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Chapitre 1

Modélisation de l’efficacité de la
maintenance

Sommaire
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2 Généralités sur la maintenance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.1 Notions fondamentales sur la maintenance . . . . . . . . . . 7
1.2.2 Types de maintenance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.3 Enjeux de la maintenance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.3 Efficacité de maintenance − Les modèles de base . . . . . . . . . . 10
1.3.1 Modèle de maintenance minimale . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3.2 Modèle de maintenance parfaite . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.4 Principe de la maintenance imparfaite . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.4.1 Modèle de Brown-Prochan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.5 Modélisation de la maintenance imparfaite . . . . . . . . . . . . . 12
1.5.1 Modèles de réduction d’intensité de défaillance . . . . . . . 13
1.5.2 Modèles de réduction de l’âge virtuel . . . . . . . . . . . . . 15
1.5.3 Modèles hybrides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

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CHAPITRE 1. MODÉLISATION DE L’EFFICACITÉ DE LA MAINTENANCE

1.1 Introduction
Dans l’optique de conserver leur état de marche, d’assurer leurs fonctions re-
quises et de remplir les objectifs qui leur sont exigés, les systèmes industriels sont
soumis à diverses actions de maintenance tout au long de leur vie opérationnelle.
Pour que les stratégies de maintenance, appliquées à ces systèmes, soient efficaces
et optimales, il est essentiel de construire des modèles qui reflètent le comportement
réel du système et de son environnement. Pour cela, la considération des effets des
actions de maintenance sur le système et le développement des méthodes pour la
quantification de ces effets est une nécessité absolue.

Ce chapitre est consacré à la modélisation des effets de maintenance sur les sys-
tèmes où deux parties majeures peuvent être distinguées. Dans la première partie,
nous introduisons les modèles de base d’efficacité de maintenance. La seconde par-
tie est consacrée au concept de la maintenance imparfaite dont les modèles sont
classés en trois classes : (i) les modèles de réduction d’intensité de défaillance, (ii)
les modèles de réduction d’âge virtuel et (iii) les modèles hybrides.

1.2 Généralités sur la maintenance


La maintenance qui est actuellement une des fonctions de l’entreprise, a vu le
jour dans les années 1950 au Japon et aux USA. Elle est le fruit de l’évolution d’un
concept appelé "entretien", ce passage a eu lieu quand un groupe d’ingénieurs Ja-
ponais a commencé à appliquer certaines suggestions faites par les constructeurs
concernant le remplacement préventif de quelques composants du système. Bien
que ces nouvelles stratégies ont permis de réduire les défaillances et le temps d’arrêt
en général, elles étaitent très coûteuses pour ces entreprises. Le besoin de stratégies
de maintenance optimales est donc né à partir de là et n’a cessé d’évoluer jusqu’au
jour d’aujourd’hui.

1.2.1 Notions fondamentales sur la maintenance


Selon la norme AFNOR (Association Française de NORmalisation), la mainte-
nance représente "l’ensemble de toutes les actions techniques, administratives et de mana-
gement durant le cycle de vie d’un bien, destinées à le maintenir ou à le rétablir dans un état
dans lequel il peut accomplir la fonction requise". Un système de production n’est donc
performant que si sa finalité, les objectifs qui lui sont attribués, les résultats qu’il
fournit et les moyens (financiers, stratégiques, technologiques et humains) qu’il met
en œuvre, sont en parfaite cohérence.
La fonction maintenance n’est donc plus limitée aux actions techniques mais elle
concerne désormais toutes les activités des instances de direction qui visent à dé-
terminer les objectifs, les stratégies et les responsabilités concernant la maintenance
d’une part, et de les mettre en application par l’organisation, la maîtrise et la pla-
nification de la maintenance, d’une autre part. Ainsi, la fonction maintenance est
représentée par deux sous-ensembles d’activités (Figure 1.1) :

– les activités à dominante technique ;


– les activités à dominante gestion.

