracée après la bordure.
38 Celles des 2e et 8e cahiers centrées en-dessous de la colonne d ; celles des cahiers 1, 3-7, 9 et 13
commencent vers le milieu de la colonne d et se prolongent éventuellement dans la gouttière ;
celles des cahiers 10-12 s’alignent sur la justification. Les réclames des cahiers 1-3, 5-10 et 12 sont
soulignées ; celles des cahiers 2 et 5-8 sont ornées d’un paraphe. La réclame Ainsi treshault, visible
aux UV, a été grattée au f. 63 en raison de l’addition de quatre vers qui devaient commencer le
f. suivant mais qui sont rajoutées en bas de 63d, d’une encre plus claire. Il reste le paraphe qui
accompagnait la réclame ; v. note 35.
39 Il subsiste une préparation de titre courant (Main X) : poissy .xij., au f. 75r, au début de l’ouvrage.
40 À deux reprises, aux ff. 64b et 74a, ils tiennent lieu de rubrique et prennent une forme plus
élaborée : Cy commence le Livre des trois jugemens et Cy comence le Livre du dit de Poissy .xij. Le titre courant
omet le numéro aux ff. 41r, 71r et 72r. Les titres courants pour les Lays sont particulièrement
irréguliers ; on y trouve lays .iij (f. 21v) ; lay .iiij. (ff. 22r, 23r, 24r) ; lays (f. 22v) ; lay (ff. 23v et 24v) ;
lays .iiij. (f. 25a). Quatre titres courants fautifs pour le Dit de Poissy aux ff. 76v et 79v : le livre des .iij.
et aux ff. 77v et 78v le livre des trois.
41 Certains semblent avoir été tracés après la décoration et d’autres avant. Par exemple, aux ff. 52a et
64b, ils sont inscrits au-dessus de l’espace réglé pour eux, mais qu’occupe en partie la décoration.
Mais au f. 50b, la décoration chevauche légèrement le titre courant.
42 39-43, 45-53.
{4} Paris, BnF, fr. 835 235

après l’abréviation etc. et encadrant les chiffres romains43) ; pour Virelays, Lays,
Rondeaux, Livre des .iij. jugemens, Dit de Poissy, Epistres sur le Roman de la Rose, point
et virgule ; pour Jeux a vendre, point (un seul)44 ; pour Complainte amoureuse [I],
virgule, et un point à la fin du dernier vers ; pour Debat de deux amans, virgule ; et
un point à la fin de l’explicit. Le plus souvent, les vers décasyllabiques (Cent
balades) sont marqués d’une barre de scansion très fine après la 4e syllabe.
Corrections : la plupart des corrections sont exécutées par P surtout sur
grattage et quelquefois par ajout, d’après des préparations de corrections X’,
dont plusieurs subsistent45 ; quelques corrections46 à l’encre noire.

F. 8r (préparation de corr. : X’ ; correction : Main P) © Paris, BnF


Rubriques : Main P. Seuls commencent par une rubrique rouge47 : Cent
Balades48, Virelays, Epistre au dieu d’Amours, Complainte amoureuse [I], Debat de deux
amans, Livre des .iij. jugemens, Dit de Poissy et Epistres sur le Roman de la Rose. Les
autres ouvrages sont introduits par des rubriques à l’encre brune du texte : trois
sur les quatre Balades d’estrange façon, les Lays, Rondeaux, Jeux a vendre et Autres
balades (introduites par le titre Plusieurs balades de divers propos).
Décoration : deux ornemanistes, Pierre Gilbert pour le f. 1r et un ornemaniste
« à la vigne d’or » pour le reste.
Bordure : f. 1r, riche bordure à trois larges baguettes d’or bruni ornées d’un
enroulement de vigneture bleu/rose à dr. et de quartefeuilles bleus en bas, et
d’un entrelacs de palmettes et feuilles de vigne à g., formant U, transformé en
dyptique par une fine baguette double centrale. Dense vigneture sur tige très
spiralée issant de divers appendices sur les baguettes ; brins sur fil double et
ronds d’or en m/p et dans le bas du cadre, sur fil et tige le long de
l’entrecolonne.
Lettrines
F. 1a (début des Cent balades) : A bleu (7) sur fond rose foncé orné de fins
rinceaux de lierre blancs, à remplissage de vigneture sur or. Lettrine reliée
à la baguette par le prolongement du A qui se termine par une
excroissance en forme de nœud.

43 La première des CB porte quatre points, à la fin des vv. 1, 2, 4 et après le mot dueil au v. 18.
44 F. 31d Tenez vous y. J’ay oui dire.
45 Aux ff. 3a, 5d, 8a, 10b, 11d, 26d, 31d, 50v (entrecolonne), 51c, 52c, 54c, 82b, 86a, 88d, 95c.
46 Aux ff. 16b l. 13 : vont ; 21d l. 8 : pasture ; 21d l. 25 : agreable ; 22 b l. 15 : dueil ; 43a l. 9 : duis dois estre ;
44b l. 11 : leece aucune ; et 103b l. 18 : du jardin delicieux no(n) ; 103b l. 19 : monté. Au f. 100, sur une
mouche, X écrit en milieu de colonne les mots qui manquaient sur 5 lignes au recto et sur 9 lignes
au verso.
47 La rubrique du Livre des .iij. jugemens et celle du Dit de Poissy occupent la place du titre courant. Les
rubriques de ces deux ouvrages, ainsi que celle des Cent balades et du Debat de deux amans, sont
accompagnées d’un chiffre arabe ; le chiffre a été effacé après le Livre des .iij. jugemens.
48 Les Cent balades ont une seule rubrique rouge interne, Balade pouetique, qui introduit le 90e poème.
236 Œuvres

Les cinq lettres qui suivent sont prolongées par deux rinceaux de vigne sur fil,
dont l’un longe le bas de la miniature, et souvent par un brin ou un rond
central.
F. 45a (début Epistre au dieu d’Amours) : C rose (4) sur or, à remplissage de
vigneture.
F. 50b (début Complainte amoureuse [I]) : D bleu (3) sur or à remplissage de
vigneture.
F. 52a (début Debat de deux amans) : P bleu (3) à court jambage, même
décoration que la précédente, mais sans rond d’or.
F. 64b (début Livre des .iij. jugemens) : M bleu (4) sur or, rempli de deux
fins rinceaux blancs portant six petites palmettes bleu/rose. Lettre
accolée au cadre49.
F. 74a (début Dit de Poissy) : M rose foncé (4) sur or, à remplissage de
vigneture.
Lettres champies50 : (2 lignes) au début de chaque poème des Cent balades,
Virelays, Balades d’estrange façon, Lays, Rondeaux, Jeux a vendre et Autres balades51,
plus cinq fois dans le Debat de deux amans52.
Pieds-de-mouche : champis (Lays, Epistre au dieu d’Amours, Complainte
amoureuse [I], Debat de deux amans, Livre des .iij. jugemens et Dit de Poissy).
La dernière œuvre du recueil, les Epistres sur le Roman de la Rose, n’a reçu aucune
décoration.
Illustration : Maître de l’Épître Othéa (cinq premières) et Maître d’Egerton
(dernière)53. Toutes les enluminures sont dans un cadre d’or cerné de noir, les
cinq derniers agrémentés de brins sur fil, accompagnés de ronds rayonnant de
traits et de croisettes.
1. F. 1a (début Cent balades), av. rubr., 95 x 81 mm : Christine à sa table de
travail avec son chien. Christine en robe bleue et coiffe blanche est assise sur un
fauteuil rond devant un livre déjà relié de bleu, ouvert sur la nappe rose de sa
table. Elle tient d’une main un grattoir et de l’autre écrit à la plume. Un encrier
est posé sur la table et une aiguière bleue dans une niche. Un chien blanc54
colleté de grelots se retourne vers l’auteur. La scène se situe contre un fond
quadrillé bleu et or, dans une architecture en diaphragme beige et bleutée à clefs
pendantes et fenêtres à remplages gothiques, avec un parapet ouvert au premier
plan. Le sol est orné d’un carrelage prismatique alternant noir, orange, jaune,
rouge, et bleu foncé, bleu clair, jaune et rose.
2. F. 45a (début Epistre au dieu d’Amours), av. rubr., 91 x 83 mm : Le dieu
d’Amour livre sa lettre. Assis en majesté sur une banquette de gazon, adossé à une
49 Lettre fautive.
50 Comme dans les grandes lettres, la teinte de rouge utilisée est le rose pourpré.
51 La lettrine a été oubliée au f. 43a pour l’Autre balade qui commence gentil ho(m)me qui veult prouesce
acquerre.
52 Aux ff. 54c, 55c, 58a, 62c, 63b. À deux reprises, au ff. 3a et 37c, la lettre est entièrement en rose
pourpré et bleu, sans or. Une lettre champie de 3 interlignes au f. 34b, au début de la première des
Autres balades, et une d’un seul interligne au f. 35d, où le poème commence au dernier interligne.
53 Attribution M. Meiss (1974, 1, pp. 37-38).
54 Des déplacages dans le blanc laissant voir le carrelage montrent que le chien a été peint par dessus.
{4} Paris, BnF, fr. 835 237

treille d’énormes roses, Cupidon, les ailes bleues éployées plumées d’or et la tête
ceinte d’une couronne de feuilles, est vêtu d’une longue houppelande rose
frangée de blanc et d’un collier d’épaules d’or à sonnailles. Il tient d’une main
deux grands dards empennés au fer aiguisé et donne de l’autre son épître au
jeune noble agenouillé devant lui. Celui-ci, les cheveux coupés au bol, porte une
houppelande courte orange dont la manche dr. est semée de trèfles argent55, sur
des chausses parties orange et blanc. Tout autour volettent des oiseaux sur fond
de ciel en perspective aérienne.
3. F. 50b (début Complainte amoureuse), av. rubr., 83 x 84 mm : L’amant se
plaint à sa dame. L’amant vêtu d’une courte houppelande rouge et poulaines
parties blanc et rouge, un collier en forme de chaîne retombant dans son dos,
est agenouillé devant sa dame et lui remet sa plainte sous forme d’un rouleau.
La jeune femme, assise sur une chaise sans dossier, porte une robe rose à
longues manches doublées d’hermine et les cheveux élégamment noués avec un
ruban. La scène se déroule dans une architecture blanche en diaphragme à
double arcature, décorée d’une mosaïque aux écoinçons, voûtée en berceau
rouge et le sol carrelé de jaune et noir56, avec un parapet ouvert au premier plan.
Le mur gris du fond est orné en blanc et brun de frises de caractères pseudo-
coufiques, alternant avec des rinceaux.
4. F. 52a (début Debat de deux amans), av. rubr., 96 x 83 mm : Christine présente
les amants au duc d’Orléans. Christine en robe bise et coiffe blanche, agenouillée
devant Louis d’Orléans, désigne de la main g. les deux amants agenouillés
derrière elle, l’un vêtu d’une houppelande rouge, l’autre violette, qui font des
gestes d’argumentation. Le duc semble assis sur un trône invisible, placé sur
une estrade et sous un dais armorié (d’azur semé de fleurs de lys d’or au lambel
blanc). Il porte un haut chapel de fourrure à broche gemmée et aigrette, une
courte houppelande jaune pâle à la manche brodée d’un alérion, le collier de
son ordre du camail, un collier d’épaules à sonnailles, et des chausses parties
rouge et blanc avec des éperons d’or, et tient dans la main dr. un bâton de
commandement. Deux conseillers debout l’encadrent, leurs houppelandes
rouge et violette formant chiasme avec celles des amants. L’un a la manche
brodée d’une grosse fleur et un collier d’or en forme de couronne, l’autre le
collier de l’ordre du camail et une ceinture à sonnailles. Le sol est losangé de
blanc et brun. L’architecture d’un rose moucheté, ouverte en diaphragme sur
des colonettes, est surmontée d’un petit toit d’ardoise qui perce le cadre. Dans
le mur du fond, deux baies sont vitrées de jaune.
5. F. 64b (début Livre des trois jugemens), apr. rubr.57, 115 x 83 mm : Christine
s’adresse au sénéchal de Hainaut. En robe grise et coiffe blanche, Christine debout
désigne trois couples derrière elle. Les dames au premier plan sont en robe rose
ou bleue et coiffes blanches, les amants derrière portent chaperon, chapeau
rond ou à plumeau. Le sénéchal assis de biais sur un trône est vêtu d’une courte
houppelande rouge vif doublée de drap blanc broché d’or sur des chausses

55 L’argent des trèfles a noirci.


56 Usé en partie centrale.
57 La rubrique de cet ouvrage occupe la place du titre courant.
238 Œuvres

parties blanc et rouge. Il porte un chaperon rouge avec broche, un collier d’or à
pendants (le porc-épic de l’ordre du camail ?) et une écharpe d’orfèvrerie
gemmée. La scène s’inscrit dans un intérieur d’architecture blanc bleuté ouvert
en diaphragme, augmenté d’une saillie à pans coupés voûtée d’ogives, au sol
dallé de grands carreaux alternativement roses et bleus dans un quadrillage.
6. F. 74a (début Dit de Poissy), apr. rubr.58, 99 x 79 mm : Voyage à Poissy.
Christine, vêtue d’une robe grise et de sa coiffe blanche, chevauche au premier
plan, montée en amazone sur un cheval beige qui va l’amble. Elle est
accompagnée de deux dames et quatre hommes vêtus de bleu, rose, jaune ou
rouge portant chapeau, chaperon ou coiffe, chevauchant de conserve dans un
paysage de collines boisées parsemé de touffes d’herbe. Entre les bosquets se
profilent en grisaille les tours gothiques de Saint-Louis de Poissy sur fond de
ciel bleu intense en perspective aérienne.
Reliures : maroquin rouge aux armes royales et à trois filets d’or, fin XVIIIe s.
Dos à six nerfs décoré de six fleurs de lys or, avec titre « BALADES » en lettres
d’or. Tranches dorées, traces de ciselures59. Lorsqu’il était dans la bibliothèque
de Jean de Berry, le volume avait une reliure en bois recouvert de soie noire60.
BIBLIOGRAPHIE
BnF Moreau 1655, ff. 204r-205v, n° 577. C de P, Œuvres poétiques 1886-1896, 1, pp. v-xii. Laidlaw
1987, pp. 52-59, 70-72. Meiss, 1967, 1, pp. 242, 300, 398, n. 77, 416. Meiss, 1974, 1, pp. 37-38,
292-293, 440 n. 150 ; 2, figs 139, 145. Ouy 1985. Paris 1400, n° 62A et p. 135.

COMMENTAIRE
Comme l’indiquent la réglure et l’encre, ce ms. a été préparé en deux temps, le
premier correspondant aux ff. 1-63v et le second aux ff. 64r-fin. La première
partie est réglée à la mine de plomb, à l’exception des ff. 43-44, contenant les
dernières Autres balades, qui sont réglés à la mine brunâtre, comme la deuxième
partie du ms. Une encre brune plus claire a servi pour ces mêmes Autres balades
(à partir du f. 41d l. 26) et pour les ff. 64r-fin. La disparité des deux parties
s’explique, à notre avis, par la suppression en cours de route du Dit de la rose,
trop intimement lié à Louis d’Orléans. Dans les deux premiers recueils
(Chantilly, 492-493 {1-2} et Paris, BnF, fr. 12779 {3}), cette œuvre précède
directement le Livre des .iij. jugemens, qui commence ici au f. 64b. Dans ce recueil,
les 15 derniers vers du Debat de deux amans ont été recopiés au f. 64a et le Livre
des .iij. jugemens commence à la colonne suivante.

58 Ibidem.
59 L’inventaire de la librairie des Bourbon au château de Moulins fait état de la reliure en 1523 :
« couver(t) de veloux rouge et tenné garny […] de fermans de leton, de boulhons et carrées » ;
Paris, BnF, Dupuy 488, f. 219v. Quelque deux cents ans plus tard, Lacurne de Sainte-Palaye décrit
ainsi la reliure : « bois couvert de velours brun sur le bois, et cramoisi sur le second, mais dechiré
en partie. » Moreau 1655, f. 204r.
60 « Couvert de drap de soye noir ouvré, à deux fermouers de cuivre dorez, à v boullons de mesmes
sur chascune aiz » (Guiffrey 1894-1896, 1, p. 252 n° 959).
F. 1r © Paris, BnF
{5} Paris, BnF, fr. 606
L’epistre Othea
[« Manuscrit du Duc » – IIe volume]

CONTENU
F. 1a-c « Tres haulte fleur par le mo(n)de louee // A touz plaisant & de dieu avouee …–…
D’escripre a vous personne si tresdigne // Entreprens moy en sagece no(n) digne1. »
Ff. 1c-46c « Ci commence L’epistre othea la deesse que elle envoya a hector de troye
qua(n)t Il estoit en l’aage de quinze ans. Othea deesse de prudence // Qui adrece les bons
cuers e(n) vailla(n)ce …–… Ad ce propos dit le sage auris bona audiet cum om(n)i
concupiscencia ecclesiastici. iijo. c(apitulo). » .Explicit l’epistre Othea.
HISTOIRE
Date : vers 1406-1408. Le ms. constitue le deuxième volet des Œuvres de
Christine acquis par Jean de Berry en 1408. Vraisemblablement destiné à Louis
d’Orléans, il était sans doute en chantier lors de la mort de celui-ci le 23
novembre 14072.
Possesseurs : Jean de Berry3 ; Marie de Berry, duchesse de Bourbon, sa fille ;
famille de Bourbon. François Ier saisit les biens du connétable Charles de
Bourbon en 15234 ; sa cote « 191 » est inscrite à la contregarde sup. Autres
cotes anciennes (f. 1r) : « six cents septante deux » (Rigault) ; « 408 » (Dupuy) ;
« 7089 » (Regius).
Ajouts plus tardifs : note (XVIe s.), vraisemblablement d’un bibliothécaire des
Bourbon, sur la contregarde sup. : « En ce livre a cent voir hystoires et .xlvj.
feulletz escriptz et fut rendu par frere (nom gratté, illisible aux UV) le .vj. jour
de avril mil vc et dix5 ». Autre note (XVIe s.) à la contregarde inf. : « Leo rugiens6

1 Entre le prologue et le début de l’ouvrage, au-dessus de la première enluminure, rubrique en rose


pourpré qui en explique l’iconographie : Affin que ceulz qui ne sont mie clers pouetes puissent entendre en
brief la significacion des hystoires de ce livre est assavoir q(ue) par tout ou les ymages sont en nues c’est a entendre que
ce sont les figures des dieux ou deesses de quoy la lettre ensuiva(n)t ou livre parle selon la maniere de parler des
anciens pouetes et pour ce que deitté est chose esperituele et eslevee de terre sont les ymages figurés en nues et ceste
premiere est la deesse de sapience.
2 Meiss et Off 1971 ; Meiss 1974, 1, pp. 37, 292 ; Hindman 1986 ; Laidlaw 1987, pp. 52-53 ;
Sterling 1987-1990, 1, p. 312.
3 Delisle, Cab., 3, p. 193, n° 291 et Guiffrey, 1, pp. 252-253 et 2, p. 238. V. notice BnF, fr. 835, n. 17
et 20.
4 Delisle, Cab., 1, p, 166. Sur les cotes de François Ier, v. Baurmeister et Laffitte 1998, p. 50 et Laffite
et Lebars 1999, pp. 11-12, 20-21.
5 Cette inscription correspond à l’entrée suivante de l’inventaire de la bibliothèque du château de
Moulins dressé en 1523 par le commissaire du roi Pierre Antoine : « Ce sont les livres qui ont esté
restituez et aportez de Paris l’an vc x c’est assavoir […] Ung autre volume des espitres que Othea
deesse de prudence envoya a Hector de Troye en parchemin a la main » ; BnF, Dupuy 488, f. 219r.
V. note presque identique dans BnF, fr. 605 et note plus courte, de la même main, dans BnF,
fr. 607.
242 Œuvres

et ursus exuriens princes impurs super populum pauperem; dux indigens


prudentia multos opprimit per calumpniam »7. À la contregarde sup., note sur le
contenu (XVIIe s.)8 et, en-dessous, deux dessins9. Un mot a été gravé sur la
dernière enluminure10.

Contregarde inf. © Paris, BnF


DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (348 x 262 mm) : (I, papier) + I (parchemin) + 47 + II
(parchemin) + (I, papier)11. Peau un peu jaunie, ayant quelques coutures12 et
mouches13. La règle du vis-à-vis est toujours respectée.
Encres : brun foncé pour le texte ; rouge vif pour les rubriques14, les
citations latines à la fin de chaque allégorie et les mots des titres courants, rouge
orangé pour le chiffre des titres courants, et rose pourpré pour les gloses des
premières enluminures.
Préparation
Piqûres : quelques piqûres maîtresses rondes en m/t au premier cahier ; à
partir du 3e cahier, quatre piqûres maîtresses rondes en m/q.
Réglure : à la mine de plomb qui laisse de fines traces grises. Les ff. 1d et
2a, contenant le premier texte en vers, qui est relativement long, portent une
ligne verticale supplémentaire pour recevoir la majuscule15. Le f. 9 porte encore

6 Voir 1 Pierre 5 : 8.
7 Au-dessus de cette inscription, visible aux UV, le début de la même inscription d’une main qui
paraît dater du siècle précédent. Sur l’ours, emblème de Jean de Berry, v. Meiss, 1967, 1, p. 95. Le
lion représente le duc de Bourgogne.
8 « L’epistre de Othea dedié à Monsieur d’Orleans filz du roy Charles le quint et mise en vers
françoys par (Crist)ine file de Maistre Thomas de pizan aultrement dict de boulongne ». Lacurne de
Sainte-Palaye qualifie cette main de « moderne » ; BnF, Moreau 1655, f. 118r.
9 Homme nu portant une lance et roue ailée.
10 « Sachet » (?), d’une main du XVe/XVIe, gravé en bas du manteau d’Auguste au f. 46a.
11 Les ff. de garde en parchemin étaient solidaires des contregardes. Les filigranes, du 18e, sont une
grappe de raisin au 1er f. de garde sup. et un monogramme, malheureusement indéchiffrable, au
2e f. de garde sup. et au f. de garde inf.
12 Aux ff. 26, 30, 38, 43, 44. Celle au f. 30, d’où le fil a disparu, comme partout ailleurs, se trouve à
l’intérieur d’une enluminure sur Arachné : heureuse coïncidence ?
13 Une grande au f. 25 et une petite aux ff. 5, 6.
14 À l’exception des rubriques Texte .xij. et Glose .xij., tracées au f. 8b à l’encre rose pourpré et de la
moitié d’un numéro au f. 41c. V. note 18.
15 Mais le f. 1a-c, qui contient le prologue en vers et le début du premier texte, est réglé selon le
modèle prose.
{5} Paris, BnF, fr. 606 243

un schéma de réglure différent, mais qui ne correspond à aucun changement de


mise en page16.
Mise en page (f. 5r) : 348 x 262 mm = 17 + <6> + 15 + <236> +74
mm x 35 + <80,5> + 19,5 + <80,5> + 46,5 mm. Justification 236 x 180,5
mm ; 2 cols, 39 interlignes, parfois 40 ou 41, l’écriture commençant sous la
première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
18 1-8 /a 47(8-1) 25-31 h/d
28 9-16 /b 58 32-39 /e
38 17-24 /c 68 40-47 v/f
Le f. 28 est indépendant. Le f. 47 est partiellement réglé17, mais inemployé, à
part le mot Finis inscrit au verso.
Signatures : la deuxième série de signatures, de loin la plus complète, mais à
peine visible, consiste en une lettre suivie d’un chiffre arabe de 1 à 4, tracés à
l’encre brun clair, en marge pli, en bas de la justification. Aux ff. 27r et 43r, en
bas de la m/g, quelques traces d’une autre série de signatures, consistant en une
lettre suivie d’un chiffre romain.
Réclames : la majorité est faite par R, et centrée en-dessous de la deuxième
colonne18 ; une est de la main X (f. 24v) et l’autre de la main X’ (f. 31v).
Titres courants : à partir du premier f., où paraît le titre courant complet,
une moitié de titre écrite par le copiste R sur chaque côté de f. : l’epistre / Othea ;
une autre main (P ?) a ajouté xiiij après Othea, d’une encre différente. Les titres
courants ont été exécutés avant la décoration, qui parfois les chevauche.
Travail d’écriture
Texte : Main R : texte, rubriques et titres courants (sauf chiffres) ; X et X’
pour une réclame chacune.
Style : Minuscule semi-cursive assez épaisse.
Ponctuation: virgule, et plus rarement, point.
Corrections : Main P, sur grattage et par ajout, en nombre relativement peu
élevé19. Au f. 28c, la moitié de la première ligne de l’allégorie 59 a été grattée,
mais la lacune laissée.

16 349,5 x 259 mm = 5 + <6> + 16,5 + <236> + 86 x 38 + <81> + 18 + <82> + 40 mm. Les


quatre lignes verticales qui marquent les colonnes sont toutes accompagnées d’une autre ligne
verticale 6 à 7 mm plus loin.
17 Manque la réglure des interlignes.
18 Les deux premières sont ornées d’un paraphe, celui du f. 16v élaboré. La première réclame (f. 8v)
anticipe les premiers mots du texte 14 (Adiouste pallas), plutôt que l’explication iconographique la
deesse minerve et la deesse pallas ensemble, qui commence le f. 9r, et qui en fait avait déjà été écrite en bas
du f. 8d.
19 V. par ex. ff. 2b l. 29 : …rince ; 3d l. 25 : …assalages ; 5a l. 13 : ce fu une pucelle fille du roy qu’il delivra
du ; 20c l. 16 : prince est cruel ; 23b l. 2 : …sophe que amer ; 25a ll. 29-30 : …ssance de la langue ; 29a
dernière ligne : contendre contre mendre de soy ; 29d l. 19 : promis ; 30c l. 11 : elle si ; 36d ll. 27-28 : …p ne
esjouyr ne troubler pour chose ; 38d l. 5 : pour nulle priere adonc la nimphe plei… ; 39b l. 10 : …yble a faire ;
40c l. 20 : …tir l’amou… ; 42b l. 18 : soubzterrene ; quelques préparations de correction effacées sont
partiellement visibles.
244 Œuvres

Rubriques
Préparation : une seule20.
Exécution : exécutées avant l’enluminure21 ; plusieurs chapitres n’ont
pas de rubrique Texte en raison du manque de place22. En plus des rubriques se
rapportant aux divisions de l’ouvrage (Texte, Glose, Allégorie, chacune suivie du
numéro de chapitre23), quatorze rubriques à l’encre rose pourpré expliquent les
enluminures jusqu’au chap. 17 (f. 10d)24. Quelques erreurs de numérotation25.
Décoration : ornemanistes « à la vigne d’or »
Grande lettrine : f. 1a, T bleu (4) sur or à remplissage de vigneture, avec
deux rinceaux de vigne sur tige et fil, l’un remontant le long du cadre, et rond
d’or rayonnant de croisettes.
Petites lettrines, au début de chaque texte bleu ou rose (2) sur or, à
remplissage de petites feuilles, de demi-fleurs, et dans un cas, d’armoiries
stylisées26, la plupart collées au cadre. La lettre est prolongée par deux rinceaux
de vigne sur fil ou tige, et parfois un brin central de feuilles gouttes ou un rond
d’or. Quand l’initiale se trouve en bas de l’enluminure, le rinceau remontant
encadre en partie celle-ci.
Pieds-de-mouche : champis, au début de chaque « Glose » et « Allégorie »,
et toutes les explications d’enluminures à l’exception de la première (f. 1c).
Illustration : Maître de l’Épître Othéa, dont c’est le manuscrit éponyme, et son
atelier27 (1-37, 50, 53-88, 91-93, 98-100) ; Maître au safran28 (38-49, 51-52, 90,

20 Au f. 25v, dans l’entrecolonne, .liij à l’encre brun clair.


21 Voir, par ex., ff. 10d, 12c, 13c et d, où le cadre de l’enluminure empiète sur la rubrique. Au f. 25v,
le copiste a écrit Glose .liij. à la place d’Allegorie .liij.
22 Au f. 26v, le numéro de chapitre manque après Glose et la rubrique Allegorie .lv. n’a pas été écrite
dans l’espace réservé. Au f. 28r, aucune rubrique pour le chap. 58. Au f. 29b (chap. 61), le chiffre .j.
a été rajouté à l’encre brune à deux reprises après le numéro .lx tracé en rouge.
23 Pour les trois premiers chapitres, les numéros qui accompagnent la rubrique Glose précèdent ce
mot, et dans les deux premiers cas, se situent en marge. À partir du chap. 4, le numéro est écrit
après le mot de la rubrique. Au f. 6b (7e ch.), le numéro a été oublié après la rubrique Allégorie. Au
f. 25a, .xlj. avait été écrit à la place de .lj., et le premier chiffre fautif très légèrement gratté.
24 L’une d’entre elles est écrite deux fois aux ff. 8d et 9a. Au f. 3b, la plus longue a été copiée presque
entièrement au mauvais endroit et puis barrée de rouge. On la retrouve en entier au f. 5b. Dans la
première occurrence au f. 3b, deux des mots sont copiés à l’encre rouge vif, ce qui indique que les
deux encres (rouge vif et rose pourpré) étaient disponibles au même endroit. Le début de cette
rubrique varie légèrement dans les deux cas : C’est assavoir (f. 3b) / Et est assavoir (f. 5b). La rubrique
au f. 7c est incomplète : Mars est planete qui donne influence de guerres et battailles et pource est cy figuré son
ymage tout armé et dessoubz. L’erreur se répète dans le ms. Harley.
25 Au f. 29r, l’allégorie lx est numérotée lix, et les texte et glose suivants sont majorés d’un numéro
ajouté à l’encre brune.
26 F. 45d.
27 Meiss 1967, 1, pp. 300, 356 et 1974, 1, pp. 27, 30, 34-36, 40, 293-295. Il fait les attributions
suivantes : Maître de l’Épître et son atelier : 1-38, 49-50, 52-100, dont les nos 6, 21, 67, 88 et 98 sont
attribués au Maître seul. Maître au safran : 39-48, 51. Maître d’Egerton : 101.
28 Meiss distinguait nettement ce « Maître au safran », auquel nous attribuons 8 autres enluminures
dans le manuscrit. Il est possible qu’il ait alors fait partie de l’atelier du Maître de l’Épître Othéa : la
célèbre image de l’Aurore (f. 21c) semble en effet avoir été retouchée par le Maître de l’Épître.
{5} Paris, BnF, fr. 606 245

94-97) et Maître d’Egerton29 (89, 101). Toutes les enluminures sont dans un
cadre d’or bruni cerné de noir, à brins de vigneture sur fil et ronds d’or de
divers types (vrillés, rayonnant de croisettes). La dernière enluminure fait
exception : son cadre or est doublé à l’intérieur d’un autre en rose et bleu. À
deux exceptions près, les dieux et déesses sont figurés dans une nue30.
Maître de l’Épître Othéa
1. F. 1a, av. rubr. Prologue, 90 x 89 mm31 : Christine remet son livre à Louis
d’Orléans32. Dans un étroit intérieur d’architecture rose ouvert en diaphragme, à
plafond de bois et porte à ferrures, Christine agenouillée en robe brune et coiffe
blanche tient un livre relié de vert à deux fermoirs. Tourné vers elle, le duc,
assis sous un dais bleu fleurdelisé au lambel blanc, est vêtu d’une houppelande
verte au tissu broché doublé de fourrure brune et d’un large chaperon du même
tissu orné d’une gemme. Il tient un bâton de commandement et porte le collier
de l’ordre du camail (col en cotte de maille et porc-épic en pendant), comme
deux de ses conseillers, et une ceinture d’or à sonnailles. Debout autour de lui,
un conseiller porte une houppelande rose, une écharpe d’or et un chapeau à
larges bords et aigrette ; un autre, nu tête et vêtu de bleu, tient aussi un bâton de
commandement ; le troisième porte une houppelande orange et un chapeau
haut à aigrette fixée par une broche.
2. F. 1c, av. rubr. du chap. 1 Ci commence l’Epistre…, 103 x 80 mm : Othea
remet son epître à Hector. Au-dessus d’un arbre où est suspendu un écu d’or plain, la
déesse en robe violette, manches rouges et coiffe blanche, issant d’un nuagé sur
fond de ciel en perspective aérienne, tend une lettre cachetée au petit Hector.
Celui-ci porte une houppelande vert-jaune, un collier à la cosse de genêt, une
ceinture d’or à sonnailles33 et un chapel orné d’une broche et d’une aigrette
rouge et blanche. Il tient un oiseau de proie sur son poing ganté. Trois
conseillers le suivent, en houppelande orange ou rose, larges colliers d’or et
couvre-chefs variés montant, à larges bords ou à visière et aigrette. L’un est
imberbe, le second porte barbiche bifide et le dernier longue barbe, comme les
mages.
3. F. 2d, av. 1er v. du texte 2 (rubr. manque), 100 x 82 mm : L’horloge de
Tempérance. Issant d’un nuagé sur fond de ciel en perspective, Attrempance,
vêtue d’une chape orange à orfrois et les cheveux dénoués ceints d’un chapel de
fleurs rouges, règle le mécanisme d’une grande horloge montée sur colonnette,
comprenant deux contrepoids, un engrenage de roues dentées, une cloche et
son marteau. Au premier plan, cinq jeunes filles aux cheveux dénoués vêtues de
rose, blanc broché, violet ou orange devisent, assises à même le sol qui
s’escarpe derrière elles.

29 Selon Meiss, le Maître d’Egerton seul ou avec son atelier n’aurait peint qu’une seule enluminure
dans le ms. (101). Nous lui en attribuons une autre.
30 Ff. 14b, 25c, 27b et 40d, où Apollon est assis sur un rocher, en face de Pan, à la fenêtre de Vulcain,
ou bien debout par terre.
31 Le bas du cadre, déboîté pour faire place à la rubrique, lui est donc postérieur.
32 Image altérée par des traces d’humidité et de frottement.
33 Ce costume l’assimile au duc d’Orléans dans l’image précédente.
246 Œuvres

4. F. 3b, av. rubr. Texte .iij., 112 x 82 mm : Les travaux d’Hercule. Au milieu
d’une forêt dense aux feuillages différenciés, Hercule, une peau d’âne jetée sur
son armure comme une tunique et un bandeau noué sur la tête, brandit sa
massue et repousse deux lions, l’un brun, l’autre noir, à l’aide de son écu à
bossette dorée orné de caractères rouges pseudo-coufiques comme un talisman.
Il est juché sur le ventre d’un dragon mort qui bave du sang (l’hydre de Lerne).
5. F. 4a, en bas de col., av. rubr. Texte .iiij. (qui commence au f. 4b), 79 x 83
mm : Minos rendant la justice. Dans un intérieur à plafond de bois, sol natté et
architecture rose ouverte par une double arcature en diaphragme sur une fine
colonnette, le roi Minos couronné d’or, en habit blanc à franges et manches
rouges, trône sous un dais de tissu violet broché d’or. Il porte une main à sa
barbe et de l’autre tient un bâton de commandement doré. Deux conseillers
l’encadrent, l’un en habit rouge vif et collier d’or, l’autre, qui tient une épée de
justice en forme de cimeterre, en habit vert à orfrois et turban blanc comme un
Oriental. Deux prisonniers chétifs (dont l’un nu), les mains liées, s’agenouillent,
présentés par deux gardes. L’un des gardes, en rouge, est coiffé d’un turban,
l’autre porte une tunique verte sur son armure, un cimeterre et un petit bouclier
rond au côté et un casque de fantaisie.
6. F. 4d, av. rubr. Texte .v., 98 x 83 mm [Album couleurs, n° 6] : Persée délivrant
Andromède. Sur un promontoire rocheux, Andromède en robe rouge brochée
d’or, les cheveux blonds dénoués, est agenouillée en prière, tournée vers le
monstre marin qui sort de l’eau ouvrant une large gueule aux dents acérées.
Persée en armure bleutée, casque à visière baissée et bouclier rose, brandit une
faux dont la pointe sort du cadre. Il est monté sur Pégase qui se cabre, cheval
blanc aux ailes rouges éployées sur toute la largeur de l’image, protégé par une
cotte de mailles frangée et un chanfrein. La mer forme des rouleaux où
bondissent des poissons variés jusqu’à l’horizon de ciel en perspective aérienne.
7. F. 5c, av. 1er v. du chap. 6 (rubr. manque), 118 x 83 mm : Jupiter et les
chevaliers. Sur fond de ciel étoilé, Jupiter, en robe rose brochée à poignets
d’hermine, est assis sur un arc-en-ciel coloré au-dessus des nuages et surmonté
d’un arc secondaire, moins lumineux. D’une fiole en main g., il verse des
gouttes de rosee du ciel. En contrebas, debout sur la terre jaune, une assemblée
d’hommes en houppelandes bleues, orange, blanches et roses, et un clerc en
robe jaune-vert, quatorze en tout, tendent la main pour recevoir son influence
bénéfique.
8. F. 6a, av. 1er v. du chap. 7 (rubr. manque), 113 x 84 mm : Vénus et les
amants. Sur fond de ciel étoilé, Vénus, en robe verte à longues manches
doublées d’hermine, les cheveux coiffés en pain fendu avec une voilette, est
assise sur un arc-en-ciel dans un cercle de nuages. Elle rassemble des cœurs
dans son giron. En contrebas, entre deux arbres, une assemblée d’hommes et
de dames en houppelandes et robes bleues, rouges, vertes, orange ou blanche,
une dizaine, lui présentent chacun un cœur rouge.
9. f. 6c, av. 1er v. du chap. 8 (rubr. manque), 114 x 82 mm : Saturne avec les
avocats et les sages. Sur fond de ciel étoilé, Saturne à longue barbe blanche bifide,
drapé de gris sombre, est assis dans les nuages sur un septuple arc-en-ciel blanc
(sus .vii. cercles), surmonté d’un arc secondaire. Il tient sa faucille levée et désigne
{5} Paris, BnF, fr. 606 247

de la main dr. ses disciples assis en contrebas sur des banquettes couvertes d’un
drap rose. Cinq des huit sages portent la robe et le bonnet noir de juriste, ou le
manteau drapé, la barbe et le turban de prophète.
10. F. 7a, av. 1er v. du chap. 9 (rubr. manque), 109 x 83 mm : Le Soleil et les
fidèles de la vérité. Sur fond étoilé, Apollon, le visage rougeoyant et rayonnant
d’or, joue de la harpe de ses mains, rouges aussi. Assis sur un arc de nuages,
près d’une corneille couleur de nuée (il a coste soy un corbel qui signifie le premier aage
du siecle qui fu net et puis noirci par les pechez des creatures), il surplombe un groupe de
huit nobles hommes assis au sol. Vêtus de houppelandes, et pour deux d’entre
eux d’un bonnet ou d’un chaperon, ils font serment avec force gestes. Deux
tiennent un livre ouvert sur leurs genoux.
11. F. 7b, av. 1er v. du chap. 10 (rubr. manque), 113 x 83 mm : La Lune avec
les mélancoliques et les frénétiques. Sous la voûte étoilée, assise sur un arc-en-ciel
dans les nuages, Phœbé en robe blanche, un croissant de lune or en guise de
chevelure, bande son arc vers le bas. À terre, sept victimes, hommes et femmes,
déjà frappées de flèches, montrent des signes de mélancolie, comme l’homme
qui tire sur sa barbe, ou de frénésie, le corps penché en avant ou la tête
échevelée renversée en arrière, comme la demoiselle au premier plan qui porte
la chevelure dénouée et la robe rouge d’une Marie-Madeleine au pied du
Calvaire.
12. F. 7d, av. 1er v. du chap. 11 (rubr. manque), 123 x 84 mm : Mars et les
chevaliers. Juché sur un arc-en-ciel au milieu des cercles célestes, le jeune Mars en
cotte rouge brochée d’or sur une armure de plates avec gantelets, genouillères et
coudières, mais sans casque, le bouclier fixé sur l’épaule et l’épée au poing,
observe le champ de bataille au-dessous. Deux armées à cheval aux penons
armoriés (d’argent à la croix de gueules, d’or à l’aigle de gueules, d’or aux tourteaux de
gueules…) s’affrontent lances baissées, brandissant leurs épées et leurs becs de
corbin. Au premier plan, un guerrier tombé de son cheval en robe rouge affalé
tient encore l’arçon, tandis que son écu d’azur au lion d’or a roulé plus loin. Les
autres chevaux ont cottes de mailles et chanfreins.
13. F. 8b, av. rubr. Texte34 .xij. (partiellement recouverte par le cadre),
104 x 82 mm : Mercure et les sages. Dans le ciel étoilé, Mercure assis sur un arc
blanc porte un manteau doublé d’hermine ouvert sur une robe mauve et une
longue ceinture d’or nouée (mais sans la bource pleine)35. Il tient une fleur de lys
blanche au naturel. Sous les nuages, sept nobles et clercs assis sur des chaises,
discutent avec des gestes de disputatio. Ils sont vêtus de violet, bleu, rose, orange
ou de blanc rayé et l’un du moins a une bourse dorée à la taille.
14. F. 8c, en bas de col., av. rubr. Texte .xiij. (au f. 8d), 131 x 83 mm : Minerve
et les hommes d’armes. Surgissant des nuées, Minerve, les cheveux blonds dénoués,
un surcot rouge sur son armure de plates et sa jupe gris foncé, l’épée au côté et
le bouclier rose en bandoulière, distribue heaumes, bassinets et écus à sept
guerriers qui tendent les bras. L’un tient un penon fascé de gueules et de vair, un
autre, la tête renversée en arrière vue en raccourci, saisit des deux mains un écu
d’or aux trois lioncels de sable que lui tend la déesse ; l’un ramasse un casque à terre,
34 Ce mot frotté.
35 Il a la bource pleine car par bel langage souvent vient on a grant richece (f. 8b).
248 Œuvres

un autre déjà casqué et pourvu d’une bannière d’hermine attrape la bride d’un
écu de gueules à trois burelles d’or ; un dernier enfile une cotte de mailles par dessus
sa tunique indigo. À g., Hector, en pourpoint rose à manches élégamment
découpées, tient son épée et tend une main vers la déesse.
15. F. 9a, av. rubr. Texte .xiiij., 128 x 83 mm : Minerve et Pallas. Dans deux
mandorles nuagées se tiennent respectivement Minerve, en robe rouge sur une
armure de plates, tenant une épée nue de sa main revêtue d’un gantelet (si est
nommee Minerve a ce qui apartient a chevalerie), et Pallas, en manteau bleu-gris sur
une robe bise, tenant un livre rouge à fermoirs d’or (…et Pallas en toutes choses qui
apartienent a sagece, f. 9b). Toutes deux ont la chevelure dénouée comme des
jeunes filles. Au-dessous, deux groupes, l’un de soldats et l’autre de clercs,
saluent les déesses en levant la main. Les premiers portent le camail et des
surcots à longues manches sur leur armure, les seconds, l’habit long et un
semblant de tonsure. Le manteau rouge est peut-être d’un cardinal.
16. F. 9c, av. rubr. Texte .xv., 113 x 82 mm [Album couleurs, n° 7] : Les
Amazones. Par un chemin sylvestre chevauche une troupe compacte
d’Amazones. Certaines vont nue tête, les autres portent une aigrette de plumes
rouges et blanches sur leur heaume. Au premier plan, Penthésilée en robe
orange et gantelets, montée sur un cheval couvert d’une robe blanche à aigrette
en éventail, porte couronne d’or et tient un bâton de commandement. Les
armoiries de la reine36 (d’or aux trois têtes de reine au naturel) se reconnaissent sur
l’écu fixé à son épaule comme sur le penon que porte la guerrière qui ouvre la
marche. Les autres ont des penons et écus d’or plain, de gueules au lion d’argent ou
de gueules aux épées en sautoir cantonnées de grelots d’or. Parmi les armes, on aperçoit
des becs de corbin. Les fers de lances débordent du cadre.
17. F. 10a, av. rubr. Texte .xvj., 120 x 83 mm : Narcisse à la fontaine. Dans une
clairière, Narcisse en houppelande courte d’un tissu broché, collier d’or et
baudrier rouge où sont passés son épée et son cor de chasse, se penche au-
dessus d’une fontaine de pierre rose qui déborde du cadre. Il semble vouloir
saisir son reflet dans l’eau au moyen d’un linge. Une écuelle est attachée à la
margelle de la fontaine. À l’arrière-plan, son lévrier blanc colleté de rouge et un
autre chien courant poursuivent encore un cerf dans les sous-bois. Des oiseaux
volent au-dessus ou sont perchés dans les arbres, dont l’un porte des baies
rouges.
18. f. 10b, av. 1er v. du chap. 17 (au f. 10c), en bas de col., 117 x 83 mm : La
fureur d’Athamas. Sur le seuil d’un palais ceint de murs roses à tourelles, chapelle
à pinacles et corps de logis aux toits d’ardoise bleue, la forsennee deesse
(Thisiphoné), le teint sombre, les longs cheveux en bataille et la robe brune
déchirée, étend les bras et lance deux serpents, provoquant la folie. Dans la
cour dallée de jaune et noir, le roi Athamas, chenu, portant couronne d’or et
habit orange sur des chausses parties, étrangle ses deux jeunes enfants nus, un
dans chaque main. À ses pieds, la reine Yno, en couronne d’or aussi et surcot

36 Des armoiries apparentées (de gueules aux trois têtes de reine au naturel) figurent sur les écus de cinq des
neuf preuses de Thomas de Saluces (BnF, fr. 12559, f. 125v) et (d’azur aux trois têtes de reine au
naturel) dans le ms. Harley 4431, f. 103c. En revanche dans le Roman de Troie BnF, fr. 301, f. 134v-
139, Penthésilée porte d’argent semé de clochettes d’or.
{5} Paris, BnF, fr. 606 249

ouvert rose à emmanchures de fourrure blanche, est étendue en travers du


dallage, déjà morte.
19. F. 10d, av. 1er v. du chap. 18 (au f. 11a), en bas de col., 112 x 83 mm :
Aglauros changée en pierre. En robe rose et voile blanc, Aglaros est assise devant la
porte d’un palais de pierre bleutée à tourelles et pinacles, ornée de remplages
ajourés et de deux écus en réserve, dont elle barre l’entrée. Le dieu Mercure,
vêtu d’un manteau orange doublé de vair sur une robe bleue avec une large
bourse jaune à la ceinture, brandit un long bâton pour punir l’impertinente.
20. F. 11b, av. rubr. Texte xix., 118 x 83mm : Ulysse et Polyphème. Juché sur un
monticule rocailleux qui l’élève jusqu’au bord sup. du cadre, le jeune Ulysse, en
chausses rouges, robe bleue brochée et manteau rouge doublé de vair qu’il
retient d’une main, touche de l’autre l’œil unique au front du géant. Celui-ci, qui
occupe toute la hauteur de l’image, porte une tunique rose sur une armure
couleur bronze à coudières et genouillères en forme de mufle de lion, ceinturée
d’un drap torsadé dans lequel est passée une masse d’arme et un bandeau noué
dans les cheveux. Il tient d’une main une grande massue et de l’autre tire sur sa
barbe blanche bifide en signe de grand chagrin. Le ciel est en perspective
aérienne.
21. F. 11d, av. rubr. Texte .xx., 119 x 84 mm : Latone et les grenouilles. Au
premier plan, Latone, vêtue d’une robe rose qui déborde du cadre, une ceinture
à pendant basse sur sa taille de femme enceinte et la guimpe sur la tête, se
penche sur une mare pour boire. Sur l’autre rive, quatre hommes nus (des
villains) se baignent, troublant l’eau. Ils ont le teint verdâtre, du même vert que
le sol, la forêt à l’arrière-plan et les cinq grenouilles qui nagent déjà dans la
mare. Une sixième est assise devant Latone. Le ciel est traité en moucheté.
22. F. 12b, av. rubr. Texte .xxj., 125 x 84 mm : Bacchus et ses disciples. Dans un
ciel moucheté délimité par un arc de nuages, Bacchus en buste, vêtu de rose,
porte à sa bouche une coupe de vin rouge. En contrebas, six hommes
s’enivrent autour d’une table couverte d’une nappe blanche à liserés bleus où
sont posés cruche, coupe et petits pains. L’un, en houppelande bleue, boit à
même un tonnelet, un autre en habit rouge, chaperon et dague à la ceinture
fichée dans sa bourse, découpe un cuisseau dans un plat, un pichet posé à ses
pieds. Trois autres, vêtus de rose ou de gris, lèvent leurs coupes pleines, l’un
empoignant déjà la cruche prêt à se resservir ; un dernier, en chaperon rouge
noué, mord dans un cuisseau.
23. F. 12c, en bas de col., av. rubr. Texte .xxij. (au f. 12d), 124 x 85
mm [Album couleurs, n° 8] : Pygmalion implorant Vénus. Dans l’intérieur du temple
blanc voûté d’ogives et décoré de gâbles et de lanternons dorés, le jeune
Pygmalion, en habit orange et chaperon long jusqu’à terre, est agenouillé sur le
sol réticulé, les mains en prière, devant la déesse. Assise sur un trône orange,
Vénus, en robe décolletée à longues manches d’un tissu bleu broché d’or, la
taille fine et haute, fait un geste accueillant (mais aucune trace du brandon que elle
tenoit). Sous sa coiffe orange, ses longs cheveux blonds lui tombent jusqu’à la
taille.
24. F. 13b, av. rubr. Texte .xxiij., 120 x 83 mm : Diane et ses disciples. Sur fond
de ciel, Diane en buste apparaît au-dessus d’un cercle de nuages. Vêtue de rose
250 Œuvres

et d’une guimpe de religieuse, elle lit un livre ouvert entre ses mains. En
contrebas sont assises sept chastes jeunes filles et religieuses, les unes aux
cheveux dénoués sur leur robe rouge ou rose, les autres en habit de bure et
voile blanc comme des Clarisses. L’une porte une robe bleue et la guimpe
(comme souvent Christine). Elles tiennent des livres ouverts sur leurs genoux.
25. F. 13c, av. rubr. Texte .xxiiij, 114 x 82 mm : Cérès semant. Au-dessus d’un
arc de nuages, Cérès, en robe rose et voile blanc, jette à la volée les semences
qu’elle tient serrées dans un linge dont l’autre extrémité est fixée à son épaule.
Elles se répandent dans les sillons de la terre que vient de labourer une charrue
remisée sur le côté du champ où restent quelques mauvaises herbes. Dans le
champ voisin, les blés sont déjà en épis37.
26. F. 13d, en bas de col., av. rubr. Texte .xxv. (au f. 14a), 105 x 83 mm : Isis
greffant des arbustes. Issant d’un nuagé, Isis, en robe rouge-orangé et guimpe
blanche, fixe un greffon sur un tronc porte-greffe. Trois autres arbustes sont
prêts pour la greffe et un autre déjà greffé. Tout autour poussent des arbres aux
feuillages bien différenciés sur un sol brun verdâtre et un fond en perspective
aérienne.
27. F. 14b, av. rubr. Texte .xxvj., 127 x 84 mm : Le jugement de Midas. Sur fond
de ciel moucheté, Apollon et Pan se font face, assis chacun sur un monticule.
Le premier, en ample robe rose, le visage et les mains rougeoyants, et la tête
rayonnant d’or et de rouge, joue d’une harpe portative, le second, en habit de
pâtre (tunique bise à capuche, besace à la ceinture et bottines de cuir), une
couronne de feuilles sur la tête, joue d’un fifre ou flageolet (et non du fretel, flûte
de Pan). Au premier plan, devant un bosquet en réduction, un petit roi Midas,
en manteau rouge doublé d’hermine sur un habit bleu et des chausses parties
rouge et blanc, semble encore compter les points de ce concours musical, mais
sa couronne d’or laisse voir de grandes oreilles d’âne, signe qu’il est déjà puni
par Apollon pour son mauvais jugement.
28. F. 14d, av. rubr. Texte .xxvij., 121 x 85 mm : Hercule aux Enfers. Dans une
montagne crevassée d’où s’échappent des flammèches sur fond de ciel
moucheté, Thésée et Pirithoüs revêtus d’armures bleutées, l’épée tirée d’un
fourreau rouge, affrontent des démons velus dont l’un, déjà à terre, s’appuie sur
un arc. Un petit dragon crache des flammes. Hercule, une tunique en peau de
mouton (!) par-dessus l’armure et un bandeau noué autour de la tête, lève son
épée à poignée d’or pour trancher la chaîne qui attache la triple encolure de
Cerbère au rocher.
29. F. 15a, av. rubr. Texte .xxviij., 121 x 81 mm : Cadmus et le dragon. Au
premier plan, Cadmus en longue tunique rose, chaperon et ceinture rouges,
avance l’épée au poing sur un dragon ailé (le serpent) devant une fontaine de
pierre quadrangulaire d’où partent deux ruisseaux. À l’arrière-plan, trois maçons
poursuivent la construction de Thèbes, ville blanche aux toits d’ardoise bleue au
milieu de laquelle s’élève une église38. L’un fait tourner une poulie, un autre
taille les pierres à l’aide d’un maillet, le troisième les mesure avec un compas.
37 La juxtaposition du temps des semailles et des blés mûrs rappelle le miracle du champ de blé lors
de la Fuite en Egypte.
38 Le clocher au milieu du toit de la nef évoque l’ancienne église parisienne du Petit-Saint-Antoine.
{5} Paris, BnF, fr. 606 251

30. F. 15b, en bas de col., av. rubr. Texte .xxix. (au f. 15c) : 106 x 84 mm : Io
enseignant. Dans une abside ouverte à trois baies, voûtée d’ogives, Io, en guimpe
blanche et robe rose, est assise sur une chaise ronde. Elle corrige au moyen
d’une plume et d’un grattoir le livre ouvert devant elle sur une table sans pied
recouverte d’un drap bleu. Trois jeunes clercs en robes orange, rose et bleue,
assis au premier plan à même le sol quadrillé, écrivent à la plume dans un cahier
ou sur des rouleaux de parchemin. L’un tient un encrier en forme de corne. Un
quatrième, en coule orange, debout devant Io, apporte son exercice d’écriture.
Un topiaire complète le paysage.
31. F. 15d, av. rubr. Texte .xxx., 115 x 84 mm : Mercure dérobant la vache Io.
Issant d’un nuagé sur fond de ciel en perspective, Mercure, en chaperon rouge
et manteau rouge doublé d’hermine, tient d’une main la corde au front de la
vache Io qui s’éloigne du pas de ses gros sabots ; de l’autre, il joue de la double
flûte à l’oreille d’Argus, le vacher qui cent yeulx avoit, dont le corps nu est semé
d’yeux bleus. Inclinant la tête sur le côté comme un dormeur, Argus tient d’une
main un bâton long et appuie son coude contre un arbre sec sous l’effet du
sommeil. Son pied sort du cadre.
32. F. 16b, av. rubr. Texte .xxxj., 119 x 83 mm : Pyrrhus venge son père. Au
milieu d’une mêlée de chevaliers armés de lances, d’épées et d’un bec de corbin,
Pyrrhus brandit son épée contre un adversaire en surcot vert muni d’une lance.
Il porte un surcot armorié de gueules à l’aigle bicéphale éployée d’argent, comme la
robe de son cheval, et un plumeau rouge et blanc sur son casque. Dans le ciel,
flottent sa bannière et d’autres étendards. Les pointes de lances dépassent du
cadre. Au premier plan, un chevalier tombe par-dessus l’encolure de son cheval
affalé sur un guerrier mort. Un autre cheval blanc, les jambes repliées, est déjà à
terre.
33. F. 16c, av. rubr. Texte .xxxij., 130 x 85 mm : Cassandre au temple. Vêtue de
noir et blanc avec la guimpe blanche et le voile noir comme une nonne, sauf
pour sa ceinture rose, Cassandre est agenouillée en prière, un livre ouvert sur
son prie-Dieu, devant un autel au-dessus duquel sont posées deux statues d’or
de dieux guerriers couronnés tenant des boucliers. La scène est située dans le
déambulatoire d’un temple en forme d’église, couvert de deux coupoles voûtées
d’ogives à clef pendante, qui se rejoignent sur un pilier central. Le sol dallé de
rouge et jaune tourbillonne autour. Des lampes à huile sont suspendues des
deux côtés. Les toits bleus s’ornent de fleurons d’or et d’une statue portant un
étendard.
34. F. 16d, av. rubr. Texte .xxxiij., 120 x 83 mm : Neptune sauvant un navire.
Issant des nuées, Neptune, en habit rose et longue barbe chenue, rattrape la
vergue et le cordage d’un bateau dont le mât s’est rompu39. Les châteaux avant
et arrière sont couverts de pavillons rouges. Dans la nef en perdition au milieu
des rouleaux d’écume de la mer démontée, les sept passagers implorent le dieu
en levant les mains.

39 La scène suit le modèle iconographique du miracle de saint Nicolas de Bari sauvant des marins
dans la tempête, par exemple dans les Belles Heures de Jean de Berry par les Limbourg (New York,
Cloisters, ms. 54.1.1, f. 168) qui sont contemporaines du fr. 606.
252 Œuvres

35. F. 17b, av. rubr. Texte .xxxiiij., 120 x 81 mm : Atropos. La Mort est
dépeinte sous les traits d’une femme échevelée au teint hâlé issant d’un nuage
brun d’orage et drapée dans un tissu grisâtre évoquant un linceul, qui laisse
dénudé son sein droit flétri. Elle tient en main g. trois longues flèches à pointe
grise, dont une seule est empennée, et de la dr. darde une quatrième contre le
pape en contre-bas. Ce dernier, en tiare à triple couronne et chape orange à
orfrois sur une aube blanche, est agenouillé au sol, les mains écartées en un
geste de surprise. Autour de lui, un roi en manteau bleu et couronne fleuronnée
est accroupi, et quatre autres personnages tombent à la renverse : un prince,
couronne à terre, un évêque mitré, un noble en houppelande et un homme de
condition plus modeste. Le ciel à l’horizon bas est en perspective aérienne.
36. F. 17c, av. rubr. Texte .xxxv., 115 x 82 mm : Bellérophon et sa marâtre. Dans
une salle voûtée d’ogives, Bellérophon, vêtu d’une houppelande gris-mauve
doublée de fourrure et d’un chapeau mou, fait un écart, refusant les avances de
sa marâtre qui cherche à le convaincre (geste de l’argumentation). La reine porte
une robe rouge-orangé à traîne et une couronne or à fleurons. Au-dessus des
pignons et du toit bleu du palais, dans des rochers arides se cachent les fieres
bestes auxquelles son chaste refus condamne le héros : un animal hybride, un
lion, un cerf, un lièvre (!), une sorte de loup et un saurien.
37. F. 18a, av. rubr. Texte .xxxvj., 121 x 84 mm : Memnon prêt à venger Hector.
À l’arrière-plan, Hector nu tête, en courte houppelande rouge sur chausses
parties et collier d’or à la cosse de genêt40, est tué d’un coup d’épée au flanc par
un soldat en armure de plates (Achille), suivi de trois autres qui brandissent
sabre et flèche, et de leurs chevaux cachés derrière l’escarpement du terrain. Au
premier plan, devant un petit château de pierre grise à tourelles et mâchicoulis,
Memnon, déjà revêtu de son armure et de son casque à cimier de plumes
d’autruche, l’épée au côté et la lance en main dr., reçoit ses éperons que lui
attache un de ses trois écuyers, tandis qu’un valet d’écurie amène par la bride
son destrier prêt pour la guerre, avec chanfrein et cotte de mailles.
Maître au safran
38. F. 18c, av. rubr. Texte .xxxvij., 118 x 82 mm : Laomédon chassant les
Argonautes. Du haut des remparts de Troie, noble cité hérissée de tours, le roi
Laomédon congédie d’un geste Jason et Hercule, vêtus de houppelandes, qui
rejoignent leur nef où leurs compagnons les attendent. La voile carguée et les
barques sur l’eau ondée montrent que le bâteau est au mouillage. Sur le rivage
au sol jaune montant se dressent un moulin à vent et un arbre sec.
39. F. 18d, en bas de col., av. rubr. Texte .xxxviij. (au f. 19a), 133 x 83 mm :
Pirame et Thisbé. À l’arrière-plan se devinent les tours diaphanes de Babylone sur
fond de ciel en perspective. Sous un morier blanc (mûrier commun) aux larges
feuilles vertes et baies roses, un lion vomit les entrailles d’une de ses proies sur
la guimpe blanche perdue par Thisbé. Au centre, trois filets d’eau s’écoulent
d’une fontaine hexagonale en pierre rose et se rejoignent en ruisseau. Devant,
en houppelande courte d’un tissu bleu broché de lettres (Y et M), chausses
40 Peut-être s’agit-il d’une allusion au meurtre de Louis d’Orléans le 23 novembre 1407, qui avait
emprunté l’ordre de la cosse de genêt à son frère Charles VI. V. Hindman 1986, pp. 176-178 ;
Hablot 1999-2000.
{5} Paris, BnF, fr. 606 253

rouges et chapeau haut à aigrette, Pirame est étendu dans l’herbe jaune, déjà
mort. Il a les yeux clos et son côté saigne, près d’un poignard. Thisbé, en robe
rouge41, cheveux blonds dénoués, se donne la mort en appuyant son flanc sur
une épée posée en terre.
40. F. 19c, av. rubr. Texte .xxxix., 128 x 82 mm : Esculape contre Circé. Au
premier plan, l’enchanterresse en robe bleu pâle et fichu blanc noué sous le
menton, assise près d’un ruisseau où poussent des roseaux, touche de sa
baguette une des grenouilles qui peuplent la rive. Deux petits pots posés sur des
trépieds sont là pour la confection de sorts et de charmes. L’herbe vert tendre
est semée de bouquets de fleurettes. Un petit lézard marche dans les roseaux ;
un plus gros reptile (symbole de la médecine, mais ici plutôt négatif) sort d’une
caverne au pied de la montagne à l’arrière-plan, où est perché un château. Dans
un châtelet rose à tourelles et toits orange ouvert par une arcature, Esculape en
robe bleue de docteur, la tête coiffée d’un mortier blanc, examine un urinal.
Debout à son côté, une assistante que le texte ne mentionne pas42, portant robe
orange et guimpe blanche, tient un panier rond tressé. Le sol de la salle est
carrelé de jaune et bleu, le plafond de bois et le mur gris.
41. F. 20a, av. rubr. Texte .xl., 120 x 83 mm : La mort d’Achille. Le temple
d’Apollon couronné de merlons sur fond de ciel s’ouvre en une salle en briques
mauves au sol carrelé jaune, voûtée d’ogives rouges à clefs pendantes dorées.
Hécube, en couronne or, robe rouge à bordure et longues manches d’hermine
désigne la victime aux trois meurtriers (dont Pâris) en armures de plates
bleutées et heaume ou bassinet. Le premier, en tunique bleue, tient l’épée au
poing ; le second, en tunique jaune, perce le flanc d’Achille ; et à l’arrière-plan,
le dernier, en tunique rouge, brandit un cimeterre. Achille, vêtu d’une
houppelande bleue bordée de fourrure et de chausses rouges, est agenouillé les
mains en prière devant un autel tendu d’une nappe blanche où sont posées
deux statuettes d’or de dieux guerriers nus tenant chacun lance et bouclier. Il
saigne déjà abondamment d’une blessure à la tête43.
42. F. 20b, en fin de col., av. rubr. Texte .xlj. (au f. 20c), 132 x 82 mm : La
cruauté de Busiris. Dans un temple bleu-vert de plan centré ouvert sur le fond de
ciel, avec voûtes d’ogives rouges à clef pendante, deux fenêtres vitrées d’argent
dans le mur gris du fond et échauguette coiffée d’une coupole rouge en façade,
le roi Busiris est agenouillé devant un autel où sont posées deux idoles d’or
(v. n° 41). Il porte couronne d’or sur son chapeau rouge, houppelande rouge-
orangé et baudrier doré, et fait offrande à ses dieux de trois têtes coupées dont
les corps mutilés jonchent le sol carrelé jaune.
43. F. 20d, av. rubr. Texte .xlij., 119 x 82 mm : Héro et Léandre. Entre deux
escarpements jaunes, se dresse un château rose cantonné de tours rondes aux
murs percés de meurtrières et de fenêtres sur quatre étages en retraits

41 Contrairement au projet initial, la couleur ne couvre pas le bas de la robe longue dont le dessin
sous-jacent est resté apparent (inachevé, ou repentir pour éviter le chevauchement rouge sur rouge
des chausses de Pirame ?).
42 Mais sans doute voulue ici par l’auteur pour éviter une opposition déplaisante entre la science de
l’homme et les sortilèges de la femme.
43 La composition semble avoir pour prototype le Martyre de saint Thomas Beckett.
254 Œuvres

successifs, que baigne un bras de mer. Le corps de Léandre en petit linge flotte
sous l’eau ondée. Héro, embraçant le corps peri, les yeux ouverts et les lèvres
souriantes, est déjà à demi noyée. Seule reste encore hors de l’eau la traîne
orange de sa robe.
44. F. 21b, av. rubr. Texte. xliij., 118 x 81 mm : Les Grecs réclament Hélène. La
grande salle du palais de Troie, murs gris, fenêtres et carrelage de triangles
jaunes et roses, est vue à travers un arc rose en diaphragme. Le roi (Priam), en
couronne or et habit orange, y trône sous un dais vert broché. Autour de lui se
tiennent debout un jeune homme en chaperon orange, collier et ceinture or,
houppelande courte bleue et chausses parties (Pâris), un conseiller barbu en
chapeau rose à bords retroussés, et Hélène, qui porte couronne d’or et robe
verte à bordure et longues manches d’hermine. Face à eux, trois envoyés grecs
entrés par une porte, le premier en habit de clerc orange, le second en
houppelande courte mauve, camail et ceinture à grelots d’or, font des gestes
d’argumentation.
45. F. 21c, en bas de col., av. rubr. Texte .xliiij. (au f. 21d), 128 x 80 mm :
Aurore. Au point du jour, un paysan barbu devant sa maisonnette grise couverte
d’ardoise, boutonne sa tunique orange par dessus sa chemise, ses chausses et
ses souliers noirs. Il lève la tête vers la déesse Aurore aux carnations
rougeoyantes issant d’un ciel zébré de noir, blanc, rose et bleu. Vêtue d’une
robe rose et d’une coiffe verte, elle porte à bout de bras la grande orbe dorée du
soleil. Des oiseaux peuplent le paysage : deux cygnes (en mémoire de son fils
Cygne) et des alérions s’envolent, un rapace est perché dans une forêt de petits
arbres, des corvidés picorent le sol jaune herbeux semé de bouquets de
fleurettes bicolores, un coq sur un perchoir annonce sans doute l’aurore. Au
premier plan, coule une source44.
46. F. 22a, av. rubr. Texte .xlv., 120 x 84 mm : Pasiphaé et le taureau. Dans un
pâturage d’herbes jaunes et de fleurettes, la reine Pasiphaé, couronnée d’or et
vêtue d’une robe rouge à longues manches brochée de couronnes et bordée
d’hermine, embrasse un taureau brun sur le museau, les bras passés autour de
son cou. Au premier plan paissent deux vaches du troupeau et deux autres sont
couchées. Le ciel en perspective aérienne laisse deviner les tours d’une ville.
47. F. 22c, av. rubr. Texte .xlvj., 120 x 81 mm : Le sommeil d’Adraste troublé par
Thidée et Polinice. Sur fond de ciel, un édifice d’architecture bleutée à plan
hexagonal et toit rouge s’ouvre sur deux scènes par deux arcatures en
diaphragme superposées. À l’étage, le roi Adraste couronné d’or est couché
dans un grand lit à couverte rouge vif, traversin blanc et baldaquin vert frangé
de rouge et blanc. La main dr. sous la joue, il a le geste du dormeur ou du
rêveur qui fait aussi bien allusion au sommeil d’Adraste réveillé par le bruit (la
noise des espees sus les escus) qu’au songe prémonitoire qu’il eut du combat d’un
lion et d’un dragon (comme Adrastus eust songié une nuit). Sous le portail du palais,
Thidée et Polinice, armés et casqués, épées brandies, écu rouge contre écu bleu,

44 Le blanc de l’eau est en partie déplaqué et le dessin sous-jacent, visible par transparence, montre
une trace de repentir : le ruisseau prenait initialement sa source près du paysan et coulait dans
l’autre sens.
{5} Paris, BnF, fr. 606 255

se jettent l’un contre l’autre sur leurs chevaux, l’un blanc, l’autre baie. Le roi
mettra bonne paix entre les héros en les mariant à ses filles.
48. F. 23a, av. rubr. Texte .xlvij., 127 x 85 mm, Cupidon et le jeune Hector. Issant
d’un nuagé dans le ciel en perspective aérienne, Cupidon, couronné et vêtu
d’une robe verte brochée de lys blancs et d’un motif rouge, serre la main dr. que
lui tend le jeune homme45. Ses ailes sont roses à l’ext. et ocellées en dedans
comme la queue d’un paon, attribut traditionnel de la vanité. Hector, coiffé
d’une aigrette, est élégamment vêtu d’une houppelande à larges manches orange
vif doublée de fourrure brune, ceinturée à la taille, sur des chausses parties
orangé et blanc, et porte une écharpe de perles de jais. Dans le paysage d’herbe
jaune où coule une source s’élève une colline sommée d’un bouquet d’arbres,
tandis qu’on aperçoit les tours grises d’un château à l’arrière-plan.
49. F. 23c, av. rubr. Texte .xlviij., 120 x 80 mm : Apollon et Coronis. Issant d’un
nuagé dans le ciel en perspective aérienne, Phébus en robe rose brochée, le
visage rougeoyant et rayonnant comme le soleil, vient de décocher une flèche
de son arc encore bandé (!) contre la demoiselle en contrebas. Coronis, en robe
mauve et coiffe rouge, mortellement blessée en pleine poitrine, saigne et
commence à choir, les bras ballants sur le côté. Le corbeau devenu noir en signe
de douleur s’envole46. Le paysage jaunâtre et montueux est ponctué de bosquets
de petits arbres, d’un moulin à vent sur une hauteur, et d’une ville à l’arrière-
plan.
Maître de l’Épître Othéa
50. F. 24a, av. rubr. Texte .xlix., 125 x 83 mm : Junon et les riches. Sur fond de
ciel, dans une orbe de nuages, Junon en buste se tient au-dessus d’un édifice.
Vêtue d’une robe bleue et d’un manteau rose à orfrois, elle est ceinte d’une
couronne formée de besants qui évoquent la richesse, et tient une grande
bourse. La salle en contrebas, pavée de losanges jaunes et noirs et éclairée de
baies à carreaux jaunes, abrite cinq hommes, dont un à barbe chenue et
chaperon. Ils portent la houppelande, rouge ou bleue sur chausses parties, ou
l’habit gris ou rouge. Autour d’une table à nappe bleue, trois comptent leurs
écus d’or. L’un, préférant manifestement avoir et richece à honneur et vaillance, est
agenouillé devant un des coffres gris posés au sol, couvercle ouvert sur une
grande quantité d’écus. Le dernier apporte des coffrets.
Maître au safran
51. F. 24c, av. rubr. Texte .l., 117 x 82 mm : Adraste méprisant le conseil
d’Amphoras. Le roi Adraste couronné d’or, une tunique jaune sur son armure,
marche contre Thèbes à la tête de son armée. Il monte un cheval couvert d’une
housse rouge et tient un écu à ses armes : de gueules au dragon d’or, tandis qu’une
bannière de même et d’autres étendards à armoiries fictives flottent au-dessus
des cavaliers. Un porte-étendard en tunique rouge et bassinet à aigrette tient
l’oriflamme des rois de France47. Les autres sont coiffés de casques à visière, à
45 Dans le Harley, le dieu tient des flèches de l’autre main, f. 117.
46 Il est encore blanc dans le Harley, f. 117v.
47 Dans le Harley au contraire, une bannière de gueules aux léopards d’or assimile l’expédition
malheureuse d’Adraste à une chevauchée anglaise (f. 118v).
256 Œuvres

l’exception d’un homme barbu, Amphoras, qui porte un chapeau civil malgré
l’armure et le gantelet. Chevauchant de conserve avec le roi, il se tourne vers lui,
en vain. Le paysage jaunâtre laisse voir les murailles d’une ville derrière une
colline, sur fond de ciel en perspective.
52. F. 24d, en bas de col., av. rubr. Texte .lj.48 (au f. 25a), 117 x 83 mm :
Saturne donnant l’exemple du silence. Plongeant d’un nuagé sur fond de ciel en
perspective, Saturne barbu, vêtu d’une robe jaune verdâtre et d’un fichu blanc,
croise les bras et place l’index devant sa bouche pour intimer le silence. Assis
sur le sol jaune en contrebas, trois hommes de différents âges, dont un clerc, et
une femme aux cheveux dénoués imitent son geste. Ils sont vêtus de mauve,
rouge, rose et bleu. Le terrain s’escarpe à l’arrière-plan vers des bouquets
d’arbustes et une ville hérissée de tours.
Maître de l’Épître Othéa
53. F. 25b, av. rubr. Texte .lij., 115 x 82 mm : La corneille et le corbeau. Dans un
paysage brun sur fond de ciel, la corneille noire et le corbeau au grand bec se
font face, chacun perché sur un arbre aux larges feuilles. Ici, le corbeau, porteur
d’une mauvaise nouvelle, est déjà noir49, bien que sa rencontre avec la prudente
corneille précède le changement de couleur évoqué au f. 23v (v. n° 49).
54. F. 25c, av. rubr. Texte .liij., 117 x 81 mm : Ganymède tué par accident. Dans
un paysage dépouillé au sol brun vert avec un arbre aux feuilles cordiformes sur
fond de ciel à l’horizon bas, Phébus et Ganymède se mesurent au lancé de la
barre de fer. Le dieu, au visage et aux mains rouges, la chevelure en forme de
rayons de soleil, est vêtu d’un justaucorps gris à amples manches sur des
chausses parties noir et blanc. Il a le geste du lanceur de javelot. La barre en
retombant s’est fichée dans l’œil de Ganymède, faisant jaillir le sang. L’élégant
jeune homme tombe déjà à la renverse, signe que sa mort est proche. Il porte
une tunique rose brochée à longues manches doublées de bleu, un collier doré
et des chausses parties rouge et blanc.
55. F. 26a, av. rubr. Texte .liiij., 112 x 85 mm : Jason conquérant la Toison d’or.
D’une barque munie d’un aviron plongeant à tribord dans l’eau ondée, Jason
vient d’aborder l’isle de Colcos. En tunique rouge sur son armure et casque à
visière relevée, il affronte le dragon ailé au moyen d’un épieu et de l’épée qu’il a
dégainée. Le sol brun irrégulier est semé de plantes simplement dessinées. Deux
vaches se reposent sur une colline, tandis que sur une autre, un bélier, le mouton
qui la toison avoit doree, couché lui aussi, regarde le combat.
56. F. 26c, av. rubr. Texte .lv., 125 x 82 mm : Persée affrontant la Gorgone. Sur un
sol beige aride où sont dessinées quelques plantes ton sur ton, un dragon ailé de
même couleur, la serpent Gorgon, se tient près d’un arbre. Persée lui transperce le
cou de sa lance. Le héros, en tunique rose à manches flottantes sur son armure
bleutée, casque à plumeau et genouillères dorées en forme de mufles de lion,
tient un écu d’or plain pour réfléchir (en la resplandeur de son escu qui tout fu d’or) le
regard pétrifiant de la bête50. Dans le ciel en perspective volent des oiseaux.

48 Un x fautif est partiellement effacé devant le numéro lj.


49 Il est encore blanc dans le Harley, f. 119.
50 Le Harley est ici moins fidèle puisqu’il lui donne un écu d’or au lion de sable, f. 120v.
{5} Paris, BnF, fr. 606 257

57. F. 27a, av. rubr. Texte .lvi., 128 x 83 mm : Vulcain enchaînant Mars et Vénus.
Dans une chambre d’architecture grise carrelée de brun, jaune et blanc, Mars et
Vénus dorment dans un grand lit à couverture rose, draps et traversin blanc.
Une couronne rouge est suspendue à la tringle d’un rideau transparent qui court
le long du mur. Agenouillé au premier plan, Vulcain, les cheveux nattés dans le
dos et vêtu d’une houppelande bleue sur des chausses parties blanc et rouge,
tend sur le lit une double chaîne dorée (unes chayenne d’arain). Le visage
rougeoyant auréolé de rayons d’or de Phébus, qui a surpris les amants, paraît à
la fenêtre. Trois autres dieux, en vêtement parti et chaperon, assistent à la
scène.
58. F. 27c, av. rubr. Texte .lvij., 117 x 82 mm : La mort de Cyrus le Grand. Sur
fond de ciel, une grande tente écrue sert de pavillon à la reine Thamar
couronnée d’or, en robe mauve et gantelets d’armure, qui trône sur un siège
orange et tient l’épée de justice. Elle est assistée de trois Amazones aux cheveux
blonds dénoués et robes rouge, noire ou rose sur leur armure, et d’un Sarrasin à
peau mate et turban blanc qui fait office de bourreau. Les corps de trois
guerriers décapités gisent à terre, tandis que le Sarrasin, cimeterre levé, plonge la
tête encore couronnée de Cyrus dans un baquet plein du sang de ses barons,
car, dit la reine, Cirus qui oncques ne fus saoulé de sanc humain or en peus boire ton saoul.
59. F. 28a, av. 1er vers du chap. 68 (rubr. manque), 121 x 84 mm : Jason et
Médée. Dans sa chambre blanche parquetée, assise sur son lit, Médée en
houppelande rose à col montant, ceinture d’or et collier, reçoit Jason, agenouillé
en houppelande blanche frangée, besace noire et chausses parties rouge et
blanc. Elle lui remet ses biens (sa chevance) sous forme d’un coffret à ferrures
posé sur le lit. Un baldaquin est tendu au-dessus du traversin et de l’oreiller
rose. Un pan de la robe de Médée mord curieusement sur l’extérieur du
bâtiment dont les fenêtres sont closes de volets de bois.
60. F. 28b, en fin de col., av. rubr. Texte .lix. (au f. 28c), 120 x 81 mm : Acis
et Galathée. Le front ceint d’un bandeau blanc, le géant Polyphémus, dont la
tunique se confond avec la couleur de la roche, écrase sous un rocher le jeune
Acis, genou en terre, sous les yeux de Galathée, en houppelande rose, cheveux
blonds dénoués, qui s’est réfugiée sur l’eau. Acis est galamment vêtu d’une
houppelande courte gris bleu à manches frangées et chausses parties rouge et
blanc.
61. F. 28d, av. rubr. Texte .lx., 121 x 83 mm : Les noces de Thétis et Pélée. Dans
la salle du banquet vue par une arcature diaphragme, trois tables couvertes de
nappes blanches à carreaux sont dressées sur tréteaux pour le banquet des
dieux. Ils portent robe ou habit bleu, rose, blanc ou rouge. La mariée, Thétis,
habillée de rouge comme c’était l’usage et couronnée d’or, est assise au centre
de l’image et vue de face, entourée de quatre dames. Au fond, à la table des
hommes, un Jupiter à barbe chenue est coiffé d’une couronne impériale et tient
le globe d’or, symbole de sa puissance. Il est entouré de trois rois couronnés
(celui en rouge est peut-être le marié). Au premier plan, Eris en robe rose et
guimpe blanche, arrivée par la dr. et penchée en avant comme une vieille
femme, pose sur la table où dînent Pallas, Junon et Vénus (sans doute la reine
vêtue d’une houppelande rouge) la pomme de discorde qui tend à se confondre
258 Œuvres

avec les petits pains ronds. Un chien blanc est couché sous la table. Le sol est
carrelé de noir et jaune et brun, le mur du fond tendu de brocard or et le
plafond à poutres apparentes.
62. F. 29b, av. rubr. Texte .lxj., 118 x 80 mm : La mort de Laomédon. Les nefs
noires des Grecs viennent d’aborder le rivage de Troie, leurs voiles blanches
encore gonflées par le vent. La poupe de l’une est couverte d’un pavillon rouge.
Les guerriers débarqués, en armures et casque bleutés, revêtus de tuniques noire
ou rouge, attaquent Laomédon par surprise avec lances et sabres. Le roi tombe
déjà décapité tandis qu’un soldat lève à nouveau son sabre. À l’arrière-plan se
dressent les tours roses de la ville aux toits d’ardoise sur fond de ciel en
perspective.
63. F. 29c, en bas de col., av. rubr. Texte .lxij. (au f. 29d), 114 x 80 mm :
Sémélé trompée par Junon. Dans une salle voûtée d’ogives, carrelée de noir et jaune
et prenant jour par deux grandes fenêtres à vitres jaune pâle et un petit oculus
au-dessus d’une porte à ferrures, Sémélé, en robe rouge à longues manches et
chapel de fleurs, reçoit la visite de Junon sous le déguisement d’une vieille
femme s’appuyant sur une canne, vêtue d’un chaperon bleu et d’une robe jaune,
couleur de la tromperie.
64. F. 30a, en bas de col., av. rubr. Texte .lxiij. (au f. 30b), 123 x 85 mm :
Diane à la chasse. Dans une forêt de petits arbres aux feuilles larges, sur fond de
ciel, Diane, les cheveux blonds noués en queue de cheval, vêtue d’une tunique
rose, son cor et son carquois plein de flèches en bandoulière, vient de décocher
de son arc. La flèche a atteint le cerf qui se retourne, poursuivi par trois chiens.
Des trois compagnes de la déesse, l’une en robe orange à larges manches fait
fonction de valet de chiens, l’autre, en robe mauve, sonne du cor qu’elle porte
en bandoulière et la dernière derrière les arbres, en robe rouge et couronne de
roses, tient une perche servant sans doute à battre les fourrés pour lever le
gibier51.
65. F. 30b, en bas de col., av. rubr. Texte .lxiiij. (au f. 30c), 77 x 83 mm :
Pallas et Arachné. Sur fond de ciel à l’horizon bas, Arachné se tient derrière un
grand métier à tisser de basse lisse occupant la largeur de l’image, où est tendue
une toile blanche à liseré bleu. Vêtue d’un foulard noué, d’un haut rouge et
d’une jupe écrue, elle tient la navette en main g. et de l’autre désigne Pallas qui
s’avance en robe bleue et couronne d’or. La déesse argumente par gestes, tandis
que dans le coin sup. dr., Arachné déjà transformée en énorme araignée, tisse sa
toile.
66. F. 30d, av. rubr. Texte .lxv., 120 x 83 mm : La mort d’Adonis. Dans la
clairière d’une forêt à larges feuilles, sur fond de ciel, Adonis, en habit rose,
chaperon et chausses noires, éperons aux pieds et cor en bandoulière, gît
éventré, son épieu de chasse tombé près de lui. Un grand sanglier brun à l’œil
féroce et aux défenses acérées est assis tout contre.
67. F. 31a, en bas de col., av. rubr. Texte .lxvj., 128 x 85 mm : Prise de la
première Troie. Le roi Laomédon et ses chevaliers en surcots rouges, sortant par
une porte de Troie, s’avancent vers le rivage où mouillent les vaisseaux vides
des Grecs : deux nefs, un canot et une barque à voile. Cachés par les arbres, les
51 Ce dernier personnage est supprimé dans la scène correspondante du Harley, f. 124.
{5} Paris, BnF, fr. 606 259

Grecs (menés par Hercule) sont en train d’entrer dans la ville par une autre
porte. Ils portent le surcot rose sur l’armure et des plumes de même sur leur
casque. Une bannière rose flotte déjà au-dessus des tours grises et des toits de
tuile de la ville.
68. F. 31c, av. rubr. Texte .lxvij., 120 x 82 mm : Orphée charmant les animaux.
Assis au milieu d’un îlot, Orphée en houppelande rose doublée d’hermine joue
d’une lyre. Autour de lui sont assemblés un lion assis, un lièvre, une loutre, une
panthère, une belette, un bouquetin et plusieurs oiseaux (huppe, chouette...)
perchés dans le feuillage d’un bosquet d’arbres à feuilles cordiformes, sur fond
de ciel en perspective aérienne.
69. F. 31d, en bas de col., av. rubr. Texte .lxviij. (au f. 32a), 112 x
83 mm [Album couleurs, n° 11] : Le songe de Pâris52. Pâris, en habit rouge sur des
chausses parties blanc et rouge, collier d’or et cor passé en bandoulière,
sommeille contre la margelle d’une fontaine bleutée d’où coulent deux filets
d’eau53. Le coude plié et la main sous la joue dénotent l’attitude du dormeur ou
du rêveur. Mercure en houppelande et chaperon blanc jeté sur l’épaule présente
la pomme d’or de la discorde, tandis que les trois déesses couronnées d’or, en
robes bleue, rose et (pour Vénus ?) rouge à manches d’hermine se tiennent
derrière la fontaine, abritées par un bosquet.
70. F. 32b, av. rubr. Texte .lxix., 123 x 81 mm : Diane et Actéon. Devant une
forêt dense, Diane, coiffée d’une cornette blanche, se baigne, le buste dénudé,
dans une fontaine de pierre gris bleu, entourée de trois nymphes vêtues de
robes blanches et cornettes54. Actéon, en courte houppelande rouge, chausses
parties rouge et blanc et cor de chasse en bandoulière s’avance, tandis qu’à
l’arrière-plan, déjà changé en cerf brun à grande ramure, il s’enfuit en
bondissant. Le sol beige est parsemé de plantules grasses ton sur ton.
71. F. 32d, en bas de col., av. rubr. Texte .lxix. (au f. 33a), 98 x 82 mm :
Orphée et Eurydice. Dans un rocher sur lequel est juché un petit diable cornu, la
porte de bois des Enfers, avec poignée et ferrures (aux portes de fer dit le texte),
est entrouverte. Un autre diable brun, de grande taille, pourvu d’une queue et
de pieds en forme de serres, s’avance muni d’un crochet. Orphée, en chaperon
rose, houppelande courte de même, larges manches doublées de bleu et
chausses parties rouge et blanc, joue de sa lyre tout en se retournant vers
Eurydice. La jeune fille, cheveux dénoués, porte une robe violacée à manches
traînantes doublées d’hermine. Le ciel à l’horizon bas est brumeux.
72. F. 33c, av. rubr. Texte .lxxj., 114 x 81 mm : Achille reconnu par Ulysse. Dans
une architecture rose ouverte par une arcature diaphragme, une salle voûtée
d’ogive et carrelée de blanc et noir avec une porte de bois à l’arrière-plan tient
lieu de temple ou abbaye la deesse Vesta. Sept religieuses en robe blanche et voile

52 Le thème du Jugement ne correspond pas directement au texte, qui évoque seulement le songe du
rapt d’Hélène ou « avision » de Pâris.
53 Le ruisseau ainsi formé est resté au stade du dessin sous-jacent.
54 Dans le Harley, f. 126, les compagnes de Diane sont représentées en chasseresses.
260 Œuvres

brun55 se baissent pour voir et ramasser les articles féminins jetés au sol par
Ulysse, cependant qu’Achille, en vesture de pucelle et voilé comme nonne, a saisi une
grande épée et guigne un écu brun dont il ramasse la bride (d’or plain). Ulysse,
homme d’âge avancé à la barbe blanche bifide, porte un chaperon brun et un
habit bleu sur des chausses parties bleu et blanc.
73. F. 34a, av. rubr. Texte .lxxij., 123 x 81 mm : La course d’Atalante. Dans un
sobre paysage à l’horizon bas agrémenté de deux arbres aux larges feuilles
différenciées, cordiformes pour l’un, sagittées pour l’autre, Atalante, en robe
rouge à longues manches, cheveux au vent, fait la course en tête. Son
soupirant56, en chausses parties rouge et blanc, houppelande courte mauve à la
manche brodée d’anneaux dorés et collier d’or en forme de branchage, la
poursuit, avec dans la main dr. la pomme blanche qu’il s’apprête à lancer.
74. F. 34c, av. rubr. Texte .lxxiij., 125 x 82 mm : Le jugement de Pâris. Sur fond
de ciel en perspective, sous un bouquet d’arbres aux grandes feuilles
cordiformes s’avancent les trois déesses couronnées d’or. Junon, deesse d’avoir et
de seigneurie, est sans doute celle vêtue d’une robe blanche et d’un manteau
mauve doublé d’hermine, signe de majesté ; Pallas, deesse de chevalerie et de sagece,
celle en robe rouge ; et Vénus, deesse d’amours, est la reine en robe à longues
manches du même vert foncé que le feuillage, à qui Pâris remet la pomme d’or.
Le jeune homme est vêtu d’une courte houppelande à col montant et manches
sac, rose broché d’un rameau d’or, sur des chausses parties rouge et blanc, et
porte un collier d’or à cosses de genêt comme les trois reines.
75. F. 35a, av. rubr. Texte .lxxiiij., 127 x 81 mm : La roue de Fortune. Sur fond
de ciel à l’horizon bas, une immense Fortune, la grant deesse en robe rose et
guimpe blanche, les yeux bandés, fait tourner une roue sur son axe fixé aux
extrémités à deux montants de bois. Six personnages sont figurés autour de la
jante, trois assis dessus et trois s’y agrippant. L’un, en tunique verte et chausses
parties rouge et blanc, rampe tête en bas ; le suivant en tunique bleue menace
de tomber et perd sa couronne ; le troisième en tunique rouge et chausses
parties tente de remonter ; le quatrième est vêtu comme un grand seigneur en
habit rose et toque à aigrette, le cinquième, au faîte, est un roi vêtu de bleu à
écharpe, sceptre et couronne d’or ; et le dernier, un jeune seigneur en habit
rouge et chapel de roses d’or, tient un bâton de commandement.
76. F. 35b, en bas de col., av. rubr. Texte .lxxv. (au f. 35c), 98 x 82 mm : Pâris
et Hélène. Dans une salle d’architecture rose ouverte par une arcature en
diaphragme au sol beige quadrillé de noir, Pâris embrasse voluptueusement sa
mie qui le tient par la taille. De carrure imposante, il est vêtu d’une courte
houppelande à col montant et larges manches, bleue brochée de rameaux d’or
doublée de fourrure, chausses blanches, socques et ample chaperon noir orné
de bijoux d’or et d’une gemme ; elle, longiligne, d’une robe verte et d’une
couronne d’or à rubis.

55 Les religieuses représentées dans le Harley, f. 127v, portent l’habit blanc et un voile noire sur une
guimpe blanche, ce qui fait penser aux dominicaines de Poissy telles que Christine de Pizan les
décrit dans le Dit de Poissy.
56 Le texte ne fait mention ni d’Hippomène, ni de ses pommes d’or (qui dans le Harley, f. 128, sont
bien d’or).
{5} Paris, BnF, fr. 606 261

77. F. 35d, av. rubr. Texte .lxxvj., 118 x 83 mm. Céphale et Procris. Parti la
sauvagine gaiter dans une forêt aux arbres à larges feuilles cordiformes sur fond
de ciel à l’horizon bas, Céphale en habit bleu, chausses bleu et blanc et bonnet à
plume rose, vient de lancer son javelot infaillible contre ce qu’il croit être un
oiseau. Transpercée, sa femme en robe rose et coiffe blanche, qui se cachait
dans des fourrés aux feuilles sagittées, croise son regard.
78. F. 36b, av. rubr. Texte .lxxvij., 120 x 80 mm. Hélénus conseillant le roi Priam.
Dans une architecture gris bleutée voûtée d’ogives à clefs d’or pendantes,
ouverte par une arcature diaphragme, Priam en habit rose, chausses parties
rouge et blanc, couronne et sceptre d’or, est assis sur une chaise curule bleue
placée sur une plateforme ronde en pierre au milieu de la salle au sol carrelé de
beige et blanc tournoyant. Le roi, qui porte une barbiche blanche bifide, se
tourne vers un jeune homme debout qui argumente par gestes (Hélénus sage clerc
et plain de science) en habit bleu et chaperon rose sur l’épaule. Un vieil homme
assis, en habit gris mauve, chaperon noir sur l’épaule et couvre-chef blanc lui
fait pendant, lui aussi argumentant57. Deux autres membres du conseil, vus de
dos, sont assis sur des tabourets au premier plan, l’un habillé de vert, chaperon
rose sur l’épaule, l’autre, un clerc tonsuré, en coule blanche et scapulaire bleu
rappelant l’habit bénédictin.
79. F. 36c, en bas de col., av. rubr. Texte .lxxviij. au f. 36b, 124 x 81 mm :
Morphée. Dans une chambre voûtée en berceau de bois, mur du fond rose percé
de baies vitrées et sol jaune quadrillé, vue à travers une arcature grise en
diaphragme, un homme couché dans un grand lit à couverture gris mauve, drap
et traversin blancs et baldaquin bleu, regarde Morphée. Le dieu de songe aux ailes
bleues empennées, vêtu d’une houppelande rose, compte sur ses doigts comme
pour exposer au dormeur le sens de son rêve.
80. F. 37a, av. rubr. Texte .lxxix., 123 x 83 mm : Céyx et Alcione. Sur fond de
ciel, un château gris à échauguettes entouré de remparts crénelés munis de tours
s’élève près du rivage. Quatre dames en sortent, menées par Alcyone en robe
rose et couronne d’or. Ses suivantes portent coiffes et robes à longues manches
d’hermine. Au premier plan, trois bateaux attendent d’appareiller : deux nefs
voile déployée, et une galère dont les rameurs s’activent et la voile est gonflée
par le vent. Dans la nef principale à châteaux avant et arrière ont pris place le
roi à barbe blanche bifide, tunique rouge et couronne or, et ses hommes
d’armes en armure et casque à plumeau. Céyx serre les mains d’Alcyone en un
geste d’adieu. Les alcyons de blanc plumage dans lesquels les époux seront
transformés ne sont pas représentés.
81. F. 37c, av. rubr. Texte .iiijxx., 118 x 82 mm : Priam écoutant le conseil de
Troylus58. La salle du trône au sol dallé de jaune et au plafond bleu en berceau,
éclairée par des fenêtres vitrées sous une série d’arcatures roses, est ouverte par
une architecture ocre en diaphragme. Priam, ici imberbe, en habit bleu,
couronne et sceptre d’or, est assis sur une chaise curule grise placée sur une
plateforme ronde en pierre rose. Le roi se tourne vers un enfant debout vêtu de
57 Le jeune homme est transformé en clerc, sans doute pour être mieux identifié comme Hélénus,
dans le Harley, f. 130, et le vieil homme en roi.
58 Propos inverse à celui du chap. .lxxvij.
262 Œuvres

mauve sur des chausses parties rouge et blanc, Troylus, qui argumente par
gestes. Quatre viellars, dont trois seulement portent la barbe grise, en habits rose
à col d’hermine, bleu à pattes (comme les maîtres de l’université) ou gris,
forment cercle, assis sur des sièges ou à même le sol.
82. F. 38a, av. rubr. Texte .iiijxxj., 122 x 83 mm : La rencontre de Calchas et
Achille. Le temple d’Apollon est rendu par une architecture d’église blanche et
bleutée à clefs pendantes, arcatures, fenêtres vitrées et sol carrelé de blanc et
beige, dont le chœur est couvert d’une coupole. Sur un autel couvert d’une
nappe brochée sont placées deux statues d’or de dieux guerriers payens.
Devant, deux jeunes nobles nu tête se serrent la main en signe d’entente : l’un
portant collier et écharpe d’or à pendants, houppelande courte rouge et
chausses parties noir et blanc (Achille), l’autre une houppelande longue grise
frangée d’hermine et un chaperon bleu dénoué sur l’épaule (le traître Calchas59).
83. F. 38c, av. rubr. Texte .iiijxxij., 120 x 83 mm : Bain d’Hermaphrodite et de la
nymphe à la fontaine de Salmacis. Dans une clairière délimitée par des arbres à
grandes feuilles sur fond de ciel, Hermofrodicus, à mi-corps, se baigne nu dans un
étang ondé où l’a rejoint la nymphe dévêtue sauf sa cornette blanche, qui
cherche à l’étreindre alors qu’il la repousse du plat de la main. Au premier plan,
le sol strié est semé de plantes justes dessinées.
84. F. 39a, av. rubr. Texte .iiijxxiij., 123 x 82 mm : Ulysse inventeur du jeu d’échecs.
Pendant une trêve du siège de Troie, deux chevaliers grecs assis sur des trétaux
jouent aux échecs autour d’un échiquier au moyen de pions rouges et noirs –
l’un des joueurs (Ulysse ?) vient de capturer un pion, son adversaire en déplace
un autre – sous le regard de deux de leurs compagnons debout devant leur
tente. L’un porte par-dessus l’armure un surcot rouge, les autres une
houppelande courte blanche et un chaperon rouge ou un chapeau à plumeau.
Un cheval crème harnaché de rouge vu de face se tient prêt au combat. Trois
lances à penons sont appuyées contre la tente et deux écus accrochés à ses
courtines (l’un vairé et l’autre d’argent à la bande de gueules). À l’arrière-plan se
dressent deux autres pavillons sur fond de ciel moucheté.
85. F. 39c, av. rubr. Texte .iiixxiiij., 120 x 81 mm : Troïlus et Briséide. Dans un
paysage aride, Troïlus, vêtu d’une houppelande rouge à larges manches sur des
chausses parties blanc et rouge et portant une écharpe d’or à grelots, donne
inconsidérément la main à Cupidon. Le dieu ailé, vêtu d’une robe violacée à
orfrois, a surgi des nuées au-dessus. Le jeune homme tourne le dos à Briséide,
simplement vêtue d’une robe rose et d’une cornette blanche.
86. F. 40a, av. rubr. Texte .iiijxxv., 120 x 83 mm : La mort de Patrocle. Chevaliers
grecs et troyens s’affrontent à la lance et à l’épée devant un fourré. Au premier
plan, un cheval et son cavalier tombent en avant. Hector, armé de pied en cap,
charge sur un cheval en robe armoriée (de gueules au lion d’or assis sur un trône
d’argent, tenant de sa dextre une épée de même). Les mêmes armoiries se retrouvent

59 La comparaison avec le ms. Harley 4431, f. 132, permet de les distinguer : Calchas y est représenté
en soubtil clerc comme le prévoit le texte.
{5} Paris, BnF, fr. 606 263

sur sa targe et sur l’étendard que porte un de ses hommes60. De sa lance, il


frappe Patrocle à la visière du heaume, et le renverse de son cheval crème.
87. F. 40b, en bas de col., av. rubr. Texte .iiijxxvi. (au f. 40b), 120 x 83 mm :
Narcisse et Echo. Enveloppée dans un bosquet de hêtres à larges feuilles sur fond
de ciel en perspective, Echo, en robe gris violacé, regarde Narcisse, que sépare
d’elle une fontaine rose quadrangulaire annonçant l’épisode suivant (chap. 16,
au f. 10a, v. n° 17). Le jeune homme, en houppelande rouge frangée, poulaines
rouges, toque grise à aigrette blanche, collier, écharpe et éperons d’or, se
détourne ostensiblement de la belle.
88. F. 40d, en bas de col., av. rubr. Texte .iiijxxvij. (au f. 41a), 112 x 82 mm :
Apollon et Daphné61. Dans un paysage verdâtre ponctué d’une rocaille sur fond
de ciel en perspective à l’horizon bas, Phébus, le visage rougeoyant et la tête
rayonnant d’or comme un soleil, cueille une branche du laurier-Daphné et tient
déjà une autre branche arquée pour former une couronne ou chappel de laurier.
Le corps nu et blanc de la nymphe est encore visible des pieds à la taille, tandis
qu’au-dessus, elle a pris l’apparence d’un arbre vert-jaune aux grandes feuilles
lancéolées bien identifiables, qui surplombe le dieu.
Maître d’Egerton
89. F. 41b, en bas de col., av. rubr. Texte .iiijxxviij. (au f. 41c),
119 x 83 mm [Album couleurs, n° 9] : Les adieux d’Hector et Andromaque. Dans un
paysage herbeux et vallonné avec bosquets et tours à l’arrière-plan sur fond de
ciel moucheté, Hector met le pied à l’étrier de son cheval recouvert d’une robe
violette et sellé dans les trois couleurs emblématiques du roi Charles VI62 (tapis
de selle blanc, coussin vert et selle rouge). Il est revêtu d’un casque à plumes
blanche, verte et rouge, visière relevée, un bandeau blanc noué par-dessus, et
d’une armure à l’antique avec éperons d’or, genouillères en forme de mufles de
lion, gantelets de fer, cuirasse bleue à ptéryges, ceinture nouée, coudières or,
épaulières à pointe. Andromaque, en robe rose, portant la guimpe et le voile des
femmes mariées, s’adresse à son époux d’un geste de la main et, pour
l’émouvoir, lui désigne de l’autre leurs deux (sic) enfants. L’un des garçonnets
est vêtu d’une houppelande rouge et d’un chaperon violet, l’autre, nu tête, d’un
habit doré.
Maître au safran
90. F. 41d, av. rubr. Texte .iiijxxix., 124 x 86 mm : La prise de Babylone par
Ninus. Sur une rive herbeuse, un détachement de soldats à pied portant
bannières (de gueules au cygne d’argent et d’azur semé de croisettes), dont les armures
comportent quelques détails orientalisants, attaque à l’épieu les défenseurs qui
sortent d’un châtelet, herse relevée, et se massent sur un pont derrière une
barrière de protection. Babylone, ceinte de tours à toits bleus et de murs roses
baignés par un cours d’eau, est une accumulation d’édifices aux couleurs vives :

60 Hector porte les mêmes armoiries dans le Chevalier errant de Thomas de Saluces, BnF, fr. 12559,
f. 125.
61 Cette représentation originale de Daphné s’inspire de l’image de la mandragore dans les Livres de
simples ; voir Meiss 1974, 1, p. 29.
62 Hablot 2001, pp. 606-608.
264 Œuvres

maisons à pignon, tours aux toits pointus hérissés de petits étendards dorés,
donjon quadrangulaire cantonné d’échauguettes, « tour de Babel » à trois
niveaux couverte d’un dôme, et palais au toit de tuiles à motifs de type
« bourguignon ».
Maître de l’Épître Othéa
91. F. 42a, en bas de col., av. rubr. Texte .iiijxxx., 113 x 85mm : Priam retenant
Hector. Sur fond de ciel à l’horizon bas, Hector et ses chevaliers partent au
combat. Monté sur un cheval gris sombre à chanfrein, il tient un bâton de
commandement et porte un cercle de tête rouge et, par-dessus l’armure, une
cotte armoriée de gueules au lion d’or assis sur un trône d’argent (voir n° 86). Ses
hommes sont coiffés de casques à plumes blanches, roses ou rouges et tiennent
des penons dorés et un étendard aux couleurs d’Hector (de gueules à trois lions d’or
assis sur des trônes d’argent). Précédé par un lévrier courant, le vieux Priam tout
chenu sur son cheval pommelé, vêtu de rose et couronné d’or, retient le destrier
de son fils par la bride pour le dissuader de partir au combat. Son conseiller est
habillé comme lui en civil et coiffé d’un haut chapeau brun.
92. F. 42c, av. rubr. Texte .iiijxxxj., 121 x 82 mm : La mort d’Hector. Dans une
mêlée confuse de chevaliers, on reconnaît Hector à sa cotte armoriée de gueules
au lion d’or assis sur un trône d’argent (voir n° 86) et à l’étendard que tient un de ses
hommes. Cependant, ce n’est pas lui qui se trouve descouvert de ses armes, mais un
adversaire au premier plan dont il arrache le casque63, de sorte que les Troyens
semblent encore avoir l’avantage. Un homme transpersé et son cheval sont
tombés en avant. Un autre vient de recevoir une lance en pleine visière et saigne
à grosses gouttes. Le ciel est hérissé de lances dressées à penons.
93. F. 42d, en bas de col., av. rubr. Texte .iiijxxxij. au f. 43a, 118 x 85 mm : La
mort d’Hector. Dans une mêlée plus confuse encore, des chevaliers brandissent
des lances et un bec de corbin au-dessus de leurs casques à plumeaux. Au
premier plan, Hector, revêtu d’une cotte de gueules au lion d’or assis sur un trône
d’argent, sur un cheval entièrement recouvert d’une robe de même avec une
aigrette rouge et or, agrippe le casque doré à plumeau or de Polybètes qu’il
convoite. Derrière lui, Achille en profite pour planter son épieu dans le bas du
dos d’Hector64. Le sol est jonché d’épées.
Maître au safran
94. F. 43b, av. rubr. Texte .iiijxxxiij., 129 x 81mm : Achille aux obsèques d’Hector.
Le cercueil d’Hector est recouvert d’un drap noir à double croix rouge sous un
catafalque de même portant trois rangs de cierges, accompagné de deux
candélabres. Il est entouré des deuillants encapuchonnés de noir où, tout à dr.,
on reconnaît Polyxène à ses cheveux blonds. À l’opposé, Achille désigne la
jeune fille du doigt. Lui, habillé d’une houppelande bleue et d’un chapeau rouge,
et un autre Grec, en habit vert et chapeau bleu, sont les seuls à ne pas porter le
deuil. La scène est située sous une architecture orange et rose de plan centré à
clefs pendantes, pignons en pattes d’oie et coupole.
63 L’enlumineur semble avoir mal compris les instructions de l’auteur.
64 L’interprétation sexuelle de la scène (Desmond et Sheingorn 2003, p. 185) nous paraît excessive.
Le héros est tué par derrière, au défaut de la cuirasse, ce qui manifeste la déloyauté du combat.
{5} Paris, BnF, fr. 606 265

95. F. 43d, av. rubr. Texte .iiijxxxiiij., 124 x 83mm : La mort d’Ajax. Sur fond
de ciel délavé, dans un paysage jaune semé de plantules où sourd un ruisseau, se
dresse à l’arrière-plan un escarpement portant une citadelle. Grecs et Troyens,
coiffés du bassinet et armés de lances et de becs de corbin, chargent à cheval.
Au premier plan, un archer grec en surcot jaune et ceinture or, monté sur un
cheval crème, vient de décocher une flèche qui transperce le bras nu et descouvert
de son escu d’Ajax. Celui-ci est représenté nu tête, en cotte bleue, sur un cheval
gris pommelé harnaché de rouge. Seul son bras droit est protégé d’un gantelet.
Un autre Grec porte le bouclier rose peint d’un chien blanc (de gueules au chien
assis d’argent) dont l’outrecuidant Ajax n’a pas voulu.
96. F. 44a, en bas de col., av. rubr. Texte .iiijxxxv. (au f. 44b), 119 x 84 mm :
La trahison d’Anténor. Un paysage jaune escarpé sur fond de ciel sépare le camp
des Grecs, représenté par trois tentes blanches arrimées par des cordes, et la
cité de Troie sur la g. couronnée de tourelles et d’échauguettes. Anténor et un
groupe de Grecs élégants, tenant des palmes en signe de paix, s’avancent vers la
porte ouverte dont le pont-levis est abaissé. Le traître, en houppelande rouge,
pointe son doigt vers la ville.
97. F. 44c, av. rubr. Texte .iiijxxxvj., 130 x 82 mm [Album couleurs, n° 10] : Le
cheval de Troie. Dans un paysage vert-jaune escarpé sur fond de ciel en
perspective aérienne, les Troyens, menés par un homme tout de rouge vêtu,
poussent vers la ville un petit cheval blanc trapu qui porte sur le dos un châtelet
à trois niveaux cantonné de tours et d’échauguettes, assez éloigné du cheval de
fust de merveilleuse grandeur. Deux ouvriers, maniant le marteau et la pioche,
élargissent la porte de Troie pour le faire passer.
Maître de l’Épître Othéa
98. F. 45a, av. rubr. Texte .iiijxxxvij., 116 x 84 mm : La prise de Troie. Tandis
que les remparts et les maisons de Troie sont la proie des flammes, les Grecs, à
cheval, entrent dans la citadelle d’Ilion, le maistre dongion de Troye. En armure
bleutée, casques surmontés d’une boule d’or et surcot rouge-rose, ils montent
des chevaux de toutes robes et tiennent des lances au penon noir. L’un met le
pied à l’étrier, un autre porte la bannière d’or au lion de gueules. Du haut de la
citadelle, un soldat lance une pierre. Deux bannières (de sable à la croix de gueules
et de gueules à la barre d’argent) flottent sur les tours.
99. F. 45b, en bas de col., av. rubr. Texte .iiijxxxviij. au f. 45c, 127 x 82 mm :
Circé et les compagnons d’Ulysse. Une nef et une barque vides sont au mouillage
dans le port Circes. Sur la rive, devant un château mauve aux tours coiffées de
toits rouges pointus, Circé, en robe bleue et couronne d’or, trône sur un grand
siège rouge. Cinq hommes vêtus moitié d’armures, moitié de houppelandes,
portant des colliers d’or (dont un à la cosse de genêt !), et deux autres déjà
transformés en porcs sauvages, se tiennent devant l’enchantarresse qui touche de
sa fine baguette dorée le front de l’un des porcs65.
100. F. 45d, av. rubr. Texte .iiijxxxix., 128 x 82 mm : Ino semant le blé. Un petit
paysan vêtu de bleu et jambes nues au premier plan serre dans un linge fixé à

65 Dans le Harley (f. 140a), la baguette a disparu, mais les deux images s’écartent sur ce point du
texte, qui attribue la transformation à la consommation d’un breuvage moult delicieux a boire.
266 Œuvres

son épaule des graines qu’il sème à la volée dans les sillons du champ (voir
n° 25). La reine Ino, en longue robe rose et couronne, est semblablement
affublée d’un linge blanc où elle reçoit le blé cuit qu’un autre paysan verse avec
une louche du chaudron posé sur un trépied qui est placé entre eux. Le cheveu
broussailleux, il porte un chaperon, une tunique courte brune, une bourse au
coté et des souliers noirs à ses jambes nues. Le champ, où restent quelques
mauvaises herbes, est encadré par deux monticules sur fond de ciel en
perspective.
Maître d’Egerton
101. F. 46a, en bas de col., av. rubr. Texte Cent (f. 46b), 102 x 83 mm :
Auguste et la Sibylle de Cumes. Dans un paysage vallonné semé de bouquets
d’arbres, où se devinent dans le lointain des tours de châteaux et un moulin sur
fond de ciel moucheté, la Sibylle, en robe rose et guimpe blanche, accompagne
l’empereur Auguste dans une verte prairie66. De son bras tendu, elle lui désigne
dans le ciel l’apparition de la Vierge de l’Ara coeli, figurée en buste et drapée de
bleu dans le soleil. Auguste, de bleu vêtu, portant la couronne impériale, s’est
agenouillé en prière.
Reliure : maroquin rouge aux armes royales et à trois filets d’or. Dos à six nerfs
avec titre « L’EPIST OTHEA » et six grandes fleurs de lys et d’une fleur de lys
plus petite, toutes sauf la dernière cantonnées de quatre petites fleurs de lys en
biais. Tranches dorées avec traces de ciselures.
BIBLIOGRAPHIE
Barbier 2011. Campbell 1924, pp. 2, 22-23. C de P, Œuvres poétiques, 1886-1896, 1, pp. v-vii.
Desmond et Sheingorn 2003, passim. De Winter 1982, pp. 366-376. Http://www.bnf.Mandragore
(images numérisées des folios qui présentent des miniatures). Http://gallica.bnf.fr (images
numérisées de tout le ms.). Hindman 1986, pp. 46-51, 100-42. Laidlaw 1987, pp. 52-59. Meiss,
1974, 1, pp. 23, 25-36, 39, 40, 140, 292-295 ; 2, figs 61, 62, 75, 76, 85, 87, 91, 102, 105, 106, 108,
122, 127, 133, 134, 138, 141, 146, 149, 416, 440 n. 153. Meiss 1968, fig. 478. Meiss 1967, pp. 16,
235, 242, 300, 313, 356 ; 2, figs 817, 833, 834. Meiss et Off 1971, p. 228. Mombello 1967, pp. 13-
23. Ouy 1985. Paris 1400 n° 62b. Parussa 2004. Schaefer 1937, pp. 163-164, 172-175, 199,
figs 61-82 ; Sterling, 1987-1990, 1, pp. 310-317, figs 210-214, 216. Villela-Petit 2004, pp. 56, 58,
60-61, 72-73. Willard 1962. Wolfthal 1998.

66 L’enluminure présente des lacunes importantes dans les verts par déplacage du pigment.
F. 1r © Paris, BnF
{6} Paris, BnF, fr. 836
[Œuvres]
[« Manuscrit du Duc » – IIIe volume]

TABLE SOMMAIRE
Ouvrage Feuillets Détail
Chemin de long estude 1a-41c prologue + l’ouvrage en
entier
Enseignemens 42a-45c 111 éléments1
Oraysom Nostre Dame 45d-47b poème en entier
.XV. joyes Nostre Dame 47b-48a poème en entier
Livre de la pastoure 48b-62d ouvrage en entier
Oroyson de Nostre Seigneur 63a-65a poème en entier
Livre du duc des vrays amans 65a-98a prologue + l’ouvrage en
entier

CONTENU
F. 1a-b « Ci commence le livre du chemin de long estude. Et premierement. prologue.
Tresexcellent \ majesté redoubtee // Illustre honneur \ en digneté mo(n)tee …–… Si vous
plaise l’oïr et escouter // Ou. quoy. co(m)ment. q(ue) c’est vueilliez notter ».
Ff. 1b-41c « Comme fortune perverse // M’ait souve(n)t esté adverse …–… Qui de tant gesir
s’esmerveille // Car tart estoit et je m’esveille Explicit le livre du chemin de long estude ».
Ff. 42a-45c « les Enseignemens que je (crist)i(n)e donne a Jehan de castel2 mon filz Filz je
n’ay mie grant tresor // pour t’enrichir. pour ce tres or …–… Car biens mondains vont a
defin // Et l’ame durera sans fin Explicit ».
Ff. 45d-47b « [l’Oraysom Nostre Dame]3 O vierge pure incomparable // pleine de grace
i(n)extimable …–… A ceulz qui ont pechié remis // Nous ottroit et grace planiere Ave Maria
Explicit ».
Ff. 47b-48a « Cy commencent les xv. joye [sic] n(ost)re dame Glorieuse dame Je te salue //
treshumbleme(n)t de celles .xv. joyes …–… Qu’en ciel montas de pechié la racine // Ostes de
moy et mez devocion Ave Maria. .Explicit. ».
Ff. 48b-62d « Cy (com)m(en)ce le livre de la pastoure4 Moy de sagece pou duitte // Ja par
mainte fois deduitte …–… Entre les bons est clamé // Vaillant et des preux amé // Explicit le
Dit de la pastoure. ».
Ff. 63a-65a [Oroyson de Nostre Seigneur5] « Nostre Seigneur s’apparu a saint gregoire pape en
sa contemplacion en telle semblance / Et pour la compassion qu’ot le dit saint de la mort
et passion n(ost)re seign(eu)r / jhesucrist do(n)na .xiiijm. ans d’indulgence a
quelconques personne qui diroit .v. fois la pater noster et l’ave maria par devocion devant
tel ymage. Et aultres papes qui depuis ont esté ont accreu l’indulgence tant qu’elle monte
1 Comme dans le Recueil de la Reine, il manque les éléments 93 et 101 de l’éd. Roy.
2 Le ms. du duc est le seul recueil à mentionner le nom du fils de Christine.
3 Titre donné au titre courant, ff. 46v-47a.
4 Les mots livre de la pastoure corrigés sur grattage.
5 C’est l’intitulé utilisé au titre courant.
270 Œuvres

Jusque a la somme de .xxiiijm.6 ans de vray pardon. Oroison Sire jh(esu)s mon oroison
entens // Et me donnez grace que je recite …–… Esperit. vueilles que celle doulceur gouste //
qu’ilz sentirent q(ue) ta vertu en çaint Explicit ».
F. 65a-b [Prologue, Duc des vrais amans] « Cy commence le Livre du duc des vrays amans
Combien que occupacion // Je n’eusse ne entencion …–… Je diray en sa personne // Le fait si
qu’il le raisonne ».
Ff. 65b-98a « Le duc des vrais amans. Joenne & moult enfant estoye // quand ja grant peine
mettoye …–… Jusques mort l’en deffermera // Qui m’a ratteintte Explicit le duc des vrais amans. »

HISTOIRE
Date : vers 1406-1408. Le ms. constitue le troisième volet du recueil des Œuvres
de Christine acquis par Jean de Berry en 1408. Vraisemblablement destiné à
Louis d’Orléans, il était sans doute en chantier lors de la mort de celui-ci le 23
nov. 14077.
Possesseurs : Jean de Berry8 ; Marie de Berry, duchesse de Bourbon9, sa fille ;
famille de Bourbon ; François Ier, qui saisit les biens du connétable Charles de
Bourbon en 152310. Cotes anciennes : 862 (Dupuy) ; 7216 (Regius)11.
Ajouts plus tardifs : f. 63r, à côté du titre courant, un lecteur de la fin du XVe
ou du début du XVIe siècle a qualifié ainsi l’Oroyson de Nostre Seigneur : « le
meilleur de tout le livre », sans doute en raison des indulgences que promet la
rubrique liminaire12. Manicule13.

F. 63r (le meille(ur) de tout le livre) © Paris, BnF


DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (350 x 259 mm) : (IV, papier) + 9814 + (IV, papier)15 ;
les feuillets en début, milieu et fin de cahier sont renforcés par des onglets en

6 Les chiffres .iiij. sont barrés à l’encre brun foncé.


7 Meiss et Off 1971, Meiss 1974, 1, pp. 37 et 292, Hindman 1986 et Laidlaw 1987, pp. 52-59.
8 Delisle, Cab., 3, p. 193, n° 291 et Guiffrey 1894-1896, 1, pp. 252-253 et 2, p. 238. V. notice BnF,
fr. 835, n. 17.
9 Delisle, Cab., 3, p. 193, n° 291.
10 Delisle, Cab., 1, p. 166. Dans l’inventaire du château de Moulins dressé à l’occasion de cette saisie,
le ms. est décrit ainsi : « Ung autre ou est le Livre du chemin de longue estude, les Ditz de la pastoure, une
Belle Oraison de sainct Gregoire et le Livre du duc des vraiz amans, en parchemin a la main » ; BnF,
Dupuy 488, f. 219r.
11 Le ms. figure au catalogue Rigault (1622) sous la cote 615 ; cette cote a donc dû disparaître du ms.
lors de la reliure ; V. Omont 1908-1913, 2, p. 293. Estampille Josserand-Bruno n° 1 aux ff. 1r et
98v, datée du XVIIe s. – 1724.
12 V. rubrique « Contenu ».
13 Manicule à l’encre noire ajoutée à un nota bene d’origine (?) au f. 39b : Oncques de riens n’en fu esmeu //
Ne a s’en vengier plus meu (Chemin de lonc estude).
14 Foliotation moderne, au crayon, puis à l’encre. Elle est postérieure à la notice rédigée par Lacurne
de Sainte-Palaye, qui décrit les ff. comme « non chiffrés » ; BnF, Moreau 1655, f. 202r.
{6} Paris, BnF, fr. 836 271

papier moderne16. Parchemin ivoire foncé présentant des taches, plusieurs


petits trous17, quelques coutures18, des mouches19, et de nombreuses pièces,
dont la plupart assez grandes, très soigneusement incorporées au ms., surtout à
la lisière inf.20. La règle du vis-à-vis est toujours respectée.
Encres : brun foncé pour le texte presque partout21. Rubriques rouge vif ou
rouge orangé, titres courants rouge orangé22.
Préparation
Piqûres : entre 2 et 4 piqûres maîtresses, de forme arrondie ou elliptique,
subsistent en marge inf. à la plupart des feuillets.
Réglure : à la mine de plomb très dure, qui creuse souvent des sillons et
laisse des traces brun roux assez épaisses. Quelques feuillets, dépourvus de
traces colorées, semblent avoir été réglés à la pointe sèche23.
Mise en page
[vers] (f. 5r) : 348,5 x 259 mm = 13,5 +<6> + 15 + <246> + 68 x 29 +
<5> + 5 + <68,5> + 22 + <5> +5 +<71> + 48,5 mm. Justification 246 x
181,5 mm ; 2 cols, 42 interlignes au 1er cahier, 40, parfois 41 ou 39, à partir du
2e cahier. L’écriture commence sous la première LR.
[prose24] (f. 89r) : 348,5 x 253 mm = 10 + <5> +17,5 + <238> + 78
mm x 25 + <78> +22 + <80> + 48 mm. Justification 238 x 179 mm ; 2 cols,
41 interlignes, l’écriture commençant sous la première LR.

15 Les premier et dernier ff. de garde sont doublés d’un papier marbré (type « caillouté » de
Muzerelle) et forment un bifeuillet avec la contregarde. Filigranes sur les gardes : « MBM » et label
rogné : « Made in France ».
16 On trouve aussi des fascicules de dix onglets entre les ff. 24-25, 32-33 et 80-81.
17 Aux ff. 13, 14, 17, 33, 48, 57, 78, 79, 80.
18 Aux ff. 43, 74, 79 (3).
19 Aux ff. 47, 48, 51. Sur la mouche au f. 51c, P a écrit les derniers mots des vers 539-40 : sans orgueil
et ou prael.
20 Aux ff. 10, 12, 15, 18, 20, 23, 26, 28, 31, 34, 36, 37, 39, 41, 42, 44, 45, 47, 58, 60, 61, 62, 63, 66, 68,
69, 71, 74, 77, 83, 85, 86, 90, 91, 95. Au f. 18r, dans le coin inf. au-dessus d’une réparation, on
discerne le mot Coing en cursive rapide suivi de deux caractères dont le premier est une boucle
représentant le numéro 4 ; le 2e caractère semble barré.
21 À l’exception du premier cahier (ff. 1-8v) et des ff. 87v-fin où elle est d’un brun plus clair.
22 Le refrain pater noster, le plus souvent abrégé, est tracé à l’encre rouge dans une Oroison Nostre
Seigneur par P ; le refrain Ave Maria dans l’Oroison Nostre Dame et les .XV. joyes Nostre Dame est tracé
à l’encre brune du texte.
23 Ff. 6r, 41v, 43v-44r, 45v-46r.
24 Seuls les ff. 89r-v, 90r et 91r-v, qui contiennent la fin des lettres de Sibylle de La Tour, la fin de
celle de la dame et celle de l’amant sont réglés ainsi. Les ff. 87v-88v, qui contiennent la première
partie de la lettre de Sibylle de la Tour, sont réglés comme les ouvrages poétiques ; le f. 87v
contient en effet quelques vers, mais le f. 88r-v est entièrement en prose.
272 Œuvres

Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
18 1-8 g/ 88 57-64 O/
28 9-16 h/ 98 65-72 P/
(traits)♥/ F
(?)
38 17-24 J/ 108 73-80 Q / h (?)
48 25-32 k/d 118 81-88 R/
58 33-40 l/E 128 89-96 s/
68 41-48 m/F 132 97-98
78 49-56 n/E
Signatures : la première série de signatures se trouve en m/p ; elle consiste
en une lettre suivie d’un chiffre arabe tracés à l’encre brun pâle. Elle est visible
presque toujours aux 2-4e ff. des cahiers, et aux ff. 41r et 89r, le 1er f. des 6e et
12e cahiers. La 2e série de signatures, moins complète, est tracée le plus souvent
au coin inf., à l’encre noire, par Main E. Quelques signatures, tracées au-dessus
d’une lisière réparée, ont visiblement précédé la réparation du parchemin25.
Réclames : alignées plus ou moins sur la fin de la 2e colonne, généralement
courtes et soulignées26.
Titres courants : une moitié de titre sur chaque f., la 2e moitié suivie d’un
numéro allant de .xv. à .xxj. L’uniformité de la couleur de l’encre du titre et du
numéro, qui varie légèrement d’un f. à l’autre, indique que les deux ont été
copiés ensemble27, mais non d’une traite28. Ils sont l’œuvre de P, sauf celui au
f. 64r, tracé par R29. Une préparation de titre courant de X30.
Travail d’écriture :
Texte : Main R.
Style : minuscule semi-cursive.
Ponctuation : virgule et point. Des barres de scansion très discrètes
marquent d’habitude les vers décasyllabiques31.

Il s’agit du chiffre romain ij, écrit trois fois au f. 66r, la première occurrence partiellement effacée.
Au f. 68r, trace d’un chiffre romain rogné, sans doute iiij, au-dessus du coin réparé.
25 Voir par exemple ff. 28r, 34r, 36r.
26 L’une est ornée d’un paraphe (f. 40v), la dernière (f. 88v) est encadrée sur trois côtés. Seule
divergence orthographique : réclame f. 56v : Courtois ; texte f. 57r : Courtoys.
27 Seule exception au f. 64r, où le numéro .xx., d’une encre plus claire, a vraisemblablement été
rajouté après Nostre Seigneur. Au f. 3r, le numéro .xiiij. est barré et suivi de .xv.
28 Le titre courant des ff. 1r, 42r et 66v sont décentrés, ayant été copiés après la décoration ; celui du
f. 76r était en place avant la décoration, qui le chevauche. Anomalies : les ff. 44r-45v (2e moitié des
Enseignemens) n’ont pas de titre courant ; le numéro du titre courant manque au f. 56r ; le titre
courant au f. 17r, qui devrait être de long estude, comme aux ff. recto précédents, porte le seul mot
estude suivi du numéro .xv. Les titres courants des feuillets suivants, 17v-41v, ont aussi une forme
raccourcie : long / estude .xv. à la place de le livre du chemin / de long estude .xv.
29 Ce titre courant se distingue des autres en ce que le numéro qui le suit semble ajouté
postérieurement.
30 Ff. 69v-70r : le livre / des vrays amans.
31 Prologue du Chemin de lonc estude f. 1a-b.
{6} Paris, BnF, fr. 836 273

Corrections : Main R surtout et quelques corrections P, sur grattage32 ;


plusieurs préparations de correction en cursive hâtive (P’ ?) subsistent33.
Rubriques : Main R, celles à l’encre brune ; P, celles à l’encre rouge. Tous
les ouvrages, sauf l’Oroison Nostre Dame, débutent par une rubrique rouge34. Le
Chemin de lonc estude, le Duc des vrais amans et l’Oroison Nostre Seigneur contiennent
d’autres rubriques rouges35. Le Chemin présente en plus, entre les ff. 20a-27a,
treize rubriques marginales tracées et (le plus souvent) soulignées à l’encre
brune, pour signaler les passages qui se réfèrent à Raison, Noblesse, Richesse,
Chevalerie et Sagece36.

Ff. 20a et 21b © Paris, BnF


Décoration : ornemaniste « à la vigne d’or ».
Grandes lettrines : toutes ces lettrines sont accompagnées de deux
rinceaux de vigne sur fil, dont le premier encadre en partie l’enluminure.
F. 1a (début Chemin de lonc estude) : T rose foncé (4) sur or à remplissage
de vigneture.
F. 42a (début Enseignemens) : F bleu (3) sur or.
F. 48b (début Dit de la pastoure) : M bleu (3) à demi-fleurs orangées et
pourpre.

32 Voir ff. 8a l. 9 tes volumes ; 79r mieulx m/g; 93a l. 32 mieulx mes ; 93b l. 16 m(ou)lt dueil.
33 En marge ou dans l’entrecolonne aux ff. 3c roir ; 6a ad (presque entièrement effacée ; la graphie de
adviser est corr. dans le texte, l. 19) ; 6d ins ; 18b roi ; 49d & ; 52d vee ; 68d mot ; 69b qu’ai ; 73d
baings ; 83c voit ; 87b me ; 90c a (corr. non portée) ; 93c soub ; 93d .x. ; 94d re ; a (deux occ.) ; 97d
eslongne (corr. non portée) ; au f. 63d, les préparations de correction en et sainte face sont écrites entre
deux strophes.
34 On aurait pu inscrire une rubrique en bas du 45c, où il reste 25 interlignes inemployés, ou
éventuellement une rubrique courte entre l’enluminure au f. 45d et le début du texte, où il reste un
interligne.
35 Les seules rubriques en rouge du Duc des vrais amans se trouvent aux ff. 76b (Comment l’amant s’en
plaint a son compaignon), 80b (lettres closes en prose) et 84b-d qui indiquent qui, de l’amant ou de la
dame, prend la parole. Le Chemin contient neuf rubriques à part celles du prologue et du titre ;
celles aux ff. 10c, 12a, 18d, ne remplissent pas les interlignes laissés en bas de colonne en raison de
l’enluminure qui commence la colonne suivante. Les rubriques Les merveilles que Cristine vid ou ciel et
Des quatre roynes qui gouvernent le monde, pour lesquelles aucun espace ne fut laissé, sont écrites en
marge aux ff. 13d (m/q) 15r (m/g).
36 C’est le seul ms. contemporain à fournir cette aide au lecteur.
274 Œuvres

F. 63a (début Oroison Nostre Seigneur) : S rose foncé et bleu (4) à deux
demi-feuilles d’acanthe orangées.
F. 65a (début Duc des vrais amans) : C rose foncé (4). En remplissage, deux
tiges bleues disposées en croix, chargée en cœur d’une quartefeuille
orangée, subdivisent le champ, chaque quart étant orné de deux brins de
vigne.
Petites lettrines : de deux interlignes, bleues et/ou rose foncé, sur or,
décorées à l’intérieur de petites feuilles de vigne, de demi-fleurs, prolongées par
deux fils de vigneture dont le premier encadre en partie l’enluminure37 ; 7 pour
le Chemin38 ; 5 pour le Duc des vrais amans39.
Lettres champies : de deux interlignes à l’intérieur du Chemin du Dit de la
pastoure, et du Duc des vrais amans40, au début de chaque strophe de l’Oroison
Nostre Dame, d’un interligne au début de chaque enseignement à partir du
deuxième41.
Pieds-de-mouche : champis, sans alternance
stricte42.
Double jambage décoratif : le dernier trait est
prolongé en cercle autour : au début de chaque
strophe (après la 2e) de plusieurs poèmes insérés
dans le Debat de deux amans (ff. 68b-86d). F. 68r (double jambage en début de strophe)
Illustration : Maître de l’Épître Othéa (10 premières enluminures) et Maître
d’Egerton (8 dernières). Toutes les enluminures sont dans un cadre d’or bruni
cerné de noir, agrémenté sur deux ou trois côtés de brins de vigneture sur fil à
feuilles d’or, et de ronds d’or.
(n° 1-8, Chemin de lonc estude)
1. F. 1a (v. 1), av. rubr. Cy commence le livre…, 100 x 83 mm : Remise du livre au
roi. Christine, agenouillée, présente son livre à Charles VI, entouré de quatre
courtisans. Le roi, sous un dais bleu fleurdelisé, est vêtu d’une houppelande
bleue bordée de fourrure, un loup brodé sur la manche (devise de Louis
d’Orléans). Il porte une couronne d’or à fleurons allongés, un collier à grelots,
tient un sceptre en main dr. et pose l’autre sur le livre orange que lui présente
Christine. Les conseillers sont vêtus respectivement de houppelandes orange,
grise, rose broché de rameaux d’or, et bleu terne. Deux d’entre eux portent le
collier à la cosse de genêt de Charles VI, et un autre a une plume blanche à son

37 Au f. 66d, où l’enluminure se trouve en bas de la colonne 66c, la vigneture de la lettre ornée qui
suit remonte en marge sup.
38 Aux ff. 3d, 5d, 10d, 12b, 15b, 19a, 40d, devant les vv. 451, 787, 1569, 1785, 2257, 2811, 6279.
39 Aux ff. 65d, début v. 83 Ainsi souvent devisoye ; 66d, v. 212 Or est il temps que je dye ; 71c, v. 973 Mon
cousin sans longue arreste ; 74c, v. 1428 Au chief du moys ma maistrece ; 76b, v. 1651 Ceste douleur me dura.
Numérotation de l’édition Fenster.
40 Une seule de trois interlignes au f. 91a, après la signature vostre dolente dame et au début du v. 3220
Quant ces lettres de doulour.
41 Au f. 44d, deux enseignements sont dépourvus de lettre champie ; un pied-de-mouche a été ajouté
en entrecolonne à la place de la première lettre champie manquante. Trois autres sont oubliées aux
ff. 44d et 45b.
42 Quelques pieds-de-mouche bleus sur fond rose foncé ou vice-versa aux ff. 23c, 51b.
{6} Paris, BnF, fr. 836 275

chapeau et porte une écharpe à grelots d’or. Christine est en robe brune et
cornette blanche. La scène prend place dans une architecture rose avec une
porte en bois et un sol carrelé de blanc et or.
2. F. 3d (v. 451), 95 x 79 mm (pas de rubr.) : Christine et la Sibylle. Au chevet
de Christine, la Sibylle de Cumes s’adresse à elle (geste de l’argumentation). La
Sibylle, assise sur un siège brun, porte une robe orange et une guimpe blanche.
Christine, en cornette blanche, est couchée dans des draps blancs sous un
baldaquin bleu au rideau relevé. La chambre au sol beige carrelé (dessiné à la
plume) est vue à travers une arcature rose formant diaphragme.
3. F. 5d (v. 787), av. rubr., 84 x 80 mm : Pégase et la Fontaine de Sapience [Album
couleurs, n° 15]. Dans un paysage vert escarpé, la Sibylle montre à Christine une
fontaine en pierre rose d’où coule un ruisseau. Les neuf muses s’y baignent à
l’ombre d’un arbre, dévêtues mais coiffées de leurs cornettes. Au-dessus, Pégase
blanc ailé de rose prend son envol, faisant jaillir la source. Christine porte une
robe bleue et une cornette blanche et la Sibylle une robe rose foncé et une
guimpe blanche. Le ciel bleu semble avoir été peint avant l’encadrement.
4. F. 10d (v. 1569), av. rubr. (en bas du f. 10c), 96 x 84 mm : La montée au ciel.
La Sibylle montre à Christine l’échelle que lui tend d’un nuage un personnage
masculin à longue barbe (Assez tost nous apparu // Yssant du ciel une figure //
Estrange, vv. 1578-1580). Christine est vêtue d’une robe grise et cornette
blanche et la Sibylle d’une robe rose foncé et guimpe blanche. Le paysage est
peint en vert terne à plantules vert foncé et arbres vert tendre au feuillage
diversifié. Ciel en perspective aérienne.
5. F. 12b (v. 1785), av. rubr. (en bas du f. 12a), 95 x 80 mm [Album couleurs,
n° 16] : Christine et la Sibylle au ciel. Christine et la Sibylle, vêtues comme au
f. 10d, admirent la sphère des étoiles au milieu de laquelle elles ont pris place.
Le ciel au pourtour nuagé est étoilé d’or avec une lune et un soleil rayonnants.
Le sol vert mamelonné est semé d’herbes ternes.
6. F. 15b (v. 2257), av. rubr. (au-dessous en m/g), 95 x 79 mm : La cour de
Raison au ciel. Christine et la Sibylle, vêtues de même, regardent au-dessus d’elles
quatre allégories couronnées autour d’un trône vide tendu de drap rose broché
d’or qui repose sur un ange bleu. Commençant en bas à g. et en remontant : sur
un trône bleu, Noblesse, vêtue d’une robe rose au corsage d’hermine, tient un
sceptre et pose les pieds sur un roi ; sur un trône gris, Sagesse, en manteau
orange sur une robe bleue, tient un livre bleu et pose les pieds sur un globe
blanc ; sur un trône bleu, Chevalerie, en armure, casque à visière baissée, et
robe blanche au corsage orange, tient un penon noir et or et pose les pieds sur
un château gris ; sur un trône orange, Richesse, en robe bleu terne à manches
d’hermine, tient un marteau et pose les pieds sur une grande scie et un rabot
(devise de Jean sans Peur). Le fond est bleu uni.
7. F. 19a (v. 2811), av. rubr. (en bas du f. 18d), 109 x 83 mm : Christine et la
Sibylle arrivent à la cour de Raison. Les deux visiteuses, vêtues comme
précédemment, observent un clerc en habit violet (faisant le geste de
l’argumentation) et cinq allégories aux couronnes serties de gemmes. En haut,
au centre du ciel moucheté de bleu, Raison, vêtue d’une robe blanche brochée
d’or et d’un manteau orange, est assise sur un trône bleu rayé d’or et tient une
276 Œuvres

épée en main dr. et un rameau en main g. Tout autour, commençant en bas à


g. : sur un trône bleu, Richesse, en robe orange aux manches blanches tient son
marteau ; sur un trône orange, Sagesse en manteau rose sur une robe bleue à
corsage blanc tient un livre orange ; sur un trône rose, Noblesse, au corsage
orange et blanc sur une jupe bleue tient son sceptre ; sur un trône orange,
Chevalerie (visage découvert) portant une armure sur sa jupe jaune, tient une
lance. Ici, les allégories sont dépourvues de piédestal.
8. F. 40d (v. 6279), 97 x 82 mm (pas de rubr.) : Christine et la Sibylle devant
Raison. Entourée des quatre allégories, Christine, toujours vêtue de même,
agenouillée au centre du même espace, est présentée par la Sibylle (idem). En
haut, au centre, sur un trône bleu, Raison porte une robe orange brochée d’or
et un manteau verdâtre doublé d’hermine. Elle tient l’épée et le rameau. Tout
autour, à partir du coin inf. g. : sur un trône orange, Richesse, en robe gris vert,
tient son marteau ; sur un trône bleu, Sagesse en manteau rose sur une robe
blanche tient son livre ; sur un trône orange, Noblesse, en robe blanche tient
son sceptre ; sur un trône gris vert, Chevalerie (ici visage découvert), portant un
surcot orange et une armure sur une jupe blanche, tient sa lance.
9. F. 42a (début Enseignemens), av. rubr., 90 x 82 mm [Album couleurs, n° 17] :
Christine instruit son fils. Le jeune Jean Castel est debout en face de sa mère, vêtue
en beige avec sa cornette, assise sur un siège de bois, un livre ouvert posé
devant elle sur une table tendue de drap rose. Jehan porte une houppelande
courte orange et blanche et tient son chaperon vert à la main (geste de salut
respectueux). La scène prend place dans une architecture grise, rose et blanche
à remplages dont les pignons sortent du cadre, et au toit de tuiles orange et
jaunes formant des motifs de chevrons. Le sol est carrelé de vert et blanc.
10. F. 45d (début Oroison Nostre Dame), 90 x 82 mm (pas de rubr.) : Christine
présente son livre à la Vierge. Une petite Christine, en réduction, vêtue toujours
d’une robe beige et d’une cornette blanche, est agenouillée en prière devant une
Vierge en majesté qui la regarde avec bienveillance. Assise sur un trône orange
dans une grande chaire de bois à baldaquin sculptée de pinacles, la Vierge est
vêtue d’une robe et voile blancs à revers bleu vif. L’enfant Jésus, couché dans
son giron, tient le globe au centre de l’image. Le sol est verdâtre et, à l’arrière-
plan, sur fond de ciel en perspective aérienne, se profilent deux palmiers.
11. F. 48b (début Dit de la pastoure), av. rubr., 96 x 80 mm : Scène champêtre.
Une bergère aux cheveux jaunes frisés, vêtue d’une robe brune, musette au côté
(panetiere, v. 136) et houlette sur les genoux, est assise par terre et tresse une
couronne avec les fleurs bleues et roses ramassées dans son giron. Au premier
plan, cinq petits moutons blancs, frisés comme leur bergère, paissent ou
s’abreuvent au ruisseau qui sort d’une curieuse fontaine en forme de sarcophage
rose. Un chien gris tapi derrière, au centre de l’image, se remarque peu. Le sol
vert bleu est tout semé de plantules dessinées en jaune à la plume. Deux arbres
et un escarpement rocheux complètent le paysage sur fond de ciel en
perspective aérienne.
12. F. 63a (début Oroison Nostre Seigneur), av. rubr., 95 x 82 mm : Christ de
pitié43. Le Christ mort, soutenu par un ange, apparaît en buste hors d’un cercueil
43 Image indulgenciée de la messe de saint Grégoire.
{6} Paris, BnF, fr. 836 277

rose moucheté, ouvert et posé de biais, qui occupe toute la largeur de l’image.
Le Christ, aux cheveux gris, porte un nimbe crucifère. L’ange a les cheveux
jaunes bouclés et les ailes orange et or. Il présente le Christ à travers le linceul
comme une relique qu’on ne touche pas à mains nues. À l’arrière-plan figurent
les Arma Christi, de g. à dr. : Croix, pinces, trois dés, corde enroulée sur un bras
de la croix, pique avec l’éponge vinaigrée, colonne rose de la flagellation, lance,
échelle, fouet, tunique rose jetée sur l’autre bras de la croix, marteau et autre
fouet. Le sol est vert vif, tout semé de plantules jaunes, et le ciel en perspective
aérienne.
13. F. 65a (début Duc des vrais amans), av. rubr., 102 x 81 mm : Christine
présente son livre. Christine est agenouillée devant le commanditaire (non
identifié), en présence de trois courtisans. Assis sur un trône d’argent (terni),
sous un dais bleu broché de motifs de nuées et de rais d’or, le duc porte une
houppelande jaune foncé et un chaperon rose et se penche vers Christine à sa
g., qui porte une robe grise et sa cornette blanche habituelle. Les courtisans
sont vêtus respectivement de houppelandes courtes rose (avec un baudrier
dessiné à l’encre d’or) et orange, et le troisième d’une houppelande longue bleue
et d’un chaperon rose ; ce dernier tient une baguette. La scène prend place dans
une loggia d’architecture grise voûtée en berceau à toit de tuiles orange, fenêtre
d’argent (terni, sans doute couvert d’un vernis jaune) et sol carrelé jaune et noir,
ouverte sur deux côtés sur une pelouse ceinte d’un rempart.
14. F. 65d (v. 83)44, 96 x 82 mm (pas de rubr.) : Partie de chasse. Quatre
seigneurs, accompagnés de deux lévriers et d’un petit chien blanc courant,
chevauchent côte à côte dans un paysage vert semé de plantules et arbres de
part et d’autre sur fond de ciel en perspective aérienne. Monté sur un cheval
gris harnaché de bleu, le duc, vêtu comme précédemment en jaune foncé (or
mussif ?), tient un faucon. Ses compagnons sont vêtus de bleu, vert ou rouge.
Le premier tient aussi un faucon, le second porte un chapeau de paille et le
troisième un chapeau rose.
15. F. 66c, bas de colonne (v. 212), 77 x 81 mm (pas de rubr.) : Entretien
galant. Dans un jardin ceint d’un mur rose crénelé ouvert par un porche, deux
amants sont assis près d’une fontaine à double vasque, en face de deux autres
couples. La dame est en robe bleue et cornette blanche, le duc en habit orange ;
les autres sont vêtus de jaune foncé et chapeau rose pour l’un, robe rose et
coiffe rouge pour sa belle ; orange et chaperon vert pour l’autre, robe bleue
pour elle. Tous portent des colliers et ornements dessinés à l’encre d’or. Le sol
vert est semé de plantules avec des arbres ; ciel en perspective aérienne.
16. F. 71c (v. 973), 95 x 81 mm (pas de rubr.)45 : Tournoi. Du haut d’une
tribune à toit de tuiles orange, huit femmes en cornettes ou coiffes, vues en
buste, assistent à un tournoi auquel participent quatre chevaliers en armures
bleutées et un écuyer tête nue, en tunique rouge, dans une lice tendue de drap
noir broché de motifs de chaînes or. Les chevaliers s’affrontent deux à deux.

44 Une ligne blanche laissée après l’image, peut-être pour une rubrique, mais le ms. Harley n’a pas de
rubrique à cet endroit et ne laisse pas d’espace (f. 144a).
45 Deux lignes blanches laissées après l’image, peut-être pour une rubrique, mais l’exemplaire Harley
n’a ni espace blanc ni rubrique ici (f. 150a).
278 Œuvres

Ceux de g. sur des chevaux blancs, avec boucliers, caparaçons, harnais et lances
bleus, une houppe d’or sur le casque ; ceux de dr. sur des chevaux gris avec
boucliers, caparaçons, harnais et lances rouges.
17. F. 74c (v. 1428), 93 x 78 mm (pas de rubr.) : La dame en litière. La dame,
en robe orange et cornette blanche, assise dans une litière de bois à berceau
bleu orné d’or portée par deux chevaux de trait et conduite par un homme à
chapeau retroussé, traverse un paysage verdoyant avec des arbres au feuillage
moucheté et un escarpement à l’arrière-plan sur fond de ciel en perspective
aérienne. Elle est escortée par trois seigneurs et une autre dame à cheval ; eux
en houppelandes jaune foncé (or mussif ?), orange et rose, et chapeaux vert,
rose et jaune, elle en robe bleue et cornette blanche. La composition suit une
diagonale de bas g. en haut dr.
18. F. 76b (v. 1651), av. rubr., 101 x 80 mm : L’amant entretient un ami. Dans
une pièce rose au sol carrelé de noir et jaune, ouverte par une arcature en
diaphragme, le duc est allongé sur un grand lit à couverture rouge sous un
baldaquin bleu et parle avec un ami assis à son chevet sur une chaise de bois.
Vêtu de sa houppelande jaune foncé (or mussif ?) et d’un chaperon mauve à
motifs or, il porte la main à la joue (geste de mélancolie). Le confident est en
houppelande bleue courte à ceinture noire semée d’or avec un chaperon vert.
Reliures : la reliure d’origine était en bois recouvert de soie noire46. L’inventaire
de la librairie des Bourbon au château de Moulins fait état de la reliure en 1523 :
« couver[t] de veloux rouge et tenné garny […] de fermans de leton, de
boulhons et carrées »47. Celle-ci fut remplacée au début du XIXe s. par la reliure
actuelle en veau raciné avec feston doré ; le dos, en basane à 5 nerfs, date du
XXe s.48. Tranches dorées, traces de ciselures.
BIBLIOGRAPHIE
BnF, Moreau 1655, n° 576, f. 202. C de P, Chemin 1887, pp. iv, xi-xiv. C de P, Chemin 2000,
pp. 59-60 ; C de P, Œuvres poétiques 1886-1896, 1, pp. v-xii. Heck 2000. Hicks 1976. Hindman et
Http://gallica.bnf.fr (images numérisées de tout le ms.). Perkinson 1994. Laidlaw 1990. Meiss
1967, 1, pp. 242, 300, 313, et 398, n. 77 ; 2, fig. 324. Meiss, 1974, 1, pp. 37-38, 292-296 ; 2,
figs 135, 140, 144, 147. Meiss et Off 1971, p. 228. Ouy 1985. Paris 1400, p. 135. Villela-Petit 2004,
p. 58.

46 V. notice BnF, fr. 835, rubrique « Reliure ».


47 BnF, Dupuy 488, f. 219v. La même reliure est ainsi décrite par Lacurne de Sainte-Palaye au
XVIIIe s. : « en bois couvert de velours cramoisi » v. BnF, Moreau 1655, f. 202r.
48 Le dos de cette reliure portait à la fin du XIXe s. le chiffre de Louis XVIII; v. C de P, Œuvres
poétiques 1886-1896, 1, p. ix.
F. 1r © Paris, BnF
{7} Paris, BnF, fr. 605
[Œuvres]
[« Manuscrit du Duc » – IVe volume]

CONTENU
Ff. 1a-2c « Une Epistre a la royne de france. A tresexcellent redoubtee et poyssant princepce
madame ysabel de baviere par la grace de dieu royne de France …–… Escript le ve. Jour
d’ottobre / l’an de grace mil quatre cens et cinq Vostre treshumble obeyssant creature (crist)ine
de pizan »1.
Ff. 2c-3d « Une epistre a eustace mourel A tres exp(er)t en scens apris // Eustace mourel ou a
pris …–… Occuppacion tint vaillant // Ta disciple et ta b(ie)n veillant ».
Ff. 3d-5d « Cy co(m)mencent proverbes mouraulx. Les bonnes meurs et les saiges no(ta)bles
// Ram(en)tevoir souve(n)t sont prouffitables …–… Soy departir par bel en fin de co(m)pte //
Est neccessaire a qui de paix fait compte Explicit »2.
Ff. 5d-22a « Cy co(m)mence le livre de prudence a l’enseignement de bien vivre Pour ce
que sapience est mere & conduisaresse de toutes les vert(us) … –… & c’est la fin des (pro)prietez
et diffinicions des vertus cardinales selon les sains docteurs ».

HISTOIRE
Date : fin 1407-1408. Ce ms. constitue le quatrième volet des Œuvres de
Christine acquis par Jean de Berry en 14083. Il n’était pas encore terminé au
moment de l’assassinat de son premier destinataire, Louis d’Orléans, le 23
novembre 1407, car le Livre de prodommie de l’omme a été habilement transformé
en Livre de prudence4. Les titres courants n’avaient pas encore été ajoutés,
puisqu’il n’y a aucune trace de grattage et qu’ils donnent le nouveau titre de
l’œuvre (Prudence). La décoration non plus n’avait pas encore été faite, comme le
prouve l’uniformité des pieds-de-mouche.
Possesseurs : Jean de Berry5 ; Marie de Berry, duchesse de Bourbon6, sa fille ;
famille de Bourbon ; François Ier, qui saisit les biens du connétable Charles de

1 On note l’absence de l’introduction qui se trouve dans les mss Chantilly, Bibl. du Château,
493 {2} : v. notice de ce ms., « Contenu ».
2 Cent un proverbes qui ont servi de base à l’édition Roy, Œuvres poétiques 1886-1896, 3, pp. 345-357.
3 Meiss et Off 1971, Meiss 1974, 1, pp. 37, 292, Hindman 1986 et Laidlaw 1987.
4 La transformation du Livre de prodommie en Livre de prudence s’est opérée en trois phases : le début de
Prodommie a été enlevé avec la dernière partie des Proverbes et deux folios nouveaux, copiés par P,
collés sur les talons. Ensuite, quelques changements textuels mineurs ont été opérés, notamment la
substitution de Sapience à prodommie. Qui plus est, au f. 20a, le mots aprés vostre proposicion noble prince,
référence à Louis d’Orléans ont été grattés. Enfin, toute la colonne 22a a été grattée, et une
nouvelle conclusion écrite en 10 lignes ; à l’aide de la lampe Wood, on peut déceler plusieurs mots
de la conclusion de Prodommie suivis de Amen et Explicit en fin de colonne. L’encre y est plus claire,
et les deux pieds-de-mouche prévus (préparés par un double trait oblique) n’ont pas été exécutés.
V. « Commentaire ».
5 Delisle, Cab., 3, p. 193, n° 291 et Guiffrey 1, pp. 252-253 et 2, p. 238. V. notice BnF, fr. 835, n. 17.
6 Delisle, Cab., 3, p. 193, n° 291 ; cette notice s’applique aux actuels mss BnF, fr. 835, 606, 836, 605
et 607, qui formaient un ensemble. V. Laidlaw 1987.
282 Œuvres

Bourbon en 15237. Cotes anciennes, f. 1r : six cents septante-trois (Rigault) ;


409 ; (Dupuy) ; 7088 (Regius).
Ajouts plus tardifs : au recto de la contregarde sup., à l’encre, diverses
inscriptions de bibliothécaires (XVe-XVIe siècles)8 et au verso griffonnages
(sans doute du relieur) au crayon bleu. Aux ff. 3d-5a, marques (grandes
parenthèses ouvertes) attirant l’attention sur certains proverbes.

BnF, fr. 605, contregarde sup. © Paris, BnF

DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (348 x 252 mm) : I + (II)9 + 22 + I + (II)10. Le
parchemin, de couleur ivoire foncé, présente des mouches, trois coutures et une
entaille11. La règle du vis-à-vis est toujours respectée.
Encres : brune aux ff. 1a-1d ligne 13 (louees) et 8a-21d ; brun foncé ff. 1d
l. 13 (Et)-6d ; brun clair ff. 7 et 22. Quand les rubriques sont de la main P (qui a

7 Delisle, Cab., 1, p. 166 et l’inventaire du château de Moulins dressé à l’époque de la saisie : BnF,
Dupuy 488, f. 219r.
8 Note, sans doute d’un bibliothécaire des Bourbon : « En ce livre sont contenus deux espitres /
l’une a la Royne de france l’autre a eustace morel / les ‘proverbes moraulx’ et le ‘Livre de
prudence’ ». En dessous, à l’encre plus foncée et sans doute d’un autre bibliothécaire des
Bourbon : « En ce livre a .xxij. [ce chiffre corrigé de xxj] feullez escripz et nulles hystoires et fut
rendu par p [grattage] le .ije. jour de avril mil vc & dix ». Cette note correspond à une entrée dans
l’inventaire de 1523 : « Ce sont les livres qui ont esté restituez et aportez de Paris l’an .vc x. ; c’est
assavoir […] Ung autre volume ou est le ‘Livre de Prudence’, les ‘Proverbes moraulx’, une ‘Epistre
a la royne de France’, une autre ‘a Eustace Morel’ en parchemin a la main » ; BnF, Dupuy 488,
f. 219r. En-dessous : « Le Livre de Prudence » encadré, et, d’une main différente, « par Christine de
pizan ». V. note presque identique à la deuxième note ici, et de la même main, dans BnF, fr. 606 et
607. Le ms. 607 contient également une note sur le contenu qui paraît écrite de la même main que
la 1re note ici.
9 Des trous de ver prouvent que la contregarde sup. et la première garde sont plus anciennes que les
deux gardes qui suivent, car ceux-ci continuent aux premiers ff. du texte, et les deux gardes
suivantes en sont dépourvues.
10 Les gardes inférieures, consistent en un bifeuillet dans lequel un autre bifeuillet a été inséré
postérieurement.
11 Mouche aux ff. 2-5, coutures à la contregarde sup. et aux ff. 3 et 19 (fil disparu à la première et
dernière coutures) ; entaille au f. 9. Au f. 2a, en fin de colonne, une moitié d’interligne de texte
effacée lors de la pose de la mouche. Quelques gouttes de cire au f. 11v et traces de cire au f. 5.
{7} Paris, BnF, fr. 605 283

aussi ajouté tous les titres courants), elles sont rouge orangé ; quand elles sont
de la main R, elles sont rouge vif12.
Préparation
Piqûres : 4 piqûres maîtresses en m/q au premier cahier ; 4 piqûres
maîtresses en m/t aux ff. 5 et 6 (ajoutés sur talon), quelques traces de piqûres
en m/q vers la fin du manuscrit. Elles sont toujours de forme elliptique.
Réglure : à la mine de plomb très dure, qui laisse des sillons et des traces
brun-roux inégales.
Mise en page
[f. 4r, vers] : 348 x 252 mm = 12 + <5> + 17 + <228> + 86 x 28,5 +
<5,5> + 6 + <64> + 24 + <5> + 6 + <71> + 42 mm. Justification 228 x
181,5 mm ; 2 cols, 40 interlignes, l’écriture commençant sous la première LR.
(f. 5r, ajouté sur talon13, vers) : 349 x 252 mm = 14,5 + <5> +15,5 + <238> +
76 x 27 + <4,5> + 4,5 + <66> + 22,5 + <4,5> + 4,5 + <75> + 43,5 mm.
Justification 238 x 181,5 mm ; 2 cols, 41 interlignes, l’écriture commençant sous
la première LR.
[f. 7r, prose] : 349 x 251 mm = 12,5 + <7> +14,5 + <244> + 71 x 28 +
<79,5> + 20 + <80> + 43,5 mm. Justification 244 x 179,5 mm ; 2 cols, 42
interlignes, l’écriture commençant sous la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signature
14 1-4 a
28 5-12 b
310 13-22 c
Les ff. 5 et 6 sont soigneusement collés à un talon14 ; le f. 22v est réglé mais
inemployé, sauf pour une note cursive qui paraît être de la même encre brun
pâle que les signatures : troy quaers po(ur) ceste livre (sans doute Main P’)15.

F. 22v (bord de la marge de queue) © Paris, BnF


Signatures : les signatures se trouvent en m/p, juste en-dessous de l’espace
écrit. Elles consistent en une lettre suivie d’un chiffre arabe (1 et 2 dans le 1er
cahier, de 1 à 4 au 2e et de 1 à 5 au 3e), tracés à l’encre brun pâle. Le f. 6 (l’un
des deux ajoutés sur talon) semble porter une signature supplémentaire : deux
traits verticaux assez épais grattés dans le parchemin en m/q à dr.

12 La modification Sapience faite par P à la rubrique de chapitre au f. 16a est en rouge orangé aussi.
13 Voir « Commentaire » et note suivante.
14 Le f. 6d se termine par un passage répété, la première occurrence soulignée en rouge : et des vertus
[…] et voy cy. Les quatre dernières lignes de cette colonne reprennent ce passage mot pour mot et
ajoutent premiere devant des vertus. Cette redite serait-elle une erreur banale, ou aurait-elle été faite
exprès pour assurer la jonction du f. 6 (substitué) avec le f. 7, sans laisser de blanc ?
15 V. Introduction, Recueils.
284 Œuvres

Réclames : deux seulement, de la main du copiste16.


Titres courants : uniformes, inscrits par P avant la décoration, qui les
chevauche au f. 5v. Les numéros, allant de .xvij. à .xxv., ont été tracés en même
temps que les titres.
Foliotation : moderne, à l’encre, en milieu de m/t17.
Travail d’écriture
Texte : Main P, ff. 1a-6d ; Main R, ff. 7a-fin.
Style : minuscule semi-cursive.
Ponctuation : virgule seule dans l’Epistre a la reine ; virgule et point dans
le Livre de prudence, avec prédominance du point18. L’Epistre a Eustace Mourel et
les Proverbes moraux sont dépourvus de ponctuation.
Corrections : Main P, sur grattage ; quelques préparations de correction
X’19. V. « Commentaire » ci-dessous.
Rubriques : Main P pour toutes les rubriques de chapitres et rubriques
intermédiaires Texte et Glose, ff. 1a-6d, 7d, 20a-21a, et cinq rubriques Texte et
Glose ajoutées20 ; Main R pour la plupart des rubriques des ff. 7a-20a21. À une
exception près22, toutes les rubriques tiennent bien dans l’espace qui leur est
destiné.
Titres courants : Main P.
Décoration : ornemaniste « à la vigne d’or ».
Bordure : f. 5v, dans l’entrecolonne et chevauchant le titre courant : fine
baguette double fleuronnée or et bleue/rouge à vigneture sur fil, avec laquelle
fait corps la lettrine P au début du Livre de prudence.
Lettrines
F. 1a (début Epistre a la royne) : T bleu (2) sur or, à remplissage d’une
feuille de vigne, avec rinceaux de vigne sur fil23.
F. 5d (début Livre de prudence) : P bleu (2) sur or, à remplissage de
vigneture.
Lettres champies : de deux interlignes au début de l’Epistre a Eustace Mourel
et des Proverbes moraux, au début de chaque chapitre du Livre de prudence, surtout
après rubrique24.
16 La première, au f. 4v, est centrée par rapport à la deuxième colonne d’écriture, la deuxième, au
f. 12v. est alignée sur la dr.
17 Lacurne de Sainte-Palaye qualifie de « récente » la foliotation du manuscrit ; v. BnF, Moreau 1655,
f. 117r.
18 Cette différence s’explique sans doute par les préférences de chaque copiste : alors que P préfère la
virgule, R montre sa prédilection pour le point.
19 Ff. 13v entrecolonne : lose ; 18v entrecolonne : sure.
20 Aux ff. 7b, 13c, 15a, 16b et 19d. Les rubriques texte et glose sont écrites par-dessus des préparations
de rubrique abrégées.
21 V. note précédente.
22 F. 7d, Encore sus l’enseignement du cuer de la vertu de force. L’encre de cette rubrique est plus orangée que
celle des autres rubriques.
23 Les quatre lignes de la salutation sont décalées par rapport à la ligne de réglure, à l’instar des deux
premières lignes du texte en-dessous qui laissent place à la lettrine, comme si celle-ci avait été
prévue plus haute, ou si la salutation devait initialement débuter par une lettrine.
{7} Paris, BnF, fr. 605 285

Pieds-de-mouche : champis25.
Reliure : maroquin citron fin XVIIe / début XVIIIe siècle aux armes royales et
à trois filets d’or ; dos à six nerfs. Sur le dos : deux L entrelacés, surmontés
d’une couronne, en six exemplaires et inscriptions « LES/PROV/MORA et
PAR/CHRI/DE/PISAN ». Sur la contregarde sup., deux séries de petits trous
en triangles et quelques taches de vert-de-gris, indiquant la place d’anciens
fermoirs de l’ancienne reliure, de laquelle il ne reste rien sinon quelques traces
rouges au verso de la contregarde sup., coin inf.26.
BIBLIOGRAPHIE
BnF, Moreau 1655, f. 117r-v, n° 510. C de P, Œuvres poétiques 1886-1896, 1, pp. v-xii. De Winter
1982, pp. 369-370. Dulac avec coll. Chr. Reno, à paraître. Http://gallica.bnf.fr (images
numérisées de tout le ms.). Laidlaw 1987, pp. 52-59. Ouy 1985. Reno 1995.

COMMENTAIRE
Ce recueil constituait le quatrième volet de l’exemplaire des Œuvres de Christine
acquis par Jean de Berry vers 1408. Il a été exécuté séparément, comme
l’attestent les signatures et l’inscription en bas du f. 22v : troy quaers po(ur) cest
livre. L’élément le plus remarquable de ce ms. est la transformation du Livre de la
prodommie de l’omme, ouvrage étroitement lié à la personne de Louis d’Orléans, en
Livre de prudence. L’économie avec laquelle cette métamorphose de Prodommie en
Prudence a été opérée met particulièrement bien en lumière le double rôle de
Christine, à la fois auteur et éditeur. Voir note 4.

