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CANTIQUE

Des

CANTIQUES

WATCHMAN NEE

Living Stream Ministry


Anaheim, California • www.lsm.org
© 1997 Living Stream Ministry

Tous droits réservés. Toute reproduction ou transmission d’un extrait quelconque de cet
ouvrage par quelque procédé que ce soit, et notamment par voie graphique, électronique ou
mécanique, y compris par photocopie, bande magnétique et systèmes de mise en mémoire et
de récupération de l’information, est interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

Deuxième édition, juillet 1998

Traduit de l’anglais Titre original : The Song of Songs © 1993 Living Stream
Ministry

(French Translation)

ISBN 978-1-57593-838-7 12 13 14 15 16 17 / 9 8 7 6 5 4 3

Représenté par
Le Courant de Vie 44 rue Monge, 75005 Paris, France www.courantdevie.fr
contact@courantdevie.fr

Publié par
Living Stream Ministry 2431 W. La Palma Avenue, Anaheim, CA 92801
U.S.A. P. O. Box 2121, Anaheim, CA 92814 U.S.A.
Imprimé au Royaume-Uni
TABLE DES MATIÈRES

Chapitre Page

Préface 5

Introduction 7

1 La poursuite initiale et la satisfaction 13


2 L’appel à la délivrance du moi 33

3 L’appel à l’ascension 51

4 L’appel de la croix après la résurrection 77

5 L’œuvre de Dieu 101

6 Le soupir de la chair 109


PRÉFACE

Grâce à Dieu, sur Terre, aujourd’hui, il ne manque pas d’hom-


mes attirés par le Seigneur et qui sont à Sa recherche. Ce livre, Le
Cantique des Cantiques, a été spécialement conçu pour eux. La
communion intime avec le Seigneur est si sacrée qu’elle devrait être
tenue secrète. Mais Dieu a choisi de nous la révéler dans le
Cantique des Cantiques afin que nous comprenions le chemin de
l’amour et soyons encouragés à continuer.
Cette interprétation a été donnée, il y a de nombreuses années,
à quelques collaborateurs par notre frère dans le Seigneur. Un
condensé des messages a été rédigé par l’un d’entre eux. Il fut
imprimé à Chungking en 1945, pour répondre à un besoin
ponctuel. Il fut réimprimé en 1948 par l’Église de Tsingtao, et nous
l’imprimons de nouveau à Taiwan. Nous tenons à préciser que le
manuscrit original n’a jamais été revu et corrigé par l’auteur lui-
même.
Puisse le Seigneur se servir de ce livre pour aider tous ceux qui
sont à Sa recherche. Amen.

The Taiwan Gospel Book Room


Janvier 1954
INTRODUCTION

I
Au chapitre premier, verset 1 on lit : « Le cantique des cantiques,
de Salomon. » Ce cantique parle de Salomon. De ce fait, le Seigneur
prend la place d’un roi dans ce livre. Il se tient sur le terrain de la
résurrection et de l’ascension. David tua Goliath et vainquit
l’ennemi. Il représente le Christ qui règne par la croix. Salomon tira
avantage de la défaite de Goliath et devint un roi de paix ; il
représente le Christ qui règne par la résurrection. Dans ce livre, le
Seigneur prend la place de Salomon. Nous communiquons avec un
roi tel que Salomon. La bataille est terminée, et II est désormais le
Christ couronné de gloire et d’autorité. C’est ce que nous voyons
au début de ce livre. Dans ce livre, notre relation avec le Seigneur
ne ressemble pas à celle de Jonathan avec David. Elle est plutôt
semblable à celle qui existait entre la Sulamite et le roi Salomon.
Jonathan aimait David car David avait vaincu l’ennemi. La
Sulamite aimait Salomon pour Salomon lui-même. Certains aiment
le Seigneur pour Sa croix. D’autres L’aiment non seulement pour
Sa croix, mais aussi à cause de Sa résurrection. La croix indique
que le Seigneur règne grâce à Sa victoire, tandis que la résurrection
évoque le Seigneur Lui-même. La reine de Saba entendit d’abord
parler des actes de Salomon ; plus tard, elle le rencontra en
personne. Elle fut attirée par lui. Nous ne devons donc pas nous
contenter d’aimer comme Jonathan aimait David, mais il nous faut
aimer comme la Sulamite aimait Salomon. Ce livre nous amène à
Le reconnaître comme Roi.

II
L’expérience de la Sulamite est personnelle ; elle n’est pas
collective. Dans la Bible, la femme représente l’expérience subjec-
tive. Ainsi, la quête de la jeune fille fait référence à la recherche
individuelle du Seigneur par le croyant ; elle ne se rapporte pas à
la recherche collective du Seigneur par l’Église. Elle commence par
8 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

le désir ardent d’une personne pour le Seigneur et se termine par


la satisfaction de la communion avec Lui.
III
Le thème central de ce livre est la communion spirituelle. Bien
que ce livre se divise en de nombreuses parties, le texte suit un
ordre et forme un tout cohérent ; il ne se compose pas d’histoires
isolées ou d’anecdotes diverses. Il met l’accent sur l’expérience
spirituelle complète de ceux qui progressent dans la recherche du
Seigneur, en décrivant les étapes qu’ils franchissent et l’état ultime
qu’ils atteindront. Il est de la même veine que Spiritual Torrents
(Les torrents spirituels) de Madame Guyon et Four Planes of Spiri-
tual Life (Quatre niveaux de vie spirituelle) de Mme Penn-Lewis.
IV
Ce livre décrit la recherche d’une personne une fois sauvée. De
ce fait, il ne fait aucune référence au salut. Ce livre ne met pas
l’accent sur les pécheurs, mais sur les croyants. Il ne fait pas men-
tion de ceux qui n’appartiennent pas au Seigneur, mais de ceux
qui Lui appartiennent. Il ne nous dit pas comment une personne
cherche le salut, mais comment une personne désire et cherche à
gagner le Seigneur. Il ne parle pas de foi mais d’amour. La bannière
de ce livre est « l’amour ». « La bannière qu’il déploie sur moi, c’est
l’amour » (2.4). Telle est notre devise.
V
Ce livre est un poème, une description de notre histoire spiri-
tuelle en tournures, mots et expressions poétiques. Dans de nom-
breux cas, on ne peut que saisir le sens ; les mots seuls ne peuvent
exprimer la signification entière.
VI
Ce livre, ainsi que l’Évangile selon Matthieu, décrit les deux
aspects de la relation du croyant avec le Seigneur. En ce qui
concerne notre devoir, Matthieu indique que nous sommes les
serviteurs du
Seigneur, notre Roi. En ce qui concerne la communion, ce livre
révèle que nous sommes l’épouse du Seigneur, notre Epoux.
INTRODUCTION 9

VII
Le mot amour est celui qui apparaît le plus souvent dans ce
livre. On peut l’utiliser de nombreuses façons : au singulier, au
pluriel, au masculin, au féminin, ou au sens général. Considérons
quelques exemples. L’expression mon bien-aimé dans la langue
originale dénote un amour masculin, tandis que le mot compagne
signifie un amour féminin. Le mot « amour » dans 1.2, 4 ; 4.10 et
7.12 (Darby) est au pluriel. Dans ce livre, amour au singulier est
traduit par « bien-aimé », faisant référence à la personne. C’est le
même mot que David, car David signifie amour. « Amour » dans 2.4
a un sens général. Dans 2.7, 3.5 et 8.4, « amour » porte un sens
féminin. Finalement, le mot « amis » dans 5.1 et 16 (Darby) est
mieux traduit par « bien-aimé » car il indique l’amour au sens
masculin, non pas au sens féminin.
VIII
Examinons quelques principes qui aident à l’interprétation de
ce livre :
(1) Chaque passage doit être interprété selon le thème central
du livre, à savoir, l’expérience spirituelle.
(2) Chaque verset doit être interprété selon le contexte, et cor-
respondre au thème central.
(3) Lorsque le Seigneur interpréta les paraboles de Matthieu
13, Il commenta certains passages en détail, mais ne dit rien des
autres. Nous devons en faire de même pour interpréter ce livre.
(4) Nous devons trouver le sens d’un terme non seulement par
le mot lui-même, mais aussi par son usage dans la Bible.
(5) Pour décrire l’épouse et l’époux, ce livre se sert de nom-
breuses illustrations. Tandis que les caractéristiques sont décrites
par des figures de rhétorique, les illustrations nécessitent des
symboles. Les figures de rhétorique sont faciles à comprendre.
Mais pour comprendre les symboles, il faut les examiner attenti-
vement. Les symboles ne peuvent être compris qu’en accord avec
les méthodes bibliques et l’enseignement divin. Dans quelques cas,
les figures de rhétorique et les symboles sont de même nature ; en
d’autres cas, ils sont différents. Dans la plupart des cas, ils sont
très différents. Il nous importe peu qu’ils soient différents ou pas ;
demandons seulement à quoi ils font référence. Un symbole peut
10 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

souvent évoquer quelque chose qu’une figure de rhétorique ne peut


pas. Par exemple, dans Apocalypse 1.15, il est écrit : « Ses pieds
étaient comme du bronze qui semblait rougi au four. » Les pieds
sont une figure de rhétorique, et nous savons qu’ils font référence
au mouvement. Le « bronze qui semblait rougi au four » est un
symbole qui ne peut être aisément compris.

LE SUJET
Le premier verset dit : « Le cantique des cantiques, de Salomon.
» Salomon écrivit mille cinq cantiques (1 R 5.12). De tous ses
cantiques, celui-ci est le meilleur et le plus précieux. Par consé-
quent, on l’appelle le « cantique des cantiques ». Le sanctuaire
intérieur est le Saint des Saints. Le Seigneur Jésus est le Roi des
rois et le Seigneur des seigneurs. Tel est le Cantique des Cantiques.
L’Ecclésiaste parle de vanité des vanités, tandis que ce livre est le
Cantique des Cantiques.
Ce Cantique contraste avec l’Ecclésiaste. L’Ecclésiaste parle
d’une vie perturbée, mais ce Cantique parle du calme qui suit la
tempête. L’Ecclésiaste nous dit que la connaissance ne peut satis-
faire l’homme, alors que ce Cantique nous dit que seul l’amour
peut satisfaire l’homme. L’Ecclésiaste décrit la recherche sous le
soleil, mais ce Cantique décrit la recherche de Christ. Dans
l’Ecclésiaste, l’objet que l’on recherche et le chemin emprunté ne
sont pas les bons. La vanité des vanités en résulte. Dans le
Cantique des Cantiques, l’objet recherché et le chemin suivi sont
les bons et donc on arrive au juste résultat.

LES DIVISIONS
Première partie :
La poursuite initiale et la satisfaction (1.2—2.7)
I. Le désir (1.2-3)
II. La poursuite (1.4)
III. La communion (1.4)
IV. La révélation dans les chambres intérieures (1.5-7)
V. Le discours du roi (1.8-11)
VI. Le discours de la jeune fille (1.12-14)
VII. L’éloge fait par le roi (1.15)
INTRODUCTION 11

VIII. La réponse de la jeune fille (1.16—2.1)


IX. La réponse du roi (2.2)
X. L’éloge adressé au roi et le plaisir de la jeune fille (2.3-6)
XI. L’exhortation du roi (2.7)
Deuxième partie :
L’appel à la délivrance du moi (2.8—3.5)
I. L’appel à la délivrance du moi (2.8-15)
II. L’échec et le rétablissement (2.16—3.5)

Troisième partie :
L’appel à l’ascension (3.6—5.1)
I. La nouvelle création (3.6—4.6)
II. L’appel à l’ascension (4.7-15)
III. Une vie d’amour (4.16—5.1)
Quatrième partie :
L’appel de la croix après la résurrection (5.2—7.1)
I. La croix après la résurrection et l’échec de la jeune fille
(5.2—6.3)
II. Une vie derrière le voile (6.4—7.1)

Cinquième partie :
L’œuvre de Dieu (7.2-14)
I. L’équipement de l’ouvrier (7.2-10a)
II. Œuvrer avec le Seigneur (7.10b-14)

Sixième partie :
Le soupir de la chair (8.1-14)
I. Le soupir pour la délivrance de la chair (8.1-4)
II. Avant l’enlèvement (8.5-14)
PREMIERE PARTIE

LA POURSUITE INITIALE ET LA SATISFACTION


(1.2—2.7)

Cette partie est la clé de tout le livre. Elle contient tous les
principes spirituels, et laisse prévoir toutes les expériences ulté-
rieures. Les leçons qui suivent ne sont pas nouvelles ; ce sont plutôt
de vieilles leçons répétées d’une façon plus approfondie.
Les expériences spirituelles de cette première partie sont sim-
ples et sans difficultés. C’est toujours ainsi que nous apparaissent
la consécration et la révélation initiales. Cependant, elles peuvent
ne pas être très fiables ; ces expériences doivent passer par le feu.
Cette partie laisse prévoir les expériences spirituelles à venir.
Ensuite, toute expérience sera mise à l’épreuve jusqu’à ce qu’elle
devienne réelle. Lorsque nous faisons une expérience pour la pre-
mière fois, ce n’est peut-être que superficiellement ; la deuxième
fois, nous ressentons peut-être les choses d’une façon plus pro-
fonde et plus certaine. Mais il se peut que la seconde expérience ne
soit pas aussi douce que la première. En fin de compte, les deux
sont identiques ; la bannière est toujours l’amour.
L’expérience, dans cette partie, est équivalente au « Path of Light
» (« La voie de la lumière ») du livre Spiritual Torrents (Les torrents
spirituels) ; elle équivaut aussi au « revival stage » (« étape du
renouveau ») évoqué dans le livre Four Planes of Spiritual Life
(•Quatre niveaux de vie spirituelle). Notre propre expérience peut
certainement en témoigner.

I. LE DÉSIR (1.2-3)

Le verset 2 dit : « Qu’il me baise des baisers de sa bouche ! Car


tes amours sont meilleures que le vin » (Darby). Les baisers re-
cherchés ici sont différents du baiser du Père qui se jette au cou de
son fils (Le 15.20). Ce baiser était signe de pardon, et tous ceux qui
appartiennent au Seigneur l’ont déjà reçu. Dans le Cantique des
Cantiques, l’accent est mis sur la relation d’amour entre les
croyants et le Seigneur. Le pardon est donc sous-entendu, et au-
cune mention n’en est faite. Le Cantique des Cantiques n’explique
pas comment un pécheur peut devenir croyant ; il parle plutôt de
LA POURSUITE INITIALE ET LA SATISFACTION 13

la façon dont un croyant assoiffé peut être satisfait. Nous devons


saisir ce fait avant de pouvoir comprendre pourquoi le livre com-
mence ainsi.
Nous ignorons le laps de temps qui s’écoule avant qu’une per-
sonne récemment sauvée ne ressente un désir ardent en elle.
Toutefois, nous savons que ce sentiment survient lorsqu’une per-
sonne sauvée est réveillée par le Saint-Esprit et commence à
chercher le Seigneur.
Puisque celle qui cherche est ici assoiffée et affamée, elle dit
spontanément : « Qu’il me baise des baisers de sa bouche. » Elle
n’indique pas qui « il » est. Mais dans son esprit il n’y a qu’un « il »
; c’est Celui qu’elle recherche. Auparavant, sa relation avec le Sei-
gneur était superficielle, et elle en était profondément insatisfaite.
Maintenant, elle espère avoir une relation plus personnelle avec
Lui. C’est pourquoi elle désire ardemment un « baiser », une
expression d’amour personnel. Personne ne peut embrasser deux
individus en même temps. Un baiser est l’expression d’une relation
personnelle. De plus, ces baisers ne sont pas sur la joue comme
l’étaient ceux de Judas (Mt 26.49), ni sur les pieds, comme ceux de
Marie (Le 7.38, 45). Ce sont les « baisers de sa bouche », un signe
d’affection personnelle. Une relation superficielle ne peut plus la
satisfaire. Elle veut une relation unique et personnelle avec le
Seigneur. Cette forte envie est le début de tout progrès. L’édification
ne peut jamais être séparée d’une recherche fondée sur la faim et
la soif. Si le Saint-Esprit ne produit pas chez le croyant un réel
mécontentement d’une relation superficielle, ainsi que la recherche
d’une affection personnelle, ce dernier ne peut espérer une
expérience intime avec le Seigneur. Cette poursuite constitue la
base de toute expérience future. Si nous n’éprouvons pas une telle
faim et soif, nous n’aurons qu’un cantique poétique, non pas le
Cantique des Cantiques.
Nous poursuivons car nous avons reçu une révélation. Le Saint-
Esprit nous a montré quelque chose que les autres n’ont pas vu.
Après avoir reçu une telle révélation, nous sentons que « ton amour
vaut mieux que le vin ». Par conséquent, nous désirons ardemment
les baisers de Sa bouche.
Son amour est vraiment meilleur que le vin. Le Saint-Esprit
14 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

nous indique que de tout ce qui nous apporte joie, allégresse et


enthousiasme, Son amour est sans pareil. De tout ce qui nous
attire sous le soleil, rien n’est comparable à Son amour. Une fois
que nous avons vu et reconnu Son amour, y a-t-il quelque chose
sous le soleil qui puisse s’y comparer ?
Le verset 3 dit : « La senteur de tes parfums (ton onguent, lit.)
est si bonne. Ton nom est un parfum (onguent, lit.) qui s’épanche ;
c’est pourquoi les jeunes filles (vierges, lit.) t’aiment. » Seigneur, Tu
es L’oint. Dieu T’a oint du Saint-Esprit, et Tu as reçu toutes sortes
d’onguents du Saint-Esprit. Dieu n’est pas le Seul à sentir Ton
doux parfum ; nous le sentons également. Personne ne nous en
avait parlé, et nous ne l’avons connu nulle part. Mais c’est
spontanément que nous avons été affectés par l’exquise senteur de
tes parfums.
« Ton nom est un onguent qui s’épanche. » Seigneur, Tu as aussi
un nom qui nous attire. Ton nom nous rappelle que Dieu est venu.
L’onguent s’est répandu ! Nous comprenons que Tu es mort ! Oui,
l’onguent s’est répandu ! Le nom de Jésus est tellement précieux !
Qui peut connaître pleinement ce nom ?
« C’est pourquoi les vierges t’aiment. » C’est à cause de Toi-
même (l’onguent) et de Ton nom (l’onguent répandu) que les vierges
T’aiment. Elles T’aiment pour Toi-même et pour Ton nom. Nous ne
pouvons aimer ni une œuvre ni un pouvoir. Nous pouvons
seulement aimer une personne, quelqu’un avec une personnalité.
Nous T’aimons, et Ton nom ainsi que Toi-même nous attirent. Bien
que nous n’ayons pas encore senti parfaitement Ton doux parfum,
ce que nous en avons perçu est assez pour T’aimer. La révélation
de la personne du Seigneur encourage les hommes non seulement
à Le louer, mais aussi à L’aimer. En voyant la personne du
Seigneur, tout homme commence à L’aimer.
« Les vierges » sont ici « ceux que tu protèges » (Ps 83.4). Elles
sont les compagnes de la jeune fille, et leur recherche du Seigneur
est aussi chaste que sincère. La jeune fille n’est pas la seule à s’en-
gager spirituellement ; elle n’est qu’une parmi de nombreuses
vierges.
II. LA POURSUITE (1.4)
Le verset 4 dit : « Entraîne-moi ! Nous courrons à ta suite ! »
LA POURSUITE INITIALE ET LA SATISFACTION 15

Bien que nous ayons le désir et la volonté de Le poursuivre, nous


en sommes incapables car la faiblesse nous envahit. La force né-
cessaire pour poursuivre le Seigneur n’est pas une puissance de
l’Esprit donnée une fois pour toutes. Mais plutôt, ce sont la beauté
et la gloire de Dieu Lui-même qui nous attirent, et c’est cette atti-
rance qu’il exerce sur nous qui nous permet de poursuivre. Si le
Seigneur nous a réellement entraînés, il nous est très aisé de Le
poursuivre.
Si Tu nous entraînes, « nous courrons à ta suite ». Courir à la
suite signifie poursuivre quelque chose sans interruption. Nous
courrons à la suite du Seigneur parce qu’il nous attire. Nous devons
nous rendre compte que personne ne peut se présenter devant le
Seigneur par sa propre force. Quand nous étions pécheurs, Dieu a
dû nous attirer avant que nous puissions venir à Lui. De même,
une fois que nous sommes sauvés, le Seigneur doit nous attirer
avant que nous puissions courir à Sa suite.
Ici, nous voyons la relation entre un croyant individuel et d’au-
tres croyants. Le Seigneur « m’ » entraîne, mais « nous » courrons à
Sa suite. J’ai été introduit dans les chambres, mais « nous » allons-
nous réjouir et être heureux. Si un homme reçoit la grâce du Sei-
gneur, il aura sûrement une influence bénéfique sur les autres.
III. LA COMMUNION (1.4)
Le verset 4 continue : « Le roi m’a introduite dans ses apparte-
ments (chambres, lit.). » Après la prière de la jeune fille, nous
voyons l’exaucement de cette prière : « Le roi m’a introduite dans
ses chambres. » Les « chambres » sont « l’abri » (Ps 91.1). A moins
que nous ne soyons très amis avec une personne, nous ne l’amène-
rons pas dans notre chambre. De ce fait, lorsque le Roi l’introduit
dans ses chambres, cela signifie le début de la communion et de la
révélation divines. Dans les chambres, elle goûte à une communion
qui lui était jusqu’alors inconnue. Mais de plus, elle voit quelque
chose qu’elle n’avait pas vu auparavant.
Le mot « Roi » nous indique qu’avant de connaître le Seigneur
comme notre Bien-aimé, nous devons d’abord Le considérer comme
notre Roi. Une vie de consécration précède toujours une vie
d’amour, et l’expérience de la satisfaction suit toujours un acte de
consécration. « Le roi m’a introduite dans ses chambres. » Elle Le
16 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

reconnaît d’abord comme son Roi. Mais par la suite, le Roi va lui
faire connaître la communion et la révélation divines dans les
chambres.
Ceux qui se trouvent avec la jeune fille peuvent maintenant lever
la tête tandis que leur avenir se déploie devant eux. Leur avenir est
sans limite. Une fois que la communion et la révélation divines
commencent, l’espoir abonde dans une vie d’amour. Ils savent que
puisque Dieu a commencé l’œuvre, Il va sûrement l’achever (Ph
1.6). C’est pourquoi ils déclarent : « Nous nous égayerons, et nous
nous réjouirons en toi ; nous nous souviendrons de tes amours
plus que du vin » (Darby). Ces mots visent l’avenir. Leur expérience
actuelle les remplit d’espoir pour l’avenir (cf. Pr 23.35 pour un
exemple de recherche associée au vin).
« C’est à bon droit que l’on t’aime » devrait être traduit « ils t’ai-
ment dans l’honnêteté ». Cela signifie que leur amour résulte d’une
bonne conscience (1 Tm 1.5).

IV. LA RÉVÉLATION DANS LES CHAMBRES


INTÉRIEURES (1.5-7)
Le verset 5 dit : « Je suis noire, mais je suis agréable, filles de
Jérusalem ! Comme les tentes de Kédar, comme les tentures de
Salomon » (Darby). Qui sont les « filles de Jérusalem » ? Ce livre est
un poème. Donc, la Jérusalem mentionnée ici ne fait pas référence
à la Jérusalem terrestre, mais à la Jérusalem céleste. Puisque ces
filles sont dans le domaine de la Jérusalem céleste, elles sont sans
doute sauvées. Les appeler « filles » signifie que Dieu les a
engendrées. Cependant, elles ne sont pas vraiment en recherche ;
elles sont indifférentes, ignorantes et négligentes. Hudson Taylor
déclara : « Elles semblent être sauvées, mais elles ne le sont peut-
être qu’à peine. »
« Je suis noire, mais je suis agréable. » La première découverte
dans les chambres est celle de sa propre noirceur. Sans avoir pour-
suivi le Seigneur, il est impossible de se voir tel qu’on est. La jeune
fille voit maintenant le genre de personne qu’elle est. C’est peut-
être la première fois qu’elle a vu sa propre noirceur. Elle n’est pas
devenue noire. Cette noirceur y était déjà, et évoque tout ce qui se
trouve en Adam. Mais en même temps, elle comprend qu’elle est
LA POURSUITE INITIALE ET LA SATISFACTION 17

acceptée dans le Fils de Son amour. Ainsi, elle déclare : « Je suis


noire, mais je suis agréable. » «Agréable» fait référence à son ac-
ceptation dans le Fils de Son amour.
« Comme les tentes de Kédar, comme les tentures de Salomon.
» « Kédar » signifie une chambre sombre. Être comme les tentes de
Kédar signifie être, en apparence, morose et désagréable. Si « les
tentures de Salomon » sont faites de lin fin, elles représentent sans
doute la justice de Christ. Les œuvres justes dont il est fait mention
dans Apocalypse 19.8 désignent les œuvres des saints, lesquelles
résultent de l’opération du Saint-Esprit. Mais nous sommes ici
dans l’Ancien Testament, et il ne peut s’agir des œuvres justes des
saints. Ces tentures doivent être dans le temple. « Comme les
tentures de Salomon » fait référence à la beauté intérieure, c’est-à-
dire à la beauté d’une personne devant Dieu.
Le verset 6 dit : « Ne me regardez pas, parce que je suis noire,
parce que le soleil m’a regardée : les fils de ma mère se sont irrités
contre moi, ils m’ont mise à garder les vignes ; ma vigne qui est à
moi, je ne l’ai point gardée » (Darby).
Dans la langue originale, « soleil » prend un article défini. Grâce
à la lumière diffusée par Dieu dans les chambres, elle se rend
compte qu’elle est noire. Par conséquent, elle veut que personne ne
la regarde. Tel est son état mental du moment. Avant que le Saint-
Esprit ait fini Son œuvre profonde dans un homme, ce dernier peut
encore vouloir se cacher aux yeux des autres. Mais une fois qu’il
s’est laissé travailler assez profondément par le Saint-Esprit, un
homme n’essayera plus de cacher quoi que ce soit aux autres. A cet
instant, la jeune fille a la même apparence devant les hommes que
devant Dieu. Elle peut donc confesser : « Je suis noire parce que le
soleil m’a regardée. »
« Les fils de ma mère se sont irrités contre moi. » Le verset ne dit
pas « les fils de mon père » mais « les fils de ma mère », car mère
représente le principe de la promesse, qui est le principe de la grâce
de Dieu. Galates 4.26-28 dit que la Jérusalem d’en haut est notre
mère et que nous, comme Isaac, sommes des enfants de la
promesse. « Les fils de ma mère » sont ceux qui sont devenus en-
fants de Dieu selon le principe de la grâce de Dieu.
« Enfants » est traduit « fils » dans la Nouvelle Version Segond
18 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

Révisée. « Fils » symbolise l’objectivité. Ces fils de la mère sont forts


en doctrine et impartiaux, et quelque peu autoritaires. A cause de
l’amour que la jeune fille a pour Dieu et de la discipline qu’elle
apprend dans les chambres, son travail change. Les fils de sa mère
commencent à la mépriser et même à s’irriter contre elle.
« Ils m’ont mise à garder les vignes. Ma vigne qui est à moi, je
ne l’ai point gardée. » La première fois, « vignes » est au pluriel, car
elles sont cultivées par un homme. La seconde fois, « vigne » est au
singulier, car elle est instituée par Dieu. « Ils m’ont mise à garder
les vignes. » C’était son ancien métier. Après avoir reçu la lumière
de Dieu et avoir été disciplinée par Lui, elle se rend compte de la
vanité de son ancien métier — elle n’a effectué que la tâche que
l’homme lui a confiée, mais pas ce que Dieu a ordonné pour elle.
Le verset 7 dit : « Révèle-moi, toi que mon cœur aime, où tu fais
paître (ton troupeau), où tu le fais reposer à midi ; car pourquoi
serais-je comme égarée près des troupeaux de tes compagnons ? »
Dans les chambres, elle s’est déjà rendu compte de la vanité de
ses actes. Elle a déjà réalisé que la priorité d’un chrétien n’est pas
le travail, mais la nourriture personnelle et le repos. Le verbe «
paître » évoque la nourriture. A partir de maintenant, elle ne re-
cherchera que la nourriture et le repos. Ce « repos » est un repos
complet, car « midi » est le temps de la perfection. Le sentier des
justes est comme la lumière resplendissante, dont l’éclat va crois-
sant jusqu’au plein jour, c’est-à-dire midi (Pr 4.18). A midi, le soleil
est à la position parfaite. Quand le soleil atteint midi, il ne peut
briller plus. (Le Seigneur souffrit de midi à la neuvième heure. Ses
souffrances L’atteignirent toutes en même temps ; elles étaient
d’une forte intensité dès le début, et n’augmentèrent pas petit à
petit.)
« Pourquoi serais-je comme égarée près des troupeaux de tes
compagnons ? » Ces « compagnons » sont les compagnons du Sei-
gneur. Le troupeau, cependant, n’est pas le Sien mais celui de Ses
compagnons. Etre égaré signifie se trouver dans la honte. Elle est
hors du troupeau, et elle demande : « Pourquoi ne me dites-vous
pas où trouver nourriture et repos ? J’ai cherché la nourriture et le
repos ici et là. » Puisque le troupeau de Ses compagnons l’a dé-
tourné du droit chemin, et qu’on la ridiculise et la critique, elle
LA POURSUITE INITIALE ET LA SATISFACTION 19

demande : « Seigneur, pourquoi ne me le dis-Tu pas ? »


V. LE DISCOURS DU ROI (1.8-11)
Dans les chambres, cette jeune fille découvre trois choses :
(1) Elle voit la noirceur en Adam et la beauté dans le Fils de Son
amour ; (2) par la discipline de Dieu, elle voit que ses actes sont
vains; et (3) elle voit le besoin spirituel. Dieu lui répond donc selon
sa recherche ; Il la loue et lui fait une promesse.
A. La réponse du Roi (1.8)
Le verset 8 dit : « Si tu ne le sais pas, ô la plus belle parmi les
femmes ! Sors sur les traces du troupeau, et pais tes chevreaux
près des habitations des bergers » (Darby).
Le Roi l’appelle « la plus belle parmi les femmes ». « Si tu ne le
sais pas » — le ton de cette phrase semble indiquer que le Roi lui
fait un reproche, et qu’elle aurait déjà dû le savoir. « Si tu ne le sais
pas, ô la plus belle parmi les femmes, sors sur les traces du trou-
peau. » D’un côté, l’expression « les traces du troupeau » évoque les
traces des croyants d’aujourd’hui ; ces croyants constituent un
troupeau, c’est-à-dire l’Église. (En réalité, bien qu’ils soient nom-
breux, ils ne se sont pas regroupés en troupeau, et ils ne consti-
tuent pas vraiment l’Église). Ici, on peut trouver la nourriture et le
repos. D’un autre côté, le troupeau représente aussi les saints qui
sont morts et s’en sont allés avant nous tout au long des géné-
rations passées. Ils ont trouvé la nourriture et le repos. Nous
pouvons faire de même si nous allons là où ils étaient. Le mot «
traces » signifie expérience.
Les chevreaux ne font pas référence aux moutons, car la jeune
fille elle-même est un mouton. Ils ne sont pas non plus le troupeau,
car elle est hors du troupeau. Les chevreaux représentent les
agneaux qui sont plus jeunes qu’elle. « Pais tes chevreaux près des
habitations des bergers. » On lui rappelle que sa quête de
nourriture et de repos ne doit pas l’empêcher de faire son devoir,
qui est de prendre soin des chevreaux, et l’amener à refermer la
barrière sur eux. Nous devons veiller à cela. Tout en recherchant la
nourriture et le repos, nous devons continuer à remplir notre devoir
envers des disciples qui manquent de maturité. Nous ne pouvons
fermer la porte et nous soucier uniquement de notre propre
20 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

édification. En d’autres termes, la jeune fille peut obtenir la


nourriture et le repos en nourrissant les chevreaux !
Le mot « bergers » est au pluriel. Ceux-ci sont les « sous- bergers
», ceux qui sont sous le Seigneur. Le mot « habitations » est au
pluriel. Le Seigneur veut qu’elle trouve sa place aux côtés des
bergers pour nourrir les chevreaux. D’une part, elle doit suivre les
saints du passé dans leur consécration, foi, persévérance,
confiance, poursuite de la volonté de Dieu, application à la prière,
etc. D’autre part, au quotidien, elle doit s’occuper des croyants qui
sont plus jeunes qu’elle, et c’est ainsi qu’elle remplira son devoir.
Tandis que nous allons de l’avant, nous ne devons pas négliger nos
obligations quotidiennes.