E. AIT MOKHTAR 7 Université de Bejaia


CHAPITRE 1. MODÉLISATION DE L’EFFICACITÉ DE LA MAINTENANCE

Le dépannage et la Les études et


La prévention Le diagnostic La réparation
remise en route méthodes

Activités à dominante technique

LA MAINTENANCE

Activités à dominante gestion


La gestion de
La gestion des La gestion des parcs La gestion des La gestion
l’information et de
interventions et des pièces ressources humaines des budgets
la documentation

F IGURE 1.1 – Les sous-ensembles des activités de la fonction maintenance

1.2.2 Types de maintenance

Selon la définition donnée par l’AFNOR, la maintenance permet de maintenir ou


de rétablir un système dans un état spécifié afin qu’il puisse fournir les fonctions
pour lesquelles il a été conçu. Les deux termes "maintenir" et "rétablir" introduisent
deux grands aspects de la maintenance. Le premier aspect (rétablir) consiste à de-
vancer les anomalies afin de diminuer les arrêts, l’intervention est donc faite sur
un système (ou un composant) qui est encore en fonctionnement. Le second aspect
(entretenir) quant à lui, vise à corriger un dysfonctionnement ou une panne d’un
système (ou d’un composant).
Les types de maintenance sont généralement différenciés par les éléments dé-
clencheurs, les objectifs et les instants des actions de maintenance. Nous retenons ici
l’approche de classification proposée par l’AFNOR et représentée sur la Figure 1.2.
Deux grandes classes de maintenance sont identifiables : la Maintenance Corrective
(MC) et la Maintenance Préventive (MP).

F IGURE 1.2 – Classification des divers types de maintenance(AFNOR)

Université de Bejaia 8 E. AIT MOKHTAR


CHAPITRE 1. MODÉLISATION DE L’EFFICACITÉ DE LA MAINTENANCE

1.2.2.1 Maintenance corrective

La MC est une "maintenance exécutée après détection d’une panne et destinée à remettre
un bien dans un état dans lequel il peut accomplir une fonction requise" .
Maintenance palliative
La maintenance palliative est caractérisée par un caractère temporaire et provi-
soire. Elle vise à dépanner le système et le remettre provisoirement dans un état qui
lui permet d’assurer une partie des fonctions requises. Ce type de maintenance est
systématiquement suivi d’un autre type de MC appelé maintenance curative.
Maintenance curative
La maintenance curative est une action de MC qui permet de remettre défini-
tivement le système en un état lui permettant d’accomplir ses fonctions requises,
l’intervention peut avoir lieu juste après l’apparition d’une défaillance ou après un
dépannage. Contrairement à la maintenance palliative, la maintenance curative est
une réparation durable.

1.2.2.2 Maintenance préventive

La MP est une "maintenance exécutée à des intervalles prédéterminés ou selon des cri-
tères prescrits et destinée à réduire la probabilité de défaillance ou la dégradation du fonc-
tionnement d’un bien" .
Selon le schéma de l’AFNOR (Figure 1.2), la MP se divise en deux types :
Maintenance systématique
La maintenance systématique est une "maintenance préventive exécutée à des inter-
valles de temps préétablis ou selon un nombre défini d’unités d’usage mais sans contrôle
préalable de l’état du bien". Elle est donc une maintenance programmée qui consiste
à remplacer un certain nombre de composants préalablement défini même si aucun
signe de défaillance n’est apparu.
Maintenance conditionnelle
La maintenance conditionnelle est une "maintenance préventive basée sur une sur-
veillance du fonctionnement du bien et/ou des paramètres significatifs de ce fonctionnement
intégrant les actions qui en découlent". Cette forme de maintenance est aussi appelée
maintenance prédictive, elle est conditionnée par l’apparition d’un type d’événement
prédéterminé et révélateur de l’état de fonctionnement du système (i.e. donnée d’un
capteur, mesure d’usure, résultat de diagnostic,...,etc).

