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Prélude​​des Qawānīne Al 

Fiqhya 
Dans ce qui incombe en 
matière de croyance d'après 
les fondements de la religion.  
 
Ibn Juzayy

1
Fleurs de Poèmes

1
Œuvre traduite et annotée par l'auteur et traducteur de Fleurs
de Poèmes (@FleursdePoemes) .

1
Avant-propos du traducteur : ​La science du
dogme ou science du ​Tawhīd d ​ éveloppe ce qui
incombe au musulman mukallaf - doué de
responsabilté dans l’application des prescriptions
divines - de connaitre en matière de croyance
d’après les fondements de la religion. Seuls les
textes dont l’authenticité est vérifiée font preuves
en ce qui concerne ce savoir, c’est ainsi que l'on
accepte, par principe d’exemption et de précaution,
seulement le verbe divin par lequel Dieu s’est
Lui-même décrit pour déterminer Ses attributs.
L’appréhension de ces textes diverge selon les
écoles dogmatiques mais la source est unique, le
Seigneur est unique. ​Les trois écoles dogmatiques
de ​Ahl As-Sunnah sont alors les écoles : athārites,
ash'arites et māturīdites qu’il est possible de
regrouper grossièrement en deux voies : ​Ahl Al
Hadīth (​ les savants du hadith)​ e ​ t les ​Mutakalimūn
(théologiens scolastiques). Certains naviguent
entre les deux voies comme ils naviguent entre les
trois écoles car il s’agit là d’affinités du cœur et de
convictions personnelles sur des questions d’​Ijtihād
(effort savant d’interprétation). Ce qui est essentiel
c’est de naviguer dans des eaux pures provenants
d’une source pure à savoir le Qur’ān et la ​Sunnah
sur la voie des Compagnons, des pieux
prédécesseurs et des savants légataires. La vérité

2
navigue ainsi entre les trois écoles dogmatiques
citées, elle est le fruit d’efforts savants dont
l’intention est l’élévation de la connaissance divine.
Conscients de leur imperfection face à la perfection
du Créateur, les savants éducateurs transmettent
et enseignent loin de tout fanatisme la
connaissance de Dieu, de la foi et ses
ramifications. {Et cramponnez-vous tous ensemble
au: « Habl » (câble) d'Allāh et ne soyez pas divisés;
et rappelez-vous le bienfait d'Allāh sur vous:
lorsque vous étiez ennemis, c'est Lui qui réconcilia
vos cœurs. Puis, par Son bienfait, vous êtes
devenus frères. Et alors que vous étiez au bord
d'un abîme de Feu, c'est Lui qui vous en a sauvés.
Ainsi Allāh vous montre Ses signes afin que vous
soyez bien guidés.} [Āl'Imrāne, 103]
Le rôle ainsi de cette science - par la divergence de
l’effort - est la convergence des cœurs musulmans
vers le commun objectif de vouer son culte, sa vie,
sa mort à Allāh exclusivement, selon Son verbe et
par Sa connaissance. C’est alors par ce modeste
effort de traduction que j'appelle les musulmans à
unir leurs cœurs en découvrant les prémices de
l'œuvre d’un auteur à l’héritage scientifique
océanique.

3
L’auteur : Abū al-Qāsim Muḥammad ibn Aḥmad ibn
Juzayy al-Kalbī al-Gharnāṭī al-Mālikī, Imām, érudit,
poète, historien et juriste. Il est l'auteur d'ouvrages
d'histoire, de droit, d'exégèse (​Tafssīr​), de lectures
coraniques et de sciences du ​hadīth​. Né le 9 de
Rabi’ Al Awal en 693 de l’Hégire à Grenade alors
capitale d’​Al Andalus,​ ville de sciences où il débuta
dès l’enfance l’apprentissage auprès de son père
par le Qur’ān comme ce fut la tradition. Après avoir
acquis les fondamentaux, il étudia auprès de
plusieurs savants desquels Abū Ja’far ibn
Az-Zubayr, puisant chez lui la langue arabe, le ​fiqh,​
le ​hadīth et les lectures coraniques, il fréquenta
assidûment Al Hāfidh ibn Ruchayd et rapporta le
hadīth de Abū 'Abdillāh bn Abī ‘Āmir ibn Rabī’.
Devenant maître dans les différentes disciplines, il
eut parmi ses élèves : ses propres fils ainsi que
Lissān Ad-Dīne Ibn Al-Khatīb ou encore ‘Abdul
Haqq ibn ‘Attiya.
Il rédigea par ailleurs un traité exclusivement dédié
au dogme, An-Nūr al-Mubīn fī qawāʿīdi ʿaqā’id
ad-dīn2, reprenant dans les grandes lignes la
croyance des Salafs (pieux prédécesseurs). Son
traité - concis - est divisé en trois principes et une
conclusion dans lesquels il traite à la manière d'un
commentaire les fondamentaux du dogme. Cette
2
Traduit aux Éditions Ribat.

4
traduction du prélude de son œuvre ​Al Qawānīne
Al Fiqhya se veut être un condensé, il met en
lumière sa façon d'aborder les questions relatives
au Divin citant et s’appropriant le verbe coranique.
L'œuvre en question est un exceptionnel livre de
jurisprudence résumant la doctrine malikite tout en
y apportant les nuances et divergences des autres
écoles. Comme c’est la tradition dans la
composition d’ouvrages, Ibn Juzayy débute, après
une introduction, son propos par une présentation
concise du dogme que j’ai choisi exclusivement de
traduire pour sa concision, sa pertinence et sa
complémentarité avec ​An-Nūr al-Mubīn​. Il
concatène ensuite la matière jurisprudentielle
malikite pour conclure par ce qui est communément
appelé ​Kitab Al Jāmi’​, plusieurs chapitres
regroupant règles de bienséances, éthique et
spiritualité. Ainsi à la lumière de la tradition
prophétique - ​hadīth de ​Jibrīl - il commence par ​Al
Īmān ensuite ​Al Islām et enfin ​Al Ihssān​. L’auteur
est décédé - qu’Allāh lui fasse miséricorde -
pendant l’expédition de Tarifa (​Batalla del Salado​)
en l’an 741 de l’Hégire. Qu’Allāh l'accueille en
martyr.

5
Prélude
Dans ce qui incombe en matière de
croyance d'après les fondements de la
religion.

Ceci comprenant dix chapitres :


● Cinq en théologie (Ilahiyāte).
● Cinq concernant la foi, ses branches
et son rapport à la Révélation
(As-sama'iyāte).

Chapitre 1 : De l'existence du Donneur


d'existence (Al Bārī) Grandiose soit Sa
Majesté et Gloire à Sa Grâce.

Sache que l'univers de l'exosphère à la troposphère


est dans son ensemble genèse (muhdath) du
néant, témoin sur lui-même de la survenance et de
Son créateur de prééternité (Al qidam ). Et cela de
ce qui se manifeste sur [l'univers] de changement
de caractéristiques, d'alternance des dynamiques
et statiques, et autre que cela de faits adventices.
Chaque genèse nécessite un initiateur lui donnant
existence, d'un créateur la créant, ainsi chaque

6
acte est nécessairement l'œuvre d'un auteur. Alors,
la totalité de ce qui existe d'entre les cieux et la
terre, de la faune aux minéraux d'entre les
montagnes et les océans, les fleuves et les arbres,
les fruits et les fleurs, les vents, les nuages et les
pluies, du soleil à la lune, des étoiles et de
l'alternance de la nuit et du jour, chaque élément
micro-macroscopique présente la trace de l'oeuvre
[divine] et des subtilités de la Sagesse et de la
création. Il y a donc dans toute chose une preuve
tranchante et un indubitable argument - éclatant -
sur l'existence de l'Édificateur.

Et Il est Allāh, Seigneur des univers, Créateur de


l'ensemble de la création, le Souverain, l'Absolu
Vrai, l'Explicite se soustrayant aux regards par Sa
Grandeur et la prééminence de Son rang. Se
manifestant aux regards par la force de Sa
suprématie et la clarté de Ses indubitables
arguments. Loué et Suprême est l'argument
d'Allāh, abondantes sont les preuves sur Allāh.
{Y a-t-il un doute au sujet d'Allāh, Créateur des
cieux et de la terre} [Ibrāhīm : 10]
Et te suffit [comme preuve] la prime et saine nature
(fiŤrah) par laquelle Il forma les gens et ce qui se
trouvent de nécessité, dans les âmes, d'indigence à
la servitude et de connaissance de la seigneurie {

7
Si tu leur demandes: « Qui a créé les cieux et la
terre ? », ils diront, certes: « Allāh ! » } [Luqmān,
25].

Chapitre 2 : ​Des attributs d'Allāh très haut,


Gloire à Son rang, éblouissante est Sa
souveraineté.

Usuellement chez les théologiens scolastiques (al


mutakalimūn), sept attributs sont établis : la vie, le
pouvoir, la volonté, la science, l'ouïe, la vue et la
parole.

