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DM 5 : Quelle est la finalité de la technique ?

Lorsque l’on se demande à quoi sert la technique, on peut penser d’abord qu’elle est le moyen pour l’Homme de
répondre à des besoins vitaux, ou du moins lui faciliter l’accès à ces besoins. Pourtant, une grande partie du monde satisfait
aujourd’hui ces besoins naturels et primaires, comme manger, boire, se chauffer ou encore se soigner ; et pourtant les progrès
techniques n’ont jamais été aussi rapides et significatifs. Il est alors légitime de se questionner sur la finalité réelle de ces
techniques. Demandons-nous d’abord ce qu’est réellement la technique, afin de mieux comprendre sa finalité. Ensuite,
éclairons le double contraste entre la technique et la nature, et la technique et la science. La technique peut paraître
profondément ancrée dans le concret et le matériel, mais ne négligeons pas la dimension morale de la technique, ce qui fera
l’objet d’un troisième membre de notre analyse.

Premièrement, définissons progressivement la technique. Le mot « technique » est étymologiquement issu du grec
« tekhnè ». Le concept de tekhnè a un sens plus large que le français. Il peut désigner l’habileté, tant manuelle
qu’intellectuelle. Elle peut donc désigner un métier ou un art par exemple. Ce lien avec l’art se croise également avec le grec
« poésis », qui peut également se traduire par « technique » ou « création », et qui donne en français le terme de « poésie ».
Grace à ces concepts, on peut définir d’une part la technique comme un savoir-faire. Pour Platon, la technique possède cinq
critères : une technique doit d’abord être un savoir-faire. Platon ne distingue pas les deux facettes de ce terme : une technique
doit à la fois être un savoir, c’est-à-dire requérir des connaissances précises, mais doit aussi être un « faire », donc une habilité
manuelle. Il y a ensuite une trichotomie des techniques : les techniques d’usage, pour lesquelles savoir utiliser un objet
technique est la principale caractéristique. Par exemple, l’escrimeur sait manier le fleuret, mais ce n’est pas lui qui l’a fabriqué.
La deuxième catégorie de technique pour Platon, est la technique de production : les techniciens de cette catégorie sont à
l’origine des objets utilisés par les artisans d’usage. Par exemple, c’est l’armeur qui a fabriqué le fleuret qu’utilise l’escrimeur.
Même si les deux catégories d’artisans possèdent à la fois un « savoir » et un « faire », l’artisan d’usage est pour Platon
l’épistate de l’artisan de fabrication, car c’est celui qui utilise l’objet technique, qui sait si la fabrication est réussie. En outre, la
didacticité est le second critère d’une technique pour Platon. Pour Marx, avant la révolution industrielle, la distinction entre
art et métier ne se faisait pas de la même manière qu’aujourd’hui. Dans le Capital, il qualifie les techniques d’avant le XVIIIe
siècle de « Mystères », faisant référence aux secrets de fabrication et d’utilisation gardés de générations en générations. La
technique comme savoir-faire joue donc, dans ce contexte, un rôle essentiel dans les sociétés avant la révolution industrielle :
elle permettait l’existence de métiers et de rôles précis dans la société, faisant ainsi de la technique un objet de la
spécialisation : chaque membre de la société possède un savoir-faire dont dépend un autre membre. Le soutien mutuel est
donc au centre de la société. Ce troisième critère pour Platon nous montre que la technique joue le rôle du ciment dans
l’édifice de la société. Cette cohésion se remarque plus aisément lors de l’étude de petits groupes d’individus : chaque métier
est indispensable au fonctionnement de la tribu, et l’absence de fonction pour un membre ne peut être qu’impensable.