1.2.3 Enjeux de la maintenance


La maintenance représente un enjeu économique important pour les systèmes
industriels actuels, à la fois en raison des budgets qui lui sont consacrés et de l’in-
disponibilité qu’elle peut générer. En effet, selon le type d’industrie, les coûts de
maintenance peuvent varier de 15% pour les industries agroalimentaires à 60% pour
les industries lourdes (i.e. sidérurgie, papeteries, etc), du coût du produit fabriqué.
Ces coûts représentent les conséquences directes et indirectes des arrêts causés par
les interventions préventives et correctives. Les coûts directs de maintenance com-
prennent les pièces de rechange, les consommables, la main d’œuvre de réparation
ou de remplacement et l’amortissement des outillages. Alors que les coûts indi-
rects comprennent les coûts de perte de production et les coûts logistiques asso-
ciés aux actions de maintenance. Le besoin d’une gestion optimale des stratégies de

E. AIT MOKHTAR 9 Université de Bejaia


CHAPITRE 1. MODÉLISATION DE L’EFFICACITÉ DE LA MAINTENANCE

maintenance est donc devenu une nécessité pour les industriels afin de résister aux
contraintes du climat concurrentiel actuel.

1.3 Efficacité de maintenance − Les modèles de base


Classiquement, les actions de maintenance (préventives ou correctives) sont sup-
posées soit inefficaces, soit elles remettent le système à son état neuf. Or, en réalité
il est non raisonnable d’imaginer des actions de maintenance dont l’effet est nul
sur le système. Pour la seconde hypothèse, elle n’est valable que pour les compo-
sants remplacés par des neufs. Pour les systèmes complexes constitués de plusieurs
composants, le remplacement d’un ou plusieurs composants peut causer une amé-
lioration de l’état du système mais ne le remet pas à son état neuf.

1.3.1 Modèle de maintenance minimale


Le modèle de maintenance minimale suppose que l’action de maintenance remet
le système, après l’intervention, à son état juste avant l’intervention. Dans ce cas,
l’effet de la maintenance est nul (la maintenance ne dégrade pas et n’améliore pas le
système). Le système après l’action de maintenance est dit aussi mauvais que vieux
("As Bad As Old (ABAO)" en anglais).
La fonction d’intensité de défaillance (taux de défaillance) du système dans le cas
d’une maintenance (ABAO) ne dépend que du temps, elle est donnée par la formule
suivante :

λ(t) = λ0 (t)
où λ0 (t) représente la fonction d’intensité de défaillance initiale avant d’effectuer
une action de maintenance.
La Figure 1.3 représente l’allure de la fonction d’intensité de défaillance d’un sys-
tème qui a subi des actions de maintenance ABAO. Les carrés sur l’axe des abscisses
représentent les instants des interventions de maintenance.

−3
x 10
4.5
Intensité de défaillance

1.5

0
0 25 50 75 100
Temps

F IGURE 1.3 – Intensité de défaillance dans le cas de maintenance ABAO (selon la loi de
Weibull pour β = 2.5 et η = 200)

Université de Bejaia 10 E. AIT MOKHTAR


CHAPITRE 1. MODÉLISATION DE L’EFFICACITÉ DE LA MAINTENANCE

1.3.2 Modèle de maintenance parfaite


Le modèle de maintenance parfaite suppose que toutes les actions de mainte-
nance remettent le système à son état neuf. Dans ce cas, l’effet de la maintenance est
maximal (dans le cas où il n’existe pas un état du système meilleur que l’état neuf).
Le système après une intervention de maintenance est dit "Aussi bon que neuf" ("As
Good As New (AGAN)" en anglais).
Considérons que le système reçoit des actions de maintenance à des instants suc-
cessifs notés Ti pour i = 1, 2, · · · , IM . La fonction d’intensité de défaillance, à un
instant t ∈]i, i + 1[, dans le cas d’une maintenance AGAN, s’écrit comme suit :

λ(t) = λ0 (t − Ti )

L’allure de la fonction d’intensité de défaillance d’un système dans le cas d’une


maintenance (AGAN) est représentée sur la Figure 1.4. Les actions de maintenance
parfaite sont effectuées aux instants correspondant aux sauts d’intensité de défaillance.

