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Lycée Pilote d’

Devoir de contrôle n°1 2019/2020


Hammamlif
Epreuve de français

Mme Essid.M

Classe : 4ème Sciences.Ex Durée : 2 heures

(Dans son récit autobiographique Je dirais malgré tout que cette vie fut belle, Jean d’Ormesson nous
fait part des interrogations de sa jeunesse.)

J’imagine que c’est surtout à cause de moi et pour moi que mes parents envisagèrent de
revenir à Paris malgré l’occupation allemande. J’avais seize ans. Je n’avais pas la moindre
idée de ce que je voulais faire après le baccalauréat. A vrai dire, ce dont j’avais surtout envie,
c’était de ne rien faire du tout.
Très attaché à ses convictions, mais libéral et tolérant, mon père nous avait souvent
répété à mon frère et à moi qu’il nous laissait libres de choisir notre avenir _ à condition,
bien entendu, de servir l’Etat. Je le comparais volontiers au vieux Ford qui proposait à ses
acheteurs des voitures automobiles de la couleur qu’ils souhaitaient_ à condition qu’elles
fussent noires. Ah ! bien sûr. Nous étions libres : nous pouvions devenir diplomate,
conseiller d’Etat, inspecteur des Finances, membre de la Cour des comptes, gouverneur de la
Banque de France ou préfet, mais en aucun cas banquier ,marchand de biens ,artiste
peintre, footballeur, chanteur ou producteur de cinéma. Mon père nourrissait une
particulière méfiance à l’égard des hommes d’affaires et des comédiens. J’avais un faible
pour les acteurs. Il redoutait comme la peste de me voir monter sur les planches ou gagner
de l’argent.
Je n’avais aucune envie de devenir banquier ni artiste. J’avais remarqué assez tôt que
quand un doux vieillard demandait à une petite fille ce qu’elle voulait faire plus tard, elle
répondait volontiers infirmière ou vétérinaire. Les garçons se voulaient plutôt pompier ou
pilote de ligne.
J’avais un peu honte de constater que je n’avais aucune espèce de préférence. Je le savais
en secret mais il m’était impossible d’exprimer ce que je ressentais. La vraie réponse à la
terrible question «  Que voudrais-tu faire plus tard ? » était : «  Rien. » […]

La question roulait en torrent dans ma tête. Et aucune réponse ne me venait à l’esprit.


J’aimais ne rien faire. J’aimais rêver_ de préférence à rien. J’aimais attendre. Attendre quoi ?
Précisément, rien. J’aimais étudier. Je ne tenais pas tellement à vivre. Peut-être, après une
enfance très heureuse, redoutais-je l’épreuve de la vie. Je craignais comme la peste de
m’engager dans l’une ou l’autre des voies que m’offrait l’existence. Peut-être aussi avais-je
compris obscurément que les études, pour dire les choses en un mot, représentaient la
meilleure façon de ne pas travailler. Ou du moins de ne pas choisir un de ces compartiments
du travail qui constituaient autant de pièges dont il vous est impossible de sortir dès que
vous avez glissé dans l’engrenage l’ombre d’un doigt de pied.
J’aimais beaucoup lire. Ou faire semblant de lire.

Jean d’Ormesson, Je dirais malgré tout que cette vie fut belle, 2016,
Editions Gallimard

I/- Compréhension : ( 7pts)

1- Le narrateur énumère les carrières que son père souhaite pour lui.
a- Qu’ont-elles en commun ? (1pt)
b- Quels types de métier refuse –t-il ? Appuyez votre réponse par une
phrase du texte. (1pt)
2-
a- Le narrateur a –t-il un projet précis après le baccalauréat? Relevez un
procédé d’écriture qui rend compte de cette position. (2pts)

b- Quelle représentation de la vie d’adulte le narrateur se fait-il ?


Justifiez votre réponse par deux indices textuels. (2pts)

3- « Ah ! bien sûr. Nous étions libres.  » Identifiez et expliquez la figure de


style employée. (1pt)

II/- Langue : (3pts)

1- «  Très attaché à ses convictions, mais libéral et tolérant, mon père nous
avait souvent répété à mon frère et à moi qu’il nous laissait libres de
choisir notre avenir.  » (1pt)
 Donnez un antonyme à chacun des mots soulignés.

2-    «  Très attaché à ses convictions, mais libéral et tolérant  »


 Quelle est la classe grammaticale du mot souligné  ? Quel rapport logique
introduit-il ? (1pt)
 Réécrivez la phrase en remplaçant le mot souligné par une locution
conjonctive de même sens. (1pt)
III/- Essai : (10pts)

Dans le texte, le narrateur associe le travail à un piège «  dont il (nous) est


impossible de sortir »
Selon vous, s’engager dans un métier constitue-t-il une entrave à la liberté
de l’homme ?
Vous développerez votre point de vue en vous appuyant sur des arguments
et des exemples précis.

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