B. L’éloge et la promesse adressés par le Roi à la


jeune fille (1.9-11)
Les versets 9 à 11 disent : « Je te compare, mon amie, à une
jument aux chars du Pharaon. Tes joues sont agréables avec des
rangées de joyaux ; ton cou, avec des colliers. Nous te ferons des
chaînes d’or avec des paillettes d’argent» (Darby).
L’expression « mon amie » peut se traduire par « mon amie bien-
aimée ». Le mot « jument » signifie « bons chevaux » dans la langue
originale. À l’époque de Salomon, tous les chevaux venaient
d’Égypte (1 R 10.28-29). Les versets 9 et 10 décrivent la beauté
naturelle de la jeune fille. Le verset 11 décrit l’œuvre de Dieu et la
beauté qui émane de Lui.
Ces trois versets font référence à six éléments : (1) la jument,
(2) les joues, (3) les joyaux, (4) le cou, (5) les chaînes d’or et (6) les
paillettes d’argent. Examinons chacun d’eux :
1. La jument
Dans la Bible, la particularité des chevaux est la rapidité, parce
qu’ils sont forts. Le Psaume 147.10 fait mention de « la vigueur du
cheval ». Or « la jument aux chars du Pharaon » représente ce qu’il
y a de mieux parmi tous les chevaux. Au sens spirituel, elle signifie
la rapidité. Dans ce verset 9, la rapidité peut se comparer à la
course que l’on trouve en 1.4. La jeune fille est véloce, mais cette
qualité est uniquement terrestre.
LA POURSUITE INITIALE ET LA SATISFACTION 21
2. Les joues
Les joues dénotent la beauté d’une personne. Elles en sont
l’éclat.

3. Les rangées de joyaux


Des rangées de joyaux rehaussent la beauté des joues. Les «
rangées de joyaux » sont en fait les cheveux tressés. Les cheveux
font référence à la force naturelle. Nous voyons donc que la beauté
de la jeune fille (et sa bonté) découlent de sa force naturelle.

4. Le cou
Les colliers représentent la douceur naturelle de la jeune fille.
Le cou était raide, mais désormais il est paré, signe de docilité. Une
personne sans collier au cou évoque une personne obstinée.
Le verset 9 la compare à une jument, tandis que le verset sui-
vant en donne la raison : sa douceur naturelle et sa force expli-
quent sa rapidité. Bien que la révélation des chambres ait eu pour
résultat une quête spirituelle, sa nature est toujours à l’œuvre. Il
se peut que beaucoup ne fassent pas de progrès à cause de leur
rapidité naturelle ! Les versets 9 et 10 révèlent que, bien que la
jeune fille soit très belle, sa beauté n’est que charnelle. La vraie
beauté, en effet, vient de Dieu. Le Seigneur promet de faire deux
choses pour elle. « Nous te ferons. » Telle est la promesse du Roi.
Ici, le Saint-Esprit nous remet en mémoire le Dieu trinitaire.

5. Les chaînes d’or


Façonner de l’or pour en faire des chaînes est un travail minutieux
qui prend du temps. C’est une image de la vie de Dieu qui se
manifeste avec délicatesse. Dans la langue originale, le mot « chaî-
nes » représente un objet ressemblant à une couronne. C’est un
anneau, une couronne de chaînes d’or. On trouve le même mot
(traduit par « rangées ») au verset 10, et on peut le traduire encore
par « tresses ». Ainsi, « chaînes d’or » peut se traduire par « tresses
d’or ». Remplacer les tresses des cheveux par des tresses d’or si-
gnifie remplacer sa force naturelle par la justice, la vie et la gloire
de Dieu, autrement dit, remplacer ce qui est humain par ce qui est
divin.
6. Les paillettes d’argent
L’argent est le symbole de la rédemption. Etre constellé d’argent,
22 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

c’est être fondé sur l’œuvre rédemptrice de la croix.

VI. LE DISCOURS DE LA JEUNE FILLE (1.12-14)


A. Le Christ toujours présent qui demeure en
nous (1.12-13)
Le verset 12 dit : « Pendant que le roi est à table, mon nard
exhale son odeur » (Darby). La Bible prête une attention particulière
à la table de Salomon (1 R 5.2-3 ; 10.5). « Le roi est à table » fait
référence au croyant jouissant des richesses du Seigneur. Ces
richesses peuvent se diviser en deux catégories : (1) la fleur de fa-
rine et la farine, qui représentent la vie du Seigneur Jésus et le
Seigneur Lui-même, et (2) les viandes, qui évoquent Son œuvre et
Sa mort. « Pendant que le roi est à table », nous nous nourrissons
et savourons. Il en est ainsi chaque fois que nous venons à Sa table.
Nous sommes ceux qui mangeons les sacrifices (c’est-à-dire les
œuvres) acceptés par Dieu. (Dans l’Ancien Testament, certaines
parties des sacrifices étaient mises de côté pour l’alimentation de
l’homme.)
Comment mangeons-nous les sacrifices acceptés par Dieu ? En
voyant la mort du Seigneur, Dieu voit un sacrifice de propitiation.
Lorsque nous considérons la mort du Seigneur, nous voyons non
seulement une substitution, mais aussi une union. Une fois que
nous aurons compris cela, nous sentirons le parfum qui s’en exhale
et louerons Dieu. Il n’en sera jamais autrement. Mais si nous
faisons nôtres les plaisirs de Dieu, le nard exhalera spontanément
son parfum. (Le nard qui exhale son parfum se retrouve aussi dans
l’histoire de Marie.) Le Seigneur nous donne d’abord ; ensuite, nous
rendons au Seigneur ce qu’il nous a donné. La joie arrive en premier
; ensuite, la consécration.
Le verset 13 dit : « Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de
myrrhe ; il passera la nuit entre mes seins » (Darby). La myrrhe
représente la souffrance, c’est-à-dire la croix. Quand le Seigneur
était en train de mourir, quelqu’un lui donna du vinaigre, qui si-
gnifie l’amertume. Après la mort du Seigneur, Nicodème oignit Son
corps de myrrhe. Dans le Cantique des Cantiques, chaque fois
qu’apparaît le mot nuit, on fait référence à un moment où Salomon
est absent. Au point de vue spirituel, cela évoque le temps où le
LA POURSUITE INITIALE ET LA SATISFACTION 23

Seigneur est absent, Lui aussi, où II n’est pas dans ce monde. Dans
la Bible, les deux seins représentent la foi et l’amour (1 Th 5.8).
Les versets 12 et 13 parlent du Christ qui demeure en nous.
Etre assis ensemble à table, au verset 12, veut certainement dire
manger ensemble ; pour être à cette table, nous n’avons qu’à ouvrir
la porte, la porte intérieure (Ap 3.20-21). Si une personne n’ouvre
pas sa porte intérieure, elle ne peut pas s’asseoir à la table où est
le Seigneur. La myrrhe représente le Christ crucifié. Quand Christ
n’est pas avec nous, nous devons nous abriter sous la foi et
l’amour. Ceci marque le début de la communion intérieure. Après
avoir été introduits dans les chambres, avoir vu la mort du Sei-
gneur, et après nous être véritablement consacrés, nous établis-
sons une communion intime avec Lui. En ouvrant la porte de notre
cœur, nous jouirons de Sa présence, et nous ressentirons le besoin
d’une vraie consécration. Ce n’est qu’à ce point que nous pouvons
vraiment suivre le Christ souffrant et crucifié. Nous suivons le
Christ crucifié avec l’amour et la foi qui se trouvent en nous.

B. Revêtir le Christ extérieur (1.14)


Le verset 14 dit : « Mon bien-aimé est pour moi une grappe de
troène dans les vignes d’Eyn-Guédi. » Le troène donne du henné,
que l’on utilise comme couleur dans le vernis à ongles. Les femmes
juives en transportaient partout où elles allaient. En-Guédi est le
nom d’un endroit en Judée. Ce nom signifie « la fontaine de l’agneau
». C’est là où fuit David, et c’est un désert (Jos 15.61-62 ;
1 S 24.1-2). Le mot « vignes » est mieux traduit par « l’endroit du
raisin ». On ne peut pas voir la fleur de vigne là où se trouve le
raisin. « L’endroit du raisin » est dans le désert. Si une fleur apparaît
dans un tel lieu, on la remarquera aussitôt.
Le verset 14 est plus explicite que le verset 13. La fleur de henné
qui apparaît à « l’endroit du raisin » évoque la manifestation des
traits distinctifs de Christ. La myrrhe se trouve entre les seins et ne
se voit pas. Elle fait donc référence au Christ intérieur. Mais dans
ce verset 14, Christ est la parure extérieure, et la jeune fille a revêtu
Christ, ce qui indique qu’on annonce Christ et témoigne de Lui
ouvertement. Aux yeux des hommes, Christ est la fleur de henné ;
Il se manifeste désormais à travers la jeune fille.
24 LE CANTIQUE DES CANTIQUES
VII. L’ÉLOGE FAIT PAR LE ROI (1.15)
Le verset 15 dit : « Voici, tu es belle, mon amie ; voici, tu es belle
! Tes yeux sont des colombes » (Darby). Par cet éloge, il veut
encourager la jeune fille. La première fois qu’il dit : « Tu es belle ! »,
il l’encourage, mais la deuxième fois, il la célèbre pour ses yeux, des
yeux de colombe. En les décrivant ainsi, il parle littéralement de la
beauté de ses yeux. Mais au sens spirituel, les yeux de colombe
signifient la perspicacité. Une colombe peut seulement fixer une
chose à la fois, et exprime donc la pureté. La jeune fille a reçu une
révélation ; elle a acquis une perspicacité spirituelle. Elle a aussi,
rappelons-le, placé la myrrhe entre ses seins, et elle a un cœur pur.
Désormais, le Roi peut faire son éloge.

VIII. LA RÉPONSE DE LA JEUNE FILLE


(1.16—2.1)
Le verset 16 dit : « Que tu es beau, mon bien-aimé, que tu es
aimable ! » Il est non seulement beau, mais aussi aimable. Telle est
la réponse de la jeune fille au Roi.
« Notre lit est verdoyant » (Darby). La jeune fille a trouvé le repos
qu’elle avait préalablement cherché. Il y a aussi de la nourriture. La
verdure est le lit, et le fait de s’étendre désigne le repos. Cela
correspond au Psaume 23.2 où il est écrit : « Il me fait reposer dans
de verts pâturages, il me dirige près des eaux paisibles. » La table
mentionnée plus haut parle aussi de repos ; toutefois, c’est la
nourriture qui primait. Ici, on insiste plus sur la notion du repos.
Si un berger n’est pas compétent, ses moutons ne s’arrêteront pas
de paître lorsqu’ils se trouvent dans de verts pâturages. Mais s’il
l’est, ses moutons se reposeront, même dans ces verts pâturages,
et seront satisfaits et assouvis.
Le verset 17 dit : « Les solives de nos maisons sont des cèdres,
nos lambris sont des cyprès. » Le cèdre est un arbre grand et ro-
buste. Dans la Bible, il fait référence à une humanité remplie de
gloire. Dans la Parole de Dieu, beaucoup de choses sont faites en
cèdre ou en cyprès. Les cyprès proviennent d’un endroit qu’on
appelle la « cité de la mort ». Les Juifs les plantaient près de leurs
tombes ; ils signifient donc la mort du Seigneur.
Dans un tel contexte, la jeune fille se repose. La verdure repré-
sente tout ce qui vit et peut nourrir. Allongés sur cette verdure,
LA POURSUITE INITIALE ET LA SATISFACTION 25

nous ne pouvons que nous reposer. Notre abri est l’humanité glo-
rieuse du Seigneur et Sa mort. Dans le temple de Salomon se
trouvaient deux principales sortes de bois — le cèdre et le cyprès.
Autrement dit, ces deux sortes de bois sont les seules à posséder
les qualités requises pour l’habitation de Dieu. Dieu demeure parmi
les cèdres et les cyprès. Nous pouvons désormais nous reposer
dans la demeure de Dieu.
Le verset 2.1 nous dit : « Je suis le narcisse du Saron, le lis des
vallées. » Ce verset suit 1.17 directement. Ces paroles ne sont pas
prononcées par le Roi mais par la jeune fille. Si le Roi avait pro-
noncé ces mots, on aurait du mal à les interpréter. Si le Roi avait
parlé ainsi, dire au verset suivant que la jeune fille est un lis n’au-
rait aucun sens. « Saron » est une plaine, et le « narcisse » est un
genre de lis ou de rose sauvage. Cette fleur est méprisée en Judée.
Le lis des vallées est ordinaire et insignifiant. C’est « le lis des vallées
» et non pas « le lis en pot ». Dieu le cultive, non pas l’homme.
La jeune fille admet qu’elle est un narcisse de Saron et un lis
des vallées car le Roi fait son éloge au chapitre 1 verset 15. D’un
côté, aux versets 16-17, elle loue le Roi, et de l’autre, elle parle du
repos. En indiquant qu’elle n’est qu’un narcisse sauvage et un lis
des vallées, elle avoue qu’elle ne vaut rien et n’est qu’une personne
ordinaire dont Dieu s’occupe.

IX. LA RÉPONSE DU ROI (2.2)


Le verset 2 dit : « Comme le lis entre les épines, telle est mon
amie entre les filles » (Darby). Le Roi déclare qu’elle est bien un lis
des vallées, qui contraste avec les épines. Cela veut dire que la
jeune fille est un lis, tandis que toutes les autres sont simplement
des épines.
Selon la Bible, les épines font référence à deux choses. Premiè-
rement, elles évoquent la vie naturelle de l’homme après la chute
d’Adam. Cette explication se fonde sur Genèse 3.18, où les épines
poussaient par elles-mêmes et n’étaient pas les fruits des semailles.
Cette explication s’appuie aussi sur Exode 3, où on parle du
buisson ardent constitué d’épines. Le feu brûlait, pourtant le
buisson ne se consumait point, car le feu et la lumière ne prove-
naient pas du buisson lui-même, mais de Dieu. Dieu se servit des
26 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

épines, mais elles restèrent intactes. Cela signifie que Dieu allait
utiliser Moïse pour s’occuper des Israélites et des gentils à Sa façon
et non en tenant compte des capacités humaines. Un bon
témoignage met Dieu en avant, et non l’homme. Dieu ne s’est servi
de rien qui émanât de Moïse. Deuxièmement, les épines désignent
ce qui est charnel. Cela fait référence aux résultats du péché et du
moi naturel. Les épines de Matthieu 13.7 servent de symboles. Les
épines d’Hébreux 6.8 représentent le fruit qui provient de la volonté
propre d’une personne, qui finit par être brûlé.
Le mot « filles » signifie ici « jeunes filles », et est au pluriel. Ces
jeunes filles ne sont pas les filles de Jérusalem. Aux yeux du
Seigneur, ceux qui Le poursuivent sont des lis, à la différence de
ceux qui sont nés du péché. Le Seigneur indique que les jeunes
filles sont différentes de ceux qui vivent dans le péché, bien qu’elles
vivent dans un environnement de péché. Elles sont celles qui ont
la foi (les lis). En même temps, cela fait allusion aux souffrances
que subit une personne en recherche dans un climat de vie natu-
relle et pécheresse.
X. L’ÉLOGE ADRESSÉ AU ROI ET LE
PLAISIR DE LA JEUNE FILLE (2.3-6)
Le verset 3 dit : « Comme le pommier entre les arbres de la forêt,
tel est mon bien-aimé entre les fils ; j’ai pris plaisir à son ombre et
je m’y suis assise ; et son fruit est doux à mon palais » (Darby).
A son tour, elle compare le Roi aux pécheurs. « Les fils » font
référence à tout ce qui séduit le cœur, à tout ce qui est désirable
(Gn 3.6), à tout ce qui se rend maître d’un cœur, et à toute personne
à laquelle s’attache le croyant.
Remarquez l’expression « le pommier entre les arbres de la forêt
». Dans la langue originale, « pomme » est en fait « orange bergamote
». C’est une plante à feuilles persistantes, qui ne perd pas ses
feuilles en hiver. Elle ressemble quelque peu à une grenade, et son
goût rappelle l’orange et le citron. « Les fils » ne peuvent être
comparés qu’à des arbres ordinaires, tandis que le bien-aimé
possède trois caractéristiques : (1) Il peut devenir une forêt. On
souligne le mot « forêt, » dénotant la grandeur. (2) Son ombre ne
disparaît jamais. Ses feuilles sont persistantes et, de ce fait,
donnent toujours de l’ombre. (3) Il produit des fruits. Beaucoup
LA POURSUITE INITIALE ET LA SATISFACTION 27

d’arbres sont verts mais ne sont pas fruitiers. Il est grand, donne
de l’ombre et produit des fruits. La jeune fille connaît maintenant
le Seigneur comme Celui qui est tout en tous.
Auparavant, elle s’était totalement donnée au Seigneur. Mais
maintenant, elle rend son témoignage ; ce sont ses propres paroles,
ce qu’elle déclare publiquement. Non seulement reconnaît-elle qu’il
est le vin, mais elle fait l’éloge du vin lui-même. À ce stade, il n’est
plus possible qu’une chose ou une personne usurpe son cœur.
Il n’y a plus de divisions au sein de l’église entre ceux de Paul et
ceux d’Apollos, plus de divisions charnelles (1 Co 3.3-4). Mainte-
nant, la jeune fille ne voit que le Seigneur.
L’expression, « j’ai pris plaisir », contient l’idée de « joie ». Assise
sous Son ombre, une personne est joyeuse : elle a l’impression
d’être enlevée jusqu’à Sa présence.
L’ombre contraste avec le rayonnement du soleil au verset 6 du
chapitre 1, et lui fait écho. Ici se trouve le repos (Ps 91.1).
« Son fruit est doux. » Le repas du chapitre 2 verset 3 est différent
de celui du chapitre 1 verset 12, où l’accent était mis sur le Seigneur
Lui-même. Ici, le fruit fait référence à ce que la vie et l’œuvre du
Seigneur nous ont apporté, tels que la justification, la
sanctification, la paix et le Saint-Esprit. D’une part, la jeune fille se
réjouit de Sa présence. De l’autre, elle bénéficie de ce qu’il lui a
donné. Chaque fois que nous goûtons ce fruit, sa saveur nous est
douce.
Le verset 4 du chapitre 1 parle de courir après, tandis que le
verset 8 parle de suivre. Aux versets 12-14, elle est peut-être assise,
mais on n’en sait pas plus. Aux versets 16-17, on ne trouve aucun
verbe explicite. Au verset 3 du chapitre 2, elle « s’assoit » convena-
blement pour jouir de sa présence. Il semble que sa condition soit
officiellement reconnue. Aux versets 16-17, elle se reposait déjà ; le
verset 3 est donc simplement une annonce officielle de ce qu’elle
avait apprécié et acquis aux versets 16-17 du chapitre 1.
Le verset 4 dit : « Il m’a introduite dans la maison du vin ; et la
bannière qu’il déploie sur moi, c’est l’amour. » La maison du vin est
le lieu où on est libre de se réjouir autant que l’on veut. C’est la
deuxième fois que le Roi amène la jeune fille quelque part (la pre-
mière fois c’était au verset 4 du chapitre 1). Le plaisir rencontré ici
28 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

est différent de celui éprouvé à la table du Roi. Les invités sont


reçus dans la maison du vin où règne la joie. Après qu’une per-
sonne s’est consacrée en passant par la croix et a réalisé tout ce
que le Seigneur a accompli pour elle, elle est spontanément intro-
duite dans la maison du vin. En d’autres termes, le Roi nous
introduit dans les chambres pour nous apporter la révélation, et II
nous fait entrer dans la maison du vin pour nous communiquer la
joie, la joie de la présence du Roi.
L’expression : « La bannière qu’il déploie sur moi, c’est l’amour
», signifie que l’amour est l’étendard déferlé. Il est absolument ques-
tion d’amour. Une bannière manifeste ce que l’on fait ; c’est une
sorte de devise. Notre bannière est l’amour, ce qui implique que
toutes nos actions sont fondées sur l’amour.
Le verset 5 dit : « Soutenez-moi avec des gâteaux de raisins,
rafraîchissez-moi avec des pommes ; car je suis malade d’amour. »
Le verbe « rafraîchir » pourrait se traduire par « raviver ». Etre
malade d’amour, c’est être joyeux au point d’en être épuisé. C’est
ce qui est arrivé à Monsieur Moody : il était si plein de joie qu’il ne
pouvait plus le supporter et dut demander au Seigneur d’y mettre
fin.
Le point essentiel de ce verset est un appel à la modération. Il
est bon d’être en Sa présence, mais l’expérience des saints d’autre-
fois nous montre que lorsqu’ils étaient submergés par la joie, ils
tombaient comme morts. Ce verset dit que ce que goûte la jeune
fille est plus qu’elle ne peut supporter. Notre capacité à jouir du
Seigneur a des limites. Nous devons demander au Seigneur de nous
fortifier, avant que nous puissions jouir davantage. Sinon, quand
l’expérience sera trop forte, nous serons incapables d’en jouir,
malgré notre désir. Un vase de terre a une petite contenance ; le
Seigneur doit nous fortifier pour que nous puissions jouir da-
vantage de Ses largesses.
Le verset 6 dit : « Que sa (main) gauche soit sous ma tête, et que
sa droite m’embrasse ! » L’expression, « que sa (main) gauche soit
sous ma tête », signifie qu’il soulève la tête de la jeune fille pour
qu’elle Le voie. La façon la plus naturelle d’embrasser quelqu’un est
avec la main droite. On souligne la protection et le soutien, nés de
l’amour intime et non de la force. En d’autres termes, après la
LA POURSUITE INITIALE ET LA SATISFACTION 29

jouissance de l’amour du Seigneur, on a toujours besoin du soutien


de Sa grâce.
XI. L’EXHORTATION DU ROI (2.7)
Le verset 7 dit : « Je vous en conjure, filles de Jérusalem, par les
gazelles, par les biches de la campagne, n’éveillez pas, ne réveillez
pas l’amour, avant qu’elle le souhaite. » La traduction utilise le mot
« gazelles » au lieu de « chevreuils ». Dans le contexte, la Nouvelle
Version Segond Révisée a eu raison d’utiliser « elle » dans « avant
qu’elle le souhaite ». L’expression, «je vous en conjure », indique un
ton impératif, celui d’un roi.
Les versets 1.2 à 2.7 du Cantique des Cantiques constituent
une partie de l’expérience spirituelle. Ensuite, le Seigneur fait faire
une courte pause à la jeune fille. A ce stade, une personne a atteint
le niveau voulu par Dieu, non pas d’une façon spectaculaire, mais
petit à petit. Elle est sortie des chambres pour entrer dans la
maison du vin. Le croyant est maintenant arrivé sans embûches à
la maison du vin, et le Seigneur lui demande de faire une pause.
Les filles de Jérusalem aiment les sensations fortes, et prennent
plaisir à s’occuper de tout. Alors, le Seigneur leur adjure de ne pas
réveiller la jeune fille.
Par nature, les chevreuils et les biches sont facilement troublés.
Le Roi fait cette recommandation car la jeune fille languit d’amour.
Il n’est plus besoin de la stimuler ; elle peut faire une pause. Elle
se trouve entre les mains du Seigneur, et personne n’a besoin de
l’éveiller. Si d’autres essaient de se mêler de ses affaires, cela ne
l’aidera pas. Au contraire, cela l’excitera. Elle doit se reposer un
moment avant de s’engager dans une seconde poursuite. Ne
l’éveillez pas. Attendez qu’elle se réveille d’elle-même. Ne croyez pas
qu’elle est trop influencée par ses sentiments et qu’elle a besoin
d’aide. Après les leçons qu’elle a apprises, elle a tout simplement
besoin de s’arrêter.
L’amour a atteint son apogée. Le Roi est présent ; par consé-
quent, faites silence (Ha 2.20). Il (le Seigneur) va se reposer dans
Son amour (So 3.17).
CONCLUSION
(1) La jeune fille voit la croix au premier chapitre ; elle n’a pas
30 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

vu la puissance de vie de la résurrection.


(2) Dans la première partie, elle court le danger de se complaire
dans une communion intérieure.
(3) Elle ne comprend toujours pas ce que signifient la consé-
cration et l’obéissance à la croix, car elle n’a pas encore essuyé
l’épreuve. Elle n’a pas encore, concrètement, pris la croix ni ne s’est
engagée sur le chemin de la croix.
(4) Un autre danger existe. Bien qu’elle ait vu le côté présomp-
tueux de son ancien travail, elle n’a pas encore vu que le Maître de
l’œuvre est plus grand que l’œuvre elle-même. (En effet, elle se rend
compte qu’il n’est pas bon de garder les vignes des autres, mais elle
croit encore qu’il est très important de conserver sa propre vigne.)
(5) Il lui manque aussi quelque chose. Pendant tout ce temps,
elle n’a vu que ce que le Seigneur peut lui apporter ; elle n’a pas vu
quelle doit être sa place. En d’autres termes, elle a joui des fruits
du travail du Seigneur, mais elle n’a pas permis au Seigneur de
jouir des fruits de Son travail. Cela signifie qu’elle a gagné le Sei-
gneur, mais que le Seigneur ne l’a pas encore gagnée.
(6) Dans cette première partie, il ne s’agit que de Christ pour
moi ; ce n’est pas encore moi pour Christ.
DEUXIEME PARTIE

L’APPEL À LA DÉLIVRANCE DU MOI (2.8—3.5)


I. L’APPEL À LA DÉLIVRANCE DU MOI
(2.8-15)
Dans cette partie, on ne parle pas des péchés ou des échecs de
la jeune fille. Mais nous trouvons la description des étapes qu’une
personne franchit au cours de sa quête spirituelle. La jeune fille a
ses défauts, et ici nous voyons ce qu’elle aurait dû obtenir.

A. La puissance de la résurrection (2.8-


9)
Le verset 8 dit : « C’est la voix de mon bien-aimé ! Le voici, il
vient, sautant (sur) les montagnes, bondissant sur les collines. »
Elle se réjouit d’entendre la voix de son bien-aimé, et elle aime jouir
de sa présence. Pourtant, elle n’a pas suivi la voix de son bien-aimé,
elle n’a pas obéi.
Le verset 9 nous dit : « Mon bien-aimé est semblable à la gazelle,
L’APPEL À LA DÉLIVRANCE DU MOI 31

au faon des biches. Le voici, il se tient derrière notre mur, il observe


par la fenêtre, (son œil) brille au treillis. » Certaines versions
utilisent le mot « chevreuil » au lieu de « gazelle », et «jeune cerf » au
lieu de « faon ».
Le seul endroit où le Seigneur est associé au cerf est l’introduc-
tion au Psaume 22, où l’on trouve l’expression « biche de l’aurore ».
Tout docteur de la Bible convient qu’on fait référence au matin du
premier jour de la semaine, le jour où Christ ressuscita. Le matin
marque le début d’un autre jour, tandis que la résurrection marque
le début d’un jour nouveau. C’est le point de départ de la vie
spirituelle d’une personne.
Les versets 8 et 9 évoquent tous deux la puissance de vie liée à
la résurrection. Dans la Bible, les montagnes et les collines
indiquent des difficultés et des obstacles. « Il vient, sautant sur les
montagnes, bondissant sur les collines. » Cela signifie que rien n’est
trop haut ou trop grand pour L’arrêter.
Le Seigneur est le Seigneur de la résurrection. Christ ressuscita
; Il vint à bout de toutes les difficultés et tous les obstacles. Les
difficultés et les obstacles sont des choses du passé. Il vit dans le
lendemain. Toutes les difficultés sont sous Ses pieds. Lorsqu’il
bondit, toutes les barrières se trouvent derrière Lui.
Dans cette partie, le Seigneur manifeste Sa puissance de ré-
surrection, et II parle de façon expressive à la jeune fille. Au
chapitre précédent, son expérience ne lui avait rien appris de ces
choses. Elle courait, mais ne sauta pas sur les montagnes et ne
bondit pas sur les collines. Pour lui apprendre la leçon, le Seigneur
l’appelle. Puisqu’elle connaît déjà le Seigneur intimement, il lui est
facile de reconnaître Sa voix.
Pourtant, il y a un problème dont elle n’est pas consciente : un
mur l’encercle, et le Seigneur est tenu à l’extérieur. Elle ne dit pas
« mon mur » mais « notre mur », signifiant que le mur appartient
autant au Seigneur qu’à elle. Elle espère que ce mur va l’enfermer
avec le Seigneur, pour les protéger du monde. Ainsi, elle serait en
communion avec le Seigneur, se reposant en Lui, vivant tranquil-
lement dans l’enceinte. Elle pourrait, à tout instant, trouver le
Seigneur dans son cœur, ne pas tenir compte des circonstances,
des personnes, des frères et sœurs, des devoirs quotidiens et être à
32 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

l’abri des épreuves. Elle goûte la douceur de la communion, mais


ignore tout de la violence du combat. Elle ne pense qu’à établir trois
tentes sur la montagne, et ne songe pas aux nombreux pécheurs
qui se tiennent au pied de cette même montagne. Peu lui importe
la présence de démons au pied de la montagne, pourvu que le
Seigneur demeure dans son cœur sur la montagne. Il est peut-être
vrai qu’elle connaît la présence du Seigneur, mais la vie à l’intérieur
des « tentes » a empêché que des pécheurs soient délivrés. En
d’autres termes, elle s’adonne toujours à l’introspection pour
chercher à jouir de la présence du Seigneur. Voilà son mur. Les
croyants font face à ce danger une fois qu’ils comprennent que
Christ vit en eux.
Du point de vue spirituel, cela n’implique pas que le Seigneur
peut quitter notre cœur. Se trouver derrière le mur indique deux
choses. Premièrement, le Seigneur se tient debout. Auparavant, Il
était assis à table. Maintenant, Il est prêt à agir. Tout comme s’as-
seoir annonce le repos, se mettre debout prélude au travail.
Deuxièmement, cela signifie que le Seigneur est à l’extérieur. La
puissance de la résurrection permet de sauter sur les montagnes et
bondir sur les collines. Nous ne devrions donc pas Le garder à
l’intérieur du mur.
La jeune fille doit apprendre à laisser agir le Seigneur et Lui
permettre de la guider de l’autre côté du mur. Elle ne devrait pas
essayer de s’accrocher au Seigneur par ses propres forces. Elle de-
vrait apprendre à se fier à la parole du Seigneur et à Le suivre en
exerçant sa foi pour sauter sur les montagnes et bondir sur les
collines. Elle devrait apprendre à vivre d’autre chose que du seul
sentiment de la présence de Dieu. Grâces soient rendues au Sei-
gneur, parce que même si l’homme peut construire un mur, Dieu
est capable d’y poser quelques fenêtres. S’il n’y a pas de grandes
fenêtres, il y aura au moins quelques treillis. Dieu trouve toujours
le moyen d’éclairer ceux qui se sont consacrés à Lui.
Ce mur est le mur de notre introspection, qui nous amène à
négliger le Seigneur. Mais Dieu a posé des fenêtres et des treillis
pour que nous puissions Le voir. En construisant un mur, on
essaie de garder le Seigneur pour nous, et on empêche donc le
monde d’entrer. Le Seigneur essaie de délivrer la jeune fille de cette
L’APPEL À LA DÉLIVRANCE DU MOI 33

situation. Il lui apprend à reconnaître que l’on peut Le trouver en


toute circonstance ; elle ne doit pas Le chercher uniquement en
elle- même. Elle devrait apprendre à connaître Christ partout. Le
Seigneur est omniprésent. Andrew Murray déclara qu’on devrait
pouvoir ressentir la présence du Seigneur non seulement en priant,
mais aussi à l’usine.
Que fait le Seigneur à l’extérieur du mur ? Il se tient debout et
est prêt à agir. Cependant, une personne qui s’adonne sans arrêt à
l’introspection et ne pense qu’à sa propre jouissance ne peut rien
comprendre, même après avoir saisi la pensée du Seigneur. Bien
qu’elle puisse entendre la voix du Seigneur, elle ne la comprend
pas, et le Seigneur doit donc lui parler à nouveau.
B. Les richesses de la résurrection (2.10-13)
Le verset 10 dit : « Mon bien-aimé m’a parlé, et m’a dit : Lève-
toi, mon amie, ma belle, et viens ! » (Darby). Ici, le Seigneur
s’exprime très clairement ; Il veut que la jeune fille se lève et qu’elle
vienne. Cela n’implique pas que ce qu’elle a vécu intérieurement
soit mauvais. Sinon, le Seigneur ne l’aurait pas permis. Mais si la
jeune fille demeurait dans son état, elle ne pourrait pas
communiquer avec le monde extérieur ; au premier contact, elle
aurait l’impression de perdre la paix. Elle doit donc chercher à
connaître Sa présence qui saute sur les montagnes et bondit sur
les collines. Madame Guyon écrivit : « Jadis, Sa présence était liée
à un certain temps et un certain lieu, mais ce n’est plus le cas. Une
fois que nous savons avec certitude que le Seigneur est présent en
nous et en tout lieu, nos sentiments ne nous tromperont plus. »
Le verset 11 nous dit : « Car (voilà) l’hiver passé ; la pluie a cessé,
elle s’en est allée. » Ici, le Seigneur l’appelle à partir avec Lui, tout
en évoquant Ses expériences passées.
« L’hiver » est une saison sèche, froide, stérile et éprouvante. Au
début de son expérience spirituelle, le Seigneur aida la jeune fille à
surmonter cette période. Il semble que le Seigneur l’ait fait sortir
victorieuse de toute situation apparentée à l’hiver. La présence
indéniable du Seigneur a chassé l’hiver sans qu’elle en soit
consciente.
Il s’agit ici non de la pluie printanière mais de la pluie hivernale.
C’est la pluie qui gèle et se transforme en neige. A cause de cette
34 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

pluie, l’homme doit rester chez lui et ne peut effectuer aucun


travail. La pluie fait donc référence aux épreuves (Gn 6—7 ; Mt
7.25-27). Le Seigneur nous dit que bon nombre d’épreuves du
passé sont oubliées grâce à Sa présence. La fin de la pluie d’hiver
indique deux choses : (1) les croix présentes, c’est-à-dire les épreu-
ves, sont terminées, et (2) la croix du Seigneur appartient au passé,
c’est-à-dire que l’œuvre de Sa croix est achevée ; nous ne devrions
donc pas nous appesantir sur Sa mort.
Les versets 12 et 13 disent : « Les fleurs paraissent sur la terre,
la saison des chants est arrivée, et la voix de la tourterelle s’entend
dans notre pays ; le figuier embaume ses figues d’hiver, et les vignes
en fleur exhalent leur parfum. Lève-toi, mon amie, ma belle, et
viens ! » (Darby). Le Seigneur veut maintenant que nous nous
tenions sur le terrain de la résurrection. Après une période où règne
la mort, arrive le printemps, le temps de la résurrection. Ces versets
nous disent qu’il nous faut comprendre ce que signifie pour nous
la résurrection. Ils nous montrent quelle est la condition à la
résurrection : le printemps vient après l’hiver. Car un printemps
sans hiver, c’est la vie sans la résurrection. Le Seigneur présente à
la jeune fille tous les aspects de la résurrection afin qu’elle délaisse
la mort, le froid, la sécheresse et le sommeil de l’hiver.
Les « fleurs » représentent la beauté, et les « oiseaux », le chant.
Les fleurs apparaissent sur la terre, et les oiseaux chantent dans
les nues. Les fleurs évoquent l’art, et les oiseaux, la musique. Selon
Matthieu 6, Dieu prend soin des fleurs et des oiseaux. Dieu s’en
occupe si bien qu’ils peuvent chanter et nous montrer leur beauté.
« La voix de la tourterelle » peut exprimer la louange ou un cri
d’amour.
« Le figuier embaume ses figues d’hiver. » Ces figues sont des
figues d’hiver. Elles représentent les fruits qui persistent après la
mort. Ces fruits sont passés par la croix et ont été éprouvés, mais
sont toujours là.
« Les vignes en fleur exhalent leur parfum. » Les vignes sont en
fleur ; le temps présent ici employé signifie qu’on attend l’arrivée
des fruits, qui est certaine. On ne voit jamais la vigne en fleur ;
avant que les fleurs aient eu le temps d’éclore, elles se sont déjà
changées en fruits. Les bourgeons ne donnent pas toujours de fruit.
L’APPEL À LA DÉLIVRANCE DU MOI 35

