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Bergson, L’Evolution créatrice (1907)

Exemple d’explication de texte

En ce qui concerne l’intelligence humaine, on n’a pas assez remarqué que l’invention mécanique a
d’abord été sa démarche essentielle, qu’aujourd’hui encore notre vie sociale gravite autour de la
fabrication et de l’utilisation d’instruments artificiels, que les inventions qui jalonnent la route du
progrès en ont aussi tracé la direction. Nous avons de la peine à nous en apercevoir, parce que les
modifications de l’humanité retardent d’ordinaire sur les transformations de son outillage. Nos
habitudes individuelles et même sociales survivent assez longtemps aux circonstances pour
lesquelles elles étaient faites, de sorte que les effets profonds d’une invention se font remarquer
lorsque nous en avons déjà perdu de vue la nouveauté. […] Dans des milliers d’années, quand le recul
du passé n’en laissera plus apercevoir que les grandes lignes, nos guerres et nos révolutions
compteront pour peu de chose, à supposer qu’on s’en souvienne encore ; mais de la machine à
vapeur, avec les inventions de tout genre qui lui font cortège, on parlera peut-être comme nous
parlons du bronze ou de la pierre taillée ; elle servira à définir un âge. Si nous pouvions nous
dépouiller de tout orgueil, si, pour définir notre espèce, nous nous en tenions strictement à ce que
l’histoire et la préhistoire nous présentent comme la caractéristique constante de l’homme et de
l’intelligence, nous ne dirions peut-être pas Homo sapiens, mais Homo faber. En définitive,
l’intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer
des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils et d’en varier indéfiniment la
fabrication.

***

[Thème] Ce texte, extrait de L’Evolution créatrice, traite de l’intelligence humaine. Bergson expose
ainsi en son sein que l’intelligence n’a pas pour fin essentielle la compréhension abstraite des choses,
ou la spéculation.
[Problème] L’auteur défie ainsi un préjugé profondément ancré. Si ce n’est penser abstraitement,
comprendre le monde qui nous entoure et raisonner à propos de lui, qu’est-ce qui peut caractériser
encore mieux l’intelligence? Comment Bergson peut-il défier telle compréhension de l’intelligence et
donc de l’humanité par excellence ? [Pour élaborer le problème, j’ai d’abord élaboré la thèse : ainsi
j’ai pu dire que ce texte posait un problème fondamental, puisqu’il défie la conception ordinaire de
l’intelligence. En effet, le terme intelligence vient du latin intellegere qui veut dire
« compréhension ». Quand on dit que quelqu’un est intelligent, on ne veut pas dire que c’est
quelqu’un qui sait se servir de ses mains (c’est comme cela que l’on comprend l’individu capable de
technique), on pense plutôt à un fort en thème, à quelqu’un qui a la bosse des maths. Tout sauf un
manuel. Or Bergson dit « mais l’intelligence ce n’est pas ça ! La « démarche essentielle de
l’intelligence est l’invention mécanique » ce qui est une autre manière que l’intelligence est faite
pour ça ! Quel affront ! Comment peut-il dire ça ? Eh bien c’est ce que nous allons voir...]
[Thèse] L’inventivité technique selon l’auteur de l’Evolution créatrice est la principale fonction de
l’intelligence humaine. Ainsi si l’on peut avoir l’impression que l’intelligence par excellence est celle
qui spécule abstraitement, il n’en est rien pour Bergson. Tout, dans l’histoire et dans les actions de
l’homme, montre que ce qui définit l’Homme en tant qu’Homme capable d’intelligence, ce sont ses
inventions techniques, ce qui fait de la technique sa caractéristique principale.
[Enjeux] Ce texte est important, car il permet de voir sous un nouveau jour une idée cristallisant de
nombreux préjugés, et il le fait en s’appuyant sur une observation objective de l’histoire. Ce faisant,
Bergson offre une pensée unique à propos de la technique : elle n’est pas un simple moyen pour
l’homme de pourvoir à un besoin à un moment précis de l’histoire, elle est une démarche, un projet
transhistorique à l’œuvre dans l’humanité toute entière. [Il ne faut pas avoir peur de définir les
enjeux, ici cela vous paraitra peut-être compliqué, ne vous inquiétez pas, c’est en forgeant que l’on
devient forgeron, vous y arriverez, mais vous devez absolument ne pas ignorer l’étape lors des
devoirs et entrainements].