Quant à la vie ​: ​Allāh est assurément le premier,


Pré-éternel, ne s'éteignant point dans l'éternité
éternelle avant l'existence des espaces temporels,
nulle chose autre que Lui ne fut avec Lui, et Il est à
présent sur ce dont Il a toujours été,
indubitablement Il est le Vivant par excellence,
l'Eternel Inamissible, " le Dernier " qui ne meurt
jamais et tout ce qui est sur elle [la terre] doit
3
disparaître.

3
Référence à la parole d'Allāh { Tout ce qui est sur elle [la terre] doit
disparaître, [Seule] subsistera La Face [Wajh] de ton Seigneur, plein de
majesté et de noblesse.} [Ar-rahmān, 26-27]

8
Quant au pouvoir : ​Il est certes capable de toute
chose, nulle chose ne Le rend impotent, nulle
chose ne Lui est difficile et Il détient dans sa main
4
la royauté absolue de toute chose . Ne vois-tu pas
l'impact de Son pouvoir dans l'œuvre créée de
preuves existentielles [immuables en l'esprit et en
dehors], la rétention de la Terre et des cieux,
l'influence de ses commandements dans la
disposition des créatures ? Ainsi chaque jour, Il ôte
et donne vie, Il crée et fait périr, appauvrit et
enrichit, guide et égare, raffermit et avilit, octroie et
prive, abaisse et élève, rend heureux et triste,
guérit et éprouve { Quand Il veut une chose, Son
commandement consiste à dire: « Sois », et c'est. }
[Yāssīn, 82].

Quant à la volonté : ​Il ​est certes, gloire à Lui, Être


voulant de l'ensemble des êtres vivants,
Planificateur (Al mudabir) des événements,
Déterminant des puissances souveraines,
Parfaitement Efficient pour ce qu'Il veut. C'est alors
que tout bienfait et méfait, délicieux et acerbe, toute
incrédulité et foi, obéissance et désobéissance, tout

4
Référence à la parole d'Allāh { Dis: « Qui détient dans sa main la royauté
absolue de toute chose, et qui protège et n'a pas besoin d'être protégé ?
[Dites], si vous le savez ! » - Ils diront: « Allāh. » Dis: « Comment donc se
fait-il que vous soyez ensorcelés ? » [au point de ne pas croire en Lui].} [Al
mu'minūne, 88-89]

9
accroissement et décroissement, gain et perte sont
de par :
- Sa volonté immémorialement insondable.
- Son achèvement et Sa prédestination.
- Sa sage volition.
Nulle répulsion à son commandement ni indécision
à son jugement ni objection à son agissement {Il
n'est pas interrogé sur ce qu'Il fait, mais ce sont eux
qui devront rendre compte [de leurs actes].} [Al
anbiyā', 23].
Toute grâce de Sa part est faveur, et toute fureur
de Sa part est justice qu'exigent Sa souveraineté et
sapience. Le Régnant réalise donc ce qui Lui plaît
dans Son règne, Le Souverain commande sur Ses
êtres - Lui appartenant - comme Il le veut et Le
Sage par excellence est plus savant de ce
qu'implique Sa sapience {C'est Allāh qui sait, alors
que vous ne savez pas.} [Al Baqarah, 216].
Il prédestina les moyens de subsistance des
créatures, leurs échéances, leurs œuvres, leurs
tristesses et leurs joies {tout est dans un Livre
explicite.} [Hūd, 6].
Il créa un peuple pour le jardin céleste (Al jannah),
leur a ainsi facilité la voie au plus grand bonheur et
à la manière des gens du jardin céleste, ils
oeuvrent. Il créa un peuple pour le Feu (An-nār),
leur a facilité la voie à la plus grande difficulté et à

10
5
la manière des gens du Feu, ils oeuvrent { Ton
Seigneur, cependant, n'est point injuste envers les
6
serviteurs. } [Fuššilate, 46]

Quant à la science : ​Il est certes, exalté et élevé


soit Son nom, Omniscient, embrassant la totalité
des choses et des êtres en deçà de la troposphère
et au-delà des cieux, Il a embrassé toute chose de
[Son] savoir et a dénombré toute chose exactement
7
. Il a su ce qui fut et ce qui sera, ce qui n'est pas et
s'il était comment il serait, présent par Sa science à

5
Ce passage fait référence à sūrate Al-layl : { Par la nuit quand elle enveloppe
tout ! • Par le jour quand il éclaire ! • Et par ce qu'Il a créé, mâle et femelle ! •
Vos efforts sont divergents. • Celui qui donne et craint (Allāh) • et déclare
véridique la plus belle récompense • ​Nous lui faciliterons la voie au plus
grand bonheur​. • Et quant à celui qui est avare, se dispense (de l'adoration
d'Allāh), • et traite de mensonge la plus belle récompense, • ​Nous lui
faciliterons la voie à la plus grande difficulté​, • et à rien ne lui serviront ses
richesses quand il sera jeté (au Feu). • C'est à Nous, certes, de guider; • à
Nous appartient, certes, la vie dernière et la vie présente. • Je vous ai donc
avertis d'un ​Feu qui flambe • où ne brûlera que le damné, • qui dément et
tourne le dos; • alors qu'en sera écarté le pieux, • qui donne ses biens pour
se purifier • et auprès de qui personne ne profite d'un bienfait intéressé, •
mais seulement pour la recherche de La Face de son Seigneur le Très-Haut.
• Et certes, il sera bientôt satisfait ! }.
6
La āyah dans son entièreté {Quiconque fait une bonne œuvre, c'est pour son
bien. Et quiconque fait le mal, il le fait à ses dépens. Ton Seigneur,
cependant, n'est point injuste envers les serviteurs.}
7
Référence à la parole d'Allāh { Allāh qui a créé sept cieux et autant de terres.
Entre eux [Son] commandement descend, afin que vous sachiez qu'Allāh est
en vérité Omnipotent et qu'Allāh a embrassé toute chose de [Son] savoir. }
[At-ťalāq, 12] et { afin qu'Il sache s'ils ont bien transmis les messages de leur
Seigneur. Il cerne (de Son savoir) ce qui est avec eux, et dénombre
exactement toute chose. »} [Al Jin, 28]

11
chaque endroit et observateur de chaque Homme
{Il connaît ce que vous cachez en vous et ce que
vous divulguez et Il sait ce que vous acquérez.} [Al
an'ām, 3]. S'est établi chez Lui l'apparent comme
l'imperceptible, Il rendit manifeste [pour Lui] les
mystères des secrets, l'insondable des consciences
au point où, assurément, Il connaît ce qui oscille de
souffles des baleines dans le fond des océans { Il
connaît, certes, le contenu des poitrines.} [Al Anfāl,
43].

Quant à l'ouïe et la vue : Il est certes Auditeur par


excellence et parfaitement Clairvoyant, rien ne
saurait échapper à son ouïe quand bien même cela
serait furtif, nul visible ne pourrait se soustraire à
Sa vision quand bien même il se rapetisserait { Il
connaît certes les secrets, même les plus cachés. }
[Ťāhā, 7], [Il connaît] aussi bien les pas d'une
fourmi noir sur une pierre massive lors d'une nuit
noire { Rien, vraiment, ne se cache d'Allāh de ce
qui existe sur la terre ou dans le ciel. } [Āl'Imrane,
5]. Quoi de meilleur que d'analyser cela par l'art de
l'indubitable argument { C'est Lui qui vous donne
forme dans les matrices comme Il veut. }
[Āl'Imrane, 6].

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Quant à la parole : ​Il est certes, exalté soit-Il et
gloire à Lui, Locuteur, Donneur d'ordre et
Interdicteur par attribut d'éternité non point par
graphème et voix, n'agrée aucunement le néant,
rien de tel que : le mutisme, la partition,
l'anticipation et le report ne lui est attribué en
significations. Celui dont la parole n'est nullement
semblable à celle des créatures de même que Son
essence n'est en rien comparable à celles des
créatures. Sa parole ne s'épuise point comme ne
se dénombrent point Ses renseignements, de la
même manière que ne se limitent point Ses
pouvoirs { Dis: « Si la mer était une encre [pour
écrire] les paroles de mon Seigneur, certes la mer
s'épuiserait avant que ne soient épuisées les
paroles de mon Seigneur, quand bien même Nous
lui apporterions son équivalent comme renfort. » }
[Al Kahf, 109].

Et la ​preuve quant au ​fait établi de ces ​attributs


est de ​trois​ sortes :

Premièrement​, ils constituent, certes, des attributs


de plénitude, de perfection, il incombe alors de
qualifier Allāh par ces attributs, leurs antonymes
constituent des attributs lacunaires, il incombe alors

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de L'en sacraliser {Tandis qu'à Allāh [Seul] est le
qualificatif suprême.} [An-nahl, 60]

Deuxièmement​, les effets de Sa sapience font


preuves sur ces attributs, en effet la maîtrise, la
perfection de l'œuvre divine est une preuve de
l'existence du Maître, de Son pouvoir, Sa science
ainsi que le reste de Ses attributs.

Troisièmement​, [fait preuve] ce qui a trouvé


occurrences dans les textes sans équivoques et les
renseignements (akhbār) authentiques​.