Mais une vigne en fleur produira certainement des fruits. C’est la


résurrection. Tout ce qui est mort appartient au passé, et l’avenir
est plein de promesses.
Le Seigneur se sert des richesses de la résurrection afin de
persuader la jeune fille de Le suivre. Elle ne devrait pas rechercher
simplement la joie, mais aussi faire l’expérience de la puissance de
la résurrection. Ce n’est pas le moment d’être passif ; le temps est
venu de s’engager, de progresser et de manifester la vie du Seigneur
aux yeux du monde.
C. L’appel de la croix (2.14)
Le verset 14 dit : « Ma colombe, dans le creux des rochers, dans
le secret des escarpements, fais-moi voir ton visage, fais-moi en-
tendre ta voix ; car ta voix est douce et ton visage est charmant. »
Jusqu’ici, seuls ses yeux avaient fait l’objet d’une référence à la
colombe. Maintenant la jeune fille elle-même est qualifiée de
colombe. En effet, le Seigneur l’appelle en considérant ce qu’elle va
bientôt acquérir. Si elle se cache dans le creux des rochers et dans
le secret des escarpements, elle vivra véritablement dans l’Esprit.
Tout le monde conviendra que « le creux des rochers » représente
la croix. Ici, le fil des idées indique que la personne en recherche
n’a pas assez compris la signification profonde de la croix. Le
Seigneur lui parle à nouveau dans un style poétique, lui indiquant
que la puissance et les richesses liées à la résurrection déjà
mentionnées doivent être expérimentées dans un ordre précis. Il y
a d’abord la puissance de la résurrection, et ensuite la
conformation à Sa mort. Philippiens 3.10 correspond au Cantique
des Cantiques 2.8-14. La croix implique une expérience
individuelle.
Le Seigneur déclare : « Fais-moi voir ton visage, fais-moi en-
tendre ta voix. » La croix qui nous rend conformes à Lui dans Sa
mort fait que notre visage et notre voix ne peuvent se révéler que
dans le creux des rochers et le secret des escarpements.
Cet aspect même de la croix satisfait le Seigneur. Dans la pre-
mière partie, il est question de consécration, et de volonté de suivre
le Seigneur et de porter la croix. Maintenant, Il veut aller plus loin
et apposer le sceau de la croix sur l’individu en recherche. Le visage
est ce que l’homme voit et la voix ce qu’il entend. Rappelons-le, le
36 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

visage ainsi que la voix ne devraient se révéler que dans le creux


des rochers et dans le secret des escarpements. Ici, on souligne
l’union avec la croix. La croix de Christ est maintenant devenue
celle de la jeune fille.
Nous voyons donc une vérité essentielle : nous devrions mani-
fester la vie de la croix. Nous devrions passer par la croix afin que
la croix du Seigneur devienne la nôtre. Mais pour que les autres ne
voient et ne discernent que la croix de Christ lorsqu’ils nous
regardent, nous devons d’abord connaître la résurrection de Christ.
Il faut passer par la croix pour connaître la résurrection.
Le Seigneur déclare que l’expérience de la jeune fille en re-
cherche est bonne, mais reste superficielle. Elle ne se rend toujours
pas compte du poids de la croix, de la portée de la consécration, et
de ce que signifient Ses promesses. Par conséquent, elle doit encore
se rendre dans le creux des rochers et dans le secret des es-
carpements.
« Car ta voix est douce et ton visage est charmant. » La voix
exprime la prière aussi bien que l’éloge (cf. Ml 3.16). Dans la pre-
mière partie, la plupart des descriptions ont trait aux désirs et à la
poursuite de la jeune fille. Elle désirait le Roi. C’est pourquoi le Roi
ne mentionna que ses yeux, et non la jeune fille entière, dans son
allusion à la colombe. Dans cette première partie, on loue beaucoup
le Roi, mais c’est surtout par rapport à ce qu’il est pour la jeune
fille. Toutefois, nous devons comprendre que le personnage
principal est bien le Roi et qu’elle devrait vivre pour Lui. Dans la
seconde partie, par contre, le Roi est au centre. La jeune fille est
liée au Roi ; elle est là pour le satisfaire. Elle a déjà gagné le Roi, et
elle en est satisfaite. Le moment est venu pour le Roi d’apprécier,
de protéger et de désirer la jeune fille. Auparavant, c’était Christ
pour moi ; maintenant, c’est moi pour Christ.
Désormais, le Seigneur commence à demander les fruits de ce
qu’il a enduré pour nous, afin de satisfaire Son propre cœur. Il
suggère qu’elle devrait vivre pour Lui, et II l’appelle à entrer dans le
creux des rochers et le secret des escarpements afin de la regarder.
Le Seigneur l’encourage à se lever, à sortir d’elle-même, de son
introspection. Il l’encourage à se manifester en tant que nouvelle
L’APPEL À LA DÉLIVRANCE DU MOI 37

créature sans tâche, œuvre de la croix et de la puissance de la ré-


surrection. Ce n’est pas le moment de rester dans la maison du vin,
mais de vivre pour le Seigneur.
Elle devrait se lever pour changer ses priorités. À partir de ce
moment, tous ceux qui continuent à rechercher le Seigneur de-
vraient laisser la croix agir en eux pour Son plaisir ; ils ne devraient
pas s’occuper d’autre chose. Autrement dit, le christianisme ne
consiste plus à profiter du Seigneur ; c’est Christ qui doit trouver
satisfaction en ceux qui Lui appartiennent.
« Car ta voix est douce et ton visage est charmant. » On ne parle
pas ici de la douceur et de la beauté intrinsèques de sa voix et de
son visage. On décrit plutôt sa douceur et sa beauté que la jeune
fille acquiert lorsqu’elle se rend dans le creux des rochers et le
secret des escarpements, ces lieux élevés où elle demeure lors-
qu’elle est crucifiée avec le Seigneur. Elle est dans le creux des
rochers, et le fait qu’elle s’y cache signifie l’union. « Le secret des
escarpements » symbolise une claustration complète et représente
donc le parfait accomplissement. Il y a donc une union totale.
Le secret des escarpements devrait faire référence aux choses
d’en haut, qu’un homme ordinaire ne peut atteindre (Col 3.3-4).
Certains ont traduit « escarpements » par « endroits inaccessibles ».
On ne peut les atteindre qu’en grimpant, ce qui est différent de
s’asseoir dans les lieux célestes, décrit dans Éphésiens 2. Ici, on
souligne l’expérience. Les exigences du Seigneur présupposent
toujours une vie conforme à la croix. Le Roi peut dire que la voix de
la jeune fille est douce et que son visage est beau, parce qu’elle est
en union complète avec la croix, ce qui signifie qu’elle a subi la
discipline de la croix et est délivrée du péché et de l’emprise de la
chair. Tous les péchés ont été réglés, le vieil homme anéanti, et il
ne reste que ce qui appartient à la résurrection et à la nouvelle
création. C’est la voix douce et le beau visage dans le creux des
rochers et dans le secret des escarpements.
Chaque jour, la croix nous discipline et, en même temps, nous
abandonnons ce qui provient d’Adam. Nous n’avons pas besoin de
lutter pour atteindre la vie de résurrection ; il s’agit plutôt de nous
débarrasser de la vie adamique. Nous possédons déjà tout ce qui
est issu de la vie de résurrection. Mais en même temps, nous
38 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

conservons en nous de nombreux traits propres à Adam. Aujour-


d’hui donc, il n’est pas question de gagner, mais de se débarrasser.
Le Seigneur ne peut déclarer d’emblée que la voix de la jeune
fille est douce et que son visage est beau. Il ne peut le dire qu’une
fois qu’elle est entrée dans le creux des rochers et le secret des
escarpements, après qu’elle s’est débarrassée de ce qui ne vient pas
du Seigneur. Redisons-le, Il ne peut pas prononcer ces paroles
avant qu’elle passe par l’expérience de la croix. Ainsi, la croix est
l’endroit où l’on abandonne tout et c’est seulement en passant par
elle que l’on peut le faire. Nous prêchons la résurrection aux pé-
cheurs car ils ont besoin de recevoir la vie, et nous prêchons la
croix aux croyants car ils ont besoin d’être émondés.

D. La suppression des obstacles (2.15)


Le verset 15 dit : « Saisissez pour nous les renards, les petits
renards qui ravagent les vignes, alors que nos vignes sont en fleur.
» Si ce sont les paroles du bien-aimé, elles suivent le verset 2.13 où
il est écrit : « Les vignes en fleur exhalent leur parfum. » « Nous » ici
est le mot traduit par « notre » au verset 12. « Saisissez pour nous
les renards » est à l’impératif. Les renards volent toujours le fruit,
tandis que les petits renards cassent les branches dès qu’ils en ont
l’occasion. Les renards s’attaquent seulement au fruit, pourtant
l’arbre peut continuer à produire des fruits. Mais après le passage
des petits renards toute production cesse. Si nous ne faisons pas
attention à tout ce qui concerne la croix, la résurrection et
l’ascension, tout sera gâté par les petits renards.
« Les vignes en fleur exhalent leur parfum. » Ce verset ne fait
référence qu’au temps de floraison et de diffusion du parfum, indi-
quant que l’état de perfection n’a pas encore été atteint. Les effets
de la résurrection et l’expérience de l’ascension ont juste débuté.
Nous devons donc faire attention aux renards.
Que sont les petits renards ? Ce sont les petites marques, habi-
tudes et introspections de la vie ancienne. Ce ne sont pas forcément
de gros péchés. Mais un peu de folie l’emporte sur la sagesse et sur
la gloire (Ec 10.1). Les petits renards se cachent derrière les vignes.
Si nous ne sommes pas prudents, les vignes seront détruites.
Les petits renards représentent ce qui empêche une personne
de s’engager dans une expérience individuelle et la vigne de porter
L’APPEL À LA DÉLIVRANCE DU MOI 39

des fruits. Si nous ne sommes pas encore entrés pleinement dans


la vie de résurrection, il nous faut nous protéger des petits renards.
Seule, la jeune fille ne peut venir à bout de ses petits problèmes
(les petits renards) ; le Roi ne peut non plus s’en occuper tout seul.
Il faut qu’ils coopèrent tous les deux afin de les résoudre.
II. L’ÉCHEC ET LE RÉTABLISSEMENT (2.16—3.5)
Le verset 16 dit : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui ; il
fait paître (son troupeau) parmi les lis. » Telle est la réponse de la
jeune fille après qu’elle a connu les pensées du Roi, entendu son
appel, et saisi ce qu’est l’union parfaite. Elle fait un retour en
arrière pour considérer ses expériences passées. Une chose l’a
satisfaite : son bien-aimé est à elle. Elle sait donc qu’elle Lui
appartient, mais maintenant ce n’est plus ce qui l’intéresse. (C’est
ainsi qu’au verset 3 du chapitre 6 tout converge sur le Roi, mais
elle est aussi mentionnée. Par contre, au verset 10 du chapitre 7,
seul le Roi est au centre, et elle s’est oubliée.)
Ce qu’elle dit n’est pas faux, mais elle ne répond pas à la ques-
tion du Roi. Quelle réponse décevante ! Nous ne nous interrogeons
pas pour savoir si la réponse est bonne ou mauvaise, mais nous
nous demandons si la jeune fille a entendu ce qu’a dit le bien- aimé.
Une personne qui s’est récemment consacrée ignore ce qu’elle
devrait être pour le Seigneur, mais pourtant elle n’oublie pas ce
qu’il est pour elle. Elle se met toujours au centre, à la place du
Seigneur. Néanmoins, elle a toujours le sentiment de Lui
appartenir.
« Il fait paître (son troupeau) parmi les lis. » Bien qu’on aborde
ici la question du travail, l’accent n’est pas mis sur la manière dont
le Seigneur paît son troupeau, mais sur la relation entre le Seigneur
et les lis. Les lis sont ceux qui ont une conscience pure. Ils sont
plantés par le Seigneur Lui-même et sont le résultat de Son œuvre.
(Dans l’introduction au Psaume 45, on trouve l’expression « sur les
lis ».) Le Seigneur fait paître le troupeau parmi les lis. Il veut nous
faire comprendre que nous sommes les lis et qu’il nous nourrit.
Tant que nous avons le Seigneur, nous sommes comblés. Ici, la
jeune fille porte son attention sur ce qu’il est pour elle. Cependant,
ce qu’elle dit ne répond pas à la question du Seigneur, et, de ce fait,
ne Le satisfait pas.
40 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

Le verset 17 dit : « Jusqu’à ce que l’aube se lève et que les


ombres fuient. — Tourne-toi ; sois semblable, mon bien-aimé, à la
gazelle ou au faon des biches sur les montagnes de Béther »
(Darby). (Dans certaines traductions, « gazelle » se traduit par «
chevreuil », et « faon des biches » par «jeune cerf ». « Les montagnes
de Béther » signifie la montagne qui nous sépare.)
En parlant ainsi, elle reconnaît l’existence des ombres. De façon
voilée elle admet aussi qu’elle ne peut satisfaire le Seigneur. Elle
sait que son union avec le Seigneur n’est pas parfaite et elle connaît
l’importance de l’appel de la croix, la réalité de la résurrection et la
nécessité de l’ascension. Mais elle est aussi consciente de ses
propres insuffisances. Elle demande donc au Seigneur d’attendre
jusqu’à ce que les ombres fuient. Elle recherche l’aube. Elle implore
le retour du bien-aimé. Les mots « tourne-toi » indiquent, d’une
part, qu’elle est incapable d’entendre l’appel du bien-aimé et de se
lever pour le suivre, et d’autre part, qu’elle désire la présence du
bien-aimé. Pourtant, elle veut qu’il soit avec elle selon ses
conditions, c’est-à-dire dans l’enceinte formée par le mur. Elle pra-
tique encore l’introspection. Elle ne sait rien du Seigneur qui saute
sur les montagnes et bondit sur les collines. Donc, elle cherche à
satisfaire ses émotions, et est peu disposée à participer à tout ce
qui est lié à la résurrection. Elle n’a toujours pas appris la leçon, et
ne peut suivre le Seigneur partout et en toute circonstance en
s’appuyant seulement sur la foi.
Elle reçoit, pourtant, une révélation importante, à savoir, elle
n’est pas partout unie au Seigneur. Auparavant, elle était sûre que
le Seigneur était présent en elle ; son cœur était le seul endroit où
elle pouvait connaître Sa présence, et elle pensait là que c’était le
summum de l’expérience. Elle n’a donc pas appris à trouver le
Seigneur dans ses tâches quotidiennes, dans sa famille et dans le
monde, et ainsi à sauter sur les montagnes et bondir sur les
collines. Avant que le Seigneur le lui révèle, elle ignorait qu’elle
pouvait faire une telle expérience. Elle n’avait pas la force de re-
chercher le Seigneur partout, et n’a pas appris à chérir Sa réalité
omniprésente. Elle était trop faible non seulement pour la goûter,
mais aussi pour la désirer. Elle savait qu’elle ne pouvait pas sortir
de l’enceinte et n’a pas demandé au Seigneur de l’aider. Elle n’a pas
L’APPEL À LA DÉLIVRANCE DU MOI 41

vu les souffrances produites par la séparation (Béther). Elle a donc


demandé froidement au Seigneur de se tourner rapidement. Elle
savait qu’elle ne pouvait pas se rendre là où II se trouvait. Elle
pensait pouvoir se satisfaire d’une présence à l’intérieur du mur,
mais ne s’est pas rendu compte qu’elle perdrait quelque chose en
n’accompagnant pas le Seigneur. De ce fait, elle a demandé au
Seigneur de se tourner aussi vite qu’une « gazelle ou un faon des
biches sur les montagnes de Béther ». Elle ne Lui a pas demandé
de la fortifier pour franchir les montagnes de Béther (l’obstacle qui
sépare). Dans son esprit, ces montagnes n’étaient pas une barrière.
Mais à sa surprise, le sentiment intérieur de Sa présence la
quitte lorsque le Seigneur se retire. Il ne l’a pas abandonnée, mais
elle ne sent plus Sa présence. Le Seigneur l’éduque en lui ôtant
toute conscience de Sa présence puisqu’elle n’arrive pas à Le suivre
hors du mur. Nous ignorons la durée d’une expérience telle que
celle décrite au verset 2.17. Mais si nous ne sommes pas capables
de connaître la présence de Christ partout, nous ne pouvons
continuer à la ressentir en nous. Si nous ne pouvons pas goûter la
présence de Christ par la foi, nous ne le pouvons pas non plus par
nos sentiments. Beaucoup de chrétiens ne comprennent pas pour-
quoi ils perdent le sentiment de la présence intime du Seigneur
après en avoir joui pendant un certain temps, et pourquoi ils ne
peuvent le retrouver. Quand le Seigneur ne peut obtenir ce qu’il
cherche, vous ne pouvez pas non plus avoir ce que vous désirez. Si
vous refusez ce qu’il veut vous donner dans Sa grâce, vous réalise-
rez que vous avez perdu ce que vous aviez. Vous pensez peut-être
vivre dans la situation décrite au verset 13 du chapitre 1. En fait,
vous êtes tombé dans l’expérience du verset 1 du chapitre 3 (1.13
et 3.1 utilisent tous deux le mot « nuit »). Elle pense pouvoir garder
le Seigneur entre ses seins pendant toute la nuit, comme elle l’a fait
auparavant. Mais elle ne se rend pas compte que le Seigneur est
parti au cours de la nuit. Parce qu’elle chérit la présence du
Seigneur dans son for intérieur, elle préférerait se cacher derrière
son mur pour préserver ses sentiments. Elle aimerait mieux ne pas
sortir et laisser le Seigneur s’occuper tout seul de Son œuvre. Or
cela équivaudrait à laisser sa communion avec le Seigneur se
dégrader et devenir incomplète, et à Lui permettre d’agir sans elle.
42 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

Le Seigneur lui ôte le sentiment de Sa présence, qui lui était


précieux, (mais pas Sa présence) pour l’amener à Le rechercher
partout. C’est la première fois que la jeune fille est encouragée à
s’extérioriser.
Le verset 3.1 dit : « Sur mon lit, durant les nuits, j’ai cherché
celui qu’aime mon âme ; je l’ai cherché, mais je ne l’ai pas trouvé »
(Darby). Le mot « nuits » renvoie à quelques nuits d’affilée. Le bien-
aimé semble se cacher. Elle ne s’attendait pas à cela. Le but du
Seigneur est de se servir de son désir de communion intérieure, afin
de l’attirer, pour qu’elle obtienne ce qu’elle devrait recevoir. Parce
qu’elle a perdu le sentiment de Sa présence, elle pense avoir perdu
le Seigneur. La connaissance et l’expérience lui manquent. Par
conséquent elle est naïve, et ne comprend pas le dessein du
Seigneur. Elle cherche Celui qu’aime son âme (les versets 1 à 3 uti-
lisent cette expression trois fois). Elle pense qu’elle Le recherche,
Lui. Elle ne se rend pas compte qu’en réalité, elle recherche le
sentiment de Sa présence. Sa recherche est sincère, mais elle ne
réalise pas que ce qu’elle recherche en vain n’est pas son bien-
aimé.
Le verset 2 nous dit : « Je me lèverai maintenant, et je ferai le
tour de la ville dans les rues et dans les places ; je chercherai celui
qu’aime mon âme. — Je l’ai cherché, mais je ne l’ai pas trouvé »
(Darby). Dans Luc 15, on se lève pour aller vers le Père, tandis
qu’ici, c’est vers le Fils. Dans Cantique des Cantiques 3.1, elle
cherche le Seigneur sur son lit, ce qui indique qu’elle n’a pas
changé de position. Or celle-ci ne convient pas.
Le premier pas à faire pour connaître le Seigneur est de saisir le
sens de la croix. Nous n’avons pas encore discuté cet aspect dans
ce livre. Après avoir accompli la première démarche, nous avons
Christ dans notre cœur, ce qui inclut la communion intérieure,
l’expérience dans les chambres et la maison du vin. Nous devons
ensuite progresser pour connaître un Christ qui n’est pas limité par
les circonstances. La jeune fille a fait le premier et le deuxième pas,
mais pas le troisième. C’est son lit qui l’en empêche. Le Seigneur la
dérange dans son repos. Ceux qui n’ont pas connu l’expérience de
« notre lit est verdoyant. Les solives de nos maisons sont des cèdres,
nos lambris sont des cyprès » doivent être amenés par le Seigneur
L’APPEL À LA DÉLIVRANCE DU MOI 43

à faire l’expérience de ce repos. Mais ceux qui l’ont déjà faite doivent
désirer sauter sur les montagnes et bondir sur les collines avec le
Seigneur. Le Seigneur appelle la jeune fille pour qu’elle quitte son
lit, lui révélant que Sa présence n’est plus là.
Maintenant, elle est décidée à se lever. Elle se rend compte
qu’elle ne progresse plus dans sa foi et qu’elle a perdu tout
sentiment de la présence du Seigneur. Si elle se lève, elle ne se
reposera plus. Le Seigneur lui apprend à ne plus se contenter d’un
repos limité par le temps et le lieu, et qu’elle chérissait. Après que
le Seigneur l’aide à progresser, elle se rend compte qu’un tel repos
n’est pas complet. Par conséquent, elle veut se lever, et apprendre
à expérimenter un plein repos en toute circonstance.
Une fois levée, elle veut faire « le tour de la ville ». (Auparavant,
cette ville faisait référence à Jérusalem. Désormais, elle fait
référence à la Jérusalem céleste et à tout ce qui est céleste, y com-
pris les élus. C’est là qu’elle cherche Christ. Peut-être a-t-elle passé
beaucoup de temps à étudier de nombreuses doctrines bibliques.
Peut-être a-t-elle lu beaucoup de livres et participé à de
nombreuses réunions avec des personnes spirituelles. Elle a peut-
être fait tout cela, et même cherché « dans les rues et sur les places
». Les « rues » sont les routes ordinaires, tandis que « les places »
représentent des axes plus larges. Les hommes passent par ces
endroits, ces voies de communication. C’est l’image des moyens par
lesquels le peuple de Dieu reçoit communion et grâce, car le
Seigneur est « la voie ». Elle les a tous essayés. Ces moyens peuvent
inclure la confession, la repentance, la prière, le jeûne, les réunions
et la communion avec les saints, et même la confiance et la foi.
Mais elle ne peut trouver le Seigneur en ces endroits. (Pour trouver
les pécheurs, nous devons aller « dans les rues et dans les ruelles
de la ville » (Darby), comme dans Luc 14.21. Mais dans la nouvelle
Jérusalem, il n’y a que des rues. Là-bas, il n’y a pas de ruelles. )
Quand le Seigneur décide de partir, c’est-à-dire retire à l’homme
le sentiment de Sa présence, il est difficile de le retrouver par nos
méthodes humaines. Jusqu’ici, la jeune fille a appris au moins une
leçon : le Seigneur n’est pas dans le lit. Si elle ne peut Le trouver à
l’intérieur, elle doit Le rechercher à l’extérieur. Nous ne devons pas
prier, lire la Bible et avoir des moments de recueillement
44 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

uniquement dans le but de rechercher Sa présence ; nous ne la


trouverons pas forcément par ces moyens.
La jeune fille commence à se lever et à communiquer avec
d’autres enfants de Dieu. Elle apprend à suivre Dieu. Elle ne se
cache plus. Elle n’essaie plus de dissimuler son vide intérieur par
des œuvres. Elle apprend à fréquenter les autres enfants de Dieu
et à résoudre ainsi ses problèmes spirituels. Autrefois, elle ne savait
les résoudre que sur son lit. Elle peut maintenant parcourir la ville
et chercher dans les rues et sur les places. Bien qu’elle ne rencontre
pas le Seigneur, Il se trouve dans la ville. Bien qu’elle ne Le
rencontre pas au cours de ses allées et venues, celles-ci lui sont
néanmoins indispensables. Elle va bientôt rencontrer le Seigneur ;
c’est une question de temps.
Au verset 3, il est écrit : « Les gardes qui font la ronde par la ville
m’ont trouvée. Avez-vous vu celui que mon âme aime ? » (Darby).
L’expression « font la ronde » peut se traduire par « paradent ». Ces
gardes sont chargés par Dieu de veiller au bien des âmes (Hé
13.17). Ils parcourent la ville ; ils sont avancés spirituellement. Il
se peut que, par le passé, ils aient beaucoup aidé la jeune fille. Et
bien que maintenant cette dernière ne les ait pas cherchés, au
cours de leur ronde ils l’observent. La jeune fille pense qu’ils
peuvent peut-être lui indiquer où trouver son bien-aimé.
Mais tout ce que les gardes peuvent faire, c’est indiquer com-
ment Le trouver. Pour rencontrer le Seigneur, vous devez aller
vous-même vers Lui. Aucun garde ne peut le faire à votre place.
Trouver le garde n’est pas la même chose que trouver le Seigneur.
Tout cœur en recherche doit avoir affaire directement au Seigneur,
et être discipliné par Lui seul. Bien que les gardes soient appelés à
vous aider, ils s’avèrent être inutiles parfois. Si vous dépendez trop
des autres pendant que le Seigneur vous discipline, vous ne
recevrez rien. Vous devez comprendre qu’il vous faut lâcher les
gardes afin de trouver le chemin qui mène au Bien-aimé. Vous ferez
peut-être la même expérience que la jeune fille, qui rencontre son
bien-aimé aussitôt qu’elle les a quittés.
Parcourir la ville est indispensable. Mais nous ne pouvons
trouver le Seigneur de cette façon. Les grands axes sont nécessai-
res, mais ne nous mèneront pas au Seigneur. Le Seigneur veut
L’APPEL À LA DÉLIVRANCE DU MOI 45

qu’elle emprunte un chemin particulier, que les gardes ne peuvent


l’aider à trouver.
Le verset 4 dit : « A peine avais-je passé plus loin, que j’ai trouvé
celui qu’aime mon âme ; je l’ai saisi, et je ne l’ai pas lâché que je ne
l’aie amené dans la maison de ma mère, et dans la chambre de celle
qui m’a conçue » (Darby). Elle trouve maintenant le bien-aimé. Que
signifie cela ? Ce n’est pas que parcourir la ville soit absolument
justifié, ou qu’il faille passer par les rues et les places. Cela
n’implique pas non plus qu’en confessant ses échecs aux gardes la
jeune fille a progressé. Il lui reste encore beaucoup de leçons à
apprendre : elle est non seulement dans le cœur de Dieu, mais
aussi entre Ses mains. Retrouver le Seigneur ne signifie pas qu’on
est maintenant parfait. Cela indique simplement que le Seigneur
met parfois un terme aux épreuves. La quête désespérée de la jeune
fille incite le Seigneur à se révéler à elle avec plaisir. Il attend avant
de la mener plus loin. La recherche d’une personne qui n’est pas
pleinement unie au Seigneur est empreinte de désirs charnels. Mais
le Seigneur laisse, pour l’instant, cette considération de côté. Au
début de la vie chrétienne, le Seigneur permet à ceux qui
recherchent de trouver, même si cette recherche n’est pas
entièrement spirituelle. Cette expérience est semblable à celle
décrite dans Ezéchiel 47.3-5, où on est mesuré et où on traverse
l’eau. Le Seigneur a mesuré la jeune fille, et il la fait maintenant
traverser.
« Je l’ai saisi, et je ne l’ai pas lâché. » Elle pense avoir repris
possession de celui qu’elle avait perdu. Elle pense peut-être L’avoir
perdu parce qu’elle ne Le serrait pas assez fort, alors maintenant,
elle Le serre davantage. Avant, elle ne veillait pas assez sur ses
sentiments, et II s’est échappé. Désormais, elle doit être sur le qui-
vive pour Le garder. Bien qu’elle sache qu’elle doit sortir pour
rejoindre le Seigneur, elle désire toujours ressentir Sa présence
intérieurement. Elle a appris, en partie, la leçon qui consiste à sor-
tir, mais pas encore celle de la foi. En somme, elle s’est levée, mais
n’est pas encore partie avec Lui. Elle n’est pas encore arrivée au
point où elle permet au Seigneur d’agir à Sa guise. Elle ne se rend
pas compte qu’en vivant par la foi, on n’a pas toujours le sentiment
de la présence du Seigneur. Elle s’accroche encore à cette
46 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

expérience. Elle ne comprend pas encore que le sentiment de Sa


présence est fluctuant. Quand II veut que nous sentions Sa pré-
sence, nous pouvons la sentir. Mais quand II ne le veut pas, nous
devrions lâcher prise volontiers, en nous accrochant, par la foi, à
Lui et à tout ce qu’il est. Mais la jeune fille n’a pas encore vécu cela.
Elle n’est pas encore consciente (bien qu’elle puisse en avoir déjà
entendu parler) d’un chemin et d’une vie de foi. C’est pourquoi elle
Le serre fort et ne Le lâche pas. Elle ne se rend pas compte que le
fait de s’accrocher charnellement à Lui ne peut qu’augmenter la
distance entre elle et le Seigneur. Une quête vraiment spirituelle
laisse au Seigneur une pleine liberté d’action, tandis qu’une pour-
suite selon l’âme amène à se concentrer sur soi-même, bien qu’en
fait-on recherche la présence du Seigneur.
Cependant, le Seigneur discipline l’homme selon son niveau
spirituel. Il y a encore beaucoup de leçons à apprendre et de vérités
à saisir, mais le Seigneur permet à la jeune fille de Le voir, de
L’embrasser et de L’entraîner. Pour l’instant elle a subi assez
d’épreuves ; elle peut s’arrêter. Puisqu’elle n’a pas encore appris à
séparer l’âme de l’esprit, le Seigneur ne lui impose rien d’autre.
« Que je ne l’ai amené dans la maison de ma mère, et dans la
chambre de celle qui m’a conçue. » Bien que le moi soit encore pré-
sent, le Seigneur s’abaisse et lui permet, une fois de plus, de jouir
de Sa présence. Il entre dans la maison de sa mère et dans la
chambre de celle qui l’a conçue. Si « la maison de ma mère » fait
référence au principe de la grâce, « la chambre de celle qui m’a
conçue » doit alors faire allusion à l’amour de Dieu. Dieu la disci-
pline selon le principe de la grâce, dans Son amour. (Quand nous
étions pécheurs, nous fumes conçus dans la concupiscence et
naquîmes dans le péché. La jeune fille est conçue dans l’amour et
née dans la grâce.) Elle recherche maintenant la présence du
Seigneur selon Sa grâce et Son amour. Au sens figuré, elle L’amène
maintenant dans un endroit intime. C’est une jeune fille, et la
maison de sa mère et la chambre de celle qui l’a conçue doivent
être des endroits incomparables.
Nous arrivons à la conclusion de cette deuxième partie. La jeune
fille se réjouit de la présence du Seigneur. Mais elle n’a pas encore
atteint la perfection.
L’APPEL À LA DÉLIVRANCE DU MOI 47

Elle est toujours en train de poursuivre le Seigneur. Quant à


Lui, Il est encore passif. La jeune fille n’a pas appris à lâcher le
Seigneur. Mais elle a compris beaucoup de choses. Elle reste dans
la chambre pendant un certain temps (peut-être quelques mois).
On a d’autant plus de force pour retenir le Seigneur qu’on Le re-
trouve après L’avoir perdu un moment.
Le verset 5 dit : « Je vous adjure, filles de Jérusalem, par les
gazelles ou par les biches des champs, n’éveillez pas, ne réveillez
pas [mon] amour, jusqu’à ce qu’elle le veuille » (Darby). Le Seigneur
adresse une nouvelle recommandation. Puisqu’elle a subi de
grandes épreuves, le Seigneur lui octroie un temps de repos. Il
déclare : « Cette personne est sous Ma discipline. Elle n’a besoin de
personne pour l’aider ou la réveiller. » Ici, elle apprend une vraie
leçon ; il s’ensuit une période de réel progrès. Ses prochaines
expériences révéleront qu’elle a vraiment connu la croix, la puis-
sance de la résurrection et ses richesses (mais pas de manière
absolue). Elle a bien assimilé ces trois leçons. Le Seigneur la loue
donc dans les versets qui vont suivre.
TROISIEME PARTIE

I. LA NOUVELLE CRÉATION
(3.6—4.6)
Au verset 4 du chapitre 3, le Seigneur fut introduit « dans la
maison de ma mère, et dans la chambre de celle qui m’a conçue »,
et y resta pendant longtemps. Là, le Seigneur peut se reposer, bien
que la jeune fille s’accroche à Lui. Tout baigne dans l’amour et la
grâce. Ici, elle découvre sa propre vanité et constate que tout
découle de l’amour et de la grâce de Dieu. Qui peut réaliser ce que
nous enseignent l’amour et la grâce de Dieu ? Personne ! Puisque
la jeune fille peut rester tranquille quelque temps et demeurer avec
le Seigneur, dans la maison de sa mère et « dans la chambre de
celle qui m’a conçue », elle a dû passer le test et assimiler ce qu’elle
était censée apprendre. Dans Son amour, Dieu lui donne la grâce
et la capacité de saisir ce qu’il attend d’elle. Nous devons nous
rendre compte qu’une personne en recherche fait plus d’une fois
l’expérience décrite dans la deuxième partie de ce livre. Il se peut
48 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

même que nous la fassions très souvent. Cependant, l’Esprit de


Dieu ne s’appesantit pas ici sur les échecs et les épreuves qui ont
dû inévitablement se répéter. Tout, en effet, résulte de l’amour de
Dieu. C’est dans Son amour que nous discernons toujours Ses
plans et dans Sa grâce que nous trouvons de l’aide. C’est pourquoi
il serait inutile de décrire et comparer des expériences qui se res-
semblent ; il nous suffit de réaliser que la jeune fille demeure dans
l’amour et la grâce de Dieu. L’amour de Dieu n’est pas mort ; Sa
grâce est toujours agissante. Dans la partie suivante, nous
constatons que la jeune fille a fait d’énormes progrès. Nous ne
savons pas qui parle dans les versets 6 à 11 du chapitre 3. Ce n’est
ni la jeune fille ni le bien-aimé mais un tiers. Le Saint-Esprit
exprime ses observations par la bouche d’un spectateur. Ce qu’il
remarque est le résultat des leçons répétées que la jeune fille a
apprises dans la maison de sa mère et par les épreuves décrites
dans la partie précédente. (Le verset 4 raconte qu’elle apprend à
demeurer tranquille dans la maison de sa mère.)

