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DOJO KUN

Le dojo kun établit cinq grands principes à respecter par tout karatéka. Ils ont
été édictés par Maître Gichin Funakoshi dans son ouvrage Karate-dō ma Voie, ma
Vie. Grâce à ces principes, on comprend mieux que notre art martial repose sur
des valeurs et développe une dimension philosophique qui dépassent la simple
pratique sportive.

Il n’est pas obligatoire de les réciter en japonais ; ces principes peuvent se dire
dans la langue maternelle du pays où se trouve le dojo.

À la fin du cours et une fois en seîza, le dōjō kun se prononce, en principe


avant le «MOKUSO», mais parfois je l’ai entendu après. C’est le senpaï qui
l’énonce à haute voix, phrase après phrase et, après lui, tous les élèves répètent
chacune des phrases.

1. Hitotsu ! Jinkaku kansei ni tsutomuru koto. ----- Cherchez la perfection du


caractère.

Explications :

Ce premier précepte ne valorise pas en premier l’aptitude, la technique, la


force ou l’efficacité, mais fait référence au perfectionnement de la personnalité de
l’élève, de son caractère et de son comportement social. L’enseignement du karaté
doit former l’individu au respect d’autrui. Ainsi, le karatéka doit rechercher un
développement et une amélioration sur le plan spirituel ainsi que les qualités
corporelles dans sa pratique. Le karaté-do est un art de vivre aussi, en ce sens
qu’il élabore un tempérament apte à affronter les adversités de la vie quotidienne.

Les quatre règles suivantes sont nécessaires pour aboutir à ce premier


commandement.

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2. Hitotsu ! Makoto no michi o mamoru koto. ----- Soyez loyal.e et fidèle.

Explications :

La pratique du karaté doit être vraie, honnête, et ne pas être un moyen de


flatter l’ego. Il faut demeurer humble et fidèle dans l’assiduité de l’apprentissage
de l’art martial, fidèle à son instructeur, aux seniors et partenaires d’entraînement.
Mais surtout, il est très important d’être fidèle à soi-même, à sa famille, à sa
communauté, à son pays.

3. Hitotsu ! Doryoku no seishin o yashinau koto. ----- Soyez constant.e dans


l’effort.

Explications :

Exécuter des techniques ne suffit pas. On doit avoir une approche de


compréhension de ce que l’on pratique. Cela exige une concentration permanente
ainsi qu’une implication totale dans l’effort consenti. Un entraînement exige un
effort soutenu sans fléchir mentalement. Pour y parvenir, on doit persévérer et
apprendre à peaufiner la patience. Cette qualité de constance dans l’effort
d’atteindre s’applique également à toutes les circonstances de la vie.

4. Hitotsu ! Reigi o omonzuru koto. ----- Respectez les autres.

Explications :

Respectez les préceptes du dojo. Pratiquez y la courtoisie et le savoir-vivre, de


même qu’en communauté.

5. Hitotsu ! Kekki no yuu o imashimuru koto. ----- Retenez toute conduite


violente.

Explications :

Il faut s’abstenir de tout comportement violent ; contrôler ses émotions est


l’apogée de la pratique. Mieux vaut éviter une confrontation que risquer de blesser
gravement un être humain. Toute légitime défense est envisageable quand aucune

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autre alternative n’est possible. Même si cela semble être une contradiction du
karate-do pour les néophytes, c’est en cette circonstance précise que se trouve le
cœur de la moralité des arts martiaux. Le recours à la force doit être justifié par
des raisons moralement correctes, comme l’auto-défense ou la protection d’un
innocent.

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Le dojo kun désigne le chemin vers les objectifs ultimes de l’entraînement, le


perfectionnement du caractère, la sincérité, l’effort constant, le respect des autres
et la maîtrise de soi. Ainsi, la technique est secondaire ; c’est l’esprit qui doit être
éduqué et discipliné. En s’inspirant de ces principes apparemment simples, le
pratiquant peut progresser dans la Voie du Karate-dō.

La rédaction du dojo kun est attribuée après-guerre, nulle trace avant cette
époque, à la Nihon Karate Kyokais (Japan Karate Association = JKA), créée en
1949 par les anciens élèves de Maître Gichin Funakoshi qui en était le Maître
Suprême jusqu’à son décès en 1957, et dirigée par un de ses disciples, Maître
Masatoshi Nakayama, qui a été un responsable très actif de la JKA jusqu’à sa
mort en 1987.

Le dojo kun a probablement été calligraphié par M. Nakayama, en


association avec Maître Okazaki, en s’inspirant de préceptes anciens de Maître
Teruya Kanga d’Okinawa (style Shuri-Te), mais peut-être aussi des règles
anciennes transmises par son homonyme, Maître Nakayama au Kendō, et
modifiées par les seniors de la célèbre université Takushoku.

Ces cinq règles ont été édictées, on suppose, pour des raisons diplomatiques,
dictées par l’occupation américaine du Japon, pour autoriser la pratique du
karate-dō, malgré l’interdiction du général Mc Arthur après la reddition du Japon.

Bien qu’utilisé dans les dojo de style Shotokan, le dojo kun de la JKA n’est
pas exclusif. Certaines variantes existent, comme à la SKI de Maître Kanazawa et
chaque style a bien souvent son propre dojo kun. C’est le cas du style Gōju Ryu et
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du Kyokushinkaï.

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Enfin, la traduction la plus exacte en français du dōjō kun :

Un = correspondant à Hitotsu ! Ce qui peut signifier : En premier, en priorité,


il est essentiel, il est primordial, il est vital...

Un - Recherchez la perfection du caractère.

Un - Gardez la véritable Voie (devenu «Soyez fidèle»)

Un - Cultivez l’esprit de l’effort (devenu «Soyez constant.e dans l’effort»)

Un - Respectez les bonnes manières (devenu «Respectez les autres»)

Un - Retenez toute conduite violente.

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