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HORS-SERIE JEUX

Connaissez-vous
la langue
française?
Pascale Cheminée ^

Ce cahier de jeux est édité


en partenariat
entïe rue des écoles et rue cdes écoles
lasociété éditrice du Monde
Connaissez-vous
la langue
française?

vLanTU.

Pascale Cheminée,//ngu/ste

2009, rue des écoles


SOMMAIRE

l?ègles et pièges de la languefiançaise


Autour de la phrase 8
Un peu d'analyse 9
Un, une, des... déterminant(s) 10
Les remplaçants du nom 11
Impossibles accords 12
Récréation littéraire : grammaires d'autrefois 14
Masculin et féminin 15

En genre et en nombre 16
Ils se ressemblent 18

Des points et des accents 20


Récréation littéraire : histoire d'accents 21

Lettres muettes et lettres doubles 22

Toutes les façons d'écrire un son 23


Vous avez dit conjugaison ? 24
Des temps à concorder 26
Récréation littéraire : jeux de conjugaison 27

^atouï du sens des mots


Les synonymes et les antonymes 28
Récréation littéraire : dictionnaires des synonymes 30
Les paronymes 31
Au propre et au figuré 32
Les mots et leur famille 33

Des sens tout en nuances 34

Célébrés figures de style 36


D'où vient le français ? 38
Drôles de noms 40
Wots d kieï et d adleuïs
Un peu d'histoire 42
Récréation littéraire : premiers textes en français 43
Les mots oubliés 44
Les expressions oubliées 45
Les proverbes oubliés 46
Récréation littéraire : premiers dictionnaires 47
Le français des provinces 48
Les mots de la francophonie 49

ançais sous la plume


Portraits d'auteurs 50

Au cœur des œuvres 52


Récréation littéraire : quelques belles pages... et d'autres 54
Des rimes et des vers 56

Jeux de mots, jeux de langue 58


Récréation littéraire : poèmes pour les yeux 60
Récréation littéraire : rébus 61

cXes expLeations
Règles et pièges de la langue française 62
Autour du sens des mots 73

Mots d'hier et d'ailleurs 83

Le français sous la plume 88

Édité parla Société éditrice du Monde (SA)


80, bd Auguste Bianqui - 7501 3 Paris
Président du directoire, Directeur de ia publication : Éric Fottorino
imprimé en Italie par Stige- Via Pescarito, 110, 10099 San Mauro (TO)
Commission paritaire des journaux et publications : n°0712 G 81975
ISSN : 0395-2037
Dépôt légal : mars 2009.
Numéro hors-série réalisé en partenanat avec rue des écoles.
AVANT-PROPOS

onnaissez-vous la langue française ? Plus on est ailé à l'école, et moins l'on est assuré de
sa réponse, car la maîtrise de cette langue, tel un mirage, s'éloigne au fur et à mesure que
l'on croit l'atteindre.

L'histoire de l'orthographe du français - aussi mouvementée que celle du pays - en fait une
des langues les plus difficiles à écrire. Les invasions successives du territoire, les échanges
intellectuels avec les savants de toute l'Europe depuis le haut Moyen Âge, la découverte du
monde habité par les intrépides navigateurs de la Renaissance, les événements politiques de
toutes sortes, les immigrations diverses, la conquête d'un grand empire colonial, ont enrichi le
vocabulaire français de milliers de concepts et de mots. Par le travail des grammairiens comme
par celui des poètes et écrivains qui s'en sont emparés, la langue française s'est progressivement
stabilisée. Apartir du xvf siècle, les lexicographes ont commencé à décrire et enregistrer les
sens des mots. En quelques centaines d'années, le français s'est doté d'une syntaxe et d'un
vocabulaire si nuancés qu'il est devenu la langue privilégiée de la diplomatie.

Cette langue avec laquelle on peut tout dire... ou presque tout, la connaissez-vous ?
Nous proposons à la sagacité des lecteurs - avant tout pour leur amusement - des jeux et
des quiz pour qu'ils s'assurent de leurs connaissances ou en acquièrent d'autres, tant sur les
chausse-trapes de l'orthographe que sur celles de la grammaire et de la conjugaison.
Nous partagerons avec vous les mille plaisirs des traditionnels jeux auxquels invite la langue
française, de l'homophonie à la paronymie, en passant par de savantes et poétiques «rimes
à l'œil », des vire-langues, ou encore des vers holorimes, c'est-à-dire qui riment d'un bout à
l'autre, tel le fameux : «Gai, amant de la reine, alla, tour magnanime / Galamment de l'arène à
la tour Magne à Nîmes. »Saurez-vous donner des synonymes de coruscant ou de coquecigrue ?
Distinguerez-vous bien la collusion de la collision ? Les étymoiogies populaires, des étymologies
savantes ?

Les mots voyagent dans l'espace, maisaussi dans letemps. Ils disparaissent, tombent dans l'oubli
pour renaître parfois. Par ailleurs, le français ne se résume pas à celui de Paris : il y a celui des
régions, mais aussi ceux de toute la francophonie, si riches dans leurs différences d'approche de
la réalité. La plupart des gens voyagent aujourd'hui, et les mots des régions comme ceux de la
francophonie sont un peu moins étrangers à nos oreilles. Devinerez-vous, cependant, ce qu'est
la cinse ou ce que signifie l'adjectif bobet, qui nous vient d'un pays frontalier ?
Enfin, aucune langue ne peut exister sans la virtuosité linguistique de certains de ses locuteurs,
écrivains et poètes, qui mettent en mots leur expérience du monde et celle de leurs contemporains.
Que la littérature soit orale ou écrite, c'est elle qui donne ses lettres de noblesse à toute langue. Un
dernier chapitre vous conduira à la rencontre des plus belles plumes de la littérature française.

Au moment de la Semaine de la langue française, c'est donc à un parcours ludique et savant à


travers tous les aspects de la langue française, formel et sémantique, historique et contemporain,
régional et francophone, « standard » et littéraire, auquel nous vous invitons dans ce cahier.

Pascale Cheminée.
La t

iCinûLiCJ^CinÇCltSC arhonneur
es derniers mois portent la marque d'un véritable bouillonnement culturel autour des mots et de la langue française.

c Livres, sites Internet, émissions télévisées ou de radio, festivals, colloques, rubriques spéciales dans la presse...
Sans prétendre à l'exhaustivité, voici quelques exemples de cette production pléthorique sur la langue.

2008-2009 • Grozdanovitvh Denis, Le Petit Grozda - Les Merveiiies


LA LANGUE FRANÇAISE AU CŒUR oubliées du Littré, Points, février 2008.
DE L'ACTUALITÉ DU LIVRE • Rat Maurice, Dictionnaire des expressions et locutions
traditionnelles, Larousse, janvier 2008.
Comprendre le monde d'aujourd'hui
par les mots Connaître les régies

• Jacquilu\t Bertrand, Lévy-Garboua Vivien, Les 100 mots • Eluerd Roland, La Langue française pour tous,
de la crise financière, PUF, janvier 2009. rue des écoles éd., janvier 2009.
• Lautier Delphine, Simon Yves, Les 100 mots des • Dictionnaire maxipoche des régies du français,
marchés dérivés, PUF, janvier 2009. Larousse, juin 2008.
• Guillemard Colette, Les Mots d'origine gourmande, • Denis Delphine, Sancier-Chateau Anne, Grammaire du
Belin, novembre 2008. français, LGF - « Le Livre de poche », mai 2008.
• Courtois Martine, Les Mots du vin et de l'ivresse, Belin- • Juu\uD Jean-Joseph, Le Cahier de lettres et langue
ISB, novembre 2008. française pour les nuis, First, coll. « Pour les nuls », mai
• Gauchon Pascal, Huissoud Jean-Marc, Munier Frédéric, 2008.

Tellene Cédric, Les 100 mots de la géopolitique, PUF, • Boussinot Roger, Synonymes, analogies et antonymes,
septembre 2008. Bordas, mars 2008.
• Le Fur Dominique, Rossi Jennifer, Vérifiez votre
Redécouvrir des mots oubliés, orthographe. 64 000 mots. Le Robert, janvier 2008.
des proverbes, des expressions
Partir à la découverte des mots
• Lagane René, Locutions et proverbes d'autrefois, Belin, et de leur origine
novembre 2008.
• Papin Yves D., Les Expressions bibliques et • Le Vocabulaire de la francophonie. Éditions Garnier,
mythologiques, Belin, novembre 2008. octobre 2008.
• Weil Sylvie, Trésors des expressions françaises, Belin, • Le Vocabulaire du français des provinces. Éditions
novembre 2008.
Garnier, octobre 2008.
• Le Dictionnaire du français oublié. Éditions Garnier,
• Kabouri Line, Maire Patricia, Houssemaine-Florent
octobre 2008.
Hélène, Ouvrard Christine, Le Petit Larousse illustré,
• Tillier Marianne, Les Expressions de nos grands-mères.
édition 2009, Larousse, juillet 2008.
Points, octobre 2008.
• Rey-Debove Josette, Rey Alain, Le Nouveau Petit Robert.
• Pivot Bernard, 100 expressions à sauver, Albin Michel,
octobre 2008.
Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue
• Bernet Charles, Rézeau Pierre, On va le dire comme française, édition 2009, Le Robert, juin 2008.
ça. Dictionnaire des expressions quotidiennes, Balland, • Olivier Bertrand, Histoire du vocabulaire français,
septembre 2008. Éditions du Temps, juin 2008.
• Calvet Guy, Petit vocabulaire et expressions en patois • Dictionnaire étymologique de la langue française, PUF,
du Midi. Pardine i, Lacour, juin 2008. mars 2008.

M
LE FRANÇAIS SUR ETOILE • Le colloque international (DIACHRO-IV) «Le français
en diachronie » s'est tenu du 22 au 24 octobre 2008
• Nous vous invitons à découvrir Langue sauce à Madrid.
piquante, le blog des correcteurs du Monde.fr : http:// • 21 nov. 2008 : journée d'étude « Histoire et actualité
correcteurs.blog.lemonde.fr/ de la langue française ».
• « Une histoire de langue : le métier d'historien »,
• A côté des mille et un dictionnaires de français, de X® Forum du CIEP sur l'actualité de la langue fran
synonymes et antonymes, etc., à côté du Trésor de la çaise organisé par le Centre international d'études
langue française mis à disposition de tous, et combien pédagogiques le 2 décembre 2008.
utilisé, l'Académie prend sa place. Les deux derniers
fascicules du tome III de la 9= édition du Dictionnaire de ^ LANGUE EN DÉBAT
l'Académie française sont en effet en ligne depuis juin
• Actualité des langues régionales : « L'Assemblée
2008 : de « patté » à « périodiquement » et de « périoste »
nationale a décidé d'inclure la reconnaissance des
à « PIÉCETTE ».
langues régionales dans le projet de réforme des
institutions » (mai 2008).
LA RECHERCHE EN LANGUE FRANÇAISE 12 juin 2008 ; l'Académie française prend parti contre
la reconnaissance des iangues régionales dans la
• Une nouvelle équipe de recherche à l'ATILF Constitution, parce que celle-ci qu'elle porterait atteinte
(laboratoire «Analyse et traitement informatique de la « à l'identité nationale ».

langue française » du CNRS) est constituée en octobre • Langue française - Derrière l'adjectif, une personne :
2008 autour d'Olivier Bertrand : « Histoire du lexique La Lettre du CSA n°218 de juillet 2008 portait sur
politique français dans le cadre du projet européen « L'emploi de "handicapé" comme substantif ». Plusieurs
lettres et courriels ont été adressés au Conseil pour
ERG-Starting Grant ».
dénoncer dans les médias l'emploi systématique
• Le 1®'' Congrès mondial de linguistique française
du mot « handicapés » pour désigner les personnes
(CMLF-08) a eu lieu à Paris, du mercredi 9 au samedi
handicapées.
12 juillet 2008, et a présenté un état de la recherche • L'orthographe est-elle en crise ? C'est la question qu'a
dans ce domaine. Le 2® Congrès (CMLF-2010) se posée Le Monde en décembre dernier à André Chervel,
tiendra à La Nouvelle-Orléans, États-Unis, du 12 juillet dans un entretien au sujet de son livre L'Orthographe
au 1 5 juillet 2010. en crise à l'école. Et si l'histoire montrait le chemin ?

Actualité des mots marins, sorte de serpents capitalistes, réplique de la taupe


révolutionnaire. Mais de la pénombre des cavernes et du

et mots de l aetualité capitalisme est né un risque « systémique », des souterrains


de l'immobilier sont nées des bêtes inconnues : « swap »,
par Jacques Fournier «titrisation » et autres « hedge funds ».

La langue n'est pas seulement d'actualité, elle est Devant le gouffre qui s'ouvre, on est insensibiement
l'actualité. Elle l'invente, elle la cisèle, elle la décrit. Elle passé de l'unité, celle des milliards de la Société
sert aussi à certains à la masquer. générale, à la dizaine de milliards du plan de relance
français, aux milliers de milliards de l'aide américaine
Lacrise a inventé ses mots, àtel point qu'on peut considérer aux banques, aux dizaines de milliers de milliards du
qu'il y a des mots de lacrise dont la progression sémantique risque encouru par tous, c'est-à-dire par nous. Comme
décrit l'ampleur des « subprimes », phénomènes sous- si les mots n'arrivaient pas à dire les chiffres.

|6
• À la télévision aussi, les courtes émissions sur les
PROFESSION :
mots ont fleuri, qu'il s'agisse des mots de la banque,
COACH EN ORTHOGRAPHE !
des mots de l'actualité et autres « mots du jour ».

ÉVÉNEMENTS
Jls ont un niveau l?ac+2 ou bac+S, occupent des
postes à Responsabilités mais malmènent à l écRit • Ailleurs, capteur, clair de Terre, clic, compatible,
désirer, génome, pérenne, transformer et vision sont les
la langue de Woliéïe ! 2)e nombïeux cabinets dix mots sélectionnés pour illustrer « Des mots pour
demain », thème de l'édition de 2009 de la Semaine
de RecRutement et entRepRises disent avoiR constaté
de la langue française qui vient de s'achever (du 16
des lacunes en oRtkogRapbe chez les cadïes, et les au 23 mars 2009). Il s'agit de montrer que demain
peut se dire en français et que notre langue dispose de
invitent àfaite une petite Remise à niveau !
toutes les ressources nécessaires pour s'adapter aux
évoiutions du monde. Qu'ils relèvent de la science et
des techniques ou qu'ils expriment un regard sur le
DES MEDIAS ET DES MOTS
monde, les dix mots choisis illustrent la capacité de
notre langue à dire et à imaginer l'avenir.
• À mi-chemin entre la défense et la promotion du
français dans la francophonie et l'intérêt du simple • La Semaine de la francophonie (14" édition) a eu lieu
auditeur ou téléspectateur, se multiplient les chroniques du 14 au 22 mars 2009, la Journée internationale de la
sur la langue française. On se souvient de celle qu'Alain francophonie se tenant le 20 mars 2009.
Rey a tenue sur France Inter tous les matins pendant
des années, très écoutée {Le Mot de la fin). Les radios • Le Printemps des poètes, du 2 au 15 mars 2009.
francophones en proposent toujours de nouvelles,
par exemple, sur RFI, Les Mots de l'actualité, « une • La Journée des dictionnaires a lieu le mercredi
chronique pétillante qui éclaire en deux minutes un 22 mars 2009 à l'université de Cergy-Pontoise sur le
mot ou une expression de l'actualité », ou encore La thème « Les dictionnaires institutionnels, l'Académie
Danse des mots, présentée par Yvan Amar, « qui montre française et le TLF ».
bien l'intérêt extrêmement sensible que l'on porte
aujourd'hui à nos façons de parler ».

Ce n'est pourtant pas par manque de rationalité ou de valeurs qui ont été balayées par l'idéologie régnante
volonté de s'accrocher au réel que nos financiers ont d'avant la crise.

péché. Plus ils ont inventé d'instruments financiers Si «spéculation », « immobilier », « plus-value », « pouvoir
sophistiqués, plus nos traders et autres gestionnaires d'achat »emplissent les colonnes, les connections ADSL
de titres ont eu besoin de s'ancrer - rassurez-vous : et les émetteurs mobiles, un seul et rare - pourtant
uniquement par les mots - dans le réel. Ils n'ont pas lourd de sens et d'histoire - semble oublié, celui de
hésité à qualifier leur système, totalement virtuel, de « solidarité ». La gauche se cherche. Les leaders trouvent
« production », de parler de « stock » là où il n'y a que les mots pour dire leur désarroi mais n'ont pas encore
des lignes de code. Là encore, les mots désignent et trouvé ceux qui exprimeraient combien les vieillesvaleurs
permettent de masquer. avaient du sens.
La crise oblige l'industrie à se réinventer. Elle nécessite
Force et actualité des mots... et silence assourdissant aussi de retrouver ou d'inventer des mots pour dire
des mots qui parlent des oubliés de la crise ou des l'avenir.
RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

Lejugement que nous faisons des

Autour de la choses, comme quand Je dis :


la terre est ronde, s'appelle

ïase PROPOSITION, et ainsi toute

proposition enferme nécessairement


a première grammaire française Lesclaircissement de la langue

I
deux termes : l'un appellé sujet, qui
francoyse date de 1530, Elle a été écrite en anglais par le
est ce dont on affirme, comme terre,
grammairien Paisgrave, à l'usage de ses compatriotes qui
voulaient apprendre le français. C'est donc une grammaire de «français & l'autre appellé attribut, qui est ce
langue étrangère », comme nous dirions aujourd'hui. C'est dire que bien
que Ton affirme, comme ronde...
des termes grammaticaux ont été créés à cette époque. C'est le cas
du mot proposition que nous devons à la Grammaire générale de ces
Extrait de la Grammaire générale, 1660.
Messieurs de Port-Royal.

1. Comment appelle-t-on la phrase suivante ? 4. Trouvez toutes les conjonctions qui expriment la
La discussion a continué. conséquence.
si bien que
a. une phrase simple
puisque
b. un énoncé libre sous
prétexté ÇfUe non que
c. une phrase juxtaposée
au point que de façon que
2. « Raymonde prêta l'oreille. De nouveau et par
deux fois le bruit se fit entendre, assez net pour comme ^^Hement sorte que
qu'on pût le détacher de tous les bruits confus qui
formaient le grand silence nocturne, mais si faible 5. « Je la tins contre moi, Je me mis à pleurer :
qu'elle n'aurait su dire s'il était proche ou lointain, c'était le premier, c'était le seul rêve. »
s'il se produisait entre les murs du vaste château, ou (Jean-Luc Godard, Pierrot le Fou)
dehors, parmi les retraites ténébreuses du parc. » Les propositions de cette phrase sont :
(Maurice Leblanc, L'Aiguille creuse)
a. subordonnées.
Trouvez toutes les conjonctions de coordination
b. coordonnées.
dans ce texte.
c. juxtaposées.

6. Comment appelle-t-on une phrase composée


LE SAVIEZ-VOUS ?
de plusieurs propositions ?
a. une multiphrase
Une constiuction liés fiéquente aujoWid kui b. une phrase à tiroirs
telle que «les signes typogïapkiques et c. une phrase complexe

de ponctuation », qui ïelie un adjectifépitkète 7. Dans ces deux phrases, la suppression des
coordinations ou des mots subordonnants est
et un complément du nom, est un ZCU0KT16,
voulue par les auteurs, mais pour quel effet ?
une cooïdination fautive. • « Le lait tombe : adieu, veau, vache, cochon,
couvée » (La Fontaine)
• « Il avait envie de se Jeter à ses genoux. Un
3. Quelles conjonctions sont suivies du subjonctif ? craquement se fit dans le couloir, il n'osa. » (Flaubert)
a. alors que b. après que a. accélération
c. bien que d. avant que b. économie
e. pour que f. parce que c. ironie

>- Solutions et explications p. 62


RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

Un peu I L'ANALYSE GRAMMATICALE

d'analyse • • •
<^lle s intéïesse à la natale, à la fol me et à
la fonction d un mot : «'dbonnez-moi votle
pouls >' (Wolléle). Pouls : nom commun
1. Donnez la nature des mots en couleur.
« Le Proviseur nous fit signe de nous rasseoir. » (natale), masculin singuliel (folme),
(Flaubert, Madame Bovary)
complément d objet dilect du velbe donnel
a. adjectif
b. sujet (fonction). Jla natale d un mot est
c. groupe nominal
l infolmation fournie pat tout dictionnaile
2. Donnez la nature des mots en couleur. de langue, avant même la déj
Elle l'a vu hier

a. pronom
b. sujet 6. Donnez la nature des mots en couleur.
c. déterminant
Notre voyageur, voyant cette maison, pensa que
l'aventure était terminée.
3. Dedans, sur, ni, quand, au fur et à mesure,
dans, comme, « eh merdre ! » (Jarry), si, ou, que. a. adjectif possessif
Tous ces mots sont invariables. Retrouvez la classe b. pronom démonstratif
grammaticale à laquelle ils appartiennent et rangez- c. déterminant

les au bon endroit.


7. Donnez la fonction du mot en couleur.
« Sans avertir personne, j'escaladai la voiture
conjonctions de
cahotante. » (Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes)
coordination

a. attribut
conjonctions de b. participe
subordination
c. épithète
Interjections >-
8. Quelle classe grammaticale attribueriez-vous à
prépositions >- chaque mot en couleur ?
a. Il a une grave crise de paludisme.
adverbes >-
b. Il délire grave, le mec I
c. C'est un genre de question que je ne me pose pas.
4. Donnez la fonction des mots en couleur. d. Elle est rentrée tard, genre minuit,
« il aperçut entre les branches une lumière. » e. l'm'fait : «c'est mon problème», genre «j't'ai rien
(Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes). d'mandé ».

a. groupe nominal tR;-

b. complément d'objet direct


-V^
. La phrase suivante s'interprète de deux
c. complément d'objet indirect
manières, selon la classe grammaticale que
l'on attribue aux mots. Retrouvez les deux
5. Donnez la fonction des mots en couleur.
interprétations possibles !
« Notre chambre, comme je l'ai dit, était une grande
La belle porte le voile.
mansarde. » (Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes)
a.
a. groupe nominal
b. complément d'objet direct b.
c. attribut du sujet

>• Solutions et explications p. 62

M
RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

Un, une...
des 5
haque époque est caractérisée par ses centres d'intérêt. La réflexion sur la langue et le langage a été
particulièrement florissante en Europe au siècle, ce qui nous vaut un changement souvent radical dans la
terminologie grammaticale. Ainsi, ce que l'on appelle désormais la classe des déterminants permet de regrouper
tous les mots qui servent à déterminer le nom, dont l'article n'est que l'un des représentants. Ceux qu'on appelait
les adjectifs possessifs, démonstratifs, numéraux, indéfinis, interrogatifs, exclamatifs et relatifs sont désormais des
déterminants.

1. Les déterminants suivants, le, tels, un, des, le, sa, 4. Le vieux mot maint est :
ce, ses, r, son, cette, ont chacun leur place dans le
a. un adverbe.
texte de Kafka. Certains se répètent. Àvous de jouer !
b. un ancien adjectif numéral.
c. un déterminant indéfini.
« K. sentait bien que, malgré tous ... efforts pour
suivre ... pas de Barnabé, il l'empêchait de marcher V
librement et que ... détail aurait tout fait échouer
5. Beaucoup de, n'importe quel, suffisamment
même en temps ordinaire, surtout dans ... ruelles
de, moins de, trop de... Ces locutions sont des :
comme celle où la neige l'avait déjà paralysé ...
après-midi et dont il ne pourrait jamais sortir que a. adverbes.
porté par Barnabé. Mais il chassait de ... soucis de b. déterminants indéfinis.
... esprit et... silence de Barnabé l'encourageait ; c. locutions conjonctives.
s'il se taisait, Barnabé lui-même ne pourrait que
continuer à marcher en ... compagnie pour que
6. Dans la phrase Plusieurs enfants ont pris une part
...rencontre eût ... but. »
de gâteau au chocolat, le mot en couleur est un
(Franz Kafka, Le Procès, éditions Gallimard, 1965)
déterminant :

2. Rangez chaque déterminant au bon endroit : a. indéfini.

ta, le premier, notre, vos, leurs, cette, quels, duquel, b. démonstratif.

cent, un, aucun, quelques, quel, chaque, plusieurs, c. possessif.


quelle, auquel, ces, tout.

possessifs LINGUISTIQUE STRUCTURALE

indéfinis >>

démonstratifs >-
Jla pkïase est ïéduite à tiois «constituants »
numéraux pWi unefoïmule devenue célèlrie :
interrogatifs ou GN + GV + (S PRÉP.),
exclamatifs qu dfaut entendie comme gioupe nominal +
relatifs >- gloupe vellral + syntagme plépositionnel, autïe
façon de désigneï le complément ciïconstanciel,
3. J'ai acheté du café. Donne-lui de la tarte.
Ces déterminants sont des :
dont les paîenthèses indiquent le caïactéle facultatif.
a. articles indéfinis.
Jde GNpeut êtïe ïéduit à un nom, voiïe un
b. articles partitifs. p'ionom, et le Gy à un seul vethe.
c. articles définis.

Solutions et explications p. 63

I 10
RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

du nom
1. À quel type de pronoms avez-vous affaire ? 6. Une seule de ces deux phrases est correcte.
Reliez comme il convient. Laquelle ?
a. J'ai vu le film dont vous m'avez parlé du scénario.
pronom personnel y
b. J'ai vu le film du scénario duquel vous m'avez parlé.
pronom démonstratif le deuxième

pronom possessif ça

pronom numéral aucun

pronom indéfini quoi


cJle saviez-vous ?
pronom interrogatif que On païle de pîonoin «de majesté »dans le cas
pronom exclamatif sol du nous employé paï de hauts peïsonnages :
pronom relatif à quoi
«Jle \oi dit : lions voulons. »Wais on païle
pronom adverbial le mien
de plonom «de modestie »loïsqu il s agit du
2. Le pronom personnel indéfini on : nous ou du on généralement employés dans des
a. peut remplacer toutes les personnes. travaux de recherche, le scientifique marquant
b. remplace uniquement la A'' personne du pluriel.
c. remplace la 2® personne du singulier et la
ainsi la conscience qu il a de la relativité de ses
1 personne du pluriel. découvertes par rapport à ses prédécesseurs.
3. Quelle est l'étymologie du pronom indéfini on ?
a. Il vient du latin omnis.
7. On rencontre souvent la formule Entendu, je lui
b. Il vient de l'ancien français oncques.
c. Il vient du latin homo.
dirai, au lieu de je le lui dirai. Cette omission du
pronom cod porte un nom chez les grammairiens.
•V Lequel ?
LU

4. L'une de ces constructions porte le joli a. ellipse


nom de « datif éthique ». Laquelle ? b. haplologie
c. éllslon
a. Il t'a pris un de ces tournants... !
b. Je le lui ai proposé.
8. Quelle est la proposition correcte ?
c. Cela n'éveillait en elle aucune réaction.
a. la nuit qu'il fut arrêté
b. la nuit où II fut arrêté
5. Les pronoms personnels n'ont pas la même
forme en français selon leur fonction. Ainsi, dans 9. Chassez l'intrus !
la phrase II le lui a dit, il est un pronom personnel
a. Le jour ou tu viendras, je ne serai pas là.
sujet, le, un pronom cod et lui, un pronom coi.
b. J'ai cassé la montre que mon parrain m'avait offerte.
Pourquoi ces formes sont-elles différentes ?
c. La soirée a laquelle Léa nous a invités était très réussie.
a. Pour ne pas les confondre. d. Je pense que tu as raison.
b. C'est un reste du latin. e. Embrassez qui vous voudrez.
c. Les pronoms ont des étymologies différentes. f. Qui vous êtes, au fond, ne me regarde pas.
Solutions et explications p. 63

I
REGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE ERANÇAISE

Impossibles '£^r.
accoïds I et t cxjuïnB
u/n

i de temps à autre vous écoutez les conversations et focalisez votre attention sur ^ dit ou
S l'accord du participe passé, vous observerez un hiatus impressionnant entre l'oral
et l'écrit. Vous serez surpris de voir que les gens cultivés ne font plus l'accord à
l'oral. Vous entendrez une femme se plaindre que son mari l'a pris en otage, un homme ^ diAent...
politique, qu'oucune personne ne prendra l'Eurostar sans être soumis à un contrôle
systématique. C'est jusqu'aux tournures réfléchies (sa robe s'est pris dans la portière) et
à l'accord des adjectifs qui sont menacés. La tendance est à l'invariabilité. Influence de
l'anglais ? Qui sait I

1. Le verbe s'accorde en genre et en nombre avec 5. Quelles phrases contiennent des erreurs ?
son sujet, tout le monde le sait. Mais quand il y a
a. Davantage serait venu.
plusieurs sujets, les choses se compliquent. Que
b. La plupart des spectateurs a aimé la pièce.
doit-on dire selon vous ?
c. La plupart des spectateurs ont aimé la pièce.
a. L'un ou l'autre viendront. d. Plus d'un spectateur sont partis.
b. L'un ou l'autre viendra. e. Moins de deux spectateurs est parti.
c. Ni l'un ni l'autre ne viendront.
d. Ni l'un ni l'autre ne viendra. 6. Quelles phrases sont correctes ?
a. La moitié des pommes n'est pas mûre.
2. Que doit-on dire selon vous ?
b. La moitié des pommes ne sont pas mûres.
a. Une troupe de soldats sont venus en renfort. c. La moitié du tas de pommes a dévalé l'escalier.
b. Une foule de partisans l'a acclamé.
7. Quelles phrases sont correctes ?
3. Un infinitif, et même plusieurs, peuvent être
a. Je suis la première qui l'a vu.
sujets d'un verbe. Que doit-on dire selon vous ?
b. Je suis la première qui l'ai vu.
a. Exister, penser, résister est le programme de ces c. Tu es la seule qui l'as su.
jeunes contestataires. d. Tu es la seule qui l'a su.
b. Exister, penser, résister sont le programme de ces
jeunes contestataires. 8. Voici un problème de pourcentages.
Quelle phrase est correcte ?
4. Pour quelles phrases doit-on faire l'accord ?
a. 60 % des consommateurs sont satisfaits.
Réécrivez le participe comme il convient.
b. 40% du parti est opposé au projet.

J'ai fait monter en bague une des pierres V


que tu m'as (donner).
9. Accordez correctement les verbes
C'est un des romans les plus fantastiques pronominaux.
qui a été (choisir) pour le prix.
a. Elle s'est (emparer) de la lettre.
C'est un fils ou une fille de Mme X qu 'on b. M'^= de Vareux s'est (souvenir) du
a (charger) de vous informer. jeune homme.
c. Elle s'est (méfier).
Ce n 'est ni la carrière ni la célébrité que
d. Ils se sont (entraider).
j'ai (rechercher).

I 12
RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

10. Accordez correctement les verbes pronominaux. 1 5. Quel accord feriez-vous quand le participe
passé est suivi d'un infinitif ?
a. Elle s'est (apercevoir) de son erreur.
b. Ils se sont (douter) de quelque chose. a. Je l'ai (entendre) chanter, elle a une voix superbe.
c. Elles se sont (taire). b. Je connais cette histoire, je l'ai (entendre) raconter
à la radio.

11. Accordez correctement les verbes pronominaux. c. Elle a visité tous les musées qu'elle a (vouloir).

a. Ils se sont (raser).


b. Elle s'est (couper) les ongles.
16. Faites l'accord du participe passé
c. Elle s'est (laver).
dans ces formules toutes faites.
d. Elle s'est (laver) les mains.
e. Ils se sont (embrasser). a. (Passer) la surprise, Marie-Alix a commencé
à s'interroger
12. Accordez correctement les verbes pronominaux. b. les documents ci-(joindre)
c. ci-(joindre) les documents
a. Les éclairs se sont (succéder) toute la nuit.
d. (Voir) les dégâts, le préfet a dépêché un
b. Elles s'en sont (rendre) compte.
émissaire à la capitale.
c. La voiture qu'il s'est (acheter) est superbe.
d. Ils se sont (acheter) une nouvelle voiture.
17. Attention aux pièges : accordez comme il convient.
1 3. Accordez correctement les verbes impersonnels.
a. les cent kilos qu'il a (peser)
a. Les dégâts qu'il y a (avoir) sur les bâtiments sont b. les efforts que cela m'a (coûter)
dus à la dernière tempête. c. Les trente-cinq ans que Mozart a (vivre) lui ont
b. Il est (arriver) des messages de l'étranger. permis de composer une œuvre immense.
c. La chaleur qu'il a (faire). d. les bêtises qu'il a (faire)
e. Elle l'a (échapper) belle.

LE SAVIEZ-VOUS ?
18. Accordez correctement le verbe faire au
participe passé. Il réserve souvent des surprises I
J1 acco'icl du palticipe passé apiès le veïbe avoéi
a. Les cuivres brillent, elle les a (faire) astiquer.
est coulant dés la (dkanson de Idoland. Iflais b. Quelle belle chanteuse elle aurait (faire) si
seulement elle avait travaillé !
c est le poète Clément Yllalot (^96-15'^^) qui c. Elle s'est (faire) fort de me le prouver par a + b.
l afolmulé le pïemiel. Uaugelas, pal la suite, et
19. Faites l'accord qui convient.
les gïammailiens aplés lui, en ont déclit avec un
a. Malgré le peu d'instruction qu'il a (avoir), il a réussi
soin laffiné les mille et une exceptions. professionnellement.
b. Le peu d'expérience qu'il a (acquérir) lui a été utile.

14. La colonne A donne l'exemple, la colonne B donne la règle.


Reliez chaque règle à son exemple.
A B
Des voitures, il en a tant (conduire) En précédé d'un adverbe de quantité et suivi de la prép. de,
qu'il s'en est lassé. moins de, autant de ; participe invariable.
Si en est précédé d'un COD, mais n'a pas d'action sur le
2 J'ai acheté des livres, et j'en ai (vendre).
participe : accord.
Quand l'adverbe de quantité est placé après en .• participe
3 Jamais je n'oublierai les choses qu'il m'en a (dire). invariable.

4 II a remporté autant d'affaires qu'il en avait (apporter). 4 En, seul complément, est COI : pas d'accord.

Solutions et explications p. 64

13|
REGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

La
récréation llttéïaiïe
GRAMMAIRES D'AUTREFOIS

APPRENONS ••••••••••••••••••laaa.*.
i" Leçon. — Les noms de personnes. I Le père, la mère, les enfants sont des noms de per-
• sonnes.

EXERCICES I 3. Copions fit soulignons les noms de personnes.

ieu/tà 'éi.ûtiie
Observation et Langage. —1. Oùces por.sonnes soti-ouvonl-cflos? —• 2. Com
bien voyez-vous do persoiiiies? — 3. ^'o!nraez•les. ~ 4. Ditc-s ce que fuit
cfiacune trelles? — 5. Cette famille pourrait encore coniprendi-c d'auii'es
/ùA:yÂaM.tA£^-^/U.ici/ciccTiÂ,^éde
personnes desquelles?
s. Copie on dictée.

LECTURE Le retour du père. 'yi'vccccf.o^.

La porte s'ouvre : c'est le père qui rentre de l'ate


lier. Il est tout heureux de retrouver sa femme et
'>9te'i&yd ûcccyie..
ses enfants. La mère prépare le repas; le fils fait
ses devoirs; la fillette joue avec sa petite sœur :
At 77^enÀX^^:'^7^t>n.'Â^ie.
« A table, s'écrie la maman; la soupe est trempéeI »
•lyCtÂÉ&i-
1. Lisons et copions. Voici des noms de per.
GRAMMAIRE
i>. Vosabuiaire. — La famille ; noms de personnes,
lillo so composedu père, de la mère, des fils et des filles, des
grands-parents. Elle comprend aussi les oncles, les tantes et les
cousins.

0. Langage. Trouvons des noms de personnes.


J / 1. Sur la ronto do l'ccoîe, jo l'cncoiitre le fnctcur, la .... les ..., etc.
i. Daus mou village ou dans mon (juartier, ii y a uii corrfumiic.
*2. Ti^ouvons d'autres noms de personnes : exercice oral. •>. Nommez les owtrrierj qui trnvaillcBt le fer, — io bois, — !t
coQstruisent nos maisons, — qui nous {ouroiasent nos alimeuts...
do nous ; à l'école, — au village, — dans In rue...}. •ÉTHOSE kcnvt D£ ORUIlUaiS BT ItE JTUlÇilS

X PREFACE PREFACE. xi
l'efprit de juPicfle &de difiinc- lire idée principale, que tous
tion eft partout !a vraielumiè énoncent, mais que chacundi-
veilific à fa manière par une
U GRAMMAIRE
re qui éclaire; & dans ie dif-
cours il cfl le trair qui diftin- idéeacccûbire qui luiconftitue NOUVELLE
guel'homme délicat de l'hom un caraéfere propre & (îngu- ET LE FRANÇAIS
me vulgaire. lier. La rcfleiiiblance que pro DES PETITS
fCtCM* Bafmittte de* Lpsiua et CalligBti
Pour aqiiérir la jufteiTc, il duit l'idée générale fait donc
faut fe rendre un peu difficile les motsfynonymes; & ladif
fur lesmots; ne point imaginer férence qui vientdel'idéepar LIBRAIRIE FERNAND NATHAN

que ceux qu'on nomme [yno- ticulière quiaccompagne l.i gé-


vymish'foicnt danstoute la ri néralc , faitqu'ilsnele font p.is
gueur d'une rcflcmblauce par parfaitement, & qu'on les dil-
La Grammaire nouvelle
faite , cnforte que le fcns ioit ringtic comme les diverfes et le français des petits,
auffi uniforme entre eux que nuances d'une même couleur.
Librairie Fernand
l'eflla faveur entre les goures Je ne difconviens pas qu'il Nathan, 1 950.
d'eau d'une même fouvcc. Car n'y ait des occafions où il foie
cnle.sconfidérant de près, on aifcz indifférent de choifir:
Verra que cette rcflcmb! ncc 'mais ;c foutiens qu'il y en a en.
ïi'embrafle pas toute l'étendue eorc plus où ils ne doivent ni
& la force de la fignification : ne peuvent figurer l'un poue
qu'elle ne confilfc que dans l'autre, furtouc dans lesouvrai Synonymesfrançais, leurs différentes signification et
le choix qu'il faut en faire pour parler avec justesse,
abbé Girard, Imprimerie de la Veuve d'Houry, 1740.

I
RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

ascuLin et remimn
e français écrit, dont le premier document attesté date de 842, a subi bien des vicissitudes et des évolutions,

X notamment au Moyen Âge. Acette époque où l'on écrivait encore tout à la main, la tâche qui sera dévolue plus
tard aux imprimeurs et aux éditeurs était alors essentiellement assumée par les clercs. Ces savants, qui voyaient
avec regret notre langue s'éloigner de plus en plus du latin, entreprirent de la «rectifier »pour la rapprocher de ses
origines... Hélas, en matière de langue, il est illusoire de légiférer. Orthographes savante et populaire ont donc
cohabité, et ainsi s'est installée cette «cacographie »déplorée depuis le xvi® siècle I

1. Masculin ou féminin ? Barrez l'intrus. 4. Certains homonymes ne sont différenciés que par
apogée anagramme leur genre. Pouvez-vous dire ce que désigne chacun
d'eux ?