***

[1er mouvement][1.1] En ce qui concerne l’intelligence humaine, on n’a pas assez remarqué que
l’invention mécanique a d’abord été sa démarche essentielle, qu’aujourd’hui encore notre vie
sociale gravite autour de la fabrication et de l’utilisation d’instruments artificiels1, que les inventions
qui jalonnent la route du progrès en ont aussi tracé la direction. [1.2] Nous avons de la peine à nous
en apercevoir, parce que les modifications de l’humanité retardent d’ordinaire sur les
transformations de son outillage. [1.3] Nos habitudes individuelles et même sociales survivent assez
longtemps aux circonstances pour lesquelles elles étaient faites2, de sorte que les effets profonds
d’une invention se font remarquer lorsque nous en avons déjà perdu de vue la nouveauté. […] [2ème
mouvement] [2.1] Dans des milliers d’années, quand le recul du passé n’en laissera plus apercevoir
que les grandes lignes, nos guerres et nos révolutions compteront pour peu de chose, à supposer
qu’on s’en souvienne encore ; [2.2] mais de la machine à vapeur, avec les inventions de tout genre
qui lui font cortège, on parlera peut-être comme nous parlons du bronze ou de la pierre taillée ; elle
servira à définir un âge. [3ème mouvement] [3.1] Si nous pouvions nous dépouiller de tout orgueil, si,
pour définir notre espèce, nous nous en tenions strictement à ce que l’histoire et la préhistoire nous
présentent comme la caractéristique constante de l’homme et de l’intelligence, nous ne dirions
peut-être pas Homo sapiens, mais Homo faber. [3.2] En définitive, l’intelligence, envisagée dans ce
qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en
particulier des outils à faire des outils et d’en varier indéfiniment la fabrication.

Brouillon

[1.1] Intelligence humaine : la détermination de l’intelligence comme humaine ici suppose que
l’intelligence n’est pas un attribut proprement humain, mais passons… Intelligence, vient
d’intellegere, compréhension : c’est une faculté d’entendre, de comprendre les choses en faisant
usage de son esprit. Au sens strict : c’est l’ensemble des facultés permettant de développer une
pensée abstraite, conceptuelle, rationnelle.
Invention : on peut parler d’invention de l’esprit, quand il s’agit d’une affabulation, mais il s’agit le
plus souvent d’un terme qui désigne l’innovation technique. D’ailleurs le terme est accolé à
mécanique : le mécanique désigne la machine, l’objet technique produit par l’homme mais
fonctionnant d’une manière autonome.

1
Lumière, internet, machines ouvrières
2
Un exemple contemporain : le smartphone.
Démarche essentielle : une démarche est un ensemble d’actions visant une certaine fin. Essentielle
veut ici que c’est d’abord, en premier lieu l’invention mécanique que vise l’intelligence. Essentiel est
composé à partir du terme latin esse (l’être) : ce qui appartient à l’essence de quelque chose, c’est ce
qui appartient à son être, c’est ce qui le caractérise en propre. Bergson veut donc dire qu’avant toute
autre détermination l’intelligence est inventivité technique.
« Elle est d’abord » / « on n’a pas assez remarqué » / « aujourd’hui encore » : l’intelligence est
devenu autre chose, l’inventivité technique n’est pas sa seule caractéristique, si c’est la principale.
Quelque chose occulte telle perception cependant.
Bergson produit un constat : « notre vie sociale gravite autour de la fabrication et de l’utilisation
d’instruments artificiels ».
Instruments artificiels : objets techniques par définition, servent certaines fins et sont utiles (la
production d’objets).
→ La technique possède une véritable force d’attraction qui organise toute notre vie. C’est qu’elle
possède une plus grande dimension que la simple dimension utilitaire qu’on lui attribut. Technique ≠
simple moyen, c’est quelque chose de plus important pour la vie humaine et ses caractéristiques.
Ex : internet a révolutionné nos conduites, nous dépendons beaucoup d’internet dans de nombreux
aspects de notre vie sociale. A l’époque de Bergson, on peut penser plus volontiers à l’invention de la
lumière, à l’évolution des transports et des machines industrielles.