A. L’union complète (3.6-11)


Le verset 6 dit : « Qui est celle-ci qui monte du désert, comme
des colonnes de fumée, parfumée de myrrhe et d’encens, [et] de
toutes sortes de poudres des marchands ? » (Darby). La jeune fille
quitte petit à petit la vie du désert (la vie d’errance) pour entrer
dans un repos complet, le repos du Seigneur. Dans la Bible, le
désert se trouve toujours au sud, près de l’Egypte, tandis que
Canaan est au nord. Par conséquent, il est écrit qu’elle « monte ».
Monter signifie venir du sud et quitter l’Egypte. Ce n’est pas une
progression instantanée mais graduelle, c’est-à-dire un
renoncement progressif à la vie d’errance et à toutes les influences
mondaines afin d’obtenir ce que Dieu a donné aux croyants. Son
voyage à travers le désert a commencé dans la maison de sa mère.
(C’est Dieu, dans Son amour et Sa grâce, qui a permis toutes ses
expériences du désert.) Elle est maintenant sur le point de vivre la
L’APPEL À L’ASCENSION 49

vie céleste.
À quoi ressemble la jeune fille ? Elle est « comme des colonnes
de fumée ». Une colonne de fumée monte du feu (J1 3.3), et fait
référence à la puissance de l’Esprit (cf. Ac 2.3-4, qui décrit
comment se manifeste la descente du Saint-Esprit). La fumée se
dissipe aisément. Mais ce verset parle de colonnes de fumée, ce qui
signifie que la jeune fille est inébranlable. Elle vient du désert,
pourtant elle est remplie de la puissance du Saint-Esprit. Bien que
les humains ne soient pas dignes de confiance, elle est devenue
une colonne. Une colonne est solide et stable (Ap 3.12 ; être une
colonne dans le temple de Dieu signifie ne plus en sortir).
« Parfumée. » Avant de répandre un parfum, il faut d’abord s’en
imbiber. D’un côté, la jeune fille s’imprégne de Christ ; de l’autre,
elle répand ce parfum.
La « myrrhe » fait référence à la souffrance et à la mort de Christ.
Elle s’est parfumée de myrrhe, ce qui indique qu’elle a fait
personnellement l’expérience de la croix (celle décrite dans Philip-
piens 3.10).
L’« encens ». L’accent est mis sur le parfum. La myrrhe symbo-
lise la mort, tandis que l’encens évoque la résurrection. L’encens
fait référence à la vie du Seigneur, et plus particulièrement, à sa vie
de prière. Il évoque aussi les vertus de Christ, que Dieu considère
comme étant très « parfumées ». Remarquons que le Seigneur a
d’abord vécu, puis est mort, tandis que nous mourons d’abord en
Lui puis vivons avec Lui. Par conséquent, la myrrhe vient avant
l’encens.
« Toutes sortes de poudres des marchands. » « Marchands » est
au singulier dans le texte original. Dans Matthieu 13.45, nous
voyons que le marchand fait référence au Seigneur Jésus. La jeune
fille possède non seulement la myrrhe et l’encens, mais aussi tout
ce qui vient du Seigneur Jésus, c’est-à-dire tout ce qu’il peut
vendre. En tant que marchand, il ne peut rien donner gratuitement.
Elle doit donc tout acheter. (Dans Matthieu 13.45, le Seigneur
achète ; dans ce verset, Il vend.) Elle a payé très cher pour tout
acheter du Seigneur. « Les poudres » semblent compléter la myrrhe
et l’encens.
Les versets 7 et 8 disent : « C’est la litière de Salomon, et autour
50 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

d’elle soixante vaillants hommes, parmi les plus vaillants d’Israël.


Tous sont armés de l’épée, exercés au combat ; chacun porte l’épée
au côté, en vue des alarmes nocturnes. » La réponse est intéres-
sante. La question du verset 6 concerne la jeune fille, tandis que la
réponse s’applique au Roi.
A quoi « la litière » fait-elle référence ? Elle indique la victoire de
Salomon. Une litière est ce dont on se sert la nuit, lorsque règnent
les ténèbres. On ne devrait pas se reposer à ce moment-là. Pourtant
Salomon pouvait être au lit, bien que la nuit ne soit pas dépourvue
de danger. On fait donc allusion à la victoire de Christ et à la façon
dont II a vaincu le pouvoir des ténèbres.
Autour de la litière se trouvent soixante vaillants hommes
d’Israël, tous armés d’une épée ; chacun porte l’épée au côté, et ils
sont exercés au combat. Toutes ces expressions signifient que de
sa litière, Salomon peut affronter les dangers de la nuit. Il peut faire
face à tout et contrôler n’importe quelle situation. Autrement dit,
aucun ennemi ne peut troubler Salomon lorsqu’il se repose après
la victoire. Les hommes vaillants évoquent la puissance de
Salomon. Il peut vaincre tous ses ennemis. Il est toujours sur son
lit, ce qui signifie qu’il est plus que vainqueur. Rappelons- le : si la
question (verset 6) concernait la jeune fille, la réponse s’applique à
Salomon. Cela indique l’union qui existe entre eux. Tout ce qui
appartient à Salomon lui appartient à elle aussi. L’union entre la
jeune fille et le Christ victorieux symbolise le fait que nous
jouissons de la victoire que Christ remporta sur Satan. De plus,
des cohortes d’anges sont aujourd’hui prêtes à se battre pour
souligner cette victoire, qui a déjà été remportée. Il est déjà Roi ;
elles confirment simplement Sa victoire.
Les versets 9 et 10 disent : « Le roi Salomon s’est fait un palan-
quin de bois du Liban. Il a fait ses colonnes d’argent, son dossier
d’or, son siège de pourpre, son intérieur pavé d’amour par les filles
de Jérusalem » (Darby). C’est la deuxième partie de la réponse.
Salomon occupe une litière pendant la nuit, tandis que, de jour, il
se sert du palanquin. Si la litière évoque le repos, le palanquin
évoque sans doute l’action. Si la litière symbolise sa demeure, le
palanquin doit symboliser sa communion. Si de sa litière Salomon
affronte l’ennemi, du palanquin il regarde l’ami.
L’APPEL À L’ASCENSION 51

Nous avons affaire ici à un palanquin, pas à un char. Un char


roule. Mais un palanquin est transporté par des hommes.
Rappelons- nous l’histoire de l’arche. L’arche n’était pas tirée par
des bœufs, mais devait être portée par les fils de Kohath. Cela
signifie que Christ est porté par ceux qui Lui appartiennent.
Le palanquin est fait de bois du Liban, de cèdre. Le bois évoque
l’humanité, tandis que le cèdre symbolise une humanité supérieure
et noble.
« Il a fait ses colonnes d’argent. » Ces mots parlent de Sa ré-
demption. Objectivement, cela signifie que la rédemption permet à
Christ de transmettre Sa vie aux hommes. Subjectivement, cela
veut dire que l’œuvre de la croix doit anéantir notre chair. Ce n’est
qu’à ce moment que nous pouvons manifester Christ.
« Son dossier d’or » indique que tout vient de Dieu. Nous rece-
vons la vie divine au moment de notre régénération. Nous la vivons
pleinement quand nous ne faisons plus qu’un avec la croix.
La vie de Dieu est l’unique fondement qui nous permette de mani-
fester Christ.
« Son siège est pourpre. » Il est recouvert de pourpre parce qu’il
est Roi, et qu’il doit régner. Le gouvernement entier repose sur Ses
épaules.
« Son intérieur pavé d’amour par les filles de Jérusalem. »
L’amour est à Ses pieds, au fond du palanquin, et cela signifie que
tous les saints L’aiment.
La question posée était : « Qui est celle-ci qui monte du désert ?
», et voici la réponse : « Le roi Salomon s’est fait un palanquin. »
Cela évoque l’union entre les croyants et le Seigneur. La réponse
révèle d’abord la position de Salomon face à ses ennemis. Puis, elle
indique sa position face à son amie. Dans le premier cas, elle
évoque la puissance de Salomon, et dans le deuxième, sa gloire. En
premier lieu, nous voyons que la force de Salomon est aussi celle
de la jeune fille, et ensuite que la gloire de Salomon est aussi la
sienne.
Le palanquin, les colonnes, le support du palanquin, le siège et
l’intérieur pavé d’amour appartiennent à eux deux. Or Salomon
52 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

appartient à la jeune fille. De ce fait, nous avons ici une union par-
faite. En effet, on peut dire que le palanquin et tous ses éléments
sont la jeune fille elle-même.
Le verset 11 dit : « Sortez, filles de Sion, contemplez le roi Salo-
mon, avec la couronne dont sa mère l’a couronné le jour de ses
noces, le jour de la joie de son cœur. » À partir de ce verset, il est
question d’une vraie relation d’amour. Avant, le Roi et la jeune fille
étaient simplement amis, mais maintenant ils se sont mariés.
Les « filles de Sion » peuvent représenter les vainqueurs. Elles
s’identifient aux autres dans leurs expériences. Ici, la couronne
n’est pas une couronne de gloire, ni une couronne attribuée lors du
millenium. Elle ne symbolise pas l’autorité (la royauté). Cette cou-
ronne est donnée au Roi par sa mère (en plus de celles qu’il possède
déjà), pour son mariage et pour son plaisir. Il y a deux sortes de
couronnes dans le Nouveau Testament. L’une symbolise la gloire et
l’autorité, et l’autre la joie (1 Th 2.19). La couronne de Salomon est
une couronne de joie, qui représente la personne qu’il va épouser.
Le Roi gagnera la jeune fille comme on gagne une couronne, et il en
éprouvera de la joie. Maintenant, il considère la jeune fille comme
une couronne précieuse, sa félicité et sa gloire.
« Mère » peut s’interpréter de différentes manières, mais aucune
interprétation n’est satisfaisante du point de vue spirituel. À mon
avis, ce mot fait référence à l’humanité en général. Le père du Sei-
gneur Jésus est Dieu, et Sa mère est un être humain. Cela semble
indiquer que le Seigneur Jésus a maintenant trouvé une personne,
d’entre les humains, qui satisfait Son cœur.
A partir de ce moment, il existe une relation conjugale entre la
jeune fille et le Roi, c’est-à-dire une union complète qui permet à
l’amour et à la joie du mariage de se manifester pleinement.
Ici, le tiers arrête de parler.
B. La beauté de la nouvelle création (4.1-
5)
Les versets 1 à 5 du chapitre 4 disent : « Que tu es belle, ma
compagne (mon amour, lit.), que tu es belle ! Tes yeux sont des
colombes derrière ton voile (tes boucles de cheveux, lit.). Ta cheve-
lure est comme un troupeau de chèvres dévalant de la montagne
L’APPEL À L’ASCENSION 53

de Galaad. Tes dents sont comme un troupeau de (brebis) tondues


qui remontent de l’abreuvoir (leurs ablutions, lit.) ; elles ont toutes
leurs sœurs jumelles (portent toutes des jumeaux, lit.) et aucune
d’elles n’en est privée (n’est stérile, lit.). Tes lèvres sont comme un
cordon écarlate, et ton langage est charmant (beau, lit.). Ta joue
(tempes, lit.) est comme une moitié de grenade derrière ton voile
(tes boucles, lit.). Ton cou est comme la tour de David bâtie pour
être un arsenal ; les mille boucliers y sont suspendus, tous les écus
des héros. Tes deux seins sont comme deux petits jumeaux d’une
gazelle (chevreuils, lit.), qui paissent parmi les lis. »
Le Roi répète : « Que tu es belle, ma compagne, que tu es belle !
» Le Roi peut lui parler ainsi car elle a déjà fait beaucoup
d’expériences. Puisqu’elle est passée par celle décrite au verset 6
du chapitre 3 et qu’elle est pleinement unie au Roi, elle ne garde
pas égoïstement les éloges. Le Roi peut donc la louer sans risque.
Ici, l’éloge fait par le Roi comprend sept éléments. Ces louanges
décrivent une personne qui connaît une union parfaite avec le
Seigneur et comprend ce que signifient la croix et la résurrection.
En d’autres termes, elles dépeignent l’état de la nouvelle création
en Christ.

1. Les yeux de colombe représentent la


perception spirituelle
Le premier signe d’un progrès spirituel est la capacité de dis-
cerner les choses de l’Esprit. Les yeux de colombe dénotent le
principe de l’unicité ainsi que la spiritualité car le Saint-Esprit est
comparé à une colombe. Des yeux qui ne voient qu’une chose à la
fois (comme ceux de la colombe) symbolisent la perception spiri-
tuelle. Mais nous sommes en grand danger si nous n’avons pas de
voile. En effet, un voile recouvre. Etre derrière le voile signifie que
bien qu’une personne ait du discernement dans les choses spiri-
tuelles, elle ne permet pas aux autres de voir ce qui est en elle.
Quelqu’un peut avoir les yeux d’une colombe mais manquer de
voiles. Il est très facile pour une personne de raconter ce qui lui a
été révélé. Mais les gens du monde ignorent que cette personne a
du discernement. Pour eux, ses yeux sont identiques à ceux des
54 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

autres. Les croyants commettent une bêtise et font preuve de mala-


dresse lorsqu’ils divulguent négligemment au monde les choses
perçues grâce au Saint-Esprit. Nous devons nous rendre compte
que sans cette perception spirituelle, notre connaissance de la
puissance et de l’œuvre du Saint-Esprit sera très limitée. D’un
autre côté, plus nous avons l’Esprit, plus nous aurons des yeux de
colombe. Les deux vont de pair. Toute lumière véritable provient du
Saint-Esprit. Souvent, cependant, cette lumière devrait être voilée
aux yeux du monde car elle est destinée au Seigneur. Or nous
considérons rarement la perception spirituelle comme Lui étant
réservée.

2. La chevelure représente la consécration et


l’obéissance
La Bible ne mentionne que brièvement la chevelure. Chez
Samson, les cheveux représentaient la consécration. Le fait de ne
pas se couper les cheveux signifiait s’offrir à Dieu. C’est pourquoi il
était fort (Jg 16.17). Notre force devant les hommes dépend du
degré de perfection et de pureté de notre consécration. Une
authentique consécration engendrera la force. Dans la Bible, les
chevelures de la femme et du nazaréen représentent aussi une
couverture. Cela signifie se tenir dans l’obéissance, recouvrir tout
ce qui est humain, c’est-à-dire naturel et charnel, pour que Dieu
soit manifesté.
« Ta chevelure est comme un troupeau de chèvres dévalant la
montagne de Galaad. » La plupart des chèvres sont blanches. Sur
la montagne de Galaad se trouvent de nombreuses chèvres et
beaucoup d’herbe (Jr 50.19 ; Mi 7.14). Dans la Bible, on utilise les
chèvres comme sacrifices pour le péché. La chevelure de la jeune
fille est comme un troupeau de chèvres de la montagne de Galaad.
Ceci indique qu’elle est bien nourrie et prête à être offerte en sa-
crifice. Où se manifestent notre consécration et notre obéissance ?
Elles se manifestent là où nous recevons les provisions de Dieu. Ce
que Dieu nous donne a pour but la consécration, qui détermine
ensuite notre force et notre obéissance.

3. Les dents représentent la capacité de


recevoir
L’APPEL À L’ASCENSION 55

Les dents servent à mâcher la nourriture, quelle qu’elle soit (en


effet, dans la Bible, Dieu nous dit qu’il nous a donné différentes
sortes de nourriture). Ce verset nous montre que nous pouvons
recevoir ces aliments, à l’inverse des nourrissons, qui n’ont pas de
dents.
« Tes dents sont comme un troupeau de (brebis) tondues qui
remontent de l’abreuvoir ; elles ont toutes leurs sœurs jumelles et
aucune d’elles n’en est privée. » Pourquoi « un troupeau de brebis »
? Parce que seuls les moutons mangent de l’herbe. Nous avons en
nous quelque chose qui provient de Christ ; c’est pour cela que
nous pouvons recevoir la nourriture de Dieu. Seul ce qui est
conforme à Christ en nous pourra accepter ce que Christ nous
offre.
Dans la Bible, la laine de mouton représente la vie charnelle, ou
le zèle charnel. Lorsqu’un sacrificateur pénétrait dans le Saint des
Saints, on lui défendait de porter des vêtements de laine (Ez 44.17).
Dans la Bible, la justice que Christ nous donne à travers le Saint-
Esprit est symbolisée par du lin blanc. La croix a anéanti l’emprise
de la chair. Ce verset déclare que les dents de la jeune fille sont
comme un troupeau qui a été tondu, c’est-à-dire que ce n’est pas
par elle-même que la jeune fille peut recevoir ce qui vient du
Seigneur. Lorsque nous recherchons le Seigneur, recevons Sa grâce
et étudions la Bible, nous ne devons pas exercer de zèle charnel.
Exercer notre propre force et suivre nos propres voies revient à
avoir des dents qui déplaisent au Seigneur. Le troupeau tondu est
aussi lavé ; il est propre et net. Ceci symbolise la purification, but
recherché par la jeune fille.
« Elles ont toutes leurs sœurs jumelles et aucune d’elles n’en
est privée » (Darby). Cela représente l’ordre, et aussi la capacité de
tout recevoir. Il n’est pas question de rejeter certaines vérités mais
d’en accepter d’autres ou d’avoir la foi en ce qui concerne les choses
spirituelles uniquement. Si quelqu’un n’accepte que certaines
vérités, ou ne croit pas aux provisions matérielles du Seigneur, ses
dents ne portent pas de jumeaux, et certaines d’entre elles sont
stériles. Porter des jumeaux et ne pas être stérile signifie recevoir
pleinement ce que Christ nous donne. La jeune fille est capable de
recevoir tout ce qui vient du Seigneur.
56 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

4. Les lèvres représentent l’expression orale


Si les dents symbolisent le fait de recevoir, les lèvres symboli-
sent l’expression orale. Si l’on se sert des dents pour mâcher la
nourriture, on utilise les lèvres pour exprimer ce qu’on a reçu. Dans
la nouvelle création, le Seigneur se préoccupe non seulement de
notre discernement spirituel, de notre consécration et de notre
aptitude à recevoir, mais aussi de nos paroles.
« Un cordon écarlate » peut être interprété de deux façons : (1)
Il évoque la rédemption (Jos 2.21), et (2) l’autorité (Mt 27.28-29).
D’une part, il symbolise les lèvres purifiées (És 6.6-7) ; d’autre part,
il signifie que toutes les paroles sont sous l’autorité du Roi et que
les lèvres sont sous Son contrôle. Ce n’est pas comme au Psaume
12.5, où il est écrit : « Nous sommes puissants par notre langue,
nos lèvres sont avec [à] nous ; qui serait notre seigneur ? » C’est
seulement des lèvres qui ont connu la rédemption, qui sont
soumises à l’autorité du Seigneur, et qui ne s’expriment pas selon
leur propre volonté que sortira un « beau » langage (Ct 4.3). Les
dents sont mentionnées avant les lèvres car si l’on avale quelque
chose de mauvais, ce qui ressortira sera certainement mauvais.
5. Les joues représentent la beauté extérieure
Les joues manifestent la beauté. Tous nos sentiments (la joie, la
colère, le chagrin, le bonheur, etc.) transparaissent sur nos joues.
« Tes joues sont comme une moitié de grenade derrière ton voile.
» Il ne s’agit pas d’une grenade entière, mais d’une grenade ouverte.
Dans la Bible, la grenade symbolise la vie abondante. Les grenades
sont pleines de pépins, et chaque pépin est juteux, rouge, doux et
superbe, ce qui veut dire que la beauté des croyants résulte d’un
débordement de la vie du Seigneur en eux. Cependant, cette beauté
doit être voilée aux yeux du monde. C’est ce que signifie la grenade
derrière les voiles. Autrement dit, le Seigneur est le seul qui
connaisse notre beauté. Bien que nous devions être des témoins
pour ceux du dehors, et que notre lumière doive briller devant les
hommes, ceci ne doit pas nous amener à nous dévoiler. C’est
seulement devant le Seigneur que nous manifestons notre beauté.
Un croyant vit toujours selon ce principe : il est derrière le voile et
vit caché.
L’APPEL À L’ASCENSION 57

6. Le cou représente la volonté soumise


Le cou représente la volonté de l’homme. La Bible décrit ceux
qui marchent selon leur propre volonté, qui sont obstinés et fiers,
comme ayant le cou raide (És 3.16). Le cou symbolise donc, ici, la
volonté de l’homme subordonnée à Dieu, qui est, aux yeux du
Seigneur, la plus belle qualité de l’homme. Ce verset présente deux
facettes d’une volonté soumise. Premièrement, « ton cou est comme
la tour ». Ceci implique un cou bien droit. Ceux qui n’ont pas le cou
droit sont bossus. Dans la Bible, Satan force les bossus à vivre
courbés sans pouvoir se redresser (Le 13.11, 16). Le cou qui se
dresse comme une tour signifie que la personne est délivrée ; il n’y
a plus d’asservissement à Satan ni d’amour pour le monde. Une
tour représente aussi la force. Dieu a fortifié la jeune fille dans sa
volonté au point qu’elle n’aime plus le monde et n’est plus sous
l’emprise de Satan. Deuxièmement, « ton cou est comme la tour de
David ». Il ne s’agit pas d’une tour ordinaire. Nous voyons ici que la
volonté de la jeune fille est complètement soumise à David. Sa force
et sa délivrance résident dans sa soumission à Christ. Nous
devrions tous nous rendre compte de l’importance d’être pri-
sonniers de Christ.
À quoi sert cette tour ? Elle est « bâtie pour être un arsenal ».
Cela signifie que l’objet de la guerre spirituelle est de revendiquer
la volonté. L’arsenal amassé dans la tour représente la victoire de
Christ qui préserve la volonté du croyant face à son usurpation
possible par l’ennemi. Toutefois, les armes ne sont pas destinées à
l’attaque, mais à la défense. Ainsi, on ne mentionne que les bou-
cliers et les écus, qui servent à se protéger. « Mille » signifie que leur
nombre est grand. Les « héros » désignent la force. En résumé, ce
verset nous indique que la jeune fille est prête à se soumettre
complètement à la volonté de David. Elle est forte comme une tour
quand elle exécute la volonté de ce dernier. Elle est vigilante, sur
ses gardes et ne permet pas à l’ennemi de s’emparer de sa volonté.
7. Les deux seins représentent le
siège des émotions
Parmi tous les fruits de l’Esprit, les plus importants sont la foi
58 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

et l’amour. Ils nous permettent d’embrasser le Seigneur, de res-


sentir Son intimité et de Le laisser s’approcher de nous. C’est par
la foi et l’amour que nous sommes liés d’une façon unique au Sei-
gneur. Ils doivent aller de pair ; c’est pour cela que les deux seins
sont comme « jumeaux ».
Les « chevreuils » s’effraient facilement ; ils sont timides et
craintifs, sensibles. Ils représentent les sentiments sanctifiés,
réservés au Seigneur, que nous gardons jalousement en nous. En
effet, si nous ne faisons pas attention, ils s’estomperont.
Quelle sorte de chevreuils sont-ils ? Ce sont des « jumeaux »,
c’est-à-dire deux chevreuils qui sont nés de la même mère et qui
sont de même taille. Cela signifie que la foi et l’amour doivent se
développer ensemble. On ne peut louer la beauté d’une personne
qui aurait une grande fois mais aimerait peu, et inversement. En
effet, le Seigneur ne trouverait pas une telle personne belle. Dans
le Nouveau Testament, on met l’accent autant sur la foi que sur
l’amour (Ga 5.6 ; 1 Tm 1.5,14 ; Phm 5). Une personne possède soit
les deux, soit aucun, car il s’agit de deux seins pareils et de deux
chevreuils nés de la même mère.
Les deux chevreuils « paissent parmi les lis ». Cela signifie que
la foi et l’amour ne se nourrissent et ne grandissent que dans un
milieu où se manifeste la vie divine. Les « lis » font référence aux
soins, aux promesses et à la pureté que l’on reçoit de Dieu. C’est
dans ce milieu que doivent se trouver la foi et l’amour. On peut
découvrir des lis parmi les épines (c’est-à-dire dans le monde), mais
la foi et l’amour ne s’y développeront jamais. Les lis symbolisent un
lieu céleste, la pureté qui vient de Dieu, et désignent une bonne
conscience. Une fois que cette conscience est souillée, la foi et
l’amour s’estomperont. Ces deux derniers ne peuvent grandir que
dans l’environnement d’une conscience pure. « Paître parmi les lis
» signifie se trouver là où le Seigneur nourrit (Ct 2.16). Pour que la
foi et l’amour puissent grandir, il faut un tel contexte.

C. La poursuite plus poussée de


la jeune fille (4.6)
Le verset 6 dit : « Jusqu’à ce que l’aube se lève, et que les ombres
fuient, j’irai à la montagne de la myrrhe et à la colline de l’encens »
L’APPEL À L’ASCENSION 59

(Darby).
Les versets 6 à 11 du chapitre 3 du Cantique des Cantiques
décrivent l’union de la jeune fille avec le Roi. Les versets 1 à 5 du
chapitre quatre nous indiquent ce qui résulte de cette union : la
satisfaction du Seigneur. Maintenant, le Seigneur contemple la
beauté de la jeune fille. Dans la première partie (1.2 à 2.7), c’est
principalement la jeune fille qui loue le Roi. Là, l’éloge que le Roi
adresse à la jeune fille est très simple. La jeune fille parle beaucoup
d’elle-même. Avant de connaître intimement le Seigneur, et de se
laisser entièrement discipliner par Lui, une personne aime raconter
aux autres sa propre expérience spirituelle, ses progrès et ce qu’elle
a reçu. En même temps, elle prend plaisir à parler de sa
communion avec le Seigneur, de l’amour du Seigneur, de Ses
promesses et de Ses réponses aux prières. Elle n’a pas forcément
fait l’expérience du troisième ciel, mais quoi qu’elle ait vécu, elle ne
peut attendre quatorze ans avant d’en parler. Elle n’a pas connu la
discipline du Seigneur. Son discours met à nu sa superficialité.
Mais après sa traversée du désert, elle parle de moins en moins.
Donc ici c’est un tiers qui s’exprime aux versets 6 à 11 du chapitre
3, et le Roi aux versets 1 à 5 du chapitre suivant.
La jeune fille est maintenant capable de cacher son expérience
et sa relation avec le Roi. Elle peut non seulement rester silen-
cieuse, mais aussi écouter. En fait, seuls ceux qui se taisent sont
aptes à écouter. Elle est passée par la croix, et grâce au Saint-
Esprit elle sait se maîtriser et contrôler ses sentiments. Cela a pour
résultat qu’elle peut entendre l’éloge que lui adresse le Roi sans en
être excitée ou fière. En fait, cet éloge lui fait prendre conscience de
sa faiblesse et de la nécessité d’une œuvre plus profonde de la croix
en elle. Elle a bien changé ! Elle n’essaie pas de développer le récit
du tiers en racontant d’autres expériences qu’elle a faites. Elle ne
tente pas de s’humilier elle-même ou de se vanter de sa bonté. Elle
se contente d’une courte déclaration.
« Jusqu’à ce que l’aube se lève, et que les ombres fuient, j’irai à
la montagne de la myrrhe et à la colline de l’encens. » Ces quelques
mots révèlent qu’elle est consciente de son état actuel, et de ses
futurs besoins. Malgré les éloges reçus, elle se rend compte qu’elle
n’a pas atteint la perfection et que « son jour » ne s’est pas encore
60 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

levé ; elle a l’impression de vivre encore dans « les ombres ». Son


union avec le Seigneur n’est-elle pas très réelle ? Sa vie n’est- elle
pas magnifique ? Les critères d’appréciation du Saint-Esprit et les
louanges de Christ montrent qu’elle a bien progressé devant Dieu.
Il n’y a aucune barrière entre elle et le Seigneur, et le Seigneur n’a
trouvé aucune imperfection en elle. Mais cela concerne l’opinion du
Seigneur. Tout croyant mûr réalise que bien que le Seigneur lui
permette de marcher dans Sa pleine lumière, il peut néanmoins
avoir des « ombres » en lui et constater que « l’aube » ne s’est pas
levée. En effet, plus une personne est dans la lumière, plus elle
comprend ce que signifient les ombres. Plus une personne
progresse, plus elle voit d’imperfections en elle. Plus elle marche
dans la lumière de Dieu, plus elle ressent le besoin d’être purifiée
de ses péchés par le sang de Son Fils, Jésus. Bien que la jeune fille
ait reçu l’éloge du Seigneur, elle ne peut s’empêcher de sentir que
son « aube » spirituelle n’est pas encore arrivée. Il y a toujours des
ombres, et il ne semble pas y avoir grande différence entre le
présent et le passé, où elle errait dans le désert.
Que devrait-elle faire à présent ? Elle doit se rendre à la mon-
tagne de la myrrhe et à la colline de l’encens, qu’elle ne quittera pas
jusqu’à ce que l’aube se lève et que les ombres fuient.
L’aube ne viendra qu’avec l’arrivée du Seigneur. Elle ne peut
connaître le salut qu’en se rendant à la montagne de la myrrhe et
à la colline de l’encens. Bien que le Seigneur la loue, et que le Saint-
Esprit mette le sceau sur son union avec le Seigneur, elle ressent
toujours sa propre faiblesse, sa corruption, sa méchanceté et son
inutilité. Avant d’arriver à la perfection, nous devons progresser sur
le chemin de la croix et nous appliquer à vivre selon le Seigneur
dans l’Esprit. Une fois sortie du désert, la jeune fille s’était
simplement parfumée de myrrhe. Maintenant, elle doit se rendre à
la montagne de la myrrhe. Auparavant, elle se parfumait d’encens.
Maintenant, elle va à la colline de l’encens. Si le parfum de la
myrrhe et de l’encens doit nous mener à une union plus complète
avec le Seigneur et nous rendre plus beaux à Ses yeux, alors nous
irons, dès maintenant là où se trouvent la myrrhe et l’encens. Si la
souffrance et la mort engendrées par la croix doivent nous délivrer
d’une vie dans le désert, nous rechercherons dès maintenant et de
L’APPEL À L’ASCENSION 61

plus en plus la proximité de la croix. Nous sommes prêts à


connaître de plus grandes souffrances et à mourir davantage à
toutes choses jusqu’à ce que l’aube se lève sur nous. Si nous
pouvons progresser pas à pas sous le regard de Dieu, nous renon-
cerons finalement entièrement à notre propre vie pour nous
conformer à celle du Seigneur, jusqu’à ce qu’il ne trouve plus en
nous de traces de la vieille création.
En comparant notre expérience antérieure avec celle que nous
allons vivre, nous découvrons que la myrrhe et l’encens, que nous
avons déjà sentis, n’étaient que des extraits de substances
aromatiques. Dès maintenant, la myrrhe et l’encens prendront les
proportions d’une montagne et d’une colline. Dès maintenant, nos
progrès spirituels (représentés par la montagne et la colline), notre
force, notre discernement, notre intimité avec Dieu et notre
détachement du monde doivent tous passer par la mort et la
résurrection du Seigneur.
II. L’APPEL À L’ASCENSION (4.7-15)
Les versets 1 à 5 du chapitre 4 décrivent l’apparence de la jeune
fille, tandis que les versets 7 à 15 révèlent sa communion intime
avec le Roi.