Octave égide a. un enseigne :


b. une enseigne :
2. Attribuez le bon genre à chacun de ces noms. c. un aria :
d. une aria :
e. un cartouche :
un une un une
f. une cartouche :
ébène épithète
.tRr
éloge armistice
-V
LU

aérogare oasis 5. De quand date la première proposition de


alluvion oriflamme réforme de l'orthographe ?
arcane antre a. 1 542

anicroche stalactite b. 1880


c. 1990
orbite équinoxe

3. Masculin ou féminin ? Barrez l'intrus.


6. Donnez le féminin de ces noms d'animaux.
tentacule
ecritoire a. corbeau :
b. daim :
^^térisgue haltere
aérolit^® c. manchot :
d. perroquet :
e. moineau :

LE SAVIEZ-VOUS ? f. crapaud ;
g. phoque :

Pai la cilculatie du 6 maïs 1998. le gouveïne- 7. Donnez le masculin de ces noms d'animaux.

ment a tégi la féminisation des noms de métieïs, a. chevrette ;


b. corneille :
des titïes et des fonctions dans les usages offictels
c. chamelle :
et administïatfs. Xa ciiculaiîe ïecommande de d. levrette :
e. hase :
dhe la ministïe, l auteuie, la pasteuïe. f. oiselle :
g. laie :
Solutions et explications p. 65

15|
RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

En
genïe
et en KLOtYl
1. Parmi ces mots, trouvez ceux qui ne s'utilisent
qu'au pluriel. EXCEPTIONS

a. entrailles f. pourparlers
b. embarras g. agrès
noinlj'ieLix mots grammaticaux sont invaiia-
c. frusques h. émoluments
d. prémisses i. appas Ues : les adverbes (sauf toutA les prépositions,
e. catacombes j. annales
les conjonctions, les interjections, quelques
2. Quel est l'intrus ? pronoms et déternrinants. Parmi les noms, les
a. bercails e. ails notes de musique, le nom des mois, les points
b. éventails f. émails
c. gouvernails g. travails cardinaux, les noms déposés, les noms qui se
d. mails h. chandails
terminent par s le sont aussi.
3. Parmi ces pluriels, lesquels sont corrects ?
a. aspiraux d. émaux
7. Quelles sont les formes correctes ?
b. fermaux e. soupiraux
c. baux a. des émeux
b. des émeus
4. Reliez chaque expression au nombre de fautes c. des camaïeux de bleus
qu'elle contient... et corrigez-les ! d. des camaïeus de bleus
e. des enfeus
f. des enfeux
tous les lundi 0 faute

8. Les noms propres sont en principe invariables.


des cuis et des nons 1 faute
Cependant, les noms de population {les Italiens) et
les noms de zone géographique peuvent être au
les pourquoi 2 fautes
pluriel {les Alpes). Cherchez l'erreur.

des yeux de perdrij 3 fautes


a. les Martins
b. les Bourbons
c. les trois Horaces
des chevaux-légers 4 fautes
d. Il y a deux Provences.
e. Toutes les Sorbonnes sont empoisonnées de
réfutations...
5. Quelles sont les formes correctes ?

a. des vais d. des étaux •V


b. des vaux e. des idéals ^ 9. De quand date la première grammaire
c. des étals f. des idéaux française écrite en français ? En connaissez-vous
l'auteur ?
6. Quels sont les intrus ?
a. 1496
a. des aloyaux d. des étaux b. 1 550
b. des joyaux e. des boucaux c. 1 645
c. des sarraux f. des landaux

I
RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

10. Reliez comme il convient adjectifs masculins et 14. Parmi ces accords, lesquels sont corrects ?
substantifs.
a. une demie-heure d. une heure et demie
b. une demi-heure e. nu-pieds
un chou • balais c. une heure et demi f. nus-pieds
un feu • arsin
1 5. On dit d'une brioche qu'elle est :
un rubis • aquilin
a. rassise.
du bois • cabus b. rassie.

des yeux • crossé c. rancie.

un vin • grégeois V

un nez • madérisé 16. A quel domaine l'adjectif féminin peu


un abbé • vairons
habituel ubérale appartient-il ?
a. la médecine

11. Voici trois adjectifs du vocabulaire médical. b. la chasse

L'un est masculin et féminin, les deux autres c. l'architecture

sont masculins. Associez-les à la partie du corps


qui convient. Attention, il peut y avoir plusieurs
combinaisons ! 17. Les adjectifs de couleur en français sont réputés
pour être d'un accord difficile. Pourtant, il y a deux
règles simples à retenir. Quels sont les accords
talus hanche
fautifs dans la liste suivante ?
bote pouls
a. des chemises brique
dicrote pied b. des eaux turquoises
c. des robes rose orangées
d. des papiers ivoires
BON EN ORTHOGRAPHE ? e. des capucines oranges
f. une pierre turquine
g. des pivoines incarnates
oïtkogïapke lexicale, celle des mots, dépend
18. Barrez les adjectifs qui font leur pluriel en -als
de la mémoàe et de l attention qu on a kien
et non pas en -aux.
voulu p'iêteï à la fo^rne des mots. Iflais les fautes
suï le pluïiel et la conjugaison sont des fautes banal

de gïammaiïe, qu on peut évitel simplement en génial


brut a l
appliquant les ïègles d accoïd. f inal

vertical
naval

1 2. Parmi ces adjectifs, lesquels ne peut-on pas mental


tonal
mettre au féminin ?
gla cial

a. fat c. pers
b. saur d. châtain
19. Y a-t-il une erreur ?
1 3. Quel est l'intrus ?
a. l'enseignement laïque
a. dive c. bréhaigne b. l'habit laïc
b. palière d. musagète c. l'école laïque
Solutions et explications p. 66

I
RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

« - Pour Caen quelle heure ?


Ils - Pour où ?

ïessem ment - Pour Caen I

- Comment voulez-vous que je vous

dise quand si je ne sais pas où ?


Ambiguïtés et équivoques - Comment, vous ne savez pas où
u grand dam des logiciens, la langue regorge d'ambiguïtés,

J
est Caen ?
dues à la fois à la polysémie et à l'homonymie - homophonie et
homographie -, ce qui nous vaut, dans la vie courante, nombre - Si vous ne me le dites pas !
de quiproquos et de malentendus. Que ne manquent pas d'exploiter,
- Mais je vous ai dit Caen !
pour notre plus grand plaisir, humoristes, poètes et écrivains. Tout le
monde connaît l'irrésistible échange entre l'employé du chemin de fer - Oui, mais vous ne m'avez pas dit où ! »
et un passager, écrit par Raymond Devos. Celui-ci qui, selon ses dires,
«cherch[ait] tout le temps l'autre face du mot », a tiré les conséquences Raymond Devos
de ces ambiguïtés jusqu'à l'absurde.

1. Quelle est la bonne orthographe ? 3. Quand ou quant ? Complétez.


a. Ça m'énerve 1 a. ... à mol, je vais bien.
b. J'aime çà. b à minuit, j'entendis sonner à la porte, je tremblai.
c. ... aux enfants. Ils jouent sur la plage.
2. Que doit-on écrire ? Cherchez les erreurs.
4. Quel est l'intrus ?
a. le jour ou tu viendras
b. Où m'emmènes-tu ? a. Il est près de se fâcher.
c. Jules ou Jim b. Il a la main prêt du porte-monnaie.
d. Viens-tu où restes-tu ? c. Il est près à partir.
d. Il habite prêt de chez mol.
tiRr

DES LETTRES ET DES SONS


5. Depuis quand a-t-on adopté l'orthographe
de l'Académie française dans les écoles ?
_9l ya plus de vingt-cinq o'itkogïaphes du son
a. 1 694
ÏC/ en fiançais : v-in, im-ku, v-ins, v-int, b. 1793
v-int, inst-mct, v ingt, hein !, s-ein, c-eint, c. 1833
s-eing, s-ain, s-aint, païp-aing, d-aim,
(il/elle) v-ainc, moy-en, conti-ent, tk-ym, 6. Quelles sont les formes correctes ?

s-yn-tkèse, un, ^Jdun, empi-unt, tfl-eung-sui- a. Quoique tu dises, elle me plaît.


JloUie. Id-eims, àj-eun, paif-um... b. Quoique je ne l'aime guère, je viendrai.
ddt ne pailons pas du un de lundi gui oppose le c. J'irai, quoi que tu en penses.
d. Quel que gentil qu'il soit.
Sudau Tloid ! J.efiançais peut s enoigueilliï e. Quelque soit votre intérêt pour elle.
d avoii l une des oitkogiapkes les plus difficiles f. Quels que soient les enjeux.
au inonde, qu un kon élève met une dizaine
d années à acquéiii 1 7. Cherchez l'erreur.

a. On a pas le temps.
* Nous adaptons là un exemple donné par Marina Yaguello dans son livre
Histoires de lettres, te Seuil, coll. « Point virgule », Paris, 1990. b. On est en retard.
c. On avait le choix.

I 18
RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

8. Le nom de la fleur et celui du parfum


commencent de la même façon. Finissez les mots. QUELQUES RIMES RICHES A L'ŒIL
a. ar. b. ar

• J1 kumicùté des istlim.es


9. Il suffit d'une seule lettre pour que cela vous
coûte cher I L'un désigne une contravention et 71e vaut iien pouï les astlunes. (C-ouïteline)
l'autre, un fruit. À vous de retrouvez leurs noms.
a. am de b. am.. de ' Jles poules du couvent
Ont des œufs qu elles couvent. (C-ouïteline)
10. Mon premier signifie « donner », mon second,
« ouvrir la bouche par réflexe, de sommeil, de • dJout v^ai poète tient
faim ou d'ennui », et mon dernier, « rêvasser ».
Complétez.
^fiseï le quotient
a. b er c. b r
2)e ceux qui halljutient. (^. Allais)
b. b er

11. L'un est le supplice, l'autre est le supplicié. 1 5. Trouvez cinq homophones de raie (3^ personne
Complétez. du singulier du verbe rayer). Le son [e], selon les
a. marty b. marty locuteurs, est ouvert ou fermé.

a. r... d. r.
12. Ne nous y trompons pas. À une lettre près, on b. r.. e. r.

verse de ce qui ne dure qu'un an à la scatologie. c. r...

Complétez.
a. an. .1 b. an. 16. Trouvez six homophones de lès (comme dans le
nom de cette commune : Joué-lés-Tours).
a. I. d. I..
DEVINETTE
b. I e. I.
c. I.

Vin sot, monté sut un cheval, poïtait dans un


petit seau le sceau du toi. jLe chevalfait un saut
et /letrwaso/ tomhelnt] à tette.
e ue'i cIb IgT-Ib .
Ou est-ce qui tornhe ?
•neas jiojjsj : ssuodsy
o. Eencldclt et t eni'B'ri,
Xumouieiixc|ui éciit en
1 3. Le premier désigne la cuisse des gros gibiers,
le second, une pièce du veau de boucherie, entre
fhe ven ie ci eau ntein de [unùèie,
queue et rognon. Complétez. X.a Itie pa .;£e
^ de isali
niou

a. cuiss. b. cuiss
a moi, tête en t ail,
14. Une erreur classique : ne confondez pas la Cji.Ldu toujouiiAtout de tmxt'e'Li.
locution adverbiale qui veut dire « à qui mieux
mieux », et le nom d'un vilain sentiment de
Maurice Carême, Le Mot de cocagne. 1963,
jalousie... © Fondation Maurice Carême
a. a I env.. b. l'env..

Solutions et explications p. 67

19|
RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

Des
points et des accents
usage des signes de ponctuation s'est progressivement mis en place à partir du Moyen Âge, La valeur

X conventionnelle des signes a évolué : ainsi, le point-virgule était un marqueur de fin de paragraphe. Jusqu'à
la période classique, la ponctuation a surtout servi à guider la lecture à haute voix, signalant au lecteur là où il
devait reprendre haleine, La ponctuation syntaxique, logique, telle que nous la connaissons aujourd'hui, s'est fixée au
XVIII® siècle, La notation des accents, qui transcrivent la prononciation, s'ébauche au xvi® siècle, mais ne sera définitivement
adoptée - en particulier l'accent grave - qu'à partir des éditions de 1740 et de 1762 du Dictionnaire de l'Académie.

1. Complétez la liste des signes de ponctuation tu ne ponctues pas toute ponctuation virgule ou autre
utilisés en français. Il en manque six ! marque un repos de l'esprit un temps d'arrêt plus ou
la virgule, le point-virgule, le deux-points, le point. moins long une Idée qui est finie ou suspendue et qu'on
sépare de celle qui suit

5. L'accent circonflexe permet de distinguer des


homonymes. Retrouvez l'autre mot de la paire, avec
2. son sens.

4 . 5 . tache >-

matin ^

6 . pâle

rôder >-
2. Que marque la ponctuation dans cette célèbre
forêt >-
phrase extraite de VÉducation sentimentale de
Flaubert : «À mon âge I Lui I Frédéric !... » ?
6. Rétablissez le tréma sur ces mots. Attention, l'un
a. l'agacement d'eux n'y a pas droit I
b. l'indignation
c. une grande émotion
ciguë ambiguité
3. Ces mots ont-ils perdu leur accent circonflexe ou
n'en ont-ils jamais eu ? Corrigez seulement s'il le faut. homogénéité iambe
a. abime e. bâillon
égoiste capiiatnaum
b. zone f. boiter
c. goitre g. brailler
d. faite h. ragoût
V
7. Les mots allègrement, allégement,
4. Ponctuez ce texte de Guizot, auteur de la loi
événement, médecin comportent des accents
de 1833 qui a rendu obligatoire l'orthographe de aigus. Pourquoi ?
l'Académie dans toutes les écoles I
a. La prononciation a évolué et l'accent est resté.
Je te ferai encore la guerre sur la ponctuation il n'y en b. C'est un reliquat du passé, de l'époque où
a point ou presque point dans tes lettres dès que tu as l'on n'utilisait pas encore l'accent grave.
compris ou fait une chose tu ne t'arrêtes pas du tout tu c. L'accent aigu est ici conforme à l'étymologie.
veux passer à l'Instant même à une autre voilà pourquoi
Solutions et explications p. 68
I 20
RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

récréation

HISTOIRE D'ACCENTS

Le tréma est inventé au x® siècle pour différencier la pro Le texte de Pierre Richelet ci-dessous donne un exem
nonciation de deux voyelles qui se suivent quand elles ple de la ponctuation ainsi que de l'accentuation à la fin
forment un hiatus, comme dans aëré, poète, goéland, du xvii" siècle : batlstere, batéme, colère, mélancolie, revuè,
troène. Ce tréma sera remplacé plus tard par un accent, trésor.

aigu ou grave. Au xvf siècle, on crée l'accent aigu pour Préface du Dictionnaire français
différencier le e muet du é - qui met presque deux de Pierre Richelet, 1 680.

siècles pour s'affirmer - ainsi que pour marquer l'apos


trophe ; l'accent grave pour noter le e ouvert, et le cir
conflexe, réclamé depuis 1540 pour remplacer l's de
vant consonne, comme dans asme, asne, blasmer, teste,
et qui ne se prononçait plus déjà en ancien français. Le AVERTISSEMENT,

circonflexe va être utilisé aussi pour noter des voyelles compagne cela de quelques proverbes, au Cas que fur le mot
ilVen ait eii dcfaifonnables,& on amarqué fi le moteft. un ter
longues que l'ancienne orthographe redoublait, comme me d'art, s'il eft vrai qu'il en foit un.
aa dans cage devenu âge, ou ee dans beeler devenu bê Touchant fOrtographe , on a garde un milieu, entre l'an
cienne, S; celle qui eft tout à fjit moderne,.&qui défigure la
ler. Mais il faudra attendre les éditions de 1 740 et de Langue. On a feulement retranché de pluiieurs mots les let
1 762 du Dictionnaire de l'Académie pour que le système tres qui ne rendent pas les mots méconnoilEibles .qu.ind elles
en font otées , &qui ne fe.pronom^ant point, einbaraffent les
d'accentuation tel que nous le connaissons aujourd'hui Etrangers la plu-part des Provinciaux. Ona écrit avocat,lsa-
soit définitivement adopté. tiftere ,bâtéme,colère, mélancolre, plu,reçu, revuéixifanne,
trefor, &nonpas advocat, baptiftere,baptême, cholere,mc-
lanchobe-ipleu, reccu, revcue, ptifane, threfor.
Dans le texte de Robert Estienne, on constate l'absence D.ins la même vue onretranche l's qui fe trouve après un e
clair; &qui ne fe prononce point, 6e on .met un accent aigu fiir
d'accents, les deux aa de aage qui seront remplacés par l'é clair qui acçompagnoit cette s:li bien que préfentement on
le circonflexe. La ponctuation n'est pas très différente de écrit dé(i.ain, détruire, répondre, 6e non pas dcfdain, deftruire,
celle d'aujourd'hui, à l'exception de l'usage des deux- lefpondre.
Onrétranclrc anfti./'r qui fait lafilabe longue , 6e qui ne fe
points. prononce pointe, foit que ceues,fe rencontre avec un eouvert,
ou .avec quelque autre lettre,6ie on marque ceteou cette autre
lettre d'.un circonflexe qui montre que lafilabe clïlongue. On
POVRCEquelaprofcCSonde noftr'artnousenhoftcafairetoùfipursquel écrit Apôtre, jeûne, tempère, &non pas Apcftre, jcufnc ; tem,
peftc.Cette dernière fiçon d'ortographier eft comeftée.Nean-
que chofc qui foit vtile ertgeneral atous ceulx qui entendent au faid des moins, parce qu'elle empêche qu'on ne Ce trompe ala pronon
lettres:ou pour le moins duifant aux apprétiz pour Idquelz il fault d'autat plus ciation , &; qu'elle eftautorifée par d'habiles gens, j'ai trouvé à
foigner.quilz ont greigneur befoingde fccours.que ceulx qui ont acquizquel propos d'e la fuivre fi ce n'eft àTcgard de certains mots qui font
que ruze,& peiwent d'eulx mefmes.fans l'aide d'autruy.paffer par les deftroidz ènuds lorfqu'on Cn aoté quelque lettre qu'on ne les recon-
de lalangue LaîinevA cefte caufe après auoir mis en lumière le grad Threford'i, noit pas.
celle langue,lequel peult feruir atoutes gens de quelque hault fcauoir qu'ilz Al'imitation del'îlluftre Monfieur d'Ailancourt, Piefucede
foyentgarniz-.nous auons mis cueur ar entente au foulagernent de la ieuneffe '^cididc. Apophtegmes des Anacn's, Marmol, 6cc. 8d de quel
Francoife, qui eft fur fon commencement &bachelage de litèrature. Sileur a- ques Auteurs célébrés, on change prefque toujours [y grec en
uons faiddeuxliures: L'ung commenceant parles motz Latins defchifffez en i limple. On retranche laplij-part des lettres doubles & inufi-
François: qui fut publie des ranneeprecedente. L'autre eft ceftuy cy qui va pre les qui ne défigurent pas les mots, lorfqu'elles ienfont rctrat».
nant les motz de la langue Francoife, les mettant aptes en Latin tout au plus chées.
près qu'il feft peu faire. Et pource que noftre exploid ha fon adrelTe atoute
maniéré d'enfance,d'aage,de fcauoir,çu de tous les deux:nous les prionsfî quel
que chofe f'y trouuc autrement qu'a point, qu'ilz le vueillent excufer :penfant
que ce n'eft que le pourtraid,8{ par maniéré dedire,renfance defdiâz liures qui
commencent tout premièrement aparler.Lefquélz,efpoir,feront fond le temps
aduenir de plus riche langaigc,mienlx aloye,& de meilleur coing qu'ilz n'ont a
prefent:au plailir delESVSCHRiS T,lequel vueille donner accroilTement
de fcauoir ala ieuneflê. Si perfedion ace que nous auons encommence a fon
honneur Si a leur vtilite.
Préface au Dictionaire francoislatin
de Robert Estienne, 1 539.

21 I
RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

Lettres et lettres / Il
muettes doubles
1. Le e dit « muet » ne se prononce que dans le
Midi ou en poésie. Dans les mots suivants, il est COM[P]TER SUR SES DOI[GT]S
réellement muet, au point qu'on l'oublie ! Trouvez
les mots qui contiennent des erreurs.
Savez-vous que le mot doigt s éciivait doi au
a. châtiment e. remblaiement
b. remerdment f. enroument
Zlll'' siècle .? Ce sont les cleïcs, savants latinistes,
c. argument g. dénouement qui ont ajouté les lettres muettes gt pour relier le
d. agréement h. grément mot à son origine latine (digitus). Plus tard,
2. L'écolier couvre le sien de son écriture
pour différencier les Iwmonipnes désignés par
appliquée... Comment ce mot, au fil du temps, le mot pois, le lexicographe Pohert (Cstienne a
a-t-il pu s'écrire ? proposé d Litiliser l étymologie : garder pois pour
a. caier le légume, écrire poix pour la colle, ajouter un d
b. cayer
c. cahier
pour rapprocher poids du latin pondus, dt ces
innovations sont restées jusqu ci l orthographe
3. Complétez ces finales muettes que l'on vérifie d aiqourd hui !
toujours dans le dictionnaire...
a. tenir un enfant sur les fon baptismaux
b. un fon de commerce 6. Ces homophones ne sont heureusement pas
c. plaider au fon homographes I Complétez en doublant ou non la
d. faire fon sur quelqu'un ou sur quelque chose consonne.

e. le fon et le tréfon d'une affaire a. l'at le (dit « singe-araignée »)/une at le


f. le fon des archives (quand on vous immobilise le bras)
b. une ba ade (promenade)/une ba ade
4. Classez les consonnes du français, selon qu'elles (chanson)
sont...
c. déto er (pour une arme à feu)/déto er
(ne pas être dans le ton)
bcdfghjklm
souvent doublées 7. Barrez les mots qui sont mal orthographiés.
jamais doublées a. acolyte f. accalmie
rarement doublées b. aconit g. acompte
c. acoquiner h. accorte
npqrstvwxz d. acconage i. académie
souvent doublées e. acaule (- sans queue) j. accore (= dont les
jamais doublées falaises sont abruptes)
rarement doublées
8. Retrouvez les trois mots de la langue
française qui se terminent par -mne.
5. Combien de n ? Complétez.
a.
a. conso ance d. so erie
b.
b. conso e e. réso ance
c.
c. so agramme f. so ore

Solutions et explications p. 69
I 22
RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

Toutes les façons


d'écrire an son
out le monde le sait, le français ne s'écrit pas comme il se prononce.

J\ L'italien, le portugais, l'espagnol, le russe même, sont beaucoup


plus faciles à cet égard. Le français écrit, entre les xii= et xiii^ siècles,
était pourtant assez proche de la langue orale. Mais en plus de mille
D T.

'far-
N* r.\io N K

.1'
ddàni}£S diCi..
/<

ans d'histoire, chacun a apporté sa touche au tableau actuel : clercs,


imprimeurs, écrivains... et si Montaigne pouvait écrire à sa guise aporter
ou apporter, assubjectir ou assujectir, famé ou bonne femme, outils ou i
A PÀILÎS'
utils..., nous n'avons plus aujourd'hui la même liberté. Ch:i Abe-l i-AxGi.Li f-R
premier iiaocrà; laoo'iJ
Satie Ju

Essais de messire Michel de Montaigne,... livre premier et second. Bourdeaus, impr. de


S. Millanges, 1580. © BnF-Gallica, FRBNF30967148.

1. En finale, le son [o] ou o « fermé » peut s'écrire d


4. Le grammairien Louis Meigret n'eut pas de
-au, comme dans landau, -eau, comme dans succès avec sa réforme d'orthographe. Pourtant,
bateau... mais il y a encore neuf autres façons de il eut des successeurs inattendus. Qui ?
l'écrire. Saurez-vous les trouver et donner au moins
un exemple de chaque ? a. Malherbe
b. Boileau
1. c. les Précieuses

2 .
3 .
5. Trouvez l'intrus.

a. bruyamment d. éminamment
b. apparemment e. solennellement
7 .
6 . c. prudemment f. incessamment

6. De ces quatre mots, seuls deux sont corrects :


lesquels ?
2. Dans ces mots, le son [e] n'est pas écrit comme
a. aeropage c. caparaçonne
il devrait ! Retrouvez la bonne orthographe de
chacun.
b. aréopage d. carapaçonné

a. guei : f. hêne : 7. Lettres mêlées : remettez en ordre les lettres


b. taite : g. père : de chacun de ces mots, qui sont autant de façons
c. quet : h. billai : d'écrire le son [ê].
d. esné : i. succaî :
a. tiran ; d. myth :
e. craipe : j. paygne : b. tracine : e. tenciurev :
c. plemis : f. ranxyl :
3. Rébus : Au vainqueur d'Austerlitz.
8. Poètes, à vos rimes I Un seul et même son
termine les mots suivants. Lequel ? Complétez avec
la bonne graphie.
a. vi d. n
b. qu e. f
c. bl f. gu
2^ Solutions et explications p. 69

23 I
RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

Vous avez dit


conjugaison ?
ans le discours^ tous les temps sont possibles, sauf un, l'aoristeL banni aujourd'hui 1. Le discours est

« 2) de ce plan d'énonciation alors qu'il est la forme typique de l'histoire. Il faut surtout
souligner les trois temps fondamentaux du discours : présent, futur, et parfaitL tous les
trois exclus du récit historique (sauf le plus-que-parfait). Commun aux deux plans est l'imparfait »,
la langue telle
qu'elle s'exprime
à l'oral.
2. L'aoriste est
le passé simple,
Émile Benveniste, Problèmes de linguistique générale, Gallimard, coll. «Tel », 1966. absent aujourd'hui
de l'oral.
Voici quelques subtilités du français écrit que nous proposons à votre sagacité, certaines pour la 3. Passé composé.
difficulté qu'elles présentent, d'autres simplement pour la beauté des «abolis bibelots d'inanité
sonore » (Mallarmé).

1. Selon vous, combien y a-t-il de verbes en français ?


JOLI SUBJONCTIF
a. 2 000 b. 5 000 c. 10 000

2. Combien y a-t-il de modes dans la conjugaison «^ïianne, ma sceui, de quel amoui Irlessée
des verbes français ?
Vous mouîûtes aux boïds où vous fûtes laissée ?
a. 3 b. 2 c. 5
(ïdacine, V\iéd\e)
3. Je l'ai eu fait, j'ai eu mangé en dix minutes, quand
elles ont été parties... Le temps auquel ces verbes 6. Dans ce passage de L'Après-midi de Monsieur
sont conjugués est : Andesmas de Marguerite Duras, donnez les temps
des verbes en couleur.
a. compose. b. simple. c. surcompose.
« Il avait péniblement atteint la plate-forme, en marchant
4. Àquel groupe de conjugaison ces verbes
appartiennent-ils ? Reliez comme il convient.

vivre
comme elle le lui avait conseillé, prudemment, d'un pas

croire

dépecer
égal. Elle eût chanté pareillement dans la fraîcheur d'un
fleurir
1 groupe
défaillir
2® groupe
connaître soir ou d'une nuit, dans d'autres régions, ailleurs. Où
3" groupe
revêtir

haïr
n'aurait-elle pas chanté ? » (Éditions Gallimard, 1962)
rougeoyer

mentir 7. Quelles formes sont correctes ?

a. il clôt
5. Futur ou conditionnel ? Complétez la forme
b. il enclôt
verbale.
c. nous enclosons
a. C'est une méthode que Je dira... archaïque. d. vous closez
b. C'est un garçon, Je dira..., prometteur. e. ils cloront

I 24
RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE ERANÇAISE

8. Combien de / ? Il n'est pas toujours évident de 13. Un verbe, deux participes passés. Comment les
conjuguer un verbe à la V® personne du pluriel de écrivez-vous ?
l'imparfait et du subjonctif présent (ce sont les mêmes a. C'est un jour {bénir)
formes). Écrivez correctement les formes verbales. b. C'est une région (bénir)
creer : crier : c. C'est du pain (bénir)
étudier : voir :
saluer : cueillir : ... 14. Conjuguez ces verbes à la 3® personne du
jouer : fuir : singulier du subjonctif imparfait. Quel est l'intrus ?
payer : nettoyer : a. haïr b. finir c. acquérir
pleurer : rire :
1 5. Qu'est-ce qu'un verbe « défectif » ?
9. L'impératif est un mode : a. un verbe à un temps passé
a. personnel, b. semi-personnel, c. non personnel. b. un verbe qui n'est pas conjugué à tous les temps ni
toutes les personnes
10. La forme verbale interrogative avec inversion c. un verbe qui ne se conjugue qu'à l'actif
du sujet Pensé-je ? est :
16. Retrouvez l'infinitif des verbes de ces formules
a. une forme qui vient de l'ancien français.
bien connues.
b. un présent de l'indicatif.
c. une faute d'orthographe. a. Il appert
b. Ci-gît
11. Reliez les formes à l'infinitif qui convient : c. Peu me chaut

seoir 1, « aller bien », ou seoir 2, « siéger, être d. Il me fiche la paix


assis ».

il sied •
17. De quel verbe vient le participe passé issu ?
a. isseoir b. issir c. issoire
il seyait •

tu sieds • 18. On connaît l'expression : sans coup férir.


seoir 1
séant • Àquels temps ou mode ce verbe défectif est-il
seoir 2 encore employé, outre l'infinitif ?
seyant •
a. à l'indicatif présent
il siée •
b. au participe présent
ils siéent • c. au participe passé

1 2. Complétez le tableau, en prenant garde aux pièges I

pers. sing. 1'° pers. pl. 1 pers. sing. 3° pers. sing. 1 pers. pl.
indic. présent indic. imparfait indic. futur subj. imparfait subj. imparfait
bouillir

mourir

défaillir

savoir

valoir

mouvoir

asseoir t

moudre

bruire

Solutions et explications p. 70

25 I
RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

Des temps /
à concoïdeï...
ette expression de «concordance des temps », pour qui a transpiré sur la grammaire de Gaston Cayrou, évoque

C irrésistiblement le«si laborabisgaudebo »des cours de latin, que lesenfants, à peine entrés au «lycée », traduisaient
consciencieusement par «si tu travailleras, je me réjouirai », Il fallait se mettre dans la tête en effet qu'en latin la
«concordance des temps », dans ce cas précis, différait de l'usage français. Si l'on apprend encore aujourd'hui aux
écoliers que «le si n'aime pas le ré »- pour qu'ils cessent d'utiliser le très populaire «si j'aurais su » de La Guerre
des boutons -, c'est bien sûr parce que l'accord des temps entre subordonnée et principale ne va pas de soi IEncore
moins dans les subordonnées au subjonctif.

1. Complétez les phrases en respectant la b, « Il fallut que le frère de Sylvie nous


concordance des temps. (arracher) à cette contemplation » (Gérard de Nerval,
a. J'attends qu'il (venir). Sylvie)
b. Je souhaite qu'elle (terminer)
son travail d'ici au 20 de ce mois.
4. Complétez en exprimant, dans la subordonnée,
c. Ondemande que leplombier (venir) un fait antérieur par rapport à la principale. Utilisez
avant midi.
un français soutenu.
a. « Cette princesse était belle bien qu'elle
(passer) la première jeunesse. » (M™ de
CITATION
Lafayette)
b. «Quoiqu'ils ne se (point
Jl. impatjad du suL/onctifa été « tué pai le parler) depuis longtemps, ils se trouvèrent pourtant
accoutumés ensemble. » (Op. cit.)
ïidtcule et l almanacli l/'eimot. »
c. «L'homme attendit respectueusement qu'ils
(tdaymond Queneau, (Bâtons, ciiffïes et lettres) (franchir) la porte. » (Jules Romains, Le Vin
bianc de ia Viilette)
tRr
2. Complétez en exprimant, dans la subordonnée, 4
un fait présent ou postérieur par rapport à la 5. La principale a un verbe au conditionnel : les
principale. Utilisez un français courant. exemples suivants donnent l'usage courant. Àvous
a. J'ai demandé qu'il (venir). de retrouver l'usage soutenu.
b. Je ne voulais pas qu'il (partir). a. Il faudrait que vous sachiez.
c. Le spectacle de la mer l'émerveillait bien qu'il b. « Il n'aurait fallu qu'un moment de plus pour que
r (voir) déjà mille fois. la mort vienne. » (Aragon)
d. Je regrettai qu'elle (finir) déjà son livre. c. Je n'aurais jamais cru qu'il suffise de partir à ce
moment-là.
3. Complétez en exprimant, dans la subordonnée, d. «Je voudrais que vous vérifiiez mes pneus, dit-
un fait présent ou postérieur par rapport à la elle. » (Marguerite Duras)
principale. Utilisez cette fois un français soutenu. e. Il ne me ferait pas peur, fût-il le diable en personne !
a. « Il ne se
passait point de jour qu'elle ne
(recevoir) mille marques cachées
6. Quel est l'intrus ?
de la passion de ce duc, sans qu'il
(essayer) de lui parler que lorsqu'il ne pouvait être a. que nous lavassions
vu de personne. » (M""® de Lafayette, Histoire de ia b. qu'il eusse cru
princesse de Montpensier) c. qu'il volât

Solutions et explications p. 72
I 26
RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

récréation eïaiïe

JEUX DE CONJUGAISON

OUÏ-DIRE aiepaxta chez lui ses pénates, unjoui


Qu il ctad (illcfaiie à l^uiaie sa coui
« Il y a des verbes qui se conjuguent très irrégulièrement
Paimi le thym et la ïosée.
Par exemple, le verbe ouïr. Le verbe ouïr au présent, ça fait
J'ois... j'ois... Si, au lieu de dire «j'entends », je dis «j'ois », ^piès qu il L'iii Inouk', trotté, fait tous ses touis,
les gens vont penser que ce que j'entends est joyeux alors
que ce que j'entends peut être particulièrement triste. Il Peannot lapin U'toiniic aux souteiiains séjouis.
faudrait préciser :
Jla heLtte umit nus le nez à lafenêtie.
Dieu, que ce que j'ois est triste I
J'ois... Tu ois... Tu ois mon chien qui aboie le soir au fond (jUa Jontaine, !JaLles)
des bois ?
Il oit... Oyons-nous ? Vous oyez... Ils oient. C'est bête I
L'oie oit.
Elle oit, l'oie !
Ce que nous oyons, l'oie l'oit-elle ?

Si au lieu de dire « l'oreille », on dit « l'ouïe », alors l'ouïe de


l'oie a ouï. Pour peu que l'oie appartienne à Louis :
- L'ouïe de l'oie de Louis a ouï.
- Ah oui ? Et qu'a ouï l'ouïe de l'oie de Louis ?
- Elle a ouï ce que toute oie oit...
- Et qu'oit toute oie ?
- Toute oie oit, quand mon chien aboie le soir au fond des
bois, toute oie oit ouah ! ouah ! Qu'elle oie. Foie !

Au passé, ça fait : J'ouïs... J'ouïs JClin Je la . J'vtihmu


Il n'y a vraiment pas de quoi I »
Raymond Devos.
Edelinck Gérard (1 640-1707), Jean de La Fontaine
(1621-1695), écrivain © RMN/ Gérard Blot.

«Je vous donne, lui dis-je, le conseil queje piendiais poui moi-même ; cai la sincéiité me touche dune telle soite queje
dois que si ma maîhesse, et même mafemme, mavouait que quelqu un lui plût, j en seiais ajfligé sans en êtïe aigii. ^e
quitteiais le peisonnage damant ou de maii poui la conseilla et poui la plaindie. »
(des paiolesfient iougii W™ de Clèves...
(Wadame de Jla dJayette, Xa p^iincessc de Clèves)

27 I
AUTOUR DU SENS DES MOTS

Les
Sy nOnymes et les antonymes
n matière de synonymie, la linguistique structurale a rejoint aujourd'hui les conclusions des grammairiens du

A' XYiii-^ siècle : «la synonymie parfaite n'existe pas », disait déjà ainsi en 1718 l'abbé Gabriel Girard. Ce dernier,
au nom du goût et de la raison, considérait qu'« il n'y a que des mots qui passent pour être synonymes. Tout
homme de goût doit savoir en toute occasion trouver le mot juste, tant il est vrai que le mauvais arrangement des
mots ne soit pas un peu l'effet du dérangement des Idées ». Les linguistes contemporains, dans la lignée de Saussure,
envisagent la langue comme un système, dont l'une des caractéristiques est d'être régi par un principe d'économie :
quand un mot fait double emploi avec un autre, soit il change de registre de langue, soit il disparaît. On disait soulier,
nous disons chaussure ; l'aufo de Marguerite Duras ou encore le bachot ont été remplacés par les mots voiture et
bac ; au mot taroupe a succédé le charmant g/obe/Ze. Pour les scientifiques comme pour les hommes de cour rompus
au maniement de la nuance et des subtilités du langage, Il n'y a donc pas de synonymes. Et pourtant...

1. Parmi ces mots, lesquels sont synonymes de


chaussure ?
LE SAVIEZ-VOUS ?
après-ski babouche godasse basket

bateau latte bottillon mocassin


U. Iio'î'jeu'i <'les lepctttioiif dans un lextc est une
gro(l)le brodequin savate tatane
jnéoceupuban f)inei)U'nt /'lançaise. . . Vos voisins
charentaise sorlot plate-forme aiu/lais. pat exemple, ne pcOLaqent pas eetle
boots écrase-merde pompe péniche olrsession comme c'ulete du « l>ien eetiie ».

ribouis cuissarde Spartiate


Ju Vloyen ^dcp', la vaiiatio elait une fieeessité
godillot croquenot soulier galoche
d Cidle inetapln/sujue. eut toute lepétition était
2. Quel est l'intrus ? peieue comme venant du diahlc. Jda va'ïiation
a. remugle sut un même tlieme. la multiplication des sqno-
b. relent
c. fraîchin inpnes et des épitkètes dans une meme plviase
d. empyreume devint le p'iocede ihetotupie pat excellence. -Jdi
3. Quel mot est synonyme de palinodie ? teclietelie du mot laste >• de l époque classique
a. rétractation b. régénération c. résurrection n a fait cpi aceentuet cette tendance.

4. Parmi ces trois mots, trouvez le synonyme


5. Quel mot est synonyme de coruscant ?
de blandices.
a. reconstituant b. brillant c. caustique
a. délices
b. langueurs
6. Quel mot est synonyme de comminatoire ?
c. pâleurs
a. coercitif b. menaçant c. despotique

|28
AUTOUR DU SENS DES MOTS

7. Numérotez ces synonymes du sens le moins fort 11. Quel mot est un antonyme d'incrédule ?
au sens le plus fort. a. sceptique b. septique c. naïf

1. changeant 12. Quel mot est un antonyme de vétilleux ?

fantasque versatile a. désordonné b. laxiste c. conciliant

-V
lunatique inconstant
13. Il n'existe que deux synonymes au sens où
instable fluctuant l'entendait l'abbé Girard, quels sont-ils ?
a.
variable capricieux
b.

10. girouette

14. Trouvez, lorsque c'est possible, des synonymes


S. Savoir manier les différents niveaux de langue et des antonymes de clair dans chacune de ses
parmi les synonymes est essentiel pour s'exprimer acceptions.
correctement. Classez ces synonymes selon leur
Synonymes Antonymes
registre.
un ciel clair
ennui
un costume clair

emmerdement un bois clair

emmerde un brouet clair

un son clair
SOUCI
argot
une explication claire
désagrément
familier à
C'est clair pour
anicroche très familier tout le monde.

contrariété Elle a l'esprit clair.


courant

embêtement
soutenu 1 5. Dans quels cas pouvez-vous remplacer trouver
pépin
et remettre par juger et retarder ? (exemples tirés de
tuile M. Fr. Mortureux, éd. Armand Colin)
couille a. J'ai trouvé ce problème facile.
patate b. J'ai trouvé ce problème dans un vieux manuel.
c. J'ai remis mon départ.
otRr d. J'ai remis ce paquet à son destinataire.

