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festival

international
dufilm
La Roche-sur-yon
www.fif-85.com
conception v.zard / epcccy © PHOTO NICOLAS GUERIN

du 14 au 19 octobre 2010
FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

pierre regnault

festival
Maire de La Roche-sur-Yon
président de La Roche-sur-Yon Agglomération
Président de l’EPCCCY

international
Neuf ans déjà que le festival international du film nous offre un moment
unique et magique à La Roche-sur-Yon.

dufilm
Cette année, Emmanuel Burdeau, le programmateur de la compétition officielle,
nous permettra de découvrir de nombreux longs-métrages dont certains sont
inédits, sélectionnés parmi plusieurs centaines de films du monde entier.

La Roche-sur-yon
Au-delà de la compétition officielle, La Roche-sur-Yon va vivre au rythme
du cinéma en stimulant au maximum notre capacité à rêver, à s’émouvoir, à
www.fif-85.com réfléchir ensemble, autour de projections, débats, rencontres en présence de
nombreux professionnels du 7e art.
Mais se limiter à ces vertus du cinéma serait réducteur : ici à La Roche-sur-
Yon il n’est pas qu’un cinéma de rêve, d’évasion, de plaisir… et nous avons
depuis de nombreuses années fait le choix de promouvoir le cinéma qui interroge, interpelle, dérange, engage,
qui est une source de vitalité et de démocratie. Au total, la programmation qui vous est présentée durant ce
festival et qui comporte plus de 100 films est éclectique et de grande qualité. Elle répond à notre objectif de
favoriser la découverte et l’ouverture au monde, comme à celui d’offrir aux enseignants une superbe occasion
de former l’esprit critique de leurs élèves.
Ce festival s’inscrit dans le cadre d’une politique cinématographique - et plus largement culturelle - que la ville
mène toute l’année, avec tous les acteurs associatifs, culturels et éducatifs, avec des actions importantes de
sensibilisation au cinéma, l’éducation à l’image dans les écoles, les ateliers d’écriture et de programmation…
Je vous invite donc toutes et tous à consommer sans modération ce produit culturel à forte valeur ajoutée, qui
ne peut nous faire que du bien. P.R.

Partenaires jacques auxiette


Président du conseil régional des Pays de La Loire
Partenaires institutionnels
Ville de La Roche-sur-Yon Après un an d’absence, nous retrouvons cette année avec beaucoup de
Région Pays de la Loire bonheur le Festival international du film de la Roche-sur-Yon.
DRAC Pays de la Loire Cette manifestation évolue, comme l’indique le nouveau nom qui lui est donné,
soulignant ainsi la dimension internationale de cet événement. L’équipe du
Partenaires officiels Concorde propose en effet cette année une édition du festival plus encore
Bouvet-Ladubay ouverte au monde qui nous entoure, à des réalisateurs passionnants, à des
Centre E. Leclerc cinématographies que nous connaissons moins, à des thématiques nouvelles.
Guénant Automobiles Avec la venue de figures notoires du cinéma américain, une compétition
Impulsyon internationale résolument contemporaine, une rétrospective qui nous fera
Ouest-France mieux connaître des réalisateurs peu mis en avant en France, une centaine
de films seront proposés au public, au sein d’une programmation à la fois
Sita Ouest
ambitieuse et originale. Aux côtés d’autres cinéastes d’envergure, le festival
Partenaires médiatiques est aussi l’occasion de retrouver, en Pays de la Loire, Mathieu Amalric, le réalisateur du très beau film Tournée,
France 3 Pays de la Loire qui a marqué le dernier Festival de Cannes et connu ces derniers mois un très joli succès public. Il y a trois ans,
quand ce film n’était encore qu’un projet, la Région des Pays de la Loire a été la première à le soutenir et je suis
France Bleu Loire Océan
très heureux de son succès.
Canal 15 Enfin, parce que nous tenons à ce que les manifestations que nous soutenons profitent au plus grand nombre de
Graffiti Urban Radio ligériens, des séances décentralisées du festival seront organisées dans plusieurs villes de notre territoire.
Parce que l’art et la culture nous transforment, je vous souhaite de partager de beaux moments de cinéma ainsi
Partenaires
qu’une réussite et un essor renouvelés au festival. J.A.
Le Concorde
Association Festi’Clap
Le Grand R
Librairie Agora Georges POULL
Directeur régional des affaires culturelles des Pays de la Loire
Axa – Agence éric Jaquet
CMCAS Après une année d’absence et sous l’égide d’une nouvelle dynamique qui ne
Bruno Fradin Propreté concerne pas que l’appellation, le Festival de la Roche-sur-Yon s’affiche clairement
Pôle universitaire yonnais – Université de Nantes par la qualité de la programmation et de ses ambitions.
IUT La Roche-sur-Yon, département information-communication La présence de professionnels français et étrangers, la mise en place de rencontres,
de colloques et d’échanges avec le public, la présentation d’œuvres inédites, et
Partenaires associés le lien tissé avec le FID (Festival international du documentaire) de Marseille,
Cinéville dessinent les contours d’un évènement qui compte déjà sur le territoire régional et
Fuzz’Yon laisse imaginer un bel épanouissement à venir.
Roche Mag Mathieu Amalric, invité d’honneur, nous emmènera en Tournée dans son univers
ACOR singulier chargé d’émotions.
Conservatoire National de Région Abel Ferrara, the King of new York nous promet des découvertes qui ne nous laisseront pas insensibles. Un
Lycée Léonard de Vinci de Montaigu hommage, une rétrospective à une femme vivante : Kathryn Bigelow, première femme à obtenir l’oscar de la
meilleure réalisatrice.
Association Le Fil
Les questions de création sont parfois si complexes que certain à l’image de Charles laughton, n’auront
ACYAQ laissé qu’une œuvre. Celle que nous présentera Monte Hellman, aura mis 20 ans à voir le jour. Avec pour
Club inter-entreprises chef d’orchestre de la compétition le talentueux Emmanuel Burdeau et un François Bégaudeau soucieux des
Adijes frontières entre ville et campagne ; tous nous emmèneront dans une dimension où les questions de création,
COSEL de cinéma d’auteur et de diversité culturelle répondent aux objectifs portés par le ministère de la culture et de
Hôtel Mercure – Bistrot yonnais la communication.
Le Clémenceau C’est pourquoi je suis heureux d’accompagner la naissance du FIF de La Roche-sur-Yon et je souhaite à tous
L’Art en bar de vivre des temps forts, bouleversants, déstabilisants, émouvants et généreux le temps de ce festival, et pour
Les Vitrines du Centre Ville mieux se retrouver l’année prochaine. G.P.
2
FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

éditorial
sommaire yannick reix
Délégué général du FIF
Directeur du cinéma Le Concorde
compétition internationale
A près une interruption en 2009, le festival de la Roche-sur-Yon fait peau neuve. Au terme
jury professionnel p. 4
jury presse p. 5
de huit éditions, nous estimions nécessaire de faire le point. L’importance des festivals
Prix p. 5
rencontres avec les équipes de films en compétion p. 5 s’accroît, on le sait, à mesure que se fragilise la situation du cinéma en salle. Ceux-ci ne sont
sélection p. 6 plus seulement des vitrines, ils deviennent des moyens de diffusion à part entière. Certains
vont même jusqu’à initier des projets, se faire producteurs… De même, ils ne se contentent
mathieu amalric invité d’honneur pas de montrer des films, ils les accompagnent par des rencontres, des débats, la construction
Rétrospective p. 11 provisoire d’un monde autour d’eux.
carte blanche p. 13
Les festivals n’entendent pas remplacer ainsi le travail des salles, mais souligner au contraire
kathryn bigelow rétrospective combien celui-ci garde toute sa place. Une telle réflexion relevait à la fois de la nécessité et
La sensation et l’instant par Jean-Marie Samocki p. 18 de l’évidence, dans le cadre d’une manifestation portée par une structure, l’EPCCCY, qui gère
Rétrospective p. 19
et programme également un cinéma. Depuis la réouverture du Concorde en 2008, la Roche-
sur-Yon a en effet de nouveau une salle de cinéma en centre-ville. Au cours de ses premières
Monte hellman reprend la route éditions, le festival avait été salué comme un lieu de paroles et d’échanges, réunissant plus
avant-première et rencontres avec Monte Hellman p. 22
de 17 000 festivaliers, mais il pouvait l’être davantage. Nous souhaitions donner une nouvelle
nuit Monte Hellman p. 23
mesure à la promesse dont il était porteur. Le nom qu’il s’était donné, « En route vers le monde »,
désignait un horizon large, mais il avait l’inconvénient de contraindre à choisir une thématique.
abel ferrara par quatre fois C’est pourquoi nous avons voulu que le festival s’appelle désormais, simplement et peut-être
inédits et rencontres avec abel Ferrara p. 24
immodestement, Festival international du film de la Roche-sur-Yon.
ville-campagne façon de parler Le voilà donc plus libre ; plus libre de ne pas choisir entre deux idées du cinéma, une idée
par François Begaudeau p. 26
minoritaire et une idée populaire, le cinéma de quelques-uns et le cinéma de tout le monde.
Les grandes orientations de l’édition 2010 témoignent de ce souci. Tout en résumant le cinéma
fidmarseille invitation d’auteur à la française, notre invité d’honneur, Mathieu Amalric, est également un acteur à la
sélection 2010 p. 30
notoriété internationale et un cinéaste dont le nouveau film Tournée, a remporté à Cannes
le Prix de la Mise en scène. La cinéaste américaine Kathryn Bigelow a filmé Keanu Reeves,
séances rencontres Sean Penn ou Harrison Ford, et pourtant elle est issue de l’avant-garde new-yorkaise des
mediapart p. 32
ingmar bergman p. 33 années 1970, et ses films d’action ont une qualité d’abstraction qui n’appartient qu’à elle. Alors
cinéma, de notre temps p. 34 même qu’elle vient d’être récompensée par six oscars à Hollywood, aucune rétrospective
Van gogh / alban lefranc p. 34 française de ses films n’avait été organisée jusqu’à ce jour ! Le grand Abel Ferrara revient d’un
à suivre ... / lectures publiques p. 35
séjour italien où il s’est improvisé metteur en scène de mariages ; nous présentons ses quatre
derniers films dont aucun, hélas, n’a connu pour l’instant de sortie française. Monte Hellman,
jeune public qu’on a parfois appelé le plus européen des cinéastes américains, accomplit également cette
En ouverture du festival p. 36
année son grand retour, avec le très beau Road to Nowhere, présenté à La Roche-sur-Yon en
Annecy Tout courts ! p. 38
Hommage à Te Wei et aux studios d’art de Shanghai p. 39 première française. Fidèle de longue date au festival, François Bégaudeau a souhaité réfléchir
Un grain de Folimage p. 40 en images sur les nouveaux rapports entre ville et campagne. Et c’est la même combinaison
Ville-Campagne p. 41 d’exigence et de générosité qu’on retrouvera encore, au sein des programmations parallèles
que nous avons confiées au Festival international du documentaire de Marseille et au site du
autour du festival quotidien en ligne Mediapart.
rencontres Nationale école et cinéma p. 42
Colloque : La classe, la salle, le web p. 42
Lors des premières éditions, nous avions veillé à montrer des films qui n’arrivaient pas jusqu’à
Rencontre avec Valentine Roulet p. 42
Dance floor ouverture & de clôture p. 42 La Roche-sur-Yon. La réouverture du cinéma 8, rue Gouvion modifie naturellement la donne.
La compétition peut désormais prendre un nouvel élan, être plus attentive au cinéma en train de
Festi’Clap p. 43 se faire, aux noms qui commencent à apparaître. C’est pour aller dans ce sens que le festival
équipe du festival p. 43 en a confié la sélection à Emmanuel Burdeau, critique, ancien rédacteur en chef des Cahiers
Infos pratiques p. 43 du cinéma.
remerciements p. 43
index des films et des réalisateurs p. 44 Plus que jamais, les projections seront accompagnées, précédées, suivies de rencontres avec
des cinéastes, des critiques, des écrivains, des penseurs. Un festival sélectionne, retient des
films, en écarte d’autres. Mais s’il le fait, c’est pour ouvrir, toujours. La trame du parcours, pour
un festivalier, se dessine dans l’équilibre des choix qu’il opère entre films à revoir, terrain connu
(ce n’est jamais tout à fait le cas, on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve) et
découverte des inédits.

Un festival ne dit peut-être qu’une chose : le cinéma n’est pas seul, il est toujours plus que
lui-même. Y.R.

3
compétition internationale
Jury professionnel

Monte Hellman président du jury


Auteur d’une œuvre rare mais essentielle, Monte Hellman pourrait incarner
à lui tout seul l’âge moderne du cinéma américain. Road-movie ultime,
Macadam à deux voies est un des films les plus influents de ces cinquante
dernières années : de Quentin Tarantino à Gus Van Sant, nombreux sont
ceux qui n’en sont pas revenus. Ses autres films, L’Ouragan de la vengeance,
The Shooting ou encore Cockfighter, ont une aura à peine moins légendaire.
Après vingt ans d’absence – à l’exception d’un court métrage, Stanley’s
Girlfriend, présenté à Cannes en 2006 –, il vient de finir Road to Nowhere,
pour lequel il a reçu en septembre un Lion d’Or d’honneur à la Mostra de
Venise. (lire aussi p. 22/23)

Laurence Ferreira-Barbosa
Réalisatrice, son premier court métrage en 1982, Paris - Ficelle, décroche
le Prix spécial du Jury au festival de Belfort. En 1993 sort son premier long Monte Hellman
métrage, Les Gens normaux n’ont rien d’exceptionnel. La cinéaste est ensuite
choisie par Arte pour tourner un des volets de la collection Tous les garçons et
les filles de mon âge. Déjà au cœur de son premier opus, la question du rapport
à la norme est un des thèmes centraux du deuxième, J’ai horreur de l’amour,
sélectionné à Cannes en 1997et La Vie moderne (2000), dans lequel on suit
en parallèle les destins de trois personnages en crise, avec Isabelle Huppert.
puis Soit je meurs, soit je vais mieux, nouvelle exploration des frontières entre
réalité et fantasmes. Emotions et sentiments, absence de psychologisme,
narration fluide et non linéaire : telles sont les principales caractéristiques des
films de Ferreira-Barbosa, tous produits par Paulo Branco.

André s. labarthe
Il commence sa carrière de critique de cinéma dans les années cinquante,
et contribue beaucoup à la ligne des Cahiers en faveur de Renoir, Hawks,
ou Ford, mais aussi des cinéastes de la nouvelle vague. Il est également
réalisateur et fonde avec Janine Bazin en 1964 à la télévision l’émission
Cinéastes de notre temps, collection de portraits de cinéastes dont il réalise
plusieurs épisodes et qui sera repris sur Arte au début des années 80 sous
le titre Cinéma, de notre temps. Il est également le réalisateur de nombreux
films sur la peinture (Rauschenberg, Tapiès, Kandinski etc...), la danse
(Carolyn Carlson, Sylvie Guillem, William Forsythe etc...) et la littérature.
Nathalie Richard © Carlotta Forsberg
(Bataille, Artaud, Sollers etc...)

Pietro Marcello
Autodidacte, il a pratiqué plusieurs métiers et commencé sa carrière dans
les associations de terrain. Il a été éducateur dans une prison à Naples,
en portant une attention particulière à la vie et à la culture des marginaux.
Entre 1998 et 2003, il a travaillé comme organisateur et programmateur
au Cinedamm du Damm de Montesanto, à Naples. En 2002, il a réalisé le
documentaire radiophonique Il tempo dei Magliari et, l’année suivante, les
courts-métrages Carta et Scampia. En 2004, plusieurs documentaires tels que
Il cantiere, La baracca et Grand Bassan. En 2007, il a dirigé Il passaggio della
linea, présenté au 64e festival de Venise dans la section Orizzonti et vient
de remporter le prix Pasinetti Doc et la mention spéciale du Doc/it. Il réalise
La bocca del lupo, documentaire poétique qui retrace la véritable histoire
d’amour de deux ex-détenus de Gênes : l’émigrant Enzo et le travesti Mary. Le noëlle pujol
film, présenté dans plusieurs festivals internationaux, a remporté de nombreux
prix prestigieux au festival du film de Turin, au festival Cinéma du réel à Paris,
au festival du film de Berlin et à celui de Buenos Aires. En Italie, il a gagné le
Nastro d’Argento et le David di Donatello du meilleur documentaire.

noëlle pujol
Artiste et Vidéaste, elle obtient une Maîtrise d’Histoire des Arts puis poursuit
ses études à l’école Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris où elle
commence à expérimenter la photo et la vidéo. En 2001, elle est résidente
au Studio national des arts contemporains Le Fresnoy et réalise son premier
Pietro Marcello
film documentaire VAD (Visite à Domicile) projeté en 2003 au FIDMarseille et
à Locarno. Depuis 1998, Noëlle réalise de nombreuses installations vidéos et
des films documentaires présentés à la fois dans des lieux d’art contemporain
et des festivals de films internationaux. En 2007, elle coréalise et coproduit avec
Ludovic Burel Rien n’a été fait projeté au Festival Entrevues de Belfort. En 2008
Noëlle coréalise avec Andreas Bolm Alle kinder bis auf eines (Tous les enfants
sauf un) pour la chaîne de télévision 3sat. Ce dernier est présenté à Lisbonne,
Duisburg, Le Réel à Paris, puis au festival de Timisoara où il reçoit le prix du
meilleur film pour enfants et adolescents. Elle travaille actuellement à l’écriture
de son premier long métrage Elles étaient une fois, monmon… pour le cinéma.

Nathalie Richard
Actrice, elle débute au cinéma en 1986 par un petit rôle de coiffeuse dans Golden
Eighties de Chantal Akerman. Mais c’est sa rencontre avec Jacques Rivette qui
est déterminante. La Bande des quatre (pour lequel elle reçoit le Prix Michel
Simon en 1989) inaugure une collaboration qui se poursuivra avec Jeanne la
Laurence Ferreira-Barbosa
Pucelle, Les Prisons (1994) et Haut bas fragile (1995), pour lequel elle participe
également à l’écriture. Elle a participé à des films aussi différents qu’Irma Vep
d’Olivier Assayas, La Fille d’un soldat ne pleure jamais de James Ivory, Caché de André s. labarthe © Paul Grandsard
Michael Haneke, ou encore Le Passager de Eric Caravaca.
4
compétition internationale FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

Jury presse

Isabelle Regnier Le Monde

Yves Aumont Ouest france


Christophe Kantcheff politis

éric Loret libération


rencontres
avec les équipes
des films en compétition
LE GRAND PRIX DU JURY au foyer d’entracte du Manège
doté de 5 000 euros par la ville de la Roche-sur-Yon sous forme d’aide à la entrée libre
distribution, le Grand Prix du festival international du film de La Roche-sur-Yon est
décerné par un jury de professionnels du cinéma à l’un des 8 longs métrages de la
compétition. La vocation d’une compétition n’étant pas simplement de montrer les Le braqueur
avec Franziska Weisz > samedi 16 à 11h00
films mais également d’aider les films au moment de la sortie en salle, il était très
important de doter financièrement ce prix. Cefalópodo
avec Rubén Ímaz Castro > dimanche 17 à 11h00
LE PRIX de la PRESSE cold weather
doté de 2 000 euros par la ville de la Roche-sur-Yon, attribué au réalisateur lauréat, avec Aaron Katz > mardi 19 à 11h00
le Prix de La presse du festival international du film de La Roche-sur-Yon est décerné
par un jury de journalistes à l’un des 8 longs métrages de la compétition. entre deux mondes
avec Vimukhti Jayasundara > mardi 19 à 12h00

LE PRIX DU PUBLIC l’épée et la rose


doté de 1 500 euros par l’association Festi’clap, attribué au réalisateur lauréat, avec João Nicolau > lundi 18 à 11h00
organisé par le quotidien Ouest-France et décerné par les spectateurs qui peuvent
poursuite
voter après chaque projection. avec Marina Déak > samedi 16 à 18h00

putty hill
avec Matt Porterfield > lundi 18 à 18h00

winter vacation
avec Alex Chung > dimanche 17 à 18h00 5
FIF 85 la Roche-sur-Yon Compétition internationale
du 14 au 19 octobre 2010

L a majorité des films qui composent cette compétition sont


des premiers ou des seconds longs métrages. Plus de la
moitié sont également présentés en première française. Bien que
avance sur leur temps. Espérons qu’une telle sélection permettra
à chacun d’avancer sa montre. Elle se veut en tout cas moins un
panel qu’une promesse. Elle prend pari sur le contemporain, elle
cela n’ait pas été prémédité, il nous est agréable d’y voir le signe cherche à frayer quelque chose, à indiquer une direction. Par-delà
irréfutable de l’engagement du Festival International du Film de la distribution des genres et des origines géographiques, par-delà
la Roche-sur-Yon en faveur de ce qui s’invente dans le cinéma. la singularité des inspirations, on y repérera sans doute aisément
C’est l’une des ambitions de la nouvelle phase de son histoire une communauté de ton et de souci. Celle-ci n’a pas été davantage
qui s’ouvre avec cette nouvelle édition : que la compétition soit préméditée. Ce n’est pas à nous, en outre, qu’il appartiendrait de
une manifestation, si possible éclatante, du lien privilégié qui lie la dire. Ces huit films, ce qui les rapproche et ce qui les distingue,
le cinéma au présent. Un grand critique affirmait que les vrais le dialogue qu’ils entretiennent, tout cela appartient maintenant au
cinéastes sont à l’heure, c’est-à-dire, précisait-il, toujours un peu en public. A lui de faire son œuvre de découvreur.
Emmanuel Burdeau

Le braqueur
Der Räuber
Benjamin Heisenberg
Autriche . 2010 . 1h30 . VOSTF
Avec Andreas Lust, Franziska Weisz, Wolfgang Kissel
Scénario Benjamin Heisenberg
Image Reinhold Vorschneider
Montage Andrea Wagner et Benjamin Heisenberg
Musique Lorenz Dangel
Production Nikolaus Geyrhalter Filmproduktion
et Peter Heilrath Filmproduktion
Distribution ASC Distribution
Un film d’action, comme le cinéma d’aujourd’hui, et plus
encore le cinéma européen, en offre peu : sec, rapide,
net. Johann Rettenberger est un marathonien hors pair.
C’est aussi un braqueur de banque. Les chaussures
idoines, la respiration précisément mesurée, mais aussi
le masque absurde, les hurlements à la caissière et le
fusil à pompe, tout cela va ensemble : même recherche
d’une efficacité pure. Le deuxième long-métrage de
Benjamin Heisenberg est adapté d’un roman de Martin
Prinz, lui-même inspiré d’un véritable cas criminel. Il
faut regarder l’acteur Andreas Lust courir à travers
les villes et les champs, passer d’un cadre à un autre
comme à travers les différents plateaux d’un jeu vidéo.
Il faut épouser l’ivresse et le désespoir de sa course. Il
Le braqueur © ASC Distribution
faut voir comment il cherche à aller plus loin, toujours
plus loin, jusqu’au bout. Mais il faut aussi tendre l’oreille
aux bulletins d’information à la radio, regarder l’univers
alentour, l’Autriche si belle et si froide. On comprendra

Cefalópodo
alors : le braqueur qui fuit à larges foulées la loi de son
pays a été façonné par elle, il est la créature d’un monde
qui exalte puis punit la performance. première
française Rubén Ímaz Castro
Mexique . 2010 . 1h30 . vostf
Avec Unax Ugalde, Alejandra Ambrosi, José Ángel Bichir
Scénario Rubén Ímaz Castro
Image Gerardo Barroso
Montage Mariana Rodríguez
Son Pablo Lach
Production Fondo para la Producción
Cinematográfica de Calidad (FOPROCINE), Axolote Cine
Distribution --
Suite au décès de sa petite amie, un jeune homme
quitte le pays basque pour le Mexique où il est né.
Le retour, on le devine, n’est pas facile. Sebastian
est peintre. Obsédé par les céphalopodes, il entre-
prend de les peindre puis de partir à leur poursuite
dans l’immense désert de Sonora que se partagent
le Mexique et l’Arizona. Sebastian manquera d’y
trouver la mort. Il y trouvera surtout une libération
inattendue. Ce résumé succinct ne rend pas justice
à la finesse de la chronique narrée par Rubén Ímaz
Castro, dont c’est le deuxième long métrage après
Familia Tortuga en 2006. Toute sa beauté loge
dans l’articulation de ses deux parties, l’espèce de
sommeil de la première à laquelle succède le réveil
inespéré de la seconde, sous le soleil et dans le
sable clair de Sonora. Entre les deux, la silhouette
énorme des céphalopodes, leurs tentacules sont
une image de deuil finalement renversée en possi-
bilité de renaissance.
6
Cefalópodo © DR
compétition internationale FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

cold weather première


Aaron Katz française

États-unis . 2010 . 1h37 . vostf


Avec Cris Lankenau, Trieste Kelly Dunn, Raúl Castillo,
Robyn Rikoon, Jeb Pearson, Brendan McFadden
Image Andrew Reed
Montage Aaron Katz
Production Lars Knudsen, Brendan McFadden, Ben
Stambler, Jay Van Hoy
Distribution --
La pluie qui tombe, les blocs de glace qu’on
déplace, les jours qui passent : tout glisse avec
fluidité, pour Doug, de retour à Portland après
avoir abandonné l’université et Chicago, pour sa
sœur Gail et pour leur nouvel ami Carlos. Lorsque
l’ancienne petite-amie de Doug refait surface pour
disparaître bientôt, la peur qui surgit d’abord laisse
progressivement place à un autre glissement : de la
banalité des travaux et des jeux à l’excitation d’entrer
dans de nouveaux rôles, sous le haut patronage du
fameux détective à la pipe, Sherlock Holmes en
personne. Qu’est-il arrivé à Rachel ? D’où sortent
cette carte d’un club de strip-tease, cette voiture
menaçante sur le parking ? De quel frisson, de quel
enchantement la vie est-elle encore capable, sans
avoir pour cela à sortir de son lit commun ? Peut-on
rêver selon le rythme ordinaire des heures et des
jours ? Pouvons-nous être à la fois spectateurs et
acteurs ? La réponse d’Aaron Katz doit beaucoup
au charme de Portland. Elle doit plus encore à une
cold weather © Visit films
manière d’understatement situé à égale distance
de la chronique, de la comédie et du polar.

