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Bernard Feltz
de penser la place de la science et de la technique
dans le développement de nos sociétés. Bernard Feltz
L’homme moderne fait confiance à la science, à la rationalité, aux droits
de l’homme. Le vingtième siècle, avec les guerres mondiales, les guerres
de décolonisation, avec la crise écologique, conduit à une remise en cause
LA SCIENCE
du concept de progrès qui sous-tend le projet moderne, à tel point que
d’aucuns parlent de « crise de civilisation ».
Cet ouvrage porte un regard neuf sur la place de la science dans l’évolution
de nos sociétés. Il s’appuie sur la philosophie des sciences pour penser les
impacts des découvertes scientifiques sur nos systèmes de signification
ET LE VIVANT
religieux ou athées, sur les développements technologiques, sur les
problèmes écologiques. Il aborde les questions éthiques en lien avec les
évolutions scientifiques. Il analyse l’apport des neurosciences dans notre
conception de l’humain comme être libre.
La démarche débouche sur le concept de « modernité critique » qui
propose une réponse « moderne » à la crise. L’attitude « critique » vise
Philosophie des sciences
LA SCIENCE ET LE VIVANT
une attention à la pertinence et aux limites de la démarche scientifique.
Elle permet un développement technologique au service de l’humain, une
appréhension globale des problèmes écologiques, une prise en compte
des dimensions éthiques de l’existence. Elle permet enfin une évolution
et modernité critique
internationale ouverte à une authentique diversité culturelle.
Un essai original qui éclaire les défis majeurs de notre époque.
Bernard Feltz
Biologiste et philosophe de formation, professeur de philosophie des sciences à
l’Université catholique de Louvain, Bernard Feltz y assure des cours à la Faculté de
philosophie, arts et lettres de même qu’à la Faculté de médecine, à la Faculté des
sciences et à la Faculté des bioingénieurs. Ancien président de l’Institut supérieur de
philosophie, ses nombreuses publications portent à la fois sur la dynamique interne
de la science et sur les impacts des développements scientifiques dans l’évolution
de la société.
SCIVIV
ISBN 978-2-8041-7144-5
www.deboeck.com
La science et le vivant
Bernard Feltz
Introduction................................................................................. IX
Conclusion................................................................................. 243
Index........................................................................................... 249
VII
Introduction
IX
Introduction
X
Introduction
XI
Introduction
XII
Introduction
XIII
Introduction
XIV
Chapitre 1.
Science et vérité
une introduction à la philosophie
des sciences
Introduction
Les rapports entre science et vérité constituent une question fonda-
mentale de la philosophie des sciences. Cette question essentielle est au
cœur de débats qui traversent tout le XXe siècle. Elle renvoie au rapport
entre le discours scientifique et la réalité qui fonde la légitimité du statut
privilégié de la science dans notre société. Plusieurs traditions se sont
confrontées en philosophie des sciences. Nous voudrions, en un pre-
mier temps, procéder à une présentation historique de cette confron-
tation. Jusqu’aux dernières décennies du XXe siècle, la philosophie des
sciences s’articulait essentiellement à la physique, branche dominante
de la science à l’époque. L’historique proposé rejoint donc les questions
liées à la philosophie de la physique. Il nous paraît également opportun,
en un deuxième temps, de proposer une approche qui concerne plus
spécifiquement les sciences de la vie : il s’agira d’analyser les caractéris-
tiques principales du paradigme de la biologie contemporaine. En une
partie conclusive, les enjeux philosophiques et les conséquences pour
une pratique scientifique seront explicités.
1
La science et le vivant
a. Notions préliminaires
Énoncé singulier et énoncé universel
La plupart des énoncés de la vie courante sont des énoncés singuliers.
Cet après-midi, le soleil brillait sur Bruxelles.
Les oiseaux que je vois sur ce fil sont tous bruns.
Cette solution aqueuse est très acide.
La particularité de ces énoncés est qu’ils se réfèrent chacun à des
situations précises, situées ponctuellement dans l’espace et dans le temps.