9. Il existe des recueils d'épithètes et de mots


16. Odeur ou parfum ? Associez chaque mot au
de sens voisins depuis l'Antiquité. De quelle
synonyme qui convient.
année date cependant le premier dictionnaire
français de synonymes ? effluence •

a. 1350 fragrance •
b. 1 569
émanation • • odeur
c. 1718
senteur • • parfum

10. Quel mot est un antonyme d'abstrus ? exhalaison •

a. clair b. fin c. pénétrant effluve •

Solutions et explications p. 73

29 I
AUTOUR DU SENS DES MOTS

La
récréation littéïatïe
LE DICTIONNAIRE DE LAFAYE

1858
DICTIONNAIRE
Lafaye,
Dictionnaire des synonymes de la longue française DES SYNONYMES
En 1841 sort une première mouture des Synonymes, synonymes gram DE LA LANGUE FRANÇAISE
maticaux de Pierre-Benjamin Lafaist de Lafaye, professeur de philosophie AVEC

UNE INTnODUCTlON SUR LA THÉORIE DES SYNONYMES


et philologue, qui donnera une autre version de son travail sous le titre
Dictionnaire des synonymes de ia langue française en 1858. Nous appel 1 a orruu se l-ikstitui u niix k iiasuisnQUE
Etl 1863 BT £H 1898

lerions aujourd'hui cet ouvrage un dictionnaire des « nuances » : l'auteur


RAR 8. LAFAYE
y montre en effet qu'il n'y a pas de synonymes dans la mesure où
chaque mot diffère des mots de sens voisin par une infime nuance.
monttge EDirion. suivie ivde supplehent

VIII INTRODUCTION.
INTRODUCTION. IX
promulguent nu nom de l'usage des lois fixes et absolues; tandis que la PARIS
OU si cemot,comme il arrivepresque toujours, setrouve défini i son tourpar
rhétorique indique des moyens dont le succès dépend en grande partie du celuimême à qui il sert dedéfinition, desortequ'onsoftrenvoyé del'unAl'autre IilBRAIKlE HACHETTE ET C"
génie de celuiqui parle, du caractèrede ceux à qui il parieet de plusieurs sans rien apprendre de l'un ni de l'autre. Ensuite, c'est induire en erreur en fai
circonstances non moins variables au milieudesquelles il parie. Et, pour ne sant croireà uneidentitéabsoluede signification entrele motexpliquéet le mot
tenir compteque du génie de celui qui parie, on peut dire que l'éloquence et quiexplique, identité quia Irès-rareuienl, ou plutôt quin'ajamais lieu.Ainsi,
la poésiesont plutôt des talents que des arts, et que jamais la rhétorique n'al presque toutes lesdéfinitions desdictionnaires sont illusoires ; ellespromènent
lume le feu sacré dans l'Ame de celui qui ne l'a point reçu du ciel. le lecteur d'unvolume oud'unmotà un autre, sansrepos et sansfruit, sans
Puisque les déterminations de la lexicologie et les règles de la gramm.iire jamais lui rienenseigner d'essentiel qui le saiisf.isse et l'arrêtedéfinitivement,
inlércssenl tous les membres de la nationet sont indispensablement obliga elles lefont rouler dans un môme cercle, cercle vicieux suivant lajusteexpres
toires; puisque, d'autrepart, les préceptes de la rhétorique,destinés ù quel siondes logiciens; et, si on s'en rapportait aux vocabulistes, il faudrait tenir
ques-uns seulement, ont une efficacité fort incertaine, ne sembie-t-il pas pour équivalents,c'est-à-dire pour synûnyvus,car tel est le nom donné aux roots
s'ensuivre que les études lexicologiques et grammaticales ont dft être de tout prétendus égaux pour le sens, non-seulement ceux qu'ilsqualifient ainsi for
temps plus cultivées que la troisième partie de l'art de bien dire? Ce serait mellement, non-seulEraeut ceuxauxquels ilsappliquent la mCinc définition, soit
Page de titre, extrait
une erreur de le penser. Lagrammaire, il est vrai, quoique la Ihcorie e: la sansdétour, soiten ayantl'air de la varieren variant un peu les termes, mais de l'introduction, article
rédaction en soientabandonnées à des savants modestes et peu estimés,n'a encore tous ceu.x qu'ils font servir de définitions les uns aux autres, et le
jamais cessé de jouir d'un assez grandcrédit ; elle est l'objet de nonihniiix , nombreen est fortconsidérable. Consultez le dictionnaireseul, vousvousima « maison » ; Lafaye
trailés, et il n'y en a pas qui soient rcclierchés par amant de lecteurs. Maison ginerez.par exemple,que la synonymie est parfaite,et qu'il n'y a jamaisde (Benjamin), Dictionnaire
ne saurait imaginer toute la négligence apportée dans les travaux de lu lexi choix à faire entreffovrmanci et fftoulon/ladre et crasseux; intelligent et entendu,-
cologie et combien peude prixon attache en général à leur perfeclionnemoil ; trouver et rencontrer; bétailet bestiaux ; enchérir et renchérir; odorant etodorifi- des synonymes de la
comme si ia connaissance de la propriélé des termes étaitchose trop facile ou rani; étincelle et bluette; ineffaçable et indélébile ; grandeur d'dme, générosité et langue française ; avec
trop indifférente pourmériter qu'onen fasse, ainsi quede la rhétorique, une magnanimité i et ainsi d'une foule d'autres.
partie csseiiliellcde l'art de bien parier, et qu'on s'applique à l'acquérir. Sous cerapport, tous les dictionnaires pèchent également clh peu prèsau une introduction sur la
I Les dictionnaires ontpour tâche principale dedéfinir les mots de telle sorte même degré. Celui de l'Académie détermine dela môme manière quelesautres
1 qu'ils nesoient pris ni àcontre-sens par celui qui parte ou écrit, non plus que |iûr lessignifications desmots : ou, pourparlerexactement, il està cetégardtemo théorie des synonymes.
I l'uiidilcur ou le lecteur, ni en sensdivers par lesunset par lesautres,ce qui dèlequelesautrescopient. L'Académie, àla vérité, a senti etdéclaré dèsle prin Paris, Hachette, 1884,
; occasionnerait inèvil.ablementdes méprises et des malentendus. Or, il s'en f.iiit cipeque,pourdéfinirlestermes, ilne fallait passe contenter d'enfaire connaître .
de beaucoup quelesdéfinitions quis'ytrouvent répondent à cetteidée.Apartun les synonymes ; mais, dans la pratique, illui arrive presque toujours de s'en con- [
j très-petit nombre determes significatifs d'idées simples etclaires par cllos- tenter. Aussi, tout ce quenousdisonsou dirons desdictionnaires s'étendà tous,
I inêines, tous les mots sont susceptibles de définition, parce que tous, exprimitiil bienques'appliquant panicuilôremenl à celui del'Académie, Je vrai régulateur
I des collections d'idées élémentaires ou des nuances, se peuventrésoudreen de la langue française. C'estdonc de celui-cique nous emprunteronsd'abord
1termes qui représentent celles-ci d'une manière distinclc et détaillée. C'est seu- un exemple qui mette en évidencece qu'il y a d'insuffisantdans cesébauchesde
' Icment à l'égard decesmots complexes quenousprétendons critiquer le travail déllnilions.
. desdictionnaires; Uy aurail de l'injustice à exiger par rapport aux autres une Qu'on tithe de concevoir, d'après l'Académie,les sens altaeliés aux verbes
• rigueur reconnue Impossible. suivants :
Queparmi les définitionsdes dictionnairesil y en ail de fausses, c'est uii mal Blâmer : improuver, reprendre, condamner.
sansdoute, maisun malde peudeconséquence ; car il est présumable qu'elles Improuver; désapprouver, blâmer.
choquerontà la longuele bon sensdes vocabulistes. et qu'ils sauront bien les Désapprouver; blâmer, condamner, trouver mauvais.
; corriger. Mais on peutreprocher auxdictionnaires unviietoutautrement grave, Réprouver : rejeter une chose, la désapprouver,la condamner. -
parce qu'ilréside dansla manière mêmede définir, et queleursauteursne pa- Reprendre : blâmer, censurer, critiquer, trouver isredire.
1 raisscntpas soupçonner combien elle est défectueuse. Usse bornent pour l'cr- Condamner : blâmer, désapprouver, rejeter.
j dinairc à traduire un mot par un autre; ce qui est en mêmetemps nerion Désavouer (fig.): dé.«approuver, condaranet,réprouver.
expliquer et faire nattre dans l'esprit du lecteur une erreur manifeste. C'est ne Censurer ; blâmer, critiquer, reprendre.
rien expliquer,si le lecteur ne connaîtpasle sensdu motpar lequelon définit. Critiquer ; censurer, trouver à redire.
SI.AISON; — l» CHATEAU, HÔTEL, PALAIS; —
2°MAISONNETTE, CHAUMIÈRE, CABANE, HUTTE,
CAHUTE, BARAQUE, BICOQUE. Bâtiments plus
OU moins considérables qui servent au logement
des hommes.
Maison est le terme commun,celui qui désigne
l'objet indépendamment de son importance , ou
•en lui attribuant une importance ordinaire,
Redire{trouver à) .'reprendre, blâmer, censurer. o Quitter le monde pour Dieu, c'est s'enfuir d'une
maison qui tombe en ruine, b Boss. œ A ce mot
Contrôler : reprendre, critiquer, censurer. de maison répond l'idée d'un lieu où nous nous
renfermons contre les incommodités du dehors. »
Fronder : blâmer, condamner, criliquer. In. On dira qu'une ville renferme tant de mot-
Éploguer : censurer, trouver à redire.

i 30
AUTOUR DU SENS DES MOTS

Les
païonymes
a paronymie, ou confusion ordinaire de deux mots proches par la forme mais de sens différents, est une zone

X du langage que les humoristes apprécient particulièrement. Car cet «à-peu-près »est une sorte de calembour
involontaire, spontané, qui métamorphose la réalité en un vaste champ d'expérimentation linguistique, en un
OUvroir de Littérature Potentielle. Rien n'est à l'abri : les proverbes traditionnels, tels que Qui trop embrasse mal
étreint devenu, par le fait de la paronymie, Qui trop embrasse mal éteint ou encore, comme disaient les surréalistes
très conscients de leur manipulation des phonèmes. Qui trop embrasse manque le train ; un conflit de canards, pour
les auteurs du Canard enchaîné, ou encore la place d'Enfer, rebaptisée par des officiels place Denfert-Rochereau, par
confusion entre les deux mots.

1. Dans Le Rouge et le noir, qu'est Julien Sorel 7. Barrez les intrus.

auprès des enfants de de Rénal ?


a. un vieux libertin variolé
UN P CEPTEUR
b. un homme frustre

2. Quel est le mot qui signifie en philosophie et en


c. Les grenouilles croassent,
théologie « l'étude des fins dernières de l'homme et
du monde » ?
d. le bey d'Alger
a. eschatologie b. scatologie
0. un fait notable
3. En musique, le mot voisin par le sens de tempo est :
8. Une épigramme n'est pas :
a. pulsion. b. pulsation.
a. une petite tranche mince de poitrine d'agneau.
4. Complétez les lettres manquantes. b. une courte pièce en vers.
c. une inscription sur un monument.
a. Le roi reçut les émissaires de son cousin avec
•V
M NIFICENCE.
9. Le mot choucroute :

b. Le roi, dans sa M NIFICENCE, a. provient d'une déformation due à un


rapprochement avec un autre mot.
avait doté le monastère de terres, de mobilier et de tout
b. vient du mot chou.
ce dont les moines pouvaient avoir besoin.
c. vient du latin sucruta, plante sauvage qui servait
à préparer un mets proche de notre choucroute
5. Dans cette phrase, quel mot a été mis pour un
actuelle.
autre ? Remplacez-le par le mot qui convient.
C'est un joli cœur, il est inconsistant, il la trompera avec 10. Trouvez par quoi remplacer le mot en couleur.
tout ce qui porte un jupon.
Il est vraiment volatile, il est même un peu lunatique I

6. Donnez une courte définition pour ces verbes.

a. hiberner 11. Complétez avec la ou les lettres qui manquent.

b. hiverner Il regrette son acte, il est B 0 U R É de


remords.

Solutions et explications p. 74

31 i
AUTOUR DU SENS DES MOTS

Au
pïopïi 9
et au
es rhéteurs de l'Antiquité avaient déjà réalisé un classement de ce qu'ils appelaient des «tropes », que le

X grammairien César Chesneau Dumarsais (1676-1756) décrit comme «des figures par lesquelles on fait
prendre à un mot une signification qui n'est pas précisément la signification propre du mot ». Le sens figuré,
obtenu par figure, dérive du senspropre, qui est le sens non pas étymologique, mais considéré comme antérieur aux
autres sens. Cette opposition est liée à la polysémie, qui fait qu'un même mot recouvre très souvent plusieurs sens,
apparentés certes, mais différents. Traiter quelqu'un d'âne, c'est parler de façon figurée, puisqu'en français l'âne
est la figure (métaphore) de la sottise... On parle de voile pour désigner un bateau (métonymie), on dit partir pour
«mourir » (euphémisme) : toutes ces figures sont un écart par rapport au sens propre, dit aussi littéral. Ces figures
sont responsables des changements de sens, et donc de l'évolution de la langue.

1. Sens propre ou sens figuré ? Classez ces 5. Quel est l'intrus ?


expressions comme il convient.
a. les cuivres et les bois d'un orchestre
b. Elle n'est plus toute Jeune.
Sens Sens
c. Voulez-vous boire un verre ?
propre figuré
d. Toute la salle a applaudi.
des paroles dures e. J'aimerais faire de la voile.
une saveur piquante
le cerveau du gang
CITATION
une tuile tombée du toit

des mûres aigrelettes


• 91 se /(lit plus (le /tguïes iliins un joii'i de
tomber dans les pommes
marché, a la halle, qu ilne s en jait en phisieuls
2. Dans ces vers, quelle est la figure utilisée ? joWis d asseinhiecs academujues •.
« La fosse, plaie au flanc de la terre, est ouverte. »
(Victor Hugo) (dbamaisais)
<1 Des troupeaux d'autobus mugissants près de moi
roulent. » (Aragon)
6. Associez les mots aux membres qu'ils désignent.
a. une métonymie
b. une synecdoque battoir •
c. une métaphore
cuiller •

échasses •
3. Qu'est-ce qu'une catachrèse ?
flûtes •
a. une huile consacrée • main
b. une maladie
Jambonneaux •
• Jambes
c. un trope louche •
• pieds
nougats •
4. Parmi ces expressions, lesquelles sont des
métaphores ? pinces •

a. un cœur de pierre b. un alibi en béton


pinceaux •
c. la faucille d'or d. Cet homme est un lion. quilles •
Solutions et explications p. 75

I 32
AUTOUR DU SENS DES MOTS

Les
mots et leur famille
1. Tous ces préfixes viennent du grec ou du latin. 5. Construisez sept mots à partir des suffixes
Barrez ceux dont l'origine est grecque. indiqués.
a. -âge :
a- ab- abs- anti- t>i- bis-
b. -isme :
c. -tion :
co- corn- con- dé- dis- dys en
d. -oyer :
em- im- ex- hyper- hypo- im- e. -able :
f.-ard :
il- ir- iiiét(a)- par- per- para- péri- g. -ment :

pré- pro- pour- ^(e)- ré- 6. Quels mots appartiennent à la famille de forme
au sens d'« apparence » ? Utilisez des préfixes et
syn- syl- ta- très- tré- trans- tri- des suffixes pour trouver au moins 5 verbes
et 5 noms.
2. Restituez son sens à chaque préfixe.
Verbes Noms
a- • • séparé de
1. 1.

dé- • éloigné de, 2. 2.


mis dans 3. 3.
di(s)- •
au milieu (de), avec, 4. 4.
en- em- im- • * après, qui est au-delà, 5. 5.
qui englobe
in-, im-, il-, ir- • , privé de
7. Citez trois mots composés en respectant les
mét(a)- • • deux indications données.

par-, per- • • parfaitement a, nom •+ nom :

b, adjectif -i- nom :


para- • • autour de
c, verbe -i- nom :

péri- . • trois tRr

l-rj. . , à côté de (grec),


qui protège de (italien) 8. Que signifie l'affixe latin ou grec en couleur
de ces mots composés savants ?
3. Trouvez les deux préfixes synonymes qui veulent
dire « avec, ensemble », l'un venant du latin, l'autre a. démocratie :
du grec. b. orthophoniste :
c. sylviculteur :
b.
a. d. xénophobe :
e. iconographie :
4. Donnez le sens du préfixe en couleur dans ces f. biodégradable :
dérivés. g. bibliophile :
h. démocratie :
a. analphabète :
i. discothèque :
b. biscuit :
j. philosophe :
c. collaborer :
k. xénophobe :
d. dissylabe : I. graphologie :
e. importer :
>- Solutions et explications p. 76

33 I
AUTOUR DU SENS DES MOTS

Des sens
tout en nticinccs
art de la définition est, comme tout art, difficile. Cet art s'est mis en place progressivement, à partir des

I gloses, petits commentaires explicatifs des dictionnaires bilingues du Moyen Âge censés aider l'apprenti
latiniste démuni. Il s'est raffiné à la période classique, quand sont sortis nos premiers grands dictionnaires,
il obéit à des consignes de rédaction : le défini, rien que le défini iJamais d'hyperonymes (le mot de sens large qui
commence la définition) plus difficiles à comprendre que le mot lui-même... On l'aura compris, définir, expliquer le
sens d'un mot relève de l'artisanat plus que de la science exacte, et aussi de ce mystérieux «sens de la langue »qui
ne serait pas donné à tous...

1. Qu'est-ce que le nansouk ? 4. Ces définitions correspondent à un seul mot.


a. un dialecte indonésien
Lequel ?
b. un minerai
1. Attitude d'hésitation, de réserve.
c. du tissu
2. Figure qui consisteà s'arrêtet de parler en laissant
supposer ce que l'on ne dit pas.
2. Le mot circadien : 3. En Droit, action de taire à dessein une chose qu'on
pourrait ou qu'on devtait dire.
a. désigne un habitant d'une ancienne région du
[Dictionnaire de l'Académie, 8" édition)
Caucase.
b. désigne un grand rapace diurne de la famille des a. reserve b. réticence c. sous-entendu
accipitridés.
c. se dit du rythme jour-nuit. 5. Quel est l'intrus ?

a. autruche c. emeu

CHACUN A SES FAIBLESSES


b. pingouin d. manchot

6. Ces définitions du Dictionnaire de l'Académie


• CluicLin a ses l(ul'?lesses. Jlilhc en avait poin (2009) correspondent à deux « doublets », ou mots
morphologiquement proches et de même sens.
sa Ijoiinc. Un joia qu d la luiinait. Vlnie Ulitt'ié Retrouvez-les.

poussa la poite cl s cc'iia : Vionsicu'i, je


1. Qui manque ou paraît manquer de solidité, de résistance,
SUIS sWipïise ! (tf le 'iecpetté Uittle, se iapis- de force.
2. Qui manque de force, de robustesse, de résistance.
tant, lui 'lepondil : 'IJon. Ilhida me, vous êtes
b.
étonnée. C est nous qui sommes sn'ipUs. >• a.

(Philippe weyeï, UJeu'ieax TJalîitantsJ


7. Quelle est la bonne définition de palindrome ?
a. «Segment d'une molécule d'acide
3. Àquel nom ladéfinition suivante correspond-elle ? désoxyribonuciéique (adn) à deux chaînes associées
Personnage mythologique composé pour moitié d'un comprenant deux séquences successives qui sont
homme et d'un cheval. symétriques l'une par rapport à l'autre au point
central. » {PetitRobert, 1969)
a. centaure
b. Mot ou phrase qu'on peut lire de la même manière
b. sagittaire
de gauche à droite et de droite à gauche.
c. Minotaure

I 34
AUTOUR DU SENS DES MOTS

8. Ces définitions correspondent à un seul mot. 12. Les deux se boivent, mais l'un est fatal tandis
Lequel ? que l'autre est reconstituant. De quels mots
s'agit-il ?
a. Endroit d'où part le cordon reliant le fœtus au placenta. a.
b. Dépression à la base ou au sommet de certains fruits. b.
c. Renflementau sommet du chapeau d'un champignon.
d. Partie centrale d'un plat ou d'une assiette quand elle est
en saillie arrondie. 1 3. Selon le Dictionnaire de l'Académie (2009),
e. Dépression peu étendue et creuse, cuvette au fond d'une l'un signifie « donner, conférer la noblesse » ; l'autre
vallée glaciaire. « donner de l'élévation, de la dignité, de la noblesse
f. Point central. à quelqu'un ou à quelque chose ». De quels mots
g. Plante à racine tubéreuse {crassulacées), dont une espèce à s'agit-il ?
fleurs pendantes... (définitions du PetitRobert)
a.

b.
a. nombril b. hile c. omble

9. Reliez chaque définition au mot qui convient. 14. Comment appelle-t-on les différents
sens d'un mot que s'occupent de définir les
lexicographes ou, comme on les appelle parfois, les
Herbe odoriférante
« dictionnaristes » ?
de la famille des labiées.

Plat composé de viande ACCE I0 N


ou de poisson froid
et de gelée.
15. Trouvez trois mots quelque peu anciens
aspic
Nom vulgaire qui correspondent à la définition « de santé
de la grande lavande. précaire, maladif » et qui s'appliquent surtout aux
vieillards.
basilic
Espèce de lézard ou de
a
serpent auquel les Anciens
attribuaient la faculté de b
tuer par son seul regard. c

Serpent très venimeux. 16. Quelle est la définition du mot palimpseste ?

Homme dangereux a. École de musique faisant partie d'une église, où l'on


par sa médisance. exerce les enfants de chœur.
b. Manuscrit sur parchemin d'auteurs anciens que les
copistes du Moyen Âge ont effacé, puis recouvert d'une
10. Quelle est la bonne définition du verbe
seconde écriture, sous laquelle l'art des modernes
dépecer ?
est parvenu à faire reparaître en partie les premiers
a. couper en morceaux caractères.
b. enlever la peau c. Affection pathologique qui se traduit par une pâleur
excessive et des gestes impulsifs et incoordonnés.
1 1. Il désigne un bateau de marchandises à fond
plat et, par comparaison avec la largeur du fond
plat, un gros godillot où le pied est au large.
De quel mot s'agit-il ? 17. Auquel de ces mots peut-on attribuer la
définition suivante ?
a. barge Région comprise entre les deux sourcils.
b. doris
c. péniche a. glabelle
d. chaland
b. taroupe
e. pinasse

Solutions et explications p. 76

35 I
AUTOUR DU SENS DES MOTS

Célèbres H j
jiguïes de style
a rhétorique classait la métonymie, la synecdoque et la métaphore dans les figures de signification et

X l'euphémisme parmi celles d'expression. Les figures de style ou de pensée, qui intéressaient la façon dont
on présentait «la pensée ou l'expression des relations entre plusieurs idées », regroupaient emphase, tour de
phrase, rapprochement, imitation. Pour bien des auteurs aujourd'hui, l'appellation figures de style (par synecdoque !)
recouvre la plupart des anciennes figures de rhétorique. D'aucuns, plus prudents, les appellent, selon le titre d'un
manuel très connu, des procédés littéraires. Mais dans tous les cas, une figure de style est un procédé d'expression
qui vise à produire un effet.

1. Quelle figure de style est à l'œuvre dans


le poème Accalmie de Prévert ?
LE SAVIEZ-VOUS ?
« Le vent
Debout
S'assoit
Sur les tuiles du toit. » Xa nuH'aplio'ie. la metoiiiiiiue, I eiipliéniisiuc
a. une comparaison font paUic (1er lirpCtes de 'iliet((\i(jiie les plus
b. une personnification
connues, mais ilen existe Inen d aiities. (fui
c. une allégorie
"icpondenl aux doux noms de polysLjnclète,
2. La déesse aux yeux pers ; l'homme aux mille
métaiepse, astéisme, Icalcempliaton, ckleuasme,
tours ; le vainqueur d'Austerlitz ; le conseiller des
grâces ; la jeune actrice à l'insondable beauté inca : antimétakoie, aria<lip[ose, pé'itssologie.
comment appelle-t-on cette figure ?
a. épithéte homérique Ces noms, comme le classement des liciuies.
b. périphrase nous viennent pou"! une lionne pcùt des Cpees.
c. paraphrase

3. Litote ou euphémisme ? Ces deux figures


d'atténuation ne sont pas toujours faciles à 4. « Sage par raison, libertine par tempérament, se
distinguer. désolant le lendemain de la sottise de la veille... »
(Diderot). Quelle est cette figure de style ?
Il n'est pas mauvais, mon a. contradiction
vin, qu'en pensez-vous ? *
b. antithèse
c. oxymore
est un peu près de ses
sous.

litote 5. Quel est le nom de cette figure ?


André a eu un petit « Le chat ouvrit les yeux,
accident. Le soleil y entra.
euphémisme Le chat ferma les yeux,
Elle a oublié d'être bête. Le soleil y resta. » (Maurice Carême)
a. parallélisme
Je ne suis pas sûre d'être b. chiasme
d'accord avec vous. c. parataxe

I 36
AUTOUR DU SENS DES MOTS

6. Parmi les nombreuses figures d'insistance, quel 12. Rappelez-vous ce vers de Corneille dans
est le nom de celle-ci ? Le CId : « Va, cours, vole et nous venge ! » Ou la
« Rome, l'unique objet de mon ressentiment I tirade du nez dans Cyrano de Bergerac d'Edmond
Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant ! Rostand : « C'est un roc !... C'est un pic !... C'est
Rome qui t'a vu naître, et que ton cœur adore ! un cap !... Que dis-je, c'est un cap ?... C'est une
Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore I » péninsule ! »Quel est le nom de cette figure ?
(Corneille, Horace)
a. progression b. gradation c. énumération
a. anaphore b. énumération c. accumulation
1 3. Proche de l'antithèse, l'oxymore est une alliance
7. Sur le plan de la forme, la répétition est toujours de mots en apparence paradoxale mais qui permet
recherchée. Deux figures de sonorité sont à l'œuvre de faire émerger une subtile nuance de pensée.
dans chacun de ces vers, lesquelles ? Parmi ces phrases, lesquelles relèvent de l'oxymore ?
« Où résida le réséda ?
a. «Jevis, je meurs ;je me brûle et me noie. »(Louise Labé)
Résida-t-il au Canada ? » (Desnos) b. « Belle hideusement d'un ulcère à l'anus » (Rimbaud)
« Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle ; c. Leurs cris silencieux s'élèvent jusqu'à nous.
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala. » d. «Sans raison il est gai, sans raison il s'afflige. »
(Victor Hugo) (Boileau)
« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant oLRr
V
D'une femme inconnue et que j'aime et qui m'aime. »
(Verlaine) 14. Quel rhéteur latin de l'Antiquité a dit :
H... et Ibam longius a te, et sinebas, et iactabar
a.
et effundebar et diffluebam et ebulliebam
b.
per fornicationes meas, et tacebas » (« ... je
m'éloignais encore davantage de toi et tu
8. Tu parles, Charles. C'est pas Ttout, les choux. Je
laissais faire. J'étais ballotté et dispersé, liquéfié,
veux, mon n'veu ! Cool, Raoul I sont des :
échauffé par le sexe. Tu te taisais. »), Les aveux,
a. paronomases. éd. P.O.L.
b. rimes riches.
a. Cicéron
c. antonomases.
b. Marc Aurèle

9. Quelles figures de style ont en commun l'idée de c. Augustin


d. Varron
la vanité de la répétition ?
a. le pléonasme
b. la redondance 15. L'antiphrase consiste à employer un mot dans
c. la tautologie le sens contraire de sa signification. Elle est souvent
proche de l'ironie, mais elle est aussi utilisée par
10 . Barrez l'intrus. crainte. Dans ces trois phrases ou expressions,
y a-t-il des antiphrases ?
a . On était morts de rire ! a. Pas mauvais, cet armagnac I
b. Eh bien I Te voilà propre !
b. Aïe ! le mot qui tue
c. Les Bienveillantes (titre du roman de J. Littell)
c. Ça part en vrille... d. Tout le monde connaît son courage.

d. Ça déchire ! 16. Si vous deviez finir ces phrases pour en faire


des chiasmes, que diriez-vous ?
11. Qu'est-ce qu'une question rhétorique ?
a. « Il faut manger pour vivre et... » (Molière)
a. une question sur le style b. « L'état de conscience est... » (Sartre)
b. une question de pure forme c. « Les murs ont des oreilles, ...» (slogan de mai 68)
c. un sujet propre aux rhéteurs de l'Antiquité d. « Pluies de plumes, ...» (Prévert)
Solutions et explications p. 77

37 I
AUTOUR DU SENS DES MOTS

D'où vient
le ançais ?
a question de rorigine étymologique des mots pose celle d'un «avant >> mystérieux de la langue, source de tous

X les fantasmes. En effet, si les érudits savent que tel ou tel mot vient du latin, qu'il a été emprunté au grec, ils ne
peuvent que faire des hypothèses sur cet «avant ». Le voile opaque qui le dissimulait a été légèrement soulevé
quand, à la fin du xviiL siècle, l'Europe a découvert le sanskrit et que les philologues, au prix de grands travaux, sont
parvenus à rapprocher certaines langues et à les rassembler par familles. Ainsi, comparant le sanskrit, le grec et le
latin, toutes langues à déclinaisons, ils ont fait l'hypothèse d'une langue «mère », l'indo-européen. C'est une langue
indo-européenne qu'aurait parlée les guerriers à cheval venus des steppes du sud-est de la Russie, de la région de
Kuban en Ukraine, au bord de la mer Noire, il y a plus de 7 000 ans et qui ont déferlé en vagues successives sur
l'Europe. La dernière vague fut celle des Francs.

1. Quel est l'intrus ? Pensez à l'étymologie 5. Quelle est selon vous l'origine de l'expression
a. alouette b. dune
passer sur le billard ?
c. boue d. douche a. Elle a été créée par comparaison avec la table
e. soc d'opération, aussi plane qu'une table de billard.
b. Un chirurgien a utilisé, un Jour, une table de billard
2. Les mots ci-dessous sont d'origine latine ou comme table d'opération.
gauloise. Barrez ceux dont l'origine est latine. c. Le jeu de billard est un jeu d'adresse, mais aussi
de chance, qui consiste à envoyer ses boules dans un
balai silex lande alun
trou. L'expression est née d'une comparaison de ce
trou avec la fosse mortuaire : en effet, si le chirurgien
talus buis bruyère bercail
a le couteau malheureux, il peut faire passer le patient
chemin duplex bief chêne
de vie à trépas.

ail tete
« FAIRE CATLEYA

3. D'où vient le mot redingote ?


a. de l'anglais
" . . . i'I l)u'n plus UitJ. iiuaixd l iCiUuu/cinL'iit
b. du mot hindi dingi qui désignait un petit bateau du (ou le sinuJac'u- J (ntaïuiemciit) des ccitlei/as
Bengale, à arrière pointu, qu'on conduisait en portant [ut depuis lonptemps loiithe en desuehide. Ici
cet habit pour éviter de se mouiller
c. d'une déformation du mot rédencart, nom du tissu inétnpiio'ie fcuie entleipi , devenue un simple
avec lequel était fait ce manteau voealde qu ils emphu/aienl sons qpeiisen qiuind ils
vouLuent sufnijtei l nele de la possession plu/siquc
4. D'où vient le mot sandwich ?
- où d adleins l on ne i>ossède iien siâveeut
a. d'un mot anglais qui voulait dire « panier d'osier
pour la plage », parce que les sandwiches étaient des dans leWi lanqaqc, où elle le eoininenunntil. a
collations que l'aristocratie londonienne emportait pour eef iiscuie inddie. (Idoust. Xu côté cic ckez
les pique-niques sur les plages de Brighton SwannT d.e mot cattleya. eetil aiwe deux t.
b. du nom de lord Sandwich
c. du nom d'un jeune garçon américain qui fit fortune desiqne une soUe d oieludee. Illais l exp'iession
en vendant des en-cas aux Américains pressés dans faiie catleya est née sous la plume de l-dousf !
les rues de New-York

I 38
AUTOUR DU SENS DES MOTS

6. Parmi ces mots, deux ont le même sens 1 3. Associez chaque mot à sa langue d'origine.
étymologique : « [ce] qui mange les chairs ».
aulne allemand
Retrouvez-les.
bazar chinois
a. sarcophage b. cerceau
espagnol
cordonnier
c. chronophage d. cercueil
kaolin gaulois
e. sarcome f. linceul
robot grec

7. Barrez l'intrus. sentinelle hindi

soja italien
magasin moire
japonais
trapèze
alcool élixir
moustigne trinquer latin

véranda perse

8. D'où vient le mot corbillard ? vergne (arbre) tchèque

a. de l'ancien français corbil qui était une sorte de


14. Le mot zizanie est synonyme de « querelle ».
grande corbeille en osier dans laquelle on transportait
Quel est, selon vous, son sens étymologique ?
le corps des défunts jusqu'au sarcophage
b. du mot gaulois corbeld, sorte de charrette servant à a. Il vient de l'italien zizzania, « cris, dispute ».
transporter les cadavres hors du champ de bataille b. Il vient du grec zizanion, « ivraie enivrante qui
c. du nom de la ville de Corbeil (dans l'Essonne) ressemble au blé ».
c. Il vient du polonais zizounia, « brouille ».
9. Parmi les jours de la semaine, quatre viennent de
la mythologie, un vient de la religion chrétienne, et 1 5. Céréale, écho, narcisse, mardi, jeudi, vendredi,
le dernier, de la religion juive. Retrouvez l'origine de volcan, océan : qu'est-ce que ces mots ont en
chacun. commun ?

lundi
a. Ils viennent du grec.
b. Ils viennent du latin.
mardi
c. Ils tirent leur origine de la mythologie.
mercredi • • christianisme

jeudi • • judaïsme •V
16. Dans ces deux citations, le mot
vendredi • • mythologie
température n'est pas employé au sens de
samedi « degré de chaleur », mais au sens de « climat »,
dimanche « atmosphère » ou de « chaleur ». Trouvez le
synonyme qui convient et barrez l'intrus dans
10. D'où vient le mot calepin ? chaque phrase.
a. d'un nom propre a. « Le ciel nuageux, la température (climat/chaleur)
b. d'un mot d'argot humide de la Flandre et les ombres produites par
c. du vocabulaire de la marine, où il désignait un livre le peu de largeur de la rue ôtaient fort souvent à
de bord
cette construction le lustre qu'elle empruntait à sa
propreté recherchée qui, d'ailleurs, la rendait froide
11. Le mot zone et la maladie appelée zona ont la et triste à l'œil. » (Balzac, La Peau de chagrin)
même étymologie. Vrai ou faux ? b. « Le frileux a sous ses pieds une espèce de pupitre
a. vrai b. faux en bois, l'homme à tempérament bilieux-sanguin n'a
qu'une sparterie ; le lymphatique qui redoute les
12. Les mots basiiic (la plante aromatique et vents coulis, l'ouverture des portes et autres causes
le serpent mythique) et basilique (l'église), sont du changement de température (atmosphère/
apparentés. Vrai ou faux ? chaleur), se fait un petit paravent avec des cartons. »
(Balzac, Les Employés)
a. vrai b. faux

>- Solutions et explications p. 79

39 I
AUTOUR DU SENS DES MOTS

Drôles
de noms...
our qui ne les confond pas avec la généalogie, tellement à la mode, l'étude de l'anthroponymie (ou étude des

p noms de famille, du grec onoma, «nom », et anthropos, «homme ») et de la toponymie (l'étude des noms de
lieux) se révèle littéralement passionnante. Sans doute est-ce d'abord au prix d'une perte : il faut renoncer à
ce que Ion pourrait d'abord penser comme caractéristique de son «individualité », pour mieux retrouver au-delà,
mise en perspective, sa propre histoire reliée étroitement à celle des autres individus. Si je m'appelle Leioup, c'est
que j'ai eu un ancêtre au caractère si farouche que les autres l'ont surnommé ainsi. Et si je m'appelle non pas
Leioup, mais Leieu, alors, très certainement, l'un de mes ancêtres habitait le nord de la France, et probablement
la Picardie. Ainsi se dessine toute une cartographie, autant physique qu'humaine, les noms de lieux n'échappant
pas à la règle : Sur la route de Louviers, dit la chanson, «il y avait »peut-être «un cantonnier », mais il y eut à coup
sûr des loups. Comme à La Loubeyre, dans le sud de la France, car le v/ révèle une origine du nord de la Loire, et
le b, du sud de ce fleuve.

1. Qu'ont de commun ces noms de villes, de villages


et de cours d'eau : Dordogne, Rhône, Vézère, LES GENTILES
Garonne, Luchon, Collioure, Manosque, Venasque,
Tarascon ?
U-C ni()( gentilé (du Lilin gentiic nomen. • uoin
a. Ils désignent des lieux situés au sud de la Loire.
b. Ils sont d'origine préceltique. (le cjL-n< ". (le gens. fuiiulle, "iciee ) désie/ne
c. Ce sont des noms gaulois. une eeiteeiinie a pcUit de noms, ceux qui désiqnent
2. Associez ces noms à leur origine. les huhdants cl un pciqs ou d une vide. Souvent
Simon l>'ie\'isd}les (les Pa'iisiensT ds peuvent nussi elle
Danjou inattendus et amusants.
Rivière

Daras • nom de baptême 3. Votre anthroponyme est Dubreuil ou bien


Chemin vous venez d'un village de la Vienne qui s'appelle
^ nom de région ou Le Grand-Breuil. Ces noms proviennent :
Dubosc
de ville d'origine
Dubois a. du nom brouillard, désignant soit une personne au
Pêcheur • nom de proximité comportement quelque peu approximatif, soit un lieu
Dupré constamment plongé dans les brumes.
b. d'un mot gaulois désignant un « champ », ou encore
Gendarme • nom de métier
un « bois humide », un « taillis », un « bois clos ».
Dubuis c. du nom d'un saint du vi"" siècle qui a évangélisé
^ nom de
Charron l'ouest de la France.
situation sociale
Joyeux
4. Parmi ces noms de villes et de villages, quels
Charretier • surnoms
sont ceux qui datent des Romains ?
Gargot
a. Rouilly b. Rouillé
Clerc
c. Rouillac d. Partenay
Baron
e. Vitrey f. Royat
Gauch g. Ruffec h. Ambérieu

I 40
AUTOUR DU SENS DES MOTS

5. Vous vous appelez Michel. Votre nom ; 12. De nombreux prénoms sont donnés en
hommage à la France : France, justement, mais
a. est à l'origine un surnom, d'après la signification de
aussi Francette, Françoise, Marie-France, Marie-
Michel en hébreu, « celui qui est comme Dieu ».
Françoise, Francine, Franciane, Francis, François,
b. est un nom de baptême.
François-Xavier, Jean-François... Quel est le sens
c. est le nom que l'on donnait à un enfant abandonné.
étymologique du nom des Francs, qui sont à
V
l'origine de la France ?