première
française

Entre deux mondes


between two worlds
Vimukhti Jayasundara
Sri Lanka / France . 2009 . 1h25 . vostf
Avec Thusitha Laknath, Kaushalya Fernando, Huang Lu
Scénario Vimukthi Jayasundara
Image Channa Deshapriya
Montage Gisèle Rapp-Meichler
Musique Lakshman Joseph de Saram
Production Les Films Hatari, Unilimited, Arte France Cinéma,
Film Council Productions, Anura Silva
Distribution --
Le cinéma de Vimukhti Jayasundara a toujours été
profondément marqué par la guerre civile qui secoua
pendant des décennies et jusqu’à peu le Sri Lanka. Elle
était au cœur du moyen métrage qui le révéla en 2001, The
Land of Silence, puis de son premier long métrage, La Terre
abandonnée, récompensé par la Caméra d’Or au Festival de
Cannes 2005. Cette expérience traverse encore Entre deux
mondes, mais recomposée à travers l’histoire d’un jeune
homme qui tombe du ciel (littéralement), d’une fuite hors de
la ville pour rejoindre la campagne, de retrouvailles avec le
rythme et la beauté des temps de légende. Les deux mondes
du titre pourraient être ceux-là : d’un côté des scènes d’émeute
filmées avec une énergie et une vigueur saisissantes, de
l’autre une magie dont la puissance de surprise n’est pas
moindre. Le film ne déroule pas à proprement parler de
récit, il se laisse dériver et organiser par la confrontation de
ces deux mondes, livrant ces deux phrases pour seul guide
et avertissement : « Rien de magique n’est invraisemblable.
Ce qui a eu lieu hier peut se reproduire demain. »
Entre deux mondes © DR 7
FIF 85 la Roche-sur-Yon Compétition internationale
du 14 au 19 octobre 2010

l’épée et la rose
A Espada E a Rosa première
João Nicolau française

Portugual . 2010 . 2h22 . vostf


Avec Manuel Mesquita, Luís Lima Barreto,
Nuno Pino Custódio, Hugo Leitão, Mariana Ricardo
Scénario João Nicolau, Mariana Ricardo
Image Mário Castanheira
Montage Francisco Moreira, João Nicolau
Son Vasco Pimentel
Production Sandro Aguilar, Luís Urbano
Distribution Shellac
C’est un conte en chansons, une comédie
musicale pour les jeunes adultes de notre temps.
Une féerie pop, moitié jeu de rôles, moitié film de
pirates : on peut penser à Wes Anderson, à La
Vie aquatique. C’est aussi une fantaisie espiègle
et raffinée dont la lumière et les accents ne
peuvent appartenir qu’au Portugal, cet Orient de
l’Europe sur la carte du cinéma : on peut penser
à Miguel Gomes, à La Gueule que tu mérites.
Faut-il raconter l’histoire ? Un groupe d’amis
embarque sur une caravelle océanique du XVe
siècle nommée le Vera Cruz. Ils possèdent puis
perdent une mystérieuse substance, volent, font
des otages, rejoignent finalement leur maître à
tous, La Rose, seigneur polyglotte interprété par
trois acteurs successivement, dont l’immense Luis
Miguel Cintra. L’essentiel est ailleurs. L’essentiel
est l’ailleurs : chanter ; avancer par composition
de tableaux ; prendre plaisir à être ensemble, pour
l’épée et la rose © Shellac
voyager, pour faire un film ; laisser sourdre une
interrogation sur les rêves de la jeunesse et sur ce
que celle-ci peut, aujourd’hui.

première
française

putty hill
Matt Porterfield
États-unis . 2009 . 1h27 . vostf
Avec Sky Ferreira, Zoe Vance, James Siebor Jr. , Dustin
Ray, Cody Ray, Charles “Spike” Sauers, Catherine Evans,
Virginia Heath, Casey Weibust, Drew Harris
Scénario Matt Porterfield & Jordan Mintzer
Image Jeremy Saulnier
Montage Marc Vives
Production Jordan Mintzer, Steve Holmgren, Joyce Kim
& Eric Bannat
Distributeur --
En 2006, Matt Porterfield a réalisé un premier long
métrage remarqué, Hamilton. Son deuxième film
a confirmé ces espoirs : Putty Hill a été beaucoup
montré – et beaucoup récompensé – dans les
festivals internationaux, et Porterfield est désormais
un nom majeur du cinéma indépendant américain.
Comment décrire ce film à l’intention du public français
qui s’apprête à le découvrir ? Son cadre importe :
Baltimore est la ville de Porterfield comme elle est celle
de la série The Wire, et comme Portland est celle de
Gus Van Sant et d’Aaron Katz. La méthode du cinéaste
mêle singulièrement le documentaire et la fiction : la
voix d’un caméraman interroge des adolescents, afin
de redessiner à partir de leurs paroles le portrait d’un
de leurs amis, récemment mort d’overdose. Ainsi
avance le film : par fragments chuchotés d’expérience,
allers et retours entre le groupe et l’individu, tableaux
d’oisiveté (partie de paint-ball, bain dans une piscine
de jardin…). Avec une grande délicatesse d’approche,
l’ensemble compose l’image d’une communauté
américaine d’aujourd’hui.
8 putty hill © DR
compétition internationale FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

poursuite
Marina Déak
France . 2010 . 1h30
Avec Marina Déak, Aurélien Recoing,
Renaud Dehesdin, Yann Guillemot, Paul
Cahen, Agnès Chateau
Scénario Marina Déak
Image Alexis Kavyrchine
Son Laure Allary, Thomas Fourel, Laurent Gabiot
Montage Mathias Bouffier, Pauline Rebière
Production 31 Juin Films
Distribution --
Un premier film français, tout le monde
sait ce que c’est : éducation amoureuse,
scènes de fête et scènes de dispute,
caméra qui tremble, jeunesse des
corps et pressentiments de la fatigue
qui vient. Poursuite est cela, mais il est
aussi tout autre chose. Il ne cherche pas
un juste équilibre entre une vie qui se
cherche et un cinéma qui commence, il
constate et creuse plutôt un déséquilibre.
Audrey n’y arrive pas : être une mère,
poursuite © DR
une amante, une employée, répondre
aux sollicitations de sa mère, du père de son fils, de son nouveau
compagnon… Elle veut quelque chose de plus. D’un autre côté, le
peu qu’elle a est déjà trop pour elle. Poursuite, qui s’est longtemps
appelé La Grande vie, parle de l’absence de chacun aux tâches et
aux identités les plus ordinaires, et de la façon dont le cinéma, loin de

Winter vacation
consoler cette absence, peut la faire résonner. Marina Déak passe
première par le documentaire, par le fantasme, par l’Internet… Il n’y a pas, il
française n’y aura pas d’adéquation. Si elle s’est accordée le rôle d’Audrey, ce
Li Hongqi n’est pas pour se donner la vedette, mais bien pour dire combien son
questionnement circule sans cesse de l’existence au cinéma.
Chine . 2010 . 1h31 . vostf
Avec Bai Junjie, Zhang Naqi, Bai Jinfeng, Xie Ying, Wang Hui, Bao Lei, Bai Xiaohong, Zhi Feng Wu Guoxiong, Jiang Chao,
Shao Meiqi,Yao Lang
Scénario Li Hongqi
Image Qin Yurui et Yi Xiaodong
Montage Li Hongqi
Musique Zuoxiao Zuzhou and The Top Floor Circus
Production Alex Chung
Distribution Capricci Films
Si la Chine produit un des plus grands cinémas du monde, un des plus beaux, attentifs aux soubresauts du contemporain,
il est rarissime que ceux-ci soient de comédie. Soyons juste, Winter Vacation n’en est pas exactement une. Il serait
pourtant plus injuste encore de rattacher son exigence narrative et plastique – Li Hongqi est également poète et peintre
– à quelque unique souci d’élégance et de lenteur. Imaginez, dans un petit village du nord de la Chine, le désœuvrement
de jeunes hommes retombant les uns sur les autres à chaque coin de rue, les échanges absurdes entre un grand-père
et son petit-fils, des conversations où l’on passe des peines de cœur à l’avenir du communisme national : la chronique
de l’ennui provincial est sans cesse secouée d’un comique à froid, pince-sans-rire, qu’il faudra peut-être bientôt appeler
simplement « humour chinois ». Le cinéma a beaucoup montré, depuis une dizaine d’années, ce qui arrive à la Chine
devenue capitaliste. De cette manière-là, aussi composée que décomposée, c’est la première fois.

9
Winter vacation © Capricci films
mathieu Amalric invité d’honneur

tournée © Nicolas guérin

rencontres M athieu Amalric est sans exemple dans le


cinéma contemporain. Lui qui ne voulait pas
être acteur est devenu, grâce à un film, Comment
d’artisanat – sur les bagarres, le maquillage… – dont
il s’est servi pour Tournée, film qui ne raconte peut-
être que cela : une certaine importation de l’Amérique
Mathieu Amalric je me suis disputé (…ma vie sexuelle) et grâce à dans une histoire et un territoire français auxquels
Man on the Moon un cinéaste, Arnaud Desplechin, le visage du jeune l’acteur et cinéaste reste farouchement fidèle. La
Tournée cinéma français des années 1990 et 2000, chez les rivalité qui y oppose Joachim et François n’est-elle
Go Go Tales frères Larrieu, Bertrand Bonello, Nicolas Klotz, pas directement inspirée de la brouille fameuse entre
Damien Odoul, Bruno Podalydès et bien d’autres Jean-Luc Godard et François Truffaut ? Amalric est à
Mathieu Amalric & Jacques Rozier encore : un nouveau Jean-Pierre Léaud, rien de la fois un acteur et un cinéaste de premier plan. Un
Fifi Martingale moins, tout d’élégance gauche et de séduction auteur et un homme de spectacle.
tremblée. Il est même devenu davantage : imaginez Nous avons voulu rendre hommage au cinéaste et
Mathieu Amalric & Cyril Neyrat un Léaud qui aurait fait le voyage à Hollywood pour à l’auteur Amalric en organisant une rétrospective
court-métrages Amalric tourner avec Steven Spielberg et Martin Scorsese, des films qu’il a réalisés. Nous lui avons également
Mange ta soupe torturer James Bond… Du jamais vu. confié une carte blanche d’une douzaine de films, du
Honkytonky Man Il y a plus encore. Dans l’intervalle, l’homme est Plaisir de Max Ophuls à Man on the Moon de Milos
La Chose publique également devenu ce qu’il voulait être : cinéaste. Forman : à travers eux, l’accent sera surtout mis sur
The King of Marvin Gardens Mathieu Amalric a réalisé quatre moyens et longs l’« autre » Amalric, le premier si l’on veut, l’acteur,
métrages en dix ans, de Mange ta soupe, salué par l’homme de spectacle, le saltimbanque international.
Hervé Aubron Jean-Luc Godard, à Tournée, récompensé par le Prix Cela pourrait ressembler à un grand écart. C’est en
Meurtre d’un bookmaker chinois de la Mise en scène au dernier festival de Cannes. vérité tout l’inverse, la marque d’une formidable
Comment est-ce possible ? Si on l’écoute, on peut conviction : Mathieu Amalric est un de ceux, de plus
Mathieu Amalric & François Bégaudeau croire que c’est très simple. La fréquentation de en plus rares, grâce auxquels il est encore possible
rencontre et extraits (p. 13) l’agent 007 et de Spielberg ne lui aurait pas appris de croire qu’il n’y a qu’un cinéma, et que ce cinéma
le gigantisme du cinéma, mais quelques points est tout le cinéma.
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mathieu amalric rétrospective FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

Bois mon sang


(ou le cinéma vampirique de Mathieu Amalric)
par Cyril Neyrat

D ans les films de Mathieu Amalric, les


personnages aiment bien s’insulter.
François (Damien Odoul) à Joachim (Mathieu
singularité du film. Un burlesque, à la fois cosmique et social,
de l’invasion, de l’encombrement. Belle métaphore : le fils
est envahi par les gens - sa mère, son père, sa soeur, et
central de Wimbledon. Congédiant les livres, faisant le vide,
Amalric filme la femme aimée, la personne qu’il admire, sous
les variations saisonnières de la lumière de Trieste. Splendide
Amalric), dans Tournée : « Comportement l’humanité toute entière - comme la maison est envahie par manifeste de cinéma, Le Stade de Wimbledon est aussi un
de merde. De merde sur un socle ». Ces les livres. Si le conflit, jusqu’à l’insulte et l’agression physique, film lisse, sans les aspérités, les conflits, les frottements
mots dits au producteur de New Burlesque est si présent dans les films d’Amalric, c’est que l’existence auxquels on reconnaît aujourd’hui le tempérament d’Amalric.
par son ex-compère de production télé sont consiste à se heurter aux autres, à se débattre contre leur Sans doute y manque-t-il un peu de théâtre… Et après quatre
détournés d’une lettre de François Truffaut pesanteur, c’est parce qu’un rapport tendre, harmonieux, films, on réalise que Le Stade aura peut-être surtout servi
à Jean-Luc Godard, écrite en 1973, en amoureux, avec sa soeur ou avec une caissière de station- à ça : se jeter dans le cinéma, en éprouver les puissances
réponse à une première lettre où Godard service (Tournée), se gagne, se conquiert contre l’invasion propres, pour revenir ensuite au théâtre, mais à partir du
disait tout le mal qu’il pensait de La Nuit sociale, son bruit et ses névroses. Mais si les livres vampirisent cinéma, en pleine conscience de ses moyens.
américaine et de la manière dont Truffaut l’espace dans la maison, l’écrit en tant que scénario règne La Chose publique et Tournée, c’est le théâtre multiplié par
y mentait, y trahissait la vie. Au-delà de la dans Mange ta soupe. Amalric le contre, réduit son emprise le cinéma, ou plutôt leur fusion baroque : la vie du spectacle
violence affective, cette rupture entre deux de deux manières qu’il cultivera dans les films suivants. et le spectacle de la vie, la vérité de la scène et le théâtre
anciens amis révélait une opposition de fond D’abord en accumulant les saynètes et vignettes qui, muettes du quotidien. Les acteurs sur scène et au café. Ou plutôt
quant à la manière de faire du cinéma, c’est- ou dialoguées, ont en commun leur inutilité scénaristique, le passage permanent de la scène au café, car plus qu’un
à-dire quant à la relation du cinéma à la vie. leur impuissance narrative, à la limite de l’insignifiance. Ces lieu ou l’autre, ce qui intéresse profondément Amalric, c’est
Manière Truffaut : étanchéité entre la vie et dialogues ou ces actions qui « ne mènent à rien » trouent leur limite et le passage de l’un à l’autre : de la scène aux
le cinéma considéré comme monde à part, le tissu filmique, font tourner le récit à vide. L’autre manière coulisses, et vice-versa. C’est à cet endroit qu’il installe son
construit sur et soumis aux règles de la fiction. de perturber la petite musique consiste à diviser nettement cinéma, pour filmer le miroitement permanent de la vie et du
Manière Godard : porosité entre le cinéma et le plan dans la profondeur, pour y juxtaposer deux scènes, spectacle, le miroitement de la personne et de l’acteur, sur
la vie, en un miroitement constant du réel et deux tons opposés - montage dans le plan où, comme chez scène et en coulisses. C’est le sujet commun à La Chose
de la fiction, qui implique un certain degré de Godard, le conflit passe dans l’image, la constitue. Au premier publique et à Tournée.
perversité et de manipulation. plan, réfugiés sur une petite mezzanine, le fils et sa soeur
Il n’est pas anodin qu’Amalric déplace se chamaillent jusqu’aux larmes à propos du suicide de leur Dans La Chose publique, ce miroitement baroque est poussé
la querelle de cinéastes en dispute de frère ; à l’arrière-plan, dans le salon, leurs invités dansent jusqu’au vertige. Philippe, le cinéaste qui réalise pour Arte
producteurs. Car au fond, le conflit oppose et chantent, la fête est réussie. Dans Tournée, tandis que un film sur la parité en politique, décide de mêler à sa fiction
bien deux conceptions de la production Joachim se dispute avec les filles pendant la préparation des éléments documentaires de sa propre crise conjugale.
cinématographique. La manière Truffaut de du spectacle du soir, deux hommes de la troupe jouent au Tandis qu’il prépare et tourne son film, il documente en DV
produire un film subordonne le tournage au badminton dans son dos. Après Mange ta soupe, Amalric dira les tourments de sa vie familiale. Le lieu décisif est ici la salle
scénario : réaliser un film, c’est choisir les regretter d’avoir filmé des acteurs plus que des personnes de montage : lieu de confrontation du public et du privé, du
acteurs qui vont incarner les personnages de - il l’avait fait dans Les Yeux au plafond, jouant lui-même le documentaire et de la fiction, de l’art et de la vie. Et le coup
la fiction, le temps d’un tournage de quelques rôle principal, filmant son propre père, et les scènes où ils de génie d’Amalric est d’avoir conçu La Chose publique, non
semaines, organisé de manière à mettre en sont ensemble sont les plus réussies, parce que l’opacité du point de vue du tournage, comme il est d’usage dans les
images la lettre du scénario de la manière la du réel y résiste à la lisibilité du récit : scène au journal, ou métafilms dont La Nuit américaine est un des prototypes,
plus rationnelle possible. On met de la vie dans la boutique de chaussures. Il dit aussi, dans le même mais du point de vue du montage. Lorsque les gens d’Arte
dans le scénario, anecdotes, confessions bonus de DVD, avoir toujours aimé aller voir les acteurs au s’aperçoivent de la manière dont Philippe détourne la
masquées, petites histoires volées, mais café, après le spectacle. C’est précisément ce qu’il va faire production en enfreignant la séparation tacite entre le cinéma
au tournage la lumière rouge est allumée, dans ses trois films suivants. Aller voir les acteurs au café, ce et la vie, ils lui demandent de « suivre le scénario » ; il leur
défense d’entrer. La manière Godard inverse n’est pas seulement rencontrer les « vraies personnes », c’est répond amusé : « quel scénario ? » Celui qui est écrit ou celui
la subordination : le scénario, ou ce qui en tient lieu, n’est surtout les voir bouger, parler, sur une autre scène ; c’est, en de sa vie ? Le vertige, c’est lorsque lui et sa femme rejouent,
qu’un guide, une carte pour se repérer lors de l’expérience passant dans l’envers du spectacle, passer de la comédie du font une seconde prise de leur discussion en attendant
ouverte du tournage, où tout reste à écrire en images et en théâtre à la comédie de la vie. Après avoir réalisé Le Stade de d’entrer dans le bureau où va être prononcé leur divorce.
formes : la rencontre de personnes avec des personnages, de Wimbledon, Amalric dira avoir compris que Mange ta soupe Un abîme s’ouvre alors, qui retourne la question de l’écrit
la vie avec des idées. restait trop dans le plein du théâtre, et qu’il lui fallait faire le dans le cinéma d’Amalric, et qui révèle peut-être pourquoi
Près de quarante ans après la dispute de La Nuit américaine, saut dans le vide du cinéma. la parole, dans ses films, semble si souvent embarrassée,
on en est toujours là. Et le drame du cinéma français, c’est s’échappe parfois vers le non-sens : parce que le fond du
qu’en quarante ans, la manière Truffaut a fait plus que « Film is a girl and a gun / Film is a girl and the sun » : Amalric problème, qui est un problème de vie avant d’être une idée de
triompher : elle a quasiment annihilé la manière Godard. Elle a corrige la phrase de Griffith citée par Godard dans Histoire(s) l’art, c’est qu’on s’entend parler ; tout semble écrit, tout sonne
donné beaucoup de bons films, là n’est pas la question. Mais le du cinéma pour définir Le Stade de Wimbledon. Petite phrase faux parce que tout est scénarisé, et que sortir du scénario
champ des possibles, dans la production cinématographique détournée, grande idée de cinéma, que Griffith n’aurait pas est un travail de tous les jours, une recherche quotidienne
française, s’est tristement réduit, et il faut depuis longtemps reniée. Sans autre scénario qu’un exemplaire annoté du de l’émerveillement, du trou dans le tissu par où soudain la
chercher en Asie (Suwa, Weerasethakul), ou entre deux roman de Daniele del Giudice, Amalric emmène Jeanne lumière vient frapper différemment un corps ou un objet. Une
continents (Ameur-Zaïmeche et Teguia) les cinéastes pour Balibar à Trieste sur les traces de Bobi Vohler, un écrivain recherche de l’instant où, soudain, un geste ou une parole
qui produire un film, c’est inventer une manière de travailler, qui n’a publié aucun livre. Pas de scénario, donc, mais un sonne juste parce qu’ils semblent ne pas avoir été écrits.
et déjà le réaliser. JLG est resté le seul, ou presque, à roman comme guide, comme boussole pour un tournage Réaliser Tournée ou emmener en tournée les filles du New
poursuivre l’expérience. Presque, et il n’y a aucun hasard à étalé sur plus d’un an, une semaine par saison. Le temps du Burlesque - c’est la même chose, car Amalric a produit son
ce que Godard ait dit publiquement son admiration pour le cinéma se coule dans celui du quotidien, le cinéaste établit film comme Joachim sa tournée -, c’est chercher avec elles,
premier film de l’un des rares autres. C’était Mange ta soupe, grâce au roman, qu’il se garde d’adapter, le plus court circuit entre la scène et les coulisses, un état d’émerveillement
premier long métrage de Mathieu Amalric. entre l’art et la vie, la réalité et la fiction. Les livres à nouveau au-delà de la séparation entre vie et spectacle, au-delà de
De Mange ta soupe à Tournée, chaque film de Mathieu Amalric sont omniprésents dans Le Stade, livres entassés dans les l’opposition entre fiction et réalité, plus exactement à l’endroit
semble être une réponse joyeuse à une même question librairies que fréquente Jeanne, livres qu’elle feuillette au où leur miroitement les rend indiscernables. Tournée, c’est Le
inquiète : que faire de sa vie, que faire de la vie quand on cours de son enquête, livre qu’elle entreprend d’écrire, « il faut Stade de Wimbledon + La Chose publique. Emmener quelque
fait du cinéma, comment faire du cinéma avec sa vie et avec absolument lire Nietzsche », lui dit une jeune femme dans le part des personnes aimées, filmer la lumière sur des gestes et
la vie ? La réponse de Mange ta soupe reste à mi-chemin, train. à tous ces livres, et plus profondément à l’écrit, le film des postures et, installé derrière le rideau de scène, s’amuser
entre Truffaut et Godard, c’est-à-dire proche du compromis donne congé. Le personnage lui-même, au fil de ses séjours et s’éblouir de la confusion de la vie et du spectacle. Sans
trouvé par Desplechin depuis La Vie des morts, par lui-même à Trieste, abandonne progressivement son enquête pour se doute est-ce du vampirisme, comme le dit Amalric. Mais au
dans son court-métrage Les Yeux au plafond. Le scénario donner à la ville. Et après la rencontre, en Angleterre, avec moins, à la différence des trois-quarts du cinéma français, il
transforme en fiction de cinéma le roman familial, la tragédie la vieille amie de Bobi Vohler, qui la renvoie à la vanité de sa est assumé, filmé : on voit le vampire, le sang battre sous la
tend à la comédie selon une qualité de burlesque qui fait la recherche, le film s’achève dans les travées désertes du court peau des femmes, et circuler dans l’image. C.N. 11
FIF 85 la Roche-sur-Yon mathieu amalric invité d’honneur
du 14 au 19 octobre 2010

sans rires Le Stade de Wimbledon Joann Sfar (dessins)


France . 1990 . 0h19 France . 2002 . 1h10 France . 2010 . 0h43
Avec Pierre Vial, Laurent Ziserman, Julien Verdier, René Bouloc, Avec Jeanne Balibar, Esther Gorintin, Anna Prucnal Avec Joann Sfar
Josiane Lévêque, François Berléand, Jean-Luc Solal Scénario Mathieu Amalric Scénario Mathieu Amalric
Scénario Mathieu Amalric d’après le roman éponyme de Daniele Del Giudice Image Mathieu Amalric
Image Jean-Marc Fabre Image Christophe Beaucarne Montage Mathieu Amalric
Montage Audrey Maurion Montage François Gédigier Musique Amsterdam Klzemer Band, Arthur H, John Zorn Electric
Son Nicolas Lefebvre Musique Grégoire Hetzel Masada
Production G.R.E.C. Production Gémini Films Production Les Films du Poisson
Distribution Agence du court-métrage Distribution Le Petit Bureau Distribution Arte France
Un vieil homme revient dans son quartier pour l’enterrement Une jeune femme arrive à Trieste où vécut Bobi Wohler Joann Sfar dessine. Partout, tout le temps. Il observe le
de sa femme qu’il a quittée des années auparavant. jusqu’à sa mort, quelques années plus tôt. Fascinée par cet monde qui l’entoure, depuis les modèles des Beaux-
intellectuel brillant, ami de nombreux écrivains, elle cherche Arts jusqu’aux poissons colorés du marché de Rungis.
Les Yeux au plafond
à comprendre pourquoi lui, n’a rien écrit. Les témoignages Il s’inspire de personnages tant réels et fictifs, se les
qu’elle recueille dessinent peu à peu un portrait contrasté. approprie et les intègre dans des récits singuliers et
Au fil des errances, des rencontres avec ceux qui l’ont poétiques, parfois drôles, souvent incroyablement justes.
France . 1993 . 0h25 connu, la personnalité de cet homme se précise et la quête
Avec Mathieu Amalric, Nathalie Boutefeu, Nathalie Clair, Joana L’accompagnant dans sa démarche, Mathieu Amalric
devient floue. nous offre une plongée au cœur du processus créatif et
de Medeiros, Alain Guiraudie, Maïté Maillé, Pascale Pouzadoux
Scénario Mathieu Amalric
Image Georges De Genevraye + de l’imaginaire d’un dessinateur hors normes, à la fois
exubérant et compulsif.
Montage Audrey Maurion
Malus
Tournée
Musique originale Caetano Veloso
Production Paris Moscou International
Distribution Agence du court-métrage France . 2003 . 0h18
Remerciements à Marcelo Un film post-scriptum, France . 2010 . 1h51
Le rétablissement spectaculaire d’un jeune homme qui en complément du Stade de Wimbledon. Avec Miranda Colclasure, Suzanne Ramsey, Linda Marraccini,
reprend pied après une rupture amoureuse. Julie Ann Muz, Angela de Lorenzo, Mathieu Amalric
Scénario Mathieu Amalric, P. Di Folco, Marcelo Novais Teles,
La Chose publique Raphaëlle Valbrune
Deux cages sans oiseaux Image Christophe Beaucarne
France . 2003 . 1h27 Montage Annette Dutertre
France . 2007 . 0h08 Avec Jean-Quentin Châtelain, Anne Alvaro, Michèle Laroque, Son Olivier Mauzevin
Avec Antoine Gouy, Ina Mihalache Elsa Amiel, François Gédigier, Christelle Prot, Bernard Ménez Production Les Films du Poisson, Neue Mediopolis Filmpro-
Scénario Mathieu Amalric Scénario Mathieu Amalric, Marcelo Novais Teles, Christine Dory duktion, ARTE France Cinéma, WDR/ARTE, Le Pacte
Image Josée Deshaies Image Isabelle Razavet Distribution Le Pacte
Son Olivier Mauvezin Montage Dominique Gallieni Producteur de télévision parisien à succès, Joachim avait
Montage Guerric Catala Compositeur/son : Rodolphe Burger tout plaqué, enfants, amis, ennemis, amours et remords
Production Les Films du Poisson Production  Les Films du Poisson, Arte France cinéma, pour repartir à zéro en Amérique à l’aube de ses quarante
Distribution Agence du court-métrage GMT Productions ans. Il revient avec une tournée de stripteaseuses « New
Chez les parents, un frère et une sœur en transit. Distribution Why Not Productions Burlesque » à qui il a fait fantasmer la France… Paris ! De
Un réalisateur reçoit une commande d’Arte pour sa port en port, l’humour des numéros et les rondeurs des
à l’instard du père noël
nouvelle série Masculin-Féminin. Suite à la loi sur la filles enthousiasment les hommes comme les femmes.
parité, « précipité » possible des rapports homme-femme, Et malgré les hôtels impersonnels, leurs musiques
et de la pizza il place très fièrement son intrigue dans le monde politique,
loin de la maison. Trois semaines avant le tournage, sa
d’ascenseur et le manque d’argent, les showgirls inventent
un monde extravagant de fantaisie, de chaleur et de fêtes.
femme lui annonce qu’elle a rencontré quelqu’un. Entre la Mais leur rêve d’achever la tournée en apothéose à Paris
France . 2007 . 0h05
Avec Florence Janas, Jeanne Bischoff chambre des députés et la chambre à coucher, comment se brise en éclats : la trahison d’un vieil « ami » fait perdre
Scénario Mathieu Amalric va-t-il satisfaire la commande ? à Joachim la salle qui leur était promise. Un bref aller et
Image Josée Deshaies retour dans la capitale s’impose, qui rouvre violemment les
Montage Guerric Catala plaies du passé...
Production Les Films du Poisson
Distribution Agence du court-métrage
Un journaliste doit faire le portrait d’une sociologue.
à moins que ce ne soit l’inverse.