F. 16r © Paris, BnF

24 Au f. 13c, une lettrine d’attente mais la lettre n’a pas été exécutée.
25 Ceux-ci sont nombreux vers la fin de Prudence (ff. 20v-21v) et dans les Proverbes, où ils précèdent
chaque élément à l’exception du 2e, qui semble avoir été oublié, et des deux derniers qui sont écrits
à côté de la baguette au f. 5v. Aux ff. 13 et 22a, des pieds-de-mouche prévus n’ont pas été
exécutés.
26 Cette reliure est décrite ainsi dans l’inventaire du château de Moulins de 1523 : « Lesd. cinq livres
[actuels mss BnF, fr. 835, 606, 836, 605, 607] sont touz couvers de veloux rouge et tenné garnys de
fermans de leton, de boulhoms et carrées » (BnF, Dupuy 488, f. 219v).
F. 2r © Paris, BnF
{8} Paris, BnF, fr. 607

Le livre de la cité des dames


[« Manuscrit du Duc » – Ve volume]

TABLE SOMMAIRE
Partie Feuillets Nombre de chapitres
I 1a-30c 48
II 30d-67b 69
III 67c-79b 19
CONTENU
F. 1a « Cy commence la table des Rebriches du livre de la cité des dames lequel dit livre
est parti en trois partie [sic] …–… Item la .IIIe. partie parle co(m)ment & par qui les haulx
combles des tours furent parfaiz et quelles nobles dames furent establies po(ur)
demourer es grans palais et es haulx do(n)jons ».
F. 1a-d « Cy commencent les chapitres de la premiere partie Le premier chappitre parle pourquoy
et p(ar) quel mouvement ledit livre fu fait .j. …–… Item de lavine fille du roy latin1 Cy finist la table des
rubriches de la premiere partie de ce livre ».
Ff. 2a-30c « Cy commence le livre de la cité des dames duquel le premier chappitre parle
pour quoy et par quel mouvement ledit livre fu fait. .j.2 Selonc la coustume maniere que j’ay
en usaige …–… viengnent avant mes autres suers et par leur aide et devis soit par toy parfaict3 le
seurplus de l’ediffice Explicit la premiere partie du livre de la cité des dames ».
Ff. 30d-31d « Cy commencent les rebriches de la .ije. partie de ce livre laquelle4 co(m)ment
& par qui la cité des dames fu au pardedens maisonnee ediffiee et puepplee Le premier
chappitre parle des dix Sebilles .J. …–… Item parle (crist)ine aux princepces et a toutes dames lxix »5.
Ff. 31d-67b « Cy commence la ije. partie du livre de la cité des dames laquelle laquelle [sic]
parle co(m)ment et parle qui la cité fu au par dedens maisonnee ediffiee et puepplee Le
premier chappitre parle des dix Sebilles .J. Aprés les parolles de la premiere dame qui raison

1 Les chapitres qui paraissent au f. 1v de la table (chapitres 22-48) ne sont pas numérotés.
2 La première ligne de cette rubrique, qui occupe une ligne et demie, s’étend sur les deux colonnes,
comme dans les mss KBR 9393 {34} et Harley 4431 {13}.
3 Un e est exponctué à la fin de ce mot.
4 Le mot parle a été omis.
5 La table arrive au bon compte de 69 chapitres grâce à une erreur – l’omission du numéro 42 – et à
la présentation des chapitres II, 53 et II, 54 par une seule rubrique, numérotée II, 54 (phénomène
qui n’est pas propre à ce ms.) : Item aprés ce que Droitture acompte des dames constantes Cristine luy demande
ce c’est voir ce que pluseurs hommes dient que si pou en soit deloyalles en la vie amoureuse et puis respond Droicture
.liiij. Le texte correspondant (ff. 57d-59a) divise la matière correspondante en deux chapitres,
numérotés (à tort) 54 et 55 : Aprés ce que Droicture a compté des dames constantes Cristine luy demande pour
quoy ce est que tant de vaillans femmes qui ont esté n’ont contredit aux livres et aux hommes qui mesdisoyent d’elles
et les responces que Droicture fait .liiij. et Demande Cristine a Droicture ce c’est voir ce que plusieurs hommes dient
que si pou soit de femmes loyalles a le en la vie amoureuse et la response de Droicture .lv. Dans les rubriques du
texte, le numéro 4 est omis, et tous les chapitres à partir de celui numéroté 5 (De plusieurs dames
prophetes) ont un numéro d’avance. Le copiste arrive au bon compte de 69 chapitres en omettant de
numéroter le dernier chapitre ; aucun effort n’a été fait pour rectifier les erreurs de numérotation.
288 Œuvres

estoit no(m)mee …–… Jusq(ue)s ad ce qu’elle soit close et toute parfaitte prier [sic] pour moy
mes tres redoubtees Explicit la deusiesme partie du livre de la cité des dames. ».
F. 67c « Cy commence la table des rubriches de la iije. partie de ce livre laquelle parle
coment et par qui les haulx combles des tours de la cité des dames furent p(ar)faiz et
quelles nobles dames furent eslictes pour demourer es grans palais et haulx donjons Le
premier chappitre parle co(m)ment Justice amena la royne du ciel pour habiter et seigneurir en la cité des dames
…–… Item la fin du livre ».
Ff. 67d-79b « Cy commence la tierce partie du livre de la cité des dames … Atant se tira
vers moy dame Justice a sa haulte maniere et dist ainsi …–… et a la fin soit piteables a mes grans
deffaulx et m’ottroit la joye qui a tousjours dure laquelle ainsi par sa grace vous face amen. Explicit
la iije. et derreniere partie du livre de la cité des dames. ».
HISTOIRE
Date : vers 1408 ; le ms. constitue le cinquième volume des Œuvres de Christine
acheté par Jean de Berry en 14086.
Possesseurs : Jean de Berry, dont signature au f. 79r, précédée de la mention
de son bibliothécaire Jean Flamel « Ce livre est au duc de Berry » ; Marie de
Berry, duchesse de Bourbon7, sa fille ; famille de Bourbon. François Ier saisit les
biens du connétable Charles de Bourbon en 1523. Estampille Josserand-Bruno
n° 1, datant du XVIIe s. – 1724. Anciennes cotes au f. 1r : 341 (Dupuy),
7090 (Regius).
Ajouts plus tardifs : notes à la contregarde sup., sans doute de deux
bibliothécaires des Bourbon (fin XVe s.-début XVIe s.) : « Le livre de la cité des
dames contenant trois livres » et « ou il y a troys hystoires et .iiijxx. feuilles
escriptez »8. À cette même contregarde : « X24 », qui correspond à la
numérotation du ms. lors de l’exposition dite permanente à la fin du XIXe
siècle9, et vignette BnF.

Contregarde sup. (contrastes rehaussés) © Paris, BnF


DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (345 x 259 mm) : I + 79 + I10. Peau de couleur jaunie,
présentant d’assez nombreux défauts, surtout coutures11, taches et pièces, ces

6 Meiss et Off 1971, p. 228 et Laidlaw 1987, pp. 52-59.


7 Delisle Cab., 3, p. 193, n° 291 et Guiffrey 1894-1896, 2, p. 238.
8 Notes semblables, des deux mêmes mains, à la contregarde sup. du ms. BnF, fr. 605 et une note de
la deuxième dans le ms. BnF, fr. 606, même endroit.
9 Selon Mme M.-P. Laffitte, que nous remercions vivement ici, cette marque serait de la main de
Léopold Delisle, qui a numéroté de la même manière d’autres manuscrits de l’exposition. À la
contregarde inf., l’étiquette « BIBLIOTHEQUE NATIONALE / Restauration 1994 / sous
n° 4375 ».
10 Contregardes en parchemin d’origine.
11 Aux ff. 14, 15, 16, 24, 36, 48, 58, 68, 73 ; le fil a partout disparu.
{8} Paris, BnF, fr. 607 289

dernières ajoutées de façon non systématique12. Les derniers ff. (78v, 79r-v et le
recto de la garde inf.) sont très sales13. La règle du vis-à-vis est respectée, sauf
aux ff. 17-18 et 76-77, disposés c/p, et 23-24, disposés p/c. À plusieurs
endroits, le tracé de l’écriture devient flou en raison de la porosité de la peau14.
Encres : brun foncé pour le texte, rouge orangé ou rouge vif pour les
rubriques.
Préparation
Piqûres : quatre piqûres maîtresses arrondies en m/q à la plupart des ff.
Réglure : à la mine brun-roux qui laisse des traces inégales.
Mise en page : 345 x 259 mm = 12 + <6> + 17 + <229> + 81 x 25 +
<81> + 19 + <79> + 55 mm. Justification 229 x 179 mm ; 2 cols, 41 lignes
écrites, parfois 40, 39 ou 42, l’écriture commençant sous la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signature Cahier Feuillets Signature
18 1-8 68 41-48
28 9-16 78 49-56
38 17-24 88 57-64
48 25-32 98 65-72
58 33-40 107 73-79
Signatures : aucune trace.
Réclames : par le copiste (P), sans décoration, centrées par rapport à la 2e
colonne. Elles consistent le plus souvent en un seul mot15.
Titres courants : tracés par P à l’encre rouge dans un espace réglé à cet
effet ; du côté verso : la cité et au recto des dames. Le f. 1r porte à l’emplacement
du titre courant la rubrique Cy commence le livre de la cité des dames. Les titres
courants ont été écrits avant la décoration16.
Foliotation : XVIIIe s. à l’encre, au-dessus du titre courant.
Travail d’écriture
Texte : Main P avec interventions X et X’ après réparation du parchemin17.
Style : minuscule semi-cursive.
Ponctuation : virgule. Le point ne semble être utilisé que comme
remplissage18.
12 Aux ff. 13r, 22v, 24r, et 54, ces pièces ou parfois la colle recouvrent une partie de l’écriture, qui n’a
pas été retouchée. Dans les 2e et 3e cas, il s’agit du titre courant. Aux f. 30b et 37d, en revanche, P a
laissé de la place, sur 3 et 5 lignes, pour les mots ou parties de mots ajoutés (Main X) après la pose
de la pièce. Au f. 13c, les mots obscurcis par la colle aux deux premières lignes sont récrits en
cursive hâtive (X’).
13 Selon Mme Laffitte, la saleté de ces folios est sans doute le résultat de l’exposition prolongée du
ms. à la fin du XIXe s. V. note 9.
14 Ff. 31b haut, 44d haut, 52d haut, 53b haut, 60c milieu, 63b haut.
15 On remarque quelques différences de graphie : réclame f. 8v damoiselle / texte f. 9r damoyselle ;
réclame f. 40v reaumes / texte f. 41r royaumes.
16 Titre courant oublié aux ff. 29r, 31r, 44r, 48r, 56r. Aux ff. 22v et 24r, il a été recouvert par la pièce
rajoutée.
17 V. note 12.
290 Œuvres

Corrections : peu nombreuses, des mains P, X et X’, préparations de


correction P et P’ (?)19.

Ff. 8r et 30r (préparation de corr. cursive ; ajouts X sur parchemin réparé) © Paris, BnF
Rubriques : Main P ; occupant parfaitement l’espace prévu20. La deuxième
table omet le n° 42, et le n° 4 est omis dans les chapitres, ce qui entraîne un
décalage d’une unité à partir de celui qui porte le numéro 5 : De plusieurs dames
prophetes. Le copiste arrive pourtant au nombre correct de 69 chapitres en
affectant le numéro 69 à l’avant-dernier chapitre et en omettant de numéroter le
dernier chapitre21.
Décoration : ornemaniste « à la vigne d’or ».
Bordures
F. 2r (début Ire partie) : fines baguettes doubles en U or et bleu / rose,
fleuronnées, à vigneture d’or sur fil, fleuretures frustes bleu / rose à cœur
d’or et quelques fleurs isolées. Entrecolonne de brins or.

F. 2r (vigneture d’or sur fil, détail) © Paris, BnF


Ff. 31v et 67v (début IIe et IIIe parties) : fine baguette double fleuronnée
or et bleu/rose à l’entrecolonne, en deux segments partant de la lettrine,
avec vigneture or sur fil et brins. La dernière sert en partie de cadre à
l’image.
18 V. par exemple f. 20c l. 17.
19 Prép. de corrections P aux ff. 25r m/g pare et au f. 74v m/g, enexer. Dans les deux cas, la correction
a été portée par P sur grattage. Prép. de corr. P’ (?) du mot chose au f. 8r, entrecolonne. La
préparation de correction vi au f. 65v M/p est trop courte pour permettre une attribution.
20 Par exemple, au f. 48c, la rubrique II, 38 remplit parfaitement la moitié de ligne à la fin du chapitre
précédente et les deux lignes plus deux parties de ligne de longueur différente laissées au début de
ce chapitre.
21 Autres anomalies concernant la rubrication : la première table, qui comporte 48 articles, ne
numérote pas, au f. 1v, les chapitres 27-48, et la 3e table ne porte aucun numéro de chapitre. Les
chapitres numérotés à tort II, 54 et 55 (en réalité II, 53 et 54) portent deux rubriques dans le texte :
Aprés ce que droitture a compté des dames constantes (crist)ine luy demande po(ur) quoy ce est que tant de vaillans
femmes qui ont esté n’ont contredit aux livres et aux ho(m)mes qui mesdisoyent d’elles et les responces q(ue) droicture
fait .liij. et Demande (crist)ine a droicture ce c’est voir ce que plusieurs ho(m)mes dient que si pou soit de fe(m)mes
loyalles a le en la vie amoureuse en la respo(n)ce de droicture .lv. ; mais ces deux chapitres sont représentés
par un seul intitulé dans la table : Item aprés ce que droicture a compté des dames constantes /cristine luy
demande ce c’est voir ce que plus(eur)s hommes dient que si pou en soit deloyalles en la vie amoureuse et puis respond
droicture liiij.
{8} Paris, BnF, fr. 607 291

Lettrines ornées
F. 2a (début Ire partie) : S bleu (5) formant palmette sur or, touchant la
baguette.
Ff. 31d et 67d (début IIe et IIIe parties) : A bleu22 (5 et 6) sur or, à
remplissage de vigneture.
Lettres champies de deux lignes23 au début de chaque chapitre à partir du
2e chapitre de chaque partie. Celui sur Gliselidis (ici II, 51) a droit à trois lettres
champies. Les I sont particulièrement larges.

Ff. 6r et 10v (lettres champies) © Paris, BnF


Illustration : atelier du Maître de la Cité des dames.
1. F. 2r (début Ire partie), av. rub., 120 x 179 mm : Construction de la cité.
L’image est divisée en deux scènes : à g., dans une architecture grise, ouverte
par une arcature à clef pendante, à plafond de bois, fenêtre d’argent surmontée
d’un fleuron et sol carrelé de vert, noir, doré (or mussif ?), et rose. Christine,
debout en robe bleue, manches roses et cornette blanche, consulte un livre
devant les trois allégories couronnées d’or : Raison, vêtue de doré, tient un
miroir d’argent rond ; Droiture, vêtue de bleu, tient un bâton et un papier
enroulé (?) ; Justice, vêtue de rouge à surcot blanc, tient un récipient de bois.
Les chevelures des allégories sont brun clair ; le siège rond de Christine peint
façon bois et la nappe rose sur la table à rangement, sur laquelle sont posés
deux livres à reliure verte et rouge. Une porte donne sur la partie dr., où
Christine et Raison (vêtue de la robe rouge à surcot blanc de Justice)
construisent la cité. Christine, vêtue comme précédemment, relève un pan de sa
robe sur un jupon rose. Elle étale le ciment à l’aide d’une truelle d’argent, tandis
que Raison apporte une pierre. Le sol vert foncé, semé de plantules, est jonché
de bonnes pierres taillées et d’éclats de cailloux gris (les ouvrages misogynes
selon Christine)24. Au premier plan est posé le bac pour gâcher le mortier.
L’enceinte ici est de pierre. Le ciel en perspective aérienne unifie les deux
scènes.

22 La lettre qui commence la IIe partie est très similaire à celle du début de la IIIe partie du ms.
Arsenal 2686. Celle du début de la IIIe du fr. 607 rappelle davatange des lettrines de l’ornemaniste
« aux araignées » (IIe partie des mss BnF, fr. 24293 et Arsenal 2686).
23 Des Y champis de trois lignes aux ff. 24b, 34a, 36a, 45a. Les I se distinguent par leur épaisseur tout
en or aux ff. 10d, 22c, 27b et 50d.
24 V. texte : si giette hors ces ordes pierres broçonneuses [difformes] et noires de ton ouvrage car ja ne seront mises ou
bel ediffice de ta cité (Londres, BL, Harley MS 4431, f. 295a).
292 Œuvres

2. F. 31d (début IIe partie), av. rubr., 92 x 80 mm [Album couleurs, n° 12] :


Entrée des dames dans la cité. Par un chemin pavé, Droiture et Christine arrivent à
la porte de la Cité avec le premier groupe d’habitantes. Au 1er plan, Droiture en
robe rouge et surcot bleu et blanc, couronnée d’or, mène par la main une noble
dame en robe verte, la tête ceinte d’un bourrelet noir, accompagnée d’une
demoiselle en robe mordorée (or mussif ?) et cornette blanche. Christine,
reconnaissable à sa robe bleue et sa cornette, les suit avec une dame en robe
rose et cercle de tête fait de besants, et une autre en robe grise et bourrelet de
tête. La ville est ceinte d’un mur crénelé vert pâle, derrière lequel se dresse une
tour rose qu’on aperçoit à travers le châtelet d’entrée à échauguettes. Les
maisons aux toits de tuiles sont encore en cours de construction. Un instrument
de levage hisse une poutre pour la charpente de la maison grise à g. Le fond est
de ciel.
3. F. 67d (début IIIe partie), av. rubr., 110 x 81 mm. Les dames accueillent la
Vierge et les saintes. Menées par Justice couronnée d’or, en robe rouge et surcot
d’hermine, la noble dame en robe verte, celle au cercle de besants, Christine,
vêtue comme ci-dessus, et autres demoiselles en cornettes sortent de la ville
pour accueillir la Vierge. Toute de bleu vêtue, celle-ci tient un sceptre d’or et un
livre relié de rose. Suivent sur le chemin pavé bordé d’herbe verte les saintes
dont l’une, en guimpe et robe rose, porte le pot à onguent des Saintes Femmes
(Marie Madeleine ?) et une autre, en robe verte, manteau rouge et couronne, la
palme du martyre (Catherine ?). Toutes sont auréolées d’or bruni. Sous le
châtelet d’entrée mauve à échauguettes, l’embrasure de la porte est peinte d’un
gris foncé uniforme. On aperçoit par-dessus les maisons en gris, vert pâle,
beige, à pignons pointus ou flamands et toits de tuiles rose foncé, étagées sur
deux rangs sur fond de ciel.
Reliure : maroquin citron à trois filets d’or et aux armes royales. Dos à cinq
nervures portant 4 chiffres royaux surmontés d’une couronne, cantonnés de
feuilles stylisées, flanqués de palmettes et accompagnées en haut et en bas d’une
petite fleur. Titre en majuscules d’or sur deux sections : « LE LIVRE DE LA
CITE / DES DAMES ». Dos bordé en haut et en bas d’une bande de
palmettes. Tranches dorées.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Cité 1974, pp. xlviii-li, lxv. C de P, Cité 1975, pp. 353-37125. Laidlaw 1987, pp. 52-59.
Meiss 1967, pp. 219, 313, 356. Meiss 1974, 1, pp. 13-14, 290, 381 ; 2, figs 36, 39, 43. Paris 1400,
n° 146. Schaefer 1937, pp. 184, 187 et figs 116, 118, 120. Sterling 1987-1990, 1, pp. 286, 288, 289
et fig. 191.

25 Cette édition, malheureusement jamais publiée, utilise le fr. 607 comme manuscrit de base.
F. 2r © Paris, BnF
{9} Paris, BnF, fr. 6031
Le livre de faiz d’armes et de chevallerie
Le livre de la mutacion de Fortune

TABLE SOMMAIRE
Ouvrage Feuillets
Faiz d’armes et de chevalerie 1a-80a
Mutacion de Fortune 81a-242a
CONTENU
F. 1a « Cy commence la table des rubriches du livre de faiz d’armes et de chevallerie, le quel dit livre est parti en
quatre parties …–… Item la .iiije. partie parle de droit d’ar [sic] en fait de saufconduit de treves de marque et
puis de champ de bataille ».
F. 1a-c « Cy commencent les rubriches des chappitres de la premiere partie Le premier
chappitre est le prologue ouquel (crist)ine se excuse d’avoir osé empre(n)dre a parler de sy haulte matiere que est
contenue oudit livre .J. …–… Item recapitule aucune chose des ordres dictes .xxix. ».
Ff. 1d-26c « Cy commence le livre de faiz d’armes et de chevallerie2 […] [f. 2a] Pour ce que
hardement est tant neccessaire a haultes choses empre(n)dre …–… Qui son ennemy puet
destruire par fain lui souffise sans autre baston Cy fine la premiere partie de ce livre. ».
Ff. 26d-27b « Cy commence la table des rubriches de ce livre la q(ue)lle parle des cautelles d’armes selon frontin
q(u’)il appelle stratagemes de l’ordre et maniere de combatre et deffendre chasteaulx et villes selon vegece et autres
aucteurs et de donner batailles en fleuves et en mer Le premier chappitre dit de scipio(n) .J. …–… Item devise les
garnisons qui affierent a gent qui en armee vont sur mer xxxix. ».
Ff. 27c-47d « Cy commence la .ije. partie de ce livre […] En ceste ije. partie aprés ce que avons
devisé selon vegece principaulment les manieres que jadiz tenoie(n)t les vaillans conquereurs du
monde …–… Je croy que desormais puis taire de la discipline d’armes car en ces choses
l’acoustumee usaige treuve souvent plus d’art et de nouvelles choses que l’ancienne dottrine n’en
a demonstré. Cy fine la .ije. partie de ce present livre. ».
Ff. 48a-d « Cy commence la table des rubriches de la iije. partie de ce livre la q(ue)lle partie partie [sic] parle des
drois d’armes selon les loix et droit escript Devise le premier chappitre par quel moyen (crist)ine adjousta a ce livre
ce qui est dit endroit des faiz des arm(es). J. …–… Item se un gentil homme prisonnier de guerre doit mieulx
amer mourir que brisier son s(er)em(en)t .xxiiij. Cy fine la table des rubriches de la iije. partie de ce livre ».
Ff 48d-65a « Cy commence la iije partie de ce livre […] [49a] Ainsi que je tendoye a entrer en
ceste iije. partie du present livre mon entendement aucques lassé de la pesanteur de la matere …–
… et y mectre toute peine d’acquitter sa pro(m)mesce et serement. Explicit la iije. partie de ce livre ».
Ff. 65b-d « Cy commence la table des rubriches de la iiije. partie de livre laquelle parle de droiz d’armes en fait de
sauf conduit de treves de marque et puis de champ de bataille. Ou premier chappitre demande (crist)ine au maistre
se un seigneur envoye saufconduit a un autre son ennemy soit ch(eva)l(ie)r baron ou quelqu’il soit et que ou dit
saufconduit n’ait contenu ne mais de sauf venir se il puet b(ie)n par celle cautele selon droit s’arrester et prendre au
raler s’en [sic]3 .J. …–… Item des banieres et penonceaulx de la richesce des armes et des coule(ur)s xvij.
Explicit la table de la iiije. partie de ce livre. ».

1 Sur ce ms., voir les Introductions des mss de la Mutacion de Fortune et des Deux manuscrits préparés
pour Jean sans Peur.
2 Cette rubrique se trouve dans une colonne autrement vide.
3 Dans le ms. KBR 10476, s’en est suivi de veult.
296 Fais d’armes et Mutacion

Ff. 65d-80a « Cy commence la quarte partie de ce livre […] [66a] Au commancement de ceste
iiije. partie tresch(ie)r4 maistre vueil saillir en autre different propos de guerre …–… toutes armes
et banieres par diverses devises prises par hautesce des le temps tres ancien / Et atant fine ceste
iiije. partie et fin de ce livre Explicit le livre de faiz d’armes et de chevallerie. ».

F. 81a « Cy commence la table des rubriches de ce present livre appellé le livre de la mutacion de fortune / Et est
devisé ledit livre en sept parties La premiere partie parle de la personne qui a compillé le dit livre et de ses
adventures …–… Item la vije. partie parle des histoires de romme en brief celle de Alixandre et des p(ri)nces
raignans environ le temps de la perso(n)ne qui a compilé ledit livre ».
F. 81a-b « Cy sont les rubriches des chappitres du premier livre. Le premier chappitre prologue .J.
…–… Item comment elle fu retournee arrieres de son messaige xij. ».
Ff. 81b-90d « Cy commence la premiere partie du livre de la mutacion de fortune laquelle
parle de la personne5 qui a compillé le dit livre et de ses adventures / Et premierement
prologue J [81c] Comment sera ce possible // A moy simple et pou se(n)sible …–… Ses meurs
et ses condicions // Et ses grandes decepcions. Explicit la premiere partie ».
Ff. 90d-91a « Cy commencent les rubriches de la table de la seconde partie du livre appellé
la mutacion de fortune qui parle ou et comment le chastel de fortune est scitué les
estaiges qui y sont et quelz gens il y a logiez. Le premier chappitre de la scituacion du dit chastel et ou
Il sciet .J. …–… Item les perilz et mescheances qui sont oudit chastel. Cy fine la table des rubriches de
la ije. partie de ce livre ».
Ff. 91b-109a « Cy commence la ije. partie du livre appellé la mutacion de fortune […] Il a
un lieu dessus la mer // Q(ue) l’en sieult g(ra)nt peril no(m)mer …–… Et leur manda par le
prophette // Que vers lui avoient paix faicte ».
Ff. 109a-b « Cy commence la table des rubriches de la tierce partie du livre de la mutacion de fortune qui parle
des condicions et sieges de ceulx qui sont logiez ou chastel de fortune Le premier chappitre du plus hault siege .J.
…–… Item des infortunes des femmes xxj. Explicit la table des rubriches de la iiie. partie de ce livre ».
Ff 109b-127b « Le premier chappitre parle du pl(us) hault siege .J. Tout ainsi com j’ay
devisé // Du chastel que bien advisé …–… Ainsi charité morte treuvent// Ce scevent celles qui
l’espreuvent Explicit la iiie partie du livre de la mutacion de fortune. ».
F. 127c « Cy commence la table des rubriches de la quatriesme partie du livre de la mutacion de fortune qui parle
de la salle du chastel de fortune quelles pourtraictures il y a de philosophie et de ses parties / des sciences et du
commencement du monde et des histoires des Juyfs Le premier chappitre de la salle de fortune Et de ses
pourtraictures J …–… Item des juyfs xix ».
Ff. 127d-141d « Cy dit de la salle du chastel et quelles pourtraictures il y a J OR ay devisé
grant partie // De ce lieu ou est departie …–… en pugnicion du pechié que ilz commirent en
crucifiant nostre seigneur Explicit la iiije. partie du livre de la mutacion de fortune ».
[Le f. 142 est réglé des deux côtés et marqué d’un signet, mais il reste inemployé.]
F. 143a-b « Cy commence la table des rubriches de la Cinquiesme partie du livre de la mutacion de fortune
laquelle parle des premiers royaulmes qui seigneurirent au monde et des seigneuries de grece Le premier chappitre
comment les uns vouldrent sur les autres seigneurir J …–… Item dit de crete et d’athenes xxvj. Explicit la table
des rubriches de la ve. partie de ce livre ».
Ff. 143b-173c « Cy commence la ve. partie du livre de la mutacion de Fortune […] [143c]
OR est dieu mercy respassee // La grevance qui ma penssee …–… Dont des mors y ot grant
foyson // Tant que dura celle saison Explicit la ve. partie du livre de la mutacion de fortune ».
Ff. 173c-174a « Cy commence la table des rubriches de la vje. partie du livre de La mutacion de fortune la quelle
parle des amazonnes et de l’istoire de troye abregee Le premier chapitre parle du Roy vesones et comment le
royaulme de amazonnie commença. J. …–… Item co(m)ment les trayteurs furent chaciez et les pestillances que
orent les grieux a leur retour xxxvj. ».
Ff. 174a-205c « Cy commence la .vje. partie du livre de la mutacion de fortune […] [174b]
En cellui te(m)ps un roy regnoit // En Egypte qui m(ou)lt tenoit …–… Et ainsi fut la fin des

4 Le copiste préfère la graphie chier quand il écrit ce mot en entier ; voir ff. 18c, 20c, d, 21a.
5 Après personne, le mot de exponctué.
{9} Paris, BnF, fr. 603 297

grieux // N’orent des troyens gaires mieulx Explicit l’istoire de troye et la vje. partie du livre de la
mutacion de fortu(n)e ».
Ff. 205d-206c « Cy commence la table des rubriches de la vije. partie du livre de la mutacion de fortune qui parle
de l’istoire des rommains abrigee celle de Alixandre le grant et des princes reignans environ le aage de la personne
qui a compillé le dit livre Le premier chappitre parle de eneas qui se party de troye et de la genologie [sic] des
rommains .J. …–… Item la conclusion du livre. .lvij. ».
Ff. 206c-242a « Cy commence la vije partie du livre de la mutacion de fortune qui parle de
l’istoire des rommains celle de Alixandre et des princes reignans environ l’aage de la
personne qui a compilé ledit livre Le premier chappitre de eneas qui se party de troye et
de la geneologie des rommains .J. [206d] Eneas se party de troye // La deserte et par mer sa
voye …–… Paix solitude volu(m)ptaire // Et vie astrate sollitaire Explicit la vije. et derreniere partie
du livre de la mutacion de fortune ».

HISTOIRE
Date : vers 1410-14116. Les Fais d’armes et de chevalerie, premier ouvrage de ce
recueil, furent composés en 1410 ; textuellement, cet exemplaire est légèrement
postérieur au KBR 10476, et les tables et le texte y font un emploi plus
systématique des marques de paragraphe7. La première enluminure, qui
n’occupe pas tout l’espace prévu au f. 2r (v. note 28), paraît copiée d’après un
modèle préexistant. Anciennes cotes au f. 1r : trois cents quarante-cinq
(Rigault), 361 (Dupuy), 7087 (Regius).
Possesseurs : vraisemblablement un membre du parti Armagnac, puisque ce
texte ne parle pas de la victoire de Jean sans Peur à Liège, victoire qui fait l’objet
d’éloges dans le Fais d’armes de Bruxelles8. La présence de signets pourrait faire
penser à Jean d’Angoulême, qui en faisait souvent usage9, mais ce ms. ne figure
pas dans son inventaire après décès. Le ms. avait intégré la bibliothèque royale
dès le XVIIe s.10.
Ajouts plus tardifs : pour faciliter le repérage, au début de
presque chaque partie des ouvrages, des signets ont été
fabriqués en découpant une languette de parchemin et en
l’enroulant autour d’une petite fente pratiquée à différentes
hauteurs11. Au f. 240b, d’une écriture fine (XVIIe/XVIIIe
s.), l’inscription Louis le grand à côté d’une référence au bon
roy de Hongrie (v. 23359)12. F. 142 © Paris, BnF
Petits signes, sans doute en guise de manicules, aux ff. 71r entrecolonne et
101v m/g ; quelques réparations peut-être postérieures (v. note 12).

6 M. Meiss (1974, 1, p. 9) date le ms. de « peu après 1410 ». Mise à part la première enluminure, la
mise en page n’accuse toutefois aucune irrégularité.
7 V. en particulier le dernier chapitre de la Ire partie (f. 26a-c) et la troisième table au f. 48 a-d, à
confronter à KBR 10476, ff. 42a-d et 79a-80b.
8 Chap. I, 23 ; v. Willard 1970, p. 181.
9 Dupont-Ferrier 1897, p. 43.
10 Estampille nº 1 Josserand-Bruno de la Bibliothèque nationale, datée du XVIIe s. jusqu’en 1724.
11 Les signets se trouvent aux ff. 27, 65, 81, 108, 142, 173 et 205 ; signet disparu au f. 49. V. notice du
ms. BnF, fr. 1197.
12 C’est vraisemblablement la même main qui a ajouté des notes de lecture dans le ms. BnF, fr. 1188.
298 Fais d’armes et Mutacion

DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (368 x 274 mm) : (IV, papier13) + 242 + (IV, papier).
La peau est assez brunie14 et présente de nombreuses lisières15 et mouches16,
ainsi que quelques petits trous17, entailles18 et coutures19. Taches d’humidité en
m/q des premiers feuillets (1-9). La règle du vis-à-vis est respectée sauf aux
ff. 58 et 59, disposés p/c, et 62-63, disposés c/p.
Encres : brun foncé de différentes teintes pour les textes20 ; l’encre utilisée
au début de la Mutacion est plus claire que celle utilisée pour la fin des Fais
d’armes ; pour les rubriques, encre rouge orangé plus ou moins foncé.
Préparation
Piqûres : quatre ou huit par feuillet, faites par un poinçon de section
triangulaire, pour marquer, parfois de façon approximative, l’emplacement des
colonnes.
Réglure : à la mine de plomb, qui laisse des traces grises prononcées.
Mise en page
[f. 5r, ouvrage en prose] : 368 x 274 mm = 22,5 + <6> + 17,5 + <231> +
91 x 29 + <83> + 21 + <79> + 62 mm. Justification 231 x 183 mm ; 2 cols,
39, parfois 40 interlignes, l’écriture commençant sous la première LR.
[f. 86r, ouvrage en vers] : 370 x 277 = 20,5 + <5,5> + 18 + <242> + 84 x
20 + <6> +5 + <82> + 18 + <6> + 4 +<74> + 62 mm. Justification 242 x
195 mm ; 2 cols, 40 ou, parfois, 39 interlignes, l’écriture commençant sous la
première LR.

13 Les premier et derniers ff. sont doublés de papier marbré (du type « caillouté » dans la classification
de Muzerelle, v. fig. 336), qui est solidaire des contregardes.
14 Le côté poil de plusieurs feuillets est particulièrement foncé, la surface ayant été peu polie par la
pierre ponce ; voir ff. 21v, 22r, 23r, 24v, 25v, 26r, 29v, 30r…
15 Aux ff. 4, 22, 38, 110, 111, 130, 131, 145, 149, 180, 194, 204, 208, 213, 220, 225, 236.
16 Aux ff. 6, 26, 50, 98, 119, 124, 127, 134, 164, 218, 228, 232, 237, 241 ; certaines réparations sont
peut-être modernes.
17 Aux ff. 7, 184, 198, 218, 220, 234.
18 Aux ff. 70, 87, 117, 206, 207, 211, 213, 214, 223.
19 Aux ff. 1, 197, 198.
20 Changement d’encre très visible au f. 133a l. 11 et au f. 163a l. 24. L’encre s’est parfois étalée pour
diverses raisons ; v. f. 21b (haut), 22d (bas), 42b (numéro de rubrique), 124c (haut), 125b (haut),
166r (titre courant), 215r (bas)…
{9} Paris, BnF, fr. 603 299

Organisation
Cahier Feuillets Signature Cahier Feuillets Signature
18 1-8 a 178 129-136 d
28 9-16 186 137-142 (trace)
38 17-24 198 143-150 a
48 25-32 208 151-158 b
58 33-40 218 159-166 c
68 41-48 228 167-174 d
78 49-56 g 238 175-182 E
88 57-64 248 183-190 f
98 65-72 258 191-198 g
108 73-80 268 199-206 h
118 81-88 b 278 207-214 J
128 89-96 288 215-222 k
138 97-104 g 298 223-230 l
148 105-112 308 231-238 N
158 113-120 314 239-242 O
168 121-128 c
Signatures : les cahiers sont signés par la main E à l’encre brune plus claire
que celle du texte, d’une lettre suivie d’un chiffre romain de .j. à .iiij. Environ le
tiers des cahiers porte la série complète des signatures.
Réclames : du copiste, de la même encre que le texte, soit centrées par
rapport à la deuxième colonne, soit alignées sur la dr. de celle-ci. Certaines sont
assorties d’un point de chaque côté, d’autres d’un double jambage prolongé par
une courbe sinueuse. Le 18e cahier, le dernier des Fais d’armes, ne porte pas de
réclame.
Titres courants : du copiste, à l’encre rouge, tracés avant la décoration. En
général, celui du côté verso indique la partie du l’ouvrage et celui au recto le
titre de l’ouvrage ; par exemple, f. 1v : la premiere partie du livre, f. 2r : des faiz
d’armes et de chevallerie21. À en juger par la couleur de l’encre, les titres courants
doivent avoir été ajoutés en même temps que les rubriques.
Foliotation : deux foliotations modernes ; l’une au crayon, l’autre à
l’encre22.
Travail d’écriture
Texte : Main P.
Style : petite minuscule semi-cursive.
Ponctuation : virgule et point ; les signes de ponctuation sont très rares
dans la Mutacion de Fortune.

21 Le f. 1r porte le titre courant Le livre de chevallerie et le f. 81r Le livre de la mutacion de fortune. Quand
une nouvelle partie commence du côté recto, l’on peut trouver la partie de l’œuvre et son titre
ensemble ; par exemple au f. 90v, le titre courant se lit la premiere partie du livre de la mutacion de
fortune ; celui au f. 91r est la ije. partie du livre de la mutacion de fortune ; v. aussi f. 143r : Cy co(m)mence la
ve partie du livre de la mutacion de fortune. Au f. 107v, le mot premiere est corrigé par rature en .ije. Au
f. 135r, les mots du livre sont barrés, ayant déjà été écrits dans le titre courant du feuillet précédent ;
ces mêmes mots sont effacés au f. 228r. Le f. 17r ne présente pas de titre courant.
22 Le f. 60 porte, en dessous du numéro 60, un deuxième numéro 59 tracé à l’encre.
300 Fais d’armes et Mutacion

Corrections : la plupart des corrections sont des ratures de mots ou de


passages déplacés ou copiés deux fois, erreurs fréquentes dans les mss copiés
par P23. Au f. 14r24, un long passage copié au mauvais endroit est cancellé et sa
suppression signalée par le mot va…cat. Quelques autres corrections sont faites
par P sur grattage25. Une seule préparation de correction de la main X’ subsiste :
sans, au f. 113d26.

F. 113d © Paris, BnF


Rubriques
Préparation : une seule complète en cursive hâtive (X’) dans la marge
supérieure du f. 107r ; aucun espace n’avait été réservé pour cette rubrique dans
le texte27.
Les rubriques de très nombreux chapitres des Fais d’armes, et de deux chapitres
de la Mutacion28 sont assorties de numéros d’attente à l’encre brune29 ; les
numéros de chapitres ont été écrits en même temps que les titres des chapitres.

F. 107r (prép. de rubr. en m/t Cy dit des perilz & meschiefs qui sont ou dit chast(el) xxvj) © Paris, BnF

23 V. par exemple ff. 1a, 2b, 3b, 3c… Au f. 38c, tout au début de III, 19, P a écrit l’ost vient deux fois
de suite.
24 F. 14a l. 34-14b l. 8 ; le passage se trouve à la fin de la col. b de ce folio. L’instruction va…cat
semblerait indiquer que ce ms. était destiné à servir de modèle d’un autre.
25 Ff. 1b l. 36 : de ce meesmes et le numéro xiiij. de la rubrique ; 1b l. 37 Item devise ; 25a l. 20 : bien les ;
42c l. 33 : qui puet ; f. 47a l. 7 : perilz ; 126a l. 20 [v]aloi[r] ; 151a l. 3 : de bonne taille ; 175b l. 31: petit de
du[ree] ; 184d l. 3 : larges.
26 La correction (sans) n’a pas été reportée au v. 4979, où l’erreur su – qui a été surchargée en sa – est
toujours présente. Notons également un premier essai de correction : un a suscrit au-dessus du su.
27 Ci dit des perilz et meschiefs qui sont ou dit chastel .xxvj. L’emplacement de la rubrique (absente) est
indiqué par une croix.
28 Aux ff. 111b et 117b. En trois occasions, ces numéros d’attente sont corrigés : au f. 39r (pour le
chap. II, 15 initialement désigné comme 14), et aux ff. 38v et 39r, où les numéros 18 et 10 sont
corrigés respectivement en 10 et 20.
29 Aux ff. 38v-40v, les numéros d’attente des chapitres xix – xxv ont été corrigés. Au f. 42b, le
numéro de chapitre (xxxiij) semble avoir été ajouté plus tard.
{9} Paris, BnF, fr. 603 301

Exécution : Main P ; elles tiennent parfaitement dans l’espace qui leur


est réservé. P a aussi ajouté les titres courants.
Décoration : ornemanistes : « à la résille », « aux trois couleurs » et « à la vigne
d’or ».
Le premier, l’ornemaniste « à la résille », est responsable ici de la décoration des
Fais d’armes (ff. 2, 27v, 49 et 66) et ff. 109 et 127v de la Mutacion ; le deuxième
ornemaniste, l’« assistant aux trois couleurs », a décoré les ff. 81v et 143v de la
Mutacion ; les ornemanistes « à la vigne d’or » ont décoré les ff. 91, 174, 178 et
206v.
Bordures
F. 2r (début Fais d’armes) : fine baguette double horizontale et trois
verticales dont une faisant corps avec la lettrine, formant diptyque,
terminées en fer de lance, à vigneture or sur fil en résille.
F. 27c (début IIe partie) : fine baguette double or et bleu / rouge,
terminée en fer de lance, dont la partie sup. constitue le côté dr. du cadre
de l’enluminure, à vigneture or sur fil qui emboîte la colonne de texte.
F. 49a (début IIIe partie) et f. 66a (début IVe partie) : fine baguette
double or et bleu / rouge, terminée en fer de lance, dont la partie sup.
constitue le côté dr. du cadre de l’enluminure et est solidaire de la
lettrine, à vigneture or sur fil et brins.
F. 81c (début Mutacion de Fortune) : fine baguette double terminée en fer
de lance, à vignetures fleuries rouges, bleues et or sur fil en m/t et m/q,
et à g. brins portant une feuille hérisson.
F. 91b (début IIe partie) : même baguette que la précédente, mais
incluant la lettrine, à vigneture sur fil or ornée de quatrefeuilles rouges, et
brins de feuilles hérisson.
F. 109b (début IIIe partie) : fine baguette double terminée en fer de lance
liée à la barre du T, à vigneture sur fil fleurie, et brins de feuilles hérisson.
F. 127d (début IVe partie), même baguette que la précédente, frôlant
le O.
F. 143c (début Ve partie) : fine baguette double terminée en fer de lance,
à vignetures fleuries rouges, bleues et or sur fil en m/t et m/q, et brins
à g.
F. 174b (début VIe partie) : même baguette que la précédente ; la
vigneture passe sous le cadre de l’image.
F. 206d (début VIIe partie) : même baguette que la précédente, à
vigneture fleurie (bleuet, oeillet rose, groseille dorée et cordiforme vert),
qui passe sous le cadre.
Lettrines
F. 2a (début Fais d’armes) : P bleu (6) à remplissage de vigneture et de
demi-feuille d’acanthe sur or ; lettre reliée à la baguette.
F. 27c (début IIe part.) : C rose foncé (6) à remplissage de vigneture sur
or.
F. 49a (début IIIe part.) : A rose foncé (6) à remplissage de vigneture et
de deux demi-feuilles d’acanthe sur or.
F. 66a (début IVe partie) : A bleu (6) à remplissage de vigneture sur or.
302 Fais d’armes et Mutacion

F. 81c (début de la Mutacion de Fortune) : C bleu


(5) à remplissage mosaïqué or/bleu/rose (ce
motif rappelant l’échiquier)30, sur fond rose
foncé.

F. 81c © Paris, BnF


F. 91b (début IIe partie) : I bleu (5) sur or à remplissage de rinceaux de
vigne et de palmettes. Lettre solidaire de la baguette.
F. 109b (début IIIe partie) : T rose (5) sur or à remplissage de vigneture.
F. 127d (début IVe partie) : O bleu (5) sur or à remplissage de vigneture
et demi-feuille d’acanthe.
F. 143c (début Ve partie) : O rose (5) sur or à remplissage de vigneture.
F. 174b (début VIe partie) : E bleu (5) sur or à remplissage de vigneture.
F. 178b (début VI, 4), après espace laissé pour miniature, E rose foncé
(4) sur or, à remplissage de vigneture.
F. 206d (début VIIe partie) : E bleu (5) sur or à remplissage de vigneture.
Lettres : champies de deux lignes au début de chaque chapitre à partir du 2e
chapitre de chaque partie. Le chap. VII, 45 (f. 232a) qui raconte l’histoire
d’Alexandre, débute par une lettrine de 3 lignes.
Pieds-de-mouche : champis, dans le texte et au début de chaque élément
des tables.
Illustration : Maître de la Cité des dames.
Comme dans le ms. Munich, BSB, Cod. gall. 11, une enluminure a été prévue
au début de VI, 4, sans jamais avoir été exécutée.
Ce manuscrit renferme une rare instruction pour l’enluminure, mais, ayant été
copiée à tort, elle est partiellement grattée31.

BnF, fr. 603, f. 127 c-d © Paris, BnF


Toutes les enluminures sont agrémentées d’un double cadre d’or cerné de noir
à l’extérieur et rose foncé à l’intérieur.
1. F. 2r (début des Fais d’armes), 102 x 146 mm : Christine et Minerve. Christine
à g. évoque avec Minerve le sujet de son livre : les hommes d’armes qui

30 La mosaïque rappelle le carrelage dans l’enluminure juste au-dessus. Même motif à cet endroit dans
Chantilly, Bibl. du Château, 494 {24}.
31 Histoire doit estre en cest espace qui la veult faire en livre et doit estre sicomme une gra(n)t salle comme se elle fust
painte et pourtraitte autour d’istoires de batailles et de roys et roynes a deux rencs.
{9} Paris, BnF, fr. 603 303

chevauchent à dr.32. Dans une maison aux murs roses, ouverte par une arcade,
au plafond rouge en berceau et deux fenêtres aux vitres d’argent (terni),
Christine en robe bleue et cornette blanche est debout devant une table de bois
couverte de drap vert et trois livres posés dessus : un bleu et un rouge fermés,
le dernier ouvert sur un pupitre. Minerve en armure argent sur une jupe rouge
et coiffe verte, tient une lance rouge, comme les soldats, et désigne la scène de
dr. Sur fond de ciel bleu avec effet de perspective aérienne, un moulin sur une
colline à l’arrière-plan, quatre chevaliers avancent en tête d’une troupe en
armures bleutées. Deux portent un surcot vert sur l’armure et un chaperon
rouge. Le premier monte un cheval blanc, le second un cheval brun, le
troisième un cheval gris et le dernier un cheval noir et blanc. Les quatre
chevaux ont la jambe dr. levée pour la marche et sont disposés en éventail
comme un quadrige.
2. F. 27c (début IIe partie), av. rubr., 87 x 95 mm : Scène de siège par terre et par
mer. Au premier plan, près d’une tente blanche, quatre hommes d’armes vus de
dos, en armures et saladiers bleutés et surcots rose, rouge, blanc ou bleu, tenant
lances et grands boucliers, s’avancent vers une place forte aux murs roses sise
en bord de mer à l’arrière-plan. Sur une mer moutonnante, deux nefs aux voiles
blanches abordent le rivage avec des troupes.
3. F. 49a (début IIIe partie), apr. rubr. (en bas du f. 48d),
85 x 96 mm : Christine et Honoré Bouvet. Enluminure insolite qui illustre les
emprunts faits par Christine à un autre auteur. Dans un paysage au ciel en
perspective aérienne, Christine à g., en robe bleue et cornette blanche, serpette
à la main, s’apprête à cueillir une branche de l’Arbre des batailles que lui désigne
Bouvet, vêtu d’une robe de clerc orange à pattes blanches à dr., près d’un
arbuste. L’arbre au centre, qui représente son célèbre traité, porte des hommes
d’armes en armures bleutées se combattant dans les branches, comme autant de
fruits. Cette image constitue donc aussi une illustration originale de l’œuvre de
Bouvet33.
4. F. 66a (début IVe partie), apr. rubr. (en bas du f. 65d), 85 x 87 mm : Le roi
cherche conseil. Assis à g. sur un trône au dais rouge, les pieds sur un coussin vert,
un roi à la barbe blanche, vêtu d’un manteau bleu sur une robe rose, consulte
quatre conseillers. Près de lui, son chancelier en robe grise à col blanc et mortier
noir à galon d’or sur la tête, précède deux hommes tête nue agenouillés devant
lui, l’un vêtu de rose, l’autre de bleu, qui tiennent des documents munis de
sceaux. Le dernier, à dr., en manteau et capuche rouge, vu de dos, est coupé par
le cadre. Sol gris et fond mosaïqué.
5. F. 81c (début de la Mutacion de Fortune)34, 81 x 86 mm [Album couleurs,
n° 22] : Christine dans son étude. Dans un édicule rose pâle ouvert sur un préau
par une arcature, Christine en robe bleue et cornette blanche, assise sur un siège
de bois, écrit dans un livre posé sur un pupitre à une table couverte d’un drap
vert. Devant elle, deux livres reliés de rose et rouge, tranches dorées, une
32 Cette enluminure n’occupe pas entièrement les deux colonnes qui lui ont été consacrées (il reste 8
mm à g. et 30 à dr.) ; traces d’une instruction à dr. (on y voit la seule lettre a).
33 V. Reno et Villela-Petit, « Christine de Pizan, interprète d’Honoré Bouvet », à paraître.
34 Il manque la rubrique liminaire du texte.
304 Fais d’armes et Mutacion

écritoire et un miroir d’argent (ternis) ; ce dernier rappelle l’attribut de Raison


dans la Cité des dames et fait aussi penser à la pratique de l’autoportrait chez les
peintres35. Son étude est voûtée en berceau bleu et carrelé de jaune et de noir
avec des fenêtres d’argent (terni).
6. F. 91b (début IIe partie), apr. rubr., 84 x 84 mm : Eur accueillant les visiteurs
au château de Fortune. Eur, vêtu d’une houppelande courte verte frangée de blanc
sur une chausse blanche et une chausse rouge, une couronne de feuillage sur la
tête, accueille trois visiteurs qui débarquent d’une nef à l’entrée du château de
Fortune. Le premier, vêtu de bleu, a un chapeau conique rouge, le second est
vêtu de gris et le troisième de rose avec un chaperon rouge ; il donne la main à
Eur. Le château aux murs blanc rosé, couronné d’un crénelage avec des
échauguettes aux toits d’argent, est posé sur une plateforme d’herbe suspendue
dans le ciel par quatre chaînes d’argent au-dessus de la mer. À la porte se tient
Richesse vêtue d’une robe d’or et couronnée de même. Le château est coupé en
partie haute par l’encadrement, l’image calée au premier plan par deux
escarpements qui servent de repoussoirs.
7. F. 109b (début IIIe partie), av. rubr., 90 x 82 mm : L’intérieur du chastel : le
plus haut siège. Dans un espace dallé de gris et de vert, sur fond mosaïqué d’or,
deux bancs tendus de drap vert semé de fleurettes, posés en vis à vis, délimitent
un espace en U avec au fond un siège à haut dossier recouvert d’un drap rouge
à motifs or. Deux papes gémellaires, semblablement vêtus d’un ample manteau
rose rabattu sur la tête à grand col blanc, sont assis sur le trône pontifical et se
regardent. En bout de banc, quatre ecclésiastiques se font face (gestes de
l’argumentation) : un cardinal vêtu de rouge à chaperon rose, un clerc vêtu de
gris à toque noire, un prêtre en habit bleu et calotte noire, et un dominicain en
manteau noir sur robe blanche.
8. F. 127d (début IVe partie), av. rubr., 85 x 85 mm : La salle de Fortune. Dans
une salle vue à travers une arcature rose en diaphragme, Christine, vêtue de sa
robe bleue et sa cornette blanche, se tient debout, bras croisés, et regarde le
mur de g. où sont peintes des scènes de combat à pied et à cheval en grisaille
sur fond vert sur trois registres délimités par deux lignes de texte sur fond
blanc. Le mur d’en face dans lequel s’ouvre une porte est peint de même avec
deux registres et une seule ligne de texte (mise en abyme du texte même de la
Mutacion de Fortune). La pièce est voûtée en berceau rouge, dallée de jaune avec
une cheminée et ses chenêts contre le mur rose du fond taché de suie. Elle est
meublée d’un banc et d’une huche de bois sur piètement. Deux petits chiens,
l’un blanc, l’autre brun, s’amusent derrière Christine.
9. F. 143c (début Ve partie), apr. rubr. (en bas du f. 143b),
91 x 89 mm [Album couleurs, n° 23] : Les rois de la terre36. Debout sur un sol vert
contre un fond mosaïqué, six princes barbus en costumes orientalisants
discutent (gestes de l’argumentation). De g. à dr. : le premier en manteau bleu,
turban blanc et chausses rouges ; le second, vu de dos, en vert et bonnet blanc ;

35 V. à titre d’exemple Marcia réalisant son autoportrait dans les manuscrits des Cleres femmes de
Boccace, BnF, fr. 598 f. 100v et fr. 12420, f. 101v.
36 Thème iconographique peut-être emprunté à des manuscrits de la Cité de Dieu de saint Augustin
dans la traduction de Raoul de Presles ; v. Villela-Petit 2006, pp. 56-57.
{9} Paris, BnF, fr. 603 305

le troisième en manteau jaune sur robe blanche, chausses jaunes et haut bonnet
de fourrure grise, une bourse rouge pendant de sa ceinture ; le quatrième en
manteau bleu, chausses rouges, bonnet gris pointu à rabat blanc, un petit
rouleau plié dans la main g. ; le cinquième en robe verte et chapeau blanc et
bleu à oreillères ; le dernier vêtu de blanc avec ceinture et chausses jaunes, haut
bonnet de fourrure grise et un cimeterre dans un fourreau rouge attaché à la
ceinture.
10. F. 174b (début VIe partie), apr. rubr. (en bas du f. 174a), 80 x 86 mm :
Combat d’Amazones. Sur fond de ciel, une armée d’Amazones avec son étendard
rouge inscrit de triangles d’or et une armée d’hommes s’affrontent à pied avec
lance, épée, hache ou masse d’arme. Sur leurs armures gris-bleu, les guerrières
portent des robes en bleu, rose, vert ou jaune, les hommes des surcots et
tuniques en jaune, bleu, vert ou orangé. Au premier plan, l’amazone en bleu,
pourvue d’un protège-seins doré, transperce son adversaire de sa longue lance
rouge, tandis qu’un autre homme en tunique blanche agonise à terre. Les
femmes semblent l’emporter.
11. F. 206d (début VIIe partie), apr. rubr. (en bas du f. 206c), 89 x 93 mm :
La fondation de Rome37. Dans un paysage sobre au sol vert et au ciel bleu, des
maçons modestement vêtus de tuniques brunes ou orange, jambes dénudées ou
chausses noires, s’affairent à la construction d’une tour rose percée d’arcades
dont ils entament le troisième étage, avec échafaudage, cordes, hotte, seau et
truelle. Des briques roses jonchent le sol. À l’arrière-plan, Romulus (?) en
tunique rose, chausses orange, chapeau pointu jaune et lance en main g., le bras
dr. désignant la tour, donne ses ordres.
Reliure : veau raciné refait le 22 déc. 1969 ; dos en maroquin rouge à six
compartiments portant, au 2e et 4e, en lettres or, les titres « LIVRE DES FAITS
D’ARMES et LIVRE DE LA MUTACION DE FORTUNE » ; au premier et
au dernier, le chiffre de Louis XVIII et dans le troisième et cinquième une
grande fleur de lys flanquée de deux petites fleurs de lys et de quatre fleurs de
lys de taille moyenne dans les angles.
COMMENTAIRE
Ce volume est le seul de tous ceux produits dans l’atelier de Christine qui
contienne deux de ses ouvrages. Les folios n’ont pas été copiés d’affilée,
comme l’attestent l’absence de réclame à la fin des Fais d’armes et les 3 colonnes
inemployées à la suite de cet ouvrage, ainsi que le folio réglé mais blanc qui
sépare les IVe et Ve parties de la Mutacion. La version de la Mutacion qui y est
contenue est très proche de celle du fragment BnF, nafr. 14852 {11} et de
l’exemplaire de Munich (BSB, Gall. 11 {26}) ; quant à la version des Fais
d’armes, elle est un peu plus tardive que celle contenue dans le manuscrit de
Bruxelles (KBR 10476 {52}) et comporte un texte légèrement développé ainsi
qu’un cycle de quatre enluminures, alors que le ms. de Bruxelles n’en a qu’une.

37 L’image rappelle la construction de la Tour de Babel qu’on trouve aussi dans les manuscrits de la
Cité de Dieu ; voir ibidem, pp. 52-53.
306 Fais d’armes et Mutacion

BIBLIOGRAPHIE
C de P, Mutacion 1936-1940, 1, pp. cxix-cxxii. Http://gallica.bnf.fr (images numérisées de tout le
ms.). Meiss 1974, 1, pp. 8-12, 291-292, 381 ; 2, figs 11, 15, 27. Meiss 1967, 1, p. 356. Ouy 1985.
Paris 1400, fig. 20. Paris, Mss fr. 5, pp. 133-148. Schaefer 1937, pp. 165, 189-196 et figs 49, 151-
156, 177-178. Willard 1970.
F. 1v1 © Leyde, UB

1 Le verso a été choisi parce qu’il est plus lisible que le recto.
{10} Leyde, Universiteitsbibliotheek,
Ltk. 1819
Le livre de la cité des dames [fragment]

CONTENU
Recto et verso d’un feuillet partiellement détruit (ce qui reste du chap. 28 et début du chap. 29 de
la IIe partie) : « les croient…ce que cy de…tus eust…non occir…mes n’eust…ne feust …–…
quant…adont…joyeus…ment…ne vou… Et est a ».
HISTOIRE
Date : vers 1410. Le numéro 27 dans le titre courant (côté verso) indique que
cet exemplaire était postérieur au ms. BnF, fr. 607 {8} acquis vers 1408 par le
duc de Berry1. Le fait que ce titre courant mentionne la partie de l’œuvre
rapproche ce ms. du ms. fr. 603 {9}, datable de 1410-14112.
Possesseur : Gerrit Jacob Boekenoogen (1868-1930)3.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux :
Support : parchemin (350 x 192 mm ; à l’origine 350 x 260-270 mm). Le
feuillet, jauni, est amputé de plus des deux-tiers d’une colonne, et la marge sup.
est biseautée des deux côtés. Plusieurs mots sont rendus illisibles par des taches
ou par l’usure du parchemin.
Encre : brun clair ; rubrique et titres courants rouge vif4.
Préparation
Piqûres : trois piqûres maîtresses, faites à l’aide d’un poinçon de section
triangulaire, en m/q.
Réglure : à la mine de plomb grise.
Mise en page : 18,5 + <6> + 20 + <223,5> + 82,5 x 70,5 + <75,5> +
24,5 + <19,5> mm ; 2 cols, 38 interlignes, l’écriture commençant sous la
première LR.
Organisation
Aucune signature ni réclame. Les titres courants – chose assez exceptionnelle –
se présentent sur deux lignes superposées. La première au-dessus de la réglure
porte le titre de l’œuvre et son numéro d’ordre dans le recueil : au verso Le Livre

1 V. « Commentaire ».
2 Rappelons que ce recueil contient les Fais d’armes, composés en 1410, et un exemplaire tardif de la
Mutacion de Fortune.
3 Ce feuillet avait servi de couverture à un livre populaire, De Fonteyne de Eeren (Anvers, 1677), qui
avait appartenu à l’érudit G. J. Boekenoogen. Le livre entra à la bibliothèque à sa mort, mais ce
n’est qu’en 1931 que la couverture en fut détachée ; v. Gumbert 1982, p. 156.
4 La première ligne du titre courant au côté v. est plus claire.
310 Cité des dames

de la ci[té] / au recto : des dames .xxvij. / La deuxième ligne indique la division de


l’ouvrage : au recto la .ij. ; au verso partie.
Travail d’écriture :
Texte : Main P.
Style : cursive calligraphique.
Ponctuation : virgule.
Corrections : une seule, Main P5.
Rubriques : Main P.
Décoration
Lettre champie de deux lignes.
Pieds-de-mouche : champis.
Illustration : néant.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Cité 1975, pp. 534-536. Gumbert 1982, p. 156. Laidlaw 1987, pp. 59-60.
COMMENTAIRE
Ce fragment est le seul vestige retrouvé d’un recueil des Œuvres de Christine
dont la Cité des dames, formait le vingt-septième élément, comme l’indique le
titre courant. Dans le manuscrit du duc de Berry (BnF, fr. 607), cette œuvre
avait été ajoutée à la fin du recueil, sans titre courant. La Cité des dames occupe la
vingt-neuvième place dans le manuscrit de la reine (Londres, BL, Harley
MS 4431 {12-13}). Il est possible que ce feuillet provienne du recueil perdu du
duc de Bourgogne répertorié par Vigilius en 1577 (n° 503, « ‘Rondeaulx et
épistres amoureuses’ commençant au second feuillet par ‘Tous mes bons
jours’ ») ; par Sanderus en 1643 (n° 448, « Les Rondeaux et Epistres
Amoureuses ») ; et enfin par Franquen (n° 460, « Rondeaux ») ; v. Barrois 1830,
n° 940 et n° 16656. Il ne figure plus dans l’inventaire de Gérard en 1797. Rien
ne prouve, toutefois, que le volume ait survécu à l’incendie du Palais (1731) et
ait encore été présent à l’époque de Franquen, car il est fort possible que celui-
ci ait recopié les inventaires antérieurs. Quant au fait que le fragment ait été
utilisé pour recouvrir un livre publié en 1677, il ne peut évidemment servir à
dater la perte du recueil, la couverture pouvant avoir été faite bien plus tard.

5 Côté v., 2e col, l. 15 : ui de qu’il récrit sur grattage à l’encre brun foncé.
6 Barrois 1830 p. 238 nº 1665 (Inv. de Bruxelles de 1487) : « Ung autre grant volume couvert de cuir
rouge, à tout deux cloans et cincq boutons de léton sur chacun costé, hystorié et intitulé : ‘Le livre
des cent Balades et plusieurs laiz ; l’Epistre Othea, la Cité des Dames, Longue Estude’, et
comenchant au second feuillet, ‘De tous mes boni [sic] où se mele chose moult dur / [De tous mes]
biens et de ma noruiture’ ou dernier finissant, ’me fora [sic] tourner en cendre’ » (une note de
Barrois indique que le ms. contenait les deux versions du vers qui commence de tous mes).
F. 2r © Paris, BnF
{11} Paris, BnF, nafr. 14852, ff. 2a-3d
Le livre de la mutacion de Fortune [fragment1]

CONTENU2
Ff. 2a-d « Dont grant reprouche a une voix // En affiert a achille avoir …–… Pareille n’ot ou
monde a celle // Dont tout l’espoir avoit perdu3 ».
Ff. 3a-d « Cy commence la table des rubriches de la .vije. partie du livre de la mutacion de fortune qui parle de
l’istoire des rommains abrigee, celle de Alixandre et des princes raignans environ l’aage de la personne qui a
compilé ledit livre Le premier chappitre parle de eneas qui se party de troye et de la genologie des rommains J. …–
… Item la conclusion du livre lvij. Cy fine la table des rubriches du livre de la .vije. partie du livre de la mutacion
de fortune4. Cy commence la .vije. partie du livre de la mutacion de fortune qui parle de
l’istoire des rommains celle de Alixandre et des princes reignans environ l’aage de la
personne q(ui) a compilé ledit livre. Le preremier [sic] chappitre de eneas qui se parti de
troye et de la genologie [sic] des rommains .J. ».
HISTOIRE
Date : vers 1410-1411. Les variantes de ce manuscrit le rapprochent de la
Mutacion de Fortune dans BnF, fr. 6035 (v. ci-dessous, « Commentaire »).
Possesseurs : « V. Hyben » ou « V. Hyven » (?) dont signature (XVIe/XVIIe)
au f. 2r. Établissement à Ambonnay (Marne)6 ; P. Marot, ancien directeur de
l’École nationale des Chartes qui en fit don à la BnF7.

1 Vv. 17175-17327 et table de la VIIe partie.


2 Ce fragment est le deuxième d’un volume de « Mélanges historiques » fait d’éléments de diverses
époques (du XIVe au XVIIIe s.) reçus ou acquis par la BnF ; v. Catalogue des nouvelles acquisitions
françaises 1958-1971, Nos. 14 06 -16 427, et 25 10 - 25 245, Paris, BnF, 1981.
3 Vv. 17175-17327 : fin VI, 25-début VI, 27.
4 Comme le signale S. Solente dans son édition (C de P, Mutacion 1959-1966, 4, p. 99), ce ms. est le
seul à présenter cet explicit.
5 Les variantes les plus significatives sont les suivantes : les rubriques Cy dit comment Maymons vaillant
chevalier fu occis et Cy devise comment Achilles fu occis sont numérotés .xxvij. et xxviij à tort dans ces deux
seuls mss ; seuls ces deux manuscrits portent dans la table des matières les leçons Item comment
Rommains s’en vouloient… pour le chap. VII, 8 et Item devise signes… pour le chap. VII, 12 ; seuls ces
deux manuscrits portent dans la table le nom briacus à la place de Curiacus pour le chap. VII, 28.
6 Au f. 3d, écrit à la verticale, à l’encre brun clair, entre la fin de la Table des matières et le début de
la VIIe partie : « Ambronnay » et, d’une main différente, à l’encre brun foncé : « Ord(onnance) [?]
pour la garde d’Ambornay ». Une troisième main a écrit en-dessous : « 1430 / Laiette A / Liasse
III / Chartre 2 ». En m/g de ce même feuillet : « Cotté cinq » et, visible aux ultraviolets, « pour la
garde d’Ambonnay ». Ces feuillets furent donc détachés du manuscrit et utilisés pour envelopper
divers documents. S. Solente (Mutacion 1959-1966, 4, p. 97) identifie ces écritures comme datant du
XVIIe ou XVIIIe s.
7 Don 16238 (5 oct. 1963) ; voir C de P, Mutacion 1959-1966, 4, p. 97.
314 Mutacion de Fortune

F. 2r et 3v © Paris, BnF
Ajouts plus tardifs : v. note 6.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (352,5 x 269 mm). Les deux feuillets sont très froissés
et très brunis ; le texte est souvent illisible en raison de trous, de taches et de
frottements. Le premier feuillet présente une lisière et le second a un carré
détaché (25 mm) du coin inf.
Encres : brune pour le texte, rouge orangé pour les rubriques et titres
courants.
Préparation
Piqûres : aucune.
Réglure : mine de plomb qui laisse de fines traces grises uniformes.
Mise en page (f. 1r) : 352,5 x 269 mm = 22 + <6> + 17 + <222> + 85,5 x
27,5 + <5,5> + 3,5 + <79,5> + 15,5 + <6> + 4 + <70> + 57,5 mm.
Justification 222 x 184 mm ; 2 cols, 39 interlignes, l’écriture commençant sous
la première LR.
Organisation : deux feuillets séparés et numérotés postérieurement deux fois8.
Signatures : aucune.
Réclames : aucune.
Titres courants : indiquent la partie ainsi que le titre de l’ouvrage9. Aucun
n’est accompagné d’un numéro.

F. 2v © Paris, BnF

8 La première fois à l’encre rouge (1, 2), la deuxième fois estampillée en noir (2, 3), tous ces numéros
en m/t à dr.
9 F. 2r : de la mutacion de fortune ; f. 2v : la .vje. partie du livre ; f. 3r : la vije. partie du livre de la mutacion de
fortune ; f. 3v : la vije. partie du livre.
{11} Paris, BnF, nafr. 14852 315

Travail d’écriture
Texte : Main P.
Style : minuscule semi-cursive.
Ponctuation : aucune.
Corrections : aucune10.
Rubriques : Main P.
Titres courants : Main P.
Décoration
Lettres champies : de deux interlignes en début de chapitre et au début de
la table des matières de la VIIe partie. Initiales champies d’une ligne au début de
chaque élément de la table des matières.
Pieds-de-mouche : champis.
Illustration : néant.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Mutacion 1936-1940, 4, pp. 97-99.
COMMENTAIRE
Étant donné que le libellé des titres courants est identique (la division en parties
y est précisée) dans ce ms. et dans la partie du ms. BnF, fr. 603 qui contient la
Mutacion, vu aussi que le nombre de lignes est comparable (39 ici, 39 ou 40 pour
le 603), il est probable que ces deux folios représentent ce qui reste d’un recueil
constitué lui aussi d’un nombre limité de textes (deux dans BnF, fr. 603), ce qui
expliquerait que ceux-ci ne soient pas numérotés.

10 À part les mots biffés de la rubrique ; v. « Contenu » ci-dessus.


F. 3r © Londres, BL
{12} Londres, BL, Harley MS 4431, vol. I
[Œuvres]
[« Manuscrit de la Reine »1]

TABLE SOMMAIRE
Ouvrage Feuillets Détail
Table des dictiez en general 2c-d 30 éléments
Prologue adreçant a la reine 3a-d prologue en entier
Cent balades 4a-21b 100 ballades
Virelays 21b-24b 16 virelays
Balades de plusieurs façons 24b-25a 4 ballades
Lay de vers leonimes 25b-27a poème de 262 vers2
Ung aultre lay 27a-28d ouvrage en entier
Rondelz 28d-34b 67 rondeaux3
Geux a vendre 34c-37c 71 jeux4
Plusieurs balades de divers propos 37c-48a 50 Autres balades + 1
rondeau5
Complainte amoureuse6 48b-49c ouvrage en entier
Encore autres balades 49c-51a 5 ballades + 4 rondeaux
Epistre au dieu d’amours 51b-56c ouvrage en entier
Une autre complainte amoureuse7 56d-58b ouvrage en entier
Le Livre du debat des .ij. amans8 58c-71b ouvrage en entier
Le Livre des .iij. jugemens 71c-81a ouvrage en entier
Le Livre de Poissy 81b-94a ouvrage en entier
L’Epistre Othea 95a-141c prologue adr. au duc
d’Orléans + ouvrage en
entier
Le Livre du duc des vrays amans 143b-177d prologue + ouvrage en entier

CONTENU
F. 2c-d « Ci commence la table des dictiez en general balades rondiaulx et autres particuliers livres qui sont
contenus en ce present volume Premierement prologue adreçant a la Royne .J. …–… Item Cent balades de dame
et d’amant .xxx. ».

1 Laidlaw 1987.
2 Dans le ms. du Duc, ce poème porte le titre Lay de .clxv. vers leonimes et contient 264 vers.
3 Il manque les rondeaux 54 et 69 de l’édition Roy.
4 Après le n° 54 (éd. Roy), on trouve ici un jeu inédit, qui, sur le plan textuel, est proche du 50e : Je te
donne le cuer de mi // et te di a dieu mon ami // Pensez de briefment revenir // De moy te vueille souvenir.
5 Il manque les n° 16, 28, 45 de l’éd. Roy.
6 Ce texte figure dans ce seul ms.
7 Dans le ms. du Duc, ce texte est intitulé Complainte amoureuse.
8 À noter que cet ouvrage s’intitule Le debat de deux amans dans les mss qui précèdent : BnF,
fr. 835 {4}, 1740 {15}, 12779 {3} et KBR 11034 {16}. Dans le ms. BnF, fr. 12779, le titre est
donné uniquement dans l’explicit.
318 Œuvres

F. 3a-d [Prologue] « Tres excellent de grant haultesse // Couronnee poissant princesse …–… Si
que v(ost)re grace m’avoire // Qu’ayes a moy affection ».
Ff. 4a-21b « Ci commencent Cent Balades .ij. Aucunes gens me prient que je face.9 //
Quelxq(ue)s beaulx dis et q(ue) je leur envoye10 …–… Non pour tant derreniereme(n)t // En
escrit y ai mis mon nom Explicit cent balades ».
Ff. 21b-24b « Ci commencent virelays .iij. Je chante par couverture // mais mieulx plourassent my
oeil …–… Pour leurs estas mais a quoy que l’en tende // on doit croire &c(etera) ».
Ff. 24b-25a [Balades de plusieurs façons .iiij.]11 (24b-c) « Balade retrograde qui se dit a droit et a
rebours Doulçour bonté gentillece // noblece beauté grant honnour …–… Brueil de solas
delictable // Accueil bel &c(etera) » (24c-d) « Balade a rimes reprises Flour de beauté \ en valour
souverain // Raim de bonté \ plante de toute grace …–… Peine y mettray c’est le devoir //
Voire aux &c(etera) » ; (24d) « Balade a responces Mon doulx ami / ma chiere dame // s’acoute a
moy / tres voulentiers …–… Peine y mettray / c’est le devoir // voire aux &c(etera) » (25a)
« Balade a vers a responces Amours escoute ma complainte // Or dis / qu’as tu de quoy te plains
…–… Un bel ami mon cuer retient // Ayme ley &c(etera) ».
Ff. 25b-27a « Ci s’ensuit une assemblee de plusieurs Rimes auques toutes leonimes en
façon de lay pour apprendre a Rimer leonimeme(n)t .v.12 Amours plaisant nourriture //
Tres sade et doulce pasture …–… Pugnist humaine faitture // En l’orde vallee ombreuse Explicit
lay leonime ».
Ff. 27a-28d « Lay .vj. Si je ne finoye de dire// Et descripre …–… Et vous serés surhaulsez //
Sur tous bons sans contredire Explicit lay ».
Ff. 28d-34b « Rondelz .vij. Com turtre suis sans per toute seulete // Et com brebis sans pastour
esgaree …–… Trouver // je ».
Ff. 34c-37c « Geux a vendre Je vous vens la passe rose // belle dire ne vous ose …–… (37b) Se
vous y querez proprement // Or regardez mon se je ment. (37c) Explicit gieux a vendre ».
Ff. 37c-48a « Ci commence(n)t plusieurs balades de divers propos .ix.13 Assez acquiert tresor et
seignourie // Tres noble avoir et grant richece amasse …–… Est ce bien droit \ meschief qui me
cuert sure // Quant b(ie)n &c(etera) ».
Ff. 48b-49c « Ci co(m)mence une complai(n)te amoureuse .x. Vueillez oÿr en pitié ma
complainte // Belle plaisant pour qui j’ay douleur mainte …–… Que jamais jour ne vous envoye
lasse // Ne hors menee. Explicit complainte /14».
Ff. 49c-51a [Encore aultres balades]15 « Mon doulx amy du quel je tien // Le loyal cuer et pour le
tien …–… Aussi d’amours qui jamais ne defface // De bien en mieulx vous puist il avenir ».
Ff. 51b-56c « Ci commence l’epistre au dieu d’amours .xij. Cupido dieu par la grace de lui //
Roy des amans sans ayde de nullui …–… Et d’autres dieux no conseiller // Et deesses plus d’un
miller // Cupido le dieu d’amours // Cui amans font leurs clamours Explicit l’epistre au dieu
d’amours ».

9 Le point s’explique par le fait que ce 1er vers se termine au début de la 2e ligne ; le vers suivant se
termine au milieu de la 3e ligne.
10 Le mot envoye est suivi d’un double point ; le vers suivant commence à la même ligne par une
majuscule.
11 D’après le titre courant au f. 24b.
12 Cette rubrique, écrite sur quatre lignes, occupe trois interlignes.
13 Le t. c. donne l’intitulé aultres balades, et la table plusieurs autres balades.
14 Virgula ou peut-être trait de remplissage dans le texte.
15 C’est l’intitulé du titre courant. Quatre interlignes séparent l’explicit de l’ouvrage précédent et le
premier poème, espace destiné à la rubrique qui n’a jamais été ajoutée.
{12} Londres, BL, Harley MS 4431, vol. I 319

Ff. 56d-58b « Ci commence une autre complainte amoureuse .xiij. Doulce dame vueillez
ouÿr la plainte // De ma16 clamour car pensee destrai(n)te …–… A vo beau corps \ et puis a
l’ame appreste // Legiere amende Explicit complainte Amoureuse ».
Ff. 58c-71b « Ci commence le livre du debat des .ij. amans .xiiij. Prince royal renommé de
sagece // hault en valeur puissant de g(ra)nt noblece …–… (71a) S’il le cerche trouver le peut
enté17 // (71b) En tous les lieux ou est (crist)ïenté Explicit le debat des .ij. amans ».
Ff. 71c-81a « Cy commence le livre des iij. Jugemens qui s’adrece au seneschal de
haynault xv.18 Bon seneschal de haynau preux & sage // vaillant en fais et de gentil lignage …–
… Qui vous ottroit joye p(ar)faite & fine // Pry Jh(es)ucrist qui ne fault ne ne fine Explicit le dit
des .iij. jugemens ».
Ff. 81b-94a « Cy commence le livre de poissy qui s’adrece a un estrange xvj. Bon
ch(eua)l(ie)r vailla(n)t\ plain de savoir // Puis q(u’i)l vo(us) plaist \ a de mes diz avoir …–…
Vrays fins loyaulx ama(n)s et no(n) faintis // Que vraye amour tient subges & creintis. Explicit le
dit de poyssy ».
Ff. 95a-c « Prologue19 [Othea] Tres haulte flour \ par le mo(n)de louee // A tous plaisant \ et de
dieu avouee …–… D’escripre a vous \ personne si tres digne // Entreprens moy en sagece
no(n) digne »20.
Ff. 95c-141c « Ci commence l’epistre Othea la deesse que elle envoya a hector de troye
qua(n)t [95d] il estoit en l’aage de quinze ans texte .i.21 Othea deesse de prudence // Qui
adrece les bons cuers en vailla(n)ce …–… Auris bona audiet cu(m) omni concupiscencia
sapienciam ecclesiastici .iijo. c(apitulo). Explicit l’epistre Othea ».
Ff. 143b22-c [Prologue, Vrais amans] « Ci commence le livre du duc des vrays amans. .xviij.
Combien que occupacion // Je n’eusse ne entencion …–… Je diray en sa personne // Le fait si
qu’il le raisonne ».
Ff. 143c-177d « Le duc des vrays amans Jone et moult enfant estoye // quant ia grant peine
mettoye …–… Jusques mort le deffermera // Qui m’a rattainte ».

HISTOIRE
Date : 1413-141423.
Possesseurs : Isabeau de Bavière, à qui le ms. est dédicacé ; Jacquette de
Luxembourg, duchesse de Bedford, dont devise « sur tous autres » biffée au
f. 1r et signature « Jaquete » / « Jaquette » aux ff. 1r, 51v et 52v, m/g et dont le
nom est gravé dans une des enluminures de l’Epistre Othea24 ; Anthony
Woodville, 2e comte Rivers (fils de Jaquette de Luxembourg et de Richard

16 Le a corr. sur grattage ; préparation de corr. a en m/p.


17 La lettre l ajouté à Si ; l en partie gratté devant enté.
18 Rubrique rajoutée en haut de l’enluminure et précédée d’une croix de Malte, qui correspond à celle
insérée en-dessous de l’enluminure.
19 Ce mot, sévèrement rogné et suivi d’autres mots (sans doute epistre Othea) encore plus rognés,
figure en titre courant.
20 Après le prologue, l’explication (à l’encre pourpre) du symbolisme de la figuration de la déesse de
Sapience, qui suit.
21 Rubrique texte i ajouté en haut de colonne, à l’encre rouge plus foncée, au-dessus de la fin de la
rubrique.
22 Comment expliquer le début de cet ouvrage en 2e plutôt qu’en 1re colonne ?
23 V. article de J. Laidlaw (http://www.pizan.lib.ed.ac.uk/harley4431date.pdf).
24 Au f. 115v.
320 Œuvres

Woodville), dont devise « NULLE LA VAULT » et signature « ARIVIERES »


au f. 1r ; Henry Cavendish, 2e duc de Newcastle († 1691), dont ex-libris « Henry
Duke of Newcastle/ his booke 167625 » sur un encart de parchemin collé au
f. 1r ; Dame Henrietta Cavendish Holles, petite fille du précédent, qui épouse
Edward Harley en 1713 ; reproduction moderne à l’or (contemporaine de la
reliure) des armoiries Harley avec devise « virtute et fide » à la contregarde
avant. Mme Harley vend leur collection de manuscrits à la nation en
1753. Cartouche du British Museum à l’encre rouge (« MUSEUM
BRITANNICUM ») aux ff. 2v, 140v et 177v26. Cotes Harley en haut du f. 1r :
« 8 / VI F » à l’encre grise, et au-dessus, « 128 C 12 » à l’encre brun pâle27.
Cotes de la British Library à la contregarde sup. : « S / 652 . E » ; « Z 74 c3 ».
Ajouts plus tardifs : une serpente de papier moderne ajoutée lors de la reliure
pour protéger chaque enluminure ; des petites réparations modernes au f. 32 ;
traces de lettres au f. 35r ; en bas du f. 177v : l’inscription moderne « 24 » au
crayon28.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (366 x 280)29 : (I-III, papier)30 + IV-V (parchemin)31 +
17932 + (I, papier)33. La m/t ayant été sévèrement rognée, le titre courant est
souvent trop proche du bord sup., parfois même amputé34 ; les m/q paraissent
donc démesurément larges, surtout dans l’Epistre Othea. Plus de la moitié des
folios sont réparés, et tous les ff. de l’Epistre Othea, à l’exception du bifeuillet

25 Henry Cavendish devint duc de Newcastle lors de la mort de son père, le premier duc de
Newcastle, en 1676.
26 La signature de Louis de Bruges, seigneur de la Gruthuyse († 1492), et sa devise « plus est en vous »
se trouve également à ce folio. V. Hans-Collas et Schandel 2009, p. 15. Rien ne permet de conclure
pourtant que ce ms. lui a appartenu.
27 Cotes modernes de la British Library au crayon en m/q du contreplat sup., à gauche : « S 652 E et
Z 74c 3 ». Sur f. III de garde en papier, en m/t, cachet à l’encre noire : « HARLEY MS./ 4431/
FOLIOS 1-177 ». Sur le f. IV de garde en parchemin, cachet à l’encre noire : « « HARL. 4431 ». La
cote « 4431 », à l’encre noire, se trouve également au f. 1r entre les deux anciennes cotes.
28 Ce même numéro est inscrit au 2e vol. du ms.
29 Le premier cahier contenant le prologue, ajouté au ms., a des dimensions visiblement moins
importantes, mesurant 360 x 278 mm.
30 Dont deux couleur crème, et identique au papier des contregardes, et 1 couleur parchemin assortie
aux serpentes.
31 Ces ff. en parchemin réglés à la mine de plomb. Le premier (IV) porte en haut, centrée,
l’inscription tamponnée : « HARL. 4431 ». Au recto du f. V sont collées deux fiches portant des
références bibliographiques.
32 Le feuillet numéroté 1 est un f. de garde (sur lequel sont inscrits les devises, signatures et anciennes
cotes). Le dernier f. est numéroté 177 ; cette foliotation ne tient pas compte des ff. 50bis et 50ter, qui
portent les numéros 51 et 52 barrés. Ces deux feuillets sont réglés (à la mine de plomb) mais
inemployés.
33 Contregardes en papier.
34 Au f. 95r, le titre courant est presque entièrement coupé.
{12} Londres, BL, Harley MS 4431, vol. I 321

130-131, sont rallongés et élargis aux m/q et m/g35. La modification de la taille


des feuilles de parchemin est intervenue après la transcription de l’ouvrage.
Aucune réparation n’apparaît sur les folios ajoutés portant une réglure à la mine
grise (v. « Réglure »). La couleur du parchemin varie considérablement ; elle est
particulièrement foncée pour le prologue général et l’Epistre Othea. Veines
visibles aux ff. 67, 151, 166 ; les ff. 14 et 17 sont particulièrement épais, les
ff. 93-94 particulièrement brunis. La règle du vis-à-vis est respectée sauf pour
les ff. 50 et 50bis, disposés c/p ; 60-62 (p/c) ; 110-111 (c/p) ; 137-138 (c/p) ;
139-140 (p/c) ; 142-143 (p/c) ; 146-147 (p/c) ; 149-151 (p/c), et 173-175 (p/c).
Encres : pour le texte, brun foncé avec des inégalités selon la qualité du
parchemin et de l’outil d’écriture, à l’exception des additions36 et de certaines
corrections (interlinéaires37 ou sur grattage38) où l’encre est plus claire. La
majorité des corrections sont à l’encre brun foncé39. L’encre des rubriques est
rouge vif. Cette même encre est souvent utilisée pour biffer des mots ou des
passages entiers40, dont certains avaient déjà été rayés à l’encre brune41. Dans
l’Epistre Othea, plusieurs mots ou lettres en brun repris en rouge et vice-versa42.
Dans ce même ouvrage, encre pourpre en principe réservée aux explications
iconographiques (ff. 95c-104d)43, mais exceptionnellement utilisée pour une
réclame (f. 102v), une citation latine (f. 133a ll. 8-9) et quelques corrections44.
Préparation
Piqûres : piqûres maîtresses le plus souvent. Elles ont d’habitude la forme
de petites fentes. Sur les feuillets rallongés en m/g et/ou en m/q, les piqûres
sont souvent comblées par la réparation, ce qui montre qu’elles avaient été
effectuées avant la réparation du parchemin. Celles du 2e cahier, qui marquent
l’emplacement des colonnes, sont doubles.

35 Hindman 1983, pp. 99-107. Le procédé est décrit dans une recette du Liber diversarum artium de
Montpellier, Clarke 2011, pp. 136 et 277, n° 1.34.1 : Ad cartam incisam consolidandam.
36 Ff. 2v (table des matières), 48v-51a (Complainte amoureuse et Encore autres balades, l’encre de ce dernier
ouvrage est encore plus claire que celle utilisée pour la Complainte) ; f. 46b l. 4-fin (début du refrain
de l’AB 43 : Et ne &c(etera)) et l’AB 44 (qui remplace l’AB 55 de l’éd. Roy), cette ballade précédée
d’une petite croix dans l’entrecolonne), f. 17d à partir de la 7e ligne avant la fin strophe rajoutée à la
CB 80 : Quant tout mon fait […] Voulez &c(etera) ; f. 175c l. 1, vers ajouté.
37 Ff. 157c l. 21, 158d l. 35.
38 Ff. 27c ll. 11-12, 89a l. 31, 143d l. 22.
39 Ff. 31d l. 1, 41d l. 30.
40 Ff. 22a l. 19, 22c l. 21, 26a (3 vers), 125c l. 1.
41 Voir par exemple f. 116b. Exemple le plus frappant au f. 29c, où tout un rondeau est barré d’abord
en brun, ensuite en rouge.
42 F. 106c l. 5 : 2e e de la rub. allegorie repris en brun ; f. 106c l. 15 : plusieurs lettres et parties de lettre
réécrites en brun ; voir aussi ff. 113c, 114d, 116a.
43 Aux ff. 103b et d, l’encre rouge vif de la citation latine empiète sur l’encre pourpre des explications
iconographiques, faisant penser que celles-ci ont dû être copiées en premier.
44 Ajoutés à l’encre pourpre : f. 119a, le mot vult ajouté à la 3e l. du bas, et à la ligne suivante, trois
lettres de milieu du mot prohibe. Cette encre est utilisée pour barrer des mots ou des passages aux
ff. 106c l. 14, 116b, dernière l. ; 119d l. 3.
322 Œuvres

Réglure : presque tous les folios sont réglés à la mine brunâtre, qui trace des
lignes pas très nettes surtout dans les marges et dans l’entrecolonne45. Dans ce
volume, seuls le premier cahier et les ff. 49-50ter (52), sont réglés à la mine de
plomb, qui trace des lignes grisâtres régulières46. Les deux mines sont utilisées
simultanément sur plusieurs folios ; aux ff. 143v-146r et 150-151, deux
colonnettes (séparant les initiales du reste du texte) sont insérées à la mine de
plomb dans la réglure à la mine brunâtre ; aux ff. 152-155, la réglure est
entièrement faite à la mine de plomb, sauf celle des t. c., à la mine brunâtre. La
petite colonne séparant, pour les poésies, les initiales du reste des vers n’avait
pas toujours été prévue : elle manque, par exemple, aux ff. 147-149 (Duc des vrais
amans) si bien que les majuscules initiales et les minuscules sont rapprochées
dans ces ff., sauf au f. 149v, où un espace est laissé entre elles comme si la
colonne avait été tracée. Elle manque également aux ff. 95-98 de l’Epistre Othea,
qui contiennent des textes poétiques importants (prologue et cinq premiers textes),
ou la séparation est respectée sans l’aide de la réglure. Le f. 142, entre l’Epistre
Othea et le Duc des vrais amans, est dépourvu de réglure.
Mise en page
F. 8r (Cent balades) : 366 x 280 = 3847 + <240> + 88 x 27 + <6> + <74> +
24 + <6> + <76> + 67 mm. Justification 240 x 186 mm ; 2 cols,
39 interlignes ; l’écriture commence sous la première LR.
F. 50bis (f. ajouté réglé mais vierge) : 366 x 280 = 14 + <6> + 19 + <235> +
92 x 29 + <80> + 23 + <81> + 67 mm. Justification 235 x 184 mm ; 2 cols,
39 interlignes.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
1 4♦ 1re garde en (trace) 142 93-94 (?)
parchemin-2
21 (2-1) 3♣ 158 95-102

45 L’irrégularité des traces laissées fait penser qu’elles ont subi une oxidation dans les siècles
intervenants.
46 V. « Réglure » dans la notice du 2e tome.
47 Sur ce f. le titre courant est tracé librement dans un espace non réglé.

L’ordre des folios de ce cahier n’est pas celui d’origine. Le cahier consiste actuellement en un
feuillet de parchemin vierge mais réglé, sur lequel est tamponné en haut, centré dans la réglure du t.
c. : « HARL. 4431 ». On y trouve en bas une petite croix et une trace de signature. Le deuxième
folio, réglé mais vierge, porte des fiches de bibliographie modernes (collées au recto). Le troisième
folio, numéroté 1, est réglé et porte les devises et signatures de provenance. Il comporte des traces
de colle tout au long de la m/p, ce qui laisse penser à une reconstruction des cahiers à une date
postérieure à la composition, ainsi que des traces d’oxydation des boulons et des taches d’humidité.
C’était à l’origine un f. de garde, constat qu’appuie la taille de trous de ver qui sont plus grands à ce
f. et qui vont en descendant dans les folios précédents. Le 4e f., numéroté actuellement 2, est réglé
des deux côtés et porte au v. la Table des matières. Entre le 4e et le 5e ff. (ff. 2-3), on trouve une
serpente en papier moderne, couleur parchemin, qui protège la miniature de présentation. Le 5e
feuillet (f. 3) porte la miniature et le poème de dédicace. Contrairement aux autres, ce premier
cahier est réglé à la mine de plomb grise (lignes grisâtres et uniformes), et ne porte pas de traces de
piqûre. Actuellement les 4 premiers folios sont répartis en deux bifeuillets, alors que d’origine ils
formaient un seul cahier. Notons également que les 4 premiers folios sont de dimension plus
petites que le f. 4 (avec la miniature de présentation).

Présence d’un talon d’un folio coupé entre f. 11 et f. 12, soit le correspondant du f. 3.
{12} Londres, BL, Harley MS 4431, vol. I 323

38 5-11♦ a 168 103-110 b


48 12-19 g / a (?) 178 111-118 c
58 20-27 a 188 119 -126
68 28-35 (chiffres 198 127-134 e
rom.) / b
78 36-43 (chiffres 208 135-142♥
rom.) / d
8 11(10+1)♠ 44-5248 (chiffres 217 (8-1) 143♣-149
rom.) / E
98 53-60 (chiffres 228 150-157
rom.) / E/h
(?)
108 61-68 f 238 158-165
118 69-76 chiffres rom. 248 166-173
/J
128 77-84 h 254 174-177
138 85-92 d (?) /k
Signatures : la première série de signatures, très incomplète, est faite de
petits traits à l’encre brune. Au cahier 12, traces d’une autre signature d, sans
doute originale. Presque toute la deuxième série de signatures est faite par la
Main E à l’encre noire, la plupart en m/q à dr. de la 2e col d’écriture. Elles
consistent en une lettre suivie d’un nombre qui va de .j. à .vij. (8e cahier). Aux
ff. 54-56, la signature E + chiffres est tracée à l’encre brune, semblablement par
un copiste autre que E. À une exception près, les signatures se trouvent en
m/q, côté m/g.
Réclames : on observe deux sortes de réclames :
(1) réclames « textuelles » : celles faites par X au fur et à mesure de la
transcription dans une écriture cursive, plus ou moins hâtive, en bas de la 2e
col.49, à l’encre brun clair ou foncé, et une fois à l’encre pourpre50.

L’aspect ridé du parchemin du f. 11 dans le pli de reliure suggère que les ff. 4 et 11 ont été collés
ensemble. La raison de cet assemblage est vraisemblablement liée à la nécessité d’illustrer le f. 4 et
la volonté de modifier le texte d’une ballade du f. 11, sans ralentir la composition du recueil.
Au f. 119r, en m/t vers la gauche, b 2 (?) en petit module représente peut-être une signature.

Le f. 142 est vierge sauf pour la réclame.

Le 8e cahier comportait sans doute à l’origine 12 feuillets, dont les ff. 44-47 portent les signatures
E .j. à .iiij. et les ff. 49 et 50 les signatures E .v. et .vi., faites sans doute d’une autre main, et en tout
cas à un autre moment, car ces deux dernières signatures n’ont pas la même forme que les quatre
premières. Le f. 48, qui porte le chiffre romain V au verso, aurait été collé après la composition du
cahier. La couture se voit actuellement après le 7e f. du cahier, f. 50 ; le folio qui a été enlevé était
solidaire du f. 50. Au f. 49r, en m/p, la mention Nota en abrégé, signale sans doute l’insertion du
f. 48. Les ff. 49-52 sont réglés à la mine de plomb, à l’encontre de tous les autres ff. du cahier et de
la plupart des ff. du ms., qui sont réglés à la mine brunâtre. Le f. 48, réglé à la mine brunâtre, ne
porte pas de t. c. Les ff. 51 et 52, réglés mais laissés en blanc, auraient été destinés à recevoir des
poèmes qui n’ont jamais été ajoutés, ou étaient peut-être voués à disparaître lors de la reliure. La
dernière des Autres balades se trouve au f. 51a dans la même encre pâle que celle des ff. 48b-50d.
48 Les ff. numérotés dans le premier système à l’encre 51 et 52, n’ont pas éte pris en compte lors de la
deuxième numérotation ; on pourrait les désigner 50bis et 50ter ; v. Laidlaw 1987, pp. 63-64.

Le f. 143 est collé sur le f. 149 ; un f. aurait donc été enlevé à ce cahier. Comme le Duc des vrais
amans commence au f. 143b, on peut bien se demander si un autre ouvrage n’était pas prévu à cet
endroit.
324 Œuvres

(2) réclames « matérielles » : trois réclames, tracées d’une plume plus épaisse et
d’une encre plus claire, qui marquent des jonctions d’ouvrage et ont de toute
évidence été exécutées lors de l’assemblage des éléments du recueil51. Le f. 11v
porte deux réclames, dont aucune ne correspond au texte actuel du f. 12r :
Cellui, presque entièrement grattée52, et la seconde, ainsi en pe(n)see, repassée
(sans doute pour la rendre plus visible)53, qui correspond à l’envoi qui avait
commencé le f. 12a mais qui a été raturé et ajouté sur grattage en bas du
f. 11d54.

F. 11d et 12a © Londres, BL


Titres courants : en général, les folios sont réglés pour le titre courant, sauf
les ff. suivants : 3r-v (prologue), 4v-11 (fin 2e et 3e cahiers), 51-52, 53-84 (8e-12e
cahiers). Le titre courant est écrit au juger sur les folios où cette réglure est
absente, comme souvent aussi sur ceux où elle est présente55. Dans plusieurs
œuvres, le libellé est sujet à quelques variations56. Dans la section de l’Epistre
Othea, les titres courants sont généralement placés plus près du bord sup., et
donc souvent rognés. À noter que le numéro xvij qui suit le mot Othea semble
avoir été ajouté.
Foliotation : double foliotation moderne. La première, (1-180) à l’encre, la
deuxième (1-177), qui biffe et corrige la première, au crayon. La numérotation à
l’encre débute au côté recto de la table des matières. La numérotation au crayon

49 On distingue l’écriture plus calligraphique des réclames aux ff. 27v et 92v de l’écriture cursive
rapide de celles aux f. 19v, 60v, 157v, 165v et 173v. Le tracé très similaire des réclames des ff. 27v,
92v et 173v et du texte correspondant aux ff. 28r, 93r et 174r permet d’y voir la main X.
50 F. 102v.
51 Ff. 94v (fin, Dit de Poissy), 142v (fin, Epistre Othea), 177v (fin, Duc des vrais amans). La deuxième
correspond au titre courant qui marque le début du Duc des vrais amans, et porte à la fin l’abréviation
&c(etera).
52 Cette réclame correspond au 5e vers de la ballade 46 qui devait à l’origine commencer le f. 12.
53 On voit une décharge d’encre de cette rubrique en m/q du f. 12r.
54 V. note ♦.
55 Ces écarts s’expliqueraient aisément si les traces laissées par la mine brunâtre étaient à l’époque
moins visibles qu’elles ne le sont aujourd’hui.
56 Par exemple, aux ff. 15v-16r, titre courant : Cent balades ij, tandis que les autres ff. portent, aux
verso : cent et au recto : balades ij, le plus souvent avec un b minuscule mais parfois avec B. Ces
textes sont d’habitude centrés sur le feuillet, mais au f. 20r, Balades est inscrit au-dessus de la
colonne de gauche. Le titre courant pour les Virelays est d’habitude : vire au côté recto et lays iij au
verso. Mais le f. 22v porte vire lays iij et le f. 23r lays iij ; au v. 23v, le titre courant vire lays est sans
numéro. Au f. 26a, qui renferme le Lay leonime, le mot Vire a été effacé devant lay dans le titre
courant. Les titres courants des Rondeaux présentent d’habitude le titre en un seul mot écrit au-
dessus de la première colonne, mais parfois en deux syllabes écrites chacune au-dessus de chaque
colonne.
{12} Londres, BL, Harley MS 4431, vol. I 325

débute sur le feuillet de garde en parchemin où figurent les devises, signatures


et anciennes cotes. Les ff. 25-50 portent un seul numéro à l’encre ; les deux
folios suivant le f. 50, réglés mais vierges, portent les numéros 51 et 52 à l’encre,
barrés, mais ne sont pas pris en compte dans la deuxième foliotation.
Travail d’écriture
Texte : Main X pour texte, rubriques et titres courants.
Style : cursive calligraphique plus ou moins soignée, plus ou moins
exubérante selon les textes. L’écriture de la table et du Duc des vrais amans, en
particulier, est plus petite et plus contrôlée. L’écriture des refrains est souvent
plus hâtive et d’un plus petit module57, mais n’en est pas moins apparentée à
celle de nombreux refrains des Cent balades et des Virelays. Dans l’Epistre Othea,
plusieurs types d’écriture sont utilisés afin de distinguer visuellement les
différentes composantes de l’œuvre : ainsi, l’écriture des textes est normalement
plus droite et de plus grand module. L’écriture des passages ajoutés est
généralement elle aussi plus droite58, de même que celle de plusieurs
corrections59. Enfin, il est intéressant de signaler que l’écriture est susceptible de
changer soudainement de façon assez spectaculaire sur une ligne ou deux, pour
reprendre aussitôt son aspect antérieur60.
Ponctuation : virgule et moins souvent le point61. Les vers
décasyllabiques sont d’habitude coupés par une fine barre de scansion, le plus
souvent placée après la 4e syllabe ; on ne peut déterminer à quel moment ces
lignes ont été tracées62. Par contre, de nombreuses marques de ponctuation
ajoutées à l’encre rouge aux passages copiés à l’encre brune indiquent que la
ponctuation originale de cet ouvrage a été revue, du moins sporadiquement,
lors de la rubrication63.
Corrections
Préparations : Main X’. la plupart de celles qui subsistent sont en
cursive plus ou moins hâtive64. Néanmoins, on trouve aussi quelques

57 V. par exemple ff. 21b, 33a.


58 Ff. 17d : strophe ajoutée ; 46b : poème ajouté.
59 Ff. 1r : tout le f. et surtout la rubrique ; 31d l. 1 : correction ; 44c l. 29 : titre Rondel ; 44d l. 23 :
correction.
60 Voir, à titre d’exemple, ff. 16d ll. 6-7 et 56d l. 16.
61 Les quatre premiers vers de CB 1, écrits sur 5 lignes, ont une ponctuation spécifique : un ou deux
points pour marquer la fin d’un vers.
62 Au f. 80c l. 37, la place de la barre de scansion n’a pas été changée après le rajout d’une syllabe
dans la première partie d’un vers du Livre des trois jugemens, et le biffage correspondant d’un mot
dans la deuxième partie du vers : Car \par/ raison veult \ [barre de scansion] monstrer tout clerem(en)t.
Cet exemple fait penser que les barres de scansion ont été inscrites soit lors de la transcription soit
avant le stade de correction.
63 V. par exemple ff. 105b, 108d.
64 Ff. 22c l.3 ; 29d l. 10 ; 51d l. 2 ; 81c l. 13 ; 74c l. 24 ; 79c dernière ligne ; 82b l. 31 ; 148a l. 15 ; 155a
l. 7 ; 168a l. 25.
326 Œuvres

préparations de correction écrites dans la même cursive calligraphique que le


texte, notamment un changement de vers dans l’Epistre Othea65.
Exécution : Main X. La plupart des modifications et des corrections
sont portées sur grattage, et un bon nombre d’entre elles représentent des
changements de texte66. L’on remarque aussi des changements d’orthographe67.
Plusieurs mots ou passages ont été barrés ou rebarrés en rouge lors de la
rubrication68, ou bien en rose foncé lors de la transcription des rubriques
iconographiques69. Dans l’Epistre Othea, entre les ff. 115r et 124v, la plupart des
numéros accompagnant les rubriques ont été majorés d’une unité70.
Rubriques : X.
Préparation : une seule subsiste, une préparation d’un numéro de
rubrique dans l’Epistre Othea71.
Exécution : dans les Epistres sur le Roman de la Rose et Poissy, la plupart des
rubriques occupent bien l’espace qui leur a été laissées. Pourtant, dans l’Epistre
Othea, les rubriques, texte, glose et allegorie, qui viennent se greffer de manière
assez aléatoire, ne semblent pas avoir été entièrement pensées dans
l’organisation de l’ouvrage.
Décoration : trois ornemanistes, « à la résille » : ff. 2v-3, 48, 95-117v ; Pierre
Gilbert ; et un ornemaniste « à la vigne d’or » : ff. 51-59. Pour une présentation
détaillée des décorations et des illustrations, on consultera les descriptions de
M.-Th. Gousset sur le site du Harley 4431 (www.pizan.lib.ed.ac.uk).
Bordures : ff. 3r (début Prologue), 4r (début Cent balades), 95r (début Othea).
Grandes lettrines : ff. 2c, début Table (3) ; 3a, début Prologue (5) ; 4a,
début Cent balades (5) ; 48b, début Complainte amoureuse [II] (3) ; 51b, début
Epistre au dieu d’Amours (5) ; 56d, début Complainte amoureuse [I], intitulée ici Autre
complainte amoureuse (3) ; 58c, début Debat de .ij. amans (4) ; 71c, début Livre des .iij.

65 F. 115b l. 4. En fait, la préparation de correction Que tart venir au repentir représente un retour à la
leçon des premières versions des mss BnF, fr. 848 {14} et Chantilly, Bibl. du Château, 492 {1} ;
voir éd. Parussa, p. 354 (43). V. aussi f. 128b l. 28, f. 40b en haut de colonne.
66 Parmi les nombreux exemples intéressants, signalons, au f. 4c l. –2 : Au fort + tilde qui remplace
Mais grant dans CB 3 ; au f. 11d, le rajout de l’envoi à CB 45 (ce témoin est le seul à comporter cet
envoi) ; au f. 17d, réécriture de toute la dernière strophe de CB 80 ; f. 18c, 3e strophe, 3e vers de
CB 85 Tant me destraint desir fort & affame, qui remplace Pour le desir qui m’estraint et affame ; f. 27c
ll. 11-12 (Autre lay, vv. 61-62) Sa nature par droit devoir // Son veult bien chanter & rimer pour remplacer
Li feroie et s’iaue toloir entierement, et reprimer ; f. 79d l. 5 remist en debout pour remplacer estrangia debout
dans le Livre des trois jugemens, v. 1321 ; f. 89a l. 31 : Le Conte pour remplacer Monseigneur (de Nevers)
au v. 1273 du Dit de Poissy. Ce dernier changement a une nette résonnance politique.
67 Par exemple, deece (rime avec leece), changé en deesse au f. 148a l. 15 par une prép. de correction ; veit
changé en vid au f. 145b l. 21 ; octroie changé en ottroie au f. 146d l. 23.
68 Ratures en rouge : ff. 22a l. 19 ; 22c l. 21 ; 26a (3 vers) ; 99c dern. l. et 99d 1re ligne ; 138a ll. 7, 23 ;
ratures en brun et en rouge : ff. 119d l. 3 ; 137d ll. 3-5 ; 151c l. –13 ; 174b ll. 25-26.
69 Ff. 116b, avant-dernière ligne, f. 199d l. 3.
70 Pourtant, quelques numéros n’ont pas dû être changés (f. 116a, allégorie 45 ; f. 118b, texte et
allégorie 49 ; f. 118 c-d, texte, glose et allégorie 50 ; f. 125c, texte et allégorie 67 ; f. 122a-b, texte,
glose et allégorie 58), et quelques faux numéros ont été laissés (f. 116c, texte 45 ; f. 120d, allégorie
54, f. 124d, texte 63).
71 F. 97c, un petit ij à l’encre brune pour la 2e Glose.
{12} Londres, BL, Harley MS 4431, vol. I 327

jugemens (4) ; 81b, début Dit de Poissy (4) ; 95a, début Epistre Othea (4) ; 143b,
début Duc des vrais amans (3).
Petites lettrines (2) : dans l’Othea, au début de chaque texte des allégories 3
et 22, et au début des vv. 83, 213, 973 et 1428 du Duc des vrays amans.
Lettres champies (2) : début de chaque poème des Cent balades, chaque
Virelay, chaque Balade de Pluseurs façons, chaque Rondeau, Jeu a vendre, Balade de
divers propos et chaque Encore autre balade ; dans le Duc des vrais amans, au début de
chaque section et de chaque intervention lyrique.
Pieds-de-mouche : champis, introduisant chaque élément de la Table,
ponctuant la Prologue, précédant toutes les deux strophes en moyenne du Lay
leonime et de l’Autre lay, ponctuant l’Epistre au dieu d’Amours, la Complainte
amoureuse [I], le Debat de deux amans, le Livre des .iij. jugemens et le Duc des vrais
amans et précédant chaque glose et allégorie de l’Othea sauf les allégories 3 et
22.
Illustration : Maître de la Cité des dames et atelier, sauf une enluminure par
Haincelin de Haguenau, dit le Maître de Bedford (n° 5).
1. F. 3r (début du prologue du recueil) : Remise du livre à la reine Isabeau.
2. F. 4a (début Cent balades), av. rubr. : Christine à sa table de travail avec son
chien.
3. F. 48a (début Complainte amoureuse [II]), av. rubr. (au f. 48b) [Album couleurs,
n° 18] : Un messager remet la complainte à une dame (dont la robe rappelle celle
de la reine au frontispice)72.
4. F. 51b (début Epistre au dieu d’Amours), av. rubr. : Le dieu d’Amour livre sa
lettre.
5. F. 56d (début Complainte amoureuse [I]), av. rubr. : L’amant se plaint à sa dame.
6. F. 58c (début Debat des deux amans), av. rubr. : Christine présente les amants au
duc d’Orléans.
7. F. 71c (début Livre des .iij. jugemens), apr. rubr.73 : Christine s’adresse au sénéchal
de Hainaut.
8. F. 81b (début Dit de Poissy), av. rubr. : Voyage à Poissy.
9. F. 95a (début Prologue), pas de rubr. : Christine remet son livre à Louis
d’Orléans74.
10. F. 95c, av. rubr. du chap. 1 Ci commence l’Epistre… : Othea remet son epître à
Hector.
11. F. 96d, av. rubr. Texte .ij. (au f. 97a) : L’horloge de Tempérance.
12. F. 97b, av. rubr. Texte .iij. : Les travaux d’Hercule.
13. F. 98a, en bas de col., av. rubr. Texte .iiij. (qui commence au f. 98b) :
Minos rendant la justice.
14. F. 98d, av. rubr. Texte .v. : Persée délivrant Andromède.
15. F. 99c (1er v. du texte 6), pas de rubr. : Jupiter et les chevaliers.
16. F. 100a, av. rubr. Texte .vij. (ajoutée après) : Vénus et les amants.

72 Une autre dame est vêtue en bleu et cornette blanche comme souvent Christine.
73 Comme dans le BnF, fr. 835 (« Manuscrit du duc ») {4}, la rubrique de cet ouvrage occupe la place
du titre courant.
74 Image altérée par des traces d’humidité et de frottement.
328 Œuvres

17. f. 100c (1er v. du texte 8), pas de rubr. : Saturne avec les avocats et les sages.
18. F. 101a, av. rubr. Texte ix (ajoutée après) : Le Soleil et les fidèles de la vérité.
19. F. 101b (1er v. du texte 10 ; au f. 101c), pas de rubr., 113 x 83 mm : La
Lune avec les mélancoliques et les frénétiques.
20. F. 101d (1er v. du texte 11), pas de rubr. : Mars et les chevaliers.
21. F. 102b (1er v. du texte 12), pas de rubr. : Mercure et les sages.
22. F. 102c, en bas de col., av. rubr. Texte .xiij. (au f. 102d), 131 x 83 mm :
Minerve et les hommes d’armes.
23. F. 103a, av. rubr. Texte .xiiij. : Minerve et Pallas.
24. F. 103c, av. rubr. Texte .xv. : Les Amazones.
25. F. 104a, av. rubr. Texte .xvj. (ajoutée après) : Narcisse à la fontaine.
26. F. 104b, en bas de col., av. rubr. Texte .xvij. (au f. 104c) : La fureur
d’Athamas.
27. F. 104d, av. rubr. Texte .xviij. : Aglaros changée en pierre.
28. F. 105b, av. rubr. Texte xix. : Ulysse et Polyphème.
29. F. 105d, av. rubr. Texte .xx. : Latone et les grenouilles.
30. F. 106b, av. rubr. Texte .xxj. (f. 106d) : Bacchus et ses disciples.
31. F. 106c, en bas de col., av. rubr. Texte .xxij. (au f. 106d) : Pygmalion
implorant Vénus.
32. F. 107b, av. rubr. Texte .xxiij. : Diane et ses disciples.
33. F. 107c, av. rubr. Texte .xxiiij. : Cérès semant.
34. F. 107d, en bas de col., av. rubr. Texte .xxv. (au f. 108a) : Isis greffant des
arbustes.
35. F. 108b, av. rubr. Texte .xxvj. : Le jugement de Midas.
36. F. 108d, av. rubr. Texte .xxvij. : Hercule aux Enfers.
37. F. 109a, av. rubr. Texte .xxviij. : Cadmus et le dragon.
38. F. 109b, en bas de col., av. rubr. Texte .xxix (au f. 109c) : Io enseignant.
39. F. 109d, av. rubr. Texte .xxx. : Mercure dérobant la vache Io.
40. F. 110b, av. rubr. Texte xxxj. (ajoutée après) : Pyrrhus venge son père.
41. F. 110c, av. rubr. Texte .xxxij. : Cassandre au temple.
42. F. 110d, av. rubr. Texte .xxxiij. : Neptune sauvant un navire.
43. F. 111b, av. rubr. Texte .xxxiiij. : Atropos.
44. F. 111c, av. rubr. Texte .xxxv. : Bellérophon et sa marâtre.
45. F. 112a, av. rubr. Texte .xxxvj. (ajoutée après) : Memnon prêt à venger Hector.
46. F. 112c, av. rubr. Texte .xxxvij. : Laomédon chassant les Argonautes.
47. F. 112d, en bas de col., av. rubr. Texte .xxxviij. (au f. 113a) : Pirame et
Thisbé.
48. F. 113c (1er v. du texte 39), rubr. manque : Esculape contre Circé.
49. F. 114a, av. rubr. Texte .xl. (ajoutée après) : La mort d’Achille.
50. F. 114b, en fin de col., av. rubr. Texte .xlj. (au f. 114c) : La cruauté de
Busiris.
51. F. 114d, av. rubr. Texte .xlij. : Héro et Léandre.
52. F. 115b (1er v. du texte 43), rubr. manque : Les Grecs réclament Hélène.
53. F. 115c, en bas de col., av. rubr. Texte .xliijj. (ajoutée après, au f. 115d) :
Aurore.
54. F. 116a (1er v. du texte 45), pas de rubr. : Pasiphaé et le taureau.
{12} Londres, BL, Harley MS 4431, vol. I 329

55. F. 116c, av. rubr. Texte .xlvj. (ajoutée après) : Le sommeil d’Adraste troublé
par Thidée et Polinice.
56. F. 117a (1er v. du texte 47), pas de rubr. : Cupidon et le jeune Hector.
57. F. 117c, av. rubr. Texte .xlviij. (ajoutée après) : Apollon et Coronis.
58. F. 118a, av. rubr. Texte .xlix. : Junon et les riches.
59. F. 118c, av. rubr. Texte .l. (ajoutée après) : Adraste méprisant le conseil
d’Amphoras.
60. F. 118d, en bas de col., av. rubr. Texte .lj. (ajoutée après [?], au f. 119a) :
Saturne donnant l’exemple du silence.
61. F. 119b, av. rubr. Texte .lij. : La corneille et le corbeau.
62. F. 119c, av. rubr. Texte .liij. (ajoutée après) : Ganymède tué par accident.
63. F. 120a, av. rubr. Texte .liiij. (ajoutée après) : Jason conquérant la Toison d’or.
64. F. 120c, av. rubr. Texte .lv. : Persée affrontant la Gorgone.
65. F. 121a, av. rubr. Texte .lvi. (ajoutée après) : Vulcain enchaînant Mars et
Vénus.
66. F. 121c (1er v. du texte 67), pas de rubr. : La mort de Cyrus le Grand.
67. F. 122a, av. rubr. Texte .lviij : Jason et Médée.
68. F. 122b, en fin de col., av. rubr. Texte .lix. (au f. 122c) : Acis et Galathée.
69. F. 122d, av. rubr. Texte .lx. (ajoutée après) : Les noces de Thétis et Pélée.
70. F. 123b, av. rubr. Texte .lxj. (ajoutée après) : La mort de Laomédon.
71. F. 123c, en bas de col., av. rubr. Texte .lxij. (au f. 123d) : Sémélé trompée par
Junon.
72. F. 124a, en bas de col., av. rubr. Texte .lxiij. (au f. 124b) : Diane à la chasse.
73. F. 124b, en bas de col., av. rubr. Texte .lxiiij. (au f. 124c) : Pallas et
Arachné.
74. F. 124d, av. rubr. Texte .lxiij. (pour .lxv.), ajoutée après (f. 125b) : La mort
d’Adonis.
75. F. 125a, en bas de col., av. rubr. Texte .lxvj. : Prise de la première Troie.
76. F. 125c, av. rubr. Texte .lxvij. : Orphée charmant les animaux.
77. F. 125d, en bas de col., av. rubr. Texte .lxviij. (au f. 126a) : Le songe de
Pâris.
78. F. 126b, av. rubr. Texte .lxx. (au f. 126b) : Diane et Actéon.
79. F. 126d, en bas de col., av. rubr. Texte .lxix. (au f. 127a), 98 x 82 mm :
Orphée et Eurydice.
80. F. 127c, av. rubr. Texte .lxxj. : Achille reconnu par Ulysse.
81. F. 128a, av. rubr. Texte .lxxij. (ajoutée après) : La course d’Atalante.
82. F. 128c, av. rubr. Texte .lxxiij. : Le jugement de Pâris.
83. F. 129a, av. rubr. Texte .lxxiiij. : La roue de Fortune.
84. F. 129b, en bas de col., av. rubr. Texte .lxxv. (au f. 129c) : Pâris et Hélène.
85. F. 129d, av. rubr. Texte .lxxvj. : Céphale et Procris.
86. F. 130b (1er v. du texte 77), pas de rubr. : Hélénus conseillant le roi Priam.
87. F. 130c (1er v. du texte 78), pas de rubr. : Morphée.
88. F. 131a (1er v. du texte 79), pas de rubr. : Céyx et Alcione.
90. F. 131c (1er v. du texte 80), pas de rubr. : Priam écoutant le conseil de
Troylus75.
75 Propos inverse à celui du chap. .lxxvij.
330 Œuvres

91. F. 132a (1er v. du texte 81), pas de rubr. : La rencontre de Calchas et Achille.
92. F. 132c (1er v. du texte 82), pas de rubr. : Bain d’Hermaphrodite et de la
nymphe à la fontaine de Salmacis.
93. F. 133a (1er v. du texte 83), pas de rubr. : Ulysse inventeur du jeu d’échecs.
94. F. 133c (1er v. du texte 84), pas de rubr. : Troïlus et Briséide.
95. F. 134a (1er v. du texte 85), pas de rubr. : La mort de Patrocle.
96. F. 134b, en bas de col., av. rubr. Texte .iiijxxvj. (au f. 134c) : Narcisse et
Echo.
97. F. 134d, en bas de col., av. rubr. Texte .iiijxxvij. (au f. 135a) : Apollon et
Daphné76.
98. F. 135b, en bas de col., av. rubr. Texte .iiijxxviij. (au f. 135c) : Les adieux
d’Hector et Andromaque.
99. F. 135d (1er v. du texte 89), pas de rubr. : La prise de Babylone par Ninus.
100. F. 136b (1er v. du texte 90), pas de rubr. : Priam retenant Hector.
101. F. 136d, av. rubr. Texte .iiijxxxj. : La mort d’Hector.
102. F. 137a (1er v. du texte 92), pas de rubr. : La mort d’Hector.
103. F. 137c (1er v. du texte 93), pas de rubr. : Achille aux obsèques d’Hector.
104. F. 138a (1er v. du texte 94), pas de rubr. : La mort d’Ajax.
105. F. 138c (1er v. du texte 95), pas de rubr. : La trahison d’Anténor.
106. F. 139a (1er v. du texte 96), pas de rubr. : Le cheval de Troie.
107. F. 139c, av. rubr. Texte .iiijxxxvij. : La prise de Troie.
108. F. 140a (1er v. du texte 98), pas de rubr. : Circé et les compagnons d’Ulysse.
109. F. 140c (1er v. du texte 99), pas de rubr. : Yno semant le blé.
110. F. 141a, av. rubr. Texte Cent : Auguste et la Sibylle de Cumes.
111. F. 143b (début du Duc des vrais amans, av. v. 83), av. rubr. : Christine reçoit
la visite du duc des vrais amans.
112. F. 144a (Duc des vrais amans, av. v. 83), pas de rubr. [Album couleurs,
n° 19] : Partie de chasse.
113. F. 145a (Duc des vrais amans, av. v. 212), pas de rubr. : Entretien galant.
114. F. 150a (Duc des vrais amans, av. v. 973), pas de rubr. : Tournoi.
115. F. 153b (Duc des vrais amans, av. v. 1428), pas de rubr. : La dame en litière.
116. F. 154d (Duc des vrais amans, av. v. 1651), pas de rubr. : L’amant
s’entretient avec un ami.
BIBLIOGRAPHIE (vols I et II)
C de P, Cité 1974, pp. xli-xlviii, lxv. C de P, Cité 1975, pp. 372-378. C de P, Duc des vrais amans
1995, pp. 38-43. C de P, Parussa 1999. Desmond & Sheingorn 2003. Gibbons 1998. Hans-Collas
et Schandel 2009, p. 15. Heck 2000. Hindman 1983a. Hindman 1984. Hindman et Perkinson
1994. Kobayashi 2006. Laidlaw 1987. Laidlaw 2002. Laidlaw 2003. Laidlaw 2006. McGrady 1998.
Meiss 1974, 1, pp. 24, 39-40, 290, 292-296, 379, 436 n. 51, 437 n. 73, 440, n. 156, 163, 165 ; 2, figs
38, 42, 45, 114, 136-137, 142, 148, 151, 154-155. Meiss 1967, 1, pp. 89, 356. Paris 1400, nº 55.
Parussa 2004. Schaefer 1937, pp. 119-208 et figs 1-40. Sterling 1987-1990, 1, pp. 287, 292 et
fig. 196. Villela-Petit 2010, p. 389. White 1967, p. 224 n. 19 et pl. 54a. Willard 1962.

76 Cette représentation originale de Daphné s’inspire de l’image de la mandragore dans les Livres de
simples ; v. Meiss 1974, 1, p. 29.
{12} Londres, BL, Harley MS 4431, vol. I 331

COMMENTAIRE
Dans ce dernier recueil, il semble que pour certains ouvrages X travaillait,
semble-t-il, avec deux générations de modèle. Par exemple, au f. 29c, tout un
rondeau est barré en brun et ensuite en rouge, parce qu’il avait été copié au
folio précédent. Cependant, les deux textes ne sont pas identiques ; celui qui est
barré renferme des leçons plus anciennes au v. 5 : Ne ma lasse vie obscure que l’on
retrouve dans les mss Chantilly 492 {1} et BnF, fr. 12779 {3} ; la variante
préférée Ma dolente vie obscure se retrouve dans le ms. BnF, fr. 835 {4}. À noter
que le rondeau biffé porte déjà un pied-de-mouche, ce qui indique que la
correction est intervenue après la décoration77.

77 V. aussi f. 8c l. 23, où dans CB 26, v. 8, le vers réécrit sur grattage (Car se je suis ne gaye ne jolie)
représente un retour au texte des premiers recueils ; le ms. du Duc présente ici la leçon : Car se je
suis gaye, cointe et jolie. Comme on l’a dit ci-dessus, une préparation de corr. au texte 43 (v. 4) de
l’Othea (f. 115b : Que tart venir au repentir), est un retour à la leçon des premiers mss de ce texte, BnF,
fr. 848 {14} et Chantilly, Bibl. du Château, 492 {1}. La leçon à remplacer est celle qu’on trouve
dans le ms. du duc : Que desloyauté ancourir.
F. 178r © Londres, BL
{13} Londres, BL, Harley MS 4431, vol. II
[Œuvres]
[« Manuscrit de la Reine »]

TABLE SOMMAIRE
Ouvrage Feuillets Détail
Chemin de lonc estude 178a-219c ouvrage en entier
Livre de la pastoure 221a-236c ouvrage en entier
Epistres du debat sus le Rommant 237a-254a 2e dossier de Christine1
de la Rose
[Epistre a la reine, effacé] 255a-c (3 dernières colonnes, effacées)
Epistre a Eustace Morel 255d-257a ouvrage en entier
Oroison Nostre Seigneur 257b-259b ouvrage en entier
Proverbes moraulx 259c-261c 101 proverbes2
Enseignemens que Cristine donne a 261c-265b 111 enseignements3
son filz
Oroison de Nostre Dame 265b-266d ouvrage en entier
.XV. joyes Nostre Dame 267a-c ouvrage en entier
Livre de prudence 268a-287c ouvrage en entier
Livre de la cité des dames 288c-374a I : 48 chaps ; II : 69 ; III :19
Cent balades d’amant et de dame 376a-396b 101 ballades
Lay de dame 396b-398b ouvrage en entier

CONTENU
Ff. 178a-b « [Le livre du chemin de lonc estude4, prologue] Tres excellant magesté
redoubtee // Illustre honneur en dignité mo(n)tee …–… Si vous plaise l’oÿr et
escouter // Et quoy co(m)ment q(ue) c’est vueillés notter ».
Ff. 178c-219c [Le livre du chemin de lonc estude] « Comme Fortune perverse // M’ait esté
souvent averse …–… Qui de tant gesir s’esmerveille // Car tart estoit et Je m’esveille
Explicit le liure du chemin de lonc estude ».
[F. 220 vierge sauf pour cadre de réglure et réclame au verso : « Ci co(m)ma(n)ce le livre
de la pastoure »]
Ff. 221a-236c « Cy commence le livre de la pastoure .xx. Moy de sagece pou
duite // Ja par mainte fois deduite …–… Entre les bons est clamé // Vaillant et des
preux amé Explicit le dit de la pastoure ».

1 Ce dossier inclut la longue lettre que Christine adresse à Pierre Col le 2 octobre 1402, et comporte
donc les éléments suivants de l’éd. Hicks : Epistres du débat sur le Roman de la Rose I-II, IV-VII, et
Dossier d’un rodophile IV. Il manque notamment la lettre de dédicace à Guillaume de Tignonville.
2 Même nombre de proverbes et même texte que dans le ms. BnF fr. 835, qui a servi de base à
l’éd. Roy.
3 Il manque les nos. 93 et 101 de l’éd. Roy.
4 La forme du titre provient du titre courant Cy commence le livre du chemin de lonc estude xix. ; le même
titre est donné en explicit.
334 Œuvres

Ff. 237a-254a « Ci commence le livre des epistres du debat sus le Rommant de la


Rose entre notables personnes le prevost de lisle / maistre gontier col / maistre
pierre col son frere et (crist)ine de pizan .xxj. …–… Escript et complett par moy
(crist)ine de pizan le .ii.e Jour d’octobre / L’an mil CCCC & deux. Ta bien vueillant
amie de science (crist)ine »5.
[Ff. 255a-c trois dernières colonnes de l’Epistre a la reine effacées mais partiellement
visibles]
Ff. 255d-257a « Une epistre a Eustace morel tout de Rimes equiuoques .xxij. A
Tres expert en sens appris // Eustace morel ou a pris …–… Occuppacion tint
veillant6 // Ta disciple et ta bien vueillant ».
Ff. 257b-259b « Ci commence vne oroison de la vie et passion de n(ost)re
seigneur xxiij. Sire Ihesus mon oroison entens // Et me donnes grace que ie recite
…–… Esperit vueilles qui celle doulceur gouste // Qu’ilz sentirent que ta vertu ençaint
Amen Pater noster ».
Ff. 259c-261c « Ci commencent proverbes moraulx xxiiij. Les bonnes meurs et les
sages notables // Ramentevoir souvent sont proufitables …–… Soy departir \7 par bel
en fin de compte // Est neccessaire \8 a qui de paix fait compte / Explicit ».
Ff. 261c-265b « Ci commencent les enseignemens que (crist)ine donne a son filz
.xxv. Filz ie n’ay mie grant tresor // pour t’enrichir pour ce tres or …–… Car biens
mondains vont a deffin // Et l’ame durera sanz fin / Explicit / ».
Ff. 265b-266d « Ci commence une oroison de nostre dame .xxvj. O vierge pure
incomparable // plaine de grace inextimable …–… A ceulx qui ont pechié remis //
Nous ottroit et grace pleniere Ave maria .Explicit »9.
F. 267a-c « Ci commencent les .xv ioyes nostre Dame Rimees xxvij. Glorieuse
dame ie te Salue // tres humblement d’icelles xv. ioyes …–… Qu’en ciel montas de
pechié la racine // Ostes de moy et mets devocion / ave maria Explicit ».
Ff. 268a-287c « Ci commence le livre de prudence a l’enseignement de bien vivre
xxviij. Pour ce que Sapience est mere et conduisarresse de toutes les vert(us) sans la
quelle sentir homme ne peut salutairement vivre …–… et c’est la fin des proprietez et
diffinicions des vertus cardinales selon les sains docteurs Explicit le livre de la descripcion &
diffinicion de prudence fait et compilé par (crist)ine de pizan ».
F. 288c « Ci commence la table des Rubriches du livre de la cité des dames le quel dit livre est parti en
.iij. parties …–… Item la .iije. partie parle comment et par qui les haulx combles des tours furent
parfais et quelles nobles dames furent establies pour demourer es grans palais et es haulx dongions ».

5 Les colonnes b, c, d du f. 254, ajouté, sont inemployées ; les colonnes a, b, c, du f. 255, qui
renfermaient la fin de l’Epistre a la reine, sont grattées, mais une bonne partie du texte est visible aux
ultraviolets.
6 Les deuxième et troisième lettres de ce mot sont effacées et la préparation de correction ei est
inscrite en marge mais non reportée.
7 Barre de scansion.
8 Barre de scansion.
9 Explicit écrit à droite d’ave maria, légèrement en contrebas.
{13} Londres, BL, Harley MS 4431, vol. II 335

Ff. 288c-289b « Ci commencent les chapitres de la premiere partie Le premier


chapitre parle pour quoy et par quel mouvement le dit livre fu fait .i.10 …–… Item de lavine fille du
roy latin xlviij Ci finist la table des rubriches de la premiere partie de ce livre. ».
Ff. 290a- 321d « Ci commence le livre de la Cité des dames du quel le premier
chapitre parle pour quoy et par quel mouvement le dit livre fu fait .J. Selon la
maniere que j’ay en usage …–… viengnent avant / mes autres seurs et par leur ayde et
devis soit par toy parfaict le surplus de l’edefice Explicit la premiere partie du livre de la Cité
des dames11 ».
Ff. 322a-d « Ci commencent les rubriches de la ije. partie de ce livre la quelle parle comment et par qui
la cité des dames fu au par dedens maisonnee ediffiee et peuplee Le premier chapitre parle des x. sebiles
i.12--- Item parle (crist)ine aux princesses aux dames et a toutes femmes lxix ».
Ff. 323a- 360d « Cy commence la ije. partie de ce livre laquelle parle comm(en)t la
cité des dames fu au par dedens maisonnee ediffiee et peuplee .J. Après les
paroles de la premiere dame qui raison estoit nommee …–… (360c) jusques elle soit
close et toute parfaicte. Or priez pour moy mes tres redoubtees (360d) Explicit la .ije.
partie du livre de la cité des dames ».
Ff. 360d-361a « Ci commence la table des rebriches de la .iije. partie de ce livre la quelle p(ar)le
comment et par qui les haulx combles des tours de la cité des dames furent parfais / et quelles nobles
dames fure(n)t eslictes pour demourer es grans palais et haulx dongions Le premier chapitre parle
comment iustice amena la Royne du ciel pour abiter et seignourir en la cité des dames i13 …–… Item
la fin du livre xvij14 Explicit la table de la. iiie. partie de ce livre. ».
Ff. 361a-374a « Ci commence la tierce partie du livre de la Cité des dames / la
quelle parle co(m)ment et par qui les haulx combles des tours furent parfais et
q(ue)lles nobles dames furent eslittes pour demourer es grans palais et es haulz
dongions § Le premier chapitre p(ar)le co(m)mentijustice amena la royne du
ciel pour abiter en la cité des dames .J. Atant se tira vers moy dame Justice15 …–…
La quelle ainsi par sa grace vous face Amen Explicit la troiziesme et derreniere partie du liure
de la Cité des Dames ».
[Trois ff. réglés mais vierges ; v. note 16]
Ff. 376a16-396b « Cy commence(n)t cent balades d’ama(n)t & de dame Quoy que
n’eusse corage ne pe(n)see // Qua(n)t a prese(n)t de17 dits amoure(u)s fe(re) …–… Je

10 La forme courte du i est utilisée ici à la place du j.


11 L’explicit est suivi du début de la rubrique suivante tracée en rouge : Cy commencent les Rubriches,
suivi de huit lignes blanches ; cette rubrique se trouve en entier, à l’encre brune, au début du f.
suivant.
12 La forme courte du i est utilisée ici à la place du j.
13 La forme courte du i est utilisée ici à la place du j.
14 Il manque deux rubriques dans la table ; les 11e et 12e ; les 17 rubriques sont numérotées
consécutivement.
15 Le c est récrit, et un i est barré par un trait vertical devant le e qui termine le mot.
16 Ce f. devrait porter le numéro 378 puisqu’il est précédé de trois feuillets (réglés mais inemployés),
qui sont les 375e, 376e et 377e ff, mais sont numérotés 373, 374, et 375. À partir du f. 378, tous les
numéros de ff. devraient donc être augmentés de deux unités.
17 Une lettre effacée, sans doute un s, à la fin de ce mot.
336 Œuvres

m’en vois sans attendue // Car ja me deffault li cueurs Explicit Cent balades d’amant & de
dame ».
Ff. 396b-398b « Lay de dame O amours dure et sauuage / Certes qui te fait hommage
…–… De mort qui corps & visage / me fera tourner en cendre Explicit lay mortel. »18.
HISTOIRE
Date : ms. complété 1413-1414 (v. notice du vol. I).
Possesseurs : v. rubrique « Possesseurs » vol. I. La devise « sur tous autres » de
Jaquette de Luxembourg se trouve au f. 387r en M/q. Cartouche du British
Museum à l’encre rouge (« MUSEUM BRITANNICUM ») aux ff. 262v et 398v.
Cotes modernes de la British Library : en bas du contregarde sup., à gauche, au
crayon : « 2. E.19 » (barrée) et « Z. 74c2 » ; sur le haut de la 2e garde en papier,
cachet à l’encre noire : « HARLEY MS / 4431. / FOLIOS 178-398. ».
Ajouts plus tardifs : serpentes de papier moderne ajoutées lors de la reliure
pour protéger chaque enluminure. Jeux de plume au f. 398v ; quelques
réparations du parchemin aux ff. 194, 381. Dans l’entrecolonne du f. 189r,
un m inscrit à l’encre noire20. F. 229v, en m/g, le nom « philip » tracé à la mine
de plomb (le ms. doit être tenu à l’envers pour permettre la lecture) ; les jeux de
plume en-dessus sont peut-être un monogramme. Au côté r. du f. non chiffré
après f. 398 : « 398 Folios HS. April 1904 ; Exmd. by PDB ». En haut du
f. 398v, une main du XIXe s. a écrit au crayon « Folio 24 wanting », le
numéro « 24 » est inscrit au crayon en bas de la marge pli de ce folio21. Sur le
contregarde arrière, cachet à l’encre mauve, dans le coin inf. : « Examined
after/binding » avec la mention au crayon « 10.9.62 ».
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin : (IV, papier)22 + 223 + (III, papier)23. La teinte et
l’épaisseur du parchemin sont très variables24 ; plus de la moitié des feuillets ont
subi au moins une réparation25. Le f. 220v (fin du Chemin de lonc estude), très

18 L’explicit est precédé d’un double jambage décoratif.


19 Un chiffre 5 précédant le 2 a été effacé.
20 Deux m moins élégants ont été partiellement effacés dans l’entrecolonne du f. 210v au niveau des
lignes 25-27.
21 C’est, bien sûr, dans le premier tome que le numéro 24 manquait dans l’ancienne foliotation à
l’encre (corrigée par la foliotation au crayon).
22 Dont deux en papier crème identique au papier collé aux contreplats et deux en papier identique à
celui des serpentes)
23 Dont un en papier identique aux serpentes et deux en papier crème. Contregardes en papier crème.
24 Par exemple, le parchemin du cahier de 16 ff. qui contient le Dit de la pastoure est plus fin ; celui des
Cent balades d’amant et de dame est plus foncé et comporte moins de réparations. Le parchemin des
Epistres sur le Roman de la Rose est clair et presque sans réparations. Les ff. 180, 197, 198, 209, 312 et
317 portent des traces de veines ; les ff. 197 et 198 portent aussi des traces brunes (sang de
l’animal) ; plusieurs ff. présentent des traces de grattage (ff. 178r, 180v, 182r-v, 190r, 203r, 221r et
surtout 258v).
25 Dans la grande majorité des cas, il s’agit de pièces de parchemin soigneusement rajoutées, dont les
plus nombreuses sont aux ff. 236 et 251 (5). Presque toutes résistent après 600 ans, mais au f. 224,
{13} Londres, BL, Harley MS 4431, vol. II 337

bruni, est le seul à porter des traces de moisissure26. La loi du vis-à-vis est
presque toujours respectée27. La transcription a précédé la réparation des trous
et les coutures, comme l’indiquent les nombreuses préparations de texte
effacées à côté des réparations28, ainsi que les traits de plume décoratifs qui
servent à remplir les trop grands espaces réservés. En ce qui concerne
l’élargissement des marges, la copie du texte a également précédé l’opération,
puisqu’à diverses reprises les signatures sont soit au-dessus de la réparation29,
soit partiellement recouvertes par elle30.
Encres : pour le texte, brun foncé mais non uniforme31 avec en plus des
inégalités selon la qualité du parchemin et de l’outil d’écriture32. Encre brun
clair au f. 254 (f. ajouté), pour les préparations de correction33 et presque toutes
les corrections, y compris les ajouts34, pour les préparations de rubriques35, pour
la majorité des réclames36. Encre des signatures noire ou brun clair
(v. « Signatures »). Encre des rubriques, des numéros de chapitre et des titres

la réparation commence à se décoller. Plus rarement, il s’agit de coutures, dont le fil a presque
toujours disparu (voir ff. 204, 234, 274, 282, 295…)
26 Hindman 1983a, p. 117. Le premier f. de cet ouvrage (178r) est plutôt sali, surtout dans la partie
inf. de la m/p.
27 Exceptions : ff. 219 et 220, qui sont disposés p/c (le f. 220 est réglé mais inemployé sauf pour la
réclame) ; les ff. 253 et 254, disposés c/p (le f. 254 est rajouté) ; les ff. 256 et 257, disposés c/p ; les
ff. 267-269, disposés p/c ; les ff. 270-272, disposés c/p ; les ff. 283-285, disposés p/c et les ff. 286-
288, disposés c/p.
28 Parfois l’espace prévu pour les mots à ajouter avait été mal calculé, d’où des groupes de lettres
répétés par erreur et biffés à l’encre rouge lors de la rubrication : voir ff. 305c l. 14 : macion ; 367c
l. 24 : iant.
29 V. par exemple ff. 178r, 187r, 205r.
30 Ff. 218r, 347r.
31 L’encre est nettement plus claire aux ff. 190a-194d, au f. 219 du Chemin de lonc estude, dans le Dit de
la pastoure (ff. 221a-236c), aux ff. 282a-360a qui contiennent la fin du Livre de prudence et les deux
premières parties de la Cité des dames (sauf les ff. 308d-313b où l’encre est plus foncée) et aux
ff. 365v-366r de la IIIe partie, et enfin dans les Cent balades d’amant et de dame et le Lay mortel
(ff. 376a-398b). L’encre du folio ajouté à la fin des Epistres sur le Roman de la Rose (f. 254a) est
beaucoup plus claire que tout le reste du texte.
32 Exemple frappant au f. 349a et c, où l’encre varie du brun clair au brun foncé et au noir.
33 V. par exemple f. 181d l. 35 : de ; f. 182v entrecolonne l. 15 : ce lieu ; f. 188v entrecol. l. 16 : & ;
f. 192c l. 15 : sus ; f. 197c l. 27 : int ; 201b l. 5 : se.
34 Le plus important est un passage rajouté aux Cent balades d’amant et de dame au f. 378a en m/q : Et se
tu es donc Requise // & de bel & bon sa(n)s q(ue)l mente // Un doulx Regart p(ar) franchise // Ait au
moi(n)s sa(n)s longue atente // Que te vault estre silente // po(ur) le tenir langoureux // Souspirs gicte pl(us) de
trente // & puis Joyeux puis doulereux // Mignotelle qui b(ie)n change // Cuides tu fuir l’eureux // Temps qui
vient & se p(rese)nte // Puis Joyeux & c(etera). Un seul vers est rajouté dans le Dit de la pastoure au
f. 236c, précédé d’une croix, et deux autres sont rajoutés au f. 386a dans les Cent balades d’amant et de
dame. Les rajouts sont moins nombreux ici que dans bien d’autres mss de Christine.
35 Dans le Livre de prudence, t et g pour texte et glose, et dans les Cent balades d’amant et de dame : L et la
d signalent les changements d’interlocuteur. Dans le Dit de la pastoure, les mots la balade guiott en tête
de la colonne 234b.
36 Sauf la première, la quatrième et les deux dernières, qui sont à l’encre brun foncé. La première
réclame, en cursive assez rapide, se trouve au f. 185v. Les deux dernières réclames sont dans la
cursive calligraphique du texte, les autres sont dans la cursive rapide, utilisée pour la plupart des
corrections.
338 Œuvres

courants rouge vif. Plusieurs mots ou passages sont raturés à l’encre rouge37, et
une citation latine est soulignée de rouge à la fin de la Cité des dames38.
Préparation
Piqûres : entre 2 et 5 par feuillet, faites sans doute avec la pointe d’un canif.
Sont surtout conservées celles qui marquent le bas de l’entrecolonne ; celles des
lignes rectrices sont rarement préservées. On trouve des piqûres en vue d’une
réglure pour le titre courant en haut de ff. où cet espace n’a reçu aucune
réglure39.
Réglure : deux instruments de réglure : mine brunâtre et mine de plomb. La
plus fréquemment utilisée est la mine brunâtre, qui a laissé des décharges assez
épaisses et plus ou moins importantes selon les feuillets ; ces décharges, surtout
visibles dans les marges40, sont plus rares au 7e cahier (Dit de la pastoure). Les
folios réglés à la mine de plomb, qui trace des lignes plus fines et plus
régulières, sont les suivants : 186r-v41, 193r-v42. La plupart des textes versifiés
ont deux lignes verticales parallèles au début de chaque colonne pour séparer
les initiales du reste des vers ; pourtant, les ff 255v-267v contenant six textes en
vers sont réglés comme pour la prose43, de même que les Cent balades d’amant et
de dame44.
Mise en page
[F. 183r Chemin de lonc estude] 366 x 279 mm = 39 + <248> + 79 x 34,5 +
<5,5> + <76> + 22 + <6> + <72> + 63 mm (réglure à la mine brunâtre ;
aucune réglure pour le titre courant, qui est inséré au milieu de la m/t).
Justification 248 x 181,5 mm ; 2 cols, 40 interlignes45, écriture sous la première
ligne.
[F. 242r Epistres sur le Roman de la Rose] 366 x 279 mm = 19 + <6> + 18 +
<237> + 86 mm x 28 + <78> + 21 + <82> + 70 mm. Justification 237 x
181 mm. 2 cols, 40 interlignes, écriture sous la première LR. Pour ce texte,
comme on avait commencé à le faire dans le ms. BnF, fr. 835, on facilite la

37 V. ff. 233a, 286d, 305c, 367c.


38 F. 373a ll. 11-12.
39 Ff. 203-210, 218-220 ; dans le Dit de la pastoure, seul autre texte où l’espace du t. c. n’ait pas été
réglé, on ne trouve en haut des ff. aucune trace de piqûres faites en vue d’une telle réglure.
40 Ces décharges, quand elles sont très visibles, donnent à certains feuillets un aspect peu soigné :
peut-être ne sont-elles apparues qu’après la copie du texte.
41 Au f. 186r, la ligne maîtresse qui délimite le bas du cadre inf. et la dernière LR sont pourtant
tracées à la mine brun roux.
42 Il faut préciser que les ff. 186 et 193, premier et dernier ff. du cahier, sont un bifolium. Ils sont
plus courts de 4 cm que les autres ff. du cahier.
43 Il s’agit de l’Epistre a Eustace Morel, de l’Oroison Nostre Seigneur, des Proverbes moraux, des Enseignemens,
de l’Oroison Nostre Dame et des .XV. joyes Nostre Dame ; parfois X écarte la minuscule de la
majuscule (initiale du vers) malgré l’absence de ligne de séparation, mais le plus souvent elle les
rapproche.
44 Ici, la première lettre minuscule suit directement la majuscule.
45 Le nombre de LE varie entre 36 (f. 223r) et 40 ; plusieurs ff. en ont 38 ou 39. La col. 181c en
contient 41, mais à cause d’un vers recopié en haut de col., aucun décalage du texte provoqué par
cette erreur, et la col. 181d contient 40 LE comme prévu.
{13} Londres, BL, Harley MS 4431, vol. II 339

lecture en ajoutant des éléments qui manquaient dans les premiers mss
(Chantilly, Bibl. du Château, 492 {1} et BnF, fr. 12779 {3}) : rubriques
identifiant les différents intervenants46, « signature » de Gontier Col47.
[F. 388r48 Cent balades d’amant et de dame] 363 x 270 mm = 20 + <6>+ 16 +
<230> + 91 x 20 + <79> + 20 + <80> + 71 mm. Justification 230 x 179
mm ; 2 cols, 38 interlignes, l’écriture commençant sous la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
18 178-185 a 168 290-297 1/a
28 186-193 b 178 298-305 2/C
38 194-201 c / (traces) 188 306-313 D
48 202-209 D/d 198 314-321 (traces)
58 210-217 e 208 322-329 b
63(4-1) 218-220 F 218 330-337 f
716 221-236 g / a (?) / c 228 338-345 7/g
88 237-244 238 346-353 8 (?) / h
98 245-252∞ 248 354-361 I ou J
101+1 253-254√ k (?) 258 362-369 10 / K (?)
113(4-1) 255-257 (traces) 268 370-377∧ l1 (?) / L
128 258-265 278 376-383 12 (?)
138 266-273 288 384-391 (traces)
148 274-281 (traces) 298 392-f. non C / (traces)
numéroté
après 398ℵ
158 282-289∠ B / (traces)

Le f. 220 est réglé mais inemployé (sauf pour la réclame au f. 220v).


Une croix est inscrite en bas de m/g aux ff. 202r, 267r, 384r, qui marque le
début d’un nouveau cahier.
Signatures : deux séries de signatures, l’une à l’encre noire, située à 25-
60 mm du bas du feuillet, et l’autre, à l’encre brun clair, tracée en-dessous et

46 Ff. 237a et 242b : (Crist)ine (la première occurrence, en rouge, paraît pour la première fois dans ce
ms.) ; f. 241d : maistre Gontier Col.
47 le tien Gontier Col, f. 242b.
48 Nous avons choisi le 5e f. du 2e cahier de cet ouvrage, comme les ff. 380 et 381 au milieu du 1er
cahier ont une réglure atypique qui comporte la colonnette pour isoler la première lettre du vers.

Le f. 220 est réglé mais inemployé, à l’exception de la réclame au verso et a été coupé avant la
numérotation à l’encre ; ce feuillet est originel (v. trace d’une piqûre sur la partie supérieure du
talon restant visible).

Le f. 252 ne présente pas de réclame.

Le f. 254, ajouté, n’a pas de réclame. Bifeuillet hybride reconstitué, v. présence de deux types de
réglure : le f. 253 est réglé à la mine brunâtre, le f. 254 à la mine de plomb.

Les ff. 374b-d et les trois ff. suivants, numérotés 373, 374 et 375, sont réglés mais vierges, à
l’exception de la réclame Cent balades au f. 375v.

Les ff. 398v et le dernier f. non numéroté qui suit sont réglés mais inemployés.

Les ff. 287d et 288r sont réglés mais inemployés ; le f. 289v, inemployé, n’est pas réglé.
340 Œuvres

souvent rognée ; la Cité des dames présente une première série de signatures,
probablement purement numérique.
Réclames : tous les cahiers portent une réclame, sauf le dernier et le 9e
(f. 252v). Comme dans le premier tome, l’on observe deux sortes de réclames :
(1) réclames « textuelles », faites au fur et à mesure de la transcription dans une
écriture cursive plus ou moins rapide en bas de la 2e col., à l’exception des deux
réclames des Cent balades d’amant et de dame aux ff. 383v et 391v qui sont dans
l’écriture calligraphique du texte ;
(2) réclames « matérielles », au nombre de trois, tracées d’une plume plus
épaisse et d’une encre plus claire, qui marquent des jonctions d’ouvrage et qui
ont de toute évidence été exécutées lors de l’assemblage des éléments du
recueil. Les deux dernières de celles-ci : les epitres sus (f. 236v) et Cent balades
(f. 395v) correspondent au titre courant ; la première, Ci co(m)man(n)ce le livre de la
pastoure (f. 220v), correspond à la rubrique qui suit. V. « Encres ».
Titres courants : les feuillets ne comportent une ligne de réglure pour le
titre courant qu’à partir des Epistres sur le Roman de la Rose (f. 237r) ; avant, il est
inscrit librement. Le texte des titres courants et même leur graphie sont
variables. Ainsi, aux ff. 257v et 258v : une oroison de la vie et passion de n(ost)re
seigneur .xxiij. et aux ff. 258r et 259r : une oroison de la passion de n(ost)re seigneur
.xxiij. ; au f. 257v, nostre n’est pas abrégé. La deuxième partie du titre courant
des Enseignemens est partout que (crist)ine donne a son filz xxv, sauf au f. 264r où le
titre courant moraulx xxxiiij se rapporte à l’ouvrage précédent. Les titres
courants de la Cité des dames sont les plus irréguliers : on y trouve, au début et en
haut de quelques feuillets plus loin49 : Le livre de la Cité des dames xxix, et ensuite
tantôt La cité des dames xxix, tantôt de la cité des dames xxix, et une fois Ci
dit exponctué devant de la cité des dames xxix. Le t. c. de l’Epistre a la reine avait été
écrit au f. 255r-v, puis effacé par grattage50.
Foliotation : deux foliotations modernes pour la plupart des folios, d’abord
à l’encre, puis corrigée au crayon. Les ff. 320-322 portent trois numéros, dont
deux barrés. Après le f. 374, trois folios réglés, mais vierges dont deux mal
numérotés « 373 » et « 374 » ne sont pas pris en compte. Les ff. 375-398 ne
portent qu’un seul numéro à l’encre ; le dernier f. du dernier cahier, réglé mais
vierge, n’est pas numéroté.
Travail d’écriture
Texte : Main X texte, rubriques et corrections. Quelques corrections sont en
cursive rapide51.
Style : cursive calligraphique qui présente, certes, bien des
caractéristiques constantes, mais dont l’aspect varie d’une œuvre à l’autre :
droite ou penchée, de module plus ou moins grand, plus ou moins soignée, plus
ou moins exubérante. Ainsi, l’écriture des Enseignemens moraux (ff. 261c-265b)

49 Ff. 290r-291r, 296v-299v, 300v, 301v-302r, 303r, 304r-305v.


50 La décision d’enlever cet ouvrage du recueil a donc été prise très tard.
51 À noter une curieuse inscription en cursive rapide : le mot Joie écrit dans la marge de l’Epistre
Eustache Morel au regard du vers 205 Escript seulete en m’estude (f. 257a).
{13} Londres, BL, Harley MS 4431, vol. II 341

est plutôt petite et droite52, celle des Epistres sur le Roman de la Rose (ff. 237a-
254a), est plus grande et ressemble à une écriture de chancellerie ; les noms
propres y sont mis en valeur. Très fréquemment, les lettres de la première et de
la dernière ligne s’ornent de boucles et de phylactères53. L’écriture se déploie
dès qu’elle dispose d’un espace suffisant : on notera, par exemple, au f. 257r, le
contraste entre l’aspect retenu, presque austère du texte et l’exubérance de la
rubrique. Au reste, les variations ne se manifestent pas seulement d’une œuvre à
l’autre, mais souvent aussi d’une partie à l’autre d’un même texte, d’un même
feuillet, voire d’une même ligne ; c’est ainsi que les fins de ligne tendent souvent
à devenir plus hâtives et plus irrégulières. Certains éléments, comme la rubrique
au f. 234d l. 1 et la plupart des réclames, sont en une cursive plus rapide54.
Certaines lettres dont la morphologie est, à cette époque, très instable, en
particulier le g, varient beaucoup d’une œuvre à l’autre : par exemple, un g à
grande boucle retournée vers la droite est prédominant dans la première partie
du volume, tandis qu’un g à grande boucle retournée vers la gauche est surtout
employé aux ff. 237r-274r ; mais, dans les Cent balades d’amant et de dame, c’est
un g à petite boucle délicate qui prédomine.
Ponctuation : virgule, et plus rarement, un point qui prend souvent la
forme d’une petite courbe. La scansion de la plupart des vers décasylabiques est
marquée à l’aide d’une très fine barre verticale ou oblique (barre de scansion),
parfois attachée à une lettre.
Corrections
Préparation : la plupart de celles qui subsistent sont écrites dans la
même cursive plus ou moins hâtive que dans tous les autres manuscrits
originaux de Christine55. Toutefois, quelques préparations de correction sont
faites en une écriture très fine identique à celle utilisée pour certaines
corrections56.

F. 246d (prép. de corr. respondre) et 276r (prép. de corr. assavoir) © Londres, BL


Exécution : la plupart sont faites sur grattage57. Beaucoup concernent le
texte, quelques-unes l’orthographe58. Parfois, une leçon fautive est simplement
52 À comparer, par exemple, avec les premières lignes de la Mutacion de Fortune de Bruxelles, KBR,
9508.
53 Beaux exemples aux ff. 178c l. 1, 247c l. 1.
54 V. rubrique « Réclames ».
55 V. par exemple : f. 181d l. 35 : de ; f. 182v, entrecolonne l. 15 ce lieu ; f. 391b l. 1 : ennoye ; f. 393d
l. 10 tost ; f. 393d l. 33 tour ; ces corrections ont toutes été reportées.
56 Ff. 276a l. 7 : a sauoir inscrit au-dessus de a dire ; f. 325c l. 16 : tristece, mot corrigé sur grattage dans
le texte. V. note 33.
57 Exemples : f. 190a l. 2 : du, 190d l. 13 : D (ici, le grattage a fait un petit trou dans le parchemin) ; f.
195a l. 20 : fille ; f. 212b l. 1 : Socrates ; f. 213b l. 20 ; beaulx verbes ; f. 213d l. 23 : Tout le demourant ;
f. 225a l. 19 : …t ioyeuse.
342 Œuvres

exponctuée et suivie de la leçon correcte59 ; celle-ci peut aussi être écrite au


dessus60. Il arrive également qu’une lettre ou un groupe de lettres soient biffés
de quelques traits diagonaux61. Plus souvent, des mots ou des passages sont
barrés par des traits horizontaux à l’encre brune, ces traits étant souvent
doublés en rouge lors de la rubrication62. Au f. 233a, six vers sont barrés
d’abord par un seul trait brun en diagonale, puis par trois traits rouges en
diagonale et deux traits rouges barrant les premier et dernier vers. Enfin, des
mots63 ou des passages64 sont ajoutés en interligne ou en marge quelquefois en
une écriture de très petit module65.
Rubriques : à l’encre rouge vif, de la main du texte. Celles du Chemin de lonc
estude présentent des variantes textuelles importantes et sont ajoutées le plus
souvent en tête de colonne et signalées par divers motifs ; croix de malte,
feuilles, clef66. La table des rubriques de la 3e partie de la Cité des dames est
fautive ; il y manque les chapitres 11 et 12, si bien que la table ne compte que 17
titres pour les 19 chapitres de cette partie67.
Décoration : deux ornemanistes dans cette seconde partie, « à la résille » :
f. 376, et « à la vigne d’or » : ff. 221 et 290-361.
Bordures : ff. 178r, 290r, début Chemin de lonc estude et Cité.
Grandes lettrines : ff. 178a, début Chemin (5) ; 181a, début v. 451 du Chemin
(3) ; f. 221a, début Dit de la pastoure (4) ; f. 234a, début Epistres sur le Roman de la
Rose (3) ; 257b début Oroison Nostre Seigneur (4) ; 261c debut Enseignemens (3) ;
265b début Oroison Nostre Dame (3) ; 268a, début Livre de prudence (3) ; 290a et
323a, début deux premières parties Cité (5) ; 361a, début IIIe partie Cité (4) ;
376a début Cent balades d’amant et de dame (4).
Petites lettrines (2) : ff. 183a, 188a, 189c, 192d, 196c, 218d, et 259c,
Chemin, vv. 787, 1569, 1785, 2257, 2811 et 6279 et début Proverbes moraux.
Lettres champies (2) : début Epistre a Eustace Morel et Lay mortel, début de
chaque ballade ces Cent balades d’amant et de dame, et à l’intérieur du Chemin, de la
Pastoure, des Epistres sur le Roman, du Livre de prudence et de la Cité.

58 Gentil corrigé en Jentil au f. 213a l. 14 ; un deuxième l ajouté à supellatiue au f. 219b l. 16 ; destre corr.
en dextre par une préparation de correction au f. 292b l. 6 ; institucions avec c au f. 283c l. 36.
59 Exemples : f. 224c l. 1 : prie ; f. 359b l. 6 : necess ; f. 241a l. 18 : fust d.
60 Exemples : f. 186d l. 16 : b transformé en g dans le mot grief par l’effacement de la hampe et
l’adjonction d’une petite queue ; au f. 361c l. 11, c transformé en g de la même façon, et le mot
contre changé en garde par l’exponctuation des autres lettres et l’inscription de arde dans l’interligne.
61 F. 351a l. 30 : les deux lettres ie » biffées séparément d’un trait oblique dans seroient.
62 Ff. 224b l. 33, 286d l. 2.
63 Parmi les plus intéressants, signalons ceux qui apportent des rectifications métriques : Ff. 206b
l. 24 nous, 212b l. 6 car.
64 Trois rajouts (de deux à six vers) se trouvent dans Les cent balades d’amant et de dame aux ff. 378a,
380d, et 386a. Le second, au f. 380d, consiste en six vers rajoutés d’une encre plus foncée dans un
espace réservé qui s’est avéré trop étroit.
65 Ff. 352a l. 17 tous les, 353a l. 19 le. C’est la même petite écriture qui sert à des préparations de
correction ; v. cette rubrique.
66 Ff. 183a, 188a, 192d, 202r, 203a, 204d, 218d.
67 Ff. 360d-361a.
{13} Londres, BL, Harley MS 4431, vol. II 343

Pieds-de-mouche : champis. De nombreux pieds de mouche non exécutés,


surtout dans le Dit de la pastoure68.
Au dernier cahier, plusieurs ébauches de pieds de mouche sont effacées aux
ff. 392a-396b. Au f. 267c l. 1, un pied-de-mouche qui avait été entièrement
exécuté est effacé.
Illustration : Maître de la Cité des dames et atelier, sauf quatre enluminures par
Haincelin de Haguenau, dit le Maître de Bedford (n° 9, 11, 12 et 13).
1. F. 178a (Chemin, v. 1), apr. rubr. (à la place du t. c.) : Remise du livre au roi.
2. F. 180d (Chemin, v. 451), av. rubr. (f. 181r) : Christine et la Sibylle.
3. F. 183a (Chemin, v. 787), av. rubr. (ajoutée après) : Pégase et la Fontaine de
Sapience.
4. F. 188a (Chemin, v. 1569), av. rubr. (ajoutée après) : La montée au ciel.
5. F. 189c (Chemin, v. 1785), av. rubr. : Christine et la Sibylle au ciel.
6. F. 192d (Chemin, v. 2257), av. rubr. (ajoutée après) : La cour de Raison au
ciel.
7. F. 196c (Chemin, v. 2811), apr. rubr. (ajoutée après) : Christine et la Sibylle
arrivent à la cour de Raison.
8. F. 218d (Chemin, v. 6279), apr. rubr. (ajoutée après) : Christine et la Sibylle
devant Raison.
9. F. 221a (début Pastoure), av. rubr. : Scène champêtre.
10. F. 257b (début Oroison Nostre Seigneur), av. rubr. : Christ de pitié.
11. F. 259c (début Proverbes moraulx), av. rubr. : Christine enseignant un public.
12. F. 261c (début Enseignemens a son filz), av. rubr. : Christine instruit son fils.
13. F. 265b (début Oroison Nostre Dame), av. rubr. [Album couleurs, n° 20] :
Christine présente son livre à la Vierge.
14. F. 290r (début Ire partie), av. rub. : Construction de la cité.
15. F. 323a (début IIe partie), av. rubr. : Entrée des dames dans la cité.
16. F. 361a (début IIIe partie), av. rubr. : Les dames accueillent la Vierge et les
saintes.
17. F. 376a (début Cent balades d’amant et de dame), av. rubr. : Entretien entre
l’amant et la dame dans un jardin.
BIBLIOGRAPHIE
Voir vol. I.

68 F. 223b l. 35 ; 224b l. 33, 225d l. 19, 226b l. 3, 232c dernière l. ; 261b l. 1 (devant le 3e des
Enseignemens, rajouté après réparation du parchemin ; cela indique que, au moins pour ce cahier, la
décoration a précédé la réparation du parchemin).
Epistre Othea
Introduction
Paris, BnF, fr. 848 {14}
Chantilly, Bibl. du Château, 492 (recueil) {1}
Paris, BnF, fr. 12779 (recueil) {3}
Paris, BnF, fr. 606 (recueil) {5}
Londres, BL, Harley MS 4431 (recueil) {12}

Avec le ms. Paris, BnF, fr. 1740 {15}, le fr. 848 représente un des tout premiers
produits de l’atelier de Christine de Pizan. L’identité du destinataire originel de
cet exemplaire de l’Epistre Othea, le seul à nous être parvenu isolé, n’est pas
claire : la présence de la dédicace à Louis d’Orléans permet de penser qu’il
aurait pu être présenté au duc1 ; mais l’ex-libris d’Agnès de Bourgogne (1407-
1476), fille de Jean sans Peur, signifie qu’en ce cas, le livre aurait changé de
mains en l’espace d’une génération, à moins qu’il n’ait été présenté au grand-
père d’Agnès, Philippe le Hardi.
La mise en page complexe de ce manuscrit ressemble à celle des textes
juridiques ou religieux accompagnés de commentaires, témoignage éloquent du
lourd travail exigé pour la production de cet ouvrage pourtant relativement
court. Comme le premier exemplaire du Debat de deux amans, ce premier
exemplaire de l’Othea présente des anomalies qui s’expliquent sans doute par
l’inexpérience de l’éditeur-auteur.
On est tout d’abord frappé par la complexité de la présentation sur trois
colonnes, avec, en règle générale2, trois quatrains textes au centre, trois gloses à
gauche et trois alegories à droite. La réglure à la mine de plomb est uniforme
dans les trois colonnes, mais comme les gloses et allégories sont de longueurs
variables, la main X doit jouer sur le module d’écriture, se resserrant au
maximum à certains endroits ; et elle en arrive à ne plus tenir compte des lignes
rectrices3. Ces débordements deviennent la règle plutôt que l’exception, si bien
1 V. aussi l’Introduction sur les peintres, § Le Maître de la première Épître.
2 Comme les premiers textes sont plus longs, cette mise en page ne s’établit qu’à partir du f. 4v
(sections 6-8).
3 On remarque qu’elle commence sa transcription en-dessous de la première LR au f. 2r, pour passer
au-dessus de cette ligne à partir du f. 4v.
346 Epistre Othea

que gloses et allégories occupent une partie de la colonne centrale, mais de


manière irrégulière. L’écriture des textes est d’un module plus gros que celle des
gloses et des allégories4, et des encres de trois teintes différentes sont utilisées
pour mieux distinguer les trois parties, la plus claire étant réservée aux
allégories ; de plus, chaque allégorie se termine par une citation biblique à
l’encre rouge. Cette alternance de quatre encres différentes imposait un
changement constant de plume au cours de la transcription, ce qui compliquait
encore le changement de module au passage d’une partie à l’autre. La copie du
manuscrit a donc dû exiger un énorme effort qui ne semble d’ailleurs pas avoir
renouvelé.
Avec une mise en page tellement compliquée, il n’est guère surprenant que
les illustrations n’aient pas été disposées de façon bien logique. Après la scène
de présentation qui précède le Prologue, les deux enluminures prévues pour
illustrer le début des première et seconde parties – Othea remettant son épître à
Hector et l’Horloge de Tempérance – se présentent jumelées en tête de la
première partie (f. 2r). De même, celles qui devaient illustrer respectivement la
quatrième et la troisième parties – Minos dispensant la Justice et Hercule
symbolisant la Force – se retrouvent au f. 2v, au beau milieu du premier texte,
avant le 37e vers. Quant à la dernière enluminure, censée illustrer le 5e chapitre
sur Persée, qui commence au f. 4r5, elle a été placée au f. 3r, avant le 60e vers du
premier texte. Le sens des illustrations étant devenu, de ce fait, difficile à
comprendre, on a eu l’idée d’accompagner chaque histoire d’une légende
rubriquée identifiant les personnages.