6. Depuis quand la loi rend-elle obligatoire a. libres b. égaux c. fraternels


le nom de famille ?
1 3. Les Nocéens sont les habitants de :
a. depuis Philippe Auguste
b. depuis 1 539 a. Noisy-le-Sec b. Neuilly c. Noucy-sur-Eure
c. depuis Louis XIV
14. Comment s'appellent les habitants de
Charleville-Mézières ?
7. Quel est l'intrus ?
a. les Charlevilliens
a. Saint-Léger-les-Mélèzes b. les Carlevillois
b. Joué-lès-Tours c. les Charliandins
c. Juan-les-Pins
d. Frasnes-lez-Anvaing (Belgique) 1 5. Trouvez les gentilés correspondant à ces villes.
Ils ont tous quelque chose en commun.
8. Le nom de famille Mercier désigne : a. Monaco : b. Tende :
a. un nom de métier. c. Turbie : d. Eze :
b. une situation sociale.
c. un surnom. 16. Parmi ces noms de villes où l'on peut retrouver
le mot eau, deux intrus se sont glissés. Retrouvez-les.
9. Parmi ces prénoms originaires du grec et du
latin, reliez les deux qui sont synonymes et les deux Eaubonne Avallié Évry
qui ont un sens en commun. Connaissez-vous le
Montaigue Chaudesaigues Entraigues
sens des deux intrus qui resteront ?
Aquenove Aigues-Mortes Aigues-Vives
Stéphane • • Félix
Availle-Limousine Évreux Évian
Victor • • Nicolas

Georges • • Étienne 17. Connaissez-vous la France ? Associez noms de


villes et gentilés.
10. Théodore, Matthieu : l'un vient du grec, l'autre Scéens Sainte-Geneviève-des-Bois
de l'hébreu. Que signifient-ils ? Châteaudun
Fuxéens

a. Dieu avec nous Briochins Sceaux

b. qui honore Dieu Bisontins Jceuf


c. don de Dieu
Génovéfains Foix

1 1. Margaux ou Margot sont sans conteste des Dunois Besançon


prénoms plus à la mode aujourd'hui que Marguerite. Joviciens Saint-Brieux
Et pourtant, leur origine étymologique est la même,
Jovaciens EIne
à savoir :
Joviniens Bourges
a. un grand cru du Médoc.
b. une perle précieuse. lllibériens Joigny
c. une fleur. Berruyers Jouy-en-Josas

Solutions et explications p. 81

41 I
MOTS D'HIER ET MOTS D'AILLEURS

Un peu

a France a mis quelque dix siècles à s'affranchir du latin : étonnant destin ! Les événements qui ont jalonné les

X 1 200 ans de l'histoire de sa langue écrite sont innombrables, mais certains, considérés comme décisifs, font
l'objet de ce chapitre. Si elle a été par la suite imitée, et même dépassée dans ce domaine par les Anglais (Honni
soit qui mal y pense .'), la France peut s'enorgueillir d'être le pays où est né le concept de dictionnaire monolingue.
Le français n'est plus aujourd'hui la langue de la diplomatie. Il est, cependant, d'une extrême vitalité : ne dit-on pas
qu'on trouve en moyenne un millier de néologismes sur une période de six mois dans le journal Le Monde ?

1. En quoi la date de 842 est-elle importante dans 5. Associez ces dates de parution aux dictionnaires
l'histoire de la langue française ? correspondants.
a. C'est la fin de l'Empire de Charlemagne. le Dictionnaire universel
b. C'est la date des Serments de Strasbourg. d'Antoine Furetière,
c. C'est la naissance de deux nations : la France et 680 . ancêtre des dictionnaires
l'Allemagne. encyclopédiques
690 •
le Dictionnaire de la langue
2. Vers 1080 paraît un ouvrage en ancien français française d'Émile Littré
694 •
qui décrit un épisode du régne de Charlemagne. le Grand Dictionnaire
Quel est son titre ? 863- universel de Pierre Larousse
873 *
a. La Cantiiène ou Séquence de sainte Eulalie le Dictionaire français de
b. Le Sermon sur Jonas 865- • Pierre Richelet, premier
c. La Chanson de Roland 876 * ouvrage tout en français
le premier Dictionnaire de
3. L'Ordonnance de Villers-Cotterêts est connue l'Académie française
pour ses articles 110 et 111, qui concernent la
6. La cédille est apparue en 1 530 :
langue française. Qu'imposent-ils ?
a. vrai. b. faux.
a. de dire la messe en français
b. de ne plus parler patois mais français dans les
assemblées régionales du royaume 7. En 1629 est créée une institution qui existe
c. d'écrire les actes administratifs en français encore aujourd'hui. Laquelle ?
a. l'Académie française
4. Associez deux à deux les dates et les b. le Collège des trois langues
événements. c. l'Académie des sciences
première grammaire
• française écrite en français,
par le grammairien Meigret
1530
le Dictionaire françoislatin de 8. La loi Guizot de 1833 a imposé
Robert Estienne l'orthographe de l'Académie dans les écoles.
1532
En quoi contribue-t-elle à la généralisation de
première proposition de
1539 réforme de l'orthographe, l'enseignement de la langue de la République ?
par le grammairien Meigret a. Elle oblige chaque commune à financer une école
1 542
première grammaire de garçons et à entretenir un instituteur.
française rédigée en anglais, b. Elle oblige chaque département à avoir une école
1 550
par Paisgrave
normale pour former les enseignants.
parution du Pantagruel de c. Elle met en place le corps des instituteurs.
Rabelais

>• Solutions et explications p. 83


|42
MOTS D'HIER ET MOTS D'AILLEURS

La
récréation littéïatïe
PREMIERS TEXTES EN FRANÇAIS

842
ô La nticn crfti-M; ii.ovfu^'Hnrr
^Cfiior^ ;rri,<'i#ric •uid>.lucl Les Serments de Strasbourg
LiiwwjiÇ- m?n\rerrc! -dusnerime^i^ncf foru:^i< Ils constituent le plus ancien document écrit en français. Il s'agit
irl-isr • obtUtnA'nef' T-Taumtia*rti.' des serments de fidélité mutuelle prononcés le 14 février à
tU l'tûn hcxn Strasbourg par les petits-fils de Charlemagne, Charles le Chauve
awdfw irncKC roilufzwe uuirdLir et Louis le Germanique, contre leur frère aîné Lothaire.
O aiWloSyuiMtcui' rcno œ npfhirÂ-
^ i c a j v L t l ' ^ umz Nithard, Histoire des fils de Louis le Pieux.
Saint-Riquier ou Boissons (?), fin du ix= siècle.
uLtAr-zMati tr dtrvm - © BnF, manuscrits occidentaux, latin 9768,
fol. 1 3 et 1 4.
•^ ethM'Atu -tJU?uop/«cu ç>c<!ur%) e-prcliarriM
*^ /A
ftm fno;^^ mrmf-4»^arïtrtcf
UxX3%eilinc- AucunnwfJJ4-
curuîwj arziinc jx.'gcT • 'Tr cajAcî.'i dte îji

c^uApdtcxj-frf popuL EionA. fwT «Be-L AiittHr ûor|>/


' pfitdï pAcm •ft L-titu tine: gtiL*- ^ aClr^T r^-cri^ t-i tf cînî-nïC Lx-fLtt-f-: «iw
j-in^iîTr
npç rnof*» CcoÀxz: • Dadià. corrtcvtf'menfè r f
deâimo à£ULtituxrto- y^r^ ixon »"
osfcf- piaxû •conacncu Af« -t«"c-- T<3 fMixf ^ \uLé-•iûfd- ncn )i (Vt
certtru iicendcv de itrc fi^nu Atîuut'ufdA ^ p d t * c > é r é r * -^•^élfRcîir
hr JanT- N |,0l',T;>-"EA-TAr-lU;. fUith: U »
r itj érî 0'"TïTTr
sJ,. Lo Taon éi^^t^TTir •AL.éix Lr
. Uoni puL<4i« jîre AuLius -Bfrl A»f*r: Or^'
Eit^"11 ' t*«E -v2T<^uEi^uti-
•fT- J
ri... .xiiL
En«."uuJtiiv . ll^C^ rtfu.r.T'nl'rï-ï- to|-ï>r ,TÛre-T^ mot-rt-
. £ liè-dSRT Ef-.ip 2»
. nf "rt .U-^rm , tr^rtv-fUnO- jTJrH-t ^
.uT«T- Aû .1»",^, t'WE"-•
'L^r' itièidiin*-. .W.4W • '•" LJ,.n- lit L> liinri Arii-fc-alpX.tli^coift-l', 1
ru.
£ farg,fi"T --«jfcîi-iiiAn. rrv-r a«»Iî'4i|" 1^1"uwe^ ftu- -.Sf-ErA"*- •, -,
i Lii p-rtï Jpn.. t», »e,.j;U.,,to.ll,.UUt. U"Of Hj>-.v«rkaK4.- .«lui»*-: ,"ri.*r- St ..milTè-Utf-r.i-
- Liifr"»iJoir»*- E <"4" *El'l«lit M.4l. tifv^-Jrfu-T tjtr lTj,H- tI»**- .slv.».rfw..^Çin.4" Vers 882
r»-«.r<.riT«T ArpCNr^-c "•«r-r»- Minr.P.w .S'.li' auAf-rt- L»- a.«cnvui
, { nv
_Vix»-«I*-aidi-ifT
.uJz-ivlr-.
L
Hn
[
»u». ^mC tuiï.f*r-J - 5um .tk«-*))Arl • . .
La Séquence de
IjE-iimncp «u.îr . PÎ'-vî.. '
sainte Eulalie
E a.-'i-lr T^rf ' î- Uu-if AQ-'i L.4E.f-
-• ..c,-#»! A^-iffVr JfT'Ary^ W^.r. t ,,.1.. ..rt UJ, «.Iiw-wAW ^r.-r V--r!>r .uEi 4i..
•; --viTr ;. H.Stt ti^rV.UNi'iSç.'*'' • '-M-, n-t-'f
Ce poème de 29 vers constitue
-X.!T{i- U.US T£«.-Toun«j ÎSc fiU AVfMsAi.fi Si»; «.irl.-— la première œuvre littéraire écrite
TEo Ai<i•"
.X"^ A."."5 W IL-L.r • •'£ k'.n»t-jVr»*' "LJi>jer •-.4i*t-n> r^Jua" lE- en français qui ait été conservée.
jî—. / l'a,. Il raconte le martyre de la jeune
Vmi t.*,- rk*r Iu H-U W'
chrétienne Eulalie.
.uJi E-A*-"s-Lp^auR-' . irjtje;...r>'' ifs-t.AJ-i- -
swji E«* 1» «™iS*n 5» ^ ^ J,.JU .>• U.5, u.^ ••"'-A. Séquence de sainte Eulalie, Abbaye de Saint-
T ^ E'.a. 4.-.^ i- f. ;Tl,„..-VtAi-s ltLh'%
Amand (?), vers 882. © Bibliothèque de
Valenciennes, manuscrit 1 50, fol. 141v°-142.
Cliché François Leclercq.

43 I
MOTS D'HIER ET MOTS D'AILLEURS

Les mots
ouDues
1. Être languard, c'est ; 9. Que signifie l'interjection : Tarare pompon !
a. dire sans cesse du mal des autres. a. Se dit pour se moquer de quelqu'un que l'on ne
b. être un incorrigible bavard. trouve pas sérieux : c'est un rigolo !
c. être doué pour les langues. b. l'équivalent de taratata !
c. tu n'en auras pas, tralala !
2. Qu'est-ce qu'une coquecigrue ?
V
a. un hybride entre la coccinelle et la grue 10. Qu'appelait-on le mal caduc ?
b. une déformation du coccyx a. la syphilis
c. une billevesée b. l'épilepsie
c. une maladie neurologique comme la danse de
3. Qu'est-ce qu'un avaleur de charrettes ferrées ? Saint-Guy
a. un homme crédule
11. Complétez cette grille de mots croisés.
b. un monstre qui fait peur aux enfants
c. un vantard Horizontalement :
1. insurpassable, invincible
4. Quelqu'un qui lantiponne, c'est : 4. blesser
7. étincelle
a. quelqu'un qui a l'esprit d'escalier. 8. bouchon (Ronsard, Odelette)
b. quelqu'un qui tient des discours inutiles. 9. avoir l'habitude
c. quelqu'un qui remet toujours au lendemain. 11. noisette
12. bohémien
5. Qu'est-ce qu'une croquignole ?
Verticalement :
a. une très jolie jeune fille 2. flèche ; herbe des marais
b. une chiquenaude sur la joue 3. homme débauché
c. une sorte de croquette salée, frite dans l'huile 5. ivrogne
6. bientôt, de bonne heure, promptement
6. Qu'est-ce qu'un gros goguelu ?
a. une personne goulue
b. quelqu'un d'un peu sot
c. quelqu'un qui est fier de lui

7. Qu'est-ce que débagouler ?


a. vomir
b. dévaler la pente
c. dire du mal des autres

8. Qu'est-ce qu'un bout-de-cul ?


10

a. une petite pièce de cuir qui servait à réparer les


culottes de cheval
b. une personne petite et mal faite
c. une petite haie sur les plages qui permettait aux
femmes de se changer
Solutions et explications p. 83
I 44
MOTS D'HIER ET MOTS D'AILLEURS

Les expressions
tees
es expressions et proverbes sont certainement la partie d'une langue où la vie palpite encore après que ceux

X qui les ont imaginés sont morts depuis longtemps. Vous trouverez dans ce chapitre et dans le suivant quelques
expressions et proverbes tirés pour la plupart d'un ouvrage de 1640 réalisé par Antoine Oudin, «Secrétaire
Interprette de Sa Majesté », dont l'intitulé exact est :

«(DunoMez^Tonçoise^^oursi^Iément aux c^iomaira ou recueifc^jJusieurs fejjès^rojiietez,


^
ayec une t^nite c[è'.jToverfes
finrverf&s etjuo/wets,
et auolifets. zLourlexplication
f exulication de toutes sortes de Jdv svvres. »

Cent ans après la publication du premier «dictionaire »d'Estienne - et ses très nombreuses rééditions -, la réflexion
sur la langue française n'a donc cessé de progresser. Antoine Oudin, qui a déjà écrit une Grammaire française
rapportée au langage du temps, est peut-être plus sensible que d'autres, du fait de son métier de traducteur, aux
expressions, parce qu'elles résistent à la traduction. Pour notre plus grand bonheur car il nous a laissé ce trésor, dont
voici quelques perles.

1. Que vous dit le cœur ? Que dit-on de la guerre, 5. Que signifie l'expression Perdre les pieds pour
le charbon sera-t-il cher ? Ces deux expressions, une personne ?
de sens très proche, ont pour but : a. perdre l'équilibre et tomber par la faute de quelqu'un
a. de demander quel temps il fera. b. être amoureux d'une personne
b. de demander des nouvelles de quelqu'un. c. se mettre en danger pour une personne
c. de s'enquérir de l'actualité.
6. Retrouvez l'expression d'aujourd'hui qui
2. Que signifie l'expression Relever la moustache correspond. Attention : l'animal a peut-être changé I
de quelqu'un ? Reprenons nostre chevre à ia barbe :
a. le remettre à sa place
b. le faire rire
c. le frapper au visage 7. Que veut dire De broc en bouche ?

a. de Charybde en Scylla
3. Citez trois expressions contemporaines
b. du producteur au consommateur
équivalant à Mardi s'il fait chaud !
c. promptement

-V
^ 8. L'astre de la nuit est souvent source
d'inspiration pour les images. Associez chaque
expression à sa définition.

4. Quel est l'intrus ? Il est logé à la lune. Il est fantasque.

a. avoir une Lune dans la tête « vouloir faire une


Il tient de la lune.
b. avoir des chambres vuides dans sa teste
chose impossible »
c. avoir la teste chaude garder les moutons « Il est lunatique. »
à la lune (Oudin)
d. avoir des chambres à louer dans sa teste
vouloir prendre la « estre pendu »
e. avoir des grillons dans la tête
lune avec les dents
f. avoir besoin d'hellebore

Solutions et explications p. 84

45 I
MOTS D'HIER ET MOTS D'AILLEURS

Les proverbes

1. Reconstituez trois proverbes en associant comme


il convient le début et la fin. LA SAGESSE DES NATIONS

Il ne faut pas clocher • • selon ta bourse. U.c'5 p'i()\'c'!l}es sonl. dit-on. la des

Àchaque oiseau, • ^ son nid luy nation.':, et cette .•:aiie.':se -la n est cjiie'ie optimiste.
semble beau.
Illais la jinme du p'Tove'il'ie lui vaut son succès,
Gouverne ta bouche • • devant les boiteux.
fdovnule "/amassée tjui joue des ludancements
/ilthmujiies /juanclia pli/ase est doulde. qui use
2. Trouvez le proverbe contemporain qui dit le
contraire de celui-ci : des pa/alleltsnies. des assonances et allite/ations.
A chaque oiseau, son nid luy semble beau.
de la f/a/onomase. de la /edondanee. de l anti
thèse. du cluasme et de l oxtpno/e. h/e/ de toutes
3. Complétez chaque proverbe avec l'animal qui les /essoit/ces des jujii/es de sti/le. cette jo/mide se
convient : regnard, les chiens, un bœuf, pulces,
/etient aisenienl ee qui lui assu/e sa pe/ennitè.
mouscherons.

a. Avec on ne gaigne que des


b. Autant chie que mille 6. On perd son temps à reprendre un homme sans
c qui dort la matinée, n'a pas la langue raison. A quel proverbe cette définition correspond-
emplumée. elle ?

a. Longue barbe, courte science.


4. Quel est le légume dont on parle dans ces deux b. Cheval fait, et valet à faire.
proverbes ? c. A laver la teste d'un asne, on ne perd que la lexive.
pour . Aubervilliers vaut

bien Paris.
7. Remettez les mots dans le bon ordre, pour
Ce n'est pas tout que des former un proverbe de douze syllabes, avec une
, il y faut de
la graisse I virgule séparant les deux hémistiches.

a. carotte b. poireau latin monde les parlent


c. chou d. panais
e. citrouille f. navet du la approche, fin bestes

5. Quel est l'animal dont on parle dans ces deux


proverbes ?

n y a que qui sent où le bast le 8. Que signifiait ce proverbe du temps de Nicolas


blesse.
Oudin : Plus l'oiseau est vieil, moins il se veut
À qui est le tienne par deffaire de sa plume ?
a. Plus on est vieux, moins l'on veut entendre parler de
a. coq b. cheval la mort.
c. renard d. âne b. Plus on est vieux, plus on devient avare.
e. chien f. chat c. Plus on est jeune, plus on est ignorant.
Solutions et explications p. 85
I 46
MOTS D'HIER ET MOTS D'AILLEURS

La
récréation littéïatïe
PREMIERS DICTIONNAIRES

1539
Diâionairc Francoiflatin, con DICTIONAIRE
tenant les motz & manières Francoiflatin. Robert Estienne,
de parler François, tournez Dictionaire froncoislatin
en Latin.
chfZ Ci C'est le premier ouvrage avec une nomenclature
iVAigi
Cc^^ IcJJC-7A»**"»cf!».Soinior "M.
en français, et celui qui porte pour la première
Ilurt (tHrceeie^fifi/niS-cia^.eittffiiail
fois le nom de « dictionaire » (avec un seul n).
t'mitde'{^irrmr,0»aiATW-
l'dénù dnia mdfh-C

cî3 "jer«.j Page de titre et première page de la lettre A; Estienne (Robert),


llr/t ^o^MjeU.LsrMccll. tiUacitr cil. Dictionnaire froncoislatin, contenant les motz & maniérés de
«/«.fc.hen^tcr.
IUd9^n>'ij<c.nM'll Ww/x^.Mc uifclt. Uècir^cjc.iai'?Mp.PmlGi
—cm6ïii ûu ^uc.
îssï"iîSf;sïi~ parler français, tournez en iatin. Paris, Robert Estienne, 1539.
© BnF-Gallica, FRBNF37234701,
Jefcr^iâii«,NMiâain u
fol. 1, fol. 2 et fol, 3.
c» i f»«>fen î~lfK A/>
, i».

A^recicf.)î.',t..âi«cw.
q^/iiiteittp!a!nirrr,P qW^OTrf^,EM3*rtiw **.
CAcjcralc/lc.Prcmffc vfii T»ctoil»n/»cje*jcr«l'c/tm«, TwpKcni
A PARIS.
Absiffcr.crrchfiAbbaiffet.
DcrimpdmenedeRoben Eftimne. Abndon.ccichfz BanJctn.
.^binrfotiim. AbarJoniic. Abjcv
M.D.XXXIX. 'Ht Loïn^e&lcxaùl. ncmcnt.Abi-îdonntttnent.
• • ej iUiiioi4ifaBt,"• ••

Aucc priuilege du Roy. **XcaiB»aufJrc /anjcaiiccifl/f.OpEeftilM wf«.


tw «ep fjcaeecuetil J/Vleeff.NoO ûmnll eUl
Page de titre, Richelet (Pierre),
Dictionnaire français contenant les mots et les choses,
Genève, Jean Herman Widerhold, 1680. © BnF-Gallica,
FRBNF37252284.

1606

Jean Nicot, Thresor de la langue françoyse


tant ancienne que moderne DICTIONNAIRE FRANÇOIS
TIKE DE L'USAGE ET DES BONS AUTEURS
Ce dictionnaire, qui est une réédition du dictionnaire
DE LA LANGUE.
bilingue de Robert Estienne, est considérablement
enrichi et déjà à demi monolingue.
Lu ktiK A gir^e rcAiouo Ci atire. Peindreb huBciC^y^^»l^J're,Jn'ecde^^«ff,
mém« piotvcneiaticm, aciln'y
Page de titre, Nicot a qu'un petit tiembte de di peéporr.ionTeae. lin aoe.it<vt.Cefi iiirtMar
flionioù rtitt ifglent j'eb- meure ieltme.
ftn-c pji i c6!nme dtn» tti A, particule quiTe met devantun infinhrf au lieia
(Jean), Thresor de mot. p«i. ' uar, OU/"«/a.Maîtreb daeicni CefiSdut,
THR ESOR , C«r cntoK
la langue française ccTivcnlavfjun»,ibleptonon- aiculequi étant mifc devant unadjeftiSf'S'ù-
naniere, fiieon j[Vciu .1 laFiJB^OileJ
<em fn.fiffii.feffAse: De même que s'il,
de la langve tant ancienne que éioientécrit, parunit. VeittU eslmni Ai. A, patciciitcquiremei an lieude lapiépoluiM<pai-.
l'u feJoit pronooccT quctqucfoi.long.&quelque- 1CKon faitedéehiiet cefaeiilcgea U chunne.
FRANÇOYSE. TANT moderne. Paris, loi.bref. Unadonne qucIqucirégTeipour cela: AH LMC.^)m.l^^
mil. lin. «'embjufreT de totne. eer >' , pactKule q»n le riKtatiliew^rtreiiewe. lO.mar-
ANCIENNE cboiene dsnt la' négehaute de ctoq iGx piea.
tjucModerne. D. Douceur, 1 606. Di.lionnlircon uwrniif l'A qui eft long, d'un AH-Ctiel-*•]
irconSew,i qti'onnemetaueunacceni , tvoifieroc perlônlit du veibeirnir.Cêt« nele
vîVQj''E^ E^TRC CHOSES
© BnF - Gallica, fuclA ifl) bref. marqued'.iicunaccent,alàndele dilboguei de*
rede rAIptubn, Aclapu » qgàftant ailleIciiparncalet. oupr^po&iioiu,
0-Fi»lnmtTU,cjdeHé>ar<mAffn,^ y!i h jf. Je'R, i.vvoa, m t, FRBNF37250316. micteJettnq voyt s.uiiatuenfeir.
• • Cvdtirousgitilc leui1'Abd,quineûvs>cnii
%tCtnfà!Er<^7rtfAm2tstB^iuEntnTiainunt.
.1,3iti-.-lc quimarquekdatifTtngulier.oiipluriel.céi Anil ,f.f preuncetlééft. I ieuoùvtveiudt»Re
r;T AVGMF-NTT. KN GESTE DERNIERE Farticleaufii-bien qu'a particule,ou pcépoliitun. ligieux,ou de. Religicufc., &quia du levenO
P« Ii«s Siriir.viujott.onffilicrduRo». A-M' lict doit.«rem.uquc d'unaccent grave, pourvu qu'il pouile'fairefubrifter. tUnebonneAbak.]
>t.c<picRrsutijorJi.ia>.ea«roaHoAel.
necommtncepa.on veta.euiuMperiodr. aIo» AtMvte. Voin plus-baa,
AtVAlx.-jje.yrMUun. FH/fl .HctlKplU-baSlBC
"% £C VHT. QK A M Al .UKS. SKAt^'COYSt IT )l.a inre Àcinut ce qu'elle ceneieec eftà Dici , eboièeiuietoirplua>hairr.
vértzfntritjJeU FruKt. EtJnaikltHfmniJtnr^ tnnia, [Abaiircrunpont.lt.ia.-fW.J
l.e Seigneur découvre re.reertca bcruAquileet: Ai»;fer. bic: delà bautnir,
gneni, P/ravmt i>«V'd.] [AbtilTerune muraillede dcuxpK^ )
A. px^pofition quidéfîgne quelque repot,ouquel. * Aitfrr. Rjvaler.hiimitie».
3tw mouvement lociL [rD'igiHlti. a«nu ccolc [' DieuaiMlfleS'oDj&êievel'autrr.
cRùoiiquei Cartage. S.Auguftàe apeù(à. • AhïiflctlejeTmemiidel'Egiilê.ad'».
verfian , ft retira a fa campagae. Aoft*. ,fUe. • Abadlee l'orguetldc Gartâgc. Kun^uru-t *.]
. p.triiculequifemet devant let de devant baifTe.ie mefui.obaiile.lem'abarflâi-
Irsinlînitifide.veibet. {Cefti ijepaii'e comme l'ombie qui .'abiilTe vers urote.
àMiger lespeuple.. P/éaoner deJimtud i Lepii.ellrempli dernoniagneaquj «'abaifiecipett
>paroeule quifemerau bcu de la pi^ofn » peu. jfli.Tae.Sev.e.a.] . ,
A ^SotHftr.

680

Pierre Richelet, Dictionnaire français


A PARIS,
ID OiimvR, Lil>ijirt((iti,nj«fâinmiiqurt.it'oito-
diiXlcrcunatiait " mToc " v U
Premier dictionnaire monolingue en français, il illustre le sens des mots
•A Jo 'Eoj,& JrrEmpfmr.
par des citations appropriées tirées des «bons auteurs ». C'est l'ancêtre
d'ouvrages tels que le dictionnaire d'Émile Littré ou le Petit Robert.

47 I
MOTS D'HIER ET MOTS D'AILLEURS

Le français
des pïovtnces
1. On parle souvent de la langue d'oc et de la 5. Quel est le sens commun à tous ces verbes, que
langue d'oïl. Que veulent dire ces deux mots ? l'on emploie dans différentes régions de la France :
a. Ce sont les deux manières de dire « oui » dans le « s'empiger, s'empierger, s'encoubler, s'enfarger » ?
français du Moyen Âge. a. s'endormir
b. Ce sont les noms des deux parties de la France b. s'embrasser
délimitées par la Loire. c. se prendre les pieds dans, s'empêtrer
G. Cesont, à l'origine, les noms des dynasties qui ont régné
respectivement dans le sud et dans le nord de la France. 6. Que signifie cette expression poitevine : ne pas
avoir de démain ?
2. Triez ces dialectes régionaux selon la division
a. ne pas être dégoûté
langue d'oc/langue d'oïl.
b. ne pas avoir les deux pieds dans le même sabot
c. pouvoir s'adapter à n'importe quel travail, n'importe
Oc Oïl Oc Oïl
quelle situation
angevin berrichon

auvergnat bourbonnais 7. Dans quelle région souffle le nez-de-chat ?


bas-normand champenois a. dans le Nord b. dans le Midi c, dans le Jura
béarnais franc-comtois
gallo francien 8. Barrez l'intrus.

limousin gascon
3havas ser j acoter
manceau languedocien
placoter jacasser tatasser
mayennais lorrain roman
poitevin niçois
bavasser barj aquer
provençal Orléanais

saintongeais picard
AILLEURS
3. Reliez chaque mot à la région où il est employé.
Quel objet quotidien désigne-t-il tous ?
« bine langue est un filet aux mailles plus ou
panosse Aquitaine
moins sei'ices ou lâches », disait le linguiste
cinse Gascogne
Hlaytinet. ^insi, les gaueko5 de la pampa
torche Franche-Comté
aicfentine ont plus de 200 mots pouï decthc
gueille à gringonner Ardennes
la couleu'i de la lobe des chevaux : les Jnuits en
loque à reloqueter Poitou-Charentes
ont plus de 20 pou\ déciile la neige ; en Indonésie,
faubert Alsace
J mots difféyents désignent le "liz, selon gu dest
waschiumpen Finistère
sWi pied, gu ilest eiu ou gu ilest cuit ; quant
4. Que signifie cette expression de Provence et du
aux lllandingues (^dfïique de l Ouest), ils ne
Languedoc : être dévarié ?
disent pas gu ils sont malades mais que «la
a. être contrarié
b. être abîmé (en parlant d'un fruit) maladie est sifr eux » (énoncé «situatif »).
c. être un peu perdu, désorienté

Solutions et explications p. 85
I 48
MOTS D'HIER ET MOTS D'AILLEURS

Les mots
de la ancop orne
1. À combien estimez-vous le nombre de personnes 6. Ces mots et expressions viennent de Suisse,
qui parlent français dans le monde ? de Belgique ou du Québec. Retrouvez l'origine de
chacun.
a. 500 000 000 b. 100 000 000 c. 180 000 000
a. Ça me chicote
2. Laquelle de ces îles ne fait pas partie de b. une babelutte
l'Organisation internationale de la francophonie (gif). c. Quel chenil ! (prononcer chni)

L'Organisation internationale de la francophonie 7. Associez ces mots suisses à leur définition.

* ^ goger

gouille •
• •


sèche-cheveux

sac (papier,
plastique, etc.)

m cornet

foehn



tremper

arriviste

cuissettes •
• brin

• flaque
États et'.gouvernements grimpion •
États observateurs
membreS-de plein droit
courber •
• moutons (poussière)

a. Seychelles b. Vanuatu C. Maurice bruchon • • culotte de sport

f. Comores carré de tissu-éponge


d. Cap-Vert e. Haïti minons • •
pour la toilette
lavette • • manquer
3. Combien d'États sont membres de I'oif ?
a. 20 b. 56 c, 80 8. Une bébelle au Québec est :

4. Donnez le sens de ces mots et expressions a. une bébête.

belges. b. un machin.
c. une fille un peu niaise, ou bobette, comme diraient
a. J'avais un oeuf à peler avec lui depuis longtemps. nos amis suisses.

b. C'est une bisbrouille qui a commencé pour des 9. Partons vers le sud. Nous voici en Afrique.
carabistouilles.
Proposez une définition pour chacun de ces mots.
a. roue de secours : ...
c. On est allés dans un estaminet, j'ai demandé une
pinte, et lui, une jatte de tisane. b. boutique mon cul :
c. amoureux ;

d. Alors il m'a fait de son nez, comme si je vivais dans


le plus grand brol... non, mais !
' ^10. Expliquez ce qu'est un situationniste en
Centrafrique et au Congo Brazzaville.
5. À votre avis, que sont les foufounes au Québec ?
a. les seins
b. des jupons amples de toile légère
c. les fesses
Solutions et explications p. 86

49 i
LE FRANÇAIS SOUS LA PLUME

Portraits , ^
d'auteaïs ""
1. Parmi ces œuvres, laquelle a été écrite par 7. Résolvez ces petites énigmes en trouvant de qui
Chrétien de Troyes ? il s'agit.
a. Le Conte du Graal a. Je suis belle, je monte très bien à cheval. Je Joue du
b. La Chanson de Roland luth. Je connais le latin et l'italien, toutes occupations
c. Tristan et Yseut que Je préfère aux tâches ménagères. J'ai eu des
amants, je suis l'un des grands poètes français.
2. Rabelais fut : Qui suis-je ?
a. écrivain. b. moine. c. médecin. écrivain. Je suis la sœur de François grand-mère
d'Flenri IV, protectrice de Marot, Lefèvre d'Étaples,
3. Qui a dit : «Soyez donc résolus à ne plus servir Rabelais, Dolet.
et vous serez libres » ? su/s-/e ?
c. J'ai rencontré Buffon et Grimm dans le salon de
a. Voltaire dans les Lettres philosophiques mère. J'ai reçu dans mon propre salon, rue du
b. Michel Bakounine dans D/eu et/Éfaf Condorcet, Talleyrand, Chateaubriand, Guizot,
c. La Boétie dans le Discours de la servitude volontaire Mme Récamier et tant d'autres... Je prends parti pour la
république, mais J'échappe de peu aux massacres de
4. Quels écrivains désignent ces expressions ? septembre. Proche de Benjamin Constant, J'ai sauvé de
Certaines sont des pseudonymes, d'autres sont |a Terreur plusieurs amis. Mes œuvres ont un immense
leurs noms exacts, dautres, des périphrases. succès. L'Empereur m'interdit de rentrer en France...
a. L'aigle de Meaux : suis-je ?
b. Bison Ravi :
c. le Prince des poètes : ^
d. Émile AJar : 8. Qui est l'auteur de L'Astrée ?
e. Michel Eyquem : a. Flonoré d'Urfé
f. Brisavion : Cyrano de Bergerac
g. Samy Rosenstock : ç- François de Belleforest
5. Un oiseau, connu pour sa grâce et sa souplesse, 9. Parmi ces œuvres, lesquelles ont Pierre Corneille
a donné un surnom à celui qui a dit « la passion est pour auteur ?
la parole de l'âme ». De qui s'aqit-il ?
a. Phèdre b. Le Cid
a. Guizot b. Fénelon c. Hugo c. L'Illusion comique d. Iphigénie
6. Àquelle époque ces écrivains ont-ils vécu ? Complétez la frise.
a. Charles Cros b. Chrétien de Troyes c. Alphonse Allais d. Leconte de Lisie
e. Cyrano de Bergerac f. George Sand g. Rabelais h. Olympe de Gouges
'• La Boétie J. Aggripa d'Aubigné k. Huysmans I. Joachim Du Bellay

xiir XIV® XV® XVI® XVII® XVIII® XIX®

I 50
LE FRANÇAIS SOUS LA PLUME

CERCLES ET CLUBS DÉCADENTS


14. Qui est l'auteur des Liaisons dangereuses ?
a. Ninon de Lenclos
/Jntie le nalu'iatisme, 'lepïé.senté pa\ ^ola, et
b. Pierre Louys
le stpnljolisme, dont le plus illustie des (leteu'is c. Choderlos de Laclos

est 'IJlcdla'inié, s est installé ekez les écnvains et


1 5. Quel auteur a écrit Au Bonheur des dames
les artistes ce que l on a appelé le «malaise jin en 1883 ?
de siècle ». Cette sensibilité décadente s expiime a. Guy de Maupassant
entie aiities pal la cléation de clubs littélaiïes b. Émile Zola
c. Stendhal
loufoques tels le Ceïcle des poètes zutistes ou
zuliques. fin 1871, qui leqloupe des écltvains 16. Associez chaque citation à son auteur.
comme Cballes Clos, ^dltliul Idinibaucl. Paul
« Dans les bois de Molière, La
'Vellaine, ^ndle m ou le club des Jdydlopatkes Clamart on entend la Critique de
en 1878, oti se ïellouvent fClançois Coppee, clameur des enfants i'Écoie des
qui se marrent. » femmes
dfean Pickepin, Paul Boulqet, .Plpkonse
« Que diable aller faire
Allais. Ckalles Clos, Salak Belnkaldt ; ou aussi dans la galère Boiieau,
d'un Turc ? D'un Satire VI
eneole le club des Jdhsutes et celui des ^e-m en- Turc ! »

foutistes. Jleul kumoul loufoque intloduit le « Tarte à la crème,


morbleu I tarte à la Camus,
sentiment de l absulde dans l explession littélaiîe. crème ! » L'Étranger

« Et quel fâcheux
démon, durant les nuits Prévert,
10. Jean de La Fontaine est surtout connu pour ses entières. Rassemble Paroles
fables. Combien en a-t-il écrit ? ici les chats de toutes
les gouttières ? »
Cyrano de
a. 1 55 b. 240 c. 610
« Aujourd'hui, maman Bergerac, Le
est morte. »
Pédant joué
11. L'une est connue pour ses lettres, l'autre pour
un roman qui avait été précédé en 1662 de la Saint-
« C'était à Mégara,
Exupéry,
Princesse de Montpensier. Qui sont-elles ? faubourg de Carthage,
Le Petit
dans les jardins
a. la marquise Prince
d'Flamilcar. »
b. la comtesse
« J'ai ainsi vécu seul, Elaubert,
sans personne à qui Salammbô
12. De quelle tragédie sont extraits ces deux parler véritablement... »
vers célèbres : « Arianne, ma sœur, de quel amour
blessée/Vous mourûtes aux bords où vous fûtes
4
laissée ? »
17. Parmi ces auteurs, quels sont ceux qui
a. Horace b. Phèdre c. Athalie ont reçu le prix Goncourt ?
a. André Gide
1 3. Molière fit un malaise sur scène qui lui sera
b. Marcel Proust
ensuite fatal, alors qu'il jouait le rôle principal de
c. Louis-Ferdinand Céline
sa dernière pièce. Laquelle ?
d. Eisa Triolet
a. Le Malade imaginaire e. Robert Merle
b. Dom Juan f. Pierre Benoît
c. Tartuffe

Solutions et explications p.

51 I
LE FRANÇAIS SOUS LA PLUME

Au cœur
des œuvïes
1. Qui est l'auteur du roman dont ce texte est extrait ? 5. « Longtemps, je me suis couché de bonne
'< Il voyagea. heure » : quelle oeuvre commence par ces mots ?
Il connut la mélancolie des paquebots, les
a. Proust, Du côté de chez Swann
froids réveils sous la tente, l'étourdissement des
b. Brillat-Savarin, La Physiologie du goût
paysages et des ruines, l'amertume des sympathies
c. Rimbaud, Le Dormeur du val
interrompues.
Il revint.
6. Parmi ces trois propositions, laquelle définit
Il fréquenta le monde, et il eut d'autres amours
le mieux ce qu'est le « Nouveau Roman » ?
encore. Mais le souvenir continuel du premier les
lui rendait insipides ; et puis la véhémence du désir, a. un rejet des conventions romanesques
la fleur même de la sensation était perdue. Ses traditionnelles
ambitions d'esprit avaient également diminué. Des b. un mouvement organisé qui se reconnaît dans un
années passèrent ; et il supportait le désœuvrement manifeste
de son intelligence et l'inertie de son cœur. » c. une remise en cause de la notion de personnage
romanesque
a. Claude Simon
b. Gustave Flaubert
7. Qui a dit : « 7e suis moi-même la matière de mon
c. André Malraux
livre » ?

