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Droit Commercial M9/S2, Séance du 02 Avril 2020.

(C’est la suite de la Séance du 26 Mars 2020)

SECTION II Les Obligations Afférentes aux Commerçants :

Les obligations qui sont les plus importantes sont : L’obligation de s'inscrire au registre du
commerce (§ 1) et l'obligation de tenir une comptabilité (§2)

(§1) L'obligation de s'inscrire au registre de commerce :

Le registre de commerce est un répertoire officiel des entreprises commerciales, précisant


leur condition ainsi que celle de leurs dirigeants. C'est le Dahir formait code de commerce de
1913 (aujourd'hui abrogé) qui a trié au Maroc le registre du commerce.

A l' origine, l’immatriculation au registre était facultative. Mais le Dahir du 1 er Septembre


1926, complété par un arrêté viziriel du même date, a rendu obligatoire
l'immatriculation au registre de commerce. Le nouveau code de commerce est allé plus loin
en attachant à l’immatriculation des conséquences très importantes.

La publicité statutaire au registre de commerce : La publicité a pour objet de faire


connaître aux tiers l’identité du commerçant, et son domaine d’activité. Elle a lieu au registre
de commerce par voie d’immatriculation, d‘inscriptions modificatives ou de radiations.

Le registre de commerce : C’est un support de publicité destiné à faire connaître


l’existence, les caractéristiques et le devenir des établissements de commerce, en fournissant
tous renseignements par voie de copie ou d’extrait certifié des inscriptions qui y sont portées .

I/ Organisation du registre du commerce :

A / LA TENUE DU REGISTRE :

Au Maroc le registre de commerce est constitue de deux éléments :


 Le Registre Local tenu par le secrétariat greffe de chaque tribunal de commerce ou à
défaut du tribunal de 1 ère Instance, sous la surveillance du Président du Tribunal ou
par un juge qu'il désigne chaque année à cet effet (article 28 du code de commerce).
 Le Registre Central du commerce est tenu par l'Office Marocain de la Propriété
Industrielle et Commerciale. (Article 29 du Code de Commerce). Il est constitué des
doubles des déclarations remises aux greffiers des tribunaux compétents et transmises
par ce dernier à l'office.

Selon l’article 33 du Code de Commerce : Le registre central est destiné :

1) à centraliser, pour l'ensemble du Royaume, les renseignements mentionnés dans les divers
registres locaux ;

2) à délivrer les certificats relatifs aux inscriptions des noms de commerçants, dénominations
commerciales et enseignes ainsi que les certificats et copies relatifs aux autres inscriptions qui
y sont portées ;

3) à publier, au début de chaque année, un recueil donnant tous renseignements sur les noms
de commerçants, les dénominations commerciales et les enseignes qui lui sont transmis.

B/ INSCRITPION AU REGISTRE :

Toute personne physique et morale (sociétés commerciales, Groupe d’intérêt économique…),


de droit privé ou de droit public, marocaine ou étrangère exerçant une activité commerciale
sur le territoire marocain sont tenues de se faire immatriculer au R.C. du tribunal où est situé
leur siège (article 37 du Code de Commerce). Cette obligation doit respecter les
dispositions de la loi 17- 89 du 9 janvier 2019 relative à la création des entreprises par la
voie électronique d’où on parle aussi d’un registre de commerce électronique selon les
dispositions de l’article 27 du code de commerce .

L’immatriculation est également obligatoire lors de l’ouverture d’une succursale ou d’une


agence d’entreprise marocaine ou étrangère. Les inscriptions au registre de commerce sont
au nombre de trois :

 Les immatriculations : Il existe trois sortes d’immatriculations (L’immatriculation


Principale, Les inscriptions complémentaires et Les
Immatriculations secondaires).
 Les inscriptions modificatives
 Les radiations

 Pour ce qui concerne les immatriculations sont :

1/ L’immatriculation principale :

Toutes les personnes physiques, et morales marocaines ou étrangères, exerçant une


activité commerciale sur le territoire marocain doivent dans les trois mois de l'ouverture de
l'établissement (pour les personnes physiques), de la création ou de la constitution (pour les
personnes morales) requérir du secrétariat greffe du tribunal compétent leur immatriculation
au registre de commerce (Article 75 du Code de commerce).