F. 2v © Paris, BnF

4 L’exemplaire de l’Othea dans le recueil Harley présente aussi le texte sur un module plus grand que
la glose et l’allégorie.
5 Laidlaw 1992, p. 65.
Introduction 347

Signalons aussi que ce manuscrit comporte un système de corrections qui ne


se retrouvera pas ailleurs : une croix placée à côté d’un changement à faire
(cette croix étant destinée à être effacée, mais ayant parfois été laissée en
place)6. Quoi qu’il en soit, en dépit des difficultés de mise en page, c’est cette
première copie de l’Epistre Othea qui transmet le texte le plus correct, comme le
prouve l’édition critique de G. Parussa.
Dans ses deux premiers recueils, Chantilly, Bibl. du Château, 492 et BnF,
fr. 12779, Christine adoptera pour cet ouvrage une présentation purement
linéaire sur deux colonnes. Textes, gloses et allégories sont copiés l’un après
l’autre et les enluminures qui avait été jumelées dans le fr. 848 sont présentées
individuellement, sans légende. On a donc six enluminures en tout : la scène de
présentation de l’ouvrage avant le prologue, la présentation par Othéa de sa
lettre à Hector en tête du premier texte, l’horloge de Tempérance devant le
deuxième texte, Hercule aux enfers devant le troisième, Minos juge devant la
quatrième, et Persée et Andromède devant le cinquième.
Avec la prospérité accrue qui a permis l’invention d’un cycle de cent une
enluminures dans l’Othea des deux derniers recueils (BnF, fr. 606 et Harley
MS 4431, ff. 95a-141c), la mise en page se complique à nouveau, mais à un
degré relativement modeste. On constate, par l’absence de certaines rubriques
dans ces deux exemplaires d’Othea, et de nombreuses rubriques, en particulier,
dans le recueil Harley, toute la difficulté qu’on a eue à concilier texte et images.
De plus, il est manifeste que, comme il arrive souvent dans des œuvres
richement illustrées, la priorité est donnée à l’image au préjudice du texte, qui
devient plus fautif. Le texte de l’Othea dans les deux recueils est pratiquement
identique ; le même exemplar quelquefois fautif et assez souvent lacunaire a été
utilisé dans les deux cas, et quelques rectifications ont été faites dans le recueil
Harley7.
Rappelons en conclusion deux autres manuscrits originaux de l’Epistre Othea
aujourd’hui perdus : le premier, illustré de 115 enluminures et présenté à
Philippe le Hardi avant sa mort en avril 14048, le second, tres bien historié aussi,
présenté au duc de Berry sans doute en guise d’étrennes en 14069.

6 V. Notice BnF, fr. 848, note 14.


7 Par exemple, le mot planete a été rectifié en poethes au f. 100c, venir en veïr au f. 102a ; v. C de P,
Othea 1999, p. 510.
8 Mombello 1967, p. 221 et Meiss 1974, 1, pp. 439-440, n. 135.
9 Guiffrey 1894-1896, 1, n° 949 : « Item, le Livre de Lespitre que Othea la deesse envoia a Hector
compilé par damoiselle Cristine de Pizan, escript en françois, de lettre de court, tres bien historié ;
et au commancement du second fueillet a escript pour ce le dy ; convert de cuir vermeil empraint,
a deux fermouers de cuivre et tixus noirs; lequel livre ladicte Cristine a donne a mondit Seigneur. »
F. 1r © Paris, BnF
{14} Paris, BnF, fr. 848
L’epistre que Othea la deesse envoya à Hector de Troye
quant il estoit en l’aage de .xv. ans

CONTENU
F. 1r-v [Prologue] « TReshaulte flour par le monde louee // A tous plaisant & de dieu advouee …–
… D’escripre a vous personne si tresdigne // Entreprens moy en sagesce non digne ».
Ff. 2r-20r « Ci comence l’epistre que Othea la deesse envoya a hector de troye quant il
estoit en l’aage de .xv. ans Othea deesse de prudence // Qui adresce les bons cuers en
vailla(n)ce …–… Auris bona audiet cu(m) omni (con)cupiscencia sapienciam ecclesiastici
iije. co ».

HISTOIRE
Date : vers 1400. Ce ms. présente la version la plus ancienne du texte, composé
en 14001.
Possesseurs : Agnès de Bourgogne, fille de Jean sans Peur, épouse de Charles
Ier de Bourbon, comme en fait foi cette mention figurant au bas du f. 20r : « Ce
livre fut a feu ma dame agnes de bourgoigne en son vivant duchesse de
bourbonn(ois) et d’auvergne ». Il pourrait provenir de Philippe le Hardi2. Plus
tard, Nicolas Moreau, seigneur d’Auteuil (1556-1619) (signature Moreau et
paraphe partiellement gratté en haut de la contregarde inf.). Autre signature (?)
grattée, illisible3 au f. 20r au-dessus de l’explicit. Anc. cotes : f. 1r : quatre cent
quarante-neuf (Rigault), 832 (Dupuy) 7223 (Regius). Estampille Josserand-
Bruno n° 1 aux ff. 1r et 20v, datée du XVIIe s. à 1724.
Ajouts plus tardifs : aux ff. 1r-v, quatre noms propres soulignés d’une encre
brune différente de celle du texte4 ; f. 1v, chiffres arabes au crayon numérotant
certains vers5.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (340 x 255 mm) : I + (II) + 20 + (II) + I. La peau est
assez épaisse et jaunâtre et présente des petits trous et lisières vers les bords6 ; le
bord inf. des premiers ff. paraît avoir été rongé (par des souris ?). Contregardes
d’origine en parchemin, solidaires des gardes. Le volume a été sévèrement
1 C de P, Othea 1999, pp. 89, 94, 106.
2 L’absence du nom du duc de Bourgogne dans le prologue ne constitue pas un argument probant
qui infirmerait cette hypothèse ; comme le signale G. Parussa (C de P, Othea 1999, p. 84), le
prologue où figure Philippe le Hardi n’apparaît que dans des manuscrits contenant le remaniement
de Jean Miélot, et pourrait avoir été composé plus tard par ce dernier.
3 On y distingue seulement quelques traits descendants.
4 Au f. 1r : D’orleans duc loys, charles Roy quint et boulongne la grace ; au f. 1v : (crist)ine.
5 Vv. 3, 13, 15, 19, 26, 29, 31, 34.
6 Ff. 1, 5, 7, 10, 15.
350 Epistre Othea

rogné sur les m/t et m/g, ce qui a partiellement détruit certaines rubriques et
numérotations7.
Encres : marron foncé pour les textes ; généralement plus claire pour les
gloses et allégories. Par exemple, aux ff. 9r-13r et 17r, les textes sont d’une
encre brun foncé, les gloses brun moyen, et les allégories brun clair. Aux
ff. 13v-16v, l’encre des gloses et allégories est brun clair et se distingue
nettement du brun foncé des textes. Encre des rubriques et des pieds-de-
mouche rouge vif ou rouge orangé, selon la quantité d’encre que contient la
plume.
Préparation
Piqûres : au 1er cahier, de 10 à 14 piqûres rondes situées de chaque côté, le
long de la colonne centrale. Aux 2e et 3e cahiers, 4 piqûres en général, rondes
aux ff. 9-15, simples petites fentes aux ff. 16-20 marquant la colonne centrale,
mais groupées vers le milieu du f. à l’emplacement des textes. Le dernier f. (20)
n’a qu’une seule piqûre.
Réglure : mine de plomb qui laisse de fines traces grises, parfois à peine
visibles. La réglure de base est faite de trois colonnes d’environ 60-75, 90 et 60
mm, mais elle est irrégulière et varie en fonction des circonstances. Aux ff. 3v-
4r, deux colonnettes étroites (12-15 mm) ont été ajoutées pour recevoir les
numéros de textes et d’allégories. Aux ff. 5r-18r, une seule colonnette d’environ
12 mm reçoit les numéros d’allégories. Au f. 10v, une ligne irrégulière tracée à
main levée, à l’encre, marque la limite dr. des lignes courtes de la glose ; une
ligne du même genre est amorcée en haut du f. 5v et une autre est tracée en
pointillé au f. 17v. Aux ff. 18r-19r, cette ligne supplémentaire est intégrée à la
réglure à la mine de plomb, mais on ne la trouve plus aux ff. 19v-20r. Le f. 20v
est réglé seulement pour les colonnes. Visiblement, X n’a aucun plan précis au
départ et improvise au fur et à mesure des besoins.
Mise en page : après le prologue8, l’écriture est répartie sur trois colonnes :
celle du milieu est réservée au Texte (à raison de trois quatrains par page à partir
du f. 4r) ; celle de g. est occupée par la Glose (qui déborde fréquemment sur la
col. centrale et parfois aussi sur la col. de dr.), la col. de dr. contenant l’Alegorie
(qui peut, exceptionnellement, empiéter sur la colonnette réservée aux numéros
ou sur la col. du milieu). Chaque paragraphe de la Glose et de l’Alegorie est
précédé du même numéro en chiffres romains rouges que le paragraphe
correspondant du Texte. La réglure prévoit 49-51 interlignes ; l’écriture
commence au-dessus de la première LR à partir du f. 4v9. Comme les allégories
sont souvent très longues, X réduit en conséquence le module d’écriture et le
nombre de LE peut atteindre 7710.

7 V. par exemple ff. 3v, 6v, 14v.


8 Le prologue est réglé pour un seule colonne au milieu ; le f. 1r en présente les 27 premiers vers
après l’enluminure, le f. 1v les 41 derniers vers, le dernier se terminant à la dernière LR.
9 Dans tous les autres originaux de Christine, l’écriture commence en-dessous de la première LR.
10 F. 11v.
{14} Paris, BnF, fr. 848 351

Folio 11v © Paris, BnF


Dimensions, f. 13r (un des rares ff. où la réglure est pleinement visible) : 332 x
264 mm = 22 + <275> + 35 mm x 25 + <60,5> +<91,5> +<12> + <64> +
11 mm. Justification 275 x 228 mm ; 51 interlignes, l’écriture commençant au-
dessus de la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures
18 1-8 (chiffres romains)
28 9-16 (chiffres romains)
34 17-20 (chiffres romains)
352 Epistre Othea

Signatures : les signatures sont faites de chiffres romains de la même main


et de la même encre que le texte. Quelques-unes subsistent aux ff. 3r, 4r (trace),
7r (trace), 10r-12r, 17r-19r.
Réclames : aucune trace.
Foliotation : moderne à l’encre.
Travail d’écriture
Texte : Main X11.
Style : cursive calligraphique élégante et assez régulière12, le module du
Texte étant plus grand que celui de la Glose et surtout que celui de l’Alegorie, dont
l’écriture se fait par endroits assez hâtive et se charge d’abréviations. Le e
« cornu », qui n’est pas utilisé systématiquement, est surtout visible dans les
rubriques et les citations en latin.
Une inscription a achie[ver] (?) en m/g du f. 7r conduit à faire l’hypothèse que les
trois éléments qui constituent chacun des chapitres (Texte/Glose/Alegorie)
auraient été copiés l’un après l’autre : à ce feuillet, on voit, en effet, devant
chaque partie (texte xxiij., glose .xxiij. et allégorie .xxiij.) une petite lettre a à peu
près de la taille d’une lettre d’attente. La composition de la page aurait donc été
élaborée en cours de transcription.

F. 7r (petite lettre a après xxiij) © Paris, BnF


Ponctuation : virgule et, plus rarement, point. Deux petits traits
parallèles sont utilisés pour marquer les séparations de mots d’une ligne à
l’autre13.
Corrections : Main X, peu nombreuses. Dans ce ms., les corrections à faire
ont été signalées par une petite croix qui n’a pas toujours été effacée par la

11 Essais de plume de X à la contregarde inf.


12 L’écriture peut se faire brusquement plus petite, comme par exemple au f. 7r, Glose xxij, fin ll. 7-10.
13 Ff. 2r, Glose .j. ll. 13-14 ; 12v, Glose lv, ll. 16-17 et 18-19 ; 13v Glose [lxv]j, deux dernières lignes, 20r
Glose c ll. 23-24.
{14} Paris, BnF, fr. 848 353

suite14. D’ailleurs, les corrections sont tantôt apportées15, tantôt non. Quelques
ajouts X16 et X’ 17.
Rubriques : Main X, faites avant la décoration.
Décoration : atelier « aux échancrures ».
Lettrines : travail très raffiné.
F. 1r, début du prologue : T bleu (4) sur or à remplissage de vigneture avec
prolongements de fil et tige de vigneture.
F. 2r, début premier texte, O (3) même type, avec fil de vigneture et ronds
d’or18.
F. 4v, début 6e texte, A (4) même type, avec tiges de vigneture.
Pieds-de-mouche : en rouge vif au début de
chaque texte, glose, et allégorie ; le haut est prolongé
afin de bien marquer la séparation des différents
éléments. Un pied-de-mouche effacé au milieu du
prologue, f. 1r19.
F. 1r © Paris, BnF
Illustration : Maître de la première Épître20.
Quatre miniatures en grisaille sur fond en réserve placées en haut de page,
chacune entourée d’un cadre gris et blanc en perspective. À noter les légendes
inscrites en rouge par X sur les trois dernières : hector, Othea, prudence21,
attrempance (f. 2r) ; Le Roy Minos, Justice, hercules, force (f. 2v) ; parceus, Reno(m)mee,
pegasus, andromeda (f. 3r).
1. F. 1r (début du prologue), 100 x 90 mm : Christine et Louis d’Orléans.
Christine en coiffe et robe à coudières, agenouillée, présente son livre à Louis
d’Orléans, assis sous un baldaquin à ses armes (semé de fleurs de lys au lambel
brochant). Le duc porte une houppelande doublée de vair, un chaperon frangé
jusqu’à terre et un haut chapeau orné d’une gemme. Cinq courtisans sont placés
derrière lui : le premier, en houppelande courte et chaperon noué sur la tête,
tient un bâton torsadé22 ; à l’arrière-plan, les deux derniers sont dans l’ombre.
Les visages sont finement modelés.
2. F. 2r (début du 1er texte), 100 x 133 mm. L’image est divisée en deux
parties.
14 V. par exemple f. 6v texte xix, l. 4, croix à côté du mot voyant où le o a été partiellement gratté et le y
entièrement, sans que la correction voulue (sans doute la graphie veant) soit portée, et à ce même f.,
croix à côté de la l. 2 où le mot ot est corrigé sur grattage.
15 F. 3r, allégorie .ij., première ligne, une lettre, sans doute s, a été effacée à la fin de vertu. F. 6v, glose
xviij, l. 2 : le mot ot a été corrigé sur grattage.
16 F. 4v, Glose vj. l. 11, le mot avuec ajouté en interligne.
17 F. 13r, Glose lix, l. 4, le mot poliphem(us) ajouté après gea(n)t.
18 Ici et au f. 4v, il est clair que la décoration a été faite après la rubrication.
19 Au f. 2r l. 25. Les quatre derniers vers de ce folio ont été récrits sur grattage.
20 Pour François Avril, cet enlumineur anonyme figure parmi les « étoiles filantes », les artistes de
talent auxquels on attache un seul chef d’œuvre (conversation du 5 août 2011).
21 Ce dernier mot semble avoir été gratté et corrigé.
22 Même bâton de maréchal (?) dans le ms. KBR 11034, f. 2r {16}.
354 Epistre Othea

En partie g., approx. 2/3 de l’image, Othea remet son epître à Hector. Coiffée
comme une sibylle, Othea en buste, issant d’un coin de nuages, s’incline pour
donner sa lettre cachetée au jeune Hector, qui tend les mains. Le front ceint d’un
chapel, vêtu d’une houppelande frangée, il porte un étrange collier. Il est suivi
d’au moins quatre conseillers à longues barbes fourchues et chapeaux
exotiques, dont l’un tient un arc. Le fond en réserve est semé de petits lions
couronnés assis sur des trônes, brandissant une épée (armoiries d’Hector).
En partie dr., L’horloge de Tempérance. Attrempance, vêtue d’un manteau au drapé
illogique retenu par un fermoir, une couronne de fleurs posée sur ses cheveux
dénoués, touche de la main dr. le mécanisme d’une horloge montée sur une
console. Le mécanisme apparent comprend trois contrepoids, un engrenage de
roues dentées, une cloche et son marteau. Ces enluminures illustrent les 1er et 2e
« chapitres ».
3. F. 2v (1er texte, v. 37), 100 x 178 mm : image en deux parties à peu près
égales.
En partie g. : Minos rendant la justice. Le roi Minos portant longue barbe, haute
couronne et sceptre à fleur de lys, assis sur un trône et suivi de deux sages, juge
les deux prisonniers que deux gardes lui amènent. Les gardes, vêtus de court,
tiennent l’un (huissier ?) une baguette, l’autre un gourdin. Les détenus,
échevelés et pieds nus, portent des habits déchirés.
En partie dr. : Hercule aux Enfers. À la porte des Enfers, Hercule, vêtu d’une
cotte de maille, casque et tunique, empoigne Cerbère par le col et brandit sa
massue faite d’une branche écotée, tandis que le chien monstrueux, enchaîné au
seuil, l’agrippe. Trois petits diables assistent à la scène depuis le parapet crénelé
du château d’Enfer. À l’intérieur, sur fond noir, Pirithoüs et Thésée en armures
combattent les démons avec épées et boucliers. À noter : l’emplacement de
cette enluminure est indiqué par le mot ycy inscrit par X en m/g. Ces
enluminures correspondent, respectivement, aux chapitres 4 et 3.

F. 2v © Paris, BnF
4. F. 3r (1ertexte, v. 60), 100 x 122 mm [Album couleurs, n° 24] : Persée et
Andromède. Persée en armure, tenant son bouclier contre lui et brandissant une
faucille, chevauche un Pégase à la robe pommelée. Il vole au secours
d’Andromède, cheveux bouclés ceints d’un cercle de tête, bras croisés sur la
poitrine en un geste de prière, qui s’enfuit sur la rive herbeuse devant le
monstre marin en forme de poisson, la gueule ouverte sur des dents pointues,
issant de la mer ondée. La queue de Pégase et la pointe de ses ailes dépassent le
cadre à g.
{14} Paris, BnF, fr. 848 355

Reliure : XVIIe s., maroquin citron, aux armes de France dorées sur les plats
bordés d’un triple filet d’or. Dos à cinq nerfs orné de lettres L dorées avec
couronne et petits soleils. Collée au 2e entre-nerfs, étiquette en maroquin rouge
partiellement détruite : « D’OTH P. CATH …SAN ». Les folios n’ont pas été
égalisés.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Epistre Othea, 1999, pp. 105-106. Ignatius 1979. Laidlaw 1987, pp. 41-42. Laidlaw 1992,
pp. 65-66. Meiss 1974, 1, p. 34 ; 2, fig. 129. Mombello 1967, pp. 23-31. Sterling 1987-1990, 1,
p. 315.
Debat de deux amans
Introduction

Paris, BnF, fr. 1740 {15}


Bruxelles, KBR, 11034 {16}
Chantilly, Bibl. du Château, 492 (recueil) {1}
Paris, BnF, fr. 12779 (recueil) {3}
Paris, BnF, fr. 835 (recueil) {4}
Londres, BL, Harley MS 4431 (recueil) {12}

Il existe deux exemplaires originaux du Debat de deux amans, tous deux


figurant parmi les manuscrits les plus anciens de l’auteur, tous deux copiés de sa
main.
Le ms. BnF, fr. 1740, en particulier, présente diverses caractéristiques qui ne
se rencontrent dans aucun autre produit de l’atelier, comme le non-respect de la
règle du vis-à-vis, ou encore des signatures de cahiers faites systématiquement à
l’encre rouge1 ; de plus – chose rare dans les manuscrits originaux de
Christine – ces signatures sont constituées d’une seule lettre non suivie d’un
chiffre romain. Ces manuscrits présentent aussi certaines graphies inhabituelles
comme la rime –age/–aige, qui se retrouve aussi dans les premiers recueils, BnF,
fr. 12779 et Chantilly, Bibl. du Château, 492, et les premiers manuscrits de la
Mutacion de Fortune2 : les manuscrits plus tardifs observent en effet très
strictement la rime « pour l’œil ». En ce qui concerne la décoration, le BnF,
fr. 1740 porte des pieds-de-mouche rouges qui ne se rencontrent que dans
quatre autres manuscrits originaux : le BnF, fr. 848 {14}, le Debat de deux amans
de Bruxelles (KBR 11034) et les recueils Chantilly, Bibl. du Château, 492 et
BnF, fr. 12779, ces trois derniers copiés vers 1402-14033. Il faut aussi observer
la technique utilisée pour les corrections dans le fr. 1740, diffèrente de celle qui
sera généralement adoptée par la suite : au lieu de préparations de correction
1 Trois autres manuscrits qui figurent parmi les originaux les plus anciens portent quelques
signatures en rouge, la plupart étant à l’encre brune. Bruxelles, KBR, 10983 (signatures rouges aux
ff. 9-12, 18-20, et 59 et 60) et BnF, fr. 12779 (signatures rouges aux ff. 2 et 3). Bruxelles, KBR,
9508 (Mutacion de Fortune) {22}, présente plusieurs signatures rouges préliminaires (faites de traits).
2 La Haye, KB, 78 D 42 {23} et Bruxelles, KBR, 9508 {22}.
3 Le ms. KBR 10983 {18}, qui date des environs de 1403, présente des pieds-de-mouche en rouge et
en bleu sans alternance stricte.
358 Debat de deux amans

inscrites par l’auteur, le plus souvent en marge, en une petite cursive rapide, les
passages à corriger sont signalés par un simple trait vertical dans la marge4.
D’autre part, comme l’a remarqué O. Delsaux, la barre de scansion utilisée pour
vérifier le mètre5 de chaque vers est ici parfois placée au milieu d’un mot,
pratique qu’on ne retrouvera plus par la suite dans les manuscrits de l’auteur6.
Enfin, l’emplacement de la majuscule au début de chaque vers ne semble pas
encore clairement fixé : jusqu’au f. 13r, elle occupe la première petite colonne
tracée à cet effet, mais, à partir du f. 13v, elle commence à glisser à droite et
occupe la ligne de partage entre les deux colonnettes, surtout pour les vers en
bas de colonne.
L’identité du premier possesseur du ms. BnF, fr. 1740 ne nous est pas
connue de façon irréfutable, mais de forts indices convergent sur la personne
du dédicataire du Débat, Louis d’Orléans, qui figure d’ailleurs dans la scène de
présentation de tous les exemplaires de l’œuvre7 : l’ancienneté du manuscrit
d’abord, et surtout la trace d’une cote de Blois, où furent portés les livres de
Charles d’Orléans en 1436, quatre ans avant son retour de captivité8. La
décoration, et notamment les lettrines parties, révèlent une grande maîtrise
quant au dessin et à l’exécution et montrent que dès le départ, Christine savait
se procurer les services d’artistes de qualité9.
L’exemplaire du Debat de deux amans dédié à Charles d’Albret (Bruxelles,
KBR, 11034) lui avait été offert en étrennes, comme en témoigne la ballade de
dédicace :
Bon jour bon an quanque il puet souffire
De bien d’onneur et de parfaite joye
Mon redoubté seigneur d’Alebret sire
Charles puissant pri Dieu qu’il vous envoye
Ce jour de l’an qui maint bon cuer resjoye
Et vous presente
Cestui que j’ai fait par entente […]10

4 Delsaux 2006-2007, 1, p 145.


5 Ce signe se trouve dans les seuls vers décasyllabiques.
6 Delsaux 2006-2007, p. 147. Voir par exemple f. 21r, l. 29 : Que qui bien ay\me et est d’amours compoint.
7 L’autre Ballade 19 (C de P, Œuvres poétiques 1886-1896, 1, p. 29) fait référence à un ouvrage
présenté à Louis d’Orléans, sans qu’on puisse savoir s’il s’agit ou non du Debat : Prince excellent ou il
n’a desmesure, // De ce livret qu’ay fait mal ordené, // De par moy, vo trés humble creature, // Ce jour de l’an
vous soiez estrené.
8 Il s’agit notamment d’un L majuscule sous l’étiquette partiellement enlevée au contreplat sup. ;
nous remercions Mme M.-P. Laffitte de cette observation. V. aussi Ouy 2007, p. 78.
9 Villela-Petit 2008.
10 KBR 11034, f. 1v. Cette ballade figure aussi parmi les Autres balades (n° 21) ; voir C de P, Œuvres
poétiques, 1, pp. 231-232.
Introduction 359

L’exemplaire de Charles d’Albret a certainement été copié après le ms. de Paris,


dont il incorpore certaines corrections11. Ces deux manuscrits ont été illustrés
dans un style apparenté à celui du Maître du Couronnement de la Vierge.
L’illustration du ms. de Bruxelles est plus complexe, mettant notamment en
scène deux personnages supplémentaires, dont l’un porte le bâton de
commandement ; elle est aussi d’une plus haute qualité : les visages rehaussés de
rouge sont plus travaillés, et l’on y trouve une foule de détails (chevelures,
chapeaux, franges des habits, col de cotte de mailles du duc) absents du ms. de
Paris.
Dans la ballade de dédicace à Charles d’Albret, Christine fait clairement
allusion à la lecture publique du poème : Et s’il vous plaist a l’ouïr ou le lire12. Il est
donc raisonnable de penser que les barres de scansion (traits obliques analogues
à des virgulae, mais plus légèrement tracés, placés à la césure – c’est-à-dire à la
quatrième syllabe – des vers décasyllabiques) que l’on voit dans les manuscrits
BnF, fr. 1740 et Bruxelles, KBR, 11034, servaient à faciliter la lecture à haute
voix. Il se peut toutefois que ces barres – plus systématiquement présentes dans
le ms. de Paris – aient eu pour utilité première de vérifier le compte des
syllabes : nous avons vu en effet – mais ce n’est vrai que pour le ms. de Paris –
qu’elles se rencontrent parfois au milieu d’un mot13.

11 Delsaux 2008. Selon Fr. Avril, que nous remercions vivement ici, l’illustration des deux témoins
serait à peu près contemporaine (conversation du 8 novembre 2001).
12 Bruxelles, KBR, 11034, f. 1v.
13 V. note 6.
F. 1r © Paris, BnF
{15} Paris, BnF, fr. 1740
Le debat de deux amans

CONTENU
Ff. 1r-32v « Ci commence le debat de .ij. Amans Prince royal Renommé de sagesce // hault
en valeur puissant de grant noblesce …–… S’il le cerche trouver le peut enté // En tous les lieux
ou est (Crest)ienté1 Explicit ».
HISTOIRE
Date : vers 1401-1402. C’est le plus ancien témoin de l’œuvre2, antérieur à la
copie contenue dans le ms. Chantilly 492, achevé en juin 14023.
Possesseurs : sans doute Louis d’Orléans4. Anciennes cotes de la Bibliothèque
du roi : mil vint trois (Rigault)5, 980 (Dupuy), 7692 (Regius). Estampille
Josserand-Bruno n° 1 de la Bibliothèque royale (f. 1r), datée du XVIIe s.
jusqu’en 1724.
Ajouts plus tardifs : aux ff. 8r-10r, quelques mots du texte copiés, modernisés
ou traduits en latin dans une écriture appliquée, à l’encre noire, par un lecteur
(sans doute XVIIe-début XVIIIe s.) ; les mots correspondants dans le texte sont
d’habitude soulignés en noir6. Deux vignettes collées à la contregarde sup. dont
une rectangulaire, partiellement enlevée, couvre une cote ancienne et une 2e
porte la cote actuelle : « FR 1740 » ; au même endroit, inscription au crayon :
« fol1 25 » entourée d’un ovale.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (284 x 205 mm). 32 + I7. La peau jaunie, surtout vers
les bords, présente de nombreuses taches8, des trous soigneusement réparés
1 Ce mot normalement abrégé (xpiente). V. les quatre vers qui précèdent la conclusion : Et or est temps
de mon euvre affiner // Mais de trouver s’aucun au deffiner // A voulanté // Quel est mon nom sans y querir
planté…
2 Delsaux 2008b.
3 De Winter 1982, pp. 349-351, qui date l’enluminure de 1403-1404 ; il faut sans doute reculer cette
date d’un an ou deux. V. notice KBR 11034, rubrique « Date ».
4 Puisque c’est le plus ancien ms. connu de cet ouvrage, c’est probablement celui auquel Christine
fait allusion dans la ballade de dédicace de l’exemplaire du Debat présenté à Charles d’Albret : Et
non obstant qu’ayent [les deux amants] voulu eslire // Mon seigneur d’Orliens qui leur fait voye // Et juge en soit
[…] (KBR 11034, f. 1v). L’hypothèse est confortée par une observation de Mme M.-P. Laffitte de
la BnF – que nous remercions ici – qui a remarqué sous l’étiquette partiellement enlevée au
contreplat sup. les traces bien reconnaissables d’une cote de la bibliothèque de Blois (conversation
du 3 juin 2006).
5 Le deuxième élément de cette cote est barré d’un épais trait vertical tracé de la même encre que la
cote Dupuy.
6 Au f. 8r : Ravis ; sireine ; occire ; f. 9r : serve ; f. 9v : leesse ; f. 10r : conduit ; murabit.
7 Le f. de garde inf. en parchemin d’origine est numéroté 33 ; contregarde sup. en papier,
contregarde inf. en parchemin.
362 Debat de deux amans

(ff. 17, 25 et 28)9 et des lisières10. Les feuillets, de dimensions assez inégales,
n’ont pas été rognés lors de la reliure. La règle du vis-à-vis n’est respectée
qu’une fois sur deux11.
Encres : brune pour le texte ; rose foncé pour rubrique, crochets alinéaires
et signatures.
Préparation
Piqûres : maîtresses ; entre deux et quatre selon les ff. Elles sont
relativement grandes, le plus souvent de forme ronde ou ovale, plus rarement
réduites à de simples fentes.
Réglure : mine de plomb, qui laisse de fines traces grises assez uniformes.
Mise en page (f. 5r) : 284 x 205 mm12 = 33 + <187> + 64 x 34 + <5,5> +
6,5 + <102> + 57 mm. Justification 187 x 114 mm ; 32 longues lignes, avec
quelques variations de 30 à 34 interlignes, l’écriture commençant sous la
première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signature
18 1-8
27(8-1) 9-15 (f. 14 collé à un b
talon)13
38 16-23 c
48 24-31 d
51 32♥
Signatures : composées d’une seule lettre tracée à l’encre rose foncé.
Réclames : courtes (1-2 mots) écrites par X en m/q, sous la fin des vers,
sans décoration aucune.
Foliotation : à l’encre, XVIIIe s. ; Lacurne de Sainte-Palaye la qualifie de
« récente »14.
Travail d’écriture
Texte : Main X.
Style : cursive calligraphique assez contrôlée15 ; l’écriture du f. collé (14)
est un peu plus libre que le reste et l’écriture devient assez irrégulière aux ff. 31

8 De nombreuses taches d’encre noire au f. 8v, taches d’humidité au f. 9, tache d’encre rouge au
f. 14r.
9 Aux ff. 17 et 25, la pièce a été mise en place avant la copie (au f. 28 la pièce ajoutée est en marge).
Trou au f. 7 ; quelques trous de ver aux premiers et derniers ff.
10 Ff. 2, 21, 29, 32.
11 Les ff. 1-3 ont la disposition c/p, les ff. 6-8 et 14-15 p/c, les ff. 16-19 c/p et les ff. 20-23 p/c.
12 Le f. 18, moins haut de 7 mm, a peut-être été amputé du bas.
13 Couture entre ff. 12-13 ; un f. aurait donc été enlevé à ce cahier.

Trace d’un talon après le f. 32.
14 BnF, Moreau 1654, f. 368r.
15 L’écriture ressemble beaucoup à celle de Chantilly, 492-493 {1-2} et KBR 10982 {19}. Rares
exemples du e cornu ; g à petite boucle qui se retourne vers la dr. ; peu de lettres exubérantes en
{15} Paris, BnF, fr. 1740 363

et 32, sans doute sous l’effet de la précipitation. L’emplacement des majuscules


évolue : jusqu’au f. 13v, elles s’alignent dans la première petite colonne réglée
qui leur est destinée; par la suite, elles avancent vers la dr., surtout en fin de
colonne.
Ponctuation : le seul signe – mais il ne s’agit pas à proprement parler de
ponctuation – est une fine barre de scansion tracée à l’encre brune, le plus
souvent légèrement penchée vers la dr., plus rarement verticale ; elle est presque
toujours placée après la 4e syllabe des vers décasyllabiques. Cette barre de
scansion servait-elle à aider la lecture à haute voix, à faciliter la vérification du
nombre de syllabes16, ou aux deux à la fois ? Souvent d’une nuance d’encre
légèrement différente, elle semble avoir été ajoutée après la transcription du
texte.
Rubriques : une seule, Main X.
Corrections
Exécution : Main X, relativement nombreuses17, elles sont apportées
par X, soit sur grattage, soit par ajout ; beaucoup d’entre elles sont destinées à
rectifier des vers hypermétriques18. Elles semblent avoir été exécutées en deux
temps, celles faites à l’encre brune du texte19, lors de la transcription, celles à
l’encre noire plus tard20. Certaines sont accompagnées de préparations de
correction grattées21. Plusieurs corrections à l’encre noire sont en une cursive
plus rapide, parfois sur grattage, plus souvent en interligne22. Dans bien des cas,
on sent la précipitation : la correction est faite directement sur un mot non
gratté, ou après un mot raturé23.
Préparation : au f. 2r, une seule, par X : y, précédée d’un trait oblique,
cette lettre corrigée en début de vers. Au f. 31r, un signe (petite crosse) est placé
en marge devant la l. 29 où le mot bon a été récrit sur grattage ; s’agit-il d’une
préparation de correction24 ?
Décoration : filigraneur « aux lys losangés ».

première ligne, les seules étant aux ff. 8v, 10v, 11r, 22v et 24r. Aucune hampe de lettre en dernière
ligne ne descend en m/q, comme dans les manuscrits postérieurs.
16 Dans le ms. KBR 11034, un peu plus d’espace semble souvent avoir été laissé pour les barres de
scansion ; celles-ci, en revanche, sont ici plus visibles que dans le ms. de Bruxelles, et leur
fréquence ne diminue pas vers la fin du ms.
17 O. Delsaux en compte une pour 24 vers, contre une pour 69 vers dans KBR 11034. V. Delsaux
2006.
18 Ibidem, p. 61.
19 Par exemple, au f. 1v l. 20, bien, précédé d’un caret de même couleur, ajouté au v. 31.
20 Par exemple, au f. 9r l. 1, le d de redoutees a été retracé, et un b « étymologique » ajouté par-dessus,
indiqué par un caret. Au f. 6r l. 15, le u de hautage est corrigé sur grattage, v. 315 ; au f. 22r l. 10, de
écrit par-dessus que gratté.
21 De plus, aux ff. 4r et 30r, des signes de renvoi (b, a) indiquent l’ordre correct des vers 178-179 et
1857-1858, intervertis lors de la copie.
22 Ff. 8v l. 12, t dans tant ; f. 15r l. 15 \ycy/, précédé d’un caret.
23 Ff. 14r l. 7, 20v l. 32, 22r l. 10, 22v l. 1, 24r l. 27.
24 Delsaux 2006 signale une vingtaine de petits grattages à côté de vers corrigés dans ce ms.
364 Debat de deux amans

Grande lettrine, f. 1r (premier vers) : P (7)


parti or bruni25 / bleu à remplissage de filigranes
bleu foncé en œufs de grenouille pointés de
rouge, avec petits prolongements d’or, filigrané
de noir bleuté et rouge.
Petites lettrines filigranées de 2 interlignes :
ff. 7v (v. 425), 15r (v. 909), 16v (v. 1005), 31r26
(v. 1913), alternativement rouges ou bleues avec
fond à filigranes noir bleuté et prolongements
filigranés dessinés avec précision.
Pieds-de-mouche : à l’encre rouge foncé,
avec une barre de 15 à 45 mm qui prolonge le
haut. Leur emplacement est indiqué par deux
traits verticaux tracés à l’encre brune du texte27. F. 1r © Paris, BnF
Illustration : atelier du Maître du Couronnement de la Vierge.
F. 1r av. rubr., 110 x 109 mm : Remise par Christine de son texte au duc d’Orléans.
Christine présente un long rouleau à Louis d’Orléans, le dédicataire originel du
poème, qui, coiffé d’un chaperon et vêtu d’une robe doublée de vair, trône sur
un siège curule sous un dais à ses armes (fleurdelisé au lambel). Christine,
agenouillée, désigne derrière elle deux hommes en vis-à-vis qui semblent
débattre. Le chevalier a la tête couverte, alors que l’écuyer aux cheveux bouclés
est nu-tête. La grisaille d’encre et lavis sur fond en réserve est rehaussée de
beige sur les carnations. Le sol est d’un vert olive délavé, et le cadre fin d’or
bruni souligné d’encre noire. La miniature est préparée par deux croquis de la
figure de Christine à la pointe sèche, à peine visibles, au f. 2r, en haut de m/g,
et au f. 15v, en m/q.
Reliure : maroquin citron aux armes royales avec trois filets d’or sur les plats.
Sur le dos, à 5 nerfs : six chiffres de Louis XIV agrémentés de petites étoiles
d’or. Titre sur le dos, sur une pièce de cuir rouge collé : « LE DE/BAT D
D’A/M’P CH /D’PIS ».
BIBLIOGRAPHIE
BnF Moreau 1654, f. 368r-v, n° 336. C de P, Love Debate Poems, pp. 39-41. C de P, Œuvres poétiques
2, pp. xiii-xiv. Delsaux 2006. Delsaux 2008b. De Winter 1982, pp. 349-351. Laidlaw 1987, p. 42.

25 À peu près la moitié de l’or a disparu.


26 La lettre d’attente demeure visible sous le filigrane.
27 On en compte 92 ; leur partie sup. est de longueur variable. Au f. 33v, quelques ébauches de
crochets à la pointe sèche.
F. 2r © Bruxelles, KBR
{16} Bruxelles, KBR, 11034
Le debat de .ij. amans

CONTENU
F. 1v « balade Bon jour bon an & quanque il puet souffire // de bien d’onneur & de parfaite
Joye …–… Cui mon service octroy sanz estre lente // Si le vueilliez recevoir pour estraine »1.
F. 2r - 39r « Ci commence le debat de .ij. amans PRince Royal\ renommé de sagesce // hault
en valeur \ puissant de g(ra)nt noblesce …–… S’il le cerche trouuer le puet enté // En tous les
lieux ou est (crest)ienté2 Explicit ».

FF. 1v-2r [Album couleurs, n° 21] © Bruxelles, KBR

HISTOIRE
Date : vers 1402-1403 ; le texte mentionne Louis de Sancerre3 comme toujours
en vie († 6 fév 1403, n.st.)4 ; la ballade de dédicace (1v) a été ajoutée plus tard
1 Cette ballade est la 21e des Autres balades. À signaler deux variantes textuelles par rapport à
l’éd. Roy : au 1er vers du quatrain, milliers au lieu de meilleurs ; au 2e vers, recommand au lieu de
reçoivent. V. note 4.
2 Nous avons résolu l’abréviation xp (surmontée d’un tilde) en Crest.
3 Et a present \ encores vit sur terre // dieu lui tiengne \ le vaillant de sensuerre // Connestable \ si ne convient
enquerre, f. 31v, vv. 1593-1595. Il est à remarquer que les mss du Duc et de la Reine n’apportent
aucun changement à ces vers.
4 C’est l’hypothèse d’O. Delsaux (2008b), qui signale des pieds-de-mouche (préparés par des barres
diagonales en rouge) aux ff. 31r-v et 32v, sans doute ajoutés après la mort du connétable. Alors
qu’au f. 31v un seul pied-de-mouche original (préparé par deux barres diagonales en brun selon la
pratique courante de l’atelier de Christine) met en valeur Louis de Sancerre (Et a present encores vit sur
terre // dieu lui tiengne le vaillant de sensuerre), d’autres pieds de mouche préparés par des barres
d’attente en rouge, durent être ajoutés pour relativiser, en quelque sorte, l’importance de Louis de
Sancerre sur la page, en mettant aussi en valeur d’autres nobles chevaliers. La signature |||| au
f. 33, dernier f. de l’actuel 5e cahier (4e si on ne compte pas la dédicace) semble conforter cette
hypothèse.
368 Debat de deux amans

(vers 1403)5, au moment de la réalisation de la miniature et de la lettrine du


f. 2r, dont l’encre encore fraîche a imprimé la page en regard. L’état du texte de
ce ms. est postérieur à celui des mss BnF, fr. 1740, fr. 12779 et de
Chantilly 4926.
Possesseurs : destiné à l’origine à Louis de Sancerre, le ms. fut sans doute
présenté à Charles d’Albret en janvier 1404 (n.st.), après qu’il eut succédé au
premier dans la charge de connétable7. Il passa ensuite à Philippe le Bon
(Inv. 1467-1469)8 ; Charles le Téméraire (Inv. 1485-1487)9 ; Maximilien Ier ;
Charles-Quint (Inv. 1536)10 ; Philippe II (Inv. 1577)11. Ce manuscrit est l’un des
180 qui furent confisqués par les Français vers 1749 après la prise de Bruxelles ;
il porte vers le bas du f. 2r le numéro « 105 » et, sur la reliure, le médaillon
chiffré de Louis XV. Il fut enlevé de nouveau en 1794 et restitué en 1815.
Traces d’estampilles effacées de la Bibliothèque Royale/Nationale de France
aux ff. 2r et 39r. Cartouches de la Bibliothèque de Bourgogne aux ff. 1r et 39r.
Estampilles de la KBR au v. de la garde sup., et aux ff. 1r, 2r, 10r, 32r, 39r.
Ajouts plus tardifs : au verso de la garde sup., un bibliothécaire bourguignon
du XVe s. a écrit : « C’est le debat des deux amans ». Note de G.-J. Gérard,
directeur de la Bibliothèque de Bourgogne, au f. 2r-v, m/q12. Au f. 2r,
inscription de l’abbé Sallier, bibliothécaire de Louis XV13. Deux inscriptions de
bibliothécaires plus tardives à la contregarde sup.,14 et en bas du f. 39r, et une
autre inscription sans doute de l’abbé Sallier : « Ce roman est de Christine de
Pisan ». Au f. 2r, en haut de m/p, trace d’une étiquette (?) collée enlevée.

5 Elle ne figure ni dans le premier recueil d’œuvres de Christine, Chantilly, Bibl. du Château, 492,
daté du 23 juin 1402, ni dans le deuxième, BnF, fr. 12779, à peu près contemporain, mais non daté.
6 Par exemple, comme le signale O. Delsaux, au v. 15 (f. 2v) le mot empris est changé par grattage en
pris [leçon des mss BnF, fr. 835 et Harley 4431], avec l’ajout d’un tiret pour combler le vide ainsi
créé. BnF, fr. 1740 et 12779 ainsi que Chantilly 492 gardent la leçon empris ; v. Delsaux 2008b,
pp. 683-684.
7 Le ms. ne figure pourtant pas dans l’inventaire des livres de Charles d’Albret dressé en 1409 ;
v. Stein 1902. Jean sans Peur dut s’en emparer lors de la prise de Paris en novembre 1408, ce qui
expliquerait sa présence dans la collection des ducs de Bourgogne, voir Lib. ducs Bourgogne 3, p. 214,
notice de T. Van Hemelryck.
8 Barrois 1830, n° 1353.
9 Barrois 1830, p. 278, n° 1952. L’inventaire de 1477 (Barrois 1830, nos 676-704) ne donne qu’une
liste partielle de ses livres (De Winter 1985, p. 117).
10 Michelant 1872, p. 323.
11 Marchal 1842, 1, p. cclxii, no 590. Le ms. figurait sous le no 528 dans l’inventaire de Sanderus, 509
dans celui de Franquen et 724 dans celui de Gérard.
12 « Ce volume, enlevé de la Bibliotheque Royale de Bourgogne [2v] après la prise de Bruxelles en
1746 et qui depuis lors a eté placé dans la Bibliotheque du Roi à Paris, a eté restitué par la France,
et replacé à Bruxelles dans la Bibliotheque de Bourgogne le 7 juin 1770 ». Comme le mot « après »
ne précise pas la date, nous adoptons celle de 1749 citée dans Marchal 1842, t. 1.
13 « Par Christine de Pisan, fille du Premier medecin de Charles .V. dit le Sage Roy de france qui a
composé la Vie de ce roy et d’autres ouvrages ».
14 « 39 feuilles sans compter la balade qui est au commencement du livre (XVIIIe ?) et Complet &
sans lacération (XXe). Cote 11034 » en haut du contreplat sup. et de la garde en parchemin
moderne et sur une étiquette de la KBR collée au contreplat sup.
{16} Bruxelles, KBR, 11034 369

DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (278 x 191 mm) : (I) + I + 39 + (I) + I. Le dernier
f. de garde solidaire de la contregarde inf. ; contregarde sup. en parchemin
moderne. Le parchemin, de couleur ivoire ou jaune, était à l’origine presque
sans défaut15 ; beaucoup de trous de ver se voient aujourd’hui sur les premiers
ff. jusqu’au f. 22 et d’autres, moins nombreux, aux ff. 33-39 et au f. de garde
inf. d’origine. Les feuillets, peu rognés, sont de dimensions assez inégales. La
première garde sup. d’origine porte au recto de nombreuses traces du cuir de
l’ancienne reliure. La règle du vis-à-vis est respectée sauf aux ff. 35-38, dont les
deux premiers sont disposés p/c et les deux derniers c/p.
Encres : marron foncé uniforme. Rubriques et crochets alinéaires rouge
foncé.
Préparation
Piqûres : de 1 à 4 piqûres maîtresses presque à chaque feuillet ; ce sont le
plus souvent de petites fentes, mais certaines sont ovales, d’autres sont faites à
l’aide d’un poinçon de section triangulaire.
Réglure : à la mine brunâtre, qui laisse des traces uniformes. Les deux
premières et deux dernières LR se prolongent jusqu’au bord du f., les autres
s’arrêtant plus ou moins loin après les lignes maîtresses verticales. Le f. 1v, qui
renferme la ballade, a été réglé séparément, toujours à la mine brunâtre.
Mise en page
[ballade, f. 1v] : 279 x 189 mm = 33 + 187 + 60 x 42 + <5 > + 3 + <99> +
35,5 mm. Justification 187 x 110 mm ; 37 longues lignes. La ballade est bien
calibrée, finissant à la dernière LR.
[f. 6r] 278 x 191 mm = 36 +167 + 75 mm x 34,5 + <6,5> + 4 + <95> +
51 mm. Justification 167 x 105,5 mm ; 27 longues lignes, parfois 28. Le texte
est, lui aussi, bien calibré, finissant à la dernière LR du f. 39r.
Organisation
Cahier Feuillets Signature
11 1 (ballade de dédicace)
28 2-9
38 10-17
48 18-25
58 26-33 (traits)
66 34-39
Signatures : la seule signature conservée consiste en quatre traits verticaux
tracés à la mine de plomb au f. 33r (dernier f. de ce qui était le 4e cahier avant
l’adjonction du feuillet portant la dédicace).
Réclames : de la main soignée du texte en m/q alignées à peu près sur la fin
de la colonne d’écriture.
15 Au f. 11r, deux déports rouges de pied-de-mouche ; autres taches rouges aux ff. 21v, 24r, 26r, 28r,
taches brunes et d’humidité aux ff. 21v, 22r. Une déchirure dans la garde sup. s’est sans doute
produite quand elle fut détachée de la reliure antérieure.
370 Debat de deux amans

Foliotation : moderne, au crayon.


Travail d’écriture
Texte : Main X.
Style : cursive calligraphique assez contrôlée ; peu de
e cornus en dehors des corrections. Malgré la sobriété du
style, les lettres situées en première ligne sont souvent plus
exubérantes : les hampes prolongées et décorées de petits
traits, les jambages des M et N remplis parfois de dessins
géométriques simples16, et tout au long du ms., des courbes
de majuscules qui se déploient dans la marge généreuse
laissée à gauche. L’écriture de la dédicace, de la même
main, est un peu plus petite et plus serrée.
F. 4v © Bruxelles, KBR
Ponctuation : la seule marque de ponctuation signale la fin d’un
enjambement17. Les signes prédominants sont des barres de scansion qui se
trouvent dans la plupart des décasyllabes, sauf vers la fin où elles se font plus
rares. Elles prennent le plus souvent la forme d’un petit trait fin à l’encre brune,
généralement oblique, plus rarement vertical. L’espace un peu plus large qui est
souvent prévu pour ces barres semble indiquer qu’elles sont contemporaines de
la copie. On voit aussi parfois, après la 4e syllabe, deux traits croisés en forme
de X, ce qui pourrait correspondre à une seconde vérification du nombre des
syllabes18.
Corrections : Main X, peu nombreuses. Quelques mots corrigés sur
grattage19, quelques autres ajoutés en interligne20. Un mot barré pour corriger le
mètre21. Une graphie modifiée : avec devenant avecques22. À noter des petits traits
en marge qui semblent signaler des corrections à faire23.
Rubrique : une seule, Main X.
Décoration : atelier « aux échancrures ».
Lettrine : f. 2r : P rose (4, avec prolongement marginal sur 3 lignes) à
remplissage de vigneture en spirale sur or, avec prolongement de vignetures et
brin.
Lettres champies de deux lignes : quatre en tout24.

16 Voir p. ex. ff. 24v, 31r.


17 Au f. 31r l. 6, à la fin du mot veritable\ment ; ce vers porte aussi une barre de scansion après la 4e
syllabe.
18 V. par exemple ff. 2v ll. 24 et 26 ; f. 3r l. 9 ; f. 17v l. 23.
19 Bataillie au f. 15v l. 8, celle au f. 16r l. 5.
20 Trop au f. 6v l. 18, que au f. 36v l. 3
21 Point au f. 27r l. 12.
22 F. 9r l. 21.
23 F. 15r l. 7 : le mot Q(uan)t corr. avec l’ajout d’un signe d’abréviation ; f. 17r l. 4 : le mot Sont est
corr. sur grattage ; f. 20v, dernière l. : aucune correction faite dans ce vers, qui est hypométrique
(Et en mains cas autres toutesvoies) ; f. 29r l. 20 : grattage couvert d’un tiret ; 32r l. 9 : le mot aver corr.
sur grattage.
24 Aux ff. 10r (v. 425), 18v (v. 909), 20v (v. 1005), 37r (v. 1913).
{16} Bruxelles, KBR, 11034 371

Pieds-de-mouche en rouge25.
Illustration : atelier du Maître du Couronnement de la Vierge26.
F. 2r, avant la rubrique, 150 x 100 mm. Remise par Christine de son ouvrage au duc
d’Orléans. Christine présente un rouleau à Louis d’Orléans, le dédicataire originel
du poème, qui trône sur un siège curule sous un dais fleurdelisé au lambel. Le
rouleau de Christine porte des lignes d’écriture feinte. Deux conseillers sont
debout derrière le duc, dont l’un, qui porte un bâton torsadé sur l’épaule27, est
particulièrement mis en valeur. Christine, agenouillée, désigne deux hommes
sur la dr. aussi agenouillés. On note l’abondance de détails par rapport au
frontispice du BnF, fr. 1740, semblablement peint en grisaille sur fond en
réserve : chevelures, chapeaux, franges des habits, col de cotte de mailles du
duc. Les visages sont plus travaillés et rehaussés de rouge. Le sol vert délavé
occupe entre le quart et le cinquième de l’image. Le cadre fin d’or bruni est
souligné d’encre noire28.
Reliures : maroquin rouge à trois filets d’or aux armoiries de Louis XV. Dos à
5 monogrammes de Louis XV précédés d’une cartouche à palmette en haut et
de deux cartouches à palmettes en bas. Titre au dos en letttres dorées :
« DEBAT / DES 2 / AMAN ». Les inventaires de la Librairie de Bourgogne de
1467-1469 et de 1485-1487 font état d’une couverture en cuir rouge ; le
deuxième inventaire précise que la reliure comportait « deux cloans de leton »29.
Dans l’inventaire des biens de Charles-Quint, la reliure est décrite comme « une
vielle couverte rouge »30 ; l’inventaire de 1577 porte la même description31.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Love Debate Poems 1998, p. 54. Cockshaw 1986, pp. 14-15, n° 7. Delsaux 2008b. De
Winter 1982, pp. 349-351 et fig. 1. Doguer et Debae 1967, n° 151. Gaspar et Lyna, II, pp. 10-11,
n° 202 et pl. CXVI b. Laidlaw 1987, p. 42. Lib. ducs Bourgogne 3, pp. 210-215. Livre au féminin, p. 8,
n° 2. Schaefer 1937, p. 169 et pl. 57. Van Hemelryck 2009.

25 101 en tout, 4 de plus que dans le ms. BnF, fr. 1740. Ils sont précédés de deux traits en diagonale
et sont plus uniformes que ceux du ms. de Paris. Comme le remarque O. Delsaux (2008b, pp. 692-
693), ils semblent avoir été préparés en deux temps : alors que la plupart sont préparés par une
double ligne diagonale en brun, quelques-uns sont préparés par un double trait diagonal en rouge
(ff. 26r, 28v, 31r-v, 32v ; 7 marques en tout). L’ajout de nouvelles marques correspondrait au
changement de destinataire.
26 De Winter 1982, p. 349, n. 27 ; le dessin rapide et cru n’a pas la précision et l’effet de modelé
habituels du maître ; v. Paris 1400, p. 232.
27 Il doit s’agir du bâton de maréchal – l’attribut du connétable étant l’épée – ce qui semble prouver
que le ms. était originellement destiné à Louis de Sancerre, qui avait la double charge de maréchal
et de connétable. Dans le ms. BnF, fr. 1740, le duc est sans entourage. Sur la ressemblance du
personnage avec le gisant de Louis de Sancerre à Saint-Denis, v. Delsaux 2008b, p. 689.
28 Au f. 1v, déport de l’encre noire du cadre, de la vigneture et de la lettrine de la page en vis-à-vis.
29 Barrois 1830, pp. 197 et 278. Les deux inventaires ne donnent pas exactement le même titre ; celui
de 1467 indique que le titre « C’est le livre du Debat de deux amans » est inscrit sur le dos ; le
deuxième donne « Le livre du Debat de deux Amans » sans préciser où figure ce titre. V. aussi Cat
KBR, t. 1, p. CCLXII.
30 Michelant 1872, p. 323.
31 Bruxelles, KBR, 11675-76, f. 190v, n° 590.
Dit de la pastoure
Introduction
Paris, BnF, fr. 2184 {17}
Chantilly, Bibl. du Château, 493 (recueil) {2}
Paris, BnF, fr. 12779 (recueil) {3}
Paris, BnF, fr. 836 (recueil) {6}
Londres, BL, Harley MS 4431 (recueil) {13}

Le Dit de la pastoure, composé en mai 1403 et ajouté aux premiers recueils de


Christine (Chantilly, Bibl. du Château, 492 et Paris, BnF, fr. 12779), se trouve
dans tous les recueils et isolément dans un seul ms. : BnF, fr. 2184. À la
différence des copies se trouvant dans les recueils, cet exemplaire, copié par R,
ne comporte pas d’enluminure. Comme le premier et le dernier feuillets sont
très salis, on peut penser qu’il est resté pendant un certain temps sans reliure.
Rien ne permet de deviner qui en fut le premier possesseur. Ce ms. présente
une caractéristique qui ne se rencontre dans aucun des autres volumes sortis de
l’atelier de Christine : l’ajout sur certains folios (1-16 et 43) d’une colonnette
réservée aux pieds de mouche1. L’ornemaniste qui a décoré le premier feuillet
de façon assez modeste va déployer ses talents dans la majorité des manuscrits
de la Mutacion, dans ceux du Charles V et dans deux des trois exemplaires de
l’Advision Cristine.
L’inventaire du duc de Bourgogne (1487) fait état d’un autre exemplaire
ainsi décrit :
Ung autre livret couvert de cuir grisâtre, à un cloant de léton, intitulé Le Dit de la
Pastoure, comenchant ou second feuillet, Que jamais jor n’avieront, et finissant ou
derrenier, vaillant et des preux amé (Barrois 1830, n° 2128.)
On ne sait pas, pour autant, à quelle date cet exemplaire aurait été produit ; il
est aujourd’hui perdu.

1 Ff. 1-16 et 43.


F. 1r © Paris, BnF
{17} Paris, BnF, fr. 2184
Le dit de la pastoure

CONTENU
Ff. 1r-v « Cy commence le dit de la pastoure. Prologue. Moy de sagece pou duite // Ja p(ar)
maintes fois deduite …–… Si diray le sentement // En rimant p(rese)ntement ».
Ff. 1v-45v « Entendés mon adventure // Vrais amans p(ar) adventure …–… Entre les bons est
clamé // Vaillant et des preux amé Explicit le dit de la pastoure »1.

HISTOIRE
Date : vers 14032.
Possesseurs : Colbert (cote au f. 1r : 5239). Sa collection entra à la
Bibliothèque du roi en 17323. Cote ancienne, f. 1r : 79935 (Regius).
Ajouts plus tardifs : essais de plume biffés (XVIIe s.) aux ff. 7r, 8r4. Le numéro
21, sans doute contemporain de la reliure, figure trois fois sur les contregardes,
dont une fois à l’envers (comme vu en transparence) et une autre fois tête-
bêche. Collés à la contregarde sup. : vignette de la BnF portant la cote et un
rectangle de papier en-dessous duquel s’aperçoivent des traces d’écriture.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (236 x 164 mm)5 : (I) + 45 + II6 + (I). Le parchemin,
assez jauni, et très bruni et gondolé au début et à la fin du manuscrit, a
visiblement souffert de l’humidité7. Les premier et dernier folios sont très salis.
Les feuillets, assez inégaux, n’ont pas été rognés lors de la reliure. La règle du
vis-à-vis est presque toujours respectée8.
Encres : brun foncé uniforme pour le texte ; l’encre rouge de la seule
rubrique est très effacée.
1 L’explicit se trouve à la dernière LR.
2 L’œuvre est datée de mai 1403. Les variantes du texte le rapprochent des premières versions,
rajoutées aux recueils Chantilly, Bibl. du Château, 492 et BnF, fr. 12779 ; certains vers corrigés sur
grattage ici, mais pas dans les recueils permettent de penser que ce manuscrit est légèrement
antérieur à ceux-ci. La vigneture, très proche de celle du manuscrit du ms. Vat., reg. lat. 920 {30}, a
peut-être été réalisée à la même époque, c’est-à-dire vers 1404-1405.
3 Estampille Josserand-Bruno n° 5, mais mesurant 31 mm au lieu des 32 mm indiqués par ces
auteurs. Josserand-Bruno datent l’usage de cette estampille de 1700-1724 ; le Cat. gén. mss lat. 8823-
8921, XX, la date d’« avant 1735 ».
4 Au f. 7r : « Madam …e[ ? ] » ; « Mad » ; au f. 8r : « A de ».
5 Contregardes en parchemin. Une claie de parchemin est visible sous la contregarde sup.
6 Les deux gardes d’origine sont réglées mais inemployées ; elles ont été numérotées 46 et 47.
7 Ff. 1-4, 46-47. Le verso du f. 47 porte des traces rouges de deux estampilles de même taille que
celle qui subsiste. Les ff. 17v et 18r sont tachetés de marques de poil.
8 Sauf pour les ff. 33-34, disposés c/p, et les ff. 41 et 42 disposés p/c ; le f. 33 est déplacé – il devrait
se trouver entre les ff. 41 et 42 ; la réclame au f. 32v correspond au début de l’actuel f. 34.
376 Dit de la pastoure

Préparation
Piqûres : de une à quatre piqûres maîtresses par feuillet, faites à l’aide d’un
poinçon de section triangulaire ; mais la réglure s’en écarte souvent. De plus, à
quelques ff., deux piqûres triangulaires pour marquer des interlignes vers le
milieu de la page, situées à trois interlignes d’écart.
Réglure : à la mine de plomb qui laisse des traces grises le plus souvent
fines9.
Mise en page (f. 5r) : 236 x 164 mm = 27 + <163> + 46 x 25 + <5,5> +
6 + 92 + 35,5 mm. Justification 163 x 103,5 mm ; 26 longues lignes, 25 au
troisième cahier et au f. 42r. L’écriture commence sous la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signature Cahier Feuillets Signature
18 1-8 a 48 25-32 d
28 9-16 b 58 34-41 E
38 17-24 C 67 33♥, 42-47 f
Signatures : Main E, à l’encre noire, faites d’une lettre suivie d’un chiffre
romain de .j. à .iiij. Chaque cahier en porte la série complète ; celles du troisième
cahier sont rognées. Au f. 27r, d .iiij. est barré et remplacé à côté par d .iij.
Réclames : Main R, alignées sur la ligne de droite de la justification, l’une
d’elles est soulignée, une autre paraphée10. Contrairement aux habitudes de R
par la suite, ces réclames sont relativement longues, représentant, à partir de la
deuxième au f. 16v, le vers entier qui suit.
Foliotation : moderne, à l’encre.
Travail d’écriture
Texte : Main R.
Style : minuscule semi-cursive assez irrégulière.
Ponctuation : aucune.
Corrections : Main X, sur grattage, d’une encre plus foncée : trois vers
ajoutés en marge11, plusieurs mots réécrits sur grattage12 ; quelques nota bene de
la même encre foncée que les ajouts13.

9 Le verso des ff. 1-16 et 43 présente un trait vertical supplémentaire en m/g qui crée une colonne
d’entre 11 et 20 mm destinée à encadrer les pieds de mouche. Au f. 43r, une colonne
supplémentaire est tracée en m/g, mais on voit mal sa fonction. D’ailleurs, les deux derniers
interlignes du premier cahier ne portent pas d’écriture. Dans les 2e et 6e cahiers, un espace d’une
dizaine et d’une vingtaine de millimètres, respectivement, est laissé en blanc entre la dernière LE et
la dernière LR.

Le f. 33, qui porte la signature f .j., est un f. indépendant mal placé ; il devrait constituer le premier
f. du 6e cahier ; v. note 8.
10 Aux ff. 41v et 16v, respectivement. Différences orthographiques : f. 16v, réclame : menour ; f. 17r,
texte : meneur ; f. 41v, réclame : langoureux ; f. 33r, texte : languoureux. V. note précédente.
11 Ff. 2v, 21v, 39r.
12 Par ex., ff. 2r l. 7 p(ro)poz et l. 15 po(ur) de pourmenees (vv. 58, 66) ; f. 2r l. 21 cure (v. 72) ; f. 3r l. 25
essayoye (v. 128) ; f. 25r l. 16 m’en vois (v. 1242) ; f. 30v l. 1 en parlasse (v. 1514) ; f. 35v l. 2 Je ne
(v. 1716) ; f. 40r l. 9 voy ajouté en interligne (v. 1942 [rajout signalé par deux petits points en
marge]).
13 Ff. 18v, 19v, 26r, 30r, 37r.
{17} Paris, BnF, fr. 2184 377

Rubriques : une seule rubrique rouge au début, de la main X ; un interligne


est laissé entre le prologue et le texte, mais non rempli. Chaque intermède
lyrique est précédé d’un titre de l’encre du texte14.

F. 24v (titre Bergierete Main R) © Paris, BnF

Décoration : ornemaniste « aux brins de fantaisie ».


Lettrine : f. 1r, début du prologue : M bleu (3) sur or, à remplissage de
demi-palmettes. Lettre prolongée par deux fils de vignetures à feuilles or et
fleurs bleues stylisées.
Lettres champies : de deux interlignes.
Pieds de mouche champis.
Reliure : maroquin rouge aux armes royales avec triple filet d’or ; au dos : cinq
chiffres d’or : deux « L » entrelacés, surmontés d’une couronne et d’une étoile ;
titre « LE DIT DE LA PASTOUR » (sic). En haut et en bas du dos : feston de
fleurs de lys et de palmettes en alternance.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Œuvres poétiques 1886-1896, 2, pp. 19-20. Ouy 1985.

14 Ff. 13r, 24v : Bergierete ; f. 31r : Balade a responses ; ff. 39v et 41v : Balade ; f. 40v : Rondel.
Chemin de lonc estude
Introduction
Bruxelles, KBR, 10983 [F] {18}
Chantilly, Bibl. du Château, 493 (recueil) [L] {2}
Bruxelles, KBR, 10982 [A] {19}
Paris, BnF, fr. 1643 [B] {21}
Paris, BnF, fr. 1188 [D] {20}
Paris, BnF, fr. 836 (recueil) [C] {6}
Londres, BL, Harley MS 4431 (recueil) [R] {13}

Il susbsiste sept exemplaires originaux du Chemin de lonc estude, dont trois (C,
L et R) dans des recueils : Bruxelles, KBR, 10982 (A), Paris, BnF, fr. 1643 (B),
Paris, BnF, fr. 836 (C), Paris, BnF, fr. 1188 (D), Bruxelles, KBR, 10983 (F),
Chantilly, Bibl. du Château, 493 (L) et Londres, BL, Harley MS 4431 (R)1.
Tous les exemplaires du Chemin sont illustrés d’un programme : de quatre
enluminures dans les deux premiers exemplaires jusqu’à huit dans les deux
derniers ; un exemplaire de luxe comportant seize enluminures fut projeté,
comme en témoigne le BnF, fr. 1643, mais on ne sait pas s’il fut jamais réalisé2.
À l’exception des recueils C et R, qui présentent les mêmes huit enluminures,
aucun manuscrit du Chemin n’a exactement les mêmes sujets d’enluminure que
les autres.
D’après le prologue, les premières copies du Chemin furent destinées au roi
et à un nombre non spécifié de ducs :
A vous, bon roy de France redoubtable,
Le VIe Charles du nom nottable,
Que Dieu maintiengne en joye et en santé,
Mon petit dit soit premier presenté […]
Et puis a vous, haulx ducs magniffiez (vv. 9-12, 15)
Charles apparaît d’ailleurs dans la première enluminure de présentation qui
accompagne tous les manuscrits.

1 Nous utilisons les sigles de l’édition Tarnowski (2000), qui reprend ceux de Püschel (C de P,
Chemin 1887) et de Laidlaw 1987.
2 V. notice et Ouy et Reno 2000.
380 Chemin de lonc estude

L’on sait, grâce aux recherches préliminaires du premier éditeur Robert


Püschel, développées par James Laidlaw (1987) et poursuivies par Andrea
Tarnowski dans son édition, que les manuscrits F et L sont les plus anciens
témoins qui subsistent. Aucun des deux, pourtant, ne semble pouvoir être
associé au roi : F fut présenté en toute probabilité à Philippe le Hardi, L fait
partie du recueil sans doute présenté à la reine Isabeau (v. notice Chantilly 492).
F et L sont les seuls à contenir les vers 229-234 qui manquent dans les
autres originaux, visiblement à la suite d’un saut du même au même (les vv. 229
et 235 commençant pas le mot Mais) fait dans l’exemplar qui leur aurait servi de
source. De plus, F et L sont les seuls témoins à contenir les vv. 1439-1442, qui
sont absolument essentiels à la compréhension du texte puisqu’ils parlent de
deux des quatre fleuves du Paradis terrestre. Ces vers auraient donc aussi
manqué dans l’exemplar utilisé. F et L sont, en outre, les seuls témoins à contenir
les vv. 5269-7520.
En revanche, F et L omettent des vers qui se trouvent dans tous les autres
manuscrits originaux : 1784, 1786, 2249-2250, 2971-2972, et 4011-4020. Tous
les deux présentent, d’ailleurs, la leçon nouvellement au vers 36, où les autres
manuscrits originaux ont presentement. Ils ont aussi, pour les vers 4483-4484 et
4633, une version différente de celle qu’on trouve dans ces autres témoins :
Que quant il ot par ses effors // Com preux chevalereux et fors (F)
(L) Quant il eut par ses effors // Com preux chevalereux et fors (L)
Qui tant estoit vaillant et fors // Que quant il ot par ses effors (ABCDR)
vv. 4483-4484
De vertus, pour quoy vous tant (F)
De vertus, et pour quoy vous tant (L, corrigeant l’hypométrie)
De vertus, pour quoy delictant (ABCDR) v. 4633
Même si F et L ont un texte presque identique, celui de F paraît légèrement
antérieur, en raison notamment de plusieurs vers hypométriques3 et de leçons
fautives4 qui sont corrigées dans L. Le ms. F est d’ailleurs le seul témoin à
contenir, au f. 21r, deux vers barrés après le v. 1330 : Qu’ilz se puissent entre eulz
deffaire // Sy n’y ait (crest)ien que faire, dont on ne voit aucune trace dans les autres
manuscrits originaux et qui ont donc dû être supprimés.
Les enluminures des manuscrits F et L témoignent aussi d’une légère
différence. Chacun en contient quatre, dont l’emplacement et le sujet sont
identiques pour les trois premières, mais différents dans le cas de la dernière.
Dans F, la quatrième et dernière enluminure se trouve avant le v. 1569 et
représente la montée de la Sibylle et de Christine au ciel. Ce sujet ne se trouve

3 Vv. 1447, 1556, 1643, 2147, 3182.


4 Vv. 246 : langue corr. en longue ; 3746 : noble corr. en noblece ; 4037 : sont corr. en seront.
Introduction 381

pas dans L, la dernière enluminure se plaçant avant le v. 2049 et figurant


Christine et la Sybille devant la cour de Raison au ciel.

Comme l’indique l’édition Tarnowski, ce sont les mss F et L qui


représentent le plus grand nombre de variantes par rapport au ms. de base,
Harley 4431, qui est le témoin le plus récent. Leur nombre important et
l’homogénéité relative du texte des manuscrits A, B, C, D et R permettent de
penser que Christine avait préparé un deuxième exemplar du Chemin sur lequel
les cinq autres témoins originaux ont été élaborés. Il devait être prêt déjà en
1403, car le ms. D fut présenté au duc de Berry en mars de cette année. D’après
le texte de ces cinq témoins, on peut déduire que l’exemplar omettait notamment
les vv. 1439-1442, qui présentent les deux derniers des quatre fleuves du Paradis
terrestre, mais ajoutait les vers 1784, 1786, 2249-2250, 2971-2972, 4011-4020 et
5269-5270, et, parmi d’autres modifications, une nouvelle version des vers
4483-4484 et 4463.
Les cinq manuscrits qui relèvent du nouvel exemplar diffèrent aussi par le
nombre d’illustrations et de rubriques.

Le ms. KBR 10982 (A) est sans doute le plus ancien de ces témoins,
présentant le plus grand nombre de variantes par rapport à R. Ce témoin est
agrémenté de six enluminures, dont cinq (les 1re, 3-6e) reprennent les mêmes
scènes que dans les mss F et L réunis. La deuxième enluminure, par contre,
introduit une scène familière5 mais insolite par rapport aux mss du Chemin :
Christine dans son étude, scène qui figure au f. 2r juste avant la rubrique
liminaire (Ci commence le livre…). Curieusement, cette scène ne sera reprise – en
théorie – que dans un exemplaire de luxe projeté6, les autres témoins ayant
comme deuxième enluminure, comme F et L, la visite de la Sibylle au chevet de
Christine (avant le v. 451). Le ms. A contient aussi deux vers ajoutés par
Christine (952-953) qui ne seront repris dans aucun autre témoin ; ceux-ci sont
insérés en marge au f. 16r : Toute plaine elle est d’ennemis // folz est qui celle part c’est
mis.

5 On retrouve la même scène au début de tous les exemplaires des Cents Balades, de la Mutacion de
Fortune, de l’Advision Cristine, et du Livre de paix (un seul ms. KBR 10366 {53}), et dans un des
témoins du Corps de policie (Arsenal 2681 {47}). Une scène comparable, qui montre Christine au
travail mais en compagnie de figures allégoriques, ouvre la plupart des manuscrits de la Cité des
dames, et des deux témoins originaux des Fais d’armes et de chevalerie.
6 V. notice BnF, fr. 1643.
382 Chemin de lonc estude

On remarque, enfin, que A contient de fines barres


de scansion dans les vers décasyllabiques du prologue,
ce qui correspond à l’hypothèse qu’il représente une
version remaniée du poème dont il fallait revérifier le
mètre.

F. 2r (barres de scansion) © Bruxelles, KBR

Le manuscrit B est une anomalie parmi les manuscrits originaux de


Christine, étant le seul à ne pas être écrit par un de ses copistes attitrés, mais par
un des secrétaires de Louis d’Orléans et précepteur de ses enfants, Nicole
Garbet7. Ce manuscrit, dont les peintures n’ont jamais été ajoutées, est en fait
double, car il contient le projet d’une édition de luxe, apparemment destinée par
Louis d’Orléans à son oncle le duc de Berry8, dont on ne sait s’il fut jamais
réalisé. Comme l’indiquent les variantes de l’édition Tarnowski, le manuscrit B
transmet un texte pratiquement identique à celui de A, et il aurait donc été
copié soit sur lui, soit sur un exemplaire très proche9. On remarque toutefois
que B, dont les enluminures n’ont jamais été peintes, en aurait contenu le même
nombre que D – cinq –, dont quatre au même endroit et la cinquième à
l’emplacement de la sixième dans A. Le manuscrit B contient un nombre de
mélectures qui, selon O. Delsaux, est à peine plus élevé que le nombre de celles
commises par les copistes P et R10. En outre, Garbet introduit de nombreuses
modifications syntaxiques et morphologiques qui reflètent les préférences du
copiste, par exemple qui à la place de que et vice versa, lui au lieu de les, les à la
place de leur, m’i au lieu de me11. Il est intéressant de constater que la main X a
corrigé ce manuscrit avec un soin frisant l’hypercorrection, sans doute pour
compenser le fait qu’il n’avait pas été copié sous son contrôle. On note, par
exemple, qu’elle corrige primierement dans le v. 5606 en premierement, alors qu’elle
écrit elle-même primierement et primiere dans le ms. BnF, fr. 5025 {29}12. On
remarque, enfin, que le ms. B comporte certaines corrections communes à D ;
celles-ci sont suffisamment nombreuses pour conclure qu’ils ont subi au moins
une campagne de correction commune13. Les deux manuscrits portent, en

7 Champion 1910, p. xviii et Ouy et Reno 2000.


8 V. notice.
9 Delsaux 2010-2011, pp. 268-271.
10 Ibidem, annexe 44, pp. clxvi-clxvii.
11 Delsaux 2010-2011, 2, p. 211 et 3, annexe 44.
12 V. ibidem, 2, p. 270 pour d’autres exemples.
13 V. notice BnF fr. 1643, note 1.
Introduction 383

outre, au v. 28, un soulignement commun des mots a moy femme qui n’est sans
doute pas le fait du hasard.
Le ms. D (BnF, fr. 1188) est le seul de nos témoins dont la date de
présentation soit sûre : 20 mars 1403, comme en fait foi l’inventaire de 1413 de
la collection de Jean de Berry14. C’est ce manuscrit que Mlle Solente avait choisi
comme base pour l’édition du Chemin qu’elle préparait à la fin de sa vie15. Le
manuscrit n’est pas sans défaut, pourtant ; il est lacunaire des 42 derniers vers,
et l’édition Tarnowski fait état de plusieurs mélectures imputables au copiste,
car elles sont propres à ce manuscrit : parfaittes à la place de prophetes au v. 524 ;
le à la place de les au v. 544 ; fontanta au lieu de fontaine au v. 815 ; la répétition du
mot a au v. 1088 ; de à la place de des au v. 1831 ; souverainentent pour
souverainement au v. 1960 ; descendent au lieu de deppandent au v. 2055 ; aperceue au
lieu de congneue au v. 2213 ; corps à la place de cuers au v. 2679 ; ce faites au lieu de
ci estes au v. 2861 ; doubter au lieu de dompter au v. 3178 ; dollirent au lieu de tollirent
au v. 3603 ; enqueste au lieu de acqueste au v. 3696 ; serions au lieu de seriez au
v. 4081, monde au lieu de noble au v. 4180 ; ot au lieu de ont au v. 5049 ; changons
pour chançons au v. 5289 ; murmure pour commune au v. 6086 (détruisant ainsi la
rime avec chacune au v. 6085). Les cinq enluminures de D présentent une
nouveauté aussi : la dernière enluminure (La cour de Raison au ciel) appparaît plus
tard dans le texte, au v. 2810 ; cet emplacement sera suivi dans les deux derniers
témoins, C et R.

L’édition du Chemin (C) qui ouvre le deuxième volume du recueil du Duc


(BnF, fr. 836) contient peu de changements textuels par rapport aux manuscrits
antérieurs A, B, et D. En revanche, le recueil présente une version plus
luxueuse de l’œuvre, agrémentée de nouvelles rubriques16 et de huit
enluminures, dont trois nouvelles. Alors que dans les manuscrits précédents, la
visite à la cour de Raison est illustrée par une seule image, elle est ponctuée ici
de quatre enluminures (aux vv. 1781, 2253, 2807 et 6273) qui mettent en valeur
cette partie du récit. La première de ce groupe est sans doute la plus
spectaculaire : on y voit Christine et la Sibylle debout au firmament, au milieu
de plusieurs cercles d’étoiles où figurent le soleil et la lune, le tout ourlé de
nuages. Quand on examine l’enluminure à l’aide d’une loupe, les étoiles, le soleil
et la lune se détachent pour créer un effet multidimensionnel qui a dû
émerveiller le lecteur médiéval. Les deux nouvelles autres enluminures
montrent Raison assise sur son trône (alors que le trône est vide dans la

14 Guiffrey 1894-1896, 1, pp. 243-244, n° 932.


15 Laidlaw 1990, p. 89.
16 Treize prévues, dont onze exécutées. À titre de comparaison, le ms. D en a sept et laisse de
l’espace pour deux autres ; le ms. A en a sept et un espace en blanc.
384 Chemin de lonc estude

dernière enluminure des mss L, D et A)17, et, en dernier lieu, Christine


agenouillée devant Raison, accompagnée de la Sibylle, qui la lui présente.

Notre dernier exemplaire (R), qui occupe les ff. 178-219v du recueil de la
Reine, montre les mêmes histoires que C, celles-ci situées aux mêmes endroits
(avant les vv. 61, 451, 787, 1569, 1781, 2253 et 6270). Toutefois, le nombre de
rubriques a été considérablement enrichi, surtout dans la deuxième moitié du
texte : vingt et une rubriques ponctuent le texte, et un espace est réservé pour
une vingt-deuxième au f. 178a (début du prologue)18. Quelques-unes de ces
rubriques ont été ajoutées en marge, ce qui suggère que leur addition
correspond à une arrière-pensée visant à guider le lecteur tout en embellissant la
page écrite19. Cet exemplaire présente un exemple fascinant de changement
textuel qui trahit une motivation politique de la part de l’auteur/copiste : ainsi,
au v. 3697 (f. 202b) les mots Et phelippe sont ajoutés sur grattage devant duc de
Bourgogne pour remplacer la leçon de tous les manuscrits précédents, le tres noble
[duc de Bourgogne], qui aurait été interprétée comme un éloge du duc actuel, Jean
sans Peur, que Christine efface littéralement ici en faveur de son père
défunt. L’on constate, enfin, dans cet exemplaire du Chemin, comme dans
d’autres ouvrages20 du recueil Harley, des retours à des leçons des premiers
manuscrits ; par exemple, au v. 1305, Et ancor vouloye revient à la leçon de L21 ;
au v. 1982, Christine revient à l’ordre des mots bien et bel préféré dans les mss F
et L, remplaçant bel et bien qui avait eu sa préférence dans les mss
intermédiaires (ABCD) ; au v. 2180, elle revient à l’utilisation du passé vint,
préféré dans L, à la place de vient dans ABCDF ; au v. 2333, elle revient à draps a
armoiries, leçon de F et L, pour remplacer draps armoriés des mss intermédiaires
ABCD ; au v. 3023, elle reprend la leçon de F et L (mon [lengage]) qui avait été
remplacée par leur dans ABCD.

17 Cette scène est absente du ms. F, la dernière enluminure montrant la montée au ciel de Christine et
de la Sibylle.
18 C a onze rubriques, avec un espace laissé pour deux autres ; v. Laidlaw 1990, p. 88.
19 Voir f. 202b, rubrique ajoutée en m/g avant le v. 3721 et ff. 198b, 200d, 203a, 204d, rubriques
ajoutées en m/t avant les vv. 3067, 3455, 3839, 4083. D’autres rubriques insérées en m/t sont le
résultat d’un espace insuffisant laissé après l’enluminure : voir ff. 183a, 188a, 192d, 196c, 218d.
20 Voir par exemple Delsaux 2010-2011, 3, annexe 50 et Reno 1995.
21 Les mss ABCDF donnent la variante Car encor voulz je.
F. 1r © Bruxelles, KBR
{18} Bruxelles, KBR, 10983
Le livre du chemin de lonc estude

CONTENU
Ff. 1r-2r « Prologue1 Tres excellent majesté redoubtee // Illustre honneur en dignité montee
…−… Si vous plaise l’ouir et l’escouter // Ou / quoy / comment / que c’est / vueilliez noter ».
Ff. 2r-96v « Ci commence le livre du chemin de lonc estude Comme fortune perverse //
M’ait esté long temps diverse …−… Qui du gesir tant s’esmerveille // Car tart estoit et je
m’esveille Explicit le livre du chemin de lonc estude ».

HISTOIRE
Date : vers 1403. Avec Chantilly 493, ce ms. présente la première version du
texte2 ; l’état du texte paraît légèrement antérieur à celui de Chantilly3. La
décoration à filigranes est caractéristique des plus anciens mss de Christine4,
ainsi que les signatures en rouge.
Possesseurs : Philippe le Hardi (Inv. 1404)5 ; Jean sans Peur (Inv. 1420)6 ;
Philippe le Bon (Inv. 1467-1469)7 ; Charles le Téméraire (Inv. 1485-1487)8 ;
Maximilien Ier ; Charles-Quint (Inv. 1536)9 ; Philippe II (Inv. 1577)10. Aux ff. 1r
et 96v, cachets de la BN11 où le ms. avait été transféré vers 1793 ; il fut restitué
en application du second traité de Paris (nov. 1815).

1 Le mot Prologue est ajouté en m/t sans réglure.


2 Laidlaw 1990 et C de P, Chemin 2000 ; par exemple nouvellement (f. 1v, v. 37). Gaspar et Lyna
(p. 436) optent pour une date plus tardive (vers 1407) en invoquant certains détails des
enluminures (cheveux rondis mis à la mode vers 1407, poulaines qui auraient disparu vers la
même époque), mais ces arguments ne paraissent pas décisifs.
3 Voir Introduction à cette section.
4 Chantilly, Bibl. du Château, 492 ; BnF, fr. 12779.
5 De Winter 1985, n° 63. En fait, cet érudit croyait (1985, pp. 218-219) qu’il s’agissait du
ms. 10982 en raison de l’abondance relative des enluminures. Mais comme le pensaient
Ch. C. Willard (1985, p. 454) et A. Tarnowski (C de P, Chemin 2000, p. 64), le ms. 10983 de
Bruxelles, le plus ancien des deux, est très probablement celui qui figure dans l’inventaire de
1404.
6 Doutrepont 1906, n° 131. Cet inventaire se trompe sur le nombre d’enluminures : « Item,
ung autre livre semblable, escript en parchemin, de lettre courant, et rymé, à une histoire,
commençant ou IIe fueillet Mais ne veuilliez, et ou derrenier En escript, couvert de cuir rouge
marqueté, garni de II fermouers en laton. »
7 Barrois 1830, n° 1573.
8 Barrois 1830, n° 1825.
9 Michelant 1872, p. 310.
10 Marchal 1842, 1, p. cclx, n° 472. Le ms. figure ensuite dans les inventaires Sanderus en 1643
(n° 419), Franquen en 1731 (n° 345) et Gérard en 1797 (n° 714).
11 Josserand-Bruno n° 17, daté de 1792-1802.
388 Chemin de lonc estude

DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (280 x 190 mm) : (I, papier) + 96 + (I, papier)12. La
peau, jaunâtre, présente des lisières13, de nombreuses coutures14 et plusieurs
trous15, dont certains avaient été bouchés avec des pièces de parchemin16 ; de
nombreux trous de ver aux premiers et derniers ff. La règle du vis-à-vis est
toujours respectée.
Encres : encre du texte brun moyen assez uniforme ; celles des rubriques
rouge orangé.
Préparation
Piqûres : six piqûres maîtresses arrondies à presque chaque feuillet, deux en
m/t, deux en m/q et deux en m/g, qui marquent la première et dernière LR.
Réglure : mine brunâtre, qui laisse en général des traces épaisses.
Mise en page (f. 5r) : 280 x 190 mm = 31 + <186> + 63 x 31 + <4,5> +
<4,5> + <75> + 75 mm. Justification 186 x 84 mm ; 34 longues lignes, parfois
33 ou 35, l’écriture commençant sous la première LR. Le dernier cahier porte
36 interlignes.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
18 1-8 (traits) 78 49-56 (traits)
28 9-16 (traits) / d 88 57-64 (traits) / c
38 17-24 (traits) / e 98 65-72 (traits)
48 25-32 (traits) / h 108 73-80 (traits) /
(traits)
58 33-40 (traits) / J 118 81-88 (traits) /
(traits
horizontaux)
68 41-48 (traits) 128 89-96 (traits)
Signatures : les cahiers présentent trois séries de signatures : la première est
constituée de traits verticaux (de | à ||||) presque toujours tracés à la mine
brunâtre ; les 10e et 11e cahiers en portent deux groupes : aux ff. 73-76 (10e
cahier), le premier groupe est à la mine brunâtre et le deuxième, plus petit et
plus régulier, est à l’encre noire. Au 11e cahier (ff. 81-84), aux traits verticaux à
la mine brunâtre sont juxtaposés autant de traits horizontaux à l’encre noire17.
Des vestiges d’une troisième série de signatures (lettres suivies de chiffres
romains) subsistent du 2e au 6e cahier, et au 8e, tantôt à l’encre rouge foncé : dj-
12 Les gardes doublées de papier marbré du type caillouté sont solidaires des contregardes.
13 Ff. 36, 54, 83, 84, 88.
14 Ff. 6-9, 11, 28 (2), 34 (3), 41, 43, 45, 48, 58, 64, 85.
15 Ff. 39, 62, 64 (2), 72 (2), 96.
16 Ff. 37, 39, 96. Pièces disparues aux ff. 64 et 69.
17 Seraient-ils donc l’œuvre de l’ornemaniste qui fait les pieds-de-mouche, dont certains sont de
la même couleur ?
Bruxelles, KBR, 10983 389

diiij, (ff. 9-12, les deux dernières rognées), ej-eiiij (ff. 18-20), ciij-ciiij (ff. 59-60),
tantôt à l’encre noire : hj-hiiij (ff. 25-28). À noter que le 5e f. du quaternion est
souvent marqué d’une grande croix en plus d’une petite croix en début de
cahier ; le f. 77r porte dans le coin inf. dr. une boucle tracée à l’encre noire.
Réclames : écrites de la même encre que le texte, les réclames sont tracées
(le plus souvent soigneusement) en m/q vers la fin de la colonne d’écriture18.
On note, au f. 8v, la présence de deux réclames, la première, tout ce,
correspondant au vers par lequel aurait dû commencer le f. 9r, la seconde, vueil,
d’une écriture plus rapide, correspondant au premier mot qui s’y trouve
réellement, puisque les treize derniers vers du f. 8r ont été répétés au f. suivant.
Ayant tout d’abord écrit la réclame correcte, probablement d’après l’exemplar
dont il était censé reproduire la mise en page, le copiste n’en a pas tenu compte
et a repris au mauvais endroit la transcription du
cahier suivant ; quand il s’est aperçu de son
erreur, il a sans doute jugé qu’il était trop tard
pour effacer les vers en surnombre, et s’est
contenté d’ajouter une seconde réclame et
d’inscrire un trait horizontal et un signe (espèce
de v effilé) au-dessus de la première série des
treize vers. F. 8v © Bruxelles, KBR
Foliotation : moderne, au crayon.
Travail d’écriture
Texte : Main P. À une exception près19, l’écriture de P ne présente pas
encore ce curieux p à hampe recourbée qui sera par la suite son
trait le plus caractéristique ; P semble parfois tenter – sans
grand succès – d’imiter l’écriture de X (par exemple en
prolongeant par un trait remontant certains e finaux)20.
On remarque aussi le Q majuscule dont la queue est faite d’un
seul trait épais assez haut placé, qui devient parfois presque
horizontal. Les majuscules sont écrites sur la ligne de partage
entre les deux colonnettes.

F. 8v (Q majuscules © Bruxelles, KBR


Style : cursive livresque assez arrondie et contrôlée.
Ponctuation : virgule, utilisée peu fréquemment, et surtout pour
marquer des enjambements21. À noter l’absence de barres de scansion dans les
vers décasyllabiques du prologue.
Corrections : à une exception près22, P, sur grattage ou par ajout23. Ce
manuscrit est l’un des rares dont Christine ait confié la correction à P ; cela

18 L’écriture de celle du f. 72v est moins soignée.


19 Ajout d’un vers au f. 40r.
20 F. 49v l. 1.
21 Le dernier vers du prologue, cité ci-dessus, fait donc exception. V. par exemple f. 4r ll. 24-25 :
Boece le prouffitable // Livre / ; f. 6r ll. 5-6 Qui y sont et aux grans deffaulz // Que l’en fait /.
V. cliché dans l’Introduction générale.
390 Chemin de lonc estude

semble indiquer que la charge de travail dans son atelier était alors
particulièrement lourde, car P était fort distrait : on en a ici la preuve ; outre la
répétition de treize vers signalée plus haut, on remarque trois vers barrés (car
copiés en désordre) et recopiés au f. 59r, et un autre vers barré (car copié en
double) au f. 70v. On remarque aussi, au f. 1v, une correction insolite : les trois
derniers vers, recopiés par erreur au début du f. suivant, sont signalés en marge
par le mot bis d’où partent trois traits désignant les vers répétés.

F. 1v © Bruxelles, KBR
Rubriques : Main X24.
Au f. 2r, une place trop grande (5 lignes) a été
réservée pour la première rubrique, alors que deux lignes auraient suffi.
Décoration : atelier « aux échancrures » pour les lettrines aux ff. 1r et 2r, et le
filigraneur « aux lys losangés » pour les lettrines filigranées (ff. 13, 24v).
Bordure : f. 1r : baguettes fleuronnées bleu/rose foncé formant rectangle à
vigneture sur fil25 et sur tige, dont les rinceaux ferment le rectangle en m/t.
Lettrines
F. 1r (début Prologue) : T bleu (6) à remplissage de vigneture sur or,
cadre rose foncé, relié à la baguette.
F. 2r (début de l’œuvre) : C bleu (3) à remplissage de vigneture sur or,
avec rinceaux de vigne sur fil.
Grande lettrine champie : f. 8r, début du v. 451 A (3) avec prolongement
inf. sur trois lignes.
Lettrines filigranées : A (4) f. 13r (v. 787), après l’enluminure de la
Fontaine des Muses26, et A (3), f. 24v (v. 1569) : or et bleu à filigranes bleu et
rouge, avec œufs de grenouille et petites antennes vrillées terminées en virgules.
Celle du f. 13r empiète sur le cadre et donc a été exécutée après celui-ci.

22 Au f. 21r, le vers 1330 Qui le destruira ce dit l’en est corrigé sur grattage par X (prép. de corr.
grattée). Ensuite, deux vers sont barrés : Qu’ilz se puissent entre eulx deffaire // Sy n’y ait (crest)ien
que faire ; v. C de P, Chemin 1887, p. 58.
23 Aux ff. 18v, 40r, 62v, des vers oubliés (un à chaque fois) ont été rétablis (préparations d’ajout
effacées).
24 Celles-ci, peu nombreuses, se trouvent aux ff. 1r, 2r, 40r, 69v, 74v, 83r. À deux reprises,
l’encre de la rubrique a taché la page opposée (ff. 2r, 82v).
25 L’ornemaniste n’a pas réalisé les vrilles de sa vigneture sur fil, qui est pourvue de simples
crochets.
26 Celle-ci empiète sur le cadre, prouvant qu’elle a été exécutée après celui-ci.
Bruxelles, KBR, 10983 391

Petites lettrines filigranées (2) : 24 au total,


rouges filigranées de noir bleuté, ou bleues filigranées
de rouge27.
Parfois, un trait oblique se présente à gauche d’un
certain nombre de lettrines ; sans doute tracé au
moment de la décoration du ms.28.
F. 18v © Bruxelles, KBR
Lettres ornées : en tête de colonne à plusieurs
folios, de grandes majuscules décorées par P, moins finement que ne le fait X :
traits ou dessins géométriques en brun29.

Ff. 32v et 37r © Bruxelles, KBR


Pieds-de-mouche : rouges et bleus.
Illustration : Maître du Couronnement de la Vierge30. Les deux premières et la
dernière miniatures sont dans un cadre d’or bruni souligné d’encre noire31. Le
troisième cadre est simplement dessiné au trait avec lavis ocre.
1. F. 1r (av. 1er vers du prologue, insérée dans le haut de l’encadrement), 85
x 87 mm : Remise du livre au roi. Christine présente son livre au roi Charles VI
dans une sorte d’édicule. Le roi trône sur un siège curule. Trois conseillers sont
présents. L’image est peinte en grisaille à l’exception du livre doré (qui porte,
semble-t-il, un écusson d’azur)32, du collier à la cosse de genêt qu’arbore le roi et
deux de ses conseillers, des ceintures et des grelots d’un habit qui sont d’or,
ainsi que le drap d’honneur armorié d’azur semé de fleurs de lys d’or. Les carnations
sont modelées de rose-brun et de blanc ; les vêtements ombrés de gris et de
couleur : la houppelande du roi est ombrée de bleuté, la robe de Christine de
gris-rosé. Les drapés amples qui se répandent au sol sont creusés d’ombres.
2. F. 7v (av. v. 451), 42 x 82 mm : Christine et la Sibylle. Christine repose dans
un grand lit à baldaquin, la Sibylle agenouillée auprès d’elle, dans un paysage

27 Ff. 10v, 11r, 14v, 17v (2), 18v, 26v, 31v, 35r, 38v, 39v, 40r-v, 42r, 43v, 46v, 47r, 53r, 62v, 64v, 69v,
74v, 83r, 92v.
28 V. par exemple ff. 14v, 17v, 18v.
29 Ff. 32v, 35v, 37r, 40v, 41r, 43r, 48v.
30 V. Paris 1400, pp. 195, 232, 263.
31 La feuille d’or a bavé largement autour du cadre aux ff. 7v et 24v.
32 À moins qu’il ne s’agisse d’une tache de pigment bleu, le parchemin étant aussi taché de bleu au-
dessus du e de grace ligne 6.
392 Chemin de lonc estude

sobre avec un arbre. La grisaille est à peine teintée de rose-brun et de vert avec
des rehauts de blanc sur le lit et les personnages et un fond en réserve.
3. F. 13r (av. v. 781), 63 x 85 mm [Album couleurs, n° 29] : Pégase et la Fontaine
de Sapience. La disproportion des figures (Christine et la Sibylle font environ
neuf lignes de haut) donne l’impression d’une vision, d’une image dans l’image.
Pégase s’envole par-dessus la fontaine, un sabot encore posé sur l’escarpement
d’où naît la source où se baignent neuf petites muses en buste. Christine et la
Sibylle sont peintes en grisaille et lavis, des rehauts de rose sur le visage. La
colline escarpée verdâtre porte deux arbres nains ; les touffes d’herbes sont
dessinées à l’encre ; l’eau est d’un bleu délavé ondé finement de noir.
4. F. 24v (av. v. 1569), 60 x 81mm [Album couleurs, n° 25] : La montée au ciel.
Petites Christine et Sibylle arrivent devant l’échelle que tient un personnage
masculin en buste dans le ciel bleu, le tout en semi-grisaille sur fond en réserve.
Le sol escarpé vert bleuté en lavis est foncé vers l’arrière-plan, et quatre petits
arbres de même.
Reliures : XIXe s., veau marbré sur ais de bois, encadré d’un double filet et
d’un feston floral d’or. Dos à cinq nerfs avec décor doré : floral dans quatre
entre-nerfs, l’écu au lion de Belgique surmonté d’une couronne dans le 3e,
l’étiquette « LE CHEMIN/ DE LONGUE ÉTUDE/ PAR CHRISTINE/ DE
PISAN » au 2e et tout en bas, en majuscules dorées : BIBL. ROYALE33. Traces
de dorure sur tranches. Collé à la garde sup., côté recto, morceau d’une reliure
antérieure en maroquin rouge avec titre en majuscules d’or : « LE CHEMIN /
DE LONGUE / ÉTUDE / PAR CHRISTINE / DE PISAN ». La reliure
d’origine était en cuir rouge marqueté avec deux fermoirs en laiton34.
L’inventaire de 1577 fait état d’une couverture « a ung clouant de leton »35.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Chemin 1887, pp. v, xiv. C de P, Chemin 2000, p. 60. Dogaer & Debae, n° 153. Doutrepont
1906, pp. 86-87, n° 131. Gaspar et Lyna, 1, pp. 435-437, nº 181 et 2, pl. CI [b]. Heck 2000.
Laidlaw 1990. Lib. ducs Bourgogne 3, pp. 206-209. Meiss 1974, 1, pp. 433-434 n. 17. Ouy 1985.
Schaefer 1937, pp. 179, 181, 198 et figs 96-99.

COMMENTAIRE
La question de la longueur du Chemin de lonc estude, posée par J. Laidlaw en 1990,
est encore compliquée par ce témoin, seul à contenir (au f. 21r), après le v. 1330
(Qui le destruira ce dit l’en) deux vers barrés, mentionnés dans la seule
édition Püschel (1887) : Qu’ilz se puissent entre eulz deffaire // Sy n’y ait (crest)ien que
faire.

F. 21r © Bruxelles, KBR

33 V. le descriptif de J. Ch. Lemaire dans Lib. ducs Bourgogne 3, p. 204.


34 V. note 6.
35 Bruxelles, KBR, 11675-76, f. 172r n° 472.
F. 1r © Bruxelles, KBR
{19} Bruxelles, KBR, 10982
Le livre du chemin de lonc estude

CONTENU
Ff. 1r-2r « Prologue Tres excellent \ majesté redoubtee // Illustre honneur en dignité montee
…−… Si vous plaise \ l’oir et escouter // Ou / quoy / comment / que c’est / vueilliez noter ».
Ff 2r-100r « Ci commence le livre du chemin de lonc estude COmme fortune perverse //
M’ait esté lonc temps diverse …−… Qui de tant gesir s’esm(er)veille // Car tart estoit et je
m’esveille Explicit le livre du chemin de long estude ».

HISTOIRE
Date : vers 1403. Le texte que présente ce ms. paraît antérieur à celui du ms.
BnF, fr. 1188, offert à Jean de Berry le 20 mars 1403 (n. st.). Il est le seul à
inclure deux vers ajoutés par X en marge au f. 16r : Toute plaine elle est
d’ennemis // folz est qui celle part c’est mis1.
Possesseurs : Jean sans Peur (Inv. 1420)2 ; Philippe le Bon (Inv. 1467-1469)3 ;
Charles le Téméraire (Inv. 1485-1487)4 ; Maximilien Ier ; Charles-Quint
(Inv. 1536)5, Philippe II (Inv. 1577)6. Estampille grattée de la Bibliothèque
nationale aux ff. 1r et 100r ; nombreuses estampilles KBR7.
Ajouts plus tardifs : étiquette collée à la contregade sup. portant cote actuelle,
numéro de catalogue8 et numéro de notice informatisée9 ; collé au recto de la
première garde inf., rectangle en cuir rouge provenant d’une ancienne reliure,
portant en majuscules dorées l’inscription : « LE CHEMIN DE LONGUE
ÉTUDE PAR CHRISTINE DE PISAN ». Inscription moderne au f. 100r10.

1 Préparation grattée en cursive hâtive en m/q. V. cliché, infra.


2 Doutrepont 1906, n° 130 ; v. note 18.
3 Barrois 1830, n° 1574.
4 N° 1826.
5 Michelant 1872, p. 310.
6 Marchal 1842, 1, p. cclx, n° 471. Marchal donne aussi les numéros des inventaires de 1643
(Sanderus), 1731 (Franquen) et 1797 (Gérard), respectivement 418, 387 et 715.
7 Ff. 1r, 2r, 8r, 13v, 25v, 33v, 61v, 77r, 100r, la première et dernière sur l’estampille grattée de la
Bibliothèque nationale.
8 2300.
9 B1506622.
10 « et der » en dessous du numéro de f. 100.
396 Chemin de lonc estude

DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (289 x 209 mm) : (II, papier) + 100 + (II, papier)11. La
peau est presque sans défauts, présentant seulement quelques pièces collées
avec soin12, quelques lisières13 et trous14. La règle du vis-à-vis est parfaitement
respectée.
Encres : brun clair uniforme pour le texte, rubriques en rouge vif.
Préparation
Piqûres : 6 piqûres maîtresses à chaque feuillet, 2 en m/t, 2 en m/q, 2 en
m/g, soit rondes soit faites à l’aide d’un poinçon de section triangulaire.
Réglure : à la mine brunâtre, qui laisse des traces prononcées. Les deux
premières et deux dernières LR sont plus longues que les autres, s’étendant sur
toute la largeur de la page. Le f. 100v est réglé mais inemployé.
Mise en page (f. 5r) : 289 x 209 mm = 36 + <181> + 72 mm x 37 + <6>
+ 3 + <85> + 78 mm. Justification 181 x 94 mm ; 32 longues lignes, parfois
33, l’écriture commençant sous la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
18 1-8 78 51-58
28 9-16 b 88 59-66
310 17-26 98 67-74
48 27-34 108 75-82
58 35-42 118 83-90
68 43-50 1210 91-100
Signatures : les seules signatures subsistantes, au 2e cahier, sont en partie
rognées ; disposées au milieu de la m/q, elles sont faites d’une lettre suivie d’un
nombre en chiffres romains.
Réclames : de la même encre que le texte, disposées au milieu de m/q, mais
plus haut que les signatures.
Travail d’écriture
Texte : Main X.
Style : cursive calligraphique très soignée, proche de celle des mss
Besançon, BM, 423 {48} et Vat., reg. lat. 1238 {44}. Peu de e cornus, aucun
prolongement des hastes et hampes en première et dernière lignes.
Ponctuation : virgule, usage restreint.

11 Première et dernière gardes doublées de papier caillouté qui couvre également les contreplats.
12 Ff. 18, 21, 36, 38, 39.
13 Ff. 24, 31, 56, 62, 86.
14 Ff. 32, 92.
{19} Bruxelles, KBR, 10982 397

Corrections : Main X utilise sa cursive livresque habituelle pour ajouter des


vers (f. 16r), réparer des omissions (ff. 29r, 88v), écrire quelques rubriques
(notamment f. 2r) ou faire des corrections sur grattage.

Ff. 16r et 88v © Bruxelles, KBR


Rubriques : X, sept en tout. À noter que X a écrit par erreur au f. 72v : Ce
que les aucteurs dient de sagesse au lieu de Ce que les aucteurs dient de Richesse, ce qui l’a
amène au f. 77v à improviser la rubrique : Les vertus de sagesce selon les dis des
aucteurs15, mais la rubrique fautive au f. 72v n’a pas été corrigée.
Décoration : atelier « aux échancrures ».
Bordure : f. 1r : deux doubles baguettes verticales fleuronnées or et
bleu/rose foncé, avec vigneture sur fil et tige.
Lettrines
F. 1r (début du prologue) : T bleu à vigneture sur or (5) relié à
l’encadrement.
Toutes les lettrines suivantes sont à remplissage de vigneture sur or, avec
rinceaux et parfois un petit brin.
F. 2r (début de l’œuvre) : C rose (4).
F. 8r (v. 451), après ill. : A bleu (3).
F. 13v (v. 787), après ill. : A bleu (3), collé au cadre.
F. 25v (v. 1569), après ill. : A bleu (2) qui empiète sur le cadre et qui a
donc été fait après ; petite lettre d’attente à g.
F. 33v (v. 2049), après ill. : A rose (3).
Lettres champies : de deux ou trois interlignes, vingt-six en tout16.

15 Cette rubrique ne se retrouve dans aucun des autres mss originaux de l’ouvrage.
16 Ff. 3v A (3) (Ainsi vint le commencem(en)t, v. 147) ; 6r I (3) (Il me va venir au devant, v. 315) ; 11v Q (2)
(Quant j’entendi que c’ert sebille, v. 659) ; 15r A (2) (Adont la dame renommee, v. 883) ; 18r O (2) (Or t’ay je
tout le voir apris, v. 1089) et A (2) (Alors me suis moult esjoie, v. 1109) ; 19v A (2) (Ainsi cheminions en
alant, v. 1171) ; 27v A (2) (Adont pour monter ou celestre, v. 1691) ; 29r Q (2) (Quant je me vi en ce hault
lieu, v. 1785) ; 36v A (3) (Autres m(er)veilles vous diray, v. 2253) ; 40v A (3) (Ainsi com la chaiere avisoie,
v. 2495) 41r A (2) (Ainsi com je la remiroye, v. 2559) ; 43v A (3) (Ainsi avoit en la requeste, v. 2707) ; 45r
A (2) (Ainsi comme il estoit Raison, v. 2811) ; 48r O (3) (Or sus donques ce dist Raison, v. 3009) ; 49r
Q (3) (Quant l’espace qu’ilz orent mis, v. 3067) ; 55r R (3) (Raison parla & dist sanz doubte, v. 3455) ; 59r
A (2) (Avant dictes chevalerie, v. 3721) ; 61r S (2) (Sus Richece dictes aprés, v. 3839) ; 64v M (2) (Ma dame
certes il me poise, v. 4083) ; 67r O (2), après rubr. Les meurs q(ue) bon chevalier doit avoir selon les dis des
aucteurs (Or vueil je faire mencion, v. 4227) ; 72v P (2), après rubr. [fautive] Ce que les aucteurs dient de
sagesse (Pour ce que tant Richece alose, v. 4585) ; 77v O (2), après rubr. Les vertus de sagesce selon les dis des
aucteurs (Or est il temps que je m’avise, v. 4921) ; 86r P (3), après rubr. Les meurs que bon prince doit avoir
selon les dis des aucteurs (Pour ce que cy assemblez sommes, v. 5477) ; 95v P (3) (Pour venir a conclusion,
v. 6109) ; 96r T (2) (Tant que un vaillant docteur & sage, v. 6139).
398 Chemin de lonc estude

Pieds-de-mouche : en or. Un pied-de-mouche ajouté à l’encre,


vraisemblablement par X, au f. 10v17.
Illustration : Maître du Couronnement de la Vierge18. Cadres fins d’or bruni
souligné de noir. À noter dans les marges, des esquisses préparatoires aux ff. 2r
(pupitre), 8r (Christine au lit), 13v (Pégase), 33v (trônes).

Ff. 2r et 13v (esquisses d’un pupitre et de Pégase [contrastes rehaussés])


© Bruxelles, KBR
1. F. 1r, 98 x 95 mm, insérée dans la partie haute de l’encadrement à
baguettes et av. rubr. Prologue : Remise du livre au roi. Christine agenouillée remet
son livre à Charles VI, en présence de quatre conseillers, dans un édicule
complexe à crénelage, ouvert en diaphragme, avec emmarchements et une
percée à dr. sur un balcon crénelé et le ciel en perspective aérienne. Le roi,
portant collier et couronne d’or, est assis sur un trône à dossier rouge contre un
fond bleu fleurdelisé d’or. Un des conseillers porte une bourse rose. La reliure
du livre et les manches des houppelandes sont d’un vert (de cuivre) assez vif, et
le sol moucheté de ce même vert. Les têtes rondes aux visages menus, les
couleurs vives mais légères, le plissé des vêtements fin et fourni, peints dans
une semi-grisaille teintée, sont dans la manière fine et élégante de l’enlumineur
des Chemin KBR 10983 et BnF, fr. 1188.
2. F. 2r, 84 x 98 mm, av. rubr. Ci commence le livre… : Christine dans son étude.
Le joli portrait d’auteur est situé dans un édicule hexagonal ouvert avec effet
diaphragme, deux colonnes fines sur le devant, deux fenêtres à carreaux verts
au fond, une voûte en berceau brun et un sol carrelé de rose et vert. Christine
est à sa table, un livre ouvert écrit posé sur un coussin bleu, et trois livres
fermés à côté, un rose et deux vert, aux fermoirs d’or. Son fauteuil est drapé de
rose à frise or. Derrière elle un drap blanc quadrillé de vert, à points or et
rouges sur les bandes vertes, est accroché à une tringle. Seules Christine et la
table sont réellement peintes en grisaille avec rehauts de blanc et ombres grises
au trait ; le reste est en couleurs légères. L’extérieur est en perspective aérienne
bleue, l’édicule d’un rose léger et le sol peint d’un vert uni. Dessin de mise en

17 Ils sont particulièrement nombreux (268) ce qui témoigne de la richesse de cet exemplaire, décrit
comme « enluminé d’or » dans l’inventaire de 1420 (Doutrepont 1906, n° 130). L’or n’a pas été
appliqué au premier pied-de-mouche au f. 47r ; au f. 10v, un pied-de-mouche est dessiné à l’encre.
18 Paris 1400, p. 232 et fig. 61.
{19} Bruxelles, KBR, 10982 399

place à la pointe d’argent reste visible en marge extérieure : silhouette de femme


à son bureau (la table n’est pas orientée dans le même sens que dans l’image).
3. F. 8r (v. 451), 74 x 100 mm [Album couleurs, n° 26] : Christine et la Sibylle. La
Sibylle se tient au chevet de Christine endormie dans son grand lit à baldaquin,
dans une chambre ouverte par une arcature. L’architecture est rose, les fenêtres
bleutées, le sol carrelé de noir et blanc, le mobilier ocre façon bois. La vue sur
l’extérieur à dr. montre une porte en bois, le toit de tuiles d’un bleu plus foncé,
le ciel bleu uni, un sol vert foncé à herbes jaunes fines. Un dessin de mise en
place à la pointe d’argent très sommaire reste visible en marge extérieure : une
figure étendue dans un lit, une autre à côté.
4. F. 13v (v. 787), 78 x 90 mm : Pégase et la Fontaine de Sapience. Christine et la
Sibylle sont ici proportionnées aux neuf muses en buste, cheveux blonds
dénoués, qui se baignent dans l’eau d’un bleu lavé, ondé de plus foncé et de
blanc, d’une très jolie fontaine (Hippocrène). Pégase en grisaille a ses deux
sabots arrière au départ de la source. Des ruisseaux partent du bain ou le
nourrissent ; des chemins y mènent. Le ciel en perspective aérienne est fait de
traits bleus ; les escarpements bruns ; le sol moucheté de vert et semé de
diverses fleurs bleues, rouges ou trois fleurettes bicolores rouge et blanc sur
tiges. Les bouquets d’arbres à feuillage vert vif sont ombrés sur le dessous et
éclairés de cupules jaunes. Christine et la Sibylle sont peintes en grisaille foncée
à coiffes blanches. Le dessin de mise en place à la pointe d’argent est encore
visible en marge extérieure : un cheval bondissant issant du côté gauche du
cadre, les jambes repliées comme le Pégase de l’image, mais sans ailes.
5. F. 25v (v. 1569), 82 x 94 mm [Album couleurs, n° 25] : La montée au ciel.
Dans le fond, sur une bande de terre, au-delà d’une anfractuosité de rochers,
Christine et la Sibylle sont placées de part et d’autre de l’échelle tenue au ciel
par un personnage barbu en buste. Christine et la Sibylle sont peintes en
grisaille ; le reste est en couleurs vives : sol vert moucheté à plantules et herbes
d’un vert plus clair ; arbres traités de même en deux tons ; au centre de l’image,
anfractuosité en rose-brun ; ciel bleu en perspective aérienne au trait et orbe
nuagée de bleu.
6. F. 33v (v. 2049), 88 x 95 mm : La Cour de Raison au ciel. Un grand trône
vide, blanc et rose, l’assise et le dossier dorés à la feuille d’or brunie, occupe le
centre de l’image. Des rayons rouges et or en émanent. Christine et la Sibylle
sont figurées en petit au-dessous. Aux écoinçons les quatre allégories
couronnées d’or, chacune sur un trône : l’une (Noblesse) tient un sceptre et
écrase un roi sous ses pieds19 ; l’autre, casquée (Chevalerie) tient une lance et
une targe, un château sous ses pieds ; une autre (Sagesse) lit à sa roue à livre, un
globe sous les pieds ; la dernière (Richesse) tient un marteau, une scie et un
marteau sous les pieds. C’est la seule dont la robe soit semée de fleurettes or.
Les figures sont en gris et bruns en une semi-grisaille teintée, le reste en
couleurs. Le fond de ciel bleu en perspective aérienne est entièrement dessiné
au trait. Des dessins de mise en place à la pointe d’argent sont encore visible de
part et d’autre de l’image : des silhouettes sur des trônes.

19 À la façon d’une sainte Catherine.


400 Chemin de lonc estude

Reliures : XIXe s., veau raciné avec encadrement de fleurons dorés sur les
plats. Dos à 5 nerfs avec décor doré : floral dans 4 entre-nerfs, l’écu au lion de
Belgique surmonté d’une couronne dans le 4e, et au 2e, l’étiquette « LE
CHEMIN/ DE LONGUE ÉTUDE/ PAR CHRISTINE/ DE PISAN ».
Traces de dorure sur tranches. Collé à la garde sup., côté recto, morceau d’une
reliure antérieure en maroquin rouge avec le même titre en majuscules d’or. La
reliure d’origine était en « cuir rouge marqueté » (c’est-à-dire estampé à froid)
avec deux fermoirs en laiton20. L’inventaire de 1577 fait état d’une couverture
« de cuyr rouge a deux clouans de leton »21.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Chemin 1887, pp. ix-xi, xiii-xiv. C de P, Chemin 2000, p. 59. De Winter 1985, pp. 218-219.
Doutrepont 1906, n° 130. Dogaer & Debae, p. 153, n° 153. Gaspar & Lyna 1, pp. 433-435,
nº 180, et 2, pl. CI [a]. Heck 1997, pp. 121-123. Heck 2000. Laidlaw 1990. Lib. ducs Bourgogne 3,
pp. 202-205. Mss datés Belgique, II, p. 69, A95. Meiss, 1974, 1, pp. 432-433, n. 17 et p. 439,
n. 135. Paris 1400, nº 138. Schaefer 1937, pp. 179-181, pl. 101-105.

20 Le volume est ainsi décrit dans l’inventaire de 1420 (Doutrepont 1906, n° 130) : « Item, ung autre
livre nommé le CHEMIN DE LONGUE ESTUDE, escript en parchemin, de lettre courant,
rymé, à une colonne, historié et enluminé d’or, commençant ou IIe fueillet Et y sont telz, et ou
derrenier Par où montay, couvert de cuir rouge marqueté, garni de II fermouers de laton ».
21 Bruxelles, KBR, 11675-76, f. 171v, n° 471.
F. 1r © Paris, BnF
{20} Paris, BnF, fr. 1188
Le livre du chemin de lonc estude

CONTENU
Ff. 1r-2r « Prologue TRes excellant majesté redoubtee // Illustre honneur en dignité montee
…–… Si vous plaise l’oïr et escouter // Ou. quoy. co(m)ment que cest vueilliez noter ».
Ff. 2r-101v « Cy commence le livre du chemin de lonc estude COmme Fortune perverse //
M’ait souvent esté averse …–… J’avoie veu sceu et trouvé // Sans y avoir riens controuvé1 ».

HISTOIRE
Date : début 1403. Le ms. fut présenté à Jean de Berry le 20 mars 1403 (n. st.)2.
Possesseurs : Jean de Berry. Passé à la Bibliothèque du roi dont anc. cotes au
f. 1r : mil cent vingt sept (Rigault) ; 797 (Dupuy) ; 7401 (Regius). Estampille de
la BN aux ff. 1r et 101v3.
Ajouts plus tardifs : notes de lecture de diverses époques4.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (270 x 200 mm) : (I) + 101 + (I) ff5. La peau est jaunie
et tachée par endroits, et porte quelques mouches6, plusieurs plis7, un défaut et
un trou non réparé8. La règle du vis-à-vis est presque toujours respectée9.

1 L’absence des 42 derniers vers est signalée par une note au bas du f. 101v. Cette lacune
existait déjà au XVIIIe s., comme le montre S. Solente (1976, p. 49), qui renvoie à la notice du
ms. rédigée par Lacurne de Sainte Palaye (BnF, Moreau 1654, f. 114r, n° 107).
2 « Item, un petit livre appellé le Livre de long estude fait et compilé par une femme appellée
Cristine escript de lettre de court, historié de blanc et de noir ; couvert de cuir vermeil
empraint, à deux fermouers de cuivre et tixus noirs ; et au commancement du second fueillet
a escript : de souverain sens ; lequel livre fu donné à Monseigneur en son hostel de Neelle, à
Paris, par la dessusdicte Cristine, le xxe jour de mars l’an mil CCCC et deux ». Le ms. porte
les numéros 932 dans l’inventaire de 1413 et 1104 dans celui de 1416, date à laquelle il est
estimé à cent sous tournois. V. Guiffrey 1894-1896, 1, pp. 243-244 et 2, p. 276.
3 Josserand-Bruno n° 1, datée du XVIIe s. et jusqu’en 1724.
4 Aux ff. 1r, 1v et 101v, mots soulignés (« Le vjme. charles du, A moy fe(m)me et cristine »).
Notes marginales : au f. 5v, d’une écriture fine (XVIIe s. ?) « manière » en regard de deux vers
qui se terminent par matiere, et au f. 101v, d’une écriture humanistique du XVIe s., à côté du
nom cristine souligné : « c’est Cristine de Pisan ». D’autre part, tout au long du ms., mais
surtout au début, de nombreux vers sont cochés et quelques-uns soulignés au crayon, et l’on
voit des annotations concernant des noms de lieux et de personnages ; selon Marie-Hélène
Tesnière, que nous remercions ici, ces interventions sont de la main de Suzanne Solente,
conservateur au Cabinet des Manuscrits, qui, peu avant sa mort, travaillait à une édition
critique de cet ouvrage (v. BnF, nafr. 13086, Lettres adressées au chanoine V. Leroquais, ff. 253-
254 qui contient deux lettres de cette érudite). Au verso du premier f. de garde (sans doute de
la main d’un bibliothécaire) : « poëme d’environ 6400 vers », Lacurne de Sainte-Palaye
(v. note 1) décrit cette main comme « tres recente ». Au verso de la garde inf. : « manuscrits
francais [sic] ».
404 Chemin de lonc estude

Encres : brun foncé uniforme pour le texte, rouge vif pour les rubriques.
Préparation
Piqûres : deux à presque tous les feuillets, en m/q, pour situer les marges
pli et gouttière du cadre. Elles sont généralement ovales, plus rarement rondes
ou triangulaires.
Réglure : à la mine de plomb, qui laisse des traces grises uniformes.
Mise en page (f. 5r) : 270 x 200 mm = 32 + <167> + 71 x 48 + <6 > +
<5,5>10 + <79,5> + 61 mm. Justification 167 x 91 mm ; 32 ou parfois 31
longues lignes, l’écriture commençant sous la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
18 1-8 a/ a (?) 88 57-64 h
28 9-16 b/ b 98 65-72 J
38 17-24 c 108 73-80 (traces)
48 25-32 (traces) 118 81-88 l (?)
58 33-40 128 89-96 m
68 41-48 f (?) 135 97-10111 n
78 49-56 g (?)
Signatures : tracées à l’encre brune, elles se composent d’une lettre suivie
d’un chiffre romain de .j. à .iiij. ; plusieurs d’entre elles sont rognées ; aucun
cahier n’offre de série complète. Traces d’une autre série de signatures, à
l’encre, aux ff. 1r (a), 2r (a) (?) et 9r (b).
Réclames : à l’encre du texte, se terminant plus ou moins à la ligne verticale
du cadre du côté de la m/p. Presque toutes sont ornées12.
Foliotation : moderne à l’encre.

5 Les gardes, non réglées et d’une couleur plus claire, ont sans doute été ajoutées lors de la
reliure.
6 Ff. 60, 98.
7 Ff. 29, 31, 40, 43, 48, 49, 50, 64, 67, 98.
8 Ff. 71 et 11, respectivement.
9 Sauf pour les ff. 96 et 97, disposés p/c et 98 et 99, disposés c/p. Le f. 98, un folio simple, est
déplacé ; il devrait précéder le f. 97, comme l’indiquent la réclame au f. 96v et les signatures
aux ff. 97 et 98.
10 La majuscule est centrée sur la ligne verticale au milieu de ces deux colonnes étroites.
11 Ce cahier est composé d’un binion dans lequel est inséré (au mauvais endroit), un folio
indépendant ; v. note 9.
12 Les 1re, 2e, 6e-10e et 12e sont soulignées ; les 3e et 4e sont partiellement encadrées d’une moitié
de rectangle ; la 5e est accompagnée de quelques jeux de plume géométriques. Elles accusent
deux légères variantes graphiques avec le texte : réclame f. 8v : Entortillé entour ; texte 9r :
Entortillié en tour ; réclame f. 56v : Voulentiers dit ; texte 57r : Volentiers dit.
{20} Paris, BnF, fr. 1188 405

Travail d’écriture
Texte : Main R, dont l’écriture n’a pas acquis toute la raideur qui la
caractérisera par la suite, s’autorisant encore quelques fantaisies, comme des
lettres à haste exubérante en tête de colonne (ff. 3r, 18r, 24v, 32r), ou des g à
boucle développée en queue de colonne (ff. 17v, 73r 75r).

F. 2r (texte [Main R] ; titre rubriqué [Main X]) © Paris, BnF


Style : minuscule semi-cursive.
Ponctuation : seul le point est utilisé, et ce très rarement (une vingtaine
seulement dans tout le ms.)13.
Corrections : plusieurs de la main R (sur
grattage et parfois par exponctuation) ; quelques-
unes de la main X, la plupart en cursive semi-
rapide ou, plus rarement, hâtive (X’)14. Aucune
trace de préparation de correction.
F. 1v (g(ra)nt voix [Main X] sur grattage ; v. note 14) © Paris, BnF
Rubriques : X, huit en tout15.
Décoration : atelier « aux échancrures ».
Bordure : double baguette horizontale et deux verticales or et bleu/rose
foncé, reliées par des appendices fleuronnés, avec vignetures sur fil et tige.
Grande lettrine : f. 1r, début du prologue, T bleu (5) sur or à remplissage
de vigneture terminée en tête de dragon qui crache un brin de vigne ; lettrine
reliée à la baguette.
Petites lettrines : roses ou bleues (2) sur or, à remplissage de vigneture ou
de feuilles, prolongées de vignetures sur fil ou tige16.
Lettres champies de deux interlignes.
Pieds-de-mouche champis.

13 Sans compter les points, normalement au nombre de deux, qui accompagnent les chiffres
romains.
14 Parmi les plus intéressantes, signalons, au f. 1v, une variante unique à ce ms. : au v. 20 (f. 1v),
les mots g(ra)nt voix sont écrits sur grattage par X à la place de l’oudeur dans les premiers
témoins et l’onneur dans les autres ; voir C de P, Chemin 2000, p. 86.
15 Aux ff. 1r, 2r, 42v, 68v, 74r, 79v, 88r, au début du prologue et avant les vv. 61, 2599, 3455,
4227, 4585, 4921 et 5477. En plus, deux interlignes laissés au f. 34r et un au f. 97r (avant les
vv. 2049 et 6109) avaient été destinés à recevoir des rubriques ; seul le ms. BnF, fr. 836
présente une rubrique avant le v. 2049, et seul le ms. Harley 4431 une rubrique avant le vers
6109 ; voir C de P, Chemin 2000, pp. 208, 450.
16 Elles sont dix en tout et se situent après les rubriques aux ff. 2r, 68v, 74r, 79v, 88r, après les
enluminures aux ff. 8v, 14r, 26v et 46v (celle-ci se trouvant au verso du folio qui porte
l’enluminure), et après l’espace laissé sans doute pour une rubrique au f. 34r.
406 Chemin de lonc estude

Illustration : Maître du Couronnement de la Vierge17. Toutes les enluminures


sont en grisaille teintée dans un cadre d’or cerné de noir18.
1. F. 1r (v. 1), 82 x 95 mm : Remise du livre au roi. Christine, agenouillée sous
l’arcade d’entrée, remet son livre au roi Charles VI dans une salle tendue de
bleu fleurdelisé d’or, ouverte en diaphragme par des arcatures sur colonnettes.
Une percée à g. donne sur un mur ext. rose à fenêtre vitrée jaune et un ciel en
perspective aérienne. Le roi, en houppelande frangée serrée à la taille par une
ceinture, est assis sur un trône à dossier et tapis du même rouge vermillon que
la reliure du livre. Les quatre conseillers coiffés de chaperons, haut chapeau
fendu et chapeau de paille sont groupés sur la dr. L’un d’eux porte un haut-de-
chausses lacé au pourpoint par des aiguillettes, un autre un poignard passé dans
sa bourse rose.
2. F. 8v (v. 451), 76 x 95 mm : Christine et la Sibylle. La Sibylle de Cumes est
assise au chevet de Christine, endormie en bonnet de nuit dans son grand lit à
baldaquin frangé de rose et orné de chrysographie, posé sur fond de ciel ouvert.
Les draps bleutés laissent deviner le corps. La Sibylle au visage juvénile sous sa
guimpe fait un geste d’argumentation19. Un coffre à linge est placé au pied du
lit. Les drapés sont particulièrement abondants.
3. F. 14r (v. 787), 85 x 93 mm [Album couleurs, n° 31] : Pégase et la Fontaine de
Sapience. Christine et la Sibylle peintes en grisaille avec coiffe et guimpe devisent
devant la Fontaine où se baignent les neuf muses dévêtues. Au-dessus, Pégase
s’envole, les deux sabots arrière au départ de la source. Des chemins sillonnent
le paysage escarpé de brun, moucheté de vert et planté de bouquets d’arbres sur
fond de ciel en perspective aérienne au trait.
4. F. 26v (v. 1569), 80 x 87 mm : La montée au ciel. Tandis que la Sibylle voilée
désigne le ciel, Christine en cornette blanche tient l’échelle que lui tend un
personnage masculin grisonnant qui surgit d’un nuage bleu. Le paysage
moucheté de brun et vert est encadré par deux escarpements portant des
bouquets d’arbres sur fond de ciel en perspective.
5. F. 46r (v. 2811), 94 x 91 mm [Album couleurs, n° 32] : La cour de Raison au
ciel. Christine et la Sibylle se présentent devant l’estrade où se tiennent Raison,
sous un dais rose, et les quatre autres allégories couronnées assises sur une
banquette tendue de drap vert. Aucun attribut ne permet de les distinguer. De
part et d’autre sont assis à même le ciel deux groupes de personnages, trois
clercs à g. et trois femmes à dr. En contrebas, la terre mouchetée de vert-brun
est cantonnée de deux petits arbres.

17 Dans Paris 1400, n° 138, p. 232, Fr. Avril attribue les enluminures du ms. Bruxelles, KBR,
10982 au même artiste, désigné autrefois comme le « Maître du Roman de la Rose de
Valencia » ; v. Avril 1975, pp. 50, 52 n. 23. V. aussi De Winter 1982, p. 351.
18 Aux ff. 8v, 14r et 26v, les enluminures empiètent sur les lettrines ornées et/ou dépassent
légèrement la justification : l’espace laissé à l’artiste était jugé insuffisant. Au f. 1r,
l’enluminure s’encastre dans l’encadrement, auquel l’artiste raccorde le haut du cadre d’or de
son enluminure.
19 Index de la main dr. pointé vers la main g. paume ouverte ; v. Fr. Garnier, Le langage de l’image
au Moyen Âge. Signification et symbolique, Paris, Le Léopard d’Or, 1982, pp. 209-212.
{20} Paris, BnF, fr. 1188 407

Reliure : maroquin rouge sur ais de bois, aux armes royales et au chiffre de
Charles IX20, tranches dorées. Le dos, qui porte cinq exemplaires du chiffre de
Charles surmonté d’une couronne, est renforcé d’une claie de parchemin
provenant d’un manuscrit. Sur les plats, traces de fermoirs et de quatre boulons.
Sur chaque plat, dans un cartouche, titre : « Le Chemain [sic] de long estude »21.
BIBLIOGRAPHIE
Avril 1975, pp. 50 et 52, n. 23. BnF Moreau 1654, f. 114r, n° 107. C de P, Chemin 1887, pp. iv, xi-
xiv. C de P, Chemin 2000, p. 60. De Winter 1982, p. 351. Heck 1997, pp. 121-123. Heck 2000.
Http://gallica.bnf.fr (images numérisées de tout le ms.). Laidlaw 1990. Paris 1400, n° 138. Solente
1976.

20 Sur les reliures exécutées pour Charles IX (c. 1560 – c. 1567), voir Laffitte et LeBars 1999,
pp. 232-237.
21 On déchiffre le mot « l’epistre » tracé à l’encre sur le plat supérieur, précédé de quelques mots
illisibles.
Fol. 1r © Paris, BnF
{21} Paris, BnF, fr. 1643
Le livre du chemin de long estude

CONTENU
Ff. 1r-2r : [Prologue] « Tresexcellant majesté redoubtee // Illustre honneur en dignité montee
…–… Si vous plaise l’oïr et escouter // Ou quoy comment que cest vueilles notter ».
Ff. 2r-93r : « Come Fortune perverse // M’ait esté souvent adverse // …–… Qui de tant gesir
s’esmerveille // Car tart estoit et je m’esveille Explicit le Livre du chemin de long estude ».

HISTOIRE
Date : 1403. Contemporain du ms. BnF, fr. 1188, présenté au duc de Berry le
20 mars 1403, comme l’indiquent de nombreuses corrections communes1. Le
ms. paraît partiellement copié sur le ms. KBR 10982, datable d’environ 1403
aussi.
Possesseurs : Louis d’Orléans. C’est l’un des secrétaires de sa chancellerie,
Nicole Garbet2, qui a copié le ms. Celui-ci n’aurait donc pas lieu de figurer dans
le présent catalogue, n’était le fait qu’il porte des corrections et de nombreuses
notes marginales (en cursive hâtive) de la main de Christine de Pizan,
préparations en vue de l’exécution d’un exemplaire plus luxueux qui aurait été
destiné au duc de Berry3. Rien ne prouve toutefois que ce ms. de luxe ait jamais
été présenté ni même exécuté.
Le présent volume resta dans la collection des ducs d’Orléans, comme l’indique
une étiquette en parchemin collée sur le plat inf. de la reliure d’origine en cuir
rouge, après 1440, par l’un des gens de Charles d’Orléans4. La bibliothèque de
celui-ci fut incorporée à la fin du XVe siècle à la Bibliothèque du roi.
1 V. 344 : armee, corr. sans doute de armeures (BnF, fr. 1643, f. 6r/BnF, fr. 1188, f. 6v) ; v. 602 :
le de de demonstra est corr. sur grattage, laissant un petit espace devant ce mot (fr. 1643,
f. 10r/fr. 1188, f. 11r) ; v. 922 : le a de aprise est gratté et corrigé, laissant un petit espace devant ce
mot (fr. 1643, f. 14v/fr. 1188, f. 16r) ; v. 1013 : de a été corrigé en des par l’ajout d’un s (fr. 1643,
f. 16r/fr. 1188, f. 17v) ; v. 1381 : une lettre (sans doute e), a été grattée après le l dans le mot olphans
(fr. 1643, f. 21r/fr. 1188, f. 23v) ; v. 1453 : un d a été ajouté devant autre (fr. 1643, f. 22r/fr. 1188,
f. 24v) ; v. 1980 : les trois premières lettres du mot orfrasé ont été grattées et corrigées (fr. 1643,
f. 22r/fr. 1188, f. 33r) ; v. 3182 : les mots fautifs si fau(l)t sont raturés dans chaque ms. (fr. 1643,
f. 47v/fr. 1188, f. 52r) ; v. 3687 : le mot a est un ajout (fr. 1643, f. 54v/fr. 1188, f. 60r) ; v. 4030 : le
d de des est corr. sur grattage (fr. 1643, f. 59v/fr. 1643, f. 59v) ; v. 5867 : le mot heures a été corrigé
(fr. 1643, f. 85v/fr. 1188, f. 94r).
2 Sur ce personnage, v. Champion 1910, p. xxi.
3 V. l’argument développé à ce propos dans Ouy et Reno 2000. Les notes marginales de Christine
ont été tracées avant la peinture des lettrines et des pieds-de-mouche, qui empiètent sur les notes
aux ff. 42r et 51v.
4 L’étiquette, collée au plat inf., portant l’inscription Le chemin de longue estude du duc de Berry, pourrait
être l’œuvre de Jean de Bruxelles, valet de chambre de Charles d’Orléans chargé du soin de ses
livres ; voir Champion 1910, p. lxiv. Une reproduction de ce plat et de l’étiquette se trouve dans
l’Histoire des bibliothèques françaises 1, p. 205. Des étiquettes de la même main sont collées sur la
contregarde sup. du ms. BnF, fr. 1176 (L’Avision de Christine du duc de Berry) et sur le plat inf. du ms.
BnF, lat. 7762 (Rethorica de Pierre de la Hazardière), qui contient la Summa de arte dicendi de Pierre de
la Hazardière et le Libelllus de brevibus epistulis ad archidiaconum Tornacensem d’Antoine Haneron.
410 Chemin de lonc estude

Étiquette sur couverture de


protection © Paris, BnF

Une seconde étiquette de parchemin, en grosse cursive calligraphique, d’une


main paraissant un peu plus ancienne5, libellée « Le chemin de longue estude »,
est collée sur la couverture de protection en haut du plat inf. ; en dessous, la
même main, sans doute, a ajouté en petite cursive : « composé par une femme »,
et, à côté, une autre main, plus tardive (début XVIe s. [?]) a précisé : « en
rithme » ; on voit enfin une cote à demi effacée : 166 (?) renvoyant sans doute à
l’inventaire de la librairie de
Charles d’Orléans dressé à
Blois après son retour de
captivité. Autres cotes
anciennes, au f. 1r : mil cinq
cents (Rigault), 620 (Dupuy)
7641 (Regius).
Étiquette sur plat inférieur © Paris,
BnF, fr. 1643

DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux : parchemin (286 x 217 mm) : 93 ff. + quatre gardes de parchemin
écrit sur 35 longues lignes. Le ms. contient un texte complet, mais dépourvu de
rubriques6. Le parchemin est en bon état7 ; les feuillets n’ont pas été égalisés.
Mise en page : 286 x 217 mm = 33 + <180> + 73 x 45 + <129> + 43 mm.
Justification 180 x 129 mm ; 35 longues lignes, rarement 34, l’écriture
commençant sous la première LR.
Réglure : mine brunâtre, qui laisse de fines traces irrégulières.
Travail d’écriture
Texte : Nicole Garbet.
Corrections : Main X’.
Décoration : ornemaniste « aux radicelles ». Cet ornemaniste ne travaille sur
aucun des manuscrits directement issus de l’atelier de Christine de Pizan.
Bordure : f. 1r, fine baguette double or et bleu horizontale et deux verticales
terminées en fer de lance, à vigneture fleurie sur fil.
Lettrine : f. 1r, T bleu (5) sur or à remplissage de vigneture relié à la
baguette par la barre du T.
5 Soit l’inscription est antérieure, soit le personnage qui l’a faite était plus âgé ; en tout état de cause,
il semble que la couverture de velours soit contemporaine de la reliure ; mais, s’il en est ainsi,
pourquoi seule la reliure est-elle décrite dans les inventaires ? Sans doute parce que la couverture,
n’étant pas encore collée sur la reliure, était considérée comme un simple accessoire qu’il n’y avait
pas lieu de signaler dans la description.
6 Des espaces de deux interlignes sont prévus aux ff. 39r, 67v, 72r et 80r, avant les vv. 2599, 4585,
4921 et 5477. Un seul interligne est laissé avant le v. 4227. Deux autres interlignes sont laissés en
blanc avant le v. 2604, mais aucun autre ms. ne comporte de rubrique à cet endroit.
7 Lisières aux ff. 46 et 66 ; coins non réparés aux ff. 19, 42, 43, 47, 51, 54, 79, 88.
{21} Paris, BnF, fr. 1643 411

Lettres champies : presque toujours de 3 lignes8, dont trois ornées de


petits rinceaux de feuilles or9, ainsi que des pieds-de-mouche champis,
ponctuant le texte tout au long.
Pieds-de-mouche : champis.
Illustration : cinq enluminures étaient prévues10, aucune n’a été exécutée.
Indication d’autres enluminures projetées pour le ms. de luxe :
1. Avant le v. 61 : Cy soit laissié espace a faire histoire (f. 2r) ;
2. Avant le v. 1787 : Ci soit laisié espace a faire histoire (f. 27r) ;
3. Avant le v. 2257 : Cy laisiés espace a faire histoire (f. 34r) ;
4. Avant le v. 2599 : Soit ci laisié espace pour histoire (f. 39r) ;
5. Avant le v. 2811 : Laissiés espace affaire histoire (f. 42r) ;
6. Avant le v. 3475 : Laissiés espace affaire histoire et une letre comme si dessus
(f. 51v)11 ;
7. Avant le v. 3721 : Espace affaire histoire (f. 55r) ;
8. Avant le v. 3844 : Histoire et grant letre (f. 57r) ;
9. Avant le v. 4083 : Histoire (f. 60r) ;
10. Avant le v. 6139 : Histoire (f. 89v) ;
11. Avant le v. 6276 : Cy soit laissié espace affaire histoire et une grant letre (f. 91v).

F. 27r © Paris, BnF

F. 51v © Paris, BnF

8 Celles aux ff. 7v (v. 451), 12v (v. 787), 24r (v. 1569), 31r (v. 2049), ornées de brins de vigneture sur
fil avec fleur bleue stylisée dans le premier cas et rond d’or dans les autres.
9 Aux ff. 7v, 12v et 24r avant les vv. 451, 787, et 1569.
10 Aux ff. 1r (20 ll.), 7v (16 ll.), 12v (16 ll.), 24r (17 ll.) et 31r (18 ll.), au début du prologue et avant les
vv. 451, 787, 1569 et 2049.
11 Il s’agit d’une lettre champie de trois interlignes au v. 3455.
412 Chemin de lonc estude

F. 91v © Paris, BnF


Reliure : ce volume présente une particularité très rare : sa reliure d’origine,
préservée pendant six siècles sous une couverture de velours bleu décoloré en
bleu-vert pâle12, est demeurée intacte, à l’exception des fermoirs, qui avaient été
proprement enlevés, sans doute à l’époque où les pupitres furent remplacés par
des rayonnages13. Elle est décrite dans les inventaires de la librairie de Charles
d’Orléans14, celui dressé à Blois après son retour de captivité étant le plus
précis : « couvert de cuir rouge marqueté15 à deux fermouers de cuivre ».
Chaque plat est orné de cinq rectangles emboîtés alternant avec des filets. Petits
fers dans les rectangles, de l’ext. à l’int. : lion rampant, cœur avec fleuron au
milieu, cerf, écureuil, deux oiseaux ; filets au centre.
BIBLIOGRAPHIE
BnF Moreau 1654, f. 308r, n° 282. C de P, Chemin 1887, p. iii-iv, ix-xi, xiii-xiv. C de P, Chemin
2000, p. 59. Http://gallica.bnf.fr (images numérisées de tout le ms.). Laffitte 1998, p. 64. Laidlaw
1990. Ouy 2007, pp. 28, 52, 77-78. Ouy et Reno 2000. Sallier 1751.

12 La couverture de velours a été décollée en 1956 et restaurée pour servir de chemise de protection,
comme l’atteste, sur le premier feuillet de garde, une note de G. Ouy, à l’époque responsable de la
restauration et de la reliure au Cabinet des Manuscrits.
13 C’est sans doute à cette occasion que la couverture de velours fut collée à la reliure.
14 N° 15 dans l’inventaire de 1417, n° 166 dans l’inventaire dressé à Blois après le retour de captivité.
V. Ouy 2007, pp. 77-78.
15 C’est-à-dire estampé aux petits fers.
Mutacion de Fortune
Introduction

Bruxelles, KBR, 9508 [B] {22}


La Haye, KB, 78 D 42 [H] {23}
Chantilly, Bibl. du Château, 494 [C] {24}
Collection particulière (ex-Phillipps 207) [S] {25}
Chantilly, Bibl. du Château, 493 (recueil) [M] {2}
Munich, BSB, Cod. gall. 11 [E] {26}
Paris, BnF, fr. 603 [F] {9}
Paris, BnF, nafr. 14852, ff. 2a-3d [V] {11}

La Mutacion de Fortune, achevée en novembre 1403, subsiste dans huit


manuscrits originaux, dont sept sont complets ou quasi-complets : Bruxelles,
KBR, 9508 (B) ; Chantillly, Bibl. du Château, 494 (C) ; Munich, BSB,
Cod. gall. 11 (E) (qui ne contient que les six premières parties) ; Paris, BnF,
fr. 603, ff. 81a-242a (F) ; La Haye, KB, 78 D 42 (H) ; Chantilly, Bibl. du
Château, 493, ff. 232a-427a (M) et un exemplaire actuellement en mains privées
(S) ; le huitième témoin (V), Paris, BnF, nafr. 14852, est un fragment de deux
feuillets seulement1.

1. Les quatre premiers témoins : B, C, H, S


D’après le témoignage des manuscrits, les premières commandes de cet
ouvrage, qui coûta à Christine grant labour et estude2 et qui aurait été en gestation
pendant plus de trois ans3 ont dû représenter un défi pour son atelier. On le
devine tournant à plein régime pour produire rapidement les quatre premiers
exemplaires (B, C, H et S) de cette histoire universelle en 23636 vers
octosyllabiques, qui remplit en moyenne quelque 180 feuillets (à double
colonne).

1 Nous utilisons les sigles adoptés par Suzanne Solente dans son édition publiée en quatre volumes
en 1959-1966.
2 C de P, Advision 2001, p. 75.
3 C de P, Mutacion 1959-1966, 1, pp. x-xi.
414 Mutacion de Fortune

La production des quatre premiers exemplaires nécessita une collaboration


étroite entre les trois copistes X, R et P (ce sera aussi le cas pour le ms. E
plusieurs années après). X copie tout le ms. de Bruxelles (B) et les six premières
parties du ms. de La Haye (H), dont la septième partie, tandis que les rubriques
et les tables sont confiées à R. Quant au ms. Chantilly 494 (C), c’est R qui copie
tout le texte, la plupart des rubriques et la dernière (7e) table des matières, alors
que X copie les six premières tables, les rubriques jusqu’au f. 73r, la rubrique du
f. 104r (qui se trouve à la fin de la 6e table) et une seule réclame (au f. 16v). Le
manuscrit actuellement en mains privées (S) est l’œuvre de P pour le texte, les
rubriques et les tables, à l’exception de la rubrique qui débute la quatrième
partie (f. 54a) et de l’explicit final au f. 177c, qui sont de la main X.
Millard Meiss avait déjà remarqué la parenté évidente de ces quatre premiers
témoins, tous illustrés dans l’atelier du Maître de l’Épître Othéa4. Toutefois, ces
manuscrits ont d’autres points communs qui permettent de mieux mettre en
évidence les rapports qu’ils entretiennent ainsi que les spécificités de chacun.
Commençons par le parchemin. Les quatre premières copies portent toutes
des marques de parcheminier similaires qui pourraient attester un achat groupé
du support en vue de leur fabrication5. Ces marques (c. 3 cm x 3 cm), qui se
trouvent dans les marges, sont tracées à la mine de plomb épaisse.
B : un cercle fermé et un cercle ouvert jouxtent à dr. trois barres verticales traversées en
leur milieu par une barre horizontale (167v) ;
H : même figure, à quatre barres verticales, un cercle dédoublé en forme de huit
remplace le cercle fermé ; les cercles sont cette fois-ci à g. du grillage (123r) ;
S (ff. 96r et 102r) et C (ff. 62r et 86r) : même figure, mais qui ne présente que deux
barres verticales, les cercles étant à g. ;

(B) Bruxelles, KBR, 9508, f. 167v ; (H) La Haye, KB, 78 D 42, f. 123r ; (S) ex-Phillipps 207,
f. 102r

4 Meiss 1974, 1, pp. 9-12.


5 À notre connaissance, personne n’a entrepris jusqu’ici une étude de ces marques dans les
manuscrits de la fin du Moyen Âge qui, au même titre que les filigranes du papier, pourraient
apporter leur contribution à la localisation des copies (Rück 1991).
Introduction 415

(C) Chantilly, Bibl. du Château, 494, f. 62r et 86r


© Bruxelles, KBR ; La Haye, KB ; Chantilly, Bibl. du Château

Un deuxième point que ces manuscrits ont en commun est l’hétérogénéité


de leur septième et dernière partie. Cette hétérogénéité est la plus évidente dans
H, où le copiste R prend la relève de X après la sixième partie pour terminer le
volume. Les signatures du manuscrit marquent une rupture à cet endroit : alors
que les ff. 1-123 portent des signatures d’une série qui commence par C et finit
par s, le cahier 124-131 (le dernier cahier complet de la sixième partie)
commence une nouvelle suite : a ; d ; C ; a ; b ; f/E. La décoration reflète
d’ailleurs ici un changement dans l’ordre des opérations, puisque les ff. 140-170
présentent des rubriques transcrites avant les lettrines et non plus après comme
dans les cahiers antérieurs. Enfin, comme on le verra plus loin, la septième table
des matières de ce manuscrit est la seule à être copiée en continuité avec la
partie qu’elle introduit, dans la même encre que celle-ci.
Le caractère hétérogène de la septième partie de B est au premier abord plus
difficile à déceler, même si la décoration annonce une rupture de pratique. Cette
partie débute par une lettrine champie dépourvue de tout ornement, alors que
les six premières parties sont ornées de lettrines qui sont en même temps plus
grandes et plus ornées (même phénomène dans C et les deux dernières parties
de S). Au f. 157, qui marque le début du premier cahier complet de la septième
partie, l’encre devient brusquement plus claire. Les quatre cahiers suivants
(ff. 157-190) contiennent 34 interlignes au lieu des 35 des cahiers précédents et
ils ont été transcrits dans une écriture nettement plus rapide et moins
soignée que le reste du manuscrit : des lettres exubérantes en tête et en queue
de colonne, très nombreuses jusqu’alors, deviennent rares, et la forme des
majuscules initiales est simplifiée ; ce changement est particulièrement frappant
dans la lettre E. Le cahier précédent (ff. 146-156), où le texte de la septième
partie commence au f. 148d, a été modifié : son premier folio est monté sur un
talon qui ne porte pas de signature (f. 146) et les signatures du cahier ont été
complétées par une signature à l’encre rouge au f. 151 (vj), celle-ci sans doute
tracée après l’ajout du f. 146 au cahier, faisant du f. 151 non plus le 5e mais le 6e
f. du cahier. Le f. 146 marque aussi un changement de réglure : à partir de là et
416 Mutacion de Fortune

jusqu’à la fin du volume, les feuillets sont réglés à la mine de plomb grise6.
Contairement aux parties précédentes, aux ff. 157-190, toutes les lettrines
champies de début de chapitre sont placées en retrait. Enfin, les lettrines
champies de ces cahiers sont clairement exécutées après les rubriques, ce qui
était l’inverse pour les cahiers précédents. Comme on le verra plus loin,
l’hétérogénéité de B est étroitement liée à celle de H.
La septième partie du ms. S semble aussi avoir été préparée en un temps
différent. Cette partie est précédée d’une réclame qui correspond à la rubrique
initiale ; la réclame est écrite en bas de la première colonne plutôt que de la
seconde, comme partout ailleurs dans le manuscrit. L’écriture de la septième
partie est plus serrée que dans le reste du manuscrit et est ornée de nombreuses
lettres cadelées qu’on ne voit pas dans les six parties précédentes. En outre,
c’est dans la septième partie seulement que l’on voit des préparations de
numéro de chapitre, des erreurs commises dans les parties précédentes ayant
peut-être inspiré cette précaution.
Dans C, on remarque un changement d’encre pour la septième partie, où
elle est plus foncée que pour le reste du texte. On constate aussi pour la
septième partie un changement de pratique dans l’ordre normal des opérations :
alors que les rubriques avaient été exécutées avant la décoration dans les parties
précédentes7, dans la septième, elles ont été tracées après la décoration. Cette
rupture se reflète aussi dans les tables des matières, dont les six premières sont
copiées par X et la septième par R. Enfin, la simple lettrine champie qui ouvre
cette partie (ainsi que la VIe), exécutée d’une main fruste, diffère des lettrines
ornées élégantes qui ouvrent les cinq premières parties, et marque une rupture
dans la décoration. Notons que ce même ornemaniste fruste a exécuté la
dernière lettrine de B et les deux dernières lettrines de S.
Ces quatre premiers témoins présentent une troisième caractéristique
commune : les tables des matières y sont copiées d’une encre plus foncée que le
reste du manuscrit, soit sur des bifeuillets ajoutés (souvent d’un parchemin plus
épais), soit sur des feuillets qui avaient été laissés en blanc. Seule fait exception
la septième table du ms. H, qui semble copiée par R dans le même temps que la
VIIe partie du ms.
Un quatrième point commun est la décoration : à l’exception des lettrines
champies mentionnées ci-dessus, les lettrines et les bordures de ces quatre
manuscrits sont l’œuvre d’un même ornemaniste que nous avons baptisé
ornemaniste « aux brins de fantaisie ». Il est à remarquer que celui-ci exécute

6 On rappelle que toute la Mutacion de La Haye est réglée à l’aide de cet instrument ; on y reviendra.
7 Seule la troisième partie fait exception.
Introduction 417

toutes les lettrines du manuscrit H, mais seules les six premières de B, et les
cinq premières de C et de S.
En outre, comme on l’a déjà signalé8, trois de ces manuscrits, celui de
Bruxelles, celui de La Haye et celui en mains privées présentent une quarantaine
de nota bene qui construisent en filigrane à l’intention de trois mécènes –
Philippe le Hardi (B), Jean de Berry (H) et peut-être Louis d’Orléans (S) – une
série de leçons morales concernant l’exercice du pouvoir et la puissance de
l’amour. Ces nota bene prennent souvent la même forme et se situent le plus
souvent aux mêmes vers ; mais puisqu’elles ne sont pas absolument identiques
en nombre, on peut penser que les leçons sur lesquelles elles attirent l’attention
ont été, du moins en partie, personnalisées pour chacun. L’absence de nota bene
dans le ms. Chantilly 494 (C) s’expliquerait-elle par l’identité du destinataire ?
Celui-ci serait-il trop distant ou trop haut placé pour qu’on prétende lui faire si
ouvertement la leçon9 ?
Revenons à la question de la dernière partie du ms. B, dont les quatre
derniers cahiers, à partir du f. 157, ont plus de points communs avec le
manuscrit H qu’avec les cahiers qui précédent ce folio dans B. En effet, le style
d’écriture sobre est conforme à celui de H et fait un contraste frappant avec
l’écriture exubérante qui caractérise tous les cahiers de B qui précèdent. Le
contraste est particulièrement visible dans les majuscules, surtout le E et le F,
qui se ressemblent dans les six premières parties de H et la septième de B, et
aussi dans le choix du d minuscule utilisé.

La Haye, KB 78 D 42, f. 23r

KBR 9508, ff. 4v (Ire partie) et 164v (VIIe partie)


© La Haye, KB et Bruxelles, KBR
D’ailleurs, les trois réclames que présentent ces feuillets, par leur style soigné,
font contraste avec celles qui précèdent et ressemblent aux réclames bien

8 Reno 1998.
9 Selon N. Valois (La France et le grand Schisme d’Occident, t. III, p. 350 n. 2), Charles VI fut sain
d’esprit entre le 1er octobre et le 24 décembre 1403, période pendant laquelle Christine achevait cet
ouvrage ; ce serait donc naturel de penser qu’il aurait eu intérêt à posséder un exemplaire de cette
histoire universelle où l’histoire de France jouait un rôle clé. La bibliothèque royale possédait un
exemplaire de la Mutacion au XVIe s. ; voir C de P, Mutacion 1, pp. cxxxvii-cxxxviii.
418 Mutacion de Fortune

calligraphiées de H. La décoration des ff. 157-188 de B ressemble aussi à celle


de H, où les lettrines sont généralement placées en retrait.

La Haye, KB 78 D 42, f. 6v

KBR 9508, ff. 16v et 170v


© La Haye, KB et Bruxelles, KBR
En outre, B présente dans la septième partie un type de cadelure exclusif à
H, la fleur de lys, utilisée dans H de façon fort consciente puisqu’elle est
également employée dans une réclame qui annonce un vers cadelé de cette
figure (H, ff. 8d, 9a). Qui plus est, H présente dans les cinq premières parties
des notes marginales (exemple experte en Albion, id est hic, ego scribens, infra…) alors
que dans B, une seule, dans la même petite écriture fine, apparaît dans la
septième partie (cordis)10.
On sait que le ms. B fut le premier exemplaire de la Mutacion présenté :
Philippe le Hardi le reçut en étrennes en janvier 1404 (n. st.). H ne fut présenté
que quelque deux mois plus tard, à Jean de Berry. On pourrait donc penser que
les quatre derniers cahiers de la septième partie destinés à H ont été finalement
incorporés à B pour que celui-ci puisse être achevé et présenté en premier au
duc de Bourgogne, qui avait accueilli à sa cour le fils de Christine après son
retour d’Angleterre en 140211.

2. Chronologie des quatre premiers témoins


Rappelons que des quatre premiers témoins, deux sont copiés en tout ou en
grande partie par X (B et les six premières parties de H, à l’exclusion des
rubriques et des tables), un par R (C) et un par P (S). Alors que les trois copistes
pouvaient travailler à la production de trois témoins simultanés en se
répartissant les cahiers du modèle, les deux exemplaires copiés essentiellement

10 F. 188r, entrecolonne.
11 Sur cet episode, v. Laidlaw 1982.
Introduction 419

par X (B et H) ne peuvent pas être strictement contemporains. Malgré le fait


que H fût présenté au duc de Berry en mars 1403, deux mois après que Philippe
le Hardi eut reçu le sien (B), H semble avoir été le premier manuscrit mis en
chantier et peut-être le premier illustré12, même s’il a été le dernier du groupe à
être achevé.
En ce qui concerne le texte, celui de H contient le plus grand nombre
d’espaces laissés en blanc pour être complétés par la suite. H est le seul
manuscrit à laisser inachevée la moitié des vers 14560 (f. 110b), 14674 (f. 111b),
14755 et 14756 (f. 111c). Au f. 113c, le v. 15051 manque et le v. 15052 est
précédé d’un vers inachevé : Et d’ançaint fist a. H porte aussi deux groupes de
vers ajoutés en marge au chapitre III, 8 qui constituent une mise en garde
contre les menteurs ; vu leur similarité thématique et le fait qu’ils ne résultent
pas de sauts du même au même, il semble bien que ces vers, 5569-5580 (f. 43v)
et 5691-5698 (f. 45v), qui se présentent de façon tout à fait normale dans les
autres témoins, représentent ici des ajouts.
H se singularise également des premiers témoins en donnant dans la
rubrique liminaire la date du 8 novembre pour l’achèvement de l’ouvrage13 ;
tous les autres mettent le 18 novembre. Dans deux vers clés, v. 156, dernier
vers de I, 2 (La mutacion de Fortune) et v. 1460, dernier vers de la Ire partie (Et ses
grandes mutacions), H donne respectivement à la place de mutacion(s) les leçons
transmutacion et decepcions. Une explication plausible de cette anomalie serait que
l’auteur a trouvé le titre de l’ouvrage après la transcription de cette partie dans
H14. Cette hypothèse est appuyée par le fait que les rubriques ont été ajoutées
après la décoration dans les six premières parties de H et B15 et que les tables
ont été ajoutées par la suite dans H (à l’exception de la dernière), B, C et S (à
l’exception de la dernière table de H), ce qui suggère que le paratexte de la
Mutacion aurait pu être composé après le texte16. On remarque que dans les deux
premières parties de l’ouvrage, les espaces laissés pour les rubriques sont

12 Les hésitations sur le cadrage de la première enluminure de H (f. 1r) pourraient être un indice en ce
sens. La manière pressée qu’adopte le Maître de l’Épître Othéa dans ce ms. le distingue aussi de B,
C et S, qui sont plus soignés.
13 Même leçon dans le ms. E ; le ms. F ne donne pas de date ; voir C de P, Mutacion 1959-1966, 1,
p. 3.
14 Il est intéressant de remarquer que M porte la même leçon au vers 156, ainsi que O, qui est une
copie de ce manuscrit, et que E et F retournent à decepcions (ainsi qu’à beaucoup d’autres leçons
anciennes). Dans B, la leçon [L]a mutacion de est une correction sur grattage.
15 Dans C, les rubriques ont été en général inscrites avant la décoration, sauf celles des IIIe et VIIe
parties. On ne peut pas déterminer l’ordre des opérations dans S, vu qu’il n’y a pas de
chevauchement entre rubriques et lettrines.
16 D’autres indications textuelles : le v. 2729 est écrit dans H : Les poures gens dont leur mischief. B
contient une version postérieure, où le mot gens est barré et Sont ajouté devant par X, pour aboutir
à la leçon de l’édition actuelle (qui est celle des autres mss) : Sont les povres, dont leur meschief. Dans
III, 16, v. 6555, H porte la leçon lever alors que les autres mss donnent ici aler.
420 Mutacion de Fortune

similaires dans ces quatre témoins, quatre interlignes en moyenne, et sans


rapport avec la longueur des rubriques. D’ailleurs, dans H, au f. 58b, le dernier
vers du chapitre IV, 8 (et appaisiees les tempestes) a d’abord été écrit en marge, puis
ajouté au bon endroit. L’explication la plus plausible de cette anomalie nous
semble que le nombre de lignes que la rubrique allait occuper n’était pas encore
arrêtée au moment de la transcription ; par précaution, X a préféré laisser deux
interlignes pour la rubrique plutôt que d’avoir à gratter un vers par la suite. La
rubrique a fini par ne prendre qu’un seul interligne, et le vers aurait été par la
suite recopié au bon endroit – sans que sa première version soit effacée.

La Haye, KB, 78 D 42, f. 58b © La Haye, KB


Si H fut le premier exemplaire mis en chantier, il ne fut pas, toutefois, le
premier achevé. Les rubriques et les six premières tables de H ont été corrigées
et certaines changées après l’achèvement de celles des mss B, C et S.
Passons en revue les corrections des rubriques et des tables de H, qui
permettent de l’identifier comme le dernier manuscrit du groupe à être terminé.
Celles-ci sont les plus évidentes dans les première, deuxième, quatrième et
cinquième parties.
La première table de H contient douze chapitres, alors que dans les mss B,
C et S elle en contient treize. H combine les intitulés des chapitres 8 et 9 (Item le
chappel que sa mere lui envoya et Item la louange de la pierrerie du dit chappel) en un seul :
Item le chappel que sa mere lui envoia et la louenge de la pierrerie viij (ce dernier numéro
est corrigé dans la table). Pourtant le texte de ces chapitres avait déjà été copié,
et un espace de quatre interlignes laissé en prévision de deux rubriques. X
improvise en ajoutant dans l’espace laissé au f. 5b devant le début de l’ancien
chap. 9 (v. 567) une nouvelle rubrique non numéroté : de la premiere piere [sic].
Dans les manuscrits plus tardifs E et F, aucune rubrique ne paraît ici car le texte
est sans interruption. L’auteur a aussi décidé que l’ancien chapitre 10, numéroté
ici .ix. (Ci dit comment Fortune l’envoya en un sien message, commencerait avant le
vers 763 et non dix vers plus tard (v. 773). Dans les quatre premiers mss, un
espace de quatre interlignes est laissé aux deux endroits, le premier rempli, dans
B, C et S, par la rubrique De ce meismes et le deuxième par la rubrique Ci dit
comment fortune l’envoya en un sien message x. Dans H, la rubrique Ci dit comment
fortune l’envoya en un sien message ix précède le v. 763, et l’espace laissé devant le
v. 773 est comblé par l’indication va…cat. Ce réaménagement du texte avait été
Introduction 421

décidé après la décoration du manuscrit, car on voit que la lettrine a été grattée
et deux majuscules simples inscrites à sa place17.

