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La technique est l’ensemble des moyens artificiels, c’est-à -dire inventés par l’homme,
mis en œuvre pour parvenir à une fin déterminée (fabrication d’un objet, réalisation
d’un projet, etc.). Ces moyens peuvent être intellectuels (méthodes et savoir-faire) ou
matériels (outils, machines, robots).
La première fonction de la technique est utilitaire puisqu’elle vise à améliorer
l’efficacité de l’activité humaine. Elle aide les individus à transformer la nature en
vue de leurs productions diverses.
La notion de technique doit aussi être définie à partir de son caractère évolutif. En effet,
suivant les époques et les sociétés, la technique humaine possède différents niveaux de
complexité. Et chacun de ces niveaux introduit un rapport spécifique entre la technique
et les individus qui l’utilisent.
On constate notamment au cours de l’histoire une automatisation progressive des
techniques. En d’autres termes, les productions techniques deviennent de plus en plus
indépendantes de l’intervention humaine dans l’accomplissement de leurs fonctions.
Ainsi, alors que l’outil demeure un prolongement direct du corps humain et
réclame l’énergie des personnes qui le manient, la machine est pour sa part
indépendante d’une telle énergie lorsqu’elle réalise les tâches pour lesquelles elle
a été fabriquée. Quant au robot, il possède une autonomie encore plus importante,
étant programmé pour se modifier lui-même, s’adapter à son environnement, voire
corriger ses propres erreurs.
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En effet, si elle désigne à l’origine un ensemble de moyens en vue d’une fin
préalablement définie, sa place centrale dans les sociétés contemporaines remet en
question cette relation à sens unique. La technique constitue à présent un domaine
possédant son propre discours, la technologie, et ses propres règles.
« Sitôt que j'ai eu acquis quelques notions générales touchant la physique, (…) j'ai cru que
je ne pouvais les tenir cachées sans pécher grandement contre la loi qui nous oblige à
procurer, autant qu'il est en nous, le bien général de tous les hommes. Car elles m’ont fait
voir qu'il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu'au
lieu de cette philosophie spéculative, qu'on enseigne dans les écoles, on peut en trouver une
pratique, par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres,
des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous
connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon
à tous les usages auxquels ils sont propres et ainsi nous rendre comme maîtres et
possesseurs de la nature. Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d’une infinité
d'artifices, qui feraient qu'on jouirait, sans aucune peine, des fruits de la terre et de toutes
les commodités qui s'y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé,
laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie;
car même l'esprit dépend si fort du tempérament, et de la disponibilité des organes du corps
que, s’il est possible de trouver quelque moyen qui rende communément les hommes plus
sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusques ici, je crois que c'est dans la médecine qu'on
doit le chercher. »
Descartes met ici en valeur la façon dont la connaissance de la physique peut servir un
objectif moral, à savoir améliorer la vie des hommes. Il interroge ainsi l’intérêt pratique
de la science (« les connaissances fort utiles à la vie »), refusant un usage strictement
« spéculatif » des connaissances qui se perdrait dans des théories dénuées de tout
débouché pour l’action.
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nous ne sommes que « comme » maîtres et possesseurs, c’est bien qu’elle reste
supérieure en puissance à l’homme), mais il indique que nous avons les moyens de
parvenir à une compréhension suffisamment complète de ses règles afin de les tourner à
notre avantage.
Dans le Protagoras, Platon évoque Epiméthée et Prométhée, deux titans chargés par les
dieux d’aider à la création des êtres vivants en répartissant équitablement des qualités
entre ces derniers. Epiméthée, qui tenait à s’occuper seul de cette répartition, oublia
l’espèce humaine dans sa précipitation. Et l’homme se retrouva le plus faible de la
nature : nu et sans défense. Heureusement, Prométhée déroba l’habileté technique ainsi
que le feu à Athéna et à Héphaïstos afin de les donner aux hommes. Dans ce mythe, la
technique est donc identifiée à une force divine, qui fait passer l’homme du stade
animal le plus démuni à l’être mortel le plus puissant.
De plus, lorsque la technique dépasse le stade du bricolage, pour devenir le fruit d’une
connaissance scientifique, sa puissance s’accroît au point de permettre à l’homme
d’apprivoiser les forces de la nature. En effet, dès lors que le savoir-faire technique
découle d’une connaissance théorique préalable des lois physiques qui régissent
l’Univers, il donne à l’homme la capacité de le transformer et de l’adapter à ses besoins.
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Le bien-être collectif est alors, au sens littéral comme au sens figuré, « à portée de
main ».
Mais n’est-ce pas trop valoriser le progrès technique que de le considérer comme une
cause directe du bonheur ?
S’il permet une amélioration des conditions matérielles, il est en effet difficile de réduire
l’idée d’une authentique vie heureuse à cette seule amélioration. Le bonheur désigne
un état de bien-être à la fois global et durable, ce qui implique une certaine façon
d’être, un rapport spécifique au monde dont la constance ne dépend pas
uniquement du confort matériel.
Le progrès technique permet aux hommes de se libérer du problème de la survie, mais il
n’est pas le garant d’une « belle vie ». En effet, une existence qui fasse sens et soit
épanouissante résulte plutô t d’une réflexion sur les valeurs morales et politiques qui
orientent nos actes.
Plus important encore, toute évolution technique reste dépendante de la fin qu’elle sert,
et n’est donc jamais en elle-même un progrès ou un déclin. Sa valeur ne se conçoit qu’à
l’intérieur d’objectifs et d’usages socialement définis. En ce sens, elle peut parfois
devenir source de malheur et d’aliénation. Ainsi, quand l’innovation technique est
poursuivie pour elle-même au lieu d’être rattachée à une réflexion sur le progrès moral,
elle peut finir par transformer l’homme en esclave de ses propres productions.