Développement [1.1] – C’est un exemple très détaillé, pour vous montrer comment on s’y prend pour
développer les parties. C’est un traitement idéal, somme toute assez long, vous devez le viser. Pas de
panique si vous trouvez ça du à ce stade de l’année.

Ce texte extrait de l’Evolution créatrice débute par une invitation à dépasser les apparences, nous
« n’avons pas assez remarqué » dit Bergson que « l’invention mécanique » a constitué en premier
lieu « la démarche essentielle […] de l’intelligence humaine » (l.1-2). [introduction de l’argument
principal avec citation. Modification de l’ordre du texte, ce n’est pas interdit tant que ça ne
dénature pas le sens du texte]. L’intelligence, qui se définit comme l’ensemble des facultés mentales
visant la connaissance rationnelle et abstraite, ne se range pas sous une telle définition dans ce texte.
En effet, l’auteur définit sa « démarche essentielle », c'est-à-dire qu’ici est déterminé le projet propre
à l’intelligence ou la raison « pour laquelle » l’intelligence existe. Or la fin que vise l’intelligence ce
n’est pas une connaissance abstraite, une capacité à spéculer, mais des inventions techniques par
excellence [j’explicite le propos de l’auteur en m’appuyant sur des définitions]. Cette idée ne va pas
de soi puisque nous pouvons avoir tendance à distinguer la plus haute intelligence comme celle qui
peut produire des raisonnements abstraits élaborés, inversement, la production d’outils ne semble
n’avoir rien de spirituel. Mais sur quels arguments repose l’affirmation de Bergson ? Comment peut-il
défier cette conception de l’intelligence ? [Le questionnement à propos de ce qu’écrit l’auteur n’est
pas toujours requis, mais il se justifie ici, ce n’est évidemment qu’un questionnement qui a pour fin
de mieux le valider] Evidemment l’affirmation de l’auteur de l’Evolution créatrice n’est pas gratuite,
elle repose sur deux observations qui ont pour but de montrer l’ampleur de la technique dans
l’existence humaine. La première observation expose que notre « vie sociale », c'est-à-dire notre
existence collective, « gravite autour de la fabrication et de l’utilisation d’instruments artificiels » (l.2
à 3). En recourant à un terme physique tel que la gravité, Bergson place la technique au cœur de
l’existence humaine. Il est vrai que la technique semble posséder la force d’attraction décrite : par
exemple, l’invention de l’éclairage électrique a révolutionné les conduites humaines et il est difficile
de penser que nous puissions nous en passer, notre vie dépend donc bien dans son organisation de
quelque chose comme la lumière artificielle. [Explication de la validité de l’argument de l’auteur par
un exemple. Il y aurait bien des manières de la fonder avec des exemples plus actuels (internet par
exemple), mais l’exemple de l’éclairage est contemporain de Bergson : le développement de
l’éclairage public à Paris date de 1880 et ce texte a été publié en 1907…]. La deuxième observation
en soutenant que les « inventions […] jalonnent la route du progrès » (l.4) met en évidence que
l’évolution humaine est accompagnée d’évolutions techniques. Ici, il convient de remarquer que la
technique n’est pas présentée comme un simple moyen en vue de d’obtenir un résultat, mais comme
un moteur pour l’humanité toute entière, puisque ce sont les innovations, qui ont permis tel progrès
(« les innovations […] en ont aussi tracés la direction » l.4). Le rapport entre humanité et technique
est donc inversé : l’innovation technique n’est pas l’émanation d’une humanité toujours plus évoluée
et intelligente, c’est parce qu’elle progresse techniquement que l’humanité peut-être dite plus
évoluée. Evidemment l’histoire montre que le progrès technique semble posséder un sens dans la
mesure où la technique acquiert un plus grand degré de perfectionnement dans le temps : de la
simple flamme d’une bougie de graisse à la lampe à filament, il y a un gouffre de savoir scientifique
qui laisse deviner l’évolution cognitive de l’homme. [Là encore le deuxième argument est justifié par
un exemple, n’ayez pas peur de montrer par des exemples appropriés ce que veut dire l’auteur –
remarquez que je suis l’ordre linéaire du texte sans y déroger] Cependant est-ce que la seule
notification de l’importance de la technique dans la vie et l’histoire de l’homme peut assoir l’idée que
la technique est importante pour une définition de ce qu’est l’intelligence ? [Ceci est une question
qui marque la transition entre [1.1] et [1.2], les questions permettent de lier les parties entre elles,
mais aussi d’apporter un peu d’air à votre réflexion].