Mange ta soupe
France . 1997 . 1h10
Avec Adriana Asti, J.-Yves Dubois, Jeanne Balibar, László Szabó
Scénario Mathieu Amalric
(Adaptation : Pascale Ferran, Jeanne Balibar)
Image Mathieu Poirot-Delpech
Montage François Gédigier, Laurence Briaud
Musique Frédéric de Ravignan et Nicolas Favre
Production Why Not Courts-métrages, Why Not Productions,
La Sept Arte
Distribution Ciné Classic
Un fils, de passage à Paris pour son travail, arrive chez sa
mère, critique littéraire dont la maison regorge de livres.
Piles chancelantes, journaux entassés, les écrits ont peu à
peu recouvert chaque espace vide. Le père a refait sa vie
ailleurs, la petite sœur, jeune mère célibataire, a quitté le
foyer, la mère habite seule dans l’immense demeure. Le
nouveau poste du fils se fait attendre, il doit encore rester
une semaine ? Rien de grave, mais…

le stade de wimbledon © Le Petit bureau


12
mathieu amalric carte blanche FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

J ’ai choisi les films de cette carte blanche au café, lors d’une
conversation à laquelle participaient notamment Emmanuel
Burdeau et Dominique Toulat, le programmateur cinéma de la
changé ma vie. C’est plutôt un instantané de ce jour-là. J’aurais
pu aussi bien ne choisir que des films d’aujourd’hui. Car je ne
crois pas du tout, comme on l’entend souvent en ce moment,
Ferme du Buisson. Ça s’est fait très vite, j’étais en plein dans la que le cinéma soit mort, que ce soit une chose passée. Je crois
sortie de Tournée, donc le choix des films est très lié à Tournée. exactement le contraire.
Nous n’avons pas cherché mes films de chevet, ceux qui ont Mathieu Amalric / carte blanche Propos recueillis par Cyril Neyrat le 3 septembre 2010, par téléphone (Paris-Berlin)

Meurtre d’un bookmaker chinois © Océan Films

rencontre
Mathieu Amalric & François Bégaudeau pris au jeu jusqu’à devenir l’un des acteurs majeurs de la scène contemporaine. Et surtout
comment s’est tramée cette expérience unique, disons même inédite, qui le voit circuler entre la
> dimanche 17 14h00 au Manège . entrée libre
marge la plus franc-tireuse du cinéma français (Odoul, Moullet, Biette) et le grand divertissement
planétaire (Spielberg, James Bond), en passant bien sûr par le carrefour giratoire du grand
Amalric est bien pratique. Passionnant, talentueux, génial à ses heures, mais d’abord : bien
cinéma d’auteur national (Desplechin, Larrieu). Comment l’on s’accommode aussi bien (aussi
pratique. Vous l’invitez, et c’est vingt individus que vous voyez descendre du train. Vingt individus,
bien, vraiment ?) des scénarios les plus ficelés que des tournages bouts-de-ficelle. Comment
peut-être davantage, tous forts d’un point de vue et d’une expertise singulièrs sur le cinéma.
l’on alterne entre l’ordre pailleté et le chaos volontaire ; comment l’on injecte de l’amateurisme
à Mathieu Amalric, cinéaste et acteur, on aura beaucoup de questions à poser. En deux
dans un contexte professionnel et réciproquement.
heures, alors que deux semaines n’y suffiraient pas. à l’auteur de quatre long métrages,
Bien sûr on a des débuts de réponse. Quelques intuitions à soumettre à l’hôte, soufflées par
on demandera ce qui court et ne court pas de l’un à l’autre, du bordélique Mange ta soupe
la fréquentation régulière de son travail. Et confirmées par les films de sa « carte blanche »,
au baroque Tournée, du flâneur Stade de Wimbledon à l’électrique Chose publique. On
où une majorité met en scène un homme, metteur en scène ou amuseur ou autre chose, lié
demandera en quoi les tournages se ressemblent et dissemblent, en quoi de film en film le
au monde du spectacle.
cinéaste se consolide, se réinvente, bat et brouille les cartes de son identité. Comment il s’y
projette et perd, s’y divise et multiplie. Comment la notion d’auteur convient toujours et ne Le 17 octobre, c’est un homme de spectacle qui viendra se raconter dans la grande salle du
convient plus pour rendre compte de ce drôle de métier de faire des films. Manège de La Roche-sur-Yon. Un amoureux des masques, de leur vérité. Meneur de troupe
Au comédien qui répète à l’envi qu’il ne souhaitait pas le devenir, on demandera ce qui a et troupe lui-même. Le Joachim Zand de Tournée qui, délaissé par toutes et tous, endosserait
bien pu faire, alors, qu’on l’ait vu dans tant de films depuis quinze ans. Comment il s’est tous les rôles du spectacle, assurerait tous les numéros. Un théâtre à lui tout seul. f.b.
13
FIF 85 la Roche-sur-Yon mathieu amalric invité d’honneur
du 14 au 19 octobre 2010

French cancan Go Go Tales inédit


abel ferrara
Lenny
Jean Renoir abel ferrara voir p.24-25 Bob Fosse
France . 1955 . 1h42 États-unis . 2007 . 1h36 . VOSTF États-unis . 1975 .1h51. VOSTF
Avec Jean Gabin, Michel Piccoli, Gaston Modot Avec Willem Dafoe, Matthew Modine, Bob Hoskins, Roy Dotrice, Avec Dustin Hoffman, Valerie Perrine, Jan Miner
Scénario Jean Renoir sur une idée de André-Paul Antoine Asia Argento, Lou Doillon Scénario Julian Barry
Image Michel Kelber Scénario Abel Ferrara Image Bruce Surtees
Montage Borys Lewin Image Fabio Cianchetti Montage Alan Heim
Musique Georges Van Parys Montage Ezequiel Borovinsky Musique Ralph Burns
Production Franco London Films, Jolly Film Son Fabio Nunziata Production United Artists, Marvin Worth Productions
Distribution Gaumont Production Bellatrix, Go Go Tales Inc., De Nigris Productions Distribution Carlotta Films
à travers les amours tumultueuses de Danglard, producteur Remerciements à Abel Ferrara Après la mort du comique américain le plus célèbre et le plus
de spectacles et propriétaire d’un cabaret, les splendeurs et Ray Ruby’s Paradise, un chic cabaret à go go situé dans controversé des années 60, un intervieweur recueille les
les misères du petit et du grand monde du Montmartre de le downtown de Manhattan, est un palais du rêve, dirigé témoignages de ses proches et tente de retracer sa vie…
la grande époque. par le charismatique impresario Ray Ruby avec l’aide
« experte » d’amis de longue date et d’associés véreux. Celui-là aussi je le connais plan par plan. C’est le portrait
C’est une idée de Dominique Toulat, qui voyait un parallèle, Y sont présentées les plus belles et les plus talentueuses d’une époque, et une étude de ce qu’est l’obscénité.
au-delà du sujet, entre Renoir, qui réalise ce film à son filles. Mais tout n’est pas rose au Paradise. Ray doit faire Davantage que le personnage de Lenny Bruce, c’est le
retour des états-Unis, et Joachim dans Tournée. Je l’ai vu face à une faillite imminente. Ses danseuses le menacent couple qui m’intéresse, la relation entre lui et sa femme. C’est
pendant l’écriture de Tournée, mais ce n’est pas le Renoir d’une grève. Même son frère et financier veut lâcher prise. merveilleusement raconté, avec des ellipses fulgurantes,
qui m’a le plus marqué. Les plus importants seraient plutôt Mais le rêveur qui est en Ray ne renonce jamais. Il a acheté comme chez Pialat. En cinq minutes, le récit passe d’un état
Une partie de campagne, Le Déjeuner sur l’herbe, et son un système infaillible pour gagner à la loterie. Lors d’une de bonheur à cette conversation téléphonique belle et triste : il
dernier film, Le Petit théâtre de Jean Renoir. nuit magique, il gagne le jackpot. Mais perd le billet... est en train de donner à manger au gosse, sa femme l’appelle
de Hawaï, on entend sa voix très fort dans l’appartement, elle
The King of Marvin Gardens
Ne l’ayant pas vu, je ne peux rien en dire, sinon que j’ai hâte lui demande de l’argent, on réalise qu’elle est à fond dans
de le voir. J’avais regardé Snake Eyes de très près pour la dope. Je comprends pourquoi, dans All that jazz, Roy
Bob Rafelson La Chose publique : j’admire beaucoup la manière dont Scheider retourne en salle de montage : c’est Bob Fosse,
Ferrara passe du public au privé, du tournage à la vie tout qui a passé des années à monter Lenny pour atteindre
États-unis . 1972 . 1h43 . VOSTF autour. C’est très mystérieux. Comme New Rose Hotel, que à cette virtuosité narrative. Cette vitesse du récit, je l’ai
Avec Jack Nicholson, Bruce Dern, Ellen Burstyn je revois régulièrement. Je viens de réaliser un film à partir apprise aussi chez Arnaud Desplechin : comment être dans
Scénario Bob Rafelson, Jacob Brackman de L’Illusion comique de Corneille, avec les acteurs de la une saga et en même temps aller très vite.
Image Laszlo Kovacs Comédie Française. C’est l’histoire d’un père qui, n’ayant
Montage John F. Link
Honkytonk Man
pas vu son fils depuis 10 ans, est amené dans la grotte d’un
Production BBS Productions, Columbia Pictures Corporation
magicien qui a le pouvoir de lui montrer la vie de son fils.
Distribution Sony Pictures
David Staebler est animateur dans une radio périphérique.
La seconde partie de New Rose Hotel ressemble beaucoup Clint Eastwood
à cette histoire. C’est un peu le même jeu sur l’illusion et la
Jason, son frère, veut le voir de toute urgence. Il va le
réalité, le spectacle et la vie. États-unis . 1983 . 2h02 . VOSTF
retrouver à Atlantic City. Jason lui explique alors son grand
Avec Clint Eastwood, Kyle Eastwood, John McIntire, Alexa Kenin
projet : créer une cité de jeux à Hawaï.
Fifi Martingale
Scénario Clancy Carlile d’après son roman
Je ne l’ai pas vu depuis longtemps, je l’ai choisi car j’ai très Image Bruce Surtees
envie de le revoir. Je me souviens de l’ouverture : Nicholson Jacques Rozier Montage Ferris Webster, Michael Kelly, Joel Cox
Musique Steve Dorff
qui parle dans le noir pendant dix minutes, jusqu’à ce Production The Malpaso Company
qu’une lumière rouge s’allume. Ce film est lié pour moi à France . 2001 . 2h07
Distribution Les Films du Paradoxe
Atlantic City, de Louis Malle, que j’aime beaucoup. Ils se Avec Jean Lefebvre, Lili Vonderfeld, Mike Marshall, Jacques Petitjean,
Alexandra Stewart, Jacques François, Luis Rego Musicien ambulant, Red n’a jamais réussi à se faire un nom,
passent dans la même ville. Je l’ai aussi choisi pour ne pas mais après avoir longtemps végété dans l’Amérique de la
Scénario Jacques Rozier
prendre Five Easy Pieces, que je connais presque plan par Dépression, il obtient finalement une audition au Grand Ole
Image Jean Clavé, Stéphane Patti, Matthieu Poirot-Delpech,
plan. En écrivant Tournée, on s’est rendu compte qu’on Ramón F. Suárez, Bernard Tiphine Opry de Nashville : C’est LA chance de sa vie, et sans doute
travaillait autour du cinéma américain des années 1970. à Montage Jeanne Moutard, Anne-Cécile Vergnaud la dernière... Car Red est miné par la tuberculose. Il tient à
tel point qu’on s’est demandé, à un moment, pourquoi ne Production Extérieur Nuit faire ce voyage en bonne compagnie. ll choisit pour cela
pas l’assumer jusqu’au bout et faire un remake. Distribution  Extérieur Nuit son neveu, Whit, âgé de quatorze ans, qui le vénère.
Un auteur et metteur en scène de pièces de boulevard
Sur la plage de Belfast décide, à la 150e représentation, pour d’étranges raisons
personnelles (une cabale se monterait contre lui, lui
Une histoire de transmission. Eastwood fait jouer son propre
fils, qui devient son neveu dans l’histoire. Dans les toutes
Henri-François Imbert décernant un « Molière de la mise en scène » immérité) de premières notes envoyées aux productrices de Tournée, je
refuser ce « Molière ». Et il veut modifier le texte de sa pièce parlais d’Honkytonk Man : comment la transmission se fait
France . 1996 . 0h39 . VOSTF à succès, l’Œuf de Pâques, pour dit-il, régler ses comptes. malgré soi, comment les gosses prennent ce qu’ils ont à
Scénario Henri-François Imbert De ce fait, il va obliger ses interprètes qui jouent en soirée, prendre. Finalement le film d’Eastwood se résume à l’histoire
Image Henri-François Imbert d’effectuer des répétitions supplémentaires l’après-midi, au d’un gosse qui commence à jouer de la musique, au geste
Montage Henri-François Imbert, Marianne Rigaud du père qui lui laisse sa guitare à la fin. On cherchait quelque
grand désespoir du Directeur du Théâtre. Pour compléter le
Musique originale Silvain Vanot
tableau, un des interprètes bloqué dans la journée par le chose comme ça pour Tournée. J’ai tourné un épilogue,
Production Libre Cours
Distribution Agence du court-métrage tournage d’un spot publicitaire a un accident de circulation finalement coupé : le film se terminait dans le café, où le
Par un jeu de hasards, le réalisateur s’est trouvé en possession sans gravité, et ne peut plus assurer les représentations plus jeune des deux enfants achète une carte postale, et
d’un film Super 8 resté inachevé dans une caméra offerte par en soirée. Le hasard qui s’en mêle fait que Fifi Florès, écrit « salut papa ». Il demande à son grand frère, qui joue
son amie de retour d’un voyage à Belfast. Le film montre une une des interprètes de l’Œuf de Pâques reçoit la visite au flipper, l’adresse de leur père. L’autre lui répond qu’il n’en
famille inconnue s’amusant au bord d’une plage… intéressée d’un théâtreux en difficulté, Gaston Manzanares, sait rien. Alors le gosse regarde autour de lui, observe le
comédien et Directeur d’une petite Compagnie qui assure café, pour « écrire des choses à lui », comme son père lui
Le Super 8. D’une certaine manière, c’est lié à Tournée. des tournées en province. Ce Gaston Manzanares a une avait dit de le faire plus tôt dans le film, lorsqu’ils écrivaient
Avant de rencontrer les filles du Burlesque, j’ai vu un film en particularité : une mémoire fabuleuse qui le rend capable de une carte à leur mère. Mais il n’y a rien à faire : finir le film
super 8 d’une stripteaseuse belge, Sarah Moon Howe, qui mémoriser à toute vitesse un texte même important... avec des gosses, ça fait tout de suite réconciliation, tout
s’appelle Ne le dites pas à ma mère. Elle y raconte pourquoi le monde il est beau tout le monde il est gentil. C’était
elle a fait du strip-tease. C’est en noir et blanc, c’est très Rozier, je l’ai dans le sang. C’est physique. Je l’ai découvert impossible. Mais voilà, tout le travail sur les enfants dans
beau. Depuis j’ai rencontré la réalisatrice, je lui ai parlé du par Maine Océan. C’est donc aussi lié à Paulo Branco. Tournée a été influencé par Honkytonk Man. Aussi par
film d’Imbert. C’est fait avec rien, et la première fois que je Mon père a fait la guerre d’Algérie, il me parlait tout le Love Streams de Cassavetes, pour la dureté du père avec
l’ai vu, j’étais dans un état de suspense incroyable. Ce que temps d’Adieu Philippine comme du plus grand film sur les enfants. Nous avions écrit des scènes beaucoup plus
j’aime, c’est l’alliance de cette pauvreté de moyens et d’une cette guerre. Fifi Martingale est très différent de ses autres violentes, que je n’ai finalement pas tournées. J’avais très
vraie dimension de spectacle. C’est comme un film Lumière films, c’est tout le contraire de l’état de vacance de Du côté peur d’être mièvre avec les enfants.
d’aujourd’hui : ce sentiment de virginité. En voyant Sur la d’Orouët ou Maine Océan : c’est l’histoire d’un type qui a un
plage de Belfast, je me suis dit que c’était possible d’oublier mal fou à monter un spectacle. Tout est difficile, laborieux,
qu’il y a cent ans de cinéma derrière nous, qu’on pouvait rien ne marche. Je l’ai choisi car il a été très peu vu.
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être dans un état de totale fraîcheur.
mathieu amalric carte blanche FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

Fifi Martingale © extérieur nuit

Lenny © carlotta films

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Honkytonk man © les films du paradoxe
FIF 85 la Roche-sur-Yon mathieu amalric invité d’honneur
du 14 au 19 octobre 2010

Meurtre d’un bookmaker Le Plaisir Le Succès à tout prix


chinois Max Ophüls Success in the Best Revenge
The Killing of a Chinese Bookie Jerzy Skolimowski
France . 1952 . 1h37
John Cassavetes Avec Gaby Morlay, Claude Dauphin, Jean Gabin, Danielle Darrieux France / Grande Bretagne . 1984 . 1h40 . VOSTF
Scénario Max Ophüls, Jacques Natanson Avec Michael York, Anouk Aimée, John Hurt, Michel Piccoli
États-unis . 1976 . 1h43 . VOSTF Image Christian Matras Scénario Jerzy Skolimowski, Michel Ciment
Avec Ben Gazzara, Azizi Johari, Timothy Carey Montage Léonide Azar Image Mike Fash
Scénario John Cassavetes Musique Joe Hajos, Maurice Yvain Montage Barry Vince
Image Mitch Breit Production Stera Films Musique Stanley Myers, Hans Zimmer
Montage Tom Cornwell Distribution Gaumont Production Gaumont, De Vere Studio, Emerald
Musique Bo Harwood Adaptation de trois des nouvelles de Maupassant. Le Distribution Gaumont
Production Faces Distributing Corporation Masque : un vieil homme court les Palais de la Danse avec un Le dramaturge polonais Alex Rodak, exilé à Londres, est
Distribution Océan Films masque. La Maison Tellier : un groupe de femmes est invité un auteur à succès. Il rencontre pourtant les pires difficultés
Cosmo Vitelli vient de rembourser la dernière hypothèque de à une première communion qui se passe à la campagne. Le à trouver l’argent nécessaire pour monter un spectacle sur
sa boîte de nuit et fête l’événement à une table de jeux où il Modèle : un peintre tombe amoureux de son modèle. la Pologne.
perd une très grosse somme d’argent. Pour éponger sa dette,
il doit assassiner un vieux bookmaker chinois devenu gênant. Quand j’ai découvert les films d’Ophüls, je ne pouvais pas croire Je voulais montrer Deep End, mais le film est indisponible.
que ces films avaient été faits dans ces années-là. Quand on On a donc choisi ce film que je ne connais pas, car Skoli-
J’ai découvert récemment la version longue du film, celle qui voit les photos de tournage, avec les énormes caméras… je mowski est un cinéaste que j’ai envie de creuser. Il a écrit
est sortie à l’époque, qui a fait un tel four que Cassavetes a ne comprends pas comment il faisait pour atteindre à une telle Le couteau dans l’eau avec Polanski. J’aurais pu choisir
décidé de remonter en raccourcissant. Or la version longue vivacité, à cette énergie qui nous emporte. Pour le scénario de un Polanski, car c’est un de ceux qui m’ont donné envie de
est beaucoup moins bonne que la courte : il y a beaucoup Tournée, j’avais plagié une des scènes de La Maison Tellier, le faire du cinéma. Avant tout pour le côté très artisanal : les
plus de scènes de show, qui sont ennuyeuses car mal deuxième épisode du Plaisir : celle du compartiment de train costumes, la déco. Le Bal des vampires, par exemple. Je
intégrées au récit. C’est aussi le problème de All that jazz avec les filles qui partent à la communion. J’avais envie de me souviens avoir lu, dans le livre Polanski par Polanski,
- comme en plus les chorégraphies ont mal vieilli, avec la filmer ça. J’avais aussi écrit une scène où les filles du Burlesque des textes passionnants où il parle de la fabrication de ses
méchanceté du DVD, on zappe. Dans la version courte de étaient sur une charrette, comme lorsque Gabin vient chercher films, de la difficulté à faire travailler ensemble une équipe,
Meurtre, on se fout un peu du show - il y en a un peu à la les filles de la maison Tellier. dans la même direction. Il dit que c’est très difficile, car
fin, mais ce n’est pas le problème. C’était un de nos soucis Ophüls met souvent plusieurs actions dans le même plan. chaque technicien a envie de faire son film, ne pense qu’à
principaux, avec Philippe di Folco, en écrivant Tournée : Il y a énormément de choses devant, les avants plans sont partir de son domaine précis. J’en arrive aujourd’hui à cette
comment faire pour que les scènes de show ne soient pas très chargés, et il se passe aussi quelque chose derrière. conclusion extrême : réussir à faire un film, c’est faire en
des parenthèses dans l’action. Nous avons écrit de manière C’est une forme de mise en scène à laquelle je pense sorte que les techniciens deviennent des êtres humains.
à ce que chaque show soit vécu par l’un des personnages, beaucoup pour mes films. Il y a différentes techniques pour faire que tout le monde
s’inscrive dans son histoire. Le film de Cassavetes a aussi Le point de départ de Tournée, c’est un texte de Colette, cherche ensemble. Certains cinéastes y arrivent en étant
influencé le personnages de Joachim, et mon jeu. Joachim L’envers du music-hall - des notes sur sa tournée en province contre les techniciens, pour préserver leur solitude. Je n’ai
croit clairement qu’il est Ben Gazzara : quand il doit parler pour un spectacle déshabillé. Or j’ai découvert qu’Ophüls a pas cette force, donc je déverse en permanence tous mes
aux filles, il faut qu’il prenne un micro. réalisé un film à partir de ce texte, dont il a écrit le scénario avec doutes sur tout le monde. Ça amuse les techniciens, c’est
Colette. Ca s’est très mal passé entre eux. Je n’ai pas vu le film, une manière de les impliquer.
Molière il n’en reste qu’une copie à la Cinémathèque française.

Ariane Mnouchkine Man On the Moon


Rentrée des classes Milos Forman
France / Italie . 1978 . 4h05 Jacques Rozier
Avec Philippe Caubère, Joséphine Derenne, Brigitte Catillon, États-unis . 2000 . 1h57 . VOSTF
Claude Merlin, Jean-Claude Bourbault, Françoise Jamet, Françoise France . 1956 . 0h24 . N&B Avec Jim Carrey, Danny DeVito, Courtney Love
Audollent, Louba Guertchikoff, Serge Coursan, Daïna Lavarenne, Avec René Baglio, Marius Sumian, l’enseignant(e) et les élèves Scénario Scott Alexander, Larry Karaszewski,Ralph Martin
Lucia Bensasson, Nicole Félix, Rémy Charpentier, Norbert Journo, de Correns Image Anastas N. Michos
Clémence Massart, Jonathan Sutton, Armand Delcampe, Odile Scénario Michèle O’Glor, Jacques Rozier Montage Adam Boome, Lynzee Klingman, Christopher Tellefsen
Cointepas, Jean Daste, Jean-Claude Penchenat, Roger Planchon Image René Mathelin Musique Mike Mills, Michael Stipe, Norman Henry Mamey
Scénario Ariane Mnouchkine Montage Michèle David, Jacques Rozier Production Universal Pictures
Image Bernard Zitzermann Musique originale Darius Milhaud Remerciements à L’Institut Lumière
Montage Françoise Javet, Georges Klotz Production Dovidis, Films du Colisée La carrière du comique américain Andy Kaufman, mort en 1984
Musique originale René Clemencic Distribution cinéma public films d’un cancer du poumon. Né à New York en 1949, il débute dans
Production Les Films 13, Les Films du Soleil et de la Nuit,
Dans un village du Var, un écolier commence l’année de nombreux cabarets avant de se faire remarquer à la télévision
Antenne-2, Radiotelevisione Italiana (RAI)
Distribution Les Films du Soleil et de la Nuit scolaire en faisant l’école buissonnière. dans la célèbre émission « Saturday Night Live ». Il est une des
vedettes de la série « Taxi » puis provoque les réactions les plus
Comment un petit garçon né en 1622 d’un père tapissier et Il est toujours étonnant de voir comment les cinéastes ont diverses en montant des spectacles originaux, notamment au
d’une tendre mère deviendra-t-il cet acteur prodigieux, cet commencé. Ce film ne ressemble pas à ce que fera ensuite Carnegie Hall de New York.
auteur universel que nous connaissons tous si bien et si mal Rozier. Il y a une maîtrise, une beauté presque japonaise des
? Nous allons suivre Molière de son enfance à sa mort dans plans, du noir et blanc, des travellings très soignés, et puis Je ne l’ai pas revu depuis sa sortie. J’aurais pu choisir
cette France du XVIIe siècle, sauvage et raffinée. cette dimension de fable, qu’on ne retrouvera pas dans ses d’autres Forman, qui m’ont davantage marqué, ses films
films suivants. Comme s’il avait fait là tout ce dont il n’avait tchèques comme Les Amours d’une blonde ou Au feu
J’ai vu ce film à sa sortie, je l’ai aimé énormément. Il m’a les pompiers. Ces films ont été très importants pour moi,
donné envie de faire comme le personnage de Molière : partir déjà plus envie, comme pour s’en débarrasser. Rentrée des
classes fait partie de ces films réalisés un peu avant l’éclosion comme de manière générale le cinéma tchèque des années
de la maison et inventer ma propre vie. Je me souviens des soixantesTrains étroitement surveillés, de Jiri Menzel, adapté
scènes de conflit avec les parents, avec le père. D’un plan de la Nouvelle Vague, comme Cléo de 5 à 7 de Varda. Ces
gens ne savaient pas qu’ils faisaient partie d’un mouvement d’un court récit de Bohumil Hrabal, un écrivain qui me
tout bête : Molière enfant pose sa tête dans le giron de sa passionne. Le rapport au documentaire m’intriguait dans les
mère, qui lui épouille les cheveux, on sent qu’il prend son qui ne sera nommé qu’ensuite. Ce n’est pas un film de groupe,
on sent qu’il l’a fait tout seul, dans une vraie solitude. Cette films de Forman. Les plans de foule pendant les concerts, par
pied ; soudain le père entre dans la pièce, engueule son exemple, je me demandais si c’était vrai, comment il faisait
fils, qui s’échappe, et le père met sa tête dans le giron de sa question du groupe me préoccupe beaucoup. Je n’ai pas fait
d’école de cinéma, je n’ai jamais fait partie d’un groupe de pour choper ça. ça n’avait pas l’air fabriqué, il y avait une
femme pour se faire épouiller ! Je me souviens de la douceur vie étonnante. Cette hésitation entre fiction et documentaire,
maternelle, des gestes de rébellion ou de résistance du fils. gens qui parlent de cinéma. Alors aujourd’hui, on essaie de
faire ça toutes les semaines, avec les Larrieu notamment : se c’est aussi ce que j’aime dans les films de Jean Rouch. Quant
Autre chose m’avait frappé : Molière est artiste, il est libre, et à Man on the moon, je sais que ce film m’est précieux, mais
pourtant il travaille pour le roi, il répond à des commandes retrouver pour parler de cinéma.
je ne sais pas pourquoi. J’ai une grande admiration pour les
du pouvoir. Quant au financement de l’art en France, rien n’a acteurs comiques, pour moi ce sont les plus forts. De Chaplin
changé. J’ai vécu enfant en Russie, avec la censure ; je me à Moretti, ou Jamel Debbouze. Ici Jim Carrey : il me semble
demande comment faisaient les cinéastes. La ruse avec la que ce genre de performance comique, c’est la chose la plus
censure, la commande, la télévision… C’est une question qui dangereuse à faire. Quand je vois Andy Kaufman, le comique
m’intéresse, et le film de Mnouchkine parle beaucoup de ça. américain dont Forman fait le portrait, j’ai l’impression que tout
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ce qu’on a appelé en France l’humour Canal+ vient de lui.
mathieu amalric carte blanche FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