La Haye, KB, 78 D 42, f. 6r © La Haye, KB


Dans les mss B, C, et S, la deuxième table contient 28 éléments pour les 26
chapitres énumérés dans le texte. Deux intitulés, Item de Meseur vj et Item des
povres gens qui sont a la IIIe porte xv, font en fait double emploi avec l’intitulé des
chapitres qui précèdent, respectivement le cinquième Item la façon de l’autre frere
(c’est-à-dire Meseur) et le quatorzième Item de la .iiije. face et porte du dit chastel et de
la portiere. Seule la table de H élimine la redondance en supprimant les intitulés
VI et XV des autres manuscrits, pour présenter un nombre égal de chapitres
(26), dans la table et dans le texte.
De même, pour la quatrième partie, H est le seul des quatre mss à avoir le
même nombre de chapitres (20) dans la table et dans le texte. B, C et S
produisent un décalage d’un chapitre en omettant dans la table le quatrième
chapitre sur la Théologie. H corrige cette erreur en présentant entre Theorique et
Physique l’intitulé Item de Theologie. L’ajout a été fait après la décoration de la
table, ce qui fait que cet intitulé est précédé d’un simple pied-de-mouche en
rouge au lieu du pied-de-mouche champi qui précède les autres intitulés. Tous
les numéros de chapitre après le quatrième ont dû être majorés, ce qu’on voit
clairement par les grattages et ajouts, et, au sixième chapitre, la leçon fautive
Metaphysique corrigée en Mathematique18.

La Haye, KB 78 D 42, f. 54r (corr. Main X) © La Haye, KB

17 Les mss E et F suivent la consigne et ne présentent ici ni rubrique ni espace.


18 La même erreur est corrigée sur grattage dans la rubrique du texte, f. 57b.
422 Mutacion de Fortune

La cinquième table de B, C et S présente 26 intitulés, omettant deux


chapitres qui sont numérotés 22 et 23 dans le texte : Ci dit des grans osts qui furent
assemblez pour aler sus Thebes et Ci dit de la grant occision qui fu devant Thebes. Il en
résulte un décalage de deux unités entre le nombre de chapitres dans la table
(26) et le nombre de chapitres dans le texte (28). H corrige la première erreur en
substituant l’intitulé Ci dit des grans osts… par une rubrique non numérotée Ci dit
de ce meismes. Toutefois, il ne résout pas entièrement le décalage, car, tout en
changeant l’intitulé et le numéro de l’ancien chapitre Ci dit de la grant occision qui
fu devant Thebes xxiiij en Cy dit comment les deux ostz assemblerent xxiij, la table ne
tient pas compte de ce changement, ce qui laisse un décalage d’un chapitre
entre le nombre d’intitulés dans la table (26) et le nombre de chapitres dans le
texte (27).
On remarque parallèlement dans H, outre la révision de rubriques textuelles
associées aux tables, le développement de la rubrique liminaire de la première
partie, ajoutée dans une colonne inemployée à la fin de la première table, et qui
met en exergue l’auteur. Le simple Ci commence le livre de la mutacion de Fortune (B,
C, S) devient dans H Ci commence la premiere partie du livre de la mutacion de fortune la
quelle partie parle de la personne qui a compilé le dit livre et de ses aventures.
La correction des tables et de certaines rubriques dans H indique donc que
ce témoin est postérieur aux mss B, C et S. Étant donné que H fut présenté à
Jean de Berry en mars 1404, il nous paraît logique de supposer que C et S, qui
comme B n’ont pas bénéficié de la révision des tables et des rubriques, avaient
été terminés avant H, et offerts à leurs destinataires entre janvier et mars 1404.
L’étude du texte et surtout des corrections dans les quatre premiers
manuscrits révèlent certaines faiblesses de l’exemplar ainsi qu’un processus de
correction qui est loin d’être systématique.
À part les lacunes initiales déjà signalées, on constate la présence de la même
lacune dans BCSH au v. 8615, où il est question du nombre d’années séparant
le Déluge et la construction de la tour de Babel19. Dans BCSH aussi, le v. 8203
est hypométrique (Soit car en quelconques lettres) ; il sera corrigé dans FE par
l’adjonction du mot voir devant car.
Certaines corrections et modifications dans ces quatre mss ont été faites
systématiquement. Ainsi, au v. 5629, Les poursuivre a moult grant hachée, Les est
changé de Leur ; dans ces quatre exemplaires aussi, au v. 11143 (Du regne de Boete
et destruire), le mot poete est corrigé en boete par grattage. Au v. 7274, Et de ceste
scïence auttentique, le mot de est supprimé soit par biffure soit par grattage.

19 La lacune ne sera comblée que plusieurs années plus tard, où la précision Cinq cens ans apparaîtra
dans les témoins F et E.
Introduction 423

Toutefois, la plupart des corrections ne sont pas aussi systématiques.


Certaines faiblesses communes ne sont corrigées que dans trois mss sur quatre,
signe d’un processus de correction imparfait, ou peut-être témoignage de
l’envoi d’un cahier non corrigé à l’ornemaniste. Les corrections les plus
significatives se trouvent sans doute dans la septième partie, où CHS apportent
des changements au texte de B. Par exemple, dans le v. 20790 (Et un fort buvrage
brasser), le ss de brasser est gratté dans ces trois témoins en c ; au v. 20862 (Où
fuyrent fors des champaignes), la leçon furent se trouve à la place de fuyrent, et elle est
suivie par le mot fois/foys/fouis sur grattage ; au v. 20938 (Toutes les fueilles et bois
maint), CHS portent la variante : Toutes fueilles \vers/ et bois maint. Ces variantes
auraient pu être introduites après la présentation de B en janvier 1404 ; elles
pourraient aussi témoigner de la hâte avec laquelle B a été achevé pour être
présenté en étrennes.
À d’autres endroits, seuls deux manuscrits portent des corrections
identiques. Ce phénomène est particulièrement frappant pour C et S, qui
portent un nombre élevé de corrections communes. Par exemple, dans
l’histoire des Juifs, neuvième paragraphe20, la durée du royaume de Juda
(CCCCLXIX [ans]) est corrigée sur grattage dans ces deux seuls témoins en
CCCCXLIX.
On est donc en présence, pour ces quate premiers témoins, d’un processus
de production fort complexe qui ne peut pas se réduire à un modèle linéaire ou
à un stemma classiques. Notre examen des corrections démontre que certaines
faiblesses et lacunes du modèle ont été corrigées en cours de production et
portées sur différents cahiers des quatre manuscrits, mais pas de façon
systématique. Seule une nouvelle édition qui rende compte de toutes les
variantes et de tous les grattages et ajouts nous permettrait d’y voir plus clair21.

2. Le cinquième témoin, M
Le manuscrit M (Chantilly, Bibl. du Château, ms. 493 {2}) est notre cinquième
témoin par ordre chronologique. Le texte et les tables22 y sont copiés en
continuité dans la même encre brun clair jusqu’au f. 346, et à partir de là jusqu’à
la fin, à l’encre brun très foncé, mais toujours en continuité. Le texte de M a été
transcrit après la correction de nos quatre premiers témoins, car le texte normal
incorpore des changements qui y étaient portés. Par exemple, M présente le
20 C de P, Mutacion 1959-1966, 3, p. 166.
21 L’édition de S. Solente, élaborée dans la période d’après-guerre, est un tour de force pour l’époque.
Le ms. S, redécouvert peu avant la publication du premier tome, n’y est pas pris en compte, et
l’édition ne tient pas compte de toutes les variantes des autres témoins, surtout celles du ms. de
Munich (E). Enfin, pour les manuscrits E et U, la distinction n’est pas toujours faite entre
corrections d’époque et modifications portées par une main du XVIe siècle (v. Reno 1998).
O. Delsaux prépare une nouvelle édition du texte (2010-2011).
22 Il y manque la première table.
424 Mutacion de Fortune

v. 1496 (Toudis y cuidoye cheoir) sans correction au f. 245a, alors que dans B, H et
S, cuidoye remplace pourroye. M présente sans correction, au f. 292a, le v. 7274 (Et
de ceste scïence auttentique), corrigé dans BCSH. Au f. 327b, le v. 1143 est écrit Du
regne de Boete et destruire, sans correction, contrairement à ce que l’on trouve dans
les quatre premiers témoins. Dans l’histoire des Juifs, la durée du royaume de
Juda est donnée comme CCCCXLIX ans, sans correction (f. 306b). D’ailleurs,
dans l’aménagement du texte, M (comme le feront E et F) respecte la consigne
va…cat inscrite dans le ms. H ; le texte est ici écrit en continu, sans qu’un espace
soit laissé.
M introduit aussi une décoration importante dans l’histoire des Juifs : une
belle majuscule filigranée de trois interlignes accompagnée d’un feston de demi-
fleurs de lys qui longe toute la colonne au f. 304a, mettant ainsi en valeur ce
texte qui est ici copié avec un soin particulier.
Quoiqu’il bénéficie des changements textuels des quatre premiers
exemplaires, M utilise pour la plupart des leçons la version ancienne des tables,
présentant les mêmes incohérences que B, C et S : 28 éléments à la deuxième
table pour les 26 chapitres énumérés dans le texte de cette partie ; 19 éléments à
la quatrième table à cause de l’omission du chapitre sur la Théologie ; 26
éléments à la cinquième table alors que la cinquième partie contient 28
chapitres. Toutefois, l’espace prévu pour les rubriques est plus logique par
rapport aux mss B, C, H et S, ce qu’on remarque surtout dans les deux
premières parties, où un nombre variable et adéquat de lignes a été laissé. Il
semble aussi qu’une tentative ait été faite pour rectifier, du moins partiellement,
la IIe table fautive : au f. 244a, le pied-de-mouche bleu qui précédait ITem de
meseur a été presque entièrement effacé, sans doute dans une tentative avortée
de rectifier l’erreur, mais l’intitulé n’a pas été touché, ni le pied-de-mouche ou
l’intitulé du chap. xv.
M comporte une image de plus que les quatre mss du premier groupe,
ajoutant une deuxième scène de siège au début de la VIe partie, dans l’espace
laissé à la fin de la table. La scène de siège qu’elle dépeint, peut-être été jugée
trop proche de celle qui ouvre la Ve partie, sera remplacée dans les deux
derniers exemplaires par une scène de bataille où figure l’armée des Amazones.

3. Les trois derniers témoins, E, F et V23


Sur la foi de l’illustration, M. Meiss a identifié E24 et F comme les derniers
témoins complets de la Mutacion de Fortune, qu’il a datés des environs de 1410-

23 La notice de ces deux derniers mss se trouve dans la section « Manuscrits recueils ».
24 E ne contient actuellement que six parties, la dernière ayant été amputée.
Introduction 425

1411. De plus, comme l’a montré S. Solente, les deux folios du fragment V ont
une parenté textuelle très étroite avec les passages correspondants de F25.
Illustrés tous les deux par le Maître de la Cité des dames, E et F présentent
un programme modifié par rapport aux exemplaires qui précèdent. Ils
suppriment l’enluminure qui dépeint Fortune avec Eur et Meseur au début de
II, 6, et remplacent la scène de siège au début de la Ve partie par un groupe de
rois. La scène de siège qui figurait dans M au début de la VIe partie est
remplacée par une scène de bataille où l’armée des Amazones semble
l’emporter. Dans ces deux témoins aussi, l’enluminure représentant la salle de
Fortune met en scène pour la première fois Christine, contemplant les peintures
historiques censées avoir inspiré son texte, dont elles deviennent une mise en
abyme. Enfin, les deux manuscrits prévoyaient chacun une enluminure
supplémentaire, qui n’a jamais été exécutée, pour illustrer l’histoire de Troie, qui
commence au chap. VI, 4.
E et F témoignent aussi à plusieurs endroits d’une évolution textuelle : dans
la Ire partie, la rubrique IX manque, et le texte continue sans interruption entre
les vv. 566 et 56726. Ils comportent notamment, seuls parmi les témoins
originaux27, une leçon variante pour les vv. 601-602 : à la place de A, que il ne
peut maubaillir // Ne a avoir grant bien faillir, on lit A grant vertu ne peut faillir, //
N’en nul cas ne pourroit faillir. E et F présentent un texte légèrement amplifié :
deux vers de plus après le v. 1916, deux autres après le v. 4466. Le blanc
représentant le nombre d’années qui séparent le Déluge et la construction de la
tour de Babel au v. 8615 est enfin rempli, comme on l’a signalé précédemment.
Le v. 8203, qui est hypométrique dans BCHMH (Soit car en quelconques lettre) est
enfin corrigé par l’addition du mot voir après Soit28.
Malgré leurs similitudes, E présente certains détails textuels qui semblent des
améliorations par rapport à F29 et surtout trois enluminures qui témoignent
d’un renouvellement du sujet de la part de l’artiste (v. notice du ms. Munich,
BSB, Cod. gall. 11).

25 C de P, Mutacion 1959-1966, 4, pp. 97-99.


26 Ibidem, 1, p. 26.
27 Le ms. plus tardif Paris, Bibl. de l’Ars., 3172, qui comme E a appartenu à l’écrivain Anne de
Graville au XVIe s., présente cette même variante.
28 L’édition Solente ne tient pas compte de la leçon de E.
29 V. l’éd. Solente.
F. 2r © Bruxelles, KBR
{22} Bruxelles, KBR, 9508
Livre de la mutacion de Fortune

CONTENU
F. 1a-b « Ci commence la table des rebriches de ce p(rese)nt volume appellé le livre de la mutacion de fortune fait et
accompli le xviije jo(ur) de novembre l’an de grace mil CCCC. et iij. Et est devisé le dit livre en vij. parties / La
premiere partie parle de la personne qui a compilé le dit livre et de ses aventures …−… ITem la vije partie de
l’istoire de Romme abrigee / celle d’alixandre et des princes regnans environ le temps de la personne qui a compilé
le dit Livre ».
F. 1b-d-« Ci sont les rebriches des chapitres du premier livre / le p(re)mier prologue. .i. …−… ITem comment
elle fu retournee arriere de son message .xiij. ».
Ff. 2a-13b « Ci commence le livre de la mutacion de fortune .i. Comment sera ce possible //
A moy simple et pou sensible …−… Ses meurs et ses condicions // Et ses grandes mutacions1 ».
F. 13c-d « Ci commencent les rebriches de la table du second livre appellé la mutacion de fortune Le premier
chapitre de la situacion du dit chastel et ou il siet .i. …−… ITem Les perilz et mechances qui sont ou dit chastel
.xxviij.2 ».
Ff. 14a-36a « Ci commence la seconde partie du livre appellé la mutacion de fortune.
Premierement de la cituacion du dit chastel / & comme il est fait .i.3 [14b] Il a un lieu
dessus la mer // que l’en seult grant peril nommer …−… Et leur manda par le prophete // Que
vers lui avoient paix faite. Explicit la seconde partie de ce present livre ».
F. 36a-b « Ci commence la table des rebriches de la tierce partie du livre de la mutacion de fortune qui parle des
condicions et sieges de ceulx qui sont logiez ou chastel de fortune Le premier chapitre du plus hault siege .i.
…−… Item des infortunes des femmes xxj. ».
Ff. 36b-57b « Ci commence la tierce partie du livre de la mutacion de fortune qui parle des
sieges & condicions de ceulx qui sont logiez ou dit chastel [36c] Ci dit du plus hault siege
.J. Tout ainsi com j’ay devisé // du chastel que bien avisé …−… Ainsi charité morte treuvent //
Ce scevent celles qui l’espreuvent. Explicit la t(ier)ce partie du livre de la mutacion de
fortune ».
Ff. 57c-d « Ci commence la table des rebriches de la q(ua)rte4 partie du livre de la mutacion de fortune qui parle
de la sale du chastel de fortune / quelles pourtraitures il y a de philosophie et de ses parties et des sciences / du
commencement du monde et des histoires des juifs Le premier chapitre de la sale de fortune et de ses pourtraitures .i
…−…Item des juifs xix5 ».

1 Ce dernier mot est corrigé sur grattage. Le trait d’attaque et la hampe prolongée de la lettre initiale
d’origine sont partiellement visibles, indiquant que cette lettre était peut-être un I [Invencions ?] ou
un p (le ms. de La Haye porte à cet endroit la leçon decepcions).
2 Cette partie comporte en fait 26 chapitres. Les intitulés vj (Item de meseur) et xv (Item la .ije. face et porte
du chastel de fortune) ne correspondent à aucune rubrique dans le texte.
3 Cette rubrique commence vers le bas de la col., dont les 26 premières lignes sont vides. Elle aurait
pu tenir très facilement à la fin de la table qui précède, indication de plus que celle-ci a été ajoutée
après la transcription du texte de cette partie. Remarquons d’ailleurs que le début du texte de la IIe
partie est mal calculé : cette partie commence au f. 16b.
4 Ce mot corrigé sur grattage.
5 En fait, cette partie comporte 20 chapitres ; la table omet l’intitulé du 4e chapitre contenu dans le
texte, qui traite de la théologie.
428 Mutacion de Fortune

Ff. 58a-74a « Ci de la sale du chastel & quel pourtraitures il y a .j. Or ay devisé grant
partie // de ce lieu ou est departie …−… en punicion du pechié qu’ilz commirent en crucifiant
nostre seigneur. Explicit la quarte partie de ce present volume ».
F. 74b-d « Ci commence la table des rebriches de la .v.e partie du livre de la mutacion de fortune. La quelle parle
des premiers royaumes qui seigneurirent au monde / et des seignouries de grece Le premier chapitre comment les
uns vouldrent sur les autres seigneurir .i. …−… Item dit de crete et d’athenes. xxvj.6 ».
Ff. 75a-110c « Ci co(m)mence la .v.e p(ar)tie du livre de la mutacion de fortune /
premierem(en)t de p(re)miers royaumes qui seigneurirent au monde / & des seigneuries
de grece .j. Or est dieu merci respassee // La grevance qui ma pensee …−… Dont des mors y
ot grant foison // Tant que dura celle saison Explicit la .v.e partie de ce present volume ».
Ff. 110d-111b « Ci commence la table des rebriches de la vj.e partie du livre de la mutacion de fortune / la quelle
parle des amasones et l’istoire de troye abrigee Le premier chapitre du roy vezones / et comment le royaume
d’amasonie commença .i. . …−… ITem comment Les trayteurs furent chaciez et les pestillences qu’orent gregois a
leur Retour en grece xxxv. ».
Ff. 111b-147c « Ci commence la vje. partie du livre de la mutacion de fortune qui parle des
amasones / et l’istoire de troye abrigiee. [111c] Ci dit du roy vesonnes et comment le
royaume de amasonie7 commença .J. En cellui temps un roy regnoit // En egipte qui moult
tenoit …−… \&/8 Ainsi fu la fin des grieux // N’orent des troyens gueres mieulx Explicit l’istoire
de troye et la vj.e partie du Livre de la mutacion de fortune ».
Ff. 147d-148c « Ci commence la table des rebriches de la vij.e partie du livre de la mutacion de fortune qui parle
de l’istoire des Rommains abrigee / celle d’alixandre et des princes regnans envir(on) l’aage de la personne qui a
compilé le dit livre Le premier chapitre parle de eneas q(ui) se parti de troye et de la geneologie des Rommains i.
…−… Item la conclusion du livre .lv. ».
Ff. 148d-188d « Ci commence la vij.e partie du livre de la mutacion de fortune qui parle de
l’istoire des ro(m)mains abrigee / celle d’alix(andre) / &c(etera) le p(re)mier chapitre qui
p(ar)le d’eneas .i.9 Eneas se parti de troye // La deserte et par mer sa voye …−… [188c] Paix
solitude volumtaire // Et vie astra\c/te solitaire [188d] Explicit la septieme & derreniere partie du livre
de la mutac(i)on de fortune. Deo gracias. ».
F. 190d : « Det deus actori bona maxima carminis huius »10.

F. 190d © Bruxelles, KBR

HISTOIRE
Date : fin 1403-début 140411. La Mutacion fut terminée le 18 novembre 1403 ;
cet exemplaire fut présenté à Philippe le Hardi en étrennes l’année suivante.

6 En fait, cette Ve partie comporte 28 chapitres. Deux chapitres numérotés 23 et 24 dans le texte, Ci
dit des grans osts qui fure(n)t assemblez po(ur) aller sus thebes (f. 105d) et Ci dit de la grant occision qui fu devant
thebes (f. 106b), ne sont pas pris en compte dans la table.
7 Le i dans ce mot est un i long.
8 La perluète est ajoutée en marge.
9 Deux ou trois lettres en rouge sont effacées après la rubrique.
10 En dessous, une ligne de texte caviardé semble malheureusement irrécupérable.
11 Voir Mss datés Belgique, 2, A94, p. 68.
{22} Bruxelles, KBR, 9508 429

Possesseurs : Philippe le Hardi (Inv. 1404)12 ; Jean sans Peur (Inv. 1420)13 ;
Philippe le Bon (Inv. 1467-1469)14 ; Charles le Témémaire (Inv. 1485-1487)15 ;
Maximilien Ier ; Charles-Quint (Inv. 1536)16 ; Philippe II (Inv. 1577, no 89)17. Le
ms. fut confisqué par les Français en 1794 et restitué en 1815 : traces de
l’estampille rouge de la BnF aux ff. 1r et 188v, effacées et recouvertes par
l’estampille de la KBR, qui se voit à bien d’autres endroits18. Cartouche noire de
la Bibliothèque de Bourgogne aux ff. 2r et 188v.
Ajouts plus tardifs : talons sur lesquels sont montés les ff. 1 et 146 ; talons de
retour av. le f. 1 et entre les ff. 156 et 157.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (349 x 254 mm)19 : (I)20 + 19021 + (I). Peau ivoire,
assez jaunie aux derniers ff. (à partir du f. 130), piquetée de trous de ver au
début (jusqu’au f. 18) et à la fin (jusqu’au f. 165). De nombreux folios sont
rapiécés22, et plusieurs ff. présentent des marques de poils23. La règle du vis-à-
vis est respectée sauf aux ff. 74-76, disposés c/p, 79-81, disposés p/c, 156-157
et 185-187, disposés c/p. Aux ff. 49r et 167v, marques de parcheminier (barres
verticales et cercles) analogues à celles que l’on voit dans d’autres manuscrits de
la Mutacion24.
Encres : brun foncé, mais presque noire pour les ff. 26-47v et 96d l. 2825-
156v, pour les tables 1 (f. 1r-v), 2 (13v), 4 (f. 57v), et 5 (74b-d)26 et pour trois
vers (vv. 10902-10904)27. Encre rouge vif pour les rubriques.

12 De Winter 1985, nº 61. Comme le dit Christine au début du Livre des fais et bonnes meurs (I, 1), c’est
cet ouvrage et de toute évidence ce ms. qui lui avait valu la commande qu’elle reçut du duc de
Bourgogne pour la biographie de son frère Charles V.
13 Doutrepont 1906, nº 98.
14 Barrois 1830, nº 907.
15 Barrois 1830, n° 1799.
16 Michelant 1872, p. 268.
17 Marchal 1842, 1, p. cclii. Le ms. figure ensuite dans les inventaires Franquen en 1731 (no 267) et
Gérard en 1797, no 500.
18 Ff. 2r, 14r, 29r, 61r, 81r, 95r, 122r, 131r, 176r.
19 Le f. 1 (première table), monté sur un talon, est moins long d’un mm et moins large de 6 mm.
20 Les gardes, en parchemin moderne très épais, sont solidaires des contregardes.
21 Le texte se termine au f. 188d ; le f. 189 est entièrement réglé des deux côtés mais ne porte pas
d’écriture ; le f. 190 n’a que les lignes maîtresses de la réglure (de chaque coté), et porte au verso le
vœu tracé par Main X (Det deus… ; voir ci-dessus).
22 Ff. 1 (pièce peut-être moderne), 3, 28, 56, 73, 74, 79, 90, 94, 96, 97, 103, 104, 106, 125, 131, 149,
151, 154, 161, 165, 168, 171, 177.
23 Ff. 21r, 22v, 51r, 107v, 107r, 108v, 109r, 110v, 111r, 112v, 113r, 116v, 117r, 118v, 119r, 140v, 141r.
On note aussi une lisière (f. 136), une couture (f. 158), des traces de veines au f. 140 et plusieurs
ff. portant des petits trous, par ex. 1, 79, 141, 146, 151.
24 Voir Introduction aux mss de la Mutacion.
25 À partir du mot avoir, en milieu de vers.
430 Mutacion de Fortune

Préparation
Piqûres : selon le cahier, entre quatre et dix piqûres, pour marquer
l’emplacement des colonnes et les première et dernière LR. Elles prennent
différentes formes : ronds, fentes, triangles.
Réglure : à la mine brunâtre, qui laisse des traces prononcées et assez
uniformes ; ff. 146-fin, à la mine de plomb qui laisse des traces grises moins
visibles.
Mise en page (f. 6r) : 349 x 254 mm = 41 + <210> + 98 x 24 + <6> +
6 + <66 > + 20 + <6> + 6 + 65 + 55 mm. La règle du vis-à-vis est respectée
sauf aux ff. 79-81, disposés p/c, et 156-157, 185-187, disposés c/p.
Justification 210 x 175 ; 2 cols, 34 interlignes, parfois 33 ou 35, l’écriture
commençant sous la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
11 1 138 90-97 b
28 2-9 C 148 98-105 C
38 10-17 (traits) / E/ p♥ 158 106-113 (traits)/ q
48 18-25 (traits rouges)/ q 168 114-121 (traits) /
(traits) / J
58 26-33 d 178 122-129 (traits) / g
68 34-41 a 188 130-137 (traits)28 / v
78 42-49 (traits) / b 198 138-145 (traits) / s
(long)
88 50-57 (traits) / C 2011(10+1) 146-156♠ (traits) /
(chiffre à
l’encre rouge)
/ d♦
98 58-65 k 218 157-164 (traits) / E
108 66-73 x 228 165-172 (chiffres) / v
118 74-81 (traits) / y 238 173-180 (chiffres) / x
128 82-89 d 2410 181-190 (chiffres) / z

26 Comme elles sont toutes écrites à l’encre brun foncé qui est souvent plus foncée que l’encre
utilisée pour la partie du texte qui correspond, il est probable que toutes les tables ont été
exécutées après le texte sur des ff. laissés en blanc. V. « Introduction » à cette section.
27 [Mais] trop les aloit dommagent // Leomedes de p(ar)te roy // Pour ce qu’en eulx n’avoit arroy. Ces vers sont
soit ajoutés dans un espace réservé soit écrits sur grattage.

Les signatures de ce 3e cahier sont des plus énigmatiques : le f. 10 porte la signature Ej à l’encre
noire ; les trois ff. suivants (11-13) portent successivement pj, pij, et piiij, tracés à l’encre brun foncé,
le f. 13 portant aussi quatre traits tracés à l’encre brun clair ; le f. 15, qui est pourtant à sa place, a la
signature piij, tracée aussi à l’encre noire.
28 Au f. 133, à la place de quatre traits, on trouve le mot quatre.

Le f. 146, qui est sans signature, est monté sur un talon, qui a dû être renouvelé lors de la nouvelle
reliure ; le retour se voit entre les ff. 156 et 157.

Les signatures de ce cahier sont les suivantes : f. 146 : (rien) ; f. 147 : dj (à la mine de plomb) ;
f. 148 : trois traits à l’encre brune / dij (mine de plomb) ; f. 149 : trace de traits bruns / diij (mine de
plomb) ; f. 150 : diiij (mine de plomb) ; f. 151 : dv (mine de plomb) / vj (à l’encre rouge). Cette
dernière signature rouge a sans doute été tracée lors de la rubrication après l’ajout du f. 146r au
cahier, faisant du f. 151 non plus le 5e, mais le 6e f. du cahier.
{22} Bruxelles, KBR, 9508 431

Signatures : les signatures définitives, le plus souvent à l’encre noire, sont


faites d’une lettre suivie d’un chiffre de .j. à iiij. Celles du 15e cahier semblent
tracées à la mine brunâtre, et celles du 20e cahier sont à la mine de plomb. Les
traits, normalement tracés à l’encre brune, mais à l’encre rouge aux ff. 25, 157,
158, peuvent être verticaux, horizontaux, ou obliques. Les chiffres romains des
trois derniers cahiers sont en rouge. Les signatures avaient été inscrites avant
que les réparations n’aient été faites au parchemin, comme on le voit au f. 90r
(trace de signature sous le coin inf. réparé).
Réclames : tracées par X le plus souvent dans une écriture plus ou moins
hâtive29, sauf aux ff. 121v, 164v, 172v et 180v, où l’écriture est soignée30. La
plupart sont alignées sur la fin de la 2e colonne ; quelques-unes sont centrées
par rapport à celle-ci ; celle au f. 57 (4e table) est écrite, exceptionnellement, en
bas de m/g31.
Foliotation : 1-190, moderne, au crayon.
Travail d’écriture
Texte et tables : Main X.
Style : cursive calligraphique. Très soignée et particulièrement droite au
départ (surtout au 1er f.), l’écriture s’assouplit à partir du 2e cahier et montre
plus d’exubérance. À partir du f. 157 (où l’encre devient soudain plus foncée)
jusqu’à la fin, l’écriture se fait nettement plus hâtive : l’ornement des lettres en
tête et en queue de colonne, jusqu’alors très élaborée, tend à disparaître (voir
rubrique « Lettres décorées »).
Ponctuation : abstraction faite des points encadrant les chiffres romains,
le seul signe de ponctuation est la virgule, dont X fait un usage restreint.
Corrections : Main X ; assez nombreuses, surtout sur grattage32.
Préparations de correction de X’.
À signaler tout particulièrement deux vers ajoutés en cursive rapide au f. 51d en
m/q qui auraient dû clore le chap. III, 13 : ils sont précédés d’une croix qui
renvoie à celle tracée dans l’entrecolonne à la fin du chapitre33.

F. 51d © Bruxelles, KBR

29 On observe le même phénomène dans les mss BnF, fr. 1176 et nafr. 4792, Chantilly 492 {1} et
Londres, BL, Harley, MS 4431, copiés eux aussi par X.
30 V. rubrique « Style ».
31 L’encre de cette réclame est plus claire que celle, foncée, de la table, et elle est écrite sur un plus
grand module que les autres, dans la même écriture qu’on voit dans les réclames « matérielles » du
recueil Harley.
32 Voir p. ex. ff. 8c l. 10 (v. 821) : Sy se sont d’aller pourveux corr. en Si \se/ sont de l’aller pourveus (de l’ sur
gr.) ; 33d l. 19 (v. 3980) : Silla la tres suivi d’un trait sur gr. (même changement dans Mutacion ex-
Phillipps 207) ; 125c l. 1, v. 15297 : \par nuit/ remplace ensemble, exponctué.
33 Si croi se dieu me doint p(ar)do(n)s // qu(e) soit de mauvés & et bons. Ces vers n’auraient pas été ajoutés à
l’exemplar, car ils ne figurent dans aucun autre témoin de la Mutacion, ni dans l’éd. Solente.
432 Mutacion de Fortune

Rubriques : Main X ; bien que quelques-unes soient trop serrées34, les


rubriques occupent rarement toute la place prévue. Elles ont été ajoutées soit
après la décoration35, soit avant36.
Décoration : ornemaniste « aux brins de fantaisie ».
Bordure : f. 2r : trois fines baguettes doubles or et bleu/rose foncé formant
U, à vigneture sur tige aux angles et sur fil, fleuron à fer de lance or en m/q,
ronds d’or et brins variés y compris de feuilles gouttes bleues ou rose foncé. Un
rinceau de vigne or sur fil partant du cadre de l’enluminure vient s’insérer dans
la bordure en m/t.
Grandes lettrines
F. 2a (début Ire partie) : C bleu (4) sur fond rose, à remplissage de
vigneture sur or.
F. 14b (début IIe partie) : I bleu (6) sur fond or échancré, avec rinceaux
de vigne sur tige et brin sur fil. Le rinceau remontant longe la partie
basse du cadre (de même pour les 4 lettrines suivantes).
F. 17d (début II, 6) : D rose (4) sur fond bleu, à remplissage de deux
feuilles de vigne sur or, avec rinceaux de vigne sur tige.
F. 36c (début IIIe partie) : T bleu (4) sur fond rose à remplissage de
vigneture sur or, avec rinceaux de vigne sur tige et sur fil et rond d’or.
F. 58a (début IVe partie) : O rose (4) sur fond bleu, à remplissage de
deux feuilles de vigne sur or, avec rinceaux de vigne et brin sur fil.
F. 75a (début Ve partie) : O bleu (4) sur fond rose, avec rinceaux de vigne
et brin sur fil.
F. 111c (début VIe partie) : E bleu (4) sur fond rose, à remplissage de
deux demi-palmettes sur or, avec rinceaux de vigne sur fil et rond d’or.
Lettrine champie : f. 148d, début VIIe partie, E (3).
Lettres champies de 2 lignes, quelquefois de 3 lignes37, au début de chaque
chapitre et rarement d’une seule ligne à l’int. d’un chapitre38.
Lettres décorées et à grotesques : c’est dans ce ms. que la main X donne
le plus libre cours à sa fantaisie. Jusqu’au f. 157, on remarque une abondance de
lettres cadelées et à phylactères, souvent rehaussées de touches rouges.
Plusieurs lettres subissent des mutacions sous nos yeux, se transformant en
poisson (ff. 49a, 59b), en fauve (ff. 147c, 156c), en hybride de fauve et de
dragon (f. 154b), en têtes humaines (ff. 122c, 153a) ou quasi-humaines (f. 138a).
Au f. 1a, la boucle d’un g, orné d’un phylactère enroulé, déploie en m/q deux
grandes feuilles sur hachures39. Au f. 176c, une demi-fleur de lys ornant la
majuscule de Julius où il est question de la rivalité entre Jules César et Pompée
pourrait cacher une allusion politique.

34 Par exemple au f. 75a.


35 Voir ff. 2a, 58a.
36 Voir f. 178d.
37 Par exemple aux ff. 148d, 168b, 169c, 177b, 186a.
38 F 30d.
39 V. les nombreuses feuilles d’acanthe que X dessinera dans les marges du ms. KBR 10476 {52}.
{22} Bruxelles, KBR, 9508 433

F. 16d, 122c, 154b, 176c (lettres cadelées, décorées et à grotesques)


© Bruxelles, KBR
Enfin on remarque la présence de nombreux doubles cœurs dans des
phylactères (ff. 45a, b, 46a, 62a, 102c, 103a, 152c) et de la devise mon coeur avez
dans d’autres (ff. 36d, 45b)40, motif auquel fait écho l’inscription cordis dans
l’entrecolonne du f. 188r41. Ces cœurs symbolisent-ils l’amour que Christine
gardait pour son mari prématurément disparu, comme le suggère, dans un S
majuscule au f. 29c, l’inscription (?)eulette partiellement effacée ? C’est bien
probable, mais on pourrait aussi y voir une allusion aux fiançailles des petits-
enfants de Philippe le Hardi, le futur Philippe le Bon avec Michelle de France,
fille de Charles VI, et Marguerite de Bourgogne avec le dauphin Louis de
Guyenne. C’est, en effet, en 1403 que le duc avait conclu ces négociations
matrimoniales fort avantageuses. Peut-être, enfin, s’agirait-il d’un manuscrit que
Philippe le Hardi voulait offrir à son épouse ? Une interprétation n’exclut pas
l’autre.

Ff. 29c, 31a et 45b (Seulette [?] et Mon cuer avez) © Bruxelles, KBR

40 Cette devise se retrouve sur des bagues de l’époque ; voir Lib. ducs Bourgogne, 3, p. 111.
41 Cette inscription n’a aucun rapport textuel avec l’avant-dernier chapitre dans lequel elle se trouve.
434 Mutacion de Fortune

Pieds-de-mouche : les première et deuxième tables seules sont ornées de


pieds de mouche alternés or et argent42. Pieds-de-mouche champis dans le
texte, sans alternance stricte ; ils sont relativement nombreux dans le
chap. IV, 4 sur la théologie43 et dans les derniers folios du ms.
Illustration : Maître de l’Épître Othéa.
Toutes les enluminures sont encadrées d’or cerné de noir, le cadre décoré de
brins sur fil à feuilles or agrémentés de ronds d’or. La première, au cadre
ouvert, est ornée en plus d’un brin sur fil à feuilles gouttes bleues et rouge rosé.
1. F. 2a (début Ire partie), av. rubr. Ci commence…, 115 x 83 mm (+ 15 mm
hors cadre) : Christine dans son étude. Christine, en robe brune et cornette blanche,
assise sur un siège de bois, écrit de la main dr. à la plume dans un livre ouvert à
sa table de travail couverte d’un drap rose. La scène prend place dans un
intérieur d’architecture beige à moulures, plafond rouge et clefs pendantes, avec
une porte sur le côté dr. Elle se termine à g. par une superposition d’arcs
ajourés et un fleuron. Le sol est carrelé de rouge, blanc, verdâtre et jaune pâle.
À l’extérieur, on aperçoit le haut de tours crénelées roses et beiges qui
dépassent du cadre.
2. F. 14b (début IIe partie), apr. rubr. (en bas du f. 14a), 100 x 78 mm [Album
couleurs, n° 34] : L’accueil d’Eur au château de Fortune. Eur, coiffé d’un chapel de
feuillage, est vêtu d’une courte houppelande verte ceinturée d’or, et de chausses
parties vert et noir. Debout sur la berge qu’un pont relie au château, il accueille
le premier visiteur, en houppelande rouge, collier d’or et chapel de feuillage
comme lui, qui débarque d’une nef. D’autres nefs approchent, ainsi que des
visiteurs à pied. Richesse, assise devant sa porte, incline la tête et pointe du
doigt les visiteurs. Elle est couronnée d’or et porte une robe blanche semée de
besants ; les autres personnages sont vêtus de rouge ou de vert uni. Le château
beige aux tours crénelées se déploie suivant un plan complexe. Dans
l’embrasure de la porte sont scellés des anneaux pour amarrer les nefs. L’eau et
le ciel se confondent.
3. F. 17d (début II, 6), av. rubr., 112 x 86 mm [Album couleurs, n° 35] :
Fortune, Eur et Meseur. Fortune est debout sur une demi-roue. Sa moitié noire
aux traits négroïdes, demi-couronne d’argent (?) et vêtement noir bleuté, tient
une flèche empennée de rouge et de blanc pointée vers le bas à dr. et pose le
pied sur des flammes. Sa moitié blanche à dr., à demi-couronne or, vêtue d’une
robe d’or bruni, tient une couronne d’or et repose sur de l’eau. Eur, juvénile, en
longue houppelande verte, collier d’or à pendant et souliers noirs, porte un
chapel de feuillage sur la tête et un autre à la main. Meseur, à barbe noire bifide,
est en chaperon vert, tunique brune, chausses mal fixées et souliers montants à
boucles. Un poignard dans son fourreau est attaché à sa large ceinture. Il tient
un bâton des deux mains. Le sol est carrelé de vert foncé, vert pâle et bleu
dégradé de blanc, et le ciel est en perspective aérienne.

42 Même décoration aux mêmes endroits dans le ms. Chantilly 494. Dans la troisième table ici,
(f. 36d), on voit des dessins de pied-de-mouche pour les 5 derniers chapitres (ainsi que pour la
rubrique qui suit), mais sans couleurs.
43 Quinze sur le seul f. 60v, dont six et quatre d’affilé dans la 2e col.
{22} Bruxelles, KBR, 9508 435

4. F. 36c (début IIIe partie), av. rubr., 115 x 76 mm : L’intérieur du chastel : le


plus haut siège. Deux papes assis sur le trône pontifical tendu d’un même drap
bleu pâle, vêtus d’un manteau à chaperon, l’un rouge, l’autre bleu, argumentent
par des gestes. Huit clercs plus petits font cercle tout autour, assis sur des
tabourets ou au balcon d’une architecture complexe faites d’espaces emboîtés
suivant une perspective courbe, sur fond de ciel. Les arcatures sont de pierre
beige et les plafonds réticulés de jaune et laque rouge ; le sol carrelé et losangé
de vert et de blanc. Les clercs portent des habits rouges, bleu pâle, gris ou blanc
à chaperon.
5. F. 58a (début IVe partie), av. rubr., 89 x 81 mm : Les peintures de la salle de
Fortune. Encadrée d’une arcature rose formant diaphragme avec toit d’ardoise
bleu, gâble et petits pinacles sortant du cadre, la salle vide est peinte en deux
registres seulement : en bas, devant une ville, s’affrontent dans la mêlée des
chevaliers en cottes bleues ou ocres sur leurs montures grises, gris pommelé,
brun clair ou foncé, ou couverte d’une robe rouge. En haut sont assises sept
figures féminines couronnées vêtues de rouge ou de blanc-gris qui tiennent des
sceptres. Le fond est vert en bas, jaune-vert surmonté de ciel au registre
supérieur, et le carrelage de la salle fait de losanges blancs ou jaunes à écoinçons
alternativement roses et bleus, inscrits entre des bandes blanches avec des
carrés roses ou bleus aux intersections.
6. F. 75a (début V, 1), av. rubr., 104 x 81 mm (le donjon dépasse le cadre de
27 mm) : Siège d’une ville. Combat de cavaliers et de piétons autour d’une ville
aux toits rouges ceinte de remparts dont le donjon beige à deux étages
d’échauguettes et machicoulis sort du cadre. Il est percé de nombreuses fenêtres
fermées d’un volet à anneau de fer. À l’entrée, des guerriers tentent une sortie.
Du haut des murs, des soldats en tunique rose regardent en contrebas. Devant,
un groupe de guerriers à pied armés de lances défend l’entrée. Des assaillants
arrivent par la g. sur leurs chevaux bondissants. À dr., un autre visière baissée
porte l’étendard (d’or à la bande d’azur). Les armures sont bleutées, les tuniques
en bleu, verdâtre, rose ou rouge semé de besants ou à chevrons, et les chevaux
marron, brun ou pommelé.
Reliures : XXe, s., bois épais partiellement recouvert de cuir rouge, les deux
matériaux séparés d’une bande de métal, deux fermoirs en métal et cuir rouge.
Dos à 9 nerfs, étiquette en cuir noir portant le numéro 9508 collé au dos
(ancienne étiquette en maroquin rouge portant titre « LE LIVRE / DE LA /
MUTACION / DE FORTUNE / PAR CHRISTINE / DE PISAN » en
lettres d’or collée à la contregarde sup. L’inventaire de 1420 décrit ce qui fut
sans doute la reliure d’origine : « cuir rouge marqueté à dix cloux et deux
fermouers de leton »44 ; l’inventaire de Philippe II fait état d’une couverture en
cuir blanc45.
BIBLIOGRAPHIE
De Winter 1985, p. 139, n° 61 et pp. 215-217, n° 14. Dogaer & Debae 1967, n° 154. Gaspar et
Lyna 1, pp. 436-437, n° 182 et 2, pl. CII b. Lib. ducs Bourgogne, 3, pp. 107-112. Mss datés Belgique, 2,

44 Doutrepont 1906, p. 58 nº 98.


45 Voir KBR 11675-76, f. 107v-108r, nos 88 et 89.
436 Mutacion de Fortune

p. 68, A94. Meiss 1974, 1, pp. 9-12, 291-292, 388, 418 ; 2, figs. 12, 21, 25, 29, 33. C de P, Mutacion
1959-1966, 1, pp. xcix-cix. Ouy 1985. Schaefer 1937, pp. 167, 191, 192, 193 et figs 52, 146-150.

COMMENTAIRE
Les ff. 157-fin semblent destinés au ms. de La Haye : ils sont écrits dans le
même style quelque peu plus rapide que celui du reste de ce ms. et réglés à la
mine de plomb, comme le ms. de La Haye. L’encre brune est plus claire que
celle qui précède ; les lettrines champies sont en retrait, comme celles du ms. de
La Haye qui commencent après les majuscules ordinaires, tandis que celles du
reste du ms. de Bruxelles sont au même plan que celles-ci (v. l’Introduction aux
mss de la Mutacion).
Au bas du f. 25, on lit l’inscription calligraphiée de la main du texte, mais sur un
module plus petit : Ci co(m)mence .j. quayer escript en un jour t(re)stout. La Main X a
le sentiment d’avoir accompli une prouesse en transcrivant en une journée un
cahier entier, c’est-à-dire, 16 pages de grand format à deux colonnes : cela
représente en effet le triple de la production moyenne d’un copiste de
l’époque46.

F. 26r © Bruxelles, KBR

46 J. P. Gumbert, « The Speed of Scribe », Scribi e colofoni. Le sottoscrizioni di copisti dalle origini all’avvento
della stampa. Atti del seminario di Erice. X colloquio del Comité international de paléographie latine (23-28
octobre 1993), éd. E. Condello et G. De Gregorio, Spoleto, Centro italiano di studi sull’alto
medioevo, 1995 (Biblioteca del ‘Centro per il collegamento degli studi medievali e umanistici in Umbria’, 14),
pp. 57-69.
F. 1r © La Haye, KB
{23} La Haye, KB, 78 D 42
Le livre de la mutacion de Fortune

CONTENU
F. de garde en parchemin a-b : « Ci commence la table des rubriches de cest present volume
appelé le Livre de la mutacion de fortune fait et accompli le viije jour de novembre / l’an
de grace mil .iiijC. et .iij. Et est devisé le dit livre En .vij. parties. la premiere partie parle
de la personne qui a compilé le dit livre et de ses aventures …−… Item la vijme. partie parle des
hystoires de romme en brief Celle de alixandre et des princes regnans / environ le temps de la personne qui a
compilé ce dit livre. ».
F. de garde en parchemin b-c « Ci sont les rubriches des chapitres du premier livre Le premier
chapitre prologue j …−… Item comment elle fu tournee arriere de son message xij ».
F. de garde en parchemin d (bas) - f. 12a « Ci commence la premiere partie du livre de la
mutacion de fortune la quelle partie parle de la personne qui a compilé le dit livre et de
ses aventures. / [1a] Premierement prolougue .J. Comment sera ce possible // A moy simple
pou sensible …−… Ses meurs & ses condicions // Et ses grandes decepcions ».
F. 12 c-d « Ci commencent les rubriches de la table de la seconde (par)tie du livre appellé
la mutacion de fortune qui parle ou et comment le chastel de la mutacion de fortune est
situé les estages qui y sont et quelx gens Il y a logiéz Le premier chapitre parle de la situacion du
dit chastel / et ou il siet J …−… Item les perilx et les mescheances qui sont ou dit chastel .xxvj. ».
Ff. 12d-33d « Ci commence la seconde partie du livre appelé la mutacion de fortune la
quelle parle du chastel et fortune ou et co(m)ment Il est situé et quelx gens y sont
logiéz / [13a] le premier chapitre de la situacion du chastel et ou il siet .J. Il a un lieu dessus
la mer // q(ue) l’en seult grant p(er)il nommer …−… Et leur manda par le prophete // Que vers
luy avoient paix f(ai)cte ».
F. 34 a-b « Ci commencent les rubriches de la table de la tierce1 partie du livre appelé la
mutacion de fortune qui parle des condic(i)ons et sieges de ceulz qui sont logiéz ou
chastel de fortune Le premier chapitre parle du plus hault siege J …−… Item des infortunes des femmes
.xxj. ».
Ff. 34c-53d « Ci co(m)me(n)ce la tierce p(ar)tie du livre de la mutacion de fortune des
condic(i)ons et sieges de ceulz q(ui) sont logiéz ou chastel de fortune. le p(re)mier
chapp(itre) p(ar)le du plus haut siege .J. Tout ainssy com j’ay devisé // Du chastel que bien
avisé …−… Ainssy cherité morte treuvent // Ce scevent celles qui l’espreuvent ».
F. 54a-b « Ci commence la table des rubriches de la quarte p(ar)tie du livre de la mutacion
de fortune la quelle parle de la sale du chastel de fortune quelles pourtraitures il y a de
philosophie et de ses p(ar)ties et des sciences du commencement du monde et des
hystoires des juifs. Le premier chappitre parle de la sale de fortune et de ses pourtraictures J …−… Item des
juifs xx ».
Ff. 54c-69b « Ci co(m)mence la quarte p(ar)tie du livre de la mutacion de fortune la quelle
parle de la sale du chastel de fortune et des pourtraitures q(ui) y so(n)t .J. Or ay devisé
grant partie // de ce lieu ou est departye …−… en punicion du pechié q(u’i)lz commirent en
crucifiant n(ost)re s(eigneur) ».
F. 69c-d « Ci commence la table des rubriches de la .ve. p(ar)tie du livre de la mutacion de
fortune la quelle parle des premiers royaumes qui seigneurirent au monde et des

1 Ce mot est corrigé sur grattage, comme l’est le passage qui va de des condicions à chastel de fortune.
440 Mutacion de Fortune

seigneuries de grece Le premier chapitre comment les ungs vouldrent sus les autres seigneurir J …−… Item
dit de Crethe et d’Athenes .xxvj. ».
Ff. 70a-102b « Ci comence la quinte p(ar)tie du livre de la mutacion de fortune qui parle
des p(re)miers royaumes qui seigneurirent au monde et des seigneuries de Grece &
(com)ment les uns vouldre(n)t sus les aut(re)s seigneurir .J.2 Or est dieu mercy respassee //
La grevance qui m’a pesee …−… Dont des mors y ot gra(n)t foison // Tant que dura celle
saison ».
F. 102b-d « Ci co(m)mencent les rubriches de la table de la vje. p(ar)tie du livre de la
mutacion de fortune la quelle parle des amazones et de l’ystoire de troye abrigiee Le
premier chapitre parle du roy vesones et coment le royaume de Amazonie commença .j. …−… Item coment les
traitteurs furent chaciéz / et les pestilences que orent greux a leur retour xxxv ».
Ff. 103a-135a « Ci commence la .vjme. partie du livre de la mutacion de fortune la quelle
parle du commencement des amazones / et de l’ystoire de troye abrigiee et le p(re)mier
chapp(itre) p(ar)le du roy Vesones .J. En celluy te(m)ps un roy regnoit// En Egipte qui moult
tenoit …−… \&/ Ainssy fu la fin des grieux / N’ore(n)t des troyens gueres mieulx Explicit l’istoire
de troye & la vje. partye du livre de la mutacion de fortune ».
Ff. 135b-136a « Ci comence la table des Rubriches de la vije. partie du livre de la mutacion
de fortune. qui parle de l’ystoire des ro(m)mains abregiee / celle de alixandre et des
princes regnans environ l’aage de la personne qui a compilé le dit livre Le premier chapitre
parle de eneas qui se parti de troye et de la geneologie des rommains .J. …−… Item la conclusion du livre .xvj. ».
Ff. 136a-170d « Ci commence la vije partie du livre de la mutac(i)on de fortune qui parle
de l’istoire des rommains celle d’alixandre & des princes regnans environ l’aage de la
p(er)sonne qui a co(m)pillé le dit livre J Aneas3 se parti de Troye // la deserte et par mer
s’avoye …−… Paix solitude volontaire // Et vie astrate solitaire Explicit la .vijme. et derreniere partie
du livre de la mutacion de fortune. deo gracias4.

HISTOIRE
Date : 1403-1404, le ms. fut présenté au duc en mars 1404 (n. st.), d’après
l’inscription de Jean Flamel au f. 170d5.
Possesseurs : Jean, duc de Berry, dont la signature effacée reste partiellement
visible au f. 170d ; comtes de Nassau et princes d’Orange-Nassau jusqu’à
Guillaume III, stadhouder dès 1672 et roi d’Angleterre, d’Irlande et d’Écosse de
1689 à 17026. Après la mort de Guillaume III, la bibliothèque Orange-Nassau7
échut à Frédéric de Prusse (1657-1713), mais la branche Frise de la maison
d’Orange la réclama8. Mise en vente en 1749, elle fut rachetée en partie par Jean
Royer pour le stadhouder Guillaume IV ; le ms. constituait le n° 58 de cette
acquisition9. Emporté à Paris en 1795, il fut restitué en 181610.

2 Ce numéro est répété en m/p, à côté de la lettrine.


3 Préparation de correction e en marge, à g.
4 Au f. 160c, à la fin de VII, 42 : Explicit l’ystoire des Rommains.
5 Inscription calligraphique à l’encre noire, en bas de colonne : « Ce livre fut fait devisé & compilé
par une damoiselle nommee Cristine Et le donna a Jehan filz de Roy de france Duc de Berry &
d’auvergne Conte &c(etera) ou mois de mars . Mil. CCCC. & trois ». Voir illustration infra.
6 Selon A. S. Korteweg, le manuscrit a sans doute appartenu à la bibliothèque des comtes de Nassau
dès le XVe ou le début du XVIe s. V. Seventeenth-Century Orange-Nassau Library, p. 614.
7 Pour l’histoire médiévale de cette bibliothèque, v. Korteweg 1998.
8 Koninklijke Bibliotheek 1998, p. 24.
9 Le ms. figure au catalogue de la bibliothèque de Guillaume V dressé en 1759 ; v. Seventeenth-Century
Nassau Library, p. 614 et La Haye, KB, 131 D 42, f. 31r.
{24} La Haye, KB, 78 D 42 441

Ajouts plus tardifs : à part l’inscription de Flamel, inscriptions de


bibliothécaires modernes aux folios de garde11 ; vignette portant l’inscription
« no 58 » incorporée au premier cahier entre les 1er et 2e folios ; deux coutures
et trois pièces modernes12.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (334 x 264 mm) : (IV, papier13) + 171 + (IV, papier).
La peau est particulièrement jaunie du côté verso et présente de nombreux
trous14, mouches15, coutures16, lisières17, défauts18, et entailles19. Les derniers
folios ont des taches prononcées, sans doute dues à l’humidité20. La règle du
vis-à-vis est respectée à une exception près21.
Encres : brun plus ou moins foncé pour le texte des six premières parties22,
brun très foncé pour le début de la septième partie du texte23 et les tables des
matières, qui ont été copiées plus tard ; rouge vif pour les rubriques.
Préparation
Piqûres : 8 piqûres maîtresses à la plupart des ff., de forme ronde,
triangulaire, ou parfois en fente.
Réglure : à la mine de plomb qui laisse des traces grises.
Mise en page (f. 11r)24 : 331 x 264 mm = 25 + <211> + 95 x 28 + <6,5>
+3,5 + <73,5> + 17,5 + <6> + 3 + <68> + 58 mm. Justification 211 x 178
mm25, 2 cols. En général, 37 interlignes, mais souvent 36 et plus rarement 35 ou
10 Estampilles de la Bibliothèque nationale au f. de garde sup. en parchemin, côté r, et au f. 170v, type
Josserand-Bruno n° 17 (1792-1803).
11 À la contregarde sup. : Y 111 (ancienne cote de la KB) ; au premier f. de garde sup. : cote actuelle
78 D 42 suivie de l’indication de placard. Au 3e f. de garde sup. : « fol. 171 » ; au 1er f. de garde inf.,
note de Johannes Willem Holtrop, bibliothécaire de la KB de 1835 à 1868 : « Ce livre est du duc de
Berry. (Jehan) mots effacés sur la page en face ».
12 Ff. 143, 154 et 160.
13 Filigranes : monogrammes G. L. et I. A. ; fleur de lys surmontant un écusson, non répertoriés dans
Gaudriault.
14 Ff. 3, 20, 54 (2), 58 (5), 59, 120, 131 (2), 156.
15 Ff. 34, 36, 40, 47, 80, 100, 160, 162, 167.
16 Ff. 40, 61.
17 Ff. 25, 45, 47, 59-61, 78, 81, 128, 143.
18 Ff. 37, 46.
19 Ff. 66, 72.
20 Ff. 162v-fin.
21 Les ff. 28 et 29 sont disposés p/c en raison de la disparition d’un folio, dont le talon est visible
entre les deux. Le folio avait été enlevé avant la numérotation.
22 Changement de plume ou d’encre visible aux ff. 42b l. 15, 47c, 51a, 103a l. 21.
23 Jusqu’au f. 141d, 3e mot de la ligne 23.
24 Nous avons choisi le folio 11 parce que la réglure est à peine visible dans le premier cahier, le seul
où manque, d’ailleurs, la petite colonne qui sépare la majuscule initiale de la deuxième lettre ; la
réglure n’est pas très visible non plus au f. 12r, milieu du 2e cahier.
25 Le cadre de justification s’allonge progressivement à partir du 6e cahier pour atteindre environ 235
mm dans les derniers cahiers.
442 Mutacion de Fortune

34 jusqu’au f. 100 ; 38 interlignes devient alors la norme jusqu’au f. 140, puis 40


interlignes jusqu’à la fin. L’écriture commence sous la première LR, à une
exception près26. Le volume a été rogné en haut.
Foliotation : d’origine, légèrement fautive, chiffres romains tracés à l’encre
rouge en marge sup. dr27.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
11 garde 128 84-91 m/l
28 1-8 C /a 138 92-99 /m
38 9-16 b/b 148 100-107 φ/n
48 17-24 /c 158 108-115 r/o
57 25-31 E /d 168 116-123 s (long) / p
68 32-39 f/e 178 124-131 a/q
78 40-48 (pas g/f 188 132-139 d/r
de f. 44)
88 48[bis]-55 h/g 198 140-147 C/s
98 56-63 y/h 208 148-155 a/t
1012 64-75 k/ J 218 156-163 b/v
118 76-83 l / k 227 164-170 f-E♥/ x
Un folio (dont subsiste un talon) a été coupé entre les ff. 28 et 29 ; il était
solidaire du f. 31. Le f. 164 est indépendant.
Signatures : la première série de signatures, tracée par la main E à l’encre
noire ou rouge en bas de la m/g28, n’est pas complète et consiste en une lettre
suivie d’un chiffre romain de .j. à .iiij. La deuxième série, tracée à l’encre brun
clair, se situe en m/p, à hauteur du 4e au 7e interligne ; ces signatures consistent
en une lettre seule au 1er f. du cahier et de cette lettre accompagnée de un à trois
traits horizontaux ou obliques aux 2e-4e feuillets (aux 2e-6e ff. au 10e cahier). Le
cinquième folio de chaque cahier est marqué d’une croix à cet endroit29.
Réclames
(6 premières parties) Main X, centrées sous la 2e col. ; la première lettre
de celle du f. 8v est décorée d’une demi-fleur de lys, comme la majuscule
qui commence le folio suivant ;
(VIIe partie) Main R, dans l’entrecolonne.
Travail d’écriture
Texte et tables : Main X pour les six premières parties (ff. 1a –135a) et
pour une dizaine d’inscriptions, dans une écriture très fine, en latin et en
26 F. 95r, qui compte 39 interlignes.
27 Le numéro 44 a été omis et le numéro 48 est utilisé deux fois.

Les ff. 164-167 portent en m/p les signatures de la deuxième série x, x|, x||, x||| et x||||
respectivement, et le f. 168 a la croix habituelle au même endroit. En ce qui concerne les signatures
de la première série inscrites en bas de folio, les ff. 164 et 165 portent les signatures f (rogné) et fj,
et les ff. 166 et 167 les signatures Ej et Ejj.
28 Les signatures des 15e et 16e cahiers sont à l’encre rouge.
29 Le 10e cahier, qui contient 12 ff., porte cette croix au 7e f.
{24} La Haye, KB, 78 D 42 443

français30. R copie le texte de la VIIe partie (ff. 136a-170d) et toutes les tables
des matières.

F. 32v (exe(m)ple exp(er)te / e(n) albion) © La Haye, KBR


Style : cursive livresque soignée, l’écriture étant plus droite et plus serrée
quand elle est de la main R31.
Ponctuation : usage limité de la virgule, quelques points dans la VIIe
partie et dans les rubriques.
Corrections : la plupart des corrections sont faites sur grattage par X, qui
ajoute aussi en marge de nombreux vers32 et corrige un élément dans la table
des matières33. Préparations de correction X’.

F. 44v (passage ajouté Main X) © La Haye, KB (v. aussi f. 54r dans l’Introduction)
Rubriques : la plupart sont l’œuvre de R ; pourtant X copie celles des
ff. 132r-134r et 136r. Elles sont faites après la décoration34, sauf celles des
30 F. 7a : à l’encre rouge, va…cat, dans un espace laissé pour une rubrique après le 8e vers de I, 9
(v. 574) ; f. 32c m/g : exe(m)ple exp(er)te e(n) Albion ; f. 38r entrecolonne : i(d est) manifeste videtur ;
f. 38v entrecolonne : ego scribens et m/g : si pro non ; f. 46v entrecolonne : i(d est) hic ; f. 47r (après le
v. 5934 : Et refuser se l’en luy donne) : da negandi ; f. 50r m/p fin III, 15 : ost g(ran)s ho(m)m(es) ; f. 55r
(après le v. 7162 : Si com vendra a ma memoire) : i(d est) capacitati ; f. 90r (à côté du titre V, 18 Ci dit du
roy Ataxerces nommé Othus le quel destruit le roy d’Egypte Nathanabus .xviij.) : d’aultres roys d’Egypte ; f. 75r :
infra.
31 Au f. 58b, la main X écrit en marge le dernier vers de IV, 8 (et appaisiees les tempestes), sans doute
pour laisser assez de place à la rubrique ; plus tard, elle réécrit ce même vers au bon emplacement.
32 Aux ff. 7r (2 vers), 44v (12 vers aj.) et 45v (8 vers). Vu le nombre important de vers ajoutés et
l’absence de mots qui auraient pu provoquer des sauts du même au même, on peut penser qu’il ne
s’agit pas de réparations d’omissions, mais d’amplifications apportées au texte de l’exemplar.
Comme ces vers figurent normalement dans les autres copies, il semble bien que ce ms. soit le plus
ancien, au moins pour le texte des deux premières parties.
33 Au f. 54a, Item de theologie .iiij. ; à la différence des autres intitulés de chapitres, qui sont précédés
d’un pied-de-mouche champi, celui-ci est introduit par un pied-de-mouche en rouge, ce qui montre
qu’il a été ajouté après l’achèvement de la décoration.
34 Voir par exemple ff. 70a, 87a, où la rubrique empiète sur la lettrine.
444 Mutacion de Fortune

ff. 140 jusqu’à la fin. Les numéros de chapitre de la IVe table ont été corrigés
pour tenir compte de l’ajout du 4e chapitre Item de theologie, l’espace entre ce
chapitre est ceux qui le précèdent et le suivent est plus serré que dans le reste de
la table ; cette insertion a été faite après la décoration des pieds-de-mouche.
Dans la Ve partie, à partir du chap. 23, de nouvelles rubriques ont été insérées
dans le texte sans être reportées dans la table, ce qui explique le décalage de la
numérotation35.
Décoration : ornemaniste « aux brins de fantaisie ».
Bordure
F. 1r : trois fines baguettes doubles or et bleu/rose foncé formant un U, à
vigneture sur tige aux angles et sur fil, fleuron à fer de lance or en m/q, ronds
d’or et brins variés y compris de feuilles gouttes bleues ou rose foncé. Un
rinceau de vigne or sur fil partant du cadre de l’enluminure vient s’insérer dans
la bordure en m/t. Deux brins de feuilles gouttes flottant en m/t à dr.
pourraient faire penser à une baguette ou un élément d’encadrement disparu,
mais semblent plutôt servir de remplissage.
Lettrines ornées : un rinceau de vigne du décor des lettrines longe le bas
du cadre aux ff. 13a, 16c, 34c, 54c et 70a.
F. 1a (début Ire partie) : C bleu (6) sur fond rose, à remplissage de
vigneture sur or.
F. 13a (début IIe partie) : I bleu (11) sur fond or échancré, avec rinceaux
de vigne sur tige, brins sur fil et rond d’or.
F. 16c (début II, 6) : D rose (4) sur fond bleu, à remplissage de deux
feuilles de vigne sur or, avec rinceaux de vigne sur tige et brins sur fil36.
Lettrine accolée au cadre.
F. 34c (début IIIe partie) : T bleu (4) sur fond rose à remplissage de
vigneture sur or.
F. 54c (début IVe partie) : O rose (5) sur fond bleu, à remplissage de
vigneture sur or, avec rinceaux de vigne sur fil et rond d’or.
F. 70a (début Ve partie) : O bleu (5) sur fond rose, à remplissage de
vigneture sur or, avec rinceaux de vigne et brins sur fil, et rond d’or.
F. 103a (début VIe partie) : E bleu (5) sur fond rose, à remplissage de
deux demi-palmettes sur or, avec rinceaux de vigne et brin sur fil.
F. 136a (début VIIe partie) : A or (4) sur fond rose, à remplissage de
filigranes blancs sur bleu, prolongé de brins à feuilles gouttes roses ou
bleues.
Lettres champies37 : de deux38 interlignes en début de chapitre à partir du
2e chapitre de chaque partie39, et quelquefois en milieu de chapitre. Elles sont

35 Les nouveaux intitulés sont, au f. 97d : Ci dit de ce meismes (sans numéro, sur grattage, l’ancien
numéro xxiij restant partiellement visible) et au f. 98b Ci dit coment les .ij. osts assemblere(n)t, avec le
numéro xxiij. La table donne comme intitulé du chap. 23 Item coment amphoras le sage devin fu englouti
en terre. Il s’ensuit un décalage d’un chapitre entre table et rubriques textuelles jusqu’à la fin du livre
V, le texte contenant 27 chapitres et la table 26.
36 Au lieu de se situer entre les rinceaux, le brin est attaché au coin dr. inf. de la lettrine.
37 Une seule lettre rose sur fond bleu au f. 168c, début VII, 53. Au f. 7r, une lettrine de deux
interlignes a été effacée devant le vers Oyez comment de moy cherit, qui devait commencer un nouveau
{24} La Haye, KB, 78 D 42 445

en général en retrait, commençant à la fin de la colonnette des majuscules. Par


contre, dans la VIIe partie (copiée par R), elles sont alignées avec les majuscules.
Lettres majuscules rehaussées : relevées d’un lavis jaune pâle au début de
chaque vers et de chaque chapitre des tables des matières40. Au f. 143a,
quelques-unes relevées de rouge.
Pieds-de-mouche : champis, à l’intérieur des chapitres et au début de
chaque chapitre des tables des matières, où l’alternance des couleurs est
parfaite.
Illustration : Maître de l’Épître Othéa. Toutes les enluminures sont encadrées
d’or cerné de noir, le cadre décoré de brins sur fil à feuilles or agrémentés de
ronds d’or. La première enluminure est ornée en plus de brins sur fil à trois
feuilles gouttes bleues ou rouge rosé.
1. F. 1a (début Ire partie), av. rubr. Premierement prolougue, 109 x 82 mm :
Christine dans son étude. Christine, en robe brune et cornette blanche, assise sur
un siège de bois, écrit de la main dr. sur un livre ouvert à sa table de travail
couverte d’un drap rose. La scène prend place dans un intérieur d’architecture
rose complexe, percé de fenêtres à meneaux aux vitres verdâtres et surmonté
d’un gâble à rosace ; le toit jaune à chevrons bleus est visible au-dessus sur fond
de ciel. Le sol est carrelé de noir et blanc. Le dessin initial de la colonne de g.
est plus long d’un cm. que le dessin final, et le côté inf. du cadre doré est plus
bas de 50 mm que le premier tracé du cadre.
2. F. 13a (début IIe partie), av. rubr., 113 x 102 mm : L’accueil d’Eur au château
de Fortune. Eur, coiffé d’un chapel de feuillage et vêtu d’une courte houppelande
verte sur des chausses parties rouge et blanc, debout sur un ponton, accueille
les visiteurs qui débarquent d’une nef à la porte de Richesse. Celle-ci, vêtue
d’une longue houppelande blanc et or ceinturée de rouge, est assise devant en
majesté et tient un grand sceptre41. D’autres nefs approchent, ainsi que des
visiteurs à cheval. Les vêtements de couleurs sombres et saturées (vert foncé,
rouge orangé, rose foncé, noir) contrastent avec le bleu plus pâle et strié du ciel
et de l’eau ondée de blanc. Au-dessus des toits d’ardoise bleue du château flotte
l’oriflamme.
3. F. 16c (début II, 6), av. rubr., 112 x 81 mm : Fortune, Eur et Meseur.
Fortune est debout sur une roue. Sa moitié noire à dr. aux traits négroïdes,
demi-couronne d’argent (?) et vêtement brun, tient une flèche empennée
d’orange et de verdâtre pointée vers le bas à g. et pose le pied sur des flammes.
Sa moitié blanche à g., à demi-couronne or et robe d’or bruni42, tient une
couronne d’or et repose sur une eau ondée de blanc. Un rang de boutons
chap. (I, 9), en-dessous de l’espace de 4 lignes laissées inemployées pour la rubrique, dans lequel X
a écrit va…cat.
38 Initiales de trois interlignes au début de I, 2 et 3 ; de 8 interlignes au début de II, 11.
39 Par exemple au milieu du chap. I, 5, devant Or vous ay dit de mes parens et après une rubrique
intermédiaire De ce meismes. Au f. 149c, prép. de corr. t à côté d’un l fautif, qui a été exponctué, mais
non corrigé.
40 À quelques oublis près.
41 La robe or de Richesse est frottée par usure.
42 L’or de la robe et surtout de la couronne ont souffert de l’usure.
446 Mutacion de Fortune

sépare les deux moitiés de la robe. Eur (ici à g.), juvénile, en courte
houppelande verte, une manche et une chausse blanches, une manche et une
chausse vermillon, porte un chapel de feuillage sur la tête et un autre à la main.
Meseur (à dr.), portant barbe chenue, est en tunique noire, chausses vermillon,
ceinture, bourse et souliers noirs, un poignard glissé dans la ceinture. Il tient
une massue des deux mains. Le ciel est bleu pâle et le sol vert fonce vers
l’arrière-plan.
4. F. 34c (début IIIe partie), av. rubr., 118 x 86 mm : L’intérieur du chastel : le
plus haut siège. Deux papes assis sur le trône pontifical, l’un vêtu de rouge, l’autre
de bleu, argumentent par des gestes en présence de neuf clercs plus petits, dont
la plupart discutent entre eux. L’architecture rose à arcatures ouvertes forme un
dais au-dessus des papes. Les clercs sont en habits rouges, bleus, gris ; le sol
vert foncé moucheté.
5. F. 54c (début IVe partie), av. rubr., 11543 x 81 mm : Les peintures de la salle
de Fortune. Plutôt que deux registres de peintures, on a l’impression de deux
groupes de figures formant cercle sur un gazon vert foncé tacheté de fleurs
rouges : en bas, une mêlée à cheval devant une ville, avec des armures bleues ou
blanches et des chevaux blancs, gris, noirs ; en haut, cinq figures féminines
trônant, vêtues de rouge, de bleu ou de violet. À l’avant-plan, le carrelage noir,
blanc, brun, gris, vert pâle, est irrégulier. Une architecture rose en diaphragme
encadre le tout, pourvue d’un toit d’ardoise bleue dont le gâble sort du cadre, et
d’une porte à g. surmontée d’une statuette dans une niche.
6. F. 70a (début Ve partie), av. rubr., 11644 x 86 mm [Album couleurs, n° 33] :
Siège d’une ville. Combat de cavaliers et de pietons autour d’une ville aux toits
rouges ceinte de remparts et d’un fossé en eau dont l’énorme donjon carré gris
marbré sort du cadre. Il comporte un soubassement à arcades avec des herses et
est percé de nombreuses fenêtres fermées d’un volet à ferrures. Devant, deux
guerriers à pied armés de lances défendent l’entrée contre les assaillants à pied
et à cheval. Les armures sont bleutées, les tuniques en blanc, vert, rouge, blanc à
pois verts ou à croix rouge comme un Templier.
Reliure : milieu du XVIIIe s., veau brun sur ais de bois, aux armoiries du
stadhouder Guillaume V en or sur les deux plats, et bordure à animaux (cerfs et
chiens de chasse ? ) et à fleurs d’or et deux fermoirs en métal45. Sur le dos à cinq
nerfs, ornementation dorée à vases et fleurs en cartouches et titre
« MUTATION DE FORTUNE » en lettre dorées sur cuir noir.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Mutacion de Fortune, 1959-1966, 1, pp. cxxii-cxxvii. De Winter 1985, pp. 105, 216-217 ;
Korteweg 2002, pp. 112-115. Seventeenth-Century Orange-Nassau Library, pp. 613-614, nº 3254.
Korteweg et Chavannes-Mazel 1980, n° 31. Meiss 1967, 1, pp. 294, 310, 358, 372 n. 175, 405
n. 109. Meiss 1974, 1, pp. 9-12, 17, 291-292 ; 2, figs. 14, 19, 23 ; Sterling 1987-1990, 1, p. 312.

43 Hauteur du cadre d’or, que le cadre architectural dépasse de 5 mm.


44 Hauteur du cadre d’or, que le toit du donjon dépasse de 15 mm.
45 Reproduction d’une reliure identique dans Korteweg 2002, p. 13.
{24} La Haye, KB, 78 D 42 447

COMMENTAIRE
La mention hybride, à la fois colophon,
ex-dono et ex-libris, ajoutée au bas du
dernier feuillet (170d) sous la signature
grattée de Jean de Berry est de la main
de Jean Flamel, bibliothécaire du duc46,
dont la signature a également été
effacée. À noter la formule « fait, devisé
et compilé », qui ne doit pas être
considérée comme un simple
pléonasme, mais souligne le fait – peu
banal – que Christine n’a pas seulement
composé le texte, mais aussi transcrit le
manuscrit. F. 170d © La Haye, KB

46 Voir, à titre de comparaison, les ex-libris de Flamel dans les Belles Heures du duc de Berry,
conservées au Metropolitan museum de New York (Cloisters, 54.1.1) et dans les mss suivants de la
BnF, toujours aux gardes supérieures (sauf dans le cas du ms. lat. 10483) : lat. 248, 919, 10483
(f. 444v) et 10484 ; fr. 159, 246, 263, 380, 598, 1023, 2641, 2810, 9221 et 13091.
F. 1r © Chantilly, Bibl. du Château
{24} Chantilly, Bibl. du Château, 494
Le livre de la mutacion de Fortune

CONTENU
2e f. de garde a-b « Ci commence la table des rebriches de ce present volume appellé le
livre de la mutacion de fortune fait et accompli le xviije. jour de novembre l’an de grace
mil .cccc. et iij. Et est devisé le dit livre en vij. parties. La1 premiere partie parle de la
personne qui a compilé le dit livre de ses aventures …–… Item la vije. partie parle de l’istoire de
Romme abrigiee / Celle d’alixandre et des princes regnans environ le temps de la personne qui a compilé le dit
livre ».
2e f. de garde b-c « Ci sont les Rebriches du premier chapitre du premier livre [sic] Le premier
prologue.2 .i. …–… Item comment elle fu retournee arriere de son message .xiij. ».
Ff. 1a–11c « Ci commence le livre de la mutacion de fortune .i.3 COmment sera ce
possible // A moy simple et pou se(n)sible …–…Ses meurs et ses cond(i)cions // Et ses grandes
decepcions4 ».
F. 12a-c « Ci commencent les rebriches de la table du second livre appellé la mutacion de
fortune Le premier chapitre de la situacion du dit5 chastel et ou il siet .J. …–… Item les perils et mechanches
qui sont ou dit chastel.6 xxviij.7 ».
Ff. 12d-33b « Ci commence la Seconde partie du livre appellé la mutac(i)on de Fortune
Premierement de la cituacion du dit chastel & comme il est fait .i.8 [13a] Il a un lieu dessus
la mer // Que l’en seult grant peril no(m)mer …–… Et leur manda par le prophete // Que vers
lui avoient paix faitte9 ».
F. 33c-d « Ci commence la table des rebriches de la tierce partie du livre de la mutacion
de fortune qui parle des condicions et sieges de ceulx qui sont logiez ou chastel de
fortune Le premier chapitre du plus hault siege .J. …–… ITem des infortunes des femmes xxj. ».
Ff. 34a-53c « Ci dit du plus hault siege .j. TOut ainsi com j’ay devisé// du chastel que bien
avisé …–… Ainsi charité morte treuvent // Ce scevent celles qui l’espreuvent ».

1 Le L occupe l’espace de 8 lettres.


2 Ce point est ajouté en rouge. Le i qui suit est un i court.
3 Cette rubrique continue jusqu’après la majuscule de la 2e col.
4 Les trois dernières lettres de grandes et le mot decepcions sont corrigés sur grattage.
5 Le t n’a pas sa barre horizontale.
6 Ce punctus ressemble à notre virgule moderne.
7 Cette partie ne comporte en réalité que 26 chapitres, car les chapitres vj (ITem de meseur) et xv
(ITem des povres gens qui sont a la iiie. porte) répertoriés dans la table ne sont signalés par aucune
rubrique dans le texte. Ces rubriques semblent faire double emploi avec celles des chapitres 5
et 14 du texte : ITem la façon de l’autre frere v ; ITem de la iije. face & porte du dit chastel et de la portiere
xiiij.
8 Ces deux rubriques sont écrites dans un espace non réglé au bas d’une colonne inemployée.
Les majuscules sont très grandes, et le l du premier la, décoré d’une croix et de cadelures,
occupe une dizaine de lignes.
9 Cette partie se termine exactement à la dernière ligne de la page, ce qui est assez exceptionnel
et suppose une sérieuse préparation.
450 Mutacion de Fortune

Ff. 53d-54a « Ci commence la table du livre des rebriches de la quarte partie du livre de la
mutacion de Fortune qui p(ar)le de la sale du chastel de fortune quelles pourtraitures il y
a / de philosophie et de ses parties et des sciences du commencement du monde et des
histoires des Juifs Le p(re)mier chapitre de la sale de10 Fortune et de ses pourtraitures .j. …–…Item des
Juifs .xix.11 ».
Ff. 54b-69b « Ci dit de la sale du chastel & quel pourtraictures il y a .j. Or ay devisé grant
partie // de ce lieu ou est departie …–… en punicio(n) du pechié qu’ilz co(m)mirent en
crucifiant nostre seigneur Cy fine la quarte partie du livre de la mutacion de fortune ».
F. 69c « Ci commence la table des rebriches de la quint12 partie du livre de La mutacion
de fortune. la quelle parle des premiers royaumes qui seigneurirent au monde & des
seigneuries de grece. Le premier chapitre comment les uns voldrent sur les autres seignourir .J. …–…
ITem dit de crete et d’athenes xxvj »13.
Ff. 70a-103b « Ci commence La .ve. partie du livre de la mutac(i)on de fortune /
primierem(en)t des p(ri)miers royaumes qui seignourirent au monde & des signouries de
grece .J.14 [70b] Or est Dieu mercy repassee // la grevance qui ma pensee …–… Dont des mors
y ot grant foison // Tant que dura celle saison15 ».
Ff. 103c-104b « Ci commence la table16 des rebriches de la vie. partie du livre de la
mutacion de fortune La quelle parle des amasones et L’istoire de troye abrigee Le premier
chapitre du roy vezones et comment le royaume des amasones commença J. …–… It(em) comment les traiteurs
fure(n)t chaciez & les pestillences que orent gregois a leur retour en grece xxxv17 ».
Ff. 104b-138c « Ci commence la .vjje.18 partie du livre de la mutacion de fortune qui parle
des amasones et l’istoire de troye abrigee [104c] Ci dit du roy vesonnes et comment le
royaume de amasonnie commença .J. En celluy temps un roy regnoit // En egipte qui moult
tenoit …–… Et ainsi fu la fin des grieux // N’orent des troyens guieres mieulx. Explicit l’ystoire de
troye et la vime. p(ar)tie du livre de la mutacion de fortune ».
Ff. 138d-139c « Ci commence la table des rubriches de la viie. partie du livre de fortune qui
parle de l’ystoire des romai(n)s abregiee / Celle d’alixandre et des princes regnans
environ l’aage de la personne qui a compillé le dit livre Le premier chapitre parle de eneas qui se
parti de troye et de la geneologie des romains. J. …–… Item la conclusion du livre lvii »19.
Ff. 139d-177d « Ci comence la viie. p(ar)tie du livre de la mutacio(n) de fortune q(ui) parle
de l’ystoire des romai(n)s abregee Et celle d’alixandre .J. Eneas se parti de troye //20 la

10 Un s à la fin du mot de et le mot juifs ont été exponctués devant fortune, écrit immédiatement
après ; le s est aussi barré d’un trait vertical.
11 En fait, dans le texte, ce chapitre est le 20e ; la table omet le chapitre sur la théologie, qui est le
4e dans le texte.
12 Une lettre, sans doute e, a été effacée à la fin de ce mot.
13 Le texte contient en fait 28 chapitres, dont les 23e et 24e ne sont pas pris en compte dans la
table.
14 Cette fois encore, la rubrique est écrite au bas d’une colonne inemployée ; l’enluminure
précède le texte au début de la colonne suivante. On avait peut-être prévu trop d’espace pour
la 5e table, qui a été copiée plus tard.
15 Ce vers se termine exactement à la dernière ligne.
16 Le mot quarte est exponctué devant table.
17 Contrairement aux autres numéros de chapitre, écrits en regard de la dernière ligne de
l’intitulé, celui-ci se trouve en face de la première ligne de la rubrique ; à la fin de celle-ci, une
ligne ondoyante est tracée en rouge.
18 Ce numéro est écrit avec deux i longs.
19 Dans cette table, le numéro de chapitre v et tous les numéros des chapitres 22-43 sont
corrigés ; le chap. 21 est faussement numéroté xj.
20 Le signe de ponctuation marque sans doute l’enjambement.
{24} Chantilly, Bibl. du Château, 494 451

deserte // et par mer sa voye …–… Quelque aultre l’ait telle est la moye // Paix solitude
volontaire21 ».

HISTOIRE
Date : vers 1404. Le manuscrit figure parmi les quatre premiers exemplaires de
présentation de la Mutacion22 qui furent préparés simultanément et dont
l’enluminure fut confiée au Maître de l’Épître Othéa23.
Possesseurs : la famille Bourbon-Condé (inventaires 1654 et 1673)24 ; la
bibliothèque des Condé fut confisquée en 1793 comme bien d’émigré et les mss
gardés à part à la Bibliothèque nationale25 ; estampilles BN de l’époque
révolutionnaire à la garde volante supérieure et au f. 177v26. La bibliothèque fut
restituée en 181527. Le duc d’Aumale reçut en héritage la bibliothèque des
Bourbon-Condé en 1830 ; on voit son estampille au premier f. de garde et au
f. 177v. Anciennes cotes (XIXe s.) sur des pastilles collées au verso de la garde
sup. : 367 et 56728.
Ajouts plus tardifs : partiellement visibles sous UV : diverses inscriptions, soit
grattées soit caviardées, au v. de la garde sup.29 ; essais de plume au même folio,
dessin de couronne avec fleur de lys et lettres30 d’une main du XVe s., gratté au
f. 169r m/q (dont reports au f. 168v).

F. 169r (photo prise à la lampe de Wood) © Chantilly, Bibl. du Château

21 Le dernier vers manque, ainsi que l’explicit ; ils ont dû occuper le dernier folio, qui a disparu.
22 V. aussi les mss La Haye, KB, 78 D 42 ; Bruxelles, KBR, 9508 ; collection particulière (ex-
Phillipps 207).
23 Meiss 1967, 1, pp. 242, 358 ; Meiss 1974, 1, p. 11.
24 Chantilly, Le Cabinet des livres MSS, 1, p. 88. Le manuscrit est ainsi décrit dans l’inventaire
dressé après la condamnation du Grand Condé (20 avril-14 juillet 1654), Chantilly, Bibl. du
Château, Archives 2-A-2007, f. 412v : « Le Livre de la Mutation de la Fortune. Folio
manuscript [sic] sur vellin prisé dix sols ».
25 Anne de Montmorency : 400e anniversaire (non paginé), 3e p.
26 Josserand-Bruno 1960 n° 17, datée de 1792-1803.
27 Il y eut une restitution préliminaire en 1814, après laquelle le ms. fut de nouveau transporté à
la Bibliothèque impériale, pour être restitué après les Cent-jours ; v. Delisle, Cab., 2, p. 10 et
BnF, nafr. 5419, f. 11, n° 374.
28 Le premier numéro est gratté.
29 On lit notamment, dans une écriture du XVe s. : heaultment louable…
30 Peut-être des essais de plume d’un enfant.
452 Mutacion de Fortune

Signatures par ordre alphabétique (fin XVIe-XVIIe) (?) ajoutées sans doute par
un relieur31. Notes marginales grattées aux ff. 169v-170r, m/q.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin ivoire (325 x 255 mm) : I + 177 + I32. La peau
présente des lisières33 ; une mouche34, quelques trous35, une déchirure36,
plusieurs coins disparus37 et des taches de cire ou de peinture38. Aux ff. 62r et
86r, marques de parcheminier39. La règle du vis-vis est respectée sauf aux ff. 76-
77, qui ont la disposition p/c et 78-79, disposés c/p.
Encres : brun foncé uniforme pour le texte, encore plus foncée pour la VIIe
partie et les tables, encre rouge vif pour les rubriques, sauf pour celles des
ff. 73v-77v, qui sont d’un rouge plus foncé et assez terne, et celles des ff. 130-
132, plus orangées.
Préparation
Piqûres : en général, deux par feuillet, faites à l’aide d’un poinçon de section
triangulaire en m/q, pour situer l’entrecolonne. À partir du 16e cahier, il
subsiste le plus souvent quatre piqûres maîtresses en m/q.
Réglure : à la mine de plomb, qui laisse des traces grises fines. Au f. 12v,
qui présente la fin de la 2e table, seules huit LR ont été tracées dans la partie
sup. du cadre.
Mise en page (f. 5r) : 325 x 255 mm = 34,5 + <210,5> + 80 x 31 + <5> +
6 + <63> + 21 + <5> + 5 + <63> + 56 mm. Justification 210,5 x 168 mm ;
2 cols, 36 interlignes, parfois 35 et une fois 4040, l’écriture commençant sous la
première LR.

31 Ces signatures, le plus souvent des majuscules élégantes inscrites en bas de la 2e col. au 1er
folio du cahier, vont de a pour le 2e cahier jusqu’à x pour le 23e, en sautant les lettres j et w,
mais en comprenant u et V.
32 Des gardes en papier marbré du type « tourniquet », solidaires des contregardes, sont collées
aux gardes volantes d’origine en parchemin. Le verso de la garde sup. est réglé ; contregardes
en papier marbré du type « tourniquet » (Muzerelle 1985, fig. 335 ; même papier que Chantilly
294).
33 Aux ff. 27, 30, 31, 34, 55, 58, 61, 79, 92, 124, 149, 162, 164, 166, 173.
34 Au f. 54.
35 Aux ff. 4, 23, 79, 125, 126, 148.
36 Au f. 54 en m/q.
37 Ff. 75, 114, 116, 119, 127, 138, 159, 166, 172.
38 Au f. 7v.
39 Deux cercles et une sorte de H dont la barre verticale est haut placée et dépasse les traits
verticaux au f. 62r ; au f. 86r, il n’y a pas de barre horizontale. Dimensions : 21 x 25 mm et 25
x 18 mm. V. l’introduction à cette section.
40 Au f. 34r, qui marque le début de la IIIe partie.
{24} Chantilly, Bibl. du Château, 494 453

Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
12 gardes, 138 89-96 f
dont la 2e
porte la 1re
Table
28 1-8 148 97-104 h
38 9-16 E/N 158 105-112 a
48 17-24 b 168 113-120
58 25-32 a 178 121-128 b
68 33-40 J/k 188 129-136 c
78 41-48 l 198 137-144 a
88 49-56 m 208 145-152 E
98 57-64 ø 218 153-160 f
108 65-72 z 228 161-168 a
118 73-80 l 239(8+1) 169-177 X
128 81-88 v
Le premier f. de garde sup. est réglé au verso, mais ne porte que quelques jeux
de plume et de brèves inscriptions recouvertes d’encre. Le f. 169 est
indépendant.
Signatures : Main E, consistant en une lettre et un chiffre romain de .j. à
.iiij. inscrits dans l’angle dr. inf. Les ff. 9r41 et 33r42 portent deux signatures.
Réclames : presque toutes sont tracées par R ; elles sont presque toujours
centrées par rapport au feuillet et soulignées d’un trait léger ; une seule réclame,
de X, au f. 16v, est centrée par rapport à la 2e colonne d’écriture et précédée de
la préparation Que sa suivie d’un tilde.
Foliotation : moderne, à l’encre.
Travail d’écriture
Texte et tables : Main R pour tout le texte et la dernière table des matières
(ff. 138v-139v) ; X écrit les six premières tables.
Style : minuscule semi-cursive contrôlée et bien soignée43 (R) ; cursive
calligraphique exubérante (X).
Ponctuation : extrêmement rare dans les vers, où l’on voit quelques
virgules et quelques points. Dans la partie en prose (IV, 20), la ponctuation est
plus fréquente et l’usage du point domine de loin, selon les habitudes de R.
Corrections : un grand nombre de corrections sont faites par X sur
grattage44 ; étant donné que beaucoup d’entre elles n’apportent aucune

41 Ej et Nj.
42 J et kj ; seule la signature k suivie de chiffres romains se voit aux ff. suivants.
43 L’écriture des folios en prose (66b-69b) sur les Juifs paraît particulièrement soignée.
44 Signalons parmi celles-ci : f. 11c l. 22, le dernier mot de la première partie corrigé en decepcions
(les 4 dernières lettres de l’adj. grandes qui précède sont elles aussi réécrites sur grattage).
454 Mutacion de Fortune

modification au texte, on peut penser que R avait copié un modèle difficile à


lire. Quelques modifications textuelles sur rature par X aux ff. 125a et 136a45 :

Fol. 125a [changement textuel Main X cursive : sont remplace vint]


© Chantilly, Bibl. du Château

Fol. 136a [aro(n)t et barrees remplacent feront et verrees]


© Chantilly, Bibl. du Château
X a également ajouté des vers oubliés46 et a écrit, à
l’encre rouge ou brun foncé, sept préparations de
correction de lettrines47. Au bas du f. 120v, en fin de
cahier, note en cursive semi-hâtive : corrig(er)48.
Fol. 120v © Chantilly, Bibl. du Château
Rubriques : Main X pour celles jusqu’au f. 73v, plus celle du f. 104r (qui se
trouve à la fin de la 6e table) ; R fait toutes les rubriques (sauf celle au f. 104r) à
partir du f. 73v49. Elles sont copiées avant la décoration50, sauf pour la VIIe
partie51 ; l’espace prévu était souvent trop large. Il manque celle du chap. I, 2,
pour laquelle 4 interlignes avaient été réservés au f. 1b. Dans la VIe partie, deux
chapitres sont numérotés .xx.52 et le numéro 34 est omis.

45 Il s’agit des vv. 17786, où vint est remplacé par sont, et 17892-17893, où le dernier mot est
changé de feront et verrees en aro(n)t et barrees.
46 Ff. 60a, 93a, 106c.
47 Aux ff. 26c, 59c, 61c, 79b, 98d, 101b, 145a. En plus, X a tracé en rouge au f. 44c une lettrine
d’attente (D) qui n’a pas été exécutée.
48 Il est possible que ce même mot soit caviardé en haut et en bas du f. 70r (début Ve partie).
49 À partir de (V, 4).
50 V. par exemple empiètement au f. 1r.
51 V. par exemple ff. 152b et 159b.
52 Aux ff. 125d et 126b. Un chiffre a été effacé au f. 126v pour transformer .xxj. en .xx, et au
f. 130b, le numéro .xxiiij. a été corrigé.
{24} Chantilly, Bibl. du Château, 494 455

Décoration : ornemaniste « aux brins de fantaisie », sauf les deux dernières


lettrines (champies) par une main plus fruste, la même qui réalise les deux
dernières lettrines de la Mutacion ex-Phillipps 207 et KBR 9508.
Bordure : f. 1r : fine baguette double horizontale et deux verticales or et
bleu/rose foncé, à vigneture sur tige aux angles et sur fil au centre, formant des
enroulements en m/q et m/g, ronds d’or et brins variés y compris de feuilles en
goutte bleues ou rose foncé. Un rinceau de vigne or sur fil partant du cadre de
l’enluminure vient s’insérer dans la bordure en m/t.
Lettrines
F. 1a (début Ire partie) : C rose foncé (4) sur fond
bleu. Intérieur mosaïqué.

F. 1r © Chantilly, Bibl. du Château


F. 13a (début IIe
partie) : I bleu (6) sur fond or échancré, prolongé de de
deux rinceaux de vigneture et brins ; le rinceau sup. longe la partie basse
du cadre de même que pour toutes les enluminures qui suivent-.
F. 16b (début chap. II, 6) : D rouge foncé (2), remplis d’une grosse fleur
en forme de roue dentée orange et bleue53 ; prolongé de deux rinceaux
sur tige.
F. 34a (début IIIe partie) : T bleu (4) sur rose foncé à remplissage de
vigneture sur or ; prolongé d’un rinceau sur tige remontant et un sur fil.
F. 54b (début IVe partie) : O rose foncé (4) sur bleu à remplissage de
vigneture sur or ; prolongé de rinceaux sur fil.
F. 70b (début Ve partie) : O bleu (3) sur rouge rosé à remplissage de
vigneture sur or prolongé de rinceaux sur fil.
F. 102c (début VIe partie) : E (4) champi.
F. 139d (début VIIe partie) : E champi (4) prolongé par deux rinceaux
sur fil à feuilles bleues ou roses en goutte.
Lettrines champies : de deux lignes, une fois trois, quatre ou cinq54 lignes,
en début de chaque chapitre, d’habitude à partir du 2e de chaque partie. Sept
d’entre elles, fautives, sont assorties d’une préparation de correction55.
Majuscules décorées : par R en tête de colonne, la plus élaborée au
f. 78a56.
Lettres cadelées : dans des rubriques de X, v. surtout f. 12d.
Pieds-de-mouche : alternativement argent et or pour les deux premières
tables des matières (2e f. de garde et f. 12r)57. Pieds-de-mouche champis dans le
texte.
53 Cette fleur mi-partie rappelle à la fois l’attribut de Fortune et ses deux couleurs.
54 E (3) au début de l’histoire de Troie (VI, 4), f. 108d ; E (4) au début de la VIe partie, f. 104c ;
I (5), au début de II, 11, f. 19d.
55 Préparations de correction soit à l’encre brun foncé soit à l’encre rouge.
56 V. aussi ff. 176d, 177b.
57 Au f. 12v, deux pieds-de-mouche ont été prévus pour les deux derniers chapitres, mais n’ont
pas été exécutés. Les autres tables des matières sont sans décoration. La 3e a des doubles
lignes obliques indiquant l’emplacement des pieds-de-mouche, qui pourtant n’ont pas été
456 Mutacion de Fortune

Illustration : Maître de l’Épître Othéa. Toutes les miniatures sont entourées


d’un cadre d’or cerné de noir, agrémenté de brins de vigneture sur fil double à
feuilles or58.
1. F. 1a (début Ire partie), 115 x 73 mm : Christine à son étude. Christine, vêtue
de gris-rosé, écrit ou tient un grattoir devant un livre ouvert dans un demi-
encadrement d’architecture peint d’un bleu turquoise léger formant
diaphragme ; les touches d’or bruni sur l’architecture (clef, frontons, cul-de-
lampe) sont typiques du Maître de l’Épître Othéa. Tour et pignons sortent du
cadre. Les couleurs gardent la légèreté du lavis : sol brun, plafond à ogives
roses, bureau tendu de rose59.
2. F. 13a (début IIe partie), 107 x 77 mm : L’accueil d’Eur au château de Fortune.
Les figures d’Eur, debout sur un ponton, et des visiteurs qu’il accueille sont
vêtues de couleurs sombres et saturées (rose foncé, rouge-brun, vert-noir)
contrastant avec le bleu plus pâle du ciel et de l’eau écumée de blanc ; la tonalité
générale est sombre ; sol, architecture et surtout habits sont librement modelés
de blanc, et le ciel strié en perspective aérienne. L’architecture dépasse le cadre.
Les visages sont peints d’un blanc opaque et les joues roses. L’or est posé et
bruni librement : épée et collier d’Eur, couronne et semé de besants de la robe
de Fortune.
3. F. 16b (début II, 6), av. rubr., 103 x 76 mm : Fortune, Eur et Meseur.
Fortune est debout sur une roue. Sa moitié noire avec traits négroïdes, demi-
couronne noire et vêtement gris, tient une flèche empennée d’orange et de
blanc pointée vers le bas à g. et pose le pied sur le feu. Sa moitié blanche à g., à
demi-couronne or, vêtue d’une robe d’or bruni, tient une couronne d’or et
repose sur une eau ondée de blanc. Eur en houppelande verte, une manche et
un pied blanc, une manche et un pied vermillon, porte une couronne de
feuillage sur la tête et une autre à la main. Meseur est en tunique brune,
chausses grises, ceinture, bourse et souliers brun-noir, un poignard glissé dans
la ceinture. Il tient une massue à la main dr.60. Le ciel est en perspective
aérienne ; le sol brun passe au vert sombre à l’arrière-plan.
4. F. 34a (début IIIe partie), av. rubr., 107 x 75 mm : L’intérieur du chastel : le
plus haut siège. Deux papes assis sur le trône pontifical discutent en présence de
sept clercs minuscules. L’architecture, débordant du cadre, forme un arc
diaphragme. Le fond est tendu d’un drap rouge vif ; des tabourets rouges aussi
sont posés sur le carrelage blanc, noir et beige pour asseoir les clercs en habits
rouges, rose-violet pâle, noirs, blanc-brun.

exécutés ; l’absence de ces signes dans les autres tables indique qu’aucune décoration n’y était
prévue.
58 Au f. 1a, le Maître de l’Épître Othéa a effacé le haut du cadre pour augmenter la hauteur de
son image, y compris les brins de vigne réalisés par l’ornemaniste. Il a intégré les trois taches
laissées par les ronds d’or effacés comme boules de faîtage de son architecture.
59 Usure par frottement sur le visage et par pliure sur le cadre architectural.
60 Même iconographie, mais ordre des figures inverse dans le ms. Chantilly 493.
{24} Chantilly, Bibl. du Château, 494 457

5. F. 54b, début IVe partie, av. rubr., 102 x 78 mm [Album couleurs, n° 36] :
Les peintures de la salle de Fortune. Une architecture rose en diaphragme avec un
pignon sortant du cadre et un toit d’ardoise bleu encadre le sol carrelé à motifs
rayonnants en blanc, rose, rose foncé et gris verdâtre. La salle est vide de toute
présence. Deux registres de peintures occupent le mur du fond : en bas, une
bataille à cheval devant une ville, avec des chevaliers en cottes bleues ou
orangées et des chevaux blanc, noir, marron, brun ou en robes gris-bleu ou
rouge-brun, le tout très coloré ; en haut, dix figures féminines trônant, vêtues
de rouge, de bleu ou de blanc. Le fond est jaune-vert en bas, vert plus foncé au
registre sup.
6. F. 70b, début Ve partie, 100 x 76
mm [Album couleurs, n° 37] : Siège d’une ville. Un
combat de cavaliers autour d’une ville gris
sombre à haut donjon avec deux étages
d’échauguettes, qui perce largement (de 20 mm)
le cadre, montre une grande animation. Du haut
des murs des guerriers brandissent une pierre ou
tirent à l’arbalète. À l’entrée, des guerriers tentent
une sortie. Devant, les chevaliers sont en armures
bleutées, tuniques bleue, rouge, rose, et leurs
chevaux marron, brun, blanc, noir, gris pommelé
ou revêtus d’une housse. Deux arquebusiers à
pied se présentent au coin inf. dr.
F. 70r © Chantilly, Bibl. du Château

Reliure : vers 1770, maroquin bleu avec trois filets d’or, aux armes de
Bourbon-Condé. Dos à 5 nerfs avec décoration florale dorée et étiquettes en
lettres d’or : « LE LIVRE DE / LA MUTAT. DE / FORTUNE / COMPOSÉ
/ EN 1404 » ; tranches dorées.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Mutacion, 1959-1966, 1, pp. CIX-CXIII. Chantilly, Le Cabinet des livres MSS, 2, pp. 87-88 ;
Devisse et Mollat, 2, pp. 76-77. Meiss 1974, 1, pp. 9-12, 291-292 ; 2, figs 1, 20, 24, 30, 32. Ouy
1985, pp. 128-129. Stirnemann et Villela-Petit 2004, pp. 13-16, 65, 67, 85.
F. 16r1

1 Le ms. est lacunaire du début. On reproduit ici le 1er f. illustré avec l’aimable autorisation du
possesseur.
{25} Collection particulière (ex-Phillipps 207)
Le livre de la mutacion de Fortune

CONTENU
F. 2a-b « Cy commence la table des Rebriches de ce p(rese)nt volume appelé le livre de la mutacion de fortune fait
et acompli le xliije jour de novembre l’an de grace mil .iiij.c & .iij. Et est devisé le dit livre en vij. p(ar)ties. La
premiere partie parle de la personne qui a compilé le dit livre & de ses avent(ur)es …–… Item la vij.e partie parle
de hystoire de Ro(m)e abrigiee / celle d’alixandre / et des princes regnans environ le temps de la personne qui a
compilé le dit livre ».
F. 2b-c « Cy sont les Rebriches des chapitres du premier livre. Le premier prologue J …–… Item comment elle fu
Retournee arriere de son message xiij. »
[les rubriques I, 1 et I, 2 et les 120 premiers vers manquent]
Ff. 3a-12d « Car bon loyer celui atent // Qui s(er)vice a bon maistre tent …–… [12c] Ses meurs
& ses condicions// Et ses grandes mutacions. [12d] Explicit le premier livre appellé la
mutacion de fortune. ».
[la table de la IIe partie, la rubrique II, 1 et les vv. 1463-1478 manquent]
Ff. 13a-33b « Et pour ce qu’il se meut toudis // Souvent rent les gens estourdis …–… Et leur
manda par le prophete // Que vers lui avoient paix faite Explicit la seconde partie de ce
present livre ».
F. 33b-c « Cy commence la table des Rebriches de la qu1 tierce partie du livre de la mutacion de fortune qui parle
des condicions & sieges de ceulx q(ui) sont logiez ou chastel de fortune. Le premier chapitre du plus hault siege .J.
…–… Item des infortunes des femmes xxj Cy finist la seconde [sic] partie du liv(re) de la mutacion
de fortune ».
Ff. 33c-53b « Cy commence la tierce partie du livre de la mutacion de fortune qui parle
des sieges et condicions de ceulx qui sont logiez ou dit chastel [33d] Ci dit du plus hault
siege .J. Tout ainsi com j’ay devisé // Du chastel que bien avisé …–… Ainsi charité morte
treuvent // Ce scevent celles qui l’espreuvent Explicit la tierce partie du livre de la mutacion
de fortune. ».
F. 53c-d « Cy commence la table des Rebriches de la quarte partie du liv(re) de la mutacion de fortune qui p(ar)le
de la sale du chastel de fortune q(ue)lles pourtraitures il y a / de philosophie & de ses parties & des sciences du
commencement du monde et des hystoires des juifs Le premier chapitre de la sale de fortune & de ses pourtraitures
.J. …–… Item des juifs .xix. ».
Ff. 54a-69b « Cy commence la quarte p(ar)tie du livre de la mutacion de fortune qui parle
de la sale du chastel De fortune quelles pourtraitures il y a de philosophie et de ses
parties des sciences et du commencem(en)t du monde et des histoires des Juifs. Le
p(re)mier chapitre de la sale de fortune & de ses pourtraitures .J.2 [54b] OR ay devisé grant
partie // de ce lieu ou est departie …–… les juifs ne fussent vagues & inestables sanz païs & sanz
seign(eu)r en punicion du pechié qu’ilz co(m)mirent en crucifiant n(ost)re seigneur. Explic(it) le
quart livre de la mutacio(n) de fortu(n)e ».
F. 69c-d « Cy commence la table des Rebriches de la quinte partie du livre de la mutacion de fortune/ la q(ue)lle
parle des premiers Royaumes qui seigneurirent au monde & des seignouries de grece Le premier chapitre comment
les uns vouldrent sur les autres seignourir .J. …–… Item dit de crete et d’athenes. xxvj. ».

1 qu barré de rouge.
2 Ce texte ne fait que reprendre celui du début de la IVe table ; ce ms. est le seul témoin à le
faire ; la répétition sert à meubler une colonne qui autrement serait presque entièrement vide.
Voir « Texte et Table ».
460 Mutacion de Fortune

Ff. 69d-103b « Cy commence la quinte partie du livre de la mutacion de fortune. Premierement des p(re)miers
Royaumes qui seigneurirent au monde / et des seigneuries de grece .J. [70a] Or est dieu merci respassee //
La grevance qui ma pensee …–… Dont des mors y ot grant foison // Tant que dura celle saison
Explicit la quinte partie de ce present volume ».
F. 103b-d « Cy commence la table des Rebriches de la vj.e partie du livre de la mutacio(n) de fortune laquelle
parle des amaso(n)es et hystoire de troye abrigiee Le premier chapitre du roy vezones et comment le Royaume
d’amasone commença .J. …–… Item comment les traiteurs fur(ent) chaciez et les pestillences qu’ore(n)t gregois a
leur retour en grece .xxxv. ».
Ff. 103d-137d « Cy commence la .vj.e partie du livre de la mutacion de fortune qui parle
des amasones / et l’ystoire de troye abregiee [104a] Cy parle du roy vezones et comm(en)t
le royaume de amasonie comme(n)ça. J. En cellui temps un roy regnoit // En egipte qui
moult tenoit …–… Et ainsi fu la fin des grieux // N’orent des troyens mieux Explicit l’ystoire
de troye et la vj.me partie du livre de la mutacion de fortune ».
F. 138a-d Cy commence la table des Rebrich(es) de la .vij.e partie du livre de la mutacio(n) de fortune qui parle de
l’ystoire des Rommains abregiee / Celle de alixandre / et des princes Regnans environ l’aage de la personne qui a
compilé li dit liv(re) Le premier chapitre parle de eneas qui se parti de troye et de la genealogie des Rommains. .J.
…–… Item la conclusion du livre lvij. ».
Ff. 139a-177c « Cy commence la vije partie du livre de la mutacion \de fortune/ qui parle de l’ystoire des
rommains abrigee Et celle d’alixandre &c(etera) Le premier chapitre qui parle d’eneas .J. Eneas se parti de
troye // la deserte et par mer savoye …–… Pais / solitude volomptaire // Et vie astrate &
solitaire Explicit la vij.e et derreniere partie du livre de la mutacion de fortune »3.
HISTOIRE
Date : vers 1404. Le ms. figure parmi les quatre premiers exemplaires de cet
ouvrage, tous peints par le Maître de l’Épître Othéa.
Possesseurs : Louis d’Orléans (?)4, puis « Doubsne » (?) (XVe), dont ex-libris et
signature lisibles aux UV au f. 177v5 ; le duc de la Vallière (cote 48 ; vente 1783,
lot 2785) ; Sir Isaac Heard (1730-1822)6 ; Sir Thomas Phillipps, dont ex-libris et
cote 207 au verso du 1er f. de garde sup.7. Sir Sydney Cockerell, qui vendit le ms.
en 1956 à Pierre Bérès, qui le revendit à Robert Danon (Cat. 60, 1963). La
collection de R. Danon fut vendue à l’Hôtel Drouot en 19738 ; Pierre Bérès
acquit de nouveau le ms.9 et le mit en vente chez Sotheby’s (vente Londres, 13
juillet 1977, lot 45). Le ms. fut alors acquis par la librairie Dawson of Pall Mall,
à Londres, et revendu en 1978 au collectionneur actuel10. Ancienne cote ou
numéro d’inventaire non identifié au f. 2r, m/q : « G8 (68 ?) ».

3 La première lettre de l’explicit avait été écrite juste après le texte, et puis récrite avec le reste de
l’explicit six lignes plus bas.
4 V. « Commentaire ».
5 « Ce livre est a moy Doubsne [?] ».
6 V. note 13.
7 « Sir Thomas Phillipps/ Middle Hill/207 ».
8 Coll. Robert Danon 1973, lot 2.
9 Bérès Cat. 66, n° 5.
10 Nous remercions vivement le collectionneur non seulement de nous avoir accueillis, mais
surtout d’avoir fourni les précisions concernant les pérégrinations du ms. pendant les 50
dernières années.
{25} Collection particulière (ex-Phillipps 207) 461

Ajouts plus tardifs : Nota et traits bruns marginaux11. Notes de Sir Sydney
Cockerell, au verso du 1er 12 et au recto du second13 f. de garde sup., et en m/q
aux ff. 162d et 170c-d14. Au f. 178r, transcription de l’ex-libris du f. 177v : « Ce
livre est a moy Doubsne [?] » et paraphe. Numéros de cahiers ajoutés
postérieurement15.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (342 x 251 mm) : (II, papier) + I (parchemin)16 +
177 + I (parchemin) + (II, papier)17. La peau accuse peu de défauts18. La règle
du vis-à-vis est respectée sauf aux ff. 2-3 et 12-13, disposés p/c et 12-13, deux
folios illustrés ayant été soustraits. La peau porte des marques de parcheminier
aux ff. 96r et 102r19.
Encres : brun foncé, plus foncé ff. 171a-fin et tables20 ; encre des rubriques
rouge orangé.
Préparation
Piqûres : 4-8 piqûres maîtresses rondes par f. en m/t ou m/q indiquent
l’emplacement des colonnes.
Réglure : à la mine de plomb qui laisse des traces grises fines.
Mise en page : 342 x 251 mm = 39 + <209> + 94 x 36,5 + <5> + 4 +
<65,5> + 21 + <5,5> + 4,5 + <67 > + 42 mm. Justification 209 x 172,5 mm ;
2 cols, 36 interlignes, l’écriture commençant sous la première LR.

11 Ff. 26b, 27c, 32b, 38c et d, 39b.


12 « Phillipps sale at Sotheby’s July 1946, n° 21. (Middle Hill was at Broadway, Worcestershire).
bound by Derome c. 1760 ».
13 « Sydney Cockerell Kew 1 July 1946 » ; « Sir Thomas Phillipps, Bart. FR 5 (1792-1872)
bought this manuscript in 1824 with a large number of other fine manuscripts that had
belonged to the well known antiquary Sir Isaac Heard (1730-1822) who was Garter King of
Arms in 1782 ».
14 « The next two quires are transposed / Should precede previous quire ».
15 V. rubrique « Foliotation ».
16 Ce feuillet est réglé des deux côtés mais inemployé.
17 Contregardes en papier peigné, qui double les premier et dernier folios de garde.
18 Pièce f. 2, couture et petit trou au f. 25, autres trous ff. 43, 62, 63, 99, 125, 168, nombreux
trous de ver aux premiers et derniers folios, taches brunes ff. 77v, 78r, 138r, fente f. 107,
marques de grattoir ff. 116v, 117r.
19 On trouve des marques similaires dans la Mutacion de La Haye (78 D 42), de Bruxelles (9508)
et de Chantilly (494) ; v. Introduction à cette section.
20 Ff. 2a-c, 33b-c, 53c-d, 69c-d, 103b-d, 138a-d. La couleur différente de l’encre indique que les
tables ont été faites postérieurement, soit sur des bifeuillets ajoutés, soit dans un espace laissé
en blanc. Le dernier vers de la VIe partie au f. 137d est aussi écrit d’une encre plus foncée.
462 Mutacion de Fortune

Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
12 garde (num. 138 89-96 v
1) –2 (table)
27(8-1) 3-9 f 148 97-104 E
37 (8-1)♥ 10-16 g 158 105-112
48 17-24 h 168 113-120 A
58 25-32 J 178 121-128 B
68 33-40♣ s (long) 188 129-136 C
78 41-48 D 192 137-138
88 49-56 g 208 139-146 X
98 57-64 E (?) 218 155-162 (traces)
108 65-72 t (?) 228 147-154 (traces [a ou
J ?])
118 73-80 n (?) / y 238 163-170
128 81-88 v 248 171-178♠
Signatures : tracées à l’encre noire par E, elles consistent en une lettre
suivie d’un chiffre romain de j à iiij.
Réclames : courtes (1-3 mots) inscrites par le copiste, en bas de la 2e
colonne. Celle du f. 32v est précédée de deux traits diagonaux signalant le pied-
de-mouche (sans doute à faire) au début du f. 33a ; celle du f. 138v, correspond
à la rubrique qui commence la VIIe partie.
Titres courants : en haut des ff. 1-2 et 49r-138v, les feuillets sont réglés en
prévision d’un titre courant rubriqué qui, en fait, n’a été inscrit que quelques
rares fois : au f. 105v : le .vj.me ; aux ff. 106r-108r : Livre21.

F. 107r
Foliotation : traces d’une foliotation d’origine en chiffres romains, à l’encre
brune, en m/t à dr.22 ; foliotation moderne au crayon au même endroit : 1-154,

Un bifeuillet en parchemin plus épais, contenant la première table, a été ajouté au premier
quaternion.

Le premier folio de texte, qui comportait une miniature, a été enlevé entre les ff. 2-3 actuels.

Talon visible entre les ff. 12-13.

Le dernier folio, sans réglure, ne porte qu’une inscription moderne ; v. « Ajouts plus tardifs ».
21 Au f. 107r, le mot Livre est partiellement barré.
22 Traces les plus visibles au f. 36.
{25} Collection particulière (ex-Phillipps 207) 463

163-170, 155-162, 171-178. Les cahiers ont été numérotés deux fois : la
numérotation la plus ancienne, à l’encre brune, en haut en m/p, reflète
fidèlement l’état primitif du volume (24 cahiers). La plus récente,
contemporaine de la reliure (XVIIIe s.), au crayon, en bas du dernier f. du
cahier, va de 1 à 22 et présente donc un décalage de 2 par rapport au premier ;
elle ne compte pas les deux bifeuillets disparus et a été faite après l’inversion
des cahiers, sans doute lors de la reliure actuelle.
Écriture
Texte et tables : Main P ; X ajoute l’explicit au f. 177c.
Style : minuscule semi-cursive très soignée. L’écriture de la VIIe partie
est un peu plus serrée, et présente un grand nombre de majuscules cadelées
qu’on ne voit pas dans le reste du ms.

F. 141r (majuscules cadelées)


Ponctuation : usage restreint de la virgule et du point.
Corrections
Préparation : frere au v. 175b, Main X.
Exécution : Main X, sur grattage23. X ajoute des vers aux f. 159c l. 16, et
en marge, aux ff. 92a, 161c et 177b. On note aussi une petite centaine
d’occurrences où la finale –ez est modifiée en –es24.
Rubriques : Main P, sauf pour celle qui commence la IVe partie (f. 54a), qui
est l’œuvre de X. Pour la VIIe partie, chap. 2-57 (ff. 140a-177b), la plupart des
préparations de numéro de chapitre sont totalement ou partiellement visibles.

23 Au f. 31b, l. 2, Silla la tres (v. 3980) est corrigé dans ce ms. ainsi que dans le KBR 9508 (f. 33d,
l. 19).
24 Delsaux 2008a, p. 21.
464 Mutacion de Fortune

F. 54a (rubrique : X) ; f. 54b (texte : P)

Décoration : ornemaniste « aux brins de fantaisie », sauf les deux dernières


lettrines (champies) qui correspondent aux pages dépourvues d’illustration.
Lettrines :
F. 16b (début II, 6) : D rose (4) sur fond bleu à remplissage de vigneture
sur or, avec rinceaux de vigne sur tige, brin sur fil et rond d’or25.
F. 33d (début IIIe partie) : T bleu (4) sur fond rose à remplissage de
vigneture sur or, avec rinceaux de vigne sur tige et sur fil.
F. 54b (début IVe partie) : O bleu (5) sur fond rose à remplissage de
vigneture sur or, avec rinceaux de vigne et brins sur fil, et rond d’or.
F. 70a (début Ve partie) : O rose (4) sur fond bleu, à remplissage de
vigneture sur or, avec deux rinceaux de vigne sur fil et rond d’or.
F. 104a (début VIe partie) : E champi (4)26 avec deux rinceaux de feuilles
gouttes et rond rose.
F. 139a (début VIIe partie) : E (5) champi (5) avec deux rinceaux de
feuilles gouttes et rond rose27. L’épaisseur de la lettre d’or est irrégulière.
Lettres champies : de deux lignes au début des chapitres à partir du 2e
chapitre de chaque partie et au f. 4d au milieu de chapitre, précédant le v. 369
(Or vous ay dit de mes parens). Lettres champies de 3 interlignes en début des

25 Le dessin des rinceaux a été mis en place à la pointe d’argent, visible par endroits. Trois
lettres V (pour vignete ?) inscrites à la pointe sont aussi visibles, peut-être pour marquer
l’emplacement initial des feuilles.
26 Les deux dernières lettrines sont par une main différente et assez fruste, qui a aussi exécuté
les deux dernières lettrines du ms. Chantilly 494 et celle au f. 148d de Bruxelles, KBR, 9508.
Lui reviennent sans doute aussi toutes les petites lettres champies et tous les pieds-de-
mouche champis dans ce ms. Seules les grandes lettrines des feuillets historiés sont donc d’un
ornemaniste confirmé.
27 Bien qu’il s’agisse de feuilles gouttes et non de vigne, elles sont intercalées avec des vrilles.
{25} Collection particulière (ex-Phillipps 207) 465

chapitres VII, 44 (f. 166b) et VII, 54 (f. 175a) ; lettre champie (4) au début de
VII, 45 (f. 166c).
Pieds-de-mouche : champis28.
Illustration : Maître de l’Épître Othéa ; deux enluminures ont été enlevées
entre les ff. 2-3 et 12-13. Les quatre miniatures qui restent sont dans un fin
cadre d’or bruni cerné de noir, à brins de vigneture or sur fil et ronds à queue
ou soleils.
1. F. 16a (II, 6), en bas de colonne, av. rubr., 119 mm x 79 mm : Fortune,
Heur et Meseur. Les trois personnages sont situés dans une architecture en
diaphragme rose au premier plan et gris bleuté pour les arcatures à l’arrière-
plan, et sur un sol carrelé de rouge, jaune et noir dans un quadrillage blanc.
Fortune est vêtue d’une robe mi-partie, grise à g. et or à dr., de même, son
visage est noir à g. et blanc à dr., et sa couronne gris et or. Dans la main g., elle
tient un dard qui menace Eur à dr. ; dans la main dr., elle porte une couronne
d’or. Elle se tient debout sur le moyeu de sa roue reposant à plat sur le sol ; des
flammes rouges à g., une eau bleutée à dr. Eur et Meseur posent chacun un pied
sur la roue. Meseur à g. est vêtu d’une tunique courte brun noirâtre, à grand col
blanc et chausses blanches, souliers noirs, et bourse rouge à la ceinture. Il est
brun, les cheveux bouclés, le visage large, et tient à deux mains sa massue en
bois noueux. Eur est vêtu d’une houppelande vert clair, doublée de rouge au
revers des manches, un collier d’or à clochettes et grelot pendant, il porte sur la
tête une couronne de feuillage et en tient une autre dans ses mains29.
2. F. 33d (début IIIe partie), av. rubr., 132 x 78mm : L’intérieur du chastel : le
plus haut siège. La scène se situe dans une architecture en diaphragme sur fines
colonnettes formant comme un double baldaquin de pierre grise ajourée avec
ogives et clefs pendantes bleues, et laissant voir des coins de ciel. Au sol,
blanchâtre, sont dessinées à l’encre rose les lattes d’un parquet dont les lignes
convergent vers le fond, là où se tiennent les deux papes sur un double trône
tendu d’un drap mauve. L’un est vêtu d’une coule bleue à capuche bordée de
blanc, l’autre d’une coule rouge-orangé. Tournés l’un vers l’autre, ils
argumentent par gestes30. Au premier plan et sur les côtés sont assis sur des
bancs en bois onze petits conseillers vêtus de rose, bleu, beige, noir ou rouge.
Les tailles des personnages sont à l’évidence déterminées par leurs positions
hiérarchiques respectives.
3. F. 54b (début IVe partie), av. rubr., 92 x 75 mm : Les peintures de la salle de
Fortune. La salle apparaît sur son long côté à travers une arcade rose ; un angle
en retour laisse voir une porte de bois avec serrure et ferrures. Elle est couverte
d’un toit bleu à petites lucarnes ou gâbles fleuronnés, sous un ciel bleu. Le sol
est carrelé de rouge et blanc formant un motif circulaire. Les peintures du mur
28 Au f. 46v, l’ornemaniste ajoute par erreur deux pieds-de-mouche (sans or) devant deux
morceaux de vers ajoutés en marge.
29 L’image a un peu souffert du frottement et il y a quelques reports de pigments du folio en
vis-à-vis.
30 « L’index tendu […] correspond à l’affirmation de l’opinion d’un personnage » (Fr. Garnier,
Le langage de l’image au Moyen Âge. Signification et symbolique, Paris, Le Léopard d’Or, 1982,
p. 212).
466 Mutacion de Fortune

du fond sont divisées en deux registres sur fond vert : au registre sup., une
petite ville rose à toits bleus à g. et une scène de poursuite à cheval ; au registre
inf., dix reines, chacune assise sur son trône, aux robes de couleurs variées :
vert, bleu-gris, jaunâtre, rouge, verdâtre, bleu, noir, rouge, rose, vert.
4. F. 70a (début Ve partie), av. rubr., 105 x 79 mm : Siège d’une ville. Vue en
perspective aérienne, une ville aux murs gris et aux toits rouges est ceinte d’un
rempart circulaire. Au centre, une tour (façon tour de Babel) est fermée de
portes d’or. Des arbalétriers y sont postés. Devant les portes de la ville se
trouve un pont de bois à barrière. Au premier plan, les assiégeants en armures
bleutées sont montés sur des chevaux bais, noirs, blancs, certains couverts
d’une housse rouge. Le sol vert plutôt foncé est bleu grisé dans le fond. Au
premier plan, des plantules sont peintes en vert sur vert31.
Reliure : maroquin rouge avec filets dorés sur les plats signée Derome (vers
1760). Dos à 5 nerfs, décoration florale dorée dans 5 cartouches et majuscules
d’or : « MUTATIO/ DE FORTU/ EN VERS F. », PUIS « MSS S. VEL./ DU
15 S. / AV. MINIA ».
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Mutacion 1959-1966, 1, pp. cxxiii-cxxxv, cxlii. Meiss 1974, pp. 9-12, 291-292 et figs 2, 22,
26, 34. Reno 2000. Bérès Cat. 66, n° 5. Coll. Robert Danon 1973, nº 2 + 1 pl. Sotheby’s Cat. 13 July
1977, pp. 37-39 & 2 pl.
COMMENTAIRE
La septième partie du ms. semble avoir été préparée plus tard ; la réclame qui
l’annonce correspond à la rubrique initiale. L’écriture y est plus serrée que dans
le reste du ms., et est ornée de nombreuses lettres cadelées qu’on ne voit pas
ailleurs. C’est aussi la seule partie où l’on trouve des préparations de numéros
de chapitres.
Un grand nota au f. 43r, m/p (à côté des vv. 5581-5584) ressemble à des
notes inscrites de la main de Jean d’Angoulême32, ce qui pourrait indiquer que
le manuscrit aurait été présenté à Louis d’Orléans.

31 Selon Millard Meiss (1974, 1, p. 12), la composition de cette scène atteint sa plus grande
complexité dans ce ms.
32 Voir Dupont Ferrier 1897, p. 43 et notice, Bnf, fr. 1197, note 12 {46}.
F. 2r © Munich, BSB
{26} Munich, BSB, Cod. gall. 11
Le livre de la mutacion de Fortune

CONTENU
F. 1a-b « Ci commence la table des rubriches de ce present volume appellé le livre de la
mutacion de fortune fait et accompli le .viijme. jour de novembre1 l’an de grace mille .iijc.
et .iij. Et est devisé le dit livre en .vij. p(ar)ties. La premiere partie parle de la p(er)sonne qui a
compilé ledit livre et de ses aventures …–… Item la .vje. partie parle des amasones et de l’ystoire de troye
abrigee2. ».
F. 1b-c « Cy co(m)mencent les rubriches des chappitres du premier livre de ce present
volume Le premier chappitre prologue J …–… Item comment elle fu tournee arriere de son message xii ».
Ff. 2a-12b « Ci commence la premiere partie du livre de la mutacion de fortune la quelle
parle de la personne qui a compillé le dit livre / et de ses aventures. Et premierem(en)t
prologue. J. Comment sera ce possible // A moy simple & pou sensible …–… Ses meurs et ses
condicions // Et ses grandes decepcions Explicit la p(re)miere partie ».
F. 12c-d « Cy co(m)mencent les Rubriches de la table de la seconde partie du livre appellé
la mutacion de fortune qui p(ar)le ou et co(m)ment le chastel de fortune est scitué / les
estages qui y sont / & quelz gens y a logiés Le premier chapitre parle de la situacion du dit chastel et
ou il siet J. …–… Item les perilz et mescheances qui so(n)t ou dit chastel xxvj. »
F. 12d « Cy co(m)mence la ije. p(ar)tie du livre de mutacion de fortune Laquele p(ar)le du
chastel de fortune / ou et co(m)ment Il est scitué Et quelx gens y sont logiés ».
Ff. 13a-32b « De la situacion du chastel & ou Il siet .J. Il a un lieu dessus la mer // que l’en
sieult grant p(er)il no(m)mer …–… Et leur manda par le p(ro)phete // Que vers lui avoient paix
faitte. Cy finist la ije. partie ».
F. 32c-d « Cy co(m)mence la table des Rubriches de la tierce partie du livre de la
mutacion de fortune / qui parle des condicions et sieges de ceulx qui sont logiés ou
chastel de fortune Le premier chapitre parle du plus hault siege J …–… Item des infortunes des femmes
xxj ».
F. 32d « Cy co(m)mence la tierce partie du livre appellé la mutacion de fortune qui parle
des conditions des gens qui sont logiés ou susdit chastel Et co(m)ment Ilz sont assiz en
divers degréz ».
Ff. 33a-52a « Le premier chapitre parle du plus hault siege .J.e 3 Tout ainsi com j’ay devisé //
du chastel que bien avisé …–… Ainsi charité morte treuvent // Ce scevent celles qui
l’espreuvent Cy fine la iije. partie ».
F. 52c-d « Cy co(m)mence la table des Rubriches de la quarte partie du livre de la
mutacion de fortune / Laquele parle de la salle du chastel de fortune / queles
pourtraitures Il y a / de philozophie et de ses p(ar)ties / des sciences du
co(m)mencement du monde / et des histoires des Juifs Le premier chapitre parle de la sale de
fortune et de ses pourtraitures J …–… Item des Juifs xx ».
F. 52d « Cy commence la quarte p(ar)tie du livre de la mutacion de fortune ».
Ff. 53a-67d « Cy dit de la salle de fortune Premier chapitre Or ay devisé grant p(ar)tie // de
ce lieu ou est departie …–… en punicion du pechié que ilz co(m)mirent en crucifiant n(ost)re
seigneur »4.

1 Cette date ne se trouve que dans deux exemplaires : celui-ci et celui de La Haye.
2 Plusieurs interlignes, où était sans doute inscrit le contenu de la VIIe partie, ont été d’abord
cancellés (barre oblique) puis grattés.
3 La LR est semée de pointillés entre rubrique et enluminure.
470 Mutacion de Fortune

F. 68a-d « Cy commence la table des Rubriches de la ve. partie du livre de mutacion de


fortune / Laquelle parle des premiers Royaumes qui seignorirent au monde Et des
seign(eu)rs de grece Le premier chapitre parle comme les uns vouldrent sus les autres seigneurir J …–…
Item dit de crete et d’athenes xxvj ».
F. 68d « Cy co(m)mence la ve. p(ar)tie du Livre de la mutacion de fortune qui parle des
p(re)miers Royaumes qui seigneurirent au monde & des seigneurs de grece ».
Ff. 69a-102b « Co(m)ment les uns vouldrent sur les autres seignorir. J. Or est dieu merci
respassee // la grevance qui ma pensee …–… Dont des mors y ot grant foison // Tant que dura
celle saison Explicit la ve. partie du Livre de la mutacion de fortune ».
Ff. 102c-103c « Cy commence la table des Rubriches de la vie. partie du livre de la
mutacion de fortune Laquelle parle des amazoines Et de l’istoire de troye abregee Le
premier chapitre parle du Roy vesones Et comment le royaume de amazonis commença …–
… Item comment les traitteurs furent chaciés et des pestile(n)ces que les gregois orent a leur
Retour Cy fine la table de La sixieme partie du livre de la mutacion de fortune ».
Ff. 103d-140d « Cy commence la vie. partie du livre de la mutacion de fortune Laquelle
parle des amazoines et de l’istoire de troye abregee Le premier chapitre parle des
Amazoines. .Je. En ce te(m)ps .J. Roy Regnoit // en egipte qui moult tenoit …–… [140c] Et
ainsi fu la fin des Grieux // N’orent des Troiens gaires mieux. No(ta)5 [140d] Explicit l’istoire
de troie Et la vie. partie du livre de la mutacion de fortune. ».
HISTOIRE
Date : vers 1410-14116. Certaines leçons du texte prouvent que cet exemplaire
est postérieur aux autres originaux7 ; quelques enluminures manifestent un
renouvellement des thèmes par rapport au ms. BnF, fr. 6038.
Possesseurs : Amiral Louis Malet de Graville et son épouse Marie de Balsac,
dont les armes partiellement effacées par frottement se voient au f. 2r9. Le ms.
serait passé ensuite à leur fille, la poétesse Anne de Graville. Bibliothèque
palatine de Mannheim, dont les anciennes cotes « O 45 » et « No X.1611 O »
figurent au verso de la première garde sup.10. La cote « O 45 » se retrouve au
dos de la reliure au dernier entre-nerf. Cachet à l’encre noire au f. 2r :
« BIBLIOTHECA/ REGIA/ MONACENSIS ».

4 La numérotation des derniers chapitres est en désordre. Après Cy dit de me(n)broth et de la p(re)miere
babiloine .xixe. au f. 62c, on passe à Cy dit des histoires des Juifs xje. et à Cy dit des Juifs xije. au f. 67d.
5 Ce mot abrégé par un grand No(ta) occupant 2 interlignes à la fin de la col. c.
6 Meiss 1974, 1, p. 9.
7 V. rubrique « Corrections ».
8 V. en particulier Le château de Fortune au f. 13a, Le roi acclamé au f. 69a et Combat d’Amazones au
f. 103d.
9 Parti de gueules à trois fermaux d’or, qui est de Graville, et d’azur à trois flanchis d’or, au chef d’or chargé de
trois flanchis d’azur, qui est de Balzac. Le ms. Paris, Bibl. de l’Arsenal, 3172, un exemplaire plus tardif
de la Mutacion a aussi appartenu à leur fille Anne de Graville. De chaque côté du blason, une
inscription partiellement lisible aux UV : « A monseigneur de [Marcousys ?]… ».
10 Cat…Monacensis 1858, p. 1 n° 2 et C de P, Mutacion 1959-1966, 1, p. cxviii.
{26} Munich, BSB, Cod. gall. 11 471

Ajouts plus tardifs : blason et


inscription au f. 2r ; nombreux
ajouts d’une main du XVIe siècle,
vraisemblablement celle d’Anne de
Graville11. Note de bibliothécaire au
recto du premier f. de garde inf.12 et
étiquette de la Staatsbibliothek au
recto du dernier f. de garde. F. 50r (ajouts XVIe s.) © Munich, BSB

DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (349 x 256 mm) : (II, papier) + 140 + (II, papier)13.
Peau épaisse ivoire pour la plupart, mais quelques ff. sont très brunis. La
plupart des feuillets ont été rallongés en collant très soigneusement au bas une
bande de parchemin large d’environ 16 mm14. Le parchemin porte de
nombreux trous, dont certains, assez grands, ont été réparés. La règle du vis-vis
est respectée à une exception près15.
Encres : brun foncé pour le texte, celle du 11e cahier (ff. 80-87) étant
encore plus foncée. Encre des rubriques et des explicit rouge vif, très vif aux
ff. 1-416.
Préparation
Piqûres : de forme elliptique, le plus souvent deux ou trois qui marquent,
en m/q, l’emplacement de la première colonne, parfois aussi de l’entrecolonne.
Réglure : ff. 1-87 à la mine de plomb qui laisse de fines traces grises
uniformes ; ff. 88-fin à la mine brun-roux, qui laisse des traces irrégulières.
Mise en page (f. 5r) : 349 x 256 mm = 32 + <217> + 100 x 29 + <5,5> +
5,5 + <66> +18 + <6> + 5 + <66> + 55 mm. Justification 217 x 172 mm ; 2
cols, 36 interlignes, 34 interlignes à partir du f. 88. L’écriture commence sous la
première LR.
Foliotation : moderne, à l’encre.

11 V. ff. 50a, 53c, 62b, 63d, 72c, 76c, 82a, 86a, 97a, 106d, 107c, 136a, 139a. On trouve des
interventions presque identiques dans le ms. de l’Arsenal (dont la composition lui est même
attribuée dans une note de lecteur du XVIIIe s. ) ; v. Reno 1998.
12 Concernant le nombre de feuillets et l’emplacement des enluminures.
13 Les contregardes en papier marbré doublent la première garde sup. et la deuxième garde inf.
14 La réparation est si soigneusement réalisée qu’on a souvent du mal à l’apercevoir.
15 Les ff. 119 et 120 sont disposés p/c.
16 Ces rubriques sont copiées par R, à la différence de toutes les autres, sauf celles du 11e cahier.
V. « Rubriques ».
472 Mutacion de Fortune

Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
18-1 1-7 a 108 72-79
28 8-15 b 118 80-87
38 16-23 b 128 88-95 G
48 24-31 C 138 96-103 b
58 32-39 148 104-111 (traces)
68 40-47 158 112-119
78 48-55 168 120-127 (traces)
88 56-63 178 128-135
98 64-71 185 136-140
Le début du 12e et la fin du 18e cahier sont marqués d’un X ; une autre croix se
trouve au f. 118r.
Signatures : dans les 11 premiers cahiers, à l’encre noire au coin inf. dr.,
faites d’une lettre suivie d’un chiffre allant de .j. à .iij. À noter que la signature
du f. 1 est rognée, et que les ff. 2 et 3 sont signés respectivement a iij et a iiij :
un feuillet a donc dû disparaître au début. À partir du 12e cahier (f. 88), les
signatures sont à l’encre brune et situées sous la 1re col.
Réclames : faites par les copistes en bas de la 2e colonne, plusieurs d’entre
elles soulignées17, deux accompagnées d’un paraphe à droite18, deux d’un
paraphe de chaque côté19. Les neuf premières et la onzième (f. 87v) consistent
en un vers entier ; la dixième et toutes les autres sont réduites à quelques mots,
parfois même à un seul.
Travail d’écriture
Texte et tables : Main R, ff. 1-87 ; Main P, ff. 88-fin.
Style : cursive livresque.
Ponctuation : virgule (usage rare) ; dans la partie en prose (histoire des
Juifs), le point prédomine.
Corrections : Main X sur grattage ; plusieurs sont plutôt, à proprement
parler, des améliorations apportées au texte20.
Rubriques (y compris les parties rubriquées des tables) : Main P, sauf Main
R pour les ff. 1-4, 80-87. Faites avant la décoration, elles tiennent bien dans
l’espace qui leur est réservé. Des préparations de rubrique subsistent, plus ou

17 Aux ff. 23v, 31v, 39v, 55v, 63v, 87v.


18 Aux ff. 31v, 87v.
19 Aux ff. 39v, 55v.
20 Nous signalons en gras les modifications sur grattage : f. 3a l. 11 : Tant que demouray a sa court
(v. 131, qui est interverti ici avec le v. 132 [tous les autres originaux sauf le fr. 603 portent ici la
leçon Tant comme je fus a sa court ; le fr. 603 a la leçon Tant com demouray]) ; f. 12a l. 14 : \De/ sus mon
chief ne se parti (v. 1433) ; f. 30a l. 7 : Le \povre/ peuple besoigneux (v. 3935, leçon unique, parmi les
originaux) ; f. 91d l. 23 : Pallance l’en ont surno(m)mee (v. 12002, leçon unique, parmi les
originaux) ; f. 95a l. 30 : De thebes si q(ue) est tesmoigné (v. 12456, leçon unique, parmi les
originaux ; un trait en marge indiquait qu’il y avait une modification à faire ; aucune préparation de
correction n’indique le changement) ; f. 108a l. 16 : Bien voulsist mourir pour soy traire (v. 14041) ;
f. 121b l. 9 : A l’un des deux l’ame partist (v. 15814) ; f. 134 a l. 8 : Car faire le puist sans targier
(v. 17372, prép. de corr. en marge).
{26} Munich, BSB, Cod. gall. 11 473

moins effacées21, aux ff. 49r, 50r, 55r-v, 57v et 68r. Dans les cinq premières
tables des matières, le numéro de chapitre a d’abord été tracé en petit module à
l’encre brune, soit dans la marge soit à l’emplacement du chiffre, avant d’être
récrit en rouge.
Décoration : ornemanistes « à la vigne d’or » pour les deux premiers folios
décorés et Pierre Gilbert pour les cinq derniers.
Bordure : f. 2r (début Ire partie), fines baguettes doubles bleu/or
fleuronnées formant U, avec vigneture sur tige et sur fil, et brins à g. de la
baguette et à l’int. du cadre.
Lettrines : le rinceau de vigne sup. longe le bas du cadre de l’image.
F. 2a (début Ire partie) : C bleu (5) sur fond rouge rosé à remplissage de
vigneture sur or. Lettre indépendante de la baguette.
F. 13a (début IIe partie) : I bleu (6) sur or à remplissage de deux feuilles
de vigne, avec rinceaux de vigne sur tige, et brin sur fil.
F. 33a (début IIIe partie) : T bleu (2) sur or à remplissage de deux feuilles
de vigne, avec rinceaux de vigne sur fil.
F. 53a (début IVe partie) : O rose foncé (2) sur or à remplissage de deux
feuilles de vigne, avec rinceaux de vigne sur fil, hérisson et rond d’or.
F. 69c (début Ve partie) : O bleu (3) sur or à remplissage de deux feuilles
de vigne, avec rinceaux de vigne sur fil et rond d’or.
F. 103d (début VIe partie) : E rose foncé (5) sur or, à remplissage de
vigneture, avec rinceaux de vigne sur fil et brin de fleur stylisée bleue et
blanche.
F. 108c (début VI, 6) : C rose (5) sur or à remplissage de vigneture et
demi-palmettes, avec rinceaux de vigne sur fil, hérissons et fleurs
stylisées.
Lettre à grotesque (f. 89v) : sorte de cigogne avec grande queue faite de
traits figurant les plumes.
Lettres champies de deux interlignes en début de chapitre à partir du 2e
chap. de chaque partie et au début de la première table, où elle est accompagnée
de trois brins de feuilles gouttes bleues et roses.
Pieds-de-mouche : champis, à l’intérieur des chapitres et au début de
chaque chapitre des tables des matières, où l’alternance des couleurs est
parfaite22.
Illustration : Maître de la Cité des dames. Les enluminures sont entourées d’un
double cadre rouge rosé et or cerné de noir, décoré de brins sur fil à feuilles or,
de ronds d’or et de ronds bleus.
1. F. 2a (début Ire partie), av. rubr., 95 x 77 mm : Christine dans son étude.
Vêtue d’une robe bleue et d’une cornette blanche, Christine est assise dans une
chaise de bois à haut dossier et corrige au moyen de la plume et du grattoir un
bi-feuillet posé sur un pupitre sur sa table de travail couverte d’une nappe verte.
Un encrier et trois livres sont aussi posés dessus, un autre livre sur la tablette
en-dessous, et un banc est placé près de la table. Un petit chien lui tient

21 Pour la moitié d’entre elles, le numéro de chapitre a subsisté.


22 Des doubles traits signalent des pieds de mouche non exécutés aux ff. 20b, 22d…
474 Mutacion de Fortune

compagnie mais regarde dans l’autre sens. La pièce aux murs beige-rosé,
ouverte en diaphragme par une arcature en accolade, est carrelée de brun et
rose et voûtée d’un berceau bleu étoilé. Derrière l’auteur s’ouvre une fenêtre à
meneaux et vitres d’argent (terni) dotée de volets de bois, et dans le mur du
fond une baie ogivale grillagée sur le parapet de laquelle est posée une plante en
pot.
2. F. 13a (début IIe partie), av. rubr., 115 x 75 mm [Album couleurs, n° 38] : Le
château de Fortune. Au milieu d’une mer intérieure moutonnante se dresse un
rocher abrupt au sommet duquel est perché le château de Fortune, édifice rose
cantonné de tours rondes et arrimé aux angles par quatre chaînes d’argent. Les
toitures sont hérissées de bannières d’or plain qui percent le cadre. Richesse,
vêtue d’une robe rouge et d’un manteau d’or doublé d’hermine, portant sceptre
et couronne, est assise dans l’encadrement de sa porte, surmontée de deux écus
à ses armes : d’or plain. Debout près d’elle, Eur en courte houppelande verte
ceinturée bas et chausses parties, tient des deux mains une couronne de
feuillage. À l’autre porte, une reine en robe rose leur fait pendant. À l’arrière-
plan, trois bateaux approchent. Le ciel en perspective aérienne est animé de
nuages d’or filés. Au loin, des arbres et une église se profilent sur le rivage
herbeux.
3. F. 33a (début IIIe partie), av. rubr., 97 x 79 mm : L’intérieur du chastel : le
plus haut siège. Deux papes en calotte gris-bleu et habit rouge-rose foncé à rabat
blanc se partagent le trône pontifical tendu d’un drap bleu broché d’or, sous un
dais de même et flanqué de tentures vertes à décor en zigzag. Tout autour, la
cour pontificale est composée de dix ecclésiastiques : trois cardinaux, un évêque
mitré, un autre dignitaire en chape, et cinq personnages (un franciscain, un
cistercien, deux clercs et un moine noir) vus de dos sur un banc recouvert de
drap vert au premier plan. Le sol est carrelé de jaune vif et le fond mosaïqué de
rouge-rose et d’or.
4. F. 53a (début IVe partie), av. rubr., 83 x 76 mm : La salle de Fortune. La
salle est ouverte en diaphragme par une double arcature reposant sur une
colonnette centrale et voûtée d’un double berceau peint en rouge, percé de
fenêtres d’argent. Une porte ouverte dans le fond donne un effet de
profondeur. Debout sur le sol carrelé vert orné de fleurs en rouge et blanc,
Christine, vêtue d’une robe bleue, manches roses et cornette blanche, regarde
les peintures murales sur fond mauve. Sur deux registres soulignés par deux
lignes de texte figurent, devant elle, un roi trônant entouré de la reine et de
conseillers et au-dessus un combat de lances entre deux chevaliers, et derrière,
au-dessus d’un long banc de bois, des cavaliers arrivant à un château et une
exécution capitale devant une reine.
5. F. 69a (début Ve partie), av. rubr., 109 x 75 mm [Album couleurs, n° 39] : Le
roi acclamé. Dans un paysage de collines verdoyantes sur fond de ciel à nuages
filés, un roi à barbe blanche bifide est mené en chariot tiré par deux chevaux
blancs, celui de tête coupé par le cadre. Portant sceptre et couronne d’or, habillé
d’un manteau rouge sur cotte d’or, il trône sur un siège dans la caisse tendue
d’un drap rose foncé broché d’or. Une vingtaine de ses hommes l’entourent,
tenant des boucliers longs (dont un à bossette) et armés d’arcs et de massues.
{26} Munich, BSB, Cod. gall. 11 475

6. F. 103d (début VIe partie), av. rubr., 80 x 73 mm [Album couleurs, n°40] :


Combat d’Amazones. En armures d’argent sur leurs robes et casquées, sauf pour
quelques-unes qui portent la coiffe en pain fendu, la voilette au vent, ou la
coiffe relevée en diadème, montées en amazones, les Amazones chargent à
cheval avec leurs lances suivant une ligne diagonale qui leur donne l’avantage.
Certains de leurs chevaux blanc, baie, alezan ou noir ont la tête protégée d’un
chanfrein. Elles arborent un étendard coupé de blanc et rouge orné d’une ligne
en zigzag, et une bannière de gueules semé de besants (ou de grelots d’or). L’armée
adverse, composée d’hommes dont certains en turban, charge également sous
une bannière verte à chevrons, cimeterre levé et arc en avant. Au premier plan,
une hallebarde et une épée brisées jonchent le sol et un cheval est tombé les
quatre fers en l’air, coupé par le cadre, ce qui donne l’impression d’une vue en
plongée.
Au f. 108b, un espace de 13 lignes est laissé pour une enluminure (non
exécutée) avant la rubr. du chap. VI, 4 : Cy commence l’istoire de Troyes abregee23. Et
premierement la genealogie des Troyens. iiije chapitre.
Reliure : maroquin rouge, dos à 5 nerfs portant le titre « DE LA /
MUTACION / DE / FORTUNE » et en dessous « M.ss / sur velin / avec /
miniatur » ; décor floral (fleur margaritique entourée de deux chardons, avec
fleurs stylisées autour) dans les autres entre-nerfs. Signet satin vert pomme.
Plats décorés d’un encadrement à triple filet d’or ; tranchefile verte et blanche.
Volume doré sur tranches.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Mutacion 1959-1966, 1, pp. cxiii-cxix. Meiss 1974, 1, pp. 9-12, 291-292 ; 2, figs 13, 16, 28,
31. Meiss 1967, 1, p. 356. Reno 1998. Sterling 1987-1990, 1, pp. 286, 292 et fig. 197.
COMMENTAIRE
Cet exemplaire a été amputé de la VIIe partie, comme le prouve le grattage de la
rubrique correspondante de la première table des matières au f. 1b. Les
nombreuses additions faites au XVIe s.24, vraisemblablement par la propriétaire
Anne de Graville, témoignent d’une lecture très attentive.

23 Espace de 14 lignes laissé au même endroit dans le ms. BnF, fr. 603 {9}.
24 Reno 1998. L’édition de S. Solente ne fait pas état de toutes les variantes que présente ce ms.
Fais et bonnes meurs du sage roy Charles V1
Introduction
Paris, BnF, fr. 10153 [B] {27}
Modène, BE, α.N.8.7 [E] {28}
Paris, BnF, fr. 5025 [M] {29}
Vatican, BAV, reg. lat. 920 [C] {30}

Dans le Livre des fais et bonnes meurs, Christine de Pizan raconte comment
Philippe de Bourgogne, au début de l’année 1404, lui commanda, par
l’intermédiaire de son trésorier, un traittié sur la vie de son frère Charles V,
décédé en 13802. Elle se rendit au Louvre et fut conduite par deux écuyers
auprès du duc et de l’un de ses fils, Antoine, comte de Rethel3. Après cet
entretien, elle dut se mettre aussitôt au travail, car, dès le 28 avril 14044, la
première partie du nouvel ouvrage était déjà terminée ; mais le commanditaire
était mort la veille5. La deuxième partie fut achevée le 20 septembre6 et la
troisième – la plus longue – le 30 novembre de cette même année7. Le 1er
janvier 1405, Christine en offrait à Jean duc de Berry un exemplaire relié8 qui
n’a pas été retrouvé. Ce ne devait, d’ailleurs, pas être le premier en date des
manuscrits de présentation, car il est à peu près certain que l’auteur donna la
priorité à Jean sans Peur, qui venait de succéder à son père Philippe le Hardi.
1 Le livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles Ve d’icelluy nom est le titre donné dans les quatre
manuscrits contemporains survivants ; le s manque à la fin de Charles dans le ms. Vat., reg. lat. 920.
Il à noter que cette introduction reprend essentiellement Ouy et Reno, avec la collaboration de
J. Laidlaw 2008.
2 Sur les motivations tant didactiques que politiques de cette commande, voir C de P, Charles V,
1936-1940, 1, pp. xxviii-xxix.
3 Ibidem, pp. 6-9.
4 Observation déjà faite ibidem, p. xxix.
5 Ibidem, p. 104. Cette date est donnée dans l’explicit de la première partie dans tous les manuscrits. La
deuxième partie de l’ouvrage débute par une lamentation sur la mort du duc, où Christine évoque
le confort, aide et soustenail de vie qu’il avait apportés à son petit colliege veduval (ibid., p. 111).
6 Ibidem, 244 ; cette date est donnée dans l’explicit de la deuxième partie dans deux des mss (Modène,
f. 59b et Vatican, f. 63c).
7 Cette date se trouve dans la rubrique liminaire de tous les manuscrits ; Fais et bonnes meurs, t. 1, p. 1.
Les trois parties comportent respectivement 36, 39 et 72 chapitres.
8 « Un livre en françoys, des Faiz et bonnes meurs du saige Roy Charles, Ve roy d’icellui nom, où il a escript
au commancement de second fueillet : ses escuiers ; couvert de cuir vermeil empraint, à deux
fermouers et clos de cuivre ; lequel livre damoiselle Cristine de Pisan donna à mondit Seigneur à
estrainnes, le premier jour de janvier l’an mil CCCC et IIII [a. st.] » (Guiffrey, 1894-1896, 1, p. 9,
no 943).
478 Fais et bonnes meurs du sage roy Charles V

Le volume offert à Jean sans Peur est le BnF, fr. 10153 (B), mais il subsiste
trois autres exemplaires de présentation : Modène, BE, α.N.8.7 (E), BnF,
fr. 5025 (M), et Vat., reg. lat. 920 (C)9. Nous ignorons quels en étaient les
destinataires, mais il est difficile d’imaginer que les deux fils de Charles V,
Charles VI et Louis d’Orléans, ainsi que Louis de Bourbon, son beau-frère, qui
tous trois y ont droit à un chapitre élogieux, aient pu être oubliés dans la
distribution10. D’autres grands personnages dont elle vante les mérites (au
chap. II, 17), en particulier le connétable Charles d’Albret, qui acquit un
exemplaire de l’Advision Cristine, et qui est le dédicataire d’un exemplaire du
Debat de deux amans, Bruxelles, KBR, 11034 {16}, figurent, eux aussi, parmi les
possesseurs probables de l’ouvrage.
Les frappantes similitudes entre les quatre manuscrits de présentation
parvenus jusqu’à nous – tant en ce qui regarde la préparation que la mise en
page ou la décoration – obligent à conclure qu’ils furent copiés en série ; en
outre, nombre de corrections identiques prouvent que, juste avant d’être
offerts, les quatre volumes furent ensemble soumis à une ultime révision11.
Cependant, ces manuscrits présentent également d’assez nombreuses
divergences grâce auxquelles nous pouvons suivre l’évolution du texte et
déterminer l’ordre dans lequel furent copiés les quatre témoins.
1. Profil des manuscrits
De ces quatre manuscrits contemporains, trois sont copiés par R et un par X.
Nous passons rapidement en revue leurs caractéristiques principales dans
l’ordre présumé de leur exécution ; ordre dont nous nous expliquerons au fur et
à mesure de notre analyse.
1. BnF fr. 10153 (B) : Main R. Première étape du texte.
2. Modène, Biblioteca Estense e univ., α.N.8.7 (E) : Main R. Étape plus tardive
du texte, qui présente plusieurs modifications ; comme dans B ; quelques blancs
– les mêmes – ont été laissés et comblés ultérieurement.
3. Paris, BnF, fr. 5025 (M) : Main X. Étape encore plus tardive du texte ; les
mêmes blancs que dans B et E ont été laissés et comblés ultérieurement.
Certaines variantes du texte n’apparaissent que dans ce manuscrit12.

9 Nous utilisons les sigles adoptés par S. Solente dans son édition critique.
10 Il s’agit des chapitres II, 14-16 et II, 12 et 13 qui traitent du duc de Berry et de Philippe de Hardi.
Les inventaires des manuscrits de Charles VI ne portent pas trace de cet ouvrage : v. Douët d’Arcq
1867. L’inventaire de 1424, qui inclut les prix, est identique pour les titres à celui de 1411 ; ibidem,
pp. xii-xiii.
11 L’exemplaire offert à Jean de Berry le 1er janvier 1405 avait été relié avant la présentation et les
autres devaient l’être aussi.
12 V. ibidem, 1, p. 34 n. 3, p. 36 n. 2, p. 66 n. 4, p. 71 n. 3, p. 73 n. 6, p. 75 n. 4, p. 77 n. 5, p. 78 n. 5, p.
79 n. 2, p. 88 n. 1 et 7, 92 p. 1, p. 113 n. 1, p. 116 n. 1, p. 118 n. 3, p. 151 n. 6, p. 156 n. 7, p. 157 n.
5, p. 161 n. 2…
Introduction 479

4. Vat., BAV, reg. lat. 920 (C) : Main R. Dernière étape du texte qui présente le
plus grand nombre de changements13, mais les mêmes blancs que dans les trois
autres mss avaient été laissés, et comblés ultérieurement.
2. Le texte
Dans tous les témoins, le texte comporte trois parties divisées respectivement
en 36, 39 et 72 chapitres. Le texte varie davantage d’un manuscrit à l’autre que
ne le signalent les variantes de l’édition critique, qui ne prend en compte que
celles considérées par l’éditeur comme « les principales »14. Aucun des quatre
manuscrits n’a donc pu servir de modèle pour aucun des autres, et les copies
ont été exécutées à partir d’un modèle qui était sans doute en même temps la
maquette15. Ce modèle, auquel Christine travaillait sûrement encore quand la
copie commença, pouvant à tout moment y apporter de nouveaux
changements, devait se présenter sous forme de cahiers ou de liasses de papier à
répartir entre les copistes (rien ne prouve que P ait été tenu à l’écart). C’est
seulement ainsi qu’il fut possible d’achever ces copies aussi rapidement : en
effet, bien que d’autres copies encore, aujourd’hui disparues, notamment celle
destinée à Jean de Berry, aient été aussi exécutées, il ne s’écoula qu’une
quarantaine de jours entre l’achèvement de la composition et la présentation au
duc de Berry de cet exemplaire perdu, qui n’était probablement pas le premier
manuscrit terminé.
Tout porte à croire que ce modèle était un véritable brouillon, ce qui
expliquerait certaines erreurs commises par R, pourtant habitué à l’écriture
hâtive de sa patronne16. L’exemplar devait également comporter au moins une
lacune involontaire, car comment expliquer autrement, au premier chapitre,
l’addition d’un mot indispensable dans la marge des manuscrits B, E, et M17 ?
Ceci montre, d’ailleurs, que toutes les fautes ne sont pas nécessairement
13 Ces changements sont parfois des allègements ; v. ibidem, 1, p. 88 n. 10, p. 101 n. 1, p. 102 n. 1,
p. 104 n. 1. La substitution de les plus sages à tous les sages (I, 15) est indiscutablement une
amélioration, de même que le remplacement de cellui par ledit captal (I, 31; v. ibidem, 1, p. 39 n. 2 et
p. 88, n. 4). Néanmoins, le plus souvent, les modifications apportées dans C alourdissent
inutilement le texte ; v. ibidem, 1, p. 23 n. 2, p. 39 n. 1, p. 43 n. 5, p. 44 n. 5, p. 57 n. 3, p. 62 n. 2,
p. 64 n. 4, p. 73 n. 2 et 5, p. 74 n. 6, p. 78 n. 3, p. 87 n. 4, p. 88 n. 3, p. 88 n. 5 et 6, p. 92 n. 4,
p. 112 n. 3… Deux erreurs voyantes introduites dans ce témoin sont signalées par Solente (ibidem,
p. xcvii) : le remplacement de Poitiers par Cressy (II, 13, f. 38d) et de Bourgongne par Bretagne dans la
rubrique de II, 36 (f. 59c). Cette dernière pourrait, à la rigueur, être considérée comme une simple
faute de copie, mais la première est plus difficile à expliquer. S’agit-il d’une étourderie du copiste
ou Christine aurait-elle introduit une erreur dans le modèle ?
14 C de P, Fais et bonnes meurs 1936-1940, 1, p. xcviii.
15 La maquette devait être écrite sur papier, matériau bien moins cher que le parchemin ;
v. Ouy 1960.
16 Alias au lieu de Bias (2, p. 50 n. 1) et Breban pour Bourbon (2, p. 123 n. 5).
17 Hors le commun ordre de mes autres (choses) passees (I, 1). Dans le ms. E, le mot choses ajouté empiète sur
l’encadrement et a donc été écrit après l’exécution de la décoration ; il en va sans doute de même
pour le ms. M, où l’ajout se trouve à l’extérieur de la bordure, et pour le ms. B. Le mot figure à sa
place normale dans le ms. C ; il avait donc dû être ajouté au modèle avant la copie de ce manuscrit.
480 Fais et bonnes meurs du sage roy Charles V

imputables au copiste : il y en avait aussi, sans nul doute, dans le modèle,


certaines ayant été corrigées par la suite, d’autres pas18.
Certains blancs laissés dans les quatre manuscrits confirment que ce qui fut
confié aux copistes était bien un texte inachevé, dans lequel l’auteur se
proposait de compléter ou de préciser divers détails. Ces blancs (aux chapitres
I, 6 et I, 8) concernent la date de naissance de Charles (quantième et année) et
son âge au moment où il monta sur le trône.
En principe, outre les rectifications indispensables, tous les changements
jugés souhaitables par l’auteur auraient dû être aussitôt reportés sur le modèle et
se retrouver dans les copies ultérieures. C’est le cas la plupart du temps19, mais
pas toujours, comme nous le verrons bientôt.
En dehors des modifications décidées par l’auteur, certaines variantes
mineures que l’on relève d’un exemplaire à l’autre s’expliquent par les aléas de la
copie. Ainsi, on peut attribuer à l’inattention la plupart des lacunes de nos
quatre manuscrits – elles sont plus nombreuses dans le ms. de Modène, comme
le montrent les notes de l’édition critique. C’est, en revanche, le manque de
place qui explique la chute des mots Cy dit au début de quelques rubriques, et
même, dans le ms. de la Vaticane, le sacrifice d’un mot trop long, amoderement,
qui figure bien dans la préparation de la rubrique (III, 15), mais qui a disparu de
la rubrique20.
Le nombre de leçons propres au ms. M mérite une attention particulière. Si
on ne les trouve pas dans C, qui lui est certainement postérieur, cela veut dire
qu’elles n’étaient pas passées dans le modèle. Christine aurait-elle changé
d’avis ? Il est plus probable qu’elle ne pensait pas à reporter systématiquement
sur l’exemplar tous les changements apportés au texte en cours de copie. À ce
18 Il n’est pas toujours facile de distinguer les fautes commises par le copiste de celles que celui-ci a
reprises de la maquette. Nous pouvons supposer le deuxième cas de figure pour les détails
suivants : chevalerie et sagece manquent au chap. I, 13 (lacune dans les manuscrits B et E ; v. Fais et
bonnes meurs 1, p. 36 n. 3) ; puis manque dans I, 23 après oncques (1, p. 61 n. 1). Une erreur
concernant le mot precedent semble avoir persisté dans le modèle à travers les quatre exemplaires (1,
p. 12 ligne 1). Si le ms. E porte cette leçon non corrigée, M présente une correction économique
où seules les trois premières lettres sont grattées et remplacées par sus ; C porte succedent écrit sur
grattage et B la variante ci aprés écrite sur grattage.
19 Exemples de quelques changements incorporés au modèle avant l’exécution de la deuxième copie
(E) : redoubté remplace redoubtable (I, 1 ; 1, p. 5 n. 4) ; obviant ajouté devant a l’empire (I,5 ; 1, p. 13
n. 3) ; fors comme chose remplace fors choses (I, 6 ; 1, p. 16 n. 1) ; encore ajouté à la rubrique I, 10 (1,
p. 24); secours remplace sens (I, 14 ; 1, p. 38 n. 2) ; notables remplace nobles (I, 31 ; 1, p. 87 n. 3) ;
grant ajouté devant aumosnier (I, 21 ; 1, p. 90 n. 6) ; affins remplace amis (II, 1 ; p. 110 n. 3). Outre
ces variantes introduites après la première copie, on trouve aussi des modifications apportées aux
trois premiers manuscrits, mais passées dans le texte du quatrième (C), ce qui prouve qu’elles
avaient été incorporées au modèle avant l’exécution de C. En plus du mot choses (v. note 30),
signalons la correction du mot i/ymaginable dans les trois premiers manuscrits devenue inutile dans
le ms. C (1, p. 11 ligne 22), ou encore les mots fu coronné ajoutés dans les trois premiers exemplaires,
mais passés dans le texte de C (1, p. 20 ligne 13).
20 Ibidem, 2, p. 50 n. 6.
Introduction 481

propos un cas significatif vaut d’être signalé : dans la relation de la campagne de


Louis de Bourbon en Barbarie (II, 14), M se singularise : alors que, dans les deux
manuscrits précédents, l’événement est situé n’a mie long temps (B), puis n’a mie
moult de temps (E), ici, la main X veut (f. 38d) ajouter une précision : n’a mie …
ans. Toutefois, la vérification ne fut jamais réalisée, si bien que le nombre
d’années est finalement laissé en blanc. Comme rien n’a changé sur le modèle,
le ms. C revient tout naturellement à la leçon antérieure : n’a mie moult de temps.