Je ne développe pas le propos dans ce qui va suivre: je résume l’intérêt de chaque partie en mettant
l’accent sur les arguments importants. Remarquez que j’ai mis l’accent sur les termes en rouges, ce
sont des termes importants qu’il faut définir.

[1.2] Bergson montre à la fois la cause de nos préjugés sur la technique et l’intelligence : les grands
chamboulements occasionnés par les techniques ne se remarquent qu’a posteriori, ce qui nous
conduirait à méjuger l’importance de la technique pour l’homme. Ainsi peut s’expliquer le préjugé
exposé en [1.1] à savoir qu’il n’y a évolution technique que parce qu’il y a évolution humaine.
L’argument de Bergson peut se comprendre à l’aide d’exemples simples : les premiers ordinateurs
particuliers ont été commercialisé en 1975, leur usage était limité, mais était plus étendu à la fin des
années 80. Ce n’est que de nos jours que nous pouvons observer à quel point les ordinateurs ont
modifiés notre existence.
[1.3] Explicitation de cette idée : Bergson parle de nos habitudes individuelles/sociales. Résistance
des conduites ordinaires et quotidiennes lors de l’apparition de la nouveauté. Elles « survivent », ça
veut dire qu’elles sont dures au changement. Déploiement de l’idée qu’il y a une force d’inertie
propre à la vie humaine, et que ce qui fait qu’elle évolue se place du côté de l’innovation technique.
Ici donc se trouverait justifié l’idée que ce qui fait le propre de l’humanité c’est sa capacité à
fabriquer des objets utiles toujours plus perfectionnés. Explicitation de cette inertie des conduites,
par rapport à l’innovation qui s’accélère en reprenant l’argument en [1.2] et en l’affinant (on a
remarqué une révolution des conduites que ces 10 dernières années, par un usage plus accru des
ordinateurs via internet : nos rapports sociaux ont été considérablement modifiés).
Transition : le préjugé concernant la technique ne tiendrait donc qu’à une forme de cécité
occasionnée par la discrétion des innovations techniques elles-mêmes. Si nous ne remarquons pas
que la technique caractérise la démarche première de l’intelligence, c’est parce que nous
éprouvons de la peine à changer nos habitudes. Ainsi nous ne pouvons plus voir le lien essentiel
entre progrès humain et progrès technique. L’époque de Bergson est riche de changements
techniques, nous pourrions tout aussi bien dire que son jugement est conditionné par l’impression
que lui laisse son époque. Sur quels arguments peut reposer sa pensée qui veut définir la
caractéristique principale de l’humanité ?