14
Chapitre 3 : ​Des plus beaux noms d'Allāh,
élevé soit-Il.

Le Messager d'Allāh a dit : « Certes Allāh a quatre


8
vingt dix neuf noms, celui qui les dénombre (ahšā)
9
entrera au jardin céleste (Al jannah) ». Et ces
[noms] ont trouvé leur occurrence dans une
tradition (hadīth) rapportée par At-tirmidhī d'après
10
Abī Hurayra qu'Allāh l'agrée. Les gens ont divergé
quant à la spécificité de ces Noms : leur
[transmission] remonte-t-elle (marfū'ah) au
prophète ‫ﷺ‬, tel que le hadīth initial ? Ou bien

8
Al Bukhārī et autre que lui ont dit : Sa signification est : les
mémorise/sauvegarde. ‫ ﺣﻔﻈﻬﺎ‬: ‫ ﻣﻌﻨﺎه‬: [ 178 :‫ﻓﻘﺎل اﻟﺒﺨﺎري وﻏﯿﺮه ] ص‬
9
(Rapporté par Al Bukhārī dans son Authentique n°2736 et Muslim dans son
Authentique n°2677)
10
At-Tirmidhī dit : « Ibrāhīm ibn Ya'qūb al-Jawzajāī nous a rapporté ceci :
Safwān ibn Sālih nous a informé de ceci : al-Walīd ibn Muslim nous a informé
de ceci : Shu'ayb ibn Abī Hamza nous a informé de Abu-z-Zinād, de al-A'raj,
de Abū Hurayra qu'il a dit : "Le Messager d'Allāh ‫ ﷺ‬a dit : "Allāh a 99 noms
– 100 moins 1 – celui qui les dénombrera (ahšā) entrera au jardin céleste (Al
jannah). Il est Allāh, Celui dont il n'est de dieu que Lui, le Très Clément, le
Miséricordieux, [s'en suit toute une liste de Noms] » (Al-Jāmi'u As-Sunan de
at-Tirmidhī, hadīth n° 3507). Ibn Hajar écrit ainsi dans son ouvrage Bulūgh
ul-marām : « Il est relaté de Abū Hurayra qu'il a dit : Le Messager d'Allāh ‫ﷺ‬
a dit : "Allāh a 99 Noms – 100 moins 1 – celui qui les dénombrera (ahšā)
entrera au jardin céleste (Al jannah) " : unanimement reconnu (comme
authentique). At-Tirmidhī et Ibn Hibbān ont cité les Noms. L'avis vérifié est
que cette narration est une inclusion (id'rāj) de la part de certains
transmetteurs » (‫ واﻟﺘﺤﻘﯿﻖ أن ﺳﺮدﻫﺎ إدراج ﻣﻦ ﺑﻌﺾ اﻟﺮواة‬.‫)وﺳﺎق اﻟﺘﺮﻣﺬي واﺑﻦ ﺣﺒﺎن اﻷﺳﻤﺎء‬
(Bulūgh ul-marām, hadīth n° 1284).

15
11
s'arrête-t-elle (mawqūfah) à Abī Hurayra ? ​Car en
effet, Allāh détient des Noms en plus de ceux
spécifiés [dans le hadīth], d'entre eux figurent dans
le Qur'ān et la Tradition (Al Hadīth) et d'autres
dérivent de Ses actes.

Et sache que les Noms d'Allāh et Ses attributs se


distinguent globalement en trois sections : de ce qui
est rattaché à l'Essence (ad-dhāte), aux attributs de
l'Essence ainsi qu'aux attributs des actes.

D'un exposé détaillé - d'une recherche intellectuelle


de ses significations - ils se distinguent en dix
sections :

La première : un Nom démontrant l'Essence, et


c'est notre dire : " Allāh " et il fut dit qu'il est Son
Nom Suprême.

La seconde : les Noms démontrant l'unicité tels


que : l'Unique (Al wāhid), Le Seul qui comble toute

11
Ibn Taymiyyah a dit : « Les connaisseurs du hadīth s'accordent à dire que
ces deux narrations (At-Tirmidhī et Ibn Hibbān) ne relèvent pas de la parole
du Prophète ‫ ﷺ‬. Elles ne relèvent que de la parole de certains
Prédécesseurs. Ainsi Al-Walīd (Ibn Muslim) les a mentionnées de certains de
ses professeurs du Shām, comme cela est explicité dans certaines chaînes
[de transmissions] de ce hadīth.» "‫وﻗﺪ اﺗﻔﻖ أﻫﻞ اﻟﻤﻌﺮﻓﺔ ﺑﺎﻟﺤﺪﯾﺚ ﻋﻠﻰ أن ﻫﺎﺗﯿﻦ اﻟﺮواﯾﺘﯿﻦ ﻟﯿﺴﺘﺎ‬
‫ وإﻧﻤﺎ ﻛﻞ ﻣﻨﻬﻤﺎ ﻣﻦ ﻛﻼم ﺑﻌﺾ اﻟﺴﻠﻒ ﻓﺎﻟﻮﻟﯿﺪ ذﻛﺮﻫﺎ ﻋﻦ ﺑﻌﺾ ﺷﯿﻮﺧﻪ‬.‫ﻣﻦ ﻛﻼم اﻟﻨﺒﻲ ﺻﻠﻰ اﷲ ﻋﻠﯿﻪ و ﺳﻠﻢ‬
‫( "اﻟﺸﺎﻣﯿﯿﻦ ﻛﻤﺎ ﺟﺎء ﻣﻔﺴﺮا ﻓﻲ ﺑﻌﺾ ﻃﺮق ﺣﺪﯾﺜﻪ‬Majmū' al Fatawā 6/379-380).

16
indigence (Aš-Šamad), le Notable et Seul en son
genre (Al Witr).

La troisième : les Noms démontrant la vie tels que


: le Vivant par excellence (Al Hay), Le Premier des
êtres n'ayant pas de début (Al awal), Le "Dernier"
qui ne meurt jamais (Al Ākhir).

La quatrième : les Noms démontrant l'oeuvre


créée des créatures et cela est le plus spécifique
des attributs de la seigneurie tels que : le Créateur
(Al Khāliq), le Donneur d'existence (Al Bāri'), le
Novateur (Al FāŤir).

La cinquième : les Noms démontrant le pouvoir


tels que : l'Omnipotent (Al Qadīr), Celui qui châtie
les transgresseurs (Al Muntaqim), le Doté d'un
grand pouvoir de sujétion (Al Qahār).

La sixième : les Noms démontrant la volonté tels


que : l'Être voulant (Al Murīd), le parfait Efficient
pour ce qu'Il veut (Al Fa'āl Lima yurīd), le Vaste
Constrictif (Al qābid, Al bāssite).

La septième : les Noms démontrant l'entendement


tels que : l'Omniscient (Al 'Alīm), le parfait

17
Entendant (As-Samī'), l'Observateur par excellence
(Al Bašīr).

La huitième : les Noms démontrant la


magnificence et la majesté tels que : le Magnifique
(Al 'Adhīm), le Très Grand (Al Kabīr), le Très Haut
(Al 'Alī).

La neuvième : les Noms démontrant la


souveraineté et la possession tels que : le
Souverain (Al Malik), le Régnant (Al Mālik), Le
Riche n'ayant besoin de nul être alors que toute
créature a besoin de Lui (Al Ghanī).

La dixième : les Noms démontrant la miséricorde


tels que : le Tout Miséricordieux (Ar-Rahmān), le
Très Miséricordieux (Ar-Rahīm), le Tout Clément
(Al Ghaffār), Celui qui octroie et accepte toute
résipiscence (At-Tawāb), Celui qui mobilise tout
bien pour ses serviteurs, Il apporte Son aide, Son
soutien, Sa protection et nous accorde Ses dons
(Al Wahāb).

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Chapitre 4 : De l'unification (tawhīd)
d'Allāh élevé soit-Il.

Ceci est la quintessence de notre parole : il n'est de


dieu qu'Allāh (Lā ilāha illa llāh), c'est ainsi le fait
que tu aies foi qu'Il est Divin Unique et Un, Sui
generis, Le Seul qui comble toute indigence et vers
Qui tous les indigents se dirigent (Aš-Šamad), ne
S'est attribué ni compagne ni enfant et nul ne L'a
associé dans Son jugement. Il n'a dans Sa
seigneurie ni associé ni analogue et dans Sa
royauté ni opposant, ni rival, ni antagoniste, ni
adjoint.

L'indubitable argument - manifeste - sur l'unicité est


intelligible de quatres preuves du script coranique
(āyātes) :

La première : Sa parole - très haut soit-Il -{S'il y


avait dans le ciel et la terre des divinités autre
qu'Allāh, tous deux seraient certes dans le
désordre.} [Al anbiyā', 22]. Et de cela les
théologiens scolastiques (Al mutakalimūn) ont tiré «

19
12
la preuve par l'absurde » excepté qu'assurément
le Qur'ān est davantage appert et manifeste.

La seconde : Sa parole - très haut soit-Il -{Dis: « S'il


y avait des divinités avec Lui, comme ils le disent,
elles auraient alors cherché un chemin [pour
atteindre] le Détenteur du Trône. »} [Al Issrā', 42],
ainsi l'absence de controverse est une preuve de
l'absence d'antagoniste.

