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L’expérience quotidienne nous offre maints exemples de frot- 1.1 Divers régimes de lubrification
tement, d’adhésion et d’usure entre corps solides : il faut exercer
une force non négligeable pour faire glisser un meuble de poids 1.1.1 Nature et phénomènes physiques sous-jacents
élevé sur le plancher et ainsi vaincre le frottement des pieds du
meuble sur le plancher ; le démoulage après cuisson d’une tarte ou Rappelons brièvement le cas simple, mais exemplaire, d’un
d’un gâteau peut s’avérer problématique du fait de l’adhésion mécanisme comme un palier [4] lubrifié par une huile. L’évolution
entre la pâte et le moule si celui-ci n’a pas été correctement beurré du coefficient de frottement µ [définition précise cf. § 1.3.2] avec la
au préalable ; c’est l’usure de la mine de crayon (et l’adhésion du vitesse de rotation ou courbe de Stribeck met en évidence les deux
graphite au papier) qui permet d’écrire sur une feuille de papier. La grands régimes de lubrification (figure 1) :
mise en forme des métaux pose des problèmes similaires : — à basse vitesse, on observe un régime de frottement élevé et
— en tréfilage, un frottement fil-filière excessif provoque la décroissant fortement quand la vitesse s’élève ; il s’agit du régime
rupture du fil ; de frottement mixte ou par film discontinu ;
— en forgeage à chaud entre matrices profondes, la pièce — au-delà d’une certaine vitesse, le frottement est modéré
formée peut rester collée à l’une des matrices. µ ≈ 0,02 et éventuellement croît légèrement avec la vitesse ; le
Le praticien observe couramment une évolution marquée de son système est dit en régime hydrodynamique de lubrification ou de
outillage (et du produit) induite par son usure d’abord à l’échelle film continu. L’usure des pièces, mesurée par k˜ (§ 1.3.4), décroît
fine de sa rugosité (brillantage des cylindres de laminage à froid), alors de plusieurs ordres de grandeur par rapport au régime de
voire en durée prolongée à l’échelle macroscopique (creusement film discontinu.
des cordons de bavure des matrices de forge à chaud ou des
L’interprétation de ces phénomènes fondamentaux, qui sont
portées de filière de filage à chaud).
valables tant pour les mécanismes que pour la mise en forme
Parmi les techniques permettant de maîtriser le frottement, lubrifiée par des produits visqueux de viscosité η est due à Rey-
l’adhésion et l’usure entre deux corps, la lubrification est certai- nolds (cf. dossier sur les Matériaux pour paliers lisses ) : la visco-
nement la plus courante et la plus anciennement pratiquée. Elle sité du lubrifiant lui permet d’être entraîné dans l’interface et de
consiste à intercaler entre les deux corps un troisième corps de supporter une partie ou la totalité de la force normale appliquée.
faible cission (propre à minimiser le frottement et l’usure) et (ou) On démontre que l’épaisseur h du film lubrifiant augmente avec le
de contrainte de rupture faible (propre à minimiser l’adhésion). produit ηv. Aux faibles vitesses où η reste constante (conditions
isothermes), h augmente donc avec la vitesse et, pour des vitesses
■ Le choix du lubrifiant est un problème crucial dans beaucoup de suffisamment élevées, assure une séparation complète des deux
procédés de mise en forme, comme le démontrent deux exemples antagonistes ; le frottement est dû au cisaillement du film lubrifiant
« historiques ». et est donc très modéré (figure 2a ). Pour des vitesses insuffisan-
● Durant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands disposaient tes, l’épaisseur du film lubrifiant, plus faible, ne peut empêcher le
de peu d’éléments d’alliage permettant le durcissement par trai- contact des deux antagonistes au niveau des sommets de leur
dimensionnels, géométriques et d’états de surface ). Par ailleurs, le Nous reviendrons sur ce schéma dans le dossier abordant la
temps nécessaire pour évacuer par conduction thermique, convec- maîtrise des régimes de lubrification pour expliquer son allure et
tion ou rayonnement l’énergie dissipée diminue quand la vitesse comment, par exemple, la rugosité du métal et de l’outil le modifie.