A. L’appel (4.7-8)
Ces versets sont les paroles du Roi. Tous les docteurs de la Bible
conviennent que cette partie fait référence à l’ascension.
Le verset 7 nous dit : « Tu es toute belle, ma compagne, en toi,
point de défaut. » Après que la jeune fille a mieux compris la
signification profonde de la croix et de la résurrection, le Roi lui dit
: « Tu es toute belle... en toi, point de défaut. » Auparavant, le Roi
disait simplement qu’elle était belle ; maintenant, il dit qu’elle est
toute belle. La croix a supprimé tous ses défauts ; l’un après l’autre,
elle les a perdus au cours de ses épreuves. Il ne reste en elle que la
vie céleste et sainte du Seigneur, Sa vie de résurrection.
Le verset 8 dit : « Viens avec moi du Liban, ma fiancée, viens
avec moi du Liban ! Regarde du sommet de l’Amana, du sommet
du Sénir et de l’Hermon, des tanières des lions, des montagnes des
léopards. » Au verset 10 du chapitre 2, le Roi lui a demandé deux
choses : (1) qu’elle se lève, et (2) qu’elle parte avec Lui. Une fois
62 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

docile à la voix du Seigneur, elle s’est levée. Mais elle n’a pas encore
appris à suivre totalement le Seigneur. Après que le Seigneur a
communiqué Ses exigences, Il les maintiendra. Quelquefois, nous
pouvons retarder les choses, et quelquefois nous pouvons devancer
Son heure, mais II ne change jamais Son appel. Après que nous
sommes soumis à Lui, et au temps qu’il a fixé, Il dira de nouveau :
« Viens avec moi. » Maintenant, le Seigneur appelle la jeune fille à
l’ascension. Beaucoup pensent que c’est un appel à quitter le
Liban. Mais moi, je crois que c’est une expression poétique, et bien
que le verset dise venir « du » Liban, il n’y a aucune raison qu’elle
le quitte. Au contraire, aux versets suivants, il est fait référence à «
la senteur » et aux « ruissellements » du Liban. Le Liban mentionné
ici est une haute montagne ; c’est là où l’on fait pousser le cèdre. Il
représente donc la noblesse du bois de cèdre. Dans la Bible, une
haute montagne signifie souvent des endroits à part, un lieu
céleste. Cet appel est donc un appel à l’ascension. Plus pré-
cisément, c’est un appel aux croyants pour qu’ils se tiennent sur la
montagne et regardent en même temps en bas.
Un croyant devrait se poster sur la montagne. Bien que beau-
coup aient échoué, le Seigneur leur a quand même assigné une
place dans les lieux célestes. Quand on est en haut, le ciel est
proche. En fait, il entoure la montagne. La terre est loin et détachée.
Les trois sommets indiquent que même dans les lieux célestes, il y
a plus d’une cime, et on peut se déplacer facilement ; on n’est pas
prisonnier.
« Amana » signifie la vérité. Nous pouvons vivre selon toutes les
vérités que Christ nous enseigne.
« Sénir » désigne une armure légère, qui représente l’armure qui
nous est donnée par le Saint-Esprit. Ce verset fait allusion à la
guerre. Nous avons souvent besoin de considérer les choses qui
sont en bas dans la perspective de la guerre céleste.
« Hermon » signifie destruction, ce qui fait référence à la victoire
de Christ sur la croix. Il est le Fils de Dieu qui est apparu pour
détruire toutes les œuvres du diable (1 Jn 3.8). Depuis la cime,
nous pouvons vaincre tout ce qui est du monde.
Il existe de nombreuses cimes de la victoire, et nous pouvons
nous y déplacer librement et croître. Toutefois, Ephésiens nous dit
L’APPEL À L’ASCENSION 63

que les lieux célestes (chapitres 1 et 2) sont les endroits mêmes où


l’ennemi s’installe (chapitre 6). En marchant au sommet de la
montagne, nous rencontrons inévitablement les tanières des lions
et les repaires montagnes des léopards. La terre est l’endroit où
rôdent les lions, et où dévorent les léopards. Pourtant, leurs taniè-
res et leurs montagnes sont dans les lieux célestes. Avant de faire
l’expérience de l’ascension, nous ne rencontrons sur terre que
l’œuvre de l’ennemi. Après avoir connu l’ascension, nous demeu-
rons au même endroit que nos ennemis. Non seulement devons-
nous prendre conscience de l’œuvre de l’ennemi, mais nous devons
aussi attaquer ce dernier directement. Dans la Bible, les lions sont
caractérisés par leur rugissement. Ils sont donc là principalement
pour nous menacer. Quant aux léopards, la Bible souligne leur
férocité. Ils sont donc là pour dévorer.
Le Seigneur a appelé la jeune fille à gravir la montagne. Pour-
tant, Il n’a jamais dit qu’elle n’aurait jamais de problèmes. Il lui
montre que, même lorsqu’on vit au sommet, les lions et les léopards
sont plus proches que jamais. Ceux qui ne comprennent pas
Éphésiens 1 et 2 ne saisiront pas la guerre spirituelle du chapitre
6, mais ceux qui ont connu l’ascension se rendent compte que l’en-
nemi est réel et très proche. Le Seigneur nous encourage quand
même à regarder vers le bas. Notre sommet de montagne symbolise
toujours la vérité, l’armure, la victoire et la destruction. Il faut être
dans les lieux célestes pour distinguer nettement ce qui est céleste,
tandis que c’est du ciel seulement que l’on peut vraiment distinguer
les choses terrestres. Du ciel, on surplombe tout. Or, souvent, nous
ne regardons pas du ciel et voulons tout expliquer avec notre petite
logique terrestre. Mais cela n’aboutira à rien de bon. Même la chose
la plus insignifiante sur terre doit être examinée d’un point de vue
céleste. Toutefois, regarder du ciel, c’est aussi regarder depuis
l’endroit où se trouvent les tanières des lions et depuis les
montagnes des léopards. Aussi, n’oublions jamais l’ennemi qui s’y
trouve également et n’oublions pas, pour notre sécurité, de
considérer, depuis le « terrain promis » de Dieu, les traîtrises de
l’ennemi.
La guerre spirituelle dépend tout d’abord de notre position dans
les lieux célestes, et ensuite de ce que l’on y voit. En effet, c’est cela
64 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

qui nous permet d’identifier l’ennemi et ses tromperies, condition


pour pouvoir lutter dans la guerre spirituelle.
C’est un appel sans précédent ! C’est un appel qui nous dépasse
et nous effraie ! Physiquement, il est très difficile pour une jeune
fille frêle d’escalader la montagne et d’atteindre le sommet. Elle sera
encore plus en danger à côté des tanières des lions et des
montagnes des léopards ! Mais la jeune fille a entendu l’appel.
Comment devrait-elle y répondre ?

B. La réponse silencieuse (4.9)


Le verset 9 dit : « Tu me ravis le cœur, ma sœur, ma fiancée (mon
épouse, lit.), tu me ravis le cœur par un seul de tes regards, par
une seule maille de tes colliers. » C’est la première fois que le Roi
l’appelle son épouse. De toute son âme, la jeune fille est maintenant
unie au Roi. C’est pourquoi ce dernier considère qu’il peut s’engager
vis-à-vis d’elle. À présent, elle peut participer à toutes les activités
du Roi. L’amour de la jeune fille est tellement grand et pur qu’un
mariage est scellé. Il est très important de se rappeler que la jeune
fille a traversé de nombreuses épreuves. Désormais, elle est une
nouvelle création, et elle peut satisfaire le Roi. Elle peut être Son
épouse principalement parce que le Roi l’aime. Le Roi peut l’aimer
sans réserve car le Saint-Esprit a œuvré en elle au point qu’elle est
maintenant tout à fait digne d’être aimée.
C’est la première fois aussi que le Roi l’appelle « ma sœur ». Il
peut l’appeler ainsi parce qu’elle possède désormais la même
nature que Lui. Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont
tous issus d’Un seul (Hé 2.11). La femme d’Abraham était sa demi-
sœur, et Isaac a épousé sa cousine. La différence entre Esaü et
Jacob est que l’un épousa une païenne, tandis que l’autre épousa
une cousine du côté de sa mère. Dieu prodigue Son amour à ceux
qui ont part à Sa vie et qui sont nés du même Père.
« Tu me ravis le cœur. » Cela peut se traduire par : « Tu me
donnes du courage. » Le Roi déclare : « Tu m’as encouragé à t’aimer
; tu m’as encouragé à me rapprocher de toi, à être satisfait de toi et
à te guider. Tu m’as encouragé parce que tu as répondu à mes exi-
gences et tu as exprimé ce que ton regard reflétait. A ton regard, je
vois que tu es prête à me suivre. » Dans un climat d’amour, les yeux
L’APPEL À L’ASCENSION 65

en disent bien plus que la bouche. Le Seigneur ne parla-t-Il pas à


Pierre par Son regard (Le 22.61) ? Le langage des yeux ne peut être
compris qu’à l’intérieur d’une relation intime. Les yeux de la jeune
fille ont révélé son désir pour le Roi, et ses colliers indique qu’elle
est prête à Le suivre. Le collier représente la soumission à
l’instruction de Dieu (Pr 1.9). Elle L’a encouragé par sa soumission
à l’enseignement et à l’œuvre du Saint-Esprit. Elle L’a incité à
l’aimer et Lui a fait savoir qu’il peut la guider.

C. La relation intérieure (4.10-15)


Le verset 10 dit: « Que de beauté dans ta tendresse, ma sœur,
ma fiancée (mon épouse, lit.) ! Combien ta tendresse vaut mieux
que le vin, et la senteur de tes parfums que tous les aromates ! » Il
semble qu’auparavant, il n’ait jamais fait l’éloge de son amour. Dieu
attire les hommes par Son Fils Jésus-Christ. Il envoya Son
Fils sur terre et invita les hommes à L’aimer. En Christ, Dieu
manifesta Son amour. En étant attirés par Christ, en exprimant
leur amour pour Lui, les hommes répondent à l’invitation de Dieu.
L’amour des croyants se manifeste d’une façon de plus en plus
parfaite à chaque fois qu’ils se reconsacrent au Seigneur et se lais-
sent discipliner par Lui. Quand le Seigneur verra que le croyant ne
regarde plus aux choses terrestres, mais aux choses célestes, Il dira
: « Que de beauté dans ton amour... Combien ton amour vaut mieux
que le vin ! » Lorsque la jeune fille a loué l’amour du Roi au verset
2 du chapitre 1, elle a seulement déclaré que son amour valait
mieux que le vin. Mais ici, le Roi déclare : « Combien ton amour
vaut mieux que le vin. » Par cela, nous voyons que le Seigneur est
plus reconnaissant de notre amour pour Lui que nous ne le
sommes de Son amour pour nous. Bien que l’amour du Seigneur
nous soit précieux, nous ne pouvons comprendre à quel point II
nous aime.
Comme le Seigneur nous aime si profondément, Il peut appré-
cier notre amour, et en être satisfait. Nous connaissons l’histoire
de David et Jonathan. « Ils s’embrassèrent, et pleurèrent ensemble
» (1 S 20.41), jusqu’à ce que David remporte la victoire. Notre
Seigneur est Celui qui nous surpasse en tout, et donc aussi en ce
qui concerne l’amour.
« La senteur de tes parfums [vaut mieux que] tous les aromates
66 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

! » La jeune fille est parfumée, c’est-à-dire qu’elle est ointe comme


le Roi du Saint-Esprit. L’huile d’onction sur la tête d’Aaron coule
jusqu’au bord de ses vêtements. Mais ici, on souligne non
seulement le parfum, mais aussi son odeur, ce qui implique l’effet
de l’onction du Saint-Esprit. Le parfum est invisible aux yeux et ne
peut être perçu par l’ouïe. Mais on peut le sentir. On ne peut
l’expliquer par des paroles. N’est-il pas vrai que d’autres sont
touchés non pas par ce qu’ils voient ou entendent, mais par un «
arôme spirituel » particulier qui émane des croyants qu’ils côtoient
? On ne peut donner un nom à cet arôme ; c’est leur parfum. Il
résulte d’une vie soumise au Saint-Esprit, et surpasse toutes les
vertus humaines. Parfois, chez un non-croyant, nous pouvons dis-
cerner des vertus plus grandes que chez un croyant. Nous pouvons
aussi trouver de nombreuses qualités naturelles chez certains
croyants, mais aucune d’elles ne peut se comparer au parfum qui
émane d’une vie modelée par le Saint-Esprit.
Le verset 11 dit : « Tes lèvres distillent le miel, ma fiancée (mon
épouse, lit.) ; il y a sous ta langue du miel et du lait, et la senteur
de tes vêtements est comme la senteur du Liban. » (Le terme «
senteur » est différent du terme « parfum » au verset précédent.)
Aucune odeur humaine ou naturelle ne peut se comparer au par-
fum émanant de la jeune fille. Le miel coule naturellement de ses
lèvres. Le miel est sucré, et il revigore les accablés. Mais cette
substance ne se fabrique pas en une nuit. Elle est le produit d’une
longue période d’accumulation, d’activité intérieure, et d’emmaga-
sinage soigneux. C’est la caractéristique d’une personne enseignée
par Dieu. De la bouche de la jeune fille sortent des mots doux et
rafraîchissants, pas de médisance, de propos futiles. Elle ne lâche
pas des flots de paroles mais des gouttes du miel, qui perlent du
rayon. Cette distillation est la plus lente qui soit. Certaines per-
sonnes ne peuvent s’empêcher de parler ; leurs paroles sont comme
le gazouillis des ruisseaux. Même lorsqu’elles parlent de choses
spirituelles, la façon dont elles s’expriment révèle qu’elles n’ont pas
laissé la grâce œuvrer assez profondément en elles. Dans ce verset,
nous observons non seulement ses lèvres qui distillent lentement
du miel, mais aussi les choses qu’elle a emmagasinées. « Il y a sous
ta langue du miel et du lait. » Pour manger, l’homme met la
L’APPEL À L’ASCENSION 67

nourriture sur sa langue ; par contre, s’il veut la conserver, il la


place sous sa langue. Cela signifie ici que la jeune fille a fait des
réserves : elle a en elle des richesses. Elle a bien assez de nour-
riture. Le miel revigore les faibles, tandis que le lait nourrit ceux
qui manquent de maturité. A tout moment, la jeune fille peut puiser
dans ses réserves et distribuer de la nourriture à ceux qui en ont
besoin. Toutefois, elle ne révèle pas tout ce qu’elle possède. Elle
n’est pas comme ces gens qui exhibent tout ce qu’ils ont en eux. Le
miel et le lait restent sous sa langue.
Les « vêtements » font référence au comportement, à la dé-
marche, aux mouvements, à l’activité, aux loisirs, à tout ce qui est
extérieur. Puisque la jeune fille habite au Liban, la senteur de ce
pays imprègne ses vêtements, même lorsqu’elle se déplace dans le
monde. Mais comme elle est au ciel avec le Seigneur, de son sein
émane un parfum délicat, plus noble que celui du monde.
Le verset 12 dit : « Tu es un jardin clos, ma sœur, ma fiancée
(mon épouse, lit.), une fontaine close, une source scellée. » (Le jar-
din du verset 12 du chapitre 4, le verger du verset 13 du même
chapitre, les deux jardins dans 4.16 et le jardin dans 5.1 sont au
singulier, tandis que les jardins, les eaux vives et les ruissellements
dans 4.15 sont au pluriel.) Dans la Bible, la première pensée de
Dieu fut celle d’un jardin. Après avoir créé le ciel et la terre, Il créa
immédiatement un jardin. Un jardin n’est pas un terrain ordinaire
; on y plante surtout des végétaux d’agrément. Ce n’est pas non
plus un champ, que l’on cultive. L’objectif d’un jardin, c’est d’être
beau et de procurer du plaisir. Il peut contenir des arbres, mais ces
derniers ne sont pas là pour fournir du bois. Il peut produire des
fruits, mais ce n’est pas son but. La priorité est donnée aux fleurs,
pour leur éclat et pour le plaisir des yeux. Nous constatons que la
jeune fille a maintenant satisfait Christ. Elle comprend qu’elle
n’existe plus pour elle-même, mais pour son Bien-aimé. Il s’agit,
toutefois, non seulement d’un jardin, mais d’un jardin clos ; même
la fontaine est close et la source scellée. Cela signifie que la jeune
fille est exclusivement destinée au plaisir de son Bien-aimé. La
beauté intérieure n’est pas vue par tout le monde. Tout ce que la
jeune fille possède est pour la joie du Bien-aimé, pour personne
d’autre. Nombres 19.15 déclare que lorsqu’une personne meure
68 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

dans une tente, « tout vase découvert, sur lequel il n’y aura point
de couvercle attaché, sera impur ». Un vase découvert est quelque
chose que les autres voient. Il n’est pas exclusivement consacré à
Christ. Si les croyants d’aujourd’hui avaient une communion plus
intime et plus secrète avec le Seigneur, leurs œuvres seraient plus
manifestes. La chasteté signifie un jardin clos. Telle est la sainteté.
Dans la Bible, la sainteté implique l’unicité. Ni la fontaine, ni la
source ne sont destinées aux étrangers.
Les versets 13 et 14 disent: « Tes plants sont un paradis (verger,
lit.) De grenadiers et de fruits exquis, de henné et de nard, de nard
et de safran, de roseau odorant et de cinnamome, avec tous les
arbres à encens ; de myrrhe et d’aloès, avec tous les principaux
aromates » (Darby). Bien que ce soit un jardin, il n’y manque pas
de fruits. Dans quelques versets, la Bible appelle les croyants des «
pousses » (le mot « plants » peut se traduire par « pousses »). Ce mot
signifie être plein de vie, vaincre la mort, et posséder la puissance
de la résurrection (voir, par exemple, le bourgeonnement du bâton
d’Aaron). Cette force de vie est symbolisée par un verger de
grenadiers. Les grenadiers évoquent l’abondance de fruits. Cela
veut dire que la jeune fille est remplie de la puissance et des fruits
de la résurrection. Aux versets précédents, les grenades servaient
à décrire ses deux joues. Non seulement les grenadiers portent des
fruits, mais ils sont beaux. Ce verset parle d’un « verger de grena-
diers », c’est-à-dire d’un beau jardin rempli de toutes sortes de
fruits.
Les fleurs et plantes mentionnées ensuite sont connues pour
leur couleur ou leur parfum. Vers la fin du verset, on trouve aussi
des arbres qui donnent de l’encens, et toutes les meilleures épices.
Cela signifie que les croyants ont besoin de posséder en eux des
qualités variées, pour satisfaire Christ (2 Co 9.8 ; Col 1.9-11). Les
fruits de la première partie du verset représentent les fruits de
l’Esprit, tandis que les épices et les herbes de la deuxième partie
évoquent la grâce.
Le verset 15 dit : « Une fontaine dans les jardins, un puits d’eaux
vives, qui coulent du Liban ! » (Darby). Les fontaines et les puits
servent à arroser le jardin et faire pousser les fleurs et les arbres. «
Le puits est profond » (Jn 4.11), c’est-à-dire qu’il peut contenir
L’APPEL À L’ASCENSION 69

beaucoup d’eau, un dépôt d’eaux vives, tandis que la fontaine est


de l’eau qui s’écoule sans interruption.
Le puits et la fontaine se trouvent tous deux dans le jardin. En
Eden, quatre fleuves arrosaient le jardin. Dans la nouvelle Jéru-
salem, il y a un seul fleuve d’eau de la vie. La nouvelle Jérusalem
est une cité-jardin, et son eau sert à irriguer le jardin. Tel est le
ministère du Saint-Esprit. Il produit des jardins plus beaux. Ce
ministère ne prend pas sa source dans le jardin, mais coule des
collines du Liban. Ainsi, sans l’ascension de Christ, il n’y a pas de
descente du Saint-Esprit. « Si je ne pars pas, le Consolateur ne
viendra pas vers vous » (Jn 16.7). Tout « l’arrosage » spirituel que
nous recevons aujourd’hui découle du fait que Christ s’est présenté
devant le Père pour nous.

III. UNE VIE D’AMOUR (4.16—5.1)


A. La réponse de l’épouse (4.16)
Dans la partie précédente, nous avons vu la beauté de la nou-
velle création (v. 1-5), la plus grande détermination de la jeune fille
(v. 6), et sa relation avec Christ dans l’ascension (v. 7-15). On voit
que le Roi est satisfait de la jeune fille et de leur relation.
Le verset 16 dit : « Éveille-toi, vent du nord ! Viens vent du sud
! Souffle sur mon jardin, et que ses aromates s’en exhalent. Que
mon bien-aimé entre dans son jardin, et qu’il mange de ses fruits
exquis ! » La réponse de la jeune fille présente deux aspects. Le vent
du nord est froid, glacial et transperce, tandis que celui du sud est
chaud, doux et rafraîchissant.
La jeune fille se rend compte que le Roi la considère comme un
jardin, et elle est consciente des nombreux fruits et grâces reçus
du Saint-Esprit. Elle ne demande pas à vivre toujours tranquille.
Au contraire, elle est disposée à répandre le parfum de Christ en
toute circonstance. Elle a atteint le stade où elle se rend compte
que tous les problèmes émanent d’elle-même et ne viennent pas de
l’extérieur. Si elle a en elle le parfum de Christ, les circonstances
extérieures, que ce soit le vent du nord ou le vent du sud, serviront
simplement à en faire ressortir la senteur. Elle peut désormais
s’adapter à toutes les circonstances. Elle sait que tant qu’elle est
70 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

remplie de la grâce du Saint-Esprit, elle peut vivre heureuse


n’importe où. Comme Paul, elle peut dire : « J’ai appris... à vivre
dans l’humiliation, et je sais vivre dans l’abondance » (Ph 4.11-12)
; « Christ sera exalté dans mon corps, ... soit par ma vie, soit par
ma mort » (Ph 1.20). La jeune fille appelle les vents, ce qui est signe
de sa soumission et de sa foi. Le vent du nord et celui du sud se
réfèrent à deux situations différentes, utilisées par le Saint-Esprit
pour former les croyants. La jeune fille s’est laissée former par le
Saint-Esprit. Bien que le vent du sud soit agréable et celui du nord
violent, une personne qui vit au ciel ne ressent pas la différence.
Elle sait que les situations dans lesquelles elle se trouve ne servent
qu’à manifester la grâce du Saint-Esprit (toutes circonstances étant
contrôlées par le Saint-Esprit). La jeune fille attend résolument que
le Saint-Esprit accomplisse son œuvre de perfectionnement en elle.
La jeune fille est à présent moins loquace. Beaucoup d’herbes
et d’épices ont déjà été plantées, et elle permet maintenant au
Saint-Esprit de souffler sur elles. « Puisque le Seigneur a fait de moi
Son jardin et m’a accordé la grâce de produire des fruits, je devrais
Lui permettre de venir dans le jardin pour jouir de ces fruits. » La
jeune fille dit d’abord « mon jardin » puis « Son jardin ». Tout Lui est
destiné, ainsi que les fruits. Le fruit de l’Esprit n’est pas donné au
croyant pour qu’il en profite ou s’en vante. Bien qu’il croisse à
l’intérieur du croyant, il est destiné au plaisir du Seigneur et à la
gloire de Dieu. Une fois encore, elle offre au Seigneur, sans
condition, ce qu’il a Lui-même produit.

B. La réponse du Seigneur (5.1)


Le verset 5.1 dit : « J’entre dans mon jardin, ma sœur, ma
fiancée (mon épouse, lit.) ; je recueille ma myrrhe avec mes aroma-
tes, je mange mon rayon de miel avec mon miel, je bois mon vin
avec mon lait... Mangez, amis, buvez, enivrez-vous de tendresse ! »
Ce jardin appartient au Seigneur, mais ce verset nous révèle qu’il
ne passe pas tout Son temps dans Son jardin. En fait, Il n’y entre
que sur invitation spéciale. Rappelons-nous que bien que nous ap-
partenions au Seigneur après nous être consacrés à Lui, c’est la
persévérance dans notre consécration qui fait entrer le Seigneur
dans notre jardin. Nous devons donc sans arrêt nous rappeler à
L’APPEL À L’ASCENSION 71

nous-mêmes que nous appartenons au Seigneur, et aussi le procla-


mer devant Lui. Sinon, le Seigneur n’entrera pas dans Son jardin.
Le Seigneur accepte toute consécration. Dès que la jeune fille
L’invite, le Seigneur répond. Si je ne me trompe pas, c’est peut-être
la seule prière qui reçoive une réponse immédiate. Le Seigneur
considère que tout Lui appartient. Le mot « mon » apparaît au moins
neuf fois. « Mon jardin, ma sœur, ma fiancée... ma myrrhe et mes
aromates... mon rayon de miel avec mon miel... mon vin avec mon
lait. » Il reçoit tout sauf le cadeau d’une prostituée et le prix d’un
chien (Dt 23.19).
Le Seigneur prend maintenant Sa place, la place qu’il n’occupait
pas au début. À présent, Il a vraiment gagné quelque chose et vu
les fruits de Son travail.
Remarquons cependant qu’il y a deux phases dans la consé-
cration. Auparavant, la consécration consistait à nous offrir au
Seigneur pour qu’il puisse œuvrer en nous. Mais, dans ce verset,
la consécration suit l’œuvre du Seigneur ; elle n’a pas pour but de
recevoir quelque chose de Lui. Le Seigneur a déjà beaucoup œuvré
en la jeune fille, et la joie, les fruits et la gloire qu’il lui a accordés
doivent Lui revenir. Quant à l’acceptation de notre consécration par
le Seigneur, elle comporte aussi deux phases. Au début, le Seigneur
acceptait notre consécration dans le but de gagner un terrain afin
d’y planter quelque chose. Maintenant, « toutes les meilleures
épices » sont déjà dans le jardin, donc l’acceptation de notre
consécration sert à procurer au Seigneur un plaisir qu’il goûte
pleinement. Auparavant, nous étions un terrain infertile, et on ne
pouvait nous cultiver. Nous nous sommes alors consacrés à Lui et
Lui avons permis d’œuvrer et de nous transformer en jardin parfait.
Mais désormais, à qui appartient le jardin ? Les croyants
expérimentés trouvent souvent que cette dernière consécration est
plus dure que la première. Pourtant, elle est plus éclatante. Seule
une telle consécration rendra au Seigneur les fruits de Son travail.
« Mangez, amis ; buvez, buvez abondamment, bien-aimés ! »
(Darby). À qui font référence les amis et les bien-aimés ? En tant
que Sauveur et Seigneur, le Seigneur jouit maintenant de tous les
fruits du jardin. Les amis et les bien-aimés doivent donc faire réfé-
rence au Dieu trinitaire qui participe aux réjouissances. (S’ils
72 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

faisaient référence aux pécheurs, il ne serait pas écrit « bien- aimés


» ; il ne peut pas non plus s’agir de celui qui est consacré. On
pourrait donc supposer qu’il est question de Ses compagnons. Mais
pourtant ici, c’est le Seigneur qui mérite toutes ces réjouissances ;
il n’y a pas de place pour la participation des autres croyants.)
QUATRIEME PARTIE

L’APPEL DE LA CROIX APRÈS LA RÉSURRECTION (5.2—7.1)

I. LA CROIX APRÈS LA RÉSURRECTION ET L’ÉCHEC DE LA JEUNE


FILLE (5.2—6.3)
A. L’appel (5.2)
Il est écrit dans le Cantique des Cantiques 5.2 : « J’étais en-
dormie, mais mon cœur veillait... C’est la voix de mon bien-aimé,
qui frappe : Ouvre-moi, ma sœur, ma compagne, ma colombe, ma
parfaite ! Car ma tête est couverte de rosée, mes boucles, des gout-
telettes de la nuit. » La jeune fille n’œuvre plus par elle-même ni ne
vit pour elle-même. Elle est semblable à une personne endormie :
elle ne travaille plus, ne tente plus rien, ne lutte plus, ne fait plus
d’efforts, n’a plus de soucis. Elle goûte un repos parfait. La croix a
réglé non seulement le problème de ses péchés, mais aussi celui de
sa chair. Le péché et le moi n’agissent plus en elle. Le vieil homme
n’existe plus. Même lorsque la jeune fille fait quelque chose, elle n’a
pas l’impression d’agir par elle-même, mais d’être spectatrice. En
fait, elle est endormie. Mais cela n’implique pas qu’elle est
complètement immobile, incapable de penser, incrédule et inactive,
et dépourvue de toute vie spirituelle. La vie de résurrection du
Seigneur est en elle, et le Seigneur ressuscité Lui-même demeure
et vit en elle, à travers le Saint-Esprit. Bien qu’apparemment la
jeune fille soit au repos, son être intérieur réagit. Ce dernier est
complètement séparé de son être charnel. Extérieurement, il se
peut que nous soyons endormis, mais intérieurement, nous
sommes conscients et n’avons pas sommeil du tout. Cela
correspond aux paroles de Paul : « Je suis crucifié avec Christ, et
ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi » (Ga 2.20). Ceci
exprime une communion parfaite avec Christ. Une personne qui est
parfaitement unie au Seigneur est très perspicace et lucide. Elle
peut ressentir même le moindre murmure ou mouvement du
Seigneur. L’homme intérieur ne dort jamais. Aussitôt que le
Seigneur parle, la jeune fille L’entend, et identifie immédiatement
la voix de son bien-aimé.
Que fait désormais le Seigneur ? Il « frappe : Ouvre-moi, ma
sœur ». Dans ce livre, le Seigneur s’est révélé d’abord comme étant
74 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

le Roi, car II voulait conquérir le trône de notre cœur. Puis, Il devint


Celui qui appelle et guide la jeune fille hors du mur (c’est- à-dire de
son introspection) pour la faire entrer dans la vie de résurrection.
Enfin, Il se révèle comme le Fiancé qui connaît une relation d’amour
parfaite avec la jeune fille. Maintenant, quelque chose de nouveau
nous est révélé : « Ma tête est couverte de rosée, mes boucles, des
gouttelettes de la nuit. » A quoi cela fait-il allusion ? A Gethsémané.
Là, la tête du Seigneur était vraiment couverte de rosée ! Sa tête
était couverte des gouttelettes de la nuit (Le 22.44) ! Ici, Il se révèle
comme « l’homme de douleur ».
Nous avons déjà considéré la croix liée à la rédemption. Nous
avons aussi vu la croix à laquelle nous nous identifions. Nous
avons observé la souffrance et la mort qu’a engendrées la croix et
compris comment cette dernière nous délivre du monde et du moi.
Nous avons vu le triomphe de la croix, c’est-à-dire la croix qui nous
façonne. Après avoir saisi ces choses, un croyant estimera peut-
être avoir atteint l’expérience ultime et pensera que, désormais, il
avancera petit à petit vers la résurrection et la gloire. Cependant, il
ne se rend pas compte qu’il existe un autre aspect de la croix dont
il n’a pas fait l’expérience, ou très peu. Bien qu’il ait entendu parler
de la souffrance vécue à la croix, il n’en connaît pas l’étendue. Il a
beau réaliser qu’il doit être façonné par la croix, il ignore où cela va
le mener. Maintenant, le Seigneur appelle Ses croyants à passer
par une expérience de la croix qu’ils n’ont encore jamais faite, ou
qu’ils n’ont faite que de manière superficielle.
Le jardin de Gethsémané évoque le rejet de Dieu, et tout ce qui
est associé à ce rejet (Es 53.4b). Il se peut que nous comprenions
l’aspect rédempteur de la croix, mais il y a encore l’aspect du rejet
apparent du Seigneur par Dieu, rejet qui L’a exposé au total mépris
des hommes. Dans toutes Ses souffrances antérieures, il restait un
peu de gloire, car Dieu était encore présent. Ici, Il a été rejeté non
seulement par l’homme, mais aussi, semble-t-il, par Dieu. Il semble
que tout ce qui Lui est arrivé soit un châtiment de Dieu. Parce que
Dieu L’a frappé, Il a été rejeté, et c’est le plus grand mépris qu’il ait
eu à endurer.
Le Seigneur ne nous invite pas à participer à Son œuvre
rédemptrice. Mais II nous enjoint de Le suivre dans les autres
L’APPEL DE LA CROIX APRÈS LA RÉSURRECTION 75

