Vous êtes sur la page 1sur 11

De la guérison spirituelle.

«.. et La vérité vous rendra libres .» Jean 8, 31.


I- Signification de l’expression guérison spirituelle.

a- Origine du trouble personnel : la perte de notre vraie nature.

Il est essentiel de faire comprendre dès le début de cet essai, que


la guérison spirituelle se distingue de celle qui est obtenue par la médecine, afin de
clarifier la confusion qui pourrait subsister lorsqu’une telle expression est employée.
Du point de vue de la tradition spirituelle, l’homme se compose d’un esprit, d’une
âme et d’un corps ou autrement dit d’un aspect mental, émotionnel et physique,
lesquels sont en interaction les uns avec les autres, sans se confondre cependant, car
précisément, un ordre d’importance doit être respecté afin qu’une certaine harmonie
soit respectée et vécue pleinement. Nous reviendrons sur ce point, mais d’emblée
nous allons entrer dans le vif du sujet en exposant la réalité concrète de notre
situation. L’enfance est notre paradis perdu ; à ce moment là, notre essence1, notre
vraie nature, n’est pas gênée et entravée par notre personnalité, celle-ci n’ayant pas
encore été formée par l’éducation ; il en résulte que nous pouvons être qui nous
sommes vraiment. Bien sûr, à ces dires, nous voyons déjà des mains se lever pour
faire objection, cependant cet essai part du postulat que l’homme est « bon » par
nature, qu’il n’est pas pervers, que la « chute » ne se produit qu’après un certain
temps ; nous demandons donc au lecteur d’admettre provisoirement ce point de vue
afin que nous puissions aller plus avant dans notre développement. La bonté
fondamentale dont nous voulons parler ici, est un état naturel où nous nous sentons
intégrés à la vie, au cosmos, à la nature, à la famille humaine, ainsi qu’aux autres
créatures vivantes ; il en est ainsi pendant notre enfance, si nous avons la chance de
n’avoir pas été déjà traumatisés par des adultes malheureux et stupides, ce qui est
malheureusement, de plus en plus souvent le cas. Sinon, l’enfant est parcouru par
l’énergie vitale terrestre et cosmique, il joue librement et s’ébat naturellement sans
jugement ni restriction, pas plus à l’égard de lui-même ou des autres. Puis vient la
puberté avec l’éveil de la libido, les hormones troublent sa sérénité et il commence à

1 Cette expression d’essence ainsi que celle de personnalité, sont employées ici largement dans le même sens que
celui donné par des auteurs comme Gurdjieff et Ouspensky. Voir Ouspensky, Fragments d’un enseignement
inconnu, Stock 1974.
comprendre qu’il doit plaire s’il veut satisfaire ses désirs. Au collège, le groupe
d’enfants de la classe moyenne représente la norme ; des comportements stéréotypés
se mettent en place qui conditionnent les rencontres avec le sexe opposé, et l’enfant
libre et neutre commence à changer d’attitude afin de s’intégrer à cette majorité. S’il
n’y parvient pas, il se trouve contraint de chercher sa place parmi les extrêmes, les
petits génies, les délinquants, les « artistes » et autres « déviants » fantaisistes. Peu à
peu, le besoin de se créer une personnalité d’emprunt devient de plus en plus fort et
se confirme lors des années de lycée ; rares sont les jeunes individus2 suffisamment
solides pour résister à la pression sociale et capables de rester eux-mêmes. Cette perte
de contact avec notre essence se poursuit avec la socialisation progressive demandée
par l’intégration sociale et ce n’est pas le fait de fréquenter ou d’appartenir à des
groupes marginaux qui change le problème, car ceux-ci représentent une inversion
mais reste dans la même logique, exigeant en retour des « apprentissages », des
codes, un langage qui privent l’individu de sa liberté initiale. La confiance en la vie
qui devrait être présente chez l’homme qui comprend sa place et entrevoit sa
destinée, fait place peu à peu à une méfiance grandissante ; on ne saisit plus le sens
de l’existence, on avance à l’aveugle parce qu’il faut bien. Le plus souvent le choix
de notre orientation professionnelle consiste, dans le meilleur des cas, en un
compromis entre les désirs et les craintes de nos parents et professeurs, de l’ensemble
de notre milieu social et les aptitudes réelles de la jeune personne; les carrières
artistiques et littéraires sont souvent découragées car elles sont mal situées sur le
marché de l’emploi. Dès lors, nous voilà embarqués pour nos meilleurs années, dans
la plupart des cas, pour des études et un milieu qui ne nous correspondent pas ; nous
nous efforçons de réussir avec application et nous refoulons ce que nous sommes afin
de ne pas être rejetés. Le plus grave, c’est que cela concerne et perturbe surtout les
individus ayant de grandes aptitudes et dont le destin semble marqué pour une
mission particulière ; les gens dans la moyenne finissent tant bien que mal par s’y
retrouver, car leur nature n’exige pas d’eux la réalisation de grandes choses. Nous
pouvons constater, que la société moderne et libérale, considère la situation de la