Le Succès à tout prix © Gaumont

Molière © les films du soleil et de la nuit

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kathryn bigelow rétrospective

la sensation et l’instant
par Jean-Marie Samocki

E n mars 2010, Kathryn Bigelow obtient six Oscars pour


son film Démineurs, dont ceux du meilleur film et du
meilleur réalisateur. La presse du monde entier remarque
relation de maître à élève, il s’agit d’abord et surtout d’un
fait générationnel. Bigelow est née en 1951, Cameron en
1954. Ils ont tous les deux accompagné les mutations du
sont violents, extrêmement volontaires : Bigelow utilise souvent
des actrices qui lui ressemblent physiquement et elle incite
le spectateur à penser qu’elles sont des doubles, prétextes
qu’elle a battu son ex-mari, James Cameron, nominé pour spectacle hollywoodien et ils se situent de manière explicite à identification. Mais à l’inverse de Cameron, elle n’est pas
Avatar. Leur union a duré de 1989 à 1991 et pendant ces et consciente à l’intérieur de ce cadre. Point Break (1991) sort fascinée par la puissance de la femme. Elle se demande à
deux années, il a coproduit deux films qu’elle a réalisés, Point trois ans après Piège de cristal (1988) de John Mac Tiernan quelles conditions celle-ci peut exister : dans ces contraintes
Break et Strange Days (pour celui-là, il a écrit le scénario). (né aussi en 1951 – le producteur Joel Silver naît en 1952). narratives, le personnage masculin est tellement surpuissant
Coïncidence matrimoniale mise à part, qu’y a-t-il dans cette Le spectacle hollywoodien se nourrit alors d’hyperviolence et qu’il se rapproche de la machine, de l’animal ou du monstre
anecdote ? Une victoire féministe ? La reconnaissance de la recherche d’un rythme effréné : tout doit être toujours et, du coup, il perd de son humanité, comme le personnage de
tardive au cœur d’Hollywood d’une artiste passionnante qui plus grand, plus monstrueux, plus sanglant, plus éprouvant, Ron Silver dans Blue Steel (1990). Face à lui, celui de Jamie
se situe en décalage par rapport aux canons de l’industrie plus explosif aussi. Lee Curtis apprend à être flic et femme, son engagement
tout en arrivant à faire accepter une évolution des normes du Certains thèmes ont pu les réunir, même si Bigelow en livre dans le corps de la police étant filmé comme la perte de son
divertissement ? toujours une version singulière. Leur dramaturgie se construit corps sexué. Elle se réapproprie son identité de femme en
ainsi souvent autour d’espaces clos au sein desquels la tension acceptant d’affronter la violence et la puissance que le vol
Sans aucun doute : Bigelow est une intellectuelle, qui a reçu se concentre : il s’agit souvent de bateaux, sous-marins, voiliers, d’un revolver avait symboliquement niées. Dans Le Poids de
une formation de peintre et Démineurs est le film vainqueur ou de lieux isolés comme des îles (Le Poids de l’eau, 2000) ou l’eau, Bigelow juxtapose deux époques. Fin du XIXe siècle : la
aux Oscars qui aura rapporté le moins d’argent au cours de des villes perdues (Aux frontières de l’aube, 1987). L’élément femme est une servante, la complexité du désir n’est jamais
son exploitation. Peut-on y voir pour autant une émancipation aquatique est ambivalent, menaçant jusqu’à la destruction ou prise en compte, sa nature transgressive (inceste et attirance
d’un éventuel mentor ? Certainement pas : il n’y a pas de protecteur comme une matrice. Les personnages féminins lesbienne) la met à l’écart des conventions sociales. Fin du
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Kathryn Bigelow rétrospective FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

point break © 20th century fox

drogue, c’est l’acte lui-même. Démineurs y trouve sa force, à dépendance du passé. C’est ce que dit Angela Bassett à Ralph
travers la composition extraordinaire de son acteur principal, Fiennes : « C’est ta vie ! Ici ! Maintenant ! En temps réel, tu
Jeremy Renner. Au cœur de la tension, là où la moindre m’entends ? Temps d’être réel, pas un trip ! Tu comprends ?
défaillance condamne le personnage à mort, la seule solution Elle ne t’aime plus. Peut-être avant, mais maintenant, c’est
est l’inconscience, la démultiplication des gestes, une façon de fini. Ce sont des émotions usées. Il faut les remplacer. Les
s’engloutir dans l’instant présent, de faire comme si le temps souvenirs sont faits pour s’effacer. »
ne connaissait ni passé ni futur, exclusivement préoccupé par à l’opposé, les militaires de K-19 et surtout de Démineurs sont
le rythme juste des pas et des procédures de la guerre. des drogués heureux. Dans K-19, face à l’endommagement
Comment mettre en forme un récit obsédé par l’engluement du réacteur nucléaire, les marins trouvent leur salut en faisant
dans l’immédiat ? En donnant au spectateur (et au personnage) corps tous ensemble, en assumant la perte de l’individualité
l’illusion d’arrêter le temps en le surdramatisant. C’est ainsi que réclame l’armée. Même les morts survivent à jamais par
que le poète du Poids de l’eau séduit la photographe : il la mémoire du sacrifice. La vision de l’armée est positive,
voulait « arrêter le temps ». Du coup, l’instant paraît comme mais étrange : Bigelow n’y voit pas seulement la rigidité non
une suspension et le flux du temps comme une malédiction : les négociable d’une structure mécanique, mais la possibilité pour
comptes à rebours foisonnent, le temps sans cesse meurt et des hommes de se dépasser en intégrant l’obéissance. Ils
renaît, comme les aubes et les crépuscules d’Aux frontières apprennent à suivre aveuglément les ordres de leur capitaine,
de l’aube, comme le siècle qui s’arrête et revit après le 1er qui lui-même fait corps avec le sous-marin, allégorie de
janvier 2000 dans Strange Days, comme les rotations l’appartenance à la terre-patrie.
militaires de Démineurs. Les personnages rêvent un instant Et si les démineurs sont à leur façon des soldats heureux,
fini, halluciné, extraordinaire, mais ils sont perdus dans une c’est qu’en s’attachant le plus solidement possible à l’instant
continuité infinie, inéluctable qui le tue peu à peu. Dans son présent, ils ne font l’épreuve ni du passé, ni du manque.
étonnant premier film, The Loveless (1982), l’instant s’étire, Tout est absolument donné dans un geste d’un romantisme
les plans semblent ralentis par la langueur des situations, les furieux. Il n’a plus grand-chose à voir avec celui de Nicholas
cadrages très structurés érotisent le moindre frémissement, Ray (Les Amants de la nuit et La Fureur de vivre sont cités
le moindre regard. Bigelow recrée l’esthétique des années 50 dans ses premiers films). Il n’est plus lié au couple ou au
pour faire de chaque acteur un fétiche érotique et anticipe sur motif de l’étreinte. Il ne provient plus vraiment de l’individu
le Lynch de Blue Velvet ou de Sailor et Lula. qui s’immerge dans la nature en même temps qu’il la dompte
(c’était Point Break). Désormais, l’individu ne sait plus faire
autrement que de répéter les mêmes gestes, se rattacher
«C’est ta vie ! Ici ! Maintenant ! En temps réel, tu désespérément à l’ordinaire au moment où il se rapproche le
m’entends ? Temps d’être réel, pas un trip !» plus de la mort. Au sein d’un film de guerre qui condamne sans
XXe siècle : la société est si sexualisée que le désir devient le hésitation l’engagement militaire américain en Irak, Bigelow
seul mode de lecture des relations entre hommes et femmes. signe une sorte de manifeste très théorique. L’espace : un
Par moments, la description de cette femme silencieuse face Comment mettre en images cette attraction pour l’exaltation horizon de désert, des voitures détruites comme des murailles
à une emprise qui la dépasse évoque La Leçon de piano mais et la disparition de l’éphémère ? Dans Aux frontières de inutiles, quelques dunes comme des souvenirs de ruines ; les
Bigelow se distingue de Jane Campion (née en 1954) par son l’aube, réécriture hyperréaliste du film de vampires, la scène personnages : des chevaliers sans vertu, qui se battent pour
approche brutale des corps et en particulier de la mort. Ici on capitale est déplacée : ce n’est plus le baiser du vampire mais le plaisir de la répétition. J-M.S.
tue à la hache, les balles de Blue Steel déchirent les corps, sa mort, aux premières lueurs de l’aube, lorsque la lumière
la lumière brûle les chairs (le soleil dans Aux frontières de du soleil transperce les corps et calcine les chairs. De ces
l’aube, l’irradiation nucléaire dans K-19, réalisé en 2002), les moments, elle tire un lyrisme très cru, qui transforme le film
de genre en un espace abstrait, ponctué par les apparitions
rencontres
bombes dématérialisent les démineurs.
Ses personnages sont obligés de s’inventer un autre et les disparitions de la lumière.
corps, transfiguré par l’entraînement, recouvert par des Alors que pour Point Break, Bigelow choisit un schéma
narratif linéaire où les événements doivent être toujours
scaphandres ou des protections comme des armures (qu’ils
plus dangereux et plus vifs sans jamais rassasier (des
Jean-Marie samocki
soient surfeurs ou militaires). Ils gardent quelque chose de
cambriolages ultrarapides à la quête de la « vague ultime », Démineurs
chevaleresque, mais leur héroïsme est quasi abstrait. L’action
sert à désactiver la psychologie : le personnage est plongé aussi mythique que Moby Dick), Strange Days entrecroise Blue steel
dans une situation où la conscience n’a plus prise. Parfois, deux lignes temporelles différentes. D’une part, des images du Point Break
elle est vaincue par la pulsion : le courtier de Blue Steel passé, qui sont quelquefois des images-souvenirs : on se les strange Days
devient une machine à tuer à partir du moment où il dérobe injecte au cerveau via un casque pour avoir l’illusion de vivre
directement et réellement ce qu’a vécu celui qui les a filmées ; The Loveless
une arme à feu. La violence qu’il peinait à contenir explose.
La conscience est aussi éteinte par la drogue : drogue littérale d’où ces plans de visages où les personnages jouissent sans Le Poid de l’eau
des images mentales de Strange Days (1995) ou la guerre toucher ni être touchés, comme sous l’effet d’un acte invisible.
de Démineurs présentée comme telle dès l’exergue. Au cœur D’autre part, le temps présent de l’action, qui s’accélère au
de chaque corps, comme de chaque manière organique, il y fur et à mesure qu’approche le passage à l’an 2000. Si ces
a la recherche d’une sensation intense, absolue : la véritable drogués sont malheureux, c’est qu’ils sont finalement sous la
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FIF 85 la Roche-sur-Yon Kathryn Bigelow rétrospective
du 14 au 19 octobre 2010

The Loveless point break K-19 : Le Piège des profondeurs


K-19 : The Widowmaker
États-unis . 1982 . 1h22 . VOSTF États-unis . 1991 . 2h02 . VOSTF
Avec Willem Dafoe, Marin Kanter, J. Don Ferguson Interdit aux moins de 12 ans États-unis . 2002 . 2h18. VOSTF
Scénario Kathryn Bigelow, Monty Montgomery Avec Patrick Swayze, Keanu Reeves, Gary Busey, James LeGros, Avec Harrison Ford, Liam Neeson, Peter Sarsgaard
Production Pionners Films Lori Petty, John C. McGinley, Tom Sizemore Scénario Christopher Kyle, Louis Nowra
Distribution Park circus Scénario W. Peter Iliff et Rick King Production Paramount Pictures, New Regency Pictures, IMF
remerciements à Free Dolphin Entertainment Production Twentieth Century Fox, JVC Entertainment Networks, Internationale Medien und Film GmbH & Co. Produktions KG,
Le chef d’un gang de motards, en route pour une course à Largo Entertainment Intermedia Films, National Geographic Films, Palomar Pictures
Daytona, s’arrête dans une petite ville de Floride. Le premier Distribution 20th Century Fox Distribution Paramount Pictures France
film de Kathryn Bigelow semble s’opposer à tout ce qu’elle remerciements à la cinémathèque belge En juin 1961, dans les eaux de l’Atlantique nord, Alexei
filmera par la suite. Si on la rattache à l’action, ici l’inaction Réalisé au tout début des années 90, tout dans Point Break Vostrikov, le capitaine du premier sous-marin nucléaire de
prédomine : tempos très lents, plans très longs, regards très rappelle les années 80 : de la coupe de cheveux de Patrick l’arsenal soviétique, le K-19, doit faire face à la défaillance
appuyés. Pas de frénésie. The Loveless met en avant un Swayze au duo d’agents du FBI vulgaires mais sympas : de son réacteur. Il s’agit d’éviter une catastrophe atomique,
des éléments essentiels de ses récits : la force érotique, Angelo Pappas et Johnny Utah, l’ancien joueur universitaire capable de déclencher une riposte américaine et, par
toujours présente, de façon plus ou moins explicite. Tout de football américain, qui a dû arrêter sa carrière sportive. Le conséquent, la guerre totale. Pourtant, K-19 n’est pas un
ici est extrêmement érotisé. Bigelow s’attache à la montée film est une date dans l’histoire des blockbusters. Derrière une film sur la Guerre froide, ni même un film de guerre. Bigelow
progressive de la tension sexuelle, à la façon dont elle histoire imbécile (des surfeurs qui cambriolent des banques), montre à peine l’ennemi et les mécanismes de la stratégie
est vécue, provoquée, assumée, reconnue par chaque Bigelow filme des situations-limites d’un point de vue physique de dissuasion ne l’intéressent que dans la mesure où ils
personnage. Dans sa relecture des films des années 1950, qu’elle exalte en ralentissant les plans, en suspendant le placent un groupe d’hommes devant le fait accompli. Ce
elle compose un film à l’esprit assez européen, proche de récit. Mouvements et vitesses. Une tentative de mêler les n’est peut-être même pas un film sur l’armée. Bigelow filme
certaines œuvres de Fassbinder. exigences d’un récit policier et la recherche individuelle de la comment des hommes découvrent ensemble la nécessité
sensation, l’absorption des corps par la Nature. du sacrifice et la grandeur de la solidarité. La trahison
Aux frontières de l’aube ne l’intéresse pas. Elle observe ce qui peut faire tenir les

near dark strange DAYs hommes entre eux. Finalement, elle filme l’amitié.

États-unis . 1987 . 1h34 . VOSTF États-unis . 1995 . 2h25 . VOSTF


Interdit aux moins de 16 ans
Démineurs
Interdit aux moins de 12 ans The Hurt Locker
Avec Adrian Pasdar, Jenny Wright, Lance Henriksen Avec Ralph Fiennes, Angela Bassett, Juliette Lewis
Scénario Kathryn Bigelow, Eric Red Scénario Jay Cocks, James Cameron
Production Lightstorm Entertainment 2009 . 2h07 . VOSTF
Production F/M, Near Dark Point Venture Avertissement : des scènes, des propos ou des images
Distribution Alfred Haber distribution Inc. Distribution 20th Century Fox
Los Angeles 1999. Lenny Nero, flic déchu, mi-dandy, mi- peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Remerciements à Studio Canal
gangster, s’est reconverti dans le trafic de vidéos très Avec Jeremy Renner, Anthony Mackie, Brian Geraghty, Guy
Une nuit, Caleb, un jeune fermier de l’Oklahoma, rencontre Pearce, Ralph Fiennes, David Morse, Evangeline Lilly
la belle Mae. Elle est une jeune vampire qui va l’emmener perfectionnées qui permettent de revivre n’importe quelle
Scénario Kathryn Bigelow, Mark Boal
de force dans un monde bestial, violent, malsain. Ils finiront situation par procuration. Elles créent une stimulation si Production Production First Light Production, Kingsgate Films
par s’aimer. Un film de vampires qui ne ressemble à aucun forte qu’elles placent les clients dans un état de manque Distribution SND
autre, comme si Bigelow prenait acte du fait qu’on ne pouvait et d’addiction. Le scénario, fondé sur l’ambiguïté de ces Bagdad. Le lieutenant James est à la tête de la meilleure
plus filmer l’Amérique de la même façon depuis Psychose, ni images, est très ambitieux. On y trouve à la fois une veine à unité de déminage de l’US Army. Leur mission : désamorcer
faire un film fantastique de la même façon depuis Massacre la De Palma (mêlé à un meurtre, Nero recherche une image des bombes dans des quartiers civils ou des théâtres de
à la tronçonneuse. Le résultat ? Une Amérique de lieux vides, qui révèle la vérité : tout a déjà été filmé – il y a même une guerre, au péril de leur vie. Le film de la consécration
déconnectés les uns des autres, bars abandonnés, espaces scène de suspense impressionnante qui joue sur le décalage critique et professionnelle. Bigelow s’acharne à filmer les
désertiques, une vieille camionnette qui fait figure de prison entre ce qui se passe dans le réel et le moment où le client soldats au présent. On ne trouve pas de réquisitoire direct
et de refuge. Les vampires sont sardoniques, repoussants, reçoit les images-drogues) et une veine à la Cronenberg contre l’engagement américain en Irak. Démineurs montre
nomades, marginaux, cruels, dégénérés. La poésie est (des personnages solitaires qui trouvent dans la technologie des militaires totalement engagés dans leur mission, qui ne
étrange et crue. Elle naît des chairs brûlées, des apparitions une possibilité de jouissance). Pour Bigelow, ces images se connaissent rien d’autre que la nécessité d’agir. Hitchcock
de la lumière. Au-delà des mutilations et des séquences gore, mêlent à un chaos plus général qui peut emporter le monde disait que le suspense, c’était de savoir qu’une bombe
un hommage aux Amants de la nuit de Nicholas Ray. à chaque instant. Pour résister à cette destruction imminente, va exploser mais d’ignorer quand. Bigelow construit ses
seuls restent le couple, une étreinte, un baiser. séquences sur ce principe : parfois, la bombe explose,

blue steel parfois pas, parfois le personnage meurt brutalement,


le poid de l’eau parfois pas. Elle oblige le spectateur à rester rivé à chaque
geste, cri ou regard du moindre personnage, faisant monter
États-unis . 1990 . 1h42 . VOSTF The Weight of Water une tension d’autant plus impressionnante que la base du
Avec Jamie Lee Curtis, Philip Bosco, Louise Fletcher
Scénario Kathryn Bigelow, Eric Red récit est particulièrement pauvre ou abstraite.
États-unis . 2000 . 2h13 . VOSTF
Production Lightning Pictures et Precision Films Avec Catherine McCormack, Sarah Polley, Sean Penn
remerciements à Tamasa distribution Scénario Alice Arlen, Christopher Kyle
Lors d’une ronde de nuit, Megan Turner, qui vient d’intégrer Production Imagex Communication, StudioCanal
la police contre l’avis de sa famille, abat un braqueur. Un des Distribution Tamasa Distribution
témoins vole l’arme du crime et disparaît. Lors de l’enquête, La cinéaste place deux époques en miroir. De nos jours,
personne ne croit qu’elle a agi en l’état de légitime défense. la photographe Jean Janes débarque sur la petite île de
S’ensuit une série de meurtres, commis à l’aide du revolver. Smuttynose, située au large des côtes du New Hampshire.
Sur les balles, le nom de la jeune femme est gravé. Bigelow Avec elle, à bord du voilier : son mari Thomas, un célèbre
utilise la violence du film policier pour s’interroger sur l’identité poète, le frère de Thomas et la compagne de celui-ci,
féminine et sur la façon dont une femme peut l’accepter Adaline. Elle doit relater un double meurtre commis à la
dans un univers masculin où celle-ci est minoritaire au point hache, une nuit de 1873. D’un côté, les tourments amoureux
d’être niée. La perte de l’arme est symbolique : elle signale de quelques intellectuels ; de l’autre, l’immigration d’une
sa culpabilité et le déni de son identité. Bigelow montre la jeune Norvégienne, sa vie quotidienne, la façon dont les
recherche de cette arme comme l’acceptation d’une violence fantasmes sont interdits dans une société figée. L’enjeu du
et d’une puissance que la société place du côté du masculin film est de mettre en résonance deux vies de femme, deux
mais qui fait intégralement partie de chaque individu. La sociétés éloignées d’un siècle et dont le rapport au désir a
relation entre Megan et le tueur est très belle : sans le vouloir, totalement évolué. Le film se termine sur une apothéose où la
elle le provoque constamment, le recherche comme une part cinéaste réussit à mêler la rage intérieure et le déchaînement
jumelle et inacceptable. L’un de ses meilleurs films. de la nature comme si, malgré les différences de temps, une
même énergie dévastatrice circule d’une femme à l’autre,
bouleversant leur destin.
le poid de l’eau © tamasa Distribution
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Kathryn Bigelow rétrospective FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

blue steel © tamasa Distribution

The Loveless © park circus

Démineurs © SND Aux frontières de l’aube © Alfred Haber Distribution Inc.

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Monte Hellman reprend la route

road to nowhere © capricci films

P our les cinéphiles du monde entier, la nouvelle de l’année 2010 restera sans doute la
réalisation de Road to Nowhere. Il y a quatre ans, Monte Hellman présentait à Cannes
un court-métrage intitulé Stanley’s Girlfriend en hommage à Kubrick, mais son dernier long
Corman, des premiers westerns interprétés et co-écrits par Jack Nicholson, de Macadam
à deux voies, à la fois road-movie définitif et essai de cinéma structuraliste, mais l’attente
semblait devoir se prolonger indéfiniment. à quand, enfin, le grand retour de Monte Hellman ?
métrage remonte, lui, à 1989. Peu connaissent Better Watch Out !, troisième volet d’une saga Nous y sommes. Road to Nowhere n’aura pas le destin des précédents films, il est assuré
de série B consacrée à un Père Noël tueur ; le film n’est pas sorti en France ; aux états-Unis d’être vu, et bien vu : sélectionné en compétition à Venise au mois de septembre, il connaîtra
même, il n’a connu qu’une diffusion en vidéo. Cela peut sembler difficile à croire, mais le une distribution française dans les premiers mois de 2011. Il ne faut pas trop en dire sur
dernier long métrage de Monte Hellman à avoir été distribué ici est l’inoubliable Macadam à ce film, il faut laisser le public succomber à son charme. Aussi bien thriller que film sur le
deux voies : c’était en 1972, il y aura bientôt quarante ans ! cinéma, Road to Nowhere est une œuvre d’autant plus fascinante que Hellman y expose à nu
Pendant tout ce temps, Hellman a accumulé les projets, esquissés, développés, abandonnés : ses inspirations de toujours (le Nouveau Roman, le cinéma comme art mortel, la conciliation
leur liste donne le tournis autant qu’elle fait rêver… Il a prêté main forte à Sam Peckinpah, Mark impossible du métier et de l’amour) tout en dialoguant, pour la première fois et au présent, avec
Robson, Francis Coppola ou Paul Verhoeven, contribué à la révélation de Quentin Tarantino, des cinéastes auxquels on n’aurait pas songé à le rapprocher : David Lynch, Abel Ferrara…
enseigné dans l’école d’art californienne de Cal Arts, dont les étudiants sont devenus ses Il y a donc de nombreuses raisons de se réjouir de ces retrouvailles trop longtemps différées.
collaborateurs, appris à préparer la meilleure margarita de la côte ouest…. Il a également Pour nous, pour la Roche-sur-Yon, il y en a plus particulièrement trois : la présentation en
réalisé une poignée de films superbes, Cockfighter (1974), China 9, Liberty 37 (1978), Iguana première française de ce nouveau film ; l’organisation d’une nuit Hellman, composée de quatre
(1988), mais ceux-ci n’ont pu être découverts que de manière tardive, confidentielle, toujours films ; enfin, last but not least, la présence du cinéaste lui-même en président du jury de notre
décalée. Avec le temps, Hellman a ainsi pris figure de cinéaste maudit : On se souvenait avec compétition internationale. E.B.
émotion des films mentionnés à l’instant, des débuts au sein de l’écurie entraînée par Roger

Road To Nowhere première


rencontres
États-unis . 2h01 . VOSTF
Avec Shannyn Sossamon, Tygh Runyan, Dominique Swain, française
Cliff De Young, Waylon Payne, John Diehl, Fabio Testi
Scénario Steven Gaydos
sortie Monte Hellman, Shannyn Sossamon, Steven Gaydos,
Image Joseph M Civit 1 semestre 2011
e & Melissa Hellman
Montage Céline Ameslon Road To Nowhere
Musique Tom Russell
Production Monte Hellman, Steven Gaydos, Melissa Hellman
+
Distribution Capricci Films dimanche 17 à 12h00 au Foyer du Manège Entrée libre
Hollywood. Un jeune réalisateur ambitieux se prépare à mettre en scène l’histoire vraie d’un meurtre
mystérieux impliquant un homme politique et sa maîtresse. Après avoir refusé le rôle principal à Nuit Monte Hellman
plusieurs stars hollywoodiennes, le cinéaste finit par recruter une jeune inconnue dont l’histoire vendredi 15 à 21h30 au Concorde
personnelle ressemble étrangement à l’intrigue du film...
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monte hellman reprend la route FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

nuit monte hellman


vendredi 21h30-5h
pass 4 films : 10€

L’Ouragan de la vengeance
Ride in the Whirlwind

États-unis . 1966 . 1h22 . VOSTF


Avec Millie Perkins, Cameron Mitchell, Tom Filer, Jack Nicholson
Scénario Jack Nicholson
Image Gregory Sandor
Montage Monte Hellman
Production Proteus Films
Distribution Carlotta Films
Trois cow-boys sont pris par erreur pour les hors-la-loi qui
viennent de dévaliser une diligence. Pris en chasse par
des miliciens, ils tentent de se défendre et se réfugient
dans une ferme.

the shooting
États-unis . 1967 . 1h23 . VOSTF
Avec Will Hutchins, Millie Perkins, Jack Nicholson, Warren Oates
Scénario Carole Eastman
Image Gregory Sandor
Montage Monte Hellman
Production Proteus Films
Distribution Carlotta Films
Deux cow-boys, Willett et Coley, servent d’escorte à une
mystérieuse jeune femme en échange d’une prime. Alors
qu’il traverse le désert, le trio est rejoint par l’étrange Billy
Spear, qui décide, après la mort de l’un des chevaux, de se
débarrasser de Coley.

Macadam à deux voies


Two-lane blacktop

États-unis . 1971 . 1h42 . VOSTF


Avec James Taylor, Warren Oates, Laurie Bird
Scénario Rudy Wurlitzer, d’après l’oeuvre de Will Corry
Image Jack Deerson
Montage Monte Hellman
Musique Billy James
Production Universal Pictures, CIPA
Distribution Universal Pictures
Deux garçons taciturnes traversent le sud-ouest américain
à bord de leur Chevy 55 grise. Une jeune fille un peu
paumée les rejoint dans leur périple, jusqu’à ce que leur
chemin croise une rugissante GTO 70 jaune, conduite
par un sémillant quadragénaire. Celui-ci leur propose un
marché : le premier d’entre eux qui atteint Washington
gagne le véhicule de l’autre.