La troisième : Sa parole - très haut soit-Il -{Allāh ne


S'est point attribué d'enfant et il n'existe point de
divinité avec Lui; sinon, chaque divinité s'en irait
avec ce qu'elle a créé, et certaines seraient
supérieures aux autres.} [Al Mu'minūne, 91], ainsi
l'univers créé dont toutes les parties sont tenues et
organisées logiquement entre elles est une preuve
que Son Régnant est Unique.

La quatrième : Sa parole - très haut soit-Il -{Mais ils


ont adopté en dehors de Lui des divinités qui, étant
elles-mêmes créées, ne créent rien} [Al Furqāne,
3], ainsi, certes d'entre les attributs du Divin le fait
qu'Il soit Créateur et nul créateur si ce n'est Allāh, il
n'y a de dieu qu'Allāh, autre que Lui est créé et la
12
Cela consiste en un raisonnement par l'absurde, l'existence de deux
divinités est donc absurde - impossible - car cela impliquerait l'impotence de
l'une ou des deux. [Le Divin étant Omnipotent par Nature].

20
créature n'est aucunement associée à Son
Créateur, {Celui qui crée est-il semblable à celui qui
ne crée rien ? Ne vous souvenez-vous pas ?}
[An-Nahl, 17].

Complément : Les groupes doctrinaux divergents


du [principe] d'unification (At-tawhīd) sont [entre
autres] : Les chrétiens, les zoroastriens (ou
mazdéistes), les sabéens, les astrologues, les
13
naturalistes.

Quant aux chrétiens : Ils ont mécru par leurs


propos corrompus et leurs doctrines égarées au
sujet de Jésus ('Īssā) et sa mère - sur eux la paix -.
Leur réfutation s'est signifiée par l'incontestable de
cinq preuves scripturaires (āyates) :

La première : {Et tous deux consommaient de la


nourriture.} [Al Mā'idah, 75], ceci constitue un
attribut de survenance et de servitude, et non de
14
seigneurie.

13
Dans son traité ​An-Nūr al-Mubīn, I​ bn Juzayy réfute Chrétiens, Adorateurs
de Statues, zoroastriens et naturalistes.
14
La āyah dans son entièreté - explicite - { Le Messie, fils de Maryam (Marie),
n'était qu'un Messager. Des messagers sont passés avant lui. Et sa mère
était une véridique. Et tous deux consommaient de la nourriture. Vois comme
Nous leur expliquons les preuves et puis vois comme ils se détournent.},
l'Être Suprême n'a point besoin de se nourrir pour être, c'est là une preuve
indubitable du caractère humain servile à Son Seigneur que revêt Jésus.

21
La seconde : {Pour Allāh, 'Īssā (Jésus) est comme
15
Ādam} [Āl'Imrane, 59] c'est-à-dire que Celui qui a
créé l'homme sans père ni mère est capable d'en
créer autre d'une mère sans père.

La troisième : {Ils disent: « Allāh S'est donné un


enfant » Gloire et Pureté à Lui ! Il est Le Riche par
excellence.} [Yūnus, 68], assurément L'absolu
Riche n'a besoin ni d'épouse, ni d'enfant ni de
quelconque être.

La quatrième : {(...) alors qu'il ne convient


nullement au Tout Miséricordieux d'avoir un enfant !
• Tous ceux qui sont dans les cieux et sur la terre
se rendront auprès du Tout Miséricordieux, [sans
exception], en serviteurs.} [Maryam, 92-93], ainsi la
seigneurie et la servitude ne se réunissent point.

La cinquième : la parole de Jésus [dans le Qur'ān]


- sur lui paix et bénédictions -{« Je suis vraiment le
serviteur d'Allāh. »} [Maryam, 30] et sa parole {« Ô
enfants d'Isrāʾīl (Israël), adorez Allāh, mon
Seigneur et votre Seigneur. »} [Al Mā'idah, 72]. Le
fait qu'il reconnaisse lui-même sa servitude [en tant

15
La āyah dans son entièreté {Pour Allāh, 'Īssā (Jésus) est comme Adam qu'Il
créa de poussière, puis Il lui dit: « Sois »: et il fut.}, ainsi le miracle de sa
création n'implique en rien une quelconque divinisation.

22
qu'adorateur, esclave] est la mise en évidence du
mensonge de ceux le qualifiant de seigneur.

Quant aux zoroastriens : ​Ils ont mécru en adorant


la lumière [en tant que phénomène physique], la
réfutation de ces derniers est Sa parole : {et a établi
les ténèbres et la lumière.} [Al An'ām, 1]. Ainsi
certes ce qui est genèse, créé ne peut être un dieu.

Quant aux sabéens : ​Ils ont mécru en adorant les


anges, leur attribuant la descendance d'Allāh, ainsi
la réfutation les concernant est Sa parole : {Mais ce
16
sont plutôt des serviteurs honorés.}[Al Anbiyā', 26]
.

Quant aux astrologues : ​Ils ont établi aux astres


une influence dans l'existence, ainsi la réfutation de
ces derniers est dans Sa parole - très haut
soit-Il-{(Il a créé) le soleil, la lune et les étoiles,
soumis à Son commandement.} [Al a'rāf, 54], ce qui
est soumis fait donc office de possession
subjuguée, de plus il y a Sa parole {ne vous
prosternez ni devant le soleil, ni devant la lune,
mais prosternez-vous devant Allāh qui les a créés}

16
La āyah dans son entièreté { Et ils dirent: « Le Tout Miséricordieux s'est
donné un enfant. » Pureté à Lui ! Mais ce sont plutôt des serviteurs honorés. }

23
[Fušilate, 37], comment donc une création peut-elle
s'associer à Son Créateur ?!

Quant aux naturalistes : ​Ils ont attribué à la nature


des actes, ainsi la réfutation les concernant est Sa
parole {des fruits de couleurs différentes.} [FāŤir,
27] et Sa parole {arrosés de la même eau,
cependant Nous rendons supérieurs les uns aux
autres quant au goût.} [Ar-Ra'd, 4], la diversité de
variétés, de couleurs, d'odeurs, de saveurs, de
bienfaits et méfaits sont la preuve de l'Auteur doué
d'une volonté propre.

Allusion mystique (Šūfiyya) : L'unification est de


deux sortes : commune et propre.

Quant à l'unification commune : c'est l'inexistence


d'associativité apparente, et c'est là le degré de foi
acquis de tout croyant.
L'unification propre consiste en l'inexistence
d'associativité latente, et cela est propre aux saints
connaisseurs [du Seigneur] - qu'Allāh les agrée
tous -.

24
Chapitre 5 : De l'exemption d'Allāh élevé
soit-Il.

Ceci est la signification de notre parole : Gloire à


Allāh (SubhānAllāh), consistant au fait que tu aies
foi que :

- Nul n'est tel que Lui et Il n'est conforme à


nulle chose, Il n'a de ressemblance avec
aucun objet [vivant ou non] et aucune chose
ne Lui ressemble. Surélevé à l'idée qu'Il
puisse avoir un semblable, homologue,
équivalent, analogue ou affilié.
- Il ne manque de rien, mais plutôt toute chose
lui est indigente.
- Ne lui conviennent ni incomplétude ni
imperfection, mais plutôt Il s'est exempté de
toute incomplétude et désavoué de toute
imperfection.
- Il n'est pris ni de somnolence ni de sommeil,
n'est atteint de nulle affection, n'est touché ni
d'impotence, ni d'épuisement, ni
d'accablement.
- L'obéissance des serviteurs ne lui est
d'aucun profit et les péchés d'aucun méfait.

25
- Il ne meurt et ne périt point, ne s'égare et
n'oublie point, n'est dans Son royaume que
ce qui Lui plaît, ainsi ce qui Lui plaît - est -
quant à ce qui ne Lui plaît pas, n'est pas.
- Il n'opprime personne.
- Ses trésors ne diminuent point et rien de ce
qu'Il a ne périt.

Remarque : Dans le Qur'ān et la Tradition


prophétique (Al Hadīth) figurent des termes dont le
sens apparent suscitent faussement en l'esprit la
ressemblance [du Créateur aux créatures], comme
Sa parole - élevé soit-Il -{Le Tout Miséricordieux «
Istawā » sur le Trône.} [Ťāhā, 5] et { Ses deux
mains sont largement ouvertes } ainsi que le hadīth
de la descente d'Allāh chaque nuit au ciel de ce
bas monde et autre que cela… Et ces [termes] sont
nombreux, nous distinguons alors les gens [du
dogme] en trois essaims :

Le premier : les pieux prédécesseurs d'entre les


compagnons, les suivants (At-tābi'īne) et les Imāms
17
des musulmans. Ils ont eu foi en [ces termes]
sans en chercher les significations ni les

17
N'est désigné par ce titre d'entre les savants que les Maîtres d'entre eux,
atteignant le statut d'Ijtihād (effort de compréhension des textes de la
sharī'ah) et de guide pour les savants et la communauté toute entière

26
interprétations, mais ce sont plutôt désavoués de
quiconque discutait de cela : {ceux qui sont bien
enracinés dans la science disent: « Nous y croyons
: tout est de la part de notre Seigneur ! » }
[Āl'Imrane, 7], et [cet essaim] est celui de la
sauvegarde par l'acceptation, qui mène à l'intégrité,
[intégrité] par laquelle se sont munis Mālik,
As-Shāfi'ī ainsi que la plupart des Traditionalistes
(Muhadithīnes).