2 Ce terme indique le caractère unique et irremplaçable de l’être en question.


personne humaine comme « solvable » au sein du vaste marché économique et
sociale ; aucune sagesse n’est là pour guider les hommes et seule la réussite
professionnelle devient digne d’intérêt ; ceux qui y parviennent sont constamment
stressés et les autres accumulent les complexes et quelquefois même le dégoût de
vivre. La question de la vie amoureuse se déroule également sur le même schéma ;
les affinités réelles sont souvent reléguées à l’arrière plan car nous sommes incités à
regarder des individus qui sont mis en lumière par la société et notre entourage ; ce
sont certains clichés acceptables qui vont déterminer nos goûts et nous sommes
amenés à rejeter certains et certaines surtout, parce qu’ils sont considérés comme
gros, laids ou bizarres. De même, nous nous sentons obligés à vivre selon certains
critères imposés par le milieu que nous sommes amenés à fréquenter ; nous allons
peut-être faire des voyages lointains ou culturels alors que nous aimerions en fait aller
à la pêche, nous nous habillons de telle façon pour faire plaisir à notre conjoint et à la
belle famille, nous commentons l’actualité chaque matin alors que rien ne nous agace
autant. Où voulons nous en venir exactement ? Sur le fronton du temple de Delphes
était inscrite la fameuse formule : « Connais-toi toi même et tu connaîtras l’ Univers
et les Dieux » ; comment se connaître si l’on n’est pas sincère et fidèle à soi-même?
Gurdjieff disait que le début de la voie est de prendre l’engagement à ne plus se
mentir à soi-même et nous abondons en ce sens. Il est possible d’entrer en résonance
avec la force de vie universelle si nous sommes véridiques et accordés au sens de
notre existence, le reste nous est donné de surcroît. Mais la connaissance de soi ne
vient pas de l’application d’une formule toute faite, d’une méthode pré-établie, d’une
ascèse spéciale, mais de la pratique : « ..car pour se connaître on a besoin de
s’éprouver. Nul ne sait ce qu’il peut qu’après s’être essayé »3. Il est donc capital de
comprendre que la « faute » principale, à l’origine de notre mal-être, provient du fait
de ne pas vivre sa vie conformément à notre vraie nature : "Mieux vaut pour chacun
sa propre loi d'action, même imparfaite, que la loi d'autrui, même bien appliquée.
Mieux vaut périr dans sa propre loi ; il est périlleux de suivre la loi
d'autrui." Bhagavad Gîta, ch. III, sloka 35. Nous voyons ainsi que la pensée de