Chacun de ces énoncés, aussi appelés énoncés d’observation, peut faire
l’objet d’une vérification, immédiate ou différée, par l’interlocuteur.
À côté de ces énoncés, d’autres présentent des caractéristiques
tout à fait différentes.
Tout corps matériel à la surface du globe est attiré par la terre en
fonction de la gravitation universelle.
Dans les organismes supérieurs, les cellules somatiques se divisent
par mitose.
Si on met un acide en présence d’une base, on obtient un sel plus
de l’eau.
Il fait clair tous les soirs à dix heures.
2
Science et vérité
Induction et déduction
À cette distinction entre deux types d’énoncés est liée une autre dis-
tinction : celle entre deux types de raisonnements. Dans le premier, une
accumulation d’énoncés singuliers conduit à un énoncé de type géné-
ral : c’est l’inférence inductive. Par exemple, l’observation, de multiples
fois répétées, que l’eau gèle à 0˚C dans des conditions normales de pres-
sion conduit à l’affirmation générale : « l’eau gèle toujours à 0˚C dans
les conditions normales de pression ». Dans l’inférence inductive, on a
donc passage d’énoncés particuliers à un énoncé général.
Inversement, dans le second, le raisonnement déductif relie des
énoncés généraux à des énoncés particuliers, un des objectifs de la
logique étant de préciser les conditions de validité de tels raisonnements.
Par exemple :
Tous les corbeaux sont noirs.
Cet oiseau est un corbeau.
Donc il est noir.
On a bien ici passage d’un énoncé général à un énoncé particulier
par un raisonnement déductif.
Précisons encore que la validité d’un raisonnement n’a rien à voir
avec la valeur de vérité des divers énoncés.
Par exemple :
Il pleut tous les lundis.
On est lundi.
Donc il pleut.
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La science et le vivant
1 Hempel, C.G. (1965), « Studies in the Logic of Explanation », in Hempel C.G., Ed. Aspects
of Scientific Explanation, The Free Press, New York, London, p. 249.
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Science et vérité
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La science et le vivant
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Science et vérité
b. Le concept d’observation
La conception inductiviste
La conception inductiviste de la science repose sur la présupposition
d’une observation objective, neutre, de la part du scientifique. L’obser-
vation est donc considérée comme pure réceptivité à la réalité qui se
donne immédiatement. On trouve là une conception passive de l’obser-
vation, où tous les humains en situation analogue auront des visions
identiques du phénomène observé.
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La science et le vivant
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Science et vérité
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La science et le vivant
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Science et vérité
2. K. Popper et le falsificationisme
Karl Popper (1902-1994) s’oppose à une logique inductiviste dans l’évo-
lution des théories scientifiques. Pour Popper, le scientifique ne tire pas
la loi de l’expérience. Sur la base d’une série d’observations, le scienti-
fique construit la loi qu’il confronte à l’expérience selon une procédure
très rigoureuse. Une analyse logique de cette confrontation va s’avé-
rer importante pour bien en préciser la signification épistémologique.
Cette analyse va montrer l’importance de la relation d’implication. C’est
pourquoi il nous faut tout d’abord présenter cette notion.
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La science et le vivant
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Science et vérité
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Science et vérité
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La science et le vivant
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Science et vérité
positions qui se sont avérées très vite falsifiées pour rejeter l’ensemble
du système darwinien. Au contraire, les néodarwiniens se sont efforcés
d’intégrer les apports de la génétique mendélienne, puis morganienne,
à l’intuition darwinienne de « sélection naturelle », ce qui a donné lieu à
ce que l’on appelle la « théorie synthétique de l’évolution »1.
C’est le point de vue propre d’auteurs tels que Th. Kuhn et I. Laka-
tos d’avoir envisagé l’activité scientifique d’emblée dans sa dimension
historique et d’avoir par conséquent rencontré dès l’abord cette objec-
tion à la position poppérienne. Nous allons maintenant évoquer leurs
perspectives.
1 Nous reviendrons plus loin sur l’historique des théories de l’évolution. La théorie synthé-
tique date des années 1930-1940. Elle constitue une étape importante de la théorie néodarwi-
nienne, qui intégrera ultérieurement les apports de la biologie moléculaire, notamment avec les
travaux de J. Monod.