aspects de Sa croix. Les problèmes que nous avons rencontrés dans


le passé tournaient autour du péché, du monde, de Satan et de
notre moi. Bien que nous ayons été confrontés à la souffrance et à
la conformation à la croix, nous ne connaissons rien du rejet par
Dieu et du mépris de l’homme. Maintenant, le Seigneur frappe et
déclare : « Ouvre-Moi. » Cela signifie qu’il appelle tous les croyants
à Lui ouvrir une nouvelle fois leur cœur et à se donner de nouveau
au Seigneur couvert des gouttelettes de la nuit. La jeune fille doit
encore apprendre ce que signifie être rejetée par Dieu, ainsi que
subir plus profondément l’incompréhension et le mépris qui s’at-
tachent à la croix. Il l’appelle « sœur » ; II fait appel à la vie de Dieu
en elle. « Mon amour » indique sa connaissance de la volonté de
Dieu. « Ma colombe » parle de la nature du Saint-Esprit en elle,
tandis que « ma parfaite » renvoie à sa pureté, sa chasteté et sa
consécration. Toutefois, Il ne dit pas « mon épouse » car II attend
qu’elle Lui réponde pour être sûr qu’elle est Son épouse, une per-
sonne pleinement unie à Lui.
Le Seigneur la supplie de « s’ouvrir ». Auparavant, elle s’était
ouverte pour recevoir le Seigneur comme Roi. A présent, le Seigneur
veut qu’elle s’ouvre pour Le recevoir en tant que l’homme de
douleur. Il la conduit au degré le plus profond de sa vie de souf-
frances par la conformité à Sa mort. Cependant, le Seigneur ne
forcera jamais quelqu’un à emprunter un chemin qu’il ne veut pas
suivre. De ce fait, Il se contentera de frapper à la porte et de l’inciter
à Le suivre ; Il doit attendre que les croyants soient d’accord.
B. Les excuses (5.3)
Le verset 3 dit : « J’ai ôté ma tunique : comment donc la
remettrais- je ? J’ai lavé mes pieds ; comment, donc les salirais-je
? » L’appel du verset 2 dépasse ce à quoi s’attendent bon nombre
de croyants. Ils ne se rendent pas compte que la croix implique le
mépris. Us ont peut-être déjà fait des expériences profondes de la
croix. Bien qu’ils aient souffert un peu pour le Seigneur et affronté
la persécution et le mépris, ils ont toujours considéré la croix
comme étant leur gloire, leur vie et leur force. Us n’ont jamais pensé
qu’elle pouvait leur apporter le mépris, qu’ils perdraient non
seulement leur notoriété aux yeux du monde mais aussi dans le
76 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

domaine spirituel ; en effet, certains croiraient que Dieu les avait


rejetés, leur envoyait des épreuves et les frappait tout en les privant
du réconfort et de la compassion de leur entourage. Peut-être ont-
ils souffert du mépris infligé par le monde, mais le mépris au niveau
spirituel leur est tout à fait nouveau. Un tel malentendu les
affectera profondément, car c’est leur relation avec Dieu qui est
mise en cause par les autres. Ce n’est qu’à ce moment qu’ils
comprendront ce que signifie le verset : « Je supplée dans ma chair
à ce qui manque aux afflictions du Christ » (Col 1.24).
Cet appel est si peu connu, mais pourtant si cruel ! Il n’est pas
surprenant que beaucoup reculent devant lui. La jeune fille pense
peut-être que la gloire de Dieu est plus importante que toute autre
chose. Par le passé, elle a pu essayer de glorifier le nom de Dieu
dans sa vie et par ses actes. Si Dieu permet qu’elle soit incomprise,
privée de sa renommée, humiliée, et considérée comme étant en
conflit avec Lui, comment peut-elle encore Le glorifier ? Peut-être
pense-t-elle plus à la gloire de Dieu qu’à elle-même. Mais elle ne
s’en rend pas compte. Dieu doit la dépouiller même de cette bonne
intention, à savoir, glorifier Dieu. La croix doit agir plus
profondément en elle, jusqu’au point où la jeune fille se contente
de la part que Dieu lui a attribuée, et permette à Dieu de s’occuper
de Sa propre gloire.
Pour ceux qui ont entendu un tel appel, il peut y avoir un autre
problème ; ils se préoccupent de l’œuvre de Dieu. Grâce à leur
expérience de la croix, ils ont amené d’autres à suivre le Seigneur.
La jeune fille était devenue un canal de vie ; ceux qui voulaient
suivre le Seigneur devaient aller vers elle. Mais si elle répond à ce
nouvel appel et permet à la croix de l’exposer au mépris, ne perdra-
t-elle pas sa position et des occasions d’œuvrer pour le Seigneur ?
Ses expériences antérieures de la croix ont attiré les autres. Sa
future expérience ne les détournera-t-elle pas ? La jeune fille
réussira-t-elle à attirer encore les autres ? Voudront-ils qu’elle leur
montre le chemin de la croix ? Ces pensées pourraient la conduire
à hésiter.
Alors, elle répond : « J’ai ôté ma tunique : comment donc la
remettrais-je ? » Lors de sa marche, la croix a anéanti le vieil homme
et ses œuvres. Devrait-elle se lever pour accepter la solitude et le
L’APPEL DE LA CROIX APRÈS LA RÉSURRECTION 77

mépris résultant de la croix, et pour s’exposer au malentendu,


comme si elle revêtait une tunique qu’elle vient d’ôter ? L’expérience
de la croix qui nous délivre du vieil homme ne suffit-elle pas ? De
nombreux croyants, en effet, s’arrêtent là. Ils ne comprennent pas
qu’il y a deux côtés à l’œuvre de la croix. Premièrement, la
délivrance, c’est-à-dire la mort de l’ancienne création, et c’est sur
cet aspect de la croix que la jeune fille fixe son attention. Et ensuite,
la croix qui nous forme. Or la jeune fille associe la formation à la
résurrection, alors qu’en fait elle est du ressort de la croix (elle ne
voit pas le rapport entre la croix et la nouvelle création). La croix
appose un sceau de honte, de souffrance, et de malentendu sur la
nouvelle création. La vie du Seigneur Jésus se place dans la
nouvelle création. Pourtant, ne porte-t-Il pas la marque de la
souffrance qui provient de la croix ?
« J’ai lavé mes pieds ; comment donc les salirais-je ? » Nous
avons pris un bain et sommes propres devant le Seigneur. En
vivant dans le monde, nous entrons en contact avec sa poussière
et sa saleté ; pourtant le Seigneur nous purifie continuellement. La
jeune fille pense peut-être qu’elle doit rester propre, ne plus se salir
et ne pas donner l’impression qu’elle ne progresse plus ou même
régresse. Elle veut seulement rester propre ; elle ne comprend pas
que la souillure que l’on reçoit en ouvrant la porte au Seigneur n’en
est, en fait, pas une. Elle doit remettre sa tunique et être prête à se
salir de nouveau, avant de pouvoir ouvrir la porte. Mais cela
n’implique pas revêtir une fois de plus son vieil homme, ni être
encore souillée par le monde. Cela signifie plutôt que ce dont elle
se revêt, et ce qui la souille, sont les malentendus provoqués par
l’apparent rejet du Seigneur. Ici, en refusant d’ouvrir tout de suite,
la jeune fille refuse en fait ce qui est le meilleur pour se contenter
de quelque chose de moins bon.
Nous avons ici l’image d’une personne qui est satisfaite de ses
acquis et ne comprend pas qu’il est important de faire l’expérience
complète de Philippiens 3.10. Inconsciemment, le moi est apparu.
La jeune fille ne voit qu’elle-même. Il semble que ses expériences
antérieures exercent déjà une emprise sur elle. Ses questions révè-
lent un refus de progresser spirituellement. Mais l’appel du Sei-
gneur intervient là où nous en sommes. Tout progrès spirituel
78 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

passe par l’acceptation de cet appel. C’est là que se trouve l’enjeu.


Nous sommes attachés à notre bien-être spirituel, et donc rejetons
souvent des appels de consécration plus élevés. Quand nous nous
sentons bien spirituellement et que notre conscience ne nous
condamne pas, quand nous faisons d’authentiques expériences
spirituelles, nous sommes peu disposés à poursuivre le but que
Christ nous a fixé. Nous préférons rester où nous en sommes, sans
faire d’efforts supplémentaires, et surtout ne pas perdre notre paix
présente.

C. Ouvrir la porte (5.4-5)


Les versets 4 et 5 disent : « Mon bien-aimé a passé la main par
l’ouverture, mes entrailles ont frémi à cause de lui. Je me suis levée
pour ouvrir à mon bien-aimé ; et de mes mains a découlé la myrrhe,
de mes doigts, la myrrhe s’est répandue sur la poignée du verrou.
» Les « entrailles qui frémissent » signifient qu’elle est touchée au
plus profond d’elle-même. Ses questions n’expriment pas un rejet
du Seigneur, car sa volonté, en effet, Lui est entièrement soumise.
Elles indiquent plutôt la faiblesse de sa chair, qui la retient d’ouvrir
tout de suite. Le Seigneur connaît ces choses, c’est pourquoi II
l’encourage en passant la main par l’ouverture. Si le cœur de la
jeune fille s’était vraiment endurci, le Seigneur l’aurait laissée. Son
geste constitue un appel, pas un châtiment. Cette main est celle
qui, auparavant, l’a embrassée, celle qui était sous sa tête. Cette
main est celle qui est percée d’un clou. Le Seigneur attire encore
une fois la jeune fille par cette main. « Passer la main par
l’ouverture » signifie que le Seigneur fait tout ce qu’il peut pour se
révéler à la jeune fille. En montrant Sa main, Il espère que la jeune
fille commencera à penser à Lui. Sa main représente Son cœur.
Toutes les expériences spirituelles résultent de l’attraction que
Christ exerce sur nous. Les hommes doivent recevoir la révélation
du Seigneur avant de quitter leur bien-être actuel pour progresser
avec Christ. Ceux qui voient réellement le Seigneur ne peuvent
manquer de ressentir un « frémissement dans leurs entrailles ».
Mais très peu se laissent émouvoir par le Seigneur ! Combien peu-
vent discerner la différence entre être touché par un enseignement
et être touché par le Seigneur Lui-même ?
L’APPEL DE LA CROIX APRÈS LA RÉSURRECTION 79

La jeune fille se lève pour ouvrir la porte. Grâce à l’attraction


exercée sur elle par le Seigneur, elle peut accepter le mépris qu’en-
gendre la croix, tout comme elle avait pu accepter auparavant l’effet
de la toute-puissance de la croix. Des mains qui ouvrent la porte,
mains qui symbolisent la foi et l’obéissance, découle la myrrhe. Ici,
la myrrhe symbolise la mort du Seigneur. Or cette mort a été suivie
du triomphe de la résurrection, et c’est la puissance de vie issue du
Seigneur qui permet à la jeune fille d’ouvrir la porte. Sa volonté cède
lorsqu’elle pense à la mort du Seigneur : la myrrhe découle de ses
doigts et se répand sur la poignée du verrou.
D. Le retrait (5.6)
Le verset 6 dit : « J’ai ouvert à mon bien-aimé ; mais mon bien-
aimé avait tourné le dos, il était passé. Ses paroles me faisaient
rendre l’âme. Je l’ai cherché et je ne l’ai pas trouvé ; je l’ai appelé,
et il ne m’a pas répondu. » Une personne docile n’est pas corrigée
par Dieu lorsqu’elle désobéit. La discipline de Dieu vient après
qu’elle a obéi. (Pour un débutant, la discipline précède l’obéissance,
et conduit à l’obéissance. Pour une personne mûre, la discipline
suit l’obéissance et en conséquence donne le goût amer de la déso-
béissance.) La jeune fille a le sentiment que le bien-aimé est de
nouveau parti. Auparavant, elle avait perdu, à cause de sa bêtise,
le sentiment de la présence du Seigneur. Maintenant, elle est pro-
fondément attristée. Elle a l’impression d’être dans les ténèbres.
Elle se rappelle comme elle fut transportée de joie au premier appel
du Seigneur. Lorsqu’il parlait, son cœur était comblé. Maintenant,
elle se déteste et ne comprend pas pourquoi sa volonté ne suit pas
ses désirs profonds. Elle s’en veut terriblement d’avoir donné une
fausse excuse, qui a incité le Seigneur à cacher Son glorieux visage.
Elle ne peut que regarder dehors et appeler en vain ;
Il ne répond pas. Cette recherche diffère de la précédente. En effet,
elle ne s’effectue pas dans les rues ni sur les places, mais devant
Dieu. Même la prière semble inutile.

E. Blessée (5.7)
Le verset 7 dit : « Les gardes qui font le tour de la ville m’ont
rencontrée ; ils m’ont frappée, ils m’ont blessée, ils m’ont enlevé ma
mantille, les gardes des murailles. » Cette fois-ci, la jeune fille ne
80 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

sort pas pour trouver les gardes, et ne leur pose pas de questions.
Mais ce sont eux qui la rencontrent. Ils se demandent comment
une personne aussi belle qu’elle, qui a tant progressé, peut perdre
son bien-aimé. Ils essaient peut-être de l’aider, mais leurs paroles
ne la blessent que davantage et augmentent ses souffrances. Elle
cherche la consolation, mais ne reçoit que blessures. Mme Penn-
Lewis a cité un bon verset à ce sujet : « Car ils poursuivent ceux
que toi-même as frappés, ils racontent la souffrance de ceux que tu
as transpercés » (Ps 69.27). Ils ne savent pas résoudre les pro-
blèmes de la jeune fille et jugent qu’elle est en tort puisque le
Seigneur s’est retiré. Ils ne se rendent pas compte qu’elle a déjà
reçu assez de coups et pensent pouvoir l’aider par leurs reproches.
Mais en fait leurs paroles lui assènent des coups supplémentaires.
Et donc, elle ne peut s’empêcher de s’écrier : « Le déshonneur me
brise le cœur, et je suis malade ; j’espère un signe de pitié, mais
rien ! Des consolateurs, je n’en trouve pas » (v. 21).
Ses souffrances ne s’arrêtent pas là. Les autres sont non seule-
ment incapables de l’aider ou de la réconforter, mais ils se moquent
d’elles. Ceux qui sont chargés de veiller sur elle ne la protègent pas
; au contraire, ils divulguent ses problèmes. Par conséquent, elle
perd son voile, et se retrouve découverte. Tous les croyants ap-
prennent son échec et voient sa honte. Elle est vraiment comme
Job, qui essaya de trouver un ami pour l’aider, mais en fin de
compte se retrouva avec ceux qui allaient le condamner.
Ces gardes sont ceux qui sont responsables dans la maison de
Dieu. Ils devraient être pour la jeune fille des guides spirituels. Mais
bien souvent, même une personne spirituelle peut se tromper dans
son discernement. Nos frères ont souvent envers nous une attitude
impropre, mais le Seigneur permet cela pour que nous prenions
conscience de nos propres échecs. Si nous progressons avec le
Seigneur selon Sa volonté, Il s’occupera de nos frères. Ce qui
n’empêche pas que, lorsque nous échouerons, même si l’échec est
insignifiant, le Seigneur permettra à nos frères de nous discipliner
plus sévèrement que Lui ne le fera.
L’APPEL DE LA CROIX APRÈS LA RÉSURRECTION 81

F. Chercher de l’aide auprès des filles de


Jérusalem (5.8)
Le verset 8 dit : « Je vous en conjure, filles de Jérusalem, si vous
trouvez mon bien-aimé que lui direz-vous ? ... Que je suis malade
d’amour. » Ne trouvant aucune aide auprès des hommes spirituels,
la jeune fille la cherche auprès de ceux qui sont moins avancés
qu’elle. Quand elle sent qu’elle a offensé le Seigneur et perdu le
sentiment de Sa présence, elle essaye, en désespoir de cause, de
trouver de l’aide même auprès des filles de Jérusalem. Par ses
paroles, elle admet son insuccès et demande que, si possible, les
filles de Jérusalem prient pour elle. Son échec l’a tellement affectée
qu’elle pense que même des nouveau-nés dans le Seigneur peuvent
l’aider. Elle est consciente de leur manque de maturité, et se rend
compte que leur communion avec le Seigneur n’est pas parfaite.
C’est pourquoi elle dit : « Si vous trouvez mon bien-aimé. » Elle sait
qu’elles peuvent ne pas Le trouver. Pourtant, en proie aux remords
et au désarroi, elle espère découvrir une ou deux personnes qui
peuvent l’aider. Ses propres prières ne semblent pas être exaucées,
et maintenant elle cherche de l’aide.
Elle veut faire savoir qu’elle est « malade d’amour ». Elle a déjà
mie fois utilisé cette expression, mais sa situation était différente :
elle était en pleine communion avec le Seigneur. Or maintenant elle
connaît une période de sécheresse. Il est normal d’utiliser cette ex-
pression quand on est rempli de passion. Mais quand l’obscurité
nous entoure, que nous éprouvons des sentiments contraires, il
n’est pas facile d’employer ces mots. Cela prouve que la jeune fille
a progressé considérablement dans la vie de la foi. Elle a appris à
dominer les circonstances, et peut contrôler ses propres senti-
ments. Cette maladie d’amour ne provient pas d’un excès d’amour,
mais d’une faim d’amour.
G. La question des filles de
Jérusalem (5.9)
Le verset 9 dit : « Qu’a ton bien-aimé de plus qu’un autre, O la
plus belle des femmes ? Qu’a ton bien-aimé de plus qu’un autre,
pour que tu nous conjures ainsi ? » Bien que les filles de Jérusalem
connaissent peu le Seigneur ainsi que la vie de la nouvelle création,
82 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

elles se rendent compte que la jeune fille est la plus belle des
femmes. L’humilité, la sainteté et la gloire qui caractérisent la
nouvelle création sont admirées et reconnues par tous, même par
ceux qui en sont dépourvus. Bien que la jeune fille ne voie plus le
visage de son bien-aimé, elle est néanmoins la plus belle des fem-
mes. Elle n’a pas perdu sa beauté.
Il est faux de comparer Christ avec quelqu’un d’autre, car II est
incomparable. Pourtant, les hommes ne peuvent éviter de le faire.
Ils n’ont pas encore vu Sa perfection absolue et ne peuvent donc
Le connaître que par comparaison. En réalité, ce Bien-aimé repré-
sente bien plus que tout autre bien-aimé. La question du verset 9
indique aussi que même si ces femmes habitent Jérusalem, elles
n’ont pas reçu une révélation personnelle du Seigneur. Elles ne
peuvent que capter la lumière reflétée par la jeune fille.

H. L’impression qu’à la jeune fille du


bien-aimé (5.10-16)
« À mon avis, la jeune fille fait preuve de noblesse dans ses
pensées en ne parlant jamais au Fiancé de Ses perfections. (Elle a
compris que ce n’était pas à elle de L’approuver.) Par contre, elle Le
loue publiquement. Quant à Lui, Il lui parle librement en l’assurant
du plaisir qu’elle Lui procure. Quand nous pensons à Christ et à
notre relation avec Lui, nous avons ici un beau parallèle » (Synopsis
ofthe Books ofthe Bible [Synopsis des livres de la Bible], J.N. Darby,
Vol. 2, p. 265).
Dieu utilise les questions de ses compagnes pour amener la
jeune fille à préciser ses impressions concernant le Seigneur. En
conséquence, la révélation déjà reçue brille de nouveau en elle, et
la jeune fille se retrouve spontanément au point de départ. Notre
révélation de Christ à travers le Saint-Esprit peut devenir floue,
mais elle ne disparaîtra jamais, et cela est merveilleux. La jeune
fille est toujours celle qui instruit ses compagnes. Elle est toujours
plus forte, même lorsqu’elle échoue, que les filles de Jérusalem
quand elles progressent.
Le verset 10 dit : « Mon bien-aimé est blanc et vermeil ; il se
signale entre dix mille. » Au tout début, la jeune fille parle de son
bien-aimé au sens général. Dans la langue originale, le mot « blanc
L’APPEL DE LA CROIX APRÈS LA RÉSURRECTION 83

» désigne une blancheur éclatante qui symbolise la pureté du Sei-


gneur qui hait le péché. Cependant, Sa blancheur n’évoque pas la
mort ou quelque chose de terne, mais c’est une blancheur
vermeille. Cela signifie qu’il est plein de vie et de force (tout comme
David « avait le teint rosé, ... et était beau de visage », cf. 1 S 16.12,
Darby). Pendant Son existence terrestre, Christ était plein de
puissance et de vie. Depuis Ses douze ans jusqu’à nos jours (Il est
assis maintenant à la droite de Dieu), Il a toujours été ainsi.
L’expression « il se signale » signifie, dans la langue originale, «
dressé comme une bannière » ou « porteur de bannière ». Cela veut
dire que Christ est la bannière qui s’élève au-dessus d’une
multitude. Il est Celui sur qui tous les yeux se portent. Christ est
notre bannière, et nous levons les yeux vers Lui. Il est aussi sem-
blable à un porteur de bannière, ce qui signifie qu’il est le Seigneur
crucifié. « Quand l’ennemi viendra comme un fleuve, l’Esprit de
l’Éternel lèvera un étendard contre lui » (És 59.19, Darby).
L’étendard fait référence à la croix. Le Seigneur Jésus porte la
bannière, indiquant donc qu’il est l’Agneau immolé. Où qu’il aille,
une foule innombrable Le suit, et II est incomparable. Après ces
généralités, la jeune fille donne une description détaillée du Sei-
gneur tel qu’elle Le voit.
Le verset 11 dit : « Sa tête est de l’or pur, ses boucles sont flot-
tantes, noires comme le corbeau. » « L’or pur » fait référence à la
divinité du Seigneur. Il possède la vie et la gloire de Dieu. « Car en
lui, habite corporellement toute la plénitude de la divinité » (Col
2.9). Dieu a établi Christ en tant que notre Chef. Tout ce qui est de
Dieu est en Lui. Rien de ce qui est de Dieu ne Lui manque. Donc,
si nous « nous attachons au chef (Tête, lit.) », nous pouvons grandir
« d’une croissance qui vient de Dieu » (v. 19).
« Ses boucles sont flottantes, noires comme le corbeau. » Les
boucles noires comme un corbeau symbolisent la puissance
éternelle de Christ. Lorsqu’il se manifeste comme l’Ancien des jours,
Il montre Ses cheveux blancs (Ap 1.14). Mais il est question ici de
Sa puissance éternelle ; c’est pourquoi Ses cheveux sont noirs. En
décrivant un homme sur le déclin, la Bible parle de cheveux gris
(Os 7.9, Darby). Mais notre Seigneur n’a pas de cheveux gris. Il est
« le même hier, aujourd’hui et pour l’éternité » (Hé 13.8).
84 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

Le verset 12 dit : « Ses yeux sont comme des colombes près des
courants d’eau, se baignant dans le lait, reposant au sein de
l’abondance. » Les yeux expriment les sentiments, et ce sont des
sentiments très profonds. Par des paroles et des lettres, l’homme
peut en effet manifester ses sentiments à distance. Mais il faut être
tout près d’une personne pour distinguer ce qu’exprime son regard.
Ce qu’il y a de plus beau dans une colombe, ce sont ses yeux. « Près
des courants d’eau » évoque le fait qu’ils sont mouillés, « se baignant
dans le lait » indique leur pureté, et « reposant au sein de
l’abondance », signifie une vue perçante. Les yeux du Seigneur nous
révèlent Ses sentiments à notre égard : pour les croyants, ces yeux
sont aussi beaux que ceux d’une colombe. Il a un regard ardent.
Ses yeux sont clairs, comme lavés avec du lait. Ils se reposent au
sein de l’abondance et voient parfaitement.
Le verset 13 dit : « Ses joues sont comme un parterre
d’aromates, comme des tours parfumées ; ses lèvres sont des lis
d’où découle la myrrhe répandue. » Il fut un temps où II tendit les
joues à ceux qui L’insultaient et Le frappaient (És 50.6 ; Mt 27.30).
Il n’est pas étonnant que les croyants prennent Ses joues pour un
parterre d’aromates et pour des « fleurs parfumées » (Darby), aussi
agréables à voir qu’à sentir.
Les « lèvres » représentent les paroles qui sortent de Sa bouche.
Ces paroles sont pures, et sont aussi parfumées de gouttes de
myrrhe. « La grâce est répandue sur tes lèvres » (Ps 45.3). Il n’est
pas surprenant que les hommes L’aient loué et se soient émerveillés
des paroles de grâce sortant de Sa bouche (Le 4.22). Mais les
gouttes de myrrhe représentent plus que la grâce ; elles évoquent
aussi la mort du Seigneur. Ses lèvres répandent la myrrhe ; chaque
parole de grâce qui sort de Sa bouche rappelle Sa mort. Il en est de
même des trois paroles suivantes : « Tes péchés sont pardon- nés...
Va en paix » (7.48-50) ; « Celui qui croit a la vie éternelle » (Jn 6.47)
; et « Lève-toi, prends ton lit et marche » (Me 2.9).
Le verset 14 dit : « Ses mains sont des anneaux d’or garnis de
chrysolite ; son corps est de l’ivoire poli couvert de saphirs. » Le mot
traduit ici par « anneaux » se trouve aussi dans 1 Rois 6:34, rendu
par « pivotants » ; là, parce que les rideaux et les planches pivotent,
rien ne peut se perdre. Les anneaux d’or nous indiquent que le
L’APPEL DE LA CROIX APRÈS LA RÉSURRECTION 85

Seigneur Jésus réalise entièrement la volonté de Dieu. La «


chrysolite » est mentionnée quelques fois dans l’Ancien Testament,
y compris dans Ézéchiel 1.16 et Daniel 10.6. Dans les deux cas,
elle signifie la stabilité. Dans Ezéchiel 1.16, c’était la période de la
déportation, mais cela n’empêchait pas la roue gouvernementale de
Dieu (faite de chrysolite) de tourner. Dans Daniel 10.6, le Seigneur
(dont le corps est « comme de chrysolite ») décide du destin du
monde. Les anneaux d’or ainsi que la chrysolite parlent donc tous
deux de la stabilité de l’œuvre du Seigneur.
Le mot « corps » est identique au mot « entrailles » au verset 4
du chapitre 5. Cela signifie que le Seigneur éprouve des sentiments
profonds envers Son peuple. « L’ivoire » n’est pas comme les pierres
précieuses : il provient d’être vivant. Son obtention implique des
souffrances, voire la mort. Cela signifie que ce que le Seigneur
ressent envers Son peuple est lié à Sa souffrance et à l’immense
prix qu’il a payé. « Poli » peut se traduire par « œuvre forgée ». Une
œuvre forgée est un travail très fin, ce qui nous indique que tous
les sentiments du Seigneur ne sont ni superficiels, ni accidentels.
Selon la Bible, les « saphirs » sont « comme le ciel lui-même dans
sa pureté » (Ex. 24.10). Ces saphirs recouvrent Son corps tout en-
tier. Cela veut dire que le ciel lui-même est impliqué dans les
sentiments du Seigneur vis-à-vis de nous.
Le verset 15 dit : « Ses jambes sont des colonnes de marbre
blanc posées sur des bases d’or pur. Son aspect est comme le
Liban, il se distingue comme les cèdres. » Dans la Bible, les pieds
sous- entendent la marche, et les «jambes » la position debout. «
Marbre » est traduit plusieurs fois dans la Bible par « lin fin ». Ici,
ce mot représente la justice du Seigneur. Les « bases » signifient la
gravité. Cela démontre que notre Seigneur et Ses richesses sont
inébranlables grâce à la justice qu’il a établie. Tous ceux qui L’ont
suivi le remarquent. Dans sa description de son bien-aimé, la jeune
fille mentionne l’or trois fois, ce qui signifie que Ses pensées, les
œuvres de Ses mains et Sa stabilité sont issues de Dieu. Il est
complètement soumis à Dieu, et satisfait pleinement le cœur de
Dieu. Nous savons de qui il s’agit. « Son aspect est comme le Liban.
» Il vit dans les lieux célestes. Tout en Lui indique qu’il est une
personne céleste. « Il se distingue comme les cèdres. » C’est un
86 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

homme, mais un homme glorifié. Tout comme le cèdre dépasse tout


arbre, Il est le seul homme glorifié parmi tous les hommes.
Le verset 16 dit : « Son palais (sa bouche, lit.) n’est que douceur,
et toute sa personne est désirable. Tel est mon bien-aimé, tel est
mon compagnon, filles de Jérusalem ! » Enfin, il est fait mention de
sa bouche. Le mot « bouche » ne désigne pas la bouche comme on
l’entend habituellement, mais renvoie au goût. Ce mot est le même
que celui rencontré au verset 3 du chapitre 2. Le goût fait référence
à l’œuvre du Seigneur Jésus comme médiateur, et signifie que tout
ce qui vient de Dieu est d’abord goûté par le Seigneur avant de nous
être transmis. Christ nous transmet ce qu’il a reçu de Dieu. Le
connaissant ainsi en tant que Médiateur (et Son œuvre nous est
agréable), nous sommes obligés d’admettre que tout vient de Dieu
et nous est offert par Christ.
Ces considérations ne peuvent manquer de nous réchauffer le
cœur. Lorsque nous considérons le chemin parcouru et le Seigneur
que nous confessons, nous ne pouvons que nous écrier : « Toute Sa
personne est désirable. » Ceux qui n’ont pas encore suivi le
Seigneur à fond devraient se rendre compte qu’il est notre Bien-
aimé ! Il est notre Ami ! Peut-on nous blâmer parce que nous Le
recherchons ?
Par cette description, la jeune fille nous livre ses impressions
concernant le Seigneur. C’est aussi l’exposé de ce qu’elle a reçu du
Seigneur, de son union avec Lui et de la communion qui a résulté
de cette union. Puisqu’elle a vu la gloire du Seigneur le visage dé-
voilé, elle reflète comme un miroir Sa gloire et est transformée à
l’image du Seigneur, de gloire en gloire. À la fin de son discours, le
soleil s’est levé sur son âme. Ses paroles révèlent ses sentiments
profonds. Elle chante et proclame : « Toute sa personne est dési-
rable. Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami. »
I. La question des filles de Jérusalem (6.1)
Le verset 6.1 dit : « Où est allé ton bien-aimé, ô la plus belle des
femmes ? De quel côté ton bien-aimé a-t-il tourné (ses pas), que
nous le cherchions avec toi ? » Après avoir entendu le témoignage
de la jeune fille, il est normal que les filles de Jérusalem veuillent
poursuivre le bien-aimé. Ici, nous voyons une personne dans la
nouvelle création, que la fraîcheur de la nouvelle création imprègne.
L’APPEL DE LA CROIX APRÈS LA RÉSURRECTION 87

Le Christ qu’elle connaît diffère beaucoup de Celui que d’autres


prêchent. Il n’est pas étonnant qu’elle exerce sur les filles de
Jérusalem une forte attraction et que ces dernières la considèrent
encore la plus belle des femmes et l’accompagnent pour rechercher
le Seigneur. Puisqu’il est si beau, où se trouve-t-Il maintenant ?
L’insistance des filles de Jérusalem laisse supposer qu’il y a une
barrière entre la jeune fille et son Bien-aimé, et que c’est pour cela
qu’il s’est détourné. Sinon, la jeune fille devrait pouvoir leur dire où
II se trouve maintenant. Elles ont l’impression que lorsqu’elle parle
de son Bien-aimé, elle n’en parle pas comme les autres parlent de
Celui qu’elles aiment.