3 Sénèque Lettres à Lucillius, De la providence .


l’Antiquité connaissait cette réalité, et certes les religions ont certainement abusé de
ce principe en l’appliquant d’une façon rigide, de façon à ce que les élites puissent
conserver leur position. Nous n’allons pas cependant nous étendre ici sur ce sujet, et
nous espérons que vous saisirez l’idée générale.
C’est la confiance en la grande vie qui nous fait défaut le plus souvent ; nous cédons
aux identifications passagères, aux accidents de parcours, nous grossissons nos
difficultés et nos victoires à cause d’un ego qui ne se sent pas tranquille ni porté par
une force supérieure ; les notions de destinée et de providence nous sont devenues
étrangères et nous voguons au hasard, réduits à l’état de marchandises, d’identités
numériques, victimes des limitations et des clichés imposés par les autres. C’est en
cela que réside la véritable blessure spirituelle, dans l’ignorance et l’oubli de notre
vraie nature. Pourtant, nous voyons tous les jours des gens aux antipodes de la
sagesse et de la bonne volonté qui semblent prospérer et bien se porter, nous avons
envie de crier à l’injustice ; ceci est indéniable, mais c’est un jugement à courte vue,
nous ne connaissons que l’aspect visible et apparemment triomphant de leur existence
mais nous ne pouvons pénétrer le détail de leur vie et leur intimité. Lorsque nous
apprenons à voir les choses d’en haut, selon une large perspective, que nous prenons
le recul suffisant, alors nous comprenons que les vies spectaculaires ne sont en rien
les plus heureuses. En réalité, lorsque nous faisons l’expérience de la force de vie
universelle, nous n’éprouvons plus le besoin de vivre à tout prix des aventures
fantasmatiques, l’abondance, le besoin de gloire et de reconnaissance ; nous nous
sentons réellement comblés et reconnaissants. Cette connaissance consciente de la
force de toute force, demande de la maturité pour être réalisée, et les Védas dans leur
grande sagesse, n’ont pas parlé en vain des différents âges et aspects de l’existence où
l’étape du devoir, du désir, de la prospérité et finalement du renoncement, sont
reconnus . Ce ne sont que quelques êtres d’exception qui peuvent réaliser dès leur
jeunesse, que le but de l’existence est spirituel ; vient un temps cependant où
l’individu sensible et intelligent se sentira appelé à répondre à un appel des
profondeurs, et sa vie ne sera plus en équilibre à moins de satisfaire à cette exigence.
Le psychologue C. G. Jung a parlé de la seconde moitié de l’existence comme d’un
basculement en direction de l’intériorité et de la question du sens. Le mode de vie
contemporain est plein d’opportunités de divertissement, mais privé de philosophie et
de religion, il n’offre pas un cadre favorable au développement de la sagesse.
Ainsi, nous pouvons dire que l’origine des troubles est une absence de la vie menée
consciemment en rapport avec la force de vie universelle ; sur le plan mental, nous
vivons dans des chimères, nous nous enorgueillissons et nous pensons que nous nous
sommes crées nous-mêmes, que nous sommes responsables et auteurs de nos actes ;
la plus simple des vérités nous échappent et nous vivons coupés de la cause et de
l’origine.
Voilà très brièvement comment nous pouvons parler en termes simples et
directs de notre état de carence spirituelle qui entraîne toutes sortes de maux à sa
suite ; mais il est possible de trouver un remède et la personne qui aura bien lu et
compris ce court chapitre, saura déjà de quoi il est question. Nous vivons donc dans
cet univers infini ou presque, « car en lui nous avons le mouvement, la vie et l’être 4»,
mais comme cette évidence nous échappe, nous sommes manifestement tombés hors
de son champ, nous devons entreprendre un chemin pour retrouver cette
connaissance. La philosophie des stoïciens et le Védanta de l’Inde, ainsi que la
science de l’être de Eugène Fersen sont particulièrement indiqués pour nous mettre
sur le chemin, et finalement nous conduire vers un état d’éveil et de réalisation. Cette
étude est capable de nous fournir une direction intellectuelle profonde et nourrissante,
qu’une personne motivée peut comprendre sans avoir obligatoirement une formation
universitaire, mais qui nécessite certes une certaine application. Humblement et
patiemment, nous avons constaté au cours des années écoulées, que bon nombre
d’individus qui se sont lancés dans des voies dites ésotériques, n’ont pas retiré grand-
chose de leur quête et sont parfois plus confus qu’ils ne l’étaient au départ.
L’ésotérisme par définition est réservé et difficile d’accès, mais la vulgarisation de
son contenu à notre époque, entretien l’illusion qu’il est abordable n’importe quand,
n’importe comment et par n’importe qui. On croit à des initiations authentiques
délivrées par des « maîtres » auto-proclamés, on se lance dans des pratiques de