2. Sous quel titre Balzac rassemble-t-il ses romans a. Chateaubriand


sur la France de 1789 à 1848 ? b. Montaigne
c. Jean-Jacques Rousseau
a. La Condition humaine
b. La Comédie humaine
c. Les Rougon-Macquart : histoire d'une famille sous le
EXERCICES DE STYLE
Second Empire

3. Parmi les romans ci-dessous, lesquels «7lot(itions. 2)cins l S', à une keuïe cl afjluence.
appartiennent à la série des Rougon-Macquart ? Un type clans les vingt six ans, chapeau mou
a. La Curée b. La Duchesse de Langeais avec coCclon ïeniplaçant le "luhan, cou t'iop long
c. Le Père Goriot d. Au bonheur des dames
comme si on lui avait tiïé dessus.
e. Le Lys dans la vallée f. Le Ventre de Paris
g. Pot-Bouille h. La Rabouilleuse J~itotcs. lions étions cjuelcjues-uns à nous déplacei
i. La Terre j. La Faute de l'abbé Mouret de consewe. 'Un jeune homme, gui n avait pas
k. Illusions perdues I. La Conquête de Plassans
l aiï tïés intelligent. »
4. Parmi les nouvelles citées ci-dessous, lesquelles ctn 19F7, Idaymond (Queneau publie ses (Lîxe'icices
peuvent être qualifiées de fantastiques ? de style ; ds consistent à 'léclile une centaine
a. Le Chat noir (Edgar Allan Poe) de fois un même épisode t'iés hlef et sans aucun
b. Le Horla (Maupassant)
c. Pierre et Jean (Maupassant)
intétét d int\igue. en vaiiant le ton. le "legistie.
d. Les Diaboliques (Barbey d'Aurevilly) le gen'ie, mais aussi la sélection des motifs,
e. Mateo Falcone (Mérimée) c est-ci-dile fous les pjocédés gui entrent dans la
f. La Vénus d'Ille (Mérimée)
g. Sylvie (Gérard de Nerval)
composition du style.

|52
LE FRANÇAIS SOUS LA PLUME

8. Donnez, dans l'ordre, les titres des sept volumes 1 3. Parmi les œuvres suivantes, lesquelles ont été
d'À la recherche du temps perdu. écrites par Marivaux ?

a a. Le Jeu de l'amour et du hasard


b b. On ne badine pas avec l'amour
c. L'île des esclaves
d d. Le Barbier de SéviIle
e e. Arlequin serviteur de deux maîtres
f f. La Fausse Suivante

g g. Les Fausses Confidences

9. Parmi ces oeuvres, lesquelles ont Albert Camus 14. Parmi les drames romantiques suivants,
pour auteur ? lesquels ont été écrits par Victor Hugo ?
a. Les Nourritures terrestres a. Lucrèce Borgia b. Antony
b. Caligula c. Hernani d. Kean
G, Le Roi Candaule e. Lorenzaccio f. Ruy Blas
d. Le Mythe de Sisyphe g. Fantasio h. Chatterton
e. La Symphonie pastorale
f. La Chute 1 5. Certaine de ces œuvres ne sont pas de Samuel
Becket. Chassez l'intrus I
10. Quelle fonction Chateaubriand assigne-t-il à
a. Mort d'un commis voyageur b. Fin de partie
l'écriture autobiographique dans ce passage ?
c. Les Sorcières de Salem d. Rhinocéros
« Je fus tiré de mes réflexions par le gazouillement
e. En attendant Godât f. Mercier et Camier
d'une grive perchée sur la plus haute branche d'un
bouleau. À l'instant, ce son magique fit reparaître
16. Associez chaque incipit à son œuvre.
à mes yeux le domaine paternel ; j'oubliai les
catastrophes dont je venais d'être le témoin [...]. « Heureux qui comme
Je n'ai plus rien à apprendre, j'ai marché plus vite Alfred Jarry,
Ulysse a fait un beau ' Ubu roi
qu'un autre, et j'ai fait le tour de la vie. Les heures voyage. »
fuient et m'entraînent ; je n'ai même pas la certitude
« Le bon sens est la ^ Du Bellay,
de pouvoir achever ces Mémoires. [...] Mettons chose du monde la Les Regrets
à profit le peu d'instants qui me restent ; hâtons- mieux partagée. »
nous de peindre ma jeunesse, tandis que j'y touche
« Merdre » Montaigne,
encore [...]. »
Essais
(Mémoires d'outre-tombe, 1846) « Doukipudonktan,
se demanda Gabriel
a. Elle rend mélancolique et donne aux souvenirs une excédé. »
Descartes,
allure nostalgique. Discours de
« C'est un livre de la méthode
b. Elle permet de saisir sur le vif l'instant présent.
bonne foi, lecteur. »
c. Elle tente d'arrêter la fuite du temps en fixant les
souvenirs. « Buveurs très illustres, Zola, Nana
et vous, vérolés très
précieux, - car à vous,
1 1. De quelle œuvre cette célèbre citation est-elle non à d'autres, sont Queneau,
tirée : « Hé bien I la guerre. » ? dédiés ces écrits,... » Zazie dans
le métro
a. Illusions perdues (Balzac) «À neuf heures, la
b. Les Liaisons dangereuses (Laclos) salle du théâtre des Rousseau,
c. Le Feu (Henri Barbusse) Variétés était vide. » Les Confessions
« Je forme une entre
1 2. Qui a dit : « Les gens heureux croient toujours prise qui n'eut jamais Rabelais,
avoir raison » ?
d'exemple, et dont Gargantua
l'exécution n'aura point
a. La Bruyère b. La Fontaine c. La Rochefoucauld d'imitateur. »

Solutions et explications p. 89
53|
LE FRANÇAIS SOUS LA PLUME

La
récréation littéïatïe
QUELQUES BELLES PAGES

Vers 1080 Vers I 190


La Chanson de Roland Perceval ou
C'est la plus connue des chansons de geste en ancien français. le Conte du Graal
de Chrétien de Troyes
Dans ce roman qui restera inachevé,
Chrétien de Troyes exprime ia force de ia
'«srr-P'tiiti*z(pj foi mystique qui, plus que l'amour courtois,
"^r^W%î^t>Uï|i<Tr||îiâ guide Perceval, l'un des douze chevaliers
de ia Table ronde.
I nr fitemffmfikém-if I'
,• f mf fimitanteifft'&'rfnf^3.^^
• irrîfm.-irfihr îû-tééfâ:-kftmit^'~' .nfnzr-l,
® Jfîtîinn' h mvXxtmmù«îûrtnïmM'îfftiî#
tourne ciî* «Il que îlîKfftsîtrt
'•f- ^i4î%iT^'t| tîialf nt1imfi^jfrz%^u
^ f fît dit? inau>î« iwiittia
u 1er iftt tnnn f?» t*âr»t6t t, - ;
S «rim^ntfi èr aC-* tqjicitfottrfeixnfclïH
_d__ * - '•

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!if ne te limucrtw'i* 'jmicjmtv •"•S? efpiftuUid^iiïie fer^iuttr -
^ iflmiAftrttttîmnon-
La Chanson de Roland, in Anglo-Norman, 12th >.env!ilîAnmarioi». 'p iAniiicmrDuttfitpciferqtn/ y
century, (?) 2nd quarter, © Bodieian Library, 'h ici'iihefiftWtT^ïaïu'^ic j:- rmflî-,'}k)r.'asi*1»'f«iTO
îL^V e? nebflnprfi'îoncUfTnt^ f» 4eJ*i'>!'î.r f^fiTune-
University of Oxford, f/lS. Digby 23 (Part 2) fol. 1r «nr|«li)iiielfnnhu-
':J 1infl»4'enî8«Jïï«««CT»ïttfî T .il fiauni-
$ «irfrtdsiat»KHÎr^|p'*r'<
Chrétien de Troyes,
Conte du GraaI. 1330 (?).
' BnF, manuscrits occidentaux,
1 V ^ _î..:
français 1 2577, foi. 1v°.

|54
LE FRANÇAIS SOUS LA PLUME

La
récréation littéïatïe
ET D'AUTRES

xiAxiii® siècle 1532


Le Roman de Renart Pantagruel de Erançois Rabelais
Ce roman dont les personnages sont des Mêlant les niveaux de langues, les archaïsmes et les
animaux est une parodie en 27 poèmes néologismes, les jargons de métiers, les termes de
des chansons de geste. médecine, de théologie, de scholastique, la langue
foisonnante de Rabelais est le héros principal de son oeuvre.
4

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\ ...
^ UUwfAffttrctortrn» 1:1 iMs;aâAumm{âta>^ 4
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' tm'Côpofe^ nouiicffe^
uignf pdï

Anonyme, Le Roman de Renart. © BnF, manuscrits


fiafih \£:^,.î
occidentaux, français 12584, fol. 12v° et fol. 16

«Citi{mmtbittLltut»I(u«
f («nsn ttnto^tfmu»
4Ii<àiiV OûM» fottt
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«A(iAitt<utfrlA;inmricuimR t'il^lf4>arfe«muift«MC«
arbui
.ï tfwAtflurifliâw&w. .«tM ^mnt
- » tmtUmw«^annâltf 7
Page de titre de Pantagruel, tirée de Rabelais (François), Pantagruel. Les horribles
et épouvantables faits et prouesses du très renommé Pantagruel, roi des Dipsodes,
fils du grand géant Gargantua. Lyon, C. Nourry, s. d., 1532, © BnF, réserve des livres
rares. RES-Y2-2146.

55 I
LE FRANÇAIS SOUS LA PLUME

Des
ïmes et des veîs
arce que le poète est comme un orfèvre qui travaille le langage, la poésie est le genre qui se donne les plus

P fortes contraintes formelles : le vers, la rime, la strophe et les différentes formes poétiques codifiées (sonnet,
ballade, etc.) la distinguent bien souvent des autres genres. La versification notamment est utilisée par le poète
pour obtenir certains effets liés au sens du poème : rythme sautillant ou grave, sonorités inquiétantes ou comiques,
harmonie ou discontinuité, etc. La poésie est une forme-sens : le sens du poème naît de la forme autant que la forme
sert le sens.

1. Étymologiquement, que veut dire le mot poésie ? 5. Formez trois groupes de quatre mots pour
a. produire, fabriquer constituer :

b. dire, réciter a. des rimes plates.


c. chanter l'amour b. des rimes croisées.
c. des rimes embrassées.
2. Quelle figure de style est à l'œuvre dans ces
vers de Lamartine ? « Sur la plage sonore où la
artichaut nuage armoire
mer de SorrentefDéroule ses flots bleus au pied
de l'oranger » cheval moulage
dangereux
a. la consonance
b. l'allitération violon manchot arsenal

c. l'assonance
oisillon délicieux butoir

3. Comment appelle-t-on la figure commune à


a
cet énoncé : si six scies scient six citrons, six cents
scies scieront six cents citrons ; et à ces vers de b
C
Victor Hugo : « Un frais parfum sortait des touffes
d'asphodèle./ Les souffles de la nuit flottaient sur
Galgala » ? 6. On quoi consiste la mesure d'un vers ?

a. l'altération a. C'est le décompte des rimes.


b. l'allitération
b. C'est le décompte des consonnes et des voyelles.
c. l'alitement
c. C'est le décompte des syllabes.

4. Parmi ces vers, lesquels permettent de 7. Reliez chaque nom de poème à sa définition.
reconstituer un extrait de Soir d'été de Guillaume
Apollinaire ? Trouvez-les et remettez dans l'ordre. est à l'origine une
Un sonnet chanson populaire dite
sur un ton plaintif.
Le Rhin Un train
est une composition
Un cargo anglais Qui roule Une de vers octosyila-
complainte biques construits sur
Qui coule Une sardine de Royan deux rimes.

est une composition


Un rondeau de deux quatrains et
de deux tercets.

I 56
LE FRANÇAIS SOUS LA PLUME

8. Comment appelle-t-on l'enchaînement entre 13. Complétez cette grille de mots croisés.
les vers mis en couleur dans ces deux poèmes ? Horizontalement :
5. un poète qui ne buvait pas de vin
« Et l'Amour comblant tout, hormis 7. de son nom régional grole, qui vient du latin gracula
La faim, sorbets et confitures 8. la mère d'Astyanax
Nous préservent des courbatures. »
Verticalement ;
(Verlaine, Les Fêtes galantes, « Cythère »)
1. libertin de papier
2. Il a la paternité de 2 000 personnages environ.
« J'ouïs la cloche de Sorbonne,
3. Chez Zola, qui n'est pas Macquart est ...
Qui toujours à neuf heures sonne
4. C'est l'auteur de l'Éloge de la folle.
Le Salut que l'ange prédit. »
(Villon, Le Testament)
6. Fille du feu, je suis la muse de Gérard de Nerval.

a. un enjambement
b. un croc-en-jambe
c. un vire-langue
d. une enjambée

9. Reconstituez des mots en reliant le début et la


fin. Deux d'entre eux ont un rapport avec le compte
des syllabes : lesquels ?

syn- • -rese

dié- • -ergie

dia- • -érèse

syn- • -lyse

10. Les strophes qui ont trois vers s'appellent


14. À l'aide des lettres de la grille, trouvez les sept
des tercets, celles de quatre vers, des quatrains.
mots qui se cachent derrière les définitions.
Comment appelle-t-on des strophes de deux, de
cinq et de neuf vers ?
R G F 1
a. deux vers :
L D P E
b. cinq vers :
c. neuf vers ; S M C B

O A N H
11. Qu'est-ce qu'une cacophonie ?
a. un vers comportant trop de consonnes a. L'appellation abrégée d'une œuvre littéraire en sept
b. la rencontre de syllabes mal sonnantes volumes : la
c. un poème contemporain dépourvu de ponctuation b. L'évêque d'Hippone et l'amant de de Warens en
écrivirent : les .
V
c. Montaigne en inaugura le genre : les
12. Dans ces vers, marquez d'un trait vertical
la coupe à l'hémistiche. d. Une sorte de petit conte rimé :
e. Genre littéraire dont l'anagramme exacte est une
«Je connais mes fureurs, je les rappelle toutes.
héroïne d'opéra :
Il me semble déjà que ces murs, que ces voûtes
f. Certaines sont brisées, d'autres batelées, d'autres
Vont prendre la parole, et prêts à m'accuser.
mêlées, refractionnées ou empérières :
Attendent mon époux pour les désabuser. »
g. Pour le grec, c'est la mesure du vers ;
(Racine, Phèdre)

Solutions et explications p. 91

57 I
LE FRANÇAIS SOUS LA PLUME

Jeux de
mots, jeux de IcirL^ilC
es hommes jouent avec le langage depuis la nuit des temps.., Les calligrammes ? Vous me répondrez :

X «Apollinaire ! », et vous aurez perdu. Rabelais, déjà... Les rébus ? Le même Rabelais, encore... Quant aux
lipogrammes, bien sûr, c'est Pérec. Eh !bien non : un lipogramme de toutes les lettres de l'alphabet a été publié
dans les Amusemens philologiques, ou Variétés en tous genres, à Dijon, en 1824, par un bibliophile du nom de Gabriel
Peignot. Cet «érudit spirituel et gai, laborieux et désintéressé », comme a dit de lui Pierre Larousse, a collectionné
pour son plaisir de vieux livres sur les jeux de langue. Toute une partie de son ouvrage est en latin car, bien sûr, les
acrostiches n'avaient pas de secret pour nos antiques ancêtres : Cicéron, saint Augustin...

1. Un abécédaire romancé est une histoire dont C'est le cas de fur, par exemple, que l'on n'emploie
chaque mot commence par un A, puis un B, puis plus que dans au fur et à mesure. Trouvez-en au
un C, etc. moins trois autres.

A bord, chacun devait enlever facilement gants,


haut-de-forme inconfortables. Je kilométrais les miles
nouveaux ou, plutôt que râler stupidement, tirais une
voile wagnérienne... Xénophon y zozoterait I
Àvous d'imaginer maintenant une historiette avec
cette terrible contrainte I

4. Des vers holorimes sont des vers qui riment d'un


bout à l'autre. Une contrainte tout à fait particulière
pour les poètes. En voici trois exemples : rendez à
chacun son auteur.

« Par les bois du Djinn,


où s'entasse de l'effroi
Louise de
2. Voici une autre contrainte poétique que l'on se Villemorin Parle et bois du gin
ou cent tasses de lait
donne : faire des rimes qui déclinent les voyelles ! froid. »

« La sagesse vient avec l'âge


Il n'y a plus de privilèges «Ô fragiles Hébreux ;
allez, Rebecca tombe !
On dit que noblesse oblige Marc
Monnier Offre à Gilles zèbre,
Les vertus sont dignes d'éloges œufs ; à l'Erèbe, héca
Eh zut I Après nous le déluge ! » tombe ! »
(Jean Nohain)
Ce type de poème est une : « Étonnamment
Alphonse monotone et lasse
a. babebine. Allais Est ton âme en mon
b. babine. automne, hélas ! »
c. batterime.
« Gall, amant de la
3. Certains mots français sont appelés orphelins reine, alla, tour
Victor magnanime.
car ils n'existent que dans des expressions figées,
Hugo Galamment de l'arène
souvent anciennes. Ce sont la plupart du temps des
à la tour Magne, à
vestiges d'une époque où ils étaient « actifs ». Nîmes. »

I 58
LE FRANÇAIS SOUS LA PLUME

5. On connaît l'étonnante anagramme du nom du


père de la relativité, Albert Einstein ; Rien n'est QU'EST-CE QU'UN APTQNYME ?
établi I Dans les noms communs, beaucoup s'y
prêtent. Trouvez une anagramme pour chaque mot. Jl s ac/it (le cette coïncidence piilfois étonnante
a. insecte : entïe un nom de famille et la jnofession de la
b. signe ;
c. utopie :
pelsonne c/ui le poïte. l'iouc connaissons tous des
kinesitlié'iapeutes qui s appelient ClaiTipe ou des
6. Décodez cet acrostiche. leliqieiix qui s appellent .Âamomen., cela ne
• Alfred de Musset à George Sand : s invente pas, et cela amuse touiauïs les linquistes,
« Quand je mets à vos pieds un éternel hommage,
Voulez-vous qu'un instant je change de visage ? qui sont totalement convaincus de l aïlntïaiïe du
Vous avez capturé les sentiments d'un cœur sicjne. -^ptonymc, néoloqisme cpéco latin qui
Que pour vous adorer forma le créateur. non s vient du Québec, a été inventé poul diïe
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n'ose dire. c ette coïncidence, du « nom » (onoma en qïec)
Avec soin de mes vers lisez les premiers mots : app'iop'iie fapt- J.
Vous saurez quel remède apporter à mes maux. »
• Réponse de George Sand à Alfred de Musset ;
« Cette insigne faveur que votre cœur réclame
9. Comment appelle-t-on ce type de vers ?
Nuit à ma renommée et répugne à mon âme. »
Question :
0
Réponse :
un
Ton
rat.
7. Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume. Jargon
Cris, Est d'un ton
Cette phrase est un :
Joues Qui me Ifisse :
a. tautogramme. Blêmes Finis , de grâce ,
b. pangramme. courses Ou quitte la place:
c. pentagramme. Lieu commun d'opéra
éperdues
Jamais ne pourra
moqueries
Me surprendre,
8. Comment appelle-t-on ces petits textes dont le ricanantes Me rendre
sens est radicalement modifié lorsque l'on considère poursuivent Tendre
la moitié de chaque ligne ? l'effarouchée Lk.

(Victor Hugo, Les Orientales) Si


J'ai fui
Jusqu'ici
le ne veux plus - -La mcflc fréquenter, La tendresse.
Pour mon rcpos- -C'cft chofc bien louable
C'est que sans cess^
D es Huguenots. -Les prêches efcoutcr, L'on nous y redresse :
Suiurc l'abus - C'cfl chofc mifcrable
(Charles-François L'amant, dès qu'un douxsort
Oresicvoy -Combien cft deteflablc,
Ccftc fineflc -En ce ficcle mondrm Panard) trwspott,
f Prend Ja fuite,
Parqtioy ic doy. -Voyant la fninéte Table Nous quitte,
Tenir la mc/Tc - -En horreur & dcfdain. Vite
. Sort-

a. des hémistiches
b. des stichomythies a. des calligrammes
b. des vers rhopaliques

Solutions et explications p. 93

59 I
LE FRANÇAIS SOUS LA PLUME

La
récréation littéïatïe
POEMES POUR LES YEUX

LIPOGRAMME VERS RHOPALIQUES


Charles-François
Panard (ou Pannard), LES LOZANGES,
POÉTIQUE CTRIETTSE. ^o3 poète et drama
turge français né à C H A H S O R.
Songe qn'k chaque pas ton peuple te coutemple ;
Courville-sur-Eure le
Chaque pas que tu fais doit lui servir d'exemple. Tes
2 novembre 1 689
SANS C. et mort à Paris le 1 3 Attraits,

Des querelles des grands pâtissent les petits. juin 1 765. Pour jamais,
Les peuples sont'ils faits pour vivre en ennemis I Belle Ehnire ,
Dans vos tristes dâbats, trembler, rois de la terre! M'ont I sa réduire

On âgorge en vos noms, quand vous voulez la guerre. Sous ton doux empire:
Content quand je te Toi,
SANS I).
Mon ardeur pour toi
A soulager son peuple, à prévenir ses maux,
Est extrême.
T7nprince vertueux consacre ses travaux ;
De même
Il n'écoute jamais im funeste caprice,
Aime
Il fuit les passions, il abhorre le vice.
CALLIGRAMME Moi.
SANS E.
Toi qu'on connolt par-tout, 6 divin artisan !
Tu nous as tous soumis k la loi d'un tyran,
Tyran craint d'un chacun, qu'on baptisa ls host.
Oui, mourir tbt ou tard, humain, voilà ton sort (i).
SANS F.
•<0 Boacdllc
Hais cette horrible mort a pourtant quelques charmes,
tuPlaine touie^
Quand jusqu'au désespoir on se voit tourmenté ;
âDc midzcec,
Souvent on la désire au milieu des alarmes, fD'ynz auteillc
Four s'ouvrir une route à l'immortalité. ' lec'cfcoucc

SANS G. N« diffères,
Eclcmotprofères,
L'homme de bien la voit sans la fuir, ni la craindre; Auquelpendmonctxur.
Jamais de son destin il ne pénse à seplaindre. Enlacanc diuine liqueur,
Le suprêmemoment cet pour lui le vrai port Baccas quifat d'Inde yaiiiqneur.
Qui le met à l'abri des tempêtes du sort. Tienttoute véritéendofc.
Viot antdiuin loindetoycftfordofe
SANS H. Toute mcnfongc,Setoute tromperie.
EnioycloitrAirc deNoachdofe,
L'enfant rit de la mort, le vieillard la redoute ; Lequel detoynous fiû[atempcrie.
La camarde aux reins secsn'en suit pas moins sa route, ^ "ommcIcbeaamot.U'''"i'>T''".
Quimcdoit oftcr deraifcrc.
Avec elle entraînant époux, femmes, enfans. Ainfincfcperdevncgoutte.
Empereurs, papes, rois, prêtres, nobles, manans. Dctoy, foitblanchcoufoitvermciJlc.
O Bouteille
riainetoute
Dcmyfteres
D'vncaurcillc ,
Lipogramme, tautogramme et accrostiche :
let'cfcoutc
Gabriel Peignot (1765-1849), bibliographe érudit, a travaillé beau
Ncdiffetci.
coup pour Pierre Larousse.
Amusemens philologiques, ou Variétés en tous genres, Dijon,
Victor Lagier, 1824.

TAUTOGRAMME Rabelais, François (14947-1553)


iiiustrations du Cinquiesme et dernier iivredes faicts et dicts héroïques
du bon Pantagruel.
Didon dlua, dit-on,
Du dos d'un dodu dindon.
ACCROSTICHE

Ou
Il m'eût plus pin qu'il plût plutôt. ^ monr parfait dans itaon coeur imprim
2 om très heureux d'une que f'aime bie
Ou
^ On , non, jamais cet amoureux lie tE
Ton thé t'a-t-il ôté ta touxl
^utre qne mOit défaire ne pouiin >

I 60
LE FRANÇAIS SOUS LA PLUME

La
récréation littéïatïe
REBUS

d
ioi 6 Œa T-
x!OJOE|3Q sus5ng

(Sans
(aj!E;|OA ap asuodaj) «ndas ja xisajjua [jpad o 'puej6 g] ipadde puBj6 le.r »
(assmj ap || auspsJd sp uopeiiAui) « pnos-sues ç jadnos zauaA»

(soiÂuouv) 'UjOD uos suep inas jnoj [sjoi g]


11LU36 'uid sues ;0 o sues 'j sues 'ujdad loj an (o6n|-|)« ujUSAnos un,p luaAnos luajA jjdnos un

Voici un exemple, beaucoup plus difficile, qui n'est


pas un rébus à proprement parler, mais s'apparente
plutôt au logogriphe, c'est-à-dire à une « énigme »de
lettres (du grec griphos, énigme). Il s'agit de l'em
blème des étudiants de l'X, de Polytechnique.

aaaaaa

KOH
Il faut analyser le logogriphe ainsi ; Le S est le sym •(d snos 001- / / asjaAEj} d /
bole chimique du soufre, KOH, celui de la potasse. sipad D,p !|dujaj gy puBj6 un : juaiuaiEJapHi 'no) jad
-nos SUES suEd asjaAEj} E ;!}addE,p iiduuaj 'aqqE puEj6 un
Potasser, dans l'argot estudiantin signifie « tra
vailler ». Donc, à l'X, souf(f)re et potasse I Le grand
Xa une double signification : il évoque l'Écoie, et en
même temps, il représente la conjonction de coor
dination et.

61 I
EXPLICATIONS : RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

^atoal de la pkïase p. s la «classe »ou la «catégorie grammaticale »à laquelle


ils appartiennent. Dans la citation de Flaubert, le mot
1. a. Une phrase simple contient une seule proposition, proviseur est un nom (il appartient à la classe des noms,
organisée autour d'un verbe conjugué. Elle est indé c'est sa nature), le proviseur est un groupe nominal sim
pendante.
ple, c'est-à-dire un groupe comportant un nom et son
déterminant. Sa fonction dans la phrase est d'être sujet
2. Les conjonctions de coordination servent à relier deux
du verbe fit.
mots, deux groupes de mots ou deux propositions qui
sont généralement de même nature, et en tout cas de
même fonction : de nouveau et par deux fois, la conjonc 2. a. Ce sont des pronoms, c'est-à-dire des mots qui
tion relie deux compléments circonstanciels de temps ; remplacent un mot ou un énoncé. Ils sont souvent
dans le bruit [...] assez net [...] mais si faible, deux variables en genre et en nombre, et ont les mêmes
adjectifs épithètes ; dans proche ou lointain, deux fonctions que les noms qu'ils remplacent (ici, elle est
adjectifs attributs. sujet, et /' est cod du verbe voir).

3. c. d. e. Les conjonctions alors que, après que et parce


3.
que s'emploient avec le mode indicatif, dans la mesure
où le mode subjonctif est le mode de l'hypothétique. conjonctions de
ni, ou
Cependant, par analogie avec la conjonction avant que, coordination

l'indicatif employé avec après que surprend l'oreille conjonctions de


comme une faute de français. subordination
que, quand, si

interjections >• eh merdre !


4. Les conjonctions qui expriment la conséquence
prépositions sur, dans
sont : au point que, si bien que, tellement... que, de
sorte que, de façon que. adverbes dedans, au fur et à mesure

5. c. Une phrase complexe contient plusieurs 4. b. La fonction désigne le rôle du mot dans la phrase :
propositions qui peuvent être simplement reliées par sujet, complément... La fonction du groupe nominal
juxtaposition. Un signe de ponctuation seul sépare les
une lumière est d'être cod du verbe boire.
propositions (virgule, point-virgule, deux-points, etc.).

6 c. Pour reconnaître une phrase complexe il suffit de 5. c. Le verbe être et les verbes d'état {sembler, paraître,
compter les verbes conjugués. Chaque verbe conju avoir l'air, devenir, rester, etc.) introduisent un attribut du
gué appartient à une proposition différente, donc il y sujet, qui exprime une qualité, une propriété attribuée
a autant de propositions que de verbes. Toute phrase au sujet. Cet attribut peut être de plusieurs natures :
ayant plus d'un verbe conjugué contient plus d'une adjectif {notre chambre était grande). mais aussi groupe
proposition : c'est une phrase complexe. nominal, comme c'est le cas ici, ou pronom {Je suis
maître de moi... Je le suis...).
7. c. Dans les deux cas, l'absence de liens insiste sur
le peu de consistance de l'échafaudage imaginaire du
héros, puisqu'il suffit d'un caillou du chemin, d'un cra 6. c. Ces trois mots sont des déterminants, c'est-à-dire
quement furtif pour faire obstacle au désir. des mots variables qui précèdent le nom, le « détermi
nent », en indiquant son genre et son nombre.

Ikn peu d analyse p. 9 7. c. L'adjectif qualificatif épithète est un complément


du nom, on dit parfois qu'il en est une expansion, et,
1. c. Il ne faut pas confondre nature et fonction. La
nature d'un mot correspond à ce qu'il est : nom, adjec comme tel, fait partie du groupe nominal. L'épithète
tif, verbe... Autrefois, on appelait cela les « parties du est placée dans la proximité immédiate du nom qu'elle
discours », puis on a parlé de « nature », et aujourd'hui caractérise, la qualification qu'elle exprime est intégrée
les manuels scolaires rangent souvent les mots selon au sens du nom.

|62
EXPLICATIONS : RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

8. a. adjectif ; b. adverbe (= gravement) ; c. nom ; est resté d'un usage littéraire, et restreint à quelques
d. adverbe (- environ) ; e. conjonction (= comme si). expressions figées, telle maintes et maintes fois.
Ces exempies de français parlé montrent à quel point
la frontière entre les classes grammaticales est po 5. b. Outre les formes simples, les déterminants
reuse. Comme le déterminant indéfini maint, qui fut indéfinis ont des formes complexes, faites d'un adverbe
autrefois adjectif et adverbe, les mots grave et genre de quantité suivi de la préposition de.
(exemples b. d. et e.) ont plusieurs classes gramma
ticales qui ne sont pas (encore) répertoriées dans les 6. a. Un déterminant indéfini sert à indiquer une certaine
dictionnaires. La célèbre linguiste Marina Yaguello quantité, positive ou négative. Quand ils sont variables,
analysant les emplois du mot genre dans son très joli ils s'accordent en nombre et en genre avec le nom qu'ils
livre Petits Faits de langue (Seuil, coll. « La couleur des déterminent : toutes les filles et tous les garçons. Certains
idées ») parle à propos d'un exemple comme e. de ne varient qu'en genre {nul, divers), d'autres seulement
« connecteur discursif »qui permet en outre de rendre en nombre {quelque, même, autre). Chaque est toujours
des paroles rapportées au style direct et non indirect, au singulier, plusieurs, toujours au pluriel.
ce qui est plus vivant.

es a nom p. 11
9. a. La (article défini) belle (adjectif) porte {une porte,
nom) le (pronom) voile {voiler, verbe).
b. La (article défini) belle {la belle, nom, appelé par pronom personnel >• soi

les grammairiens «adjectif substantivé ») porte {porter, pronom démonstratif 2^ ça


verbe) le (article défini) voile {le voile, nom).
pronom possessif 2^ le mien

pronom numéral le deuxième


Vin, une... pronom indéfini 2^ aucun

des déterminant (s) p. 10 pronom interrogatif à quoi

1. Tous ses efforts ; suivre le pas ; ce détail ; des ruelles ; pronom exclamatif 2^ que

Taprès-midl ; tels soucis ; son esprit ; le silence ; sa com pronom relatif 2>- quoi
pagnie : cette rencontre ; un but.
pronom adverbial 2^ y

2.
2. a. Le on remplace je par exemple dans les arti
possessifs ta, notre, vos, leurs cles scientifiques : On a préféré mettre les notes en fin
indéfinis
>• chaque, tout, quelques, d'ouvrage ; le tu ou le vous pour marquer une distance
plusieurs, aucun ou une menace : On est plus calme maintenant ? ; il(s)
démonstratifs cette, ces ou elle(s) pour se moquer : Ilssont peureux comme tout,
numéraux un, cent, premier
mais on se donne des airs, on joue les durs ; et, bien sûr,
on est employé fréquemment pour nous.
interrogatifs ou
exclamatifs
quel, quelle, quels
3. c. On vient du latin homo, « homme ». Il était employé
relatifs auquel, duquel pour dire : « l'homme quelconque ».

3. b. Comme son nom l'indique, l'article partitif désigne 4. a. C'est une tournure de la langue familière. On dit
une « partie » d'un tout. souvent que cela marque l'intérêt que le locuteur prend à
l'action. Cela peut être aussi une façon de pousser l'inter
4. c. Maint exprime une quantité indéfinie. Ce mot a été locuteur à agir, comme dans Enlevez-moi ça de là. Dans
très employé, comme indéfini, comme adjectif et même les deux phrases, les pronoms f et moi sont superflus.
comme adverbe, au Moyen Âge et jusqu'au xvi®" siècle.
Passé d'usage ensuite, il a paru suranné, voire un peu 5. b. Ces formes, qui correspondent à différentes
ridicule. Remis à l'honneur à la période romantique, il fonctions grammaticales, sont en fait un reste des dé-

63 I
EXPLICATIONS : RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

clinaisons latines, dans lesquelles lafonction n'était pas indissociables dans ce programme,
marquée par la place qu'occupaient les mots dans la b. distingue les trois axes de ce programme.
phrase, comme en français (sujet, verbe, complément),
mais par les «cas ». Nominatif, pour le sujet, accusatif
pour le coD, datif, pour le complément d'attribution. J'ai fait monter en bague une des pierres
oui
que tu m'as données.
6. b. Duquel ne peut pas être coi de du scénario parce C'est un des romans les plus fantastiques
non
qu'il est déjà coi de vous m'avez parié. qui a été choisi pour le prix.
C'est un fils ou une fille de Mme X qu'on
oui
a chargée de vous informer.
7. b. Du grec hapias-, « simple ». C'est un pur phé
nomène phonétique. Les locuteurs ont tendance à ne Ce n'est ni la carrière ni la célébrité que
>- oui
j'ai recherchées.
pas répéter une syllabe parce qu'elle est identique ou
qu'elle ressemble à la syllabe voisine. Ainsi, on devrait
Le participe passé précédé de un de, un de ces, un de
théoriquement dire tragico-comique ou bien j'y irai ou
ceux s'accorde selon le sens : une des pierres que tu
encore j'ai iu dans ie Le Monde. Dans la langue fami
m'as données ; parmi celles que tu m'as données, j'en
lière, on dit par exemple « Ya » pour ;7 y a.
ai fait monter une : accord. C'est l'un (parmi les romans
fantastiques) qui a été choisi : pas d'accord.
8. a. b. Le français classique employait que là où le
Dans les cas d'antécédents reliés par ou, la tradition
français moderne emploie où au sens temporel. Les
veut qu'on accorde avec le dernier antécédent : char
deux restent encore possibles : « Il n'a pas revu son
gée. Dans les cas d'antécédents reliés par ni, les deux
ami depuis cette nuit que Bernard est venu chercher
antécédents s'additionnent : recherchées.
refuge dans sa chambre. » (André Gide, Les Faux Mon-
nayeurs.)
5. a. d. e.
a. Il faut écrire seraient venus : le sujet exprime une
9. d. Dans cette phrase, que n'est pas un pronom mais
quantité plurielle.
une conjonction de coordination. Alors que, dans la
b. c. L'accord au singulier fait un peu snob et passéiste,
proposition b., que est un pronom relatif coo du verbe
mais reste possible. Accorder au pluriel, c'est accorder
offrir. Qui, que sont des pronoms relatifs simples, où
avec le sens.
est un pronom adverbial. Laquelle est un pronom relatif
d. Il faut écrire est parti ; plus d'un demande le singulier,
composé. Dans e. et f., qui est un relatif sans anté
alors que, s'il y en a plus d'un, il y en a plusieurs I
cédent.
e. Il faut écrire sont partis ; moins de deux demande le
pluriel, alors que, s'il y en a moins de deux, il n'y en a
SmpossiUes accoïds ! p. 12 pas plus d'un !

1. a. b. c. d. Les quatre sont possibles. Tout dépend 6. a. b. c.


de ce que l'on veut dire. a. b. Avec un nom de fraction au singulier et un nom au
a. c. L'accord du verbe au pluriel indique que les pluriel, l'accord se fait au pluriel ou au singulier.
conjonctions ou et ni sont inclusives, on envisage les c. L'accord au singulier est obligatoire avec un nom de
deux sujets ensemble. quantité singulier.
b. d. L'accord du verbe au singulier indique que les
conjonctions ou et ni sont exclusives, on envisage les 7. a. b. c. d. Les expressions ie seul... qui, le pre
deux cas séparément. mier... qui, celui... qui autorisent l'accord à la 3^ per
sonne, même si elles dépendent comme ici d'un verbe
2. a. b. Quand un nom collectif est suivi d'un complé à la V® ou 2= personne.
ment de nom au pluriel, on accorde au singulier ou au
pluriel selon le sens. 8. a. b. Les deux phrases sont correctes, mais... la a. ne
tolère qu'un accord ; dans la b., les deux sont possibles.
3. a. b. Les deux sont possibles. Tout dépend de nou
veau de ce que l'on veut dire. 9. Il faut écrire : emparée, méfiée, entraidés. Tous ces
a. met l'accent sur le fait que les trois choses sont verbes sont des verbes essentiellement pronominaux

I 64
EXPLICATIONS : RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

(qui ne s'emploient qu'à cette forme), lesquels s'accor b. Les participes placés après le nom sont des adjectifs
dent toujours car ils ont pour cod leur second pronom, qui s'accordent normalement.
placé avant le participe. Le verbe s'entraider, malgré
son sens réciproque, n'échappe pas à la règle (on 17. a. On ne fait pas l'accord. Il ne faut pas confondre
n'entraide pas quelqu'un). un complément de verbe avec un cod.
b. Il faut écrire : coûtés. Le pronom cod que représente
10. Il faut écrire ; aperçue, doutés, tues. Les verbes les efforts, il est placé avant le verbe.
pronominaux autonomes ont un sens pronominal diffé c. On ne fait pas l'accord ; les trente-cinq ans est un
rent de leur sens non pronominal ; leur participe passé complément circonstanciel.
s'accorde toujours avec le sujet. d. On écrit : faites. Il s'agit du cas normal d'accord avec
le COD qu' placé avant le verbe.
11. a. c. Il faut écrire : rasés, lavée. Les deux verbes sont de e. On ne fait pas l'accord : le pronom /' est neutre, le
sens pronominal réfléchi. Les cod se et s'sont placés avant participe ne s'accorde pas.
le verbe, le participe passé s'accorde avec le pronom.
b. d. On ne fait pas l'accord ; coupé, lavé. Les cod mains, 18. a. c. On ne fait pas l'accord. Le participe passé du
ongles sont placés après le verbe. verbe faire suivi d'un infinitif est toujours invariable.
e. On fait l'accord : embrassés. Le cod se est placé avant
b. On n'accorde pas non plus : il s'agit d'un complé
le verbe.
ment de verbe et non d'un cod.