−3
x 10
1

0.75
Intensité de défaillance

0.5

0.25

0
0 25 50 75 100
Temps

F IGURE 1.4 – Intensité de défaillance dans le cas de maintenance AGAN (selon la loi de
Weibull pour β = 2.5 et η = 200)

1.4 Principe de la maintenance imparfaite


Lorsque les actions de maintenance sont effectuées sur des systèmes complexes,
il est difficile d’imaginer que leur effet correspond à celui des deux modèles de base
(i.e. ABAO ou AGAN). En pratique, lors des interventions de maintenance, le sys-
tème peut subir des remplacements d’un ou plusieurs composants, des réglages, des
rectifications,...etc. Son état ne peut donc être identique à celui juste avant l’interven-
tion, puisque des changements ont été opérés sur le système. Nous dirons donc que
le système est dans un état meilleur que vieux. Pour autant, ces actions de mainte-
nance ne peuvent pas ramener le système à son état neuf, pour le faire, tous les
composants du système doivent être renouvelés. Par conséquent, après une action
de maintenance, le système est dans un état meilleur que vieux. Dans la littérature,
le terme "maintenance imparfaite" ("imperfect maintenance" en anglais) est utilisé pour
décrire ce genre de maintenance.

E. AIT MOKHTAR 11 Université de Bejaia


CHAPITRE 1. MODÉLISATION DE L’EFFICACITÉ DE LA MAINTENANCE

1.4.1 Modèle de Brown-Prochan


Le modèle de Brown-Proschan (BP) publié en 1983 est l’un des premier modèles
d’efficacité de maintenance présents dans la littérature. Le modèle BP est basé sur
les deux hypothèses suivantes :

1. les actions de maintenance sont réalisées à des instants indépendants les uns
des autres, et leurs effets sont indépendants de ces instants ;
2. le système après maintenance est dans un état AGAN avec une probabilité p
et ABAO avec une probabilité 1 − p.
À partir de ces hypothèses, nous pouvons constater que le modèle renferme les
deux modèles de base : dans le cas où p = 0, le modèle de Brown-Proschan corres-
pond au modèle de maintenance minimale, alors que lorsque p = 1, il correspond
au modèle de maintenance parfaite.
L’allure de la fonction d’intensité de défaillance correspondant à ce modèle est
représentée sur la Figure 1.5. Les instants de maintenance ABAO sont représentés
sur l’axe des abscisses par des carrés et ceux de maintenance AGAN correspondent
aux sauts d’intensité de défaillance .

−3
x 10
1

0.75
Intensité de défaillance

0.5

0.25

0
0 25 50 75 100
Temps

F IGURE 1.5 – Intensité de défaillance dans le modèle Brown-Proschan (selon la loi de Weibull
pour β = 2.5 et η = 200)

1.5 Modélisation de la maintenance imparfaite


Dans la littérature, la maintenance imparfaite est traitée selon deux approches
distinctes. La première approche, appelée "réduction d’intensité de défaillance" consi-
dère que l’effet de la maintenance sur le système est de réduire son intensité de
défaillance d’une quantité qui correspond à l’effet de cette maintenance. La seconde
classe considère que l’effet de la maintenance est de rajeunir le système, d’où l’ap-
pellation "réduction de l’âge virtuel". Une troisième classe de modèles peut être consi-
dérée et dans laquelle les deux premières classes sont incluses. i.e. l’effet de la main-
tenance est de réduire l’intensité de défaillance et l’âge virtuel du système. Cette
classe est appelée "modèles hybrides".

Université de Bejaia 12 E. AIT MOKHTAR


CHAPITRE 1. MODÉLISATION DE L’EFFICACITÉ DE LA MAINTENANCE

1.5.1 Modèles de réduction d’intensité de défaillance


Les auteurs considèrent que la motivation de réduction d’intensité de défaillance
est généralement plus formelle que celle de réduction de l’âge virtuel, bien que cer-
tains de ces modèles sont gouvernés par l’allure d’intensité de défaillance initiale.
Cette classe de modèle peut être divisée en deux sous-classes :
– "Modèle de réduction arithmétique d’intensité de défaillance" où l’effet de la main-
tenance n’affecte pas l’allure d’intensité de défaillance, i.e. après une action de
maintenance la courbe d’intensité de défaillance repart d’un point inférieur à
celui juste avant l’intervention de maintenance mais parallèlement à la courbe
d’intensité de défaillance initiale (Figure 1.6a).
– "Modèle de réduction géométrique d’intensité de défaillance" contrairement aux mo-
dèles de réduction arithmétique, dans cette classe l’allure d’intensité de dé-
faillance est affectée par l’effet de la maintenance. Ainsi, après l’action de main-
tenance la courbe d’intensité de défaillance repart d’un point inférieur à celui
juste avant l’action de maintenance avec une courbe d’une allure différente à
la courbe initiale (Figure 1.6b).
−3 −3
x 10 x 10
4.5 4.5
Intensité de défaillance