croît ; la température des pièces et du lubrifiant augmente donc À ce stade, les informations de ce diagramme sont utilement
avec v ; aux vitesses élevées, ceci produit une diminution significa- complétées par celle du tableau 1 qui précise les conséquences du
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D’autres considérations importantes entrent en ligne de compte : Les formulateurs de lubrifiant ont donc développé des batteries
le coût du produit, sa toxicité, sa biodégradabilité, la facilité de de tests ou d’essais plus ou moins simples, chacun visant à appré-
manutention, son retraitement après usage... D’une manière géné- cier quantitativement dans quelle mesure tel produit ou mélange
rale, les coûts de retraitement devenant de plus en plus élevés, on de produits remplit une fonction donnée. Certains tests simples
tend à réduire le volume des produits et additifs issus de base pétro- peuvent fournir des indications intéressantes sur le mode d’appli-
lière, et à compenser cette perte d’efficacité du lubrifiant par l’amé- cation ou le comportement du lubrifiant : test d’étalement de
lioration des performances des outils (par exemple en formage à goutte permettant d’apprécier l’aptitude du lubrifiant à mouiller les
froid remplacement d’un acier à outil « classique » par un acier surfaces à lubrifier ; pour le forgeage à chaud, tests d’accrochage
rapide revêtu d’un film céramique fin (quelques micromètres) et dur du lubrifiant sur la surface des matrices supérieures permettant de
(type TiN). Suivant l’opération considérée, les fonctions essentielles voir que l’accrochage requiert une rugosité minimale d’outils ;
varient notablement. Ainsi en tréfilage, réduire le coefficient de frot- essais de chauffage de lopins de poudre de verres compactée pour
tement ne présente en général que des avantages. Ceci n’est pas apprécier leur température de début de ramollissement. Ces tests
le cas en laminage à chaud ou en forge à chaud à cause de la fonc- sont très spécifiques et parfois de nature confidentielle. Nous ne
présenterons donc que les tests de frottement et d’usure spéci-
tion 6 (tableau 2). Par ailleurs, une diminution de frottement en
fiques de la mise en forme.
laminage ou en forge à chaud peut s’accompagner d’une usure
accrue [cf. § 2.1.2]. En mise en forme à chaud, l’emploi de graphite
a, a priori, des côtés positifs (réduction du frottement et de l’usure) 1.2.2 Principales formulations
et négatif (augmentation des transferts thermiques du métal vers
On peut regrouper les lubrifiants en trois catégories.
l’outil et donc de la fatigue thermique de l’outil, du fait de la forte
conductivité thermique du graphite). Ceci montre que, parfois, cer- ■ Les lubrifiants à base d’eau (eau « pure », émulsion, microé-
taines fonctions sont plus ou moins contradictoires. On essaie de mulsions, eau graphitée...) s’imposent là où le refroidissement de
sortir de ce dilemme par l’utilisation de mélange de plusieurs pro- l’outillage est un problème primordial à cause de la valeur élevée de
duits. De toute façon, le produit doit réaliser un compromis entre la capacité thermique massique de l’eau (mise en forme à chaud).