12. a. b. On ne fait pas l'accord : succédé, rendu. Le


19. Le participe passé précédé de le peu s'accorde ou
verbe est pronominal de sens réciproque mais toujours
est invariable suivant le sens de cette locution.
indirect ; le pronom se est coi. Le participe passé est
toujours invariable,
a. Il faut écrire : qu'il a eu. Le peu signifie dans ce cas
c. Il faut écrire : achetée. Le cod est qu' (= voiture),
« le manque », « le défaut de », l'accent est mis sur cette
placé avant le verbe. absence d'instruction, et l'accord se fait avec l'indéfini,
ici sémantisé comme un nom.
d. On ne fait pas l'accord : acheté. Le cod une nouvelle
voiture est placé après le verbe. Le pronom se est coi. b. Il faut écrire : qu'il a acquise. Le peu signifie ici « la
petite quantité », l'accent est mis sur la présence d'ins
13. On ne fait l'accord dans aucun de ces cas : ces truction, et l'accord se fait avec le nom féminin, le peu
trois verbes sont des verbes impersonnels. Le participe étant considéré comme un simple déterminant.
passé des verbes impersonnels est toujours invariable.
Il faut donc écrire : eu, arrivé, fait.
Tflasculin etféminin p. 15
14. Al /B3 ; A2/B4 ; A3/B2 ; A4/B1.
En est toujours neutre et toujours coi (= de cela, d'eux, 1. Seul le mot apogée est masculin. Le genre des autres
d'elle, etc.). S'il est le seul complément, l'accord du mots est féminin.

participe ne se fait pas. S'il y en a d'autres, l'accord


peut se faire. 2.

un une un une

15. a. Il faut écrire : entendue. Le participe passé suivi X ébène X épithète


d'un infinitif s'accorde quand il a pour cod le pronom
X éloge X armistice
ou le nom qui le précède. On peut le reconnaître en
remplaçant l'infinitif par un participe présent ou une relative X aérogare X oasis

{chantant, qui chantait). X alluvion X oriflamme

b. On ne fait pas l'accord. Le participe passé reste inva X arcane X antre


riable s'il a pour COD l'infinitif qui suit.
X anicroche X stalactite
c. On considère que l'infinitif cod est sous-entendu : elie
X orbite X équinoxe
a visité tous les musées qu'elle a voulu [s.-e. ; visiter].

16. a. c. d. Dans ces expressions figées, le participe Les noms qui désignent des êtres ont un masculin et
passé est invariable. Il a la valeur d'une préposition (vu, un féminin, leur genre est sexué. Mais pour les « non-
passé), d'un adverbe (ci-joint). animés », les noms de choses ou de notions, le genre

65 I
EXPLICATIONS RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

grammatical ne dépend pas du sens. Il faut le connaître ancien ou littéraire, qui signifie «charmes, attraits de
ou le rechercher dans le dictionnaire. quelque chose ».

3. Seul le mot écritoire est féminin. Le genre des autres 2. a. Le mot bercail ne s'emploie qu'au singulier. Ail
mots est masculin.
a deux pluriels : aulx est la forme soutenue. Émail et
travail ont un pluriel en -alis et un en -aux.
4. a. un enseigne : officier de marine ; b. une enseigne :
panneau commercial ; c. un aria : mot populaire pour
3. a. b. c. d. e. Tous I
« ennui, embarras, tracas » ; d. une aria : un air de mu
sique chanté par un soliste ; e. un cartouche : emplace
tous les lundis >• 1 faute
ment réservé à la légende d'un tableau, d'une carte ou
l'anneau elliptique qui entoure le nom d'un dieu ou d'un des oui et des non >- 2 fautes
roi dans les hiéroglyphes ; f. une cartouche : très polysé des œils-de-perdrix 2 fautes
mique, désigne surtout des recharges de toutes sortes. les pourquoi G faute

des chevau-légers >- 1 faute


5. b. Louis Meigret, humaniste et savant, issu d'une
grande famille de Lyon, écrit en 1542 un Traité tou
chant le commun usage de i'escriture française faïct par Les jours de la semaine prennent la marque du pluriel.
Loys Meigret lyonnais, auquel est débattu des faultes & Les mots employés comme noms ne s'accordent pas
abus en la vrayeet ancienne puissance des letres. L'ortho (pourquoi, oui, non). Les composés avec œil (œil-de-
graphe française, selon lui, confine à la «cacographie »à bœuf, œli-de-perdrix, œil-de-chat) font leur pluriel en
cause des ajouts et transformations sans plan préétabli œils et non en yeux.
faits pendant le Moyen Âge pour rapprocher le français
du latin. Il propose une réforme radicale et cohérente, 5. a. b. c. d. e. f. Toutes ces formes sont correctes car
fondée sur le phonocentrisme : une lettre transcrit un son, les trois mots val, étal et idéal ont les deux pluriels.
et rien d'autre. Mais sa réforme n'est pas adoptée.
6. c. f. Tous les mots qui se terminent au singulier
6. a. Il n'y en a pas. par -au prennent un x au pluriel, sauf, tous, sarraus et
b. une daine landaus.
c. une manchote
d. une perruche 7. b. c. d. e. f. L'usage permet -x ou -s pour camaïeu
e. une moinelle et enfeu ; en revanche, seule la forme émeus est per
f. une crapaude mise.
g. une phoquesse
Ces féminins, pour rares qu'ils sont, existent cependant 8. a. est la seule réponse incorrecte. On emploie le
(voir, notamment, le Trésor de la langue française). pluriel pour certaines dynasties (les Bourbons) et pour
des êtres réels ou fictifs que l'on considère souvent
7. a. un chevreuil
ensemble (Horaces). Dans un emploi figuré, le nom
b. Il n'y en a pas.
propre devient comme un nom commun, et on peut
c. C'est la femelle du chameau, mais aussi du dromadaire.
le mettre au pluriel pour l'approcher du nom commun
d. un lévrier
(Sorbonnes) ; le pluriel permet aussi de distinguer deux
e. un lièvre ou lapin de garenne
entités (Provences).
f. un oiseau
g. un sanglier
9. b. Vingt ans après la grammaire de «français lan
gue étrangère » écrite par Paisgrave, paraît le Tretté de
£n genïe et en nomi)le p. 16 la grammere francoeze de Louis Meigret. On lui devait
déjà la première réforme d'orthographe, en 1542. Ce
1. a. c. e. f. g. i. j. Une prémisse s'emploie au singulier, sont souvent les grammairiens, qui comprennent le
tandis que des prémices ne se trouve qu'au pluriel. Ap mieux le fonctionnement du français, qui sont les plus
pât a deux pluriels : le pluriel appas est un sens figuré novateurs en matière de langue.

I 66
EXPLICATIONS : RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

10. un chou >- cabus 17. b. c. d. e. f. Première règle : les adjectifs de couleur
un feu grégeois sont invariables quand ils viennent d'un nom : marron,
acier, argent, brique, turquoise, orange, citron, ivoire, etc.
un rubis balais
Il y a des exceptions, dont incarnat, mauve, rose, etc.,
du bois >- arsin qui sont variables. Deuxième règle : tous les adjectifs
de couleur sont invariables quand ils sont précisés par
des yeux >- vairons
un nom ou un autre adjectif : des robes rose orangé et
un vin >- madérisé vert clair. L'adjectif turquin était un piège : c'est un ad
un nez >- aquilin jectif uniquement masculin qui veut dire « bleu foncé »,
en particulier à propos du marbre.
un abbé 2^ crossé

18. Les adjectifs banal, final, naval, glacial, tonal font


Ne pas confondre un rubis balais (de couleur rouge leur pluriel en -o/s.
violacé ou rose) et un pilier de rugby baièze... « Du
bois arsin a été endommagé par le feu », de ors, parti 19. Il n'y a pas d'erreur d'accord. L'adjectif au masculin
cipe passé du verbe d'ancien français ardre. a les deux orthographes.

11. L'adjectif bot, bote peut qualifier le pied, ce qui est


le plus habituel, mais aussi la main et la hanche. Un ÂS se ïessem Uent p. 18
pied talus est un pied déformé qui ne prend appui que
sur le talon, alors que le reste du pied remonte vers la 1. a. Cette faute si fréquente n'a pas vraiment lieu
jambe. Quant au pouls dicrote, c'est un pouls irrégulier, d'être puisque le çà accentué n'existe que dans la locu
qui a deux pulsations par battement de cœur. tion adverbiale ço et là et dans l'exclamation : çà alors !

12. b. c. Mission difficile, car ces adjectifs sont em 2. a. d. Il faut écrire : leJour où tu viendras et VIens-tu ou
ployés dans des contextes restreints. On parle des yeux restes-tu ?Si l'on peut remplacer ou par ou b/en, c'est une
pers de la déesse Athéna, et des harengs saurs. Les conjonction de coordination qui ne prend pas d'accent.
féminins fate et châtaine existent mais sont rares. Dans le cas contraire, où est pronom relatif, adverbe ou
adverbe interrogatif, et doit porter l'accent.
13. d. L'adjectif musagète est le seul adjectif mascu
lin de la liste, tous les autres sont féminins. C'est une 3. a. c. quant, b. quand. À l'oral, la liaison permet
épithète homérique qui s'applique à Apollon, le dieu de faire la distinction. Si l'on hésite à l'écrit entre la
« conducteur des Muses ». L'adjectif bréhaigne, qui si conjonction quand et la préposition quant, il faut penser
gnifie «stérile », s'applique aux femelles de certains à mettre une autre locution à la place : Pour ce qui est
animaux (biche bréhaigne). Et, bien sûr, on parle de la de, en ce qui concerne, etc., ne peuvent remplacer que
« dive bouteille » et des « portes palières ». la préposition quant à.

14. b. d. e. Les adjectifs demi et nu sont invariables 4. a. C'est en effet la seule forme correcte ! Près est une
quand ils sont placés avant le nom auquel ils sont reliés préposition, tandis que prêt est un adjectif, qui donc est
par un trait d'union. variable. Il suffit, pour ne pas faire d'erreur, de remplacer
par le féminin prête, et l'on se corrige tout de suite : 5. b.
1 5. b. Le féminin rassise existe - on dit bien de la d. près ; 5. c. prêt à (elle est prête à partir), qui veut dire
viande rassise - mais il est inusité pour le pain ou les «disposé à », et qu'on ne doit pas confondre avec près de
gâteaux. On parle d'une miche de pain rassie et d'une se fâcher {partir, etc.), qui veut dire «sur le point de ».
brioche rassie. Ranci s'emploie pour le beurre ou l'huile.
5. c. C'est la loi Guizot de 1833 qui a rendu obligatoire
16. c. Vous connaissez peut-être la fontaine du Man- l'orthographe de l'Académie dans toutes les écoles.
neken-pis à Bruxelles. Une fontaine ubérale est ornée Jusque-là, l'orthographe était encore mouvante. C'était
de statues féminines, et l'eau jaillit... de la pointe de aussi la première fois qu'obligation était faite aux institu
leurs seins (en latin, uber désigne une mamelle). teurs d'enseigner l'orthographe à leurs élèves. L'appli-

67 I
EXPLICATIONS : RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

cation stricte de la loi a contribué à la situation de relatif 14. a. à l'envl. Ce mot vient de l'ancien français envi,
blocage dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui, « défi », du latin Invitare, « inviter ».
et à l'impossibilité de toute réforme en la matière. b. l'envie. Ce motvient du latin Invidia, «jalousie, haine ».

6. b. c. f. Dans b., on peut écrire : bien queje ne l'aime 15. Un ral (ou rais de lumière), une raie (rayure), un
guère. Quoique est une conjonction de coordination. rets (piège), une raie (poisson), il ralt (bramer, en par
a. doit s'écrire comme c. Quoi que est un pronom relatif lant du cerf).
sans antécédent. On peut remplacer quoi par n'importe
quoi. d. : quelque est un adverbe, invariable, et s'écrit 16. Un lal (poème médiéval), un frère lal (qui tient les
donc en un mot. comptes d'une communauté), laid (adjectif), la/a/e (femelle
e. est le même cas de figure que f., bien orthographié, du sanglier), le lait, un legs (on ne prononce pas le g).
et doit s'écrire en deux mots. Quelque est une locution
concessive variable.
2)es points et des aeeents .... p. 20
7. a. On n'a pas le temps. Question apparemment facile,
mais combien de fois rencontre-t-on cette erreur, due à 1. Il manquait : le point d'exclamation, le point d'inter
la liaison ! Que la phrase soit positive ou négative, elle rogation, les points de suspension, les guillemets, les
se prononce de la même façon, d'où cette omission parenthèses et le tiret.
très fréquente.
2. c. Les points d'exclamation se répètent. Ils séparent
8. a. arum, mot qui vient du grec par l'intermédiaire du trois phrases sans verbe, réduites à un pronom puis un
latin. Il se prononce souvent avec un o fermé, comme prénom. Ils sont suivis de points de suspension qui ex
son homophone. priment ce que la rhétorique classique appelait « réti
b. arôme. cence », c'est-à-dire une phrase, un sens interrompus ou
inachevés. Dans L'Éducation sentimentale, c'est le mo
9. a. l'amende. ment où Madame Arnoux découvre l'amour de Frédéric.
b. l'amande est le fruit.
3. b. c. f. g. Ces mots ne portent pas d'accent. Dans le
10. a. bailler. mot boîte, le I porte un accent circonflexe qui remplace
b. bâiller. le s disparu, ce qui n'est pas le cas du verbe boiter bien
c. bayer. Ce mot a le même sens que b., mais sous cette qu'ayant la même origine étymologique I (Il s'agit de la
orthographe, il n'existe que dans l'expression bayer aux «cavité d'un os », du grec puxis, « boîte en buis ».)
corneilles. a. d. e. h. Ces mots prennent un accent. On écrit bâillon
et ragoût.
11. a. Le martyr est la personne suppliciée,
b. Le martyre est le supplice. 4. Je te ferai encore la guerre sur la ponctuation : Il n'y
Le mot vient du grec, où il signifie «témoin (de Dieu) ». en a point ou presque point dans tes lettres I
Par analogie on appelle martyre un instrument qui sert [...] Dés que tu as compris ou fait une chose, tu ne t'ar
à courber en force des planches étuvées destinées à rêtes pas du tout, tu veux passer à l'instant même à une
faire l'éclisse courbe des caisses de clavecins. autre : voilà pourquoi tu ne ponctues pas. Toute ponc
tuation - virgule ou autre - marque un repos de l'esprit,
12. a. anal un temps d'arrêt plus ou moins long, une Idée qui est
b. annal finie ou suspendue, et qu'on sépare de celle qui suit.
Le mot anal vient du mot anus et désigne un stade
du développement infantile décrit par Freud et qualifié 5. La tache est faite par de l'encre par exemple, tandis
d'« archaïque », pendant lequel le petit enfant est obsé que la tâche (avec un a plus long) est le travail à faire par
dé par son anus en tant que zone érogène... L'adjectif un humain. C'est une faute fréquente. Il faut également
annal vient du latin annalls, « de l'année ». distinguer le matin (moment de lajournée) du mâtin (chien
et interjection), l'adjectif pâle des pales d'hélicoptère
13. a. cuissot (hélice), le fait de rôder dans les bois et celui de roder une
b. cuisseau voiture, et la forêt de sapins, du foret de la perceuse I

I 68
EXPLICATIONS RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

6. Il faut écrire : ciguë, ambiguïté, homogénéité, ïambe, e. Savoir le fonds et le tréfonds d'une affaire, c'est la
égoïste, capharnaum. L'intrus était donc homogénéité. connaître parfaitement.
Les Rectifications de l'orthographe de 1990 proposent f. fonds.

de mettre le tréma sur le u dans les mots comme ciguë,


ambiguë, où il assurerait réellement sa fonction. Atten 4. b c d f g h j k 1 m

tion, dans ces mots le u se prononce. Souvent doublées X X X X

Jamais doublées X X
7. b. L'accent grave s'est imposé seulement au xviii^ siè Rarement doublées X X X X
cle, et c'est Corneille qui en a soutenu l'usage. L'accent
n P q r s t V w X z
aigu, promu par Ronsard, a d'abord remplacé les lettres
Souvent doublées X X X X X
qui servaient à marquer la prononciation en é fermé
en finale, comme decez (décès), chez, nez, assez (qui Jamais doublées X X X X

sont des survivances du Moyen Âge), bled pour blé. Rarement doublées X

En milieu de mot, il a marqué longtemps un è ouvert


comme dans batéme, colère, écrits é et prononcés è. ketzse redoublent dans des mots empruntés {pizza,
Les Rectifications de l'orthographe (1990), qui propo drakkar).
saient d'uniformiser ces exceptions, ont été adoptées
dans l'édition 2009 du Petit Robert. 5. a. c. e. f. Un seul n : consonance, sonagramme,
résonance, sonore.
b. d. Deux n : consonne, sonnerie.
cXettïes muettes Les Rectifications orthographiques (1990) autorisent la
régularisation au sein d'une même famille, comme dans :
et lettïes douUes p. 22
consonne/consonance ; bonhomme/bonhomie ; combat
tre/combatif ; imbéciltité/imbédie. Ainsi, l'on peut écrire :
1. b. d. f. h.
consonnance, bonhommie, combattit, imbécille...
b. f. h. Il manque un e muet avant -ment : remerciement,
enrouement, gréement. On trouve un e muet dans les
6. a. atèle/attelle
noms dérivés des verbes en -éer, -ier, -yer, -uer, -ouer.
b. balade/ballade
d. Le e muet est superflu : agrément. c. détoner/détonner

2. a. b. c. On trouve caier dans le Dictionnaire français 7. Tous les mots sont correctement écrits, y compris
de Pierre Richelet (1680), cayer dans le Dictionnaire acompte et acconage, ce dernier pouvant s'écrire avec
universel d'Antoine Furetière (1690) et enfin cahier un ou deux n.
dans le Dictionnaire de l'Académie française (1694).
Plusieurs solutions ont ainsi été adoptées pour signa 8. Il s'agit des mots hymne, automne et indemne. Et pas
ler par l'écriture que deux voyelles font un hiatus : le dilemme I
tréma (au x® siècle : aéré, poète), intercaler un b - d'où
l'orthographe actuelle de mots comme trahir, cahier-et
plus tard, l'accent aigu et l'accent grave. ^Toutes lesfaçons
3. a. fonts, du mot latin fons, fontis, « fontaine ».
d éclile un son .... p. 23
b. fonds, du mot latin fondus, « fond » (d'un récipient), 1.1.-0: lavabo, scénario, écho, piano, cargo
« partie essentielle » ; « bien foncier ». 2. -ôt : dépôt, impôt, entrepôt, tôt
c. fond (ce qui fait la matière d'un procès), du mot 3. -Ot : coquelicot, javelot, pâlot, sabot
latin fondus. L'étymologie est la même, mais c'est le 4. -os : dos, repos
grammairien Vaugelas (1 585-1 650) qui a ajouté un s 5. -oc : croc, escroc, accroc
au mot fond quand celui-ci désignait un « bien foncier » 6. -op : trop, sirop, galop
car il voulait ainsi distinguer un sens de ce mot devenu 7. -aud : badaud, nigaud, crapaud
homonyme par rapport au premier fond. 8. -aut : artichaut, défaut
d. faire fond (faire confiance, s'appuyer). 9. -aux : faux, chaux

69 I
EXPLICATIONS RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

2. Il fallait trouver : a. gay ; b. tête ; c. quai ; d. aîné ; que prend le verbe pour indiquer de quelle manière est
e. crêpe ; f. haine ; g. père ; h. billet ; i, succès ; j. peigne. présenté, envisagé l'action : l'indicatif la présente dans
sa réalité (on frappe), le subjonctif, dans sa virtualité
3. L'N mis dans le plus grand des astres (= Le Soleil). {Il est possible qu'elle s'en aille), l'impératif, comme un
L'ennemidans le plus grand désastre. ordre ou une demande instante. On classe aujourd'hui
souvent le conditionnel parmi les temps de l'indicatif et
4. c. Au xviP siècle, les Précieuses font écho aux propo non parmi les modes.
sitions de Meigret et sont très progressistes en matière
d'orthographe : comme Bossuet, elles refusent le retour 3. c. Dans un temps simple, le verbe est constitué d'un
à l'étymologie. Àautheur écrit avec un h, elles préfèrent seul mot (mange) ; composé, il en a deux (ai mangé),
« auteur » ; à sçavoir, « savoir ». Elles prônent la fidélité à surcomposé, trois (al eu mangé). Ce temps, souvent
la prononciation : raideur devrait s'écrire « rèdeur » ; de taxé de populaire, incorrect, etc., est toujours présent
la même manière, qualité, « calité », ou encore treize : dans les bonnes grammaires.
«trèze ». Elles préconisent de supprimer les consonnes
muettes : nopce deviendrait « nôces » et faict, « fait ». 4. vivre

L'accent aigu remplace l's sur le e de teste : «téte », croire


et l'accent circonflexe sur les autres voyelles : fiuste
deviendra «flûte », prosne, « prône », aisné, « aîné » et dépecer
aspre, «âpre ». À l'époque, elles font partie des rares fleurir
adeptes d'une réforme que l'on pense alors trop radi 1®' groupe
défaillir
cale. On voit pourtant aujourd'hui qu'un certain nombre 2^ groupe
de ces propositions a été retenu au fil des siècles. connaître
3® groupe
revetir
5. d. On doit écrire : éminemment. L'adverbe se forme à
partir de la graphie de l'adjectif: éminent ^ éminemment.
rougeoyer
6. b. c. On écrit : aréopage, caparaçonné. Il s'agit là
mentir
de «fourche-langues » bien connus I Pour ne plus se
tromper : le mot aréopage vient du nom composé grec
Pour reconnaître à quel groupe appartient un verbe se
Areiospagos, qui signifie « colline d'Arès », car sur cette
terminant par -Ir à l'infinitif, pensez au participe pré
colline d'Athènes consacrée au dieu de la Guerre (Arès
sent : s'il est en -Issant, le verbe est du 2^ groupe. Le
chez les Grec, Mars chez les Romains), siégeait un tri
1®' groupe contient les verbes en -er sauf aller. Le 3®
bunal. Quant au caparaçon, c'était une sorte de cape
groupe rassemble tous les autres verbes... On distin
de protection dont étaient caparaçonnés les chevaux
guait autrefois les verbes en -olr des verbes en -re, ce
pendant les tournois.
qui faisait un groupe supplémentaire.

7. a. train ; b. crainte ; c. simple ; d. thym ; e. ceinture ;


5. a. b. Dans les deux cas, il faut écrire : Je dirais. Ces
f. larynx.
deux verbes sont au conditionnel. Cette faute, très cou
rante à l'écrit, peut s'éviter en remplaçant la première
8. a. vieux ; b. queue ; c. bleu ; d. nœud ; e. feu ; f. gueux.
par la troisième personne. Si, à la troisième personne,
le conditionnel est requis, il n'y a aucune raison qu'il ne
Vous avez dit le soit pas à la première !

conjugaison 1 p. 24 6. avait atteint, avait conseillé : indicatif plus-que-


parfait. Aurait-elle chanté : conditionnel passé. Le verbe
1. c. Il y a environ 10 000 verbes en français. eût chanté, qui « sonne » très littéraire, se trouve à un
temps qui n'est plus souvent enregistré dans les gram
2. c. On distingue cinq modes dans la conjugaison fran maires, et qu'on appelait naguère «conditionnel passé
çaise : l'indicatif, le subjonctif, l'impératif, l'infinitif et les 2® forme », la première étant le conditionnel passé
participes. Un mode, disait-on autrefois, est la forme actuel. C'est le subjonctif imparfait sans que, avec un

|70
EXPLICATIONS : RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

accent circonflexe à la 3® personne, ce qui distingue 13. a. C'est un jour béni. b. C'est une région bénie,
cette forme du passé antérieur de l'indicatif. c. C'est du pain bénit. Ce qui est bénit par l'Église s'écrit
avec un f, et on dit encore de l'eau bénite. Ce qui est
7. a. b. c. d. e. Toutes ces formes sont correctes. béni par Dieu est sans t.

8. Un / : créions, saluions, cueillions, jouions, pleurions, 14. a. On écrit qu'il haït, avec un accent tréma et non
arguions ou arguions. avec un accent circonflexe comme qu'il acquît, qu'il finît.
Deux a : criions, étudiions, riions.
Trois m (uny = 2 /) : voyions, fuyions, payions, nettoyions. 15. b. Parfois les conjugaisons sont entières, mais il
manque des temps, parfois il n'y a que deux person
9. b. L'indicatif et le subjonctif sont les deux modes nes conjuguées, parfois ne subsistent que l'infinitif et
« personnels » : chacun des temps a six personnes. le participe passé...
L'impératif, lui, est « semi-personnel » : il n'a que trois
personnes. Infinitif et participe sont des modes « non 16. a. apparoir b.gésirc. chaloir d. fiche ou ficher. Ces ver
personnels >> (pas de personnes du tout). bes sont des verbes défectifs qui ne sont employés qu'à
quelques formes. Il appert est un verbe impersonnel de la
10. b. L'accent aigu est euphonique : sans un é, on ne langue juridique qui n'est employé qu'à ces deux formes.
pourrait pas questionner en faisant l'inversion du sujet. Gésir et chaloir sont deux verbes anciens qui ne sont
Cette forme est particulière aux verbes du premier plus usités à l'infinitif. Le verbe gésir est employé à l'in
groupe. dicatif présent et imparfait à toutes les personnes, ainsi
qu'au participe présent. Le verbe chaloir n'est employé
11. que dans cette expression.
Le verbe fiche ou ficher est un verbe légèrement défectif : il
il seyait
n'est employé ni au passé simple ni au passé antérieur de
tu sieds l'indicatif. En revanche, il a deux infinitifs, qui sont fiche ou
seoir 1
ficher, et deux participes passés, qui sont fichu ou fiché.
seoir 2
seyant
17. b. Le verbe Issir a été supplanté par le verbe sor
il siee tir. Il existe au participe passé et aux temps composés
avec l'auxiliaire être. On connaît les cousins Issus de
ils sieent
germain, et le nom une issue.

12. Voir tableau ci-dessous. 18. c. On écrira ainsi : être féru de grammaire.

1 pers. sing. 1 pers. pl. 1"• pers. sing. 3® pers. sing. 1 pers. pl.
indic. présent indic. imparfait indic. futur subj. imparfait subj. imparfait

bouillir je bous nous bouillions je bouillirai il bouillît nous bouillissions

mourir je meurs nous mourions je mourrai il mourût nous mourussions

défaillir je défaille nous défaillions je défaillirai il défaillît nous défaillissions

savoir je sais nous savions je saurai il sût nous sussions

valoir 1je vaux nous valions je vaudrai il valût nous valussions

mouvoir je meus nous mouvions je mouvrai il mût nous mussions

j'assieds/ nous asseyions/ j'assiérai/


asseoir il assît nous assissions
assois assoyions assoirai

moudre je mouds nous moulions je moudrai il moulût nous moulussions

bruire je bruis nous bruyions je bruirai inusité inusité


EXPLICATIONS : RÈGLES ET PIÈGES DE LA LANGUE FRANÇAISE

2)es temps à concoïdeï p. 26 L'imparfait du subjonctif exprime un fait présent ou


postérieur par rapport au temps de la principale.
1. a. vienne ; b. ait terminé ; c. vienne ou soit venu.
Le présent du subjonctif envisage un fait comme en 4. a. eût passé ; b. fussent point parlé ; c. eussent
cours de réalisation, non accompli ; le passé du sub franchi.
jonctif l'envisage comme accompli. C'est ce que l'on Le plus-que-parfait du subjonctif exprime un fait anté
appelle « l'aspect »d'un verbe. Comme le dit le linguiste rieur par rapport au temps de ia principale, ou dénote
Roland Eluerd, l'aspect est « une sorte de regard porté l'aspect accompli (dans la citation de Jules Romains).
sur la séquence que le verbe exprime ». Ceux qui ont
fait un peu d'hébreu savent que, dans cette langue, 5. a. sussiez ; b. Vînt ; c. eût suffi ; d. vérifiassiez ; e. fût,
l'aspect est plus important que le temps. Là où notre pas de changement.
système de conjugaison oppose le présent et le pas En français soutenu, le temps de la subordonnée doit
sé, l'hébreu oppose l'accompli à l'inaccompli. C'est le être à l'imparfait ou au plus-que-parfait du subjonctif,
cas de bien d'autres langues, par exemple les langues selon l'aspect. Le français courant garde parfois cette
mandingues (Afrique de l'Ouest). règle, surtout à la 3® personne de l'imparfait du sub
jonctif (dernière phrase).
2. a. vienne ; b. parte ; c. ait vu ; d. ait fini.
Dans le langage courant, avec une principale au passé, le 6. b. C'est un intrus à double titre : il s'agit d'un plus-
français courant emploie le subjonctif présent ou passé. que-parfait du subjonctif (contrairement aux autres, qui
sont à l'imparfait du subjonctif), et il est erroné I II fau
3. a. reçût, essayât ; b. arrachât. drait écrire : qu'il eût cru.
EXPLICATIONS : AUTOUR DU SENS DES MOTS

cHes synonymes et 1. changeant ; 2. inconstant ; 3. fluctuant ; 4. variable ;


5. capricieux ; 6. fantasgue ; 7. lunatique ; 8. versatile ;
les antonymes p. 28 9. Instable ; 10. girouette.

8. Les niveaux ou registres de langue évoluent avec


1. Sorlot, soulier sont deux synonymes anciens du mot
le temps. La connotation «familier »ou même «argot »
chaussure. Godasse, gro(l)le, latte, pompe, ribouis, ta-
s'érode de façon plus ou moins rapide selon les épo
tane sont des synonymes familiers, argotiques ou po
ques. L'érosion a été particulièrement forte au moment
pulaires (rlbouls).
de Mal 68. On se souvient de Simone de Beauvoir par
Les autres mots sont tous des sortes de chaussures,
lantde son père, dont les soldats disaient ; QuandBeau
qu'ils désignent des grosses chaussures (comme les
voir dit «merde ! », ça fait distingué. L'aspect transgressif
écrase-merde, les péniches, les piates-formes, etc.), ou
de l'interjection grossière de cet aristocrate n'est plus
qu'ils désignent un type de chaussures particulier,
guère perceptible aujourd'hui.
(comme les babouches, les cuissardes, les Spartiates,
etc.). Les linguistes qualifient d'hyponymie la relation ennui
entre le mot chaussure et ses variétés. On remarque
que la langue expressive qu'est l'argot n'obéit guère au emmerdement %
principe d'économie évoqué dans l'introduction. emmerde

2. c. Le frakhin est l'odeur du poisson frais ou de la SOUCI


argot
marée, qui n'est pas considérée comme une mau desagrement
vaise odeur. Tous les autres mots sont des noms familier à
de sens très proche qui désignent des mauvaises anicroche très familier
odeurs. Notons que le français est pauvre dans le contrariété courant
vocabulaire de l'olfaction si on le compare à celui de
la vue ou même de l'audition. embetement
soutenu

3. a. Le mot palinodie vient du grec palinodia, « poème


dans lequel l'auteur rétracte ce qu'il avait dit dans un
poème antérieur », de palin, «de nouveau, en sens in couille
verse, au contraire », et odê, « chant ». Les journaux nous
parlent souvent des palinodies des hommes politiques I

4. a. Blandices a pour synonyme délices. On le 9. b. Il est dû à Gérard de Vivre qui l'a publié à Cologne.
comprend bien à travers cette citation de Raymond En voici le titre : Synonymes, c'est-à-dire plusieurs propos
Queneau ; « Moi ? fit Petit-Pouce en savourant les propres tant en escrivant qu'en parlant, tirez quasi tous
doulces blandices de l'hypocrisie, moi ? je suis en plein à un mesme sens, pour montrer la richesse de la langue
goudron. Qu'est-ce que je vais devenir ? » (Raymond française. On reconnaît bien là le contemporain des poè
Queneau, Pierrot mon ami) tes de la Pléiade, qui voulaient affirmer le français contre
le latin, en prouver la vitalité. La synonymie comme va
5. b. Le mot coruscant signifie « brillant » (du participe riation et richesse, la synonymie comme art du mot juste
latin coruscans). et précis : deux époques, deux esthétiques I

6. b. Le mot comminatoire vient du verbe latin minari 10. a. L'adjectif abstrus signifie « difficile à comprendre.
qui veut dire « menacer ». On peut parler d'une lettre Incompréhensible ». C'est un synonyme peu fréquent
comminatoire, d'un ton comminatoire. d'abscons. Le contraire est donc clair.

7. Ces adjectifs sont très voisins et le classement 11. c. Une personne naïve est très crédule.
ne peut être qu'Intuitif, mais ils décrivent cependant
un trait de caractère qui va croissant jusqu'à un état 12. c. Selon l'opinion qu'on peut avoir d'un douanier
psychologique à la limite du pathologique. vétilleux, si l'on considère qu'il est normal qu'il soit

73 I
EXPLI C ATI O N S : AUTOUR DU SENS DES MOTS

vétilleux, alors le contraire pourrait être laxiste I Mais 3. b. Les deux mots viennent du latin pulsare, « heurter,
ce serait une synonymie idéologique, et non «sémique ». pousser, frapper », mais le premier a été créé en 1910
pour traduire le mot allemand Trieb utilisé par Freud en
13. a. manière ; b. façon. psychanalyse, et l'autre est utilisé depuis le Moyen Âge
à propos, notamment, des battements du cœur. Les
14. Synonymes Antonymes musiciens utilisent pulsation comme rythme ou plutôt
dégagé, couvert,
comme tempo : il faut garder la pulsation, rester dans la
un ciel clair lumineux, brumeux, pulsation, etc.
éclatant sombre
un costume clair foncé, sombre 4. a. magnificence ; b. munificence. Ces deux paronymes
un bois clair clairsemé dense sont l'un et l'autre assez difficiles à prononcer. Ils sont,
un brouet clair épais de plus, partiellement de sens voisin. Le mot magnifi
cence a deux acceptions, l'une qui concerne la qualité
un son clair net, pur voilé, sombre
des personnes, l'autre, la qualité des choses. Dans l'ac
confuse,
une explication claire
explicite,
embrouillée,
ception « grande générosité, tendance d'une personne
lumineuse
nébuleuse à dépenser sans compter », magnificence qui vient du
C'est clair pour latin magnus, «grand », est en effet assez proche du mot
évident obscur
tout le monde. munificence. Ce mot a le sens de «générosité qui porte à
confus, faire des dons somptueux », et vient de munus en latin, dont
lucide, embrouillé,
Elle a l'esprit clair.
perspicace brumeux,
l'un des sens est «cadeau ». On peut dire que l'étymo-
nébuleux, flou logie les distingue, mais que l'emploi les rapproche I

15. a. c.J'aiJugé ce problème facile. J'airetardé mon départ. 5. Le joli cœur dont il est question n'est pas Inconsis
Dans ces «contextes », les verbesjugeret retarder peuvent tant, mais Inconstant.
très bien «commuter »avec les verbes trouver et remettre,
et l'on peut parierde synonymie. Mais dans les deux autres 6. a. Hiberner, c'est « être dans un état d'engourdisse
phrases, ce n'est plus le cas. Les verbes trouver et remettre ment pendant l'hiver ». L'ours, la marmotte, le loir hi
sont des verbes très polysémiques, c'est-à-dire qu'ils ont bernent. b. Hiverner, c'est «passer l'hiver» (à l'abri),
beaucoup de sens. Plus un verbe est polysémique, moins en parlant de certains animaux. On dit des hirondelles
il est candidat à la synonymie. C'est pourquoi les linguistes qu'elles hivernent dans les pays chauds, mais cela ne
parient souvent de synonymie contextuelle. signifie pas qu'elles y dorment.

16. Odeur : effiuence, émanation, exhalaison, effluve. 7. e. C'est la seule expression correcte. Un fait notable
Parfum : fragrance, senteur. est digne d'être remarqué, tandis qu'une bêtise notoire est
connue de tous. Quant aux autres, ils sont tous à rectifier.
On doit avoir ainsi : un vieux libertin vérolé et non varlolé. Il
« aïonymes p. 31 est vrai, que dans les deux cas, on a des boutons, et que
la variole a été appelée petite vérole... Un homme fruste
1. Précepteur, à ne pas confondre avec percepteur, est un homme mal dégrossi. Un homme frustré a été privé
car... l'un donne généreusement son savoir, et l'autre d'une satisfaction quelconque. Il n'y a pas d'adjectif frus
prend i Ce phénomène phonétique est à l'origine de tre. Les corbeaux croassent, mais les grenouilles coassent.
nombreuses transformations de mots. Le mot précep On parle du dey d'Alger et du bey de Tunis.
teur vient du latin praeceptor, « martre qui enseigne »,
tandis que percepteur vient de percipere, qui veut dire 8. c. Cette courte définition est celle d'une épigraphe.
« recueillir ». Les deux mots en latin ont une racine ver- Les deux mots veulent dire étymologiquement « ins
baie commune, d'où leur proximité. cription », mais épigraphe vient directement du grec,
tandis qu'épigramme nous a été transmis par le latin.
2. a. Le mot eschatologie (mot dans lequel ch se pro Bien qu'inattendue, l'acception a. est correcte.
nonce [k]) vient du grec eskhatos qui veut dire « der
nier ». Àne pas confondre avec scatologie, du grec ska- 9. a. On a d'abord écrit chou-croute. Les Suisse romands
tos, qui signifie « excrément ». de Neuchâtel écrivaient à la fin du xvii'^ siècle surcrute

|74
EXPLICATIONS : AUTOUR DU SENS DES MOTS

puis surcote. Le mot nous \/ient de l'alsacien sûrkrût, feuille de papier ». On parle dans ce cas-là également
équivalent de l'allemand Sauerkraut, dans lequel souer de figure éteinte (jolie métaphore I), car plus personne
signifie «aigre », et Kraut, « herbe ». Entendant un mot ne se rend compte en parlant des pieds de la table ou
qu'ils ne connaissaient pas, comme il s'agissait de chou, de la feuiile de papier, ni même du créneau que l'on fait
le rapprochement s'est fait inévitablement entre sûr et pour se garer qu'il a pu y avoir là un jour une compa
chou, les deux étant relativement proches sur le plan raison. C'est la rançon de la gloire ! La métaphore s'est
de la prononciation. Une tendance bien humaine, qui « lexicalisée », disent les linguistes, elle appartient dé
tend à rapprocher l'inconnu du connu pour faire sens. sormais au lexique commun.
Les linguistes parlent dans ce cas d'étymologie popu
laire ou encore d'attraction paronymique, phénomène 4. a. b. c. d. Les quatre sont des métaphores : la signi
extrêmement fréquent. fication naturelle d'un mot est changée en une autre,
par exemple un nom concret exprime une notion abs
10. C'est bien sûr versatile que l'on devrait avoir. La traite. Victor Hugo assimile le croissant de lune à une
confusion est à la fois due au rapprochement phonéti faucille, mais il ne dit pas que la lune « est comme »
que qui a été fait, mais aussi à la proximité sémantique : une faucille. Voilà pourquoi on parle souvent de compa
ce qui est volatile est insaisissable... n'est-ce pas la raison abrégée. Les deux premières métaphores sont
métaphore inconsciente qui a été faite ? Une personne passées dans le langage courant, le « lion » pour parler
versatile est également insaisissable, elle n'est jamais là d'une personne courageuse est un cliché. La faucilie
où on l'attend... d'or relève toujours de l'écart poétique.