3 3
Intensité de défaillance

1.5 1.5

0 0
0 25 50 75 100 0 25 50 75 100
Temps Temps

(a) réduction arithmétique (b) réduction géométrique

F IGURE 1.6 – Classes des modèles de réduction d’intensité de défaillance

1.5.1.1 Modèle de réduction aléatoire d’intensité de défaillance


Ce modèle suppose que vu l’environnement dont les actions de maintenance
sont effectuées et les contraintes rencontrées lors des interventions, il est difficile
d’imaginer des actions de maintenance à effet contrôlé. Ainsi, la quantité de ré-
duction d’intensité de défaillance est différente d’une action de maintenance à une
autre. Le modèle est donné par l’expression suivante :
IM
X
λ(t) = λ0 (t) − δi
i=0

sachant que δ0 = 0 et δi , qui représente la quantité de réduction d’intensité de dé-


faillance de la ième action de maintenance, doit vérifier la condition suivante :
i−1
X
0 ≤ δi ≤ λ0 (Ti ) − δj
j=1

La courbe de la fonction d’intensité de défaillance correspondante à ce modèle


est portée sur la Figure 1.7. Nous pouvons constater clairement sur cette figure

E. AIT MOKHTAR 13 Université de Bejaia


CHAPITRE 1. MODÉLISATION DE L’EFFICACITÉ DE LA MAINTENANCE

qu’aucune tendance n’existe concernant la quantité de réduction d’intensité de dé-


faillance.
−3
x 10
4.5

Intensité de dafaillance 3

1.5

0
0 25 50 75 100
Temps

F IGURE 1.7 – Intensité de défaillance dans le modèle de réduction aléatoire d’intensité de


défaillance (modèle de Weibull : β = 2.5, η = 200, δ1 = 3.10−4 , δ2 = 6.10−4 et δ3 = 2.10−4 )

1.5.1.2 Modèle de réduction fixe d’intensité de défaillance


Ce modèle peut être considéré comme un cas particulier du modèle précédent.
En se basant sur les hypothèses : (i) les actions de MP peuvent être préparées à
l’avance, (ii) tout le matériel nécessaire à la réalisation de ces actions peut être mis
à disposition, (iii) l’aspect répétitif des actions de MP permet à l’équipe de mainte-
nance de les maîtriser et de les contrôler. Par conséquent, ce modèle suppose que
l’effet des actions de MP et la quantité de réduction d’intensité de défaillance sont
identiques. L’intensité de défaillance de ce modèle après la ième PM s’écrit :

λ(t) = λ0 (t) − iδ
sachant que pour tout i = 1, 2, . . . , IM , λ0 (Ti ) − iδ ≥ 0.

La courbe de l’évolution de la fonction d’intensité de défaillance correspondant


est représentée sur la Figure 1.8, sur laquelle nous pouvons voir que la quantité de
réduction est égale pour toutes les actions de MP.
−3
x 10
4.5
Intensité de dafaillance

1.5

0
0 25 50 75 100
Temps

F IGURE 1.8 – Intensité de défaillance dans le modèle de réduction fixe d’intensité de dé-
faillance (selon la loi de Weibull pour β = 2.5, η = 200 et δ = 6.10−4 )

Université de Bejaia 14 E. AIT MOKHTAR


CHAPITRE 1. MODÉLISATION DE L’EFFICACITÉ DE LA MAINTENANCE

1.5.1.3 Modèle de réduction géométrique d’intensité de défaillance


Cette sous-classe de modèles est obtenue à partir du processus géométrique, ap-
pelé aussi processus de quasi-renouvellement. Pour cette classe, nous notons par α,
le facteur de réduction d’intensité de défaillance.
Le principe ici est de supposer qu’après une action de maintenance imparfaite,
la fonction d’intensité de défaillance du système est multipliée par le facteur α, sa-
chant que 0 < α < 1. Ainsi, après la première action de maintenance imparfaite, la
fonction d’intensité de défaillance devient : λ(t) = αλ0 (t), après la seconde action de
maintenance imparfaite, elle devient : λ(t) = α2 λ0 (t), etc. La fonction d’intensité de
défaillance correspondant à ce modèle s’écrit :