Deuxièmement, le grec « organon » peut être traduit à la fois par « outil » et « organe ». En subséquence, la technique peut être
vue non seulement comme un savoir-faire, mais aussi comme un système d’outils. Penchons-nous sur ce qu’est réellement un
système d’outils pour mieux comprendre la technique et sa finalité. Pour l’anthropologue André Leroi-Gourhan, les outils sont
des « instruments de transmission de force humaine ». Dans L’Homme et la Matière, Leroi-Gourhan explique qu’un système
d’outils se compose d’instruments simples, mais aussi de machines complexes. Une machine est un « dispositif qui incorpore
non seulement un outil mais avant tout un ou plusieurs gestes ». Les machines techniques sont donc un moyen de réaliser de
manière plus efficace un ensemble de gestes plus ou moins complexes. L’anthropologue prend pour exemple le métier à
tisser. Ce dernier devient une machine, à partir du moment ou l’action de lever des fils est assurée par un « dispositif de
préhension qui se substitue aux gestes ». Nous avons ici l’idée que les gestes sont substitués par des objets techniques, et
cette idée est plus visible dans les sociétés modernes. En effet, il semblerait que les fonctions les plus primaires aux animaux,
comme chasser, se protéger aient été en grande partie marginalisées par le progrès, et que les nécessités humaines se fondent
désormais sur la capacité à manipuler des techniques ou des objets techniques. Par exemple, le métier de pêcheur a
beaucoup changé après la fabrication des premiers voiliers et filets : les premiers Hommes utilisaient des harpons et des
nasses pour attraper des poissons, puis la canne a pêche a été inventé au Néolithique. Il fallait alors travailler le fil, le bois, le
métal pour la fabrication de la canne, attraper des asticots en guise d’appât, et savoir utiliser cet outil. De nos jours, de grands
navires râclent les océans, et la définition de pêcheur a fortement changé. De même, un arc simple convertit la force élastique
contenue dans le bois, en mouvement, grâce à la force du bras. Cependant, l’art-à-poulies permet une meilleure conversion
de cette énergie, en stockant l’énergie dans les branches, et en transmettant toute cette énergie dans la flèche, faisant ainsi de
l’arc à poulies une machine complexe. Nous pouvons donc conclure que les machines techniques sont des ensembles d’outils,
qui substituent un ensemble de gestes humains, dans une optique d’efficacité.
Cette question de l’efficacité est importante pour comprendre la finalité de la technique : l’efficacité est une valeur qui est
souvent au centre des intérêts techniques. L’efficacité peut d’abord être un avantage. Par exemple, la production en grande
quantité de café au Brésil, pendant crise économique des années 1930, a permis à de nombreux travailleurs modestes de
survivre à la crise. Cependant, l’efficacité peut être non souhaitable pour deux raisons : la première est une raison qui ne
dépend pas de sa finalité : la perte de qualité. L’optique de produire des coupe-papiers en grande quantité pour un moindre
coût est souvent plus attrayante pour les producteurs, que celle de fabriquer des massicots de qualité, mais en faible quantité
et pour un rendement plus faible. La seconde raison pour laquelle l’efficacité peut vouloir être évitée est liée à sa finalité, si
celle-ci est délibérément mauvaise. Par exemple, le gaz Zyklon B produit lors de la Seconde Guerre mondiale pour tuer des
Juifs de masse est d’une efficacité redoutable, mais est également un objet techniquement réussi, dans le sens où il remplit sa
fonction première.

Maintenant que nous avons défini la technique, concentrons-nous sur le rapport double rapport entre la nature et la
science, et la technique. Nous avons vu précédemment que les machines sont des reproductions d’un ensemble de gestes
humains. Cette thèse nous amène à nous poser la question suivante : la technique humaine est-elle une imitation de la
Nature ?