Cockfighter
États-unis . 1974 . 1h23 . VOSTF
Avec Warren Oates, Richard B. Shull, Harry Dean Stanton
Scénario Charles Willeford
Image Nestor Almendros
Montage Lewis Teague, Monte Hellman
Production New World Pictures
Distribution Carlotta Films
Frank Mansfield est entraîneur de coqs de combat. Après
avoir perdu son meilleur oiseau, il a formé le voeu de garder
le silence jusqu’à ce que l’un de ses coqs remporte le
championnat national. L’Ouragan de la vengeance © carlotta Films / Macadam à deux voies © Universal Pictures / Cockfighter © carlotta Films

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Ferrara par quatre fois

mulbery st © DR

L
cassavetienne avec Wilhem Dafoe, Go Go Tales (2007), un
e dernier film d’Abel Ferrara a être sorti en France est
hommage entre documentaire et fiction au fameux hôtel
Mary, cela remonte au mois de décembre 2005. Juliette
Chelsea de New York, Chelsea on the Rocks (2008), un
Binoche en actrice dépassée par son rôle (Marie-Madeleine),
autre, dans le même genre, à Naples, Napoli,Napoli, Napoli
Forest Whitaker en présentateur de talk-show, Matthew Modine
(2009). Plus récemment encore, il s’est penché, toujours de
en cinéaste annonçant que les films sont les seules bombes :
manière documentaire, sur la rue de New York qui l’a vu naître,
les spectateurs de la Roche-sur-Yon n’ont pas oublié Mary,
Mulberry St (2009). Il s’est installé quelque temps à Rome, où
son sable d’Israël et sa nuit new-yorkaise, puisque le festival
Mary était déjà tourné en partie et où, dit-on, il n’a pas hésité à
le présenta lors d’une avant-première suivie d’une discussion
s’improviser metteur en scène de mariages certains week-ends,
avec le cinéaste Bertrand Bonello, qui avait accepté le principe
pour arrondir ses fins de mois, pour le plaisir… Il n’a pas arrêté
inhabituel de le découvrir en même temps qu’eux et de partager
de travailler, mais il est sorti des rails : nouvelles méthodes,
ensuite ses impressions, en direct.
incursions documentaires, découverte du numérique. Il était
déjà insaisissable, une sorte de Nicholas Ray de la fin du XXe
Depuis, plus rien. Cinq années se sont écoulées, sans qu’à
siècle, il l’est devenu encore plus. Il a quitté la scène. Si sa
nouveau la possibilité soit offerte au public français de découvrir
personnalité complexe n’y est sans doute pas étrangère, cette
en salle un film d’un des plus grands auteurs du cinéma
absence nous semble surtout représentative d’une situation
américain contemporain. Abel Ferrara est un expérimentateur
au sein de laquelle l’accès à la salle devient de plus en plus
de fureur et de génie, addict à l’image, toujours à la pointe
difficile, même pour des cinéastes de premier plan : Ferrara,
de ce qu’elle peut : la fascination, l’engloutissement, l’oubli ou
on le sait, n’est pas un cas unique aujourd’hui.
le manque… Un autre vampire du cinéma, un de ceux qui,
depuis maintenant trente ans, ont su montrer la voie. Qu’on se
souvienne juste de New Rose Hotel (1998), montré à Nantes
C’est pourquoi nous avons tenu à montrer ces quatre films rencontres
ensemble, comme un pan de l’œuvre à part entière, mal
au Concorde en séance décentralisée du festival : ce sublime
film d’espionnage international est longtemps resté le seul à
connu, mal éclairé, même si Go Go Tales ou Chelsea on the Abel Ferrara
Rocks ont pu être vus à Cannes. Espérons que cette mini-
avoir anticipé, montré, poétisé l’Internet, la mondialisation… Go Go Tales
rétrospective se renversera en prospective et qu’elle donnera
On peut le revoir aujourd’hui, il a à peine bougé, il tient encore
envie à des distributeurs de réunir à nouveau le public français Chelsea On The Rocks
fermement sa place à l’avant-poste. Napoli, Napoli, Napoli
et le diablotin new-yorkais. Celui-ci sera ici, en personne, pour
Que s’est-il passé depuis 2005 ? Ferrara n’a pas arrêté
de travailler, bien au contraire. Il a tourné une comédie
accompagner ses films : c’est une première à La Roche-sur- Mulberry ST
24
Yon, et c’est un immense bonheur. E.B.
ferrara par quatre fois inédits FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

carte blanche
Go Go Tales mathieu amalric
voir p.14
États-unis . 2007 . 1h36 . VOSTF
Avec Willem Dafoe, Matthew Modine, Bob Hoskins, Roy Dotrice,
Asia Argento, Lou Doillon
Scénario Abel Ferrara
Image Fabio Cianchetti
Montage Ezequiel Borovinsky
Son Fabio Nunziata
Production Bellatrix, Go Go Tales Inc., De Nigris Productions
Remerciements à Abel Ferrara
Ray Ruby’s Paradise, un chic cabaret à go go situé dans le
downtown de Manhattan, est un palais du rêve, dirigé par le
charismatique impresario Ray Ruby avec l’aide « experte »
d’amis de longue date et d’associés véreux. Y sont présentées
les plus belles et les plus talentueuses filles. Mais tout n’est pas
rose au Paradise. Ray doit faire face à une faillite imminente. Ses
danseuses le menacent d’une grève. Même son frère et financier
veut lâcher prise. Mais le rêveur qui est en Ray ne renonce
jamais. Il a acheté un système infaillible pour gagner à la loterie.
Lors d’une nuit magique, il gagne le jackpot. Mais perd le billet...

Chelsea on the Rocks


États-unis . 2008 . 1h28 . VOSTF
Avec Ethan Hawke, Dennis Hopper, Bijou Phillips, Grace Jones
Scénario David Linter, Christ Zois, Abel Ferrara
Image Ken Kelsch
Montage Langdon F. Page
Son Federico Esquerro
Production Deerjen Films
Distribution Wild Bunch
Un hommage au Chelsea, le célèbre hôtel new-yorkais,
et aux artistes qui ont émergé grâce à cette légendaire
résidence au coeur de Manhattan.

napoli, Napoli, Napoli


Italie . 2009 . 1h42 . N&B / couleur . VOSTF
Avec Luigi Maria Burruano, Peppe Lanzetta, Shanyn Leigh,
Luca Lionello, Marco Macor, Ernesto Mahieux, Anita Pallenberg,
Salvatore Ruocco, Benedito Sicca, Salvatore Striano
Scénario Peppe Lanzetta, Maurizio Braucci, Gaetano di Vaio
Image Alessandro Abate
Montage Fabio Nunziata
Musique Francis Kupiers
Production : Minerva Production & Marketing, P.F.A. Films, Figli
del Bronx, Massimo Cortesi, Luca Liguori
Distribution Minerva Pictures
chelsea on the rocks © wild bunch
Napoli, Napoli, Napoli est un portrait de la ville doublé d’une
plongée dans la matière humaine de la cité, une matière
à la fois vitale et brutale, passionnée et cruelle. Alors qu’il
interviewait un groupe de détenues de la prison d’état de
Pozzuoli, Abel Ferrara a été profondément impressionné
par la dureté et le fatalisme de leurs déclarations. Il a
alors décidé de tirer trois scénarios de ces expériences,
écrits par Pepe Lanzetta, Maurizio Braucci et Gaetano
Di Vaio. Di Vaio s’inspire de son expérience de détenu ;
Braucci décrit la brutalité de son éducation ; Lanzetta a
écrit un mélodrame familial rempli de violence, d’espoir
et de vengeance. Mélange de réalité et de fiction, ce film
compose une mosaïque aussi complexe et fascinante que
Naples elle-même.

Mulberry St
États-unis . 2009 . 1h27 . VOSTF
Image Jimmy Lee Phelan, Douglas Underdahl, Sean Price Williams
Montage Joseph Saito, Byron Karl
Production MST Productions
Remerciements à Mike Bilandic
Né dans le Bronx et grandi dans le nord de l’état de New
York, Abel Ferrara a commencé sa carrière de cinéaste sur
Mulberry Street en 1975. Il y habite depuis un an, et la fête
de San Gennaro est le sujet de son nouveau film. S’il a déjà napoli, napoli, napoli © Minerva Pictures
tourné dans le quartier à quelques reprises, celui-ci est
cette fois la star de son film.
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Ville-Campagne façon de parler
par François Bégaudeau

Le Roi de l’évasion © Les Films du Losange

C inématographiquement parlant, le couple ville-


campagne est bancal. Il penche côté ville. Si un film
circule dans une agglomération urbaine, on ne le relève pas : il
perfectionne, se commercialise. Il se fait et se montre là où il y
a du monde. Exceptionnelle, son implantation à la campagne
nécessite une logistique particulière, et pas seulement à
équipe de reportage venue de Téhéran et un peu paumée
dans ce trou. Une fois trouvé le village kurde cherché, celui
que les habitants appellent l’ingénieur déambulera à l’infini
évolue pour ainsi dire dans son milieu naturel. Mais s’il installe l’époque du kino soviétique. Aujourd’hui encore l’installation dans le dédale étroit de cet agrégat de maisons opaque,
son action au milieu des champs, cela ne tombe pas dans l’œil d’une équipe de tournage à la campagne ressemble à un insaisissable, inconfortable « même dans leur mer il n’y aurait
d’un aveugle. L’ancrage rural d’un film est, spontanément, bivouac en milieu hostile. Dans ce contexte contre nature doit pas d’eau pour moi » dira-t-il.
inconsciemment, perçu comme procédant d’une démarche, se bricoler une petite ville autonome, dont les habitants puissent La campagne est l’autre du cinéma ; par glissement elle devient
d’une intention, d’une littérale prise de position. C’est un signe se nourrir, se loger, brancher leurs appareils électriques, l’autre nom de ce qui heurte, déstabilise, inquiète, angoisse
distinctif qui déplace le cinéma de sa norme, de son point de connecter leur outillage informatique. Toute une expédition. ceux qui n’en viennent pas. La Ligne générale politise un vieux
neutralité urbaine. Cela va si peu de soi qu’une proportion motif philosophique et littéraire : le monde rural est le lieu de
importante de films ruraux scénarisent ce déplacement : une tous les obscurantismes ; la révolution n’illuminera le peuple
jeune femme plaque son métier à la ville et se lance dans que si elle soumet les propriétaires terriens et industrialise
l’agriculture (Une hirondelle a fait le printemps), un étudiant
Quand le cinéma embrasse la terre qui la production agricole. Mettant ses expérimentations
en sociologie enquête sur les agriculteurs du Béarn (Vert l’accueille, c’est le baiser du diable. L’objectif de formelles au service de la propagande soviétique, Eisenstein
Paradis), un lycéen de CFA passe son stage en alternance capter la nature aussitôt la dénature. appuie sa démonstration sur une démonstration de force
dans une ferme du Jura (L’apprenti). Pour ne citer que des cinématographique, où les accélérations du montage veulent
productions récentes et françaises. rendre désirable et jouissive l’accélération industrielle.
Le public majoritairement citadin ne suffit pas à expliquer L’ouverture de Le Vent nous emportera voit un 4x4 épouser
cette asymétrie. Notons plutôt la coïncidence chronologique les courbes sinueuses d’une route de terre, minuscule parmi De l’hétérogénéité rurale on peut attendre, a contrario, une
(la corrélation ?) entre le développement du cinéma et celui l’immensité vallonnée. Puis la caméra embarquée dans le rupture bénéfique avec la vie citadine et les mœurs modernes
des villes. Art hautement technique, divertissement forain véhicule glisse sur les champs en bordure. Nous spectateurs qu’elle sécrète. Dépaysement, ressourcement, purification,
puis industriel, c’est à la ville que le cinéma s’expérimente, se appréhendons la campagne de ce point de vue, celui d’une dépossession : des milliers de livres ou films ont entonné le
26
Ville-campagne façon de parler FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

refrain du bonheur dans le pré – repris en L’Ouest est un rêve de cinéma. Les cow-boys, des vachers résulte : des espaces encore mal identifiés et les hommes
chœur par quelques régimes totalitaires. d’opérette ; des beaux garçons des villes déguisés en fermiers, composites qui les peuplent.
Respirant le bon air de la campagne avec un bandana propret au cou et des éperons rutilants aux Les jeunes de Platform écoutent de la musique de Taiwan,
pagnolesque du Déjeuner sur l’herbe, bottes. Des paysans tout citadins issus d’un pinceau maniériste. regardent des films américains, se glissent dans des
respirant surtout les corsages d’une L’arrière-plan de la première scène de Platform est tapissé pantalons pattes d’eph’ qui à eux, chinois des années 80,
jeune autochtone qui sent bon la lavande d’une fresque où se superposent des carrés de rizière. Du travail leur semblent un must de l’avant-garde. Dans la campagne
et porte prénom de biquette (Nénette), agricole nous ne verrons guère plus, pendant les deux heures de Manuel Poirier se croisent des trentenaires désœuvrés,
le professeur Alexis renonce à ses où le film sinue dans les ruelles de Fenyang, à la frontière nord évanescents, rebuts de la ville névrosée que l’herbe ne guérit
recherches sur la fécondation artificielle. de la Chine. Il n’en sera question qu’à travers le filtre mythique pas. Dans celle de Guiraudie, un agriculteur s’assoit sur un
Parmi la nature, l’éminence scientifique et idéologique d’une pièce de théâtre édifiante donnée par la tabouret de traite pour jouer du punk acoustique, des paysans
reprend goût à la procréation naturelle. « brigade culturelle paysanne » du district. Parfois un tracteur troubadours agencent des fables qui repeignent le paysage
Quinze ans auparavant, c’était le temps traversera le cadre, égaré, déconnecté de sa fonction. Les champs naturel (Pas de repos pour les braves), des représentants en
d’une partie de campagne qu’une jeune existent au prix d’une construction mentale du spectateur. machines agricoles redéfinissent les territoires sexuels (Le
fille tombait ses vêtements urbains pour Symétriquement, la ville est, pour Minliang et ses amis, un roi de l’évasion). La campagne n’est plus le monde figé où
s’abandonner aux saines suggestions de fantasme né dans le creux de leur ennui de jeunes ruraux des créatures persistent farouchement dans leur identité : elle
la sensualité ambiante. La campagne c’est réfractaires à la reprise du flambeau agricole de leurs est une page blanche où se réécrit le monde.
la nature et la Nature : un environnement pères. Ville et campagne n’existent que l’une par rapport à Que demande Pierre Creton aux éleveurs de Haute-Normandie
aquatique et végétal autant que l’ordre l’autre. N’existent que dans le désir ou la répulsion qu’elles qu’il assoit devant sa caméra dans Secteur 545 ? Ni de raconter
authentique et originel qu’il perpétue. s’inspirent. Des entités relatives dont la synthèse façonne un leur labeur, ni d’égrener les difficultés de l’exploitation agricole
Supposé originel et authentique, du moins. espace mélangé, hybride, évolutif. Un territoire diffracté à la du début des années 2000, mais de répondre à cette question :
Renoir ne serait pas un grand cinéaste s’il ne mesure de la perception qu’en ont ceux qui l’habitent ou ne quelle est la différence entre l’homme et l’animal ? Ainsi se brouille
s’appliquait à troubler une régénérescence l’habitent pas. la clicheteuse répartition des rôles : la campagne vit, la ville
a priori claire comme de l’eau de roche. Un pense. L’agriculteur agit, l’artiste issu des villes le peint, le
orage précède le moment où la jeune fille Dans ville-campagne, c’est le trait d’union filme, le réfléchit ; la caméra urbaine spiritualise le paysan
aborde l’île immaculée aux bras de son qui compte. C’est la circulation, l’échange, la terre-à-terre. Trop simple.
beau canotier. Et son regard extatique Pour permettre de telles redéfinitions – changements
mutuelle altération et ce qui en résulte : des
d’après l’amour se voile d’une tristesse lexicaux, changements de grains d’image –, il fallait sans
insondable. Paradoxe d’un dépucelage au
espaces encore mal identifiés et les hommes doute qu’adviennent des cinéastes issus, sinon du monde
beau milieu de la forêt vierge ; ambiguïté composites qui le peuplent. rural, de la province profonde, et donc soustraits aux
d’une harmonie paradisiaque sitôt détruite approximations urbaines. Bien placés pour savoir que le
que redécouverte, détruite dans l’élan Au fil des déplacements obligés, des mutations économiques, monde rural déjoue les représentations, pour peu qu’on
même de sa redécouverte. des lubies humaines, des caprices esthétiques, l’époque veuille bien s’en approcher. Guiraudie et Creton en sont. Le
L’ingénieur de Kiarostami a traîné son contemporaine, peut-être plus vieille qu’on ne croit, configure second continue même à travailler dans le monde agricole
équipe jusqu’aux confins archaïques de des espaces intermédiaires qui se cherchent un nom, quand parallèlement à son travail de cinéaste. Avec ceux-là, c’est
l’Iran pour filmer une cérémonie funéraire ceux de ville et campagne ne conviennent plus. Dans L’arbre, aussi le territoire cinématographique qui se recartographie.
traditionnelle. Retour à la terre via l’attention le maire et la médiathèque, un édile s’autorise de ses origines Les frontières s’estompent : entre Paris et la province, entre le
portée aux mœurs de ce village-terrier : dit locales pour imaginer la construction d’une médiathèque dans docu-terroir et la fiction citadine, entre le cinéma professionnel
comme ça l’équation était limpide. Mais un pré bordant un village vendéen. En somme il « réanime » et le cinéma amateur.
voilà que ce double du cinéaste désespère la campagne en y apportant la ville – mais dans le respect du C’est à La Roche-sur-Yon, Vendée, que certains viendront
de voir l’agonie de la vieille s’achever contexte : vieilles pierres et mise à contribution des artisans échanger autour de leurs films entre le 14 et le 19 octobre.
comme il se doit ; le voilà qui désire cette locaux. Respect ? Ce seul mot fait hurler l’instituteur de Saint- F.B.
mort afin d’en ramasser la mise cinématographique. Quand Juire : il légitime tous les dommages collatéraux de cette
le cinéma embrasse la terre qui l’accueille, c’est le baiser du entreprise, et d’abord le béton du parking, qu’on appellera
diable. L’objectif de capter la nature aussitôt la dénature. Ce parc pour que le crime soit doux. Baiser du diable encore.
qui se dépose sur la pellicule n’est que le produit, composite et
complexe, de cette opération perverse. La campagne restituée Pour autant il serait trop simple de conclure que la méchante
par le cinéma est le produit d’une recréation dont il résulte un ville grignote inexorablement sur la gentille campagne,
bucolisme de seconde main, une pureté manufacturée. puisque dans le même temps les agglomérations s’aèrent
d’espaces verts – ceux-là mêmes dont la jeune héroïne du rencontres
Il est connu que l’histoire des états-Unis s’est écrite aussi à film de Rohmer déplore l’absence dans son village. Dans
l’écran. Que la nation s’est fait tout un film de ses origines à Bord de, la caméra documentaire de Camille Lotteau suit François Bégaudeau
travers de valeureux pionniers qui auraient accompagné des le cours de la Bièvre qui, prenant sa source à cinquante Secteur 545
troupeaux jusqu’à l’ouest où ils se seraient sédentarisés pour kilomètres de Paris, remontait jadis à ciel ouvert vers la Le Vent nous emportera
fonder une civilisation indexée à l’ordre naturel. Joli conte Seine. Aujourd’hui elle est en grande partie recouverte, mais
pour enfants, que sont venus compliquer les grands noms sous le béton la rivière persiste, résiste, émerge ici et là sous François Bégaudeau & Alain Guiraudie
de l’âge classique du western. Anthony Mann est de ceux- la forme d’un étroit filet d’eau dont le cours a conditionné le Le Roi de l’évasion
là. Dans L’homme de la plaine, Will Lockhart achemine des dessin de jardins publics, de promenades, d’aires de jeux. Pas de repos pour les braves
cargaisons de marchandises à travers le Nouveau-Mexique. Comment appeler ces niches de verdure à la fois artificielles
Lorsqu’il demande à qui appartient le sel des marais alentour, et naturelles ? Faut-il appeler ville ou campagne les territoires François Bégaudeau & Camille Lotteau
on lui répond : « à celui qui le ramasse ». Or une descente dont l’aménagement révoque la nature tout en l’honorant, la Bord de
brutale des hommes du coin met aussitôt fin à l’utopie de protégeant, l’entretenant ? Quant aux gens dont notre maire
biens naturels dont chacun dispose à proportion de son vendéen prophétise avec discernement – en 1992 – qu’ils Diane Baratier
labeur. Au commencement il n’y a pas une terre offerte à tous ; habiteront des villages et travailleront dans les villes proches, L’Arbre, le maire et la médiathèque
au commencement il y a le commerce, déjà, et la lutte âpre ils sont appelés rurbains.
pour s’approprier le territoire qui dès lors se découpe et se Dans ville-campagne, c’est le trait d’union qui compte. C’est
dessine au gré de l’évolution des rapports de force. la circulation, l’échange, la mutuelle altération et ce qui en
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FIF 85 la Roche-sur-Yon Ville-campagne façon de parler
du 14 au 19 octobre 2010

La Ligne générale … à la campagne pas de repos pour les braves


Staroye i novoye Manuel Poirier Alain Guiraudie
Sergueï Eisenstein
France . 1995 . 1h48 Autriche / France . 2003 . 1h47
u.r.s.s . 1929 . 2h01 . N&B . muet Avec Benoît Régent, Judith Henry, Sergi Lopez Avec Thomas Suire, Laurent Soffiati, Thomas Blanchard
Avec Marfa Lapkina, M. Ivanin, Konstantin Vasilyev, Vasili Scénario Manuel Poirier Scénario Alain Guiraudie
Buzenkov, Nejnikov, Chukamaryev, Ivan Yudin, E. Suhareva, G. Image Nara Keo Kosal Image Antoine Héberlé
Matvei Musique Charlelie - Productions & Editions Flying Boat Montage Pierre Molin
Scénario Grigori Aleksandrov, Sergei M. Eisenstein Montage Hervé Schneid Production Paulo Films
Image Edouard Tisse Production Salomé Distribution Haut et court
Musique originale Taras Bujewski Distribution Diaphana D’abord, il y a Basile Matin, qui a rêvé de Fafatao-Laoupo, le
Montage Sergueï M. Eisenstein L’amitié. symbole de l’avant dernier sommeil... Maintenant, Basile sait
Production Sovkino Benoît vit à la campagne, entouré de ses amis. Il a quitté que s’il dort encore, il va mourir et le problème, c’est qu’à son
Distribution Films sans Frontières Paris. Pablo et émile aussi. Gaston, lui, est du coin. âge, on aimerait bien avoir toute la vie devant soi. Ensuite, il
L’industrialisation des campagnes, le plus poétique des La campagne. y a Igor, qui travaille un peu et fait vaguement des études...
films de Sergueï Eisenstein. La campagne, c’est le choix de vie de Benoît. Benoît et ses Mais il n’a pas d’argent et il s’ennuie. Alors l’histoire de
amis habitent chacun une maison proche du village. Gens Basile, même s’il n’y comprend pas grand-chose, l’intéresse

L’Homme de la plaine
de la ville et gens de campagne. Opposition et rencontre de diablement. Enfin, il y a Johnny Got. Un peu journaliste
deux mondes. bénévole, un peu détective et pas mal voyou, il s’intéresse
The Man from Laramie L’amour. beaucoup aux histoires qui ne le regardent pas.
Anthony Mann Benoît rencontre Lila. Elle est jeune et arrive de la ville,
un peu perdue. De cette rencontre va naître l’amour, une
États-unis . 1955 . 1h44 . VOSTF histoire forte et passionnée. Pourtant un jour, Lila part et Secteur 545
Avec James Stewart, Arthur Kennedy, Donald Crisp, Cathy laisse Benoît sans nouvelles. Pierre Creton
O’Donnell, Alex Nicol, Aline MacMahon, Wallace Ford, Jack Elam,

Le Vent nous emportera


John War Eagle, James Millican, Gregg Barton, Boyd Stockman France . 2006 . 1h45 . N&B
Scénario Philip Yordan, Frank Burt Avec Jean-François Plouard, Pierre Creton, Cécile Raynal
Image Charles Lang
Musique originale George Duning Abbas Kiarostami et les éleveurs du secteur 545
Scénario Pierre Creton
Montage William A. Lyon Image Pierre Creton et Sophie Roger
Production Columbia Pictures Corporation, W.G. Productions Iran / France . 1999 . 1h58 . VOSTF
Avec Behzad Douarni Montage Jean-Christophe Leforestier
Distribution Park Circus Production Atlante Productions
Remerciements à Sony Pictures Scénario Abbas Kiarostami
Image Mahmoud Kalari Distribution Shellac
Le taciturne Will Lockhart livre des vivres à Barbara Le “secteur 545” désigne dans le pays de Caux les limites dans
Musique Peyman Yazdanian
Waggoman, qui possède une boutique dans une petite ville lesquelles Pierre Creton, peseur au contrôle laitier, exerce son
Montage Abbas Kiarostami
perdue en territoire apache. Il se heurte à Dave Waggoman, Production MK2 Productions activité auprès des éleveurs qui en font la demande. Au fil de
cousin de cette dernière et fils d’un rancher brutal et Distribution MK2 ces rendez-vous réguliers des relations se nouent et Pierre
autoritaire, Alec, et se met à la recherche d’un mystérieux Des étrangers en provenance de Téhéran arrivent pour Creton s’enhardit à poser certaines questions, particulièrement
trafiquant d’armes, qui fournit des fusils aux Indiens. un court séjour à Siah Dareh, un village du Kurdistan celle-ci : entre l’homme et l’animal, quelle différence ?
iranien. Les habitants ignorent la raison de leurs venues.
Le Déjeuner sur l’herbe Les étrangers flânent surtout dans l’ancien cimetière et font
croire aux villageois qu’ils sont à la recherche d’un trésor. Le Roi de l’évasion
Jean Renoir Alain Guiraudie
France . 1959 . 1h32 Platform France . 2009 . 1h37
Avec Paul Meurisse, Catherine Rouvel, Paulette Dubost
Scénario Jean Renoir
Jia Zhang-ke Avec Ludovic Berthillot, Hafsia Herzi, Pierre Laur, Luc Palun,
Pascal Aubert, François Clavier
Image Georges Leclerc Scénario Alain Guiraudie, Laurent Lunetta
Musique Joseph Kosma Chine . 2001 . 2h35 . VOSTF
Avec Wang Hong wei, Zhao Tao, Liang Jing dong Image Sabine Lancelin
Montage Renée Lichtig Musique Xavier Boussiron
Production Compagnie Jean Renoir Scénario Jia Zhang-ke
Image Yu Lik-wai Montage Bénédicte Brunet & Yann Dedet
Distribution Tamasa Distribution Production Les Films du Worso
Le professeur Alexis est un des plus farouches partisans de Musique Yoshihiro Hanno
Montage Kong Jing-Iei Distribution Les Films du Losange
la fécondation artificielle. Lors d’un pique-nique en Provence, Armand Lacourtade, 43 ans, vendeur de matériel agricole,
Production Artcam International
il est séduit par une charmante paysanne, Nénette. Il lui fera Distribution Ad Vitam ne supporte plus sa vie d’homosexuel célibataire. Quand il
un enfant... de la manière la plus naturelle ! Durant l’hiver 1979, à Fenyang, une troupe de théâtre rencontre Curly, une adolescente qui n’a pas froid aux yeux, il
présente sa pièce à la gloire de Mao Tsé-Toung. La vie de vire de bord. Pourchassés par tous, ils bravent tous les dangers
L’Arbre, le maire et Minliang (Wang Hong-wei) et de ses camarades tourne
autour des représentations et des histoires d’amour
pour vivre cet amour interdit. Ils finissent par créer un drôle de
couple. Mais est-ce vraiment de ça dont Armand avait rêvé ?
la médiathèque naissantes.

éric Rohmer
Au printemps 1980, des petits changements viennent peu
à peu modifier la vie de la troupe de théâtre : musique pop, Bord de
France . 1993 . 1h45
cheveux permanentés, cigarettes au bec. Camille Lotteau
Au milieu des années 80, la politique du gouvernement
Avec Pascal Greggory, Arielle Dombasle, Fabrice Luchini
Scénario éric Rohmer change et les subventions d’état sont supprimées. L’avenir France . 2010 . 2h00
Image Diane Baratier de la troupe devient incertain, de même que les rapports Scénario Camille Lotteau
Musique Sébastien Erms entre ses membres. Image Olivier Jacquin
Montage Mary Stephen Son Thomas Fourel
Production La Compagnie éric Rohmer Montage Camille Lotteau
Distribution Les Films du Losange Qu’est-ce qu’on fait, on se promène ? Ou bien on loue un
A Saint-Juire, petit village du sud de la Vendée, le jeune dvd, il fait humide, non ? C’est très trempé vers cet arbre.
maire socialiste ambitionne de faire construire dans le Alors comme ça on se promène. On se croirait dans un
pré communal un complexe culturel et sportif de grande nuage d’eau. Humide comme ça c’est au moins une rivière.
envergure. Apprécié des locaux, l’enfant du pays réussit Au fond quand même l’air est bon. De toutes façons il pleuvait
à trouver les crédits nécessaires grâce à ses relations au boulevard Saint-Marcel. Ça fait du bien l’air. Quand il pleut
ministère de la Culture. Tout irait au mieux dans le meilleur boulevard Saint-Germain, il gèle jusqu’à Saint-Quentin. Si tu
des villages possibles, si... mets ton dvd dans la rivière ça fait un radeau pour la fourmi.
C’est le début d’un film fleuve. L’air mouillé c’est bon pour
les poumons je crois. Les ricochets, c’est mieux. Si c’est la
Tamise, ça donne un river movie. Alllez viens on va sur la
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route en voiture. T’as l’air en forme ce matin.
Ville-campagne façon de parler FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

Secteur 545 © shellac Platform © Ad Vitam

bord de © camille lotteau L’Arbre, le maire et la médiathèque © Les Films du Losange

Le Déjeuner sur l’herbe © Philippe Rivier - Tamasa Distribution

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Invitation au FIDMarseille
Roche-sur-Yon. On les dit documentaires, ils le sont, pour part, C’est pour ce motif que tous ces films sont d’égale intensité :
la meilleure : dans leur confrontation rigoureuse aux réalités ce qui est documenté ici est d’abord destiné à impressionner la
de notre monde contemporain. On s’apercevra vite néanmoins pellicule (ou la vidéo), puis, peut-être, c’est leur pari, les tablettes
que pour porter témoignage des complexités qu’ils ont élues sensibles de nos esprits. Au programme de ce rendez-vous,
dignes d’être rapportées, ces films usent de tous les moyens l’éclatement. Éclectisme des provenances géographiques, des
offerts par le cinéma. Précision des images, science du cadre objets d’étude, des écritures, des générations de réalisateurs.

