Vous êtes sur la page 1sur 5

La loi du progrès : pour une nouvelle

définition
La loi du progrès en philosophie : définition. Qu’est-ce que le progrès ? Est-
il inéluctable ? Faut-il opposer tradition et progrès ?

Le progrès est une notion née à la Renaissance, qui s’est développée au


XVIIIème et XIXème siècles en particulier avec les différentes révolutions
politiques et industrielles. On notera à ce titre la concomitance des progrès
scientifiques, techniques et sociétaux.

Certes, le progrès n’est pas linéaire : des phases de régression sont apparues au
cours de l’Histoire. Mais la tendance au progrès semble évidente.

Définition : Le progrès est le processus d’évolution de l’espèce humaine dans


le sens d’un perfectionnement scientifique, technique, économique et social.

De manière plus générale, le progrès peut être associé au concept d’évolution


des espèces. En effet, depuis l’apparition de la vie sur Terre, les espèces n’ont
cessé d’évoluer et de se complexifier. A l’origine uniquement peuplée de
bactéries, notre planète a vu naître les poissons, puis les reptiles et enfin les
mammifères.

L’Homme est ensuite apparu et son espèce a connu un développement fulgurant.


L’émergence de la conscience humaine a permis entre autres l’utilisation
d’outils, la maîtrise du feu, l’apparition du langage, la pratique de l’agriculture
et de l’élevage, la maîtrise de la roue, l’invention de l’écriture, le
développement des arts, la naissance des civilisations et des religions avant que
ces dernières ne laissent place à un système de valeurs séculières.
Au cours des derniers siècles, les sciences et les techniques se sont
perfectionnées à vitesse accélérée, les progrès les plus remarquables étant ceux
liés aux domaines de la physique, de la médecine, du spatial ou encore de la
communication. Parallèlement, les avancées sociales se sont multipliées en
faveur de plus de liberté et d’égalité.

On oppose habituellement progrès et tradition. La tradition serait stagnation


alors que le progrès serait évolution positive. Pour d’autres au contraire, le
progrès est à fuir, le salut de l’humanité résidant dans le respect des traditions.

Il semble effectivement que les extraordinaires progrès réalisés depuis 200 ans
mettent l’humanité et la planète en danger. Notre civilisation n’a jamais paru
aussi déboussolée. Perte de sens, désenchantement, crise morale et
civilisationnelle, souffrance psychique, tendance à l’auto-destruction, nostalgie
du passé, solastalgie : autant de symptômes qui montrent que le progrès tel que
nous le connaissons est devenu une voie sans issue.

En réalité, il règne un grand flou autour de la notion de progrès. Sa définition


actuelle semble partielle, incomplète et dépassée. Le progrès, au sens
métaphysique, nécessite une approche radicalement nouvelle.

Tentons de donner une nouvelle définition à la loi du progrès.

La loi du progrès en philosophie : vers une nouvelle


définition.
Nous l’avons vu, le progrès tel qu’il est défini aujourd’hui est une impasse. La
loi du progrès doit donc être redéfinie.

Le progrès ne peut plus se résumer à l’accumulation de savoirs scientifiques et


techniques, ni à un développement économique accéléré. Ce progrès-là, s’il ne
s’accompagne pas d’un progrès de l’esprit, est voué à l’échec.

Par « progrès de l’esprit », nous entendons progrès moral mais aussi spirituel et
philosophique. On pourrait aussi parler de progrès de la conscience. Voilà
donc les nouveaux territoires à conquérir.
Il semble en effet que les progrès moraux de l’humanité n’aient pas été aussi
rapides que les progrès scientifiques et techniques, ce qui a entraîné dérives et
drames, par exemple l’utilisation des nouvelles technologies dans un but de
domination et de destruction. Les intérêts industriels, financiers, politiques et
économiques, qui se nourrissent du progrès, priment aujourd’hui sur l’intérêt du
plus grand nombre. Les inégalités règnent, la démocratie réelle n’existe pas, les
conflits sont partout présents, la chacun-pour-soi constitue la norme.

