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LA TECHNIQUE

INTRODUCTION
Du grec « technè », la technique désigne tout ce qui résulte de la production humaine.
Elle est ainsi un savoir-faire appliqué au domaine des arts et des métiers en vue de
l’amélioration des conditions d’existence humaine. C’est dire que la technique est mise
au point pour libérer l’homme, pour le servir quotidiennement et le sortir de la
dépendance naturelle qui le rendait quasiment esclave de son environnement.
Seulement, il semble que cet outil de libération de l’homme est aujourd’hui une source
majeur de son mal être. Ce qui suscite amples interrogations sur le réel apport de la
technique dans la vie des hommes aujourd’hui. En clair, la technique est-elle toujours une
source d’épanouissement des hommes ou elle est plutôt devenue un danger fatal pour
l’humanité ? A partir du moment où la technique a permis à l’homme de travailler sans
labeur majeur ou de produire en masse, ne peut-on pas dire que la technique est un
moteur de progrès et d’épanouissement ? Toutefois, les maladies, les malheurs et les
dépendances liés à l’exercice technique ne sont pas là autant de raison de remettre en
cause le supposé bienfondé de la technique dans l’environnement humain?

I/. LA TECHNIQUE, GAGE D’EPANOUISSEMENT

1) La technique, pour sortir de la minorité existentielle


Il semble que de tout temps, l’homme est un être qui ne peut se réaliser, en tant que tel et
de manière noble et conventionnelle, que par le travail. Seulement, le travail n’est pas
donné et aisé. Du grec « tripalium », un fer raide permettant de coincer les chevaux, le
travail est une activité raide, rude, dure. C’est par exemple cette rudesse qui a fait qu’au
moyen-âge, plusieurs hommes ont perdu leurs membres, sang et vies dans l’abattage.
Pour pallier à ces difficultés, l’homme se sert de la technique. En clair, les moyens
techniques ont dans le temps permis aux hommes d’améliorer leurs conditions de vie.

2) La technique, en vue de la puissance humaine


Mieux, en plus de pallier aux difficultés existentielles individuelles, la technique a
semble-t-il, pris plus de proportion dans l’espace et le temps. Ici on peut constater que le
travail facilité par l’outil technique libère l’homme de sa condition de vulnérabilité (Voir
Platon, Protagoras) dans la nature. Pour André Leroi Gourahn c'est par le travail, rendu
possible par l’outil que l’homme s’est distingué dans la nature. Mieux, René Descartes de
dire sans ambages : « la technique peut désormais rendre l’homme comme maître et
possesseur de la nature ». Tout ceci pour dire que la technique a valeur salvatrice d’une
part mais aussi émancipatrice. Comme quoi, par la technique, l’homme devient comme
un dieu dans son milieu qu’il sait désormais soumettre à sa guise. Toute chose qui
participe de sa grandeur, sa puissance, sa majesté dans la chaine des vivants.

3) La technique comme méthode


Parallèlement, l’usage populaire que nous avons de la technique et qui revoie à la
méthode, à la pratique avec soin et dextérité d’une chose, d’un métier, dans un domaine
des savoirs pratiques, sous-entend que la technique est d’abord une question de savoir et
de savoir-faire. D’où les expressions populaires : « il a une bonne technique » ; « il
maitrise son travail, c’est un bon technicien ». Comme quoi, est maitre celui et/ou celle
qui met en pratique des méthodes de travail conséquent. Chez Freud par exemple, la
technique par excellence dans la vie et pour la vie des humains c’est l’ensemble des
procédés visant à accorder une importance capitale dans le rapport de l’homme au travail.
« Aucune autre technique pour conduire sa vie (…) que l’accent mis sur le travail »,
n’argue-t-il. Ceci pour soutenir que la méthode de travail constitue en soi une technique.
Une technique de toute évidence au service du progrès multidimensionnel humain.
Même si ce progrès technique ne saurait être exempt de toute objection.

II/. LES MEFAITS DE LA TECHNIQUE

1) de la technique qui tue


Il faut dire que les inventions techniques ne sont pas sans conséquences néfastes pour
l’homme. Et la première conséquence en ce sens est sans doute la mort. En effet, la
technique tue. Elle tue autant directement qu’indirectement. Ici, on peut citer les krachs
aériens, les guerres comme la première et surtout la deuxième guerre mondiale ; les
armes à feu, les armes chimique, Hiroshima etc. Autant d’éléments non exhaustifs
pour établir la fatale dangerosité de la technique. Ajouté à cela le réchauffement
climatique progressif qui chaque jour témoigne de la destruction de l’homme et de
l’environnement. Tout cela étant la résultante des utilisations toujours croissantes des
moyens techniques. Toutes ces réalités semblent de plus en plus susciter le doute et
même le scepticisme en ce qui concerne le prétendu bienfondé de la technique. Aux
antipodes de là, Alain Bouto affirme : « la technique met l’homme en péril(…) parce
que les moyens techniques rendent désormais possible une destruction de l’espèce
humaine toute entière ».

2) de la servilité technique
Aussi, il est à constater que l’homme en voulant sortir de la servitude de la nature en
s’appuyant sur la technique, s’est mis sous le contrôle de cette même technique. En
effet, la technique avait pour but de libérer l’homme de l’esclavage de la nature.
Malencontreusement, en sortant de l’esclavage de la nature, l’homme s’est rendu
esclave de son propre outil de libération : la technique. Ce qui se traduit par une extrême
dépendance aux outils techniques et technologiques tels que les machines à laver, les
téléphones portables, les calculatrices (même pour des calculs basiques). Ce qui amène
Paul Valery à dire que « la machine gouverne. La vie humaine est rigoureusement
gouvernée par elle (…) Ces créatures des hommes sont exigeantes. Elles réagissent à
présent sur leur créateur et les façonnent d’après elles » (Variété, Propos sur
l’intelligence). C’est ce qu’on constate avec la difficulté qu’on a désormais pour effectuer
un simple calcul sans machine à calculer : la calculatrice.

3) de la technique déshumanisante
Ce qui précède a irrécusablement un impact amoindrissant de ce qu’est l’homme en tant
que tel. Car il va sans dire que le recours immédiat à la machine, donc à la technique pour
une simple activité intellectuelle ou rationnelle affaiblie, diminue et annihile ce qui fait de
l’homme, l’homme. C’est-à-dire, ses compétences intellectuelles, rationnelles, logico-
déductives, ses facultés cognitives. En fait, « plus la technique progresse, plus la
réflexion est en recul » dira sans ambages, Gabriel Marcel. Pour ainsi dire, la technique
est une source indéniable de déshumanisation, en sus du fait qu’elle tue directement les
hommes.

CONCLUSION
La technique est certes source de déshumanisation, d’aliénation et de destruction
massive, mais son utilité dans le quotidien des hommes reste indiscutable. Ce qui
implique que le mieux pour l’homme et l’environnement est que l’utilisation des moyens
techniques se fasse de manière rationnelle. Car « science sans conscience n’est que
ruine de l’âme » comme pouvait faire remarquer l’interpellation morale collective de
Rabelais.

Exercice d’application

Sujet1 : Faut-il croire en progrès fatal ?


Sujet2 : « La main est le premier outil de l’homme » (Aristote) Expliquez et discutez

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