L a révélation d’un secret de famille, la mise au net d’une


maison tournée en cénotaphe, de l’opéra dans la brousse,
une émission de télé israélienne à l’humour très spécial, des
et du montage, déploiement complet de mise en scène : fiction,
si l’on accepte d’entendre sous ce mot tout un façonnage, tout
un artisanat. C’est de cet artisanat de haute volée que monte le
Mieux qu’un panorama, un affolement. à l’image de nous-
mêmes, de nos agitations, du bariolé de notre monde.
En remerciant vivement le Festival International du Film de la
ados qui s’inventent chevaliers, la bio d’un escroc de la bourse, sens véritable de ce qu’on appelle fiction ou documentaire : non Roche-sur-Yon de cette invitation faite à un cinéma turbulent,
les chemins d’un narcotrafiquant au Mexique, un catalogue pas seulement tisser des fables ou se contenter de transmettre nous espérons sa rencontre mémorable.
troublé de la dévastation planétaire, une usine polonaise où des chroniques, mais fabriquer des points d’ancrage pour Jean-Pierre Rehm
l’on danse le ballet des machines, voilà, extraits de la dernière la mémoire, comme ces nœuds faits autrefois dans les délégué général du FID Marseille
édition du FIDMarseille, neuf films proposés au public de la mouchoirs.

MUDANZA MATAMOROS JULIEN


Pere Portabella Edgardo Aragón Gaël Lépingle
Espagne . 2008 . 0h20 . VOSTF Mexique . 2008 . 0h20 . VOSTF France . 2010 . 1h20
Mudanza, Grenade, la maison familiale du poète Un ex-trafiquant de drogue mexicain nous relate par le Gaël Lépingle affectionne ce qu’il appelle « le temps
Garcia Lorca. On n’y verra personne, sinon le ballet des menu comment s’opéraient les transports de marchandises désaccordé ». Il en avait fait le titre d’un portrait du cinéaste
déménageurs qui vident une à une toutes les pièces de leurs et le passage de la frontière vers les États-Unis. Avec les Guy Gilles en 2008 et, auparavant, la matière première
meubles, tableaux, etc. Restera une demeure vide, emplie images, nous refaisons avec lui le voyage sur les routes de l’évocation d’une membre d’Action Directe dans sa
de lumière et de traces, devenue comme le cénotaphe d’un paysage paradisiaque. Au son, Pedro Vasquez Reyes rigoureuse Prisonnière du Pont-aux-Dions (FID 2006). De
du poète assassiné en 1936 par les fascistes, et dont le en off détaille les actions et les rencontres, répète les Julien, si le synopsis fait mince (« des adolescents jouent aux
corps n’a jamais été retrouvé. Portabella, à la caméra d’une conversations, mime les voix des interlocuteurs, la gouaille chevaliers, se rêvant un destin, une quête, qui les mèneraient
virtuosité impressionnante, compose ici, soixante-dix ans de chaque intonation, à la manière des bonimenteurs du loin de la Beauce où ils ont grandi »), il indique encore assez
plus tard, plus qu’un hommage : une élégie funèbre. (JPR) cinéma muet. Ce choix du jeune réalisateur Edgardo ce désaccord majeur. Entre une jeunesse et ses rêves, entre
Aragon de « rejouer » à blanc les histoires racontées la campagne française et un ailleurs ignoré, entre l’enfance
et le fade imaginaire adulte qui menace de l’effacer.
Histoire racontée par est décisive. Elle crée une distance quasi comique entre
l’horreur des situations, leurs enjeux effectifs, et notre C’est à l’endroit de cet « entre », fissures, chiches
Jean Dougnac réception. Par son refus d’un pathos suspect qui nous
rendrait complices malgré nous, le film articule un espace
intervalles, que le film va insister et se loger pour inventer
une écriture à lui, âpre et sophistiquée à la fois. D’une part,
Noëlle Pujol en propre : théâtre flagrant, opération brechtienne d’autant le matériau documentaire abonde : les champs battus de
France . 2010 . 0h40 plus saisissante que ce narrateur n’est autre que le père machines agricoles, les routes empruntées à scooter à
Dans le lieu clos d’une chambre, un homme âgé, couché du réalisateur, et ce récit un fragment autobiographique. deux, les maisonnées blêmes d’un paysage transformé en
dans un lit, m’attend depuis trente ans. Il détient un secret Se comprend mieux cet étrange passage nocturne, très lointaine banlieue, les visages butés des ados, leur rituel
et brûle de le divulguer. Je pose ma caméra DV au pied artificiel, à peine compréhensible, où se « rejoue » une gravement dansé, leurs projets d’avenir mécaniquement
du lit. Le cadre de mon image transforme la chambre en scène de passage à tabac, et où l’on n’aperçoit qu’un bout débités. Mais, d’autre part, Lépingle refuse de croire que
scène de théâtre. Il ne s’agit pas d’une interview, plutôt de casquette. Pour Aragon, la règle qu’il pratique est celle- cette fatalité fasse verdict, car il entend, sous les poses et
d’un long monologue polyphonique filmé en plan fixe. Entre ci : il ne s’agit ni d’observer de loin comme un juge, ni à les mutismes, gronder autre chose. Si l’appétit épique et
deux langues, le français et l’occitan, Jean Dougnac me l’inverse de se prendre au jeu d’une incarnation, mais de le lyrisme grandissent ses « personnages » ailleurs, c’est
raconte l’histoire singulière de mes parents dont j’ai été fabriquer un cadre de représentation au plus juste. Comme qu’à l’évidence son regard les y accompagne avec amour.
séparée à la naissance. Il me parle de ma mère Edmonde, pour enfin habiter un paysage dont la voix explique qu’il lui Et c’est à l’occasion d’un spectacle son et lumière médiéval
du mystère de son handicap qu’il n’a jamais su résoudre. reste interdit. (JPR) que vont s’affronter tous les régimes d’un temps maintenu,
Il me révèle le secret de ma naissance. Les images sont comme en état de grâce, désaccordé. (JPR)

Le travail des machines


dans sa voix. Rien n’est linéaire dans son récit : l’exposition
d’une tragédie familiale plane, père et mère désavantagés,
la misère, l’abandon, le tribunal des assistantes sociales. Gilles Lepore, Maciej Madracki et HILARIOUS
Mais c’est un fond sur lequel viennent se détacher d’autres Michal Madracki Roee Rosen
histoires cinématographiques et politiques, d’autres vies en Pologne/Suisse . 2010 . 0h38 . VOSTF Israël . 2010 . 0h21 . VOSTF
mouvement explorées avec les mots. La fin de sa narration Pologne. Une typique ville industrielle, maquette idéale d’un Les Confessions de Roee Rosen (FID 2008), brûlot
est un suspense, un happy end, une fin ouverte à la fable, fantomatique passé. Ici commença Le travail des machines, dévastateur, avait déstabilisé, mêlant performance,
et un personnage en chemin. une danse créée en 1968, métaphore de la relation entre cinéma et considérations sur Israël, son pays. Le principe
l’homme et la machine. Reconstruire cette danse c’est déployé alors est ici à nouveau à l’oeuvre : substitution des
LA BOHÈME voyager dans le temps jusqu’à l’âge d’or de cette ville où
production était sensée rimer avec bonheur.
identités, performance. Changement de décor toutefois :
studio TV et one woman show face au public, genre King
Werner Herzog of Comedy de Scorsese. S’y retrouvent les conventions du
Royaume-Uni . 2009 . 0h04 . VOSTF genre : musique, grimaces, outrance, blagues douteuses,
Tolérant une version anglaise imposée par les commanditaires, mouvements de caméra, rires de la salle. Caustique, en
l’ENO, English National Opera, et la chaîne satellite Sky Arts, écho au Freud des mots d’esprit, Hilarious met en jeu
Werner Herzog s’éloigne et impose à son équipe une vie les tabous et les archétypes du comique télévisuel. Roee
en plein air durant plus d’une semaine au coeur du peuple Rosen ouvre les portes d’un inconscient qui couve sous
Mursi du sud-ouest éthiopien. L’ut final de Mimi et Rodolfo la bonne conscience, celle d’Israël, autant que la nôtre.
achevant le duo du premier acte de l’opéra de Giacomo (Nicolas Féodoroff)
Puccini s’en trouve métamorphosé. (Gilles Grand)

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FIDMarseille Invitation FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

MADMAN’S DICTIONARY
Benno Trautmann
Allemagne . 2010 . 1h03 . VOSTF
Un néon à la lumière vacillante crépite. Une définition
laconique du mot folie s’inscrit sur un écran électronique.
La caméra s’avance dans un espace délabré et désert,
hôpital ou quelque autre enceinte dévolue à la science. En
quelques plans, Benno Trautmann impose un programme où
la précision de la description ne cède en rien à la métaphore,
où les concepts dialoguent avec la chair des images et des
sons. D’un lieu à l’autre, d’une définition à l’autre, empruntant
à l’arbitraire et à la rigueur de l’organisation d’un dictionnaire,
quelque fou indiqué par le titre (l’Homo Sapiens, pas moins)
nous entraîne dans la traversée d’un enfer parsemé de
destructions froides et d’horreurs machiniques, et sur
lequel plane un sentiment de mort latente. Avec la dextérité
inquiétante du chirurgien, le film découpe puis ajointe en
blocs massifs lieux, événements et objets, emblématiques
ou tragiquement banals, faisant par exemple entrer en
résonance les récents bombardements en Irak, la beauté
mortifère de la taxidermie animale, l’exploitation industrielle
et minière. Nature meurtrie (comme cette horrible machine à
couper et à élaguer les arbres) et activités destructrices se
succèdent, selon une loi que l’on soupçonne déréglée. Dans
cette avancée inexorable vers une apocalypse prévisible,
c’est le dictionnaire et son balayage exhaustif, systématique
et erratique qui donne le sens : affolé. (NF)

MICHAEL BERGER. une HYSTERIE


Thomas Fürhapter
Autriche . 2010 . 0h50 . VOSTF
L’actualité nous a rendus de tels personnages familiers. Et
pourtant, d’eux, hormis leurs arnaques colossales, nous
ignorons tout. Michael Berger fait partie de cette famille
d’inconnus crapuleux et mythiques. À près de 20 ans, il
s’envole pour New York quittant Vienne où il s’est essayé à
des opérations boursières juteuses. Son trafic là-bas durera
peu, mais les victimes américaines de ses bobards financiers
en auront pour des millions. Démasqué, il disparaît pendant
cinq ans, avant d’être arrêté et incarcéré en Autriche. Présent
déjà au FID (Das Gelb Ohne Zebra, 2004), Thomas Fürhapter
choisit de se faire le récitant de cette tragi-comédie moderne
qu’il baptise sobrement en sous-titre, lecteur de Thomas
Bernhard, une hystérie. Ce que la forme du film dément. Nulle
gesticulation ici, la caméra revient sur le parcours géographique
du trader pour filmer en plan fixe les pays traversés : Angleterre,
Autriche, États-Unis. Mais à chaque reprise, il s’agit de lieux très
précis : la maison de sa grand-mère, une entrée de collège où il
a fait ses études, la salle d’un restaurant assidûment fréquenté,
un appartement loué, telle rue empruntée chaque jour, sa
geôle, etc., à la manière méthodique d’une reconstitution de
crime. Tâcher, en voyant, de comprendre. Tâcher, en marchant
derrière ses pas, de dessiner le décor de cet american dream
frauduleux. En off, une biographie ne se lasse pas de répéter
son nom, comme pour donner enfin épaisseur à ce qu’il aura
échoué de faire consister. (JPR)

rencontres
Maciej Madracki
Le travail des machines

Noëlle pujol
Histoire racontée par Jean Dougnac

gaël Lépingle
Julien

Benno Trautmann
MICHAEL BERGER. UNE HYSTéRIE © sixpackfilm / JULIEN © bathysphère productions / Le travail des machines © mml

Madman’s Dictionary

sources catalogue FIDmarseille 2010


www.fidmarseille.org
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séances rencontres
E n réponse à notre invitation, Sylvain Bourmeau et Ludovic Lamant, journalistes
à Mediapart, ont souhaité inviter à leur tour quelques écrivains et penseurs,
non pas à simplement présenter des films, mais à montrer des films qui les aident
à réfléchir, à écrire, à travailler. La nuance est importante, elle indique combien le
cinéma, aujourd’hui, ne cesse de sortir de son aire pour nourrir les autres domaines,
philosophie, littérature… Nous nous réjouissons de cette collaboration : Mediapart
accomplit depuis peu d’années un travail journalistique à la fois nécessaire et
remarquable, et la circulation des paroles est une des priorités du festival.

mediapart
rencontre avec Sylvain Bourmeau et les écrivains de la rentrée littéraire

De l’influence des rayons gamma sur Les rencontres


le comportement des marguerites
The Effect of the Gamma Rays on the Man-in-the-
moon Marigolds De l’influence des rayons gamma...
Paul Newman rencontre avec Maylis de Kerangal
Maylis de Kerangal a grandi au Havre, et fait des études de Sciences
États-unis . 1973 . 1h40 . VOSTF Humaines avant de devenir éditrice pour la jeunesse, chez Gallimard
Avec Joanne Woodward, Nell Potts, Roberta Wallach puis au Baron Perché. Aux éditions Verticales, elle est l’auteur de
Scénario Alvin Sergent d’après Paul Zindel, Prix Pulitzer 1971 plusieurs romans dont Corniche Kennedy (2008), roman d’une
Image Adam Holender jeunesse solaire, et d’un recueil, Ni fleurs ni couronnes (2006) dont
Montage Evan Lottman l’une des nouvelles a été adaptée au cinéma. Chez Naïve, elle a écrit
Musique Maurice Jarre
Dans les rapides (2007) fiction en hommage à Blondie et Kate Bush.
Production 20th Century Fox
Distribution Splendor Films En 2010, elle publie Naissance d’un pont.
De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites dépeint
la vie quotidienne d’une femme de quarante ans qui élève seule ses deux
filles de treize et dix-sept ans. Elle tente de rompre la routine en faisant des
rencontres qui sont toujours de courte durée.
The Wire
THE WIRE / EXTRAIts rencontre avec Sandra Laugier
SUR éCOUTE Sandra Laugier est une philosophe française qui a travaillé sur
des questions de philosophie du language, de philosophie des
série créée par David Simon sciences et de philosophie morale. Elle est actuellement professeur
à l’université de Picardie Jules Verne. En juillet 2010, le CNRS la
États-unis . 2002 . VOSTF
nomme directrice adjointe scientifique de l’Institut des sciences
The Wire (Sur écoute) est une série télévisée américaine créée par David
humaines et sociales (INSHS), chargée de l’interdisciplinarité et
Simon et co-écrite avec Ed Burns. Elle a pour sujet la criminalité dans la ville
du campus Condorcet. Elle a écrit entre autres Une autre pensée
de Baltimore, à travers la vision de ceux qui la vivent au quotidien : policiers,
politique américaine : la démocratie radicale, de R.W. Emerson à S.
trafiquants en tous genres, politiques, enseignants, journalistes, résidents de
Cavell (Michel Houdiard éditeur, Paris, 2004) et Wittgenstein. Les
Baltimore... Avec un aspect de quasi-documentaire par son réalisme et son non-
sens de l’usage (Paris, Vrin, 2009).
manichéisme, la série est acclamée par la critique, bien qu’elle n’ait pas connu
un succès commercial important.

Histoire(s) du cinéma / EXTRAIts


Jean-Luc Godard Histoire(s) du cinéma
France . 1998 . 4a / 0h27 + 4b / 0h38
rencontre avec Philippe Forest
Scénario Jean-Luc Godard Né en 1962, Philippe Forest est professeur de littérature à l’Université
Image Pierre Binggeli, Hervé Duhamel de Nantes et critique au magazine Art Press. Il est l’auteur de cinq
Montage Evan Lottman romans parus aux éditions Gallimard et de plusieurs essais sur l’art
Montage Jean-Luc Godard et la littérature dont les plus récents sont publiés par les éditions
Production Canal+, CNC, France 3, Gaumont, La Sept, Télévision Suisse Romande, Vega Films Cécile Defaut à Nantes. Dernier titre paru: Le Siècle des nuages,
Distribution Gaumont Gallimard, 2010.
Jean-Luc Godard ne propose pas une histoire chronologique du Septième Art mais
plutôt une double exploration, un voyage dans l’histoire de notre siècle, au pays Achevées en 1998, les Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard
des images et une exploration de la création de Godard lui-même, un autoportrait constituent l’un des indiscutables chefs d’oeuvre de la création
du cinéaste. C’est l’histoire des émotions suscitées par le cinéma et l’histoire de la contemporaine. Plus qu’une classique histoire du cinéma, elles
solitude du créateur. Histoire(s) toujours inachevées et pourtant passionnées car, se présentent comme un exercice mélancolique et monumental
dit Godard, « il faut brûler les films, les brûler d’un feu intérieur ». de récapitulation, un collage où sont mis à contribution toutes les
ressources de l’art et de la pensée en vue d’une réflexion sur le rapport
de l’image au temps.
www.mediapart.fr

32
Séances rencontres FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

Bergman : En présence d’un clown


rencontre avec Jean Narboni et thierry Lounas

qualifient de « bergmanisme » mortellement atteint de la syphilis. Les deux compères,


(ostentation dans la gravité, soucieux de mettre à l’épreuve l’invention géniale, bricolent
noirceur enchaînée et un scénario où se mêlent, sans souci de vraisemblance, les
damnation existentielle, dernières années de la vie de Schubert et les mémoires d’une
solennité du grand art, crainte certaine comtesse Mitzi, célèbre prostituée viennoise vierge
sans tremblement, maîtrise et folle d’amour pour le musicien, qui se suicida en 1908. Bien
étouffante), et décrivait qu’éminemment mélancolique, le film aura pour titre La Joie
un difficile mouvement de la fille de joie. Les deux amis, tels Mercier et Camier chez
ascensionnel triomphant de Beckett, sont déterminés à aller de l’avant coûte que coûte et
forces de pesanteur pourtant décident d’entreprendre la réalisation et la diffusion artisanale
exposées sans pitié. du film. Comme parfois Laurel et Hardy, chacun est secondé
C’est en effet celui des films dans son entreprise par une femme amoureuse beaucoup
de Bergman où s’équilibre plus jeune, belle, réaliste et éperdument dévouée.
le plus miraculeusement le Le long prologue de l’hôpital et l’ensemble du film (qui se fixe
versant noir des explorations ensuite à l’une des étapes de la troupe dans les locaux de la
les plus poussées dans Ligue de tempérance de Granäs, baraquement perdu dans le
l’irrationnel et le tourment vent et la tempête de neige) déploient, à l’image de ses deux
intérieur, et la ligne claire, héros lunatiques et versatiles, une succession à très brefs

I
musicale et féerique de intervalles d’humeurs changeantes. Humeur convient mieux,
l aura donc fallu plus de dix années d’attente, de ses grandes fantaisies aériennes. Si, comme le cinéaste pour désigner le mouvement de ce film et la labilité de ses
tentatives échouées, de découragement, d’impatience l’écrivait très tôt, chacun de ses films était pour lui le dernier, microclimats, que variations de rythme, ruptures de ton ou
et d’âpres négociations pour que l’avant-dernier film d’Ingmar En présence d’un clown mériterait plus que Sarabande de changements de tempo. Et le mot doit lui-même s’entendre ici
Bergman, En présence d’un clown, soit bientôt visible en figurer comme son véritable opus ultime. Non par quelque avec la multiplicité contradictoire de sens que le terme humor,
salles et disponible dans quelques mois en DVD. C’est bien accent testamentaire manifeste, mais parce que son ampleur difficile à traduire, a dans la langue allemande (notation plus
de film qu’il faut parler et non, comme on le fait parfois un de registres, la sûreté infaillible du geste, la souplesse et fréquente d’ailleurs dans la musique de Schumann que dans
peu dédaigneusement – en raison de son premier mode l’imprévisibilité dans l’enchaînement des tableaux successifs celle de Schubert) : humeur noire de la mélancolie, humeur
de diffusion et de son support – de « téléfilm » tardif d’un – du cinéma au théâtre, du bricolage forain et des chapiteaux de chien des accès de colère ou de franche brutalité, humeur
cinéaste consacré. à ce titre, Sarabande, tourné dans les de fortune à la magie musicale, de la scène dramatique maniaque de l’activité débordante suivie de stupeur dépressive,
mêmes conditions, et que le cinéaste, dans un premier temps, improvisée au récit à une voix – témoignent de la liberté, humeur exquise de la joie créatrice, humeur enjouée des
n’avait pas voulu voir programmer en salles (comme aucun insoucieuse de briller ou de rien démontrer, qui marque l’état moments d’entente et d’accomplissement, humour constant
de ses films après Fanny et Alexandre) aurait dû susciter les de grâce et la chance octroyés à certains grands artistes enfin et parfois bouffonnerie déchaînée dans l’affrontement et
mêmes réserves. Or c’est un film aujourd’hui célèbre, montré dans leur vieillesse (« Le printemps du cœur de l’hiver est le commentaire des nombreux ratés de l’entreprise. Bergman
en toute occasion et même tenu pour l’ultime chef-d’œuvre une saison par lui-même », écrit T.S. Eliot). place systématiquement chaque scène de son film sous le
de son auteur. L’invention aventureuse, l’ingéniosité artisanale d’un geste signe d’un problème à résoudre sans délai, d’un différend
En présence d’un clown, intitulé originellement S’agite et se créateur qui semble chaque fois repris à son commencement, à régler ou un conflit à traiter. Toute situation appelle ainsi,
pavane (termes empruntés au monologue de la fin de Macbeth, le débridé presque feuilletonesque du récit épousent à chaque comme condition pour que le film et la tournée continuent,
dont des extraits tracés sur fond noir introduisent le film), est instant les défis que les protagonistes de la fable affrontent : une clarification préalable, qu’il faut entendre ici au sens
tiré d’une pièce de théâtre écrite par Bergman en 1993, que comment inventer, répondre à l’imprévu, parer au plus pressé, propre. Le sombre, l’opaque, la noirceur règnent au début de
lui-même n’a jamais montée mais directement filmée pour improviser en toutes circonstances, répondre aux coups du chaque épisode mais, par succession de touches savantes
la télévision suédoise quelques années plus tard, en 1998. sort. Un art de l’impromptu. et rapides, Bergman introduit dans le tableau une couleur
Montré rapidement au Festival de Cannes la même année, le Qu’on en juge. Deux internés psychiatriques provisoires au claire, une transparence ou une échappée. Et l’ensemble
film est passé deux fois à la télévision française dans les mois seuil de la vieillesse, fantasques, irascibles et charmants, des problèmes enchaînés est lui-même sous-tendu par une
qui ont suivi, sur Arte et au Cinéma de minuit de France 3. se lient d’amitié à l’hôpital d’Uppsala en octobre 1925. alternative vitale qui commande tout le mouvement du film
Quelques rares comptes-rendus dans la presse en ont alors L’un, Akerblöm, ingénieur féru d’inventions jusque-là peu et forme l’arche majeure de sa construction : sombrer ou
fait mention, puis peu de choses ou rien. Il y eut bien en 2008 couronnées de succès, décide de mettre au point un dispositif s’élever, céder à l’attraction du vide et de la chute à pic ou
un petit livre fervent paru tout à fait à contretemps, qui donna selon lui aussi révolutionnaire pour l’humanité que l’invention y échapper par le haut, qu’on appelle ce sursaut invention,
lieu à deux ou trois projections très suivies, après quoi le film de la roue : la cinématographie vivante et parlante. Des images partage, entente, création ou amour. Sans répit menace la
et le livre disparurent aussi vite que les pauvres acteurs à qui muettes sont projetées sur un écran translucide, et derrière retombée dans le marais des passions tristes et de l’esprit
Shakespeare identifie la vie, «ce fantôme errant», et dont il dit l’écran, les acteurs donneront voix aux personnages grâce à de vengeance, mais le film est un défi triomphant constant
qu’une fois leur heure passée en scène on n’en entend plus un microphone et un haut-parleur les diffusera dans la salle. à la pesanteur, au sarcasme et à l’enlisement. Et dans cette
parler. Depuis : le silence, l’oubli, l’enfouissement, l’absence L’autre personnage, Vogler, professeur retraité d’exégèse à fantaisie dont la cruauté et l’alacrité triviale ne nous épargnent
de la moindre mention ou référence. l’Université, se dit le fondateur du mouvement libertaire anti- rien, l’harmonie conquise ne se laisse pas altérer. Les cloches
Le plus étonnant n’est pas que ce film ait bouleversé ceux chaos « L’Esclavage rompu », dont le droit de péter librement indiquant la fin de partie, après une nuit enchantée gagnée de
qui l’ont découvert ou revu lors des trois ou quatre projections est l’une des premières revendications. Akerblöm est par haute lutte, ne sont peut-être qu’une hallucination, la mort qui
qui ont eu lieu en 2008. Mais que les spectateurs alors les ailleurs fasciné par la figure et la musique de Franz Schubert rôde aux confins de l’image un clown sodomite et hésitant, la
plus réticents et même hostiles à Bergman l’aient perçu qu’il tient pour son semblable, son frère, et obsédé par la terreur de la folie et de l’abandon une chimère et le peu de
comme étonnamment libre, singulier, surprenant. Comme question de savoir ce que le musicien a exactement ressenti, spectateurs un gage de leur qualité. Car l’amour ne cède pas
s’il constituait scène après scène un arrachement à ce qu’ils un matin d’avril 1823, à la minute où il a découvert qu’il était et la clarté musicale croît. Jean Narboni

En présence d’un Clown


inédit
Larmar Och Gor Sig Till
Ingmar Bergman
sortie en salle le 3 novembre 2010 Suède . 1997 . 1h57 . N&B / Couleur . VOSTF
Avec Börje Ahlstedt, Marie Richardson
Scénario Ingmar Bergman Image Tony Forsberg, Irene Wiklund Montage Sylvia Ingemarsson Musique Franz Schubert
Production SVT Distribution Capricci Films 33
FIF 85 la Roche-sur-Yon Séances rencontres
du 14 au 19 octobre 2010

cinéma, de notre temps


rencontre avec André S. Labarthe et Hervé aubron

JEAN-CHRISTOPHE AVERTY / EXTRAIts


André S. Labarthe et Estelle Fredet
Projet pour un film de la collection Cinéma, de notre temps

France . 2010 (en cours) . 0h28


Il faudra bien un jour se pencher sur la boîte de
vitesse de l’époque et analyser ce qui a fait de la
télévision le véhicule le plus performant de l’image
animée depuis l’invention du Cinéma en 1895.
Et chercher à savoir pourquoi, mal aimée, mal
regardée, mal appréciée, la Télévision a toujours
été considérée comme la version ménagère de l’art
du grand écran, c’est-à-dire comme un sous-cinéma
ou, au mieux, un cinéma-bis. Comme s’il y avait
john cassavetes
© AMIP
d’un côté le Cinéma, l’art de faire rêver et de l’autre,
la Télévision – l’art de faire dormir. Un homme a André S. Labarthe et Hubert Knapp
pourtant passé sa vie à interroger sérieusement ce
qu’est un écran de télévision au-delà de son usage France . 1969 . 0h50 . N&B
domestique. Sa réponse, déclinée tout au long de Pendant longtemps, John Cassavetes sera connu comme acteur, mais c’est
plus de 70 films, est imparable : l’écran de télévision évidemment comme auteur de films qu’il apparaît dans ce portrait. Lorsque nous le
est une page blanche. Cet homme est Jean- rencontrons, il est déjà l’auteur de trois films : Shadows, film indépendant réalisé à
Christophe Averty (né en 1928), la personnalité la New-York, puis Too Late Blues et A child is waiting, deux expériences hollywoodiennes
plus décriée et la plus admirée, la plus discutée et, qu’il juge désastreuses. Il vient de terminer le montage de Faces dont le montage
pour cette raison, la plus populaire qu’ait connue durera trois ans. C’est le film de la naissance d’un cinéaste que nous proposons.
la télévision française depuis cinquante ans. Trois ans plus tard, Faces est terminé et Cassavetes fait une escale à Paris, en route
Paradoxe de la popularité : aujourd’hui il en est pour le Festival de Venise. Ce n’est plus le même homme qui s’exprime, mais un
d’Averty comme de Godard, tout le monde connaît homme mûri, qui se retourne sur lui-même, et tire les leçons de son expérience. Un
son nom mais personne n’a vu ses films. homme qui raconte l’Amérique, l’entreprise de Shadows - film de l’adolescence et de
averty / Impressions d’Afrique, d’après Raymond Roussel, 1977
l’espoir, et celle de Faces, le film de l’âge mûr et du désenchantement.