11.11 faut écrire bourrelé de remords. On serait tenté 5. b. Cette expression est un euphémisme, qui sert à
de dire : bourré. C'est une erreur fréquente, due à la atténuer le sens de ce que l'on dit, considéré comme
proximité phonétique des deux mots et au sens de l'ex trop brutal pour être exprimé directement. Les autres
pression. L'adjectif bourrelé, qui n'est plus employé que sont des métonymies, figure qui consiste à désigner
dans cette expression, vient du mot bourreau et signifie un objet ou un être par le nom d'un autre objet ou être
en réalité «torturé », par le remords par exemple. qui a un rapport avec lui. Il y a d'innombrables formes
de métonymies : dans boire un verre, on désigne le
contenu par le nom du contenant. C'est la même chose
A il et au jigiAé p. 32 dans la saile, qui désigne évidemment les spectateurs
contenus dans la salle. Les cuivres et ies bois est une

1. variété de métonymie appelé synecdoque, qui consiste


Sens Sens
propre figuré à prendre une partie pour le tout, ici c'est la matière
des instruments qui les représente. C'est la même chose
des paroles dures X
pour la voile (5. e.), qui n'est bien sûr qu'une partie du
une saveur piquante X
bateau.
le cerveau du gang X

une tuile tombée du toit X

des mûres aigrelettes X 6. battoir


tomber dans les pommes X cuiller

échasses
2. c. Il s'agit de métaphores poétiques. On a coutume
d'appeler la métaphore d'Aragon une « métaphore flûtes

filée », parce que sa comparaison continue sur deux jambonneaux main

termes.
louche jambes

3. c. L'huile consacrée s'appelle le chrême. La cata- nougats pieds


chrèse est un « trope par lequel un mot détourné de pinces
son sens propre est accepté dans le langage commun
pinceaux
pour signifier une autre chose, qui a quelque analogie
avec l'objet qu'il exprimait d'abord ; par exemple : une quilles

"I
EXPLICATIONS : AUTOUR DU SENS DES MOTS

Les sens figurés se comprennent d'eux-mêmes, à noter 7. a. café-concert, carte-iettre, porte-fenêtre ; b. rouge-
cependant le mot pinceau, qui est dérivé de pince. gorge, pur-sang ; c. casse-pied, accroche-cœur, tire-
bouchon, ouvre-boîte. Il y en a bien d'autres I

Jles mots et leuï famille. p. 33 8. a. démo-, grec, «peuple »; b. ortho-, grec, «droit »
c. syiv(a)-, latin, «forêt »; d. xén(o)-, grec, «étranger »
1. Préfixes d'origine grecque : a-, anti-, dys-, hyper-,
e. icon(o)-, grec, « Image » ; f. bio-, grec, «vie »; g. -phiie
hypo-, mét(a)-, para-, péri-, syn-, syi-. grec, « qui aime » ; h. -cratie, grec, « pouvoir, puissance
i. -thèque, grec, « meuble »; j. -sophe, grec, «sagesse
2. k. -phobe, grec, « qui hait » ; I. iogie, grec, «science ».

séparé de

éloigné de,
fbes sens tout en nuances.... p. 34
mis dans
1. Le mot nansouk est un mot hindi qui désigne un
au milieu (de), avec, tissu fin et léger de coton, au fini brillant et soyeux.
en-, em-, im- après, qui est au-delà,
qui englobe
in-, im-, 11-, ir 2. c. Les habitants de la CIrcassie, ancienne région du
privé de
Caucase, étalent les Circassiens ; le rapace diurne dit
deux aussi miian blanc est un circaète. L'adjectif circadien est
par-, per- parfaitement
un terme de la biologie. Issu du latin circa « environ »,
et diem « un jour ».
autour de

trois 3 a. Lesagittaire, au sens premier, est un archer, Laflèche


se dit sagitta en latin. C'est aussi le nom d'une constellation
à côté de (grec),
qui protège de (Italien) et d'un signe du zodiaque. Le MInotaure est le monstre
moitié homme moitié taureau qui vivait dans le palais du
3. a. cum ; b, syn (qui veut dire aussi « en même roi MInos en Crète, et que vainquitThésée. Quant aux Cen
temps »). taures, ces créatures mythologiques, à tête d'homme et
corps de cheval, vivaient sur le mont Péllon en Grèce.
4. a. an-alphabète : « sans » A ni B (= « qui ne sait ni
4. b. Cette habitude qu'ont certaines personnes de ne
A ni B ») ; b. bis-cuit : « deux fois » cuit ; c. col-laborer :
pas finir leurs phrases porte le joli nom de réticence.
travailler « ensemble » (latin : laborare) ; d. dis-syliabe
Cette attitude était déjà répertoriée et utilisée pour
« deux » syllabes ( = « qui comporte deux syllabes ») ;
l'effet produit par les rhéteurs de l'Antiquité I
e. im-porter : porter « loin de ».
5. b. Tous ces animaux sont des oiseaux, mais le seul
5. a. bavardage, piumage ; b. soufisme ; c. inondation ; qui puisse voler est le pingouin I
d. octroyer ; e, cassabie ; f, vachard ; g. patiemment. Le
suffixe permet de construire des noms, des verbes, des 6. a. frêle ; b. fragile.
adjectifs qualificatifs, des adverbes. Le mot frêle est Issu de l'ancien français du xi" siècle
fraisie. L'évolution phonétique s'est faite à partir du
6.
latin fragiiis, « friable, fragile », au cas régime (cod)
fra(gi)iem.
Verbes Noms
Le mot fragile a été emprunté par les clercs au xiv® siècle
1. conformer 1. conformité, conformisme du latin fragiiis, « cassant, frêle, faible, périssable »,
2. déformer 2. difformité dérivé de frangere, « briser », par souci de relier le fran
3. informer 3. malformation çais à ses nobles origines latines. Cet adjectif, comme
les doublets article/orteil, (tous deux du latin articulas,
4. uniformiser 4. uniformisation
« articulation »), choléra/colère (tous deux transmis par
5. transformer 5. transformation
le latin, du grec khôiê, « bile ») et bien d'autres sont la

|76
EXPLICATIONS : AUTOUR DU SENS DES MOTS

trace du travail de « réfection »du français par les clercs 14. Il s'agit du mot acception, qui signifie «manière de
pour rapprocher le français de ses origines latines. prendre un mot, sens qu'on lui donne », et qu'il ne faut pas
confondre avec acceptation, par attraction paronymique.
7. a. b. Les deux définitions sont bonnes, la biologie
ayant adopté cette image pour décrire le comporte 15. a. égrotant ; b. cacochyme ; c. valétudinaire. Valétu
ment de I'adn, Le mot vient du grec palindromos, « qui dinaire vient du iatin vaietudinarius, « maiade », égrotant
court en sens inverse », où palin marque la réitération. vient du participe présent du verbe latin aegrotare, de
Le mot RÊVER, la phrase bien connue ESOPE RESTE même signification, enfin cacochyme vient du grec mé
ICI ET SE REPOSE, le mot LAVAL, le nombre 2002, dical kakoskhymos qui est fait de kakos, « mauvais », et
ou encore la phrase L'AME SURE RUSE MAL sont des de khymos, « humeur ».
exemples de palindromes. La langue française, contrai
rement à d'autres, n'est pas riche en mots palindromes. 16. b. Du grecpaiimpsestos, «qu'on gratte pourécrire de
On peut donc à plus forte raison saluer l'exploit de nouveau », de palin, « de nouveau », et psao, « gratter ».
Georges Perec qui, au Moulin d'Andé, écrivit en 1969 Quand on se livrait à cette opération, il n'était pas fa
un palindrome de 5 566 lettres I cile de ne pas laisser transparaître quelques lettres du
texte antérieur. Le critique Gérard Genette a popularisé
8. Le mot n'est pas dans les réponses, mais c'est un ce mot en en faisant la métaphore de toute littérature
synonyme de nombril, puisqu'il s'agit de l'ombilic. Les dans un livre intitulé précisément Palimpsestes. Dans
sens propre et figuré de ces deux mots sont à peu près tout texte affleurent toujours à quelques endroits les
les mêmes, mais ombilic a inspiré les scientifiques qui strates antérieures... C'est aussi ce qu'il a appelé en
ont enrichi les sens de ce mot. Depuis Antonin Artaud, termes théoriques la «transtextualité ».
et son livre l'Ombilicdes limbes, c'est aussi un mot qui a
fait une entrée remarquée dans la littérature. 17. a. b. Cette définition correspond aux deux mots,
quoique taroupe soit aujourd'hui sorti d'usage et qu'il
9. Herbe odoriférante de la ait également désigné par métonymie ie « poil qui
famille des labiées.
pousse entre les deux sourcils ».
Plat composé de viande « GLABELLE n. f. xix® siècle. Emprunté du latin glabei-
ou de poisson froid ius, diminutif de glaber (voir glabre). Espace giabre qui
et de gelée.
sépare les deux sourcils. {Dictionnaire de l'Académie,
Nom vulgaire de 2008)
aspic
la grande lavande.
TAROUPE, s. f. (Anatom.) espace qui est entre les deux
Espèce de lézard ou de basilic sourcils ; il est chargé de poils dans quelques person
serpent auquel les Anciens
attribuaient la faculté de
nes, & c'étolt là le cas de M. de Turenne ; le comte
tuer par son seul regard. de Bussy trouvoit que sa taroupe velue lui rendoit la
Serpent très venimeux. physionomie malheureuse ; quoi qu'il en soit, c'est une
difformité à nos yeux ; mais ies anciens pensoient tout
Homme dangereux
par sa médisance. le contraire ; car ils employolent l'art pour faire naître
du poil dans cette partie, & réunir les deux sourcils :
arte superdiii confinia nuda repletis, dit Ovide. »
10. a. En réalité, un boucher qui dépèce un veau ou un (L'Encyclopédie, 1751)
bœuf le coupe en morceaux, en pièces. Mais très vite : « Nom qu'on donne au poil qui croît
entre les sourcils. On arrache la taroupe avec de petites
11. c. Tous les noms cités sont des bateaux à fond plat. pincettes. » (Dictionnaire de l'Académie, 1762).

12. a. poison ; b. potion. Les deux mots viennent du


latin potio, « boisson, potion, philtre ». Célèljïesjigaïes de style p. 36

13. a. anoblir ; b. ennoblir. « Cette distinction toute 1. b. Le poète attribue des qualités humaines au vent :
récente », remarque Émile Littré dans son dictionnaire ie vent devient une personne, capable de s'asseoir. La
(publié de 1863 à 1873), «était inconnue aux personnification, figure d'analogie comme la métaphore,
écrivains des siècles précédents ». a été de tout temps employée par les poètes.

1
EXPLICATIONS : AUTOUR DU SENS DES MOTS

2. b. Une périphrase est une figure de reprise, ou acte IV, se. 6). L'anaphore est la répétition du même
encore de substitution, qui, au lieu d'employer le mot mot en tête de phrases ou de membres de phrase.
propre pour désigner une personne ou un objet, met
à la place une locution censée les définir, ou à tout le 7. a. assonance ; b. allitération.
moins les évoquer par quelques traits marquants. Car L'allitération est la répétition d'un même son consonne,
« il y a des lieux où il faut appeler Paris Paris, et d'autres comme le s et le d dans le poème de Desnos, le f et le
où il faut l'appeler capitale du royaume » (Pascal). Cette s chez Hugo, l'accumulation des consonnes fricatives
figure est très employée dans la presse : la dernière chez Verlaine : f, s, v, j {= ge ou j). L'assonance est la
périphrase {la jeune actrice à l'insondable beauté Inca), répétition des mêmes sons vocaliques dans des mots
tirée du Monde (17 février 2009), désigne Magaly qui se suivent : é et o chez Desnos ; é, ou, a chez
Solier. La déesse aux yeux pers est Athéna, l'homme aux Hugo ; é, an chez Verlaine.
mille tours, Ulysse. Dans ces deux cas, si l'on avait écrit
Athéna, la déesse aux yeux pers, ou Ulysse aux milles 8. a. La paronomase, comme le chiasme, est une figure
tours, ces tournures se seraient appelées « épithètes chérie des publicitaires, parce qu'elle permet des rap
homériques », car elles accompagnent le nom propre. prochements inattendus, très allusifs et très efficaces :
Ici, elles ne font que l'évoquer. Le vainqueurd'AusterlItz tout comme le mot d'esprit, si bien analysé par Freud,
désigne Napoléon, enfin le conseiller des grâces désigne ces rapprochements, qui jouent sur le second degré,
le miroir dans les Précieuses ridicules de Molière. font appel à des ressorts inconscients.

3. Il n'est pas mauvais, mon 9. a. b. c. Il y a une gradation de a. à c. ; le pléonasme,


vin, qu'en pensez-vous ? bien employé, est une surabondance de termes, don
Il est un peu près de ses nant plus de force à l'expression, comme : Je l'ai vu de
sous. mes yeux. Mais, dans le langage ordinaire, il désigne
litote
André a eu un petit souvent l'emploi de mots inutiles dans l'expression de
accident. la pensée, comme monter en haut, descendre en bas. La
euphémisme
redondance a toujours été considérée comme un excès
Elle a oublié d'être bête.
dans l'abondance ou les ornements du style par les rhé
Je ne suis pas sûre d'être teurs de l'Antiquité. Quant à la tautologie, c'est un vice
d'accord avec vous. d'élocution par lequel on redit la même chose {Un quart
d'heure avant sa mort, il était encore en vie).
Les litotes permettent d'en dire moins pour suggérer
davantage : ie vin est très bon, elle est très Intelligente, je 10. c. Les autres expressions sont des hyperboles, une
suis sûre de n'être pas du tout d'accord. Les euphémismes figure très connue de l'emphase, de r« amplification »,
permettent de dire les choses désagréables à demi-mot, qui met en relief le message en l'exagérant.
d'atténuer la brutalité du propos : Ilest malheureusement
avare, le petit André doit changer de pantalon... 11. b. La rhétorique est au départ l'art des avocats et
des orateurs, à propos duquel un brillant rhéteur du
4. b. Pour décrire ce chef-d'œuvre d'indécision, Dide iv®" siècle disait, en connaissance de cause : « plus on
rot a utilisé l'antithèse, figure qui consiste à rapprocher ment, plus on a de succès ». Sans doute est-ce cette
dans un même énoncé des éléments de sens opposé. mauvaise réputation qui veut qu'une question rhétorique
soit une question que l'on pose juste pour la poser,
5. a. C'est un parallélisme. Cette figure de style dite sans attendre de réponse.
« de construction » consiste à répéter un morceau de
phrase ou de vers, de même construction et de même 12. b. Une gradation consiste en plusieurs termes de
longueur, donc parallèle, soit en les juxtaposant (comme même classe grammaticale et ayant la même fonction
ici), soit en les coordonnant : c'est le cas du syntagme le dans la phrase, qui renchérissent sur ce qui a été dit,
chat parallèle au syntagme le soleil, et des constructions de sorte que la même idée prend de plus en plus relief.
syntaxiques avec le complément pronominal y. C'est aussi une figure d'ampiification. Il peut y avoir une
gradation inverse : c'est un pauvre, un indigent, un misé
6. a. Corneille a utilisé ce procédé entre autres dans reux, presque un clochard I On parle alors de gradation
les imprécations de Camille qu'on vient de lire {Horace, non plus ascendante, mais descendante.

|78
EXPLICATIONS ; AUTOUR DU SENS DES MOTS

13. c. Les figures a. et d. sont des antithèses, et la b. chemin, chêne, pièce (= morceau), suie, talus.
relève du paradoxe. L'exemple fétiche de cette figure Il nous reste environ 150 mots gaulois. Certains sont
est bien sûr « Cette obscure clarté qui tombe des étoi très courants, ils concernent essentiellement la vie à la
les » de Corneille {Le Cid). campagne, l'agriculture, la pêche, la chasse.

14. c. Il s'agit d'Augustin. La répétition du et en latin, qui 3. a. Le mot a été emprunté à l'anglais ridlhg<oat
n'est pas rendue en français, peut s'appeler une homéo- (1725) et signifie «vêtement pour aller à cheval » {ta
ptote («répétition de formes morpho-syntaxiques sur ride a horse). Le mot rédencart n'existe pas.
la base d'un parallélisme grammatical des marqueurs
morphologiques ou morphèmes »). C'est plussimplement 4. b. Le mot date de 1762. John Montagu, quatrième
une forme d'anaphore. La répétition lancinante de ce et comte de Sandwich, était si passionné de cartes qu'il
donne un effet saisissant d'angoisse quand le dernier en oublia un jour le repas. Son cuisinier, très stylé, lui
et termine la phrase par le silence de Dieu ! Il y a un confectionna alors un en-cas que le comte apprécia, et
deuxième effet qui n'est pas rendu en français : c'est qui fut, mondanité aidant, immédiatement à la mode
l'opposition entre tous ces longs verbes de quatre dans la bonne société londonienne.

syllabes coordonnés par et qui traduisent l'agitation


aussi fébrile que vaine d'Augustin. Les allitérations en 5. a. b. La réponse a. est celle des dictionnaires
f et en / produisent un effet de halètement, de souffle étymologiques. Mais les Ardennaisvous proposeront une
précipité, et de vent ou d'eau qui coule, de vanité donc. autre étymologie, «historique ». Pendant la bataille de
Un seul verbe de trois syllabes, plus court, est réservé Sedan du 1 septembre 1870, qui fit 28 000 morts et
à Dieu, qui face à toute cette agitation désordonnée, 92 000 prisonniers (sur 120 000 soldats) et au coursde
ne fait aucun bruit ; il se tait. Cette phrase d'Augustin à laquelle Napoléon III fut fait prisonnier, les innombrables
elle seule, témoigne de la virtuosité technique d'un des blessésfurent soignéscomme et où on le pouvait. Le café
derniers grands rhéteurs de l'Antiquité. des Soquettes, place Turenne à Sedan, aurait transformé
sa salle de billard en salle de chirurgie, et le billard en
15. b. c. d. a. est une litote. Tous les autres énoncés sont
table d'opération. Cette histoire est certainement vraie,
des antiphrases, ironiques pour b. et d. ; LesBienveillantes, mais est-elle à l'origine de l'expression ? Rien ne permet
titre de l'ouvrage de Jonathan Littell (2006), est l'autre de l'affirmer. On ne pourrait répondre sans avoir fait
nom des Euménides. Les Grecs appelaient ainsi, pour se
de longues recherches sur des corpus de textes où
l'expression a été employée (depuis ledébut du xx® siècle,
les concilier, les Furies, Alecto, Mégère, Tisiphone, les trois
selon les datations). Ce qui est remarquable dans cette
divinités infernales actrices de la vengeance divine.
étymologie, comme dans cellede corbillard (voir question
8), c'est la fonction de l'histoire qu'on raconte, qui vient
16. a.... non pas vivre pour manger.
combler le vide d'une question sans réponse.
b.... la conscience d'un état.
c.... les oreilles ont des murs.
6. a. d. Sarcophage et cercueil viennent tous les deux
d.... plumes de pluie.
du mot grec sarkophagos, de sarx, «chair », et phagein,
Le chiasme est une figure de style consistant à croiser
« manger », qui signifie étymologiquement « [llthos,
les termes dans une phrase, très utilisée en poésie,
pierre] qui mange les chairs », désignant une pierre à
mais aussi dans les slogans politiques et publicitaires.
chaux qui avait la particularité de consumer la chair,
Le chiasme de Prévert a en plus, pour le plaisir, des
d'où son utilisation pour la fabrication des cercueils.
allitérations en pi et des assonances en u et ui I
Le mot cercueil (au Moyen Âge sarqueu, sarcou) est
une latinisation du mot grec sarkophagos, qui a évolué
2) OÙ vient lefiançais ? p. 38 phonétiquement et graphiquement.

7. L'intrus est le mot moustique, qui est un emprunt à


1. d. Le mot douche vient de l'italien, tous les autres l'espagnol, tandis que tous les autres mots viennent de
sont d'origine gauloise. l'arabe. Le mot alcool vient de al-kohi, le kohi qui sert
2. Mots d'origine latine : as, silex, duplex, ami, alun, ail, aujourd'hui de fard étant de la poudre d'antimoine ;
bercail, buis, tête. /'é/zx/r était le nom donné à la pierre philosophale par les
Mots d'origine gauloise : balai, bruyère, bief, lande. alchimistes. La moire est une étoffe en poil de chèvre ;

79 I
EXPLICATIONS : AUTOUR DU SENS DES MOTS

magasin vient du mot makhâzin qui voulait dire «dépôt est-ce l'idée du recueil où l'on trouve tout ce dont on a
de marchandises, bureaux ». besoin qui a fait utiliser le mot calepin pour désigner le
petit carnet de poche que l'on connaît aujourd'hui.
8. c. L'hypothèse b. est l'origine du mot francique (lan
gue des Francs) bière, qui était non pas une «corbeille », 11. a. Lesdeux mots viennent du grec zônê qui veut dire
mais un « brancard ». Le mot corbiliard, lui, vient du nom «ceinture ». Le mot zone a d'abord désigné les grandes
de Corbeil auquel a été ajouté le suffixe -at, transformé réglons du globe délimitées par des cercles imaginaires
par la suite en -ard. Les corbeiiiats étaient des coches parallèles à l'équateur (cercles polaires, tropiques). Un
d'eau, grands bateaux à fond plat halés par des che zona est une maladie qui se situe principalement autour
vaux, dans lesquels, entre autres, était transportée à de la taille ou en cercle autour de l'œil.
Paris la farine des moulins de Corbeil. La légende veut
(cette histoire n'est reprise par aucun des dictionnaires 12, a. Dans la mythologie, le basilic était un serpent
étymologiques actuels) que, pendant l'une des gran dont le seul regard était mortel. La basilique est une
des épidémies de peste, les corbeiiiats aient servi à église qui a reçu ce titre du pape (ex. : la basilique
transporter les corps des pestiférés. Montmartre). Les deux viennent de l'adjectif grec basi-
likos, dérivé de basileus, « roi », qu'on retrouve d'ailleurs
9. dans le prénom Basile. Le serpent est appelé « petit
roi ». La basiiikê (stoa) désignait à Athènes dans l'Anti
mardi «s \
quité « le portique ou le siège de l'archonte-roi ».
mercredi y» christianisme
13. aulne allemand
Judaïsme
bazar chinois
vendredi mythologie
samedi
cordonnier espagnol

dimanche «h
kaolin gaulois
robot grec
Lundi, mardi, mercredi, jeudi et vendredi viennent de la
sentinelle hindi
mythologie : iundi est le «jour de la Lune » ; mardi est
le «jour de Mars », le dieu de la Guerre ; mercredi est le soja italien

«jour de Mercure », le dieu des Marchands et des Voya trapèze japonais


geurs, ainsi que de l'Éloquence, et l'envoyé des dieux ;
Jeudi est le jour de Jupiter, le roi des dieux ; enfin, ven trinquer latin

dredi est le jour de Vénus, la déesse de l'Amour. véranda perse


Dimanche est le dies dominicus, le «jour du Seigneur »
vergne (arbre) tchèque
dans la religion chrétienne.
Quant à samedi, le mot vient du latin populaire dérivé 14. b. Emprunté au grec par le latin d'Église, Il avait
du latin d'église sabbatum, du grec chrétien sabbaton, déjà acquis le sens figuré de «jalousie ». Le mot vient
lui-même de l'hébreu chabbat. Le samedi est donc le de la parabole du bon grain et de l'Ivraie (Matthieu,
«jour du sabbat ». XIII, 25). Le diable a semé l'Ivraie parmi les hommes.
Dans chaque mot, l'affixe -di- vient de dies, le «jour» Cette métaphore s'appuie sur une réalité de l'épo
en latin. que : semer de l'ivraie dans le champ du voisin était
puni par la loi romaine. Le mot ivraie n'a été utilisé en
10. a. Il vient du nom du moine augustin érudit Ambrogio français qu'à partir de la Renaissance. Auparavant, on
Caiepino. Cet homme avait écrit en 1502 le Dictionum utilisait zizanie, au sens propre de mauvaise herbe.
interpretamenta, ouvrage bilingue latin-Italien, auquel
fut bientôt ajouté le grec. Calepin, devant le succès de 1 5. c. Ce sont tous des mots de la mythologie : céréale
son livre, le réédita en ajoutant d'autres langues au fur vient de Gérés, nom latin de la déesse des Moissons,
et à mesure, et ce jusqu'à onze ! L'ouvrage eut, dit-on, symbole de la renaissance de la nature. Écho vient
jusqu'à 211 éditions. À l'époque, on avait l'impression du grec êkhô, « son » ; c'est le nom de la pauvre
de pouvoir tout trouver dans son « Caiepin » : peut-être nymphe qu'Héra (la Junon romaine) priva de la parole

I 80
EXPLICATIONS : AUTOUR DU SENS DES MOTS

parce qu'elle l'avait empêchée par son bavardage de Simon

surveiller les faits et gestes de son époux auprès des Danjou


autres nymphes. Écho ne fut dès lors plus capable Rivière
d'entamer une conversation, elle ne pouvait plus que
Daras
répéter les derniers mots de son interlocuteur. Volcan nom de baptême
est un mot latin qui vient de Vulcain, le dieu du Feu Chemin

et du Métal chez les Romains (assimilé à l'Héphaïstos Dubosc noms de région ou


grec). L'océan vient du mot latin Oceanus, nom du de ville d'origine
Dubois
dieu « personnifiant la mer extérieure, c'est-à-dire
Pêcheur noms de proximité
l'Atlantique ». Quant à mardi et mercredi, la question 9.
a permis d'en dire l'origine. Dupré
Gendarme noms de métier
16. a. climat ; b. atmosphère. Dubuis
Pendant très longtemps, le mot température a été nom de
Charron
synonyme de tempérament. Voici la première définition situation sociale
du mot dans le Dictionnaire générai et grammatical des Joyeux
dictionnaires français de Napoléon Landais (1846) : Charretier surnoms

« Qualité de l'air selon qu'il est froid ou chaud, sec ou Gargot


humide. » Avec l'abandon de la conception de l'univers
Clerc
composé des quatre éléments (terre, feu, eau, air) et
de leurs correspondances avec les qualités de l'air et Baron

les humeurs des êtres humains, le mot température s'est Gauch


«spécialisé » pour le degré de chaleur, ne prenant plus
en compte le sec et l'humide. Il nous reste de cette affaire 3. b. Le mot breuii fait bien partie de la centaine de
le «fond de l'air », moins quantifiable, sans doute, que le
mots que les Gaulois nous ont laissés en héritage. Le
nom de famille désignait une personne vivant à proxi
degré de chaleur, mais combien important I
mité d'un breuii, un bois, un champ.

À
es ae noms p. 40 4. Tous I Ce sont en effet tous des noms qui se ter
minaient par le suffixe gaulois -acos, latinisé en -acum,
qui a évolué différemment selon les régions. Il désignait
1. b. On pense aujourd'hui que tous ces noms sont la villa d'un propriétaire terrien, dont le nom le précé
d'origine préceltique, comme les noms des plus grands dait. Ainsi, les noms Rouillé, Rouiiiy, Rouiiiac désignent
fleuves français, y compris la Seine et la Loire. Luchon, tous des Ruiiiacum ou viiia Ruiiii, villas ayant appartenu
Coiiioure sont deux noms d'origine probablement ibère, à un citoyen gallo-romain du nom de Ruiiius. Ces noms
et les autres noms de ville sont d'origine ligure, du nom sont donc contemporains de l'occupation romaine. Le
d'un peuple, les Ligures, qui habitait la France avant suffixe -y est caractéristique du nord de la Loire tandis
l'arrivée des Gaulois. que le suffixe -oc est caractéristique du sud de la Loire.
Au Moyen Âge, le modèle sera le même, avec des noms
2. Les noms issus de noms de régions ont agglutiné souvent plus francs que latins et des suffixes tels que La
la préposition de avec le nom : D'Anjou. Dubuis, Gauteiière, La Girardière, La Maiinerie, qui furent la pro
Dubosc sont respectivement les variantes picarde et priété des sieurs Gautier, Girard, Malin (e), le suffixe -aria
méridionale de Dubois qui désignait des gens habitant étant hérité du latin, avec le sens de « propriété de ».
à proximité d'un bois, comme Chemin ou Duchemin,
Dupré, ou Rivière des personnes dont la maison est 5. b. Ce nom est très révélateur d'une partie de l'histoire
sise non loin d'une rivière, d'un pré, ou en bordure des noms de famille en France : comme Pierre, Jacques,
d'un chemin. Gauch est la variante en langue d'oc de Denis, Jean, voire Jeanjean, il est caractéristique de la
Joyeux et désignait... quelqu'un de «joyeux» I Baron christianisation de la France. Après l'effondrement de
est le surnom d'une personne hautaine, quant à Gargot, l'Empire romain (v® siècle), le système onomastique
comme Gargaud ou Garguet, c'est un surnom expressif, romain (prénom, nom de famille, surnom) fut remplacé
de la racine garg- qu'on trouve dans gargouiiier. par l'onomastique chrétienne, qui consistait à donner

81 I
EXPLICATIONS : AUTOUR DU SENS DES MOTS

un nom (unique) de baptême, rejoignant en cela nombreux prénoms ; Théophlie (qui aime), Théophraste
l'onomastique gauloise (les Gaulois ne portaient qu'un (qui parle de), Théodule (qui est l'esclave de)...
seul nom). Il faudra attendre dix siècles pour que le
nom de famille soit recréé. 11. b. Le prénom vient du latin margarita, «perle pré
cieuse », emprunté au perse par l'intermédiaire du grec.
6. b. François Ma rendu les surnoms familiaux obligatoi L'orthographe Margaux a été choisie pour la petite fille
res par l'édit de Villers-Cotterêts, en 1539. d'Flemingway en hommage au renommé vin du Médoc.
Les surnoms, qui apparaissent au x® siècle, commencent
à s'associer au nom de baptême afin d'individualiser les 12. a. La France est le pays des « hommes libres », ainsi
gens. Ils apparaissent dans les actes de notaires, devien que se nommaient eux-mêmes les « barbares »qui enva
nent peu à peu héréditaires chez les nobles (le surnom hirent le territoire entre le m® et le v® siècles.
de Plantagenêt vient de Geoffroy, au xii® siècle, qui avait
souvent un genêt sur sa toque). L'Église se met à te 13. b. Les Nocéens sont les habitants de Neuilly-sur-
nir des registres de baptême afin d'éviter les mariages Marne ou de Neuilly-Plaisance, ceux de Neuilly-sur-Seine
consanguins... Le premier connu date de 1411. Déjà sont les Neuilléens. Noucy n'appartient pas au registre des
communes de France. Le suffixe -y dans les trois cas est
sous Louis XI, il fallait demander au roi la permission de
ce qui reste du suffixe gaulois -acos, latinisé en -acum.
changer de nom.

14. Aucune de ces réponses n'est la bonne. Les habitants


7. c. Juan-les-Pins, station balnéaire d'Antibes, a été
de Charleville-Méziéres s'appellent les Caroiomacériens.
créée en 1882. Dans ce nom propre, le mot les est un
Charles de Gonzague, qui a donné son nom à la ville, en a
article défini, déterminant du nom Pins, caractérisation
posé la première pierre en 1606. Le gentilé Charllandins
qui évoque les arbres qui font de la station un lieu om existe, c'est celui des habitants de la ville de Charlieu,
bragé. Dans tous les autres noms, lès, les ou lez est la dans la Loire.
préposition d'ancien français lez, qui signifiait « le long
de, à côté de ». 15. a. les Monégasques ; b. les Tendasques ; c. les Tur-
biasques ; d. les Ézasques.
8. b. Le nom Mercier n'est pas le nom de famille d'un Le suffixe -asque est d'origine ligure, c'est-à-dire d'une
homme qui aurait un commerce de mercerie, même si population antérieure aux Gaulois.
ces noms ont la même étymologie latine : merx, mer-
cls, « marchandise » (comme les mots marché, commer 16. Aquenove ne veut pas dire « eau neuve », c'est une
ce, Mercure, etc.). Ce nom est celui d'un « marchand ». déformation d'Esconohout, nom germanique, de eskln-
D'autres noms, comme Avocat, Lévêque, Chevalier, sont holt, «bois de chênes ». Évry vient du nom d'un chef
semblablement des noms indicateurs de la situation gallo-romain Eburlus, auquel a été ajouté le suffixe-acus.
sociale d'un lointain ancêtre. Les autres noms sont tous formés à partir du mot latin
aqua, « eau », qui est devenu alve, éve, loue, eau en lan
gue d'ôil, au nord de la Loire, et algue en langue d'oc.
9. Stéphane Félix

Victor Nicolas 17. Scéens Sainte-Geneviéve-des-Bois

Georges Étienne Fuxéens Châteaudun

Briochins Sceaux
Stéphane (du grecstephanos) et Étienne (latinisation du
nom grec stephanos) : la couronne. Les deux noms sont Bisontins Jœuf
synonymes. Génovéfains Foix
Victor (du mot latin vIctor) : le vainqueur. Nicolas (grec),
Dunois Besançon
de nikê, victoire, et iaos, peuple. Les deux noms ont un
sens en commun. Joviciens Saint-Brieux

Félix (de l'adjectif latin feilx) veut dire « heureux », et Jovaciens Fine
Georges (du grec gê, la terre, et ergon, le travail) signifie
Joviniens Bourges
« le laboureur ».
lllibériens Joigny
10. c. On retrouve le préfixe Théo, « Dieu », dans de Berruyers Jouy-en-Josas

I 82
EXPLICATIONS : MOTS D'HIER ET MOTS D'AILLEURS

Vn pCLL d fliStoi^E p. 42 le Dictionnaire Universel


d'Antoine Furetière,
1680 ancêtre des dictionnaires
encyclopédiques
1. b. La réponse c. est exacte, mais concernant la lan
1690 le Dictionnaire de la langue
gue française, les Serments de Strasbourg sont essentiels
parce qu'ils constituent le plus ancien document qui ait française d'Émile Littré
1694
été conservé, écrit en français. Il s'agit des serments de le Grand Dictionnaire
1863 universel de Pierre Larousse
fidélité mutuelle prononcés le 14 févrierà Strasbourg, qui
1873
allient les petits-fils de Charlemagne, Charles le Chauve le DIctIonaire françois de
et Louis le Germanique, contre leur frère aîné Lothaire. 1865 Pierre Richelet, premier
1876 ouvrage tout en français

2. c. Il s'agit de la première chanson de geste qui repose le premier Dictionnaire de


l'Académie française
sur des faits historiques : Charlemagne est effectivement
allé en Espagne en 778, et son arrière-garde a été
6. a. Elle a été empruntée aux imprimeurs espagnols
décimée au retour, au passage des Pyrénées, le 15 août
et utilisée pour la première fois par Geoffroy Tory,
de la même année. Mais l'existence historique de Roland
typographe et graveur, dans le livre Le Sacre et le
n'a jamais été confirmée. La Cantilène de Sainte-Eulalie
est un poème de 29 vers qui décrit le martyre d'une
coronnement de la Royne, édité en 1530. C'était à
jeune chrétienne. C'est le deuxième texte le plus ancien l'origine un z placé sous le c servant à transcrire le
écrit en français. Perceval est plus tardif ; son auteur. son [ts], puis le son [sj. Elle était destinée à remplacer
Chrétien de Troyes, l'a écrit vers le milieu du xii^ siècle. la graphie ce, comme dans II receut, mais cet usage
Le Sermon sur Jonas est, semble-t-il, un ensemble de persista longtemps dans l'écriture manuscrite.
notes écrites par un prêtre aux environs de 938 en vue
d'une prédication en français pour les habitants de Saint- 7. b. Ainsi appelait-on à l'époque ce qui est devenu
Amant. C'est le troisième texte le plus ancien en français, aujourd'hui le Collège de France. L'enseignement
conservé à la bibliothèque municipale de Valenciennes. - pour la première fois et contrairement à ce qui
était en usage à la Sorbonne - y était dispensé en
3. c. L'ordonnance de Villers-Cotterêts, édictée par le français. Les «trois langues » sont l'hébreu, le grec et
roi François L', décrète que les actes juridiques seront le latin. L'Académie française a été créée en 1636 par
désormais prononcés et rédigés « en langaige maternel Richelieu, qui lui donne notamment la tâche de réaliser
françois et non autrement ». C'est ainsi que le français le premier dictionnaire de langue française, tâche à
prend progressivement la place du latin. Il y avait un laquelle elle échouera puisqu'elle sera devancée par
mouvement d'ensemble qui militait en faveur du fran ses « concurrents ». L'Académie des sciences a été
çais (les poètes de la Pléiade, par exemple : la Def- fondée en 1 666 par Colbert.
fence, et illustration de la langue françoyse de Du Bellay
paraîtra dix ans plus tard) mais le geste royal cautionne 8. a. b. c. Toutes ces réponses sont justes, ce sont en
et légitime l'usage de la langue française. effet les dispositions de la loi.

4.
première grammaire
française écrite en français, Jles mots 0al)liés p. 44
par le grammairien Meigret
1530 1. a. « Notre voisine est languarde et méchante. » (La
le DIctIonaire françoislatin de
Robert Estienne Fontaine) « L'autre fut un languard, révélant les se
1 532 crets. » (Régnier, Satire XIV)
première proposition de
1539 réforme de l'orthographe,
par le grammairien Meigret 2. c. Dictionnaire de l'Académie, 1 798 : « Se dit en
1542
première grammaire style familier des choses frivoles, chimériques. Il nous
française rédigée en anglais, vient conter des coquecigrues, des coquecigrues de mer. Il
1550
par Paisgrave raisonne comme une coquecigrue. »
parution du Pantagruel de Littré, 1 863 :
Rabelais « 1. Animal imaginaire dont le nom est employé dans

83 I
EXPLICATIONS : MOTS D'HIER ET MOTS D'AILLEURS

diverses locutions. On dit qu'une chose arrivera à la ainsi par dérision les personnes petites et mal faites. Il
venue des coquedgrues, pour dire qu'elle n'arrivera est bas. »
jamais. Vous aurez des coquedgrues, se dit en raillant
à quelqu'un qui demande quelque chose. J'ai des 9. b. Les Curiosités d'Oudin : «c'est un mot qui sert à
coquedgrues, se dit de même en raillant à celui qui dénoter que l'on ne se soucie de rien, que l'on se moc-
demande ce qu'on a là. que des advertissements d'autruy. »
2. Personne qui ne dit que des balivernes. Raisonner
comme une coquecigrue. 10. b. Caduc vient du latin cadere «tomber ». L'Encyclo
3. Baliverne, conte en l'air. Il nous vient conter des co pédie, 1751 : «Caduc (mai). Médecine. Se dit de l'èpi-
quedgrues, des coquedgrues de mer. » lepsie ; elle a été ainsi nommée, parce que les malades
tombent à la renverse dans l'accès de cette maladie ;
3. c. Dictionnaire universel de Furetière, 1 690 : « On dit cet accident joint aux convulsions qui l'accompagnent
d'un Charlatan que c'est un avaleur de pois gris. On donne beaucoup de frayeur aux spectateurs. Cette
le dit aussi d'un homme fort goulu. On dit du Capitan, chute fait souvent périr les malades, surtout lorsqu'elle
d'un fanfaron, que c'est un mangeur, un avaleur de arrive la nuit, qu'ils sont seuls, ou qu'ils tombent d'un
charrettes ferrées. »
lieu élevé. »

4. b. Dictionnaire de l'Académie, 1762 : «Tenir des


11. I N U F E R A L E
discours frivoles, inutiles & importuns, il ne fait que
iantiponner, au lieu de venir au fait. Que me vient-ii
iantiponner ? Il est populaire. »

5. b. Dictionnaire universel de Furetière, 1 690 ; « Es


pèce de chiquenaude ou de nasarde. C'est un coup qui
se donne sur le visage, en laschant avec violence un
M
doigt qu'on a posé sur un autre. La malice des Pages &
des escoliers leur fait donner des croquignoles à leurs
G
camarades qui sont foibles ou niais. »

M
6. c. Tfiresor de la langue française, Jean Nicot, 1606 :
V
« Est un mot de mespris et mocquerie, dont le François
brocarde un petit compagnon qui se porte en superbe,
comme quand il dit d'un glorieux, qui se pavane et se
veut par contenance hautaine faire valoir. C'est un go-
En 1798, agace s'écrivait aussi agasse.
gueiu, et par plus grand desdain encore, goguelureau,
diminutif de goguelu, Homo nihiii. »
Dictionnaire universel de Furetière, 1690 : « Qui a du Uu
es expïessLons oubliées p. 45
bien, qui est à son aise ; ce qui le rend glorieux ou
insolent. Ce mot est populaire, duquel on a fait d'abord
goguelureau, & depuis godelureau. Selon Bovillus, il si 1. b. Oudin traduit la première expression par « en quel
gnifie Avide de gloire. Selon Borel, il signifie un homme estât estes vous ? » et la seconde par « c'est une façon
qui a double menton, & qui est fort gras. » de demander des nouvelles en raillant ».