4 Actes des Apôtres 17:28.


méditation profonde, on rêve de voyages astraux et de magie..certaines organisations
nous prennent notre argent et les sectes nous prennent notre vie.. C’est pourquoi nous
tenons particulièrement ici à mettre en garde à l’égard d’une étude de l’ésotérisme
sans préparation théorique et existentielle suffisante. l’effort intellectuel est négligé
dans un monde qui recherche des résultats et se nourrit de sensationnel, des individus
bien intentionnés au départ, finissent par souffrir d’une véritable addiction à l’occulte,
au mystère, perdant ainsi leur réalisme et leur esprit pratique ; Ceci dit, si dans un
premier temps nous mettons en garde contre l’ésotérisme, avec une formation
philosophique suffisante, nous pourrons aborder des œuvres vastes et profondes
comme le sont celles de Guénon et de Gurdjieff.
2- Le remède.
Il ne s’agit pas cependant de faire œuvre d’érudition ; l’important est de
parvenir à la connaissance de soi, laquelle ne peut s’obtenir sans la connaissance du
monde qui nous entoure et qui constitue notre milieu. Savoir se situer est important
car on ne peut obtenir la paix de l’esprit si l’on ne comprend pas ce que nous faisons
et où nous sommes. Le remède commence par la clarté, la simplicité et la
détermination à être ce que nous sommes réellement, en accord avec le dessein du
Tout ; nous devons lutter pour ça, être prêt à souffrir certaines privations, à faire des
efforts conscients. L’homme ne peut pas se reposer sur la réaction instinctive, mais
doit collaborer consciemment à se créer lui-même. Le savoir authentique et profond
existe au fond de chacune des traditions religieuses, qui justement nous ont été
données afin que nous puissions poursuivre notre évolution.
La science de l’être de Eugène Fersen est certainement une vision simple et complète
de la question de la guérison, à la fois simple et accessible, mais toujours profonde et
authentique ; les quatre points suivants y sont considérés : La vie, le mental, la vérité
l’amour. Comme nous l’avons dit, la force de vie universelle est omniprésente,
omnipotente, nous sommes en elle et en vivons continuellement ; mais l’homme doit
se connecter sur le plan mental également, autrement dit, vivre la chose
consciemment ; la vérité, a trait à savoir ce que l’on dit et être capable d’en mesurer
la portée ; l’amour, enfin, est ce qui permet de racheter le mental de son réflexe
séparateur et égoïste. Lorsque ce « programme » est complété, l’homme est illuminé
et guéri, il est à nouveau un « enfant de Dieu ». Dans notre constitution subtile, c’est
la fonction de la glande pinéale qui est activée et qui reçoit les hautes vibrations ; cet
état de grâce ne veut pas dire que nous allons nous orienter vers une vocation
religieuse ou une pratique ascétique ; nous n’avons rien de particulier à faire si ce
n’est que nous nous sentons portés à vivre notre vie diligemment, à améliorer
naturellement chacun de ces aspects, à venir en aide là où nous le pouvons. Notre
point de vue s’élargit considérablement, le sens de la vie nous apparaît clairement et
la folie des hommes aussi. C’est la sagesse qui finalement est capable de nous guérir
de cette condition double qui nous caractérise ; à la fois ange et bête, ou plutôt ni tout
à fait l’un ni l’autre, nous sommes en devenir vers nous-mêmes et nous avons besoin
de lumière. Pour résumer nous dirons que deux chemins s’ouvrent devant nous, à la
fois différents et complémentaires, celui de la philosophie et celui de la foi ; ce bel
effort intellectuel qui tend vers la compréhension globale comme l’asymptote vers
son infini, embellit notre esprit qui devient un phare dans la nuit, un rempart contre