Van Gogh
rencontre avec alban Lefranc

C omment raconter la vie d’un grand peintre sans tomber dans les pièges de la biographie
d’artiste, son fétichisme (l’oreille coupée), ses illusions rétrospectives (tout petit déjà
il dessinait admirablement), ses pieuses certitudes (nous savons aujourd’hui qu’il est un grand
ce qu’on croit savoir des moments significatifs, de notre religion de l’art, essayer de le voir comme
ses contemporains justement, comme un anonyme.
Pialat saisit des blocs de vie, ne cherche jamais à démontrer ou illustrer, filme à hauteur d’homme,
peintre, ses salauds de contemporains ne savaient pas) et la piteuse opposition entre l’art et la vie sans aucune transcendance. Et le film raconte autant les derniers jours du peintre que la
(une succession de désastres ici-bas, la gloire au ciel ensuite) ? Comment ? transformation de Marguerite Gachet à son contact, et la vie d’une communauté villageoise en
Tout simplement en ne racontant pas sa vie mais en montrant un pauvre bougre parmi d’autres, 1890. Débordant de vitalité, le film fait sienne la fameuse phrase que Van Gogh aurait prononcée
que rien ne distingue a priori des nombreux peinturleurs du moment dont on a oublié le nom, qui sur son lit de mort, cette phrase que Pialat acteur jetait déjà comme un défi dans A nos amours : la
aurait pu être un épigone de plus entre deux rasades d’absinthe. Car pour ressaisir un peu Van tristesse durera toujours, mais pas celle de Vincent, celle des autres.
Gogh, recouvert par sa légende dorée et l’obscénité des salles de vente, il faut se déprendre de A.L.

auteur associé Van gogh


Maurice Pialat
au Grand R France . 1991 . 2h39 . N&B / Couleur
Avec Jacques Dutronc, Alexandra London, Bernard Le Coq
www.legrandr.com Scénario Maurice Pialat
Image Gilles Henry, Emmanuel Machuel
Montage Yann Dedet, Nathalie Hubert
retrouvez les films Production Centre National de la Cinématographie
programmés par (C.N.C.), Cofimages 2, Films A2, StudioCanal,
Alban Lefranc au concorde Sofica Investimage 3
Distribution Gaumont
en mars 2011 Après son internement à l’asile, Vincent Van
Gogh s’installe à Auvers-sur-Oise chez le docteur
I’m not there
Gachet, amateur d’art et protecteur des peintres.
de Todd Haynes
Entre les relations conflictuelles qu’il entretient
Mourir comme un homme avec son frère Théo et sa santé mentale
de Joao Pedro Rodrigues vacillante, Vincent continue son oeuvre. Il devient
l’amant de Marguerite, la fille de son hôte, mais
celle-ci comprend vite qu’il ne l’aime pas, que
Van gogh © Gaumont seul son art le fait vivre.
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Séances rencontres FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

à suivre…
4 lectures publiques des 2 premiers épisodes d’une série TV, Vallée, en cours de développement (8 x 52 min)
Ces lectures vous sont proposées dans le cadre du festival par l’ACOR, O.H.N.K. production et Festi’clap, en collaboration avec le café L’Art en bar
avec le soutien du Conseil régional, de la Direction régionale des affaires culturelles des Pays de la Loire et de la ville du Mans.

C es lectures vous sont proposées parce que nous


avons été séduits par ce projet en gestation :
d’emblée, le ton y est donné, en quelques lignes on
vieux savoir-faire d’une série qui fonctionne (suspense
dosé, large palette de personnages, décor super-actif),
le jeu plaisant des références cinématographiques et
Sur le site www.vallee.tv, retrouvez les lectures en
podcast (utile pour ceux qui auraient raté un épisode…)
et suivez le blog que Thomas Boudineau consacre
se trouve propulsé dans une situation d’autant plus littéraires, et, côté musique, de quoi vous concocter à l’écriture de Vallée. Vous pourrez partager vos
inquiétante qu’elle est plausible… S’y mêlent le bon l’une des plus belles playlist qui soit. commentaires avec l’auteur et l’équipe de la série.

Vallée © Lionel Maraval

Vallée Thomas Boudineau joue depuis six ans avec le groupe Angil
and the Hiddentracks et multiplie les participations à de nombreux
série TV en cours de développement . 8x52min
groupes de la scène rock indépendante. Parallèlement, il a été
Alors que la France est au bord du chaos social, un krach financier s'abat sur toute l'Europe.
disquaire pour Harmonia Mundi. Vallée est le premier projet
Mathieu, jeune cadre commercial, sa famille, et ses amis, voient le pays sombrer dans un climat d'émeutes et de pillages.
d’écriture qu’il présente au public.
Les villes deviennent invivables. Ils partent pour une vallée perdue des Pyrénées.
Aurélien Dutier est professeur d’art dramatique au
Dans les montagnes, c'est toute une société qu'il faut reconstruire, quand tout a basculé.
Conservatoire de Sablé-sur-Sarthe, diplômé de l’Ensatt, Lyon
2005. Il participe régulièrement à des fictions sur France Culture.
Lecture publique épisodes 1 & 2 Dernièrement, il a joué dans L’Arriviste de Stig Dagerman, mis
en scène par Isabelle Ronayette.
Lecteurs : Aurélien Dutier et Thomas Boudineau O.H.N.K. production (Le Mans) développe, produit et diffuse un
Les lectures sont gratuites et ont lieu tous les jours catalogue varié de contenus multi médias destinés à internet, à
de 12h00 à 12h30 / terrasse du café L’Art en bar, la télévision et au cinéma.
esplanade Jeannie Mazurelle. Plus d’infos sur le site www.ohnk.net.
Thierry Bonhké • 06 87 20 23 81 • thierry@ohnke.net
Vendredi 15 octobre - épidose 1 / partie 1 L’ACOR (Association des cinémas de l’Ouest pour la recherche)
Samedi 16 octobre - épisode 1 / partie 2 est une association inter régionale, créée en 1982. Elle
Dimanche 17 octobre - épisode 2 / partie 1 regroupe vingt-sept structures (cinémas pour la plupart labellisés
Lundi 18 octobre - épisode 2 / partie 2 « recherche » et associations) tournées vers la défense de l’art
et essai et de la recherche dans le cinéma, situées en Haute-
Normandie, Basse-Normandie, Bretagne, Pays de la Loire,
rencontre avec l’équipe Centre et Poitou-Charente.
Dimanche 17 octobre à 10h00 Renseignements : www.lacor.info • contact@lacor.info
Terrasse du café L’Art en bar autour d’un petit-déjeuner (à votre charge) Festi’clap (La Roche-sur-Yon) est une asssociation créée
en 2003 ayant pour objectif de proposer au public yonnais un
cinéma diversifié et complémentaire du multiplexe. Elle participe
Et ensuite ? au comité d’organisation du Festival international de La Roche-
Dans le courant des deux prochaines années, nous vous proposerons sur-Yon. Tout au long de l’année, elle soutient et promeut
régulièrement, dans le cadre du festival ou de la programmation le cinéma de centre ville Le Concorde, où elle organise des
du cinéma le Concorde, de suivre et participer à l’évolution et à la projections. Festi’clap développe ses activités en réseau avec
réalisation de cette première saison de Vallée… d’autres associations yonnaises.
Aurélien Dutier et Thomas Boudineau © DR www.vogazette.fr • namarchand@wanadoo.fr
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Jeune Public et famille
A u cinéma Le Concorde, c’est toute l’année qu’est mise
en œuvre une politique concertée et ambitieuse en
faveur de l’éducation artistique audiovisuelle : à l’école, de la
Cette année, pendant six jours, le Festival vous propose des
œuvres reconnues ou inédites, courts et longs-métrages.
Deux studios spécialistes du cinéma d’animation seront
Puis c’est le prestigieux Festival international du film
d’animation d’Annecy que nous mettrons à l’honneur, en fêtant
ses 50 ans avec deux programmes présentant le meilleur des
petite section à la terminale, et en famille, pour le jeune public et notamment à l’honneur : les studios Folimage et les studios courts-métrages 2009/2010.
les adolescents. Le Festival international du film de La Roche- d’arts de Shanghai. L’un en France, l’autre en Chine, l’un très Et dans le cadre de la programmation Ville-Campagne de
sur-Yon inclut un temps fort pour la jeunesse, prolongement actuel, l’autre plus ancien, les deux ayant pour point commun François Bégaudeau, nous avons nous aussi voulu offrir
naturel de ce parcours de découvertes artistiques. Car un de nous faire rêver en utilisant des techniques d’animation qui au jeune public l’occasion de courir les rues et de battre la
festival, c’est comme un concentré, un précipité, un temps de ont fait leur singularité. campagne.
fête pour tout festivalier, jeune ou plus âgé, d’effervescence, On remarquera aussi, dès le mercredi 13 octobre au
liée au nombre de personnes dans les salles, au nombre Grand R à partir de 14h30, en avant-première nationale, le Une semaine exceptionnelle pour découvrir et redécouvrir
de films et invités, aux animations et couleurs déployées… film Une vie de chat (3e production Folimage après Mia et combien le cinéma est un art qui continue à nous enrichir et à
Un moment intense et essentiel, qui a toute sa place dans le le Migou et La Prophétie des grenouilles) en présence de nous émerveiller de 3 à 133 ans.
calendrier de nos pratiques culturelles. Serge Besset, compositeur de la musique du film. L’équipe Jeune Public

en ouverture du festival
mercredi 13 octobre
après Mia et le Migou et
la prophétie des grenouilles

unlesgrain de folimage
les studios folimage présentent en

mercredi 13 à 14h30 au Manège . tout public à partir de 5/6 ans


studios Folimage à l’honneur
avant-première
sortie en salle
le 15 décembre 2010

une vie de chat © Gébeka

Une Vie de ChaT


Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli
France . 1h10
Avec les voix de Dominique Blanc, Bruno Salomone, Jean Benguigui, avec la participation de Bernadette Lafont
Scénario Alejandro Fadel, Martin Mauregui, Santiago Mitre, Pablo Trapero
Image Guillermo Nieto rencontre
Montage Ezequiel Borovinsky
Musique Serge Besset
Production Folimage
Distribution Gébéka avec Serge Besset
Un chat mène une double vie secrète : il passe ses journées avec Zoé, la fille d’un commissaire, mais la compositeur de la musique d’Une vie de chat, de Mia et le Migou
nuit il accompagne un voleur sur les toits de Paris. Alors que la mère de Zoé enquête sur les cambriolages et de la prophétie des grenouilles
nocturnes, un autre truand kidnappe la fillette.
36
Jeune public et famille FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

Annecy tout courts ! programme 1


des courts-métrages d’animation inédits /Festival international du film d’animation d’Annecy
. (1h26)

A l’occasion de l’incontournable festival international du film d’animation d’Annecy qui fêtait ses 50 ans en juin dernier, nous vous présentons deux programmes avec le meilleur des courts-métrages internationaux présentés cette année et réali-
sés en 2009/2010. L’un à partir de 7 ans, et l’autre à partir de 12 ans. Un panel de techniques d’animation, de genres, de tonalités vous est proposé. Les adultes seront tout autant émus, émerveillés et amusés que les enfants et les jeunes.

mercredi 13 à 16h30 au Manège . tout public à partir de 7 ans

old fangs © Network Ireland Television

Le Silence sous l’écorce Old Fangs


Joanna Lurie - France . 2009 . sans dialogues Adrien Merigeau et Alan Holly - Irlande . 2009 . VOSTF
Dans une forêt couverte d’un grand manteau blanc, de drôles de petites créatures découvrent Un jeune loup décide d’affronter son père. Il ne l’a pas vu depuis son enfance.
la neige... Elle les emporte dans un tourbillon d’ivresse et de joie à la rencontre d’étranges
phénomènes.
Monstre Sacré
Jean-Claude Rozec - France . 2009
Micro-Dortoir Né accidentellement parmi les canards, un dragon aussi gigantesque qu’inoffensif devient
Lia Bertels - Belgique . 2009 subitement une star médiatique. Considéré à tort par les hommes comme une créature féroce
Trois enfants reviennent sains et sauf du pays des rêves, voici leurs témoignages.. et sanguinaire, il se retrouve bientôt perdu dans la jungle urbaine.

Sinna Mann The Lost Thing


Anita Killi - Norvège . 2009 . VOSTF Andrew Ruheman, Shaun Tan - Australie / Grande-Bretagne . 2010. VOSTF
Prix spécial du jury, Prix Unicef, Prix du public - Annecy 2010 Cristal du court-métrage – Annecy 2010
Lorsque la maman-poisson meurt, Boj n’y tient plus. Il trouve dans son imagination la force Un garçon trouve une étrange créature sur une plage et décide de lui trouver une maison, dans
d’aller de l’avant. Un film sur des secrets qui ne devraient pas rester secrets. un monde où tous pensent avoir des choses beaucoup plus importantes à faire.

Teclopolis Don’t Go
Javier Mrad - Argentine . 2009 . sans dialogues
Turgut Akaçik - Russie . 2010 . sans dialogues
De vieux magazines dansent délicatement dans le vent, une caméra super 8 rampe sur une Mention spéciale ex-æquo, prix du Jeune Public - Annecy 2010
table en bois alors qu’un vieux tapis entre et sort de l’eau. Toute une civilisation se précipite Il y a des choses qu’on ne peut pas voir, même les yeux grands ouverts. Souvent, ce sont les
vers son destin fatal. Les déchets de plastique augmentent tellement que même les plages les meilleurs amis du chat.
plus isolées ne sont plus à l’abri.

Ciné-Concert . (0h50)
En partenariat avec le conservatoire de musique

mercredi 13 à 18h30 au Conservatoire . tout public . entrée libre

Oh, What a man ! L’As des détectives


Larry Semon
états-Unis .1927 . 0h22 . sans dialogues

En première partie, une création musicale de Patrick Charnois pour accompagner le film Oh, What a man ! L’as des
détectives écrit et dirigé par Larry Semon, qui interprète également le rôle principal de Zigoto, un détéctive, choisi parmi
les meilleurs, qui met en place un plan pour infiltrer un gang de braqueurs dirigé par Nora « la Tigresse » afin de les
mettre définitivement sous les verrous. Mais tout ne se déroule pas exactement comme prévu... C’est un quintet de jazz
d’étudiants (cycle spécialisé de jazz) du conservatoire qui interprètera cette musique.
Quintet de jazz
Correntin Pujol : piano
Thierry Bouchet : guitare
Jean-François Vincendeau : contrebasse
Gabor Turi : batterie/percussions
Ludovic Potié : saxophone
Larry Semon, acteur, directeur, scénariste et producteur américain de films muets. Il apparaît dans le magicien d’Oz
de 1925, il est considéré à l’époque comme un grand de la comédie. Il fait découvrir au public le jeune Stan Laurel et
engagera un peu plus tard dans sa troupe Oliver Hardy... Il a plus de 100 films à son actif, en tant qu’acteur, scénariste,
ou producteur.
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oh, what a man ! l’as des détectives © Lobster
FIF 85 la Roche-sur-Yon Jeune public et famille
du 14 au 19 octobre 2010

pendant le festival
en semaine les séances scolaires sont ouvertes au public*
*dans la limite des places disponibles

Annecy tout courts ! programme 2


des courts-métrages d’animation inédits /Festival international du film d’animation d’Annecy
. (1h20)

tout public à partir de 12 ans

The Cow Who Wanted To Be A Hamburger © Plympton studio/ Logorama © autour de minuit / Crash Bang Wallow © S.e.production

Love Patate
Gilles Cuvelier - France . 2009 Crash Bang Wallow
Histoire d’un triangle amoureux. Un homme, une femme et une pomme de terre. Jonathan Dunleavy - Grande-Bretagne . 2009 . VOSTF
Un conte comique aigre-doux sur le cascadeur autrefois célèbre Larry LeTan, qui n’a pas réussi
Jean-François à s’adapter au monde moderne, ce qui l’a conduit à envisager de se suicider.
Tom Haugomat, Bruno Mangyoku - France . 2009 . sans dialogues
Prix Jean-Luc Xiberras de la première œuvre - Annecy 2010 Let’s Pollute
Jean-François est un champion de natation hanté par la nostalgie, celle de son enfance passée Geefwee Beodoey - états-Unis . 2009 . VOSTF
en bord de mer. Inspiré des films éducatifs des années 50 et 60, cette satire moderne démontre à quel point
la pollution dont nous sommes héritiers contribue à la prospérité de notre économie. On nous
Une Nouvelle Vie enseigne également comment devenir de meilleurs pollueurs afin de mieux détruire notre
Fred Joyeux - France . 2009 avenir.
En proie à des migraines, un homme découvre de nouvelles sensations. Une nouvelle vie s’offre à lui.
Adieu Général
Affaires Courantes / Laufende Geschäeftel Luis Briceno - France . 2009
Falk Schuster - Allemagne . 2009 . sans dialogues En voix off, retour, avec humour et autodérision, d’un Chilien sur le Chili des années 80. À la
Deux voisins habitent dans des univers complètement séparés. Un jour, leurs chemins se fois lucide sur les espoirs face à la dictature de Pinochet et nostalgique d’une époque où les
croisent et leurs mondes basculent. Qu’a-t-il pu se passer ? rapports humains étaient solidaires et généreux.

Logorama The Cow Who Wanted To Be A Hamburger


François Alaux, Ludovic Houplain, Hervé de Crécy, H5 Bill Plympton - états-Unis . 2010 . sans dialogues
France . 2009 - Oscar du meilleur court-métrage d’animation – 2010 Séduite par la publicité, une vache se retrouve tragiquement entre les mains de bouchers et
Une course-poursuite effrénée, des animaux sauvages lâchés dans la ville, une prise d’otages de carnivores.
qui tourne au drame et bien plus encore !
The Terrible Thing of Alpha Nine
J’ai encore rêvé d’elle Jake Armstrong - états-Unis . 2009 . sans dialogues
Geoffroy Barbet Massin - France . 2009 Un chasseur de primes de l’espace voyage vers une planète isolée pour tuer un monstre
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Un homme chante son amour perdu, alors que sa femme dort à ses côtés. horrible.
Jeune public et famille FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

HOMMAGE à TE WEI
et aux studios d’arts de Shanghai

tout public à partir de 8 ans


Impression de montagne et d’eau
tout public à partir de 3 ans & Le prince Nezha triomphe du roi dragon
Chine . 1h23 . sans dialogues et VF
Malin Comme Un Singe
Chine . de 1962 à 1985. 0h52 . VF Impression de montagne et d’eau
Te Wei - 1988 . 0h19
Attendons demain ! Pour le récompenser de lui avoir porté secours sur le chemin vers son village dans les
Hu Xionghua montagnes, un vieux musicien apprend à un tout jeune pêcheur son art de la cithare.
Quand il pleut, les animaux de la forêt disposent tous d’un abri où se réfugier, tous sauf le Une profonde amitié naît entre eux, jusqu’au jour où le vieil homme, après lui avoir fait
singe qui se fait copieusement mouiller. Un jour, il déclare qu’il va se construire une maison don de son propre instrument de musique, s’évanouit dans le paysage...
et lance des invitations pour le jour de l’inauguration. Tiendra-t-il parole ?
Le Prince Nezha triomphe du Roi Dragon
Les Singes vont à la pêche Wang Shuchen - 1979 . 1h04
Hu Xionghua Ce film retrace l’histoire de Nezha, demi-dieu du panthéon chinois issu du roman
Quatre singes veulent attraper des poissons. Harpon, ligne, filet, ils essaient toutes les L’Investiture des Dieux, qui marque la culture populaire chinoise d’inspiration bouddhique.
techniques. À force de mésaventures, finiront-ils par prendre quelque chose ? Nezha, né dans une fleur de lotus s’oppose au fils du Roi-Dragon, mangeur d’enfants.
Après l’avoir tué, il est contraint au suicide suite au désaveu de son action par son père.
Le Petit Singe turbulent Ressuscité par un grand mage, le prince Nezha accède au statut divin et se voit doté
Hu Jinqing de deux attributs : une lance et des anneaux lui permettant de traverser les océans et
Enfant capricieux, Petit Singe n’est pas toujours aimable avec ses camarades, au point que les flammes. Il part alors affronter le terrible Roi-Dragon. Ce film aborde les thèmes de la
ceux-ci ont de moins en moins envie de jouer avec lui. Face au danger qui menace, il devra mythologie chinoise et du sacrifice.
changer d’attitude…

tout public à partir de 5 ans


Le Général Fanfaron et autres courts
Chine . de 1960 à 1985 . 1h24 . VF / VOSTF ou sans paroles
Attention ! Deux films sont en version originale. Cependant, même pour un enfant qui ne
sait pas lire, il est possible de comprendre les histoires dans les grandes lignes.

Le Général fanfaron
Te Wei - 1956 . VOSTF
Fort de ses exploits militaires et de sa réputation, un général d’armée sombre dans l’oisiveté.
Mais cela peut être dangereux de s’endormir sur ses lauriers… L’une des premières œuvres
typiquement « chinoises » qui tente, de se démarquer de la vénération / fascination pour
Disney, à l’époque seul grand maître de la planète dessin animé.

Les têtards à la recherche de leur maman


Te Wei - 1960 . VF impression de montagne et d’eau © studios de shanghai
Des têtards se retrouvent perdus et partent à la recherche de leur mère, interrogeant sur leur
route tous les animaux qu’ils croisent.

Les singes qui voulaient attraper la lune


Zhou Keqin - 1981 . sans dialogues
Par une belle nuit claire, un groupe de singes essaient d’attraper la lune. Après avoir
décidé de grimper les uns sur les autres, ils constatent bien vite qu’ils ne parviendront pas
à l’atteindre.

Les Petites Carpes


He Yumen - 1958 . VOSTF
Sur la rivière, derrière le barrage de la Porte du Dragon, grand-mère Carpe affirme que,
selon ses ancêtres, se trouve le Paradis. Guidée par une hirondelle, une flopée de petites
carpes se rue vers cet endroit (supposé) merveilleux…

L’épouvantail
Hu Jinqing - 1985 . sans dialogues
Au bord de son étang, un brave éleveur de poissons essaie de se protéger de la gourmandise
de deux oiseaux à la fois effrontés et gloutons, qui lui pillent le fruit de son travail. Il construit
Les Petites Carpes © studios de shanghai
un épouvantail dont se moquent éperdument les volatiles. Mais auront-ils le dernier mot ?
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FIF 85 la Roche-sur-Yon Jeune public et famille
du 14 au 19 octobre 2010

unlesgrain de folimage
studios Folimage à l’honneur

adapté aux tout-petits à partir de 2 ans inédit


Mes tout premiers courts en salle
France . 2010 . 0h35 tout public
Henri Dès Le direct atelier . (2h00)
Jacques-Rémy Girerd
Programme composé des chansons suivantes : L’Equipée est une association partenaire du Studio
Grand-Maman, La fourmi amoureuse, J’ai plus faim, Faire de Folimage qui a pour mission le développement du
la musique, Zinglaïro, la glace au citron, Le bout de carton, cinéma d’animation. C’est un acteur éducatif et culturel
Des sous, Lisette. de référence dans le domaine du cinéma d’animation.
Nous vous proposons une de leur création : Le direct
Dans l’Eau (un épisode de la collection Mine de Rien) atelier spécial Le printemps de Mélie. C’est une
Jacques-Rémy Girerd
démonstration pédagogique, dynamique et interactive
Mine de rien, dans l’eau avec des lunettes ou sur l’eau comme un bouchon, où le public est invité dans la salle de cinéma à
on est heureux comme un poisson dans l’eau ! soulever le voile sur les secrets de fabrication d’un
film d’animation en volume et du travail d’incrustation
d’images par informatique. Cet atelier s’appuie sur le
Mon âne moyen-métrage d’animation Le printemps de Mélie.
Pascal Le Nôtre
Cette série présente, de manière humoristique, des chansons enfantines, Le printemps de Mélie
chansons de tous les temps. L’audiovisuel rend ainsi hommage à la tradition orale, véritable patrimoine Pierre-Luc Granjon - France . 2009 . 0h28
national. Le texte chanté est présent sous forme écrite à l’écran, s’adressant à des enfants en phase Au royaume de Balthazar, les célébrations de la fête du printemps ont à peine commencé
d’apprentissage de la lecture. Les jeunes spectateurs associent ainsi oral, écrit et chant. que la cité est menacée par une terrible épidémie. La princesse Mélie, désignée reine
Chansons : Meunier, tu dors, Jean de la Lune, Au clair de la Lune du carnaval, mène alors l’enquête en compagnie de Mélusine la hérissonne et découvre
que l’eau de la cité a été empoisonnée !

par le réalisateur de
Mia et le Migou et
avant-première
sortie en salle tout public à partir de 12 ans par les réalisateurs de
la prophétie des grenouilles Une vie de chat
le 20 octobre 2010 Pris de court
Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli
France . de 1996 à 2006 . 1h07

L’égoïste
Le héros porte l’adjectif d’égoïste comme un blason et le revendique bien haut. Lorsqu’un
accident le différenciera tout à coup de son double, du « miroir humain » qu’est sa
ma petite planète chérie © folimage
compagne, il fera en sorte que cette situation ne se prolonge pas et commettra un geste
pour le moins déplacé... Farce grotesque sur l’égoïsme humain poussé à l’absurde.
tout public à partir de 5 ans Les Tragédies minuscules
Ma Petite Planète Chérie Les tragédies minuscules racontent les histoires de personnages aux prises avec la vie
quotidienne dans ce qu’elle a de plus étrange et cruel. Des moments suspendus dans
Jacques-Rémy Girerd le cours de leur vie les placent face à eux-mêmes ; ils sont rattrapés par leur lâcheté et
leurs angoisses les plus profondes. La fausse banalité du quotidien suit le chemin tordu
France . 0h44 des émotions qui emportent parfois dans la même pensée la mort qui nous menace et
Avec les voix de Martina Gusman, Elli Medeiros
Scénario Jacques-Rémy Girerd les chaussettes égarées.
Image Patrick Tallaron
Montage Hervé Guichard Le nez à la fenêtre
Musique Serge Besset Le film commence par ce qui semble être la fin de la vie du personnage. Un événement
Production Folimage tragique que nous ignorons a bouleversé son existence. Il se laisse mourir, petit à petit,
Distribution Folimage ayant perdu tout intérêt pour la vie.
Prix du meilleur film pour la jeunesse au Festival international du film d’environnement - Paris
Ma petite planète chérie est une compilation de 9 épisodes de la série télévisée éponyme. Les Le couloir
grands thèmes transversaux abordent la biodiversité, la démographie et la place de l’homme Un jeune couple se trouve dans une très grave situation financière. L’homme n’a pas
sur la planète, les grands cycles, l’évolution et les phénomènes d’accélération. Le film traite des de travail et il passe ses journées à marcher dans les rues, sans même avoir de quoi
milieux, des éléments, des énergies, des équilibres naturels, des écosystèmes. Elle familiarise le s’acheter à manger. Son extrême faiblesse lui fait perdre connaissance devant la vitrine
jeune public à des notions telles que l’affût, l’observation, les traces... Elle a pour objectif de faire d’un magasin.
découvrir, faire comprendre, apprendre à regarder, acquérir des petits gestes de protection et le
respect de l’environnement. Les auteurs ont le souci d’employer des mots simples pour expliquer, Mauvais temps
à l’aide d’images concrètes, des phénomènes parfois un peu complexes mais essentiels pour Le pneu d’un conducteur malchanceux crève dans un quartier particulièrement mal
connaître le fonctionnement de la vie. Ma petite planète chérie affiche l’ambition de mettre à la famé. D’ailleurs à peine est-il descendu de sa voiture que des inconnus menaçants
portée de tous, petits et grands, les mystères biologiques et naturels de notre planète. l’abordent en lui mettant un couteau sous le nez.
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Jeune public et famille FIF 85 la Roche-sur-Yon
du 14 au 19 octobre 2010

ville-campagne
tout public à partir de 5 ans avant-première
Crin-Blanc & Le Ballon Rouge sortie en salle
Albert Lamorisse le 17 novembre 2010
Crin-Blanc
France . 1953 . 0h40 . N&B
Avec Alain Emery, Pascal Lamorisse
Au sud de la France, il est un pays presque désertique appelé La Camargue. Crin-Blanc est un
magnifique étalon, chef d’un troupeau de chevaux sauvages, trop fier pour se laisser dompter
par les hommes. Seul Folco, un petit pêcheur, réussira à l’apprivoiser. Une profonde amitié
va naître entre l’enfant et le cheval. Ensemble, ils partiront à la conquête d’une liberté que les
hommes leur refusent...