Mais, il ne peut y avoir qu’une seule immatriculation, Il s’agit de la première


immatriculation au R.C. qu’on appelle immatriculation principale. Ainsi, un commerçant
(personne physique ou personne morale) ne peut avoir qu’un seul numéro d’immatriculation à
titre principal car, l’immatriculation a un caractère personnel, c’est-à-dire qu’elle est rattachée
au commerçant, non à son activité commerciale ou à ses établissements de commerce.

S’il est établi qu’un commerçant possède des immatriculations principales dans plusieurs
registres locaux ou dans un même registre local sous plusieurs numéros, il peut être
sanctionné et le juge peut procéder d’office aux radiations nécessaires (Article 39 du Code de
Commerce).

2/ Les inscriptions complémentaires :

En cas d’ouverture d’un nouvel établissement se trouvant dans le ressort du tribunal où la


personne assujettie a son immatriculation principale, il y a lieu seulement à inscription
complémentaire, il ne s’agit pas d’une immatriculation mais uniquement d’une inscription
modificative (article 40 du Code de Commerce).

3/Les immatriculations secondaires :

Si le nouvel établissement se situe dans le ressort d’un autre tribunal que celui de
l’immatriculation principale, il y a lieu à demander une immatriculation secondaire au tribunal
du lieu de la succursale ou de l’agence ou de la création de la nouvelle activité, avec
indication de l’immatriculation principale. Dans ce cas, une inscription modificative doit
également être portée au R.C. de l’immatriculation principale (article 40 du Code de
Commerce).

 Pour ce qui concerne les inscriptions modificatives:

Tous les faits et actes entrainant une modification des mentions inscrites sur le RC,
doivent faire l'objet d'une demande d'inscription modificative dans le délai d'un mois (Article
75, a1. 4) « …Toute inscription sur le registre du commerce pour laquelle un délai n'a pas
été fixé doit être requise dans le mois à partir de la date de l'acte ou du fait à inscrire. Le
délai court pour les décisions judiciaires du jour où elles ont été rendues ».

La demande d’immatriculation doit être déposée auprès du secrétariat-greffe du


tribunal dans le ressort duquel est situé le siège social ou, s'il s'agit d'un commerçant personne
physique, soit son principal établissement, soit le siège de son entreprise s'il est distinct de son
principal établissement.

 Pour ce qui concerne les radiations :

La radiation est le fait de rayer l’immatriculation du commerçant du R.C. , par exemple


Quand un commerçant cesse d'exercer son commerce ou vient à décéder, ou quand une
société est dissoute, il y a bien de procéder à la radiation de l'immatriculation qui peut être
requise par le commerçant ou ses héritiers, ou par la liquidation pour ce qui concerne les
sociétés (Article 51), c’est-à -dire opérées d'office par ordonnance du président du tribunal.

C/ LES MENTIONS DU REGISTRE :

1/ Pour les personnes physiques :

Les déclarations aux fins d'immatriculation des personnes physiques doivent contenir des
indications sur l’identité, la nationalité, l’état, la capacité, le régime matrimonial, le nom
commercial, les fonds exploités et tous les autres éléments de la situation juridique et de
l’activité commerciale de l’intéressé dont les tiers ont besoin pour
traiter avec lui en toute sécurité (Art. 42 du CC).
Outre les inscriptions modificatives (Art. 40), un certain nombre d’actes juridiques
intéressant le fonds de commerce doivent être inscrits au registre du commerce il s'agit
notamment :

 Des brevets d'invention et marques de fabrique.

 Des décisions judiciaires relatives au redressement ou à la liquidation judiciaire

 Des actes de cession de fonds de commerce

 Des décisions judiciaires et actes affectant le régime matrimonial du commerçant


étranger.

 Du nantissement du fonds de commerce

 Du renouvellement et de la radiation de l'inscription du privilège du créancier Gagiste

2/ Pour les personnes morales :

Les sociétés commerciales doivent mentionner dans leur déclaration d'immatriculation outre
l'état civil des associes, et de ceux indéfiniment responsables des
dettes sociales, la raison ou dénomination sociale, l’objet de la société, sa forme juridique, son
siège social, le montant du capital social, et le nom des associés et des tiers autorisés à
administrer, gérer et signer pour la société (Art. 45 CC)

Les mêmes obligations pèsent sur les établissements publics à caractère industriel ou
commercial soumis par leur statut à immatriculation au registre du commerce. Les
représentations commerciales ou agences commerciales des Etats, collectivités on
établissements publics étrangères, et les groupements d’intérêt économique qui doivent
fournir tous les éléments permettent leur identification, et ce, conformèrent aux articles 47 et
48 du code de Commerce.