[2] Application du raisonnement à l’échelle de l’histoire


[2.1] Le raisonnement va s’appliquer à une échelle de temps plus large, Bergson parle de milliers
d’années. Il pose l’hypothèse suivante : dans des milliers d’années, nos guerres/révolutions
compteront pour rien. Evidemment cela semble à première vue contre-intuitif : qui penserait par
exemple qu’aujourd’hui les grandes avancées démocratiques ou au contraires les grands conflits
idéologiques qui caractérisent notre époque s’évanouiront face à des innovations techniques telles
que le smartphone ? Que ce qui restera de notre époque actuelle ce sera la révolution numérique ?
Avec les concepts de guerre/de révolution, nous avons des références qui privilégient l’importance
de l’idée, puisque ce sont des conceptions ou des intérêts immatériels qui occasionnent
guerres/révolutions. Quand nous parlons de grandes lignes généralement, nous parlons de grands
événements qui ont marqué les esprits. L’hypothèse de Bergson est-elle gratuite ?
[2.2] Non, ce qui marque les esprits, ne marque pas forcément l’histoire. L’argument de Bergson est
fondé sur le constat de ce que nous avons retenu de notre passé. Une définition de l’âge du bronze,
de l’âge de la pierre taillée s’impose : des connaissances historiques rudimentaires sont requises. Ce
sont des âges qui marquent l’apparition d’une technique qui a révolutionné l’humanité. Il y a du avoir
des événements qui se sont produits comme des guerres entre clans, mais il n’y a pas de mémoire de
ça. L’importance d’un type d’événement par rapport à un autre sert de fondement à Bergson.
Factuellement : l’histoire concernant des époques lointaines ne peut faire que le récit des évolutions
techniques, il n’y a pas de raison que notre époque soit traitée différemment quand la majeure
partie des traces propres à notre époque auront été effacées par le temps.
Transition : jusqu’à quel point la remarque historique est-elle pertinente pour un propos sur
l’homme et son intelligence ?

[3] L’intelligence se définit comme la capacité à inventer des formes utiles à la vie, à créer de
nouvelles techniques
[3.1] La remarque de Bergson sur l’histoire est considérée comme totalement pertinente. Ce qui
nous empêche d’en remarquer l’importance c’est notre orgueil, soit notre capacité à avoir une
opinion trop avantageuse de nous-mêmes. Que nous montrent les faits véritablement ? Que la
technique possède une place centrale dans la vie de l’homme. Pourquoi Bergson parle-t-il d’orgueil ?
Parce que nous voulons nous définir autrement que par la capacité à créer de nouvelles techniques.
Nous voulons nous distinguer comme étant toujours plus fins spirituellement. Or les faits sont là pour
montrer que ce n’est pas comme ça que nous nous manifestons. Bien sûr, l’intelligence se définit
aussi comme capacité à spéculer, mais ce n’est pas sa caractéristique constante : ce n’est pas ce qui
en fait la spécificité, son critère principal, ce qui fait que l’on peut dire que l’Homme est un être
intelligent. S’il y a capacité de compréhension, c’est celle qui le met en confrontation directe avec le
monde et qui le rend capable de dépasser des difficultés inhérentes à ce dernier. Ainsi si l’intelligence
est capacité à faire preuve de technique faut-il aussi parler d’homo faber. Homo sapiens (homme qui
sait) met l’accent sur le fait que l’homme est cet être capable de faire preuve d’abstraction, tandis
qu’homo faber désigne l’homme qui fabrique, tout simplement. Il faut donc être moins orgueilleux,
faire preuve de modestie pour s’apercevoir que c’est par la capacité à fabriquer que se définit
l’homme.
Une fois mis à l’écart tout orgueil, que constatons-nous ?
[3.2] Une fois débarrassés de la conception orgueilleuse qui nous empêche de bien apercevoir la
nature de l’intelligence, nous pouvons remarquer l’importance de la technique. La technique
apparait comme la démarche originelle, c’est-a-dire ce en vue de quoi existe quelque chose comme
l’intelligence, que cette intelligence va toujours dans le sens d’un plus grand raffinement technique
(nous construisons des outils à faire des outils i.e. la technique va dans le sens d’une autonomisation
de l’objet technique : la machine industrielle qui construit des voitures avec la simple assistance d’un
opérateur). Pour Bergson, l’intelligence humaine s’applique toujours, hier comme aujourd’hui, à
innover techniquement, cela suffit à fonder que la technique définit l’intelligence humaine.

Conclusion synthétique : La thèse de ce texte est que l’inventivité technique est la fonction
principale de l’intelligence. Bergson déploie une multitude d’arguments pour fonder celle-ci : (1)
l’intelligence est la cible d’un préjugé constant portant sur sa définition qui est dépassé si l’on
observe avec attention les faits, (2) que l’on sait observer avec soin l’histoire, et (3) si l’on s’attache à
faire preuve d’humilité pour concevoir objectivement que l’intelligence est d’abord inventivité
technique.

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