Le Ballon Rouge
France . 1956 . 0h36
Avec Pascal Lamorisse, George Sellier, Vladimir Popov
Dans le Paris des années 50, un petit garçon trouve un gros ballon rouge accroché à un
réverbère. Commence alors une histoire d’amitié avec ce ballon qui suit de lui même le petit
garçon dans les rues de Paris. La jalousie d’une bande de garçons de son âge va mener ce film
vers une fin à la fois tragique et magique.

Marion
Manuel Poirier
France . 1996 . 1h44
Avec Coralie Tetard, Marie-France Pisier, Pierre Berriau
Distribution Tamasa
La famille de Marion, dix ans, vient de s’installer dans un village normand. Son père est maçon et
sa mère élève les quatre enfants. Un couple de Parisiens sans enfants qui possède une résidence
l’envol © les films du préau
secondaire va se prendre d’affection pour Marion. Ils l’invitent de plus en plus souvent et cherchent
à convaincre ses parents de la laisser vivre avec eux. tout public à partir de 8 ans
L’Envol
Renè Bo Hansen
inédit Allemagne / Suède . 1h27 . VOSTF
en salle Avec Bazarba Matei, Serikbai Khula, Mardan Matei, Asibek Badelkhan
Distribution Les Films du Préau
Bazarbai a d’autres rêves que les jeunes nomades de son âge. Il ne veut pas marcher
sur les traces de son père ni devenir un grand chasseur à l’aigle royal. D’ailleurs il n’aime
pas les aigles. Il ne pense qu’à quitter les vastes plaines de Mongolie et découvrir avec
son grand frère l’effervescence d’Oulan-Bator, la capitale.

au programme du bac
tout public à partir de 14 ans
tous les matins du monde
Alain Corneau
France . 1994 . 1h54
mai mai miracle © kaze Avec Jean-Pierre Marielle, Gérard Depardieu, Guillaume Depardieu, Anne Brochet
Scénario Alain Corneau, Pascal Quignard
Image Yves Angelo
tout public à partir de 8 ans Montage Marie-Josèphe Yoyotte

Mai Mai Miracle Musique Marin Marais, Sainte Colombe, Jean-Baptiste Lully, Jordi Savall
Production Jean-Louis Livi, Bernard Marescot, Film par Film, Dival Film, DD Productions,
Katabuchi Sunao Sédif Productions
Distribution Tamasa Distribution
Japon . 2009 . 1h33 . VOSTF L’histoire de M. de Sainte-Colombe, homme farouche et sombre, grand maître de la
Avec Fukuda Mayuko, Mizusawa Nako, Morisako Ei, Honjou Manami viole de gambe et professeur de Marin Marais, prestigieux musicien de Louis XIV.
Scénario Katabuchi Sunao, d’après le roman de Takagi Nobuko
Image Masumoto Yukihiro Ateliers d’analyse de l’image
Montage Kimura Kashiko Des ateliers d'analyse seront proposés pour une partie des films de la programmation. Animés
Musique Murai Shusei, Obata « Mookie » Minako par des étudiants de BTS audiovisuel, ils prendront appui sur certaines séquences du film
Production Madhouse Studio précédemment vu en salle. Ils auront pour objectif une initiation au langage cinématographique
Distribution Kaze et permettront de mettre à jour les enjeux du film et les ressources narratives, techniques,
Dans le Japon de l’après-guerre, la jeune Shinko grandit paisiblement avec ses amis, entourée esthétiques, mises en oeuvre par le réalisateur.
des paysages luxuriants de la campagne japonaise. L’arrivée d’une nouvelle élève en provenance
de Tokyo va permettre à Shinko de vivre de nouvelles aventures. Patrice Gablin - coordinateur cinéma action culturelle en Pays de la Loire et professeur pour le
BTS audiovisuel de Montaigu - inscription sur www.fif-85.com
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Autour du festival
Rencontre Nationale École et cinéma 2010
La Roche-sur-Yon - 13 14 et 15 octobre
Cette année encore, les 3 jours d’échanges, de réflexion dernier livre au titre évocateur (Prendre soin de la jeunesse et
et d’expériences partagées des 190 coordinateurs des générations) nous a bouleversés. Carole Desbarats et le
départementaux feront de cette manifestation, un moment groupe de réflexion des Enfants de cinéma, chevilles ouvrières
unique et indispensable du projet École et cinéma. Rappelons de l’ensemble de cette manifestation, se pencheront sur les
le, École et cinéma concerne à ce jour, plus de 25 000 effets spéciaux au cinéma, de Méliès à nos jours, à travers
enseignants et près de 590 000 élèves du premier degré issus l’histoire du 7e art. Des ateliers de travail et de réflexion
de 7 390 écoles qui participent au dispositif dans plus de 950 complèteront le programme de ces trois journées. Enfin cette
www.enfants-de-cinema.com cinémas partenaires, répartis sur 93 départements et plus de année pour la première fois, la « Rencontre Nationale École et
3 790 communes. C’est donc le 1er dispositif d’éducation cinéma » s’articulera avec un festival, le Festival International

C ette année, le rendez-vous annuel autour du projet


d’éducation artistique au cinéma école et cinéma,
se déroulera à La Roche-sur-Yon du 13 au 15 octobre,
artistique de France !
La Rencontre nationale École et cinéma permet avant
tout, de faire un bilan annuel de l’opération, d’aborder des
du Film de La Roche-sur-Yon qui démarre le jeudi 14 octobre
et dont nous saluons ici non seulement l’aventure, mais aussi
l’exigence et la richesse. Notre manifestation se terminera
en partenariat avec les Ministères de la Culture et de la questions d’actualité comme le développement exponentiel d’ailleurs vendredi après–midi, par un Colloque sur l’éducation
communication (CNC et SCPCI) et de L’Education nationale du projet, ou la mise en perspective d’École et cinéma avec artistique organisé par le Festival et l’OPCAL. Une synthèse
(DGESCO et SCEREN-CNDP), en collaboration avec le l’Histoire des arts… Mais c’est également un moment de des travaux sera éditée par Les enfants de cinéma .
Cinéma Le Concorde, le Festival International du Film, la ville formation et de réflexion indispensable sur la pédagogie du Cette manifestation annuelle est organisée chaque année,
de La Roche-sur-Yon, l’Inspection académique de la Vendée cinéma, et sur le cinéma en tant qu’art à aimer, à découvrir grâce à un co-financement du ministère de la Culture et de
et la Drac Pays de la Loire. et à faire partager. la Communication (Centre national du cinéma et de l’image
Cette année le « cinéma documentaire » sera de nouveau à animée et le Service de la coordination des politiques
Cette « Rencontre Nationale école et cinéma » s’adresse à l’honneur à plusieurs titres ! D’abord l’arrivée d’un programme culturelles et de l’innovation), et également grâce aux
tous les responsables départementaux Cinéma et Éducation de courts sur le réel, « Regards libres » qui intègre École et financements locaux indispensables et complémentaires de
nationale et est organisée par Les enfants de cinéma, cinéma, ensuite la présence des cinéastes Gilles Porte et la Direction régionale des affaires culturelles, du Département
association à l’origine du projet. Elle s’inscrit dans le cadre Nicolas Philibert, enfin l’apport d’un théoricien du cinéma et de la Ville d’accueil éventuellement.
de la priorité nationale donnée à l’éducation artistique et documentaire. Nous accueillerons également le philosophe Eugène Andréansky
culturelle et notamment aux dispositifs dédiés au cinéma. Bernard Stiegler qui s’interrogera sur les images et dont le Délégué général des Enfants de cinéma

colloque la classe, la salle, le web


La Roche-sur-Yon - vendredi 15 octobre - Conservatoire - Place Napoléon de 15h00 à 17h30 . entrèe libre
L’OPCAL, en partenariat avec Les enfants de cinéma et le FIF organise une journée consacrée à l’éducation artistique. Avec le soutien de la DRAC Pays de la Loire et de la Région Pays de la Loire.

Introduction par Carole Desbarats, directrice de la diffusion des savoirs à l’École Normale Supérieure de Paris
1. Web et cinéma. De l’économie de l’attention aux nouvelles pratiques d’écriture : quels enjeux pour quels publics ?
Intervention d’Olivier Ertzscheid, professeur à La faculté de La Roche-sur Yon et spécialiste des réseaux sociaux sur le web.
2. La pluralité des écritures pour le web
Intervention de Paul Mathias, spécialiste de diktyologie générale et inspecteur général de l’Éducation nationale.

Rencontre avec Valentine Roulet, chef du service de la création au CNC


La Roche-sur-Yon - vendredi 15 octobre - Auditorium de la Médiathèque - esplanade Jeannie-Mazurelle à 17h30 . entrèe libre

Le collège Production de l’OPCAL propose une rencontre avec Valentine Roulet, chef du service de la création au CNC (aides aux documentaires, contribution financière aux courts
métrages, bureaux des auteurs…) - qui présentera les aides traditionnelles et les nouvelles aides du CNC aux professionnels des Pays de la Loire..

dance floor ouverture & clôture

FRENCH TOURIST ( Xclusive Vinyle Vintage Mix ! )


Véritable « cousin » caché de Quentin Tarantino, French Tourist aka Laurent ALLINGER est un passionné
de vinyles aux multiples facettes... électron libre de la scène nantaise depuis plus de 20 ans et oscillant
entre jouer live (en groupe) ou simplement en tant que Dj Selector, il est avant tout un véritable Juke Box
humain ne tombant jamais dans la facilité d’une radio un peu trop nostalgique. Si vous le croisez, ne lui
parlez surtout pas de musique électronique mais d’une autre histoire de la musique... Celle de Robert
Johnson aux Smith ou de John Coltrane à Jon spencer Blues explosion...Jouant sur une conscience
collective musicale et cinématographique, sa sélection « Vintage » est une véritable ode aux voyages où
se télescopent les musiques de son monde... Se jouant des styles, il enchaîne ses grooves et love songs
en parfaite harmonie, s’inventant au fil de la soirée une bande originale de film fictive où le client serait
un acteur potentiel sorti tout droit d’un film de Jean-pierre Melville, Sergio Leone, Jim Jarmush ou Clint
Eastwood…Yeah !
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festival
Pour toutes informations : contact@fif-85.com

Tarifs

international Pass festival plein tarif : 45€ / tarif réduit : 25€

dufilm
1 entrée plein tarif : 6€ / tarif réduit : 4.5€
5 entrées plein tarif : 25€ / tarif réduit : 15€
Ouverture ou Clôture : 7€
La Roche-sur-yon Nuit Monte Hellman : 10€
www.fif-85.com
Les lieux de projections
Le Grand R
Festi’clap Le Manège Esplanade Jeannie-Mazurelle 85000 La Roche-sur-Yon

N ouvel intitulé pour le festival international du film de la Roche-


sur -Yon, mais Festi'clap est encore partante pour une édition
pleine de nouveautés. Avec plus de 70 bénévoles sur les différents
Le Théâtre Municipal Place du Théâtre 85000 La Roche-sur-Yon
www.legrandr.com
sites, l'association cinéphile veille à la bonne organisation et à Le Concorde 8 Rue Gouvion 85000 La Roche-sur-Yon
un accueil de qualité du public et des invités. Pendant six jours, www.cinema-concorde.com
chauffeurs, hôtes dans les salles, accueil des scolaires, les membres
de l’association seront sur tous les fronts. En partenariat avec l'ACOR Le Cinéville Rue François Cevert 85000 La Roche-sur-Yon
nous allons participer au projet d'un jeune auteur de la Région des
Pays de la Loire, dans le cadre d'une lecture de scénario, Vallée. www.laroche.cineville.fr
Mais Festi'Clap, c'est aussi un partenariat fidèle avec le cinéma
Le Concorde. Ce sont des projections évènements tout au long de
l'année (dernier en date : séminaire autour de la palme d'or 2010),

remerciements
ce sont des réalisateurs invités (Alain Cavalier en décembre dernier),
ce sont des soirées thématiques (architecture & cinéma, danse &
cinéma) en direction de tous les publics et des scolaires également.
C'est une découverte des cinémas d'ailleurs : Maghreb, Russie). Ce
sont aussi des partenariats avec d'autres associations qui souhaitent L’équipe du festival remercie particulièrement
organiser des projections. C'est enfin une façon d’accompagner les Le président du conseil d’administration EPCCCY
films programmés au Concorde avec notre blog : wwwvogazette.fr Pierre Regnault, Maire de la Ville de La Roche-sur-Yon et Président de La Roche-sur-Yon Agglomération.
Les membres du conseil d’administration
Vous aimez le cinéma à la Roche-sur-Yon? Rejoignez Festi'Clap!
www.vogazette.fr • namarchand@wanadoo.fr Les élus de La Roche-sur-Yon
Tarek Tarrouche, Patricia Cereijo, Lisiane Guibert, Charlotte Leydier, Martine Chantecaille, Maryse Souchard,
Mathieu Durquety.
équipe Les élus d’Aubigny
Jean Lardière et Colette Barré.
Délégué général du festival Yannick Reix Les élus des Clouzeaux
Chargé de la compétition internationale Emmanuel Burdeau Carmen Bonnet et Marie-Dominique Robin.
Accueil des professionnels Rebecca De Pas Les représentants culturels
assistée de Roxane Mont sargues Marie-Pia Bureau, directrice de la scène nationale du Grand R
Relations distributeurs / Partenariats / Presse Ariane Mestre Jacques Francheteau, président du Ciné-club yonnais
Administration / Accueil des publics Alexandre Friant
Nathalie Marchand, présidente de l’association Festi’Clap
assisté de Suzy Praud
Coordinatrice Jeune Public Julie Auzou
Patrice Gablin, président de la Cinémathèque de Vendée
Assistant Jeune Public Kevin Jardel Marie-Claude laurent, présidente du cinéma Le Carfour d’Aubigny.
Rédacteur en Chef de la Gazette des étudiants Hervé Aubron
Régisseur général Richard Hourlier L’équipe du festival remercie chaleureusement
Régie copies émilie Rodière La ville de La Roche-sur-Yon et ses services municipaux, la mairie des Clouzeaux, la mairie d’Aubigny,
Actions culturelles Roxane Mont sargues le conseil régional, la DRAC des pays de la loire, l’office du tourisme, le lycée Léonard de Vinci, les
Coordination des projections Jean-Pierre Bonin maisons de quartiers, les membres de l’association festi’clap, l’IUT information-communication et
projectionnistes sébastien Aubert, franck Aubin, aurélie Ganachaud, antoine Guilbot,
particulièrement, Agathe, Amandine, Cassandre, Julien et Marie, Olivia Doerler et les services culturels,
joachim Hoffmann, stéphane Imari, nicolas Rouleau
Conception du journal du FIF Valérie Zard
l’ACOR, Xavier Massé, Antoine Glémain, Farid Lounas, Catherine Bailhache, Eugène Andréanski,
Site internet / Conception des supports de communication Jean-David Petiot Serge Giraudeau, Joanna Grudzinska, Olivier Pierre, Noëlle Pujol, Jean-Pierre Rehm, Eva Sangiorgi,
Comptable Philippe Vistour Christoph Wahl, Philippe Vistour, Julie Evain et Olivier Libaud du Grand R, l’association le Pont des arts,
photographe Philippe Cossais Joan, Rose-Marie Gauthier et Fabienne Bertin de la DSI, Serge Autogue, Valérie Dolhem, Christophe
hôtes de caisse Camille Buffet, Amélie Deslandes, Julie Evain, Béatrice Faivre, Raux, l’équipe technique du Grand R, Yann Dubois, Francine Dupas, Patrick Fillatre, Nicolas Tallec,
Patricia Giraudeau, Laurence Moulineau, Anne Tallec Le Conseil Municipal des Jeunes de La Roche-Sur-Yon, le Festival international du film d’animation
Toute l’équipe du Grand R d’Annecy, Gébéka, Folimage, les Films du Préau, Kaze, Eurozoom, Can Can Club, Anima Studios, le
Tous les bénévoles de Festi’Clap
Norwegian Film Institute, Network Ireland Television, l’Atelier des Images de Nantes, Mikros Image,
Tous les bénévoles de l’IUT information-communication
Toute l’équipe du Fuzz’yon
Screan East Grande-Bretagne, Yves Nougarède, Jake Amstrong, Falk Shüster, Javier Mrad, Lia Bertels,
Fred Joyeux, Christophe cochin, Jules Reix, Carine Quignon, Turgut Akaçik, Melis Seylan, Kim Strobl,
Catherine Hehir, Sadhbh Murphy, Elsa Masson de l’Agence du court-métrage, Ferhat Abbas de Gaumont,
Journal du FIF Inès Delvaux de Carlotta Films, Michèle Berson d’éxtérieur Nuit, Nick Varley de Park Circus, Philippe
Chevassu deTamasa Distribution, Julien Reijl de Capricci, Maelle Arnaud de l’Institut Lumière, Francisco
Directeur de la publication Yannick Reix
Rédacteur en chef Emmanuel Burdeau
Baudet, Manuel Soubiès de Sublimage, Julie Philippe de l’OPCAL, Aurore Néel du FIDMarseille, Elise
Graphisme et mise en page Valérie Zard Fourment et Marie-Hélène Birck de Studio Canal, Catherine Bizern et Christian Borghino du Festival
Couvertures Tournée © Nicolas Guérin / Road To Nowhere © Capricci Films Entrevues, Caroline Maleville de la Cinémathèque française, Gabrielle Claes et Clémentine de Blieck de
Relecture Hervé Aubron, Xavier Esnault, Christophe François, Ariane Mestre, la Cinémathèque de Bruxelles, Bruno Maccarone de Free Dolphin Entertainment, l’association carfour
Laurence Moulineau d’Aubigny, Sylvette Magne du Fanal Saint-Nazaire, Antoine Biteaud du Cinéma Le Sully Chantonnay,
Rédaction Yannick Reix, Emmanuel Burdeau, Cyril Neyrat, François Bégaudeau, Sylvain Clochard du Concorde Nantes, Romaine Legargeant de Cinémarine Saint Gilles Croix de Vie,
Jean-Marie Samocki, Jean Narboni, Jean-Pierre Rehm, Rodolphe Lerambert de l’ADRC, Antoine leclerc du Carrefour des Festivals, l’imprimerie Belz, Agélia,
Gilles Grand, Nicolas Féodoroff, Alban Lefranc, Catherine Bailhache
Westgraphy et Paolo Moretti.
imprimerie Belz imprimerie - La Roche-sur-Yon

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la programmation est présentée sous réserve d’éventuelles modifications indépendantes de notre volonté et ne pouvant donner lieu à des réclamations
... à la campagne p. 28 épée et la rose, L p. 8 Ma petite planète chérie p. 41 Secteur 545 p. 28
Affaires courantes p. 38 épouventail, L’ p. 39 Marion p. 40 Stade de Wimbledon, Le p. 12
à l’instar du Père Noël et de la pizza p. 12 Fifi Martingale p. 14 Matamoros p. 30 Prince nezha triomphe du roi dragon, Le p. 40
adieu général p. 38 French cancan p. 14 Mauvais temps p. 41 Silence sous l’écorce p. 37
Arbre, le maire et la médiathèque, L’ p. 28 Général fanfaron p. 39 Mes tout premiers courts p. 41 Singes qui voulaient attraper la Lune, Les p. 39
Aux frontières de l’aube p. 20 Go Go Tales p. 14 et 25 Meurtre d’un bookmaker chinois p. 16 sinna mann p. 37
Averty - cinéma, de notre temps (projet) p. 34 Hilarious p. 30 Michael Berger. Une Hystérie p. 31 Stade de Wimbledon, Le p. 12
Ballon rouge, Le p. 40 Histoire racontée par Jean Dougnac p. 30 micro dortoir p. 37 Strange Days p. 20
Blue Steel p. 20 Histoire(s) du cinéma 4a/4b p. 32 Molière p. 16 Succès à tout prix, Le p. 16
Bohème, La p. 30 Homme de la plaine, L’ p. 28 Monstre sacré p. 37 Sur la plage de Belfast p. 14
Bord de p. 28 Honkytonk Man p. 14 Mudanza p. 30 teclopolis p. 37
Braqueur, Le p. 6 Impressions de Montagne et d’Eau p.40 Mulberry St p. 25 têtards à la recherche de leur maman p. 39
Cefalopodo p. 6 Jean-François p. 38 Napoli, Napoli, Napoli p. 25 the cow who wanted to be a hamburger p. 38
Chelsea on the Rocks p. 25 Joann Sfar (dessins) p. 12 Nez à la fenêtre, Le p. 41 The King of Marvin Gardens p. 14
Chose publique, La p. 12 Cassavetes - cinéma, de notre temps p. 34 Oh, What a man ! L’as des détectives p. 37 The Lost Thing p. 37
Cockfighter p. 23 Julien p. 30 Old fangs p. 37 The Loveless p. 20
Cold Weather p. 7 K-19 : le piège des profondeurs p. 20 Ouragan de la vengeance, L’ p. 23 The Shooting p. 23
Couloir, Le p. 41 Lenny p. 14 Pas de repos pour les braves p. 28 The terrible thing of alpha Nine p. 38
crash bang wallow p. 38 Let’s pollute p. 38 Plaisir, Le p. 16 The Wire - Extraits p. 32
index des films

Crin blanc p. 40 Ligne générale, La p. 28 Platform p. 28 Tournée p. 12


Déjeuner sur l’herbe, Le p. 28 logorama p. 38 Poids de l’eau, Le p. 20 Tous le matins du monde p. 41
De l’influence des rayons gamma p. 32 Love patate p. 38 Point Break p. 20 Tragédies minuscules, Les p. 41
Démineurs p. 20 Macadam à deux voies p. 23 Poursuite p. 8 Travail des machines, Le p. 30
Deux cages sans oiseaux p. 12 Madman’s Dictionary p. 31 Printemps de Melie, Le p. 39 une nouvelle vie p. 38
Don’t Go p. 37 Mai mai miracle p. 39 Putty Hill p. 9 Une vie de chat p. 36
égoïste, L p. 41 Malin comme un singe p. 40 Rentrée des classes p. 16 Van Gogh p. 34
En présence d’un clown p. 33 Malus p. 12 Road to Nowhere p. 22 Vent nous emportera, Le p. 28
Entre deux mondes p. 7 Man on the Moon p. 16 Roi de l’évasion, Le p. 28 Winter Vacation p. 9
envol, L p. 40 Mange ta soupe p. 12 Sans rires p. 12 Yeux au plafond, Les p. 12
road to nowhere © capricci films

Akaçik Turgut p. 37 Forman Milos p. 16 Joyeux Fred p. 38 Ophüls Max p. 16


Alaux François p. 38 Fosse Bob p. 14 Katz Aaron p. 7 Pialat Maurice p. 34
Amalric Mathieu p. 10 à 12 Fredet Estelle p. 34 Kiarostami Abbas p. 28 Plympton Bill p. 38
Aragon Edgardo p. 30 Fürhapter Thomas p. 30 Killi Anita p. 37 Poirier Manuel p. 28 et 40
Armstrong Jake p. 38 Gagnol Alain p. 36 et 41 Knapp Hubert p. 34 Portabella Pere p. 30
Bergman Ingmar p. 33 Girerd Jacques-Remy p. 41 Labarthe André S. p. 34 Porterfield Matt p. 9
index des réalisateurs

Bertels Lia p. 37 Godard Jean- Luc p. 32 Lamorisse Albert p. 40 Pujol Nöelle p. 30


Bigelow Kathryn p. 18 à 21 Granjon Pierre-Luc p. 39 Le Nôtre Pascal p. 41 Rafelson Bob p. 14
Boedoey Geefwee p. 38 Guiraudie Alain p. 28 Lépingle Gaël p. 30 Renoir Jean p. 14 et 28
Bo Hansen Renè p. 40 Haugomat Tom p. 38 Lepore Gilles p. 30 Rohmer éric p. 28
Briceno Luis p. 38 Heisenber Benjamin p. 6 Li Hongqi p. 9 Rosen Roee p. 30
Cassavetes John p. 16 Hellman Monte p. 22 et 23 Lotteau Camille p. 28 Rozec Jean-Claude p. 37
Corneau Alain p. 41 Herzog Werner p. 30 Lurie Joanna p. 37 Rozier Jacques p. 14 et 16
Creton Pierre p. 28 He Yumen p. 39 Madracki Maciej p. 30 Ruheman Andrew p. 37
Cuvelier Gilles p. 38 Holly Alan p. 37 Madracki Michal p. 30 Semon Larry p. 37
Déak Marina p. 8 Houplain Ludovic p. 38 Mangyoku Bruno p. 38 Simon David p. 32
De Crecy Hérvé p. 38 Hu Jinqing p. 39 et 40 Mann Anthony p. 28 Skolimowski Jerzy p. 16
Dunleavy Jonathan p. 38 Hu Xionghua p. 40 Merigeau Adrein p. 37 Tan Shaun p. 37
Eastwood Clint p. 14 Imaz Castro Ruben p. 6 Mnouchkine Ariane p. 16 Trautmann Benno p. 30
Eisenstein Sergueï p. 28 Imbert Henri-François p. 14 Mrad Javier p. 37 Tei Wei p. 39
Felicioli Jean-Loup p. 36 et 41 Jayasundara Vimukhti p. 7 Newman Paul p. 32 Wang Shuchen p. 40
Ferrara Abel p. 14 et 24/25 Jia Zhang-ke p. 28 Nicolau Joao p. 8 Zhou Keqin p. 39

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