2/ Effets et sanctions des inscriptions an registre du commerce :

A/ Les effets de l'inscription :

Toute personne physique ou morale immatriculée au registre du commerce est présumée,


sauf preuve contraire, avoir la qualité de commerçant avec toutes les conséquences qui
découlent de cette qualité (article 58 du code de Commerce).
Pour les commerçant personnes morales, contrairement aux dispositions de l’ancien code,
l’immatriculation est une condition de fond pour l’acquisition de la personnalité juridique.

Par ailleurs, toute personnes assujettie est tenues de mentionner sur ses factures, lettres, bons
de commande, tarifs, prospectus et tous ses papiers de commerce destinés aux tiers, le numéro
et le lieu de son immatriculation et, s’il y lieu, celui de la déclaration sous laquelle l’agence ou
la succursale a été inscrite (article 65 du Cod de Commerce);

Les personnes physiques ou morales assujetties à l'immatriculation au registre du commerce


et qui ne se sont pas fait immatriculer ne peuvent se prévaloir, jusqu'à immatriculation, à
l'égard des tiers de leur qualité de commerçant mais n'en sont pas moins soumises à toutes les
obligations découlant de cette qualité (article 59 du Code de Commerce) et seuls les faits et
actes régulièrement inscrits au registre du commerce sont opposables aux tiers (article 61 du
code de commerce).

B/ Les sanctions du défaut d'inscription :

Le non respect par le commerçant des obligations afférentes à l’inscription le rend passible
de sanctions civiles et de sanctions pénales :

Le commerçant qui ne requiert pas son inscription au registre du commerce dans les délais
prescrits, ou qui ne fait pas procéder aux rectifications nécessaires encours la condamnation à
une amende de 1.000 à 5.000 dhs (Art. 62 du CC).

Aux termes de l’Art. 62 du CC: « A l'expiration d'un délai d'un mois à compter de la mise
en demeure adressée par l'administration, encourt une amende de 1.000 à 5.000 dirhams tout
commerçant, tout gérant ou membre des organes d'administration, de direction ou de gestion
d'une société commerciale, tout directeur d'une succursale ou d'une agence d'un établissement
ou d'une société commerciale, tenu par les dispositions de la présente loi à se faire
immatriculer au registre du commerce, qui ne requiert pas dans les délais prescrits les
inscriptions obligatoires ».

Une deuxième amende peut être prononcée si dans les deux mois de l'injonction judiciaire.
Les formalités n'ont pas été accomplies (Art.63 du CC). S'il s'agit de l'ouverture
d'une succursale ou d'une agence d'un établissement situe en dehors du Maroc, le tribunal
peut ordonner la fermeture de l'établissement jusqu'a exécution de la formalité requise.
Le commerçant qui, de mauvaise foi fournit des indications inexactes en vue de
l'immatriculation ou de l'inscription au registre de commerce est puni d'un
emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 1.000 a 50.000 dhs ou de l'une de ses
deux peines seulement (Art. 64 du CC). Ces peines sont doublées en cas de récidive (Art. 67
du CC).

(§2) L'obligation de tenir une comptabilité :

La comptabilité peut être définie comme étant une mission d'information consistant à
collecter, recenser, classer et traiter toutes les opérations exprimées sous forme monétaire
qui effectue une entreprise.

Ces opérations constituent ce que l’on dénomme « Les faits comptables », ils ont pour
origine des pièces comptables indispensables car elles représentent l’élément de preuve de
l'enregistrement comptable.

1- Les exigences comptables :

La loi 9-88 sur les obligations comptables des commerçants énonce un certain nombre de
principes et de règles de la tenue d’une comptabilité tel que :

 L’obligation d’établir en monnaie nationale les documents comptables - qui sont de


deux sortes : les livres comptables (le livre-journal, le grand livre et le livre
d’inventaire) et les états de synthèse.

 L’obligation de tenir chronologiquement le livre comptable sans blanc ni rature ;

 L’obligation de faire un inventaire des éléments actifs et passifs au moins tous les 12
mois et d’en porter la transcription dans le livre;

 L’obligation de présenter les états de synthèse dans les trois mois qui suivent la
clôture de l’exercice ; Ces états de synthèse doivent donner une image fidèle du
patrimoine de l’entreprise, de sa situation financière et de ses résultats.