les assauts de toutes sortes de maladies ; l’énergie psychique nous rend maîtres de
nous-mêmes et nos sentiers s’aplanissent ; la foi est indispensable même pour celui
qui pense, surtout pour celui qui sera souvent en proie au doute jusqu’à ce qu’il
reconnaisse la présence de l’intelligence cosmique à l’œuvre en toutes choses et qu’il
se réjouisse de ce spectacle. Dans les principales œuvres philosophiques et spirituels
qui peuvent être citées comme le manuel d’Épictète, le Nouveau Testament, la
Bhagavad-Gîtâ, les textes Hermétiques, l’essentiel à retenir est que ce sont les fausses
identifications qui nous retiennent prisonniers du monde et du mental, et qui nous
empêchent d’ accéder à la vraie magie.
3-Le moyens à mettre en œuvre pour la guérison.
Ce n’est pas parce que nous réfutons le fait d’être seulement le corps physique
que celui-ci doit être négligé ou que nous devons ignorer les joies qu’il nous procure.
Il est bon de rappeler que le fait d’être en bonne condition physique nous apporte de
multiples avantages ; nous vivons mieux, sommes plus efficaces dans tous les
domaines, nous nous sentons plus vivants et nous pouvons faire face d’autant mieux à
l’adversité. Il est donc très important d’arriver à mettre en place une routine
quotidienne d’exercices et une alimentation correcte ; dans ce domaine il n’est pas de
règle stricte et nous devons commencer par le type d’exercices que nous plaisent et
nous conviennent davantage en tenant compte de notre état de santé, de notre âge, de
nos antécédents. Il est important de s’approprier notre entraînement, de s’écouter et
de ne pas suivre aveuglement un programme sous prétexte qu’il garantit notre remise
en forme. Pour cela, nous devons nous ouvrir aux innombrables possibilités
existantes, explorer la gamme des exercices venant de la gymnastique, des arts
martiaux, du yoga, de la course à pied, du vélo, etc..faire preuve de créativité et
commencer ainsi la journée en ayant le sentiment d’être les acteurs de notre bien-être
et de notre santé ; il est important de ne pas faire de compétition, même pas à l’égard
de soi-même. Il est important d’y associer la connexion avec la force de vie, que l’on
réalise en s’accordant plusieurs moments dans la journée où l’on prend conscience de
notre présence au sein de l’univers ainsi que le décrit Eugène Fersen dans sa science
de l’être5 ; cela peut sembler trop simple à ceux qui se sont habitués à des pratiques
compliquées, mais la complexité n’a pas d’intérêt en soi, surtout sur la voie
spirituelle, qui est certes profonde mais qui est évidente, car elle correspond à un
besoin profond « encodé » en nous. La transmission de maître à disciple dont parle
les Upanishads n’est autre que celle-ci, « Tu es Cela »6. En complément, l’exercice de
l’étoile est recommandé par Eugène Fersen et se réalise en formant un pentagramme
avec son corps, sans tensions, la paume de la main gauche tournée vers la ciel et la
droite en bas ; cela stimule la sensation physique de l’énergie vitale universelle, et en
facilite la circulation. Cette prise de contact avec la nature profonde de la réalité,
vécue de façon subjective et intime, permet de s’acheminer vers la guérison de soi-
même et des autres, parce que la vie, dans son essence, ne nous semble plus étrangère
et problématique ; son unité intrinsèque ainsi que son origine sont perçues
directement et il devient aisé de se le rappeler. Cela ne signifie pas que désormais une
chance insolente va nous accompagner, nos épreuves seront toujours au rendez-vous,
des maux se manifestent encore mais c’est nous qui avons changé ; la vie fait sens
5 Eugène Fersen Science of being Tapley New York 1923 .