λ(t) = αIM λ0 (t)

−3
x 10
4.5
Intensité de dafaillance

1.5

0
0 25 50 75 100
Temps

F IGURE 1.9 – Intensité de défaillance dans le modèle de réduction géométrique d’intensité


de défaillance (selon la loi de Weibull pour β = 2.5, η = 200 et α = 0.8)

Comme le montre la Figure 1.9, ce type de modèle a un double effet sur la courbe
d’intensité de défaillance : un effet immédiat puisque la courbe d’intensité de dé-
faillance après la maintenance imparfaite démarre à partir d’un point inférieur à
celui juste avant l’intervention. Et un effet à long terme puisque le taux de dégrada-
tion (ou de vieillissement) du système est différent de celui avant l’intervention.

1.5.2 Modèles de réduction de l’âge virtuel


L’idée de base du concept de l’âge virtuel suppose qu’après une action de MP
imparfaite, l’âge du système qui était égal à t avant l’intervention, est réduit à t/∆,
où ∆ est le facteur de réduction de l’âge et qui varie entre 1 et l’infinie. Ce concept
est ensuite développé et sa première définition mathématique lui a été donné en
1988 en se basant sur la définition suivante : après la ième action de maintenance
imparfaite, le système se comporte comme un système neuf qui aurait fonctionné
une durée Ai sans tomber en panne. Ai est considéré comme étant l’âge virtuel du
système après la ième action de maintenance.
Après la ième action de maintenance, l’intensité de défaillance s’écrit :

λ(t) = λ0 (t − Ti + Ai )
pour Ti < t < Ti+1 .

E. AIT MOKHTAR 15 Université de Bejaia


CHAPITRE 1. MODÉLISATION DE L’EFFICACITÉ DE LA MAINTENANCE

Cette écriture mathématique nous laisse comprendre que l’effet de l’action de


maintenance est de rendre la fonction d’intensité de défaillance du système à l’ins-
tant t égale à celle à l’instant t−(Ti −Ai ). En d’autres termes, l’effet de la maintenance
est de rajeunir le système. En effet, l’âge réel du système est égal à t alors que son
âge virtuel est égal à t − (Ti − Ai ).

Pour illustrer l’impact du concept de l’âge virtuel sur la fonction du taux de dé-
faillance, nous avons tracé la courbe de l’évolution de l’âge virtuel en fonction du
temps (Figure 1.10a) et la courbe de la fonction d’intensité de défaillance corres-
pondante (Figure 1.10b). Sur la courbe de l’évolution du taux de défaillance, nous
pouvons constater que son évolution correspond à celle du modèle de réduction
arithmétique d’intensité de défaillance (i.e. après une action de maintenance im-
parfaite la courbe d’intensité de défaillance repart d’un point inférieur à celui juste
avant l’intervention mais parallèlement à la courbe initiale).
×10 6
100 2

1.8

1.6
75
1.4
Intensité de défaillance

1.2
Âge virtuel

50 1

0.8

0.6
25
0.4

0.2

0 0
0 25 50 75 100 0 25 50 75 100
Temps (ou âge réel) Temps (ou âge réel)

(a) âge virtuel (b) intensité de défaillance

F IGURE 1.10 – Évolution de l’âge virtuel et d’intensité de défaillance, en fonction du temps,


dans le modèle de réduction de l’âge virtuel

L’interprétation de l’efficacité de la maintenance dans ces modèles est donc reliée


à l’âge du système et la quantité de réduction de l’âge traduit l’effet de la mainte-
nance sur le système. Cependant, si nous reprenons les définitions des deux modèles
de base, nous pouvons dire que dans le modèle ABAO, l’âge virtuel du système
après une action de maintenance est égal à son âge réel. Par contre, dans le modèle
AGAN, l’âge virtuel du système après la maintenance est nul. Ce constat peut être
écrit comme suit :

– Modèle de maintenance minimale (ABAO) : Ai = Ti .