les divers impératifs, plus ou moins importants, suivant les cas. Ceci Leur utilisation se développe dans les procédés à froid à forte
explique, par ailleurs la très grande variété de produits utilisés. vitesse de déformation où le refroidissement du produit et de
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T1 = – T2 = T (2) τ = τ g → ∆v b0
La relation (1) exprime que la discontinuité de vitesse entre le Les deux idéalisations diffèrent par la valeur de τg :
métal et l’outil : — loi de Coulomb : τg = min (µp,k ) (6)
∆v = v 1 – v 2 (3)
— loi de Tresca : τg = m k 0Bm B1 (7)
est tangentielle ; le vecteur contrainte T se décompose classi-
quement en composante normale et tangentielle : avec k cission maximale du métal,
Le cas m = 1 correspond au frottement maximal. On l’appelle en notant S la fraction d’aire réelle en contact ; si la rupture de
souvent « frottement collant » expression à éviter, car frottement chaque microjonction se fait sous la cission τr , la cission de frotte-
maximal n’implique pas forcément absence de glissement (cf. § ment s’écrit donc :
2.1.2). τ = τr Ar /Aa (10)
L’idéalisation de Norton-Hoff établit, en revanche, une relation
d’où µ = τ /p = τr /pr (11)
biunivoque entre τ et ∆v analogue à celle de la viscoplasticité à
chaud. On a : L’analyse classique identifie pr à la dureté du métal qui est de
⎛ ----
l’ordre de 3σ0 . La loi de Coulomb exprime que la cission de rup-
- – 1⎞
1
τ⎝p ⎠ ture des microjonctions dépend peu de la pression de contact, car
τ = – β ( ∆ v )p – 1 ∆ v ou -τ
∆ v = – -------------------- elle correspond à la cission de films interfaciaux soumis à une
β1p contrainte normale indépendante de p. L’expérience [7] montre
avec p nombre généralement compris entre 0 et 1. qu’elle décrit bien en première approximation le frottement en for-
mage à froid lubrifié pour des pressions de contact inférieures à
Notons que β, coefficient de frottement de Norton-Hoff, a une 1,5 – 2σ0 . Afin de tenir compte simplement du fait que, pour des
dimension et s’exprime dans le système international en pressions de contact croissantes, l’aire réelle de contact tend vers
Pa · (s/m)p. Cette idéalisation implique : l’aire apparente et la cission de frottement vers la cission des
microjonctions, on généralise la loi de Coulomb (Coulomb limité
τ = β (∆v )p Tresca) sous la forme suivante, également implantée dans les
Si p tend vers 0, l’idéalisation de Norton-Hoff tend vers celle de codes de calcul usuels et dépendant de deux paramètres, µ et m
Tresca dont elle est le cas limite et singulier. Cette idéalisation est (ou τmax ) :
le plus souvent utilisée en mise en forme à chaud où la contrainte
d’écoulement plastique est de la forme : τg = min (µp, m k ) ou τg = min (µp, τmax ) (12)
L’introduction d’une cission maximale τmax permet de dissocier la
1+m
˙ ----------------- cission maximale de l’interface de celle du métal au voisinage de
σ0 = σ1 ε où σ1 = 3 2 K
l’interface, dont la valeur peut ne pas être représentative de la rhéo-
logie effective du film lubrifiant. Nous rediscuterons plus en détail
La grandeur K est l’équivalent, pour une telle loi, de la cission tous ces points dans le dossier relatif aux régimes de lubrification.
maximale k d’un métal dont la contrainte d’écoulement est indé-
pendante de la vitesse de déformation. On exprime alors la loi de Les codes de simulation numérique par éléments finis per-
frottement de Norton-Hoff de la manière suivante, plus courante : mettent maintenant de prendre en compte des lois de frottement
beaucoup plus complexes, basées soit sur des modèles théoriques
d’interface, soit sur des résultats expérimentaux. On peut donc pré-
∆v p – 1
τ = α K -------------------
p
- ∆v (8) ciser les variations des coefficients de frottement avec des gran-
v ref deurs caractéristiques des conditions de contact. Ainsi, divers
résultats relatifs au formage à froid lubrifié [7] mettent en évidence
avec vref vitesse de référence, de l’ordre de la vitesse de l’outil. des lois du type :
Ainsi, le coefficient α est indépendant de l’unité de longueur et µ = µ ( p, ∆ v , δ 1 , δ )
de masse et est homogène à s–m. Ce type de formulation est
implanté par exemple, à côté des lois de Coulomb et de Tresca,
dans les logiciels FORGE2® et FORGE3® développés par le CEMEF
pour simuler les procédés de mise en forme.