J. La réponse de la jeune fille (6.2-3)


Le verset 2 dit : « Mon bien-aimé est descendu à son jardin, au
parterre d’aromates, pour faire paître (son troupeau) dans les
jardins, et pour cueillir des lis. » Tout à l’heure, la jeune fille cher-
chait de l’aide auprès de femmes manquant de maturité spirituelle,
et espérait que leurs prières la mèneraient à son bien-aimé. Mais
après avoir donné son propre témoignage et essayé d’aider d’autres
personnes, elle a une révélation et tout à coup sait où se trouve son
bien-aimé. Elle peut maintenant dire : « Mon bien-aimé est
descendu à son jardin, au parterre d’aromates, pour faire paître
(son troupeau) dans les jardins, et pour cueillir des lis. » Le jardin,
qui appartient au Bien-aimé, n’est autre qu’elle-même (4.16—5.1).
La jeune fille comprend subitement qu’il n’est jamais parti. Elle n’a
pas besoin de monter au ciel ou de descendre dans l’abîme : le
Seigneur est près d’elle, Sa Parole est dans sa bouche et dans son
cœur. Il semblait qu’il s’était détourné lorsqu’elle avait tardé à
obéir, mais en fait II lui avait seulement retiré le sentiment de Sa
présence. Il lui montre uniquement la douleur qu’on éprouve
lorsqu’il nous cache Son visage. En réalité, Il est toujours en elle.
Elle n’a pas besoin de s’inquiéter. D’une part, elle doit tout
simplement s’ouvrir à son Bien-aimé et d’autre part, confesser ses
échecs et demander pardon. Elle devrait s’attacher à la parole de
Dieu, l’esprit tranquille bien qu’elle se soit montrée un peu rebelle
et se sente éloignée du Seigneur, et croire qu’il est toujours dans
Son jardin, prêt à se révéler, à nouveau, au moment voulu. Elle
88 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

devrait se rendre compte que la fidélité de Dieu est plus certaine


que sa propre fidélité. Elle ne s’en sortira pas par une poursuite
charnelle, poursuite qui la troublerait encore davantage.
L’inactivité nuit souvent beaucoup aux croyants. Cependant leur
démarche quand elle est charnelle, leur laisse aussi des cicatrices.
La voie de la guérison se trouve donc ailleurs.
La guérison de la jeune fille passe d’abord par son témoignage.
Ce n’est pas parce qu’elle se croit infidèle qu’elle arrête de rendre
loyalement témoignage. Sans s’en rendre compte, elle est amenée
par Dieu à se détourner d’elle-même. Par conséquent, elle peut
parler du Seigneur comme elle le fait. C’est sa façon d’avoir « les
yeux fixés sur Jésus » (Hé 12.2a). En pensant à Sa personne, à Sa
grâce, à Son oeuvre, à Sa fidélité et à Son amour, elle retrouve in-
consciemment la lumière qu’elle avait perdue.
Au bord du désespoir, elle fait de son mieux pour aider les au-
tres. Bien qu’elle se sente éloignée du Seigneur, elle espère que
d’autres verront combien le Seigneur est précieux et connaîtront la
communion avec Lui. Elle raconte ce qu’elle a vécu avec le Sei-
gneur, or le Seigneur n’écoute-t-Il pas en silence lorsque les saints
parlent de Lui ? C’est normal que le Seigneur se révèle à elle en ces
moments. Elle a faim, mais d’autres sont plus affamés qu’elle, et
quand elle satisfait les autres, elle est elle-même spontanément
rassasiée. Ici, nous voyons comment le Seigneur la délivre d’elle-
même. Sa maladie d’amour provient de ses ténèbres et de sa dé-
pression spirituelles. Une fois que le Seigneur l’a amenée à se
détourner d’elle-même, ses symptômes disparaissent.
Après que le Seigneur l’a éclairée, elle réalise qu’elle se parlait,
en fait, à elle-même en s’adressant aux filles de Jérusalem. Bien
qu’elle se sente éloignée du Seigneur, elle découvre que pendant
cette longue période, Il était dans Son jardin. Le jardin est au sin-
gulier, il représente donc la jeune fille. Les jardins mentionnés plus
tard sont au pluriel, et de ce fait représentent les saints. La jeune
fille déclare que le Seigneur est dans son cœur, ainsi que dans le
cœur de tous les saints. Et puisque le mot « parterre » évoque
également les saints, et l’expression, « parterre d’aromates », déjà
mentionnée, les deux joues, cela signifie que le Seigneur mange les
excellents fruits de Son jardin, et jouit aussi de la beauté de Ses
L’APPEL DE LA CROIX APRÈS LA RÉSURRECTION 89

croyants. Il s’occupe du cœur des croyants. Il cueille les lis, c’est-


à-dire la joie pure qui émane de Lui-même et qui doit Lui revenir.
Le verset 3 dit : « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé
est à moi ; il fait paître (son troupeau) parmi les lis. » La jeune fille
se rend compte que, bien que tout ait changé, l’alliance entre elle
et le Seigneur demeure la même. Désormais, elle peut dire : « Je
suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi. » Lorsque son
expérience était plus superficielle, elle avait déclaré, au plus fort de
son désir de communion, « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui
» (2.16). Elle s’attendrissait et ne pouvait s’empêcher de proclamer
que le Seigneur était à elle. Mais ici elle tient un autre langage. Elle
n’est pas aussi exaltée. On peut même noter en elle des sentiments
de rébellion. Cependant, elle croit toujours profondément que le
Seigneur est dans Son propre jardin, et elle peut donc dire : « Je
suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi. » Avant, ses
paroles étaient fondées sur ses sentiments, tandis que maintenant,
elles le sont sur sa foi. Son cœur s’est spontanément détourné
d’elle-même pour se tourner vers le Seigneur.
Il fait toujours « paître parmi les lis » (2.16). Il nourrit encore son
troupeau, et toujours au même endroit. La jeune fille a appris à se
tourner vers le Seigneur immuable au lieu de se fier à ses sen-
timents changeants. Elle ne s’y fie pas en temps ordinaire, ni même
quand tout va mal.

II. UNE VIE DERRIÈRE LE VOILE (6.4—7.1)

A. La louange faite par le Bien-aimé (6.4-9)

À ce stade, nous voyons la satisfaction que la jeune fille procure

au Seigneur. Ce livre parle d’une union progressive ; le but d’une

union est de parvenir à une communion intime, et dans cette com-

munion on s’identifie à l’autre. Par conséquent, la jeune fille

assimile ce qu’elle a vécu grâce au Roi Lui-même, et le Roi voit Sa

propre vie se manifestant dans la jeune fille. Le Roi proclame ici les

richesses que les croyants ont reçues par leur union avec le
90 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

Seigneur.
Le verset 4 dit : « Tu es belle, ma compagne, comme Tirtsa,
charmante comme Jérusalem, mais terrible comme des troupes
sous leurs bannières. » Le Seigneur observe les croyants depuis le
ciel, derrière le voile du sanctuaire. Il a déjà évoqué la beauté et les
attraits de la jeune fille, mais ici II le fait d’une façon plus concise.
Le palais se trouve à Tirtsa (1 R 14.17). Jérusalem est la cité du
grand Roi. Tirtsa représente le sanctuaire céleste, la demeure de
Dieu. Jérusalem représente la Jérusalem céleste. Le Seigneur nous
examine depuis l’intérieur du sanctuaire. Dans cette Jérusalem
tout est beau, et dans cette Tirtsa tout est magnifique, car ces villes
symbolisent la nouvelle création de Dieu. Aujourd’hui, les croyants
manifestent déjà la beauté et l’attrait du sanctuaire à venir.
Les armes sont essentielles pour une armée en guerre, tandis
que la bannière est indispensable en cas de victoire. Si l’on perd la
bataille, on est humilié et on range la bannière. Une bannière
déployée représente la gloire qui découle de la victoire. Ce verset
indique que la jeune fille est belle et attrayante devant le Seigneur,
manifestant la solidité de la cité céleste et la paix qui règne dans le
sanctuaire. En même temps, elle proclame la gloire de sa victoire
devant l’ennemi et le monde. Vivre derrière le voile n’implique pas
seulement vivre sous le regard du Seigneur, mais aussi faire face à
l’ennemi, car le ciel où résident les saints est le lieu même où
l’ennemi assaille. Dieu ne veut pas que Ses croyants soient
simplement revêtus de la beauté céleste. Ils doivent avoir aussi une
nature guerrière car la guerre céleste ne cesse jamais.
Or les croyants d’aujourd’hui ne sont plus beaux aux yeux du
Seigneur, et n’inspirent plus la crainte chez l’ennemi et dans le
monde. Les hommes ont-ils peur de nous ? La Bible parle souvent
de l’aspect terrible du Seigneur ; Il est redoutable parce qu’il est
saint. Si nous vivons dans la sainteté et la victoire, l’ennemi battra
en retraite et le monde reculera. Mais les croyants d’aujourd’hui ne
font plus peur ni aux hommes ni aux démons.
Le verset 5a dit : « Détourne de moi tes yeux, car ils me trou-
blent. » Cette première phrase du verset 5 est une expression poé-
tique. La puissance de l’amour s’exprime par un regard plein
L’APPEL DE LA CROIX APRÈS LA RÉSURRECTION 91

d’affection. Le Seigneur ne rejette pas l’amour des croyants ; il s’agit


plutôt ici d’un encouragement et d’un éloge. De la même manière
qu’il repoussa la femme syro-phénicienne (Me 7.25-29), retarda
Son départ en Judée de deux jours (Jn 11.5-7), dit à Moïse : «
Laisse-moi » (Ex 32.10), et permit à Jacob de Le retenir (Gn 32.27),
Il invite, par des paroles d’apparent rejet, la jeune fille à exprimer
son amour. En détournant les yeux, celle-ci fera preuve non
seulement d’amour mais aussi de force. On pourrait supposer que
l’amour de la jeune fille a quelque peu alangui le Roi. En effet, Il a
souvent fait preuve de faiblesse face à l’amour. Il semble qu’il laisse
ici entrevoir Son impuissance complète, Sa défaite apparente et Son
incapacité à se défendre face à l’amour. Seuls ceux qui ont fait
l’expérience du rejet, du retard, du reniement et de l’impuissance
apparents du Seigneur comprennent la façon dont Il agit ici.
Les versets 5b à 7 nous disent : « Tes cheveux sont comme un
troupeau de chèvres sur les pentes de Galaad ; tes dents, comme
un troupeau de brebis qui montent du lavoir, qui toutes ont des
jumeaux, et pas une d’elles n’est stérile ; ta joue est comme un
quartier de grenade derrière ton voile » (Darby). Comme aupara-
vant, les « cheveux » symbolisent la puissance de la consécration,
tandis que les « dents » évoquent la capacité de recevoir. Les tempes
ou les joues derrière le voile représentent la beauté cachée. Ces
versets sont semblables aux versets 1 à 3 du chapitre 4. Mais ici,
nous découvrons deux faits importants :
(1) L’amour du Seigneur ne varie jamais. Bien que le retard de
la jeune fille dénote un échec et qu’elle ait l’impression d’avoir
péché en tombant dans la dépression, le Seigneur la traite comme
avant. Pour la rassurer et lui montrer qu’il n’a pas changé, Il lui
répète ces paroles. Ce qui manque le plus au croyant après un
échec est la foi qui tranquillise. En effet, sans s’en rendre compte,
il nourrit souvent des doutes quant à la qualité de sa relation avec
le Seigneur.
(2) De nombreuses expériences spirituelles doivent se répéter
même après qu’un croyant a progressé, telles celle de la consécra-
tion, de l’acceptation de ce que nous donne le Seigneur et de la vie
« derrière la voile ». D’un côté, on peut faire de nouvelles expériences
au cours de la vie chrétienne, mais d’un autre côté, certaines,
92 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

comme celles mentionnées plus haut, ne changent pas : elles pren-


nent simplement une signification plus profonde. De nombreuses
leçons ne nous ont-elles pas été répétées ? Ce que nous avons
appris en dernier lieu n’est-il pas meilleur que ce que nous avions
acquis au début ? Les expériences sont peut-être les mêmes, mais
le niveau et le degré diffèrent.
Le verset 8 dit : « Les reines sont soixante, les concubines
quatre-vingt, les jeunes filles sont innombrables. » Toutes sont de
la famille de Salomon. Aux yeux du monde, c’est peut-être cho-
quant, mais pour ceux qui comprennent les symboles spirituels,
c’est une merveilleuse image. Notre Seigneur est en train de gagner
l’Eglise entière constituée de tous les croyants ; l’Agneau n’a qu’une
épouse : l’Église. Mais d’un autre côté, Il a de nombreux amours :
Il aime des reines, des concubines, des vierges. Adam, Isaac et
Moïse représentent chacun le Christ qui épouse une seule femme,
l’Église. Mais Salomon représente le Christ qui aime plusieurs
croyants individuellement. Il semble que ce soit une personne cor-
rompue et non sainte et spirituelle qui soit choisie comme figure de
Dieu. Toutefois, ce n’est pas l’iniquité de la personne qui sert de
symbole. Un voleur peut représenter le Seigneur, mais les sages
comprendront très vite que c’est en fait l’acte de vol qui a une valeur
évocatrice.
Les expériences des croyants, dans la façon dont ils communi-
quent avec le Seigneur qui les aime ne sont pas identiques.
Certains sont comme des reines, d’autres comme des concubines
et d’autres encore comme des vierges. Mais qui qu’ils soient, ils ont
tous une relation d’amour avec le Roi. Pourtant, aucun d’eux ne
peut rivaliser avec la jeune fille dans sa quête du Seigneur.
Le verset 9 dit : « Unique est ma colombe, ma parfaite ; elle est
l’unique de sa mère, la (plus) resplendissante pour celle qui lui
donna le jour. Les jeunes filles la voient et la disent heureuse ; les
reines et les concubines aussi, et elles la louent. » Ici, le Seigneur
désigne celle qui, parmi toutes les autres personnes, Le satisfait. Il
y en a d’autres comme elle, mais le Seigneur la considère comme «
l’unique ». Elle vit entièrement selon l’Esprit ; elle est donc une
colombe. Elle est aussi entièrement séparée du monde. De ce fait,
elle est vraiment « parfaite ». Il semble qu’elle soit la seule personne
L’APPEL DE LA CROIX APRÈS LA RÉSURRECTION 93

parfaite engendrée par la grâce, l’enfant unique de la grâce, comme


si, de tout ce qui a été produit par l’œuvre de la grâce, elle soit ce
qu’il y a de mieux. Être un enfant de la grâce ne signifie pas
simplement expérimenter la bonté de Dieu et être pardonné par Lui.
Tout ce que Dieu fait dans le cœur de l’homme découle de Sa grâce.
La grâce signifie que l’action est accomplie par Dieu et non pas par
l’homme. Plus nous laissons Dieu œuvrer en nous, plus nous
recevons de Sa grâce. La grâce est disponible, mais l’homme ne
permet pas forcément à Dieu d’œuvrer en lui en profondeur. Tout
ce qui est du moi appartient à la loi, et tout ce qui est de Dieu est
du domaine de la grâce. L’Église est remplie d’enfants de la grâce,
pourtant très peu permettront à cette dernière d’œuvrer en eux
jusqu’à ce qu’ils atteignent la perfection. La jeune fille est l’enfant
unique de la grâce, c’est-à-dire qu’elle a atteint l’union parfaite avec
le Seigneur et qu’elle Lui a tout donné.
« Les jeunes filles la voient et la disent heureuse. » De nombreux
croyants se rendent compte qu’ils ne sont pas entièrement
consacrés au Seigneur. Mais ils Le connaissent suffisamment pour
admirer ceux qui Lui sont pleinement consacrés. Beaucoup ont
assez d’expérience dans l’obéissance pour apprécier ceux qui sont
obéissants en toutes choses, même s’ils ne le sont pas eux- mêmes.
Il se peut que les filles, les reines et les concubines n’admirent pas
la jeune fille au sens charnel, mais elles ne peuvent que reconnaître
qu’elle est bénie du Seigneur à cause de la grâce qu’elle a reçue. On
devrait hautement apprécier une vie « derrière le voile » et tout ce
qui, en l’homme, provient de Dieu.
B. La gloire de la jeune fille (6.10)
Le verset 10 dit : « Qui est celle-ci qui apparaît comme l’aurore,
belle comme la lune, resplendissante comme le soleil, mais terrible
comme des troupes sous leurs bannières ? » Ici, le Saint-Esprit
parle de nouveau au travers d’un tiers et fait ressortir la gloire de
la jeune fille par des exclamations.
En effet, le Saint-Esprit aime encourager les croyants à réfléchir
en posant des questions ; ici II les amène encore une fois à
considérer l’œuvre de Dieu et à comprendre ce qui Lui plaît. Le
Saint-Esprit pose une question après chaque progrès de la jeune
fille (c’était déjà le cas au chapitre 3). Il pose des questions pour
94 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

faire ressortir le pourquoi de l’expérience vécue.


« Qui apparaît comme l’aurore. » Le mot « aurore » est le mot
traduit par « jour » dans 2.17 et 4.6. Les ombres ont fui ; il n’y a
plus de barrière entre la jeune fille et le Seigneur. Elle entre dans
une vie sans obstacle. L’avenir de la jeune fille est brillant comme
la lumière matinale, et prometteur comme l’aurore qui annonce le
jour. Elle a déjà reçu la promesse du plein jour (Pr 4.18). Le chemin
du juste entre les mains du Seigneur s’arrête au plein jour ; il ne
va pas plus loin.
« Belle comme la lune. » Ici, l’accent n’est pas mis sur la crois-
sance ou le décroît de la lune, mais sur sa beauté, due à la douce
clarté qui en émane. La jeune fille est céleste ; pourtant, elle brille
sur la terre et témoigne à ceux qui sont dans les ténèbres (Ps
89.38).
« Resplendissante comme le soleil. » Il n’y a pas d’ombres dans
la jeune fille ; elle est remplie de soleil. La lune et le soleil sont tous
deux l’image de sa condition céleste. La lune symbolise la grâce en
elle, tandis que le soleil évoque ce qu’elle est dans le Seigneur. En
elle-même, la jeune fille est morte. Comme la lune, elle reçoit sa
lumière et sa vie du soleil. Donc, lorsqu’elle lui tourne le dos, elle
rencontre les ténèbres. Tant qu’elle est dans le Seigneur, elle
resplendit comme le soleil, car elle est une création entièrement
nouvelle. Comme le Seigneur est le soleil, elle est aussi un soleil.
« Terrible comme des troupes sous leurs bannières. » Non
seulement la jeune fille a une vie sainte et un avenir glorieux, mais
elle triomphe constamment. Elle va de victoire en victoire.
Connaissez-vous ou avez-vous vu une telle personne ?
C. Un passage dont on ne peut tirer de
conclusion (6.11-12)
Les versets 11 et 12 disent : « Je descends au jardin des noyers,
pour voir les jeunes pousses du ravin, pour voir si la vigne bour-
geonne, si les grenadiers fleurissent. Je ne sais, mais mon désir me
rend semblable aux chars de mon noble peuple. » La dernière
proposition peut se traduire : « ... mon âme m’a transportée sur les
chars de mon peuple de franche volonté. » Si ces deux versets sont
une description de la jeune fille, le seul problème réside dans
l’expression « mon noble peuple ». Sinon, ils semblent effectivement
L’APPEL DE LA CROIX APRÈS LA RÉSURRECTION 95

être une réponse de la jeune fille : elle se demande si l’œuvre de


Dieu a progressé et elle a les chars du Roi à cœur. (Mais le pro-
blème, comme nous l’avons dit, réside dans l’expression « les chars
de mon noble peuple », car seul le Roi peut s’asseoir dans les chars.)

D. Le progrès et la victoire de la jeune fille (7.1)


Le verset 1 dit : « Reviens, reviens, Sulamite ! Reviens, reviens,
afin que nous te contemplions. Qu’avez-vous à contempler la Sula-
mite comme une danse de deux troupes ? » « Sulamite » signifie fille
de paix, et c’est le féminin de Salomon. Le Saint-Esprit s’exprime
comme un tiers et la supplie expressément de revenir pour qu’on
puisse la voir. Elle est partie sur un char. Elle progresse et vainc
librement, sans rencontrer d’obstacle. Les autres veulent
maintenant la voir afin de savoir par quelles expériences elle est
passée pour arriver enfin à ce stade de sa progression et à la vic-
toire. Cet appel reflète donc le cœur de ceux qui sont aussi en
recherche. Le Saint-Esprit leur fait connaître le chemin par lequel
est passé la jeune fille.
Ici, le Saint-Esprit révèle Ses pensées par l’intermédiaire de
deux groupes de personnes. Un groupe pose les questions, et
l’autre répond. Par ce moyen, Il nous montre le processus par
lequel est passée la Sulamite afin d’être équipée pour l’œuvre du
Seigneur. Elle est bien une Sulamite, car son union avec Salomon
est devenue indissoluble. De plus, elle a fait sienne l’œuvre de
Salomon.
La danse de deux troupes est l’endroit où Jacob vit les anges de
Dieu (Gn 32.2). Ce doit être un endroit très intéressant, un endroit
qui attire les gens. Danser est signe de victoire (Ex 15.20 ; 1S 18.6).
La danse des deux armées doit donc signifier la victoire. Cette
question implique : « Pourquoi devez-vous regarder la Sulamite
comme vous regarderiez deux armées célestes célébrant la victoire
en dansant ? Quelles vertus possède la Sulamite, qui font que vous
la considériez comme deux armées ? »
CINQUIEME PARTIE

L’ŒUVRE DE DIEU (7.2-14)

I. L’ÉQUIPEMENT DE L’OUVRIER (7.2-10A)


96 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

A. Récapitulation (7.2-6)
Au verset 2 du chapitre 7 du Cantique des Cantiques, on lit : «
Que tes pieds sont beaux dans tes sandales, fille de noble (prince,
lit.) ! Les contours de ta hanche sont comme des colliers, œuvre des
mains d’un artiste. » Maintenant, le Saint-Esprit répond à la
question posée dans la partie précédente par la bouche d’un tiers.
Ces paroles semblent être celles d’une tierce personne, mais en
réalité, elles révèlent les pensées du Saint-Esprit. Il est question
tout d’abord des pieds de la jeune fille.
L’expression, « fille de noble (prince) », implique que la jeune fille
est un des nombreux membres de la famille royale. Ici, l’accent est
mis sur la préparation pour l’œuvre du Seigneur. Or dans la Bible,
les « sandales » font clairement référence à « l’évangile de paix » (Ép
6.15) ; c’est pourquoi elles sont mentionnées. En effet, la
prédication de l’évangile est indispensable. La « hanche » symbolise
la capacité de se tenir debout, capacité qui vient entièrement de
Dieu. Si nous voulons que nos hanches ressemblent à des bijoux,
nous devons être frappés aux articulations jusqu’à ce qu’elles se
démettent (Gn 32.26). C’est Dieu qui possède la puissance créa-
trice. C’est ce que signifie l’expression, « œuvre des mains d’un
artiste ».
Le verset 3 dit : « Ton ventre (nombril, lit.) est une coupe
arrondie, où le vin parfumé ne manque pas ; Ton corps (ventre, lit.)
est un amas de froment, entouré de lis. » Le nombril et le ventre
représentent l’être intérieur de la jeune fille. « Vin » peut être traduit
par « vins de coupage ». Si ce vin fait référence au sang du Seigneur
Jésus, l’amas de froment doit indiquer Sa chair. Nous sommes ceux
qui mangeons Sa chair et buvons Son sang. Les « vins de coupage
» représentent la vie que le Saint-Esprit nous donne à travers le
sang du Seigneur Jésus. L’amas de froment est entouré de lis, ce
qui signifie que nous recevons ce froment par la foi.
Le verset 4 dit : « Tes deux seins sont comme deux petits,
jumeaux d’une gazelle. » Ici on ne parle pas de « paître parmi les lis
» en relation avec les deux seins, donc on ne fait pas référence à la
croissance devant Dieu. Les deux seins symbolisent la foi et
l’amour, ces deux fruits de l’Esprit par lesquels nous nourrissons
les autres.
L’ŒUVRE DE DIEU 97

Le verset 5 dit : « Ton cou est comme une tour d’ivoire ; tes yeux
sont comme les étangs de Hechbôn, près de la porte de Bath-
Rabbim ; ton nez est comme la tour du Liban qui veille du côté de
Damas. » Auparavant, le cou de la jeune fille était comme « la tour
de David ». La jeune fille a maintenant connu la discipline de Dieu,
d’où cette image de l’ivoire. Mais cela n’implique pas la passivité.
Lorsqu’elle doit tenir ferme pour Dieu, elle est forte comme une
tour. Cependant, cette tour est en ivoire, ce qui évoque la souf-
france et la mort pour la réalisation du dessein de Dieu.
« Tes yeux sont comme les étangs. » Cette description diffère de
la description antérieure (des yeux de colombe). Un étang est
exposé à la lumière (à l’inverse de l’eau du puits), mais ne coule pas
(contrairement à la source). C’est de l’eau dormante. Une personne
aux yeux comme des étangs est une personne dotée d’un cœur pur
envers Dieu. C’est une nouvelle création, et elle connaît le repos
parfait. Par conséquent, la jeune fille connaît la volonté de Dieu. «
Hechbôn » signifie intelligent, tandis que « Bath-Rabbim » veut dire
fille d’un grand nombre.
Jusqu’à présent, on n’avait jamais parlé du nez. L’odorat ne se
trouve que chez ceux qui sont mûrs. Dans le domaine spirituel,
beaucoup ont l’œil vif et les oreilles sensibles. Mais très peu ont un
nez capable de sentir. L’odorat ne provient pas de ce que l’on entend
ou voit ; c’est une aptitude intérieure supérieure aux autres, qui
permet à une personne de distinguer entre bonnes et mauvaises
odeurs. C’est une sorte d’intuition spirituelle qui fait qu’une
personne peut identifier ce qui est de Dieu. Une personne discerne
les choses spirituelles non pas par la raison ou la logique, mais
intuitivement et spontanément. Beaucoup d’enseignements ne sont
pas foncièrement mauvais, et beaucoup de personnes ne sont pas
vraiment blâmables, pourtant nous pouvons sentir qu’il y a
quelque chose qui cloche. Voilà pourquoi le nez est nécessaire. «
Ton nez est comme la tour du Liban qui veille du côté de Damas. »
Cette phrase indique que le nez est haut et pointu. De nos jours,
trop de chrétiens ont un « nez plat ».
Le verset 6 dit : « Ta tête se dresse comme le Carmel, et les nattes
de ta tête sont comme la pourpre, un roi est enchaîné dans leurs
ondulations (tresses, lit.) ! » Le mont Carmel est l’endroit où Élie
98 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

démontra sa puissance en présence de Jéhovah. C’est là qu’il lutta


pour Dieu, et Dieu entendit sa prière. La tête « qui se dresse comme
le Carmel » implique que l’on sert Dieu avec son intelligence et son
cœur. Une fois encore, « les nattes de ta tête » font référence à la
force qu’engendre la consécration. Mais cette puissance est assez
grande pour enchaîner le Roi dans les tresses. Cela signifie que le
Seigneur donne aux croyants la puissance, et qu’ils sont assez forts
pour Le contrôler et Le forcer à exaucer leurs prières. Au début de
sa vie avec le Seigneur, la jeune fille ne pouvait pas faire cette
expérience ; Dieu ne pouvait lui accorder autant de puissance. Ce
n’est qu’après qu’elle a été complètement délivrée de son moi,
qu’elle s’est consacrée et soumise entièrement au Seigneur, après
qu’elle pense exclusivement à la gloire de Dieu, au point que ses
cheveux deviennent comme la pourpre, que Dieu peut oser lui
confier la puissance qui lui permette d’emprisonner le Roi. En
réalité, le Roi n’est pas fait prisonnier par elle, car elle enchaîne le
Roi dans ses tresses afin d’accomplir Sa propre volonté et de
réaliser Sa propre promesse. Elle prie constamment le Roi : «
Accomplis Ton plan, et agis selon Ta parole. » Elle a appris à
s’asseoir sur le trône et à tout contrôler.

B. Le Seigneur intervient (7.7-9a)


Le verset 7 dit : « Que tu es belle, que tu es aimable, mon amour,
(mes) délices ! » Le Seigneur fait maintenant quelques remarques.
Puisque le Saint-Esprit parle en accord avec le Seigneur, ce dernier
peut intervenir dans la conversation comme si c’était Lui qui avait
parlé précédemment. Il parle directement à la jeune fille et fait son
d’éloge.
Le verset 8 dit : « Ta stature ressemble au palmier, et tes seins
à des grappes. » Par le passé, il n’y avait ni croissance, ni perfection,
ni maturité ; il n’y avait donc pas de stature. Désormais, la jeune
fille est mûre, et a donc acquis une certaine stature. Un palmier est
haut et droit, et représente le Seigneur dans la Bible. En la
décrivant comme un palmier, on sous-entend qu’elle a la stature
de la plénitude de Christ (Ep 4.13). Les racines du palmier absor-
bent les eaux vives, et bien que le soleil dessèche les feuilles et les
L’ŒUVRE DE DIEU 99

branches, ce palmier pousse toujours sans problème. Même si les


croyants ont parfois à subir de grandes épreuves dans le désert, ils
n’en sont pas affectés parce qu’ils sont unis à Christ et peuvent
toujours grandir.
« Tes seins [sont comme] des grappes. » Nous voyons à nouveau
que la jeune fille progresse dans le Seigneur. A l’origine, les seins
sont pour l’allaitement et non pas simplement pour l’amour. Quand
vous êtes jeunes, vous faites davantage cas de l’amour. Mais en
mûrissant, vous prenez conscience de l’importance de la
nourriture. Ici, l’accent est mis sur le fait de nourrir ; les seins sont
comme des grappes de raisin, bonnes à manger et bonnes à nourrir
les autres.
Les versets 9 et 10a disent : « J’ai dit : je monterai au palmier,
j’en saisirai les fruits ! Que tes seins soient comme des grappes de
raisin, le parfum de ton souffle comme celui des pommes, et ta
bouche comme le vin du bonheur... » [Note du traducteur : c’est ici
que s’arrête le discours du Seigneur.] « Je monterai au palmier, j’en
saisirai les fruits ! » Il semble que le Seigneur tente de s’embrasser
Lui-même en saisissant la stature des croyants. Il veut communier
avec les croyants. On dirait que ce n’est pas le moment pour ces
derniers de poursuivre le Seigneur, mais que le temps est venu
pour le Seigneur de poursuivre les croyants. Quand ceux-ci
expriment vraiment la vie du Corps de Christ (c’est-à-dire sont liés
entre eux comme les branches d’un arbre), le Seigneur a grande
envie de communiquer avec eux. Cela est très différent du verset 3
du chapitre 2, qui décrit la jeune fille assise à Son ombre ! Le
Seigneur évoque trois choses en particulier qui Le satisfont.
Premièrement, Il parle de la capacité de la jeune fille à nourrir les
autres. Sa parole est une bénédiction, et II espère que cette capacité
va croître encore. Deuxièmement, Il parle de son intuition. Il
n’insiste pas sur la fonction de cette dernière, mais sur son parfum.
Pour que le parfum de son souffle soit comme l’orange bergamote
(« pommes » peut se traduire « orange bergamote »), il faut d’abord
manger l’orange bergamote. Ceux qui ont mangé Christ ne peuvent
qu’exhaler Son parfum. Troisièmement, Il déclare : « Ta bouche
comme le vin du bonheur (meilleur vin, lit.) ... » Cela signifie qu’elle
a « goûté les puissances du siècle à venir » (Hé 6.5). Le meilleur vin
100 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

doit faire référence au vin du millenium (Jn 2.10 ; Mt 26.29). Elle


est capable de procurer au Seigneur ce goût si plaisant.
II. ŒUVRER AVEC LE SEIGNEUR (7.10B-13)
Le verset 10b dit : « Il coule tout droit pour mon bien-aimé, il
glisse sur les lèvres de ceux qui dorment ! » Le Seigneur parlait dans
la première partie du verset. Maintenant, la jeune fille peut
poursuivre là où le Seigneur s’est arrêté car elle ne fait qu’un avec
Lui. Le vin coule tout droit pour son Bien-aimé, ce qui signifie que
tous deux ont eu un avant-goût de la bénédiction à venir ; mais
cette expérience ne leur était pas uniquement réservée. En effet,
beaucoup d’autres, endormis, ont aussi goûté ce vin. « Ceux qui
dorment », comme « endormie » (5.2) n’a pas de connotation néga-
tive. De plus, ceux qui dorment sont dans la même position que le
Bien-aimé. Ils font donc référence à ceux qui ont perdu conscience
d’eux-mêmes. Ils ont perdu conscience d’eux-mêmes et ne vivent
que pour Dieu.
Le verset 11 du chapitre 7 dit : « Je suis à mon bien-aimé, et ses
désirs (se portent) vers moi. » Elle se préoccupe de son Bien-aimé.
Elle ne pense plus à elle-même. Il semble qu’elle soit même prête à
perdre son Bien-aimé, si cela peut faire plaisir à ce dernier. Elle
veut seulement savoir si son Bien-aimé la désire. Elle sait qu’elle
Lui appartient et cela lui suffit. Son vieil égoïsme a disparu. Au
début, elle se souciait peu d’appartenir à son Bien-aimé. Elle se
disait toujours qu’il était à elle. A présent, c’est le contraire, parce
qu’elle a fait une expérience profonde : elle dit qu’elle appartient à
son Bien-aimé. En fait, au cours de notre quête spirituelle, le moi
est constamment à l’œuvre, et nous ne réalisons pas assez qu’il
occupe toujours une grande place en nous.
Maintenant, nous ne pensons plus à notre propre plaisir, mais
à ce que le Seigneur désire. Le but de notre vie est d’être l’objet de
Son désir. Il ne s’agit plus désormais de ce que nous ressentons,
gagnons, perdons, ou faisons. Ce qui importe c’est d’être à Lui, et
qu’il nous désire.
Arrivé à ce stade où il a été vraiment discipliné par le Seigneur,
un croyant peut commencer à œuvrer avec Lui. Il est tellement
rempli du Seigneur, qu’il peut désormais entreprendre quelque
L’ŒUVRE DE DIEU 101

chose. Aux yeux du monde, il peut sembler que c’est lui qui conçoit
le travail, mais en fait, c’est le Seigneur en lui. Puisque l’union entre
la jeune fille et le Seigneur est tellement parfaite, on peut lui faire
confiance dans ce qu’elle accomplit, et elle peut désormais
prononcer les paroles du verset suivant.
Le verset 12 dit : « Viens, mon bien-aimé, sortons dans les
champs, passons les nuits dans les villages ! » « Sortons dans les
champs. » Désormais, ni elle ni le Seigneur n’agissent chacun
séparément, mais toujours ensemble, d’où le mot « sortons ».
Puisque la jeune fille est libérée d’elle-même, elle est aussi délivrée
de toutes les mesquineries. Elle ne se préoccupe plus uniquement
de ses réunions, son travail, son église mais s’intéresse aux «
champs », c’est-à-dire au monde et à tout ce qui s’y passe. Elle n’a
pas son œuvre à elle, son propre lieu de ministère. Elle est
totalement au service du Seigneur.
« Passons les nuits dans les villages. » Le mot « villages » est au
pluriel. Elle a pleinement adopté la vie voyageuse du Seigneur. Elle
ne désire plus une maison, mais elle veut visiter non pas un seul
endroit, mais plusieurs villages. Elle suit le Seigneur et recherche
les brebis égarées et blessées. Une personne au service du Seigneur
devrait non seulement avoir à cœur le monde, mais aussi posséder
les caractéristiques de pèlerin.
Le verset 13 dit : « Au petit matin nous irons aux vignobles, voir
si la vigne bourgeonne, si la fleur s’ouvre, si les grenadiers
fleurissent. Là, je te donnerai ma tendresse. » Elle ne se concentre
plus sur sa propre vigne, mais sur les vignes en général. En fait,
elle ne voit plus qu’elles. Lorsqu’un croyant commence à œuvrer
pour le Seigneur, il doit être délivré de la tentation de s’occuper des
vignobles, pour prendre soin de sa propre vigne. Mais une fois
délivré du moi, bien qu’il soit toujours responsable de ce que Dieu
lui a confié, il peut aussi s’occuper des vignobles. L’œuvre du Sei-
gneur est maintenant celle de la jeune fille, tandis qu’auparavant
l’œuvre de la jeune fille était celle du Seigneur. Je ne dis pas qu’elle
a perdu son individualité, mais maintenant, elle axe son ministère
sur l’édification de son prochain. Cela s’adresse à ceux qui sont
déjà capables de garder leurs propres vignes.
102 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