– Modèle de maintenance parfaite (AGAN) : Ai = 0.

1.5.2.1 Modèle de réduction proportionnelle de l’âge virtuel


Ce modèle suppose que l’efficacité de maintenance est déterministe et constante
(i.e. ∀i ≥ 1, Zi = ρ). Le facteur ρ correspond au paramètre de réduction d’âge virtuel.
Il est aussi désigné sous le nom de facteur d’amélioration. La formule de la fonction
d’intensité de défaillance correspondant à ce modèle s’écrit :

λ(t) = λ0 (t − ρTIM )
L’allure de la fonction d’intensité de défaillance correspondant à ce modèle est
représenté sur la Figure 1.11

Université de Bejaia 16 E. AIT MOKHTAR


CHAPITRE 1. MODÉLISATION DE L’EFFICACITÉ DE LA MAINTENANCE

×10 -3

Intensité de défaillance
3

1.5

0
0 25 50 75 100
Temps

F IGURE 1.11 – Intensité de défaillance dans le modèle de réduction proportionnelle de l’âge


virtuel (selon la loi de Weibull pour β = 2.5, η = 200 et ρ = 0.2)

Remarquons que cette écriture nous permet de retrouver les cas suivants :
– maintenance parfaite (AGAN) : ρ = 1 ;
– maintenance imparfaite (efficace) : ρ ∈]0, 1[ ;
– maintenance minimale (ABAO) : ρ = 0 ;
– maintenance nuisible : ρ < 0.

1.5.3 Modèles hybrides


Comme leur nom l’indique, les modèles hybrides regroupent les deux classes
de réduction d’intensité de défaillance, alors que leurs hypothèses sont différentes
concernant la réduction d’intensité de défaillance. En effet, dans cette classe de mo-
dèles qui vient améliorer le concept de la réduction de l’âge virtuel, l’effet d’une
action de maintenance imparfaite est positif sur l’âge (i.e. réduction de l’âge vir-
tuel) mais il n’empêche pas l’évolution de la dégradation du système (i.e. après une
action de maintenance, la courbe d’intensité de défaillance n’est pas parallèle à la
courbe initiale. En d’autres termes, cette classe combine le modèle de réduction de
l’âge virtuel et le modèle de réduction géométrique d’intensité de défaillance, dont
l’effet est négatif pour ce dernier (notons que c’est juste la forme du modèle de ré-
duction géométrique d’intensité qui est considérée). Après la ième action de mainte-
nance imparfaite, l’écriture mathématique d’intensité de défaillance est donnée par
la formule suivante :

λ(t) = α λ0 (t − b Ti )
où Ti < t < Ti+1 , 0 < b < 1 et α > 1. Notons que si α est compris entre 0 et 1, l’effet
de la maintenance sera double (i.e. réduction d’intensité de défaillance et de l’âge
virtuel).
La Figure 1.12 illustre l’évolution de la courbe du taux de défaillance selon plu-
sieurs scénarios :

• α > 1 et 0 < b < 1 : modèle hybride avec réduction de l’âge virtuel et une
augmentation de la dégradation ;

E. AIT MOKHTAR 17 Université de Bejaia


CHAPITRE 1. MODÉLISATION DE L’EFFICACITÉ DE LA MAINTENANCE

• 0 < α < 1 et 0 < b < 1 : modèle hybride avec réduction de l’âge virtuel et
réduction géométrique d’intensité de défaillance ;
• 0 < α < 1 et b = 0 : modèle de réduction géométrique d’intensité de dé-
faillance ;
• α = 1 et 0 < b < 1 : modèle de réduction proportionnelle de l’âge virtuel.

−3
x 10
4.5
λ0(t)
α=1.5, b=0.7
α=0.7, b=0.7
α=0.7, b=0
α=1, b=0.7
Intensité de défaillance

1.5

0
0 25 50 75 100
Temps

F IGURE 1.12 – Intensité de défaillance dans le modèle hybride (selon la loi de Weibull pour
β = 2.5 et η = 200)

Université de Bejaia 18 E. AIT MOKHTAR

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