Science sans conscience n’est que ruine de l’âme, énonçait Rabelais. Cette
citation nous aidera à redéfinir la loi du progrès. Elle éclaire directement
la différence entre savoir et connaissance :

 le savoir, ou science, est une somme d’informations accumulées,


 la connaissance est une tentative de réponse aux grandes questions
existentielles, dans un objectif d’harmonie, de paix et de bonheur.

La connaissance est un chemin de recherche, une quête. C’est une voie de


progrès intime qui a vocation à être partagée. Nous tenons là le progrès
véritable.

Or cette notion de connaissance est largement absente de la définition actuelle


du « progrès ».

Ainsi, une civilisation « avancée » devrait être décrite comme :

 celle qui permet à tous de découvrir et de partager les avancées


scientifiques et techniques, de les comprendre et de se les approprier,
 celle qui décloisonne les sciences pour les mettre en perspective et leur
donner du sens,
 celle qui favorise la compréhension de soi et des autres, en effaçant toute
hiérarchie ou compétition,
 celle qui cultive l’écoute, la solidarité, la paix et l’harmonie entre tous,
mais aussi entre l’Homme et la Nature,
 celle qui offre à tous, dès le plus jeune âge, la possibilité de pratiquer la
philosophie et d’entreprendre un chemin spirituel,
 celle qui considère comme prioritaire la recherche du sens de la vie,
 celle qui tend prioritairement à l’épanouissement et au bonheur de tous,
 etc.
Cette société du bien-vivre (et du bien-mourir) n’existe pas encore. Un long
chemin reste à parcourir, qui passera par un changement de régime économique,
démocratique, mais aussi une profonde réforme du système éducatif.

Nous parlons ici d’un progrès moral, philosophique, spirituel, autant que
politique et démocratique.

Nul ne peut savoir si ce progrès est possible rapidement ou s’il devra attendre la
lente ouverture de la conscience humaine, mais le prochain cataclysme
écologique devrait nous donner un début de réponse.

La loi du progrès humain peut donc être redéfinie ainsi : La loi du progrès
désigne le processus d’ouverture de la conscience humaine menant à
l’avènement d’une civilisation fondée sur l’épanouissement de tous, la paix et
l’harmonie, la recherche du sens de la vie et la quête d’un bonheur stable. Dans
ce type de civilisation, les progrès scientifiques sont mis au service de la
Connaissance au sens large.

La loi du progrès peut être vue comme s’inscrivant dans la grande loi de
l’évolution des espèces.

Le progrès véritable passe par un recentrage.


En ce début de XXIème siècle, l’homme semble s’être plus que jamais écarté
des grandes lois universelles. S’appropriant les découvertes scientifiques pour
lui-même, se mettant à la place de Dieu dans son propre intérêt (ou dans
l’intérêt de quelques-uns), il apparaît comme un être obscur et décentré. Sa
survie est en jeu.

Pour progresser véritablement, l’Homme devra sortir de l’illusion qu’il est le


centre du monde. Il devra redécouvrir la loi d’Amour qui décrit l’imbrication
cosmique de toute chose, dans un grand mouvement de « sympathie ».

Il devra réapprendre à s’ouvrir aux autres, à observer, à écouter, à pardonner, à


aider. C’est en effet en s’ouvrant aux autres, donc à lui-même, que de nouveaux
horizons pourront se dévoiler.
L’homme de demain sera en capacité de se comprendre à travers la
compréhension des autres. Il aura appris à plonger à lui-même pour découvrir
qu’il est la conjonction d’une multiplicité d’influences toutes liées entre elles.

Il renoncera à son orgueil et à son ambition ; il épousera son destin pour


s’inscrire dans la grande loi du progrès.

Vous aimerez peut-être aussi