2 Kuhn, Th. (1983), La structure des révolutions scientifiques, Paris, Flammarion (The Univer-
sity of Chicago Press, 1962, 1970).
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La science et le vivant
1 Kuhn développe également deux autres exemples pour introduire le concept de crise : l’ap-
parition de la théorie de Lavoisier sur la combustion de l’oxygène et l’apparition de la théorie de
la relativité (1983, p. 102-111).
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Science et vérité
1 Ibid. p. 148.
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1 Ibid. p. 104.
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Science et vérité
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La science et le vivant
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Science et vérité
a. Le courant vitaliste
Pour le vitaliste, le vivant doit être appréhendé selon une méthodologie
toute différente de la matière inerte. Un des derniers vitalistes, qui a
poussé les intuitions à un niveau de précision inégalé, est H. Driesch
(1867-1941). Ses conceptions reposent sur ses expériences sur la larve
Pluteus de l’Oursin.
Aux tout premiers stades de développement de l’embryon,
Driesch dissocie les deux premières cellules et observe que chaque
demi-germe produit une larve, de taille réduite, mais normale et com-
plète. L’expérience contraire ainsi que d’autres combinaisons sont éga-
lement possibles. Sous certaines conditions, de la fusion de deux germes
éclôt une seule larve géante. Par ailleurs, si l’on écrase un embryon entre
deux plaquettes de verre, il évoluera en une larve normale, en dépit de la
grave désorganisation que l’opération apporte à sa structure cellulaire.
Devant de telles expériences, Driesch conclut à une violation des
lois de la physique. Pour lui, une science biologique doit se construire
sur de tout autres présuppositions que la science physique. L’organisme
vivant est constitué d’une matière qui ne respecte pas les lois de la phy-
sique et comporte une propriété spécifique : l’entéléchie, un facteur
portant en lui-même son but, c’est-à-dire un principe qui conduit la
1 Pour un exposé détaillé, cf. Bertalanffy, L. von (1961), « Conceptions fondamentales du
problème de la vie », in Bertalanffy, Les problèmes de la vie, Gallimard, Paris (Problems of Life,
New York, 1952), p. 15-41. Pour une analyse historique du vitalisme et de son impact sur l’his-
toire des sciences de la vie, cf. Canguilhem, G. (1970), Études d’histoire et de philosophie des
sciences, Vrin, Paris.
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La science et le vivant
b. Le courant mécaniste
À l’inverse de H. Driesch, les mécanistes posent qu’il n’y a pas de dif-
férence fondamentale entre la matière vivante et la matière inerte. La
science biologique qu’il s’agit de construire reposera sur les mêmes
présuppositions que la physique et la chimie. C’est en appliquant à
la matière vivante les méthodologies et les concepts qui ont fait leur
preuve dans les sciences physico-chimiques que l’on pourra aboutir à
une science du vivant.
R. Descartes (1596-1650) thématise une telle perspective en déve-
loppant le concept d’« animal machine ». L’animal doit être abordé
comme s’il était une machine, comme s’il respectait intégralement les
lois de la physique. Il en va de même pour le corps humain. Chez Des-
cartes, l’homme est composé d’un corps analogue à l’animal et d’une
âme qui est le spécifique de l’homme : c’est le dualisme cartésien qui
oppose corps et âme en deux principes distincts et irréductibles.