3. Les rubriques
Dans l’atelier de Christine comme partout ailleurs, les rubriques n’étaient
exécutées qu’une fois achevée la copie du texte, afin d’éviter non seulement de
constants changements de plume, mais sans doute aussi des taches d’encre
rouge. Le copiste devait prendre soin de réserver la place nécessaire, et le texte
de la future rubrique – en principe destiné à disparaître ultérieurement sous le
grattoir – était inscrit dans la marge en petits caractères21.
Bien souvent (près de 40 % des cas), dans trois de ces mss, comme nous
l’avons vu, l’espace prévu pour les rubriques avait été mal calculé22. D’ordinaire
insuffisant, il est, plus rarement, trop vaste : c’est ainsi que la rubrique liminaire
n’occupe guère plus de quatre des huit interlignes réservés ; de même, certaines
rubriques de la deuxième partie, celles qui concernent les ducs Philippe le Hardi
(II, 13) et Louis d’Orléans (II, 16), comportent plus de blanc que d’écriture. Il
en va tout autrement du ms. C, où l’espace a presque toujours été correctement
évalué23.
Cette anomalie conduirait à se demander si le libellé des rubriques existait
déjà au moment où les manuscrits B, E et M furent mis en chantier. On
pourrait en douter, en particulier, pour le ms. B car, si la plupart des rubriques y
ont été copiées par R, cinq d’entre elles sont de X24, et c’est la main P qui a
écrit la rubrique liminaire au f. 2a et ajouté les mots Et premierement prologue .j. à la
fin des rubriques qui introduisent les IIe et IIIe parties (ff. 28a et 62a). Au reste,
le fait que – contrairement au processus normal – la décoration a précédé
l’inscription des rubriques dans les trois premiers mss paraîtrait confirmer
l’hypothèse selon laquelle le texte des rubriques aurait été rédigé tardivement.

21 Un détail dans le ms. E nous fait penser que, tout au moins dans ce ms., les rubriques étaient
copiées après la constitution des cahiers et l’inscription des réclames. Ici, la réclame au f. 9v : Cy dit
de l’aage de meureté ne correspond pas au début du f. 10r, qui commence par la rubrique : Cy dit preuve
par raison et exemples la noblece du corage du roy Charles xiiij, mais plutôt, à un mot près, à la rubrique du
chap. I, 13, Cy dit encore de l’aage de meureté écrite au f. 9r.
22 On relève un plus grand nombre d’espaces insuffisants dans E et M que dans B.
23 Citons à titre d’exemple la rubrique liminaire, pour laquelle quatre interlignes ont été laissés et
remplis, et les rubriques des chapitres II, 13 et 16 qui occupent exactement la place qui leur est
laissée, respectivement un interligne et quart et un peu plus d’un interligne (1 1/6).
24 Il s’agit des rubriques des chapitres II, 10 (f. 33d) ; II, 25 (f. 47d) ; II, 35 (f. 55d) ; II, 36 (f. 56b) et
III, 7 (f. 66b).
482 Fais et bonnes meurs du sage roy Charles V

Toutefois, cette hypothèse doit être écartée car, dans les trois premières
copies, en dépit de la fréquente disproportion entre la place prévue et la
longueur des rubriques, force est de constater que les espaces réservés pour leur
inscription étaient presque identiques d’un manuscrit à l’autre. Il est possible
que l’exemplar prévît déjà des surfaces pour les titres. Cependant, ces estimations
étaient peut-être proposées de façon tout à fait hypothétique (par ex. dans le cas
où les titres n’auraient pas encore été rédigés).
De nombreuses préparations de rubriques, écrites de la même encre que le
texte, subsistent dans les marges de B, E et C, les trois mss copiés par R. Le
texte des rubriques figurait donc déjà, lui aussi, dans l’exemplar ; mais tout porte
à croire qu’il se présentait – ce qui serait d’ailleurs assez logique – sous la forme
de préparations marginales, et que celles-ci étaient peut-être, comme plus tard
dans les copies, écrites en tout petits caractères et chargées d’abréviations25.
Cela ne facilitait pas l’évaluation correcte des espaces à réserver. Comme cela
arrive souvent, c’est grâce à une erreur que l’on peut vérifier le bien-fondé de
cette hypothèse : dans la marge inférieure du f. 77r du ms. de la Vaticane, deux
préparations de rubriques, celles des chapitres 18 et 19 sont interverties ; il est
évident que cela n’aurait pu se produire si, dans le modèle, chaque chapitre avait
été précédé de sa rubrique.
Que, dans la dernière copie, C, les espaces à réserver aient été correctement
évalués prouve simplement que R avait su tirer la leçon de ses deux premiers
essais.
Nous savons maintenant que les rubriques existaient dès le début dans
l’exemplar. Toutefois, en allait-il de même pour les numéros qui devaient les
accompagner dans les manuscrits ? Il est permis d’en douter, étant donné la
totale confusion qui règne au sein de la première copie, B, tant dans la
numérotation des préparations de rubriques que dans celle des rubriques elles-
mêmes, et aussi bien en tête des chapitres que dans les tables des matières
(v. notice du ms. BnF, fr. 10153).
Dans cette première copie, ce n’est pas seulement pour les préparations,
mais pour les rubriques elles-mêmes que se posent des problèmes dans la
numérotation des chapitres de la troisième partie. Cette numérotation des
rubriques ne suit d’ailleurs pas très fidèlement celle des préparations de
rubriques : R n’avait peut-être pas eu la patience d’essayer de débrouiller les
choses et avait préféré tout recommencer. Quoi qu’il en soit, les rubriques des
chapitres sont numérotées comme suit : III, 1-29, 29-55, 57, 58, 58, 59-66, 68-
72. Quant à la table (f. 61 a-d), si elle donne finalement les vrais numéros, ce
n’est que grâce à de nombreuses corrections apportées à partir du ch. III, 39.

25 Nous remercions Mme C. Bozzolo qui nous a suggéré cette hypothèse.


Introduction 483

La numérotation des chapitres a aussi posé quelques problèmes dans le


ms. E26. Le ms. M, qui ne comporte pas de préparations de rubriques, ne
présente aucune anomalie dans la numérotation des chapitres, ce qui semble
bien être une nouvelle confirmation de la datation légèrement plus tardive que
nous lui assignons par rapport aux mss B et E. Quant au ms. C, le dernier des
quatre, il ne présente, lui non plus aucune anomalie, ni dans les préparations de
rubriques ni dans les rubriques.
L’examen attentif de ces quatre manuscrits permet donc de conclure que les
numéros de chapitres n’avaient pas été prévus dès le début sur la maquette et
qu’il a fallu procéder par essais et erreurs sur les deux premières copies avant de
parvenir à une numérotation satisfaisante.

4. Corrections et compléments
Sans parler des corrections immédiates apportées en cours de copie, le plus
souvent sur grattage, plus rarement par exponctuation, chaque manuscrit a fait
l’objet d’une première campagne de correction. C’est la main X qui y joue le
rôle principal, travaillant à partir de préparations de correction ; ces
préparations, à en juger par celles que l’on a oublié de gratter, qui n’ont que
partiellement disparu ou qui demeurent lisibles aux ultraviolets, étaient le plus
souvent écrites dans la cursive hâtive que nous appelons X’, mais parfois
aussi – sans nul doute par inadvertance – dans la même écriture soignée que le
texte27.
Outre ces corrections faites sur chaque ms. individuellement, tous les quatre
ont fait l’objet d’une dernière campagne destinée à leur apporter non seulement

26 Dans la préparation de rubrique au f. 77r, j est ajouté à .xxv. d’une encre différente, mais la
rubrique correspondante porte le faux numéro .xvj. et celle du chapitre suivant .xvij. (le numéro de
la préparation de rubrique est rogné). Dans la préparation de rubrique du chap. 58, à l’encre rouge,
le numéro erroné .lix. a été hâtivement corrigé en .lixviij. (le numéro a été également corrigé dans la
rubrique). La préparation de rubrique du chap. III, 63 a été corrigée par l’ajout d’un j à l’encre
rouge. Le même numéro (.lxiij.) est répété dans la préparation de rubrique suivante, mais on trouve
le numéro correct dans la rubrique correspondante. Au f. 101v, le numéro .lxvij. a été ajouté d’une
encre plus foncée dans la préparation et corrigé dans la rubrique. Un x a été oublié dans la
préparation de rubrique du chap. III, 69, mais la rubrique porte le numéro correct. De même, dans
la préparation de rubrique au f. 103v, le numéro erroné .lviij. a été corrigé en .lix., mais le numéro
de la rubrique était correct. À noter que les numéros des préparations de rubriques pour les
chapitres III, 36-49 sont en chiffres arabes, contrairement à ce que l’on trouve partout ailleurs dans
ce ms., comme dans les mss B et C.
27 Les corrections apportées par X concernent des graphies, comme, dans B, f. 6d l. 10 : [de]goust[é] et
dans E : [exerci]tees (f. 3c 16 ; I, 4, t. 1, p. 11) et [suppo]st (f. 6a ligne 12 et début I, 9 ; t. 1, p. 24). X
ajoute souvent des mots ou des passages oubliés, dont le plus long se trouve dans le ms. E, f. 71r,
où la conclusion de III, 14 est écrite dans la marge inférieure depuis On raconte de Bias (t. 2, p. 50).
Plus rarement, une intervention de X constitue une variante, comme, dans E, f. 38r, marge
inférieure, Cartage à la place de Auffrique, leçon des autres manuscrits (t. 1, p. 157 n. 7). Il susbsiste
deux préparations de correction dans M : au f. 74d : exept[é] (dernière lettre effacée lors de la
correction) ; f. 85d : et p[rouffit].
484 Fais et bonnes meurs du sage roy Charles V

des corrections proprement dites, mais aussi des modifications ou des


compléments identiques.
L’aspect le plus remarquable de cette opération a consisté à combler des
espaces réservés dans le texte, parfois avec préparation marginale, parfois sans.
L’une de ces lacunes (qui correspondait sans doute à un blanc dans l’exemplar)
concernait l’âge du roi lors de son couronnement. La précision .xxvije. a été
insérée dans un espace un peu trop large laissé dans les quatre manuscrits à la
fin du passage le jour de la Trinité, en l’an de grace mille trois cens soixante et IIII, de sa
nativité le …28 :

BnF, fr. 10153, f. 5v ; Modène, BE, α.N.8.7, f. 5v

BnF fr 5025, f. 5v ; Vat., reg. lat. 920, f. 6r


© Paris, BnF ; Modène, BE et Vat., BAV
Au chap. I, 6, Christine semble avoir hésité concernant la date de naissance
de Charles V : le jour saincte Agnès, xxje de janvier, en l’an de grace mille CCC
XXXVI. Dans les quatre mss, deux blancs avaient été laissés au moment de la
transcription : le premier trop court, le deuxième un peu trop long, avant et
après les mots en l’an de grace mille. Ces blancs ont été comblés avec une encre
d’une teinte différente, de la main X dans les mss B, M et E, de la main R dans
le ms. C. Pour des raisons difficiles à déterminer, dans les mss E et M,
l’addition s’est faite en deux temps. En effet, de janvier et xxvj ont été transcrits
sur grattage. Pourrait-on penser que E et M ont été les premiers à être corrigés
à cet endroit et que ces deux grattages témoignent de deux essais de datation de
l’événement ?

28 C de P, Fais et bonnes meurs 1936-1940, I, 8 (t. 1, p. 20, ligne 12).


Introduction 485

BnF, fr. 10153, f. 4v ; Modène, BE, α.N.8.7, f. 4r29

Paris, BnF, fr. 5025, f. 4v ; Vat., reg. lat. 920, f. 4v


© Paris, BnF ; Modène, BE et Vat., BAV
Une autre correction apportée aux quatre copies est l’ajout du nom du
comte de Tancarville devant celui de Jean de Hangest, sire d’Heuqueville au
chap. II, 17. Cet ajout pourrait étayer l’hypothèse de S. Solente, qui pensait que
le comte avait fourni à Christine certains détails sur les activités du roi défunt30.
Dans le ms. M, le nom de Tancarville est suivi des mots seigneur veritable ; dans
C, l’éloge s’amplifie : loyal conseillier preudomme et veritable31. Au chap. II, 13,
Christine a décidé, après réflexion, de donner des précisions au sujet du mariage
de deux filles de Philippe de Bourgogne, Catherine et Marie, le texte de l’ajout
variant légèrement selon les copies : l’autre de ses files au duc de Hausteriche et l’autre
au conte/jeune conte de Savoye32. Au chap. III, 25, le mot patrimoine a été remplacé
par conquest sauf dans le ms. de Modène (M), copie qui semble avoir été faite
dans la précipitation, où la leçon originale a dû être laissée par mégarde33. Au
chap. II, 8, une réflexion peu flatteuse au sujet des Anglais est ajoutée en marge,
dans le ms. B sans préparation visible, avec préparation effacée dans les trois
autres. Cette intervention est faite de la main X dans les mss B, E et M ; dans le
ms. C, elle est commencée par R et terminée par X. Le texte de l’ajout est
identique dans B et C : et mesmement que les Angloiz ne tenoyent pas bien les convenances
comprises ou traictié, légèrement différent dans E (tenoyent mal les convenances) et plus
encore dans M (mesmement que les Angloiz avoyent routes certaines couvenances [q]ue
tenir devoyent).
29 Il est probable qu’au départ, le ms. présentait un blanc, comme les trois autres témoins originaux.
L’ajout aurait été fait en deux temps agnes xxje débordant dans la marge et les mots de ja(n)vier et
xxvj \a/ ajoutés sur un grattage. L’on pourrait émettre l’hypothèse que le correcteur s’est trompé et
a transcrit agnes et xxje à la place de de janvier et xxxvj a.
30 Ibidem, pp. lxxvii-lxxviii.
31 Ibidem, p. 178 n. 3.
32 Ibidem, p. 148 ll. 8-9.
33 Ibidem, 2, p. 72 n. 3. Dans le ms. C, le mot patrimoine a été gratté dans la réclame du f. 80v, mais est
visible aux UV ; le texte du f. 81a porte le mot correspondant conquest sur grattage.
486 Fais et bonnes meurs du sage roy Charles V

La décoration a précédé la copie des rubriques dans B, E et M, mais l’a


suivie dans C. Dans l’un et l’autre cas, c’est le même schéma qui a été utilisé par
l’ornemaniste « aux brins de fantaisie », schéma qui ne se retrouve dans la
décoration d’aucun autre manuscrit de Christine. L’uniformité de la décoration
se traduit même dans les motifs secondaires, tout à fait identiques dans les trois
premiers manuscrits (B, E, M), très légèrement différents dans le quatrième (C).

L’examen de ces quatre mss éclaire l’organisation du travail dans l’atelier de


Christine et nous permet de proposer quelques conclusions :
(1) Aucun des manuscrits de présentation n’a servi de modèle pour les autres ;
les copies ont toutes été faites à partir d’un exemplar en constante évolution. On
constate, certes, une dynamique visant à l’amélioration du texte ; toutefois,
l’introduction dans le ms. M de variantes qui ne se retrouvent pas ensuite dans
C suggère, soit qu’à la réflexion, l’auteur a préféré revenir au texte antérieur,
soit – ce qui paraît bien plus probable – que les modifications n’étaient pas
systématiquement reportées dans le modèle.
(2) De fait, même l’ordre normal de succession des différentes étapes de la
production du manuscrit n’était pas systématiquement respecté. Si, dans le
ms. C, la décoration a été exécutée après l’achèvement de la copie, il en va
autrement dans les mss B, E et M, où la décoration a précédé non seulement
l’insertion des rubriques, mais aussi, dans E et peut-être dans les deux autres, la
copie des réclames et la composition du ms. en cahiers. Qui plus est, il n’est pas
impossible que les rubriques aient été ajoutées alors que le volume était déjà
relié.
(3) La décoration quasi-identique des quatre manuscrits par un même artisan,
notre ornemaniste « aux brins de fantaisie » suggère que Christine les lui confiât
en un seul lot.
(4) Ces manuscrits témoignent de la rapidité avec laquelle Christine et ses
auxiliaires parvenaient à diffuser ses ouvrages, mais cette rapidité n’allait pas
nécessairement de pair avec la correction du texte.
F. 2r © Paris, BnF
{27} Paris, BnF, fr. 10153
Le livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles .ve. roy
d’ycellui nom

CONTENU
F. 1a « Cy co(m)mence la table des rubriches de cest present volume appellé le livre des
fais et bonnes meurs du sage roy charles .ve. roy d’ycellui nom. fait et compilé par
(crist)ine de pizan damoiselle acompli le desrenier jour de novembre l’an de grace mille.
iiijC. et quatre Et est parti le dit livre en troys p(ar)ties …–… Item la tierce p(ar)tie parle de sagece
quel chose ce est et de quoy elle est nee ».
F. 1a-d « Cy s’ensuivent les rubriches de la premiere p(ar)tie / et premierentent1 [sic]
prologue .J. …–… Item la conclusion de la premiere p(ar)tie de ce livre xxxvj »2.
Ff. 2a-25d « Cy commence la premiere p(ar)tie du livre des fais et bonnes meurs du sage
roy charles. Et premierement prologue .J.3 SIre dieux euvre mes levres. enluminez ma pensee
…–… a l’augme(n)tac(i)on de vertu & destruisement de vice. Amen. Explicit la p(re)miere p(ar)tie du
livre des faiz & bo(n)nes meurs du sage roy charles p(ar)chevé le xxviije. jo(ur) d’avril l’an de g(ra)ce .M. iiijC. &
iiij.4 ».
Ff. 26a-27a « Cy co(m)mence la table des rubriches de la seconde p(ar)tie de ce livre la
quelle parle de ch(eva)l(e)rie appliquant a propos de la p(er)sonne du roy charles / et
premieremet5 [sic] prologue .J. …–… Item le desrenier chapitre de ceste partie qui conclut par ce que dit
est le sage roy charles estre vray chevalereux xxix [sic]6 ».
Ff. 28a7-59b « Cy commence la seconde p(ar)tie de ce present volume la quelle parle de
chevalerie en appliq(ua)nt a la p(er)sonne du sage roy charles Et premierement prologue
.J. COmme obscurcie de plains plo(ur)s et lermes … –… et a tant souffise la deusieme partie de
ce livre. la quelle traitte de chevalerie Explicit8 ».
Ff. 60a-61d « Cy commence la table des rubriches de la tierce partie de ce livre la quelle
ditte partie p(ar)le de sagece Premierement prologue J …–… Item la fin et conclusion de cest livre.
lxxij ».
Ff. 62a-107b « Cy commence la tierce et derreniere partie de ce livre la q(ue)lle parle de
sagece Et premierement prologue .J. O Dieux glorieux qui jusques cy as esté aideur a mon
oeuvre …–… monseigneur de bourgoigne / et de tous leurs predecesseurs. Amen Explicit le livre
des fais et bonnes meurs du sage roy charles ».

1 Les lettres emie partiellement grattées.


2 L’intitulé du chap. 30 Item de sobrieté louee en la p(er)sonne du roy charles est ajouté en m/q du f. 1c.
3 Cette rubrique est en double interligne.
4 Ce dernier chiffre et la note tironienne qui le précède dépassent la réglure en m/q et sont
encadrés sur trois côtés d’un motif architectural élaboré.
5 Oubli de la barre de nasalisation.
6 Le dernier chapitre est en réalité le 39e. L’intitulé du chap. 34, Item (com)ment le roy charles ot
aucques toute recouvree la duchie de guienne, est ajouté à la fin de la table, en bas du f. 27a.
7 Trois colonnes inemployées séparent la fin de la table et le début de la IIe partie, du fait que la
table a été écrite sur un bifeuillet séparé.
8 L’explicit orné de jeux de plume qui sont peut-être postérieurs ; ils ressemblent à ceux du
f. 37r.
490 Fais et bonnes meurs du sage roy Charles V

HISTOIRE
Date : 1404-1405. Commandé par Philippe le Hardi, l’ouvrage fut achevé le 30
novembre 1404, comme l’indique la première table des matières (f. 1a). Cette
copie fut présentée à son fils Jean sans Peur peu après, Philippe le Hardi étant
mort le 27 avril 14049. Le manuscrit apparaît cependant pour la première fois
dans l’inventaire bourguignon de 1467-1469.
Possesseurs : Philippe le Bon ; Charles le Téméraire10 ; Maximilien Ier ; puis
Charles Quint (Inv. 1536)11. En 1748, le ms. fut soustrait à la Bibliothèque de
Bourgogne par Courchetet d’Esnans, commissaire de Louis XV et censeur royal
(estampille XVIIIe siècle de la Bibliothèque du Roi aux ff. 1r, 107r12). Au f. IIr
(3e garde sup.), le numéro 58 attribué lors de la saisie de 174813. Cotes
anciennes : au f. IIr : 246, 244 (Bibliothèque de Bourgogne de Bruxelles,
Sanderus, en 1643)14 et au f. 1r : Suppl. fr. 21115. Marque d’appartenance
partiellement visible à la lampe de Wood au f. 107r, sous l’explicit : « cest livre
est a… ».
Ajouts plus tardifs : il y en a de diverses époques16.
9 C’est sans aucun doute le premier des deux mss qui firent l’objet d’un paiement de cent écus
par Jean sans Peur le 20 fév 1406 (n. st.) : « A damoiselle Cristine de Pizan, vesve de feu
maistre Estienne du Castel, pour don a elle fait par mon dit seigneur, C escuz pour et en
recompensacion de deux livres qu’elle a presentéz a mon dit seigneur, dont l’un lui fu
commandé a faire par feu mon seigneur le duc de bourgoingne, pere de mon dit seigneur,
que Dieu absoille, peu avant que il trespassast, lequel depuis elle a achevé et l’a eu mon dit
seigneur en son lieu et l’autre livre mon dit seigneur a voulu avoir, lesquelz livres et autres de
ses espitres et dictier mon dit seigneur a tres agreables, et aussi pour compassion et en
aumosne pour emploier ou mariaige d’une sienne povre niepce qu’elle a mariee si comme il
appert par mandement de mon dit seigneur donné a Paris… » (v. Cockshaw 1969, nº 64,
pp. 137-138).
10 Barrois 1830, n° 984 et n° 1949 ; C de P, Fais et bonnes meurs 1936-1940, 1, pp. lxxxvi-lxxxvii.
11 C de P, Fais et bonnes meurs 1936-1940, 1, p. lxxxvii ; Michelant 1872, p. 290.
12 Josserand et Bruno 1960, estampille n° 14, pp. 273-274 et pl. XXIII. Les deux estampilles
avaient été recouvertes par un rectangle collé, dont il reste l’empreinte.
13 Legaré 1998, pp. 261, 298. Cette érudite prétend que, contrairement à l’hypothèse de
S. Solente (C de P, Fais et bonnes meurs 1936-1940, 1, p. lxxxviii), le ms. n’aurait pas fait un
retour temporaire à Bruxelles, mais serait resté à Paris. Il figure pourtant à l’inventaire de
Gérard dressé en 1797, sous le n° 1041 ; Marchal 1842, 1, p. cclvi. Gérard donne
correctement la cote Sanderus et l’incipit au 2e f., mais donne comme numéro de saisie 42 ;
Marchal reprend ce numéro.
14 Sanderus 2, p. 7.
15 Voir BnF, nafr. 5494, f. 11r, n° 211. Le numéro 211 est écrit aussi, au crayon, au verso de la
première garde. Le ms. figure aussi aux inventaires Viglius (1577, n° 282), Franquen (1731,
n° 335), et Gérard (1797, n° 1041) ; v. Marchal 1842, 1, p. cclvi.
16 Au verso du f. I (ancienne contregarde) titre : Le Livre du sage roy Charles, sans doute de la main
d’un des bibliotécaires ou « garde-joyaux » des ducs de Bourgogne. La contregarde inf. est
une claie de parchemin où l’on peut lire quelques mots écrits d’une main du XVIe s. : « pour
les croniques de Paris/ des marshans… ». Sur la 4e garde sup. (f. A), notice de l’abbé Claude
Sallier, bibliothécaire du roi Louis XV : « Le Livre des faits et bonnes meurs du sage roy
Charles 5 fait et compilé par Christine de Pisan damoiselle. elle etait fille de Thomas de Pisan
dit de Bologne medecin du roy Charles 5 », suivie de cette précision, ajoutée ultérieurement
« le 1er novembre 1404 ». Le numéro 28, tracé sans doute lors de la reliure, figure trois fois
{27} Paris, BnF, fr. 10153 491

DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (298 x 215 mm) : (I) + I + (II) + 10717 + I+ (I)18. La
peau, dont le côté chair est de couleur claire, a relativement peu de défauts19 et
la règle du vis-à-vis n’a été enfreinte que par l’ajout de la 2e table20.
Encres : pour le texte : encre brune partout21 ; encre des rubriques rouge vif
ou, plus rarement, rouge orangé.
Préparation
Piqûres : dix piqûres faites à l’aide d’un poinçon de section triangulaire
subsistent à la plupart des feuillets : huit à l’emplacement des colonnes en m/t
et m/q, et deux en m/g pour situer les première et dernière lignes.
Réglure : à la mine de plomb qui laisse de fines traces grises ; certaines
lignes – le plus souvent celles qui marquent l’emplacement des colonnes – sont
tracées à la pointe sèche.
Mise en page (f. 5r) : 298 x 215 mm = 29 + <196> + 73 x 27 + <60> +
14 + <59> + 55 mm. Justification 196 x 133 mm ; 2 cols, 32 ou 33 interlignes,
l’écriture commençant sous la première LR.
Organisation
Cahiers Feuillets Signatures Cahiers Feuillets Signatures
14 I, II, A, 1 98 52-59 g
28 2-9 b 102 60-61 d .ij.
(table)
38 10-17 (traits) / I 118 62-69 (traits) / a
48 18-25 (traits) / k 128 70-77 (traits) / I
52 26-27 d .j. 138 78-85 b
68 28-35 (traits) / m 148 86-93 (traits) / d
78 36-43 (traits) / l 158 94-101 E
88 44-51 (traits) / h 167 102-1re d
garde inf.
Le f. 102 est indépendant.

sur les contregardes, une fois à l’envers et une autre fois tête-bêche. Au f. IIr (3e garde
volante) note d’Henri Omont : « Volume de 107 Feuillets plus le feuillet A préliminaire 9 Mai
1891 ». Au f. 37r en m/q, gribouillages à l’encre noire prolongeant la lettre g.
17 Les 2e, 3e et 4e gardes supérieures plus le premier feuillet où est copiée la première table des
matières est un binion composé d’un bifeuillet d’origine (ff. I et 1) dans lequel un autre
bifeuillet (ff. II et A) a été inséré postérieurement. Le verso du f. I, ancienne contregarde, est
réglé, comme l’est, bien sûr, le f. 1 qui contient la première table des matières. Le côté recto
de la 1re garde inf. est réglé à la pointe sèche, le côté verso à la mine de plomb.
18 Les contregardes (en parchemin) sont solidaires des première et dernière gardes.
19 Aucune couture ; petits trous non réparés (ff. 20, 48, 80) ; nombreuses petites lisières ;
quelques mouches (ff. 2, 43, 62, 63), défauts (ff. 3, 49).
20 Sauf pour les ff. 25 et 26, tous deux disposés p/c, et les ff. 27 et 28, disposés c/p.
21 Sauf aux ff. 9a, 21e ligne – 10a, 15e ligne (fin ch. I, 12-I, 13), où l’encre est brun-noir.
492 Fais et bonnes meurs du sage roy Charles V

Signatures : les quaternions sont signés22 à l’encre noire (cahiers 3-4, 6-9 et
11-16) où à l’encre brune (plus claire que celle du texte, cahier 2) d’une lettre
suivie d’un chiffre romain de .j. à .iiij. Le 1er f. des tables 2 et 3 est signé à la
pointe sèche au premier feuillet, d .j. (f. 26, 5e cahier) et d .ij. (f. 60, 10e cahier).
Les cahiers 3-4, 6-8, 11-12 et 14 portent une autre série de signatures, sans
doute antérieure : +|, +||, +|||, +||||23. Les cahiers ne montrent pas tous la série
complète de quatre signatures.
Les premier et dernier feuillets de la plupart des cahiers sont marqués d’un x
ou d’une croix tracés à l’encre brune du texte ; en début de cahier cette marque
est le plus souvent précédée d’un trait vertical24.
Réclames : réclames du copiste à la fin des cahiers 2-3, 6-8 et 11-15 ; elles
sont alignées sur la limite gauche de la 2e colonne. Beaucoup d’entre elles sont
soulignées, paraphées ou ornées d’un jeu de plume25.
Foliotation : moderne, à l’encre.
Travail d’écriture
Texte : Main R.
Style : minuscule semi-cursive.
Ponctuation : virgule et point, ce dernier signe utilisé souvent en fin et
même en début de ligne. R met souvent
un point en fin de chapitre26.
F. 28r (point en début de ligne) © Paris,
BnF
Corrections
Préparation : Main X’ aux ff. 5r m/p (correction portée) et 90r (m/g
(correction non portée).
Exécution : nombreuses corrections faites par R en cours de copie et
encore plus X et X’ 27, le plus souvent sur préparation. Plusieurs corrections
identiques à celles des mss BnF, fr. 5025, Modène, BE, α.N.8.7 et Vat.,
reg. lat. 920 (v. Introduction).

22 Par la main E.
23 Ces signatures sont faites à la pointe sèche, à la mine de plomb (cahiers 11 et 12) ou à l’encre
brune (cahiers 7 et 14).
24 Ces marques se trouvent au début des cahiers 2-4, 6-9 et 12-15 et à la fin des cahiers 2-4, 6-9
et 11-15.
25 La plus élaborée se trouve au f. 17v où les mots toucha les cuers sont suivis de deux cœurs
entrelacés surmontés d’une couronne. Certaines réclames dépassent la longueur normale : voit
cestui duc venue de lui (f. 35v) ; anemis lesquelz ont meulleurs [sic] chevaux (f. 51v) ; a estre philozophe
autresi aucunement (f. 101v).
26 C’est le cas pour 49 sur les 147 chapitres ; 4 chapitres se terminent par une virgule, et un seul
(au f. 91c) par les deux signes.
27 Parmi les plus significatives : f. 2d l. 24 : retel ; f. 25v m/g : \essayer/ ; f. 33r m/p : \&
mesmem(en)t que les a(n)gloiz ne tenoye(n)t pas bien les couvena(n)ces co(m)p(ri)ses ou traictié/ ; f. 40r m/g
\quant cestui roy vie(n)t en bonne convalescence/ ; f. 43a ll. 1-2, sur grattage, devant de hengest :
sig(neur) le (com)te de ta(n)quevile mes(sire) Jehan ; f. 66r m/g (fin chap. II, 6) : \mes par bon esgart et
au profit du bien commun adjouster y peut on/ ; f. 66v m/g \& celle d’alier/ ; f. 67r m/g \& moult de
tres povres/.
{27} Paris, BnF, fr. 10153 493

Rubriques
Préparation : Main R’. À partir du début du f. 70v, on voit en marge, et
surtout en m/q, des préparations de rubriques cursives écrites (à une exception
près)28 par le copiste R ; commençant à l’actuel chap. III, 13, elles vont jusqu’à
la fin du texte. La série n’est pas complète, certaines d’entre elles ayant été
rognées partiellement ou même entièrement (III, 68 et 72)29.

F. 77v et 78r (préparations de rubrique : R’) © Paris, BnF


Exécution : R, X et P. La plupart des rubriques sont de la main R qui
leur réserve un espace souvent insuffisant allant jusqu’à quatre interlignes et qui,
à partir du I, 15, peut inclure la fin des premières lignes (1-4) du chapitre. Les
rubriques débordent souvent de la colonne, ce qui est très rarement le cas du
texte. R essaie de justifier les colonnes en complétant une ligne de texte par un
petit jeu de plume. Les rubriques ont été ajoutées après les lettrines, sur
lesquelles elles empiètent souvent30. X a écrit les rubriques des chapitres II, 10
(f. 33d), II, 25 (f. 47d), II, 35 (f. 55d), II, 36 (f. 56b) et III, 7 (f. 66b), et l’explicit
au f. 59b. P a tracé la rubrique au f. 2a et a ajouté Et premierement prologue .j. à la
fin des rubriques liminaires des IIe et IIIe parties (ff. 28a et 62a)31.

28 La préparation de rubrique au f. 91v (III, 46) est de la main X’.


29 Il est évident que la numérotation des chapitres de la troisième partie du texte causa des
difficultés. Du chap. 13 au chap. 28, il fallut corriger le numéro initial de la préparation de
rubrique en ajoutant une unité. La préparation de rubrique du chap. 29 est rognée, de sorte
que l’on ne voit pas si elle comportait un chiffre ; la préparation de rubrique du chapitre
suivant, le 30e, porte le numéro .xxix. non corrigé. Le copiste continue à numéroter
incorrectement jusqu’à la préparation de rubrique 37 (qui correspond à III, 38), mais le
numéro de la préparation de III, 39 est corrigé. À partir du chap. 40 les numéros de chapitre
furent ajoutés aux préparations dans un second temps, d’abord à l’encre brun foncé (III, 40-
45), ensuite à l’encre rouge (III, 47-69). Les numéros des chapitres 70-71, qui sont à l’encre
brune, semblent avoir été faits dans un premier temps. La préparation de la rubrique du
chap. 46 (f. 91v) est ajoutée en cursive hâtive (X’). La numérotation des chapitres de la
troisième partie causa des problèmes au niveau des rubriques aussi. La table donne les bons
numéros, mais c’est à la suite de nombreuses corrections à partir du III, 39 (f. 61 a-d). Dans
le texte, la numérotation des rubriques ne correspond pas à celle des préparation des
rubriques ; les chapitres sont numérotés III,1-29, 29-55, 57, 58, 58, 59-66, 68-72.
30 Voir par exemple ff. 8v, 32v, 33r, 46v, 47r, 88r, 91r, 92v, 96v.
31 L’encre rouge y est plus claire que celle utilisée pour les rubriques liminaires de ces parties.
494 Fais et bonnes meurs du sage roy Charles V

F. 28r (rubrique R et P) © Paris, BnF


Décoration : ornemaniste « aux brins de fantaisie ».
Bordures
F. 2r (début Ire partie) : trois larges baguettes doubles à sections alternées
bleu/rose et séparateurs d’or bruni, formant un U transformé en diptyque par
une fine baguette double centrale. Fleurons à fers de lance et appendice feuillu
aux extrémités d’où partent des rinceaux de vigneture sur tige. Vigneture sur fil
à feuilles or rehaussées de bleu, brins de vigneture sur fil et tige et de feuilles
gouttes bleu/rose le long des baguettes32.
Ff. 28a et 62a (début IIe et IIIe parties) : baguette double fleuronnée
bleu/rose et or bruni avec rinceaux et brins de vigneture.
Lettrines
F. 2a (début Ire partie) : S bleu et rose (6) sur or à remplissage de
vigneture, indépendant de la baguette.
F. 28a (début IIe partie) : C (7) et f. 62a (début IIIe partie) : O (6), bleu
sur rose à remplissage de vigneture sur or, indépendantes de la baguette.
Lettres champies : au début de chapitre, à partir du 2e de chaque partie33.
Pieds-de-mouche champis : l’alternance des couleurs est irrégulière dans
le texte, mais régulière dans les tables des matières. Un seul pied-de-mouche en
gris avec traits blancs au f. 65a.
Reliures : au f. I, traces de colle et de cuir et six trous verdis indiquant la place
de deux fermoirs disparus de la reliure primitive. La reliure actuelle, datant du
XVIIIe siècle, est en maroquin rouge portant les armes royales sur les deux
plats. Sur le dos « FAITS. / DU ROY / CH. V » et cinq chiffres de Louis XV.
Tranches dorées. Feuillets ajoutés par le relieur moderne : claies de parchemin
collées à chaque plat, contregardes, 1re, 3e et 4e gardes sup. et dernière garde
inférieure.
32 Cadre presque identique à celui du ms. de Modène, avec le même schéma de couleurs. Le
ms. BnF, fr. 5025 a aussi le même cadre, mais avec un schéma de couleurs inverse.
33 La place réservée aux initiales champies est normalement de trois lignes. Les rares exemples
peints sur deux lignes se trouvent au début des tables (ff. 1a, 26a, 60a) ou en bas de colonne
(ff. 9a, 22b, 50d, 76b et 81b), plus rarement à la mi-colonne (ff. 11b, 104c). Au f. 2c (I, 2), on
voit exceptionnellement une initiale haute de quatre lignes, et au f. 37d (II, 14), un I qui
s’étend sur cinq lignes. Au f. 11b, par erreur, 4 interlignes avaient été prévus pour la lettrine
du ch. I, 16 ; l’espace laissé en début des 3e et 4e lignes a été comblé lors de la rubrication par
une chaînette en rouge. Au f. 13d, un début de ligne supplémentaire a été laissé en blanc
(ch. I, 19).
{27} Paris, BnF, fr. 10153 495

BIBLIOGRAPHIE
Barrois 1830, n° 984. C de P, Fais et bonnes meurs 1936-1940, 1, pp. lxxxvi-lxxxviii.
Http://gallica.bnf.fr (images numérisées de tout le ms.). Legaré 1998, pp. 261, 297-298.
Michelant 1872, p. 290. Ouy 1985. Ouy et Reno avec la collaboration de J. Laidlaw 2008.
COMMENTAIRE
Ce ms. a servi de base à l’édition critique de Suzanne Solente (1936-1940), où il
porte le sigle B.
F. 2r © Modène, BE
{28} Modène, Biblioteca Estense e univers.,
α.N.8.7. (olim Est. 22)
Le livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles .ve. roy
d’ycellui nom

CONTENU
F. 1a–d « Cy commence la table des rubriches de ce present volume appelé le livre des fais
et bonnes meurs du sage roy charles .ve. roy d’ycellui nom fait et compilé par (crist)ine de
pizan damoiselle acompli le desrenier jour de novembre l’an de grace mille .iiij.c et iiij. Et
est parti le dit livre en .iij. parties …–… Item la conclusion de la premiere p(ar)tie de ce livre .xxxvj. ».
Ff. 2a-25d « Cy commence la premiere p(ar)tie du livre des fais et bonnes m(eu)rs du sage
roy charles Et premierement prologue .J.1 Sire dieux euvre mes levres enlumines ma pe(n)see
…–… et l’augmentacion de vertu et destruisement de vice. Amen. Explicit la premiere partie. du livre
des fais et bonnes meurs du sage roy charles parchevé le xxviij. jour d’avril l’a(n) de grace mil. iiij.C & iiij. ».
Ff. 26a–27a « Cy commence la table des rubriches de la seconde partie de ce livre la quelle
parle quelle parle [sic]2 de ch(eva)lerie appliquant a propos de la p(er)sonne du roy
charles. Et premierement prologue .J. …–… Item le desrenier chapitre de ceste p(ar)tie qui conclut par ce que
dit est le roy charles estre vray chevalereux xxxix ».
Ff. 28a–59b « Cy commence la seconde p(ar)tie de cest present volume la quelle parle de
chevalerie en appliq(ua)nt a la personne du sage roy charles .Et premierement prologue
.J. COmme obscurcie de plains plours & lermes …–… et a tant souffise la .ijme. p(ar)tie de ce
livre la quelle traitte de ch(eva)lerie Explicit la seconde p(ar)tie de ce volume completé le xxme. jour de
septembre ».
Ff. 60a–61d « Cy commence la table des rubriches de la tierce p(ar)tie de ce livre la quelle
parle de sagece Et p(re)mierement prologue J …–… Item la fin et conclusion de cest livre lxxij. ».
Ff. 62a–107d « Cy (com)mence la tierce et desreniere p(ar)tie de cest livre la quelle p(ar)le
de sagece et des sciences en la p(er)sonne du sage roy Charles. Et premierement
prologue .J. O dieu glorieux qui Jusques cy a esté aideur a mon œuvre …–… [107d]
mons(eigneur) de bourgongne et de tous leurs predecesseurs. Amen [107d] Explicit le livre des fais
& bonnes meurs du sage roy charles. ».

HISTOIRE
Date : 1404-1405. Cet exemplaire est contemporain de BnF, fr. 10153, présenté
par Christine à Jean sans Peur, duc de Bourgogne, de BnF, fr. 5025 et de Vat.,
reg. lat. 920. L’identité de quelques corrections dans ces quatre mss prouve
qu’ils furent copiés en série (v. Introduction).
Possesseurs : Ercole I, duc d’Este (inv. 1495, n° 434)3. Le manuscrit resta dans
la collection des ducs de Modène ; il porte le n° 153 dans la première partie de

1 Cette rubrique est en double interligne.


2 Un trait vertical en m/p, à l’encre brune, à coté de l’erreur signale qu’il y a une correction à
faire.
3 G. Giglioli, l’auteur de l’inventaire, décrit le manuscrit ainsi : Re Charlo in francese coperto de
brasilio stampato ; voir Bertoni 1903, La Biblioteca Estense, pp. 28, 250. Le manuscrit ne figure
dans aucun des inventaires antérieurs de la collection des ducs d’Este : ni dans celui de 1436
498 Fais et bonnes meurs du sage roy Charles V

l’inventaire qu’en dressa le père Benedetto Bacchini en 17564. Trois cotes du


XVIIIe siècle se lisent sur la contregarde inf. : Ms. I.A.75, MS XI B 13 (barrée)
et XII. K 186. Estampilles Biblioteca Estense aux ff. 2r, 5r, 107v.
Ajouts plus tardifs : note au côté recto de la garde sup. : « Su questa opera
della nostra Italiana Cristina da Pizzano vedi il Tiraboschi Storia della
Letteratura Italiana T. v. Paga 360 a pgi- [rogné] ». La majeure partie du
manuscrit fut apparemment préparée pour être copiée, comme l’indiqueraient
des lignes verticales tracées tout au long dans les marges7. Manicule au f. 104v,
mention « cc. 108 » en bas du f. 108v.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (295 x 217 mm) : (I, papier) +1088 + (I, papier)9.
Parchemin assez jauni partout10 ; la règle du vis-à-vis est respectée, à une
exception près11.
Encres : brun foncé uniforme ; encre des rubriques rouge vif, parfois rouge
orangé.
Préparation
Piqûres : maîtresses, généralement au nombre de huit, de forme arrondie.
Réglure : à la mine de plomb, avec quelques lignes verticales tracées à la
pointe sèche. Les première et dernière lignes horizontales sont souvent
doublées.

(voir Capelli 1889, reconnu toutefois comme incomplet), ni dans celui de 1467, publié dans
Bertoni 1903, pp. 213-25.
4 Bacchini, Registro, f. 6v. La première partie de cet inventaire ne porte pas de rubrique.
5 Loschi et Panelli, dont le catalogue, daté de 1756-1759, fut établi à l’époque où les Jésuites
prenaient la direction de la bibliothèque.
6 Ces deux dernières cotes furent attribuées par Carlo Ciocchi, bibliothécaire du palais ducal
d’Este de 1794 à 1807.
7 Détail : I, 6-8 (partie), 14-16 (presque tout), 17-21 (tout), 22-25 (presque tout), 28-31 (bonne
partie, c’est-à-dire la moitié ou plus), 32 (partie), 33 (tout), 34-35 (partie) ; II, 1 (tout), 3
(partie), 5-10 (tout) ; 11 (presque tout), 12-15 (tout), 16 (presque tout), 17-18 (tout), 19
(presque tout), 20 (bonne partie), 22 (tout), 23 (partie), 24-25 (bonne partie), 26 (tout), 27-28
(partie), 29 (tout), 30 (bonne partie), 31-38 (partie), 39 (tout) ; III, 3 (bonne partie), 4-6
(partie), 7 (bonne partie), 8-9 (partie), 10 (bonne partie), 11-14 (partie), 15-25 (bonne partie),
26-27 (partie), 28-31 (bonne partie), 31-61 (tout), 62 (presque tout), 71 (tout). Il y a peut-être
un rapport entre ces marques et l’édition du ms. qu’envisageait de faire Muratori au XVIIIe s.
Voir C de P, Fais et bonnes meurs 1936-1940, 1, p. lxxxix.
8 Foliotation moderne. Les chiffres sont tracés en bas des feuillets ; les ff. 28, 60 et 62 portent
un deuxième numéro en haut.
9 Le dernier feuillet de parchemin, f. 108, est réglé des deux côtés mais inemployé. Les gardes
sup. et inf. sont identiques : une feuille de papier filigrané (fleur de lys surmontant trois
majuscules « AMP », le tout mesurant 115 mm), filigrane non identifié mais datant sans doute
de la fin du XVIIIe s. Contregardes en papier bruni par le contact du cuir.
10 Il est rapiécé aux ff. 50 et 74 et accuse de grandes lisières aux ff. 8, 9, 31, 33, 34, 99.
11 Ff. 27-28, disposés c/p.
{28} Modène, BE, α.N.8.7. 499

Mise en page (f. 5r) : 295 x 217 mm = 25,5 + <196,5> + 73 x 27,5 +


<60,5> + 13,5 + <60> + 55,5 mm. Justification 196,5 x 134 mm ; 2 cols, 32
ou 33 interlignes, l’écriture commençant sous la première LR.

Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
11 1 (table) 98 52-59 J
28 2-9♥ D 102 60-61
(table)
38 10-17 F 118 62-69 A
48 18-25 (traits) / C 128 70-77 p
52 26-27 138 78-85 F
(table)
68 28-35 (traits) / a 148 86-93 O ou Ø♣
78 36-43 f 158 94-97 P
88 44-51 g 167 102-108♦ Q
Signatures : tracées à l’encre noire, elles sont composées d’une lettre suivie
des chiffres .j. à .iiij. ; normalement, chaque cahier en porte la série complète.
Les ff. 20r et 21r portent une signature antérieure consistant en trois (f. 20r) ou
quatre (f. 21r) traits obliques, à l’encre brune ou à l’encre noire, respectivement.
Les ff. 30r et 31r portent respectivement trois et quatre traits obliques tracés à
l’encre noire. Au f. 70r, une feuille ajoutée à la signature p j, tracée à l’encre
noire à l’aide d’un instrument très fin paraît confirmer l’hypothèse que les
signatures seraient l’œuvre d’un ornemaniste12.

F. 70r © Modène, BE
Réclames : Main R, alignées sur le début de la 2e colonne ou commencées
dans l’entrecolonne13. Toutes sont ornées d’un paraphe.


Le f. 9 est monté sur un talon.

Il s’agit d’un cercle traversé d’un trait vertical.

Le f. 102 est indépendant et le f. 108 monté sur un talon.
12 Ouy 1985.
13 Décalage : au f. 9v, la réclame Cy dit de l’aage de meureté ne correspond pas au début du f. 10r,
qui commence par la rubrique Cy dit preueve par raison et exemples la noblece du corage du roy Charles
xiiij, mais plutôt, à un mot près, à la rubrique du chap. 13 : Cy dit encore de l’aage de meureté,
écrite au f. 9r. On note que le f. 9 est monté sur un talon, et que les chapitres sont dans
l’ordre.
500 Fais et bonnes meurs du sage roy Charles V

Travail d’écriture
Texte : Main R. Cet exemplaire présente des fautes d’inattention non
corrigées ; celles-ci – en particulier les mots omis – ne se retrouvent pas
ailleurs14.
Style : minuscule semi-cursive. Les colonnes d’écriture sont bien
alignées ; s’il reste un peu de place en fin de ligne, R le remplit d’un petit jeu de
plume. La plupart des cahiers commencent et se terminent par une croix ou un
x suivis souvent d’un trait vertical15. L’écriture est plus grande et plus serré sur
une colonne et demie du f. 38r, où un long passage a été ajouté en m/q.
Ponctuation : virgule et point ; ce dernier signe utilisé souvent en début
et en fin de ligne.
Corrections : de nombreuses corrections R et X sur grattage, la majorité
après préparation de correction X’ ; quelques corrections X’16.

F. 38r (v. note 17) © Modène, BE

14 Signalons les erreurs suivantes : messire au lieu de mesure, couleur au lieu de couler et chartes au lieu de
charetes (C de P, Fais et bonnes meurs 1936-1940, 1, p. 4 n. 1 et p. 95 n. 3 ; 2, p. 68 n. 1) ; xxvije au lieu
de .xxvje pour la date de la mort de Charles V (2, p. 192 n. 3) ; un membre de phrase répété (1,
p. 232 n. 1), et un x manquant à ce qui devrait être les .xxvj, .xxvij. et .xxxix. (2, p. 74 n. 5, p. 75
n. 6, p. 4 n. 4). Pour les lacunes, v. exemples : 1, p. 7 n. 5, p. 12 n. 2, p. 26 n. 3, p. 28 n. 1, p. 38
n. 5, p. 52 n. 2, p. 98 n. 3, p. 219 n. 5…
15 Le trait vertical se trouve aux ff. 2r, 10r, 18r, 28r, 36r, 44r, 62r.
16 Signalons parmi les plus intéressantes un long ajout de X en m/q au f. 71r, et, au f. 38r, m/q,
le mot Cartage ajouté par X (vers la fin de la l. 4 de l’ajout), alors que tous les autres mss ont
ici Auffrique ; voir éd. Solente (C de P, Fais et bonnes meurs 1946-1940, t. 1, p. 157 n. 7).
{28} Modène, BE, α.N.8.7. 501

Rubriques
Préparation : Main R’ ; quelques échantillons de préparation de rubrique
subsistent dans les marges entre les ff. 79 et 103v.
Exécution : Main R. L’espace prévu est souvent insuffisant, plus
rarement trop large17. Les rubriques ont été ajoutées après l’exécution des
lettrines18.
Décoration : ornemaniste « aux brins de fantaisie ».
Bordures
F. 2r (début Ire partie) : cadre presque identique à celui des mss BnF,
fr. 5025 et 10153, mais avec schéma de couleurs inverse : baguettes
fleuronnées bleu/rose et or bruni formant diptyque avec vigneture.
Ff. 28a et 62a (début IIe et IIIe parties) : baguette fleuronnée bleu/rose et
or bruni avec rinceaux et brins.
Lettrines
F. 2a (début Ire partie) : S bleu et rose (4), à palmette orangée sur or,
accolé à l’encadrement.
F. 28r (début IIe partie) : C bleu (5) sur rose, à remplissage de vigneture
sur or.
F. 62r (début IIIe partie) : O bleu (6) sur rose, à remplissage de vigneture
sur or.
Lettres champies en début de chaque chapitre à partir du 2e de chaque
partie, sans alternance fixe des couleurs19.
Pieds-de-mouche : champis, préparés par deux traits obliques qui
disparaissent le plus souvent sous la peinture. Au f. 4b, un pied-de-mouche or
sans fond indique que les fonds furent exécutés dans un second temps.
Reliure : peau marron avec deux filets du type « Tiraboschi », exécutée entre
1770 et vers 179020 ; tranches dorées. Sur le dos : armes d’Este en or et « DE
PISANA AFIST DU ROY CHARCES [sic] », estampillé en lettres d’or.
BIBLIOGRAPHIE
Camus 1889, pp. 12-15. Camus 1891, pp. 9-10. C de P, Fais et bonnes meurs 1936-1940, 1,
pp. lxxxix-xci. Fava et Salmi, 2, p. 118 n° 183. Ouy et Reno avec la collab. de J. Laidlaw 2008.

17 Voir I, 2, 5, 11, 12, 13, 15, 16, 20, 29 ; II, 7, 9, 10, 26, 28-33, 35, 36 ; III, 13, 14, 17, 34, 52, 61,
64, 67. Au f. 28c, une partie de mot est grattée en fin de dernière ligne et la dernière ligne de
la rubrique écrite en m/q. Sur la numérotation des rubriques, v. l’Introduction aux mss des
Fais et bonnes meurs.
18 Voir ff. 13d, 45a, 64a, 67b, 68a…
19 Elles sont de trois lignes, mais deux chapitres portent des lettres plus grandes : II,15
(4 lignes : 5 en avait été laissées) et II,14 (5 lignes). Des initiales de deux lignes se trouvent
aux ff. 28c, 103a, 103d, 107b ; sauf dans le dernier cas, toutes sont aux deux dernières lignes.
Des initiales de deux lignes ornent le début de chaque table des matières aux ff. 1a, 26a, 60a ;
la première en porte deux. Dans la deuxième table, les deux premières lignes de l’intitulé du
35e chapitre sont écrites en bas du f. 60d, puis barrées en rouge ; l’intitulé est récrit en entier
en haut du f. 61a.
20 Voir Fumagalli, L’Arte della legatura, liii-lvi. Tiraboschi dirigea la bibliothèque du duc
Francesco III d’Este de 1770 jusqu’à sa mort en 1794.
F. 2r © Paris, BnF
{29} Paris, BnF, fr. 5025
Le livre des faiz et bonnes meurs du sage roy Charles .ve.
d’icelluy nom

CONTENU
F. 1a « Cy commence la table des rubriches de ce present volume appellé le livre des faiz
& bonnes meurs du sage roy charles .V.e roy d’icelluy nom fait & compillé par (crist)ine
de pizan damoiselle accomply le desrenier jour de novembre / l’an de grace mil iiijC et
iiij. & est parti le dit livre en iij parties …–… Item la tierce partie parle de sagece quel chose c’est et de
quoy elle est nee.1 iij2 ».
F. 1a-d « Cy s’ensuive(n)t les rubriches de la primiere partie. & p(ri)mierement prologue3 j …–…
Item la conclusion de la p(ri)miere partie de ce livre. xxxvj. ».
Ff. 2a-25c « Ci commence la primiere partie du livre des fais et Bonnes meurs du sage Roy
charles Et primierem(en)t4 prologue Sire dieux ouvre5 mes levres, enlumines ma pe(n)see …–
… [25b] a l’augme(n)tacion de [25c] vertu et destruisem(en)t de vice Amen Explicit la primiere partie
du livre des fais et bonnes meurs du sage roy charles parchevé le xxviije jour d’avril l’an de grace mil .iiij.C et
.iiij. ».
Ff. 25c-27a6 « Cy commence la table des rebriches de la ije partie de ce livre la quelle parle
de chevalerie appliquant a propoz de la personne du roy charles Et primierement prologue7 J
…–… Item le derrenier chapitre de ceste partie qui conclut par ce q(ue) dit le sage Roy charl(es) estre vray
chevalereux xxxix ».
Ff. 28a-56bisc « Ci commence la .ije. partie de ce present volume la q(ue)lle parle de
chevalerie en repliqua(n)t a la p(er)so(n)ne du Roy charles / & p(ri)mierem(en)t
prologue .J. Comme obscurcie de plains plours et lermes …–… & a tant souffise la .ij.e partie de
ce livre la quelle traitte de chevalerie / ».
Ff. 56bisc-58c « Ci commence la table des rebriches de la iije partie de ce livre la quelle
dicte partye parle de sagece [56bis d] Primierement prologue J…–…Item la fin et conclusion de ce livre
lxxii.8 ».

F. 57r © Paris, BnF

1 Ce punctus est en rouge.


2 Les numéros j à iij ont été insérés à côté des trois parties de la rubrique liminaire ; le 1er a été
presque entièrement effacé lors de la correction du mot noblece qui le précède.
3 Les mots & primierement prologue sont en noir et précédés d’un punctus en noir ; ils sont en rouge
dans les autres témoins.
4 Le premier i de ce mot est une correction.
5 Le o est une correction.
6 Le f. 27v est réglé, mais inemployé.
7 Ces trois mots à l’encre noire.
8 Ce numéro est corrigé sur grattage. Dans cette table, les mots roy et Charles sont souvent abrégés r
ou R et ch, ou charl, signe de la hâte avec laquelle la table est copiée.
504 Fais et bonnes meurs du sage roy Charles V

Ff. 59a-99d « Cy commence la .iije. et derreniere partie de ce livre la quelle parle de sagece
et des sciences en la perso(n)ne du sage roy charles Et primierem(en)t prologue .j. O dieu
glorieux qui jusques cy as esté aide(ur) a mon œuvre …–… [99c] monsigneur de bourgongne &
de tous leur p(re)decesseurs a m e n amen [99d] Explicit le livre des fais et Bonnes meurs du
sage Roy charles ».
HISTOIRE
Date : 1404-1405. Cet exemplaire est contemporain des manuscrits BnF,
fr. 10153 (présenté par Christine à Jean sans Peur, duc de Bourgogne), de
Modène, BE, α.N.8.7. et Vat., reg. lat. 920. Quelques corrections identiques
dans les quatre témoins prouvent qu’ils furent fabriqués en série9.
Possesseurs : Nicolas de Neufville, Seigneur de
Villeroy (1542-1617), dont signature « Neufville » au
f. 1d10. Le cardinal Mazarin (1602-1661). En 1668, grâce
à l’échange effectué par Colbert avec le Collège des
Quatre-Nations (Collège Mazarin), la plupart des
manuscrits du cardinal entrèrent à la bibliothèque du
Roi11. Cote ancienne, f. 1r : 9668 (Regius). F. 1d © Paris, BnF
Ajouts plus tardifs : gribouillages (?) caviardés au côté recto de la 4e garde.
Lignes marginales verticales, le plus souvent doubles, pour marquer certains
passages12.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (286 x 210 mm)13 : (III, papier) + II (parchemin) +
10014 + I (parchemin) + (III, papier)15. Parchemin souvent jauni ; taches16 ;

9 V. l’introduction sur le Livre des fais et bonnes meurs.


10 Inscription grattée en-dessous ; même signature dans ses Mémoires d’État, London, British Library,
Royal MS 19 A. XV, f. 119r.
11 Franklin 1867-1873, 3, pp. 109-110. Le ms. porte le n° 397 et le titre Livre des faits du sage Roy
Charles, sans attribution d’auteur, dans le catalogue dressé à cette occasion, intitulé Catalogue des
manuscrits de la Bibliothèque de feu Monseigneur le Cardinal Mazarin fait par Nous Me Pierre de Carcavy, et Me
françois de la Poterie, en consequence de l’arrest du Conseil d’Estat du douziesme Janvier mil six cens soixante et
huit, et suivant l’ordre de Messre les Commissaires deputéz par le Roy pour l’execution dud(it) Arrest. Il existe
deux exemplaires manuscrits de ce catalogue : Paris, BnF, nafr. 5763, ff. 142r-236r et Paris,
Bibl. Mazarine, 1940C. V. Franklin 1867-1873, 3, p. 110 et C de P, Fais et bonnes meurs 1936-1940, 1,
p. xci.
12 F. 4v (fin I, 6), 76r (début III, 33), 78r (fin III, 35), 80r (fin III, 38), 80c (fin III, 45), 96d (milieu
III, 70).
13 La m/t a été fortement rognée par le relieur. Une partie de la bordure au f. 2r a disparu ; le haut
des bordures des ff. 28r et 59r a survécu, mais de justesse.
14 V. rubrique « Foliotation ».
15 La composition des cinq gardes sup. est la suivante : garde en papier peigné solidaire de la
contregarde, bifeuillet de papier filigrané (monogramme E C, séparés d’un cœur surmontant une
fleur et une colombe, Gaudriault n° 4080, attesté entre 1692 et 1701), bifeuillet en parchemin
d’origine, non réglé. Les 4 gardes inf. sont une garde en papier peigné solidaire de la contregarde,
précédée d’un bifeuillet en papier (mêmes filigranes que précédemment) et d’une garde en
parchemin non réglée.
{29} Paris, BnF, fr. 5025 505

trous17 ; grandes lisières18 et couture19. La règle du vis-à-vis est presque toujours


respectée20.
Encres : brun foncé, encre des rubriques rouge vif, parfois rouge orangé.
Préparation
Piqûres : maîtresses faites à l’aide d’un poinçon de section triangulaire,
subsistant à la majorité des feuillets. Aux feuillets du deuxième cahier, il subsiste
le plus souvent six piqûres, marquant, du côté recto, l’espace imparti à la
première colonne et les limites inf. de la seconde.
Réglure : mine de plomb, qui laisse des traces grises fines ; les ff. 26r, 27v,
90r et 98r sont réglés à la pointe sèche. Quelques ff. ne portent aucune trace
visible de réglure21.
Mise en page (f. 6r) : 286 x 210 mm = 20 + <196> + 70 x 26 + <60> +
12 + <62> + 50 mm. Justification 196 x 134 mm, 2 cols. Dans les cahiers 1-9,
33 et parfois 32 interlignes ; à partir du 10e cahier (f. 59), 34 interlignes est la
norme22. L’écriture commence sous la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
11 1 98 52-56, 56bis, d
57-58
28 2-9 a 108 59-66 (traits
obliques) /
d
38 10-17 l 118 67-74 p
48 18-25 m 128 75-82 (traces)
52 26-27 138 83-90 a
68 28-35 C 148 91-98 a
78 36-43 b 152 99-garde
inf.
88 44-51 (traces)
Signatures : se composent d’une lettre suivie d’un chiffre de .j. à .iiij. Elles
sont tracées d’une encre soit plus claire, soit plus foncée que celle du texte. Le
cahier 10 (aux ff. 60r, 61r, 62r) est signé aussi avec des traits à la pointe sèche, à
peine visibles, inclinés à gauche : \\ , \\\, \\\\. Au f. 93r, la signature a iij est
aussi à la pointe sèche.

16 Taches laissées par un liquide renversé, ff. 25-29 (très prononcées aux ff. 26v-27), 54-55 (encre
étalée au f. 54c), salissures dans le pli de reliure, ff. 46-47 (tache noire, avec empreinte digitale, au
f. 46r).
17 Ff. 5, 84.
18 Ff. 29, 31.
19 F. 92.
20 Sauf aux ff. 1 et 2 (c/p), 40 et 41 (p/c) et 88 et 89 (c/p).
21 Ff. 4v, 5r, 6v, 12v, 13r, 46v.
22 Au f. 16r, la dernière ligne est laissée en blanc ; ce f. a pourtant 33 LE, comme le f. qui le précède ;
la dernière ligne du f. 34r, qui a 32 LE comme le f. 33v, est laissée en blanc aussi.
506 Fais et bonnes meurs du sage roy Charles V

Au recto du premier feuillet des cahiers 2-4 et 6-14, on trouve un x ou une


croix et très souvent à g. de cette marque, un trait vertical. Un signe analogue,
mais sans trait vertical, se voit au verso du dernier feuillet des cahiers 1-4 et 6-
14.
Réclames : en cursive calligraphique de la main du texte ; celles qui se
trouvent à la fin des cahiers 3, 8, 10-11 et 13 sont centrées ; celles des cahiers 6-
7, 12 et 14 sont plus ou moins alignées sur la dr. Les cahiers 1-2, 4-5 et 9 sont
sans réclame.
Foliotation : moderne à l’encre de 1 à 99 ; le f. 56 et suivi du f. 56bis.
Travail d’écriture
Texte : Main X.
Style : minuscule semi-cursive très régulière qui devient progressivement
plus exubérante.
Ponctuation : virgule, et très rarement, virgule double.
Corrections : le ms. porte de très nombreuses corrections, la plupart sur
grattage, quelques-unes par ajout, toutes de la main X23. Plusieurs corrections
entraînent un débordement du texte dans les marges24. On voit des traces de
préparations de corrections à presque chaque feuillet ; le plus souvent en
cursive plus ou moins hâtive (X’)25, parfois en cursive calligraphique (X)26.
Rubriques : toutes les rubriques sont écrites par X, qui leur réserve un
espace allant jusqu’à quatre lignes. L’espace laissé est souvent insuffisant27 ;
l’emplacement de la rubrique est souvent signalé par deux traits obliques en
brun28, ou par un seul trait oblique en brun ou en rouge29.

23 Signalons, parmi les modifications les plus intéressantes, des leçons uniques à ce ms. En cursive
calligraphique, au f. 35b, deux dernières lignes, l’ajout plus(ieurs) et (préparation de correction X’
visible), qui renchérit sur les conquêtes militaires du roi Charles (v. C de P, Fais et bonnes meurs
1936-1940, 1, p. 137 n. 2) et un autre ajout au f. 40v m/g : qua\n/t il est Repassez de sa maladye. Au
chap. II, 15 (f. 40b l. 31), X ajoute de corps après grant pour décrire la taille plus grande que la
moyenne de Charles V (v. ibidem, 1, p. 164, note 6).
24 V. par exemple ff. 35b, 40b, 48b, 50a, 52a, 77b, 80a, 82d, 83d, 99b.
25 V. par exemple ff. 21r m/g : de beu et de ; 23v m/g : de ; 24v m/p : st (ajouté à fu en col. d, ligne 23) ;
25r : a anui co(m)me ; 29v m/g : & en ; 32v m/p : be (le be de bertram est corr. sur grattage en 32d
l. 9) ; 41v m/p : abisleme(ns) ; 59v entrecolonne : se termine ; 63r m/g : per ; 66v m/p : la ; 66v
entrecolonne : cun ; 82v m/t : son a ; 82v entrecolonne : (con)tenu ; 83v m/t : & sez ; 83v m/p : vid ;
92r m/g : car ; 94r m/p : chaleur (partiellement effacée) ; 96v m/g : pour.
26 Ff. 44v m/p : co(m) ; 72r m/p : qu’il eust vraye c(er)tification il luy (partiellement effacée) ; 74v
entrecolonne : exept ; 80v m/g : le roy ; 85v m/p : et p ; 94r m/p : enseigner (partiellement effacée) ;
95v m/g : p(ar) elles sceues (partiellement effacée).
27 La dernière partie des premières lignes du chapitre annoncé par la rubrique est quelquefois réservée
à cet effet (ff. 21d, 30b, 34a…). À plusieurs reprises, X a préféré continuer la rubrique dans la
marge ou dans l’entrecolonne plutôt que d’entamer une autre ligne; v. par ex. ff. 3b, 36c, 38b, 59a
et c. Au f. 66a, X semble avoir profité d’une ligne supplémentaire pour ajouter à la fin de la
rubrique de III, 12, d’une encre rouge différente, et des belles translacions qu’il faist faire .xij. Le
chap. II, 16 Cy dit du duc d’Orliens, ne porte pas de numérotation.
28 Aux ff. 3b, d, 6a, 7a, 10c, 15d, 43b.
29 Trait simple en brun aux ff. 56bis b et c, 64a, 71a et c, 77c… ; trait simple en rouge aux ff. 59c, 61d,
66c.
{29} Paris, BnF, fr. 5025 507

F. 72r (préparation de corr. et corr. : X [cliché pris à la lampe de Wood])


© Paris, BnF
Décoration : ornemaniste « aux brins de fantaisie ».
Bordures
F. 2r (début Ire partie) : trois larges baguettes doubles à sections alternées
bleu/rose et séparateurs d’or bruni, formant un U transformé en
diptyque par une fine baguette double centrale30. Fleurons à fers de lance
et appendice feuillu aux extrémités d’où partent des rinceaux de
vigneture sur tige. Vigneture sur fil à feuilles or rehaussées de bleu, brins
de vigneture sur fil et tige et de feuilles gouttes bleu/rose le long des
baguettes31.
Ff. 28a, 59a (début IIe et IIIe parties) : double baguette fleuronnée
bleu/rose et or bruni avec rinceaux et brins de vigneture32.
Lettrines ornées
F. 2r (début Ire partie) : S rose et bleu (5) sur or à remplissage de
vigneture33.
F. 28a (début IIe partie) : C (5), et f. 59a (début IIIe partie) : O (6), bleus
sur rose à remplissage de vigneture sur or.
Lettres champies : au début de la table générale et au début de chaque
chapitre à partir du 2e de chaque partie. Alternance de couleurs irrégulière. La
place réservée à ces initiales est normalement de trois lignes34.
Pieds-de-mouche champis : alternance des couleurs irrégulière dans le
texte, mais régulière dans les tables.
Reliure : maroquin rouge à triple filet d’or XVIIIe siècle ; sur le dos en
majuscules d’or « HISTOIR / DV ROY / CHARL V/ PAR CHRISTIN / DE
PISAN ». Tranches mouchetées de rouge.

30 La fine baguette de l’entrecolonne se déplace légèrement à dr. à la ligne 11, et elle est coupée à la
ligne 31 pour ne pas masquer l’écriture.
31 Bordure presque identique à celle des mss BnF, fr. 10153 et Modène, B.E., α.N.8.7, exécutés par le
même ornemaniste, qui utilise les mêmes couleurs, mais ici de façon inverse.
32 Presque identique à celles des mss BnF fr 10153 et Modène, B.E., α.N.8.7.
33 Lettre un peu abîmée par frottement.
34 Les rares exemples peints sur deux lignes se trouvent au début de la table générale (f. 1a) ou en bas
de colonne (ff. 5c, 30d, 59c, 64a, 64c etc.), plus rarement à la mi-colonne (f. 20a, où 3 lignes
avaient été laissées). Au f. 39c (II, 15 Cy dit des filz du roy Charles et primierement du roy qui a present
regne, on voit exceptionnellement un P haut de quatre lignes, et au f. 38b (II, 24 Cy dit duc duc de
Bourbon), un I qui s’étend sur sept lignes.
508 Fais et bonnes meurs du sage roy Charles V

BIBLIOGRAPHIE
C de P, Fais et bonnes meurs 1936-1940, 1, pp. xci-xcii. Http:/gallica.bnf.fr (images numérisées de
tout le ms.). Ouy 1985. Ouy et Reno avec la collaboration de J. Laidlaw 2008. Reno et Ouy 2002,
pp. 728-730.

COMMENTAIRE
Ce ms. servit de base aux éditions de l’abbé Lebeuf (1743), puis à celles de
Petitot, de Michaud et Poujoulat, et de Buchon35.
Une copie de ce ms., qui existait dans la bibliothèque des Avocats au Parlement
de Paris, est signalée par P. Lelong, Bibl. Hist. de la France, t. 2, n° 17070 et dans
la Collection universelle des mémoires relatifs à l’Histoire de France, Londres et Paris
1785, t. 5, p. 89.

35 Voir C de P, Fais et bonnes meurs 1936-1940, 1, pp. xcvii-cii.


F. 2r © Vat., BAV
{30} Vatican (Cité du), BAV, reg. lat. 920
Le livre des faiz et bonnes meurs du sage roy Charle [sic] .ve.
roy d’ycellui nom

CONTENU
F. 1a-1d « Cy commence la table des rubriches de ce present volume appellé le livre des
faiz & bonnes meurs du sage roy charle .ve. roy d’ycellui nom, fait et compilé par
(crist)ine de pizan damoisele acompli le desrenier jour de nove(m)bre l’an de grace mille
.iiijc. & iiij. Et est parti le dit livre en troys p(ar)ties …–… Item la conclusion de la premiere partie
de ce livre xxxvj ».
Ff. 2a-28c « Cy commence la premiere p(ar)tie du livre des fais et bonnes meurs du sage
roy charles et premierement prologue .J. SIre Dieux, euvrez mes levres, enluminez ma pensee
…–… et a l’augmentacion de vertu et destruisement de vice. Amen. Explicit la premiere partie du livre
des fais et bonnes me(ur)s du sage Roy charles parchevé le .xxviije. jour d’avril l’an mille quatre cens et quatre. ».
Ff. 28d-29c « Cy commence la table des rubriches de la seconde partie de ce livre la quelle
parle de ch(eva)lerie appliquant a propos de la personne du roy charles. Et premierement
prologue .J. …–… Item le desrenier chappitre de ceste partie qui conclut par ce que dit est le roy charles estre vray
chevalereux .xxxix. ».
Ff. 30a-63c « Ci commence la seconde partie de ce present volume laquelle parle de
chevalerie en appliquant a la personne du sage Roy charles / Et premiereme(n)t
prologue. .J. COmme obscurcie de plains plo(ur)s et larmes …–… Et atant souffise la seconde
partie de ce livre la quelle traitte de chevalerie. Explicit la seconde partie de ce volume completté le .xxe.
jour de septembre. la quelle parle de chevalerie appliquant a la p(er)sonne du roy charles. A dieu graces .».
Ff. 63d-65a « Cy comence la table des rubriches de la tierce p(ar)tie de ce livre. laquelle
ditte p(ar)tie p(ar)le de sagece. Premierement prologue .J. …–… Item la fin et conclusion de ce livre
lxxij. ».
Ff. 65a-111a « Cy co(m)mence la tierce partie et desreniere de ce livre la quelle parle de
sagece et des sciences en la personne du sage roy charles. Et premierement prologue. J.
O dieu glorieux qui Jusques cy as esté aideur a mon oeuvre …–… monseigneur de bourgoigne et
de touz leurs autres predecesseurs. Amen. Explicit le livre des fais & bonnes meurs du sage roy charles ».

HISTOIRE
Date : 1404-1405. Cet exemplaire est à peu près contemporain des mss Paris,
BnF, fr. 10153 (présenté par Christine à Jean sans Peur, duc de Bourgogne),
Paris, BnF, fr. 5025 et Modène, BE, α.N.8.7. L’identité de certaines corrections
dans ces quatre mss prouve qu’ils furent fabriqués en série. L’état des
corrections ainsi que la planification des rubriques dans le présent manuscrit
indiquent toutefois qu’il est légèrement postérieur aux trois autres.
Possesseurs : cote ancienne au f. 1r : « H. 47 » (sans doute de Paul Petau).
Alexandre Petau, son fils1. Christine de Suède (achat 1650)2 ; à sa mort (19 avril

1 Catalogus librorum manuscriptorum Sermae Christinae Reginae Sveciae qui Antverpae reperiuntur, Vat.,
reg. lat. 8171, f. 310 (olim f. 138), rubrique « Historia Francorum ». Ce catalogue fait état des
manuscrits ayant appartenu à Alexandre Petau ; v. Bignami Odier 1962, p. 183.
512 Fais et bonnes meurs du sage roy Charles V

1689), le ms. passa au cardinal Decio Azzolini, son héritier universel († juin
1689). Le marquis Pompeo Azzolini, neveu du cardinal, le vendit au pape
Alexandre VIII (Pietro Ottoboni, 1689-1691). En 1797, le ms. figura parmi les
« conquêtes artistiques » de l’armée républicaine française, sous le
commandement de Napoléon Bonaparte (estampille de la Bibliothèque
nationale 1792-1802)3 aux ff. 2r et 111r. Il fut rendu à la Vaticane en 18164.
Ajouts plus tardifs : la suite correcte des ff. 59-63, reliés en désordre, est
indiquée par les chiffres arabes 2, 1, 4, 3, 5 ajoutés par une main moderne en
m/q de ces feuillets5.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (291 x 213 mm) : (II, papier) + 1126 + (II, papier). La
peau, d’une couleur jaune uniforme, présente très peu de défauts7. La règle du
vis-à-vis est presque toujours respectée8.
Encres : brun foncé uniforme pour le texte, encre des rubriques rouge vif
ou, plus rarement, rouge orangé.
Préparation
Piqûres : neuf piqûres faites à l’aide d’un poinçon de section triangulaire
subsistent : huit en m/t et m/q pour situer les colonnes, et une en m/g pour
situer la dernière ligne. Quelques feuillets ont une dixième piqûre dans cette
même marge pour situer la première LE.
Réglure : à la mine de plomb qui laisse de fines traces grises. La dernière
ligne est souvent tracée en double9.
Mise en page (f. 5r) : 291 x 213 mm = 26 + <196> + 69 x 24 + <59,5> + 14
+ <59,5> + 56 mm. Justification 196 x 133 mm ; 2 cols, 33 ou, surtout à partir
du f. 60r, 34 interlignes, l’écriture commençant sous la première LR.

2 Studi e Testi 238, p. 43. Voir la Recensio manuscriptorum…MDCCLXXXXVII, p. 113, n° 429, signalée
par S. Solente dans son édition des Fais et bonnes meurs 1936-1940, 1, pp. xcii-xciii.
3 Cat. gén. mss lat. 8823-8921, p. XX ; v. Laffitte 1989, pp. 302-313.
4 Voir Bignami Odier 1973, pp. 185-189 et Laffitte 1989, p. 285.
5 En outre, plusieurs courts passages, se rapportant surtout à des noms propres, sont soulignés à
l’encre brun foncé jusqu’au f. 70r, surtout dans les premiers cahiers.
6 Le f. 112, le 8e du dernier quaternion, est un talon. Le verso du f. 111 est réglé mais inemployé.
7 Trou au f. 26, défaut au f. 50, petites lisières aux ff. 28, 96, défaut et couture d’origine au f. 110,
déchirure faite sans doute ultérieurement au f. 109.
8 Sauf pour les ff. 58 et 59, disposés p/c et 62 et 63, disposés c/p.
9 Au f. 14r, c’est l’avant-dernière ligne qui est en double. Quand l’interligne tracé en double est
rempli, c’est presque toujours la ligne inf. qui reçoit l’écriture. Il arrive souvent que le copiste
n’utilise pas le dernier interligne, simple ou double, c’est le cas aux ff. 18v-23r, 24r-v, 29r et 49r-
56v.
{30} Vat., BAV, reg. lat. 920 513

Organisation
Cahier Folios Signature Cahier Folios Signature
18 1-8 a 88 57-64 b
28 9-16 C 98 65-72 a
38 17-24 D 108 73-80 J
48 25-32 E 118 81-88 k
58 33-40 F 128 89-96 a
68 41-48 g 138 97-104 b
78 49-56 h 148 105-112 d
Signatures : les cahiers sont signés10 d’une lettre suivie d’un chiffre romain
allant de .j. à .iiij. ; chaque cahier en porte la série complète. La plupart des
signatures sont tracées à l’encre brun clair ; celles des trois derniers cahiers ainsi
que la première signature du 8e cahier (f. 57r) sont tracées au crayon. Dans ce
même cahier, le binion intérieur a été mal ordonné, sans doute par le relieur
moderne, ce qui bouleverse la séquence du texte et des signatures : la signature
b .iiij. (f. 59r) vient avant la signature b .iij. (f. 60r).
Le premier et le dernier feuillet de chaque cahier sont normalement marqués
d’une croix ou d’un x11.
Réclames : tracées par le copiste à l’encre brun foncé et alignées sur le
début de la 2e colonne. À deux exceptions près, ff. 56v, 80v, elles sont
soulignées ; la plupart sont ornées d’un paraphe. Le dernier mot de la réclame
au f. 80v est gratté12.
Travail d’écriture
Texte : Main R13.
Style : minuscule semi-cursive.
Ponctuation : virgule et point, ces deux signes s’utilisant rarement en
début et en fin de ligne.
Corrections
Préparation : quelques préparations de corrections cursives X’
subsistent dans l’entrecolonne des ff. 23v et 36v et en m/g du f. 58b.
Exécution : nombreuses corrections, soit calligraphiées (Main X)14, soit
cursives plus ou moins rapides (Main X’)15. La plupart sont faites sur grattage,
quelques-unes par exponctuation.

10 Ouy 1985, p. 123.


11 Exceptions : début des 1er, 3e, 5e, 8e et 11e cahiers et fin des 8e et 14e cahiers. Pour le 5e cahier, c’est
le 2e feuillet (f. 34r) qui reçoit un x, et pour le 11e, c’est le 3e feuillet (f. 83r).
12 Le mot gratté est visible à la lampe de Wood : c’était patrimoine. C’est donc ce mot qui a été
remplacé par conquest, qui est écrit sur grattage à la première ligne du f. 81a.
13 Il est curieux de remarquer un blanc laissé par R au v. 67a (III, 3), là où les autres mss, dont deux
copiés déjà par ce copiste, ont la leçon certaine, et une erreur majeure, Cressy à la place de Poitiers au
f. 38d (II, 13), signalée par l’éditrice des Fais et bonnes meurs 1936-1940, 1, p. xcvii.
14 Par exemple, à l’encre brune : ff. 1a l. 26 : nostre sur grattage ; 1b l. 3 douee : sur grattage ; 4a l. 4 :
ment du mot assemblement (un trait vertical en marge signale la correction) ; 9c l. 29 : une sur grattage,
accompagné d’un trait vertical en marge.
514 Fais et bonnes meurs du sage roy Charles V

Rubriques
Préparation : Main R’ entre les ff. 59v et 78v, quatorze préparations de
rubriques, surtout en m/q, dont quelques-unes rognées. On n’y remarque
aucun changement de chiffre16.
Exécution : Main R, conviennent presque toujours très bien à l’espace
qui leur est laissé17. Elles ont été copiées avant la peinture des lettrines.
Décoration : ornemaniste « aux brins de fantaisie ».
Bordures
F. 2r (début Ire partie) : trois larges baguettes doubles à sections alternées
bleu/rose et séparateurs d’or bruni, formant un U transformé en
diptyque par une fine baguette double centrale. Fleurons à fers de lance
et appendice feuillu aux extrémités d’où partent des rinceaux de
vigneture sur tige. Vigneture sur fil à feuilles or rehaussées de bleu, brins
de vigneture sur fil et tige et de feuilles gouttes bleu/rose le long des
baguettes18.
F. 30r (début IIe partie) et f. 65r (début IIIe partie) : baguette double
fleuronnée bleu/rose et or bruni avec rinceaux et brins de vigneture.
Lettrines
F. 2a (début Ire partie) : S bleu et rose (7) sur rose à vigneture et grande
fleur bleue stylisée sur or. La lettre est reliée à la baguette uniquement par
un prolongement de la courbe inférieure.
F. 30a (début IIe partie) : C (8) et f. 65a (début IIIe partie) : O (7), bleus
sur rose à vigneture sur or.
Lettres champies : aux débuts de chapitre à partir du 2e de chaque partie,
et de chaque table19.
Pieds-de-mouche champis : l’alternance des couleurs est irrégulière dans
le texte mais régulière dans les tables des matières20.
15 Exemples de corrections à l’encre brune aux ff. 20d l. 8 : maintes ; 27a l. 3 : au dans Melau ; 33a
l. 13 : iere de ; 38b dernière ligne : ont ajouté en fin de ligne ; 63d dernière ligne : et dez sur grattage.
Corrections en cursive rapide à l’encre noire aux ff. 40c l. 1 : ne ajouté à roy ; 46c l. 12 : da ajouté
devant venture ; 47d l. 13 : je ajouté devant eusse ; 78d l. 6 : en la science (tous les mss originaux
antérieurs portent ici la leçon en l’art) ; 102c l. 6 : en ce ajouté (var. dont l’édition Solente ne tient pas
compte).
16 Au f. 77r, deux préparations de rubrique en m/q ; celle du ch. III, 19 précédant celle du ch. III, 18.
Au f. 75r, la préparation de rubrique du ch. III, 15 Cy dit comment le roy Charles respondi amoderement a
ceulz qui le hastoient .xv. ; dans la rubrique, le mot amoderement est omis.
17 Seules les rubriques des ch. II, 17, 18, 39 et III, 3, 20, 21, 48, 62 et 70 dépassent légèrement
l’espace qui leur est destiné.
18 La décoration secondaire présente de légères modifications par rapport aux trois autres mss qui
suivent ce modèle : en m/g, un seul rinceau sur tige et des rinceaux sur fil plus longs aux feuilles
d’or agrémentées de touches de bleu à petits cercles blancs. Ces rinceaux portent aussi des fleurs
stylisées, formées d’un losange bleu aux côtés concaves ayant une croix blanche au milieu, le centre
de la croix orné d’un petit rond d’or et chaque côté du losange orné d’un petit rond d’or. On
trouve les mêmes fleurs stylisées dans BnF, fr. 1176.
19 La place réservée aux initiales champies est normalement de deux interlignes. Seules exceptions :
f. 2c, bas de colonne (I, 2) : un P de trois interlignes ; f. 40c (II, 14) : un I qui s’étend sur plus de
quatre interlignes. Une seule lettre d’attente : c en rouge au f. 8b (I, 11)
20 Pied-de-mouche tracé en noir mais non peint au f. 32a (ch. II, 2 devant Encore fu sagement regardé).
Un pied-de-mouche où l’or a été appliqué, mais le fond non peint au f. 9a.
{30} Vat., BAV, reg. lat. 920 515

Reliure : parchemin jauni sur plats cartonnés. Écrit au dos, à l’encre brun
foncé : « REG. » ; en dessous « 737 »21 barré deux fois et en bas, à l’encre brune
plus claire : « 772 », barré aussi deux fois. En-dessous du premier numéro barré,
étiquette de la Bibliothèque Vaticane en papier blanc, portant la cote « Reg. lat.
920 ». Le numéro « 920 » est écrit une deuxième fois à l’encre sur le dos.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Livre des fais et bonnes meurs 1936-1940, 1, pp. xcii-xciii. Langlois 1889, p. 88. Ouy et Reno
avec la collaboration de J. Laidlaw 2008.

COMMENTAIRE
Il existe deux copies sur papier de ce ms., toutes les deux exécutées au XVIIe s.
La première, œuvre de Théodore Godefroy, porte la cote BnF, fr. 2862. La
seconde, que S. Solente a examinée dans la collection de Thomas de Castelnau,
appartint au chancelier de France H.-F. Daguesseau (1668-1751) et passa
ensuite à son fils J.-B.-P. Daguesseau (†1784), au 4e comte d’Ashburnham, à
Charles Fairfax Murray (acquisition 1901) et à Thomas de Castelnau22.

21 Ce numéro correspond à celui attribué au manuscrit dans le catalogue de la bibliothèque de la reine


Christine de Suède dressé à Anvers en 1655 et contresigné par Vossius : Vat., reg. lat. 8171, f. 310
(olim f. 128). Selon Bignami Odier (1962, p. 183), le numéro est postérieur à 1660. Le ms. figure
sous ce même numéro dans le catalogue de Montfaucon, Bibliotheca bibliothecarum manuscriptorum
nova, Paris, 1739. V. Studi e Testi 238, p. 43.
22 Voir C de P, Fais et bonnes meurs 1936-1940, 1, pp. xciv-xcv.
Cité des dames
Introduction
Paris, BnF, fr. 24293 {31}
Paris, Bibl. de l’Arsenal, 2686 {32}
Paris, BnF, fr. 1179 {33}
Bruxelles, KBR, 9393 {34}
Paris, BnF, fr. 607 (recueil) {8}
Leyde, UB, Ltk. 1819 (recueil) {10}
Londres, BL, Harley MS 4431 (recueil) {13}
Paris, BnF, fr. 1178 {35}

La Cité des dames ne fut pas construite en un jour1. Les huit manuscrits originaux
(dont un fragment) parvenus jusqu’à nous témoignent de l’évolution, entre
1405 et environ 1414, des œuvres de Christine qui de son vivant connut, sans
doute, le plus grand succès. Fait remarquable, sept sur huit sont de la main P2,
véritablement spécialisée dans la transcription de ce texte. L’unique copie
originale d’une autre main, en l’occurrence X, se trouve dans le célèbre recueil
de la reine Isabeau (Londres, BL, Harley MS 4431).
Les deux plus anciens, BnF, fr. 24293 et Paris, Ars., 2686, dépourvus
d’enluminures mais décorés, commencent tous deux par une page encadrée de
vignetures dorées.
Le premier, qui appartint à Agnès de Bourgogne, sœur de Philippe le Bon et
duchesse de Bourbon3, avait peut-être été présenté à sa mère Marguerite de
Bavière (mentionnée au chap. II, 68). Passé à un certain Jehan
Poiphyle/Poiphylle, « taigleure » parisien4, puis à Nicolas Moreau, seigneur
d’Auteuil (mort en 1619)5, on le retrouve au XVIIe siècle à la bibliothèque de

1 Cette introduction reprend essentiellement Reno 2006.


2 Ouy et Reno 1980, p. 225.
3 Inscription au f. 158b : « Ce livre fut a feu ma dame Agnes de Bourgoigne en son vivant
duchesse de Bourbonnais et d’Auvergne ».
4 Selon l’inscription au f. 5r, m/q. Une autre inscription de lui, partiellement effacée, est visible
aux ultraviolets au f. 84r.
5 Ses armes figurent sur la reliure : un chevron accompagné de trois têtes de Maures.
518 Cité des dames

Notre-Dame, d’où il rejoignit la collection royale française, sans doute à la


Révolution6.
Le deuxième, Ars. 2686, porte les marques d’un possesseur du XVe siècle. Au
XVIIIe, il fut acquis par le marquis de Paulmy7.
Ces deux manuscrits se ressemblent beaucoup, et pourtant leurs textes
diffèrent. Il manque, dans le BnF, fr. 24293, le premier des deux chapitres
consacrés à Artémise (celui qui porte le numéro I, 21 dans l’édition
Caraffi/Richards)8, chapitre présent dans tous les mss originaux postérieurs.
L’hypothèse qui vient aussitôt à l’esprit est que ce premier chapitre aurait été
composé plus tard, après la copie de ce plus ancien exemplaire ; mais ce n’est
pas la bonne explication : en effet, dans ce manuscrit, le chapitre unique sur
Artémise (II, 16) est annoncé par la même rubrique que dans toutes les copies
ultérieures : Encore de la royne Arthemise (table, f. 64r ; rubrique, f. 80v) et il
s’ouvre sur une référence à un précédent chapitre sur le même sujet – chapitre
qui, de toute évidence, était donc déjà composé : Des dames qui ont amé de grant
amour leurs maris et qui de fait l’ont monstré puis encore dire d’icelle noble dame Arthemise,
royne de Caré, que comme elle eust pareillement que dessus est dit (f. 80v). Agnès de
Bourgogne aurait cherché en vain ce précédent chapitre ! Qui plus est, on ne
voit aucune mention d’Artémise dans la première table des matières, où les
chapitres sont numérotés de façon continue. L’absence du premier des deux
chapitres sur Artémise dans le plus ancien manuscrit original de la Cité des dames
n’a donc d’autre origine que l’étourderie du copiste. Ou bien cet oubli passa
inaperçu lors de la correction du manuscrit, ou bien il fut remarqué, mais on
jugea trop compliqué d’y remédier, ce qui aurait exigé l’insertion de sept
colonnes de texte9.
Que le ms. BnF, fr. 24293 soit bien la plus ancienne copie, et le
ms. Ars. 2686 la seconde, cela est confirmé par certaines fautes et leurs
corrections. On constate, dans le premier manuscrit, que la table des matières
de la IIIe partie donne un titre erroné (et, de plus, un faux numéro, 13) au chap.
15 : Des trois sueurs vierges (f. 135r) ; la même erreur se retrouve, d’ailleurs, avec
un libellé un peu différent, dans la rubrique qui introduit ce chapitre
(f. 154r) : Des trois saintes vierges. Ce chapitre ne traite, en effet, que d’une seule
sainte, Théodorie, comme l’indiquent tous les manuscrits postérieurs. Dans le

6 Deux anciennes cotes de Notre-Dame figurent à la contregarde supérieure et au f. 2r :


« K 38 » et « N.9 ». Nous remercions Ch. Denoël de la BnF de cette identification.
7 Acquisition avant 1774, car une longue note rédigée par son secrétaire Roitisset, décédé en
1774, se trouve au feuillet de garde supérieur. La note comporte des interventions du marquis
de Paulmy.
8 C de P, Cité 1998. Anne Paupert prépare une édition critique qui paraîtra chez Champion.
9 L’absence de toute mention d’Artémise dans la première table des matières paraît plaider en
faveur de la seconde explication.
Introduction 519

manuscrit Ars. 2686, sur la même table des matières la main X a porté la
correction sainte theodorie sur grattage, et dans le texte, elle a biffé la rubrique
fautive et, de la même petite cursive rapide10, noté la préparation de correction
sainte theodorie ; mais la correction n’a pas été reportée.

Paris, Bibl. de l’Arsenal, 2686, f. 136a © Paris, BnF


Comment expliquer ces rubriques fautives : Des trois sueurs vierges / Des trois
saintes vierges ? Le chap. III, 15 ne parle pas de trois sœurs, mais de trois frères,
les malheureux fils de sainte Théodorie, martyrs comme elle. C’est dans le
chapitre précédent (III, 14) qu’il était question de trois sœurs : une amie de
Théodorie, Anastasie, a trois belles servantes, trois sœurs, qui éveillent la
concupiscence du préfet. Celui-ci séquestre les jeunes femmes et, la nuit venue,
tente d’abuser d’elles. Cependant, ces chastes chrétiennes repoussent le brutal
personnage qui, dans l’obscurité, trébuche parmi les chaudrons et autres
ustensiles de cuisine. Il se relève couvert de suie et de ridicule, et assoiffé de
vengeance : bientôt, les trois belles servantes subissent le martyre ; elles sont
ensevelies par les soins de sainte Anastasie, comme le seront Théodorie et ses
trois fils au chapitre suivant.
Cette fois, ce n’est pas P, mais Christine elle-même qui est à blâmer. La
présence de la rubrique fautive dans les deux plus anciens manuscrits originaux
– erreur repérée seulement lors de la correction du second – en dit long sur la
précipitation dans laquelle travaillait notre auteur.
Avant d’en terminer avec nos deux plus anciens témoins, signalons que dans
le second, Arsenal, 2686, le premier à contenir le premier chapitre sur Artémise,
celui-ci occupe un autre emplacement que dans tous les originaux postérieurs :
ce chapitre se situe, en effet, à la 25e place dans la première partie, alors que,
dans tous les manuscrits postérieurs, il sera numéroté I, 21.
L’ordre des chapitres a aussi connu des changements dans la seconde partie. Le
texte de la plus ancienne copie (BnF, fr. 24293) contient les sujets des chapitres
qui seront plus tard numérotés 61-63 dans l’ordre suivant : (1) Juno, (2) les
jolivetez des femmes et (3) Claudine ; alors que, dans la table des matières

10 Dans ce manuscrit, X a fait d’autres corrections à la table de la IIIe partie, corrigeant le nom
luce au chap. 5 et ajoutant en marge, d’une écriture plus soignée, les titres des chapitres 7 et 8,
qui traitent respectivement d’une autre sainte Luce et de sainte Justine, et celui du chap. 13
sur sainte Eufrasine.
520 Cité des dames

correspondante de ce même manuscrit, ces chapitres sont donnés dans l’ordre


2, 3, 1 : les jolivetez des femmes, Claudine, et enfin Juno. C’est cette dernière
disposition que l’auteur devait, à l’époque, juger préférable puisque, dans
Bibl. de l’Arsenal, 2686, elle a été respectée tant pour le texte que pour la table
des matières.
En outre, les deux plus anciennes copies originales sont les seules à présenter
un état primitif, plus court, de deux éléments de l’ouvrage.
Tout d’abord, ce qui deviendra plus tard les chapitres 53 et 54 de la
deuxième partie forme un seul chapitre numéroté 53, qui porte la rubrique
Aprés ce que Droitture a compté des dames constantes, Cristine luy demande se c’est voir ce
que plusieurs hommes dient que sy pou en soit de loyalles en la vie amoureuse et puis response
de Droiture11. D’autre part, la conclusion de l’ouvrage est plus courte : les mss
BnF, fr. 24293 et Arsenal, 2686 se terminent par le simple souhait de l’auteur
que Dieu lui accorde la grace qui a tousjours dure. Dans les manuscrits postérieurs,
Christine sollicite la grâce divine aussi pour ses lectrices.

Paris, BnF fr. 1179, f. 3r © Paris, BnF


La troisième « édition » de la Cité des dames se trouve dans Paris, Bnf,
fr. 1179. Ce manuscrit est le premier à comporter une enluminure, placée au
début de la première partie (f. 3r). Cette peinture, œuvre d’un membre de
l’atelier du Maître de la Cité des dames, présente, d’ailleurs, diverses anomalies
qui portent à croire que l’artiste avait mal compris les instructions du chef
d’atelier : la composition est tassée à droite ; les vêtements de Raison changent
d’un volet à l’autre de l’enluminure ; la manche rose de Christine se distingue
mal de la nappe de même couleur, et la porte de l’édicule où travaille l’auteur ne
s’ouvre pas sur le paysage.

Ce manuscrit est également le premier à contenir la conclusion amplifiée,


qui étend le souhait de vie éternelle aux lectrices de la Cité : [Dieu] qui… m’ottroit
la joye qui a toujours dure, laquelle ainsi, par sa grace, vous face (f. 134r). C’est encore le
11 BnF, fr. 24293, ff. 65b (table) et 117b (rubrique).
Introduction 521

premier témoin où le premier des deux chapitres sur Artémise figure à sa place
canonique (I, 21). Autre particularité du ms. BnF, fr. 1179, ce qui était le
chap. II, 53 est développé pour donner naissance à deux chapitres, numérotés
53 et 54, précédés chacun d’une nouvelle rubrique : Aprés ce que Droicture a compté
des dames constantes Cristine luy demande pourquoy c’est que tant de vaillans femmes qui ont
esté n’ont contredit aux livres et aux hommes qui mesdisoyent d’elles et les responces que
Droiture fait. liij. (53, f. 98b) ; Demande Cristine a Droiture ce c’est voir ce que plusieurs
hommes dient que si pou soit de femmes loyalles en la vie amoureuse et la responce de
Droicture liiij. (54, f. 99b)12. Et pourtant, bizarrement, la table des matières de la
deuxième partie renvoie toujours à l’ancien chap. 53, avec sa rubrique
inchangée13, le chapitre suivant, 54, étant censé, comme précédemment, traiter
de Didon. Un peu plus loin, les chapitres 61-63 sont revenus à l’ordre primitif
de BnF, fr. 24293 : (1) Juno, (2) les jolivetez des femmes et (3) Claudine, ordre que
respecteront tous les manuscrits originaux postérieurs. Pourtant, cette fois
encore, la table ne tient pas compte de ce changement.
De telles inconséquences pourraient nous être utiles pour comprendre le
fonctionnement de l’atelier. Toutefois, en l’occurrence, comment savoir si la
faute incombe à Christine, qui aurait oublié de reporter ces changements sur la
table des matières dans la maquette copiée par P, ou bien à P qui aurait
bêtement reproduit la table de la copie précédente ?
C’est précisément grâce à la correction d’une erreur sur l’ordre des chapitres
II, 61-63 dans la table des matières de la seconde partie que nous avons pu
reconnaître le quatrième manuscrit original, Bruxelles, KBR, 9393 (sans doute
présenté à Jean sans Peur, et peut-être aussi à sa femme Marguerite de Bavière,
mentionnée au chap. II, 68 consacré aux princesses et dames de France14), manuscrit
figurant dès 1420 dans les inventaires des ducs de Bourgogne.
Dans la table des matières de la seconde partie, les chapitres 61-63 sont
numérotés par erreur 60-62, et les rubriques correspondantes sont données
dans le désordre ; mais l’ordre correct (Juno, Les jolivetez des femmes, Claudine) est
rétabli à l’aide des lettres a, b, c inscrites dans la marge.

12 Didon, sujet du chap. 54 dans les manuscrits précédents, occupe ici le chap. 55.
13 Item aprés ce que Droiture a compté de dames constantes Cristine luy demande ce c’est voir ce que pluseurs
hommes dient que si pou en soit deloyalles en la vie amoureuse et puis respont Droiture .liij.
14 Elle y est décrite comme tres vertueuse, loyale a son seigneur, benigne en cuer et en maintien, bonne en
meurs et sanz quelconques vice (C de P, Cité 1998, p. 422).
522 Cité des dames

Bruxelles, KBR 9393, f. 35c © Bruxelles, KBR


D’autre part, comme dans BnF, fr. 1179, la table des matières de la seconde
partie renvoie toujours à un chapitre unique numéroté 53 alors que, comme
nous l’avons vu, le texte de ce chapitre avait été développé pour donner
naissance à deux chapitres numérotés 53 et 54. Cette fois encore, le chapitre 54
est censé, d’après la table des matières, être consacré à Didon, et le chapitre 55
à Médée ; mais sans doute P a-t-il alors subodoré une erreur, car il a soudain
renoncé à numéroter les chapitres suivants dans la table des matières de la
seconde partie15.
Un petit détail tout à la fin de ce manuscrit mérite
d’attirer notre attention. De sa petite cursive rapide, juste
avant Amen, Christine ajoute au vœu final le mot dignes,
comme si elle entendait restreindre l’accueil dans la Cité
éternelle aux seules personnes méritant vraiment la grâce
divine : […] m’ottroit la joye qui a tousjours dure, laquelle ainsi
par sa grace vous face \dignes/.
Bruxelles, KBR 9393, f. 87d © Bruxelles, KBR
Faut-il voir là comme une subtile mise en garde visant la duchesse de
Bourgogne ? L’éloge qu’en fait Christine dans la Cité des dames nous semble, de
fait, assez tiède. Quoi qu’il en soit, le mot ajouté sur ce manuscrit n’a pas été
reporté sur l’exemplar puisqu’il n’apparaît dans aucune des copies originales
ultérieures.
Avant de quitter le ms. Bruxelles, KBR, 9393, il faut signaler qu’il fut le
premier des manuscrits originaux à recevoir trois enluminures, une au début de
chaque partie. La qualité de ces peintures montre que, cette fois, c’est le Maître
de la Cité des dames en personne qui était au travail, et non l’un de ses

15 Dans le texte, il n’a pas numéroté le nouveau chapitre qui suit le 53e, et il a inscrit le numéro
54, selon la pratique précédente, au chapitre sur Didon. D’ailleurs, aucun chapitre n’est
numéroté sur la table de la IIIe partie dans ce manuscrit.
Introduction 523

nombreux assistants. On remarque toutefois que, dans la première histoire, qui


comporte deux volets, Raison, comme dans le manuscrit précédent, est vêtue
différemment d’un volet à l’autre16. Le KBR 9393 est le seul manuscrit de la Cité
où le mot Response, dans les dialogues entre Christine et les allégories, est
systématiquement souligné en rouge, mettant ainsi en valeur les principaux
arguments dans la défense de la femme, et évoquant sans doute la célèbre
formule de Thomas d’Aquin qui ponctue ses analyses, Respondio. Le nom de
Christine est aussi souligné en rouge.

F. 9r © Bruxelles, KBR

Le cinquième manuscrit par ordre chronologique est le ms. BnF, fr. 607,
portant à la fin la signature de Jean de Berry, où James Laidlaw a reconnu le
cinquième élément de la série des Œuvres de Christine acquise par le duc de
Berry après le meurtre de Louis d’Orléans17. Ce volume présente de frappantes
ressemblances avec le précédent : tous deux sont de grand format, comme le
sont aussi le recueil de la Reine Isabeau et celui dont ne subsiste plus qu’un
fragment18. Le ms. BnF, fr. 607 est décoré d’une bordure très proche de celle
du 9393 de Bruxelles et, dans l’un comme dans l’autre, la première rubrique
s’étend sur les deux colonnes19. Toutefois ici, à la différence du ms. de
Bruxelles, on ne trouve plus de divergence quant à l’ordre des chapitres entre le
texte et la table des matières.
De notre sixième manuscrit, Leyde, UB, Ltk. 1819, il ne reste qu’un unique
feuillet sévèrement rogné. On pourrait donc s’attendre à ce qu’il n’y ait presque
rien à en dire ; il n’est pourtant pas dépourvu d’intérêt.
On peut le situer chronologiquement grâce au titre courant subsistant au côté
verso, qui porte le numéro 27. Puisque, en effet, dans le recueil du duc de Berry
(BnF, fr. 607), où le titre courant ne comporte pas de numéro, la Cité des dames
arrive en 26e et dernière position, tandis qu’elle porte le numéro 29 dans le

16 Dans l’enluminure du manuscrit Bruxelles, KBR, 9393, le haut de la robe de Raison à gauche
semble blanc en partie, comme elle l’est sûrement à droite, mais ses manches sont roses à
gauche et rouges à droite. En fait, les habits de Raison ne correspondent dans aucune des
enluminures des manuscrits originaux.
17 Laidlaw 1987, pp. 52-59.
18 Leyde, UB, Ltk. 1819.
19 BL, Harley, MS 4431 le fera également. V. reproductions disponibles en ligne
(http://gallica.bnf.fr et http://www.pizan.lib.ed.ac.uk).
524 Cité des dames

recueil de la reine (Harley, BL, MS 4431), le recueil dont provient le fragment


de Leyde devait être postérieur au recueil du duc de Berry et contenir au moins
un texte de plus que le précédent. Remarquons aussi que ce manuscrit est le
seul témoin de la Cité des dames à indiquer dans le titre courant de quelle partie
de l’ouvrage il est question, en l’occurrence la deuxième ; aucun des autres
exemplaires originaux ne fournit cette aide au lecteur.
Nos deux derniers témoins, la copie autographe de la Cité dans le célèbre
recueil de la reine Isabeau de Bavière (Harley, BL, MS 4431) et BnF, fr. 1178,
sont très proches. Ils présentent tous deux un état des rubriques, dans le texte
comme dans les tables des matières, d’où ont été éliminées les principales
erreurs et hésitations que nous avions rencontrées dans les exemplaires
antérieurs.
Bien qu’il n’y ait pas de divergences considérables d’un manuscrit à l’autre,
certaines leçons du BnF, fr. 1178 marquent un progrès dans la force ou la
précision au regard du texte de Harley20 ; d’autres changements rendent
l’expression plus élégante ou plus nuancée. Par exemple, au chap. I, 13, dans
l’évocation de la reine Jeanne, veuve de Charles V, la répétition du mot noble est
supprimée ; au début du chap. I, 9, les louanges décernées à Ovide, auteur qui
n’est tout de même pas sans reproche, sont tempérées par la suppression des
mots le plus souverain après reputé entre les poetes. Parfois aussi, plus rarement,
Christine rétablit une formulation antérieure qu’elle avait abandonnée par la
suite, comme au chap. II, 2, où une figure de grammaire redevient la rigle de
grammaire21.
Parmi toutes les variantes, celles qui nous semblent particulièrement dignes
d’intérêt affectent la rubrique du chap. II, 64, rarement identique d’un
manuscrit à l’autre ou même du texte à la table des matières d’un même
manuscrit. Ainsi, dans BnF, fr. 1178, la table donne : Item dit Cristine que plusieurs
femmes sont amees pour leur vertus plus que autres pour leurs jolivetez ; alors qu’on lit
dans la rubrique du texte : Cy dit Droiture comment plusieurs femmes sont amees pour
leurs vertus plus que autres pour leurs jolivetez. Que Droiture devienne Cristine dans la
table de cet exemplaire tardif, est-ce le fait de l’étourderie du copiste ou d’un
choix délibéré de l’auteur ? Rien ne permet de trancher la question. D’autres
différences sont bien plus importantes : la formulation de la rubrique est plutôt
défensive dans les deux plus anciens témoins – BnF, fr. 24293 et Arsenal,
2686 – : Cy dit comment ne doit pas mesjugié sur aucunes femmes pourtant se en biaux abis
se delittent. Elle devient plus positive à l’égard des femmes dans les deux témoins
20 Ainsi, au chap. I, 2, destourbier remplace encombrier ; au chap. I, 9, char humain remplace corps
humain ; au chap. I, 10, l’auteur ajoute et honneste à simple habit ; dans ce même chapitre, dignité
remplace humilité, et une petite femmellette devient une simple femmelette. Au chap. II, 54, les
Epistres sur le Roman de la Rose deviennent les Epistres contre le Roman de la Rose.
21 Voir C de P, Cité 1998, p. 516, note I, ij. r. 54.
Introduction 525

suivants (BnF, fr. 1179 et 607) : Item que plusieurs femmes sont amees pour leurs vertus
et que on ne doit mal jugier contre elles pour tant se aucunes en biaulx habis se delittent. La
dernière formulation, que l’on trouve dans le Harley et dans BnF, fr. 1178
semble encore plus ouvertement favorable aux femmes : Dit Droiture que
plusieurs femmes sont amees pour leurs vertus plus que autres pour leurs jolivetez.
526 Cité des dames

Appendice
Les tableaux qui suivent résument les principales différences entre les huit
témoins22.
Légende
chap. chapitre
corr. corrigé
num. numéroté
rub. rubrique
t texte
TM Table des matières

1er chap. sur Artémise


BnF, fr. 24293 {31} [manque]
Ars. 2686 {32} I, 25 t, rub. entre 23-24 TM mais sans n°
BnF, fr. 1179 {33} I, 21, t et TM
KBR 9393 {34} I, 21, t et TM
BnF, fr. 607 {8} I, 21, t et TM
Harley 4431 {13} I, 21, t et TM
BnF, fr. 1178 {35} I, 21, t et TM

Rubrique III, 15, t et TM


{31} TM : Item de .iij. sueurs vierges .xiij.23
t : De trois saintes vierges /
{32} TM corr. sur grattage en sainte theodorie
t : De trois saintes vierges ; prép. de corr. De sainte Theodorie non portée
{33} TM et t : De sainte Theodorie
{34} TM et t : De sainte Theodorie
{8} t : de la benoite theodorie xv / TM : Item de la benoite theodorie (3e table non
num.)
{13} t et TM : De sainte Theodorie
{35} t : de la benoite theodorie .xv. / TM : Item de la benoite theodorie xiij

22 V. Cité 1974, pp. lvii-lxviii.


23 Dans la table, qui comporte 17 entrées, il manque les deux chapitres sur les deux saintes
Luce, numérotés 5 et 7 dans le texte. Ici, le chapitre sur sainte Martine (6e) reçoit le numéro 5
et le chapitre sur Théodosine, Barbe et Dorothée (9e) est numéroté 7.
Introduction 527

Rubrique TM II, 53 et 54
{31} Item aprés ce que droitture a compté des dames constantes (crist)ine luy
demande ce c’est voir ce que plusieurs hommes die(n)t que sy pou en
soit de loyalles en la vie amoureuse & puis respon\t/ droitture .liij.
Item de dido royne de cartaage a propos d’amours ferme en femme liiij
t 1 chap. (version courte)
{32} Aprés ce que Droicture […] et puis droiture respont
t 1 chap. (version courte)
{33} Item aprés ce que […] et puis respont droitture liij
Item de dido royne de caratge [sic] au propos d’amour ferme en feme
liiij
t 2 chaps, dont le 2e ne figure pas à la TM
{34} Aprés ce que Droiture […] demande pour quoy c’est que tant de
vaillant femmes qui ont esté n’ont contredit aux livres et aux hommes
qui mesdisoient d’elles et les responses que Droiture fait liiij
t 2 chaps, dont le 2e ne figure pas à la TM ; le 2e chap. n’est pas num.
dans le texte, où Didon est num. 54 ; chap. 55 sur Médée est le dernier
dans le t à porter un n°
{8} Item aprés ce que droicture […] et puis respond droicture liij
Item de dido royne de cartage aux p(ro)pos d’amour ferme en fe(m)me
lv [sic]
t 2 chaps, dont le 2e ne figure pas à la TM
{13} Aprés ce que Droiture […] demande pourquoy c’est que tant de vaillans
femmes qui ont esté n’ont contredit aux livres et aux hommes qui
mesdisoient d’elles et les responces que Droiture fait
t 2 chaps, les 2 figurant à la TM
{35} Item aprés ce que droiture […] demande pour quoy c’est que tant de
vaillans femmes qui ont esté n’ont contredit aux livres et aux hommes
qui mesdisoient d’elles, et les responces que droitture fait liij.
Item demande (crist)ine a droiture se c’est voir ce que plusieurs
hommes dient que si pou soit de femmes loiales en la vie anoureuse et
la responce de droiture .liiij.
t 2 chaps, les 2 figurant à la TM
528 Cité des dames

Chap. II, 60-62 sur Claudine, Junon et les jolivetez des femmes
{31} TM : jolivetez 60, Claudine 61, Junon 62
t : Junon 61, jolivetez 62, Claudine 63
{32} TM : jolivetez, Claudine, Junon (sans n°)
t : jolivetez 60, Claudine 61, Junon 62
{33} TM : jolivetez 60, Claudine 61, Junon 62
t : Junon 60, jolivetez 61, Claudine 62
{34} TM (corr. au moyen des lettres a, b, c) : \b/ jolivetés 60, \c/
Claudine 61, \a/ Junon 62
t : Junon, jolivetés, Claudine (sans n°)
{8} TM : Junon 61, jolivetez 62, Claudine 63
t : Junon 62, jolivetez 63, Claudine 64
{13} TM : Junon 61, jolivetez 62, Claudine 63
t : Junon 61, jolivetez 62, Claudine 63
{35} TM : Junon 61, jolivetez 62, Claudine 63
t : Junon 61, jolivetez 62, Claudine 63

Rubrique II, 64 (TM et t)


{31} TM : Item comment ne doit pas estre mesjugié sur aucunes femmes pour
tant se en biaux abis se delittent lxiij
t : Cy dit co(m)ment ne doit pas estre mesjugié sur aucunes femmes pour
tant se en biaux abis ce delittent lxiiij.
{32} TM : Item comment ne doit pas estre mesjugié sur aucunes femmes pour
tant se en beaux habis se delittent
t : Comme(n)t ne doit pas estre mesjugé sur aucunes femmes pourtant se
en beaux abis ce delittent lxiij.
{33} TM : Item que plus(ieur)s fe(m)mes sont amees pour leurs vertus et que
on ne doit mal jugier contre elles pour tant se aucunes en biaulx habis se
delittent lxiij
t : Cy dit q(ue) plusieurs femmes sont amees pour leurs vertus et que on
ne doit mal jugier contre elles po(ur)tant se aucunes en biaulx habis se
delictent lxiij/
{34} TM : Item que pluseurs femmes sont ameez pour leurs vertus et que on
ne doit maljugier contre elles pour tant se aucunes en beaulx habis se
delictent lxiij
t (sans n°) : Dit Droiture que pluseurs femmes sont amees pour leurs
vertus plus que autres pour leurs jolivetés
{8} TM : Item que plusieurs fe(m)mes sont amees par leurs vertus et que on
ne doit mal jugier contre elles pour tant se aucunes en biaulx habis se
delictent lxiiij.
t : Dit droicture que plusieurs fe(m)mes sont amees pour leurs vertus plus
que autres pour leurs jolivetés lxv.
{13} TM : Item dit droitture que plusieurs femmes sont amees pour leurs
vertus plus que autres pour leurs jolivetez lxiiij
t : Dit droiture que plusieurs femmes sont amees pour leurs vertus plus
que autres pour leurs jolivetez .lxiiij.

{35} TM : Item dit (crist)ine que plusieurs femmes sont amees pour leur vertus
plus q(ue) autres pour leurs Jolivetez .lxiiij.
Introduction 529

t : Cy dit Droiture comment plusieurs femmes sont amees pour leurs


vertus plus que autres pour leurs Jolivetez .lxiiij.

Conclusion
{31} m’ottroit la joye qui t(ou)sjours dure amen
{32} texte identique
{33} m’o. la j. qui a t. dure laquelle ainsi par sa grace vous face Amen
{34} m’o. la j. qui a t. dure laquelle ainsi par sa grace vous face \dignes/ Amen
{8} m’o. la j. qui a t. dure laquelle ainsi par sa grace vous face amen
{13} m’o. la j. qui a t. dure laquelle ainsi par sa grace vous face Amen
{35} m’o. la j. qui a t. dure La quelle ainsi par sa grace vous face Amen
F. 7r
{31} Paris, BnF, fr. 24293
Le livre de la cité des dames

TABLE SOMMAIRE
Partie Feuillets Nombre de chapitres
I 5a-63c 47
II 64a-135a 68
III 135a-158a 19
CONTENU
F. 5a « Cy commence la table des rebriches du livre de la cité des dames le quel dit livre
est parti en trois parties …–… Item la troisiesme partie parle comment & par quy les
haulx combles des tours furent parfaiz et quelles nobles dames furent establies pour
demourer es grans pallais & es haulx donjons ».
Ff. 5a-6c « Cy commencent les chapitres de la premiere1 partie. Le premie\r/ chapitre parle de
quoy et par quel mouvement le dit livre fu fait .j …–… Item de lavine fille du roy Latin .xlvij2. »
Ff. 7a-63c « Cy commence le livre de la cité des dames duquel le premier chapitre parle
pourquoy & par quel mouvement ledit lyvre fu fait. .J. Selonc la maniere que j’ay pl(us) en
usaige …–… viennent avant mes autres deux suers & par leur aide & devis soit par toy parfait le
seurplus de l’ediffice Explicit la premiere partie du livre de la cité des dames. ».
Ff. 64a-65c « Cy commencent les rebriches de la .ije. partie de ce livre laquelle parle
co(m)ment & par qui la cité fu au par dedens maysonnee ediffiee et peuplee Le premier
chapitre parle des dix sebilles .j. …–… Item parle (crist)ine aux princepces & a toutes fe(m)mes lxviij ».
Ff. 66a-135a « Cy commence la deusiesme partie du livre […] Le premier chapitre parle
des dix Sebilles .J. APrés les parolles de la premiere dame qui fu nommee rayson / …–…
jusques elle soit close et toute parfette / [134d] or priez pour moy [135a] mes tres Redoubtees
Explicit la deusiesme partie du livre de la cité des dames. ».
F. 135a-b « Cy commence la table des rebriches de la tierce p(ar)tie de ce livre laq(ue)lle
parle (com)m(en)t & par qui les haulx co(m)bles des tours furent p(ar)faiz et q(ue)lles
nobles dames fure(n)t eslictes po(ur) demourer es g(ra)ns palais et es haulx donjo(n)s. Le
premier chapitre parle co(m)ment justice amena la royne du ciel pour habiter & seigneurir en la cité des dames
.J. …–… Item la fin du livre p(ar)le (crist)ine aux dames .xvij. »3.
Ff. 135c-158a « Cy commence la tierce p(ar)tie du livre de la cité des dames […] Atant se
tira vers moy dame justice a sa haulte maniere et dist ainsi …–… [157d] et a la fin soit piteable a
mes grans deffaulx [158a] et m’ottroit la joye qui a to(us)jours dure amen. Explicit la troisiesme et
derraine partie du livre de la cité des dames. ».

HISTOIRE
Date : vers 1405, date de la composition de l’œuvre. Ce manuscrit est le plus
ancien témoin conservé : il ne contient pas le chapitre I, 21 et les chapitres II,

1 Le point sur le i de ce mot a été ajouté à l’encre brune.


2 Ce ms. ne contient pas le chap. I, 21 de l’édition Richards/Caraffi, qui porte sur Artémise.
3 En fait, le texte contient les 19 chapitres de la IIIe partie, mais cette table omet les chapitres (5 et 7)
consacrés aux deux saintes Lucie.
532 Cité des dames

53 et 54 sont combinés en un seul dont le texte est moins développé que dans
les mss postérieurs, qui le divisent en deux chapitres4.
Possesseurs : Jean sans Peur ou Marguerite de Bavière (?), puis Agnès de
Bourgogne, leur fille, épouse de Charles Ier de Bourbon5 ; « J de Poiphylle
taigleure » (Paris, XVIe s.)6 ; Nicolas Moreau, seigneur d’Auteuil (1556-1619),
dont armoiries (chevron accompagné de trois têtes de Maure) sur la reliure7,
Claude Joly, chantre de Notre-Dame (1674)8. Deux anciennes cotes de Notre-
Dame figurent à la contregarde sup. et au f. 2r : K 38 (début XVIIe s.)9 et N. 9
(fin XVIIe s.)10. Le ms. figura parmi ceux que le chapitre de Notre-Dame vendit
à Louis XV en 175611. Estampille Josserand-Bruno n° 16, datée de 1782-1792
et de 1815-181712.
Ajouts plus tardifs : inscriptions de diverses époques13, réparations
modernes14.
4 Autres particularités de cet état du texte : la rubrique III, 15 De trois saintes vierges ne correspond
point au sujet du chapitre, qui porte sur sainte Théodorie. D’ailleurs, il règne une confusion
considérable dans la numérotation des chapitres de la IIe partie : le chapitre numéroté 61 dans la
table est le n° 63 dans le texte ; celui numéroté 62 dans la table porte le n° 61 dans le texte ; le 63e
de la table porte le n° 64 dans le texte, et le 64e de la table est le 65e dans le texte, où le numéro 65
est d’ailleurs utilisé pour deux chapitres successifs : Cy dit de la roy [sic] Blanche mere de saint Loys et Dit
Cristine et respond Droicture contre ceulx qui dient que femmes par nature sont escharces.
5 Inscription au f. 158b : « Ce livre fut a feu ma dame Agnes de Bo(ur)goigne en son viva(n)
duchesse de bourbonn(ais) et d’auvergne ». Il figure à l’inventaire du château de Moulins de 1523,
BnF, Dupuy 488, f. 213r, n° 79.
6 Inscription au f. 5r, m/q : « J de Poiphylle taigleure, demeurant a presant dans Paris ». On trouve
au f. 84r une longue note effacée de ce collectionneur partiellement lisible aux ultraviolets : « Le
present livre est a moy Jehan Poiphyle dit Pingault [?] serviteur de tres hault et puisant seigneur
monseigneur de…de …demeurant a presant a Sesignac [?]… » et la date 1575. Aucun autre ms. n’a
été identifié comme lui appartenant. Une inscription presque entièrement effacée en m/q du f. 9r
et deux autres en m/g des ff. 80 et 81r sont peut-être aussi de lui ; l’encre paraît de la même
couleur.
7 Sur ce collectionneur, voir Delisle, Cab., 3, p. 305. Aux mss cités par Delisle, on peut ajouter celui-
ci et BnF, fr. 848.
8 Signature C. Joly, chantre de Notre-Dame, en juin 1674 à la contregarde sup. et inscription « À la
bibliotheque de l’Eglise de Paris » (XVIIe s.).
9 Cette cote-là se trouve deux fois, dans chaque cas raturée : à la contregarde sup. et au f. 2r (f. de
garde). Au f. 2r se trouve une autre marque « N [?] 10 », qui est peut-être de la main d’un
bibliothécaire de la Bibliothèque nationale.
10 Nous remercions Charlotte Denoël de la BnF de cette identification.
11 Franklin 1867-1873, 1, pp. 39-40.
12 Le catalogue actuel des mss de la BnF l’identifie comme Notre-Dame 208. V. aussi Concordance
1895, p. 101 et Delisle, Cab., 1, pp. 167 n. 8 et 175 et Cab., 3, p. 70.
13 Sur la contregarde sup., signature « Cl. Joly en juin 1674 » et note suivante : « Ce livre a esté
composé par Christine de Pise, qui a aussi fait un autre intitulé Le Tresor de la Cité des dames qui a
[effacé] Voir du Verdier en sa Biblioteque qui [effacé] eu celui [?] parmi les livres que [effacé]
biblioteque du deffunt Mr Mardi [effacé] et depuis Conseiller d’Eg [?] [effacé] ». Plus bas : cote
N. 9 (de Notre Dame) et l’inscription « A la bibliotheque de l’Eglise de Paris », suivi de : « Ecriture
du quinzieme Siecle ». En bas de la contregarde, deux dessins presque entièrement effacés, dont
celui de dr. fut accompagné d’une inscription aujourd’hui effacée. Au f. 1r, garde en papier, longue
note en latin et en français d’un bibliothécaire de Notre-Dame : « In Itinere Germanico RR Patrum
Domnor. Johannis Mabillon et Michaelis Germain Benedictinorum S. Germani a Pratis, Analector
tom. 4, ubi de Museo Bolfati apud Vesontionem p. 8. Omitto libros variis linguis scrittos, in quibus
{31} Paris, BnF, fr. 24293 533

DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (284 x 200 mm) : (IV, papier15) + 15416 + (VI,
papier)17. La peau, assez jaunie, porte plusieurs lisières18 et pièces19, de
nombreuses coutures20, et quelques trous21. La règle du vis-à-vis est presque
toujours respectée22.
Encres : brun foncé pour le texte, très foncé ff. 130c l. 28 (ache) – 131c l. 1
(quant), rouge vif ou rouge orangé pour les rubriques.
Préparation
Piqûres : 4 piqûres maîtresses, très petites et de forme ovale, en m/t à la
majorité des ff. des trois premiers cahiers, puis aux ff. 72, 78-83 et 101-108, à
l’emplacement des colonnes23.
Réglure : à la mine de plomb, qui a laissé des traces brunes.
Mise en page (f. 9r) : 284 x 200 mm = 36 + <191> + 57 x 29 + <55> +
15 +<57> + 44 mm. Justification 191 x 127 mm, 2 cols, 32 interlignes,
l’écriture commençant sous la première LR.

Christina Pisana de Politia Gallici libri tres olim impressi. Vivebat apud Gallos regnante Carolo V.
Christina, cujus Marotus in quodam epigrammate ad Johannam Gaillardam Lugdunensen meminit.
Cet epigramme est parmi les Rondeaux de Marot et commence ainsi : « A Madame Jehanne
Gaillard femme de bon sçavoir // D’avoir le prix en science et doctrine // Bien merita de Pisan la
Christine // Durant ses jours merita plume doree // D’elle serait a present adoree // S’elle vivoit
par volunté divine // Car tout ainsi que le feu l’or affine // Le temps a fait nostre langue plus
fine // De qui tu as l’eloquence asseuree // D’avoir le prix etc. »
Ce manuscrit marqué par le pere Mabillon de Politia pourrait bien estre celui-ci. Mais Christine de
Pise en a fait avoir un autre intitulé Le Tresor de la Cité des Dames qui a esté imprimé en 1546
dont parle du Verdier en sa Biblioteque, et qui est dans cette Biblioteque de l’Eglise de Paris parmi
les livres in octavo ».
Au f. 5r en m/q, signature de Poiphylle Taigleure (v. note 6) et au-dessus, de sa main : « Item dit
(crist)ine co(m)ment ». Au coin de ce même f., le numéro « 1587 » inscrit au crayon, qui
correspond à celui écrit sur l’étiquette collée à la contregarde inf. : « Bibliothèque Nationale /
Restauration 1978 / sous Nº 1587 ». Cette restauration a fait que la reliure est actuellement très
serrée. Au f. 158r, note d’inventaire se rapportant à Agnès de Bourgogne (voir note 5). Inscription
plus tardive presque entièrement effacée en bas du f. 9r. En plus de ces inscriptions, on note un
long trait noir en m/p au f. 156d. Enfin, des feuilles de papier de soie ont été insérées entre les
ff. 6-7, 65-6 et 135-6 pour protéger la décoration.
14 Ff. 36, 111.
15 Filigrane XVIIe s. non identifié : B majuscule surmonté d’une couronne à croix.
16 Numérotés 5-158.
17 Contregardes en parchemin d’origine.
18 Ff. 30, 32, 33, 35, 40, 47, 57, 97.
19 Ff. 31, 33, 34, 36, 37-39, 41-46, 110.
20 Ff. 11, 13, 46, 47, 48, 51, 60, 63, 72, 87, 88 (2), 95, 103, 106 (2), 108, 116, 125, 126, 127, 133, 135,
137, 142, 143, 152, 154.
21 Ff. 49, 55, 75, 124, 134, 152.
22 Exception : les ff. 102-103 sont disposés p/c et 106-107 c/p.
23 Une seule piqûre visible au f. 59.
534 Cité des dames

Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
18 5-12 118 85-92 J
28 13-20 128 93-100 k[?]
38 21-28 (trace [C?]) 138 101-108 b
48 29-36 p 148 109-116 a
58 37-44 E 158 117-124 (trace)
68 45-52 f 168 125-132 d[?]
78 53-60 g 178 133-140
88 61-68 (traces [h?]) 188 141-148 L♥
98 69-76 J 198 149-156 (traces)
108 77-84 k 202 157-158
Signatures : Main E à l’encre noire ; elles consistent en une lettre suivie
d’un chiffre romain allant de .j. à .iiij.
Réclames : d’un à trois mots, tracées par le copiste en bas de la 2e colonne,
sans décoration.
Travail d’écriture :
Texte : Main P24.
Style : minuscule semi-cursive.
Ponctuation : virgule et point.
Corrections : Main P sur grattage, avec préparations de correction X et
X’25. Au f. 26r, le nom blanche aj. en cursive en m/p pour préciser le nom de la
femme du roi Jean II.
Rubriques : Main P ; elles tiennent dans l’espace qui leur est réservé.
Parfois le copiste laisse un peu de place pour le numéro au début du chapitre26.
Si la rubrique ne remplit pas tout l’espace réservé, P écrit le numéro vers la fin
de la ligne, laissant de l’espace entre la fin de la rubrique et le numéro27 plutôt
qu’en fin de ligne. À noter d’importantes différences entre les intitulés des
chapitres dans le texte et dans les tables28. La rubrication a précédé la
décoration29.


La lettre au f. 141r est très stylisée et ressemble presque à une fleur de lys.
24 Selon les habitudes de P, de nombreux passages sont barrés ; v. par exemple ff. 9d, 24b, 28b, 30c,
31c, 32a, 40b, 49a-b…, et surtout 140d.
25 X prépare la correction de lettrine en écrivant en marge la lettre correcte ainsi que la lettre qui suit
(ha) au f. 81c, où la lettrine n’a pas été corrigée ; des préparations de corrections X’ aux ff. 79r,
entrecolonne : moult ; 134v, entrecolonne : soit ; 145v, m/g : ans ; 156v, m/g : use ; 156v,
entrecolonne : feme ; toutes ces corrections ont été faites sur grattage. Au f. 156d, prép. de corr. nt
non reportée.
26 C’est le cas par exemple aux chapitres I, 10 14, 17 et II, 11. Pour la rubrique du chap. I, 53, un
espace est laissé à la fin des deux premières lignes.
27 Dans la deuxième table, le copiste ajoute en bas de colonne la rubrique Item de Ysiphyille .ix. et
efface le chiffre .i. devant le .x. du chap. .x.
28 V. note 4.
29 Voir ff. 7a, 14b, 66a, 103c.
{31} Paris, BnF, fr. 24293 535

Décoration : ornemaniste « aux araignées ».


Bordures
F. 7r (début Ire partie) : fines baguettes doubles or bruni et bleu/rose
fleuronnées formant diptyque, avec vigneture or sur fil enroulée en
spirales aux extrémités de la baguette centrale.
Ff. 66a et 135c (début IIe et IIIe parties) : fines baguettes doubles or
bruni et rose (f. 66a), or et rose/bleu (f. 135c) fleuronnées, avec
vigneture or sur fil enroulée (IIe), ou courbée (IIIe).
Lettrines ornées
F. 7a (début Ire partie) : S rose (5) sur or à remplissage de vigneture.
Ff. 66a et 135c (début IIe et IIIe parties) : A bleu (6)30 et (5) à remplissage
de vigneture sur or. Les trois lettrines sont reliées à la baguette par des
excroissances hérissées (S) ou des échancrures et la plongée du A.
Lettres champies de deux interlignes au début de chaque chapitre à partir
du 2e chapitre de chaque partie31.
Pieds-de-mouche : champis, dans les chapitres et devant chaque élément
des tables32.
Reliure : XVIe s., en veau gaufré à deux filets d’argent sur ais de bois, aux
armes de Nicolas Moreau sur les plats33. Treize boulons marquent
l’emplacement des fermaux, qui ont disparu. Sur le dos, sept bandes dorées
dont six sont remplies d’arabesques, alternant avec des motifs en losange dorés.
Titre en majuscules d’or : « LA CITE DES DAMES ». Tranches dorées.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Cité 1974, pp. lii-liv, lxv. C de P, Cité 1975, pp. 511-519. Http://gallica.bnf.fr (images
numérisées de tout le ms.). Reno 2006.

30 Cette lettre est du même type que celle qu’on trouve au même endroit dans le ms. Arsenal 2686 et
à la 3e lettrine du ms. BnF, fr. 607.
31 Le ch. II, 5 et 9 débutent par un Y de 3 lignes. Le chapitre sur Gliselidis (II, 50) renferme en tout
trois lettres champies.
32 Au f. 29c, un pied-de-mouche en or sans fond ; aux ff. 35b et 90b, deux autres dont on a fait la
seule assiette grise ; f. 155d, un autre à l’encre.
33 V. « Possesseurs ».
F. 1r © Paris, BnF
{32} Paris, Bibl. de l’Arsenal, 2686
Le livre de la cité des dames

TABLE SOMMAIRE
Partie Feuillets Nombre de chapitres
I Ca-53b 48
II 53c-119b 681
III 119b-140d 19
CONTENU
F. Ca « Cy commence la table des Rebriches du livre de la cité des dames, le quel dit livre
est parti en iij. parties …–… Item la tierce partie parle comment et par qui les haulx
combles des tours furent parfais et les huisseries et les portes et quelles nobles dames
furent establies pour demourer es grans palais et es haulx donjons. ».

Ff. Ca-Db « Cy commencent les chapitres de la premiere partie Le premier chapitre parle
comment pourquoy et par quel mouvement le dit livre fut fait .J. …–… Item de Lavine fille du roy
latin .xlvj.2 ».
Ff. 1a-53b « Cy commence le livre de la cité des dames du que [sic] le premier chapitre
parle pour quoy et par quel mouvement le dit livre fut fait .j. Selon la maniere que je ay plus
en usaige …–… viengnent avant mes autres seurs et par leur aide et devis soit par toy parfait le
seurplus de l’edifice. Explicit la premiere partie du livre de la cité des dames »3.
Ff. 53c-54d « Cy commencent les rubriches de la .ije. partie de ce livre la quelle parle comment et par qui la cité
fu au par de dens maisonnee ediffiee et peuplee Le premier chapitre parle des x. sebilles …–… Item parle
(crist)ine aux princes et a toutes femmes Cy finissent les Rebriches de la ije. partie de ce livre »4.
Ff. 55a-119b « Cy commence la ije. partie du livre de la cité des dames la quelle parle
comment et par qui la cité fu au par de dens maisonnee ediffiee et peuplee Ou premier
chappitre p(ar)le des dix sebilles .j. Aprés les p(ar)oles de la premiere dame qui fut nommee
Raison …–… jusq(ue)s elle soit close et toute parfaicte or priez pour moy mes tres redoubtees
Explicit la seconde partie du livre de la cité des dames ».
F. 119 b-c « Cy commence la table des rebriches de la tierce partie de ce livre laq(ue)lle parle comment et par qui
les haulx combles des tours furent parfais et quelles nobles dames furent eslictes pour demourer es grans palais et es
haulx donjons le premier chapitre parle co(m)ment justice amena la Royne du ciel pour habiter et [119c] seigneurir
en la cité des dames .j. …–… Item la fin du livre p(ar)le (crist)ine aux dames .xix. ».
Ff. 119c-140d « Cy commence la tierce p(ar)tie du livre de la cité des dames […] [119d]
Atant se tira vers moy da(m)e justice a sa haulte maniere et dist ainsi …–… [140c] et a la fin soit

1 Comme dans le ms. BnF, fr. 24293, les chapitres 53 et 54 de l’éd. Richards/Caraffi (C de P,
Cité 1998) n’en constituent qu’un seul, dont la matière est moins développée.
2 En fait, cette partie contient 48 chapitres. Deux intitulés, entre les numéros 15-16 et 23-24,
ne sont pas numérotés dans la table. Le premier, sur les Amazones, porte le n° 16 dans le
texte et le second, sur Artémise, le n° 25.
3 L’explicit, dont l’encre est un plus foncée que celle qui précède, paraît ajouté.
4 Cette table ne comporte pas de numéros de chapitre, et omet plusieurs chapitres ;
v. « Rubriques ».
538 Cité des dames

piteable a mes grans deffaulx [119d] et m’ottroit la Joye qui tous jours dure Amen Explicit la
troisiesme et derraine partie du livre de la cité des dames. ».

HISTOIRE
Date : vers 1405. Ce ms. est le second par ordre d’ancienneté parvenu jusqu’à
nous. L’état du texte et les corrections qu’il introduit, surtout à la troisième
partie5, permettent de le situer juste après le ms. BnF, fr 24293.
Possesseurs : aucune marque du possesseur d’origine. Ensuite, encore au
XVe s., « Mary Putens semper… [?] »6. Antoine-René d’Argenson, marquis de
Paulmy (1722-1787) acquit le ms. avant 1774, car une longue note écrite en
partie de sa main, en partie de celle de son secrétaire Rotisset (décédé en 1774),
se lit au f. de garde sup.7 ; ancienne cote Paulmy : S[ciences] et A[rts] n° 606A8.
Le comte d’Artois, futur roi Charles X,
acquit la bibliothèque du marquis le 20
juin 17859. Sauvée de la destruction
pendant la Révolution, la Bibliothèque
de l’Arsenal devint bibliothèque
nationale le 28 avril 1797 (9 floréal, an
V)10.
F. 140v © Paris, BnF
Ajouts plus tardifs : il y en a de diverses époques11.

5 À la différence du ms. BnF, fr. 24293, ce ms. contient le premier chapitre sur Artémise ;
celui-ci figure dans la première table entre le 23e et le 24e chapitres, mais sans numéro, alors
qu’il porte le n° 25 dans le texte, sous l’intitulé De la noble royne Arthemise. Dans tous les mss
originaux postérieurs, il devient le chap. I, 21. D’autre part, ce ms. corrige des lacunes et
erreurs du ms. BnF, fr. 24293 (où la table de la IIIe partie omet les chapitres 5 et 7, et où le
chap. III, 15, qui porte sur sainte Théodorie, est faussement intitulé De trois saintes vierges).
Dans la 3e table du ms., le nom Luce a été corrigé dans la 5e rubrique, et celle du chap. 7,
omise dans fr. 24293, est ajoutée en m/g par X, qui ajoute aussi celles des chapitres 8 et 13.
L’intitulé erroné du chap. III, 15 est raturé au f. 136c et la préparation de correction …inte
Theodorie [rognée] a été écrite en cursive hâtive. L’intitulé Sainte Theodorie est corrigé en une
cursive plus appliquée dans la table (f. 119c).
6 D’une écriture du XVe s., partiellement visible au f. 140v.
7 Martin 1899, p. 227.
8 La collection du marquis de Paulmy se répartissait en six grandes catégories : Théologie,
Jurisprudence, Science et Arts, Belles-Lettres, Histoire, Histoire littéraire.
9 Ibidem, p. 335.
10 Ibidem, p. 380.
11 Au f. 140v, inscriptions « Mary Putens » (?) ; aux ff. 17r m/t : « Livre de la cité des dames »
suivi d’un paraphe, puis « dames » gribouillé trois fois m/g ; 23r, m/t (illisible) et
« Amazones » ; 73r, m/g « amour folle » ; 94v « [rongé] ne celluy [rongé] a escript le devise »
suivi d’un paraphe. Cette même personne est sans doute aussi responsable de quelques jeux
de plume dans les marges des ff. 43r, 48r, 50v, 56r, 72r, 91r, 101v, 112v, 126r, 128r et 129r,
qui sont de la même couleur d’encre. Commençant à la garde en papier A verso et continuant
au côté recto, se trouve une longue note du secrétaire du marquis de Paulmy, Rotisset, et de
Paulmy lui-même (qui dictait plus souvent qu’il n’écrivait ses notes) ; sa brève intervention
personnelle est indiquée ici par un soulignement : « L’auteur de ce livre est Christine de Pisan
née en Italie à Venise en 1363 de Thomas de Pisan astrolog. fameux que Charles Cinq \dit/
Le sage attira en France. Elle y epousa à l’age de 15. ans Etienne Castel que le Roy fit son
{31} Paris, Bibl. de l’Arsenal, 2686 539

DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin, 273 X 201 mm, épais et assez jauni, portant des taches
à presque tous les folios12 et dont les autres défauts les plus saillants sont de très
nombreuses coutures13 et pièces de différentes tailles14. III + 140 + II ff.15, plus
contregardes en papier peigné dont le 2e volet est collé à la garde en papier qui
la suit ou qui la précède. La règle du vis-à-vis est respectée sauf pour les deux
derniers ff. (139 et 140), qui sont disposés p/c.

secretaire ; mais après la mort du Roy Th. Pisan, sa fille et son gendre tomberent dans la
pauvreté. Elle se mit a composer quelques poesies qui luy firent une reputation. Le Roy
d’Ang(leterre) et le Duc de bourgogne luy firent du bien. Elle vivoit encore en 1411, puis
qu’elle obtint alors une gratifi(cation). V. Godefroy Hist. de Charles 6. On ne sait pas au juste
dans quelle année elle mourut. Il y a à la Bibl. du Roy, un tres beau mss de la Cité des dames. Il
est orné de mignatures dont la premiere est le portrait de Christine de Pize qui y est
representée [rature] très jolie. \Aussi petit f° qui vient de la Bibliotheque du Chapitre de N.
D. est marqué avoir appartenû à M(adame) Agnès de Bourgogne, Duchesse du
Bourbonnois./ Je croy que la datte de 1422 est [rature] celle de la copie, mais l’ouvrage \n’/ a
\pas/ été composé \beaucoup/ plus anciennement \Christine de Pisan ayant pu vivre
jusqu’a ce tens la./ Christine a fait plusieurs autres ouvrages dont le plus considerable est la
vie de Charles V \que M. l’abbé Le Bœuf à [sic] fait impriner [sic] dans le 3e tome de ses
Dissertations sur l’histoire de france./ Elle avoit epousé un nommé Castel dont elle laissa un fils
assez mauvais poëte et mauvais historien quoyq(u’il) mit à la tête de ses ouvrages le titre de
Grand chroniqueur de France.
J’ay cet ouvrage ci imprimé \a paris/ en 1536 en un vol. in 12, mais comparaison faitte j’ay
trouvè que l’imprimè avoit eté fait sur une copie tres differente ce mss. remplit mieux son
titre puisque la 1re partie parle de la construction des murailles. La 2de comment elle fut
maisonnée et peuplée et la 3e. comme on mit les combles et les portes. Tout y est plein
d’exemples historiq. au lieu que dans l’imprimé Tout est en raisonement. On peut remarquer
que Christine de Pisan ne fait mention dans son ouvrage d’aucune espece de Jeux, et meme
qu’elle dit qu’il eut êté très mal (de son tems) que les femmes s’occupassent de quelque jeu
que ce fut de force ou d’adresse. \On trouve dans le Tome II du mem(oire) de l’Academie
des Belles lettres, une vie de Catherine Christine de Pisan Par M. Boivin le Cadet.
(Tournés)/[A recto] Suivant la liste des ouvrages de Christine de Pisan qui est à la fin du
memoire de M. Boivin elle a fait beaucoup de Poesies dont je ne crois avoir dans ma
Bibliotéque qu’un seul morceau intitulé Epitre d’Othea à hector. Je ne crois pas non plus en
avoir d’autre en prose que sa cité des Dames et son hist(oire) du roy Charles V ». Au-dessus
du début de cette note, ancienne cote Paulmy « S &A n° 606 A » suivie de « T. 1 p. 208 »,
indiquant l’emplacement de la notice dans son catalogue (Arsenal, ms. 6282). Au côté r. du
f. de garde en parchemin (B) ajouté lors de la reliure : « LA CITE des DAMES, Ecrit en
1422. Au verso du 1er f. de garde sup. en papier, note d’un bibliothécaire : 140 feuillets plus
les ff. prél. Octobre 1883 ». En bas du 2e f. de garde inf. en papier, recto : « 224 », numéro qui
correspond sans doute à un inventaire de l’époque révolutionnaire.
12 Celles des ff. 18, 53 et 54 sont particulièrement grandes ; celles aux ff. 135v-136r sont jaunes.
13 Ff. 12, 20, 21, 41, 42, 44, 45, 55, 57, 65, 67, 70, 71, 84 (2), 86, 87, 89, 94, 97, 101, 107, 115,
116, 118, 126, 135.
14 Ff. 18, 19, 26, 46, 54, 58, 59, 98, 105, 114, 116. On remarque aussi des trous aux ff. 2, 4, 17,
34, 45 (2), 58, 70, 73, 103, 104, 115, 121, 127, 128, 130, 135 (2), lisière au f. 137 et coin inf.
manquant au f. 107.
15 Les deux premières gardes sup. sont en papier, la 2e portant l’indication A ; la 3e, B, est un
feuillet de parchemin sans doute contemporain de la reliure. Les gardes inf. sont en papier.
540 Cité des dames

Marque de parcheminier au f. 51r en m/g16 © Paris, BnF


Encres : encre du texte brun foncé, qui devient plus claire sur quelques ff. à
partir des ff. 47a, 78a et 121a ; encre des rubriques rouge orangé ou rouge vif17.
Préparation
Piqûres : aucune trace.
Réglure : à la mine de plomb qui laisse des traces grises relativement
épaisses.
Mise en page (f. 3r) : 273 x 188 mm18 = 24 + <183> + 66 x 16 + <56> +
16 + <57> + 43 mm. Justification 183 x 129 mm ; 2 cols, 31 interlignes, parfois
32 ou 30, l’écriture commençant sous la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signature Cahier Feuillets Signature
18 C-6 (traits)19 108 71-78
28 7-14 118 79-86
38 15-22 C (?)♥ 128 87-94
48 23-30 138 95-102
58 31-38 d 148 103-110 C
68 39-46 158 111-118 d
78 47-54 168 119-126
88 55-62 178 127-134
98 63-70 186 135-140 b
Signatures : tracées à l’encre brune, à l’exception des traits au premier
cahier, elles sont composées d’une lettre suivie d’un chiffre romain de .j. à .iiij.
Réclames : courtes (1-3 mots), centrées par le copiste en-dessous de la 2e
col. ; aucune ne présente de décoration.
Travail d’écriture
Texte : Main P.
Style : minuscule semi-cursive.

16 Sorte de X avec un 5e bras entre le trait vertical haut et le trait horizontal dr., mesurant 15 x
16 mm.
17 On remarque un changement d’encre rouge à la première table, où celle-ci est plus foncée à
partir du n° .xlj.
18 Les ff. ont été très rognés en m/t et m/g, enlevant une partie de la décoration et des notes
marginales.
19 Seule signature de ce type : trois traits verticaux au f. 2r (le 3e du cahier).

Cette signature est très effacée par une tache d’humidité et paraît être à l’encre noire.
{31} Paris, Bibl. de l’Arsenal, 2686 541

Ponctuation : virgule et point, parfois double point20.


Corrections : Mains P21, X22 et X’23 ; préparations de correction X et X’. À
en juger par les corrections faites sur préparation, P a apporté les corrections au
texte et X aux tables et aux rubriques. Cette division du travail s’explique sans
doute par l’ordre des opérations.
Rubriques : Main P, sauf une partie de la rubrique II, 2524 ajoutée par X.
Les rubriques, en place avant la décoration, tiennent relativement bien dans
l’espace qui leur est réservé, le copiste ayant souvent laissé un petit espace au
bout de la première ligne du texte pour compléter la rubrique. Toutefois,
plusieurs numéros de chapitre débordent dans les marges25, et souvent aussi
trop d’espace a été prévu26. Bien qu’il manque les titres des chapitres I, 17 et 44,
et que le chap. I, 8 ne soit pas numéroté, aucune erreur ne s’introduit dans la
numérotation de la Ire partie. De même, l’absence de la rubrique du chap. II, 5
n’entraîne aucun décalage dans la numérotation des chapitres jusqu’au 22e,
numéro que le copiste utilise deux fois, mais en sautant le n° 23 il revient au
bon compte27. La deuxième table ne porte pas de numéro de chapitre, et omet
les rubriques des chapitres 9 et 24-27. Elle présente alors 63 éléments, contre
les 68 développés dans le texte28. La table de la IIIe partie corrige les lacunes du
ms. BnF, fr. 24293.
Décoration : deux ornemanistes : « aux arraignées » pour les deux premières
parties et « à la vigne d’or » pour la troisième.

20 Voir f. 2b 11.
21 Ajouts marginaux faits sur préparations de corr. effacées aux ff. 33v, 40r, 71v, 87r, 102r,
127v. Ces ajouts sont précédés d’une petite croix et une autre petite croix signale l’endroit où
ils s’insèrent dans le texte.
22 X ajoute notamment en cursive calligraphique trois rubriques oubliées à la 3e table des
matières au f. 119c et écrit la préparation de correction de numéro de chapitre au f. 7v. La
rubrique fautive en De sainte Theodorie est corrigée en cursive rapide (X’).
23 Préparations de correction cursives en marge aux ff. 68v, 74r, 133r et 136v. Cinq préparations
de correction de lettrines, un nombre relativement élevé, se trouvent aux ff. 16b, 28b, 70c,
82d et 117a. Les trois dernières lettrines fautives ont été exponctuées, mais aucune des cinq
n’a été corrigée.
24 Au f. 74a, dit Cristine a Droicture ajouté sur préparation de correction en cursive hâtive,
partiellement effacée.
25 Par exemple aux chapitres I, 14, 25, 29 et II, 6.
26 Par exemple aux chapitres II, 12, 13, 42, 47, 53. Dans ce cas, le copiste préfère que l’espace
laissé soit entre rubrique et chiffre plutôt qu’à la fin de cette unité.
27 De même, le chap. II, 61 n’est pas numéroté, mais le chapitre suivant porte le bon n° 62.
28 Autres décalages entre les tables et le texte : II, 12 (table) Item dit Droicture que elle a achevé le
maisonnage de la cité et qu’il est temps que peuplee soit. / (texte) Cy commence a parler de la grant amour
des femmes a leurs maris et dit Droiture que elle a achevé le maçonnage de la cité et qu’il est temps que peuplee
soit .xij. Une ligne de trop a été prévue pour cette longue rubrique, mais en fait la première
partie (commence… maris) appartient à la rubrique suivante, que P transcrit correctement dans
la table : Item demande Cristine a dame Droicture se c’est voir ce que les hommes et les livres dient que la vie
de mariage soit sy dure a porter pour l’occasion des femmes et a leur grant tort. Respont Droiture et commence
a parler de la grant amour des femmes a leurs maris.
542 Cité des dames

Bordures
F. 1r (début Ire partie) : fines baguettes doubles or bruni et bleu/rose
fleuronnées formant diptyque, avec vigneture or sur fil très enroulée.
Ff. 55a et 119d (début IIe et IIIe parties) : fines baguettes doubles or
bruni et rose (f. 55a), or et rose/bleu (f. 119d) fleuronnées, avec
vigneture or sur fil très enroulée.
Lettrines
F. 1a (début Ire partie) : S rose (4) sur bleu à palmette sur or.
Ff. 55a et 119d (début IIe et IIIe parties) : A bleu29 (6) et rose (6) à
remplissage de vigneture sur or, reliés à la baguette par des échancrures
et la plongée du A.
Lettres champies de 2 interlignes au début de chaque chapitre à partir de la
deuxième de chaque partie30. Deux traits verticaux les séparent du texte qui suit.
Cinq sont fautives31.
Pieds-de-mouche : champis, dans le texte et au début de chaque rubrique
de chapitre des tables.
Reliure : veau brun XVIIIe s. avec simple filet brun foncé sur les plats. Dos à
cinq nerfs avec étiquette en maroquin rouge collée, sur laquelle est écrit en
majuscules dorées « LA CITE DES DAMES ». Volume doré sur tranches.
BIBLIOGRAPHIE
Paris, Bibl. de l’Arsenal, 6282, f. 161 (anc. P. 208) n°606 A32. C de P, Cité 1974, pp. liv-lvii, lxv.
C de P, Cité 1975, pp. 525-529. Ouy 1985. Reno 2006.

29 Cette lettre est du même type que celle qu’on trouve au même endroit dans le ms. BnF,
fr. 24293 et la 3e lettrine du ms. BnF, fr. 607.
30 Y de trois lignes au f. 59b.
31 V. note 22.
32 Dans ce catalogue du marquis de Paulmy, le ms. se trouve sous la rubrique « Morale ».
F. 3r © Paris, BnF
{33} Paris, BnF, fr. 1179
Le livre de la cité des dames

TABLE SOMMAIRE
Partie Feuillets Nombre de chapitres
I 1a-53c 48
II 53d-113c 69
III 113d-134b 19
CONTENU
F. 1a « Cy commence la table des Rebriches du livre de la cité des dames lequel dit livre
est parti en trois parties …–… Item la troisiesme partie parle co(m)ment et par qui les
haulx combles des tours furent parfaiz et quelles nobles dames furent establies pour
demourer es grans palais et es haulx donjons. ».
Ff. 1a-2b « Cy commencent les chapitres de la premiere partie Le premier chapitre parle pour quoy et par quel
mouvement ledit livre fu fait .J. …–… Item de Lavine fille du roy Latin .lviij. Cy finist la table des rebriches de
la premiere partie de ce livre ».
Ff. 3a-53c « Cy commence le livre de la cité des dames duquel le premier chapitre parle
pour quoy et par quel mouvement ledit livre fu fait. .j. Selonc la maniere que j’ay plus en
usaige …–… viengnent avant mes autres sueurs et par leur aide et devis soit par toy parfait le
seurplus de l’ediffice Explicit la premiere partie du livre de la cité des dames. ».
Ff. 53d-55a « Cy du commencent les rebriches de la deuxsiesme partie de ce livre laquelle
parle comment et par qui la cité des dames fu au par dedens maisonnee ediffiee et
peuplee Le premier chapitre parle de\s/ dix Sebilles .J. …–… Item parle (crist)ine aux princepces et a toutes
dames .lxviij.1 ».
Ff. 55c-113c « Cy commence la deusiesme partie du livre […] Le premier chapitre parle
des dix Sebilles J. Aprés les parolles de la premiere dame qui rayson estoit nommee …–…
jusques elle soit close et toute parfecte Or priez pour moy mes tres redoubtees Explicit la deusiesme
partie du livre de la cité des dames. ».
Ff. 113d-114a « Cy commence la table des rebriches de la .iije. partie de ce livre de ce livre
[sic] laquelle parle co(m)ment et par qui les haulx combles des tours de la cité des dames
fure(n)t parfaiz et quelles nobles dames furent eslictes pour demourer es grans palais et
haulx donjons Le premier chapitre parle co(m)ment justice amena la royne du ciel pour habiter et seigneurir en
la cité des dames .J. …–… Item la fin du livre .xix. ».
Ff. 114b-134b « Cy commence la tierce partie du livre de la cité des dames […] Atans se tira
vers moy dame justice a sa haulte maniere et dist ainsi …–… et a la fin soit piteable a mes grans
deffaulx et m’ottroit la joye qui a tousjours dure / laquelle ainsi par sa grace vous face. Amen
Explicit la troisiesme et derreniere partie du livre de la cité des dames. ».
HISTOIRE
Date : vers 1405-1406. Ce ms. est le 3e témoin subsistant de cet ouvrage,
composé en 1405, et le premier à être pourvu d’une illustration2. La place du
chap. I, 21 sur Artémise est régularisée pour la première fois dans le texte et la

1 En fait, cette partie renferme 69 chapitres ; la table omet l’intitulé du chap. 54. V. note 3.
2 Lucie Schaefer avait identifié ce ms. de la Cité comme le plus ancien à être illustré ; v. Schaefer
1937, pp. 183, 187.
546 Cité des dames

Table, et le chap. III, 15 sur sainte Théodorie est correctement désigné dans le
texte et la Table. Toutefois, il persiste une confusion dans la numérotation des
chapitres de la deuxième partie et une hésitation quant à l’ordre de quelques
chapitres3.
Possesseurs : armes de France dans l’enluminure et bordure de boutons de
rose et fleurs bleues peut-être à la devise (Isabelle de France ? ; v. Introduction
sur les ornemanistes) ; aucune autre marque de possession antérieure au XVIIe
s. Estampille Josserand-Bruno nº 14. Anciennes cotes : cinq cents quatre vingts
sept (Rigault), 715 (Dupuy), 7397 (Regius).
Ajouts plus tardifs : aucun élément à part la foliotation (XIXe s.).
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (308 x 214 mm) : 134 (contregardes en parchemin
d’époque). Le parchemin, plutôt jauni, présente quelques trous et lisières,
plusieurs trous de ver aux premiers et derniers folios, et surtout de nombreuses
coutures dont le fil est souvent intact5. La règle du vis-à-vis est toujours
respectée.
Encres : encre brune de teintes variables6. Encre des rubriques rouge vif ou
rouge orangé.
Préparation
Piqûres : 8 piqûres maîtresses jusqu’au f. 32 en m/t et m/q pour marquer
l’emplacement des colonnes ; 4 piqûres maîtresses en m/q ff. 33-112 ; ff. 113-
134 : 6 piqûres maîtresses en m/q et et m/g. Elles sont de forme et de taille
variables.
Réglure : à la mine de plomb qui laisse des traces brun-roux épaisses ;
l’instrument utilisé a fait des sillons profonds.
Mise en page (f. 5r) : 308 x 214 mm = 40 + <189> + 79 x 28 +<55>
+ 18 + <56> + 57 mm. Justification 189 x 129 mm ; 2 cols, 32 interlignes,
l’écriture commençant sous la première LR.
Foliotation : à l’encre (XIXe), le f. 134 est numéroté d’une main différente
et d’une encre plus foncée.
3 Dans la deuxième partie, l’ordre des chapitres 60-62 dans la table des matières (f. 55a) ne
correspond pas à celui suivi dans le texte (ff. 107c-109a), où Junon figure au 60e chapitre, les jolivetez
des femmes au 61e et Claudine au 62e. D’après la table, le chap. 60 traiterait des jolivetez des femmes, le
chap. 61 de Claudine, le chap. 62 de Junon. D’ailleurs, la numérotation des chapitres II, 60-63 a été
corrigée dans le texte par le grattage d’un chiffre et le numéro du chap. II, 57 a été corrigé par
erreur en 58 par l’ajout d’un dernier trait tracé en brun par-dessus un point rouge. En plus, la table
de la IIe partie omet la rubrique du chap. II, 54, qui, au f. 99b, se lit : Demande (crist)ine a droiture ce
c’est voir ce que plusieurs hommes dient que si pou soit de fe(m)mes loyalles en la vie amoureuse et la response de
droiture .liiij. Le texte utilise deux fois le numéro 56 (pour De Medee amoureuse et De Tysbé, ff. 100d,
101b) et deux fois le numéro 58 (Cy dit de hero et De scismonde fille du prince de salerne au f. 102b et d),
et saute le numéro 57 ; il arrive, comme la table, à un total erroné de 68 chapitres (au lieu de 69)
pour cette partie.
4 XVIIe s. – 1724.
5 Ff. 40 (2), 47 (2), 51, 55, 61, 64 (4), 67, 71 (3), 86, 97, 99, 112, 115, 117, 118, 120 (2), 121, 129, 134.
6 Encre brun clair jusqu’au f. 39a l. 9, où elle devient plus foncée au milieu d’un mot ; au f. 33a, elle
redevient plus claire, au f. 87a plus foncée et au f. 89a, plus claire à nouveau.
{33} Paris, BnF, fr. 1179 547

Organisation
Cahier Feuillets Signature Cahier Feuillets Signature
18 1-8 a 108 73-80
28 9-16 118 81-88 b
38 17-24 128 89-96
48 25-32 138 97-104
58 33-40 148 105-112
68 41-48 f 158 113-120
78 49-56 g (?) 168 121-128
88 57-64 176 129-134 a
98 65-72
Signatures : tracées à l’encre noire, elles consistent en une lettre suivie d’un
chiffre romain allant de .j. à .iiij. Aucun cahier ne présente la série complète.
Réclames : du copiste, à l’encre brune sans décoration, centrées sur la
deuxième colonne et consistant le plus souvent en un ou deux mots.
Travail d’écriture
Texte : Main P.
Style : minuscule semi-cursive.
Ponctuation : virgule et point.
Corrections : Mains X et X’ sur grattage ou ajoutées en interligne ou en
marge7 ; quelques corrections P8.

F. 24b, ajout marginal Main X © Paris, BnF


Rubriques : Main P ; elles occupent tout l’espace prévu ; pour cela,
certaines ont été raccourcies ou développées par rapport au libellé de la table
des matières9 (l’une d’entre elles s’en écarte même beaucoup)10. La
numérotation des chapitres de la IIe partie a posé problème ; v. note 3.
7 V. par exemple f. 24b l. 4 \et maintindrent/ ; f. 34c l. 9 \des piaulx se vestoient/. Cette correction
représente un changement de texte apparemment improvisé. Le copiste P avait oublié le mot vestoit
dans le passage et des bestes que il occioit vestoit luy et la pucelle (v. BnF, fr. 24293, f. 40d et C de P, Cité
1998, p. 146) ; X corrige : des bestes que il occioit luy et la pucelle des piaulx se vestoient, changeant le verbe
et mettant ainsi l’accent sur l’action de la jeune Camille. Voir aussi f. 35d l. 25 souffre[royent], f. 67a l.
6 \l’admonestoit/.
8 Par exemple f. 127a l. 1 enexer.
9 Exemples de rubriques raccourcies dans le texte : f. 2a (table) Item demande (crist)ine a raison se il fu
oncques fe(m)me qui de soy trouvast aucune science et elle luy respont de nicostrate qui trouva le latin xxxiij. /
f. 39d Demande (crist)ine a Raison se il fu oncques fe(m)me qui de soy trouvast aucune science non par avant sceue
.xxxiij. ; f. 2a-b (table) Item dit de pamphille qui trouva l’art de traire la saye [sic] des vers et \de/ la taindre en
plus(eur)s couleurs et faire draps de soye .xl. / f. 46a Cy dit de pamphille qui trouva l’art de traire la soye des vers
et de les la taindre et faire draps de soye .xl. ; f. 54b (table) Item de la royne hester qui sauva le peuple xxxij /
f. 78b Cy dit de la royne hester .xxxij. En revanche, la rubrique suivante est plus longue dans le texte et
remplit parfaitement l’espace prévu : f. 2b (table) Item de thamar qui fu soubtive maistresce en l’art de
painterie et d’une autre semblablement qui fu no(m)mee yrane xlj. / f. 46b Cy dit de thamar qui fu souveraine
548 Cité des dames

Décoration : ornemaniste « à la vigne d’or ».