Pour les Sophistes, toute tekhnè est une imitation de capacités naturelles (mimésis), mais qu’en est-il vraiment ? Pour Henri
Bergson, ainsi que pour Leroi-Gourhan, les outils humains sont des moyens d’étendre le corps humain. Bergson écrit dans
Les Deux Sources de la morale et de la religion, que « l’outillage de l’humanité est un prolongement de son corps ». Cela veut
dire que la technique en tant que système d’outils, remplit le même rôle que celui de l’Homme avec son corps, mais de plus
grande ampleur. Par exemple, la mâchoire humaine était au début du Paléolithique très robuste, et était adaptée à la morsure
de la viande crue. Peu à peu, la cuisson ainsi que les outils comme le biface en silex ont permis à l’Homme de découper la
viande et de la manger, sans forcer sur la mâchoire. Ces outils sont donc une extension d’une fonction que l’Homme peut
accomplir naturellement. Par ailleurs, on retrouve cette idée dans l’expression latine « Vis Medicatrix Naturae », qui signifie « la
force de la guérison de la nature ». Cette expression reflète l’idée selon laquelle la technique de la médecine est une aide à ce
que l’Homme peut accomplir naturellement. Cependant, même si la technique peut être vue comme une imitation de la
nature, il semblerait que cette imitation seule ne soit pas la source de toutes les avancées techniques. Selon Gaston
Bachelard, dans Le Rationalisme appliqué, l’exemple de la lampe électrique à fil incandescent illustre bien ce problème : si
l’Homme s’était limité à l’observation et l’imitation de la nature, il n’aurait pas pu arriver à de telles découvertes. Le principe
d’éclairage, jusqu’à Thomas Edison, reposait sur la combustion d’un matériau, donnant du feu, comme les bougies, par
exemple. Thomas Edison a amélioré les ampoules existantes, en introduisant le principe de non-combustion. Cet exemple
illustre bien le fait que les techniques ne peuvent pas se limiter à l’imitation de la nature, même si elle repose effectivement en
grande partie sur le milieu dans lequel l’Homme vit.

Intéressons-nous maintenant à la finalité de la technique, et son rapport avec la Nature pour Platon et Aristote. D’une part,
pour Platon, comme ce dernier l’exprime dans le Mythe du Protagoras, l’homme sans sa technique est démuni : lorsque
Epiméthée s’est chargé de la distribution des facultés naturelles, les dunameïs, l’homme a été oublié. Epiméthée est l’allégorie
de la Nature. Cette Nature, a ordonné de manière mathématique les capacités entre les animaux, de manière à toujours
assurer la survie d’une espèce. Par exemple, si les loups chassent les biches, ces dernières n’ont pas de moyen de défense ;
cependant, elles sont un plus fort taux de fécondité, ce qui compense leur manque de moyens de défense. Dans toute ce
cosmos ordonné, l’homme a été oublié : il est akosmeï. Il n’a pas de sabots pour protéger ses pieds, pas de fourrure pour
survivre l’hiver, pas de griffes pour chasser. C’est pour compenser cet oubli d’Epiméthée (de la Nature, de la Physis), que
Prométhée donne le feu aux Hommes, malgré le fait qu’il n’ait pas le droit. Si Epiméthée représente la nature, Prométhée, lui,
est le symbole de l’Homme lui-même. L’Homme a donc lui-même développé sa technique, pour compenser son infériorité
naturelle. Cependant, pour Platon, le but de l’Homme n’est « pas simplement de vivre, mais de vivre heureux » (Livre 1,
Politique). Ce telos, ce but, imposé par la Nature a à son service la technique. Par ailleurs, la question de la fin naturelle a
suscité de nombreux débats. Pour Pythagore, par exemple, comme l’explique Cicéron dans les Tusculanes, il existe trois
moyens d’attendre le bonheur pour un Homme : la richesse, la gloire, et la sagesse. D’autre part, Aristote, dans Les Parties des
animaux, expose des thèses contraires à celles de Platon et de Protagoras : si l’Homme a une technique, ce n’est pas pour
compenser son manque de capacité ; c’est parce qu’il est intelligent et qu’il a des capacités que l’Homme a une technique.
Ensuite, pour Aristote, l’Homme n’est pas nu, car il est doté d’une dunameïs qui dépasse celle de tous les animaux : la main. Le
fondateur du Lycée décrit d’abord la main humaine comme un outil, dans le sens où l’Homme peut s’en servir pour « tout
saisir et tout tenir ». Mais la main est pour lui également un outil d’outil, c’est-à-dire que la main permet de créer tous types
d’outils, comme des chaussures, qui remplacent l’absence de sabots, ou encre des couteaux, qui permettent à l’Homme de
compenser son manque de griffes pointues. Pour Aristote, la technique est donc une conséquence de son intelligence.
Jusque-là, nous avons vu que la technique peut être à la fois un savoir-faire, et un système d’outils. La technique entretient
également un lien avec la nature, en tant que miroir de celle-ci. Mais qu’en est-il de la science ? Platon constamment traite le
sujet du couplage « tekhnè kei epistèmè », soit « savoir-faire et science ». Demandons-nous donc si la science est une
technique. La science peut être définie comme une approche objective qui vise à comprendre les phénomènes naturels du
monde qui nous entoure. La science était au début une discipline sœur de la philosophie. Cicéron définit la sagesse
scientifique et philosophique comme la « connaissance des principes et des causes des choses divines et humaines ». D’abord,
la science peut être vue comme une technique, puisque c’est un savoir-faire. Par exemple, un médecin possède à la fois des
connaissances requises pour son métier, mais possède également une expérience et une habileté. Cependant, depuis
l’avènement des mathématiques, la science a pris une dimension abstraite, faisant de cette discipline un moteur indirect des
sociétés. La finalité de la science, dans un objectif de rigueur, peut paraitre lointaine. Par exemple, les suites mathématiques,
l’ordre des planètes, ou encore la théorie de l’évolution n’ont pas, ou peu, d’applications directes sur le quotidien humain.
D’ailleurs, Bernard Stiegler a écrit que « la science est ce qui produit la technique, la technique est ce qui produit la science »
(La Technique et le temps), soulignant ainsi l’interdépendance des deux concepts. La science peut donc être vue comme une
technique de technique, comme la main un outil d’outil. Cette citation montre également que la finalité de la science et de la
technique est à la fois une finalité interne, et une finalité externe : la science contribue à développer la technique, et la
technique contribue à développer la science. La science développe donc la science, et la technique la technique, ce qui peut
expliquer pourquoi la finalité de la science peut paraitre imprécise.