δ 1 = ∆ v dt ; δ = ∆ v dt (13)
point du métal point de l ′ outil
Les interprétations classiques élémentaires de ces lois de frot- De telles lois peuvent traduire :
tement permettent de préciser schématiquement leur domaine de — la portance des poches de lubrifiant piégées à l’interface
validité : (dépendance en p et ∆v ) ;
— la cission de frottement de Tresca, ou plus généralement de — l’évolution géométrique des microcontacts avec le glissement
Norton-Hoff, peut s’identifier à la cission d’un film interfacial visco- δ 1.
plastique, d’indice p, dont l’épaisseur serait sensiblement uniforme Par ailleurs, une telle formulation permet de rendre compte de la
le long de l’interface (figure 2a ) ; différence couramment observée expérimentalement entre coef-
— dans le cas extrême de la mise en forme à chaud et sans ficient de frottement statique [début de glissement ( δ 1 – 0)] et
lubrifiant d’un métal dénué de films de contamination, pour des frottement dynamique : la cission de frottement tend à se stabiliser
durées de contact importantes, le métal, du fait de son compor- à une valeur indépendante de δ 1 après un certain glissement,
tement viscoplastique, tend à épouser les irrégularités de l’outil et valeur souvent inférieure à la valeur initiant le glissement. La prise
sa vitesse peut être considérée comme égale à celle de l’outil ; on en compte de cette différence est particulièrement importante lors-
est alors dans des conditions de contact (dit collant bilatéral au que la longueur de glissement du métal sur l’outil est faible (sur le
sens des codes de calcul) où v 1 = v 2 avec une bonne poinçon d’emboutissage, en laminage). Enfin, le glissement du
approximation ; c’est le cas par exemple du filage à chaud des métal en un point de l’outil δ est proportionnel au nombre N de
alliages d’aluminium ; pièces formées (forgeage, emboutissage, filage...) ou à la longueur
— le frottement de Coulomb correspond plus à un régime mixte L de produit (laminage, tréfilage), une telle formulation peut
de lubrification où la surface de contact macroscopique d’aire Aa décrire l’influence sur le frottement de l’évolution de l’outil par
est fractionnée en une multitude de microcontacts réels (figure 2b, transfert, érosion de sa rugosité, usure...
c ) d’aire totale Ar sous la pression réelle de contact pr supposée
uniforme ; si les « creux » n’ont aucune portance, on a donc :
1.3.4 Loi d’usure
p Ar p
A r = A a ------- ou S = -------- – ------- (9) L’usure des pièces de tribomètres (figure 4b ) vérifie géné-
pr Aa pr ralement la loi d’Archard : le volume perdu par une pièce δV est
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δh (µm)
δV = k˜ P δ (14) W = 1,35%
~ 80
où la grandeur k , homogène à l’inverse d’une contrainte, est la
vitesse d’usure dans les conditions de contact. On déduit aisément,
des relations P = pA a et δV = A a δh , que la profondeur d’usure δh 60
de l’outil en un point M de l’interface : 55NiCrMoV 6
9,1%
40
δh = k˜ p ∆v dt (15)
X32CrMoV 33
point de l ′ outil 9,45%
20
■ À partir d’observations expérimentales, nous avons proposé [8] X60CrMoV 51
[9] l’expression suivante de la vitesse d’usure : 0
0 1000 2000 3000
HV 1 N
k˜ = K F K W HV 2 f ⎛ -------------⎞
–m
(16)
⎝ HV 2 ⎠ a influence du nombre de forgeages N sur la profondeur
d'usure (lubrifiant Delta 144; θ2 = 220°C, θ1 = 1150°C)
● La valeur m exprime la dépendance de la vitesse d’usure
vis-à-vis de la dureté Vickers de l’outil HV2 ; une valeur m 2,1 à 2,5
semble décrire correctement cet effet pour divers matériaux de
8
avec f qui vaut environ 0,96 pour HV1 = 2,5 HV2 et qui tombe à wF 19 U
0,5 si HV1 = 1,77 HV2 et 0,05 pour HV1 = HV2 .
2
● Pour les aciers à outil, KW exprime l’effet sur l’usure des
éléments d’addition formant des carbures par l’intermédiaire du
tungstène équivalent (cf. [M 4 587]) :
0
W = ( % W ) + 2 ( % Mo ) + 4 ( % V ) + 0,5 ( % Cr ) 600 800 1000 1200
θ1 (°C)
(18)
K W = 1 + 5,1 exp ( – 0,085 W ) b influence du lubrifiant et de la température du métal filé θ1
sur l'usure d'acier X32CrMoV 3.3 (N = 300 billettes; θ2 = 220°C)
● Le facteur d’usure KF décrit de manière empirique l’influence W tungstène équivalent
des films interfaciaux et donc du lubrifiant : a priori, ce facteur
décroît lorsque l’épaisseur du film lubrifiant croît.