Bordures
F. 3r (début Ire partie) : baguettes en U fleuronnées or avec une fine tige
superposée portant alternativement des fleurs quartefeuilles bleues à cœur or et
des boutons de roses deux par deux en rose et vert. Vigneture sur fil à feuilles
or et brins de vigneture partant des fleurons et des quartefeuilles. Entrecolonne
faite de ronds d’or et brins de vigneture.
Ff. 55c et 114b (début IIe et IIIe parties) : fine baguette double or bruni /
bleu à fleurons, et rinceaux de vigne sur fil à feuilles or.
Lettrines ornées
F. 3a (début Ire partie) : S bleu (5) sur or à remplissage de vigneture et
palmettes cachées par le corps de la lettre ;
Ff. 55c et 114b (début IIe et IIIe parties) : A rose (6) sur or à remplissage
de vigneture, les deux intégrés à la baguette par des échancrures.
Lettres champies de 2 lignes au début de chaque chapitre à partir du
deuxième11 de chaque partie.
Pieds-de-mouche : champis, dans chaque chapitre et au début de chaque
rubrique des tables des matières.
Soulignements en rouge12.
Illustration : Maître de la Cité des dames. Cadre d’or bruni doublé de rose et
bleu.
Une miniature. F. 3r (début Ire partie, av. rubr.), 116 x 128 mm : La construction
de la cité13. L’image est divisée en deux parties d’inégale largeur (2/3, 1/3) : à g.,
dans une architecture mauve à fenêtres d’argent, sol carrelé de noir et blanc et
plafond de bois au naturel sur trois solives peintes d’azur semé de fleurs de lys
d’or14, Christine en robe bleue, manches roses et cornette blanche et les trois
allégories debout se font face. Munies de leurs attributs, les allégories portent
couronne d’or comme des reines : Raison, vêtue de rose, tient un miroir

maistresce en l’art de painterie et d’une autre semblablement qui fu nommee yrane et de marcia la rommaine .xlj.
Dans chaque cas, le texte de la rubrique ressemble à celui déjà élaboré dans le témoin le plus
ancien, BnF fr. 24293 ; il est donc fort probable que le copiste adapte le modèle selon l’espace
disponible.
10 Table IIe partie, f. 54d : Item aprés ce que droiture a compté de dames constantes (crist)ine luy demande ce c’est
voir ce que plus(eur)s hommes dient q(ue) si pou en soit de loyalles en la vie amoureuse et puis respont droitture
.liij. / rubrique II, 54, f. 98b : Aprés ce que droicture a compté des dames constantes (crist)ine luy dema(n)de
pourquoy c’est que tant de vaillans femmes qui ont esté n’o(n)t contredit aux livres et aux ho(m)mes qui mesdisoyent
d’elles et les responces que droiture fait. liij.
11 Exceptions : lettre d’une seule ligne f. 49a où le chap. I, 44 débute à la dernière ligne ; I (4 lignes)
au début de II, 9. Le chap. II, 50 sur Griselidis comporte trois lettrines champies en tout. La
lettrine fautive T au début du nom Boccace (II, 58) est barrée et la préparation de correction b
inscrite dans l’entrecolonne.
12 Citations latines nunc dimittis et Gloria dicta sunt de te civitas dei soulignées en rouge aux ff. 58b et
132d.
13 État de conservation : salissures, usures et taches d’eau sur l’image ; déports de pigment bleu sur la
page d’en face.
14 Serait-ce un indice sur le destinataire éventuel du fr. 1179 ? On pourrait aussi interpréter ce plafond
armorié comme une marque de fidélité de l’auteur, ou encore comme une assimilation de l’édifice
avec le royaume de France, mis en parallèle avec la cité des dames.
{33} Paris, BnF, fr. 1179 549

d’argent rond ; Droiture, vêtue de vert à col montant, ceinture or, tient un
bâton ; Justice, vêtue de rouge-orangé et manches noires, tient un panier tressé
d’or. Siège de bois rond et nappe rose sur la table (qui se confond avec la
manche rose de Christine). À dr., Christine et Raison construisent la cité. La
scène d’extérieur est tassée15. Le sol de la cité est gris brillant irrégulier, peut-
être fait d’un alliage métallique, et la ville de briques rose pâle sur un plan
circulaire simple16. Christine est vêtue comme précédemment, mais Raison
porte des habits différents : jupe rouge à surcot blanc sur manches brun-doré
(or mussif ?). Christine manie la truelle d’argent de sa main dr. et semble avoir
tenu à l’origine en main g. un autre objet (arrosoir ?) repeint en bleu pour se
confondre avec sa robe. Devant elle, le bac pour gâcher le mortier est posé sur
une brique. Raison s’apprête à en poser une autre sur le mur en construction.
Au premier plan, le sol d’herbe est vert clair et le fond mosaïqué or, rose et
bleu.
Reliure : maroquin rouge début du XVIIIe s. à trois filets d’or et aux armes
royales sur les plats. Dos à cinq nerfs présentant quatre fleurs de lys,
cantonnées de quatre petites fleurs de lys en biais17, et le titre « CITE DES
DAMES » en lettres dorées. Tranches dorées. Les plats sont bombés sous
l’effet de l’humidité.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Cité 1974, p. lii, lxv. C de P, Cité 1975, pp. 389-392. Http://gallica.bnf.fr (images
numérisées de tout le ms.). Meiss, 1974, 1, pp. 13, 290, 381 ; 2, fig. 35. Meiss 1967, 1, p. 356. Ouy
1985. Reno 2006. Schaefer 1937, pp. 183-187 et fig. 114.
COMMENTAIRE
Voir la rubrique correspondante dans la notice du ms. BnF, nafr. 25636.

15 Les proportions sont plus équilibrées dans d’autres manuscrits (par exemple BnF, fr. 1178, où la
construction de la cité occupe la moitié de l’image).
16 Le plan de l’enceinte est plus complexe dans d’autres manuscrits.
17 Une cinquième fleur de lys est cachée par l’étiquette de la BnF qui porte la cote.
F. 3r © Bruxelles, KBR
{34} Bruxelles, KBR, 9393
Le livre de la cité des dames

TABLE SOMMAIRE
Partie Feuillets Nombre de chapitres
I 2a-34c 48
II 34c-74a 69
III 74a-87d 19

CONTENU
F. 2a « Cy commence la table des Rubriches du livre de la cité des dames. le quel dit livre
est parti en trois parties principales. …–… Item la tierce partie parle co(m)ment et par qui les haulx
combles des tours furent parfais et quelles nobles dames furent establies pour demourer es grans palais et es hauls
do(n)jons ».
F. 2a-d « Ci co(m)mencent les chapit(re)s de la p(re)mie(re) p(ar)tie le premier chappitre parle
pour q(uo)y et par quel mouvement le dit livre fu fait .J. …–… Item de lavine fille du Roy Latin xlviij. Ci
finist la table des Rubriches de la p(re)miere partie de ce livre. ».
Ff. 3a-34c « Ci commence le livre de la cité des dames. Du quel le premier chappitre parle
pour quoy et par quel mouvement le dit livre fu faict. J.1 Selon la maniere que J’ay plus en
usaige …–… viengne(n)t avant mes autres seurs et par leur ayde et devis soit par toy parfait le
surplus de l’ediffice Explicit la p(re)mie(re) p(ar)tie du livre de la cité des dames ».
Ff. 34c-35c « Ci co(m)mencent les Rebriches de la ije. partie de ce livre la quelle parle
co(m)me(n)t & par qui la cité des dames fu au p(ar)2 dede(n)s maisonnee, ediffiee &
peuplee Le premier chapitre parle des dix Sebiles J. …–… Item parle (crist)ine aux princepsces et a toutes
dames lxviij3 Explicit la table de la seconde partie du livre de la cité des dames. ».
Ff. 35d-74a « Ci commence la seconde partie du livre de la Cité des dames la q(ue)lle parle
comment et par qui la Cité fu au par de dens maisonnee ediffiee & peuplee Aprés les
parolles de la premiere dame qui raison estoit no(m)mee …–… Jusques elle soit close et toute
parfaicte Or priés pour moy mes tres redoubteez Explicit la seconde partie du livre de la Cité
des dames ».

1 Comme dans le ms. BnF, fr. 607 et le recueil de la Reine (Harley MS 4431), cette rubrique s’étend
sur deux colonnes.
2 La barre du p est cachée par la lettrine de la ligne suivante.
3 En fait, cette partie contient 69 chapitres. La rubrique du chapitre II, 54 Item aprés ce que Droiture a
conté de dames constantes Cristine lui demande se c’est voir ce que plusieurs hommes dient que si pou en soit de
loyales en la vie amoureuse et puis respont Droiture correspond à deux chapitres dans le texte : II, 53 qui
porte la rubrique Aprés ce que Droiture a conté des dames constantes Cristine lui demande pour quoy c’est que
tant de vaillant [ici le trait supérieur du v est bien fermé en boucle et ressemble plutôt à un b] femmes
qui ont esté n’ont contredit aux livres et aux hommes qui mesdisoient d’elles et les responses que Droiture fait .liii.
et au chapitre suivant, non numéroté, Demande Cristine a Droiture se c’est voir ce que plusieurs hommes
dient que si pou soit de femmes loyales en la vie amoureuse et la response de Droiture. Le chapitre suivant, sur
Didon, est numéroté 54 dans le texte et dans la table.
552 Cité des dames

F. 74a-b « Et s’ensuit4 la table des rebriches de la .iije. partie de ce livre la q(ue)lle parle
comment et par qui les hauls combles des tours de la cité des dames furent parfais et
quelles nobl(es) dames furent eslictes pour demourer es grans palais & hauls do(n)jons
Le premier chapitre parle comment Justice amena la Royne du ciel pour habiter & seignourir en la cité des dames
…–… Item la fin du livre5 Ci fine la table de la tierce p(ar)tie de cest Livre ».
Ff. 74b-87d « Ci aprés s’ensuit la tierce partie du livre de la Cité des dames6… [74c]
Premier chapitre Comment Justice amena la Royne du ciel po(ur) habiter en la Cité des
dames Atant se tira vers moy dame Justice a sa haulte maniere et dist ainsi …–… et a la fin soit
piteable a mes grans deffauls et m’ottroit la Joie qui a tousjours dure, la quelle ainsi par sa grace
vous face \dignes/7 Amen Explicit la iije. et derreniere partie du livre de la Cité des dames »8.

HISTOIRE
Date : 1407-1408. C’est l’exemplaire du duc de Bourgogne ; il est très proche
de celui de Jean de Berry, acheté en 1408, mais légèrement antérieur, comme le
prouvent certaines corrections, notamment celles portées à la 2e table9.
Possesseurs : Jean sans Peur (Inv. 1420)10 ; Philippe le Bon (Inv. 1467-
1469)11 ; Charles le Téméraire (Inv. 1485-1487)12 ; Maximilien Ier ; Charles
Quint (Inv. 153613) ; Philippe II (Inv. 1569 et 157714). Le ms. fut confisqué lors
de la Révolution française (au f. 87v, estampille avec faisceau de licteur, 1792-
1802)15 et restitué en 1815. Anciennes cotes de la collection bourguignonne au
f. 1r : 477 (Sanderus)16 et 46317. Estampilles de la KBR aux ff. 1r et 87v.
Ajouts plus tardifs : note de bibliothécaire à la contregarde sup. et étiquettes
de la KBR18.
4 Cette rubrique suit immédiatement l’explicit de la partie précédente sans interligne. Mais elle semble
ne pas avoir été écrite aussitôt après, car l’écriture y est plus serrée, et la couleur de l’encre rouge un
peu plus foncée.
5 Cette table tient compte de 19 chapitres, dont aucun n’est numéroté.
6 Le reste de cette rubrique répète celle qui introduit la table au f. 74a.
7 Le mot dignes est ajouté par la main X’ d’une encre plus claire. Ce ms. est le seul à comporter cette
leçon.
8 L’explicit se termine à la dernière LR, après un interligne ; l’encre y paraît un peu plus claire que
celle qui précède et la plume plus finement taillée.
9 Il s’agit de l’ordre des chapitres, numérotés ici 60-62 ; l’ordre correct est indiqué par les lettres b, c,
a en marge.
10 Doutrepont 1906, nº 109.
11 Barrois 1830, nº 1012.
12 Barrois 1830, nº 1889.
13 Michelant 1872, p. 317.
14 Marchal 1842, 1, p. cclxi, nº 534. Il figure ensuite sous le n° 477 dans l’inventaire de Sanderus, 190
dans celui de Franquen et 729 dans celui de Gérard.
15 Cat. gén. mss lat. 8823-8921, pl. XX. L’estampille se trouve aux ff. 3r et 87v.
16 Sanderus 2, p. 10.
17 Le numéro de cote 463 ne correspond pas aux anciennes cotes recensées pour ce ms : Viglius
(1577) 534, Franquen (1731) 190, Gérard (1797) 729. V. Marchal 1842, 1, p. cclxi. Dans les
inventaires des biens de Marguerite d’Autriche et de ceux de Philippe II en 1569 (BnF, Cinq Cents
de Colbert 128 et 130), les articles ne sont pas numérotés.
18 « 89 feuilles ou 178 page (sic) y compris la table » ; la 1re étiquette porte la cote et le format :
« 9393 : B » ; en plus de ces renseignements, la 2e porte le n° de cat. 2303 et le n° de notice
informatisée BB1498494.
{34} Bruxelles, KBR, 9393 553

DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (363 x 264 mm) : (I, papier) + I (parchemin) + 8619 +
II (parchemin) + (I, papier)20. Les défauts les plus évidents sont de nombreuses
coutures, en général assez petites21, et de nombreux trous de ver au début et à la
fin. Les ff. sont de dimensions assez inégales, n’ayant pas été rognés avant la
reliure. La règle du vis-à-vis est respectée sauf au 1er cahier, où les ff. 2-4 sont
disposés c/p.
Encres : brun plus ou moins foncé22, encre des rubriques rouge vif. L’encre
rouge est utilisée aussi pour souligner systématiquement le mot Response23 dans
les dialogues entre Christine et les allégories, mettant ainsi en valeur les
principaux arguments dans la défense de la femme24.
Préparation
Piqûres : dix piqûres maîtresses à la plupart des ff.
Réglure : à la mine brunâtre, qui laisse des traces assez épaisses.
Mise en page : (f. 6r) 363 x 264 = 45 + <246> + 72 x 27 + <81> + 20 +
<82> + 54 mm. Justification 246 x 183 mm ; 2 cols, 41 interlignes, parfois 42
ou, moins souvent, 40, l’écriture commençant sous la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
18 2-9 (traits [?]) 78 50-57 g (?) / g
28 10-17 (traits [?]) 88 58-65 /h♥
38 18-25 98 66-73 J/F
48 26-33 108 74-81 (trace) / g
58 34-41 116 82-87 / (trace h
[?])
68 42-49
Signatures : la première série de signatures, tracée à l’encre brun clair,
consiste en une lettre suivie d’un chiffre romain allant de .i. à .iiij. Celles de la
seconde série, à l’encre noire et au tracé plus épais, ont la même composition.

19 Numérotés 2-87.
20 Contregardes en papier solidaires de la 1re et de la dernière garde volante.
21 Aux ff. 11, 13, 16, 35, 40, 44, 48 (2), 50, 61, 81, 83. Signalons aussi un trou autrefois réparé au f. 16
et de grandes taches aux ff. 27-8.
22 La teinte plus claire de l’encre de la première table (f. 2a-d) attire l’attention sur le fait qu’elle dut
être copiée plus tard, comme semble le prouver l’absence de la foliotation d’origine.
23 Au f. 73b, La response de la vierge est telle.
24 Cette particularité ne se rencontre dans aucun des autres mss de la Cité. Au f. 28d, le nom (crist)ine
est également souligné de rouge, comme aussi, au f. 86d, la citation Gloriosa dicta sunt de te civitas dei
et, au f. 87c-d, la prophétie la felonnie des mauvais cherra sur leur teste. La plupart de ces soulignements
sont préparés en marge par un caret à l’encre brune. V. l’Introduction à cette section.

Les cinq premiers ff. de ce cahier portent des traces de signature ; les seules lisibles sont aux 3e et
5e ff. (60 et 62), qui portent respectivement les signatures hii et hiiij.
554 Cité des dames

Réclames : courtes, de 1-3 mots, tracées par le copiste, alignées sur le début
de la 2e colonne. Celle au f. 49v, Belle amie est ornée d’une tête humaine. Un
double jambage ressemblant à un u orne la réclame aux ff. 65v, 81v25.
Foliotation : du copiste (?) à l’encre brune (à partir du f. actuel 4, le 2e du
texte) : ij -iiijxxv. On remarque que la foliotation originelle tient compte des 2e et
3e tables, mais non de la première. Foliotation moderne à l’encre noire 2-89,
commençant au premier f. de garde en parchemin et se terminant au dernier
f. de garde en parchemin, les ff. 2-4 étant aussi numérotés au crayon.
Travail d’écriture
Texte : Main P.
Style : minuscule semi-cursive. L’écriture est par endroits très irrégulière,
changeant de module ou devenant plus serrée ou plus étirée26. P imite parfois le
e cornu de X, et ne fait pas toujours la distinction entre b et v.
Ponctuation : point surtout27, et moins fréquemment virgule.
Corrections : Main X28, relativement peu nombreuses, sur grattage ou par
ajout, d’une encre plus claire que le texte ; quelques corrections et préparations
de corrections X’ 29. X ajoute un mot oublié à la fin d’une rubrique30. Le texte
porte d’assez nombreuses ratures à l’endroit où P avait copié deux fois de suite
le même mot ou le même groupe de mots31.
Rubriques : Main P ; elles occupent parfaitement l’espace prévu et
paraissent avoir précédé l’exécution des lettrines. Dans la deuxième partie, les
derniers chapitres à partir de celui sur Tisbé (numéroté 56 dans la table, mais
numéro effacé dans le texte) ne portent pas de numéro32. Les chapitres de la 3e
table ne sont pas numérotés.

25 Au f. 57v, la réclame est assortie d’un double jambage prolongé par un trait descendant.
26 Voir par exemple ff. 2c, 4a, 5a, 15b, 32c, 38a.
27 Parfois le point se change en un petit trait ondulé ; voir par exemple ff. 4a ll. 11, 22, 4b l. 8, 4c l.3.
28 Ff. 5a l. 4 : mene corr. par X sur grattage ; mots ajoutés main X ff. : 11b l. 3 : graces ; 14a l. 5 : grant ;
22b l. 29 : quatre premières lettres de veronice corrigées à l’encre brune dans la rubrique ; 30b l. 21 :
fu elle aj. en m/g ; 34b l. 3 : dessendue aj. en m/g ; 36b l. 39 : aussi (même ajout dans le ms. BnF,
fr. 1179) ; 38d l. 21 : a justinien ; 43b : re(con)fortoit en m/g.
29 Mots ajoutés : estoit (f. 19b l. 26) ; terre (f. 27b l. 21) ; en tous (f. 32a l. 13) ; dignes (f. 87d, dernière
ligne du texte) ; préparations de corr. dans l’entrecolonne : saint (f. 15r) ; mari (f 45r, corr. non
portée) ; arriere (f. 84v) ; autres prép. de corr. : mains (f. 31d m/p) ; travaillez (40a l. 36).
30 Le mot vertus, oublié par P à la fin de la rubrique II, 64 au f. 35c.
31 Voir par exemple ff. 2c, 5d, 21b, 47b, 53c, 61d.
32 Le numéro de chapitre a été effacé à ce seul chapitre. En fait, si le copiste avait numéroté tous les
chapitres de cette IIe partie, puisqu’il a négligé de numéroter le chapitre qui suit immédiatement le
53e (le nouveau chapitre créé par la division et le développement du chap. 53), il serait arrivé au
même chiffre erroné de 68 que dans la table, où le chap. 53 et le suivant sont confondus.
{34} Bruxelles, KBR, 9393 555

Des préparations de numéros de chapitre subsistent en marge à partir du chap.


21 jusqu’à la fin de la Ire partie, puis, dans la deuxième table,
pour les chapitres 1, 2 et 7, et, dans la IIe partie, pour les sept
chapitres compris entre 36 et 50.
F. 32r (préparation de numéro de chap. ‘xlv’) © Bruxelles, KBR
Décoration : ornemaniste « à la vigne d’or ».
Bordures
F. 3r (début Ire partie) : baguettes doubles en U bleu/rouge rosé,
fleuronnées, à vigneture d’or sur fil, fleuretures bleu/rose à cœur d’or et
brins de feuilles gouttes bleu/rose. Entrecolonne de brins or.
Ff. 35d (début IIe partie) et 74c (début IIIe partie) : baguette fleuronnée
or doublée de bleu/rose foncé, en deux segments partant de la lettrine,
avec vigneture or sur fil et brins. La dernière sert en partie de cadre à
l’image.
Lettrines ornées
F. 3a (début Ire partie) : S bleu (5) sur or à remplissage de vigneture.
Ff 35d et 74c (début IIe et IIIe parties) : A rose (6) / A bleu (5) sur or à
remplissage de vigneture.
Lettres champies : de deux lignes au début de chaque chapitre à partir du
2e de chaque partie. Le chap. II, 50 sur Gliselidis contient 3 lettres champies.
Pieds-de-mouche : champis.
Lettres à grotesques : ff. 49d (réclame), 63a, 64d, 84c.
Soulignements en rouge : v. « Encres » et Introduction aux mss de la Cité.
Illustration : Maître de la Cité des dames.
Les deux premières enluminures sont entourées d’un cadre or cerné de noir,
doublé de rose foncé/bleu, la 3e enluminure d’un cadre or simple complété à g.
par la bordure.
1. F. 2r (début Ire partie), av. rubr., 119 x 176 mm : Construction de la
cité. L’image est divisée en deux parties égales : à g., dans une architecture
bleutée à plafond rouge et fenêtres gothiques avec occulus, meneaux et vitrage
d’argent, Christine, debout en robe bleue, manches grises et cornette blanche,
feuillette un livre devant les trois allégories couronnées d’or : Raison, vêtue d’or
mussif (?) tient un miroir d’argent rond ; Droiture, vêtue de bleu, un bâton ;
Justice, vêtue de rouge à surcot blanc, un récipient de bois. Leurs chevelures
sont brun clair. Siège de bois rond de Christine et nappe verte sur la table. Un
livre à reliure rose est posé dessus, un autre à reliure orangée (minium ? altéré)
sur la tablette inférieure. À dr., Christine et Raison construisent la cité. Raison
porte une robe rouge orangé et un surcot blanc33. Christine, vêtue comme
précédemment, tient une truelle d’argent de sa main g. et relève sa robe de la
main dr. Près d’elle est posé le bac pour gâcher le mortier. Raison lui apporte
une brique. La ville est en brique rose avec crénelage et tour juste derrière
Christine. Le sol vert foncé suggérant l’herbe, y compris à l’int. à g., est jonché à
33 M. Meiss (1974, 1, p. 13) remarque avec raison que ce ms. est le seul à montrer Raison habillée
d’un surcot blanc dans les deux scènes. Il ne mentionne pas, pourtant, que la façon des surcots
n’est pas la même, et que la robe de l’allégorie est rose à g. et rouge orangé à dr.
556 Cité des dames

dr. de bonnes briques nouvelles et de mauvaises pierres grises (ces dernières


représentent les ouvrages misogynes). Le fond mosaïqué or, rose et bleu,
reprend les couleurs du cadre34.
2. F. 35d (début IIe partie), av. rubr., 129 x 82 mm : Entrée des dames dans la
cité. Droiture et Christine arrivent à la porte de la Cité avec le premier groupe
d’habitantes. Au 1er plan, Droiture en robe rouge et surcot bleu et blanc,
couronnée d’or, mène par la main une noble dame en robe verte, la tête ceinte
d’un bourrelet noir, suivie d’une demoiselle en robe mordorée (or mussif ?) et
cornette blanche, et d’une autre en robe rose et cercle de tête fait de besants.
Christine suit, reconnaissable à sa robe bleue et sa cornette. La ville est ceinte
d’un mur crénelé rose pâle, derrière lequel se dresse une tour bleue qu’on
aperçoit à travers le châtelet d’entrée. Les maisons à colombage aux toits orange
sont encore en cours de construction. Un instrument de levage hisse une poutre
pour la charpente d’une maison à g. Au premier plan, le chemin pavé comme
les rues est bordé d’herbe. Le fond mosaïqué or, rose et bleu dessine des
losanges.
3. F. 74c (début IIIe partie), av. rubr., 130 x 85 mm : Les dames accueillent la
Vierge et les saintes. Mené par Justice couronnée d’or, ici en robe rouge et surcot
d’hermine, la noble dame en robe verte et Christine, vêtues comme ci-dessus, le
groupe de dames sort des remparts pour accueillir la Vierge. Toute de bleu
vêtue, celle-ci tient un sceptre d’or et un livre relié de rose. Suivent les saintes
dont l’une, en guimpe et robe rose, porte le pot à onguent des Saintes Femmes
et une autre, en robe verte, manteau rouge et cercle de tête, la palme du
martyre. Toutes sont auréolées d’or bruni. Le chemin pavé est bordé d’herbe
verte. Sous le châtelet d’entrée, l’embrasure de la porte n’est pas ouverte sur
l’int. de la ville mais peinte d’un gris foncé uniforme35. Les maisons de la ville
sont peintes en gris, bleu pâle, vert pâle, beige, à pignons pointus ou flamands
et toits rose foncé, dont quelques-uns décorés de motifs de type
« bourguignon » et le fond mosaïqué or, rose et bleu.
Reliure : la reliure actuelle est en veau brun (XVIIIe s.) ; le dos à six nerfs en
mauvais état avec motifs végétaux dorés en forme de fleuron et titre CITE
DES DAMES en majuscules d’or. Traces de dorure sur tranches. Selon
l’inventaire de 1420, le volume était alors « couvert de cuir rouge marqueté, et
garni de X cloux de laton et deux fermouers pareilz »36 ; celui de 1580 fait état
d’une reliure en cuir rouge37.

34 Les carrés bleus sont regroupés pour former des quadrilobes.


35 La peinture de l’embrasure de la porte fait perdre l’effet de profondeur lié à cette trouée sur
l’intérieur.
36 Doutrepont 1906, p. 69 n° 109.
37 KBR, 11676, f. 182 n° 477 : « Autre livre en parchemin escript a la main illuminé couvert de cuyr
rouge a dix cloux et deux petis clouans intitulé C’est le livre de la cité des dames, commenchant au
second feuillet acteur a ce propos ».
{34} Bruxelles, KBR, 9393 557

BIBLIOGRAPHIE
C de P, Cité 1974, pp. xl-xli, lxv. C de P, Cité 1975, pp. 379-388. De Winter 1982. Dogaer et
Debae, n° 150. Doutrepont 1906, n° 109. Lib. ducs Bourgogne, 3, pp. 92-98. Legaré 1998. Meiss,
1974, 1, pp. 12-3, 290, 379, 419, 434 note 31 ; 2, figs 37, 40, 44. Reno 2006. Schaefer 1937,
pp. 184-5, 187, 206, figs 115, 117, 119.
F. 3[bis] r © Paris, BnF
{35} Paris, BnF, fr. 1178
Le livre de la cité des dames

TABLE SOMMAIRE
Partie Feuillets Nombre de chapitres
I 2a-62b 48
II 62c-134b 69
III 134c-159c 19

CONTENU
F. 2a « Cy commence la table des rebriches du livre de la cité des dames / le quel dit livre est parti en trois
parties / …–… Item la iij.e parle co(m)me(n)t et par qui les haulx combles des tours furent parfais et quelles
nobles dames furent establies pour demourer es grans palais et es haulx donjons ».
Ff. 2a-3c « Cy commencent les chapitres de la premiere p(ar)t(ie) Le premier chapitre p(ar)le pour qui et par quel
mouvement ledit livre fu fait .i. …–… Item de lavine fille du roy latin .xlviij Cy finist la table des rubriches de
la premi(er)e partie de ce livre ».
Ff. 3[bis]a1-62b « Cy commence le livre de la cité des dames du q(ue)l le premier chapitre
parle po(ur) quoy et par quel mouvement le dit livre fu fait .J. Selon la maniere que j’ai plus
en usaige …–… viengnent avant mes autres suers et par leur aide et devis soit par toy parfait le
surplus de l’edefice Explicit la premiere partie du livre de la cité des dames ».
Ff. 62c-64a « Cy commencent les rubriches de la ije. partie de ce livre / La quelle parle co(m)ment et par qui la
cité des dames fu au par dedens maisonnee ediffiee et puepplee Le premier chapitre parle des dis sebilles .i. …–…
Item parle (crist)ine aux prince\ce/s aux dames / et a toutes femmes lxix ».
Ff. 64c-134b « Cy commence la iie. partie de ce livre / La quelle parle comment et par qui
La cité des dames fu au par dedens maisonnee ediffiee et puepplee J. Aprés les parolles de
la premiere dame qui raison estoit nommee …–… jusques elle soit close et toute parfaite Or priés
pour moy mes tres redoubtees Explicit la ije. partie du livre de la cité des dames ».
F. 134c-d « Cy commence la table des rebriches de la iije. partie de ce livre/ La quelle parle comment et par qui
les haulx combles des tours de la cité des dames furent parfais et quelles nobles dames furent eslictes pour demourer
es grans palais et haulx do(n)gions Le premier chapitre parle comment justice amena la Royne du ciel pour habiter
et seignourir en la cité des dames .i. …–… Item la fin du livre xvij2 Explicit la table de la iije. partie de ce
livre. ».
Ff. 135a-159c « Cy commence la tierce partie du livre de la cité des dames3 […] Atant se tira
vers moy dame justice a sa haulte maniere / et dist ainsi …–… et a la fin soit piteable a mes grans
deffaulx et m’ottroit la joye qui a tousjours dure La quelle ainsi par sa grace vous face Amen
Explicit la troisiesme et derreniere partie / du livre de la cité des dames ».

HISTOIRE
Date : vers 1413 ou peu après. Il s’agit du plus récent des manuscrits originaux
de cette œuvre parvenus jusqu’à nous ; à en juger par l’état du texte, il est
légèrement postérieur à l’exemplaire figurant dans le recueil présenté à la Reine
1 Le numéro 3 est utilisé sur deux feuillets successifs.
2 En fait, cette partie renferme 19 chapitres, mais la table ne tient pas compte des chapitres 11 et 12
du texte, Cy dit de plusieurs saintes qui virent martirer le(ur)s enfans devant elles et Cy dit de sainte Marguerite
vierge. La table numérote successivement les chapitres de 1 à 17 en chiffres romains, en omettant le
x du numéro xv.
3 Au lieu de s’écrire en longues lignes, cette rubrique est contenue dans l’espace de chaque colonne.
560 Cité des dames

en janvier 1414 (la Cité des dames étant l’un des plus anciens éléments de ce
recueil)4.
Possesseurs : aucune trace du destinataire d’origine. Ce ms. fit sans doute
partie de la collection royale dès la deuxième moitié du XVIe siècle et peut-être
même plus tôt : note au f. 1v (3e garde sup.) d’un bibliothécaire5. Estampille
Josserand Bruno n° 1, datée du XVIIe s. – 1724. Anciennes cotes : mil quarante
quatre (Rigault), 964 (Dupuy), 7396 (Regius).
Ajouts plus tardifs : à part la note mentionnée ci-dessus, titre « La cité des
dames » au f. 1r (fin XVe s.)6. À la 2e garde inf., esquisse figurant un
gentilhomme vêtu à la mode du XVIe siècle7.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (301,5 x 214,5 mm) : (II) + I + 1608 + (II)9. La peau
est assez jaunie et présente de nombreuses coutures10 et lisières11, des trous12 et
des pièces, dont trois assez grandes ajoutées après la copie du ms.13. Le
parchemin le plus clair a été réservé pour les premiers cahiers. La règle du vis-à-
vis est respectée sauf aux ff. 97-98, disposés c/p. Au f. 154r, marque de
parcheminier (22 x 42 mm) : deux cercles (12 mm) contenant une croix, chacun
suivi d’un trait vertical.

F. 134r © Paris, BnF

4 Pour des raisons textuelles, M. Curnow (C de P, Cité 1975, p. 396) a identifié ce manuscrit (« D »)
comme étant sans doute le plus récent de ceux du groupe Paris, BnF, fr. 607, 1178, 1179, Londres,
BL, Harley MS 4431 et Bruxelles, KBR, 9393. V. aussi Meiss 1967, p. 356, Laidlaw 2004 et Reno
2006.
5 Le livre de la Cité des dames composé par (Crist)ine de Pisan contre matheolus et aultres qui mesdisent des femmes.
6 Selon Mme M.-P. Laffitte, que nous remercions, ce titre est peut-être de la main d’un bibliothécaire
du château d’Amboise, où fut déposée la collection de Louis XI ; v. Delisle, Cab., 1, p. 77.
7 Haut-de-chausse « à la culotte » court, aumonière à la ceinture.
8 Numérotés 2-160, le numéro 3 est utilisé deux fois. Le f. 160 est réglé mais inemployé et le
f. numéroté 1 est une garde qui porte des inscriptions de bibliothécaires.
9 Contregardes en parchemin d’origine.
10 Ff. 11, 25 (4), 75 (3), 77, 80 (2), 81, 92, 94, 97, 98, 105, 112, 117, 123, 126 (2), 140, 142, 147,
153 (2).
11 Ff. 26, 28, 41, 42, 53, 60-62, 78, 82, 102, 147, 155, 158.
12 Ff. 11, 13, 40, 108, 109 (2), 117, 120, 121 (2).
13 Le texte à ajouter est inscrit en marge par le copiste aux ff. 63v, 105r et 114v ; il est partiellement
(f. 114v) ou presque complètement (ff. 63v, 105r) effacé après. Les raccords discrets dans le texte
sont l’œuvre d’un copiste chevronné. Autres pièces ajoutées aux ff. 34, 87, 151.
{35} Paris, BnF, fr. 1178 561

Encres : brun foncé uniforme pour le texte, rouge vif ou orangé pour les
rubriques.
Préparation
Piqûres : dix piqûres maîtresses (petites fentes) à la plupart des ff.
Réglure : à la mine de plomb qui a laissé des traces brunes prononcées14.
Mise en page (f. 5r) : 301,5 x 214,5 mm = 40 + <193,5> + 68 x 25 +
<52> + 18 + <51,5> + 68 mm. Justification 193,5 x 121,5 mm ; 2 cols, 33
interlignes, parfois 32, l’écriture commençant sous la première LR15.
Organisation
Cahier Feuillets Signature Cahier Feuillets Signature
18 2-3, 3bis-8 a 118 81-88 l
28 9-16 b 128 89-96 m
38 17-24 c 138 97-104 n
48 25-32 (traces) 148 105-112 o
58 33-40 E 158 113-120
68 41-48 f/f 168 121-128 q
78 49-56 178 129-136 r
88 57-64 h 188 137-144 (traits)16
98 65-72 198 145-152 (traits)17
108 73-80 k 208 153-160
Signatures : placées en bas et à dr. des folios, elles sont faites d’une lettre
suivie d’un chiffre romain allant de .j. à .iiij., sauf dans le 14e cahier, où les
chiffres précèdent la lettre o sur les trois derniers ff. Ces signatures sont, en
général, tracées à l’encre brune, sauf aux cahiers 5 et 6, où le Ej (f. 33r) et un fiiij
(sans doute la signature d’origine, f. 44r) sont tracés à la mine, et aux cahiers 17-
18, où le q (f. 123r) et certains r sont en rouge18.
Réclames : Main P, faites d’un ou deux mots, parfois d’une partie de mot,
presque toujours centrées sous la 2e col.19 ; la première occupe un espace réglé
en bas de l’entrecolonne20 .
Foliotation : XVIIIe s., à l’encre. Deux folios successifs portent le
numéro 3.
14 Le f. 160 est réglé mais inemployé.
15 Au 15a, le copiste laisse en blanc la première ligne, qui commence un nouveau paragraphe.
16 Les ff. 137 et 140 sont marqués respectivement d’un a et de quatre grands traits verticaux tracés à
la mine.
17 Le ff. 145, 147, 148 sont marqués respectivement d’un, de trois et de quatre grands traits verticaux
tracés à la mine.
18 Une seule signature q en rouge au f. 123r, le chiffre iij qui l’accompagne est en brun. Les chiffres
qui accompagnent les r sont en rouge aussi, à l’exception du premier au f. 129, qui est à l’encre
brune.
19 La 2e réclame est alignée sur la droite et la 3e sur la gauche de la 2e colonne.
20 La réclame au f. 56v occupe aussi un espace réglé, mais elle est centrée par rapport à la 2e colonne.
Le 16e cahier se termine (f. 128v) par les mots Et fu mis l’image en et le cahier suivant commence par
en une nef sus le Tibre. La réclame une nef est la seule écrite en cursive et elle évite l’erreur de la
répétition du mot en.
562 Cité des dames

Travail d’écriture
Texte : Main P.
Style : minuscule semi-cursive.
Ponctuation : virgule et point.
Corrections : Main P, sur grattage. Plusieurs préparations de correction
X’ 21.
Rubriques
Préparations : traces de préparations de rubriques à presque chaque
feuillet, d’habitude en m/q, mais parfois en m/g ; elles sont à l’encre brune, de
la cursive rapide de P (P’) et contiennent texte et numéro de chapitre. Elles sont
particulièrement visibles aux ff. 31v, 87v, 95v22.

F. 31v © Paris, BnF


Exécution : Main P ; tiennent bien dans l’espace prévu.
Décoration : deux groupes d’ornemanistes, « à la vigne d’or » pour les deux
premières parties et l’atelier « aux échancrures » pour la troisième.
Bordures
F. 3[bis]r (début Ire partie) : fine baguette double or et bleue / rouge
horizontale et deux verticales articulées par un appendice bifide, à large
vigneture or sur fil23.
F. 64r (début IIe partie) : fine baguette double or et bleue / rose foncé
prolongeant la lettrine et jouxtant le cadre, à large vigneture or sur fil.
F. 135r (début IIIe partie) : très fine baguette or et rouge / bleue située
en entrecolonne sous l’enluminure, à vigneture menue sur tige et fil.
Lettrines : lettrines à vignetures sur fond or échancré (4) au début de
chaque partie : f. 3r, S bleu relié à la baguette ; f. 64c, A rose terminé par un
appendice bifide ; f. 135b, A bleu fixé sur la baguette par deux prolongements.
Lettres champies : de deux ou de trois interlignes au début de chaque
chapitre à partir du 2e de chaque partie, et au début de la Ire et de la IIe table des

21 Celles aux ff. 51r, 56r, 63v, 93v, 97v et 99r sont presque entièrement effacées ; au f. 22r : plusieurs
rois ; au f. 106r ll. 7-8 : que ilz font en leurs ordennances, cette leçon étant unique à ce ms. ; f. 108r :
avoir ; f. 111v : en cou ; f. 122v : le prince s’esveilla.
22 En plus, au f. 64r en m/p, il subsiste des préparations de numéros à l’encre brune pour les
chapitres lxv-lxix de la table de la IIe partie ; celles-ci correspondant à d’autres chapitres de cette
partie sont partiellement visibles aux ff. 62v et 63r. Dans la première table, deux préparations de
numéro de chapitre subsistent au f. 2r en m/g.
23 L’or déborde souvent des feuilles de vigne.
{35} Paris, BnF, fr. 1178 563

matières24. Jusqu’au f. 80, débordements très fréquents de l’or des lettres


champies (et des pieds-de-mouche).
Bouts-de-ligne : bleus et rouge foncé rehaussés de filigranes blancs et de
motifs or à la 3e table des matières et, à partir du f. 84b, pour remplir une fin de
ligne ou l’espace entre rubrique et numéro de chapitre25.
Autre décoration : au f. 100a, ronds d’or à vrilles et à petits traits entre
rubriques et numéros de chapitre ; f. 134c, rond d’or rayonnant de traits
réguliers au même endroit. F. 137c : soulignement rouge de la citation latine
Gloriosa sunt de te civitas dei.
Illustration : atelier du Maître de la Cité des dames26. Les enluminures sont
entourées d’un double cadre or cerné de noir. La partie int. du cadre est rose
foncé dans les deux dernières enluminures et rose foncé (en haut et à g.) et bleu
(en bas et à dr.) dans la première, ces couleurs rehaussées d’un filet blanc
continu.
1. F. 3[bis]r (début Ire partie), av. rubr., 104 x 122 mm : Construction de la cité27.
L’image est divisée en deux parties sensiblement égales : à g ., Christine et les
allégories reines munies de leurs attributs, dans une architecture bleutée avec
niches, culots et entablement, fenêtre d’argent, sol carrelé de vert et noir et
plafond rouge. Raison, vêtue de vert, ceinture or, tient un miroir d’argent rond ;
Droiture, vêtue de rose, tient un bâton ; Justice, vêtue de rouge-orangé et
manches blanches, tient un récipient. Les chevelures des allégories sont blond-
jaune. La table sur laquelle sont posés des livres, dont l’un ouvert devant
Christine, est couverte d’une nappe verte. Le fond de l’image est mosaïqué or,
rose et bleu, reprenant les couleurs du cadre28. En partie dr., Christine et Raison
construisent la cité. Raison porte des habits différents, rouge-orangé à surcot
blanc et ceinture d’orfèvrerie ; l’enlumineur ne semble pas avoir compris qu’il
s’agissait de la même figure qu’en partie g. Christine est vêtue d’une robe bleue,
manches roses et guimpe blanche dans les deux parties ; dans la scène de g. elle
a le bras dr. posé sur un livre ; à dr. elle tient une truelle d’argent. La ville est en
brique rose avec crénelage et tour, le sol vert-bleu pâle. Le sol vert fonce à
l’arrière-plan, avec suggestion de brins d’herbe.
2. F. 64v (début IIe partie), av. rubr., 118 x 124 mm : Entrée des dames dans la
cité. Droiture et Christine arrivent à la porte de la Cité avec le premier groupe
d’habitantes. Au 1er plan, Droiture en robe orangé et surcot blanc, couronnée
d’or, mène un groupe de six dames : robes bleue, verte ombrée de bleu ; une
24 Des lettres de trois interlignes commencent les chapitres I, 2, 16, 18, 19, 20, 23, 27, 28, 30, 31, 34,
36, 37, 38, 39, 40, 41, 43 ; II, 2, 5, 10, 11, 12, 13, 17, 29 et la IIe table. Il subsiste une préparation de
correction de lettrine au f. 41a (I, 27), un C pour remplacer le D, qui n’a pas été corrigé. Le
chapitre sur Gliselidis (II, 50) renferme trois lettres champies, les deux dernières suivant un bout de
ligne.
25 Celui au f. 128a est inachevé (seul l’or est posé). Au f. 93b, le bout de ligne remplace le numéro de
chapitre, .xxxiij., qui a sans doute été oublié.
26 Meiss 1974, 1, pp. 13, 290, 381, 434 n. 31, 2, fig. 41 et Sterling 1987-1990, 1, p. 290.
27 État de conservation : altération de quelques carrés de la mosaïque de fond (l’or est tombé),
salissures brunes sur l’argent et les figures de gauche.
28 Les carrés roses sont re-quadrillés de blanc pointé, les bleus ornés d’un cercle pointé. Les carrés
bleus sont regroupés par quatre, formant un motif régulier.
564 Cité des dames

jeune fille coiffée à la mode est en robe orangée ; les deux premières dames
portent un cercle de tête or ou noir ; et les chevelures sont blond-jaune.
Christine se reconnaît à sa guimpe, sa robe bleue et ses manches roses
habituelles. La ville est ceinte de murs rose pâle d’aspect lisse, les tours de
l’enceinte rondes avec un toit conique bleu, une tour bleu-vert ; les maisons
sont en brun, bleuté ou vert d’eau, les toits couleur orangé-rose façon tuile
ornés de dessins blancs « bourguignons »29. Un petit personnage termine le toit
d’une maison à g. à l’aide d’un instrument de levage. Le fond de ciel est
moucheté en perspective aérienne et le sol au premier plan fait d’herbe à brins
bleutés sur fond vert clair. Trois étendards d’or plain sur les toits de la ville. La
profondeur est donnée par la porte de ville à travers laquelle on aperçoit le
départ d’une rue.
3. F. 135r (début IIIe partie), av. rubr., 122 x 123 mm : Les dames accueillent la
Vierge et les saintes. Le groupe de dames sort des remparts mené par Justice ici en
robe rouge orangé et surcot blanc, pour accueillir la Vierge toute de bleu vêtue
et tenant un sceptre, et les saintes auréolées d’or bruni. L’embrasure de la porte
n’est pas ouverte sur l’int. de la ville mais peinte d’un gris foncé uniforme30.
Plusieurs toits de tuile roses sont dessinés de motifs géométriques en blanc. Le
fond de ciel est en perspective aérienne et le sol est vert clair moucheté.
Reliure : maroquin citron à trois filets d’or et aux armes royales. Dos à cinq
nerfs portant cinq chiffres royaux entourés d’étoiles, cantonnés de quatre fleurs
de lys en biais et flanqués de deux demi-soleils accompagnés d’une palmette.
Une petite étiquette en maroquin rouge collée sur le dos porte en majuscules
d’or le titre « LA CITÉ DES/ DAMES-ET/PAR CHRI/ DE PISAN ».
Tranches dorées.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Cité 1974, pp. li-lii. C de P, Cité 1975, pp. 393-396. Http://gallica.bnf.fr (images
numérisées de tout le ms.). Meiss 1974, 1, pp. 13, 290, 381 et 2, fig. 41. Reno 2006. Sterling 1987-
1990, 1, pp. 289-290 et fig. 192.

29 Fr. Avril, « La polychromie des toitures médiévales d’après le témoignage des manuscrits à
peintures », Monumental, 1996, pp. 8-13.
30 Le style, moins fin que dans les deux premières enluminures, semble d’un assistant : visages à
mâchoire carrée très blanchâtres, cheveux plus foncés, vêtements doublés d’une autre couleur, ce
qui n’était pas le cas chez le 1er enlumineur. La peinture en gris de l’embrasure de la porte fait
perdre la vue sur l’intérieur de la ville.
Epistre a la reine
Introduction
Chantilly, Bibl. du Château, 493 (recueil) {2}
Paris, BnF, fr. 580 {36}
Paris, BnF, fr. 605 (recueil) {7}
* Londres, BL, Harley 4431 (recueil) {13}

L’exemplaire de l’Epistre a la reine aujourd’hui incorporé au BnF fr. 580 est le


premier manuscrit autographe de Christine à avoir être désigné comme tel1.
C’est, à tous égards, un cas atypique : un bifeuillet contenant une copie
autographe de l’Epistre a la reine a été incorporé à un recueil d’ouvrages sans
rapport avec notre auteur2, les autres textes du recueil étant d’ailleurs transcrits
par deux copistes inconnus et illustrés par un enlumineur flamand travaillant à
Paris, mais qui ne fut jamais associé à l’atelier de Christine. Sans nul doute, le
mécène commanditaire du recueil – peut-être Jean de Berry3 – attachait
beaucoup d’importance à l’Epistre de Christine et voulait l’inclure dans le recueil
alors en cours de confection. Cet exemplaire de l’Epistre a la reine est
accompagné d’une illustration sans rapport avec le texte, au sujet de laquelle
Christine n’avait certainement pas été consultée. En revanche, l’Epistre est
dépourvue de décoration, à la différence de tous les autres textes du recueil, ce
qui semble indiquer que le bifeuillet fut ajouté alors que la décoration du recueil
était déjà achevée.

1 Willard 1965 et Ouy et Reno, 1980.


2 Pour le contenu de ce recueil, voir notice BnF, fr. 580.
3 Reno et Villela-Petit 2010.
F. 53r © Paris, BnF
{36} Paris, BnF, fr. 580 (ff. 53a-54d)
[Epistre a la reine]

CONTENU1
Ff. 53a – 54d « A tres excellent Redoubtee & puissant princesse. Ma dame ysabel Royne de
France …–… Escript le ve. jour d’octombre. [sic] l’an de grace mil iiijC. et / cinq. Vostre
treshumble obeissant Creature/ (crist)ine de pizan. Pre(n)nez en gré s’il vous plaist cest
esc(ri)pt // De ma main fait aprés mienuit une heure // Noble seigneur pour qui je l’ay
escript // Pre(n)nez en gré. // Quant vous plaira mieulz vous sera resc(ri)pt // Mais n’avoye nul
aut(re) clerc a l’eure. // Pre(n)nez en gré. S’il…2 ».

Paris, BnF fr 580, f. 54d © Paris, BnF

HISTOIRE
Date : 1405 ou peu après, à en juger par les enluminures, qui sont le produit
d’un artiste flamand actif à Paris au début du siècle3.

1 L’Epistre occupe seulement deux feuillets (53-54) dans un recueil ainsi composé : Jacques de
Cessoles, Le livre des nobles hommes et des gens de peuple selon le jeu des eschiés, traduction de Jehan de
Vignay du Liber super ludo scaccorum (ff. 1a-40c) ; Renaut de Louhans, Le livre de Melibee et de Prudence
sa femme, traduction du Liber consolationis et consilii d’Albertano da Brescia (ff. 41a-52b) ; l’Epistre a la
reine (ff. 53a-54d) ; le Chevalier de la Tour Landry, Le Livre que le chevalier de la Tour ost [sic] fait pour
l’enseignement de ses filles (ff. 55c-122c [table ff. 55c-56b]) ; Gervais du Bus, Le Roman de Fauvel,
premier livre (ff. 123a-131c). Nous distinguons deux mains dans ces autres ouvrages : une
première, qui copie les ff. 1a-52d, 57a-88d, 123a-131c (fin) ; une seconde, responsable des ff. 89a
(début d’un nouveau cahier) – 122d, de la table des matières du Livre du Chevalier de la Tour Landry
aux ff. 55c-56b, et de toutes les rubriques (qui ne commencent qu’au f. 57r). Dans la table, ainsi
qu’aux ff. 89a-122b, de nombreuses lettres, surtout des majuscules et les d minuscules, sont
relevées d’un trait rouge. La main X n’intervient dans aucune autre partie de ce recueil.
2 Après S’il, un v en partie effacé suivi d’une huitaine de lettres entièrement effacées.
3 Meiss, 1974, 2, pl. 79, 80, 83, 84, 104, 249, où il est qualifié de « Netherlandish illuminator in
Paris ».
568 Epistre a la reine

Possesseurs : Robert Le Moyne (XVe / XVIe) ; Guillemme Saro (XVIe) ; Pierre


(?) Du Chemyn (XVIe) ; « Guillemme Du chemin de sainct Maclou de
Rouen »4. Au début du XVIIe s.5, Jean Bigot, doyen de la cour des aides de
Normandie, acheta à ce dernier ce volume, qui prit dans sa collection la cote
1486. Son ex-libris, portant ses armoiries et son nom, est collé à la contregarde
sup., et son nom, partiellement visible aux ultraviolets, est effacé au f. 40v7. Les
mss de la famille Bigot furent acquis par l’abbé Louvois pour la Bibliothèque du
roi en 17068. Cotes anciennes, sans doute de la collection Bigot : « C7 »
(caviardé) ; « B25 »9. Ancienne cote : « 7073 »2 (Regius)10.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (320 x 262 mm) ; peau légèrement jaunie. La règle du
vis-à-vis est respectée.
Encre : brune.
Préparation
Piqûres : aucune trace.
Réglure : mine brunâtre11.
Mise en page (f. 54r) : 45 + <213> + 62 x 36 + <84> + 27 + <80> +
35 mm. Justification 213 x 191 mm ; 2 cols, 39 interlignes aux ff. 53r et 54v ; 37
aux ff. 53v et 54a, 34 au f. 54b ; l’écriture commence sous la première LR. Le
texte qui nous intéresse est copié sur les ff. 53 et 54, bifeuillet qui constitue le 8e
cahier du codex, après un demi-feuillet (52v) laissé en blanc à la suite du Livre de
Melibee et de Prudence12. L’Epistre est suivie d’un autre bifeuillet qui contient la

4 Les premier, troisième et quatrième noms sont inscrits sur la contregarde inf. ; les deux premiers
sont lisibles aux UV et le quatrième est écrit à l’encre rouge : Ce present livre appartient a maistre Robert
Le moyne demourant a Moncray [?] ; Ce present livre appartient a Pierre [?] Duchemyn ; Pour Gullemme Du
chemin de sainct Maclou de Rouen. Le premier nom se retrouve au f. 86r, et caviardé au f. 86v ; au f. 86r
se trouve aussi le nom Guillemme Saro, suivi une inscription rognée : espuyer [sic] demourant a Sainct
[…]. En plus, la contregarde inf. porte une signature [?] Sainct… accompagnée d’un long paraphe
sinueux qui se termine par une fleur.
5 Delisle, Cab., 1, p. 322. Delisle qualifie Guillaume « Duchemin » d’« amateur normand ».
6 Ce renseignement écrit sur la garde sup. : « Ms. de M. Bigot, 148 ».
7 Le prénom Jehan ou Johan est partiellement effacé dans l’entrecolonne du f. 108r.
8 Delisle, Cab., 1, p. 328. Selon Delisle, la collection en comptait à peu près 500.
9 Ces cotes anciennes se trouvent sur la contregarde sup.
10 Au f. de garde sup. Voir Omont 1908-1913, t. 4, « Manuscrits d’Emeric Bigot (1706) », p. 420,
n° 148.
11 Utilisée jusqu’au f. 65, et du f. 89 jusqu’à la fin. Les ff. 65r-88v sont réglés à la mine de plomb.
12 La reliure étant très serrée, il est difficile de repérer avec certitude la ficelle qui se trouve
normalement en milieu de cahier, mais nous avons cru en voir des traces entre les ff. 53 et 54.
Nous remercions Mme M.-H. Tesnière d’avoir confirmé l’observation que les ff. 53 et 54
constituent un bifeuillet séparé (16 août 2011). Si l’Epistre avait été copiée à la fin du 7e cahier, on
s’attendrait à ce qu’elle comence au f. 52v.
{36} Paris, BnF, fr. 580 569

table des matières du Livre du Chevalier de la Tour Landry13 ; (ff. 55v-56r) ; le recto
du f. 55 et le verso du f. 56 sont inemployés.
Organisation
Signatures : aucune14.
Réclames : aucune.
Travail d’écriture
Texte : Main X.
Style : cursive calligraphique très ornée15.
Ponctuation : point (usage assez fréquent), et bien moins souvent,
virgule.
Corrections : Main X16.
Rubriques : aucune.
Décoration : aucune17.
Illustration : Maître de l’Ovide moralisé, comme le reste du recueil18. Le cadre
jaune pâle bordé de feuilles lobées et baies de même couleur est typique de
l’enlumineur19. Ici les feuilles n’ornent que deux côtés du cadre.
F. 53a : grisaille, 79 x 89 mm., au début de l’Epistre : L’Amant et la dame (scène
qui ne s’accorde pas avec le sujet de l’Epistre). Le couple est assis sur une
banquette dans un édicule ouvert sur les côtés et reposant au premier plan sur
des colonnettes (architecture en diaphragme), le tout sur fond de parchemin en
réserve. L’homme tient un phylactère portant les mots mort ou merci ; la femme,
vêtue d’une robe et d’une coiffe simples, n’a rien d’une reine. L’image est peinte
en grisaille à rehauts de brun, bleu délavé (indigo ?), jaune pâle (colorant

13 Ce 1er f. (55) de ce bifeuillet a la même disposition que le dernier de l’Epistre, (p/c). Le f. 55r est
réglé, mais le f. 56v ne l’est pas. Le parchemin de ce bifeuillet est plus épais que celui du reste du
ms.
14 Ni signature ni réclame pour notre texte. Le recueil, qui contient 131 folios, comporte une seule
signature (au f. 2r) et des réclames aux ff. 8v, 16v, 24v, 32v, 48v, 64v, 72v, 80v, 95v, 103v, 111v et
une réclame grattée au 119v.
15 L’écriture devient plus aérée à la col. 54b, qui contient moins de mots que les autres colonnes.
16 Deux mots ajoutés, un mot gratté et un exponctué ; ces corrections ont sans doute été faites en
cours de copie. Comme le signale A. Kennedy, cet exemplaire comporte des fautes qu’on ne
trouve pas dans les autres témoins. Trois d’entre elles figurent dans la phrase qui commence par les
mots : Et ma redoubtee dame au f. 53c où les mots esté et vous sont omis, evolu est écrit au lieu de enclin ;
au f. 53b, le mot tristesse, écrit tritresse ou tretresse ? Comme il s’agit là de simples lapsus et comme
cette copie ne semble pas avoir été revue, nous ne partageons pas l’opinion de Kennedy, pour qui
ces fautes interdiraient d’attribuer la copie à l’auteur. Même quand elle ne travaillait pas à une heure
du matin, Christine était souvent sujette à la distraction.
17 Un espace d’une vingtaine de millimètres précède la salutation A tres excellent redoubtee et puissant
princesse […] comme si une lettrine ornée avait été prévue, mais on ne voit aucune lettre d’attente,
et la première majuscule est tracée à l’encre brune comme le reste du texte. Contrairement à tous
les autres textes du volume, celui-ci n’est jamais passé entre les mains de l’ornemaniste.
18 Reno et Villela-Petit 2010.
19 Autres mss attribués à ce maître : BnF, fr. 373 (l’Ovide moralisé) et trois mss de la BL à Londres :
Burney 257 (Stace, Thebaïde et Achilleïde [en collaboration avec le Maître de la Cité des dames, le
Maître d’Orose et le Maître de Virgile]), Sloane 2433 (Grandes Chroniques de France) et Stowe 54
(Histoire ancienne).
570 Epistre a la reine

organique ?) et carnations roses. L’enluminure est plus soignée que les autres du
recueil, ce qui suggère qu’elle n’a pas été exécutée en même temps que celles-ci.
Reliure : veau fauve, bordure de deux filets d’or. Sur le dos : armes de Jean
Bigot dorées répétées cinq fois20, avec l’inscription : « DU JEU DES
ESCHETZ FOL. M.S. »
BIBLIOGRAPHIE
BnF Moreau 1655, f. 97r-v, n° 494. Delisle 1877, p. 41 n° 148. Delisle, Cab., 1, p. 322. De Winter
1982, pp. 336-337. Kennedy 1990. Mss fr. 1842, pp. 71-86. Ouy et Reno 2000. Reno et Villela-
Petit 2010. Thomassy 1838, pp. xv-xxiii. Willard 1965.

COMMENTAIRE
Nous avons ici le seul des textes autographes ou originaux de Christine qui soit
transmis par un recueil contemporain dont les autres éléments ne concernent
nullement notre auteur. De plus, l’enlumineur a choisi le sujet de l’illustration
sans tenir compte du sens. La place de l’ouvrage dans un bifeuillet séparé, le fait
que l’illustration, la seule à accompagner un exemplaire de l’Epistre, soit sans
rapport avec son contenu, l’absence de toute décoration propre (lettrine,
baguette), à l’encontre des autres textes, tout indique qu’il s’agit d’un élément
ajouté au recueil.
Cet exemplaire de l’Epistre est aussi le seul à comporter le rondeau-colophon
final. Le noble seigneur à qui l’auteur s’adresse était sans doute le commanditaire
du recueil, qui voulait ajouter l’Epistre a la reine à celui-ci à un moment où sa
fabrication était déjà bien en route. Peut-on s’aventurer à une identification ?
Trois éléments permettent de proposer comme hypothèse le nom de Jean de
Berry. (1) Comme l’indique le rondeau, il s’agit d’un personnage susceptible
d’acquérir d’autres manuscrits de Christine : Quant vous plaira, mieulz vous sera
rescript ; Jean de Berry est le mécène dont l’intérêt pour les manuscrits de
Christine est le mieux documenté. (2) Comme le duc de Berry était en partie
responsable de l’heureuse résolution du conflit qui occasionna le contentieux
dans lequel l’Epistre implore l’intervention de la reine, son intérêt particulier
pour cet ouvrage ne fait pas de doute21. (3) Enfin, l’artiste flamand en question
était très apprécié de Jean de Berry, comme en témoigne son exemplaire
richement illustré de l’Ovide moralisé (BnF, fr. 373)22.

20 Et sans doute même une sixième fois (sous l’étiquette de la cote). Les armes de Bigot sont d’argent
au chevron de sable chargé en chef d’un croissant d’argent et accompagné de trois roses de gueules, 2 en chef, 1 en
pointe.
21 À l’aide des Roys de Secile et de navarre et des ducs de berry et de bourbon avecques eulx le conseil du Roy bonne
paix y fu trouvee et se departirent les gens d’armes d’un costé et d’autre sans nul mal faire a leur partement
(Chantilly, Bibl. du Château, 493, f. 427c {2}).
22 Meiss 1967, 1, p. 313.
Manuscrits en papier
Introduction

Paris, BnF, fr. 24864, ff. 14r-18r et 176r-178bisv

Tous les manuscrits originaux de Christine de Pizan qui nous sont parvenus,
à deux exceptions près, utilisent comme support le parchemin. Les deux
exceptions sur papier se trouvent, sans doute pas de façon fortuite, dans le
même recueil factice constitué à l’Abbaye de Saint-Victor vers le milieu du XVe
siècle, BnF, fr. 24864.
Ce recueil, comme le révèle la table, a été constitué selon trois critères : le
support (papier), la langue (française) et le contenu (moral) : « in papiro et
gallico diversa moralia »1.
Les deux ouvrages de Christine que transmet le volume de Saint-Victor
sont l’unique exemplaire des Proverbes moraux hors recueil et l’unique exemplaire
de la Lamentacion Cristine de Pizan2. La méfiance qu’exprime Christine dans les
Fais d’armes et de chevalerie à l’égard du papier3 explique sans doute pourquoi nous
n’avons aucun exemplaire de présentation copié sur ce support, qu’elle réservait
apparemment aux copies préliminaires. Mais ce n’est pas la seule raison. En fait
– à l’exception des Pays-Bas bourguignons, où l’on vit apparaître dès le
troisième quart du XVe siècle des livres illustrés en papier jusque dans la
bibliothèque ducale, et celle des Bourbon où les manuscrits sur papier sont
abondants – un exemplaire de présentation en papier aurait été tenu pour un
acte de désinvolture. Encore au siècle suivant, lorsque François Ier créa ce qui
devint plus tard le dépôt légal, l’exemplaire destiné au roi était toujours imprimé
sur vélin4.
Cependant, Guichard II Dauphin, seigneur de Jaligny, conseiller et
chambellan du roi en 1408 et, dès le 30 octobre 1409, souverain-maître de
l’hôtel du roi (titre qui lui fut donné après la mort de Jean de Montaigu),

1 Table des matières, f. de garde en parchemin, verso.


2 Un exemplaire isolé de la Lamentacion sur les maux de la guerre civile figurait aussi dans la bibliothèque
de Guichard II Dauphin, v. Leroux de Lincy, Inventaire des livres composant la bibliothèque des seigneur de
Jaligny (6 juint 1413), Paris, 1844.
3 Dommaige seroit que la foiblesce d’un pou de papier qui se pourrist en petit de temps eust la memoire anientie de sy
nottable ordonnance… (C de P, Fais d’armes 1988, 2, p. 149).
4 Ces exemplaires forment aujourd’hui à la BnF une section de la Réserve des Imprimés appelée « les
vélins du roi ».
572 Manuscrits en papier

possédait en 1413 pas moins de cinq manuscrits de Christine de Pizan, dont un


au moins sur papier : (n° 15) plusieurs choses dictées par Christine de Pizant ; (n° 16)
ung aultre livre en papier que Christine a fait, de la Cité des Dames ; (n° 33) deux Epistres
que Christine fist quant noz seigneurs estoient devant Visestre ; (n° 64) les Cent Balades ;
et (n° 82) une Epistre que Christine fist, adreçent à la reyne de France5. Guichard II
Dauphin avait notamment des exemplaires en papier des Grandes Chroniques de
France, des Epîtres de Jean Creton, un recueil contenant Le Songe vert et La
châtelaine de Vergy, une Consolation de Philosophie de Boèce, les Demandes de
Geoffroy de Charny, L’Art d’aimer d’Ovide, le Codicile de Jean de Meun ou
encore un Isopet. Il est donc possible que le papier ait été employé dès cette
époque pour une diffusion à moindre coût auprès d’amateurs de moindre rang
que les princes auxquels Christine offrait ses beaux manuscrits sur parchemin.
L’exemplaire des Proverbes est vraiment fruste ; même s’il est daté – et c’est le
seul exemplaire de cet ouvrage à porter une date –, le papier n’a pas été
préalablement réglé, et les proverbes sont copiés de sources variées souvent
sans souci de correction. On y trouve néanmoins une lettrine dessinée à la
main, un colophon et un nota bene (f. 177r), qui indiqueraient que cet exemplaire
représente plutôt une mise au net qu’un véritable brouillon. Nous savons
d’ailleurs que la version des Proverbes contenue dans cette mise au net a circulé
indépendamment de la version que transmet ses deux recueils6. D’ailleurs, la
lettrine qui introduit les Proverbes dans un manuscrit contemporain (BnF, fr. 812,
f. 264d) semble s’inspirer de la capitale fruste qu’on trouve dans la mise au net
de Christine.
Ces deux manuscrits se distinguent par le processus de correction : il est non
existant dans la Lamentacion, et dans les Proverbes, plutôt que de préparer les
corrections par une inscription marginale destinée à être effacée, et puis de
procéder au grattage du texte à changer et à l’inscription de la bonne leçon, ce
qui est le cas dans les manuscrits de présentation. Christine corrige directement
sur son brouillon, le plus souvent en barrant des vers entiers. Comme on l’a
démontré7, l’ordre des éléments va changer considérablement entre le moment
où Christine consigne ces proverbes sur papier et leur publication dans le
recueil du duc de Berry (vers 1408) et celui de la Reine (1414).

5 A. Leroux de Lincy, op. cit. ; et I. Villela-Petit, « Béraud III, dauphin d'Auvergne, ou Guichard II
Dauphin ? Un cas d'homonymie héraldique », Revue française d'héraldique et de sigillographie, 71-72
(2001-2002), pp. 53-72 et pl. II à IV. L’inventaire de la bibliothèque de Guichard Dauphin compte
83 item.
6 Ouy et Reno 2004.
7 Ibidem.
F. 176r © Paris, BnF
{37} Paris, BnF, fr. 24864, ff. 176r-178bis v
Pourverbes [moraux]

CONTENU1
Ff. 176r-178bis v
« Les bonnes meurs / & les sages
notables // Ramentevoir souvent
sont profitables …−… Soy
dep(art)ir p(ar) bel & afin de
compte // Est neccessaire / a qui
de paix fait compte
Explicit Esc(ri)pt la veille S(ain)t Luc
euvangeliste .xvije. Jour d’ottobre l’an de
grace mil .iiijC. & cinq. etc. Explicit
Pourv(erbes) ».
F. 178bis v © Paris, BnF
HISTOIRE
Date : 17 octobre 1405, d’après l’explicit ; c’est le seul témoin de cet ouvrage à
porter une date. Écrit sur papier non réglé en cursive chargée d’abréviations,
portant des ratures et de grosses fautes d’inattention2, ne laissant pas d’espace
entre les distiques, ce manuscrit a l’aspect d’une première mise au net hâtive.
Possesseur : l’Abbaye de Saint-Victor, dont cote TT7 attribuée par Claude de
Grandrue en 1514 en bas de la table des matières, et d’autres anciennes cotes au
f. 1r (C.d.33, 509, 879, 623). Les divers éléments de ce recueil ont été réunis par
Guillaume Tuysselet au milieu du XVe s.3. La provenance de cet élément est
sans doute la même que celle des ff. 14r-18r (Lamentacion Cristine de Pizan). Les
manuscrits de Saint-Victor passèrent à la Bibliothèque de la Nation (future
BnF) lors de la Révolution. Estampille Second Empire (1852-1870) aux ff. 176r
et 178bis v4.

1 Cent proverbes en tout ; le 73e manque, et le 39e se trouve entre le 87e et le 88e. Pour le contenu du
reste du recueil, v. notice du BnF, fr. 24864, ff. 14r-18r, n. 1.
2 Les erreurs les plus manifestes : n° 30 : faindre au lieu de fraindre ; n° 38 : sang au lieu de soing ;
n° 47 : oyseuse (au 2e vers) pour noyseuse ; n° 66 : traire au lieu de taire. Paradoxalement, cette version
préliminaire présente plusieurs leçons meilleures que celles des deux exemplaires de présentation
où figurent les Proverbes, BnF, fr. 605 et Londres, BL, Harley MS 4431 ; par exemple, n° 3 : L’ons
attrempés fort au lieu de Homs a. froit (BnF, fr. 605 et Harley MS 4431) ; n° 9 : durable memoire au lieu
de double m. (BnF, fr. 605) / double la memoire (Harley MS 4431) ; n° 25 : Cilz est heureux qui peut et a
voloir ; …a valoir (BnF, fr. 605 et Harley MS 4431) ; à noter que l’éd. Roy corrige valoir en voloir sans
le signaler ; n° 90 : L’amours qui vient seullement d’une part au lieu de Le bien qui… (BnF, fr. 605 et
Harley MS 4431).
3 Sur ce personnage v. Calvot et Ouy 1990, p. 28.
4 Cat. gén. mss lat. 8823-892, p. XXI, 2e col. bas, estampille proche de Josserand-Bruno type 36.
576 Proverbes moraux

Ajouts plus tardifs : deux vers en latin au v. 178v5. Une deuxième inscription
en latin, écrit à l’envers en m/q du f 176r, a été biffée. La table des matières, qui
ne fait pas mention de ce texte (non plus que de divers autres), a été ajoutée au
début du recueil par André Hausselet6.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : papier (216 x 142 mm)7, portant de nombreuses taches
d’humidité qui font que ces ff. (à part le bifeuillet de parchemin ajouté, ff. 247-
248), sont les plus salis du recueil.
Encre : brune ; l’explicit en rouge (couleur assez passée).
Préparation
Piqûres : aucune trace.
Réglure : aucune trace.
Mise en page (f. 177r) : 216 x 142 mm = 16 + 169 + 31 x 25 + 100 +
17 mm ; justification 169 x 100 mm, 24-29 longues lignes.
Organisation
Le ms. occupe un cahier de 4 ff., sans réclame.
Signatures : les trois premiers ff. (176-178) portent en m/q, à dr., un
chiffre arabe de .j. à .iij., tracé de la même couleur d’encre que le texte.
Foliotation : comme presque tous les mss de Saint-Victor, le recueil
porte une foliotation XVe/XVI s. en gros chiffres arabes. Le f. 178bis a été
numéroté plus tardivement8.
Travail d’écriture
Texte : Main X.
Style : cursive assez hâtive, proche de X’. L’écriture ressemble beaucoup
à celle utilisée pour transcrire le Dit de la pastoure à la fin de Chantilly, Bibl. du
Château, 492 {1}.
Ponctuation : barres de scansion (trait oblique assez épais après la 4e
syllabe), sauf quand la césure tombe au milieu d’un mot. Un seul nota au
f. 177r9.
Corrections : Main X, qui rature et récrit de nombreux vers et des mots mal
écrits.
Rubriques : aucune.
Reliure : pleine basane grattée refaite au XXe siècle dans le style médiéval.
BIBLIOGRAPHIE
Ouy 1999, 2, pp. 412-414. Ouy et Reno 2004. Ouy et Reno à paraître.

5 Si quis laudari captat [sic pour cupiat] carusque vocari // Discat adulari nam sunt tales modo cari.
6 Ouy, St. Victor, 2, p. 51.
7 Filigrane, ff. 177-178 : P surmonté d’une croix, Briquet n° 8476, attesté en 1398.
8 Le f. 178bis est numéroté à l’encre noire, tandis que l’ensemble du volume est numéroté à l’encre
brun clair. V. notice de BnF, fr. 24864, ff. 14r-18r (Lamentacion), « Organisation » et n. 12.
9 À côté du proverbe Trop enquerre n’est pas p(ro)fitable // Ne d’autrui fait est(re) mo(u)lt ent(re)metable.
F. 14r © Paris, BnF
{38} Paris, BnF, fr. 24864, ff. 14r-18r
La lamentacion Cristine de Pizan

CONTENU1
Ff. 14r-18r « Qui a point de pitié la mette en oevre / veez cy le temps qui le requiert. Seulette a
part et estraignant a grant paine les /2 lermes qui ma veue troublent …−… a la quelle chose / le
Benoit saint esp(er)it acteur de toute paix / te doint cuer et courage / de tost le mettre a
fin /.Amen. Et a moy povre voix criant en ce Royaume desireuse de paix / & du bien de vous
touz v(ost)re servante (crist)ine meue en tresjuste entente / doint veoir la journee / Amen. Escript
le .xxiijme. Jour d’aoust / l’an de grace mil .CCCC. & dix/. .Explicit. ».
HISTOIRE
Date : 23 août 1410, d’après le colophon, date que confirmerait le filigrane3.
Unique exemplaire survivant connu de la Lamentacion, cet autographe sur papier
1 La Lamentacion est le deuxième élément de ce recueil presque entièrement sur papier, à l’exception
de 3 ff. de parchemin (table des matières ajoutée et ff. 247-248). Le recueil est composé des
éléments codicologiques suivants (nous utilisons les crochets pour signaler un titre ou un auteur
non identifiés dans l’ouvrage en question) : contregarde et garde en papier moderne ; table des
matières (de la main d’André Hausselet) au côté v. de la garde en parchemin. ¶ 1 [Les sept épis trouvés
dans la Passion de Jésus-Christ] (ff. 1r-13r ; le f. 13 étant amputé en bas d’un tiers) ; Personne qui reçoit
dignement le corps de nostreseigneur Jhesucrist il reçoit .xij. dons (f. 13v) ¶ 2 La lamentacion Cristine de Pizan
(ff. 14r-18r) ; ff. 18v-21v inemployés ¶ 3 Theodolet en françoiz (ff. 22r-39v) ¶ 4 Comment homme se
complaint a Raison de sa fragilité qui le tient en pechié (ff. 40r-43v) ; [deux réflexions philosophiques]
(f. 43v) ; [prières en latin sur les sept psaumes pénitentiels] (ff. 44r-v) ; Les figures du nombre de
algorisme (f. 44v); [cinq citations latines d’auteurs latins et de pères de l’Église] (f. 44v) ; La doctrine et
enseignement pour savoir parler et taire a point… translaté de latin en franceis (ff. 45r-66v) ; [diverses
sentences morales en latin] (ff. 66v-67v) ; Les douze proprietés du corps humain (f. 67v) ¶ 5 ff. 68r-81r
manquent ; ils contenaient, d’après la table des matières, Le jeu du roi Salomon et de ses trois freres, a sept
personnages ¶ 6 Le livre de tribulations avec table des matières complète à la fin (ff. 82r-106v) ; f. 107
manque ¶ 7 f. 108 manque ; il contenait, d’après la table des matières, le début de Sur le Sacrement de
l’autel, dont fragment (ff. 109r-110v) : …le tiers est qu’il restoire ce qui estoit perdu …−… vraye charité
devient petite et humble et demoure ¶ 8 (f. 111 manque, qui renfermait les Douze degrés d’humilité) ; [Priere
en vers a sainte Catherine] : Ave tressainte Katherine // vierge pucelle nette et fine… (ff. 112r-117v) ¶ 9
[Richard de Saint-Victor], Le traitié saint Bernart sur les beneisons des .xij. fuilz Jacob (ff. 118r-160r) ; le
f. 118 contenant le titre, ajouté et puis recouvert d’encre, des inscriptions diverses, des jeux de
plume et la signature de Martin le Viguereux, le f. 118v inemployé ; [Prière en vers] (indiquée
comme incomplète dans la table des matières) : Marie mere de Dieu fu… (ff. 160v-161r) ¶ 10 La
Doctrine qui a taire et parler doctrine (ff. 162r-165v) ; [Jean Gerson], Une briefve maniere de confession pour
jeunes gens (ff. 166r-167r) ; (ff. 167v-168r inemployés) ¶ 11I Table des matières, Pastoral saint Gregoire
(ff. 168v-169v) ¶ 12 Grace que on doit procurer est que on soit ainsi muez que on ne prise ne aime bien […]
(ff. 170r-175v, signés Sy. Lebur) ¶ 13 Porverbes [moraux de Christine de Pizan] (ff. 176r-178bis v) ¶
11II Pastoral saint Gregoire (ff. 179r-236r) ; [Poème de 15 vers] Voye chascun du quel office sert […]
(f. 236r) ; [Jean Gerson], Speculum bone vite (ajouté par Guillaume Tuysselet sur 3 ff. inemployés,
ff. 236v-238v ; le titre est donné à la fin) ¶ 14 Lamentacions et douleurs de la benoite mere de Jesu Crist
nostre sauveur (ff. 239r-246v) ; [Sept citations latines, surtout de Pères de l’Église] (f. 246v) ¶ 15
(ff. 247-248 d’origine manquent, décrits à la table des matières ainsi « A et le confesseur B. affin
que la parolle C. 246 [sic] et usque 248 » ; ff. 247-248 : (bifeuillet étranger sur parchemin) : signature
de Martin le Viguereux (f. 247r), Lettres patentes de Charles VI pour Jean de Neufville, relatives à
la baronnie de Montpinchon (ff. 247v-248v) ; garde et contregarde en papier moderne.
2 Cette virgula se trouve en fin de ligne et sert peut-être à combler l’espace laissé.
3 V. note 10.
580 Lamentacion

dépourvu de toute décoration présente toutes les caractéristiques d’une


première mise au net4.
Possesseurs : l’Abbaye de Saint-Victor, dont cote TT7 attribuée par Claude de
Grandrue en 1514 en bas de la table des matières, et d’autres anciennes cotes au
f. 1r (C.d. 33, 509, 879, 623). Les divers éléments de ce recueil furent réunis
sans doute par Guillaume Tuysselet au milieu du XVe s5. La présence
simultanée dans ce recueil factice de deux autographes sur papier6 de Christine
de Pizan n’est sans doute pas le fait du hasard, mais rien ne permet de savoir
comment ces éléments ont abouti à Saint-Victor. Les manuscrits de Saint-
Victor passèrent à la Bibliothèque de la Nation (future BnF) lors de la
Révolution. Estampille Second Empire (1852-1870) aux ff. 14r et 18r7.
Ajouts plus tardifs : note de bibliothécaire, en tête du f. 14r : « ms. ecrit en
1410 ». La table des matières8, où cet ouvrage figure sous le titre Lamentacion
Cristine de Pizan, fut ajoutée à la tête du recueil par André Hausselet9.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : papier10 de couleur claire, dont seul le premier f. porte quelques
taches d’humidité et d’encre.
Encre : brun foncé.
Préparation
Piqûres : une ou deux par folio, rondes, en milieu de m/g.
Réglure : à la pointe sèche, double ligne verticale à g. pour situer la marge.
Mise en page (f. 17r) : 214 x 140 mm = 20 + <148> + 46 x 35 +
<100> + 5 mm. Justification 148 x 100 mm ; 28 longues lignes en général11.
Organisation : un seul quaternion, ff. 14-21, sans signature ni réclame, dont le
texte occupe les quatre feuillets et demi du début.
Foliotation : victorine (XVe s.) à l’encre brun clair en gros chiffres arabes ici
comme pour tout le recueil, à deux exceptions près12.

4 Utilisation du papier, caractère sommaire de la réglure et marge irrégulière à dr., absence de


décoration.
5 Sur ce personnage, v. Calvot et Ouy 1990, p. 28.
6 L’autre étant un exemplaire des Proverbes moraux aux ff. 176r-178bis v.
7 Cat. gén. mss lat. 8823-892, p. XXI, 2e col. bas, estampille proche de Josserand-Bruno type 36.
8 Côté verso de la garde sup. en parchemin.
9 Ouy 1999, 2, p. 51. Le nom du duc de Berry est une fois écrit en lettres espacées (f. 16r) et deux
fois souligné (ff. 16r, 18r), mais il n’est pas prouvé que le soulignement soit dû à Christine. L’encre
est plus foncée que celle du texte.
10 Aux ff. 17 et 21, Briquet n° 350, attesté 1401-1410. S’il en était besoin, le filigrane confirmerait
donc pleinement la date fournie par le colophon.
11 27 interlignes au f. 15r, 31 au f. 15v, 29 au f. 17r.
12 Les ff. 178bis, dernier f. des Proverbes moraux, et 247, premier f. du bifeuillet en parchemin ajouté,
ont été numérotés ultérieurement.
{38} Paris, BnF, fr. 24864 581

Travail d’écriture
Texte : Main X.
Style : cursive calligraphique. Le nom du duc de Berry est écrit en plus
gros caractères au f. 16r (O duc de Berry) et est souligné (ainsi qu’au f. 18r).

F. 18r © Paris, BnF


Ponctuation : virgule ; double jambage précédant, ou précédant et
suivant, divers éléments du texte13.
Corrections : aucune.
Rubriques : le titre La lamentac(i)on (crist)ine de pizan et la citation (Qui a point
de pitié…) qui le suit sont les seuls éléments susceptibles d’être considérés
comme des rubriques ; ils sont à l’encre brune du texte.
Reliure : pleine basane grattée refaite au XXe siècle dans le style médiéval.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Lamentacion 1980. C de P, EPVH / Epistre a la reine / Lamentacion 1984. Ouy 1999, 2,
pp. 412-414.

13 Au f. 18r, avant et après Amen et l’explicit, avant Et a moy… et la date.


Advision Cristine
Introduction

Paris, BnF, fr. 1176 [A] {39}


Bruxelles, KBR, 10309 [B] {40}
Collection particulière (ex-Phillipps 128) [C] {41}

Il subsiste trois mss originaux du Livre de l’advision Cristine ; par ordre


d’ancienneté, ce sont les mss Paris, BnF, fr. 1176 (A), Bruxelles, KBR, 10309
(B) et un troisième, C, qui portait la cote 128 dans la célèbre collection de Sir
Thomas Phillipps et qui est resté en mains privées. Le manuscrit de Paris et
l’ex-Phillipps 128 sont de la main X, qui a aussi inscrit les rubriques dans
l’exemplaire de Bruxelles, copié par R. Les manuscrits de Paris et de Bruxelles
sont très proches ; l’ex-Phillipps 128 se distingue des autres surtout par la
présence d’une préface, ajoutée par la suite, qui explique les allégories de la
première partie de l’ouvrage, et par l’enlumineur, dont c’est la seule réalisation
pour le compte de Christine de Pizan ; ce manuscrit a dû être copié quelques
mois après les deux premiers.
Tout comme les manuscrits du Livre des trois Vertus et du Livre du corps de
policie et à l’encontre de ceux de la plupart des autres ouvrages de Christine, les
manuscrits de l’Advision Cristine ne numérotent pas les chapitres et ne
contiennent pas de table des matières. À l’exemple des premiers témoins du
Corps de policie1, la rubrique liminaire de l’Advision est ajoutée, dans les
exemplaires de Paris et de Bruxelles, en bas d’un feuillet séparé, ce qui suggère
que cette rubrique n’était pas encore composée quand le travail de transcription
du texte a commencé. Dans C, la rubrique liminaire est incorporée au début de
l’ouvrage, mais on n’a pas laissé assez de place pour la rubrique du premier
chapitre, qui n’a jamais été ajoutée.
On remarque, tout comme pour les premiers exemplaires Des fais et bonnes
meurs et de la Mutacion, que l’exemplar sur lequel A et B ont été copiés, était
incomplet : dans ces deux manuscrits, trois lacunes avaient été laissées en cours
de copie et comblées par la suite par la main X. La plus significative concerne
le nom de l’allégorie de la première partie, Libera, qui dans les deux manuscrits

1 Chantilly 294 {45}, BnF, fr. 1197 {46} et Arsenal 2681 {47}.
584 Advision Cristine

est ajouté dans un espace un peu trop grand laissé au chap. I, 72. La deuxième
lacune est comblée par les mots en la terre latine, qui, au chap. I, 6, identifient le
pays où une branche de l’arbre d’or avait pris racine avec succès3. La troisième
est une référence bibliographique ajoutée au chap. I, 18 où Christine précise
que la vision du prophète Zacharie se trouve au cinquième chapitre du livre
biblique de ce nom4. Dans C, ces trois détails sont transcrits normalement dans
le texte, indiquant qu’ils avaient été intégrés au modèle.

A, f. 4v © Paris, BnF
Certains détails des manuscrits A et B permettent de deviner aussi un
manque de clarté dans l’exemplar sur lequel ils sont basés. Au chap. II, 22, la
phrase Car s’ainsi estoit mieulx vouldroie tart que jamais les amender est copiée au
mauvais endroit dans A et sa vraie place indiquée par des signes de renvoi ;
dans B, cette phrase est copiée deux fois à différents endroits et la première
occurrence barrée. On imagine que cette phrase avait été insérée dans les
marges de l’exemplar sans que son emplacement soit clairement signalé5.
Un autre point commun entre A et B concerne un ajout identique qui
précise le nombre d’années que Christine a dû se passer de la compagnie de son
fils, parti avec le comte de Salisbury en Angleterre : .iii. ans sans lui eus esté6.
Dans C, par contre, ces mots sont écrits normalement dans le passage où ils se
trouvent, indice de plus de sa postériorité.
Malgré leur proche parenté, A et B montrent des divergences textuelles et de
mise en page qui attestent une progression de l’un à l’autre. Dans A, un nombre
considérable d’espaces blancs accompagnent les rubriques, alors que dans B, les
rubriques remplissent mieux la place qui leur est réservée. B offre aussi une
meilleure mise en page de la ballade de la troisième partie (Helas ou trouveront donc
reconfort…) : au lieu d’essayer de copier chaque vers en une seule ligne, comme
l’avait fait X dans le ms. A en faisant déborder quatre vers, le copiste R termine
la plupart des vers dans B sur une deuxième ligne.

2 V. images dans la notice KBR 10309.


3 Voir C de P, Advision 2001, p. 17 l. 35.
4 Ibidem, p. 33.
5 Ibidem, p. 88.
6 Ibidem, p. 113.
Introduction 585

On trouve dans le ms. B des améliorations textuelles qui seront toutes


portées au dernier exemplaire (C). Certaines sont des allègements : par exemple,
ton stile estre plutôt que ton stile est ; faulte n’y a plutôt que mais non pour tant faulte n’y
a7. D’autres améliorations de B apportent des précisions utiles ou pittoresques,
telles perverse envenimee à la place de parfaicte ennemie, plus que toy ajouté après femmes
sages, ou une longue prolixité plutôt que une prolixité tout court8.
On remarque toutefois que le copiste R fait des erreurs de transcription
dans le manuscrit de Bruxelles qu’on ne trouve ni dans A ni dans C et qui lui
sont donc imputables, telles imitacion à la place de mutacion, sans Bernard au lieu
de saint Bernard et encontre au lieu de encore9.
Le manuscrit C, tout en incorporant les améliorations textuelles introduites
dans B, apporte d’autres changements lexicaux et stylistiques, dont la plupart
peuvent aussi être qualifiés d’améliorations. Par exemple, le verbe figuroient
remplace signifioyent, le mot plus précis cause remplace chose, l’adjectif grant est
ajouté devant resplandeur, animant remplace animal, infortuneement est ajouté après
faire, raportoit remplace disoit, povre est ajouté une fois devant vesve10. Certaines
rubriques sont retravaillées aussi pour apporter plus de précision ; ainsi celle du
chap. II, 15, qui traite des puissances de Dame Opinion, devient plus parlante
dans C, où Encore dit de sa poissance est changé en Des seignouries que l’ombre dit que
elle a fait entrechangier. La rubrique du chap. II, 17 remplace Dit ancore l’Ombre des
choses que elle a faites faire par Encore dit l’Ombre de ces merveilles et l’intitulé du
chap. II, 20 est changé de Ce que l’Ombre disoit des gens d’armes en De ceulx qui se
combatent en champ11. On constate aussi dans C la préférence du préfixe ad dans
a(d)vision et a(d)venir, et la reformulation de certains noms, tels Pelagien qui
remplace Pelage.
Toutefois, la plus grande différence entre le ms. C et les témoins précédents
est l’ajout d’une préface de six feuillets qui fournit une glose à trois niveaux des
allégories de la première partie de l’ouvrage. On peut bien supposer que le
mécène qui avait commandé l’ouvrage avait demandé cette clé pour mieux
comprendre les allégories fort obscures qui en constituent la première partie.
La préface occupe un cahier séparé dont l’encre est plus foncée que celle
utilisée pour le texte ; il a clairement été ajouté au manuscrit. Son contenu avait
été préparé par une série de notes cursives marginales qui rappellent le contenu
des chapitres glosés12 ; ces notes ont fort heureusement survécu et nous
7 Ibidem, p. 88.
8 Ibidem, pp. 35, 88, 138.
9 Ibidem, pp. 65, 137.
10 Ibidem, pp. 12, 30, 62, 101, 104, 106.
11 Ibidem, pp. 76, 79, 85.
12 V. ibidem, pp. xlvii-xlix et Reno 1992.
586 Advision Cristine

fournissent ce qui est sans doute la meilleure preuve que la main X’, que l’on
voit surtout dans les préparations de correction mais aussi les corrections des
manuscrits de Christine, est celle de l’auteur.
Fol. 1r © Paris, BnF
{39} Paris, BnF, fr. 1176
Le livre de l’avision de Cristine

TABLE SOMMAIRE
Partie Feuillets Nombre de chapitres1
I 1a-24c 29
II 25a-49d 22
III 50a-81b 27

CONTENU
3e f. de garde d « Ci commence le livre de l’avision \de/ (crist)ine, le quel est party en iij.
parties/ La premiere partie \(par)le/2 de l’image du monde et les merveilles que elle y
vid …–… Item la tierce partie parle de confort de philosophie ».

Ff. 1a-24c « Premierement dit (crist)ine Comment son esperit fu transporté. Ja passé avoie
la moitié du chemin de mon pelerinage …–… lui en promettant vraye excecussion.3 Et atant
reposer la laissay. Explicit la premiere partie du livre de l’avision (Crist)ine ».
Ff. 25a-49d « Ci co(m)mence la seconde partie du livre de l’avision (crist)ine la quelle
parle de dame oppinion et de ses ombres Aprés ces choses me sembloit q(ue) desireuse de
pl(us) avant enquerre …–… par vous est plus le monde gouverné que par grant savoir. Explicit
la .ije. partie du livre de l’avision (crist)ine4. ».
Ff. 50a-81b « Ci co(m)me(n)ce la t(ier)ce partie du livre de (crist)ine / le quel parle /5 de
confort de philosophie. Es escolles dessus dictes aprés ces choses co(m)me je traçasse …–…
qui a proprieté de tant plus plaire co(m)me plus on le regarde. Explicit le livre de l’avision de
(crist)ine. ».

HISTOIRE
Date : 1405-début 1406. Ce ms. est le plus ancien témoin de cet ouvrage, daté
de 14056.
Possesseurs : les deux étiquettes de parchemin collées à la contregarde sup. de
la reliure actuelle figuraient autrefois sur le plat inf. de la reliure d’origine ; elles
sont l’œuvre de deux bibliothécaires de Charles d’Orléans ; la plus récente est
sûrement postérieure au retour de captivité du prince. Son libellé – « La Vision
de Cristine du duc de Berry » – porte tout naturellement à croire que le premier
possesseur du volume aurait été Jean de Berry (1340-1416) qui en aurait fait
don soit à son neveu Louis d’Orléans, soit, après le meurtre de celui-ci en 1407,
à son petit-neveu Charles d’Orléans.

1 Les chapitres ne sont pas numérotés dans le ms.


2 La teinte plus claire de l’encre de l’ajout montre que celui-ci a été fait plus tard.
3 Le signe de ponctuation est ici un double jambage, ressemblant à un petit u.
4 Les trois dernières lignes du texte et l’explicit sont écrits en m/q.
5 La virgula est ici ajoutée à l’encre brune, donc quand la rubrique existait déjà.
6 […] depuis l’an mil .CCC. .iiij.xx et .xix. que je commençay jusques a cestui .CCC. et .v. (f. 62a).
590 Advision Cristine

BnF, fr. 1176, contregarde sup. © Paris, BnF

Toutefois, les choses ne sont pas si simples : en effet, des deux autres
manuscrits provenant de la librairie de Charles qui portent une étiquette de la
main de ce même bibliothécaire7, l’un (BnF, fr. 1643) a le libellé suivant : « Le
Chemin de long estude du duc de Berry » ; or, rien ne permet de penser qu’il ait
réellement appartenu à Jean de Berry8 (v. notice du ms. BnF, fr. 1643). N’en
irait-il pas de même pour celui-ci ? Comme tous les livres de Charles d’Orléans,
père du roi Louis XII, ce volume passa ensuite à la Bibliothèque royale, dont
estampille aux ff. 1r et 81v9 et anciennes cotes « neuf cents quarante quatre »
(Rigault), « 705 » (Dupuy) et « 7394 » (Regius) au f. 1r.
Ajouts plus tardifs : divers mots soulignés et passages mis en valeur de
doubles traits de crayon, d’une nota ou d’une manicule en marge10 ; inscriptions
marginales au crayon, ff. 6r et 45r11.

7 BnF, fr. 1643, qui porte l’étiquette « Le chemin de long estude du duc de Berry » et BnF, lat. 7762,
exemplaire de la Summa de arte dicendi de Pierre de la Hazardière, et du Libelllus de brevibus epistulis ad
archidiaconum Tornacensem d’Antoine Haneron. Pierre de la Hazardière, familier de Charles d’Orléans,
dut lui en faire don après son retour de captivité. Ni l’Avision ni la Summa ne figurent dans les
inventaires de la librairie de Charles d’Orléans. La deuxième étiquette en parchemin, sans doute
plus ancienne, porte l’inscription « La vision (crist)ine. ». Voir Ouy 2007, p. 76.
8 Ses inventaires ne portent aucune mention de cet ouvrage.
9 Estampille Josserand-Bruno n° 1, datant du XVIIe s. jusqu’en 1724.
10 Ff. 3r (I, 4), 3v (I, 5), 4r (I, 6), 10r (I, 14), 40r (II, 14), 41r (II, 15), 45r (II, 18), 48v et 49r-v (II, 22),
59v, (III, 7), 60r (III, 8), 61v et 62r (III, 10), 62v et 63r (III, 11), 63v (III, 12), 64r et 65r (III, 13),
66v (III, 14), 68r (III, 16).
11 Il s’agit du mot « Normands », tracé et barré, et de « Bernard Alchymiste ». Cette deuxième
inscription est accompagnée de traits qui marquent le passage correspondant, où les mots a ton
pere sont soulignés. Il s’agit de la main de S. Solente, que l’on voit aussi dans les marges du
fr. 1188 ; nous remercions Mme M.-H. Tesnière d’avoir confirmé cet avis ; v. BnF, nafr. 13086,
Lettres adressées au chanoine V. Leroquais, ff. 253-254 qui contient deux lettres de la main de
Mlle Solente. Au f. 46b, des jeux de plume à l’intérieur d’une lettre cadelée, d’une encre différente
et d’une main malhabile, semblent être aussi postérieurs.
{39} Paris, BnF, fr. 1176 591

DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (291 x 209 mm) : (II) + I12+ 81+(I) +I13. La peau,
blanc-ivoire, présente de nombreux petits défauts, surtout des trous et des
taches14. La règle du vis-à-vis est respectée sauf au ff. 43-6, dont les deux
premiers sont disposés c/p et les deux derniers p/c.
Encres : brun foncé uniforme pour le texte, rouge vif pour les rubriques. X
utilise régulièrement la même encre rouge pour barrer des erreurs (souvent
d’abord exponctuées) ou souligner des citations latines15.
Préparation
Piqûres : dix piqûres maîtresses à presque tous les ff. La plupart sont de
petites fentes, mais on trouve aussi quelques trous ronds ou triangulaires.
Réglure : à la mine de plomb qui laisse des traces grises fines régulières.
Mise en page (f. 5r) : 290 x 209 mm = 31 + 189 + 70 x 23,5 + 59 + 15 +
54,5 + 57 mm. Justification 189 x 128,5 mm, 31 lignes d’écriture, parfois 32,
l’écriture commençant sous la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
11 3e garde 78 41-48 (chiffres rom.) / g
/J
28 1-8 (chiffres 88 49-56 (chiffres rom.) / a
romains) / a
38 9-16 (chiffres rom.)16 / 98 57-64 (chiffres rom.) /
C a/ b17
48 17-24 (chiffres rom.)18 / 108 65-72 (chiffres rom.) /
A/ h D
58 25-32 (chiffres rom.) / 118 73-80 (chiffres rom.) /
b E
68 33-40 (chiffres rom.) / 121 81
b/C
Signatures : quand seulement deux signatures figurent au tableau ci-
dessus, il s’agit de la première et de la troisième série. La première série de
signatures, de la même main et de la même encre que le texte, consiste en un
chiffre romain allant de .J. à .iiij. Les signatures de la deuxième série, faites à la
12 La contregarde sup. porte l’étiquette de la BnF ainsi que deux étiquettes anciennes ; v. note 7. Le
verso de la garde sup. d’origine est réglé et porte la rubrique liminaire.
13 Contregardes en parchemin d’origine.
14 Petits trous ou fentes aux ff. 10, 23, 25, 29, 33, 34, 45, 48, 50 ; taches aux ff. 2v, 6r, 25v, 26r, 55v,
60v, 61r. Deux coutures dont le fil a disparu aux ff. 52 et 53. Lisières aux ff. 52 et 54.
15 Mots barrés en rouge aux ff. 14b, 15b et c, 23a, 24b, 28c, 29a, 33d, 35c et d, 41c, 48c, 52d, 53a et b,
54a et c, 65a, 80d. Citations soulignées aux ff. 13d, 15c, 16d, 21b, 67a, 74d. Pour les mots barrés en
rouge, v. note 25.
16 Le chiffre .J. est suivi de mo au f. 9r, sans doute pour indiquer primo.
17 Au f. 59r, E a tracé d’abord un b puis b suivi .iij.
18 Au f. 18r, X a tracé deux fois à l’encre du texte le chiffre romain .ij.
592 Advision Cristine

mine de plomb, se voient aux 4e, 6e, 7e, et 9e cahiers et se présentent comme
une lettre suivie de chiffres romains allant de .j. à .iiij. Quelques signatures de la
troisième série les chevauchent19. Celles de la troisième série, consistant elles
aussi en une lettre suivie d’un chiffre romain allant de .j. à .iiij., sont tracées à
l’encre noire par la main E20. Le f. 16 (le dernier du 2e cahier) porte en m/q, à
l’encre brun clair, ce qui paraît être la signature h 521. Le f. 51 porte en m/q,
outre les deux signatures iij et aiij, une troisième, consistant en la seule lettre c,
écrite à l’encre brune.
Réclames : de la main du texte, de toute évidence avant rubrication et
décoration22, en bas de la deuxième colonne, en cursive assez hâtive. La plupart
sont centrées, les autres alignées sur la g. ou sur la dr.

F. 24v © Paris, BnF


Travail d’écriture :
Texte : Main X, qui fait preuve de beaucoup d’exubérance : e cornu partout,
hastes et hampes des lettres prolongées surtout en première et dernière ligne23,
certaines lettres ornées de phylactères24 ou de cadelures25. X’ écrit une longue
préparation de rubrique26.
Style : cursive calligraphique.
Ponctuation : virgule et point, avec une nette préférence pour la
première.
Corrections : Main X sur grattage, X et X’ par ajout ; quelques préparations
de correction X et X’ subsistent27. De nombreux mots, pour la plupart déjà
exponctués, ont été barrés de rouge, vraisemblablement lors de la rubrication28.
Rubriques : Main X ; trop d’espace ayant souvent été réservé, X use d’un
module plus grand et de tildes volumineux29.

19 Aux ff. 42 et 43.


20 Ouy 1985.
21 S’agirait-il d’une signature déjà inscrite sur le parchemin lors de l’achat ?
22 Celle du f. 24v, a pres ces chos(es), ne tient pas compte de la rubrique, et reproduit la lettre d’attente et
le début du texte au f. 25r Aprés ces choses.
23 Exemple extrême au dernier folio, où trois hampes descendent presque jusqu’à la fin de la m/q.
V. aussi ff. 11r, 17r, 18r. Le haut des d et des v en tête de colonne forme souvent un large triangle ;
v. ff. 15d, 54d, 55c, 57a, c, 58a, b, 73d.
24 V. ff. 13c, 33b, 35c, 37c, d, 39a, 53d, 65c, 67d, 68c, 70c.
25 Ff. 73b, 78a.
26 Au f. 76r.
27 Aux ff. 21b st (X’, correction non reportée), 58a de boece rajouté par X (rajout interlinéaire dans le
texte, même main).
28 Aux ff. 14a, 15b et c, 23a, 24b, 28c, 29a, 33d, 35c et d, 41c, 48c, 52d, 53a et b, 54a et c, 65b, 80d.
Au f. 34c, un trait en rouge comble un espace gratté.
{39} Paris, BnF, fr. 1176 593

F. 23v © Paris, BnF

Décoration : Ornemaniste « aux brins de fantaisie ».


Bordure : f. 1r (début Ire partie) : fine baguette double horizontale or et
bleu/rouge et trois verticales formant diptyque, à rinceaux de fleurs bleues en
losange et feuilles hérisson or sur fil, brins de vigneture (à l’entrecolonne), brins
de fleurs et quelques ronds d’or30.
Lettrines
F. 1a (début Ire partie) : I bleu (4) sur or à remplissage de vignetures, avec
phylactère bleu enroulé sur la verticale du I. Lettrine reliée à la baguette de g.
F. 25a (début IIe partie) : A rouge foncé et bleu (4) sur or, la partie bleue
doublant le 2e jambage à dr., à remplissage de vigneture, avec prolongements de
vignetures et brin.
Lettres champies de deux lignes au début de chaque chapitre à partir de la
2e des deux premières parties, et au début de tous les chapitres de la IIIe. La
lettre d’attente, écrite par X, subsiste dans plus de la moitié des cas.
Majuscules ornées d’un trait rouge31.
Hastes ornées de rouge32
Pieds-de-mouche : champis.
Illustration : Maître de l’Épître Othéa.
F. 1a (début de la Ire partie), av. rubr., 82 x 58 mm : Christine écrit à sa table.
Christine, en robe beige et cornette blanche, assise dans une chaire à baldaquin
de bois, écrit dans un livre ouvert sur la table couverte d’un drap rose, sans
pieds visibles, qui semble reposer sur ses genoux. La demeure, d’une
architecture gothique ajourée, laisse voir à la fois l’intérieur (son étude) et une
partie de la façade avec porte en bois et fenêtre à meneaux vitrée de verre
jaunâtre. Les pignons passent au-delà du cadre or cerné de noir33. Trois
écussons sculptés au-dessus de la porte et à l’imposte de l’arc diaphragme sont
restés vides.

29 Au f. 23c, un grand feston à l’encre brun foncé remplit presque toute une ligne vide avant la
rubrique.
30 Bordure exécutée après l’enluminure, mordant sur les fleurons de l’architecture de l’image.
31 Ff. 21b, 31c, 64d.
32 Ff. 33b, 64d.
33 Ici, par exception, le cadre semble avoir été réalisé après l’enluminure.
594 Advision Cristine

Reliure : maroquin rouge aux armes royales sur les plats avec triple filet d’or.
Dos à cinq nerfs avec grandes fleurs de lys cantonnées de petites fleurs de lys
dans chaque cartouche et le titre en majuscules d’or « VISION DE CHRIS ».
Dernier cartouche en partie couvert par étiquette « FR 1176 », mais deux
bandes de palmettes visibles en-dessous. Tranches dorées.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Advision 2001, pp. xliii-xlv. C de P, Avision 1932, pp. 56-63. Ouy 2007, p. 76. Ouy et Reno
2000.
F. 1r © Bruxelles, KBR
{40} Bruxelles, KBR, 10309
Le livre de l’avision de Cristine

TABLE SOMMAIRE
Partie Feuillets Nombre de chapitres1
I 1a-24d 29
II 24d-48c 22
III 48c-79b 27
CONTENU
Contregarde sup. : « Ci commence le livre de l’avision de (crist)ine le quel dit livre est party
en .iij. parties / la premiere partie de l’ymage du monde et les merveilles que elle y vid
ITem la Seconde partie parle de dame oppinion et de son ombre ITem la tierce partie
parle de confort de philosophie ».
Ff. 1a-24d « Premierement dit (crist)ine comment son esperit fu transporté. Ja passé avoye
la moitié du chemin de mon pelerinage. …–… et atant reposer la laissay. Explicit la premiere
p(ar)tie du livre de l’avision (crist)ine. »2.

F. 24c © Bruxelles, KBR


Ff. 24d-48c « Ci comence la .ije. partie du livre de l’avision (crist)ine la quelle parle de
dame opppinion et de ses ombres3. Aprés ces choses me sembloit que desireuse de plus
avant / enquerre …–… par vous est le monde plus gouverné que par grant savoir. » Explicit la
seconde partie du livre de l’avision4 de (crist)ine. ».

1 Les chapitres ne sont pas numérotés dans le ms.


2 La première partie se termine à la 4e l. de la col. 24d ; l’explicit, pour lequel on n’avait pas laissé de
place, est ajouté en bas de la col. 24c, précédé d’une croix. Une autre croix dans l’entrecolonne, en
regard de la rubrique qui ouvre la IIe partie, signale l’emplacement qu’il aurait dû occuper.
3 La rubrique empiète sur la lettrine champie, indiquant qu’elle a été écrite après celle-ci.
4 Une lettre, sans doute un d, est effacée entre le a et le v, et les deux lettres sont liées par un trait
prolongé.
598 Advision Cristine

Ff. 48c-79b « Ci commence la tierce p(ar)tie du livre de l’advision de (crist)ine la quelle


parle di [sic]5 reconfort de philosophie. Ees [sic]6 escoles dessusdittes ap(ré)s ces choses comme
je traçasse de lieu en lieu …–… [79a] qui a proprieté de [79b] tant plus plaire comme plus on le
regarde Explicit le livre de l’advision de (crist)ine. »7.

HISTOIRE
Date : 1405-1406. L’œuvre est datée de 1405 (c’est-à-dire entre Pâques 1405 et
Pâques 1406) ; cet exemplaire en est le deuxième témoin, après BnF, fr. 1176.
La préface ajoutée au troisième témoin (ex-Phillipps 128) étant datable de 1406
(n. st.), notre ms. se situe dans l’intervalle 1405-1406. Plusieurs indices,
notamment des leçons et corrections communes8 et des blancs laissés et remplis
ultérieurement par X dans ce ms. et celui de Paris9, permettent de penser que
les deux premiers mss de l’ouvrage sont contemporains.

Ff. 4v et 14v © Bruxelles, KBR


Possesseurs : Jean sans Peur (Inv. 1420)10 ; Philippe le Bon (Inv. 1467-
1469)11 ; Charles le Téméraire (Inv. 1485-1487)12 ; Maximilien Ier ; Charles-
Quint (Inv. 1536)13 ; Philippe II (Inv. 1577)14. Le volume fut saisi par les
Français en 1794 et restitué en 1815 (estampille de la BN aux ff. 1r et 79r
(faisceau de licteur)15 ; estampilles de la Bibliothèque Royale de Belgique aux

5 Une partie de lettre est grattée après le jambage qui reste.


6 La lettrine reprend la première lettre du mot, déjà tracée.
7 L’explicit, étant suivi d’un paraphe (30 mm) analogue à celui qui accompagne plusieurs réclames,
est donc l’œuvre du copiste. La signature qui a été écrite au-dessus est presque entièrement grattée
et illisible aux UV. Même paraphe et signature P de la croix partiellement visibles aux UV dans le
ms. Arsenal 2681, qui est l’œuvre du même copiste. V. Delsaux, à paraître.
8 V. par exemple C de P, Advision 2001, p. 22 (IX, 22) ; p. 25 (XIII, 24) ; p. 27 (XV, 12-13) ; p. 36
(XX, 18) ; p. 40 (XXIII, 1) ; p. 55 (IV, 6) ; p. 62 (VII, 12) ; p. 72 (XI, 78) ; p. 73 (XII, 1) ; p. 79,
(XVII, 1) ; p. 82 (XVIII, 1) ; p. 85 (XX, 1) ; p. 86 (XXI, 1) ; p. 87 (XX, 1) ; p. 95 (III, 3) ; p. 99 (V,
38) ; p. 103 (VI, 109) ; p. 106 (VI, 208 et 222) ; p. 107 (VII, 23) ; p. 113 (XI, 57-58) ; p. 118 (XV,
46) ; p. 122 (XVII, 77 et 80-81) ; p. 126 (XX, 12) ; p. 130 (XXI, 48-49).
9 Il s’agit du nom Libera ajouté au f. 4d l. 29 (I, 7) ; les mots en la terre Latine au même f., ll. 11-12
(I, 6) ; au f. 14c : .ve. ajouté devant chapitre. Les trois ajouts sont de la main X.
10 Doutrepont 1906, nº 117.
11 Barrois 1830, nº 970.
12 Barrois 1830, nº 1823.
13 Michelant 1872, p. 313.
14 Marchal 1842, 1, p. cclx, n° 493. Dans les inventaires de Franquen (1731) et Gérard (1797), le
ms. figure respectivement sous les nos 390 et 532.
15 Celle du f. 1r partiellement effacée.
{40} Bruxelles, KBR, 10309 599

ff. 1r, 57r, 71r, 79v. Ancienne cote « Th. 26 »16 inscrite à l’encre claire à la
contregarde sup.
Ajouts plus tardifs : au contreplat sup. : étiquette de la KBR avec cote, format
et numéro de notice informatisée17 et cote « 10309 » inscrite à l’encre noire, et
ancienne cote « Th. 26 ».
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (289 x 205 mm) : 7918. La peau,
jaunie, accuse relativement peu de défauts : quelques
trous19, une pièce20 et quelques lisières21 ; veines visibles
aux ff. 52 et 53. La règle du vis-à-vis est toujours respectée.
À noter : marque de parchemenier au f. 45v.

F. 45v © Bruxelles, KBR


Encres : brun foncé uniforme pour le texte ; rouge vif pour les rubriques et les
signatures préliminaires en traits.
Préparation
Piqûres : entre 4 et 6 piqûres maîtresses par f., surtout pour marquer
l’emplacement des colonnes en m/q22, jusqu’au f. 56. Elles prennent le plus
souvent la forme de petites fentes.
Réglure : à la mine de plomb, qui laisse des traces grises régulières. Le
contreplat sup., qui porte la table, est réglé normalement.
Mise en page (f. 5r) : 289 x 205 mm = 28 +<184> + 77 x 28 + <56> +
15 + <55> + 51 mm. Justification 184 x 126 mm ; 2 cols, 31 interlignes,
l’écriture commençant sous la première LR.

16 Cette cote paraît avoir été inscrite par une main moderne ; pourtant elle ne correspond à aucune
des cotes bourguignonnes. Daterait-elle de la saisie française ?
17 B1505387.
18 Le f. 79v est réglé mais inemployé. Contregardes réglées, la contregarde sup. portant la table.
19 Ff. 30, 31, 39, 57.
20 F. 20.
21 Ff. 21, 53, 68.
22 Aux 4e et 7e cahiers, les piqûres subsistantes se trouvent en m/t.
600 Advision Cristine

Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
11 contreplat
sup.
28 1-8 C 78 41-48 f
38 9-16 f 88 49-56 d♦/ E♠
48 17-24 g 98 57-64 J (?) / a♣
58 25-32 D 108 65-72 (traits) / f♥
68 33-40 E 118 73- C
contregarde
inf.
Signatures : la plupart des signatures, tracées par Main E23 à l’encre noire,
consistent en une lettre suivie d’un chiffre de j à iiij. Seuls font exception la
première série de signatures du 8e cahier, tracée à la mine de plomb, et les traits
qui forment la première série de signatures au 10e cahier, qui sont à l’encre
rouge.
Réclames : tracées par R de la même couleur d’encre que le texte. Certaines
sont soulignées (f. 72v) ou ornées d’un paraphe (f. 56v). Cinq d’entre elles
(ff. 16v, 24v, 32v, 40v et 48v) ont les deux embellissements.
Foliotation : 1-79 moderne, au crayon24.
Travail d’écriture
Texte : Main R, texte en entier et l’explicit des IIe et IIIe parties (ff. 48a,
79b) ; son paraphe se trouve au f. 79b. X écrit l’explicit de la Ire partie (f. 24c).
Style : cursive livresque un peu moins soignée que l’écriture habituelle
de R pour le texte25 ; ses tildes sont particulièrement longs et plats. L’écriture de
X se déploie avec une grande exubérance dans les rubriques, même quand
l’espace prévu n’est pas trop large.
Ponctuation : R fait un usage fréquent du point, même en début de
ligne26.
Corrections : Main X, sur grattage et par ajout ; elles sont nombreuses27.
Signalons notamment le greffage de anty sur grafe au f. 4a l. 13 pour faire


La lettre d et les chiffres qui l’accompagnent sont tracés à la mine de plomb aux ff. 49-51 ; un
deuxième D (sans chiffre), celui-ci majuscule et tracé à l’encre, se trouve au f. 51 aussi à g. de E iij.
tracé par la main E.

La signature Ej est tracée deux fois à l’encre au f. 51.

Au f. 59, aiiij est barré et aiij inscrit à sa g.

Les signatures de ce cahier sont encore plus problématiques que celles du 8e cahier : au f. 65, un
trait rouge courbé et un f rogné ; au f. 66 : quatre traits rouges, en groupes de deux et f iiij ; au
f. 67 : fij ; au f. 68 : traits rouges rognés, fii rogné et fiij ou fiiij, dont le premier chiffre serait barré.
L’ordre du texte n’est pourtant pas bousculé.
23 Ouy 1985.
24 Le numéro 79 est retracé à l’encre.
25 V. en particulier ff. 42v, 43r.
26 V. par exemple ff. 1b et d, 4a, 5b, 8d, 10c-d…
{40} Bruxelles, KBR, 10309 601

antygrafe à la place de philographe, leçon du premier exemplaire de cet ouvrage,


Paris, BnF, fr. 1176 (prép. de corr. partiellement visible en marge). Préparations
X’.

F. 4a (correction sur grattage ; préparation, grattée, en marge gauche)


© Bruxelles, KBR
On remarque aussi dans ce ms. une pratique utilisée par le copiste pour signaler
les bourdes : deux petits points inscrits en marge à côté. Par exemple, au f. 16b,
phisiciens a été corrigé en
phili\s/ciens par le grattage du s
fautif et l’ajout d’un autre s. On a
laissé les deux petits points dans
l’entrecolonne. Au f. 50c l. 2, deux
points se trouvent en m/g à côté
du mot suppose écrit fautivement
avec 3 p et sans o, mais le mot
reste non corrigé28. F. 50c © Bruxelles, KBR
Rubriques : inscrites après la décoration29. X copie toutes les rubriques à
l’exception de celle qui commence la IIIe partie (f. 48a), qui est copiée par R. En
général, les rubriques sont en grosses lettres exubérantes et quelquefois suivies
par un ou plusieurs traits de remplissage courbés.
Décoration : ornemaniste « aux brins de fantaisie ».
Bordure : f. 1r : fine double baguette or et bleu / rose formant diptyque.
Sur la baguette int., fleureture bleue et rose, hérissons et ronds d’or soleil, brins
de vigne or.
Grandes lettrines
F. 1a (début Ire partie), reliée à la baguette : I bleu (8) à brins de feuilles
sur or.
F. 48c (début IIIe partie) : C bleu (5) sur rose à remplissage en palmette
orange sur or, avec rinceaux de vigne et brin sur fil.
Lettres champies de deux interlignes au début de tous les autres chapitres.
À noter trois d’entre elles qui sont erronées30.
27 V. par exemple des mots oubliés inscrits par X aux f. 2v m/p, 4r m/g, 16a, d interligne, 17r m/g,
35r m/g.
28 Voir Delsaux 2006-2007, qui attire l’attention sur ce phénomène. Voir aussi ff. 6b l. 5
entrecolonne : le mot reparable à dr. étant corrigé sur grattage ; 11r l. 22 (points partiellement
effacés) : le mot enluminés corr. sur grattage à dr. ; 14v l. 15 entrecolonne : meismement corr sur
grattage à g. ; voir aussi 44r m/g et 52c l. 13 entrecolonne.
29 Voir ff. 15b, 18d, 24d, 38a, 35c, 39a, 42a, 45a, 46b, d, 52a, 60c.
30 Ff. 14c : L au lieu de E, un E écrit en rouge pour le premier mot escout, le L fautif étant barré en
rouge deux fois ; 17c : A au lieu de O (O doulce amie), la lettre A est barrée une fois en brun et la
correction indiquée par un O rouge en m/g ; 29c : T à la place de E pour le mot En, le T barré
602 Advision Cristine

Pieds-de-mouche : champis.
Soulignement en rouge, f 72d : Beati immaculati31.
Illustration : Maître de l’Épître Othéa.
F. 1a, 85 x 58 mm : Portrait d’auteur. Assise à son petit siège rond, Christine écrit
– ou plutôt corrige au moyen d’un grattoir – à sa table couverte d’un drap bleu,
son livre ouvert devant elle déjà copié à l’encre brune avec des lettrines bleues.
La reliure rouge et les fermoirs dorés sont visibles. Encrier et écritoire sont
posés à côté. Deux livres fermés, l’un couvert de bleu, l’autre de rouge, sont
superposés sur une banquette solidaire de l’architecture ajourée. L’intérieur de
l’étude, vu à travers une arcature en diaphragme, est décoré de remplages
formant comme le dais d’une chaire au-dessus de Christine, et de deux baies
vitrées de jaune. Le toit bleu visible se termine par un fleuron qui sort du cadre.
Les écoinçons de l’architecture sont traités en mosaïque, et le sol est carrelé de
jaune. Les détails bleus et rouges vifs contrastent avec le traitement du reste de
l’image en un camaïeu de bruns, blancs et jaunes pâles.
Reliures : parchemin ivoire (XVIIe s. ?), avec décoration florale dorée sur le
dos : 6 cartouches contenant une double fleur, chaque cartouche ayant une
frange ondulée. Sur le premier cartouche, étiquette en papier collé portant la
cote actuelle ; peau grattée au 5e cartouche, sur laquelle on lit le numéro 3 suivi
d’un chiffre gratté méconnaissable et la lettre C, à l’encre. Décoration de petites
taches bleues et roses sur les tranches. La reliure d’origine, décrite en 1420 était
en « cuir rouge marqueté, à .X. clous de laton et à .II. fermouers de mesmes »32.
Dans les deux inventaires suivants (1467-1469 et 1485-1487), le volume est
décrit comme étant couvert respectivement d’« ais rouges » et de « cuir
rouge »33.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Avision 1932, pp. 55-61. C de P, Advision 2001, pp. xlv-xlvi. Dogaer et Debae 1967,
pp. 105-106 n°15. Doutrepont 1906, n° 117. Gaspard & Lyna n° 183. Ouy 1985. Schaefer 1937,
pl. 46, 157.

COMMENTAIRE
Ce ms. a servi de base à l’édition Towner (1932).

deux fois en rouge et un petit e en rouge inscrit en m/g. Une quatrième lettrine erronée (à en croire
les autres témoins), M à la place de H au f. 16a (Ma dame tresredoubtee), a été laissée, sans doute
ayant été jugée une leçon acceptable.
31 Soulignements de citations latines en brun aux ff. 14 b-c, 17c, 22a, 25d.
32 Doutrepont 1906, n° 119. Sa couleur et ses fermoirs rappelaient ainsi le livre représenté dans
l’enluminure.
33 Barrois 1830, nos 970 et 1823.
F. 7r (numérisation du catalogue Sotheby’s 21 novembre 1972)
{41} Collection particulière (ex-Phillipps 128)
Le livre de l’advision Cristine

TABLE SOMMAIRE
Partie Feuillets Nombre de chapitres1
Glose 1a-6c
I 7a-29b 29
II 29c-52a 22
III 52b-80c 27
CONTENU
Ff. 1a-6c « Glose sur la premiere partie de ce p(rese)nt volume Pour ouvrir la voie a declairier
les choses soubz figures dictes en la premiere partie de ce livre … – … [6b] et qui a droit les lira
et entendra les [6c] trouvera corespondans et semblables ».
F. 7a « Cy commence le livre de l’advision (crist)ine Lequel dit livre est parti en trois
parties. La premiere partie parle de l’ymage du monde et les merveilles que elle y vid …–
… La tierce partie parle de confort de philozophie2 ».
Ff. 7a-29b « Ja Passé avoye la moitié du chemin de mon pelerinage …–… lui en prometant faire
execucion. Et atant Reposer la laissay. Explicit la p(re)miere partie de l’advision de (crist)ine. ».
Ff. 29c-52a « Cy commence la seconde partie du livre de l’advision (crist)ine / Laquele
parle de dame opinion et de ses ombres. APrés ces choses me sembloit q(ue) desireuse de
plus avant enquerre …–… que par vous est plus le monde gouverné que par grant savoir Explicit
la Seconde partie du livre de l’advision (crist)ine. ».
Ff. 52b-80c « Cy commence la tierce & derreniere partie de l’advision de (crist)ine Es
escoles dessus dictes aprés ces choses co(mm)e je traçasse …–… qui a proprieté de tant plus
plaire co(m)me plus on le regarde. Explicit le livre de l’advision (crist)ine. deo gracias. ».
HISTOIRE
Date : 1406. Ce ms. est le plus récent des originaux de cet ouvrage. La glose
ajoutée au ms. sous forme de préface date la durée du schisme d’environ l’espace
de XXVIII ans (f. 6a).
Possesseurs : duc de la Vallière (Debure 1983, nº 1327), Sir Thomas Phillipps,
dont cote 128 à la contregarde sup. Il est possible que le possesseur d’origine
soit le connétable Charles d’Albret, dont l’inventaire du 19 décembre 1409 fait
état d’un exemplaire de « la Vision de Cristine »3.

1 Les chapitres ne sont pas numérotés dans le ms.


2 Cette rubrique liminaire présente une alternance de couleurs, l’intitulé de la Ire et IIIe parties
étant en rouge et celui de la IIe à l’encre brune. L’effet multicolore est augmenté par la
présence de bouts de ligne.
3 « Item ung autre romans en lettre de court, covert de vermeil, ferré de cloux de leton,
contenant ‘la Vision de Cristine’ » (Stein 1902, p. 92). En 1948, le ms. fut prêté par la librairie
W. H. Robinson à une exposition de la National Book League ; v. Thousand Years 1948,
pp. 19-20.
606 Advision Cristine

Ajouts plus tardifs : diverses inscriptions à la contregarde sup.4 ; titre « La


Vision (crist)ine » inscrit au f. 1r en m/t sans doute par un bibliothécaire ou un
possesseur (XVe s.). À g. du titre, d’une main moderne, la lettre d, et un chiffre
rogné (50 ?) à dr., ex-libris et cote de Sir Thomas Phillipps à la 1re garde sup.,
côté recto.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (290 x 200 mm) : (II, papier) + 825 + (II, papier).
Parchemin ivoire de bonne qualité mais portant de nombreuses coutures.
Encres : brun foncé pour le texte, noire pour les notes marginales et la
glose, rouge pâle pour les rubriques.
Préparation
Piqûres : aucune trace.
Réglure : à la mine de plomb qui laisse de fines traces grises.
Mise en page : 290 x 200 mm. Justification 190 x 127 mm ; 2 cols, 32
interlignes, l’écriture commençant sous la première LR6.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
16 1-6 78 47-54
28 7-14 88 55-62
38 15-22 98 63-70
48 23-30 108 71-80
58 31-38 114 81-84
68 39-46
Signatures : aucune trace.
Réclames : de la main du texte, centrées sous la deuxième colonne, courtes
(parfois un seul mot) et parfois ornées d’un paraphe.
Travail d’écriture
Texte : Main X.
Style : cursive calligraphique moins liée, qui se rapproche de la minuscule à
main posée7.
Corrections
Préparation : Main X’ ; v. par exemple ff. 24d et 61b.
Exécution : Main X8 sur grattage et en interligne, et X’ en interligne. On
voit l’intervention des deux mains au f. 61r.

4 À part la cote Phillipps, de différentes mains modernes : « F-16-929 / par christine de pisan /
128 MSS Phillipps / Only 3 MSS of this work ».
5 Le deux derniers ff. sont réglés, mais inemployés.
6 Nous ne sommes malheureusement pas à même de fournir tout le détail sur la mise en page,
ayant examiné le manuscrit avec l’aimable autorisation de l’acquéreur il y a bien des années,
avant de commencer la rédaction des notices. Depuis, l’acquéreur est décédé et nous n’avons
pu accéder au manuscrit pour compléter notre description.
7 C’est ce qui deviendra par la suite la « bâtarde ».
{41} Collection particulière (ex-Phillipps 128) 607

F. 61r (ajouts interlinéaires : ne soit scens [Main X] ;


mes [Main X’ moins hâtive] ; premieres [Main X’] ; me pris a [Main X’]).
Décoration : Pierre Gilbert.
Bordure : f. 7r, début Ire partie. Fine baguette double horizontale or et
bleu/rouge et trois verticales formant diptyque, à délicate vigneture sur fil
mêlant fleurs bleues et roses alternées, feuilles de vigne et en hérisson, avec des
ronds d’or aux embranchements, brins de vigne (en m/p, à l’entrecolonne et à
l’int. du cadre).
Lettrines
F. 7a (début Ire partie) : J bleu (8) sur or à remplissage de vigneture, reliée
aux baguettes de g. et d’en bas.
Ff. 29c et 52b (début IIe et IIIe parties) : A (5) et C (5) bleus sur or à
remplissage de vigneture, avec rinceaux et brin sur fil.
Lettres champies : de deux lignes, au début des divisions principales de la
glose et de chaque chapitre à partir du deuxième de chaque partie. Au f. 9c, le
chap. I, 5 débute exceptionnellement par un J de cinq interlignes.
Bouts de ligne : trois, au f. 7a, après les rubriques annonçant le contenu de
chaque section. Formés de tronçons rouges et bleus à fioritures blanches, les
césures marquées de ronds d’or.

F. 7r
Pieds-de-mouche : champis.
Illustration : Maître de Giac.

8 Voir par ex. ff. 13c, 21c, 26a.


608 Advision Cristine

F. 7a, début Ire partie av. rubr., 80 x 55 mm, Christine à son étude. Christine, en
cornette blanche et robe bleue qui mord sur le cadre, assise sur une chaise de
bois à haut dossier et accoudoirs, écrit dans un livre sur une table recouverte
d’un drap beige sur laquelle est posée une écritoire ouverte. Elle tient un
grattoir de l’autre main. Un chien blanc à collier est sagement assis à son côté.
L’étude, au sol carrelé de triangles noirs et blancs, prend jour par une fenêtre à
meneaux aux vitres d’argent (terni). À dr. se devine l’embrasure d’une porte en
bois. La pièce, que ferme un rideau vert semé de fleurs de lys d’or, est vue à
travers une arcature biaise en diaphragme ornée de colonnettes. Au-dessus, sur
le fond bleu à rinceaux d’or, la toiture orange est percée de deux lucarnes bleues
surmontées de gâbles dont l’un traverse le cadre9.
BIBLIOGRAPHIE
C de P Advision 2001, pp. xlvi-xlix. Cat. Sotheby’s 21 nov 1972, nº 551 et pl. 19. A Thousand Years
of French Books 1948, pp. 19-20. Cat. Hôtel Drouot 18-19 nov. 1974, nº 2.

COMMENTAIRE
Ce manuscrit comporte, dans les marges des ff. 7v-17r, seize notes, écrites par
l’auteur en cursive plus ou moins rapide, qui ont visiblement servi d’aide-
mémoire à la composition de la glose, pour expliquer les allégories de la
première partie de l’ouvrage10.

F. 8r (creacion naturelle) et 17r (ce qui s’ensuit acorde a sainte scripture


aux proph(ecies) merlin de sebille de jehan de temps avenir).

9 Une composition rigoureusement identique se retrouve au f. 4a du ms. Harley 4431 (début


des Cent balades). Le type de l’architecture est inhabituel chez le Maître de Giac. On peut donc
supposer un prototype réalisé vers 1405 par un autre enlumineur, pour un ms. perdu soit de
l’Avision, soit des Cent balades, copié ici par le Maître de Giac.
10 Ouy et Reno 1980 ; Reno 1992.
Trois Vertus
Introduction

Boston, PL, fr. Med. 101 {42}


Paris, BnF, nafr. 25636 {43}

On ne connaît à l’heure actuelle que deux manuscrits originaux du Livre des


Trois Vertus : Boston, PL, fr. Med. 101 et Paris, BnF, nafr. 25636, presque
entièrement copiés, le premier par R, le second par P, mais avec, dans les deux
cas, des interventions de X qui a écrit une partie des rubriques et, dans le
premier, quelques lignes de texte dont il sera question plus loin. Le second
n’ayant été acquis qu’en 1995 par la BnF (peu après avoir fait sa réapparition en
vente publique), seul le manuscrit de Boston avait pu être utilisé en 1989 pour
l’édition Willard/Hicks.
Il est certain que ces deux manuscrits des Trois Vertus n’ont pas été les seuls
copiés dans l’atelier de Christine. On sait tout d’abord, qu’il y eut un exemplaire
de dédicace présenté à Marguerite de Bourgogne, qui devint dauphine de
France le 31 août 14041. On sait également que Christine remit un autre
manuscrit à Antoine, duc de Brabant et de Limbourg, frère de Jean sans Peur,
puisque celui-ci lui en versa la rémunération en 14092. En outre, le seul fait qu’il
subsiste de ce texte une vingtaine de copies non originales semble indiquer qu’il
avait dû être assez largement diffusé par l’auteur. Au nombre des destinataires
probables figure notamment la jeune princesse Isabelle de France, veuve de
Richard II, remariée en 1406 à son cousin germain Charles, fils aîné de Louis
d’Orléans, et qui après le meurtre de son beau-père en 1407, fut brièvement
duchesse avant de mourir, en 1409, à l’âge de vingt ans.
Si aucun de ces deux manuscrits n’est le tout premier, l’exemplaire de
dédicace offert par Christine à la dauphine Marguerite, ils ne doivent pas,
cependant, être de beaucoup postérieurs à 1405, date présumée de la
composition de l’ouvrage. Copiés sans nul doute d’après un même exemplar –
notre hypothétique maquette – ils sont très semblables, tant par le texte que par
la mise en page et la décoration, et sont illustrés au début d’une même

1 Voir C de P, Trois Vertus 1989, p. xii.


2 Quicke 1928.
610 Trois Vertus

enluminure due à l’atelier du Maître de la Cité des dames, celle de Boston


mesurant 90 x 125 mm et celle de Paris 106 x 124 mm.
Comment déterminer laquelle de ces deux copies, à première vue presque
identiques, a précédé l’autre ?
À la différence de manuscrits d’autres œuvres, nous ne pouvons, en
l’occurrence, rien déduire des tables des matières, dont aucune n’a été ajoutée
sur un cahier séparé, ni des rubriques, pour lesquelles des espaces adéquats ont
partout été prévus, non plus que de la qualité de la mise en page en général : si,
en effet, celle-ci présente quelques maladresses dans les première et troisième
parties du ms. de Boston3, ce qui inciterait à le juger antérieur au ms. de Paris,
c’est, en revanche, dans la seconde partie de ce même ms. que la mise en page
semble le plus correctement disposée4.
C’est l’examen du texte qui va nous permettre d’établir l’antériorité du
manuscrit de Boston. Comme nous l’avons dit plus haut, les deux copies ont dû
être faites à partir d’un même exemplar. Ce modèle commun n’était pas
dépourvu de fautes et celles-ci se retrouvent à l’identique dans l’une et l’autre5.
La plupart de ces fautes ont été corrigées par la main X’. On voit quelques
corrections de cette main dans le ms. de Paris : ainsi, pour la rubrique du
chap. I, 13, le nombre des enseignements de Prudence, sept d’après le texte, est
donné comme six dans les deux copies, mais corrigé ici en sept en cursive hâtive
à l’encre brune ; c’est également en cursive hâtive que l’adjectif bonne, absent du
ms. de Boston, est ajouté (chap. I, 9) à la liste des qualités requises de la haute
princesse6.
C’est dans le manuscrit de Boston que les corrections sont de loin les plus
nombreuses. L’abondance des fautes doit-elle être imputée à la négligence de R,
copiste d’ordinaire fort consciencieux ? Elle s’explique bien plutôt – nous allons
en voir la preuve – par le fait qu’au moment où R exécuta sa copie, Christine
n’avait pas eu le temps d’achever la révision de la maquette7.

3 C’est ainsi que la rubrique qui introduit la première partie est malencontreusement coupée en deux
au début du ms. de Boston alors qu’elle se présente d’un seul tenant, sous l’enluminure, dans le
ms. de Paris.
4 Le texte y est disposé de telle sorte que la lettrine du début de la seconde partie est placée en tête
de la deuxième colonne alors que dans le ms. de Paris, elle est reléguée en bas de la première
colonne.
5 On relève, par exemple, un même saut du même au même dans les deux manuscrits au chap. I, 24
(C de P, Trois Vertus 1989, p. 94, lignes 96-97) ; de même, la rubrique du chap. II, 5 comporte dans
les deux copies les mêmes fautes qui la rendent incompréhensible – à cette nuance près, toutefois
que, dans le ms. de Paris (f. 62b), le copiste P a spontanément tenté une correction (utile, mais bien
insuffisante) en changeant du en le.
6 Voir Notice BnF, nafr. 25636, note 22.
7 Il semble que Christine se soit souvenue de reporter sur l’exemplar certaines corrections faites sur le
ms. de Boston, puisque le texte correspondant du ms. de Paris n’a pas eu besoin d’être corrigé.
Introduction 611

Notre souci principal étant d’essayer de comprendre, à partir d’un examen


attentif des manuscrits, comment s’organisait le travail de Christine et de ses
copistes, la comparaison des deux originaux survivants des Trois Vertus présente
à nos yeux un intérêt exceptionnel, car elle nous fait pénétrer, en quelque sorte,
dans l’intimité du petit atelier.
Dans le ms. de Boston, parvenant à l’avant-dernière ligne de la seconde
colonne du f. 82v, R interrompt soudain sa copie. Sans doute vient-il de tomber
sur un passage de l’exemplar surchargé de modifications griffonnées dans cette
petite cursive hâtive si pénible à lire. Essayons de reconstituer la scène à partir
de ce que nous apprend l’examen du manuscrit.
Christine, assise au pupitre voisin, est souvent appelée à l’aide, car l’exemplar,
qu’elle n’a pas fini de corriger, présente de nombreuses difficultés ; mais, cette
fois, c’est plus compliqué et des explications orales ne suffiront pas : elle
s’installe donc à la place de R, lui reprend la plume, termine le f. 82v et écrit les
sept premières lignes de la première colonne du feuillet suivant.
Malheureusement, outre qu’elle agit, comme toujours, dans la précipitation, elle
est si attentive à respecter le module et le style de l’écriture qu’elle en oublie un
peu le sens du texte qu’elle met au net. À la ligne suivante, au lieu de lettre, elle
répète le mot cause qu’elle vient d’écrire un peu plus haut et ne découvre son
erreur qu’une fois arrivée à la fin de la septième ligne ; il lui suffirait alors de
rayer ou de gratter le mot à remplacer, mais elle cancelle la moitié de la sixième
ligne et toute la ligne 7. Elle rend alors son siège à R qui reprend la plume à la
huitième ligne en répétant le passage cancellé après restitution du mot lettre, et
aussi en marquant par une majuscule la séparation nécessaire entre les mots
tesmoins et se. Le processus est illustré par des photos incluses dans la notice qui
suit (v. cliché notice {42}).
F. 3r © Boston, PL
{42} Boston, PL, fr. Med. 101
Le livre des trois Vertus

CONTENU
Ff. 1a-2a « Ci co(m)mence la table des Rubriches du livre des .iij. vertus a l’enseignement des dames /. le quel dit
livre est party en troys parties / la premiere s’adrece aux princepces et haultes dames / la seconde aux dames et
damoiselles / et premierement a celles qui demeurent a court de princepce ou haulte dame / Et la tierce aux
fe(m)mes d’estat aux bourgoises & femmes de co(m)mun peuple. Le premier chapitre devise co(m)ment les vertus
par le q(ue)l co(m)mandement. (crist)ine fist et compila le livre de la cité des dames s’apparurent \a elle/ de
Rechief. Et luy co(m)manderent de Rechief a faire ceste p(rese)nte oeuvre J. …–… Item les l(ett)res que la saige
dame ou damoiselle puet envoyer a sa maistresce. xxvij. ».
F. 2d « Ci commence le livre des iij. vertus a l’enseignem(en)t des dames ».
Ff. 3a-51c Le premier chapitre parle comment les vertus par le quel co(m)mandem(en)t (crist)ine fist et compila le
livre de la cité des dames s’apparurent de Re [sic] Rechief a elle / et lui co(m)mirent a faire ceste presente oeuvre.
J.1 Aprés ce que j’oz ediffiee a l’ayde & par le co(m)mandement des troys dames de vertus …–…
TresRedoubtee p(ri)ncepce et ma chiere dame. Je prie a dieu qu’il vous doint bonne vie & longue.
Escript a la tour &c(etera). Explicit la p(re)miere p(ar)tie de ce present volume2 ».
Ff. 51c –52a « Cy co(m)mence la table des Rubriches de la seconde partie de ce livre. la quelle s’adrece aux dames
& damoyselles / et premierement a celles q(ui) demeurent a court de p(ri)ncepces ou de haulte dame3. Le premier
chapitre parle co(m)ment les trois dames c’est assavoir raison droitture et Justice recapitulent4 en brief ce que dit est
devant J …–… Item devise les maintiens qui apertiennent aux dames de Religion. xiij. ».
Ff. 52a-73d « Ci co(m)mence la seconde p(ar)tie de ce livre la quelle s’adrece aux dames et
damoiselles et premierement a celles qui demeurent a court de princepce ou haulte
dame. […] [52b] Aprés ce q(ue) nous avo(n)s parlé aux Roynes p(rin)cepces et haultes dames.
…–… & vivre ensemble co(m)me suers en union de paix. Et atant souffise la seconde partie de
cest livre. ».
Ff. 74a-b « Ci co(m)mence la table des rubriches de la tierce et derraine p(ar)tie de ce livre la quelle s’adrece aux
fe(m)mes d’estat des bonnes villes aux bo(ur)goises / et aux fe(m)mes du conmun peuple et puis aux fe(m)mes des
laboureurs. Le premier chapitre parle co(m)ment tout ce qui est dit devant puet touchier aussi bien les unes
fe(m)mes que les autres / et de la maniere du gouvernement que fe(m)me d’estat doit tenir ou fait de son meisnaige.
…–… Item la fin et conclusion du livre. »5.
Ff. 74b-98b « Ce premier chapitre parle co(m)ment tout ce qui est dit deva(n)t puet aussi bien touchier les unes
fe(m)mes que les autres & la maniere du gouvernement q(ue) fe(m)me d’estat doit tenir ou fait de son mainaige .J.
Au co(m)mencem(en)t de ceste .iije. partie suiva(n)t la route des princepces qui devant vont. …–
… si que elle soit p(rese)ntee deva(n)t dieu ou siecle sans fin / la quelle vous ottroit Amen Explicit
le livre des .iij. vertus a l’enseignement des dames. Deo gr(aci)as ».

1 Cette rubrique s’étend sur les deux colonnes.


2 L’explicit est souligné en rouge.
3 Cette rubrique soulignée en rouge.
4 Deux lettres effacées entre l et e, l’espace comblé par un tiret, et le grattage indiqué par deux petits
traits en dessous. À la rubrique correspondante au f. 52a, les lettres re sont barrées en brun dans le
mot recapitulerent.
5 Aucun des 14 chapitres de cette table n’est numéroté.
614 Trois Vertus

HISTOIRE
Date : 1405-1406 (l’ouvrage fut rédigé entre le printemps de 1405 et le 7
novembre de cette même année). Ce ms. est le plus ancien témoin de l’ouvrage.
Possesseurs : au f. 98v, en haut à g., ex-libris gratté, sans doute du XVe s., et
mention effacée, les deux illisibles aux UV ; en haut à dr., mention en cursive
calligraphique : « Ce livre contient XXIIII vingt feuliés et une ystoyre Et
appertient a monseigneur de sainct vallier qui le trouvera le lui Rende et payera
la payne d’ycelluy qui le trouvera ». Il s’agit du père de Diane de Poitiers, Jean
de Poitiers (1499-1566), sire de Saint-Vallier dès 1510, dont le père Aimar IV
reçut en héritage les livres de la famille Boucicaut6. Il est fort probable que le
donataire et premier possesseur du ms. ait été Jean Le Meingre, dit Boucicaut
(vers 1365-1421), maréchal de France, compagnon de jeunesse du roi et de
Louis d’Orléans, que Christine rencontrait sans nul doute à la Cour. Ce volume
figura à la vente N. Yemeniz (Paris, 1867, lot 536), l’ex-libris de Yemeniz
figurant au verso du premier f. de garde ; Erwin Rosenthal l’acheta à Paris chez
Leclerc en 1919. Enfin, il fut acquis, avec la collection Rosenthal, le 7 juin 1943
par la Boston Public Library7 ; ancienne cote 1528.
Ajouts plus tardifs : à la contregarde, étiquette de la Boston Public Library8 ;
au verso du 1er f. de garde, quatre étiquettes collées et traces d’une 5e9 ; en haut
de ce f., « No 14 » et en bas, un numéro (2161 ?) gratté. Au f. 1r, en m/t,
inscription au crayon, à peine lisible : « Josiah H. Benton Fd. / June 7,
1943 / u » ; les deux dernières lignes se répètent en bas, précédées d’une ligne
illisible. Au 2e f. de garde, recto, au crayon : « Précieux manuscrit sur vélin,
exécuté au début du 15ème siècle » ; en bas de ce f., le n° 4352. Numéros de
cahier ajoutés en chiffres arabes au début de chaque cahier. Inscription au f.
98v (voir « Possesseurs »).
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (287 x 196 mm) : (II, papier) + (I, parchemin) + 98 +
(I, parchemin) + (II, papier)10. Le parchemin, jaunâtre, présente de nombreuses
coutures d’origine11, de grandes taches (ff. 5, 21) une lisière (f. 94)12 et plusieurs

6 Le père de Jean de Poitiers, Aimar IV, hérita en 1485 de la collection de son cousin Geoffroy le
Meingre (frère du maréchal Jean le Meingre, dit Boucicaut). V. Willard 1966, p. 437.
7 Grâce au fonds James Lyman Whitney et Josiah Henry Benton ; v. The Boston Public Library,
p. 49.
8 « No. Ms. 1528 f. Med. 101, The Public Library of the City of Boston ».
9 (1) « The Boston Public Library, Purchased from the fund established by James Lyman Whitney
Bibliographer & Sometime Librarian » (2) Ex-libris de N. Yemeniz et le n° 536 (3) « The Trustees
of the Public Library of the City of Boston 1852-1878 Purchased from the Income of the fund
given to the Public Library of the City of Boston by Josiah Henry Benton 1843-1917 » ; en bas de
cette étiquette, les lettres « wwee » ajoutées au crayon (4) 5984.
10 Les première et dernière gardes sont doublées de taffetas violet, qui couvre aussi les contreplats.
11 Ff. 5, 12, 13, 43, 55, 67, 69, 83, 84, 90, 95.
12 Lisières soigneusement réparées aux ff. 13, 15, 34, 57-60.
{42} Boston, PL, fr. Med. 101 615

trous13, dont certains ont été bouchés avec des pièces de parchemin14. La règle
du vis-à-vis est respectée.
Encres : l’encre du texte varie du brun moyen au brun foncé15 ; l’encre des
rubriques du rouge vif au rouge orangé.
Préparation
Piqûres : 4 piqûres rondes au bas de la plupart des ff. marquent
l’emplacement des colonnes.
Réglure : ff. 1-48v : mine de plomb qui laisse des traces gris foncé
prononcées et plutôt uniformes ; ff. 49r-fin : mine brunâtre qui laisse des traces
moins régulières16.
Mise en page : f. 5r : 287 x 196 mm = 32 + <186> + 69 x 26 + <52,5> +
19 + <52,5> + 46 mm. Justification 186 x 124 mm, 2 cols, 31 interlignes,
l’écriture commençant en-dessous de la première LR.
Organisation :
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
18 1-8 68 49-56
28 9-16 78 57-64
38 17-24 88 65-72
48 25-32 98 73-80
58 33-40 108 81-88 s (long)
68 41-48 1110 89-98
Signatures : deux seulement (sj et sij), tracées à la mine de plomb aux ff. 81r
et 82r ; le haut d’un s long visible au f. 83r.
Réclames : tracées par X en bas de la 2e col ; plusieurs sont soulignées
(ff. 16v, 56v, 64v, 72v, 80v, 88v), une est ornée d’un parafe (f 40v).
Foliotation : moderne, avec indication des côtés recto et verso.
Travail d’écriture
Texte : R, presque tout le texte. Une croix est tracée au début et à la fin de
presque chaque cahier. X intervient pour le dernier mot de l’avant-dernière
ligne et la dernière ligne du f. 82d et les 7 premières lignes du f. 83a17

13 Ff. 8, 26, 29, 37, 43, 68, 84.


14 Ff. 17, 27, 36, 37, 49, 71 ; un coin des ff. 41, 42, 51, 54-55 et 63 soigneusement réparé avec du
parchemin.
15 Encre plus foncée aux ff. 9r-10r, plus claire au f. 98r.
16 Au f. 28r, 2 LR supplémentaires.
17 Il s’agit du milieu du chapitre III, 4 : [82d] (en gras, main X) : q(ue) elle pourchace avant le sien
[83a] courtoiseme(n)t et regarde se par autre voye le pourra traire se on l’assault par debtes
Regarde quelle accion et quelle cause les dema(n)deurs ont (poson toutesvoies qu’il n’y ait
cause ne tesmoings se sa conscience ait lettre ne tesmoins. Se sa conscience sent […]. À noter un signe
qui ressemble à une ouverture de parenthèse avant poson ; les parenthèses sont généralement
considérées comme une innovation des premiers imprimeurs. La fin du passage est écrite de la
main R. Ce genre d’intervention est rarissime au milieu d’un cahier. On voit que la dernière ligne et
demie du passage copié par X est barrée. Dans le ms. Paris, BnF, nafr. 25636, f. 87c, ce même
passage est écrit normalement par la main P, mais on remarque toutefois en marge une croix et une
ligne diagonale.
616 Trois Vertus

Ff. 82d et 83a © Boston, PL


Style : cursive livresque régulière.

F. 11r (texte Main R, rubrique et préparation de correction de lettrine, Main X)


© Boston, PL
Ponctuation : le point surtout, et moins souvent la virgule.
Corrections : Main X, sur grattage ou par ajout, les ajouts interlinéaires sont
précédés d’un caret, les passages ajoutés en fin de col. précédés d’une croix.
Plusieurs préparations de correction cursives (X’) sont partiellement ou
entièrement visibles18. Préparation de correction de lettrine A au f. 11b, autre
préparation de correction de lettrine O au f. 14c.

F. 25b © Boston, PL

Rubriques : R, pour la plupart des rubriques ; X, qui intervient pour


transcrire les rubriques des ff. 9a-22c. Les rubriques remplissent presque
parfaitement l’espace qui leur a été laissé, celui-ci consistant souvent en des
fractions de ligne.

18 Ff. 31v, 32v, 36r, 40r, 42v, 44r, 45v, 46r, 53r, 63r, 71v, 80r, 84v, 95r.
{42} Boston, PL, fr. Med. 101 617

Décoration : atelier « aux échancrures ».


Bordure : f. 3r, baguettes fleuronnées bleu/rose et or à vignetures formant
diptyque ; en m/q, la mise en couleurs de la vigneture semble inachevée et est
endommagée par frottement.
Baguette : f. 52r, début 2e partie ; double baguette fleuronnée or et
bleu/rose à vignetures, descendant de la lettrine.
Grandes lettrines
F. 3a (début Ire partie) : A bleu (6) à remplissage de vigneture sur or relié
à l’encadrement par des palmettes. Lettrine endommagée par frottement.
F. 52a (début IIe partie) : A rose (6) à remplissage de vigneture sur or
relié à la baguette par un fleuron, avec vigneture et brins.
F. 74a (début IIIe partie) : A bleu (5) à remplissage de vigneture sur or,
avec vigneture et brins. La barre du A manque.
Lettres champies (2) au début de chaque chapitre à partir du 2e de chaque
partie.
Pieds-de-mouche : champis.
Illustration : Maître de la Cité des dames.
F. 3r, 90 x 125 mm, dans un double cadre or et bleu/rose foncé [Album couleurs,
n° 42] : Christine réveillée par les vertus et Raison en chaire. À g., dans un édicule vert
pâle à toit bleu, Christine, allongée sur un lit à baldaquin blanc, est visitée par
trois dames couronnées qui l’invitent à se lever en la tirant par le bras. Christine
est vêtue d’une robe bleue à manches noires et porte une coiffe blanche ;
Droiture (?) porte une robe rose ceinturée de noir, Justice (?) une robe verte ; et
Raison à dr., une robe rouge à manches blanches sur bleu. À dr., Raison, vêtue
d’un manteau bleu ouvert sur une robe rouge, trône sur une chaire à dossier
arrondi, flanquée de quatre dames couronnées19. Elle enseigne à sept dames
assises sur des bancs, dont les coiffes indiquent qu’elles sont de différentes
classes sociales. Les couleurs sont saturées (noir, blanc, rouge, vert, mais aussi
gris, gris-bleu et rose), le sol carrelé de blanc et brun, et le fond mosaïqué rose,
bleu et or.
Reliure : début XIXe siècle20, basane rouge ornée de filets d’or et, contreplats à
bordure de palmettes estampées au rouleau ; sur les plats, losanges estampés
avec deux médaillons et hexagone allongé ; tranches dorées. Dos à cinq doubles
nerfs et bandes d’or ; au dos : « LE LIVRE DES VERTUS. MANUSCRIT
SUR VELIN ».
BIBLIOGRAPHIE
Boston Public Library, pp. 48-49. C de P, Trois Vertus, p. XIX. Faye et Bond 1962, pp. 210-211,
n° 101. Meiss 1974, 1, p. 378. Meiss 1967, 1, p. 356. Willard 1966, p. 437. Willard 1950.

19 Dans le ms. de Paris, il n’y a que deux dames couronnées accompagnant Raison.
20 Nous remercions de cette datation M. Stuart Walker de la Boston Public Library.
F. 2v © Paris, BnF
{43} Paris, BnF, nafr. 25636
Le livre des trois Vertus

CONTENU
Ff. 1a-2a « Cy commence la table des Rebriches du livre des trois vertus a l’enseignement des dames / lequel dit
livre est parti en trois parties / la premiere s’adresce aux princepces et hautes dames / La ije. aux dames et
damoyselles / Et premierement a celles qui demeurent a court de prin\ce/ ou haulte dame / et la tierce aux
femmes d’estat aux bourgoyses et femmes du commun puepple1 Le premier chappitre devise comment les vertus par
lequel commandem(en)t (crist)ine fist et compila le livre de la cité des dames s’apparurent de rechief a elle / et luy
commanderent a faire ceste p(rese)nte oeuvre J. …–… Item les lettres que la saige dame puet envoyer a la saige
dam a sa maistresce Cy fine la premiere table de ce present livre.2 ».
Ff. 2c-54d « Ci commence le livre des .iij. vertus a l’enseignement des dames3. Le p(re)mier devise co(m)ment les
vertus par le quel co(m)mandement (crist)ine fist et compila le livre de la cité des dames s’apparurent de Rechef a
elle et lui commirent a faire ceste present oeuvre .J.4 Aprés ce que j’oz ediffiee a l’ayde de dieu et par le
commandement des trois dames de vertu …–… Tresredoubtee princepce et ma chiere dame je
p(ri)e a dieu qui vous doint bo(n)ne vie et longue. Escript &c(etera)5 ».
Ff. 54d-55b « Cy commence la table des rebriches de la seconde partie de ce livre laquelle s’adresce aux dames et
damoyselles. […] Le premier chapitre p(ar)le co(m)ment les trois dames C’est assavoir rayson / droyture / et
justice recapitullent en brief ce que dit est devant J …–… Item devise les maintiens qui app(ar)tiennent aux
dames de religion xiij. ».
Ff. 55c-78a « Cy commence la ije. partie de ce livre laquelle s’adrece aux dames et
damoyselles et premierement a celles qui demeurent a court de princepce ou haulte
dame… Aprés ce que nous avo(n)s parlé aux roynes p(ri)ncepces et haultes dames …–… et
vivre ensemble co(m)me suers en union de paix et atant souffise la seconde partie de ce livre
Explicit la Seconde p(ar)tie de ce present volume ».
F. 78b-c « Cy commence la table des rubriches de la tierce et derreniere p(ar)tie de ce livre / laq(ue)lle s’adresce
aux fe(m)mes d’estat des bo(n)nes villes aux bourgoises & aux fe(m)mes du (com)mu(n) pueple & puis aux
fe(m)mes des laboureurs Le premier chapitre p(ar)le comment tout ce qui est dit deva(n)t puet touchier aussi b(ie)n
les unes fe(m)mes co(m)me les autres et de la maniere du gouvernem(en)t q(ue) fe(m)me d’estat doit tenir ou fait de
son maisnaige J …–… Item la fin et conclusion du livre xiiij. ».
Ff. 78c-103d « Cy commence la troisiesme et derreniere partie de ce livre […] Le premier
chapitre parle co(m)ment tout ce qui est dit devant puet touch(ie)r aussi b(ie)n les unes
fe(m)mes que les autres et de la maniere du gouvernement que femme d’estat doit tenir
ou fait de son maysnaige .J. [78d] Au co(m)mencement de ceste iije p(ar)tie suyvant la route
des p(ri)ncepces qui devant vont …–… [103c] si que elle soit presentee devant dieu ou siecle
sa(n)s fin / lequel il vous ottro ottroit. Amen [103d] Explicit le livre des iij. vertus a l’enseignement des
dames. ».

1 Un grand J à l’encre rouge est partiellement effacé après cette rubrique.


2 Aucun des six chapitres de la col. 2a (chapitres 22-27) n’est numéroté. Le dernier numéro de
chapitre dans la col. 1d est 21.
3 Dans le ms. de Boston, cette première partie du titre est écrite en bas d’une colonne inemployée
(2d), la suite étant disposée, comme ici, sous l’enluminure.
4 Cette rubrique s’étend sur les deux colonnes, comme dans le ms. de Boston.
5 Dans l’exemplaire de Boston, on lit Excript de la tour &c(etera).
620 Trois Vertus

HISTOIRE
Date : vers 1405-1406, date de la composition de l’ouvrage. Ce manuscrit est
très proche du premier exemplaire, le Boston, PL, fr. Med. 101, qui lui est
certainement antérieur6.
Possesseurs : Karl Otto von Gÿmnich (XVIIIe s.), dont ex-libris « Ex
bibliotheca Caroli Ottonis L : B : de et in Gÿmnich » collé à la contregarde sup.
avec devise « non nisi mella » et ancienne cote7. Bibliothèque impériale de
Russie (vente 1932)8. Le ms. fut acheté par la BnF en 19959. Petit tampon ovale
rouge Bibliotheque Nationale MSS aux ff. 1r, 2r, et 103r.
Ajouts plus tardifs : f. 1r, m/p le mot « rubriches » écrit d’une main moderne
(XIXe s.) comme explication de « Rebriches » ; f. 86r m/p : nota en latin d’un
lecteur du XVe s.10 ; avec l’ex-libris du comte Karl Otto von Gÿmnich à la
contregarde sup., inscriptions « 298/243 » au crayon ; « N.a.fr. 25636 » à l’encre
bleue en haut du f. 1r ; « Achat 95-04 » à l’encre bleue (différente) au f. 1v ;
petite fiche collée avec numéro « 2515 » au premier f. de garde sup. ; ce même
numéro inscrit au crayon à la contregarde inf.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (303 x 216 mm)11 : I + 104 + I12. Le parchemin est de
couleur ivoire, et porte de nombreuses coutures13, quelques grandes pièces14,
quelques petites lisières15 et trous16 et une grande tache17. La garde sup. est
piquée de trous de ver. La règle du vis-à-vis n’est pas toujours respectée : les
ff. 14-15 sont disposés p/c, 16-17 c/p, 90-91 c/p, 94-95 p/c et 97-98 p/c.
Encres : brun foncé uniforme pour le texte, rouge orangé ou rouge vif pour
les rubriques.

6 V. notes 3, 22 et 25.
7 Fol. N 21 (le numéro 9 barré avant le 21), suivi de Ord : 2, puis cl. 1 (?) ; ce chiffre est écrit par-
dessus un 4.
8 Kostbare Bücher und Manuskripte aus den Bibliotheken der russischer Zaren in Zarkoje Selo, Luzern 1932, Nr.
4, Tafel 2.
9 Vente Jacques Trajan à l’Hôtel George V, le 16 juin 1995.
10 No(ta) bene q(uod) necessariu(m) est, à côté d’un passage ayant trait à la vertu de charitable misericorde vers
la fin de III, 3.
11 Le haut du ms. a dû être rogné, car la m/q est beaucoup plus grande que la m/t.
12 Contregardes en parchemin d’origine.
13 Ff. 3, 6, 7, 21, 24, 38 (4), 41, 45, 48, 53, 65, 68, 69, 70, 72, 73 (2), 88, 89, 90, 91.
14 Au ff. 65 et 72 ; une plus petite mouche a disparu au f. 91.
15 Ff. 20, 29, 55, 58.
16 Ff. 2, 7, 11, 19, 20, 47, 68 ; au f. 2v, une sorte de tilde est tracée au-dessus du trou (4 mm) pour
relier les mots qui le précèdent et qui suivent.
17 Couleur café, f. 65.
{43} Paris, BnF, nafr. 25636 621

Préparation
Piqûres : 4 piqûres maîtresses de diverses formes en m/q à tous les ff. Les
deux premiers cahiers portent une cinquième piqûre pour marquer en m/g la
dernière LR.
Réglure : réglure de base à la mine de plomb, qui laisse des traces grises
uniformes très visibles18. Dans les trois premiers cahiers (ff. 1-24) et aux ff. 59-
62, les lignes maîtresses sont réglées à la pointe sèche, qui a peut-être été reprise
par endroits à la mine, car on voit des traces métalliques. La première garde inf.,
numérotée 104, est réglée, mais inemployée.
Mise en page : 303 x 216 mm = 30 + <187> + 86 mm x 26 + <50,5> +
20,5 + <54,5> + 64,5. Justification 187 x 125,5 mm ; 2 cols, 32 interlignes,
l’écriture commençant sous la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
18 1-8 a♣ 88 57-64 f
28 9-16 b 98 65-72 g
38 17-24 C 108 73-80 h
48 25-32 a 118 81-88 I
58 33-40 d 128 89-96 k (?)
68 41-48 E 138 97-104♦ l / (trace)
78 49-56 O (?)♥
Signatures : faites par Main E (une lettre suivie de chiffres romains de j à
iiij) ; à partir du 7e cahier, elles sont souvent rognées. Tous les cahiers en ont la
série complète, à l’exception du 7e cahier, où le f. 51 n’est pas signé.
Réclames : du copiste ; consistent en un ou deux mots sans
ornement centrés au-dessous de la 2e colonne.
Foliotation : moderne, à l’encre19.
Travail d’écriture :
Texte : Main P. Le texte porte de nombreuses ratures, comme on en voit
souvent dans le travail de P20.
Style : petite cursive calligraphique.
Ponctuation : virgule, et plus rarement point, ce dernier utilisé surtout
en fin de ligne21.

18 Quelques fausses manœuvres ont été corrigées aux ff. 51v, 52r, 71v.

Les signatures a .j. à a .iij. se trouvent aux ff. 1, 3, 4, 5 ; le cahier est en ordre et la couture se trouve
entre les ff. 4 et 5. L’absence de signature au f. 2 pourrait s’expliquer par le fait que le f. qui
contient la fin de la première table doit avoir été rajouté ; les chapitres n’y sont pas numérotés,
contrairement à ceux du f. 1. Étant donné qu’il y a une enluminure au f. 2, peut-être celui-ci était-il
chez l’enlumineur au moment de l’inscription des signatures.

Le f. 99r (3e f. du cahier) porte une 2e signature, rognée, qui ressemble au haut d’une croix.

Rond traversé d’une barre verticale.
19 La garde sup. est numéroté A.
20 Voir par exemple ff. 1d ll. 13-15, 2a l. 27, 8c ll. 14-15, 8d l. 30, 13a l. 30, 16b l. 18… P copie
souvent deux fois le même groupe de mots, et se trompe fréquemment de ligne sur le modèle.
622 Trois Vertus

Corrections : Main X/X’, relativement peu nombreuses ; inscrites en


cursive plus ou moins rapide, sur grattage ou par ajout, et dans ce dernier cas
précédées d’un caret22.

F. 23c (correction cursive sept, à l’encre brun clair


dans rubrique à l’encre rouge) © Paris, BnF
Rubriques
Préparation : de nombreuses préparations de rubrique cursives (X’)
sont partiellement lisibles aux UV en m/q23. Au-dessus d’un nombre de celles-
ci, ou seules en m/q, plusieurs préparations de
numéros de chapitres24.
Exécution : la plupart sont de la main P ;
mais sept rubriques sont de la main X25. Elles
tiennent bien en général la place qui leur est
réservée26.

F. 49r (texte : P ; rubrique : R) © Paris, BnF


Décoration : ornemaniste « à la vigne d’or ».
Bordure : f. 2v, baguettes fleuronnées bleu/rose et or à vignetures sur trois
côtés intégrant la lettrine, un fil de vigneture formant l’entrecolonne.
Grandes lettrines
F. 2c (début Ire partie) : A bleu (5) à remplissage de quatre feuilles de
vigne sur or.
F. 55c (début IIe partie) : A or (6) sur fond parti bleu et rose foncé, avec
rinceaux de vigne d’or et brins sur fil27.