 L’obligation de conserver les documents comptables ainsi que les pièces justificatifs
pendant dix ans ;
2- Portée de l’obligation comptable :

La preuve comptable, sans reproduire les dispositions de la loi 9-88, le code de commerce
impose aux commerçants de se conformer à ces dispositions et précise la portée de cette
obligation. Ainsi, le code de commerce précise qu’une comptabilité régulièrement tenue est
admise par le juge pour faire preuve entre commerçants à raison des faits de commerce, et
même en faveur de celui qui la tient (article 19 du Code de Commerce). En revanche, les tiers
peuvent faire valoir contre le commerçant le contenu de sa comptabilité même irrégulièrement
tenue (article 20 du Code de Commerce).

3- La production en justice de documents comptables :

Les documents comptables peuvent donc être invoqués en justice comme preuve soit par le
commerçant qui les tient, dans ce cas il les mettra de sa propre volonté entre les mains de la
justice, soit par les tiers, et la loi met à leur disposition deux procédés : la communication et
la représentation. Mais le juge peut ordonner d’office l’un ou l’autre de ces procédés, c’est-à-
dire sans que ce soit requis par les parties.

 La communication: c’est la production intégrale des documents comptables. Elle ne


peut être ordonnée qu’exceptionnellement : dans les affaires de succession, de partage,
de redressement ou de liquidation judicaire (article 24 du Code de Commerce)

 La représentation: qui consiste à extraire de la comptabilité les seules écritures


intéressant l’affaire soumise au juge (article 24 du Code de Commerce).

4- Sanction pour irrégularité :

L’irrégularité est constituée par plusieurs faits : tenir une comptabilité fictive ou
incomplète ; faire disparaitre des documents comptables de l’entreprise, détourner ou
dissimuler une partie de l’actif ou augmenter frauduleusement son passif…

Les sanctions de ces irrégularités sont d’ordre fiscal et pénal:

 Les sanctions fiscales : Comme les documents comptables servent de base à


l’établissement des déclarations fiscales, ils peuvent faire l’objet de vérification par les
inspecteurs d’impôt. Aussi, lorsque ces documents ne respectent pas les normes
prescrites par la loi 9-88, l’article 23 de cette dernière laisse la faculté à
l’administration des impôts de les rejeter et d’établir une imposition forfaitaire. Elle
peut même appliquer, le cas échéant, des sanctions pécuniaires (majorations,
indemnités de retard, etc.)

 Les sanctions pénales : Face aux irrégularités comptables, les commerçants peuvent
être déclarés en état de redressement judiciaire, ou de déchéance pendant 5ans. Les
Dirigeants des sociétés commerciales encourent la banqueroute 1 avec des peines allant
d’un à cinq ans et 10 000dhs à 100 000dhs d’amende, ces peines sont doublées lorsque
le banqueroutier est un dirigeant de société dont les actions sont côtés à la bourse.

 Sur le plan civil :


En application des principes généraux du droit civil, le commerçant ne peut
utiliser en justice des documents comptables irrégulièrement établis pour faire preuve en
sa faveur.

Par ailleurs, les tiers trompés sur la base d'un bilan inexact qui fait de l'entreprise
une présentation exagérément optimiste pourraient selon le cas agir à l'encontre du
commerçant en dommages intérêts, ou obtenir la nullité de l'acte de cession de
l'entreprise ou de parts sociales pour dol.

1
Banqueroute. Délit commis par un débiteur (commerçant, artisan, dirigeant d'une entreprise privée ou ses
représentants) qui, après l'ouverture d'une procédure de redressement ou de liquidation judiciaires et à la
suite d'agissements irréguliers ou frauduleux, est en état de cessation de paiements.
Le délit de banqueroute s’applique dans le cadre d’une procédure collective, sont coupables de banqueroute
les personnes contre lesquelles a été relevé l’un des faits suivants :
 Avoir dans l’intention d’éviter ou de retarder l’ouverture de la procédure de redressement judiciaire,
soit fait des achats en vu d’une revente au dessous du cours, soit employé des moyens ruineux pour se
procurer des fonds.
 Avoir détourné ou dissimulé tout ou partie de l’actif du débiteur
 Avoir frauduleusement augmenté le passif du débiteur
 Avoir tenu une comptabilité fictive ou fait disparaître des documents comptables de l’entreprise ou de
la personne morale.

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