Le second : Un groupe portant ces termes sur leurs


sens apparents, impliquant - par défaut - de
l'anthropomorphisme [d'Allāh], et c'est le cas de
Hanbalites18 et de quelques traditionalistes.

Le troisième : Un groupe les interprétant en les


sortant de leurs sens apparents de ce qu'implique
nécessairement la raison, et c'est le cas de la
plupart des théologiens scolastiques (Al
mutakalimūn), et Allāh est plus savant.

18 ​
Il sous entend, certains contemporains parmis eux et non leur globalité car
en effet dans ​An-Nūr al-Mubīn, Ibn Juzayy cite Ahmad ibn Hanbal parmis les
pieux prédécesseurs ayant épousé la manière saine d'aborder la foi selon lui
- correspondant à la première catégorie - il cite également Sufyān At-Thawrī,
Ibn l-Mubārak... Il dit : « Ils sont d'entre ceux dont il incombe de prendre
l'exemplarité et le suivi de leur voie.» " ‫" ﻣﻤﻦ ﯾﺠﺐ اﻹﻗﺘﺪاء ﺑﻬﻢ و اﻻﺗﺒﺎع ﻟﻄﺮﯾﻘﺘﻬﻢ‬

27
Chapitre 6 : ​De la foi en les anges d'Allāh,
Ses Livres révélés et Ses Messagers.

Sache que Les anges sont les serviteurs d'Allāh, ils


sont honorés auprès de Lui, ils L'adorent et Le
glorifient, Lui obéissent et ne Lui désobéissent
nullement, ne Le devancent aucunement dans la
parole et ils œuvrent selon Son commandement.
D'entre eux il y a : les porteurs du trône, les
habitants des cieux, les protecteurs des fils
d'Ādam, ceux chargés des pluies, de la végétation,
de la fécondité au sein des matrices, de suppliques
lors des assises d'évocation (Ad-Dhikr). Et nul ne
connaît exhaustivement leur nombre excepté Allāh.

[Sache également] qu'Il a missionné les prophètes,


envoyé les messagers annonciateurs de bonnes
nouvelles et avertisseurs. Parmi eux, certains ont
été nommés par Allāh dans le Qur'ān et d'autres
non. Le premier d'entre eux est Ādam, père de
l'homme, et le dernier d'entre eux est notre maître
Muhammad ‫ﷺ‬, le prophète illettré, sceau des
prophètes.

[Sache aussi] qu'Allāh a fait descendre sur lui


Gabriel (Jibrīl), le loyal (Al Amīn), avec le Qur'ān

28
explicite. De la même manière qu'il fit descendre la
Torah sur Moïse (Mūssā), l'Évangile sur Jésus
('Īssā), le psautier sur David (Dāwūd) et Il fit
descendre des Feuillets sur autres qu'eux d'entre
les prophètes - bénédictions d'Allāh sur leur
ensemble -. Allāh a ainsi dit {Dites: « Nous croyons
en Allāh et en ce qu'on nous a révélé, et en ce
qu'on a fait descendre vers Ibrāhīm (Abraham) et
Ismā'īl (Ismaël) et Ishāq (Isaac) et Ya'qūb (Jacob)
et les Tribus, et en ce qui a été donné à Mūssā
(Moïse) et à 'Īssā (Jésus), et en ce qui a été donné
aux prophètes, venant de leur Seigneur : nous ne
faisons aucune distinction entre eux. Et à Lui nous
sommes Soumis. »} [Al Baqarah, 136].

[Sache de même] qu'Allāh a prescrit à l'ensemble


des communautés d'adhérer à la religion qu'est
l'Islām {Et quiconque désire une religion autre que
l'Islām, ne sera point agréé, et il sera, dans
l'au-delà, parmi les perdants.} [Āl'Imrāne, 85].

[Sache] qu’Allāh a fait parvenir à chaque prophète


d’entre les preuves, sans pareilles ce dont sur quoi
les hommes ont porté foi. Et lorsque le message de
notre prophète ‫ ﷺ‬fut universel et sa législation
abrogeant ce qui précèda, cela impliqua que ses
arguments furent d’autant plus manifestes, ses

29
āyātes (preuves scripturaires ou physiques) bien
plus prodigieuses, les preuves de sa véridicité plus
grandes et plus nombreuses, éloquentes dans le
fait d’établir l’argument [indubitable] et clarifiant la
conduite morale de la fin souhaitée. Allāh l’a donc
soutenu par diverses fabuleuses āyātes et par
[divers] signes patents dans lesquels il y a une
leçon pour les doués d'intelligence. Quant à ses
états, ses paroles et ses actes, il n’y a que
merveilles merveilleuses. Nos savants lui ont
décompté - que la satisfaction d’Allāh soit sur eux -
1000 miracles se répartissant en cinq catégories :

L’une d’elle : le sublime Qur'ān dont hommes et


djinns (créatures de feu) sont incapables de
produire pareille [œuvre] quand bien même ils se
soutiendraient mutuellement [pour cela]19. Il fut
garanti d’après les sciences divines, les sagesses
du Seigneur et les secrets qui furent voilés des
esprits de l’humanité ce qui démontre de façon
tranchante qu’il s’agit d’une révélation descendue
du Tout Miséricordieux, du Très Miséricordieux.

19 ​
Référence à la āya 88 de sūrate Al Isrā’.

30
La seconde : ce qui a fait surface de ses mains
‫ ﷺ‬d’entre les extraordinaires miracles, et ils sont
extrêmements nombreux.

La troisième : ce qui fit office de présages parmi les


renseignements et les bonnes annonces [de sa
part].

La quatrième : ce qui s’est manifesté de tout temps


chez sa communauté de prodiges. Ils sont une
preuve de la validité de leur religion et de la
véracité de leurs suivis du [messager] ‫ﷺ‬.
Observe donc l’émergence de sa religion d’Est en
Ouest, de sa préservation du changement et de la
modification depuis son affluence d’une durée de
sept cents ans20, il se manifestera pour toi qu’il
s’agit là d’un ordre du firmament et d’une attention
seigneuriale.

La cinquième : ce que lui a gratifié Allāh de


sublimes caractères, de nobles marques
distinctives de moralité qui ne sont assemblés
d’Allāh qu’au sein du plus aimé de Ses serviteurs et
sont sur lui les plus illustres. Il te suffit Sa parole -

20
Le lecteur comprend alors que l’auteur est du septième siècle hégirien (d :
741 H.)

31
gloire à Lui - { Et tu (Muhammad) es certes, d'une
moralité éminente.} [Al Qalam, 4].

Et sache que ses miracles - ‫ ﷺ‬- en analysant ce


qui a été transcrit et transmis se divisent en trois
sections :

La première : ce dont on affirme de façon


tranchante en raison de son authenticité, ainsi s’y
établit l’argument infaillible quand bien même il
serait par exclusivité, unique : - tel que le sublime
Qur'ān, la division de la Lune - car il figure dans le
Qur'ān, - [également] la résurgence de l’eau et
l’accroissement de la nourriture minime de ses
doigts ‫ ﷺ‬-, par la notoriété de cela, sa
propagation, la neutralité de ses narrateurs, son
apparition lors d’épisodes grandioses et lors de
multiples cérémonies.

La seconde : ce dont on affirme de façon


tranchante en raison de l’authenticité de son genre
par ses multiples apparitions, et si on ne l’affirme
point de façon tranchante par l’authenticité de sa
singularité (Al Ahad)21 ( tels qu’informer des choses

21
L'information traditionnelle dite singulière (Ahad) dans la terminologie des
sciences du hadīth est l’information qui ne réunit pas les conditions du notoire
(mutawātir) (Cf. Nouzha An-Nadhar p.26 d’Ibn Hajar Al ‘Assqalānī) elle

32
indiscernables et l’exaucement des invocations)
c’est que cela est apparu de lui ‫ ﷺ‬en grande
quantité, jusqu’à ce que sa totalité en devienne
indubitable.

La troisième : ce qui a été transmis par son genre


et ses transmetteurs d’une transmission unitaire,
néanmoins s’il est rassemblé avec autre que lui sa
pertinence se confirme de façon tranchante par
l’apparition de miracles.

Chapitre 7: De la foi en la demeure


dernière.

Elle comprend douze points d’étude :

Le premier point : La foi en Al Barzakh (barrière)


et le tourment [infligé] par Allāh à qui Il veut dans
les tombes. Ainsi sa preuve du Qur'ān [est] Sa
parole : {...il y a une barrière, jusqu'au jour où ils
seront ressuscités } [Al Mu’minūne, 100], et Sa
parole : {...le Feu, auquel ils sont exposés matin et
soir. Et le jour où l'Heure arrivera (il sera dit): «
Faites entrer les gens de Fir'awn (Pharaon) au plus

implique la science déductive, i.e la science reposant sur l’examen et


l’argumentation.