■ Les figures 5 offrent la possibilité d’apprécier la validité des
Lubrifiants Nature Fabricant
formules (15) à (18) qui permettent de notablement alléger la con-
ception d’essais d’usure. Sumidera 104 10% graphite + eau
Sumidera 182 Schaaff und Meurer
● La formule (15) prévoit que la profondeur d’usure est propor-
tionnelle au nombre N de pièces formées, en accord avec les résul- Delta 144 40% graphite + eau Deutsche Acheson
tats de la figure 5a ; par ailleurs, on voit sur la figure 5a que la pente Delta 31 18% GmbH
∂δh / ∂N relative à des aciers traités au même niveau de dureté Berulit 909 Eau graphitée Carl Bechem Gmbh
décroît fortement quand le tungstène équivalent W croît, en accord
semi-quantitatif avec la formule (18). wF 19 U Eau + sel Klüber lubrication
● La formule (16) permet de découpler l’effet sur l’usure du Les lubrifiants cités étaient disponibles durant la période
lubrifiant de l’effet d’autres paramètres ; la figure 5b montre que ce de cette étude publiée en 1978.
facteur peut rester sensiblement constant pour certains lubrifiants
dans un domaine étendu de température θ 1 de formage ; par contre,
on voit que le lubrifiant Delta 144 a des performances croissantes Figure 5 – Aspects expérimentaux de l’usure d’outils (HV2 450)
avec θ 1 . en filage d’acier avec faible réduction, d’après [10]
δh = k˜ I avec I = p ∆v dt
(19)
point de l ′ outil
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Alors, le frottement rendra négligeable la composante vT (dans Figure 7 – État de déformation plane du métal imposé
par le frottement dans la mise en forme de pièces allongées
la direction travers long), dans la plus grande partie de l’écou-
lement v T v L et la déformation est du type plan : (plan LN )
(figure 7), par contre les extrémités seront le siège d’un écoule-
ment tridimensionnel beaucoup plus complexe pour une analyse
quantitative de cet effet en forgeage. -vN
vx = vN x /h
Figure 8 – Influence de la géométrie et du frottement
vy = – vN y /h
sur le mode d’écoulement du métal en écrasement plan
Ce champ décrit un écoulement où le métal glisse sur l’outil avec
une vitesse croissant du centre aux bords ; sa puissance croît
linéairement avec m : ■ Dans tous les cas, on peut estimer la force de forgeage par la
formule :
˙ = 8a v k ( 1 + m A /4 )
W N
F = W˙ / ( 2v )
N
■ La figure 8 fournit dans le plan (A, m ) le domaine où chacun de
ces champs dissipe moins d’énergie que l’autre : Ces conclusions sur la cinématique du contact s’appliquent aussi
au laminage de tôles, opération de grande similitude mécanique
— le champ sans glissement se situe aux faibles aplatissements
(cf. § 2.3.2). Bien qu’élémentaire, cette analyse fournit des résultats
A 1;
très proches de ceux d’une analyse plus exacte.
— le champ avec glissements aux forts aplatissements A 3,41 ;
— dans le domaine 1 A 3,41, une augmentation de frot- D’un point de vue pratique, on constate que la formation de
tement transforme l’écoulement glissant, de puissance croissante films de transfert sur l’outil ou son usure par abrasion sont
avec m , en écoulement « collant » de puissance constante. fonction croissante du glissement du métal sur l’outil (cf. § 1.3.3).
f σ0 ε tp
θ s = θ 1 + ------------------ + 0,8 ------------
-
b 1 ( m k ∆v – φ 2 ) (22)
ρ 1 c p1
Nous allons donner ici des règles simples pour estimer la tem- ∆v ≈ v vitesse de tréfilage ; pour des vitesses croissantes θ s croit
pérature d’interface. Le lecteur trouvera dans les dossiers [M 3 012] doublement puisque θs a la forme :
et [M 3 013] des analyses plus fines relatives à divers procédés.