21 En fait, à cet endroit, il semble servir un but décoratif, ou de remplissage ; par ex., f. 17a : a yceulx
bonnes . gens ; f. 17b : la princesse ou grande . maistresse ; elle donne plus. grant reconfort ; f. 18b : Sy est sans .
faille. V. aussi f. 32a.
22 Parmi les plus significatives : f. 16r : le mot bonne ajouté en entrecol. (v. C de P, Trois Vertus 1989, p.
36 l. 71 ; ce mot manque dans le ms. de Boston) ; au f. 23c, rubrique : la correction de la leçon
fautive six raturée en brun et corrigée en sept (le ms. de Boston porte la leçon fautive six, v. ibidem,
p. 52 n. 1) ; au f. 47c l. 4 : \ra/ ajouté à met (leçon de Boston) ; f. 47c l. 5 : avoir ajouté après s’amour
(ce mot manque dans le ms. de Boston, qui est fautif ; v. ibidem, p. 104, l. 18).
23 Ff. 26r-v, 28r, 30r, 32v, 37r, 39r, 40v, 43r, 47r, 49v ; toutes ont été presque entièrement effacées et
la plupart sont rognées. Les cinq premières correspondent à des rubriques écrites par P, les six
dernières à des rubriques ajoutées par X.
24 Ff. 15r, 16r, 21v, 23v, 33v, 34v, 36r, 37r, 39r, 40v, 43r, 47r.
25 Ff. 2v (I, 1), 37b (I, 22), 39a (I, 23), 40d (I, 24), 43b (I, 25), 47b (I, 26), 49d (I, 27). La rubrique au
f. 2v, écrite sur 2 cols, réunit deux parties qui sont malencontreusement séparées dans le ms. de
Boston.
26 La rubrique du ch. I, 18 (numéroté à tort viij.) fait exception, comme elle déborde de 4 lignes en
m/p au f. 32d.
27 Le brunissage de l’or a provoqué sa dispersion au pourtour de certaines feuilles de la vigneture, et
même chose au f. 78d.
{43} Paris, BnF, nafr. 25636 623

F. 78d (début IIIe partie) : A or (5) sur fond bleu à remplissage rose
foncé, avec rinceaux de vigne d’or et brins sur fil.
Lettres champies (2) au début de chaque chapitre à partir du 2e de chaque
partie.
Pieds-de-mouche : champis28.
Illustration : Maître de la Cité des dames.
F. 2v, dans un double cadre or et bleu/rose foncé, 106 x 124 mm [Album
couleurs, n° 41] : Christine réveillée par les vertus et Raison en chaire. À g., dans un
édicule à toit bleu, Christine, allongée sur un lit à baldaquin blanc gris, est
visitée par trois dames couronnées qui l’invitent à se lever en la tirant
énergiquement par le bras. Christine est vêtue d’une robe bleue à manches roses
et porte une coiffe blanche ; Droiture (?) porte une robe verte ; Raison au
milieu, une robe rouge à manches noires, et Justice (?) une robe rose. À dr.,
Raison est vêtue d’un manteau rouge ouvert sur une robe bleue ; elle est
flanquée de Droiture (?) en vert et de Justice (?), dont le manteau rose laisse
voir une robe bleue. Trônant en une chaire gothique, elle enseigne à sept dames
assises sur des bancs. Leurs coiffes indiquent qu’elles sont de différentes classes
sociales. Les couleurs sont franches (vert, bleu, rouge, blanc, rose, noir), le sol
carrelé de rose pâle, et le fond mosaïqué rose et or.
Reliure : XVIe s., en veau havane estampé à froid sur ais de bois, dos à cinq
nerfs, traces de deux fermoirs. Décoration à trois cadres rectangulaires
juxtaposés, à plaques oblongues, où figurent, au plus grand cadre, des portraits
de dieux et de déesses portant des costumes Renaissance (Jupiter, Sol, Mercurius,
Mars, Saturne, Vénus, Luna), à celui du milieu, des motifs végétaux variés, et au
plus petit, les allégories féminines des vertus cardinales (Fortitudo, Prudencia,
Iusticia, Temperance). À l’intérieur des cadres, un rectangle où est inscrit un
losange à motifs floraux avec des écoinçons à fleurs ; au milieu du losange, deux
motifs floraux bout à bout surmontés d’une pomme de pin. Tranches dorées.
BIBLIOGRAPHIE
Étude Tajan 16 juin 1995, n° 1. Kostbare Bücher, pl. II.
COMMENTAIRE
Ce ms. semble bien être la suite de BnF, fr. 1179, qui est presque identique par
ses dimensions et sa mise en page (2 colonnes à 32 lignes). Comme lui, il est
copié par P et illustré par l’atelier du Maître de la Cité des dames. Toutefois,
divers indices29 montrent que les deux ne furent jamais reliés ensemble.

28 L’un, au f. 40v, est entièrement en bleu avec quelques touches blanches. Un autre uniquement d’or
au f. 22b. Deux pieds-de-mouche non exécutés aux ff. 24b et 39d, dernières lignes.
29 On note en particulier que les trous de ver sur les derniers et premiers feuillets respectifs des deux
volumes ne coïncident pas.
Prodommie de l’omme
Introduction
Vatican (Cité du), BAV, reg. lat. 1238

L’unique exemplaire original subsistant du Livre de la prod’ommie de l’omme est


le ms. Vat., reg. lat. 1238. Ce témoin, d’une décoration très simple (une seule
baguette et une seule grande lettrine au début, avec un nombre restreint de
lettres champies et de pieds-de-mouche), semble confectionné pour mettre
l’accent sur le contenu du traité moral. Christine y utilise une écriture droite et
sobre qu’on ne voit que dans un seul autre manuscrit, l’exemplaire du Corps de
policie de Besançon (BM, 423)1. Les quelques rubriques, qui mettent en valeur
les différentes vertus, et les rubriques intermédiaires marquées texte et glose sont
autant de jalons pour guider et instruire.
Il a existé au moins un autre exemplaire de cet ouvrage, celui dont fait état,
en 1408, l’inventaire après décès de Valentine Visconti, femme du dédicataire
de l’ouvrage, Louis d’Orléans, qui ne survit qu’un an après l’assassinat de son
mari : « ung livre apellé la Discreçon et diffiniçon de la Prodomie de l’omme et
le fist Crestine couvert de cuir rouge, a deux fermouers de cuivre »2. Charles
d’Orléans hérita de ce volume, qui resta dans sa bibliothèque jusqu’à sa mort3.
Sur les modifications que Christine fit subir à ce texte pour en faire le Livre
de Prudence, voir la notice du ms. Paris, BnF, fr. 605. Ce texte, ainsi que le Livre
de Prudence, restent inédits.

1 Comme dans le ms. de Besançon, trois lettres ont parfois un tracé très particulier en début de
ligne : le d minuscule, orné d’un trait superflu qui s’étend à gauche dans la marge, le g minuscule
dont la queue déborde dans la marge, et le v à l’italienne utilisé en début de ligne, dont le bras
s’ouvre sur la gauche sans se retourner. Dans le ms. de Besançon, le a minuscule, comme le d, est
quelquefois orné d’un trait superflu qui s’étale en marge vers la gauche.
2 Champion 1910, p. 31.
3 Delisle, Cab., 1, p. 119 ; Ouy 2007, A29 et B188.
Fol. 1r © Vatican, BAV
{44} Vatican (Cité du), BAV, reg. lat. 1238
La descripcion et diffinicion de la prodommie de l’omme
selon l’opinion de monseigneur le duc d’Orlians

CONTENU
Ff. 1r-46r « Cy commence la descripcion et diffinicion de la prodommie de l’omme selon
l’opinion de monseigneur le duc d’Orlians. Tresexcellent reboubté et puissant prince Loys
tresnoble duc d’orleans …–… juste vie et aprés la retribucion qu’il donne a ses eleuz. Amen. ».

HISTOIRE
Date : entre 1405 (date probable de la composition de l’œuvre) et novembre
1407 (meurtre de Louis d’Orléans).
Possesseurs : Jean II Le Meingre, dit Boucicaut (?)1 ; Charles de La Marck,
comte de Maulevrier2 ; Paul Petau (inscription « Pa[ul] Petau/1614 » au f. 1r)3 ;
Alexandre Petau4, son fils ; Christine de Suède (acquisition en 1650 ; cote barrée
« 2134 » au verso de la 2e garde5) et, après sa mort (19 avril 1689), son légataire
universel le cardinal Decio Azzolini († juin 1689). Le neveu de celui-ci, le
marquis Pompeo Azzolini, vendit le ms. au pape Alexandre VIII (1689-1691),
Pietro Ottoboni, dont la cote « S. 21 » figure au 2e f. de garde6.
Ajouts plus tardifs : aux ff. 15r, 18r et 24v, quelques essais de plume, sans
doute d’un lecteur du XVe siècle. Au 2e f. de garde, le titre « La prodomie de
l’ome » a été ajouté sans doute par un bibliothécaire d’Ottoboni.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (229 x 155 mm) : (II, papier) + I (parchemin) + 46 + I
(parchemin) + (II, papier)7. La peau, sans défaut, est d’une couleur blanche
assez uniforme ; la règle du vis-à-vis est toujours respectée.
1 V. note suivante.
2 En bas du f. 1r, inscription : « Du don de hault et puissant seigneur monseigneur le comte de
Maulevrier messire Charles de la Marck, chevalier des deux ordres du roy » (suite rognée lors de la
reliure). Charles-Robert de La Marck, petit-fils de Diane de Poitiers et de Louis de Brezé, mourut
en 1622. V. La Chenaye-Desbois, 9, p. 628. Le grand-père paternel de Diane de Poitiers, Aimar IV,
avait hérité de la collection de son cousin Jean III Le Meingre, neveu du maréchal, en 1485.
V. Willard 1966, p. 437.
3 De la même main, en haut du f. 1r : « Par Christine de Pizan ». V. Meyier, p. 36.
4 Leyde, UB, Voss. lat. Q. 76 f. 78r : « La definition et description de la preudhommie de l’homme
selon l’opinion de monsieur le duc d’Orleans par Mad. Christine de Pisan ». 901 1189 et Vat.,
reg. lat. 8171, f. 379 (olim f. 207), rubrique « Humanistae » ; v. aussi Bignami Odier 1962, p. 183.
5 Bignami Odier 1966a, p. 35.
6 Bignami Odier 1966b, p. 25.
7 Le verso du f. 46 est réglé mais inemployé. Les premier et dernier feuillets de parchemin, qui
servent de gardes, sont réglés des deux côtés, mais inemployés. Le premier n’est pas numéroté,
mais le dernier porte le numéro 47 barré. Les deux gardes du début et de la fin sont en papier non
628 Prodommie de l’omme

Encres : brun foncé uniforme pour le texte, rouge vif pour les rubriques.
Préparation
Piqûres : aucune trace.
Réglure : à la mine de plomb.
Mise en page (f. 5r) : 229 x 155 mm = 24 + <153> + 52 x 32 <93,5> +
29,5 mm. Justification 153 x 93,5 mm ; 27 longues lignes, l’écriture
commençant sous la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
11 (garde) 58 24-32
28 1-8 68 33-40
38 9-16 76 41-46
48 17-23 a 81 (garde)
Signatures : une seule signature subsiste au f. 20r : a suivi d’un chiffre arabe
rogné.
Réclames : aucune trace.
Travail d’écriture :
Texte : Main X.
Style : minuscule semi-cursive8.
Ponctuation : virgule et plus rarement, point double.
Corrections : nombreuses corrections X, surtout sur grattage, à l’encre brun
foncé9.
Rubriques : Main X, faites avant la décoration.
Décoration : atelier « aux échancrures ».
Bordure : au f. 1r, fine baguette double or/bleu en marge pli à vigneture sur
tige, brins sur fil et tige et ronds d’or vrillés. La baguette forme deux petites
courbes à l’endroit où elle rejoint la lettrine.
Initiale ornée : f. 1r, début de l’ouvrage, T bleu (4) sur or à vigneture, reliée
à la baguette.
Lettres champies : en début de chapitre à partir du 2e.
Pieds-de-mouche : champis.
Petites lettres ornées : certaines lettres, surtout celles qui débutent les listes
de vertus, sont ornées d’un seul trait rouge.

filigrané. Il y a deux foliotations modernes, l’une à l’encre en haut des ff., l’autre estampillée en bas
et à droite.
8 Comme dans le ms. Besançon, BM, 423, certaines lettres sont différentes en position initiale : ainsi,
le v est presque toujours « à l’italienne » (v. l’Introduction à ce ms. et « Commentaire »), le d
minuscule s’orne souvent d’un trait horizontal comme aussi, parfois, le A majuscule ; la boucle du
g s’étend vers la gauche.
9 Exemples de corrections en cursive calligraphique (X) : ff. 4v l. 8 : en tant, sur grattage, remplace
une leçon plus longue de 3-4 lettres ; 5r l. 14 : invistigue (?) sur grattage ; 8r l. 8 : qu’il se y contieigne ;
18r l. 3 volupté ; 21r l. 12 grans qu’ilz ; 26v l. 13 coustumiere ; 26v, avant-dernière ligne : chaste et
continent ; 45v l. 6 beatitude. Exemples de corrections en cursive hâtive (X’) : ff. 5r l. 2 : de ; 8v : doit
estre ajouté en marge ; en ajouté, suivi d’un y qui remplace i dans yceulx ; 24r l. 10 : tous hommes ; 27r
l. 11 : cuisacion.
{44} Vat., BAV, reg. lat. 1238 629

Reliure : parchemin blanc, dos à 6 nerfs. Écrit sur le dos, à l’encre : « Reg.
1238 » ; étiquette en papier de la Vaticane portant l’inscription « Reg. lat. 1238 »
collé au dos.
BIBLIOGRAPHIE
Bignami Odier 1966a, p. 35. Langlois 1889, p. 102. Meyier 1947, p. 36.
COMMENTAIRE
Ce manuscrit et le Corps de policie de Besançon sont tous deux copiés, vers la
même époque (entre 1405-1407), avec grand soin et en une même minuscule
cursive assez artificielle. À l’époque, le v attaqué par la gauche, « à l’italienne »,
n’avait pas encore commencé à se répandre en France ; les plus anciens
exemples connus sont des alentours de 1410 (Pierre d’Ailly). Or, il est employé
ici, et même assez systématiquement, sans doute dans un but décoratif ; mais
on ne le trouve qu’en début de ligne, l’attaque débordant dans la marge. Il
semble que ce soit là sa première apparition de ce côté des Alpes. Cela pourrait
s’expliquer par l’origine italienne de l’auteur-copiste. Il semblerait donc que ce
soit Christine qui ait lancé la mode italienne du v ouvert attaqué par la gauche
qui, progressant de façon irréversible, finit par éliminer pratiquement à partir
des années 1420 le v fermé attaqué par la droite – ce qui fournit aujourd’hui aux
paléographes un précieux élément de datation.

Vat., reg. lat. 1238 © Vatican, BAV


Corps de policie
Introduction

Chantilly, Bibl. du Château, 294 [F] {45}


Paris, BnF, fr. 1197 [H] {46}
Paris, Bibl. de l’Arsenal, 2681 [G] {47}
Besançon, BM, 423 [E] {48}

Quatre exemplaires originaux du Livre du corps de policie, composé à


l’intention du dauphin Louis de Guyenne1, nous sont parvenus : Chantilly,
Bibl. du Château, 294 (F), Paris, BnF fr. 1197 (H), Paris, Bibl. de l’Ars., 2681
(G), Besançon, BM, 423 (E)2. Textuellement, ces quatre témoins sont proches
et chaque exemplaire présente des leçons qui lui sont propres. Néanmoins,
comme l’indiquent les variantes relevées dans l’édition critique d’Angus
Kennedy, on peut déceler deux étapes principales dans l’évolution du texte, la
première, représentée par le premier témoin F, et la deuxième, par les mss H, G
et E, qui s’accordent le plus souvent lorsqu’il s’agit de leçons variantes. Le
dernier manuscrit du groupe, celui de Besançon (E), présente quelques
dernières révisions textuelles dont une minorité représente un retour aux choix
de F3.
La provenance de deux de ces témoins est à peu près certaine : le manuscrit
H a appartenu au poète Charles d’Orléans et à son frère Jean d’Angoulême et
avait sans doute été présenté à leur père Louis d’Orléans ; celui de l’Arsenal a
vraisemblablement été commandé par Raymond Raguier, notaire du roi (1389)
et maître de la Chambre aux deniers (1391), dont il devint le premier président
en 1413. Ces fonctions lucratives lui ont permis de commander l’exemplaire le
plus luxueux de cet ouvrage, dont il semble avoir numéroté ou fait numéroter
les chapitres et auquel il a soigneusement ajouté ou fait ajouter une table. Le
dauphin Louis de Guyenne, pour qui Christine a écrit l’ouvrage, en a
certainement reçu un exemplaire, peut-être le premier présenté et

1 Christine lui destinera deux autres oeuvres : l’Advision du coq, qu’elle dit dans le Livre de paix (III, 24)
lui avoir présenté en personne à l’Hôtel Saint Pol pendant le Carême [1414], et le Livre de paix,
achevé sans doute plus tard cette même année.
2 Les éditions Lucas (1976) et Kennedy (1998) utilisent les mêmes sigles pour ces manuscrits.
3 Par exemple, en I, 12, le retour à la bonne leçon Thebes (et non Athenes) comme ville
d’Epaminondas ; v. C de P, Policie 1998, pp. 22, ll. 4 et 118.
632 Corps de policie

vraisemblablement le plus ancien ; ses comptes ne mentionnent pas


spécifiquement le Corps de policie, mais parlent, pour l’année 1410, d’un livre que
Christine de Pizain lui avoit presenté4.
En ce qui concerne la mise en page et la décoration, trois témoins, F, H et G
montrent des caractéristiques qui permettent de supposer leur antériorité à
l’exemplaire de Besançon. Deux éléments majeurs sont parlants : dans F, H et
G, la rubrique liminaire Cy commence le Livre du corps de policie…, est inscrite en
bas d’un feuillet préliminaire, qui est réglé indépendamment et ajouté au début
du volume5. La transcription de la rubrique liminaire sur un feuillet préliminaire
ajouté semble indiquer que celle-ci n’était pas suffisamment formulée – voire
qu’elle n’était pas encore rédigée – lors de la transcription des chapitres, pour
que son emplacement soit exactement calibré. L’ajout de la rubrique signale
donc l’antériorité de ce groupe par rapport à E, où une meilleure planification,
née de l’expérience, a permis d’incorporer la rubrique dans un espace adéquat
réservé au début du texte (v. frontispice). La parenté des manuscrits F, H et G
est aussi révélée par la décoration, exécutée par l’« atelier aux échancrures ».
Pour ces trois manuscrits, la décoration a précédé la rubrication, indication de
plus que le libellé des rubriques n’aurait pas encore été fixé. Le ms. E est décoré
par un des ornemanistes qui avaient travaillé à plusieurs mss de la Cité des dames
et aux Trois Vertus de Paris. Contrairement aux artisans qui avaient décoré les
trois autres exemplaires du Corps de policie avant l’inscription des rubriques, cet
ornemaniste « à la vigne d’or » avait affaire à un manuscrit déjà entièrement
transcrit, texte et rubriques compris.
Dans le groupe des trois premiers manuscrits, c’est F qui, par plusieurs
indices, s’avère le plus ancien. Certaines leçons fautives que présente ce témoin
seront corrigées par la suite. Par exemple, en I, 16, dans une référence à Valère
Maxime, F parle de la vertu de sapience au lieu de pacience, leçon que porteront les
originaux postérieurs6. La leçon fautive se reveloient au chap. II, 8 se trouve dans
le seul exemplaire F ; elle sera corrigée partout ailleurs en se rebelloient7. Une
rubrique passe-partout (Encore de ce meismes) sera réécrite de façon plus précise
dans les témoins postérieurs (Encore aux clers estudians, H, G / Encore des clers
estudians, E)8.

4 BnF, fr. 32511, f. 4r.


5 Même phénomène dans les deux premiers mss de l’Advision Cristine (BnF, fr. 1176 {39} et
Bruxelles, KBR, 10309 {40}) et dans les deux témoins originaux des Trois Vertus (Boston,
fr. Med. 101 {42} et BnF, nafr. 25636 {43}).
6 C de P, Policie 1998, pp. 29, ll. 2, 3 et 120.
7 Ibidem, p. 126 var p. 67 l. 38.
8 Ibidem, pp. 99, l. 1 et 132.
Introduction 633

On constate, d’ailleurs, que les rubriques du ms. F sont particulièrement mal


calibrées. Par exemple, la rubrique liminaire est écrite en bas d’un feuillet de
garde autrement inemployé ; elle commence trop bas dans la colonne, au 9e
interligne avant la fin, ce qui fait que les deux dernières lignes d’écriture sont
serrées dans l’espace d’un seul interligne. G et H montrent tous les deux une
meilleure planification à cet endroit. Dans F également, la rubrique qui introduit
la IIe partie (f. 51b) est, elle aussi, mal calibrée : les trois premières lignes
d’écriture sont trop serrées, après lesquelles l’écriture commence à s’étaler en
vue de remplir tout l’espace, mais c’est trop tard, et une ligne et demie sont
laissées en blanc à la fin de la rubrique. Vu son ancienneté par rapport aux
autres originaux, F serait le meilleur candidat au statut d’exemplaire présenté au
duc de Guyenne.
Le deuxième témoin par ordre de fabrication paraît bien être le BnF,
fr. 1197 (H), dont l’appartenance aux frères d’Orléans est bien attestée.
Certaines modifications textuelles permettent d’identifier cet exemplaire comme
le deuxième : par exemple, la rubrique du chap. I, 28, se lit dans F Comment le
bon prince doit estre soingneux et soy occuper es besoignes de son païs. Dans H, le mot pais
est remplacé par royaume (les deux autres originaux, G et E, présenteront royaume
ou païs.). De plus, ce témoin omet, tout comme F, un bout de phrase à la fin du
chap. I, 15 (ains) tres benignement le releva et lui remist la coronne sur le chief et, leçon
qu’on trouve dans G et E9. En outre, tout comme l’exemplaire de Chantilly (F),
celui-ci laisse en général trop d’espace aux rubriques, mais la mise en page est
mieux planifiée. Alors que dans F, la deuxième partie commence en milieu de
colonne, dans H, elle débute une nouvelle colonne. Le seul inconvénient est
qu’il ne reste que quatre interlignes pour l’explicit de la première partie et la
rubrique qui introduit la deuxième, ce qui fait que sept lignes de texte sont
serrées dans cet espace et débordent dans la marge inférieure. L’instruction soit
ci laisié plus grant espace de lignes écrite en cursive (X’) dans la marge est censée
résoudre le problème dans les versions postérieures. En effet, dans les
manuscrits G et E, douze et treize interlignes sont laissés respectivement pour
l’explicit et la rubrique, qui en occupent respectivement neuf et onze, ce qui fait
que la page a un aspect plus aéré. Notons que, des quatre témoins, H (transcrit
par le copiste P) présente le texte le moins fiable en raison de lacunes qui sont
le plus souvent le résultat de sauts du même au même10.
Le ms. Paris, Bibl. de l’Arsenal, 2681 (G), le troisième de la série, présente
une meilleure planification des rubriques. À l’encontre des manuscrits F et H,
celui-ci prévoit en général moins d’espace pour les rubriques, qui sont
d’habitude mieux insérées dans le texte, et laisse moins d’espace blanc. On

9 Voir C de P, Policie 1998, pp. 27 et 119.


10 C de P, Policie 1998, pp. 118 (var. p. 23 ll. 29-30), 122 (var. p. 44 l. 40), 123 (var p. 51 ll. 21-3).
634 Corps de policie

remarque que parfois le nouvel espacement s’avère trop restreint, ce qui fait que
nombre de rubriques débordent, surtout dans la deuxième moitié du ms.11, et
que le copiste, en l’occurrence R, doit avoir recours à de nombreuses
abréviations12. De plus, comme on l’a signalé, ce manuscrit comporte une
décoration plus luxueuse que les autres témoins : les lettrines sont plus grandes
que celles des autres manuscrits originaux et elles offrent donc à l’œil plus de
couleur et une plus grande surface dorée. Dans le ms. G, les lettrines sont de 7,
6 et 5 interlignes respectivement, alors que celles de F mesurent 5, 3 et 3
interlignes, celles de H de 4 interlignes partout, et celles de E de 4, 3 et 3
interlignes.
G est aussi le seul témoin à présenter une enluminure, exécutée par le Maître
de l’Épître Othéa, qui dépeint Christine au travail dans son étude. L’évolution
textuelle dont témoigne G peut être démontrée par quelques exemples : les
premiers mots de la deuxième partie, qui dans F sont Suivant ceste matiere et dans
H Suivant ma matiere, deviennent dans G Suivant nostre matiere, leçon que gardera
E13. En I, 12, le pays d’Epaminondas est correctement identifié comme étant
Thebes, ce qui rectifie l’erreur de F et H qui le situe à Athenes14. En I, 14, le texte
de G (et de E) est étoffé par l’ajout des mots en maniere d’amiracion ce dit le
translateur, qui qualifient le substantif choses qui précède et précisent le fait que
l’auteur s’est servi d’une traduction de Valère Maxime plutôt que de l’original15.
Seul parmi les quatre originaux, E bénéficie d’une planification presque
parfaite quant à la place réservée aux rubriques, tout au long du manuscrit,
évitant les espaces blancs autour des rubriques et les débordements marginaux
de celles-ci. La qualité supérieure de la mise en page est l’indice le plus évident
que E est le dernier des originaux que nous possédons. Sur le plan textuel aussi,
il est clair que le ms. E est l’exemplaire le plus récent des quatre. On remarque
d’abord le développement de certaines rubriques : la rubrique I, 12, qui dans F,
H et G se lit Exemples des fais des anciens au propos dessusdit, devient dans E Explez
[sic]16 au propos dessusdit des faiz des anciens. La rubrique qui introduit le chap. I, 17
Encore de debonnaireté et comment Fortune se peut changier est rendue plus dramatique
par l’insertion de en pou d’eure devant Fortune. Celle qui introduit le chap. III, 5
progresse de Encore de ce meismes dans F à Encore aux clers estudians dans H et G à
Encore des clers estudians dans E.

11 Ff. 47b, 52a, d, 67b, 68b, 69b, 80c, 81c.


12 V. par exemple les rubriques aux ff. 5d et 32c (chapitres I, 3, et I, 21).
13 C de P, Policie 1998, p. 124 var. p. 57 l. 6.
14 Ibidem, p. 118, var. p. 22 l. 4. On note toutefois que dans les 4 mss, il est identifié comme un roi,
plutôt que comme simple général.
15 Ibidem, p. 119 (var. p. 24 l. 2).
16 Il manquerait la barre de nasalisation.
Introduction 635

E représente aussi une amélioration par rapport aux noms propres. Il est le
seuls des manuscrits originaux à présenter (mais non systématiquement) la
graphie Epaminondas, que les trois autres témoins appellent le plus souvent
Epamimidas17. Le ms. E a aussi bénéficié d’un travail de style, qui se traduit le
plus souvent par des allègements18.

17 Ibidem, p. 118 (var. p. 22 l. 4).


18 V. ibidem, pp. 117 (var. p. 12 ll. 12-13), 120 (var. p. 32 l. 36).
Fol. 1r © Chantilly, Bibl. du Château
{45} Chantilly, Bibl. du Château, 294
Le livre du corps de policie

CONTENU
3e f. garde d « Cy commence le livre du corps de policie leq(ue)l parle de vertus et de
meurs et est parti ledit livre en iij. parties La p(re)mi(er)e partie s’adresce aux princes /
la seconde aux ch(eva)l(ie)rs et nobles et la tierce a l’université de tout le peuple1 ».
Ff. 1a-51b « SE Il est possible que de vice puist naistre vertu bien me plaist en ceste partie / estre
passio(n)nee comme femme /…– …Il dirent que tel vertu en homme ne pouoit estre perie en
homme par trespassement de vie et que son ame estoit montee ou ciel deifiee / Explicit la
premiere partie ».
Ff. 51b-81a « Cy commence la ije. partie de ce livre laq(ue)lle s’adresce aux nobles et
chevalereux / Le premier chapitre parle comment iceulx nobles tiennent le lieu des
bras / et des mains du corps de la policie Suivant ceste matiere aprés ce que nous avons
conclus noz premisses en parlant aux princesces [sic] a leur exortacion ou vie moralle …–… pour
la quelle chose ceulx de crete fure(n)t contens apaisiez & sans souspec(i)on Explicit de la ije.
partie ».
Ff. 81a-100a « Cy co(m)mence la iije. partie de ce livre la quelle s’adresce a l’univ(er)sité de
tout le peuple Le premier chapit(re) p(ar)le (com)ment tous les estas se doivent reduire &
a unir ensemble Aprés ce que nous avons dit selon la matiere preposee [sic] ce qui touche a
l’introducion du prince …–… dieux par sa sai(n)te misericorde vueille maintenir & acroistre de
mieulx en mieulx en toute p(er)feccion de ames et corps AMEN Explicit le livre du corps de
policie ».
HISTOIRE
Date : vers 1406-1407, date de la composition de l’ouvrage. Ce manuscrit est le
plus ancien des quatre exemplaires de présentation subsistants ; une référence à
Louis d’Orléans laisse penser qu’il a été copié de son vivant2.
Possesseurs : Catherine de Coëtivy, petite-fille de Charles VII et d’Agnès
Sorel3, veuve d’Antoine de Chourses, conseiller et chambellan de Louis XI4 ;

1 Les cinq dernières lignes de texte sont serrées dans l’espace de quatre interlignes.
2 Le duc d’Orleans qui a present vit (I, 3, f. 4d).
3 Voir rubrique « Ajouts plus tardifs » ; R. Claerr, « Que ma mémoire là demeure en mes livres, Catherine de
Coëtivy (vers 1460-1529) et sa bibliothèque », dans A.-M. Legaré et B. Schnerb (éd.), Livres et
lectures de femmes en Europe entre Moyen Âge et Renaissance, Turnhout, Brepols, 2007, pp. 101-117.
4 Selon R. Harrouët, le ms. aurait été acquis par Catherine de Coëtivy après la mort de son mari en
1485.
638 Corps de policie

famille La Trémoille5 ; famille Bourbon-Condé6 ; Bibliothèque nationale /


impériale (1793-1815)7 ; duc d’Aumale8.
Ajouts plus tardifs : en haut du f. 1r, recouvrant la rubrique du ch. I, 1 et
mordant sur la vigneture et la lettrine, armoiries en losange de Catherine de
Coëtivy9 et, de chaque côté, chiffres A et K superposés10. Au verso de la 1re
garde : rond de parchemin avec cote « 631 ». Inscription au crayon au recto de
la 2e garde11. En bas du f. 1r, un lambeau de parchemin collé et presque
entièrement enlevé. Manicules12.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (296 x 203 mm) : III13 + 100 + I. La peau présente de
très nombreuses coutures14 ainsi que des pièces15, petits trous16, lisières17,
taches18 et veines19. La règle du vis-à-vis est toujours respectée.
5 L’héritière de Catherine de Coëtivy († 1528) fut très probablement sa nièce Louise de Coëtivy, qui
avait épousé Charles de La Trémoille en 1501 ; v. Harrouët 1999, p. 172.
6 Charlotte de La Trémoille fut la seconde épouse d’Henri Ier de Bourbon, prince de Condé. Le ms.
est sans doute celui qui est ainsi décrit dans l’inventaire dressé après la condamnation du Grand
Condé (20 avril-14 juillet 1654) à la p. 411 : « Corp de Police ou politique. Folio manuscript [sic]
prisé huit sols » ; v. aussi Chantilly, Le Cabinet des livres MSS, 1, p. 240. Le Corps de policie figure aussi
dans l’inventaire de 1673 ; v. Le Roux de Lincy 1860, p. 2 nº 70.
7 Estampille aux ff. 1r, 100r : 25 mm avec faisceau de licteur, utilisée 1792-1802 ; v. Cat. gén. mss lat.
8823-8921, p. XX. La bibliothèque des Condé fut confisquée en 1793 comme bien d’émigré et les
manuscrits gardés à part à la Bibliothèque nationale ; v. Anne de Montmorency : 400e anniversaire (non
paginé, 3e page). La bibliothèque leur fut restituée en 1815.
8 Henri d’Orléans, duc d’Aumale, cinquième fils du roi Louis-Philippe, hérita en 1830 des biens de
son grand-oncle et parrain, Louis Henri Joseph duc de Bourbon, dernier prince de Condé.
V. Meurgey, p. vii et Harrouët 1999, pp. 195-196, 198. L’estampille d’Henri d’Orléans se trouve
aux ff. 1v, 100r ; v. Archives de la Société des collectionneurs d’ex-libris et de reliures artistiques, 40 (1933),
pp. 8-10.
9 Écu parti au 1 d’un burelé [ici un fascé] d’argent et de gueules (Chourses) ; et au 2 d’un coupé en chef, fascé d’or
et de sable (Coëtivy) et en pointe, d’azur à trois fleurs de lys d’or (France) brisé d’un bâton d’argent (Catherine
était la fille de Marie de Valois, fille naturelle de Charles VII et d’Agnès Sorel).
10 Les A sont roses et les K bleus ; à côté de chaque lettre, un petit objet ovoïde de couleur opposée
avec hachures blanches. Catherine de Coëtivy épousa Antoine de Chourses en 1478 ; Antoine
décéda en 1485, et elle en 1528. Le duc d’Aumale signale que les armes de Chourses ne figurent
seules dans aucun des 43 mss de la collection provenant du couple : « C’est elle qui sans doute avait
commencé la collection, tout au moins qui avait inspiré à son mari les goûts d’un bibliophile » ;
Chantilly, Le Cabinet des livres MSS, 1, p. xiv.
11 « Ch 631 / XIV H 15 / Ms 274 ».
12 F. 7a, au milieu de I, 5, pour signaler Car dit le philosophe que cellui n’est mie saige qui n’entent de toutes
choses ; f. 8a au milieu de (I, 6), à côté du passage aimer dieu comme dit est le craindre et servir sans faindre.
13 Un volet des bifeuillets de papier marbré (type « tourniquet ») qui forme les contregardes est collé
aux première et dernière gardes de parchemin d’origine. Même papier que les contregardes de
Chantilly 494.
14 Aux 1er et 3e ff. de garde et aux ff. 33 (3), 36, 39, 41, 45, 46, 47, 50, 54, 61, 69, 70 (2), 78, 81, 83, 84,
85, 87, 90, 91, 93, 94 et 100 ; le fil a presque toujours disparu. Au f. 78r-v en m/g à côté d’une
grande couture, on lit en partie, à l’aide de la lampe Wood, la préparation, presque entièrement
effacée, du texte ajouté après la réparation.
15 Ff. 4, 16, 22 (2), 26, 29, 30 (2), 55.
16 Ff. 13, 35, 40, 45 (3), 56, 61, 63, 65, 81, 99.
{45} Chantilly, Bibl. du Château, 294 639

Encres : brun foncé plus ou moins uniforme pour le texte20 ; rouge vif pour
les rubriques.
Préparation
Piqûres : piqûres maîtresses, de différentes formes, en m/q21.
Réglure : à la mine brunâtre, qui laisse des traces brunes irrégulières et
souvent épaisses ; le dernier f. du texte (f. 100r) est réglé du seul côté r, où les
LR sont tracées dans la seule colonne de g. La 3e garde sup., qui porte la
rubrique liminaire, est réglée du seul côté v et à la mine de plomb, qui laisse de
fines traces grises ; ce f. doit donc avoir été réglé séparément et après les autres.
Mise en page (f. 5r) : 296 x 203 mm = 27 + <183> + 86 x 27 + <49> +
18 + <53> + 56 mm. Justification 183 x 120 mm ; 2 cols, 31 interlignes, parfois
30 ou 32, l’écriture commençant sous la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signature Cahier Feuillets Signature
13 gardes 88 49-56 p
28 1-8 c 98 57-64
38 9-16 108 65-72 r
48 17-24 118 73-80 F
58 25-32 y 128 81-88 g
68 33-40 N 138 89-96
78 41-48 O 144 97-100 d
Signatures : à la mine de plomb22, consistant en une lettre suivie d’un
chiffre romain de .j. à .iiij. Seul le 6e cahier en porte la série complète.
Réclames : X, de la même encre que le texte, courtes et centrées sous la 2e
col.23.
Foliotation : moderne, à l’encre.
Travail d’écriture
Texte : Main X.
Style : cursive livresque, relativement sobre et moins soignée que
d’habitude24.
Ponctuation : virgule et, rarement, point.

17 Ff. 50, 55, 74, 79.


18 Ff. 71, 82.
19 Ff. 65, 66.
20 Certaines colonnes sont particulièrement foncées, par ex., 50d, 79a-80d.
21 Quatre piqûres ovales aux ff. 1-8, 66, 90-100 ; quatre, dont les deux premières ovales et les deux
dernières en fente, aux ff. 25-34, 36-37, 67-72. Les ff. 19, 20, 22, 50-53, 79 ont une seule piqûre de
forme triangulaire, et les ff. 53-56 en ont trois, dont la première est située plus haut que les deux
qui marquent l’entrecolonne.
22 Les signatures (rognées) aux ff. 73-75 sont à la mine de plomb puis à l’encre noire très foncée.
23 Celle du f. 16v a presque disparu sous une réparation du parchemin. Au f. 48v, la réclame a été
effacée ; le premier mot au f. 49a, par, est barré. Les réclames aux ff. 56v, 64v et 88v sont écrites
entre deux lignes horizontales tracées du même instrument que la réglure.
24 V. par exemple les mss BnF, nafr. 4792 {51}, KBR 9508 {22} et ex-Phillipps 128 {41}.
640 Corps de policie

Corrections : Main X, sur grattage ou par ajout.


Rubriques : Main X. L’espace prévu est souvent trop large25, plus rarement
insuffisant26. Les rubriques ont été exécutées après les lettrines, sur lesquelles
elles empiètent parfois27.
Décoration : atelier « aux échancrures ».
Bordure : f. 1r, deux fines baguettes doubles or et bleu/rose fleuronnées et
une à l’entrecolonne formant diptyque, avec brins, et vigneture sur tige fermant
le cadre.
Lettrines
F. 1a (début Ire partie) : S bleu (5) formant palmette sur or, touchant la
baguette.
F. 51b (début IIe partie) : S bleu (3) formant palmette sur or, avec vigneture
et brin.
F. 81a (début IIIe partie) : A bleu (3) sur or à remplissage de brins de vigne
avec vigneture et brin.
Lettres champies : de deux lignes, au début de chaque chapitre à partir du
2e chapitre de chaque partie28.
Pieds-de-mouche : champis29.
Lettres à grotesques : ff. 6a, b, 9a, 14d30.
Lettre cadelée : f. 84a.
Reliure : vers 1770, maroquin vert avec trois filets d’or, aux armes des
Bourbon-Condé. Dos à 5 nerfs avec décoration florale dorée et étiquettes de
maroquin rouge et de cuir brun en lettres d’or : « TRAITE / DES VERT /
ET / DES VICE // ANNÉE / 1430 » ; en bas du dos, pastille brune portant
cote « 631 » ; tranches dorées.
COMMENTAIRE
Ce témoin a servi de ms. de base à l’édition Kennedy (ms. F). Selon R. Lucas, le
premier éditeur moderne de l’ouvrage, c’est ce ms. qui aurait été utilisé pour la

25 Le premier chiffre donné après le numéro de chapitre indique le nombre d’interlignes laissés et le
second, le nombre de LE. Ce relevé ne tient pas compte de rubriques écrites en bas de colonne, ni
de celles où une partie de l’emplacement est occupée par une lettre champie : 3e f. de garde d
(rubrique liminaire) 9 / 10 ; ff. 2a (I, 2) 5 / 2 ; 7d (I, 6) 4 / 3 ; 11d (I, 9) 4 / 2 1/2 ; 13d
(I, 10) 3 / 2/3 ; 21a (I, 14) : 3 / 2 ; 23c (I, 15) : 3 / 1 ½ ; 25a (I, 16) : 3 / 1 2/3 ; 46d (I, 30) : 4 / 2
½ ; 47d (I, 31) : 4 / 2 ½ ; 52b (II, 2) : 4 / 3 ; 57b (II, 6) : 3 / 2 ; 59a (II, 8) : 3 / 2 ; 62a (II, 9) :
3 / 4 ; 66b (II, 12) : 3 / 1 ; 72c (II, 16) : 3 / 4 ; 73d (II, 17) : 3 / 4 ; 76c (II, 19) : 4 / 3 ; 82c
(III, 2) : 3 ½ / 2 sur 3 interlignes ; 88c (III, 5) : 3 / 1 ; 95b (III, 9) : 3 / 1 ; 97c (III, 10) : 3 / 1 ; 99c
(III, 11) : 3 / 1. Dans treize cas, il s’agit de la même mauvaise prévision que dans le ms. BnF,
fr. 1197.
26 Ff. 49a et d, 55a, 62a, 72c, 73d, 86a, 90d.
27 Ff. 26c, 28a, 35b, 36d, 38b, 39c, 42c.
28 Aux ff. 2a, 21a et 44a, les ch. I, 2, 14 et 29 ont des lettres initiales de trois interlignes.
29 Le chapitre I, 14 (De liberalité en princes et exemple des romains) contient au f. 21a deux pieds-de-
mouche plus grands que la normale, mais sans or ; le premier est ajouté en marge. Pied-de-mouche
non exécuté (indiqués par deux lignes obliques) au f. 34b ; autre pied-de-mouche sans or au f. 23c.
30 Ces dessins touchent le texte en début et en fin de colonne, et attirent l’attention sur les passages
suivants : prince sans honneur ne vault riens (6a) ; nul ne peut venir a degré d’onneur fors par vertu (6b) ; prendra
garde aux promosions des ministres (9a) ; il n’aimera jamais qu’il lui dit mal de ses gens (14d).
{45} Chantilly, Bibl. du Château, 294 641

première traduction anglaise de l’ouvrage, publiée par John Skot en 152131.


Cette hypothèse serait à vérifier ; seul un des indices cités par Lucas semble
confirmé32.
BIBLIOGRAPHIE
Chantilly, Le Cabinet des livres MSS, 1, p. 240. C de P, Policie 1976, p. xlvi. C de P, Policie 1998,
pp. xii-xiii, xlii et 139-142. Harrouët 1999, pp. 194-198.

31 C de P, Policie 1976, p. liii et C de P, Policie 1998, p. xv. Selon D. Bornstein, l’auteur probable de
cette traduction serait Anthony Woodville ; v. Bornstein 1977, p. 36.
32 En effet, comme le dit Lucas (C de P, Policie, p. LVII n. 5), ce ms. omet la leçon doie pour ce introduire
ses gens a user de mauvais art ou qu’il faigne qu’il, mots qui manquent aussi dans la traduction.
F. 1r © Paris, BnF
{46} Paris, BnF, fr. 1197
Le livre du corps de policie

CONTENU
F. de garde d1 « Ci commence le livre du corps de pollicie le quel parle de vices de vertus et
de2 meurs / et est parti le dit livre en .iij. parties / La premiere partie s’adrece aux
princes. La seconde aux cheval(ie)rs et nobles et la tierce a L’université de tout le
peuple. ».
Ff. 1a-54a « Le premier chapitre parle de la descripcion du corps de policie. S’Il est possible
q(ue) de vice puist naistre vertu / B(ie)n me plaist / en ceste partie estre passionnee comme
femme …−… ilz dirent / que tel vertu en homme ne pouoit estre perie par trespassement de vie
et que son ame estoit mo(n)tee/ ou ciel deifiee Explicit la p(re)mie(re) p(ar)tie de ce livre ».
Ff. 54a-87a « Cy co(m)me(n)ce la ije. p(ar)tie de ce livre la quelle s’adresce aux nobles et
chevalereux / Le p(re)mier chap(itre) (com)m(en)t iceulx nobles tienne(n)t le lieu des
bras & des mai(n)s du corps de policie3 (54b) Suivant ma matiere ap(ré)s ce que nous avons
conclues nos premisses en parlant / aux princes a leur exortacion en vie morale …−… pour la
q(ue)lle chose ceulz de crette fure(n)t contens apaisiés et sa(n)s souspeçon Explicit de la ije
partie ».
Ff. 87a-106d « Cy commence la iije partie de ce livre la quelle s’adresce a l’université de
tout le peuple Le premier chapitre parle comment tous les estas se doivent reduire
ensemble Aprés ce que nous av(o)ns dit / selon la matiere proposee ce qui touche a
l’introducion du prince [87b] ou des princes …–… dieu par sa sai(n)te misericorde veuille
maintenir et accroistre de mieulz en mieulz en toute perfection de Ames et corps. Amen Deo
gracias4. Explicit le livre du corps de la5 policie. Amen ».
HISTOIRE
Date : vers 1406-1407, date de la composition de l’ouvrage6. Ce ms. paraît être
la deuxième copie de présentation, après l’exemplaire de Chantilly 294.
Possesseurs : très probablement Louis d’Orléans7 ; Charles d’Orléans, son fils
aîné8 ; Jean d’Orléans, comte d’Angoulême9, son frère ; Charles d’Angoulême10,

1 Ce f. est sans réglure.


2 Le copiste avait d’abord écrit : Ci commence le livre du corps de pollicie, le quel parle des vices & des
vertus et des meurs…, comme l’indiquent quatre grattages (à la fin du mot de devant vices, après
vices, à la fin du prochain de et à la fin du de qui précède meurs) ainsi que le mot vices barré.
3 En-dessous de cette rubrique qui, bien que très tassée et truffée d’abréviations, déborde
l’espace réglé, on peut lire aux UV cette instruction effacée de la main X’ : Soit ici [?] laisié plus
grant espace de lignes.
4 Amen et Deo gracias sont écrits une deuxième fois d’une autre main du XVe s., sans doute celle
de Jean d’Angoulême.
5 Ce mot barré en brun.
6 Nous pensons que Christine aurait changé la référence au duc d’Orléans comme vivant (le duc
d’Orleans qui a present vit) f. 4d (I, 3), si le ms. avait été copié à une date proche de sa mort, le
23 novembre 1407.
7 « Si nous ne possédons aucun inventaire de la librairie de Louis d’Orléans, nous avons
toutefois le moyen de nous rendre compte de sa composition : il nous suffira de retrancher
644 Corps de policie

fils de ce dernier ; passa à la Bibliothèque royale après


l’avènement de François Ier, fils de Charles
d’Angoulême11. Étiquette en parchemin (XVIe s.) de la
bibliothèque du roi collée à la contregarde sup. : « Le
corps \de/ policie en françois composé par une femme
no(m)mee (Crist)ine de pisan » ; à côté du titre, ajouté
d’une autre main : « des moeurs de v(er)tu ». Cotes
anciennes au f. 1r : six cents soixante (Rigault) ; 729
(Dupuy), 7409 (Regius).

Garde inf., recto (signatures


de Charles de Valois ; v. note 10) © Paris, BnF
Ajouts plus tardifs : plusieurs ajouts, tous très probablement de la main de
Jean d’Angoulême : foliotation, et, au milieu de m/t, côté recto, à l’encre brune,
chiffre arabe 1, 2 ou 3 indiquant les divisions de l’ouvrage12, traces de signets13,
un ajout et plusieurs nota bene écrits en marge14. Petit dessin d’une figure

de la liste dressée en 1417 les livres, peu nombreux, entrés dans la librairie de Charles
d’Orléans après la mort de Louis (1407) » ; Champion 1910, p. xiv ; v. aussi Le Roux de Lincy
1843, p. 4.
8 Inventaires de 1417, 1427, 1436, 1440 ; voir Delisle, Cab., 1, p. 118 et Le Roux de Lincy 1843,
n° 23.
9 Inv. 1467 de la librairie du château de Cognac, n° 12 : « Le Livre du Corps de Pollicie, en françois
et parchemin, commançant, ou second fueillet, Jambes et piés et finissant ou penultième, La
souffisance et, au dernier, en lettre rouge De la Policie. Amen ». Dupont-Ferrier 1897, p. 58 ;
v. aussi Sénemaud 1861, pp. 53-54, n° 67 et Champion 1910, p. 120.
10 Sénemaud 1861, pp. 53-54 n° 67. Charles d’Angoulême (1459-1496) avait neuf ans lors de la
mort de son père. Au recto de la garde sup. en parchemin, signatures ou jeux de plume qui
sont sans doute de sa main : Charles de Valoys (barré) et deux fois Charles (une fois incomplet) ;
au recto de la garde inf. en parchemin : Charles trois fois et une 4e fois incomplet, et quatre
fois partiellement effacé. Champion (1910, p. 32), qui ne parle que des signatures à la garde
inf., confirme qu’elles ne sont pas de la main du poète Charles d’Orléans.
11 Champion 1910, p. 2.
12 Il est probable que ces chiffres, qu’on ne voit nulle part ailleurs dans les mss de Christine,
soient l’œuvre de Jean d’Angoulême, qui a aussi inscrit des nota bene et une note marginale
(v. note suivante). Comme le signale Dupont-Ferrier (1897, p. 43), dans les mss ayant
appartenu au comte, « ce sont les mille menus artifices qui rendent la lecture plus facile : les
lettres ornées, les rubriques, les manchettes, les titres courants, les numéros aux feuillets, les
tables : on sent partout le souci d’accélérer les recherches, de rendre plus maniable le volume,
de permettre au travailleur de s’en assimiler mieux la matière ».
13 Petites découpures dans le parchemin aux ff. 52, 53 et 86 (derniers ff. des 1re et 2e parties).
V. notice BnF, fr. 603.
14 Au f. 53 m/g, le mot « paine » reprend une insertion marginale difficile à lire ; v. Dupont-
Ferrier 1897. Les nota bene, indiqués à une exception près par un grand N, sont aux ff. 2a, 9b,
11c, 13d, 15a-d, 16b, 27b et d, 28a, 30b et c, 31c, 32a, 33c, 37c, 39a, 40b et c, 45d, 46a,b, 49d,
50a et c, 51b, 55d, 56b et d, 68d, 71c, 77b,c, 78a, c et d, 88b et d, 90d, 93a, 96b, 97c, 103d,
{46} Paris, BnF, fr. 1197 645

grotesque15 ; inscription en marge du f. 106r16. Soulignements aux f. 2r (valere et


augustin). Certains chapitres sont numérotés au crayon, en chiffres arabes, d’une
main moderne. V. aussi « Foliotation ».

F. 88r (numérotation et nota de Jean d’Angoulême)

F. 53r (addition marginale)


© Paris, BnF
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (299 x 228 mm) : (III, papier) + I (parchemin) +
106 + I (parchemin) + (I, papier). Le parchemin présente de nombreuses
imperfections : des coutures surtout17, un défaut18, une grande mouche19, des
petits trous20, fentes21, lisières22, taches d’encre rouge23 et quelques trous de ver
jusqu’au f. 6. La règle du vis-à-vis est presque toujours respectée24.

105a et c, 106a ; au f. 62b : « Nota ». Au f. 87d, « sg », se rapportant au mot subgez, pourrait


aussi être de la main de Jean d’Angoulême. V. Dupont-Ferrier 1897.
15 Au f. 32r, m/g.
16 « le nom de l’autheur » (XVIIe s).
17 Ff. 7 (3), 11, 12 (2), 21, 33, 35, 37, 55, 58, 59, 60, 71, 77 (145 mm), 80, 88, 92, 99, 100, 105,
106.
18 F. 95.
19 F. 20.
20 Ff. 5, 6, 7, 25, 51, 58, 77, 89, 98.
21 Ff. 3, 28, 55, 88.
22 Ff. 20, 21, 26, 40, 45, 50, 81, 82, 88, 90, 96.
23 Ff. 50r, à côté de la signature ; 53b, 61a, provenant de la rubrique aux ff. 52c et 60d,
respectivement ; 84d (aucune rubrique en face).
24 Sauf pour les ff. 35-37 qui sont disposés c/p.
646 Corps de policie

Encres : brun foncé pour le texte, rouge vif pour les rubriques.
Préparation
Piqûres : 2-4 piqûres maîtresses, de forme ovale, en m/t de quelques ff.
Réglure : à la mine de plomb qui laisse des traces brunes assez uniformes.
Mise en page (f. 5r) : 299 x 210 mm = 32,5 + <177,5> + 89 x 31,5 +
<52,5> + 17 + <59> + 50 mm. Justification 177,5 mm x 128,5 mm ; 2 cols, 29
interlignes, parfois 28 ou 30, l’écriture commençant sous la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
11 garde 88 47-54 (traits) / d♥
28 1-8 98 55-62 (traits) / E
38 9-16 (trait) 108 63-70 y / f (?)
46 17-22 118 71-78 h (?)
58 23-30 d 128 79-86 (traits) / l /
g (?)
68 31-38 e/T 138 87-94 a♠
78 39-46 v 148 95-102 b
154 102-106 C
Signatures : les signatures e, y et l des 6e, 10e et 12e cahiers sont tracées en
rouge ; la lettre est suivie deux fois25 d’un chiffre romain. Le dernier groupe de
signatures, tracé soit à l’encre (brune, brun foncé ou noire), soit à la mine de
plomb, consiste en une lettre presque toujours26 suivie d’un chiffre romain de .j.
à .iiij.27.
Réclames : du copiste, centrées en bas de la 2e col., presque toujours
précédées et suivies de quelques traits de plume (double jambage), et le plus
souvent encadrées de deux lignes horizontales.
Foliotation : à l’encre, sans doute de la main de Jean d’Angoulême28,
commençant au début du texte et ne prenant pas en compte la rubrique
liminaire. V. image « Ajouts plus tardifs ».
Travail d’écriture
Texte : Main P, texte et rubriques, sauf la première, qui est de la main X.
Style : minuscule semi-cursive, écriture relativement étalée.
Ponctuation : virgule et point.


Les signatures dj – d iiij paraissent deux fois, une fois à la mine de plomb et une deuxième
fois à l’encre.

Au f. 90r, la signature aiiij paraît deux fois, une fois raturée.
25 Au f. 81r : l .iij. et au f. 82r : l .iiij.
26 Les deux premières signatures subsistantes, aux ff. 25 et 26, consistent en la seule lettre d
tracée à l’encre brune.
27 Aux ff. 47r-49r, la signature, à l’encre noire, est écrite par-dessus la même signature tracée
préalablement à la mine de plomb. Aux ff. 50r, 81r et 82r : en plus de la signature lettre +
traits, 3 ou 4 autres traits verticaux tracés à l’encre brune.
28 Jean d’Angoulême foliotait « presque tous les livres qui ont passé entre ses mains » ;
v. Champion 1910, p. 119 et n. 12.
{46} Paris, BnF, fr. 1197 647

Corrections
Préparation : Mains X29 et X’30.
Exécution : Main X sur grattage31 et pour quatre ajouts marginaux32.
Indication concernant la mise en page au f. 54a33 et plusieurs ajouts de la main
cursive X’34.

F. 54v (v. note 33) [cliché pris à la lampe de Wood] © Paris, BnF

F. 94v (ajout marginal et changement de texte sur grattage a celle fin que il : Main X) ;
ajout cursif interlinéaire fors : Main X’)
© Paris, BnF
Rubriques : l’espace prévu pour les rubriques était, dans l’ensemble, de
bonnes dimensions, parfois un peu trop large35 ; elles débordent souvent sur les
lettrines, exécutées en premier36.

29 F. 52v m/g : te(m)ps ; f. 72r m/g : ob (le mot observent à côté est corrigé sur grattage).
30 F. 71v m/g : qui dit.
31 F. 93c l. 12 a celle fin que il : changement textuel ; voir C de P, Policie 1998, var. p. 98 l. 9. Ce
changement opère le raccord du passage oublié avec le texte déjà écrit qui suit.
32 Au f. 18a : et veult dire que cellui qui a si grant raison (ibidem, p. 19 l. 3) ; f. 62r : que lui lança une
pierre au visage du plus fort (ibidem, p. 65 l. 14) ; f. 94v : Lesquelles souve(n)tes fois ont fait e(m)pechement
a acquerir philosophie / et dit ainsi co(m)me democritus peust abonder de richeces qui furent si grandes q(ue)
son p(er)e peust legierem(en)t donner viandes a l’ost de xerxes (ibidem, p. 98 ll. 6-9) ; f. 105v : le dieu
appollo respondi q(ue) aganius sophidius estoit plus eureux de lui (ibidem, p. 110 l. 1). Dans les deux
premiers et le quatrième cas, le copiste P avait fait un saut du même au même. La première
insertion de X est indiquée par une croix, et les trois suivantes par un caret surmonté d’une
croix.
33 Soit ici [?] laisié plus grant espace de lignes, écrit en bas de rubriques trop serrées, visible aux UV.
34 Par exemple, ff. 70v entrecolonne : cesar lui ; 93a l. 12 : \tres/ ; 93d l. 10 : \tant/ ; 96d l. 29
\qui/ ; 99c l. 22 : \st/ aj. à fu.
35 Le premier chiffre donné après le numéro de chapitre indique le nombre d’interlignes laissés,
et le second le nombre de lignes écrites. Ff. 3a (I, 3) : 2 / 3 ; 12b (I, 9) : 4 / 2 1/2 ; 18d (I, 10) :
648 Corps de policie

Décoration : atelier « aux échancrures ».


Bordure : f. 1r, trois fines baguettes verticales formant diptyque, avec
vignetures en haut et en bas et brins à dr., à g. et dans l’entrecolonne.
Lettrines : ff. 1a, 54b, 87a, au début de chaque partie, lettre bleue (S / S /
A) (4) sur or, les deux premières remplies de grands lobes stylisés, la troisième à
remplissage de vigneture. La première lettrine est reliée à la baguette, la
deuxième et troisième sont ornées de rinceaux et brins.
Lettres champies : le plus souvent de trois lignes37, au début de chaque
chapitre à partir du 2e de chaque partie.
Pieds-de-mouche : champis.
Reliures : l’inventaire de 1417 fait état de la reliure d’origine en « cuir rouge
marqueté »38. L’inventaire de 1496 décrit le volume comme étant couvert de
« veloux tanné »39. Reliure actuelle : maroquin rouge aux armes royales avec
trois filets d’or. Sur le dos : quatre fleurs de lys, cantonnées de quatre petites
fleurs de lys en biais40, et le titre « CORPS DE POLICE » (sic) en lettres dorées.
Tranches dorées ; la tranche gouttière porte au milieu les armes d’Angoulême,
partiellement effacées. Sur la tranche inf. est écrit en noir le titre Corps de policie ;
la tranche sup. est ciselée en losanges.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Policie 1976, p. xlv. C de P, Policie 1998, p. xiii. Champion 1910, pp. 31-32. Dupont-Ferrier
1897, p. 58. Http://gallica.bnf.fr (images numérisées de tout le ms.). Le Roux de Lincy 1843,
n° 23. Ouy 2007, pp. 28, 37, 42, 56, 76. Sénemaud 1861, pp. 53-54, n° 67.

3 / 2/3 ; 16b (I, 11) : 3 / 2 ; 25c (I, 15) : 3 / 1 2/3 ; 27a (I, 16) : 3 / 2 ; 31c (I, 19) : 3 / 2 ; 33c
(I, 20) : 3/ 2 ; 35a (I, 21) : 3 / 4 ; 36b (I, 22) : 3 / 2 ; 49c (I, 30) : 3 / 2 ; 54a (explicit Ire partie ;
incipit IIe partie, et titre II, 1 [v. note 33]) 4 / 7 ; 58a (II, 4) : 3 / 4 ; 61c (II, 7) : 3 / 1 ½ ;
62d (II, 8) : 3 / 2 ; 65c (II, 9) : 4 / 4 1/2 ; 68a (II, 10) : 3 / 1 1/2 ; 69b (II, 11) : 3 / 1 1/6 ; 70c
(II, 12) : 3 / 1 1/2 ; 74b (II, 14) : 4 / 2 1/2 ; 78d (II, 17) : 4 / 4 1/2 ; 82a (II, 19) : 4 / 3 ; 84c (II,
20) : 4 / 2 ; 85d (II, 21) : 3 / 1/2 ; 80c (explicit IIe partie ; incipit IIIe partie, et titre III, 1) 19 / 9
; 88d (III, 2) : 4 / 1 1/3 ; 90a (III, 3) : 8 / 2 1/2 ; 92d (III, 4) : 5 / 4 ; 95b (III, 5) : 4 / 1 1/6 ;
96c (III, 6) : 5 / 4 ; 100d (III, 8) : 4 / 1 ; 102c (III, 9) : 4 / 1 ; 104c (III, 10) : 4 / 1 ; la
dernière rubrique de chapitre manque au f. 106b.
36 Voir par ex. f. 68a.
37 À peu près le tiers des chapitres – 19 en tout – commence par une lettrine de deux
interlignes : I, 2-12, 15, 17, 26-28 ; II, 3 et 16 ; III, 10. Les chapitres II, 9 et II, 14
commencent respectivement par un I de 4 ou de 7 interlignes.
38 Ouy 2007, p. 37 n° 23. L’inventaire de 1440 décrit la même reliure et ajoute le détail de « deux
fermouers de cuivre », ibidem, p. 42, n°18.
39 Sénemaud 1861, p. 53.
40 Une cinquième fleur de lys est sans doute cachée par l’étiquette de la BnF qui porte la cote.
F. 4r © Paris, BnF
{47} Paris, Bibl. de l’Arsenal, 2681
Le livre du corps de policie

CONTENU
F. de garde 3v « Ci co(m)mence le livre du corps de policie le quel parle de vertu et de
meurs / et est parti le dit livre en troys parties la premiere parle1 tie parle aux princes la
seconde aux chevaliers et nobles./ la tierce a l’université de tout le peuple ».
Ff. 4a-48c « le premier chapitre parle de la descripcion du corps de policie. S’Il est possible
que de vice puist naist(re) vertu Bien me plaist en cest partie estre passionnee co(m)me femme
…–… Ilz dirent que tel vertu en homme ne pourroit estre perie par trespassement de vie / et que
son ame estoit montee ou ciel deifiee. Explicit la premiere p(ar)tie de ce livre.2 ».
Ff. 48c-75d « Ci aprés co(m)mence la seconde partie de ce livre / la quele s’adrece aux
nobles & chevalereux./ Le p(re)mier chapitre parle co(m)ment yceulz nobles tiennent le
lieu des braz et des mains du corps de policie [48d] Suivant n(ost)re matiere Aprés ce que
nous avo(n)s conclus noz premisses en parlant aux princes a leur exortacion en vie morale / …–
… pour la quel chose ceulz de crete furent contens \&/ apaisiéz et sans souspeçon. Explicit la .ije.
partie. ».
Ff. 76a-93a « Ci (com)me(n)ce la tierce (par)tie de ce livre la q(ue)le s’adrece a
l’univ(er)sité de tout le peuple / Le p(re)mier chap(itre). p(ar)le comment to(us) les estas
se doive(n)t reduire & a unir e(n)se(m)ble Aprés ce q(ue) nous avo(n)s dit selon la matiere
proposee ce qui touche a l’introducion du pri(n)ce / ou des princes …–… dieu par sa saintte
misericorde vueille maintenir et accroistre de mieulz en mieulz en toute p(er)fectio(n) de ames et
corps. Amen. Explicit le livre du corps de la policie ».

HISTOIRE
Date : vers 1406-1407 ; l’enluminure, due au Maître de l’Épître Othéa, qui
aurait travaillé pour Christine jusqu’en 14083, situe ce manuscrit vers la date de
la composition de l’ouvrage4 ; une référence semble indiquer qu’il a été copié du
vivant de Louis d’Orléans5.
Possesseurs : Raymond Raguier [?] († 1421), notaire du roi (1389) et maître de
la Chambre aux deniers (1391), dont il devient le premier président en 14136 ;

1 le exponctué en début de ligne.


2 L’explicit est écrit dans un plus petit module que le texte (lettres de 3 mm au lieu de 4).
3 Meiss 1974, 1, p. 441.
4 Kennedy date l’ouvrage de 1406-1407 ; v. C de P, Corps de policie 1998, p. xix.
5 Le duc d’Orliens qui a present vit (I, 3, f. 7c).
6 Les initiales « R. R. » inscrites à la fin de la table des matières ajoutée au f. 1r sont sans doute les
siennes. Sur la carrière de ce personnage, voir Bozzolo et Loyau 3, p. 219. Son frère Hémon
Raguier († 1433), fut argentier de la reine (1393-1403), puis conseiller de la reine (1408) et trésorier
général de la reine (1409) ; il servit ensuite Louis de Guyenne et Charles VII ; voir ibidem, p. 247
n° 870. Au siècle suivant, une de leurs descendantes nommée Jehanne Raguier († 1522) épouse
Jean Hurault, conseiller au Parlement de Paris et neveu d’un certain Jean ou Jacques Hurault,
ancêtre de Barbe Avrillot (1566-1618), dite Madame Acarie, fondatrice du Carmel en France.
652 Corps de policie

Jehanne Raguier (XVe -XVIe s.)7 ; couvent des Carmes déchaussés de Paris,
supprimé en 17908. Tampons de l’Arsenal aux ff. 1r et 41r.

F. 94r © Paris, BnF


Ajouts plus tardifs : table des matières, d’une main du XVe s. (sans doute celle
de Raymond Raguier ou de son bibliothécaire), la même, vraisemblablement,
qui a numéroté les chapitres.en marge à partir du chap. 2 au f. 5r9. Cette table
occupe les ff. de garde 1-210. Diverses inscriptions11 ; bout de papier collé au
f. 7v.

F. 1r © Paris, BnF

DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (300 x 208 mm) : (I, papier) + I (parchemin) + (II,
parchemin) + 93 + II (parchemin)12 + (I, papier)13. La peau, de couleur ivoire

7 F. 93v, à l’encre brun clair : « A Jehanne Raguier apartien se livre, qi le touvara si le Rande » ;
f. 94r « Jehanne Raguier » à la même encre brun clair, et après cette signature, d’une encre plus
foncée, « a elle appartient ce livre / qui le trouvera / ». F. 94v : « honneur, plaisir et bonne. Se livre
arpatiens [sic] Jehanne R ». Au même f., en gros caractères : « …x sols [?]) .xl. sols [?] x ».
8 Au 3e f. de garde (numéroté I) : « Conventus sancti Joseph[i] Paris. Carmel. discalc. » et en bas du
f. 1r : « Conventus parisiens[is] Carmilitaru(m) Discalc(atorum) ». C’est l’église du couvent qui était
consacrée à saint Joseph ; v. Franklin 1867-1873, 2, pp. 311-314.
9 Dans les deux, la foliotation est continue jusqu’au chapitre « .lxv. » (III, 11). Toutefois, la table
saute le dernier intitulé de la Ire partie (I, 33) et quelqu’un a ajouté 33 en bas de la première table et
corrigé à partir de là la plupart des numéros de chapitre et dans la table et dans le texte. Aux
ff. 51v, 52v, 53v, 54v, d’autres chiffres romains qui ne correspondent pas à des numéros de
chapitre.
10 En bas de la première colonne de la table, les initiales R. R. encadrées de deux traits horizontaux.
11 Au recto du premier f. de garde : « 94 feuillets, miniature, Octobre 1883 ». En bas de la table des
matières, au f. de garde 2v : « Voyez la vie de Christine de Pisan et de Thomas de Pisan son pere
par Mr. Boivin le Cadet. Dans les Mém. de l’acad. des inscript. & belles lett. de Paris. To. 2d à Pag.
704 ad 714 ». En haut du f. 4r : « Christine de Pisan » et « nota » au f. 22r, m/g. Au f. 32b, un
passage est marqué à l’encre, commençant : « Nulle plus capitale pestillence n’est donné par nature
aux hommes que volupté corporelle […] » (C de P, Policie 1998, I, 20, p. 35 / 22). V. aussi n. 7.
12 Le premier de ces deux folios, qui porte la signature Jehanne Raguier, est numéroté 94 ; il n’est pas
réglé.
13 Les gardes sup. sont une garde dans le même papier que la contregarde (XVIIe, filigrane fleur de
lys), suivies de quatre gardes en parchemin très vermoulu, dont la première a des traces de colle du
côté recto et dont les trois suivantes, numérotées I, 2 et 3, portent respectivement la table des
{47} Paris, Bibl. de l’Arsenal, 2681 653

assez uniforme, comporte des trous14, des pièces, parfois grandes,


soigneusement collées15, de petites lisières16, et de nombreuses coutures,
quelquefois multiples17. La règle du vis-à-vis est toujours respectée.
Encres : brun foncé pour le texte ; rouge vif pour les rubriques.
Préparation
Piqûres : 4 piqûres maîtresses en m/q à la plupart des ff., de forme ovale
sauf aux ff. 20-28 et 76-83, où elles sont rondes.
Réglure : à la mine brunâtre qui laisse des traces irrégulières.
Mise en page (f. 5r) : 300 x 208 mm = 32 + <189> + 79 x 30 + <52> +
17 + <53> + 56 mm. Justification 189 x 122 mm, 2 cols, 30 interlignes (parfois
31), l’écriture commençant sous la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
11 3 (rubr. 88 52-59 m
lim.)
28 4-11 98 60-67 E/h
38 12-19 108 68-75 f
48 20-27 g 118 76-83 H
58 28-35 128 84-91 h
68 36-43 k 132 92-93 J (?)
78 44-51 l
Signatures : de grand module, et tracées à la mine de plomb par Main E,
elles consistent en une lettre suivie d’un chiffre romain de .j. à .iiij. ; seuls les 7e,
8e et 11e cahiers en portent la série complète. Au f. 60r, la signature E .j. est
tracée deux fois. Seul le f. 60r porte une deuxième signature, h .j., tracée à
l’encre brune.
Réclames : par le copiste, courtes, alignées sur la fin de la 2e colonne,
presque toutes sont soulignées, une seule est paraphée. Au f. 75v, la réclame
diffère légèrement du texte ; réclame : Cy ap(ré)s (com)mence la tierce p(ar)tie ; rubr.
f. 76a : Cy (com)me(n)ce la tierce p(ar)tie.
TRAVAIL D’ÉCRITURE
Texte : Main R, dont signature (P de la croix) et paraphe partiellement
visibles aux UV au f. 93a18.

matières ajoutée (Ir-2v) et la rubrique liminaire en rouge (3d). Les gardes inf. sont une contre-garde
et garde dans le même papier XVIIe filigrané précédées d’un bifeuillet en parchemin vermoulu,
dont le premier folio, numéroté 94, porte de chaque côté la signature de Jehanne Raguier et le
second des traces de colle du côté verso.
14 Aux ff. 14, 27, 29, 33, 36, 38, 54, 55, 59. Les ff. de garde sup. et inf. et les dix derniers ff. du texte
portent de très nombreux trous de ver.
15 Ff. 15, 19, 23, 24, 25, 37, 85, 88, 91.
16 Ff. 7, 16, 18, 25, 74.
17 Ff. 17 (2), 18, 28, 29 (4), 32, 37, 38, 39, 43, 46, 54, 59, 64, 65, 68, 69 (3), 70, 74, 78, 79, 90. Le f. 68r
porte en plus un grand nombre de traits verticaux faits au crayon.
18 Même paraphe, mais signature effacée au ms. KBR 10309, f. 79b {40}.
654 Corps de policie

Signature de P. de la croix (cliché réalisé avec la lampe de Wood) © Paris, BnF


La plupart des cahiers commencent et se terminent par une petite croix19.
Style : minuscule semi-cursive très soignée.
Ponctuation : point et virgule, et, quelquefois, les deux ensemble20.
Corrections : Main X, relativement peu nombreuses21.
Rubriques : Main R ; les emplacements de rubrique sont assez bien
planifiés22, mais il arrive que l’espace laissé soit trop réduit, ce qui entraîne des
débordements23. Les rubriques ont été ajoutées après la décoration.
Décoration : atelier « aux échancrures ».
Bordure : f. 4r : diptyque formé de trois fines baguettes d’or bruni doublées
de bleu ou rosé d’où partent des brins de vigne sur fil ou sur tige, associés à des
ronds d’or ; en m/t et m/q, rinceaux de vigneture sur tige à feuilles bleues,
rosées ou or bruni.
Lettrines
F. 4a et 76a (début Ire et IIIe parties) : S (7) / A (6) bleus à remplissage de
vigneture sur or bruni ; le bord du A est hérissé. S rattaché à la 1re baguette.
Prolongeant le A : deux rinceaux de vigne sur tige et un brin central sur fil.
F. 48d (début IIe partie) : S rouge (5) à remplissage de palmette (grossière) sur
or bruni avec deux rinceaux de vigne, l’un sur fil à feuilles et ronds d’or, l’autre
sur tige, et brin central sur fil.
Lettres champies : de deux interlignes, au début de chaque chapitre à partir
du 2e de chaque partie24.
Pieds-de-mouche : champis25.
Illustration : Maître de l’Épître Othéa.

19 Celle-ci est parfois effacée ; v. ff. 51v, 75v, 76r.


20 Par exemple, au f. 10b, on trouve une virgule suivie d’un point à la l. 22 et un point suivi d’une
virgule à la l. 28.
21 Corrections X (sur grattage à l’encre noire) les plus significatives : ff. 36d l. 5 : ou scyble (C de P,
Policie 1998, I, 24, p. 41 / 4) ; 48c l. 6 : op(er)acion (I, 33, p. 55 / 28) ; 57a l. 28 : excellance, transformé
sans doute de vaillance (II, 8, p. 67 / 23) ; rajouts marginaux X aux ff. 45r et 77v et en entrecolonne
aux ff. 57v et 81v.
22 V. introduction à cette section.
23 En fait, ceux-ci, plus fréquents que dans Paris, BnF, fr. 1197 et Chantilly 294, se voient aux ff. 9a
(I, 5), 41a (I, 28), 52a (II, 4), 52d (II, 5), 58b (II, 9), 67b (II, 15), 69b (II, 17), 80c (III, 4), 84d
(III, 7).
24 Seules exceptions : des I de 4 interlignes au II, 9 et III, 3 et 6, et un I de 3 interlignes au III, 3.
25 Pied-de-mouche dessiné, mais non peint au f. 48b.
{47} Paris, Bibl. de l’Arsenal, 2681 655

F. 4a, avant la rubrique du premier chapitre, 70,5 x 50 mm : Christine à sa table de


travail. L’architecture en gris moucheté, vue de biais sur un angle avec clef
pendante, donne l’impression que la pièce est construite sur un plan pentagonal.
Une porte en bois à ferrures est coupée par le cadre à dr. Un pan de toit rouge
orangé est visible à g., les pinacles au-dessus sont fleuronnés d’or. À l’int., dans
le fond de la pièce qui sert d’étude à l’auteur, une fenêtre est vitrée de vert clair
et d’argent (noirci). Le sol est carrelé de jaune et de rose, et le siège et la table
sont peints façon bois. Christine, blonde, sa carnation blanche modelée de rosé
et bleuté, est assise en robe rose (qui tranche avec sa couleur habituelle) et
cornette blanche et semble corriger à la plume un livre ouvert déjà écrit et relié
de rouge. Les ombres rose foncé sur la robe sont traitées en mouchetures. Un
livre fermé à reliure noire et fermoirs or est posé sur la table, ainsi qu’un encrier
et un porte-plumes (?). Au-dessus, le ciel est moucheté de bleu.
Reliure : XVIIe s., parchemin ivoire sur carton, avec deux lanières de cuir et
dos à cinq nerfs, sur lequel est écrit à l’encre : « MS / PO / LICE » et sur lequel
est collée une étiquette portant la cote de la Bibliothèque de l’Arsenal.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Policie 1976, p. xlvii. C de P, Policie 1998, p. xiii. Meiss 1974, 1, pp. 40, 440-441 n. 167.
Ouy 1985. Posturzynska-Bosko 2006.

COMMENTAIRE
Ce ms. est le seul témoin contemporain du Corps de policie à contenir une
enluminure.
F. 1r © Besançon, BM
{48} Besançon, BM, 423
Le livre du corps de policie

CONTENU
Ff. 1a-41c « Cy commence le livre du corps de policie. Le quel parle de vertu et de meurs.
Et est parti ledit livre en trois parties. La premiere partie s’adrece aux princes. La
seconde aux Chevaliers et nobles. Et la tierce a l’université de tout le peuple. Le premier
chapitre parle de la descripcion du corps de policie. S’Il est possible que de vice puist naistre
vertu / bien me plaist en ceste partie estre passionnee comme fe(m)me …−… ilz dirent que tele
vertu en homme ne pouoit estre perie par trespassement de vie / et que son ame estoit montee
ou ciel deifiee. Explicit la premiere partie. ».
Ff. 41c–65d « Cy commence la seco(n)de partie de ce livre la quele s’adrece aux nobles et
chevalereux. .Le premier chapitre parle comment iceulx nobles tienent le lieu des braz et
des mains1 du corps de policie. Suivant nostre matiere aprés ce que nous avons conclus nos
premisses / en parlant aux princes a leur exhortacion en vie morale …−… pour laquele chose
ceulx de Crete furent contens. Explicit la .ije. p(ar)tie de ce livre ».
Ff. 65d-81a « Cy commence la .iije. (pa)rtie de ce livre, laquele s’adrece a l’université de
tout le peuple. Le premier chapitre parle comment tous les estaz se [66a] doivent reduire
et aunir ensemble Aprés ce que nous avo(n)s dit selon la matiere proposee ce qui touche a
l’introduction du prince ou des princes sicomme il est contenu en la premiere p(ar)tie de ce
livre …−… [80d] dieu par sa sai(n)cte misericorde vueille maintenir & accroistre de mieulx en
mieulx en toute parfection de ame & corps. Amen. [81a] Explicit le Livre du corps de la
policie. ».
HISTOIRE
Date : vers 1406-1407, date de la composition de l’ouvrage2. Ce ms. est l’un des
quatre exemplaires de présentation survivants, dont le texte comporte
relativement peu de variantes, et sans doute le plus récent des quatre3, puisqu’il
est seul à joindre la rubrique préliminaire au corps du texte.
Possesseurs : le cardinal Antoine Perrenot de Granvelle (1517-1586),
conseiller de Charles Quint et de Philippe II et grand collectionneur4 ; la famille
Granvelle, inventaire 16075. Le comte de La Baume-Saint-Amour6 ; puis Jean-

1 Le a de ce mot est repris à l’encre noire.


2 Une référence à Louis d’Orléans (le duc d’Orleans qui a present vit [I, 3, f. 4]) semble indiquer que ce
ms. a été copié de son vivant.
3 Les trois autres étant Chantilly, Bibl. du Château, 294, Paris, Arsenal, 2681 et Paris, BnF, fr. 1197.
4 Malheureusement on ne dispose pas de renseignements sur la première histoire du ms. Selon Mme
M.-Cl. Waille, conservateur à la BM de Besançon, le cardinal affectionnait surtout les mss italiens
et ne possédait que quelques mss français, parmi lesquels, à part le nôtre, les mss Besançon, BM,
434, un recueil de Traités philosophiques et moraux ayant appartenu à Charles V et acheté sans doute
aux Pays-Bas ; 863 (Chroniques de Saint-Denis) ; 864-865 (trois premiers livres des Chroniques de
Froissart) ; 1150, 2e tome de la traduction de Jean Golein des Chroniques de Burgos de Gonsalve de
Hinojosa (ms. hérité de son père, Nicolas Perrenot de Granvelle, garde de sceaux de Charles-
Quint). Sur ses goûts et les manières d’acquérir des manuscrits, v. Picard 1939.
5 Cat. gén. des mss des bibl. publ., 32, p. xi., n° 11. Cet inventaire fut dressé à la mort de François
Perrenot de Granvelle, comte de Chantecroy, neveu du cardinal ; v. Piquard 1964, p. 2. Le ms. était
parmi ceux qui se trouvaient encore au palais Granvelle une quarantaine d’années plus tard, époque
658 Corps de policie

Baptiste Boisot, abbé bénédictin de Saint-Vincent de Besançon (acquisition


1664) ; sa cote « septante cinq » se voit en m/g du f. 1r7. Les collections de
l’abbé Boisot furent léguées aux bénédictins de Saint-Vincent en 1694 pour en
former un dépôt public8. Anciennes cotes de la Bibliothèque Saint-Vincent de
Besançon : « O 5 » (côté v. de la garde-volante sup.)9, « E 19 cotte quarante »
(f. 1r)10. Autres cotes anciennes : « 27 » (contregarde sup.), « Q 46 », suivi de 68
tracé à l’encre plus foncée (garde sup., côté v). Estampilles de la Bibliothèque
de Besançon portant la date 1694, aux ff. 1r et 81v.
Ajouts plus tardifs : diverses inscriptions11 et gribouillages12.

à laquelle l’érudit Philippe Chifflet s’en procura une liste, où le ms. est ainsi décrit sous la rubrique
« Livres françois » : « Un aultre en parchemin intitulé le Livre de corps de Policie ; parlant des vertus et
des meurs, party en trois livres. La premiere partie s’adresse aux Princes, la seconde aux chevaliers
et nobles, et la tierce a L’université de tout le peuple. in folio ; espais de trois doigs, cotte Q »
(Besançon, BM, Chifflet 47, f. 68v).
6 Ibidem, p. iii ; aucun catalogue de sa collection ne nous est parvenu.
7 Note au côté v. de la garde-volante sup. : « Ex bibliotheca Joannis Baptista Boisot Vesontini
Prioris de Grandecourt et de La Loye. »
8 Cat. gén. des mss des bibl. publ., 32, p. iii. V. Besançon, BM, 1268, f. 9r, sous la rubrique
« Manuscrits » : « Un autre en parchemin in folio minori intitulé On commence le livre de policie lequel
parle de vertu et de moeurs, relié en bois couvert de basane rouge rayée avec des chapeaux de
cuivre. Cotté Septante Cinq ».
9 Besançon, BM, 1271, f. 267v : « Le Livre du corps de Police, composé par Christine. Cette Christine
est apparemment celle dont parle Marot. Cet ouvrage est pour les princes, les nobles et le peuple.
Cotte 55, Buffet O, Rayon 5 » (Catalogue, 1732). Le manuscrit figure en avant-dernière place dans
le catalogue, sous la rubrique « Manu Scripti ».
10 Sous la rubrique « Manuscripti » : « Livre de la police un volume en velin in folio en bazane sur du
bois. E 19 cotte anc. 75 cotte nouv. 40 » (Besançon, BM, 1273, p. 440 [Catalogue, 1762]).
11 Au côté v. de la garde sup., note de Claude-Louis Coste, bibliothécaire de la ville de Besançon
jusqu’en 1812, datée du 17 ventose, 8e année de la République française (7 mars 1800) : « Ce
manuscrit sur Velin contient l’ouvrage de Christine de Pisan intitulé : le corps de Policie ; il est divisé
en trois parties, la Première traite de L’education et du gouvernement des Princes, on y trouve des
préceptes utiles ; la seconde parle de la condition et des qualités des chevaliers et des Nobles. La
troisième enfin des devoirs des conditions diverses du peuple, savoir des clercs, ou étudians les
Sciences, des marchands, des bourgeois, Laboureurs. Cette Christine de Pisan née à Venise étoit
venue dans son bas age en france Sous le Roy Charles cinq dont elle a donné la vie, elle a fait
beaucoup d’autres ouvrages soit en vers, soit en prose ; Boivin en a donné une Notice dans le
second Volume des Mémoires de l’acad. des Inscriptions, mais il ne fait point mention du Présent.
D. Mabillon parle de notre Manuscript [sic] dans son Iter Germanicum, il dit même que cet ouvrage
de Christine a été imprimé autrefois, mais malgré nos recherches, nous n’avons point alors trouvé
d’indice de cette impression dans les bibiographies. Ce manuscrit bien conservé est ecrit sur double
colonne ; les sommaires des chapitres Sont en rouge, les Lettres tourneures peintes en or et en
couleur. Un Joli cadre, tracé en divers dessins colorés et parsemés de fleurs également en or orne la
première page. » À côté de cette inscription, une nota : « elle vivoit encor en 1429, suiv. deburre,
Cat. de la Vallière Nº 1327. » À la contregarde sup., note de l’abbé Boisot : « Cette Christine est
apparemment celle dont Marot parle en ces termes : D’avoir le prix en science & doctrine // Bien
merita de Pisan la Christine // Durant ses jours etc. Rondeau a Made Jeanne Gaillarde de Lyon. »
V. Montfaucon 1739, 2, p. 1191. À la contregarde inf. : « Inv(en)t(aire) lvj ».
12 Ff. 39r, 76v.
{48} Besançon, BM, 423 659

DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (316 x 224 mm) : (I) + 81 + I+ (I)13. La peau présente
de nombreuses coutures où le fil a presque toujours disparu14, de petits trous15,
et des lisières16. On remarque aussi de nombreux trous de ver aux premiers et
derniers ff17. La règle du vis-à-vis est toujours respectée. Marques de
parcheminier aux ff. 58r et 60r18.

F. 58r et 60r © Besançon, BM


Encres : brun foncé uniforme pour le texte, rouge vif pour les rubriques.
Préparation
Piqûres : à partir du f. 41, à peu près la moitié des ff. portent quatre piqûres
maîtresses ovales en m/q. Aux ff. 19-22, 41-48 et 71-81, rangée de points-jalon
en m/g, faite à l’aide d’un poinçon de section triangulaire.
Réglure : à la mine de plomb19 qui laisse des traces grises uniformes, avec
quelques décharges dans les marges (par ex. f. 79v). Le dernier f. (82) est réglé
des deux côtés mais non numéroté.
Mise en page (f. 5r) : 316 x 216 mm = 42 + <183> + 91 x 30 + <51,5> +
15,5 + <55> + 64 mm. Justification 183 x 122 mm ; 2 cols, 33 interlignes,
l’écriture commençant sous la première LR.

13 Contregardes en parchemin du début du XVIe s. solidaires des première et dernière gardes de la


reliure.
14 Aux ff. 2 (2), 5, 7, 10-12, 14,15, 17, 31, 32, 34 (2), 37, 42, 45, 46, 48, 58, 60, 63-67, 69-72, 76 (2), 78.
15 Aux ff. 3, 4, 9, 14, 18, 26, 29, 44, 50, 53, 67, 68, 72 (3).
16 Aux ff. 9, 15, 17, 22, 27, 37, 38, 50, 55, 59, 62.
17 Ff. de garde sup. et ff. 1-8, quatre ff. de garde inf.
18 Croix surmontée d’un cercle, mesurant 26 x 19 mm au f. 58r et 25 x 20 mm au f. 60r, celle-ci un
peu rognée du bas.
19 Croix étoilée à la mine de plomb dans la m/q du f. 50v.
660 Corps de policie

Organisation
Cahier Feuillets Signature Cahier Feuillets Signature
18 1-8 a 68 41-48 f
28 9-16 b 78 49-56 g
38 17-24 C 88 57-64 h20
48 25-32 d 98 65-72 J
58 33-40 E 1010 73-1re garde k
inf.21
Signatures : parfaitement régulières, de l’encre du
texte, Main X, consistant en une lettre suivie d’un chiffre
romain de .j. à .v., presque toujours précédé et suivi d’un
point. Chaque cahier en porte la série complète. Leur place
est significative par rapport aux autres mss : ici présence
franche sur le feuillet, au même titre que les réclames.
F. 52 © Besançon, BM
Réclames : courtes, faites le plus souvent d’un seul mot, plus ou moins
alignées sur le début de la deuxième colonne. Presque toutes sont précédées et
suivies d’un jeu de plume qui ressemble à un double jambage ; la réclame au
f. 8v est ornée d’un paraphe.
Foliotation : deux foliotations modernes, l’une, à très petits chiffres tracés à
l’encre noire, en haut à dr. ; l’autre, sans doute antérieure, au crayon et très
incomplète22.
Travail d’écriture
Texte : Main X.
Style : minuscule semi-cursive23.
Ponctuation : virgule ; X laisse assez souvent dans le texte un espace
contenant un double jambage plus épais que les virgules.
Corrections : Main X, sur grattage ; il subsiste quelques préparations de
correction en cursive plus ou moins hâtive24.

20 Ff. 58r et 60r : signe à la mine de plomb assez grossièrement tracé dans le coin inf., près de la
réclame : rond sur une croix.
21 Pour ce dernier cahier, les deux premiers et les deux derniers ff. sont plus courts de 5 mm en m/q.
22 Aux ff. 1-5, 21, 22, 34, 37.
23 L’écriture est très verticale, et ressemble à celle employée dans le ms. Vat., reg. lat. 1238
(v. « Commentaire » de cette notice). Le v est tracé presque systématiquement à l’italienne en début
de ligne (avec bras s’étendant dans la marge) et à la française dans les autres cas. Le d minuscule,
quand il commence la ligne, est le plus souvent orné d’un trait horizontal hardi qui s’étend vers la
g. (voir ff. 4c, 6a) et aussi, mais à un moindre degré et moins souvent, le A. En position initiale, la
queue du g s’étend avec envergure vers la g., et fait de même dans la dernière ligne de la colonne.
Sur quelques folios, jeux de plume très discrets (sorte de fin entrelac) sur la première ou dernière
ligne (ff. 52b, 56b-c, 57a, 58d).

© Besançon, BM
{48} Besançon, BM, 423 661

Rubriques : X, parfaitement adaptées à l’espace prévu25.


Décoration : ornemaniste « à la vigne d’or ».
Bordure
F. 1r : fine baguette double or et bleue/rose horizontale articulée par un
appendice à deux baguettes verticales lancéolées, à vigneture or sur fil dont les
entrelacs en m/g évoquent une ferronnerie. Certains ronds d’or rayonnent à la
fois de croisettes et de vrilles.
Lettrine ornée : f. 1a, début Ire partie : S bleu (4) sur or à remplissage de
vignetures, non relié à la baguette.
Grandes lettrines champies : ff. 41c, 66a, début IIe et IIIe parties : S (3) /
A (3), à vigneture or sur fil.
Petites lettrines champies : de deux lignes au début de chaque chapitre à
partir du 2e de chaque partie. La plupart sont séparées du texte qui suit par un
trait simple ou double à l’encre.
Pieds-de-mouche : champis26.
Reliure : début XVIe s.27 : veau brun
estampé à petits fers sur ais de bois.
Le décor est fait de quatre rectangles
emboîtés contenant six bandes
verticales de petits cartouches. Motifs
dans les rectangles, de l’ext. à l’int. :
l’agneau pascal, deux oiseaux
affrontés séparés d’une fleur de lys ;
cerf ; aigle bicéphale. Motifs dans les
bandes int., de g. à dr. : pélican, cerf,
aigle, aigle, cerf, pélican.
Plat supérieur © Besançon, BM
Traces de fermoirs en tissu vert, noir, blanc, orange, ancrés à trois clous. Trace
d’une tranchefile rouge/bleue/verte28.
COMMENTAIRE
Vu sa date et le nombre de récompenses offertes à Christine en 1406-140729, ce
manuscrit aurait pu être initialement offert à Jean sans Peur ; sa présence dans
la collection du conseiller de Charles Quint, le cardinal de Granvelle, témoigne
de l’intérêt que suscitait encore ce traité politique dans l’espace bourguignon
plus d’un siècle après sa composition.

24 Aux ff. 13d : ceulx ; 45a : po(n)t(us) ; 47d : honorable ; 48d : meismes ; 74d : q(ua)nt ; préparations de
corr. presque entièrement grattées aux f. 6c : après et 32d : valere.
25 Dans la rubrique du I, 33, un léger raccourcissement où manquent les deux derniers mots qui
paraissent dans les autres mss, et gloire, s’explique sans doute par le manque de place.
26 La rubrique au f. 1a commence par un pied-de-mouche à la place d’un C. Pied-de-mouche
incomplet (or seulement) au f. 71c et deux autres non exécutés aux ff. 8a, 52d (signalés par deux
traits obliques).
27 Nous remercions Mme Waille de la Bibliothèque Municipale de Besançon de cette identification.
28 À comparer avec la reliure du même type (style lillois Gohon) du Livre de paix (KBR 10366).
29 Cockshaw 1969, p. 138, n° 68.
662 Corps de policie

BIBLIOGRAPHIE
C de P, Corps de policie 1976, pp. xlvi-xlvii. C de P, Corps de policie 1998, p. xii. Cat. gén. des mss. des
bibl. publ., t. 32, pp. 244-245. Mabillon, Iter germanicum anni 1683, p. 8. Montfaucon, Bibl.
Bibliothecarum mss, 2, pp. 1191, 1194. Piquard 1964, pp. 1, 10. Piquard 1951.
Sept psaumes allegorisés
Introduction

Collection particulière (ex-Ashburnham-Barrois 203) {49}


Bruxelles, KBR, 10987 {50}
Paris, BnF, nafr. 4792 {51}

Les sept psaumes de la pénitence1 tiennent une place centrale dans les
pratiques religieuses des derniers siècles médiévaux : ils sont, en effet, au cœur
du livre d’heures, qui était pour les laïcs ce qu’était le bréviaire pour les prêtres.
Au XVIe siècle, avec le regain de ferveur religieuse qui accompagna la Réforme
et grâce aux nouvelles possibilités de diffusion apportées par l’imprimerie, les
traductions des sept psaumes en langues vulgaires se répandront dans toute
l’Europe. En France, toutefois, c’est dès le XIIIe siècle que circulaient des
traductions des sept psaumes.
Christine avait-elle lu d’anciennes traductions françaises2 ? C’est assez
probable ; on peut supposer aussi, même si son œuvre n’en montre pas
d’influence directe, qu’elle connaissait les œuvres de Dante, traducteur des sept
psaumes en terza rima, comme aussi celles de Pétrarque, qui avait composé –
mais en latin – sept poèmes en prose intitulés Psalmi penitentiales, dont un
exemplaire est attesté dans la bibliothèque de Jean de Berry3.
Christine rédigea les Sept psaumes allégorisés entre juin 1409 (élection du pape
Alexandre V) et janvier 1410, quand elle présenta l’un des premiers exemplaires
de l’œuvre à Jean de Berry4. Bien qu’il n’en demeure pas de trace écrite, il est

1 Psaumes 6, 31, 38, 50, 101, 129, 142 (numéros de la Vulgate). Christine désigne les psaumes par
leurs incipits latins, non par leurs numéros d’ordre.
2 Il est intéressant de signaler qu’à la même époque, de l’autre côté de la Manche, une autre femme
érudite, Dame Eleanor Hull, traduisait les sept psaumes en anglais à partir d’une version française
du XIIIe s. The Seven Psalms. A Commentary on the Penitential Psalms translated from French into English by
Dame Eleanor Hull, éd. A. Barratt, Oxford, UP, 1995 (Early English Text Society, 307).
3 Guiffrey 1894-1896, 1, nº 974.
4 Voir Delisle 1896, p. 559. Le pape Alexandre V, élu le 26 juin 1409, y est évoqué comme ton pastour
Alexandre nouvel esleu ton vicaire ; C de P, Sept Psaumes 1965, p. 127. Il n’est pas impossible que
Christine ait connu l’existence de la traduction commentée en anglais du carme Richard Maidstone
(† 1390), qui jouissait à l’époque d’un succès considérable. Voir Richard Maidstone’s Penitential Psalms,
éd. V. Edden, Heidelberg, Carl Winter, 1990.
664 Sept psaumes allegorisés

certain que le commanditaire de l’ouvrage, Charles le Noble, roi de Navarre,


reçut le sien vers la même date.
On ignore combien de copies originales furent produites, mais, des cinq
dont on sait qu’elles ont existé, seules trois ont survécu : Bruxelles, KBR 10987,
destinée à Jean sans Peur ; Paris, BnF, nafr. 4792, dont on ignore le destinataire,
et une troisième, en mains privées, dont on a récemment perdu la trace et pour
laquelle diverses hypothèses sont possibles.
Nous commencerons par cette dernière en rappelant ce qu’on en sait. Ce
ms. avait figuré au XIXe siècle dans la collection de L. M. J. Duriez5, puis dans
celle du quatrième comte d’Ashburnham, qui l’avait acquis de Joseph Barrois en
18496. Léopold Delisle, qui avait pu l’examiner, le jugeait contemporain du ms.
de Paris7. À la mort du comte d’Ashburnham, le manuscrit passa entre plusieurs
mains. C’est après sa vente chez Coulet et Faure vers 19708 qu’on en perd la
trace. En attendant sa réapparition, nous devons nous contenter des
descriptions qui en ont été faites et de la reproduction en couleurs de la
miniature du premier feuillet qui illustre la notice du catalogue de 1962 (n° 77).
C’est peu, mais beaucoup mieux que rien.
Or, le manuscrit du duc de Berry, décrit par Robinet d’Estampes dans
l’inventaire de 1413, était écrit en lettre de forme :
Item, un petit livre ou sont les sept Pseaumes, escripz de lettre de fourme, et
entre chascun ver desdiz pseaumes a un autre ver fait sur la substance des vers
d’iceulx .vii. Pseaulmes ; bien historié au commancement et enluminé ; et au
commancement du second fueillet a escript : niam infirmus ; couvert de cuir rouge
empraint, à deux fermouers d’argent dorez, esmaillez d’une couronne d’espines,
et escript dedens ladict couronne Jhesus ; et y a une chemise d’un drap de soye
noir, semé de fueillages vers, doublé de tiercelin noir ; lequel livre Cristine de
Pisan donna à mondit Seigneur aux estraines, le premier jour de janvier l’an mil
CCCC et IX9.
L’auteur de l’inventaire n’avait pas jugé utile de préciser quels livres étaient
conservés dans la chapelle10, mais à en juger par sa description du tissu qui
5 Cat. Duriez, p. 3 nº 23.
6 Voir Delisle 1883, Delisle 1896, Delisle, Cab., 1, p. 43 n. 14 et C de P, Sept Psaumes 1965, pp. 82-83.
Sa cote dans la collection Barrois était 203.
7 Delisle 1896, p. 559. À l’époque, l’érudit ignorait apparemment l’existence de l’exemplaire de Jean
sans Peur ; voir C de P, Sept Psaumes 1965, p. 81.
8 Selon la base de données Schoenberg, le ms. figurait dans le catalogue de vente de la librairie
Coulet et Faure de 1966, lot 182 ; http://dla.library.upenn.edu/dla/schoenberg/index.html,
n° 92013. Voir aussi Meiss 1974, 1, p. 434 n. 32 qui semble indiquer que le manuscrit était toujours
à vendre en 1970. Nos efforts pour retrouver sa trace ont été aussi infructueux que ceux de Mme
Rains, la première éditrice intellectuelle des Sept psaumes allégorisés ; voir C de P, Sept Psaumes 1965,
pp. 82-83.
9 Guiffrey 1894-1896, 1, p. 260 n° 977; le ms. figure sous le n° 1124 de l’inventaire de 1416, où il est
prisé cent sous tournois.
10 Ibidem, 1, p. viii.
Introduction 665

recouvrait la reliure (noir avec feuillages verts) et des fermoirs dorés gravés du
nom de Jésus, on peut penser que, de même que celui du duc de Bourgogne, cet
exemplaire était considéré comme un livre liturgique. Il faut noter, par ailleurs,
que cette description très précise coïncide en tous points avec celle de
l’exemplaire de Jean sans Peur (KBR 10987), ce qui indique que c’est
vraisemblablement Christine qui avait elle-même fait relier les deux manuscrits
à l’identique avant de les présenter à leurs destinataires respectifs.
Au vu de la miniature et du petit fragment de texte qui l’accompagne dans
l’illustration du catalogue de vente, on comprend que cet exemplaire doit être
très proche du ms. de Bruxelles, mais ici Christine trace un peu moins
habilement sa lettre de forme, et la disposition maladroite de la rubrique de
titre, tassée tant bien que mal dans l’espace insuffisant réservé sous la miniature,
porte à croire que le manuscrit se situe au tout début du processus de
production. Il peut donc s’agir, soit de la copie destinée au commanditaire de
l’œuvre, Charles de Navarre, soit de celle préparée pour Jean de Berry – leurs
deux noms figurent dans la liste des personnalités vivantes pour qui les lecteurs
sont invités à prier11. On pourrait donner la préférence au duc de Berry, pour la
raison que son exemplaire, presque identique à celui du duc de Bourgogne, était
copié en lettre de forme, mais rien ne permet de confirmer cette hypothèse.
Le ms. 10987 de Bruxelles est celui dont l’histoire est la mieux connue. On
sait que le duc Jean de Bourgogne attachait une grande importance aux
psaumes de la pénitence, puisqu’il en avait commandé un exemplaire pour
chacune de ses deux filles, Jeanne et Catherine : « deux Abc et deux Septseaulmes
a elles apprendre »12. Toutefois, comment savoir si Septseaulmes désigne l’œuvre
de Christine de Pizan ou une simple traduction ? En effet, leur grand-père,
Philippe le Hardi, possédait déjà un luxueux manuscrit des sept psaumes
richement illustré qui avait appartenu à sa tante Blanche de France, duchesse
d’Orléans, ainsi décrit dans l’inventaire de 1404 :
Uns Sept Psaulmes, dont la lecteure est toute ystoirée, couvert d’une couverture
de veluau azuré, fermans a deux fermouers d’argent dorés, armorés aux armes
de feue ma dame d’Orléans13.
Notre manuscrit est répertorié dans la première partie de l’inventaire après
décès des biens de Jean sans Peur dressé en juillet 1420. Il figure dans la section
consacrée aux livres d’heures et aux bréviaires, missels et psautiers ; ainsi qu’aux
11 Berger 1884, p. 296. Comme les témoins de Paris et de Bruxelles, cet exemplaire solliciterait des
prières pour Charles VI, le roi Louis de Sicile, Charles de Navarre, Louis de Bourbon, Jean de
Berry et Jean de Bourgogne. Cette copie contiendrait aussi, comme les mss de Paris et de
Bruxelles, une prière pour les âmes de Charles V et de Philippe de Bourgogne.
12 Doutrepont 1909, p. 200.
13 Barrois 1830, p. 108 n° 634. Le volume avait appartenu à Blanche († 1392), fille de Charles IV le
Bel et de Jeanne d’Evreux, épouse de Philippe duc d’Orléans, qui était frère du roi Jean le Bon et
oncle de Philippe le Hardi. Voir De Winter 1985, p. 129 n. 29.
666 Sept psaumes allegorisés

« joyaulx d’or et d’argent, reliques, aournemens et autres choses de


Chappelle »14. Jean sans Peur, quand il en passa commande, dut préciser que le
livre était destiné à sa chapelle : c’est, en effet, avec le précédent, l’un des deux
seuls manuscrits connus d’une œuvre de notre auteur qui soit copié en lettre de
forme, type d’écriture archaïsant qu’à cette époque, on employait surtout pour
les livres liturgiques ; Christine, bien qu’elle n’usât normalement que de la
« lettre courant », était parvenue à maîtriser cette écriture artificielle et très
difficile bien plus habilement que certains lettrés contemporains qui se
piquaient de calligraphie15. Comme dans les livres liturgiques, les feuillets sont
réglés à l’encre rose et, à l’exemple des psautiers, une enluminure au début
figure le roi David implorant le pardon de Dieu. Par sa reliure aussi, ce livre est
un trésor de chapelle, couvert d’un tissu brodé de « fueillages vers sur champ
noir, à II fermouers d’argent dorez, esmaillez dessus jhs »16.
Le manuscrit de Bruxelles présente également deux détails remarquables.
Tout d’abord, alors que cet exemplaire est destiné à Jean sans Peur, Christine
n’a pas craint d’ajouter dans la marge, en regard de la liste des défunts pour
l’âme desquels le lecteur est invité à prier, le nom de Louis d’Orléans, le cousin
et rival qu’il avait fait assassiner quelque deux ans auparavant (v. cliché notice).
On y trouve, d’autre part, à la fin (f. 84v), une inscription singulière où, en
deux vers latins – à vrai dire un peu maladroits –, Christine se présente comme
une faible femme qui accomplit une tâche normalement réservée au sexe fort :
Fructibus eloquii prophete i(n) nomine (chr)isti
Nascitur istud opus quod corpore parva peregit17
Le manuscrit de Bruxelles porte très peu de corrections, et comme l’édition
de R. R. Rains18 permet de le constater, son texte est très proche de celui de
l’exemplaire de Paris. Les deux manuscrits contiennent la même erreur : le
commentaire des versets 10 et 11 du psaume 31 est identique ! À l’exception de
l’insertion du nom de Louis d’Orléans entre celui de Charles V et de Philippe le
Hardi, les deux manuscrits présentent la même liste de défunts pour qui le
lecteur est invité à prier, et aussi de vivants : Charles VI, Louis roi de Sicile,
Charles roi de Navarre (identifié comme le commanditaire de l’œuvre), Jean de
Berry, Jean de Bourgogne, leurs enfants et frères, et les membres de leur
lignage.

14 Doutrepont 1906, p. 1.
15 Comme Pierre d’Ailly ou Philippe de Mézières : voir Ouy 1994.
16 Doutrepont 1906, pp. 5-7.
17 Des fruits de la parole du Prophète naît, au nom du Christ, cet ouvrage qu’a réalisé une personne
petite par le corps.
18 C de P, Sept Psaumes 1965.
Introduction 667

Que la copie de Bruxelles soit antérieure à celle de Paris, cela se voit, tout
d’abord, à certaines différences dans la présentation : par exemple, la décoration
de cette dernière distingue plus systématiquement versets19 et commentaires en
usant de pieds-de-mouche de tailles différentes (respectivement un ou deux
interlignes). En même temps, la copie de Paris est moins luxueuse : la solennelle
lettre de forme cédant la place à une élégante cursive calligraphique qui exige
moins d’application ; il arrive même que Christine en vienne, dans la réponse
aux supplications qui closent la litanie des saints (Libera nos Domine – Delivre nous
Sire), à user d’une cursive semi-rapide, en contraste avec la calligraphie soignée
des supplications et du reste du manuscrit

F. 86r (l abréviatif rapide) © Paris, BnF


De même, à la différence de l’exemplaire de Jean sans Peur, au lieu d’être
écrites dans un espace réglé, les citations latines sont tracées à main libre, sans
l’aide de lignes.
D’autre part, même si les deux copies sont très proches, l’antériorité de
l’exemplaire de Bruxelles est confirmée par les quelques divergences que l’on
relève dans leurs textes. On voit dans l’édition de R. R. Rains que le ms. de
Paris corrige des fautes, comme dans le commentaire du Psaume 50,17, où le
ms. de Bruxelles présente un saut du même au même20. Il offre aussi quelques
légères améliorations, par exemple gardes au lieu de regardes (p. 148 l. 7). Une
petite modification apportée au ms. de Paris semble significative : au f. 38r,
dans la traduction du verset 15 du Psaume 50 (Delivre moy de mes crimes, Dieu,
Dieu de mon salut, et ma lengue s’esjouira en ta justice), le mot crimes a été gratté et
19 Remarquons que seuls les premiers mots du verset latin sont cités dans les mss de Paris et de
Bruxelles. Cela suppose que le lecteur connaissait par cœur ces textes en latin.
20 Il s’agit du passage suivant (f. 39r-v) : Toy, filz du tres hault qui montas aux cieulx et siez a la dextre du pere
tout puissant et qui vendras jugier les vifs et les mots tu ne te delictes pas en sacrefice faint qui s’insère après le
mot sacrifice (C de P, Sept psaumes, p. 114 l. 11 ; l’édition Rains ne tient pas compte de cette variante).
668 Sept psaumes allegorisés

remplacé par le mot pechez21 : Christine a dû estimer que la conscience du


mécène destinataire de cette copie était moins lourdement chargée que celle de
Jean sans Peur !

21 Voir C de P, Sept Psaumes 1965, p. 113.


F. 1r (numérisation du catalogue Coulet & Faure 77 (1966))
{49} Collection particulière
(ex-Ashburnham-Barrois 203)1
Les .vij. pseaumes en françoys allegorisees

CONTENU
F. 1r – Cy co(m)mencent les .vij. pseaumes en françoys allegorisees Sire ne m’argues pas
en ta fureur ne me deffoules mie en ton ire2 …–… (?).
HISTOIRE
Date : 1409 ; ce ms. paraît être le plus ancien témoin que nous possédions de
cet ouvrage composé peu après l’accession du pape Alexandre V le 26 juin
14093.
Possesseurs : Jean de Berry (?) ou Charles de Navarre (?) ou Louis de
Bourbon (?)4 ; L. M. J. Duriez (XIXe s.), puis Joseph Barrois (cote 203) et le
quatrième comte d’Ashburnham ; T. H. Greene (achat 1901 chez Sotheby’s,
Wilkinson et Hodge). Vente 1920 de la collection Greene, acquisition par
Bernard Quaritch Booksellers en faveur de la Harmsworth Library. Vente de la
collection Harmsworth chez Sotheby’s 15-16 octobre 1945, acquisition
Heinrich Eisemann, libraire londonien5. Vente Coulet & Faure vers 1970.
Ajouts plus tardifs : frontispice XVIe s. représentant un homme et une femme
à genoux, avec armoiries6, inscription en bas du frontispice7.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (200 x 140 mm) : (V) + 888.
Encres : noire pour le texte, rouge vif pour les rubriques.
Préparation
Mise en page : 200 x 140 mm, 15 longues lignes.
1 Cette notice fantôme a été compilée d’après les renseignements que nous avons pu glaner dans les
sources écrites mentionnées sous la rubrique « Bibliographie » ainsi que l’analyse de la
photographie parue dans le catalogue Coulet & Faure.
2 Paris, BnF, nafr. 4792 et KBR 10987 donnent corriges à la place de deffoules, et ont le mot et devant ne
me.
3 Notice des mss KBR 10987, n. 2 et BnF, nafr. 4792, n. 2.
4 Contrairement à ce que l’on trouve dans les exemplaires de Paris et Bruxelles, le nom de Louis de
Bourbon est évoqué dans les prières qui accompagnent Ps. 101: 23 ; v. Berger 1896, p. 296.
5 C de P, Sept Psaumes 1965, p. 83.
6 « la cotte d’armes est d’azur, à une fasce d’or accompagnée de 3 trèfles de même ; on voit un écu aux mêmes
armes, parti d’azur, à une croix d’or, bordée, engrêlée de gueules, cantonnée de 4 croissants d’or. » (Berger 1896,
p. 415.)
7 « Prenés en gré Madame la Trésorière » (écriture du XVIIe ou du XVIIIe s., selon Berger 1896,
p. 415).
8 Le dernier f. est laissé en blanc.
672 Sept psaumes allegorisés

Travail d’écriture
Texte : Main X.
Style : lettre de forme, un peu moins habile que celle du ms. de Bruxelles.
Rubriques : Main X.
Décoration9 : Pierre Gilbert.
Bordures : f. 1r. Larges baguettes en U, à remplissage de guirlande de vigne
sur or, avec vigneture sur fil dense à grosses fleurs stylisées et au naturel
(bleuets, fraises, campanules, mouron rouge, etc.). Bordures moins élaborées au
début des six derniers psaumes.
Lettrine
F. 1r S (3) bleu sur or à remplissage de vigneture, relié à la bordure.
Illustration : Maître d’Egerton. Cadre d’or bruni doublé de bleu et rose à l’int.
F. 1r, av. rubr., 74 x 75 mm : David implorant le Seigneur. Dans un paysage
herbeux, de rochers et d’arbres, le roi David à longue barbe grise, vêtu de bleu
(manteau et tunique) et or (doublure et manches), portant une couronne d’or et
une bourse d’or fixée à sa ceinture, est agenouillé mains ouvertes en signe
d’oraison vers un petit Dieu le Père en buste dans le coin sup. g. Le ciel est
peint d’un glacis bleu sur argent.
Reliure : veau granité, XVIIe s. ; tranches dorées.
BIBLIOGRAPHIE
The Ashburnham Library 1901, p. 183 n° 499. Coulet & Faure Cat. n° 77 (1962), n° 2. Coulet &
Faure, Livres anciens et modernes [Cat. vers 1966], n° 182. Cat. Duriez, p. 3 nº 23. C de P, Sept Psaumes
1965, pp. 82-83. Delisle 1896. Solente 1967.

9 Description partielle, fondée sur la photographie publiée dans le catalogue Coulet & Faure 77. La
decoration de ce ms. est sans doute très similaire à celle des mss BnF, nafr. 4792 et KBR 10987.
F. 1r © Bruxelles, KBR
{50} Bruxelles, KBR, 10987
Les sept psaumes allegorisees en françois

CONTENU
Ff. 1r-79r « Cy come(n)ce(n)t les sept pseaumes allegorisees. en françois. Sire ne m’argues
en ta fureur et ne me corriges en ton ire. Comme je congnoisce que [1v] la multitude de mes tres
orriblez pechez …− … ta sainte paix soit envoyee du ciel en terre es (con)sciences et entre les
freres crestiens tes filz en union de une mere sainte eglise catholique. Amen. ».
Ff. 79r-84v [Litanie] « Kyrieleyson. (Cr)isteleyson. Kirieleyson. (Cr)iste audi nos. O pere o dieu
des cieulx ayes merci de nous …−… la misericorde de ta
doulce pitié vueille delier et pardonner et absouldre. Per
(cr)istum dominum n(ost)r(u)m Amen. [85r] Fructibus eloquii
prophete i(n) nomine (cr)isti / Nascitur istud opus quod corpore parva
peregit1. ».

F. 85r © Bruxelles, KBR

HISTOIRE
Date : vers 1409, date de composition de l’ouvrage2.
Possesseurs : Jean sans Peur (Inv. 1420)3 ; Philippe le Bon (Inv. 1467-1469)4 ;
Charles le Téméraire (Inv. 1485-1487)5 ; Maximilien Ier ; Charles Quint
(Inv. 1536)6 ; Philippe II (Inv. 1577, no 108)7. Nombreuses estampilles de la
Bibliothèque royale de Belgique8.
Ajouts plus tardifs : numéro 99 au coin sup. dr. du f. 1r.

1 Ce colophon, dont chaque ligne commence par une lettrine champie et se termine par un
bout de ligne, se trouve uniquement dans ce témoin. Il semble prouver que Christine, non
contente de lire le latin, pouvait même composer quelques vers métriquement corrects dans
cette langue.
2 L’ouvrage fut composé peu après l’accession d’Alexandre V au trône pontifical : au f. 52r,
Christine fait référence au pastour alexandre nouvel esleu ton vicaire.
3 Doutrepont 1906, n° 8 ; le livre figurait parmi ceux gardés à la chapelle du duc (ibidem, p. 1).
Selon Doutrepont (1909, p. 200), Jean sans Peur commanda pour ses filles Jeanne et
Catherine, « a elles apprendre », deux Sept seaulmes ainsi que deux Abc.
4 Barrois 1830, n° 1141.
5 Barrois 1830, n° 2032.
6 Michelant, p. 270 et Doutrepont 1906, n° 8.
7 Marchal 1842, 1, p. ccliii. Le ms. apparaît ensuite dans les inventaires de 1731 (Franquen) et
1797 (Gerard) sous les numéros 132 et 36.
8 Ff. 1r, 4r, 11r, 17r, 18r, 27r, 46r, 52r, 68r, 75r, 83r, 84v, 85v.
676 Sept psaumes allegorisés

DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (220 x 159 mm) : (II, papier)9 + 85 + (II, papier). Peau
ivoire uniforme assez épaisse dont plusieurs ff. ont été soigneusement réparés
par l’adjonction d’une pièce, parfois de grande taille10. Lisières aux ff. 18-20 et
69. Les premiers et derniers folios sont piqués de nombreux trous de ver. La
règle du vis-à-vis est toujours respectée.
Encres : encre noire pour le texte, brun foncé pour les citations latines des
Sept psaumes qui ont donc été écrites séparément, rouge vif pour la rubrique et
rose pour la réglure.
Préparation
Piqûres : 2 piqûres (fentes) en m/q à tous les folios pour marquer les
colonnes, et, à la plupart des folios, un nombre variable de piqûres au bord de
la m/g pour marquer les 17 LR.
Réglure : à l’encre rose ; les LR dépassent rarement les lignes maîtresses. Le
f. 85v est réglé mais inemployé.
Mise en page (f. 5r) : 220 x 159 mm = 35 + <113> + 72 x 28 + <69> +
62 mm. Justification 113 x 69 mm ; 16 longues lignes, l’écriture commençant
sous la première LR. Les m/g contiennent de courts passages des psaumes en
latin inscrits entre deux LR roses, et précédés chacun d’un pied-de-mouche
champi.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
18 1-8 78 49-56 (traces)
28 9-16 b/ b♥ 88 57-64
38 17-24 c/ C♠ 98 65-72
48 25-32 (trace) 108 73-80
58 33-40 115 81-85
68 41-48
Signatures : deux séries, en différentes encres ; voir notes ♥ et ♠.
Réclames : de la main du texte, en grandes lettres de forme, centrées en
m/q. Elles doivent avoir été écrites en même temps que les citations latines
marginales, la nuance de l’encre brune étant toujours identique à chaque page

9 Les première et dernière gardes sont doublées de papier marbré dit « caillouté » qui forme
aussi les contregardes.
10 Ff. 5, 7, 13-14, 18, 23, 35-36, 45, 67, 68, 70, 72, 79, 80.

F. 9r : bj à l’encre brun clair ; f. 10r : bj[j] rogné, encre brun moyen, la signature paraissant
d’une autre main ; f. 11r : biij à l’encre noire, tracée d’une plume fine / b[iij] (rogné) à l’encre
brune f. 12r : biiij à l’encre noire, tracé fin/ biii[j] rogné, à l’encre brun clair.

La première série, écrite à l’encre brun clair, se trouve aux ff. 18-20 et consiste en une petite
lettre c suivie d’un chiffre romain allant de .ij. à .iiij. La deuxième série, à l’encre noire et d’un
tracé fin, consiste en la majuscule C suivie d’un chiffre allant de .j. à .iiij. ; les ff. 17-20
présentent la série complète.
{50} Bruxelles, KBR, 10987 677

pour les unes et les autres. Au f. 16v, la réclame (con)jointe ne correspond pas
tout à fait au début du texte au f. 17r : te conjointe. Au dernier mot du f. 16v
(humanité), les deux dernières lettres, qui figuraient déjà au début du f. 17r, ont
été partiellement grattées. La réclame est presque entièrement rognée aux
ff. 24v, 64v et 72v, partiellement rognée aux ff. 32v, 40v, 48v et 80v, et sans
doute entièrement rognée au f. 56v.
Travail d’écriture
Texte : le seul fait que les préparations de citations latines11 soient en
cursive rapide (X’) ne suffirait pas à prouver que l’écriture du texte est de la
main X. Seuls les très bons copistes de métier savaient maîtriser la majestueuse
lettre de forme (littera formata), écriture stéréotypée excluant toute fantaisie. Si la
main X fait ici montre d’un réel professionnalisme, elle ne parvient pas,
toutefois à dépersonnaliser totalement son tracé ; bien qu’elle réfrène de son
mieux sa tendance à l’exubérance, elle ne peut s’empêcher d’amorcer quelques
envolées, aussitôt réprimées, et doit même parfois effacer une volute
malencontreuse12.
Style : lettres de forme, ce qui indique un usage liturgique13.
Ponctuation : usage peu fréquent du point.
Corrections : le ms. comporte très peu de corrections : un jambage rayé
d’un trait sinueux au f. 22r l. 10, un s effacé au f. 55r l. 1. L’ajout du nom de
Louis d’Orléans (en m/g du f.
53r, entre deux lignes rouges)
à la liste des défunts pour qui
il faut prier paraît d’autant
plus significatif que les
corrections sont plus rares14.

F. 53r © Bruxelles, KBR


Rubriques : une seule rubrique au f. 1r de la main du texte15.
Décoration : Pierre Gilbert.
Bordure : f. 1r. Larges baguettes en U, à remplissage de guirlande de vigne
sur or, avec vigneture sur fil dense à grosses fleurs stylisées et au naturel
(bleuets, fraises, campanules, mouron rouge, etc.).

11 Ff. 1r, 7v.


12 Il s’agit de boucles sur les réclames et, dans le texte, sur les s finaux surtout, ainsi que le r final
et sur certaines abréviations. Voir en particulier f. 71v. Voir aussi le trait fuyant sur le p en
dernière ligne du f. 42r. On remarque enfin, dans la réclame du f. 32v, le d en amphore
caractéristique de la main X.
13 V. Introduction à cette section.
14 Cette insertion est accompagnée d’une préparation de correction partiellement effacée.
15 La préparation cursive de cette rubrique est presque entièrement rognée en m/q.
678 Sept psaumes allegorisés

Lettrine : f. 1r S (3) rose sur or à remplissage de vigneture. Lettre reliée à la


bordure par un dragon qui crache la guirlande de vigne.
Lettres champies : de deux interlignes au début de chaque psaume à partir
du 2e (31) et au début de la litanie, celles-ci accompagnées d’un rinceau de vigne
sur fil. Les psaumes ne sont pas numérotés. À noter sur la plupart des ff. qui
portent des rinceaux de vigne le mot vignete écrit en cursive et partiellement
effacé16.
Lettres champies de 2 interlignes également, mais sans vigneture, pour
introduire la plupart des commentaires des deux premiers psaumes17 et le
dernier alinéa de la Litanie. Lettres champies d’un interligne au début de chaque
verset des psaumes18, de la plupart des commentaires des cinq derniers
psaumes19, de chaque élément de la Litanie sauf le dernier et des deux vers en
latin ajoutés au f. 85r. L’alternance des couleurs bleu et rouge est respectée ;
dans la Litanie, l’alternance se fait par blocs de quatre ou de trois aux ff. 80r-
81v.
Pieds-de-mouche : champis, en marge uniquement, au début de chaque
citation latine.
Bouts de ligne champis, ou parfois fleurettes20 ou petits ronds ornés de
traits21.
Illustration : Maître d’Egerton. Cadre d’or bruni doublé de bleu et rose à l’int.
F. 1r, av. rubr., 74 x 75 mm [Album couleurs, n° 50] : David implorant le Seigneur22.
Dans un paysage herbeux, de rochers et d’arbres, le roi David, barbe et cheveux
gris, vêtu de bleu (manteau et tunique) et or (doublure et manches), une
couronne d’or sur la tête, est agenouillé mains tendues vers un petit Dieu le
Père en buste dans le coin sup. g. Le ciel est peint d’un glacis bleu sur argent.
Reliure : veau brun raciné XIXe s. avec encadrement d’or d’un double filet et
guirlande de fleurettes délicates (5 mm) imprimées à la roulette. Dos à 5 nerfs et
6 cartouches, dont 3 (3, 5, 6) portent une décoration à palmettes d’or, le 4e les
armes de Belgique, le 2e le titre « LES SEPT PSEAUMES PARAPHRASES »
en majuscules dorées ; inscrit en bas, en majuscules dorées : « BIBL.
ROYALE ». Étiquette en papier portant la cote actuelle collée en haut du dos.
L’inventaire de 1420 décrit une couvrure en « baudequin » (riche tissu de soie23)
brodé de « fueillages vers sur champ noir, à II fermouers d’argent dorez,
esmaillez dessus jhs »24. L’inventaire de 1485-1487 fait état de deux « cloans

16 Ff. 6r m/g, 12v m/g, 25r m/t, 39v m/g (rogné), 67r m/g.
17 Exceptions : les deux derniers versets du psaume 31 aux ff. 11v-12r, qui commencent par une
lettre d’un interligne.
18 Exception : le 2e verset du psaume 6 (f. 1v), commence par une lettre de 2 interlignes.
19 Exceptions : psaume 101, versets 25 et 26, qui commencent par une lettre de 2 interlignes.
20 F. 74v.
21 Ff. 42r, 49r…
22 Illustration type des psautiers.
23 Coilly 2003.
24 Doutrepont 1906, pp. 5-7.
{50} Bruxelles, KBR, 10987 679

d’or, sur lesquelz est escript le nom de Jhesus » et celui de 1536 d’une couvrure
en « tissu de soye vert et noir »25, sans doute la même que celle décrite dans
l’inventaire de 1420. L’inventaire de 1577 décrit un « tissu de soye bordé de
noire »26. Volume doré sur tranches avec traces d’un motif floral (?) (bleu et
rouge). Les feuillets restent de dimensions inégales.
BIBLIOGRAPHIE
Berger 1884, p. 424. C de P, Sept psaumes 1965, pp. 68-70, 80-83. De Winter 1982. Dogaer et
Debae 1967, n° 9. Doutrepont 1906 n° 8. Gaspar et Lyna 1, n° 178 et 2, pl. XCIXb. Meiss 1974,
1, pp. 385, 419. Mombello 1974, pp. 124-125. Richter 1968. Schaefer 1937, pl. 175. Solente 1967.
Walters 2002. Walters à paraître. Willard 1967-1968.

COMMENTAIRE
L’un des points les plus intéressants dans ce manuscrit est sans doute
l’adjonction par la main X (marge du f. 53r) du nom de Louis d’Orléans à la
liste des morts pour lesquels Jean sans Peur doit prier27. Ceci est à mettre en
rapport avec les critiques formulées à son intention dans le Livre de paix
(v. l’« Introduction » à ce texte).

25 Michelant 1872, p. 270.


26 KBR 11675-76, f. 111r, no 108.
27 V. Mombello 1974, pp. 124-125.
F. 1r © Paris, BnF
{51} Paris, BnF, nafr. 4792
[Les sept psaumes allegorisés]

CONTENU
Ff. 1r-82r « Sire ne m’argues en ta fureur et ne me corriges en ton yre. Comme je congnoisce que
la multitude de mes tres orri [1v] bles pechez …−… ta sainte paix soit envoyee du ciel en terre es
consciences et ent(re) les freres crestiens / tes filz en union de une mere sainte eglise catholique
Amen.. [sic] Exp(licit) ».
Ff. 82v-88r [Litanie] « Kyrieleyson (Crist)eleyson. Kyrieleyson1 (Crist)e audi nos O pere o dieu des
cieulx ayes mercy de nous …−… la misericorde de ta doulce pitié vueille delier et pardonner et
absouldre p(er) d(omi)n(u)m n(ost)r(u)m &c(etera) explic(it) ».

HISTOIRE
Date : vers 1409, date de la composition de l’ouvrage2.
Possesseurs : aucune indication du possesseur d’origine. M. Motte l’aîné,
notaire, à Sarrelouis3. Alphonse Labitte, de qui la BnF acquit le ms. en 18964.
Cote ancienne biffée au verso de la 2e garde sup. : L. 4º. nº. 5.
Ajouts plus tardifs : inscriptions diverses5.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (180 x 137 mm) : (II, papier) + II (parchemin) + 88 +
II (parchemin) + (II, papier)6. Peau ivoire assez uniforme, portant des

1 Le premier y de ce mot est corrigé sur grattage.


2 Date proposée par Delisle, 1896, p. 559 et confirmée par Meiss d’après l’enluminure par le Maître
d’Egerton ; v. Meiss, 1974, 1, pp. 13 et 434, n. 32.
3 Dont ex-libris à la contregarde sup. et étiquette portant inscription « À Monsieur Motte l’ainé,
notaire, à Sarrelouis ». Estampille de la BnF aux ff. 1v, 60r, 88r, type 41 Josserand-Bruno, datée du
XXe s.
4 Registre des achats 1894-1950, 21 mai 1896 ; la Bibliothèque nationale paya le ms. 620 fr. Officier de
l’Instruction publique, Alphonse Labitte est l’auteur de Les Manuscrits et l’art de les orner, Paris,
Charles Mendel, 1893 ; en 1894-1895 il dirigea la revue intitulée Le Manuscrit.
5 Au v. du 1er f. de garde sup. : « 600v » et « 15495 » ; au r du 2e f. de garde sup. : « Manuscrit du
XIV / XVe siècle » et, d’une main différente : « Volume de A-B + 91 feuillets. Le fol. 1 est mutilé
du bas. 8 février 1933. P. L. ». Au r. de la 3e garde sup., d’une main du XVIIIe s. : « Les Sept
pseaumes de la penitence avec paraphrases et les Litanies. manuscrit du 12e au 13e Siécle » et, en-
dessous, inscriptions d’un bibliothécaire de la BnF : « Fr. nouv. acq. 4792 » et « R.D. 9200 »
(référence au registre d’acquisition), les deux soulignés d’un crochet.
6 Deux talons, de parchemin sans doute ancien, sont visibles après la deuxième garde sup. en papier,
et deux autres, de même nature, après la 2e garde inf. en parchemin. Les première et dernière
gardes sont en papier peigné d’un côté et solidaires des contregardes, également en papier peigné.
La 2e garde supérieure en papier est mutilée du bas, comme l’est le 1er folio du texte ; des traces
d’écriture subsistent au-dessus de chaque amputation. Les 3e et 4e gardes sup., en parchemin
d’origine non réglé, sont marqués A et B ; A est mutilé du haut. Trois des quatre gardes inf., sont
numérotées : les deux premières, en parchemin d’origine, portent les nos 89 et 90, le troisième, en
papier, le n° 91.
682 Sept psaumes allegorisés

mouches7, un trou8 et quelques entailles9 ; le bas du 1er f. est amputé de 20-25


mm10. La règle du vis-à-vis est presque toujours respectée11.
Encres : brun foncé pour le texte, brun un peu plus clair pour les citations
latines en marge12.
Préparation
Piqûres : deux piqûres maîtresses rondes, en m/g, à la plupart des ff. ;
quelques piqûres maîtresses et points-jalons en m/p.
Réglure : à l’encre rouge pâle. Le f. 88v est réglé, mais inemployé.
Mise en page : (f. 5r) : 180 x 137 mm = 25 + <90> + 65 x 25 + <62> +
50 mm. Justification 90 x 62 mm ; 15 et rarement 16 longues lignes, l’écriture
commençant sous la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
18 1-8 78 49-56 (chiffre
rom.)
28 9-16 88 57-64
38 17-24 (chiffre 98 65-72 (chiffre
rom.) / m rom.)
48 25-32 /l 108 73-80
58 33-40 118 81-88 (chiffre
rom.)
68 41-48 (chiffre
rom.)
Signatures : chiffre romain menu tracé à l’encre brun pâle aux ff. 17r, 18r,
43r, 49r, 66r, 82r. La deuxième série de signatures consiste en une lettre suivie
d’un chiffre romain, tracés à la mine de plomb, aux ff. 19r, 20r, 25r, 26r.

7 Ff. 18, 25, 44, 46, 52, 53, 56, 62, 71, 78 (2), 79 ; plusieurs mots ont été ajoutés sur les mouches aux
ff. 56, 78 et 79 ; au f. 3, traces de mouche disparue.
8 F. 3.
9 Aux ff. 28, 73.
10 V. note 6.
11 Exceptions : ff. 18 et 19, et 27 et 28, qui sont disposés p/c.
12 Contrairement au ms. KBR 10987, les citations latines sont inscrites à main libre dans un espace
marginal non réglé. Celles aux ff. 24r et 77r sont écrites à côté du commentaire plutôt que de leur
traduction.
{51} Paris, BnF, nafr. 4792 683

Réclames : en cursive plus ou moins hâtive, centrées en bas de feuillet13.

F. 16v (réclame) et 17r, et 40v (réclame) et 41r © Paris, BnF


Foliotation : deux foliotations modernes en m/g, l’une, en haut, à l’encre
noire, jusqu’au f. 91, l’autre, en bas, au crayon, jusqu’au f. 88 ; la seconde est
certainement postérieure à la mutilation des ff. Les 3e et 4e gardes sup. sont
marquées A et B.
Travail d’écriture
Texte : Main X.
Style : cursive calligraphique élégante. Les e et les s sont tous ornés d’une
petite corne, le d en amphore prédomine.
Ponctuation : virgule et, très rarement, point14.
Corrections
Préparation : Mains X15 et X’ 16.
Exécution : Main X, sur grattage ; quelques corrections en cursive semi-
hâtive17. Elles sont inachevées : quelques lettres ou mots grattés n’ont pas été
remplacés18, et les préparations de correction n’ont pas été suivies d’effet19.

F. 76r (correction cursive ta face, sur grattage) © Paris, BnF


Rubriques : aucune.
Décoration : Pierre Gilbert.
Bordures
F. 1r larges baguettes en U, à remplissage de guirlande de feuilles et de
fraises rouges sur or, et un tronçon filigrané en haut à g., avec vigneture dense
sur fil et tige formant courbes et contre-courbes, à fleurs stylisées et au naturel
(bleuets, fraises, marguerites, mouron bleu, bouton de rose…).
13 Celle du f. 48v rognée ; aucune réclame aux ff. 8v et 32v.
14 Le point semble réservé aux chiffres romains sauf au f. 21r l. 14.
15 Toy au f. 27v, ay au f. 40r (les deux accompagnés d’un petit trait en m/g), a au f. 61a, uda au f. 83v.
16 Aux ff. 18r et 87r, partiellement lisibles aux UV. Prép. de corr. d’une seule lettre : c au f. 16v en
m/p, a au f. 50r en interligne, c au f. 51r en interligne, e au f. 74r en m/q.
17 Au f. 76r l. 2 : ta face ; au f. 85v l. 7 : la.
18 Ff. 26v, 36v, 58v (2).
19 Ff. 16v, 27v, 50v, 74r, 83v.
684 Sept psaumes allegorisés

Ff. 6r, 13r, 26r, 41v, 63v, 70r, 82v accompagnant les lettrines. Baguette
double or et rouge / bleu20, fleuronnée ou terminée en fer de lance
(4 dernières)21, à vigneture sur fil avec feuilles, hérissons et fleurs, le tout d’or22.
Lettrines
1. F. 1r (début de l’ouvrage, psaume 6) : S rose (3) sur or, à remplissage
de vigneture et palmettes, reliée à la bordure et accolée au cadre.
2.-4. Ff. 6r : B (2) ; 13r (début des psaumes 31 et 38) : O (2) ; 82v (début
de la litanie) : K (2). Lettre rose foncé sur or, à remplissage de vigneture ;
B et K reliés à la baguette par des courbes.
5.-8. Ff. 26r : O (2) ; 41v : S (2) ; 63v : D (2) ; 70r (début des psaumes 50,
101, 129 et 142) : S (2). Lettre bleue sur or, à remplissage de vigneture ;
1er S et D reliés à la baguette par des courbes.
Lettres champies d’un interligne pour introduire chaque verset des
psaumes à partir du deuxième23 et chaque élément de la litanie. Lettres
champies de deux interlignes au début de chaque commentaire de verset sauf
quand celui-ci commence en fin de colonne24. Alternance régulière des couleurs
rouge et bleu sur la page. De nombreuses lettres d’attente visibles25.
Pieds-de-mouche : champis26.
Bouts de ligne en sections rouges et bleues, le plus souvent ornés de
formes géométriques dorées (cercles, croix, ovales, barres, triangles). Dans les
cas où il ne reste qu’un espace restreint, on trouve un petit rond d’or à
l’intérieur d’un petit rectangle ou d’un petit cercle27, une fleur stylisée28, ou un
rond d’or rayonnant29. Au f. 5v, deux bouts de ligne où l’or seul a été posé, au f.
79r, la peinture d’un bout de ligne est en partie enlevée par une réparation du
parchemin.
Illustration : Maître d’Egerton. Cadre d’or bruni doublé de bleu et rose à l’int.
F. 1r, début de l’ouvrage, 60 x 62 mm [Album couleurs, n° 49] : David implorant
le Seigneur30. Dans un paysage d’arbres et de rochers roses, bruns ou gris, le roi
David, barbe et cheveux gris, vêtu d’un manteau bleu doublé d’hermine sur une

20 Aux ff. 13r et 26r, baguette ornée d’un entrelacs ou d’un petit nœud.
21 Le fleuron supérieur penche vers la dr. ; ceux du f. 6r sont plus grands que les autres.
22 L’or, écaillé à quelques endroits, laisse voir l’assiette grise. Aux ff. 41v et 63r, un des « hérissons »
est rouge ; au f. 41v, un autre laissé en blanc. Sur ces deux ff., quelques petits ronds sont en argent.
Le f. 70r est dépourvu de « hérisson ».
23 Exceptions : lettres champies de deux interlignes au début des Ps. 6 : 2 (f. 1v) et 31 : 3 (f. 7r).
24 Ff. 22r-v, 32r, 44v, 55v, 70v ; aux ff. 48r et 49v lettres champies d’un seul interligne introduisant
commentaire (Ps. 101 : 9, 11).
25 Au f. 28r, une petite croix en m/p à côté d’une lettrine T dont la dorure est incomplète ; au f. 64v,
un T mal fait qui ressemble plutôt à un U. Au f. 84v, une couture a pris la place de la lettrine.
26 Au f. 9v, un pied-de-mouche mal placé peint à l’envers et partiellement effacé.
27 F. 5v, ceux-ci sont inachevés.
28 Aux ff. 47r, 50v, 81r, 85v.
29 Aux ff. 49v, 51r-v, 83v, 85r-v.
30 Illustration type des psautiers.
{51} Paris, BnF, nafr. 4792 685

tunique rose est agenouillé mains tendues vers une épiphanie de rayons d’or31
dans le coin sup. g. Le ciel est peint d’un glacis bleu sur argent.
Reliure : veau raciné à 5 nerfs ; étiquette en papier « FR/ NOUV./ ACQ./
4792 » collée au 6e cartouche. Motif marbré en rouge et bleu sur les tranches.
BIBLIOGRAPHIE
Berger 1884, pp. 296, 415. Bibliopoliana, mars 1896, p. 1922, n° 8327. C de P, Sept psaumes 1965,
pp. 80-82. Delisle 1896. De Winter 1982, p. 364. Meiss, 1974, 1, pp. 13, 434 n. 32. Ouy 1985.

31 Peut-être y avait-il à l’origine une représentation de Dieu le père en buste, comme dans les mss
KBR 10987 et ex-Ashburnham-Barrois 203, mais elle aurait disparu.
Fais d’armes et de chevalerie et Livre de paix
Introduction

Deux manuscrits préparés pour Jean sans Peur :


Bruxelles, KBR, 10476 {52}
Bruxelles, KBR, 10366 {53}

Étudier les manuscrits en tant qu’objets archéologiques ne risque-t-il pas de


faire perdre de vue le texte dont ils sont porteurs ? Tout au contraire, cette
étude permet souvent d’accéder à une meilleure compréhension des œuvres, par
exemple en saisissant sur le vif la réaction de l’auteur face à une situation
nouvelle. C’est surtout vrai lorsque, comme nous, on a la chance de travailler
sur des manuscrits produits dans l’entourage immédiat de l’auteur ou, mieux
encore, écrits de sa main, ce qui, pour les derniers siècles médiévaux, n’a,
d’ailleurs, rien d’exceptionnel.
Deux manuscrits conservés à la Bibliothèque royale de Belgique en
fourniront une belle illustration : ils révèlent bien concrètement comment
Christine, quand elle avait décidé de présenter son ouvrage à l’un de ses
mécènes, pouvait procéder sur le manuscrit à diverses modifications du texte
afin de l’adapter, non seulement à la personnalité du destinataire, mais aussi à la
situation du moment. Dans le cas du Livre de paix, ces modifications revêtent
une signification toute spéciale en raison des dramatiques événements qui
secouaient alors le royaume, événements dans lesquels Christine se sentait
impliquée et entendait, grâce à sa plume, ne pas se voir réduite au rôle de
témoin impuissant.
Même si les deux manuscrits bruxellois n’apparaissent pour la première fois
que dans l’inventaire après décès de Philippe le Bon (1467-1469), il est
pratiquement certain qu’ils avaient déjà appartenu à son père Jean sans Peur.
Ces deux volumes témoignent éloquemment du souci qu’avait Christine
d’adapter le texte de ses œuvres à chacun des mécènes à qui elle se proposait de
les présenter.
L’ordre chronologique, mais aussi l’ordre d’intérêt croissant nous amènent à
commencer par le Livre des fais d’armes et de chevalerie, composé en 1410, dont on
688 Fais d’armes et de chevalerie et Livre de paix

connaît deux manuscrits originaux : le ms. 10476 de Bruxelles et la partie du


recueil BnF, fr. 603, où les Fais d’armes précèdent la Mutacion de Fortune. Le texte
du ms. de Bruxelles est quelque peu antérieur, mais à en juger par leurs
enluminures, l’un et l’autre sont datables des environs de 1410. Quant au Livre
de paix, composé en 1412-1413, il n’en existe plus qu’un seul manuscrit original,
Bruxelles, KBR, 10366 ; celui qui avait été présenté au duc de Berry en janvier
1414 (n. st.)1 n’ayant pas été retrouvé.
C’est le plus ancien des deux exemplaires originaux du Livre des fais d’armes et
de chevalerie, le ms. 10476 de Bruxelles, qui a été aménagé à l’intention du duc de
Bourgogne. Le chap. II, 23, qui traite de la maniere selon l’usage du temps present
d’arengier ost en champ pour combatre, après avoir évoqué la victoire de Charles VI
sur les Gantois à Rozebeke, poursuit en rappelant la récente victoire de Jean
sans Peur sur les Liégeois en 1408.
C’est un ajout pratiqué sur un cahier modifié : il
est écrit d’une encre beaucoup plus claire que le
texte qui précède et occupe moins d’une moitié
de colonne alors que deux colonnes avaient été
réservées pour le recevoir :
[l. 4] Et semblablement fu fait n’a moult de temps
a la bataille du Liege ou Jehan duc de Bourgoigne,
qui est en vie, fils de Phelippe filz de Roy de
France atout assez petite quantité de bonnes gens
d’armes fu victorieux contre xxvm Liegoys (I, 23, f.
36c)

Bruxelles, KBR, 10476, f. 36c © Bruxelles, KBR


La colonne et demie laissée inemployée a été, par la suite, partiellement
remplie, d’une encre plus foncée, par un passage sur les engins de guerre :
Et est assavoir que meismes ou temps ancien s’aidoient en leurs batailles de
plusieurs manieres d’engins et cautelles pour rompre les batailles si que ja est dit
cy devant des beufs a tout feu soubz les queues chaciez vers la partie averse, et
meismement usoient des adont de aucques semblables engins de ceulx que on
nomme ou temps present ribaudequins, car tout ainsi estoient assis sur roues
[36d] ung homme dedens, si comme en ung petit chastel qui tout estoit de fer et
traioit de canon ou de fort arbaleste et a chascun costé avoit ung archier, et fers
agus y avoit par devant y avoit comme lances, et a force de gent ou de chevaulx
les faisoient plusieurs d’un front aller hurter en l’assemblee des ennemis.

1 Guiffrey, 1, p. 332 n° 1239 : « Item, ung autre livre qui est intulé : le Livre de la paix, escript en
françoys, de lettre de court ; et au commancement du second fueillet après la première ystoire a
escript : et loysibles; couvert de cuir vermeil empraint, a deux fermoiers de latton, de cinq gros
boillons de mesmes sur chascune aiz ; lequel livre damoisele Cristine de Pizan donna a mondit
Seigneur ausdictes estrainnes mil quatre cens et treize. »
Introduction 689

Bruxelles, KBR, 10476, f. 36c © Bruxelles, KBR

D’autres ajouts sont de moindre importance. La rubrique du chap. III, [22] :


Item se .J. estudiant anglois estoit trouvez es estudes de Paris ou semblablement d’autre terre
anemie se il pourroit estre pris et mis a raençon est complétée en marge par la précision
suivante, insérée après Item : Je suppose que la guerre de France & d’Angleterre durast
si que lonc temps a fait.

KBR 10476, f. 80a © Bruxelles, KBR


Un quatrième ajout se trouve vers le début du chap. III, 8 Cy parle de droit de
paye de souldees & de gaiges aux gens d’armes viiije, où la précision se guerre y avoit est
ajoutée en interligne après Et premierement je suppose que un cappitaine atout une
Route de gent soit Retenuz aux gaiges du Roy et par son commandement s’en voit en Guienne
contre les Anglois.

KBR 10476, f. 87a © Bruxelles, KBR


690 Fais d’armes et de chevalerie et Livre de paix

Or, l’autre exemplaire original des Fais d’armes, contenu dans le recueil BnF
fr. 603, présente un texte quelque peu corrigé et développé2, où, notamment,
une rubrique superflue, introduite dans KBR 10476 après le chap. II, 16 mais
non numérotée, est incorporée au texte3, et un autre passage ajouté en marge au
chap. II, [19] est incorporé au texte à un meilleur emplacement4. Pourtant, le
fr. 603 ne contient ni le rappel de la victoire de Jean sans Peur sur les Liégeois,
ni le passage qui suit sur les engins de guerre, ni l’ajout à la rubrique III, [22], ni
la précision se guerre y avoit en III, 8. Il est facile de comprendre l’omission du
rappel des prouesses militaires de Jean sans Peur si le destinataire du fr. 603
était un sympathisant armagnac, mais vu l’incorporation de l’ajout marginal de
Bruxelles 10476 au chap. II, 195 comment expliquer ici l’absence des autres
ajouts – description des engins de guerre, ajouts à la rubrique de III, 22 et au
chap. III, 8 ?
À titre de comparaison, un manuscrit à peu près contemporain des deux
originaux6, mais produit d’un autre atelier, le ms. 10205 de Bruxelles, contient le
rappel de la victoire de Jean sans Peur7 et incorpore au texte l’ajout marginal du
chap. II, 198, mais il ne contient ni le passage sur les armes de guerre, ni l’ajout
fait à la rubrique III, [22], ni la précision se guerre y avoit dans le chap. III, 8. Le
tableau suivant résume ces différences :
Ajouts BnF, fr. 603 KBR 10205
Victoire de Jean sans Non Oui
Peur (I, 23)
Passage sur les engins de Non Non
guerre (I, 23)
Ajout rubrique III, [22] Non Non
Ajout chap. III, 8 Non Non
Ajout marginal II, [19] incorporé au chap. incorporé au chap.
Il apparaît donc que les ajouts qui se trouvent seulement dans le manuscrit
de Bruxelles – le passage sur les engins de guerre en I, 23, et les ajouts

2 V. notices KBR 10476 et BnF, fr. 603.


3 À la rubrique non numérotée de KBR 10476 Pour contreminer, BnF, fr. 603 substitue au f. 37a un
début de phrase : Item pour la contremine, qui introduit les mêmes engins détaillés ici.
4 Et ce c’est chose qui puist estre que de toutes pars soit assigiez tant mieulx vault mais s’il y a montaigne ou autre
chose de quelque part qui l’en garde neantmoins de tous les costez qui seront mis a delivre y sera mis se estre puet et
fera l’en trencheis ou palis d’un siege a l’autre en maniere que ceulx dedens ne puissent sens dongier saillir hors
(KBR 10476, f. 63c). Ce passage se trouve au f. 38c dans le fr. 603.
5 Au f. 63c.
6 Le style d’écriture est tout à fait contemporain de celui des manuscrits de Christine, et au dernier
folio, on lit l’inscription « Ce livre nouvel comprent tous les acteurs qui ont traittié de l’art,
industrie et cautelles de guerre. »
7 Voir KBR 10205, ff. 46b…, 102v.
8 Les chapitres étant numérotés de façon continue dans ce manuscrit, le chapitre en question porte
le numéro 49.
Introduction 691

concernant l’éventualité de la guerre en III, 8 et la rubrique de III, [22] –


n’avaient pas été reportés sur l’exemplar, étant seulement faits à l’intention du
destinataire bourguignon.

Passons maintenant au ms. KBR 10366 de Bruxelles qui, comme on va le


voir, soulève bien plus de problèmes.
Le Livre de paix s’ouvre sur un éloge du duc de Guyenne, à l’époque âgé de
quinze ans, que Christine félicite d’avoir réconcilié les ducs de Berry et de
Bourgogne, tous deux prénommés Jean, à l’occasion de la fête de saint Jean-
Baptiste ; cette réconciliation aurait conduit à la paix d’Auxerre en août 1412.
Dans l’œuvre tripartite que cette paix a inspirée, Christine propose au jeune
dauphin des principes et des conseils pratiques pour bien gouverner, et elle
condamne la révolte cabochienne, dont les violences ont gravement troublé
l’ordre public ; ces événements ont causé une interruption de neuf mois entre la
rédaction de la première et de la seconde partie de l’ouvrage.
Ce décalage n’a laissé aucune trace apparente dans la table des matières du
ms. KBR 10366 : la table de la deuxième partie, qui commence au f. 28a, est
écrite dans le même style et de la même encre que la fin de la première partie,
qui se termine au f. 27d. Il en va tout autrement du texte, qui, lui, a fait l’objet
d’une modification bien visible d’un type, d’ailleurs, très inhabituel : vers le
milieu du chap. III, 4 qui traite du mal qui advient par mauvais homme puissant et qui
ait seigneurie, la main X a interrompu sa copie et laissé un long espace à partir de
la troisième ligne de la première colonne du f. 55r jusqu’à la rubrique annonçant
le 5e chapitre, dans la première colonne du f. 55v. Sa copie achevée, elle est
revenue à cet espace pour y écrire un passage dont l’aspect tranche nettement
sur le reste ; alors que tout le texte est en minuscule semi-cursive très soignée,
nous avons ici une cursive assez rapide de plus petit module, et une encre plus
noire. En outre, bien qu’elle resserre toujours davantage son écriture, l’espace
réservé se révèle finalement trop étroit, et il lui faut rejeter dans la marge la fin
du dernier paragraphe, après avoir, semble-t-il, effacé, pour gagner de la place,
les premiers mots (Ci dit ?) de la rubrique préexistante.
692 Fais d’armes et de chevalerie et Livre de paix

KBR 10366, f. 55v (fin du texte ajouté) © Bruxelles, KBR

Voici le texte ajouté :


[Et pour ces choses faire…] [f. 55a, l. 3] si troublera toute sa gent en diverses
manieres ne vouldra croire conseil de sages, ains fera de sa teste, a sa grant tort
par vengence ou autrement ; grevera un chascun par maintes exortacions en cas
particuliers ou universelz, pour lesquelz causes & divers tors fais a estranges &
privez ; & par ses folles emprises, guerres et maulx fais seront ses nobles
hommes mors & foulez, leurs terres destruites & desertes, villes et chastiaulx
trebuschiez par divers ennemis, ne vouldra estre repris ne de nul contredit sur
peine de mort. Et a brief dire, ne craindra Dieu ne sa pugnicion pour chose que
il face. O ! mes de telz & de leur trebuchement parla bien Salomon es Proverbes
en la personne de Nostreseigneur quant Il dit : vous avez desprisié conseil et
n’avez voulu estre repris. Si me riray de vostre destruction [f. 55b] et ne tendray
compte de vous quant soubdaine misere vous vendra. Et ainsi sera cruel en
toutes choses le mauvais prince, dont de telz Dieu nous gart, plain de sang et de
vengence, pour lesqueles orribles taches mettre a effect sourdront et courront
maulx infinis a lui et a sa contree, mais neantmoins, tant sera obstiné et affichiez
en mal que ses meismes maulx ne les autrui ne pesera. O ! comment a un tel est
bien contraire la sentence de Brutus le constant, qui dist que un prince doit
congnoistre que sa vie est ainsi comme ou millieu du monde, et qu’il n’est pas
nez ne ordonné a estre seigneur pour lui, mais est establi pour le bien d’un
chascun. Et comme de rechief dist Saluste au propos de Marius que homme qui
est eslevé en puissance, si que seigneurs sont, se doit par vertu tousjours
monstrer digne de plus grant dignité qu’il n’a, qui est a entendre que les vertus
de prince doivent surmonter toute puissance. Mais au propos contre le mauvais
prince ou princes, n’est pas doubte que ainsi comme [f. 55c] les vertus tiennent
le roy aimié ou païs en longue duree et le corage du seigneur en seureté, les
vices, par crainte, tourmentent le courage du mauvais prince, auquel propos dist
Orace : comment pourra mengier aisé les chieres et delicatives viandes a sa table
le mauvais a qui le glaive pent sur la teste a un petit filet, qui est a entendre que
la pugnicion de Nostreseigneur puet venir soubtainement sur le mauvais.
Ces critiques acerbes, reprochant à Jean Sans Peur sa lourde responsabilité
dans les violences du printemps et de l’été 1413, furent substituées, après un
certain laps de temps, à un passage de l’exemplar que Christine, en cours de
copie, avait décidé de ne pas reproduire tel quel dans le manuscrit destiné au
duc de Bourgogne. Si un tel remaniement différé est fort insolite du point de
Introduction 693

vue codicologique, il n’est pas sans soulever quelques problèmes sur le plan
historique. Comment l’interpréter ? Traduirait-il une soudaine volte-face de
Christine qui, après avoir beaucoup hésité (l’espace réservé en témoigne), aurait
pris la courageuse décision de tourner le dos à son indigne mécène ?
Il est donc important d’essayer de connaître le contenu de cette partie du
texte de l’exemplar qui, peut-être avait été jugée, réflexion faite, trop anodine.
Cependant, le manuscrit de Jean sans Peur étant le seul original parvenu jusqu’à
nous, il faut recourir à une copie tardive, le ms. BnF, fr. 1182, datable de la
seconde moitié du quinzième siècle. Heureusement, comme le montre les
éditions, il ne présente que peu de variantes textuelles par rapport au ms. 10366
de Bruxelles, à l’exception de la seconde moitié de III, 4 et de quelques lignes
du chapitre suivant.
Comme on pouvait s’y attendre, ce manuscrit nous livre un passage
sensiblement différent et un peu plus court qui, sans nul doute, reproduit le
texte d’un témoin original, peut-être l’exemplaire de Jean de Berry9 :
[et pour ces choses faire], mouvera grant guerre affin de tout espouenter ou
couvertement par divers agaiz ; fera faire divers murdres et destestables maulx.
Et neantmoins quelque mauvaistié qui par lui soit perpetree, vouldra par son
grant orgueil, oultrecuidance et arogant presompcion porter et soustenir son tort
ou mauvaise cause et querelle contre celui ou ceulx qui ara offencé, et par
puissance, que d’armes, que d’agaiz et diverses cautelles, s’efforcera de soustenir
son faulx principe, et mesmement par couleur de droit taschera a la destruction
de la partie ou des parties, pour ce que a cause de son tort sara bien que ilz sont
ses ennemys, ne amer ne le doivent. Et pour actaindre a ses conclusions
trouvera voies obliques, malureusement, par mauvais moyens de gens pervers
comme luy, flateurs a cause de salaire ou diverses benefices que de lui recevront
pour espandre renommee par tout par escript ou de bouche que justement et a
bonne cause fait ce qu’il fait, et par iceulx moiennant diverses fraudes, c’est
assavoir les ungs par paour, autres par promesses, autres par dons, pervertira
moult de gens, dont grant cedicion sourdra en mains lieux, par quoy maulx
infinis vendront a la contree, tant en occisions comme en diverses destructions.
Mais neantmoins le detestable tirant ou detestables tirans qui ce ont fait ou
pourroient faire par leur tres grant cruaulté ameroient mieulx que tout le monde
fust periz et eulx ceulz demourassent que eulx desister de leurs oultrages ne
humilier leurs courages a recognoistre leur tort, n’a eulx amander a faire
satisfaction a ceulx qu’ilz avoient offencé n’en faire paix. Ains tousjours
maintendront leur tort de pis en pis. (ff. 72v-73r.)
Nous découvrons ainsi que, bien loin de manquer de vigueur, comme on
aurait pu l’imaginer, le texte d’origine contenait une critique encore plus sévère
à l’égard du duc de Bourgogne, rappelant le meurtre de son cousin Louis
d’Orléans (divers murdres) et la tentative de justification de ce crime par la
propagande, notamment le sermon prônant le tyrannicide prononcé par Jean

9 T. Van Hemelryck signale l’importance de ce passage et de celui du f. 74v cité ci-dessous dans
C de P, Livre de Paix, 2008, pp. 45-48.
694 Fais d’armes et de chevalerie et Livre de paix

Petit en mars 1408 (espandre renommee par tout par escript ou de bouche), dont
Christine retourne les arguments contre son auteur : le « detestable tirant », ce
n’est pas la victime, mais bien plutôt le commanditaire du meurtre, grisé par les
louanges des flatteurs.
Le deuxième passage que Christine a changé dans le ms. 10366 de Bruxelles
est beaucoup plus court ; il se situe vers la fin de III, 5 (f. 56d). À cet endroit, le
parchemin a été gratté sur cinq interlignes, mais le nouveau texte en occupe
moins de quatre, ce qui laisse une lacune bien visible :
[Je demande se le peuple et toute gent se rebelloient contre un tel seigneur] veu
que tant se sentiroient oppressez & sicomme en extreme neccessité se merveilles
seroit.
Le passage correspondant du ms. de Paris est, là aussi, plus sévère et sonne,
sinon comme une incitation au meurtre, tout au moins comme une prédiction
du sort qui attendait Jean sans Peur sur le pont de Montereau quelque cinq ans
plus tard :
[Je demande se le peuple et toute gent se rebelloient contre un tel seigneur] et le
defficent nonpas seulement de sa seigneurie mais du siecle, quelle merveille ?
(f. 74v.)
On le voit, Christine, ulcérée par l’expérience qu’elle vient de vivre à Paris
pendant les quelques mois de la violente domination cabochienne qu’avait
encouragée le duc de Bourgogne, rejette toute impartialité et rejoint la position
qui était déjà celle de Gerson, et qui avait attiré sur ce dernier la vindicte de Jean
sans Peur, jusqu’alors son protecteur. On pourrait, certes, observer que
Christine prenait alors bien moins de risques que n’en avait pris le chancelier,
quelques années auparavant, en s’opposant au duc de Bourgogne, puisque, à
cette date (fin 1413), celui-ci venait d’être vaincu et banni de la capitale par le
jeune duc Charles d’Orléans et son beau-père Bernard d’Armagnac, chef de la
coalition, que le dauphin Louis avait appelé à l’aide. Il n’empêche que les idées
qu’elle a développées dans le Livre de paix10 en particulier au sujet du
gouvernement populaire sont exactement celles que Gerson avait exprimées
dans plusieurs de ses œuvres. Une fois de plus, le rapprochement s’impose
entre Christine et celui qui l’avait soutenue à l’époque de la fameuse querelle sur
le Roman de la Rose.
Pourquoi, sans rien lâcher de ses critiques, Christine tenait-elle à en atténuer
quelque peu la virulence ? Pensait-elle sauvegarder ainsi l’éventualité d’une
réconciliation ? Peut-être ne le saura-t-on jamais, car aucun document ne
semble subsister qui fasse état de contacts ultérieurs entre elle et le duc de
Bourgogne.

10 Le contenu de cet ouvrage et les événements qui l’accompagnaient sont très clairement résumés
dans Willard 1984, pp. 189-193.
F. 3r © Bruxelles, KBR
{52} Bruxelles, KBR, 10476
Le livre de fais d’armes et de chevalerie

CONTENU
F. 1 a-b « Cy commence la table des Rubriches du livre de fais d’armes et de ch(eva)l(e)rie lequel dit livre est parti
en .iiij. parties …–… Item la iiije. partie p(ar)le de drois d’armes en fait [1b] de sauf conduit de treves et marque
/ et puis de champ de bataille. ».
Ff. 1b-2b « Cy commencent les chapitres de la premiere p(ar)tie Le premier chappitre est le prologue ouquel
(crist)ine se excuse d’avoir osé empre(n)dre a parler de si haulte matiere que est contenue oudit livre .J.
…−… I tem Recapitule en brief aucunes choses des ordres dictes. .xxix ».
Ff. 3a-42d « Cy co(m)mence le livre de fais d’armes et de ch(eva)l(e)rie…1 POurce que
hardement est tant neccessaire a haultes choses emprendre …−… plus par fain que par fer. Cy
fine la premiere partie de l’ordre et maniere de ce present livre. »2.
Ff. 43a-44a « Cy commence la table des Rubriches de la ij.e partie de ce livre laq(ue)lle parle des cautelles d’armes
selon frontin que il appelle stratagemes de l’ordre et maniere de combatre et deffendre chastiaulx et villes selon vegece
et aut(re)s aucteurs et de donner bataille en fleuves et en mer Le premier chappitre dit de Scipion. J. …−… Item
commence a parler des batailles qui se fo(n)t par mer les garnisons de deffence qui affierent a gent qui vont en armes
sur mer. xxxviij. Cy fine la table des Rubriches de la ije. partie de ce livre »3.
Ff. 45a-78d « Cy commence la ije. partie de ce livre qui premierem(en)t parle des cautelles
d’arm(es). Le premier chappitre dit de Scipion l’African. J. En ceste ije. partie aprés ce q(ue)
avo(n)s devisé selon vegece …−… de nouvelles choses q(ue) l’ancie(n)ne doctrine n’en a
demonstré. Cy fine la .ije. partie de ce present livre. ».
Ff. 79a-80b « Cy commence la table des Rebriches de la. iije. partie de ce livre Laquelle
partie parle de droit d’armes selon les loys & droit escript. p(re)mier chap(itre). Le premier
chappitre devise par quel moyen (crist)ine adjousta a ce livre ce qui est dit en droit des fais des armes ij.e … −…
Item se un ge(n)til ho(m)me prisonnier de guerre doit mieulx amer mourir q(ue) brisier son serement & sa
promesse. C’est la fin des Rebriches des chapitres de la tierce partie de ce livre. »4.
Ff. 80c-107b « Cy co(m)mence la iije partie de ce livre laq(ue)lle p(ar)le de droit de
rom(me) selon les loys […] Ainsi que je tendoye a entrer en ceste tierce partie …−… selon juste dro(it)
d’armes. Explicit. »
Ff. 107c-108b « Cy co(m)mence la table des Rebriches de la iiije. partie de ce livre La
quelle parle des drois d’armes en fait de sauf conduit de treves de marque & puis de
cha(m)p de bataille .J. …−… Item la fin du livre. »
Ff. 108c-132c « Cy co(m)me(n)ce la quarte p(ar)tie de ce livre laq(ue)lle p(ar)le de droit
d’armes… Au comme(n)cement de ceste quarte partie tresch(ie)r maistre vueil saillir en autre
differe(n)t propos de guerre …−… Et dycestes .vj. couleurs sont differenciees toutes armes &
banieres par diverses devises. prinses par haultesce des le te(m)ps tres ancien ».