A présent, après avoir étudié la cause formelle de la technique comme savoir-faire et système d’outils, et défini son
double rapport avec la science et la nature, intéressons-nous à la dimension morale de la technique. D’abord, les objets
techniques, censés nous libérer de la contrainte matérielle, paraissent nous avoir ancré plus profondément dans la
dépendance. Ce problème peut nous amener à nous questionner sur notre rapport avec celui-ci : sommes-nous maitres, ou
esclaves de la technique ? Pour Hannah Arendt, l’homme est maitre de sa technique : « parce qu'il est ou s'est fait maître de la
nature, mais surtout parce qu'il est maître de soi et de ses actes ». Également, dans beaucoup de mythologies à travers le
monde, la possession du feu est symbole de puissance. L’Homme a réussi à s’approprier cet élément, et a su en tirer parti,
alors que d’autres animaux intelligents et habiles comme le singe, n’ont pas réussi à dompter cet outil. On peut donc déduire
que l’Homme est maitre de sa technique. Cependant, les humains peuvent de moins en moins se passer de la technique. Les
civilisations se fondent sur cette dernière, plus que sur la nature directement, alors que la nature est le milieu de vie primaire
des Hommes. La Nature est donc constamment perçue à travers le prisme de la technique ; pour Heidegger, la technique peut
aller jusqu’à dénaturer la Physis : « le bois est une plantation forestière, la montagne une carrière de pierre » (Sein und Zeit). La
chasse, la pêche ont laissé place à d’élevage intensif, ou l’aquaculture. Par ailleuirs, le progrès peut être également vu comme
un danger pour l’Homme lui-même. Par exemple, dans la Planète des Singes de Schaffner, l’espèce humaine s’est auto
détruite, à cause de la guerre, mais aussi à cause du progrès technique exponentiel. On apprend en effet à la fin du film, que la
civilisation humaine a été détruite par des bombes nucléaires. Rousseau écrit d’ailleurs dans le Discours sur l’origine et les
fondements de l’inégalité parmi les hommes que « Pour le poète, c’est l’or et l’argent, mais pour le philosophe, ce sont le fer et
le blé qui ont civilisé les hommes et perdu le genre humain ». Cette citation illustre bien la double identité implicite de la
technique ; il permet à la fois à l’homme de se soulever par rapport à la Nature, mais il est également une raison de sa
divergence.