7. a. Dictionnaire universel de Furetière, 1 690 : « Vomir, 2. c. On imagine la scène.


degueuler. Ce mot n'est en usage que parmy le peuple,
où on le dit plus souvent au figuré, & il signifie alors. 3. a. Quand les poules auront des dents I
Dire indiscrètement tout ce qu'on sçait. On a confronté b. Un jour !
à ce criminel son complice, qui a tout debagouié, qui a c. Demain, on rase gratis I
dit tout le secret de l'affaire. » Furetière traduit l'expression par: «On dit [...] ironi
quement Mardi s'il fait chaud i pour dire qu'on ne tien
8. b. Dictionnaire de l'Académie, 1694 : « On appelle dra rien de ce qu'on promet. »

I 84
EXPLICATIONS : MOTS D'HIER ET MOTS D'AILLEURS

4. c. Toutes ces expressions veulent dire « être un peu rants ». b. Autant chie un boeuf que mille mouscherons,
fou », sauf Avoir la teste chaude, qui signifie «estre cole- c'est-à-dire « un puissant peut autant fournir d'argent
ric » ; c'est une expression voisine de l'expression mo que mille petites gens ». c. Regnard qui dort la matinée,
derne « avoir le sang chaud ». n'a pas la langue emplumée, c'est-à-dire « un paresseux
Selon Furetière, l'hellébore est une « Plante medecinale ne gagne pas de quoy vivre ».
qui sert à purger, & sur toutes les humeurs mélancoli
ques & les vapeurs qui offusquent le cerveau ». 4. c. Chou pour chou, Aubervilllers vaut bien Paris, c'est-
à-dire : « prix pour prix, cette personne-là vaut bien
5. b. Oudin la définit par « en estre extrêmement l'autre ». Ce n'est pas tout que des choux. Il y faut de la
amoureux ». graisse I, c'est-à-dire « ce n'est pas assez d'avoir com
mencé, il faut achever. Ce n'est pas tout d'avoir une
6. Aujourd'hui, l'on dirait : « revenons à nos moutons ». partie d'une chose, il en faut posséder le reste ».
Oudin traduit l'expression par « retournons à nostre
propos ». 5. d. L'âne fait l'objet d'une grande quantité de prover
bes ; on doit se souvenir qu'à cette époque la plupart
7. c. C'est une image de taverne et de vin : sitôt servi, des fermes suffisamment riches en possédaient un. Il
sitôt bu 1C'est donc l'image par excellence de la rapidité I n'y a que l'asne quisent où le bast le blesse, c'est-à-dire
«celuy qui souffre sent son mal ou dommage ». Àqui
8. est asne le tienne par la queuë, c'est-à-dire « que chacun
Il est logé à la lune. Il est fantasque. prenne garde à son fait ».

« vouloir faire une


Il tient de la lune. 6. c. a. « Longue barbe, courte science », c'est-à-dire
chose impossible »
« Il est lunatique. » « ceux qui portent la barbe longue ne sont pas plus
garder les moutons
à la lune (Oudin) sçavants pour cela ». b. «Cheval fait, et valet à faire »,
vouloir prendre la c'est-à-dire « qu'il faut prendre un cheval tout dressé, et
« estre pendu »
lune avec les dents un valet que l'on puisse instruire à sa fantaisie ».

cXes pïoveïloes ouUtés p. 46 7. La fin du monde approche, les bestes parlent latin.
« Cecy se dit lors que l'on entend un ignorant pronon
cer quelques mots latins. »

1. Il ne faut
pas clocher
selon ta bourse. 8. a. « Les vieillards ne veulent point oùir parler de
mourir. »
son nid luy
Àchaque oiseau. semble beau.

Gouverne ta bouche devant les boiteux. Ji provinces.... p. 48


J!eeftançats des
Ilne faut pas clocher devant les boiteux, c'est-à-dire : « il
ne faut pas user de finesse devant les meschans ou 1. a. Après les Romains, la Gaule a été occupée par les
rusez ». Clocher, du verbe latin cloppicare, a le sens de Francs (du iiP au v= siècle), mais ils sont restés surtout
« boiter ». au nord de la Loire, tandis que le sud gardait les tradi
Àchaque oiseau, son nid luy semble beau. tions romaines. L'influence de la langue des Francs a
Gouverne ta bouche selon ta bourse, c'est-à-dire « des été si importante qu'elle a probablement contribué à
pense selon ton pouvoir ou tes moyens ». former les deux grandes zones qui séparent la France
ou plutôt la langue française encore aujourd'hui : celle
2. Le proverbe contraire est aujourd'hui : « Ailleurs, où l'on disait dH, là où Clovis a fait son royaume, et celle
l'herbe est plus verte », expression de l'insatisfaction au où l'on disait oc, au sud, là où l'influence romaine a été
sujet de ce qui se passe dans son propre... « nid » ! la plus forte. Dans une troisième zone, qu'on appelle
« franco-provençale », et qui se situe entre les deux,
3. a. Avec les chiens on ne gaigne que des pulces, c'est- autour de Lyon, Grenoble et Genève, on trouve les
à-dire « il n'y a rien à profiter avec les incivils ou igno deux influences, germanique et latine.

85 I
EXPLICATIONS : MOTS D'HIER ET MOTS D'AILLEURS

2. L'usage des dialectes régionaux varie beaucoup se 5. c. S'empiger est employé en Bourgogne et en Franche-
lon les réglons : certaines ont assez bien conservé leur Comté ; s'empierger, dans le Nord, la Champagne et les
dialecte, d'autres à peine. Un peu de leur richesse et de Ardennes (étymologle : anc. fr. empiéger, « se prendre
leur diversité subsiste encore dans les français régio au piège ») ; s'encoubler, en Savoie (étymologie : suisse
naux (qui ne sont pas des dialectes, mais des usages rom. couple, couble, « entrave au cou du bétail », du
régionaux d'un français standard). franco-provençal encoblar) ;s'enfarger dans le centre de
la France, la Champagne et les Ardennes (étymologle :
Oc Oïl Oc 01! de ferge, « entrave »).
angevin X berrichon X
auvergnat X bourbonnais X
6. c. Le mot vient de main. L'expression b. vient du
Poitou et se dit à propos d'une personne très active et
bas-normand X champenois X
très organisée.
béarnais X franc-comtois X

gallo X francien X 7. c. C'est un vent frais qui souffle du Nord-Ouest.


limousin X gascon X
manceau X languedocien X 8. L'Intrus est placoter. Tous ces mots sont synonymes
mayennais X lorrain roman
de « bavarder à n'en plus finir », mais placoter est utilisé
X
au Québec et non en France. Jhavasser est utilisé en
poitevin X niçois X
Poitou, tatasser en Poitou et en pays gallo, jacoter en
provençal X Orléanais X
Normandie, jacasser est du français standard mais ori
saintongeals X picard X ginaire du Lyonnais. Bavasser est du français standard
mais familier, et barjaquerse dit dans l'Est et le Sud-Est,
3. Ces mots désignent tous la serpillière. Panosse se dit ainsi qu'en Suisse normande.
dans une partie de la Franche-Comté et de la région
Rhône-Alpes (dont la Haute-Savoie), ainsi qu'en Suisse
romande ; cinse est employé en Poltou-Charentes et cl.es mots
en Vendée ; torche, dans le nord-est de l'Aquitaine ;
gueille à ghngonner, en Gascogne ; loque à reloqueter,
Je lafiancopkonle p. 49
dans les Ardennes françaises et belges ; faubert, dans
le Finistère ; waschiumpen, en Alsace... Sans parler de 1. b. Ces 180 millions de locuteurs sont totalement
la désormais bien connue wassingue, qui se dit chez les ou partiellement francophones au quotidien. Ils sont de
« Ch'tis » dans une grande partie du nord et du nord-est langue maternelle française ou bien le français est pour
de la France I eux une langue d'enseignement, de culture, d'échan
ges, une langue dite « seconde ».
panosse Aquitaine
cinse Gascogne 2. Aucune. Toutes ces îles font parties de I'oif.
Il y a des francophones natifs, dont le français est la lan
torche Franche-Comté
gue maternelle sur tous les continents : majoritaires en
gueille à ghngonner Ardennes Europe (Belgique, France, Suisse romande), en Afrique
loque à reloqueter Poitou-Charentes subsaharienne, dans l'océan Indien, en Amérique (Qué
bec, Antilles). Ils constituent également des minorités
faubert Alsace
Importantes en Afrique du Nord et subsaharienne, au
waschiumpen X Finistère Moyen-Orient, en Océanle. Dans certains pays d'Afri
que, d'Asie, d'Europe, et du Moyen Orient, le français
4. c. Le français standard n'a pas vraiment d'expression est une langue seconde.
pour dire le très léger malaise, l'Impression fugitive de
ne plus savoir ni qui ni où l'on est quand on arrive, par 3. b. La Francophonie - quand elle représente une
exemple, dans un endroit nouveau et qu'on a laissé son réalité politique, le mot prend une majuscule - est l'en
logis pour un séjour dans une maison qui n'est pas la semble des États et gouvernements ayant le français
sienne. en partage, à des degrés divers. Ce nombre représente

I 86
EXPLICATIONS : MOTS D'HIER ET MOTS D'AILLEURS

plus d'un quart des États membres de I'onu aujourd'hui buissonnière », et appartient à l'argot scolaire. Les
(191), ce qui n'est, bien sûr, pas négligeable. bruchons sont des brindilles, des brins. Mais avoir des
bruchons sur son pull, c'est avoir des petites boules de
4. a. Avoir un œuf à peler : un compte à régler ; b, une fibre textile qui restent accrochées à la laine (même
bisbrouille : une brouille ; des carabistouilles : des bêti source). Le mot minons peut être synonyme de bruchon,
ses ; c. un estaminet : un café, un bar ; une pinte : une mais ce sont aussi les « moutons » de poussière qui
bière ; une jatte : une tasse ; une tisane : du thé ; d. s'amassent dans les coins... Quant à la lavette, c'est
faire de son nez : prendre des grands airs ; ie broi : le la célèbre débarbouiiiette des Québécois, intraduisible
désordre. par « gant de toilette », puisque c'est un carré de tissu,
mais qui a la même fonction.
5. c. C'est un mot surtout utilisé dans un sens enfantin
ou par plaisanterie. 8. b. En français, on dirait «chose, truc, bidule ». Les
Québécois ne sont pas avares de synonymes pour
6. a. Québec : Ça me démange ! ; b. Belgique : sucre ce terme tellement vague qu'il est sans référence :
d'orge ou caramel au miel. ; c. Suisse ; Quel désordre I cossins, patentes, gogosse, gugus, etc. La « bébête »
se dit en québécois bibitte, mot qui a le sens figuré
7.
d'« idée noire », comme en français hexagonal familier
goger séche-cheveux
le « cafard ».
sac (papier,
gouille
plastique, etc.)
9. a. « Partenaire de sexe opposé avec lequel un homme
cornet tremper
ou une femme entretient des rapports sexuels pendant
fœhn arriviste une courte période, faute de pouvoir fréquenter un(e)
cuissettes brin amant(e) plus à son goût »selon le dictionnaire fait par
le CNRS sur le français de Centrafrique.
grimpion flaque
b. C'est une femme de petite vertu.
courber moutons (poussière) c. C'est un coureur de jupons.

bruchon culotte de sport


10. Non, non, non, il ne s'agit pas de jeunes gens
carré de tissu-éponge chevelus originaires de Strasbourg à la fin des
minons
pour la toilette
années 1960... Selon le dictionnaire du français de
lavette manquer
Centrafrique réalisé par le cnrs, un situationniste est un
« Profiteur, [une] personne qui exploite une situation
Le mot fœhn désigne d'abord un vent du sud, violent, pour en tirer des profits malhonnêtes ou immoraux ».
sec et chaud. Les cuissettes sont une sorte de short Il existe même non pas des crypto-situ, mais des
sans poches ni braguette, plus court qu'un short, serré emprofito-situationnistes : ce sont 1. des opportunistes,
à la taille par un élastique (voir le Petit Dictionnaire des personnes qui « retournent facilement leur veste ».
suisse romand). Le verbe courber s'emploie par - 2. des arrivistes. (Adaptation du Lexique du français
exemple dans l'expression courber i'écoie, « faire l'école de Brazzaviiie.)

87 I
EXPLICATIONS : LE FRANÇAIS SOUS LA PLUME

Poïtïaits d auteuïs. p. 50 relle du quiétisme. C'est Bossuet qui triomphera avec


son pamphlet de 1698 Relation sur le quiétisme avant
même que cette doctrine soit condamnée par le pape
1. a. Le Conte du Graal, dernier roman de Chrétien (1699).
de Troyes, amorce la quête du mystérieux Graal dont
le mythe connaîtra de nombreuses continuations. La 6. Complément : a. 1842-1888 ; b. 1135-1183
Chanson de Roland est une chanson de geste anony c. 1854-1905 : d. 1818-1894 ; e. 1619-1655
me. Tristan et Yseut est un poème épique de Béroul, f. 1804-1876 ; g. v. 1484-1553 ; h. 1755-1793
trouvère anglo-normand (entre 1150 et 1195). Il offre i. 1530-1563 ; j. 1552-1630 ; k. 1848-1907
une des versions les plus archaïques des aventures de I. 1 522-1560.

Tristan et Iseult. Un manuscrit incomplet est conservé


dans l'ouest de la France. 7. a. Louise Labé (1 524-1 566) ; b. Marguerite d'An-
La littérature courtoise naît dans les cours des princes goulême, reine de Navarre (1492-1 549) ; c. Germaine
(d'où elle tire son nom) et se développe tout d'abord Necker, baronne de Staël-Holstein (1760-1817).
dans le sud de la France. On situe sa naissance à la
cour de Guillaume IX, duc d'Aquitaine. La courtoisie 8. a. Honoréd'Urfé (1567-1625) est l'auteur de L'Astrée,
prône un ensemble de valeurs chevaleresques, qui se roman publié de 1607 à 1627, qui raconte les amours
veulent raffinées et nobles : le chevalier courtois s'op contrariées mais finalement heureuses du berger Céladon
pose au « vilain », c'est-à-dire au paysan. et de la bergère Astrée. Alors que la France est encore
fortement marquée par les bouleversements politiques
2. a. b. c. Moine puis médecin, Rabelais est aussi et les guerres de religion, le sentiment qui domine au
l'auteur de plusieurs romans mettant en scène les début du XVII® siècle est celui d'une grande instabilité du
aventures de géants. Le premier est Pantagruel, publié monde et de la vie humaine. Le courant baroque nâit de
en 1 532. cette impression d'un monde en mouvement, qui n'est
Jamais fixé et où rien n'est irréversible. En réaction à
3. c. Étienne de La Boétie rencontre Montaigne au par cette situation, naît, selon le critique Jean Rousset (La
lement de Bordeaux, où ils sont collègues, en 1557. Littérature de l'âge baroque en France, éd. José Corti),
Il avait déjà écrit ce traité où il exalte la république à « le paysage enchanté de la pastorale, cette nature
la manière d'Athènes, et Montaigne l'admirait. Il meurt adolescente de L'Astrée, purifiée de toute dégradation
à 33 ans. Montaigne le fera éditer. et de toute mort : c'est une des faces de la sensibilité de
l'époque baroque ».
4. a. Bossuet ; b. et f. Boris Vian, qui s'appelait encore
Baron Visi et Vernon Sullivan ; c. Cocteau ; d. pseudo 9. b. c. Pierre Corneille (1606-1684) devient célèbre
nyme de Romain Gary (1914-1980), auteur des Raci avec sa tragi-comédie Le CId, écrite en 1637, qui dé
nes du ciel (1956), des Promesses de l'aube (1960) ; clenche une querelle littéraire. La pièce est séduisante,
e. Nom exact de Montaigne (1533-1592), qui s'ap sans doute, mais elle n'est pas conforme aux règles
pelait Michel Eyquem de Montaigne, Montaigne étant ni à la bienséance : tel est le verdict de l'Académie en
le nom de son château en Dordogne ; g. Tristan Tzara, 1638.
écrivain français d'origine roumaine, qui fut l'initiateur
du mouvement Dada. 10. b. La Fontaine a écrit 240 fables, publiées de
1668 à 1694, souvent inspirées d'Ésope (fabuliste
5. b. Fénelon, dit le Cygne de Cambrai, fut en opposi grec vii®-vi® siècle av. J.-C.) et de Phèdre, fabuliste latin
tion sur le plan religieux avec Bossuet lors de la que (- 1 5 à 50 apr. J.-C.).

6. b. c . d.
g.
T" T"

xir xiir XIV' XV' XVI' XVII' xviir XIX' XX'

1. j. h. f . k.

I 88
EXPLICATIONS : LE FRANÇAIS SOUS LA PLUME

« Dans les bois de Molière, La


Clamart on entend la Critique de 14. c. Ce roman est un roman par lettres, ou « roman
clameur des enfants l'École des épistolaire », écrit par Choderlos de Laclos, en 1782.
qui se marrent. » femmes
Ce genre s'est répandu au xviii" siècle, apogée des
romans épistolaires. Certains critiquaient la société
« Que diable aller faire
aussi dans la galère Bolleau, {Lettres persanes, Montesquieu, 1721 ), mais beaucoup
d'un Turc ? » Satire VI étalent centrés sur la passion amoureuse. Valmont et la
D'un Turc I » marquise de Merteull des Liaisons dangereuses s'y sont
particulièrement Illustrés I
« Tarte à la crème,
Camus,
morbleu I tarte à la
L'Étranger 15. b. Émile Zola est le représentant d'un nouveau
crème I »
courant littéraire au xix® siècle, le naturalisme, qui
« Et quel fâcheux dé s'appuie sur les recherches scientifiques de l'époque,
mon, durant les nuits Prévert, notamment les théories de Darwin. Pour Zola, les
entières. Rassemble ici Paroles
comportements humains sont liés à l'hérédité, au milieu
les chats de toutes
les gouttières ? » familial et à l'état du corps.

Cyrano de
Bergerac, Le 16. Voir tableau ci-contre.
« Aujourd'hui maman
est morte. » Pédant Joué
17. b. d. e. Proust obtient le prix Concourt en 1919,
« C'était à Mégara, Saint- Eisa Triolet en 1945 et Robert Merle en 1949.
faubourg de Carthage, Exupéry,
dans les jardins Le Petit
d'FlamIlcar. » Prince
cœuï dies œavïes p. 52
« J'ai ainsi vécu seul,
Flaubert, 1. b. Ce texte est extrait de L'Éducation sentimentale
sans personne à qui Salammbô
parler véritablement... » de Gustave Flaubert (1869). L'auteur résume Ici en
quelques lignes plusieurs années de la vie de Frédéric
Moreau, héros de l'Éducation.

11. a. Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné 2. b. La Comédie humaine compte 26 volumes,


(1626-1696) ; b. Marle-Madelelne Pioche de Lavergne, 2 000 personnages, dont 460 reviennent tout au long
comtesse de La Fayette, qui écrivit le célèbre roman des livres. C'est l'œuvre romanesque française la plus
La Princesse de Clèves en 1678, roman tellement « héneaurme », pour reprendre un adjectif flaubertien
apprécié aujourd'hui encore, que des comédiens ont qui ait jamais été écrite. Le Balzac de Rodin, rue Vavin
pu en donner une lecture publique pour la beauté à Paris, à l'angle du boulevard Raspail, évoque cette
du texte, l'aprés-midi du 16 février 2009 place du héneaurmité de l'auteur.
Panthéon, devant une foule nombreuse.
3. a. d. i. j. I. Les romans Intrus sont tous issus de La
12. b. Ils viennent de la tragédie Phèdre de Racine. Comédie humaine de Balzac. Or, Zola, lorsqu'il établit
En dépit de la fielleuse remarque de Corneille, qui lui les grandes lignes de son projet Les Rougon-Macquart
avait dit qu'il n'était « pas né pour le théâtre », Racine (1893), Insiste bien sur la différence à la fols d'Inten
triomphe avec Andromaque en 1667. À la suite d'une tion et de traitement entre son œuvre et celle de Bal
cabale, la représentation de Phèdre en 1677 est zac : « Les bases de la Comédie sont : le catholicisme,
un échec, qui, bien que momentané, influera sur la l'enseignement par des corps religieux, principe mo
production théâtrale de Racine. narchique. - La Comédie devait contenir deux ou trois
mille figures. Mon œuvre sera moins sociale que scien
1 3. a. Molière meurt le 10 février 1673. Il s'agit de la tifique. Balzac à l'aide de 3 000 figures veut faire l'his
quatrième représentation du Malade Imaginaire que le toire des mœurs ; il base cette histoire sur la religion et
célèbre dramaturge, bien que déjà malade, avait voulu la royauté. Toute sa science consiste à dire qu'il y a des
donner pour assurer le salaire des comédiens. avocats, des oisifs, etc., comme il y a des chiens, des

89 I
EXPLICATIONS : LE FRANÇAIS SOUS LA PLUME

loups, etc. En un mot, son oeuvre veut être le miroir 7. b. Les Essais, Les Confessions, les Mémoires d'outre-
de la société contemporaine. Mon œuvre, à moi, sera tombe sont tous des « écritures sur soi », comme le dit
tout autre chose. Le cadre en sera plus restreint. Je l'étymologie d'« autobiographie », et tous leurs auteurs
ne veux pas peindre la société contemporaine, mais pourraient souscrire à la déclaration de Montaigne...
une seule famille, en montrant le jeu de la race modi
fiée par les milieux. » (Zola, Différences entre Balzac 8. a. Du côté de chez Swann ; b. Ài'ombre des jeunes
et moi, 1869) filles en fleurs ; c. Le Côté de Guermantes ; d. Sodome
et Gomorrhe ; e. La Prisonnière ; f. La Fugitive ; g. Le
4. a. b. d. f. On distingue la nouvelle réaliste, dont Temps retrouvé.
le but est de saisir sur le vif une « tranche » de réalité
brute, de la nouvelle fantastique, qui fait la part belle 9. b. d. f. Les Nourritures terrestres. Le Roi Candauie
au surnaturel, à l'étrange. Dans Le Horia de Maupas- et La Symphonie pastorale sont des œuvres d'André
sant, par exemple, le narrateur est convaincu qu'une Gide.

créature invisible et malfaisante a pris possession de


lui. Comme souvent dans les nouvelles fantastiques, 10. c. Le chant de la grive agit comme un catalyseur
le lecteur doit déterminer lui-même si cet événement du souvenir et permet à Chateaubriand de revivre
a une explication rationnelle (le narrateur est fou et a intensément un moment de son passé. À cette
des hallucinations) ou une explication surnaturelle (la occasion, il nous livre une méditation sur le sens de
créature existe bel et bien). l'écriture autobiographique : confronté à la fuite du
Ce qui distingue la nouvelle du roman est sa particu temps, évoquée avec mélancolie (« j'ai fait le tour de
lière densité d'écriture : l'auteur d'une nouvelle veille
la vie »), l'auteur tente de laisser une trace de ses
à la concision de son texte, supprime les épisodes souvenirs par la rédaction de ses mémoires. Dans ce
inessentiels ; tous les éléments sont orientés en fonc
passage, l'écriture opère un mouvement de réflexion
sur elle-même.
tion de la fin de l'histoire. Cette concentration de la
narration, qui s'oppose à la liberté du roman, fait que
11. b. Cette citation est extraite de la lettre 153 du
la nouvelle est particulièrement apte à créer des effets
vicomte de Valmont à la marquise de Merteuil dans
de « suspense ».
Les Liaisons dangereuses de Laclos. Il s'agit d'une
guerre entre deux libertins. La marquise de Merteuil a
5. a. Brillat-Savarin est peut-être le Proust de la
réussi à rendre le vicomte jaloux. Celui-ci lui écrit : «Je
gastronomie, mais il n'a pas écrit de roman. Du
serai ou votre Amant, ou votre ennemi. [...] Le moindre
côté de chez Swann est le premier volume à'A ia
obstacle mis de votre part sera pris de la mienne pour
Recherche du temps perdu. Avec son « livre-somme »,
une véritable déclaration de guerre : vous voyez que
Proust incarne la figure de l'écrivain qui consacre son
la réponse que je vous demande n'exige ni longues ni
existence à l'écriture. Œuvre majeure et novatrice
belles phrases. Deux mots suffisent. » Et la marquise
du début du xx® siècle, La Recherche conjugue les de Merteuil écrit au bas de cette même lettre cette
ambitions des grands écrivains du xix® siècle et réplique célèbre.
l'exploration de la conscience personnelle, plus
propre au roman moderne. 12. c. Siècle du classicisme et des courants baro
que et précieux, le xvii® siècle est également celui
6. a. Le « Nouveau Roman » n'est pas, à proprement des moralistes, auteurs d'œuvres de réflexion sur les
parler, un mouvement, comme a pu l'être par exemple mœurs, ia nature et la condition humaine. La Fontaine
le surréalisme. Les nouveaux romanciers n'ont pas de a fait œuvre morale dans ses fables et ses contes. Le
chef de file, ni de texte fondateur : simplement, ils se duc de La Rochefoucauld nous a laissé ses maximes,
reconnaissent dans la conscience commune de reje courtes formules énonçant une règle morale ou une
ter plus ou moins d'aspects liés au roman traditionnel vérité générale, le plus souvent au présent. La Bruyère
(psychologie du personnage, chronologie, linéarité a brossé d'incisifs portraits de ses contemporains.
du récit). Parmi les auteurs qu'on a rassemblés sous
cette étiquette figurent des gens aussi différents que 13. a. c. f. g. Les œuvres théâtrales de Marivaux ont
Michel Butor, Marguerite Duras, Alain Robbe-Grillet, marqué une évolution importante dans le genre de la
Claude Simon, Robert Pinget, etc. comédie. En effet, on y trouve de manière presque

I 90
EXPLICATIONS : LE FRANÇAIS SOUS LA PLUME

avec l'amour).
« Heureux qui Alfred Jarry,
comme Ulysse, a fait 1 5. a. c. d. Mort d'un commis voyageur est une pièce
Ubu roi
un beau voyage. » d'Arthur Miller (1949), de même que Les Sorcières
de Salem (1952). Rhinocéros est d'Eugène Ionesco
« Le bon sens est la
Du Bellay, (1959). On a parlé de théâtre de l'absurde. Dans cette
chose du monde la
Les Regrets
mieux partagée. » expression étaient englobés à l'époque le théâtre de
Beckett, mais aussi celui de Ionesco, d'Arrabal, les
« Merdre » Montaigne, premières pièces d'Adamov et de Genet. Il n'est pas
Essais
« Doukipudonktan, sûr que cette étiquette résiste au temps : l'« absurde »
se demanda Gabriel de Ionesco n'a pas grand-chose à voir avec celui de
excédé.»
Descartes,
Discours de Becket, auteur qui est beaucoup mieux reçu, et sans
« C'est un livre de la méthode doute mieux perçu aujourd'hui que de son vivant.
bonne foi, lecteur. »

« Buveurs très illustres, Zola, Nana 16. Voir tableau ci-contre.


et vous, vérolés très
précieux, - car à vous,
Queneau,
non à d'autres, sont
dédiés ces écrits,... » Zazie dans 2) es ïimes et dies veïs p. 56
le métro
«À neuf heures, la 1. a. Il veut dire «faire», «fabriquer», «créer» et
salle du théâtre des Rousseau, vient du verbe grec polein. Ce verbe est d'ailleurs
Variétés était vide. » Les Confessions
assez polysémique, puisqu'il signifie aussi « engen
« Je forme une entre drer », ou « enfanter », selon qu'on parle d'un homme
prise qui n'eut jamais Rabelais, ou d'une femme.
d'exemple, et dont Gargantua
l'exécution n'aura point
d'imitateur. » 2. c. L'assonance est la répétition intentionnelle de
voyelles, ici en particulier la voyelle o et secondairement
le a. Au Moyen Âge, dans La Chanson de Roland
par exemple, constituée de 4 002 décasyllabes
systématique des couples formés par des maîtres et assonancés, il n'y avait pas de rimes en fin de vers, mais
des valets et une intrigue amoureuse et/ou sociale : des assonances. C'est le retour d'une voyelle seule qui
le propos du dramaturge est de démontrer que les marquait la fin du vers. Une série de vers s'achevant
problèmes amoureux dépassent un clivage social qui de la sorte par la même voyelle appartenait à une
est lui-même en train de disparaître : maître, valet, même séquence. Il suffit que la voyelle accentuée soit
servante, chacun est remis en cause dans son statut. homophone, quels qu'en soit l'entourage consonantique
Notons que l'on pouvait déjà trouver en germe cette et l'orthographe. Chatte et cape forment une assonance
idée dans certaines comédies de Molière, comme Les acceptable ; en revanche, un a fermé ne pourrait pas
Fourberies de Scapin (1671). rimer avec un a ouvert.

14. a. c. f. Chef de file du mouvement romantique, 3. b. Les deux exemples relèvent de l'allitération, de
Victor Hugo est l'auteur de plusieurs pièces qui la répétition volontaire de consonnes, à l'attaque des
instaurèrent véritablement le genre nouveau du drame syllabes accentuées, dans un vers ou une phrase. En
romantique, rompant ainsi avec les contraintes héritées poésie, l'allitération renforce le sens de ce qui est dit,
du classicisme et les drames bourgeois du xviii^ siècle. comme dans ce vers très connu de Racine (Androma-
Hernani est à ce titre un tournant, puisqu'une « bataille » que) : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos
rangée entre les partisans et les opposants du dramaturge têtes ? » On parle dans ce cas d'harmonie imitative,
eut lieu lors de sa première représentation ; Ruy Blas et le s répété imitant le sifflement du serpent.
Lucrèce Borgia confirmèrent le mélange des genres et
l'apparition du grotesque au théâtre. Les autres grands 4. a. Le Rhin
noms du drame romantique sont Alexandre Dumas Qui coule
{Kean, Antony), Alfred de Vigny (Chatterton) et Alfred Un train
de Musset (Lorenzaccio, Fantasio ou On ne badine pas Qui rouie

91 I
EXPLICATIONS : LE FRANÇAIS SOUS LA PLUME

Ces vers sont dissyllabiques, ce qui permet de les Le temps a iaissié son manteau
mémoriser aisément. Le vers Une sardine de Rayon ap
partient à un poème de Desnos, La Sardine ; Un cargo « Le temps a Iaissié son manteau
angiais est un vers de Biaise Cendrars extrait d'Au cœur De vent, de froidure et de pluye.
du monde. Et s'est vestu de brouderie.
De soleil luyant, cler et beau.
5. a. Les rimes plates correspondent au schéma
AABB: Il n'y a beste, ne oyseau.
armoire Qu'en son jargon ne chante ou crie :
butoir Le temps a Iaissié son manteau I
cheval
arsenal Riviere, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée jolie.
b. Les rimes croisées correspondent au schéma Gouttes d'argent, d'orfaverie,
ABAB: Chascun s'abille de nouveau :

violon Le temps a Iaissié son manteau I »


nuage (Charles d'Orléans)
oisillon
moulage 8. a. On parle d'enjambement lorsque la phrase ne
s'arrête pas à la fin du vers mais se poursuit sans inter
ruption sur le vers suivant.
c. Les rimes embrassées correspondent au schéma
ABBA:
artichaut
9. Synergie et diaiyse n'ont aucun rapport avec la poé
sie. En revanche, la diérèse est la prononciation de deux
délicieux
voyelles qui se suivent en les séparant, comme vi-oion,
dangereux
déiici-eux. La synérèse réunit au contraire ces deux
manchot
voyelles en une seule émission de voix.

6. c. Le mètre utilisé peut être régulier ou irrégulier (on


« Les sanglots longs
parle alors de vers hétérométriques) selon l'impression
Des vi-olons
que veut produire le poète. Le vers se définit en fonction
De l'automne
du nombre de syllabes. Parmiles vers pairs qui confèrent
Bercent mon cœur
souvent une certaine régularité au rythme du poème,
D'une langueur
on distingue entre autres : l'alexandrin (12 syllabes),
Monotone »
le décasyllabe (10 syllabes), l'octosyllabe (8 syllabes) (Verlaine)
et l'hexasyllabe (6 syllabes). Les vers impairs (5, 7, 9,
11 syllabes) sont plus rares et leur présence doit être 10. a. un distique ; b. un quintil ; c. un neuvain.
considérée comme un élément significatif. Dans son Art
poétique (1874), Verlainé préconise ainsi l'emploi du 11. b. Selon Littré, c'est la « rencontre de syllabes ou
mètre impair : de mots qui produisent un son désagréable à l'oreille ».
On avait ainsi attribué faussement à Hugo ces vers mal
« De la musique avant toute chose. habiles :
Et pour cela préfère l'Impair J'en sortirai du camp, mais quei que soit mon sort,
Plus vague et plus soluble dans l'air J'aurais montré du moins comme un vieiiiard en sort (à
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose. » l'oral, selon le rythme de l'alexandrin, on ne peut enten
dre autre chose que ; « comme un vieil hareng saur »).
7. a. Un sonnet est composé de deux quatrains et Et quand on en parla à Hugo, il aurait répondu : Tout
de deux tercets, b. Une complainte est à l'origine une en faisant des vers comme un vieiiiard en ferait (hareng
chanson populaire dite sur un ton plaintif, c. Un ron frais).
deau est composé de vers octosyllabiques construits Une cacophonie de Corneille est célèbre. Dans la pre
sur deux rimes. En voici un exemple : mière édition d'Horace, la célèbre tirade de Sabine

I 92
EXPLICATIONS : LE FRANÇAIS SOUS LA PLUME

commençait par : «Je suis Romaine hélas, puisque mon de mots,


époux l'est », ce qui donnait, avec le rythme du vers :
«Je suis Ro-Ménélas, puisque mon nez-poulet», que jeux de langue p. 58
Corneille a heureusement transformé en : « Je suis Ro
1. Àvous de jouer !
maine, hélas ! puisque Horace est Romain ».

2. a. Àvous de jouer I
12. «Je connais mes fureurs, | je les rappelle toutes.
Il me semble déjà | que ces murs, que ces voûtes
3. rez (de chaussée), (belle) lurette, (sans coup) férir,
Vont prendre la parole, | et prêts à m'accuser.
(dans mon/son) for (intérieur), fors (l'honneur), (au)
Attendent mon époux j pour les désabuser. »
fur (et à mesure), (à la bonne) franquette, etc.
La voix s'arrête légèrement au bout de six syllabes. Le
rythme du vers lui-même repose sur des accents qui
déterminent des coupes. Ainsi, l'alexandrin classique
est composé de deux moitiés de vers, ou hémistiches,
« Par les bois du Djinn,
de chacune six syllabes, chaque moitié étant séparée où s'entasse de l'effroi
Louise de
de la suivante par une coupe nommée césure. Parle et bois du gin
Villemorin
Le poète peut faire une coupe en un autre endroit, mais ou cent tasses de lait
froid. »
elle est alors significative d'une tension particulière,
comme dans cet autre vers, dont la fragmentation en
« ô fragiles Hébreux ;
quatre segments de trois syllabes, soulignée par les e allez, Rebecca tombe !
muets et la répétition de et, traduit le désarroi et l'an Marc
Monnier
Offre à Gilles zèbre,
goisse de Phèdre ; œufs ; à l'Erèbe, héca
«Tout m'afflige | et me nuit | | et conspire | à me nuire. » tombe I »

13. « Étonnamment mono


Alphonse tone et lasse
Allais Est ton âme en mon
automne, hélas I »

V
« Gall, amant de la
A reine, alla, tour magna
Victor nime.
R E Hugo Galamment de l'arène
à la tour Magne, à
M A O R
Nîmes. »
O E A U A

N G 5. a. inceste ; b. singe ; c. toupie. L'anecdote de l'ana


T O M gramme d'Einstein est tirée du Pékinois, petit diction
naire anagrammatique des célébrités, Jacques Perry-
C O R N
Salkow, Seuil 2007. Bien des écrivains ont usé de
V cette possibilité pour se faire un pseudonyme.

6. Comme l'indique Musset lui-même, il suffit de pren


A N D R O M A Q U
dre le premier mot de chaque vers pour découvrir sa
proposition osée : « Quand voulez-vous que je couche
avec vous ? » et la réponse de George Sand : « Cette
14. a. RECHERCHE (À lo Recherctie du temps perdu de nuit ».
Proust) ; b. confessions (l'amant de Mme de Warens
est Jean-Jacques Rousseau, auteur des Confessions) ; 7. b. Avec le pangramme, il s'agit de faire une phrase
c. ESSAIS {Les Essais de Montaigne) ; d. fable ; e. roman qui paraisse la plus cohérente possible et qui contienne
(anagramme de Norma) ; f. rimes ; g. pied. au moins une fois toutes les lettres de l'alphabet. Le

93 I
EXPLICATIONS : LE FRANÇAIS SOUS LA PLUME

tautogramme est une pièce de vers où l'on n'emploie suite de mots dont chacun a une syllabe de plus que
que des mots qui commencent tous par la même lettre. le précédent. C'est le cas par exemple de ce vers du
poète latin Ausone (iv® siècle) : «Spes deus œternœ sta-
8. c. On appelle hémistiche la moitié d'un vers. Quant tionis conciliator».
aux stichomythies, ce sont, dans un texte de théâtre, Les vers rhopaliques en forme de losange viennent de
des répliques qui s'enchaînent très rapidement, par les Charles-François Panard (ou Pannard), poète et dra
quelles les personnages se répondent vers pour vers. maturge français né à Courville-sur-Eure le 2 novembre
1689 et mort à Paris le 13 juin 1765. « Peu vif dans
9. b. Les vers rhopaliques sur lesquels Hugo prend l'entretien, craintif, discret, rêveur.../Chansonnier sans
modèle sont des vers grecs ou latins formés d'une chanter, passable coupleteur », disait-il de lui-même.

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