33
dur du châtiment. »} [Ghāfir, 46], cela est une
preuve d’un tourment précédant le jour de la
résurrection, et de la Sunnah [il y a] des
informations traditionnelles authentiques.

Le second point : L'interrogation des deux anges,


mentionnée en l’occurrence dans les hadīth
authentiques et de cela il y a une allusion par Sa
parole {Allāh affermit les croyants par une parole
ferme, dans la vie présente et dans l'au-delà.
Tandis qu'Il égare les injustes. Et Allāh fait ce qu'Il
veut.} [Ibrāhīm, 27].

Le troisième point : La résurrection des créatures


de leurs tombes, leur rassemblement pour le
jugement, la récompense et le châtiment. La
preuve de la contingence de ceci : le pouvoir
d’Allāh - exalté et magnifié soit-Il - {Et c'est Lui qui
commence la création puis la refait; et cela Lui est
plus facile. Il a la transcendance absolue dans les
cieux et sur la terre. C'est Lui le Tout Puissant, le
Sage. } [Ar-Rūm, 27], {Votre création et votre
résurrection [à tous] sont [aussi faciles à Allāh] que
s'il s'agissait d'une seule âme.} [Luqmān, 28]. La
preuve que ceci se déroulera : l'occurrence des
prescriptions [divines], le dire des messagers et des
Livres [saints] en ce sens, et plus spécifiquement

34
notre législation [divine], annonçant avertissements
et bonnes nouvelles afin que s’établit la preuve
indubitable sur les univers. De plus la sagesse
implique la récompense du bienfaisant de par sa
bonté et le châtiment du malfaisant de par son
offense { afin qu'Allāh rétribue chaque âme de ce
qu'elle aura acquis.} [Ibrāhīm, 51], et cela se
manifeste dans la demeure dernière et non ici-bas,
et si ce n’était la rétribution (châtiment ou
récompense) eschatologique, croyant et incrédule
serait à même hauteur, [de même que] obéissant et
désobéissant { Traiterons-Nous les soumis [à Allāh]
à la manière des criminels ?} [Al Qalam, 25].

Le quatrième point : Le jugement des œuvres, le


Livre (Al Qur'ān) et la Sunnahh l’ont attesté.

Le cinquième point : Le talion entre les serviteurs,


22
le Livre (Al Qur'ān) et la Sunnahh l’ont attesté.

Le sixième point : La pesée des œuvres, le Livre


(Al Qur'ān) et la Sunnahh l’ont également attesté.

22
Au chapitre de l’interdiction de l’oppression dans le Sahīh de Muslim, Abū
Hurayra rapporte que le Messager d’Allāh ‫​ ﷺ‬a dit : “ Certes, vous
rendrez leurs droits aux ayants-droit le Jour de la Résurrection jusqu’à ce que
soit accordé le talion (yuqad) à la chèvre sans corne (Jalhā’) [afin qu’elle
rende coup pour coup] à la chèvre ayant des cornes (Qarnā’)”

35
Le septième point : La délivrance du livre
[consignant les actes] soit par la droite, soit par la
gauche, le Livre (Al Qur'ān) et la Sunnahh l’ont
également attesté.

Le huitième point : Le passage des gens sur


As-Širāte, et il s’agit d’un pont étendu dressé au
dessus l’Enfer, la vitesse de passage des gens y
sera régulée en fonction de la valeur de leurs actes,
d’entre eux seront déversés dans le feu de l’Enfer.
La preuve y afférant du Qur'ān, Sa parole { Puis
conduisez-les au chemin (Širāte) de la Fournaise.} [
As-Safāte, 23], et de la Sunnahh des hadīth
authentiques​.

Le neuvième point : Le bassin (Al Hawd) du


prophète ‫ ﷺ‬qu'hérite sa communauté, n’aura
plus soif qui s’y abreuvera et il sera défendu à
quiconque aura altéré ou changé [sa religion]. La
preuve [de son existence] du Qur'ān [est] Sa parole
- Très haut soit-Il - { Nous t'avons certes, accordé
l'Abondance (Al Kawthar).} [Al Kawthar, 1], et est
parvenu que l'exégèse de [l'Abondance] signifiait le
23
bassin (Al Hawd) dans un hadīth authentique . Et
23
En référence au hadīth n°400 que rapporte Muslim dans son Sahīh : “ Anas
ibn Mālik raconte : Un jour alors qu’il était parmis nous, le Messager d’Allāh
‫​ ﷺ‬sommeilla puis releva sa tête en souriant puis nous dîmes : “ Qu’est
ce qui te fait sourire Ô Messager d’Allāh ?”. Et à lui de nous répondre : “

36
24
d'entre les six [recueils de hadīth] : pléthore de
hadīth authentiques [à ce sujet].

Le dixième point : L'intercession du prophète ‫ﷺ‬


en faveur de sa communauté. Preuve étant du
Qur'ān : Sa parole {...afin que ton Seigneur te
ressuscite en une position de gloire.} [Al Issrā', 79],
et de la Sunnahh : des hadīth authentiques.
L'intercession [se dépeint] en cinq tableaux :

L'un d'eux : Du soulagement des gens de la


circonstance [difficile du jour du jugement] et de la
promptitude de l'attente, et elle est spécifique au
prophète ‫ﷺ‬.
Le second : De la délivrance à qui le Feu fut
imposé.

Avant ce temps-ci une surate m’a été révélée”. Et il récita “Au nom d'Allāh le
Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux, {Nous t'avons certes, accordé
l'Abondance (Al Kawthar) , Accomplis la Salat pour ton Seigneur et sacrifie.
Celui qui te hait sera certes, sans postérité.} [Al Kawthar]. Il dit ensuite : “
Savez-vous ce qu’est l’Abondance (Al Kawthar) ?
-Allāh et Son Messager savent mieux, nous répondîmes.
-C’est un fleuve que mon Seigneur - glorieux et exalté soit-Il - m’a promis, sur
lequel se trouvent d'abondantes faveurs. Il s’agit d’un bassin (Hawd) duquel
viendra s’abreuver ma communauté le Jour de la Résurrection. Ses coupes
sont au nombre des étoiles. On repoussera l’un d’eux et je dirai : Seigneur il
est de ma communauté. Il me répondra : tu ne sais pas ce qu’ils ont changé
après toi.”
24 ​
Les ​« six livres » (​kutûb as-sitta​) sont le Sahīh d’Al Bukhāri (d. 256 H.), le
Sahīh de Muslim (d. 261 H.), le recueil d’An-Nassā'ī (d. 273 H.), les Sunan
d’Abū Dāwūd (d. 275 H.), les Sunan d’At-Tirmidhī (d. 279 H.) et les Sunan
d’Ibn Māja (d. 275 H.).

37
Le troisième : Du fait de faire sortir celui qui entra
au Feu d’entre les pécheurs.
Le quatrième : De la promptitude à l'entrée au
Jardin céleste (Al Jannah).
Le cinquième : De l’élévation des degrés dans Al
Jannah.

Le onzième point : ​De l’entrée au Feu, y entre


deux catégories :

La première catégorie : Les incrédules dans leur


totalité. Ils seront tourmentés de divers tourments,
d’entre eux [subiront] un châtiment bien plus
douloureux que d’autres et ils y demeureront
éternellement : {...qui ne sera jamais interrompu
pour eux et où ils seront en désespoir. }
[Az-Zukhrūf, 75].

La seconde catégorie : Ceux qu’Allāh veut [qu’ils y


soient] d’entre les rebelles parmi les croyants. Ils
seront ensuite sortis du [Feu] par la Miséricorde
d’Allāh - le Très Haut - et l’intercession des
prophètes, des anges, des martyrs, des pieux et du
reste des croyants.

38
Clarification : ​Entrera au Feu parmi les croyants,
exclusivement celui qui aura rassemblé septs
caractéristiques :

L’une d’elle : qu’il ait des péchés, excluant les pieux


[munis de crainte révérencielle].
La seconde : qu’il meurt sans s’être repenti de ses
péchés, car certes celui qui se repent de son péché
est pareil à celui qui n’en a jamais eu.25
La troisième : que ses péchés soient des péchés
majeurs, assurément les péchés mineurs sont
pardonnés en s’écartant des péchés majeurs.
La quatrième : que ses œuvres pies ne soient pas
lourdes [sur la balance], car en effet si ses œuvres
pies prépondéraient sur ses péchés - ne serait-ce
que par le poids d’un atome - il serait délivré du
Feu.
La cinquième : qu’il ne soit point de ceux à qui il a
été assuré le salut par une oeuvre antérieure tels

25
En Référence au hadīth n°4250 que rapporte Ibn Māja dans ses Sunan :
d'après 'AbdAllāh Ibn Mass'ūd - qu'Allāh l'agrée -, le Prophète ‫ ﷺ‬a dit: «
Celui qui se repent d'un péché est pareil à celui qui n’en a jamais eu ».

39
que les gens de Badr26 et ceux de l’allégeance
d’Ar-Ridwān.27
La sixième : que nul n’intercède en sa faveur.
La septième : qu’Allāh ne lui pardonne point.