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Index
A B
acte/puissance : 197 Bacon F., 128, 157
adaptation : 187, 222 Badinter É. : 235, 239
adéquation : 38, 63, 144, 170 Barthe Y. : 83, 103
ADN : 25, 162, 217, 220 Bauchau H. : 138, 157
agriculture intensive : 162-163 Bechtel W. : 25, 56
alèthèia (voir dévoilement) Beck U. : 83, 103
Althusser L. : 49, 81, 92, 132, 136 Bernard C. : 26, 180, 183, 187, 224
âme : 24, 160-161, 191-208, 228 Bertalanffy L. von : 23, 57
Andler D. : 211, 239 bien : 108-109, 113, 115-117, 125,
animal : 24, 52, 78, 161, 165, 173 135, 200-201, 209
animal-machine : 24, 52, 161 biologie moléculaire : 19, 25-26,
Anouilh J. : 138 47-48
Ansermet F. : 224, 239 biotechnologie : 75, 89
anthropologie : 137, 139, 191, Block N. : 211, 239
194-195, 199-201, 203, 205, Bloor D. : 70-71, 83, 103
227-230, 246-247 Bourg D. : 167, 188
anthropologie unitaire : 204, 206, brevet : 78
208, 212, 219, 224-225, 237-238 Burgat T. : 188
antinomie : 208-209 Burnet M.F. : 220
appel de Heidelberg : 172
C
Arendt H. : 50, 56, 135, 157
argument de Saint Anselme : 120 Callicot J.B. : 169, 188
Aristote : 114, 117-118, 191-192, Callon M. : 83, 153
196-199, 203-206, 236-238 Canguilhem G. : 23, 57, 104, 160,
arraisonnement : 63-64 177, 178-188, 230
art : 38-39, 89-91, 64, 114 Castoriadis C. : 50, 132, 157
arts libéraux : 114-115 causalité circulaire : 183
Atlan H. : 56, 210, 239 cause finale : 24
Augustin : 199-204 cellule : 2, 23, 25-26, 38-39, 213-214,
autonomie : 64, 68, 82-84, 117, 218, 225
122-127, 134, 140, 144-148, 229, cercle herméneutique : 54
244 cercle méthodologique : 33, 40, 42,
44, 54
Chalmers A.F. : 5, 57
Changeux J.P. : 7, 216, 221
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Index
250
Index
252
Index
253
Index
254
Index
255
Index
Introduction................................................................................. IX
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Table des matières
258
Table des matières
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Table des matières
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Table des matières
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Table des matières
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Table des matières
Conclusion................................................................................. 243
Index........................................................................................... 249
263
La « modernité critique », une nouvelle manière
Bernard Feltz
de penser la place de la science et de la technique
dans le développement de nos sociétés. Bernard Feltz
L’homme moderne fait confiance à la science, à la rationalité, aux droits
de l’homme. Le vingtième siècle, avec les guerres mondiales, les guerres
de décolonisation, avec la crise écologique, conduit à une remise en cause
LA SCIENCE
du concept de progrès qui sous-tend le projet moderne, à tel point que
d’aucuns parlent de « crise de civilisation ».
Cet ouvrage porte un regard neuf sur la place de la science dans l’évolution
de nos sociétés. Il s’appuie sur la philosophie des sciences pour penser les
impacts des découvertes scientifiques sur nos systèmes de signification
ET LE VIVANT
religieux ou athées, sur les développements technologiques, sur les
problèmes écologiques. Il aborde les questions éthiques en lien avec les
évolutions scientifiques. Il analyse l’apport des neurosciences dans notre
conception de l’humain comme être libre.
La démarche débouche sur le concept de « modernité critique » qui
propose une réponse « moderne » à la crise. L’attitude « critique » vise
Philosophie des sciences
LA SCIENCE ET LE VIVANT
une attention à la pertinence et aux limites de la démarche scientifique.
Elle permet un développement technologique au service de l’humain, une
appréhension globale des problèmes écologiques, une prise en compte
des dimensions éthiques de l’existence. Elle permet enfin une évolution
et modernité critique
internationale ouverte à une authentique diversité culturelle.
Un essai original qui éclaire les défis majeurs de notre époque.
Bernard Feltz
Biologiste et philosophe de formation, professeur de philosophie des sciences à
l’Université catholique de Louvain, Bernard Feltz y assure des cours à la Faculté de
philosophie, arts et lettres de même qu’à la Faculté de médecine, à la Faculté des
sciences et à la Faculté des bioingénieurs. Ancien président de l’Institut supérieur de
philosophie, ses nombreuses publications portent à la fois sur la dynamique interne
de la science et sur les impacts des développements scientifiques dans l’évolution
de la société.
SCIVIV
ISBN 978-2-8041-7144-5
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