« Au petit matin », indique sa diligence. Dans l’œuvre du Sei-


gneur, travailler au petit matin est indispensable. La paresse n’est
pas l’une des caractéristiques de la vie du Seigneur. Seuls ceux qui
sont spirituels peuvent être empressés pour le Seigneur. Il existe
d’une part une activité qui est charnelle, et d’autre part une passi-
vité ou paresse provenant du vieil homme. Nous devrions rejeter
ces deux extrêmes. La différence entre la diligence et la paresse
réside dans l’utilisation du temps. C’est pourquoi l’apôtre nous a
chargés de racheter le temps (Ép 5.16 ; Col 4.5).
La jeune fille descend dans les vignes avec le Seigneur pour «
voir si la vigne bourgeonne, si la fleur s’ouvre, si les grenadiers
fleurissent ». Avec Lui, elle observe les signes de vie et les endroits
qui laissent espérer des fruits. Elle est libérée, et s’intéresse aux
affaires de chaque saint. Elle se soucie même du croyant le moins
mûr, du moment qu’en lui il y a un petit signe de vie et l’espoir qu’il
porte des fruits. La question n’est pas de savoir de qui ces croyants
sont nés, ni s’ils assistent ou non à nos réunions, mais plutôt de ce
qu’ils peuvent rendre au Seigneur. La communion si parfaite de la
jeune fille avec le Seigneur dans Son œuvre résulte d’une union
complète avec Lui.
« Là, je te donnerai ma tendresse (mes amours, lit.). » « Là » re-
présente les champs, les villages et les vignes, c’est-à-dire l’œuvre
du Seigneur. Tout en œuvrant avec le Seigneur, nous Lui « donnons
nos amours ». C’est merveilleux ! Par le passé, servir le Seigneur
était comme une distraction qui faisait que la jeune fille perdait la
communion à Ses pieds. Pour le croyant qui manque de maturité,
le service ne contribue pas à accroître son amour pour le Seigneur
; au contraire, il place une barrière entre lui et le Seigneur. C’est
signe d’une union imparfaite. Mais la jeune fille est arrivée au
sommet de ses expériences et ne peut désormais plus dissocier le
Seigneur Lui-même de Son œuvre, des « champs », et des frères et
sœurs en Christ. Elle peut maintenant manifester son amour
envers le Seigneur par son service, là où II œuvre. Elle Le sert sans
aucun reproche intérieur et n’a plus peur que sa relation avec Lui
en souffre.
Le verset 14 dit : « Les mandragores exhalent leur parfum, et
nous avons à nos portes tous les fruits exquis, les nouveaux comme
L’ŒUVRE DE DIEU 103

les anciens : mon bien-aimé, je les ai réservés pour toi. » La man-


dragore est une plante d’amour (Gn 30.14) ; elle symbolise l’union
entre époux. Au milieu de cette scène, alors que l’union a été si
parfaitement consommée, comment les mandragores n’exhalent-
ils pas leur parfum ?
« A nos portes. » C’est bien commode. Bien que la jeune voyage
de village en village, elle n’a pas besoin d’aller loin pour trouver des
fruits. Les « portes » sont les endroits que Dieu nous a assignés, et
nous y trouverons des fruits. Et la jeune fille n’en cherche pas une
seule sorte, mais des fruits de tous genres. Avant d’être délivrée
d’elle-même, elle ne reconnaissait pas le fruit en quiconque ne le
manifestait pas selon ses critères personnels. Maintenant, elle se
rend compte qu’il y a plus d’une sorte de fruits agréables. Il y en a
des nouveaux et des anciens. La jeune fille s’aperçoit que les fruits
diffèrent selon les personnes. Elle réalise qu’il n’y a qu’un seul
Seigneur Jésus et une seule nouvelle création, mais que tout le
monde ne porte pas le même fruit. « Car le fruit de la lumière
consiste en toute sorte de bonté, de justice et de vérité. » La récolte
de tous ces fruits vise la gloire du Seigneur, et ne sert pas à se
vanter. Nous travaillons avec le Seigneur dans Son œuvre, mais
toute la gloire Lui revient.
SIXIEME PARTIE

LE SOUPIR DE LA CHAIR (8.1-14)

I. LE SOUPIR POUR LA DÉLIVRANCE DE


LA CHAIR (8.1-4)
Plus un croyant est unit au Seigneur comme la jeune fille, plus
il sera conscient de l’homme extérieur et de la chair. II est vrai que
l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour, mais l’homme
extérieur se détruit aussi de jour en jour. Bien que le Saint-Esprit
anime le corps, celui-ci reste mortel. La puissance de Dieu s’accom-
plit dans notre faiblesse, mais le corps est néanmoins toujours
source de frustration. Donc plus un croyant progresse dans la
sanctification, plus il sera conscient des limites de sa chair. Bien
qu’il ait les prémices de l’Esprit, il soupirera inévitablement en lui-
même (ainsi que toute la création) en attendant la rédemption de
son corps. Quand nous vivons par la chair, nous ne ressentons pas
le besoin du rachat de notre corps. Mais plus notre union avec le
Seigneur approche de la perfection, plus nous réalisons que même
si le corps n’est pas un obstacle, il constitue, au moins, une
faiblesse. Ainsi, la rédemption du corps devient une grâce néces-
saire.
Au verset 1 du chapitre 8 du Cantique des Cantiques, on lit : «
Oh ! Si tu étais mon frère, nourri au sein de ma mère ! Je te ren-
contrerais dehors, je t’embrasserais, et l’on ne me mépriserait pas.
» En réalité, la jeune fille dit au Seigneur : « J’aimerais être plus
intimement liée à Toi que je ne le suis actuellement. J’aimerais que
Tu sois mon frère dans la chair, et que ma relation avec Toi devant
Dieu soit évidente pour les hommes. Ensuite, je ne serai plus
méprisée en Te confessant et en reconnaissant mon amour pour
Toi publiquement. Puisque je suis encore dans le monde, je suis
consciente de mes insuffisances, et je ne peux me comporter envers
Toi comme mon cœur le désire. Au début, je sollicitais Tes baisers
; je Te recherchais et je recherchais Ton amour. Maintenant, je
désire T’embrasser, T’exprimer mon amour et Te satisfaire. Mais
ma chair fait barrière. Tu ne T’es pas encore révélé comme mon
frère. C’est pourquoi, tant que je reste dans le monde, je ne peux
m’empêcher de penser que je ne T’ai pas servi comme je l’aurais
LE SOUPIR DE LA CHAIR 105

dû. »
Le verset 2 dit : « Je te conduirais, je t’introduirais dans la mai-
son de ma mère ; tu m’instruirais (ou elle m’instruirait, variante,
Darby), et je te ferais boire du vin parfumé, du jus de mes grenades.
» Elle continue en disant : « En ce jour-là, ce sera comme si je Te
menais dans la Jérusalem céleste. Je serai pour toujours enseignée
par la grâce. Aujourd’hui, tous mes fruits servent à produire du vin
doux, ce vin qui sera Ta joie éternelle. Je ne conserverai aucun des
fruits spirituels que j’ai reçus de Toi. Ce jour-là, toutes les grenades
produiront du vin parfumé. Je Te donnerai tout ce que j’ai, pour
Ton plaisir. »
Le verset 3 dit : « Que sa (main) gauche soit sous ma tête, et que
sa droite m’embrasse ! » La jeune fille poursuit : « En ce jour, Sa
main gauche sera sous ma tête, et II soulèvera mon visage pour que
je Le vois. Sa main droite m’embrassera, et je reposerai sur Son
sein. J’attends ce jour avec impatience. Qu’il arrive sous peu ! »
Le verset 4 dit : « Je vous en conjure, filles de Jérusalem,
n’éveillez pas, ne réveillez pas l’amour, avant qu’elle le souhaite. » «
O filles de Jérusalem, la jeune fille vit désormais dans l’attente de
l’enlèvement ; elle est entre les mains du Seigneur. Ce qu’elle
éprouve à présent suffit. Il n’est nul besoin de la réveiller. N’inter-
venez pas d’une façon charnelle avant qu’elle ne s’éveille et ne voie
Son visage. »
II. AVANT L’ENLÈVEMENT (8.5-14)
Le verset 5 dit : « Qui est celle qui monte du désert, appuyée sur
mon bien-aimé ? — Je t’ai réveillé sous le pommier ; là même où ta
mère t’a conçu, là où te conçut celle qui t’a enfanté. » À deux
reprises, ce livre parle de la jeune fille qui monte du désert. La
première fois, dans 3.6, c’était quand elle renonçait à sa vie d’er-
rance. C’est là que débuta son union totale avec le Seigneur dans
Sa mort, Sa vie et Sa grâce. Depuis lors, elle a progressé régulière-
ment, jusqu’à ce qu’elle ait complètement quitté le désert. Lors de
sa dernière expérience, elle s’est arrêtée une fois ou deux, et nous
n’osons pas dire que ces haltes étaient nécessaires, mais nous pou-
vons affirmer qu’elles étaient excusables. Or, une fois que nous
106 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

avons quitté la vie d’errance, c’est définitif. Pourquoi donc le Sei-


gneur parle-t-il de sa montée du désert une deuxième fois, comme
si elle y était encore ?
Nous devons considérer ce que signifie le désert. Pour nous, il
ne représente pas simplement une vie d’errance, mais le monde
même. Il existe un désert non seulement dans le domaine spirituel,
mais aussi dans le domaine charnel. Il faut que nous soyons
délivrés des deux. Lorsque le Seigneur règne en nous à travers le
Saint-Esprit, nous commençons à abandonner une vie d’incons-
tance. Quand nous entendrons le signal de l’enlèvement, nous
serons délivrés du monde. La croix de Christ nous délivre du désert
spirituel, et l’avènement de Christ, du désert terrestre. C’est
pourquoi la jeune fille monte une deuxième fois du désert.
Ici, le Saint-Esprit a encore posé la question par l’intermédiaire
d’un tiers. Il semble qu’il voie une jeune fille monter du désert,
appuyée sur son bien-aimé ; plus elle se rapproche, plus on la re-
connaît.
Nous voyons que l’enlèvement n’est pas subit, mais résulte
d’une marche progressive avec le Seigneur. Les hommes se
rendront compte seulement du départ des croyants. Mais il s’agit
là simplement de la dernière phase de l’enlèvement. Lorsque le
Seigneur attire un croyant et que ce dernier se détache de plus en
plus du monde, la séparation entre lui et le monde n’en devient que
plus nette. A la fin du processus, quand il se « réveillera », il se
retrouvera face au Seigneur. C’est ainsi qu’Hénoch fut enlevé. Ne
nous méprenons pas en pensant que nous serons enlevés tout à
coup ou que l’enlèvement changera notre état spirituel.
C’est le moment de nous préparer à l’enlèvement. En nous ap-
puyant sur notre Bien-aimé, nous laissons le monde derrière nous
et continuons à monter, jusqu’à ce que le Seigneur vienne nous
chercher.
« Appuyée sur son bien-aimé. » Elle semble être sans force et
incapable de marcher. Elle devient un fardeau que son bien-aimé
doit porter. « Appuyée sur son bien-aimé. » C’est comme si l’articu-
lation de sa hanche avait été touchée. Elle semble excessivement
accablée, situation qui dure apparemment jusqu’à la fin du voyage
dans le désert. Le Seigneur est le seul qui peut nous préparer à
LE SOUPIR DE LA CHAIR 107

l’enlèvement. Il est indispensable de Lui faire confiance. Nous


devrions nous abandonner totalement à Lui jusqu’à ce que le Saint-
Esprit s’exclame : « Qui est celle qui monte du désert, appuyée sur
son bien-aimé ? »
Le Seigneur répond et déclare qu’elle n’est autre que l’ancienne
pécheresse que, dans Sa grâce, Il a vue, appelée et sauvée. La mère
de la jeune fille est la grâce de Dieu. Selon la Bible, cette grâce ne
fait pas seulement référence à la patience et à la tolérance de Dieu.
Elle comprend aussi Son plan et Son élection avant la fondation du
monde, ainsi que la rédemption de Son Fils et l’œuvre du Saint-
Esprit. Quand la grâce de Dieu a touché un pécheur, elle le place
sous l’ombre de Christ. C’est là qu’il est conçu et mis au monde.
Lorsqu’il « se réveille », il baigne dans l’amour de Christ.
Le « pommier » est le même arbre que celui qui produit l’orange
bergamote dans 2.3. Il fait référence à Christ, qui est rempli d’af-
fection. Qui est cette jeune fille ? Elle n’est autre qu’une pécheresse
sauvée par la grâce. Loué soit Dieu, quand elle ouvrit les yeux pour
la première fois, ce qu’elle aperçut d’abord fut le Christ plein de
tendresse. Elle découvrit qu’elle se trouvait sous Son ombre. Voilà
les origines de la jeune fille. Il est tout à fait normal qu’elle s’en
rappelle une fois arrivée à sa maturité spirituelle !
Le verset 6 dit : « Mets-moi comme un sceau sur ton cœur,
comme un sceau sur ton bras ; car l’amour est fort comme la mort,
la jalousie est dure comme le séjour des morts ; ses fièvres sont des
fièvres brûlantes, une flamme de l’Éternel. » Quand la jeune fille se
rappelle son état originel, elle ne peut que déborder d’humilité. Elle
ne peut s’empêcher de considérer le vide de son existence, la vanité
de ce qu’elle a vécu, la précarité de ses pensées et la futilité de sa
poursuite. Son seul espoir est le Seigneur. Elle s’aperçoit que si elle
tient bon jusqu’à la fin, ce ne sera pas grâce à sa persévérance,
mais au Seigneur qui veille sur elle. Notre perfection spirituelle ne
pourra jamais nous maintenir debout jusqu’au retour du Seigneur.
Tout dépend de Dieu qui est puissant pour nous garder.
Comprenant cela, la jeune fille ne peut se retenir de s’exclamer : «
Mets-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton
bras. » L’amour vient du cœur, tandis que la force provient du bras.
« Place-moi en permanence sur Ton cœur et perpétuellement sur
108 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

Ton bras, comme un sceau. » De même que les sacrificateurs «


portaient » les Israélites sur leur poitrine et leurs épaules, souviens-
Toi de moi constamment dans Ton cœur et soutiens-moi de Ton
bras. Je suis faible et vide, je le sais, et je suis consciente de mon
impuissance. Seigneur, je suis sans défense. Si j’essaie de me
préserver jusqu’à Ton retour, cela ne fera que porter atteinte à Ton
nom et entraîner ma perte. J’ai tout misé sur Ton amour et Ta
puissance. Je T’aimais déjà, mais je sais que cet amour est
versatile. Maintenant, je me fie seulement à l’amour que Tu as
envers moi. Je T’ai embrassé autrefois, et j’avais l’impression de Te
serrer très fort. Mais je me rends compte maintenant que même ma
plus grande étreinte n’est que faiblesse. Alors je ne me fierai plus
désormais à la force de mon étreinte, mais à la force de la Tienne.
Je n’ose plus Te parler de mon amour. Je n’ose plus Te parler de
ma force. À partir de maintenant, tout dépend de Ta puissance et
de Ton amour.
« Ton amour est fort comme la mort. Qui peut braver la mort ?
Ni les soupirs des parents, ni les larmes des épouses, ni le chagrin
des amis ne peuvent ramener un homme de la mort. La mort garde
ses captifs et les retient fermement, et impitoyablement. Si Tu
m’aimes, je ne serai pas ébranlée, car Ton amour est plus fort que
la mort, c’est sûr.
« Si Tu m’aimes, Tu deviendras jaloux. Ta jalousie sera aussi
dure que le séjour des morts. Tu feras sûrement des reproches et
rechercheras la perfection en moi. Tu ne me permettras pas d’avoir
un cœur partagé. Même si je T’appartenais presque entièrement,
Tu ne serais pas satisfait. Tu ne supportes pas de voir les Tiens
salis par le monde ou accaparés par d’autres amours. Tu es jaloux
; depuis le commencement des temps Tu as été un Dieu jaloux (Ex
20.5). Tes apôtres ne nous ont-ils pas parlé de la jalousie de Dieu
(2 Co 11.2) ? Si Tu es jaloux, qui peut résister à Ta jalousie ? Qu’est-
ce qui peut lutter contre Ta jalousie ? Tu détruiras tous Tes
ennemis et tous les obstacles jusqu’à ce que Tu deviennes l’unique
Seigneur et le Roi incontesté. Ainsi, je serai protégée, et ma chasteté
sera préservée jusqu’à ce que je voie Ton visage. »
La jalousie est dure comme le séjour des morts. Qu’est-ce qui
peut être plus cruel que le séjour des morts ? Peu importe que
LE SOUPIR DE LA CHAIR 109

quelqu’un soit extrêmement aimable, agréable ou de grande valeur,


lorsque la mort vient réclamer le pécheur, les larmes, le chagrin,
ou la prière ne servent à rien. Le séjour des morts ne connaît ni la
pitié, ni la compassion, il est insensible. Il est cruel. « Puisque je
me suis consacrée à Toi en tant que vierge, si Tu vois quoi que ce
soit en moi qui Te rend jaloux, Tu T’en débarrasseras sûrement à
tout prix jusqu’à ce que Tu domines en moi. Peut-être y a-t-il des
amis affectueux, des parents proches, ou des amoureux qui implo-
rent, prient et pleurent, mais toutes ces relations ne T’intéressent
pas ; Tu ne T’occupes que de ce que Tu ressens. Mais en fait c’est
seulement ainsi que je serai préservée. »
« Ses fièvres sont des fièvres brûlantes, une flamme de l’Éternel.
» Dieu ressemble à un feu dévorant (Hé 12.29). Son amour et Sa
jalousie ressemblent aussi à un feu qui consume tout ce qui peut
être brûlé. Tout ce qui n’est pas éternel, qui est du monde et de
l’homme sera brûlé.
Le verset 7 dit : « Les grandes eaux ne peuvent éteindre l’amour,
et les fleuves (inondations, lit.) ne le submergeraient pas ; quand
un homme offrirait tous les biens de sa maison contre l’amour, on
ne ferait que le mépriser. » « Les grandes eaux » symbolisent les
épreuves que subissent les croyants. Les « fleuves » (ou inondations)
représentent les persécutions de l’ennemi. Les épreuves ne peuvent
éteindre l’amour brûlant de Dieu, et les persécutions non plus ne
peuvent l’engloutir. S’il nous aime, aucune épreuve ou persécution
ne peut nous affecter.
Cet amour ne s’achète pas. Autrement dit, il est irremplaçable.
Nous ne pouvons remplacer cet amour par « les langues des hom-
mes et des anges ». Nous ne pouvons remplacer cet amour par « le
don de prophétie, la science de tous les mystères, toute la connais-
sance, ou toute la foi ». Quand nous distribuerions tous nos biens
pour la nourriture des autres, quand nous livrerions même notre
corps pour pouvoir nous glorifier, nous serions encore méprisés.
Ces choses font simplement partie des trésors que possède un
homme. Nous ne gagnerons pas l’amour de Dieu en travaillant et
en nous dépensant davantage, en Le servant plus. Nous ne pou-
vons que nous offrir à Lui afin de devenir l’objet de Son amour.
110 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

Le verset 8 dit : « Nous avons une petite sœur qui n’à point en-
core de seins ; que ferons-nous pour notre sœur le jour où l’on
parlera d’elle (le jour de son engagement, lit.) ? » Une personne qui
vit dans l’amour du Seigneur ne peut oublier qu’il y en a d’autres
qui en ont aussi besoin. Avant de partir voir le Seigneur, la jeune
fille se souvient de ceux qui sont moins mûrs qu’elle. Elle parle de
sa petite sœur, qui a la vie de Dieu en elle, mais ne s’est pas encore
vraiment prise d’affection pour le Seigneur parce que sa foi et son
amour sont toujours limités. La jeune fille est déjà pleinement unie
au Seigneur. C’est pourquoi elle peut Lui exprimer librement tous
ses sentiments.
« Que ferons-nous pour notre sœur le jour où l’on parlera d’elle
(le jour de son engagement, lit.) ? » La petite sœur ne sait pas encore
ce qu’est une vie d’amour (ses deux seins ne sont pas développés).
Mais lorsque l’Amant éternel la guidera dans une communion
d’amour par le Saint-Esprit, que ferons-nous d’elle ? Nous nous
soucions des « petites sœurs » et sommes chargés de nous en occu-
per. En effet, le Seigneur ne peut être satisfait de leur état. Une
demande en mariage est indispensable dans la vie d’un croyant.
Bien que chaque croyant soit absolument libre d’accepter ou de
refuser, le Seigneur fait Sa demande à chacun. Comment devrions-
nous aider notre petite sœur ?
La jeune fille parle ici de ceux dont elle s’est toujours occupée
et qui sont plus jeunes qu’elle ; elle s’entretient d’eux avec le Sei-
gneur. Puisqu’elle vit pleinement dans la volonté du Seigneur, elle
peut dire : « Nous avons... » Elle sait, en effet, que ses soucis et ses
désirs sont les mêmes que ceux du Seigneur. C’est pourquoi elle dit
: « Nous. » L’union est totale. Par conséquent, les prières ne sont
plus des demandes, mais l’énonciation de la volonté de Dieu.
Le verset 9 dit : « Si elle est une muraille, nous bâtirons sur elle
des créneaux d’argent ; si elle est une porte, nous disposerons sur
elle une planche de cèdre. » « Si elle est une muraille. » Si la petite
sœur a en elle la vie de Dieu et a été poussée de ce fait à construire
une « muraille » pour se protéger de ce qui vient du monde, alors «
nous bâtirons sur elle des créneaux d’argent », c’est-à-dire tout ce
qui est noble, ce qui provient de la rédemption. Si, grâce au Saint-
Esprit, elle s’est détachée du monde, nous « bâtirons » sur elle le
LE SOUPIR DE LA CHAIR 111

fruit de la rédemption. Si elle est une porte, d’autres parviendront


à la connaissance de Dieu grâce à elle. « Nous disposerons sur elle
une planche de cèdre », c’est-à-dire nous lui ajouterons l’humanité
céleste de Christ. (Le bois signifie l’humanité, tandis que le cèdre
est grand. Le bois de cèdre représente donc l’humanité céleste et
glorifiée de Christ, ainsi que Sa vie humaine céleste.) La jeune fille
n’agit plus selon sa volonté propre ; elle œuvre avec le Seigneur.
Bien que les mots sortent de sa bouche, ils expriment la pensée du
Seigneur.
Le verset 10 dit : « Je suis une muraille, et mes seins en sont
comme les tours ; aussi ai-je été à ses yeux comme celle qui trouve
la paix. » « Je suis une muraille. » Je suis déjà une personne mise
à part ; le Seigneur m’a séparée de tout ce qui est impur, et sans
intérêt. « Mes seins en sont comme les tours. » Ma foi et mon amour
résultent de ma séparation du monde. Je suis maintenant une
personne qui a obtenu la paix à Ses yeux. Cela signifie que je peux
me reposer. La paix (comme la foi et l’amour) résulte donc du fait
que la jeune fille est mise à part. Cette dernière donne un court
témoignage dans lequel on ne constate aucune marque d’amour-
propre. Elle peut dire qu’elle est une muraille, et que ses deux seins
sont des tours, mais aux yeux du Seigneur, elle se considère
simplement comme quelqu’un à qui le Seigneur a donné la paix.
Le verset 11 dit : « Salomon avait une vigne à Baal-Hâmon ; il
remit la vigne à des gardiens ; chacun apportait pour son fruit mille
(pièces) d’argent. » Avant que les croyants soient enlevés, le Saint-
Esprit attire leur attention sur une chose — la récompense pour
leur travail. Salomon a ses vignes ; ce sont ses champs, et il les
loue aux gardiens. L’œuvre du Seigneur ne nous appartient
pas<N>; nous ne serons toujours que les intendants. Nous nous
contentons de gérer Ses affaires. Dès Son retour, ce qu’il nous a
confié Lui sera restitué.
« Baal-Hamôn » signifie « le seigneur de tous », ce qui implique
que le Seigneur, comme Salomon, est le Seigneur de tout ; Il est
aussi notre Seigneur. Salomon ordonna que les gardiens conser-
vent les fruits ; mais en échange des fruits récoltés, ils devraient
donner à Salomon mille pièces d’argent. Le Seigneur nous donnera
aussi le « fruit » de notre récolte ; ce sera notre récompense. Rien
112 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

de ce que nous faisons pour le Seigneur n’est vain. Nous serons


récompensés même pour un verre d’eau que nous donnons.
« Chacun apportait pour son fruit mille (pièces) d’argent. » Sa-
lomon aura aussi sa part. Les mille pièces d’argent représentent le
montant que nous devons donner au Seigneur. Cela est différent
de ce qui est écrit dans Luc 19 et Matthieu 25, où nous donnons
au Seigneur en proportion de ce qu’il nous avait confié. Ici, les mille
pièces d’argent constituent ce que chaque gardien devrait rendre
au Seigneur. Quand nous nous trouverons devant le tribunal de
Dieu, le Seigneur exigera un minimum de chacun d’entre nous. Ce
minimum est représenté par les mille pièces d’argent mentionnées
ici.
Le verset 12 dit : « Mon vignoble à moi, je l’ai devant moi. À toi,
Salomon, les mille (pièces) dont (et, lit.) deux cents à ceux qui gar-
dent le fruit ! » La jeune fille se distingue maintenant des autres
gardiens. En effet, Salomon lui a donné une vigne autrefois. Cette
vigne est désormais « devant moi », ce qui signifie qu’elle appartient
à la Sulamite (Gn 13.9), et que celle-ci la gère. D’après la loi, les
gardiens devraient payer à Salomon mille pièces d’argent. Puisque
la jeune fille l’aime, devrait-elle faire moins que ce que la loi exige ?
Bien sûr que non ! Elle devrait donner à Salomon mille pièces
d’argent. Ici, nous voyons deux sortes de service. Certains servent
selon la loi, tandis que d’autres servent selon l’amour. Certains
servent par peur, d’autres par gratitude. Certains servent par
devoir, et pour d’autres, c’est leur joie. Bien que la jeune fille soit
plus avancée spirituellement, et qu’elle ait une relation d’amour
avec le Seigneur, ce qui la distingue des autres qui Le servent par
devoir, elle ne donne pas moins que ce qu’exige l’obéissance au Sei-
gneur.
Salomon n’est pas le seul à recevoir quelque chose ; ceux qui
gardent les fruits reçoivent eux aussi quelque chose. La jeune fille
loue, à juste titre, ceux qui l’aident dans son travail. Elle ne
s’empare pas de la part qui leur est due. Puissent les enfants de
Dieu ne pas usurper l’honneur que méritent leurs compagnons.
Quand le Seigneur récompensera ses serviteurs, la jeune fille
sera comptée parmi ceux qui gardent les fruits ; elle recevra deux
LE SOUPIR DE LA CHAIR 113

cents pièces d’argent. Selon la loi, elle ne devrait recevoir que les
fruits et pas l’argent (Ct 8.11). Toutefois, tous ceux qui servent le
Seigneur par amour découvriront que, lorsqu’ils ne considèrent pas
l’œuvre du Seigneur comme une entreprise commerciale, le
Seigneur ne les récompensera pas non plus sur une base commer-
ciale. En plus de ses fruits, la jeune fille reçoit aussi du Seigneur
une part de gloire. C’est dans Matthieu que l’on trouve la notion du
tribunal. Si le Saint-Esprit soulève le sujet de la récompense pour
le travail fourni, c’est parce que ce sujet correspond au thème
fondamental du livre : l’amour. Ici, en effet, ce n’est pas sur la res-
ponsabilité qu’il met l’accent, mais sur l’amour.
Le verset 13 dit : « Habitante (habitant, lit.) des jardins ! Des
amis sont attentifs à ta voix. Fais-la moi entendre ! » « Habitant »
renvoie au Seigneur. « Les jardins » sont au pluriel. Le Seigneur
demeure non seulement dans le jardin de la jeune fille (6.2), mais
aussi dans de nombreux jardins. Il est le Seigneur qui habite le
cœur des hommes. Il ne réside pas uniquement dans le cœur de
celui qui est pleinement consacré, mais aussi dans le cœur de ceux
en qui Il prend plaisir. C’est pourquoi la jeune fille Lui parle ainsi.
Elle Lui dit : « Des amis sont attentifs à ta voix. » Donc ils
L’écoutent. Tous ceux qui recherchent le Seigneur avec la jeune fille
adoptent la même attitude car ils ont été disciplinés. Ils savent
qu’ils doivent être lents à parler pour être prompts à écouter. Tout
comme la jeune fille, ses amis ne sont plus aussi bavards ; ils ne
s’étendent plus sur leur état spirituel après une expérience
quelconque. Ils ne parlent plus pour le plaisir de parler. Ceux qui
ne peuvent s’empêcher de dire des banalités vivent encore d’une
manière terrestre. Mais les « amis » du verset 13 se comportent
comme des auditeurs. Ils savent que leur vie dépend des paroles
du Seigneur et leur service de Ses ordres. Ils se contenteront
d’écouter, car ils ne peuvent, ni ne veulent, plus agir par eux-
mêmes. Si le Seigneur ne leur parle pas, ils n’auront ni révélation,
ni lumière, ni connaissance. La vie des croyants dépend
entièrement des paroles du Seigneur.
LE SOUPIR DE LA CHAIR 114

« Oh ! Seigneur, nous prêtons l’oreille, fais-nous entendre Ta


voix. Si ceux qui cherchent trouvent, et si la porte s’ouvre pour ceux
qui frappent, rends-nous capables de T’écouter. Si l’Éternel ne
nous parle pas, nous serons comme ceux qui sont morts. Quel
intérêt y a-t-il à entendre quelque chose si l’on ne le saisit pas
véritablement ? Or seule Ta voix peut nous guider jusqu’à Ton
retour. » La jeune fille a désormais appris sa leçon ; c’est pourquoi
elle offre une prière si profonde vers la fin.
Le verset 14 dit : « Prends la fuite, (« dépêche-toi », version an-
glaise) mon bien-aimé ! Sois semblable à la gazelle ou au faon des
biches sur les monts des aromates ! » Ce sont les mêmes mots, la
même prière que dans 2.17. C’est la même prière, mais on ne fait
pas référence aux mêmes choses. Ce livre parle deux fois du désert,
et de la même manière, il fait deux fois mention de l’avènement du
Seigneur « semblable à la gazelle ou au faon des biches sur les
monts des aromates ». Dans 2.17, on renvoie au désir du Seigneur
d’avoir une communion absolue avec les croyants. Mais à ce
moment-là, les ombres n’avaient pas fui et le jour ne s’était pas
encore levé, c’est-à-dire le Seigneur n’était pas encore arrivé. On
soulignait la communion. C’est pourquoi nous avons vu le Seigneur
sur les montagnes de Béther (les montagnes « qui séparent ») ; Il
enlevait tout ce qui séparait les croyants de Lui. Mais ici on fait
référence à la seconde venue du Seigneur, qui aura lieu peut-être
bientôt, mais nous ne savons pas quand. A l’inverse du chapitre 2,
il n’y a pas ici de limite de temps. Il n’est pas question de la
communion ; c’est pourquoi ce verset ne parle pas des montagnes
de Béther mais des monts des aromates. Il décrit ce qui est
nécessaire à l’avènement du Seigneur et de Son royaume : le monde
sera alors merveilleux, comme les monts d’aromates.
Alors, l’expérience de la jeune fille se fondra dans les cieux,
comme une goutte d’eau disparaît dans l’océan. La jeune fille sera
parvenue à la plénitude. Seul son corps restera sur terre. Elle aura
été enlevée auprès du Seigneur. C’est pourquoi elle ne peut
s’empêcher de s’écrier : « Dépêche-toi, mon bien-aimé » (version
anglaise). « Viens vite, comme la gazelle ou le faon des biches. Tout
comme la gazelle ou le faon des biches apparaît sur les monts des
aromates, puisses-Tu entrer dans Ton règne. » L’amour a été rendu
parfait, mais quelque chose manque encore. Dès l’arrivée du
Seigneur, nous verrons concrètement ce que nous percevions
auparavant par la foi, et la louange remplacera la prière. L’amour
sera consommé, et nous Le servirons là où le péché ne règne plus.
Quel jour ce sera ! Seigneur Jésus, viens vite !
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