6 Chandogya Upanishad.
depuis l’intérieur de nous-même, un confiance et une force supérieures son
présentes ; nous avons la certitude que nous pouvons guérir de tout, sauf de la
vieillesse, mais celle-ci est accueillie avec tendresse par cette âme renouvelée que
nous sommes devenus. Nous nous souvenons des conflits que nous avons connus et
nous pouvons pardonner et souhaiter du bien à ceux qui nous ont tourmenté, ainsi
qu’ à nous-mêmes si nous avons failli. Désormais, nous respirons l’air des sommets,
nous planons au dessus de ce monde difficile et mal en point.
Nous commençons à nous sentir illimités, et pour garder, faire fructifier ce
sentiment, nous devons commencer à croire en nos propres intuitions, en nos idées
naissantes, et surtout ne pas penser que nous avons besoin de l’aval d’une autorité
quelconque pour avoir la permission d’être ce que nous sommes. C’est un point
capital que nous devons retenir et l’épreuve nous sera imposée tant que nous ne
serons pas capables de faire le pas. Inévitablement, nous allons entraîner d’autres
personnes vers ce changement car ils sentiront qu’il y a quelque chose de
fondamental qui est en cours. Il y a une différence entre simplement l’atténuation de
symptômes et le soulagement intérieur ; les divers maux que nous rencontrons vont et
viennent et le plus souvent, des remèdes simples, appartenant à la médecine ancienne
traditionnelle ou moderne, permettent de les combattre plus ou moins efficacement ;
mais la guérison spirituelle vise à rétablir une sorte d’immunité naturelle et pérenne,
due à la restauration du vrai qi, de l’énergie prénatale comme dirait les taoïstes
chinois. La tragédie humaine vient de ce que la civilisation excessive nous entraîne
dans un état de combat ou de fuite, hors de la vie contemplative, méditative, qui nous
procure la vraie satisfaction et la santé véritable ; l’excitation constante du système
nerveux sympathique devient malheureusement une condition chronique d’état
d’urgence, qui finit par nous dévitaliser et nous épuiser. Voilà pourquoi nous sommes
engagés dans un cercle vicieux, dans un cycle infernal qui finira par nous perdre ; il
ne faut pas se leurrer, la solution à nos problèmes tant individuels que collectifs doit
être cherchée à sa source et non dans des réformes socio-politiques qui équivalent
seulement à faire toujours plus de la même chose. A la personne qui souhaite guérir, il
faut lui souhaiter de s’ancrer dans une pratique spirituelle personnelle, à défaut de
pouvoir suivre un maître véritable, de profiter de l’appui de gens qui auront consacré
leur vie à l’essentiel ; elle devra se contenter de cette approche sincère mais qui ne
manquera pas de transformer son cœur et son esprit, d’apporter soulagement et
réconfort au milieu de la tempête.
En conclusion, nous dirons avec certains7 que l’homme a besoin de se crée une
âme ; cette réalité devient tangible que nous prenons conscience de notre peu de
consistance et que nous décidons de travailler à créer un centre permanent en nous.
La conscience de soi est notre devoir et notre prérogative en tant qu’être humain et
c’est sur ce point que notre existence peut devenir riche et intéressante. De quoi nous
souvenons nous vraiment ? Nous pouvons réaliser que des moments apparemment
insignifiants se montrent, quelques pas sur un sentier, un sourire échangé, le rideau de
la fenêtre quand nous étions enfants ; à ces moment-là, nous avons connu un éveil
inhabituel et une forme de présence totale à soi ; cette lumière en nous provient de la
vie de l’âme.

7 Gurdjieff et actuellement Withley Strieber ont insisté sur ce point.

Vous aimerez peut-être aussi