Le douzième point : ​l’entrée au Jardin céleste et


n’y entrera que les croyants, bénéficiant de
multiples sortes de bienfaits, observant la noble
face d’Allāh, pour preuve Sa parole - Très haut
soit-Il - { Ce jour-là, il y aura des visages
resplendissants (22) qui regarderont leur Seigneur
(23)} [Al Qiyāmah, 22-23], des hadith explicites et
authentiques, et ils y demeureront éternellement.
Qu’Allāh nous compte parmi eux par Sa Grâce et
Sa Miséricorde.

26
D'après Rifā'a Ibn Rāfi' - qu'Allāh l'agrée -, Jibrīl est venu au Prophète ‫ﷺ‬
et a dit : Comment considérez-vous les gens de Badr parmi vous ? Le
Prophète (que la prière d'Allāh et Son salut soient sur lui) a dit: « Ils sont
parmi les meilleurs musulmans ». Alors Jibrīl a dit : C'est également le cas
pour les anges ayant assisté à Badr. Rapporté par Al Bukhāri dans son
Sahīh. n°3992.
27
Allāh dit : {Allāh a très certainement agréé les croyants quand ils t'ont prêté
le serment d'allégeance sous l'arbre (Ar-Ridwān). Il a su ce qu'il y avait dans
leurs cœurs, et a fait descendre sur eux la quiétude, et Il les a récompensés
par une victoire proche.} [Al Fath, 19]

40
Chapitre 8 : De l’Imāma.28

Ceci comprenant deux sujets :

Le premier sujet : De l’affirmation de l’imāma des


quatres califes (bien guidés) - qu'Allāh les agrée -
et la preuve de leur imāma est de trois aspects :

L’un d’eux : chacun d’entre eux a assurément


rassemblé les conditions de l’imāma avec
plénitude.

L’autre : chacun d’eux a réuni les musulmans en


son temps sous son allégeance et l’adhésion à son
autorité, et le consensus est une preuve irréfutable.

Le troisième : ce qui a précédé chacun d’entre eux


de compagnie, d’émigration (hijra), de vertus de
vérité, d’éloge d’Allāh à leurs sujets, de l’attestation
du Véridique (As-Šadīq) ‫ ﷺ‬en leur faveur [de
demeure] au Jardin céleste.

28
L’Imāma implique trois significations : 1- Al Imāma Al Kubrā, il s’agit là de
désigner le calife - dirigeant du califat islamique -; 2- Al Imāma As-Šughrā
désignant celui qui dirige la Šaĺāt. 3- Cf. Ndt 10.

41
De plus, certes le Messager d’Allāh ‫ ﷺ‬a indiqué
le Khilāfa d’Abā Bakr29 et de ‘Umar, et a ordonné de
prendre l’exemplarité et le suivi de ces derniers30, il
mit en avant Abā bakr lors du pèlerinage d’adieu et
afin de diriger les gens pendant la Šalāt lors de
l’affection de sa mort, et cela est une preuve sur la
[légitimité] de sa succession dans la gouvernance.
Ensuite Abū Bakr désigna ‘Umar comme
successeur, puis ‘Umar désigna un conseil
consultatif (chūrā) d’entre six31 qui se sont mis
d’accord de mettre en avant ‘Uthmān jusqu’à qu’il
soit assassiné, opprimé. [Alors que] le prophète
‫ ﷺ‬avait attesté de cela et lui avait promis ainsi le
Jardin céleste. S’en est suivi le plus en droit en la

29
En référence aux hadīth que rapportent Al Bukhāri (​n°3659 et 5666)​ et
Muslim dans leurs Sahīh (​n°2386 et 2387) :
- D'après Jubayr Ibn Mut'im - qu'Allāh l'agrée -, une femme est
venue voir le Prophète ‫ ﷺ‬et il lui a ordonné de revenir le voir
plus tard. Elle a dit : Vois-tu si je reviens et que je ne te trouve pas
? Comme si elle parlait de sa mort. Le Prophète ‫ ﷺ‬a dit: « Si tu
ne me trouves pas alors va voir Abū Bakr ».
- D'après ‘Āicha - qu'Allāh l'agrée -, le Prophète ‫ ﷺ‬a dit durant
son affection : « Appelle Abū Bakr, ton père et ton frère ([en Islam])
afin que j'écrive une missive car je crains que quelqu'un espère ou
dise qu'il est plus en droit ([de diriger les musulmans]) que lui alors
que Allāh et les croyants n'acceptent que Abū Bakr ».
30
At-Tirmidhī et Al-Hākim rapportent que Hudhayfa Ibn Al-Yaman - qu'Allāh
l'agrée - a dit qu’il a entendu le Prophète ‫ ﷺ‬dire : « Prenez exemple sur
ceux qui viendront après moi : Abū Bakr et 'Umar !».
31
Les six compagnons - qu’Allāh les agrée - composant le conseil consultatif
étaient : ‘Utmān ibn ‘Affān, ‘Alī bn Abī Ťālib, Ťalha bn ‘Ubaydi llāh, Az-Zubayr
bn l’awām, Sa’d bn Abī Waqāš, ‘Abd Ar-rahmān bn ‘Awf.

42
[légitimité gouvernementale] après lui, ‘Alī, de par
sa noble stature et ses vertus d’excellence.

Quant à ce qui [s’est passé] de querelles entre ‘Alī


et Mu’āwiya et ceux qui étaient avec chacun des
deux d’entre les compagnons, ce qui prévaut est de
s’abstenir de l’évoquer, ils doivent [de ce fait] être
évoqués de la meilleure des façons et [l’on doit] de
rechercher la meilleure des interprétations les
concernant, car en effet, ce fait [déroulé] est l’objet
d’un effort savant de compréhension (ijtihād). ‘Alī,
quant à lui et ceux qui étaient de son côté, furent
sur la vérité du fait qu’ils ont fait preuve d’un effort
savant de compréhension et ont atteint le vrai, ils
sont donc [pour cela] récompensés (ajr). Mu’āwiya
et ceux qui étaient de son côté ont [également] fait
preuve d’un effort savant de compréhension et ont
été exposés à l’erreur, ils sont [pour cela] excusés.
32
Il incombe [de plus] de leur porter considération
et amour, à eux ainsi qu’à l’ensemble des
compagnons, comme cela figure dans le Qur’ān
d’éloge panégyrique en leur faveur de part la

32
Le Prophète ‫ ﷺ‬a dit : « lorsque le juge a fait un effort (juridique)
(ijtahada) puis a atteint la vérité, il a deux récompenses, et s’il a fait un effort
(juridique) et s’est trompé, il a une seule récompense ». Rapporté par Al
Bukhāri n° : 6805 dans son Sahīh.

43
compagnie portée au Messager d’Allāh ‫ﷺ‬33. Le
[Messager d’Allāh] ‫ ﷺ‬a d’ailleurs dit : « ​Craignez
Allāh (Allāh Allāh fī) au sujet de mes
compagnons, ne les prenez point pour cibles
après moi. Celui qui les aime, les aime par mon
amour, celui qui les déteste les déteste par ma
détestation, celui qui leur nuit me nuit, et qui me
nuit : nuit à Allāh. ​»34

Le second sujet​ : Des critères de l’imāma.

[Les critères de l’imāma] sont de huit : l’Islām, la


puberté et la raison*, la masculinité, l’intégrité (Al
‘Udūl), le savoir et la compétence, et que sa filiation

33
Ibn Juzayy dans ​An-Nūr al-Mubīn​ évoque deux āyātes à ce sujet : Allāh - le
Très Haut - dit :
- { Muhammad est le Messager d'Allāh. Et ceux qui sont avec lui
sont durs envers les mécréants, miséricordieux entre eux. Tu les
vois inclinés, prosternés, recherchant d'Allāh grâce et agrément.
Leurs visages sont marqués par la trace laissée par la
prosternation. Telle est leur image dans la Thora. Et l'image que
l'on donne d'eux dans l'Évangile est celle d'une semence qui sort
sa pousse, puis se raffermit, s'épaissit, et ensuite se dresse sur sa
tige, à l'émerveillement des semeurs. [Allāh] par eux [les croyants]
remplit de dépit les mécréants. Allāh promet à ceux d'entre eux qui
croient et font de bonnes œuvres, un pardon et une énorme
récompense. } [Al Fath, 29].
- { Les tout premiers [croyants] parmi les Emigrés et les Auxiliaires et
ceux qui les ont suivis dans un beau comportement, Allāh les
agrée, et ils L'agréent. Il a préparé pour eux des Jardins sous
lesquels coulent les ruisseaux, et ils y demeureront éternellement.
Voilà l'énorme succès ! } [At-Tawba, 100]
34
Rapporté par At-Tirmidhī n°3862.

44
soit de Quraych35 - et dans cela il y a divergence36 -
.

Si les gens sont unanimes sur qui ne remplit pas


l’ensemble des conditions, il est permis [de
considérer la légitimité du calife] de peur qu’aient
lieu des troubles (fitna). Il est alors interdit de se
révolter [par les armes] contre les gouverneurs -
quand bien même ils sont oppresseurs - jusqu’à ce
que se manifeste sur eux l’incrédulité sans
équivoque. Leur obéissance est obligatoire dans ce
qu’aime l’être humain [comme] dans ce qu’il
déteste, sauf s’ils ordonnent [d’effectuer] une
désobéissance, en effet, nulle obéissance à une
créature dans la désobéissance du Créateur.