Pour formuler correctement le lubrifiant, il importe en effet de con- θ s = ( α + β m v ) ⁄ ( 1 + γ /v )
naître ses conditions thermiques de travail et comment, lorsqu’il
est utilisé comme fluide de refroidissement, il peut limiter la tem- avec α, β et γ grandeurs non explicitées ;
pérature de travail des outils. — contact périodique (laminage, forgeage, emboutissage), on a
On considère la mise en forme d’un corps RPP répondant au alors :
critère de Mises sous un frottement de Tresca ; la déformation
subie par le métal est de l’ordre de ε. Soient : t c t p ; e = 12a 2 t c et ( 3,2 λ 2 tp ( b1 e ) ≈ b 2 /b 1 )
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p σ
σ0 τ σ1
~
σ0 (a + b In λ)
0
x
σ 0
x
L h
τ
τc
Zone morte
τp
0 R
x
σf Filière plate
2r
p
τc
α
σe ~
λ = (R /r )2
2R σ 2r ~
(λ > 4)
~
σf = σ0 (a + b In λ) + 2 τc L /R + 2 τp h/r
[pour τc = 0 ; a = 1,1 ; b = 1,27 ; pour τc = k ; a = 0,37; b = 1,36]
p σf contrainte de filage
τc cission de frottement du conteneur
τp cission de frottement de la portée
On a indiqué l'évolution avec τc du profil de la filière
σe contrainte d'étirage apte à supprimer la zone morte, les défauts associés,
~
σe ≈ In λ [σ0 + τ cotan α] et à assurer une lubrification de la filière.
2.2.4 Forgeage des matrices. Ainsi la hauteur de rémontée par filage axial d’une
nervure (figure 13c ) peut se déduire en première approximation,
En forgeage de produits plats, la pression de contact croît de de l’équation suivante :
manière marquée des bords au centre du produit selon le
mécanisme décrit au paragraphe 2.1.2 ; cette colline de frottement 2
r′ L
prend des proportions considérables en forgeage à chaud de pro- σ b = τ b ------- = σ 0 ln ⎛⎝ -----⎞⎠ + 2 τ n ------ (28)
h r r
duits très plats comme les aubes de turbomachine (figure 13a ) et
la maîtrise des dimensions finales du produit nécessite la prise en La remontée de matière dans la nervure sera d’autant plus
compte de la déformation élastique des matrices. La minimisation rapide que la cission τ b le long de la bavure est plus élevée et que
du frottement est alors hautement souhaitable. la cission τ n le long de la nervure est plus faible.
La situation est plus nuancée dans le cas de formes plus
complexes :
— dans certaines géométries de filage mixte, par exemple 2.3 Frottement moteur et résistant
avant-arrière (figure 13b ), la répartition du métal entre l’avant et
l’arrière dépend des frottements de la billette sous le poinçon, le 2.3.1 Étirage sur mandrin
long de la filière et du conteneur. Ainsi, une diminution du frot-
tement sous le poinçon favorise la remontée du métal le long du Le mandrin entraîne le godet dans la filière par l’intermédiaire de
poinçon [cas (1) figure 13b] ; la cission de frottement τ m qui est motrice ; par contre, la cission
— le frottement du métal sur le cordon de bavure introduit une de frottement τ f le long de la filière est résistante (figure 14). On en
contre-pression σ b qui facilite la remontée du métal dans les creux conclut, par un raisonnement esquissé sur la figure et analogue à
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Jonc Serre-flan
Poinçon
Poin on
Fc force de coupe
Matrice
s Fc épaisseur du copeau
Y s avance
Y longueur du contact
a emboutissage profond b compétition expansion-rétreint
ou rétreint pur
a géométrie de l'opération
Rétreint
Jonc de
retenue Fc
1 m
wks 4
Glissement 0,87
Fs
0,5
Serre-flan 2
Flexion 0
0
Poinçon 0 15 30 45
Tôle d'acier α (°)
k cission maximale du métal usiné
w largeur du copeau
Fs Force avec laquelle le serre flanc est appuyé
appuyé sur la matrice
b force de coupe