1 Cette rubrique s’étend sur les deux colonnes, de chaque côté de la décoration en entrecolonne qui
était sans doute déjà en place.
2 L’explicit semble avoir été ajouté dans un temps différent : l’encre est plus claire, l’écriture plus
grande et plus soignée, la plume plus fine.
3 Comme le précédent, cet explicit semble ajouté dans un deuxième temps.
4 Cette troisième table témoigne d’une grande négligence. Le premier chapitre est numéroté 2, après
la rubrique initiale qui ne devrait pas porter de numéro mais est numérotée 1, plusieurs intitulés (4,
8, 11, 15, 19, 20, 22, 28) ne sont pas numérotés, et on saute de 24 à 26.
698 Fais d’armes et de chevalerie

HISTOIRE
Date : vers 1410, date de composition de l’ouvrage. Le texte de ce ms. paraît
légèrement antérieur à l’autre exemplaire original des Fais d’armes, BnF, fr. 6035.
Les rubriques contiennent quelques confusions que le ms. de Paris résout et
une lacune6 ; les trois premières tables ont été faites après l’achèvement du
texte7. Ce témoin comporte certains passages ajoutés dont le plus significatif, au
chap. I, 23 (f. 36c)8, est un éloge de la victoire de Jean sans Peur à Liège, ajout
sans doute antérieur au départ du duc de la capitale en 1413.
Possesseurs : vraisemblablement Jean sans Peur, dont les exploits militaires
font l’objet d’un ajout (dans un cahier réaménagé) ; Philippe le Bon (le ms. est
mentionné pour la première fois dans les inventaires de Bourgogne en 1467-
14699) ; Charles le Téméraire (Inv. 1485-1487)10 ; Maximilien Ier ; Charles-Quint
(Inv. 1535)11 ; Philippe II (Inv. 1577, nº 275)12. Anciennes cotes : 93(bis)13, 238
(Sanderus)14. Estampilles de la Bibliothèque royale et de la BN (République
française) aux ff. 1r et 132v.
Ajouts plus tardifs : inscription à la contregarde sup. : « 130 feuillet » ; la
même main a écrit le titre Le livre des faits d’armes & de chevallerie en m/t, f. 1r.
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (295 x 210 mm)15 : 132 + I16. Tous les ff. présentent
en m/q une tache d’humidité, plus grande sur ceux du début. Quelques pièces

5 Gaspar et Lyna (I, 1, p. 458) jugent « certain » que l’enluminure de Bruxelles « a servi de modèle » à
celle de Paris.
6 F. 132c ; BnF fr. 603 donne ici le mot sinople.
7 La première, aux ff. 1a-2b, est d’une encre plus foncée que le texte qui suit après le f. 2v, réglé mais
inemployé, et le bifeuillet sur lequel il est écrit est plus petit que les autres ff. (v. note 14) ; la
deuxième (ff. 43a-44a) est d’une écriture plus soignée que celle qui précède et qui suit et laisse trois
colonnes inemployées (mais réglées) avant le début du texte de la IIe partie au f. 45a ; la troisième
(ff. 79a-80b), qui commence d’une couleur d’encre plus claire que celle qui précède, semble avoir
été faite dans un temps différent.
8 À la suite de ce passage, X a ajouté, d’une encre plus foncée, sans doute plus tard, un long
paragraphe sur les engins de guerre.
9 Barrois 1830, nº 963 : Ung autre livre en parchemin couvert d’ais rougastres bien cloués, intitulé au dehors : C’est
ung livre nomé le ‘Livre des fais d’armes’ ; comançant au second feuillet après la table, ‘De fer et d’acier’, et au
dernier, ‘la loy que chose n’est’.
10 Barrois 1830, n° 1822.
11 Michelant 1872, pp. 289-290.
12 Marchal 1842, 1, p. cclvi, no 275. Il figure aussi dans l’inventaire de Franquen (1731) sous le n° 375
et dans celui de Gerard sous le no 612.
13 Cote écrite à l’encre brune sur une étiquette ronde de parchemin ou de papier bruni collée à la
contregarde sup. Selon Marguerite Debae, que nous remercions vivement ici, il s’agit d’une cote
aléatoire attribuée par la Bibliothèque de Bourgogne au cours des deux décennies suivant le retour
du ms. en 1815.
14 Cote inscrite à l’encre à la contregarde sup. ; voir Marchal 1842, t. 1, p. cclvi. Marchal donne aussi
les cotes Franquen (375) et Gerard (612) qui ne figurent pas sur le ms.
15 Les deux premiers ff., qui contiennent la première table, sont plus petits que les autres, d’à peu
près 5 mm en longueur et en largeur.
{52} Bruxelles, KBR, 10476 699

ajoutées17, une couture et une lisière au f. 94 et quelques petits trous18. Le f. 36,


qui contient deux ajouts (sur Jean sans Peur et sur les engins de guerre) est plus
mince que les autres. Plusieurs ff. sont très brunis, le f. 28 étant d’une teinte
particulièrement foncée. La règle du vis-à-vis est respectée sauf aux ff. 36-37,
disposés p/c, et 44-45, disposés c/p.
Encres : brun moyen ff. 3 – 65b l. 4 et 71d – 78d ; brun clair ff. 35b l. 26 –
36c l. 1419 et 79a – 79c l. 26 ; brun foncé ff. 1-2, 36c l. 15 – 36d20, 65b l. 5 – 71c
et 79c l. 27 – fin. Encre des rubriques rouge vif.
Préparation
Piqûres : entre 1-8 piqûres maîtresses par f., le plus souvent 6 en m/t et
m/p. Tantôt rondes, tantôt triangulaires, tantôt rectilignes (fentes), elles ont été
pratiquées avec différents instruments. À partir du f. 79 (début IIIe partie), on
trouve surtout 4 piqûres délimitant la justification.
Réglure : à la mine de plomb ; les lignes, le plus souvent fines et grises,
deviennent plus foncées et plus épaisses aux derniers ff. du ms21.
Mise en page : (f. 7r, milieu du 2e cahier) : 295 x 205 mm = 37 + <187> +
71 x 19 +<52> + 19 + <57> + 58 mm. Justification 187 x 128 mm ; 2 cols, 31
interlignes, parfois 32 ou 33.
Organisation
Cahier Feuillets Signature Cahier Feuillets Signature
12 1-2 (table) a 108 69-76 k
28 3-10 1110 77-86 c
38 11-18 128 87-94
48 19-26 138 95-102 c
58 27-34 148 103-110
69 (10-1) ♥ 35-43 (trace) 158 111-118
78 (9-1) ♠ 44-52 168 119-126 f
88 53-60 178 127-contreg.
inf.
98 61-68 (trace)

16 Contregardes en parchemin d’origine. La garde et la contregarde inf. sont réglées à la mine de


plomb grise, comme le reste du ms.
17 Ff. 16, 50, 95, 104, 122.
18 Ff. 1, 12, 37.
19 Le passage rajouté sur Jean sans Peur se trouve au f. 36c ll. 4-14. L’écriture de ce passage a un
aspect flou, le parchemin, très fin et peut-être gratté, ayant absorbé l’encre.
20 Christine ajoute ici un passage sur les engins et cautelles qui ne se trouve pas dans le ms. BnF, fr. 603 ;
l’aurait-elle ajouté plus tard, lors de la transcription de la quatrième partie du ms., qui elle aussi
utilise une encre foncée, pour combler un vide jugé trop important ? Pour le texte, voir rubrique
« Corrections ».
21 Ff. 130r-fin.

Talon entre les ff. 42 et 43, il était solidaire du f. 36.

Talon entre les ff. 52 et 53, il était solidaire du f. 44.
700 Fais d’armes et de chevalerie

Les quelques signatures qui subsistent consistent en une lettre suivie d’un
chiffre romain, tracés à l’encre brune. La première, tracée à l’encre noire à l’aide
d’un instrument très fin, est sans doute de la main E.
Réclames : de la main du texte ; le f. 43 en est dépourvu. Jusqu’au f. 76,
elles sont d’une écriture sobre, d’assez petit module, parfois ornées d’un
paraphe simple22. À partir du f. 86, elles sont d’un style souvent plus orné23,
plus grandes et aussi plus visibles, l’encre de cette partie étant de teinte foncée.

Ff. 118v (réclame) et 119r © Bruxelles, KBR


Travail d’écriture
Texte : Main X.
Style : cursive livresque plutôt rapide. L’écriture de la troisième table
(ff. 79a-80b) et de la quatrième partie (ff. 198c-fin) est particulièrement rapide.
Ponctuation : assez riche, mais peu variée : virgule et, plus rarement,
point, celui-ci utilisé surtout en fin de ligne24.
Rubriques : X. Pour remplir le trop grand espace laissé, X utilise des
formules comme Premier chapitre au lieu du chiffre romain habituel. Les
rubriques semblent faites après le travail de l’ornemaniste car elles mangent sur
l’or de la lettrine (voir ff. 64b, 80c et 108c). On constate des problèmes de
numérotation25.
Corrections et modifications : ce ms. contient plusieurs additions de la
main X dont le texte ne figure pas dans l’autre ms. original de cet ouvrage, BnF,
fr. 603. La plus significative, dans une perspective politique, est la référence
élogieuse à la victoire de Jean Sans Peur à Liège26, suivie d’un paragraphe

22 Le paraphe au f. 68v comporte deux petits ronds jaunes.


23 La réclame Fonde au f. 118v en est l’exemple le plus frappant.
24 Parfois il semble jouer un rôle purement décoratif ; p. ex. et sembleroit que si. veu, f. 108d ll. 30-1.
25 Dans la deuxième table, les deux derniers intitulés sont fondus en un seul, numéroté xxxviij. Dans
le texte, les chapitres de cette partie ne sont pas numérotés après le 16e (f. 60a), jusqu’au 38e et 39e
(ff. 77a, 78) qui sont tous les deux numérotés à tort xxxvij d’une encre rouge plus foncée que la
rubrique. D’ailleurs, vers la fin du seizième chapitre, une rubrique interne est introduite (Pour
contreminer) ce qui explique peut-être l’absence de numéros pour les chapitres qui suivent. Le ms.
BnF, fr. 603 n’a pas de rubrique correspondante, mais au f. 37a un début de phrase : Item pour la
contremine, qui introduit les mêmes engins détaillés ici. Une confusion similaire marque la troisième
partie, où la table donne 27 intitulés (et un dernier non numéroté) pour 25 chapitres dans le texte.
V. note 4.
26 [Et semblablement] fu fait n’a moult de temps a la bataille du liege ou Jehan duc de bourgoigne qui est en vie fils de
phelippe filz de Roy de france atout assez petite quantité de bonnes gens d’armes fu victorieux contre xxvm liegoys
(I, 23, f. 36c). Ce rappel de la victoire de Liège est suivi d’un plus long passage, d’une encre
beaucoup plus foncée, traitant des machines de guerre : Et est assavoir que meismes ou temps ancien
s’aidoient en leurs batailles de plusieurs manieres d’engins / et cautelles pour rompre les batailles si que Ja est dit cy
{52} Bruxelles, KBR, 10476 701

traitant des engins de guerre. Deux autres, moins importantes, figurent ici aux
ff. 63v en m/g, 80a, 82b, 87b27. Par ailleurs, X a fait ici un petit nombre de
corrections, soit sur grattage28, soit par ajout29, d’une encre un peu plus foncée
que celle du texte.
Décoration : ornemaniste « aux trèfles ».
Bordures
F. 3r : fine baguette en bas, deux verticales dont une faisant corps avec la
lettrine, et entrecolonne, formant diptyque, terminées en fer de lance en
haut et en volutes de fleurettes en bas, à vigneture or sur fil fleurie de
bleu et rose, rinceaux de feuilles gouttes, et brins dans les mêmes
couleurs. La baguette de l’entrecolonne sert de piédestal à l’enluminure.
Quelques gouttes sont restées sans peinture en m/t et m/q. Le dessin de
mise en place de la vigneture, fait à la pointe d’argent, est visible, y
compris pour les fleurettes.
F. 45a (début IIe partie) : fine baguette terminée en fer de lance (séparée
de la lettrine) à vigneture or sur fil fleurie (certaines fleurs triangulaires
ornées de points), et brins. Le dessin de mise en place des vignetures est
encore visible sous forme de lignes de pointillés.
F. 80c (début IIIe partie) : fine baguette intégrant la lettrine, avec
vigneture délicate très vrillée à feuilles, « gouttes », hérissons d’or et
fleurs en triangles, tréflées ou quadrilobes.
F. 108c (début IVe partie) : fine baguette intégrant la lettrine, à vigneture
sur fil au dessin appuyé avec feuilles d’or, feuilles gouttes et fleurs en
triangle or, bleues et orangées. Le dessin de mise en place de la vigneture
est visible.
Lettrines
F. 3a (début Ire partie) : P bleu (5) sur rose, à remplissage d’or bruni orné
de fleuretures tréflées orange-rose ou bleues (au lieu de la vigneture
habituelle). Les mêmes fleurs trilobées se retrouvent dans les

devant des beufs a tout feu soubz Les queues chaciez vers la partie averse / et meismement usoient des adont de
aucq(ue)s semblables engins de ceulx que on nomme ou temps present Ribaudequins / car tout ainsi estoient assis
sur Roues [36d] ung homme dedens / si comme en ung petit chastel qui tout estoit de fer et traioit de Canon ou de
fort arbaleste / et a chascun costé avoit ung archier / et fers agus y avoit par devant y avoit comme lances / et a force
de gent ou de chevaulx les faisoient plusieurs d’un front aller hurter en l’assemblee des ennemis.
27 Le premier ajout se situe au milieu du chapitre II, 19, sa place indiquée par une croix de Malte : Et
ce cest chose qui puist estre q(ue) de pars soit assigiez ta(nt) mieulx vault / mais s’il y a mo(n)taigne ou autre chose
de quelque part qui l’en garde neantmoins de tous les costez qui sero(n)t mis a delivre y sera mis se estre puet et fera
l’en trencheix ou palis d’un siege a l’aut(re) en maniere que ceulx dedens ne puissent sens dongier saillir hors ; dans
le fr. 603 (f. 38v) ce passage est intégré normalement au texte, mais plus tard dans le chapitre. Le
deuxième rajout est à la Table des matières III, chapitre non numeroté (en 22e place), après le mot
Item : Je suppose q(ue) la guerre de France & d’anglet(er)re se durast si q(ue) lo(n)c temps a fait et au f. 82b,
III, 3 : amie a ce je te Respons q(ue) non obstant ces Raisons. Le premier ajout est absent dans le fr. 603 ; le
deuxième est présent dans le texte, sans le mot amie. Il faut préciser qu’il semble que le ms.
présente une lacune textuelle, juste avant le mot amie, où le fr. 603 donne [ceulx de l’eglise ne se doient
Revenchier] mais vaincre en souffra(n)t. Le troisième ajout, interlinéaire, au f. 87a (III, 8) se guerre y avoit,
ne se trouve pas dans le fr. 603.
28 V. par exemple ff. 15b l. 15, 24d l. 15, 30a l. 20, 52c l. 12, 56b l. 1.
29 Ff. 25b l. 15 : les obeissans ; 79a l. 13 Respont.
702 Fais d’armes et de chevalerie

enroulements aux angles des baguettes. La lettrine est reliée à la baguette


par des palmettes.
F. 45a (début IIe partie) : C bleu (5) sur fond rose à remplissage d’or
bruni orné de fleuretures tréflées.
F. 80c (début IIIe partie) : A rose (6) sur fond d’or bruni et remplissage
de même à fleuretures tréflées roses ou orange ; reliée à la baguette par
des palmettes orangé-rouge au-dessus et bleu en-dessous.
F. 108c (début IVe partie) : A rose (6) sur fond d’or bruni et remplissage
de même à fleuretures tréflées, reliée à la baguette par des palmettes.
Lettres champies : de 2 lignes, au début de chaque chapitre à partir du 2e
de chaque partie et au début de la deuxième table (f. 43a).
Lettres cadelées : de nombreuses lettres cadelées dessinées par X, avec des
visages (ff. 91c, 92c, 100c, 116b, 119a, 126c, 132c), des palmettes (f. 102a), des
têtes d’animal (ff. 103d, 105c) et, pour la première fois dans les mss de
Christine, des feuilles d’acanthe (ff. 92c, 99c, 102a, 103a, 110c, 111a, 122b, 125v
m/g, 132c). Les feuilles d’acanthe, introduites d’Italie par le Maître des Initiales
de Bruxelles, sont une nouveauté dans l’art parisien de l’époque30.

Ff. 125v et 103r © Bruxelles, KBR


Pieds-de-mouche : champis. Tous ont, comme ceux de la deuxième partie du
ms. KBR 10366 (à partir du f. 41) le trait sup. allongé, et la dorure qui déborde
souvent. La deuxième moitié du ms. en fait un usage beaucoup plus restreint
que la première.
Illustration : Maître de la Cité des dames. Par exception, au lieu d’être d’or, le
cadre est d’argent (terni)31, doublé de rose à l’intérieur avec un trait blanc.
F. 3r, 100 x 128 mm, av. rubr. liminaire [Album couleurs, n° 52] : Christine et
Minerve. À g., une maison aux murs roses, ouverte en partie inférieure par une
arcade, laisse voir au-dessus un mur à colombages et enduit blanc et le départ
de deux lucarnes et d’un toit peint d’argent (terni). À l’int., sous un plafond bleu
étoilé, Christine en robe bleue et coiffe blanche est debout devant une huche à
pupitre peinte finement façon bois ; trois livres fermés sont posés dessus : l’un
orangé sur le pupitre, un bleu, et un rose à tranches or sur la huche ; le siège à
haut dossier derrière Christine est pourvu d’un coussin orangé. Minerve en
armure argent sur une jupe orangée parée d’or, tient un penon orangé à pointe
de lance argent. Son épée est coupée par le montant de l’édifice bien que
l’épaule de la déesse passe par-dessus ; la position de Minerve fait ainsi le lien
30 Paris 1400, n° 169B, p. 275.
31 L’argent devenu noir est reconnaissable au verso du folio aux taches sombres que forment tous les
motifs qui en sont peints, y compris les fleurettes de la bordure.
{52} Bruxelles, KBR, 10476 703

entre la scène d’int. avec Christine et les chevaliers à l’ext. La déesse porte un
cercle de ronds d’or qui forme diadème sur ses cheveux blonds. Sur la dr., cinq
chevaux sont alignés sur une diagonale dans un paysage vert moucheté à petits
arbres et casemate ; une tour de guet et mur d’enceinte semblent prolonger la
maison de Christine comme s’il s’agissait d’un lieu fortifié, sur fond de ciel bleu
aussi moucheté avec effet de perspective aérienne. Les chevaliers sont revêtus
d’armures d’argent (terni) ; l’un tient une bannière orange vif à deux croissants
d’argent, un autre porte à son casque un plumeau orange et noir. Le premier
cheval est blanc, les deux jambes avant campées au sol ; le second brun, la
jambe dr. levée ; le troisième noir, la jambe dr. levée aussi ; le quatrième blanc,
la jambe dr. levée ; le cinquième ocre, les deux jambes avant campées au sol, est
le seul à avoir la tête penchée en avant pour brouter un arbuste.
Par exception, au lieu d’être d’or, le cadre est d’argent (terni), doublé de rose à
l’intérieur avec un trait blanc. L’argent est visible au verso du folio, y compris
pour les fleurettes.
Reliure : veau rouge, dos à quatre nerfs décoré de filets dorés qui porte le titre
« FAIS D’ARMES » estampé en majuscules dorées. À l’époque de Charles-
Quint, le volume était « couvert d’ais rougastres bien cloués » et il portait sur le
dos « intitulé au dehors… »32.
BIBLIOGRAPHIE
Barrois 1830, n° 963 (Inv. 1467-1469) et n° 1822 (Inv. 1487). Gaspar et Lyna I, 1, n° 194, I, 1,
pp. 457-458 et I, 2, pl. CXI b.

32 Michelant 1872, p. 289.


F. 1r © Bruxelles, KBR
{53} Bruxelles, KBR, 10366
Le livre de paix

CONTENU
F. 1a–b « Cy commence la tab[le]1 des Rubriches du livre de paix lequel s’adrece a tres
noble et excellent prince monseigneur le duc de guienne …–… Item la iije. partie parle de b(ie)n
gouverner le peuple et la chose publique sur .iij. autres vertus C’est assavoir clemence liberalité & verité ».
F. 1c-d « Les chapitres de la premiere partie. Le premier chapitre est une louenge en Rendant graces a
dieu de la paix. …–… Item encores des bo(n)s serviteurs.2».
Ff 2a–27d « Cy commence le livre de paix lequel s’adrece a tres noble et excellent prince
monseigneur le duc de guyenne ainsné filz du Roy encommencié le p(re)mier Jour de
septembre aprés l’apointem(en)t de la paix juree entre noz seigneurs de fran(n)ce en l’an
mil iiijC. et .xij. … Ex ore infantium et lactantium p(ro)fecisti laude(m) De la bouche des enfans
et des alectans3 …–… [27c] et tel homme doit estre fui et debouté plus que le serpent. [27d] Et
atant fine ceste premiere partie. .Explicit. ».
F. 28a–c « Cy commence la table des Rubriches de la .ije. partie de ce livre – laq(ue)lle ije.
partie fu co(m)menciee le iije. Jour du mois de septembre aprés les convenances de paix Rejurees en la ville de
pontoise et q(ue) noz seigneurs de fra(n)ce vindrent a grant Joye et paix a paris en l’an de grace mil iiijC. et xiij.
[…] Le premier chapitre parle de la grant joye de paix et s’adrece aux seigneurs. …–… Item nomme les no(m)s
d’aucuns bons chevetains et vaillans ch(eva)l(ie)rs et n4 hommes en fait de guerre du temps du susdit Roy charles.
.Explicit la table de la deuxiesme partie. »5.
Ff. 29a–49a « Cy commence la ije p(ar)tie de ce livre laquelle parle a louenge et bien de
paix a l’ennortem(en)t dudit mo(n)s(eigneur) le duc de guienne. Le premier chappitre
p(ar)le de la grant Joye de paix et s’adrece aux seigneurs .J. Qui seminant in lacrimis in
exultacione mete(n)t psalmus. Plus que ne pourroie dire …–… meismem(en)t la force de sa tres
grant puissance qui y estoit emploiee / Et ata(n)t fine la ije. partie de ce livre. .Explicit.
Ff. 49b–50d « Cy commence la table de la tierce partie de ce livre qui parle de b(ie)n
gouverner le peuple et la chose publique sur trois autres vertus C’est assavoir clemence
liberalité et verité. Le premier chappitre p(ar)le en louant la vertu de clemence et benignité en prince. .J. …–
… Item le derrain chapitre et la fin du livre .xlviij. .Explicit. ».
Ff. 51a-108c « Cy commence la iije. et derreniere partie de ce livre laquelle parle de bien
gouverner le peuple et la chose publique […] Le p(re)mier chapitre parle en louant la
vertu de clemence et benignité en p(ri)nce .J. Clemencia non tantum honestiores sed tuciores
prestat / ornamentum enim inperatorum est et certissima salus / tirannorum execrabilis et brevis
potestas est/ Seneca libro de clemencia. En continuant toujours n(ost)re matierelle [sic] paix …–
… et tiengne a memoire moiennant dieu qui en toute grace te p(er)face Ame(n). .Cy fine le livre de
paix ».

1 Les deux dernières lettres (seule une partie du l reste visible) sont recouvertes par une pièce
circulaire de parchemin sans doute destinée à cacher une estampille.
2 La table énumère 15 titres qui, à la différence des rubriques des chapitres, ne sont pas numérotés.
3 Psaume 8 : 3.
4 Le reste de ce mot effacé ; l’éd. Willard apporte une correction silencieuse : nobles.
5 La table énumère 18 titres, là aussi sans numérotation.
706 Livre de paix

HISTOIRE
Date : vers 1414 ; d’après la première table, la première partie de l’ouvrage a été
commencée le 1er septembre 1412 et, d’après la deuxième table, la deuxième
partie n’a été commencée que le 3 septembre 1413.
Possesseurs : sans doute Jean sans Peur, mais le ms. n’apparaît pour la
première fois que dans l’inventaire après décès de Philippe le Bon (1467-
1469)6 ; Charles le Téméraire (Inv. 1485-1487)7 ; Maximilien Ier ; sans doute
Charles Quint8 ; Philippe II (Inv. 1577)9. Au verso de la garde inf. : traces
d’inscriptions partiellement visibles aux UV. Estampille presque entièrement
effacée de la BN aux ff. 1r et 108v ; tampons de la Bibliothèque Royale aux
ff. 1r, 2r, 13r, 30r, 39r, 65r, 83r, 93r, 99r.
Ajouts plus tardifs : Inscription à la contregarde sup., sans doute d’un
bibliothécaire du XVe s. : Livre de La paix.

Contregarde sup. © Bruxelles, KBR


Étiquette avec cote « 10366 » collée au verso de la première garde. Au côté r. de
la 2e garde, de la main maniérée de J. Marchal10 : « 10366 Essai sur les écrits
politiques de Christine de Pisan suivi d’une notice littéraire et de pièces inédites,
par Raimond Thomassy. Paris, de Becourt, 1838, in 8°, de 199 pages ». Au
f. 76v en m/q, note cursive d’un lecteur (XVe s.) : « en orgueil ».
DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (286 x 206 mm) : I (parchemin) + (I, papier) + 108 +
I (parchemin)11. La peau est brunie, surtout du côté verso ; quelques trous12 et
pièces collés13, plusieurs lisières14 et une couture15. La règle du vis-à-vis est
respectée sauf aux ff. mal ordonnés 42-43(44) disposés p/c et 46(45)-47,
disposés c/p. Voir rubrique « Foliotation ».
6 Barrois 1830, n° 1445.
7 Barrois 1830, n° 1910.
8 Il a dû le posséder. Toutefois, il est absent de son inventaire (Michelant 1872).
9 Marchal 1842, 1, p. cclvi, n° 293. Il paraît ensuite dans l’inventaire de Sanderus (1643) sous le
n° 255, celui de Franquen (1797) sous le n° 395, et dans celui de Gerard, sous le n° 445.
10 Nous remercions M. Bernard Bousmanne de cette identification.
11 Contregardes en parchemin d’origine.
12 Ff. 23, 75, 78, 95.
13 Ff. 1, 35.
14 Ff. 16, 41, 51, 54, 49, 88.
15 F. 36, fil disparu.
{53} Bruxelles, KBR, 10366 707

Encres : brun moyen ff. 1-46d, 51b-55a l. 2, 55c l. 14-88v, brun foncé
ff. 47a-51a, 55a l. 3-55c l. 10, et 89r-108c. L’encre des citations latines en marge
paraît légèrement plus claire que celle du texte. Encre des rubriques rouge vif,
rouge rosé au f. 48a.
Préparation
Piqûres : 8 piqûres maîtresses presque à chaque f., 4 se situant à
l’intersection des lignes verticales et horizontales qui marquent la justification,
les 4 autres en m/t et m/q pour délimiter l’entrecolonne. Ce sont parfois des
trous ronds, parfois de petites fentes.
Réglure : à la mine de plomb qui laisse de fines traces grises. Les citations
latines marginales sont sans réglure.
Mise en page (f. 5r) : 286 x 206 mm = 31 + <176> + 79 mm x 30 + <49>
+ 19 + <49> + 59 mm. Justification 176 x 117 mm ; 2 cols, 29 interlignes
(parfois 30), à l’exception du f. 55, où les quatre colonnes comptent
respectivement 33, 36, 32 et 29 LE (en 55c, les 10 premières sont serrées dans 7
interlignes). Voir « Introduction ». L’écriture commence partout sous la
première LR16.
Foliotation : moderne, à l’encre. Les ff. 43-46 sont en désordre (44, 43, 46,
45), le bon ordre étant indiqué par des numéros inscrits au crayon bleu.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
18 1-8 (traits) / A 88 57-64 (traits) / h
28 9-16 (traits) / b 98 65-72 (traits)
38 17-24 (traits) / c 108 73-80 (traits) / k
48 25-32 (traits) / d 118 81-88 (traits) / L
58 33-40 (traits) / 128 89-96 (traits) / m
(traces)
68 41-48 (traits) / F 138 97-104 (traits) / n
78 49-56 (traits) / g 144 105-108
Signatures : plusieurs cahiers, mais pas tous, portent la série complète des
signatures, dont la suite régulière est inhabituelle. Les cahiers 1-3, 7, et 10-13
présentent en plus une première série de signatures, des traits verticaux (de | à
||||) tracés à la mine brunâtre et mesurant à peu près 25 cm.
Réclames : de la main du texte, au bas de la 2e col., écrites antérieurement à
la rubrication17, généralement précédées et suivies d’un paraphe ressemblant à
&18.
Travail d’écriture
Texte : Main X.

16 C de P, Livre de Paix 2008, pp. 44-47.


17 Les réclames aux ff. 56v et 104v correspondent au texte qui suit la rubrique.
18 Celle au f. 56v est précédée et suivie d’un gros point, celles aux ff. 72v, 80v et 88v suivies d’un
point.
708 Livre de paix

Style : cursive calligraphique,


un peu plus arrondie et plus étirée
que d’habitude. La corne du e
« cornu » est faite d’un trait plus
droit et plus proche du corps de la
lettre19.
F. 54v © Bruxelles, KBR

La barre du t est souvent allongée en position finale (voir p. ex. f. 10v, 17v,
94v). À partir de la l. 3 du f. 55a jusqu’à la l. 10 du f. 55c, l’écriture est d’un plus
petit module, en raison d’une modification textuelle (v. « Introduction »).
Corrections : relativement peu nombreuses, faites par X sur grattage20 ou
par ajout en marge ou en interligne. Quelques préparations de correction
cursives X’21.
Rubriques : Main X, remplissent bien l’espace prévu.
Décoration : deux ornemanistes, le premier, « à la résille », est responsable de
la bordure au f. 3r et des trois premières lettrines ; le second, Pierre Gilbert, a
exécuté la bordure et la lettrine du f. 51a.

F. 3r et 51r © Bruxelles, KBR


Bordures
F. 3r : fine baguette double horizontale et deux verticales, à résille de
vigneture sur fil avec fleurs stylisées et au naturel (bleuets, fraises, etc.).
F. 51r (début IIIe partie) : fine baguette double fleuronnée à vigneture or
sur fil. Un brin non terminé : on ne voit que la feuille d’or sur les feuilles
de vigne et le petit rond, et un trait fin du dessin préparatoire ; il manque
le dessin d’encre.
Lettrines
F. 2a (début Ire partie) : D rose (4) sur or à remplissage de vigneture avec
rinceaux fleuris sur fil.
F. 3a (début I, 2) : G bleu (4) sur or à remplissage de vigneture.
F. 29a (début II, 1) : P bleu (4) sur or à remplissage de vigneture, avec
rinceaux sur fil fleuris et brin sur fil.

19 Le ms. KBR 10476 {52} montre déjà cette forme de la lettre à plusieurs endroits ; v. ff. 1r, 42v.
20 Voir par exemple ff. 1b l. 8 : s’asseblerent (tilde oublié sur le premier e) ; 56d ll. 12-16 : veu que tant se
sentiroient oppressez & sico(m)me en extreme e n(e)cc(ess)ité se m(er)veilles seroit Je ; 54d 19 : ses voisins, avec
prép. de corr. en cursive rapide partiellement effacée en m/p.
21 Voir f. 54d, préparation de correction ses voisins partiellement lisible. Au f. 66r, entrecolonne, il
s’agit de tuli(us) pour remplacer l’attribution fautive Aristoteles, qui est barrée.
{53} Bruxelles, KBR, 10366 709

F. 51a (début III, 1) : C rose (4) sur or à remplissage de vigneture.


Lettres champies (2) au début de tous les autres chapitres.
Pieds-de-mouche : champis, dans le texte, devant les citations latines
quand celles-ci sont écrites dans les colonnes (et non dans les marges) et devant
chaque titre des tables. Ils sont l’œuvre de deux ornemanistes ; à partir du f. 41r,
ils ont le trait sup. allongé, et la dorure déborde souvent22.

F. 17r et 58v © Bruxelles, KBR


Illustration : Maître de la Cité des dames.
F. 1r, av. rubr. louenge et beneyçon a mo(n)seigneur de guienne […], 87 x 116
mm [Album couleurs, n° 51] : Christine dans son étude. Dans un édicule gris
partiellememt ouvert par une arcature, Christine, en robe bleue et cornette
blanche, assise dans une chaire de bois, écrit sur le feuillet posé sur un pupitre à
sa table couverte de drap vert. Devant elle, trois livres reliés de bleu, rouge et
rose, tranches dorées, et un encrier. Son étude au sol vert foncé est voûtée en
berceau rouge, avec des fenêtres d’argent (terni). Le côté du bâtiment est
flanqué d’une tourelle. À dr., un ext. dépouillé ne montre qu’un peu de ciel en
perspective aérienne et de terrain verdâtre.
Reliures : veau brun estampé à petits fers sur ais de bois, début XVIe s., reliure
lilloise Gohon23. Le décor est fait de quatre rectangles emboîtés contenant
quatre bandes verticales de petits cartouches. Motifs dans les rectangles, de
l’ext. à l’int. : fleur de lys en losange, agneau pascal, deux oiseaux, fleur de lys en
cercle. Motifs dans les bandes int., de g. à dr. : pélican, dragon, dragon, pélican.
Les inventaires de 1467 et de 1487 font état d’une reliure en cuir rouge (il en
reste des traces sur les bords du f. 108v et des feuillets de garde en parchemin),
celui de 1467 mentionnant aussi « deux cloans et cincq boutons de léton sur
chacun costé ».
BIBLIOGRAPHIE
C de P, Livre de Paix 2008, pp. 41-49. C de P, Livre de la Paix 1958, pp. 46-48. Dogaer & Debae,
p. 130, nº 198. Mss datés Belgique II, A113, p. 74. Ouy 1985. Van Hemelryck 2000.

22 Cette répartition correspond à celle des lettrines entre deux ornemanistes, ce qui permet de
conclure que chacun d’eux avait aussi en charge le décor secondaire.
23 Même type de reliure au ms. Besançon, BM, 423.
Epistre de la prison de vie humaine
Introduction
Paris, BnF, fr. 24786, ff. 36r-97r

Dernier produit connu de l’atelier de Christine (1418), le ms. autographe de


l’Epistre de la prison de vie humaine était à l’origine un volume indépendant ; ce
n’est qu’au XVIIe siècle, du vivant du cardinal de Richelieu, qu’il fut relié avec
un exemplaire du Dialogue entre Raison et le Chevalier pour former le recueil BnF,
fr. 24786. Dépourvu d’illustration, sobrement décoré, le manuscrit porte une
dédicace à Marie de Berry, mais on n’en trouve pas trace dans les inventaires de
cette princesse. Comme dans d’autres cas1, les lacunes qui subsistent dans ce
manuscrit prouvent que jusqu’à la fin de sa carrière, Christine n’attendait pas
toujours d’avoir tout à fait terminé ses ouvrages pour procéder à leur
transcription. Ce texte invitant à la méditation, on peut imaginer que le
manuscrit était destiné à la lecture privée. Des marques de lecture de diverses
époques – certains passages marqués d’un crochet ou d’un autre petit signe,
d’autres soulignés à l’encre, quelques notes en marge – prouvent que l’ouvrage a
été longtemps et attentivement lu.
Vers la fin du manuscrit, Christine révèle la difficulté qu’elle avait eue à
mener à terme cet ouvrage :
pluseurs grans ennuis et troubles de courage qui a cause de maints desplaisirs
qui depuis le temps que je le commençay qui fut des pieça ont mon povre
entendement pour sa foiblece tenu si empeschie en tristes ymaginacions et
pensees qu’il n’a esté en ma puissance de plus tost l’avoir achevé.
Cette évocation du ralentissement de sa productivité se confirme dans le peu
d’ouvrages et le peu de manuscrits produits pendant les cinq années qui
précèdent son départ de Paris en 1418 : on compte le Livre de paix écrit en 1412-
1413, dont on ne connaît qu’un seul manuscrit original (KBR 10366), le dernier
exemplaire de la Cité des dames (BnF, fr. 1178), le célèbre recueil de la Reine,
Harley 4431, présenté en janvier 1414 et l’Epistre de la prison de vie humaine, dont il
subsiste cette seule copie originale, et dont la date donnée à l’explicit
correspond très probablement à celle de l’achèvement du texte et de la
transcription du manuscrit.

1 Les six premiers exemplaires de la Mutacion de Fortune, les quatre originaux du Livre des fais et bonnes
meurs, les deux premiers exemplaires de l’Advision Cristine et les deux exemplaires du Livre du duc des
vrais amans.
F. 36r © Paris, BnF
{54} Paris, BnF, fr. 24786, ff. 36r-97r
L’epistre de la prison de vie humaine

CONTENU1
Ff. 36r-97r « Cy commence l’epistre de la prison de vie humaine et d’avoir Reconfort de
mort d’amis et pacience en adversité POur aucunem(en)t trouver remede & medicine a la
griefve maladie et enfermeté d’amertume de cuer & tristece de pensee …–… [96v] qu’il n’a esté
en ma puissance de plus tost l’avoir achevé que a cestui .xxe. jour [97r] de janvier l’an mil
.CCCCxvij. ».

HISTOIRE
Date : entre janvier 1418 (n. st.), date de l’achèvement de l’œuvre, et mai de
cette même année, date probable du départ de Christine, contrainte par les
événements à quitter Paris. Au reste, la présence de nombreuses et importantes
corrections (v. note 24) suggère une date proche de la composition.
Possesseurs : Berthelemy Du Says (XVe s.)2 ; Le Tournon (XVIe s.)3 ;
Richelieu4, dont cote 174 au f. 36r5 ; Bibliothèque de la Sorbonne, dont
estampille6 et cote Sorb. 1418 aux ff. 1r et 96v7, et notice d’un bibliothécaire au
1 L’autre texte contenu dans ce volume, aux ff. 5r-35v, est le Dialogue entre Raison et le chevalier.
Ces deux ouvrages sont mentionnés séparément dans un catalogue (non daté) de la
bibliothèque de Richelieu (BnF, lat. 10384, f. 53r) : « 172 Dialogues par huitains entre raison
& le Chevalier sur parchemin couvert de cuir in 4to X 5. 23 » et « 174 L’epitaphe de la prison
de vie humaine et d’avoir reconfort de mort, d’amis & patience en adversité par Christine de
Pisan in 4to X 5. 25 ». Les deux ouvrages ont donc été réunis plus tard, mais sans doute avant
la mort de Richelieu (reliure à ses armes).
2 F. 97r : « Ce livre est a moy berthelemy dusays ». Un Barthélemy du Says, d’une famille noble
du Forez, est notaire à Sury-le-Comtal (Loire) à partir de 1471. En 1417, le duc Jean Ier de
Bourbon était devenu comte de Forez. Serait-ce l’exemplaire de dédicace à son épouse, Marie
de Berry ?
3 F. 97r : « Et il a moy Letournon ».
4 Au f. de garde 4v, inscription et signature du libraire Blaise, qui en 1643-1644 dressa, avec
l’aide du bibliothécaire du cardinal, l’inventaire après décès de sa collection : « N. 2766
Blayse » ; Paris, Bibl. Mazarine, 4270, f. 392r, n° 2766 : « Item dialogus par huictains entre
Raison et Chevalier. M. sur velin, rel. marroq. cotté 2766, prisé dix livres… » ; voir aussi
Delisle, Cab., 2, p. 204 et Franklin 1867-1873, 1, p. 273.
5 Paris, BnF, lat. 10384, f. 53r : « n° 174. L’epitaphe de la prison de vie humaine et d’avoir
reconfort de mort, d’amis & patience en adversité par Christine de Pisan in 4to X 5.25 ». Ce
catalogue avait été dressé du vivant du cardinal ; voir Delisle, Cab., 2, p. 204 ; les mêmes
numéros sont réutilisés dans différentes sections du catalogue.
6 Aux ff. 5r, 62r et 96v.
7 La bibliothèque du cardinal, léguée à son petit-neveu Armand de Vignerot, mais placée par
son testament sous la surveillance de la Sorbonne, fut attribuée à cette institution par un arrêt
du Parlement en 1660 ; v. Franklin 1867-1873, 1, pp. 272-275 et Delisle, Cab., 2, pp. 204-205.
Les mss de la Sorbonne furent transportés à la Bibliothèque nationale en 1796 ; v. Delisle,
Cab., 2, pp. 207-208. Le ms. a été estampillé deux fois : aux ff. 5r et 96v, entre 1792-1802 et
714 Epistre de la prison de vie humaine

f. 4v8. Numéro d’inventaire ancien au f. 36r : .iijc xl. suivi d’un paraphe9. Deux
estampilles différentes de la BnF10.
Ajouts plus tardifs : quelques passages soulignés à l’encre noire
ou brune11, certains noms propres en latin notés en marge, de ces
mêmes encres12.
Plusieurs passages sont signalés par un crochet, certains étant
également marqués par de petits signes en marge13.

F. 96v (crochets) © Paris, BnF

DESCRIPTION MATÉRIELLE
Matériaux
Support : parchemin (169 x 123 mm) : 62 + (III : I, parchemin + II-III,
papier)14. Peau assez jaunie, présentant une couture15, une mouche16, des
entailles17 et de petits trous18. La règle du vis-à-vis est toujours respectée.
Encres : brun foncé assez uniforme pour le texte, plus foncée à certains
ff.19 ; encre rouge vif pour les rubriques.
Préparation
Piqûres : aucune trace.
Réglure : à la mine brunâtre très fine, qui laisse des traces presque
imperceptibles20.

une deuxième fois, aux ff. 35v et 36r, entre 1852 et 1870 ; v. Cat. gén. mss lat. 8823-8921,
p. XX, 1re col., 3e fig., et p. XXI, 2e col., 3e fig.
8 « 378. Ce MS de l’année 1417 Contien un dialogue entre raison et le Chevalier Sur la
difference de la vie presente et Celle dont jouissent ceux qui sont mors en la grace de dieu.
Suit Ensuite un livre Contenant les raisons qui doivent faire porter patiament les adversités » ;
v. Delisle, Cab., 2, p. 207, qui attribue cette notice à Gayet de Sansale, bibliothécaire de la
Sorbonne entre 1783-1792.
9 Nous savons grâce à Mme M.-P. Laffitte que ce même paraphe, précédé d’un chiffre romain,
se voit dans de nombreux mss provenant de Richelieu, qui les aurait acquis en bloc, d’un
bibliophile non encore identifié.
10 V. note 7.
11 Ff. 40v, 41r, 46r, 47r.
12 Ff. 40v, « Bernardus » ; 41r, « Helbertus » ; 84r, « Augustin[us] » (rogné).
13 Ff. 37v-44r, 96r-v.
14 Du XVIIe s., portant filigrane de petite grappe de raisin, non trouvé chez Gaudriault.
Contregardes en papier marbré (type « caillouté » selon la classification de Muzerelle).
15 F. 88.
16 F. 90.
17 Ff. 42, 95.
18 Ff. 36, 57, 89.
19 Ff. 44r l. 4 – 51 l. 6, 84-85, 9 premières lignes, 90-97.
{54} Paris, BnF, fr. 24786 715

Mise en page (f. 40r) : 166 x 123 mm = 15 + <106> + 45 mm x 17 +


<77> + 29 mm. Justification 106 x 77 mm ; 18 longues lignes, parfois 1921 ou,
plus rarement, 17, l’écriture commençant sous la première LR.
Organisation
Cahier Feuillets Signatures Cahier Feuillets Signatures
18 36-43 58 68-75
28 44-51 68 76-83
38 52-59 78 84-91
48 60-67 86 92-97
Signatures : aucune trace.
Réclames : par X, courtes22, commençant vers le milieu du f.
Foliotation : moderne, à l’encre.
Travail d’écriture
Texte : Main X23.
Style : cursive calligraphique.
Ponctuation : virgule, le plus souvent, et point.
Corrections : Main X, sur grattage ou rature24. À trois reprises, un ajout
inséré hâtivement en interligne a été effacé et recopié proprement en m/g25.
Rubriques : Main X. Occupent bien la place qui leur est destinée. Deux
interlignes ont été grattés dans la première rubrique au f. 36r.
Décoration : ornemaniste « à la résille ».

20 Le f. 82, où les lignes d’écriture ne sont pas tout à fait droites, semble avoir été réglé par
pliage, mais uniquement de la ligne maîtresse gouttière. La justification du f. 82r est de
99 x 72 mm.
21 Ff. 85v-91r.
22 Elles sont le plus souvent d’un seul mot, une fois de deux mots et une fois d’une seule syllabe
(té, au f. 91v).
23 Deux blancs concernant des prénoms sont laissés dans le texte, devant conte de Nevers au f. 74r
et, au f. 74v, ton autre fille mademoislle … de Bourbon par mariage. Le prénom de la destinataire de
l’ouvrage, que Christine tutoie, est ajouté par X en interligne au f. 36v : dont du quel nombre des
adoulees a ceste cause Redoubtee princesse ma dame \marie/ de Berry duchesse de [37r] Bourbon et
d’auvergne tu n’as pas dont il me poise esté ne mes exempte ne exceptee.
24 Trois passages sont raturés à l’encre brune, aux ff. 64r, 70v, 72v : au f. 64r, au chapitre Cy dit
de la .iiije. Raiso(n) de Reconfort… entre a la quel chose tres noble dame et non recongnoistre seroit
ingratitude : la dieu grace tu n’as pas failli ains dieux mercis en as longuement en plus(ieurs) manieres et
meismement plus q(ue) communem(en)t autres dames n’ont lesquelles chos(es) ; au f. 70v, au chapitre qui
commence par la rubrique De ce meismes entre et il est vray et comme telz dons ne soient mie : a Dieu
en soit la loenge et servis [suivi de et gratté] amez en puist il estre qu’assez souffisamm(en)t tu en es douee ;
je ne le dis et ce scet dieux pour toy flater ne blandir ne donner matiere d’avoir vaine gloire ains tout au
contraire ; et, au même chapitre au f. 72v, entre vivre au monde et et tout vient de dieu : es quelles
choses louez en soit dieux t’a la sus dicte discrection si bien dourmee [sic] que Renommee et ceulx qui ce
congnoissent ne dient le contraire que ainsi ne le faces. Quelques mots sont barrés en rouge, en
particulier le mot servante dans la série Je ton humble servante obeissant au f. 54r. En plus, au f. 37v,
le e est gratté à la fin de deux mots : servant et meu, qui se rapportent à Christine. Le mot
serviteur, se rapportant également à Christine, est un ajout au f. 96v.
25 Mauves au f. 46r, a la foys au f. 48v (le a en interligne n’a pas été effacé) et ainsi au f. 55v.
716 Epistre de la prison de vie humaine

Bordure : f. 36r, début du texte, fine baguette double or bruni et rose/bleue


terminée en fer de lance, à vigneture délicate or, avec quelques notes de bleu et
de rose foncé.
Initiale ornée : f. 36r (début du texte) : P rose foncé (5) sur or à
remplissage de vigneture, relié à la baguette.
Lettres champies de deux interlignes au début des chapitres à partir du
deuxième.
Reliure : maroquin rouge avec double encadrement de trois filets d’or et aux
armes de Richelieu26. Dos à cinq nerfs et trois petites caissons27 portant les
mêmes armes, titre en lettres d’or « DIALOGUE / PAR / HUICTAINS /
ENTRE / RAISON ET LE / CHEVALIER », et étiquette de la BnF portant
la cote. Tranches dorées.
BIBLIOGRAPHIE
C de P, EPVH 1984, pp. 1-2. C de P, EPVH / Epistre a la reine / Lamentacion 1984, pp. xxx-xxxi.
Solente 1924.

COMMENTAIRE
Ce manuscrit, unique témoin de l’Epistre, est le dernier produit dans l’atelier de
Christine de Pizan, puisqu’il ne subsiste aucun original des deux seules œuvres
ultérieures connues (Heures de contemplacion et Ditié de Jehanne d’Arc).
À la fin de ce manuscrit, l’auteur nomme
la ville où elle a vécu depuis son enfance
et qu’il lui faudra bientôt quitter :
Escript a Paris par moy Cristine de Pizan / ton humble
& obeissant \serviteur/ suppliant (f. 96r-v).
F. 96v © Paris, BnF
La présence ici de trois importants passages
raturés (v. note 24) est un cas unique dans
l’ensemble des manuscrits autographes de
Christine, et témoigne de la précipitation qui
présida à la finition de ce manuscrit.

F. 64r © Paris, BnF

26 Pour une reproduction de cette reliure, v. Franklin 1867-1873, 1, p. 277, 2e fig.


27 V. reproduction ibidem, p. 278, 2e fig.
Bibliographie générale

1. Catalogues, Inventaires, Catalogues d’exposition, Dictionnaires


1.1. Sources manuscrites
Arsenal ms. 6282 Catalogue raisonné d’une grande bibliothèque, t. 4, Science et Arts, nos 1-745 [catalogue
de la bibliothèque du marquis de Paulmy, 19 t.].
Bacchini, Registro B. Bacchini, Registro de Manuscritti (sic) della biblioteca del Ser.mo Sig.r Duca di
Modena.
Besançon, BM, 1268 Inventaire des Manuscrits, Livres, Medailles, Peintures, Pieds d’estaux, donnés par
Monsieur l’Abbé Boizot, pour une Bibliotheque publique à Besançon. 1694.
Besançon, BM, 1271 Anno Domini 1732. Catalogus librorum quos, per manus religiosorum Abbatiae
Sancti Vincentii Bisuntini, publici juris esse voluerunt bibliothecae fundator, anno 1694, illustrissimus ac
reverendissimus D. dominus J.-B. Boisot, Sancti Vincentii abbas, et ceteri benefactores D. D. Chifflet, in suprema
curia senator., D. D. Duchasne, J. V. doctor.
Besançon, BM, 1273 Catalogue des livres qui se sont trouvés dans la Bibliothèque publique de Besançon chez
les RR. PP. Bénédictins, commencé par Mrs du Magistrat le 5 juillet 1762.
Besançon, BM, Chifflet 47 Inventaire des livres manuscripts tant latins françois grecques espagnolz Italiens
qu’en Langue Arabesque.
Bibl. Mazarine, 4270 Inventaire des livres de feu Monseigneur le cardinal duc de Richeieu, fet par
Mos. T. Blaise.
BnF, Cinq Cents de Colbert 128 Inventaire original des joyaux, tapisseries, livres et vaisselle de
l’archiduchesse Marguerite I d’Autriche, à Malines (1523-1524).
BnF, Cinq Cents de Colbert 129 Inventaire des joyaux, tapisseries, livres et vaisselle de Charles-Quint à
Bruxelles (1536).
BnF, Cinq Cents de Colbert 130 Inventaire original des joyaux, tapisseries, livres et vaisselle de Philippe
II, roi d’Espagne, à Bruxelles (1569).
BnF, fr. 32511 Extrait du premier compte de François de Marly Tresorier et Recevoir general des finances de
monseign(eu)r Loys aisné fils deu roy Duc de Guyenne.
BnF, fr. 22335, ff. 267-277 Inventaire de la Librairie du Château de Cognac, 1496 [inventaire de la
collection du comte Charles d’Angoulême, fils de Jean d’Angoulême et père de François Ier].
BnF, Dupuy 488 Paris, BnF, Dupuy 488, ff. 210-221, Inventaire des livres qui sont en la librairie du
chasteau de Molins par Pierre Anthoine, conseiller au Grand Conseil, 19 sept. 1523 [inventaire des livres du
duc de Bourbon confisqués par François Ier].
BnF, lat. 10384 Catalogus Bibliothecae Cardinalis Richelii [rédigé du vivant du cardinal].
BnF, Moreau 1436 Livres manuscrits in folo et in 4to qui sont chez Mr de Ste Palaye qui les a vendus au roy et
qui ont été accordés a Mr le marquis de Paulmy en échange des manuscrits historiques dont il a remis le catalogue a
Mr le garde des sceaux et qu’il livrera a Mr Moreau a sa premiere Réquisition.
BnF, Moreau 1654 Lacurne de Sainte-Palaye, Notices de Mss de France, 1, not. 1-200 ; Suite des
Notices de Mss de France, 2, not. 201-400.
BnF, Moreau 1655 Lacurne de Sainte-Palaye, Suite des notices de Mss de France, 3, not. 401-600.
BnF, nafr., 5419 Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque des princes de Condé transportés à la
Bibliothèque nationale puis rendus au prince de Condé et aujourd’hui à Chantilly, 2.
BnF, nafr., 5494 Manuscrits de la Bibliothèque Royale, XLVI, Supplément français 2, nos 201-400.
Boston Public Library Boston Public Library Mediaeval Manuscript Collection (Draft – 12/15/2008),
éd. A. Rutledge et R. Hanson, Boston.
718 Bibliographie générale

Chantilly, Bibl. du Château, 1234 [Inventaire dressé après la condamnation du Grand Condé
(20 avril-14 juillet 1654)].
Ciocchi, Catalogo C. Ciocchi, Catalogo generale dei manoscritti del fondo estense diviso in cinque parti
[XVIIe s.].
Concordance 1895 Concordance des numéros anciens et des numéros actuels des manuscrits des fonds divers de
la Bibliothèque nationale, 1895.
KBR 11675-76 Inventaire des meubles de Philippe II, 2 vols [Inventaire dit de Viglius 1577 (vers
1580)].
Leiden, Universiteitsbibliotheek, Voss. lat. Q. 76 Catalogus manuscriptorum librorum bibliothecae
[…] Alexandri Petavii Senatoris Parisiensis.
Vat. lat. 8171 Catalogus librorum manuscriptorum Sermae Christinae Reginae Sueciae qui Antverpae
reperiuntur (1655), Vat., lat. 8171, ff. 174r-404v [ce catalogue fait état des manuscrits ayant
appartenu à Alexandre Petau].

1.2. Sources imprimées


Anne de Montmorency : 400e anniversaire Anne de Montmorency : 400e anniversaire de sa mort,
Exposition, Chantilly, Château de Chantilly/Musée Condé, 1967.
Arnauldet, Inv. Blois P. ARNAULDET, « Inventaire de la librairie du château de Blois en 1518 »,
dans Le bibliographe moderne, 6 (1902), 7 (1903), 8 (1904), 11 (1907), 14 (1910), 18 (1916-1917).
Ashburnham Library 1901 The Ashburnham Library. Catalogue of the Portion of the Famous Collection of
Manuscripts, the Property of the Rt. Hon. The Earl of Ashburnham, Known as the Barrois Collection, which
will be sold by auction by Messrs. Sotheby’s, Wilkinson and Hodge […] on Monday, the 10th day of June,
1901, and four following days, Londres, 1901.
Barrois 1830 J. BARROIS, Bibliothéque [sic] protypographique, ou librairies des fils du roi Jean, Charles V,
Jean de Berri, Philippe de Bourgogne et les siens, Paris, Crapelet, 1830.
Bénédictins de Bouveret, Colophons Bénédictins de Bouveret, Colophons de Manuscrits
Occidentaux des Origines au XVIe siècle, 6 vols, Fribourg, PU, 1965-1982.
Bérès Cat. 66 Pierre Bérès, Manuscrits et enluminures du XIe au XVIe siècle, cat. 66 (1975).
Bibliopoliana. Bibliopoliana [catalogue de la librairie Techener], mars 1896.
Bibliothèque de Granvelle 1992 H. RICHARD, G. MATHIEU et G. TOSCANO (éd.), Bibliothèque de
Granvelle [exposition], 2 oct – 12 déc 1992 [catalogue d’exposition], Besançon/Paris, Bibliothèque
d’étude et de conservation/Fédération française de coopération entre bibliothèques, 1992.
Bibliothèque du Louvre La Bibliothèque royale du Louvre, éd. J.-L. DEUFFIC, Saint-Denis, Pecia,
2004.
Briquet 1923 C. M. BRIQUET, Les Filigranes. Dictionnaire historique des marques du papier dès leur
apparition vers 1282 jusqu’en 1600, 4 vols, Leipzig, Karl W. Hiersemann, 1923.
Briquet 1968 The New Briquet, Jubilee Edition. A Facsimile of the 1907 edition with supplementary material
contributed by a number of scholars, éd. A. STEVENSON, 4 vols, Amsterdam, The Paper Publications
Society, 1968.
Bulletin Morgand nov. 1888 Bulletin mensuel de la librairie Damascène Morgand, n° 23, nov. 1888.
Callu et Avril 1975 Fl. CALLU et Fr. AVRIL, Boccace en France. De l’humanisme à l’érotisme, Paris,
Bibliothèque Nationale, 1975.
Camus 1891 J. CAMUS, Notices et extraits des manuscrits français de Modène antérieurs au XVIe siècle,
Modène, E. Sarasino, 1891 [extrait de la Revue des langues romanes, 1891].
Camus 1889 J. CAMUS, I Codidi francesi della regia biblioteca Estense, Modène, Antica Tipografia
Soliani, 1889.
Cat. Arsenal Catalogue des Manuscrits de la Bibliothèque de l’Arsenal, 8 vols, Paris, Plon, 1885-1899.
Cat. Chantilly Chantilly. Le Cabinet des livres. Manuscrits, 3 vols, Paris, Plon-Nourrit, 1900.
Bibliographie générale 719

Cat. Duriez Catalogue des livres, imprimés et manuscrits composant la bibliothèque de feu M. L.-M.-J. Duriez
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d’auteurs français du XVe au XVIIIe siècle. Vente à Paris, Hôtel George V, vendredi 16 juin 1995 à 18h 30.
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720 Bibliographie générale

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volumes sont publiés sous le seul nom de F. Lyna ; l’éditeur scientifique en est Chr. Pantens].
Gaudriault 1995 R. GAUDRIAULT, Filigranes et autres caractéristiques des papiers fabriqués en France aux
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1887-1928 [réimpr. Nendeln (Liechtenstein), Kraus, 1971-1974].
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Guiffrey 1894-1896 J. GUIFFREY, Inventaires de Jean duc de Berry 1401-1416, 2 vols, Paris, Ernest
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Livre au féminin Le Livre au féminin. Exposition à la Bibliothèque Royale de Belgique du 13 décembre
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2. Éditions d’œuvres de Christine de Pizan


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Champion, 2001 (Bibliothèque christinienne, 4).
C de P, Avision 1932 Lavision Christine, éd. Sister M. L. TOWNER, Washington DC, The Catholic
University of America Press, 1932 [réimpr. New York, AMS Press, 1969].
C de P, Cent Balades d’amant et de dame 2010 Cent balades d’amant et de dame,
éd. J.-Fr. KOSTA-THÉFAINE, Clermont-Ferrand, Éditions Paleo, 2010.
C de P, Cent Balades d’amant et de dame 1982 Cent balades d’amant et de dame,
éd. J. CERQUIGLINI, Paris, Union Générale d’éditions, 1982 (10/18, nº 1529).
C de P, Chemin 2000 Le Chemin de longue étude, éd. A. TARNOWSKI, Paris, Librairie Générale
française, 2000 (Lettres gothiques).
C de P, Chemin 1887 Le Livre du chemin de long estude, éd. R. PÜSCHEL, 1887 [réimpr. Slatkine
1974].
C de P, Cité 1998 La Città delle dame, éd. P. CARAFFI et E. J. RICHARDS, Milan, Luni, 1998
[1re éd. 1997].
C de P, Cité 1975 The Livre de la Cité des dames of Christine de Pisan : a Critical Edition,
éd. M. Ch. CURNOW, 2 vols, Vanderbilt University, 1975, thèse.
C de P, Cité 1974 Livre de la cité des dames : Kritische Text-edition auf Grund der sieben überlieferten
‘manuscrits originaux’ des Textes, éd. M. LANGE, Université de Hambourg, 1974, thèse.
C de P, EPVH 1984 Epistre de la prison de vie humaine, éd. A. J. KENNEDY, Glasgow, UP, 1984.
C de P, EPVH/Epistre a la reine/Lamentacion 1984 « The Epistle of the Prison of Human Life »
with « An Epistle to the Queen of France » and « Lament on the Evils of the Civil War », éd. et
trad. J. A. WISMAN, New York, Garland, 1984.
C de P, Débat sur le roman de la Rose 1977 Christine de Pisan, Jean Gerson, Jean de
Montreuil, Gontier et Pierre Col, Débat sur le Roman de la Rose, éd. É. Hicks, Paris, Champion,
1977 (Bibliothèque du XVe siècle, 43).
Bibliographie générale 723

C de P, Duc des vrais amans 1995 Le livre du duc des vrais amans, éd. Th. S. FENSTER,
Binghamton, NY, Medieval & Renaissance Texts and Studies, 1995.
C de P, Epistre a Eustace Morel 2010 Une Epistre a Eustace Morel, éd. J.-Fr. KOSTA-THÉFAINE,
Clermont-Ferrand, Editions Paleo, 2010.
C de P, Epistre a la reine 1988 « Christine de Pizan’s Epistre à la reine (1405) »,
éd. A. J. KENNEDY, dans Revue des langues romanes, 92 (1988), pp. 253-264.
C de P, Epistre au dieu d’Amours/ Dit de la Rose 1990 Poems of Cupid, God of Love : Christine
de Pizan’s Epistre au dieu d’Amours and Dit de la rose, Thomas Hoccleve’s The Letter of Cupid, Editions
and Translations, with George Sewell’s The Proclamation of Cupid, éd. Th. S. FENSTER et M. C. ERLER,
Leyde, E. J. Brill, 1990.
C de P, Epistre Othea 1999 Epistre Othea a Hector, éd. G. Parussa, Genève, Droz,
1999.
C de P, Fais d’armes 1988 Chr. M. LAENNEC, Christine ‘antygrafe’ : Authorship and Self in the Prose
Works of Christine de Pizan with an edition of BN Ms. 603, Le Livre des fais d’armes et de chevallerie, 2 vols,
Yale University, 1988, thèse.
C de P, Fais et bonnes meurs 1936-1940 Le Livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V,
éd. S. SOLENTE, 2 vols, Paris, Champion, 1936-1940.
C de P, Lamentacion 1980 A. J. KENNEDY, « La Lamentacion sur les maux de la France de Christine
de Pisan », dans J. DE CALUWÉ (éd.), Mélanges de langue et littérature françaises du Moyen Age et de la
Renaissance offerts à Charles Foulon, 2 vols, Liège, Association des romanistes de l’Université de
Liège, 1980, 1, pp. 177-185.
C de P, Livre de Paix 2008 The Book of Peace by Christine de Pizan, éd. K. GREEN, C. J. MEWS et
J. PINDER, University Park, PA, Pennsylvania State University Press, 2008 [édition bilingue qui
contient une description des mss faite par Tania Van Hemelryck, pp. 41-52].
C de P, Livre de Paix 1958 The « Livre de la paix » of Christine de Pisan ; a critical edition,
éd. Ch. CANNON WILLARD, La Haye, Mouton, 1958.
C de P, Love Debate Poems 1998 The Love Debate Poems of Christine de Pizan : Le livre du débat de
deux amans, Le livre des trois jugemens, Le livre du dit de Poissy, éd. B. K. ALTMANN, Gainesville, UP of
Florida, 1998.
C de P, Mutacion 1959-1966 Le Livre de la mutacion de Fortune, éd. S. SOLENTE, 4 vols, Paris,
Picard, 1959-1966.
C de P, Oeuvres poétiques 1886-1896 Œuvres poétiques de Christine de Pisan, éd. M. ROY, 3 vols,
Paris, Firmin-Didot, 1886-1896.
C de P, Oroison nostre Dame 2010 Une Oroison de nostre Dame, éd. J.-Fr. KOSTA-THÉFAINE,
Clermont-Ferrand, Éditions Paleo, 2010.
C de P, Oroison nostre Seigneur 2010 Une Oroison de la vie et Passion de nostre Seigneur, éd. J.-
Fr. KOSTA-THÉFAINE, Clermont-Ferrand, Éditions Paleo, 2010.
C de P, Policie 1998 Le Livre du corps de policie, éd. A. J. KENNEDY, Paris, Champion, 1998
(Bibliothèque christinienne, 1).
C de P, Policie 1976 Le Livre du corps de Policie, éd. R. LUCAS, Genève, Droz, 1976 (Textes
littéraires français, 145).
C de P, Proverbes moraulx 2010 Proverbes moraulx, éd. J.-Fr. KOSTA-THÉFAINE, Clermont-
Ferrand, Éditions Paleo, 2010.
C de P, Proverbes moraux 2004 G. OUY et Chr. RENO, « Les Proverbes moraux de Christine de
Pizan : Une nouvelle édition critique et quelques problème », dans M. COLOMBO TIMELLI et
Cl. GALDERISI (éd.), Pour acquerir honneur et pris. Mélanges de Moyen Français offerts à Giuseppe di Stefano,
Montréal, CERES, 2004, pp. 557-572.
C de P, Les .XV. Joyes nostre Dame 2010 Les .XV. Joyes nostre Dame rimees, éd. J.-Fr. KOSTA-
THÉFAINE, Clermont-Ferrand, Éditions Paleo, 2010.
724 Bibliographie générale

C de P, Sept psaumes 1965 Les sept psaumes allégorisés of Christine de Pisan, éd. R. R. RAINS,
Washington, D.C., Catholic University of America Press, 1965.
C de P, Trois Vertus 1989 Le Livre des Trois Vertus, éd. Ch. C. WILLARD, texte établi en
collaboration avec É. Hicks, Paris, Champion, 1989.

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Alexander 1992 J. J. G. ALEXANDER, Medieval Illuminators and their Methods of Work, New Haven –
Londres, Yale UP, 1992.
Aussems 2008 M. AUSSEMS, « Christine de Pizan et la main X : quelques questions », L. Dulac,
A. Paupert, Chr. Reno et B. Ribémont (éd.), dans Desireuse de plus avant querre… Actes du VIe
Colloque international sur Christine de Pizan (Paris, 20-24 juillet 2006). Volume en hommage à James
Laidlaw, Paris, Champion, 2008 (Études christiniennes, 10), pp. 209-219.
Avril 1969 Fr. AVRIL, « Trois manuscrits napolitains des collections de Charles V et de Jean de
Berry », dans Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, 127 (1969), pp. 291-328.
Avril 2001 Fr. AVRIL, « Le parcours exemplaire d’un enlumineur parisien à la fin du 14e siècle : la
carrière et l’œuvre du maître du Policratique de Charles V », dans B. FLEITH et Fr. MORENZONI
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Avril 1971 Fr. AVRIL, « Un enlumineur ornemaniste parisien de la première moitié du XIVe
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Barbier 2011 A.-M. BARBIER, « Dessein avouée et intentions voilées dans les représentations
allégoriques de l’Epistre Othea de Christine de Pizan », dans Chr. HECK (éd.), L’Allégorie dans l’art
du Moyen Age. Formes et fonctions. Héritages, créations et mutacions, Turnhout, Brepols, 2011, pp. 289-
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Baurmeister et Laffitte 1998 U. BAURMEISTER et M.-P. LAFFITTE, « De l’unité au partage,
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Table des incipits de 1er folio

1. Chantilly 492 Cy commencent les Rebriches


2. Chantilly 493 Tresexcellent magesté redoubtee
3. BnF, fr. 12779 Aucunes gens me prient que Je face
4. BnF, fr. 835 Ci commencent. Cent. Balades
5. BnF, fr. 606 Tres haulte fleur par le mo(n)de louee
6. BnF, fr. 836 Ci commence le livre du chemin de long estude
7. BnF, fr. 605 Une Epistre a la royne de France
8. BnF, fr. 607 Cy commence la table des Rebriches
9. BnF, fr. 603 Cy commence la table des rubriches
10. Leyde, UB, Ltk. 1819 les croient…ce que cy de
11. BnF, nafr. 14852 Dont grant reprouche a une voix
12. Harley MS 4431, vol. I Ci commence la table des dictiez
13. Harley MS 4431, vol. II Tres excellant magesté redoubtee
14. BnF, fr. 848 TReshaulte flour par le monde louee
15. BnF, fr. 1740 Ci commence le debat de .ij. Amans
16. KBR 11034 balade Bon jour bon an & quanque il puet souffire
17. BnF, fr. 2184 Cy commence le dit de la pastoure
18. KBR 10983 Prologue Tres excellent majesté redoubtee
19. KBR 10982 Prologue Tres excellent \ majesté redoubtee
20. BnF, fr. 1188 Prologue TRes excellant majesté redoubtee
21. BnF, fr. 1643 Tresexcellant majesté redoubtee
22. KBR 9508 Ci commence la table des rebriches
23. La Haye 78 D 42 Ci commence la table des rubriches
24. Chantilly 494 Ci commence la table des rebriches
25. ex-Phillipps 207 Cy commence la table des Rebriches
26. Munich, BSB, Gall. 11 Ci commence la table des rubriches
27. BnF, fr. 10153 Cy co(m)mence la table des rubriches
28. Modène, BE, α.N.8.7 Cy commence la table des rubriches
29. BnF, fr. 5025 Cy commence la table des rubriches
30. Vat., reg. lat. 920 Cy commence la table des rubriches
31. BnF, fr. 24293 Cy commence la table des rebriches
32. Ars. 2686 Cy commence la table des Rebriches
33. BnF, fr. 1179 Cy commence la table des Rebriches
34. KBR 9393 Cy commence la table des Rubriches
35. BnF, fr. 1178 Cy commence la table des rebriches
36. BnF, fr. 580 A tres excellent Redoubtee & puissant princesse
37. BnF, fr. 24864 (Prov.) Les bonnes meurs / & les sages notables
38. BnF, fr. 24864 (Lam.) Qui a point de pitié la mette en oevre
39. BnF, fr. 1176 Ci commence le livre de l’avision
40. KBR 10309 Ci commence le livre de l’avision
41. ex-Phillipps 128 Glose sur la premiere partie
736 Table des incipits de 1er folio

42. Boston, fr. Med. 101 Ci co(m)mence la table des Rubriches


43. BnF, nafr. 25636 Cy commence la table des Rebriches
44. Vat., reg. lat. 1238 Cy commence la descripcion et diffinicion
45. Chantilly 294 Cy commence le livre du corps
46. BnF, fr. 1197 Ci commence le livre du corps
47. Ars. 2681 Ci co(m)mence le livre du corps
48. Besançon 423 Cy commence le livre du corps
49. ex-Ashburnham 203 Cy co(m)mencent les .vij. pseaumes
50. KBR 10987 Cy come(n)ce(n)t les sept pseaumes
51. BnF, nafr. 4792 Sire ne m’argues en ta fureur
52. KBR 10476 Cy commence la table des Rubriches
53. KBR 10366 Cy commence la tab[le] des Rubriches
54. BnF, fr. 24786 Cy commence l’epistre de la prison
Table des incipits de 2e folio

1. Chantilly 492 Resist mordret A Artus


2. Chantilly 493 Or diray coment
3. BnF, fr. 12779 Alixandre qui du monde
4. BnF, fr. 835 Tous mes bons jours 1
5. BnF, fr. 606 Si te pri que soyes de ceulz
6. BnF, fr. 836 Ne oncques puis ne me failli
7. BnF, fr. 605 veoir ses enfans entre
8. BnF, fr. 607 ha dieux comme
9. BnF, fr. 603 faire livres / mais afin que
10. Leyde, UB, Ltk. 1819 Ø
11. BnF, nafr. 14852 Ø
12. Harley MS 4431, vol. I Tres excellent de grant
13. Harley MS 4431, vol. II Tres excellant magesté redoubtee
14. BnF, fr. 848 Ci commence l’epistre
15. BnF, fr. 1740 Vous ne soiez
16. KBR 11034 Il Rappaisoit / de dieu
17. BnF, fr. 2184 Et qui bien et mal ottroye
18. KBR 10983 Mais ne vueillez desprisier
19. KBR 10982 Et ils sont telz
20. BnF, fr. 1188 De souverain sens
21. BnF, fr. 1643 Mais ne vueillés despriser
22. KBR 9508 Car moult loyer
23. La Haye 78 D 42 Travail penible et ennuyeux
24. Chantilly 494 Or diray coment je fus mis
25. ex-Phillipps 207 Ø2
26. Munich, BSB, Gall. 11 Ci commence la premiere
27. BnF, fr. 10153 n’appartenoit me dict
28. Modène, BE, α.N.8.7 que je ouvrase
29. BnF, fr. 5025 [in]formee de la maniere
30. Vat., reg. lat. 920 il estoit par deux de ses escuiers
31. BnF, fr. 24293 et responce de raison
32. Ars. 2686 hault et grant entendement
33. BnF, fr. 1179 Item de medee et d’une
34. KBR 9393 acteurs a ce proupos
35. BnF, fr. 1178 Cy commence la table des
36. BnF, fr. 580 le fist la saige Royne
37. BnF, fr. 24864 (Prov.) Cilz est heureux qui peut

1 Ce feuillet est déplacé et porte actuellement le numéro 7.


2 Manque en raison de l’enlèvement de ce folio. Le 2e f. actuel commence par Cellui qui a droit.
738 Table des incipits de 2e folio

38. BnF, fr. 24864 (Lam.) He lasse my maiz devra estre


39. BnF, fr. 1176 Et comme ceste dame
40. KBR 10309 strumens infinis de divers
41. ex-Phillipps 128 l’ombre que nous prenons
42. Boston, fr. Med. 101 ou pou qui si embate
43. BnF, nafr. 25636 excercite estant en oyseuse
44. Vat., reg. lat. 1238 la deduction et diffinicion d’iceulx
45. Chantilly 294 Cy parle de l’inaige [sic]
46. BnF, fr. 1197 Jambes et piés3
47. Ars. 2681 doit revertir ou bien et en
48. Besançon 423 valeire que \le/ tresplantureux
49. ex-Ashburnham 203 ?
50. KBR 10987 me met en voye de mort
51. BnF, nafr. 4792 me met en voye de mort4
52. KBR 10476 de fer et d’acier
53. KBR 10366 Cy commence le livre de
54. BnF, fr. 24786 Bourbon et d’auvergne

3 Derniers mot du pénultième f. (105b) : la souffise(n)ce ; voir n. 10.


4 Le ms. 10987 de Bruxelles a le même incipit au 2e f.
Table des copistes

Texte Préparations Corrections Rubriques Tables


de
correction
1. Chantilly 492 X non X X X
identifiable
2. Chantilly 493 X non ident. X X Ø
3. BnF, fr. 12779 X non ident. X X Ø
4. BnF, fr. 835 R X’ P, X P Ø
5. BnF, fr. 606 R non ident. P P Ø
6. BnF, fr. 836 R, P P’ (?) R, P R, P Ø
7. BnF, fr. 605 P, R X’ P P, R Ø
8. BnF, fr. 607 P P, P’ (?) P, X, X’ P P
9. BnF, fr. 603 P X’ P P P
10. Leyde, UB, P Ø P P Ø
Ltk. 1819
11. BnF, nafr. P Ø Ø P P
14852
12. Harley MS X X, X’ X, X’ X X
4431, vol. I
13. Harley MS X X, X’ X, X’ X X
4431, vol. II
14. BnF, fr. 848 X non ident. X, X’ X Ø
15. BnF, fr. 1740 X X X, X’ X Ø
16. KBR 11034 X non ident. X X Ø
17. BnF, fr. 2184 R Ø X X Ø
18. KBR 10983 P non ident. P, X X Ø
19. KBR 10982 X non ident. X X Ø
20. BnF, fr. 1188 R non ident. R, X, X’ X Ø
21. BnF, fr. 1643 Nicole non ident. X’ Nicole Ø
Garbet Garbet
22. KBR 9508 X X’ X X X
23. La Haye 78 D X, R X’ X R, X X, R
42
24. Chantilly 494 R X’ X X, R X, R
25. ex-Phillipps P X X P, X P
207
26. Munich, BSB, R, P non ident. X P, R R, P
Gall. 11
27. BnF, fr. 10153 R X’ R, X, X’ X, R, P R
28. Modène, BE, R X’ R, X, X’ R R
740 Table des copistes

α.N.8.7
29. BnF, fr. 5025 X X, X’ X X X
30. Vat., reg. lat. R X’ X, X’ R R
920
Texte Préparations Corrections Rubriques Tables
de
correction
31. BnF, fr. 24293 P X, X’ P P P
32. Ars. 2686 P X, X’ P, X, X’ P, X P
33. BnF, fr. 1179 P non ident. X, X’, P P P
34. KBR 9393 P X’ X, X’ P P
35. BnF, fr. 1178 P X’ P P P
36. BnF, fr. 580 X Ø X Ø Ø
37. BnF, fr. X Ø X Ø Ø
24864, ff. 176r-
178bis v
38. BnF, fr. X Ø Ø X Ø
24864, ff. 14r-18r
39. BnF, fr. 1176 X X, X’ X, X’ X Ø
40. KBR 10309 R X’ X X Ø
41. ex-Phillipps X X’ X, X’ X Ø
128
42. Boston, fr. R, X X’ X R, X Ø
Med. 101
43. BnF, nafr. P non ident. X, X’ P, X Ø
25636
44. Vat., reg. lat. X non ident. X X Ø
1238
45. Chantilly 294 X non ident. X X Ø
46. BnF, fr. 1197 P X, X’ X, X’ P, X Ø
47. Ars. 2681 R non ident. X R Ø
48. Besançon 423 X X’ X X Ø
49. ex- X non ident. non ident. X Ø
Ashburnham 203
50. KBR 10987 X non ident. X X Ø
51. BnF, nafr. X X, X’ X X Ø
4792
52. KBR 10476 X non ident. X X X
53. KBR 10366 X X’ X X X
54. BnF, fr. 24786 X non ident. X X Ø
Table des enlumineurs ornemanistes

Ornemaniste Ms. Ff. Date Peintres associés


Filigraneur « aux lys
losangés »
Recueil Chantilly 492 (1) – ff. 2r- 1399- M. de la Pastoure
163v 1402
Debat de deux amans BnF, fr. 1740 * 1401- M. de la Pastoure
1402
Recueil BnF, fr. 12779 * 1402- M. de la Pastoure
1403
Chemin de lonc estude KBR 10983 (2) – 1403 M. du Couronnement de
ff. 13r, 24v la Vierge
Filigraneur « aux
couleurs insolites »
Recueil Chantilly, 492 (2) – 1402 M. du Livre de Christine
f. 164r
Filigraneur « aux lys
courbes »
Recueil Chantilly, 492 (3) – 1402- M. du Livre de Christine
f. 166r 1403
Recueil Chantilly, 493 * 1403- M. du Livre de Christine
1405
Atelier « aux
échancrures » (« A » et
« B » du Psautier)
Epistre Othea BnF, fr. 848 * 1400 M. de la première Épître
Debat de deux amans KBR 11034 * 1402- M. du Couronnement de
1403 la Vierge
Chemin de lonc estude KBR 10983 (1) – ff. 1r, 1403 M. du Couronnement de
2r la Vierge
Chemin de lonc estude BnF, fr. 1188 * 1403 M. du Couronnement de
la Vierge
Chemin de lonc estude KBR 10982 * 1403 M. du Couronnement de
la Vierge
Epistre a la reine BnF, fr. 580 ff. 53r-54v 1405 M. de l’Ovide moralisé
Trois Vertus Boston, fr. * 1405- M. de la Cité des dames
Med. 101 1406
Livre de prodommie Vat. reg. lat. * 1405- Ø
1238 1407
Corps de policie Chantilly 294 * 1406- Ø
1407
Corps de policie BnF, fr. 1197 (1) – f. 1r 1406- Ø
1407
Corps de policie Ars. 2681 * 1406- M. de l’Epître Othéa
1407
Cité des dames BnF, fr. 1178 (2) – 1413 M. de la Cité des dames
f. 135r
Ornemaniste « aux
araignées »
Cité des dames BnF, fr. 24293 * 1405 Ø
742 Table des enlumineurs ornemanistes

Cité des dames Ars. 2686 (1) – ff. 1r, 1405 Ø


55r
Ornemanistes « à la
vigne d’or » (« C-D » du
Harley)
Cité des dames Ars. 2686 (2) – 1405 Ø
f. 119r
Cité des dames BnF, fr. 1179 * 1405- M. de la Cité des dames
1406
Trois Vertus BnF, nafr. * 1405- M. de la Cité des dames
25636 1406
Corps de policie BnF, fr. 1197 (2) – 1406- Ø
ff. 54r, 87r 1407
Corps de policie Besançon 423 * 1406- Ø
1407
Recueil BnF, fr. 835 (2) – 1406- M. de l’Epître Othéa,
ff. 45r, 1408 M. d’Egerton
50r, 52,
64r, 74r
Epistre Othea BnF, fr. 606 * 1406- M. de l’Epître O.,
1408 M. d’Egerton, M. au
safran
Recueil BnF, fr. 836 * 1406- M. de l’Epître Othéa,
1408 M. d’Egerton
Recueil BnF, fr. 605 * 1407- Ø
1408
Cité des dames KBR 9393 * 1407- M. de la Cité des dames
1408
Cité des dames BnF, fr. 607 * 1408 M. de la Cité des dames
Sept psaumes KBR 10987 (2) – ff. 6r, 1409 M. d’Egerton
12r, 25r,
39v
Mutacion de Fortune Munich, (1) – * 1410- M. de la Cité des dames
Gall. 11 1411
Recueil BnF, fr. 603 (3) – 1410- M. de la Cité des dames
ff. 91r, 1411
174r, 178,
206v
Cité des dames BnF, fr. 1178 (1) – ff. 3r, 1413 M. de la Cité des dames
64r
Recueil Harley (3) – 1413- M. de la Cité des dames
MS 4431 ff. 51r- 1414 & al.
81v, 221,
290r-361v
Ornemaniste « aux brins
de fantaisie »
Dit de la pastoure BnF, fr. 2184 * 1403 Ø
Mutacion de Fortune KBR 9508 * 1403- M. de l’Epître Othéa
1404
Mutacion de Fortune La Haye, 78 D * 1403- M. de l’Epître Othéa
42 1404
Mutacion de Fortune Chantilly 494 * 1404 M. de l’Epître Othéa
Mutacion de Fortune ex-Phillipps * 1404 M. de l’Epître Othéa
207
Fais et bonnes meurs BnF, fr. 10153 * 1404 Ø
Fais et bonnes meurs Modène * 1404 Ø
Table des enlumineurs ornemanistes 743

α.N.8.7
Fais et bonnes meurs BnF, fr. 5025 * 1404 Ø
Fais et bonnes meurs Vat., reg. lat. * 1404- Ø
920 1405
Advision Cristine BnF, fr. 1176 * 1405- M. de l’Epître Othéa
1406
Advision Cristine KBR 10309 * 1405- M. de l’Epître Othéa
1406
Pierre Gilbert (« A » des
Belles Heures, « B » du
Harley)
Advision Cristine ex-Phillipps * 1406 M. de Giac
128
Recueil BnF, fr. 835 (1) – f. 1r 1406- M. de l’Epître Othéa
1408
Sept psaumes ex- * 1409 M. d’Egerton
Ashburnham
203
Sept psaumes KBR 10987 (1) – f. 1r 1409 M. d’Egerton
Sept psaumes BnF, * 1409 M. d’Egerton
nafr. 4792
Mutacion de Fortune Munich, Gall. (2) – 1410- M. de la Cité des dames
11 ff. 33r, 1411
53r, 69v,
103v, 108v
Recueil Harley (2) – ff. 4r 1413- M. de la Cité des dames
MS 4431 1414 & al.
Livre de paix KBR 10366 (2) – 1414 M. de la Cité des dames
ff. 51r
Assistant « aux trois
couleurs »
Recueil BnF, fr. 603 (2) – 1410- M. de la Cité des dames
ff. 81v, 1411
143v
Ornemaniste « aux
trèfles »
Fais d’armes KBR 10476 * 1410 M. de la Cité des dames
Ornemaniste « aux
radicelles »
Chemin de lonc estude BnF fr. 1643 * 1403 Ø
Ornemaniste « à la
résille » (« A » du
Harley)
Recueil BnF, fr. 603 (1) – ff. 2r, 1410- M. de la Cité des dames
27v, 49r, 1411
66r, 109r,
127v
Recueil Harley (1) – 1413- M. de la Cité des dames
MS 4431 ff. 2v-3r, 1414 et alii
48r, 9r5-
218v,
237r-268v,
376r
Livre de paix Bruxelles (1) – ff. 2r, 1414 M. de la Cité des dames
10366 3r, 29r
Prison de vie humaine BnF, fr. 24786 * 1418 Ø
744 Table des enlumineurs ornemanistes

[Sans décor]
Proverbes moraux BnF, fr. 24864 ff. 176r- 1405 Ø
178bis v
Cité des dames Leyde, 1410 Ø
Ltk. 1819
Mutacion de Fortune BnF, nafr. f. 2r-3v 1410- Ø
14852 1411
Table des peintres enlumineurs

Peintre (Maître) Ms. Ff. Dates Ornemaniste associé


M. de la première Epître
Epistre Othea BnF, fr. 848 *1 1400 O. aux échancrures
M. de la Pastoure
Recueil Chantilly 492 (1) – ff. 2- 1399- O. aux lys losangés
163v 1402
Recueil BnF, fr. 12779 (1) * 1402- O. aux lys losangés
1403
M. de Jeanne Ravenelle
Recueil BnF, fr. 12779 (2) – 1402- O. aux lys losangés
ff. 77v, 1403
106v-108v
M. bleu-jaune-rose de
Chantilly
Recueil Chantilly 492 (2) – 166 1403- O. aux couleurs
1405 insolites, O. aux lys
courbes
Recueil Chantilly 493 * 1403- O. aux lys courbes
1405
M. du Couronnement de
la Vierge
Debat de deux amans BnF, fr. 1740 * 1401- O. aux lys losangés
1402
Debat de deux amans KBR 11034 * 1402- O. aux échancrures
1403
Chemin de lonc estude KBR 10983 * 1403 O. aux lys losangés,
O. aux échancrures
Chemin de lonc estude BnF, fr. 1188 * 1403 O. aux échancrures
Chemin de lonc estude KBR 10982 * 1403 O. aux échancrures
M. de l’Ovide moralisé
Epistre a la reine BnF, fr. 580 ff. 53-54v 1405 O. aux échancrures
M. de l’Epître Othéa
Mutacion de Fortune KBR 9508 * 1403- O. aux brins de fantaisie
1404
Mutacion de Fortune La Haye, 78 D * 1403- O. aux brins de fantaisie
42 1404
Mutacion de Fortune Chantilly 494 * 1404 O. aux brins de fantaisie
Mutacion de Fortune ex-Phillipps * 1404 O. aux brins de fantaisie
207
Advision Cristine BnF, fr. 1176 * 1405- O. aux brins de fantaisie
1406
Advision Cristine KBR 10309 * 1405- O. aux brins de fantaisie
1406
Corps de policie Ars. 2681 * 1406- O. aux échancrures
1407
Recueil BnF, fr. 835 (1) – 1406- Pierre Gilbert, O. à la
1408 vigne d’or

1 * indique qu’il s’agit du ms. entier.


746 Table des peintres enlumineurs

Epistre Othea BnF, fr. 606 (1) – 1406- O. à la vigne d’or


1408
Recueil BnF, fr. 836 (1) – 1406- O. à la vigne d’or
1408
M. au safran
Epistre Othea BnF fr. 606 (2) – f. 1406- O. à la vigne d’or
1408
M. de Giac
Advision Cristine ex-Phillipps * 1406 Pierre Gilbert
128
M. d’Egerton
Recueil BnF, fr. 835 (2) – f. 1406- O. à la vigne d’or
1408
Epistre Othea BnF, fr. 606 (3) – f. 1406- O. à la vigne d’or
1408
Recueil BnF, fr. 836 (2) – f. 1406- O. à la vigne d’or
1408
Sept psaumes ex- * 1409 Pierre Gilbert
Ashburnham
203
Sept psaumes KBR 10987 * 1409 Pierre Gilbert, O. à la
vigne d’or
Sept psaumes BnF, nafr. * 1409 Pierre Gilbert
4792
M. de la Cité des dames
Cité des dames BnF, fr. 1179 * 1405- O. à la vigne d’or
1406
Trois Vertus BnF, nafr. * 1405- O. à la vigne d’or
25636 1406
Trois Vertus Boston, fr. * 1405- O. aux échancrures
Med. 101 1406
Cité des dames KBR 9393 * 1407- O. à la vigne d’or
1408
Cité des dames BnF, fr. 607 * 1408 O. à la vigne d’or
Fais d’armes KBR 10476 * 1410 O. aux trèfles
Recueil BnF, fr. 603 * 1410- O. à la résille, O. aux
1411 trois couleurs, O. à la
vigne d’or
Mutacion de Fortune Munich, BSB, * 1410- O. à la vigne d’or, Pierre
Cod. gall. 11 1411 Gilbert
Cité des dames BnF, fr. 1178 * 1413 O. à la vigne d’or,
O. aux échancrures
Recueil Harley (1) – f. 1413- O. à la résille, Pierre
MS 4431 1414 Gilbert, O. à la vigne
d’or
Livre de paix Bruxelles, * 1414 O. à la résille, Pierre
KBR, 10366 Gilbert
Maître de Bedford
Recueil Harley (2) – f. 1413- O. à la résille, Pierre
MS 4431 1414 Gilbert, O. à la vigne
d’or
[Non illustrés]
Dit de la pastoure BnF, fr. 2184 1403 O. aux brins de fantaisie
Chemin de lonc estude BnF, fr. 1643 1403 O. aux radicelles
Fais et bonnes meurs BnF, fr. 10153 1404 O. aux brins de fantaisie
Table des peintres enlumineurs 747

Fais et bonnes meurs Modène 1404 O. aux brins de fantaisie


α.N.8.7
Fais et bonnes meurs BnF, fr. 5025 1404 O. aux brins de fantaisie
Fais et bonnes meurs Vat., reg. lat. 1404- O. aux brins de fantaisie
920 1405
Proverbes moraux BnF, fr. 24864 ff. 176- 1405 Ø
178bis
Cité des dames BnF, fr. 24293 1405 O. aux araignées
Cité des dames Ars., 2686 1405 O. aux araignées, O. à la
vigne d’or
Livre de prodommie Vat., reg. lat., 1405- O. aux échancrures
1238 1407
Corps de policie Chantilly 294 1406- O. aux échancrures
1407
Corps de policie BnF, fr. 1197 1406- O. aux échancrures
1407
Corps de policie Besançon, BM, 1406- O. à la vigne d’or
423 1407
Recueil BnF, fr. 605 1407- O. à la vigne d’or
1408
Cité des dames Leyde, Ltk. 1410 Ø
1819
Mutacion de Fortune BnF, nafr. f. 2-3v 1410- Ø
14852 1411
Prison de vie humaine BnF, fr. 24786 1418 O. à la résille
Table iconographique

Christine de Pizan mise en scène


À la cour de Raison : BnF, fr. 1188, f. 46r {20} ; KBR 10982, f. 33v {19} ; Chantilly, 493,
f. 199r {2} ; BnF, fr. 836, f. 15r {6} ; BnF, fr. 836, f. 19r {6} ; BnF, fr. 836, f. 40v {6} ; BL,
Harley MS 4431, f. 192v {13} ; BL, Harley MS 4431, f. 196v {13} ; BL, Harley MS 4431,
f. 218v {13}
À la fontaine de Sagesse : KBR 10983, f. 13r {18} ; BnF, fr. 1188, f. 14r {20} ; KBR 10982,
f. 13v {19} ; Chantilly, 493, f. 190r {2} ; BnF, fr. 836, f. 5v {6} ; BL, Harley MS 4431,
f. 183r {13}
Accueillant les saintes : KBR 9393, f. 74v {34} ; BnF, fr. 607, f. 37v {8} ; BL, Harley MS 4431,
f. 361r {13} ; BnF, fr. 1178, f. 135r {35}
Construisant de la cité : BnF, fr. 1179, f. 3r {33} ; KBR 9393, f. 2r {34} ; BnF, fr. 607, f. 2 {8} ; BL,
Harley MS 4431, f. 290r {13} ; BnF, fr. 1178, f. 3r {35}
Dans la salle peinte : BnF, fr. 603, f. 127v {9} ; Munich, BSB, Cod. gall. 11, f. 53r {26}
Devant l’Arbre des batailles : BnF, fr. 603, f. 49r {9}
Écoutant Raison : Boston, PL, fr. Med. 101, f. 3r {42} ; BnF, nafr. 25636, f. 2v {43}
En promenade à cheval : Chantilly, 492, f. 92r {1} ; BnF, fr. 12779, f. 90r {3} ; BnF, fr. 835,
f. 74r {4} ; BL, Harley MS 4431, f. 81r {12}
Enseignant : BL, Harley MS 4431, f. 259v {13}
à son fils : Chantilly, 492, f. 156v {1} ; BnF, fr. 12779, f. 149v {3} ; BnF, fr. 836, f. 42r {6} ;
BL, Harley MS 4431, f. 261v {13}
Entrant parmi les dames : KBR 9393, f. 35v {34} ; BnF, fr. 607, f. 31v {8} ; BL, Harley MS 4431,
f. 323r {13} ; BnF, fr. 1178, f. 64v {35}
Inspirée par Minerve : KBR 10476, f. 3r {52} ; BnF, fr. 603, f. 2r {9}
Jugement par un prince : Chantilly, 492, f. 51v {1} ; Chantilly, 492, f. 79v {1} ; BnF, fr. 12779,
f. 77v {3} ; BnF, fr. 1740, f. 1r {15} ; KBR 11034, f. 2r {16} ; BnF, fr. 835, f. 52r {4} ; BnF,
fr. 835, f. 64r {4} ; BL, Harley MS 4431, f. 58v {12} ; BL, Harley MS 4431, f. 71v {12}
Montant au ciel : KBR 10983, f. 24v {18} ; BnF, fr. 1188, f. 26v {20} ; KBR 10982, f. 25v {19} ;
BnF, fr. 836, f. 10v {6} ; BL, Harley MS 4431, f. 188r {13}
dans la sphère céleste : BnF, fr. 836, f. 12r {6} ; BL, Harley MS 4431, f. 189v {13}
Portrait d’auteur : Chantilly, 492, f. 2r {1} ; BnF, fr. 12779, f. 1r {3} ; KBR 10982, f. 2r {19} ;
KBR 9508, f. 2r {22} ; La Haye, 78 D 42, f. 1r {23} ; Chantilly, 494, f. 1r {24} ; Chantilly,
493, f. 232r {2} ; BnF, fr. 1176, f. 1r {39} ; KBR 10309, f. 1r {40} ; ex-Phillips 128,
f. 7r {41} ; Arsenal 2681, f. 4r {47} ; BnF, fr. 835, f. 1r {4} ; BnF, fr. 603, f. 81v {9} ;
Munich, BSB, Cod. gall. 11, f. 2r {26} ; Londres, BL, Harley MS 4431, f. 4r {12} ; KBR
10366, f. 1r {53}
recevant le duc : BL, Harley MS 4431, f. 143r {12}
Priant Notre Dame : Chantilly, 492, f. 161r {1} ; BnF, fr. 12779, f. 154r {3} ; BnF, fr. 836,
f. 45v {6} ; BL, Harley MS 4431, f. 265r {13}
Remise du livre : BnF, fr. 836, f. 65r {6}
à Louis d’Orléans : BnF, fr. 848, f. 1r {14} ; Chantilly, 492, f. 108v {1} ; BnF, fr. 12779,
f. 106v {3} ; BnF, fr. 606, f. 1r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 95r {12}
à Charles VI : KBR 10983, f. 1r {18} ; BnF, fr. 1188, f. 1r {20} ; KBR 10982, f. 1r {19} ;
Chantilly, 493, f. 184r {2} ; BnF, fr. 836, f. 1r {6} ; BL, Harley MS 4431, f. 178r {13}
à Isabeau de Bavière : BL, Harley MS 4431, f. 3r {12}
La Sibylle à son chevet : KBR 10983, f. 7v {18} ; BnF, fr. 1188, f. 8v {20} ; KBR 10982, f. 8r {19} ;
Chantilly, 493, f. 187r {2} ; BnF, fr. 836, f. 3v {6} ; BL, Harley MS 4431, f. 180v {13}

Scènes chrétiennes
Auguste et la Sibylle : BnF, fr. 606, f. 46r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 141r {12}
Christ de douleur : Chantilly, 492, f. 163v {1} ; BnF, fr. 836, f. 63r {6} ; BL, Harley MS 4431,
f. 257r {13}
750 Table iconographique

David en prière : ex-Ashburnham-Barrois 203, f. 1r {49} ; KBR 10987, f. 1r {50} ; BnF, nafr. 4792,
f. 1r {51}
V. Christine priant Notre Dame

Scènes courtoises
L’amant et la dame : BnF, fr. 580, f. 53r {36} ; BnF, fr. 835, f. 50r {4} ; BnF, fr. 836, f. 66v {6} ;
BL, Harley MS 4431, f. 56v {12} ; BL, Harley MS 4431, f. 145r {12} ; BL, Harley MS 4431,
f. 376r {13}
Jason et Médée : BnF, fr. 606, f. 28r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 122r {12}
Pâris et Hélène : BnF, fr. 606, f. 35r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 129v {12}
L’amant et l’ami : BnF, fr. 836, f. 76r {6} ; BL, Harley MS 4431, f. 154v {12}
La dame escortée : BnF, fr. 836, f. 74v {6} ; BL, Harley MS 4431, f. 153r {12}
La dame recevant la complainte : BL, Harley MS 4431, f. 48r {12}
Lettre au dieu Amour : BnF, fr. 835, f. 45r {4} ; BL, Harley MS 4431, f. 51r {12}
Partie de chasse : BnF, fr. 836, f. 65v {6} ; BL, Harley MS 4431, f. 144r {12}
Partie d’échecs : BnF, fr. 606, f. 39r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 133r {12}
Pastoureaux : BnF, fr. 12779, f. 157r {3}
bergère : Chantilly, 492, f. 166r {1} ; BnF, fr. 836, f. 48r {6} ; BL, Harley MS 4431,
f. 221r {13}
Tournoi : BnF, fr. 836, f. 71v {6} ; BL, Harley MS 4431, f. 150r {12}

Scènes allégoriques
Allégorie de Fortune : KBR 9508, f. 17v {22} ; La Haye, KB, 78 D 42, f. 16v {23} ; Chantilly, 494,
f. 16r {24} ; ex-Phillipps 207, f. 16r {25} ; Chantilly, 493, f. 248v {2} ; BnF, fr. 606,
f. 35r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 129r {12}
Arrivée au château de Fortune : KBR 9508, f. 14r {22} ; La Haye, KB, 78 D 42, f. 13r {23} ;
Chantilly, 494, f. 13r {24} ; Chantilly, 493, f. 244v {2} ; BnF, fr. 603, f. 91r {9}
le château de Fortune : Munich, BSB, Cod. gall. 11, f. 13r {26}
Atropos : BnF, fr. 606, f. 17r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 111r {12}
Lettre d’Othéa à Hector : BnF, fr. 848, f. 2r {14} ; Chantilly, 492, f. 109r {1} ; BnF, fr. 606,
f. 1v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 95v {12}
Les deux pontifes : KBR 9508, f. 36v {22} ; La Haye, KB, 78 D 42, f. 34v {23} ; Chantilly, 494,
f. 34r {24} ; ex-Phillipps 207, f. 33v {25} ; Chantilly, 493, f. 267v {2} ; BnF, fr. 603,
f. 109r {9} ; Munich, BSB, Cod. gall. 11, f. 33r {26}
Horloge de Tempérance : BnF, fr. 848, f. 2r {14} ; Chantilly, 492, f. 110v {1} ; BnF, fr. 12779,
f. 107v {3} ; BnF, fr. 606, f. 2v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 96v {12}
La salle peinte : KBR 9508, f. 58r {22} ; La Haye, KB, 78 D 42, f. 54v {23} ; Chantilly, 494,
f. 54r {24} ; ex-Phillipps 207, f. 54r {25} ; Chantilly, 493, f. 290v {2}
v. Christine dans la salle peinte

Scènes politiques et militaires


Amazones : BnF, fr. 606, f. 9v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 103v {12}
combattant : BnF, fr. 603, f. 174r {9} ; Munich, BSB, Cod. gall. 11, f. 103v {26}
tuant Cyrus : BnF, fr. 606, f. 27v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 121v {12}
Amazonie : Chantilly, 493, f. 346v {2}
Bataille : BnF, fr. 606, f. 16r {5} (Pyrrhus) ; BL, Harley MS 4431, f. 110r {12}
d’Ajax : BnF, fr. 606, f. 43v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 138r {12}
d’Hector : BnF, fr. 606, f. 42v {5} (2 scènes) ; BL, Harley MS 4431, f. 137r {12}
de Laomédon : BnF, fr. 606, f. 29r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 123r {12}
de Patrocle : BnF, fr. 606, f. 40r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 134r {12}
de Polybétès : BnF, fr. 606, f. 42v {5}
Chevauchée, v. Christine inspirée par Minerve
d’Adraste : BnF, fr. 606, f. 24v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 118v {12}
d’Hector : BnF, fr. 606, f. 42r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 136r {12}
Conseil du roi : BnF, fr. 603, f. 66r {9}
Priam : BnF, fr. 606, ff. 21r, 36r, 37v {5} ; BL, Harley MS 4431, ff. 115r, 130r, 131v {12}
Fondation de Rome : BnF, fr. 603, f. 206v {9}
Table iconographique 751

Les rois : BnF, fr. 603, f. 143v {9}


Siège d’une ville : KBR 9508, f. 75r {22} ; La Haye, KB, 78 D 42, f. 70r {23} ; Chantilly, 494,
f. 70r {24} ; ex-Phillipps 207, f. 70r {25} ; Chantilly, 493, f. 308r {2} ; Chantilly, 493,
f. 346v {2} ; BnF, fr. 603, f. 27v {9} ; v. Amazonie
Babylone : BnF, fr. 606, f. 41v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 135v {12}
Troie : BnF, fr. 606, ff. 31r, 45r {5} ; BL, Harley MS 4431, ff. 125r, 139v {12}
Triomphe : Munich, BSB, Cod. gall. 11, f. 69r {26}

Scènes d’inspiration astrologique


Bacchus : BnF, fr. 606, f. 12r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 106r {12}
Cupidon : BnF, fr. 606, f. 23r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 117r {12}
v. Diomède et Cressida
Diane : BnF, fr. 606, f. 13r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 107r {12}
Junon : BnF, fr. 606, f. 24r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 118r {12}
Jupiter : BnF, fr. 606, f. 5v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 99v {12}
Lune : BnF, fr. 606, f. 7r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 101r {12}
Mars : BnF, fr. 606, f. 7v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 101v {12}
Mercure : BnF, fr. 606, f. 8r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 102r {12}
Minerve : BnF, fr. 606, f. 8v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 102v {12}
et Pallas : BnF, fr. 606, f. 9r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 103r {12}
Saturne : BnF, fr. 606, ff. 6v, 24v {5} ; BL, Harley MS 4431, f.f 100v, 118v {12}
Soleil : BnF, fr. 606, f. 7r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 101r {12}
Vénus : BnF, fr. 606, f. 6r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 100r {12}

Scènes mythologiques
Achille : BnF, fr. 606, f. 20r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 114r {12}
et Calchas : BnF, fr. 606, f. 38r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 132r {12}
et Polyxène : BnF, fr. 606, f. 43r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 137v {12}
et Ulysse : BnF, fr. 606, f. 33v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 127v {12}
Acis et Galathée : BnF, fr. 606, f. 28r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 122 {12}
Actéon : v. Diane et Actéon
Adonis : BnF, fr. 606, f. 30v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 124v {12}
Adraste : v. Scènes politiques et militaires, Chevauchée
Alcyone et Céyx : BnF, fr. 606, f. 37r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 131r {12}
Anténor : BnF, fr. 606, f. 44r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 138v {12}
Apollon et Coronis : BnF, fr. 606, f. 23v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 117v {12}
et Daphné : BnF, fr. 606, f. 40v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 134v {12}
et Ganymède : BnF, fr. 606, f. 25v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 119v {12}
et Midas : BnF, fr. 606, f. 14r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 108r {12}
Arachné : v. Minerve (Pallas) et Arachné
Atalante et Hippomène : BnF, fr. 606, f. 34r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 128r {12}
Athamas : BnF, fr. 606, f. 10r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 104r {12}
Aurore : BnF, fr. 606, f. 21v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 115v {12}
Busiris : BnF, fr. 606, f. 20r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 114r {12}
Bellérophon et Sthénébée : BnF, fr. 606, f. 17v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 111v {12}
Cadmos et le dragon : BnF, fr. 606, f. 15r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 109r {12}
Calchas : v. Achille
Cassandre : BnF, fr. 606, f. 16v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 110v {12}
Céphale et Procris : BnF, fr. 606, f. 35v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 129v {12}
Cérès : BnF, fr. 606, f. 13v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 107v {12}
Céyx : v. Alcyone et Céyx
Le cheval de Troie : BnF, fr. 606, f. 44v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 139r {12}
Circé : BnF, fr. 606, f. 45r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 140r {12}
et Esculape : BnF, fr. 606, f. 19v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 113v {12}
Corbeau et corneille : Paris, BnF, fr. 606, f. 25r {5} ; Londres, BL, Harley 4431, f. 119r {12}
v. Apollon et Coronis
752 Table iconographique

Cyrus : v. Amazones
Daphné : v. Apollon et Daphné
Diane chasseresse : BnF, fr. 606, f. 30r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 124r {12}
et Actéon : BnF, fr. 606, f. 32r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 126r {12}
Diomède et Cressida : BnF, fr. 606, f. 39v {5}
Esculape : v. Circé et Esculape
Ganymède : v. Apollon
Hector et Andromaque : BnF, fr. 606, f. 41r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 135r {12}
et Memnon : BnF, fr. 606, f. 18r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 112r {12}
v. Scènes politiques et militaires : Bataille et Chevauchée
Hécube : BnF, fr. 606, f. 20r {5}
Hélène : v. Pâris
Hercule : BnF, fr. 606, f. 3r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 97r {12}
aux Enfers : BnF, fr. 848, f. 2v {14} ; Chantilly, 492, f. 111r {1} ; BnF, fr. 12779, f. 108r {3} ;
BnF, fr. 606, f. 14v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 108v {12}
Hermaphrodite et Salmacis : BnF, fr. 606, f. 38v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 132v {12}
Héro et Léandre : BnF, fr. 606, f. 20v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 114v {12}
Io enseignant : BnF, fr. 606, f. 15 {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 109r {12} ; Io transformée en vache :
Paris, BnF, fr. 606, f. 15v {5}
Ino : BnF, fr. 606, f. 45v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 140v {12}
Isis : BnF, fr. 606, f. 13v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 107v {12}
Jason et le dragon : BnF, fr. 606, f. 26r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 120r {12}
Junon et Sémélé : BnF, fr. 606, f. 29v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 123v {12}
Laomédon chassant les Argonautes : BnF, fr. 606, f. 18v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 112v {12}
Latone : BnF, fr. 606, f. 11v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 105v {12}
Memnon : v. Hector et Memnon
Mercure et Aglauros : BnF, fr. 606, f. 10v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 104v {12}
et Argus : BnF, fr. 606, f. 15v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 109v {12}
et Io : v. Io transformée en vache
et le jugement de Pâris : BnF, fr. 606, f. 31v {5}
Midas : v. Apollon et Midas
Minerve (Pallas) et Arachné : BnF, fr. 606, f. 30r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 124r {12}
Minos rendant la justice : BnF, fr. 848, f. 2v {14} ; Chantilly, 492, f. 112r {1} ; BnF, fr. 606,
f. 4r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 98r {12}
Morphée : BnF, fr. 606, f. 36v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 130v {12}
Narcisse : BnF, fr. 606, ff. 10r, 40r {5} ; BL, Harley MS 4431, ff. 104r, 134r {12}
Neptune : BnF, fr. 606, f. 16v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 110v {12}
Ninus : v. Scènes politiques et militaires, Siège d’une ville
Orphée : BnF, fr. 606, f. 31v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 125v {12}
et Eurydice : BnF, fr. 606, f. 32v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 126v {12}
Pâris : BnF, fr. 606, ff. 31v, 34v {5} ; BL, Harley MS 4431, ff. 125v, 128v {12}
Pasiphaé : BnF, fr. 606, f. 22r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 116r {12}
Persée et Andromède : BnF, fr. 848, f. 3r {14} ; Chantilly, 492, f. 112v {1} ; BnF, fr. 606, f. 4v {5} ;
BL, Harley MS 4431, f. 98v {12}
et la Gorgone : BnF, fr. 606, f. 26v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 120v {12}
Pirame et Thisbé : BnF, fr. 606, f. 18v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 112v {12}
Polyxène : v. Achille et Polyxène
Procris : v. Céphale et Procris
Pygmalion : BnF, fr. 606, f. 12v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 106v {12}
Sémélé : v. Junon et Sémélé
Téthys et Pélée : BnF, fr. 606, f. 28v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 122v {12}
Troïlus et Briséïde : BnF, fr. 606, f. 39v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 133v {12}
Tydée et Polynice : BnF, fr. 606, f. 22v {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 116v {12}
Ulysse et Polyphème : BnF, fr. 606, f. 11r {5} ; BL, Harley MS 4431, f. 105r {12}
v. Achille et Ulysse et Partie d’échecs
Vulcain enchaînant Mars et Vénus : BnF, fr. 606, f. 27r {5} ; BL, Harley MS MS 4431, f. 121r {12}
Table des possesseurs

Agnès de Bourgogne
BnF, fr. 848 {14} ; BnF, fr. 24293 {31}
Anthony Woodville, 2e comte Rivers
Londres, BL, Harley MS 4431 {12-13}
Antoine de Chources
V. Catherine de Coëtivy
Alexandre VIII (pape), Pietro Ottoboni
Vat., reg. lat. 920 {30} ; Vat., reg. lat. 1238 {44}
Argenson, Antoine-René d’, marquis de Paulmy
BnF, fr. 12779 {3} (?) ; Paris, Bibl. de l’Ars., 2686 {32} ; Paris, Bibl. de l’Ars., 2681 {47}
Ashburnham, 4e comte de
ex-Ashburnham-Barrois 203 {49}
Azzolini, Decio (cardinal)
Vat., reg. lat. 920 {30} ; Vat., reg. lat. 1238 {44}
Barrois, Joseph
ex-Ashburnham-Barrois 203 {49}
Barthélemy du Says
BnF, fr. 24786 {54}
Bigot, Jean
Paris, BnF, fr. 580 {36}
Boekenoogen, Gerrit Jacob
Leyde, UB, Ltk. 1819 {10}
Boisot, Jean-Baptiste
Besançon, BM, 423 {48}
Bourbon-Condé, famille
Chantilly, Bibl. du Chât. 294 {45} ; Chantilly, Bibl. du Chât., 494 {24}
Carmes déchaussés de Paris, Couvent des
Paris, Bibl. de l’Ars., 2681 {47}
Catherine de Coëtivy et Antoine de Chources
Chantilly, Bibl. du Chât., 294 {45}
Cavendish, Henry, 2e duc de Newcastle
Londres, BL, Harley MS 4431 {12-13}
Cavendish Holles, Henrietta
Londres, BL, Harley MS 4431 {12-13}
Charles III de Bourbon, connétable de France
BnF, fr. 835-836-606-605-607 {4-5-6-7-8}
Charles d’Albret
Bruxelles, KBR, 11034 {16} ; ex-Phillipps 128 {41} (?)
Charles d’Angoulême
BnF, fr. 1197 {46}
754 Table des possesseurs

Charles de Navarre
ex-Ashburnham-Barrois 203 {49} (?)
Charles d’Orléans
BnF, fr. 1197 {46} ; BnF, fr. 1643 {21}
Charles le Téméraire
Bruxelles, KBR, 11034 {16} ; Bruxelles, KBR, 10983 {18} ; Bruxelles, KBR, 10982 {19} ;
Bruxelles, KBR, 9508 {22} ; Paris, BnF, fr. 10153 {27} ; Bruxelles, KBR, 10309 {40} ;
Bruxelles, KBR, 9393 {34} ; Bruxelles, KBR, 10366 {53} ; Bruxelles, KBR, 10987 {50}
Charles Quint
Bruxelles, KBR, 11034 {16} ; Bruxelles, KBR, 10983 {18} ; Bruxelles, KBR, 10982 {19} ;
Bruxelles, KBR, 9508 {22} ; Paris, BnF, fr. 10153 {27} ; Bruxelles, KBR, 10309 {40} ;
Bruxelles, KBR, 9393 {34} ; Bruxelles, KBR, 10366 {53} ; Bruxelles, KBR, 10987 {50}
Chartes, Cabinet des
Paris, BnF, fr. 12779 {3}
Christine, reine de Suède
Vat., reg. lat. 920 {30} ; Vat., reg. lat. 1238 {44}
Cockerell, Sidney
ex-Phillipps 207 {25}
Colbert, Jean-Baptiste
Paris, BnF, fr. 2184 {17}
Danon, Robert
ex-Phillipps 207 {25}
Doubsne (?)
ex-Phillipps 207 {25}
Du Chemin de sainct-Maclou, Guillaume
Paris, BnF, fr. 580 {36}
Duriez, L. M. J.
ex-Ashburnham-Barrois 203 {49}
Ercole I, duc d’Este
Modène, BE, α.N.8.7. {28}
Frédéric de Prusse
La Haye, KB, 78 D 42 {23}
Geoffroy Le Meingre
Boston, PL, fr. Med. 101 {42}
Granvelle, Antoine Perrenot de, cardinal
Besançon, BM, 423 {48}
Guillaume Saro
Paris, BnF, fr. 580 {36}
Gÿmnich, Karl Otto von
Paris, BnF, nafr. 25636 {43}
Hagar (?)
BnF, fr. 12779 {3}
Heard, Isaac
ex-Phillipps 207 {25}
Holtrop, Johannes Willem
La Haye, KB, 78 D 42 {23}
Hyben / Hyven
Paris, BnF, nafr. 14852 {11}
Table des possesseurs 755

Isabeau de Bavière
Chantilly, Bibl. du Château, 492-493 {1-2} ; Londres, BL, Harley MS 4431 {12-13}
Isabelle de France, fille de Charles VI
BnF, fr. 1179 {33} (?)
J. de Poiphylle taigleure
BnF, fr. 24293 {31}
Jacob-Nicolas Moreau, seigneur d’Auteuil
Paris, BnF, fr. 848 {14} ; Paris, BnF, fr. 24293 {31}
Jacquette de Luxembourg, duchesse de Bedford et comtesse Rivers
Londres, BL, Harley MS 4431 {12-13}
Jean d’Angoulême
ex-Phillipps 207 {25} (?) ; BnF, fr. 1197 {46}
Jean de Berry
BnF, fr. 1188 {20} ; La Haye, KB, 78 D 42 {23} ; BnF, fr. 580 (?) {36} ; BnF, fr. 835-836-
606-605-607 {4-5-6-7-8} ; ex-Ashburnham-Barrois 203 (?) {49}
Jean de Poitiers, sire de Saint-Vallier
Boston, PL, fr. Med. 101 {42}
Jean Le Meingre dit Boucicaut
Boston, PL, fr. Med. 101 (?){42} ; Vat., reg. lat. 1238 {44} (?)
Jean sans Peur
BnF, fr. 848 {14} (?) ; Bruxelles, KBR, 10983 {18} ; Bruxelles, KBR, 10982 {19} ; Bruxelles,
KBR, 9508 {22} ; Paris, BnF, fr. 10153 {27} ; Bruxelles, KBR, 10309 {40} ; BnF,
fr. 24293 {31} (?)
Jehanne Raguier
Paris, Bibl. de l’Ars., 2681 {47}
Joly, Claude
BnF, fr. 24293 {31}
Labitte, Alphonse
Paris, BnF, nafr. 4792 {51}
Lacurne de Sainte-Palaye, Jean-Baptiste de
Paris, BnF, fr. 12779 {3}
La Baume-Saint-Amour, comte de
Besançon, BM, 423 {48}
La Marck, Charles de, comte de Maulevrier
Vat., reg. lat. 1238 {44}
La Trémoille, Charles de
Chantilly, Bibl. du Chât. 294 {45}
La Trémoille, Charlotte de
Chantilly, Bibl. du Chât. 294 {45}
La Trémoille, famille
Chantilly, Bibl. du Chât. 294 {45}
La Vallière, duc de
ex-Phillipps 207 {25} ; ex-Phillipps 128 {41}
Le Tournon
Paris, BnF, fr. 24786 {54}
Louis de Bourbon
ex-Ashburnham-Barrois 203 {49} (?)
Louis d’Orléans
756 Table des possesseurs

BnF, fr. 1740 {15} (?) ; ex-Phillipps 207 {25} (?) ; BnF, fr. 1643 {21} ; BnF, fr. 1197 {46}
Louise de Coëtivy
Chantilly, Bibl. du Chât. 294 {45} (?)
Louis Henri Joseph, duc de Bourbon
Chantilly, Bibl. du Chât., 294 {45}
Marguerite de Bavière
Paris, BnF, fr. 24293 {31} (?)
Marie de Berry, duchesse de Bourbon
BnF, fr. 835-836-606-605-607 {4-5-6-7-8} ; Paris, BnF, fr. 24786 {54} (?)
Marot, P.
Paris, BnF, nafr. 14852 {11}
Mary Putens (?)
Paris, Bibl. de l’Ars., 2686 {32}
Maximilien Ier
Bruxelles, KBR, 11034 {16} ; Bruxelles, KBR, 10983 {18} ; Bruxelles, KBR, 10982 {19} ;
Bruxelles, KBR, 9508 {22} ; Paris, BnF, fr. 10153 {27} ; Bruxelles, KBR, 10309 {40} ;
Bruxelles, KBR, 9393 {34} ; Bruxelles, KBR, 10366 {53} ; Bruxelles, KBR, 10987 {50}
Mazarin, cardinal de
Paris, BnF, fr. 5025 {29}
Modène, ducs de
Modène, BE, α.N.8.7. {28}
Motte l’ainé
Paris, BnF, nafr. 4792 {51}
Mouchet, Georges-Jean
Paris, BnF, fr. 12779 {3}
Nassau, comtes de
La Haye, KB, 78 D 42 {23}
Neufville, Nicolas de, seigneur de Villeroy
Paris, BnF, fr. 5025 {29}
Notre-Dame (chapitre de)
Paris, BnF, fr. 24293 {31}
Orange-Nassau, Guillaume III de
La Haye, KB, 78 D 42 {23}
Orange-Nassau, princes de
La Haye, KB, 78 D 42 {23}
Orléans, Henri d’, duc d’Aumale
Chantilly, Bibl. du Chât. 294 {45} ; Chantilly, Bibl. du Chât. 492-493 {1-2} ; Chantilly,
Bibl. du Chât. 494 {24}
Paulmy, marquis de, v. Argenson
Petau, Alexandre
Vat., reg. lat. 920 {30} ; Vat., reg. lat. 1238 {44}
Petau, Paul
Vat., reg. lat. 920 {30} ; Vat., reg. lat. 1238 {44}
Philippe II d’Espagne
Bruxelles, KBR, 11034 {16} ; Bruxelles, KBR, 10983 {18} ; Bruxelles, KBR, 10982 {19} (?) ;
Bruxelles, KBR, 9508 {22} ; Bruxelles, KBR, 10309 {40} ; Bruxelles, KBR, 9393 {34} ;
Bruxelles, KBR, 10476 {52} ; Bruxelles, KBR, 10366 {53} ; KB 10987 {50}
Philippe le Bon
Table des possesseurs 757

Bruxelles, KBR, 11034 {16} ; Bruxelles, KBR, 10983 {18} ; Bruxelles, KBR, 10982 {19} ;
Bruxelles, KBR, 9508 {22} ; Paris, BnF, fr. 10153 {27} ; Bruxelles, KBR, 10309 {40} ;
Bruxelles, KBR, 9393 {34} ; Bruxelles, KBR, 10366 {53} ; Bruxelles, KBR, 10987 {50}
Philippe le Hardi
BnF, fr. 848 (?) {14} ; Bruxelles, KBR, 10983 {18} ; Bruxelles, KBR, 9508 {22}
Phillipps, Sir Thomas
ex-Phillipps 207 {25} ; ex-Phillipps 128 {41}
Pierre Du chemyn
Paris, BnF, fr. 580 {36}
Raymond Raguier
Paris, Bibl. de l’Ars., 2681 {47}
Richelieu, cardinal de
Paris, BnF, fr. 24786 {54}
Robert Le Moyne
Paris, BnF, fr. 580 {36}
Rosenthal, Erwin
Boston, PL, fr. Med. 101 {42}
Russie, Bibliothèque impériale de
Paris, BnF, nafr. 25636 {43}
Saint-Vallier, Aimar IV de
Boston, PL, fr. Med. 101 {42}
Saint-Victor, Abbaye de Paris
BnF, fr. 24864, ff. 14r-18r et 176r-178bis v {37-38}
Sorbonne, Bibliothèque de la
Paris, BnF, fr. 24786 {54}
Yemeniz, Nicolas
Boston, PL, fr. Med. 101 {42}
Index des noms de personnes

Agnès de Bourgogne, 345, 349, 517, 532 Charles le Téméraire, 368, 387, 395, 429,
Agnès Sorel, 637, 638 490, 552, 598, 675, 698, 706
Aimar IV, seigneur de Saint-Vallier, 614, Charles Quint, 368, 387, 395, 429, 490,
627 552, 598, 657, 675, 698, 706
Albertano da Brescia, 130, 567 Charles V, roi de France, 101, 429, 477,
Alexandre V (pape), 663, 675 478, 666
Alexandre VIII (pape), 512, 627 Charles VI, roi de France, 66, 252, 391,
André Hausselet, 576, 580 398, 406, 417, 433, 478, 579, 665, 688
Anne de Graville, 425, 470, 471, 475 Charles VII, roi de France, 637-638, 651
Anthony Woodville, 2e comte Rivers, 319, Chifflet, Philippe, 658
641 Christine, reine de Suède, 511, 515, 627
Antoine, duc de Brabant et de Limbourg, Ciocchi, Carlo, 498
frère de Jean sans Peur, 477, 609 Cockerell, Sidney, 460, 461
Antoine de Chourses, 637, 638 Colart de Laon, 105
Antoine de Compiègne, 39, 110 Colbert, Jean-Baptiste, 375, 504, 552
Antoine Haneron, 409, 590 Coste, Claude-Louis, 658
Argenson, Antoine-René d’, marquis de Courchetet d’Esnans, 490
Paulmy, 219, 226, 518, 538, 542 Daguesseau, H. F., 515
Ashburnham, 4e comte de, 515, 664, 671 Daguesseau, J.-B.-P., 515
Azzolini, Decio (cardinal), 512, 627 Danon, Robert, 460
Azzolini, Pompeo, 512, 627 Doubsne (?), 460, 461
Bacchini, Benedetto, 498 Duriez, L. M. J., 664, 671
Barrois, Joseph, 664, 671 Ercole I, duc d’Este, 497
Benoît de Sainte-Maure, 138, 164 Étienne Castel, 25, 538
Bérès, Pierre, 460 Étienne Loyeau, 73
Bernard d’Armagnac, 694 Eustache Deschamps, 105
Berthelemy Du Says, 713 François Ier, 231, 270, 281, 288, 644
Bigot, Jean, 568, 570 Frédéric de Prusse, 440
Blanche de France, 665 Gaston Phébus, 73
Boèce, 572 Gayet de Sansale, 714
Boekenoogen, Gerrit Jacob, 309 Geoffroi de la Tour Landry, 567
Boisot, Jean-Baptiste, 658 Geoffroy de Charny, 572
Boivin le Cadet, 652 Geoffroy Le Meingre, 614
Bourbon-Condé, famille, 451, 638 Gérard, Georges-Joseph, 310, 387, 490
Castelnau, Thomas de, 515 Gervais du Bus, 130, 567
Catherine de Coëtivy, 637, 638 Gieffroy Chose, 39
Cavendish, Henry, 2e duc de Newcastle, Giglioli, Gerolamo, 497
320 Giovanni Alcherio, 123
Cavendish Holles, Henrietta, 320 Giovanni Aretino, 21
Charles d’Albret, 358, 359, 368, 478, 605 Godefroy, Théodore, 515
Charles d’Angoulême, 643, 644 Gontier Col, 17, 179
Charles d’Orléans, 18, 66, 409, 410, 412, Grandrue, Claude de, 575, 580
589, 590, 631, 643, 644, 694 Granvelle, Antoine Perrenot de, 657, 661
Charles Ier de Bourbon, 349, 532 Granvelle, François Perrenot de, 657
Charles III de Bourbon, connétable de Granvelle, Nicolas Perrenot de, 657
France, 232, 241, 270, 281-282, 288 Greene, T. H., 671
Charles III le Noble, roi de Navarre, 147, Guichard II Dauphin, seigneur de Jaligny,
665, 666, 671 571-572
Charles IV le Bel, roi de France, 665 Guillaume de Digulleville, 112, 154
760 Index des noms de personnes

Guillaume de Lorris, 149 Jean de Hangest, sire d’Heuqueville, 485


Guillaume de Machaut, 111, 149, 150 Jean de Jouy, 39
Guillaume Du Chemin de sainct-Maclou, Jean de la Croix, 87
568 Jean de Meun, 17, 112, 113, 149, 150, 572
Guillaume Loiseau, 105 Jean de Montaigu, 155, 571
Guillaume Mauléon, 74, 123 Jean Demolin, 42
Guillaume Tuysselet, 575, 579, 580 Jean de Montreuil, 17, 21
Guillaume de Tignonville, 229, 333 Jean de Neufchâtel, 25
Guillemme Saro, 568 Jean de Neufville, 579
Gÿmnich, Karl Otto von, 620 Jean de Planis, 42
Hagar (?), 218 Jean de Poitiers, seigneur de Saint-Vallier,
Haincelin de Haguenau (Maître de 614
Bedford), 132, 147, 149, 151, 154, 169- Jean de Saint-Éloi, 105
170, 327, 343 Jean de Venette, 25
Harley, Edward, 320 Jean de Vignay, 567
Heard, Sir Isaac, 460 Jean de Werchin, 111
Hémon Raguier, 651 Jean Flamel, 440, 441, 447
Henri Ier de Bourbon, 638 Jean Froissart, 108, 154
Henri Bossec, 45 Jean Fusoris, 108
Henri de Ferrières, 150 Jean Galopes, 87
Henri de Gauchy, 85 Jean Gerson, 17, 25, 93, 133, 579, 694
Henri Suso, 108 Jean Golein, 657
Herman de Valenciennes, 147 Jean Hurault, 651
Holtrop, Johannes Willem, 441 Jean Ier, duc de Bourbon, 713
Honoré Bouvet, 93, 160, 303 Jean III Le Meingre, 627
Hull, Dame Eleanor, 663 Jean Lebègue, 39, 92, 94, 98, 103, 123
Hyben/Hyven (?), 313 Jean le Bon, 665
Isabeau de Bavière, 18, 42, 66, 87, 180, 190, Jean Le Meingre dit Boucicaut, 87, 614, 627
319, 517, 524 Jean Le Normand, 99
Isabelle de France, 66, 546, 609 Jean Miélot, 349
Jacquemart de Hesdin, 154, 170 Jean Pucelle, 93
Jean de Poiphylle, « taigleure », 517, 532, Jean Rolin, 42
533 Jean Royer, 440
Jacques Coene, 39, 123 Jean sans Peur, 73, 80, 87, 123, 132, 147,
Jacques Courau, 73, 162 148, 154, 155, 185, 275, 295, 297, 349,
Jacques de Cessoles, 130, 567 368, 384, 387, 395, 429, 477, 478, 490,
Jacques de Longuyon, 107 497, 504, 511, 521, 532, 552, 598, 609,
Jacques Hurault, 651 661, 664, 665, 666, 667, 668, 675, 679,
Jacques Legrand, 18, 25 687, 688, 690, 691, 692, 693, 694, 698,
Jacquet Maci, 43 699, 700, 706
Jacquette de Luxembourg, 132, 319, 336 Jean Viterne, 105
Jean Castel, 25, 141, 225, 276 Jeanne de Bourbon, 524
Jean Creton, 572 Jeanne de Laval, 216
Jean d’Angoulême, 18, 297, 466, 631, 643, Jeanne de Naples, 102
644, 646 Jeanne d’Évreux, 665
Jean de Berry, 18, 51-52, 56, 61, 62, 73, 76, Jeanne Raguier, 651, 652
80, 99, 102, 104, 123, 124, 130, 133, 138, Joachim Troislivres, 39
145, 147, 154, 162, 163, 164, 168, 170, John Skot, 641
173, 177, 179, 185, 205, 229, 231, 238, Joly, Claude, 532
241, 242, 251, 270, 281, 285, 288, 309, La Baume-Saint-Amour, comte de, 657
310, 347, 381, 382, 383, 395, 403, 409, La Marck, Charles de, comte de Maulevrier,
417, 418, 419, 422, 440, 441, 447, 477, 627
478, 479, 523, 524, 552, 565, 570, 572, La Trémoille, Charles de, 638
580, 581, 589, 590, 663, 664-666, 671, La Trémoille, Charlotte de, 638
688, 691, 693 La Trémoille, famille, 638
Jean de Bruxelles, 409 La Vallière, duc de, 460, 605
Jean de Châteaumorand, 191 Labitte, Alphonse, 681
Index des noms de personnes 761

Lacurne de Sainte-Palaye, Jean-Baptiste de, Murray, Charles Fairfax, 515


218, 219, 226, 232, 238, 270, 278, 284, Nassau, comtes de, 440
362, 403 Neufville, Nicolas de, seigneur de Villeroy,
Laurent de Premierfait, 92, 155 504
Le Tournon, 713 Nicolas de Clamanges, 17, 19-20
Limbourg, frères de, 48, 76-77, 170 Nicole Garbet, 382, 409, 410
Louis d’Orléans, 18, 105, 104, 107, 111, Nicole Oresme, 108
119, 126-127, 137, 140, 147, 167, 175, Orange-Nassau, Guillaume III de, 440
177, 178, 179, 185, 187, 189, 195-196, Orange-Nassau, princes de, 440
200, 215, 224, 231, 237, 238, 241, 242, Orléans, Henri de, duc d’Aumale, 191, 205,
245, 252, 270, 274, 281, 285, 317, 327, 451, 638
345, 353, 358, 361, 364, 371, 382, 409, Ovide, 572
417, 460, 466, 478, 481, 523, 589, 609, P. De La Croix, 25
614, 625, 627, 631, 637, 643, 651, 657, Petau, Alexandre, 511, 627
666, 677, 679, 693 Petau, Paul, 511, 627
Louis de Bourbon-Vendôme, 105 Philippe de Bergame, 25
Louis de Brezé, 627 Philippe de Mézières, 17, 20, 27, 666
Louis de Bruges, 320 Philippe d’Orléans, 665
Louis de Guyenne, 102, 151, 169, 170, 433, Philippe de Vitry, 25
631, 633, 651, 691, 705 Philippe II d’Espagne, 368, 387, 395, 429,
Louis de Luxembourg, 145 435, 552, 598, 657, 675, 698, 706
Louis de Sancerre, 367, 368, 371 Philippe le Bon, 368, 387, 395, 429, 433,
Louis Henri Joseph, duc de Bourbon, 638 490, 517, 552, 598, 675, 687, 698, 706
Louis II, duc de Bourbon, 29, 145, 478, Philippe le Hardi, 48, 123-124, 132, 138,
481, 507, 570, 665, 671 218, 345, 347, 349, 380, 387, 417, 418,
Louis III d’Anjou, 147 419, 428, 429, 433, 477, 478, 481, 485,
Louis XI, 637 490, 665, 666
Louis XII, 590 Phillipps, Sir Thomas, 460, 583, 605, 606
Louis Malet de Graville, 470 Pierre Ier de Luxembourg, 145
Louis, roi de Sicile, 205, 478, 481, 665, 671 Pierre Bersuire, 109, 138
Louise de Coëtivy, 638 Pierre Col, 218, 333
Louvois, abbé de, 568 Pierre d’Ailly, 17, 20, 629, 666
Mahaut d’Artois, 41 Pierre de la Hazardière, 409, 590
Marguerite d’Autriche, 552 Pierre de Liffol, 154
Marguerite de Bavière, 517, 521, 532 Pierre de Vérone, 99
Marguerite de Bourgogne, femme de Louis Pierre Du Chemyn, 568
de Guyenne, 169, 433, 609 Pierre Gilbert, 50, 66, 67, 68, 71, 72-83, 85,
Marie de Balsac, 470 86, 88, 235, 326, 473, 607, 672, 677, 683,
Marie de Berry, duchesse de Bourbon, 25, 708, 743
52, 108, 231, 241, 270, 281, 288 Pierre Lorfèvre, 44, 45, 105
Marie de Valois, fille naturelle de Charles Pierre Oriol, 44
VII et Agnès Sorel, 638 Pierre Rémiet, 110
Marot, Clément, 658 Pierre Salmon, 155, 163, 166
Marot, P., 313 Poggio Bracciolini, 21
Martin Le Viguereux, 579 Poitiers, Diane de, 614, 627
Mary Putens (?), 538 Raoul de Presles, 92, 145, 304
Maximilien Ier, 368, 387, 395, 429, 490, 552, Raoulet d’Anquetonville, 123
598, 675, 698, 706 Raponde, frères, 99, 123, 155
Mazarin, cardinal de, 504 Raymond Raguier, 631, 651, 652
Michelle de France, femme de Philippe le Renaut de Louhans, 567
Bon, 433 René d’Anjou, 147, 216
Modène, ducs de, 497 Richard II d’Angleterre, 66, 609
Moreau, Jacob-Nicolas, seigneur d’Auteuil, Richard Maidstone, 663
218, 349, 517, 532, 535 Richelieu, cardinal de, 711, 713, 714, 716
Morgand, Libraire Damascène, 191, 205 Robert d’Envermeuil, 25
Motte l’ainé, 681 Robert Le Moyne, 568
Mouchet, Georges-Jean, 218-219, 225 Robin des Fontaines, 39, 42
762 Index des noms de personnes

Robin Quelin, 40 Thomas d’Aquin, 523


Robinet d’Estampes, 664 Thomas de Pizan, 101, 108, 242, 538
Robinson, W. H., 605 Thomas de Saluces, 107, 155, 248, 262
Rosenthal, Erwin, 614 Toustain, comte de, 191, 205
Sallier, abbé, 368 Valentine Visconti, 625
Saint-Victor, Abbaye de Paris, 571, 575, Vignerot, Armand de, 713
576, 580 Yemeniz, Nicolas, 614
Simon de Courcy, 25
Index des noms d’artistes et artisans

Antoine de Compiègne, 39, 110 141, 142, 143, 146, 147, 149, 152, 155,
Assistant aux trois couleurs, 66, 81-82, 84, 161, 167, 168, 236, 244, 245-252, 256-
301 266, 414, 419, 434-435, 445-446, 451,
Atelier aux échancrures, 50-58, 68, 72, 353, 456-457, 465-466, 522, 569, 593, 602,
370, 390, 397, 405, 562, 617, 628, 632, 634, 651, 654
640, 648, 654 Maître de l’Ovide moralisé, 48, 130-131,
Colart de Laon, 105 569
Étienne Loyeau, 73 Maître de la Cité des dames, 90, 98, 102,
Filigraneur aux couleurs insolites, 46-47, 107, 118, 132, 153, 154-169, 170, 291,
194 302, 327, 343, 425, 473, 520, 548, 555,
Filigraneur aux lys courbes, 48, 194, 208, 563, 610, 617, 623, 702, 709
Filigraneur aux lys losangés, 41, 44-46, 54, Maître de la Mazarine, 74, 147, 151, 153,
194, 222, 363, 390 155, 163, 166
Geoffroy Chose, 39 Maître de la Mort (voir Pierre Rémiet)
Guillaume Loiseau, 105 Maître de la Pastoure, 99, 102, 110-117,
Haincelin de Haguenau (Maître de 148, 195, 224
Bedford), 73, 102, 132, 147, 149, 151, Maître de la première Épître, 103-110, 115,
154, 169-170, 327, 343 345-346, 353-354
Henri Bossec, 45 Maître de Virgile, 73, 154, 162, 164
Jacquemart de Hesdin, 154, 170 Maître des Cleres femmes, 123, 145, 154
Jacques Coene, 39, 123 Maître des Madones d’humilité, 77
Jacquet Maci, 43 Maître des Textes romains (voir Maître du
Jean Demolin, 42 Flavius Josèphe)
Jean de Jouy, 39 Maître du Couronnement de la Vierge, 102,
Jean de Saint-Éloi, 105 103, 104, 118, 122-129, 139, 140, 359,
Jean le Normand, 99 364, 371, 391, 398, 406
Jean Pucelle, 93 Maître du Hannibal de Harvard, 87
Jean Viterne, 105 Maître du Policratique de Charles V, 110,
Joachim Troislivres, 39 154
Limbourg, frères de, 48, 76, 77, 170, 251 Maître du Roman de la Rose de Valencia
Maître de 1402, 123 (voir Maître de Couronnement de la
Maître au safran, 138, 139, 142-146, 155, Vierge)
168, 244, 252-256, 263, 264 Maître du saint Voult, 110
Maître bleu-jaune-rose de Chantilly, 97, Ornemaniste à la résille, 76, 81, 83, 85-88,
117-122, 128, 139, 140, 148, 160, 195, 301, 326, 342, 708, 715
209, 252-256, 263 Ornemaniste aux araignées, 58-59, 291,
Maître d’Egerton, 55, 73, 77, 102, 132, 139, 535, 541
142, 145, 146-152, 236, 244, 263, 266, Ornemaniste aux brins de fantaisie, 50, 65,
274, 672, 678, 684 68-72, 377, 416, 432, 444, 455, 464, 485,
Maître de Bedford (voir Haincelin de 486, 494, 501, 507, 514, 593, 601
Haguenau) Ornemaniste aux radicelles, 84-85, 410
Maître de Boucicaut, 77, 151, 153, 163 Ornemaniste aux trèfles, 77, 82-84, 701
Maître de Flavius Josèphe, 73, 120 Ornemaniste aux trois couleurs, 66, 81-82,
Maître de Giac, 152-154, 607 84, 301
Maître des Initiales de Bruxelles, 147 Ornemanistes à la vigne d’or, 51, 55, 57,
Maître de Jeanne Ravenelle, 110-116, 123, 58, 59-68, 235, 244, 273, 284, 290, 301,
154, 224 326, 342, 473, 541, 548, 555, 562, 622,
Maître de l’Apocalypse de Berry, 85 661
Maître de l’Épître Othéa, 73, 92, 95, 96, 97, P. De La Croix, 25
98, 99, 100, 102, 118, 120, 121, 122, 131- Pierre de Vérone, 99
764 Index des noms d’artistes et artisans

Pierre Gilbert, 50, 66, 67, 68, 71, 72-81, 82,


83, 84, 85, 86, 235, 326, 473, 607, 672,
677-678, 683, 708
Pierre Rémiet, 110
Robin des Fontaines, 39, 42
Robin Quelin, 40
Index des manuscrits cités

Sont en gras les notices des manuscrits de l’Album.

Bayeux, Bibl. du Chapitre, 61 : 73 Cambridge (Mass.), Harvard College, ms.


Berlin, Staatsbibl., Phillipps 1917 : 155 Typ 101 : 93
Besançon, BM, 423 : 30, 59, 60, 61, 396, Chantilly, Bibl. du Château, 294 : 30, 55,
625, 628, 629, 631-635, 656-662, 709 56, 452, 583, 631-635, 636-641, 654
Besançon, BM, 434 : 657 Chantilly, Bibl. du Château, 492 : 33, 40,
Besançon, BM, 550 : 55, 147 45, 46, 47, 48, 102, 106, 108, 110, 111,
Besançon, BM, 863 : 657 112, 113, 114, 115, 116, 117, 118, 141,
Besançon, BM, 864-865 : 657 148, 173, 174-176, 186-200, 203, 205,
Besançon, BM, 1150 : 657 207, 209, 211, 215, 216, 218, 220, 229,
Boston, PL, fr. Med. 101 : 36, 56, 57, 60, 238, 326, 331, 339, 345, 347, 357, 361,
157, 158, 609-611, 612-617, 620, 632 362, 368, 373, 375, 387, 431, 576
Bruxelles, KBR, 9001-02 : 74, 154 Chantilly, Bibl. du Château, 493 : 40, 48,
Bruxelles, KBR, 9024-25 : 154 95, 97, 102, 117-122, 128, 135, 140, 141,
Bruxelles, KBR, 9049-50 : 155 159, 160, 173, 174-176, 178, 180, 181,
Bruxelles, KBR, 9393 : 64, 65, 154, 156, 191, 195, 200, 202-212, 238, 281, 362,
165, 287, 517-529, 550-557, 560 373, 379-384, 387, 413-425, 456, 565
Bruxelles, KBR, 9484 : 74 Chantilly, Bibl. du Château, 494 : 68, 70,
Bruxelles, KBR, 9508 : 16, 27, 33, 34, 35, 95, 96, 97, 131, 132, 133, 134, 135, 176,
68, 69, 95, 96, 121, 131, 132, 133, 134, 203, 209, 302, 413-425, 434, 448-457,
135, 176, 209, 341, 357, 413-425, 426- 461, 464, 638
436, 451, 455, 461, 463, 464, 639 Châteauroux, BM, 2 : 151
Bruxelles, KBR, 9509 : 64 Cleveland, Museum of Art, Marlatt F.
Bruxelles, KBR, 10205 : 690 64.40 : 147
Bruxelles, KBR, 10309 : 28, 30, 69, 71, 72, Collection particulière, ex-
131, 136, 583-586, 596-602, 632 Ashburnham-Barrois 203 : 77, 78, 79,
Bruxelles, KBR, 10366 : 27, 76, 77, 80, 83, 81, 151, 663-668, 670-672, 685
86, 87, 168, 381, 661, 687-694, 702, 704- Collection particulière, ex-Dyson-Perrins :
709, 711 74
Bruxelles, KBR, 10476 : 22, 82, 83, 84, Collection particulière, ex-Phillipps
158, 159, 185, 295, 297, 305, 432, 687- 128 : 27, 32, 37, 84, 152-154, 583-586,
694, 696-703, 708 598, 604-608, 639
Bruxelles, KBR, 10982 : 53, 54, 56, 67, 94, Collection particulière, ex-Phillipps
120, 123, 124, 125, 126, 127, 128, 129, 207 : 31, 69, 95, 96, 121, 122, 131, 134,
132, 148, 207, 362, 379-384, 394-400, 135, 176, 209, 413-425, 431, 451, 455,
406, 409 458-466
Bruxelles, KBR, 10983 : 23, 27, 40, 44, 45, Collection particulière, vendu à l’hôtel des
54, 55, 119, 123, 124, 125, 126, 127, 128, ventes de Chatou le 19 décembre 2010
140, 357, 379-384, 386-393, 398 (lots n° 5050 et 5083) : 77
Bruxelles, KBR, 10987 : 66, 67, 77, 78, Cologny, Cod. Bodmer 93 : 52
146, 151, 663-668, 671, 674-679, 682, Copenhague, KB, ms. Thott 1138 : 112
685 Genève, BPU, fr. 165 : 166
Bruxelles, KBR, 11034 : 27, 53, 102, 126, Genève, BPU, fr. 190 : 52
127, 148, 317, 353, 357-359, 361, 363, Houston, collec. Ferrell : 52
366-371, 478 Ithaca (NY), Cornell University Library,
Cambridge (Mass.), Harvard College, B.24 : 74
Houghton Library, ms. Richardson 32 : La Haye, KB, 72 A 22 : 145-146
87 La Haye, KB, 78 A 25 : 24
766 Index des manuscrits cités

La Haye, KB, 78 D 42 : 22, 30, 68, 95, 96, New York, Metropolitan Museum,
121, 131, 133, 134, 135, 176, 209, 357, Cloisters, MS 54.1.1 : 73, 76, 251, 447
413-425, 427, 436, 438-447, 451, 461, New York, Pierpont Morgan Library,
469 M. 515 : 74, 123
La Haye, MMW, 10 A 12, 162 New York, Pierpont Morgan Library,
Leyde, UB, Ltk. 1819 : 173-174, 308-310, M. 536 : 155
517-525 Orléans, BM, 15 : 83
Lisbonne, AN, CF.133 : 117 Oxford, Bodl. Lib., Canon. liturg. 75 : 77,
Lisbonne, Fondation Gulbenkian, LA 143 : 151
155 Oxford, Bodl. Lib., Douce 144 : 74, 76, 79
Lisbonne, Fondation Gulbenkian, LA 237 : Oxford, Bodl. Lib., d’Orville 141 : 92
170 Oxford, Keble College, 11 : 74
Londres, BL, Add. 16997 : 77, 78 Paris, Bibl. de l’Ars., 623 : 87
Londres, BL, Add. 18850 : 102, 169 Paris, Bibl. de l’Ars., 650 : 147, 152
Londres, BL, Add. 18856-57 : 154 Paris, Bibl. de l’Ars., 2681 : 31, 55, 56, 60,
Londres, BL, Add. 29433 : 74, 116 131, 135, 136, 381, 598, 631-635, 650-
Londres, BL, Add. 35311 : 147 655, 657
Londres, BL, Burney 257 : 569 Paris, Bibl. de l’Ars., 2686, 28, 36, 58, 59,
Londres, BL, Cotton Otho D I : 132 61, 62, 64, 291, 517-529, 536-542
Londres, BL, Egerton 1070 : 147, 148, 150, Paris, Bibl. de l’Ars., 3172 : 425, 470
151 Paris, Bibl. de l’Ars., 3295 : 218, 228
Londres, BL, Harley MS 2867 : 77 Paris, Bibl. de l’Ars., 3479-3480 : 155
Londres, BL, Harley MS 2897 : 147, 148 Paris, Bibl. de l’Ars., 5057-5058 : 145, 154
Londres, BL, Harley MS 2940 : 154 Paris, Bibl. de l’Ars., 5193 : 155
Londres, BL, Harley MS 2952 : 77 Paris, Bibl. Mazarine, 13 : 151
Londres, BL, Harley MS 3687 : 83 Paris, Bibl. Mazarine, 18 : 151
Londres, BL, Harley MS 4385 : 85 Paris, Bibl. Mazarine, 318 : 44
Londres, BL, Harley MS 4431 : 17, 26, Paris, Bibl. Mazarine, 469 : 151
27, 30, 33, 35, 40, 63, 64, 71, 73, 75, 87, Paris, Bibl. Mazarine, 2028 : 118, 132, 155
Paris, Bibl. Sainte Geneviève, 34-36 : 45
99, 100, 108, 153, 165, 166, 167, 168,
Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, 783 : 113
169, 170, 173, 180-184, 190, 218, 229, Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, 1132 : 113
248, 255-266, 269, 277, 287, 291, 310, Paris, Bibl. Sainte Geneviève, 1278 : 153
316-343, 345, 346, 347, 357, 368, 373, Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, 1465 : 113
379-384, 405, 431, 517-529, 551, 560, Paris, BnF, Clairambault, 281 : 66
Paris, BnF, fr. 23-24 : 155
563, 575, 608, 711
Paris, BnF, fr. 101 : 150
Londres, BL, Loan 85/4 : 112
Paris, BnF, fr. 131 : 155
Londres, BL, Royal 15 D III : 74
Paris, BnF, fr. 159 : 123, 447
Londres, BL, Royal 17 E VII : 40
Paris, BnF, fr. 166 : 48
Londres, BL, Royal 19 C IV : 40, 46, 83
Paris, BnF, fr. 174 : 155
Londres, BL, Royal 19 E VI : 155
Paris, BnF, fr. 226 : 155, 164
Londres, BL, Royal 20 C IV : 92, 155
Paris, BnF, fr. 242 : 122
Londres, BL, Sloane 2433 : 48, 569
Paris, BnF, fr. 246 : 447
Londres, BL, Stowe 54 : 569
Paris, BnF, fr. 247 : 73
Londres, BL, Yates Thompson 21 : 112
Paris, BnF, fr. 260-262 : 155
Londres, Lambeth Palace, 326 : 87
Paris, BnF, fr. 263 : 164, 447
Lyon, BM, 328 : 41
Paris, BnF, fr. 282 : 73, 164
Mâcon, BM, 95 : 113
Paris, BnF, fr. 301 : 159, 163, 164, 248,
Málaga, BPP, n.c. : 25
Paris, BnF, fr. 340 : 47
Malibu, J. Paul Getty Museum, 22 : 153
Paris, BnF, fr. 373 : 48, 130, 569, 570
Modène, BE, α.N.8.7 : 29, 32, 70, 477-
Paris, BnF, fr. 377 : 112
486, 492, 494, 496-501, 504, 507, 511
Paris, BnF, fr. 380 : 113, 447
Munich, BSB, Cod. Gall. 11 : 31, 67, 68,
Paris, BnF, fr. 580 : 14, 18, 27, 52, 56,
69, 95, 97, 98, 163, 164-165, 302, 305,
130, 566-570
413-425, 468-475
Paris, BnF, fr. 598 : 138, 161, 304, 447
New Haven, Beinecke Lib., 400 : 74, 170
Index des manuscrits cités 767

Paris, BnF, fr. 603 : 23, 66, 67, 81, 82, 85, Paris, BnF, fr. 1647 : 154
86, 90, 94, 95, 97, 98, 158, 159, 160, 161, Paris, BnF, fr. 1740 : 27, 40, 44, 45, 102,
162, 163, 168, 173, 184-185, 294-306, 126, 127, 148, 207, 317, 345, 357-359,
309, 313, 315, 413-425, 470, 472, 475, 360-364, 368, 371
644, 688, 690, 698, 699, 700, 701 Paris, BnF, fr. 2166, 111
Paris, BnF, fr. 604 : 200 Paris, BnF, fr. 2184 : 24, 71, 373, 374-377
Paris, BnF, fr. 605 : 23, 24, 61, 62, 141, Paris, BnF, fr. 2641 : 447
173, 177-180, 231, 241, 280-285, 288, Paris, BnF, fr. 2810 : 80, 147, 447
565, 575, 625 Paris, BnF, fr. 2862 : 515
Paris, BnF, fr. 606 : 24, 62, 63, 99, 108, Paris, BnF, fr. 5025 : 28, 29, 30, 36, 70,
137, 139, 142-146, 147, 148, 167, 168, 382, 477-486, 492, 494, 497, 501, 502-
508, 511
173, 177-180, 231, 240-266, 281, 282,
Paris, BnF, fr. 6446 : 155
285, 288, 345, 347 Paris, BnF, fr. 9221 : 447
Paris, BnF, fr. 607 : 62, 63, 65, 142, 156, Paris, BnF, fr. 9561 : 102
157, 165, 173, 177-180, 231, 241, 281, Paris, BnF, fr. 10153 : 23, 24, 29, 32, 70,
282, 285, 286-292, 309, 310, 517-529, 71, 477-486, 488-495, 497, 501, 504, 507,
535, 542, 551, 560 511
Paris, BnF, fr. 616 : 73, 132, 147, 149 Paris, BnF, fr. 12201 : 123
Paris, BnF, fr. 760 : 150 Paris, BnF, fr. 12399 : 150
Paris, BnF, fr. 812 : 572 Paris, BnF, fr. 12420 : 123, 138, 161, 304
Paris, BnF, fr. 835 : 23, 24, 30, 62, 63, 72, Paris, BnF, fr. 12468 : 25
73, 136, 137, 139, 147, 148, 152, 173, Paris, BnF, fr. 12559 : 107, 155, 248, 262
177-180, 187, 215, 218, 228-238, 241, Paris, BnF, fr. 12779, 27, 40, 41, 44, 45,
270, 278, 281, 285, 317, 327, 331, 333, 46, 54, 94, 102, 106, 110, 111, 112, 113,
338, 357, 368 114, 115, 116, 117, 141, 177, 192, 194,
Paris, BnF, fr. 836 : 24, 30, 62, 63, 83, 195, 197-199, 200, 214-226, 238, 317,
139, 140, 141, 147, 148, 149, 167, 173, 331, 339, 345, 347, 357, 368, 373, 375,
177-180, 268-278, 281, 285, 373, 379- 387
384, 405 Paris, BnF, fr. 13091 : 51, 52, 62, 447
Paris, BnF, fr. 848 : 27, 30, 50, 52, 53, 56, Paris, BnF, fr. 16994 : 155
80, 102, 104-110, 115, 126, 326, 331, 345- Paris, BnF, fr. 16998 : 150
347, 348-355, 357, 532 Paris, BnF, fr. 20144 : 66
Paris, BnF, fr. 871 : 125 Paris, BnF, fr. 22545 : 111
Paris, BnF, fr. 926 : 25, 108 Paris, BnF, fr. 23279 : 155, 163
Paris, BnF, fr. 964 : 93 Paris, BnF, fr. 24232 : 25
Paris, BnF, fr. 1023 : 447 Paris, BnF, fr. 24293 : 43, 58, 59, 291,
Paris, BnF, fr. 1176 : 26, 27, 28, 30, 33, 34, 517-529, 530-535, 537, 538, 541, 542,
37, 70, 71, 72, 131, 135, 136, 409, 431, 547, 548
514, 583-586, 588-594, 598, 601, 632 Paris, BnF, fr. 24786 : 27, 83, 87, 88, 711-
Paris, BnF, fr. 1178 : 23, 31, 36, 57, 63, 64, 716
165, 517-529, 558-564 Paris, BnF, fr. 24864, ff. 14r-18r : 26, 27,
Paris, BnF, fr. 1179 : 23, 64, 65, 66, 155, 571-572, 578-581
156, 157, 517-529, 544-549, 554, 560 Paris, BnF, fr. 24864, ff. 176r-178bis v : 27,
Paris, BnF, fr. 1182, 693 178, 571-572, 574-576
Paris, BnF, fr. 1188 : 24, 50, 53, 54, 55, Paris, BnF, lat. 248 : 447
119, 122, 123, 124, 125, 126, 127, 128, Paris, BnF, lat. 919 : 56, 447
140, 297, 379-384, 398, 395, 402-407, Paris, BnF, lat. 1158 : 87
409 Paris, BnF, lat. 3093 : 52
Paris, BnF, fr. 1197 : 23, 29, 31, 37, 55, 56, Paris, BnF, lat. 7762 : 409, 590
60, 63, 185, 297, 466, 583, 631-635, 640, Paris, BnF, lat. 7789 : 92
642-648, 654, 657 Paris, BnF, lat. 9471 : 153
Paris, BnF, fr. 1297 : 150 Paris, BnF, lat. 9684 : 74
Paris, BnF, fr. 1584 : 111, 149 Paris, BnF, lat. 10483 : 93, 447
Paris, BnF, fr. 1586 : 111 Paris, BnF, lat. 10484 : 447
Paris, BnF, fr. 1643 : 22, 33, 37, 50, 84, 85, Paris, BnF, lat. 14643 : 93, 447
94, 379-384, 408-412, 590 Paris, BnF, lat. 18014 : 52, 57
768 Index des manuscrits cités

Paris, BnF, Moreau, 1686 : 226 Valencia, BHU, 387-1327 : 119, 120, 123
Paris, BnF, nafr. 4792 : 27, 33, 77, 79,80, Vat. (Cité du), BAV, pal. lat. 1988 : 110,
81, 150, 151, 431, 639, 663-668, 671, 672, 123
680-685 Vat. (Cité du), BAV, pal. lat. 1989 : 155
Paris, BnF, nafr. 14852 : 173, 185, 305, Vat. (Cité du), BAV, reg. lat. 920 : 24,
312-315, 413 29, 70, 71, 375, 477-486, 492, 497, 504,
Paris, BnF, nafr. 25636 : 23, 33, 41, 58, 510-515
61, 62, 157, 158, 549, 609-611, 615, 618- Vat. (Cité du), BAV, reg. lat. 1238 : 55,
623, 632 56, 396, 625-629, 660
Paris, BnF, nalat. 3107 : 74 Vienne, ÖNB, 311-48 : 155
Paris, Musée Jacquemart-André, ms. 2 : 87 Vienne, ÖNB, 1855 : 170
Saint-Pétersbourg, BNR, Fr.Q.v.XIV : 123, Vienne, ÖNB, 2537 : 145
216 Vienne, ÖNB, 2569 : 155
Toronto, Royal Ontario Museum, Heures de Vienne, ÖNB, 2644 : 131
Giac : 152-153 Washington, Nat. Gallery, B-13 : 520, 76
Toulouse, BM, 822 : 145 Yale, Beinecke Library, ms. 400 : 74, 170
Turin, BN, R. 1680 : 155
Uppsala, UB, Carolina rediviva, ms. C
517e : 110
Album couleurs

[1] Paris, BnF, fr. 12779, f. 157r {3} (Maître de la Pastoure)

Crédits photographiques de l’Album couleurs © Boston, PL ; Bruxelles, KBR ; Chantilly,


Bibl. du Château ; © La Haye, KB ; Paris, BnF ; Londres, BL
770 Album couleurs

[2] Paris, BnF, fr. 12779, f. 154r {3} (Maître de la Pastoure)

[3] Chantilly, Bibl. du Château, 492, f. 163v {2} (Maître de la Pastoure)


Album couleurs 771

[4] Chantilly, Bibl. du Château, 492, f. 110v {2} (Maître de la Pastoure)

[5] Chantilly, Bibl. du Château, 493, f. 232r {3} (Maître bleu-jaune-rose de Chantilly)
772 Album couleurs

[6] Paris, BnF, fr. 606, f. 4v {5} (Maître de l’Épître Othéa)


Album couleurs 773

[7] Paris, BnF, fr. 606, f. 9v {5} (Maître de l’Épître Othéa)

[8] Paris, BnF, fr. 606, f. 12v {5} (Maître de l’Épître Othéa)
774 Album couleurs

[9] Paris, BnF, fr. 606, f. 41r {5} (Maître d’Egerton) © Paris, BnF

[10] Paris, BnF, fr. 606, f. 44v {5} (Maître au safran)


Album couleurs 775

[11] Paris, BnF, fr. 606, f. 31v {5} (Maître d’Egerton)

[12] Paris, BnF, fr. 607, f. 31v {5} (Maître de la Cité des dames)
776 Album couleurs

[13] Paris, BnF, fr. 835, f. 1r {4} (Maître de l’Épître Othéa)


Album couleurs 777

[14] Paris, BnF, fr. 835, f. 50r {4} (Maître de l’Épître Othéa) © Paris, BnF

[15] Paris, BnF, fr. 836, f. 5d {6} (Maître de l’Épître Othéa)


778 Album couleurs

[16] Paris, BnF, fr. 836, f. 12r {6} (Maître de l’Épître Othéa)

[17] Paris, BnF, fr. 836, f. 42r {6} (Maître de l’Épître Othéa)
Album couleurs 779

[18] Londres, BL, Harley MS 4431, f. 48r {12} (Maître de la Cité des dames)

[19] Londres, BL, Harley MS 4431, f. 144r {12} (Maître de la Cité des dames)
780 Album couleurs

[20] Londres, BL, Harley MS 4431, f. 265r {13} (Maître de la Cité des dames)

[21] Bruxelles, KBR, 11034, f. 2r {16} (Maître du Couronnement de la Vierge)


Album couleurs 781

[22] Paris, BnF, fr. 603, f. 81v {9} (Maître de la Cité des dames)
782 Album couleurs

[23] Paris, BnF, fr. 603, f. 127v {9} (Maître de la Cité des dames)
Album couleurs 783

[24] Paris, BnF, fr. 848, f. 3r {14} (Maître de la première Épître) © Paris, BnF

[25] Bruxelles, KBR, 10982, f. 25v {19} (Maître du Couronnement de la Vierge)


784 Album couleurs

[26] Bruxelles, KBR, 10982, f. 8r {19} (Maître du Couronnement de la Vierge)

[27] Bruxelles, KBR, 10982, f. 2r {19} (Maître du Couronnement de la Vierge)


Album couleurs 785

[28] Bruxelles, KBR, 10982, f. 33v {19} (Maître du Couronnement de la Vierge)

[29] Bruxelles, KBR, 10983, f. 13r {18} (Maître du Couronnement de la Vierge)


786 Album couleurs

[30] Bruxelles, KBR, 10983, f. 24v {18} (Maître du Couronnement de la Vierge)

[31] Paris, BnF, fr. 1188, f. 14r {20} (Maître du Couronnement de la Vierge)
Album couleurs 787

[32] Paris, BnF, fr. 1188, f. 46r {20} (Maître du Couronnement de la Vierge)

[33] La Haye, KB, 78 D 42, f. 70r {20} (Maître de l’Épître Othéa)


788
Album couleurs

[34] [35] Bruxelles, KBR, 9508, ff. 14r et 17v {22} (Maître de l’Épître Othéa)
Album couleurs
789

[36] [37] Chantilly, Bibl. du Château, 494, ff. 54r et 70r


790
Album couleurs

[38] [39] Munich, BSB, Cod. gall. 11, ff. 13r et 69r {26} (Maître de la Cité des dames)
Album couleurs 791

[40] Munich, BSB, Cod. gall. 11, f. 103v {26} (Maître de la Cité des dames)
792 Album couleurs

[41] Paris, BnF, nafr. 25636, f. 2v {42} (Maître de la Cité des dames)
Album couleurs 793

[42] Boston, PL, fr. Med. 101, f. 3r {43} (Maître de la Cité des dames)

[43] Bruxelles, KBR, 9393, f. 74v {34} (Maître de la Cité des dames)
794 Album couleurs

[44] Paris, BnF, fr. 1178, f. 64v {35} (Maître de la Cité des dames)
Album couleurs 795

[45] Paris, BnF, fr. 1179, f. 3r {33} (Maître de la Cité des dames)
796
Album couleurs

[46] [47] Paris, BnF, fr. 1176, f. 1r {39} et Bruxelles, KBR, 10309, f. 1r {40} (Maître de l’Épître Othéa)
Album couleurs 797

[48] Paris, Bibl. de l’Ars., 2681, f. 4r {47} (Maître de l’Épître Othéa)

[49] Paris, BnF, nafr. 4792, f. 1r {51} (Maître d’Egerton)


798 Album couleurs

[50] Bruxelles, KBR, 10987, f. 1r {50} (Maître d’Egerton)


Album couleurs 799

[51] Bruxelles, KBR, 10366, f. 3r {52} (Maître de la Cité des dames)


800 Album couleurs

[52] Bruxelles, KBR, 10476, f. 3r {52} (Maître de la Cité des dames)

[53] Chantilly, Bibl. du Château, 294, f. 1r {45}

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