35
Ceci est l’avis de la plupart (Jumhūr) des jurisconsultes.
36
Certains savants portent un avis contraire tel que Abū Bakr Al Baqillānī.

45
Chapitre 9 : D’Al Īmān (la foi) et d’Al
Islām.

Ceci comprenant deux sujets :

Le premier sujet : en ce qui concerne leurs


significations.

Quant à l’Islām, sa signification linguistique [est] :


l’absolue humilité, - de soumission faite. Sa
signification dans la légitimité islamique (As-sharī’a)
[est] : l’humilité - de soumission faite - à Allāh ainsi
qu’à son Messager ‫ ﷺ‬par la prononciation de la
langue et l’oeuvre des membres du corps.

Al Īmān, quant à sa définition linguistique [c’est] :


l’absolu assentiment - de véracité fait. Sa
signification dans la légitimité islamique (As-sharī’a)
[est] : l’assentiment - de véracité fait - à Allāh, Ses
Anges, Ses Livres, Ses Messagers et au Jour
Dernier37.

37
L’on ajoute la foi en la prédestination comme cela est évoqué dans le hadīth
de Jibrīl ​rapporté par Muslim n°60​ : « (...) ​Informe moi au sujet de​ la foi​(​al-
Īmān)​ . « C’est, répliqua le prophète ‫ ﷺ‬de croire en Allāh, en ses anges,
en ses livres, en ses prophètes, au jour Dernier et de croire en la
prédestination imparti pour le bien et le mal. (...)​»

46
C’est alors que l’Islām et Al Imān sont de ce fait
différents, c’est pourquoi Le Très Haut de Sa parole
[a révélé] : { Les Bédouins ont dit: « Nous avons la
foi ​(Al Imān).​ » Dis: « Vous n'avez pas encore la foi.
Dites plutôt : Nous nous sommes simplement
soumis ​(Al Islām).​ } [Al Hujurāte, 14].

Et ils peuvent être synonymes telle que Sa parole -


Très Haut soit-Il - { Nous en fîmes sortir alors ce
qu'il y avait comme croyants ​(mu'minīn),​ • mais
Nous n'y trouvâmes qu'une seule maison de gens
soumis ​(muslimīn).​ } [Ad-dhāriyāte, 35-36]

Et ils peuvent être imbriqués [d'une relation] de


généralité ('umūm) et de spécificité (khušuss),
l'Islām est alors généralisant (A'am) si l'humilité - de
soumission faite - est [celle] de la langue, du cœur
et des membres du corps, car assurément Al Īmān
(la foi) est spécifique au cœur. Al Īmān peut être
généralisant si l'on dit qu'il s'agit « d'une parole de
la langue, d'un monothéisme pur (Ikhlāš) du cœur
et d'une action des membres du corps. », et c'est là
le propos d'un bon nombre de prédécesseurs
(As-salaf). Si l'on dit [par ailleurs] que l'Islām est
[une œuvre] de la langue et des membres, il s'agit
là d'un autre propos.

47
Le second sujet : ​Des jugements [qu'ils
impliquent].

Et ceci prend quatres formes :

La première : que les deux soient associés, i.e que


le serviteur ('abd) soit porteur de foi par son cœur,
humble - de soumission - par ses membres, ce
dernier est fidèlement gratifié (mukhliš) auprès
d'Allāh.

La seconde : la soumission des membres sans foi


du cœur, ce dernier est voué à l'éternité du Feu, et
c'est celui qui au temps de la prophétie était
nommé hypocrite (munāfiq), et il fut appelé après
cela hérétique (zindīq).

La troisième : la foi avec le cœur, la prononciation


de la langue sans humilité - de soumission faite -
des membres du corps, et il est nommé dans la
législation « le croyant désobéissant » alors qu'il
[agit] de sa pleine volonté.

La quatrième : la foi du cœur sans prononciation ni


œuvre. Si cela fut en raison d’une contrainte ou par
manque de temps comme celui qui s’islamise puis
meurt en conséquence de cela avant qu’il ne

48
puisse essayer de prononcer [l’attestation de foi] ni
oeuvrer, alors il est excusé et fidèlement gratifié
auprès d'Allāh. Si c’est pour autre que cela, il y a
alors divergence à ce sujet.38

38
Le plus correct d’après les savants est qu’il est croyant auprès d’Allāh, non
croyant selon les lois de ce bas-monde.

49
Chapitre 10 : Du cramponnement à la
Sunnah.

Ceci comprenant deux points :

Le premier point : en ce qui concerne le


délaissement des innovations.

Le Messager d’Allāh ‫ ﷺ‬a dit : « J’ai laissé parmi


vous deux choses, tant que vous y restez attachés
vous ne vous égarerez point : le Livre d’Allāh et ma
Sunnahh »39 et il ‫ ﷺ‬aurait dit « mes compagnons
sont comme des étoiles, quel que soit celui que
vous suivez vous serez sur le droit chemin »40, et il
a spécifié le suivi des califes bien guidés.

Ainsi le bien tout entier se trouve dans


l’attachement au Livre (Al Qur’ān) et à la Sunnah,
dans le suivi des pieux prédécesseurs et
l’éloignement de toute invention et innovation.

Les premiers savants (Al Mutaqadimūn) blâmaient


l’innovation de façon absolue. Leur contemporains

39
Rapporté par Al Hākim dans son Mustadrak (172/1).
40
Rapporté par Ibn ‘Abdel Barr dans ​jāmi’u l-bayān ​et par Ibn Hazm dans
al-ihkām, s​ a chaîne de transmission est faible.

50
(Al Muta’akhirūn) ont [quant à eux] dit qu’elle [se
classait] en cinq catégories :

1- Obligatoire : telle que la transcription de la


science.
2- Recommandée : telle que Šaĺāț At-Ťarawīh.
3- Proscrite (Harām) : tels que les impôts [non
légiférés] et autre que cela.
4- Détestable (Makrūh) : tel que le fait de spécifier
certains jours aux adorations.
5- Permise (Mubāh) : telles que les inventions
culinaires et vestimentaires des gens, ‘Ā’isha -
qu’Allāh l’agrée - à cet effet a dit : « Il n’y avait pas
au temps du prophète ‫ ﷺ‬de cribles41 ».

Le second point : De l’examen intellectuel


(An-Nadhar) et de l’imitation fidèle (At-Taqlīd).

Ceci car la croyance s’obtient soit par l'examen


intellectuel, soit par fidèle imitation. Quant à
l’imitation fidèle, les savants ont divergé à ce sujet :
la doctrine des théologiens scolastiques (Al
Mutakalimūn) est qu’il n’est pas permis [de
procéder ainsi en matière de croyance] et que
[l’être] n’en est pas récompensé. La plupart des

41
Appareil à fond plan comportant des ouvertures calibrées, utilisé pour
séparer, suivant leur grosseur, des fragments solides. (Larousse).

51
traditionalistes ( Al Muhadithūn) ont [par contre] dit :
ceci est permis et gratifié auprès d’Allāh, et c’est
[cela l’avis] authentique (As-Sahīh); car en effet le
Messager d’Allāh ‫ ﷺ‬fut convaincu de l’obtention
de la foi des gens par quelle que face que ce soit
entre imitation fidèle et examen intellectuel. [De
plus] s’il avait imposé [aux gens] une argumentation
ou bien un examen intellectuel, l’entrée dans la voie
religieuse en serait que plus difficile pour un grand
nombre de personnes : tel que les gens des
campagnes (non lettrés) et autre qu’eux. En outre,
l’examen intellectuel [afin d’argumenter en matière
de croyance] n’est destiné qu’aux intellects
prépondérants et aux esprits inébranlables, et en
cela les degrés des savants se sont surpassés,
ceci étant une grâce d’Allāh la faisant parvenir à qui
Il Lui plaît.

Ensuite, assurément la meilleure argumentation est


ce dont sur quoi étaient les pieux prédécesseurs
d’entre les compagnons, leurs successeurs
(At-tābi’īn) et les Imām des musulmans. Cela
[consiste] en l’argumentation par le Livre d’Allāh, la
méditation de Ses preuves scripturaires (āyātes), la
contemplation de l’ingéniosité [divine] de Ses
créatures et de [contempler] les merveilles de Ses
conceptions. [Il s’agit également de prendre]

52
l’exemplarité et le suivi des informations
traditionnelles (akhbār) du choisi [d’Allāh] (Al
Muštaphā) ‫ﷺ‬, de la beauté de sa biographie
ainsi que de la superbe de ses indications et
repères. S’en suit [le fait] de purifier la sincérité de
l’amour [voué] à lui et aux membres purs de sa
famille, à ses femmes - mères des croyantes -, à
ses compagnons - honorables et pieux bienfaisants
-, à leurs successeurs (At-Tābi’īne) par excellence
et ce jusqu’au jour des comptes, qu’Allāh les agrée
tous.

53

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