Nous avons vu que la technique pouvait être définie comme un savoir-faire manuel, mais également intellectuel : la technique
peut désigner un art. Examinons alors cette dimension de la technique. Si la finalité d’un métier manuel est apparente au
premier examen, celui d’un métier intellectuel ou artistique l’est moins. Le rôle du médecin est de guérir des patients, celui de
l’esclave de ramasser du coton, mais quel est le rôle du peintre ? Pour Platon, les artistes ne sont pas des vrais techniciens : ce
sont de purs imitateurs, et sont nuisible à la société. Mais l’art a toujours été présent, depuis le Paléolithique, dans les sociétés
humaines. Quelle est alors la finalité de la technique artistique ? L’art peut être définie comme une discipline qui pousse les
exigences d’une technique vers la transcendance, dans l’optique d’attendre un idéal de beauté. A première vue, l’art peut
paraitre ne pas avoir d’utilité précise : dans une petite tribu, un homme ne peut pas être artiste sans exercer une autre
fonction. Si c’est le cas, cette personne sera certainement rejetée du groupe, car elle n’a pas d’utilité précise dans le groupe,
dans un cadre où chaque membre joue un rôle important pour les autres. « Sans musique, la vie serait une erreur » : pour
Nietzsche, pourtant, l’art est un moyen de créer des illusions qui permettent de dépasser la réalité douloureuse de la vie et de
donner un sens à l'existence. Ensuite, même si Platon souligne souvent les défauts des artistes et ne serait pas d’accord avec
cette association entre art et technique, abordons dans cette partie les quatrièmes et cinquièmes critères de la technique
pour Platon : la métrétique et la beauté. La métrétique est l’art de la mesure, l’art de connaitre les normes de la fabrication ou
de l’utilisation, que les tous les véritables artisans connaissent. La beauté, quant à elle, est une perfection, et l’art n’est pas
une beauté. Cependant, il ne faudrait pas s’en tenir qu’à la définition académicienne de la beauté. Ainsi, dans l’opéra Jeanne
d’Arc, la condamnation à mort du personnage éponyme se transmet à travers l’image sonore de Tchaïkovski, et les paroles de
Victor Hugo. Chaque accord est mathématiquement étudié (rapport entre les fréquences des sons, rythmes précis), grâce aux
connaissances musicales acquises depuis Pythagore, de manière à nous faire ressentir cet événement historique. Cette forme
de beauté de la technique artistique, pour Hegel, permet d’atteindre la vérité, puisque l’art associe l’essence et l’existence
d’une idée. Dans l’Esthétique, il écrit : « Dans son apparence même, l’art nous fait entrevoir quelque chose qui dépasse
l’apparence : la pensée ».

Pour conclure, nous avons d’abord, défini la technique : elle est à la fois un savoir-faire, mais également un système
de d’outils, permettant à l’homme d’attendre une efficacité dans la réalisation de tâches manuelles. La technique est aussi un
moyen de souder la société, grâce à des rôles et métiers précis. Également, les objets techniques plus complexes, comme les
machines, l’aident dans la réalisation de ces tâches et remplacent souvent un ensemble de gestes. Ces machines sont
souvent, mais ne s’y limitent pas, des extensions du corps humain ou des imitations de la nature, et permettent donc
d’avancer la limite de ses capacités. Pour Platon, la technique a pour objectif de compenser son infériorité naturelle, et elle est
un moyen au service de la fin Naturelle : le bonheur. Pour Aristote, la technique est le résultat de son intelligence, et pas le
contraire. La technique a également pour finalité, le développement de la technique elle-même, et ce par l’intermédiaire de la
science. En outre, la relation entre la technique et l’homme est assez complexe, puisque d’un côté la technique est un témoin
de la force de l’homme, mais d’un autre côté, celui de sa faiblesse, puisque l’homme est entrainé par le progrès technique, ce
qui devient néfaste pour lui. Finalement, la technique possède une dimension artistique, donc la finalité est multiple : celle de
transcender la réalité douloureuse du monde, et celle de définir la vérité en associant essence et sensibilité.

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