c les divers modes de déformation des pièces industrielles
4
1 m
s 0,87
Sous le serre-flan Au nez du poinçon
Pression de jusqu'à 30 à 40 < 10 2 0,5
contact (MPa)
Vitesse de 0
0,2 à 0,4 < 10-3
glissement (m/s) 0
Longueur de 0 15 30 45
glissement (m) 0,05 à 0,15 très faible α (°)
c épaisseur du copeau
Y 4
d conditions de contact
s 1 m
0,87
Figure 11 – Emboutissage des tôles 2
0,5
p F e0
σ0
15
Godet
5 Filière
e
Cas parfaitement lubrifié
(m = 0) σe
0
a profil de la pression de contact pour le forgeage Figure 14 – Les deux types de frottement en étirage
à chaud d'une aube de turbomachine sur mandrin (repassage) de godets
Cylindre
-p ≈ -2 k
α
τ Produit
Cylindre
cas (1) cas (2)
a entraînement du produit
Sec C T
τn
3
Nervure 0 x
L
2
τb Cordon v2
de bavure 3
h 1
C T
σb v1
r'
À aplatissement élevé, la zone de non-glissement ou neutre À aplatissement élevé et frottement modéré, les formules (21)
n’occupe plus qu’une fraction de l’aire de contact, voire se réduit à permettent d’analyser l’opération et mettent en évidence
une ligne : en amont, la tôle dont la vitesse est inférieure à celle l’influence du frottement, des tractions et contretractions sur la
des cylindres est entraînée dans l’emprise par la cission (motrice). vitesse de la tôle (figure 15b ) : la vitesse de la tôle augmente avec
En aval, la tôle va plus vite que les cylindres et la cission de frot- une augmentation du frottement et de la traction T et une dimi-
tement y est résistante. Force, couple, vitesse de la tôle et intensité nution de la contretraction C. Ces conclusions montrent que le frot-
des contraintes de contact sont fonctions croissantes du tement conditionne fortement les conditions de laminage sur train
frottement ; le glissement du métal induit une usure par abrasion tandem où la tôle est simultanément en déformation sur plusieurs
des cylindres. cages : la diminution de vitesse de la tôle induite par une dimi-
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______________________________________________________________________________________________________ LUBRIFICATION EN MISE EN FORME
∆v = 0
1,0
A = 2 / (H1 + H2) r r
Abrasion
H1 = 20 mm moyenne
R = 250 mm Fatigue
r > 60%
r < 5%
H1 H2
r
r
∆v = 0
Patinage
0
∆v = 0
0 1 2 3 4 A
10 20 30 r (%)
Figure 16 – Influence du coefficient de frottement m et de la réduction r sur le mode d’écoulement de la tôle et les modes d’usure des cylindres
de laminage
nution brutale du frottement sur une cage peut être compensée par Dans ce domaine, une analyse simple basée sur la formule (15)
le développement selon une mécanique assez complexe de fournit une estimation de la diminution de rayon des cylindres du
traction et contretraction entre les cages dans les limites de résis- fait de leur usure par abrasion [2] :
tance de la tôle ; en pratique, le contrôle en continu par ordinateur 3⁄2
de la vitesse des cylindres permet de limiter les risques d’incidents A ( H1 – H2 )
(rupture de la tôle par traction excessive, formation de boucles par δR ≈ 0,057k˙ σ 0 ⎛⎝ 1 + m 4 ⎞⎠
--------------------------------
H2 R 1 ⁄ 2
-L (30)
déficit d’entraînement). Il n’en demeure pas moins souhaitable
d’imposer, sur l’ensemble des cages, un frottement aussi stable avec L longueur de la tôle laminée (cf. figure 16 pour définition
que possible et supérieur au niveau minimal d’entraînement de A, H 1 , H 2).
(Cf. Laminage. Objectifs et modélisation et Laminage. Analyse ther- Cette formule (30) montre que l’usure augmente fortement et de
momécanique et applications]. manière non linéaire avec la réduction imposée.
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